1. P1171-F1/4 1 MANAGEMENT Ce fascicule comprend : La srie
01
2. 2 P1171-F1/4
3. P1171-F1/4 3 PRAMBULE 1. OBJECTIFS DE LUE DE MANAGEMENT Dans
le cadre du cursus dexpertise comptable et en lien avec la rforme
des diplmes universitaires (LMD), le groupe de travail GRECE qui a
labor les grandes lignes du module Management indique en
introduction : Le management doit tre considr dans le futur
rfrentiel comme une preuve majeure, qui permet aux tudiants de
dpasser un pur savoir technique pour leur faire acqurir une
vritable culture acadmique, indispensable pour dvelopper des
capacits danalyse et acqurir des mthodes de recherche pertinentes.
Par ailleurs, le mtier de lexpertise comptable volue vers le
conseil en stratgie ou en organisation, ce qui appelle une solide
connaissance en management (et particulirement en gestion des
ressources humaines) pour accompagner une entreprise dans son
dveloppement . Limportance de lUE de management est renforce par le
caractre transversal des problmatiques abordes. Cela signifie que
la matrise des principes et outils du management est indispensable
non seulement pour des raisons videntes dacquisition dune culture
conomique et gestionnaire, mais aussi pour exercer de manire plus
efficace les mtiers de la comptabilit. Les diffrentes missions de
lexpert comptable sont troitement articules avec les problmatiques
du management et de lorganisation. Ceci est dautant plus vrai que
la part de la clientle constitue par les entreprises de petite
taille est trs importante, et que lexpert-comptable, au-del de ses
apports traditionnels, doit tre en mesure dpauler les dirigeants
dans toutes leurs dcisions importantes. Contrairement une ide reue
(et bien entendu totalement fausse), les mtiers de la comptabilit,
du contrle et de laudit ne se rduisent pas la manipulation de
donnes chiffres et de procdures de traitement ou de reporting : la
dimension danalyse et de conseil y occupe une place croissante, et
en particulier dans le domaine social, qui suppose une approche
qualitative et transversale des organisations. Autrement dit, le
travail de lauditeur, du contrleur de gestion ou de lexpert
comptable est dautant plus pertinent quil sappuie sur une
comprhension, une intelligence des situations observes. On peut
alors dfinir ainsi lobjectif central de lUE de Management pour les
tudiants du cursus DCG : dvelopper la capacit apprhender des
situations souvent complexes et touchant aux diffrents aspects du
pilotage, de la gestion et du management des organisations. 2. LE
MANAGEMENT, DISCIPLINE DES SCIENCES DE GESTION PRSENTE EN DCG ET
DSCG On prcisera dans lintroduction du cours les diffrents termes
utiliss plus haut : management, gestion, pilotage des
organisations. En ralit, nous privilgierons une approche large du
management, comme discipline des sciences de gestion englobant les
multiples aspects de la vie des organisations : comment on oriente
leur dveloppement (pilotage, management stratgique), comment on
ralise les activits qui leur permettent datteindre leurs objectifs
(gestion, management oprationnel), comment on organise, anime,
stimule les individus qui y travaillent (gestion et management des
ressources humaines). On le voit, lUE couvre un champ large qui
suppose des connaissances pralables, notamment dans le domaine de
lconomie. Il est donc recommand, mais non obligatoire, de possder
les connaissances de base correspondant en gros au programme de lUE
dconomie du DCG. LUE de management du DCG est aussi une prparation
indispensable aux UE du DSCG, et en particulier de lUE Management
et contrle de gestion . Cette dernire en effet reprend des thmes
qui sont traits dans le prsent module et qui seront supposs connus
de ltudiant en DSCG : management stratgique, thories des
organisations, gestion des ressources humaines, missions et place
des grandes fonctions dans les organisations
4. 4 MANAGEMENT P1171-F1/4 3. LE PROGRAMME OFFICIEL DE LUE DE
MANAGEMENT Thmes Sens et porte de l'tude 1. Introduction au
management Cette introduction permet de dfinir les entreprises et
dune faon plus large les organisations publiques et prives, de les
situer dans leur environnement et de montrer les approches
multidimensionnelles du management. 2. Thorie des organisations
Lenjeu est de mettre en vidence lvolution de la reprsentation des
organisations au cours du temps. La dmarche historique est
privilgie, permettant de souligner le caractre relatif et la
construction sociale des modles, des mthodes et des outils de
management. 3. Les diffrentes fonctions au sein des organisations
Il sagit de caractriser les diffrentes fonctions au sein dune
organisation et leurs interactions dans une perspective systmique.
4. Elments fondamentaux de stratgie Lobjectif de cette partie est
de fournir une premire sensibilisation des tudiants la stratgie des
entreprises et des organisations. Dans cette perspective, il
focalise plutt lattention sur la dmarche stratgique et lanalyse
stratgique. 5. Comportement humain dans lorganisation Au-del dune
entit technico-conomique, lorganisation est galement une ralit
socio-politique ; on aborde cette facette par les dimensions
socioculturelle et psychosociale, en partant de lindividu pour
aller vers le groupe. 6. Communication Cette partie aborde les
bases de la communication et ses dimensions stratgique et
organisationnelle dans le cadre de contextes professionnels. Les
outils tudis doivent permettre de reprer et danalyser les
dysfonctionnements, mais aussi mettre en place des lments de rponse
concrets. 7. Dcision , direction et animation Ltude des processus
de dcision au sein des organisations conduit complter les approches
rationnelles par des analyses plus organisationnelles et
politiques. 8. Les processus dcisionnels Caractriser le processus
dcisionnel en soulignant que la dcision est insre dans un contexte
o saffrontent des intrts divergents et o prennent place de nombreux
conflits et jeux de pouvoir. Sinterroger sur la rationalit des
dcisions managriales.
5. P1171-F1/4 PRAMBULE 5 4. PLAN DU COURS Le cours par
correspondance est divis en 4 sries, correspondant quatre envois
distincts de taille quivalente. Ces sries sont organises autour des
grandes problmatiques indiques par le programme officiel prsent
dans le tableau ci-dessus, mais pas ncessairement dans lordre
indiqu. Par ailleurs, certaines dimensions peu prsentes dans le
programme officiel mais qui nous paraissent essentielles tudier
dans le cursus dexpertise comptable seront nanmoins dveloppes dans
le cours de lINTEC que vous recevrez. Cest le cas par exemple de ce
quon appelle le management oprationnel (analyse des marchs,
innovation, management industriel et logistique), qui permet une
approche transversale des missions remplies par les diffrentes
fonctions des organisations productives. Le regroupement des sries
sest opr selon la logique suivante : premire srie : introduction au
management et approches thoriques du management. Cet ensemble
dcompos en deux titres distincts dfinit les concepts, pose les
principes thoriques indispensables la matrise de lensemble du
cours. Il correspond aux thmes 1 et 2 du programme officiel.
deuxime srie : les dcisions dans les organisations et les
fondamentaux de la stratgie. Cet ensemble traite donc de manire
gnrale du management stratgique des organisations. Il correspond
aux thmes 7, 7-1 et 4 du programme officiel. troisime srie : les
grandes fonctions des organisations, en distinguant les fonctions
oprationnelles et les fonctions de support. Cet ensemble ne sera
pas seulement descriptif : il analysera ce que lon appelle le
management des oprations et abordera donc, outre le rappel des
principales fonctions des organisations productives, les questions
transversales aux diffrentes fonctions : la conception de loffre,
la gestion des oprations de production et de commercialisation. Il
correspond au thme 3 du programme officiel, avec des problmatiques
transversales plus toffes que dans celui-ci. quatrime srie : la
gestion des ressources humaines et la communication. Cet ensemble
traite donc du management des individus et des comportements
organisationnels (animation, motivation, coordination, attitudes
des individus et des groupes). Il correspond aux thmes 5 et 6 du
programme officiel. Srie 01. Titre 1 : Introduction au management
Le premier titre de cette premire srie a pour objectif de dfinir le
champ (les entreprises et, plus gnralement, les organisations) et
les grandes problmatiques couverts par le cours. En effet, la
notion de management peut tre entendue au sens troit de lanimation
des individus dans les organisations ; elle a galement une
acception plus large, celle que nous adopterons ici, concernant les
diffrents aspects du pilotage des organisations : celui-ci inclut
alors le management stratgique, autrement dit les grandes dcisions
relatives au dveloppement de lorganisation, et le management
oprationnel, cest--dire lensemble des activits ralises par
lorganisation pour atteindre ses objectifs et remplir sa mission.
La premire srie rpond ainsi une premire question essentielle : que
signifie manager une organisation ? On verra, aprs avoir prsent
plusieurs propositions de dfinitions du concept, que si le
management est une notion relativement stable dans la dure, il
dsigne en revanche des pratiques diffrentes en fonction des
problmes auxquels les organisations sont confrontes et qui voluent
dans le temps. Mais il ne sagit pas seulement dvoquer des
problmatiques et des pratiques, mais aussi de parler des individus
: qui sont les managers, comment exercent-ils leur pouvoir,
quattend-on deux au sein des organisations ? Quels sont les
principaux dfis auxquels ils sont confronts dans le contexte actuel
marqu par la mondialisation des conomies, la monte en puissance de
nouveaux acteurs (Inde, Chine), lincertitude et le risque
permanents ?
6. 6 MANAGEMENT P1171-F1/4 Srie 01 Titre 2 : Les thories des
organisations Le second titre de la premire srie prsente les
tentatives de conceptualisation des problmes et des pratiques par
les diffrentes disciplines scientifiques qui se sont intresses au
thme du management et, plus gnralement, des organisations. Cette
investigation nous conduira examiner des travaux varis mais
complmentaires, dconomistes, de sociologues, de thoriciens des
organisations, cette dernire catgorie regroupant des contributions
dauteurs dhorizons divers, praticiens du management, chercheurs,
consultants La connaissance des aspects thoriques est indispensable
la comprhension des questions de management. Les diffrents auteurs
prsents dans le cours ont propos des concepts qui sont entrs dans
le vocabulaire courant des managers, qui donnent ces derniers des
outils danalyse et daction sappuyant sur la raison et enrichissant
les approches plus exprimentales ou empiriques, et qui permettent
chacun dvoquer des ralits difficilement accessibles par
lobservation directe. De ce fait, les ides, les raisonnements, les
mcanismes de pense quils suggrent sont des lments incontournables
de la formation pour quiconque souhaite accder une intelligence
(entendez : capacit analyser, comprendre, valuer) non seulement des
situations thoriques, mais galement des situations trs concrtes
quil aura un jour affronter quelle que soit son activit
professionnelle. Srie 02 Titre 1 : Les dcisions dans les
organisations Les managers doivent dcider : en permanence, ils sont
amens faire des choix, parfois dans un temps court, parfois dans le
cadre dune rflexion longue et formalise. Comment les managers
dcident-ils, comment sorganisent les processus de prise de dcision,
sont-ils diffrents selon la nature des dcisions prendre, selon le
contexte dans lequel elles sont prises, selon les acteurs
susceptibles dinfluencer le processus ? La srie rpondra ces
diffrentes questions, notamment en prsentant les modles thoriques
de prise de dcision et les processus formaliss de prise de dcision
comme la planification stratgique. Laccent mis dans cette srie sur
les dcisions les plus importantes de lorganisation (les choix
stratgiques) et sur les contraintes spcifiques qui les caractrisent
constituera aussi une introduction la dmarche stratgique analyse
dans la srie suivante. Srie 02 Titre 2 : Elments fondamentaux de
management stratgique La dmarche stratgique dune organisation peut
se dfinir comme lensemble des activits permettant danalyser la
situation de lorganisation pour en identifier les grands axes de
dveloppement, de faire les choix les plus pertinents en fonction
des contraintes spcifiques de lorganisation et des attentes des
diffrentes parties prenantes (ce terme est explicit dans la srie
01) et de les mettre en uvre de la manire la plus efficace et
efficiente. La dmarche stratgique englobe donc trois grandes
dimensions, analyse, choix et mise en uvre, trois dimensions
troitement articules et dont la cohrence va dterminer in fine la
performance globale de lorganisation. Elles seront tudies
successivement dans les trois parties de cette srie : analyse de la
situation stratgique de la firme : les grandes tapes du diagnostic
stratgique permettant de dgager un point de vue sur la situation de
la firme par rapport ses concurrents et dans son environnement. le
diagnostic stratgique nest quun lment de la dcision stratgique.
Dautres paramtres influencent les choix des managers au moment o
ils formulent leurs choix stratgiques : les actionnaires, les
salaris, les jeux de pouvoir etc. Cest partir de cet ensemble de
paramtres que sont explores les diffrentes possibilits de manuvres
stratgiques au niveau de lensemble du portefeuille dactivits, dune
part, et au niveau de chacune dentre elles, dautre part.
7. P1171-F1/4 PRAMBULE 7 la srie montrera enfin comment passer
de ces choix la mise en uvre de la stratgie de manire concrte ;
loprationnalisation de la stratgie mobilise les grandes fonctions
de la firme, sappuie sur une organisation en cohrence avec les
choix oprs (structure de lentreprise, alliances, partenariats,
rseaux, structures par projets, entreprises virtuelles) et suppose
la mise en place doutils (tableaux de bord, budgets). Ces lments de
management stratgique seront approfondis dans le cursus dexpertise
comptable au niveau DSCG au sein du module Management et contrle de
gestion . Il est donc essentiel dacqurir ds prsent les concepts,
principes et outils fondamentaux de la stratgie. Srie 03 Titre 1 :
Les grandes fonctions dans les organisations La mise en uvre des
grands choix stratgiques suppose logiquement que soient crs des
biens et des services destination des marchs de lentreprise, ce qui
ncessite la coordination dactivits de conception, de production et
de distribution et, pour cela, la mise en uvre de ressources
humaines, financires, techniques, technologiques et
organisationnelles. Ces diffrentes activits oprationnelles et de
gestion des ressources sont assures par des entits spcialises de
lorganisation, celles-l mmes que Fayol avait identifies au dbut du
XXe sicle dans une proposition de typologie qui a finalement peu
volu depuis. Toutefois, une approche analytique des diffrentes
fonctions des organisations, bien que ncessaire pour une
comprhension plus dtaille de leur fonctionnement, est insuffisante
si on ne prend pas en considration la dimension systmique ,
cest--dire le fait que les articulations et liens entre les
fonctions sont au moins aussi importants que lexamen des fonctions
elles-mmes pour saisir la complexit des entits analyses. Lapproche
systmique des organisations qui aura t prsente dans la srie 01 nous
incitera donc privilgier une vision plus transversale des grandes
fonctions, travers plusieurs problmatiques de management
oprationnel qui seront dveloppes dans le titre suivant. Srie 03
Titre 2 : Le management des oprations : construire loffre, innover,
produire et grer les flux Grce aux tudes de march et lanalyse du
comportement des consommateurs, les entreprises construisent leur
offre qui, pour rpondre aux exigences nouvelles de la comptition
conomique, doit correspondre aux normes actuelles de la performance
: qualit du bien ou du service, dlai de livraison, cots, ractivit.
Cette quation complexe de la performance loigne du schma fordien de
mise disposition du march de produits standardiss, fabriqus en
grande srie et accessibles au plus grand nombre grce la matrise des
cots industriels. Si ce schma est encore observable dans certains
secteurs de biens de grande consommation (et dans les zones
gographiques o ils sont produits), il est dsormais insuffisant pour
assurer la performance, et encore moins la prennit de la firme.
Aujourdhui, la comptition se joue principalement sur deux grands
domaines : celui de la capacit des firmes innover : linnovation est
un facteur-cl de succs dans la plupart des secteurs dactivits. Il
convient donc de prciser ce quest le management de linnovation,
quels en sont les mcanismes, les enjeux, et les modes
dorganisation. Pour illustrer notre propos, nous prendrons lexemple
de la conception dun produit nouveau. celui de la matrise des flux
physiques et dinformation tout au long de la filire de production,
ce que lon appelle aujourdhui le management industriel et
logistique. La performance dune entreprise est actuellement plus
lie sa capacit de raction et danticipation qu son habilet produire,
elle est plus lie la qualit de son systme dinformation qu celle de
ses procdures. Un des responsables de Boeing reconnaissait
dailleurs que aujourdhui, Boeing, cest 80 % dinfo-management et 20
% de processus physiques 1. On verra alors comment on est pass dune
gestion de production correspondant une squence discontinue de
phases allant du plan de 1 Propos cit par J.-M. Yolin, Des
mutations majeures dans lorganisation des entreprises , Ralits
Industrielles, Annales des Mines, n4, novembre 2005.
8. 8 MANAGEMENT P1171-F1/4 production jusquau lancement et au
suivi de la fabrication des processus dsormais continus et visant
la matrise de lensemble des tapes de la filire productive. On
illustrera notre propos avec la diffusion de la mise en place du
supply chain management et on en verra les implications sur
lorganisation du travail dans les entreprises. Srie 4. Titre 1 : Le
management des individus : le comportement organisationnel La
dernire srie du cours aborde le management sous son acception plus
traditionnelle de management des ressources humaines, celui-ci tant
entendu dans un sens trs large et recouvrant de nombreux aspects
comme les politiques de ressources humaines, la gestion des
comptences, la motivation des individus, la conduite du changement
ou encore la prise en compte des lments culturels. Ainsi, au-del
des dimensions traditionnelles de la gestion des ressources
humaines (administration du personnel, politiques demploi, de
formation, de rmunration, relations avec les instances
reprsentatives du personnel etc.), la srie insistera sur la place
des comptences en matire dorganisation, dvaluation des
qualifications professionnelles et de gestion prvisionnelle de
lemploi. La srie abordera galement le comportement organisationnel,
cette expression dsignant, outre le leadership qui a dj t trait
dans la srie 01 et la communication qui sera aborde dans le titre
suivant, les diffrents aspects du comportement des individus dans
lorganisation : motivation, gestion des groupes, gestion des
conflits, gestion du changement Il sagit l, on le voit, dun champ
considrable qui fera lobjet de dveloppements dans ce cours, et qui
sera approfondi sous plusieurs aspects (management du changement,
management culturel) dans lUE du DSCG Management et contrle de
gestion . Srie 4. Titre 2 : La communication La deuxime partie de
la srie porte sur les diffrentes dimensions de la communication.
Aprs un rappel du cadre thorique, la communication sera dabord
analyse en interne comme outil des ressources humaines. Il sagit de
dvelopper des supports crits et oraux permettant avant tout de
faciliter la diffusion des informations, mais surtout de motiver
les individus et de les associer la vie de lorganisation. Les
volutions technologiques modifient videmment la manire dont est
organise la communication interne. Cette remarque est galement
valable pour la communication externe, outil important du marketing
au service de limage de lorganisation et de stimulation des ventes.
La communication externe nest pas uniquement de nature commerciale,
elle est aussi financire et devient alors un instrument de la
gouvernance des firmes. 4. LES AUTEURS DU COURS PAR CORRESPONDANCE
Pascal CHARPENTIER, docteur en sciences conomiques, Matre de
Confrences en gestion au Cnam/Intec ; Xavier DEROY, docteur en
sciences de gestion, responsable du dpartement Management- Stratgie
l'Ecole Suprieure de Commerce de Reims ; Franois GOXE, Doctorant en
sciences de gestion, chercheur au Crepa de lUniversit de Paris 9
Dauphine. Sophie MORIN-DELERM, docteur en sciences de gestion,
Matre de Confrences en gestion lUniversit de Paris 11. Michel
SECCIA, Expert-comptable, Doctorant en sciences de gestion,
chercheur au Crepa de lUniversit de Paris 9 Dauphine.
9. P1171-F1/4 PRAMBULE 9 5. BIBLIOGRAPHIE Le cours de l'UE de
Management du cursus DCG est auto-suffisant et ne ncessite pas
lacquisition de manuel complmentaire. Si toutefois vous souhaitez
consulter des ouvrages couvrant le champ de lUE, vous pourrez vous
reporter la brochure de lINTEC qui vous proposera une liste de
manuels rcents. Pour une introduction assez gnrale aux diffrents
thmes traits dans le cours, nous vous incitons lire ds maintenant
les articles (eux-mmes accompagns dune bibliographie) du numro 321
des Cahiers Franais ( Comprendre le management , n321, juillet-aot
2004, La Documentation Franaise). Par ailleurs, il est recommand
aux tudiants dsireux dapprofondir certains points spcifiques du
cours de se reporter aux indications bibliographiques donnes dans
chacune des sries. 6. DEVOIRS Vous devrez rdiger six devoirs qui
seront adresss l'quipe de correction par l'intermdiaire du Centre
national d'enseignement distance, 100 rue Hnon, 69316 Lyon Cedex
04. Aprs correction individuelle, les devoirs seront retourns
annots aux lves. La premire et la quatrime srie ne comportent quun
seul devoir. Les deuxime et troisime sries en comportent chacune
deux, portant en gnral sur deux aspects diffrents de la srie. Un
commentaire (ou corrig type ) dtaill sera par ailleurs joint une
srie ultrieure (en principe la suivante). Les devoirs envoyer au
CNED peuvent prendre diffrentes formes (questions pratiques
dapplication du cours, commentaire de texte, dissertation ou tude
de cas). 7. LEXAMEN FINAL L'examen final de l'UE de management est
une preuve d'une dure de 3 heures. Elle comportera deux parties :
1. une ou plusieurs questions dapplication du cours, avec une
probabilit leve quau moins lune des questions porte sur les aspects
thoriques du management, 2. soit un commentaire de texte, soit une
dissertation, soit l'tude d'un cas pratique.
10. 10 MANAGEMENT P1171-F1/4
11. P1171-F1/4 11 SRIE 01 PLAN DE LA SRIE INTRODUCTION AU
MANAGEMENT :
.........................................................................................................13
VOLUTION DES PRATIQUES ET APPROCHES THORIQUES
...........................................................13
TITIRE I : INTRODUCTION AU MANAGEMENT
...................................................................
13 CHAPITRE 1 : ORGANISATIONS ET
MANAGEMENT............................................................15
Section 1. Le champ de lUE de management : les
organisations......................................15 Section II.
Le management : dfinition et
volutions...........................................................22
CHAPITRE 2 : MANAGEMENT ET
MANAGERS.........................................................................35
Section I. Diriger une
organisation.......................................................................................36
Section II. Pouvoir et
leadership............................................................................................44
TITRE 2 : LES THORIES DES
ORGANISATIONS.................................................................
57 CHAPITRE 1 : INTRODUCTION AUX THORIES DES ORGANISATIONS
........................57 Section 1. Lintrt des approches
thoriques et comment les aborder..............................57
Section 2. Prsentation synthtique et chronologique des courants
thoriques.................60 CHAPITRE 2 : LES TRAVAUX DES
ECONOMISTES ET DES SOCIOLOGUES..................61 Section 1. Les
apports des
conomistes................................................................................61
Section II. Les apports des
sociologues.................................................................................67
CHAPITRE 3 : LES THORIES DES ORGANISATIONS ET DU
MANAGEMENT.................76 Section I. Lcole classique : la
domination de la pense
rationnelle................................76 Section II. Lcole des
relations humaines : la prise en compte du comportement
humain...................................................................................................................81
Section III. Lcole socio-technique : loptimisation conjointe du
social et du
technique...............................................................................................................90
Section IV. Lcole comportementale : les processus de dcision dans
un systme
complexe...............................................................................................................91
Section V. Lcole de la contingence : le poids des dterminants
extrieurs
lorganisation........................................................................................................93
Section VI. Les courants thoriques
actuels...........................................................................96
12. 12 MANAGEMENT P1171-F1/4
13. P1171-F1/4 SRIE 01 13 INTRODUCTION AU MANAGEMENT : VOLUTION
DES PRATIQUES ET APPROCHES THORIQUES TITRE I : INTRODUCTION AU
MANAGEMENT Introduction Le terme de management peut se dfinir
rapidement comme la direction dune affaire , quil sagisse dune
entreprise, dune organisation ou dun sous-ensemble de celles-ci.
Mais, on va le voir dans cette premire srie, manager suppose la
matrise de comptences, de techniques et doutils dans de nombreux
domaines puisquon peut appliquer la notion de management la
direction dune firme multinationale, dune PME, dun service de
production ou encore dun dpartement financier et comptable Mais
quelles que soient la taille et la nature de lentit piloter, l art
du management consiste aussi, et mme surtout, grer des individus,
les amener optimiser leur contribution dans le sens attendu par
lorganisation. Lun des plus clbres auteurs contemporains dans ce
domaine, Peter Drucker (1909-2005), estimait ainsi que le
management est lorgane dterminant de toutes les institutions
modernes (et donc pas seulement des entreprises), lorgane qui fait
dune masse une organisation, et transforme en performance leffort
humain . Pour des raisons que nous examinerons dans la premire
partie de cette srie, la gestion de leffort humain est aujourdhui
la fois plus complexe et essentielle dans la ralisation de la
performance. Le succs croissant du terme de management traduit bien
ce basculement dune poque o on a valoris principalement la
dimension technique dans le fonctionnement des organisations vers
la priode actuelle, qui a dmarr en gros dans les annes 1980 aprs
les chocs ptroliers et la fin de la production de masse, et qui se
caractrise par un souci croissant de la gestion des hommes dans
lorganisation. Il faut cependant se garder dune vision exagrment
optimiste de la ralit : dire que les firmes portent une attention
croissante aux ressources humaines na pas de connotation morale ou
philanthropique. Les mthodes modernes de management ne rendent pas
forcment les individus ni plus heureux ni plus malheureux dans leur
travail ; et si lon en croit les travaux des psychologues du
travail, le stress na pas disparu dans les organisations, il aurait
mme plutt tendance saccentuer, aussi bien pour les salaris peu
qualifis que pour les responsables de la ligne hirarchique soumis
des pressions de plus en plus fortes. Les grandes avances dans le
domaine du management ont en effet peu voir avec la volont
dsintresse damliorer les conditions de travail des individus. Elles
concernent bien plutt le souci de grer efficacement les comptences
dont ces derniers sont porteurs ; elles se proccupent de dfinir les
modes de coordination permettant de motiver les collaborateurs, les
faire cooprer, les impliquer dans des dynamiques dinnovation et de
changement, les inciter adhrer la vision et la mission de
lorganisation.... Le management est donc dynamique, il est orient
vers laction et le changement ; en un mot, il cherche tre limage
(vraie ou suppose) de la socit : en mutation profonde, en perptuel
mouvement. Car il y a bien un lien entre lvolution de la socit et
la manire de diriger les organisations. Les grands bouleversements
des systmes productifs au cours du sicle pass se sont ainsi
toujours accompagns de modifications profondes des mthodes de
management, non seulement parce que les besoins des entreprises
changent en fonction de leurs contraintes productives, mais aussi
parce que les aspirations des individus, leur rapport au travail et
la socit se sont eux-mmes profondment transforms. Voil pourquoi le
champ du management continue inlassablement tre labour : les
problmatiques voluent peu, en revanche, la matire laquelle elles
sappliquent ne cesse de changer. Prenons lexemple de la motivation
. Ce thme est travaill depuis prs dun sicle et fait encore
aujourdhui lobjet de nombreuses communications dans la presse
spcialise et dans les colloques en sciences de
14. 14 MANAGEMENT P1171-F1/4 gestion. Mais il faut bien
comprendre que motiver un individu dans lentreprise fordienne de
lentre- deux guerres et motiver un individu dans la firme
mondialise du dbut du XXIe sicle nappellent pas les mmes rponses :
il ne sagit ni des mmes entreprises, ni des mmes individus, ni bien
sr des mmes exigences productives. Il nest donc pas tonnant de
constater des volutions dans les mots-cls et outils du management
qui sont ainsi fortement contextualiss, quand ils ne sont pas tout
simplement le produit de modes plus ou moins phmres. Dans un numro
spcial consacr aux dfis du management aujourdhui , la revue
Problmes Economiques1 reproduit le palmars 2005 des outils
plbiscits par les managers. On y trouve beaucoup doutils de
pilotage de la firme (planification stratgique, externalisation,
alliances, comptences-cls), danalyse de la situation
(benchmarking), de marketing et dorganisation, mais assez peu
concernant les individus (gestion par les comptences, knowledge
management). Cest bien lillustration que la dimension humaine du
management, pour importante quelle soit, npuise pas la rflexion sur
ce thme fcond. Cette remarque justifie le plan que nous avons
retenu pour ce cours. Cest dans la quatrime et dernire srie que
nous aborderons dans le dtail les diffrentes problmatiques de la
gestion des individus dans les organisations. Dans les trois sries
prcdentes, nous voquerons des thmes gnraux, mais aussi transversaux
: direction et pilotage des organisations, approches thoriques du
management (srie 01), dcision et management stratgique (srie 02),
management oprationnel (srie 03), management des ressources
humaines et communication (srie 04). On verra que dans aucune des
trois premires sries qui ne traitent pas spcifiquement des
individus dans lorganisation la composante humaine ne peut tre
absente : comment parler de direction sans voquer les groupes
humains impliqus dans lactivit de la firme, comment parler des
choix stratgiques et de leur mise en oeuvre sans montrer le rle des
individus et groupes agissant comme acteurs dans et hors de
lorganisation, comment parler dinnovation ou de gestion de
production sans considrer comme essentielle la variable humaine qui
est parfois le principal facteur de production et la principale
ressource stratgique de lorganisation ? Cest donc par une rflexion
sur la direction et les managers que nous commencerons notre
exploration des diffrentes dimensions du management. Cette rflexion
fera lobjet du second chapitre du premier titre de la srie.
Auparavant, dans le premier chapitre, nous souhaitons expliciter le
champ couvert par ce cours et clarifier le concept de management,
afin de poser ds le dbut du cours le cadre et le vocabulaire de
notre analyse. Ensuite, dans le second titre de la srie, nous
examinerons les grands apports thoriques qui constituent le socle
ncessaire non seulement la comprhension du fonctionnement des
organisations, mais aussi la mise en perspective de lvolution des
pratiques managriales. 1 N 2894, La Documentation Franaise,
Mercredi 1er mars 2006. Le document reprend une enqute propose par
D. Rigby, le palmars 2005 des outils de management , LExpansion
management review, n119, dcembre 2005.
15. P1171-F1/4 SRIE 01 15 CHAPITRE 1 : ORGANISATIONS ET
MANAGEMENT Section 1. Le champ de lUE de management : les
organisations Le champ couvert par cette UE de management est celui
des organisations en gnral. Certes, nous mettrons laccent sur un
sous-ensemble particulier, les organisations marchandes, autrement
dit les entreprises. En ralit, on va le vrifier dans un premier
paragraphe, la distinction entre marchand et non marchand nest gure
pertinente pour analyser les questions de management au sein de la
catgorie des organisations. Dfinir les orientations et grer une
quipe de collaborateurs au sein dun service public et dune
entreprise socitaire peut revtir des formes diffrentes parce que
les contraintes intgrer sont variables, mais elles le seraient tout
autant entre deux administrations distinctes ou entre deux
entreprises diffrentes selon la taille et le secteur dactivit. En
revanche, les questions poser seront dans tous les cas les mmes. Il
suffit dailleurs de constater la capacit des organisations non
marchandes sapproprier les outils de lanalyse stratgique ou encore
du marketing pour sen convaincre. Et dsormais, ce sont les outils
de gestion des ressources humaines conus dans les entreprises qui
inspirent les mthodes managriales des organisations du secteur
public Enfin, on y reviendra dans le titre suivant de la srie, une
partie des thories des organisations, en particulier les approches
sociologiques, a t conue partir danalyses conduites dans des
administrations et des bureaucraties industrielles ! I.
Organisations et entreprises A. Organisations marchandes et non
marchandes On la dit : cette UE de management couvre lensemble des
organisations. On ne rentrera pas ici dans les dbats thoriques qui
seront examins dans le titre suivant, dbats portant sur les
diffrentes conceptions de ce quest une organisation. Pour
Mintzberg, par exemple, une organisation se caractrise par la
manire dont le travail est divis et coordonn, pour Crozier, une
organisation est un construit social , pour dautres encore,
lorganisation est une systme complexe Restons-en aux
caractristiques principales de toute organisation et qui permettent
justement de distinguer cette dernire dautres types de collectivits
humaines qui nentrent pas dans la catgorie des organisations. Pour
cela, on retiendra lapproche dj ancienne, mais nanmoins pertinente
de Khandvalla2. Pour lui, comme toutes les autres collectivits
humaines (la famille, un groupe damis, une communaut), les
organisations sappuient sur un systme dautorit, spcialisent et
divisent le travail, produisent des valeurs voire de lidologie,
prsentent des diffrences de statuts entre les membres participants,
fonctionnent sur la base de relations interpersonnelles
informelles. Mais il existe un certain nombre de traits spcifiques
que ne possdent pas les autres collectivits humaines. Ainsi, toute
organisation : a un objet spcifique (exprim sous des formes
extrmement varies, on le verra plus loin en examinant la finalit
des organisations), contrairement dautres communauts humaines comme
la famille ou un groupe damis ; dispose de personnels qualifis, la
qualification tant une notion sans intrt dans les autres groupes
humains non organiss ; sappuie sur des systmes formaliss de
communication ; produit des rgles (cest--dire prcise la manire dont
les individus doivent se comporter dans lorganisation), des
procdures (cest--dire la manire dont les individus sont supposs
raliser leurs tches), des modalits spcifiques de contrle ; 2 P.N.
Khandvalla, The design of organizations, Harcourt, Brace, Janovich,
1977.
16. 16 MANAGEMENT P1171-F1/4 accorde une importance secondaire,
voire nulle, aux liens motionnels dont lintensit est une
caractristique propre dautres groupes comme la famille ou un groupe
damis. Cela ne veut pas dire que de tels liens sont impensables ou
nuisibles dans une organisation : cela signifie simplement quune
organisation peut parfaitement fonctionner sans liens motionnels
forts ; on verra dans le titre 2 quun auteur comme Max Weber fait
justement du caractre impersonnel des liens lune des forces
principales de lorganisation bureaucratique. Lensemble des
organisations est bien entendu trop vaste et trop htrogne pour tre
apprhend avec finesse dans sa globalit. Il faut donc le dcouper en
sous-ensembles plus accessibles lanalyse. La premire opration de
segmentation consiste distinguer les organisations ayant une
activit marchande, cest--dire mettant sur un march des biens ou des
services quelle a produits (ou fait produire), et les organisations
nayant pas, titre principal, une activit de nature commerciale. Le
premier sous-ensemble regroupe les entreprises, et cest plutt cette
catgorie spcifique dorganisations sur laquelle nous porterons notre
attention dans ce cours. La seconde rassemble toutes les
organisations non marchandes, ce vaste ensemble mettant cte cte des
administrations publiques, des associations but non lucratif, des
partis politiques ou des syndicats, des ONG Ensuite, il est
ncessaire de segmenter nouveau chacun des deux sous-ensembles, en
fonction de diffrents critres : le statut juridique, la taille,
lactivit, les performances Nous ne dvelopperons pas cette approche
comparative des diffrents types dorganisations pour deux raisons.
La premire est quelles constituent le terrain o spanouit ce qui est
notre principal sujet : le management. La seconde raison est lie la
premire : les organisations, quelles soient marchandes ou non,
publiques ou prives, petites ou grandes etc. connaissent des
problmes de management de mme nature, mme si lintensit des problmes
et les rponses apportes peuvent changer selon la spcificit de
chacune. Toutes les organisations sont des collectivits humaines
finalises (elles ont un objet) et hirarchises : cest bien autour de
la question de lanimation des individus dans ces groupes humains
associs en vue de la ralisation dobjectifs que se construisent les
grandes problmatiques du management. Alors, il y aura des nuances
parfois importantes qui nous amnerons distinguer les diffrents
contextes possibles dans lesquels les managers agissent, cet aspect
est dvelopp ci-dessous. On en verra dautres implications dans la
srie suivante qui porte sur le management stratgique. Mais au fond,
la matire premire des proccupations managriales est bien la mme :
les individus et groupes dindividus dans les organisations. B. Les
parties prenantes dans une organisation Les organisations sont un
ensemble htrogne et, de plus, chacune dentre elles peut constituer
une collectivit humaine complexe associant des individus et groupes
dindividus aux intrts divergents, y compris parfois quant aux
objectifs mmes de lorganisation. On ne peut donc pas analyser une
organisation comme un bloc homogne compos dindividus partageant
tous les mmes objectifs, ces derniers tant les mmes que ceux de
lorganisation. En considrant lorganisation comme un systme, on la
prsentera plus tard comme un ensemble de composantes distinctes en
relation avec diverses entits de son environnement. Quelles soient
lintrieur ou lextrieur des frontires de lorganisation, les unes et
les autres ont des objectifs spcifiques qui peuvent tre plus ou
moins conflictuels. Cest dailleurs ce qui fondera la dimension
politique des organisations que nous voquerons plus bas. En effet,
la rflexion sur le pouvoir dans les organisations consiste
identifier les acteurs, individus ou groupes, susceptibles
dinfluencer et modifier, par la persuasion, lincitation ou la
coercition, les comportements dautrui au sein de lentit.
17. P1171-F1/4 SRIE 01 17 Ces agents dinfluence sont dsormais
couramment dsigns par lexpression parties prenantes3 , cest--dire
lensemble des individus et groupes, situs lintrieur ou lextrieur de
lorganisation, qui en dterminent le fonctionnement et qui dpendent
delle, en partie au moins, pour la ralisation de leurs objectifs
propres. Pour une entreprise du secteur marchand, les parties
prenantes sont les apporteurs de ressources (actionnaires,
cranciers, salaris, dirigeants), les composantes internes de
lorganisation (filiales, services), les acteurs lis lactivit et qui
appartiennent lenvironnement conomique, politique, social et
technologique de la firme : les fournisseurs, les clients, mais
aussi ses concurrents, les distributeurs, les collectivits
territoriales o elle est implante, o elle embauche ou au contraire
licencie, lEtat qui prlve les impts et redistribue par des primes
ou des subventions, les syndicats, les mouvements consumristes Les
attentes de ces diffrentes parties prenantes sont souvent
contradictoires. Elles se traduisent par des oppositions entre
court et long terme, entre logique conomique et logique sociale,
entre croissance et rentabilit, autonomie et contrle Do la ncessit
didentifier lintrt respectif des parties prenantes ainsi que le
pouvoir dont elles disposent et qui est susceptible dinflchir les
choix de lorganisation. Selon sa configuration, sa taille, son
statut juridique, sa finalit, lorganisation nintgrera pas les buts
et aspirations de ses parties prenantes avec le mme niveau
dimportance. Le rle de ces dernires, la prise en compte de leurs
attentes et des conflits dintrts qui en rsultent, leur influence
dans les orientations et le fonctionnement des organisations
apparatront avec vidence dans le cadre des problmatiques de
gouvernance et en particulier des dbats autour de la question du
partage de la richesse cre (voir UE Management et contrle de
gestion du DSCG). C. Pluralit des contextes de management Lorsquils
ont traiter des problmes humains dans leur organisation, les
managers sont confronts des problmes dont la nature varie
finalement assez peu dune situation une autre. On le vrifiera plus
loin en examinant les caractristiques de base du travail des
managers. Si les problmatiques sont globalement les mmes, les
rponses apporter vont, en revanche, tre largement influences par
les donnes locales : le management est un exercice minemment
contingent, cest--dire que laction des managers est dpendante du
contexte dans laquelle elle sinscrit. Plus prcisment, cest le
systme de contraintes dans lequel il volue et les ressources mises
sa disposition qui vont, in fine, orienter le comportement du
manager. Sans tenter une typologie improbable des diffrents
contextes de management, on retiendra ici quelques situations
spcifiques en fonction de critres susceptibles dinfluencer laction
des managers. Il nous semble ainsi que la distribution du pouvoir,
linfluence plus ou moins grande de telle ou telle partie prenante,
la finalit de lorganisation, sa taille, son statut juridique, les
lments de culture ou idologiques constituent des variables de
contingence incontournables. On peut identifier plusieurs profils
caractristiques dorganisations correspondant des combinaisons
spcifiques de contraintes et ressources : les entreprises de petite
et trs petite taille dont le capital est essentiellement familial ;
le financement du dveloppement se fait par endettement, le
dirigeant est lacteur central la fois dans la dfinition des buts et
dans le style de management ; les pratiques managriales dans ces
entits de petite taille sont peu mdiatises par des dispositifs
organisationnels : le contact est souvent direct entre le dirigeant
manager et les collaborateurs ; les grandes entreprises socitaires
qui financent leur dveloppement par recours aux marchs financiers ;
elles sont marques par des structures de gouvernance formalises
dans lesquelles les actionnaires peuvent jouer un rle essentiel
dorientation des buts et de contrle des managers 3 Lexpression
partie prenante est la traduction plus ou moins heureuse de
langlais stakeholders , dont la traduction serait dtenteurs denjeu
. Les rflexions rcentes sur la gouvernance des entreprises et sur
le rle de ces diffrentes parties prenantes, notamment en liaison
avec les scandales du dbut des annes 2000 (Enron, Wordcom,
Parmalat, Vivendi, Ahold,) expliquent la diffusion large de cette
expression.
18. 18 MANAGEMENT P1171-F1/4 mandats pour assurer la gestion ;
ces derniers dlguent lessentiel du management la ligne hirarchique,
mais contribuent dcider des principes internes de gestion et
dorganisation quils appuient sur des dispositifs formaliss (rgles
et procdures) ; les entreprises dont la finalit est plus oriente
vers lutilit sociale apporte leurs membres (coopratives, mutuelles,
certaines associations) et dont les objectifs incorporent plus
largement les dimensions sociales et des valeurs telles que la
solidarit ; dune certaine manire, ces entreprises ont des traits
communs avec des organisations non marchandes but non lucratif
comme les syndicats ou mme les ONG (organisations non
gouvernementales) ; les organisations du secteur public : les
entreprises publiques (leur nombre diminue rapidement) sont proches
de la catgorie des grandes entreprises socitaires malgr quelques
spcificits (rle de lEtat actionnaire). En revanche, les
organisations publiques non marchandes (administration centrale,
collectivits locales) ont des caractristiques fortement marques :
empreinte visible de lidologie lie la prsence de la tutelle ,
laboration des objectifs largement influence par les options
politiques, logique de fonctionnement plus axe sur les moyens que
sur les rsultats. Dautres catgories pertinentes au regard des
problmes de management auraient sans doute pu tre identifies, mais
nous avons fait de choix de retenir des configurations auxquelles
nous ferons rfrence dans la suite du cours. De plus, les volutions
observes depuis plusieurs annes montrent au contraire une relative
convergence de situations pourtant diffrentes. Ainsi, ct de
certaines coopratives ou SCOP (socit cooprative ouvrire de
production) qui restent fidles aux valeurs traditionnelles de
solidarit, de nombreuses entreprises mutualistes, comme dans la
banque ou lassurance adoptent aujourdhui des comportements fort
semblables ceux des entreprises socitaires du secteur priv. Leur
dveloppement suppose dailleurs une plus grande fluidit de leur
capital : linstar du Crdit Agricole, elles se dotent alors dun
vhicule cot (une partie du capital est convertie en actions
librement cessibles) qui leur permet de raliser des acquisitions en
dgageant des ressources sur les marchs financiers. De mme, les
organisations du secteur public tendent se rapprocher des mthodes
de management du secteur priv. Cest vident pour les firmes soumises
la concurrence dans lesquelles lEtat est dsormais minoritaire, cest
de plus en plus visible l o il est encore majoritaire, comme dans
les services postaux ou lnergie qui souvrent depuis quelques annes
la concurrence. Mais cest galement vrifiable, mme ltat embryonnaire
dans les services publics o la Loi organique relative aux lois de
finance (LOLF) du 1er aot 2001 introduit une dmarche de performance
dans la gestion publique pour substituer la culture de moyens
prdominante, une culture de rsultat inspire du secteur priv. 2.
Lorganisation comme systme vivant, ouvert, finalis Malgr lextrme
diversit de la catgorie des organisations, on peut reprer des rgles
gnrales applicables toutes et plusieurs caractristiques communes.
En particulier, comme nous mettons laccent sur les entits du
secteur marchand, toutes les organisations dont nous traitons dans
cette UE sont des systmes pouvant tre analyss sous trois dimensions
: conomique : en tant quagents conomiques, elles ont une fonction
de production de biens et services et/ou une fonction de
rpartition, sociale : elles constituent un groupement humain
hirarchis ; politique : elles sont une arne o se droulent des jeux
de pouvoirs multiples. Ces trois dimensions peuvent bien sr tre
analyses sparment, comme lont fait longtemps les conomistes, dun
ct, et les sociologues, dun autre. Nous reprendrons dailleurs ce
dcoupage dans le titre suivant consacr aux thories des
organisations. Mais larticulation de ces trois dimensions est un
angle dapproche plus riche : en effet, ces dimensions ne coexistent
pas, elles entretiennent des liens complexes de rciprocit, se
dterminent les unes les autres. Comme on la dit plus haut, elles
produisent des dynamiques que lon ne peut comprendre si on ne
privilgie que lune dentre elles. Cest tout lintrt de lapproche
systmique davoir soulign le fait que, en ralit, ces dimensions sont
interdpendantes et donc difficilement dissociables : elles font
systme.
19. P1171-F1/4 SRIE 01 19 La notion de systme a t conceptualise
par le biologiste amricain Von Bertalanffy dans sa Thorie gnrale
des systmes (1956). Le systme dsigne un ensemble complexe dlments
en interaction, distinct de son environnement avec lequel il peut
tre en relation. Cet ensemble est finalis (il poursuit des
objectifs) et peut se rguler. Le concept de systme a permis de
pallier les lacunes de lapproche analytique pour expliquer le
fonctionnement des cellules et a ensuite t transpos tous les
organismes vivants avant de ltre aux organisations sociales, et en
particulier aux entreprises. Ces dernires prsentent en effet des
caractristiques communes tous les systmes : elles sont constitues
dlments (les diffrentes fonctions, les services), les lments de
lentreprise fonctionnent en interdpendance pour atteindre un
objectif commun, celui-ci pouvant tre exprim de diffrentes faons,
on le verra, ces lments sont en interaction par le biais dune
structure organisationnelle, de processus de prise de dcisions, de
rgles et de procdures, qui permettent par ailleurs une rgulation
plus ou moins spontane de lensemble en fonction des tats variables
de lenvironnement, elles se distinguent de leur environnement
(frontires juridiques et organisationnelles), elles entretiennent
des liens troits avec les diffrentes composantes de leur
environnement (les clients, les fournisseurs, etc.). Le principal
avantage de lapproche systmique est de privilgier le regard global
sur lorganisation en faisant abstraction, du moins dans un premier
temps, des lments de diversit que nous avons rappels. Elle met
laccent plus sur les interrelations entre les composantes du systme
que sur les composantes elles-mmes. De plus, elle restitue une
image plus raliste de la place de lentreprise au sein du systme
conomique gnral dans lequel elle volue. Il devient du coup
difficile denvisager lanalyse dune entit productive quelconque sans
comprendre au pralable les liaisons quelle entretient avec les
acteurs de son environnement. Il serait aussi vain de vouloir
expliquer le fonctionnement dun sous-ensemble particulier de
lentreprise sans examiner les liaisons avec les autres
sous-ensembles. Les apports mthodologiques de lapproche systmique
sont incontestables. Ils sont dailleurs trs complmentaires avec une
approche plus analytique : dans un premier temps, lapproche systme
permet de comprendre le fonctionnement du tout, dans un second
temps, lapproche analytique permet den dcrire finement les
diffrentes composantes. A. La finalit dune organisation : dabord la
logique dutilit sociale La finalit dfinit la raison dtre de
lorganisation, la mission pour laquelle elle a t cre. En gnral,
lnonc dune finalit permet dvoquer la nature des biens ou des
prestations fournis, les valeurs promues par la direction, les
publics auxquels lorganisation sadresse principalement. Cest une
notion suffisamment large pour que ses membres puissent sy
reconnatre, y compris lorsque, sous la pression de son
environnement ou avec larrive de managers porteurs de valeurs
nouvelles, lorganisation est amene inflchir ses objectifs. Pour une
Organisation Non Gouvernementale (ONG), une administration, une
association but non lucratif, un syndicat ou un parti politique, la
finalit est aise identifier. Cest plus difficile pour les
organisations marchandes en raison dune assimilation en partie
abusive entre finalit et profit. En raison de la triple dimension
voque plus haut, on ne peut pas rduire le problme de la finalit de
ces organisations la seule composante conomique et donc la seule
ralisation du profit. Dune part, parmi les organisations
marchandes, un grand nombre dentre elles privilgient la notion
dutilit sociale et ont pour vocation dapporter un service une
catgorie particulire dacteurs ; cest le cas en particulier des
entreprises du secteur de lconomie sociale (mutuelles, coopratives,
SCOP, associations but non lucratif, organisations assurant une
mission de service public). Cela ne signifie pas pour autant que
ces organisations ne doivent pas dgager un excdent dexploitation :
comme les autres entreprises, leur survie en dpend. Dautre part,
mme les organisations productives orientes vers la ralisation dun
profit maximum nchappent pas aux logiques dutilit sociale. Le fait
de dgager un surplus dune activit marchande
20. 20 MANAGEMENT P1171-F1/4 nest dailleurs envisageable que si
loffre de la firme trouve un march et rpond bien une logique
dutilit sociale, quelle que soit la nature de cette dernire. B. Le
profit, un moyen plus quune fin Le profit est une proccupation de
lentrepreneur plus que de lentreprise ; plus prcisment, le profit
est une proccupation de la coalition dominante au sein de
lorganisation, celle-ci ntant au fond rien dautre quune fiction
lgale. Cest un objectif essentiel port par certains de ses membres
et non pas par lorganisation elle-mme. Lobjectif central de cette
dernire pourrait tre exprim autrement : dveloppement, survie,
prennit Dans cette perspective, le profit est un moyen
indispensable pour atteindre lobjectif fondamental de prennit de
lorganisation. Mais la thorie conomique ayant longtemps assimil le
comportement de lentreprise celui de lentrepreneur, lamalgame tait
difficilement vitable. La thorie simplifiait ainsi outrageusement
la ralit car elle ne prenait pas en considration les autres acteurs
de lorganisation dont les intrts, on la dit, peuvent tre au moins
partiellement en contradiction avec ceux de lentrepreneur. Mais il
sagissait de pouvoir thoriser et construire des modles permettant
de dfinir les combinaisons productives susceptibles datteindre le
profit maximum. Cette dernire notion a t critique, il y a un
demi-sicle, par certains auteurs (Peter Drucker entre autres) qui
estimaient que lentreprise visait avant tout un profit raisonnable
( un profit suffisant pour couvrir les risques de lactivit
conomique et viter ainsi une perte ). Les travaux thoriques sur le
caractre non totalement parfait de la rationalit (Herbert Simon et
lhypothse de la rationalit limite) apporteront par la suite des
arguments scientifiques cette critique du profit maximum. La
recherche du profit est lgitime, mais pour assurer le dveloppement
de lentreprise et sa survie long terme, des arbitrages sont souvent
ncessaires entre le profit court terme et la rentabilit long terme
: la question du profit renvoie alors aux conflits entre parties
prenantes, les unes privilgiant le retour immdiat de leur
investissement (certains actionnaires), les autres la croissance et
lexpansion (en gnral, cest le point de vue des managers). C. Les
diffrents objectifs associs La ralisation du profit est
indissociable dautres objectifs exprims en termes conomiques
(prendre sa part dans la cration de richesse nationale, innover,
satisfaire la demande des marchs), sociaux (dvelopper lemploi, la
formation), voire socitaux (participer la rgulation de la vie en
socit, la dfense de lenvironnement, au dveloppement dune rgion,
etc.). Il est intressant de constater les volutions rcentes qui
tendent revaloriser ces objectifs non financiers. Prenons comme
illustration le cas des fonds de pension anglo-saxons qui
collectent et grent lpargne des systmes de retraite par
capitalisation. Ils ont t accuss ( juste titre en partie) dexercer
des pressions excessives sur les entreprises dont ils sont
actionnaires au point que celles-ci sont contraintes de dgager
toujours plus de profits pour verser les dividendes attendus. Les
drives constates (ce que certains ont pu qualifier de licenciements
boursiers ) et laccent mis sur les performances financires au
dtriment des aspects sociaux en particulier ont contribu modifier
lattitude de certains fonds de pension. On parle de fonds thiques ,
qui slectionneraient les entreprises dans lesquelles ils prennent
des participations sur des critres autres que purement financiers.
Aujourdhui se dveloppent galement des agences de notation qui
valuent les performances des entreprises sur des critres sociaux
et/ou environnementaux. D. Lorganisation, systme ouvert sur son
environnement Depuis les annes 1960, les approches thoriques
considrent toutes lorganisation comme un systme ouvert sur son
environnement. Cela na pas toujours t le cas. Les auteurs
classiques comme Taylor ou Fayol au dbut du XXe sicle ne se sont
pas intresss aux liaisons de la firme avec les acteurs de son
environnement. Avec le vocabulaire daujourdhui, on peut dire quils
concevaient lentreprise comme un systme ferm dont les choix sont
indpendants des variables extrieures.
21. P1171-F1/4 SRIE 01 21 Pour simplifier lanalyse de
lenvironnement des entreprises, on distingue gnralement deux sous-
ensembles distincts : lenvironnement immdiat de la firme : les
clients, les fournisseurs, les concurrents, les distributeurs, les
groupes de pression lenvironnement gnral : politique et juridique,
conomique (conjoncturel), social, culturel, technologique. Cette
distinction repose sur le degr dinfluence que lentreprise est
susceptible davoir sur ces diffrentes variables. Schmatiquement, on
pourrait reprsenter ce double niveau de lenvironnement par des
cercles concentriques autour dun centre constitu par lentreprise.
On ferait ainsi lhypothse que lentreprise est en mesure dinfluencer
les variables du premier cercle qui lentoure (lenvironnement
immdiat) et que les variables du second et plus grand cercle
(lenvironnement gnral) seraient purement exognes. Cette
reprsentation ne serait pas parfaitement rigoureuse. Dune part,
elle tendrait sous-estimer les liaisons qui existent entre les
acteurs de lenvironnement immdiat et ceux de lenvironnement gnral,
ce qui est plutt contradictoire avec lesprit de la dmarche
systmique. Dautre part, certaines variables pourraient tre ranges
aussi bien dans lune ou lautre des deux catgories. Il suffit de
prendre lexemple de la technologie qui peut tre une variable exogne
(par exemple lorsque la recherche est le fait dorganismes publics)
ou au contraire endogne (le travail ralis dans les laboratoires de
lentreprise est la rfrence en matire de recherche) et dans ce cas
constituer une variable centrale de lenvironnement immdiat des
firmes du secteur. Cette ambigut renvoie la question du degr
dautonomie de lentreprise vis--vis de son environnement. E.
Dpendance et autonomie : les relations complexes de lorganisation
et de son environnement Se poser la question du degr de dpendance
(ou dautonomie) de lentreprise vis--vis de son environnement est
une dmarche essentielle de lanalyse stratgique. Elle vite le risque
dun regard trop centr sur lentreprise qui nest pas toujours,
contrairement ce que suggrent les reprsentations schmatiques voques
plus haut, au centre de lenvironnement. Si vous devez tudier la
situation dun grand constructeur automobile, sa position au cur de
la filire lui confre effectivement une place centrale dans lanalyse
; mais si vous devez conseiller un de ses quipementiers, ou, mieux
encore, un sous-traitant dun quipementier, vous analysez une
situation situe en priphrie de la filire : reconstruire un
environnement autour de cette entreprise est une vue de lesprit.
Dailleurs, avant mme de commencer votre travail, vous sentez bien
intuitivement que les marges de manuvre du constructeur automobile
ne sont pas les mmes que celles du sous-traitant de lquipementier !
En ralit, cest le pouvoir de march des organisations, cest--dire
leur capacit influencer les autres acteurs de leur environnement,
quil convient de prendre en considration. Le poids des
constructeurs automobiles est tel dans lconomie quils sont en
mesure de constituer des groupes de pression et dinfluencer
certains aspects des politiques publiques. On la vu dans le pass
avec les dispositifs CATS (cessation anticipe dactivit pour
certaines catgories de travailleurs) de retraite anticipe qui ont t
taills sur mesure, au moins dans un premier temps, pour rpondre aux
sollicitations des constructeurs automobiles. Le pouvoir de march
dpend donc de limportance du secteur dactivit, de la situation
concurrentielle (une entreprise peut imposer ses produits et ses
choix de politique gnrale plus facilement en situation de
quasi-monopole que dans une situation de concurrence pure et
parfaite), de la taille de lentreprise, de sa situation dans un
bassin demploi, etc. Cette rflexion sur le degr
dautonomie/dpendance est une incitation ne pas se laisser enfermer
dans des noncs strotyps ou des ides reues. Par exemple, dire que
lentreprise doit sadapter son environnement est une simplification
excessive de la ralit. Cest sans doute vrai pour le sous- traitant
voqu plus haut, a lest beaucoup moins pour le constructeur
automobile ; a ne lest plus du tout pour des firmes comme
Microsoft. Dans ce dernier cas, on peut dailleurs renverser lnonc :
compte tenu de sa situation quasi monopolistique et malgr les
procdures engages par les autorits veillant aux pratiques
anti-concurrentielles, Microsoft ne sadapte pas son environnement
mais construit son environnement . Les rcents mouvements de
fusions-acquisitions constituent ainsi des
22. 22 MANAGEMENT P1171-F1/4 tentatives pour les entreprises
concernes de rduire leur dpendance face aux incertitudes de
lenvironnement et ainsi daccrotre leur pouvoir de march et donc
leur autonomie. Section II. Le management : dfinition et volutions
Dans son acception conomique, le verbe manager signifie, selon Le
Robert, diriger une affaire . Les synonymes les plus proches sont
administrer, conduire, grer. Manager vient en effet de langlais to
manage qui signifie diriger, administrer, conduire, manier, mais
aussi parvenir , sarranger, se dbrouiller. Le substantif management
est dfini comme lensemble des techniques dorganisation et de
gestion dune affaire, dune entreprise . Quant au manager lui-mme,
il est assimil un chef, un dirigeant. Lemploi frquent du terme dans
des situations diffrentes y compris en dehors de la sphre de
lconomie contribue quelque peu brouiller son sens vritable. Il
dsigne les dirigeants de lentreprise, mais aussi les responsables
aux diffrents chelons de la ligne hirarchique ; il est utilis
couramment dans lensemble des organisations non marchandes ; on le
rencontre de plus en plus souvent dans le domaine du sport o la
fonction de manager relve de lacception courante lorsquil sagit de
diriger un club, mais sen loigne pour devenir du coaching quand il
sagit de manager un sportif. Pourtant, quil sagisse de sport,
dadministration ou dentreprise, on sent bien intuitivement que le
verbe manager nest pas exactement quivalent ses deux synonymes les
plus proches proposs par le dictionnaire, diriger et grer : il
banalise ou, si lon prfre, il ddramatise le premier tout en ayant
un contenu plus large que le second. En largissant son utilisation
dautres catgories que les seuls patrons des organisations, lusage
du terme dmystifie en effet laction de diriger : chaque
responsable, son chelle et en fonction de sa place dans
lorganisation, est amen exercer la fonction de manager. Un agent de
matrise, un responsable dassociation, un dirigeant de firme
mondialise, un officier de larme de lair : tous ont une fonction de
manager. Mais cette fonction ne se limite pas la seule action de
gestion au sens de mise en uvre pratique de principes et doutils
assurant un bon fonctionnement de lorganisation. Malgr un emploi
souvent abusif et sans nuance, le verbe manager introduit au moins
trois nuances essentielles qui permettent de le distinguer
nettement du fait de grer : implicitement, la notion de management
fait rfrence un contexte plutt dynamique, en mouvement, qui oblige
des choix non dtermins lavance et non programmables, prendre des
initiatives en fonction du contexte, ragir des situations
nouvelles, voire les anticiper. Ce nest pas un hasard si le terme
est utilis de plus en plus systmatiquement depuis que
lenvironnement concurrentiel est considr comme toujours plus
complexe et turbulent ; il est ainsi appliqu toute une srie de
thmes qui se caractrisent justement par lincertitude, linstabilit,
le risque : management stratgique, management de projet, management
de linnovation, management interculturel, management des comptences
etc. A priori, donc, la signification du verbe manager a pris ses
distances avec lacception courante du terme grer , ce dernier tant
caractris au contraire par lide de routine, de stabilit, de mise en
uvre approprie doutils et de principes fonds sur une approche
rationnelle de lorganisation.
23. P1171-F1/4 SRIE 01 23 de plus, la notion de management
valorise le rle de la personne qui agit : les caractristiques mmes
du manager sont au moins aussi importantes que la pertinence des
techniques quil manipule. Certes, le bon manager sera bien celui
qui saura utiliser de manire efficace ses connaissances thoriques
et les instruments pratiques quil a sa disposition ; mais les
principes et les outils ne sont rien indpendamment de la personne
qui les choisit, les met en uvre de manire opportune, les modifie
ou les transgresse le cas chant. Autrement dit, contrairement une
tendance rcurrente dans la littrature de gestion, le management ne
se rduit pas un catalogue de thories et de bonnes pratiques. Cest
aussi un ensemble de comportements, de savoir-faire, par dfinition
peu norms et difficilement formalisables. Cest une comptence qui ne
sacquiert pas seulement par lapprentissage classique, formation et
exprience4 ; elle rsulte de caractristiques intrinsques des
individus, innes pour certaines, et qui souvent napparaissent et ne
sont valides que lorsque lindividu est en situation concrte de
manager. non seulement la notion de management renvoie la personne
mme du manager, mais elle fait rfrence implicitement aussi aux
personnes manages. Certains auteurs proposent dailleurs de dfinir
le management au sens strict comme la manire dont sont mises en
uvre les ressources humaines de lentreprise par son encadrement.
Depuis les annes 1950 et les travaux dauteurs comme Douglas Mc
Gregor, on sait que la conception que les dirigeants ont de la
nature humaine influence leur leadership, cest--dire leur mode
dexercice de lautorit ; et, linverse, la faon dont ragissent les
individus dans lorganisation oriente le style de leadership des
dirigeants. Il existe bien une relation dialectique entre les
acteurs du management, responsables et subordonns, et cette
relation est au cur des problmatiques du management. Do limportance
accorde dans ce cours aux individus, aux relations sociales dans
lorganisation, la gestion des hommes et des comptences (voir la
quatrime srie). Manager, on le voit, suppose des connaissances
thoriques, la matrise de divers principes et techniques relatifs au
pilotage et la gestion des organisations et suppose aussi des
dispositions spcifiques des managers. Pour reprendre une expression
convenue, le management est donc tout la fois une science en raison
des connaissances thoriques et des outils rationnels mobiliss, et
un art car il fait appel des dispositions personnelles et suppose
intuition et crativit. La dimension humaine y est centrale. Dans le
contexte actuel de mondialisation marqu par lincertitude et la
complexit, elle est mme considre comme la cl de vote du management,
plus importante que les savoirs et les techniques dans la
ralisation de la performance des dirigeants : lautorit ne vient
plus du savoir, mais de la personnalit, du charisme, de la capacit
faire adhrer les hommes des ides, et surtout de la capacit les
faire travailler ensemble 5. I. Le management : un concept aux
contours stables Il nest pas sr que, depuis lintroduction dans la
langue franaise de cet anglicisme, le contenu du terme management
ait beaucoup volu au cours du sicle dernier. Comme on va le
constater maintenant, les propositions rcentes de cerner le concept
ne sont pas si loignes des lments que Fayol y mettait dans sa
premire tentative de conceptualisation au dbut du XXme sicle. En
revanche, on le verra dans un second paragraphe, cette notion aux
contours thoriques relativement stables a largi son champ
dapplication et recouvre des pratiques qui, elles, ont beaucoup
volu dans le temps. 4 On verra plus loin que cest une des raisons
pour lesquelles un auteur comme Mintzberg pense quon ne peut former
que des managers dj en activit et part en guerre contre les
formations en management amricaines (les MBA : master of business
administration). 5 B. Ramanantsoa Le management, une question de
leadership , Lart du management, Les Echos, 16 septembre 2004. On
notera que, dans son article, lauteur distingue leader et manager ,
ce dernier tant pour lui assimil, contrairement ce que nous
proposons ici, gestionnaire : les leaders fabriquent lavenir alors
que les managers se contentent de grer le quotidien .
24. 24 MANAGEMENT P1171-F1/4 A. Le management selon FAYOL :
premire tentative de conceptualisation Fayol est, au mme titre que
Taylor, lun des grands pionniers du management. Leurs doctrines se
sont croises, lun (Taylor) partant de la base (les ateliers de
production), lautre (Fayol) partant du sommet (comment administrer
et donc diriger une entreprise). Cet ingnieur franais qui a t
pendant trente ans directeur de la Socit industrielle et minire de
Commentry a aussi t le premier proposer une approche rationnelle
des activits de direction. Dans Administration industrielle et
gnrale , ouvrage paru en 1916, Henri Fayol crit que toutes les
oprations dans une entreprise peuvent se rpartir en six groupes
reprsentant autant de fonctions (cest--dire dentits distinctes
ayant une mission clairement dfinie) : fonction technique, fonction
commerciale, fonction financire, fonction de scurit, fonction de
comptabilit, et fonction administrative. Cette dernire est
essentielle pour Fayol, car pour lui, administrer, cest prvoir,
organiser, commander, coordonner et contrler. Autrement dit, avec
sa fonction administrative, Fayol identifie une mission spcifique
correspondant la fonction de direction de lentreprise, et donc aux
diffrentes activits des managers. Pour Fayol, cette fonction
administrative est essentielle car cest elle qui dfinit les
programmes, constitue le corps social de lentreprise, coordonne les
efforts et harmonise les actes. De la qualit de ladministration (on
peut aussi lire management ) va dpendre la capacit de lentreprise
dgager un excdent et donc se dvelopper. Le projet de Fayol tait de
prciser les contours de ce quil concevait comme le profil type du
manager efficace. Cest dailleurs lui qui aurait le premier
introduit le terme de management dans un ouvrage de langue
franaise. Dans sa position de centre de dcision relativement
autonome, cest bien le manager qui oriente les activits de
lorganisation et qui porte la responsabilit de la ralisation des
objectifs. Contrairement une ide reue, assez courante son poque,
Fayol pense que le manager (= le dirigeant) ne se contente pas dune
part, de commander, cest--dire assurer par sa personnalit et sa
connaissance de ladministration de lentreprise la bonne marche de
celle-ci et la direction des individus qui y travaillent, dautre
part, de contrler, cest--dire vrifier lapplication des programmes
daction et des ordres grce des procdures rigoureuses et un systme
de sanctions. Le manager doit aussi prvoir, autrement dit envisager
un programme adaptable afin de prparer lavenir, organiser, activit
consistant mettre en place les organes et procdures ncessaires au
bon fonctionnement de lentreprise, coordonner, activit consistant
assurer le lien et harmoniser les efforts des membres de
lorganisation. La mise en uvre de ces activits du manager sappuie,
selon Fayol, sur une srie de principes dvelopps tout au long de son
ouvrage. Certains de ces principes sont bien connus : lautorit, la
discipline, lquilibre dfinir entre centralisation et
dcentralisation, lunit de commandement ( un agent ne doit recevoir
des ordres que dun seul chef ), la ligne hirarchique ( la srie des
chefs qui va de lautorit suprieure aux agents infrieurs ). Cette
dernire constitue dailleurs le groupe des managers, cest--dire des
agents partiellement investis de la fonction administrative, on y
reviendra plus loin. Dautres principes voqus par Fayol sont moins
souvent relevs alors quils ont une certaine modernit, par exemple
le principe dquit et surtout la valorisation de linitiative, Fayol
reconnaissant ainsi, en pleine priode de domination du modle
taylorien-fordien, lapport potentiel de tous les individus dans
lentreprise, et pas seulement de ceux qui disposent de lautorit :
linitiative de tous, venant sajouter celle du chef et, au besoin,
la suppler, est une grande force pour les entreprises . Fayol
dresse un profil du manager adaptable en fonction des situations
rencontres, plus pragmatique que doctrinaire ou dogmatique, faisant
plus appel son propre jugement qu la mise en place stricte de
principes rigoureux et rationnels, susceptible de valoriser
linitiative venant de ses subordonns Sur le fond, les partisans du
management participatif, plusieurs dcennies aprs Fayol,
25. P1171-F1/4 SRIE 01 25 ne diront pas des choses trs
diffrentes Dailleurs, les tentatives plus rcentes visant cerner le
concept de management ne sont finalement pas si loignes des
principes quil avait prconiss. B. Actualit de la notion de
management Un examen rapide de la littrature de gestion montre
lextrme prudence des auteurs lorsquil sagit de cerner la notion de
management. La plupart reconnaissent le caractre imprcis du terme,
renforc par un usage excessif et souvent abusif ( le mot est us
force de servir 6). Quon se penche sur les ouvrages orients plutt
gestion des ressources humaines ou sur les contributions plus
gnralistes, les noncs relatifs la notion de management restent trs
proches de la conception propose par Fayol, en y ajoutant nanmoins
quelques nuances importantes. Prenons quelques exemples : la notion
de management concerne lensemble des actions impliques dans la
conduite des organisations pour raliser les finalits et les
objectifs de ces organisations. Ces actions se dclinent en termes
dorganisation, de planification, danimation et de contrle 7. Cette
dfinition est trs voisine de celle propose par R-A. Thitart dans
son Que sais-je sur Le management8 : pour cet auteur, le management
est lart de conduire une organisation, de diriger, de planifier son
dveloppement, de la contrler, sappliquant tous les domaines
dactivit de lentreprise . Puisque Fayol lui-mme, comme on la vu
plus haut, insistait dans ses principes sur la ncessaire capacit
dadaptation du manager, le fait de considrer le management comme un
art ne constitue pas en soi une rupture spectaculaire avec leffort
de rationalisation de la fonction de direction quil avait ralis au
dbut du sicle. Lanalogie avec lart est raffirme dans cette autre
dfinition, qui toutefois exclut la stratgie du champ du management
: Le management est lart de mettre lorganisation au service de la
stratgie 9. On verra dans la srie suivante quil ne peut pas ne pas
y avoir de continuit entre llaboration de la stratgie et sa mise en
uvre, ne serait-ce que pour la simple raison quune dcision
stratgique na de sens que si elle est considre comme acceptable par
les diffrentes parties prenantes concernes. Et le travail de
conviction, si ce nest dadhsion des parties prenantes au projet
stratgique relve clairement de problmatiques managriales. Autre
exemple, pris cette fois-ci chez des auteurs amricains10 : Le
management dsigne le processus par lequel des activits sont ralises
de faon efficace, avec et via dautres personnes. Il englobe les
fonctions de base que sont la planification, lorganisation, la
direction et le contrle . En gros, ici encore, la dfinition de
Fayol avec laccent mis sur lactivit de coordination et lajout dune
connotation a priori positive (le management est associ lide
daction efficace). Si on prend, comme dernier exemple, la
proposition de J-M. Saussois11, il faut comprendre le management
comme une formalisation de pratiques sous la forme dnoncs
pragmatiques () qui concernent trois types de problmes au sein dune
organisation : la coordination des activits, la coopration entre
les membres de cette organisation et, enfin, ladhsion la culture
dentreprise . Si, comme le fait lauteur, on range sous la catgorie
coordination des activits les diffrentes dimensions de la fonction
administrative de Fayol, on reste nouveau dans le mme registre que
les propositions prcdentes, avec toutefois une insistance plus
grande sur limportance de la coordination des individus membres de
lorganisation, et une prcision intressante : le management suppose
un minimum dadhsion des individus des normes et des valeurs
communes. 6 J-M. Saussois, Coordonner, cooprer, adhrer, les enjeux
du management , in Les organisations, Etat des savoirs, Editions
Sciences Humaines, sd P. Cabin, 1999. 7 J. Aubret, P. Gilbert, F.
Pigeyre, Management des comptences, ralisations, concepts,
analyses, Dunod, 2002. 8 R-A. Thitart, Le management, Que sais-je
?, PUF, 1980. 9 L. Boyer, N. Equilbey, Histoire du management,
Editions dOrganisation, 1990. 10 S. Robbins, D. DeCenzo,
Management, Pearson Education, 2004. 11 Cf note 1.
26. 26 MANAGEMENT P1171-F1/4 Que retenir alors de ces
diffrentes propositions finalement beaucoup moins divergentes
quelles ne paraissent ? Premirement, le cur du mtier de manager
correspond toujours au contenu que Fayol avait identifi, mme si des
termes nouveaux simposent. On prfrera aujourdhui employer le verbe
piloter plutt que diriger , anticiper plutt que prvoir , animer
plutt que commander , sans dailleurs que ces modifications
smantiques traduisent toujours des changements significatifs de
contenu. Deuximement, si lnonc des diffrentes missions du manager
est relativement stable dans le temps, le poids respectif de
celles-ci et leur importance relative voluent. Les manires de
diriger, contrler, planifier etc. sont diffrentes aujourdhui de ce
quelles taient lpoque de Taylor et Fayol ; les outils et les
mthodes se sont transforms (mais la rfrence certain(e)s dentre eux
(elles) est encore utile pour comprendre le management aujourdhui)
parce que lobjet (les organisations) ainsi que les acteurs
(individus impliqus dans le fonctionnement des organisations) ont
volu, comme nous le dcrirons dans les paragraphes suivants. Une
chose est en tout cas acquise : ainsi que les dfinitions rcentes le
soulignent clairement, la composante humaine constitue dsormais un
enjeu central des missions du manager. Troisimement, mais cest l un
point de vue quelque peu personnel, on peut se demander si le dbat
sur la qualification du management comme science ou comme art a un
quelconque intrt. Le management emprunte sans aucun doute aux deux,
mais nest ni vraiment lune, ni vraiment lautre. Dune part, le
caractre scientifique du management est en soi contestable comme le
montrent aussi bien les limites du management scientifique imagin
par Taylor que la succession de certaines modes managriales dont la
rigueur scientifique nest pas toujours la qualit dominante. Dautre
part, dfinir le management comme un art est abusif dans la mesure o
le bon sens et la logique jouent un rle essentiel dans la
performance des managers ; de plus, lquivalence management = art
risque de dcourager les efforts de comprhension des pratiques en
les renvoyant des comportements difficilement explicables parce que
produits par la pense cratrice et lintuition qui sont des variables
propres chaque individu. Le management est un curieux mlange de
principes inspirs la fois par la pense la plus rationnelle et par
des croyances qui relvent souvent de lincantation, voire de la
pense magique. On peut bien sr dnoncer lapptit des managers pour
les modes managriales successives (certains auteurs ont parl de
zapping managrial ), leur fascination pour quelques gourous 12,
dont certains ont opr parfois des retournements dopinion qui
laissent les observateurs sceptiques sur leur rigueur hlas trop
souvent a posteriori. Mais il faut bien comprendre que les
innovations managriales, dont quelques-unes ont largement contribu
la prosprit des firmes, se sont aussi diffuses grce ces croyances ,
la certitude chez de nombreux managers de la pertinence de leur
action, mme lorsque cette dernire nest pas toujours fonde en
raison. Il sera toujours bien temps, si les rsultats le permettent,
de donner ex-post un habillage rationnel ces pratiques. Cest
dailleurs souvent ainsi que naissent les modes et les nouvelles
bonnes pratiques . En dfinitive, on retiendra des paragraphes
prcdents que le management est la mise en uvre dun ensemble de
principes et de pratiques formalises ayant pour finalit de piloter
une organisation, de coordonner ses activits, danimer et faire
cooprer les membres associs son fonctionnement et de susciter chez
ces derniers, par ladhsion des valeurs partages, des comportements
favorables la ralisation des objectifs de lorganisation. Cette
dfinition un peu 12 Les Echos (dats 6 et 7 janvier 2006) ont dress
une liste des matres penser des grands dirigeants des milieux
daffaires internationaux. Sur les 22 personnalits les plus
influentes, on trouve essentiellement des universitaires et
chercheurs amricains (M. Porter est le plus souvent cit), puis
quelques patrons charismatiques (Bill Gates ou Jack Welch, lancien
PDG de General Electric) puis quelques consultants, experts, voire
un dessinateur humoriste (Scott Adams, le crateur du personnage
Dilbert). Lchantillon est videmment trs largement influenc par les
perceptions des Amricains qui dominent le monde des affaires, mais,
finalement, on trouve peu de gourous dans la liste, au sens un peu
pjoratif du terme (T. Peters, inventeur de lexcellence , qui sest
ensuite reni, figure nanmoins une trs honorable quatrime place,
loin devant Mintzberg par exemple).
27. P1171-F1/4 SRIE 01 27 longue a au moins le mrite de
distinguer les grandes problmatiques du management qui constituent
lossature de ce cours : piloter, coordonner, animer, susciter
ladhsion. II. mais une ralit en profonde mutation Si, comme on
vient de le rappeler, lnonc des diffrents aspects de la fonction de
manager est stable dans le temps, les pratiques et les outils ont
quant eux profondment volu. Au dbut du XXe sicle, les principaux
thoriciens du management, Taylor, Fayol, Ford, mais aussi un
sociologue comme Weber (voir le titre suivant pour le contenu de
leurs travaux) ont conceptualis leurs propres pratiques, les ont
formalises puis diffuses. Ces formules dorganisation et de gestion
prtention rationnelle et universelle ont t leves au rang de
principes normatifs : tout se passe comme si ces auteurs avaient
dfini les normes de ce quil convient rationnellement de faire, tout
autre comportement tant ncessairement moins efficient. Un sicle
plus tard, les manires de diriger, de coordonner, de contrler etc.
nont plus grand-chose voir avec ces premiers grands principes de
management. Certes, on en trouvera toujours des traces, plus ou
moins marques dans les firmes occidentales en fonction de leur
taille et de leur activit (le chronomtre na pas disparu pour le
calcul des temps productifs dans lautomobile, le principe fayolien
dunicit de commandement, adapt par son auteur du modle militaire,
est toujours la rfrence en matire de conception des organisations).
Ces traces sont encore plus visibles dans les pays mergents dont
lconomie prsente des traits communs avec le modle de la production
de masse. Malgr tout, on peut affirmer aujourdhui que la rupture
avec ces principes anciens est consomme, que de nouvelles
configurations productives ont merg et rendu caduques les grandes
lignes du management efficace traces par les pionniers de
lorganisation rationnelle. Mme les administrations et les
entreprises publiques, derniers grands vestiges de lidal-type
bureaucratique propos par Weber entrent dsormais, non sans
rsistances il est vrai, dans les logiques managriales dominantes de
gestion des comptences, de performance, dindividualisation, de
mobilit, dadaptabilit La loi Organique relative aux Lois de
Finances (LOLF) vote par le parlement en 2001 illustre bien cette
volution : il sagit dappliquer le management par objectifs aux
dpenses de ltat et la gestion des services dans ladministration. On
voit que le tandem classique de la bureaucratie commander-contrler
, accus de brider la crativit et dautant plus dcri quil a survcu
(et continue dailleurs prosprer dans certains contextes) aussi
longtemps ses dtracteurs, doit faire place aux logiques largement
rpandues dans les entreprises prives de responsabilisation et
dincitation. Dans les sries suivantes du cours, vous trouverez le
dtail de ces nouvelles configurations et de ces principes et
mthodes rcents qui constituent la bote outils du management actuel.
Notre objectif dans ce paragraphe est dexpliquer les raisons de
cette mutation radicale. Pour cela, on reviendra sur cette priode
essentielle des annes 70-80, transition entre une phase de
croissance forte et domine par le modle productif taylorien-fordien
et la priode actuelle dont on tentera de dcrire les traits
principaux. On insistera ensuite sur deux dterminants cls qui
orientent le comportement des managers : la prise en compte du
systme social, dune part, les conditions de ralisation de la
performance conomique, dautre part. A. Management et modifications
du contexte socio-conomique : le basculement dcisif des dcennies
70-80. Les annes 70 et 80 marquent une rupture de multiples niveaux
dont nous prciserons les consquences sur les organisations
conomiques et les mthodes de management. 1. Tout dabord, elles
marquent la fin de la clbre priode de croissance rgulire et leve
daprs- guerre (les Trente Glorieuses ), les deux chocs ptroliers
successifs de 1973 et 1978 constituant un repre temporel commode.
Les conomies occidentales sont entres en crise cause bien sr du
renchrissement brutal des matires premires, mais ces dernires ont
eu un rle amplificateur de
28. 28 MANAGEMENT P1171-F1/4 dsquilibres multiples prexistant :
exacerbation de la concurrence, monte en force de nouvelles
puissances conomiques, en Asie notamment, incertitude croissante et
exigences plus leves en matire de comptitivit sur des marchs de
plus en plus offreurs Cest dans ce contexte que se sont panouies
des disciplines comme la stratgie et le marketing qui ont apport
aux managers les outils nouveaux dont ils navaient pas eu besoin au
cours de la priode prcdente : la planification long terme de la
production faisait alors office de stratgie et les marchs
absorbaient sans effort spcifique de lentreprise une production de
masse de biens standardiss et de qualit moyenne. A partir de ce
moment, les outils du management nont pas cess de se sophistiquer,
quil sagisse de stratgie ou de marketing, mais aussi de tous les
autres domaines de la gestion. Une multitude de concepts sont
apparus pour aider la prise de dcision dans un environnement
toujours plus complexe et turbulent. La mondialisation des conomies
oblige les managers actuels raisonner une autre chelle et prendre
en considration des risques nouveaux, ceci tant vrai quelle que
soit la taille de lentreprise. Dune certaine manire, on peut dire
que la multiplication des outils de management et lengouement dont
ils sont lobjet traduit le besoin des managers dintroduire de la
rationalit dans un environnement marqu par lincertitude. 2.
Ensuite, ces dcennies 70-80 ouvrent une re nouvelle, celle dans
laquelle nous voluons actuellement, o lconomie vit au rythme de
progrs technologiques dont le rythme sest acclr et dont on na pas
fini de mesurer limpact sur les organisations. Et finalement, ces
volutions doivent moins aux innovations techniques comme
lautomatisation des processus de production et la robotisation qu
la monte en puissance des nouvelles technologies de linformation et
de la communication (NTIC). Depuis les premiers pas de
linformatique jusqu lapparition des rseaux comme Internet,
linformation et la communication sont devenues des enjeux
conomiques majeurs. Lmergence de nombreuses activits lies aux NTIC
a t qualifie de nouvelle conomie en raison des p