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Fondamentaux d’Analyse Transactionnelle jeudi 23 février 2012
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Un séminaire basé sur le travail de Éric Berne
Analyse Transactionnelle Introduction
Conception : Damien Raczy Courriel : [email protected] Adresse : BP KO 205, 98830 Dumbéa, Nouvelle-‐Calédonie Web : www.iod.nc
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Sommaire Présentation de l’Analyse Transactionnelle 3 Le champ de l’Analyse Transactionnelle 4 Présupposés de l’AT 5 Le contrat 6 Besoins primaires 7 La structure sous nos comportements 8 Le modèle fonctionnel des états du Moi 10 Reconnaître les états du Moi 11 La structure de personnalité second ordre 12 Pathologies structurales : contamination et exclusion 13 Transactions et Strokes 15 Strokes 17 Structuration du temps social 18 Les positions de vie en communication 19 Les positions de vie et enclos OK 20 Histoire de vie, scénarios de vie 22 Les injonctions 23 Les drivers 24 Les émotions 25 Les sentiments parasites 26 Les jeux 27 Le triangle dramatique ou triangle de Karpman 28 Que faire des jeux ? 29 Typologie des méconnaissances 32 Passivité 33 Autres stages 34 Références 35
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Présentation de l’Analyse Transactionnelle L'Analyse Transactionnelle (AT) a vu le jour entre les années 1950 et 1970. L'AT a été conçue par le Dr Éric Berne, médecin psychiatre passionné de psychologie qui voulait rendre cette dis-‐cipline accessible à tous. Depuis 50 ans, l’AT est devenu un des courants majeurs du développe-‐ment personnel. Éric Berne Éric Berne (1910-‐1970) est né à Montréal d'un père médecin généraliste et d'une mère écrivain et journaliste. De son vrai nom il s'appelait Éric Lennard Bernstein. Il a connu une enfance heu-‐reuse, bien que son père soit décédé alors que le jeune Éric avait 9 ans. Il en a d’ailleurs gardé une image très forte (1). Soutenu par sa mère, il est devenu médecin en 1935 à la suite de quoi il s’installa aux États-‐Unis où il a effectué son internat en psychiatrie. Il fut ensuite naturalisé amé-‐ricain en 1939 et prit le nom d’Éric Berne en 1943. En 1941, il commence une formation de psy-‐chanalyste mais celle-‐ci est interrompue par la guerre. En 1943, il s’installe comme psychiatre et rédige ses premiers écrits sur le thème de l’intuition. En 1946, Éric Berne reprend sa psychana-‐lyse avec Erik Erikson, psychanalyste américain. De 1949 à 1958, Éric Berne publie plusieurs articles dans des revues de psychologie sous diffé-‐rents pseudonymes mais, en 1956, sa candidature à l’Institut de Psychanalyse n’est pas acceptée. C’est en 1957 que Éric Berne commence à parler d’Analyse Transactionnelle. Alors qu’il était jusqu’alors très inspiré par Freud, il prend peu à peu ses distances par rapport à la psychanalyse freudienne. Son objectif est de développer un outil de changement thérapeu-‐tique plus simple, accessible à tous et moins onéreux. Il élabore des concepts très novateurs qu’il publie initialement dans des articles de revues scientifiques puis dans un ouvrage fondateur : « Transactional Analysis and Psychotherapy » (1961) traduit en français sous le titre « Analyse Transactionnelle et Psychothérapie ». C’est en 1965 que l’International Transactional Analysis Association (ITAA) est fondée par Éric Berne et ses collègues. L’ITAA Le but de l’International Transactional Analysis Association (ITAA) est de stimuler le dévelop-‐pement et l’extension de l’analyse transactionnelle, au travers de champs théoriques et pra-‐tiques nouveaux. C’est une organisation à but non lucratif qui facilite la communication internationale entre les personnes et les groupes qui utilisent l’AT. L’ITAA s’attache à toujours consolider la compréhen-‐sion, la connaissance et l’acceptation de l’analyse transactionnelle, ainsi qu’à soutenir le socle de connaissances historique.
1 Éric Berne a écrit une dédicace en latin dans « Analyse Transactionnelle et Psychothérapie » (1961) : « In
Memoriam, Patris Mei David, Medicinae Doctor et Chirurgiae Magister, atque Pauperibus Medicus » ce qui se traduit par « A la mémoire de mon père David, Docteur en médecine et Professeur de chirurgie, médecin des pauvres ».
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Le champ de l’Analyse Transactionnelle L'AT associe une théorie, une pratique, des techniques et des outils pour mieux comprendre les modes de fonctionnement individuels autant que la manière dont les individus entrent en rela-‐tion avec l'autre. L’AT est un moyen de prendre conscience de ce qui « ce qui se joue ici et main-‐tenant », aussi bien au niveau personnel et individuel qu'au niveau des relations interperson-‐nelles. Éric Berne a toujours voulu que l'AT soit non seulement accessible à tous, mais qu'en plus elle permette une utilisation plus experte pour les praticiens confirmés. Pour cela, Éric Berne a utili-‐sé un langage simple pour proposer des outils faciles et pratiques pouvant se combiner aisément les uns aux autres. Ils permettent de comprendre la structure de la personnalité et les relations. Ils fournissent des modalités d’intervention simple pour résoudre les problèmes aussi bien entre « soi et soi », entre « soi et l’autre » ou entre « soi et le groupe ». L'AT permet d'identifier les moteurs de nos comportements, comprendre la structure et le fonc-‐tionnement de notre personnalité, de mettre à jour les « jeux » que nous jouons avec les autres et les « rôles » que nous préférons, de découvrir la structure de certains comportements répétitifs (« scénarios »)... Par ailleurs l'AT donne les éléments pour changer, modifier nos « drivers », changer les jeux que nous pratiquons dans nos interactions avec l’autre, choisir des rôles appro-‐priés, récrire les scénarios qui structurent la manière de vivre etc. L’AT propose également des grilles de lecture pour mieux comprendre les signes de reconnais-‐sance, les sentiments, la structuration du temps, les messages contraignants, les méconnais-‐sances, les différents degrés de passivité et d’activité... Mes objectifs de formation Dans vos relations aux autres, quels défis, quelles situations stimulantes rencontrez-‐vous ? 1
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Quels objectifs avez-‐vous pour cette formation ? 1
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Présupposés de l’AT Le principe fondamental de l'AT est qu'elle est un modèle décisionnel dans la mesure où chacun peut décider ou redécider d'être OK ou non dans son milieu social. Ainsi, selon l'AT, l'objectif est que chacun ait la possibilité d'être responsable de ses choix et de lui-‐même. Pour cela, l’A.T. in-‐tègre trois présupposés au cœur de sa pratique. Ils concernent les gens, la vie, et les objectifs de changement :
• les gens sont OK (« okness ») ; • tout le monde à la capacité de penser (autonomie) ; • chacun peut décider de sa destinée et ces décisions peuvent être changées
La méthode de l'AT repose sur une philosophie mettant en jeu deux principes fondamentaux :
• le contrat • la communication directe
La méthode contractuelle spécifique à l'AT suppose que la relation entre deux personnes résulte de leur responsabilité conjointe. Ainsi, dans une relation, chacun est partie prenante du proces-‐sus qui se déroule, et des changements qui surviennent ou non. En AT, le « contrat » est l’énoncé clair de la responsabilité et de la contribution de chacune des parties prenantes. La communication directe est encouragée par l'AT par un échange transparent des informations entre chaque partie, la généralisation de ce processus d'échange et l'utilisation d'un langage simple, explicite et compréhensible par chacun. D'une manière générale, l’AT se veut une approche simple mais « non réductrice ». Dans les faits, si l’approche de Éric berne est simple, elle peut être approfondie lorsque nécessaire pour pren-‐dre en compte toute la complexité et la subtilité des comportements humains. Ma compréhension aujourd’hui Il est souvent intéressant de fixer sa pensée pour pouvoir y revenir plus tard. Qu’est ce que je mets derrière ces mots et ces phrases aujourd’hui ? Tous les gens sont OK Tout le monde a la capacité de penser et de décider de manière autonome Je peux faire des contrats avec chacun, à propos de tout La communication directe est…
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Le contrat Dans la pratique de l'Analyse Transactionnelle, la notion de contrat de changement est centrale puisque l'AT postule que chacun est capable de décider en toute autonomie ce que doit être sa vie. C'est pour cette raison que dans tout travail en AT il existe une relation spéciale entre le client et le thérapeute, le coach, le formateur, le consultant … Cette relation s’appelle un contrat. Lorsque la personne travaille seule, ce contrat peut être réalisé entre la personne et elle même. En formation, il est usuel que le contrat soit exposé devant le groupe. Le contrat est un engagement libre passé avec soi-‐même, de réussir un comportement, d'ac-‐croître une capacité, de développer des croyances ou des valeurs… Le contrat a un objectif pra-‐tique, concret, mesurable, limité et il est fixé dans le temps. Pour que le contrat soit valable, les transactionnalistes disent souvent que la personne doit avoir 80% de chances de le réussir, tout en étant légitime pour soi et pour l'entourage personnel, professionnel et social. Les contrats en AT respectent la règle des "trois P":
• Protection : est ce que je suis sécurisé pour le faire? • Permission : est ce que j'ai la possibilité et l'autorisation de le faire? • Puissance : est ce que j'ai la capacité de le faire?
Trouver des idées de contrat Prenez une feuille de papier et inscrivez :
Je souhaite… Et à la suite de cela, notez tout ce qui vous passe par la tête sans vous préoccuper de savoir si c’est possible, légitime ou réalisable. Vous y mettez tous vos rêves et vos désirs en utilisant au-‐tant de papier et d’encre que nécessaire. Ensuite, faites un tri :
• Ôtez de cette liste tout ce qui ne dépend pas directement de vous-‐même, c’est à dire qui ne peut être réalisé directement par une action claire et nette de votre art.
• Repérez les actions les plus faciles à réaliser, celles qui ont plus de 80% de chances d’être réalisables
• Dans ces actions réalisables, sélectionnez celles qui vous apportent les bénéfices les plus significatifs.
Passez ensuite à la rédaction du contrat Rédiger le contrat Vous pouvez structurer votre contrat en écrivant par exemple :
Je veux … (comportement, capacité, valeur…)… Pour obtenir… (sentiment)… et… (résultat concret)… Je saurai que j’ai atteint mon objectif quand je constaterai… (indicateur clair)… Je sais que c’est possible parce que… Et ceci est OK pour mon entourage parce que…
Enfin, donnez vous une échéance de réalisation avec d’éventuelles étapes intermédiaires Et j’y parviendrai… (échéance)
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Besoins primaires Selon Éric Berne, fondateur de l'Analyse Transactionnelle, un être humain a des besoins fonda-‐mentaux (qu’il appelle aussi soifs) :
• besoin de structure • besoin de stimulation • besoin de reconnaissance
Ces trois besoins sont un déterminant essentiel des comportements des personnes.
• Le besoin de structure permet de donner une organisation au temps et à l’espace. En ce qu’il permet d’orienter l’attention vers des objets déterminés. Il procure de la consis-‐tance au vécu ici et maintenant tout en permettant d’éviter de penser excessivement à soi et de ressentir ce qui fait souffrir.
• Le besoin de stimulation concerne le fait de satisfaire les canaux sensoriels, ce qui permet au cerveau de rester actif, vivant et fonctionnel. L’activité générale et la commu-‐nication en particulier permettent de renouveler les stimulations sensorielles.
• Le besoin de reconnaissance est relatif à l’existence sociale. Et ce besoin est si fort que Éric Berne affirme qu’il vaut mieux obtenir une reconnaissance négative que pas de re-‐connaissance du tout. Avoir une activité sociale permet de créer et entretenir les liens et les échanges nécessaires pour que la personne puisse se sentir exister socialement.
Des questions aidantes Comment votre activité nourrit-‐elle votre soif de structure, de stimulation et de reconnaissance ? Comment pouvez vous mieux nourrir les autres de structure, de stimulation et de reconnais-‐sance ? Quelle structure vous convient le mieux : vie indépendante, en proximité, en groupe ? Quelles stimulations vous apportent le plus ? Quels types de reconnaissance vous font le plus vous sentir exister ? De quoi avez vous besoin pour satisfaire et combler ces trois soifs ?
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La structure sous nos comportements Tout au long de sa vie, une personne a des comportements qui sont déterminés par l’interaction de facteurs externes à la personne, comme l’environnement matériel et social, et d’autres in-‐ternes, comme ses capacités, ses besoins, ses émotions, ses pensées, ses valeurs, ses croyances... Ces comportements sont déterminés par trois possibilités :
• Se conformer à des modèles, des principes, des valeurs qui nous ont été communiqués par d’autres, souvent les parents (P) ;
• Prendre la réalité telle qu’elle est avec ce que nous sommes, ici et maintenant. Éric Berne y fait référence en évoquant l’adulte (A) ;
• Suivre ses propres envies et pulsions, celles qui nous appartiennent en propre depuis que nous sommes enfant (E).
Chacune de ces possibilités est déterminée par un « état du Moi » correspondant : Parent, Adulte, Enfant, et sont notés par les lettres P, A et E. P, A et E sont appelés « États du Moi structuraux » car ils structurent la personnalité. Ils concer-‐nent le contenu intrapsychique, c’est à dire ce qui se passe à l’intérieur de notre esprit, et qui est invisible de l’extérieur. Le modèle structural des états du Moi Un état du Moi, selon Éric Berne est « Comme un ensemble cohérent de pensées et de sentiments directement associé à un ensemble correspondant de comportements ». Et Éric Berne distingue trois principaux ensembles cohérents.
• Le premier de nos états du Moi est présente dès la naissance et est disponible toute notre vie. Il est appelé état du Moi « Enfant ».
• Un autre état du Moi est acquis par l’éducation. Nous le renforçons par des valeurs et des croyances qui nous semblent valables. C’est l’état du Moi « Parent ».
• Enfin, il y a la capacité à penser, éprouver, agir, décider en fonction des données immé-‐diates de l’ici et maintenant. C’est l’état du Moi « Adulte ».
Et en AT, on représente souvent la personnalité sous forme d’un diagramme d’états du Moi.
État du Moi Parent : Comportements, pensées et sentiments copiés sur les parents ou les figures parentales
État du Moi Adulte : Comportements, pensées et sentiments en réaction directe à l’ici et maintenant
État du Moi Enfant : Comportements, pensées et sentiments reproduits de l’enfance
Fig. 1 Diagramme structural du premier ordre des états du Moi
Cette manière de représenter de manière superposée les états du Moi « Parent », « Adulte » et « Enfant » l’un au dessus de l’autre ne présuppose aucunement une hiérarchie entre les trois états du Moi. C’est juste une manière pratique de représenter de manière très schématique la structure de la personnalité.
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La structure de la personnalité, les états du Moi Les trois états du Moi sont les suivants
• L’état du Moi Enfant est du domaine du ressenti et des pulsions aussi bien que de la création et du jeu. C’est aussi la partie de notre personnalité qui peut être boudeuse ou frustrée. Cet état du Moi relie l’ensemble des pensées, des sentiments et des comporte-‐ments tels qu’ils ont été vécus depuis la première enfance.
• L’état du Moi Parent est du domaine de l’acquis et en particulier des modèles sociaux. C’est une partie de la personnalité qui est impliquée dans les jugements et l’application de normes sociales mais qui est aussi protecteur et nourricier. C’est l’état de moi qui relie l’ensemble des pensées, des sentiments et des comportements qui ont été appris à partir des modèles parentaux, des figures d’autorité et des modèles sociaux.
• L’état du Moi Adulte concerne le domaine de la pensée rationnelle et objectif. C’est la partie de la personnalité qui repose sur l’ensemble des pensées, des sentiments et des comportements connectés à la perception de la réalité « ici et maintenant ».
Le Parent, l’Adulte et l’Enfant forment ainsi la charpente de notre personnalité, la structurent, composant ainsi le modèle structural de la personnalité. Décoder les états du Moi Les anciens grecs se sont très tôt attachés à comprendre ce qui structure les paroles et les actes. Passer un discours au crible (au tamis) est devenu très tôt une métaphore pour désigner un examen rigoureux de ce qui est dit. Ici, Socrate nous parle de la vérité, de la bonté et de l'utilité. Dans cet apologue (2), quel état du Moi, Parent, Enfant et Adulte est en action ? Les trois cribles de Socrate Un homme accourut un jour vers Socrate le Sage : « — II faut absolument que je te raconte. » dit-‐il, visiblement excité, « Aurais-‐tu jamais cru cela ? Tu sais, ton ami... — Arrête ! » L’interrompt Socrate, « As-‐tu passé ce que tu désires si ardemment me communi-‐quer par les trois cribles ? — Que veux-‐tu dire ? — Le premier crible est celui de la vérité: ce que tu as à me dire, est-‐ce absolument vrai ? — Je le pense, reprit l'autre, mais enfin, je ne l'ai pas vu de mes propres yeux, c'est un camarade, Untel, qui m'a confié sous le sceau du secret que... — Le deuxième crible » interrompt à nouveau Socrate, « est celui de la bonté; ce que tu vas me dire, est-‐ce une chose bonne? Parles-‐tu en bien de ton prochain ? — Pas précisément, plutôt le contraire. — Le troisième crible enfin est celui de la nécessité; est-‐il absolument indispensable que je sache ce qui semble te mettre en un tel émoi ? — Indispensable ? Non, pas tout à fait, mais enfin, je pensais... — Eh bien, mon ami, si ce que tu as à me dire n'est ni indispensable, ni charitable, ni incontesta-‐blement vrai, pourquoi le colporter ? Efface-‐le de ta mémoire et parlons de choses plus sages. »
2 L'apologue est un récit démonstratif, argumentatif et didactique. C’est une allégorie qui a pour but de
dispenser des enseignements et dont on tire une morale pratique.
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Le modèle fonctionnel des états du Moi Le modèle structural, « Parent – Adulte – Enfant », concerne la structure de la personnalité. Ce sont pour ainsi dire des organes de l’esprit qui se situent à l’intérieur de la personne et qui sont à l’origine de ses comportements. On ne peut donc « voir » le modèle structural. Le modèle fonctionnel correspond aux états du Moi tels qu’ils sont apparents depuis l’extérieur, du point de vie de l’observateur. Et Éric Berne nous invite à observer les différentes manifesta-‐tions de chacun des états du Moi structural. Il constate que chacun peut prendre différents types de comportements identifiables par des caractéristiques régulières et vérifiables. Et l’observation régulière de ces caractéristiques permettent à Éric Berne de proposer une typo-‐logie des différentes fonctions essentielles et de les associer à états de moi fonctionnel :
• Assurer la protection et la transmission de valeurs (Parent Contrôlant) • Permettre et encourager (Parent Nourricier) • Interagir avec l’environnement (Adulte) • S’opposer et refuser l’environnement (Enfant Adapté Rebelle) • S’adapter et accepter l’environnement (Enfant Adapté) • Exprimer ses besoins et ses émotions de base (Enfant Libre)
Note : Le Parent Contrôlant est parfois appelé parent normatif. L’Enfant Libre est parfois appelé enfant spontané. Ces différentes manifestation des états du Moi sont du registre du comportement observable (ton et volume de la voix, gestes, postures, mimiques, vocabulaire…). En soi, aucun de ces états de moi n’est « bon » ou « mauvais », ils assurent simplement des fonctions distinctes et complé-‐mentaires.
État du Moi Parent Contrôlant Nourricier
Normatif + Donnant +
Persécuteur – Sauveur –
État du Moi Adulte
État du Moi Enfant Adapté Libre
Adapté + Spontané +
Soumis – Rebelle –
Fig. 2 : Analyse fonctionnelle des états du Moi
Dans ce schéma fonctionnel, on retrouve les éléments du schéma structural PAE, mais des sub-‐divisions apparaissent :
• L’État du Moi Parent est ainsi divisé en une partie appelée Parent Contrôlant (PC) et l’autre qui correspond au Parent Nourricier (PN).
• L’état du Moi Adulte n’est pas divisé. • L’état du Moi Enfant distingue l’état du Moi Enfant Adapté (EA) et de l’état du Moi Enfant
Libre (EL). L’état du Moi Enfant Adapté est souvent subdivisé en Enfant Adapté Rebelle (EAR) et Enfant Adapté Soumis (EAS) mais ce ne sont que deux facettes de l’enfant adapté, puisque répondant aux sollicitations de l’environnement et à ses règles, soit en y résistant, soit en s’y conformant.
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Reconnaître les états du Moi Les états du Moi sont des facettes de la personne qui se manifestent au niveau verbal et non ver-‐bal, selon des modalités spécifiques à chacun d’eux. Il est donc possible de les reconnaître par l’observation, dans le but de mieux appréhender ce qui fait de chaque personne un être unique. Pourquoi et comment observer Selon l’AT(3), les trois états du Moi sont reliés à des organes psychiques spécifiques :
• Archéopsychée qui correspond au système Enfant • Néopsychée qui correspond au système Adulte • Extéropsychée qui correspond au système Parent
Chacun d’eux est caractérisé par des logiques de fonctionnement qui lui sont propres, détermi-‐nant des comportements clairement identifiables. Et il existe trois approches principales d’observation :
• du comportement individuel, de la manière de parler, du choix des mots, des attitudes. • des interactions sociales entre des personnes, des transactions • de soi-‐même, de son propre vécu dans l’ici et maintenant, par l’introspection.
Parent Quand la personne fonctionne avec son système Parent, elle ordonne, porte des jugements, dit des proverbes ou des dictons. La voix est forte et autoritaire. Il peut arriver à la personne de pointer son index, de montrer des signes appuyés d’assentiment ou de dénégation par des ho-‐chements de tête. Ces personnes ont alors tendance à adopter une attitude dominatrice, avec les mains sur les hanches, les bras croisés sur la poitrine, ou encore poser le menton dans la main. Ces personnes peuvent regarder avec intensité ou faire les gros yeux, froncer les sourcils, serrer les mâchoires. Adulte L’Adulte est caractérisé par la capacité à examiner les faits et les analyser de manière neutre, réaliste, cherchant à compléter l’information lorsqu’elle paraît insuffisante. L’Adulte a par con-‐séquent tendance à formuler beaucoup de questions « qui ? », « quoi ? », « comment ? », « pour-‐quoi ? » et à demander des informations complémentaires « pouvez me préciser comment se sont passées les choses ? ». Les déclarations sont claires et directes. La gestuelle est générale-‐ment médiane en ce qu’elle est décontractée mais non relâchée, le regard est posé et direct mais non insistant, les gestes sont ouverts sans être exubérants etc. Enfant Lorsque le système Enfant est aux commandes, la personne a tendance à être spontanée. On re-‐père souvent des mots et expressions caractéristiques évoquant le plaisir ou le déplaisir, mais aussi des jugements personnels et spontanés. La voix n’est pas contrôlée et il en résulte une grande variabilité : elle peut être bruyante et aigue, ou sourde et plaintive, enjouée ou triste… Autant d’intonations qui sont le signe que des émotions sont exprimées au niveau paraverbal. Les gestes sont également peu contrôlés et peuvent être automatiques : tapotements, agitation, tics mais aussi des activités semi automatiques comme fumer, mâcher des friandises, dessiner en réunion etc. La posture générale est généralement peu contrainte, souvent relâchée, ou défen-‐sive. Les yeux sont souvent mobiles, et peuvent aller dans toutes les directions, à droite et à gauche, en haut et en bas. 3 Éric Berne, (1961), Analyse Transactionnelle et Psychothérapie » repris dans Dominique Chalvin, (1996)
« Les outils de base de l’analyse transactionnelle »
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La structure de personnalité second ordre Cette structure peut être enrichie par le fait qu’il peut y avoir des subdivisions dans chaque état du Moi, en fonction de leur contenu. Et ce contenu s’est construit en interaction avec les états du Moi d’autres personnes. C’est comme cela que le Parent de la personne intègre une part de Pa-‐rent, une part d’Adulte et une part d’Enfant provenant des autres. Il en est de même pour l’Enfant qui a également une part de Parent, une part d’Adulte, une part d’Enfant d’origine ex-‐terne.
Parent dans le Parent : Ce sont les messages parentaux qui se transmettent de génération en génération. C’est le rappel des principes, des normes etc. que le père, la mère ou les figures d’autorité ont transmis à l’enfant. Adulte dans le Parent : C’est la représentation dans le Parent d’un contenu Adulte, une repré-‐sentation de faits, d’observations du réel, provenant d’un parent ou d'une figure parentale. Ce sont par conséquent des principes tirés de l’expérience. Ils peuvent être valides comme « la terre est ronde » mais peuvent se révéler faux au cours du temps. Par exemple, on tenait pour vrai que l’homme ne peut pas voler, ce qui s’est manifestement révélé être faux depuis Clément Ader. Enfant dans le Parent : Ce l’ensemble des états Enfant qui ont été transmis par les parents, comme des références. Par exemple une figure d’autorité pouvait obtenir ce qu’elle souhaitait en se mettant en colère, et le petit enfant peut intégrer le principe selon lequel il doit manifester de la colère pour obtenir quelque chose qu’il n’a pas. Parent dans l’Enfant : Ce sont des messages Parentaux qui ont été fantasmés. Ce peut être des messages reliés à des personnes réelles, comme « Tu n’es bon à rien, tu ne réussiras jamais », mais aussi des messages fantasmés associés à un émetteur également fantasmé, comme un Père Noël, une fée ou une sorcière. Adulte dans l’Enfant : Cette partie correspond aux stratégies de l’enfant pour affronter la réali-‐té et résoudre les problèmes. Enfant dans l’Enfant : C’est une réaction spontanée qui rappelle une réaction spontanée de la personne plus jeune, dans les premiers stades de l’enfance. C’est par exemple le fait de surjouer la douleur, comme lorsqu’on était tout petit enfant.
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Pathologies structurales : contamination et exclusion En première approche, deux sortes de pathologies sont particulièrement fondamentales. La con-‐tamination consiste en l’intrusion d’un état du Moi dans un autre, l’exclusion en la non utilisation d’un état du Moi. Contamination On parle surtout de contamination de l'Adulte, par le Parent ou par l'Enfant, bien qu'une conta-‐mination de l'Adulte ou de l'Enfant ne soit pas à exclure.
Lorsque l’Adulte est contaminé par le Parent, alors le fonctionnement de l’Adulte est modifié par l’inclusion de normes internes qui interfèrent avec les stra-‐tégies de prise d'information, de traitement de celle-‐ci et de décision. Ceci peut être positif, par exemple lorsque des règles utiles sont mises en œuvre pour ré-‐soudre des problèmes afin d’aboutir à des solutions par nécessairement optimales, mais au moins réalisables. Par contre, cette contamination de l’Adulte par le Parent peut aussi entraîner des biais et de limitations dans la prise d’information et les comportements. Les capacités à résoudre des problèmes sont alors altérées.
Lorsque l’Adulte est contaminé par l’Enfant, alors le fonctionnement de l’adulte est modifié par l’intrusion de sentiments dans la prise et le traitement de l’information, ce qui a également des effets au niveau comportemental. L’aspect positif est un enrichissement des processus internes qui, s’ils perdent en rationali-‐té, peuvent gagner en pertinence par rapport à certaines situations, par exemple les situations sociales. Par contre, la contamination de l’Adulte par l’Enfant risque également de biaiser le traitement de l’information en déclenchant des prises de décisions empreintes de subjectivité, voire fallacieuses.
Certains auteurs considèrent que les contaminations ne sont jamais utiles. Ainsi de Claude Stei-‐ner (1984) affirme que les contaminations sont le fait de « confondre un état du Moi Parent ou Enfant avec l’état du Moi Adulte », considérant que les contaminations sont des irruption du passé dans le présent, avec pour effet de bloquer la compréhension par Adulte de l’ici et mainte-‐nant. Comment décontaminer ?
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Croyance
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Exclusion Les mécanismes d’exclusion consistent en un fonctionnement faible de l’une des composantes de la personnalité, de l’un des états du Moi.
Lorsque le Parent est exclu, la personne a un déficit de valeurs et de structures. Le Parent fournissant les règles de fonctionnement tant au niveau social que environne-‐mental, la personne a alors tendance à créer ses propres règles, en fonction des situa-‐tions. Ceci apporte une souplesse comportementale accrue qui peut être utile par exemple pour faire de la politique ou du commerce, mais l'exclusion du Parent peut aboutir à des comportements asociaux ou antisociaux.
Lorsque l'Enfant est exclu, c'est la dimension émotionnelle et sentimentale qui est affaiblie, aboutissant à une expression conscience des désirs et des besoins, les siens mais également ceux des autres. Ceci est un avantage lorsqu'il s'agit de résister aux émotions ou aux sentiments, mais cela s'accompagne également d'une certaine insen-‐sibilité, d'incapacité à communiquer les émotions, exprimer ses besoins.
Si c'est l'Adulte qui est exclu, alors la résolution de problème manque de structure puisque la collecte et le traitement d'information sont manquant, ce qui impacte néga-‐tivement le processus de décision. C'est la capacité à interagir avec la réalité qui est alors affectée et seul le dialogue interne Parent-‐Enfant structure le comportement. Cela entraîne des comportements étranges puisqu'ils résultent du conflit interne Pa-‐rent-‐Enfant, et les personnes ont généralement un comportement très inadapté.
Comment ré-‐inclure un état du Moi ?
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Transactions et Strokes Les transactions sont composées des flux de communication verbale et non verbale, explicites et apparentes, mais aussi implicites et « cachées ». L’analyse des transactions se fait donc à tous niveaux : verbal, non verbal, explicite et caché. Les strokes sont les signes de reconnaissance positifs ou négatifs qui sont délivrés pendant les transactions. Une idée centrale en AT est que les personnes ont une soif intense de signes de reconnaissances ; si intense qu’ils préfèrent ob-‐tenir un signe de reconnaissance négatif que pas de signe de reconnaissance du tout. Lorsqu’elles communiquent, les personnes ont tendance à préférer un style, une manière de communiquer qui leur correspond. Par exemple, les patrons peuvent préférer s’adresser aux employés en utilisant leur état du Moi parent, ce qui peut entraîner un phénomène de soumis-‐sion de la part des employés qui peuvent répondre avec leur état du Moi enfant adapté. Mais les employés peuvent aussi résister parce que l’état de moi « parent » du patron n’est pas adapté à leur préférence personnelle. Ceci amène alors à des situations de communication vécues comme « problématiques », chacun étant perçu par l’autre comme étant le « problème ». La structure des transactions est donc fondamentale pour comprendre la communication car elle détermine la qualité des strokes, positifs ou négatifs. Les transactions peuvent être de trois types : complémentaires (ou réciproques), croisées, ou enfin doubles (ou complexes). Transactions complémentaires Ce sont des transactions au cours des quelles les personnes sont dans des état du Moi identiques ou complémentaires. Exemple 1 A : « Tu as pu finir ton rapport ? » (Adulte-‐Adulte ) B : « Non, tu l’auras par mail dans environ deux heures » (Adulte-‐Adulte) Exemple 2 A : « Tu as envie qu’on aille prendre un café ? » (Enfant-‐Enfant) B : « Oh oui ! J’en ai marre de ce rapport. » (Enfant-‐Enfant) Exemple 3 A : « Ce n’est vraiment pas un rapide !» (Parent-‐Parent ) B : « Cette lenteur au travail lui jouera des tours ! » (Parent-‐Parent) Exemple 4 A : « Est ce que tu pourrais te dépêcher un peu pour finir ce rapport dans l’heure » (Parent-‐Enfant) B : « Oh, oui, je suis désolé, ce sera prêt à 9 heures » (Enfant-‐Parent) Transactions croisées Ces transactions entraînent des ruptures de communications et peuvent aboutir à des échecs, mais aussi à des recadrages. Elles impliquent des états de moi non compatibles ou dissymé-‐triques.
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Exemple 1 A : « Tu as pu finir ton rapport ? » (Adulte-‐Adulte ) B : « Comment veux-‐tu que j’avance si tu mets la pression en permanence » (Enfant-‐Parent) Il y a risque que A réponde (ou pense) A : « Si tu ne change pas ton attitude, tu vas finir par être viré » (Parent-‐Enfant) Exemple 2 A : « J’ai envie d’une pause café. C’est possible ? » (Enfant-‐Parent) B : « Ne crois-‐tu pas qu’on a beaucoup de travail et que le café peut attendre ? » (Adulte-‐Adulte) Cette transaction est plus positive mais pourrait néanmoins aboutir à : A : « Tu es incapable de cadrer tes réunions, elle durent trop longtemps » (Parent-‐Enfant) B : « Et tu as certainement des suggestions à faire pour finir rapidement ? » (Adulte-‐Adulte) Ce qui peut tourner en rond jusqu’au clash. Exemple 3 A : « J’ai envie d’une pause café. C’est possible ? » (Enfant-‐Parent) B : « Je vois que tu commences à trouver le temps long » (Parent-‐Enfant) Ici, l’issue a plus de chance d’être positive : A : « Oui, je n’en peux plus, c’est trop long ! » (Enfant-‐Parent) B : « Est-‐ce que tout le monde souhaite une pause ? 15 mn maximum ? » (Adulte-‐Adulte) Transactions doubles Ces transactions impliquent des messages cachés. Elles renferment un message implicite qui ne correspond pas à l’état du Moi contenu dans le message explicite. Exemple 1 A : « Tu as besoin d’un coup de main pour finir ton rapport ? » (Adulte-‐Adulte au niveau expli-‐cite) Voix mielleuse, sourire, penché en avant, attitude de flirt (Enfant-‐Enfant) B : « Ca permettrai de finir dans les temps pour demain matin » (Adulte-‐Adulte au niveau expli-‐cite) Sourire, yeux brillants… indiquant l’acceptation du flirt (Enfant-‐Enfant) Exemple 2 A : « Tu as besoin d’un coup de main pour finir ton rapport ? » (Adulte-‐Adulte au niveau expli-‐cite) Voix froide, sourire crispé, droit, dominateur (Parent-‐Enfant) B : « Ca permettrait de finir dans les temps pour demain matin » (Adulte-‐Adulte au niveau expli-‐cite) Voix froide, rictus, attitude de défi (Parent-‐Enfant)
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Strokes Les signes de reconnaissances En anglais, le terme « stroke », utilisé par Éric Berne veut dire « signe de reconnaissance » mais a de multiples autres significations aussi bien positives que négatives. Il n’est pas possible de le traduire directement en français, et les transactionnalistes français ont choisi de conserver le mot « stroke » ou bien de le traduire par « signe de reconnaissance ». Ces stokes peuvent être verbaux ou non verbaux. Ce sont tous les signes de reconnaissance que l’on envoie à l'autre, aus-‐si bien avec des mots qu’avec des gestes, des attitudes, des mimiques... Ces signes peuvent être positifs. Quand la personne reçoit des strokes positifs, elle le vit agréa-‐blement. Quand les strokes sont négatifs, la personne les reçoit désagréablement. Éric Berne montre que chaque personne a une telle soif de signes de reconnaissance que, lorsqu’il n’en a pas, il a tendance à préférer accepter des strokes négatifs que pas de signe de strokes du tout. Et si la personne a appris depuis son plus jeune âge à recevoir des strokes négatif, elle recevra plus facilement des strokes négatifs, voire pourra ne pas savoir accepter des strokes positifs. Un extrême est que si la personne ne reçoit pas de strokes du tout, elle peut préférer s’en donner elle même, y compris des strokes négatifs, ce qui peut aboutir à des pathologies. En plus d’être positifs ou négatifs, les strokes peuvent être conditionnels ou inconditionnels. Les strokes conditionnels sont liés au « faire » alors que les strokes inconditionnels sont liés à « être ». En d’autres termes, les strokes peuvent être liés au résultat d’une action : « Tu as fait un bon travail », ou être indépendant des actions « Tu es performant ». Enfin, les strokes peuvent être sincères ou non. Éric Berne parle alors de « strokes en plas-‐tique ». Économie des strokes Les strokes peuvent être :
• Acceptés • Demandés • Refusés • Donnés
Claude Steiner, proche collaborateur de Éric Berne a montré que ce qui empêche la bonne circu-‐lation des strokes entre les personnes est lié à cinq croyances fondamentales :
• Ne demande pas les strokes dont tu as besoin car ils sont trop chers • Ne donne pas les strokes que tu souhaites donner car tu n’en auras plus • N’accepte pas les strokes dont tu as besoin car il vaut mieux les stocker que les utiliser • Ne refuse pas les strokes dont tu ne veux pas car tu ne peux pas t’en offrir de mieux • Ne te donne pas de strokes positifs à toi-‐même car c’est inutile
Un des enjeux de l’AT est d’apprendre à désapprendre ces cinq règles de manière à être libre de les utiliser de la façon la plus positive.
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Structuration du temps social Comment structurons-‐nous notre temps avec l’autre ? Selon Éric Berne, les individus le font se-‐lon l’une ou l’autre de six modalités bien identifiées. Un exemple permet d'illustrer cela.
Le cadre est celui d'une réunion d'une association. Lorsque les participants ar-‐rivent, certains se connaissent et saluent « Bonjour, comment vas tu? », « Très bien, et toi ? » (rituel) alors que d'autres se tiennent à l'écart du groupe parce qu'il ne connaissent personne (retrait). Alors que les participants attendent que la séance soit déclarée ouverte et que les travaux commencent, certains commencent à parler de choses superficielles pour tromper l'ennui : « Vous avez vu le temps qu'il fait », « Ne m'en parlez pas, le week-‐end s'annonce mal » (passe temps). Mais certaines personnes qui ont des relations plus étroites engagent des discussions plus constructives « Alors, pour notre dossier, on a pu avancer? », « Oh que oui ! Il est quasi bouclé. J'attends la réponse définitive de Marie et Jacques qui m'ont donné un accord de principe » (activité). Mais alors que le temps passe, un des participants remarque avec une pointe d'aci-‐dité « Les chefs ne sont pas là ! Encore une fois, on ne va pas commencer tôt ! » et un autre répond « Et toi, tu n’es pas arrivé très tôt non plus ! ». Le premier répond vertement « Pourquoi faire, de toute façon, les chefs sont encore plus en retard… » (jeu). Pendant ce temps, deux vieux amis un peu à l'écart profi-‐tent de ce moment pour évoquer des sujets qui leurs sont propres, ils sont complètement absorbés (intimité).
Dans cet exemple, on constate que chaque participant utilise un mode adapté pour satisfaire ses différentes « faims » : structure, reconnaissance et stimulations. Éric Berne propose que ces faims soient assouvies au travers des six modes de structuration du temps :
• Le retrait. Il a lieu lorsque la personne ne souhaite pas entrer en contact avec l’autre. Les signaux envoyés sont : le maintien à distance, le silence, l’évitement du regard et toutes les attitudes qui montrent que la personne souhaite rester à l’écart.
• Les rituels. Ce sont des interactions et des comportements normalisés et socialement codifiés. Ils permettent d’échanger des signes de reconnaissance, de commencer ou de terminer un contact relationnel (se saluer etc.). Ce sont des automatismes spécifiques à un groupe ou à une culture dont les séquences sont plutôt prévisibles.
• Le passe-‐temps. Ce sont les échanges de type conversation de salon dont les sujets sont stéréotypés et peu impliquants. Ce type de conversation balisée obéit à des règles lui permettant de se dérouler de manière semi-‐automatique, par exemple quand on parle de la pluie et du beau temps.
• L’activité. C’est un échange qui est structuré de manière à élaborer quelque chose en-‐semble. Ce peut être une décision, l’avancement d’un processus conceptuel, d’un travail…
• Les jeux. Ce sont les jeux psychologiques qui ont contribué à la renommée de l’AT. Ils permettent des séquences relationnelles intenses, et très souvent négatives.
• L’intimité. C’est une séquence de transactions pendant laquelle la communication est sincère, ouverte, respectueuse. Basée sur l’acceptation inconditionnelle de l’autre, elle donne lieu à des échanges de signes de reconnaissance positifs de grande qualité et de grande intensité.
Ces activités peuvent par ailleurs être combinées.
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Les positions de vie en communication Selon Éric Berne, dès le plus jeune âge, l'enfant « possède déjà certaines certitudes sur lui-‐même et le monde qui l’entoure (…), certitudes qu’il va sans doute conserver tout au long de sa vie et que l’on peut résumer comme suit : je suis OK ou je ne suis pas OK, vous êtes OK ou vous n’êtes pas OK » (Le Triple moi, p.172). C'est donc à partir de la valeur que l'on s'attribue à soi même, positive et satisfaisante (notée « OK+ » ou même « + ») ou négative et insatisfaisante (notée « OK-‐» ou encore « -‐ »), et celle qu'on accorde à l'autre, il peut y avoir quatre possibilités, appe-‐lées « position de vie » qui représentent la valeur que je me donne à moi-‐même, aux autres et au monde. Ces quatre positions correspondent aux comportements suivants :
• La position +/+ : je me respecte et je m'accepte tel que je suis, je vous respecte et je vous accepte tel que vous êtes. J’ai aussi bien conscience de ma valeur que de la vôtre et nous sommes égaux. Cela implique que je prête attention à ce que vous me dites, que je vous parle d’une manière adulte, que j’envisage notre rapport sous l’angle de la coopéra-‐tion et du partage.
• La position -‐/+ : alors que je vous respecte et que je vous accepte tel que vous êtes mais j'ai une image dévalorisée de moi-‐même. Vous êtes beaucoup mieux que moi, vous êtes heureux alors que je ne le suis pas… Cette position de vie peut être résumée par : « Je ne vaux pas grand-‐chose, n’importe qui vaut plus que moi ». Vision pessimiste, parfois dé-‐pressive, elle est difficile à supporter et peut donc être instable.
• La position +/-‐ : je pense que je vaux mieux que les autres. Soit je considère l'autre comme incapable non autonome, et je pense que je dois faire les choses à sa place ; soit je pense qu'il n'est capable de rien et ne mérite même pas d'attention, qu'il est négligeable, tout juste capable d'exécuter ce que je décide. C’est une position de domination dévalori-‐sante qui risque d'entraîner des instabilités chez l'autre.
• La position -‐/-‐ : c'est la position la plus pessimiste dans laquelle aucune des deux par-‐ties n'a le pouvoir d'agir et réaliser quelque chose de valable: « Je ne vaux rien et vous non plus ». La personne a sans doute une image négative d'elle même et des autres de-‐puis l'enfance. Il est possible que ses parents lui aient fait comprendre qu’il n’était pas désiré et qu'il n'a rien à attendre de qui que ce soit. Cette position est particulièrement instable et peut mener à des schémas pathologiques graves (dépression, suicide, patho-‐logies mentales…).
+/+ Je suis OK et vous êtes OK « Allons de l’avant ensemble, on en vaut la peine » -‐/+ Je ne suis pas OK et vous êtes OK « Je m’en vais, je ne suis pas à la hauteur » +/-‐ Je suis OK et vous n’êtes pas OK « Vas-‐t-‐en, tu ne vaux rien » -‐/-‐ Je ne suis pas OK et vous n’êtes pas OK « Rien ne vaut le coup d’être entrepris »
Fig. 3 : Les positions de vie
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Les positions de vie et enclos OK L'auteur Franklin Ernst a conçu une méthode d’analyse des changements de positions de vie qu’il a dénommé « enclos OK ». Il suppose que chacune des relations, brève, longue ou durable, quelque soit son type (passe-‐temps, rituel, activité, jeu, intimité) permet d'évaluer les relations à un double niveau :
• Quelle valeur ai-‐je à mes propres yeux et à ceux de l’autre ? • Quelle valeur a ma relation à mes propres yeux et à ceux de l’autre ?
Franklin Ernst suggère que cette évaluation se fait généralement de manière non explicite. Ainsi, les questions rituelles sont une forme de surface qui dissimule des transaction cachées, que ce soit au sein d'un groupe, avec des proches, des intimes etc. Par exemple la question « Bonjour, comment vas-‐tu ? » est une demande explicite d'information factuelle qui peut dissimuler une double transaction cachée qui pourrait être « Comment suis-‐je avec toi ? Comment es-‐tu avec moi ? ». Ces relations sociales, dans leur dynamique, aboutissent à quatre opérations de base :
« Tu es OK vis-‐à-‐vis de moi »
« Je ne suis pas OK vis-‐à-‐vis de moi-‐mêm
e »
« Je m’en vais » (fuir loin de l’autre)
« Je vais de l’avant avec toi » (avancer avec l’autre)
« Je suis OK vis-‐à-‐vis de moi-‐mêm
e »
« Je ne sais où aller » (être dans l’impasse avec l’autre)
« Va-‐t’en » (se débarrasser de l’autre)
« Tu n’es pas OK vis-‐à-‐vis de moi »
Fig. 4 : Enclos OK
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Positions de vie et jeux psychologiques Dans les relations sociales, les séries de transactions peuvent aboutir à l’une ou l’autre des quatre issues suivantes :
Position de vie Pensée Comportement « caché » + / + « Je vais de l’avant avec toi » Avancer avec l’autre + / -‐ « Va-‐t-‐en » Se débarrasser de l’autre -‐ / + «Je m’en vais » Fuir loin de l’autre -‐ / -‐ «Je ne sais où aller » Être dans l’impasse avec l’autre
Fig. 5 : Issues des rencontres sociales
Et chaque transaction, chaque jeu, chaque scénario est lié à l’une de ces quatre positions de vies. A l’inverse, notre position de vie fondamentale peut être confirmée par les jeux et les scénarios que nous mettons en œuvre. Ainsi, si nous avons adopté la position OK+/OK+ avant d’aller à une soirée, les chances de faire une rencontre agréable sont bien plus importantes que si nous adop-‐tons une position dans laquelle soi même ou les autres est OK-‐. En Analyse Transactionnelle, la question n’étant pas tant de savoir ce que l’on est mais plutôt de déterminer « comment » être ce que l’on veut être, la question n’est pas tant de savoir si la per-‐sonne est OK ou pas, mais « comment devenir OK », si possible avec l’autre. Ceci part du présup-‐posé transactionnaliste que chacun de nous a la possibilité de développer une position de vie OK.
« Je ne suis pas OK » « Je suis OK »
« Tu es O
K »
-‐/+ Je doute de moi, je ne con-‐nais pas mes propres atouts et mes limites. Je me dévalorise par rap-‐port à l’autre
Jeu préféré Victime
+/+ Je connais mes propres atouts et mes limites. Je reconnais les atouts et les limites de l’autre. Position de coopération.
Jeu préféré Pas de jeu
« Tu n’es pas OK »
-‐/-‐ Je doute de moi mais aussi de l’autre, méconnaissant les atouts et surestimant les limites de chacun. Position d’impasse
Jeu préféré Persécuteur, Victime
+/-‐ Je méconnais les atouts de l’autre, ne connais que ses limites. Je dévalorise l’autre par rapport à moi-‐même.
Jeu préféré Sauveur, Persécuteur
Fig. 6 : Comportements et jeux dans l’enclos OK
Et chacun d’entre nous est libre de sélectionner ou non dans chaque situation les éléments qui lui permettent de se maintenir dans la position OK+/OK+
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Histoire de vie, scénarios de vie Nature et origine des scénarios de vie « Le scénario est un plan de vie en voie de réalisation, conçu dans la petite enfance sous la pression parentale. Il constitue une force psychologique qui pousse la personne vers son destin, qu’elle le combatte ou qu’elle le présente comme émanant de sa volonté » (4). L'origine du scénario réside dans le vécu de l’enfance, en réponse à un mécanisme d'adaptation à un monde qui peut être hostile selon certaines dimensions. Dès ses premières heures, la vie est une lutte pour la survie et le monde peut souvent se révéler hostile ou menaçant. La survie passe par des mécanismes d'adaptations tant physiques que psychologiques. Ce faisant, l'enfant élabore des « décisions scénariques » qui correspondent aux réponses qui sont les réponses les plus adaptées aux para-‐mètres du moment où elles sont prises. Ces décisions scénariques sont, à ce moment là, la stra-‐tégie la plus adaptée en réponse au problème qui est posé, en fonction des capacités du moment. Ces décisions sont en particulier adaptées à la manière dont l'enfant pense et ressent à ce mo-‐ment là. Des décisions précoces servant de socle aux apprentissages suivants, ces décisions scé-‐nariques déterminent les fondations du plan de vie qui est appelé « scénario » par Éric Berne. Ayant une fonction de survie, le scénario vise à obtenir un bénéfice. Renforcé par l'apprentis-‐sage, les expériences et par les parents, il essentiellement de niveau inconscient. Et si la percep-‐tion du tout petit lui permet de structurer les premiers éléments des messages scénariques, sa capacité à communiquer au niveau verbal mais surtout non verbal, permet que les messages scénariques soient transmis par les parents, eux même déterminés par leurs propres scénarios. Claude Steiner a identifié quatre types de messages transmis par les parents à l'enfant. Ils peu-‐vent être transmis selon des systèmes Enfant/Enfant, Parent/Parent ou Adulte/Adulte, aux ni-‐veaux conscients ou inconscients.
• Au niveau inconscient ce sont o Les messages inhibiteurs ou injonctions (Enfant/Enfant) o Les permissions (Enfant/Enfant).
• Au niveau conscient ce sont : o Les messages contraignants, contre injonctions ou driver (Parent/Parent) o Les programmes (Adulte/Adulte)
Nos propres messages Trouvons des exemples de ces quatre messages s’appliquant à nous-‐même Messages inhibiteurs et injonctions
Permissions
Messages contraignants, contre injonctions et drivers
Programmes
Réflexion en commun Les scénarios altèrent les perceptions de telle manière qu'elles justifient le scénario.
4 Éric Berne, Que dites vous après avoir dit bonjour, p 36
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Les injonctions Selon Bob et Mary Goulding, il existe 12 injonctions fondamentales qui sont acceptées depuis l’enfance. Ces messages émanent de l'Enfant des grandes personnes. Ils sont le plus souvent ex-‐primés au niveau non verbal. Ils inhibent les comportements des personnes. Et si selon Bob et Mary Goulding il en existe 12 principales, cette liste n’est certainement pas limitative : 0 à 6 mois
• N'existe pas • Ne sois pas toi-‐même • Ne ressens pas • Ne sois pas proche
6 à 24-‐28 mois • Ne fais pas • Ne sois pas un enfant
2 à 3 ans • Ne pense pas • Ne sois pas important
3 à 6 ans • Ne sois pas en bonne santé
6 à 12 ans • N'appartiens pas • Ne grandis pas
12 à 14 ans • Ne réussis pas
Les âges indiqués varient d’une personne à l’autre et chaque injonction peut être redécidée à tout âge. Ceci peut se faire de manière inconsciente, par exemple à l’issue d’une expérience traumatisante, ou de façon consciente, comme c’est le cas en coaching ou en thérapie transac-‐tionnaliste
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Les drivers Les 5 drivers sont des messages contraignants qui sont la plupart du temps non conscients :
• « Sois parfait ! » est le message de ceux pour qui rien n’est jamais assez bien. Ces per-‐sonnes sont alors perfectionnistes et il en résulte une perpétuelle insatisfaction par rap-‐port à leurs résultats, et aussi par rapport aux résultats des autres.
• « Fais plaisir ! » entraîne un besoin de toujours satisfaire les autres. Il en résulte un com-‐portement dévoué qui va jusqu’à ne pas oser se plaindre, ne pas dire non, avoir peur de gêner… Elles cherchent à plaire et à satisfaire les attentes des autres.
• « Sois fort ! » et le message qui interdit de se laisser aller, qui oblige à toujours garder le contrôle, à ne pas aimer la faiblesse. Ces personnes n’extériorisent pas leurs sentiments et portent un masque lorsque les choses deviennent difficiles.
• « Fais des efforts ! » entraîne pour la personne le besoin de toujours en faire un peu plus, d’avoir le sentiment de ne jamais avoir terminé ou de ne jamais être suffisamment pré-‐paré. Il en résulte un perpétuel sentiment d’insatisfaction, une peur de ne pas y arriver...
• « Dépêche toi ! » est lié à la croyance qu’il y aura toujours quelque chose à faire après et que le temps va manquer pour tout ce qu’il y a déjà à faire. Les personnes sont alors tou-‐jours en mouvement, toujours actives, impatientes, en train de courir, ce qui les épuise.
A ces messages contraignants, qui sont autant d’obligations, correspondent des permissions. Drivers Permissions
Sois parfait Sois comme tu es Fais plaisir Fais-‐toi plaisir Sois fort Sois ouvert et exprime tes besoins Fais des efforts Fais-‐le Dépêche toi Prends ton temps
Fig. 7 : Drivers et permissions
Les drivers révèlent une position OK conditionnelle puisque la personne ne se sentira OK que si elle « est parfaite », « a fait plaisir », « est forte », « travaille toujours plus » ou « va vite ». Les permissions correspondantes permettent de se sentir OK de manière inconditionnelle :
Drivers Points d’appui Pistes de progrès Sois parfait Organisé
Efficace Précis
Être plus souple Prendre les choses avec plus d’humour Se laisser être plus spontané
Fais plaisir Arrangeant Agréable Attentionné
S’adapter à l’autre en se respectant soi Écouter plus ses propres besoins Apprendre à dire non
Sois fort Autonome Robuste Entreprenant
Ressentir ses propres besoins et sentiments Demander/accepter les ressources des autres Faire plus « avec » l’autre
Fais des efforts Travailleurs Tenace Opiniâtre
Investir son énergie lorsque c’est le plus utile Mieux peser les contreparties de la réussite Profiter, jouir des bons moments de la vie
Dépêche toi Rapide Décide rapidement Agit avec célérité
Prendre son temps lorsque c’est utile Accepter que d’autres soient plus lents Lever le pied, par exemple au volant
Fig. 8 : les cinq drivers
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Les émotions Les émotions sont des réactions automatiques qui résultent de la représentation que la per-‐sonne se fait d’une situation. Elle se traduit par des sensations, mais également par des réactions physiologiques, et des comportements. L’analyse transactionnelle considère quatre émotions primaires qui sont la peur, la tristesse, la joie, la colère. Beaucoup de transactionnalistes ajou-‐tent le dégout. Chaque émotion joue un rôle essentiel. A ces émotions primaires, certains ajou-‐tent également la surprise, et parfois même le mépris. L’analyse transactionnelle les considère comme des émotions complexes, résultant de la combinaison d’émotions primaires. A la découverte de vos émotions Définir, pour vous, les émotions suivantes : La joie La peur La tristesse La colère Le dégout Qu’est ce qui, pour vous, cause les émotions suivantes : La joie La peur La tristesse La colère Le dégout Quelle est, pour vous, l’utilité des émotions suivantes : La joie La peur La tristesse La colère Le dégout
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Les sentiments parasites Chacun d'entre nous connaît des émotions habituelles et anciennes. Ces émotions apprise depuis l’enfance sont souvent éprouvées en situations de stress, mais pas seulement. C’est ce que l’analyse transactionnelle appelle « sentiment parasite ». Ces sentiments parasites sont récur-‐rents et pourtant sont souvent inutiles, voire contre productifs pour l’analyse des situations et le comportement en général. L’Analyse Transactionnelle a proposé de nombreuses catégories de sentiments parasites. En particulier les sentiments racket et les sentiments élastiques. Alors que les sentiments spontanés appartiennent en propre à la personne, les sentiments parasites sont essentiellement des comportements appris. Ils peuvent être implantés par imitation de figures parentales ou des figures d'autorité, mais aussi d’autres modèles. D'une manière générale, ils sont spécifiés et attribués par des tiers, essentiellement les parents mais pas seulement, au cours d'un processus de modelage de l’enfant. Ils sont ensuite renforcés par la famille et par l'environ-‐nement social. Sentiments de racket Les sentiments de racket sont particulièrement fréquents et résultent d'une base de transactions fallacieuses. Il est souvent associé à des émotions très communes comme la peur, la colère, la tristesse, la honte mais aussi la joie. Ces sentiments parasites sont répétitifs et inappropriés. Ils surviennent de manière incongrue et ne sont pas en rapport avec la situation vécue. Ce sont en fait des sentiments de substitution, c'est à dire qu'ils prennent la place d'un autre sentiment, du fait d'un système de croyances ancien, et de méconnaissances. Sentiments élastiques Un événement vécu ici et maintenant peut évoquer un souvenir ancien auquel est attaché une émotion qui est réactivée dans le même temps. Cette émotion du passé revient de manière enva-‐hissante et occulte les émotions présentes, les empêchant d'exister positivement. Pour illustrer cela, l'AT propose la métaphore d'un élastique tendu entre le passé et le présent, ramenant sans cesse les émotions du passé jusqu'au présent. L'identification du souvenir concerné permet d'identifier l'émotion, aidant ainsi à décrocher le sentiment élastique, afin de vivre le présent de manière adaptée et sans parasitage. Les timbres Un timbre correspond à un sentiment qui n'est pas exprimé au moment où il survient et qui est « conservé » dans une « collection de timbres », selon la métaphore consacrée par l'AT. Les ajouts successifs de timbres à cette collection de timbres augmentent progressivement sa taille jusqu'à atteindre une masse critique, moment ou survient un accès de violence, de maladie, voire de mort. Ceci correspond au fait que chaque sentiment désagréable (mais aussi agréable) qui n'est pas exprimé peut alimenter un scénario qui se renforce jusqu'à l'apparition de comporte-‐ments non désirés. Sentiment authentique et sentiment parasite Les sentiments authentiques et les sentiments parasites peuvent être distingués :
• Le sentiment authentique ou spontané se passe dans l’ici et maintenant, il est adapté à la réalité, il ne dure pas et s’arrête quand la situation problématique disparait
• Le sentiment parasite n'est pas adapté à la réalité, dure alors même que la situation pro-‐blématique est résolue, il peut rappeler d'autres souvenirs.
Certains les appellent émotions ou sentiments primaires pour les premiers, secondaires ou d’emprunt pour les seconds.
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Les jeux Définition Selon Éric Berne, les jeux sont des ensembles de transactions cachées, répétitives et complémen-‐taires dont le déroulement aboutit à un résultat bien défini et prévisible. Selon l'auteur, certains ingrédients sont nécessaires en plus des transactions cachées et la répétition. Il faut également un attrape-‐nigaud, un point faible, un coup de théâtre et un moment de stupeur conduisant à un bénéfice. Les jeux présentent donc trois caractéristiques fondamentales :
• Ils ont une structure avec un déclencheur et une conclusion • Ils sont répétitifs • Ils incluent toujours une transaction à double fond avec un mobile caché
Ils fonctionnent à deux niveaux, l'un social, l'autre psychologique. Une manière plus populaire de présenter les jeux est de dire que ce sont une série de coups destinés à piéger les participants. On peut représenter les jeux par une « formule » bien connue de l’AT :
AG + PF -‐> R+D+MS+B Avec :
• AG = Attrape Nigaud • PF = Point Faible • R = Réactions • D = Déclic (coup de théâtre) • MS = Moment de Stupeur • B = Bénéfices
La traduction en français de cette formule est : Le joueur utilise un attrape-‐nigaud (AG) qui accroche un point faible (PF), de sorte que l’autre réagit (R). Le joueur actionne alors le déclic (D) et cela provoque un coup de théâtre ou moment de stupeur (MS) permettant à chacun des deux joueurs d’obtenir leur bénéfice (B). Analyse des jeux Pour bien fonctionner, Stéphen Karpman a mis en évidence qu'un jeu fait intervenir des rôles bien particuliers. Et les joueurs adoptent l'un des trois rôles scénariques suivant :
• Persécuteur (OK+, OK-‐) • Sauveur (OK+, OK-‐) • Victime (OK-‐, OK+)
Chacun des rôles peut être illustré par une formule : • le Persécuteur : « Je t’aurai », ou « Tu ne perds rien pour attendre », et la personne est
dans une position offensive • Le Sauveur : « Ne fais rien, je m’en charge pour toi » ou « Je ne souhaite que t’être utile »,
et la personne contribue à maintenir des dépendances avec l’autre, • La Victime : « C’est encore à moi que ca arrive », « il (elle, on) m’en veut », et alors la per-‐
sonne se dévalorise elle-‐même. Ces rôles ne sont pas fixes. Leur interaction et leur changement sont à la base des jeux
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Le triangle dramatique ou triangle de Karpman Ces rôles peuvent s’échanger lors des coups de théâtre, ce qui permet d’atteindre le point pa-‐roxystique nécessaires pour que les joueurs engrangent leurs gains. Ainsi, un Sauveur (A) peut proposer son aide à une Victime (B) puis lui reprocher de ne pas en profiter, se transformer alors en Persécuteur (A). La Victime (B) se rebiffe alors contre A, devenant à son tour Persécu-‐teur (B), et A prend alors le rôle de Victime. C’est le célèbre triangle dramatique de l’AT, autre-‐ment appelé triangle de Karpman.
Qu’est ce qui permet un bon jeu dramatique ? Selon Karpman, trois facteurs sont utiles pour que les jeux deviennent réellement dramatiques:
• Flexibilité : la capacité des joueurs à changer de rôle, et d’utiliser des moyens nouveaux de jouer la même partie. Certains jeux peuvent être joués avec un seul type de technique alors que d’autres nécessitent d’être plus créatifs. Par exemple le jeu du « oui mais » né-‐cessite de la créativité. Ils doivent être capable de déplacer le sujet du jeu des mots, à l'argent, aux relations sociales, aux parties du corps…
• Ténacité : Il est nécessaire de ne pas renoncer au jeu trop rapidement pour que la partie puisse être jouée avec succès. Il est donc nécessaire que les joueurs aient une certaine persévérance et surtout maintiennent la relation suffisamment pour parvenir à un dé-‐nouement tragique.
• Intensité : Alors que certains joueurs préfèrent jouer de manière plus calme et plus dé-‐tendue, d'autres préfèrent être plus agressifs et entretenir une forte tension. Si les parte-‐naires ne sont pas d’accord sur l’intensité du jeu, il y a un risque que le jeu ne parvienne pas à son paroxysme. Néanmoins, il y a généralement un alignement sur le niveau de tension du joueur le plus agressif.
Pourquoi jouer ? Les jeux sont la garantie d’obtenir des strokes en grande quantité. Ils correspondent à la soif de signes de reconnaissance, les personnes pouvant préférer des signes de reconnaissances néga-‐tifs à pas de signes de reconnaissance du tout. Travail sur soi Identifiez une situation que revivez régulièrement, et identifiez les termes de l’équation. Remé-‐morez vous précisément les acteurs, le décor, les dialogues. Vous pouvez alors vous faire aider par quelqu’un pour vous passez le film à l’envers, et identifier les rôles aussi bien que les termes de l’équation AG + PF -‐> R+D+MS+B
Victime Sauveteur
Persécuteur
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Que faire des jeux ? Les jeux sont le plus souvent des processus non conscients dans la mesure où les joueurs ne se rendent pas compte qu’ils sont en train de s’y livrer. Les transactionnalistes constatent que, plus ils prennent conscience des jeux et des rôles qu’ils jouent, et plus ils sont en mesure de re-‐prendre le contrôle de manière plus constructive, plus utile et de manière générale plus Adulte. Néanmoins, tous les jeux ne sont pas de même intensité, et la conscientisation des jeux peut uti-‐lement tenir compte des trois niveaux de jeu :
• Au premier niveau, le jeu est acceptable et peut même avoir une fonction positive (même si le jeu n’est pas dépourvu d’effets négatifs). A ce niveau, le lien interpersonnel est solli-‐cité, ce qui peut aboutir à sa remise en cause constructive. Ceci peut se passer dans le couple, entre conjoint, ou entre collègues, et l’issue du jeu peut être une remise à plat partielle temporaire de la relation, mais parfois même de manière totale et définitive, et cette remise à plat peut être constructive.
• Au second niveau, le jeu aboutit à une rupture du lien qui peut être partielle et tempo-‐raire, mais parfois totale et définitive. C’est le « coup de gueule », la porte qui claque etc. Les conséquences ne sont pas à proprement parler dramatique mais s’accompagnent d’une dégradation tangible des relations entre les joueurs. Le jeu se déroule en général dans l’intimité, le spectacle n’est pas une priorité et les joueurs privilégient une partie privée.
• Au troisième niveau, les joueurs aboutissent à des situations de non retour, les consé-‐quences peuvent être dramatiques, et peuvent éventuellement être mises en scène, en impliquant des proches ou des spectateurs. Cela peut aller à faire la une des faits divers avec des suicides, des violences physiques, des accès de folie…
Quelque soit le niveau, les jeux sont des processus répétitifs. Et pour cela il est nécessaire que les deux joueurs soient d’accord pour rejouer la partie plusieurs fois. Ainsi, il est important de prendre conscience que quelque soit le niveau de jeu, chacun des joueurs a 100% de la responsabilité. En effet, un jeu se joue à deux, et il suffit que l’un d’eux re-‐fuse le jeu pour que celui-‐ci s’arrête ou prenne une autre orientation. Notre responsabilité est par conséquent, une fois que nous avons appris à repérer les jeux, et en particulier les trois rôles « victime », « persécuteur » et « sauveteur », de désamorcer les jeux ultérieurs afin de revenir à des transactions constructives. Et vous ?
• Quels sont vos jeux préférés ? • Quelle en est la structure ? • Comment cernez vous les trois rôles ? • Comment passez vous de l’un à l’autre rôle ? • Comment allez vous modifier la structure du jeu pour en sortir et entrer dans une rela-‐
tion constructive ?
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Cervantès, L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche (1611). Chapitre VIII -‐ Du beau succès que le valeureux Don Quichotte eut en l'épouvantable et jamais imaginée aventure des moulins à vent, avec d'autres événements dignes d'heu-‐reuse ressouvenance Là-‐dessus ils découvrirent trente ou quarante moulins à vent qu'il y a en cette plaine, et, dès que don Quichotte les vit, il dit à son écuyer : « La fortune conduit nos affaires mieux que nous n'eus-‐sions su désirer, car voilà, ami Sancho Panza, où se découvrent trente ou quelque peu plus de démesurés géants, avec lesquels je pense avoir combat et leur ôter la vie à tous, et de leurs dé-‐pouilles nous commencerons à nous enrichir : car c'est ici une bonne guerre, et c'est faire grand service à Dieu d'ôter une si mauvaise semence de dessus la face de la terre. — Quels géants ? dit Sancho. — Ceux que tu vois là, répondit son maître, aux longs bras, et d'aucuns les ont quelquefois de deux lieues. — Regardez, monsieur, répondit Sancho, que ceux qui paraissent là ne sont pas des géants, mais des moulins à vent et ce qui semble des bras sont les ailes, lesquelles, tournées par le vent, font mouvoir la pierre du moulin. — II paraît bien, répondit don Quichotte, que tu n'es pas fort versé en ce qui est des aventures : ce sont des géants, et, si tu as peur, ôte-‐toi de là et te mets en oraison, tandis que je vais entrer avec eux en une furieuse et inégale bataille. » Et, disant cela, il donna des éperons à son cheval Rossinante, sans s'amuser aux cris que son écuyer Sancho faisait, l'avertissant que sans aucun doute c'étaient des moulins à vent, et non pas des géants, qu'il allait attaquer. Mais il était telle-‐ment aheurté à cela que c'étaient des géants qu'il n'entendait pas les cris de son écuyer Sancho, ni ne s'apercevait pas de ce que c'était, encore qu'il en fut bien près, au contraire, il disait à haute voix : « Ne fuyez pas couardes et viles créatures, car c'est un seul chevalier qui vous attaque. » Sur cela il se leva un peu de vent et les grandes ailes de ces moulins commencèrent à se mouvoir, ce que voyant don Quichotte, il dit : « Vous pourriez mouvoir plus de bras que ceux du géant Briarée (5) : vous allez me le payer » Et, disant cela, il se recommanda de tout son cœur a sa dame Dulcinée, lui demandant qu'elle le secourut en ce danger, puis, bien couvert de sa ron-‐dache, et la lance en l'arrêt, il accourut, au grand galop de Rossinante, donner dans le premier moulin qui était devant lui, et lui porta un coup de lance en l'aile : le vent la fit tourner avec une telle violence qu'elle mit la lance en pièces, emmenant après soi le cheval et le chevalier, qui s'en furent rouler un bon espace parmi la plaine. Sancho Panza accourut à toute course de son âne pour le secourir, et, quand il fut à lui, il trouva qu'il ne se pouvait remuer : tel avait été le coup que lui et Rossinante avaient reçu. « Dieu me soit en aide ! dit Sancho; ne vous ai-‐je pas bien dit que vous regardiez bien ce que vous faisiez, que ce n'étaient point des moulins à vent, et que personne ne le pouvait ignorer, sinon quelqu'un qui en eût de semblables en la tête ? — Tais-‐toi, ami Sancho, répondit Don Quichotte, les choses de la guerre sont plus que d'autres sujettes à de continuels changements, d'autant, j'y pense, et c'est la vérité même, que ce sage Freston, qui m'a volé mon cabinet et mes livres, a converti ces géants en moulins pour me frus-‐trer de la gloire de les avoir vaincus, tant est grande l'inimitié qu'il a contre moi; mais, en fin fi-‐nale, ses mauvais artifices ne prévaudront contre la bonté de mon épée. — Dieu en fasse comme il pourra ! » répondit Sancho Panza, et, lui aidant à se lever, il le remonta sur Rossinante, qui était à demi épaulé.
5 Cottos, Gyès et Briarée sont des géants de la mythologie grecque. Ils ont chacun cent bras et cinquante têtes
qui crachent du feu. Ce sont les frères des Titans et des Cyclopes.
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Méconnaissances Définition Un médecin peut commettre une erreur de diagnostic parce qu’il a méconnu un symptôme, c’est à dire qu’il l’a minimisé, déformé, mal interprété... Il n'y a aucune connotation morale dans ce mot qui a parfois au figuré la signification de ne pas apprécier quelqu'un ou quelque chose, ou encore ne pas reconnaître la valeur. En Analyse transactionnelle, les méconnaissances ont été formalisées par Aaron et Jacqui Schiff au début des années 1970, et le concept a été approfondi par Ken Mellor et Éric Schiff. Les méconnaissances sont le fait de ne pas percevoir quelque chose, le sous-‐estimer, le suresti-‐mer, le distordre, de l’interpréter incorrectement. La méconnaissance est un mécanisme inconscient qui consiste donc à ne pas percevoir la réalité telle qu’elle est et donner lieu à des généralisations, des distorsions, ou des omissions d’informations. Elle se manifeste dans les propos par des énoncés comme :
• « De toute façon, on ne peut pas faire confiance aux commerciaux ». Et même si certains commerciaux peuvent effectivement ne pas être digne de confiance, cette phrase trop générale révèle une généralisation.
• « Si ce commercial me dit que le produit est si bon que cela, c’est qu’il y a un piège quelque part ». Ici la relation de cause à effet ne repose sur aucune indication objective et relève de la distorsion.
• « Si il a besoin de vérifier cette information, c’est que ce commercial est mauvais » peut indiquer que la personne ne perçoit pas que le commercial souhaite apporter une ré-‐ponse fiable.
L’utilité des méconnaissances En tant que processus cognitif, la méconnaissance a une fonction essentielle de construction du sens à partir de la perception de la réalité. En particulier :
• Si nous ne simplifions pas le réel, nous serions saturés d’informations inutiles, • Si nous ne généralisions pas, nous serions incapables d’apprendre par l’expérience, • Si nous ne distordions pas, certaines réalités seraient difficiles à accepter.
Le processus de méconnaissance permet d’élaborer une représentation du monde simplifiée et inexacte mais utilisable. Par contre, il arrive fréquemment que les méconnaissances entraînent une déformation excessive de la réalité, ce qui est alors contre-‐productif. Méconnaissance et ignorance Il est utile de pouvoir distinguer une méconnaissance d’une simple ignorance. Dans le cas de l’ignorance, apporter une information supplémentaire suffit à faire évoluer la perception de la personne. Dans le cas de la méconnaissance, la perception erronée de la réalité résulte de tout un ensemble de croyances et de filtres qui structurent la perception et la compréhension de la réalité. Ce n’est pas une simple erreur mais une construction de la réalité personnelle à laquelle la personne tient et qu’elle est prête à justifier, argumenter, voire défendre. La personne qui mé-‐connait pense que ses conceptions sont valides, ce qui fait qu’il peut être difficile de faire cons-‐cientiser une méconnaissance.
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Typologie des méconnaissances Et l'analyse transactionnelle distingue trois domaines de méconnaissance :
• de soi, • des autres, • des situations.
Elle distingue par ailleurs trois registres de méconnaissance : • des signes du problème, • du problème lui-‐même, • des options de solutions.
Enfin, elle distingue quatre niveaux de méconnaissance : • Niveau 1 de l’existence du phénomène, • Niveau 2 de la signification de celui-‐ci, • Niveau 3 des possibilités de changement de celui-‐ci • Niveau 4 des aptitudes personnelles vis-‐à-‐vis du phénomène.
Il est très difficile d’accéder soi-‐même à ses propres méconnaissances. Aussi, il est utile d’analyser les problèmes à travers d’une grille des méconnaissances, à la lumière de ces trois classes de distinctions. Exemple Énoncé du problème (6) :
-‐ « Tu sais quoi, je me marie le mois prochain ! » -‐ « Ah bon, mais tu en es à ton 6ème divorce ! » -‐ « Oui, et alors ? Ca pose un problème ? »
Les quatre niveaux de méconnaissance possibles : • Niveau 1 : La méconnaissance de l’existence du phénomène porte visiblement sur « Où
est le problème ? » avec sous-‐jacent « Cette fois, c’est enfin la bonne ! ». • Niveau 2 : La méconnaissance de la signification du problème est « Oui, je me marie
pour la 7ème fois, je me rends bien compte qu’il y a un problème, mais bon tant pis, c’est comme ça »
• Niveau 3 : La méconnaissance des possibilités de changement est « Oui, j’en suis à mon 7ème mariage, mais ce n’est pas à 45 ans que ca va changer ! ». La personne a conscience du problème et de sa portée, mais méconnait les autres façons de faire.
• Niveau 4 : La méconnaissance sur la capacité personnelle à amener le changement est « Oui, cela fait 7 fois que je refais la même expérience. Mais comment faire autre-‐ment ? Faire une thérapie ? Ca va prendre 10 ans. Et puis c’est cher. Vivre seul ? J’en suis incapable. Alors quoi d’autre ? Je ne vois vraiment pas ». La personne bien conscience du problème et des possibilités de changement mais doute d’elle même : elle méconnait sa capacité à agir autrement.
Dans cet exemple on perçoit qu’il est nécessaire d’identifier correctement le niveau de mécon-‐naissance avant d’envisager un changement. En effet, il n’est pas possible de prendre conscience d’un niveau 3 ou 4 si la méconnaissance porte sur le niveau 1 ou 2. D’une manière générale, avant d’envisager un changement à un niveau supérieur, il est nécessaire de s’assurer qu’il n’y a pas de méconnaissance au niveau inférieur. 6 Exemple librement adapté de http://www.analysetransactionnelle.fr
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Passivité En Analyse transactionnelle la passivité est « l’art de réussir à échouer » ou « comment faire pour ne pas y arriver ». Elle distingue quatre types de passivité :
• L’inaction, c’est à dire ne rien faire, • La sur-‐adaptation, qui consiste à adapter son comportement au delà de ce que l’on peut
effectivement supporter sans dommage, • L’agitation, par laquelle des actions sont entreprises, mais sans qu’elles soient réellement
orientées vers un résultat • L’incapacitation, qui est la mise en œuvre de la violence contre les autres ou soi-‐même.
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Autres stages Formations de base
• Introduction à l’Analyse Transactionnelle, une adaptation libre du programme 101 • Introduction à la Programmation Neuro Linguistique, (formation certifiante, d’après du
Dr séminaire de Richard Bolstad : « Keys to Success ») Perfectionnement
• AT et PNL : Psycho-‐praticien AT-‐PNL (formation certifiante, après entretien préalable) • AT et PNL : Coaching (formation certifiante) • PNL : Communiquer Efficacement (formation certifiante, d’après le séminaire du Dr Ri-‐
chard Bolstad : « Transforming Communication ») • PNL : Efficacité personnelle, gérer son temps, son activité, gérer ses relations aux autres • AT : Protocole ODCI (Observer, Décoder, Choisir les Options, Intervenir)
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Références Bibliographie Éric Berne (1971), Analyse transactionnelle et psychothérapie, Éditions Payot. Éric Berne (1972), Que dites vous après avoir dit bonjour, Éditions Tchou. Éric Berne (1967), Des jeux et des hommes, Éditions Stock Ian Stewart, Vann Joines (1991), Manuel d’analyse transactionnelle, InterEditions Claude Steiner (1996), Des scénarios et des hommes : Analyse transactionnelle des scénarios de
la vie, Desclée De Brouwer. Franklin H. Ernst, L’enclos OK : Une grille pour aller de l’avant avec l’autre. C.A.T. vol. 1, p 133. Nancy Porter-‐Steele, Que signifie « je suis OK –Tu es OK » ?, C.A.T. vol. 7, p 77 Sources internet http://www.itaa-‐net.org/TheScript/ http://www.analysetransactionnelle.fr/ http://wiki.drik.fr/communication/Analyse%20transactionnelle/ http://www.transforme-‐action.ch/home/index.php?option=com_content&task=view&id=28&
Itemid=2 http://www.troisiemevoie.com/isabelle_harle/2005/12/index.html http://www.scribd.com/doc/43375556/Analyse-‐Transactionnelle