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Une aristocratie du sentiment : Montesquieu ne s'y était pas trompé, et Des Grieux le sait aussi. L'amour peut tout faire excuser pour peu que lui soit subordonnée une intention noble qui tourne mal. Cette noblesse éclate d'abord dans l'apparence extérieure des deux héros : pour Des Grieux, la naissance et l'éducation, alliées à une physionomie avenante qu'il sait à point nommé nous rappeler. Pour Manon, une beauté que la fascination du narrateur ne se lasse pas de célébrer. Les mots ne reculent alors devant aucune hyperbole : "maîtresse de mon cœur, ma chère reine, l'idole de mon cœur"... Cette beauté, jamais décrite, sauvée de l'impureté des mots comme l'image même de l'Amour, devient vite une excuse suffisante ("Je vous ferai voir, s'il se peut, ma maîtresse, et vous jugerez si elle mérite que je fasse cette démarche pour elle, promet Des Grieux à Tiberge, sans douter que l'ami vertueux succombe lui aussi). De fait, nul n'échappe au charme du couple, et l'on est surpris par exemple d'entendre le vieux G.M. constater lui-même : "Les pauvres enfants ! Ils sont bien aimables en effet l'un et l'autre; mais ils sont un peu fripons." A cette noblesse naturelle, s'ajoute pour Des Grieux une conscience très nette d'une sorte de signe électif mis sur sa sensibilité, qui le convainc de l'injustice tragique de sa destinée : « Il y a peu de personnes qui connaissent la force de ces mouvements particuliers du cœur. Le commun des hommes n'est sensible qu'à cinq ou six passions, dans le cercle desquelles leur vie se passe, et où toutes leurs agitations se réduisent. Ôtez-leur l'amour et la haine, le plaisir et la douleur, l'espérance et la crainte, ils ne sentent plus rien. Mais les personnes d'un caractère plus noble peuvent être remuées de mille façons différentes ; il semble qu'elles aient plus de cinq sens, et qu'elles puissent recevoir des idées et des sensations qui passent les bornes ordinaires de la nature ; et comme elles ont un sentiment de cette grandeur qui les élève au-dessus du vulgaire, il n'y a rien dont elles soient plus jalouses.» Noblesse du style enfin : le narrateur que nous 1

Manon Lescaut

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Page 1: Manon Lescaut

Une aristocratie du sentiment : Montesquieu ne s'y était pas trompé, et Des Grieux le sait aussi. L'amour peut tout faire excuser pour peu que lui soit subordonnée une intention noble qui tourne mal. Cette noblesse éclate d'abord dans l'apparence extérieure des deux héros : pour Des Grieux, la naissance et l'éducation, alliées à une physionomie avenante qu'il sait à point nommé nous rappeler. Pour Manon, une beauté que la fascination du narrateur ne se lasse pas de célébrer. Les mots ne reculent alors devant aucune hyperbole : "maîtresse de mon cœur, ma chère reine, l'idole de mon cœur"... Cette beauté, jamais décrite, sauvée de l'impureté des mots comme l'image même de l'Amour, devient vite une excuse suffisante ("Je vous ferai voir, s'il se peut, ma maîtresse, et vous jugerez si elle mérite que je fasse cette démarche pour elle, promet Des Grieux à Tiberge, sans douter que l'ami vertueux succombe lui aussi). De fait, nul n'échappe au charme du couple, et l'on est surpris par exemple d'entendre le vieux G.M. constater lui-même : "Les pauvres enfants ! Ils sont bien aimables en effet l'un et l'autre; mais ils sont un peu fripons." A cette noblesse naturelle, s'ajoute pour Des Grieux une conscience très nette d'une sorte de signe électif mis sur sa sensibilité, qui le convainc de l'injustice tragique de sa destinée : « Il y a peu de personnes qui connaissent la force de ces mouvements particuliers du cœur. Le commun des hommes n'est sensible qu'à cinq ou six passions, dans le cercle desquelles leur vie se passe, et où toutes leurs agitations se réduisent. Ôtez-leur l'amour et la haine, le plaisir et la douleur, l'espérance et la crainte, ils ne sentent plus rien. Mais les personnes d'un caractère plus noble peuvent être remuées de mille façons différentes ; il semble qu'elles aient plus de cinq sens, et qu'elles puissent recevoir des idées et des sensations qui passent les bornes ordinaires de la nature ; et comme elles ont un sentiment de cette grandeur qui les élève au-dessus du vulgaire, il n'y a rien dont elles soient plus jalouses.»   Noblesse du style enfin : le narrateur que nous écoutons est un être éperdu d'amour. S'il a conscience de l'impuissance du langage, il n'en utilise pas moins toutes les ressources de l'émotion avec cette "meilleure grâce du monde" que l'homme de qualité a notée dans son récit. La noblesse et la pureté des héros sont constamment entretenues par cette grâce-là, qui sert les élans sublimes de la passion comme le récit des plus basses crapuleries. Des Grieux fait toujours se succéder aux premiers mouvements ou aux vains reproches  du discours direct ("Ah ! perfide Manon !"), le plain-chant de l'amour, épuré jusqu'à l'abstraction par le discours indirect : ici se livrent les émotions rétrospectives du narrateur, les débats intérieurs où l'Amour s'assure de lui-même.

 

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Un plaidoyer subtil : confier la narration au héros malheureux d'une passion funeste, c'est, à l'évidence, l'inviter à dégager des circonstances atténuantes. Des Grieux ne s'en prive pas, et l'on est enclin à hésiter sur ce qui l'emporte de son aveuglement ou de sa roublardise pour mettre en valeur les bonnes raisons que nous avons de le disculper. D'abord, il s'agit d'êtres jeunes, deux adolescents. Après tout les roueries de Manon sont de mauvaises farces et elles semblent l'amuser beaucoup. Le milieu social, sans être une excuse, est néanmoins un terrain privilégié de tentations : les dernières années du règne de Louis XIV sont marquées par une rapide dissolution des mœurs, qu'explique le recentrage de la vie à sociale à Paris, loin de l'ennui de Versailles, et Des Grieux sait parfaitement se servir de l'argument pour autoriser son inconduite : « Comme il n y avait rien, après tout, dans le gros de ma conduite, qui pût me déshonorer absolument, du moins en la mesurant sur celle des jeunes gens d'un certain monde, et qu'une maîtresse ne passe point pour une infamie dans le siècle où nous sommes, non plus qu'un peu d'adresse à s'attirer la fortune du jeu, je fis sincèrement à mon père le détail de la vie que j'avais menée. A chaque faute dont je lui faisais l'aveu, j'avais soin de joindre des exemples célèbres, pour en diminuer la honte. Je vis avec une maîtresse, lui disais-je, sans être lié par les cérémonies du mariage : M. le duc de... en entretient deux, aux yeux de tout Paris ; M. de... en a une depuis dix ans, qu'il aime avec une fidélité qu'il n'a jamais eue pour sa femme ; les deux tiers des honnêtes gens de France se font honneur d'en avoir. J'ai usé de quelque supercherie au jeu : M. le marquis de... et le comte de... n'ont point d'autres revenus ; M. le prince de... et M. le duc de... sont les chefs d'une bande de chevaliers du même Ordre.» Ainsi cette géographie de la débauche que dessine l'aventure de Des Grieux semble laisser intacts les deux amants qui s'y égarent : l'Hôpital général, le Châtelet, Saint-Lazare sont en ce sens des décors-repoussoirs dont une âme élue par de plus hautes instances ne reconnaîtra jamais l'autorité.   Constamment invoquée, la Fatalité empreint aussi le roman de jansénisme (lire, page suivante, Un univers tragique) : Des Grieux proteste de son innocence au moment où nous inclinerions le plus à le juger coupable. C'est qu'il sépare volontiers l'acte de son intention, selon les principes de la casuistique la plus habile : pure à l'origine, l'intention se voit pervertie dans sa réalisation par les caprices du Destin. Dans ces conditions, les protestations d'innocence peuvent accompagner le récit des pires crapuleries : « Quel sort pour une créature si charmante ! Ciel, comment traitez-vous avec tant de rigueur le plus parfait de vos ouvrages ? Pourquoi ne sommes-nous pas nés, l'un et l'autre, avec des qualités conformes à notre misère ? Nous avons reçu de l'esprit, du goût, des sentiments. Hélas ! quel triste usage en faisons-nous, tandis que tant d'âmes basses et dignes de notre sort jouissent de toutes les faveurs de la fortune !  »

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   Enfin, Des Grieux est repentant tout au long de son récit, et la délicatesse de sa sensibilité ne manque pas de se manifester en accents pathétiques. Ses larmes sont fréquentes en effet, mais c'est peut-être sa lucidité qui nous touche le plus, celle qui, par exemple, se manifeste, dans ces simples raccourcis : « Manon était passionnée pour les plaisirs; je l'étais pour elle" ou bien " Je connaissais Manon ; je n'avais déjà que trop éprouvé que, quelque fidèle et quelque attachée qu'elle me fût dans la bonne fortune, il ne fallait pas compter sur elle dans la misère.» Pour cela, Des Grieux n'hésitera pas, devant Tiberge effaré, à comparer sa passion à une véritable ascèse

Ainsi le personnage de Des Grieux est avant tout un narrateur. Cette identification du héros avec la voix qui le raconte et l'exprime nous invite à distinguer, de manière déjà moderne, la fiction de la narration. Cette distinction s'avère d'autant plus nécessaire que, dans Manon Lescaut,  les faits ne sont jamais à la mesure des êtres et pourraient même trahir leur vraie nature. Mais cet essentialisme autorise aussi une certaine démission morale, dont on pourrait se demander si elle est bien compatible avec l'intention affichée par Prévost de composer avec ce roman "un traité de morale réduit agréablement en exercice."

Livre premier [modifier]

L’auteur (« l’Homme de qualité des Mémoires ») revient de Rouen. Il arrive pour dîner à Pacy-sur-Eure. Il règne dans la ville une grande agitation. Les habitants sont regroupés devant le cabaret où se sont arrêtés deux chariots. Il s’agit d’un convoi d’une douzaine de filles de mauvaise vie, condamnées à s’embarquer pour l’Amérique. L’une d’elles, Manon, l’intrigue par sa beauté et sa distinction. L’auteur interroge donc le chef des gardes à son sujet, mais n’obtient pas de réponse. À sa demande, un archer invite l’homme à questionner un jeune homme qui se tient à l’écart et qui ne peut être « que son frère ou son amant ». Ce dernier qui a suivi le convoi depuis Paris semble souffrant. Il refuse de livrer son secret et l’identité de la jeune fille, mais avoue sa passion pour celle-ci et qu’il a tout essayé pour la faire libérer, au point d’être à présent ruiné.

Deux années s’écoulent. l’Homme de qualité revient de Londres et compte séjourner un jour et une nuit à Calais. En se promenant dans la ville, il croit reconnaître le même jeune homme que celui rencontré deux ans auparavant. Il l’aborde donc. Les deux hommes ont plaisir à se retrouver. Heureux de cette rencontre, le jeune homme précise qu’il rentre

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d’Amérique. Le soir même, le narrateur accueille le jeune homme à l’hôtel du Lion d’Or où il séjourne. Le mystérieux jeune homme commence le récit de ses aventures.

Des Grieux, jeune homme de vingt ans, est issu d’une bonne famille. Il s’est montré un élève exemplaire au collège d'Amiens et son père souhaitait qu’il devienne Chevalier de l’ordre de Malte, d’où son titre de noblesse. Tiberge, son meilleur ami, est généreux et compréhensif. De retour dans sa ville natale à la veille des vacances, des Grieux rencontre dans une auberge où il fait escale, Manon Lescaut dont il tombe éperdument amoureux. Malgré sa jeunesse et son manque d’expérience amoureuse, il est fasciné par celle-ci. C’est le coup de foudre. Des Grieux apprend que Manon est envoyée par ses parents au couvent. Quand ils se retrouvent seuls, celle-ci lui avoue très vite qu’elle est « flattée d’avoir fait la conquête d’un amant » tel que lui. La fuite étant l’unique solution pour que Manon échappe à l’avenir qui lui est destiné et qu’ils puissent vivre leur amour, rendez-vous est donné le lendemain à l’auberge de Manon, avant le réveil du conducteur de carrosse. Malgré les efforts de Tiberge pour détourner son projet, des Grieux est décidé à s’enfuir avec Manon. Il parvient à rassurer son ami et à estomper sa vigilance.

Avant la nuit, les deux jeunes gens, sont à Saint-Denis. Les projets de mariage sont oubliés : « Nous fraudâmes les droits de l’Église ». À Paris, les deux amants logent dans un appartement meublé et filent le parfait amour, pendant trois semaines. Mais le jeune homme, ayant des remords, veut renouer avec sa famille. Il envisage de demander à son père l’autorisation d’épouser Manon mais la jeune fille est réticente à cette idée, elle a peur de perdre des Grieux si son père s’oppose à leur mariage. Des Grieux a également peur de connaître des difficultés financières, mais Manon le rassure et se charge de la gestion de leurs finances. Confiant, le jeune homme accepte. Un soir, il rentre plus tôt qu’à son habitude. La porte est fermée et Manon met beaucoup de temps à lui ouvrir. Après avoir interrogé la servante, des Grieux s’aperçoit que le vieillard M. de B…, riche fermier général, vient de quitter furtivement leur logis. Le soir même, pendant le souper, des Grieux espère des explications spontanées de Manon mais celle-ci les évite et éclate en sanglots.

Quelqu’un frappe alors à la porte. Après un baiser à son amant, Manon s’enfuit. Ce sont les laquais de son père qui viennent « enlever » des Grieux. Dans le carrosse qui le ramène au logis familial, le jeune homme essaie de comprendre qui a pu les trahir, Manon et lui.

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À la maison paternelle, l’accueil est plutôt indulgent. Le jeune homme se fait cependant railler par son père qui dénonce sa crédulité : « Tu as tant de disposition à faire un mari patient et commode. » Il avoue alors à son fils que c’est M. de B… qui a séduit Manon : « Tu sais vaincre assez rapidement, Chevalier ; mais tu ne sais pas conserver tes conquêtes. » Des Grieux est désespéré, sans pour autant oser imaginer la moindre trahison de Manon. Pour empêcher qu’il ne prenne encore une fois la fuite, son père prend la décision de le séquestrer dans sa chambre.

Pendant six mois des Grieux se montre donc désespéré mais progressivement et avec l’aide de son ami Tiberge, il reprend goût à la vie en lisant et en étudiant. Tiberge qui a vu Manon lui apprend qu’elle vit à Paris et qu’elle est entretenue par son vieil et riche amant. Des Grieux décide alors de renoncer au monde et entre avec Tiberge au séminaire de Saint-Sulpice.

Il trouve l’apaisement dans ses études, ne pense plus à Manon et retrouve la notoriété lorsqu’un exercice public, soutenu en Sorbonne, le remet en présence de Manon.

Envoûté, Des Grieux lui pardonne et quitte immédiatement le séminaire. Après une nuit à l’auberge, les deux amants, plus que jamais amoureux l’un de l’autre, s’installent au village de Chaillot.

Grâce à l’argent que Manon a soutiré à M. de B…, le couple vit à l’abri du besoin. Pourtant Manon s’ennuie à Chaillot et convainc Des Grieux de louer un appartement à Paris. Le frère de Manon qui habite la même rue qu’eux s’incruste rapidement chez eux et vit à leurs dépens, achevant de gaspiller leurs ressources.

Un matin, alors que les deux amants sont restés passer la nuit à Paris, des Grieux apprend que leur maison de Chaillot a brûlé. Cet incendie achève de les ruiner. Mais le jeune homme souhaite préserver Manon et ne pas l’en informer.

Cherchant une solution, des Grieux se confie au frère de Manon qui lui propose d’abord d’exploiter les charmes de Manon, puis les siens, ce que Des Grieux refuse. La dernière solution évoquée par le frère Lescaut est de tricher au jeu. Mais peu rassuré, des Grieux préfère s’abstenir.

Des Grieux décide finalement d’en appeler à nouveau à la générosité de son ami Tiberge. Après une entrevue, des Grieux s’excuse de son ingratitude.

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Tiberge, lui, fait preuve d’une amitié indéfectible et offre de l’argent à des Grieux.

Des Grieux réalise ensuite que même si son amour est sincère, Manon semble avide de plaisirs, aime à dépenser sans compter et ne peut se résoudre à une vie médiocre.

Par peur d’être abandonné par Manon, des Grieux se rapproche à nouveau de Lescaut. Ce dernier le fait admettre dans un cercle de jeu. En peu de temps, devenu un grand tricheur, il retrouve la richesse. Son ami Tiberge s’inquiète de la légitimité de ses actes et le met en garde. La vie facile unit encore davantage les deux amants.

Mais, jaloux de leur bonheur, un soir qu’il dîne chez le frère Lescaut, les domestiques en profitent pour dépouiller leurs maîtres et piller la maison. Manon et des Grieux sont désespérés et à la rue.

Lescaut conseille donc à sa sœur de nouer une liaison lucrative le vieux M. de G… M….

Manon part donc à la recherche d’argent. Grâce à ses charmes elle amène M. de G.M… à lui offrir une maison et à l’entretenir.

Lescaut, plus machiavélique que jamais, propose à des Grieux de s’associer au stratagème en lui proposant d’escroquer le vieil amant de Manon. Un souper est organisé. Le vieillard offre à Manon de superbes bijoux et lui propose la moitié de sa pension. Le trio se moque du vieil homme tout au long de la soirée avant de s’éclipser en carrosse.

Se rendant compte de la tromperie, le vieil homme retrouve leur trace et les fait arrêter par la police au petit matin. Manon est enfermée à l’Hôpital (la Salpêtrière) ; son amant, lui, est emmené à Saint-Lazare, prison pour jeunes aristocrates débauchés.

Des Grieux réussit à échafauder un plan d’évasion avec la complicité involontaire de son ami Tiberge. Il renoue, grâce à des contacts, avec Lescaut qui lui procure une arme. Il force alors le père supérieur sous la menace à se faire ouvrir les portes de la prison. Dans sa fuite, il abat un portier. Des Grieux veut alors libérer Manon. Il parvient à s’introduire dans l’Hôpital et revoit Manon. Un valet fait sortir Manon, déguisée en homme.

La mort de Manon Lescaut

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Alors que, pour éviter des ennuis, des Grieux et Manon quittent rapidement les lieux en compagnie de Lescaut, celui-ci croise un homme qu’il a jadis ruiné au jeu et qui tire sur lui et le tue.

Les deux amants dans leur fuite retournent à l’auberge de Chaillot. Une nouvelle fois Tiberge vient en aide à Des Grieux en lui proposant de l’argent. Par chance le scandale est étouffé.

Les deux amants retrouvent alors un semblant de tranquillité.

Ici, des Grieux s’interrompt dans le récit de son aventure, pour le souper.

Livre second [modifier]

Les deux amants s’installent alors dans l’auberge de Chaillot. Des Grieux recommence à jouer et à tricher. De son côté, Manon reste fidèle et s’amuse à mystifier un prince italien qui la courtise.

Le destin pourtant semble les poursuivre. Le fils de M. de G… M… débarque et vient alors partager leur repas. Il s’éprend de Manon, celle-ci monte un plan pour lui extorquer une énorme somme d’argent, en vengeance du père. Elle le rencontre donc mais Manon ne parvient pas à se libérer de ce rendez-vous galant. Tant de cynisme révolte le chevalier qui décide de se venger. Il fait enlever le jeune G… M…, s’introduit dans son hôtel, fait à l’infidèle une scène de jalousie qui se termine par de tendres effusions.

Mais des Grieux pressent « une catastrophe ». Un laquais de M. de G… M… a donné l’alarme. Pour la deuxième fois, Manon et son amant sont incarcérés. Au Châtelet, Des Grieux reçoit la visite de son père. Celui-ci lui reproche vigoureusement sa conduite mais lui pardonne et va tout faire pour le libérer, il veut galamment éloigner Manon et obtient qu’elle soit exilée en Amérique.

Libéré, des Grieux apprend l’horrible nouvelle. La rupture entre le père et le fils semble définitive.

Désespéré après de vaines démarches pour libérer Manon, Des Grieux obtient, moyennant finance, la permission de suivre Manon. Quand il rencontre l’Homme de qualité à Pacy, il n’a plus d’argent et est séparé de sa maîtresse.

Des Grieux s’embarque comme volontaire à bord du vaisseau qui emporte Manon en Amérique. Grâce à la confiance du capitaine, il peut entourer Manon de ses soins.

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Après deux mois de traversée, le bateau arrive à la Nouvelle-Orléans. Le capitaine renseigne le gouverneur sur la situation de des Grieux et de Manon. L’accueil du gouverneur est sympathique et il leur trouve un logement.

Manon rend grâce à la gentillesse de des Grieux et lui promet qu’elle a changé. Les deux amants décident enfin de se marier.

Or, le neveu du gouverneur aime Manon. Apprenant qu’elle est libre, il la réclame pour lui. Il se bat en duel avec des Grieux qui le blesse. Croyant avoir tué son adversaire, des Grieux s’enfuit dans le désert avec Manon où elle meurt d’épuisement. Des Grieux l’ensevelit, se couche sur sa tombe pour mourir.

Retrouvé par Tiberge parti à sa recherche, des Grieux revient en France neuf mois après la mort de Manon. De retour en France, il apprend la mort de son père, par le chagrin. C’est là que se situe la deuxième rencontre avec l’Homme de qualité, à Calais.

Analyse [modifier]

Manon Lescaut a laissé une trace durable dans la littérature française. Peu de romans n’ont été aussi loués et aussi critiqués que ce chef-d’œuvre rempli de passion, de douleur et d’amour. Le drame touchant vécu par le « fripon » des Grieux et la « catin » Manon parvient à éviter la réprobation des lecteurs grâce au caractère admirable qui caractérise les passions dans ce court récit si naturel et si vraisemblable qui se déroule avec une rapidité qui tranche avec le reste de l’œuvre de Prévost. L’intrigue de cette histoire remplie de variété et de mouvement sur fond unique de délire et d’amour se développe et s’enchaîne dans un ordre logique et naturel qui donne à chaque nouvel épisode son impression d’authenticité et de vraisemblance. Les deux héros sont présentés avec une netteté lumineuse : séduisants, jeunes et amoureux à outrance, ils se précipitent tête baissée dans leur passion sans jamais paraître rien perdre de leur grâce, de leur beauté et de leur esprit. Leur jeunesse et leur innocence ne semblent jamais atteintes par la fange de l’échelle sociale au bas de laquelle se passe une bonne partie de leur histoire. Passant tour à tour, et du jour au lendemain, de la misère à la fortune, du boudoir à la prison, de Paris à la déportation, de l’exil à la mort, des Grieux et Manon n’ont qu’une excuse : l’amour, ce sentiment qui fait oublier que tous deux mentent et volent, que le premier triche et tue ou que la seconde se prostitue. C’est également la conscience de ce sentiment qui permet au lecteur de prendre en pitié la faiblesse et les inconséquences de des Grieux, ce héros tout à la fois si humain et si démuni face à la

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tentation amoureuse. L’amour, dans Manon Lescaut, est une passion qui se révèle brusquement et qu’il serait vain de chercher à surmonter.

De même, dans cette narration où le fourmillement d’incidents romanesques révèle un souci de la réalité dans ses plus petits détails, le réalisme ne dispute pourtant jamais à l’idéalisme. En dépit de leur caractère éminemment romanesque, les événements de Manon Lescaut ne paraissent jamais enfreindre la vraisemblance comme, par exemple, lorsque des Grieux saisit avec quelle facilité les résolutions les plus fermes s’évanouissent devant le regard d’une femme. La structure psychologique des héros obéit à cette règle : des Grieux réunit en lui une incroyable naïveté et un cynisme grossier tandis que Manon est un esprit pratique doué de bon sens et d’une extraordinaire insouciance. Le commerce de sa personne qu’elle fera, dès que l’argent viendra à manquer au couple, est une fatalité que rien ne peut infléchir car son bien être matériel est une nécessité qui ne saurait souffrir d’entraves. Mais Manon revient toujours à des Grieux, comme il revient à elle, après ses intervalles de retour à ses études et à la théologie. Le chef d’œuvre littéraire de Manon Lescaut finit par naître de la somme des imperfections de des Grieux et de Manon lorsque la vérité de la passion de leurs caractères devient la personnification littéraire de l’amour, fatal et misérable pour l’un, inconstant et frivole pour l’autre mais d’un amour qui finit par trouver, sous le coup du malheur, sa rédemption dans un sentiment sincère et profond inévitablement voué à trouver son dénouement dans la mort.

L'abbé Prévost: Manon Lescaut

Vous pouvez trouvez le texte sous ce lien

Avis de l'auteur

La narration se fait à 3 niveaux:

L'auteur = c'est l'abbé Prévost Le narrateur= c'est Renoncourt, le narrateur des "Mémoires d'un

Homme de qualité" qui s'est retiré du monde" et raconte l'histoire de sa vie. Il utilise la première personne, le"je". Le narrateur ici est "l'Homme de qualité" = un "homme de condition", = un aristocrate, un honnête homme plein de compassion et de générosité.

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Le héros de l'histoire de Manon Lescaut = c'est le chevalier Des Grieux qui lui auusi raconte son histoire à la première personne.

Prologue

Le but de ce récit est de faire une fable morale qui vise à décourager le vice en en montrant ses conséquences = "montrer un exemple terrible de la force des passions entre deux êtres exceptionnels par leur beauté et leur noblesse" (Avis de l'auteur )

Cette moralité est liée à la recherche du bonheur:

 Faut-il suivre le vice?

 En se laissant dominer part ses passions Des Grieux s'est condamné à une vie de pauvreté, d'immoralité et donc de malheur.

 Faut-il suivre la vertue?

En suivant les règles de la société il aurait pu profiter des privilèges de sa classe sociale: éducation, fortune, pouvoir

La destiné tragique de DG est tragique car le dénouement est annoncé avant le commencement de l'histoire. L'auteur parle des malheurs (infortunes) d'un jeune homme qui prévoit ses erreurs sans vouloir les éviter. Son aveuglement moral est cause de sa perte.

Le prologue est en 2 parties:

 1ère rencontre à Pacy le narrateur rencontre le convoi devant une hotellerie en Normandie. "C'est une douzaine de filles de joie que je conduis jusqu'au Havre-de-Grâce, où nous les ferrons embarquer pour l'Amérique. Le convoi est suivi par un jeune homme "bien né". "il paraissait enseveli dans une rêverie profonde. Je n'ai jamais vu de plus vive image de la douleur". L'auteur s'intéresse au jeune homme car il reconnait en lui un membre de sa classe."On distingue au premier coup d'oeil un homme qui a de la naissance et de l'éducation". Il a la même impression de

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Manon...."il y avait une fille dont l'air et la figure était si peu conforme à sa condition, qu'en tout autre état je l'eusse prise pour une personne de premier rang." ("douceur"+ "modestie"= "respect"+ "pitié")le narrateur leur offre son aide sous forme d'argent et de propos intimidants pour les gardes.On devine la passion amoureuse du couple.

 2ème rencontre à Calais: Deux ans + tard. DG raconte son histoire. "Je veux vous apprendre, non seulement mes malheurs et mes peines, mais encore mes désordres et mes plus honteuses faiblesses. Je suis sûr qu'en me condamnant vous ne pourrez pas vous empêcher de me plaindre".Désespoir + dénuement de l'un + absence de l'autre.

Ce prologue est une scène d'exposition. Les personnages principaux s'y définissent par leur passion et la sympatie de l'auteur. Le récit de leurs aventures constitue une peinture essentielle de la souffrance. En faisant appel à la pitié du lecteur, le roman affirme ses prétentions moralisatrices.

Première partie:

1er épisode: Le coup de foudre (de la 1ère rencontre à la fuite à Saint Denis)."J'avais dix sept ans..." (p.38 ou 56)La première rencontre - Thème de la surprise de l'amour (= coup de foudre)DG= portrait d'un jeune homme innocent. = autoportrait de l'abbé prévost.Manon= portrait d'une courtisanne qui se cache sous des airs de jeune fillePremière trahison de la confiance de Tiberge dont l'amitié est basée sur la grandeur d'âme et la générosité

.2ème épisode: 1ère infidélité de Manon. Enlèvement de DG par son père."Nous prîmes un appartement meublé à Paris..." (p.44 ou 64)"je trouverai des ressources" (= libéralités d'un nouvel amant, Mr de B...}"je l'aimais avec trop de simplicité "(=DG ne pouvant imaginer que Manon l'ait trahi, accuse son ami Tiberge, puis les voisins, de l'avoir dénoncé à son père.)

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Prévost ne parle jamais directement du caractère de Manon, c'est à travers le récit de DG que nous commençons à douter de la sincérité de la jeune femme.

Cet épisode nous renseigne sur les moeurs du temps: La rue où habitent GD et Manon est dans un quartier de parvenus où on trouvait surtout des fermiers généraux (taxe collectors) et des prostituées à la recherche de riches protecteurs.

 

3ème épisode: le reclus de Saint Sulpice. la conversion de DG= l'abbé DG.

Son enlèvement par Manon = rechute1

"On se mit à table pour souper...(p.50 ou 70)

 DG est victime de la fatalité de la passion.

C'est une victime consciente et résigné du destin.

Il gémit d'être asservi à sa passion.

Donc sa responsabilté est limitée.

A cause de sa passion DG choisit d'ignorer le respect filial qu'il doit à son père + l'amitié qu'il doit à son loyal et fidèle ami, Tiberge + les lois et la justice de la communauté.

Au récit explicit de l'infidélité de Manon et de sa trahison, DG reste incrédule. Il tente de soudoyer en vain les domestiques, puis de mourir (grève de la faim). Il n'estime plus Manon mais est encore obsédé par son souvenir physique. "les traits charmants que je portais au fond du coeur y subsistaient toujours".pendant 6 mois DG "alterne entre l'amour et la haine, l'espérance et le désespoir"

Portrait du père de DG: l'autorité paternelle est ici bienveillante et indulgente, mais aussi lucide et ferme. Il est capable d'humour pour faire passer sa leçon de morale. Il offre à son fils d'abandonner la carrière de

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chevalier de Malte et de le marier. Il refuse. Il reprend les livres, y trouvant un nouveau plaisir car il avait gagné un meilleur entendement des annalyses amoureuses. Tiberge lui fait la leçon. "J'avais autant de goût que vous pour la volupté, mais le ciel m'avait aussi donné le goût pour la vertu."

Tiberge incarne le héros jansénisme - celui qui sera sauvé par sa vertu.

Il a reçu vertu + raison + grâce du ciel qui lui permettent de controler sa volupté, de faire son devoir, de mener une vie exemplaire, d'avoir une bonne réputation et de gagner la récompense accordée aux élus.

C'est un ami fidèle et loyal qui veut tenter de sauver DG.

 les plaisirs du siècle

= vie mondaine et tourmentée à Paris= faire de l'amour une source de plaisir + se donner selon le caprice du jour.=allier le gout du plaisir et de l'argent à la sensualité.

 L'état écclésiatique

= vie sage, pieuse, paisible et solitaire, modération, frugalité, en harmonie avec la nature à la campagne.

=chasteté + piété + sagesse + étude + religion

= faire sa réputation, sa gloire et sa fortune

Manon revient et DG retombe sous son charme fatal.(p.81)

Les techniques de séduction de Manon passe par l'aveu, le repentir, les caresses, les promesses.

 

4ème épisode: le 1er séjour: Les amants de Chaillot: [amour + plaisir + jeu] > vol

"Nous ne tardâmes point à gagner Chaillot..." (p.63 ou 84 )

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La vie du couple alterne entre:

 le bonheur (prêt de Tiberge + chance au jeu)

L'argent et l'amour.

 le malheur (incendie + vol = ruine)

environnement socio-historique corrompu et malfaisant(jeu).

Tous 2 ont une passion: Manon ne peut pas vivre sans argent et DG ne peut pas vivre sans sa maîtresse. "Manon était passionné pour le plaisir, je l'étais pour elle" (p 85)

  Manon voulait une vie de luxe et de plaisir: opéra, jeu, carosse "il ne fallait pas compter sur elle dans la misère. Elle aimait trop l'abondance et les plaisirs pour me les sacrifier" (p.88)

 DG voulait mener une vie simple et honnête avec Manon

Portrait de Manon:

On a 3 moyens pour connaître le caractère de Manon: le portrait qu'en fait DG. (Elle était la douceur et la complaisance

mème, mais elle était passionnée pour le plaisir") (" Elle me répondit avec des choses si touchantes sur son repentir, elle s'engagea à la fidélité par tant de protestations et de serments, qu'elle m'attendrit à un degré inestimable (p.82)

les propres commentaires de Manon. (lettre p. 100)"Tu es l'idole de mon coeur"..."dans l'état où nous sommes réduits, c'est une sotte vertue que la fidélité"

"Elle me railla de ma simplicité" (p104)

l'influence que son frère a sur elle. "Une fille comme elle devrait nous entretenir vous, elle et moi." (p.89)

Le mauvais ange: = Le VICE Le bon ange (p.97) = La VERTUE

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Lescaut (garde du corps brutal et interessé + chevalier d'industrie (l'ordre des tricheurs) +proxénète: il propose que Manon et DG vivent de leurs charmes. Il introduit DG dans le cercle des tricheurs (les chevaliers d'industrie) du prince de Transylvanie . Il y gagne de grosses sommes qui leur pertettent de bien vivre.

Harangue apotolique de Tiberge: maître de morale: honneur- conscience- fortuneIl prédit les châtiments du ciel qui seront la punition de dieu pour leurs désordres et leur goût pour la vanité des biens = DG et Manon sont desesclaves de Vénus et de la Fortune

5ème épisode: 2ème trahison de Manon : DG cherche de l'argent =Le "greluchonage""Je pris le parti d'envoyer chercher sur le champs Mr.Lescaut..." (p. 99)

Lescaut trouve un nouveau "protecteur "pour sa soeur en la personne d'un vieux libidineux, Monsieur de GM. DG est désespéré, mais Manon imagine de le faire vivre auprès d'elle, dans la maison du vieillard, en le faisant passer pour son jeune frère. La scène du souper est typiquement libertine

les personnages:

Mr. de GM: le vieillard riche et voluptueux Manon, la fille jeune et jolie qui se vend

DG, son amant qui en profite et se fait passer pour son frère

Lescaut, l' intermédiaire entremetteur qui a tout organisé

C'est une scène de mystification a l'allure comique (la niaiserie du jeune garçon, la duperie du vieux libertin, mais mais qui a des conséquences graves et tragiques. Cette scène est légère et comique en apparance, mais dramatique et grave en réalité.

6ème épisode: Séjour en prison: DG à Saint Lazarre et Manon à l'hôpital général.

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"Ma malheureuse maitresse...." (p.86 ou 109)

Le vieux GM, noble et puissant a le pouvoir de faire enfermer facilement ceux qui le dérange. (la Bastille était une prison royale ou il était envoyé sans jugement, par simple ordre du roi (lettre de cachet)

 

7ème épisode: Evasion de DG + évasion de Manon + mort de Lescaut = Nouveaux espoirs pour le couple.

DG regagne l'amitié de Tiberge par une discussion philosophique sur les moyens d'atteindre le bonheur, par le vice ou la verue, et obtient qu'il l'aide. Suivent une cascades d'aventures plus ou moins vraissemblables où le destin semble sourir aux amants pour leur permettre de se retrouver.

Deuxième partie:

1er épisode: le prince italien. L'hôtel de Transilvanie."Ma présence et les politesses de Mr. de T..."

2ème épisode: Liaison et duperie: entrée en scène du fils de M.G... M... "J'ai remarqué dans toute ma vie..."

3ème épisode: 3ème trahison de Manon"Ce dessein tout extravagant qu'il était..."

4ème épisode: En route vers le Petit Châtelet"J'écoutais ce discours avec beaucoup de patience..."

5ème épisode: la libération du Châtelet"Il sortit, et me laissa dans l'état que vous pouvez imaginer..."

6ème épisode: sur la route de la déportation"Je demandais à parler au concierge..."7ème épisode: 4ème chute, imméritée"Nous mîmes à la voile..."

"Nous marchâmes aussi longtemps que le courage de Manon put la soutenir..."

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L'abbé Prévost est un des grands maîtres de la sensibilité au XVIIIème siècl. Son roman est une peinture d'un moment de l'histoire morale et de la sensibilité. DG a une âme haute, le coeur droit, exhaté et élevé par la passion. Son style est simple et naturel. C'est comme Greuze un moraliste.

Ne pas prendre l'amour au tragiqueNe pas allier le goût du plaisir et de l'argent à la sensualité Ne pas se donner selon le caprice du jour.

Travail suggéré sur Manon Lescaut

Faites le portrait physique et moral du chevalier Des Grieux. Faites le portait physique et moral de Manon Lescaut

Faites une analyse de la "passion fatale" de Des Grieux, de cet entrainement irrésistible qui conduit sans recours les amants à leur perte, et expliquez la citation suivante: "Par quelle fatalite suis-je devenu criminel? s'écrit Desgrieux. L'amour est une passion innocente, comment s'est-il changé, pour moi, en source de misère et de désordre?"

INTRODUCTION  A) Vie de l'auteur :

L'Abbé Prévost était partagé entre ses maîtresses (l'ivresse de la passion) et sa vocation religieuse. Sa vie fut trépidante, scandaleuse.

 B) La situation d'énonciation :C'est l'auteur des Mémoires et aventures d'un homme de qualité qui nous raconte les propos tenus par Des Grieux.

 C) Texte :Il présente une rencontre amoureuse présentée sous le signe du hasard et de la fatalité, comme un coup de foudre. Le héros est comme ensorcelé par la beauté de Manon Lescaut. Il se montre prêt à s'abandonner aux tumultes de la passion.Le texte présente le triomphe de la passion.La scène est l'objet d'un récit rétrospectif : avec le recul du temps, le narrateur se montre capable de porter un jugement critique sur sa vulnérabilité d'alors. Pour cette raison, le récit nous fait l'analyse psychologique, lucide et ironique de cette rencontre amoureuse.

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 D Axes de lecture :  1° La révélation amoureuse     A Une rencontre inattendue     B Une métamorphoseBR>      C Une révélation des sens  2° Une mise à distance révélatrice du caractère fatal et tragique de la passion     A La mise à distance de la rencontre     B Le caractère fatal et tragique de la passion

PARTIE 1 : LA REVELATION AMOUREUSE :

L'effet de la rencontre est intense et rapide, elle est marquée par le coup de foudre. Ceci est exprimé par plusieurs procédés :

 A) Une rencontre totalement inattendue :

  Le narrateur est là par hasard avec un ami (l.3). Il agit au début par simple curiosité (l.5), sa démarche est complètement innocente. Dans ces conditions (caractère fortuit) le narrateur est en situation de vulnérabilité, il n'est pas prêt au coup de foudre.

 B) La métamorphose :

  La rencontre a un effet immédiat que l'on remarque à travers l'utilisation d'un vocabulaire hyperbolique (irradié de lumière), termes qui expriment un élan incontrôlable, une véritable métamorphose.   L'amour qui naît brusquement lui donne de la force et du courage, il prend tout à coup des initiatives surprenantes, impensables. Le personnage est comme hypnotisé, attiré par Manon. On note une succession de verbes d'action et de parole. A la vue de Manon, le personnage devient un autre homme. De plus l'utilisation du passé simple insiste sur la rapidité et l'enchaînement des actions (personnage énergique, audacieux, hardi).  La transformation du chevalier s'effectue à l'intérieur d'un dialogue rapporté au discours indirect lequel fait alterner les deux interlocuteurs et cela à partir de la ligne 72.  Dans ce dialogue le contexte disparaît (après la ligne 7, il n'y a plus de repères spatiaux et temporels), ceci amplifie le coup de foudre et montre à quel point les personnages sont pris par la rencontre (Tiberge semble disparaître).

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 C) Une révélation des sens :

  Cette révélation de la sensualité de Manon transparaît à travers les rares adjectifs la décrivant et surtout lui-même indique qu'il la voit vraiment comme une femme, comme la 1ère femme qu'il voit (l.7-8-9) avec son côté féminin et non comme une personne. Ce coup de foudre est également un appel des sens.  Ce coup de foudre qui enflamme le personnage fait intervenir une part de sensualité : on note la proximité toute ambiguë des mots "désirs " (l.16) et "plaisirs" (l.18).

 Conclusion : On a un épisode classique du coup de foudre dans lequel le jeune homme se laisse tenter par les délices de la passion et de l'amour profane. Manon qui n'est que peu discrédité devient pour lui à tors une figure angélique de l'amour, un symbole et une promesse de bonheur.

PARTIE 2 : LA MISE EN DISTANCE REVELATRICE DU CARACTERE TRAGIQUE DE LA PASSION :

 A) La mise à distance :

Le récit est fait après la mort de Manon de la sorte, ce recul dans le temps permet au narrateur un regard lucide et critique sur cette première rencontre.l.1 exprime le regret et laisse présager une fin malheureuse.Des connecteurs logiques présents dans le texte signalent que le narrateur interprète ses réactions et leurs trouvent des explications à posteriori.l.16 montre que le personnage essaye de comprendre ce qu'il s'est passé.La mise à distance se traduit également par des remarques que l'on peut considérer comme ironiques. Le narrateur souligne son inexperience de l'époque pour expliquer ce qu'il s'est passé. Ex : il met en relief ses traits de caractères (l.2-9-12). Ainsi il se moque un peu de lui car il a prit conscience de son ridicule.En revanche il présente déjà Manon comme une femme d'expérience malgré son jeune âge et fait même allusion à son "penchant aux plaisirs". Ex : l.20 . cette expression prend un sens particulier après coup. A posteriori il trouve que cette fille s'est laissée aborder un peu trop facilement et confiée trop rapidement.De même l'antithèse entre l'expérience de Manon et l'inexpérience de

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Des Grieux Nous permet de dire que l'adverbe à la ligne 14 est employé avec ironie.

 Conclusion : L'extrait se construit sur une double temporalité : l'instant de la rencontre (enthousiasme, ferveur) et le temps du récit rétrospectif. Ce recul met en relief le caractère tragique et fatal de la passion.

 B) La tragédie et la fatalité de la passion :

  A plusieurs reprises, le narrateur indique la difficulté qu'il y a d'échapper à la passion. Cette fatalité s'exprime à travers des métaphores qui font de la passion un coup fatal.  Ex : l.11, "je me trouvai " l.9, "l'amour me rendait" l.14      La 1ère personne es t sujet d'un verbe pronominal qui indique l'absence de responsabilité.      Le personnage n'est même plus sujet, il es simplement présent à travers le complément "me"  Il n'est plus sujet de ses actions parce qu'une force le dépasse.  En outre il faut souligner un vocabulaire insistant sur la domination subit par le narrateur : l.23,24,29.

BILAN :

   On a une scène de rencontre paradoxale qui mêle le bonheur du coup de foudre, le ravissement amoureux et le malheur qui va lui succéder. La passion amoureuse est présentée à la fois comme une ivresse et un danger. Ce roman considéré comme libertin met cependant en garde contre le libertinage.

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