Talon, C. y Polychromie égyptisante. 2008

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    CeROArtConservation, exposition, Restauration d'Objets d'Art

    2 | 2008 :Regards contemporains sur la restaurationDossier

    Une polychromie gyptisantedu XIXe sicle sur des cercueils

    gyptiens antiques : tude decas et problmatiques derestauration

    CLINE TALONET STPHANE FETLER

    Rsums

    Au cours dune rcente campagne de conservation-restauration des cercueils etcartonnages gyptiens conservs au Muse Curtius, lhistoire matrielle complexe etpassionnante de ces uvres a t rexamine. Ltendue des interventions anciennes pardes restaurateurs du 19e sicle a amen beaucoup de questions au niveau des optionsde conservation prendre : d-restaurer ? Entirement ? Partiellement ? Quelle valeurhistorique peut-on accorder ces objets ?

    During the recent conservation & restoration of the coffins and cartonnages held in theCurtius Museum, the complex and fascinating history of these objects was re-examined.The 19th century overpaints are so widespread on the whole surface that many questionsabout the conservation possibilities aroused. Should we remove these pictorial andstructural additions ? Completely ? Partially ? What historical value may have suchobjects ?

    Entres d'index

    Mots-cls : peinture, restauration, sarcophage, gypte, bandelette, surpeint,

    drestauration, rfection, cercueilKeywords : restoration, Egypt, painting, strip, sarcophagus, coffin

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    Notes de la rdaction

    Les auteurs travaillent depuis plusieurs annes sur des objets gyptiens en milieu musal(MRAH, Muse royal de Mariemont, Muse Curtius) et sur chantier archologique(Mission Archologique dans la Ncropole Thbaine ULB ; mission archologique de latombe de Mry, Universit de Ble).

    Texte intgral

    Introduction

    Les cercueils et cartonnages duMuse Curtius

    La conservation-restauration cre toujours un moment de rencontre privilgi

    avec luvre dart. Cette rencontre mne rgulirement des dcouvertes, destonnements et peut ouvrir la voie de nouvelles questions, de nouvelles

    recherches. Cest le cas de la conservation de sept cercueils et cartonnages duMuse Curtius de Lige dont il est question dans le prsent article.

    1

    Le projet dune campagne de conservation-restauration sur les objets gyptiensconservs au Muse Curtius, Lige, nest pas rcent. Ds 1997, lInstitut Royal du

    Patrimoine Artistique intervient pour une mission de conservation durgence surles cercueils en bois afin de permettre leur dplacement depuis les greniers du

    Muse Curtius vers leurs nouvelles rserves. Une premire tude, de mme quunedocumentation pousse, ont alors t ralises. Ensuite, en 2006, pralablement lexposition La Caravane du Caire, une seconde campagne de conservation estdcide. Cette intervention avait pour but de stabiliser les objets afin quils

    puissent supporter les quatre mois dexposition, mais aussi de leur rendre unaspect esthtique comprhensible pour le public.

    2

    Le traitement dune partie de la collection ainsi que les analyses de pigments

    tant toujours en cours lheure o nous crivons ces lignes, il ne sagit pas ici dedonner des rponses dfinitives, mais plutt de prsenter un tat de nos questionsactuelles.

    3

    Les enveloppes funraires discutes ici se rpartissent en quatre groupes : lecercueil extrieur dOusirmes ; le cercueil intrieur et le cartonnage contenant la

    momie dits d Isistamen ; le cercueil intermdiaire, le cercueil intrieur, lecartonnage et les restes de la momie dHarsisis ; le couvercle du cercueil

    extrieur de Nesamonnesouttaouinakht1.

    4

    Par comparaison typologique, il est possible de dater les cercueils de

    Nesamonnesouttaouinakht et Harsisis de la XXIIe dynastie, ceux d

    Isistamen et Ousirmes et de la XXVe dynastie2.

    5

    Tous appartiennent lInstitut Archologique Ligeois suite la donation deson premier Prsident, le Baron Albert dOtreppe de Bouvette, en 1865. Ce dernier

    avait acquis ces cercueils et cartonnages au cours de la vente de la collection

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    Fig. 1 Les couvercles des cercueils et cartonnages, avant traitement

    De gauche droite : couvercle du cercueil de Nesamonnesouttaouinakht, couvercle du cercueil

    intrieur d Isistamen , cartonnage d Isistamen , couvercle du cercueil intermdiaire dHarsisis,

    couvercle du cercueil intrieur dHarsisis, cartonnage dHarsisis.

    Crdit photographique : Cline Talon et Stphane Fetler.

    Histoire matrielle et tat deconservation

    De la valle du Nil au pays mosan :interventions du 19e sicle

    dAntoine Schayes, membre honoraire de lInstitut Archologique Ligeois,

    Bruxelles, en dcembre 18593. Antoine Schayes avait, quant lui, achet ces objetsdeux ans plus tt, en 1857, Paris, au cours de la vente de la collection dun ancienconsul-gnral en Egypte pour la Sude et la Norvge : Giovanni Anastasi (1780-1857)4.

    La provenance exacte des sept cercueils et cartonnages du Muse Curtius nestactuellement pas connue. B. Hellinckx5 propose de la ncropole thbaine comme

    lieu dorigine, ce qui ne serait pas contradictoire avec les rares documentsconnus : en effet, les Lettres de Champollion nous signalent, dans la ncropolethbaine de Gournah, un certain Piccinnini, rencontr par lgyptologue franaiset Niccolo Rosellini lors de leur voyage en Egypte en 1828-30, qui fouillait pour le

    compte de Giovanni Anastasi6.

    7

    J-J Fiechter fait par ailleurs rfrence aux nombreuses collections prives

    runies entre 1820 et 1850 par ceux quil appelle les consuls pilleurs et leursagents 7

    8

    Une partie de lhistoire matrielle des uvres peut tre dduite de leur tat de

    conservation actuel. Laltration la plus marque est une importante attaquedinsectes xylophages, particulirement dvastatrice sur le couvercle de9

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    Fig. 2 Dtails du couvercle de Nesamonnesouttaouinakht, avant traitement.

    Nesamonnesouttaouinakht et sur les cercueils dOusrimes et d Isistamen . Les

    cercueils dHarsisi, raliss en bois de cdre, ont beaucoup moins souffert.Danciens cocons de larves ont t prlevs et sont actuellement en cours

    didentification et - bien que nous nayons pas encore les rsultats - il est probablequau moins une partie des insectes ne soit pas de nos rgions, au vu de la largeur

    de leurs galeries. Il est donc possible que les objets aient t infests soit enEgypte, soit quelque part sur le trajet vers lEurope.

    10

    Lors de ses recherches rcentes sur les collections de Giovanni Anastasi, J.H.Taylor8 a mis en vidence dintressants documents des Archives du DpartementdEgypte Ancienne et du Soudan du British Museum ce sujet : il sagit dune listedes objets de la collection Anastasi, dresse avant la vente de 1857. Il y est prcis

    que la liste fut ralise avant que les objets de la collection ne soient sortis du lieudentreposage o ils sont rests pendant cinq ans. La liste - rdige en franais - a

    t annote en anglais par Samuel Birch, gyptologue au British Museum, ayantassist la vente de Paris : They [les momies 9] lie in the magazine wrapped

    up in matting and tied with cord. From being 5 years in the magazine they havesuffered much and stink terribly .

    11

    Il nest pas besoin de souligner la gravit des ravages que peuvent faire desinsectes xylophages sur des uvres en bois, laisses sans surveillance, dans deslocaux ferms comme cela fut probablement le cas des cercueils du MuseCurtius.

    12

    Le bois des faces internes de deux des cercueils les plus attaqus (les cercueilsdOusirmes et Isistamen ) fut par ailleurs enduit dun badigeon de lait de

    chaux, ce qui pourrait tre une ancienne tentative de dsinfection du bois.

    13

    Lannotation de Birch nous donne galement une date terminus post quem desplus anciennes interventions de restauration qui auraient pris lieu, au plus tt,juste avant la vente de 1857.

    14

    Les attaques xylophages ont laiss les cercueils dans un tat particulirement

    fragile : des lments entiers furent perdus (souvent les planches du fond descuves) et les extrmits des cercueils (ttes et pieds) sont affaiblis au point quecertaines parties ont t renforces par des plaques de bois et de larges armaturesde mtal cloues dans le bois original10, sinon entirement remplaces.

    15

    Les interventions majeures au niveau du support - comme la reconstruction

    entire de certains lments en bois de rsineux (les pieds du couvercle et laplanche de pieds de la caisse) ou le renfort par arceaux mtalliques - sont

    communes aux diffrents cercueils dOusirmes, Isistamen et Harsisi. Ilsauraient donc t traits simultanment, peut-tre dans le mme atelier.

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    Les pieds et le visage sont particulirement attaqus, le bois prsente une structure d ponge .

    Crdit photographique : Cline Talon et Stphane Fetler.

    Fig. 3 Dtails des pieds du cartonnage dHarsisis, aprs traitement.

    De nombreux bouchages de pltre ont galement t raliss pour combler des

    fissures ou lcart du joint entre deux planches. Le cartonnage de la momie d Isistamen subit aussi dimportant remaniements puisque la seule partieoriginale survivante est le haut du corps, des paules jusqu mi-cuisses environ.

    La tte comme le bas des jambes ont t entirement refaits en pltre.

    17

    Lexamen de la couche picturale des diffrents cercueils et cartonnages rvlegalement entre eux de nombreux points communs dont lun des plus frappantsest la faible quantit de polychromie originale subsistante. En effet, les dcors

    visibles aujourdhui sont en majeure partie des surpeints modernes (leurdatation sera discute plus loin) tendus la quasi-totalit des objets11. Ltat de la

    polychromie originale sous-jacente est trs htrogne et lacunaire. Danslensemble , la proportion de matire originale conserve sous les surpeints

    semble varier de 15 % 40 % selon les objets.

    18

    Seul le dessus de cartonnage dHarsisis reut un traitement diffrent. En effet,

    les dcors polychromes sont invisibles car le cartonnage a t enduit dune couchede vernis original noir, opaque et brillant12 et seul le visage a t ensuite

    surpeint.

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    La couche de vernis noir na pas t applique sur les extrmits des pieds et laisse voir une partie du

    dcor original intact, et de trs belle qualit.

    Crdit photographique : Cline Talon et Stphane Fetler.

    Sur le cercueil et cartonnage d Isistamen de mme que sur les deux

    cercueils dHarsisis, ltendue et la latitude des surpeints sont tonnantes. Le/les restaurateur(s) nont pas hsit couvrir compltement les lots de couche

    picturale originale subsistants, sinspirant de manire trs approximative desdcors encore observables. Ce haut degr dinterventionnisme est assez

    caractristique du radicalisme de nombreuses restaurations du XIXe sicle et il est

    possible de trouver des chos de ce type de dmarche dans la littrature artistiquedu 19e sicle. Par exemple, en 1837, Giovanni Bedotti nous prvient que []pour trouver un acheteur, le restaurateur pourrait avoir corriger les dfauts dutableaux. 13 Cela ouvre naturellement la porte de nombreux dbordements,

    puisquil est fort subjectif de dterminer ce quest, au juste, un dfaut .

    20

    Dans un tel contexte, il est donc fort probable que les cercueils gyptiens du

    Muse Curtius aient t refaits et surpeints dans le but de rendre ces objetstrs endommags plus attractifs aux yeux dventuels acheteurs.

    21

    La qualit picturale assez mdiocre de la plupart des surpeints est assezfrappante. De plus, il apparat que les textes hiroglyphiques ne sont lisibles que

    dans les zones o le texte original est prsent en sous-jacence. Le restaurateur sest alors content de repasser sur les hiroglyphes ou den prciser les contours.

    Lorsque le support est entirement refait ou que la couche picturale originale a

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    Fig. 4 Dtails du cercueil intrieur d Isistamen .

    A gauche, quelques hiroglyphes relativement peu surpeints (un trait noir plus gras se superpose au

    trait original trs fin) sur le ct droit de la cuve; droite un dtail du dessous des pieds du couvercle,

    entirement refaits. La finesse du dessin original contraste avec laspect lourd et grossier des

    hiroglyphes fantaisistes.

    Crdit photographique : Cline Talon et Stphane Fetler.

    entirement disparu, les textes nont plus aucune signification, les signes eux-

    mmes ntant plus que de trs maladroites imitations des originaux.

    Les surpeints sont appliqus de faon trs varie : tantt directement sur la

    couche picturale originale restante, tantt sur des bouchages de pltre ou deprparation base de craie, parfois mme sur une toile prpare et colle sur lebois, ou encore sur un papier assez pais et lisse. Des bandes de toiles ont

    galement t utilises, localement, pour camoufler et renforcer le collage dunefissure ou dun joint, puis peintes. Souvent, ces empicements couvrent les restesde polychromie antique et ont, en quelque sorte, agi comme une couche deprotection. Aujourdhui, ces bandes se dcollent par endroits, rvlant des restes

    de couche picturale antique.

    23

    Nous navons pas encore pu dterminer le liant utilis pour les surpeints. Leur

    aspect assez mat ainsi que leur sensibilit aux solvants lgers indique plutt untype de dtrempe mixte.

    24

    nouveau, la similitude des interventions sur les diffrents ensembles decercueils et cartonnages et le style parfois trs proche des surpeints donnent

    croire que les objets ont t restaurs ensemble, dans un mme atelier.

    25

    La datation de ces diverses interventions peut tre dduite avec une certaine

    prcision. En effet, les annotations de Birch ont donn une date terminus postquem puisquil dcouvre les objets dans un tat lamentable, au sortir du magasin o ils taient entreposs, juste avant la vente de Paris, en 1857. Unedate teminus ante quem aurait t difficile trouver si un ensemble de cercueils

    conservs aujourdhui aux Muses Royaux dArt et dHistoire de Bruxelles,ensemble dit d Ousirmose et provenant galement des ventes successives des

    collections Anastasi puis Schayes, ne prsentait exactement les mmes types

    dinterventions tant au niveau du support que de la couche picturale. Cesensembles ayant t spars aprs la vente Schayes de 1859, il semble plausible deproposer une datation de ces restaurations entre 1857 et 1859. savoir si les

    rnovations ont t conduites avant la vente Anastasi ou avant la venteSchayes, nous ne pouvons apporter de rponse dfinitive. Nanmoins, il apparat

    plus logique que les uvres aient t remises neuf avant la premire vente deParis, juste aprs quon les ait dcouvertes en piteux tat dans leur entrept. Il est

    en effet fort peu probable que lacheteur du 19e sicle ait trouv son got desobjets mangs par les insectes et au dcors lacunaire14.

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    Fig. 5-6 Dtails cartonnage d Isistamen , avant traitement.

    De plus, la grande maladresse des surpeints montre que les restaurateurs de

    lpoque nont pas mme pris la peine de copier avec une certaine attention lescaractres encore conservs. Cela implique soit que la restauration ait t confie un - ou plusieurs - artisan particulirement gauche, soit que celui-ci ait tcontraint de travailler dans la plus grande urgence, pour rendre les objets

    prsentables lors dune vente publique.

    27

    En conclusion de ces observations, il apparat que nous sommes en prsence

    duvres dorigine antique, mais dont notre apprciation esthtique estaujourdhui fausse. Les formes et dcors que nous voyons sont plutt le rsultatdune ancienne interprtation de ce qui a t laspect original de luvre.

    28

    Il est intressant de remarquer que ce type dobjet, largement reconstruit

    partir dune uvre authentique, est class par certains dans la catgorie des faux.Jean-Jacques Fiechter, dans son ouvrage consacr aux faux et faussaires en art

    gyptien, indique que Les objets anciens, largement restaurs et embellis pour

    en augmenter la valeur marchande, forment la troisime catgorie de faux, celle

    -ci a la particularit dutiliser comme base des objets authentique, dont les

    rajouts modernes sont soigneusement maquills. Les pices regraves ou

    repeintes entrent dans cette catgorie. 15

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    Localement (fig. 5) la polychromie XIXe sicle sest caille (ou a t gratte ?), laissant apparatre

    certains lots de polychromie originale, de belle qualit.

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    Parfois encore (fig. 6), des bandes de tissus prpars et peints, appliqus directement sur loriginal au

    XIXe sicle, se dcollent rvlant dautres dtails originaux.

    Crdit photographique : Cline Talon et Stphane Fetler.

    Les cercueils de lInstitut ArchologiqueLigeois : interventions au 20e sicle

    En dehors des surpeints et ajouts structurels anciens, on remarque deuxinterventions apparemment plus rcentes : dune part, sur les cercueils en bois,une forte usure de la couche picturale et particulirement des crtes des

    craquelures, ce qui pourrait indiquer un nettoyage trop agressif. Dautre part, surces mmes cercueils en bois, on remarque lapplication de plusieurs couches de

    cire et/ou de paraffine, apparemment sans nettoyage superficiel pralable, desorte que la cire sest mlange une importante couche dencrassement.

    30

    Les couches de cire encrasse sont les principales responsables de laspect noir,sale et poisseux des cercueils. Applique sur un encrassement dj prsent, la cire

    sest assombrie et a continu daccrocher la poussire, de laccumuler sur lasurface des objets.

    31

    Il semble que la paraffine seule ait t utilise sur couvercle de cercueil de

    Nesamonnesouttaouinakht 16, ce qui lui donne un aspect moins noirci et moinsgras, mais avec de lgers blanchissements locaux.

    32

    Il est possible que ces oprations de cirage aient t une tentative de fixage

    de la couche picturale. Les objets en bois, laisss trs fragiliss par lattaque dexylophages et conservs dans des lieux au climat non contrl, ontvraisemblablement fort ragi aux variations hygromtriques, favorisant lesoulvement de la couche picturale.

    33

    Nous avons galement identifi une campagne de retouche, sans doute

    lacrylique, limite des badigeons grossiers le long des montants mtalliques decertaines caisses de cercueils.

    34

    Aucun lment ne nous permet malheureusement de dater prcisment ces

    diffrentes interventions. Depuis le dbut du XXe sicle, la cire longtemps t35

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    Problmatiques de restauration

    considre comme une panace en matire de mthode de fixage et de

    consolidation17 et ces interventions de cirage ont pu avoir lieu plusieurs fois, diffrents moments.

    Les retouches acryliques, par contre, nont pu tre ralises quaprs 1960, datede la commercialisation des premires peintures pour artistes de ce type 18.

    36

    Aprs examen des uvres, la question majeure fut de dterminer si lon opteraitou non pour une drestauration et, dans laffirmative, jusquo aller dans cette

    voie. Bien sr, la qualit esthtique de la polychromie surpeinte est plus quediscutable, mais elle a t ralise sur des objets au bord de la ruine. Entreprendre

    une drestauration complte reviendrait non seulement mettre un boisendommag nu, mais aussi dmonter des parties entires des cercueils (parexemple les pieds des couvercles pour les cercueils dOusirmes, d Isistamen etdHarsisi). De plus, sur chacune des uvres, le visage est soit manquant,

    surpeint, ou encore entirement refait.

    37

    Une drestauration totale naurait donc pour rsultat que de dmanteler desobjets dapparence complte bien que profondment remanis, pour retrouver desruines authentiques, certes, mais inexposables au public. Cette dmarcherpondrait plus une survalorisation romantique19de ltat originel de luvrequ un rel souci du bien-tre de lobjet.

    38

    Dautres arguments militaient galement pour la conservation de lapolychromie du 19e sicle. En plus dexiger un travail particulirement long pour

    un rsultat peu valorisant pour les oeuvres, une drestauration nous priverait duntmoin documentaire intressant, dfaut dtre plaisant lil.

    39

    Le remaniement presque total dune collection entire duvres dart car cesobjets semblent avoir t traits comme tels depuis leur arrive en Europe - est un

    sujet de recherche qui mrite que lon sy attarde. Ces objets sont des tmoins devaleur qui informent sur lhistoire des collections gyptiennes, lhistoire de

    lgyptologie, lhistoire de la conservation-restauration. Ils offrent au chercheur lapossibilit dexplorer lvolution de notre regard sur lEgypte, sur une uvre dartantique20. ce titre, ils mritent non seulement dtres conservs, mais galementtudis et - avec lappui un projet pdagogique musal rflchi - exposs.

    40

    Aprs 150 ans, on peut se demander si les restaurations anciennes ne sechargent pas galement de ce que A. Riegl appelait valeur historique (intrt que

    prsente loeuvre en tant qutape de la cration humaine), valeur danciennet(reprsentant le respect pour une cration du pass) et valeur dartrelative (valeur esthtique qui met en avant la subjectivit de notre regard sur uneuvre) ?21

    41

    Avec cette dmarche, nous rejoignons J-J. Fiechter selon qui : Ltude du fauxest une source dinformation tout aussi valable que celle des originaux. 22Mais, siFiechter estime que ltude des faux ne sert qu les loigner des sallesdexposition afin de ne prsenter au public des objets pouvant lgitimement

    servir de tmoins de la culture pharaonique et que ne pas le faire serait serendre volontairement complice de cette tromperie , il nous semble que la valeur

    documentaire de ces objets mrite toute notre attention. Bien sr, le rle de la

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    Traitements

    Traitement de surface

    scnographie musale est dcisif car cest elle qui donnera au public des cls de

    lecture pour apprcier ces objets.Dun point de vue beaucoup plus technique, ces interventions du 19e sicle sont

    galement dexcellents documents sur la palette la disposition des restaurateurs, une poque o les nouvelles couleurs synthtiques sont de plus en plus

    nombreuses23.

    43

    Il nous a donc sembl quil tait plus cohrent de nous concentrer sur des

    oprations de conservation dune part et sur une tude approfondie desdiffrentes polychromies dautre part.

    44

    Au regard des diffrents arguments avancs, loption dune drestaurationcomplte fut carte. Cependant, les interventions structurelles, comme lajout de

    traverses et renforts mtalliques, clous dans le bois, demeuraient un dangerpotentiel pour les objets. Prsents sur les couvercles et cuves dHarsisis,

    Ousirmes et Isistamen, ces renforts sont rouills, entravent tout mouvement dubois et provoquent ainsi des fissures, sont partiellement dtachs et ne jouent plus

    leur rle de maintien de la structure. Les clous avec lesquels ces appliques ont tattaches type pointe de Paris font parfois plus de 15 cm de long et

    dchirent le bois ainsi que la couche picturale.

    45

    Dans la mesure o ils reprsentent un rel danger pour la conservation desuvres et parce quils ne remplissent plus leur fonction initiale, nous avons optpour une drestauration partielle soit pour ladaptation de certains renforts

    structurels.

    46

    Cette campagne de restauration ayant t dcide en prvision de lexposition

    La Caravane du Caire, un premier objectif tait de stabiliser une partie des

    cercueils et cartonnages afin quils puissent tres exposs24

    . Le cercueildOusirmes, le plus grand et un des plus mal-en-point, na pas t expos et esttoujours en cours de traitement aujourdhui. Ltude approfondie des uvres estgalement toujours en cours actuellement.

    47

    Le fixage fut assez rduit. Lintervention de lIRPA en 1997 consistaitprincipalement en un fixage durgence de la couche picturale, ralis au CulminalMC 2000 (un mthylcellulose dans leau/thanol)25 et lon a pu constater la trs

    bonne tenue de ce fixage depuis 10 ans.

    48

    Le nettoyage de la couche picturale sest droul en deux tapes, en

    commenant par un dpoussirage leau dminralise parfois additionne depoudre de gomme. Ce premier nettoyage sest montr suffisant pour le couverclede Nesamonnesouttaouinakht et le cartonnage d Isistamen . Par contre, lecercueil d Isistamen et les deux cercueils dHarsisis, dont les couvercles

    taient recouverts de couches de cire trs paisses et particulirement encrassesncessitaient une seconde phase de traitement.

    49

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    Fig. 7 Les couvercles des cercueils et cartonnages, aprs traitement

    De gauche droite : couvercle du cercueil intrieur d Isistamen , cartonnage d Isistamen ,

    couvercle du cercueil intermdiaire dHarsisis, couvercle du cercueil intrieur dHarsisis, cartonnage

    dHarsisis.

    Crdit photographique : Cline Talon et Stphane Fetler.

    Traitement structurel

    Cette deuxime phase de nettoyage des couches de cire noircie a t ralise au

    white spirit et/ou isooctane car la sensibilit aux solvants de la polychromie du19e sicle prvenait lutilisation de tout autre solvant. Nous avons travaill parcompresses, en dgageant ensuite lessentiel de la cire mcaniquement, sousmicroscope.

    50

    Deux aspects du traitement du support posaient, et posent encore,dimportantes questions : la consolidation du bois et le renfort de lassemblage.

    51

    Laffaiblissement du bois du couvercle de Nesamonnesouttaouinakht et descercueils dOusirmes et Isistamen par les insectes qui ont creus denombreuses et larges galeries ncessite, pour une conservation long terme, uneconsolidation en profondeur. Or, les produits aujourdhui notre disposition

    posent certains problmes. Le choix le plus couramment apprci pour laconsolidation du bois est le Paralod B72 en solution dans un solvant. Pour

    obtenir une bonne consolidation, plusieurs injections sont conseilles, en utilisant

    progressivement une plus forte concentration de rsine. tant donne lpaisseurdu bois, la profondeur, largeur et tendue des galeries, nous craignons dune partde saturer les objets de rsine, et dautre part den augmenter localement le poids,

    ce qui poserait de nouveaux problmes de tension. Le Paralod pose un autreproblme avec le couvercle de cercueil de Nesamonnesouttaouinakht, car sa

    couche picturale originale est principalement constitue dune peinture noire,daspect bitumeux et extrmement sensible aux solvants, sauf au white spirit26.

    52

    Lemploi dune autre rsine acrylique, comme le Plexigum/Plexisol, solubledans le white spirit rsout le problme du solvant mais pas celui de la quantit de53

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    Des lments de soutien en T , muni de mousse protectrice sur leur partie suprieure, sont fixs

    la planche-socle. Ce sont eux qui supporteront le poids du couvercle.

    Crdit photographique : Cline Talon et Stphane Fetler.

    Fig. 9 Cercueil intermdiaire dHarsisis, aprs traitement.

    Les parois ont t r-assembles, sans collage dfinitif, les lments ayant trop

    longtemps vcu mal assembls, puis dsassembls, sans fond original. Des taquetsde balsa assurent la liaison entre les parois, elles-mmes glisses entre des

    lments guides, clous la planche-socle. Ces lments prennent localement lesparois en sandwich , empchant quelles basculent. Pour augmenter lacohsion de lensemble, des bandes daluminium ont t passes transversalemententre les mortaises des parois latrales dans lesquelles les tenons du couvercle

    viennent sinsrer. Ces mmes tenons jouent galement un rle dans le maintiendu montage. Ainsi, les parois ne peuvent basculer, sont maintenues les unes aux

    autres sans rigidit ni tensions et le couvercle peut tre prsent en place sansfaire peser de poids sur la cuve r-assemble.

    62

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    La cuve est rassemble sans collage dfinitif, mais lensemble peut nanmoins tre prsent avec

    son couvercle et tre manipul sans risques.

    Crdit photographique : Cline Talon et Stphane Fetler.

    Conclusion

    Bibliographie

    Nous esprons, avec cette prsentation succincte des problmatiquesprincipales qui entourent la conservation-restauration de lensemble des cercueilset cartonnages du Muse Curtius, avoir fait partager notre intrt pour des objets

    passionnants, mme si leur valeur esthtique et leur degr doriginalitsubsistante sont discutables.

    63

    Le temps passant, la discipline de la conservation-restauration se construit unehistoire, histoire qui peut tre intressante de valoriser, ne serait-ce que pourviter de rpter des erreurs. Lide, par exemple, que les artisans-restaurateursintervenus sur les cercueils entre 1857 et 1859 aient d travailler dans lurgence,

    presss par un soudain intrt pour les objets, et ce en vue dun vnement

    commercial (une vente aux enchres), fera peut-tre grimacer plus dunrestaurateur. Encore trop souvent, les moyens pour la conservation du patrimoinene sont dbloqus quen perspective dun vnement mercantile.

    64

    Dautre part, nous souhaitons sensibiliser le public au fait que tous les objets neracontent pas la mme histoire. Si, dans nos muses, nous avons de nombreuses

    pices de qualit qui nous parlent de lancienne Egypte et de sa culture, lescercueils du Muse Curtius retracent lhistoire de ces consuls pilleurs , des

    vicissitudes des premires collections dart gyptien mais aussi de lmergencedune action consciente autour de la conservation du patrimoine.

    65

    G. Bedotti, De la restauration des tableaux - Trait spcial sur la meilleure manire derentoiler, nettoyer et restaurer les tableaux anciens, Paris, 1837, s.p.

    R. Berthelon, Le concept de valeur culturelle selon Alos Riegl, Fiche Information PDF delUniversit de Paris.

    A. Dodson, On the Burial of Maihirpri and certains Coffins of the XVIIIth dynasty , dansC. Eyre (ed.), Proceedings of the 7th international congress of egyptologists, Cambridge, 3-9 sept. 1995, coll. Orientalia Lovaniensia Analecta, n82, Peeters, Leuven, 1998, p. 331-338.

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    Notes

    1 Les noms des diffrents propritaires sont repris dans notre article tels quils ont tutiliss dans la publication desdits objets dans le catalogue de lexposition La Caravane duCaire, d. Versant SUD/ La Renaissance du Livre, Louvain-la-Neuve, 2006. Le nom d Isistamen est utilis entre guillemets car il sappuie sur des caractres hiroglyphespartiellement refaits lpoque moderne. Voir ce sujet, B. Hellinckx, Cercueils et

    cartonnages , dans La Caravane du Caire, d. Versant SUD/ La Renaissance du Livre,Louvain-la-Neuve, 2006, p. 218.

    2 Parmi la bibliographie disponible sur liconographie des cercueils de la TroisimePriode Intermdiaire, voire particulirement J.H. Taylor, Theban coffins from theTwenty-second to the Twenty-Sixth Dynasty : dating and synthesis of development, dansThe Theban Necropolis Past, present and future, ed. by N. Strudwick & J.H. Taylor, TheBritish Museum Press, 2003, p. 95-121 ; pour une analyse complte de liconographie descercueils du Muse Curtius, voir, B. Hellinckx, (2006), p. 205-222.

    3 Une autre partie des objets vendus alors est acquise par Emile de Meester de Ravenstein.Cependant, il semble qu un moment donn de leur histoire, une confusion sest produitedans la rpartition des diffrents ensembles de cercueils qui se sont trouvs mlangs.

    J-J. Fiechter, Faux et faussaires en art gyptien, coll. Monumenta Aegyptiaca XI,Association gyptologique Reine Elisabeth, d. Brepols, Turnhout, 2005, 318 pages.

    D. Harl & J. Lefebvre, Sur le Nil avec Champollion. Lettres, journaux et dessins indits deNestor LHte. Premier voyage en Egypte, 1828-1830, Orlans, 1993, 334 pages.

    B. Hellinckx, Cercueils et cartonnages , dans La Caravane du Caire, d. Versant SUD/La Renaissance du Livre, Louvain-la-Neuve, 2006, p. 205-222.

    D. Laboury, Des momies lhpital , dans La Caravane du Caire, d. Versant SUD/ La

    Renaissance du Livre, Louvain-la-Neuve, 2006, p.184-187M. Malaise, Antiquits gyptiennes et verres du Proche-Orient ancien des Muses Curtiuset du Verre Lige, Association Internationale de lHistoire du Verre, Lige, 1971.

    R.H. Marijnissen et L. Kockaert, Dialogue avec luvre ravage. Aprs 250 ans derestauration, Fonds Mercator, Anvers, 1995, 275 pages.

    H. de Meulenaere, Une histoire mystrieuse de cercueils , dans La collectiongyptienne, les tapes marquantes de son dveloppement, Muses Royaux dArt etdHistoire, Bruxelles, 1980, p. 758-80

    A. Niwinski, Sarg NR - SpZt , dans Lexikon der Aegyptologie, vol. V, Otto Harrassowitzed., Wiesbaden, 1984, p. 434-467.

    A. Niwinski, 21rst dynasty Coffins from Thebes. Chronological and typological Studies,Philipp van Zabern, Mainz, 1988, 208 pages, XXIV planches (Theben, band 5).

    C. Prier dIeteren, La restauration en Belgique de 1830 nos jours. Peinture. Sculpture.Architecture, d. P. Mardaga, Lige, 1991, 191 pages.

    A. Riegl, Le culte moderne des monuments, son essence et sa gense, d. du Seuil, Paris,(1902), 1984, 122 pages.

    J. Rudel (dir.), Les techniques de lart, Flammarion, Paris, (1999), 2006, 288 pages.

    J.H. Taylor, Theban coffins from the Twenty-second to the Twenty-Sixth Dynasty : datingand synthesis of development, dans The Theban Necropolis Past, present and future,ed. by N. Strudwick & J.H. Taylor, The British Museum Press, 2003, p. 95-121.

    J.H. Taylor, Mummy case of Nes-ptah , dans Mummies & Magic. The Funerary Arts ofAncient Egypt, S. DAuria et alii (dir.), Museum of Fine Arts Boston edts., Boston, 1988, p.220-221.

    J.H. Taylor, Anastasi collection, 2006, ( paratre).E. Warmenbol, Les Antiquits gyptiennes dAlbert dOtreppe de Bouvette Larchologie des nations et larchologie des provinces , dans La Caravane du Caire, d.Versant SUD/ La Renaissance du Livre, Louvain-la-Neuve, 2006, p. 100 117.

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    Ainsi, les cercueils intermdiaires et intrieurs dOusirmes et le cercueil extrieurdHarsisi sont aujourdhui conservs aux Muses Royaux dArt et dHistoire, Bruxelles.Voir : H. de Meulenaere, Une histoire mystrieuse de cercueils , dans La collectiongyptienne, les tapes marquantes de son dcveloppement, Muses Royaux dArt etdHistoire, Bruxelles, 1980, p.758-80 et E. Warmenbol, Les Antiquits gyptiennesdAlbert dOtreppe de Bouvette Larchologie des nations et larchologie des provinces ,dans La Caravane du Caire, d. Versant SUD/ La Renaissance du Livre, Louvain-la-Neuve,2006, p. 100-117.

    4 Voir E. Warmenbol, (2006), p. 100 117.Dautre part et bien que, jusquici, aucune cuve na t identifie qui pourrait correspondreau couvercle de cercueil de Nesamonnesouttaouinakht, le cartonnage quil contenait a tlocalis : il est aujourdhui conserv au Saint Louis Art Museum, USA. Voir B. Hellinckx,(2006), p. 222.

    5 Voir B. Hellinckx, (2006), p. 222.

    6 Voir D. Harl & J. Lefebvre, Sur le Nil avec Champollion. Lettres, journaux et dessinsindits de Nestor LHte. Premier voyage en Egypte, 1828-1830, Orlans, 1993, p. 256,cit par E. Warmenbol, (2006), p. 111 et 117.

    7 J-J. Fiechter, Faux et faussaires en art gyptien, coll. Monumenta Aegyptiaca XI,Association gyptologique Reine Elisabeth, d. Brepols, Turnhout, 2005, p. 11.

    8 J.H. Taylor, Anastasi collection, 2006, ( paratre). Les auteurs saisissent ici loccasion

    de remercier M. J.H. Taylor, qui nous a trs aimablement communiqu cet article encoreindit.

    9 Taylor (2006), remarque que, sous cette appellation de momies , sont regroupsplusieurs corps, chacun avec un ou plusieurs cercueils.

    10 Des renforts similaires ont t observs par les chercheurs de lULg lors du CT-Scan dela momie d Isistamen . Voir D. Laboury, Des momies lhpital , dans dans LaCaravane du Caire, d. Versant SUD/ La Renaissance du Livre, Louvain-la-Neuve, 2006,p.184-187.

    11 La prsence dune grande quantit de surpeints sur les objets a dailleurs t relevedans la premire analyse de ces objets par M. Malaise, conservateur du Muse Curtius,dans le catalogue Antiquits gyptiennes et verres du Proche-Orient ancien des MusesCurtius et du Verre Lige, Association Internationale de lHistoire du Verre, Lige, 1971.

    12 Ce type de vernis a t observ sur de nombreux autres cartonnages de la XXIIe

    dynastie. Il est chaque fois assez vident quil a t appliqu dlibrment, de faonirrgulire et rapide. Le vernis ne couvre jamais lentiret du cartonnage et se limite laface avant, parfois mme il est plus local, sur le visage et le torse. Cette observation demme que la direction des coulures de vernis indiquent que le cartonnage tait lhorizontal lorsquil fut badigeonn. Voir J.H. Taylor, Mummy case of Nes-ptah , dansMummies & Magic. The Funerary Arts of Ancient Egypt, S. DAuria et alii(dir.), Museumof Fine Arts Boston edts., Boston, 1988, p. 220. Dans le cas du cartonnage dHarsisi,dimportantes claboussures de vernis noir sont visibles sur les parois internes du cercueil,ce qui semble indiquer que le cartonnage a t enduit alors quil reposait dj dans la cuvedu cercueil. Il est gnralement admis que lapplication de ce vernis fait partie dun rituelfunraire. Voir A. Niwinski, Sarg NR - SpZt , dans Lexikon der Aegyptologie, vol. V,Otto Harrassowitz ed., Wiesbaden, 1984, p. 448 ; A. Niwinski, 21rst dynasty Coffins fromThebes. Chronological and typological Studies, Philipp van Zabern, Mainz, 1988, n. 26,

    p.61 ; J.H. Taylor (1988), p. 220.La couleur noire est par ailleurs associe au limon fertiledu Nil et Osiris. Voir, entre autres, A. Dodson, On the Burial of Maihirpri and certainsCoffins of the XVIIIth dynasty , dans C. Eyre (ed.), Proceedings of the 7th internationalcongress of egyptologists, Cambridge, 3-9 sept. 1995, coll.Orientalia Lovaniensia Analecta,n82, Peeters, Leuven, 1998, p. 335. Limportance accorde au symbolisme de la couleurest encore visible dans lagencement mme des diffrents cercueils de cette poque : lecercueil externe est gnralement noir (associ Osiris), le cercueil interne jaune-rouge(associ R) et le cartonnage la polychromie clatante sassocie au dfunt renaissant.Voir J.H. Taylor (2003), p.110. Peut-tre lapplication du vernis noir sur le cartonnage peut-elle tre vue comme la concrtisation en un geste rituel de la fusion entre R et Osirisassocie au dfunt ?

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    13 Giovanni Bedotti, De la restauration des tableaux - Trait spcial sur la meilleuremanire de rentoiler, nettoyer et restaurer les tableaux anciens, Paris, 1837.

    14 Gnralement, avant le XXe sicle, lide que tout dgt sur une sculpture pouvaittre rpar par le renouvellement des parties dtruites est la plus rpandue. Luvre doitretrouver son aspect primitif et se prsenter intact et comprhensible. Pour y arriver, ilfaut rendre les dgts invisibles. , C. Prier-DIeteren, La restauration en Belgique de1830 nos jours. Peinture. Sculpture. Architecture, d. Mardaga, Lige, p. 96.

    15 J-J. Fiechter, (2005), p. 8.

    16 Cette couche de paraffine a t identifie par Christine Cession lors de la mission deconservation de lIRPA en 1997.

    17 L. Maeterlinck, conservateur du Muse des Beaux-Arts de Gand, conseille dans un critde 1906 de favoriser lutilisation de produits naturels comme les cires, rsines et essencesde trbenthine plutt que des colles aqueuses. Cit par C. Prier-DIeteren, (1991), p. 33.

    18 J. Rudel (dir.), Les techniques de lart, Flammarion, Paris, (1999), 2006, p.8-10.

    19 Voir, entre autres, R.H. Marijnissen et L. Kockaert, Dialogue avec luvre ravage.Aprs 250 ans de restauration, Fonds Mercator, Anvers, 1995, p. 131.

    20 Dans le futur, nous esprons pouvoir dvelopper le sujet, notamment travers unetude compare approfondie des cercueils et cartonnages des MRAH et Muse Curtius.

    21 A. Riegl, Le culte moderne des monuments, son essence et sa gense, d. du Seuil, Paris,

    (1902), 1984 et R. Berthelon, Le concept de valeur culturelle selon Alos Riegl, FicheInformation PDF de lUniversit de Paris.

    22 J-J. Fiechter, (2005), p. 8.

    23 Une srie danalyses a t lance sous la direction du Centre Europen dArchomtriede Lige. Une partie des rsultats a fait lobjet dun mmoire de Master en archomtrie lULg par Mlle Sandrine Dupuis dfendu en 2007, mais que nous navons pas eulopportunit de consulter. Une tude approfondie, mene par David Strivay et RenataGarcia-Moreno (Centre Europen dArchomtrie) est encore en cours.

    24 Le traitement tant aujourdhui toujours en cours, nous ne donnons ici quun aperudes tapes majeures. Une publication dtaille suivra la fin du traitement.

    25 Les auteurs tiennent ici remercier Mme M. Serck, Directrice de lIRPA, pour lesinformations communiques propos du travail ralis par lInstitut.

    26 Des tests ont bien montr une altration irrversible de cette couche noire touteexposition de solvant (tolune, xylne, para-xylne, actone, thanol) liquide ou mme envapeur.

    Fig. 1 Les couvercles des cercueils et cartonnages, avanttraitement

    De gauche droite : couvercle du cercueil de

    Nesamonnesouttaouinakht, couvercle du cercueil intrieur d Isistamen , cartonnage d Isistamen , couvercle du cercueil

    intermdiaire dHarsisis, couvercle du cercueil intrieur dHarsisis,cartonnage dHarsisis.

    Crdit photographique : Cline Talon et Stphane Fetler.

    URL http://ceroart.revues.org/docannexe/image/575/img-1.jpg

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    Fig. 2 Dtails du couvercle de Nesamonnesouttaouinakht, avanttraitement.

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    Les pieds et le visage sont particulirement attaqus, le boisprsente une structure d ponge .

    Crdit photographique : Cline Talon et Stphane Fetler.

    URL http://ceroart.revues.org/docannexe/image/575/img-2.jpg

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    Fig. 3 Dtails des pieds du cartonnage dHarsisis, aprstraitement.

    La couche de vernis noir na pas t applique sur les extrmits des

    pieds et laisse voir une partie du dcor original intact, et de trs bellequalit.

    Crdit photographique : Cline Talon et Stphane Fetler.

    URL http://ceroart.revues.org/docannexe/image/575/img-3.jpg

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    Fig. 4 Dtails du cercueil intrieur d Isistamen .

    A gauche, quelques hiroglyphes relativement peu surpeints (un trait

    noir plus gras se superpose au trait original trs fin) sur le ct droitde la cuve; droite un dtail du dessous des pieds du couvercle,

    entirement refaits. La finesse du dessin original contraste aveclaspect lourd et grossier des hiroglyphes fantaisistes.

    Crdit photographique : Cline Talon et Stphane Fetler.

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    Fig. 5-6 Dtails cartonnage d Isistamen , avant traitement.

    Localement (fig. 5) la polychromie XIXe sicle sest caille (ou a t

    gratte ?), laissant apparatre certains lots de polychromie originale,de belle qualit.

    URL http://ceroart.revues.org/docannexe/image/575/img-5.jpg

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    Parfois encore (fig. 6), des bandes de tissus prpars et peints,

    appliqus directement sur loriginal au XIXe

    sicle, se dcollentrvlant dautres dtails originaux.

    Crdit photographique : Cline Talon et Stphane Fetler.

    URL http://ceroart.revues.org/docannexe/image/575/img-6.jpg

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    Fig. 7 Les couvercles des cercueils et cartonnages, aprstraitement

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    De gauche droite : couvercle du cercueil intrieur d Isistamen ,cartonnage d Isistamen , couvercle du cercueil intermdiaire

    dHarsisis, couvercle du cercueil intrieur dHarsisis, cartonnage

    dHarsisis.

    Crdit photographique : Cline Talon et Stphane Fetler.

    URL http://ceroart.revues.org/docannexe/image/575/img-7.jpg

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    Fig. 8 Cuve du cercueil intermdiaire dHarsisis, en cours detraitement.

    Des lments de soutien en T , muni de mousse protectrice sur

    leur partie suprieure, sont fixs la planche-socle. Ce sont eux quisupporteront le poids du couvercle.

    Crdit photographique : Cline Talon et Stphane Fetler.

    URL http://ceroart.revues.org/docannexe/image/575/img-8.jpg

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    Fig. 9 Cercueil intermdiaire dHarsisis, aprs traitement.

    La cuve est rassemble sans collage dfinitif, mais lensemble peut

    nanmoins tre prsent avec son couvercle et tre manipul sansrisques.

    Crdit photographique : Cline Talon et Stphane Fetler.

    URL http://ceroart.revues.org/docannexe/image/575/img-9.jpg

    image/jpeg, 24k

    Pour citer cet article

    Rfrence lectronique

    Cline Talon et Stphane Fetler, Une polychromie gyptisante du XIXe sicle sur descercueils gyptiens antiques : tude de cas et problmatiques de restauration , CeROArt

    [En ligne] , 2 | 2008 , mis en ligne le 09 octobre 2008, Consult le 04 mars 2011. URL :http://ceroart.revues.org/575

    AuteursCline TalonCline Talon est Conservatrice-restauratrice duvres dart (ENSAV-La Cambre) et

    historienne de lart (ULB). Travaille actuellement comme restauratrice et confrencire

    indpendante.

    Stphane FetlerStphane Fetler est Conservateur-restaurateur duvres dart (ENSAV-La Cambre) etgyptologue (ULB). Il travaille actuellement comme restaurateur et pigraphiste

    indpendant.

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    En bref :Revue pluridisciplinaire traitant de la conservation, de l'exposition et de la restauration des

    objets d'artA multidisciplinary journal focusing on the conservation, the restoration and the exhibition ofworks of art

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  • 8/7/2019 Talon, C. y Polychromie gyptisante. 2008

    23/23

    Reprsentations, Mthodes de traitement et de reprsentation, Histoire de l'Art, Patrimoine

    diteur :

    Association CeROArtSupport :

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    1784-5092

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