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-89- -88- Adoptée par les plus grands elle donne charme, légèreté et délicatesse Au début de ce XVIII ème siècle qui sacre- ra définitivement l'opéra, on constate quelques apparitions de la mandoline dans les oratorios et opéras les plus fameux. La mandoline sduit Vivaldi Antonio Vivaldi (1678- 1741), lui aussi séduit par la mandoline, compose- ra pour elle de nom- breux concerti. Il lui donne également une place de choix dans son Oratorio « Judith Triomphan » : elle y accom- pagne la soprano, et soutenue par les pizzicati de violon elle donne ainsi à cet air central un charme, une légèreté et une délicatesse tout comme son Andante du concerto en sol majeur pour deux mandolines cette fois. Un nouveau modle fort pris A partir des années 1730 environ appa- raît une nouvelle mando- line communément appelée « il mandolino napoleteno ». Nombreux sont les compositeurs qui dédient alors quelques pages à cette « mando- lino napoleteno » : Scar- latti, Sammartini, Hasse, Corette, Giardini, Coc- chi, Piccini, Sacchini... L'opéra du XVIII ème invite à plusieurs reprises la mandoline à participer aux divers succès européens. L'Oratorio « Alexander Balus » de Georg Friedrich Haendel (1685-1759) com- porte un magnifique air « I take the gol- den lyre » où la mandoline se partage la vedette avec la harpe. L'opéra du XVIII ème invite à plusieurs reprises la mandoline L'exemple le plus célèbre reste La serenata du Don Giovanni de Mozart. Mandoline et Opéra, une longue connivence Mandoline et Opéra, une longue connivence par Vincent Beer-Demander C Instrument à cordes pincées apparu au XVII ème siècle, la mandoline se caractérise par sa caisse bombée en forme d'amande, dont deux déclinaisons principales existent : la mandoline Lombarde et, depuis 1750 environ, la man- doline Napolitaine. Accordée en quinte comme le violon, la mandoline est munie de chœurs (cordes doubles), et c’est le plectre, peti- te pièce d’écaille, qui, en « pinçant » les cordes, sert d’ex- citateur à cet instrument descendant du luth. A l'aube du XVII ème siècle déjà est dans les Intermèdes de la Pélégri- na de Cristofano Malvezzi, organisé par les Médicis à l'aube du XVII ème siècle et que l'on peut considérer comme la première tentative d'opéra qu’apparaît pour la première fois la « mandola », ancêtre direct de notre mandoline, appartenant à la famille des luths aigüs. Dabord la basse continue… Les « mandola » participent tout com- me les luths à manche long que sont les Chitarrones, à la basse continue. C'est d'ailleurs le rôle qui lui sera confié dans la cantate « A la battaglia pensieri » de l'immense compositeur Alessandro Scarlatti (1660-1725). … puis les arias Très vite, la mandola apparaît dans les arias des principaux compositeurs baroques italiens. On l’utilise pour accompagner de son timbre aigü, sautillant et ensoleillé les chanteurs principaux. L'exemple le plus célèbre reste La serenata du Don Giovanni de Mozart.

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Adoptée par les plus grands

elle donne charme, légèreté et délicatesse

Au début de ce XVIIIème siècle qui sacre-ra définitivement l'opéra, on constatequelques apparitions dela mandoline dans lesoratorios et opéras lesplus fameux.

LLaa mmaannddoolliinnee ss��dduuiittVViivvaallddiiAntonio Vivaldi (1678-1741), lui aussi séduit parla mandoline, compose-ra pour elle de nom-breux concerti.Il lui donne égalementune place de choix dans son Oratorio« Judith Triomphan » : elle y accom-pagne la soprano, et soutenue par lespizzicati de violon elle donne ainsi à cetair central un charme, une légèreté etune délicatesse tout comme sonAndante du concerto en sol majeurpour deux mandolines cette fois.

UUnn ÒÒnnoouuvveeaauu mmoodd��lleeÓÓ ffoorrtt pprriiss��A partir des années 1730 environ appa-

raît une nouvelle mando-line communémentappelée « il mandolinonapoleteno ».Nombreux sont lescomposi teurs quidédient alors quelquespages à cette « mando-lino napoleteno » : Scar-latti, Sammartini, Hasse,Corette, Giardini, Coc-chi, Piccini, Sacchini...

L'opéra du XVIIIème invite à plusieursreprises la mandoline à participer auxdivers succès européens.L'Oratorio « Alexander Balus » de GeorgFriedrich Haendel (1685-1759) com-porte un magnifique air « I take the gol-den lyre » où la mandoline se partagela vedette avec la harpe.

L'opéra duXVIIIème invite

à plusieursreprises lamandoline

L'exemple leplus célèbre

resteLa serenata

du DonGiovanni de

Mozart.

Mandolineet Opéra, une

longue connivence

Mandolineet Opéra,une longue connivence

par Vincent Beer-Demander

CÕInstrument à cordes pincées apparu au XVIIème siècle, lamandoline se caractérise par sa caisse bombée en formed'amande, dont deux déclinaisons principales existent :la mandoline Lombarde et, depuis 1750 environ, la man-doline Napolitaine.Accordée en quinte comme le violon, la mandoline estmunie de chœurs (cordes doubles), et c’est le plectre, peti-te pièce d’écaille, qui, en « pinçant » les cordes, sert d’ex-citateur à cet instrument descendant du luth.

A l'aube du XVIIème siècle déjàest dans les Intermèdes de la Pélégri-na de Cristofano Malvezzi, organisépar les Médicis à l'aube du XVIIème

siècle et que l'on peut considérercomme la première tentative d'opéraqu’apparaît pour la première fois la «mandola », ancêtre direct de notremandoline, appartenant à la familledes luths aigüs.

DDÕÕaabboorrdd llaa bbaassssee ccoonnttiinnuuee……Les « mandola » participent tout com-me les luths à manche long que sontles Chitarrones, à la basse continue.

C'est d'ailleurs le rôle qui lui seraconfié dans la cantate « A la battagliapensieri » de l'immense compositeurAlessandro Scarlatti (1660-1725).

…… ppuuiiss lleess aarriiaassTrès vite, la mandola apparaît dans lesarias des principaux compositeursbaroques italiens.On l’utilise pour accompagner de sontimbre aigü, sautillant et ensoleillé leschanteurs principaux.L'exemple le plus célèbre reste Laserenata du Don Giovanni de Mozart.

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Il est indispensable de citer quelquesopéras des contemporains de cecompositeur germano-anglais: LaContesa del numi de Leornardo Vin-ci (1690-1730), La Donna Vendicata deRinaldo Di Capua (1705-1780), Jahel deBaldassare Galuppi (1706-1785), LeFeste d'imeneo de Tommaso Traetta(1727-1790), Almena de Michael Arne(1740-1786), l'Amant Jaloux d’AndréModeste Gretry (1741-1813), Achille inScyrio de Johann Nauman (1741-1801),Axur re d'ormus de Antonio Salieri(1750-1825) et surtout la magnifiquesérénade du Barbier de Séville de Gio-vanni Paisiello (1738-1814), où l'écritu-re pour mandoline sedensifie considéra-blement.

IInn��vviittaabbllee iinnss --tt rr uu mm ee nn tt dd eess��dduuccttiioonnMozart s'en ins-pira sans aucundoute pourcomposer sapropre séréna-de en 1786 dansson plus célèbre opéra DonGiovanni : après une brèveintroduction en solo, accompa-gnée par les pizzicati des cordes,

la mandoline déploie arpèges etgammes séduisants, pour accom-

pagner Don Giovanni sous le bal-con de sa future « victime ». Cette scè-ne, devenue un classique du genre,est presque une image d'Épinal qui

évoque cette Italie des aubadesamoureuses...

Camille Saint-Saëns met lui même enmusique « guitares et mandolines ontdes sons qui font aimer... » tandis quePaul Verlaine, auteur du poème « man-doline », écrit « les donneurs de séré-nades, et les belles écouteuses,échangent des propos fades, sous lesramures changeuses... »...

LLaa tteecchhnniiqquuee ssee ppeerrffeeccttiioonnnneeAu XIXème siècle, le jeu de la man-doline se développe véritablementpour aboutir à une technique instru-

mentale variée,notamment par l'em-ploi du trémolo, artifi-ce idiomatique de l'ins-trument consistant àentretenir le son enfrottant la corde.

Alors que la musiqueinstrumentale prendune place plus impor-tante, la mandoline suitle mouvement. Bee-

thoven, Hummel, Paganini et biend'autres lui dédient de belles pièces,mais la mandoline ne disparaît paspour autant de l'opéra.On la retrouve dans le Don Pascale deGaetano Donizetti (1797-1848), DonProcopio de Georges Bizet (1837-1875), Le roi s'amuse de Léo Delibes(1836-1891), Méfistofeles de ArrigoBoito (1842-1918) et surtout Otello de

l'écriture pourmandoline sedensifie consi-

dérablement

VINCENT BEER-DEMANDERMandoliniste et compositeur français

à propos de l'auteurÓGiuseppe Verdi (1813-1901), où le géantitalien choisit d'accompagner le choeurdes chypriotes par un petit « orchestre àplectres » constitué de plusieurs man-dolines et guitares.

DDee ppeettiittss eennsseemmbblleess aappppaarraaiisssseennttAutre exemple fameux de l'apparitiond'un petit ensemble de mandolines etguitares : le Chérubin de Jules Massenet(1842-1912), qui illustre la popularité dece type d'ensemble en cette fin XIXème.

DDee nnooss jjoouurrss,, ttoouujjoouurrss !!Le XXème siècle, véritable feu d'artifice his-torique, culturel et artistique, reste fidè-le au genre de l'Opéra.L'orchestre grandit sous la plume degrands symphonistes comme Malher ouBruckner mais le timbre si particulier dela mandoline séduit toujours les com-positeurs qui l'incorporent dans leurseffectifs orchestraux.

Né en 1982, Vincent Beer-Demander a rapidementaccumulé diplômes et récompenses (plus de 10 pre-miers prix), au C.N.R de Toulouse, à l'E.M.Md'Argenteuil, à l'Ecole Normale de Musique de Paris,au Conservatorio di Padova (Italie), au C.N.R deMarseille ou lors de Concours Internationaux.Ayant reçu l'enseignement de Florentino Calvo etUgo Orlandi (mandoline), Régis Campo(Composition) et du maître Alberto Ponce (musiquede chambre), il s'est produit dans le monde entieren solo, avec des musiciens comme Mike Marshall,Ricardo Sandoval, Roland Dyens... le DuoChitarrone, le Nov'mandolin-sextet...

Il collabore également avec des ensembles tels quel'Orchestre National de France, Le Capitole deToulouse, l'Opéra Bastille, l'orchestre national de

Montpellier, l'Orchestre philharmonique de Nice...Compositeur aux multiples facettes, édité aux édi-tions Trekel (Allemagne) et d'Oz (Canada), dédicatai-re de nombreux compositeurs actuels commeR.Campo, F.Martin, F.Rossé, T.Ogawa,A.Ourkouzounov, J.I.Bosseur, D.Nicolau...

Il demeure néanmoins un fervent défenseur durépertoire original des XVIIIème, XIXème et XXème siècle.

Titulaire du Diplôme d'Etat d'instrument ancien, ilenseigne à l'Académie de Mandoline de Marseille,l'Ecole de Musique de Vif et l'Estudiantina d'Annecy.

Sa discographie allant des musiques populaires auxoeuvres contemporaines, est le reflet de son éclec-tisme musical.

Vieille de trois siècles et jamais délaissée