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MANUEL SUR LA ET LES MOYENS D’EXISTENCE DEUXIÈME PARTIE Agir pour atténuer les effets de l’application des décisions de la CITES sur les moyens d’existence dans les communautés rurales pauvres

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MANUELSUR LA ET LES MOYENS D’EXISTENCE

DEUXIÈME PARTIEAgir pour atténuer les effets de l’application des décisions de la CITES sur les moyens d’existence dans les communautés rurales

pauvres

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ISBN 978-0-8270-6617-5

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MANUEL SUR LA CITES ET LES MOYENS D’EXISTENCE

DEUXIÈME PARTIE

Agir pour atténuer les effets de l’application des décisions de la CITES sur les moyens d’existence dans les communautés rurales pauvres

Secrétariat général de l’Organisation des États américains (SG/OEA)

Secrétariat de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES)

WASHINGTON

Juin 2015

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OAS Cataloging-in-Publication Data

Manuel sur la CITES et les moyens d’existence : Deuxième partie : Agir pour atténuer les effets de l’application des décisions de la CITES sur les moyens d’existence dans les communautés rurales pauvres / [Préparé par le Département du Développement Durable de l’Organisation des États Américains en collaboration avec le Secrétariat de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction(CITES)].

p. : ill. ; cm. (OAS. Documents officiels ; OEA/Ser.D/XXIII.25.2)

ISBN 978-0-8270-6617-5

1. Endangered species. 2. Wild animal trade. 3. Wild plant trade. 4. Sustainable development.I. Title. II. Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (1973). III. Organization of American States. Executive Secretariat for Integral Development. IV. Series.OEA/Ser.D/XXIII.25.2

L’information contenue dans le présent manuel s’appuie sur le document CoP16 Inf. 21, La CITES et les moyens d’existence.

Deuxième partie: Manuel sur la CITES et les moyens d’existence: Agir pour atténuer les effets de l’application des décisions de la CITES sur les moyens d’existence dans les communautés rurales pauvres. Préparé par le Secrétariat CITES et le groupe de travail sur la CITES et les moyens d’existence. Rédigé par Rodrigo Martinez, consultant au Département du développement durable du Secrétariat général de l’Organisation des États américains.

Concept, mise en pages et présentation: Fredy A. Fonseca Ochoa

Les opinions exprimées dans le présent ouvrage sont données à des fins d’information uniquement et ne représentent en aucun cas l’opinion ou la position officielle de l’Organisation des États américains, de son Secrétariat général ou de ses États membres.DROITS D’AUTEUR © (2015) Secrétariat général de l’Organisation des États américains. Publié par le Département du développement durable. Tous droits réservés au titre des conventions internationales et panaméricaines. Aucune partie de ce document ne peut être reproduite ou communiquée sous quelque forme ou par quelque moyen électronique ou mécanique que ce soit, y compris par photocopie, enregistrement, stockage de toute forme ou par extraction de l’information sans le consentement écrit préalable ou l’autorisation de la maison d’édition.

L’appui financier fourni par le Gouvernement du Canada à cette initiative, par l’intermédiaire du Département des affaires étrangères, du commerce et du développement (DFATD), est très apprécié.

Foreign Affairs, Trade andDevelopment Canada

Affaires étrangères, commerceet Devéloppement Canada

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Table des matières

Acronymes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

Contexte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

Objet du présent manuel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

Étapes visant à atténuer les impacts et promouvoir l’utilisation durable des espèces inscrites à la CITES . . . . . . . . . . 9

Étape 1. Identifier les espèces prioritaires et réviser la législation en vigueur sur l’utilisation des espèces . . . . . . 10

Étape 2. Générer une base de données scientifiques et technologiques pour l’utilisation durable des espèces . 11

Étape 3. Autonomiser les communautés rurales pauvres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

Étape 4. Concevoir des mesures d’incitation et élaborer des stratégies commerciales pour promouvoir la production in situ et ex situ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

Étape 5. Promouvoir l’engagement et la coopération entre les agences gouvernementales compétentes . . . . . . 14

Étape 6. Exercer un suivi et évaluer les effets des mesures d’atténuation et de promotion de l’utilisation durable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

Normes et certifications existantes pour l’utilisation durable des espèces . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

Principaux facteurs pour l’établissement des mesures d’atténuation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

Facteur 1: Compensation des coûts associés à l’inscription d’espèces à la CITES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

Facteur 2: Équité, autonomisation et propriété Égalité des sexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

Facteur 3: Formation d’associations représentant les cueilleurs des communautés rurales pauvres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

Facteur 4: Mécanismes de marché et accès au microcrédit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

Facteur 5: Confiance du consommateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

Facteur 6: Certifications sociales et environnementales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

Facteur 7: Appui technique intersectoriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

Facteur 8: Contexte international favorable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

Comment évaluer rapidement les effets de l’application des décisions d’inscription d’espèces aux annexes de la CITES sur

les moyens d’existence des communautés rurales pauvres

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Annexe I. Études de cas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

I. Écotourisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

A. Tortues marines (Annexe I) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

II. La chasse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

B Chasse aux trophées et vente de rhinocéros noirs et blancs vivants (Annexe I) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

C. Les trophées de chasse – Le markhor (Annexe I) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

III. Commerce d’animaux et de plantes vivants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

D. Hippocampes (Annexe II) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

E. Amazona aestiva (Annexe II) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

F. Reproduction de bulbes de Galanthus (Annexe II) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32

G. Orchidées, cactus et succulentes (Annexe I) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

IV. Produits médicinaux et aromatiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

H. Prunus africana (Annexe II) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

I. Plantes médicinales – Hoodia spp. (Annexe II) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35

J. Plantes aromatiques – Le bois d’agar (Annexe II) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36

V. Produits du bois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37

K. Acajou (Annexe II) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37

VI. Fibres et peaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38

L. Fibre de vigogne (Annexes I et II) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38

M. Peaux de crocodile élevé en ranch (Annexes I et II) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40

N. Peaux de pécari (Annexe II avec quota zéro) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41

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Acronymes

CDB: Convention sur la diversité biologique

CITES: Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction

CONACS: Confederación Nacional dos Agente Comunitarios Saude

FFI: Fauna & Flora International

FSC: Forest Stewardship Council

FWS: Fair Wild Standard

IMO: Institute of Market-ecology

INRENA: Institut national des ressources naturelles du Pérou

ISSC-MAP: International Standard for Sustainable Wild Collection of Medicinal and Aromatic Plants

SIPPO: Programme pour la promotion des importations, Suisse

TRAFFIC: Le réseau de suivi du commerce des espèces sauvages

UEBT: Union for the Ethical Biotrade

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Contexte

Dans la deuxième partie de ce Manuel sur la CITES et les moyens d’existence, nous traitons des activités et des solutions possibles pour remédier aux effets,

sur les communautés rurales pauvres, des décisions d’inscription d’espèces à la CITES. Nous proposons des mesures d’atténuation et des mesures visant à encourager l’utilisation durable pour tenter de tenir compte des résultats des évaluations rurales participatives réalisées dans la première partie du manuel.

Les programmes de conservation des espèces établis pour appliquer les règlements CITES peuvent avoir des effets disproportionnés sur les communautés rurales pauvres. La mise en œuvre de décisions d’inscription d’espèces à l’Annexe I et, dans une certaine mesure, à l’Annexe II et à l’Annexe III, impose des restrictions sur le commerce et peut limiter l’accès des communautés rurales qui pratiquent un commerce légal, en particulier à court terme. Faute d’instaurer des mesures d’atténuation ou d’autres mesures de protection des moyens d’existence, tout changement dans la demande et dans l’accès aux possibilités de commerce touche, d’une manière ou d’une autre, les fournisseurs de matières premières provenant d’espèces CITES (TRAFFIC, 2008). En général, à condition d’être bien gérés, les projets qui encouragent l’utilisation durable, consommatrice et non consommatrice, des ressources peuvent aider, soit à maintenir, soit à restaurer les populations d’espèces CITES, à renforcer la confiance des consommateurs et à générer un revenu pour les communautés rurales pauvres.

Le respect de la réglementation du commerce freine l’exploitation excessive et donne accès, à long terme, aux ressources à usage domestique et de subsistance. Il peut aussi y avoir des situations favorables où les restrictions au commerce donnent lieu à une augmentation des prix et du revenu (sans oublier les avantages du passage à un système de production plus durable ou à d’autres utilisations de l’espèce), à condition que cette augmentation soit équitablement répartie tout au long de la chaîne de valeurs et n’encourage pas le commerce illégal. Les avantages peuvent prendre diverses formes, par exemple une amélioration de l’éducation et la création de capacités suivies par l’adoption des mêmes mesures ailleurs et pour d’autres espèces.

Toutefois, il peut aussi y avoir des effets négatifs lorsque la population d’une espèce décimée par l’utilisation non durable et le trafic se rétablit. On peut citer le cas de la mégafaune dont le comportement – notamment contre les cultures et le bétail – peut être source de conflits avec l’homme (Jones, 2009; Woodroffe et al., 2005). En l’absence de mesures de compensation et/ou d’atténuation, ainsi que de protection du bétail, les communautés rurales pauvres qui ont peu de ressources et d’autres solutions pourraient, dans ce cas, être lourdement touchées. Les solutions pourraient résider dans un écotourisme axé sur des espèces charismatiques (Trong et Drews, 2004) ou la promotion d’activités de chasse sportive (Weaver et Skyer, 2003), toutes activités qui pourraient aider à trouver un équilibre entre le revenu reçu par les populations rurales pauvres et le risque que pose la mégafaune.

Cette deuxième partie du manuel décrit un processus en six étapes, soulignant comment les Parties peuvent lutter contre les effets négatifs et promouvoir l’utilisation durable des ressources et des espèces. Les étapes peuvent être axées sur une espèce en particulier ou appliquées au niveau national afin de promouvoir des politiques et stratégies associées à l’utilisation durable des espèces inscrites aux annexes CITES.

Objet du présent manuel

L’objet de cette deuxième partie du manuel consiste à présenter les principaux facteurs d’atténuation des effets de l’inscription d’espèces à la CITES sur les communautés rurales pauvres, et les enseignements acquis grâce aux études de cas sur les espèces CITES et non CITES. En outre, six étapes sont décrites qui contribueront à la mise en place de politiques nationales cohérentes et de mesures d’incitation locales pour atténuer les effets.

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Étapes visant à atténuer les impacts et promouvoir l’utilisation durable des espèces inscrites à la CITES

ÉTAPE

1

ÉTAPE 2

ÉTAPE 3

ÉTAPE 4

ÉTAPE 5

ÉTAPE 6

Identifier les espèces prioritaires et réviser la législation en vigueur sur l’utilisation des espèces

Générer une base de données scientifiques et technologiques pour l’utilisation durable des espèces

Autonomiser les communautés rurales pauvres

Concevoir des mesures d’incitation et élaborer des stratégies commerciales pour promouvoir la production in situ et ex situ

Promouvoir l’engagement et la coopération entre les agences gouvernementales compétentes

Exercer un suivi et évaluer les effets des mesures d’atténuation et de promotion de l’utilisation durable

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Étape 1. Identifier les espèces prioritaires et réviser la législation en vigueur sur l’utilisation des espèces

1.1 Identifier les espèces cibles qui recevront un appui. Pour ce faire, il convient de choisir entre:

1.1.1 Des espèces qui ont bénéficié d’une évaluation rurale participative comme celles qui auront été menées en utilisant les instruments décrits dans la première partie du présent manuel; et

1.1.2 Des espèces inscrites à la CITES pour lesquelles une évaluation des effets n’a pas encore été ré-alisée, qui sont utilisées par les communautés rurales pauvres à des fins de commerce et de subsistance et qui sont une de leurs principales sources de revenu.

1.2 Analyser les résultats de l’évaluation rurale participative lorsqu’elle est terminée afin d’utiliser l’information recueillie.

1.3 Analyser l’intérêt d’examiner les enseignements acquis pour des espèces qui ne sont pas inscrites à la CITES

1.3.1 L’information sur l’utilisation d’espèces non ins-crites à la CITES ou sur des taxons supérieurs peut être très utile. Ainsi, les études conduites par la CITES sur les nids de salangane (Colloca-lia spp.), les fameux “nids d’hirondelle”, et sur les concombres de mer (Holothuriens – Harpago-phytum spp.) utilisés en gastronomie, apportent des enseignements précieux. La littérature por-tant sur l’utilisation durable des espèces est abondante et peut certainement raccourcir la courbe d’apprentissage associée à l’utilisation durable des espèces CITES. Il serait tout parti-culièrement utile de consulter la littérature trai-tant d’espèces qui ne sont pas encore inscrites à la CITES mais qui pourraient l’être à l’avenir.

1.4 Évaluer l’application des mesures énoncées dans l’Article VII de la Convention

1.4.1 En ce qui concerne les espèces inscrites à l’An-nexe I de la CITES, il est recommandé que les Parties analysent les mesures tenant compte des dérogations énumérées dans l’Article VII de la Convention, par exemple, celles qui concernent l’élevage en captivité et la repro-duction artificielle. L’adoption de systèmes de quotas ou de mesures visant à encourager l’éla-boration de systèmes de production durables peut conduire au transfert de la population na-tionale d’une espèce de l’Annexe I à l’Annexe II.

1.5 Examiner la législation et les règlements de chaque pays et région

1.5.1 Vérifier, auprès des autorités compétentes char-gées de l’environnement, les processus d’auto-risation, de permis et de coûts de transaction associés à la production en captivité et au prélè-vement d’espèces sauvages pour une utilisation commerciale.

1.6 Retarder l’entrée en vigueur des décisions

1.6.1 Les Parties peuvent envisager l’adoption d’une approche souple pour l’entrée en vigueur des inscriptions d’espèces à la CITES afin de garantir qu’il y ait suffisamment de temps pour appli-quer les inscriptions et que le commerce réalisé dans le cadre de l’inscription soit à la fois légal et durable (p. ex., esturgeons, hippocampes, an-guilles).

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Étape 2. Générer une base de données scientifiques et technologiques pour l’utilisation durable des espèces

2.1 Établir des liens avec les universités et les centres de recherche

2.1.1 La mise en place d’alliances et d’accords avec des centres de recherche sur la biodiversité ainsi qu’un budget permettant de mener des travaux de recherche scientifique et technologique sur la production ex situ et in situ sont essentiels pour concevoir des protocoles de production et d’exploitation durables destinés aux communautés rurales.

2.1.2 Établir des partenariats avec les institutions fixant les normes et les contrôles de qualité, sanitaires et phytosanitaires, afin de répondre aux normes du marché pour les produits. À cet effet, il importera d’entreprendre des travaux de recherche sur la manière de satisfaire aux normes du marché. Par exemple, les États Unis tout comme l’Europe ont besoin que les plantes médicinales provenant de pays en développement soient soumises à des tests de toxicité et des tests des principes actifs. Le coût de ces tests peut être important.

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3.1 Éduquer et sensibiliser le public

3.1.1 Concevoir des campagnes de sensibilisation du public, diffuser des informations et organi-ser des ateliers pour les communautés rurales pauvres sur les valeurs de l’utilisation durable des espèces et les avantages à obtenir en par-ticipant à des programmes communautaires d’utilisation durable.

3.1.2 Aider les principaux utilisateurs des produits sauvages (p. ex., les cueilleurs, les agriculteurs, les administrateurs ou d’autres groupes) à créer des associations socialement responsables ou organes semblables dans le but d’établir une structure de gouvernance à des fins de prise de décisions.

3.1.3 Promouvoir l’adoption des protocoles d’exploi-tation et des normes de commerce durable et équitable auprès des communautés rurales pauvres.

3.2 Concevoir des mécanismes pour la répartition équitable des avantages

3.2.1 Concevoir et appliquer, de manière participa-tive, des mécanismes de répartition juste et équitable des avantages issus du commerce d’espèces CITES pour les communautés rurales pauvres.

3.2.2 Avec les communautés rurales, concevoir des stratégies garantissant que tous ceux qui sont touchés par l’application d’inscriptions d’es-pèces aux annexes de la CITES soutiennent le suivi de la mise en œuvre et l’application de la loi pour lutter contre le trafic des espèces.

3.2.3 À condition que les normes culturelles le per-mettent, établir des stratégies spécifiques pour élargir la participation des femmes aux activités de production, de gestion et de commerce.

3.3 Analyser l’accès des communautés rurales et autochtones pauvres aux ressources et à la propriété

3.3.1 Établir un plan et des mécanismes facilitant l’ac-cès aux ressources et à la propriété comme stra-tégie d’utilisation durable des ressources et de bien être à long terme des communautés.

Étape 3. Autonomiser les communautés rurales pauvres

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4.1 Élaborer des études de marché et de transfert de technologies de production

4.1.1 Réaliser une étude de la structure du marché pour établir où il est possible d’ajouter de la valeur par la transformation et la commerciali-sation d’espèces ou de produits ainsi que pour rassembler des connaissances sur des groupes possibles pouvant créer un environnement fa-vorable pour le commerce.

4.1.2 Réaliser une étude du marché local, national ou international pour une espèce, afin de déter-miner la préférence des consommateurs, les termes du commerce (prix, qualité, volumes, saisons) et les concurrents éventuels du secteur ou de la niche du marché.

4.1.3 Réaliser une étude des technologies nationales ou internationales disponibles ( prospective technologique) pour la reproduction en capti-vité ou in situ, le cas échéant, comprenant des technologies à valeur ajoutée (transformation et transport du produit ou de ses parties).

4.2 Élaborer des initiatives entrepreneuriales et communautaires viables

4.2.1 Encourager le développement entrepreneurial d’initiatives nouvelles afin que les communau-tés rurales pauvres puissent mettre en œuvre des pratiques de production ex situ. La première étape, dans le renforcement d’initiatives com-merciales prometteuses, consiste à élaborer un plan d’affaires solide qui puisse être soutenu par des organisations appuyant le développe-ment de micro- et petites entreprises.

4.2.2 Établir des accords avec des organisations lo-cales et nationales qui soutiennent l’entrepre-nariat et la promotion du commerce, comme

les chambres de commerce, les agences de pro-motion des exportations et les universités, pour renforcer l’efficacité de l’aide apportée tout en évitant la redondance des efforts.

4.2.3 Enquêter auprès des producteurs sur la néces-sité d’accéder au microcrédit ou autres incita-tions économiques ou d’équipement pour le traitement et la transformation du produit né-cessaires pour répondre à la demande du mar-ché, pour les espèces exploitées aussi bien in situ qu’ex situ.

4.2.4 Encourager les liens commerciaux entre les as-sociations de producteurs nationales, les négo-ciants internationaux et les importateurs d’es-pèces CITES.

4.2.5 Analyser la faisabilité de la mise en place de sys-tèmes de production de substitution, y compris en agriculture, foresterie ou pêche qui aideront à diversifier les sources de revenu des commu-nautés rurales pauvres et à réduire la demande d’espèces.

4.3 Définir des mesures d’atténuation des conflits entre l’homme et les espèces sauvages

4.3.1 Si nécessaire, réaliser une évaluation des impacts potentiels des animaux sauvages et des pertes qu’ils peuvent causer, en particulier dans le cas de la mégafaune dont les stocks précédemment décimés sont en train de se rétablir. Selon le cas, évaluer avec les communautés éventuellement affectées les investissements nécessaires pour protéger les cultures et le bétail.

Étape 4. Concevoir des mesures d’incitation et élaborer des stratégies commerciales pour promouvoir la production in situ et ex situ

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5.1 Définir un plan de travail technique, intersectoriel, avec les organismes gouvernementaux chargés des questions relatives à la terre et aux droits de propriété, à l’agriculture, à la conservation, au développement rural, au commerce et à l’industrie.

5.2 Collaborer et planifier, avec des organisations de coopération internationale, en vue d’attirer un appui financier et technique pour l’élaboration de mesures d’atténuation au niveau national ou pour chaque es-pèce au niveau local.

5.3 Promouvoir des programmes d’échange de connais-sances sud-sud entre les acteurs, les autorités natio-nales, les organismes internationaux de conservation et de développement, concernant la gestion commu-nautaire des ressources naturelles.

Étape 5. Promouvoir la coopération avec les organismes gouvernementaux compétents et les organisations du secteur

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6.1 Définir un cadre de suivi et d’évaluation des mesures prises

6.1.1 Choisir des indicateurs pour évaluer les initiatives de développement entrepreneurial et commercial

6.1.2 Choisir des indicateurs de développement social conformes aux indicateurs sélectionnés dans la première partie du manuel

Questions à poser lors du processus de suivi:

• La probabilité de conserver les habitats et les espèces intéressant le projet a-t-elle augmenté? Comment les moyens d’existence en ont-il bénéficié?

• Dans quelle mesure les résultats positifs sont ils susceptibles de perdurer à long terme?

• L’amélioration du revenu est-elle imputable au projet appuyé?

• Les expériences réussies et les échecs du projet ont-ils été documentés et diffusés?

6.1.3 Un outil utile pour le suivi et l’évaluation des impacts sur l’utilisation des espèces a été élaboré par l’Alliance of Cambridge for Conservation Measures et peut être consulté à l’adresse: http://www.cambridgeconservationforum.org.uk/initiative/harmonising-measures-conservation-success

6.1.4 La méthodologie de la théorie du changement peut aussi être utile. Une théorie du changement est une description spécifique et mesurable d’une initiative en vue du changement social qui constitue la base de la planification stratégique, de la prise de décisions et de l’évaluation (The Center for Theory of Change, Inc., 2013). Cette méthodologie peut être consultée dans la publication suivante:

Organizational Research Services. 2004. Theory of Change: A Practical Tool for Action, Results and Learning. Prepared for Annie E. Casey Foundation. http://www.aecf.org/m/resourcedoc/aecf-theoryofchange-2004.pdf.

Des informations additionnelles sur la théorie du changement sont disponibles en ligne à l’adresse: Center for Theory of Change: http://www.theoryofchange.org/library/publications/

Les étapes ci dessus peuvent être validées par les normes et certifications de durabilité existantes en matière d’utilisation des ressources sauvages. Ces normes, qui seront discutées en détail ci après, offrent des trésors de connaissances sur les principes et critères dont il faut tenir compte pour garantir la durabilité économique, environnementale et sociale.

Étape 6. Exercer un suivi et évaluer les effets des mesures d’atténuation et de promotion de l’utilisation durable

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L’utilisation durable des espèces repose sur trois piliers.

I. Le premier est la durabilité environnementale de la ressource. La durabilité environnementale suppose qu’une offre constante et permanente de l’espèce est maintenue grâce à des pratiques de prélèvement durable préservant à perpétuité des populations en bonne santé.

II. Le deuxième est la durabilité sociale de la ressource, dans le cadre de laquelle on s’attend à ce que le com-merce génère des avantages pour les communautés rurales pauvres, améliorant ainsi leur qualité de vie et renforçant leurs moyens d’existence tout en respectant les normes culturelles et l’utilisation traditionnelles.

III. Le troisième pilier est la viabilité économique des ini-tiatives de production. La viabilité économique sup-pose qu’il y a un marché, soit pour l’espèce, soit pour ses produits et parties. La demande doit être constante et le revenu stable et il faut qu’il y ait la possibilité de satisfaire aux conditions du marché. Il faut aussi des

règlements nationaux et internationaux permettant le commerce de l’espèce.

Il existe actuellement différentes normes d’utilisation durable et de commerce équitable ainsi que des cer-tifications et labels. Ces normes et labels garantissent aux consommateurs que le prélèvement ou l’élevage en captivité de l’espèce s’est fait de manière durable. Lorsqu’il n’est pas possible ni viable d’obtenir une certi-fication pour une espèce CITES, l’examen des principes et critères suivants reste crucial pour comprendre les éléments clés et les activités techniques et de gestion requises pour tout projet cherchant à promouvoir l’uti-lisation durable d’une espèce.

Ci-dessous suivent les quatre normes et certifications les plus pertinentes pour les espèces CITES qui com-prennent des principes et des critères à la fois pour les produits forestiers ligneux et non ligneux, les plantes médicinales, aromatiques et ornementales et les par-ties et produits provenant d’animaux sauvages.

Normes et certifications existantes pour l’utilisation durable des espèces

Tableau 1: Normes et certifications pour l’utilisation durable de la biodiversité

Norme Portée Principes et critères

Forest Stewardship Council (FSC)

Les principes et critères du FSC sont applicables à toutes les forêts tropicales, tempérées et boréales.

Bien que les principes et critères soient principalement conçus pour les forêts gérées en vue d’obtenir des produits ligneux, ils sont aussi pertinents, à différents degrés, pour les forêts gérées pour des produits non ligneux et autres services.

Pour plus d’information: http://www.fsc.org

Principe 1. Respect des lois et des principes du FSC La gestion des forêts respecte toutes les lois du pays, tous les traités, conventions et accords internationaux auxquels le pays a adhéré et tous les principes et critères du FSC.

Principe 2: Droits de propriété et d’usage de la terre La propriété et les droits d’usage, à long terme, des terres et ressources forestières doivent être clairement définis, documentés et établis légalement.

Principe 3: Droits des peuples autochtones Les droits juridiques et coutumiers des peuples autochtones quant à la propriété, l’utilisation et la gestion des terres, territoires et ressources doivent être reconnus et respectés.

Principe 4: Relations communautaires et droits des travailleurs La gestion des forêts doit maintenir et améliorer, à long terme, le bien-être social et économique des travailleurs et des communautés locales.

Principe 5: Avantages issus de la forêt La gestion des forêts doit promouvoir l’utilisation efficace de toute la gamme des produits et services de la forêt afin de maintenir ou de renforcer la viabilité économique et la gamme d’avantages sociaux et environnementaux.

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Norme Portée Principes et critères

Principe 6. Impacts sur l’environnement

La gestion des forêts doit conserver la diversité biologique et ses valeurs, les ressources hydrologiques, les sols et les écosystèmes et les paysages uniques et fragiles, et ainsi maintenir les fonctions écologiques et l’intégrité de la forêt.

Principe 7: Plan de gestion

Un plan de gestion conforme à l’échelle et à l’intensité des activités proposées doit être rédigé, appliqué et actualisé. Les objectifs de gestion à long terme et les moyens de les atteindre doivent être établis clairement.

Principe 8: Suivi et évaluation Le rendement des produits forestiers, la chaîne de responsabilité, les activités de gestion et leurs impacts sociaux et environnementaux devront être évalués, conformément à l’intensité de la gestion forestière, pour déterminer l’état de la forêt.

Principe 9: Entretien des forêts

à haute valeur pour la conservation. Les activités de gestion des forêts à haute valeur pour la conservation maintiennent et renforcent les attributs définissant ces forêts. Les décisions relatives aux forêts à haute valeur pour la conservation doivent être prises dans le contexte du principe de précaution.

Principe 10. Plantations

Les plantations doivent être planifiées et gérée conformément aux principes et critères 1-9.

ISSC-MAP: Norme internationale pour l’exploitation durable des plantes médicinales et aromatiques sauvages (Groupe de spécialistes des plantes médicinales de la CSE/UICN, 2007)

Conçue pour protéger les plantes médicinales et aromatiques (MAP).

Pour la norme ISSC-MAP, l’expression “plantes médicinales et aromatiques” comprend les plantes utilisées pour fabriquer des produits pharmaceutiques, des suppléments alimentaires, des produits de santé naturels, des produits de beauté, des cosmétiques et des produits de soins personnels ainsi que des produits commercialisés dans le secteur culinaire/alimentaire

(B. Paetzold, communication personnelle).

Principe 1: Maintenir les ressources sauvages de plantes médicinales et aromatiques

Le prélèvement des plantes médicinales et aromatiques sauvages est mené à une échelle, à un taux et de manière à maintenir les populations et espèces à long terme.

1.1 État de conservation des espèces médicinales et aromatiques ciblées

1.2 Pratiques d’exploitation fondées sur les connaissances

1.3 Intensité de l’exploitation et régénération des espèces

Principe 2 Prévenir les impacts négatifs sur l’environnement

Il convient de prévenir les impacts négatifs causés par les activités d’exploitation des MAP sur d’autres espèces sauvages, dans la zone de prélèvement et les zones voisines.

2.1 Taxons et habitats sensibles

2.2 Gestion des habitats (niveau du paysage)

Principe 3. Respecter les lois, règlements et accords

Les activités d’exploitation et de gestion des MAP doivent se dérouler dans le cadre d’accords de propriété légitimes et du respect les lois, règlements et accords pertinents.

3.1 Propriété, autorité de gestion et droits d’utilisation

3.2 Lois, réglementations et obligations administratives

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Norme Portée Principes et critères

Principe 4 Respecter les droits coutumiersLes droits coutumiers des populations locales et des peuples autochtones en matière d’utilisation et de gestion des zones d’exploitation et des MAP prélevées dans la nature doivent être reconnus et respectés.

4.1 Utilisation traditionnelle, droits d’accès et patrimoine culturel 4.2 Partage des avantages

Principe 5. Appliquer des pratiques de gestion responsablesLe prélèvement d’espèces de MAP sauvages doit s’appuyer sur une gestion adaptative, pratique, participative et transparente.

5.1 Plan de gestion des espèces / de la zone5.2 Inventaire, évaluation et suivi5.3 Transparence et participation5.4 Documentation

Principe 6. Appliquer des pratiques d’entreprise responsablesL’exploitation de MAP sauvages doit être entreprise pour soutenir la demande du marché du point de vue de la qualité, du financement et de la main d’œuvre sans sacrifier la durabilité de la ressource.

6.1 Exigences du marché / des acheteurs6.2 Traçabilité6.3 Viabilité financière6.4 Formation et renforcement des capacités6.5 Sécurité des travailleurs et indemnisation

FairWild (FW) Standard

Principe 1. Relations contractuelles équitables entre l’entreprise et les cueilleursLes cueilleurs ont les structures et l’accès à l’information nécessaires pour défendre leurs intérêts et participer aux décisions de l’entreprise.

1.1 Relations contractuellesLa relation économique entre l’entreprise et les cueilleurs est juste et transparente.

1.2 Organisation des cueilleursLes cueilleurs ont des structures d’organisation pour représenter et défendre leurs intérêts.

Principe 2. Pas de discriminationAucun groupe social ne fait l’objet de discrimination à l’emploi de cueilleur. L’entreprise appuie la participation des femmes comme cueilleuses.

Principe 3. Éviter la main-d’œuvre infantileL’activité de cueillette se fait sans contribution importante du travail d’enfants

3.1 Enfants et jeunes cueilleursLes enfants ne sont pas engagés comme cueilleurs ni utilisés comme travailleurs par les cueilleurs. Les jeunes cueilleurs ne font jamais de

travaux dangereux. 3.2 Les enfants qui aident leurs parents à la cueillette

Les enfants font un travail très limité de cueillette, uniquement sous la supervision des adultes.

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Norme Portée Principes et critères

FairWild (FW) Standard

La norme FairWild concerne la chaîne de responsabilité en quatre phases, du cueilleur à l’acheteur final.

Elle s’applique aux entreprises qui exploitent des espèces sauvages et cherchent à ajouter des dimensions sociales et de commerce équitable pour parvenir à la durabilité.

La norme FairWild a été conçue par le Programme suisse de promotion à l’importation (SIPPO), le Forum Ezzenzia et l’Institute for Market-ecology (IMO).

En 2008, la Fondation FairWild a été approuvée au Congrès mondial sur la nature, en tant qu’administrateur officiel de la norme FairWild et de l’ISSC-MAP et elle est responsable de la qualité et de l’application d’une norme unifiée associant ces deux normes ainsi qu’un système de certification.

Pour en savoir plus: http://www.fairwild.org/documents/

Principe 4. Respect des droits coutumiers

Les droits coutumiers des communautés locales et des peuples autochtones à utiliser et gérer les zones de cueillette et les sources sauvages de MAP cueillies doivent être reconnus et respectés.

4.1 Utilisation traditionnelle, droits d’accès et patrimoine culturelLes communautés locales et les peuples autochtones ayant des droits légaux ou coutumiers ou des droits d’usage en gardent le contrôle, dans la mesure du possible, pour protéger leurs droits sur les sources de plantes médicinales et aroma-tiques (MAP).

4.2 Répartition des avantagesLes accords avec les communautés locales et les peuples autochtones s’appuient sur la connaissance appropriée et adéquate de la propriété des MAP, les besoins de gestion et la valeur de la ressource.

Principe 5. Garantir les avantages d’un commerce équitable pour les cueilleurs et leurs communautés

Le commerce équitable minimise le nombre d’intermédiaires, garantit un prix juste aux cueilleurs pour les biens cueillis et permet le développement social de la communauté dans le cadre d’un fonds pour le commerce équitable.

5.1 Calcul transparent des coûtsLe calcul transparent des coûts permet de négocier un prix juste entre l’entreprise et les cueilleurs ainsi qu’avec les acheteurs / négociants.

5.2 Paiement des cueilleursL’entreprise convient avec les cueilleurs de prix justes et verse effectivement le prix convenu à temps.

5.3 Intermédiaires et gamme de produits Le commerce équitable minimise les intermédiaires et tient compte des intérêts des cueilleurs à long terme.

5.4 Utilisation du FairWild Premium FundLe FairWild Premium Fund est administré de manière transparente et les décisions sur son utilisation se prennent de manière démocratique.

Union forEthical Biotrade (UEBT)

L’UEBT a mis au point un cadre de vérification pour les ingrédients naturels indigènes.

Il s’adresse aux organisations du secteur privé qui cherchent à contribuer au développement durable et aux objectifs de la Convention sur la diversité biologique en obtenant la reconnaissance de leurs politiques sur la qualité, les sources durables et la responsabilité sociale d’entreprise.

Pour en savoir plus:http://ethicalbiotrade.org/

1. Conservation de la biodiversité1.1 Les caractéristiques des écosystèmes et des habitats naturels des espèces gérées

sont maintenues.1.2 La variabilité génétique de la fore, de la faune et des micro-organismes

(pour l’exploitation et pour la conservation) est maintenue.1.3 Les processus écologiques sont maintenus.1.4 Les activités de prélèvement sont conformes à des plans de gestion, que ce soit dans

des aires protégées ou non, en coordination avec les autorités compétentes et les acteurs.

2. Utilisation durable de la biodiversité2.1 L’utilisation de la biodiversité s’appuie sur un plan de gestion durable comprenant,

entre autres: un taux de prélèvement inférieur au taux de régénération, des sys-tèmes de suivi (état des populations) et des indices de rendement.

2.2 L’utilisation de l’agrobiodiversité doit comprendre des pratiques agricoles qui contribuent à la conservation de la biodiversité.

2.3 Les normes techniques pour le développement d’initiatives fournissant des services environnementaux sont appliquées.

2.4 Les expériences génèrent des informations et des documents pour renforcer les connaissances sur la biodiversité.

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Norme Portée Principes et critères

3. Partage juste et équitable des avantages tirés de l’utilisation de la biodiversité

3.1 Interactions et intégration du plus grand nombre possible d’acteurs de la chaîne de valeurs dans le cadre des activités de biocommerce.

3.2 La valeur doit être produite tout au long de la chaîne dans la transparence, tous les acteurs apportant des produits à valeur ajoutée sur les marchés.

3.3 L’information et la connaissance des marchés sont mises à disposition et partagées entre les acteurs.

4. Durabilité socioéconomique (productive, financière et gestion du marché)

4.1 Existence de marchés potentiels.4.2 La rentabilité financière doit être possible.4.3 Création d’emplois et amélioration de la qualité de vie.4.4 Prévention d’impacts négatifs éventuels sur les pratiques productives et culturelles

locales qui pourraient par exemple affecter la diversification et la sécurité alimen-taire.

4.5 Capacité d’organisation et de gestion

5. Respect de la législation nationale et internationale

5.1 Connaissance et respect de la législation nationale et locale applicable àl’exploitation de la biodiversité et au commerce de ses produits et services.

5.2 Connaissance et respect de la législation internationale applicable à l’exploitation de la biodiversité et au commerce de ses produits et services.

6. Respect des droits des acteurs participant aux activités de biocommerce

6.1 Respect des droits humains.6.2 Respect des droits de propriété intellectuelle. 6.3 Conservation et sauvegarde des connaissances et pratiques traditionnelles.6.4 Sécurité du travail et conditions de travail adéquates.

7. Clarté des droits de propriété, du droit d’usage et d’accès aux ressources naturelles

7.1 Le droit à la terre conforme à la norme correspondante. 7.2 L’accès aux ressources biologiques et génétiques pour une utilisation durable avec

le consentement préalable en connaissance de cause et comme base des condi-tions mutuellement acceptées.

7.3 L’accès au savoir traditionnel se fait avec le consentement préalable en connaissance de cause.

L’analyse des études de cas sur les meilleures pratiques, les projets et les enseignements acquis en matière d’utilisation des espèces est un point de départ majeur depuis que la Convention sur la diversité biologique (CDB) et la CITES, entre autres, ont reconnu l’importance de la conservation, de l’utilisation durable et du partage juste et équitable des avantages. À cet égard, et aux fins du présent manuel, une série d’études de cas a été examinée et a permis de dégager huit facteurs principaux pour examen par les Parties lorsqu’elles établiront des mesures d’atténuation et de promotion de l’utilisation durable.

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Facteur 1: Compensation des coûts associés à l’inscrip-tion d’espèces à la CITES

Facteur 2: Équité, autonomisation et propriété

Facteur 3: Formation d’associations représentant les cueilleurs des communautés rurales pauvres

Facteur 4: Mécanismes de marché et accès au microcré-dit

Facteur 5: Confiance du consommateur

Facteur 6: Certifications sociales et environnementales

Facteur 7: Appui technique intersectoriel

Facteur 8: Contexte international favorable

Facteur 1: Compensation des coûts associés à l’inscription d’espèces à la CITESLes programmes de conservation associés aux espèces inscrites à la CITES peuvent avoir des effets dispropor-tionnés sur les communautés rurales pauvres. L’applica-tion des décisions d’inscription d’espèces à l’Annexe I et, dans une certaine mesure, à l’Annexe II et à l’Annexe III, implique l’adoption de restrictions sur le commerce qui peuvent limiter les sources de revenu des populations pauvres, en particulier à court terme. En conséquence, ces communautés peuvent subir des effets négatifs à moins que l’on ne conçoive et mette en place des mesures d’at-ténuation ou des solutions de substitution visant à proté-ger leurs moyens d’existence.

L’application de la CITES peut aussi augmenter les coûts de transaction (c.-à-d. des permis ou autorisations). Ce sont, en général les intermédiaires qui assument ces coûts mais ces derniers peuvent rejaillir sur tous les ac-teurs de la chaîne de valeur, y compris les communautés rurales pauvres.

Facteur 2: Équité, autonomisation et propriétéDe nombreux programmes de conservation ont pour ob-jet de bénéficier aux communautés rurales pauvres mais les experts estiment que les plus pauvres des pauvres n’en tirent pas les mêmes avantages (voir Jones, 2009; Honey, 1999). Les inégalités en termes de propriété des ressources, conjuguées à la multiplication des mesures de lutte contre la fraude et de respect, au manque d’éducation et à la fai-blesse institutionnelle en matière de contrôle du commerce illégal, affectent la capacité des pauvres à faire valoir leurs droits sur les ressources et augmentent leur vulnérabilité vis à vis de tiers (c. à d. les exploitants illégaux et les plus riches qui peuvent acheter ou utiliser la terre) (FFI, 2008).

Égalité des sexes

La question de l’égalité des sexes est traitée de manière explicite dans la plupart des instruments proposés dans le présent manuel mais mérite, néanmoins, une attention spéciale. La Commission européenne (2008) souligne que le manque de données fiables et cohérentes dans les pays en développement empêche de mener des analyses so-ciales du commerce de produits communautaires, en par-ticulier dans les domaines tels que la différenciation entre les sexes. Il est crucial, pour l’exécution des évaluations et des analyses des mesures d’atténuation, d’établir la dis-tinction entre les groupes qui ont différents besoins et différentes stratégies de moyens d’existence. En outre, la Commission européenne note que, dans presque toutes les communautés, il y a des différences entre les sexes, le statut socioéconomique et la situation géographique (Commission européenne, 2008). À ce titre, quel que soit le type d’indicateur de durabilité choisi ou conçu pour surveiller les mesures d’atténuation, il devrait inclure des indicateurs sexospécifiques.

Principaux facteurs pour l’établissement des mesures d’atténuation

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Marshall et al. (2006), dans leur étude relative au Mexique et à la Bolivie, soulignent que les activités relatives aux produits forestiers non ligneux (PFNL) peuvent donner aux femmes une plus grande confiance en elles, et même améliorer leur statut au sein du ménage et de la commu-nauté. Les auteurs indiquent aussi que la commercialisa-tion réussie des PFNL peut avoir un impact positif sur les moyens d’existence des femmes car c’est une des rares activités qui génèrent un revenu pour les femmes dans les communautés rurales marginalisées. En outre, la par-ticipation des hommes et des femmes aux activités rela-tives aux PFNL représente une activité économique viable à laquelle un ménage entier peut participer car le travail peut être réparti. Enfin, compte tenu des normes régissant le partage des tâches, il est plus probable que ce soient les femmes, plutôt que les hommes, qui participent à la trans-formation et à la culture des PFNL. À cet égard, en aidant spécifiquement les femmes à accéder aux technologies, on peut améliorer leur rendement pour ces activités, dans l’intérêt de l’ensemble du ménage ou de la communauté. (Marshall et al., 2006).

Pour promouvoir la commercialisation des PFNL afin qu’elle bénéficie aux femmes, nous devons nous efforcer de garantir un apport durable de la ressource, de donner aux femmes accès aux informations sur le marché et d’éla-borer des moyens de surmonter les barrières de l’inégalité en matière de pouvoir et d’entrée sur le marché.

Facteur 3: Formation d’associations représentant les cueilleurs des communautés rurales pauvresAu cours de l’atelier de 2006 sur la CITES et les moyens d’existence (FFI, 2006), la nécessité d’assurer une repré-sentation des pauvres dans le cadre d’organisations de cueilleurs et de négociants a été discutée. Il a été conclu que les mécanismes de représentation jouent un rôle important en garantissant une répartition équitable des avantages et qu’ils ne défavorisent pas les secteurs les plus pauvres de la société. Les stratégies d’application de ce concept peuvent consister à donner accès à des li-cences pour soutenir ces associations (p. ex., pour Hoodia en Afrique du Sud, comme discuté dans l’annexe I du pré-sent manuel).

Facteur 4: Mécanismes de marché et accès au microcréditLa demande et l’offre du marché peuvent avoir un effet sur tous les maillons de la chaîne de valeurs. Ainsi, il se peut que l’exploitation d’une espèce CITES ne soit pas rentable à long terme, en raison des fluctuations de la demande ou de la saturation du marché, même si l’on a pris les mesures

de précaution nécessaires, telles que des quotas, pour as-surer la durabilité de la ressource.

La demande et l’offre peuvent varier pour des raisons n’ayant rien à voir avec la CITES ou la conservation en général, par exemple, à cause du changement clima-tique ou de force externes du marché telles que l’intro-duction de produits de substitution. Il arrive aussi qu’il y ait une baisse des prix parce qu’un spécimen ou un produit inonde le marché. Ce phénomène particulier a été observé pour le commerce de peaux de crocodile et les ventes de rhinocéros blancs vivants et de trophées de chasse de mouflons d’Amérique au Mexique (MacGre-gor, 2006; Reidl, 2006).

Par ailleurs, la demande de spécimens sauvages diminue souvent lorsque l’élevage en captivité se révèle rentable car les spécimens élevés en captivité ont l’avantage d’être dociles, de n’avoir pas de maladies et d’être disponibles en couleurs inhabituelles (Robinson, 2001). Toutefois, la production ex situ de certaines espèces continue d’être coûteuse de sorte que, pour les personnes ayant des ressources limitées, établir une production durable reste difficile (C. Ó Críodáin, communication personnelle). Pour ces communautés, le microcrédit représente un moyen viable d’investir dans la production ex situ mais les popu-lations les plus pauvres ont parfois un accès plus limité au microcrédit (Entwistle, 2002; Roe, 2002).

Le renforcement des capacités entrepreneuriales, y com-pris en donnant accès au microcrédit aux communautés les plus pauvres, et le développement d’activités de subs-titution dans les domaines de l’agriculture, de la foreste-rie, de la pêche, de l’artisanat et de l’écotourisme, sans au-cun lien avec l’exploitation d’espèces CITES, peuvent être source de revenu pour les communautés.

Facteur 5: Confiance du consommateurL’énoncé de la vision CITES commence par les mots «Conserver la biodiversité et contribuer à son utilisation durable…» (Vision de la stratégie, résolution Conf. 14.2). Toutefois, la CITES est vue comme une convention qui protège les espèces contre la surexploitation, qui limite le commerce plus qu’elle ne l’encourage. Certes, l’inscrip-tion à l’Annexe II est un moyen positif de promouvoir un commerce durable, mais ce n’est pas ainsi que la CITES est généralement perçue, en particulier par les producteurs de produits forestiers non ligneux, les producteurs de bois et les pêcheurs (UICN, 2000). Pour donner confiance au consommateur, il est souhaitable d’insister sur les avis de commerce non préjudiciable et sur les mesures de lutte contre la fraude et de respect de la Convention.

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Facteur 6: Certifications sociales et environnementalesLorsque c’est possible et lorsqu’il existe une norme de certification pour les espèces CITES, il il faut chercher à obtenir cette certification. Et quand bien même le mar-ché ne l’exige pas pour l’espèce en question, les autorités chargées de l’environnement peuvent demander la certi-fication pour garantir la durabilité. Cependant, obtenir la certification peut être coûteux et entraver les initiatives commerciales des plus pauvres, à moins que des organi-sations ne les aident à l’obtenir (Bodmer, communication personnelle; Watson, 2005). La certification de l’exploita-tion durable des espèces peut inverser les tendances ac-tuelles à la production ex situ, comme ce fut le cas pour les crocodiles (MacGregor, 2006).

La certification ou le simple respect des règlements et des normes est donc un mécanisme important et néces-saire. Toutefois, les Parties doivent chercher à soutenir les communautés rurales pauvres pour qu’elles puissent en bénéficier. Pour ce faire, les certifications et les normes existantes doivent être inscrites dans la planification de la gestion des ressources ligneuses et non ligneuses d’un pays. Si les autorités scientifiques respectent les normes d’accréditation, comme l’International Standard for Sus-tainable Wild Collection of Medicinal and Aromatic Plants (ISSC MAP), les frais de certification pourraient être consi-dérablement réduits. Des efforts sont en cours pour y par-venir dans le cadre de projets pilotes ISSC-MAP en Chine, au Cambodge, au Népal, en Inde, en Ukraine, en Bosnie Herzégovine, au Brésil et au Lesotho.

L’ISSC-MAP comprend toutes les normes requises d’un gouvernement, de l’industrie, et d’autres (y compris des communautés les plus pauvres) pour gérer une ressource de façon durable tout en tenant compte des processus d’accès, de partage des avantages, de valeur ajoutée et de certification FairWild.

La norme ISSC-MAP peut être adoptée dans le cadre ou hors du cadre des espèces CITES car son but est de renfor-cer la gestion au plan national plutôt que de placer la ges-tion dans les mains de la CITES ou de l’organisme de cer-tification. Toutefois, l’adoption de l’ISSC-MAP n’empêche pas l’inscription à la CITES. Cette approche encourage les autorités nationales à examiner les critères sociaux des moyens d’existence et des ressources biologiques simul-tanément, comme le demande la Convention sur la di-versité biologique. Naturellement, la capacité de mettre en œuvre un tel système est limitée par les ressources du gouvernement mais à long terme, elle peut apporter des gains non négligeables (D. Newton, communication per-sonnelle).

Il importe de noter qu’un grand nombre d’espèces CITES ne sont pas couvertes par des directives spécifiques de certification de l’utilisation durable mais en utilisant un cadre général de certification, les Parties peuvent être ré-orientées vers l’utilisation durable sans obtenir nécessai-rement une certification.

Facteur 7: Appui technique intersectorielLa question des moyens d’existence dans le contexte de l’application d’inscriptions d’espèces aux annexes de la CITES ne peut être traitée avec succès que si elle est in-tégrée dans les stratégies générales de réduction de la pauvreté (C. Ó Críodáin, communication personnelle). Lorsque ces stratégies fonctionnent de manière isolée, leur effet peut être minimal.

Il est donc important que les autorités CITES établissent des liens intersectoriels avec les organismes gouverne-mentaux concernés par les terres et les droits de proprié-té, l’agriculture, la conservation, le développement rural, le commerce et l’industrie. L’assistance technique et les partenariats aideront les Parties à la CITES à établir des avis de commerce non préjudiciable rigoureux; à amélio-rer la lutte contre la fraude et le respect de la Convention; à employer des mécanismes du marché lorsque c’est pos-sible et à se doter de mécanismes appropriés de partage des avantages dans le but d’atténuer les impacts négatifs

Facteur 8: Contexte international favorableLe corollaire de l’application d’inscriptions d’espèces à la CITES, c’est la prise de mesures nationales plus strictes pour certaines espèces et un accès limité au marché pour des produits provenant de ces espèces, ce qui peut affecter le revenu de la vente de ces es-pèces ou de leurs produits. Des préoccupations de ce type ont été exprimées concernant les exportations de produits de crocodile et de la chasse sportive vers les États Unis, les exportations d’oiseaux sauvages vers les États Unis et l’Europe ou de reptiles vers l’Europe et de diverses espèces vers l’Australie (Kievert, 2000; Cooney & Jepson, 2005). Les mesures nationales plus strictes peuvent aussi influer sur les possibilités d’exportation comme dans le cas de l’inscription à l’Annexe II des hip-pocampes des Philippines (Christie, sous presse). Enfin, les recommandations de l’étude du commerce impor-tant de la CITES peuvent aussi affecter les possibilités de commerce (Roe, 2002). Il est donc recommandé aux Parties de prendre part aux discussions sur le droit in-ternational du commerce afin de traiter des impacts potentiels sur les communautés rurales pauvres.

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Annexe I. Études de cas

I. ÉcotourismeA. Tortues marines (Annexe I)

Les populations de tortues marines ont été gravement touchées par la capture ciblée ou accidentelle, la navigation et la destruction des plages de ponte. Toutefois, les tortues marines sont considérées comme des “espèces emblématiques” et comme un atout précieux pour les projets d’écotourisme élaborés dans le but de contribuer aux moyens d’existence locaux. Le revenu potentiel du tourisme axé sur les tortues marines serait supérieur à celui des produits de tortue et l’on estime qu’il est plus durable que le revenu obtenu d’un usage pour la consommation. Toutefois, les avantages issus de ces projets dépendent des investissements et de la stabilité du marché du tourisme. En outre, les avantages pour les pauvres se matérialisent généralement sous forme d’emplois, lesquels peuvent nécessiter une éducation et une formation préalables des communautés rurales pauvres.

Dans les Caraïbes, comme dans d’autres régions du monde, les tortues marines sont prélevées aussi bien légalement qu’illégalement, en particulier pour l’utilisation, au plan national, de leurs œufs et de leur viande, parfois d’autres parties. Bien souvent, l’application des règlements est laxiste et, de plus en plus, les gouvernements signent des accords de cogestion avec les communautés : ainsi, ces communautés reçoivent des avantages en échange d’une utilisation durable de la ressource, que celle-ci soit consommatrice ou non consommatrice. Ces projets sont fréquemment soutenus par des ONG qui apportent une aide en matière de formation, de recherche et de gestion.

À Cuba, les tortues marines étaient autrefois prélevées à des fins alimentaires, pour les besoins locaux de subsistance et les carapaces étaient stockées. Plusieurs propositions de transfert de populations cubaines de tortues marines à une annexe de la CITES moins stricte en matière de

TORTUGA MARINAFOTOGRAFIA: FREDY A. OCHOA

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Annexe I. Études de casconservation, de façon que les carapaces puissent être vendues sur le marché international pour obtenir un revenu supplémentaire, ayant échoué, il n’y a actuellement aucun marché pour ces carapaces (des propositions d’amendement aux annexes de la CITES ont été soumises aux 10e, 11e et 12e sessions de la CoP). Ces propositions ont soulevé de lourdes controverses, notamment parce que l’aire de répartition des populations de tortues est régionale.

G. Webb (comm. pers.) note: «De toute évidence, si la proposition de Cuba avait été soutenue par le Groupe de spécialistes des tortues marines de l’UICN et que le commerce légal avait été autorisé, la CITES aurait été en mesure de maintenir les incitations à l’expansion du commerce légal et à la lutte contre le commerce illégal. Aujourd’hui, il n’y a pas d’incitation de ce genre, et quand le WWF cessera de financer il ne restera plus rien à CUBA.”

Facteurs clés conduisant au succès ou à l’échec

• Espèce emblématique.

• Utilisation consommatrice moins rentable que l’écotourisme.

• Stabilité du marché du tourisme.

Questions futures

• Nécessité de diminuer les prises accidentelles et autres sources de mortalité et d’appliquer la législation en vigueur.

• Lorsque le tourisme n’est pas possible, nécessité de trouver des moyens de soutenir les communautés rurales pauvres défavorisées.

Références

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II La chasse B. Chasse aux trophées et vente de rhinocéros

noirs et blancs vivants (Annexe I)

À partir d’une seule population de 20 à 50 animaux en 1895, les rhinocéros blancs du Sud se sont rétablis et sont environ 17 500 aujourd’hui, sans compter 750 animaux se trouvant dans des établissements d’élevage en captivité, à travers le monde. Inscrite à l’Annexe I en 1975, la population de rhinocéros blancs d’Afrique du Sud a été transférée à l’Annexe II en 1995 à des fins de ventes d’animaux vivants et de trophées de chasse, suivie en 2005 par la population du Swaziland. L’Afrique du Sud a mis en place une politique qui encourage les propriétaires à profiter de la vente de trophées de chasse et d’animaux vivants ainsi que du tourisme. Conjuguée à une gestion rigoureuse de l’habitat et à la structure de regroupement social de l’espèce, cette politique a contribué à l’augmentation spectaculaire de la population. Le prélèvement d’animaux a permis de maintenir les populations en dessous de la capacité de charge du milieu pour garantir un taux maximal de reproduction. Les contributions aux moyens d’existence des communautés rurales pauvres ont pris la forme de possibilités d’emploi de gardes, dans les activités de chasse et de capture et dans l’industrie du tourisme. Les mesures qui accordent aux propriétaires des incitations économiques de la chasse durable et de la vente de rhinocéros vivants sont liées au maintien des zones de brousse.

Les rhinocéros noirs, Diceros bicornis, ont été inscrits à l’Annexe I en 1977. À la différence des rhinocéros blancs, les rhinocéros noirs ont été décimés plus récemment, dans les années 1980, lorsqu’une vague de braconnage s’est répandue sur l’Afrique, mais a été stoppée aux frontières du Zimbabwe, de la Namibie et de l’Afrique du Sud. En 2004, les populations de rhinocéros noirs d’Afrique du Sud et de Namibie ont été annotées avec un quota pour les trophées de chasse. Le braconnage des rhinocéros continue d’être problématique en Afrique et en Asie.

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C. Les trophées de chasse – Le markhor (Annexe I)

Le markhor a été inscrit à l’Annexe I en 1975 tandis que l’urial était inscrit à l’Annexe II. Les populations des deux espèces ont décliné en raison du braconnage dans les années 1980. Un programme de conservation a été mis en place avec l’assistance de l’USFWS. Après négociation, les communautés locales ont décidé de mettre un terme à la chasse locale en échange de possibilités d’emploi et de chasse. En 1986, la chasse au markhor et à l’urial a repris. Enfin, un quota CITES de chasse aux trophées a été fixé en 1997 puis doublé en 2002. Le programme a continué d’employer les populations locales et à fournir un appui dans le contexte de travaux de formation pour améliorer l’infrastructure et l’agriculture tandis que la population d’espèces sauvages continue d’augmenter.

Facteurs clés conduisant au succès ou à l’échec

• Chasse de multiples espèces.

• Champions de la conservation.

• Valeur élevée, faible prélèvement permettant le rétablissement de la population.

• Adhésion et accord de la communauté.

• Avantages pour la communauté du point de vue de l’emploi, des projets d’infrastructure et de la formation agricole.

Questions futures

Ce projet couronné de succès, concernant le markhor, semble fournir un modèle que pourront appliquer d’autres communautés. Toutefois, les résultats d’une étude de cas mexicaine suggèrent que si le nombre de trophées augmente, les prix peuvent baisser, ce qui peut avoir des incidences négatives sur les projets (voir Reidl, 2006).

Références

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III Commerce d’animaux et de plantes vivantsD. Hippocampes (Annexe II)

Mesures nationales plus strictes

Les hippocampes séchés sont un ingrédient important de certaines médecines traditionnelles et les hippocampes vivants sont de plus en plus en demande pour le commerce des aquariums. Dans les années 1980 et 1990, le commerce des hippocampes s’est répandu à travers le globe, passant d’une population à l’autre, ce qui laisse supposer qu’à mesure que les populations étaient décimées, le commerce se transportait vers d’autres régions. C’est ce qui a entraîné l’inscription des hippocampes à l’Annexe II, entrée en vigueur en 2004, afin de réglementer le commerce pour garantir sa viabilité. L’entrée en vigueur de l’inscription a été retardée de 18 mois pour permettre aux Parties d’établir les procédures nécessaires et la taille minimum limite afin d’aider à la préparation d’avis de commerce non préjudiciable. Un des grands motifs de préoccupation était la législation nationale des Philippines qui interdisait le commerce d’espèces inscrites à l’Annexe II. Les données contenues dans la base de données sur le commerce CITES indiquent que les importations communiquées par les pays de l’UE en provenance des Philippines ont culminé en 2003 et ont commencé de baisser à partie de 2004 (A. Roser, observation personnelle).

Les hippocampes sont pêchés et vendus par les pêcheurs artisanaux. Dans certaines régions, le Projet hippocampe (Project Seahorse) travaille avec ces groupes pour concevoir des moyens d’existence de substitution et encourager les pêcheurs à créer des aires protégées afin de permettre à la population d’hippocampes d’augmenter. Ces approches ont relativement réussi, mais l’on estime que l’inscription à l’Annexe II aurait réduit les possibilités de moyens d’existence aux Philippines où, en raison de mesures nationales plus strictes, l’exportation d’espèces inscrites à l’Annexe II est interdite.

L’inscription des hippocampes à l’Annexe II a également favorisé, à Sri Lanka, l’élevage en captivité d’espèces non indigènes pour l’exportation. Comme l’exportation de spécimens élevés en captivité est jugée plus simple que l’établissement d’avis de commerce non préjudiciable pour des espèces indigènes, les pêcheurs locaux sont souvent exclus du commerce, ce qui élimine l’obligation d’exercer

un suivi des populations locales d’hippocampes. Une étude de cas récente concernant une espèce européenne suggère qu’en augmentant la taille minimum du poisson, on pourrait augmenter la viabilité de la population et aboutir à une augmentation du revenu à long terme – à condition d’aider les pêcheurs à court terme tandis qu’ils adaptent leurs habitudes de pêche et pour permettre aux populations de se rétablir.

Facteurs clés conduisant au succès ou à l’échec

• Mesures nationales plus strictes.

• Fardeau de l’avis de commerce non préjudiciable.

• Retard de l’entrée en vigueur de l’inscription pour aider les Parties à se préparer à l’application.

• Contribution de donateurs externes au projet communautaire.

Questions futures

• Savoir si l’élevage en captivité réduit le marché des animaux vivants?

• Comment soutenir les pêcheurs dans leurs négociations avec les acheteurs qui sont désormais confrontés aux coûts des permis?

Références

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E. Amazona aestiva (Annexe II)

Mesures nationales plus strictes

L’amazone à front bleu, Amazona aestiva, a été l’espèce emblématique d’un programme innovant du Gouvernement argentin qui visait à contribuer aux moyens d’existence locaux. Le programme de commerce réglementé d’amazones à front bleu du Chaco était conçu pour remplacer un commerce important et mal réglementé qui apportait un revenu insignifiant à la population locale. Résultat du projet, le commerce réglementé était considérablement inférieur aux niveaux pré réglementation. En outre, les revenus générés par le programme auraient financé la création de trois zones d’habitat intégralement protégées et fourni près de 20% du revenu familial annuel des agriculteurs propriétaires des terres, contrecarrant les pressions de l’intensification agricole et de la transformation des terres pour la culture du soja. Toutefois, des mesures nationales plus strictes aux États Unis et l’importation d’oiseaux sauvages interdite en Europe par mesure de protection contre l’introduction de la grippe aviaire ont eu des répercussions sur le programme, éliminant les mesures d’incitation à la conservation et la contribution du projet aux moyens d’existence.

Facteurs clés conduisant au succès ou à l’échec• Investissement par le gouvernement.

• Dialogue et appui aux acteurs.

• Possibilités de marché international pour le commerce de l’espèce.

Questions futures

• Ouverture d’autres marchés.

• Commerce illégal.

Références

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F. Reproduction de bulbes de Galanthus (Annexe II)Vers le milieu des années 1980, le commerce de bulbes de Galanthus spp. Originaires de Turquie était jugé non durable. Un projet a donc été mis en œuvre pour collaborer avec les villageois en vue de développer la culture des bulbes comme moyen de contribuer aux moyens d’existence locaux et de réduire l’impact du prélèvement sauvage sur l’espèce. Les villageois prélevaient les bulbes par nécessité plutôt que par préférence, aussi bien de manière organisée que ponctuellement. Les villageois recevaient moins de 1% du prix de vente final et cinq négociants principaux exportaient les bulbes vers les Pays Bas pour réexportation vers le Royaume-Uni, les États Unis et l’Allemagne.

Le projet a organisé la remise de bulbes à semer, par les exportateurs aux villageois. Il s’agissait de bulbes prélevés dans la nature, trop petits pour être exportés. Les villageois ont planté ces bulbes dans plusieurs zones autour du village et, au bout de trois ans, les bulbes qui avaient grandi ont été prélevés et les petits bulbes replantés pour une récolte ultérieure, trois ans plus tard. Les exportateurs ont payé une prime pour les bulbes produits artificiellement et, au bout du compte, les villageois ont touché 12% du prix du marché final.

Trois villages de plus de 250 personnes ont participé au projet. Le projet a utilisé les structures commerciales existantes, respecté la législation et les règlements nationaux, entrepris le suivi des fournisseurs outre mer et mené des campagnes de sensibilisation des clients sur les questions de conservation et de prélèvement durable. Le but du projet était en fin de compte à multiples facettes: il s’agissait de fournir un appui au développement rural, une formation horticole locale et de traiter les questions de législation internationale, commerce équitable et de préférence des consommateurs.

Facteurs clés conduisant au succès ou à l’échec• Une approche intégrée des questions de

développement local. • Appui de donateurs internationaux et du

gouvernement national. • Effort pour augmenter la sensibilisation des

consommateurs et primes. • Utilisation des structures commerciales existantes.• Amélioration des techniques de culture.• Valeur augmentée.• Commerce limité à relativement peu de négociants.

Question future

• La certification aiderait-elle à générer un revenu pour la communauté locale?

Références

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G. Orchidées, cactus et succulentes (Annexe I)

La reproduction artificielle est un moyen de réduire le prélèvement d’espèces sauvages tout en permettant le commerce de spécimens d’espèces inscrites à l’Annexe I [résolution Conf 9.19 (Rev. CoP13) sur l’enregistrement des pépinières]. Ce mécanisme permettrait de faire en sorte que des espèces inscrites à l’Annexe I contribuent aux moyens d’existence. Toutefois, il y a maintenant 108 pépinières enregistrées pour l’exportation de spécimens inscrits à l’Annexe I mais elles ne se trouvent que dans 11 pays. Sur ces 108 pépinières, 10 sont en Europe, 91 en Inde et les 7 autres au Chili, en Colombie, en Malaisie, au Myanmar et en République démocratique du Congo, qui sont tous des pays ayant une riche biodiversité. Sachant que si peu de pépinières sont enregistrées pour exporter des spécimens de l’Annexe I, la vaste majorité des possibilités de contribuer aux moyens d’existence, dans le contexte CITES, concerne le commerce d’espèces inscrites à l’Annexe II.

Il y a beaucoup à faire pour enregistrer des pépinières dans les pays de l’aire de répartition des espèces afin de contribuer au renforcement des moyens d’existence pour les communautés locales.

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TRIGRILLO EN ECOPARQUE MOCOA, PUTUMAYO FOTOGRAFIA: FREDY A. OCHOA

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IV Produits médicinaux et aromatiques

H. Prunus africana (Annexe II)L’écorce de Prunus africana est utilisée au plan international pour la production de médicaments prescrits pour le traitement de la prostate et au plan local, l’espèce est utilisée à des fins médicinales et pour le bois. L’espèce a été inscrite à l’Annexe II en 1994 et a fait l’objet de l’étude du commerce important et de recommandations du Comité pour les plantes. En 2009, cinq Parties avaient émis des quotas (dans quatre cas, il s’agissait de quotas zéro).

Selon les études du commerce, l’espèce a été inscrite à l’Annexe II en 1994 après une période où les arbres ont été coupés ou écorcés de manière intensive. Toutefois, au Cameroun – principale source d’écorce de Prunus africana dans le commerce au départ de l’Afrique – malgré les efforts importants déployés par le gouvernement, les entreprises et les communautés locales, il reste des problèmes dans de nombreux domaines tels que les dispositions sur la propriété, la lutte contre la fraude, les mécanismes de sanction, la corruption, la responsabilité, les mesures incitatives et l’utilisation durable. Les efforts de gestion ont eu pour principal effet d’éveiller les consciences à la nécessité d’utiliser durablement les ressources forestières (Abensperg Traun, 2009).

Une étude, réalisée au Cameroun, a conclu que la commercialisation de Prunus sp. a contribué aux moyens d’existence des individus mais aussi des communautés, dans le cadre de projets d’infrastructure communautaires (Ndam & Marcelin, 2004). L’étude a en outre observé que le prélèvement d’écorce sauvage dans les forêts d’État, qui est une activité saisonnière employant de nombreux travailleurs migrants, est de plus en plus complété par la culture dans le but d’augmenter l’approvisionnement. Il a également été noté que les cueilleurs locaux reçoivent un petit pourcentage du prix final et, bien qu’ils soient organisés en associations de cueilleurs, ils ont besoin d’un appui plus important à cet égard. L’étude a conclu que d’autres efforts doivent être déployés pour traiter la réglementation, reconnaître les droits coutumiers, le partage des avantages, la technologie et le développement d’une base scientifique pour les avis de commerce non préjudiciable.

TRAFFIC Afrique du Sud, avec le Secrétariat CITES, a facilité un atelier sur Prunus africana afin de guider les gouvernements des principaux États de l’aire de répartition, en vue de réaliser un plan de gestion pour l’espèce. La question des moyens d’existence n’a pas été abordée en raison du peu de temps imparti, mais le sujet a été soulevé à de nombreuses reprises. Il serait utile qu’un simple plan de gestion, accompagné d’une facilitation pratique, soit réalisé, mais cela ne peut être effectif que si les Parties travaillent de manière collaborative (D. Newton, comm. pers.).

Facteurs clés conduisant au succès ou à l’échec

• L’association d’un produit de grande valeur et l’absence d’un système de gestion simple pour réglementer le commerce ont entraîné un prélèvement non durable.

• Des méthodes de cueillette plus durables.

• Appui des donateurs.

• Les prélèvements saisonniers n’entrent pas en conflit avec l’année agricole.

• Les organisations de cueilleurs sont nécessaires pour contrôler le commerce.

Questions futures

• Reconnaissance des droits coutumiers et partage des avantages.

• Élaboration d’un système de gestion simple.

Références

Abensperg-Traun, M . 2009. CITES, Sustainable Use of wild species and incentive-driven conservation in developing countries, with an emphasis on southern Africa. Biological Conservation, 142, 948-963.

Ndam, N. and Marcelin, M. 2004. Chop but no broke: the case of Prunus africana on Mount Cameroon. In Sunderland, T. et al. Forest Products, Livelihoods and Conservation. Case studies of Non-Timber Forest Product Systems. Vol 2. Africa. CIFOR, Indonesia.

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I. Plantes médicinales – Hoodia spp. (Annexe II)

Hoodia spp. en Afrique australe. Certaines espèces, telles que H. gordonii, produisent un complexe de substances ayant des propriétés de suppression de l’appétit. Elles sont aussi utilisées comme plantes ornementales.

Le commerce du genre a atteint un pic entre 2003 et 2007, entraînant des dommages généralisés aux populations sauvages de H. gordonii et, dans une moindre mesure, d’autres espèces du genre Hoodia. En conséquence, en 2004, le genre Hoodia a été inscrit à l’Annexe II avec une annotation indiquant que les permis CITES ne seraient pas nécessaires pour les produits provenant d’opérations de prélèvement et de production contrôlées en collaboration avec les autorités CITES au Botswana, en Namibie et en Afrique du Sud (Anon, 2008a.). En d’autres termes, le commerce non géré par les autorités d’État susmentionnées est soumis aux contrôles CITES. Selon les auteurs de l’annotation, l’intention était d’encourager les entreprises pharmaceutiques à traiter directement avec les pays pour apporter une valeur ajoutée aux pays d’origine. Toutefois, tout en reconnaissant l’importance de soutenir les moyens d’existence, la Suisse a émis une réserve estimant que l’annotation va au delà du mandat de la CITES, en réglementant en réalité uniquement le matériel issu de la reproduction artificielle ou de sources ne travaillant pas avec les autorités des États de l’aire de répartition (OG CITES de la Suisse, 2005). Aucun des États de l’aire de répartition n’a, à ce jour, conclu d’accords commerciaux avec des entreprises, ce qui signifie en clair que le commerce du genre Hoodia entier est contrôlé aux termes de l’Annexe II, sans aucune exception.

En 2009, l’industrie du prélèvement dans la nature avait pratiquement disparu, en raison d’une surabondance de matériel reproduit artificiellement et d’une décision d’Unilever de se retirer de cette industrie qui avantageait relativement peu de personnes – surtout les agriculteurs et les entreprises de l’industrie des plantes médicinales en Namibie et en Afrique du Sud. Les seules personnes pauvres à bénéficier étaient les travailleurs agricoles (à la fois locaux et venant des villes) et leur nombre se réduisait selon les saisons et avec l’annulation des permis de prélèvement des plantes sauvages. La seule exception à cela fut un accord signé avec le Conseil SAN qui lui attribuait (dans le contexte d’un fonds) une partie

des bénéfices des activités basées sur les connaissances traditionnelles de l’utilisation de la plante en tant que suppresseur de l’appétit (voir Rachel Wynberg 2008 et 2009). L’industrie étant actuellement en déclin en raison du retrait d’Unilever, la valeur de cet accord est discutable. Il existe encore une demande pour Hoodia, mais principalement pour la médecine alternative, et on ne sait pas clairement dans quelle mesure les communautés rurales pauvres en bénéficient.

Facteurs clés conduisant au succès ou à l’échec

La décision d’Unilever de cesser le commerce de Hoodia a entraîné un déclin spectaculaire de l’industrie et son avenir reste incertain. La poursuite de cette industrie dépendra de la valeur attribuée à la valeur médicinale inhérente de la plante et, dans une certaine mesure, à son utilisation actuelle, perçue ou réelle, pour la médecine alternative, ainsi que de la question de savoir si une autre grande entreprise pourrait prendre la place d’Unilever. Le déclin du marché médicinal officiel représenté par Unilever laisse l’avenir de l’industrie essentiellement dans les mains du marché médicinal alternatif qui n’ajoute pas beaucoup de valeur au produit en Afrique du Sud ou en Namibie car il s’agit essentiellement d’une exportation de matériel végétal séché et la valeur est ajoutée dans le pays d’importation. Le revenu de cette industrie sera probablement réduit et les revenus versés aux communautés pauvres et au Conseil SAN diminueront. L’annotation de cette espèce étant basée sur des accords commerciaux, son avenir, sans intérêt substantiel des entreprises, semble quelque peu incertain et cela semble également limiter les options pour les moyens d’existence (D. Newton, comm. pers.).

Références

Anon. 2008a. How to export or import Hoodia products. Wildlife Trade Factsheet Dept. of Environment, Water, Heritage and the Arts. http://www.environment.gov.au/biodiversity/publications/trade-use/factsheets/hoodia.html

Swiss CITES MA. 2005. Anon. Annotation #9 and the guiding principles for annotations relating to medicinal plants PC15 Inf 8.

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J. Plantes aromatiques – Le bois d’agar (Annexe II)

Le bois d’agar est un bois aromatique utilisé dans la production d’encens. Il provient d’infections fongiques des arbres du genre Aquilaria et Gyrinops. En 1995, Aquilaria malaccensis a été inscrit à l’Annexe II de la CITES et, en 2005, les autres espèces d’Aquilaria et les espèces de Gyrinops ont également été inscrites. Le prélèvement du bois d’agar incombe essentiellement à des groupes organisés, mais il y a aussi un prélèvement opportuniste. La majeure partie de la récolte est probablement destinée au commerce international. Des études suggèrent qu’en RDP lao, les cueilleurs obtiennent une proportion relativement élevée (20%) du prix de vente final par rapport à d’autres PFNL au niveau national, de sorte que le bois d’agar apporte une contribution importante à leurs moyens d’existence. Toutefois, la ressource semble être en déclin dans tous les États de l’aire de répartition et il faut aujourd’hui plus de temps pour aller récolter ce bois et obtenir un revenu comparable, même si le prix augmente avec la rareté de la ressource.

Depuis l’inscription à la CITES, des plantations ont été développées dans certains pays, allant de petits jardins personnels à de grandes entreprises commerciales. Ces plantations ont augmenté en nombre en raison de la rareté des approvisionnements, en particulier de bois d’agar de haute qualité.

Facteurs clés conduisant au succès ou à l’échec

• Grande valeur.

• Manque d’application des lois.

• Forte proportion du prix final obtenu par les cueilleurs.

• Investissement de donateurs et d’entreprises dans les plantations.

Question future

• Durabilité.

• Propriété et gouvernance.

Références

Burgener, M. 2007. Trade Measures–Tools to Promote the Sustainable Use of NWFP? Non-Wood Forest Products Working Document No.6. FAO, Rome, Italy

Jensen, A. and Meilby, H. (2006). The good, the bad and the

ugly: income determinants and a typology of commercial agarwood harvesters in Lao PDR. In: Lönnstedt, L. and Rosenquist, B. (Eds). Proceedings of the Biennial Meeting of the Scandinavian Society of Forest Economics, Uppsala, Sweden, 8th–11th.

May, 2006. Scandinavian Forest Economics No. 41. Uppsala, Sweden.

Wollenberg, E. K. 2001. Incentives for collecting gaharu (fungal-infected wood of Aquilaria spp. (Thymelaeaceae) in East Kalimantan. Economic Botany 55(3): 444–456. The New York Botanical Garden Press, New York, USA.

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V. Produits du boisK. Acajou (Annexe II)

Dans la forêt maya du Mexique, les terres sont gérées selon le système communautaire dit des «ejidos». Ces parcelles servent à la production de bois et à l’agriculture. L’acajou est le produit le plus précieux, celui qui obtient des prix plus élevés que les bois de résineux et d’autres feuillus produits dans la région. Les «ejidos» ont désormais des plans de gestion et fonctionnent selon un cycle de coupe de 25 ans. En outre, des expériences sur la régénération de l’acajou ont montré que le prélèvement de graines, la production de plantules et la plantation sur de vastes zones perturbées commencent à donner des résultats positifs. Ces forêts gérées localement contribuent aux moyens d’existence locaux.

Referencia

L.K. Snook, V.A. Santos Jimenez, M. Carreón Mundo, C. Chan Rivas, F.J. May Ek, P. Mas Kantún, C. Hernández Hernández, A. Nolasco Morales and C. Escobar Ruíz. 2003. Managing natural forests for sustainable harvests of mahogany (Swietenia macrophylla): experiences in Mexico’s community forests. Unasylva 214/215, Vol. 54, 68-73.

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VI. Fibres et peauxL. Fibre de vigogne (Annexes I et II)Espèce indigène des hautes Andes, la vigogne est parfaitement adaptée aux conditions climatiques rudes de cette région, ce qui en fait une ressource animale renouvelable idéale. L’espèce joue aussi un rôle très important dans l’écosystème (I. Sanchez, comm. pers.).

La vigogne a été inscrite à l’Annexe I en 1975 alors que les effectifs des populations étaient très appauvris par la concurrence du bétail et le braconnage. Après son inscription à l’Annexe I, l’espèce s’est rétablie de façon spectaculaire, venant concurrencer les animaux domestiques pour le pâturage et provoquant des conflits occasionnels avec les populations locales. Vers la fin des années 1980 et dans les années 1990, de nombreuses populations ont été transférées à l’Annexe II, dans le but de pratiquer une tonte sur les animaux vivants et de permettre le commerce de la laine et des produits dérivés de la laine, à condition qu’ils soient marqués du pays d’origine (tous les autres produits restent à l’Annexe I). La tonte a joué un rôle positif en apportant les bénéfices de la vente de laine aux populations locales.

La gestion des activités relatives à la vigogne diffère selon les États de l’aire de répartition et selon leur climat et leurs politiques socioéconomiques. En Bolivie et au Pérou, on a recours aux chacos incas traditionnels, une technique de rassemblement des troupeaux. En Argentine, en revanche, la terre appartient généralement à des propriétaires privés, et les vigognes sont maintenues dans des ranchs, tandis qu’au Chili, on pratique un mélange de techniques: chacos sur les terres communales et ranchs sur les terres privées. Toutefois, la mise en place de zones clôturées, dans certains pays, est préoccupante car elle pourrait donner lieu à une fragmentation et une érosion génétique de la population. Au Pérou, la capture vivante et la tonte ont démontré qu’elles n’avaient aucun effet négatif sur les populations. Des questions se sont aussi posées autour de la répartition des bénéfices, du rôle de la privatisation et des problèmes associés aux conseils de commercialisation. Des études de modélisation ont récemment indiqué que, faute d’appliquer soigneusement une conservation à base communautaire, l’impact pourrait être pervers.

Les recensements nationaux réalisés par différents organismes (PEURV, INRENA et CONACS) ont montré qu’au Pérou, les populations de vigognes ont augmenté de quelques milliers d’individus dans les années 1960 à

environ 120 000 en 2000. En 1994, les communautés locales ont été autorisées par la loi à utiliser les vigognes de façon durable. Garantir la conservation de l’espèce reste, néanmoins, la responsabilité du gouvernement (I. Sanchez, comm. pers.).

La loi no 26496 reconnaît officiellement que plus de 600 organisations communautaires locales ont le droit d’utiliser l’espèce de façon durable. Cette expérience couronnée de succès, dans laquelle les communautés locales gèrent le commerce, a fait du Pérou un leader du rétablissement et de l’utilisation durable d’une espèce menacée. L’impact a également été positif sur la cohésion des communautés locales car toute la communauté – hommes, femmes et enfants – participe à des activités relatives à la vigogne (I. Sanchez, comm. pers.).

Malgré l’importance économique et sociale des vigognes pour les communautés rurales pauvres du Pérou, le manque d’infrastructures, y compris de routes d’accès desservant des régions où la tonte a lieu, est un problème commun pour les organisations qui produisent la fibre, limitant leur capacité de profiter du commerce. En 2008, sur le marché national, le prix du kilo de laine brute variait de 350 USD à 380 USD. La fibre peignée peut atteindre 650 USD le kilo. Les femmes qui sont responsables de peigner la laine, au niveau local, reçoivent entre 70 et 140 USD le kilo. Le prix à l’exportation par kilo, en revanche, est plus élevé, allant de 400 USD pour la laine brute à 1575 USD pour la laine peignée (I. Sanchez, comm. pers.).

Au Pérou, plus de 5680 communautés (>2 millions de personnes, soit 40% de toute la population rurale) contrôlent 39,8% des terres agricoles qui se composent essentiellement de parcours naturels des hautes Andes. La plupart de ces personnes vivent dans des conditions d’extrême pauvreté. En conséquence, si l’on veut assurer le développement durable, il faut que ces communautés soient officiellement reconnues et autorisées à bénéficier, dans toute la mesure du possible, du commerce de la laine de vigogne (I. Sanchez, comm. pers.).

Lichtenstein (2009) note que malgré la valeur commerciale internationale élevée et la demande mondiale de produits de vigogne, les avantages restent insaisissables pour les communautés locales: les intermédiaires captent une grande partie de la valeur de la chaîne de production. En outre, le marché de la fibre de vigogne est un oligopsone – un marché caractérisé par une poignée de grands acheteurs et un grand nombre de vendeurs – où le commerce et la majorité des profits sont contrôlés

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par les acheteurs. Lichtenstein prétend que, dans ce cas, une des clés de la lutte contre la pauvreté serait de donner des droits d’usufruit exclusifs sur les vigognes aux communautés andines.

Facteurs clés conduisant au succès ou à l’échec

• L’interdiction du commerce a contribué au rétablissement à long terme de la population.

• L’inscription scindée a permis une certaine expérimentation avec de nouvelles approches pour développer des méthodes de prélèvement durable.

• Produit de grande valeur.

• Le mode de commercialisation limite l’offre et maintient les prix élevés.

• Investissement de donateurs dans des projets de développement de la nouvelle approche.

Questions futures

• Nécessité d’offrir au consommateur des produits commercialisés de façon durable.

• Nécessité de produire in situ et de revoir l’élevage en captivité.

• Partage équitable des avantages avec les communautés rurales pauvres.

• La vigogne fournit une étude de cas particulièrement pertinente pour l’examen futur des effets sur les moyens d’existence.

Références

Gordon, I. J. 2009. Ed. The Vicuña: The theory and Practice of Community Based Wildlife Management. Springer, NY, USA.

Lichtenstein, G. 2009. Vicuña conservation and poverty alleviation? Andean communities and international fibre markets. International Journal of the commons. 3 (2): 1-11. http://www.thecommonsjournal.org/index.php/ijc/article/viewArticle/139/89

Lictenstein, G and Vila, B. 2003. Vicuna Use by Andean Communities: An Overview. Mountain Research and Development 23(2):198-201. 2003. doi: 10.1659/0276-4741.

McNeill, D and Lictenstein, G.2003.Local Conflicts and International Compromises: The Sustainable Use of

Vicuna in Argentina. Journal of International Wildlife Law & Policy, Volume

McAllister, R., McNeill, D., Gordon, J. 2009. Legalizing markets and consequences for poaching of wildlife species: The Vicuna as a case study. J. Envt. Mgmt. 90 120-130.

Sahley C.T., Vargas J.T, & Valdivia J.S. 2007. Biological sustainability of live shearing of vicuña in Peru. Conservation Biology, 21, 98–105.

Lichtenstein, G. 2009. Vicuña conservation and poverty alleviation? Andean communities and international fibre markets. International Journal of the commons. Vol. 3 no 2. http://www.thecommonsjournal.org/index.php/ijc/article/viewArticle/139/89

Lichtenstein,G. and Vila, B. 2003. Vicuna Use by Andean Communities: An Overview. Mountain Research and Development 23(2):198-201.

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M. Peaux de crocodile élevé en ranch (Annexes I et II)Les populations de plusieurs espèces de crocodiles ayant subi de fortes réductions (même si l’état de certaines espèces était contesté), beaucoup d’espèces furent inscrites à l’Annexe I dans les premiers jours de la Convention, interdisant ainsi les transactions à des fins commerciales. Toutefois, plusieurs États qui n’étaient pas Parties continuèrent à faire le commerce de ces espèces et certaines Parties formulèrent des réserves pour des espèces particulières, permettant ainsi la poursuite du commerce. L’application de l’inscription à l’Annexe I était fragmentaire, autorisant la poursuite d’une partie du commerce. En outre, la Convention autorise à commercialiser les spécimens d’espèces de l’Annexe I élevés en captivité comme s’ils étaient des spécimens de l’Annexe II, encourageant ainsi le passage de la capture de spécimens sauvages au commerce de spécimens élevés en captivité. Lorsque la définition d’“élevage en captivité” a été précisée, une procédure de transfert de crocodiliens de l’Annexe I à l’Annexe II, à des fins d’élevage en ranch, a été introduite, aboutissant à une inscription scindée de plusieurs taxons. L’élevage en ranch des crocodiles a pris son essor dans les années 1980 et 1990 mais les communautés se tournent de plus en plus vers l’élevage en captivité, ce qui a beaucoup réduit les liens avec les populations sauvages.

L’élevage en ranch et l’élevage en captivité des crocodiles ont augmenté de sorte que les producteurs sont confrontés à des difficultés de vente de leurs produits, d’autant plus que le public a le sentiment que les crocodiliens sont en danger. En conséquence, les prix baissent dans certains cas. Entre-temps, du point de vue des moyens d’existence des pauvres, on peut craindre que les obstacles à l’entrée sur ce marché (du point de vue surtout des investissements) sont simplement trop élevés pour que les programmes puissent bénéficier aux populations locales, sauf pour ce qui est de la récolte saisonnière des œufs et de l’offre occasionnelle d’emplois. Il est intéressant de noter qu’une étude récente, réalisée au Cambodge, a montré comment l’élevage en ranch de crocodiles a fait augmenter la demande de serpents aquatiques comme source alimentaire pour les crocodiliens et comment le prélèvement des serpents contribue maintenant à atténuer la vulnérabilité saisonnière des communautés rurales pauvres. Cependant, les effets sur les populations de serpents aquatiques pourraient devenir un sujet de préoccupation. Si la production de crocodiliens vise à

contribuer à la conservation et aux moyens d’existence des pauvres, il faut que les producteurs commercialisent des produits de crocodiliens obtenus de manière durable et que l’on améliore le partage des bénéfices avec les communautés rurales pauvres.

Facteurs clés conduisant au succès ou à l’échec

• L’interdiction du commerce a contribué au rétablissement de la population.

• Les réserves à l’inscription à l’Annexe I ont permis un certain commerce.

• Dispositions sur l’élevage en ranch. • Inscriptions scindées. • Investissements individuels / commerciaux dans les

établissements pour les crocodiles.

• Spécimens pour le marché des articles de luxe.

Question future

• Nécessité d’offrir aux consommateurs des produits obtenus de manière durable.

• Nécessité d’une production in situ, liant la production avec les communautés rurales pauvres.

• Partage plus équitable des bénéfices avec les pauvres.

Références

Brook, S.E. Reynolds, J.D., Allison, E.H. 2008. Sustained by snakes? Seasonal Livelihood Strategies and resource conservation by Tonle Sap Fishers in Cambodia.

Kievert, H. 2000. Conservation of the Nile crocodile: Has CITES helped or hindered? In Hutton, J and Dickson, B. Endangered Species, Threatened Convention: the past, present and future of CITES. Earthscan, London, UK.

Macgregror, J. 2006. Call of the wild: captive crocodilian production and the shaping of incentives. TRAFFIC Online Report Series no. 12.

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N. Peaux de pécari (Annexe II avec quota zéro)Le pécari, inscrit à l’Annexe II, produit un cuir de grande qualité pour lequel il y a une demande internationale. Après les études sur le commerce important, réalisées dans les années 1990, conjuguées aux préoccupations suscitées par le taux d’exportation élevé des peaux de pécari, beaucoup d’États de l’aire de répartition ont interdit le commerce. Ainsi, ceux qui participaient au commerce des pécaris ont perdu une bonne partie de leur revenu. La chasse de subsistance qui représente le principal avantage pour les pauvres s’est poursuivie malgré la valeur perdue des peaux. Au Pérou, des projets visant à développer une valeur ajoutée pour les peaux ont été mis en œuvre, en échange de l’application d’une gestion forestière durable avec l’aide de donateurs et d’ONG. Les communautés concernées travaillent à l’élaboration de plans de gestion visant la réglementation de la chasse des animaux des forêts et du prélèvement de produits végétaux afin de parvenir à des niveaux durables. Dès que les prélèvements durables sont en place et vérifiables, les peaux peuvent être certifiées comme provenant de forêts qui sont gérées pour l’utilisation durable. Les peaux de pécari étant un produit de cuir de haute qualité, un programme de certification pourrait améliorer le revenu des communautés locales. Toutefois, l’élaboration de tels programmes nécessite l’investissement d’un capital humain et financier important sur ce qui pourrait bien être une longue période de temps.

Facteurs clés conduisant au succès ou à l’échec

• Rétablissement de la population; consommation réduite; investissement dans des projets expérimentaux.

• Peaux de grande valeur.

• Les communautés locales obtiennent des droits d’utilisation des ressources naturelles.

• Il est probable que dans les zones d’exploitation voisine, la chasse ne soit pas durable.

Question future

• Revenu individuel incertain pour les peaux.

• La gestion de la chasse pour la durabilité devrait permettre de poursuivre la chasse mais à un niveau plus faible qu’autrefois.

Références

Bodmer, R.E., Pezo Lozano, E., and Fang, T.G. 2004. Economic analysis of wildlife use in the Peruvian Amazon.

In People in Nature: wildlife conservation in South and Central America, KM Silvius, RE Bodmer and JMV Fragoso (eds) pp. 191-207. New York: Columbia University Press.

Roe, D. 2008., Trading Nature: The Contribution Of Wildlife Trade Management To Sustainable Livelihoods And The Millennium Development Goals. TRAFFIC International Cambridge, U

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