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ABSURDE ! 'est très sérieux l'absurde. Ça part forcément d'un truc sérieux. Il faut une base scienti⁄que solide et admise par la majorité, un truc qu'on ne peut remettre en question si ce n'est par l'absurde. C'est une science, celle de l'humain, et qui sert le plus souvent à retrouver une part d'humanité dans la tambouille abstraite que nous offre cette vie. Exemple : des millions d'années d'évolution, des découvertes scienti⁄ques, des prouesses technologiques pour ⁄nir par ramasser les crottes de son chien : c'est absurde. Et au même moment, en Australie, ce sont les animaux qui essuient nos bêtises. Tout feu tout ¤amme, ceux qui vivent sous terre auraient ouvert leur terriers à ceux qui vivent dessus. Des animaux qui ne se comporteraient plus comme des bêtes au point de nous donner une leçon d'humanité à nous autres, hommes et femmes... Mais c'est aussi affreux l'absurde. On passe notre vie à travailler pour survivre au quotidien et espérer pro⁄ter de ce qui nous restera à vivre, le plus vite possible. Si les gens ne veulent pas travailler plus longtemps c'est qu'ils savent que le temps se lasse et que de leur travail ils ne sont pas contents, qu'ils veulent faire quelque chose de leur vie avant qu'elle ne se fasse, travailler pour survivre c'est usant. Vivement la retraite que je puisse faire en⁄n ce que j'aime : des couteaux à manche de bois de cèdre ! Quand on voit le nombre de gens qui attendent poliment leurs dernières années pour se lancer en⁄n à faire ce qu'ils aiment, on comprend facilement qu'une ou deux années de plus à trimer, c'est sacri⁄er à d'autres ce qu'en⁄n on pourrait faire pour soi-même. Et il n'y a bien qu'une minorité, celle qui vote des lois qu'à eux ils n'appliqueront pas, pour s'en étonner. œPolitichiens ! Parlementeurs !– aurait crié notre Grand Administrateur... C'est pourquoi c'est si précieux l'absurde. Ça nous sort d'un cadre trop étroit dans lequel on s'enferme tout seul parfois, ça nous rend moins con. On rit de nous et de nos situations, de cette vie de fou que l'on remet en question, le temps d'un bon mot... ou d'une exposition. Les Arts Incohérents de Jules Lévy et la bande du Chat Noir, Boris Vian et l'École de Pataphysique plus tard. Un esprit qui répondra toujours présent là où les bêtes étranges que sont les humains s'acharnent à faire de ce bout de vie que nous avons en commun, un triste monde sans panache du lendemain. Mais parfois c'est magique l'absurde. Imaginez. Un groupe de gens plutôt portés sur la plume et le pinceau mais qui peinent (il faut bien l'avouer) à se faire éditer, relance un vieux journal. Un an plus tard, le voilà, ce journal, associé au Centenaire de Boris Vian, lui même auteur qui a eu quelque peine (il faut bien l'avouer aussi) à se faire éditer de son vivant, rien que ça... C'est absurde et pourtant si évident... Un mec comme Boris Vian, lui et cet esprit qui nous manquent tellement, moderne, savant, impertinent... Eh bien c'est dans les colonnes de ce vieux journal qu'est le Chat Noir (et qui fait une nouvelle fois peau neuve !) qu'il nous est donné de le faire briller. Alors oui vous allez en manger, c'est bon pour la santé vous savez. L'absurde se consomme à outrance et sans modération, ce serait même grave de ne pas en abuser, de faire attention. L'Administration du Chat Noir est donc très honorée, pour sa 139 e année, de pouvoir vous présenter des numéros chat- poétés par un Grand Administrateur bel et bien vivant, Boris Vian, qu'il était urgent de rappeler à cette grande table qu'est la vie ! Alors plus que jamais : œPassant, sois moderne !– Rom PRIX : 3 EUROS JANVIER 2020 139 E ANNÉE Nouvelle série Õ N°20 FONDATEURS Rodolphe SALIS Emile GOUDEAU GRAND ADMINISTRATEUR Boris VIAN DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Romain NOUAT (Écrivain posthume en devenir) SECRÉTAIRE DE LA RÉDACTION Oncle ALPHY Membre Honoraire de Permanence ABONNEMENTS 1 An ........ 35 a Europe ....... 50 a Monde ....... 55 a Envoyez votre lettre de motivation ainsi qu“un chèque » l“ordre de : Romain Nouat, Journal Le Chat Noir. Rédaction et Adiministration, 6, rue Cortot, 75018 Paris. [email protected] TIRAGE LIMITÉ 1.000 Exemplaires numérotés (Paraissant un samedi) DIRECTRICE DE LA PUBLICATION VANESSA SPRINGORA RELECTEUR GÉNÉRAL L“·NE LOLO ASSISTÉ DE ENKORHECTOR Académicien AU PINCEAU Monsieur Binu Pataphysicien Honoris Causa ENLUMINEUSE CAMILLE BROQUET » LA PLUME Champo, Binu, La Prédiction, Franck Balandier, Mathias Pizzinato, Rodolphe Trouilleux pour réclames et annonces s,adresser– E. Satie [email protected] Maison recommandée......... 150 Réclame.............................. 300 Grand encart...................... 500 ORGANE DES INTÉRÊTS DE MONTMARTRE ©SAPECK Cette place sera désormais réservée à celui ou celle qui remportera les faveurs du public lors de : la scène ouverte de poésie du chat noir Grande première : le 12 février à 21h «la Cantine du Dizuit'» au 46, Ramey, Paris 18 Inscription des poètes sur place soyez moderne!

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ABSURDE !

'est très sérieux l'absurde. Ça part forcément d'un truc sérieux. Il faut une base scienti⁄que solide et admise par la majorité, un truc qu'on ne peut remettre en question si ce n'est par l'absurde. C'est une science, celle de l'humain,

et qui sert le plus souvent à retrouver une part d'humanité dans la tambouille abstraite que nous offre cette vie. Exemple : des millions d'années d'évolution, des découvertes scienti⁄ques, des prouesses technologiques pour ⁄nir par ramasser les crottes de son chien : c'est absurde. Et au même moment, en Australie, ce sont les animaux qui essuient nos bêtises. Tout feu tout ¤amme, ceux qui vivent sous terre auraient ouvert leur terriers à ceux qui vivent dessus. Des animaux qui ne se comporteraient plus comme des bêtes au point de nous donner une leçon d'humanité à nous autres, hommes et femmes...

Mais c'est aussi affreux l'absurde. On passe notre vie à travailler pour survivre au quotidien et espérer pro⁄ter de ce qui nous restera à vivre, le plus vite possible. Si les gens ne veulent pas travailler plus longtemps c'est qu'ils savent que le temps se lasse et que de leur travail ils ne sont pas contents, qu'ils veulent faire quelque chose de leur vie avant qu'elle ne se fasse, travailler pour survivre c'est usant. Vivement la retraite que je puisse faire en⁄n ce que j'aime : des couteaux à manche de bois de cèdre ! Quand on voit le nombre de gens qui attendent poliment leurs dernières années pour se lancer en⁄n à faire ce qu'ils aiment, on comprend facilement qu'une ou deux années de plus à trimer, c'est sacri⁄er à d'autres ce qu'en⁄n on pourrait faire pour soi-même. Et il n'y a bien qu'une minorité, celle qui vote des lois qu'à eux ils n'appliqueront pas, pour s'en étonner. œPolitichiens ! Parlementeurs !– aurait crié notre Grand Administrateur...

C'est pourquoi c'est si précieux l'absurde. Ça nous sort d'un cadre trop étroit dans lequel on s'enferme tout seul parfois, ça nous rend moins con. On rit de nous et de nos situations, de cette vie de fou que l'on remet en question, le temps d'un bon mot... ou d'une exposition. Les Arts Incohérents de Jules Lévy et la bande du Chat Noir, Boris Vian et l'École de Pataphysique plus tard. Un esprit qui répondra toujours

présent là où les bêtes étranges que sont les humains s'acharnent à faire de ce bout de vie que nous avons en commun, un triste monde sans panache du lendemain.

Mais parfois c'est magique l'absurde. Imaginez. Un groupe de gens plutôt portés sur la plume et le pinceau mais qui peinent (il faut bien l'avouer) à se faire éditer, relance un vieux journal. Un an plus tard, le voilà, ce journal, associé au Centenaire de Boris Vian, lui même auteur qui a eu quelque peine (il faut bien l'avouer aussi) à se faire éditer de son vivant, rien que ça... C'est absurde et pourtant si évident... Un mec comme Boris Vian, lui et cet esprit qui nous manquent tellement, moderne, savant, impertinent... Eh bien c'est dans les colonnes de ce vieux journal qu'est le Chat Noir (et qui fait une nouvelle fois peau neuve !) qu'il nous est donné de le faire briller. Alors oui vous allez en manger, c'est bon pour la santé vous savez. L'absurde se consomme à outrance et sans modération, ce serait même grave de ne pas en abuser, de faire attention.

L'Administration du Chat Noir est donc très honorée, pour sa 139e année, de pouvoir vous présenter des numéros chat-poétés par un Grand Administrateur bel et bien vivant, Boris Vian, qu'il était urgent de rappeler à cette grande table qu'est la vie !

Alors plus que jamais : œPassant, sois moderne !–

Rom

P R I X : 3 E U R O S JANVIER 2020139E ANNÉE Nouvelle série Õ N°20

F ON DAT E U R S

Rodolphe SALISEmile GOUDEAU

G R A N D A DM I N I ST R AT E U R

Boris VIAN

DI R E C T E U R DE L A P U B L IC AT ION

Romain NOUAT(Écrivain posthume en devenir)

SE C R É TA I R E DE L A R É DAC T ION

Oncle ALPHYMembre Honoraire de Permanence

A B O N N E M E N T S

1 An . . . . . . . . 35 a ≈Europe . . . . . . . 50 a ≈Monde . . . . . . . 55 a ≈

Envoyez votre lettre demotivation ainsi qu“un chèque» l“ordre de : Romain Nouat,

Journal Le Chat Noir.

Rédaction et Adiministration,6, rue Cortot, 75018 Paris.

[email protected]

TIRAGE LIMITÉ

1.000 Exemplaires numérotés

(Paraissant un samedi)

DI R E C T R IC E DE L A P U B L IC AT ION

Vanessa springora

R E L E C T E U R G É N É R A L

L“·ne LoLo assisté de

enkor“ HectorAcadémicien

AU P I NC E AU

Monsieur BinuPataphysicien Honoris Causa

E N LUM I N E U SE

CamiLLe Broquet

» L A P LUM E

Champo, Binu, La Prédiction,

Franck Balandier, Mathias Pizzinato,

Rodolphe Trouilleux

pour réclameset annonces

s,adresser– e. [email protected]

Maison recommandée.........150

Réclame..............................300

Grand encart......................500

ORGANE DES INTÉRÊTS DE MONTMARTRE

©S

AP

EC

K

Cette place sera désormais réservée à celui ou celle qui remportera

les faveurs du public lors de :

la scène ouverte de poésie du chat noir

Grande première : le 12 février à 21h

«la Cantine du Dizuit'» au 46, Ramey, Paris 18

Inscription des poètes sur place

soyez moderne!

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MAKE POTATO GREAT AGAINJanvier s“achève, rythmé par le duo gagnant raclette-galette (formant la graclette) qui s“est imposé, juste après les fêtes, comme une nécessité à la survie des Parisiens et Petits-Couronnais, auxquels on a vu repousser, ces deux derniers mois, deux jambes et deux ailes. Il y a quelques jours, l“Administration du Journal a reçu un colis, lui aussi paré des ailes de Mercure, essouf¤ées d“avoir monté la butte. On l“ouvrit, il contenait une pomme de terre, germée. Rien d“une insulte, pas l“ombre d“un Tu n“es qu“une patate germée, ni une invitation à une raclette party - hélas - mais un hommage au journal montmartrois, toujours à la pointe∆ de la plume∆ ou de la butte. Elle était accompagnée d“un œNeuraspud– (spud, lisez patate), une sorte de petit transmetteur électronique qu“il faut planter dans la chair du tubercule, pour quiconque rêverait d“échanger avec une pomme de terre, au moins une fois dans sa vie. Un papier indiquait : œMake potato great again–. Vaste programme, que l“on doit à un frenchie nommé Nicolas Baldeck, entrepreno-inventeuro-auteuro-rêveuro-artististico-open-data activisto-parapentiste, et désormais créateur de la Smart Potato, la Patate connectée, qui fait également assistant personnel, comme Siri, Alexa et autres googlous. Son petit transmetteur permet de décoder le langage et les émotions du tubercule, envoyés directement sur smartphone, via Bluetooth. » l“essayer, à lui poser des questions, on en développerait presque un sentiment d“empathapatatophilie pour cet ovni quelque peu pataphysicien, plus proche d“une invention de notre Equarisseur de première classe, que d“une banane issue de la ⁄lière du marché de l“art, quoique, dans tout cela, l“absurde n“est pas loin.Début janvier, son inventeur l“a présentée au grand Consumer Electronic Show de Las Vegas qui fêtait ses cinquante-trois années. On y côtoyait le robot-raclette (un stand voisin, très exotique aux USA) et le robot-dépanneur de papier toilette, à l“ombre de l“Arbre à smartphones en ¤eurs. La Smart Potato en a été véritablement l“un des plus grands succès. Pour exposer comme il se doit au Temple de l“Innovation et de la Technologie, il a fallu 5000 dollars sortis sans magie des poches de l“inventeur, dont 1000 pour le stand. Pour le moment, la Smart Potato n“en est qu“au stade prototypal, et l“originale est rentrée, fripée, mais saine et sauve

de Las Vegas. Une campagne de ⁄nancement participatif a débuté : pour 30 000 dollars, le Neuraspud (dont l“Administration a reçu le second exemplaire) pourra être fabriqué à grande échelle, en vue d“être commercialisé. Pour 60 000 dollars, la Smart Potato prédira la météo, remplaçant dé⁄nitivement, ce que nous regrettons sincèrement, Louis Bodin. Pour le double, les Pommes de Terre intelligentes pourront communiquer entre elles au sein d“un vaste réseau maillé, une sorte de grand ⁄let à patates.La Smart Potato ne serait-elle ⁄nalement qu“un prétexte ? Elle est pourtant revendiquée par son inventeur comme une technologie sérieuse, mais il y voit aussi une innovation œmarketing– plutôt que technologique, un gros coup de pub doublé d“une blague, d“un véritable troll à un mouvement global où les objets connectés et les assistants personnels à gogo virent parfois dans l“absurdité infertile et nocive. En attendant, nous, on a mis notre exemplaire de pomme de terre sous cloche, et de ses germes, nous ferons des petits.

Champo

L'ABSURDE EXISTENCE

Balade entre les tombes, entre les larmes et les cÃurs arrachés. Je piétine les viscères de tous ces hommes et respire l“odeur sanguine de l“automne.J“ai compris que je ne comprenais plus, tout est si absurde.... de la vie qui s“accroche à la peau, comme mordent les fourmis, à la mort qui irrite pour survivre.Je guette le faucheur sur son cheval, Roméo attend patiemment l“hiver, qu“il crache sur mon cÃur de pierre, tombeau froid de mes sentiments. Le temps passe et ma montre est fondue, c“est l“horloger qui m“appelle pour le grand sommeil. Le croque-mort sème le trouble dans les andains, plantant des morts, il tache l“herbe de rouge, couleur d“humains.Je me balade entre les tombes et je m“interroge : pourquoi les vivants sont moins chéris que les morts ?

Miaulements

Droit de réponse - La Butte Montmartre au patrimoine de l'UNESCOIl semblerait qu'une de nos estimées consÃurs du Parisien et que nous appellerons pudiquement ici C. Beaulieu, se soit faite piéger. En effet, dans les colonnes du Parisien du 10 janvier dernier, des personnes auraient tenter de faire croire qu'ils agiraient pour le bien de la Butte, voire même dans son intérêt... Il faut bien leur reconnaître un certain talent pour être en accord avec le thème de notre numéro : l'absurde, car en effet, tenez-vous bien... Voici un résumé de l'histoire : Midani, alors grand copain des marchands du Temple de la Zône Commerciale rebaptisée œPlace du Tertre– s'est bel et bien associé à la Mairie (pour peu de temps rassurez-vous) qui nous avait avertis de son élection récente jugée douteuse, soutenue vaillamment par Jean-Manu Gabert, déjà auto-proclamé grand défenseur des pains et farines contre ses infâmes amis qui tiennent le siège de la Ripoublique de Montmartre, ces mêmes amis que partage aussi un certain Midani... Du génie.Une pièce absurde où chacun joue parfaitement son rôle au pro⁄t de ses intérêts. Quant à ceux de la Butte, il semble pourtant évident que cette vieille dame, pourtant si jeune et si moderne, se débrouillerait très bien toute seule.

À notre regretté Myriès...Il est parfois bien dif⁄cile de prendre la plume pour annoncer la disparition d“un ami cher. La rédaction du Chat noir se serait bien passée d“une telle annonce.Myriès est parti sans laisser d“adresse. Son smartphone est aux abonnés absents. Nous sommes tous orphelins. Il avait su, au ⁄l des numéros, retenir l“attention de ses lecteurs avec son feuilleton haletant : L“Étrange affaire de la tombe qui pue. On se souviendra, tous ici, de lui. De ses délires. De sa signature. Sous un pseudonyme, de peur de mettre en péril sa timide réputation de feuilletoniste, à la Balzac ou à la Eugène Sue, il avait su nous passionner pour les mystères d“un Montmartre revisité et modernisé. Rien ne laissait présager une telle issue.

Myriès, où que tu sois, si tu es encore vivant, si tu lis cette triste nécrologie, envoie-nous un signe, reviens-nous vite, tout le monde t“aime ici. Et on t“attend.

Franck Balandier

L E C H A T N O I R

Chroniques des arts de M. Binu

Pour ceux qui parviendront à se fau⁄ler entre les cohortes de manifestants et les nuées de gaz lacrymogène, qui réussiront le périlleux exploit d“emprunter les transports en commun, et qui trouveront l“entrée du Centre Pompidou (déplacée à l“arrière du bâtiment pour cause de travaux - les tuyaux sont sans doute percés ?), il sera possible, après une ascension dans les tubes à hamster du fameux centre d“art moderne et contemporain, d“accéder à l“exposition consacrée à Christian Boltanski. Pourquoi - me direz-vous - endurer ces mille tourments pour aller traîner vos godillots dans le dédale que constitue cette exposition labyrinthique ? Tout simplement parce que Christian Boltanski est l“un des artistes les plus marquants de la scène artistique française de ces dernières décennies. Et que cette exposition, intitulée œBoltanski - faire son temps–, revient sur son Ãuvre proli⁄que et saisissante (jusqu“au 16 mars).Mais permettez-moi tout de même de vous mettre un tantinet en garde, Boltanski n“est pas le genre d“artiste qu“on invite pour la Birthday Party d“une enfant de 6 ans déguisée en princesse-licorne. Son Ãuvre s“intéresse à la grande question de la mémoire, et donc de l“oubli, de la disparition et du deuil. Ça pose l“ambiance. Dès votre entrée dans cette mise en scène orchestrée par Boltanski, vous tombez nez à nez avec une vidéo atrocement dérangeante ; un homme, recroquevillé sur un sol crasseux, le visage recouvert de bandages, tousse à s“en faire péter les bronches, une sanglante bouillie rougeâtre. Le ton est donné, la condition humaine dépeinte par l“artiste est loin d“être plaisante, c“est celle de notre vulnérabilité, de notre potentielle souffrance, et de notre assurée disparition. L“agonisant qui crache vous évoque alors la ⁄gure du manifestant gazé qui, peinant à retrouver son souf¤e, se ramasse une rouée de matraque dans la gueule. Peu de spectateurs s“attardent face à cette vision, et on se met alors à déambuler dans l“exposition, espérant fuir ce râle gargouillant. Quelques ampoules suspendues vous guideront et formeront une sorte de ⁄l conducteur entre les différentes Ãuvres présentées à travers des espaces spectaculaires et immersifs. Dépouillée de cartel et d“explications fumeuses, cette mise en scène théâtrale des Ãuvres a le mérite de laisser le spectateur s“imprégner, au gré de son parcours, de l“atmosphère imaginée par Boltanski.

Des portraits photographiques fantômatiques se retrouvent dans de nombreuses Ãuvres. Ce sont ces anonymes si chers à l“artiste, ceux dont le souvenir s“ef⁄loche et dont il ne reste que quelques traces documentaires pour reconstituer l“existence. Une image abîmée par les ans, un extrait de naissance ou un acte de décès, quelques mots posés sur un morceau de papier, un vêtement, un objet quelconque. Que reste-t-il de nous ? Qui s“en souviendra ?Galeries de portraits spectraux, piles de boites en fer blanc, petits autels éclairés par d“austères lampes de bureau, silhouettes sombres ou grands visages blancs presque effacés, Boltanski use des objets comme de vestiges mis en scène dans un obscur musée de l“anamnèse ; c“est-à-dire du souvenir ressurgissant dans les méandres de nos mémoires individuelles face à l“oubli généralisé de la Mémoire collective. Progressant toujours, vous parviendrez dans une salle présentant un triptyque vidéo qui ouvre en⁄n l“horizon. Celui de l“océan. Sur l“écran central on peut voir trois sculptures métalliques singulières, sortes de œhaut-parleurs totems– dirigés vers le large, qui émettent une longue plainte métallique lorsque le vent les met en mouvement. Cet appel s“adresse aux baleines qui ont l“habitude de parcourir les eaux profondes à quelques encablures du rivage. Et ces submersibles géante s , selon

des légendes autochtones, auraient la connaissance de l“origine du monde. Voilà pourquoi, dans un geste purement poétique à la Don Quichotte, Boltanski leur pose La question en usant de ses sculptures sonores comme d“un porte-voix. On est loin du tousseur agonisant du début. Ce triptyque, Ãuvres de maturité artistique, témoigne de la part de l“artiste d“un questionnement plus vaste sur notre condition humaine ; l“individu est transcendé par l“universel, mais chez Boltanski ces deux concepts sont liés, l“individu est sans cesse traversé par l“universalité. En témoignent ces petits cercueils perchés sur des échasses et entourés de photographies pudiquement recouvertes d“un voile noir, ces murs recouverts de photographies en noir et blanc jusqu“à l“écÃurement, ces armoires renfermant les archives de l“artiste, lettres, images, documents, restes de toute une vie d“existence, et en⁄n ce tas de guenilles noires, vêtements informes composant un monticule terrible, symbole de la disparition des masses, éclairé par l“Ãil cruel d“une lampe d“administration.Eprouvés par cette errance labyrinthique, les spectateurs se retrouvent, hagards, dans l“ultime salle de l“exposition. Et c“est là, juste avant de sortir et de se retrouver éblouis par la lumière blanche de la rassurante boutique du musée, qui signi⁄e que le mauvais rêve est terminé, que lesdits spectateurs feront une dernière halte devant deux écrans qui encadrent la sortie. La vision tranquille et sereine de deux paysages arides s“offre à nous. D“un côté un désert de sable et d“herbes sèches, de l“autre un désert de neige et de givre. Plantées dans ces no man“s land, des troupes de tiges métalliques couronnées de clochettes qui tintent au gré du vent, viennent occuper le paysage comme quelques hautes ¤eurs desséchées. Cette vision en⁄n apaisante n“est pourtant pas épargnée par la pesanteur de la mémoire. Car c“est dans le désert d“Atacama que Boltanski est allé installer son Ãuvre, là même où les sbires de Pinochet ont enfoui les corps des victimes de la dictature. œAnimitas–, c“est le titre de l“Ãuvre, est une référence aux autels que les indiens érigent sur les bords des routes pour honorer la mémoire des disparus. Mais le désert d“Atacama c“est aussi l“endroit du monde où l“on observe le mieux l“in⁄nité d“étoiles qui batifolent dans le cosmos. Ainsi, l“histoire intime et tragique rejoint-elle une nouvelle fois le récit multiséculaire du Monde, et les petites mémoires viennent con¤uer vers le grand ¤euve transcendant des mythes, ultime et splendide forme des mémoires humaines.

œTrompe d'Orléans à 18 tours avec extensions manuelles– - par Boris Vian -

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L E C H A T N O I R

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Très Très BrèvesProphéties par Mathias Pizzinato

Attention, ces prophéties re¤ètent exclusivement les goûts de votre dévoué prophète.

Par chance, il se trouve que ce sont les bons.

Ä 1er janvier : Jour de l“an. Attention aux embouteillages dans le couloir des toilettes dus au chassé-croisé entre ceux qui ont la gastro et ceux qui ont la gueule de bois.

Ä 4 janvier : 60e anniversaire de la mort d“Albert Camus. Pas d“évolution de son état de santé.

Ä 4 janvier : Journée mondiale du braille.⠃⠕⠝⠝⠑ ⠚⠕⠥⠗⠝⠿⠑

Ä 5 janvier : Départ du Rallye Dakar depuis l“Arabie Saoudite. A⁄n d“attirer une audience internationale, l“organisation a décidé de ne plus seulement rouler sur les hommes mais aussi sur leurs droits.

Ä 5 janvier : Cérémonie des Golden Globes. œAucune déception– pour Adam, un ami à moi qui habite dans le XIXe, alors qu“il repart sans statuette. Il faut dire qu“il n“était pas nominé.

Ä 5 janvier : Ouverture du procès d“Harvey Weinstein. Le remake français est attendu avec Luc Besson dans le rôle-titre.

Ä 6 janvier : Galette des Rois. Grande mobilisation des diabétiques qui réclament œun nouveau système d“attribution de la fève–.

Ä 8 janvier : Début des soldes d“hiver. C“est quand même terrible cette habitude qu“ont les pauvres d“avoir une saison de retard.

Ä 9 janvier : Début des JO de la jeunesse, en Suisse. Les espoirs helvètes se portent sur le jeune Peter Chappuis, champion genevois du jeté d'argent, catégorie œpar les fenêtres–. Son dernier lancé a été enregistré à 2500 francs suisses.

Ä 9 janvier : Nouvelle journée d“action contre la réforme des retraites. Le gouvernement applaudit l“optimisme des grévistes qui pensent qu“au moment de leur retraite, ils auront encore une planète.

Ä 10 janvier : Premier baiser entre Thomas et Jérémy. Leur amour durera 4 ans et se passera sans encombre. Sauf cette fois où Jérémy a oublié son passeport et leur a fait rater l“avion pour le Chili.

Ä 13 janvier : Procès de 2 marins-pêcheurs pour avoir décapité des phoques pêchés illégalement. Les pêcheurs sont acquittés. En effet les phoques étaient coupables d“avoir participé à une manifestation contre le gouvernement saoudien.

Ä 13 janvier : Procès du père Bernard Preynat pour agressions sexuelles. Le record à battre est actuellement de 125 mineurs et 0 condamnation par l“Église.

Ä 15 janvier : Jugement d'un étudiant pour avoir mis en ligne 2 millions d'épisodes de séries. Et pourtant il paie plus d“impôts en France que Net¤ix.

Ä 15 janvier : Journée mondiale des roux.

Ä 16 janvier : Gueule de bois collective en Irlande.

Ä 18 janvier : La nuit de la Lecture. Petit conseil pour en pro⁄ter un maximum : si on ne lit que les numéros de page, ça va beaucoup plus vite. Ne me remerciez pas.

Ä 20 janvier : Début de la Fashion Week. Nouvelle défaite de la Belgique.

Ä 21 janvier : Forum de Davos. Dans cette minuscule immensité qu“est ce groupe ouvertement fermé, l“usage futile de l“oxymore est de rigueur pour assouplir la sereine colère des masses individuelles en encourageant avec un cynisme insouciant le œcapitalisme responsable–.

Ä 21 janvier : Journée internationale du câlin. Le syndicat des ¤ics porte plainte contre le chanteur Renaud pour harcèlement. Le président du syndicat a déclaré : œÇa suf⁄t, à cause de lui on a tous de l“herpès–.

Ä 25 janvier : Nouvel an Chinois. On entre dans l“année du rat. Benjamin G. réagit œc“est la faute à Hidalgo–.

Ä 26 janvier : Grand Prix d“Amérique. Après les discussions sur les animaux du cirque et la corrida, on est rassurés de voir que la chasse à courre et les courses hippiques restent protégées des polémiques.

Ä 29 janvier : Jugement de 3 Femen qui avaient manifesté près du convoi de Donald Trump à Paris. Les lecteur-rice-s du Chat Noir, connus pour leur souci de l“ordre public et des bonnes mÃurs, seront rassurés de savoir qu“en France il est plus condamnable de montrer ses seins que de fabriquer des morts.

Ä 30 janvier : Festival d“Angoulême. Scandale ! Mon petit cousin Gabriel, 4 ans, ne remporte pas le Grand Prix alors qu“on voit très bien que ça c“est une maison et que là il y a le soleil et là c“est maman et maman. Il a même fait des ¤eurs.

Ä 30 janvier : Procès d'un gendarme pour avoir renversé 3 gilets jaunes. Les gilets jaunes sont condamnés à des excuses publiques au gendarme qui a eu œtrès peur–.

Ä 31 janvier : Brexit. Cette fois-ci, c“est la bonne. Mais dans le doute, on croise les doigts.

LA FOLLE HISTOIRE DE LA TROMPETTE À FROMAGE

(Romance montmartroise)

- Monsieur Jules vous êtes un malappris, un locataire de la pire espèce : celle des mauvais payeurs !- Et vous, chère madame une propriétaire des plus revêches∆ Et en plus vous n“êtes même pas belle !Le bruit d“une porte claquée termina cet échange peu courtois. Le palier du 5e était redevenu silencieux comme les autres mais les vibrations de la rampe d“escalier signalaient la redescente de madame Pochet, propriétaire dénuée de cÃur, femme triste et sans amour∆ Et en plus même pas belle ! Cette mocheté marmonnait dans la barbe qu“elle n“avait même pas, son argent lui permettant l“usage d“un cabinet dépilatoire, d“une friserie à foufoune délaissée, d“un gommage de peaux plus que mortes, bref, d“un ravalement complet. Mais la beauté, elle ne pouvait se la payer, même à prix d“or : Monique Pochet était laide depuis sa plus tendre enfance, même qu“on l“appelait la punaise, dans les petites classes. Descendant les marches à pas sonores, elle songeait encore à cet échange peu gracieux avec son locataire du 5e quand la porte du 2e s“ouvrit, toute grande, pour laisser passer mademoiselle Aurore, la splendide jeune femme qui, elle, payait son loyer sans rechigner. Elle était belle comme le jour naissant, gracieuse, et trouvait toujours le moyen d“envelopper la Pochet dans quelque compliment ou parole sucrée : œOh, la jolie robe que vous avez là– (en réalité une vraie serpillère), œmais quelle ravissante coiffure chère madame– (j“ai connu des dessous de bras mieux apprêtés) et j“en passe∆ Monique Pochet souriait, répondait à sa locataire par mille politesses et s“en retournait dans son antre du rez-de-chaussée, vraie caverne de propriétaire où elle entassait tous ses avoirs et vivotait tranquillement, se nourrissant exclusivement de soupes aux poireaux aux effets pervers et nauséabonds. Mais retournons au 5e : là, dans un modeste deux pièces aux tentures défraîchies et jaunies de fumées nicotiniques, vivait le bon Jules Mauviette, trompettiste occasionnel et ramasseur de mégots. Un bon gars ce Jules, tranquille, pas trop énervé sur le boulot mais gentil. La clope au bec, il essayait toute la journée des trompettes que lui apportaient ses collègues musiciens. Pour quelques sous, il cajolait les instruments malades, les mouchait, les astiquait, leur racontait de belles histoires et les endormait dans les petits lits qu“il avait fabriqué spécialement pour elles. Le soir, en

visite chez Jules, vous étiez prié de ne pas parler trop fort de peur de réveiller les instruments convalescents au sommeil fragile. Aux petits soins pour ses protégées, Jules leur jouait des airs suaves et charmant à la ¤ûte à bec pour les endormir. Jules était un poète, un pur, se nourrissant exclusivement de tomme de Savoie. œSurtout œbien ¤euries– disait-il aux familles de ses pensionnaires, car le bonhomme se faisait payer uniquement en fromages. Vous aurez tout de suite compris que Jules était un bon soigneur de trompettes mais un mauvais trompettiste, autant qu“un étrange gastronome. Monique Pochet détestant tout ce qui pouvait ressembler de près ou de loin à de la crèmerie, il était inutile de vouloir la régler en tomme !- Dehors le trompettiste à deux sous, dehors le pue du bec ! criait-elle dans son sommeil. Le même rêve la poursuivait chaque nuit : devenue subitement belle, Jules Mauviette la poursuivait de ses assiduités, les bras tendus, aux mains chargées de trompettes ! œViens souf¤er dans mes instruments– criait-il∆ Et là, la môme Pochet se réfugiait dans son antre-caverne, subitement envahi, oh horreur, de centaines de tommes de Savoie. œBien ¤euries, biens ¤euries, bien ¤euries– Monique mon amour– criait Jules, nu comme un ver ! Puis elle se réveillait en sueur, et détestait un peu plus chaque matin son trompettiste de locataire !Comment cela allait-il ⁄nir ? Oui, comment ?Mais de la manière la plus inattendue, bien sûr !Un personnage jouf¤u volait au-dessus de ce modeste immeuble du vieux Montmartre, étrange bonhomme qui, sourdement, durement, sûrement, était sûr de son aboutissement : l“amour ! Oui, le carquois plein, le vieux bébé à cul nu ne savait où donner de la ¤èche et tirait dans tous les sens, plantant ses ¤èches au hasard, provoquant les accouplements les plus pittoresques ! On avait vu ainsi un banquier épouser une ¤euriste, un boucher poilu copuler avec un mannequin réputé, un rocker déclarer sa ¤amme à un prêtre et un poissonnier épouser une parfumeuse ! Mais le plus étonnant arriva un jour de chaleurs intenses. Par cette journée étouffante, les locataires de l“immeuble qui nous intéresse avaient pratiquement tous ouvert en grand leurs fenêtres, favorisant ainsi la circulation de l“air.L“amour, décidément mal embouché, avait saisi cette formidable occasion pour tirer quelques ¤èches, mais, là, il ⁄t un peu attention∆ Son intention était d“unir la Aurore à Jules, liant ainsi pour l“éternité la beauté à la gentillesse. Imaginant déjà quels pouvaient être les résultats de cette union future, il décocha une ¤èche dans le cÃur du trompettiste et doubla ce tir d“un autre projectile qu“il

envoya dans la fenêtre de la délicieuse jeune femme. Et l“effet de cet enchantement fut instantané : Jules, sentant son cÃur battre à tout rompre, se précipita dans l“escalier, descendit jusqu“au deuxième étage et sonna à la porte d“Aurore en criant : œJe vous aime, je vous aime, je vous aime !–. L“huis bascula en⁄n, et celle qui devait partager sa vie et l“aimer passionnément, se précipita dans ses bras : œmon Jules, mon Jules, mon Jules !–∆Et ce fut à ce moment que l“amour, à sa grande stupéfaction, constata son erreur, sa maladresse ! Il avait en réalité touché de sa ¤èche le cÃur de Monique Pochet qui, ⁄chu en tête et plumeau en main, faisait le ménage chez sa locataire ! Tout cela n“était vraiment pas raisonnable, oh non alors !Qu“importe, la plus folle des passions s“était installée entre Monique et Jules, scellant ce nouveau couple dans une harmonie étrange et parfaite∆ Alors, leurs vies, si petites et mesquines, se transformèrent singulièrement : Monique quitta son antre sombre et puant, se maquilla et s“habilla en⁄n avec recherche et rejoignit Jules au cinquième étage. Puis, d“une manière des plus inattendues, le mauvais trompettiste devint un musicien excellent, recherché des plus grands orchestres. Leur mariage à Saint Pierre de Montmartre, ⁄t grand bruit. Tout le quartier fut invité à la cérémonie. » la sortie de l“église, les trompettistes de toute la France ⁄rent une haie d“honneur aux nouveaux époux. Et comme ces deux amoureux, si différents tout d“abord, s“étaient en⁄n trouvés grâce à la maladresse d“un Cupidon fatigué, ils passèrent de bons, très bons moments à faire de jolis bébés, bien jouf¤us∆ Dans la rue des Rêves, non loin de la rue Caulaincourt, une maison porte toujours l“enseigne de la trompette à fromage. Son rez-de-chaussée est consacré exclusivement à une clinique où sont soignés les instruments les plus fragiles du monde entier. Quant aux sous-sols, anciennes carrières, ils sont réservés à l“af⁄nage des tommes de Montmartre, un fromage à la croûte ¤eurie exceptionnelle connu des seuls initiés, amoureux ou trompettistes !

Rodolphe Trouilleux

"Fromage ! Poésie !Bouquet de nos repas.

Que sentirait la vie (bis)Si l'on ne t'avait pas ?"

Victor Meusy (du Chat Noir1)

L E C H A T N O I R

N° ISSN : 2609-4568 - Dépôt légal : janvier 2020 mensuel - Impression sur papier recyclé : HIRECH Graphic - 75018 Paris. 06 07 03 86 10

1. Merci à Caroline Crépiat pour son aide aussi belle que spontanée !