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PRÉVISIONS DES TAUX DE DÉTAIL François Dupuis, vice-président et économiste en chef Mathieu D’Anjou, économiste principal Hendrix Vachon, économiste principal Desjardins, Études économiques : 514-281-2336 ou 1 866-866-7000, poste 5552336 [email protected] desjardins.com/economie NOTE AUX LECTEURS : Pour respecter l’usage recommandé par l’Office québécois de la langue française, nous employons dans les textes et les tableaux les symboles k, M et G pour désigner respectivement les milliers, les millions et les milliards. MISE EN GARDE : Ce document s’appuie sur des informations publiques, obtenues de sources jugées fiables. Le Mouvement des caisses Desjardins ne garantit d’aucune manière que ces informations sont exactes ou complètes. Ce document est communiqué à titre informatif uniquement et ne constitue pas une offre ou une sollicitation d’achat ou de vente. En aucun cas, il ne peut être considéré comme un engagement du Mouvement des caisses Desjardins et celui-ci n’est pas responsable des conséquences d’une quelconque décision prise à partir des renseignements contenus dans le présent document. Les prix et les taux présentés sont indicatifs seulement parce qu’ils peuvent varier en tout temps, en fonction des conditions de marchés. Les rendements passés ne garantissent pas les performances futures, et les Études économiques du Mouvement des caisses Desjardins n’assument aucune prestation de conseil en matière d’investissement. Les opinions et les prévisions figurant dans le document sont, sauf indication contraire, celles des auteurs et ne représentent pas la position officielle du Mouvement des caisses Desjardins. Copyright © 2018, Mouvement des caisses Desjardins. Tous droits réservés. Malgré l’incertitude, les resserrements monétaires devraient se poursuivre FAITS SAILLANTS f Les dernières données économiques sont encourageantes en Amérique du Nord, après un début d’année plus lent. f La Banque du Canada devrait augmenter ses taux directeurs en juillet. f Les craintes en Europe ont profité au dollar américain. Les questions géopolitiques continuent de retenir l’attention. Les craintes de guerre commerciale ont remonté récemment à la suite de la décision de l’administration américaine d’imposer des tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium à l’Europe, au Canada et au Mexique. Des tensions financières sont aussi apparues en zone euro, à la suite d’une crise politique en Italie, et du côté des pays émergents. L’économie américaine envoie des signaux encourageants. Après un autre début d’année un peu décevant, tout indique que l’économie américaine enregistrera une forte croissance au deuxième trimestre. La progression des dépenses de consommation a ainsi retrouvé toute sa vigueur en mars et en avril (graphique 1). Les dernières statistiques du marché du travail sont aussi rassurantes et le taux de chômage est tombé à 3,8 % en mai, son plus bas niveau depuis la fin des années 1960. La Réserve fédérale (Fed) pourrait monter ses taux chaque trimestre cette année. La bonne performance de l’économie américaine confirme que la Fed n’hésitera pas à poursuivre son resserrement monétaire en juin, malgré les incertitudes. Alors que les prix plus élevés de l’essence et des biens visés par les tarifs douaniers risquent d’augmenter les pressions inflationnistes sans trop ralentir la croissance à court terme, les taux directeurs pourraient être augmentés à deux reprises supplémentaires en seconde moitié de 2018. La croissance a été lente au premier trimestre au Canada, mais le printemps s’annonce mieux. Le PIB réel canadien n’a progressé que de 1,3 % à rythme annualisé au premier trimestre de 2018. Cette faible performance s’explique toutefois en bonne partie par une dégradation du solde commercial ainsi que par une chute de l’investissement résidentiel résultant des nouvelles mesures restrictives mises en place en début d’année. À l’inverse, les investissements des entreprises ont bondi de plus de 10 % malgré l’incertitude qui pèse sur les relations commerciales avec les États-Unis. De plus, le rebond récent du PIB mensuel (graphique 2 à la page 2) et du solde commercial laisse entrevoir une forte accélération de la croissance canadienne dès le deuxième trimestre. La Banque du Canada (BdC) semble prête à agir de nouveau. Après avoir monté les taux directeurs en janvier, les autorités monétaires canadiennes ont opté pour le statu quo au cours de leurs trois dernières rencontres. Le ton des communiqués de la BdC est toutefois devenu de ÉTUDES ÉCONOMIQUES | 12 JUIN 2018 GRAPHIQUE 1 La consommation réelle a repris de la vigueur aux États-Unis à la fin de l’hiver Sources : Bureau of Economic Analysis et Desjardins, Études économiques Contributions à la croissance mensuelle de la consommation réelle -0,4 -0,2 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 JANV. MARS MAI JUIL. SEPT. NOV. JANV. MARS Biens durables Biens non durables Services Total En % 2017 2018 GAGNANT DU TITRE DU MEILLEUR PRÉVISIONNISTE - CANADA #1 BEST OVERALL FORECASTER - CANADA

Malgré l’incertitude, les resserrements · 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 De un an De cinq ans APHIQ Après un recul en janvier, l’économie canadienne a rebondi

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PRÉVISIONS DES TAUX DE DÉTAIL

François Dupuis, vice-président et économiste en chef • Mathieu D’Anjou, économiste principal • Hendrix Vachon, économiste principal

Desjardins, Études économiques : 514-281-2336 ou 1 866-866-7000, poste 5552336 • [email protected] • desjardins.com/economie

NOTE AUX LECTEURS : Pour respecter l’usage recommandé par l’Office québécois de la langue française, nous employons dans les textes et les tableaux les symboles k, M et G pour désigner respectivement les milliers, les millions et les milliards. MISE EN GARDE : Ce document s’appuie sur des informations publiques, obtenues de sources jugées fiables. Le Mouvement des caisses Desjardins ne garantit d’aucune manière que ces informations sont exactes ou complètes. Ce document est communiqué à titre informatif uniquement et ne constitue pas une offre ou une sollicitation d’achat ou de vente. En aucun cas, il ne peut être considéré comme un engagement du Mouvement des caisses Desjardins et celui-ci n’est pas responsable des conséquences d’une quelconque décision prise à partir des renseignements contenus dans le présent document. Les prix et les taux présentés sont indicatifs seulement parce qu’ils peuvent varier en tout temps, en fonction des conditions de marchés. Les rendements passés ne garantissent pas les performances futures, et les Études économiques du Mouvement des caisses Desjardins n’assument aucune prestation de conseil en matière d’investissement. Les opinions et les prévisions figurant dans le document sont, sauf indication contraire, celles des auteurs et ne représentent pas la position officielle du Mouvement des caisses Desjardins. Copyright © 2018, Mouvement des caisses Desjardins. Tous droits réservés.

Malgré l’incertitude, les resserrements monétaires devraient se poursuivreFAITS SAILLANTS

f Les dernières données économiques sont encourageantes en Amérique du Nord, après un début d’année plus lent.

f La Banque du Canada devrait augmenter ses taux directeurs en juillet.

f Les craintes en Europe ont profité au dollar américain.

• Les questions géopolitiques continuent de retenir l’attention. Les craintes de guerre commerciale ont remonté récemment à la suite de la décision de l’administration américaine d’imposer des tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium à l’Europe, au Canada et au Mexique. Des tensions financières sont aussi apparues en zone euro, à la suite d’une crise politique en Italie, et du côté des pays émergents.

• L’économie américaine envoie des signaux encourageants. Après un autre début d’année un peu décevant, tout indique que l’économie américaine enregistrera une forte croissance au deuxième trimestre. La progression des dépenses de consommation a ainsi retrouvé toute sa vigueur en mars et en avril (graphique 1). Les dernières statistiques du marché du travail sont aussi rassurantes et le taux de chômage

est tombé à 3,8 % en mai, son plus bas niveau depuis la fin des années 1960.

• La Réserve fédérale (Fed) pourrait monter ses taux chaque trimestre cette année. La bonne performance de l’économie américaine confirme que la Fed n’hésitera pas à poursuivre son resserrement monétaire en juin, malgré les incertitudes. Alors que les prix plus élevés de l’essence et des biens visés par les tarifs douaniers risquent d’augmenter les pressions inflationnistes sans trop ralentir la croissance à court terme, les taux directeurs pourraient être augmentés à deux reprises supplémentaires en seconde moitié de 2018.

• La croissance a été lente au premier trimestre au Canada, mais le printemps s’annonce mieux. Le PIB réel canadien n’a progressé que de 1,3 % à rythme annualisé au premier trimestre de 2018. Cette faible performance s’explique toutefois en bonne partie par une dégradation du solde commercial ainsi que par une chute de l’investissement résidentiel résultant des nouvelles mesures restrictives mises en place en début d’année. À l’inverse, les investissements des entreprises ont bondi de plus de 10 % malgré l’incertitude qui pèse sur les relations commerciales avec les États-Unis. De plus, le rebond récent du PIB mensuel (graphique 2 à la page 2) et du solde commercial laisse entrevoir une forte accélération de la croissance canadienne dès le deuxième trimestre.

• La Banque du Canada (BdC) semble prête à agir de nouveau. Après avoir monté les taux directeurs en janvier, les autorités monétaires canadiennes ont opté pour le statu quo au cours de leurs trois dernières rencontres. Le ton des communiqués de la BdC est toutefois devenu de

ÉTUDES ÉCONOMIQUES | 12 JUIN 2018

GRAPHIQUE 1 La consommation réelle a repris de la vigueur aux États-Unis à la fin de l’hiver

Sources : Bureau of Economic Analysis et Desjardins, Études économiques

Contributions à la croissance mensuelle de la consommation réelle

-0,4

-0,2

0,0

0,2

0,4

0,6

0,8

JANV. MARS MAI JUIL. SEPT. NOV. JANV. MARS

Biens durables Biens non durables Services Total

En %

2017 2018

GAGNANT DU TITRE DU MEILLEUR PRÉVISIONNISTE - CANADA

#1 BEST OVERALLFORECASTER - CANADA

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ÉTUDES ÉCONOMIQUES

2MAI 2018 | PRÉVISIONS DES TAUX DE DÉTAIL

plus en plus positif et elle signale maintenant clairement son intention de procéder à une nouvelle hausse de ses taux directeurs lors de sa rencontre du 11 juillet prochain. La suite des choses demeure incertaine, mais le maintien d’incertitudes importantes du côté de l’immobilier et des relations commerciales pourrait la convaincre de prendre une nouvelle pause de six mois dans son resserrement par la suite.

• La remontée des taux de détail devrait se poursuivre, mais de façon plus graduelle. Malgré l’incertitude, la

tendance haussière des taux obligataires et des coûts de financement des institutions financières canadiennes s’est poursuivie au cours des derniers mois. Ces dernières ont ainsi annoncé une hausse significative de leurs taux hypothécaires (graphique 3) qui a amené le taux pour les hypothèques fermées de cinq ans à son plus haut niveau depuis 2013. D’autres hausses des taux de détail sont à prévoir, mais elles devraient être graduelles et relativement limitées, alors que les banques centrales voudront éviter un resserrement trop marqué des conditions financières.

TAUX D'ESCOMPTE

TAUX PRÉFÉRENTIEL

1 an 3 ans 5 ans 1 an 3 ans 5 ans

Réalisé (fin de mois)Déc. 2017 1,25 3,20 3,39 3,74 4,99 0,90 1,15 1,55Janvier 2018 1,50 3,45 3,39 4,15 5,14 0,90 1,25 1,55Février 2018 1,50 3,45 3,44 4,15 5,14 0,90 1,25 1,55Mars 2018 1,50 3,45 3,44 4,15 5,14 0,90 1,25 1,55Avril 2018 1,50 3,45 3,44 4,15 5,14 0,90 1,25 1,55Mai 2018 1,50 3,45 3,49 4,30 5,49 0,90 1,25 1,5511 juin 2018 1,50 3,45 3,49 4,30 5,49 0,90 1,25 1,55

PrévisionsFin de trimestre2018 : T2 1,50 3,45 3,30–3,70 4,10–4,50 5,30–5,70 0,70–1,20 1,05–1,45 1,35–1,752018 : T3 1,50–2,00 3,45–3,95 3,45–3,95 4,05–4,55 5,25–5,75 0,95–1,45 1,30–1,80 1,55–2,052018 : T4 1,50–2,00 3,45–3,95 3,45–3,95 4,05–4,55 5,25–5,75 1,10–1,60 1,50–2,00 1,80–2,302019 : T1 1,75–2,25 3,70–4,20 3,60–4,10 4,05–4,55 5,30–5,80 1,30–1,80 1,65–2,15 1,90–2,40Fin d'année2019 1,75–2,75 3,70–4,70 3,75–4,55 4,10–4,90 5,40–6,20 1,45–2,25 1,70–2,50 2,00–2,802020 1,75–2,75 3,70–4,70 3,60–4,40 3,75–4,55 5,00–5,80 1,25–2,05 1,40–2,20 1,60–2,402021 1,00–2,00 2,95–3,95 3,00–3,80 3,25–4,05 4,65–5,45 0,65–1,45 0,90–1,70 1,25–2,05

1 Non rachetable (annuel); NOTE : Les prévisions sont représentées à l'aide d'une fourchette.Source : Desjardins, Études économiques

TABLEAU 1Prévisions : taux de détail

ÉPARGNE À TERME1HYPOTHÈQUES

EN %

GRAPHIQUE 3 La remontée des taux hypothécaires se confirme

Sources : Datastream et Desjardins, Études économiques

Taux affichés sur les hypothèques fermées

En %

2

3

4

5

6

7

8

9

10

2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018

De un an De cinq ans

GRAPHIQUE 2 Après un recul en janvier, l’économie canadienne a rebondi en février et en mars

Sources : Statistique Canada et Desjardins, Études économiques

PIB réel par industrie

En G$ de 2007

1 700

1 710

1 720

1 730

1 740

1 750

1 760

1 770

1 780

JANV. AVR. JUIL. OCT. JANV.

Moyennes trimestrielles

2018 2017

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3MAI 2018 | PRÉVISIONS DES TAUX DE DÉTAIL

ÉTUDES ÉCONOMIQUES

• Le dollar américain s’est apprécié contre la plupart des devises au cours des deux derniers mois. Le mouvement a d’abord été soutenu par une amélioration des perspectives de croissance économique aux États-Unis et par la poussée des taux obligataires. Plus récemment, la devise américaine semble surtout avoir profité d’un effet de valeur refuge devant la recrudescence de craintes dans les pays émergents et en Europe. Ces craintes se sont toutefois un peu apaisées en juin, ce qui a freiné l’élan du billet vert (graphique 4).

• Le dollar canadien a assez bien résisté à la vigueur du dollar américain. Le huard a ainsi pu s’apprécier contre plusieurs devises, incluant l’euro (graphique 5). Les prix élevés du pétrole ont aidé, quoiqu’une réduction ait été observée dernièrement. Les données économiques demeurent généralement bonnes au Canada et la Banque du Canada (BdC) se montre plutôt optimiste. Cela dit, les perspectives économiques canadiennes demeurent teintées d’incertitude en raison notamment de la menace protectionniste. Le huard s’est d’ailleurs déprécié après l’annonce des taxes américaines sur l’acier et l’aluminium canadien.

• Prévisions : Le dollar américain a connu plusieurs élans éphémères au cours des dernières années. Le scénario pourrait bien se répéter avec une atténuation des craintes en Europe, sans compter que le problème du double déficit (commercial et budgétaire) aux États-Unis ne milite pas pour un dollar américain fort. Le dollar canadien devrait pouvoir tirer son épingle du jeu à court terme si l’économie canadienne garde le cap et que la BdC annonce une nouvelle hausse de taux d’intérêt en juillet. Le taux de change pourrait s’installer aux alentours de 0,79 $ US durant l’été. Il reste qu’il faudra continuer de surveiller l’évolution de la menace protectionniste, laquelle pourrait obscurcir les perspectives économiques et pénaliser la devise canadienne.

Taux de changeLes craintes en Europe ont profité au dollar américain

DXY : indice basé sur un panier de devises incluant l’euro, la livre, le yen, le dollar canadien, le franc suisse et la couronne suédoise. Sources : Datastream et Desjardins, Études économiques

Indice

85

90

95

100

105

2016 2017 2018

GRAPHIQUE 4 Le rebond du dollar américain semble déjà s’essouffler

Taux de change effectif du dollar américain – DXY

Sources : Datastream et Desjardins, Études économiques

$ US/$ CAN

0,60

0,62

0,64

0,66

0,68

0,70

0,72

0,74

0,65

0,70

0,75

0,80

0,85

2016 2017 2018

Taux de change avec le dollar américain (gauche)Taux de change avec l'euro (droite)

€/$ CAN

GRAPHIQUE 5 Le dollar canadien a peu bougé contre le dollar américain et s’est apprécié contre l’euro

T3 T4 T1 T2p T3p T4p T1p T2p T3p T4p

$ US par $ CAN 0,8020 0,7950 0,7756 0,7800 0,7900 0,7800 0,7900 0,7900 0,8000 0,8000$ CAN par $ US 1,2470 1,2579 1,2894 1,2821 1,2658 1,2821 1,2658 1,2658 1,2500 1,2500$ CAN par € 1,4741 1,5105 1,5858 1,5128 1,5063 1,5385 1,5316 1,5570 1,5625 1,5875$ US par € 1,1822 1,2008 1,2299 1,1800 1,1900 1,2000 1,2100 1,2300 1,2500 1,2700$ US par £ 1,3417 1,3528 1,4028 1,3400 1,3500 1,3600 1,3400 1,3500 1,3700 1,3800

p : prévisionsSources : Datastream et Desjardins, Études économiques

TABLEAU 2Prévisions : devises

FIN DE PÉRIODE

2017 2018 2019

Déterminants Court terme Long terme

Prix du pétrole → →Prix des métaux → ↗Écarts des taux d'intérêt ↗ →

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ÉTUDES ÉCONOMIQUES

4MAI 2018 | PRÉVISIONS DES TAUX DE DÉTAIL

• Les marchés financiers demeurent hésitants. Un certain optimisme semblait de retour au début du mois de mai, grâce entre autres à la publication de données économiques encourageantes du côté américain. Alors qu’une remontée plus claire des Bourses et des taux d’intérêt semblait vouloir s’amorcer, de nouvelles craintes sont apparues du côté des pays émergents et de l’Europe. Dans ce contexte, le rendement des principales classes d’actifs demeure près de zéro depuis le commencement de 2018 (graphique 6). Les relations commerciales tendues représentent aussi un important facteur d’incertitude, même si la réaction des investisseurs aux derniers développements de ce côté a été limitée jusqu’à maintenant.

• Les perspectives semblent moins favorables pour les marchés d’outre-mer. La poursuite du resserrement monétaire aux États-Unis pourrait continuer d’exercer des pressions haussières sur les taux obligataires et le dollar américain. Cela risque de maintenir des craintes du côté des pays émergents, particulièrement sur ceux qui doivent financer à l’externe d’importants déficits du compte courant (graphique 7). Du côté de l’Europe, une crise politique en Italie a rappelé aux investisseurs les problèmes financiers importants de certains pays et de certaines institutions financières. Alors que la situation risque de demeurer tendue entre le nouveau gouvernement populiste italien et Bruxelles et que la Banque centrale européenne semble toujours vouloir réduire ses achats de titres obligataires, la volatilité risque de demeurer élevée sur les marchés européens. Dans ce contexte, nous avons réduit nos cibles de rendement pour les Bourses d’outre-mer.

• La progression des profits des entreprises demeure très encourageante. Malgré l’environnement très incertain, les entreprises qui composent le S&P 500 continuent d’enregistrer une performance remarquable. Profitant à la fois d’une poussée des revenus et de la marge de profit (graphique 8), les bénéfices comptables du S&P 500 ont ainsi affiché une progression annuelle de 19 % au premier trimestre de 2018, qui les a amenés à un nouveau sommet historique. Ce gain a probablement été gonflé par la réforme fiscale américaine, mais elle s’inscrit dans une tendance très favorable depuis plusieurs trimestres et rien n’annonce une rechute prochaine des profits. Nous maintenons ainsi nos prévisions d’un rendement de près de 10 % de la Bourse américaine en 2018, malgré le début d’année un peu décevant.

Rendement des classes d’actifsLes perspectives demeurent favorables pour les Bourses

GRAPHIQUE 6 Les rendements des classes d’actifs sont modestes depuis le début de 2018

Sources : Datastream et Desjardins, Études économiques

Janv. 2018 = 100

90

95

100

105

110

JANV. FÉVR. MARS AVR. MAI JUIN

Bourse américaine ($ US) Bourse des pays avancés d'outre-mer ($ US)Bourses émergentes ($ US) Bourse canadienneObligations canadiennes

2018

GRAPHIQUE 8 La croissance des ventes des entreprises demeure soutenue et leur marge bénéficiaire a atteint un nouveau record

Sources : Standard & Poor’s et Desjardins, Études économiques

En %

7,5

8,5

9,5

10,5

11,5

12,5

-6

-4

-2

0

2

4

6

8

10

12

2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

Croissance annuelle des ventes (gauche)Marges bénéficiaires (droite)

En %

S&P 500

-26 -24 -22 -20 -18 -16 -14 -12 -10 -8 -6 -4 -2 0

VietnamRussieÉgypte

PhilippinesIndonésie

ChineMalaisie

ThaïlandeInde

ColombieRoumanie

ChiliHongriePologne

Afrique du SudTurquie

BrésilMexique

ArgentineVenezuela

GRAPHIQUE 7 Les devises des pays émergents ont fortement reculé au cours des dernières semaines

Sources : Datastream et Desjardins, Études économiques

En %

Variation par rapport au dollar américain depuis la mi-avril

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5MAI 2018 | PRÉVISIONS DES TAUX DE DÉTAIL

ÉTUDES ÉCONOMIQUES

dix ans a rapidement rebondi aux environs de 3,00 %. Alors que les banques centrales nord-américaines poursuivront la normalisation graduelle de leur politique monétaire (graphique 9), une légère tendance haussière des taux obligataires est à prévoir. Nous continuons ainsi de penser que l’indice Univers obligataire FTSE TMX Canada terminera 2018 avec un rendement légèrement négatif. Les derniers événements montrent toutefois l’utilité des obligations comme outils de diversification dans un portefeuille lorsque des chocs négatifs surviennent.

• La poussée des cours pétroliers a favorisé la Bourse canadienne. Nous avons noté à plusieurs reprises au cours des derniers mois que la baisse de certaines inquiétudes concernant l’économie canadienne ouvrait la porte à un certain rattrapage du S&P/TSX après un début d’année difficile. Profitant aussi de la forte progression des prix du pétrole, la Bourse canadienne a ainsi tiré son épingle du jeu au cours des derniers mois alors que l’écart de rendement entre le S&P 500 et le S&P/TSX est passé d’un sommet de 8 % au début mars à moins de 2 % à la mi-avril. L’absence d’une entente pour renouveler l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) et l’imposition au Canada des tarifs douaniers sur l’aluminium et l’acier ont toutefois quelque peu désavantagé la Bourse canadienne au cours des dernières semaines. Alors que l’incertitude entourant les relations commerciales risque de se prolonger d’ici la fin de l’année, il n’est plus clair que le marché canadien pourra continuer de surperformer et nous gardons notre cible d’un rendement légèrement inférieur à celui des États-Unis pour l’ensemble de 2018. Il faut aussi être conscient qu’une véritable escalade des mesures protectionnistes des deux côtés de la frontière pourrait ramener un sentiment plus négatif sur les actifs canadiens.

• La tendance haussière des taux obligataires devrait se poursuivre. La récente poussée d’inquiétude concernant l’Italie a fortement favorisé les détenteurs d’obligations nord-américaines alors que le taux américain de dix ans est soudainement passé de plus de 3,10 % à moins de 2,80 %. Ce répit s’annonce toutefois de courte durée et le taux de

ENCAISSE OBLIGATIONSACTIONS

CANADIENNESACTIONS

AMÉRICAINESACTIONS

INTERNATIONALESTAUX DE CHANGE

Bons du Trésor –3 mois

Indice obligataire1

Indice S&P/TSX2

Indice S&P 500 ($ US)2

Indice MSCI EAFE ($ US)2

$ CAN/$ US(variation en %)3

2007 4,1 3,7 9,8 5,5 11,6 -14,42008 2,4 6,4 -33,0 -37,0 -43,1 22,12009 0,3 5,4 35,1 26,5 32,5 -13,72010 0,6 6,7 17,6 15,1 8,2 -5,22011 0,9 9,7 -8,7 2,1 -11,7 2,32012 1,0 3,6 7,2 16,0 17,9 -2,72013 1,0 -1,2 13,0 32,4 23,3 7,12014 0,9 8,8 10,6 13,7 -4,5 9,42015 0,5 3,5 -8,3 1,4 -0,4 19,12016 0,5 1,7 21,1 12,0 1,5 -2,92017 0,7 2,5 9,1 21,8 25,6 -6,4

2018p cible : 1,35 cible : -1,5 cible : 7,0 cible : 9,5 cible : 5,0 cible : 1,9 (0,78 $ US)fourchette 1,25 à 1,60 -3,0 à 1,0 2,0 à 12,0 6,0 à 16,0 0,0 à 10,0 -1,9 à 6,0

TABLEAU 3Rendement en pourcentage des classes d'actifs

1 Univers obligataire FTSE TMX Canada; 2 Dividendes inclus; 3 Négatif = appréciation, positif = dépréciation; p : prévisionsSources : Datastream et Desjardins, Études économiques

FIN D'ANNÉE EN %(SAUF SI INDIQUÉ)

GRAPHIQUE 9 La remontée graduelle des taux directeurs devrait se poursuivre

* Borne supérieure du taux des fonds fédéraux. Sources : Datastream et Desjardins, Études économiques

Taux directeurs

En %

0,000,501,001,502,002,503,003,504,004,505,005,50

2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 2019 2021

Réserve fédérale*Banque du Canada

Prévisions de Desjardins