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MALI : OPERATION « SERVAL » Le Mali, une zone difficilement contrôlableLes aéronefs du GAM entrent en actionAvec ses aéronefs Gazelle Hot Viviane, PC6 Pilatus, Tigre et Puma, le groupement aéromobile (GAM) est un élément indispensable et redoutable de la force « Serval ». Au total, 311 soldats dont 46 aviateurs le composent.

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MALI : OPERATION « SERVAL »

► Le Mali, une zone difficilement contrôlable…

► Les aéronefs du GAM entrent en action…

Avec ses aéronefs Gazelle Hot Viviane, PC6 Pilatus, Tigre et Puma, le groupement aéromobile (GAM) est un élément indispensable et redoutable de la force « Serval ». Au total, 311 soldats dont 46 aviateurs le composent.

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Le GAM a été mis en alerte le 11 janvier 2013 et est arrivé à Bamako 5 jours plus tard. Placé sous les ordres du colonel Frédéric Gout, le GAM « Hombori » :

(Les monts Hombori constituent un massif rocheux situé dans le prolongement de la falaise de Bandiagara dans la région de Mopti au Mali, près du village d'Hombori à environ 150 km de la ville de

Douentza. Culminant à 1 155 mètres, le Hombori Tondo est le sommet le plus élevé du Mali), est un pion

de manœuvre et d’appui au profit de la brigade à la tête de la composante terrestre de la force « Serval ».

Il peut mener des missions de renseignement ou escorter et appuyer par le feu les groupements tactiques interarmes (GTIA). Lors de la prise de Tombouctou, les aéronefs ont escorté le raid offensif du GTIA 1 et tenu tous les axes. Ils ont renseigné et appuyé l’opération aéroportée du 2

ème régiment étranger parachutiste (2

ème REP) de Calvi. Mais, les équipages ont

aussi la capacité de mener des actions autonomes avec leurs propres moyens, comme des opérations de destruction dans la profondeur.

Depuis son arrivée sur le territoire malien, le GAM « Hombori » a réalisé 23 opérations et 6 évacuations médicales (MEDEVAC). Malgré l’éloignement entre les différentes zones d’action de la force, la manœuvre du GAM ne s’est jamais arrêtée. Le 26 janvier, il était engagé à Sévaré pour mener les opérations de Tombouctou. Depuis le 6 février, il est stationné à Gao pour appuyer la brigade dans son déploiement. Comme le souligne le colonel Gout, c’est un véritable raid moderne. La force « Serval » a agi très vite, avec le GAM comme pion clé de la manœuvre.

Aviation légère de l'armée de Terre

Arme très jeune puisque créée en 1954, ayant longtemps puisé ses références dans l'ensemble des armes dont étaient issus ses officiers, l'aviation légère de l'armée de Terre (ALAT) constitue aujourd'hui une fonction opérationnelle à part entière : l'aéromobilité de l'armée de Terre. Totalement intégrée au combat des forces terrestres, tout en possédant particularité de pouvoir s'affranchir des contraintes du terrain, elle a pour vocation d'être l'arme de l'initiative et de l'urgence dont l'engagement permet d'emporter la décision. C'est pourquoi elle a choisi pour patronne « Sainte Clotilde » qui, selon la légende, permit à Clovis d'être victorieux à Tolbiac en submergeant l'ennemi sous le feu du ciel. Le béret bleu symbolise la troisième dimension et constitue le principal symbole fédérateur de l'ALAT.

Régiments et écoles composant l'aviation légère de l'armée de Terre :

Le 1er

régiment d'hélicoptères de combat (1er

RHC) de Phalsbourg, Le 3

ème régiment d'hélicoptères de combat (3

ème RHC) d' Étain,

Le 5ème

régiment d'hélicoptères de combat (5ème

RHC) de Pau, Le 4

ème régiment d'hélicoptères des forces spéciales (4

ème RHFS) de Pau,

Le 9ème

bataillon de soutien aéromobile (9ème

BSAM) de Montauban, Écoles de l'aviation légère de l'armée de Terre (EALAT) de Dax et de Le Cannet des Maures.

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Le GAM est armé par :

le 5ème

régiment d’hélicoptères de combat (5ème

RHC) de l’aviation légère de l’armée de Terre (ALAT) stationné à Pau ; la 27

ème brigade d’infanterie de montagne (27

ème BIM) de Varces - le 9

ème bataillon de

soutien aéromobile (9ème

BSAM) de Montauban - du personnel de soutien (GSBdD) et un détachement de l’armée de l’Air.

9ème

bataillon de soutien aéromobile

Le 9ème

bataillon de soutien aéromobile (9ème

BSAM) de Montauban est l’acteur central du soutien des hélicoptères. Créé le 1

er juillet 2010, suite à la restructuration de la 11

ème base de soutien du matériel, le

9ème

BSAM perpétue sur Montauban, la présence depuis plus d’un demi-siècle d’un organisme militaire spécialisé dans la maintenance aéronautique des hélicoptères de l’aviation légère de l’armée de Terre (ALAT).

Héritier des traditions du 9ème

régiment de soutien aéromobile de Phalsbourg, le 9ème

BSAM est l’organisme central et unique du maintien en condition opérationnelle (MCO) des hélicoptères de l’ALAT, qu’ils soient d’ancienne ou de nouvelle génération. Il combine sur un même site un haut niveau d’expertise technique et logistique, couplé à une réactivité sans faille et une grande capacité d’adaptation.

Subordonné au commandement de l’aviation légère de l’armée de Terre (COMALAT) le bataillon est soutenu depuis le 1

er janvier 2011 par la base de défense de Montauban-Agen-Castelsarrasin. Avec le

transfert du personnel d’administration générale et de soutien commun, son effectif est à présent d’environ 400 militaires et civils, désormais concentrés sur un seul objectif : le soutien à l’engagement opérationnel des hélicoptères de l’armée de Terre. Tourné vers l’avenir et œuvrant dans une cadre interarmées, le 9

ème BSAM peut s’enorgueillir du passé de son illustre aîné et faire sienne la devise

« anticiper pour agir ».

Mission : le 9ème

BSAM est le magasin central unique des rechanges d’hélicoptères des armées de Terre et de l’Air. Dans le domaine du MCO aéronautique interarmées, il assure l'approvisionnement en rechanges, matériels complets, outillage et documentation au profit des industriels, des unités stationnées en métropole, outre-mer ainsi que sur les théâtres d'opérations.

Matériel : le 9ème

BSAM dispose de moyens aériens (notamment les 5 avions Pilatus PC6 de l’ALAT), de véhicules de la gamme tactique et commerciale pour assurer ses multiples liaisons opérationnelles (livraison de rechanges en urgence notamment) et techniques. Par ailleurs, son équipement industriel important (bancs de contrôle, machines-outils, stockeurs rotatifs, cabine de peinture...) et très spécifique (bancs avioniques « DIADEMES » 1

ère et 2

ème génération) lui permet de faire face à toutes ses missions.

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5

ème régiment d'hélicoptères de combat

Unité moderne et polyvalente, doté d'hélicoptères de nouvelle génération, le 5ème

régiment d'hélicoptères de combat (5

ème RHC) de Pau est un régiment de l'aviation légère de l'armée de Terre.

Héritier des traditions du peloton d'avions d'observation de la 5ème

division blindée, le 5ème

régiment d'hélicoptères de combat détient les traditions du groupe d'hélicoptères n° 2 (GH2) créé à Sétif en 1955. Issu directement du groupe d'aviation légère divisionnaire parachutiste n° 11, le 5

ème RHC voit le jour le

1er

juillet 1977, et reçoit son étendard le 1er

août 1980. Il s'installe le 21 septembre 1984 au quartier « Chef d'Escadrons de Rose ». Unité moderne et polyvalente, doté d'hélicoptères de nouvelle génération, le 5

ème

RHC est le régiment pionner des régiments de l'aviation légère de l'armée de Terre. Combinant l'action du renseignement, des feux et du mouvement, la manœuvre du régiment, appelée aérocombat, est toujours étroitement intégrée à la manœuvre terrestre, dans un cadre interarmes, interarmées, voire interalliés. Une vague novatrice déferle sur ce régiment préfigurant l'ALAT du futur. En 2007, le 5

ème RHC est le

1er

régiment à recevoir l'hélicoptère Tigre, dans des infrastructures innovantes, et se réarticule autour d'une structure à 3 bataillons spécialisés. Les équipages jouissent d'un centre de simulation dernière génération. Unité pilote en 2009, il est précurseur dans la mise en place des bases de défense et consacre désormais tous ses moyens à la préparation et à l'engagement opérationnel.

Missions : dès 1978, le 5ème

RHC fait preuve de sa capacité opérationnelle au Tchad, en Mauritanie et participe à de nombreuses opérations humanitaires. Depuis, le 5

ème RHC a été engagé dans toutes les

missions intérieures (MISSINT) : secours aux populations après les inondations de 2007 et les tempêtes de 1999 et 2009 ; lutte contre les incendies dans le cadre du plan « Héphaïstos » tous les étés dans le Sud-est et engagement lors de grands événements : sommet du G8 en 2003, sommet de l'OTAN en 2009. Il a participé en 1986 aux opérations « Épervier » au Tchad et « Melten » en Méditerranée, « Salamandre » dans les Balkans, « Daguet » en 1990-1991 au cours de la guerre du Golfe, « Oryx » en 1992-1993 en Somalie, « Turquoise » en 1994 au Rwanda, « Hermine » en Ex-Yougoslavie en 1995-1997. Il est devenu l'un des 3 régiments de la 4

ème brigade aéromobile (4

ème BAM) le 1

er juillet 1999. Il a été déployé tous les

ans en ex-Yougoslavie (Bosnie et Kosovo) et en Afrique (Tchad, Gabon et Djibouti). Depuis 2009, il est engagé en Afghanistan.

Matériel : parc aéronautique : 16 hélicoptères légers Gazelle, 9 hélicoptères nouvelle génération Tigre, 16 hélicoptères de manoeuvre Puma et 7 Cougar. Autres moyens : une tour de contrôle rénovée en 2000 ; une tour de contrôle de campagne ; un radar mobile équipé du système polyvalent d'atterrissage de recueil de télécommunication et de l'identification de l'altitude (SPARTITATE) pour guider les atterrissages en tout temps à partir de 40km, une station météo d'infrastructure (PIC) et une station portable de réception d'informations météorologiques (SPRIM) pour la surveillance des champs de bataille. Les moyens incendies du peloton de sécurité incendie et sauvetage (PSIS) doté de véhicule d'intervention polyvalent (VIP).

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Gazelle « Viviane » SA 342 M1

L'hélicoptère SA 342 M1 est un hélicoptère de reconnaissance pouvant effectuer des missions de jour comme de nuit grâce à son viseur « Viviane » équipé d'une voie infrarouge.

Équipement : viseur : débattement = gisement plus ou moins 120°; site plus 30° à moins 25°, voie optique = petit champ grossissement 11 ; grand champ : grossissement 3,2, voie thermique = petit champ grossissement 19 (+ loupe grossissement 38) ; grand champ grossissement 5 ; très grand champ grossissement 1,5, portée de détection : 4300 mètres, portée de reconnaissance : 3800 mètres, télémètre laser (500 à 5000 mètres).

Données techniques : monomoteur, turbine Astazou, puissance : 870 ch, rotor tripale : repliage rapide ; capacité : 2 places ; longueur : 11,97 mètres ; hauteur : 3,19 mètres ; diamètre rotor : 10,50 mètres ; masse maximale : 2100 kg ; vitesse de croisière : 240 km/h, autonomie : 1h 20 (+20' de réserve).

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Hélicoptère Tigre Présent partout où la France intervient, l’hélicoptère Tigre est destiné à assurer tant la protection des troupes au sol que la destruction d’objectifs dans la profondeur. « Ne blâme pas Dieu d’avoir créé le tigre, remercie-le plutôt de ne pas lui avoir donné d’ailes », proverbe indien, extrait de « Dans les griffes du Tigre » du capitaine Brice Erbland (Le capitaine Brice Erbland nous livre dans son premier livre paru le 16 janvier 2013 le témoignage de ses nombreuses missions à l’étranger en tant que pilote d’hélicoptère. Brice Erbland est âgé de 32 ans. Saint-cyrien, pilote d’hélicoptère d’attaque dans l'Aviation Légère de l'armée de Terre, il est tout d’abord engagé en Afrique puis part en Afghanistan et en Libye au cours de l'année 2011. Décoré, par deux fois, pour les combats qu'il a livrés sur ces théâtres, il a également été fait chevalier de la Légion d'Honneur pour son action en Libye).

Arrivé en 2005 dans l’armée de Terre, le Tigre a aujourd’hui réalisé près de 20 000 heures de vol dont 5 000 heures en opérations extérieures : Afghanistan, Libye, Somalie, Mali (soit 25%, taux parmi les plus importants pour un aéronef de combat). La flotte se compose de 39 appareils en version appui-protection (HAP). Ces appareils sont basés sur la base école du Cannet-des-Maures et au 5

ème régiment

d’hélicoptères de combat (5ème

RHC) de Pau. Au cours d’une opération de nuit en Afghanistan, un appareil s’est crashé sans dommages pour l’équipage. Des appareils ont été touchés à de nombreuses reprises par des munitions adverses. Leurs équipages, conscients de la robustesse du Tigre, ont toujours répondu présent aux sollicitations des hommes au sol qui réclamaient leurs appuis. Les prochains Tigre seront livrés dans une version appui-destruction (HAD) et seront affectés au 1

er RHC de

Phalsbourg. À terme, l’armée de Terre doit disposer de 80 appareils.

Caractéristiques techniques : la version HAP du Tigre dispose de roquettes de 68 mm, d’un canon de 30 mm et de missiles air-air MISTRAL. La version HAD sera en plus dotée du missile air-sol américain Hellfire qui peut être tiré jusqu’à 8 kilomètres. Les deux versions sont équipées : d’un viseur d’observation STRIX (voies optique et thermique) et d’un système d’autoprotection actif (détecteurs d’alerte radar, missile et laser) couplé à un lance-leurres et d’un blindage performant.

Le programme Tigre est destiné à équiper les armées de Terre françaises, allemandes et espagnoles d’hélicoptères de combat de nouvelle génération, adaptés à la grande variété des scénarios d’emplois contemporains. Le programme Tigre est mené en coopération depuis l’origine par la France et l’Allemagne. L’Espagne a rejoint le programme en 2004. Le soutien en service du Tigre est mené en coopération depuis 2007. Le Tigre est conçu pour remplir l’ensemble de ses missions avec les versions suivantes issues d’une plate-forme commune : les versions appui-protection (HAP) et appui-destruction

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(HAD) françaises et espagnoles et la version appui-antichar (Unterstützung Hubschrauber Tiger : UHT « KHS – Kampfhubschrauber ») allemande. Les premiers appareils ont été livrés en mars 2005 à la France (en version HAP) et à l’Allemagne (en version UHT). Les versions HAD seront livrées à partir de 2012 (Le 14 janvier 2013, la direction générale de l’armement (DGA) a prononcé la certification de type de l’hélicoptère de combat Tigre en version « appui destruction » (HAD). La DGA certifie ainsi la navigabilité de cette version du Tigre).

La première capacité opérationnelle du système d’arme Tigre a été reconnue par l’armée de terre le 18 mai 2009. Des Tigre HAP du 5

ème RHC ont été déployés en Afghanistan depuis le 27 juillet 2009 (4 début

mai 2012). Deux Tigre HAP ont été déployés en 2011 sur les BPC « Tonnerre » et « Mistral » pendant l’opération « Harmattan » (Libye). Le programme, y compris le soutien en service, est géré depuis 1998 par la division de programme Tigre de l’OCCAR implantée à Bonn (Allemagne). Les sous-ensembles nationaux spécifiques français et allemands sont gérés respectivement par la direction générale de l'armement (DGA) et par le Bundesamt für Wehrtechnik und Beschaffung (BWB).

Mission : l‘hélicoptère de combat Tigre permet d'assurer, en appui à proximité immédiate des forces terrestres, des missions d’appui feu, d’attaque au sol, de reconnaissance et de protection contre la menace aérienne. Il est également conçu pour être utilisé en dehors de toute infrastructure lourde, sa maintenance pouvant être assurée au plus près du terrain des combats.

Fiche technique : dimensions - diamètre rotor : 13 mètres ; longueur : 16 mètres ; hauteur (sol/rotor) : 4,32 mètres ; masse - à vide équipé : 4,1 tonnes ; de missions : 5,9 tonnes ; maximale au décollage : 6,1 tonnes pour HAP et UHT, 6,6 tonnes pour le HAD ; principales caractéristiques - équipage : 2 (1 pilote - 1 tireur en tandem) - motorisation - HAP et UHT : bimoteur 2x 960 kW (2 x 1287 shp) avec 2 x MTR390-2C - HAD : bimoteur 2 x 1002 kW (2 x 1344 shp) avec 2 x MTR390-E ; faible signature radar et infrarouge due à l’étroitesse de sa silhouette, sa structure en composite, l’utilisation de peintures absorbantes, la dilution des flux chauds des turbines. Protections : face aux missiles par contre-mesures électroniques, détecteurs de radars et de lasers couplés à des lance-leurres électromagnétiques et IR ; NBC ; contre la foudre ; protection balistique additionnelle sur HAP et HAD ; autodiagnostic de pannes et système de maintenance intégré ; redondances multiples pour les systèmes vitaux ; tous les systèmes dynamiques (BTP, BTA, BTI...) peuvent fonctionner 30 minutes sans lubrification. Equipements = Système intégré de navigation et de radio-navigation ; système intégré de gestion des communications ; interrogateur et répondeur IFF ; viseur de casque avec une capacité vision de nuit intégrée ; armement typique des versions = appui-protection (HAP) : canon de 30 mm en tourelle de nez ; missiles air-air Mistral ; roquettes 68 mm ; Appui - destruction (HAD) : Identique HAP plus ; capacité roquette 70 mm (Espagne) ; capacité missile air-sol Hellfire 2 (France) Spike (Espagne). Appui-antichar (UHT) : missiles antichar HOT et AC3G-LP ; missiles air-air ; roquettes 70 mm ; 1 canon de 12,7 mm en pod. Performances (à masse moyenne de mission) = Vitesse de croisière maximale : 280 km/h ; autonomie : 2heures 30 + 20mn de réserve ; distance franchissable : > 800 km ; plafond de vol stationnaire hors effet de sol (ISA) : > 3200 m ; portée d’identification des cibles (nuit-jour) : > 5 km. Architecture industrielle : la maîtrise d’oeuvre industrielle du programme est assurée par Eurocopter Tiger Gmbh.

Les équipementiers du système Tigre sont : MTR (MTU, Turboméca, Rolls-Royce) ; moteur MTR390 2C : MTRI (MTU, Turboméca, Rolls-Royce, ITP) ; moteur MTR390 –E : Nexter ; tourelle canon : Lockheed Martin ; missiles air-sol : MBDA ; missiles air-sol et air-air : Raytheon ; missiles air-air : Thales TDA ; roquettes : Sagem ; viseur de mât OSIRIS : Sagem ; viseur de toit STRIX : Thales Avionics ; viseur de casque et tête haute : Thales Communications ; radiocommunications : Cassidian : Eurogrid : Rhode & Schwartz radiocommunication. Equipements et munitions : moteur MTR 390 ; le MTR 390 2C est un moteur européen réalisé par MTR, composé de MTU (Allemagne), Turboméca (France) et Rolls-Royce (Grande-Bretagne) ; le MTR 390 –E est un moteur européen réalisé par MTR, composé de MTU (Allemagne), Turboméca (France), Rolls-Royce (Grande-Bretagne) et ITP (Espagne). Mistral (missile de combat air-air et d’autodéfense à autodirecteur infrarouge réalisé par la société MBDA) ; Stinger (missile de combat air-air et d’autodéfense à autodirecteur dual IR/UV fabriqué par la société Raytheon Systems (pour la version UHT) ; pod Canon de 12,7 mm de la société FN Herstal (pour la version UHT) ; canon 30 M 781 de 30mm monté en tourelle (THL 30) de nez (pour la version HAP et HAD) réalisé par Nexter ; lance roquettes type 6812 ou 6822 réalisé par TDA Armements SAS

Pays équipés : l’Allemagne a commandé 80 hélicoptères UHT. La France a commandé 80 hélicoptères (40 HAP et 40 HAD) ; l’Espagne a commandé 24 hélicoptères (18 HAD et 6 HAP qui seront rétrofités en version HAD. Les premiers appareils de série français et allemands ont été livrés en mars 2005. En 2001 l’Australie a commandé 22 Tigre dans la version ARH, proche de la version HAP avec un système air-sol Hellfire guidé laser mais sans système air-air Mistral.

Coopération : le programme bilatéral est géré depuis 1998 par la division de programme Tigre de l’OCCAR implantée à Bonn (Allemagne), y compris le soutien en service. L’Espagne a rejoint le

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programme au sein de l’OCCAR en 2004. L’Australie a obtenu un statut d’observateur à l’OCCAR en 2010. Les sous-ensembles nationaux spécifiques français et allemands sont gérés respectivement par la DGA et par le Bundesamt für Wehrtechnik und Beschaffung (BWB).

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Puma SA 330

L'hélicoptère Puma SA 330 est un bimoteur de transport tactique. Appareil polyvalent, il peut être équipé en plusieurs version : Appareil PC : équipé de postes de types différents (VHF MA, MF, UHF, RITA) il peut, ainsi configuré, servir de PC tactique dans le cadre d'une intervention aéromobile ou être mis à la disposition du chef interarmes pour la phase ponctuelle d'une opération ; appareil Evasan : 5 blessés couchés sur civière ; appareil de transport : il peut héliporter 12 à 15 combattants ou transporter sous élingue une charge de 1 500 kg.

Données techniques : bimoteur, turbine Turmo III C4 ; puissance : 1300 ch par turbine ; rotor quadripale ; longueur : 18 mètres ; hauteur : 4 mètres ; diamètre rotor : 15 mètres ; masse maximale : 7000 kg ; vitesse de croisière : 240 km/h ; autonomie : 2h (+ 20mn de réserve).

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► Visite officielle du général Sow, chef d’état-major des armées du Sénégal… Le 18 février 2013, l’amiral Edouard Guillaud, chef d’état-major des armées (CEMA), a reçu le chef d’état-major des armées du Sénégal, le général Mamadou Sow.

L’amiral Guillaud s’est entretenu avec le général Sow dans le cadre de son premier déplacement en France depuis sa nomination à la tête des armées sénégalaises en octobre 2012. Au cours de cet entretien, l’amiral Guillaud a particulièrement salué la participation des forces armées sénégalaises à la mission de soutien au Mali (MISMA). Le Sénégal contribue à la restauration de la souveraineté du Mali en engageant près de 500 militaires, avec un groupement tactique interarmes. Le CEMA s’est ensuite entretenu avec son homologue sur la situation sécuritaire en Afrique de l’Ouest, sur l’implication du Sénégal dans les travaux de la CEDEAO et sur la situation en Casamance et en Guinée Bissau. Cette visite officielle a également permis au général Sow de rencontrer les principaux subordonnés du CEMA, lui permettant d’aborder les travaux relatifs à la restructuration de l’armée sénégalaise.

La coopération militaire entre la France et le Sénégal s’inscrit dans le cadre du nouvel accord de partenariat et de défense signé le 18 avril 2012, dans la continuité du concept de renforcement des capacités africaines de maintien de la paix lancé par la France en 1997. Positionnés à Dakar, les Eléments français au Sénégal (EFS) constituent le principal pôle de coopération avec les forces armées sénégalaise (FAS). A ce titre, les EFS conduisent régulièrement des actions de formation, d’entraînement et d’aide à l’engagement auprès des FAS. Dans le cadre du déploiement du bataillon sénégalais au sein de la MISMA, les EFS ont également mis en œuvre des formations logistiques et tactiques spécifiques à leur profit.

► L’amiral Guillaud reçu par son homologue canadien… Du 21 au 23 février 2013, l’amiral Édouard Guillaud, chef d’état-major des armées (CEMA), s’est rendu à Ottawa à l’invitation de son homologue canadien, le général d’armée aérienne Thomas Lawson. Cette visite visait à renforcer les liens bilatéraux qui existent entre le Canada et la France. Par ailleurs, les deux chefs d’état-major ont été invités à la Conférence d’Ottawa sur la défense et la sécurité, où ils ont chacun prononcé une allocution. Cet évènement accueille chaque année un panel de plusieurs centaines de hauts représentants civils, militaires et industriels.

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« C’est avec grand plaisir que je reçois l’amiral Guillaud. Sa deuxième visite au Canada représentait pour nous une excellente occasion d’approfondir les conversations entre militaires entreprises au cours des dernières années » a déclaré le général Lawson. « La profondeur et la portée accrues de notre coopération témoignent du professionnalisme de nos militaires, et de nos efforts incessants en vue d’améliorer l’interopérabilité entre nos forces. Je suis certain que nous continuerons d’assister, au cours des années à venir, à d’autres développements positifs au sein de notre partenariat déjà excellent en matière de défens ». « J’ai accepté l’invitation de venir au Canada étant donné l’importance de notre relation franco-canadienne partagée et la valeur que nous accordons à ce lien transatlantique », a pour sa part expliqué l’amiral Guillaud.

Les forces armées françaises et canadiennes jouissent d’une relation étroite, fondée sur un long historique de valeurs et d’intérêts communs. Le Canada et la France partagent le désir que l’OTAN continue d’assurer la sécurité en Amérique du Nord et en Europe, tout en étant attentif au maintien de capacités modernes, souples et rapidement adaptables dont l’alliance a besoin pour défendre les populations et les territoires de ses membres, ainsi que pour relever les défis du XXI

e siècle. En matière de relations bilatérales militaires, les deux pays participent

à des programmes d’échanges et de formation, à des exercices militaires conjoints au Canada et à l’étranger, ainsi qu’à des opérations internationales, à l’instar du Mali où les Forces armées canadiennes fournissent un avion de transport aérien stratégique CC-177 Globemaster-III en appui à l’opération « Serval », en Afghanistan, dans le cadre de la Force internationale d’assistance à la sécurité de l’OTAN, ainsi qu’en Libye en appui à l’opération « Unified Protector », menée par l’OTAN.

► Visite du ministre de la Défense belge à Gao… Le 26 février 2013, le détachement de l’opération « Serval » stationné à Gao a reçu la visite du ministre de la Défense belge. Il était accompagné du chef des armées et d’une délégation militaire belges.

Le Ministre de la Défense de Belgique, Pieter DE CREM, et le général aviateur Gérard VAN CAELENBERGE, chef de la défense, se sont rendus à Gao pour inspecter le personnel des deux hélicoptères A109 en configuration médicalisée, mis à la disposition de l’opération « Serval ». Après un échange avec le colonel Denis Mistral, commandant adjoint de la brigade « Serval », ils ont rencontré les équipages des deux hélicoptères médicalisés, mis à la disposition de l’opération depuis l’engagement de la France sur le théâtre malien. Une démonstration dynamique a été réalisée pour montrer le chargement d’un blessé. Stationnés initialement à Sévaré, ces deux appareils en charge des évacuations médicales ont rejoint Gao le 22 février où ils y procurent un appui utile et très apprécié.

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► Le Mali : un autre Afghanistan ?...

La stabilisation du Mali entreprise par l'opération française de ce début d'année est parfois comparée à la guerre en Afghanistan. Pour Michel Liégeois, professeur de relations internationales, cette comparaison a bien sûr ses limites mais éclaire aussi le défi malien.

« Nous ne voulons pas nous embarquer dans un autre Afghanistan en déployant des milliers de soldats au Mali » (La Presse, 13 octobre 2013). Cette déclaration du ministre canadien des Affaires étrangères est intéressante à plus d’un titre. On peut tout d’abord s’étonner que l’Afghanistan soit ici évoqué comme une expérience à ne pas renouveler alors que le gouvernement auquel appartient John Baird a maintenu pendant une décennie un contingent canadien dans la province afghane de Kandahar, l’une des plus troublée du pays. Plus de 160 soldats y perdront la vie, beaucoup d’autres y seront gravement blessés. On peut penser qu’un pays ne consent de tels sacrifices que s’ils lui apparaissent absolument nécessaires. Il est dès lors surprenant que John Baird établisse une analogie entre l’Afghanistan et le Mali et que ce rapprochement le conduise à une position inverse en termes d’engagement militaire. Au contraire du Canada, le gouvernement belge a très vite décidé de soutenir l’opération « Serval » en dépêchant un avion de transport et deux hélicoptères médicalisés. Un soutien utile dans la mesure où le transport stratégique et tactique constitue un des talons d’Achille de l’appareil militaire français en raison des retards considérables que connaissent les programmes de l’A-400M – le futur avion de transport militaire européen – (50 commandés, 0 livrés) et de l’hélicoptère de transport NH-90 (3 livrés sur 34 commandés). Mais le soutien belge est soigneusement calculé en termes de risque : les militaires belges ne seront pas exposés dans des zones de combat. En réalité, depuis la Somalie au début des années 1990, la Belgique n’a plus déployé de troupes terrestres dans un contexte impliquant des missions de combat.

La stabilisation politique du pays

A présent que la phase initiale de l’opération – la reconquête du Nord-Mali – est achevée, le conflit entre dans une autre dimension. Rappelons à cet égard que la reconquête aurait dû débuter à l’automne 2013 et prendre la forme d’une offensive de l’armée malienne reconditionnée et rééquipée et bénéficiant de l’appui de la force internationale de soutien au Mali, la MISMA. Ce calendrier a été bouleversé par l’offensive surprise du 10 janvier qui a vu les colonnes des djihadistes bousculer l’armée malienne et se trouver à deux heures de route de Bamako. D’où l’intervention française décidée de toute urgence par l’Elysée et sans laquelle le Mali serait aujourd’hui dans une situation proche de celle de la Somalie de ces vingt dernières années : un terrain de jeu où règne l’anarchie où s’affrontent les bandes armées et où prospèrent les entrepreneurs de violence et le crime organisé.

Les divers groupes armés ayant à présent été repoussés loin des centres urbains par les forces françaises appuyées par certaines unités de l’armée malienne, renforcées ensuite par des unités burkinabées, tchadiennes et nigériennes, il s’agit maintenant de consolider la souveraineté retrouvée des autorités maliennes. Cette tâche comporte bien entendu un important volet sécuritaire : protéger les villes du Nord-Mali contre les raids de guérilla, sécuriser les voies de communications, interdire les massifs montagneux de l’Adrar des Ifoghas aux rebelles qui chercheront à le transformer en sanctuaire, établir une surveillance efficace des milliers de kilomètres de frontières entre le Mali, l’Algérie, la Libye et le Niger. Cette tâche est colossale. Elle demandera du temps et d’importants moyens militaires. Elle aura donc un coût substantiel. Aussi nécessaire soit-elle, elle ne suffira pourtant pas. Sécuriser le Nord-Mali n’avance à rien si le pays ne retrouve pas la stabilité politique. Cela passe par la mise en place d’un gouvernement légitime à Bamako et donc par l’organisation d’élections. De nombreux précédents – Irak, Afghanistan, Sud-Soudan – attestent toutefois que des élections ne signifient pas la fin du processus de consolidation d’un Etat. En l’occurrence, la stabilité à long terme requiert la résolution préalable de la question touarègue au Nord-Mali. A cet égard, Bamako serait bien inspirée de prendre en compte l’expérience de son voisin nigérien qui a sans doute géré avec davantage d’habileté les tensions irrédentistes dans ses confins nordiques.

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Comme en Afghanistan, une tâche très (trop?) difficile

Certes, le Mali n’est pas l’Afghanistan. Il convient cependant de ne pas écarter l’analogie d’un revers de la main. Les similitudes ne manquent pas, à commencer par le facteur topographique. Si l’on peut penser qu’à l’inverse des montagnes afghanes, le désert saharien favorise la contre-insurrection en raison de la supériorité aérienne dont disposent les forces de stabilisation de même qu’elle maximise l’efficacité des moyens de renseignement (satellites, drones) ; l’immensité du territoire à surveiller, l’impossibilité d’un contrôle efficace des frontières et la présence de massifs montagneux tempèrent sérieusement cet optimisme. Ajoutons à cela le fait que certains groupes armés sont composés ou alliés à des nomades touaregs qui connaissent parfaitement le terrain au contraire de certaines troupes africaines qui seront amenées à les affronter (Burkina, Nigeria). Enfin, les colonnes militaires ne peuvent se mouvoir dans ces régions inhospitalières qu’en empruntant quelques rares routes ou pistes. Il est donc aisé pour les insurgés de les harceler par l’utilisation des IED (engins explosifs improvisés) qui ont fait tant de ravages en Irak et en Afghanistan.

Autre similitude avec l’Afghanistan, le caractère ouvert du théâtre des opérations : les Talibans ont amplement profité de leur sanctuaire dans les régions tribales du Pakistan. Les groupes armés qui ont reflué devant l’avancée des militaires français peuvent de la même façon trouver refuge dans le Sud algérien ou libyen. En dépit des déclarations de fermeture des frontières des uns et des autres, rien ne permet d’espérer que ces deux Etats soient en mesure d’empêcher le franchissement de celles-ci.

Troisième similitude avec l’Afghanistan, la corruption endémique et le délitement de l’appareil de sécurité au Mali. Dans les deux cas, la drogue joue un rôle essentiel. Si la culture du pavot mine l’appareil de l’Etat et les pouvoirs locaux en Afghanistan, c’est le trafic de stupéfiant en provenance de Colombie qui a changé la donne dans la région saharo-sahélienne. Certes, cette vaste étendue désertique a de tout temps été propice aux trafics les plus divers. Mais l’utilisation de ces couloirs ancestraux pour le transit de stupéfiants en provenance d’Amérique du Sud via le Golfe de Guinée provoque dans une des régions les plus pauvre du monde un tel afflux de narcodollars qu’il a été capable de corroder par sa puissance corruptrice les structures d’un Etat malien que l’on avait un peu vite érigé en modèle de la nouvelle démocratie africaine.

Quatrième similitude : le facteur temps. Stabiliser la région saharo-sahélienne demandera une présence militaire internationale de longue durée, un engagement politique constant et des moyens financiers considérables. Ce temps n’est pas celui du politique, encore moins celui des médias. Qui se souvient des vingt milles Casques bleus qui, depuis cinq ans, maintiennent une paix précaire au Darfour pour un coût annuel de 1,5 milliards de $ et une moyenne de 30 tués par an ? C’est pourtant dix années– au minimum – d’un effort équivalent qui seront nécessaires pour stabiliser la région. Un fameux défi à relever. Michel Liégeois, professeur à l'UCL

NB : Michel Liégeois est professeur de Relations internationales à l’Université catholique de Louvain. Il mène ses recherches au sein du Centre d’étude des crises et des conflits internationaux (CECRI) et dirige la section Europe du Réseau de recherche sur les opérations de paix (ROP).

► Réunion de la Cédéao au lendemain d'un « attentat-suicide » à Kidal…

Un « attentat-suicide » à la voiture piégée a secoué mardi soir à Kidal, ville de l'extrême nord-est du Mali où sont présentes des troupes françaises, selon plusieurs sources concordantes dont une source hospitalière qui a affirmé avoir compté sept morts, dont le kamikaze. Au lendemain de cette attaque, les pays de l'Afrique de l'ouest se réunissent en sommet pour évoquer la situation malienne.

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« Un véhicule piégé a explosé à 19 heures 30 (locales et GMT). L'attentat-suicide a été perpétré contre le check-point de la partie est de Kidal, tenu par le MNLA (le Mouvement national de

libération de l'Azawad) » à, a déclaré une source militaire, jointe depuis Gao, qui se trouve à environ 350 km au sud de Kidal. « C'était un kamikaze en pick-up. L'attaque ne visait pas directement les Français, parce que l'attaque était dirigée vers l'extérieur (de la ville) et non vers l'aéroport tenu par les Français », a indiqué la même source, sans fournir de bilan.

Les forces françaises avaient repris fin janvier le contrôle de l'aéroport de Kidal, ancien bastion islamiste, et quelque 1 800 soldats tchadiens sont arrivés depuis pour sécuriser la ville où étaient déjà présents des islamistes armés et le MNLA, qui affirment collaborer avec les Français dans la traque des jihadistes en cours depuis janvier au Mali. Après l'attentat, « nous avons compté sept morts et onze blessés. Le kamikaze est mort ainsi que six combattants », a déclaré à l'AFP une source hospitalière jointe sur place.

Bilan provisoire de 7 morts, selon le MNLA : dans un communiqué, il a fait état d'un « bilan provisoire de 7 morts parmi (ses) combattants ainsi que plusieurs blessés ». « Un kamikaze à bord d'un véhicule de type 4x4 s'est fait exploser au niveau du poste de contrôle du MNLA situé à la sortie de Kidal menant vers Ménaka (sud-est de Kidal), il s'est fait exploser au moment où les combattants du MNLA s'apprêtaient à contrôler le véhicule », affirme-t-il.

L'attentat a aussi été annoncé à l'AFP par le chef du Mouvement islamique de l'Azawad (MIA), le groupe armé se disant islamiste « modéré » et présent dans la ville avec le MNLA, ainsi que par un responsable du gouvernorat, tous deux joints au téléphone depuis Bamako. Mais le chef du MIA, Alghabass Ag Intalla, a soutenu que l'explosion s'est produite « à une barrière militaire de son mouvement, à la sortie de la ville ». Selon le responsable du gouvernorat de Kidal, « l'explosion de la voiture piégée s'est déroulée au sud de Kidal, vers la route qui conduit à Ménaka. Il y a eu au moins quatre morts. (...) La voiture piégée est venue de l'intérieur de la ville de Kidal », a-t-il ajouté.

Dans un premier temps, une source militaire française jointe depuis Gao avait parlé à l'AFP d'une explosion due à une destruction de munitions.

La ville de Kidal, à 1 500 km au nord-est de Bamako, est la capitale de la région du même nom abritant le massif des Ifoghas où sont retranchés des combattants islamistes puissamment armés liés à Al-Qaïda, que les soldats français et tchadiens traquent depuis plusieurs semaines dans des opérations aériennes et terrestres.

Des attentats, et des combats continus

La semaine dernière, des combats entre soldats tchadiens et jihadistes ont fait 116 morts, selon l'état-major tchadien : 23 parmi les militaires tchadiens, et 93 dans le camp des islamistes armés. Il s'agit des pertes connues les plus lourdes subies par les forces soutenant le Mali. Le 21 février, le camp militaire français à Kidal a été visé par une attaque d'un kamikaze à bord d'un véhicule qui a explosé près du site. Le conducteur a été tué sur le coup, selon des sources concordantes. Le lendemain, un attentat à l'aide de deux voitures piégées s'est produit à Tessalit (environ 170 km au nord de Kidal), proche de la frontière algérienne, contre des hommes du MNLA. Selon des sources concordantes, il y a eu au moins cinq morts, dont les deux kamikazes. Ces attaques de Kidal et Tessalit ont été revendiquées par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), un des groupes armés dont les hommes sont traqués et qui a annoncé d'autres attentats-suicide au Mali, sans plus de détails.

Mardi matin, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian avait affirmé que les combats, « violents », se poursuivaient dans le massif des Ifoghas, avec beaucoup de pertes dans les rangs des islamistes armés. Il y a des morts « tous les jours » mais les forces françaises font « très peu de prisonniers », avait-il dit.

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Réunion des pays africains

Les dirigeants ouest-africains se retrouvent mercredi à Yamoussoukro pour évoquer la guerre au Mali, où leurs troupes doivent à terme prendre le relais de l'armée française face aux groupes jihadistes qui multiplient les actions de guérilla.

Les chefs d’État de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao, 15 pays) se réunissent dans la capitale politique ivoirienne pour tenter d'accélérer le déploiement de la force africaine, la Mission internationale de soutien au Mali (Misma). Si officiellement plus de 5 000 soldats africains sont au total déployés au Mali, ce sont surtout les 1 800 Tchadiens, qui ne font pas partie de la Misma mais se coordonnent avec elle, qui sont en première ligne aux côtés des Français. Le Tchad a d'ailleurs déjà payé le prix fort. Des combats vendredi ont fait 116 morts, selon l'état-major tchadien : 23 dans les rangs tchadiens et 93 dans le camp des islamistes armés. Ces affrontements ont eu lieu dans le massif des Ifoghas. Lors de la réunion de la Cédéao, le Tchad a appelé les armées ouest-africaines à accélérer leur déploiement. (Source : AFP)

► François Hollande récompensé par un prix pour la paix…

Le prix « Félix Houphouët-Boigny » pour la recherche de la paix de l'Unesco a été attribué au président français François Hollande « pour sa haute contribution à la paix et la stabilité en Afrique », a annoncé jeudi le secrétariat exécutif du prix. Le jury a apprécié « la solidarité manifestée par la France à l'égard des peuples africains » avec son intervention au Mali, précise-t-il dans un communiqué.

En 24 heures, selon son chef de la diplomatie Laurent Fabius, le président français a décidé d'engager le 11 janvier l'armée française au Mali afin de stopper une avancée de groupes islamistes radicaux armés vers Bamako. Un mois et demi après le début de la guerre, 4 000 militaires français sont toujours déployés au Mali, où ils mènent des opérations de combat contre ces groupes.

Créé en 1989, le prix est doté de 150 000 dollars. La date de sa remise n'a pas encore été fixée. François Hollande succède à l'ONG argentine des « Grands-mères de la Place de Mai » qui avait reçu le prix en 2010 et à l'ancien président brésilien Lula, récompensé en 2008. Selon l'Unesco, le Prix « Félix Houphouët-Boigny » pour la recherche de la paix « se propose d'honorer les personnes vivantes, institutions ou organismes publics ou privés en activité ayant contribué de manière significative à la promotion, à la recherche, à la sauvegarde ou au maintien de la paix ». Le jury est composé d'une dizaine de personnalités dont l'ancienne présidente islandaise Vigdís Finnbogadottir ou l'ancien président du Mozambique Joaquim Chissano. Le prix porte le nom de « Félix Houphouët-Boigny », premier président de la Côte d'Ivoire indépendante.

► Médias contre soldats, un duel de guerre lasse…

Les relations entre la presse et l’armée sont très tendues, chacun renvoyant l’autre dans son camp. JEAN-LOUIS LE TOUZET - Envoyé spécial au Mali

Les images envoyées, depuis l’intervention française, pourraient parfois se résumer à celles d’une prodigieuse avancée vers le Nord ; avec le sentiment donné d’avoir été produites par l’école des beaux-arts de la guerre et expliquées au journal de 20 heures. Mais le hic, c’est que les reporters de guerre cherchent toujours, eux, à fréquenter l’école buissonnière.

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« Certains journalistes, que nous avons transportés sur le théâtre des opérations, alors que nous ne sommes pas des transporteurs de presse, ont le sentiment, dit cette source, sous couvert d’anonymat, de ne pas être libres de leurs mouvements ou encore de ne pas pouvoir tourner autant de sujets qu’ils le désireraient ». Et de poursuivre son argumentaire : « Mais nous avons des images tournées par nous à leur disposition. Et c’est donc faux de dire qu’il s’agit d’une guerre sans images ». Un confrère rentré de Gao la semaine dernière reconnaît que sans l’assistance des vols militaires il n’aurait pas eu accès à Gao et que la couverture aurait été infiniment plus compliquée, ce qui ne l’empêche pas de se montrer lucide : « L’armée contrôle évidemment sa propre communication. Elle était enchantée, au début, d’accueillir la presse ; mais beaucoup moins dès qu’elle se trouve avec 50 personnes à gérer et avec des contenus publiés qui risquent de lui échapper ».

A Bamako, une équipe anglo-saxonne d’AP-Télévision, qui a patienté toute la semaine dernière pour un embarquement militaire vers le Nord, a finalement préféré rentrer à Londres, de guerre lasse. Avec le sentiment, dit-elle, d’avoir été « mise à l’écart » et l’amertume de voir les équipes françaises monter dans les rares avions qui assurent les rotations : « Londres se demandait ce qu’on foutait à Bamako depuis une semaine. On leur répétait : demain on part vers le Nord. Puis après-demain… Et ainsi de suite ». Un autre « recalé » des vols militaires s’enflamme : « Tout cela donne l’impression déplaisante d’un tri sélectif de l’information qui serait fait à Paris et au seul profit des grands médias, qui joueraient le jeu de l’armée ».

« Baby-sitting ». L’armée n’a jamais caché son désir de voir sa guerre « contre le terrorisme » faire l’ouverture du 20 heures. Et au PC « Serval » de Bamako, qui croule chaque jour sous les demandes de la presse internationale pour se rendre notamment à Gao et dans l’espoir de rejoindre Kidal, on se défend de filtrer les demandes : « C’est un problème de places dans les avions et ensuite notre but n’est évidemment pas de contrôler l’information, mais d’éviter qu’un journaliste se fasse tuer sur le terrain », explique une source militaire. Une autre, proche de l’armée française, se dit très agacée par des journalistes qui auraient comme devanciers les sprinters du Tour de France. « La guerre ce n’est pas une étape cycliste entre Tombouctou et Gao ! » s’indigne-t-elle, en regrettant que les convois de blindés montant vers le Nord, quand Gao était en train de tomber, aient été doublés par des voitures de journalistes, comme sur la Grande Boucle, pour rattraper les éléments précurseurs des forces maliennes et françaises.

Selon un témoignage recueilli auprès d’un confrère frotté à ce type d’opération, l’assaut donné contre le commissariat de Gao (le 10 février) aurait mis en lumière le manque de sang-froid de certains reporters « qui ont appelé l’armée à l’aide ». « L’armée n’est pas là pour faire du baby-sitting : ici c’est quand même la guerre », s’emporte le reporter.

Fadaises. Les journalistes maliens, dont le sentiment patriotique ne saurait être pris en défaut, se sont fait remonter les bretelles par leur propre armée. Ils ont été « convoqués » par le ministre de la Défense, Yamoussa Camara, la semaine dernière. Ce dernier leur a passé un méchant savon. En substance : vous écrivez n’importe quoi, des fadaises, des calembredaines. Un confrère indigné d’avoir été traité de la sorte s’est défendu, une fois l’engueulade passée : « Nous n’avons aucune information sérieuse de l’armée malienne. Les services du ministre ne nous répondent pas. Et, quand il fait un point presse, il nous humilie et regrette presque de l’avoir organisé. Ce type se fout de nous car, en plus, nous en savons moins qu’avant sur ce qui se passe dans le Nord ».

La Misma, force de soutien au Mali, dit vouloir jouer la transparence et organise ainsi un « point hebdomadaire », chaque mardi ; c’est dire sa volonté vigoureuse et alerte de tenir la presse en haleine. Un officier ivoirien, le colonel Yao Adjoumani, a des réponses rapides et précises comme un swing de boxe. Non, il ne peut répondre à la question sur le nombre de soldats africains déployés. Non, il ne peut dire si le contingent nigérian sera totalement déployé. Et non de non, il ne peut dire dans quelles villes les soldats seront déployés. La presse le quitte en disant à mardi prochain et en reconnaissant à l’officier de presse « une cohérence » dans ses réponses.