310
Connaissance des Mondes Spirituels Un guide de découverte spirituelle AVANT- PROPOS «Si avec notre cœur nous étions attentifs à une seule question très connue, je suis sûr que tous nos doutes disparaîtraient, comme s’ils n’avaient jamais existé. Ainsi la question qui ronge l’homme à chaque génération est: quel est le sens de notre vie». Rav Yéhouda Ashlag, Introduction à l’Etude des Dix Sefirot. Parmi les ouvrages et les notes dont se servait mon maître, Baruch Shalom Alevi Ashlag (RABASH), il y avait un cahier qu’il gardait toujours sur lui. Dans ce cahier il avait consigné ses conversations avec son père, le kabbaliste Yéhouda Lev Alevi Ashlag, Rabbin de Jérusalem, auteur du commentaire du Zohar en 21 tomes, d’un commentaire en 6 tomes sur les livres du ARI (Talmud des dix Sefirot) et bien d’autres ouvrages de Kabbale. Ayant ressenti un malaise au cours de la fête du nouvel an juif en septembre 1991, tard dans la soirée, alité, il me fit venir et me transmit ce cahier en me disant: «Prends ce cahier et étudie le». Le lendemain, au petit jour, mon maître est mort dans mes bras, nous laissant, moi et un grand nombre d’élèves, sans guide dans ce monde. Il disait «Je rêve de vous apprendre à vous adresser non pas à moi mais au Créateur, à la seule force, à la seule source de tout ce qui existe, à Celui qui peut réellement vous aider, et en attend de vous la demande. De l’aide dans votre recherche du chemin pour vous libérer de la cage de ce monde, de l’aide dans votre élévation spirituelle au-dessus de notre monde, de l’aide dans votre recherche de vous-même, de votre mission, Seul le Créateur vous envoie Lui- même toutes ces aspirations, pourvu que vous Lui prêtiez attention, Il peut vous répondre et vous aider». Dans le présent ouvrage j’ai tenté de rendre quelques-unes des notes de ce cahier, telles que je les ai perçues. Il n’est pas possible de rendre ce qui a été écrit mais uniquement ce qui a été lu, chacun, selon les qualités de son âme, comprenant à sa manière les textes car ils sont le reflet de l’état spirituel de chaque âme, induit par sa relation avec le Monde supérieur. Rav Michaël Laitman

Manuscrit - connaissance des mondes spirituelsfiles.kabbalahmedia.info/files/fre_t_ml-sefer-attaining-the-worlds... · et bien d’autres ouvrages de Kabbale. Ayant ressenti un malaise

  • Upload
    docong

  • View
    219

  • Download
    1

Embed Size (px)

Citation preview

Connaissance des Mondes Spirituels

Un guide de découverte spirituelle

AVANT- PROPOS «Si avec notre cœur nous étions attentifs à une seule question très connue, je suis sûr que tous nos doutes disparaîtraient, comme s’ils n’avaient jamais existé. Ainsi la question qui ronge l’homme à chaque génération est: quel est le sens de notre vie». Rav Yéhouda Ashlag, Introduction à l’Etude des Dix Sefirot. Parmi les ouvrages et les notes dont se servait mon maître, Baruch Shalom Alevi Ashlag (RABASH), il y avait un cahier qu’il gardait toujours sur lui. Dans ce cahier il avait consigné ses conversations avec son père, le kabbaliste Yéhouda Lev Alevi Ashlag, Rabbin de Jérusalem, auteur du commentaire du Zohar en 21 tomes, d’un commentaire en 6 tomes sur les livres du ARI (Talmud des dix Sefirot) et bien d’autres ouvrages de Kabbale. Ayant ressenti un malaise au cours de la fête du nouvel an juif en septembre 1991, tard dans la soirée, alité, il me fit venir et me transmit ce cahier en me disant: «Prends ce cahier et étudie le». Le lendemain, au petit jour, mon maître est mort dans mes bras, nous laissant, moi et un grand nombre d’élèves, sans guide dans ce monde. Il disait «Je rêve de vous apprendre à vous adresser non pas à moi mais au Créateur, à la seule force, à la seule source de tout ce qui existe, à Celui qui peut réellement vous aider, et en attend de vous la demande. De l’aide dans votre recherche du chemin pour vous libérer de la cage de ce monde, de l’aide dans votre élévation spirituelle au-dessus de notre monde, de l’aide dans votre recherche de vous-même, de votre mission, Seul le Créateur vous envoie Lui-même toutes ces aspirations, pourvu que vous Lui prêtiez attention, Il peut vous répondre et vous aider». Dans le présent ouvrage j’ai tenté de rendre quelques-unes des notes de ce cahier, telles que je les ai perçues. Il n’est pas possible de rendre ce qui a été écrit mais uniquement ce qui a été lu, chacun, selon les qualités de son âme, comprenant à sa manière les textes car ils sont le reflet de l’état spirituel de chaque âme, induit par sa relation avec le Monde supérieur.

Rav Michaël Laitman

COMMENT LIRE LE TEXTE

La nécessité de cette explication m’est devenue apparente après avoir reçu des questions de mes étudiants au cours des leçons ou lors de programme radio, ainsi que des lettres que je reçois continuellement de par le monde. Les difficultés pour parler de la Kabbale et l’étudier résident dans le fait que les mondes spirituels n’ont pas d’égal dans notre monde, et, même si l’objet de leur étude devient compréhensible, ce n’est que temporairement, car il est perçu par la partie spirituelle de notre conscience qui est constamment renouvelée dans l’En-haut. C’est pourquoi des notions déjà assimilées deviennent tout à fait incompréhensibles. En fonction de l’humeur et de l’état spirituel, le texte peut sembler au lecteur soit imprégné de sens profond, soit absolument superficiel. Il ne faut pas désespérer quand quelque chose qui hier était clair, n'est à nouveau plus compréhensible. Il ne faut pas désespérer quand le texte est hermétique, semble étranger, dénué de logique, etc. On n’apprend pas la Kabbale pour avoir des connaissances théoriques, mais pour commencer à voir et à ressentir, tandis que l’analyse intérieure et la connaissance des forces spirituelles, de la Lumière, des niveaux spirituels, donneront la connaissance absolue. Tant que l’homme n’est pas sensible à la Lumière Supérieure, aux éléments spirituels, il ne comprend pas la logique de la construction du système de l’univers, car il n’existe pas, dans notre monde, d’analogue à ce qui est étudié. Le présent ouvrage sera une aide pour faire seul les premiers pas sur le chemin menant à la perception des forces spirituelles. Ensuite, bien sûr, il ne sera pas possible de continuer sans l’aide d’un maître. L’ouvrage ne parle que d’une seule chose, de la recherche du chemin qui mène au Créateur. Le lecteur pourra lui-même donner des dénominations ou des numéros à des passages. Il est recommandé de ne pas lire les mots dans leur sens habituel mais, après avoir pris connaissance d’un paragraphe, d’y songer en l’appliquant à toutes sortes d’exemples de la vie, y compris ses préoccupations personnelles. Il sera utile également de repenser à une phrase avec insistance et de nombreuses fois, en essayant de s’imprégner des sentiments de l’auteur, de lire lentement, en s’attardant sur l’essence de ce qui est écrit, puis de revenir au début de la phrase.

Cette façon de procéder aidera le lecteur à pénétrer les descriptions au moyen de ses propres sentiments ou bien à ressentir l’absence de sensation, ce qui est également une étape nécessaire au développement spirituel. L’ouvrage n’est nullement rédigé pour être lu rapidement mais pour induire une perception approfondie de l’approche spontanée personnelle. C’est pourquoi il ne parle que d’une seule chose, de la relation avec le Créateur, il en parle sous différentes formes pour que chacun puisse trouver la phrase, le mot adéquat qui seront à l’origine de l’approfondissement du texte. L’ouvrage décrit à la troisième personne les désirs et les actes trouvant leur origine dans l’égoïsme, cependant, tant que l’homme n’est pas en état de faire la part entre sa conscience et ses désirs dans ses états d’âme, il ressent ces stimulations et ces désirs dus à l’égoïsme comme étant «siens». La lecture sera réitérée en choisissant des états d’âme différents pour avoir une meilleure connaissance de soi-même, de sa propre approche d’un seul et même passage du texte, ainsi que des angles de vue permettant de l’aborder. Etre en désaccord avec le texte est aussi positif que l’approuver, le principal étant de «vivre» le texte. Un sentiment de désaccord signifiera qu’on en est à un degré préliminaire (Akhoraim, le revers) de connaissance qui nous prépare à la prochaine étape de perception du texte (Panim, face). C’est uniquement à l’issue d’une lente perception approfondie des états décrits que se développeront les récipients (Kelim) nécessaires pour ressentir les forces supérieures, dans lesquels pourra pénétrer ensuite la Lumière Supérieure qui, au stade initial, se trouve autour de nous, entoure nos âmes, mais demeure imperceptible. L’ouvrage n’est pas à lire pour avoir des connaissances, non plus que pour se le remémorer. Le lecteur en aucun cas ne doit contrôler ce qu’il a gardé en mémoire après sa lecture; il est bon que tout soit oublié, et que le texte relu semble tout à fait nouveau. Cela signifie que les sensations précédentes sont parvenues à leur plénitude, qu’elles ont disparu en laissant place au travail, à l’assouvissement de nouvelles sensations non éprouvées. Le processus du développement de nouveaux organes permettant d’avoir des sensations est sans cesse renouvelé et s’intensifie dans la sphère spirituelle imperceptible de l’âme. C’est pourquoi, le principal est de savoir comment le lecteur se sent pendant la lecture et non après. Les sensations sont ressenties, elles naissent dans le cœur et dans le cerveau selon les besoins du développement ultérieur de l’âme.

Ne vous hâtez pas de terminer ce livre, choisissez les endroits où il vous parle de vous, ce n’est qu’alors qu’il pourra vous aider et devenir un premier guide dans la recherche de votre élévation spirituelle personnelle. Cet ouvrage a pour but d’aider le lecteur à s’intéresser lui-même au sens de sa venue au monde, à la possibilité de pénétrer les Mondes Spirituels, au but de la création, à ressentir le Créateur, l’éternité, l’infini et l’aider à franchir quelques étapes préliminaires sur ce chemin. «Si avec notre cœur nous étions attentifs à la question de la nécessité d’étudier la Kabbale, je suis sûr que tous nos doutes disparaîtraient, comme s’ils n’avaient jamais existé. Ainsi la question qui ronge l’homme à chaque génération est : quel est le sens de notre vie?». Rav Yéhouda Ashlag

1 - PERCEVOIR LE CRÉATEUR Les générations se succèdent sur terre, et à chacune d’elles, chacun de nous se pose des questions sur le sens de l’existence, particulièrement au cours des guerres, des souffrances collectives ou des séries de malheurs que nous subissons. Pourquoi notre existence, qui nous coûte si cher en joies insignifiantes, nous semble-t-elle un bonheur en l’absence de souffrances? Il est écrit dans le Traité des Pères «Malgré toi tu fus créé, malgré toi tu es né, malgré toi tu vis et malgré toi tu mouras». Chaque génération a son lot d’amertumes, et la dernière a eu le sien: parmi nous, certains ont connu la seconde guerre mondiale, les années d’après guerre. Notre génération connaît bien des inquiétudes et souffre, elle est désorganisée, elle se cherche. La question du sens de l’existence est ressentie avec une acuité particulière. En vérité, il est plus difficile de vivre que de mourir, il n’est pas dit en vain dans le Traité des Pères «Ce n’est pas toi qui décides de vivre». La nature nous a créés, et nous sommes obligés d’exister avec ces qualités qui sont en nous comme des êtres à demi sensés: sensés uniquement du fait que nous pouvons prendre conscience que nous agissons grâce aux attributs et aux qualités avec lesquels nous avons été créés, et aller à l’encontre de ceci est impossible. Si nous tombons sous l’empire de notre nature sauvage, où nous conduira-t-elle, elle qui est irrationnelle et nous pousse l’un contre l’autre et pousse des peuples entiers l’un contre l’autre, comme des bêtes sauvages, dans une guerre haineuse au nom de la liberté des instincts? Mais quelque part dans notre inconscient, l’image que nous nous faisons de nous en tant qu’êtres doués de raison n’est pas en accord avec cet état de fait. S’il existe une Force supérieure qui nous a créée, pourquoi ne la percevons-nous pas? Pourquoi se dissimule-t-elle à nous? Si nous savions ce qu’elle attend de nous, nous ne ferions pas d’erreurs dans la vie et nous ne recevrions pas de souffrances en retour. Comme la vie serait plus simple si le Créateur ne se dissimulait pas à nous, s’Il était perceptible, visible à chacun de nous! Nous n’aurions plus de doutes sur Son existence, nous pourrions voir et ressentir Son emprise sur nous-mêmes et sur le monde environnant, prendre conscience

de la raison et du but de notre création, voir les conséquences de nos actes, Sa réaction à leur égard, dans un dialogue préalable avec Lui, faire la Lumière sur nos problèmes, demander de l’aide, rechercher protection et conseil, se plaindre et demander des explications sur Son comportement à notre égard. Finalement nous pourrions Lui demander conseil pour l’avenir et, comment être en relation constante et en accord avec Lui, opérer des changements sur nous-mêmes pour Lui plaire et pour se sentir bien. Comme les enfants dès leur naissance perçoivent leur mère (et le Créateur serait perçu de manière non moins proche car l’homme Le percevra comme étant la source de sa naissance, son parent, la raison de son existence et de ses états futurs), dès les «langes» nous pourrions être continuellement en relation avec le Créateur et apprendre à vivre dans la bonne voie, en voyant Sa réaction à nos actes et même à nos intentions. Il n’y aurait plus besoin de gouvernements, d’écoles, d’éducateurs, tout se résumerait à l’existence simple et belle des peuples au nom d’un but évident de tous, le rapprochement spirituel avec le Créateur visible et perceptible. Tous les hommes agiraient en référence aux lois spirituelles évidentes, aux lois de l’action des mondes spirituels, aux «commandements» que tous accompliraient naturellement car ils auraient conscience que dans le cas contraire ils se porteraient préjudice. Ainsi par exemple, l’homme ne se jette pas dans le feu ou bien dans le vide, sachant qu’inévitablement il se fera mal. Si nous pouvions voir le Créateur et Sa toute-puissance sur nous, sur le monde, il ne nous serait pas difficile d’accomplir la tâche la plus difficile en pensant aux bienfaits qu’elle nous apporterait. Par exemple, nous pourrions donner sans arrière pensée tout ce que nous avons à des gens inconnus et éloignés, sans penser à nous ni dans le présent, ni dans le futur car nous verrions la toute-puissance de l’En-haut ainsi que les conséquences bénéfiques de nos actes altruistes et nous aurions conscience à quel point nous dépendons du Créateur. Il serait si naturel (et cela est contre nature et impossible à notre époque où la toute-puissance du Créateur est cachée) de se donner de toute notre âme au Créateur, de soumettre spontanément à Son pouvoir nos pensées, nos désirs, et d’être tels qu’Il le souhaite, sans se préoccuper de notre personne une seule seconde, s’arracher complètement de nous-mêmes par la pensée, en quelque sorte cesser de se percevoir nous-mêmes, transférer nos sensations vers Lui, essayer d’entrer en Lui, vivre par Ses sensations, Ses pensées et Ses désirs.

D’après ce qui précède, il est clair qu’il ne nous manque qu’une chose dans ce monde, la faculté de ressentir le Créateur. Ce ressenti devrait être le seul but de l’homme dans le monde, et cette raison mérite que l’homme réunisse tous ses efforts car ressentir le Créateur est son seul salut devant tous les malheurs et la mort spirituelle, pour tendre vers l’éternité spirituelle, sans retour dans ce monde. La méthodologie qui permet de ressentir le Créateur est la «Kabbale». Ressentir le Créateur signifie avoir la foi. Le mot «foi» est généralement incompris car il est de coutume de considérer qu’avoir la foi signifie cheminer dans les ténèbres sans voir ni ressentir le Créateur. Autrement dit, on comprend ce terme dans un sens diamétralement opposé. Selon la Kabbale, la Lumière du Créateur qui emplit l’homme, la Lumière de la relation avec le Créateur, la sensation de l’union (Ohr Hassadim) correspond à la «Lumière de la Foi» ou, tout simplement, à la foi. La foi, la Lumière du Créateur, confère à l’homme la sensation d’être en relation avec l’éternité, de comprendre le Créateur, un sentiment de communication claire et complète avec le Créateur, une impression de sécurité absolue, d’éternité, de grandeur et de force. Il est clair, par conséquent, que ce n’est qu’en ayant la foi, autrement dit, en ressentant le Créateur, que nous trouverons notre salut devant les souffrances et la poursuite éreintante des plaisirs éphémères de notre existence temporaire. Dans tous les cas, la raison de nos malheurs, de notre sentiment d’inutilité, du caractère temporaire de notre existence ne provient que de notre incapacité à ressentir le Créateur. La Kabbale nous invite «Venez contempler la Beauté du Créateur» (littéralement «Goûtez et vous verrez comme le Créateur est bon»). Le but du présent ouvrage est d’aider le lecteur à surmonter quelques étapes préliminaires dans sa recherche du Créateur. Une fenêtre ouverte sur le cœur Nous voyons que dès le début de la création du monde, l’humanité a supporté bien des souffrances et des maux pires que la mort. Qui, si ce n’est le Créateur, est la source de ces souffrances plus grandes que la mort? Qui, si ce n’est Lui, nous les envoie? De toute l’Histoire de l’humanité, combien y a-t-il eu d’hommes prêts à n’importe quelles souffrances pour parvenir à la sagesse suprême et progresser spirituellement, prenant volontairement sur eux les peines et les maux pour éprouver, de manière très infime, une sensation spirituelle et en connaître la

force supérieure, pour s’unir au Créateur et avoir la possibilité d’être Son esclave? Mais tous ont vécu leur vie sans appel, sans être parvenus à quoi que ce soit, ils ont quitté ce monde tout comme ils y étaient venus, sans rien. Pourquoi le Créateur n’a-t-il pas répondu à leurs prières, pourquoi s’est-t-Il détourné d’eux, pourquoi a-t-Il ignoré leurs souffrances? Ils avaient l’impression qu’Il les négligeait. Ils ressentaient de manière confuse l’existence d’un but supérieur à l’univers et à tout ce qui s’y passe, d’un but correspondant à cette union totale de l’homme avec le Créateur, et eux, plongés dans les abîmes de leur égoïsme, dans les moments où ils étaient en proie à des malheurs insupportables, sentant que le Créateur les rejetait, brusquement, ils sentaient s’ouvrir dans leur cœur fermé depuis le jour de la création et sensible jusqu’alors uniquement à leurs propres souffrances et à leurs désirs, une fente grâce à laquelle ils parvenaient à ressentir, à travers la paroi brisée de leur cœur, leur union ardente avec Lui. Les qualités de ces hommes se sont métamorphosées en leur contraire pour devenir comme celles du Créateur, et ils ont commencé eux-mêmes à voir. C’est dans la profondeur de ces souffrances, et seulement en elles, qu’il est possible de prendre conscience du principe d’unité du Créateur, c’est dans cette unité qu’Il réside, et c’est en elle qu’est, dans une certaine mesure, possible l’Union avec Lui. En éprouvant cette sensation qui emplit leurs blessures, grâce à celles-ci et grâce aux incohérences effroyables qui déchirent leur âme, ce sont ces hommes, tous sans exception, que le Créateur, Lui-même, emplit sans fin d’une douce félicité, à tel point qu’il est impossible de connaître quelque chose de plus parfait, qu’ils leur semblent que les souffrances supportées pour éprouver cette perfection ne sont pas vaines. La raison du silence du Créateur en réponse aux sollicitations des hommes est que ceux-ci ne se préoccupent que d’aller de l’avant et non à exalter le Créateur. C’est pourquoi ils sont pareils à celui qui verse des larmes sans raison et quitte la vie comme il s’en est venu. La fin de tout animal est l’oubli, et celui qui n’a pas connu le Créateur est pareil à un animal. Le Créateur s’ouvre uniquement à ceux qui se soucient de Le magnifier. L’unité, le but de la création, se déverse dans le cœur de celui qui magnifie et aime le Créateur, qui affirme sincèrement que le Créateur a tout créé pour lui, et cette unité, ce but ne se fondent pas dans le cœur de celui qui égoïstement se plaint de l’injustice de Celui qui nous gouverne.

L’homme ne connaît qu’une partie du Spirituel avant que celui-ci ne se révèle entièrement à lui. Tout dépend de la pureté de ses aspirations, et c’est dans la partie du cœur débarrassée de l’égoïsme que se déverse la Lumière spirituelle. Si l’homme essaie de regarder le monde qui l’entoure et de prendre conscience du niveau de l’humanité, il pourra alors mieux apprécier la création – et si réellement le Créateur existe, comme l’affirment les kabbalistes et qu’Il nous dirige tous et crée pour nous les situations quotidiennes que nous vivons en permanence, alors il n’y rien de plus beau que d’être constamment en relation avec Lui, et le plus près possible. Mais si nous essayons de nous forcer intérieurement pour avoir cette perception, comme le Créateur nous est dissimulé, nous nous sentons comme suspendus en l’air, sans point d’appui. C’est que sans voir, sans ressentir, sans entendre, sans recevoir aucun signal dans nos organes récepteurs, nous travaillons dans une direction unique, nous crions dans le désert. Pourquoi le Créateur nous a-t-Il créés de telle sorte que nous ne pouvons pas Le ressentir? Par ailleurs, pourquoi doit-Il se dissimuler à nous? Pourquoi, même quand l’homme crie vers Lui, ne répond-t-Il pas, mais préfère agir sur nous de manière cachée derrière le paravent de la nature et du monde qui nous entoure? Car s’Il voulait nous corriger, autrement dit réparer Son «erreur» dans la création, Il aurait pu le faire déjà depuis longtemps, de manière voilée ou évidente. S’Il se découvrait à nous, nous tous Le verrions et nous L’apprécierions comme nous pouvons apprécier par nos sens et notre intelligence ce dont Il nous a dotés en nous créant, et, sans aucun doute, nous saurions que faire et comment agir dans ce monde qu’Il a créé, semble-t-il, pour nous. Et qui plus est, dès que l’homme commence à aspirer au Créateur, dès qu’il souhaite Le ressentir, se rapprocher de Lui, il sent que ses aspirations se dérobent. Pourtant, si le Créateur est à l’origine de toutes nos sensations, pourquoi les enlève-t-Il à celui qui aspire à Lui, et au contraire, lui dresse-t-il toutes sortes d’obstacles dans ses tentatives pour Le découvrir? Ces tentatives faites par l’homme pour se rapprocher du Créateur, les refus du Créateur en réponse pour aller à la rencontre de l’homme, et les souffrances imposées à ceux qui Le recherchent, peuvent durer des années. L’homme a

parfois l’impression que cette fierté et cet orgueil dont on lui dit qu’il doit s’en débarrasser, sont présents dans le Créateur dans une bien plus grande mesure. L’homme ne reçoit de réponse ni à ses larmes ni à ses appels malgré la miséricorde supposée du Créateur, tout particulièrement envers celui qui Le recherche. Si nous pouvions changer nous-mêmes quelque chose dans notre vie, cela signifie qu’Il nous a donné le libre arbitre, mais Il ne nous a pas donné les connaissances suffisantes pour éviter les souffrances de notre existence et de notre développement. Mais, si le libre arbitre n’existe pas, qu’y a-t-il alors de plus cruel que de nous obliger à souffrir en vain pendant des dizaines d’années dans un monde sauvage? On peut continuer ce genre de plaintes à l’infini car, si le Créateur est la raison de notre condition, nous avons alors de quoi critiquer et accuser, c’est ce que fait notre cœur dans bien des situations. On ne peut dissimuler son cœur au Créateur. En éprouvant un sentiment d’insatisfaction, sans même penser au Créateur, inconsciemment il L’accuse. Chacun de nous a raison dans ses affirmations, quel qu’en soit l’objet, car il affirme ce qu’il ressent à un moment précis, au moyen de ses sens et de ce qu’il analyse par son intelligence. Ceux qui possèdent une grande expérience de la vie savent combien ils ont changé leurs points de vue au fil des années. Nous ne pouvons pas dire que nous avions tort hier et raison aujourd’hui. Car, selon le même principe, nous devons comprendre que notre point de vue d’aujourd’hui n’est pas juste non plus, ce dont nous serons convaincus demain. L’homme fait de ses états spirituels une analyse qu’il considère juste à un moment précis mais qui peut être tout à fait contraire à celle qu’il a déjà faite ou fera. De la même manière nous ne pouvons pas juger d’autres mondes, de leurs lois, juger de leurs qualités, en prenant pour référence des critères d’aujourd’hui, des critères de notre monde. Nous ne possédons pas l’intelligence spirituelle, les sensations spirituelles, les concepts spirituels, nous ne pouvons, par conséquent, pas porter de jugement sur ce que nous ne connaissons pas et en tirer des conclusions. Ne serait-ce qu’en ce qui concerne notre monde, ne nous méprenons-nous pas constamment?

Peut juger de ce qui appartient à l’En-haut, celui qui possède des attributs de l’En-haut. S’il est également pourvu des attributs de notre monde, il peut même approximativement nous décrire l’univers de l’En-haut. Le kabbaliste est en mesure de le faire, homme de notre monde, créé avec les attributs que chacun de nous possède, aussi de ceux de l’En-haut ce qui lui permet d’en parler. Le Créateur a donné à certains kabbalistes la possibilité de se dévoiler à un grand nombre de personnes pour aider un plus grand nombre encore à communiquer avec Lui. Les kabbalistes nous expliquent dans une langue comprise de notre intelligence que dans les mondes spirituels, l’En-haut, l’intelligence est construite et agit selon d’autres lois, différentes des nôtres. La Foi au dessus de la Raison Il n’y a aucun mur entre notre monde et l’En-haut, les Mondes Spirituels. Mais le fait que, de par leurs attributs, les mondes spirituels soient un «anti-monde», cela les rend imperceptibles à nous, à tel point qu’à notre naissance dans ce monde, autrement dit, en recevant notre sa nature, nous oublions complètement notre anti-état précédent. L’homme peut naturellement ressentir cet «anti-monde» s’il en acquiert la nature, l’intelligence, les attributs. La principale loi des mondes spirituels est «l’altruisme absolu» Comment l’homme peut-il acquérir cette qualité? Les kabbalistes proposent d’effectuer ce bouleversement intérieur par un acte appelé la «foi supérieure à l’intelligence». Notre «bon sens» étant le principal instrument de nos actes, l’homme ne semble pas pouvoir neutraliser complètement ses conclusions et essayer à la place - quand il n’a plus l’appui que lui fournit son «bon sens» comme s’il se tenait sur ses jambes qui seraient suspendues dans le vide - de s’accrocher des deux mains au Créateur. Car l’homme dans cette situation ne dispose pas de l’intelligence qui lui permet de se soustraire aux événements déplaisants, et que le Créateur lui «envoie». Dans une tentative désespérée pour résoudre les problèmes, il reste suspendu en l’air, sans appui ni réponse raisonnable sur ce qui lui arrive. Mais si l’homme peut, par la pensée, malgré l’approche critique de son intelligence et en se réjouissant de la possibilité qui se présente, saisir des deux mains le Créateur, il peut, au moins un instant, supporter les événements, il en voit alors la beauté et se trouve ainsi dans la vérité authentique et éternelle qui ne fera pas l’objet de changements le lendemain, comme toutes les opinions qu’il a

pu avoir dans le passé, car il est uni à l’Eternel, et ce n’est que par cette vérité qu’il observe tous les événements. Le mouvement vers l’avant n’est possible que simultanément selon trois lignes parallèles, la ligne droite est appelée la foi, la ligne gauche est appelée la prise de conscience, la compréhension. Ces deux lignes sont en contradiction car elles s’excluent l’une l’autre. C’est la raison pour laquelle il n’est possible de les équilibrer qu’avec l’aide de la ligne médiane qui est constituée à la fois de la ligne gauche et de la ligne droite; c’est la ligne du comportement spirituel qui fait appel à la raison uniquement en fonction de la profondeur de la foi. A mesure qu’ils sont formés à partir du Créateur, tous les éléments spirituels se superposent sur Lui, viennent pour ainsi dire s’appliquer sur Lui. Tout ce qui s’est superposé sur le Créateur dans le système de l’univers, n’existe que par rapport aux créations, et tout ce qui est issu de la création primordiale, appelée Malkhout. Autrement dit tous les mondes et toutes les créations, tout ce qui, à l’exception du Créateur, constitue la création unique, représentent Malkhout qui est la racine, la source de toutes les créations qui, ensuite, se divise en une multitude de petites parties. Toutes ensemble elles représentent la Chekhina, la Lumière du Créateur, Sa présence, Lui même, qui emplit la Chekhina et correspond au Chokhren. Le temps nécessaire pour remplir complètement toutes les parties de la présence du Créateur est le «temps de la réparation». C’est le moment où les créations réalisent la réparation de leurs parties Malkhout, chacune pour la partie dont elle est issue, c’est à dire la correction de son âme. Tant que le Créateur ne pourra pas complètement s’unir aux créations, c’est-à-dire, qu’Il ne se révélera pas dans Sa pleine mesure, «tant que le Chokhren ne se remplira pas de la Chekhina», la condition de la Chekhina (l’origine des âmes) ou bien des créations qui la composent s’appelleront l’exil de la Chekhina, vis à vis du Créateur, (Galout HaChekhina) puisque cette condition exclut la perfection dans les Mondes Spirituels. Dans notre monde, situé au degré le plus bas, dans lequel chacune des créations doit ressentir complètement le Créateur, chacun est, pour l’instant, occupé à suivre sa course permanente pour assouvir ses plaisirs terrestres et suit aveuglément les exigences de son corps.

Cette phase s’appelle «la Chekhina dans la cendre» et quand les plaisirs spirituellement purs sont considérés comme une élucubration et un non-sens, cet état est appelé la «souffrance de la Chekhina». Toutes les souffrances de l’homme proviennent de ce qu’il est obligé par l’En-haut de rejeter totalement le bon sens et de marcher à l’aveuglette en plaçant sa foi au-dessus de la raison. Et plus l’homme possède de raison et de connaissances, plus il est fort et intelligent, plus il lui est difficile d’avancer sur le chemin de la foi. Par conséquent, plus il souffre d’avoir à écarter son bon sens. Celui qui a choisi plus particulièrement ce chemin de développement spirituel basé sur la raison et la connaissance, maudit dans son cœur la nécessité d’un tel chemin et ne peut pas, par ses propres forces d’auto persuasion, justifier le Créateur, ni en aucun cas être en harmonie avec Lui. Il ne peut pas supporter cet état de fait sans soutien, tant que le Créateur ne lui apportera pas son aide et ne lui dévoilera pas l’ensemble du tableau de la création du système de l’univers. Si l’homme se sent en condition d’élévation spirituelle, quand tous ses désirs sont orientés uniquement vers le Créateur, c’est le moment adéquat pour s’adonner à la lecture de livres de Kabbale pour essayer de se pénétrer de leur sens profond. Même s’il voit que, malgré ses efforts, il ne comprend rien, il lui faudra néanmoins continuer à étudier et ne pas se laisser aller au désespoir du fait qu'il ne comprend rien. Les efforts accomplis trouvent leur expression dans les aspirations de l’homme pour atteindre les mystères de la Kabbale, ils correspondent à la prière pour que le Créateur s’ouvre à lui, pour qu’Il comble ses aspirations. La force de la prière est déterminée par la grandeur des aspirations. Les efforts faits augmentent le désir de recevoir ce à quoi nous aspirons, et la grandeur est déterminée par la souffrance de l’absence de l’objet du désir. Les souffrances elles-mêmes, sans mots, par leur seule sensation dans le cœur sont une prière. Compte tenu de ce qui précède, on comprend que, après de grands efforts pour parvenir à ce qui est désiré, l’homme est dans un tel état pour prier sincèrement qu’il reçoit ce qu’il attend. Si, pendant ces tentatives de se plonger dans un livre, le cœur ne désire pas se libérer de pensées étrangères, le cerveau ne sera pas non plus en mesure de se concentrer sur l’étude car le cerveau ne travaille que selon le désir du cœur.

Pour que le Créateur reçoive la prière, celle-ci doit venir du fond du cœur, autrement dit, ce n’est que sur elle que doivent être concentrés tous les désirs. C’est la raison pour laquelle l’homme doit des centaines de fois approfondir le texte, sans même rien comprendre pour parvenir à ce désir véritable d’être entendu par le Créateur. Le vrai désir est tel qu’il ne laisse de place à aucun autre désir quel qu’il soit. L’étude de la Kabbale permet à l’homme d’étudier les actions du Créateur et, par conséquent de se rapprocher de Lui, il devient ainsi progressivement digne de ressentir ce qu’il étudie. La foi, c’est-à-dire la perception du Créateur, doit être telle que l’homme ait l’impression de se trouver devant le Roi de l’Univers. C’est alors, sans aucun doute, qu’il s’imprègne d’un sentiment d’amour et de crainte. L’homme ne trouve pas le repos tant qu’il n’est pas parvenu à une foi de cette nature, car c’est la seule voie d’accès à la vie spirituelle, celle qui lui permet de ne pas s’enfoncer dans l’égoïsme et de redevenir un réceptacle de plaisirs. Par ailleurs, la nécessité de ressentir ainsi le Créateur doit être constante jusqu’à ce qu’elle devienne une habitude pour l’homme, tout comme est constante l’attirance pour l’être aimé et ne le laisse pas en paix. Tout l’environnement de l’homme éteint cependant en lui cette nécessité puisque le plaisir tiré de quelque chose diminue aussitôt la douleur induite par la sensation de vide spirituel. C’est la raison pour laquelle en se réjouissant des plaisirs de ce monde, l’homme doit contrôler qu’ils n’éteignent pas le besoin de ressentir le Créateur, et qu’ils ne le privent pas ainsi de sensations spirituelles. D’une manière générale, la nécessité intérieure de ressentir le Créateur est propre uniquement à l’homme, mais pas à tout homme ayant un aspect extérieur humain. Cette nécessité provient du besoin pour l’homme de comprendre qui il est, de penser à lui et à sa destinée dans ce monde, de réfléchir à la source de son origine. C’est plus particulièrement la quête des réponses aux questions le concernant qui le conduit à la nécessité de rechercher l’origine de sa vie.

2 - LE CHEMIN SPIRITUEL La nécessité de percevoir le Divin oblige l’homme à percer par toutes sortes d’efforts, les secrets de la nature jusqu’au dernier, en lui-même comme dans l’environnement. Mais seule l’aspiration à saisir le Créateur est vérité car Il est la Source de tout, et -surtout - notre Créateur. C’est pourquoi même si l’homme se trouvait seul au monde ou bien se trouvait dans d’autres mondes, de toutes façons, la recherche de soi-même l’amènerait à la recherche du Créateur. La perception de l’influence du Créateur sur ses individus se fait selon deux lignes. La ligne droite correspond au Créateur qui nous dirige, indépendamment de nos actes. La ligne gauche correspond au Créateur qui nous dirige en fonction de nos actes, ce qui correspond, en d’autres termes, à la punition pour nos actes mauvais et la récompense pour les bons. Quand l’homme choisit la ligne droite, il doit se dire que tout ce qui arrive n’a pour origine que les désirs du Créateur, est organisé selon Ses Plans, et que rien ne dépend de l’homme lui-même. Dans ce cas, il n’a à son compte aucun acte, pas plus qu’aucun mérite, tous ses actes sont contraints sous l’action des aspirations qu’il reçoit de l’extérieur. C’est la raison pour laquelle l’homme doit remercier le Créateur pour tout ce qu’il reçoit de Lui. En reconnaissant que le Créateur le conduit vers l’éternité, il peut ressentir de l’amour pour Lui. Avancer n’est possible qu’en alliant de manière adéquate les lignes droite et gauche, en choisissant précisément le milieu. Si l’homme a commencé à avancer d’un point d’origine choisi avec justesse, mais ne sait pas exactement de quelle manière vérifier en permanence son orientation et la corriger, il déviera du juste chemin, à droite ou à gauche. Qui plus est, ayant fait un écart d’un millimètre à peine, même si l’homme poursuit son chemin dans la bonne direction, à chaque pas, son erreur va grandir, et il s’écartera de plus en plus du but. Jusqu’à sa descente sur les degrés spirituels, notre âme est une partie du Créateur, un point Lui appartenant qui est la «racine de notre âme». Le Créateur place l’âme dans le corps pour que, une fois qu’elle s’y trouve, elle s’élève avec les désirs du corps et s’unisse à nouveau avec le Créateur.

En d’autres termes, notre âme s’installe dans notre corps - ce qui s'appelle la naissance de l’homme - pour que, après avoir vaincu les désirs du corps, et malgré eux elle s’élève, pendant la vie de l'homme en ce monde, au niveau qu’elle possédait avant sa descente dans notre monde. Après avoir surmonté les désirs du corps, l’âme qui a atteint le niveau spirituel dont elle est descendue, parvient à bien plus de délices qu’à son état initial quand elle s’était séparée du Créateur, et d’un simple point, elle se transforme en un corps spirituel volumineux, 620 fois plus grand que le point initial, avant sa descente dans notre monde. C’est ainsi que dans son état fini, le corps spirituel de l’âme est composé de 620 parties ou organes. Chaque partie ou organe est une loi spirituelle ou acte spirituel (Mitsva). La Lumière du Créateur ou le Créateur lui-même (c’est identique), qui remplit chaque partie de l’âme, s’appelle la «Torah». En s’élevant au degré spirituel suivant, autrement dit en «accomplissant une loi spirituelle» par les aspirations altruistes dont elle fait l’objet au moment où elle s’élève, l’âme reçoit la Torah, c'est-à-dire qu'elle se délecte de la Lumière du Créateur, et du Créateur Lui-même. Le véritable chemin menant à ce but passe par la ligne médiane qui signifie l’union de trois composantes en un seul et même concept: l’homme, le chemin qu’il doit emprunter, et le Créateur. Les trois éléments de la création sont en effet réunis: l’homme qui aspire à revenir vers son Créateur, le Créateur qui est le but auquel aspire l’homme, et le chemin qui permet à l’homme, pendant qu’il le parcourt, d’atteindre le Créateur. Ainsi que nous l’avons déjà dit, il n’existe rien d’autre que le Créateur, et nous, nous sommes quelque chose qu’Il a créé, doté du sentiment d’une existence propre. A mesure de sa progression spirituelle, l’homme en prend clairement conscience et le ressent. Mais toutes nos sensations – «nos», c’est- à -dire que nous les percevons comme nous étant en quelque sorte «personnelles», sont des réactions aux actes divins qu’Il a créées en nous. En fin de compte, nos sensations correspondent à ce qu’Il veut que nous éprouvions. Toutefois, tant que l’homme n’a pas atteint la connaissance absolue de cette vérité, les trois éléments de la création, lui, son chemin vers le Créateur et le Créateur Lui-même, sont perçus par lui, non comme un seul et même tout, mais comme trois éléments distincts.

Ayant atteint le dernier degré de son développement spirituel, autrement dit, s’étant élevé au degré dont est descendue son âme néanmoins déjà chargée des désirs du corps, l’homme a complète connaissance du Créateur dans son corps spirituel qui s’imprègne de la Kabbale, de toute la Lumière du Créateur, du Créateur lui-même. Les trois éléments autrefois séparés dans les sensations de l’homme - l’homme, son chemin et le Créateur - sont alors réunis en un élément, le corps spirituel empli de Lumière. C’est la raison pour laquelle, celui qui avance doit sans cesse se contrôler pour progresser dans le bon chemin, pour savoir s’il aspire avec la même force de désir aux trois éléments pendant qu’ils sont encore séparés dans sa perception, avec une force égale, et ceci dès le début du chemin, en les unissant immédiatement en un seul et même tout, comme ils devront lui apparaître à la fin du parcours, et comme ils le sont à ce moment même, ce que l’homme ne perçoit pas du fait de son imperfection. Si l’homme aspire à l’un des éléments plus qu’à un autre, aussitôt il s’écarte du vrai chemin. La façon la plus facile pour l’homme de contrôler qu’il est sur le bon chemin, est de se demander si ses aspirations ont véritablement pour but de comprendre les attributs du Créateur pour se fondre en Lui? «Si je ne suis pour moi-même, pour qui le serai-je? Et si je ne suis que pour moi-même - comment le pourrais-je? Car je suis insignifiant». Cette affirmation qui renferme une contradiction illustre le rapport de l’homme et de ses efforts pour atteindre le but auquel il aspire; l’homme doit affirmer que s’il ne s’aide pas lui-même, qui le fera à sa place, et il doit agir selon le principe de la rétribution pour les bonnes actions et de la punition pour les mauvaises, avec la conviction que ses actions ont des conséquences directes, et qu’il construit lui-même son avenir, mais simultanément, il doit se dire en lui-même: «qui suis-je pour m’aider moi-même à me sortir de ma nature sans que personne autour de moi ne puisse m’aider». La providence du Créateur Si tout se déroule selon le Plan du Créateur, à quoi bon les efforts de l’homme? En fait, le travail personnel selon le principe de «rétribution - punition», permet à l’homme de prendre conscience que c’est le Créateur qui le dirige et de se hisser au degré de conscience auquel il est clair pour lui que c’est le Créateur qui dirige tout, et que tout est prévu d’avance. Ce degré est un préalable. Sans y avoir accédé, l’homme ne peut avoir la conviction que tout est dirigé par le Créateur. Avant cela, l’homme n’est pas en

mesure de prendre conscience ni d’agir selon les principes propres à ce degré, et ce n’est pas de cette façon qu’il faut procéder pour comprendre l’organisation du monde, autrement dit, l’homme doit agir uniquement selon les lois qu’il perçoit au degré où il se trouve. Ce n’est que grâce aux efforts accomplis par l’homme dans son travail selon le principe «rétribution - punition», qu’il accède à la confiance totale du Créateur et peut voir le véritable monde et son organisation. Alors, en voyant que tout dépend du Créateur, il aspire de ses propres forces au Créateur. Il ne faut pas s’éloigner des pensées et des désirs égoïstes et laisser son cœur vide. Ce n’est qu’en le remplissant d’aspirations spirituelles, altruistes, et non égoïstes, que l’on peut remplacer les désirs d’hier en leurs contraires et éliminer son égoïsme. Celui qui aime le Créateur éprouve immanquablement de la répulsion pour l’égoïsme car il en ressent sur lui-même le mal dans toutes ses manifestations et ne voit pas de quelle manière il peut s’en débarrasser. Il perçoit nettement qu’il n’a pas la force de l’éliminer puisque cet attribut a été donné par le Créateur à ses créatures. L’homme n’a pas la capacité de se débarrasser lui-même de son égoïsme, mais il a tellement conscience que cet égoïsme est son ennemi qui le détruit spirituellement, qu’il le haïra à tel point que le Créateur pourra l’aider à s’en défaire, qu’il pourra utiliser l’égoïsme au profit de son élévation spirituelle. Il est dit dans le Talmud «J’ai créé le monde uniquement pour les justes absolus ou pour les pécheurs absolus». Que le monde ait été créé pour les justes, nous pouvons le comprendre, mais pourquoi n’a-t-il pas été créé pour les justes non absolus ou bien pour les pécheurs non absolus, mais est-ce pour les pécheurs absolus, que le Créateur a créé l’univers? L’homme accepte involontairement la toute-puissance du Créateur en fonction de la perception qu’il a de celle-ci, «bonne» et «magnanime», si elle lui est agréable ou bien désagréable s’il souffre. Autrement dit, notre perception du monde correspond à notre perception du Créateur, bon ou mauvais. L’homme ressent la toute-puissance du Créateur sur le monde de deux manières: ou bien il ressent le Créateur, et alors tout semble beau, ou bien il lui semble que ce sont les forces de la nature, et non pas le Créateur, qui régissent le monde. L’homme comprend par son entendement qu’il n’en est pas ainsi, mais comme ses sens déterminent sa relation avec le monde, et non son entendement, il se sent fautif en prenant conscience de cette opposition.

Comprenant que le Créateur désire le réjouir, ce qui n’est possible qu’en se rapprochant de Lui, l’homme ressent son propre éloignement par rapport au Créateur comme quelque chose de «négatif» et il se sent fautif. Cependant, si l’homme se sent fautif au point que, malgré tout, il crie vers son Créateur pour demander du secours, pour qu’Il s’ouvre à lui et, par-là même, qu’Il lui donne des forces pour sortir de la cage de l’égoïsme et entrer dans le monde spirituel, le Créateur l’aidera immédiatement. L’homme, notre monde et tous les Mondes Spirituels ont été créés pour connaître de tels états. En parvenant à l’état de pécheur absolu, l’homme qui a crié vers le Créateur, se hisse au niveau de Juste absolu. Seul l’homme libéré de sa fatuité et ayant pris conscience de sa faiblesse et de la bassesse de ses aspirations, devient digne de percevoir la magnificence du Créateur. Plus il importe à l’homme d’être proche du Créateur, plus il Le ressent, plus il est en mesure de rechercher les nuances et les signes de la manifestation du Créateur; l’émerveillement engendre des sentiments dans son cœur et éveille la joie en lui. C’est pourquoi l’homme voit qu’il n’est pas meilleur que ceux qui l'entourent, qui n’ont pas mérité une telle relation particulière avec le Créateur dont il fait, lui, l’expérience. Ceux qui l’entourent ne soupçonneraient pas une relation réciproque avec le Créateur, ne songeraient pas à ressentir le Créateur ni à prendre conscience du sens de l’existence et de la progression spirituelle. Mais en même temps, lui, qui a mérité, on ne sait comment, une attention particulière du Créateur qui lui donne la possibilité ne serait-ce que de réfléchir parfois au sens de l’existence et à la relation avec son Créateur et s’il peut avoir conscience du caractère unique et de l’exclusivité de cette relation du Créateur avec lui, il atteint un sentiment de gratitude et de joie infinies. Plus il peut apprécier cette chance toute particulière, plus il peut exprimer sa gratitude envers son Créateur. Plus il peut percevoir les nuances possibles de ses sentiments en chaque point et à chaque moment de sa relation avec le Créateur, plus il peut apprécier la magnificence du monde spirituel qui s’ouvre à lui, et la magnificence et la puissance du Créateur, plus il s’en réjouit avec d’autant plus d’assurance.

Si on analyse la différence radicale des attributs du Créateur et de la création, il n’est pas difficile de conclure qu’elles ne peuvent coïncider qu’à la condition que l’homme se débarrasse de sa nature d’égoïste absolu et n’ait plus alors d’existence propre, plus rien ne le séparant du Créateur. Ce n’est qu’en prenant conscience lui-même que, sans vie spirituelle, il meurt (comme meurt un corps privé de vie), et qu’il veut vivre passionnément, que l’homme a la possibilité de pénétrer la vie spirituelle et de s’imprégner de spiritualité. Accomplir les lois du Créateur De quelle manière parvenir à un état qui ferait que l’élimination des intérêts personnels et des soucis de sa propre personne ainsi que l’aspiration implacable de s’en remettre au Créateur deviennent le but de l’existence au point que si ce but n’est pas atteint, apparaisse une sensation de mort? L’accession à un tel état est possible progressivement selon le principe de l’action réciproque: plus l’homme fait d’efforts dans sa quête d’un chemin spirituel, dans l’étude, dans les tentatives d’imiter des éléments spirituels, plus il est convaincu qu’il n’est pas en état de réussir à l’aide de ses propres forces. Plus l’homme étudie les sources importantes de développement spirituel, plus il a la sensation que ce qu’il étudie s’embrouille. Plus il fait d’efforts dans ses tentatives pour se conduire envers ses maîtres et ses amis conformément à ce qu’il a appris, - si vraiment il avance spirituellement -, plus il sent que ses actes sont dictés par son égoïsme absolu. Ceci s’explique par le principe «il faut frapper le premier»: l’homme ne peut se débarrasser de son égoïsme que s’il voit que cet égoïsme le tue, ne lui permet pas de vivre sa vraie vie, éternelle, pleine des délices de la vie. La haine vis-à-vis de l’égoïsme lui permettra finalement de s’en libérer. Le principal est de désirer s’en remettre entièrement au Créateur en ayant conscience de Sa grandeur. (S’en remettre au Créateur signifie se séparer de son «moi» propre). C’est alors que l’homme doit se représenter au nom de quoi il y a lieu de travailler dans ce monde, au nom des valeurs éphémères ou au nom des valeurs éternelles? Car rien d’éternel ne subsiste de ce que nous avons produit, tout passe. Seules sont éternelles les structures spirituelles, ainsi que les pensées, les actes et les sentiments altruistes.

Autrement dit, en s’efforçant par ses pensées, ses désirs et ses efforts de ressembler au Créateur, en fait, l’homme crée par cela même son propre édifice d’éternité. L’homme n’a la possibilité d’avancer sur le chemin en s’en remettant au Créateur que s’il a conscience de la magnificence du Créateur. Il en est de même dans notre monde, si quelqu’un apparaît grand à nos yeux, nous lui rendons avec plaisir un service et nous considérons que ce n’est pas nous qui avons fait quelque chose pour lui, mais que c’est lui, qui en ayant accepté de prendre quelque chose de nous, nous a témoigné de l’attention et nous a donné bien qu’il ait reçu de nous. Cet exemple montre que le but intérieur peut modifier l’intention d’un acte mécanique extérieur, prendre ou donner, en son contraire. C’est pourquoi, tout comme l’homme magnifie le Créateur, de la même façon il peut Lui donner ses pensées, ses désirs et ses efforts et il sentira qu’il ne donne pas mais qu’il reçoit du Créateur, qu’il reçoit la possibilité de rendre un service, la possibilité dont ne sont dignes que quelques unités dans chaque génération. Il s’ensuit de ce qui précède que la principale tâche de l’homme est de magnifier son Créateur; Autrement dit, d’acquérir la foi en Sa magnificence et en Sa puissance, c’est la seule possibilité de sortir de la cage de l’égoïsme pour pénétrer les mondes spirituels.

3 - LA TABLE D’HÔTE

Acte 1 Dans une demeure spacieuse bien éclairée, un homme d’allure agréable est occupé en cuisine. Il prépare le repas pour son invité qu’il attend de longue date. Jonglant d’une casserole à une autre, il se souvient des plats dont son invité est si friand. Son anticipation est joyeuse et manifeste. Avec les gestes d’un danseur, il place cinq plats sur la table, auprès de laquelle se trouvent deux chaises à coussin. Toc, toc, l’invité entre. A sa vue, le visage de l’hôte s’éclaire, et celui-ci l’invite à passer à table. L’invité s’assied, tandis que l’hôte le couve affectueusement du regard. L’invité regarde les bons plats étalés devant lui, et les hume à distance. Il est clair que ce qu’il voit lui plaît, mais il exprime son admiration avec une modération pleine de tact, sans laisser paraître qu’il sait que ces mets lui sont destinés. L’hôte: Prenez place; sachant combien ils vous plaisent, j’ai préparé ces plats tout spécialement pour vous. Nous savons tous deux à quel point je connais bien vos goûts et habitudes culinaires. Je sais que vous avez faim, je connais votre appétit, aussi ai-je tout préparé exactement comme vous aimez, en quantité idéale afin que vous n’en laissiez pas une miette. Le narrateur: S’il restait un tant soit peu de nourriture après que l’invité soit repu, alors lui-même et l’hôte seraient tous deux déçus: l’hôte pour avoir présenté à son invité plus qu’il ne pouvait recevoir, et l’invité pour n’avoir pas pu entièrement satisfaire les espoirs de son hôte. L’invité serait également déçu d’être déjà rassasié, alors qu’il reste encore des délices mais plus de place dans son estomac. Cela signifierait que le désir d’en tirer du plaisir n’était pas assez grand. L’invité, solennel: C’est vrai, vous avez préparé exactement ce que j’aurais aimé voir et manger à ma propre table. Même la quantité est idéale. Je ne saurais en demander plus pour davantage apprécier la vie. Si tout cela était à moi, je goûterais probablement au plaisir divin. L’hôte: Eh bien mangez tout, et en vous régalant, régalez-moi. L’invité entame son repas.

L’invité, la bouche pleine et se délectant visiblement, quoique légèrement gêné: Comment se fait-il que plus je mange, moins j’apprécie la nourriture? Le plaisir que j’en retire chasse la faim, et diminue au fur et à mesure. Plus je me rassasie, et moins j’apprécie mon repas. Et quand je l’ai fini, il ne me reste plus rien que le souvenir du plaisir, et non le plaisir lui-même. Il n’y avait du plaisir que lorsque j’avais faim. Une fois ma faim disparue, le plaisir a fui pareillement. J’ai reçu ce que j’espérais tant, et me voici sans plaisir ni joie. Je ne désire plus rien, et rien ne me met en joie. L’hôte, un peu irrité: J’ai fait tout ce que je pouvais pour vous satisfaire. Qu’y puis-je si le plaisir acquis s’éloigne de la sensation de ravissement parce que le désir a disparu? Quoi qu’il en soit, vous êtes maintenant pleinement rassasié de tout ce que je vous avais préparé. L’invité, se défendant: En faisant honneur à tout ce que vous avez préparé pour moi, je ne peux même pas vous remercier, puisque je ne peux plus apprécier l’abondance que vous m’avez offerte. Mon sentiment principal est celui d’avoir reçu de vous sans rien vous avoir donné en contrepartie. Et par conséquent vous me rendez honteux, en me faisant remarquer inconsidérément que c’est vous qui donnez, et que je ne fais que prendre. L’hôte: Je ne voulais pas vous montrer que c’était vous qui receviez et moi qui donnais. Mais le simple fait de recevoir quelque chose venant de l’extérieur vous a donné l’impression que vous receviez de ma part, en dépit de ma gentillesse naturelle qui ne souhaitait rien de plus que vous voir accepter ma nourriture. Je n’y puis rien changer. Par exemple, j’élève des poissons: peu leur importe qui les nourrit… Et Bob, mon chat, il se moque pas mal de savoir quelle main lui donne à manger. Mais mon chien Rex, lui, n’accepte pas sa nourriture de quiconque. Les gens sont ainsi faits et certains reçoivent sans se rendre compte qu’on leur donne, ils prennent, un point c’est tout. Il y en a même qui volent sans remords! Celui qui par contre a développé sa propre perception, perçoit qu’il y a quelqu’un qui donne, ce qui le rend conscient et sait que c’est lui qui prend. Ceci entraîne honte, remords et sensation d’agonie. L’invité, quelque peu apaisé: Mais comment puis-je faire pour d’une part recevoir du plaisir, et de l’autre ne pas me considérer comme celui qui prend? Comment neutraliser ce sentiment intérieur: «Vous me donnez et moi je prends? » S’il s’agit d’échanger mutuellement et que cela me rende honteux, comment éviter cela? Ou peut-être pourriez-vous faire en sorte que je n’ai pas l’impression de recevoir! Mais cela n’est possible que si j’ignore votre existence (tels les poissons) ou bien si je vous ai perçu mais sans comprendre que vous me donniez (tel le chat) ou bien en tant qu’être humain au développement incomplet.

L’hôte, dont les yeux se plissent sous l’effet de la concentration, et attentif à ses paroles: Je crois entrevoir une solution, après tout. Peut-être pourriez-vous faire un travail sur vous afin de supprimer cette sensation de recevoir? L’invité, son regard s’éclairant: Ah, je comprends! Vous avez toujours voulu m’accueillir en tant qu’invité. Et bien demain, je reviendrai, et cette fois-ci me comporterai de manière à ce que vous-mêmes, vous vous sentiez non plus comme celui qui offre, mais comme celui qui reçoit. Bien sûr, je serai toujours dans la situation de celui qui reçoit, et mangerai tout ce que vous aurez préparé, mais je me percevrai comme celui qui donne

Acte 2 Le lendemain, dans la même pièce, l’hôte a préparé un nouveau repas, avec exactement les mêmes mets que ceux de la veille. Il s’assoit à table et l’invité entre, affichant sur son visage une expression inhabituelle et quelque peu réservée. L’hôte, avec un grand sourire, sans avoir remarqué le changement: Je vous attendais. Je suis si heureux de vous voir, je vous en prie asseyez-vous. L’invité s’assoit et sent poliment la nourriture. Regardant le repas: Tout ça pour moi? L’hôte: Mais bien sûr! Rien que pour vous! Je serai si heureux si vous vouliez bien accepter tout ceci. L’invité: Je n’y tiens pas tant que ça. L’hôte: Allons, ce n’est pas vrai! Vous y tenez et je le sais pertinemment! Pourquoi ne pas en profiter? L’invité: Je ne peux pas accepter tout ceci de votre part. Cela me met mal à l’aise. L’hôte: Comment ça, mal à l’aise? Je tiens tant à ce que vous en profitiez pleinement! Pour qui pensez-vous que j’ai cuisiné? Ca me ferait tant plaisir si vous mangiez tout cela. L’invité: Vous avez peut-être raison, mais je ne veux pas accepter tous ces plats! L’hôte: Mais en fait, vous ne recevez pas un repas, c’est vous qui me faites une faveur en vous asseyant à ma table et en appréciant ce que j’ai préparé. Après

tout, je n’ai pas préparé tout cela pour vous, mais parce que j’aime que vous le receviez de ma part. Voilà pourquoi le fait que vous consentiez à manger ne serait pas de votre part recevoir, mais une faveur que vous me feriez. Vous recevrez tout cela pour moi! De votre côté, il ne s’agirait pas du tout de prendre, mais au contraire de m’accorder une grande joie. Il en résulte que ce n’est pas vous qui recevez mon repas, mais en fait c’est moi qui en retire un grand plaisir, grâce à vous. C’est vous qui me donnez, et non le contraire. Le propriétaire des lieux avance de façon implorante le met parfumé devant son invité réticent. Celui-ci le repousse. De nouveau l’hôte le fait glisser vers son invité, et essuie un nouveau refus. Il soupire et tout son être manifeste le désir de voir l’invité accepter la nourriture. L’invité se met dans la position de celui qui donne et ferait ainsi une faveur à l’hôte. L’hôte: Je vous en supplie, faites-moi plaisir! L’invité commence à manger, puis s’arrête pour réfléchir. Il recommence, puis s’interrompt à nouveau. A chaque pause, l’hôte l’encourage à continuer. Une certaine dose de persuasion est nécessaire pour que l’invité poursuive. L’hôte présente de nouveaux mets à son invité, le suppliant à chaque fois de lui faire plaisir en les acceptant. L’invité: Si je pouvais être certain que je mange parce que cela vous procure du plaisir et non parce que j’en ai envie, vous deviendrez alors celui qui reçoit et moi celui qui vous fait plaisir. Mais pour cela, je dois être certain de ne manger que dans votre intérêt, et non pas pour le mien. L’hôte: Absolument, vous ne mangez que pour moi. Après tout, vous vous êtes attablés et n’avez rien goûté avant que je ne vous aie prouvé qu’il ne s’agissait pas uniquement de manger, mais c’est en fait une grande joie que vous me faites. C’est pour me faire plaisir que vous êtes venus. L’invité: Mais si je devais accepter quelque chose pour laquelle je n’ai initialement pas de désir, quelque chose que vous m’offririez juste pour que je l’accepte, alors je n’apprécierais pas ce don, et vous ne connaîtriez pas le plaisir de me voir accepter facilement votre offre. Et donc, vous ne pourrez éprouver de plaisir qu’à condition que j’apprécie votre offre.

L’hôte: Je sais exactement combien vous appréciez cette nourriture, combien vous pouvez manger de chaque plat, et c’est en fonction de cela que j’ai préparé ces cinq plats. Après tout, je connais votre désir pour tel ou tel plat, et non pas pour quoi que ce soit d’autre dans votre vie. Le fait de savoir à quel point vous appréciez ce plat fait naître en moi la sensation du plaisir que vous éprouvez. Que vous aimez mes plats fait naître en moi une sensation de plaisir. Ce plaisir obtenu par vous est bien fondé, je n’ai aucun doute là-dessus. L’invité: Comment puis-je être certain d’apprécier uniquement parce que vous voulez que j’apprécie et que vous avez préparé tout cela pour moi? Comment être certain que je ne devrais pas refuser, et qu’en recevant de votre part, c’est en fait moi qui vous fait plaisir? L’hôte: Très simple! Parce que vous avez totalement refusé mes plats, et que ce n’est qu’après vous être assuré que vous le faisiez pour me rendre service que vous avez fini par accepter. Après tout, à chaque bouchée, vous aurez l’impression que vous la prendrez pour moi, vous ressentirez la joie que vous m’apportez. L’invité: Si je pense, à chaque fois que je reçois que je le fais pour vous - sinon je refuserais de prendre, et si je combine cette intention au don que vous me faites, alors toute honte disparaît et je deviens fier de vous faire plaisir. L’hôte: Alors mangez tout! Vous le désirez, et ainsi vous ne saurez me faire plus plaisir! L’invité: (mangeant avec plaisir et terminant chaque plat jusqu’au dernier, mais toujours insatisfait au bout du compte): Voilà, j’ai tout mangé et suis repu. Il ne reste plus rien à apprécier. Mon plaisir a disparu, car je n’ai plus faim. A présent, je ne peux rendre heureux ni vous ni moi. Que faire, désormais? L’hôte: Je ne sais pas. Vous m’avez procuré un immense plaisir en voulant bien recevoir quelque chose venant de ma part. Que puis-je faire d’autre pour vous, de sorte que vous appréciez encore et encore? Comment pourrez-vous vouloir encore manger, si vous avez déjà tout mangé? Que faire pour avoir à nouveau de l’appétit? L’invité: C’est juste, mon désir d’avoir du plaisir s’est transformé en un désir de vous donner, et si désormais je ne peux pas ressentir du plaisir, alors comment vous procurer du plaisir? Après tout, je ne peux pas m’ouvrir l’appétit pour un autre repas de cinq plats.

L’hôte: Je n’ai d’ailleurs rien préparé de plus que vous ne désiriez. De mon côté, j’ai fait tout ce qu’il fallait. Votre problème est le suivant: «Comment ne pas cesser d’en vouloir davantage, lorsque que je reçois de plus en plus?» L’invité: Mais si le plaisir ne comble pas la faim, ce n’est pas perçu comme du plaisir. La sensation de plaisir découle de la satisfaction du besoin. Si je n’avais pas eu faim, je n’aurais pas pu apprécier la nourriture, et ainsi vous donner. Comment avoir un désir permanent et, en recevant à nouveau du plaisir, vous maintenir constamment dans la joie? L’hôte: Pour cela, il vous faut une source de désir différente, et un moyen de satisfaction différent. En utilisant votre appétit pour la nourriture et le plaisir qui en dérive, vous les avez tous deux épuisés. L’invité: J’y suis! Le problème, c’est que je me suis empêché d’éprouver de la joie, jusqu’au moment où je suis arrivé à vous percevoir, le bienfaiteur. J’ai opposé un refus tel, que même entièrement déployé devant moi, je ne pouvais accepter le repas, à cause de la honte. Celle-ci était si forte que j’ai préféré demeurer affamé plutôt que de me sentir honteux d’en être le bénéficiaire. L’hôte: Et une fois convaincu que vous ne receviez pas pour vous-mêmes, vous avez commencé à le faire par égard pour moi. Grâce à cela, vous avez apprécié à la fois la nourriture et le plaisir que vous me faisiez. Voici pourquoi la nourriture devrait être conforme à votre désir. Après tout, si vous ne tirez pas plaisir du repas, quel plaisir pourrez-vous m’apporter? L’invité: Mais, sachant que vous m’appréciez, recevoir dans votre intérêt ne suffit pas. Si mon plaisir provient de votre joie, alors ce n’est pas la nourriture qui est la source de mon plaisir, mais vous! Il faut que je ressente votre joie. L’hôte: Je suis tout à fait d’accord. L’invité: Oui, mais de quoi mon plaisir dépend-il? Il dépend de vous, vous à qui je fais plaisir. Ce qui signifie que mon plaisir dépend de l’intensité du désir de vous donner, c’est-à-dire de l’étendue par laquelle je perçois votre grandeur. L’hôte: Alors que puis-je faire? L’invité: Si je vous connaissais mieux, si je vous percevais plus intimement, et si vous étiez vraiment important, alors votre grandeur et votre toute-puissance m’auraient été révélées. Ainsi, non seulement j’aurais eu plaisir à vous procurer satisfaction, mais également j’aurais été pleinement conscient de la personne à

qui j’ai fait plaisir. Et donc mon plaisir eût été proportionnel à la révélation de votre grandeur. L’hôte: Cela dépend de moi? L’invité: Ecoutez, si je donne, il est important que je sache combien et à qui je donne. Si c’est à des êtres chers, comme mes enfants, alors le désir que j’ai de leur donner se mesure à l’étendue de l’amour que j’ai pour eux, car ainsi je me fais plaisir. Si par contre une personne dans la rue frappe à ma porte, je lui donnerai quelque chose par sympathie pour elle, parce que je perçois sa peine, ou parce que j’espère que si je venais moi-même à être dans la misère, quelqu’un m’aiderait aussi. L’hôte: Ce principe sous-tend tout le concept du bien-être social. Les gens ont réalisé que sans assistance mutuelle, ils souffriraient tous, c’est-à-dire qu’à leur tour ils souffriraient, s’ils étaient dans le besoin. L’égoïsme force l’homme à donner, mais ce n’est pas un vrai don. C’est simplement pour lui une assurance de son futur. L’invité: Je pense que ce type de don ne devrait même pas être pris en compte. Toute notre générosité n’est rien d’autre qu’une réception camouflée, la satisfaction de soi-même et de celle des êtres chers. L’hôte: Mais alors, comment puis-je vous procurer un plaisir supérieur à celui trouvé dans le repas? L’invité: Ca ne dépend pas de vous, mais de moi. Si la personne venant chez moi était non pas quelqu’un de normal, mais une personnalité très importante, j’en tirerais davantage de plaisir qu’avec une personne ordinaire. C’est donc que le plaisir ne dépend pas de la nourriture, mais de la personne qui l’a préparé pour vous! L’hôte: Alors que puis-je faire pour gagner davantage votre respect? L’invité: Parce que je reçois, non dans mon intérêt mais dans le vôtre - autrement dit parce que c’est moi qui vous donne, plus j’ai de respect pour vous et plus de plaisir j’en tirerai, étant bien conscient de la personne à qui je donne. L’hôte: Alors que dois-je faire pour que vous m’estimiez davantage? L’invité: Parlez-moi de vous, montrez-moi qui vous êtes! Alors je pourrai tirer du plaisir non seulement du repas, mais aussi du fait que je connais la personne qui me l’offre, la personne avec qui je suis en contact. La plus infime portion de

nourriture reçue d’une grande personnalité équivaudra à une quantité de plaisir bien plus grande. Le plaisir croît en fonction de la considération que j’ai de votre personne. L’hôte: Ce qui signifie que pour que ce plaisir grandisse, il convient que je m’ouvre davantage et que vous sachiez m’apprécier. L’invité: Exactement! Voilà ce qui crée en moi un nouvel appétit. Le désir de vous donner grandit proportionnellement à votre grandeur, et non par volonté d’éviter cette sensation de honte qui m’interdit de satisfaire ma faim. L’hôte: De cette façon, vous vous mettez à percevoir non pas la faim, mais ma grandeur, et le désir de me faire plaisir. Ainsi, vous commencez à répondre non pas à votre appétit (ce n’est pas cela qui vous a amené chez moi), mais à ma grandeur et au désir de me faire plaisir? L’invité: Et qu’y a-t-il de mal à cela? Je peux tirer bien davantage de plaisir de la nourriture pour ce qu’elle représente en elle-même, en ajoutant à la faim un second désir, celui de vous donner. L’hôte: Cela également je dois y pourvoir. L’invité: Non, car le désir et sa satisfaction, je les crée en moi. Pour cela je n’ai besoin que d’une chose: vous connaître. Révélez-vous à moi et je créerai en moi un très fort désir de vous donner et tirerai plaisir du don, et non de la suppression d’un sentiment de honte. L’hôte: Quel bénéfice en tirerez-vous, hormis celui d’un plaisir augmenté? L’invité, (indiquant clairement que c’est là le point crucial): Il y a un autre avantage majeur: si je crée en moi un nouveau désir, distinct du caractère inhérent à la faim, je deviens maître de ce désir. Je peux toujours l’augmenter, le remplir de plaisir, et toujours vous donner en recevant du plaisir. L’hôte: Le fait d’y répondre, tout comme avec la faim, ne le fera-t-il pas disparaître? L’invité: Non, car je peux toujours créer en moi une plus grande image de votre personne. De nouvelles aspirations en vue de vous donner émergeront constamment, et en recevant de vous, je réaliserai ces désirs. Ce processus peut se poursuivre indéfiniment. L’hôte: De quoi cela dépend-il?

L’invité: De la découverte constante de nouvelles vertus ainsi que de votre grandeur. L’hôte: Ce qui signifie que, pour qu’un plaisir ayant pour source ses propres désirs demeure constant, de sorte que l’appétit ne cesse, même si l’on reçoit un plaisir égoïste, mais au contraire augmente grâce à cette réception, il convient de créer une nouvelle faim: le désir de ressentir, de percevoir celui qui donne. L’invité: Oui, en plus de recevoir le plaisir (les mets), on devine la grandeur du donneur. La découverte de l’hôte et des mets devient la même. Le plaisir en soi fait prendre conscience de celui qui donne, que le donneur, la nourriture ainsi que les attributs du donneur ne font qu’un. L’hôte: Il s’avère que depuis le début, ce que vous souhaitiez inconsciemment c’était la révélation de celui qui donne. En fait, pour vous, il ne s’agit de rien d’autre que de se satisfaire. L’invité: Au départ, je ne comprenais même pas que je voulais cela. Tout ce que je voyais, c’était la nourriture, pensant que c’était cela que je désirais. L’hôte: Je l’ai fait exprès! De sorte que vous développiez progressivement votre propre volonté que vous étiez censé créer de vous-mêmes, et afin que vous l’assouvissiez de vous-mêmes. Ce qui veut dire que vous avez pris simultanément le rôle de l’invité et de l’hôte. L’invité: Pourquoi tout fonctionne-il donc ainsi? L’hôte: Dans le but de vous amener à la plénitude. Afin que vous désiriez toute chose dans sa totalité et que vous atteigniez une satisfaction maximale. Afin que vous vous délectiez de chaque désir et que le plaisir ne soit en aucun cas limité. L’invité: Mais pourquoi ne le savais-je pas dès le début? Après tout, tout ce que j’ai vu autour de moi étaient des objets de mon désir, sans même penser un instant que tout ce que je voulais réellement pendant tout ce temps, c’était vous. L’hôte: Cela est conçu spécialement pour que, partant d’une situation dans laquelle vous ne me perceviez pas, de vous-mêmes vous veniez à moi et créez ce désir intérieur. L’invité, stupéfait: Mais si j’ai créé ce désir en moi, où êtes-vous dans cette histoire?

L’hôte: C’est moi qui, au départ, ai créé en vous un simple désir égoïste. Je le développe en vous entourant constamment de nouveaux objets de délice. L’invité: Mais dans quel but? L’hôte: Afin de vous convaincre qu’aucune poursuite de quelque plaisir que ce soit ne saurait vous satisfaire. L’invité: Je peux le comprendre. Au moment même où j’obtiens ce que je veux, le plaisir perçu disparaît immédiatement, et de nouveau j’aspire à quelque chose d’autre, soit de plus grand soit de totalement différent. Et je me retrouve dans une quête permanente au plaisir, sans jamais pouvoir vraiment l’atteindre, parce qu’à l’instant où je mets la main dessus, il disparaît. L’hôte: Voilà précisément la raison pour laquelle vous développez votre perception du Moi et prenez conscience de la futilité de ce type d’existence. L’invité: Mais, au moment où vous m’exposerez l’image de ce qui se passe, je comprendrai le but de toute cette manœuvre! L’hôte: Cette raison ne vous est révélée que lorsque vous êtes totalement convaincus du manque de sens de votre vie égoïste, et que vous prenez conscience de la nécessité de se conduire autrement. Il vous faut connaître votre racine ainsi que le sens de votre vie. L’invité: Mais cela dure depuis des milliers d’années. Quand est-ce que cela cessera? L’hôte: Rien n’est créé inutilement. Tout ce qui existe n’est là que dans le seul but d’amener l’individu à connaître un autre mode d’existence. Ce processus est lent, car chaque petit désir doit émerger et être reconnu comme indigne d’être appliqué dans sa forme initiale. L’invité: Et de tels désirs sont nombreux? L’hôte: Très nombreux! En proportion directe avec le plaisir que vous recevrez dans le futur. Mais le plaisir tiré d’un repas reçu ne change pas. Vous ne pouvez manger plus d’un repas par jour. Le volume de votre estomac est invariable. Par conséquent, la part que je vous offre et que vous recevez ne varie pas. Mais en dînant à ma table dans le but de me faire plaisir, cette démarche crée en vous une nouvelle volonté et un nouveau plaisir, distinct du plaisir lié à la nourriture. Ce plaisir se mesure en taille et en puissance, c’est-à-dire en quantité et en qualité,

en fonction de la quantité de plaisir que vous avez obtenu en dînant à ma table pour me faire plaisir. L’invité: Comment alors augmenter mon désir de recevoir du plaisir dans votre propre intérêt? L’hôte: Cela dépend de l’appréciation et du respect que vous avez pour moi, de l’estime que vous avez pour moi. L’invité: Alors comment augmenter l’estime que je vous porte? L’hôte: Pour cela il vous suffit de me connaître davantage. De me voir dans chacune de mes actions. De m’observer et d’être convaincu de ma grandeur. Convaincu de ma toute-puissance, de ma compassion et de ma gentillesse. L’invité: Eh bien alors dévoilez-vous! L’hôte: Si votre requête émane d’un désir de me donner, alors je me révèlerai. Mais si votre désir provient d’un désir d’autosatisfaction à l’idée de me voir, non seulement je m’abstiendrai de me manifester, mais je m’isolerai de vous encore plus profondément. L’invité: Pourquoi? Quelle que soit la manière dont je reçois de vous, est-ce que ça ne revient pas au même, pour vous? Après tout, vous voulez que j’ai du plaisir? Pourquoi vous cacher? L’hôte: Si je me dévoile entièrement, vous percevrez tant de plaisir à l’idée de l’éternité de ma toute-puissance et de ma grandeur que vous serez incapable d’accepter ce plaisir dans mon propre intérêt. Cette pensée ne vous traversera même pas l’esprit, et vous vous sentirez accablés de honte par la suite. De plus, parce que le plaisir sera perpétuel, cela éliminera votre désir, comme nous l’avons précédemment montré, et vous laissera vide de tout désir. L’invité, (réalisant enfin): C’est donc pour ça que vous vous dérobiez à moi, pour m’aider! Et moi qui pensais que c’était parce que vous ne vouliez pas que je vous connaisse. L’hôte: Mon plus grand désir est que vous me voyiez et soyez à mes côtés. Mais qu’y puis-je si alors, vous n’arrivez pas à ressentir de plaisir… ne serait-ce pas la même chose que mourir? L’invité: Mais si je ne suis pas conscient de votre personne, comment puis-je alors progresser? Tout dépend de combien vous vous révélez à moi.

L’hôte: Effectivement, seule la perception de ma présence crée en vous la capacité de grandir et de recevoir. Sans cette perception, vous ingurgitez tout et cessez immédiatement d’éprouver du plaisir. Voilà pourquoi, lorsque j’apparais devant vous, vous éprouvez de la honte, le sentiment de celui qui donne, un désir de recevoir les mêmes attributs que le donneur. L’invité: Eh bien révélez-vous à moi au plus vite. L’hôte: Je le ferais, dans la mesure où vous en bénéficiez, car j’ai toujours voulu me révéler à vous. Après tout, si je me cache c’est volontairement, afin de créer pour vous les conditions d’une liberté de choix, afin que vous agissiez et choisissiez de penser malgré ma présence, sans la moindre pression de la part de l’hôte. L’invité: Et comment donc vous révélez-vous à moi? L’hôte: Je le fais lentement et progressivement. Chaque niveau de révélation s’appelle un Monde. Du niveau le plus caché à celui le plus dévoilé.

Fin Il s’ensuit que notre objectif principal est d’élever à nos yeux l’importance du Créateur, c’est-à-dire, acquérir le foi dans Sa magnificence. Nous devons ainsi procéder car c’est notre unique possibilité de sortir de la prison de l’égoïsme et d’accéder aux Mondes Supérieurs. Comme il est indiqué dans la fable, si l’homme éprouve des difficultés d’aller au-dessus de ses forces quand il veut emprunter la voie de la foi en cessant de se préoccuper de lui-même, c’est qu’il a l’impression d’être comme séparé du restant du monde, comme suspendu dans le vide, sans appui, et qu’il laisse son entourage, sa famille et ses amis pour se fondre dans le Créateur. La seule raison de cette impression, est l’absence de foi en le Créateur, autrement dit l’homme ne perçoit pas son Créateur, Sa Présence et Sa toute-puissance, en d’autres termes, il est dépourvu de foi. Dès qu’il commence à ressentir la Présence du Créateur, il est déjà prêt à s’en remettre totalement à Lui et à Le suivre les yeux fermés, il est prêt à s’unir complètement à Lui, au mépris du bon sens. Le but essentiel de l’homme est de ressentir la Présence du Créateur.

Orienter son énergie, ses pensées vers la perception du Créateur valent la peine car, dès lors, l’homme cherche de toute son âme à s’unir à Lui. Toutes les pensées, les activités, les désirs et le temps de l’homme devraient être tournés vers ce but et vers la perception du Créateur. Cet effort aboutit à ce que nous nommons la foi. Il est possible d’accélérer ce processus si l’homme accorde une certaine importance à ce but. Et plus celui-ci est important à ses yeux, plus il peut atteindre à la foi, autrement dit, ressentir le Créateur. Plus il ressent le Créateur, plus cette sensation croît jusqu’à devenir constante en lui. La chance (Mazal en hébreu), est quelque chose qui est déterminée par la Providence, quelque chose sur laquelle l’homme n’a pas la capacité d’influer de quelque façon que ce soit. Par contre, l’homme a l’obligation, de l’En-Haut, d’essayer lui-même de parvenir à modifier sa propre nature, ensuite, après avoir jaugé les efforts de l’homme, le Créateur modifie celle-ci Lui-même et l’élève au-dessus du monde. Avant que l’homme ne fasse quelque effort que ce soit, il ne doit en aucune façon compter sur les Forces Supérieures, sur la chance non plus, mais uniquement sur une attention particulière venant de l’En-Haut, il doit entreprendre sa tâche en ayant à l’esprit que s’il ne la remplit pas, il ne pourra pas arriver à ce qu’il veut. Après avoir terminé sa tâche, son étude ou tout autre effort, il doit considérer ce à quoi il est parvenu du fait de ses efforts et conclure que même s’il n’avait rien fait, de toute façon, cela aurait été la même chose car tout était déjà pensé par le Créateur. C’est pourquoi celui qui souhaite prendre conscience de qui le dirige véritablement, se doit, dès le début de son chemin et dans toutes les situations de la vie, d’essayer d’allier ces deux contradictions. Par exemple, le matin, l’homme est obligé de commencer sa journée habituelle par l’étude et le travail, après avoir éliminé de son esprit le fait que c’est le Créateur qui dirige le monde et chacun de nous. Il doit travailler comme si le résultat final ne dépendait que de lui seul. A la fin de son travail, il ne doit cependant en aucun cas se permettre de s’imaginer que ce qu’il est parvenu à faire est le résultat de ses efforts. Au contraire, il doit reconnaître que même s’il était resté couché toute la journée, il serait de toute façon parvenu à la même chose car ce résultat était déjà dans les desseins du Créateur.

Tous nos actes peuvent être divisés en bons, neutres et mauvais. Le travail de l’homme en accomplissant des actes neutres, consiste à les élever au niveau de bons actes en alliant leur réalisation mentale à la conscience que c’est le Créateur qui dirige tout. Par exemple, un malade comprenant très bien que sa guérison dépend entièrement du Créateur, est obligé de recevoir d’un médecin réputé pour son art, prendre un médicament éprouvé et connu et il doit croire que seul l’art du médecin l’aidera à surmonter sa maladie. Mais ayant pris les médicaments prescrits par le médecin, après sa guérison, l’homme doit croire que sans le médecin il serait en bonne santé avec l’aide du Créateur. Et au lieu d’être reconnaissant envers le médecin, il se doit de remercier le Créateur; c’est ainsi que l’homme transforme un acte neutre en acte spirituel. S’il agit ainsi dans tous ses actes neutres, il «spiritualise» progressivement toutes ses pensées. Les exemples cités et les explications sont nécessaires car ces questions sont une pierre d’achoppement sur le chemin de l’élévation spirituelle et, de surcroît, l’homme qui croit connaître les principes de l’organisation du monde s’efforce d’augmenter artificiellement l’intensité de sa foi en la toute-puissance du Créateur, et au lieu de travailler sur lui-même, pour éviter les efforts, pour démontrer sa foi ou tout simplement par paresse, avant de se mettre au travail décide que tout relève du pouvoir du Créateur, et que par conséquent tous les efforts sont vains! Il peut même, après avoir fermé les yeux, dans une foi aveugle, en éludant les questions relatives à la foi, se priver de la possibilité d’avancer spirituellement. Il est dit «Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front». Toutefois, après avoir gagné quelque chose par son labeur, l’homme a des difficultés à reconnaître que le résultat ne dépendait pas de son travail ni de ses capacités mais que c’est le Créateur qui a tout fait à sa place. Et «à la sueur de son front» il doit renforcer en lui la foi en la toute-puissance du Créateur. C’est précisément dans les efforts et les tentatives faites pour allier les contradictions apparentes de la toute-puissance des Lois du Créateur, (contradictions qui n’existent que du fait de la cécité de l’homme), et grâce à l’antagonisme des principes opposés, et donc incompréhensibles, qui guident les actes exigés de lui, et grâce au questionnement ainsi induit, que grandit celui qui a compris ces contradictions, et qu’il reçoit de nouvelles sensations spirituelles.

4 - ANNIHILER NOS INTÉRÊTS PERSONNELS Ce qui a précédé la création se résume à l’existence d’un Créateur unique. Le commencement de la création réside en ceci que le Créateur a séparé de Lui-même un point pour lui donner plus tard des attributs différents des Siens. Ceci est l’essence même de la création car en dotant ce point d’égoïsme, le Créateur l’a comme «chassé» hors de Lui-même. Ce point est notre «moi». Comme il n’existe ni lieu ni distance, le point perçoit son éloignement par rapport à ses attributs originels comme la «dissimulation du Créateur», autrement dit, il n’a pas conscience de cet éloignement, entre eux il y a les ténèbres créées par l’égoïsme de ce point. L’abîme profond ainsi créé est ressenti par le point comme terriblement vertigineux si le Créateur souhaite le rapprocher de Lui. Si le Créateur ne souhaite pas le rapprochement de ce point, celui-ci ne ressent aucun abîme, et, d’une manière générale, il ne perçoit ni l’abîme, ni la distance par rapport au Créateur, ni le Créateur, il ne peut que les imaginer. L’abîme de ténèbres que perçoit le point, se matérialise sous la forme des souffrances habituelles que nous causent les difficultés matérielles ou les maladies, les enfants et la famille. Enfin, tout ce qu’a créé le Créateur autour du point il l’a fait pour qu’au moyen de cet environnement, Il puisse avoir une action sur le point. De quelle manière et dans quel but? Pour montrer à l’homme que pour s’épargner des souffrances, il faut qu’il se débarrasse de son égoïsme, le Créateur crée par le biais du monde environnant, c’est-à-dire les enfants, le travail, les dettes, les maladies, les désagréments familiaux, un tel état de perception de la souffrance au point que la vie semble un poids insupportable du fait des intérêts personnels visant à atteindre quelque chose, et il apparaît un seul désir, ne plus rien vouloir, autrement dit, n’avoir plus aucun intérêt, fuir tout désir égoïste car il engendre des souffrances. Il ne reste à l’homme qu’une seule issue, demander au Créateur d’être débarrassé de cet égoïsme qui l’oblige à se battre pour surmonter tous ses désagréments et qui par conséquent lui cause des souffrances. Dans la Préface à «L’Etude des dix Sefirot» (paragraphe 2), Yéhouda Ashlag écrit «Si avec notre cœur nous étions attentifs à la question de la nécessité d’étudier la Kabbale, je suis sûr que tous nos doutes disparaîtraient, comme s’ils n’avaient

jamais existé». C’est pourquoi la question posée par l’homme du fond de son cœur, et non pas de son intelligence ou de son érudition, autrement dit la question criée du plus profond de lui, pourquoi son existence, quel sens a-t-elle, (quel sens ont ses souffrances qui sont bien supérieures à ses plaisirs), pourquoi la vie quand la mort semble une issue facile et un salut, pourquoi la vie au cours de laquelle, si on fait un simple calcul, les souffrances dépassent de loin les plaisirs, durant laquelle il n’y a pas de fin aux tourbillons de la souffrance jusqu’à ce que, totalement sans force et vidés, nous la quittions. Qui en fin de compte y prend plaisir ou à qui est-ce que je fais plaisir ou qu’est ce que j’attends de cette existence? Bien qu’inconsciemment chacun de nous soit hanté par cette question, parfois elle surgit de manière inattendue jusqu’à nous troubler l’esprit et à nous laisser sans force pour entreprendre quoi que ce soit, elle nous préoccupe et nous précipite dans l’abîme sombre de la désolation et de la prise de conscience de notre propre insignifiance. Dans l’attente d’avoir la chance de trouver une solution connue et ensuite continuer d’exister comme hier, on se laisse aller au gré du courant de l’existence sans y songer tout particulièrement. Ce questionnement douloureux nous est envoyé pour réfléchir et comprendre progressivement que nos souffrances proviennent de ce que nous recherchons notre intérêt personnel dans tous nos actes, que notre égoïsme, qui constitue notre être le plus profond, nous oblige à agir au nom de notre «bien-être» jamais satisfait puisque sans cesse à la poursuite de l’assouvissement d’un nouveau désir. Mais s’il se débarrassait de son intérêt personnel, il serait aussitôt libre de toutes les affres de son être et il percevrait tout ce qui l’entoure sans douleur ni souffrance. Le moyen pour sortir de l’esclavage de l’égoïsme peut être trouvé dans la Kabbale. Le Créateur l’a spécialement créée comme un pont entre Lui et nous, entre Lui et le point dans notre cœur, notre monde avec ses souffrances, pour amener chacun de nous à la sensation de la nécessité de se débarrasser de son égoïsme, raison de toutes nos souffrances. Mettre un terme aux souffrances et ressentir le Créateur, source de plaisir, n’est possible que si l’homme ressent véritablement le désir de se débarrasser de son égoïsme.

Les désirs dans les mondes spirituels correspondent aux actions, car les désirs vrais et entiers conduisent immédiatement à l’action. En nous faisant aller jusqu’au point où notre seul désir est de cesser de souffrir, le Créateur nous amène Lui-même à prendre la décision de nous débarrasser définitivement de l’intérêt personnel que nous investissons dans toutes les situations de l’existence, ce qui n’est possible qu’en l’absence de tout intérêt personnel et de tout égoïsme dans les situations de la vie qui se présentent à lui. Où est le libre arbitre de l’homme, son droit de choisir, quel chemin emprunter et que choisir dans la vie? Le Créateur lui-même pousse l’homme à prendre une décision précise. Par le fait même qu’Il le met dans une situation pleine de souffrances, au point que la mort semble plus douce que ces souffrances. Mais le Créateur ne permet pas de mettre un terme à son existence et de fuir ainsi les souffrances, et dans une situation remplie de souffrances insupportables, soudain, comme un rayon de soleil à travers un nuage, il apparaît comme clair à l’homme que la seule solution possible, ce n’est pas la mort, ce n’est pas la fuite, mais c’est l’élimination de ses intérêts personnels. Cette solution est la seule qui conduise au repos des souffrances insupportables. Il va de soi que le libre arbitre ne préside pas à ce choix, c’est par force que l’homme choisit puisqu’il est placé devant l’obligation de fuir les souffrances. Le choix et la liberté de choix résident en ceci que dès que l’homme sort quelque peu de son état d’abattement, il doit mettre en application la décision prise, et tout en s’y attachant, se mettre à la recherche active d’une façon de sortir de l’état douloureux qu’il vient d’expérimenter, pour que le but de toutes ses pensées soit «orienté vers le Créateur», la vie «pour soi» n’apportant que des souffrances. Ce travail permanent et le contrôle de ses pensées s’appellent le «travail de purification». La souffrance ressentie du fait de l’intérêt personnel, moteur des situations de la vie doit être si intense qu’elle oblige l’homme à être prêt à «se contenter d’un morceau de pain, d’une gorgée d’eau, à dormir sur le sol nu» pour extirper de lui son égoïsme, son intérêt personnel à vivre. Si intérieurement il est parvenu à un tel état qu’il se sent heureux, il entre dans la sphère spirituelle qui s’appelle «le monde futur» (Olam Haba). Autrement dit, si les souffrances ont obligé l’homme à prendre la décision définitive de renoncer à son égoïsme pour son propre bien et pour qu’ensuite, par des efforts personnels, en gardant constamment à l’esprit les souffrances d’autrefois, en entretenant et

en renforçant cette décision, il atteigne alors à un état tel que le but de tous ses actes consiste uniquement à en tirer un bienfait pour le Créateur. Pour lui-même, il craindra même de penser à son profit et à son bienfait personnel au-delà de ceux qui lui sont nécessaires dans la crainte de ressentir à nouveau ces souffrances insupportables qui apparaissent dès la manifestation du moindre intérêt personnel. Et cet état fait que s’il pouvait, il extirperait cet intérêt complètement de lui-même, de ses prières, même pour ce qui est le plus nécessaire, tant et si bien qu’il réussirait à se détourner totalement de ses besoins personnels. Habitué alors à un tel mode de pensée dans la vie quotidienne, dans ses relations, dans sa famille, au travail, dans toutes les affaires du monde, sans se distinguer de quelque manière que ce soit extérieurement de ceux qui l’entourent, alors que dans son for intérieur, comme une habitude, une seconde nature, il n’a plus d’intérêts personnels. De ce point, il peut passer à la seconde partie de sa vie spirituelle, il peut se délecter du fait que par ses actes il fait plaisir au Créateur. Son plaisir n’est pas son plaisir mais celui éprouvé par le Créateur car il a «éliminé» en lui absolument tous ses besoins en plaisir personnel. Ce plaisir du Créateur est infini dans le temps et immense en grandeur car il n’est pas limité par les besoins personnels de l’homme qui voit alors la bonté et la magnificence du Créateur en ce qu’Il lui a donné la possibilité d’atteindre au bonheur de s’unir en un amour éternel à Lui. Laissez la Kabbale être votre guide Pour parvenir à ce but de la création, l’homme emprunte un chemin constitué de deux étapes successives: la première est celle des souffrances et des expériences difficiles tant que l’égoïsme subsiste; la seconde, après que l’homme ait achevé la première partie de son chemin et extrait de son corps tous les désirs personnels, consiste à ce qu’il oriente toutes ses pensées vers son Créateur ce qui lui permet de commencer une nouvelle vie remplie de plaisirs spirituels et de calme éternel, ce qui était le projet du Créateur au début de la Création. Il n’est pas obligatoire de s’abstenir absolument de tout, au point de se contenter d’un morceau de pain, d’une gorgée d’eau et de dormir à même le sol et ainsi apprendre à son corps à se défaire de son égoïsme. A la place de l'élimination forcée des désirs corporels, la Kabbale nous a été donnée, plus précisément, la Lumière de la Kabbale, qui peut aider l’homme à se débarrasser de la source de ses malheurs, de son égoïsme.

Autrement dit, une force indéfinie, appelée la Lumière de la Kabbale, peut donner à l’homme la force de se hisser hors du carcan de ses intérêts corporels. La force spirituelle contenue dans la Kabbale agit sur l’homme uniquement s’il croit qu’elle l’aidera, qu’elle lui est nécessaire pour vivre et non mourir dans des souffrances insupportables, autrement dit, croire que l’étude le conduira au but, et qu’il recevra la rétribution qu’il attend de l’étude de la Kabbale, la libération de ses désirs égoïstes. Comme l’homme éprouve une nécessité véritablement vitale de se libérer, il en recherche mentalement et en permanence le moyen et, pendant l’étude de la Kabbale, il souhaite trouver la façon dont il peut sortir de la cage de ses propres intérêts. La foi de l’homme en la Kabbale est d’autant plus grande que son sentiment de nécessité d’étudier et de recherche est grand. Si toutes ses pensées sont en permanence occupées uniquement à la recherche de l’élimination de son égoïsme, on peut considérer que sa foi est complète, ce qui ne peut être le cas que s’il a le sentiment qu’il est pire qu’un mort s’il ne peut effectivement pas sortir de cet état, car les souffrances engendrées par ses intérêts personnels sont immenses. Ce n’est que si l’homme cherche obstinément son salut que la Lumière de la Kabbale l’aide, qu’une force spirituelle lui est donnée capable «d’extraire» de lui son «moi» propre. C’est alors qu’il se sent libre. Pour celui qui n’éprouve pas cette nécessité d’une manière générale ou en particulier, la Lumière de la Kabbale devient ténèbres, et plus il étudie, plus il tombe dans l’égoïsme car il n’utilise pas la Kabbale selon sa fonction. C’est pourquoi, en abordant l’étude de la Kabbale, en ouvrant un des écrits du RASHBI, du ARI, de Yéhouda Ashlag (Baal HaSoulam) ou du RABASH, nous nous engageons à recevoir du Créateur la force de la foi en la rétribution, à trouver au terme de notre étude le moyen de changer, de devenir dignes que le Créateur nous change, que notre foi en la rétribution tant attendue grandisse, à acquérir la confiance et même à trouver dans notre égoïsme la possibilité de recevoir d’En-Haut ce cadeau qu’est notre transformation en un état spirituel opposé. Même celui qui n’a pas connu toutes les souffrances qui obligent à renoncer totalement à ses intérêts personnels, la Kabbale l’aidera de toute façon, et au lieu des souffrances induites par l’égoïsme, il connaîtra une autre façon de parcourir son chemin.

5 - LE BUT DE L’ÉTUDE DE LA KABBALE Dans la lutte avec notre obstination originelle qui se manifeste par l’absence de désir de renoncer à notre égoïsme et avec notre propension à oublier les souffrances qu’il nous cause, la Lumière qui émane des écrits kabbalistiques nous aide. La réparation est la force agissante grâce à la prière que le Créateur perçoit dans le cœur de l’homme. L’authentique prière et sa réponse, le salut, ne sont possibles qu’à la condition que l’homme accomplisse des véritables efforts, fasse tout ce qu’il lui soit possible, en quantité et, plus particulièrement, en qualité. L’aspiration à trouver son salut doit être telle que l’on concentrera sa pensée et son attention pendant l’étude pour trouver ce qui est nécessaire à son salut dans la Kabbale, dans ses lettres et dans son sens profond, là où l’homme se cherche lui-même et cherche ce qui lui parle, cherche ce qui est dit sur la façon d’extraire de lui-même son «moi». C’est pourquoi si les souffrances n’ont pas encore «acculé» l’homme comme un animal sauvage effrayé dans un coin de sa cage, s’il subsiste encore dans les replis de son cœur un désir de plaisir, autrement dit, qu’il n’a pas pris conscience, encore pleinement, et que les souffrances ne lui ont pas fait comprendre que l’égoïsme est son seul ennemi, l’homme ne peut pas fournir tous les efforts, ne peut pas trouver dans la Kabbale les forces et le chemin pour sortir de l’emprisonnement de son égoïsme et c’est pourquoi il ne parvient pas à se libérer. Bien qu’au début de l’étude l’homme soit bien décidé à étudier la Kabbale dans ce but, pendant l’étude, cette pensée le quitte malgré lui car les désirs, comme nous l’avons déjà dit, déterminent nos pensées, et le cerveau, notre raison, comme un instrument auxiliaire, ne recherchent que la satisfaction de nos désirs. La différence entre l’étude de la Kabbale de celle d’autres systèmes, réside en ceci qu’en étudiant la Kabbale il est plus facile de trouver cette force qui aide l’homme à sortir de son égoïsme. Car en étudiant la Kabbale, l’homme étudie directement la description des actions du Créateur, les attributs du Créateur, ses propres attributs et leur différence par rapport aux attributs spirituels, l’objectif du Créateur dans la création et les moyens de redresser son «moi».

Celui qui étudie la Kabbale pour en tirer des connaissances peut l’étudier dans sa simple expression, mais celui qui étudie la Kabbale pour effectuer sa réparation l’étudiera de préférence à l’aide d’un professeur. La Kabbale est la science relative au système de nos racines spirituelles qui émanent de l’En-haut selon des règles strictes, qui s’unissent et aboutissent à l’unique et suprême objectif «la connaissance du Créateur par les créations qui se trouvent dans ce monde». La Kabbale, autrement dit la connaissance du Créateur, se compose de deux parties: ce qui est énoncé dans les écrits des kabbalistes, c’est-à-dire de ceux qui ont une connaissance du Créateur, et ce qui n’est connu que de ceux qui sont dotés de «récipients» spirituels, dont les aspirations sont altruistes, dans lesquels ils peuvent recevoir, tout comme dans un récipient, les sensations spirituelles, autrement dit, percevoir le Créateur. Bien que chacun puisse faire l’acquisition d’ouvrages de Kabbale, seul celui qui a travaillé pour développer des aspirations spirituelles altruistes a la faculté de comprendre et d’appréhender ce qui y est énoncé, mais il ne peut pas transmettre ses sensations à celui qui n’a pas acquis d’attributs altruistes. Si après chaque élévation spirituelle, l’homme s’abaisse à nouveau vers des désirs impurs, les bons désirs qui existaient en lui pendant sa progression spirituelle s’unissent aux impurs. L’accumulation des désirs impurs augmentera progressivement, et il en est ainsi tant que l’homme pourra constamment rester dans un état spirituel de désirs exclusivement purs. Quand l’homme a terminé son travail et a mis à découvert tous ses désirs, il reçoit de l’En-Haut une telle force de Lumière qu’il est débarrassé de la coquille de notre monde et réside en permanence dans des mondes spirituels, ce dont ne se doute pas son entourage. Le côté droit ou la ligne droite correspond à un état se caractérisant par le fait que le Créateur a toujours raison aux yeux de l’homme qui justifie la toute-puissance du Créateur. Cet état se nomme la «foi». Dès les premières tentatives de développement spirituel et d’élévation, l’homme doit essayer d’agir comme s’il était parvenu à une foi totale en son Créateur. Il doit se représenter dans son esprit qu’il Le ressent de tout son corps, que le Créateur dirige le monde avec une absolue bonté, et que l’ensemble du monde ne reçoit de Lui que du bien. Si, tout en considérant sa condition, l’homme s’aperçoit qu’il est privé de tout ce qu’il désire, et qu’en regardant autour de lui il peut se convaincre des souffrances de l’ensemble de l’univers, il doit malgré tout

se dire que ce qu’il perçoit est un tableau dénaturé du monde qu’il voit à travers le prisme de son égoïsme, et qu’il verra le véritable tableau quand il parviendra à l’état d’altruiste absolu, quand il verra que le Créateur dirige le monde aux fins d’amener les créations à une délectation totale. Cet état qui fait que l’homme a une foi en la bonté absolue du Créateur plus grande que ce qu’il voit et ressent, se nomme «la foi placée au-dessus de la raison».

6 - LE PROGRÈS SPIRITUEL L’homme n’est pas en mesure d’évaluer le véritable degré où il se trouve et de déterminer s’il est en train de vivre un état d’élévation spirituelle ou, au contraire, de chute spirituelle. Il peut se sentir dans une phase de chute spirituelle mais, c’est justement le moment où le Créateur lui montre Sa véritable nature, lui fait découvrir que sans plaisir personnel, il n’est pas capable de faire quoi que ce soit sans sombrer dans la mélancolie, dans la dépression ou la colère, car son corps ne reçoit pas suffisamment de plaisir de cette vie. En fait, il s’agit d’une élévation spirituelle car l’homme à ce moment précis est plus proche de la vérité qu’il ne l’était auparavant quand il se sentait tout simplement bien, comme un enfant, dans ce monde. C’est pourquoi il est dit: «celui qui accroît ses connaissances accroît ses peines». Quand l’homme pense qu’il s’élève spirituellement, peut-être se leurre-t-il et éprouve-t-il un plaisir personnel et de l’autosatisfaction. Seul celui qui perçoit le Créateur et Sa toute puissance sur les créatures peut véritablement savoir à quel degré de progression il se trouve. Compte tenu de ce qui précède, il n’est pas difficile de comprendre que plus l’homme progresse en travaillant sur lui-même dans ses tentatives pour corriger son égoïsme, plus il fait d’efforts, plus chaque tentative, chaque jour passé, chaque page tournée le font douter de la possibilité de parvenir à un résultat quelconque. Plus l’homme se désespère dans ses tentatives, plus il exige alors du Créateur de le sortir de ce gouffre noir (de l’obscurité des désirs de son corps) dans lequel il se trouve. Il en est ainsi tant que l’homme n’a pas essayé tout ce qui est en son pouvoir et ne s’est pas convaincu qu’il n’est pas en mesure de s’aider lui-même, que c’est le Créateur, Lui seul qui crée tous ces obstacles pour que l’homme soit obligé de se tourner vers Lui pour Lui demander secours, pour qu’il veuille trouver le lien qui l’unit à Lui. C’est la raison pour laquelle la demande doit provenir du fond du cœur, ce qui n’est pas possible tant que l’homme n’a pas épuisé pas toutes ses possibilités et qu’il ne s’est pas convaincu qu’il est sans force. Ce n’est qu’alors qu’il est capable de formuler sa demande qui provient du plus profond de son être, demande qui devient son seul désir, puisqu’il est convaincu que seul un miracle d’En-Haut peut le sauver de son plus grand ennemi, son propre «moi». C’est seulement à cette prière que répond le Créateur qui change

le cœur égoïste de l’homme en cœur spirituel, «son cœur de pierre en cœur de chair». Tant que le Créateur ne lui aura pas fait effectuer un retour vers Lui, plus l’homme avancera, plus il deviendra mauvais à ses propres yeux. Mais en fait, il en avait toujours été ainsi. Simplement, avec l’acquisition d’une certaine compréhension des attributs des mondes spirituels, il ressent de plus en plus combien il en est à l’opposé par ses désirs. L’homme risque d’être en proie à la fatigue et au désespoir nés de ses tentatives de maîtriser son corps par ses propres moyens. Cela peut le conduire à la conviction qu’il ne voit pas comment s’en sortir. Il peut néanmoins, par la force de l’esprit, en ayant conscience de la véritable raison de ses différents ressentis, créer en lui une humeur optimiste et joyeuse. Il montrera ainsi qu’il croit en la juste organisation du monde, en l’omnipotence et en la bonté du Créateur. Il deviendra alors spirituellement capable de percevoir la Lumière du Créateur, car il aura construit toute sa relation concernant la foi en l’élevant au-dessus de la raison. Il n’y a pas, dans l’existence, de moment de progression spirituelle plus précieux que lorsque l’être sent qu’il a épuisé toutes ses forces, quand après avoir fait tout ce qu’il pouvait imaginer, il n’est pas parvenu à ce qu’il souhaitait. C’est seulement à cet instant-là qu’il peut crier vers le Créateur du plus profond de lui-même car il est totalement convaincu que tous ses efforts ne l’aideront plus en rien. S’il n’a pas épuisé toutes ses forces dans la recherche d’une issue, l’homme peut encore penser qu’il parviendra par lui-même à obtenir ce qu’il souhaite. Dans ce cas, son égoïsme reprend le dessus et l’homme ne peut pas se leurrer et implorer sincèrement du secours dans sa prière. L’homme, conscient de son égoïsme sait qu’il redoublera ses efforts en vain. Ce n’est qu’une fois convaincu qu’il est le plus faible de tous les êtres dans la lutte contre son égoïsme que l’homme parvient à prendre conscience de sa faiblesse et de son insignifiance. Il est alors prêt à s’incliner et à prier le Créateur. La foi en l’unité du Créateur La foi en l’unité du Créateur signifie que l’homme ressent de tout son être le monde dans sa totalité, notamment lui-même, comme un instrument entre les mains du Créateur. Au contraire, si l’homme considère qu’il est également

capable d’une manière ou d’une autre d’influer sur les événements, cela s’appelle croire aux forces multiples de la nature, et non pas en un Créateur seul et unique. C’est pourquoi, en détruisant son propre «moi», l’homme se met en harmonie avec le véritable monde dans lequel, à l’exception de la volonté du Créateur unique, rien n’existe. Mais si l’homme n’est pas parvenu à un tel degré, il n’a pas le droit de considérer qu’il n’existe que le Créateur dans ce monde, et de se croiser les bras. Parvenir au degré où l’on a la sensation que rien n’existe au monde à part le Créateur n’est possible que par un travail assidu et par un développement intérieur d’aspirations correspondantes. Ce n’est qu’après avoir ressenti, dans toutes les sensations vécues, une union véritable avec le Créateur, autrement dit au niveau des mondes, que l’homme atteint l’Unité du Créateur, et à ce moment, bien sûr, il agit en conformité avec cette véritable réalité. Avant de parvenir à ce degré, il doit agir conformément au niveau auquel il se trouve, et non pas à celui qu’il ne peut que s’imaginer dans ses fantasmes. Le véritable travail sur soi-même consiste pour l’homme à avoir la conviction que tout dépend de ses propres forces au début du travail mais que ce à quoi il est parvenu grâce à ses efforts, il l’aurait de toute façon obtenu sans ceux-ci, puisque depuis son début la création s’est développée selon les plans du Créateur, selon Son plan de création. L’homme ne doit penser ainsi qu’après avoir fait tout ce qui dépendait de lui. L’homme ne peut pas comprendre de lui-même les attributs spirituels que sont l’altruisme absolu et l’amour, son entendement n’est pas en mesure de prendre conscience de l’existence d’une telle approche dans le monde car l’homme tire obligatoirement un avantage personnel de tout ce qu’il fait, autrement il ne pourrait pas faire un seul geste. Une telle capacité n’est donnée à l’homme que d’En-Haut, et seul celui qui en est doté peut le comprendre. Mais si cette capacité est donnée à l’homme de l’En-Haut, pourquoi faire des efforts pour y parvenir? Les efforts faits n’apporteront rien par eux-mêmes tant que le Créateur n’aidera pas l’homme et ne lui donnera pas d’En-Haut de nouveaux attributs, une nouvelle nature. L’homme doit exprimer «d’En-Bas» une prière, une demande, un désir pour que le Créateur transforme ses attributs. Ce n’est que si le désir est véritablement fort que le Créateur peut lui répondre. C’est justement pour développer en lui un désir fort pour obtenir une réponse du Créateur, que l’homme doit faire beaucoup d’efforts. C’est dans la tentative d’atteindre le but par ses propres moyens que l’homme prend conscience qu’il

n’a en lui-même ni le désir ni la capacité d’atteindre ce but. C’est alors que l’homme éprouve le besoin authentique de prier le Créateur de le libérer de ses attributs et de lui en donner de nouveaux: une âme. Ce n’est cependant pas possible sans que l’homme ne mette toutes ses forces dans ses tentatives et que lui-même ne se convainque qu’elles sont infructueuses. Ce n’est qu’à son cri du plus profond de son cœur que le Créateur répond. Cette demande à l’aide pour changer ses sentiments, l’homme ne peut la formuler qu’après s’être convaincu qu’aucun de ses désirs, aucune des cellules de son corps ne sont prêts à ce que leur nature soit modifiée pour s’abandonner au Créateur sans condition aucune, autrement dit, qu’à ce moment précis il est autant l’esclave de sa nature qu’il désire devenir l’esclave de l’altruisme. C’est uniquement en prenant conscience qu’il n’y a aucun espoir que son corps accepte une telle transformation, que l’homme peut crier vers le Créateur pour demander sincèrement de l’aide du fond du cœur, et c’est alors que le Créateur reçoit sa demande et y répond en transformant son égoïsme en son contraire, l’altruisme; l’homme se rapproche alors du Créateur. Si l’homme songe à ce que lui apportent tous ses efforts personnels pour obtenir beaucoup de choses dans ce monde, il arrive à la conclusion qu’il n’est pas si difficile de travailler à essayer de se transformer, car bon gré mal gré il doit travailler, et qu’est ce qu’il lui reste à la fin de ses jours de tous ses efforts? Celui qui est parvenu à transformer ses attributs sent en lui le plaisir de ses efforts spirituels car il voit au nom de quoi il travaille, et c’est pourquoi les efforts par eux-mêmes sont perçus non pas comme étant pénibles mais comme joyeux, et plus ils sont importants, plus l’homme les accomplit avec gaieté et ressent immédiatement une immense rétribution éternelle pour chacun d’eux. Il existe des exemples dans notre monde qui montrent que l’enthousiasme élimine la difficulté devant des efforts importants: si on porte beaucoup d’estime à quelqu’un et, qu’à nos yeux, il est le plus grand de ce monde, pour lui, tout ce que vous êtes en mesure de faire, vous le ferez avec la joie d’avoir eu cette possibilité, et tout effort vous semblera, au contraire, un plaisir à l’instar de ce qu’éprouve celui qui aime danser ou faire des efforts physiques et pour qui les mouvements ne sont pas un travail mais un plaisir. Celui qui prend conscience et ressent la magnificence du Créateur n’a donc pas d’autres sensations que la joie à la moindre occasion de faire quelque de chose de plaisant pour Lui, et ce qui était ressenti auparavant comme de l’esclavage se transforme en fait en liberté totalement empreinte de plaisir.

Si l’homme sent des obstacles dans sa progression spirituelle et doit faire des efforts surnaturels dans ses tentatives pour progresser spirituellement, cela signifie qu’à ses yeux, c’est-à-dire dans ses sensations, le Créateur n’est pas revêtu de grandeur, mais qu’il s’est mis à poursuivre progressivement d’autres buts. En se tournant vers d’autres buts, il ne reçoit aucun appui du Créateur, car il s’en éloigne encore plus. Dans le processus d’aspiration vers le Créateur, l’homme ne reçoit pas immédiatement un soutien moral de Lui. S’il ressentait aussitôt l’inspiration et le plaisir lié à ses efforts, son égoïsme, bien entendu, se réjouirait de cet état, et l’homme continuerait ses efforts dans le but de recevoir du plaisir. Il n’aurait plus alors aucune possibilité de sortir du cadre de sa nature égoïste et d’atteindre à l’altruisme pur, car il aurait vu que le travail spirituel sur soi-même comporte des plaisirs bien plus grands que tout autre chose.

7- NOS PERCEPTIONS Si l’homme s’adonne à une activité quelconque, il commence progressivement à acquérir une finesse particulière dans la perception des éléments sur lesquels il travaille. C’est pourquoi il n’existe rien dans ce monde que l’homme ne puisse commencer à percevoir grâce à ses habitudes même si, au début, il est privé de toute perception affinée de ces éléments. La différence entre le Créateur et nous réside dans la perception ou la compréhension des choses: nous nous percevons nous-mêmes et nous percevons les objets séparément, il y a celui qui perçoit, et il y a l’objet perçu, celui qui comprend, et ce qui est compris. Pour percevoir quoi que ce soit, il faut un certain contact entre celui qui perçoit et l’objet de la perception, quelque chose de commun pendant le processus de perception. L’homme comprend tout ce qui l’entoure uniquement au moyen de ses sensations, et ce qu’il ressent est compris par lui comme une information authentique et fiable. Partant de cette condition qu’il n’existe rien dans la création outre le Créateur et Ses créations, on peut dire que le tableau et les sensations perçus par chacun de nous sont la manifestation du Créateur à notre conscience et, à chaque degré d’élévation spirituelle, cette vision est de plus en plus authentique jusqu’à ce qu’au degré suprême d’élévation, l’homme ait accès à la connaissance du Créateur. C’est pourquoi tous les mondes, tout ce que nous percevons en dehors de nous, n’existent que par rapport à nous, êtres dotés de telle ou telle capacité de percevoir. Si un homme ne ressent pas le Créateur et Sa toute-puissance, c’est comme s’il était dans les «ténèbres». Bien qu’il se trouve dans les ténèbres, il ne peut pour autant pas affirmer que le soleil n’existe pas dans la nature car ses sensations sont subjectives, il ne perçoit le monde qui l’entoure que par rapport à lui-même. Si l’homme prend conscience que le fait de nier le Créateur et Sa toute-puissance est une impression totalement subjective et changeante, par un effort de volonté avec l’aide de livres et de maîtres, même à partir de ce degré il peut commencer à s’élever et à s’apercevoir que ces ténèbres sont spécialement créées pour lui par le Créateur, pour qu’il ait besoin de Son aide et soit obligé de se rapprocher de Lui.

Ces conditions sont spécialement créées par le Créateur pour celui qui veut se rapprocher de Lui. Il faut savoir que c’est justement en s’élevant au-dessus des ténèbres que l’homme procure de la joie à son Créateur car plus les ténèbres d’où s’élève l’homme sont épaisses, plus il peut avoir conscience de la grandeur du Créateur et dûment évaluer son nouveau degré spirituel. En ayant une sensation de ténèbres, de dissimulation de la toute-puissance du Créateur et d’absence de foi en Lui, il ne reste plus rien d’autre à l’homme à part faire un effort de volonté et d’essayer à l’aide d’un livre, d’un professeur, de chercher un chemin pour sortir de cet état, jusqu’à ce qu’il perçoive un faible rayon de Lumière, autrement dit jusqu’à ce qu’il ressente le Créateur, et puisse, en se renforçant par des pensées constamment dirigées vers le Créateur, s’extraire de l’ombre pour s’élever vers la Lumière. Si l’homme prend conscience que cette sensation de ténèbres est nécessaire pour sa progression et, par conséquent, souhaitable, car envoyée par le Créateur, il se réjouit de cet état, de ce que le Créateur a créé en lui ces sensations d’ombre, autrement dit de ténèbres incomplètes dans lesquelles il a encore la possibilité d’apercevoir une Source de Lumière. Si l’homme n’utilise pas cette possibilité et n’essaie pas d’aller vers la Lumière, le Créateur se cache totalement à lui, les ténèbres les plus noires l’envahissent. Il éprouve une sensation de totale absence du Créateur et de sa toute-puissance, et il ne peut même plus s’imaginer comment il avait pu vivre auparavant dans des buts spirituels au mépris de la réalité et sa raison. Cette sensation de ténèbres totales continue tant que le Créateur ne l’éclaire pas d’un petit rayon de Lumière.

8 - LA STRUCTURE DE LA SPIRITUALITÉ Les désirs de l’homme sont appelés «récipients» dans lesquels il peut recevoir la Lumière spirituelle ou plaisir. Ces désirs doivent être, de par leur nature, semblables aux attributs de la Lumière du Créateur, dans le cas contraire, la Lumière ne peut pas les pénétrer selon le principe de Concordance de Forme des Eléments Spirituels: L’approche ou l’éloignement ou l’imprégnation mutuelle et l’union ne se produisent que selon la loi de la similitude des attributs. Le Créateur voudra donner à une personne qui le désire – de retourner vers le Créateur. C’est pourquoi l’homme pourra purifier son cœur, ou récipient de l’égoïsme dans la même mesure que son cœur se remplira de la perception du Créateur, selon la loi de la concordance des attributs de la Lumière et du récipient. Quel que soit le degré où se trouve l’homme, il peut commencer à s’élever s’il garde à l’esprit que parmi tous les états possibles qui peuvent être créés pour lui par le Créateur, des plus élevés aux plus bas, le Créateur a choisi justement celui du moment présent comme le plus propice pour sa progression spirituelle future. Autrement dit, il ne peut pas y avoir pour l’homme de degré meilleur et plus utile pour lui que cet état d’esprit, cette humeur et ces circonstances extérieures dans lesquels il est plongé, même s’ils lui paraissent les plus décadents et les plus désespérés. En prenant conscience de cela, l’homme se réjouit et reçoit la possibilité de se tourner vers le Créateur pour Lui demander de l’aide et Le remercier tout en se trouvant dans l’état le plus bas et le plus désespéré. Porte le nom de «spirituel» ce qui est immuable, ne disparaît pas de la création même quand le but est réalisé. L’égoïsme quant à lui, autrement dit, tous les désirs originels de l’homme, porte le nom de matière puisqu’il disparaît quand est opérée une réparation. Notre essence restera ce qu’elle jusqu’à l’achèvement de la réparation sauf si nous en changeons la forme. Si nous désirs sont réparés et deviennent altruistes, alors mêmes nos qualités négatives intrinsèques nous permettront de comprendre le Créateur.

L’existence d’un «lieu» spirituel n’est pas lié à un espace quelconque, il dépend des attributs de l’élément spirituel. C’est pourquoi tous ceux qui parviennent à un certain degré par l’amélioration de leurs attributs spirituels voient et perçoivent la même chose. L’échelle du Créateur à 125 degrés. Ceux-ci se divisent en cinq mondes spirituels nommés: Le Monde d’Adam Kadmon Le Monde d’Atsilout Le Monde de Briya Le Monde Yetsira Le Monde d’Assiya. Chaque niveau est une perception différente du Créateur en fonction des propriétés propres de chaque étape. C’est pourquoi ceux qui ont atteint les attributs d’un niveau spécifique voient la Kabbale et le Créateur sous un nouvel angle. Toute personne qui atteint un niveau précis de spiritualité reçoit la même perception que toute autre personne se trouvant au même degré. C’est pourquoi on peut comprendre que lorsque les kabbalistes écrivent: «Abraham a dit à Isaac», ils se trouvent tout simplement au même niveau où se trouvait Abraham et ils comprennent ce qu’Abraham doit dire à Isaac car ils se situent eux-mêmes au même degré qu’Abraham. Au cours de sa vie le Rav Yéhouda Ashlag a atteint tous les 125 degrés. De cet endroit, il nous a dicté la Kabbale, permettant à notre génération d’en bénéficier. De ce degré il a écrit ses commentaires du Zohar, le principal texte de Kabbale. Tous ces 125 degrés existent objectivement, tous ceux qui les perçoivent voient la même chose, tel les personnes habitant notre monde, celles-ci voient les mêmes pays. Dès que l’homme éprouve le plus petit désir altruiste, il entreprend un chemin jalonné d’envols et de chutes spirituels: Ou bien il est prêt à se fondre complètement dans le Créateur, ou bien il est dépourvu de pensées spirituelles et, d’une manière générale, toute pensée d’élévation spirituelle lui échappe et lui semble étrangère. C’est comme une mère qui apprend à marcher à son enfant: elle le tient par la main, il sent son soutien et, tout à coup, elle se met en retrait et le lâche. L’enfant se sent alors délaissé - bon gré mal gré, il doit faire un pas en avant en direction de sa mère, et c’est seulement ainsi qu’il pourra apprendre à se déplacer lui-même.

L’homme croit que le Créateur l’a délaissé, en fait, Il attend de lui qu’il marche tout seul. La Lumière supérieure se caractérise par un calme absolu. «Calme» dans les mondes spirituels, signifie absence de modification des désirs. Tous les actes et les mouvements dans les mondes spirituels (altruistes) et dans notre monde intérieur (d’égoïsme) aboutissent à la transformation d’un ancien désir en désir nouveau, et si celui-ci est resté inchangé, rien de nouveau ne s’est produit, il n’y a pas eu de mouvement. Le désir peut être en permanence très fort, faire l’objet de tourments et ne pas laisser de répit à l’homme, s’il est constant dans sa force, cela signifie qu’il n’y a pas de mouvement. Le calme absolu de la Lumière Supérieure sous-entend le désir permanent, immuable du Créateur de nous réjouir. Cette Lumière nous pénètre, mais comme ce point qui est en nous, que nous appelons notre «moi» est ancré dans l’écorce de notre égoïsme, nous ne nous réjouissons pas de la Lumière dans laquelle nous «baignons». Plaisirs temporaires Les plaisirs de ce monde peuvent être répartis en plusieurs catégories: ceux qui sont considérés comme prestigieux par notre société (la richesse, la célébrité), ceux qui sont naturels (la famille), criminels (le plaisir au dépend de la vie d’autrui), délictueux (le plaisir au dépend des biens d’autrui), amoureux, etc. Tous sont socialement compris bien qu’une partie d’entre eux soit réprimée ou condamnée. Il existe un type de plaisir qui n’est accepté par aucune société, qui suscite toujours des protestations et contre lequel aucun moyen n’est épargné bien qu’il ne porte probablement pas grand préjudice à la société. Il concerne les toxicomanes qui, en principe, sont des personnes peu exigeantes, sans prétentions, plongées dans leur plaisir. Pourquoi ne leur est-il pas permis, comme aux autres personnes, de s’adonner à leur plaisir inoffensif pour la société? La réponse est que ces faux plaisirs nous détournent du vrai but. Ils font que nous nous oublions et nous poussent à passer toute notre vie à les poursuivre comme si nous étions abrutis. Est-ce que les choses qui nous attirent ne sont pas tout autant mensongères? Elles nous détournent, elles aussi, de notre véritable mission, et nous consacrons notre

vie à leur poursuite. Nous passons notre temps à la recherche d’un nouveau plaisir, les modes, les standards, les appareils de la vie quotidienne changent sans cesse pour que ne tarissent pas les sources attrayantes de nouveaux plaisirs, sinon nous vivrions une vie dépourvue de plaisir. Dès que nous avons atteint ce à quoi nous aspirions, nous nous appliquons à nous trouver un autre objectif, car ce que nous venons d’atteindre a déjà perdu sa valeur à nos yeux. Sans l’espoir d’un nouveau plaisir, sans recherche et la course poursuite, nous perdons le désir d’exister. Les modes, tout ce que nous recherchons ne sont-ils pas une forme de drogue? En quoi les plaisirs tirés de la drogue diffèrent-ils des plaisirs tirés des choses matérielles de ce monde? Les drogues sont interdites parce qu’elles permettent à l’homme de fuir la réalité, le mettent dans un état où il ne ressent plus les coups de la vie qui sont la conséquence d’absence de ressenti de plaisir par notre égoïsme. Ces coups sont un moyen pour nous aider à faire notre réparation: au sein des populations, seules quelques unités en viennent à la religion, à la Kabbale. Si étrange que cela paraisse, nous ne nous tournons vers le Créateur que lorsque le malheur nous frappe, la souffrance secoue l’être humain. Pourtant, nous devrions nous détourner du Créateur quand tout va mal. La drogue est un vecteur illusoire de plaisir, elle est donc interdite. Celui qui s’y adonne est dans un état de plaisir trompeur, dans l’illusion du plaisir qui lui ôte la possibilité de progresser spirituellement. Inconsciemment, la drogue est considérée par notre société comme la déviation la plus dangereuse bien qu’elle ne soit pas dangereuse pour ceux qui entourent les toxicomanes.

9 - UN APPEL Á L’AIDE La seule chose créée par le Créateur, c’est notre égoïsme, et si l’homme en annule l’action, il ressent le Créateur, et son égoïsme disparaît, tout comme au début de la création. Le travail sur soi-même doit être effectué tant dans le sentiment de sa propre insignifiance par rapport au Créateur, que tant dans la fierté que l’homme est un maillon essentiel de la Création (s’il remplit son rôle, sinon il est juste un animal). Il s’ensuit respectivement de ces états contradictoires deux prières au Créateur: la prière pour demander de l’aide et celle exprimant les remerciements pour la possibilités d’élévation spirituelle. Le principal moyen pour l’homme de progresser, c’est la prière adressée au Créateur pour qu’Il renforce son désir de s’élever spirituellement, pour qu’Il lui donne les forces nécessaires pour vaincre la crainte du futur et, s’il agit en ne se conformant pas aux lois de l’égoïsme, pour qu’Il renforce en lui la foi en la grandeur et en la force du Créateur, en Son Unité, et qu’Il lui donne également des forces pour étouffer en lui les élans permanents qui le poussent à agir selon sa propre raison. Certains entreprennent d’approfondir leurs intentions (Kavanot) pendant les prières, les demandes ou lors de l’accomplissement d’actes quelconques. Le Créateur n’entend pas ce qui est prononcé par les lèvres, Il lit nos sentiments dans le cœur de chacun. Inutile de s’appliquer à bien prononcer des phrases vides pour le cœur et des mots incompréhensibles, de lire dans les livres de prières kabbalistiques des signes ou des Kavanot incompréhensibles. La seule chose qui soit demandée à l’homme c’est d’aspirer au Créateur, d’avoir pleinement conscience de ses désirs et de demander au Créateur de les transformer, et ne jamais cesser le dialogue avec Lui.

10 - CONTRECARRER LE DÉSIR DE SATISFACTION PERSONNELLE L’ouïe correspond à la «Foi» car si l’homme souhaite prendre l’ouie comme vérité, il doit y croire. La vue, quant à elle, correspond aux «Connaissances» car il n’y a pas besoin de croire ce qui est dit, il faut simplement voir de ses propres yeux. Tant que l’homme ne reçoit pas d’En-Haut l’altruisme au lieu de l’égoïsme, il ne peut pas voir car il percevra ce qu’il voit à travers le prisme de son égoïsme, et il lui sera encore plus difficile d’en sortir. C’est la raison pour laquelle au début il faut suivre son chemin à l’aveuglette, être au-dessus de ce que nous dicte notre égoïsme et après avoir acquis la foi, commencer à comprendre, à prendre conscience des connaissances spirituelles. Pour transformer l’égoïsme en altruisme, la raison en foi, il faut avoir une juste représentation de la grandeur, de la majesté du spirituel en comparaison de l’existence matérielle, éphémère, prendre conscience que s’inquiéter, consacrer toute son existence à l’homme n’a pas de sens. Autrement dit, il est tellement plus avantageux de servir le Créateur, plus agréable de faire quelque chose pour le Créateur que pour ce corps insignifiant, égoïste, qui de toute façon ne peut pas être rassasié, sa seule gratitude consistant à permettre à l’homme de ressentir une sensation agréable l’espace d’un instant. Lorsque nous comparons le corps humain au Créateur, nous devons décider pour qui nous voulons travailler, quel type d’esclave nous voulons devenir. Il n’y a pas d’autre choix. Plus nous comprenons notre propre insignifiance, plus il nous est facile de choisir le Créateur. Le désir de recevoir a 4 aspects: non animé, végétal, animal et être parlant Le monde non animé est parfait de par sa nature. La sensation de perfection qui est ressentie par la masse croyante provient de la Lumière Environnante qui brille au loin, et cette Lumière lointaine brille pour eux bien qu’ils soient opposés de par leurs attributs au Créateur. Le fait quel’homme n’ait besoin de rien en est la démonstration. Ses désirs ne sont pas différents de ses semblables, autrement dit, il ne souhaite pas et ne peut pas faire de mouvements spirituels personnels. La nature spirituelle qui possède ces qualités est dite non animée car son mouvement est un mouvement d’ensemble. Il n’y a pas d’autres voies pour

l’homme que de commencer à observer les commandements au niveau non animé. L’homme qui souhaite continuer à croître, grandir spirituellement, avoir des mouvements spirituels personnels, indépendamment de l’opinion, des habitudes, de l’éducation sociale, qui souhaite en finir avec la dépendance qu’elle engendrent, refuse de se soumettre aveuglément à l’éducation. La décision d’en finir avec les automatismes gestuels est le prélude à l’apparition de l’embryon d’un nouvel état végétal spirituel. Mais comme la graine qui doit se désagréger dans la terre pour grandir, l’homme doit cesser complètement de ressentir toute vie spirituelle dans l’existence non animée des masses, au point qu’il ressente cette vie non animée comme une mort. Cette sensation correspond à sa prière. Pour s’élever au degré «végétal», avec des mouvements spirituels personnels, il faut réaliser un travail sur soi-même, à commencer par le «labourage» de la terre non animée. Il n’est possible de progresser spirituellement qu’en s’opposant au désir de satisfaction personnelle. L’homme qui souhaite tendre vers le Créateur contrôle en permanence ses désirs et décide des plaisirs à prendre. Du fait que le Créateur souhaite le satisfaire, il doit accepter parmi les plaisirs uniquement ceux qu’il peut accepter pour faire plaisir au Créateur et inversement. Le langage de la Kabbale décrit ce processus: la force de la volonté, l’écran qui se trouve dans l’esprit (Pé de Roch), calcule, soupèse quelle quantité de plaisir accepter pour le Créateur, pour Lui faire plaisir, dans la mesure précise de l’amour à l’égard du Créateur et l’homme reçoit cette quantité. Mais il n’accepte pas la quantité de plaisir qu’il ne peut pas prendre par amour pour le Créateur par crainte de Le peiner. Dans ce cas, tous les actes de l’homme sont guidés par son aspiration à être agréable au Créateur, non pas par son aspiration à se rapprocher ou par crainte de s’éloigner, ceci étant également une aspiration égoïste, mais par amour désintéressé, par désir de faire plaisir ou par crainte de peiner. Les véritables sentiments, la joie, la peine, le plaisir, la peur, etc., nous les ressentons dans notre corps tout entier, et non pas dans une de ses parties. C’est la raison pour laquelle l’homme qui souhaite contrôler ses désirs doit ressentir si tout son corps est en harmonie avec ce qu’il pense.

Par exemple quand il dit une prière: est-ce que toutes ses pensées, ses désirs, ses organes sont bien en harmonie avec ce que récitent ses lèvres; est-ce que tout se passe «automatiquement»? Ne néglige-t-il pas une partie de ce qu’il prononce parce qu’il est gêné de percevoir un désaccord dans son corps et le malaise qu’il entraîne; comprend-il quel avantage lui apporteront les demandes formulées automatiquement en lisant son livre de prières? Cela vaut la peine de demander à son cœur ce qu’il voudrait prononcer au cours de la prière. Une prière n’est pas ce que prononcent machinalement des lèvres mais ce que souhaitent tout le corps et la raison. C’est pourquoi il est dit que la «prière est le travail du cœur» quand le cœur est en harmonie absolue avec ce que prononcent les lèvres. Ce n’est que lorsque, par le travail de son corps, l’homme ressent une réaction lui permettant de penser qu’aucun organe ne souhaite se débarrasser de l’égoïsme et encore moins en faire la demande au Créateur, c’est alors que la prière demandant le secours de l’exil spirituel sera formulée. L’homme doit aspirer à ce que la raison de ses actions soit en harmonie avec l’action purement mécanique visant à répondre au désir du Créateur. Tout comme il n’en comprend pas la raison, n’en voit pas les conséquences avantageuses immédiates, tout comme, en accomplissant les commandements, son corps agit comme un robot, comme l’a dit le Créateur, l’observation de Sa Volonté a pour seule raison «le souhait du Créateur». Une telle approche s’appelle «pour le Créateur en Son nom». Il est très facile de vérifier la raison pour laquelle l’homme accomplit des actes: si la raison est «pour faire plaisir au Créateur», le corps ne peut pas faire un seul mouvement. Si la raison est un avantage personnel dans ce monde ou dans le monde futur, plus l’homme pense à la rétribution, plus il apparaît d’énergie à accomplir et à faire des ajouts de toutes sortes dans l’accomplissement des actions. D’après ce qui précède, il est clair que c’est l’intention (Kavana), qui détermine la qualité des actes, et l’exagération quantitative n’a aucune action sur la qualité de l’accomplissement des actes. Tout ce dont les peuples font l’objet se déroule avec, en toile de fond, l’action des forces spirituelles. Nous observons sur notre Terre au cours des siècles la relation de cause à effet des forces spirituelles.

Est appelé «kabbaliste» celui qui sans attendre les conséquences des événements voit à l’avance les conséquences de tels ou tels événements et, par conséquent, peut en deviner et en empêcher les conséquences fâcheuses. Comme notre monde est le siège des conséquences des actions des forces spirituelles, et que l’arène de leurs actions se situe au-dessus de nos sensations, seul le kabbaliste peut d’avance, avant leur manifestation dans notre monde, voir et prévenir les événements. Mais tous ces événements étant envoyés pour notre réparation, sans laquelle nous ne pourrons pas atteindre le but de la création, personne, à part nous-mêmes, ne peut nous aider. Le Créateur nous envoie non pas des souffrances mais des moyens qui incitent à la réparation de notre progression. Le kabbaliste n’est pas un magicien qui fait des miracles. Son rôle parmi nous réside dans son aide globale pour élever le niveau de la création humaine jusqu’à la prise de conscience de la nécessité d’une réparation personnelle. Le kabbaliste aide aussi personnellement chacun de ceux qui le souhaitent. L’homme n’a aucun pouvoir sur son cœur, qu’il soit fort, intelligent, doué. C’est pourquoi la seule chose qu’il puisse faire, c’est d’accomplir machinalement le bien et de demander au Créateur de lui donner un autre cœur. (Par le terme «cœur» nous désignons tous les désirs de l’homme). Tout ce qui est demandé à l’homme, c’est un intense désir et que ce désir soit unique et non pas un parmi d’autres, parce que le désir ressenti par l’homme dans son cœur correspond justement à la prière. Un désir fort et entier ne laisse pas de place pour les autres. L’homme ne peut créer en lui un désir fort que s’il fait des efforts tous les jours, toutes les heures. En ayant bien conscience qu’il se trouve loin du but et qu’il n’étudie la Kabbale que dans le but d’en tirer un profit personnel. Malgré les arguments possibles et imaginables du corps: la fatigue, la nécessité de s’accorder du temps pour quand il le faudra, le Créateur agira de l’En-Haut tout comme lorsqu’Il l’a placé dans cette situation, que depuis qu’il a commencé à étudier la Kabbale, c’est devenu pire, que les autres ont plus de chance que lui dans l’étude, et des accusations sans fin, des reproches et des appels à la raison, tant de la part du corps que de la part de la famille.

C’est précisément en surmontant ces difficultés que l’homme construit en lui ses vrais désirs. Surmonter ces désirs n’est possible que d’une seule façon, comme le conseille la Kabbale, il faut «tenir tête à l’égoïsme». Autrement dit, ne pas donner suite à leur manifestation ou bien adopter le raisonnement de grands hommes qui ont déjà pénétré les mondes spirituels et savent effectivement comment réagir. Le processus d’accroissement de l’égoïsme de notre cœur est induit par notre progression spirituelle car une petite partie supplémentaire de notre égoïsme nous est dévoilée à mesure que nous progressons pour que nous puissions demander avec plus de force au Créateur de nous aider dans notre retour. Le Créateur S’ouvre alors à l’homme à tel point que l’homme ressent la grandeur du Créateur et se soumet à Lui, il n’éprouve déjà plus de tentations corporelles, c’est ce que l’on appelle la transformation du «cœur de pierre» qui ne perçoit que ses propres sensations en «cœur de chair» qui est à l’écoute d’autrui.

11 - MOUVEMENT ET DÉVELOPPEMENT INTÉRIEURS

Dans notre monde, l’homme progresse en utilisant ses organes de locomotion, ses jambes. Quand il a atteint son but, il utilise ses organes de préhension, les mains. Les organes spirituels sont opposés aux nôtres: L’homme progresse sur les degrés de l’échelle si, en pleine connaissance de cause, il n’utilise pas cet appui que représente le bon sens. La création a pour but de faire le délice de l’homme. Pourquoi le Créateur nous fait-il emprunter un chemin si douloureux pour parvenir à ce but? Essayons de trouver une réponse. Tout d’abord, l’homme a été créé parfait par le Créateur Le témoignage de cette perfection c’est la tranquillité car le mouvement est l’effet d’un manque, ou par la tentative d’obtenir quelque chose de désiré. L’homme aime donc la quiétude mais il est prêt à sacrifier sa tranquillité pour se débarrasser du tourment engendré par un manque substantiel, par exemple, de nourriture, de chaleur, etc. Les sensations de manque de ce qui lui est nécessaire poussent l’homme à agir. Plus la souffrance est grande du fait du manque de l’objet du désir, plus l’homme sera prompt à faire des efforts encore plus importants pour parvenir à ses fins. C’est la raison pour laquelle, le Créateur lui fait ressentir des souffrances du fait du manque de spiritualité, ce qui incite l’homme à faire des efforts. Après être parvenu à la spiritualité, le but de la création, il pourra se délecter. Ceux qui souhaitent progresser spirituellement ne ressentent pas les souffrances dues à leur égoïsme comme une punition, ils y voient la manifestation du désir du Créateur de les aider, une bénédiction et non une malédiction. Ce n’est qu’après avoir avancé dans sa progression spirituelle que l’homme comprendra cette délectation dont il souffrait de l’absence jusqu’alors. La différence entre le matériel et le spirituel réside dans le fait que le manque de jouissance matérielle fait souffrir l’homme. Le manque de jouissance spirituelle ne le fait pas souffrir. Pour amener l’homme à des jouissances spirituelles, le Créateur lui envoie des sensations de souffrance du fait de leur manque.

Ensuite, la jouissance matérielle ne fait pas parvenir l’homme à la sensation de plénitude infinie telle qu’elle est ressentie dans la plus petite jouissance spirituelle. Dès que l’homme commence à sentir le goût du spirituel, il y a aussitôt danger qu’il en perçoive les sensations de manière égoïste, autrement dit qu’il s’éloigne encore plus du spirituel. La raison en est que l’homme entreprend de s’intéresser au spirituel quand il en a ressenti une jouissance plus grande que celle qu’il avait expérimentée dans sa vie matérielle. Par conséquent, il ne juge pas utile d’acquérir la base de la spiritualité, la foi, car il sent bien que cela vaut la peine de s’intéresser au spirituel pour en tirer un avantage personnel. Le Créateur n’agit ainsi qu’avec celui qui débute pour l’attirer et ensuite lui faire faire un retour. C’est comme une mère qui apprend à son enfant à marcher: plus il est capable d’avancer tout seul, plus elle s’éloigne de lui. Chacun de nous croit qu’il sait mieux ce qu’il lui faut faire pour son intérêt. Ce sentiment vient du fait que du point de vue égoïste de son «moi» l’homme ne se perçoit que de lui-même, et personne d’autre que lui-même. C’est pourquoi il se croit le plus sage car il ne connaît que ses propres désirs à chaque moment de sa vie. Le Créateur a mis en place l’organisation de notre monde selon les règles matérielles précises de la nature. Aucun subterfuge ne sera d’aucune utilité à l’homme qui bravera ces règles: celui qui se jette d’une montagne s’écrase, sans oxygène, il étouffe, etc. Le Créateur a fixé ces lois de manière claire et nette pour que nous comprenions que pour vivre, il faut faire des efforts et être prudent. Dans les mondes spirituels où l’homme ne sent pas les conséquences de ses actes et où les règles de survie lui sont inconnues, il doit comprendre dès le début du chemin que la loi la plus importante incontournable, à l’instar des lois naturelles de notre monde, est celle de l’interdiction de se fixer le plaisir comme objectif. Ce qui détermine le profit ou le préjudice dans la vie spirituelle, ce n’est pas la jouissance mais l’altruisme, le don sans retour. La Lumière qui émane du Créateur, est perçue par nous comme une immense jouissance. Comprendre le Créateur (ce qui est pareil puisque nous ne percevons pas le Créateur mais la Lumière qui nous En parvient) est le but de la création. La foi est une force qui permet de ressentir de l’assurance dans la possibilité d’accéder à la vie spirituelle, de sortir d’un état de mort spirituelle. La nécessité

d’avoir la foi se ressent dans la mesure où l’homme sent qu’il est spirituellement mort. La prière correspond aux efforts faits par l'homme, et en premier lieu, aux efforts de son cœur pour percevoir le Créateur et Lui demander de lui donner de l’assurance pour accéder à une vie spirituelle authentique. Le travail, les efforts, la prière ne sont possibles que si l’homme a la sensation que le Créateur se dissimule à lui. La véritable prière de l’homme, c’est de demander au Créateur de lui donner les forces lui permettant d’aller à l’encontre de son égoïsme les yeux fermés, sans qu’Il se dévoile, c’est la plus grande rétribution puisque le degré de spiritualité est déterminé par le degré d’aspiration à donner de manière désintéressée. Quand l’homme éprouve de l’assurance dans ses forces altruistes, il peut commencer à se délecter pour faire plaisir au Créateur. Le désir du Créateur étant de faire plaisir à l’homme, la coïncidence des désirs les rapproche tous deux. Outre le délice de recevoir la Lumière du Créateur, il éprouve le délice de se trouver au niveau du Créateur, du fait qu’il est uni à la Perfection même. Cette délectation est le but de la création. L’égoïsme étant naturel chez nous, il préside à tous les niveaux de la nature, aux niveaux moléculaire, hormonal, animal, jusqu’aux systèmes les plus complexes de notre raison et de notre subconscient, y compris nos désirs altruistes, et l’homme n’est pas du tout capable de lui résister de manière consciente. C’est pourquoi celui qui souhaite se soustraire à l’empire de l’égoïsme est obligé dans tout ce qui est lié à sa progression spirituelle, d’agir contre les désirs de son corps et de sa raison, même s’il n’y voit aucun avantage personnel, sinon il ne pourra jamais aller au-delà des limites de notre monde. Ce principe s’énonce ainsi en Kabbale «il faut frapper le premier». Le Créateur aide l’homme en le dotant de sa nature, en faisant en sorte que son corps veuille travailler spirituellement, c’est ce qui s’appelle effectuer un retour (Téchouva). Le processus de transformation de l’égoïsme en altruisme se déroule ainsi: le désir de se délecter créé par le Créateur, l’égoïsme, le point noir au niveau duquel s’est produit la restriction (Tsimtsoum), raison de l’éloignement de

l’homme par rapport à la Lumière, fait l’objet d’une réparation qui s’appelle écran (Massakh) à l’aide duquel l’égoïsme devient altruisme. Comment un tel miracle peut-il se produire? Nous ne sommes pas en mesure de le comprendre tant que nous ne l’expérimentons pas en nous car il nous semble tout à fait exclu de pouvoir changer une loi fondamentale de la nature pour que nous puissions soudain agir là où nous n’avons rien pu faire par nos efforts personnels. L’homme découvre en fin de compte que son comportement ne s’est pas transformé et qu’il ne peut rien donner au Créateur car le Créateur est parfait et souhaite seulement remplir l’homme de perfection. En échange de l’infini délice que lui procure le Créateur, l’homme ne peut rien donner sauf la pensée accompagnant la réalisation de ses actes qui est dédiée au plaisir du Créateur. Cette pensée n’est pas dédiée au Créateur non plus mais est orientée pour le bien de l’homme puisqu’elle lui permet d’éprouver des délices immenses sans honte du fait qu’il soit parvenu à un degré de similitude avec le Créateur en devenant altruiste et donc qu’il peut recevoir sans fin car ce n’est pas à des fins personnelles. L’homme est capable de s’obliger à faire des choses physiques mais, en revanche, il n’est pas en mesure de modifier ses désirs, de faire quelque chose qui ne serait pas orienté vers un plaisir personnel. Il n’est pas dit en vain par les kabbalistes que «la prière sans intention correcte est comme un corps sans âme» car les actes concernent le corps, et la pensée l’âme. Si l’homme n’a pas encore rectifié sa pensée (réparé son âme) qui le fait agir (fait agir son corps), l’acte est spirituellement mort. Tous les éléments de ce monde renferment un aspect général et individuel. La masse croyante est qualifiée de générale, de spirituellement non animée (Domem), qui indique l’absence de mouvement spirituel personnel, le besoin intérieur qui induit le mouvement ne se faisant pas sentir. C’est pourquoi ses éléments ne connaissent pas une croissance individuelle, mais générale en conformité avec ce qui leur est dicté de l’En-haut. C’est pourquoi les masses sont toujours convaincues de leur bon droit et de leur perfection. La croissance spirituelle (Tsoméakh) signifie que chaque élément fait l’objet d’une croissance, d’un mouvement personnel intérieur. Cet élément correspond à l’homme - Adam selon la définition de la Bible «l’homme est un arbre dans un

champ». La croissance spirituelle impliquant obligatoirement l’aspiration au mouvement, et le mouvement ne pouvant être induit que par la sensation d’un manque, «l’homme» ressent en permanence les manques qui l’obligeront à rechercher le moyen de croître. S’il s’arrête à un niveau quelconque de sa progression spirituelle, il est abaissé pour l’inciter à avancer plutôt que de rester sur place. S’il s’élève à nouveau, il se retrouve alors non pas au niveau précédant mais à un autre bien supérieur. C’est ainsi que l’homme ou bien s’élève ou bien tombe, il ne peut pas rester sur place car c’est un état que «l’homme» ne connaît pas. Seuls ceux qui font partie de la masse restent sur place, ne peuvent pas tomber de leur niveau, et n’ont jamais la sensation de chute. Si on divise mentalement l’espace par une ligne horizontale, le monde spirituel se situera au-dessus de la ligne et le monde égoïste en dessous. Au-dessus de cette ligne peut se trouver celui qui préfère agir nonobstant sa raison, même s’il a la possibilité de tout connaître et tout voir, il souhaite croire, en toute confiance, (emprunter le chemin de la foi – la foi au dessus de la raison) et aspirer au spirituel (à l’altruisme au lieu de l’égoïsme). Les degrés spirituels sont définis par le degré d’altruisme. En fonction de ses attributs et de ses qualités, l’homme se trouve sur tel ou tel degré spirituel auquel correspondent ses attributs. Ressentir le Créateur est possible quand on est au-dessus de la ligne, et plus on est au-dessus de la ligne, plus le ressenti est fort. La notion de «au-dessus» et «au-dessous» est déterminée par l’écran qui reflète la délectation égoïste provenant de la Lumière du Créateur et perçue par l’homme. La Lumière au-dessus de la ligne s’appelle la Torah. La ligne qui sépare notre monde des mondes spirituels, est appelée l’écran, ou Barrière (Makhsom). Ceux qui traversent cette barrière ne retombent plus au niveau de notre monde. Sous la ligne se situe l’empire de l’égoïsme, au-dessus de la ligne, l'empire de l’altruisme. Avancer vers le plaisir altruiste «Atsilout» correspond au monde où l’on ressent totalement le Créateur et où l’on est uni à Lui. L’homme s’élève constamment jusqu’au monde d’Atsilout en acquérant des attributs propres à l’altruisme. Après avoir atteint le monde

d’Atsilout, autrement dit après avoir acquis tous les attributs caractéristiques du «don sans réserve», l’homme est sur le degré le plus bas du monde d’Atsilout et commence à avoir la capacité de recevoir dans une intention orientée vers le Créateur. Si jusqu’alors il avait acquis des attributs supplémentaires altruistes, il commence désormais à réparer l’essence même de son être (et non à le détruire). Au moyen de ses nouveaux attributs altruistes, il n’annihile pas son désir de se délecter, il rectifie (répare) le but de l’intention qui le guide. En transformant progressivement son égoïsme en altruisme, l’homme s’élève d’autant jusqu’à ce qu’il reçoive tout ce qu’il doit recevoir selon l’origine de son âme (Shoreshe Neshama) qui est à l’origine une partie du dernier degré (Malkhout) du monde d’Atsilout, mais qui, du fait de la transformation opérée, s’élève jusqu’à l’union totale avec le Créateur et reçoit ainsi 620 fois plus qu’en s’incarnant dans un corps humain. La Lumière dans son ensemble, tous les délices que le Créateur souhaite donner aux créatures constituent «l’âme générale» de toutes les créations ou bien la Chekhina. La Lumière prédéterminée pour chacun de nous (l’âme de chacun de nous) correspond à une partie de l’âme générale. Chacun doit recevoir cette partie à mesure qu’il transforme ses désirs. L’homme ne peut percevoir le Créateur (son âme) qu’à la condition de transformer son désir d’éprouver du plaisir. Ce désir s’appelle «récipient» de l’âme (Kli). Autrement dit, l’âme est constituée d’un récipient et de la Lumière qui émane du Créateur. Si l’homme a complètement transformé son récipient égoïste en récipient altruiste, ce récipient se fond parfaitement avec la Lumière car il en a acquis les qualités. L’homme devient ainsi l’égal du Créateur, se fond totalement en Lui de par ses qualités. L’homme ressent ainsi tout ce qui se trouve dans la Lumière qui l’emplit. Il n’existe pas dans notre langue de mots qui permettraient de décrire cet état. C’est pourquoi on dit que le total de tous les plaisirs dans le monde constitue l’étincelle du feu éternel du plaisir que l’âme reçoit quand elle se fond dans le Créateur.

On ne peut progresser sur les degrés de l’échelle spirituelle que selon la loi de la ligne médiane (Kav Emtsaï). Le principe de cette ligne peut être succinctement caractérisé ainsi: «est riche celui qui est heureux de ce qu’il possède». Ce qu’il comprend de la Kabbale lui est suffisant, le principal pour lui étant de pouvoir de cette façon répondre au désir du Créateur en ayant de surcroît le sentiment d’avoir répondu au désir du Créateur dans toutes ses finesses, et il est heureux comme si le meilleur destin du monde lui avait été réservé. L’homme éprouve cette sensation s’il place le Créateur au-dessus de lui, s’il en fait le Roi de l’Univers. Il est heureux de ce que parmi des milliards, le Créateur l’ait choisi lui indiquant par des livres et des maîtres ce qu’Il attend de lui. Cette approche spirituelle correspond au désir de donner (Hafetz Hessed). Dans le cas présent, les attributs de l’homme coïncident avec les attributs de l’objet spirituel qui s’appelle «Bina». Ce n’est pas en cela que réside la perfection de l’homme car l’homme qui n’utilise pas son intention pour effectuer ce travail s’appelle «pauvre en connaissances» (Ani be daat) car il ne sait rien de la relation de ses actions et de leurs conséquences spirituelles, autrement dit, il agit inconsciemment, sans comprendre ce qu’il fait, il est mû uniquement par la foi. C’est pourquoi l’homme se doit de faire beaucoup d’efforts pour agir spirituellement en connaissance de cause, pour sentir que sa pensée doit être «dirigée vers le Créateur». Il commence à avoir la sensation de ne pas s’élever, mais au contraire, à chaque acte, il a l’impression qu’il est de plus en plus éloigné de sa véritable intention de faire plaisir au Créateur, du degré où le Créateur souhaite lui faire plaisir. L’homme doit alors recevoir les connaissances qui lui permettront comme auparavant d’être heureux de sentir sa perfection. C’est à cette situation que correspond la ligne médiane (Kav Emtsaï). Progressivement, en acquérant d’autres connaissances, en faisant croître sa ligne gauche (Kav Smole) il s’achemine vers la perfection totale. Expliquons encore une fois en quoi consiste le travail de la ligne médiane. L’homme doit commencer sa progression spirituelle à partir de la ligne droite, par un sentiment de perfection spirituelle, de contentement de son sort, par le désir de répondre sans retour et de manière désintéressée aux désirs du Créateur.

La part de plaisir dans sa recherche spirituelle lui suffit car il croit qu’il est guidé personnellement par le Créateur, que le Créateur désire qu’il éprouve ces sensations dans sa recherche spirituelle. Quoi qu’il éprouve, ces sensations émanent du Créateur. Il est heureux uniquement en ayant le sentiment d’être guidé spirituellement et d’être parfait. Il a conscience de sa perfection et en remercie le Créateur. Il manque dans ce processus la ligne gauche selon laquelle l’homme doit vérifier sa situation (Héshbone Néféshe). Ce travail intérieur est opposé au travail de la ligne droite dont l’essence réside dans le spirituel et le Créateur indépendamment de l’homme et son ressenti. Quand l’homme commence à contrôler sa véritable nature, le sérieux de sa relation avec le spirituel, son degré de perfection, il prend alors conscience qu’il est enfoncé dans un égoïsme mesquin et qu’il n’est pas capable de faire plaisir à autrui, au Créateur. Plus il découvre le mal, plus il aura conscience de ce mal, plus il s’efforcera de l’éliminer, plus il devra faire d’efforts pour le surmonter et demander de l’aide dans ses prières car il verra qu’au moyen de ses propres forces il n’est pas en mesure de faire quoi que ce soit. Deux lignes opposées sont présentes dans l’homme: la droite qui fait qu’il a la sensation que tout est au pouvoir du Créateur et, par conséquent, parfait, avec pour corollaire le fait qu’il ne désire rien, il est heureux. La ligne gauche qui induit en lui la sensation qu’il n’a aucun lien avec le spirituel, qu’il n'est parvenu à rien, qu’il habite toujours, comme auparavant, sa coquille d’égoïsme et ne demande pas d’aide au Créateur pour se sortir de cette situation. Après avoir pris conscience du mal en lui, et que malgré tout, il fait fi de son bon sens qui le persuade de l’inutilité de son travail pour transformer son égoïsme, il remercie le Créateur de ce qu’il éprouve et pense qu’il a atteint la perfection, il est donc heureux comme il l’était avant de se contrôler, puis il progresse selon la ligne médiane. Il est nécessaire de procéder à un contrôle en permanence, de ne pas abuser de l’autocritique correspondant à la ligne gauche pour être en harmonie constamment avec la ligne médiane. Ce n’est qu’alors que l’homme progresse spirituellement des «deux jambes».

Il existe deux niveaux (ne pas confondre avec les 4 niveaux des désirs: non animé, végétal, animal, doué de la parole) de développement chez l’être humain: l’animal et l’homme. Celui de l’animal, nous en avons l’exemple dans le monde animal, tels les animaux naissent, tels ils continuent de vivre sans se développer. Ce dont ils sont dotés à leur naissance suffit à toute leur existence. Il en est de même pour l’homme qui possède les mêmes caractéristiques, tel il était quand il a été éduqué à apprendre à observer les règles de son environnement, tel il demeure, et avec le même entendement il les met en pratique, tous les ajouts ne sont que quantitatifs. La nature humaine est construite pour évoluer tout à fait autrement: l’homme naît égoïste et quand il s’en aperçoit, il peut chercher à se transformer. Si l’homme désire effectivement avoir le bonheur que le Créateur se dévoile à lui, alors: 1. Ce désir doit être en lui plus fort que tous les autres au point de ne plus ressentir ceux-ci. De plus, ce désir doit être constant en lui: le Créateur étant éternel, Ses désirs sont immuables. L’homme qui souhaite s’approcher du Créateur doit également posséder cet attribut, autrement dit, son désir doit être constant et ne pas changer en fonction des circonstances. 2. Il doit éprouver des désirs altruistes pour «dédier» ses pensées et ses désirs au Créateur, jusqu’à ce qu’il bénéficie de la Lumière de la Foi qui confère de l’assurance à l’homme. Ce qui correspond au niveau de Hessed ou Katnout, jusqu’à ce qu’il reçoive la lumière de la foi qui lui donnera l'assurance. 3. La connaissance absolue et parfaite du Créateur doit se mériter. Le résultat des actions de l’homme dépendra de son niveau spirituel, si la Lumière du Créateur brille, il n’y a pas de différences entre les degrés puisque l’homme reçoit du Créateur simultanément le récipient de l’âme et la Lumière de l’âme. C’est pourquoi la connaissance acquise est perçue comme parfaite. Habituellement, l’homme vit en parfaite harmonie avec son corps: le corps lui dicte ses désirs et ses efforts sont payés par le plaisir ressenti. Le plaisir est de nature spirituelle, toutefois, dans notre monde, il doit être liée à un support matériel: il doit s’incarner dans une enveloppe matérielle (la nourriture, le sexe, la musique, etc.), pour que l’homme puisse éprouver cette sensation de délectation dans son enveloppe matérielle. A l’intérieur de nous, dans nos sensations intérieures, nous éprouvons simplement un plaisir, mais nous ne pouvons pas le séparer entièrement de son support.

Les gens se distinguent selon le type de vecteur de plaisirs. Le plaisir est spirituel bien que nous le ressentions dans notre cerveau sous la forme d’impulsions électriques. En principe, en excitant notre cerveau par des signaux électriques, il est possible de reproduire les sensations de tous les plaisirs. Comme nous sommes déjà habitués à les éprouver sous la forme de certains vecteurs, le plaisir pur et simple s’accompagnera de la sensation de son vecteur, l’homme entendra des sons, percevra le goût d’un mets, etc. Il est clair que l’homme et son corps sont au service l’un de l’autre: l’homme rétribue les efforts du corps, son travail, sous la forme de plaisir. C’est pourquoi si l’homme voit que son corps est d’accord pour travailler, cela signifie que celui-ci perçoit la récompense qui est désignée par le terme générique «plaisir». Fuir des sensations désagréables est aussi une forme de plaisir. Ceci est un signe manifeste que l’acte accompli est de nature égoïste. Au contraire, si l’homme voit que son corps résiste et demande: «Pourquoi travailler?», cela signifie qu’il ne voit pas de plaisir plus grand que le moment présent, ou du moins qu’il est suffisant pour surmonter son aspiration à la tranquillité, il ne voit pas les avantages d’un changement de son état. Si l’homme désire prendre ses distances vis à vis des calculs de son corps et s’il se met en quête d’améliorer la condition de son âme, son corps ne pourra bien entendu pas faire le plus petit mouvement sans avoir la perception des avantages évidents qu’il peut en tirer. L’homme n’a pas la capacité d’obliger le corps à travailler. C’est pourquoi il ne reste qu’une seule chose, demander au Créateur de l’aide pour progresser. Le Créateur ne changera pas le corps de l’homme, Il ne changera pas les lois de la nature et ne fera pas de miracles. En réponse à une véritable demande - prière, le Créateur donnera à l’homme l’âme, la force pour agir selon les lois de la Vérité. Tous les plaisirs sont comparables et relatifs, les hommes ne peuvent pas être heureux tous de manière égale car l’égoïsme concerne non seulement le plaisir ressenti par l’homme pris individuellement, mais également de ce que ne possède pas autrui. C’est la raison pour laquelle il n’est pas possible de construire une société juste basée sur une exploitation correcte de l’égoïsme. L’inconsistance des utopies basées sur ce principe est démontrée par toutes les utopies de l’humanité: dans

les sociétés antiques, dans les anciens états satellites de l’URSS, dans les tentatives de construction du socialisme. Il n’est pas possible de faire plaisir à chacun dans une société égoïste: l’homme se compare toujours aux autres, c’est un phénomène manifeste dans les petites agglomérations par exemple. Il est évident que si l’homme respecte toutes les prescriptions de la Kabbale mais ne perçoit pas les limites de son corps, il n’a pas besoin de recevoir une âme, une force de progression spirituelle. Il ressentira le plaisir uniquement si les désirs sont indépendants de ceux éprouvés par le corps. Ils seront considérés comme «altruistes» (Ashpa’ah). La Kabbale décrit la structure des racines spirituelles qui sont organisées les unes par rapport aux autres selon des lois immuables, qui s’unissent pour montrer leur but suprême – «la connaissance du Créateur par les créatures de ce monde». La terminologie kabbalistique est toujours liée aux éléments spirituels ou à leurs actions. Par conséquent, il n’est possible de l’étudier qu’en prenant en considération le processus de la création du monde. La Kabbale explique, et celui qui étudie le comprend de lui-même, que le temps n’existe pas et qu’en lieu et place du temps, il y a des chaînes de causes et leurs conséquences qui, à leur tour, deviennent les causes des conséquences suivantes, la naissance de nouvelles actions ou d’éléments. En principe, dans notre monde, nous lions la notion de temps à la sensation de processus de cause à effet intérieur. Même la science affirme que le temps, tout comme l’espace sont des notions relatives. Le lieu ou l’espace correspond au désir d’éprouver du plaisir. L’action est un plaisir ou le refus d’un plaisir. «Au commencement», autrement dit avant le début de la création, il n’y avait que le Créateur. Lui-même, nous ne pouvons pas L’appeler par un autre terme car tout nom suppose la connaissance de l’entité désignée, et comme nous ne savons de Lui que le fait qu’Il nous a créé, nous ne pouvons que L’appeler le Créateur, l’Eternel, etc. La Lumière émane du Créateur, c’est le désir du Créateur de donner naissance à une créature et de lui donner la sensation d’éprouver du plaisir. Ce n’est que d’après cette Lumière qui émane du Créateur que nous pouvons avoir une idée de Lui.

Plus précisément, la sensation de Lumière nous permet d’avoir une idée non pas du Créateur mais des sensations qu’Il souhaite faire naître en nous. Nous disons donc de Lui qu’Il souhaite nous procurer du plaisir. Ce plaisir ne se situe pas dans la Lumière mais naît en nous à partir de l’action de la Lumière sur les «organes de nos sens spirituels», comme par exemple, la viande en elle-même n’a pas de goût, ce n’est qu’en mettant celle-ci en contact avec notre organe sensoriel que nous éprouvons une sensation de plaisir. Toute action, spirituelle comme physique, est constituée d’une pensée et de l’action elle-même qui incarne cette pensée. Le dessein du Créateur est de procurer du plaisir à sa création, et, conformément à ce principe, Il procure du plaisir. Cette action s’appelle «donner dans le but de donner». Il s’agit d’une action simple car le but et l’action coïncident. Les créations sont égoïstes, autrement dit, l’homme ne peut pas avoir d’autre but que d’éprouver du plaisir. Pour cela, l’homme peut agir de deux manières: soit recevoir, soit donner pour recevoir ce qu’il veut, autrement dit bien que physiquement il donne, il ne poursuit jamais qu’un seul but: celui de recevoir. Si l’action est réalisée dans la même direction que le but, c’est-à-dire que l’action se fait dans le but de recevoir, il s’agira d’une «action simple». Si le mouvement se fait selon le principe de «donner», mais que le but est de recevoir, et dans notre monde il ne peut pas y avoir d’autre but que celui de recevoir, cette action est qualifiée de complexe, car le but et le mouvement ne sont pas en harmonie, les intentions ne concordent pas. Nous ne sommes pas en mesure de nous représenter les désirs et leur champ d’action en dehors de l’espace, c’est pourquoi il ne reste rien d’autre à faire que de se représenter le Créateur comme une force spirituelle qui emplit l’espace. Il est dit dans la Kabbale que le Créateur a créé l’homme par un calcul simple, et que l’homme a compliqué ce calcul. Plus l’homme s’élève sur l’échelle spirituelle, plus les lois de la création sont simples car les principales catégories de base sont simples. L’homme ne percevant pas les Racines de la création de manière directe mais comme des conséquences lointaines, il voit les lois de la création de notre monde

comme constituées de conditions et de limites qu’il juge embrouillées à l’extrême. La Lumière voilée, l’influence des auteurs au cours de leur travail sur le texte transparaissant dans les ouvrages kabbalistiques, font qu’il est important, en étudiant leurs textes, d’avoir une intention juste: pour quelle raison l’homme étudie-t-il? Est-ce pour ressentir le Créateur? De même, pendant l’étude, il faut demander d’avoir l’intelligence et la compréhension qu’avait l’auteur et demander d’être en relation avec lui, s’adresser à lui. C’est pourquoi il est important de ne pas s’éparpiller dans nos lectures sur les mondes spirituels pour éviter d’être influencé par des auteurs qui ne sont pas en harmonie avec les lois et les notions essentielles. L’homme qui souhaite posséder des connaissances spirituelles doit adopter, dans sa vie quotidienne, un certain emploi du temps: se dégager de l’influence des points de vue d’autrui, des nouvelles inutiles, d’ouvrages pouvant avoir une influence nocive. Quand cela est nécessaire, au travail, au cours de ses études, il entretiendra des relations avec autrui, sans montrer qu’il s’enferme en lui-même en contrôlant en permanence l’objet de ses pensées. L’objet des pensées de l’homme doit être orienté vers le travail, le reste du temps, vers le but de sa vie. Atteindre le but dépend plus de la qualité de l’effort, que de la quantité: un homme peut lire des livres pendant des heures, un autre, pour des raisons professionnelles ou familiales ne peut consacrer qu’une heure par jour à l’étude. L’effort se mesure uniquement par rapport au temps libre, dans quelle mesure l’homme souffre-t-il de ne pas pouvoir consacrer plus de temps au spirituel. Le résultat dépend directement de l’intensité de l’intention, de ce que l’homme souhaite au juste tirer de son étude et du travail sur lui-même, effectué pendant son temps libre. Il existe deux façons de nourrir un enfant: de force, sans qu’il éprouve de plaisir, mais il mange cependant, cela lui donne des forces et la possibilité de grandir. Cette façon d’élever spirituellement un homme s’appelle en Kabbale «grâce à l’En-Haut». Si «l’enfant» qui désire grandir spirituellement souhaite prendre lui-même la nourriture spirituelle puisqu’il en ressent la nécessité (il a pris conscience de ce désir et il s’est délecté de la Lumière), non seulement il grandira bon gré mal gré

spirituellement, douloureusement, dans la souffrance, mais il éprouvera du plaisir dans le processus même de cette vie, des connaissances spirituelles acquises. Le sentiment aigu qui est ressenti par l’homme qui prend conscience du bien et du mal s’appelle en Kabbale processus «d’alimentation»: comme la mère soulève son enfant pour le mettre sur son sein pour le nourrir, de même, le kabbaliste reçoit la Lumière des éléments spirituels et prend conscience et ressent avec acuité l’abîme qui sépare le bien du mal. Ensuite, comme la mère éloigne son enfant de son sein, le kabbaliste perd son lien avec l’En-Haut et la limite précise entre le bien et le mal disparaît dans son esprit. Ce processus se produit pour qu’il demande au Créateur de lui donner la capacité lui permettant de ressentir (Kelim) le bien et le mal comme dans l’En-haut. L’égoïsme tout comme l’altruisme sont donnés à l’homme de l’En-haut. La différence réside en ceci que l’homme est systématiquement doté de désirs égoïstes, il n’acquiert des désirs altruistes que s’il en formule instamment la prière. Pour commencer, l’homme doit parvenir au degré qui correspond à la notion de «faire plaisir au Créateur» malgré ses désirs égoïstes (la progression sur les échelons des mondes de BY’A (Briya, Yetsira, Assia) que lui donne le Créateur, ensuite, il doit chercher comment il peut réjouir le Créateur. Il s’aperçoit alors que ce n’est qu’en se réjouissant qu’il peut faire plaisir au Créateur. Ceci s’appelle recevoir dans le but de donner - le niveau du monde d’«Atsilout». La maîtrise des différentes forces d’intensité du désir de donner sans retour au Créateur correspond aux degrés des mondes «BY’A» (Briya, Yetsira, Assia). La maîtrise de la force de recevoir le plaisir procuré par le Créateur pour son plaisir correspond au niveau du monde d’«Atsilout». Le «Beit Midrash» (maison d’étude) correspond au lieu où l’on apprend à exiger (lidroshe) du Créateur (exiger des forces spirituelles) et où l’on apprend à exiger de ressentir le but de la création, de ressentir le Créateur. Comme nous (c’est-à-dire notre corps, notre égoïsme) aspirons naturellement à ce qui est plus grand et plus fort que nous, nous demandons au Créateur qu’Il se dévoile à nous pour que nous voyions dans Sa Lumière notre véritable

insignifiance et Sa véritable grandeur et que nous puissions aller vers Lui, mus par une véritable force comme vers ce qui est plus fort et plus grand que nous. Le principal pour l’homme, c’est d’avoir conscience de l’importance de ce qu’il fait. Par exemple, les gens aisés travaillent dur, et d’autres les envient. Si le prestige de la richesse disparaissait, on cesserait de les envier, être aisé n’aurait plus de sens, les stimuli incitant à travailler disparaîtraient. Le principal pour l’homme est d’acquérir le sentiment que l’essentiel est de percevoir le Créateur. Jamais l’homme ne pourra accéder au spirituel sans efforts car ses efforts constituent le récipient servant à recevoir la Lumière. Jusqu’aux réparations opérées par le ARI, il était relativement plus facile d’accéder au spirituel qu’après son époque. Après que le ARI ait ouvert la voie permettant l’accès au spirituel, il est devenu plus difficile de se soustraire aux plaisirs de notre monde. Avant le ARI, les voies de la spiritualité étaient ouvertes, la Lumière de l’En-Haut ne se déversait pas de manière profuse. Le ARI a révélé la source de Lumière, mais il est devenu plus difficile à l’homme de combattre son égoïsme devenu plus fort et plus subtil. Cela peut s’illustrer à l’aide de l’exemple suivant: avant le ARI 100 unités de connaissances étaient données, et il était possible, par le travail et les efforts correspondant à une unité, de recevoir une unité de connaissance. Aujourd’hui, après les réparations que le ARI a opérées dans le monde, il est possible de recevoir pour une unité d’efforts 100 unités de connaissances, mais il est incomparablement plus difficile de réaliser les efforts en question en 1 unité. Le Rav Yéhouda Ashlag, le «Baal HaSoulam» a également effectué une réparation du monde pour que l’homme ne se leurre pas sur sa perfection, et pour qu’il soit obligé d’emprunter la voie de la foi en les connaissances spirituelles. Bien que la voie soit devenue plus compréhensible, les générations ne sont néanmoins pas capables de faire les efforts qualitatifs et quantitatifs que pouvaient faire les générations précédentes bien que cela corresponde comme jamais à la prise de conscience de leurs défauts par les hommes. Ces générations ne placent pas le spirituel au niveau requis dans leur conscience par rapport au matériel comme le faisaient les générations précédentes qui étaient massivement prêtes à tout pour progresser spirituellement. A l’heure actuelle on ne compte vraiment que quelques unités de ce genre.

Le Baal Shem Tov a procédé à une grande réparation dans ce monde. Les masses ont même pu un moment ressentir davantage le spirituel dans le monde, et il fut temporairement plus facile de parvenir au spirituel pour ceux qui le souhaitaient. Pour choisir des élèves dignes de son groupe de kabbalistes, le Baal Shem Tov avait mis en place un «Admorout», une sorte de division de la société juive, la masse était divisée en plusieurs parties, chaque partie ayant son guide kabbaliste. Ces guides (Admorim) choisissaient ceux qui étaient dignes d’étudier la Kabbale dans leurs classes (Hédère) et ils les formaient pour constituer les futures générations de kabbalistes, des guides des masses. L’influence de la réparation réalisée par le Baal Shem Tov est passée, et les guides de notre génération ne sont pas tous des kabbalistes (qui ont la perception du Créateur). Après la disparition du «Baal HaSoulam», notre monde se trouve dans une phase de chute spirituelle qui précède obligatoirement une ascension. Avoir l’impression d’être une créature signifie se sentir séparé du Créateur. Du fait de notre nature égoïste, nous nous éloignons instinctivement et naturellement de ce qui nous cause des souffrances, le Créateur utilise ce principe pour nous amener vers le bien: il rend caduc le plaisir du monde matériel qui nous entoure et nous procure le plaisir d’accomplir des actes exclusivement altruistes. C’est un chemin douloureux.

12 - SUPPRIMER L’ÉGOÏSME Le chemin de la Kabbale est différent des autres chemins: malgré les plaisirs de notre monde, la foi dans le but de la création, placée au-dessus de la raison, autrement dit malgré les affirmations de notre corps et de notre raison, nous donne la possibilité de sortir de notre égoïsme, de notre amour-propre et commencer alors à ressentir de l’amour pour le Créateur et sentir la réciprocité de cet amour. C’est un chemin de tranquillité et de joies et de foi en ce que ce chemin long est, en fait, exempt des affres de la souffrance. Le chemin de progression spirituelle sous l’action de la Lumière environnante (Or Makif) correspond à l’homme qui n’a pas encore la possibilité de recevoir la Lumière à l’intérieur de lui-même (Or Pnimi). Ce chemin est qualifié de naturel, au moyen de souffrances (Derekh Bito), c’est celui qu’emprunte l’humanité. Le chemin de progression spirituelle individuelle s’entreprend au moyen de la relation personnelle avec le Créateur, de son travail selon les trois lignes. Ce chemin s’appelle le «chemin de la Kabbale» (Derekh Kabbalah, Derekh Ahichéna) et il est bien plus court que le chemin des souffrances. Il est difficile de concevoir que les souffrances obligent à croire. Le principal est que l’homme croit que les fruits de son travail dépendent uniquement de ses efforts, autrement dit, il doit croire qu’il est guidé par le principe de la rétribution et de la punition. La rétribution consiste en ce que le Créateur donne à l’homme de bonnes pensées et de bons désirs. L’homme doit recevoir la foi également de ses amis d’études et des livres. Mais après avoir commencé à ressentir en lui-même la foi, à percevoir le Créateur, il doit se dire que cela lui a été donné par le Créateur. La puissance supérieure spirituelle est un remède, un élixir de vie ou de mort. C’est un élixir de vie si elle donne la force et le désir de travailler, et un élixir de mort si l’homme se dit que tout ce qui sera réalisé le sera par l’En haut, sans effort. Le principal dans l’effort est de maintenir son aspiration spirituelle, donnée de l’En-haut. Au début du chemin, des sensations spirituelles sont données à l’homme pour qu’il s’élève puis arrive le temps du travail, des efforts pour qu’il se maintienne à niveau par ses propres forces.

Prendre conscience du prix de l’élévation spirituelle accordée est de la plus grande importance. Dès que l’homme commence à négliger ce qu’il reçoit en éprouvant un plaisir personnel, il commence à quitter ce degré. Tout ce qui se trouve sous l’emprise de l’égoïsme se situe dans le point central de la création (Nékouda Emtzaït). Tout ce qui ne désire pas le plaisir personnel se situe au-dessus de ce point. C’est pourquoi la ligne de descente de la Lumière (Kav) frôle la ligne médiane (pour animer la création de manière impalpable) ou ne la frôle pas (ne remplit pas la création de la Lumière du Créateur). Il est dit que celui qui veut s’élever spirituellement est aidé par ce qui lui donne une âme, la Lumière, une partie du Créateur. L’homme commence à percevoir alors qu’il est une partie du Créateur. Comment la Lumière du Créateur a-t-elle engendré le désir de recevoir, de se délecter de Lui (la Lumière façonne le récipient). Prenons un exemple: dans notre monde, si nous rendons à un homme les honneurs auxquels il n’aspirait pas auparavant et que nous les lui enlevons, il souhaitera continuer à ressentir les plaisirs que lui procuraient ces honneurs. Cette aspiration à retrouver les plaisirs dont il a le souvenir s’appelle «récipient» (Kli). La Lumière fait ainsi progressivement grandir en lui le récipient pour le plaisir (procuré par la Lumière). Abraham a demandé au Créateur «comment puis-je savoir que tu sauveras mes descendants?» (Comment puis-je être sûr que mes enfants pourront sortir de l’égoïsme au moyen de la Kabbale. Qu’ont-ils besoin de la Lumière s’ils n’y aspirent pas?) Le Créateur a répondu - «ils recevront l’impression d’être esclaves de leur égoïsme qu’ils compareront avec l’impression procurée par la Lumière». En faisant des efforts pour maîtriser ses désirs, l’homme doit prendre conscience que son corps ne comprend pas les notions de temps et que, par conséquent, n’a la sensation ni du passé, ni du futur, mais seulement du présent. Par exemple, il faut faire un dernier effort pendant encore cinq minutes pour ensuite mériter de se reposer, quand le corps résiste c’est qu’il ne perçoit pas l’avantage du repos futur. Si l’homme évoque les plaisirs ressentis après un dur labeur, le corps ne donne pas pour autant les forces de réaliser ce travail, par exemple, s’il a été rémunéré d’avance, il n’éprouve plus de désir de travailler sans faire un effort sur lui-même.

Il ne faut donc pas remettre à plus tard la lutte avec le corps, chaque instant, dans le présent, il faut exercer une force d’opposition par des pensées orientées vers le spirituel. L’homme étant égoïste à 100 %, il ne recherche pas de lui-même la relation avec le Créateur. Il ne peut le vouloir que s’il est sûr d’en tirer un bien pour lui. Autrement dit, non seulement l’homme perçoit son mal et comprend que seul le Créateur peut l’aider, mais cela ne lui donne toutefois pas la force de s’adresser au Créateur. Il lui est nécessaire de prendre conscience que c’est dans le rapprochement avec le Créateur que se trouve son salut. La Kabbale nous propose son chemin au lieu du chemin des souffrances. Le temps change les conditions: il y a deux millénaires, seules quelques personnes étaient en relation avec le Créateur, comme à l’époque de Rabbi Shimon. A l’époque du ARI et de Moïse Haim Luzzato, quelques petits groupes s’adonnaient à la Kabbale, puis des dizaines de groupes à celle du Baal Shem Tov et encore plus à celle du Baal HaSoulam. A l’heure actuelle, la barrière qui sépare la Kabbale des masses a pratiquement disparu, et il n’y a pour ainsi dire pas d’opposition à son égard ou si peu. Dans la génération future, des centaines de personnes se fixeront pour but de ressentir le Créateur. De plus, si auparavant, seuls des gens particulièrement forts psychologiquement pouvaient établir un lien avec le Créateur, à notre époque même les débutants, sans avoir étudié au préalable (et dans le courant de la génération future, même les enfants) pourront parvenir à une relation avec le Créateur sans préparation, en étudiant la Kabbale sous une direction adéquate. L’homme n’a pas la capacité de différencier le bien du mal, ce qui est bon pour lui, ce qui lui est nocif. Seul le Créateur peut l’aider en lui dessillant les yeux. L’homme peut alors voir tout ce qui est exprimé par la phrase «Choisis la vie». Tant que l’homme ne sera pas convaincu de la nécessité vitale d’une relation constante avec le Créateur, le Créateur ne lui ouvrira pas les yeux pour qu’il Lui demande miséricorde. Parmi les sensations spirituelles d’un kabbaliste, une partie (AHA’P) appartient au degré inférieur de son état futur. L’homme perçoit davantage son état spirituel élevé non pas comme empreint de Lumière, mais comme vide, non attrayant, car il ne reçoit rien du Degré Supérieur.

Bien que ce Degré Supérieur soit empli de Lumière, le degré inférieur perçoit ce qui émane du degré Supérieur d’après ses propres attributs, et comme ceux-ci ne lui permettent pas d’être prêt à recevoir cette Lumière, il ne la perçoit pas. Le Créateur étant caché, chacun de nous fait des efforts inouïs pour parvenir à un niveau de vie acceptable dans notre société en se conformant aveuglément aux réprimandes intérieures, aux chuchotements constants de son égoïsme. Cependant, nous sommes Ses instruments et nous nous empressons de suivre Ses indications pour ne pas qu’Il nous inflige des souffrances pour nous stimuler. Nous nous résignons de force puis nous nous conformons de gré à Sa volonté. Notre égoïsme est en nous, il a tellement d’emprise sur nous que nous le considérons comme une seconde nature, comme notre désir. Il imprègne toutes les cellules de notre corps, nous obligeant à apprécier toutes nos sensations en fonction de ses désirs, à compter avec ses impératifs. L’homme n’a même pas idée qu’il peut se défaire de l’influence de l’égoïsme, se purifier, se débarrasser de cette forme égoïste, semblable à son corps qui le pénètre, et qui est habillée de sa chair. Le Créateur permet à l’homme d’éprouver des désirs altruistes après que celui-ci s’est purifié de ses désirs égoïstes. En attendant, il se trouve à l’intérieur de nous un être égoïste, et nous n’imaginons pas quel bienfait cela serait pour nous de l’éliminer. Au contraire, les pensées et les désirs altruistes nous semblent inacceptables, naïfs, peu sérieux, inapplicables dans le cadre de notre société, sans parler de l’univers. Il en est ainsi uniquement parce que nos pensées et nos désirs sont sous l’empire de l’égoïsme. Pour avoir une idée objective de ce qui lui arrive, l’homme doit s’efforcer de ressentir son égoïsme comme quelque chose d’étranger, comme son ennemi qui se fait passer pour son ami et pour lui-même (nous nous identifions même à ses désirs), il doit aspirer à le ressentir comme quelque chose d’étranger qui est en lui selon la volonté du Créateur. Les actions de l’homme correspondent à la prise de conscience du mal. Cette prise de conscience n’est cependant possible que dans la mesure où l’homme a foi en l’existence du Créateur, en la Lumière du Créateur car il comprend tout par comparaison, en ressentant les contraires.

C’est pourquoi au lieu de s’adonner à la recherche de ce serpent malfaisant qui est en nous, mieux vaut porter nos efforts pour essayer de ressentir la Lumière du Créateur. Toute la création, sauf nous, est régie par les règles de l’altruisme. Seul l’homme et le monde environnant (notre monde, Olam Hazeh) ont été créés avec des attributs opposés, égoïstes. Si nous voyions le Créateur et tous les mondes spirituels, nous découvririons aussitôt combien notre monde est microscopique en comparaison des autres mondes et que c’est seulement dans le petit pois qu’est notre monde qu’agissent les lois de l’égoïsme. Pourquoi le Créateur s’est-Il dissimulé après nous avoir placés dans ce monde empli de ténèbres, d’incertitude et de malheurs? En nous créant, le Créateur s’est posé pour but que nous existions éternellement avec Lui, mais nous devons y parvenir par nos propres efforts pour ne pas éprouver de honte de recevoir un plaisir absolu éternel non mérité. Le Créateur a donc créé un monde opposé au Sien en le dotant d’attributs opposés aux Siens, correspondant à l’aspiration au plaisir personnel, à l’égoïsme, et nous l’a donné. Dès que l’homme ressent en lui ces attributs, il apparaît dans ce monde, il cesse immédiatement de ressentir le Créateur. Cette dissimulation du Créateur est faite, notamment, pour provoquer en nous l’illusion du libre arbitre dans le choix entre notre monde et celui du Créateur. Si malgré cet égoïsme, nous percevions le Créateur, nous préférerions naturellement sans aucun doute le monde du Créateur, celui qui nous procure du plaisir sans les souffrances. Le libre arbitre n’existe que si l’homme ne ressent pas le Créateur. Si dès sa naissance, l’homme expérimente l’action absolue et étouffante de l’égoïsme à tel point qu’il l’associe à lui-même, comment peut-il décider en toute liberté, indépendamment de l’égoïsme, de ce qu’il préfère? Comment le Créateur crée-t-il des circonstances neutres pour que l’homme puisse choisir? Et, en général, en quoi avons-nous la possibilité de choisir si notre monde n’est que souffrances et mort et que le monde du Créateur est empli de plaisirs et d’éternité, que reste t-il à l’homme? Afin de créer pour nous les conditions de la liberté de choix, le Créateur: 1. Se révèle épisodiquement à l’homme pour lui permettre d’avoir conscience de la sensation de grandeur et d’apaisement que procure la perception des forces supérieures;

2. Nous a donné la Kabbale dont l’étude, si l’homme désire vraiment sortir de son état et percevoir le Créateur, provoque une luminescence spirituelle latente. Toutes les parties de la Kabbale n’ont pas la même force pour faire scintiller la subtile Lumière Environnante (Or Makif). L’excitation la plus forte est induite par l’étude de la Kabbale car la Kabbale étudie les structures spirituelles qui irradient cette Lumière sur l’homme. L’homme est donc ainsi placé devant le choix: étudier ou non la Kabbale et faire des efforts pour cela. Le lien de l’homme avec le Créateur, à commencer par notre niveau, du plus bas jusqu’au plus élevé où se situe le Créateur lui-même, peut-être comparé aux degrés d’une échelle. Tous les degrés de l’échelle spirituelle se situent dans les mondes spirituels. Le Créateur se situe au degré le plus élevé et notre monde se situe au degré le plus bas. L’homme se trouve sous le degré le plus bas de l’échelle spirituelle car son niveau originel fait d’égoïsme n’est pas lié au dernier degré de l’échelle qui n’est pourtant pas complètement altruiste. La sensation de l’existence d’un degré plus élevé est possible si les attributs de l’homme coïncident avec ce degré, et la force de cette sensation sera proportionnelle à la coïncidence entre les attributs de l’homme et ceux du degré. La possibilité d’avoir la sensation du degré supérieur est conditionnée par le fait que tous les degrés spirituels ne sont pas disposés de manière successive du bas vers le haut, ils sont imbriqués: la moitié inférieure de la partie supérieure se trouve dans la partie supérieure du degré inférieur (AHAP d’En Haut tombe dans le GE inférieur). C’est pourquoi il y a en nous une partie de la partie inférieure du dernier degré, mais ordinairement nous ne la percevons pas. Le degré le plus élevé au-dessus de nous est appelé le Créateur car il est justement pour nous le Créateur, nous donne naissance, nous anime et nous guide. Comme nous ne percevons pas ce degré, nous affirmons que le Créateur n’existe pas. Si l’homme se trouve à un niveau tel qu’il perçoit la toute-puissance du Créateur sur toutes les créations de notre monde, il n’a plus de libre-arbitre, de foi car il voit clairement une seule vérité, une seule force, un seul désir qui régit tout et tous.

Le désir du Créateur consiste à donner à l’homme le libre arbitre, il est donc nécessaire qu’Il se dissimule. Ce n’est que si le Créateur est dissimulé que l’on peut affirmer que l’homme aspire de manière désintéressée à se fondre en Lui, à agir pour faire plaisir au Créateur en Son nom Notre travail sur nous-mêmes n’est possible que si le Créateur est dissimulé car, dès que le Créateur se révèle à nous, nous devenons automatiquement ses esclaves, nous sommes totalement sous l’emprise de Sa magnificence et de Sa force, et il n’est pas possible de distinguer les authentiques desseins de l’homme. Pour donner à l’homme la liberté d’agir, le Créateur doit se dissimuler. Pour lui donner la possibilité de s’arracher à l’esclavage qu’est sa soumission aveugle à l’égoïsme, le Créateur doit se dévoiler car l’homme ne se soumet qu’à deux forces dans ce monde: au pouvoir de l’égoïsme, du corps ou au pouvoir du Créateur, de l’altruisme. Une succession des processus est par conséquent nécessaire: la dissimulation du Créateur par rapport à l’homme, l’homme ne perçoit que lui-même et les forces égoïstes qui le dominent, et le dévoilement du Créateur, l’homme perçoit le pouvoir des forces spirituelles. Pour que l’homme qui est sous l’empire de l’égoïsme puisse avoir la sensation de l’Elément Supérieur (le Créateur) le plus proche, son Créateur, Celui-ci lui donne la possibilité de comparer une partie de ses attributs, c’est-à-dire qu’Il confère à l’égoïsme une partie de Ses attributs altruistes. Si jusqu’alors l’homme n’avait pas la sensation de l’existence du degré supérieur, car le degré supérieur avait dissimulé son altruisme sous de l’égoïsme, du fait que ce degré s'est abaissé au niveau de l’homme, celui-ci peut le percevoir. Les attributs du degré supérieur étant perçus par l’homme comme égoïstes, il a le sentiment que le spirituel n’est pas attrayant, inspirant, apaisant. L’homme a alors la possibilité de faire preuve de libre arbitre et de se dire, au mépris de ces impressions, que le manque de plaisir, de goût qu’il ressent dans le spirituel, dans la Kabbale est la conséquence de ce que le monde supérieur lui est dissimulé pour son bien car il n’est pas encore doté des attributs spirituels nécessaires qui permettraient d’éprouver des plaisirs spirituels, l’égoïsme ayant emprise sur ses désirs.

C’est plus particulièrement dans les phases de chute et de sensation de vide que l’on trouve des forces en soi (par des prières adressées au Créateur, par l’étude, par les bonnes actions), et il est alors essentiel pour le débutant de se conforter dans l’affirmation que cette phase lui est spécialement occasionnée pour qu’il la surmonte. Le fait qu’il ne perçoive ni plaisir ni vie dans ses aspirations spirituelles est délibérément provoqué pour qu’il puisse se dire qu’il n’éprouve pas de plaisir dans le spirituel parce qu’il ne possède pas de qualités altruistes adéquates et que les véritables qualités des mondes spirituels lui sont donc cachées. L’homme doit donc toujours garder à l’esprit qu’au début de son chemin, avoir une perception des mondes spirituels a pour corollaire un sentiment de vide spirituel. Si l’homme est en mesure d’affirmer que les mondes spirituels lui sont dissimulés en raison de l’antagonisme de leurs attributs respectifs, et qu’il demande de l’aide pour réparer son égoïsme en élevant sa prière - «MAN», les mondes spirituels se dévoilent à lui partiellement (son AHA’P) en montrant ses véritables attributs qu’il dissimulait sous l’égoïsme et le plaisir en découlant. Ses attributs se caractérisant dès lors par l’altruisme, l’homme a la capacité de percevoir la grandeur et le plaisir inhérents aux mondes spirituels. En élevant aux yeux de l’homme Ses attributs altruistes, les Mondes Spirituels élèvent l’homme jusqu’à la moitié du degré immédiatement supérieur (Il élève GE inférieur avec son propre AHA’P). Cette phase spirituelle de l’homme s’appelle petit niveau spirituel, «enfance» (Katnout). Les Mondes Spirituels élèvent l’homme à eux, à leur niveau, en lui permettant de voir Sa grandeur - la grandeur des attributs altruistes. L’homme, en voyant la grandeur du spirituel par rapport à celle du matériel, s’élève spirituellement au-dessus de notre monde. Indépendamment de la volonté de l’homme, la sensation du spirituel transforme les attributs égoïstes de celui-ci en altruistes, en attributs spirituels. Pour que l’homme puisse posséder totalement le premier degré supérieur, les mondes spirituels s’ouvrent à lui totalement, dévoilent tous ses attributs spirituels qui le font grandir (Gadlout). L’homme perçoit alors les Mondes Spirituels comme un guide unique et parfait et parvient à la connaissance du but de la création et de son organisation, il voit

clairement qu’il lui faut agir selon ce qu’énonce la Kabbale et dès lors sa raison l’y oblige. Connaître le Créateur implique pour l’homme une contradiction entre la foi et la connaissance, entre les lignes droite et gauche: doté d’attributs altruistes, (qui correspondent aux récipients de don en phase dite de l’enfance - Katnout) l’homme souhaiterait cheminer uniquement au moyen de la foi en la toute-puissance du Créateur car c’est un signe de désintéressement mais le fait que le Créateur a dévoilé Sa grandeur (Gadlout), la magnificence du monde supérieur, l’en empêche. L’homme est alors prêt à mépriser les connaissances reçues. La prière de l’homme pour progresser à l’aveuglette en ayant foi en la grandeur du Créateur et non en ayant conscience de Sa force et de Sa grandeur et en utilisant sa raison en proportion de sa foi oblige le Créateur à réduire Son dévoilement. L’action de l’homme qui oblige l’En-Haut à restreindre le dévoilement de Sa Toute-puissance, Sa Lumière (Or Hokhma) est désignée par le terme «écran de Hirik»: l’homme diminue l’intensité du dévoilement de l’Intelligence supérieure, de la ligne gauche jusqu’au niveau lui permettant de l’équilibrer avec sa foi, sa ligne droite. La juste proportion obtenue entre la foi et la connaissance s’appelle «l’équilibre spirituel», la ligne médiane. L’homme définit lui-même cet état qu’il souhaite obtenir. Dans ce cas, l’homme existe déjà comme élément spirituel car il y a en lui une juste proportion de foi et de raison correspondant à la «ligne médiane» qui lui permet de parvenir à la perfection. Cette partie de connaissance, de dévoilement, (de ligne gauche) que l’homme peut utiliser en fonction de l’intensité de sa foi, (en fonction de sa ligne droite), en plaçant sa foi au-dessus de sa raison au moyen de la ligne médiane vient s’ajouter aux attributs spirituels qu’il a déjà acquis lors de la phase Katnout. Le niveau spirituel atteint s’appelle alors la phase Gadlout - niveau de plénitude. Quand l’homme sera parvenu au niveau spirituel de plénitude, il se trouvera, grâce à ses attributs, en état d’égalité par rapport au premier degré, le plus bas de l’échelle spirituelle. Comme nous l’avons déjà mentionné, tous les degrés de l’échelle sont imbriqués l’un dans l’autre, ils sont mutuellement empreints de leurs attributs respectifs. En parvenant au premier degré complet, l’homme peut par conséquent trouver en

lui une partie du degré supérieur et, selon le même principe progresser vers le but de la création, pour parvenir à l’union totale avec le Créateur, au degré le plus élevé. La progression spirituelle consiste à ce que chaque homme, dès qu'il décèle un accroissement du mal en lui, demande au Créateur de lui donner des forces pour le maîtriser. Il reçoit des forces sous la forme d’une Lumière spirituelle plus intense jusqu’à ce qu’il atteigne le véritable niveau originel de son âme – après la réparation de tout son égoïsme devenu complètement empli de Lumière. La quête du Créateur Quand des pensées étrangères viennent à l’esprit de l’homme, celui-ci considère qu’elles le gênent dans sa progression vers le spirituel car elles l’affaiblissent, accaparent son intelligence et remplissent son cœur de mesquins désirs, il cesse de croire que la vraie vie est contenue dans la Kabbale. Après avoir surmonté cet état malgré tout, il parvient à la Lumière supérieure qui l’aide à s’élever encore plus. Les pensées étrangères sont un moyen pour l’homme de progresser. Il n’est possible de surmonter les pensées parasites qu’avec l’aide du Créateur car l’homme ne peut travailler sur lui-même que s’il y voit un avantage personnel, quelle qu’en soit la forme. Notre corps, notre cœur, notre raison ne comprennent pas quel avantage peut leur apporter l’altruisme aussi, dès que l’homme veut faire le moindre geste altruiste, il n’a pas la force d’agir ni par la raison, ni par le cœur, ni par le corps. Il ne lui reste plus qu’une seule chose, demander de l’aide au Créateur. Il est alors contraint de s’approcher du Créateur jusqu’à ce qu’il se fonde totalement en Lui. L’homme n’a pas le droit de se plaindre de n’avoir pas été doté de suffisamment d’intelligence, de force ou de courage à la naissance ou bien de ce qu’il est dépourvu d’attributs que possèdent d’autres personnes car, s’il ne suit pas le bon chemin, ce sont des attributs qui ne serviront à rien. Il est possible qu’il devienne un grand savant, s’il ne parvient pas à la relation avec le Créateur, il ne remplira pas sa fonction, à l’instar de nombreuses personnes. L’essentiel est de parvenir au niveau de juste, car ce n’est qu’à ce moment que l’homme peut utiliser toutes ses aptitudes à bon escient et ne pas dépenser en vain ses forces. Au contraire, même les forces les plus infimes, les facultés qui lui

sont données par le Créateur, l’homme peut les mettre en valeur en les dédiant au but suprême. Si l’homme connaît une période d’abattement spirituel, il est inutile de le persuader de prendre courage, de lui dire des paroles pleines de sagesse, rien de ce qu’il entendra ne l’aidera. Les récits de ce que d’autres ont pu endurer, ressentir, leurs conseils, rien ne le relèvera car, tout simplement, il n’a plus la foi en quoi que ce soit, encore moins en ce à quoi sont arrivés d’autres! Si l’homme se souvient de ses dialogues intérieurs quand il était dans une période de progression spirituelle, quand il était plein de vie et non spirituellement mort comme au moment présent, s’il se souvient de ses aspirations, de ses acquis spirituels, il pourra alors reprendre des forces. S’il se souvient qu’il avait la foi, qu’il plaçait cette foi au-dessus de sa raison et s’il se concentre sur ses souvenirs personnels, il pourra sortir de son état de mort spirituelle. L’homme doit s’appuyer sur ses propres souvenirs, sa propre expérience, c’est la seule chose qui puisse l’aider à sortir de la torpeur spirituelle. Le travail de l’homme qui s’est élevé à un certain degré spirituel consiste à procéder à une sélection dans ses sensations de plaisir et à faire en sorte que la partie de ces plaisirs qui ne peut pas être équilibrée par la foi soit jetée au loin. En Kabbale, cette partie de plaisir que l’homme reçoit pour faire le délice de son Créateur aux fins de renforcer sa foi ne s’appelle pas autrement que «nourriture». Si l’homme n’est pas en mesure de se contrôler et désire avaler toute la nourriture, il est ce que la Kabbale qualifie de «ivre» (d’un excédent de plaisir), il perd tout et se retrouve sans rien, ce que la Kabbale qualifie de «pauvre». Dans la vie, l’homme se voit expliquer ce qu’il a le droit et ce qu’il n’a pas le droit de faire, et s’il n’applique pas les instructions, il reçoit une punition. Si l’homme n’anticipe pas la douleur et la souffrance auxquelles il s’expose en transgressant la loi, il enfreindra celle-ci, si bien entendu, il éprouve du plaisir à cette enfreinte. Il sera ensuite puni pour qu’il sache qu’il ne faut pas agir ainsi à l’avenir. Par exemple, il existe une loi qui interdit de voler de l’argent. Si un homme aspire à l’argent et qu’il a l’occasion d’en voler, même s’il sait qu’il peut être puni pour vol, il n’est pas en mesure d’évaluer toutes les souffrances dues à la punition. Il décidera donc que le plaisir de posséder l’argent est bien plus grand que les souffrances dues au châtiment.

Quand il connaîtra les souffrances dues au châtiment, il verra qu’elles sont bien plus grandes qu’il le supposait et bien plus grandes même que le plaisir procuré par le vol. Il observera alors la loi. A sa libération, on lui dira que le châtiment sera bien plus grand s’il recommence, car l’homme oublie les souffrances qu’il a endurées. Quand il voudra voler à nouveau, il se rappellera que les souffrances seront bien plus élevées pour ce second vol, le choix lui est ainsi offert de s’empêcher de voler ou non. Cet exemple sommaire parmi d’autres de la vie quotidienne que le lecteur pourra lui-même trouver dans son entourage montre que les souffrances conduisent l’homme à emprunter un chemin que les désirs de son égoïsme lui auraient interdit de choisir car il est bien plus facile de voler que de peiner pour gagner sa vie, plus facile de se reposer que de penser et de travailler, il est plus agréable de prendre du plaisir que de souffrir. Si l’homme a choisi d’étudier la Kabbale, il doit savoir que ces initiatives sont créées pour son bien. Autrement dit, il doit comprendre que son égoïsme est gagnant. Personne en ce monde n’est capable de s’engager dans un travail absolument altruiste, non rémunéré par de l’argent, par des honneurs, par des plaisirs, par des promesses pour le futur. L’homme est encore moins capable de travailler sans voir les conséquences de son travail, ses résultats, sans surveiller ce qu’il produit, ce qu’il donne à autrui, ce que reçoit autrui, sans voir pour qui il travaille, autrement dit, encore moins capable de faire des efforts dans le vide. Naturellement, notre raison et notre corps égoïstes opposent de la résistance à cet état de fait car ils ont été créés par le Créateur pour se délecter. Seules les souffrances perçues par l’homme dans son environnement, induites par la perte complète du goût et du plus petit infime plaisir que cela peut procurer, par la totale conviction qu’il n’est pas en état de tirer de plaisir de quoi que ce soit (sous n’importe quelle forme: tranquillité, joies, etc.), obligent l’homme à désirer et à agir avec «altruisme» dans l’espoir de trouver son salut en empruntant ce nouveau chemin. Bien qu’il ne s’agisse pas d’altruisme car le but de ses actes réside dans son bien-être et son salut, l’homme s’est néanmoins rapproché de l’altruisme auquel il viendra progressivement sous l’action de la Lumière contenue dans ses actes.

En agissant avec altruisme pour soi-même, en donnant pour recevoir, l’homme commence à percevoir la Lumière dissimulée dans ses actes, le plaisir, et cette Lumière est de nature à réparer l’homme. Dans la nature, nous pouvons observer la chose suivante: des pluies torrentielles se déversent sur la terre mais pas dans les endroits où il faut, par exemple au lieu des champs, dans le désert, ce qui sera parfaitement inutile; par contre de petites précipitations par endroits permettront des récoltes de fruits abondantes. Pour reprendre cette image, l’homme peut étudier des textes sacrés sans s’arrêter, et ne jamais voir les fruits de son étude, c’est-à-dire la connaissance du Créateur ou bien au contraire, loin de faire autant d’efforts il fera une récolte extraordinaire en étudiant juste ce qui est nécessaire. Il en est de même avec l’étude de la Kabbale, si elle est dédiée à la recherche du Créateur et non à l’acquisition de connaissances, les bienfaits vivifiants se déverseront là où il faut car ils ont été donnés à cette fin. Si l’homme étudie pour accumuler des connaissances ou bien, ce qui est encore pire, pour montrer son intelligence et s’en enorgueillir, même la Kabbale ne donnera aucun fruit, elle pourra seulement montrer à l’homme le but à se fixer pour étudier, celui-ci fera ensuite des efforts personnels pour continuer. L’homme qui étudie la Kabbale concentre en permanence sa pensée car l’ensemble de son travail consiste justement à imposer une bonne orientation à ses pensées et à ses actes pour qu’ils forment un seul et même tout avec le but suprême de la création, d’autant plus qu’il n’existe pas de moyen plus fort pour se rapprocher du spirituel que la Kabbale. «L’Egypte» dans la Kabbale est la personnification de l’empire de notre égoïsme (c’est pourquoi «Mitsraïm» provient des mots «Mits – Ra» - l'essence du mal), «Amalec» est une tribu qui a combattu Israël (des mots «Isra-Yashar» - droit et «El» - Créateur, autrement dit ceux qui veulent se tourner vers le Créateur), et la personnification de notre égoïsme qui en aucun cas ne souhaite que nous lui échappions. L’égoïsme se manifeste dans les sensations (il les assaille) de l’homme qui souhaite sortir de l’exil qu’est son égoïsme «égyptien». Amalec survient dès le début de son chemin. C’est à certains élus que le Créateur fait ressentir un accroissement de leur égoïsme et il leur donne le désir de Le connaître, Il envoie Amalec à Israël pour

que celui-ci éprouve le besoin de se rapprocher du Créateur et non pas seulement celui de s’améliorer, par exemple de faire preuve tout simplement de «bonté». Ces élus commencent alors à éprouver de grandes difficultés pour s’améliorer, leur désir d’étudier, d’une très grande force naguère, disparaît, leurs corps s’alourdissent au moment d’accomplir le moindre geste. La lutte avec le corps correspond en principe au fait que le corps (la raison, notre «moi») souhaite comprendre qui est le Créateur, où aller et dans quel but, et savoir si chacun de ses efforts sera récompensé. Ni notre raison, ni notre corps ne fournissent l’énergie et la motivation pour faire quoi que ce soit sans justification, et c’est à juste titre car n’est-il pas stupide de faire quelque chose sans savoir d’avance à quelle fin? Il n’y a pas d’autre moyen de sortir de notre nature, pour pénétrer dans l’anti-monde spirituel, que d’acquérir une autre raison et d’autres désirs correspondant à cet anti-monde. Ceux-ci sont opposés aux nôtres, car tout ce que nous connaissons, tout ce que nous ressentons, tout ce qui constitue le tableau de ce que nous appelons «notre monde», correspond à des notions dictées par notre raison et notre cœur égoïste. Ce n’est qu’après les avoir transformés en leur contraire, après avoir transformé la raison en foi et le prendre en donner, que nous pouvons pénétrer les mondes spirituels. Comme nous ne sommes dotés que des instruments avec lesquels nous avons été créés, notre raison et notre égoïsme, notre raison étant au service de notre égoïsme, ce n’est que de l’extérieur, que du Créateur, que nous pouvons recevoir d’autres instruments pour transformer notre raison et nos sens. C’est pourquoi Il nous attire vers Lui tout en nous montrant que nous ne sommes pas en mesure de nous refaire par nous-mêmes. Bon gré mal gré, nous devons chercher le lien avec notre Créateur, c’est le gage de notre salut spirituel. L’homme ne doit pas demander au Créateur d’avoir la possibilité de Le ressentir, d’assister à des miracles, ce qui lui permettrait de lutter contre son propre moi, pour que cela lui donne des forces au lieu d’éprouver une foi aveugle en la grandeur du spirituel. La Kabbale l’avertit par l’exemple suivant: aussitôt après la sortie d’Egypte, Amalec assaille l’homme, et c’est seulement en levant les bras et en demandant la force de la foi que Moïse en est vainqueur.

Notre progression spirituelle nous permet de recevoir en permanence une part de raison supérieure allant grandissant à chaque degré gravi.

Nous devons sans cesse accroître la force de notre foi pour qu’elle soit supérieure à notre raison sinon nous retombons sous l’emprise de notre égoïsme, et il en est ainsi tant que nous ne nous faisons pas un seul et même tout avec le Créateur. C’est alors que nous parvenons à la connaissance absolue, à la perception maximale de la Lumière (Or Hokhma) sans gradation aucune, ainsi qu’il est dit «que la Lumière soit et la Lumière fut» ou bien comme le formule la Kabbale «au commencement de la création, tout n’était que Lumière». Cela signifie que lorsque la Lumière brille pour tous sans distinction de niveau, tout est absolument clair, il n’y a ni commencement, ni fin, aucune nuance, tout est parfaitement compréhensible.

13 - LE CHEMIN DE LA KABBALE Le chemin de la Kabbale est une période difficile, un changement radical de l’approche de la vie, une recherche de soi, de sa nature, une définition précise de l’orientation à donner à ses désirs, une perception juste de la motivation à l’origine des actions, des efforts faits pour surmonter les désirs du corps et les exigences de la raison, une parfaite conscience de son égoïsme, une longue période de souffrances dans la recherche de l’assouvissement des désirs, de déception devant l’impossibilité de trouver une «substance pour remplir» ses aspirations, la conscience que la véritable fuite pour s’éloigner de la source des souffrances, de l’égoïsme, réside dans l’altruisme des pensées, une sensation de douceur à la pensée du Créateur au point de ne plus désirer que penser à Lui. Ce n’est qu’après avoir traversé toutes ces périodes préliminaires de développement spirituel qui correspondent au chemin de la Kabbale, que l’homme comprend la Kabbale, cette Lumière Supérieure qui brille pour lui de plus en plus à mesure de sa progression sur les degrés de l’échelle spirituelle qui le mènent à l’union totale avec le Créateur. Notre chemin est composé de deux parties: le chemin de la Kabbale et la Lumière de la Kabbale. Le chemin de la Kabbale correspond à la période de la préparation de nouvelles pensées et de nouveaux désirs au cours de laquelle l’homme éprouve des souffrances. Après ce passage, après ce couloir qui mène au Créateur, l’homme pénètre les mondes spirituels, le Royaume de la Lumière, il atteint le but de la création, la Kabbale, il ressent totalement le Créateur. Par génération du déluge, on entend la «période de travail qui se fait dans le cœur», par la génération des bâtisseurs de la tour de Babel, celle «du travail effectué au moyen de la raison». Nous désirons tous éprouver du plaisir dès le premier instant de notre vie jusqu’au dernier. La différence entre chacun de nous réside en fait dans la forme sous laquelle l’homme désire recevoir le plaisir, celui-ci étant spirituel dans son essence même. Ce n’est que notre écorce externe qui nous donne l’illusion de sa matérialité. Nous aspirons inconsciemment à changer l’écorce externe (le vêtement) de notre plaisir en espérant le ressentir dans la Lumière pure du Créateur. Les «écorces» du plaisir auquel aspirent les hommes étant différentes, nous leur attribuons des dénominations différentes. Certaines formes de plaisir sont

considérées comme «normales», acceptables, par exemple, l’amour pour les enfants, la nourriture, la chaleur, etc. certaines ne sont pas acceptées par la société, par exemple la drogue, et obligent le plus souvent l’homme à cacher qu’il s’y adonne. L’humanité toute entière accepte tacitement l’utilisation de son égoïsme sans gêne aucune dans les limites conventionnelles. Il est à noter que les limites de l’utilisation par chacun de son égoïsme et la mode des meilleures «écorces» changent à mesure que la société se développe. Et chacun de nous, en fonction de son âge, c’est-à-dire sous l’action naturelle du Créateur change ses «écorces» au moyen desquelles il satisfait ses besoins en plaisir. La mue, le changement d’écorce est parfois visible chez un individu. Par exemple, une petite fille a du plaisir à jouer avec sa poupée, mais elle n’aimera pas s’occuper d’un vrai bébé; sa mère, elle, n’éprouvera aucun plaisir à jouer à la poupée, elle pourra cependant convaincre sa fille d’aimer s’occuper d’un bébé. La petite fille pense, pour autant que sa compréhension du monde le lui permette, qu’il n’est pas facile pour sa mère de s’occuper de son enfant, qu’elle n’en retire aucun plaisir. Le raisonnement de l’enfant est compréhensible car elle n’est pas encore à l’âge où elle peut trouver du plaisir dans de vrais objets, mais elle le trouve dans des jouets, autrement dit dans le factice. Nous aspirons tous au plaisir que nous donne le Créateur. Nous ne pouvons que Le désirer et percevoir la vie à travers notre désir. Nous ne sommes pas différents en cela de nos âmes avant leur descente dans notre monde et leur incarnation, non plus qu’après toutes leurs migrations une fois revenues au Créateur. Nous sommes ainsi faits - nous aspirons au plaisir de recevoir la Lumière qui émane de Lui, c’est immuable. Tout ce qui nous est demandé, ce pour quoi nous a créés le Créateur, c’est que nous changions «l’écorce» externe de nos plaisirs, que la poupée devienne un véritable enfant et que nous en éprouvions du plaisir. Comme un enfant pendant l’allaitement, l’homme ne souhaite recevoir que ce qu’il veut. Il accepte de faire des efforts s’il est sûr qu’au bout du compte, il éprouvera du plaisir.

Si l’homme souhaite travailler sur lui-même, en étudiant la Kabbale, son corps aussitôt demande: pour quelle raison fais-tu cela? Il peut être fait quatre réponses à ce discours: 1. Pour agacer autrui, le plus mauvais but car il signifie aspirer à causer des

souffrances à autrui. 2. Pour devenir un grand érudit, avoir des fonctions importantes, les

honneurs, de l’argent, faire un mariage réussi, ce but est meilleur que le précédent car des gens peuvent en bénéficier, c’est ce cas de figure qui correspond au «travail pour les autres» car ceux-ci le payent.

3. Pour que seul le Créateur ait connaissance de son étude et de son travail

sur lui-même, non pour que les hommes le sachent, non pour recevoir les honneurs des hommes mais pour que le Créateur l’élève. Cela s’appelle travailler pour le Créateur car une récompense est attendue du Créateur.

4. Pour que les fruits du travail accompli soient dédiés au Créateur sans

retour aucun. L’égoïsme demande alors: «quel profit vas-tu en tirer?» L’homme n’a rien à répondre, il va à l’encontre de sa raison et de ses sentiments, autrement dit, il est au-dessus de sa raison et de ses sentiments.

Le travail de l’homme consiste à écarter sa raison et ses sentiments de la critique et de la vérification du degré où il se trouve pour faire confiance totalement au Créateur et concentrer tous ses efforts pour que ses pensées et ses sentiments soient en permanence orientés vers le Créateur et la grandeur spirituelle. En réponse à toutes les sollicitations de la voix de sa raison avec les arguments que celle-ci avance sur la nécessité de s’occuper de toutes sortes de problèmes de la vie quotidienne, l’homme accomplit tout ce qui lui est demandé, mais toutes ses pensées et tous ses désirs sont orientés vers le bien du Créateur. Cet homme ne désire pas entendre les critiques de sa voix intérieure. Il est comme suspendu en l’air sans point d’appui raisonnable, cette situation s’appelle être au-«dessus de sa raison et de ses sentiments» (Lemala mi Adaat). Plus l’homme éprouve de plaisir à posséder quelque chose, plus cette chose lui est chère, plus grande est la peur de la perdre. Comment l’homme peut-il parvenir à la prise de conscience et au sentiment de l’importance du spirituel s’il ne les a jamais éprouvés? Il peut y arriver en faisant

des efforts justement pendant ses moments de vide spirituel, quand il s’inquiète de n’éprouver aucune émotion vis à vis de la magnificence spirituelle, d’être très éloigné du Créateur, de ne pas pouvoir changer. Les efforts que fait l’homme dans ce cas, efforts appelés «travail quotidien», font naître en lui l’impression d’essentiel liée aux sensations spirituelles, ce qui correspond au samedi (Shabbat), période où il n’a pas besoin de travailler sur lui-même (c’est même interdit), mais où il doit seulement observer le samedi pour ne pas perdre ce cadeau du Créateur. On sait que si l’homme est personnellement impliqué dans quelque chose, il ne peut plus en juger objectivement, quoi qu’il arrive. C’est pourquoi si on dit sans ambages à un homme qu’il ne se conduit pas bien, il ne sera jamais d’accord car cela lui est plus facile que de le reconnaître, et parce qu’il est sûr qu’il agit bien. Si l’homme s’engage donc à agir comme il lui est demandé, il découvre peu à peu que la vérité n’est pas dans ses actes et ses pensées passées mais dans ce qui lui est conseillé. Le but du Créateur étant de procurer du plaisir aux créations (telles que nous sommes, toutes les autres n’ont été créées par Lui que dans un but auxiliaire), tant que l’homme ne ressent pas la perfection dans la délectation et peut trouver en elle une insuffisance (en qualité, en intensité, dans sa durée, etc.), cela signifie qu’il n’a pas atteint le but de la création. Pour se délecter, se conformer au but de la création, il faut auparavant réparer le désir d’éprouver du plaisir, et ceci parce que le Créateur le souhaite. L’homme ne doit pas se concentrer sur la recherche du plaisir. Dès qu’il aura effectué sa réparation, il aura immédiatement la sensation de celui-ci, il doit simplement procéder à sa réparation, nos récipients. Cette situation est identique à celle d’un homme souhaitant acheter un appartement. Il ne doit pas penser à la manière dont il va emménager, mais comment il va le payer, comment il va gagner l’argent car c’est uniquement quand il aura l’argent qu’il pourra acheter l’appartement. Tous les efforts doivent donc être faits dans le but d’obtenir de l’argent et non un appartement. Il en est de même pour la connaissance des mondes spirituels. Tous les efforts doivent être concentrés sur la création des conditions pour recevoir la Lumière, et non pas pour bénéficier de la Lumière elle-même, autrement dit pour créer des pensées et des désirs altruistes. C’est alors que le plaisir spirituel se fera sentir.

L’humanité est constamment dans l’erreur et n’en tire guère de leçons. L’accumulation des souffrances se fait néanmoins dans l’âme universelle et non dans les corps périssables, ceci est un aspect positif du progrès qu'elle connaît. Par conséquent, aucune souffrance ne disparaît. Au cours d’une incarnation ultérieure dans ce monde, elle amène le corps humain à créer les conditions pour chercher un moyen de se débarrasser des souffrances en s’élevant spirituellement. Par rapport à nous, les Mondes Spirituels peuvent être à juste titre nommés «anti-mondes» car dans notre monde toutes les lois de la nature sont construites sur l’égoïsme, l’aspiration à saisir et à comprendre. Les Mondes Spirituels, eux, se caractérisent par leur altruisme absolu, par l’aspiration à donner et à croire. Ces deux pôles sont tellement opposés qu’il n’y a aucune similitude entre les deux. Ainsi toutes nos tentatives de se représenter ce qui s’y passe ne nous en donnera aucune idée, la plus petite soit-elle. Ce n’est qu’en transformant les désirs de nos cœurs, le «prendre» en «donner» et celui de «comprendre» en «croire» au mépris de l’intelligence, que nous pourrons percevoir les mondes spirituels. Ces deux désirs sont liés, bien que le désir de saisir se trouve dans le cœur et que le désir de comprendre dans le cerveau. Ils ont tous deux l’égoïsme pour base. Il est dit en Kabbale que la naissance d’un élément spirituel se fait dans l’ordre suivant: «le père fait sortir la mère» pour mettre au monde un fils: la perfection «fait sortir» la raison hors de son analyse du monde environnant pour la remplacer par une nouvelle, spirituelle, indépendante des désirs et, par conséquent, authentiquement objective. La foi en le Créateur est simplement insuffisante. Mais ce n’est pas tout, notre foi doit être dédiée au Créateur et non à notre propre bien-être. N’est digne du nom de prière que la demande formulée au Créateur dans le but de susciter en Lui le désir d’aider celui qui prie à ressentir la grandeur et la magnificence du Créateur. Ce n’est qu’à l’appel de ce désir que réagit le Créateur en élevant l’homme dans les mondes spirituels et en lui dévoilant toute Sa grandeur; c’est alors que des forces sont données à l’homme pour l’élever au-dessus de sa nature.

Une fois rempli de la Lumière du Créateur qui donne la force de s’opposer à sa nature égoïste, l’homme a la sensation qu’il est parvenu à l’éternité car rien ne peut plus changer en lui et jamais il ne revient à l’égoïsme, il vit hors de la dimension du temps dans le monde spirituel. Il y a équilibre dans la perception du présent et du futur, l’homme a le sentiment d’avoir atteint l’éternité. Le désir de recevoir du plaisir Notre Créateur est absolument immuable, et nous, ses créations, aspirons à la sérénité, à recevoir ce que nous désirons. Le Créateur a créé deux forces pour notre développement: l’une qui nous fait reculer, autrement dit les souffrances qui nous obligent à fuir notre état, une deuxième qui nous attire, qui nous fait aller de l’avant vers le plaisir. Ces deux forces conjuguées simultanément, pas séparément, peuvent nous faire bouger, nous obliger à agir. En aucun cas l’homme ne doit se plaindre que le Créateur l’a créé paresseux, qu’Il l’a doté d’une nature qui fait qu’il lui est difficile de bouger. Au contraire, un paresseux n’aspire pas sans raison et de manière impulsive, aux petites choses de la vie, il évalue longuement les situations, se demande s’il faut faire des efforts pour obtenir ce qui l’attire. L’homme ne fuit pas immédiatement les souffrances, il évalue pour quelle raison et dans quel but il souffre, il en tire des leçons pour éviter que, dans le futur, elles l’obligent à agir et à bouger, ce qui lui est pénible. L’homme aimerait utiliser son égoïsme dans toutes les circonstances de la vie, son entourage ne le lui permet pas. Toutes nos lois sociales sont construites aux fins de trouver un terrain d’entente mutuel permettant l’utilisation de l’égoïsme de chacun en portant le moins de préjudice à autrui. Dans tous les cas de figure, nous voulons toujours tirer le maximum: le vendeur aimerait être payé sans remettre la marchandise pour autant, l’acheteur aimerait avoir la marchandise gratuitement. Les patrons rêvent d’employer de la main d’œuvre à titre gracieux, les employés voudraient percevoir un salaire sans travailler. Nos désirs peuvent se mesurer à l’intensité des souffrances causées par l’absence de ce que nous souhaitons: plus grande est la souffrance provoquée par le manque de l’objet souhaité, plus grand est par conséquent le désir de le posséder.

Il est dit que «C’est le désir du Créateur de vivre dans les créatures d’En-bas», créer ces conditions est le but de la création et notre rôle. L’idolâtrie (Avoda Zara) est une inclination à suivre les désirs égoïstes du corps, à l’opposé du travail spirituel (Avodat Hashem, Avodat haKodesh), qui correspond à la poursuite de désirs ou d’objectifs altruistes. «L’union spirituelle» consiste à comparer les attributs de deux éléments spirituels. «L’amour spirituel» signifie la recherche de l’union complète. Comme il s’agit de l’union de deux attributs opposés, de l’homme et du Créateur, pour contrôler s’il s’agit d’amour ou de soumission, l’homme doit se demander s’il a en lui le désir de revenir sous l’emprise de ses désirs. S’il se pose cette question, c’est un signe qu’il aime véritablement le Créateur L’harmonie entre les attributs témoigne de la joie du Créateur d’être uni à la créature, et l’homme éprouve de la joie à donner au Créateur. Le retour (Teshouva) signifie que l’homme dans ce monde et au cours de son existence reviendra au degré spirituel auquel se situait son âme au moment de sa création (l’état du premier Adam avant le péché originel). Il y a deux organes qui permettent d’agir, deux principes d’action en l’homme, l’intelligence et le cœur, la pensée et le désir. L’homme doit travailler à transformer leurs principes égoïstes pour les rendre altruistes. Nous ressentons tous nos plaisirs dans le cœur. Si l’homme sent qu’il peut rejeter tout plaisir terrestre et si un plaisir lui est réservé à lui personnellement, il mérite de se délecter véritablement car, dans ce cas, il n’utilise plus son égoïsme. L’intelligence n’éprouve pas de plaisir à comprendre ce qu’elle fait. Si l’homme peut réaliser quelque chose sans comprendre, et avoir la foi pour lutter contre ce que lui dicte sa raison, il avance alors en plaçant sa foi «au-dessus de sa raison». Cela signifie qu’il a éliminé son égoïsme et peut agir selon la raison du Créateur, non selon sa propre intelligence. La Lumière du Créateur pénètre l’ensemble de la création et notamment notre monde bien que nous ne la percevions aucunement. Cette Lumière est nommée «Lumière qui anime la création». Grâce à cette Lumière, la création, les mondes existent sinon, la vie s’arrêterait, et aussi la matière dont ils sont constitués.

Cette Lumière transparaît par le biais de toutes sortes d’éléments matériels et des phénomènes de notre monde. Tout ce qui nous entoure et nous-mêmes ne sommes rien d’autre que la Lumière du Créateur. Elle est présente dans la Kabbale, dans la matière et dans la créature jusqu’à la plus grossière. La différence n’est perceptible que de nous qui ne voyons que les écorces extérieures, le vêtement de la Lumière. En fait, une Force agit dans toutes les créations, la Lumière du Créateur. La plupart des hommes n’ont la perception que du vêtement extérieur de la Lumière du Créateur. Il y a des hommes qui ne ressentent la Lumière du Créateur que dans la Kabbale. Il y a des hommes qui ressentent la Lumière du Créateur dans tout ce qui les entoure, qui ont le sentiment que tout est Lumière émanant du Créateur et emplissant le moindre espace. Le Créateur a décidé de créer l’homme dans notre monde pour que des profondeurs de son état originel, il puisse s’élever spirituellement jusqu’au niveau du Créateur, devenir identique au Créateur. Le Créateur a par conséquent créé l’égoïsme, le désir de se délecter. Cette sensation d’égoïsme est appelée la création originelle. Le Créateur étant Lumière, naturellement, la création originelle fut emplie de Lumière - délectation. Cela signifie qu’au commencement de la création, la Lumière - délectation emplissait l’espace - égoïsme créé, elle l’emplissait complètement jusqu’à satiété. Le Créateur a restreint ensuite l'émanation de la Lumière, Il l’a dissimulée et, à sa place, dans la création, dans le désir de se délecter, dans l’égoïsme, est apparue la douleur, le vide, les ténèbres, la tristesse, tout ce que l’on peut imaginer quand on ressent l’absence de quelque chose. Pour maintenir en l’homme une aspiration minimale à la vie, pour qu’il ne mette pas un terme à sa vie en raison du manque éprouvé, le Créateur lui donne le désir de se délecter d’une petite part de Lumière (Ner Dakik), habillée des divers éléments de notre monde auxquels par conséquent nous aspirons. Inconsciemment et automatiquement nous sommes en permanence à la recherche de la Lumière du Créateur. Nous sommes les esclaves de cette aspiration naturelle. L’homme doit croire que la dissimulation du Créateur, que la sensation de désolation en l’absence de plaisir sont spécialement créés par le Créateur pour le bien de l’homme car si la Lumière emplit l’égoïsme, l’homme

n’aurait pas de libre arbitre pour agir indépendamment puisqu’il serait l’esclave du plaisir qui l’emplit. C’est seulement éloigné de la Lumière du Créateur, quand l’homme ressent Sa dissimulation, quand il se sent absolument indépendant qu’il a la possibilité de prendre des décisions et d’agir en toute autonomie. Cette autonomie, elle aussi, se manifeste uniquement quand: 1. L’homme n’a plus l’impression d’être soumis à l’influence du Créateur et, 2. Il peut agir indépendamment des désirs de son corps. Cette possibilité nous est offerte dans nos conditions terrestres, celles dans lesquelles nous vivons. Chaque individu doit croire que rien ni personne au monde n’existe à part le Créateur. L’homme est fait de la sensation personnelle de son «moi» justement en raison de l’égoïsme de son ressenti, et s’il se débarrassait de ce trait caractéristique, de cet attribut, il redeviendrait une partie du Créateur. L’homme doit croire que la dissimulation du Créateur n’est ressentie que par lui, dans sa perception personnelle, qu’elle n’a pour but que son bien. C’est pourquoi, tant que l’homme n’est pas prêt à connaître la vérité, il doit croire que celle-ci n’est pas telle qu’il la ressent dans sa perception. Cette vérité ne peut être comprise que progressivement par l’homme à mesure qu’il progresse vers la perfection. Tout le travail que l’homme effectue n’est possible que si le plaisir procuré par le spirituel lui est dissimulé pour que, malgré la dissimulation du Créateur, il puisse se dire qu’il ressent du dégoût pour le spirituel parce que le Créateur le souhaite ainsi, mais qu’en fait, il n’existe rien de plus parfait. Si l’homme, malgré la sensation de ténèbres, d’abattement et de vide, malgré les arguments de sa raison, peut aspirer à la recherche du ressenti du Créateur, au rapprochement spirituel, cela signifie qu’il avance en plaçant sa «foi au-dessus de sa raison» et de ses sentiments selon le principe le Créateur se révèle alors à lui, car l’homme ne recherche et n’attend que cela dans tous les états qu’il expérimente. Un véritable désir de ressentir le Créateur naît alors en l’homme, condition nécessaire pour que le Créateur se dévoile.

La force de la foi en la possibilité de ressentir le Créateur se mesure à l’impression de chute vertigineuse qui oblige l’homme à crier vers le Créateur. L’homme doit comprendre que s’il n’est pas encore prêt à ressentir le Créateur, bon gré mal gré, il se délecte égoïstement de cette sensation de chute étrangère à ce monde. C’est la raison pour laquelle l’homme doit demander au Créateur: 1. De faire en sorte qu’il soit prêt à éprouver le plaisir spirituel; 2. A ce que le Créateur lui donne des forces pour continuer à placer sa foi

au-dessus de sa raison malgré le dévoilement du Créateur. Ces deux types d’obstacles créés par les forces impures (les Klipot) présentes en nous sont: leur forme et leur alimentation (Yenikat Klipot). Quand l’homme ne ressent aucun goût pour l’étude et le travail à effectuer sur lui et qu’il se force à aller de l’avant, l’enveloppe trouve toutes sortes de défauts à la recherche spirituelle. L’homme a l’impression que le spirituel est vide. Les klipot peuvent donc «créer des obstacles» à l’homme dans son étude qui font qu’il ne perçoit pas la grandeur du spirituel. Cette sensation est appelée le phénomène du «Créateur dans la cendre» (Chekhinta be Afra). Si l’homme, par la force de l’esprit, continue à aller de l’avant et commence à percevoir le goût du travail sur soi-même, la Klipa commence à «se nourrir» des fruits de sa réussite spirituelle, autrement dit, ce que l’homme a gagné (le plaisir du spirituel). La Klipa cherche à se l’approprier en mettant dans l’idée de l’homme qu’il doit continuer à travailler non pas parce que tel est le désir du Créateur, mais parce qu’il peut en tirer un plaisir personnel. Si l’homme cède à ces pensées, le plaisir satisfait son égoïsme. Ce phénomène est appelé «la nourriture» des Klipot. Dans ce cas, l’homme doit demander au Créateur qu’Il lui vienne en aide pour maîtriser ces pensées séduisantes. Conclusion: au début, l’homme doit demander au Créateur de ressentir le plaisir procuré par la Kabbale, ensuite, de ne pas nourrir son égoïsme avec ce plaisir. Les protestations du corps à l’encontre du travail spirituel en l’absence de plaisir et de certitude d’être récompensé dans le futur sont désignées par l’expression «mauvaise langue».

Pour fuir la tentation, l’homme doit faire le sourd à l’appel du corps et faire l’aveugle, s’imaginer la Lumière Supérieure même s’il ne la voit pas. Le Créateur lui ouvre ensuite les yeux et l’ouïe pour qu’il puisse alors voir Sa Lumière et entendre ce que lui dit le Créateur. Les efforts que fait l’homme dans quelque geste que ce soit pour approcher le spirituel s’engrangent peu à peu à tel point qu’ils deviennent suffisants pour former un récipient (Kli) ou un vêtement (Levoushe) pour recevoir en eux la Lumière du Créateur, l’âme de l’homme.

14 - DÉCOUVERTE ET DISSIMULATION Outre la Lumière du Créateur et l’homme créé par cette Lumière, au sein de celle-ci et pouvant la ressentir plus ou moins intensément en fonction de la similitude de ses attributs avec ceux de la Lumière, il n’existe rien d’autre. Si les attributs de l’homme et de la lumière ne sont pas similaires, l’homme ne perçoit aucunement la Lumière, autrement dit le Créateur. Au début l’homme est placé sous l’empire total de l’égoïsme, ces conditions sont appelées «notre monde». C’est en faisant des efforts que l’homme peut progressivement faire grandir en lui le désir et la nécessité de ressentir le Créateur (le récipient de la Lumière du Créateur) et commencer à Le ressentir. Les efforts de l’homme résident en ceci qu’il doit essayer de toutes ses forces de se réparer et, après s’être convaincu de son impuissance, élever vers le Créateur une prière pour Lui demander de l’aider pour se débarrasser de son égoïsme et pour s’unir à Lui. Ce processus peut durer des mois, des années s’il a lieu sous la direction d’un maître kabbaliste ou bien plusieurs vies de réincarnations (Guilgoulim) si l’homme en fait l’expérience tout seul, au moyen de souffrances. Seuls les efforts faits dans le sens requis créent le récipient de l’âme à l’intérieur de laquelle le Créateur se révèle à l’homme. En Kabbale, les raisons des actes de l’homme sont appelées «pères» et les conséquences sont des «fils» (les actes spirituels justes). «Malgré toi tu es né»: c’est le Créateur qui t’oblige à naître spirituellement (à recevoir une âme, la Lumière du Créateur) au moyen de souffrances, et il dépend de toi de faire le chemin de manière indépendante par la Kabbale. «Malgré toi tu vis»: si malgré toi tu agis (vis), (pas égoïstement), tu recevras la vie spirituelle éternelle qui ne peut qu’être appelée «vie». «Malgré toi tu meurs»: si tu ne veux pas mourir spirituellement ou être spirituellement mort (sans âme - Lumière du Créateur) tu dois agir malgré toi. Le travail selon la ligne médiane de l’âme commence à partir de la ligne droite: la Lumière blanche de l’égoïsme, la Lumière de la Sagesse (Or Hokhma) montre le pouvoir de l’égoïsme (Aviout) descend à sa place car il est interdit de l’utiliser (restriction, Tsimtsoum).

Dans la langue de nos cinq sens: du fait que la Lumière met à nu notre égoïsme pour montrer sa mesure, nous avons le sentiment qu’il n’y a pas d’acte plus méprisable que de travailler à des fins personnelles. Nous n’avons cependant pas encore de forces pour travailler avec altruisme, pour donner sans réserve. La ligne gauche est par conséquent nécessaire: elle correspond à la Lumière droite qui donne à l’homme des désirs et des forces altruistes. Les organes des sens spirituels par analogie avec nos cinq sens (vue, ouie, odorat, goût, toucher) fonctionnent dans un but précis que nous définissons nous-mêmes. Sous l’action de la Lumière de la Kabbale, l’homme prend conscience qu’il n’a pas intérêt à utiliser ses cinq sens dans un but personnel, que ce n’est pas la peine d’encourager son égoïsme. L’absence de désir de se délecter qui met en éveil ces cinq sens mène à l’absence d’énergie pour accomplir quelque mouvement que ce soit, à la passivité, à l’inertie; l’homme n’a pas encore conscience de ce que représente le fait de travailler pour donner sans réserve, de ce que sont les actes altruistes. L’action d’un autre attribut spirituel est par conséquent nécessaire, celui de la «Lumière rouge», la ligne gauche («Malkhout Memoutekette be Bina»), pour que les désirs de se délecter soient en harmonie avec le travail altruiste (attributs de Bina). En recevant de l’énergie pour se mouvoir spirituellement avec altruisme, l’homme commence à agir sur la combinaison des attributs des lignes droite et gauche. Il en résulte qu’il reçoit la Lumière du Créateur qui emplit ses nouveaux désirs (la ligne médiane), la délectation de la perfection. Si l’homme souhaite authentiquement recevoir la force de la foi, de l’altruisme, il peut ensuite recevoir l’intelligence supérieure. Le principe d’abnégation vis à vis des plaisirs, choisi par telle ou telle des religions de notre monde, et le principe de délectation, choisi par une autre proviennent des forces impures (égoïstes, Klipot, écorces) des lignes droite et gauche de la progression spirituelle. C’est la raison pour laquelle les passages de la Kabbale qui parlent des limites que s’impose l’homme signifient qu’il s’agit d’un stade préliminaire du travail sur soi, de la tentative de se détourner par ses propres moyens de l’intention d’éprouver du plaisir à des fins personnelles. On voit clairement les racines des croyances, des mouvements, des groupes, des philosophies religieuses dans les diverses Klipot (écorces) qui entourent les lignes

spirituelles pures gauche et droite qui se nourrissent par l’action de saisir - retenir (Ahiza) ou de nourrir (Yénika). C’est dans la ligne médiane que réside le but du travail, dans l’élévation jusqu’à l’infini, autrement dit, jusqu’à la plénitude de la satisfaction procurée par le Créateur, au-delà des limites imposées par nos attributs. Dans la terminologie spirituelle, les désirs sont désignés par le terme «endroit». L’absence de désir est appelée «absence d’endroit». Tout comme dans notre monde l’homme dirait qu’il n’a plus de place (d’endroit) dans l’estomac parce qu’il n’éprouve plus le désir de manger. L’endroit spirituel, le désir de ressentir le Créateur, est appelé «récipient» (Kli) de son âme ou Chekhina. Ce récipient sert à recevoir la Lumière du Créateur, le dévoilement du Créateur qui est appelé l’âme de l’homme. Le Créateur est, Lui, appelé «Chokhen». Tous nos désirs étant empreints d’égoïsme (désir de recevoir), la Lumière du Créateur se cache. A mesure que l’égoïsme disparaît de nos désirs, l’endroit se purifie. Un désir non réparé est appelé «égoïsme», comme il y en a beaucoup, ils sont appelés «les peuples du monde». Un désir réparé est appelé «Israël». La Lumière du Créateur se dévoile dans «l’endroit» qui s’est libéré, dans le désir réparé, le Créateur agit sans se dévoiler. Le processus de dévoilement du Créateur au fur et à mesure de la réparation de l’homme, la purification, pureté rituelle de nos désirs, de nos endroits, de nos récipients est perçue par nous comme une Lumière. En fait, il n’y a aucun mouvement, mais pareil à la prise de photos, la Lumière se révèle progressivement à nos sensations. Comme nous percevons non pas la Lumière par elle-même mais son action sur nos «récipients», nous appelons le Créateur par le terme désignant Son dévoilement, la Chekhina, et nous ne pouvons parler de Lui qu’au moyen du ressenti qu’Il veille en nous. Le dévoilement du Créateur est appelé «Chekhina». Si le Créateur se dissimule, on dit que «la Chekhina est en exil», que «le Créateur est caché». Si l’homme a mérité que le Créateur se dévoile, ce processus est appelé «le retour d’exil». Le degré de dévoilement du Créateur à l’homme est appelé «âme» (Néshama).

Dès qu’un homme est en mesure de conférer de l’altruisme à l’un de ses désirs, il ressent en lui le Créateur. C’est pourquoi on dit que l’âme de l’homme est une partie du Créateur. Une fois la réparation achevée, le Créateur emplira tous nos désirs, autrement dit, Il se dévoilera à nous dans la mesure où Il souhaitera se dévoiler aux créatures, ce qui est à l’origine de la création de nos désirs par Lui. La Chekhina est la somme de toutes les âmes individuelles. Chaque âme est une partie dévoilée du Créateur dans son ensemble. Le dévoilement du Créateur est appelé le désir de faire plaisir à la création, et l’homme parvenu à ce degré de connaissance Le ressent ainsi. La raison à l’origine du désir du Créateur de nous créer pour que nous nous délections nous est inconnue. C’est une question qui concerne un processus ayant ses sources avant la création. Nous ne pouvons comprendre que le maximum de ce qui nous est dévoilé, autrement dit, à partir du moment de notre développement. Le degré originel à partir duquel nous percevons la création, c’est la sensation de plaisir qui émane du Créateur. C’est pourquoi nous disons que le but de la création est constitué par le «désir du Créateur de procurer du plaisir aux créatures qui Le perçoivent». Toutes les questions concernant ce qui est situé au-dessus de ce degré dépassent notre entendement. L’homme doit avoir en permanence à l’esprit que tous ses concepts et ses dénominations proviennent uniquement de sa conception personnelle du monde. Notre désir d’éprouver du plaisir est la seule chose en nous. Toutes les possibilités de notre corps, ses capacités, sa raison, notre progrès, tout cela est au service de notre seul désir d’éprouver du plaisir de tout ce que nous produisons, inventons, recherchons, que nous considérons comme nécessaire, à la mode, indispensable, respectable, etc., et tout cela n’existe que pour que nous puissions éprouver du plaisir en permanence où que nous soyons. Nous ne pouvons pas nous plaindre de notre désir infiniment varié d’éprouver du plaisir. Le Créateur n’avait qu’un seul désir, que nous nous sentions autonomes (pleins de désirs) et que nous agissions en toute indépendance en nous laissant aller à notre «instinct pour choisir le plaisir maximum».

Le choix du plaisir maximum se fait en unissant toutes nos capacités intellectuelles, inconscientes, physiques, morales et bien d’autres, à notre mémoire à tous les niveaux, aux possibilités supérieures de notre raison. Un exemple simple; l’homme aime l’argent mais sous la menace il est prêt à donner toutes ses richesses à un voleur. Il transforme donc un désir, celui de richesse, en un autre, plus grand, celui de rester en vie. Il n’est pas possible à l’homme de faire un mouvement s’il n’est pas sûr d’en tirer un profit immédiat. Le gain peut revêtir toutes sortes de formes, le principal étant que le plaisir final soit plus grand que celui du moment présent, c’est ce qui fait se mouvoir l’homme. Qu’importe que l’homme éprouve du plaisir à être égoïste, (à recevoir) plutôt qu’à être altruiste, (à donner). La gêne à utiliser son égoïsme est déterminée par le sentiment de honte que celui-ci provoque obligatoirement chez celui qui reçoit. Cependant si l’homme reçoit pour faire plaisir à celui qui donne, il n’éprouve plus de honte, son plaisir est complet. La première créature spirituelle, nommée «l’âme collective» ou «premier homme» n’a pas été en mesure d’effectuer une telle transformation dans ses pensées quand le Créateur lui a procuré un plaisir immense, elle s’est divisée en 600 000 parties (âmes). Chaque partie, chaque âme s’est «chargée» d’égoïsme qu’elle doit réparer et, comme toutes les autres parties, elle se fondra à nouveau dans «l’âme collective réparée». Cette phase de «l’âme collective» est nommée la réparation finale (Gmar Tikoun). On peut emprunter, par analogie, l’exemple suivant à notre monde. Un homme peut se retenir de voler une petite somme d’argent, d’un plaisir peu important par peur du châtiment ou par honte, mais si le plaisir est supérieur aux forces que cet homme peut lui opposer, il ne pourra pas s’abstenir. C’est pourquoi, en divisant l’âme en plusieurs parties, et chaque partie en une multitude de stades consécutifs de travail sous diverses formes en corps humains, réincarnations, et chaque degré de l’homme en de nombreuses ascensions et descentes dans le désir de changer sa nature, le Créateur a réuni pour nous les conditions du libre arbitre pour vaincre notre égoïsme.

Si l’homme éprouve de l’amour pour le Créateur, il doit aussitôt se demander si son sentiment n’est pas égoïste. Ce n’est que lorsque l’amour et la crainte sont alliés que l’homme aspire de manière parfaite au Créateur. L’homme qui aspire à la connaissance spirituelle mais ne ressent pas le Créateur, est spirituellement troublé. Bien qu’il lui soit donné d’En-Haut d’aspirer à connaître le Créateur, il n’est de toute façon pas prêt à avancer dans ce sens tant que ne lui sera pas inspiré le désir qui le poussera et lui permettra de comprendre qu’il en est ainsi de tout son ressenti et des circonstances de sa vie parce qu’elles sont empreintes du désir du Créateur d’attirer l’attention de l’homme vers Lui et de l’inciter à aller à Sa rencontre. C’est alors qu’il ressent le Créateur dans tout ce qu’il l’entoure personnellement. Nous percevons le monde de manière exclusivement individuelle et nous avons notre interprétation de tout ce qui s’y passe. Le principe «autant de têtes autant d’avis» illustre bien la nature unique de chacun de nous. En étant à l’écoute de ses sentiments, l’homme peut commencer à dialoguer avec le Créateur selon le principe de «l’homme est l’ombre du Créateur», autrement dit tout comme «l’ombre évolue selon les mouvements de l’homme», tous les mouvements de l’ombre ne font que répéter les mouvements de l’homme, de la même façon, les mouvements intérieurs de l’homme, ses désirs, ses aspirations, ses sensations, sa nature spirituelle, son regard sur le monde, répètent les mouvements, autrement dit les désirs, du Créateur à l’égard de l’homme. Si l’homme ressent brusquement le besoin de percevoir le Créateur, il doit aussitôt avoir bien conscience que ce n’est pas le résultat de son action personnelle, mais que le Créateur s’est avancé vers lui et souhaite que l’homme se sente attiré par Lui. Au début du chemin, le Créateur s’adresse à l’homme en éveillant en lui de la nostalgie pour le spirituel et des souffrances. Cependant, à chaque fois qu’il est donné à l’homme de se sentir attiré, le Créateur attend de lui la même réaction. Autrement dit, si l’homme comprend qu’il aspire à ressentir le Créateur avec la même intensité que Celui-ci aspire à le ressentir, il essaiera de développer en lui ce désir et de le faire croître, il progressera ainsi vers le Créateur pour enfin se lier à Lui par le biais de ses désirs et de ses attributs. Toutefois, comme au début du chemin l’homme ne ressent encore rien, ne comprend pas le Créateur, après quelques tentatives infructueuses pour progresser vers le Créateur, il lui semble qu’il est seul, que le Créateur le dédaigne.

Au lieu de redoubler d’efforts, l’homme se met alors à accuser le Créateur et se fâche en oubliant totalement que le Créateur désire tout autant que lui le rapprochement et qu’à cette fin Il lui a donné l’aspiration à s’élever. Tant que l’homme n’éprouve pas une foi totale en le Créateur unique, il revient inévitablement aux mêmes erreurs jusqu’à ce qu'il rassemble tous ses efforts pour être convaincu que son attirance pour l’En-Haut lui vient de l’En-Haut, et que le Créateur reçoive l’énergie suffisante de l’homme pour qu’Il S’ouvre à lui et lui montre l’authentique tableau des mondes et de lui-même. L’homme ne peut s’unir entièrement au Créateur que si toutes ses aspirations sont joyeusement orientées vers le Créateur. C’est ce que signifie l’expression «de tout cœur». Si l’homme est en mesure d’étouffer complètement en lui tous ses désirs égoïstes et d’avoir toujours de la joie dans le cœur, il crée les conditions pour emplir son cœur de la Lumière du Créateur. Le principal dans le travail de l’homme, c’est de parvenir à une sensation de plaisir en faisant quelque chose qui soit agréable au Créateur car tout ce qu’il fait dans un but personnel l’éloigne du Créateur. C’est pourquoi tous les efforts doivent toujours être faits dans le but d’être agréable au Créateur, d’être plein de douceur dans ses pensées et ses sentiments pour Lui. Quand l’homme se sent complètement vide, c’est le moment adéquat pour rechercher la grandeur du Créateur et un appui en Lui. Plus il se sentira vide et abandonné, plus la majesté du Créateur lui apparaîtra dans toute sa splendeur, plus il pourra s’élever en demandant au Créateur de le faire aspirer au spirituel, de lui dévoiler Sa grandeur, et ceci dans le seul but de lui donner des forces pour avancer. C’est à ce moment que l’homme a besoin du Créateur, de Son aide mais sa raison lui dicte tout à fait le contraire. L’homme éprouve un sentiment de vide précisément pour qu’il l’emplisse de la sensation de la grandeur du Créateur, c’est-à-dire de la «foi». Est juste celui qui: 1. Reconnaît l’action du Créateur dans tout ce qu’il ressent, en bien comme

en mal, malgré les sensations perçues par son corps, son cœur et sa raison. En cherchant une raison à toutes les sensations que lui envoie le Créateur, il fait un pas vers Lui, un pas selon la «ligne droite».

2. En aucun cas ne ferme les yeux sur sa véritable situation ni sur ses

sensations, pour aussi désagréables qu’elles soient et, même s’il ne comprend pas leur raison d’être, n’essaie pas de les atténuer. En agissant ainsi, il suit le chemin de «la ligne gauche».

La perfection sur le chemin de la progression spirituelle, c’est le mouvement que fait l’homme pour avancer constamment, en passant alternativement par ces deux phases. Le juste absolu est celui qui reconnaît l’action du Créateur dans tout ce qui lui arrive, à lui-même et à l’ensemble de la création. Autrement dit, c’est celui qui est parvenu à avoir une perception des choses excluant ses désirs égoïstes, qui s’est détaché de ceux-ci et qui n’aspire qu’à faire plaisir. L’homme ne peut alors se sentir moralement abattu car toutes les situations sont perçues par lui comme un bienfait, et tout est toujours pour le mieux, quoi qu’il en soit. Ceci n’étant cependant pas le but du Créateur mais plutôt que les créations se délectent au moyen de leurs sensations, l’accession au niveau de juste n’est pas la finalité de l’homme. C’est la raison pour laquelle après avoir atteint le niveau de juste, l’homme doit à nouveau faire renaître en lui cet égoïsme étouffé par lui en accédant au niveau de juste. Son égoïsme retrouvé, le juste l’allie au désir qu’il a acquis de faire plaisir au Créateur. Il ne peut alors que donner sans réserve et non recevoir du plaisir par le biais de ses désirs retrouvés et faire ainsi la joie du Créateur. C’est ainsi que se conduit l’altruiste de notre monde qui s’efforce de faire le bien puisqu’il est né avec cette inclination qu’il n’a pas reçue du Créateur en récompense de son travail sur lui-même. Il semble ne rien vouloir pour lui, son égoïsme a été créé de telle façon qu’il éprouve du plaisir à donner à autrui, il se comporte ainsi pour satisfaire son égoïsme, il ne peut pas agir autrement. Cette situation est semblable à celle dans laquelle nous nous trouvons lorsque nous sommes invités chez des amis: plus nous mangeons avec appétit et plaisir ce qui nous est proposé, plus nous faisons plaisir à celui qui donne, mais si nous n’avons pas faim, nous ne pouvons pas faire plaisir à nos hôtes.

Tout plaisir éprouvé fait naître en nous un sentiment de honte, par conséquent, si nous repoussons ce qui nous est offert un certain nombre de fois, en finissant par accepter, nous créons en nous l’impression que faisons obligeance à notre hôte, le sentiment de honte disparaît, et le plaisir est éprouvé dans toute sa plénitude. Le leurre est absent des sensations spirituelles, le juste aspire au plaisir. En gravissant les degrés de la rectitude, il repousse les plaisirs égoïstes avec l’aide du Créateur qui transforme son égoïsme en altruisme, par conséquent, faire plaisir au Créateur est véritablement la seule aspiration du juste. En prenant conscience que le Créateur ne se délecte que du plaisir éprouvés par ses créatures et qui a pour source Sa délectation, aucunement diminuée, ni dissipée par un sentiment de honte, le juste doit alors utiliser son égoïsme, mais cette fois dans le but de se délecter pour faire plaisir au Créateur. En fin de compte, le Créateur et l’homme sont en parfaite harmonie dans leurs intentions et leurs actes: chacun aspire à faire plaisir à l’autre et s’en délecte. Il n’y a aucune limite à ce plaisir, au contraire, plus le plaisir est grand, plus le niveau spirituel est élevé. L’union se produit avec le Créateur ensuite, c’est-à-dire, le plaisir d’avoir atteint une force, une grandeur sans limites en faisant abstraction totalement de soi. Le niveau de juste n’est par conséquent pas suffisant pour réaliser le but de la création. Le plaisir que tire l’homme de la Lumière émanant du Créateur, ne correspond qu’à une phase, à un niveau nécessaire à la réparation de ses intentions, «des raisons qui lui font rechercher le plaisir». L’accession au niveau de juste ne lui permet que de se débarrasser du sentiment de honte qu’éveille en lui le plaisir que lui procure le Créateur. Si l’égoïsme est la nature de l’homme de «notre» monde, une notion courante, la loi universelle de la matière, et l’altruisme une notion utopique, il est perçu dans un sens diamétralement opposé par ceux qui se situent sur les degrés du monde spirituel. La difficulté vient de ce que le Créateur se dissimule. L’homme n’éprouve de plaisir que dans la satisfaction de ses désirs, ce qui est un mal selon la Kabbale. L’homme ne comprend pas pourquoi il en est ainsi puisqu’il ne peut éprouver aucun plaisir dans les souffrances et, à plus forte raison, croire que c’est un bien pour lui. A chaque action, à chaque pensée, l’homme fait une quantité de calculs. Plus il est proche du monde spirituel (Makhsom) plus tout se complique, plus une vérité se confirme: «un grand nombre de pensées assaillent le cœur de l’homme, mais seul le conseil du Créateur peut les résoudre».

L’homme qui souhaite s’élever spirituellement, (autrement dit acquérir les attributs spirituels, les attributs du Créateur), diffère de l’homme (qui du fait de son éducation), qui répond aux désirs du Créateur pour être récompensé. En effet, dans le second cas, l’homme croit qu’il y a récompense et punition, c’est pour cette raison qu’il se conforme aux souhaits du Créateur. Le Créateur, dans ce cas, est pour lui comme un donneur d’ouvrage, Il rétribue, et l’homme est comme un travailleur pour lequel c’est le salaire, et non l’employeur, qui importe: la rétribution sous la forme de plaisir ou la punition sous la forme de souffrances dans ce monde ou dans le monde futur. Ce mécanisme lui donne la force d’observer les commandements, il ne se demande pas pourquoi il se soumet à la volonté de son Créateur puisqu’il croit en la récompense. En revanche, celui qui veut répondre aux désirs du Créateur sans en attendre une rétribution se pose constamment la question de savoir pourquoi il agit ainsi, car si c’est le désir du Créateur qu’il agisse selon Sa volonté, quelle en est l’utilité puisqu’Il est parfait? Que Lui apportent les actions de l’homme? A Lui comme à l’homme? L’homme commence alors à analyser quels bienfaits il reçoit en accomplissant les désirs du Créateur. Peu à peu il prend conscience que ce faisant, la rétribution consiste en sa propre réparation jusqu’à ce qu’il reçoive sa Néshama (âme) d’En-Haut, autrement dit la Lumière du Créateur. Il est dit dans la Kabbale que pour «les pécheurs l’égoïsme est un obstacle insignifiant, semblable à un fil, et que pour les justes, c’est une montagne très haute». La Kabbale ne décrivant qu’un seul et même homme dont les attributs, les pensées et les désirs sont désignés par différentes dénominations de notre monde. Les termes de «pécheur» et de «juste» sous-entendent les états d’un seul et même homme. Le terme dissimulation ne signifie pas seulement la dissimulation du Créateur, mais également celle de l’essence même de l’homme. Nous ne nous connaissons pas nous-mêmes, nos véritables qualités, elles ne se dévoilent que dans la mesure où nous pouvons les réparer. (L’homme est comparable à un sac de déchets: plus il fouille en lui, plus il trouve de malpropreté et de puanteur en stagnation).

C’est la raison pour laquelle le Créateur montre à celui qui est au commencement du chemin, le pécheur, que son égoïsme n’est pas aussi insurmontable pour qu’il ne soit pas découragé. Ceux qui sont sur le chemin de la progression spirituelle, selon le degré de force qu’ils ont acquis pour résister à leur égoïsme et pour percevoir l’importance de leur réparation, le Créateur leur montre leur mauvais penchant dans toute sa véritable mesure. Aux justes, autrement dit à ceux qui souhaitent être des justes, le Créateur dévoile l’ampleur de leur égoïsme qui leur apparaît comme une montagne insurmontable. A mesure que l’homme progresse, son mauvais penchant lui est dévoilé de plus en plus selon la mesure dans laquelle il peut le réparer. Par conséquent, celui qui découvre en lui quelque chose de mauvais, doit se rappeler que s’il en a pris conscience, cela signifie qu’il pourra s’en sortir, c’est à dire qu’il ne se laissera pas aller à l’abattement et demandera au Créateur de le réparer. Par exemple, quand l’homme a commencé un travail sur lui-même, il a éprouvé dans tous les plaisirs du monde environnant dans une proportion correspondant à seulement 10 grammes de plaisir, il pouvait donc les négliger. Ensuite, le Créateur lui donne la possibilité d’éprouver l’équivalent de 15 grammes de plaisir. Le travail commence car l’homme se sent plus bas du fait de l’accroissement du goût au plaisir (du fait de la sensation d’aspirer à des plaisirs qui ne le tentaient pas naguère), et plus faible (de par la différence entre la force d’attraction vers le plaisir et la force de résistance). Dans cette situation, l’homme se rend à l’évidence que cela provient de l’ajout par le Créateur d’une proportion de plaisir correspondant à 5 grammes supplémentaires. Ensuite, il essaie de réussir seul, mais en voyant qu’il ne peut pas, il s’adresse au Créateur. Après avoir reçu les forces lui permettant de se délecter de 15 grammes, 5 grammes de plus lui sont envoyés et il se sent à nouveau plus faible et diminué. Transformer l’égoïsme en altruisme Celui qui souhaite ressentir le goût de la vraie vie doit par conséquent prêter une attention toute particulière au point spirituel qu’il a dans le cœur.

Ce point est présent dans le cœur de chacun, habituellement aucun signe ne permet de déceler sa présence, et l’homme ne le sent pas. Dans ce cas, c’est un «point noir». Ce point est une partie de l’âme, comme un fœtus. Ce point se caractérise par son altruisme car il correspond à la graine du futur récipient de l’âme et de sa Lumière, à une partie du Créateur, il est cependant dissimulé à l’homme au stade initial, cette phase du point se nomme Galout (l’exil) de la Chekhina (la Présence du Créateur) du fait que l’homme n’y prête pas attention. Cet état de l’âme s’appelle un «point». Si l’homme élève ce point au-dessus de son «moi», au-dessus de sa tête, comme les signes au-dessus des lettres, en lui faisant une couronne et non de la cendre sur la tête, ce point déverse de la Lumière dans son corps, et de potentiel il devient alors une source de forces pour l’élévation spirituelle de l’homme. C’est pourquoi, au lieu de toutes les demandes d’aide que nous adressons au Créateur, notre seule prière doit être celle demandant la prise de conscience de l’importance de ressentir le Créateur permettant ainsi notre réparation pour Le satisfaire. La possibilité de réaliser de bonnes actions (altruistes) n’est pas un moyen mais une récompense pour celui qui souhaite ressembler au Créateur. Le processus de sortie de l’homme hors de son égoïsme pour entrer dans le monde spirituel est décrit dans la Bible par la sortie d’Egypte. L’apparition de désirs altruistes chez l’homme est désignée par l’expression «la sortie d’Egypte». Les désirs altruistes signifient que l’homme préfère emprunter le chemin de la foi et non de la connaissance, il n’est possible de sortir de l’égoïsme que sous l’action de la perception du spirituel, de la Lumière de la connaissance en franchissant la Yam Souf (Mer Rouge) en surmontant la frontière entre les deux mondes. Le Créateur fait ce miracle, il donne à l’homme la Lumière de la Sagesse avant que l’homme ne dispose du récipient adéquat pour recevoir cette Lumière de Sagesse (Ohr Hokhma). L’homme franchit la frontière (Makhsom) à l’aide de la Lumière, ensuite le miracle s’achève, et une fois entré dans le monde spirituel, l’homme ne revient plus au niveau de notre monde. A l’étape suivante, l’homme doit lui-même acquérir un récipient lui permettant de recevoir la Lumière de Sagesse. C’est le chemin difficile de la progression dans le désert spirituel tant que l’on ne parvient pas à recevoir la Lumière du Créateur sur le «Mont Sinaï».

L’observation des commandements se fait au moyen de la force de la foi placée au-dessus de la connaissance, l’homme plaçant alors ses pensées et ses désirs au-dessous de la foi, l’état de petitesse (Katnout), c’est-à-dire, Malkhout dans ce cas, évoque uniquement le centre ou Keter («couronne»). A ce niveau minimal, les forces impures (égoïstes) de l’homme ne peuvent pas surmonter son égoïsme car l’homme a placé sa foi au-dessus de la connaissance et de sa perception. Ce stade est dit état de «petitesse» car dépourvu de forces pour lutter contre l’égoïsme, l’homme n’en tient tout simplement pas compte. C’est comme si n’ayant plus de forces pour prendre une petite quantité de nourriture l’homme refusait l’ensemble de la portion proposée. Le lien avec la Kabbale, avec la Lumière du Créateur ne peut être établi que si l’homme peut recevoir en lui cette Lumière, autrement dit s’il peut travailler avec altruisme sur son égoïsme. C’est dans la mesure où l’homme a réparé son égoïsme pour le transformer en altruisme que la Lumière du Créateur entre dans les récipients. Ce stade du récipient spirituel après la réparation (l’égoïsme a été réparé, il est devenu récipient) de l’homme porte le nom de «grandeur» (Gadlout), Malkhout descend de Keter au niveau duquel l’homme peut s’opposer au désir d’éprouver du plaisir personnel et recevoir dans un but autre que pour sa propre satisfaction. Recevoir la Lumière du Créateur dans sa totalité, percevoir le Créateur en entier, se fondre complètement en Lui n’est possible qu’en mettant son égoïsme entièrement au service de l’altruisme. Ceci correspond à «la réparation finale». C’est le but de la création. Toutes nos perceptions sont foncièrement subjectives, et le tableau du monde que nous percevons dépend de notre intériorité, de notre état d’âme, de notre état physique, de notre humeur, etc. Dans le domaine spirituel, ce qui est ressenti est la réalité car l’homme perçoit la réalité présente du degré spirituel où il se situe. Notre perception du moment correspond à notre monde. Le monde futur est ce que nous allons percevoir le moment suivant. Le temps n’existe pas, il n’y a que changement de perception. Si l’homme perçoit tout par sa foi placée au-dessus de la connaissance, il vit complètement dans le futur. Dans la vie quotidienne, l’homme qui mène une affaire fait systématiquement le bilan de son travail et des bénéfices réalisés. S’il voit que ses dépenses et ses efforts ne sont pas justifiés, autrement dit que les bénéfices sont inférieurs aux

dépenses, il met fin à son affaire et en ouvre une nouvelle car il se représente la perspective du bénéfice. En aucun cas il ne se leurre, il compte avec précision les bénéfices à réaliser sous forme d’argent, d’honneurs, de gloire, de tranquillité, etc., selon ce qu’il souhaite. Pourquoi l’homme, de la même façon, ne fait-il pas le bilan général de sa propre vie, admettons une fois par an, de ce pour quoi a-t-il vécu? S’il entreprend de progresser spirituellement, il commence à se poser des questions à tous les instants. Notre monde est le monde du mensonge. C’est pourquoi le corps ne veut pas de ces questions car il ne peut pas y trouver de réponse. Effectivement, que peut-il répondre à l’homme à l’issue de l’année ou à l’issue de sa vie? Tout est passé: et le bien et le mal, et que lui reste-t-il? Pourquoi l’homme a-t-il travaillé pour son corps? Il n’y a pas de réponse car il n’y a pas «de rémunération pour le vécu». Le corps ne permet donc pas de poser ce genre de questions. En revanche, le spirituel qui correspond à la Vérité, et dont la récompense est éternelle, pose à l’homme sans cesse la question de son bénéfice spirituel pour éveiller l’homme à un bénéfice encore plus important pour ses efforts, pour qu’il se répare encore plus et perçoive encore plus de récompense. Pourquoi le Créateur donne-t-Il à l’homme des occupations fallacieuses au cours de sa vie dans ce monde? Le processus de création d’un récipient spirituel est d’une très grande complexité et par conséquent long. L’homme doit passer dans sa perception toute la palette de l’égoïsme, pour en avoir la perception dans toute sa plénitude, dans toute sa bassesse, pour permettre de se délecter de tous les plaisirs fallacieux jusqu’aux plus bas. Ce travail d’accumulation de l’expérience ne se fait pas au cours d’une seule vie dans ce monde. Toutes les informations qui s’accumulent dans notre âme y sont présentes le moment voulu. Jusqu’à ce moment, le processus d’accumulation est dissimulé à l’homme, il ne perçoit son état que dans le présent. Notre raison d’être étant de désirer nous délecter, le Créateur donne la «vie», un «mensonge», à ceux qui ne sont pas encore mûrs pour progresser spirituellement pour qu’ils aient des forces pour vivre.

Il y a la Lumière, vecteur de la réparation des désirs-récipients et la Lumière, vecteur de la connaissance et du plaisir. En fait, il s’agit de la même Lumière, celle du Créateur, mais l’homme se sert de celle qu’il souhaite utiliser dans un but spirituel. «Choisis le bien». Le premier stade du travail effectué pour la réparation est la «prise de conscience du mal» car dès que l’homme est convaincu que l’égoïsme est son pire ennemi, il le hait et l’abandonne. C’est une situation insupportable. Autrement dit, il n’est pas nécessaire de fuir le mal, il faut avoir conscience de ce qu’est le mal ensuite, instinctivement, nous fuyons ce qui nous est nuisible. La prise de conscience de ce qu’est le mal se fait justement sous l’action de bonnes actions, autrement dit en étudiant la Kabbale car ce faisant l’homme commence à aspirer à la perfection spirituelle et prend conscience de ce qui l’empêche de vivre. La «dissimulation» du Créateur à l’homme, ressentie comme une souffrance, le doute que le Créateur dirige tout, l’incertitude, les pensées parasites, tout ceci est désigné par le terme «nuit». La «révélation» du Créateur à l’homme, est ressentie comme un plaisir, la certitude que c’est Lui qui dirige tout, le sentiment d’appartenir à l’éternité, la compréhension des lois de la nature, tout ceci s’appelle «jour». Quand le Créateur lui est dissimulé, l’homme doit travailler pour acquérir la foi en ce que ce niveau est pour son bien car à tous les niveaux, le Créateur ne fait que le mieux et le plus utile pour l’homme. Si l’homme était prêt à recevoir la Lumière du Créateur sans préjudice pour lui, le Créateur se révélerait à lui sans aucun doute. Comme l’homme n’a pas la force de maîtriser les plaisirs qu’il ressent, le Créateur ne peut pas ajouter cet immense plaisir qui provient de sa Lumière, dont l’homme deviendrait aussitôt esclave et ne pourrait plus jamais se défaire du joug de son égoïsme et par conséquent s’éloigner du Créateur. Le prix et la beauté des choses, des objets, des événements sont redéfinis par chaque génération par la majorité. C’est pourquoi il n’existe pas de standard absolu, la majorité dans chaque peuple et dans chaque génération dicte son standard, tous s’efforcent de le suivre. C’est la raison des nouvelles modes et des nouveaux objets d’imitation.

C’est également la raison pour laquelle il est si difficile de progresser sur le chemin spirituel, la majorité ne considérant pas cela comme un but prestigieux, comme par exemple, suivre une nouvelle mode. Mais la connaissance des mondes spirituels est-elle vraiment importante? Objectivement, le spirituel est très important mais pour que nous ne l’abîmions pas, un moyen appelé la «dissimulation» a été créé, pour que nous ne percevions pas la magnificence des mondes spirituels. L’homme ne peut que croire que ressentir le Créateur est essentiel, mais ce n’est pas ressenti comme tel par la majorité des hommes pour qui la compréhension des mondes spirituels importe peu, cela correspond à la présence du Créateur dans la cendre. Il est manifeste au plus grand nombre que ce sont des personnes d’un niveau spirituel assez bas qui déterminent pour tous les étalons de la beauté, les priorités, les critères de comportement malgré cela, les lois sociales et autres normes changent celles-ci constamment, ce qui montre l’inconséquence de celles qui les dictent et le caractère fallacieux de ces standards.

15 - UNE CORRECTION SPIRITUELLE PROGRESSIVE La foi placée au-dessus de la raison donne à l’homme la possibilité de déterminer par la raison justement, quel est son pire ennemi, qui l’empêche d’aller vers le bien. C’est dans la mesure où l’homme a la certitude, au mépris de sa raison, de l’existence des plaisirs spirituels qu’il ressent et prend conscience du mal. Rien d’autre n’existe objectivement hormis le Créateur, (cette notion correspond au niveau le plus élevé dans la perception kabbalistique) avant d’accéder à ce niveau, l’homme en a la perception tout en étant dans ce monde également. Au cours du processus d’acquisition des connaissances on apprend qu’il existe: 1) le Créateur; 2) la Première création; 3) les créations; 4) le plaisir que le Créateur souhaite procurer à Ses créations. La séquence des éléments se déroule naturellement non pas dans le temps, mais selon le principe de «cause à effet». Il y a le Créateur. Le Créateur souhaite créer l’homme pour qu’il éprouve du plaisir. Le Créateur crée le désir d’éprouver le plaisir qu’Il souhaite donner. L’homme prend le plaisir et s’en délecte dans l’absolu car il reçoit ce qu’il désire. Cette première création s’appelle «Malkhout». Le plaisir total de Malkhout s’appelle le «monde de l’éternité» car «Malkhout» se délecte en permanence de la Lumière du Créateur qui l’emplit complètement. En ressentant le Créateur simultanément au plaisir, Son désir de donner du plaisir, Malkhout s’efforce de Lui être semblable. Cela conduit «Malkhout» à rejeter la Lumière. Cette action de «Malkhout» s’appelle la restriction (la restriction de la réception de la Lumière- Tsimtsoum). «Malkhout» peut devenir semblable au Créateur en éprouvant du plaisir orienté vers le Créateur car c’est ce qu’Il désire. Dans ce cas, sa capacité de recevoir se transforme en capacité de donner du plaisir au Créateur par sa propre volonté. «Malkhout vidée» se divise en parties, les âmes qui chacune séparément procèdent à la réparation de leur égoïsme. Les micros portions de «Malkhout» privées de la Lumière du Créateur se trouvent dans ce que nous nommons «notre monde». Au cours de leurs passages successifs en ce monde, ces parties, les âmes sortent du désir de recevoir du plaisir pour elles-mêmes et acquièrent le désir de «procurer du plaisir».

La force qui aide l’âme à sortir des désirs de l’égoïsme est qualifiée de «messie» Machiakh. Les niveaux de la réparation spirituelle progressive correspondent aux mondes spirituels, à leurs niveaux intrinsèques, aux Sefirot. L’achèvement de la réparation correspond au retour à l’état initial, d’avant la restriction, à la phase consistant à éprouver du plaisir non pas pour soi même mais pour le Créateur. Cette phase s’appelle «la réparation finale». Toutes les questions que se pose l’homme sur le but de la création, le but de ses efforts, sur l’utilité ses actes, puisque de toute façon le Créateur fera selon Son plan et Ses désirs, pourquoi donc exige-t-il quelque chose de l’homme? , etc., sont envoyées à l’homme par le Créateur. Se pose une autre question, pourquoi tout ceci? Si ces questions renforçaient l’homme dans sa quête du spirituel, elles auraient un sens. Mais le débutant est assailli par des pensées sur les difficultés, sur le désespoir, sur l’inutilité de sa quête. Il n’existe pas d’autre force ni d’autre désir que celui de l’union avec le Créateur, tout est créé par le Créateur pour que nous découvrions le but de la création, notamment, bien sûr, par le biais des questions, des pensées et des forces «qui dérangent» et qui s’opposent à notre progression vers Lui. Le Créateur a mis un grand nombre de barrières sur le chemin de la progression spirituelle de Ses élus pour qu’ils acquièrent un sentiment de crainte de ne jamais atteindre le but, qu’il restera toujours au même niveau s’il n’a pas la sensation de la grandeur du Créateur qui soumet son cœur à l’altruisme. L’homme doit comprendre que seul le Créateur peut lui ouvrir les yeux et le cœur pour ressentir la magnificence du spirituel. Les questions «parasites» assaillent l’homme pour qu’il en sente bien la nécessité. Le débutant se tient souvent le raisonnement suivant: si le Créateur le voulait, Il se révélerait à moi. Et s’Il se révélait à moi, aussitôt je (mon corps, mon dictateur d’aujourd’hui) serais d’accord automatiquement pour transformer mon égoïsme en altruisme, et mon dictateur serait le Créateur. «Je ne veux pas avoir à faire le choix de mes actes, mais si je le dois, alors le Créateur a raison, le mieux pour moi est de ne pas penser à mon intérêt, ce n’est qu’alors que je gagne véritablement, toujours. Mais je ne peux pas me transformer moi-même. Que le Créateur le fasse! C’est Lui qui m’a créé ainsi, Lui seul peut réparer ce qu’Il a créé».

Bien sûr, le Créateur peut donner à l’homme le désir du spirituel ce qui s’appelle «l’inspiration d’En-Haut» mais l’homme alors travaille pour son propre plaisir, sans libre arbitre, sous l’emprise du désir égoïste de se faire plaisir. On dit de ce travail qu’il se fait «non pour le Créateur». Le but du Créateur est que l’homme lui-même, en ayant recours à son propre libre arbitre, choisisse le bon chemin dans la vie en approuvant ainsi les actions du Créateur dans ce monde, ce qu’il n’est possible de concevoir que dans les conditions d’une totale indépendance vis à vis de l’égoïsme, quels que soient les plaisirs personnels éprouvés. C’est pourquoi le Créateur a créé comme condition à la progression spirituelle la foi en Lui et en Sa justice. La tâche de l’homme doit alors se résumer: 1. A avoir la conviction que c’est le Créateur qui dirige le monde; 2. A prendre conscience que malgré le peu d’importance de la foi à nos yeux, le Créateur a choisi pour nous ce chemin; 3. Etre certain qu’il faut choisir le chemin du «donner» et non du «recevoir»; 4. Penser que c’est le Créateur qui approuve le travail que nous Lui dédions indépendamment de l’aspect qu’il revêt à nos yeux; 5. Suivre les deux formes de foi «au-dessus de la raison» dans notre progression spirituelle: a) l’homme choisit le chemin de la foi placée au-dessus de la raison car il n’a

pas d’autre possibilité, b) même s’il reçoit des connaissances et qu’il ne doit déjà plus croire et placer

sa foi au-dessus de la raison, de toute façon il choisit de placer sa foi au-dessus de la raison;

6. Avoir conscience que si l’homme travaille dans les limites de son égoïsme, les fruits de tous les succès qu’il espère cueillir dans son imaginaire, ne serviront qu’à son propre bien tandis qu’en aimant le Créateur, l’homme donne tous les bienfaits, tous les fruits de ses efforts à autrui; 7. Remercier le Créateur pour le passé car c’est de celui-ci que dépend le futur. En fonction de la façon dont l’homme apprécie son passé et en exprime sa gratitude au Créateur, de la même façon, il apprécie ce qu’il a reçu d’En-Haut et peut conserver l’aide reçue d’En-Haut;

8. Faire le principal travail en avançant selon la ligne droite, autrement dit, en ayant une sensation de perfection. L’homme est alors heureux même du plus petit lien avec le spirituel qu’il a noué, il est heureux de ce qu’il a eu le mérite aux yeux du Créateur de recevoir les forces et le désir de faire ne serait-ce que quelque chose au niveau spirituel; 9. Avancer selon la ligne gauche, il suffit de 30 minutes par jour pour faire un bilan personnel permettant de déceler si l’on éprouve plus d’amour pour le Créateur que pour soi. Après avoir pris conscience de ses défauts l’homme doit demander par la prière au Créateur de le rapprocher de Lui par le chemin de Vérité, justement en alliant les deux lignes. Dans son travail, l’homme doit concentrer ses pensées et ses désirs pour: 1. Connaître les voies du Créateur et les secrets de la Kabbale pour que les connaissances acquises l’aident à répondre aux désirs du Créateur. C’est le but essentiel de l’existence de l’homme 2. Essayer de réparer totalement son âme, retrouver ses racines, le Créateur; 3. Essayer de ressentir le Créateur, se fondre en Lui dans la prise de conscience de Sa perfection. Il est dit du Créateur qu’Il est à l’état de calme absolu. De la même façon, l’homme parvient à cet état en réalisant le but de la création. Il est clair que le calme ne peut être perçu que s’il est précédé du mouvement, d’efforts, de travail. Comme cela signifie le «calme spirituel», il est évident que le travail est également de nature spirituelle. Le travail spirituel consiste à aspirer à faire plaisir au Créateur. Tout notre travail s’effectue uniquement pour que notre corps s’y oppose car il ne voit pas d’avantage pour lui, ne comprend pas le sens du travail altruiste et ne ressent pas la récompense. L’homme doit en principe faire de grands efforts pour résister aux plaintes justifiées du corps, que de temps passé à essayer de progresser spirituellement, et en échange de quoi? Qui a déjà réussi? Est-ce le souhait du Créateur que l’homme peine autant? Que montre l’expérience personnelle? La santé permet-elle de se moquer ainsi du corps? Et la famille, les enfants qui grandissent. Si le Créateur le veut, tout comme Il attire l’homme à la Kabbale, Il peut le conduire sur Son chemin, car n’est ce pas Lui qui dirige tout? Toutes les

exigences que fait sentir le corps ou bien les plaintes formulées par les proches sont absolument fondées. Il n’y a rien à y répondre, et il ne faut pas d’ailleurs. Car si l’homme souhaite surmonter les désirs de son corps, il doit tout simplement ne pas leur prêter attention et se dire: «le corps a raison, ses conclusions sont logiques, ses plaintes sont fondées (elles trouvent souvent leur expression dans les paroles des proches d’ailleurs», il est inutile de revenir sur ce principe). Mais comment se soustraire aux exigences de ce corps, ce qui signifie se soustraire aux désirs et par conséquent agir en référence à la foi et non au bon sens? C’est dans ce monde-ci que la raison est considérée comme logique. Dans les Mondes Spirituels, bien que l’homme ne les comprenne pas, puisqu’il n’est pas doté de la raison ni de la vision permettant de les appréhender, «tout est régit par d’autres lois qui lui semblent étranges et sans base tangible, les lois de la toute-puissance du Créateur et de la soumission volontaire de l’esprit et des sens à Sa force et donc de la foi totale en Son aide malgré les récriminations du corps». Ce travail de l’homme sur lui-même est désigné par l’expression «donner sans retour», autrement dit agir de manière altruiste, tout donner simplement par pur désir de donner, niveau correspondant à la «petitesse» la «ligne droite». Le plaisir éprouvé du fait de la similitude avec le Créateur que confère le travail effectué (donner sans retour, comme le Créateur), est désigné par l’expression «Lumière de la foi ou de la miséricorde» ou Ohr Hassadim. Si l’homme essaie d’agir ainsi, le Créateur s’ouvre à lui en faisant percevoir la magnificence et de la toute-puissance du Créateur. La foi laisse place à la connaissance, le corps commence à ressentir l’importance du Créateur et il est prêt à tout pour le Créateur, car cette sensation d’importance, le consentement du Créateur à accepter quelque chose de l’homme est perçu comme un plaisir. A ce stade, l’homme sent qu’à nouveau il est mené par le corps, que ce n’est pas la magnificence du Créateur mais le plaisir et la certitude de pouvoir travailler pour le Créateur qui déterminent ses actes. Autrement dit, il retombe sous l’emprise de l’égoïsme et de ses intérêts personnels. C’est justement cette phase de totale absence de la sensation du Créateur qui permet à l’homme d’affirmer qu’il agit de manière altruiste et spirituelle, dans le but de faire plaisir au Créateur. Le dévoilement du Créateur est appelé la ligne gauche, la «Lumière de la sagesse». Le dévoilement du Créateur induit par conséquent la nécessité d’imposer des limites rigoureuses à la recherche de la connaissance de l’organisation du monde

et de la sensation de magnificence de façon à équilibrer la foi et la raison dans une proportion permettant de ne pas retomber sous l’emprise de l’égoïsme. En ajoutant au niveau de l’enfance encore un peu d’égoïsme, et en avançant comme s’il en était au degré de l’enfance, l’homme par cet équilibre de la ligne droite et d’une petite quantité de la ligne gauche crée en quelque sorte une ligne médiane. La partie de la ligne gauche dans la ligne médiane définit la hauteur du degré spirituel de l’homme. Cela correspond à la notion d’adulte. La progression ultérieure jusqu’au «degré supérieur», le dernier, où l’homme et le Créateur se fondent totalement dans l’harmonie de leurs attributs et de leurs désirs, se produit par une augmentation progressive, en alternance, de la ligne droite puis de la ligne gauche et par leur équilibre à chacun des degrés de l’échelle spirituelle. La ligne droite correspond pour l’homme au bonheur sans raison particulière, à la seule pensée que Dieu est présent dans ce monde. Rien d’autre ne lui est nécessaire pour être heureux. Cet état est désigné par les termes «heureux de ce que l’on possède». Si rien ne peut troubler cet état, celui-ci est alors qualifié de parfait. Si l’homme cherche à vérifier son état spirituel, il s’aperçoit qu’il ne s’est pas rapproché du Créateur. Comme il sait déjà d’avance qu’il n’est pas en mesure de se réparer lui-même, il demande au Créateur de le faire. La Lumière du Créateur qui aide l’homme à surmonter l’égoïsme du corps (désir de recevoir) est appelée «âme». Le moyen de vérifier avec authenticité si nous agissons avec égoïsme ou avec altruisme est de déterminer si nous sommes prêts à dédaigner le plaisir, la rémunération malgré l’immense désir de se délecter des fruits de notre travail. Ce n’est que dans ce cas que l’homme peut affirmer avec plaisir qu’il agit en se tournant vers le Créateur et non vers lui-même. L’ensemble du chemin de la progression spirituelle est un refus constant d’éprouver de d’intenses plaisirs: au début des plaisirs de ce monde, ensuite des vrais plaisirs spirituels, percevoir le Créateur. Pour donner à l’homme la possibilité d’entreprendre ce travail, le Créateur se dissimule. Cette dissimulation doit par conséquent être considérée comme une partie de notre réparation, et il faut Lui demander de s’ouvrir à nous car ce n’est

qu’ainsi qu’on peut Le percevoir sans que nous en subissions de dommages, Il se révèle alors à nous. Si le plaisir de percevoir le Créateur était ressenti par l’homme, alors qu’il n’est qu’à un degré initial d’égoïsme, il n’aurait jamais la force de se séparer de Lui, de demander au Créateur de lui donner la force de ne pas se délecter. Comme les papillons de nuit qui sont attirés par la Lumière et en meurent, l’homme brûlerait au feu du plaisir mais il ne pourrait pas s’en séparer. Chacun de nous a éprouvé au moins une fois dans sa vie son impuissance à résister à un grand plaisir, et tout en ayant honte de nous, nous savons que nous ne pouvons pas nous retenir si le plaisir est plus grand que la volonté, que la conscience du mal. Le Créateur nous étant dissimulé, nous pouvons agir sans «nous vendre» au plaisir, par la force de la foi que c’est Sa volonté, pour notre bien. Cependant si nous voulons réaliser quelque chose, notre corps exige aussitôt un calcul préalable pour définir le gain à tirer de l’action à entreprendre, car sans but sous la forme d’une rémunération par le plaisir, le corps n’est pas en mesure de travailler et cherche toutes sortes de défauts à nos aspirations spirituelles et noircit nos buts. Notre corps commence par demander pourquoi nous entreprenons telle ou telle chose, il s’agit dans ce cas du «mauvais penchant». Ensuite il nous empêche de réaliser ce que nous avions prévu, il s’agit dans ce cas de Satan (en hébreu Satan vient du verbe Listot signifiant dévier) car il désire nous détourner du chemin. Ensuite, il détruit l’homme dans sa spiritualité en extirpant de ses études de la Kabbale toute sensation de plaisir et il lui donne des désirs prenant leur source dans la matérialité de notre monde, il s’agit dans ce cas de «l’ange de la mort». Il ne peut y avoir qu’un seul comportement en réponse aux réclamations du corps, «avancer malgré lui, par la force de la volonté, parce que c’est ce que veut le Créateur». Le fait de placer le Créateur comme condition s’appelle la «loi des Mondes Supérieurs». L’homme n’est pas en mesure de résister au plaisir en utilisant son égoïsme s’il ne se convainc pas que c’est un mal pour lui, autrement dit, s’il n’oppose pas sa raison à son cœur. Dans ce cas, il ne s’agira que d’un simple calcul servant à déterminer ce qui lui est le plus utile: le plaisir immédiat ou les souffrances futures, ou refuser le

plaisir et demeurer au degré où il se trouve. En choisissant de refuser du plaisir, l’homme doit toujours donner au corps une réponse précise, indiquer la raison du refus de ce qui lui est présenté. C’est la raison pour laquelle l’homme peut répondre au corps dans la langue que le corps comprend, soit la langue du plaisir: mieux vaut refuser du plaisir ne menant à rien dans l’immédiat et préférer le plaisir paradisiaque, soit la langue des souffrances: ce n’est pas la peine d’éprouver du plaisir dans l’immédiat pour ensuite endurer des affres. C’est ainsi que tout à chacun se défend contre son corps. Cependant la soif du plaisir peut tromper le calcul sain et dresser un tableau erroné de la proportion de plaisirs et de souffrances. La seule solution est d’opposer au corps un travail assidu pour progresser spirituellement sans en tirer un bienfait personnel, dans ce cas le lien entre les actes et le corps est coupé, et le corps ne peut plus intervenir par ses calculs sur l’utilité de tel ou tel travail. Cette réponse correspond au «travail dans le cœur», du fait que le cœur est celui-ci qui recherche le plaisir.

16 - QUALITÉS INTÉRIEURES ET ÉLÉMENTS EXTÉRIEURS A la raison le raisonnement suivant peut être opposé: «le Créateur entend toutes les prières de l’homme, ses demandes d’aide», donc s’il insiste pour avoir des réponses, le Créateur se révèlera, et l’homme ne percevra que le Créateur. L’homme est constitué de 70 désirs essentiels, «les 70 peuples du monde» car dans la représentation spirituelle de l’homme, le Partsouf de Zeir Anpin dans le monde de l’Atsilout est composé de 70 Sefirot. Dès que l’homme cherche à se rapprocher du Créateur, à recevoir la Lumière de la Kabbale, il commence aussitôt à ressentir des désirs qu’il ne soupçonnait pas auparavant. Il s’agit de 70 désirs qui ont deux racines car l’homme avance en alliant deux lignes, la droite et la gauche. Une force (Klipa) impure (égoïste) fait front aux actes de l’homme qui suit la ligne droite, elle s’oppose au travail du cœur et correspond à «la Klipat Ismaël». A l’encontre des actes de l’homme qui suit la ligne gauche fait front une force impure qui s’oppose, elle, au travail de la raison, elle correspond à la «Klipat Esaü». Quand l’homme progresse dans son travail, il voit que pour pénétrer dans les mondes spirituels, il doit se débarrasser de ces deux Klipot, car elles ne souhaitent pas recevoir l’enseignement de la Kabbale. Comme il est dit dans le Midrash, avant de donner la Torah à Israël, le Créateur l’a proposée à «Esaü» et «Ismaël», mais ils l’ont refusée. Une fois que l’homme voit que ce n’est ni de l’une ni de l’autre de ces forces qu’il recevra la Kabbale, la Lumière du Créateur, il suit la ligne médiane, autrement dit «Israël», selon le principe «nous ferons et nous écouterons» signifiant recevoir pour faire la délectation du Créateur et ainsi s’appeler Israël. L’homme n’est pas en mesure de penser en toute indépendance, objectivement, non égoïstement et par conséquent de se contrôler, car toutes ses pensées, ses intentions et ses désirs sont complètement imprégnés de son égoïsme. En principe, il n’est pas nécessaire de se contrôler, en sachant d’avance que tout ce que l’homme pense et fait a pour fondement ses désirs égoïstes. Toutefois, en travaillant sur lui-même, en faisant des efforts pour développer ses aspirations spirituelles, l’homme a besoin de vérifier son degré spirituel, de se contrôler lui-même, et non pour le Créateur qui connaît très bien son degré. La méthode la plus fiable pour vérifier le véritable degré spirituel auquel se trouve l’homme consiste à mettre en évidence la joie éprouvée en travaillant pour faire plaisir au Créateur. Cette mise en évidence concerne non pas des

travaux physiques difficiles mais des efforts moraux tout aussi bien quand l’homme ne reçoit pas le nécessaire dans la vie, comme il lui semble, tout comme lorsqu’il reçoit du Créateur. La Kabbale parle de l’homme comme du monde pris dans son ensemble. A l’intérieur de l’homme se trouve tout ce qui l’entoure: l’univers, les peuples correspondant aux désirs humains, les nations, les justes des peuples, Israël le temple et même le Créateur, le point spirituel dans son cœur. La Kabbale nous parle avant tout de ces qualités intérieures et ensuite de leurs conséquences, des éléments extérieurs désignés par des noms. Des qualités intérieures dépendent en outre directement le degré spirituel des éléments et leur influence sur nous. Le degré spirituel originel de l’homme est désigné par le terme «égoïste». Si l’homme commence à aspirer à se rapprocher du Créateur, il est désigné par l’expression «Juste des nations». Comment pouvons-nous vérifier que nous nous situons déjà à ce degré? L’homme ne connaissant que des désirs égoïstes, tout ce qu’il lui manque pour combler son égoïsme est ressenti par lui comme quelque chose qui lui aurait été arraché, comme s’il possédait ce qu’il voulait, dont il aurait été privé ensuite. Ce sentiment provient de notre «passé» spirituel: au degré spirituel suprême, notre âme possède tout, et après sa chute spirituelle dans notre monde, elle perd tout. C’est pourquoi dès que l’homme éprouve le désir de posséder quelque chose, c’est comme si à ce moment il présentait des doléances au Créateur pour l’avoir privé ou bien pour ne pas lui avoir donné ce qu’il désire. Par conséquent, si l’homme est en mesure de déclarer en son cœur que tout ce que fait le Créateur a pour seul but le bien de l’homme, s’il peut être heureux et ressentir de l’amour pour le Créateur comme s’il avait reçu de Lui tout ce qu’il souhaite, et s’il approuve l’organisation du Créateur du monde, en cela il réussit l’épreuve de son intention (Kavana) et il est désigné par le terme «Juste des peuples du monde». Si l’homme continue à travailler à la réparation de son égoïsme avec l’aide du Créateur, ce sont non plus ses pensées mais ses actes qui sont testés: le Créateur lui donne tout ce qu’il désire, et l’homme doit être prêt à tout rendre, et parallèlement garder une partie, celle qu’il est en mesure de recevoir pour faire plaisir le Créateur.

Ces épreuves sont souvent ressenties comme un choix entre deux possibilités: l’homme a l’impression que la moitié de ses désirs l’attire vers un côté, et l’autre partie, vers l’autre côté. Habituellement, l’homme ne ressent en lui aucune lutte de forces opposées du bien et du mal, car seules les forces du mal dominent en lui, la tâche consiste à décider laquelle utiliser en gagnant le plus. Si les forces sont équilibrées, l’homme n’a pas la possibilité de choisir, de préférer l’une à l’autre, l’homme se sent comme entre deux forces qui agissent sur lui, la seule solution consiste à s’adresser au Créateur pour demander de l’aide, pour qu’Il le fasse aller du bon côté. Tout ce qui se produit dans la vie, l’homme doit le ressentir comme une épreuve envoyée d’En-Haut. C’est ainsi qu’il s’élève vers le but de la création. Il n’est possible de comprendre la création dans son ensemble et les événements qui nous arrivent qu’en ayant compris son but final. Ce n’est qu’alors que nous comprenons les actes du Créateur car ils sont tous définis par le but ultime. Dans notre monde, sans connaître le résultat d’un acte, il n’est pas possible de comprendre son sens, «il ne faut pas montrer ce qui est inachevé à un sot». Le Créateur représente toute la création, la Lumière. Son but est de faire plaisir à l’homme en lui donnant cette Lumière. La seule chose créée par le Créateur est par conséquent le désir de se délecter. Tout ce qui existe est Lumière et désir de se délecter. Tout ce qui est créé, à part l’homme, est créé uniquement pour lui venir en aide dans sa poursuite du but de la création. Nous nous trouvons dans le Créateur Lui-même, dans un océan de Lumière qui emplit tout, mais nous ne pouvons percevoir le Créateur que si nous avons des attributs semblables aux Siens; ce n’est que dans les désirs qui sont semblables à ceux du Créateur que peut pénétrer la Lumière. Si nos attributs et nos désirs diffèrent de ceux du Créateur, nous ne Le percevons pas car Sa Lumière ne pénètre pas en nous. Si toutes nos qualités sont opposées à Ses qualités nous ne Le percevons pas du tout et nous pensons être uniques au monde. Le Créateur souhaite nous faire plaisir, cela correspond à Son attribut «le désir de donner». C’est pourquoi il a créé tous les mondes et leurs habitants dotés de l’attribut «le désir de recevoir».

Tous nos attributs correspondant à l’égoïsme ont été créés par le Créateur, nous ne sommes pas coupables de la bassesse de notre nature, le Créateur souhaite que nous effectuions notre réparation et que, ce faisant nous nous remplissions de Lui, que nous devenions semblables à Lui. La Lumière anime toute la création dans la matière non animée, végétale, animale et humaine. Dans notre monde, c’est une Lumière furtive, non perçue par nous. Nous nageons dans l’océan de Lumière du Créateur. Si une partie de cette Lumière pénètre en nous, elle est désignée par le terme «âme». Comme la Lumière du Créateur donne la vie, la force motrice et le plaisir, celui qui ne reçoit pas la Lumière mais reçoit sûrement une petite lueur pour maintenir son existence physique, est désigné par l’expression «spirituellement mort», qui n’a pas d’âme. Seules quelques unités dans notre monde, les kabbalistes (le mot Kabbale vient du verbe Lekabel, «ils reçoivent l’enseignement porteur de la Lumière») et possèdent les moyens pour recevoir la Lumière. Chaque homme doit, à partir de son degré originel de totale ignorance de l’océan de Lumière dans lequel il «baigne», parvenir à s’emplir totalement de la Lumière qui l’environne. Ce degré est désigné par l’expression «but de la création» ou «la réparation finale». L’homme doit atteindre ce degré au cours de sa vie dans ce monde, dans l’un de ses cycles de vie. Les degrés spirituels Les phases de pénétration progressive de l’homme par la Lumière du Créateur sont désignées par l’expression «degrés spirituels» ou «mondes». Ce sont les souffrances qui obligent l’homme à progresser vers le but de la création: si l’égoïsme éprouve une grande souffrance au lieu d’un plaisir, il est prêt, pour la faire cesser, à refuser le désir de «recevoir», car mieux vaut ne rien recevoir que de souffrir. Toutes sortes de souffrances nous persécutent tant que nous ne refusons pas de «recevoir» et que nous ne voulons «donner» sans retour. La différence entre les hommes ne réside que dans le type de plaisir qu’ils désirent éprouver: animaux (de la chair, comme chez les animaux), humains (la célébrité, les honneurs, le pouvoir), des connaissances (les découvertes, la réussite).

Les aspirations à ces types de plaisir sont alliées dans une proportion propre à chacun. La raison de l’homme n’est qu’un instrument auxiliaire pour obtenir ce qui est désiré. Les désirs de l’homme se transforment, et sa raison l’aide à rechercher les moyens d’obtenir ce qu’il désire. Sous l’action des souffrances, l’égoïsme repousse le désir de ressentir du plaisir et acquiert le désir de «donner sans retour». La période nécessaire pour la suppression totale de l’égoïsme est désignée par l’expression «6000 ans», mais cela n’a aucun rapport avec la notion de temps. L’égoïsme est désigné par le terme «corps», et l’état correspondant au moment où l’homme ne l’utilise pas s’appelle la «mort» du corps. Cet état est atteint en 5 types de Lumières de renoncement progressif à l’égoïsme, ces étapes portent les noms de Néfesh, Rouakh, Néshama, Khaya, Yékhida. Les étapes de la progression spirituelle de l’homme sont les suivantes: 1. La poursuite des plaisirs égoïstes de ce monde. L’homme peut en rester à

ce stade jusqu’à la fin de sa vie, jusqu’à son retour dans ce monde s’il n’étudie pas la Kabbale qui lui permet de passer à l’étape suivante;

2. La prise de conscience de l’égoïsme qui est un mal pour lui et le

renoncement à l’utiliser. Au centre même des désirs égoïstes de l’homme se trouve l’embryon d’un désir spirituel. A un moment précis de sa vie, l’homme commence à ressentir une aspiration pour la connaissance, l’assimilation, l’étude du spirituel. Si l’homme agit en se conformant à ce désir, s’il le développe et ne l’étouffe pas, ce désir commence à grandir, et si ses intentions sont bien orientées, sous la direction d’un professeur, la Lumière spirituelle, imperceptible auparavant, commence à être perçue par lui dans ses désirs spirituels naissants et elle l’aide à ressentir de l’assurance et des forces pour la réparation de son égoïsme.

3. L’accession au degré de désir absolu et désintéressé de faire plaisir au

Créateur par ses actes. 4. La réparation du désir de «donner sans retour» transformé en désir de

«recevoir pour faire plaisir au Créateur». A cette fin, l’homme implique dans son travail ses désirs de se délecter mais en y plaçant une autre intention, celle de «faire plaisir au Créateur». Le début de ce travail s’appelle la «résurrection des morts», autrement dit des désirs égoïstes précédemment extirpés. En réparant progressivement ses désirs égoïstes,

en les transformant en leur contraire, l’homme est deux fois gagnant: il se délecte du Créateur et de sa ressemblance avec Lui. La transformation de l’égoïsme en altruisme s’appelle «la réparation finale».

Après avoir réparé une partie de ses désirs, l’homme, à chaque fois, reçoit pour cette partie réparée, une partie de son âme, et cette Lumière permet de continuer sur le chemin de la réparation des désirs jusqu’à ce que l’homme accomplisse totalement sa réparation et qu’il reçoive l’intégralité de son âme, cette Lumière, cette partie du Créateur qui correspond à son égoïsme originel tel que l’a créé le Créateur. Après avoir transformé entièrement son égoïsme en altruisme, l’homme a éliminé complètement alors l’obstacle qui l’empêchait de recevoir la Lumière du Créateur, de s’emplir du Créateur, autrement dit il s’est fondu complètement dans le Créateur et perçoit autour de lui un océan de Lumière qui fait sa délectation. Nos capacités à connaître ce monde sont limitées. A notre degré nous ne pouvons même pas nous connaître nous-mêmes, de la même manière nous ne pouvons pas connaître le Créateur. Toutes nos connaissances sont la conséquence de sensations subjectives, plus précisément de réactions de notre corps à des effets externes qu’il peut ressentir. En d’autres termes, nous ne recevons et ne comprenons que les informations qui nous sont envoyées sélectivement compte tenu de la qualité et de l’ampleur des capacités de notre perception. Quatre conceptions fondamentales Sans avoir d’informations fiables sur l’organisation et le fonctionnement des mondes spirituels que nous ne percevons pas, nous nous permettons de tenir des discours et d’argumenter sur leur organisation et leur relation à notre monde. Les philosophies religieuses, scientifiques et pseudo scientifiques tentent d’expliquer ce que sont «l’âme» et le «corps». Schématiquement quatre grandes conceptions s’en dégagent: LE CROYANT Tout ce qu’il y a dans tout élément quel qu’il soit correspond à son âme. Les âmes se distinguent les unes des autres par leurs attributs, les attributs spirituels de l’homme, elles existent indépendamment de l’existence de notre corps: avant

sa naissance, avant son incarnation et après sa mort, processus purement biologique de désagrégation de la matière protéique en ses constituants. La mort du corps physique ne peut par conséquent pas influer sur l’âme, elle n’est que la raison de la séparation de l’âme et du corps. L’âme est quelque chose d’éternel car elle n’est pas constituée de la matière de ce monde. De par sa nature, l’âme est une et indivisible, elle n’est pas constituée de plusieurs composantes et par conséquent ne peut ni se diviser, ni se désagréger, ni, par conséquent, mourir. Le corps est une enveloppe externe, en quelque sorte «l’habit» de l’âme qui en agissant au moyen du corps montre les qualités de celle-ci, intellectuelles, spirituelles, son caractère, comme un homme qui conduirait une voiture, il manifeste dans tous les mouvements de la voiture ses désirs, son caractère et son intelligence. De plus, l’âme donne la vie et le mouvement au corps et elle se soucie de la conservation du corps à tel point que sans âme, le corps est privé de vie, de mouvement. Le corps lui-même n’est que matière périssable comme nous pouvons l’observer après que l’âme l’a quitté, c’est pourquoi tous les signes de la mort du corps de l’homme sont définis par l’âme. LE DUALISTE A la suite du développement des sciences est apparue une nouvelle conception de l’homme: son corps peut exister sans aucune substance spirituelle qui serait placée en lui, qui l’animerait, et il peut exister de manière totalement autonome, indépendamment de l’âme, ce que nous pouvons démontrer au moyen des expériences biologiques et médicales, en animant le corps ou l’une de ses parties. Sous cette forme, le corps n’est cependant qu’une entité biologique existant de manière autonome, une forme d’existence de la matière protéique, ce qui lui donne ses diverses propriétés caractéristiques, c’est l’âme qui est descendue d’En-Haut tout comme selon la première approche. La différence entre cette conception et la précédente réside en ceci que la première considère que l’âme donne la vie, la raison et les attributs spirituels au corps, alors que pour la deuxième approche, l’âme donne au corps seulement des attributs spirituels puisque d’après les expériences, il est clair que le corps peut exister par lui-même sans l’aide de forces spirituelles quelconques. Il ne reste à l’âme que la fonction de présider à la formation de la raison et des attributs positifs propres au «spirituel» et non au matériel.

De plus, d’après cette approche, bien que le corps puisse exister en toute autonomie, il est issu de l’âme. L’âme est première puisqu’elle est la raison de l’apparition, de la naissance du corps. LE NON-CROYANT Il nie l’existence de structures spirituelles et la présence d’une âme dans le corps. Il ne reconnaît que la matière et ses propriétés. L’âme n’existant pas, la raison et tous les attributs humains sont l’aboutissement de son corps qui est un mécanisme commandé par la transmission de signaux électriques au moyen des nerfs servant de conducteurs (le concept de non-croyant est différent de celui de non-religieux). Toutes les sensations du corps proviennent de l’interaction des terminaisons nerveuses et des excitations externes, elles sont transmises par les nerfs au cerveau où elles sont analysées et perçues comme une «douleur» ou un «plaisir» et dictent à l’organe concerné un certain type de réaction. Autrement dit, tout est construit comme un mécanisme pourvu de capteurs, d’une transmission des signaux et d’un cerveau pour le traitement et l’émission du signal vers un dispositif d’exécution et d’un système de contrôle de l’exécution par relation inverse. Le cerveau agit selon le principe de la fuite de la souffrance et de la recherche du plaisir, c’est à partir de ces signaux que se construit dans l’homme la relation à la vie et que sont déterminés ses actes. La raison dont nous sommes dotés n’est rien d’autre que l’image des processus qui se déroulent dans notre corps, une sorte de photographie. La seule différence entre l’homme et l’animal réside en ceci que le cerveau est si développé chez l’homme que les processus dont fait l’objet son organisme sont rassemblés en une image qui est perçue par nous comme la raison et la logique. Toutefois notre raison n’est que la conséquence de nos sensations corporelle et notre prise de conscience. Il est indéniable que de toutes les approches de cette question, celle-ci est la plus saine, la plus scientifique et la plus compréhensible car elle s’appuie sur l’expérience et par conséquent n’étudie que le corps de l’homme et non quelque chose d’impalpable appelé «âme», elle est donc tout à fait authentique puisqu’elle traite du corps de l’homme. Le problème de cette approche réside en ceci qu’elle ne satisfait même pas les non-croyants et qu’elle est peu attrayante du fait qu’elle présente l’homme comme un robot dans les mains de sa nature aveugle (de certains aspects de son caractère), des lois du développement de la société, des exigences du corps pour

le maintien en vie et la recherche de plaisirs, etc., le privant totalement de la dénomination d’être doué de raison. Si l’homme n’est qu’un mécanisme agissant au moyen d’une force conformément à sa nature et aux règles dictées par la société, le libre arbitre et le libre choix des actes sont donc reniés ainsi que la pensée objective. Bien que l’homme ait été créé par la nature, il se considère plus intelligent qu’elle. Ceux qui ne croient pas en une Raison Supérieure ne peuvent par conséquent pas accepter un tel point de vue. Dans ce cas, ils seraient totalement dépendants du pouvoir de la nature aveugle d’où la pensée et la raison d’être seraient absentes, qui se joueraient d’eux, être douées de raison, et il n’y aurait aucune raison à leur vie ni à leur mort. Pour apporter quelques modifications à cette approche d’une authenticité scientifiquement fondée mais inacceptable spirituellement, la société contemporaine a adopté un point de vue «moderne». LE MODERNE Il est devenu de mise récemment (bien que l’homme accepte totalement l’approche précédente purement matérialiste de la création comme scientifiquement fiable et compréhensible) de convenir qu’il existe quelque chose d’éternel, de spirituel en l’homme, qui revêt une enveloppe corporelle matérielle, et que c’est justement ce spirituel, appelé «âme» qui est l’essence même de l’homme et notre corps uniquement son vêtement. Les partisans de ce point de vue ne peuvent pas expliquer de quelle manière l’âme s’incarne dans le corps, quelle relation les lie, quelle est la source de l’âme, ce qu’elle est? C’est pourquoi, après avoir fermé les yeux sur tous ces problèmes, l’humanité revient à un moyen éprouvé et ancien de tranquillisation de soi-même, elle s’oublie dans le tourbillon des occupations et des joies insignifiantes, aujourd’hui comme demain. Qui peut comprendre ce que sont le corps et l’âme, leur relation, la raison pour laquelle nous nous percevons comme composés de deux parties, l’une matérielle, l’autre spirituelle, dans laquelle de ces deux composantes nous situons-nous, se situe notre «moi» éternel, ce qui arrive à notre moi avant notre naissance et après notre mort, est ce bien ce «moi» qui fait l’objet de sensations maintenant alors qu’il est à l’intérieur d’un corps et à l’extérieur avant la naissance et après la mort?

L’essentiel étant que toutes ces questions et ces diverses hypothèses de métamorphoses et de cycles des âmes et des corps naissent, apparaissent dans notre conscience matérielle, sont explorées par notre raison incarnée. Sont-elles authentiques ou bien sont-elles le fruit d’inventions de notre cerveau incarné se forgeant des images des mondes spirituels par analogie avec celles dont il dispose en ce monde, car il n’existe pas d’autres informations pour travailler? Cependant si tout ce que nous savons de la capacité d’imaginer servant de base à nos théories n’est qu’une sorte jeu car nous percevons ce qu’analyse le cerveau par analogie avec notre monde comme la vérité en l’absence d’autre réponse, pouvons-nous alors, nous qui vivons dans les limites sensorielles de notre monde, trouver une réponse à la question «qu’est ce que l’âme et le corps?». Les limites de nos connaissances ont déjà été évoquées précédemment dans cet ouvrage. Au niveau où nous nous situons, qui ne nous permet pas véritablement de voir, de ressentir ni d’étudier un seul élément de notre monde dans son authentique source, nous ne pouvons pas plus juger de notre âme ni de notre corps. Des quatre catégories d’appréhension d’un élément, sa matière, sa forme extérieure, la forme qu’il projette, son essence, nous ne percevons que la forme extérieure telle qu’elle se présente à nous. La matière est perçue d’après les résultats de nos analyses, mais la forme projetée, autrement dit les attributs de l’élément n’appartenant ni à sa matière ni à son essence échappent totalement à notre compréhension.

17- REJOINDRE LE CRÉATEUR La Kabbale est qualifiée de secrète car elle dévoile à l’étudiant ce qui était auparavant inaccessible à sa compréhension. Seul celui qui comprend voit le tableau authentique de la création comme l’exprime le quatrain du Rav Ashlag: Lumineuse la Vérité t’apparaîtra Sur tes lèvres - son hymne Et à toi se dévoilera L’authentique La Kabbale est qualifiée d’enseignement secret car elle n’est accessible à l’étudiant que dans des conditions particulières. Ceux qui l’étudient y trouveront ces secrets qui apparaîtront progressivement plus claires grâce à l’étude faite en dirigeant «l’orientation de ses pensées». La personne pour laquelle ce qui était voilé devient clair, voit et comprend la structure de «ce monde», de «l’âme», du «corps», ne peut décrire que la seule et unique vérité: la progression spirituelle permet peu à peu d’appréhender la seule Vérité de la création: le Créateur est seul et unique. Nous sommes dotés d’organes des sens qui ne nous permettent de percevoir de la création qu’une infime partie que nous désignons par l’expression «notre monde». Les appareils que nous inventons ne font qu’élargir le diapason de notre perception, et nous ne pouvons pas imaginer de quels organes des sens nous sommes dépourvus, nous n’en éprouvons pas le manque tout comme l’homme n’éprouve pas le besoin de posséder un sixième doigt. Dépourvus d’organes pour percevoir les mondes spirituels, ceux-ci nous sont inconnus. Notre environnement est d’une extrême richesse bien que nous n’en percevions qu’un infime fragment, il est de surcroît très altéré du fait que nous nous construisons une représentation globale de la structure de la création à partir de ce fragment. Tout comme l’opérateur analysant le spectre de rayons X n’a que l’image du squelette des objets qui retiennent les rayons, nous voyons un tableau altéré de la création. Nous ne pourrions pas analyser authentiquement la création d’après une radiographie, de même, nous ne pouvons pas nous faire une représentation authentique de la création au moyen de nos organes des sens. Il n’est pas possible non plus de remplacer par un élément imaginaire ce que nous ne

pouvons pas percevoir, car notre imagination se construit à partir de sensations passées. Essayons néanmoins de nous représenter de manière spéculative et sous une forme compréhensible ces mondes situés au-delà de nos schémas intellectuels, imperceptibles à nos organes des sens, les mondes spirituels. Pour commencer imaginez que vous vous trouvez dans le désert. Une route s’étend à partir de l’endroit où vous vous tenez. Cette route est jalonnée de marques à certains intervalles, ces marques commencent à partir du point zéro qui correspond à l’endroit où vous êtes. La route est divisée en trois parties par ces marques. La progression le long de cette route se fait non pas par déplacement alternatif des pieds comme dans notre monde, mais par transformation alternative des désirs. Les notions de lieu, d’espace, de mouvement n’existent pas dans les mondes spirituels. Ces mondes sont le domaine des sensations en dehors des corps physiques. Les éléments sont les sensations, les mouvements sont la transformation des sensations, les lieux sont les attributs. Dans les mondes spirituels, tout endroit est déterminé par ses attributs. C’est pourquoi le mouvement correspond à la transformation par un élément de ses attributs, tout comme dans notre monde nous pouvons parler d’élan, de transport dans un sens abstrait. Le chemin que nous essayons de nous représenter correspond à la transformation progressive de notre nature intrinsèque de nos désirs. La distance entre les éléments spirituels se définit et se mesure par la différence de leurs attributs. Plus les attributs sont proches, plus les éléments sont proches également. Le rapprochement ou l’éloignement des éléments les uns par rapport aux autres sont définis par la transformation relative de leurs attributs. Si les attributs sont absolument identiques, les deux éléments spirituels se fondent en un seul et même tout, mais si quelque chose de nouveau apparaît dans un élément spirituel, le nouvel attribut se sépare du premier, c’est ainsi que naît un nouvel élément spirituel. A l’extrémité opposée du chemin se trouve le Créateur. Son lieu se définit par Ses attributs qui se caractérisent par leur altruisme absolu.

En venant dans ce monde avec notre nature d’égoïstes absolus, nous sommes diamétralement à l’opposé du Créateur, et le but qu’Il nous fixe consiste à acquérir Ses attributs, à nous fondre totalement en Lui. Notre chemin n’est rien d’autre que la transformation progressive de nos attributs jusqu’à leur similitude complète avec ceux du Créateur. Le seul attribut du Créateur est l’absence d’égoïsme, l’absence de pensée orientée vers soi-même, vers son état d’âme, son influence et son autorité, l’absence de tout ce qui constitue l’essence de nos pensées et de nos aspirations. Vivant dans ce monde dans une enveloppe terrestre, le souci de notre maintien en vie n’est pas une manifestation d’égoïsme. Il n’est pas difficile de savoir si une pensée ou un désir prennent leur source dans l’égoïsme. Si objectivement nous nous rendons compte que nous ne pouvons pas vivre sans cette pensée ou ce désir, ceux-ci ne sont pas égoïstes et n’éloignent pas du Créateur. Le Créateur fait progresser l’homme vers le but de la manière suivante: il donne à l’homme un «mauvais» désir ou de la souffrance, ce qui correspond à la progression selon la ligne gauche. Si l’homme trouve en lui la force de demander de l’aide au Créateur, le Créateur l’aide en lui donnant un «bon» désir ou en lui faisant plaisir, ce qui correspond à la progression selon la ligne droite. L’homme reçoit ensuite un désir «mauvais» encore plus fort ou bien le doute quant à l’existence du Créateur. A nouveau, par un grand effort de volonté, il demande de l’aide au Créateur. Le Créateur l’aide en le dotant d’un bon désir encore plus fort. L’homme progresse selon ce schéma. Le mouvement ne se fait que vers l’avant, plus ses désirs sont purs, plus l’homme est éloigné par rapport au point initial, par rapport à l’égoïsme absolu. La progression peut se décrire de multiples manières, il s’agit de toute façon toujours d’un passage par des sensations en séquences alternatives, d’une succession de sensations: l’homme avait la sensation de quelque chose de spirituel, autrement dit l’impression inconsciente de l’existence du Créateur avec pour corollaire la certitude, la joie. Puis cette sensation s’est dérobée, a comme fondu. Cela signifie que l’homme s’est élevé d’un degré dans la progression spirituelle, mais il ne peut pas encore en prendre conscience en raison du manque d’organes qui lui permettraient de ressentir les attributs de ce degré. Les sensations propres au degré suivant ne sont pas encore apparues car l’homme ne les a pas encore gagnées par son travail, n’a pas encore fait d’effort

pour y être sensible, n’a pas encore créé en lui les organes lui permettant de les éprouver. Les nouveaux organes correspondant au degré suivant (autrement dit le désir d’éprouver du plaisir propre à ce degré et son corollaire la sensation de souffrance en son absence) peuvent être développés de deux manières. a) Par la Kabbale: l’homme reçoit du Créateur des sensations qui disparaissent

ensuite. Une sensation de souffrance en raison de l’absence de plaisir se fait sentir. Elle est nécessaire pour éprouver ensuite du plaisir. C’est ainsi que sont créés de nouveaux organes pour ressentir le Créateur à chaque degré. Dans notre monde, l’homme dépourvu de désir ne peut pas éprouver de plaisir vis à vis de quoi que ce soit. La différence entre les personnes entre elles, entre les personnes et les animaux, réside en l’objet du désir projeté. C’est pourquoi la progression spirituelle n’est pas possible sans un désir préalable, c’est-à-dire sans la souffrance en l’absence de l’objet du désir.

b) Par les souffrances: si l’homme n’a pas pu par ses efforts, par l’étude, par ses

demandes adressées au Créateur, par l’aide apportée par ses amis s’élever vers de nouveaux désirs, vers le désir d’aimer le Créateur et Le craindre, il devient la proie de la superficialité, il méprise le spirituel, il est attiré par les plaisirs bas, il descend alors au niveau de forces impures qui correspondent à un nouveau degré, à la ligne gauche, à un degré des mondes des forces impures (égoïstes) de ABY”A. Les souffrances font naître en l’homme le désir de s’en débarrasser à tel point que la sensation de souffrance est justement ce qui servira de récipient qui lui permettra d’éprouver la sensation du Créateur tout comme au moyen de la Kabbale.

La différence entre la progression au moyen de la Kabbale et celle au moyen des souffrances réside en ceci que l’homme qui progresse selon la voie de la Kabbale reçoit la Lumière du Créateur, autrement dit la sensation de la présence du Créateur. Cette sensation lui est ensuite enlevée, le manque de plaisir fait naître une sensation de manque de Lumière puis un fort désir de Lumière. Ce désir correspond au récipient, aux nouveaux organes, l’homme s’efforce alors à faire en sorte qu’ils lui permettent de percevoir le Créateur. La sensation qu’il éprouve, c’est-à-dire les efforts qu’il investit dans ce processus, le fait progresser.

Quand l’homme progresse par le chemin de la souffrance, il est poussé par ce qu’il endure, et non pas attiré, comme dans le premier cas, vers le plaisir. Le Créateur nous dirige selon Son plan, Il nous conduit, nous transporte, chacun de nous et l’humanité dans son ensemble au cours de l’une ou de l’autre de nos vies vers le point de destination de ce chemin où Il se trouve. Tout notre chemin n’est fait que des étapes de la transformation de nos attributs pour qu’ils soient proches de ceux du Créateur. Ce n’est que par l’union de nos attributs avec ceux du Créateur que nous comprendrons l’authentique tableau de la création, que nous verrons qu’il n’existe rien d’autre en ce monde que le Créateur, que tous les mondes et ceux qui les habitent, tout ce que nous ressentons autour de nous, et nous-mêmes, nous ne sommes qu’une partie de Lui, et plus exactement, Lui-même. Toutes les pensées et les actes de l’homme sont déterminés par nos désirs. Le cerveau ne fait qu’aider l’homme à obtenir ce qu’il désire. L’homme reçoit ses désirs de l’en haut, du Créateur qui est le Seul à pouvoir les transformer. Le Créateur a fait qu’il en soit ainsi pour que nous comprenions que dans notre relation aux événements du passé, du présent et du futur dans notre environnement matériel (familial, social) et dans notre univers spirituel personnel, nous dépendons entièrement de Lui, et de Lui uniquement dépend notre amélioration, Lui seul est la cause de toute chose, pour qu’après nous en être convaincus, nous ayons besoin de ce lien avec Lui, être en totale symbiose avec Lui, au bout du chemin, après le rejet total initial. On peut dire que les marques qui jalonnent notre route sont des sortes de jauges de notre lien, de notre rapprochement avec le Créateur, et notre chemin dans son ensemble va du point de rupture totale jusqu’au point d’union totale. Si l’homme ressent brusquement en lui le désir de se rapprocher du Créateur, le désir et une forte aspiration vers le spirituel, une satisfaction spirituelle, ceci est le signe que le Créateur attire cet homme à Lui. Au contraire, une moindre vigueur dans ses aspirations ou dans sa vie matérielle ou sociale, etc., la confrontation à des soucis ou à des privations font que l’homme commence à comprendre progressivement que l’origine en est le Créateur pour lui permettre d’avoir bien conscience que tous les événements de sa vie dépendent de la Source du Créateur, et que «seul le Créateur peut l’aider pour le sauver».

Le Créateur créé ce processus pour que l’homme exige impérativement du Créateur qu’Il le transforme, pour que l’homme ait besoin du lien avec le Créateur. C’est alors que le Créateur peut répondre au désir de l’homme et l’approcher de Lui. L’aide procurée par le Créateur pour débarrasser l’homme de son sentiment d’engourdissement ou de satisfaction et le faire progresser vers le but du plan divin revêt en principe la forme d’échecs, de manquements, tant sur le plan spirituel que matériel, par le biais de l’environnement familial, affectif, professionnel, social. Tout ce qui est perçu par nous comme agréable provient du rapprochement et, au contraire, ce qui est désagréable provient de la sensation d’éloignement. Ce processus explique pourquoi le bonheur de l’homme dépend de sa santé, de sa famille, de ses amis, de leur amour, de leur respect. Le Créateur peut ainsi par le biais de cet environnement, par des «commissionnaires», envoyer à l’homme des sensations négatives qui l’obligent à rechercher le moyen de sortir de l’abattement jusqu’à ce qu’il ne découvre et ne prenne conscience que tout dépend uniquement du Créateur. Si l’homme trouve en lui les forces et la patience, il réussira à comprendre la relation entre ces événements qui lui arrivent et le désir du Créateur. Il ne les attribuera pas à des raisons quelconques ou ses propres actes et pensées. En d’autres termes, il prendra conscience que seul le Créateur, et personne d’autre, même lui, est la cause de ces événements. L’image de la route que nous avons évoquée est le chemin de chaque homme en particulier et de l’humanité dans son ensemble. En commençant à partir du point initial, où nous nous situons avec nos désirs présents, point désigné par l’expression «notre monde» jusqu’au but final que bon gré mal gré nous devons atteindre, but désigné par l’expression «le monde futur» le chemin se divise en quatre phases ou états: 1. L’absence totale de perception du Créateur (voilé), avec pour corollaire

l’incertitude en la présence du Créateur et en Son omnipotence, manque de foi en ses propres forces, en les forces de la nature, en les événements et les hasards. C’est à cette phase (à ce degré spirituel) que se trouve l’ensemble de l’humanité.

La vie dans ce monde à cette phase correspond à un processus d’accumulation d’expériences dans notre âme au moyen des souffrances de toutes sortes envoyées à l’homme. Le processus d’accumulation d’expériences de l’âme se déroule par des retours répétés d’une seule et même âme dans ce monde dans des corps différents. Après que l’âme ait accumulé une certaine expérience, l’homme peut percevoir le premier degré spirituel suivant. 2. La perception obscure de la présence du Créateur avec pour corollaire la foi

en un système de récompense et châtiment, la foi en ce que les souffrances sont dues à l’éloignement par rapport au Créateur, et le plaisir, à la sensation de rapprochement du Créateur.

Bien que sous l’action de grandes souffrances, l’homme puisse un certain temps revenir à la première phase de manière inconsciente d’accumulation d’expériences, cette phase se poursuit tant que l’homme ne prend pas pleinement conscience que seule la Toute-puissance du Créateur peut lui donner des forces pour progresser. Les deux premières phases se caractérisent par la liberté de croire en la toute-puissance de l’en haut. Si après un certain nombre d’efforts l’homme essaie, malgré tous les «incidents» qui lui sont envoyés d’en haut, de renforcer sa foi et d’être convaincu de la toute-puissance du Créateur, le Créateur l’aide en ceci qu’Il se révèle Lui-même et la création. 3. Le dévoilement d’une partie de la Toute-puissance du Créateur sur le

monde avec pour corollaire que l’homme voit la gratification reçue pour les bonnes actions et le châtiment pour les mauvaises. L’homme ne peut alors s’empêcher de faire le bien et de se soustraire au mal, tout comme personne n’est en mesure de se soustraire à l’agréable non plus que de se faire véritablement mal.

Cette phase de la progression spirituelle n’est pas encore achevée puisque c’est au cours de celle-ci que toutes les actions de l’homme sont accomplies sous la contrainte du fait de la gratification et du châtiment envisagés. 4. Le dévoilement de l’ensemble du Créateur sur le monde avec pour

corollaire la prise de conscience claire que la Toute-puissance du Créateur sur le monde ne repose pas sur le principe de gratification et châtiment pour les actions accomplies, mais sur l’amour infini et absolu pour Ses créations.

Ce degré de progression spirituel est atteint du fait que l’homme voit dans toutes circonstances, dans toutes les créatures, tant les mauvaises que les bonnes, indépendamment de leurs actes, que le Créateur agit toujours avec un amour infini. Après avoir éprouvé sur lui-même la conséquence de l’accession au degré suprême de délices, l’homme a un avant-goût du degré auquel tous parviendront. Ce degré est atteint du fait que le Créateur dévoile à l’homme l’ensemble de la création et Sa relation avec chacune des âmes de chaque génération tout au long de l’existence de tous les mondes créés dans un seul et unique but, faire plaisir aux créations, ce qui est la seule raison déterminant toutes les actions du Créateur à notre égard, du début jusqu’à la fin de la création, quand tous ensemble et chacun en particulier accéderont à la délectation infinie de la fusion avec le Créateur. Du fait que l’homme voit clairement les desseins et les actions du Créateur par rapport à Ses créatures, il s’imprègne d’un sentiment d’amour infini pour le Créateur et, du fait de la ressemblance de leurs sentiments, le Créateur et l’homme s’unissent en un seul et même tout. Cette phase étant le but de la création, les trois premiers degrés de la compréhension de la Toute-puissance du Créateur ne sont que les degrés préalables à l’accession au quatrième degré. Tous les désirs de l’homme se situent en quelque sorte dans son coeur car il est l’endroit où ils sont physiologiquement éprouvés. C’est pourquoi nous considérons le coeur comme représentant les désirs de notre corps de l’être dans son ensemble. Une modification des désirs du coeur signifie qu’a eu lieu une transformation dans la personne. Depuis la naissance, c’est-à-dire depuis l’apparition dans ce monde, le coeur n’a pour activité que satisfaire le corps, il se remplit de ses désirs et vit. Au plus profond du coeur, au plus profond des désirs se cache un point intérieur qui est enfoui derrière tous les désirs, un besoin, non ressenti par nous, de sensations spirituelles. Ce point est une partie du Créateur. Si l’homme consciemment, par des efforts, après avoir surmonté la passivité du corps, cherche dans la Kabbale une voie pour se rapprocher du Créateur, alors ce point se remplit progressivement de bons et purs désirs, et l’homme ressent le Créateur au premier niveau spirituel, au niveau du monde d’Assya. Ensuite, après avoir gravi quelques degrés du monde d’Assia dans ses sensations, il commence à ressentir le Créateur au niveau du monde de Yetsira, et ainsi de

suite tant qu’il ne parvient pas au degré suprême, la perception du Créateur au niveau du monde d’Atsilout. A chaque fois, c’est dans ce point dans le coeur qu’il éprouve ces sensations. Dans le passé, quand son coeur était encore sous l’emprise des désirs du corps, autrement dit quand le point dans le cœur ne ressentait aucunement le Créateur, il pouvait penser uniquement aux désirs auxquels son corps l’obligeait à penser et, par conséquent désirer uniquement ce que désirait son corps. Maintenant, si par des demandes et des exigences formulées au Créateur pour être sauvé spirituellement, il remplit progressivement son cœur de désirs purs, exempts d’égoïsme et qu’il commence à ressentir le Créateur, il est alors capable de penser uniquement au Créateur car les pensées et les désirs qui naissent en lui sont propres au degré spirituel auquel il se trouve. L’homme désire donc uniquement ce que l’oblige à désirer l’influence de l’En haut qu’il reçoit à partir du degré auquel il se trouve. Compte tenu de ce qui précède, il est clair que l’homme ne doit pas chercher à toutes fins à modifier ses pensées, il doit le demander au Créateur, car nos désirs et nos pensées sont la conséquence de ce que nous recevons, plus précisément du degré de notre perception du Créateur. Tout de la création émane du Créateur, le Créateur nous a créés dotés d’un certain libre arbitre, et cette possibilité de gérer nos désirs n’est acquise que par ceux qui se situent au degré de l’ABY”A, plus l’homme s’élève, plus grand est son libre arbitre. Le processus de développement de la personnalité spirituelle peut, pour plus de clarté, être comparé au développement de la nature matérielle de notre monde. Toute la nature et la création ne sont qu’une seule et même chose, le désir plus ou moins fort selon chaque individu de se délecter et déterminera le développement des êtres qui naissent dans notre monde puisque c’est ce désir qui oblige le cerveau à travailler et à développer l’intellect pour satisfaire ses désirs. Les pensées de l’homme sont toujours la conséquence de ses désirs, elles succèdent à ses désirs, elles sont orientées uniquement vers l’obtention de l’objet du désir. Cependant la pensée joue un certain rôle car elle permet à l’homme d’augmenter son désir: si l’homme approfondit et amplifie une pensée et qu’il y revient sans

cesse, le désir objet de la pensée se met à croître d’avantage que les désirs concomitants. En d’autres termes, l’homme peut modifier la proportion de ses désirs et s’il oriente sa pensée en permanence vers un désir peu vigoureux, celui-ci pourra s’accroître au point où tous les autres désirs concomitants en seront satisfaits et que c’est lui qui déterminera l’essence de l’homme. Les phases de la révélation Le niveau le plus bas du développement spirituel est qualifié «d’inanimé» car ses entités sont à l’image de la partie inanimée de la nature, aux corps cosmiques, à notre planète, notamment, aux minéraux, etc. Le niveau inanimé de développement spirituel n’est pas en mesure d’agir de lui-même, il n’est d’aucune manière individualisé, car son faible désir d’éprouver du plaisir n’a pour objet que la conservation de ses attributs. L’absence d’individualisation de ce niveau de création réside en ceci qu’il n’est pas indépendant, ses fonctions consistent à répondre aveuglément, automatiquement aux désirs de son Créateur sans concevoir l’éventualité d’une modification de ses propres désirs. Le souhait du Créateur étant que ces entités non animées se comportent ainsi, Il leur a attribué le niveau le plus bas de désirs qui ne fait pas naître en eux la nécessité de se développer puisque dépourvus de désirs à l’exception de ceux placés en eux à l’origine par le Créateur, elles remplissent leur tâche aveuglément, ne se souciant que de leurs besoins de nature spirituellement non animée, sans manifester de sensibilité vis à vis de l’environnement. Les êtres humains qui se situent au degré spirituellement non animé, sont également dépourvus de désirs propres, ce sont les désirs du Créateur qui les animent. Du fait de leur nature, ils se plient rigoureusement et inconsciemment au programme placé en eux par le Créateur. Le Créateur a doté les êtres humains d’une telle nature pour réaliser le but de la Création. A ce niveau spirituel, les personnes ne peuvent avoir de perception que d’elles-mêmes et donc ne peuvent rien faire pour autrui mais seulement pour elles-mêmes, d’où l’expression «non animé» pour qualifier ce niveau. Le niveau de développement au-dessus du précédent correspond à la nature végétale. Le Créateur a donné aux entités de ce niveau un désir plus fort en comparaison de celui du niveau non animé, et ce désir fait naître dans cette nature le besoin d’un certain mouvement et d’une certaine croissance pour satisfaire ses besoins.

Ce mouvement et cette croissance sont grégaires, non individualisés. A cette image, les êtres qui se situent à ce niveau de désirs font preuve d’un certain degré d’indépendance spirituelle par rapport au programme divin. Le Créateur ayant doté l’ensemble de la création selon le principe d’égoïsme absolu, autrement dit les aspirations à éprouver du plaisir pour soi-même, ces êtres désirent par leur «niveau végétal» s’éloigner des désirs qu’ils éprouvent et faire quelque chose pour autrui, en d’autres termes, agir apparemment à l’encontre de leur nature. Tout comme les végétaux dans notre monde qui croissent en hauteur et en largeur, en d’autres termes qui possèdent une certaine liberté de mouvement, ces mouvements sont collectifs, et un végétal n’est pas en mesure du fait de l’absence de désir approprié de penser que le mouvement individuel est possible, l’être humain qui se situe au «niveau végétal» n’a pas la capacité d’aspirer à des désirs individuels qui vont à l’encontre de l’opinion du collectif, de la société, de l’éducation, il ne souhaite que conserver et répondre aux désirs et aux lois de sa «nature végétale», du groupe de personnes situé au niveau «végétal» de développement auquel il appartient. En d’autres termes, comme les végétaux, l’homme de ce niveau de désirs n’a pas de vie personnelle, individuelle, sa vie est une partie de la vie de la société dont il est un membre parmi d’autres. Les végétaux et les êtres humains de ce niveau partagent une vie en commun, mais n’en possèdent pas à l’échelon individuel. Tous les végétaux peuvent être ramenés à un organisme végétal unique où chacun est semblable à la branche de la plante, de même les êtres humains de niveau spirituel «végétal» peuvent aller à l’encontre de leur nature égoïste dans une certaine mesure. Cependant, le niveau «végétal» du désir spirituel étant faible, ils se trouvent dans sous le joug des lois sociales ou de leur cercle, ils n’éprouvent pas de désirs individualisés ni par conséquent la force d’aller à l’encontre de la société ni de l’éducation, bien que d’une certaine manière ils vont déjà à l’encontre de leur nature, et peuvent agir pour le bien d’autrui. Le niveau suivant de développement spirituel correspond à la nature animale. Les désirs qu’éprouvent les entités de ce niveau développent leurs porteurs à tel point que ceux-ci peuvent se satisfaire de la possibilité de se mouvoir indépendamment l’un par rapport à l’autre et dans une plus grande mesure que chez les végétaux, ils pensent en toute indépendance pour satisfaire leurs désirs. En d’autres termes, chaque animal possède son propre caractère et ses propres sentiments indépendamment de son environnement. L’homme de ce niveau de

développement est en mesure d’agir plus vigoureusement malgré sa nature égoïste, il peut déjà se soucier du bien d’autrui. Bien que l’homme de ce niveau soit indépendant par rapport à la collectivité et qu’il possède sa propre vie, c’est à dire que sa vie intérieure peut ne pas dépendre de l’opinion publique, il n’est pas encore sensible à qui que ce soit à l’exception de lui-même. L’être qui se situe au niveau humain, au niveau de la parole a déjà la capacité d’agir contre sa nature, il n’est pas soumis au collectif comme le végétal. Autrement dit, il est totalement indépendant de la société dans le domaine de ses désirs, il est sensible à autrui quel qu’il soit et il se soucie par conséquent de son bien, il les aide dans leur réparation en partageant leurs souffrances, à la différence de l’animal, il ressent avec acuité le passé et le futur et peut donc agir guidé par la connaissance de l’objectif final. Tous les mondes et les degrés qui servent à les diviser constituent une succession d’écrans qui se situent l’un derrière l’autre et qui masquent la Lumière du Créateur. A mesure que des forces spirituelles apparaissent en nous pour nous opposer à notre propre nature (à chaque force respectivement), l’écran correspondant se lève. Le conte ci-après illustre la progression la quête spirituelle de l’homme pour dissiper les écrans et vivre uni avec le Créateur

18 - LE MAGICIEN

Un conte pour adultes «C’est si triste d’être seul … » (Le magicien qui peut tout …. sauf rester seul…) Savez-vous pourquoi seules les vieilles personnes racontent des histoires? Parce que les contes sont la sagesse même de notre monde! Tout passe, et seuls les contes authentiques demeurent… Les contes sont la sagesse, et pour raconter des contes, il faut savoir beaucoup de choses, et voir ce que d’aucun ne peut voir. Mais pour ce faire, il faut avoir vécu de longues années. C’est pourquoi seules les vieilles personnes savent raconter les contes. Comme il est dit dans le grand livre antique des enchantements: «Le vieil homme est celui qui détient la sagesse». Les enfants…, ils aiment écouter les contes parce qu’il y a en eux l’imagination et l’esprit qui les font penser à tout, et pas seulement à ce que d’aucun peut voir et, si après être devenu grand, l’enfant voit toujours ce que d’aucun ne peut voir, c’est qu’il sait que l’imagination, - c’est la vérité. Et il reste enfant, un enfant plein de sagesse, - «Un ancien détenant la sagesse»-, Comme il est dit dans le grand livre antique des enchantements, le «Livre du Zohar». Il était une fois un magicien, grand, extraordinaire, beau et d’une très grande bonté… Mais il était seul, personne, qui pourrait être à ses côtés, personne avec qui jouer, personne à qui parler, personne qui lui prêterait attention, avec qui pourrait-il partager tout ce qu’il possède. Que faire? … C’est si triste d’être seul! Il se prit à penser: et si je créais une pierre, même une toute petite, mais une jolie pierre? Peut être que cela me suffirait, je la caresserais et je sentirais comme une présence à mes côtés, et nous serions bien. C’est si triste d’être seul! Avec sa baguette magique il fit «abracadabra!» Et une pierre apparut à ses côtés, exactement comme il l’avait imaginée. Il caresse la pierre, il l’embrasse, mais elle ne répond pas, elle ne bouge pas, qu’elle reçoive un coup ou une caresse, elle est insensible! Comment être son ami? Le magicien se mit alors à faire des pierres et encore des pierres, beaucoup d’autres pierres, toutes différentes, des rochers, des montagnes, des terres, le globe terrestre, le soleil, la lune. Il remplit de pierres tout l’univers, mais toutes

n’étaient qu’une seule et même pierre, elles ne lui répondaient pas, et comme auparavant, il pensait: C’est si triste d’être seul! Puis le magicien pensa: Et si au lieu d’une pierre, je créais une fleur, une jolie fleur? Je l’arroserais, je l’installerais dans un endroit aéré, au soleil, j’en prendrais soin, elle serait heureuse, et tous deux ensemble, nous serions bien, C’est si triste d’être seul! Avec sa baguette magique il fit «abracadabra!» Et une fleur apparut à ses côtés, exactement comme il la voulait. Il se mit à danser de joie devant elle, mais la fleur, elle, ne dansait pas, elle ne tournoyait pas, elle était presque insensible à sa présence. Elle réagissait seulement à ce que lui donnait le magicien. Quand il l’arrosait, elle était pleine de vie, quand il ne l’arrosait pas, elle s’étiolait. Comment est-il possible de réagir aussi peu à un magicien d’une si grande bonté? Prêt à donner tout son cœur! … Et personne… Comment faire? … C’est si triste d’être seul! Le magicien se mit alors à faire des fleurs, des grandes, des petites, des jardins et des forêts, des buissons et des champs… Mais tous n’étaient qu’une seule et même fleur, elles ne lui répondaient pas, et comme auparavant, C’était bien triste d’être seul… Le magicien pensa longuement puis il se dit: Et si je créais un animal? Mais quel animal? Le mieux serait un chien. Oui, un chien! Un petit chien, gai, affectueux. Je jouerais avec lui, nous irions nous promener, et mon chien courrait devant, derrière, autour de moi. Quand je rentrerais à la maison, dans mon château, plutôt, quand je serais de retour dans notre maison, il serait déjà parti en courant à ma rencontre, nous serions bien ensemble, C’est si triste d’être seul! Avec sa baguette magique il fit «abracadabra!» Et un chien apparut à ses côtés, exactement comme il le voulait. Il se mit à le choyer, il lui donnait à manger et à boire, il le caressait, lui faisait sa toilette, allait le promener, il faisait tout pour lui… Mais l’amour d’un chien…C’est juste sa présence, être aux pieds, suivre…

Et le magicien s’aperçut avec regret que même le chien avec lequel il jouait si bien, n’était pas capable de lui rendre l’amour qu’il lui donnait. Il n’était tout simplement pas capable d’être son ami, pas capable d’apprécier ce qu’il faisait pour lui! C’était pourtant bien ce que souhaitait le magicien! Il se mit alors à créer des poissons, des lézards, des oiseaux, et bien d’autres, Mais ce n’était pas mieux: Aucun ne le comprenait, Et comme auparavant, il pensait. C’est si triste d’être seul! Le magicien pensa longuement, longuement puis comprit: «Mon seul véritable ami ne pourra être que celui qui aura besoin de moi et me cherchera. Ce doit être quelqu’un qui pourra vivre comme moi, quelqu’un qui saura tout faire comme moi, qui pourra aimer comme moi, comprendre comme moi, c’est seulement alors qu’il me comprendra! Seulement, comment être comme moi? … mmm… Qui peut-être comme moi? Qui pourrait apprécier ce que je lui donne, qui pourrait me rendre la pareille, car même un magicien a besoin d’amour, qui pourrait être tel que nous serions bien ensemble? C’est si triste d’être seul! Mais pour que nous soyons bien ensemble, il doit auparavant savoir, ce que signifie être seul, sans moi, éprouver, comme moi… sans lui, que c’est si triste d’être seul! A nouveau, le magicien fit «abracadabra!» Et, loin, très loin de lui, apparut un endroit, et dans cet endroit, un homme… Mais l’homme est si loin du magicien qu’il n’a pas le sentiment de l’existence du magicien qui l’a créé et a tout créé pour lui: Les pierres, les fleurs, les animaux, les oiseaux, les maisons et les montagnes, les champs et les forêts, la lune et le soleil, la pluie et le ciel, et encore beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses… le monde entier…, même le football et les ordinateurs! Tout ce que possède l’homme… Et le magicien est encore seul… Et c’est si triste d’être seul! L’homme, lui, ne se doute même pas qu’il existe un magicien, qui l’a créé, qui l’aime, qu’il l’attend et qui l’appelle: «Eh, vraiment, tu ne me vois pas!? C’est

moi, ... moi qui t’ai tout donné, Viens! Nous serons bien tous les deux, c’est si triste d’être seul!…». Mais comment l’homme qui se sent si bien comme cela, qui a le football et les ordinateurs, qui ne connaît pas le magicien, comment pourrait-il vouloir le trouver, le rencontrer, s’approcher de lui, être son ami, l’aimer, être tout près de lui, et lui dire à ce magicien, « Eh, magicien!… Viens, nous serons bien tous les deux, C’est si triste d’être seul, sans toi!…». Car l’homme ne connaît que ses semblables et que ce qui est autour de lui, il sait qu’il faut être comme tous, faire tout ce que tous font, dire ce que tous disent, vouloir ce que tous veulent. Ne pas énerver les grands, demander poliment, les maisons, les ordinateurs, le football pour les loisirs, et tout ce qu’il veut, il le possède, et à quoi bon savoir en fin de compte qu’il existe un magicien, qui est si triste sans lui … Mais le magicien est d’une grande bonté, d’une grande sagesse, Sans se montrer … il observe l’homme… … et tout à coup … un jour, … délicatement, doucement, tout doucement, il fait … «abracadabra!» avec sa baguette. Et l’homme ne peut plus vivre comme avant, ni le football, ni les ordinateurs ne lui font plus plaisir, et il veut, il cherche quelque chose, il ne comprend pas encore que c’est le magicien qui est entré dans son cœur avec sa baguette magique en lui disant: «Allez ! … maintenant, Viens, nous serons bien tous les deux, Car toi aussi, tu es si triste d’être seul!». Et le magicien, d’une grande bonté, d’une grande sagesse, l’aide à nouveau: Juste encore un «abracadabra » Et l’homme sent qu’il existe quelque part un château enchanté, rempli de toutes sortes de bonnes choses miraculeuses, et que le magicien l’attend là-bas, et qu’ils seront bien tous les deux … Mais, où est ce château? Qui lui montrera le chemin? Comment rencontrer le magicien? Comment pourra-t-il le trouver? Et toujours dans son cœur « tic!… tic!». Il ne peut plus ni manger, ni dormir, partout, il voit des magiciens et des châteaux et il n’en peut plus d’être seul, ce serait si bien ensemble! … Mais pour que l’homme devienne comme le magicien, d’une grande bonté, d’une grande sagesse, aimant, fidèle, il doit savoir faire tout ce que sait faire le magicien, en tout, il doit lui ressembler, seulement, pour cela, les «abracadabra!»

ne conviennent plus, l’homme doit apprendre lui-même à les faire, mais comment? C’est pourquoi le magicien discrètement….tout doucement, délicatement…«abracadabra! abracadabra!» conduit l’homme avec précaution vers le grand livre antique des enchantements, le «Livre du Zohar» qui a les réponses à tout, tout, sur le chemin, sur la façon de s’y prendre pour que finalement tout soit bien, alors pourquoi rester seul? Et l’homme se dépêche vite, très vite de se mettre en chemin vers le château, pour rencontrer le magicien, pour rencontrer son ami, être à ses côtés, lui dire «hé! Nous serons bien ensemble, Ca fait si mal d’être seul». Mais autour du château – une haute muraille, et des gardes terrifiants tout autour, et plus l’homme s’élève le long de la muraille, plus les gardes le rejettent avec grossièreté, plus il tombe douloureusement, il est sans force, vidé, il crie vers le magicien: Où donc est ta bonté, pourquoi me fais-tu souffrir? Pourquoi m’as-tu appelé? Parce que tu avais mal d’être seul? Pourquoi as-tu fais en sorte que je souffre sans toi? Et tout à coup, il ressent un «abracadabra!» - et à nouveau, il avance, il monte le long de la muraille. Il faut contourner les gardes, monter le long du mur, franchir le portail fermé du château, trouver le magicien. Tous les coups, tous les échecs lui donnent des forces, de la persévérance, de la sagesse. Soudain, du découragement naît le désir de lui ressembler il apprend à faire tous les miracles que fait le magicien, il apprend à créer ce que seul le magicien pouvait créer! Des profondeurs des échecs croît son amour, il n’a plus qu’un seul désir: Etre avec le magicien, le voir, tout lui donner, sans retour. Car c’est seulement alors qu’il se sentira bien, ce n’est plus possible d’être seul!… Et quand il n’en peut vraiment plus, alors le grand portail s’ouvre, et le magicien s’avance à sa rencontre, en lui disant: «Eh bien, où étais-tu? Viens, comme nous allons être bien maintenant, car, tous les deux, nous savons, comme cela fait mal, comme c’est triste d’être seul». Dès cet instant, ils demeureront ensemble à jamais, des amis fidèles, inséparables, aimants. Et il n’y a pas de sentiments plus élevé, plus profonds, et l’amour leur emplit tellement le cœur qu’aucun n’a le souvenir que c’est si triste d’être seul!… Si quelqu’un ressent dans son cœur, un «tic… tic» doux, très doux, (Ecoutez bien attentivement!), que l’essentiel dans la vie est la rencontre avec le magicien, l’attachement à lui, l’union avec lui, qui, seuls, prodigueront le bien-être, mais

que, pour l’instant, tout est tristesse et souffrance…qu’il s’adresse au groupe des aides du magicien.

Fin Cette suite d’écrans nous masque le Créateur. Ces écrans existent en nous-mêmes, dans nos âmes, et à l’exception de nos âmes avec les écrans qui retiennent la Lumière, tout ce qui est à l’extérieur de nous, est le Créateur. Nous ne pouvons ressentir que ce qui parvient jusqu’à nous à travers l’écran. Tout ce qui est à l’extérieur de nous échappe totalement à notre sensibilité, tout comme dans notre monde nous ne voyons que ce qui est dans notre champ de vision, ce qui laisse une empreinte sur la surface interne de l’œil. Toutes nos connaissances sur les mondes spirituels correspondent au niveau auquel sont parvenus les kabbalistes, à ce qu’ils ont ressenti et à ce qu’ils nous ont transmis. Ce qu’ils ont appréhendé se situait dans leur champ de vision spirituelle, tous les mondes que nous connaissons n’existent que par rapport aux âmes. Si nous nous référons à ce que nous venons d’exposer, la création peut être divisée en 3 parties: 1. Le Créateur dont nous ne pouvons pas parler parce que nous ne pouvons

juger que de ce qui entre dans notre champ de vision spirituelle après avoir traversé les écrans.

2. Le but de la création qui est ce dont nous pouvons parler, autrement dit c’est

à partir d’elle que nous commençons à comprendre le but du Créateur, ce but étant la délectation des créatures.

A part ce lien du Créateur avec nous, nous ne pouvons rien dire de Lui, rien ne nous le permet. Le Créateur a voulu que nous ressentions Son emprise sur nous comme un délice et Il nous a dotés d’organes des sens pour que nous percevions Son action à cette fin. Toute perception ne se faisant que par le biais des âmes, nous ne pouvons pas parler des mondes en dehors du lien avec celui qui les perçoit car en dehors de la sensibilité des âmes, les mondes n’existent pas en tant que tels. Les écrans qui atténuent la Lumière par leur barrage entre nous et le Créateur, sont les mondes

eux-mêmes. «Olam» a pour origine le mot «Alama» (dissimulation). Les mondes n’existent que pour transmettre une certaine fraction du délice (de la Lumière) émanant du Créateur vers les âmes. 3. Les âmes qui correspondent à quelque chose créé par le Créateur et qui se

perçoit comme quelque chose ayant une individualité. Cette impression purement subjective ressentie par nous comme constituant notre «moi» a été créée spécialement en nous par le Créateur: nous sommes une partie intégrante du Créateur.

Le chemin de l’homme de sa phase initiale jusqu’à son union totale au Créateur par ses attributs se divise en cinq degrés qui sont constitués à leur tour de cinq sous degrés divisés à leur tour en cinq sous degrés, au total 125 degrés. Ceux qui se situent au même degré en ont une perception identique et ressentent sur eux la même force agissante que ceux qui se situent à ce même degré. Ils possèdent les mêmes organes spirituels et par conséquent ressentent tout ce, et tous ceux qui se situent à ce degré. De la même manière dans notre monde, les personnes possèdent les mêmes organes des sens, produisant une perception identique des choses, mais ne peuvent pas percevoir d’autres mondes. C’est la raison pour laquelle les ouvrages de Kabbale ne sont compris que du lecteur ayant atteint le degré dont parle l’auteur, puisque lui et l’auteur éprouvent les mêmes sensations tout comme les éprouveraient un lecteur et un auteur décrivant des événements de notre monde. La sensation de proximité du Créateur, le délice spirituel et la Lumière procurés par l’union avec Lui et par la compréhension de Ses désirs et des lois de Sa toute-puissance, la Lumière du Créateur, la sensation de Sa présence sont perçues par l’âme à partir des mondes spirituels. La sensation d’un rapprochement avec le Créateur s’élabore au fur et à mesure de la progression spirituelle. C’est la raison pour laquelle, à chaque étape nous avons une perception différente de la Bible qui est la manifestation du Créateur: pour ceux qui ne comprennent que notre monde, la Bible se présente sous la forme d’un ouvrage de lois et d’événements historiques qui décrivent le comportement de l’homme dans notre monde. A mesure que l’homme progresse spirituellement pour comprendre les attributs des éléments et des événements de notre monde, il commence à percevoir les actions du Créateur.

Il s’ensuit de ce qui précède qu’il n’existe que deux entités dans la création, le Créateur et l’homme créé par Lui, tous les tableaux qui se présentent à l’esprit de l’homme, la perception de notre monde ou bien même des mondes spirituels correspondent aux divers degrés de la manifestation du Créateur sur le chemin du rapprochement de l’homme.

19 - LES DEGRÉS SPIRITUELS La création peut être décrite comme une fonction de quatre paramètres: le monde, le temps et l’âme qui sont mus par la volonté et le désir du Créateur. Le Monde: correspond à l’univers non animé. Dans les mondes spirituels, il correspond au niveau non animé des désirs. L’Ame: correspond à tout ce qui est animé, y compris l’homme. Le Temps: correspond à la relation de cause à effet des événements qui arrivent à chaque âme en particulier et à l’humanité dans son ensemble, comme le développement historique de l’humanité. La Source d’existence: correspond au plan de déroulement des événements qui surviennent à chacun de nous et à l’humanité dans son ensemble; au plan de direction de la création pour faire aboutir celle-ci à son état prédéfini. Après avoir décidé de créer les mondes et d’y placer l’homme pour qu’il se rapproche progressivement de Lui, le Créateur a créé notre monde, et l’a éloigné de Lui en atténuant de Sa Lumière, en masquant Sa présence. Les étapes du dévoilement progressif (du haut vers le bas) de la présence du Créateur sont désignées par le terme «mondes». 1. Atsilout. Ceux qui se situent dans ce monde sont en union totale avec le

Créateur. 2. Briya. Ceux qui se situent dans ce monde sont liés au Créateur. 3. Yetsira. Ceux qui se situent dans ce monde ressentent le Créateur. 4. Assiya. Ceux qui se situent dans ce monde ne ressentent pratiquement pas ou

pas du tout le Créateur, notre monde y compris, qui est le dernier situé au niveau le plus bas, le plus éloigné du Créateur.

Ces mondes émanent l’un de l’autre, ils sont en quelque sorte la copie l’un de l’autre. Celui qui est au niveau le plus bas, autrement dit celui qui est le plus éloigné du Créateur, est la copie plus grossière (mais précise) du niveau précédent; cette copie est d’ailleurs reproduite pour les 4 paramètres: le monde, l’âme, le temps et la source d’existence. Dans notre monde, tout est par conséquent la suite de processus qui se sont déjà déroulés dans un monde supérieur, et ce qui s’y produit, à son tour, est la suite d’un processus déjà survenu dans un monde situé encore plus haut, et ainsi de suite jusqu’à l’endroit où les quatre paramètres, le monde, le temps, l’âme, la

source d’existence s’unissent en une source unique, le Créateur. Cet endroit est appelé le monde de l’Atsilout. Vêtir le Créateur des enveloppes de l’Atsilout, Briya, Yetsira (sa manifestation à nous au moyen de la Lumière atténuée par les écrans de ces mondes) tel est le rôle de la Kabbale. Vêtir le Créateur de l’enveloppe de notre monde, du monde de l’Assiya, tel est le but de la Torah écrite. Nous pouvons conclure qu’il n’y a pas de différence entre la Kabbale et la Torah de notre monde. La source de tout est le Créateur. En d’autres termes, étudier et vivre en harmonie avec la Torah ou bien étudier et vivre en harmonie avec la Kabbale dépend du niveau spirituel de l’homme: si l’homme se trouve spirituellement au niveau de notre monde, il voit et perçoit notre monde et la Torah comme tous. S’il s’élève spirituellement, il a une autre vision des choses, car le vêtement correspondant à notre monde tombe, il reste les enveloppes des mondes de Yetsira et Briya. Alors la Torah et la réalité lui apparaissent différemment, comme elles apparaissent à ceux qui ont atteint le niveau du monde de Yetsira. La Bible qui faisait le récit d’animaux, de guerres, d’éléments de notre monde, devient alors selon la Kabbale, la description du monde Yetsira. Si l’homme s’élève encore plus, dans le monde correspondant à Briya ou à Atsilout, sa vision du monde et l’organisation de celui-ci seront encore différentes, en fonction de son niveau spirituel. Il n’y a aucune différence entre la Bible de notre monde et la Kabbale des mondes spirituels, la seule différence ne réside que dans le niveau spirituel des personnes qui l’étudient. Assiya correspond au niveau de la dissimulation totale du Créateur. Les personnes de ce niveau perçoivent de manière négative le monde qui n’est, dans leur esprit, que souffrances car elles ne peuvent pas percevoir autrement la dissimulation du Créateur. Le plaisir qu’elles éprouvent n’est qu’au prix de la souffrance. Le Créateur se dévoile partiellement à la personne qui accède au niveau Yetsira. Cette personne a la connaissance de la structure du système rétribution et punition, elle ressent de l’amour (en fonction de la rétribution) et de la crainte (de la punition).

Le niveau suivant est l’amour inconditionnel qui naît par suite de la prise de conscience par l’homme que le Créateur ne lui a jamais causé du tort, seulement du bien. Ce niveau correspond à Briya. Quand le Créateur dévoile à cette personne le tableau de l’ensemble de la création et sa toute-puissance, la personne en éprouve un amour absolu pour le Créateur car elle voit l’amour absolu du Créateur envers toutes Ses créatures. Cette prise de conscience lui ouvre l’accès au niveau de l’Atsilout. Notre relation au Créateur est la conséquence de la compréhension de Ses actions et ne dépend que de Son dévoilement à nous puisque nous sommes créés de telle sorte que les actions du Créateur ont automatiquement une influence sur nous (nos pensées, nos qualités, nos actes), et nous ne pouvons que Lui demander de nous transformer. Les actions du Créateur sont d’une bonté absolue, des forces ont été toutefois créées par Lui qui semblent agir à l’encontre du désir du Créateur et qui incitent à la critique de Ses actions et sont appelées forces «impures». A chaque degré, du début de notre chemin jusqu’à la fin deux forces créées par le Créateur s’opposent en nous: une force pure et une force impure. La force impure suscite en nous l’incertitude et nous éloigne du Créateur. Si, nous n’y prêtons pas attention, nous nous concentrons sur notre demande au Créateur pour nous aider, autrement dit que nous opposons à cette force un renforcement de notre lien avec le Créateur, nous faisons alors entrer en nous à sa place une force pure et nous progression vers un degré encore plus élevé. La force impure cesse d’exercer une action sur nous car elle a rempli son rôle. L’aspiration de la force impure du monde Assiya (premier degré) est d’interpréter les événements par la négation de la présence du Créateur. L’aspiration de la force impure du monde Yetsira (deuxième degré) est d’essayer de persuader l’homme que le monde est régi non par la rétribution et le châtiment, mais arbitrairement. L’aspiration de la force impure du monde de Briya (troisième degré) est de neutraliser en l’homme sa perception de l’amour que lui porte le Créateur, laquelle fait naître de l’amour pour le Créateur. L’aspiration de la force impure du monde Atsilout (quatrième degré) est de démontrer à l’homme que le Créateur n’agit pas, ou pas toujours, avec toutes les créatures avec un amour infini, son rôle est de faire obstacle à l’amour absolu que l’homme pourrait éprouver pour le Créateur.

Il est clair que pour s’élever de degrés en degrés, à chaque degré d’élévation, pour le dévoilement du Créateur et le plaisir procuré par le rapprochement avec Lui, il faut au préalable vaincre une force contraire d’une nature et d’une puissance proportionnelles à nos efforts qui se présente sous la forme de pensées et de désirs, après quoi il sera possible de s’élever encore d’un degré, de faire encore un pas sur le chemin de la progression. Nous pouvons conclure de ce qui précède qu’à la gamme des forces spirituelles et des sensations des quatre mondes Assiya, Yetsira Briya Atsilout correspond celle de forces et des sensations opposées, les quatre mondes impurs de Assiya Yetsira Briya Atsilout. La progression ne se fait que par phases alternatives: si l’homme par ses efforts de volonté surmonte une force impure, tous les obstacles que lui envoie le Créateur suite à sa prière pour qu’Il se dévoile, pour trouver ainsi l’énergie de résister aux forces, aux pensées et aux désirs impurs, il atteint le degré de pureté correspondant. A sa naissance, tout être est totalement dépourvu de la capacité de ressentir le Créateur. Pour commencer à progresser sur le chemin que nous venons de décrire, il est nécessaire: 1) d’avoir le sentiment profond de notre bassesse; 2) d’avoir au moins la sensation de l’existence du Créateur; 3) d’avoir la conviction profonde que nous ne dépendons que du Créateur; 4) de prendre conscience que seul le Créateur peut nous venir en aide. En Se dévoilant un peu, le Créateur peut modifier immédiatement nos désirs, créer en nous une raison qualitativement différente. La manifestation de puissants désirs donne alors lieu immédiatement à l’apparition de forces pour les vaincre. L’homme n’est défini que par ses désirs. Leur nature dépend de l’homme dans son essence. La raison n’existe que pour nous aider à obtenir ce que nous voulons, autrement dit, la raison n’est rien de plus qu’un instrument auxiliaire. L’homme parcourt son chemin pas à pas, par étapes, successivement sous l’influence des forces impures (de la gauche) et égoïstes, et pures (de la droite) altruistes. S’il surmonte les forces impures avec l’aide du Créateur, l’homme acquiert les attributs de la droite.

Ce chemin est semblable à deux rails, un gauche et un droite, deux forces, l’éloignement et l’attirance par rapport au Créateur, deux désirs, l’égoïsme et l’altruisme. Plus nous sommes éloignés du point initial, plus ces deux forces opposées sont fortes. La progression correspond au souhait de ressembler au Créateur: ressemblance dans les désirs et dans l’amour. L’amour est le seul sentiment que le Créateur a à notre égard et Il est la source de tout: nous prodiguer uniquement le bien, nous amener à un état idéal, qui ne peut être qu’un état analogue à celui du Créateur, à l’infini, avec les délices sans limites procurés par le sentiment d’amour illimité pour le Créateur irradiant de ce même sentiment. Accéder à cet état est le but de la création, tous les autres désirs sont qualifiés d’impurs. Le but que le Créateur s’est fixé est de nous amener à Lui ressembler, ce but est obligatoire pour chacun de nous et pour l’humanité dans son ensemble, bon an mal an. Toutefois nous ne pouvons pas vouloir ce but puisque nous ne percevons que les plaisirs et ne voyons pas l’élimination des souffrances que nous apporterait l’union avec le Créateur. Les souffrances nous sont envoyées par le Créateur car c’est seulement de cette manière que nous pouvons progresser, nous obliger à vouloir changer nos points de vue, notre environnement, nos habitudes et notre comportement car instinctivement l’homme veut se débarrasser de ses souffrances. Il ne peut pas y avoir de délices sans souffrances qui les ont précédées, il ne peut pas y avoir de réponse sans questions, d’assouvissement sans sensation de faim, autrement dit pour éprouver une sensation, il faut au préalable éprouver une sensation tout à fait contraire. C’est pourquoi pour aspirer vers le Créateur, L’aimer, il faut éprouver des sentiments directement opposés, de la haine, avoir des vues, des habitudes, des désirs opposés. Il ne peut pas y avoir de sentiment dans le désert, il doit y avoir obligatoirement le désir d’éprouver tel ou tel sentiment. Prenons l’exemple de la musique, pour développer l’amour de la musique, il faut éduquer l’homme à la comprendre. Une personne non-spécialiste ne peut pas comprendre la joie du chercheur qui, après de longs efforts, fait la découverte à laquelle il aspirait. Le désir de quelque chose est désigné en Kabbale par le terme récipient (Kli) car c’est justement la sensation de manque qui détermine le plaisir éprouvé quand il est rempli, et c’est de sa dimension que dépend l’importance du plaisir futur.

Même dans ce monde, nous voyons bien que c’est la mesure du désir, la sensation de faim, et non la taille de l’estomac qui détermine l’importance du plaisir éprouvé par le biais de la nourriture, autrement dit, c’est le degré de souffrance due au manque de l’objet désiré qui conditionne la grandeur du récipient et donc la grandeur du plaisir qui sera éprouvé. Le plaisir qui satisfait le désir de l’éprouver est désigné par le terme Lumière car il donne au récipient la sensation de plénitude et de satisfaction. Un désir préalable est nécessaire avant la sensation de souffrance du fait du manque de l’objet désiré pour être véritablement prêt à recevoir la plénitude attendue. Dans notre monde, la tâche des forces impures (les désirs) désignées par le terme «Klipot» consiste justement à créer en l’homme un désir infiniment grand. Sans les désirs (Klipot) l’homme ne souhaiterait jamais plus que ce qui est exigé de lui, il resterait à un niveau infantile de développement. Ce sont les Klipot qui poussent l’homme à rechercher de nouveaux plaisirs car elles créent sans cesse en lui de nouveaux désirs qui nécessitent satisfaction et qui l’obligent à se développer. L’assimilation des attributs du Monde d’Atsilout est désignée par l’expression «la résurrection des morts» car elle permet à l’homme de donner une orientation pure à tous ses désirs impurs antérieurs, autrement, ses désirs morts. Avant le Monde d’Atsilout, en cheminant comme sur une voie à deux rails, l’homme ne fait que modifier ses désirs dans le sens opposé, il ne les transforme pas en désirs purs. En pénétrant dans le monde d’Atsilout, l’homme peut à nouveau prendre ses désirs passés et les rectifier, autrement dit s’élever encore plus haut. Ce processus est désigné par l’expression «la résurrection des morts» (des désirs). Bien entendu il ne peut s’agir de notre corps matériel qui, comme le corps de toutes les autres créations qui peuple ce monde, n’est rien sans l’âme et se décompose après le départ de celle-ci. Si le travail qu’il a fait sur lui-même permet à l’homme de parvenir à un tel degré que les pensées inutiles n’ont plus d’emprise sur lui, ne le détournent plus du Créateur bien qu’il sente bien qu’elles persistent encore en lui, ce degré est désigné par le terme Shabbat.

Si l’homme détourne ses pensées et ses aspirations du Créateur, de lui-même ou bien écoute des pensées parasites, les laisse entrer en lui, ce degré est désigné par l’expression «non-respect du Shabbat»; ces pensées, il ne les considère plus comme provenant de l’extérieur mais comme siennes et il est persuadé que ces pensées sont justes, et non pas celles qui l’incitent à se rapprocher du Créateur spontanément. Prenons l’exemple d’un grand spécialiste d’un domaine quelconque qui évoluerait dans un milieu professionnellement médiocre où la règle serait de ne pas s’atteler à la tâche plutôt que d’y mettre tout son cœur. En se pliant à ce principe, l’expert perdrait progressivement sa spécialisation. Par contre, si ce même spécialiste se trouve dans un milieu professionnellement médiocre mais d’une spécialité différente de la sienne, il ne souffrirait pas de la situation du fait de l’absence de relation avec la médiocrité. Il est particulièrement important pour celui qui désire avancer dans sa spécialité d’évoluer dans un milieu de spécialistes de haut niveau qui perçoivent leur métier comme un art. Le véritable spécialiste se distingue d’un exécutant ordinaire par le fait que son travail lui procure du plaisir, et le résultat qu’il obtient le satisfait plus que la rétribution. Les personnes qui souhaitent s’élever spirituellement doivent rigoureusement prendre garde au milieu dans lequel elles évoluent. Dans un milieu de personnes croyantes peu soucieux de l’intention à mettre dans l’observation des commandements, la prudence est de mise. Les personnes qui se disent «kabbalistes» sont à éviter absolument car elles peuvent porter préjudice au travail du débutant. La Kabbale décrit la création comme étant composée de deux aspects: le Créateur et le désir créé par Lui de se délecter de Sa présence. Ce désir (comme tout désir éprouvé par nous, mais existant sans enveloppe terrestre que représente notre corps) de se délecter de la présence du Créateur comme source de la délectation absolue infinie est appelé «âme». La raison et le but de la création correspondent au désir du Créateur de faire plaisir aux âmes. L’âme aspire à se délecter du Créateur. Le désir du Créateur et le désir de l’âme se réalisent par leur rapprochement, puis leur union.

L’union, le rapprochement sont réalisées par la correspondance des attributs, des désirs. Tout comme dans notre monde nous qualifions de proches les personnes qui nous sont proches par leurs qualités et non par la distance. A l’instar de ce qui se passe dans notre monde, plus les personnes sont éloignées dès l’origine, plus les difficultés à obtenir l’objet désiré sont importantes, plus le plaisir éprouvé du fait de l’union avec l’objet désiré est grand. C’est pourquoi le Créateur place l’âme au degré le plus éloigné de Lui: 1) Il se dissimule complètement en tant que source de plaisir; 2) Il place l’âme dans un corps, dans le désir d’éprouver du plaisir de tout ce qui l’entoure. Si, malgré la dissimulation du Créateur et les désirs parasites du corps, l’homme développe en lui le désir de s’unir avec le Créateur, il peut alors, grâce à la résistance du corps parvenir à un désir de s’unir au Créateur bien plus fort que n’éprouvait l’âme avant sa descente. La méthode pour réaliser l’union avec le Créateur se nomme la Kabbale, qui vient du verbe Lekabel- recevoir du plaisir du Créateur. A l’aide de mots et de concepts empruntés à notre monde, la Kabbale nous parle des mondes spirituels. Tous les récits de la Bible (Le Pentateuque, les Ecrits et les Prophètes) ont pour propos d’enseigner à l’homme les chemins le conduisant vers la réalisation de l’objectif de la création. A la Lumière de la Kabbale, ce récit a le sens suivant: «au début», autrement dit au début du travail sur soi-même, au début du chemin pour se rapprocher du Créateur, «nos ancêtres», autrement dit, les désirs de l’homme à l’initial, «étaient des idolâtres» autrement dit tous les désirs de l’homme étaient exclusivement orientés vers le plaisir à éprouver de cette vie courte, «ensuite le Créateur a choisi l’un d’entre eux», c’est-à-dire, que parmi tous ces désirs, l’homme a élu le désir de progresser spirituellement pour ressentir le Créateur, «et il lui a ordonné de quitter sa terre et son peuple et de s’installer dans un autre endroit», pour ressentir le Créateur, l’homme doit distinguer l’un de ses désirs, uniquement celui de ressentir le Créateur et se séparer des autres. Si l’homme est en mesure de distinguer l’un de ces désirs, le faire grandir et ne vivre que pour ce seul désir de s’unir au Créateur, alors il entre dans une autre vie, une vie de spiritualité. Si l’homme veut progresser ou bien progresse vers le Créateur, il est appelé «Israël», du mot Isra (droit) et El (Créateur).

La création du monde comporte une phase de création et une phase l’administration pour que le monde puisse exister et avancer selon le projet du Créateur.

20 - LE RETOUR VERS LE CRÉATEUR Pour que l’administration de l’En-haut et le libre arbitre puissent se réaliser, les actes de l’homme sont régis selon deux systèmes faisant qu’à toute force positive corresponde une force égale négative: 4 mondes positifs ABY”A de Kdousha et 4 mondes négatifs ABY”A de Téouma qui leur sont antinomiques. De plus, dans notre monde, la différence entre les forces positives et négatives n’est pas visible, entre l’homme qui progresse vers le Créateur et celui qui ne progresse pas. L’homme lui-même ne peut pas juger authentiquement s’il progresse ou stagne, il ne peut pas savoir si c’est une force de désir positive ou négative qui agit en lui à un moment précis. L’inspiration et le sentiment d’assurance dans l’authenticité du chemin entrepris sont illusoires et, en principe, ils ne sont pas la démonstration d’un bon choix dans les actes ni de l’authenticité du chemin. Si l’homme se trouve au début de son chemin spirituel, comment peut-il avancer selon l’orientation souhaitée vers l’objectif de la création et de son existence? De quelle manière l’homme peut-il trouver son chemin authentique dans ce monde, sans perception ni représentation précises manifestes de ce que sont le bien et le mal pour l’objectif suprême, pour son bien-être authentique, sans limites, et ne pas se laisser leurrer par une satisfaction temporaire? Dans bien des cas, l’humanité se trompe et se fourvoie en se référant à des théories sur le sens de l’existence et dans un chemin menant à des objectifs forgés de toutes pièces. Le débutant qui a déjà commencé un chemin n’a aucun point de repère, il ne peut pas juger de l’authenticité de chacune de ses pensées ni de chacun de ses désirs. Le Créateur a-t-il pu nous créer et nous placer dans ce monde sans aide aucune, totalement impuissants? Notre bon sens nous dit qu’il n’est pas bien de créer quelque chose dans un but défini pour ensuite l’abandonner. Le Créateur n’a pas pu agir ainsi, Il nous a évidemment donné la possibilité de trouver le chemin authentique quelle que soit la situation. Effectivement, il est possible de vérifier l’authenticité du chemin choisi, et par conséquent ressentir l’aide du Créateur. Ceux qui empruntent le chemin de l’ABY”A impure, égoïste, ne parviennent pas au but spirituel, ils épuisent leurs forces jusqu’à ce qu’ils s’appuient sur le mur de leur désolation car ils ne sentent pas l’aide du Créateur sous la forme du dévoilement du tableau de la création.

Au contraire, ceux qui empruntent la voie des mondes de pureté de l’ABY”A sont rétribués par la perception de la création qui s’ouvre à eux comme une bénédiction du Créateur, et ils réalisent l’objectif spirituel suprême. C’est la seule façon de vérifier dans notre monde (autrement dit, à notre degré) quel chemin, quelles actions et quelles pensées choisir pour progresser spirituellement parmi toutes les pensées et les désirs qui nous sont envoyés de l’Assiya pure, comme de l’Assiya impure. La différence entre celui qui progresse correctement et celui qui s’égare réside par conséquent en ceci que le premier est récompensé par la bénédiction du Créateur, autrement dit, le Créateur se dévoile à lui et l’approche de Lui. C’est pourquoi si l’homme voit que les secrets de la Kabbale ne s’ouvrent pas à lui, cela signifie qu’il n’a pas emprunté le bon chemin, bien qu’il soit pleins d’inspirations, de forces et qu’il s’imagine qu’il a déjà pénétré les sphères spirituelles. C’est le lot de ceux qui se livrent à l’étude de la Kabbale en dilettantes. Tout notre chemin de progression spirituelle sur les degrés des mondes de l’ABY”A est constitué de l’influence successive sur nous de la force du degré où nous nous situons. Chacune de ces forces est représentée par une lettre de l’alphabet hébraïque, chaque lettre de l’alphabet hébraïque symbolisant une force spirituelle gérée par le degré correspondant dans les mondes de l’ABY”A. Seule cette force peut sauver l’homme, c’est-à-dire l’arracher au pouvoir des désirs égoïstes, cette force de la bénédiction du Créateur, est représentée par la lettre beit (ב). Cette force n’a pas d’opposée dans l’ABY”A impure car la bénédiction provient du Créateur uniquement, il ne peut donc pas y avoir de force qui Lui soit opposée dans les mondes de l’ABY”A impure. C’est seulement avec la force de la bénédiction du Créateur qu’existe le monde. C’est uniquement à l’aide de cette bénédiction que l’on peut effectivement distinguer le bien du mal, plus précisément ce qui est bien pour l’homme, et ce qui lui fait du mal, distinguer les forces pures des impures et surmonter les forces impures le long de tout le chemin de l’homme pour parvenir à l’objectif de la création, en sachant clairement si l’on se trompe ou si effectivement on pénètre les mondes spirituels. Toute force dans le système des forces impures du mal existe parce qu’elle reçoit un soutien apporté par la force opposée lui correspondant du système des forces pures, à l’exclusion de la Force provenant de la bénédiction du Créateur.

Le monde a été créé par la Seule Force de la bénédiction qui émane du Créateur pour descendre jusqu’au degré le plus bas des mondes, notre monde. Elle est la seule qui puisse réparer la création en lui insufflant les forces nécessaires pour sa réparation et son élévation. La création du monde repose sur cette seule Force, les forces égoïstes impures ne peuvent ni en diminuer la puissance, ni en tirer profit car elles ne peuvent interférer que là où les forces pures sont faibles. C’est pourquoi la puissance de la Force pure nous aide à distinguer en nous quelles pensées sont pures et impures, dès que nos pensées ne sont pas dirigées vers le Créateur, la bénédiction disparaît. Le son des lettres (Nekoudot) symbolise la disparition de la lumière, de la perception du Créateur. Toute perception du Créateur, toutes sensations spirituelles sont constituées de 10 Sefirot. A partir de la plus élevée (Keter), le son correspond à : 1. Kamatz, 2. Patah 3. Segol, 4. Tseire, 5. Shva, 6. Holam, 7. Hirekh, 8 Kouboutz 9. Shourouk, 10 – absence de son qui correspond à la Malkhout, le dernier degré de perception, degré qui ne s’emplit jamais. Au cours de notre progression vers le but pour nous rapprocher du Créateur, nous ressentons parfois soudainement un sentiment d’inutilité et d’impuissance devant notre méconnaissance de la Kabbale et nous devenons alors incapables d’agir de manière non égoïste, toutes nos pensées étant orientées uniquement vers nos succès matériels. Nous tombons alors dans le désarroi, nous pensons que la possibilité de se rapprocher du Créateur est réservée à certains dotés de dons particuliers à la naissance, de qualités, de pensées et de désirs en harmonie avec ce but, à ceux dont le cœur aspire à la Kabbale et au travail sur soi. Puis un nouveau sentiment apparaît où chacun a sa place à côté du Créateur et que nous mériterons tous tôt ou tard des plaisirs spirituels en s’unissant au Créateur. Nous sortirons alors de notre désespoir et saurons que le Créateur est «Tout Puissant» et a réservé un chemin à chacun de nous, connaît toutes nos pensées, nous conduit et attend que nous Lui demandions de nous rapprocher de Lui. Mais le doute ne cesse de nous tourmenter, nous nous souvenons que nous sommes déjà passés pas ce processus et que rien n’a changé. La conviction de notre insignifiance et de notre faiblesse nous envahit. Plus tard nous réaliserons que ce sentiment a été envoyé spécialement par le Créateur pour être surmonté et nous inciter à travailler sur soi au moyen de notre force de volonté.

Ce mécanisme nous permet de recevoir soudain l’inspiration et les forces correspondant au degré suivant auquel nous aspirons. En d’autres termes, la Lumière du degré suivant nous parvient de loin, elle n’est pas encore intégrée en nous tant que nos désirs sont encore empreints d’égoïsme et cette Lumière (le plaisir spirituel) ne peut pas pénétrer et briller (assouvir) de tels désirs. La création est un concentré de désirs égoïstes appelés «êtres humains». Le Créateur quant à lui est d’un altruisme absolu. Le retour vers le Créateur, l’union avec Lui, le processus de prise de conscience du Créateur n’est rien d’autre que l’harmonisation de tels ou tels attributs avec ceux du Créateur. Ce retour au Créateur est appelé «un retour supérieur» ou Téshouva. Nous pouvons affirmer avoir fait un retour uniquement si le Créateur Lui-même en «témoigne». Quel est ce témoignage? Lorsque nous ressentons Sa présence en permanence, que nos pensées sont orientées vers Lui, ce qui nous permet de nous détacher de nos désirs corporels. Chacun est seul à pouvoir ressentir s’il a effectué ce retour vers le Créateur. A l’aide des forces que nous donne la perception du Créateur, nous pouvons progressivement retourner vers Lui complètement, changer l’égoïsme de nos désirs égoïstes en altruisme. Plus les désirs étaient «mauvais» au début du chemin, plus la tâche est grande, et plus forte sera l’union avec le Créateur. Il ne faut donc jamais désespérer de nos pires défauts, il faut seulement demander leur réparation, et ceci à chaque fois que nous sommes assiégés de pensées nous convainquant de notre insignifiance. En fait, ces pensées ont pour origine notre sentiment d’éloignement par rapport au Créateur, elles ne sont toutefois envoyées qu’à certains de nous si nous sommes en mesure de les recevoir. La plupart des êtres ne se sentent pas mauvais, ne perçoivent pas leur égoïsme. Au contraire, certains peuvent affirmer qu’ils sont des justes. Les pensées ne sont pas envoyées par le Créateur pour nous faire souffrir ni pour que nous tombions dans le désespoir, mais pour nous encourager à nous tourner vers le Créateur et Lui demander de nous délivrer de nous-mêmes, de nos défauts. Lorsque le sentiment de faiblesse revient - qu’il fait écho à des moments analogues vécus dans le passé - et qu’il nous semble inutile de répéter les expériences d’abattement, il faut garder à l’esprit que nous sommes en train de

passer par des étapes de réparation qui s’accumulent avant que le Créateur ne les relie toutes. Tous ces sentiments négatifs relatifs à notre éloignement du Créateur, notre mécontentements vis-à-vis du chemin spirituel, nos revendications ne sont que des moyens, qui nous sont envoyés en fonction de notre degré à ressentir la puissance du Créateur et les délices qui émanent de Lui. C’est à ce moment que les «portes des larmes» sont grandes ouvertes, et ce n’est qu’en les traversant que nous pourrons entrer dans la salle du Créateur. Devant la puissance et la persistance de notre égoïsme, nous n’avons pas le droit d’affirmer que le Créateur nous a dotés de forces insuffisantes pour y résister, ou de peu de capacités, de patience ou d’intelligence. Nous ne devons pas non plus nous lamenter que le Créateur nous a placés dans une situation peu favorable, tout cela pour justifier notre incapacité à réaliser notre réparation et à réussir là où n’importe qui le pourrait. Il ne faut pas non plus décider que nos souffrances sont dues à des péchés du passé, ou que c’est notre «destin» de les endurer, non plus qu’elles proviennent d’actes perpétrés au cours d’une vie antérieure. Il ne faut pas se décourager et abandonner car il est possible de réussir si faibles soient nos forces, nos capacités. Tous les traits de caractère et les qualités dont nous a dotés le Créateur, les plus infimes, les plus insignifiants, tout se révèle utile un jour pour atteindre l’objectif, la réparation de notre âme, à l’image de la graine semée en terre fertile qui pousse et donne des fruits si on s’en occupe avec soin. A l’image de cette graine, l’homme a besoin d’une terre fertile et d’un guide pour que grandissent toutes ses qualités et les équilibrer, pour que chacune et toutes ensemble puissent, dans une proportion appropriée, contribuer à atteindre l’objectif essentiel. Toutes les questions qui surgissent à la conscience de l’homme sont envoyées par le Créateur qui attend de ce dernier la bonne réponse. La réponse aux questions du corps (sous entendu de la raison), questions égoïstes du type «à quoi bon?» est seule et unique, au-dessus de la faculté de compréhension humaine: «c’est le désir du Créateur de me placer sur ce chemin pour que je parvienne à Lui». Toutes les paroles du Créateur et tous les conseils prodigués ne concernent qu’une seule chose: le moyen de nous rapprocher du Créateur et entrer en communion avec Lui car notre défaut est de ne pas avoir conscience de la grandeur du Créateur. À peine commençons-nous à aspirer à Lui que nous voulons d’emblée nous rapprocher de Lui, le ressentir.

Pour ce faire, il faut se créer un écran (Massah) qui réfléchit la Lumière du Créateur, autrement dit il faut acquérir des récipients, c’est-à-dire un ressenti altruiste. Tant que nous n’avons pas cette qualité, nous ne pouvons que percevoir de loin la Lumière du Créateur, la «Lumière Environnante» qui peut briller pour l’homme même si ses attributs sont très éloignés du Créateur. La Lumière Environnante est toujours plus puissante que la Lumière Intérieure qui, elle, est reçue à l’aide de l’écran qu’acquiert l’homme après avoir accédé à un certain altruisme puisque la Lumière Environnante correspond au Créateur, et la Lumière Intérieure (l’âme) est seulement ce «fragment» divin que l’homme peut percevoir grâce à la réparation de ses attributs. De quelle manière pouvons-nous recevoir la Lumière du Créateur si nous n’avons pas réparé nos attributs? Tout simplement par l’accroissement de la lueur de la Lumière Environnante. En d’autres termes, par la magnification, par l’élévation du Créateur, par la recherche constante pour Le percevoir comme la Source de tout ce qui nous entoure. Nous devons prendre conscience que la moindre chose qui nous arrive est un acte de Dieu, et qu’il n’existe rien d’autre en ce monde à part Lui. Tous nos efforts ne devraient se concentrer que sur ne pas penser que ce qui nous arrive est le fait de la chance ou du destin ou une conséquence de nos actions antérieures, ou de la volonté des autres. Nous devons nous employer à ne pas oublier le Créateur. Aucun des textes de la Bible (les cinq Livres de Moïse) ne devrait être interprété en référence à notre perception et on ne devrait pas y voir une analogie avec la description d’événements dans notre monde. Par exemple, «le méchant Laban» mentionné dans la Bible correspond au niveau le plus élevé de l’âme remplie de la Lumière du Créateur. «Pharaon» quant à lui représente le symbole de notre égoïsme absolu. Un autre exemple peut être trouvé dans la Bible, lorsqu’un homme est arrivé dans une ville du nom de Ptakhia et qu’il a rassemblé des gens vides et qu’ils sont partis avec lui pour le désert. Ptakhia provient du verbe Liftoakh (ouvrir), celui qui ouvre les yeux des hommes. Il a rassemblé des «gens creux» qui avaient conscience du vide de leur vie. «Il les a fait sortir de la ville pour les conduire dans le désert», il leur a fait découvrir le

désert de leur existence pour que, comme il est dit dans la Bible «lekh akharaï ba midbar». «Lekh» (va) dit le Créateur à l’homme, akharaï ba midbar» (après moi dans le désert) - et sois persuadé que ta vie sans spiritualité est comme un désert desséché, sans une goutte d’eau, pour que la moindre lueur de salut dans la désolation de ton insignifiance te semble comme «une source fraîche pour ton âme affligée». Dans la Haggadah de Pâque (histoire), la Sortie d’Egypte, relate la sortie de notre captivité spirituelle sous le joug de Pharaon - notre égoïsme. «Pharaon est mort» signifie que nous avons fini par voir que notre égoïsme nous était néfaste, qu’il nous tue, qu’il nous force à lui donner notre vie. Ce principe «meurt» à nos yeux, mais tant que nous n’avons pas pris conscience que notre égoïsme est notre unique ennemi, nous considérons que la vie et l’esclavage en Egypte (sous l’empire des désirs de notre corps) sont un bien profitable. Ultérieurement, par moments (dans les périodes d’abattements spirituels), nous pleurons les «plats de viande et le pain» qui abondaient en Egypte (quand nous étions les serviteurs de notre égoïsme). Tant que Pharaon (l’égoïsme dans notre coeur), le souverain (qui régnait sur nos pensées et sur nos désirs) égyptien, était encore vivant, bon gré mal gré nos pensées et nos actes étaient dictés par lui. Nous nous trouvions «en exil (prisonnier) d’Egypte» sous le joug de toutes espèces de désirs égoïstes (Mitsraïm de «Mits - Ra», la concentration du mal). Par nous-mêmes, il nous est impossible de comprendre que la nature qui nous gouverne est mal. Tant que le Créateur ne nous a pas envoyé un bienfait «et Pharaon est mort» et ne nous a placé dans des circonstances telles que nous finissons par reconnaître que notre égoïsme est notre ennemi, ce n’est qu’alors que ce symbole moura en nous et nous sentirons aussitôt que nous sommes incapables de continuer à exister ainsi en travaillant dans le vide. Et «les enfants d’Israël se sont rebellés contre le dur labeur et ils poussèrent un cri» en découvrant leur incapacité d’avancer sans intérêt égoïste, encore dépourvus qu’ils étaient d’altruisme et de spiritualité. «Leur demande pour sortir de l’esclavage parvint au Créateur qui l’entendit» - ce n’est que lorsque nous crions vraiment vers le Créateur du plus profond de notre âme, lorsque nous avons atteint les dernières limites de la patience et des souffrances que le Créateur nous aide.

Cette aide nous arrive de manière inattendue, nous ne pouvons jamais prévoir quelle larme sera la dernière, chaque larme versée devant être considérée comme la dernière tandis que l’aide du Créateur «Yeshouat HaShem Keheref Aïn» nous parvient soudainement et toujours de manière inattendue! On pense généralement que le Zohar est un recueil d’enseignements moraux basé sur la Kabbale, car il est écrit dans la langue des commandements que l’homme doit accomplir. Il est évident qu’en définissant ainsi le livre du Zohar, les gens essaient de lui ôter son essence secrète et mystique. Les auteurs du Zohar décrivent la structure et l’action des mondes spirituels dans une langue juridique et scolastique pour enseigner au lecteur que le principal dans la Kabbale n’est pas la sagesse, mais le processus d’acquisition de la sagesse, que le principal dans la Kabbale et dans les commandements est de ressentir le besoin de connaître le Créateur et de vouloir S’en rapprocher par la transformation de ses qualités spirituelles. Tous les obstacles que rencontre l’homme sur le chemin de sa progression vers le Créateur pour pénétrer les sphères spirituelles, ne sont rien d’autre que des signes que l’homme se rapproche du Créateur, des portes du monde spirituel. L’éloignement le plus distant correspond à l’homme qui n’a pas le moindre doute de l’inexistence du monde spirituel ou qui n’éprouve pas le désir de le connaître. Quand l’homme a l’impression d’être éloigné du Créateur, ceci signifie que le Créateur lui fait ressentir son véritable niveau et le stimule pour le rapprocher de Lui. Si nous ne ressentions pas cet éloignement par rapport au Créateur, nous ne pourrions pas avoir le désir de nous rapprocher de Lui. L’impression d’éloignement est justement le signe du début du rapprochement. Tout au long de sa progression, l’homme a l’impression que toutes sortes d’obstacles se dressent sur son chemin. Ils matérialisent l’aide du Créateur qui a pour but d’éveiller en nous l’indignation, l’insatisfaction à l’égard du degré auquel nous nous situons au moment présent et nous inciter à crier vers le Créateur de le changer. Tous les obstacles que l’homme doit surmonter dans sa progression spirituelle sont utiles pour qu’il s’habitue à cheminer selon la ligne de l’éloignement, pour qu’en ressentant cet éloignement, il prenne encore mieux conscience de son égoïsme, sans que ce sentiment influe sur ses actes puisqu’il sait qu’il correspond à son véritable niveau, qu’il se trouvait auparavant à ce niveau, pas meilleur que le présent, mais qu’il l’ignorait.

Il en est ainsi tant que l’homme ne cessera de se préoccuper de son niveau et que toutes ses pensées et désirs ne le conduisent à se préoccuper non plus du niveau auquel il se trouve, mais de la façon dont le Créateur perçoit ce niveau. C’est ce qui détermine ses actes et ses pensées. Que souhaite voir le Créateur en l’homme, celui-ci le ressent à mesure qu’il étudie la Kabbale uniquement pour atteindre l’objectif suprême. C’est alors que toutes les lois spirituelles deviennent un outil servant à unifier l’homme du Créateur. Ces obstacles que nous devons surmonter au cours de notre progression spirituelle sont nécessaires pour que nous nous habituions à avancer selon la ligne de l’éloignement, pour que nous ayons bien conscience que nous nous éloignons du Créateur, pour que nous prenions la pleine mesure de notre égoïsme, sans que cette prise de conscience ait un impact quelconque sur nos actes, convaincus que nous sommes qu’elle correspond au dévoilement de notre véritable nature, cachée jusqu’alors et certainement pas meilleure que celle du degré précédent. Ce processus se poursuit tant que, au lieu de nous préoccuper de notre condition, nous ne nous posions des questions sur ce que nous sommes véritablement aux yeux du Créateur. C’est ce qui doit déterminer nos pensées et nos actes. Ce que souhaite voir le Créateur en l’homme, c’est ce dernier qui le ressent à mesure de l’étude de la Kabbale et il suit les lois spirituelles dans ce but suprême; c’est alors que toutes les lois spirituelles deviennent un outil pour s’unir au Créateur. Tant que l’homme ne mesure pas ses actes et ses pensées face aux désirs du Créateur, quoi qu’il fasse, il le fera en mettant ses désirs à l’unisson de ceux de ses alter ego qui, peu à peu, lui dicteront leur volonté et détermineront ainsi ses pensées et ses actes. Pour résumer, jamais l’homme ne peut être libre de réaliser quoi que ce soit: ou bien il subit l’influence de ses semblables sur son comportement et ses actes, ou bien il oriente ses pensées et ses actes selon le désir du Créateur. La liberté absolue n’existe pas. La dissimulation du Créateur a pour but notre bien. Dans notre monde, tout sujet que nous ne connaissons pas encore bien nous attire davantage que ce à quoi nous sommes habitués. De la même façon, la dissimulation des mondes spirituels est nécessaire pour que nous puissions faire croître en nous la conscience de l’importance de la connaissance des mondes spirituels. Bien que jamais nous ne puissions véritablement apprécier la grandeur du Créateur et des mondes spirituels qui constituent une Révélation partielle du Créateur, c’est pourtant grâce à Sa dissimulation, en fonction de l’impression de dissimulation et d’éloignement que le Créateur nous envoie, que l’aspiration à

percevoir le Créateur grandit, de même que la conscience qu’il est important de comprendre ce qui est dissimulé. Par ailleurs, le degré de dissimulation est déterminé par le besoin d’atteindre ce qui est dissimulé. L’homme acquiert donc peu à peu la conscience que la connaissance de ce qui est dissimulé est d’une importance telle qu’il lui semble qu’il est à l’opposé extrême de l’objet passionnément désiré. Le chemin pour atteindre ce qui est caché par la Kabbale ressemble à n’importe quelle expérience en ce monde. Par exemple, les honneurs rendus à un homme satisfont son égoïsme et portent préjudice à l’âme. Le préjudice est tel que les justes qui ont acquis une solide réputation et font des adeptes, considèrent que leur renommée leur a été envoyée en guise de châtiment par le Créateur. Les grands que le Créateur souhaite protéger pour qu’ils ne perdent pas le plus petit fragment de leur niveau spirituel, ceux-là, le Créateur leur envoie non seulement des adeptes mais aussi des ennemis, des envieux prêts par n’importe quel moyen à les calomnier. Le Créateur équilibre donc les honneurs reçus par ces grands hommes avec les souffrances qu’endurent leurs contemporains. Il est d’autant plus difficile pour celui qui n’a pas encore pénétré les mondes spirituels et qui ne perçoit pas encore de forces et de désirs spirituels, de maintenir ses actes et ses pensées dans la bonne direction. A l’opposé, il est naturel et facile d’agir conformément à la nature des mondes spirituels pour celui qui a reçu des forces spirituelles, qui se trouve dans les mondes spirituels et s’est doté d’une nature plus élevée. Dans les moments d’abattement tous les acquis spirituels disparaissent. Le désir de servir le Créateur, de se fondre en Lui, de faire des efforts sur soi-même et de n’être que dans un état d’ascension, tout cela est oublié, l’homme ne se souvient même plus de ce qu’est un chemin spirituel. Lorsqu’on ressent cet état, ce n’est qu’en se concentrant fortement sur des pensées élevées que l’on peut se protéger contre les innombrables attraits de ce monde, même les plus infimes. La grande majorité des gens se posent des buts autres que l’élévation de leur spiritualité, elle est pour eux un monde complètement étranger voire bizarre. «Comment une personne ordinaire comme moi», nous demandons nous, «peut rêver de s’unir au Créateur, voire même de s’unir avec Lui?» Cette possibilité en elle-même semble absurde et est écartée.

Dans de tels moments, il faut dire «Là où repose la grandeur du Créateur, là tu trouveras Son humilité» car le Créateur a donné la possibilité à tout être de s’unir à Lui. Lorsque l’homme a repris des forces, il se doit de ne pas oublier ces états d’abattement pour pouvoir apprécier pleinement le processus d’ascension spirituelle, pour le ressentir comme un cadeau que lui fait personnellement le Créateur. Les moments d’abattement deviennent dès lors inutiles car, par le travail effectué sur soi pour placer sa foi au-dessus de la raison, par l’étude et par l’observation de règles rigoureuses de pensées et d’action, l’homme crée en lui un récipient spirituel pour s’élever progressivement sur l’échelle spirituelle. Le chemin de la Kabbale Le chemin de l’ascension spirituelle est celui de la Kabbale, de l’étude. Le chemin des souffrances est celui de l’homme si aucun autre moyen ne peut influer sur lui pour qu’il entreprenne de se perfectionner. Comme il a déjà été dit, le chemin de la Kabbale signifie que l’homme reçoit de l’En-haut la possibilité de créer en lui les désirs d’élévation spirituels. Les moments d’abattement et d’ascension lui montrent que la Lumière spirituelle lui est agréable et que son absence est souffrance. C’est ainsi qu’est créée en l’homme le désir d’aspirer à la Lumière, à l’élévation, à l’union avec le Créateur. Sans ce processus de Lumière qui emplit l’homme puis disparaît, il ne serait pas possible de créer le désir d’aller vers la Lumière. C’est ce chemin qui porte le nom de chemin de la Kabbale, autrement dit, le chemin de la Lumière. Il y a aussi le chemin des souffrances, celui sur lequel se trouve l’homme à la recherche de moyens pour fuir les souffrances insurmontables qui le frappent dans la vie, et non pour fuir le désir de retrouver le plaisir passé, et fait naître en lui le désir de s’emplir de la Lumière du Créateur, source vivifiante de son salut. Les deux chemins mènent au même but, l’un attire vers l’avant par le plaisir et la plénitude, l’autre pousse par derrière et oblige à fuir la douleur. Pour que l’homme puise analyser les événements extérieurs et les états intérieurs il est doté de deux types de sensation: l’amer et le doux qui sont perçus par le cœur; l’illusoire et l’authentique, perçus par l’intellect. La réussite spirituelle n’est pas perçue dans le cœur, c’est complètement contraire à sa nature, elle est donc perçue comme amère tandis que tout plaisir personnel est perçu comme doux. Le travail effectué sur soi pour modifier l’orientation des désirs est appelé le travail du cœur.

Le travail de l’intellect est tout autre car l’homme ne peut absolument pas s’appuyer sur sa propre raison et logique pour analyser des événements car, il est de toute façon, bon gré mal gré, obligé de s’en remettre à son approche naturelle égoïste dont il ne peut pas se détacher dans son analyse du monde car le Créateur l’a ainsi fait. Il n’y a qu’un seul chemin: refuser totalement son approche spontanée et faire siens les conseils transmis par les maîtres kabbalistes parvenus au niveau de la connaissance spirituelle. Si l’homme est en mesure avec l’aide du Créateur d’analyser, même dans une infime mesure, au moyen de sa foi et non de sa raison, et de ressentir dans le cœur l’amertume de l’égoïsme, il lui est envoyer d’En-haut la connaissance spirituelle correspondant au niveau auquel il s’est hissé, celui de l’illumination, et de la force spirituelles (l’écran). Le Créateur ouvre à l’homme le degré suivant, jusqu’alors voilé, un degré égoïste encore plus bas, auparavant voilé parce que si l’homme prenait immédiatement conscience de l’abîme de son égoïsme, il serait privé de forces pour le surmonter. A la place, il se serait sûrement découragé devant l’immensité de la tâche. L’homme doit comprendre cependant que l’ensemble de l’égoïsme est présent dans le monde depuis sa création et qu’il est voilé à l’homme et qu’il est progressivement ressenti à mesure que lui sont envoyées de l’En haut des forces et la capacité nécessaires pour effectuer sa réparation. Celui qui progresse sur les degrés spirituels, surmontant «sa» raison se perçoit de plus en plus à chaque nouveau degré comme perplexe et stupide devant les indications des sages dans les livres de Kabbale, de la même façon qu’il perçoit l’importance de «sa» raison, il lui est donné un entendement spirituel et en laissant de côté sa logique terrestre et égoïste, il s’enrichit. Celui qui n’est pas encore parvenu au stade de l’entendement spirituel, ou n’a pas modifié son analyse, commence à ressentir la douceur des pensées au lieu de l’amertume, des pensées non égoïstes, ou il n’a pas commencé à voir l’authenticité de la foi comparé à notre entendement limité par la nature de notre monde. Celui qui souhaite progresser met à profit l’analyse des maîtres, en écoutant et suivant les exemples des kabbalistes. La recommandation des sages de la Kabbale est: suivez les conseils des sages car si un seul kabbaliste avec son entendement spirituel authentique et son cœur mène l’humanité, tous pourront réaliser le but de la création sans emprunter le

chemin des souffrances, mais celui de la Kabbale, celui d’où sont absentes les souffrances et les difficultés. Si à la tête d’un peuple qui emprunte en premier ce chemin, et qui sera donc le premier confronté au Créateur et dont il est exigé bien plus et avant tous, se tiennent des personnes qui ne comprennent rien au Grand dessein, l’affliction et les malheurs seront son sort. C’est seulement pendant les guerres, les catastrophes et autres malheurs, quand il semble qu’il n’y a plus d’issue, que nous pouvons percevoir le doigt du Créateur et Son aide. Cela ne se produit que dans les moments critiques, parce que nous ne souhaitons pas connaître et appliquer les connaissances de la Kabbale pour reconnaître la Providence Divine en ce monde. Pourquoi les personnes naissent avec différentes capacités de ressentir les délicates influences et avec différentes capacités de saisir logiquement les choses? En quoi l’homme est-il coupable de ce qui ne lui a pas été donné dès la naissance, de ce que le Créateur n’a pas fait de lui un génie, un penseur ou une personne délicate et sensible? Pourquoi à notre naissance recevons-nous du Créateur des désirs et des capacités intellectuelles, spirituelles différents? La Bible qualifie d’«intelligente» les personne nées avec de puissants désirs, un immense cœur et une intelligence aiguë parce qu’elles sont capables de recevoir la raison spirituelle. Par le terme «sot», la Bible désigne les personnes aux capacités intellectuelles et spirituelles limitées. Toute âme a sa propre vocation qui est la raison de sa «venue» dans ce monde. Il n’y a pas lieu d’avoir honte de ses acquis héréditaires car ils sont le dessein du Créateur, ni des mauvaises pensées car elles sont aussi d’essence du Créateur. Cependant, nous devons être attentifs à la façon dont nous réagissons aux mauvaises pensées, soit nous les combattons ou nous nous y complaisons, soit nous effectuons notre réparation - chacun dans la mesure de ses capacités et les efforts investis pour ce faire. C’est ce que l’homme devra rendre des comptes au Créateur et c’est ce dont il pourrait avoir honte. Comment la personne qualifiée de «sotte» peut-elle s’élever spirituellement? Le Créateur a dit «J’ai créé les sages et j’ai créé les sots. J’ai placé des sages dans chaque génération pour aider ces sots, pour qu’en s’attachant de tout leur cœur à ceux qui s’élèvent, ils puissent parvenir à l’union totale avec Moi».

Quelle est la raison de la présence des sots – qui sont la majorité - dans le monde? Pour chaque attribut spirituel, il faut un vecteur qui lui soit propre. Ce sont justement les personnes aux capacités spirituelles limitées qui sont le vecteur de l’égoïsme. Les sages, ceux qui aspirent à l’ascension spirituelle pour servir le Créateur, ont besoin, après avoir achevé la réparation de leur égoïsme, de travailler avec l’égoïsme des sots. Pour continuer à progresser, le sage doit continuellement s’imprégner de l’égoïsme «d’autrui», et de le corriger. C’est pourquoi, le sot et le sage ont besoin l’un de l’autre. Les masses ne pouvant offrir au sage que leur égoïsme insignifiant (les désirs de plaisirs futiles éphémères de ce monde), pour chaque sage dans le monde, il y a des milliards de sots. Cependant, en suivant les conseils des sages, en prenant l’initiative de suivre le même chemin, les sots peuvent réaliser le but de leur existence, l’union avec leur Créateur. Bien que le travail spirituel accompli pour élever l’altruisme au-dessus de l’égoïsme provienne du cœur et celui fait pour placer sa foi au-dessus des affirmations de la raison proviennent de l’intellect, ces notions en fait désignent le refus de l’homme d’utiliser la raison dont il a été doté à sa naissance et les désirs d’éprouver du plaisir et de s’affirmer. Même quand il travaille avec altruisme, l’homme de toute façon préfère voir et savoir à qui il donne et qui reçoit les fruits de son travail. Dans ce cas, l’homme n’a rien d’autre que la foi dans l’existence du Créateur et que c’est Lui qui reçoit les fruits de ses efforts. Ici nous trouvons la notion de l’unité du Créateur selon le principe «il n’y a rien hormis le Créateur» qui envoie tout ce que nous percevons et ressentons, qui crée nos cheminements de pensées, qui nous conduit à certaines conclusions ou décisions, qui aide l’homme à trouver un point de vue correct sur les événements extérieurs et sur la correction de ses désirs et de ses pensées pour les mettre en harmonie avec le dessein du Créateur. La Kabbale ne parle que du Créateur, de Ses actions, elle a aussi pour nom les Attributs divins, de la même façon qu’un homme porte un nom pour qu’on sache de qui il s’agit, dans la Kabbale, chaque mot est un nom du Créateur qui reflète une de Ses actions précises, décrit ce qu’Il nous envoie à cet endroit précis. De l’homme il est fait mention dans la Kabbale comme d’un fragment divin que le Créateur a séparé de Lui en le dotant d’égoïsme. L’âme humaine est constituée de deux parties, la partie divine qui laisse percevoir son désir de ressentir le

Créateur, dans ce cas, l’homme commence à rechercher un chemin spirituel pour se satisfaire intérieurement. En parallèle, il rejette ce qui intéresse la plupart des gens. La deuxième partie de l’âme est constituée de notre nature égoïste, pleinement perceptible: notre désir de posséder, de tout savoir, de tout faire, de voir le résultat de ses actions, autrement dit, de voir son propre «moi» dans tout. Cette partie égoïste de notre âme est la seule à avoir été créée car la partie altruiste de notre âme correspond au Créateur Lui-même. Ayant pris Son désir et y ayant ajouté de l’égoïsme, Il s’est séparé de ce fragment qui devient une âme, une création séparée de Lui. Cette âme a pour nom «création» parce qu’elle porte un fragment nouveau - son égoïsme - un attribut qui n’existait pas auparavant car il n’y a pas de désir de cette nature dans le Créateur. La Kabbale ne parle que de l’âme qui est constituée d’une partie du Créateur et d’une partie nouvellement créée, la disposition égoïste de «tout recevoir pour soi». La Bible ne parle que de l’âme et non du corps qui n’est formé que de chair et d’os et qui, comme tout corps animal, ceux des animaux y compris, se décompose et retourne aux éléments de ce monde. Nous percevons de nous que le corps car nous ne savons pas percevoir notre âme. A mesure que l’homme commence à percevoir son âme, la sensation de son corps physique, de ses désirs, et de ses douleurs diminue car l’âme s’exprime davantage en lui. S’il progresse encore sur le chemin, l’homme ne ressent plus les désirs physiques de son corps car il n’est à l’écoute que de son âme - la partie du Créateur qui est en lui. Le «corps» représente alors les désirs spirituels, et non les désirs physiques qu’il ne perçoit pratiquement plus. La Bible parle non pas du corps physique, des kilos de chair et d’os, mais des deux aspirations de l’âme - du désir de la partie divine de percevoir le Créateur, et de s’unir en Lui, et des désirs de la partie égoïste d’autosatisfaction, d’entière satisfaction, de se retrouver en eux au lieu du Créateur. Ces deux sortes de désirs sont désignées dans la Kabbale par le terme «corps». Ils se réfèrent d’une part au corps égoïste et au corps physique, car l’égoïsme est le propre de notre monde, et d’autre part au corps spirituel car les désirs altruistes correspondent aux désirs du Créateur et sont spécifiques du monde spirituel.

La Bible nous fait le récit de ce qui se passe dans l’un et l’autre partie de notre âme, avec nos désirs et comment le Créateur les modifie et comment nous pouvons les modifier, ou plus précisément, comment nous pouvons Lui demander qu’Il les modifie parce que de nous-mêmes nous ne sommes pas capables d’entreprendre cette tâche. Le principal pour le débutant est d’avoir la ferme conviction et de se concentrer sur le fait que malgré les pensées et les désirs les plus insensés, tout provient du Créateur; tous ces pensées et désirs, et même les plus bas, sont envoyés par le Créateur. Cette épreuve est faite pour renforcer le lien entre le Créateur et l’homme, en préservant sa foi que toutes ses pensées et désirs sont l’œuvre du Créateur. En les combattant, il renforcera sa foi que tout émane du Créateur. A mesure que cette conviction grandit, l’homme peut parvenir au degré où cette sensation sera permanente, en dépit des obstacles toujours grandissant qui seront envoyés par le Créateur. Le tout pour renforcer cette conviction. Sa foi constante dans l’Omniprésence du Créateur, se combinera avec la sensation de Sa Présence en l’homme, et le Créateur se «revêtira» en nous ce qui déterminera toutes ses pensées et ses désirs. A ce stade, il deviendra une partie du Créateur. L’homme doit réaliser que le sentiment d’éloignement par rapport au Créateur est absolument nécessaire pour ressentir le Créateur. Ces deux sentiments portent dans la Kabbale le nom de récipient (Kli) et Ohr (Lumière). Ils correspondent au désir de ressentir le Créateur, désir qui naît progressivement en l’homme sous l’action de pensées et de désirs parasites, surtout lorsque ceux-ci le distraient de la pensée du Créateur, de l’unicité du Créateur. Ce processus permet d’accroître la force de la foi et de renforcer la pensée du Créateur en l’homme. La Lumière est déjà la réponse au désir de l’homme de ressentir le Créateur. Lorsque le Créateur se revêt Lui-même dans le désir humain, la Lumière entre dans le récipient et l’ordre de progression spirituelle est telle que l’homme s’éveille au désir spirituel, à la sensation du Créateur, à la nécessité de se connaître, uniquement sous l’action de la Lumière, pour ressentir pleinement la vie, l’admiration causée par le rapprochement avec les sensations spirituelles, du sentiment de perfection. Ensuite des pensées assaillissent l’homme qui tombe alors du niveau où il s’était hissé et il retourne à ses désirs et pensées ordinaires. Ensuite, apparaît le regret du temps où ses soucis étaient infimes, de ses pensées éphémères, et avec lui

l’amertume et la colère contre soi et parfois même contre le Créateur, qui lui envoie des pensées et des désirs le repoussant du spirituel. La réponse à ce sentiment d’amertume, de regret de son niveau spirituel est que l’homme reçoit la Lumière, le sentiment de s’être rapproché du Créateur. L’homme est dans ce cas prêt à tout donner pour éprouver ce sentiment de rapprochement, de sécurité, de sûreté, d’éternité quand il est attiré à ce niveau proche de la perfection du Créateur absolue qui émane du Créateur. A ce moment, il n’y a pas lieu d’avoir honte des pensées et sentiments passés ni de craindre quoi que ce soit dans ce monde. C’est alors que l’homme ressent la part d’immortalité du Créateur en lui, il justifie alors tout ce qui arrive aux créatures et est prêt, faisant fi de sa raison, à suivre le Créateur. L’homme est emplit de la Lumière du Créateur et devient un serviteur consentant des perceptions spirituelles. Et à nouveau au bout de quelque temps ressurgit une pensée étrangère, et progressivement, la succession périodique de pensées parasites puis d’ascension spirituelle construit un besoin impératif de spiritualité si fort que l’homme reçoit finalement la Lumière du Créateur en permanence. Rabbi Baruch demanda son avis au Baal Shem Tov «on sait que dans les temps antiques, ceux qui souhaitaient connaître le Créateur s’infligeaient en permanence des restrictions, et tu as dit que celui qui s’imposait des privations enfreignaient les lois spirituelles et auraient à en répondre. Qu’est ce qui est donc le principal dans le travail de l’homme?» Le Baal Shem Tov répondit «je suis venu dans ce monde pour montrer un autre chemin, l’homme doit tendre vers trois choses: l’amour pour le Créateur, l’amour du prochain et l’amour du spirituel, les privations volontaires deviennent alors inutiles». La possibilité de remercier le Créateur est une bénédiction donnée par le Créateur. La miséricorde du Créateur réside dans notre capacité à L’aimer et Sa force dans notre capacité à Le craindre. Pourquoi l’homme qui s’efforce de se rapprocher du Créateur et sentant qu’il est proche de Lui dans une certaine mesure ressent-il brusquement de l’éloignement?

Le Baal Shem Tov répond «c’est comme lorsqu’on apprend à un enfant à marcher: on le tient par les mains, l’enfant fait quelques pas, se rapproche de son père, mais le père qui veut que son enfant apprenne à marcher tout seul, s’éloigne jusqu’à ce que l’enfant sache marcher». Le Baal Shem Tov a dit: «le travail de l’homme consiste à se battre constamment avec son égoïsme, jusqu’à son dernier soupir et à le remplacer systématiquement par le Créateur.» «Le Créateur, tout comme un grand homme d’Etat, est au centre de Sa cour. Il a élevé de nombreux murs et d’obstacles sur le chemin menant à Lui, il a éparpillé des richesses entre les murs de son palais, il distribue des honneurs et des postes à ceux qui surmontent les obstacles. L’homme, en les recevant, s’apaise. Seul celui qui refuse tout et n’aspire qu’à être près du Créateur est digne d’entrer dans le palais pour Le rencontrer.» Tout comme la période transitoire entre le grain et le germe qui en sort, l’état de putréfaction complète du grain, de disparition absolue du grain, de la même manière, tant que l’homme n’est pas parvenu au rejet total de son ego, il ne peut pas recevoir une nouvelle nature spirituelle. Le Créateur a créé l’ego de l’homme ex nihilo, c’est pourquoi, pour s’unir au Créateur, il faut sortir de l’ego et revenir dans le nihilo. C’est la raison pour laquelle il et dit que le Messie (Mashiah) est né le jour de la destruction du Temple. De la même manière, quand l’homme atteint le niveau de désespoir total, il réalise que «tout est poussière et vanité des vanités». C’est précisément de cet état, que commence un nouveau degré de son développement spirituel, parce qu’à ce stade il peut renoncer à tout. Le Magguid de Mézéritch, grand kabbaliste du siècle dernier disait: «le travail spirituel comporte dix degrés: Trois règles que nous enseigne l’enfant:

1. Se réjouir de tout 2. Ne pas se reposer un seul instant 3. Exiger ce que l’on désir de toutes ses forces

Sept règles que nous enseigne le voleur:

1. Travailler la nuit 2. Ce qui n’a pas pu être obtenu une nuit, il faut s’efforcer de s’en emparer la

nuit suivante 3. Il faut être fidèle en amitié 4. Il faut risquer sa vie même pour des futilités

5. Ne pas accorder grande valeur à ce que l’on a acquis et le vendre pour quelques sous

6. Reçoit des coups, mais continue son ouvrage 7. Etre conscient des avantages de ses activités et ne pas vouloir en changer.

Puis il ajouta: «à chaque verrou sa clé, mais si le verrou ne se laisse pas ouvrir, le voleur persévérant le casse. Le Créateur aime l’homme qui entre de force dans Son cœur pour qu’Il le conduise dans le Palais divin.» Quand l’homme atteint des degrés spirituels, c’est alors seulement qu’il devient insignifiant à ses propres yeux et qu’il peut se prosterner devant le Créateur, ayant conscience qu’il ne demande, ni le secours spirituel, ni l’ascension spirituelle, ni l’éternité, seulement le Créateur. Au cours de ses abattements spirituels, il semble à l’homme que le Créateur se dissimule et qu’il est difficile de continuer à croire en Son existence et en Sa tout Puissance. Si l’homme sent que le Créateur se dissimule à lui, ce n’est plus de la dissimulation, mais un degré auquel le Créateur attend des efforts de la part de l’homme pour se rapprocher de Lui. Le Créateur est désigné sous le nom de «lieu» (HaMakom) car l’homme doit y pénétrer de tout son être pour que le Créateur l’entoure et soit le lieu de son séjour. (Comme nous l’avons déjà dit, nous baignons dans un océan de Lumière du Créateur et nous devons parvenir à la faire entrer en nous.) Pendant la prière, l’homme doit sans cesse contrôler l’objet de son attention et de ses forces: pendant la lecture du texte et l’observation de la séquence du rituel de lecture des versets, il doit approfondir la compréhension des attributs et l’étude de la combinaison des lettres prononcer clairement les mots, suivre scrupuleusement les intentions (Kavanot) dans son livre de prières ou chercher à réaliser l’essentiel, orienter son cœur vers l’union avec le Créateur. La principale intention doit être de prier pour avoir la capacité de ressentir le Créateur. Celui qui lit la prière, sait que le Créateur existe, mais celui qui demande la capacité de ressentir de Créateur y parvient.

21 - CORRIGER L’ÉGOÏSME Toutes les lois spirituelles ont pour objet de surmonter notre égoïsme. D’où le commandement «aime ton prochain comme toi-même» qui est la seule conséquence de l’union avec le Créateur parce qu’il n’y a rien hormis Lui, et quand l’homme y parvient, toute la création, notre monde, s’unissent à son sentiment d’unité avec le Créateur. On peut ainsi comprendre comment les patriarches ont pu observer toutes les lois spirituelles avant même de les recevoir. L’observation des commandements est liée à la nécessité de corriger le niveau «inanimé» de l’âme de l’homme. Celui qui observe les commandements en raison de l’éducation qu’il a reçue se situe au niveau «spirituellement inanimé» auquel le lien avec le Créateur n’est pas ressenti. La conséquence de la progression spirituelle est que l’homme commence à aimer les ennemis les plus féroces de tous les peuples. La plus grande prière est de bénir ses ennemis. Quand on a commencé à attaquer Rabbi Levi Isaak de Berditchev pour l’immense travail d’apprentissage pour servir correctement le Créateur, rabbi Elimelekh de Lizhensk auquel les critiques étaient parvenues s’est exclamé: «Rien d’étonnant! C’est toujours comme ça! S’il n’en était pas ainsi, aucun peuple ne pourrait plus nous asservir». La lutte contre nos désirs égoïstes se décompose en deux phases: au début l’homme les recherche, puis quand il commence à les fuir, il découvre qu’ils le poursuivent. Celui qui réfute l’Unité du Créateur est celui qui pense qu’il n’y a aucune relation entre le Créateur et les événements de ce monde et ce qui lui arrive. Rabbi Ikhiel Mikhal (le Magguid de Zlotshiv), kabbaliste du 19ème siècle, vivait dans une grande pauvreté. Ses élèves lui demandèrent «comment peux-tu prononcer une bénédiction de remerciement au Créateur pour t’avoir pourvu de tout ce qui est nécessaire alors que tu possèdes si peu? Le Magguid répondit: «je peux remercier le Créateur qui m’a donné tout, parce que c’est justement cette pauvreté qui semble nécessaire pour que je me rapproche de Lui». La mélancolie est la négation extrême de la Toute-puissance du Créateur, elle nous frappe pour les raisons les plus diverses: souffrances, sentiment d’impuissance, absence de l’objet du désir, etc. Recevoir des coups en se

réjouissant n’est guère possible quand on ne connaît rien de leur nécessité et de leur utilité, alors qu’ils devraient être perçus comme un remède. Le seul souci que doit avoir l’homme est la raison même du souci. Au sujet des souffrances, Moshé de Kovrin disait «qu’elles ne sont pas mauvaises parce qu’il n’y a rien de mauvais en ce monde, mais elles sont amères parce que c’est le goût authentique du remède.» Les efforts les plus sérieux doivent être faits pour se «guérir» de la mélancolie, car la foi a pour corollaire la joie et ce n’est qu’en acquérant la foi que l’on peut vaincre le désespoir. Il est écrit aussi dans la Mishna «l’homme doit remercier pour ce qui est mauvais», ce à quoi le Talmud ajoute «l’homme doit accueillir ce qui est mauvais avec joie, car le mal n’existe pas». L’homme ne comprend que ce qui pénètre ses sentiments, pas ce qui reste à l’extérieur, de la même façon nous ne comprenons l’essence du Créateur que par l’influence qu’Il exerce en nous. C’est pourquoi toutes nos sensations qui sont à l’opposé de l’unicité de leur source, n’existent que pour mettre en évidence l’unicité du Créateur et développer en nous sa perception. Il est dit qu’après avoir traversé la Mer Rouge, le peuple a eu la foi en le Créateur et se mit à chanter. Seule la foi donne la capacité de chanter. Si l’homme pense avoir la force de travailler sur lui-même pour effectuer sa réparation, il doit vérifier au préalable sa relation avec la foi en la toute puissance du Créateur, en Son unicité parce que ce n’est que par le Créateur, par la prière demandant de changer, qu’il est possible de changer. «Le monde a été créé pour que l’homme se réjouisse». Le monde (Olam) provient du mot Elem, Alama, «dissimulation». C’est justement par l’antagonisme dissimulation et dévoilement que l’homme peut parvenir au plaisir. Il est dit aussi «l’aide a été créée contre toi» (Ezer Ke negdo). L’égoïsme a été créé pour aider l’homme. En le combattant, l’homme, acquiert progressivement ce qui est nécessaire pour développer sa capacité d’éprouver des sensations spirituelles par le biais de ses organes des sens. Il faut donc considérer les obstacles et les souffrances en ayant bien conscience de leur raison d’être, c’est-à-dire d’inciter l’homme à demander de l’aide au Créateur pour le sauver des souffrances. L’égoïsme et tout ce qui est désagréable deviennent alors une «aide à son encontre», à l’encontre de son propre égoïsme.

L’égoïsme «nous est opposé», il occupe la place du Créateur, Le masque, Le dissimule, comme il est dit: «je suis entre le Créateur et vous». Notre «ego» se tient entre nous et le Créateur. Il est dit «il faut savoir ce qu’a fait» Amalec et ensuite «en effacer le souvenir». Inutile de chercher en soi des pensées parasites, il faut se concentrer sur la première chose qui apparaît dans le cœur et les pensées de l’homme dès son réveil et les lier au Créateur. L’aide apportée par les «pensées parasites» réside en ceci qu’elles permettent à l’homme de revernir vers la pensée du Créateur. Oublier le Créateur est le plus grand mal que l’homme puisse se faire. L’égoïsme pousse l’homme vers le péché, tout autant qu’il le pousse vers le désir d’être un grand «juste». Dans les deux cas, l’homme est loin de la vérité. L’homme peut jouer au juste devant autrui jusqu’à parfois, sans s’en rendre compte, se leurrer au point qu’il est absolument sûr d’être un juste. Rabbi Yakov Isaak de Lublin (le Hoze de Lublin) disait «j’aime mieux les pécheurs qui savent qu’ils sont pécheurs que les justes qui savent qu’ils sont justes. Mais les pécheurs qui se considèrent comme des justes sont des personnes qui ne pourront jamais accéder à la voie de la vérité, parce que même sur le seuil de l’enfer ils seront encore persuadés qu’ils ont été amenés à cet endroit pour sauver les autres». Le but d’un kabbaliste authentique est que l’élève respecte et craigne le Créateur plus que lui, qu’il ait la foi en le Créateur plus qu’en lui-même, qu’il s’en remettre au Créateur plus qu’à lui. Rabbi Nahum de Rouzhin, kabbaliste du siècle dernier, après avoir trouvé ses élèves en train de jouer aux dames, leur raconta la similitude des règles de ce jeu et des règles spirituelles: tout d’abord, il est interdit d’avancer deux pions à la fois, deuxièmement, il n’est possible que d’avancer, jamais de reculer, troisièmement, celui qui arrive au bout a le droit d’aller à sa guise. Si l’homme se doute que les gens parlent de lui, il s’intéresse à ce qu’ils disent. Ce qui est désiré mais dissimulé porte le nom de secret. Si l’homme lit la Bible et a le sentiment qu’on y parle de lui, il est considéré ayant accédé à l’étude de la sagesse de la Kabbale secrète où l’on parle de lui, mais c’est encore un secret pour lui. A mesure de son développement spirituel, il apprend ce qui est dit sur lui dans la Bible, et l’aspect secret du texte s’ouvre à lui. Celui qui étudie la Bible sans se poser de questions sur lui, ne perçoit pas de secrets dans la Bible – à plus forte

raison, celui qui ne la perçoit même pas comme révélation est celui qui perçoit la Bible comme une histoire ou bien un recueil de lois juridiques. Il est dit dans le Talmud «Toute la Bible ne parle que du présent». Du point de vue de l’égoïsme, il n’y a rien de plus étrange et d’antinaturel, d’irréel et de sot que de se soumettre à la volonté du Créateur, d’effacer en soi toutes les pensées et les désirs et de les soumettre à Sa volonté, sans avoir de certitude. Ce qui est demandé spirituellement paraît tellement stupide aux yeux de l’homme qui est loin du Créateur. Au contraire, dès qu’il est en phase de progression spirituelle, l’homme aussitôt accepte tout sans résistance ni critique de sa raison. Dans ces moments, il n’a plus honte de ses pensées ni de ses actes orientés vers la soumission au Créateur. Ces phases antagonistes sont envoyées spécialement à l’homme pour qu’il ait bien conscience que c’est la seule Volonté du Créateur qui peut le sauver de son égoïsme. L’homme éprouve sans cesse un sentiment d’insatisfaction parce qu’il compare le moment présent avec le passé ou bien avec des espoirs actuels ou futurs et il souffre de l’absence de l’objet de son désir. S’il savait les immenses plaisirs qu’il pourrait éprouver en progressant spirituellement, il supporterait de bien plus grandes souffrances. Mais il est insensible aux plaisirs spirituels, il se trouve comme dans un état inconscient vis-à-vis d’eux, il n’en ressent pas l’absence. Le principal est donc de ressentir la présence du Créateur et si cette sensation disparaît ensuite, l’acquis reviendra naturellement ultérieurement comme le psaume (Ps. 42) dit «Comme la gazelle aspire au cours d’eau, mon âme aspire à toi, ô Dieu». L’aspiration à ressentir le Créateur est appelée «l’aspiration d’élever la Présence du Créateur de la cendre», du niveau le plus bas à nos yeux, quand tout en ce monde nous paraît bien plus précieux que le Créateur. Il n’y a pas de différence apparente entre les personnes qui observent les commandements de par leur éducation et celles qui observent parce qu’elles aspirent à l’union avec le Créateur. Seul le ressenti de la personne est différent, et c’est le principal parce que le Créateur désire que les créatures éprouvent du plaisir en se rapprochant de Lui.

Pour sortir de l’observation automatique des commandements et devenir autonome, l’homme doit bien prendre conscience de la part acquise par son éducation et la part acquise par ses aspirations personnelles. Par exemple, un homme qui a reçu une éducation du système «Moussar» fait que le monde n’a aucune importance. Dans ce cas, le monde spirituel ne sera perçu que comme à peine plus que rien. La Kabbale dit à l’homme que ce monde, tel qu’il est perçu, est empli de plaisir, mais que le monde spirituel, le monde de l’union avec le Créateur est incomparablement plus beau. De cette façon, le spirituel est non seulement plus que rien, mais aussi au-dessus de tous les plaisirs de notre monde. Il ne faut pas se forcer à souhaiter faire plaisir au Créateur à l’image du plaisir qu’Il nous procure parce que l’homme est dépourvu de désirs de cette nature, il faut s’efforcer de savoir «vers qui» aspirer. Quand l’homme aspire sincèrement au Créateur, toutes les autres pensées et tous les désirs disparaissent. Il peut alors être convaincu de l’authenticité de ses aspirations. Avant de pouvoir ressentir le Créateur, tout homme se perçoit comme unique en ce monde. Toutefois, seul le Créateur est unique car Lui seul est en mesure de donner, nous sommes donc diamétralement opposés à ce désir. Dès qu’il ressent le Créateur, l’homme acquiert, même de manière éphémère, les attributs du Créateur. Cette phase a pour nom «une flamme devant le flambeau». Vivre dans ce monde selon les lois du monde spirituel est la seule tâche que l’homme ait à accomplir sur cette terre. Etre en permanence en relation avec le Créateur signifie croire que tout le mal auquel l’homme est confronté émane du Créateur, est envoyé par Lui. Il y a le Créateur et la création, l’homme qui ne perçoit pas le Créateur et ne peut que «croire» en Son existence, en Son unité, en ce que seul le Créateur existe et régit tout (le terme «croire» est entre guillemets car au sens kabbalistique du terme, il signifie ressentir le Créateur). Recevoir du plaisir est la seule chose à laquelle aspire l’homme, le Créateur l’a ainsi fait, c’est le but de la création, le désir du Créateur. L’homme doit se délecter à l’instar du Créateur. Tout ce qui est arrivé, tout ce qui arrive et arrivera à chacun d’entre nous, tout le bon et tout le mauvais est organisé à l’avance et nous est envoyé par le Créateur. Au moment de la réparation finale, nous serons tous convaincus que toutes les situations que nous avons traversées étaient nécessaires à notre bien-être. En attendant, chacun de nous est sur le chemin de sa réparation, c’est un chemin que

nous percevons comme interminable, amer, sanglant et particulièrement douloureux et, aussi bien préparés que nous soyons à recevoir le coup suivant, dès que nous nous heurtons à un désagrément, l’homme oublie que celle-ci provient de cette même Force qui est à l’origine de tout, et lui, l’homme, qui n’est que de la matière entre les mains du Créateur, s’imagine alors être un personnage agissant en être indépendant et considère que les circonstances désagréables dans lesquelles il se trouve proviennent de ses semblables et non du Créateur. C’est la raison pour laquelle, le plus important à apprendre dans ce monde est de ne pas seulement comprendre à l’avance que tout ne provient que du Créateur, mais aussi ne pas se laisser aller à des sentiments et des pensées parasites au moment d’événements tragiques, de ne pas penser en tant qu’«être indépendant» que ce qui nous arrive est causé par nos semblables et non par le Créateur, que l’issue de nos problèmes dépend des hommes ou des circonstances, et non du Créateur. L’homme ne peut tirer cet enseignement que de sa propre expérience, mais au cours de son apprentissage, il oublie que ce qui lui arrive à pour but de l’élever et il s’égare dans la sensation illusoire que le Créateur ne régit rien, qu’Il est totalement absent de ce monde. Ce processus se déroule de la manière suivante: le Créateur donne à l’homme la possibilité de reconnaître et ressentir la toute puissance du Créateur qui place l’homme dans des circonstances aux conséquences alarmantes pleines de désagréments. Les impressions désagréables assaillent tellement l’homme qu’il oublie qui lui a envoyé ces coups et dans quel but. De temps à autre, au cours de cette «expérimentation», il est donné à l’homme de prendre conscience de la raison pour laquelle toutes sortes d’événements lui arrivent. Mais cette prise de conscience est éphémère. Quand l’homme se souvient, pourquoi les souffrances lui sont envoyées et par qui, il est incapable de se convaincre qu’il faut les attribuer au Créateur et Lui demander de l’aide tout en sachant que le Créateur en est à l’origine, il recherche de lui-même la voie pour se sauver. Ces impressions peuvent être théoriquement représentées sur le schéma suivant:

1. Une force de dissipation, impure, redoutable est placée sur le chemin de l’homme qui s’élève vers le Créateur. L’homme doit la surmonter pour se frayer un chemin vers le Créateur, pour s’unir avec Lui.

2. L’homme est près du Créateur comme l’enfant dans les bras de sa mère, les forces – pensées extérieures cherchent à l’arracher au Créateur pour qu’il cesse de Le ressentir.

3. C’est comme si le Créateur chargeait l’homme de garder quelque chose

d’important contre un ennemi. Celui-ci attaque l’homme qui le combat vaillamment.

4. A la fin de la lutte, l’homme comprend qu’il a lutté avec des obstacles qui

lui avaient été envoyés par le Créateur pour l’enseigner et l’élever. A l’issue de ce combat intérieur, l’homme reçoit la connaissance de soi et la toute puissance et la capacité d’aimer le Créateur, en voyant à la fin de la lutte dans quel but les obstacles étaient envoyés par le Créateur.

L’éducation de l’homme doit reposer non pas sur la coercition et l’étouffement, mais sur le développement d’instruments nécessaires pour l’élaboration d’un esprit critique vis-à-vis de ses désirs et états intérieurs. Une éducation juste inclut l’apprentissage de principes de pensée, ce qui est très différent de l’éducation traditionnelle qui a pour objectif de fixer en l’homme des actes et des réactions stéréotypés. L’éducation devrait avoir pour objet de former l’habitude d’effectuer en permanence et de manière indépendante l’analyse de nos actes en tant qu’êtres indépendants, non soumis aux influences extérieures ou échappant au moule de l’éducation De quelle manière l’homme peut-il atteindre la vérité si celle-ci et ressentie comme amère, douloureuse? Qui peut accepter d’entreprendre ce processus? L’homme reçoit une force et une énergie vivifiantes des plaisirs, des honneurs et de l’envie. Prenons l’exemple d’un homme qui aurait honte de son vêtement déchiré alors que son voisin est bien habillé. Si le vêtement du voisin est aussi déchiré, le sentiment de honte serait diminué de moitié. C’est pourquoi il est dit «le malheur général est une moitié de consolation.» Si l’homme n’avait qu’une seule source parmi les trois sources de plaisirs énumérés, il ne progresserait pas. Par exemple, si l’homme n’aspirait pas aux honneurs ni au respect, il préfèrerait aller nu quand il fait chaud car il n’en éprouverait pas de honte. L’aspiration aux honneurs, à une position élevée aux yeux de la société peut diminuer si la société restreint ses besoins, par exemple pendant des faits graves ou en temps de guerre.

Mais l’aspiration à éprouver du plaisir ou à diminuer les souffrances, fait que l’homme est moins dépendant de l’opinion publique, par exemple un mal de dent ne diminue pas quand quelqu’un d’autre en souffre également. Ceci nous montre que le travail que nous entreprenons pour «faire plaisir au Créateur» se construit à partir du plaisir, non des honneurs, sinon nous n’avancerions plus et nous nous arrêterions à mi-chemin. Il est dit «l’envie de l’élève augmente son savoir». Un homme peut ne pas désirer les honneurs, mais quand les honneurs sont rendus aux autres, il éprouve souvent de l’envie. Le scientifique fait des efforts pour recevoir les honneurs, ses aspirations l’aident à accroître sa connaissance. Il en est de même pour les débutants en Kabbale, en voyant les autres se lever avant l’aube pour étudier et avancer dans leur progression spirituelle, l’étudiant se lèvera en souhaitant dans son for intérieur que personne ne se lève car il n’aurait pas à se lever non plus. Si l’homme savait que toutes ses pensées ne lui appartiennent pas mais lui arrivent de son environnement, il pourrait alors lutter, mais la société agit sur nous de façon à ce que nous percevions les pensées et désirs qui nous parviennent de la société comme nôtres. Il est donc important pour l’homme de choisir son environnement, les objectifs et les pensées du milieu dans lequel il évolue. Si l’homme souhaite être sous l’influence et ne recevoir de pensées que d’un cercle précis de personnes, le moyen le plus fiable est de s’en rapprocher, et mieux encore, de participer, d’aider car le nouvel arrivé, celui qui est au niveau le plus bas reçoit de ceux qui se situent au niveau le plus haut. Dans un groupe d’étude, il est nécessaire de considérer tous les membres comme à un niveau plus élevé de réparation et ayant plus de connaissances que soi-même. Ce processus a pour nom «acquisition auprès des auteurs» car il est basé sur la communication. De plus, dans le monde, au travail et à la maison, il est souhaitable d’être uni par la pensée avec ses camarades d’étude pour que des pensées étrangères ne s’immiscent pas en l’homme et ne le fassent penser comme ses voisins, sa femme, ses collègues. Aspirer aux qualités spirituelles Il est pratiquement impossible pour un débutant de distinguer un vrai kabbaliste d’un faux, parce que tous deux prônent les mêmes vérités, à savoir la nécessité de s’améliorer et de renoncer à l’égoïsme.

Il est bien plus difficile de recevoir les pensées et les attributs à partir d’ouvrages d’un auteur kabbaliste (mi Sfarim) car si l’élève souhaite recevoir les pensées de l’auteur, il doit croire que l’auteur est un grand kabbaliste. Plus l’élève a une opinion élevée du kabbaliste, mieux il pourra comprendre ses ouvrages. Des milliers qui sont parvenus au niveau de la connaissance du Créateur, seuls rabbi Shimon Bar Yohaï (RASHBI), rabbi Ashkenazi Itzhak (ARI) et le Rav Yéhouda Ashlag (Baal HaSoulam) ont reçu l’autorisation d’écrire des ouvrages de Kabbale dans une langue comprise de ceux qui n’avaient pas atteints les degrés spirituels. D’autres ouvrages kabbalistiques utilisent des images comprises seulement de ceux qui ont pénétré les mondes spirituels, c’est pourquoi ceux-ci ne peuvent pas servir aux débutants. Au moyen de ces deux outils, le choix d’un environnement et la lecture d’ouvrages choisis, l’homme accède progressivement à la réflexion d’un être tout à fait autonome (jusque là, il se trouvait dans la position de tous en ce monde qui souhaitent être autonomes mais ne le peuvent pas). Il est dit que «l’envie, le plaisir et le désir des honneurs font sortir l’homme de ce monde». Ceci signifie que ces trois types de désirs humains sont la raison qui oblige l’homme à agir bien que ce ne soient pas de bonnes incitations, elles obligent l’homme néanmoins à changer, à grandir, à désirer acquérir toujours plus, jusqu’à ce qu’il comprenne que le seul bien à acquérir est la connaissance des mondes spirituels et qu’il cherche à se hisser de notre monde vers le monde spirituel. Il est dit que ces trois désirs «font sortir» l’homme de ce monde (vers le monde spirituel, vers le monde futur). L’accumulation des connaissances et le développement de notre intellect poussent l’homme à comprendre ce qui dans ce monde est le plus précieux et qui vaut la peine d’être réalisé. De cette façon, du désir de recevoir «pour soi», l’homme parvient au niveau du désir de recevoir «pour le Créateur». L’ensemble de la création n’est qu’aspiration à recevoir du plaisir ou de la souffrance en l’absence de plaisir émanant du Créateur. Pour éprouver du plaisir, il faut deux conditions:

1. Le plaisir a eu lieu et a disparu laissant une impression, un souvenir (Reshimo, du mot Roshem – inscription).

2. Disposer de la connaissance et de la force nécessaires pour pénétrer l’enveloppe et devenir digne de goûter au fruit.

Il existe plusieurs types de forces impures (Klipot) qui distraient l’homme, ce sont:

1. Les forces qui protègent les forces spirituellement pures (le fruit sous l’enveloppe), de l’intrusion de parasites, de personnes non prêtes qui pourraient porter préjudice à elles-mêmes et aux autres en maîtrisant les mondes spirituels.

2. Les forces qui créent des obstacles à ceux qui véritablement souhaitent

parvenir au but. En luttant avec ces forces, l’homme acquiert les connaissances nécessaires et les forces pour pénétrer l’enveloppe du fruit, et devient digne de goûter au fruit. Il faut absolument être sûr que les pensées envoyées à l’homme contre le Créateur, contre le chemin spirituel et la foi proviennent exclusivement du Créateur. Le Créateur est la seule force qui existe, y compris l’homme, qui agit sur les créatures, et il ne reste à l’homme que le rôle d’observateur actif pour qu’il ait bien conscience de la présence en lui des diverses forces et lutter contre la pensée que ces forces n’émanent pas du Créateur. Celui à qui le Créateur n’envoie pas de pensées parasites dans son étude de la Kabbale et dans son travail sur lui, n’est pas sur un chemin de progression. Les principales Klipot sont les Klipot Mitzraïm (l’Egypte) qui ne donnent pas le désir de progresser sur la voie spirituelle. Klipat Noga donne l’impression que tout va bien, que ce n’est pas la peine de progresser. L’homme se sent comme endormi, cependant son cœur n’est pas en harmonie avec lui (ani Yeshena ve Libi ere – je dors mais mon cœur veille). Les véritables livres de Kabbale, plus particulièrement les ouvrages du Rav Yéhouda Ashlag sont écrits de façon à ce que l’étudiant ne puisse pas se réjouir du scintillement de Klipat Noga après avoir compris clairement le dessein de la création. A ces quelques unités que le Créateur choisit pour se rapprocher de Lui, il envoie les souffrances de l’amour (Issourei Ahava), les souffrances qui les font aspirer à aller vers le Créateur. Cette aspiration intérieure de l’homme qui est perçue par lui comme sienne est appelée la pression de l’intérieur (Dahaf Pnimi). L’acte de l’homme est qualifié de «révélé» car pour tous ceux qui le voient agir, il est clair qu’il ne peut pas y avoir d’autre interprétation.

La concentration des pensées, l’intention de l’homme est qualifiée de «dissimulée» car elle peut être très différente de ce qu’elle paraît à l’observateur étranger ou différente des intentions dont l’homme parle. Souvent, l’homme ne sait pas lui-même qu’il est poussé vers tel ou tel acte, autrement dit ses intentions internes véritables lui sont cachées, à plus forte raison aux étrangers. C’est la raison pour laquelle, la Kabbale est désignée comme la partie cachée de la Bible, la sagesse cachée parce que c’est la science des intentions, qui enseigne comment orienter ses intentions vers le Créateur. C’est la partie de l’homme qui doit être masquée à autrui et souvent à la personne concernée également. Il faut croire que tout ce qui arrive en ce monde est la volonté du Créateur, que tout est organisé par Lui, tout est envoyé par Lui et contrôlé par Lui. Certains disent que les souffrances envoyées ne sont pas des souffrances mais une récompense. C’est vrai uniquement pour les justes qui ont la capacité de rapporter tous les événements et leurs conséquences à la loi du Créateur. Dans ce cas quand l’homme est en mesure de suivre le chemin de la foi en la justice du Créateur malgré les grandes épreuves, les malédictions qui pourraient lui venir à l’esprit se transforment en bénédictions. Toutes les épreuves pour lesquelles il n’est pas en mesure de vivre en plaçant sa foi au dessus de sa raison, provoquent des états d’abattement spirituel parce que c’est uniquement dans la foi simple, placée au dessus de la raison, que l’on peut trouver un support. Après avoir laissé la foi pour revenir vers la raison, il faut attendre l’aide pour être sauvé, mais celui qui est en mesure de traverser ces épreuves, s’élève parce que ce sont justement ces souffrances éprouvées pendant les épreuves qui augmentent la force de la foi. Ceci explique pourquoi les épreuves et les souffrances se transforment chez de tels hommes en bénédictions. La prière doit venir du plus profond du cœur, ce qui signifie que tout le cœur doit être en accord avec ce qu’il veut dire au Créateur. Il faut le dire non pas avec des mots, mais avec des sentiments. Le Créateur n’entend que ce qui est dans le cœur de l’homme. Le Créateur entend même plus que ce que l’homme voudrait dire, car il comprend les raisons et tous les sentiments sont envoyés par Lui. Et aucune créature ne peut échapper au but suprême qui consiste à aspirer à la progression spirituelle.

Que reste-t-il à faire à l’homme s’il sent qu’il ne désire pas avec suffisamment de force quitter les plaisirs de ce monde et pense qu’il doit laisser les siens, sa famille, ce monde plein de vie avec ses joies, tous les désirs (égoïstes) si colorés dans son imagination? Que peut-il faire si en demandant de l’aide au Créateur, il ressent qu’il ne désire pas que le Créateur l’aide, qu’Il entende sa prière? Une préparation spécifique est nécessaire ainsi qu’une prise de conscience de la nécessité vitale de progresser sur le chemin de l’altruisme. Le désir de progresser mûrit peu à peu quand nous réalisons notre éloignement par rapport aux plaisirs spirituels et aux félicités qui nous attirent de loin. C’est à l’image de l’hôte qui reçoit des invités et doit se soucier de leur appétit pour les mets qu’il a préparés pour eux. Au début du repas, il doit en outre, se soucier d’ouvrir leur appétit, c’est après qu’il peut proposer ce qu’il a préparé de substantiel. Sans préparation, les personnes n’éprouvent pas le plaisir d’être invitées quels que soient les mets offerts. Surtout, s’il s’agit d’ouvrir l’appétit à des mets inconnus, inhabituels et étrangers, comme c’est le cas de l’altruisme. La nécessité de se rapprocher du Créateur naît progressivement en l’homme sous l’action des efforts faits par lui pendant les périodes de sentiment d’éloignement extrême de la source du Créateur, de sensation de vide intérieur, de ténèbres, quand il a besoin du Créateur pour assurer son secours, pour que le Créateur l’arrache aux situations sans issue, pour qu’Il l’aide. Si l’homme a vraiment besoin de l’aide du Créateur, c’est le signe qu‘il est prêt à recevoir de l’aide, qu’Il a ouvert en lui l’appétit pour recevoir ce plaisir que le Créateur lui a préparé et sa capacité à recevoir le plaisir est à la mesure des souffrances éprouvées. Si l’homme doit traverser des souffrances pour accéder au plaisir spirituel, il s’agit alors de la voie de souffrances, non celle de la Kabbale, comme cela a été décrit plus haut. Pourquoi alors demander quelque chose au Créateur? Il suffit de traverser la période de souffrances tant que le corps peut les supporter jusqu’au point où il criera vers le Créateur avec une telle force qu’Il l’entendra. La réponse est simple, la prière, même si elle ne vient pas du cœur prépare l’homme à sa délivrance. L’homme promet en quelque sorte au Créateur qu’après avoir reçu des forces spirituelles, il compensera de toutes ses forces l’absence d’aspiration nécessaire à ce moment. C’est le sens même de la prière, la demande accompagnée d’une telle promesse est acceptée par le Créateur et au lieu de la voie des souffrances, l’homme progresse en empruntant la voie de la Kabbale.

L’homme ne doit en aucun cas accepter ses souffrances, même s’il est sûr qu’elles sont envoyées par le Créateur, tout comme que tout ce qui est envoyé l’est pour son bien. Le Créateur n’attend pas de l’homme qu’il se soumette docilement aux souffrances, mais qu’il les évite pour qu’elles ne le poussent pas à le faire avancer et qu’il avance par sa foi en sa demande au Créateur de progresser. S’il sent qu’il n’y a pas en lui de véritable désir pour avancer, il doit persévérer dans sa demande pour que le Créateur lui donne le désir et la foi en la force de sa prière, demande que le désir lui soit donné de demander. Notre âme, notre ego est à l’état parfait à partir du moment où le Créateur après nous avoir créés, a décidé quelle en serait la nature. Cet état peut être défini comme l’état d’absolue félicité (puisque tout mouvement est causé par le désir d’accéder à un état encore plus parfait) et d’absolu plaisir (puisque les désir créés en nous par le Créateur sont absolument saturés). Pour parvenir à cet état, il nous faut acquérir le désir d’y accéder, autrement dit, vouloir changer nos aspirations pour qu’elles deviennent parfaites, altruistes. Il n’y a pas d’autre possibilité: «Ainsi parle le Créateur: si ce n’est pas par votre désir, alors je placerai au-dessus de vous des tyrans cruels qui vous obligeront à vous tourner vers Moi». Ces deux états parfaits existent en chacun de nous simultanément, l’état présent et l’état futur, parfait, mais nous ne ressentons que le moment présent, le moment futur n’est ressenti que l’espace d’un instant en changeant notre nature égoïste, matérialiste en nature altruiste, spirituelle. Le Créateur peut faire des miracles avec chacun de nous à n’importe quel moment parce que ces deux états existent en parallèle; seul l’un d’eux est ressenti à la fois; l’état parfait, qui existe en parallèle, nous ne le percevons pas bien qu’il nous entoure, car par nos attributs-désirs, nous ne sommes pas en harmonie avec Lui, comme le dit le Créateur: «Je ne peux pas être dans un endroit et vous y être» car nos désirs sont antagonistes. Chacun de nous connaît donc deux états ou, comme on le dit en Kabbale, deux corps. Notre corps physique dans lequel nous nous trouvons qu’il est de coutume en Kabbale d’appeler «enveloppe matérielle», et nos désirs et attributs appelés en Kabbale, corps, car c’est justement en eux que se trouve notre âme, la partie du Créateur. Si dans notre état présent, notre corps représente des désirs et des pensées exclusivement égoïstes, en lui ne peut pénétrer qu’une petite partie de notre âme authentique, Ner Dakif, étincelle de la Grande Lumière qui nous donne vie.

L’autre état qui existe en parallèle est notre corps spirituel que nous ne ressentons pas, nos désirs altruistes futurs et les attributs dans lesquels se trouve toute notre âme, cette partie du Créateur qu’à la réparation finale nous ressentirons. Les attributs des corps égoïste et altruiste, leur force vitale se divisent en ressenti et raison qui sont perçus par nous dans notre cœur et notre conscience. Mais dans notre corps égoïste, cela correspond au désir de recevoir par le cœur et de prendre conscience par l’intellect, et dans le corps altruiste, au désir de donner dans le cœur et de croire de l’intellect. Nous n’avons pas la possibilité de changer l’un de ces corps, le corps spirituel est d’une perfection absolue, et notre corps présent est absolument irréparable puisqu’il a été créé ainsi par le Créateur. Il existe cependant un troisième corps, le corps intermédiaire, qui correspond aux désirs et pensées qui se transforment sans cesse et que nous devons nous efforcer de modifier et demander au Créateur de réparer. C’est ainsi que nous lions notre corps intermédiaire, appelé Klipat Noga avec notre corps spirituel. Lorsque nous saurons allier tous les désirs et pensées qui se renouvellent sans cesse, notre corps physique nous laisse, et nous acquérons un corps spirituel. Ensuite, le Créateur modifie les attributs de notre corps égoïste en leurs antagonistes, et l’égoïsme inné se transforme en altruisme absolu. Dans toutes les situations de vie, il faut s’efforcer de regarder les évènements comme provenant directement du Créateur, se dire que «c’est Lui qui se tient entre eux et nous, c’est à travers Lui que nous regardons le monde et nous-mêmes. Tout ce qui est perçu par nous provient de Lui et tout ce qui provient de nous, n’est adressé qu’à Lui car tout ce qui nous entoure est Lui.» «Tout ce qui est en nous et tout ce que nous pensons et ressentons vient de Lui dans un dialogue avec Lui.» La sensation la plus terrible est le sentiment de nuit noire. Elle donne à l’homme l’impression que se développent sous ses pieds des ténèbres sans fin, de la peur, l’absence de sol sur lequel s’appuyer, la disparition de la Lumière qui lui donnerait l’espoir d’un futur, d’un lendemain, d’un instant d’après. Des sensations négatives moins terribles découlent de ce sentiment et sont ses différents aspects, tous sont envoyés de la même source, Malkhout, l’âme vide créée par le Créateur dont chacun de nous doit remplir de Lumière chaque fragment.

Toutes les sensations de ténèbres que ressent l’homme proviennent d’elle. Il n’est possible de surmonter cette terrible sensation d’incertitude que par la foi en le Créateur, l’union avec Lui. C’est dans ce but que toutes les souffrances sont envoyées par le Créateur. Le Roi David personnifie toutes nos âmes dans chacun des versets des Psaumes pour décrire l’état de notre âme, de ses impressions à toutes les étapes de l’ascension spirituelle. Il est étonnant de voir combien l’homme doit supporter avant de comprendre, de prendre conscience et de trouver la voie juste, car personne ne peut lui indiquer le chemin, c’est seulement en trébuchant sur le degré précédent qu’il choisit ce qui est juste. Plus les malheurs nous poussent, plus s’offre à nous la possibilité de grandir spirituellement ainsi qu’il est dit «heureux celui qui recherche le Créateur». Il importe peu de connaître quel sera notre pas suivant, notre futur, ce n’est pas en vain qu’il est dit dans la Bible «ne vous adonnez pas à la prédiction, à l’art divinatoire». La croissance spirituelle se fait par la croissance de la foi, en ce que toute chose que l’homme ressent dans l’instant présent et tout ce que dans l’instant suivant arrive, tout provient du Créateur et tout se surmonte uniquement en se rapprochant de Lui, si nécessaire, puisqu’il est de notre nature de ne pas souhaiter Le reconnaître dans Sa toute-puissance. La connaissance de l’état futur ou la certitude de le connaître ôte à l’homme la possibilité de fermer les yeux, et d’accepter sans rien dire toute manifestation inattendue de la Loi supérieure et de la ressentir comme certaine, juste, ce qui n’est possible qu’en se hissant vers le Créateur. Tous nos états successifs d’ascension spirituelle sont décrits dans la Bible dans la langue ordinaire de notre monde. Comme nous l’avons déjà dit, il existe deux attributs dans la création, l’altruisme et l’égoïsme, l’attribut du Créateur et l’attribut de Ses créatures. La Kabbale nous parle de l’ascension sur les degrés dans la langue de sentiments directs, comme dans ce chapitre de notre ouvrage, ou dans la langue des Sefirot, par la description physique et mathématique des entités spirituelles. Cette langue est universelle, compacte et précise. Sa forme extérieure est comprise des débutants, elle permet de communiquer car elle parle d’actions abstraites. Celui qui progresse sur les degrés spirituels peut aussi exprimer ses

actions et ses sentiments dans ce langage «scientifique» car la Lumière qu’il perçoit porte en elle l’information sur les actions et les attributs. Un kabbaliste ne peut transmettre son ressenti, ses sensations d’un degré spirituel qu’à celui qui est déjà parvenu à ce degré, un autre ne le comprendra pas. Tout comme dans notre monde, un homme qui n’a jamais éprouvé certaines sensations et ne pourrait les connaître par analogie avec des sensations similaires, serait incapable de vous comprendre. Il existe deux degrés successifs de réparation de l’égoïsme: le repousser totalement, penser et agir dans l’intention de «donner» sans penser un seul instant à son intérêt personnel à tirer de ses actions. Quand l’homme est en mesure d’agir totalement ainsi, il progresse vers le deuxième degré, il peut commencer progressivement à utiliser son égoïsme à l’inclure peu à peu dans ses actions et pensées altruistes et c’est ainsi qu’il procède à sa réparation. Par exemple: un homme, tout ce qu’il a, il le donne à autrui, ne recevant rien de personne, c’est le premier degré du développement. S’il est en mesure d’agir ainsi, les biens qu’il reçoit, il les redonne à autrui. Ce qu’il peut recevoir d’autrui dépend de sa possibilité de donner tout ce qu’il reçoit sans se laisser aveugler par les richesses, car dans ce cas, c’est son égoïsme qu’il utiliserait. Plus il reçoit, plus il peut redonner. Mais peut-il tout redonner? La grandeur des richesses qui passent par lui définit son niveau de réparation. Le premier degré a pour nom «réparation de la création» (de l’égoïsme) et le deuxième degré – «but de la création», autrement dit le degré où l’égoïsme est utilisé dans des actions altruistes, pour des buts altruistes. Toute la Kabbale nous parle de ces deux degrés de notre développement spirituel (mais les désirs tout comme les plaisirs dont parle la Kabbale, sont infiniment plus forts que tout plaisir de notre monde). Ces deux degrés sont en conflit permanent car le premier réfute totalement l’utilisation de l’égoïsme, sa réparation, tandis que le second l’utilise pour sa propre réparation en fonction de la force de résistance. C’est pourquoi les actions dans ces processus sont antagonistes bien que les deux poursuivent des buts altruistes. Dans notre monde, l’homme qui donne tout est opposé dans ses actions à l’homme qui reçoit même si c’est pour donner. De nombreuses incohérences, querelles décrites dans la Bible deviennent alors claires. Par exemple, la querelle de Saül et David, où Saül correspond à la vente de Joseph, la dispute et les querelles des écoles de Shamaï et Hillel, le conflit entre le Messie fils de Joseph (le kabbaliste Ari) et le messie fils de David etc.

presque toutes les questions litigieuses et les guerres sont interprétées par ceux qui n’ont pas une perception spirituelle comme une lutte des peuples, des tribus, des familles, de personnages égoïstes. Après avoir redoublé d’efforts pour travailler sur lui, pour étudier et pour progresser sur les degrés spirituels, s’éveille en lui la nécessité impérative de prendre conscience du résultat, il lui semble qu’après le travail qu’il a accompli, en comparaison des personnes qui l’entourent, il est devenu digne que le Créateur se révèle à lui pour que la Kabbale qu’il étudie, se dévoile à lui et que les plaisirs des mondes spirituels lui soient accessibles. En fait, il voit que c’est tout le contraire qui se produit: il a l’impression de reculer au lieu d’avancer par rapport à ceux qui n’étudient pas la Kabbale. Et au lieu de ressentir le Créateur, au lieu que le Créateur l’entende, Il s’éloigne encore plus de lui. Qui plus est, il sent que cet éloignement des degrés spirituels et la diminution des aspirations spirituelles sont la conséquence de son étude. Il se pose alors la question de règle: en observant ceux qui étudient la Bible sous sa forme habituelle, il voit qu’ils ressentent leur perfection par rapport aux autres tandis que lui, chaque jour il voit davantage qu’il devient de pire en pire dans ses désirs et pensées et qu’il s’éloigne de plus en plus des désirs spirituels authentiques avec lesquels il est venu à la Kabbale. Il est alors persuadé que c’est peine perdue et qu’il aurait été mieux de ne pas commencer à étudier la Kabbale. D’un autre côté, il sens que là est la Vérité et la solution aux questions qu’il se pose, et cela crée une tension supplémentaire: il ne peut pas abandonner la Kabbale parce qu’elle renferme la vérité, mais il y est complètement étranger et il s’en éloigne, avec la perception que ses désirs sont bien plus inférieurs que ceux de ses contemporains. Il lui semble que si un autre était à sa place, le Créateur lui aurait répondu déjà depuis longtemps et l’aurait rapproché de Lui et que tout serait bien plus facile à un autre alors que lui, il travaille dans le vide, et en veut au Créateur de ne pas le prendre en considération. Il est pratiquement persuadé que le Créateur ne réagit pas à son travail. En fait, ces sensations ne sont éprouvées que par celui qui se trouve dans un processus d’un authentique travail spirituel, et non pas celui qui est assis devant la Bible uniquement pour en connaître le sens basique et observer les commandements.

Celui qui désir s’élever souhaite accéder à ce degré spirituel où ses aspirations, ses pensées et ses désirs seront définis non pas par ses intérêts personnels. C’est pourquoi il lui est donné d’En-haut la possibilité de prendre conscience de ses véritables pensées et de ce qui détermine ses actions. Si, après avoir traversé ces souffrances, il découvre en lui cet immense égoïsme, et prend conscience de son éloignement par rapport au plus infime des attributs spirituels, s’il réussit à surmonter l’épreuve et indépendamment de son douloureux vécu, de faire taire son coeur et d’ouvrir son amour au Créateur, sans demander de récompense pour ses efforts et ses souffrances et si, malgré les affres, ces états d’âmes lui sont plus doux que les plaisirs animaux et la quiétude, il est alors digne d’accéder au monde spirituel. D’une manière générale, dès que l’homme commence à entreprendre un véritable travail sur lui, il commence tout de suite à ressentir les parasites et les obstacles sur le chemin de la perception du spirituel. Ces obstacles prennent la forme de toutes sortes de pensées étrangères et de désirs, d’une perte de confiance dans la pertinence du chemin choisi, d’abattement face à nos véritables désirs. Ce processus signifie que l’homme est mis à l’épreuve de l’En-haut pour tester l’authenticité de son désir, de la vérité malgré son caractère antinature, à l’opposé de sa nature égoïste, malgré la souffrance due à la privation de son confort personnel pour aller vers le Créateur. L’homme ordinaire quant à lui ne subit pas d’épreuve et se sent bien dans sa vie quotidienne, il considère le monde futur comme sien car il observe les commandements de la Bible. De cette manière, il a le monde futur, il se réjouit des récompenses futures, il en a déjà le goût tellement il est persuadé qu’il lui sont dues car il observe les désirs du Créateur qui, ainsi doit le rétribuer en ce monde et dans le monde futur. Ainsi, son égoïsme grandit en comparaison de celui du non-croyant qui n’exige pas de récompense du Créateur, tout comme grandit sa certitude et son sentiment de supériorité par rapport à ceux qui ne sont «pas proches» du Créateur. Le Créateur éprouve l’homme non pas pour le sonder, le Créateur le connaît sans avoir besoin de le contrôler puisqu’Il envoie ces états. C’est par ce processus que nous est donnée la prise de conscience où nous nous situons spirituellement. En créant en nous des désirs de plaisirs terrestres, le Créateur repousse ceux qui ne

sont pas dignes, Il donne à ceux qui souhaitent se rapprocher de Lui, la possibilité, après avoir franchi les obstacles, de se rapprocher des portes ouvrant sur le monde spirituel. Pour que l’homme éprouve de la haine pour son égoïsme, le Créateur lui ouvre peu à peu les yeux sur celui qui est son véritable ennemi, qui ne le laisse pas pénétrer les mondes spirituels, tant que ne se déchaîne le sentiment de haine à tel point que l’homme s’arrache complètement de son égoïsme. Tout ce qui est situé à l’extérieur du corps de l’homme est le Créateur Lui-même, car la base de la création est la sensation de son «ego» qui a pour nom créature et n’est ressenti que par nous. À part cette sensation de son propre «moi», il n’existe que le Créateur. C’et pourquoi, notre rapport au monde et à chacun de ceux qui nous entourent n’est rien d’autre que la relation au Créateur. Si l’homme prend l’habitude de vivre ce rapport à qui l’entoure, il restaure ainsi le lien direct avec le Créateur. Il n’y a rien hormis le Créateur. Mais qu’est donc ce «Moi»? Le «moi» est le sentiment de vie, de son existence, de ce qui n’est pas, mais Lui, selon le désir du Créateur un fragment de Lui et se ressent comme tel, comme un «moi» parce qu’il et éloigné du Créateur. Le Créateur se dissimule à lui. A mesure que le Créateur se manifeste peu à peu dans son ressenti, ce fragment issu de Lui, qui est ressenti par l’homme comme son «moi», commence à sentir qu’il est finalement un fragment de Créateur et non pas une créature indépendante. Les stades de ressenti progressif du Créateur ont pour nom «les mondes» ou Sefirot. L’homme naît, en principe, dépourvu du ressenti du Créateur et ce qu’il voit autour de lui, il le prend pour la «réalité». Cet état a pour nom «notre monde». Si le Créateur désire approcher de Lui un homme, celui-ci commence à ressentir de temps en temps la présence de la Puissance du Créateur de manière incertaine, il ne voit pas encore au moyen de sa vision intérieure, seulement de loin, à l’extérieur de lui scintille quelque chose, qui lui apporte un sentiment de certitude, de gaieté spirituelle et d’inspiration. Le Créateur peut à nouveau s’éloigner, redevenir inaccessible. Dans ce cas, cela est perçu par l’homme comme un retour vers l’état initial, il oublie le moment où il était convaincu de l’existence du Créateur, ou bien nous ressentons l’éloignement de la Présence Divine si cruellement que nous sommes abattus, ce ressenti est envoyé par le Créateur à celui qu’Il veut rapprocher de Lui, la

tristesse éprouvée du fait de la disparition d’un merveilleux ressenti est un moyen pour nous obliger à essayer de retrouver cette sensation. Si l’homme fait des efforts, commence à étudier la Kabbale, trouve un maître pour l’enseigner, le Créateur tour à tour, soit s’ouvre à lui sous la forme de sensation de croissance spirituelle, soit se dissimule et ainsi, il pousse l’homme à chercher à se sortir de l’abattement. Si l’homme par un effort de volonté est en mesure lui-même de surmonter les états désagréables, la dissimulation du Créateur, il reçoit de l’En-haut le soutien sous la forme de progression spirituelle et d’inspiration. Si l’homme n’essaie pas en faisant des efforts de se sortir de cet état, le Créateur peut alors Lui-même s’approcher de lui et Il peut le laisser (après quelques tentatives pour éveiller l’homme à progresser vers le Créateur de lui-même) dans un état totalement vide de la sensation de Sa présence.

22 - LE DÉVELOPPEMENT SPIRITUEL Tout ce que nous souhaitons savoir à propos de notre monde peut être défini comme le résultat de la création et de Sa Providence, ou bien, comme s’expriment les chercheurs, les «lois de la nature». Dans ses inventions, l’homme chercher à reproduire les détails de la création, ce qu’il apprend de la nature, autrement dit il essaie de répéter les actions du Créateur à un niveau bien plus bas et avec une matière plus brute. L’étendue de la connaissance par l’homme de la nature est limitée et bien que la frontière soit repoussée progressivement, c’est sous son aspect physique qu’est encore à ce jour considéré le corps humain. Sous cet angle, il n’y a pas de différence entre les êtres humains car l’individualité de chacun est définie par ses forces spirituelles et ses attributs et non par les formes de notre corps. On peut dire que malgré leur multitude les enveloppes physiques de tous les êtres humains constituent, du point de vue de la création, un seul et même corps puisqu’il n’y a pas entre eux de différence individuelle qui distinguerait l’une de l’autre. Pour comprendre nos semblables et le monde qui nous entoure, pour savoir comment se comporter envers tout ce qui est extérieur à nous, il nous suffit de faire une introspection, et nous comprendre. C’est ainsi que nous pouvons agir puisque nous sommes ainsi faits, nous comprenons ce qui pénètre en nous de l’extérieur, plus précisément, nos réactions aux influences de l’extérieur. Si l’homme ne se différencie en rien de ses semblables, toutes ses différences sont standard dans le cadre des variations d’attributs simplement animales de nos corps physiques, c’est comme s’il n’existait pas puisque ne se distinguant pas individuellement les uns par rapport aux autres, il se trouve comme à l’intérieur d’un seul corps qui constituerait tous nos corps. On peut aussi décrire ceci de la manière suivante: ce qui peut différencier les hommes les uns des autres, c’est l’âme, si l’âme est absente, cet homme ne peut pas être considéré comme un être individuel. Plus les particularités spirituelles sont importantes chez un individu, plus cet être est grand et important, sans particularité, il n’est pas, il n’existe pas. L’apparition chez un être de la plus petite différence spirituelle correspond à l’instant précis au stade spirituel, appelé «naissance» car c’est la première fois qu’est apparu en lui quelque chose de personnel qui le distingue de la multitude des corps.

Autrement dit, la naissance de l’individualité se produit au moyen de la séparation spirituelle individuelle par rapport à l’ensemble de la masse générale. A l’image de la graine semée dans la terre, il se produit deux processus: celui de la dissociation et celui du développement. La dissociation correspond à la libération totale de la forme originelle parentale précédente. Tant qu’elle n’en est pas complètement séparée, elle ne se sépare pas de son corps physique, elle ne peut pas se transformer en force spirituelle. Tant que tous ces processus de naissance du fruit, du haut vers le bas, ne se sont pas déroulés, la première force spirituelle ne peut pas naître du bas vers le haut pour commencer à se développer et atteindre le niveau et la forme qui l’ont fait naître. Des processus similaires se produisent dans la nature inanimée, végétale, animée – animale et dans l’homme, bien que sous des formes extérieures différences. La Kabbale détermine la «naissante spirituelle» comme la première manifestation en l’homme de l’attribut le plus bas du monde spirituel le plus bas, la sortie de l’homme des limites de «notre» monde pour atteindre le premier degré spirituel, le plus bas. A la différence des nouveaux nés dans ce monde, les êtres nés spirituellement ne meurent pas, ils se développent sans fin. L’homme peut commencer à se connaître seulement à partir de sa prise de conscience, pas avant. Par exemple, nous ne sous souvenons pas des états passés, du moment de la fécondation, de la naissance d’autant plus des phases antérieures. Nous ne comprenons que notre développement, pas nos formes antérieures. La Kabbale décrit tous les stades précédents de la création à commencer par celui de l’existence du Créateur et Lui seul, de la création par Lui de l’âme universelle, de l’être spirituel, de la descente des mondes du haut vers le bas jusqu’au niveau le plus bas, le dernier degré du monde spirituel le plus bas. La Kabbale ne traite pas les stades successifs (la compréhension par l’homme du degré le plus bas du monde spirituel et son ascension du bas vers le haut jusqu’au but suprême, le retour au point originel de la création) puisque l’ascension se produit selon les même lois et degrés par lesquels est descendue l’âme et celui qui a entrepris son ascension spirituelle doit par lui-même ressentir tous ces stades de la naissance spirituelle jusqu’à sa croissance spirituelle complète.

Mais en parvenant à la fin de leur croissance l’état de réparation absolue de leurs attributs originels, toutes les âmes, en revenant vers le Créateur, s’unissent à Lui jusqu’à l’état d’indissociation absolue du fait de la similitude totale au point qu’il n’y a plus d’existence séparée, comme avant leur création. En d’autres termes, l’âme doit s’élever du bas vers le haut sur les 125 échelons sur lesquels elles sont descendues de l’En-haut vers l’en bas, du moment de notre naissance jusqu’à l’union totale avec le Créateur. En Kabbale, le premier degré à partir du bas est appelé «naissance», le dernier, le plus haut est la «réparation finale» et tous les degrés intermédiaires sont désignés au moyen des dénominations des lieux ou des personnages de la Bible ou des symboles kabbalistiques, les noms des Sefirot ou des mondes. Ce qui précède nous montre clairement que l’homme n’est pas en mesure de connaître totalement la création et lui-même dans le monde sans avoir une représentation complète du but de la création, de l’acte de création, de tous les stades du développement aboutissant à l’achèvement de la création. De plus comme l’homme analyse le monde seulement de l’intérieur, il n’est donc en mesure d’analyser que cette partie de son être dont il a conscience. Il n’a donc pas la possibilité de se connaître totalement. Qui plus est, la connaissance de soi est limitée car elle implique l’analyse de qualités négatives que l’homme n’est pas en mesure de voir en lui. De par notre nature, nos défauts échappent automatiquement à notre analyse car en prendre conscience est extrêmement douloureux. Seuls les kabbalistes qui travaillent à la réparation de leur nature dans le but de parvenir au niveau des attributs du Créateur dévoilent en eux les défauts de leur nature profonde selon le degré qu’ils sont en mesure de réparer. Leur intellect, leur nature leur permettent d’affronter leurs défauts puisque ceux-ci sont en phase de réparation et ne font plus, en quelque sorte, partie de leur nature. Notre propre analyse visant à découvrir chez autrui des côtés négatifs n’apporte rien car nous ne sommes pas en mesure de les transposer à nous-mêmes, notre nature profonde nous faisant fuir les impressions négatives. Il n’est donc pas possible de voir en nous les défauts que nous ne supportons pas chez autrui. A l’inverse, les défauts que nous découvrons chez autrui nous réjouissent! Il n’y a aucun homme au monde qui puisse prétendre qu’il se connaît. Le kabbaliste qui est parvenu à la connaissance parfaite de l’homme, à ses racines a atteint le niveau originel de la connaissance, celle de l’âme.

Comme il a été dit, le processus d’accession à la connaissance des mondes spirituels se fait de l’en haut vers l’en bas, du Créateur vers notre monde puis de l’en bas vers l’en haut. Le chemin vers l’en bas est appelé la «descente de l’âme dans notre monde» ou naissance de l’âme par analogie avec notre monde où l’embryon apparaît dans le corps de la mère à partir de la semence paternelle. Tant que le degré le plus bas ne s’est pas manifesté en l’homme, degré qui correspond à l’éloignement total par rapport au Créateur, tout comme l’enfant s’éloigne de ses parents, comme le grain qui perd sa forme d’origine, il ne peut pas devenir un organisme physiquement indépendant. Tout comme dans notre monde, au niveau spirituel, l’homme continue à dépendre de sa source tant qu’il ne devient pas un être spirituel autonome. Quand il naît spirituellement, l’homme se trouve au stade d’éloignement spirituel maximal par rapport au Créateur. C’est alors qu’il peut commencer à s’élever sur les degrés qui le mèneront au Créateur. Le chemin de l’en bas vers l’En-haut est appelé «la connaissance de soi et l’ascension», des stades du développement spirituel selon les lois des mondes spirituels. À l’image dans notre monde du nouveau né qui se développe selon les lois de notre monde. Ces degrés du développement du bas vers le haut correspondent exactement aux degrés de la descente de son âme du Créateur dans notre monde, de l’en haut vers l’en bas. Signalons que la Kabbale étudie la descente de l’âme alors que chacun de nous doit étudier seul les degrés de l’ascension sinon il ne pourra pas croître spirituellement. C’est la raison pour laquelle, il ne faut en aucun cas gêner un étudiant, lui imposer des actions spirituelles, elles doivent lui être dictées par sa prise de conscience et elle seule. Ce n’est que de cette manière qu’il peut analyser et réparer en lui tous les attributs. Il est interdit aux kabbalistes de se transmettre des informations sur leurs propres montées et descentes. Du fait qu’il y a deux chemins, de l’en haut vers l’en bas et de l’en bas vers l’en haut qui sont absolument similaires, en accédant à la connaissance de l’un d’eux, le chemin de l’en bas vers l’en haut, il est possible de comprendre le chemin de l’en haut vers l’en bas.

Ainsi, au cours de son développement personnel, la compréhension du stade précédent la naissance nous apparaît: le programme de la création descend dans notre monde de l’en haut vers l’en bas, le degré supérieur engendre le degré inférieur jusqu’à atteindre notre monde où il aboutit à l’homme de notre monde à un moment de ses vies. Ensuite le développement spirituel s’amorce jusqu’à l’accession au degré suprême. Celui qui a entrepris son ascension spirituelle doit aussi faire des efforts selon ses capacités personnelles, participer par ses propres actions à la création, pour son développement et son achèvement. Ces actions consistent seulement à répéter le processus de la création ce qui n’existe pas physiquement ou spirituellement ne pouvant pas être inventé. Tout ce que nous faisons n’est rien d’autre que des schémas et des idées empruntées à la nature. C’est pourquoi, notre chemin spirituel consiste uniquement à aspirer totalement à reproduire ce que le Créateur a déposé dans l’aspect spirituel de la nature. Comme nous l’avons déjà montré au début de cet ouvrage, toutes les créatures ainsi que leur environnement ont été créées en conformité avec les conditions nécessaires pour chaque type de création. Quand il vient dans ce monde, l’embryon trouve une place sûre et adéquate pour se développer, à sa naissance, les parents sentent naître en eux le besoin impératif de s’occuper de lui. Sur ce modèle, jusqu’à sa naissance spirituelle, tout se passe pour l’homme sans qu’il en ait la connaissance, sans qu’il puisse intervenir. Dès que l’homme commence à grandir, il commence à se heurter à des difficultés, des incertitudes et à la difficulté pour assurer son existence. Au moment de la maturité apparaissent de plus en plus les aspects négatifs. De la même manière, sur le plan spirituel, à mesure du développement de l’homme, les aspects négatifs de sa personnalité transparaissent. Cette organisation du Créateur, par le biais de la nature terrestre et spirituelle, amène l’homme au niveau de développement voulu pour qu’il prenne conscience, par des manques incessants que dès qu’il réalise qu’il doit aimer son prochain comme lui-même, il est heureux car il retrouve alors l’harmonie avec les forces de la «nature» qui descendent de l’en haut. Tout ce que l’homme considère dans la nature comme des «manques», des «imperfections» d’origine supérieure, proviennent de ce principe.

C’est justement là que l’homme doit utiliser sa nature, réparer son approche du monde, aimer tous et tout ce qui l’entoure, en harmonie avec le processus de descente sur les échelons spirituels. C’est uniquement de cette manière qu’il peut être en harmonie avec le Créateur, qu’il peut atteindre le but de la Création, les délices absolus. Nous avons tous la capacité d’entreprendre cette démarche. Le Plan demeurera inexorablement inchangé car nous ramener vers ces délices absolus est indissociable de l’essence de notre création. Notre tâche ne consiste qu’à étudier les attributs de la descente spirituelle de l’En-haut vers l’en bas et d’apprendre à refaire le chemin spirituel en sens inverse, de l’en bas vers l’En-haut. Le sentiment d’amour envers nos semblables («prochain» est un mot incorrect puisque nous aimons nos proches parce qu’ils nous sont chers), qui peut nous sembler contre nature s’éveille en nous, comme tout autre sentiment altruiste, comme le rejet de notre égoïsme, la pression intérieure de notre «moi». Si l’homme a la capacité de renoncer à ses intérêts personnels, de les annihiler, la place spirituelle libérée par l’égoïsme peut alors être le lieu pour la pénétration et l’expansion de la Lumière Supérieure. Ces deux mécanismes ont pour nom «le mouvement de la vie» ou «l’âme» parce que dès lors, les conditions sont réunies pour les mouvements suivants de restriction et d’expansion. Ce processus est le seul qui permette au récipient spirituel de l’homme de recevoir la Lumière du Créateur, autrement dit de recevoir son âme et de s’élever en la faisant croître. La restriction peut se faire suite à une action extrinsèque ou sous l’action de qualités intrinsèques du récipient. Dans le cas de la restriction sous l’action de forces extrinsèques qui obligent douloureusement à agir, il est de la nature même du récipient de susciter en lui les forces d’opposition à la restriction et de fuir de cette pression extrinsèque. En cas de restriction induite par le récipient même, il n’est pas en mesure de provoquer d’expansion pour atteindre l’état initial. Si la Lumière du Créateur pénètre et remplit le récipient, ce dernier est en mesure de se dilater pour atteindre l’état précédent. Cette Lumière a pour nom Vie. La vie est la conscience que l’on a d’elle, ce qui n’est possible qu’au moyen de restrictions préalables, puisque l’homme n’est pas en mesure d’aller au-delà des frontières spirituelles à l’intérieur desquelles il a été créé. Se restreindre au stade initial, l’homme ne le peut que sous l’action d’une force extrinsèque qui l’y oblige ou bien en se tournant vers le Créateur pour le prier de lui accorder l’aide des forces spirituelles, car avant de recevoir la première aide, la vie, dans son âme,

l’homme n’a pas de force pour entreprendre de lui-même une telle démarche spirituelle contre sa nature. Tant que l’homme est incapable d’y procéder de lui-même, la force extrinsèque l’oblige à «se contracter», il est considéré comme appartenant au monde de l’inanimé puisque la «nature vivante» est définie comme pouvant engendrer le mouvement autonome. Les définitions conceptuelles de la Kabbale permettent de décrire clairement la création. Tout, dans la création repose sur deux concepts: la Lumière (Ohr) et le récipient (Kli). La Lumière correspond au plaisir, et le récipient correspond au désir de recevoir, d’éprouver le plaisir. Lorsque le plaisir pénètre dans le désir d’éprouver du plaisir, il donne à ce désir l’aspiration à vouloir ressentir ce plaisir. Sans la Lumière, le récipient ne saurait pas ce qu’il souhaiterait éprouver, le récipient n’est donc jamais autonome, seule la Lumière lui dicte le type de plaisir, autrement dit les pensées, les aspirations, tous ses attributs. L’importance et la valeur spirituelle du récipient sont entièrement déterminées par la Lumière qui l’emplit. En outre, plus le désir d’éprouver du plaisir est grand dans le récipient, plus il est «mauvais», puisqu’il dépend encore plus de la Lumière et qu’il est moins autonome. Toutefois, plus il est «mauvais», plus il a la capacité d’éprouver de plaisir. La croissance, le développement dépendent justement de la puissance des désirs. Cette contradiction provient des attributs antinomiques de la Lumière et du récipient. La récompense à nos efforts spirituels, c’est la connaissance du Créateur, masquée par notre «moi» qui s’interpose entre le Créateur et nous. Le désir, et non son corps physique, détermine l’homme, ainsi l’apparition de chaque nouveau désir donne naissance en quelque sorte à un nouvel homme. C’est ainsi qu’il faut comprendre la migration des âmes, qui consiste en la renaissance de l’homme avec chaque nouvelle pensée et chaque nouveau désir. Si le désir de l’homme se situe au niveau animal, il est dit que son âme est entrée dans un animal. Si le désir est de nature élevée, il est dit que l’homme est un sage. Ce n’est que de cette manière qu’il faut considérer la migration des âmes. Qui n’a pas nettement ressenti à partir de sa propre expérience combien ses points de vue évoluaient en leur contraire dans le temps, comme si nous étions des personnes différentes.

Quand un homme ressent des désirs, si ceux-ci sont véritablement forts, il ne peut pas s’imaginer qu’il puisse en exister d’autres à l’opposé. Ceci est dû au fait que l’âme humaine est éternelle en tant que fragment du Créateur et donne l’impression à l’homme d’être éternel dans chacun de ces moments de désir. Le Créateur transforme cependant son âme - ce qui donne lieu à une nouvelle incarnation, le passé meurt et «un nouvel homme» naît. Dans ses envolées spirituelles, dans ses moments d’aspiration et d’abattement, ses joies et dépressions, l’homme ne peut pas s’imaginer qu’il peut passer d’un état à un autre: Quand il est en pleine période d’ascension spirituelle, il ne peut pas comprendre comment on peut s’intéresser à ce monde. C’est dû à l’éternité de notre âme. La réalité de ce monde existe spécialement pour dresser des obstacles sur notre chemin menant vers les mondes spirituels. Des milliers de pensées nous détournent sans cesse de notre but et plus nous essayons de nous concentrer sur nos actions, plus les obstacles sont importants. Contre tous ces obstacles, il n’y a qu’une seule aide, l’aide du Créateur. Ils sont faits pour que, dans la recherche de notre salut, nous soyons obligés de nous tourner vers le Créateur. Pour inciter les jeunes enfants à manger ce que nous leur présentons, nous détournons leur attention de la nourriture, nous leur racontons des contes, etc. Il en est de même du Créateur: pour nous amener au bien, Il est obligé de voiler la vérité altruiste en raisons égoïstes qui nous poussent à avoir le goût du spirituel. Ensuite, après y avoir goûté, nous pouvons, de notre propre initiative, vouloir cette nourriture spirituelle. Le chemin de notre réparation est construit selon le principe de l’union avec le Créateur, la fusion avec les entités spirituelles dans le but d’emprunter leurs attributs spirituels. Dès que nous sommes en contact avec le spirituel, nous pouvons déjà recevoir de lui. Il est important d’avoir un professeur et des camarades partageant le même but: dans nos contacts quotidiens, on peut progressivement, de manière imperceptible, ce qui permet de limiter l’opposition de notre enveloppe physique, commencer à laisser entrer en nous les désirs spirituels. Plus l’homme chercher à être en compagnie de ceux qui s’élèvent spirituellement, plus la probabilité de se laisser influencer par leurs pensées et leurs désirs sera grande. Est considéré comme véritable effort seulement celui qui est fait à l’encontre du corps, il est donc plus facile de faire des efforts si, par exemple, des personnes le font, même si c’est perçu comme quelque chose allant à l’encontre de notre nature. (La majorité définit la conscience: là où tout le monde est nu, au sauna

par exemple ou dans une société «primitive», il n’est pas besoin de faire d’effort pour ôter ses vêtements). Un groupe de camarades et un professeur ne représentent qu’un moyen auxiliaire. A mesure de l’ascension spirituelle, le Créateur fait en sorte que l’homme soit de toute façon obligé de se tourner vers Lui pour Lui demander de l’aide. Pour qu’elle raison la Torah existe-t-elle sous forme écrite (Bible) et sous forme orale? Tout simplement parce que la forme écrite offre une description des processus spirituels qui se déroulent dans le sens du haut vers le bas, la Bible ne parle que de cela, bien qu’elle emploie la langue de la narration, des chroniques historiques et des documents juridiques, la langue des prophéties et des connaissances kabbalistiques. Le principal, cependant, est de se demander pourquoi les lois spirituelles ont t-elles été données? Pour l’ascension spirituelle de l’homme de l’en bas vers l’en haut à la rencontre du Créateur. Il s’agit d’un chemin individuel, propre à chacun de nous, déterminé par les attributs de chacun et des particularités de l’âme de chacun. C’et pourquoi chacun de nous entreprend, à sa manière, son ascension sur les degrés de l’échelle spirituelle. La découverte des lois spirituelles est personnelle, elle se fait de l’en bas vers l’en haut et a pour nom Torah orale parce que donner une version unitaire, propre à chacun est impossible et inutile, l’homme doit de lui-même entreprendre cette ascension vers le Créateur au moyen de sa prière (orale). Tous les efforts faits pour étudier et accomplir un travail sur nous-mêmes sont nécessaires pour avoir bien conscience de notre insignifiance et nous inciter à nous tourner vers le Créateur. L’homme ne peut cependant pas mesurer ses actions et demander de l’aide au Créateur tant qu’il n’a pas pleinement ressenti le besoin qu’il a de cette aide. Plus il étudie et travaille, plus ses griefs à l’encontre du Créateur sont intenses. Bien qu’en fin de compte, l’aide provienne du Créateur, si nous ne crions pas vers le Créateur, nous ne pouvons pas la recevoir. C’est pourquoi celui qui désire progresser doit faire des efforts dans toutes ses actions. A propos de celui qui reste assis et attend, il est dit: «le sot reste assis les bras croisés et se ronge». L’expression «faire des efforts» signifie tout ce que l’homme fait contre les désirs de son corps sous quelque forme que ce soit. Par exemple, si l’homme va à l’encontre des désirs de son corps, c’est considéré comme un effort. Le problème

est que l’homme s’attend à recevoir une récompense en échange de ses efforts. Pour s’arracher à l’égoïsme, il faut aspirer plus particulièrement à faire des efforts sans retour et demander au Créateur la force pour réussir parce que notre corps ne peut rien faire sans récompense. Comme l’artisan qui aime son travail et se concentre sur sa tâche et non sur la récompense qu’elle lui apportera, celui qui aime le Créateur souhaiterait recevoir la force qui lui permettrait d’étouffer son égoïsme, pour se rapprocher de Lui, sachant que c’est ce que désire le Créateur et non parce que le rapprochement permettra à l’homme de d’éprouver un plaisir infini. De la même façon, si l’homme n’aspire pas à la récompense, il est heureux constamment car plus il peut faire d’efforts avec l’aide du Créateur, plus cela lui apporte de joie, à lui et au Créateur. C’est en cela que réside la récompense. Si l’homme ressent des difficultés dans son travail sur lui, qu’il n’en tire aucune joie, c’est le signe qu’il n’est pas encore sorti de son égoïsme, qu’il n’a pas franchi la limite qui le sépare de la multitude pour être du nombre des quelques unités en ce monde qui travaillent pour se hisser sur les échelons de l’échelle spirituelle et s’unir au Créateur avec altruisme et non à des fins personnelles. Toutefois celui qui a pleinement conscience des difficultés à faire le plus petit effort en faisant abstraction de soi, est déjà sur le chemin entre la multitude et les kabbalistes. Il n’est pas possible de procéder à l’éducation de tout à chacun sous une forme authentique car les masses ne se sont pas en mesure d’accepter les lois contre nature du travail sans récompense. C’est pourquoi l’éducation des masses est conduite selon le principe de la récompense de l’égoïsme. Pour elles, lors de l’observation des commandements, l’ajout même de restrictions n’est pas difficile. Cette étape de simple croyant est nécessaire, elle correspond à l’enseignement du grand kabbaliste Maimonide (12ème siècle) prodigué aux enfants avec des explications, en évoquant la récompense en ce monde et dans le monde futur. Quelques uns parmi eux grandiront, réaliseront le sens authentique de la création et progressivement assimileront les méthodes qui leur permettront de sortir de leur égoïsme. Voir le fruit de ses efforts est la récompense que l’homme souhaite et les efforts peuvent être accomplis dans n’importe quel domaine d’activités. Personne ne peut travailler sans récompense, cependant la nature de la récompense peut être modifiée, le plaisir égoïste peut être transformé en plaisir altruiste.

Il n’y a pas, par exemple de différence entre le plaisir ressenti par un enfant jouant avec un jouet et celui d’un adulte qui découvre les mystères spirituels. La différence ne réside que dans la forme extérieure dans le vêtement que revêt le plaisir ressenti. Pour changer ce vêtement, comme dans notre monde, il suffit de grandir. A la place du jouet apparaît l’aspiration spirituelle, au lieu de la manifestation du plaisir égoïste se fait sentir un plaisir altruiste. Ceci explique pourquoi, contrairement à ce que beaucoup affirment, la Kabbale n’impose aucune restriction aux plaisirs. Au contraire, selon les lois de la Kabbale l’homme qui renonce à certaines formes de plaisir, est obligé de faire expiation pour ne pas avoir utiliser ce que le Créateur mettait à sa disposition. Le but de la création du monde est de remplir les âmes d’un absolu plaisir sous sa forme altruiste exclusivement. La Kabbale a été donnée pour que les hommes comprennent qu’il faut changer l’enveloppe extérieure de nos plaisirs afin d’en révéler la douceur, d’en finir avec l’amertume des plaisirs orientés vers notre satisfaction personnelle. La société nous oblige à changer l’enveloppe extérieure de nos plaisirs au cours de notre vie. Il n’y a pas dans notre vocabulaire de mot qui définisse le plaisir, seulement des mots qui décrivent la forme, le vêtement revêtu par nos perceptions sensorielles: la nourriture, la nature, toutes les formes d’art, etc. Pour ceux qui étudient la Kabbale, le type de plaisir peut être défini par la question suivante: est-ce qu’il est important pour l’homme d’étudier la Kabbale ou bien est-ce que c’est Celui qui est à l’origine de la Kabbale est qui important? L’importance de la Kabbale réside-t-elle dans son origine du Créateur ou bien dans l’observation des commandements et la récompense à la clé? Le chemin menant au développement spirituel peut être court et facile, mais notre égoïsme ne nous permet pas de l’emprunter, c’est ce qui complique les choses. Nous choisissons pour ainsi dire toujours le chemin le plus difficile, le plus douloureux, celui qui nous est dicté par notre égoïsme. Après les souffrances, nous revenons au point de départ et ce n’est qu’à ce stade que nous suivons l’authentique chemin. Le chemin court et facile a pour nom «le chemin de la foi», le long chemin douloureux est celui des souffrances. Il est d’autant plus difficile de choisir le chemin de la foi au début, qu’il sera facile de le suivre par la suite.

Les obstacles qu’oppose notre raison qui nous dicte de comprendre avant d’exécuter ont pour nom «pierre d’achoppement», ou pierre «Even». Tous les hommes trébuchent sur cette pierre. Toute la Kabbale ne parle que d’une seule âme unique, l’âme de chacun de nous et de son ascension vers le but suprême. La Bible nous dit que lorsque les bras (la foi) de Moïse retombaient (Moshé en hébreu, dérive du verbe «Limshoch», sortir de son égoïsme, se soustraire à son égoïsme), il commençait à perdre la bataille avec ses ennemis (contre ceux qu’il considérait comme ses ennemis, ses pensées et ses désirs égoïstes). C’est alors que les anciens (ses sages pensées) le plaçaient sur une rocher (autrement dit plaçaient, élevaient sa foi au dessus des exigences de son égoïsme) lui faisaient lever les bras (foi) pour que triomphe Israël (de «Yashar El», «Yashar» droit, «El» le Créateur, autrement dit, que triomphe l’aspiration orientée vers le Créateur», l’aspiration orientée vers l’ascension spirituelle). Il est aussi raconté que nos pères étaient des idolâtres (il s’agit des aspirations originelles de l’homme qui sont égoïstes et ne sont orientées que vers la satisfaction des besoins physiques), qu’ils étaient des fugitifs («Sion», du mot «Yetsia» qui désigne ceux qui fuient leur égoïsme et reçoivent la Lumière). Le débutant en Kabbale passent par deux états: celui des souffrances ou celui du ressenti du Créateur. Tant que l’homme n’a pas réalisé la réparation de son égoïsme, il ne peut pas orienter ses pensées et ses désirs vers le Créateur, il ressent son univers intérieur comme la source de souffrances. A l’étape suivante, après avoir fait suffisamment d’efforts pour pouvoir ressentir le Créateur, il perçoit Son omniprésence et le monde est alors perçu comme une entité spirituelle réparée. Il ne peut percevoir le monde sous cet angle que s’il s’est doté d’une sensibilité spirituelle. Les souffrances par lesquelles il est passé lui apparaissent alors comme une étape nécessaire et agréable car il voit alors qu’elles lui ont permis de procéder à sa réparation. L’homme se doit de savoir que le monde est régi par un Maître et que tout se qui s’y déroule a pour seule et unique source Son désir, bien que le corps, selon la volonté du Créateur, affirmera toujours que tout en ce monde est hasard. Malgré la voix de son corps, l’homme doit croire que tous ses actes en ce monde donnent lieu à une récompense ou un châtiment.

Prenons un exemple: si l’homme ressent le besoin de s’élever spirituellement, il doit savoir que ce n’est pas le fruit du hasard, que c’est la récompense à ses bonnes actions dans le passé, la réponse à ses cris adressés au Créateur pour qu’Il l’aide à trouver le bon chemin. Ce moment a pu être oublié car l’homme a pu ne pas prêter attention à sa prière car il n’a pas reçu immédiatement de réponse. Ou encore, l’homme se dit que maintenant qu’il se sent en phase d’ascension spirituelle et qu’il n’a pas d’autres soucis, il doit comprendre que: 1) cette phase est envoyée par le Créateur en réponse à sa demande, 2) que de cette manière, il affirme qu’il est en mesure de travailler par lui-même et que sa progression spirituelle dépend de ses efforts, non du Créateur. Lorsqu’au cours de l’étude, l’homme ressent le sujet dans toute sa profondeur, il faut savoir que ce n’est pas un hasard, mais que cette impression est envoyée par le Créateur. En étudiant, il faut donc se placer dans l’optique du désir divin pour que la foi en la Puissance Supérieure s’accroisse. C’est ainsi que l’on fait naître et grandir son besoin du Créateur et c’est aussi de cette façon que le lien avec le Créateur s’établit, le lien qui conduit à l’union avec Lui. Il faut savoir également que deux forces opposées agissent en l’homme: l’altruisme qui affirme que tout en ce monde est régit par la réalisation des Désirs du Créateur, que tout s’accomplit pour Lui. L’autre force est l’égoïsme pour lequel tout en ce monde a été créé pour l’homme, pour être à son service. Dans un cas comme dans l’autre, c’est la force de l’altruisme qui vaincra et le chemin où a lieu la bataille entre les deux forces porte pour nom le long chemin des souffrances. Le raccourci a pour nom le chemin de la Kabbale. L’homme doit aspirer à écourter son chemin, la durée de la réparation volontaire. Dans le cas contraire, il arrivera bon an, mal an à être obligé de suivre le chemin de la Kabbale. Le sentiment humain le plus naturel est l’amour de soi, ce que nous pouvons observer sous la forme la plus évidente chez le nourrisson et l’enfant. Le sentiment d’amour envers autrui engendré par l’amour de soi n’est cependant pas moins naturel; il donne lieu à des variations infinies: la peinture, la poésie, toute création artistique. Il n’y a pas d’explication scientifique à l’amour ni aux processus auxquels il préside. Nous nous heurtons plus d’une fois dans notre vie à ce genre de processus qui se manifeste par un amour partagé puis, de manière inattendue, par sa disparition. Qui plus est, plus l’amour partagé est fort, plus vite il s’évanouit.

A l’inverse dans l’amour entre deux personnes, moins l’amour est fort chez l’un, plus l’amour de l’autre sera fort et si le sentiment est perçu comme partagé, l’amour en diminue d’autant. Ce paradoxe de l’amour se vérifie pour toutes sortes de type d’amour, entre les sexes, entre les parents et les enfants, etc. On peut même dire que quand une personne éprouve un grand amour pour une autre et la lui manifeste avec force, elle ne lui donne pas la possibilité d’aspirer à elle de l’aimer d’avantage. Autrement dit, un grand amour, lorsqu’il est exprimé intensément ne permet pas à l’objet aimé d’y répondre pleinement et laisse ainsi le sentiment d’amour se transformer en haine. C’est dû à la disparition chez l’être aimé de la crainte de perdre celui qui aime, quand l’on ressent un amour aveugle infini. Même les rares fois où il nous arrive d’aimer quelqu’un égoïstement, il ne nous est pas difficile d’imaginer que l’amour altruiste est un sentiment qui nous est absolument inconnu et incompréhensible. Le Créateur a pour nous un amour absolument altruiste, Il dissimule donc Son amour pour nous jusqu’à ce que nous acquérions les attributs nous permettant de répondre pleinement et de manière immuable. Tant que l’homme ne ressent pas d’amour envers lui-même, il ne peut consentir à aimer quoi ou qui que ce soit. Dès qu’il s’emplit de ce sentiment, l’homme se met à choisir et à désirer des sensations inhabituelles. Ce processus ouvre la capacité d’aspirer constamment à l’accroissement de la force qui tend vers le Créateur. L’amour mutuel, inextinguible n’est possible que s’il ne dépend de rien de terrestre. L’amour du Créateur nous est donc dissimulé et ne s’ouvre que progressivement dans le ressenti du kabbaliste, à mesure qu’il se débarrasse de son égoïsme qui, en ce monde, est la raison de la perte de l’amour mutuel. Pour nous donner la possibilité de repousser la frontière de nos sentiments et éprouver de manière croissante l’amour du Créateur, nous nous caractérisons par notre égoïsme dès notre création. Ceci nous donne la possibilité de ressentir l’Amour du Créateur et désirer l’union avec Lui en nous débarrassant de notre égoïsme comme de notre ennemi commun. On peut dire que l’égoïsme est un tiers dans la relation triangulaire de la création (le Créateur, nous, l’égoïsme) qui nous donne la possibilité de choisir le Créateur. La raison de la création, tous les actes du Créateur, le but suprême de la création et de toutes Ses actions, quelle que soit la façon dont nous les ressentions, partent du principe d’amour absolu et immuable. La Lumière qui émane du Créateur qui a permis de construire les mondes et de nous créer, dont une dose microscopique

a été déposée dans nos corps, constitue notre vie et la mémoire de nos âmes après leur réparation, c’est ceci le ressenti de Son amour. La raison de notre création est le désir naturel emprunt de bonté à faire le bien, le désir d’aimer et de faire plaisir, le désir naturel d’altruisme (impossible à ressentir par nous), le désir que nous, objet aimé, ressentions pleinement Son amour et nous délections de ce sentiment d’amour pour Lui car seul un sentiment simultané de ces sentiments opposés dans notre monde permet la perfection de ce ressenti qui est le But du Créateur. Notre nature profonde se résume à un seul mot: égoïsme. L’une des manifestations probantes de notre égoïsme est la perception de notre «moi». L’homme peut tout supporter sauf être humilié. Il est prêt à donner sa vie pour ne pas se sentir rabaisser. Dans toutes circonstances, dans la pauvreté, dans l’infortune, dans le manque de chance, etc., nous nous efforçons toujours de trouver les raisons et les circonstances étrangères à nous qui sont «à l’origine» de nos malheurs. Parce qu’autrement, nous ne pouvons pas nous justifier à nos yeux ni face à autrui, notre nature ne nous le permettant pas. Elle ne permet pas de nous abaisser car ce «moi» que nous ressentons en nous en serait anéanti, exclu de la création. L’anéantissement de notre égoïsme n’est pas possible naturellement, sans l’aide du Créateur. Le transformer n’est possible qu’en plaçant le but de la création au dessus de tout en ce monde.

23 - LE TRAVAIL SPIRITUEL Que l’homme demande au Créateur de l’aider dans son développement spirituel en omettant les problèmes quotidiens, témoigne de la faiblesse de sa foi en la force et l’omniprésence du Créateur, du manque de compréhension que tous les problèmes quotidiens nous sont envoyés pour que nous essayions de les résoudre par nous-mêmes, mais aussi avec l’aide du Créateur, dans la certitude absolue que tous ces problèmes sont envoyés par Lui pour développer en nous la foi en Son unité. Si l’homme est convaincu que tout dépend du Créateur, ce qu’il souhaite, il doit le Lui demander non pas pour se débarrasser de la tâche. L’homme doit se servir de cette opportunité pour avoir la possibilité de dépendre du Créateur. Pour ne pas se leurrer, il faut continuer à se battre pour résoudre les problèmes. Les états d’abattement spirituels sont envoyés de l’En haut pour progresser spirituellement, ils envahissent soudainement l’homme alors que l’ascension se fait lentement, tout comme la guérison. Pendant les moments d’ascension spirituelle, la meilleure approche est d’analyser ses mauvais aspects, lier la ligne droite et la gauche, cela permet d’esquiver les moments suivants. Seuls ceux qui ont la capacité de suivre la ligne droite peuvent réagir ainsi, c’est-à-dire justifier les actions du Créateur malgré les souffrances égoïstes ressenties. Ce processus est similaire à ce qui décrit dans la Bible par la loi de la guerre obligatoire (Milhemet Mitsva) et la guerre volontaire (Milhemet Reshout), la guerre obligatoire est celle menée contre notre égoïsme et la guerre volontaire est celle que l’homme entreprend quand il a la capacité et le désir de faire l’effort de se battre. Le travail intérieur accompli sur soi pour surmonter son égoïsme, pour s’élever vers le Créateur, sur la foi en la Toute-puissance du Créateur, doit être gardé secret par l’homme, tout comme tous les stades qu’il traverse pour progresser. Personne ne peut dicter une conduite à qui que ce soit. Lorsque l’on remarque des manifestations de l’égoïsme chez autrui, il faut le prendre à son propre compte car il n’y a rien d’autre dans cet univers hormis le Créateur, autrement dit, ce que l’on voit et ressent n’est autre que le Désir du Créateur qu’il en soit ainsi.

Ce qui environne l’homme a été créé pour pousser celui-ci vers la nécessité de tourner constamment ses pensées vers le Créateur, de Lui demander de transformer notre monde matériel, physique, social. L’homme possède une quantité infinie de défauts qui ont pour seule et même source son égoïsme, le désir d’éprouver du plaisir, l’aspiration à trouver du confort sous n’importe quelle forme. Le recueil des prescriptions (Moussar) décrit comment se battre avec chaque défaut, et justifie ses méthodes scientifiquement. Dès le début des études en Kabbale, nous sommes introduits dans la sphère d’action des Forces Spirituelles Supérieures, nous comprenons très vite que nous nous différencions des autres, nous nous analysons et apprenons à connaître notre véritable nature et ce qu’elle doit devenir. Tout besoin de relations mondaines disparaît, relations qui, au bout du compte, donnent rarement les résultats escomptés. En observant la lutte des deux principes qui s’opposent en nous - notre nature égoïste et notre nature spirituelle - nous obligeons progressivement notre corps à aspirer à donner à notre nature une orientation spirituelle, à acquérir des qualités du Créateur sans la pression extérieure de maîtres. Au lieu de la réparation de chacun de nos défauts comme le propose le système du «Moussar», la Kabbale propose à l’homme de réparer son égoïsme comme source de tout le mal. Le passé, le présent et le futur, l’homme les ressent dans son présent. Dans notre monde, ces temps sont perçus comme des notions différentes, mais toujours par rapport au point de référence qu’est le présent, notre cerveau procède à sa classification linéaire interne qui nous sert à établir nos représentations temporelles. En Kabbale, ce phénomène correspond aux effets produits par le plaisir de recevoir la «Lumière – plaisir». Le plaisir ressenti à un moment précis par nous est appelé présent. Si son effet intrinsèque immédiat est achevé, le plaisir a disparu, c’est une lueur qui scintille au loin, il est ressenti de loin, c’est ce qui crée en nous l’impression «du passé». Si la lueur de ce plaisir s’éteint, nous l’oublions purement et simplement. Si elle brille à nouveau, elle revêt l’image du passé revenu à notre mémoire.

Si la Lumière est un plaisir jamais éprouvé par nous et qu’elle se met à briller de loin dans nos organes des sens, elle est perçue comme «le futur», («la Lumière de la certitude»). Le présent est donc perçu comme une sensation intérieure, comme une Lumière, comme des informations, un plaisir, le passé et le futur sont perçus comme une lointaine lueur de plaisir. Dans tous les cas, l’homme ne vit ni dans le passé, ni dans le futur, seulement dans l’instant présent où il ressent l’effet de la Lumière sous différents aspects et les ressent donc comme des temps différents. L’homme qui n’éprouve pas de plaisir dans le présent part à la recherche de la Source de ce qu’il pourrait éprouver l’instant d’après, il attend l’instant suivant qui lui apportera de nouvelles sensations. Notre travail sur nous consiste à attirer à soi la Lumière Environnante lointaine et à l’incorporer dans nos sens pour la ressentir dans le présent. Deux forces agissent sur nous: les souffrances qui nous poussent par derrière et les plaisirs qui nous tirent vers l’avant. En principe, la force qu’est la seule pensée du plaisir futur n’est pas suffisante parce que pour cela, il faut faire des efforts et la paresse ou la peur de perdre ce que nous possédons peuvent nous clouer sur place à l’idée que nous nous retrouverions sans ce que nous avons dans le présent. Il faut donc une force qui nous pousse par derrière - la sensation de souffrances dans le présent. Dans toutes nos fautes il y a une racine qui a une seule origine: l’aspiration à éprouver du plaisir. Celui qui s’y adonne le plus souvent ne s’enorgueillit pas de ne pas avoir été capable de ne pas céder au plaisir, qu’il a été plus faible que l’appât. Par contre, l’homme s’enorgueillit souvent du plaisir de la colère car il affirme ainsi qu’il a raison, sinon il ne serait pas fier. C’est pourquoi la colère est la manifestation la plus forte de l’égoïsme. Quand nous éprouvons des souffrances matérielles, physiques ou spirituelles, notre seule réaction devrait être de regretter que le Créateur nous ait infligé un châtiment. Dans le cas contraire, il ne s’agit pas de châtiment car un châtiment est la sensation de douleur et de souffrance provoquée par un état que nous ne pouvons pas supporter, les souffrances dues au manque de l’essentiel, aux problèmes de santé, etc. Si nous ne ressentons pas de douleur, cela signifie que nous n’avons pas encore reçu les châtiments envoyés par le Créateur. Le châtiment étant la réparation de

l’âme, si le châtiment n’est pas ressenti comme tel, la possibilité de réparation est nulle. Celui qui ressent le châtiment peut prier le Créateur de lui éviter les souffrances, il fait alors une plus grande réparation en lui que s’il était passé par les souffrances sans la prière. Le châtiment du Créateur est différent dans son principe du châtiment tel qu’il est administré dans notre monde, c’est-à-dire pour nos actes, il n’est pas une punition parce que nous Lui avons désobéi, mais un moyen pour que nous éprouvions le besoin d’être en contact avec Lui, que nous nous tournions vers Lui, que nous nous rapprochions de Lui. Quand un homme prie le Créateur pour qu’Il lui évite de souffrir, cela ne signifie pas qu’il demande au Créateur la possibilité de lui éviter de faire sa réparation, car la prière est le lien avec le Créateur, c’est une réparation incomparablement plus forte que le passage par les souffrances. «Malgré toi tu es né, malgré toi tu vis et malgré toi mourras», ce processus est celui de tous en notre monde. Toutefois, tout ce qui se produit dans notre monde est la conséquence de ce qui se déroule dans les mondes spirituels sans qu’il y ait d’analogie directe entre ces mondes. Malgré toi (contre les désirs corporels) tu es né (spirituellement, que tu ressens les premières sensations spirituelles) car, en outre, tu t’arraches à ton «moi», ce que notre corps n’accepte jamais volontairement. Après avoir été doté d’organes spirituels (Kelim), l’homme commence à vivre spirituellement, à ressentir son nouveau monde. Mais à ce stade, il va à l’encontre des désirs corporels d’éprouver du plaisir spirituel à des fins personnelles donc, il est dit «malgré toi tu vis». «Malgré toi tu mourras» signifie qu’en étant forcé de prendre part à la vie ordinaire, l’homme la ressentira comme une mort spirituelle. Chaque génération de kabbalistes, par leurs efforts et leurs ouvrages, créée de meilleures conditions pour réaliser le but de la Création, l’union avec le Créateur. Si jusqu’au Baal Shem Tov, seules quelques unités en ce monde avaient pu mener à bien cette tâche, à partir de cette période, sous l’action des travaux, de grands érudits en Kabbale ont pu y parvenir. Le Baal HaSoulam, le Rav Yéhouda Ashlag, a mené de tels travaux qui permettent aujourd’hui à toute personne qui le souhaite de réaliser le but suprême. Le chemin de la Kabbale et le chemin des souffrances se distinguent par le fait que ce dernier est celui que choisit l’homme tant qu’il ne prend pas conscience que celui de la Kabbale est plus simple et plus facile.

Le chemin de la Kabbale consiste à anticiper et à renoncer aux souffrances analogues à celles déjà vécues, suffisantes pour montrer le droit chemin. La sagesse est d’analyser les événements, de prendre conscience que la source de nos malheurs est notre égoïsme. Il en résulte que nous devons agir pour ne pas reprendre le chemin des souffrances qu’il engendre en renonçant volontairement à nous y adonner et en acceptant le chemin de la Kabbale. Le kabbaliste a conscience que le monde a été créé pour lui exclusivement, pour le servir à atteindre le but. Les désirs que le kabbaliste perçoit dans son environnement ne font que l’aider à avancer car il les rejette immédiatement pour adopter le chemin du bien. En apercevant la négativité dans notre environnement, nous pensons ne pas en être capables nous-mêmes et ainsi nous pouvons savoir ce qu’il nous faut encore réparer. De cette manière, l’ensemble du monde environnant a été créé pour servir à la progression de l’homme car il aide celui-ci à révéler ses défauts. Ce n’est que des profondeurs de l’abîme de l’abattement spirituel et la notion d’infinie distance qui le sépare de ce qu’il désire passionnément que l’homme peut comprendre le miracle que le Créateur fait pour lui en l’élevant du monde pour l’attirer à Lui. C’est un immense cadeau du Créateur! Il n’est pas possible d’acquérir de connaissance sans efforts préalables qui, à leur tour, engendrent en l’homme deux conséquences: la compréhension de la nécessité de connaître, en proportion des efforts fournis, et la prise de conscience de ce qu’il doit connaître. L’effort fait donc naître en l’homme deux conditions nécessaires: le désir dans le cœur et la pensée et la disponibilité intellectuelle de prendre conscience et de connaître le nouveau par l’esprit, c’est ce qui rend l’effort nécessaire. Faire un effort est tout ce qui est exigé de nous et ceci ne dépend que de nous. La connaissance, elle, est donnée de l’En haut et nous ne pouvons absolument pas influer sur son cheminement de l’en haut vers l’en bas. La connaissance des mondes spirituels et les sensations, nous les recevons seulement de l’En haut, seulement dans la proportion de nos capacités, autrement dit, cela correspond à ce que nous sommes prêts à recevoir. Demander de recevoir quoi que ce soit du Créateur, signifie utiliser ses désirs, son ego.

A ces désirs, le Créateur ne peut pas répondre en nous faisant progresser! Et puis, comment pourrions-nous demander ce que nous n’avons jamais ressenti? Si l’homme demande à être débarrassé de son égoïsme, source de ses souffrances, qu’il demande à ce que lui soient données des qualités spirituelles bien qu’il ne sache pas, avant de les recevoir, ce qu’elles représentent, le Créateur lui offre ce cadeau. La Kabbale ne parle que du travail spirituel de l’homme dans son cœur et dans son esprit en affirmant que notre progression spirituelle ne dépend que de notre cœur et notre esprit. Quel rapport peuvent donc avoir les rituels religieux avec le but de la Création? Les commandements de la Bible sont la description des actions spirituelles du kabbaliste dans les mondes supérieurs, en les accomplissant physiquement dans notre monde - bien que cela n’ait aucune action sur les mondes spirituels - nous observons matériellement la Volonté du Créateur. Bien sûr, le désir du Créateur est d’élever spirituellement la Création à Son niveau. La transmission de génération en génération des connaissances, la préparation du terrain d’où peuvent grandir quelques unités des mondes spirituels, n’est possible que par l’accomplissement par les masses d’un certain travail. Dans notre monde, pour que s’élève un grand érudit, les autres personnes sont nécessaires. C’est pourquoi, pour transmettre les connaissances de génération en génération, il faut créer les conditions nécessaires, créer des écoles d’enseignement où est élevé le futur grand érudit. C’est ainsi que tous participent à sa progression et ensuite peuvent bénéficier des fruits de ses travaux. Le kabbaliste ne reçoit pas un enseignement religieux différent des autres, il apprend aussi à observer les préceptes. Alors qu’il continue sa croissance, ceux qui sont restés au stade de simple observation participent, comme l’humanité entière, à son ascension et, involontairement procèdent à la réparation de la partie non consciente de leurs attributs spirituels pour que, par la suite, quelques générations ou réincarnations plus tard, ils en viennent à la progression spirituelle consciente. Il est dit des étudiants qui entreprennent l’étude de la Kabbale, (certains pour leur culture générale, d’autres pour leur progression spirituelle): «un millier entrent à l’école, une unité parvient à la Lumière». Cependant tous participent au

succès de cette unité et reçoivent, par leur participation, une fraction de réparation. Pour accéder aux mondes spirituels et réparer de leur égoïsme, les kabbalistes ont besoin du monde environnant: en vivant dans ce monde, ils accumulent les désirs égoïstes et les réparent en aidant les autres dans leur progression spirituelle future. Par ailleurs, si l’homme ordinaire peut d’une manière quelconque aider le kabbaliste, ne serait-ce que par un service mécanique, il donne ainsi au kabbaliste la possibilité d’inclure ses désirs dans les réparations qu’accomplit le kabbaliste. C’est pourquoi il est dit dans le Talmud «que celui qui aide le sage est plus utile pour l’étudiant que l’étude». L’étude inclut l’égoïsme et utilise notre intelligence terrestre alors que celui qui sert tout simplement, le fait par sa simple foi en la grandeur du sage, ce dont l’étudiant ne peut pas avoir conscience. Par ailleurs, le service est plus proche des qualités spirituelles, donc plus efficace pour l’étudiant. Celui qui est le plus proche du maître, qui est le plus à son service a une plus grande probabilité de s’élever spirituellement. La Kabbale ne se transmet pas par héritage mais seulement de maître à élève. Il en a été ainsi dans toutes les générations jusqu’à la dernière qui a connu un tel déclin spirituel que même ses guides se transmettaient leurs connaissances par héritage, leurs connaissances se situant au niveau du corporel. Celui qui a établi une relation spirituelle avec le Créateur et des élèves, transmet son héritage à celui qui peu le recevoir, à son élève le plus proche. Quand nous ressentons des pensées parasites dans nos aspirations à progresser spirituellement, nous devons demander au Créateur:

1. Qu’Il élimine ces pensées parasites car c’est Lui qui les envoie, pour que nous puissions y remédier par nos propres moyens, pour que ces pensées ne soient pas plus puissantes que nos forces spirituelles.

2. Qu’Il renforce notre désir de progresser, notre conscience de l’importance

de la progression spirituelle, les pensées parasites ne pourront alors nous arrêter sur la voie menant au Créateur.

Nous sommes prêts à tout donner en ce monde contre la vie si celle-ci nous est chère. C’est pourquoi, nous devons demander au Créateur qu’Il nous donne le

goût de la vie spirituelle, les pensées parasites ne nous paraîtront plus alors insurmontables. Un désir est qualifié de spirituel quand il a pour fin de donner de manière altruiste, de l’utiliser pour éprouver du plaisir uniquement là où par ce moyen il est possible de faire plaisir à autrui. Le désir d’autosatisfaction est absent du monde spirituel. Le matériel est absolument antinomique au spirituel. En l’absence de contact, autrement dit en l’absence de qualités communes entre l’altruisme (spirituel) et l’égoïsme (matériel), comment procéder à la réparation de l’égoïsme? La Lumière spirituelle qui permet de donner à l’égoïsme des attributs d’altruisme ne peut pas pénétrer un désir égoïste. Notre monde ne perçoit pas le Créateur parce que la Lumière du Créateur ne pénètre le récipient qu’à mesure qu’une correspondance se construit entre les attributs de la Lumière et ceux du récipient. Seule la Lumière du Créateur peut pénétrer un récipient égoïste et le transformer en récipient spirituel. Il n’y a pas d’autre manière. C’est la raison de la création de l’homme qui au début se trouve sous l’influence de forces égoïstes et s’imprègne de leurs attributs qui l’éloignent du spirituel. Ensuite, sous l’action des forces spirituelles et en travaillant progressivement sur son point dans le cœur, à l’aide de la Kabbale, l’homme procède à la réparation des désirs que lui ont transmis les forces de l’égoïsme.

24 – LA FOI Il est dit dans la Bible qu’Abraham a dit que Sarah était sa sœur, non pas son épouse par crainte qu’on ne le tue pour prendre possession d’elle. Le monde étant considéré en Kabbale comme un seul homme, seulement pour faciliter le but final, l’âme s’est morcelée en 600 000 fragments, Abraham est donc la représentation de la foi en nous. Une épouse est ce qui n’appartient qu’à l’époux, à l’inverse de la sœur qui n’est interdite qu’au frère, mais pas aux autres. Abraham vit que les autres attributs humains, à l’exception de lui (foi), n’étaient pas en mesure de prendre Sarah, comme base de vie. Il réalisa également que les autres hommes (les autres attributs d’une personne) pourraient tuer la foi, captifs de la beauté de Sarah en désirant la posséder éternellement dans leurs organes des sens égoïstes. Abraham a donc dit que le but de la création pouvait être perçu par les autres attributs humains, que Sarah était permise à tous parce qu’elle était sa sœur et qu’avant la réparation il était possible d’utiliser la Kabbale dans un but orienté vers soi. La différence entre les mondes spirituels et notre monde réside en ceci que tout ce qui se situe dans les mondes spirituels est un fragment du Créateur qui est en fait l’échelle spirituelle facilitant notre ascension. Notre monde égoïste n’est pas un fragment du Créateur, il est créé à partir du néant et au moment de l’ascension de la dernière âme de notre monde pour pénétrer la sphère spirituelle, notre monde disparaîtra. C’est pourquoi, toutes les formes d’activités humaines qui se transmettent de génération en génération, tout ce qui est produit à partir de la matière de notre monde est condamné à disparaître. Question: La première créature a reçu toute la Lumière et l’a refusée pour ne pas éprouver de honte; comment pouvait-elle être proche du Créateur puisque l’impression de désagrément signifiait l’éloignement par rapport au Créateur? Réponse: A ce niveau spirituel, le passé, le présent et le futur sont liés en un seul et même tout. La création n’éprouvait pas de honte car elle avait décidé d’accéder à l’union avec le Créateur au moyen de ses propres désirs, la décision et son objet étaient immédiatement réalisés. La certitude, le sentiment de sécurité sont la conséquence de l’action de la Lumière Environnante (Ohr Makif), du ressenti du Créateur sur le présent. La

personne n’ayant pas encore créé d’attributs réparés adéquats, le Créateur est ressenti non pas comme la Lumière Intérieure (Ohr Pnimi), mais comme la Lumière Environnante. La certitude et la foi sont des notions similaires. La foi est «la disponibilité psychologique aux souffrances». Il n’y a pas d’obstacle devant le désir sauf le manque de patience à faire des efforts et la fatigue. C’est pourquoi le fort est celui qui sent en lui l’assurance, la patience et la force de souffrir; le faible, sentant le manque de patience envers les souffrances, abandonne dès le commencement sous la pression de celles-ci. Pour réussir dans sa progression et percevoir le Créateur, il faut de l’intelligence et de la force. On sait que pour parvenir à ce qui a une haute valeur, il faut faire beaucoup d’efforts et souvent passer par d’énormes souffrances. La somme des efforts définit à nos yeux la valeur de l’acquisition. La mesure de la patience témoigne de la force de vie. C’est pourquoi l’homme de 40 ans est au sommet de sa force, ensuite à mesure de la diminution de ses forces vitales, sa capacité à être sûr de lui diminue jusqu’à ce que l’assurance et la foi ne disparaissent complètement au moment du départ de cette vie. La Kabbale est une sagesse suprême et une acquisition éternelle, à la différence de toutes les autres acquisitions de ce monde, il est naturel qu’elle exige les plus grands efforts qui soient car elle «achète» le monde, et non pas quelque chose d’éphémère. La Kabbale nous permet de comprendre la source de toutes les sciences dans leur forme authentique, pleinement dévoilée. Rien que cela peut donner une idée des efforts exigés, car nous savons combien d’efforts sont nécessaires pour assimiler une science dans les limites très restreintes de notre entendement. Ce sont des forces surnaturelles que l’homme reçoit d’En haut pour assimiler la Kabbale, forces grâce auxquelles il acquiert la résistance suffisante pour affronter avec patience les souffrances qui jalonnent la voie de son ascension. A mesure qu’il progresse naissent en lui la certitude et les forces vitales lui permettant d’aspirer à comprendre la Kabbale. Mais surmonter tous les obstacles sans l’aide du Créateur n’est pas possible. La force qui définit notre disponibilité à agir est appelée foi. Bien qu’au début du chemin, il n’y ait pas en nous de capacité à percevoir le Créateur du fait de l’absence d’attributs altruistes, nous éprouvons pourtant le sentiment d’une présence suprême qui régit le monde et à laquelle nous nous

adressons parfois dans les moments de dénuement total, instinctivement, malgré notre éventuelle éducation antireligieuse ou nos convictions qui nous ont été données par le Créateur. Nous pouvons commencer progressivement à découvrir le Créateur même à notre niveau de totale dissimulation. Des générations de chercheurs dévoilent pour nous les secrets de la nature. Si l’humanité avait fait des efforts similaires pour progresser spirituellement, le Créateur se serait dévoilé tout autant car toutes les voies de la recherche dans l’humanité passent par la découverte des secrets de la nature du monde. Des chercheurs qui étudieraient le sens du dessein de la création, il n’en existe pas, au contraire, le plus souvent, ils réfutent l’existence d’une Sphère Supérieure. La raison de cette réfutation vient du fait que le Créateur ne leur à donner que la force de l’intellect et la capacité à analyser et à innover au niveau matériel, qui est ce qui prédominent en eux, laissant peu de place à la foi instinctive. Le peu d’intérêt des chercheurs vis-à-vis de la Force derrière les limites de leurs recherches est aussi déterminé par la société qui leur demande des résultats tangibles et, instinctivement, ils s’y soumettent. Les choses les plus précieuses sont le plus souvent en quantité infime et se trouvent difficilement. Sur ce modèle, la Révélation du Créateur sera la science la plus ardue, le nombre de chercheurs entreprenant cette recherche sera donc infime en raison de son extrême difficulté. La seule voie pour nous rapprocher de la perception du Créateur, malgré l’opinion de la majorité, est de faire grandir sa foi. Cette force de la foi n’est pas plus grande que les autres forces dans la nature humaine - toutes sont la conséquence de la Lumière du Créateur. La particularité de la force de la foi est qu’elle peut amener l’homme à approcher le Créateur de très près. Apprendre à percevoir le Créateur est analogue à toute étude. Au début, on travaille à l’apprentissage et à la compréhension, ensuite on passe à la mise en application. Comme toujours, c’est difficile au départ, les fruits se cueillent quand le but final est atteint: une fois que l’accès aux mondes spirituels a été réalisé. Et c’est avec le plaisir infini de ressentir le Créateur qu’à ce stade nous pouvons englober en nous la connaissance absolue de tous les mondes et de leurs entités, la migration des âmes dans tous les temps – états du début de la Création à son achèvement.

25 – LE PROCESSUS D’HARMONISATION L’anéantissement de l’égoïsme, le détachement par rapport au plaisir personnel sont la caractéristique de l’acte altruiste, élément de la conscience de la grandeur du but de la Création. Concrètement il s’agit d’imposer une limite (un écran, «Massakh») au plaisir que l’on pourrait éprouver de la Lumière spirituelle et repousser ainsi le plaisir vers sa Source. Ceci permet de créer les conditions pour évaluer la raison de l’acceptation de ce plaisir: s’agit-il de flatter l’égoïsme ou de progresser dans la réalisation du but de la Création? Telle est la volonté du Créateur que l’homme oriente son plaisir vers le Lui et en éprouve du plaisir. La force de volonté opposée à l’acceptation du plaisir procurée directement par la Lumière du Créateur détermine la mesure de notre plaisir tandis que nous acceptons le plaisir ayant pour source celui que nous dédions au Créateur. L’acte du Créateur et l’acte humain se rejoignent alors et nous tirons un immense plaisir de l’harmonie ainsi réalisée de nos attributs avec ceux du Créateur - Sa grandeur, force, toute puissance, connaissance suprême, existence infinie. Le degré de maturité spirituelle est défini par la taille de l’écran qui peut élever l’homme sur la voie de l’égoïsme: plus grande est la force d’opposition aux intérêts personnels, plus le degré est élevé et plus la Lumière reçue «dans le but d’agréer le Créateur» est puissante. Tous nos organes des sens sont construits pour avoir une perception et une sensation à partir d’un contact qui induit une information via des sons, odeurs etc. nous permettant alors de les interpréter. Sans signal de contact avec une limitation sur le chemin de leur propagation, la perception et la sensation ne peuvent pas se faire. Naturellement, les appareils de mesure fonctionnent sur le même principe parce que les lois de notre monde ne sont rien de plus que la reproduction des mondes spirituels. Pareillement à la manifestation d’un phénomène nouveau dans notre monde, lorsque nous découvrons pour la première fois le Créateur, chaque stade de notre perception de Lui dépend seulement de la frontière que nous sommes capables de dresser. Cette frontière dans les mondes spirituels est appelée un récipient (Kli). Ce n’est pas la Lumière qui est perçue mais son interaction avec la limite de sa propagation, la dérivée de son impact sur le Kli spirituel.

Tout comme dans notre monde, nous percevons non pas le phénomène mais le résultat de son interaction avec nos organes des sens ou avec nos appareils. Le Créateur a doté d’une partie de Lui le désir égoïste d’éprouver du plaisir. De ce fait, cette partie a cessé de ressentir le Créateur et ne perçoit qu’elle-même, son état, son désir. Cette partie est appelée «âme». Cette partie égoïste se situe dans le Créateur parce que Lui seul existe, il n’y a pas de lieu qui ne soit empli par Lui. Cependant du fait que l’égoïsme n’est sensible qu’à ses propres désirs, il ne peut percevoir le Créateur. Le but de la création est que cette partie, par ses propres forces et de sa propre initiative, fasse le choix de revenir vers le Créateur pour posséder à nouveau des attributs analogues aux Siens. Le Créateur régit entièrement le retour de cette partie égoïste vers l’union avec Lui mais ce processus n’est pas perceptible de l’extérieur. Le désir du Créateur est de révéler le désir (avec Son aide dissimulée) de se rapprocher de Lui de l’intérieur de l’égoïsme. Pour faciliter cette tâche, le Créateur a fragmenté l’égoïsme en 600 000 parties. Chacune de ces parties résout peu à peu le problème du rejet de l’égoïsme, par la prise de conscience progressive de cet égoïsme comme un mal dans le processus d’incorporation réitérée des attributs égoïstes et des souffrances qu’ils induisent. Chacune des 600 000 parties de l’âme est appelée «âme» de l’être humain. La période d’incorporation de l’égoïsme est appelée «vie de l’homme». La séparation temporaire avec l’égoïsme est appelée «existence» dans les mondes spirituels. Le moment de la réception par l’âme d’attributs égoïstes est appelé «naissance» de l’homme dans notre monde. Chacune des 600 000 parties de l’âme collective est obligée à la fin d’une série de fusions avec l’égoïsme de lui préférer le Créateur et de réaliser l’union avec Lui malgré sa présence dans cette partie, autrement dit, l’âme se trouve encore dans un corps humain. L’harmonisation progressive des attributs, le rapprochement systématique des attributs de l’âme à ceux du Créateur, est appelée «progression spirituelle». Cette progression spirituelle se déroule sur les degrés appelés Sefirot. Au total, du plus égoïste jusqu’au dernier, cela correspond à la similitude des attributs humains à ceux du Créateur, l’échelle spirituelle comprenant 125 degrés, 125 Sefirot. Chacune des 25 Sefirot représente une étape parfaite appelée

«monde». Au total, à l’exception de notre degré appelé «notre monde», il y a 5 mondes. Nous voyons ainsi que le but de la partie égoïste est de parvenir aux attributs du Créateur qui sont en nous, dans ce monde, pour que, malgré notre égoïsme, nous percevions, en ce monde, le Créateur dans tout et en nous. Le désir d’union est inhérent à notre nature, c’est-à-dire échappant à toute condition, la conclusion est une profonde connaissance de la nécessité d’union avec le Créateur. Ce qui est désir libre chez le Créateur est loi naturelle et impérative chez l’être humain, dans Sa création, car le Créateur a créé la nature selon Sa volonté, et toute loi de la nature relève de Son désir qu’il en soit ainsi. Nos désirs et nos instincts «naturels» proviennent directement du Créateur, toutes déductions à partir de calculs ou de connaissances sont le résultat de nos actions. Si l’homme souhaite s’unir au Créateur, il doit de lui-même amener son désir au niveau de connaissance instinctive comme s’il était né grâce à lui-même mais avec une nature de source supérieure. Les lois des désirs spirituels sont telles qu’elles ne laissent pas de place pour des désirs non entiers - pour des fragments dans lesquels il y aurait un doute, non plus que pour des désirs parasites. Le Créateur ne prête attention qu’à la demande qui vient des Profondeurs du cœur, qui est en harmonie avec un désir total du récipient spirituel au degré auquel nous nous situons. Toutefois, le processus de naissance d’une telle demande dans nos cœurs est lent et se déroule de manière cumulative au dessus de l’entendement humain et à son insu. Le Créateur lie toutes les petites prières de l’homme en une seule et lorsque la dernière est formulée, empreinte de la force requise, Il lui vient en aide. De la même façon, en pénétrant dans la sphère d’action de la Lumière du Créateur, nous recevons soudainement tout parce que Celui qui donne est éternel et ne fait pas de calculs qui dépendent du temps et des vies. C’est pourquoi le plus petit degré donne la sensation d’éternité. Nous traversons d’autres périodes d’ascensions et d’abattements spirituels, nous nous trouvons donc dans des circonstances appelées monde, année, âme. Notre âme qui avance, qui n’a pas terminé sa réparation, a besoin d’un lieu pour se mouvoir- le «monde». La somme de ses mouvements est perçue sous la forme de notion de temps et est appelée une «année».

Le degré le plus bas donne déjà la sensation de totale perfection au point qu’en plaçant uniquement notre foi au dessus de notre raison, nous comprenons que ce que nous ressentons n’est rien que le «déchet» du degré spirituel suivant. Si nous comprenons ceci, nous pouvons grandir encore plus et nous hisser au niveau spirituel en lequel nous avons eu foi et que nous avons élevé pour le placer au dessus de notre impression de perfection. Notre corps agit par automatismes, selon les lois de sa nature égoïste et par habitude. Si nous ne cessons de nous persuader avec insistance que nous devons progresser sur le chemin spirituel, nous parviendrons à stimuler le désir au niveau de notre corps car celui-ci le fera sien. Il est souvent dit que l’habitude devient une seconde nature. Lors de déclin spirituel, nous devons persévérer à croire que «Pendant l’exil d’Israël, le Créateur est avec lui». Quand nous traversons une période d’apathie, nous avons l’impression qu’il n’y a plus d’issue, il nous semble que le spirituel ne présente aucun attrait, que tout se situe au même niveau que le nôtre. Ces moments correspondent à l’exil spirituel, c’est une impression personnelle, nous sommes comme en exil et le Créateur est lui aussi en exil dans notre ressenti et Il ne nous est plus perceptible. La Lumière qui émane du Créateur traverse quatre stades avant la création de l’égoïsme, c’est seulement le dernier stade, le cinquième (Malkhout) qui est appelé création parce que celle-ci ressent le désir égoïste de se délecter de la Lumière du Créateur. Les quatre premiers stades correspondent aux attributs de la Lumière au moyen desquels Il nous a créés. L’attribut suprême, l’attribut du premier stade, le désir de faire plaisir la création future est perçu par nous comme l’attribut du Créateur Lui-même. A la fin, la création égoïste, le cinquième stade de développement, désire s’opposer à sa nature égoïste et ressembler au premier stade. Elle essaie de le faire, mais ne réussit que partiellement. L’égoïsme capable ne serait-ce que partiellement, de s’opposer à lui-même et ressembler, par ses actions, au premier stade, est appelé le monde Olam Adam Kadmon. L’égoïsme qui peut ressembler au deuxième stade est appelé le monde Olam Atsilout.

L’égoïsme (fragment du cinquième stade) qui ne peut pas ressembler ni au premier ni au deuxième stade, mais seulement au troisième est appelé monde Olam Briya. L’égoïsme (fragment du cinquième stade) qui n’a pas la force de s’opposer à lui-même pour ressembler ni au premier, ou au deuxième ou au troisième stades, mais seulement au quatrième stade de développement de la Lumière est appelé monde Olam Yetsira. Le reliquat du cinquième stade qui n’a pas la force de ressembler à aucun des stades précédents et ne peut que passivement s’opposer à l’égoïsme, se protéger contre la délectation de la Lumière, et rien de plus (effet inverse au cinquième stade) est appelé monde Olam Assiya. Chacun des mondes inclut cinq sous degrés appelés Partsoufim: Keter, Hokhma, Bina, Zeir Anpin, Malkhout. Zeir Anpin inclut 6 sous degrés: Hessed, Guevoura, Tifferet, Netsakh, Hod, Yessod. Après la création des cinq mondes, fut créé notre monde matériel qui se situe au-dessous du monde d’Assiya; nous nous situons dans ce monde. Une petite portion des attributs égoïstes du cinquième stade a été déposée en nous. Si, dans notre progression spirituelle, nous nous élevons du bas vers le haut à l’intérieur des mondes spirituels, la partie d’égoïsme incluse en nous ainsi que toutes les parties des mondes que nous aurons utilisées pour notre ascension deviendront identiques au premier stade, à l’attribut du Créateur. Quand le cinquième stade devient identique au premier, tous les mondes atteignent le but de la Création. L’absence de Lumière dans l’âme universelle est la racine spirituelle du temps et du lieu où les ascensions spirituelles et les descentes donnent l’impression du temps, et le lieu pour la future Présence de la Lumière du Créateur et donne l’impression d’espace dans notre monde. Les forces spirituelles influent successivement sur notre monde et nous font ressentir les notions de temps selon la modification de leurs effets. Deux entités spirituelles ne pouvant pas être similaires, en se distinguant par leurs attributs, elles agissent l’une après l’autre, la plus haute tout d’abord, l’inférieure ensuite, etc., ce qui dans notre monde nous donne la notion de temps. Trois instruments sont mis à notre disposition pour nous aider dans notre travail spirituel de correction de l’égoïsme: les sens, l’intellect et l’imagination. La

matière et la forme spirituelles: la matière est représentée par notre égoïsme, la forme est définie par les forces qui y sont opposées, par analogie avec les propriétés de notre monde. Les plaisirs et les souffrances sont définis par nous comme bonnes ou mauvaises. Les souffrances spirituelles sont la seule source de développement et de progression de l’homme. Le salut spirituel est la perfection acquise au moyen de fortes sensations négatives perçues comme douces. Le processus de la ligne gauche revenant vers la ligne droite permet de transformer les malheurs, les souffrances et la pression en joie, plaisirs et grandeur spirituelle. La raison en est que dans chaque entité existe deux forces antinomiques, l’égoïsme et l’altruisme qui sont ressentis comme éloignement ou proximité par rapport au Créateur. La Bible nous offre bien des exemples de ce phénomène: le sacrifice d’Isaac, les sacrifices au Temple, etc. (les sacrifices: Korbanot du mot Karov: proximité en hébreu). La ligne droite est l’essence même de l’entité spirituelle, alors que la ligne gauche n’est que la partie de l’égoïsme qu’il peut utiliser en y appliquant des intentions altruistes.

26 – CONNAISSANCE DU MONDE SPIRITUEL Beaucoup d’encre a été versée par les philosophes dans des discussions sur l’impossibilité de comprendre le Créateur. La Kabbale, comme doctrine basée sur l’expérience personnelle des kabbalistes répond à la question: Comment peut-on parler de la possibilité ou l’impossibilité de percevoir le Créateur sans d’abord Le percevoir? Tout état définit sous-entend une certaine mesure de perception. Il faut donc au préalable éclaircir ce que l’on entend par concept «d’impossibilité de percevoir le Créateur ou d’infini». De quelle manière nous pouvons affirmer que nous comprenons ces concepts? Il est clair que si nous parlons de la compréhension du Créateur, nous sous-entendons uniquement la perception par nos organes des sens et notre intellect de ce que nous investiguons, à l’image des recherches scientifiques menées dans notre monde. Par ailleurs, ces concepts doivent être compréhensibles à tous en notre monde, comme n’importe quelle autre connaissance. Il doit donc y avoir dans cette idée quelque chose de perceptible et de concret que peuvent discerner nos organes des sens. La différence entre la perception des entités spirituelles et du Créateur et celle des entités de notre monde réside dans le décalage des limites du ressenti. La limite la plus proche est la perception des sensations tactiles dans nos organes des sens quand nous touchons directement la limite externe d’un objet analysé. Pour ce qui concerne notre sens auditif, nous ne touchons pas l’objet, nous sommes en contact avec une troisième entité intermédiaire qui transmet, par exemple l’air qui est en contact avec la limite extérieure de l’objet analysé, les cordes vocales, ou une surface vibrante qui transmet l’onde sonore. Des organes des sens spirituels sont eux utilisés pour ressentir le Créateur. La sensation de toucher (tout comme s’agissant de la perception tactile) la limite extérieure d’un objet est appelée «vision prophétique», et l’impression transmise par un milieu qui est en relation avec la limite de l’objet analysé, tout comme pour le sens auditif, est appelée «voix prophétique». «La vision prophétique» est considérée comme connaissance évidente (tout comme dans notre monde, nous souhaitons voir et considérons que c’est l’approche la plus exhaustive d’un objet), parce que nous avons un contact direct avec la Lumière qui émane du Créateur. «La voix prophétique» (la voix du Créateur) est définie par les kabbalistes comme incompréhensible à la différence de la vision prophétique. Tout comme

la manière dont nous entendons les ondes sonores car nous percevons les signaux de l’entité spirituelle intermédiaire provenant de son contact avec la limite extérieure du Créateur. Dans notre monde, les ondes, tout comme dans le cas de la vision prophétique, sont perçues à l’intérieur de notre conscience comme ondes sonores. Le kabbaliste qui a mérité la perception prophétique du Créateur commence par Le percevoir par sa vision ou son ouïe physiques, puis il intériorise sa perception, la vision permet une connaissance totale, alors que la perception auditive permet la prise de conscience de l’impossibilité de comprendre. Tout comme dans notre monde l’ouie suffit pour connaître les attributs d’un objet analysé (rappelons-nous que les aveugles de naissance perçoivent avec acuité les qualités des personnes qui les entourent), de la même façon, la connaissance par l’ouie est suffisante parce que tous les autres attributs encore voilés se trouvent à l’intérieur de l’information sonore spirituelle. Le commandement de connaître le Créateur signifie Le ressentir au moyen de la vue et de l’ouie spirituelles au point qu’il devienne absolument clair pour l’homme qui se trouve en contact visuel et sonore avec le Créateur, en «face à face». La création et l’organisation de la création se déroulent grâce à deux phénomènes antinomiques: la dissimulation de l’omnipotence du Créateur et Son dévoilement progressif dans la mesure dans laquelle les créations peuvent Le percevoir dans leurs attributs réparés. C’est pourquoi en hébreu il existe le nom du Créateur «Maatsil» du mot «Tsel», «l’ombre», il existe également un autre nom : «Boré», de «Bo» et «Ré’eh», «venez et voyez». C’est de ces mots que proviennent les noms des deux mondes de Atsilout et Briya. Nous ne pouvons pas connaître le tableau de la création, seulement celui que nos sens physiques et spirituels ressentent. Tout ce qui existe se divise dans notre entendement en vide ou présence, même si la notion de vide peut être réfutée par «certains scientifiques». La notion de vide échappe effectivement à notre entendement parce que c’est au moyen de nos sens que nous devons ressentir l’absence. Nous pouvons ressentir le vide ou l’absence de quelque chose si nous nous essayons de nous représenter ce qui existe en ce monde par rapport à nous après notre mort.

Durant notre vie, ne ressentons-nous pas parfois des moments d’absence et ce qui est en dehors de nous comme s’il n’existait plus? Bien au contraire, ce qui est en dehors de nous est éternel et existe, nous ne sommes rien et nous disparaissons dans le néant. Ces deux concepts sont contradictoires, nous avons l’impression que ce qui existe est lié à nous et n’existe que pour nous, avec nous, en nous, et tout ce qui est en dehors de nous, n’est rien. La raison objective affirme le contraire, nous sommes petits et tout ce qui nous entoure est éternel. Percevoir les degrés spirituels supérieurs La portion infiniment infime de Lumière Supérieure qui se trouve dans tous les objets de la nature inanimée et vivante, qui définit leur existence est appelée «petite lumière» (Ner Dakik). L’interdiction de divulguer les secrets de la Kabbale avait pour objet de la protéger contre le mépris. Tout ce qui est inaccessible suscite le respect et a de la valeur. La nature humaine est ainsi faite qu’un centime est une somme dont le pauvre connaît la valeur, mais que le riche méprise. Il en va de même pour la science, avant d’être découvert l’objet des recherches est respecté et a de la valeur aux yeux de tous parce qu’encore inconnu, après la découverte, aussitôt commencent d’autres recherches dans une autre direction. Si la Kabbale avait été divulguée à tous, il en aurait été de même. Les kabbalistes, quant à eux, à mesure de leurs découvertes, continuent à progresser, mais sans délaisser l’objet de leurs recherches passées. Ressentir et percevoir la Lumière Suprême de la Vie (Ohr Hokhma) ne signifie pas avoir la capacité de ressentir le Créateur, Son essence. Toutefois, la perception des degrés spirituels et leur Lumière ne signifie pas percevoir uniquement la Lumière, car la perception du moindre degré spirituel est impossible si le kabbaliste n’a pas atteint à la perception du Créateur et de Ses attributs par rapport à nous. Nous percevons notre entourage à travers le prisme de ses actions et de leur expression par rapport à nous et à autrui. Une fois que nous avons pu nous faire une idée de leurs qualités et de leurs défauts, envie, méchanceté, gentillesse, etc. nous pouvons dire que nous les «connaissons». Il en est de même du kabbaliste qui perçoit toutes les actions et l’expression Divine dont elles sont empreintes. Le Créateur se dévoile au kabbaliste au moyen

de la Lumière sous une forme parfaitement concevable. Si les degrés et la Lumière qui en émane ne portent pas en eux la possibilité de percevoir le Créateur «Lui-même», ils sont qualifiés d’impurs. («Lui-même» signifie, comme dans notre langage terrestre, le fait que nous avons une idée de quelqu’un d’après ses actes mais nous n’éprouvons pas le besoin pour autant d’en connaître d’avantage car, d’une manière générale ce que nous ne percevons pas suscite rarement notre intérêt et le besoin d’aller plus loin). Les forces impures telles que Klipa, et Sitra Achra sont des forces qui ont une emprise sur nous pour nous empêcher de prendre plaisir pleinement à la plus petite chose, pour que nous pensions que nos connaissances nous suffisent tout comme la «peau» (Klipa) d’un «fruit» nous suffirait. L’entendement humain commun ne permet pas de comprendre le sens du travail orienté vers le Créateur, c’est dû aux forces impures en action qui empêchent de comprendre le sens caché de la Kabbale. Dans une entité spirituelle, la Lumière qui emplit la moitié supérieure de Rosh (tête) jusqu’au Tabour (nombril) est appelée «le passé», et celle qui emplit la partie inférieure est appelée «le présent». La Lumière environnante qui ne l’a pas encore pénétrée mais attend le moment pour se dévoiler, est appelée «le futur». L’abattement spirituel fait croître nos désirs égoïstes, amoindrit l’importance du spirituel à nos yeux. Cependant, l’abattement spirituel est envoyé spécialement de l’En haut pour comprendre que nous en sommes encore au stade d’exil spirituel, ce qui nous pousse à prier pour le salut. L’exil est un concept spirituel. L’exil, «Galout», ne signifie pas l’asservissement physique que tous les peuples ont connu au cours de leur Histoire. L’exil est l’asservissement de chacun de nous par notre pire ennemi - l’égoïsme. Un asservissement tellement sophistiqué que nous n’avons même pas l’impression de travailler pour lui, pour cette force qui est ancrée en nous et nous dicte sa volonté. Irresponsable que nous sommes, nous n’en avons pas conscience et nous nous exécutons. En fait, notre état peut être comparé à une maladie mentale qui nous fait entendre des voix imaginaires soit comme des commandements, ou pire, soit comme de véritables désirs personnels, et qui nous font les réaliser.

Notre véritable «Galout» est l’exil hors de la spiritualité, l’incapacité à entrer en contact avec le Créateur, à Le ressentir et à progresser vers Lui. Cette impression correspond à l’exil, elle est le préalable vital à la libération. Au début de notre étude de la Kabbale, nous ne sentons pas d’opposition dans notre corps, nous pouvons faire des efforts pour progresser spirituellement car nous voyons certains avantages à posséder des connaissances spirituelles. En revanche, lorsque nous prenons conscience de ce que représente véritablement le travail à effectuer en «nous orientant vers le Créateur», de l’aide à demander pour nous libérer de l’asservissement, nous y renonçons, convaincus que nous ne pourrons pas réussir. Nous redevenons alors esclave de notre raison, autrement dit, nous revenons aux idéaux de la vie matérielle. La seule issue à cette situation est de placer sa foi au-dessus de la raison. Quand nous sommes spirituellement abattus, cela ne signifie que nous avons perdu la foi. En nous faisant découvrir un peu plus d’égoïsme, le Créateur nous donne la possibilité de faire un effort supplémentaire pour augmenter notre foi. Le degré précédent de notre foi n’a pas disparu, il est simplement ressenti comme de l’abattement spirituel en comparaison au nouveau travail à effectuer. Notre monde a été créé à l’image du monde spirituel, la seule différence est qu’il est fait de matière égoïste. Du monde dans lequel nous vivons, nous pouvons connaître, si ce ne sont les attributs des entités spirituelles, du moins les interactions de celles-ci par analogie avec notre monde. Les mondes spirituels comportent aussi des notions comme le monde, un désert, une ville, un pays etc. Toutes les actions spirituelles (les commandements) peuvent être accomplies à tous les niveaux, à l’exception du commandement d’aimer et de craindre qui ne se révèlent qu’à celui qui a atteint le niveau de la Terre d’Israël (Eretz Israël). Dans le niveau d’Eretz Israël se trouve un sous niveau appelé Jérusalem (Yeroushalaïm), des mots Yirah (crainte) et Shalem (complet) : le désir d’expérimenter des craintes avant le Créateur, qui nous aideront à nous libérer de l’égoïsme.

27- LES ÉTAPES DE LA RÉPARATION Bon an mal an, nous accomplissons tous les actes nécessaires au maintien de notre corps en vie. Par exemple, quand nous sommes malades, même si nous n’avons pas envie de nous alimenter, nous nous forçons en sachant que la nourriture nous apportera des forces. C’est parce que dans notre monde, la récompense et le châtiment sont évidents, nous nous soumettons donc aux lois de la nature. Bien que notre âme soit malade et ne peut guérir que grâce à des efforts altruistes, ne voyant pas immédiatement la récompense et le châtiment, nous ne nous forçons pas à nous occuper de notre guérison. La guérison de notre âme dépend exclusivement de notre foi. La moitié inférieure de l’Entité Spirituelle Supérieure se trouve à l’intérieur de la moitié supérieure de l’entité inférieure. Dans l’entité inférieure, l’écran (Massakh) se situe dans ses «yeux». C’est ce que l’on nomme la «cécité spirituelle», parce que, à ce degré, nous voyons que la moitié inférieure de l’entité supérieure. En fait, l’écran de l’entité spirituelle inférieure voile l’Entité Spirituelle Supérieure. En transmettant son écran à l’entité inférieure, l’Entité Supérieure se dévoile à celle-ci qui commence alors à voir ce qui est au-dessus et perçoit l’entité supérieure selon les mêmes critères que celle-ci. L’entité inférieure accède alors au degré «grand» (Gadlout). L’entité inférieure voit que l’entité supérieure se situe au degré «grand» et prend conscience que la dissimulation précédente avait pour objet qu’elle soit vue «petite» (Katnout), pour que le supérieur agisse spécialement pour le bien de l’entité inférieure, autrement dit que l’entité inférieure ressente l’importance de l’entité supérieure. Tous les degrés successifs que nous traversons sur le chemin de notre progression sont à l’image de maladies qui nous seraient envoyées par le Créateur dont Il nous guérirait finalement. Cependant, si nous percevons cette maladie, (par exemple le désespoir, l’impuissance, la détresse) comme la volonté du Créateur, ces états se transforment pour devenir les stades de notre réparation, de notre rapprochement du Créateur pour nous fondre en Lui. Dès que la Lumière du Créateur pénètre dans un désir égoïste, celui-ci s’incline immédiatement devant Elle, prêt à se transformer en altruisme. (Nous avons dit à maintes reprises que la Lumière ne peut pas pénétrer un désir égoïste, mais il existe deux types de Lumière: la Lumière qui a pour mission la réparation du

désir et la Lumière qui est vecteur de plaisir, dans ce cas, on parle de Lumière vecteur de la réparation). Après les avoir pénétrés, la Lumière transforme les désirs en leur contraire. C’est ainsi que nos pires péchés se transforment en mérites. Ce processus n’a lieu qu’à la condition d’effectuer cette transformation par amour pour le Créateur, quand nous pouvons recevoir l’ensemble de la Lumière du Créateur, non pour notre propre plaisir, mais à des fins altruistes, c’est alors que toutes nos actions passées (désirs) deviennent des récipients qui peuvent recevoir la Lumière. Ce degré n’est pas accessible avant notre réparation finale. Avant ce stade, il est possible de recevoir des portions de la Lumière du Créateur à des fins non personnelles, selon le principe de la ligne médiane. Il y a plusieurs façons de recevoir: sous la forme d’aumône, d’un présent, d’une force (en exigeant, en considérant que c’est un dû). Celui qui reçoit l’aumône a honte, mais il demande par nécessité. Nous ne demandons pas les présents, ils sont donnés à ceux que nous aimons. La force est exigée par celui qui ne considère pas recevoir sous la forme d’aumône ou de présent. Les justes exigent ainsi du Créateur, ils exigent leur dû comme une dette envers eux, une dette faisant partie du Dessein divin. Il est dit que les «Justes exigent par la force». Abraham (la ligne droite: la foi au-dessus de la raison) a lié Isaac et était prêt à le porter en sacrifice (la ligne gauche: la raison, le contrôle de son degré spirituel) pour cheminer selon la ligne droite exclusivement. A la suite de cet épisode, il s’est élevé selon la ligne médiane en combinant les deux lignes. Que l’homme chemine seulement en plaçant sa foi au-dessus de sa raison est primordial. La foi simple est une foi non contrôlée, elle est appelée «foi au-dessous de la raison». La foi qui est contrôlée par la raison est appelée «foi à l’intérieur de la raison». La foi au-dessus de la raison n’est possible qu’après avoir fait l’analyse de notre degré. Si, en voyant que nous ne sommes parvenus à rien et nous préférons néanmoins la foi, comme si nous possédions tout jusqu’au degré le plus critique, nous avons ce qui est appelé la «foi au-dessus de la raison» parce que nous faisons absolument fi de notre raison. C’est alors que nous sommes dignes de la ligne médiane.

Trois lignes déterminent le comportement spirituel: la ligne droite, la ligne gauche et, conjuguées, elles donnent la ligne médiane. C’est seulement en présence de deux lignes opposées que l’une ou l’autre peut être qualifiée de gauche ou de droite, ce qui est impossible s’il n’y a qu’une seule ligne. Il y a une ligne rectiligne, appelée sentiment de perfection qui guide la majorité des croyants, c’est le chemin unique qui indique les règles de comportement à l’homme. En cheminant selon cette ligne, on sait exactement les efforts à faire pour mesurer le chemin parcouru, pour rembourser sa dette. Il en résulte un sentiment de satisfaction du travail accompli, l’impression que chaque jour passé ajoute des mérites. Cette ligne est dite «rectiligne» car on n’en dévie pas, les principes ont été inculqués depuis l’enfance, on les applique sans autocritique. Celui qui chemine selon la ligne droite fait la même chose que s’il suivait la ligne rectiligne. La différence est qu’il a ajouté l’autocritique correspondant à son degré spirituel. Chaque pas selon cette ligne est difficile car la ligne gauche neutralise la ligne droite en excitant la soif de spirituel, ce qui induit un sentiment d’insatisfaction vis-à-vis du degré spirituel. La critique est absente de la voie rectiligne, celui qui applique ses principes n’analyse pas son degré spirituel d’un œil critique, il accumule ses mérites, il a un support sur lequel s’appuyer, alors que la ligne gauche efface tous les efforts faits dans le passé.

La Foi, le seul antidote à l’égoïsme L’essentiel pour accéder à la félicité est d’y aspirer, c’est ce qui est désigné en Kabbale par le terme «récipient». La grandeur de ce récipient se mesure à l’intensité de l’insatisfaction due à l’insuffisance du plaisir. Quand deux êtres - récipients distincts, ont un plaisir identique, l’un peut se sentir absolument satisfait tandis que l’autre ne l’est pas et plonge dans l’abattement. Nous devrions nous efforcer de vivre dans l’instant présent en prenant les connaissances acquises au cours des degrés précédents et avoir foi en le présent, nous n’avons pas besoin du futur. La perception de Eretz Israël («Terre d’Israël») avec comme conséquence, la Révélation du Créateur, est atteint par celui qui s’est hissé au niveau spirituel dit «Eretz Israël». Pour ce faire, il faut arracher de soi les trois forces impures ce qui correspond à la circoncision spirituelle de notre ego et, volontairement, prendre

sur soi la condition de procéder à la restriction (Tsimtsoum) pour que la Lumière ne pénètre pas dans l’égoïsme. Quand la Kabbale dit «il est interdit», il faut comprendre impossible même si on le souhaite. Le principal restant de ne pas souhaiter. Supposons un homme qui travaillerait à raison d’une heure par jour, dans un travail quelconque sans connaître quiconque qui ai déjà été rémunéré pour cette tâche. Il ne sait pas s’il va être rémunéré. Cependant, il sera moins inquiet que ceux qui auront travaillé dix heures. Pour ces derniers, la confiance (la foi) vis-à-vis de l’employeur devra être bien plus forte que cet homme qui souffrira simplement de ne pas voir ce que reçoivent les autres. S’il désire travailler nuit et jour, il regrettera encore plus de ne pas connaître celui qui l’emploie et le montant de son salaire car il a vraiment envie de savoir s’il le recevra comme promis. Celui qui chemine en plaçant sa foi au-dessus de sa raison, développe en lui un immense besoin de découvrir le Créateur et dans le même temps, la possibilité de faire face à Son dévoilement et alors, la Création dans son ensemble lui est révélée. La seule possibilité de ne pas utiliser ses désirs égoïstes est d’emprunter le chemin de la foi. C’est seulement lorsque nous refusons de voir et de savoir par crainte de ne plus pouvoir travailler de manière altruiste après avoir vécu d’intenses impressions et reçu des connaissances, qu’il est possible de les accepter quand on est sûr que la quantité reçue ne nous gênera pas pour continuer le chemin selon notre foi Il est clair que le travail effectué dans un but altruiste est lié au besoin de sortir des possibilités égoïstes limitées du plaisir pour acquérir des possibilités infinies d’éprouver du plaisir au-delà de l’étroitesse de nos limites corporelles. Cette possibilité, cet «organe» permettant de ressentir ce plaisir infini est appelée la «foi au-dessus de la connaissance». Celui qui a atteint ce niveau auquel il est possible de travailler sans récompense de l’égoïsme, s’est doté des attributs analogues aux attributs du Créateur (c’est-à-dire qu’il s’est rapproché de Lui car dans les mondes spirituels, c’est la différence d’attributs qui correspond à la notion d’éloignement, celle de distance et de lieu n’existant pas). Il éprouve un plaisir infini que ne limite pas le sentiment de honte d’avoir fait l’aumône. La sensation de la nuée invisible de l’Intellect Supérieur qui emplit

l’espace de l’univers, qui pénètre et régit tout, donne à l’homme une authentique impression de support et d’assurance. La foi est l’unique force qui permet de contrer l’égoïsme, elle nous aide dans notre combat contre notre égoïsme intérieur et contre celui auquel on est soumis extérieurement par le biais de notre environnement. La nature humaine est telle qu’elle n’a de force que pour faire ce qui parvient à notre conscience et ressentons, c’est ce que l’on nomme: «la foi à l’intérieur de la raison». La foi est une force spirituelle contre-nature qui donne la possibilité d’agir alors que nous ne ressentons pas encore et ne comprenons pas tout le sens de nos actes, elle ne dépend pas de nos intérêts personnels, de notre égoïsme. Il est dit «là où se tient Baal Teshouva (une personne qui veut retourner et se rapprocher du Créateur), le juste absolu ne peut rester». La notion de juste absolu désigne celui qui corrige un nouveau désir. Celui qui est incapable de le réparer est appelé «pécheur». S’il sort vainqueur de son combat avec lui-même il est dit qu’il «a fait un retour». L’ensemble de notre chemin consiste à progresser pour atteindre le but de la Création, le degré suivant sera supérieur au précédent. Le nouveau stade auquel a accédé celui qui «a fait un retour» est par conséquent au-dessus du degré de «juste». Le Créateur est perçu par nous comme une Lumière de félicité. Selon l’attribut et le degré de transparence de notre récipient altruiste qui est notre organe de perception de la Lumière spirituelle, la Lumière du Créateur sera perçue différemment. Bien que cette Lumière ne change pas, selon notre perception, nous la désignons par différents noms, selon son action sur nous.

La Lumière qui apporte la réparation On distingue deux types de Lumière du Créateur: la Lumière de la Connaissance, de la Sagesse (Ohr Hokhma) et la Lumière de la Miséricorde, de la Confiance, de l’Union (Ohr Hassadim). A son tour, Ohr Hokhma est de deux types selon son action sur l’être. Premièrement, lorsque la Lumière nous arrive nous prenons conscience du mal en nous et ensuite quand nous avons pris conscience du mal mais que nous savons aussi qu’il ne faut pas utiliser notre égoïsme, cette même Lumière donne de la force à nos désirs égoïstes pour les utiliser (éprouver du plaisir) mais avec altruisme. Finalement, quand nous avons suffisamment de force pour surmonter

notre égoïsme, cette même Lumière nous donne la possibilité de nous réjouir de notre altruisme en utilisant nos désirs égoïstes réparés. Ohr Hassadim nous donne également d’autres désirs, celui du «donner» au lieu du «prendre» car parmi les 320 désirs non réparés de l’âme, soumis à l’action de Ohr Hokhma, séparant les 32 fragments de la Malkhout (ils sont ressentis à mesure de la progression spirituelle quand nous comprenons les abîmes du mal en nous et frémissons à la vue de notre véritable moi) du désir d’éprouver du plaisir car nous découvrons que notre égoïsme est notre pire ennemi. Les 288 désirs restants n’ont pas d’orientation ni égoïste ni altruiste, ce sont tout simplement des sensations (du type auditive, visuelle, etc.) qui peuvent être utilisées d’une manière ou d’une autre, selon le choix, pour soi ou pour autrui. Alors, sous l’action de Ohr Hassadim, nous éprouvons le désir de travailler de manière altruiste avec toutes les 288 sensations. Ceci se produit après que Ohr Hokhma a transformé les 32 désirs égoïstes en 32 désirs altruistes. La réparation sous l’action de la Lumière s’effectue sans sensation de plaisir. Nous ressentons seulement la différence des attributs entre notre égoïsme et la magnificence de la Lumière. C’est suffisant pour aspirer à nous arracher de nos désirs corporels. C’est pourquoi il est dit «J’ai créé en vous l’impulsion égoïste, c’est pourquoi j’ai créé la Kabbale comme un remède». Après avoir réparé nos désirs, nous commençons à accepter la Lumière pour faire plaisir au Créateur. Cette lumière, ou la «Torah», est appelée «les Noms du Créateur» parce que nous recevons en nous, dans notre âme, un fragment du Créateur, et nous attribuons des noms au Créateur en fonction de la nature de la félicité éprouvée sous l’action de la Lumière. Pénétrer les mondes spirituels n’est possible qu’en acquérant l’attribut du tout donner (Hafets Hessed). C’est la seule condition minimale pour qu’aucun désir égoïste ne puisse plus nous aveugler et donc nous porter préjudice, car nous avons alors atteint le stade de ne rien vouloir à des fins personnelles. Sans la protection des attributs altruistes au moyen de l’attribut de Ohr Hassadim, en ressentant la félicité infinie de la Lumière Supérieure nous rechercherions des plaisirs personnels et irions à notre perte car nous ne pourrions définitivement plus sortir de l’égoïsme pour le transformer en altruisme. Ohr Hassadim qui donne à l’homme l’aspiration d’être altruiste ne peut briller dans des désirs égoïstes. Les désirs égoïstes se nourrissent à doses infimes, de

l’étincelle de Lumière qu’ils renferment déposée en nous par le Créateur pour maintenir la vie en nous car sans accepter les plaisirs, l’homme ne peut pas vivre. Si cette étincelle de la Lumière Supérieure disparaissait, nous mourrions immédiatement. Ce n’est qu’ainsi que nous pouvons nous arracher à notre égoïsme, au désir insatisfait d’éprouver du plaisir, pour fuir la sensation de ténèbres absolue et d’impuissance. Pourquoi Ohr Hassadim ne peut-elle pas pénétrer dans l’égoïsme? Comme nous l’avons indiqué précédemment, dans la Lumière même, il n’y a pas de différence entre Ohr Hokhma et Ohr Hassadim, c’est l’homme, lui-même, qui détermine cette différence. Un désir égoïste peut commencer à se réjouir de la Lumière indépendamment de son origine, autrement dit se réjouir de Ohr Hassadim dans un but personnel. Seul le désir préparé aux actions altruistes peut accepter la Lumière et ressentir le plaisir de l’altruisme, autrement dit ressentir la Lumière en tant que Ohr Hassadim. Nos sensations de plaisir sont de trois types: du passé, du présent et du futur. Le plaisir le plus fort est celui projeté dans le futur car il est doublé de l’avant-goût que l’on a dans le présent à l’idée de l’éprouver. C’est pourquoi l’avant-goût et les pensées d’actions indésirables sont pires que les actions mêmes car elles font durer le plaisir et occupent notre esprit très longtemps. Le plaisir dans le présent, en principe, est de courte durée du fait de nos nombreux petits désirs rapidement satisfaits. Le plaisir du passé, nous pouvons encore et encore le rappeler à notre mémoire et en tirer du plaisir. C’est pourquoi, avant d’entreprendre une bonne action, il faut y songer sérieusement et se préparer pour goûter le plus possible diverses sensations et ensuite pouvoir les appeler à notre mémoire et animer nos aspirations pour le spirituel. Egoïstes de nature, nous désirons nous réjouir de la vie. Toutefois, si, de l’En haut, un petit embryon d’âme est inséré en nous dont la nature est de se nourrir de plaisirs diamétralement opposés à l’égoïsme, l’égoïsme ne peut pas donner de force à nos réjouissances car notre vie ne présente plus aucun plaisir. L’âme ne nous laisse pas tranquille et chaque instant nous fait comprendre que ce n’est pas une vie, mais une existence animale. De ce fait, la vie commence à nous paraître insupportable, pleine de souffrances car quoi que nous fassions, nous ne sommes pas en mesure d’accepter de plaisir ou du moins de la satisfaction de quoi que ce soit car l’âme empêche toute satisfaction. Et le processus continue tant que l’égoïsme ne nous fait comprendre qu’il n’y a pas

d’autre issue que de prêter attention à la petite voix de l’âme et écouter ses conseils. Sinon nous ne serons jamais en paix. Cela signifie que «le Créateur nous fait revenir à Lui contre notre volonté». Il ne nous est pas possible de ressentir le plus petit plaisir si auparavant nous n’éprouvons pas son manque qui est déterminé par la «souffrance» de l’absence du plaisir désiré. Pour recevoir la Lumière Supérieure, il faut un désir préalable. C’est pourquoi nous devons, durant l’étude et autres activités demander de ressentir le besoin de Lumière Supérieure. «Il n’y a rien hormis Lui», tous les événements sont Son désir et toutes les créatures accomplissent Son désir. La seule différence est que quelques unités accomplissent Sa volonté selon Son désir. La sensation d’union de la création avec le Créateur est possible justement quand les désirs sont en harmonie. «Une bénédiction» est le déversement de la Lumière de la Miséricorde (Ohr Hassadim) d’En Haut, et n’est possible que si l’homme agit avec altruisme. Il est dit dans la Kabbale «les besoins de Ton peuple sont immenses et la Sagesse est si courte», ce qui signifie: parce qu’il y a peu de sagesse, nos besoins sont grands. Le Rav Yéhouda Ashlag dit: «Notre situation est analogue à celle du fils d’un roi que son père a placé dans son palais rempli de toutes sortes de trésors, mais n’a pas donné la lumière pour voir. Son fils se tient dans le noir, il ne lui manque que la lumière pour posséder absolument toutes les richesses. Il a une bougie (la possibilité envoyée par le Créateur d’entreprendre son rapprochement vers Lui), comme il est dit «L’âme de l’homme est la bougie du Créateur». Il doit juste l’allumer au moyen de son désir. Le Rav Yéhouda Ashlag a dit: «bien qu’il soit dit que le dessein de la Création est incompréhensible, il y a un abîme entre cette incompréhension chez le sage et l’ignorance chez l’inculte» Le Rav Yéhouda Ashlag a dit: «La loi de la racine et de la branche signifie que le niveau le plus bas doit monter, mais le plus haut n’a pas l’obligation de descendre». Notre travail consiste à nous préparer à accepter la Lumière. Le Rav Yéhouda Ashlag a dit: «L’essentiel est le récipient - Kli, bien que le Kli sans lumière est comme sans vie, tout comme un corps sans âme. Nous devons au préalable préparer notre Kli pour qu’au moment où nous recevrons la Lumière, il remplisse sa fonction. Nous pouvons comparer cela avec une machine faite par

l’homme fonctionnant à l’électricité. Cette dernière ne marchera pas tant que vous n’aurez pas branché la prise de courant, mais le résultat de son fonctionnement dépend du type de conception de la machine.» Les lois et les désirs des mondes spirituels et de notre monde sont antinomiques. Tout autant dans notre monde il n’est pas possible d’aller à l’encontre de la connaissance et de la compréhension, autant l’accès aux connaissances est difficile dans les mondes spirituels. Le Rav Yéhouda Ashlag a dit «Il est dit que pendant le service dans le Temple, quand les fidèles étaient debout, il n’y avait pas de place, mais quand ils se prosternaient, ils étaient à l’aise». Etre debout signifie que le Partsouf est «grand», qu’il reçoit la Lumière, la prosternation correspond au «petit» Partsouf, à l’absence de Lumière. Dans le petit Partsouf, on se sent plus à l’aise parce que c’est justement dans la dissimulation du Créateur que ceux qui comprennent le spirituel ressentent la possibilité d’aller à l‘encontre de leur raison. C’est ce qui fait la joie du travail. Le Rav Yéhouda Ashlag avait coutume de raconter l’histoire de Rabbi Pinkhas de Koritsa, grand kabbaliste du XIX° siècle, qui était pauvre, et n’avait même pas de quoi s’acheter «L’Arbre de Vie» du Ari. Il fut obligé d’être maître d’école pour enfants pour s’acheter ce livre. Notre corps semble nous gêner dans notre progression spirituelle, mais c’est parce que nous ne comprenons pas les fonctions qui lui ont été attribuées par le Créateur. Comme a dit le Rav Yéhouda Ashlag: «Notre corps est comme un ressort dans une montre, même si le ressort arrête la montre, sans lui la montre ne peut pas fonctionner, elle n’avancera pas.» «Dans le canon d’un fusil à longue portée, il y a un filetage qui entrave la sortie de la balle. C’est justement grâce à ce délai que la balle est projetée loin et avec précision. En Kabbale, ce phénomène et appelé «Kishouï». «Tous interprètent la Bible au moyen des notions de notre monde au point que là où il est dit directement dans la Bible ‘Prenez garde à vos âmes’, la plupart pensent qu’il s’agit de la santé du corps». «L’homme se trouve dans le spirituel à la mesure de la conscience qu’il a de ses désirs égoïstes comme d’une force impure».

«Le degré spirituel le plus bas, c’est quand le spirituel est plus important et passe avant le matériel». «L’homme ne peut être arrogant que dans un seul cas: quand il est persuadé que personne ne peut faire plus plaisir au Créateur que lui». «La récompense pour l’accomplissement d’un commandement, c’est d’accéder à la connaissance de Celui qui l’a commandé». «Ceux qui sont sur le chemin de la progression spirituelle n’ont qu’un seul souci en ce monde, tout comme une personne gravement malade qui ne se pose pas de question de son salaire, mais comment survivre». «Dans les mondes spirituels tout comme dans notre monde, s’en référer à la force des choses n’est d’aucun secours. Par exemple, si quelqu’un tombe dans un précipice par mégarde, il n’échappera pas à la mort du fait qu’il n’a pas fait exprès de tomber». Il en est de même dans le monde spirituel. Quand le Rav Yéhouda Ashlag est tombé malade, on appela un médecin. Le médecin prescrivit le calme en disant que le Rav devait reposer ses nerfs et que s’il devait étudier, cela serait alors quelque chose de peu compliqué, comme les Psaumes, par exemple. Quand le médecin fut parti, le Rav Yéhouda s’exclama: «Visiblement le médecin considère que les Psaumes peuvent être lus sans les approfondir». Le Rav Yéhouda Ashlag dit: «Il n’y a pas de place entre le spirituel, le pur et l’altruisme, le ‘don avec altruisme’, et le matériel, l’égoïste, l’impur, le ‘recevoir’. Si l’homme n’est pas lié à chaque instant avec le spirituel, il l’oublie tout simplement et se trouve dans l’impur, le matériel». Il est dit dans l’ouvrage «Le Kouzari» que le Roi des Kouzari, en quête d’une foi à choisir pour son peuple, s’est adressé à un Chrétien puis à un Musulman, ensuite à un Juif. Quand il eut fini d’entendre le Juif, il dit que le Chrétien et le Musulman lui avaient promis la vie paradisiaque éternelle et une récompense immense dans l’autre monde, après sa mort. Alors que le Juif a dit que la récompense pour l’accomplissement des Commandement et le châtiment pour leur inobservation est dans ce monde. Il sembla au Roi que recevoir après la mort, dans le monde de l’éternité, est pourtant bien plus important que de recevoir en ce monde.

Le Juif expliqua que celui qui renvoie la récompense dans l’autre monde le fait pour masquer un mensonge. Le Rav Yéhouda Ashlag dit d’après les paroles du AGR’’A: Le concept de Yéhoudi («Juif») désigne celui qui atteint le monde spirituel, le monde futur tout en vivant en ce monde. Toutes les récompenses spirituelles, l’homme doit les recevoir dans ce monde pendant son passage sur la Terre, il doit les ressentir dans tout son corps. Le Rav Yéhouda Ashlag a dit: «Quand l’homme a l’impression que les forces impures, les désirs égoïstes, le tenaillent, c’est déjà le début de sa libération spirituelle». Il commenta la célèbre phrase «Tout est entre les mains du Créateur à l’exception de la crainte qu’Il peut inspirer». En effet, c’est le Créateur qui décide de la réponse à toutes les demandes de l’homme, Il peut donner ou non ce que l’homme Lui demande. En ce qui concerne la «crainte des cieux», le Créateur ne peut pas décider, ce n’est pas à Lui d’inspirer la crainte à Son égard, mais si l’homme demande sincèrement d’avoir la crainte du Créateur, il la reçoit obligatoirement.

28 – PAS POUR SOI-MÊME Est appelé «vie» le désir de se réjouir de recevoir ou de donner avec altruisme. Si ce désir d’éprouver du plaisir disparaît, ce degré s’appellera privation des sensations, syncope ou mort. Si nous voyons clairement et ressentons qu’il n’est pas possible de nous réjouir, par exemple, à cause de dettes, d’actes du passé que nous regrettons, nous ressentons des souffrances qui neutralisent jusqu’aux plus petits plaisirs que nous avons éprouvés dans vie au point que nous pouvons désirer en finir avec la vie. Pars le biais de nos proches, nos ennemis, nos ennuis matériels et professionnels nous avons en fait la possibilité de mesurer notre découragement. Dans ce cas, nous devons mettre toutes nos forces pour nous réjouir de faire le bien dans l’idée d’agréer le Créateur. Nos actes et nos pensées nous procurent alors un bonheur tel, qu’ils neutralisent nos souffrances. Si nous sommes déjà en mesure d’agir de manière altruiste, autrement dit si nous excluons tout profit personnel de nos actes, ne pensons qu’au bien de la personne ou de la cause pour Laquelle nous les faisons, (si notre intention est orientée vers le Créateur) mais que nous n’en éprouvons encore aucun plaisir, nous sommes au degré appelé le don pur et simple. Par exemple, si nous observons un commandement dans une intention orientée vers le Créateur sans recevoir la Lumière du Créateur (le plaisir), c’est que notre réparation n’est pas complètement achevée. Le plaisir tiré de la Lumière directe du Créateur exciterait notre égoïsme au point que nous souhaiterions à tout prix ce plaisir à des fins personnelles sans pouvoir résister à sa force d’attraction. Les Kelim que nous utilisons pour agir avec altruisme sont appelés «récipients de don». L’entité spirituelle possède une structure analogue à la structure physique de notre corps et consiste de 613 organes. En général la concordance des forces spirituelles est analogue à la structure physique de notre corps. Les 248 récipients de don sont définis comme situés au-dessus de la poitrine du corps spirituel et correspondent aux commandements positifs. La Lumière que nous recevons en observant ces actes spirituels est appelée la Lumière de la Grâce» (Ohr Hassadim) ou «grâce voilée» (Hassadim Mehousim). La Lumière de Sagesse (Ohr Hokhma) est masquée au récipient.

Si nous avons une force de volonté suffisante (c’est-à-dire un ressenti réparé) telle que nous sommes en mesure d’agir avec altruisme et de nous en réjouir dans une intention orientée vers le Créateur, autrement dit de recevoir dans nos anciens désirs égoïstes, nous avons atteint le degré de «Recevoir pour Donner». Nous pouvons alors recevoir la Lumière intrinsèque à chaque acte spirituel. (Les commandements de la Bible sont des actes spirituels. Que dans notre monde nous devions les observer indépendamment de notre niveau spirituel est dû au fait que c’est le stade préliminaire de leur véritable observation en harmonie avec leur essence spirituelle: faire la joie du Créateur.) Le stade initial de celui qui souhaite comprendre le Dessein de la création consiste à travailler sur soi à des fins personnelles («pas en Son nom») car nombreux sont les moyens d’éprouver du plaisir: nourriture, jeux, honneurs, gloire, etc. Ces moyens permettent d’éprouver des plaisirs éphémères infimes, ils sont désignés par l’expression «dans une intention personnelle». Alors que par la foi; en la Toute-puissance, en l’Unité, en l’Omnipotence du Créateur à tous les échelons du monde, en incluant tous les événements nous concernant, en Sa Bienveillance envers nos prières pour nous aider, nous pouvons accéder à une félicité sans égale. Après avoir maîtrisé complètement ce degré préliminaire, notre ressenti devient tout à fait différent, il correspond à un niveau bien plus élevé qui se caractérise par une indifférence totale vis-à-vis de tout intérêt personnel et, au contraire, nous nous concentrons alors sur l’authenticité spirituelle de nos pensées et de nos intentions pour qu’elles soient guidées uniquement par la conviction que les lois de la Création sont essentielles et qu’il est nécessaire de faire la volonté du Créateur, conscients que nous sommes de Sa grandeur et de Sa force. Nous oublions alors nos intentions passées et nous avons le sentiment de ne plus avoir aucun désir de penser à soi, de se soucier de soi, de nous en remettre à la grandeur de la Raison Suprême en occultant complètement notre raison personnelle, nous nous soucions alors uniquement de tout ce que nous pouvons faire pour agréer le Créateur. Ce niveau est appelé «dans une orientation non orientée vers soi». Il n’y a pas plus grande félicité que de ressentir le Créateur et Son empreinte en nous. La dissimulation du Créateur nous permet d’observer les commandements sans vraiment en éprouver de plaisir, et de nous réjouir ainsi dans une intention non personnelle. Une telle action est considérée «pas en vue d’une récompense».

Quand nous avons atteint ce stade, nous nous sommes créés un récipient spirituel et nous pouvons ouvrir les yeux et ressentir le Créateur de tout notre être. Ce qui auparavant parlait des bienfaits personnels à tirer du travail sur soi nous rebute alors au plus haut point. A ce niveau de réparation, nous pouvons commencer à travailler en plaçant notre foi au-dessus de notre raison et pouvons ainsi recevoir notre âme, la Lumière du Créateur.

Acquérir «Lishma» Les dénominations en Kabbale, bien qu’empruntées à notre monde, désignent des entités et des actions tout à fait différentes dans les mondes spirituels bien que ceux-ci soient leurs racines directes. Il est vrai que les entités spirituelles sont les sources immédiates des objets de ce monde (voir «le langage de la Kabbale», 1ère partie, «les Noms du Créateur», 3ème partie) Cette antinomie et cette dissemblance de la racine spirituelle et son prolongement dans notre monde montrent combien les éléments spirituels sont éloignés de nos concepts égoïstes. Dans les mondes spirituels, un nom signifie une particularité du dévoilement de la Lumière du Créateur à l’homme au moyen de l’action désignée par ce nom. Tout comme dans notre monde, un mot ne désigne pas directement un objet mais notre perception de cet objet. Un objet ou un événement extrinsèque à notre perception est une chose en soi que nous ne pouvons concevoir. Bien sûr, les objets ont un aspect ou des qualités différentes de celles perçues par nos appareils ou nos organes des sens. L’image d’un objet dans les rayons de la partie visible du spectre n’est pas complètement différente de celle observée au moyen d’appareils dans le spectre des rayons X ou des fréquences thermiques. Quoi qu’il en soit, l’objet et la perception de cet objet existent distinctement. La façon dont celui-ci est perçu dépend des qualités de celui qui l’observe. L’alliance de l’objet (de ses attributs propres) et des attributs de l’observateur constitue une troisième forme: dans la perception de l’observateur naît l’image de l’objet en référence aux qualités globales de cet objet et de lui-même, l’observateur. Le travail effectué avec la Lumière spirituelle s’effectue en deux stades distincts chez celui qui souhaite recevoir la Lumière: la sensation et les qualités avant de recevoir la lumière et après l’avoir reçue.

Deux stades caractérisent la Lumière qui emplit le récipient – désir de l’homme: le stade préliminaire au contact avec les sensations, les désirs de l’homme et le stade de la Lumière après le contact. A ce stade, la Lumière est appelée «Lumière Simple» car elle n’est pas liée aux qualités des objets de celui qui perçoit. Comme tous les objets, à l’exception de la Lumière du Créateur, désirent recevoir, autrement dit se délecter de la Lumière, nous n’avons donc pas d’autre possibilité de percevoir, d’analyser, de ressentir et même de nous représenter ce que signifie la Lumière à l’extérieur de nous. C’est pourquoi si nous qualifions le Créateur de Puissant, c’est parce que nous sentons à ce moment (celui qui le ressent) Sa force. Mais sans percevoir d’attribut quel qu’il soit, il n’est pas possible de Lui donner un nom car le mot «Créateur» signifie que l’homme l’a perçu ainsi dans la Lumière qu’il a ressentie. Si l’homme parle des noms du Créateur (autrement dit Ses attributs), sans les comprendre dans son ressenti, c’est comme s’il donnait des noms à la Lumière simple avant même de la ressentir en lui, ce qui serait un mensonge car la Lumière simple n’a pas de nom. Il est préférable que l’homme qui souhaite progresser spirituellement évite les influences étrangères, protège ses convictions naissantes tant qu’il n’a pas reçu la capacité de ressentir les sensations qui lui serviront d’appui. Il s’agit de se protéger et d’éviter non pas ceux qui sont éloignés de la Kabbale, car ils ne peuvent que faire preuve d’indifférence ou de rejet catégorique, mais de personnes en apparence proches de la Kabbale, mais dont le dessein profond est de tirer du profit personnel du spirituel. Le débutant n’a rien à craindre des personnes éloignées de la Kabbale car elles ne chercheront pas à lui enseigner quoi que ce soit qui puisse le faire tomber aux prises de la servitude spirituelle. Notre égoïsme nous permet de progresser uniquement quand il éprouve de la crainte. Il nous pousse à n’importe quelle action pour neutraliser ce sentiment. Si nous pouvions ressentir cette crainte envers le Créateur, les forces et le désir de travailler nous viendraient aussitôt. On peut distinguer deux types de crainte: celle devant l’enfreinte des commandements et la crainte devant le Créateur. La crainte d’enfreindre les commandements empêche l’homme de pécher sinon il pécherait. Si l’homme est

sûr et qu’il ne péchera pas, tous ses actes sont orientés vers le Créateur, il observe les commandements non par crainte, mais parce que c’est le Désir du Créateur. La crainte de l’enfreinte (péché) est égoïste parce qu’elle est inspirée par la peur de se faire du mal. La crainte devant le Créateur est qualifiée d’altruiste parce qu’elle est inspirée par la peur de ne pas faire, ce qui agrée le Créateur, par amour. Malgré le fort désir d’observer ce qui agrée le Créateur, c’est tout de même difficile d’observer les commandements du Créateur (actions agréables au Créateur) car nous n’en voyons pas la nécessité. La crainte par amour ne doit pas être moindre que la crainte égoïste. Par exemple, l’homme craint que si on le voit au moment où il commet un crime ou tout simplement pèche et il n’en éprouve des souffrances et de la honte. Progressivement le kabbaliste développe en lui de l’impatience devant le peu qu’il fait pour le Créateur. Ce sentiment est aussi constant et grand que la crainte de l’égoïste devant le châtiment pour des crimes évidents. «L’homme n’étudie que ce qu’il veut bien apprendre». Nous n’apprendrons jamais aucune règle ni norme contre notre désir. Quel est l’homme qui veut bien écouter des leçons de morale surtout si, comme c’est en général la règle, il n’a pas conscience de ses défauts? Comment faire pour se corriger même si on le veut? L’homme est ainsi fait qu’il ne recherche que le plaisir. S’il étudie, c’est dans un seul but: satisfaire ses besoins. Jamais nous n’étudions ce qui nous est inutile, car telle est notre nature. Celui qui désire se rapprocher du Créateur, étudier comment se comporter d’une manière «faisant plaisir au Créateur», doit par conséquent le demander au Créateur pour que lui soit donné un cœur différent, pour que ses désirs altruistes remplacent son égoïsme. Si le Créateur accède à cette demande, nous pouvons par force voir dans ce que nous étudions comment agréer le Créateur. Nous serons toujours aveugles à ce qui est opposé aux désirs de notre cœur (égoïste comme altruiste). Jamais nous ne nous sentirons donc obligés car notre cœur n’en tire aucun plaisir. Dès que le Créateur transforme notre cœur égoïste en cœur altruiste, nous sentons immédiatement que nous avons le devoir de nous corriger au moyen des capacités que nous avons acquises et nous découvrons qu’il n’y a rien au monde de plus important que d’agréer le Créateur.

29 – LA TRANSFORMATION DE NOTRE NATURE Notre capacité à éprouver des sensations nous est envoyée de l’En haut. Si nous sentons en nous des aspirations, de l’amour, de l’attirance pour le Créateur, c’est le signe que le Créateur a pour nous les mêmes dispositions (selon le principe que «l’homme est à l’image du Créateur»). Ce que l’homme ressent pour le Créateur, le Créateur le ressent pour l’homme et vice versa. Après la chute spirituelle d’Adam, résultat du péché (qui symbolise la descente spirituelle de l’âme primordiale du monde de l’Atsilout au niveau dit «ce monde» ou «notre monde»), son âme s’est divisée en 600 000 fragments. Ces fragments s’incarnent dans les corps d’humains qui naissent dans notre monde. Chaque fragment de l’âme s’incarne en êtres humains autant de fois qu’il lui est nécessaire pour que sa réparation personnelle soit achevée. Lorsque tous les fragments auront individuellement achevé leur réparation, ils fusionneront à nouveau dans l’âme universelle réparée appelée «Adam». La succession des générations comporte une cause appelée «pères» et son effet appelé «enfants». La raison de la venue des enfants est uniquement de poursuivre la réparation de ce que n’ont pas réparé les pères, autrement dit les âmes de l’incarnation précédente. Le Créateur approche l’homme de Lui non pas en raison de ses qualités mais de son sentiment d’insignifiance et de son désir se débarrasser de sa «saleté». Quand un homme ressent du plaisir à l’ascension spirituelle, peu à peu naît en lui l’idée qu’il vaut la peine de servir le Créateur pour en éprouver des sensations. A ce stade, le Créateur fait disparaître le plaisir de progresser pour montrer quelle est la véritable raison de ces aspirations spirituelles: qu’il s’agit non pas de foi, mais d’un plaisir personnel né du désir de Le servir. Ceci donne à l’homme la possibilité d’agir dans une intention non orientée vers le plaisir personnel. La suppression du plaisir tiré d’aspirations spirituelles nous jette dans l’abattement, le sentiment d’inutilité et nous prive du goût pour le travail spirituel. Cet état permet justement de faire naître en nous la possibilité de nous rapprocher du Créateur si nous plaçons notre foi au-dessus de notre raison. Ressentir le désespoir nous aide à réaliser que le manque d’attrait du spirituel que nous éprouvons n’est qu’une sensation subjective et qu’en fait qu’il n’y a rien de plus grand que le Créateur.

Nous voyons ainsi que la chute spirituelle est envoyée spécialement d’En Haut pour notre ascension immédiate au degré suivant bien plus élevé. Grâce à cette possibilité nous pouvons travailler sur la croissance de notre foi. Il est dit «le Créateur donne la maladie et le remède pour la guérir» et «ce avec quoi le Créateur châtie, Il s’en sert pour nous soigner». Même si à chaque fois la chute de notre force vitale et de notre intérêt secoue notre organisme, si nous désirons authentiquement progresser spirituellement, nous nous réjouissons d’avoir l’opportunité de porter notre foi au-dessus de notre raison, à un degré toujours plus élevé et nous confirmons ainsi qu’effectivement nous désirons échapper à la dépendance des plaisirs personnels. Nous sommes la plupart du temps occupés par notre propre personne, notre ressenti, nos pensées, nos souffrances ou nos plaisirs. En aspirant au spirituel, nous devons nous efforcer de reporter nos centres d’intérêt vers l’extérieur, vers l’espace où réside le Créateur, de vivre pour Sa Présence et Ses désirs, lier les événements à Son Dessein, reporter tout notre être en Lui pour que seule demeure notre enveloppe corporelle dans notre cadre animal pour que notre ressenti, l’essence humaine, notre «moi», tout ce qui est appelé âme soit dans notre intellect et notre ressenti comme transféré de notre corps vers «l’extérieur» pour nous laisser pénétrer de la Force de Bonté dont est empreint l’univers. Ce mécanisme est similaire celui de la foi placée au-dessus de la raison puisque, dans ce dernier cas, nous nous efforçons de transférer notre ressenti vers l’extérieur, en dehors de notre corps. En accédant à la foi et en nous maintenant dans ce principe malgré les obstacles envoyés par le Créateur nous faisons croître cette foi et nous laissons progressivement pénétrer en elle la Lumière du Créateur. L’ensemble de la création est construit sur le principe d’interaction de deux forces antinomiques: l’égoïsme, le désir d’éprouver du plaisir, et l’altruisme, le désir de faire plaisir. Le chemin de la réparation progressive, la transformation des forces égoïstes en leur contraire est basé sur leur combinaison progressive, de petits fragments, des désirs égoïstes, se liant peu à peu à l’altruisme et qui se réparent. Cette méthode de transformation de notre nature est appelée le travail selon les trois lignes. La ligne droite appelée «ligne blanche» parce qu’elle n’a aucun défaut, ne présente aucune lacune.

Après avoir maîtrisé la ligne droite, nous laissons entrer en nous une grande partie de la ligne gauche qui est qualifiée de «rouge» parce qu’elle comporte notre égoïsme qu’il est interdit d’utiliser dans les actes spirituels pour ne pas tomber sous son emprise. L’empire des forces (des désirs) impures tend à recevoir à des fins personnelles la Lumière de Sagesse «Ohr Hokhma», pour ressentir le Créateur et s’en réjouir égoïstement. Si par la force de notre foi placée au-dessus de notre raison (par notre aspiration à recevoir non égoïstement), nous refusons la possibilité de percevoir le Créateur, Ses actions, Son organisation du monde, le plaisir procuré par Sa Lumière, et préférons cheminer en nous plaçant au-dessus de nos aspirations naturelles et ressentir, comme avant, quelle rétribution nos actes nous apportent, les forces de l’interdiction d’utiliser la ligne gauche n’auront alors plus d’effet sur nous. Cette décision est appelée «création de l’ombre» car celle-ci sert à se protéger de la Lumière du Créateur. Dans ce cas, nous avons la possibilité de prendre une partie des désirs concernant la ligne gauche pour les lier à ceux relevant de la ligne droite. La conjugaison des forces, des désirs obtenus est appelée «ligne médiane». C’est dans le principe de cette ligne que se révèle le Créateur. Tous les processus décrits ci-dessus se répètent ensuite pour passer au degré supérieur, et ainsi de suite. Quelle est la différence entre un travailleur journalier et l’esclave? Le journalier pense à son salaire, il en connaît la mesure, c’est le but de son travail. L’esclave ne reçoit aucune rémunération, seulement le nécessaire pour son existence, tout ce qu’il possède appartient à son maître. Si l’esclave travaille avec zèle, c’est un signe manifeste qu’il désire faire plaisir à son maître, lui être agréable. Notre mission est de parvenir à maîtriser le rapport à notre travail spirituel à l’image d’un serviteur fidèle qui travaille gracieusement. Notre parcours spirituel ne doit pas être influencé par la crainte du châtiment ou d’une probable rémunération, mais seul doit être présent en nous le désir d’agréer le Créateur sans Le ressentir car ceci est déjà une forme de rémunération, sans chercher à s’assurer qu’Il sache que c’est nous qui avons oeuvré, c’est-à-dire que sans voir le résultat de notre travail, nous soyons convaincus que le Créateur est content de nous.

Si notre travail doit effectivement être accompli ainsi, la condition du châtiment et de la rémunération en est exclue. Pour comprendre ceci, il faut savoir ce que la Kabbale sous-entend quand elle nous parle de châtiment et de rémunération. Nous recevons une récompense quand nous faisons des efforts pour avoir ce que nous désirons et notre travail nous permet de recevoir une récompense ou bien de trouver ce que nous désirions. La récompense ne peut pas être quelque chose que l’on peut trouver à profusion ou d’accès facile à tous. Un travail correspond à un effort pour obtenir une certaine récompense que nous n’aurions pas obtenue sans avoir fait d’efforts. Par exemple, nous ne pouvons pas affirmer que nous avons accompli un «travail» quand nous avons trouvé une pierre si ce type de pierre se trouve à profusion autour de nous. Dans ce cas, il n’y a ni travail ni récompense, alors que pour posséder une toute petite pierre précieuse, il faut faire des efforts importants en raison de la difficulté à la trouver et, dans ce cas il y a effort et récompense.

30 – LA CRAINTE DU CRÉATEUR

La Lumière du Créateur emplit l’univers dans lequel nous baignons, pourtant nous l’ignorons. Les plaisirs que nous ressentons sont une infime lueur qui nous parvient grâce à la miséricorde du Créateur car sans aucun plaisir nous mettrions fin à notre existence. Cette lueur, nous la ressentons comme une force qui nous attire vers les objets dans lesquels elle se matérialise. Ces objets n’ont aucune importance particulière, quand nous le découvrons, nous cessons de nous y intéresser. Le fait que nous ne percevions qu’une faible lueur de Lumière et non toute la Lumière du Créateur est dû à notre égoïsme qui remplit son rôle d’écran. Là où règnent nos désirs égoïstes, la Lumière ne peut pas être ressentie selon le principe de la loi des similitudes. Deux objets ne peuvent se reconnaître que dans la mesure où ils ont des propriétés analogues. Dans notre monde, nous voyons bien que quand deux personnes sont à des niveaux différents de pensée, de désirs, elles ne peuvent pas se comprendre. Si nous possédions les attributs du Créateur, nous évoluerions dans un océan infini de plaisir et de connaissance absolue. Le Créateur emplit tout l’espace, autrement dit, il n’y a pas besoin de Le chercher comme une pierre précieuse, il est clair par conséquent que le concept de «récompense» ne s’applique pas à Sa recherche, non plus que la notion de travail puisqu’Il est autour de nous et en nous, partout sauf dans notre foi, notre ressenti. Si nous avons accédé au degré qui permet de Le ressentir et d’en éprouver du plaisir, il ne faut pas le considérer comme une récompense car nous n’avons accompli aucun travail et donc ne méritons pas de rétribution. Une question émerge: Qu’est ce que la récompense pour les efforts employés à lutter contre notre nature égoïste? Il faut comprendre avant tout pourquoi le Créateur a créé la loi des similitudes dont la conséquence est que, malgré Son omniprésence, nous ne sommes pas en mesure de Le ressentir? Le Créateur a créé cette loi qui fait que nous ne

percevons que ce qui se situe à notre niveau spirituel pour que nous n’éprouvions pas le sentiment le plus épouvantable dans la création (c’est-à-dire dans notre égoïsme), la honte, l’humiliation. Notre égoïsme n’est pas en mesure de supporter ce sentiment. Si nous ne pouvons pas justifier un acte mauvais ni à nos yeux, ni aux yeux d’autrui, nous ne pouvons trouver aucune raison qui nous ait poussé à commettre une vilénie, nous préférons n’importe quel autre châtiment que celui de l’abaissement de notre «ego» parce que cet «ego» est la base même de notre être, si nous sommes abaissés, notre «ego» est anéanti et c’est comme si nous disparaissions de ce monde. Quand nous atteignons ce niveau de compréhension qui correspond au désir de donner au Créateur avec altruisme et que seule la pensée de faire encore quelque chose pour Lui nous préoccupe, nous découvrons que le Créateur nous a créé pour nous réjouir et rien d’autre. Nous éprouvons alors uniquement le plaisir que nous sommes en mesure de ressentir pour répondre au désir du Créateur. Dans ce cas, la honte n’a pas lieu d’être car nous recevons ce plaisir parce que le Créateur nous montre qu’Il souhaite que nous nous réjouissions. Ce faisant, nous répondons au désir du Créateur et non au nôtre et nous acquérons ainsi des attributs analogues aux attributs du Créateur et l’écran de l’égoïsme s’évanouit. Ceci est possible grâce au nouveau degré spirituel que nous venons d’atteindre auquel nous avons la possibilité de donner avec altruisme, à l’image du Créateur. La récompense que nous devons demander pour nos efforts, c’est l’obtention de nouveaux attributs altruistes, du désir de «donner» avec altruisme, l’aspiration à faire plaisir, à l’image du Comportement du Créateur à notre égard. Ce degré spirituel, ces attributs correspondent à «la crainte du Créateur». La crainte spirituelle altruiste et tous les autres attributs antagonistes de l’égoïsme des entités spirituelles n’ont rien de commun avec nos attributs et notre ressenti. «La crainte du Créateur» signifie avoir peur d’être éloigné du Créateur, elle ne relève pas de raisons intéressées, de la peur de rester dans notre égoïsme, de ne pas être à l’image du Créateur parce que tous calculs similaires sont construits sur des schémas personnels qui incorporent nos dispositions personnelles. La crainte du Créateur, c’est avoir peur de ne pas faire ce que nous pourrions encore faire pour faire plaisir au Créateur. Cette crainte est l’attribut altruiste de l’entité spirituelle, à l’opposé de notre crainte égoïste devant notre incapacité à satisfaire nos besoins.

Le degré correspondant à l’attribut de la crainte du Créateur, à la force de donner avec altruisme, doit être la raison et le but de nos efforts. Ensuite, au moyen des attributs acquis, nous pouvons recevoir, pour faire plaisir au Créateur, toutes les félicités qu’Il nous réserve, ce degré est appelé la «réparation finale» (Gmar Tikoun). La crainte du Créateur doit précéder l’amour du Créateur. La raison en est que pour pouvoir accomplir ce qui est nécessaire par amour pour le Créateur, pour que nous ressentions la félicité contenue dans les actes spirituels appelés «commandements», pour que tous ces plaisirs suscitent en nous un sentiment d’amour, (comme dans notre monde ce qui nous fait plaisir nous est cher et ce qui nous fait souffrir nous est haïssable), nous devons auparavant éprouver la crainte devant le Créateur. Si nous observons les commandements non par amour, non par plaisir de les observer, mais par crainte, c’est tout simplement que nous ne ressentons pas le plaisir dissimulé en eux, et que nous observons la Volonté du Créateur par crainte du châtiment. Le corps ne résiste pas à ce travail à accomplir car il craint le châtiment, mais il en demande constamment la raison, ce qui nous donne un prétexte pour renforcer notre crainte et notre foi en le châtiment et la récompense, notre foi en l’Omnipotence du Créateur, jusqu’à ce que nous réussissions à ressentir la Présence divine. Après avoir accédé au degré de conscience de la Présence divine, autrement dit en ayant la foi, nous pouvons commencer à observer les commandements par amour, en ressentir le goût et le plaisir de les observer, alors que si le Créateur nous donnait la possibilité d’un seul coup, sans crainte, d’accomplir les commandements par amour, autrement dit en ressentant du plaisir en eux, nous n’aurions pas besoin de la foi. C’est comme celui qui mène sa vie à la poursuite des plaisirs terrestres et qui n’a pas besoin de la foi pour observer les commandements (les lois) de leur nature puisqu’elle l’y contraint, en lui promettant du plaisir. Si le kabbaliste ressentait tout de suite le plaisir contenu dans les lois spirituelles du Créateur, il les observerait et tout le monde se plierait à la Volonté du Créateur pour éprouver l’immense plaisir recélé dans la Kabbale. Nous ne pourrions alors jamais nous rapprocher du Créateur. C’est pourquoi la félicité contenue dans les lois spirituelles et la Kabbale (la Lumière est la somme de tous les plaisirs que recèle chacune des lois spirituelles; la Lumière du Créateur est la somme de toutes les lois spirituelles) est

dissimulée. Ces plaisirs se dévoilent uniquement à celui qui a accédé au degré de la foi constante.

31 – UNE GRAINE D’ALTRUISME De quelle manière l’homme, créé avec les attributs d’absolu égoïsme, qui ne ressent aucun désir à l’exception de ceux que lui dicte son corps et qui n’a pas la possibilité de se représenter quoi que ce soit à l’exception de ses sensations personnelles, peut-il sortir des désirs de son corps et ressentir ce qu’il n’est pas en mesure de percevoir au moyen ses organes des sens? Nous avons été créés avec l’aspiration de satisfaire nos désirs égoïstes de nous réjouir et, dans de telles conditions, nous n’avons aucunement la possibilité de nous transformer, de donner à notre nature des attributs antinomiques. La graine d’altruisme placée en nous et que nous pouvons faire grandir en étudiant et en agissant selon la Kabbale nous donne la possibilité de réaliser la transmutation de notre égoïsme en altruisme. Quand nous ressentons les exigences de notre corps, nous n’avons pas la capacité de protester et toutes nos pensées ne sont orientées que vers leur satisfaction. Dans cette disposition, nous n’avons pas de libre arbitre non seulement pour agir, mais aussi pour penser à autre chose que de les satisfaire. Quand nous ressentons une phase d’élévation spirituelle, le désir de progresser spirituellement apparaît de paire avec celui de nous tenir à distance des désirs corporels qui attirent vers le bas, ceux-ci ne sont plus ressentis et nous n’avons ainsi pas besoin de nous interroger sur le choix entre le matériel et le spirituel. Aux prises à notre égoïsme, nous n’avons pas la force de choisir l’altruisme, mais quand nous avons pris conscience de la grandeur du spirituel, nous ne sommes déjà plus devant un choix, puisque c’est ce que nous désirons au plus profond de nous-mêmes. C’est pourquoi le libre arbitre consiste à choisir quel sera le principe directeur: l’égoïsme ou l’altruisme? Cependant, quand sommes-nous placés dans une telle disposition neutre, qui nous permet de prendre une décision indépendante? Nous n’avons pas d’autre choix que d’étudier des ouvrages de Kabbale, de chercher un guide et de s’inclure dans un groupe d’étude de personnes qui poursuivent le même but, de côtoyer l’influence de la réflexion sur l’altruisme des forces spirituelles, ce qui éveillera et fera croître la graine d’altruisme déposée en chacun de nous, mais à l’état latent depuis de nombreuses réincarnations.

C’est en ceci que réside le libre arbitre. Dès que nous ressentons des désirs altruistes, c’est sans efforts que nous aspirons au spirituel. Celui qui aspire à des pensées et des actes spirituels, mais dont les convictions sont encore fragiles devrait se protéger du contact des personnes dont les pensées sont plongées dans l’égoïsme. Plus particulièrement, celui qui souhaite placer sa foi au-dessus de sa raison devrait éviter le contact d’un milieu où la raison est un principe de vie parce que c’est contraire à sa réflexion kabbalistique. Il est dit à ce propos que «la raison des sots est à l’opposé de la raison de la Kabbale». «La réflexion ayant la raison pour principe implique le calcul du résultat des actes. Alors que la raison de la Kabbale - la foi prédominant sur la raison - suppose que les actes ne sont pas liés aux principes égoïstes de la raison, ni au profit qu’ils peuvent produire. Celui qui a besoin de l’aide d’autrui est qualifié de pauvre. Celui qui est heureux de ce qu’il possède est qualifié de riche. Celui qui ressent ses actes comme étant le résultat de ses désirs égoïstes (Liba) et de ses pensées égoïstes (Mokha) et se sent pauvre, parvient à comprendre son vrai degré spirituel, à prendre conscience de son égoïsme, du mal en lui. La sensation d’amertume du fait de la prise de conscience de notre véritable état spirituel fait naître en nous la volonté de nous corriger. Si cette volonté a atteint un certain degré d’intensité, le Créateur envoie dans ce Kli (récipient) la Lumière de la Réparation. C’est ainsi que nous commençons à progresser sur les degrés de l’échelle spirituelle. La plus grande partie de la société est éduquée selon les principes de sa nature égoïste, notamment dans le respect des commandements de la Bible. Le respect est inclus dans le processus d’éducation pour qu’il devienne automatique. C’est le gage sûr que le lien avec le Créateur demeurera à ce degré. Si le corps (désir de recevoir) demande à quoi sert l’observation des commandements, la réponse fera référence à l’éducation reçue et à leur observation générale dans la société. C’est la façon la plus fiable qui permette à l’homme de ne pas tomber, parce que l’habitude est devenue une seconde nature. Il n’est pas utile de faire des efforts pour agir naturellement car le corps et la raison nous y poussent naturellement. Cette catégorie de personnes ne court pas le risque d’enfreindre ce qui est naturel par nature, comme, par exemple, un juif pratiquant n’aura pas soudain le désir de prendre sa voiture le samedi. Si nous désirons faire ce qui ne nous a pas été

inculqué par notre éducation, ce qui n’est pas entré en nous comme une exigence du corps, le moindre acte sera accompagné d’un questionnement du corps sur les raisons qui l’obligent à sortir de l’absence de mouvement. Nous sommes alors placés devant une épreuve et un choix parce que ni nous, ni la société ne procèdent de la façon dont nous avons l’intention de choisir et qu’il n’y a personne auprès de qui prendre exemple pour trouver un appui à notre intention, ou savoir que d’autres pensent la même chose que nous, ce qui serait un support à notre intention. Comme nous ne pouvons chercher d’exemple ni dans notre éducation ni dans la société, nous sommes obligés d’en venir à la conclusion que seule la crainte du Créateur peut nous obliger à réorienter nos actes et notre pensée. Il n’y a aucun appui à trouver en rien ni en personne d’autre que le Créateur. Le Créateur est Unique, Il est notre seul soutien, celui qui vit cette phase est qualifié d’unique, il s’est détaché de la masse au sein de laquelle il est né et a été éduqué et il sent qu’il ne peut pas recevoir de soutien d’elle, mais qu’il dépend entièrement de la miséricorde du Créateur, il est donc digne de recevoir la Lumière du Créateur qui lui servira de guide sur son chemin spirituel. Tout débutant se pose la question de qui détermine le choix de notre chemin: nous ou le Créateur? En d’autres termes: Qui choisit qui? L’homme - le Créateur, ou le Créateur - l’homme? En fait, d’une part, le débutant doit se dire que le Créateur l’a choisi lui plus particulièrement, ce qui est appelé «guidance personnelle» et remercier le Créateur de ce que cette possibilité lui a été donnée de faire quelque chose pour Lui. Puis il doit se demander pourquoi il a été choisi, pourquoi il doit observer les commandements? Dans quel but? Il en vient à la conclusion que tout lui a été donné pour agir pour le plaisir du Créateur, que le travail est en lui-même la récompense, que s’y soustraire est le châtiment. C’est durant ce processus que fait son choix celui qui travaille dans une intention orientée vers le Créateur, il est prêt à demander au Créateur de lui donner cette intention qui guidera ses actes dirigés vers le plaisir du Créateur. Ce choix est fait par l’homme.

32 – LA LUTTE POUR LA PERCEPTION DE L’UNICITÉ DU CRÉATEUR La foule est désignée dans la Kabbale par l’expression «les possesseurs de maisons» (Baal Bait) parce qu’ils aspirent à construire leur maison, leur récipient égoïste, (Kli) pour le remplir de plaisir. Les désirs de celui qui a entrepris sa progression spirituelle sont engendrés par la Lumière du Créateur et consistent à construire dans son cœur une maison pour le Créateur pour la remplir de Sa Lumière. Nous distinguons les concepts, les événements selon notre ressenti. Selon la réaction de nos organes des sens, nous donnons tel ou tel nom aux choses. Quand nous parlons d’un objet ou d’une action, nous exprimons notre ressenti. Selon que cet objet nous gêne pour éprouver du plaisir, nous définissons le degré de désagrément qu’il nous inspire, degré qui peut atteindre la limite de l’insupportable. A mesure que nous développons en nous la prise de conscience de l’importance de la Kabbale et de ses lois, nous pouvons cerner l’élément insupportable contenu dans ce qui nous gêne pour observer les lois spirituelles. C’est pourquoi celui qui désire atteindre la limite extrême du supportable, la haine du mal, doit travailler à élever à ses yeux l'importance du Créateur et de la méthode de correction. L’amour pour le Créateur qui naîtra alors dans son for intérieur sera en proportion de la haine ressentie pour l’égoïsme. Dans le récit de Pâque, quatre enfants posent des questions sur le travail spirituel. Bien que les quatre qualités que ces enfants représentent soient en nous, la Kabbale ne parle là encore que d’un seul et même archétype, l’homme dans sa relation par rapport au Créateur. On peut cependant considérer ces quatre images comme différents types de personnalité. La Kabbale a été donnée pour lutter contre l’égoïsme. Celui qui n’a pas de questions est celui qui n’a pas pris conscience du mal en lui, la Kabbale ne lui est pas utile. S’il croit en le châtiment et la récompense, la pensée que l’observation des lois spirituelles induit une récompense pourra l’éveiller. Celui qui observe les lois spirituelles pour recevoir une récompense, mais n’a pas conscience de son égoïsme, ne peut pas se corriger parce qu’il n’a pas conscience de ses défauts. Il faut qu’il apprenne à observer les commandements de manière altruiste. Son égoïsme se fait alors entendre pour demander: «Qu’est ce que ce travail? Pour quoi faire?» «Que vais-je en tirer?»

«Pourquoi va-t-il à l’encontre de mes désirs?» Cet homme commence à avoir besoin du soutien de la Kabbale pour travailler sur son égoïsme parce qu’il a pris conscience du mal en lui. Il existe une force spirituelle particulière appelée - un ange - qui crée des souffrances en nous afin que nous prenions conscience que nous ne pouvons pas nous rassasier en répondant aux désirs de notre égoïsme. Ces souffrances finissent par nous pousser à sortir du système de l’égoïsme pour ne pas en rester éternellement le serviteur. Il est dit que le Créateur avant de faire don de la Bible à Israël, l’a proposée à tous les autres peuples qui l’ont refusée. L’homme, petit univers, est constitué d’une multitude d’univers désignés par le terme «peuples». Nous devrions garder à l’esprit que ni l’un ni l’autre de nos désirs ne convient pour notre progression spirituelle, seul le désir d’aspirer au Créateur est appelé «Israël», (de l’hébreu Yashar = droit et El =Dieu; c’est-à-dire «Droit à Dieu»). C’est seulement en choisissant ce désir parmi les autres que nous pouvons recevoir la sagesse cachée de la Kabbale. Dissimuler son niveau spirituel est l’une des conditions impératives du succès de l’ascension spirituelle. Concrètement, cela signifie agir d’une manière qui reste inaperçue aux autres. Le plus important cependant est la dissimulation de nos pensées, de nos aspirations. Si un kabbaliste doit révéler son opinion, il doit les adoucir et les exprimer dans leur globalité de façon à ne pas mettre au jour ses intentions. Par exemple, celui qui donne beaucoup d’argent pour aider les cours de Kabbale mais à la condition que son nom soit associé dans la presse à ses dons d’argent pour en tirer gloire et plaisir, pourrait donner à penser que son principal objectif est l’obtention d’honneurs. Il est possible que la véritable raison ne soit de pas de se faire valoir, mais faire avancer la diffusion de la Kabbale par un article dans les journaux. La dissimulation concerne les intentions, non les actions. Quand le Créateur plonge un kabbaliste dans l’abattement spirituel, la négativité des sensations que celui-ci éprouve concerne avant tout la disparition de sa foi en les grands kabbalistes, sinon il recevrait d’eux un encouragement, et ainsi il ne ressentirait jamais un abattement spirituel.

Les masses qui observent les commandements se souviennent uniquement des actes, non des intentions, parce qu’elle savent bien qu’elles le font pour la récompense dans ce monde ou dans le monde futur, elles ont toujours une explication aux actes et elles ont le sentiment d’être des justes. Quand il travaille sur son égoïsme, le kabbaliste contrôle ses intentions, l’observation altruiste des commandements avec l’intention de répondre aux désirs du Créateur provoque en lui l’opposition de son corps, des pensées parasites l’envahissent et il a le sentiment d’être un pécheur. Ce processus permet au kabbaliste d’avoir constamment la capacité de corriger ses pensées et ses intentions pour qu’il ne demeure pas l’esclave de son égoïsme, ne travaille pas dans une intention orientée vers lui, mais ressente qu’il n’a pas d’autre possibilité de répondre aux désirs du Créateur que d’agir en se tournant vers Lui. C’est ce mécanisme qui suscite chez le kabbaliste le sentiment d’être pire que tous. L’absence de conscience spirituelle authentique ne sert chez la plupart qu’à inciter à se tourner vers les commandements dans leur observation mécanique. Le kabbaliste est obligé de transformer ses intentions égoïstes pour les rendre altruistes sinon il ne pourrait jamais observer les commandements. C’est pourquoi il se sent pire que n’importe qui. Nous vivons un combat constant pour réaliser ce qu’exigent nos désirs. Il existe cependant un combat d’une nature opposée pendant lequel nous nous efforçons de donner tout le territoire de notre cœur au Créateur et le remplir par notre ennemi naturel - l’altruisme. Le but de ce combat est que le Créateur y crée un espace non seulement selon Sa volonté, mais aussi selon notre désir, pour qu’Il règne sur nous à notre demande et soit notre guide. Dans ce combat, nous devons avant tout cesser de nous assimiler à notre corps, et plutôt nous comporter avec lui, avec notre raison, nos pensées, nos sentiments comme envers des événements extérieurs envoyés par le Créateur pour que nous ayons besoin de Son aide, pour que nous Lui demandions de les vaincre, pour qu’Il renforce en nous la conviction qu’Il est Seul et Unique, que c’est Lui qui nous envoie ces pensées pour stimuler notre foi et notre impression de Sa présence et de Sa guidance dans notre lutte contre nos pensées comme si quelque

chose dépendait de nous dans cet ensemble, comme s’il y avait en ce monde une volonté et une force en plus de celles du Créateur. Par exemple, bien que nous sachions parfaitement que le Créateur a tout créé et qu’il dirige tout (ligne droite), simultanément, nous ne pouvons pas nous empêcher de penser qu’une autre personne a fait quelque chose ou peut faire quelque chose (ligne gauche) à notre place. Bien que, d’une part, nous soyons sûrs que les effets produits ont pour seule et même Source - le Créateur (la ligne droite), nous ne pouvons pas étouffer en nous la pensée que, hormis le Créateur, quelqu’un influe sur nous, ou que l’issue de telle ou telle situation ne dépend pas uniquement du Créateur (ligne gauche). Ces conflits intérieurs entre nos ressentis antinomiques se déroulent pour toutes sortes de raisons en fonction de nos relations sociales tant que nous ne parvenons pas au stade où le Créateur nous vient en aide pour progresser selon la ligne médiane. La guerre que nous menons a pour but notre ressenti de l’Unité du Créateur, et les pensées parasites sont envoyées spécialement pour les combattre, pour vaincre avec l’aide du Créateur et mieux ressentir Sa guidance, autrement dit augmenter notre foi. Si la guerre naturelle que nous menons a pour objectif de remplir notre égoïsme, de posséder encore plus, comme toutes les guerres en ce monde, la guerre contre nature, la guerre livrée contre notre authenticité, a pour but de donner à notre «ennemi» - le Créateur, le pouvoir sur notre conscience, de Lui livrer tout le territoire de notre esprit et de notre cœur, pour qu’il conquière le monde entier, notre petit univers personnel et l’ensemble de l’univers, et qu’Il dote de Ses attributs tous les désirs des mondes. Le stade auquel le désir, les attributs du Créateur occupent toutes nos pensées et nos désirs sont qualifiés «d’altruistes», est le degré du «don avec altruisme» ou le don au Créateur de l’âme physique ou du retour spirituel (Teshouva). Ceci se produit sous l’action de la Lumière de la Grâce (Ohr Hassadim) reçue du Créateur qui nous donne la force de contrer nos pensées parasites. Cette disposition peut être passagère, nous pouvons contrer certaines pensées parasites, mais pas celles qui rejettent l’unité du Créateur, auxquelles nous pouvons nous asservir à nouveau, contre lesquelles nous devrons reprendre le combat, ressentir encore la nécessité de l’aide du Créateur, recevoir une fois de plus la Lumière pour les vaincre et les soumettre à la Puissance du Créateur. Celui qui a atteint le stade où il éprouve du plaisir dans une intention orientée vers le Créateur, autrement dit celui qui ne s’est pas contenté de capituler devant

le Créateur, son «ennemi», mais est passé dans Son camp, est «celui qui donne dans une intention orientée vers le Créateur». Le choix naturel de nos actions et pensées est tel qu’inconsciemment ou consciemment, nous préférons le chemin sur lequel nous pourrons éprouver encore plus de plaisir. Nous méprisons les plaisirs infimes pour leur préférer les grands. De telles décisions excluent le libre arbitre, le droit de choisir. Celui qui se pose pour objectif de faire ses choix en fonction du critère de la vérité et non du plaisir a le libre arbitre, la liberté de décider parce qu’il est d’accord d’aller selon la voie de la vérité malgré les souffrances. Les aspirations naturelles du corps consistent à fuir les souffrances et à chercher les plaisirs par tout moyen. Elles ne permettent pas d’agir selon les principes de la catégorie authenticité. La personne qui aspire à agréer la Volonté du Créateur doit placer tous ces désirs personnels au-dessous des désirs du Créateur. Pour répondre aux désirs du Créateur, pour placer nos désirs au-dessous de ceux du Créateur, il faut en permanence porter son attention sur son ressenti de la Magnificence du Créateur, ce ressenti qui donne des forces pour accomplir la volonté du Créateur et non la nôtre. Notre capacité à répondre aux désirs du Créateur est proportionnelle à notre foi en la Magnificence et la Puissance divine, nos efforts devraient donc être concentrés sur l’approfondissement de ce qu’elles suscitent en nous. Le Créateur désire que nous nous réjouissions, Il a donc créé en nous le désir d’éprouver du plaisir. Hormis ce désir qui nous dicte nos pensées et nos actes, qui programme notre existence, il n’y a en nous aucun autre attribut. L’égoïsme est appelé mauvais ange, force maléfique car il exerce son emprise sur nous en nous envoyant des jouissances dont nous sommes les serviteurs. Le degré de soumission inconditionnelle à cette force qui nous achète par le plaisir est appelé «esclavage» ou «exil» (Galout) loin des mondes spirituels. Si cet ange n’avait rien à donner, il n’aurait aucun pouvoir sur nous. De la même façon, si nous pouvions refuser les plaisirs proposés par l’égoïsme, il ne pourrait pas nous asservir par les jouissances que nous en tirons. C’est pourquoi celui qui n’a pas la capacité de sortir de l’esclavage, mais tente de le faire, ce qui équivaut à en faire le choix, reçoit l’aide du Créateur sous la forme de l’annihilation des plaisirs au moyen desquels l’égoïsme l’asservit.

Cela lui permet de se dégager du joug de l’égoïsme, de devenir libre. Qui plus est en se soumettant aux forces spirituelles pures, nous éprouvons le plaisir que procurent les actes altruistes en devenant l’esclave de l’altruisme. Nous sommes donc tous esclaves de nos plaisirs. Si ceux-ci naissent du recevoir, nous sommes alors asservis à l’égoïsme (de Pharaon, du mauvais ange etc.). Si notre plaisir est de donner sans retour, nous sommes asservis au Créateur (à l’altruisme). Sans plaisir, nous ne pouvons pas exister, il est notre essence, le Créateur nous a ainsi créés, il nous est impossible de changer. Demander au Créateur de nous donner le désir d’être altruiste est la seule chose à faire, c’est dans notre demande et notre prière que réside la possibilité de faire un choix.

33 – RECEVOIR AVEC ALTRUISME La juste approche (active) du Créateur comporte deux stades. Le premier correspond à la prise de conscience de l’infinie bonté du Créateur pour tous sans exception aucune, de la miséricorde absolue dont sont empreintes Ses actions, quelle que soit la façon dont nous puissions les ressentir. Le Créateur nous envoie uniquement le meilleur, nous pourvoit du nécessaire. C’est pourquoi nous n’avons rien à Lui demander. Notre gratitude et nos louanges devraient être en proportion de la joie que nous éprouvons en recevant ce que nous offre le Créateur, au point de ne rien vouloir demander de plus, heureux que nous sommes de notre sort et ceci, quelles que soient les situations douloureuses que nous traversions. Nous devons toujours remercier le Créateur pour le passé pour ensuite Lui demander pour le futur. Si nous ressentons un manque quelconque, cela signifie que nous sommes éloignés du Créateur qui est la Perfection absolue, et cet éloignement sera en proportion de l’intensité dont nous tenaille le manque. Si nous considérons que notre part est la meilleure car c’est le Créateur qui nous l’a réservée, cela signifie que nous nous sommes rapprochés de Lui et que pouvons formuler notre demande pour le futur. Le sentiment d’être «heureux de son sort» peut tout simplement vouloir dire que nous avons pris conscience que notre vie n’est pas la conséquence de nos propres actions mais qu’elles sont envoyées par le Créateur. Il se peut également que nous réalisions que nous sommes en train de lire un ouvrage traitant de spiritualité, de l’éternité, du but suprême de notre vie, de la bonté du Dessein de la création. Il s’agit aussi de la méthode pour s’adresser au Créateur afin de changer notre destin, ce qui est un degré que des millions n’ont pas atteint en ce monde. Celui qui souhaite ressentir le Créateur, et qui n’est pas encore parvenu à ce degré, mais est heureux de ce qu’il possède puisque c’est ce que lui a réservé le Créateur, est qualifié de «content de son sort» (Sameah be Helko). Puisque (malgré le bonheur que le Créateur juge utile de lui donner, ce qui le rapproche de Lui), il reste en lui des désirs insatisfaits, il mérite de recevoir la Lumière du Créateur, porteuse de la connaissance absolue, de la compréhension et du plaisir.

Pour s’arracher spirituellement à l’égoïsme, nous sommes obligés de reconnaître notre insignifiance, la bassesse de nos intérêts, de nos aspirations, de nos plaisirs, de ressentir combien nous sommes prêts à n’importe quoi pour notre bien-être personnel et que seul le profit occupe nos pensées. Le principal dans la reconnaissance de notre insignifiance est de prendre conscience que notre satisfaction personnelle a plus d’importance que le Créateur et sans voir les avantages que peuvent apporter nos actions, nous ne pourrions pas les exécuter ni en pensée, ni en actes. Le Créateur éprouve du plaisir à réjouir l’homme, la réciprocité de ce plaisir a pour conséquence l’harmonisation des attributs du Créateur et de l’homme qui deviennent ainsi semblables, le désir de chacun étant partagé: le Créateur offre des jouissances et l’homme crée les conditions pour les accueillir, chacun pensant à l’autre, non à soi, ce principe gouvernant leurs actes. Nous sommes nés égoïstes, dans l’incapacité de penser à autrui, nous ne donnons que lorsque nous y voyons un profit direct plus important que ce que nous donnons (exactement comme dans une transaction de troc ou de vente), de ce fait, nous sommes diamétralement opposés au Créateur, nous ne Le ressentons pas. Eu égard à notre égoïsme, cet éloignement par rapport au Créateur, Source de tous les plaisirs, est l’origine de toutes nos souffrances. Se rendre compte de ce mécanisme, c’est «prendre conscience du mal», car pour rejeter notre égoïsme, nous devons avoir reconnu au préalable qu’il représente le mal, notre ennemi mortel qui ne nous permet pas d’atteindre à la perfection des plaisirs et de l’immortalité. Dans toutes nos activités, dans l’étude de la Kabbale, dans l’accomplissement des commandements, nous devons nous poser pour objectif de nous arracher à cet égoïsme et nous rapprocher du Créateur en mettant nos attributs en harmonie avec les Siens pour que, en proportion de notre capacité à nous réjouir d’agir selon les principes de l’égoïsme, nous puissions agir selon ceux de l’altruisme. Si, avec l’aide du Créateur, nous commençons à éprouver le plaisir de la perfection de nos actes altruistes, et que nous en tirons la plus grande des joies, c’est-à-dire notre plus grande gratification, cela signifie que nous avons accédé au degré appelé le «don avec altruisme» sans récompense aucune. Notre plaisir réside seulement dans notre capacité de faire quelque chose pour le Créateur. Dès que nous avons atteint le degré du don au Créateur, nous prenons conscience que le Créateur ne souhaite que nous faire plaisir. C’est alors que

nous sommes prêts à recevoir ce plaisir parce que c’est le Désir du Créateur, cela est désigné par l’expression «recevoir avec altruisme». Sur les degrés spirituels, l’intellect (la raison, la sagesse) correspond à la Lumière de la sagesse (Ohr Hokhma). Le cœur, les désirs, le ressenti correspondent à la Lumière de la Miséricorde (Ohr Hassadim). C’est seulement lorsque notre cœur a acquis la sensibilité lui permettant de les accueillir que la raison peut régner sur lui. Ohr Hokhma ne peut briller que là où Ohr Hassadim est déjà présente. Si Ohr Hassadim est absente, Ohr Hokhma ne brille pas, ce stade est appelé «ténèbres», ou «nuit». Dans notre monde, autrement dit, chez l’homme esclave de son égoïsme, la raison ne peut jamais régner sur le cœur car le cœur est la source de tous les désirs, il est notre véritable maître, notre raison n’a pas la capacité de s’opposer aux désirs du coeur. Prenons l’exemple d’un homme qui s’apprête à voler, il demande conseil à son intelligence pour savoir de quelle manière s’y prendre. L’intelligence se fera l’exécutant des désirs du cœur. S’il s’agit de faire une bonne action, notre intelligence nous aidera ainsi que tous nos organes. Il n’y a pas d’autre voie que de purifier nos cœurs des désirs égoïstes. Le Créateur nous montre intentionnellement que Son désir est de nous faire plaisir et de nous délivrer de la honte de recevoir. Nous avons la nette impression qu’en éprouvant du plaisir «dans une intention orientée vers le Créateur», nous Lui faisons effectivement plaisir, autrement dit, que nous ne recevons pas de Lui, mais que Lui donnons. La Kabbale parle de trois catégories de travail et de commandements, et chacune comporte de bonnes et de mauvaises intentions:

1. Etudier et agir dans une intention personnelle, par exemple devenir célèbre pour que non pas le Créateur mais notre entourage nous rétribue sous forme d’argent ou d’honneurs pour les efforts accomplis. C’est la raison qu’ont certains d’étudier la Kabbale au vu et su de tous car la renommée constitue leur récompense.

2. Etudier et agir dans une intention orientée vers le Créateur pour recevoir

du Créateur dans ce monde et dans le monde futur. Les personnes de cette catégorie n’étudient pas en s’efforçant qu’on le sache, elles restent discrètes pour qu’on ne les voient pas et qu’on ne les récompense pas parce qu’elles ne souhaitent de rétribution que du Créateur, celle qui

proviendrait de leur entourage pourrait les faire dévier de leurs intentions et au lieu de recevoir du Créateur, elles recevraient des hommes.

Cette intention est qualifiée «d‘orientée vers le Créateur» car le travail est accompli dans le but de faire plaisir au Créateur, les commandements sont observés uniquement pour que le Créateur accorde une récompense alors que dans le premier cas le travail est orienté vers l’entourage car ce sont les désirs de celui-ci qui sont accomplis contre rétribution.

3. Après ces deux stades préliminaires, nous atteignons le degré de prise de conscience de notre condition d’esclave vis-à-vis de l’égoïsme, le questionnement de notre corps (le désir de recevoir) commence: «Pourquoi travailler sans rétribution?» Il n’y a pas de réponse.

Au premier stade, l’égoïsme ne pose pas de questions car il voit la rétribution du travail qu’il reçoit de notre entourage. Au deuxième stade, nous répondons à l’égoïsme que nous souhaitons une rétribution encore plus grande que celle que peut nous accorder notre entourage, autrement dit que nous souhaitons des délices spirituels éternels dans ce monde et le monde futur. Au troisième stade, nous n’avons rien à répondre à notre corps, c’est pourquoi nous commençons à ressentir notre esclavage, le joug de l’égoïsme, alors que le Créateur ne souhaite que donner pour que cette possibilité d’agir ainsi soit notre récompense. La «rétribution» est ce que nous souhaitons recevoir pour le travail que nous avons accompli. D’une manière générale, nous employons le terme «rétribution» pour désigner le «plaisir», et par «travail» nous entendons tout effort intellectuel, physique, moral et autre fait par notre enveloppe corporelle. Le plaisir peut prendre la forme d’argent, d’honneurs, de célébrité, etc. Lorsque nous sentons que nous n’avons pas la force de mener le combat avec notre corps, que nous n’avons pas l’énergie pour accomplir le moindre geste puisque le corps, sans rétribution concrète ne peut pas faire d’effort, il ne nous reste plus qu’à demander au Créateur de nous donner des forces surnaturelles pour travailler contre notre nature et notre raison. C’est alors que nous pouvons travailler en dehors de tout rapport avec notre corps et sans tenir compte des prétextes de notre intellect. L’essentiel est donc de croire que le Créateur peut nous apporter Son aide malgré notre nature et qu’Il en attend la demande. La demande, nous ne pouvons la formuler qu’après avoir été totalement déçus par nos forces.

Le Créateur souhaite que nous choisissions le bien et repoussions le mal. Sinon, le Créateur nous aurait créés avec Ses attributs ou bien, après avoir créé l’égoïsme, Il l’aurait transmué en altruisme sans passer par le stade de l’exil à la Perfection suprême.

34 – LA SOUFFRANCE EST ENVOYÉE COMME BONTÉ ABSOLUE Choisir signifie décider personnellement que c’est le Créateur, et non Pharaon, qui règne sur nous. La force de Pharaon consiste à faire connaître à l’homme les récompenses qu’il promet. Ces récompenses qui couronnent nos efforts égoïstes sont manifestes, nous les concevons par notre intellect et nous les voyons de nos propres yeux, elles nous sont connues d’avance, alimentent nos attentes qui sont approuvées par notre environnement social, notre famille, nos parents, nos enfants. Le corps pose alors la question de Pharaon: «Qui est le Seigneur pour que j’obéisse à Sa voix? (Exode V : 2) Pourquoi devrais-je travailler?» Nous avons raison lorsque nous alléguons que nous sommes dans l’incapacité d’aller à l’encontre de notre nature, ce n’est toutefois pas cela qui nous est demandé, mais de croire que le Créateur est le Seul à pouvoir nous secourir. La Lumière du Créateur, Son dévoilement à l’homme, est appelée «vie». Le premier instant du ressenti permanent du Créateur est appelé «naissance spirituelle». Dans notre monde nous avons le désir naturel de vivre, l’aspiration à exister, de la même façon, nous pouvons développer ce même désir de vivre spirituellement si nous voulons naître spirituellement selon le principe «les souffrances du plaisir sont à la mesure du plaisir éprouvé». La seule façon de réussir est d’étudier la Kabbale pour la Kabbale, c’est-à-dire pour percevoir la Lumière, et le Créateur sinon nous en éprouvons une infinie amertume. Cet état est appelé «vivre dans l’amertume». Il faut néanmoins poursuivre nos efforts malgré les souffrances qui s’intensifieront jusqu’à ce que nous atteignions le degré où le Créateur s’ouvrira à nous. Ce sont les souffrances qui font progressivement naître en l’homme le désir authentique d’atteindre la Révélation du Créateur, elles sont appelées les «souffrances de l’amour», elles sont enviables car une fois notre coupe pleine, le Créateur se révèle à nous. Pour conclure une affaire, il faut souvent un intermédiaire pour faire comprendre à l’acheteur que la chose qui l’intéresse est d’un prix plus élevé que son prix de vente, autrement dit que le vendeur n’exagère pas. La méthode du «recevoir un avertissement» (Moussar) est construite sur ce principe qui consiste à persuader l’homme de rejeter les biens matériels au nom

de la spiritualité. Les ouvrages du système du «Moussar» enseignent que tous les plaisirs de notre monde sont illusoires et n’ont aucune valeur. Il n’y a donc pas grand-chose à perdre en mettant en pratique ces principes pour accéder aux plaisirs spirituels. La méthode du Baal Shem Tov, quelque peu différente, concentre la force de persuasion sur l’objet proposé, elle met en avant l’infinie valeur et la magnificence des acquis spirituels, prônant que même si les plaisirs de ce monde sont précieux, il vaut mieux les rejeter, ceux des mondes spirituels étant bien plus élevés. Si nous continuions à rester dans notre égoïsme et simultanément éprouver les plaisirs spirituels, tout comme dans notre monde, nous augmenterions nos désirs et nous éloignerions de plus en plus du Créateur du fait de la différence croissante entre nos attributs. N’ayant pas encore atteint le degré du ressenti du Créateur, nous n’éprouverions pas de honte à recevoir. Ressentir le plaisir de la Présence du Créateur n’est possible qu’en se rapprochant de Lui au moyen de nos attributs, contre quoi notre corps se rebelle immédiatement sous la forme de questionnements impromptus: «Qu’apportera ce travail aujourd’hui après que j’aie déjà tant donné? Peut-on être vraiment sûr que quiconque ait déjà atteint le niveau des mondes spirituels? À quoi bon étudier si durement la nuit?» «Peut-on réussir à atteindre le degré de perception du spirituel et du Créateur comme le décrivent les kabbalistes?» «Est-ce que c’est à la mesure des forces de tout un chacun?» Toutes ces réfutations sont justes: atteindre le degré le plus bas de l’échelle spirituelle est au-dessus de nos forces sans l’aide du Créateur. Le plus difficile est de croire en Son aide avant de la recevoir. Cette aide pour surmonter l’égoïsme nous est donnée sous la forme du Dévoilement de Sa magnificence et de puissance. Si la Magnificence du Créateur nous était dévoilée, nous nous efforcerions spontanément à faire le plaisir du Créateur, sans rémunération aucune, car la possibilité de Le servir serait ressentie comme telle. Toutefois, elle nous est dissimulée, nous ne pouvons pas la voir ni la ressentir, nous sommes incapables de réaliser quoi que ce soit pour le Créateur. Notre corps (notre raison) se considérant plus important que le Créateur, car il n’a de

perception que de lui, objecte à juste titre à devoir travailler sans recevoir de récompense, son principe étant de ne pas faire d’efforts là où il n’y a pas de profit personnel. Dans notre monde, seuls les enfants dans leurs jeux ou les malades mentaux peuvent travailler sans rémunération parce que les uns et les autres s’y contraignent naturellement: les enfants pour leur développement, les malades mentaux pour la réparation de leur âme. Le plaisir est dérivé du désir qui le précède, de l’appétit, de la souffrance, de la passion, de la faim. Celui qui possède tout est malheureux car, privé d’éprouver du plaisir, il tombe dans la mélancolie. Si l’on mesurait le bonheur en fonction des possessions, on verrait que les plus malheureux sont ceux qui possèdent le plus et, inversement, les plus heureux sont les pauvres car ils sont heureux de recevoir la plus petite chose. C’est pour cette raison que le Créateur ne se dévoile pas d’emblée à nous, Il crée ainsi les conditions pour que nous développions en nous le besoin indispensable de Le ressentir. Quand nous avons décidé d’aller à la rencontre du Créateur, à la place de ressentir le bonheur d’avoir fait ce choix et le plaisir de la connaissance des mondes spirituels, nous sommes confrontés à des événements douloureux. Ceci est fait spécialement pour que nous fassions croître en nous une foi au dessus de nos sensations et nos pensées, une foi en la Bonté du Créateur. Malgré les souffrances qui nous tenaillent, nous devons, par nos efforts et en tendant toutes nos forces, surmonter nos souffrances, nous obliger à porter toute notre attention sur le but de la création et sur notre chemin pour y parvenir bien que ni notre intellect ni notre cœur ne le comprennent. Il ne faut pas se leurrer et se dire que les souffrances sont illusoires, mais continuer à croire, malgré notre sensibilité, tout en essayant de ne pas aspirer à ressentir le Créateur, à Son dévoilement, à la connaissance de Son dessein, de Ses actions et de Ses intentions recélées dans les souffrances car ce serait semblable à une récompense, une compensation contre nos souffrances. Nos actes et nos pensées doivent être non pas orientés vers nous, non pas concentrés sur notre personne, sur nos souffrances, sur la façon de les fuir, mais sur le dépassement de nos limites corporelles, comme tournés de l’intérieur vers l’extérieur. Il faut essayer de ressentir le Créateur et Son dessein, non pas dans notre cœur, non pas dans notre ressenti, mais comme à l’extérieur de nous, comme détaché de nous, nous mettre à la place du Créateur, en acceptant nos souffrances comme une condition obligatoire pour accroître notre foi en Son Omnipotence afin de tout Lui dédier.

A ce degré, le Créateur peut se dévoiler à nous, nous laisser ressentir la Lumière Divine, Sa Toute-puissance, parce qu’Il ne se dévoile que dans les désirs altruistes, dans les pensées orientées vers l’extérieur de soi, dans le souci d’autrui, car alors les attributs sont en harmonie. Si nous demandons dans notre cœur d’être débarrassés de nos souffrances, nous nous plaçons dans la situation d’un demandeur, d’un égoïste. C’est pourquoi il faut trouver les aspects positifs en nous dont nous pouvons remercier le Créateur, c’est la condition pour qu’Il se dévoile à nous. Nous avons déjà dit que la dissimulation du Créateur et les souffrances sont la conséquence des actions de notre enveloppe égoïste, alors que le Créateur n’est que plaisir et clarté à la condition que nous créions en nous des désirs altruistes et nous détachions de notre égoïsme en sortant de notre nature, en prenant conscience de notre «moi». Notre seul péché est de ne pas vouloir cheminer en plaçant notre foi au-dessus de notre raison. Nous ressentons donc constamment des souffrances car le support sur lequel nous reposons se dérobe. En faisant des efforts pour étudier et travailler sur nous, nous attendons naturellement une bonne récompense et, à la place, nous traversons des états douloureux qui semblent sans issue. Se retenir d’éprouver du plaisir est bien plus difficile en agissant de manière altruiste que de manière égoïste car les plaisirs spirituels sont bien plus puissants que les plaisirs égoïstes. Il est même difficile par moments d’accepter, d’un effort de l’esprit, qu’il s’agit là de l’aide du Créateur, et le corps, malgré nos raisonnements, hurle pour se débarrasser de ce questionnement. L’aide du Créateur est la seule qui puisse assurer le salut de l’homme contre les problèmes impromptus de la vie, non par sa demande qu’ils soient résolus, mais par la prière pour avoir la possibilité, indépendamment des exigences du corps, de demander du Créateur de pouvoir placer notre foi au dessus de notre raison, de nous mettre en harmonie avec les actions du Créateur, car Il dirige et crée ces situations spécialement pour notre bien-être spirituel. Toutes les affres, les souffrances morales, la honte, la négativité, tout est infligé au kabbaliste au cours de son chemin d’union spirituelle avec le Créateur: l’histoire de la Kabbale est jalonnée d’exemples semblables, celles du RASHBI, de Maimonide, du RAMHAL, du ARI, etc. Dès que nous avons la capacité de placer notre foi au-dessus de notre raison, autrement dit malgré notre sentiment que ces souffrances ne sont rien d’autre

que la bonté et du désir du Créateur de nous attirer à Lui, nous acceptons notre condition et ne la changerions pas contre l’égoïsme. Elle permet que le Créateur s’ouvre à nous dans toute Sa magnificence.

35 – LE MAUVAIS PENCHANT Selon la Kabbale notre corps est l’enveloppe temporaire de l’âme descendue de l’En haut, et le processus de mort et de naissance est similaire au changement de vêtement en ce monde, tout comme nous changeons facilement de chemise, sur le plan spirituel, il est tout aussi facile pour l’âme de changer de corps. Cela ne signifie pas que les événements induits par ces changements n’ont pas d’importance en comparaison de ce qui se produit dans les mondes spirituels car l’homme, le but de la création, ressent en lui la moindre joie ou la moindre douleur. Cependant, cet exemple nous donne la possibilité d’imaginer l’ampleur des processus spirituels dont nous sommes les acteurs (tout en étant dans notre enveloppe corporelle), la grandeur des forces, les plaisirs auxquels le Créateur nous prépare. Répondre sans intérêt personnel aux désirs du Créateur, être altruiste dans nos pensées et dans nos actes signifie que, malgré les événements désagréables, les sensations, les situations, envoyées spécialement par le Créateur pour que nous apprenions par nous-mêmes et que nous ayons une juste appréciation de la bassesse de notre niveau, que nous soyons en permanence dans la pensée de L’agréer, d’aspirer à mettre en application les lois justes et droites des mondes spirituels malgré notre bien-être «personnel». Notre aspiration à être à l‘image du Créateur par nos attributs peut provenir des souffrances et des expériences vécues, elle peut aussi provenir de la perception de la Magnificence du Créateur, notre choix consistera alors à demander à cheminer selon la voie de la Lumière. Toutes nos activités, nous devrons les entreprendre avec l’intention d’accéder au degré de perception de la Magnificence du Créateur pour que le ressenti et la prise de conscience nous aident à nous purifier et à progresser spirituellement. Pour avancer sur notre chemin, nous devons, à chaque degré, nous soucier de la croissance en nous de la perception de la magnificence du Créateur que nous avons, de surcroît, nous avons besoin de l’approfondir constamment pour atteindre la perfection spirituelle et pour nous maintenir au niveau auquel nous nous sommes hissés. La valeur d’un cadeau est le plus souvent déterminée par l’importance de celui qui l’offre au point qu’elle dépasse parfois de loin celle de l’objet offert. N’est-ce pas le cas de ce qui a appartenu à des célébrités qui peut atteindre des millions?

La valeur de la Kabbale est également fonction de la grandeur de Celui qui nous l’a offerte. Pour celui qui ne croit pas en la foi, la Kabbale n’est pas plus qu’un document historique ou littéraire. Pour celui qui croit en la force de la Kabbale et pense qu’elle est un bienfait puisqu’il croit en la Force suprême qui l’a transmise, elle sera d’une valeur inestimable, et elle aura d’autant plus de valeur à ses yeux que sa foi sera intense. Notre soumission au Créateur nous rend sensibles à la valeur de la Kabbale, à son sens intrinsèque et chaque lecture sera la découverte d’un autre de ses aspects car nous la recevrons à chaque fois comme un autre aspect du Créateur, un degré plus élevé, nous découvrons la Kabbale sous une nouvelle Lumière, comme si elle nous révélait un nouveau Créateur. Cela ne concerne que ceux qui progressent sur les degrés spirituels et accèdent à une perception renouvelée de la Lumière du Créateur. Il est dit que «le juste vit de sa foi», en d’autres termes la grandeur de la foi détermine l’intensité de la lumière que le juste perçoit. «Chaque jour est un don d’une nouvelle Lumière», pour le kabbaliste, chaque «jour» (qui équivaut à la Lumière du Créateur qui brille) est un nouvel aspect de la Lumière. Si nous souhaitons observer les règles spirituelles, mais sentons que nos désirs et nos pensées y sont opposés, qu’ils nous font douter de l’Unité divine, nous font oublier que le Créateur nous place dans des conditions et des souffrances ayant pour seul objet de nous faire sortir de notre égoïsme, autrement dit que notre corps (pour la Kabbale, le corps correspond aux pensées et aux désirs égoïstes) ne veut pas se soumettre aux exigences des lois altruistes de la vie spirituelle, cela signifie que nous n’avons pas la crainte du Créateur. Se persuader que la guerre contre notre égoïsme est une guerre contre les forces obscures opposées au Créateur, est une manière de repousser ces forces loin de nous, de ne pas s’identifier à elles, de s’éloigner mentalement d’elles, de nous élever en quelque sorte au-dessus des désirs corporels. Si leur ressenti persiste, nous nous mettons à les mépriser, tout comme nous mépriserions un ennemi, nous pouvons ainsi vaincre notre égoïsme et nous réjouir de ses souffrances. Cette approche est appelée «la vengeance au nom du Créateur» (Nekamat haShem). Progressivement, nous pouvons nous habituer à ressentir nos objectifs, nos pensées, nos intentions indépendamment de nos désirs, des besoins égoïstes de notre corps.

Etudier et observer les commandements sans y voir aucun intérêt personnel et le regretter est appelé le «mauvais penchant» (Yetser haRa). La proportion de mauvais penchant est déterminée par la perception que nous en avons, par le regret que nous cause le manque d’attrait pour le spirituel. Ce regret sera proportionnel à notre prise de conscience du mal. Si nous comprenons intellectuellement notre absence de progression spirituelle, sans en «souffrir», cela signifie que le mauvais penchant (Yetser haRa) ne s’est pas encore développé en nous et ne nous tenaille donc pas. Si nous ne voyons pas de mauvais penchant en nous, il est préférable d’étudier la Kabbale. Si nous avons conscience de notre mauvais penchant, il nous faut nous en débarrasser par la prière en plaçant notre foi au-dessus de notre intellect. Reprenons les définitions énoncées ci-dessus. Il est écrit dans les livres de Kabbale: «J’ai créé le mal (la force, le désir, le mauvais penchant) et J’ai créé la Torah comme un Tavlin» (épice) pour le transformer. Tavlin signifie un épice, un apport qui rend un met plus savoureux. Nous voyons que le mal, le mauvais penchant, l’égoïsme, est le principe de base de la création. La Kabbale est simplement un apport, un moyen qui permet de jauger et d’utiliser le mal. C’est d’autant plus étrange que, comme cela a déjà été dit, les commandements ont été donnés uniquement pour purifier l’âme avec leur aide. Cela signifie qu’une fois le travail de purification achevé, les commandements ne seront plus nécessaires (les actes spirituels pour se réparer). Le but de la création est de faire les délices de l’homme. C’est pourquoi le désir d’éprouver du plaisir a été placé en nous. Pour annihiler la honte à éprouver du plaisir, honte qui ternit le plaisir, la possibilité de rectifier ce sentiment a été créée. Celui qui ne souhaite rien pour lui-même, mais oriente ses actions de façon à faire plaisir au Créateur, ne ressent pas de honte à éprouver du plaisir car son acceptation est orientée vers le Créateur, non vers lui-même. Que donner au Créateur pour Lui faire plaisir? La Kabbale et les lois spirituelles nous ont été données à cette fin. C’est en observant celles-ci dans une «intention orientée vers le Créateur» que nous pouvons accepter de Lui des plaisirs qui ne seront pas entachés par la honte, par l’aumône. Sans les lois spirituelles, le Désir du Créateur demeurerait une énigme pour nous.

L’observation des lois spirituelles pour être agréable au Créateur fait de nous des êtres à l’image du Créateur dont le dessein est de nous faire plaisir. L’homme et le Créateur se rapprochent l’un de l’autre à mesure de l’harmonisation de leurs désirs, de leurs actions, de leurs attributs. Le Créateur souhaite que nous Lui donnions de la même façon que Lui nous donne, pour que notre plaisir ne soit pas assombri par la honte, pour que nous n’ayons pas l’impression qu’aumône nous est faite. Le désir spirituel, autrement dit le désir qui réunit toutes les conditions pour recevoir en lui la Lumière, détermine le plaisir qu’il reçoit en fonction de sa puissance et de sa forme car la Lumière du Créateur inclut tout, chacun de nos désirs d’éprouver du plaisir, puise dans la Lumière universelle pour nous révéler ce que nous désirons. La puissance du désir qui se mesure au moyen de la souffrance causée par le manque de plaisir détermine l’ampleur de ce dernier. 613 commandements nous ont été donnés par le Créateur pour réparer le mal qui est en nous, pour le transformer en bien pour nous parce que c’est à partir de 613 fragments qu’Il a créé notre désir d’éprouver du plaisir, et chacun de ces commandements procède à la réparation de l’attribut lui correspondant. Ainsi qu’il est dit «J’ai créé le mal et la Torah pour le réparer». Pour quelle raison observer la Torah (les lois spirituelles) après la réparation du mal? Les lois spirituelles nous sont données:

1. Lorsque nous sommes encore sous l’emprise de notre nature, dans l’incapacité de faire la moindre chose pour le Créateur et que, par conséquent, la disparité de nos attributs nous éloigne de Lui. Les 613 lois spirituelles nous donnent la force nécessaire pour nous libérer de l’esclavage de l’égoïsme.

2. A la réparation finale, une fois atteint le degré de l’union avec le Créateur par l’harmonisation de nos attributs avec ceux du Créateur, nous sommes prêts à recevoir la Lumière de la Torah, les 613 lois spirituelles deviennent un corps spirituel, le récipient de notre âme, dans chacun des 613 désirs, nous pouvons alors recevoir la Lumière du Plaisir.

Comme nous le voyons, à ce stade, les lois spirituelles qui étaient jusqu’alors un moyen pour notre réparation, deviennent le «lieu» (le récipient, le Kli) qui nous permet de «recevoir» le plaisir.

36 – LE TRAVAIL SELON LES TROIS LIGNES La ligne gauche donne les souffrances causées par l’absence de l’objet désiré et provoque ainsi le besoin d’Aide du Créateur qui nous parvient sous la forme de la Lumière de l’âme. La ligne droite, le degré où nous ne désirons rien pour nous, ne comporte que la Lumière de la Miséricorde (Ohr Hassadim), le plaisir tiré de l’harmonisation des attributs spirituels. Ce degré est toutefois imparfait parce qu’il est dépourvu de la connaissance, de la perception du Créateur. La perfection est absente de la ligne gauche parce que la Lumière de la Sagesse (Ohr Hokhma) n’y brille que lorsqu’il y a similarité entre les attributs spirituels de la Lumière et ceux de celui qui la reçoit. Cette similarité produit «Ohr Hassadim» qui est contenue dans la ligne droite. Les acquis spirituels ne peuvent être obtenus que si nous les désirons, toutefois, la ligne droite est vide de désirs, ceux-ci sont concentrés dans la ligne gauche, mais les désirs égoïstes ne permettent pas de recevoir ce qui est désiré. Il faut donc unir ces deux attributs pour que la Lumière de la Connaissance et le plaisir de la ligne gauche puissent pénétrer la Lumière des attributs altruistes de la ligne droite et illuminer la création par la ligne médiane. Sans la Lumière de la ligne droite, la Lumière de la ligne gauche ne se manifeste pas, elle est perçue comme obscurité. Même lorsque nous sommes sous l’emprise de notre égoïsme, un travail s’accomplit selon les lignes droite et gauche, sans que toutefois nous puissions maîtriser nos désirs car ceux-ci nous dictent nos pensées et notre conduite et empêchent ainsi la pénétration de la Lumière de l’harmonie avec le Créateur (Ohr Hassadim) et de la Lumière de la perception suprême (Ohr Hokhma). A ce degré, nous ne pouvons que prononcer les noms des mondes, des Sefirot, des Kelim. Seule l’étude de la structure des mondes spirituels et de leur action, autrement dit l’étude de la Kabbale, nous donne la possibilité de développer en nous l’aspiration de nous rapprocher du Créateur car ce processus nous permet de nous empreindre des désirs de sujets spirituels étudiés, de nous exposer à leur influence imperceptible à notre sensibilité hermétique au spirituel. Les forces spirituelles n’agissent que sur celui qui étudie dans le but d’harmoniser ses attributs avec ceux des mondes spirituels. C’est dans ce cas uniquement que nous pouvons attirer sur nous la force de purification de la Lumière Environnante. Comme nous pouvons l’observer chez les nombreuses personnes qui étudient la Kabbale sans instructions adéquates, ils peuvent connaître parfaitement ce qui est écrit dans les livres de Kabbale, raisonner et

discuter «brillamment» et faire preuve de connaissances, sans ressentir le sens profond du sujet. Souvent les connaissances pures et simples de ces personnes dépassent celles de ceux qui ont accédé aux mondes spirituels. Toutefois, celui qui progresse sur les degrés spirituels, même les plus infimes, par lui-même, par son travail, par sa personne, s’est déjà extrait du carcan de notre monde, et de cette manière, il accomplit déjà ce pourquoi il est descendu en ce monde. Les connaissances et la mémoire des «savants» ne font qu’accroître leur égoïsme et leur haute opinion d’eux—mêmes, ce qui les éloigne de leur but. Ceci ce produit parce que la Lumière dérivée de l’étude de la Kabbale peut être un élixir de vie (Sam Haïm) autant qu’un poison (Sam Mavet). Le débutant ne peut pas faire la distinction entre le vrai kabbaliste qui a accédé au degré de perception du Créateur et celui qui étudie la Kabbale comme s’il s’agissait d’une science mondaine. Pour le débutant, le travail selon les trois lignes consiste non pas à recevoir la Lumière Supérieure comme le fait celui qui a accédé au degré de perception des mondes spirituels, mais à analyser son niveau. Dans la ligne droite, appelée la ligne du «don avec altruisme», du Hessed, de la foi placée au-dessus de la raison et du mécontentement, nous sommes heureux du lot qui nous incombe, de notre destinée, de ce que le Créateur nous donne, nous considérons que c’est le plus beau des cadeaux qui nous a été attribué, bien qu’ayant conscience que nous observons les commandements du Créateur sans très bien comprendre leur sens profond en raison de notre éducation, de nos engagements personnels ou d’autodiscipline. Ce niveau n’est pas encore appelé «ligne droite» parce qu’il y manque la ligne gauche. C’est uniquement en présence du degré opposé que l’on pourra qualifier l’un de ligne droite et l’autre de ligne gauche. Ce n’est qu’après le développement du sens critique de notre niveau, quand nous pouvons faire le calcul de nos acquis, que nous prenons conscience du véritable but de notre existence, que nous sommes capables de déterminer nos exigences vis-à-vis du résultat de nos efforts. C’est à l’issue de ce processus qu’apparaît la ligne gauche. Le principal ici est de comprendre le but de la création. Nous apprendrons qu’il est constitué de l’acceptation du plaisir que le Créateur met à notre disposition. Toutefois, nous avons bien conscience que jusqu’alors nous n’y avons jamais été sensibles.

Au cours de nos études, nous prenons conscience que ce n’est possible que par l’harmonisation de nos attributs avec ceux du Créateur. C’est pourquoi nous sommes obligés de nous interroger sur nos aspirations et nos désirs, de les évaluer de la manière la plus objective, de les maîtriser et de les analyser afin de déterminer si nous sommes sur le point de nous débarrasser de notre égoïsme et enclins à l’amour de notre prochain. Lorsque nous sentons que nous sommes encore aux prises de nos désirs égoïstes, que nous n’avons pas progressé, nous nous laissons aller à la lassitude et l’apathie. Souvent, nous découvrons que non seulement notre égoïsme persiste, mais qu’il s’est accru car sont apparus des désirs pour des plaisirs que nous considérions futiles, petits, transitoires, indignes d’occuper nos pensées. A ce stade il est difficile d’observer les commandements et de continuer à étudier dans la joie. Nous sombrons dans le désespoir, les désillusions, nous regrettons le temps, les efforts, les privations, nous nous rebellons contre le But de la Création. Ce niveau est appelé la «ligne gauche» car il a besoin d’être réparé. Notre vide nous pèse, nous devons alors nous transposer dans la ligne droite, dans l’impression de perfection, de suffisance, de contentement de soi. Jusqu’alors, nous considérions ce vécu non pas comme relevant de la ligne droite, mais d’une ligne, de la première, parce que nous ne possédions pas encore l’autre ligne, la ligne de la critique de notre degré. Si, après une véritable prise de conscience de notre imperfection dans la seconde ligne, nous revenons au ressenti de la perfection (malgré notre état actuel et nos sentiments), de la première ligne, on peut considérer que nous agissons déjà selon deux lignes, pas seulement en terme de première et seconde, mais selon des lignes opposées, la droite et la gauche. Le mécanisme de rejet de l’égoïsme, de prise en main et d’abandon de nos intérêts personnels s’accomplit selon la ligne droite. Ces «intérêts personnels» se caractérisent par leur temporalité, leur faible envergure, leur fugacité. Ils nous sont donnés pour que nous les considérions comme le but de notre vie et les rejetions ensuite afin de nous ouvrir à la perception des délices spirituels éternels, à l’union avec le Suprême, avec le Créateur. Il nous est impossible de nous arracher à nos pensées et à nos désirs car nous ne percevons dans notre ressenti que ce qui nous concerne. La seule chose que nous puissions faire est de croire en l’existence du Créateur, en Sa Toute-puissance, au but de Sa création, à la nécessité d’accomplir ce dessein malgré la rébellion de notre corps.

Il s’agit là d’avoir foi en ce qui ne nous est pas perceptible, une foi capable de dépasser notre entendement, une «foi au-dessus de notre raison». Le processus qui se déroule selon la ligne gauche débouche sur cette perception de la réalité, sur le bonheur d’avoir mérité de nous conformer à la volonté du Créateur bien que nous n’en tirions aucun plaisir en raison de notre égoïsme. Malgré tout, nous sommes persuadés avoir reçu un immense cadeau du Créateur du fait que, même de cette manière, nous pouvons travailler dans une orientation tournée vers le Créateur, et non pas pour éprouver un plaisir personnel ou pour obéir aux principes de notre éducation, sans prendre conscience de l’automatisme de nos actes. Nous avons pourtant conscience que nous agissons malgré notre corps, autrement dit nous sommes intérieurement déjà du côté du Créateur et non de celui de notre corps. Nous croyons que notre situation nous est envoyée de l’En haut, du Créateur, dans une relation particulière avec Lui, c’est pourquoi nous chérissons ce cadeau du Créateur qui nous stimule tout autant que si nous avions mérité les acquis spirituels les plus élevés. A ce niveau, la première ligne est qualifiée de droite, de perfection car la joie que nous éprouvons ne provient pas de notre état, mais du rapport du Créateur à notre égard, de la possibilité qui nous est accordée d’accomplir quelque chose qui dépasse nos intérêts personnels. Nous sommes encore prisonniers de notre égoïsme, mais déjà réceptifs au rayonnement spirituel qui ne nous pénètre pas encore car la Lumière ne peut pas imprégner des désirs égoïstes, cependant, elle nous enveloppe sous la forme de la Lumière Environnante (Ohr Makif). Ce processus nous permet l’établissement d’un lien avec le spirituel et la prise de conscience que même le lien le plus ténu avec le Créateur est une immense récompense. Pour ce qui concerne le rayonnement perçu, la seule déduction que nous puissions faire est que nous sommes incapables d’apprécier la juste valeur de la Lumière. La ligne droite est aussi qualifiée «d’authentique» car elle nous fait comprendre clairement que nous n’avons pas encore atteint de niveau spirituel, que nous ne devons pas nous leurrer mais nous dire que ce que nous avons reçu provient du Créateur, même le plus amère et, en plaçant notre foi au-dessus de notre raison, en pratiquant l’auto persuasion malgré ce que nous ressentons, nous reconnaissons la valeur inestimable de ce moment parce qu’il s’agit d’un contact avec le Créateur. La ligne droite s’élabore donc à partir de la prise de conscience de notre stagnation spirituelle et de l’amertume que nous ressentons devant notre

insignifiance, de l’abandon de nos calculs égoïstes selon le principe «Il ne s’agit non pas de posséder, mais de considérer le désir du Créateur» au point de penser avoir reçu tout ce que nous souhaitons. Ces conclusions sont sensées, à ce stade il s’est bien instauré une relation particulière avec le Créateur, notre approche de la Kabbale et des commandements a pris une autre dimension, nous ne sommes plus occupés aux calculs futiles de nos activités éphémères, nous agissons toutefois dans les limites de notre raison sans la dépasser. Il faut pourtant continuer à être convaincu de l’importance de ce que nous sommes en train de vivre et, pour cela, nous devons placer notre foi au-dessus de notre raison pour construire notre allégresse sur la foi. La ligne gauche se construit sur la vérification de l’authenticité de l’amour du prochain, de la capacité à agir avec altruisme, à être désintéressé, de l’absence de désir à recevoir une rétribution pour le travail accompli. Si nous constatons que nous ne pouvons pas renoncer à nos intérêts, il ne nous reste plus comme issue que de prier le Créateur pour notre salut. En somme, la ligne gauche a pour finalité de nous conduire vers le Créateur. La ligne droite, elle, nous donne la possibilité de remercier le Créateur pour le sentiment de Sa perfection. Elle ne nous permet cependant pas d’avoir conscience de notre véritable niveau, de notre ignorance, de l’absence de lien avec le spirituel, elle ne nous incite donc pas à la prière sans laquelle il n’est pas possible d’être réceptif à la Lumière de la Kabbale. La ligne gauche nous donne la possibilité de nous apercevoir que nous sommes dépourvus des forces nécessaires pour essayer de dépasser notre niveau. Elle fait donc naître en nous le besoin d’aide d’en Haut en nous faisant comprendre que seules des forces surnaturelles peuvent nous aider. C’est seulement au moyen de la ligne gauche que nous parvenons à ce que nous souhaitons. Ces deux lignes doivent toutefois être équilibrées de telle manière qu’elles peuvent être utilisées à égalité et ainsi donner naissance à la ligne médiane qui relie la droite à la gauche pour ne plus former qu’une seule ligne. Si l’une des lignes prévaut, celle qui prédomine ne permettra pas l’union avec la plus faible car elle est ressentie comme d’une plus grande utilité dans telle ou telle situation. L’absolue égalité entre les lignes est donc capitale.

Cette dure tâche qu’est l’accroissement égal des deux lignes nous permet de recevoir de l’En haut la ligne médiane car la Lumière Supérieure se révèle et se perçoit justement dans le ressenti des deux lignes. La ligne droite correspond à la perfection parce qu’elle touche la foi et la Perfection du Créateur. Le Créateur étant le maître du monde, si l’on exclut l’égoïsme, tout est perfection. La ligne gauche correspond à la critique de notre niveau et au sentiment d’imperfection. Il est important de veiller à ce qu’elle ne soit en aucun cas plus importante que la ligne droite (en réalité, nous devrions vivre selon les principes de la ligne droite 23.5 heures et seulement une demie heure nous permettre des calculs égoïstes). La ligne droite devrait être exprimée si intensément qu’il n’y ait besoin de rien d’autre pour atteindre le bonheur parfait. En elle, les calculs égoïstes sont complètement annihilés, elle est qualifiée de parfaite car rien ne doit y être ajouté pour éprouver la plus grande félicité. Nos calculs ont été réorientés, ils ne se situent plus dans notre corps mais en dehors, du côté du Créateur. En adoptant les principes de la ligne gauche (le transfert de la ligne droite à la ligne gauche et inversement doit se faire sciemment, en temps voulu, en s’imposant des conditions a priori, et non pas selon son humeur), nous découvrons que non seulement nous n’avons pas avancé dans notre compréhension et notre ressenti du spirituel, mais que dans notre vie quotidienne, nous sommes devenus pires, que loin de nous être améliorés, nous nous sommes encore plus enfoncés dans notre égoïsme. Il faut alors immédiatement sortir de cet état en priant pour notre réparation. Dans la Bible, il est dit que la sortie d’Egypte (c’est-à-dire l’abandon de l’égoïsme) se produit quand nous nous trouvons sur le dernier des 49 degrés des désirs des forces impures. C’est seulement à ce stade quand nous prenons conscience de la véritable profondeur et de la nuisance de notre égoïsme et que nous pouvons crier pour demander de l’aide, que le Créateur nous élève, nous dote de la ligne médiane par le fait qu’Il nous donne une âme, qu’Il fait briller pour nous la Lumière qui nous donne la force de nous tourner vers l’altruisme, de naître dans l’univers spirituel.

37 – COMPRENDRE NOTRE VÉRITABLE NATURE Pour pouvoir atteindre le but de la création, il faut éprouver la «faim» sans laquelle il est impossible d’apprécier l’ampleur des délices que le Créateur met à notre disposition et sans lesquels nous ne pouvons pas faire Sa joie. Notre égoïsme réparé nous permet d’éprouver du plaisir dans une intention tournée vers le Créateur, il est donc une nécessité. Dans les moments où nous avons des craintes, il faut comprendre pourquoi de telles sensations nous sont envoyées. En ce monde, il n’existe pas d’autre force et de puissance que celles du Créateur, pas d’ennemi ni de forces obscures, le Créateur crée en nous ce sentiment pour que nous réfléchissions sur sa finalité et que, par notre foi, nous puissions en conclure qu’il nous est envoyé par le Créateur. Si nos craintes ne disparaissent pas malgré nos efforts pour les comprendre, prenons les comme exemple pour nous faire une idée de la crainte que nous devrions éprouver devant la Magnificence et l’Omnipotence divines, autrement dit, de la même façon que notre corps tremble de peur devant une invention de l’esprit en ce monde, nous devrions trembler de peur devant le Créateur. Comment déterminer le niveau spirituel auquel nous nous situons précisément? La certitude et la satisfaction témoignent de ce que nous sommes sûrs de nos forces, nous n’avons donc pas besoin du Créateur, autrement dit, nous nous trouvons dans les plus grandes profondeurs de notre égoïsme, à l’extrémité opposée du spirituel. Au contraire, le sentiment de désolation, d’impuissance qui nous pousse à chercher le soutien du Créateur, signifie que nous traversons une période propice. Quand nous nous sommes efforcés de faire le «bien» et que nous en tirons de la satisfaction, nous avons en fait sombré un peu plus dans notre égoïsme car nous n’avons pas pris conscience que c’est le Créateur qui nous a donné la possibilité d’agir, cette attitude renforce encore notre égoïsme. Quand, jour après jour, nous faisons des efforts constants pour étudier et réorienter nos pensées vers le Dessein de la création, mais que nous ne comprenons rien, que notre réparation ne s’accomplit pas et que progressivement nous finissons par éprouver du ressentiment pour le Créateur, c’est que nous nous sommes encore bien plus éloignés de la vérité.

Dès nos premières tentatives pour nous tourner vers l’altruisme, notre corps et notre raison se cabrent et par tous les moyens essaient de nous détourner de notre chemin, une profusion de pensées, d’affaires urgentes, toutes sortes de justification nous viennent à l’esprit, car l’altruisme, autrement dit, tout ce qui n’est pas profitable à notre corps nous est haïssable. Notre raison étouffe immédiatement toute aspiration spirituelle car elle ne peut le supporter. C’est la raison pour laquelle nos efforts pour nous débarrasser de notre égoïsme nous semblent extraordinairement difficiles, au-dessus de nos forces. Si nous ne les ressentons pas comme tels, cela signifie qu’il y subsiste un bienfait personnel qui justement nous pousse à agir et à penser, nous leurre en nous démontrant que nos actes et nos pensées sont altruistes. La manière la plus fiable pour vérifier que telle ou telle pensée, tel ou tel acte sont le résultat de la recherche d’un profit personnel ou sont véritablement altruistes, est de s’assurer de l’assentiment de notre cœur et de notre raison pour continuer, pour adhérer à ces pensées ou actes. Dans l’affirmative, cela signifie que nous nous leurrons, notre altruisme n’est pas authentique. Dès que nous nous appesantissons sur des pensées étrangères à nos besoins personnels, une foule de questions surgit aussitôt sur l’utilité de ce que nous sommes en train d’entreprendre. Le plus important est alors de garder à l’esprit que ce questionnement ne provient pas de nous, que l’incapacité à faire quoi que ce soit au-delà des limites de nos propres intérêts n’est pas à nous imputer, mais qu’elle est envoyée par le Créateur qui est à l’origine de nos pensées et désirs, qui ne nous permet pas de leur échapper par nos propres moyens car Il est Seul et Unique. Il nous attire vers Lui tout comme Il dresse des obstacles sur le chemin qui mène à Lui afin que nous apprenions à connaître notre nature et puissions réagir à chaque pensée et désir de notre corps au cours de nos tentatives pour nous en arracher. Ces doutes n’envahissent que ceux qui tentent de développer leur sensibilité aux attributs divins, de «pénétrer» les mondes spirituels car le Créateur leur envoie des obstacles sous la forme de pensées et de désirs corporels qui les repoussent du spirituel. Ce processus a pour finalité de nous faire prendre conscience de notre véritable niveau spirituel et de notre relation au Créateur, de mettre en évidence dans quelle mesure nous sommes capables de justifier les actions divines malgré les réfutations de notre raison, malgré notre haine du Créateur qui nous prive des plaisirs de cette vie pleine de joies, qui nous jette dans la désolation car, comme il

nous semble, notre corps est incapable de trouver un plaisir quelconque dans l’altruisme et se cabre. C’est toutefois le Créateur qui provoque en nous les pensées et les émotions que nous percevons comme négatives ou positives, les réactions spécifiques de notre cœur et de notre raison afin de nous former, nous faire connaître notre vraie nature à l’image d’une mère qui éduque son enfant en lui montrant, en lui faisant essayer, en lui expliquant. De la même façon, le Créateur montre et explique à l’homme sa véritable relation au spirituel et son incapacité à agir de manière autonome. Le plus difficile dans la progression est le combat permanent que se livrent en nous de deux opinions, deux forces, deux buts, deux désirs. Notre prise de conscience du Dessein de la création est elle-même dichotomique: notre but est de réaliser l’union avec le Créateur par l’harmonisation de nos attributs avec Ses Attributs tout en construisant en nous le désir de renoncer à tout pour faire plaisir au Créateur. Le Créateur est d’un altruisme absolu, Il n’a par conséquent besoin de rien, Son seul désir est que nous éprouvions un plaisir absolu, ce qui constitue le Dessein suprême. Le principe de notre existence est donc basé sur deux objectifs qui semblent complètement opposés, celui du don avec altruisme au Créateur et celui d’éprouver du plaisir dans une intention orientée vers soi. L’un de ces objectifs n’est en fait qu’un moyen pour réaliser le Dessein. Au début de notre chemin, nous devons parvenir au stade où toutes nos pensées, désirs et actes nous semblent comme au-delà des limites de notre égoïsme, d’un altruisme absolu, qu’ils sont «orientés» vers le Créateur. L’homme et le Créateur étant les deux seules entités dans la Création, tout ce qui est au-delà des limites de notre corps constitue le Créateur. A l’achèvement de la réparation, de l’harmonisation de nos attributs avec les Attributs du Créateur, nous comprendrons le Dessein de la création, nous accepterons les félicités infinies échappant aux limites de notre égoïsme. Avant notre réparation, nous ne sommes que désir d’éprouver du plaisir. A mesure de notre réparation, au désir d’éprouver égoïstement du plaisir nous préférons le plaisir de donner avec altruisme, c’est pourquoi nous ne pouvons pas accepter le plaisir que nous offre le Créateur. C’est seulement en achevant notre réparation que nous pouvons commencer à recevoir les délices infinis sans égoïsme, pour réaliser le Dessein de la création.

Ce plaisir est désintéressé, il ne suscite pas de honte car en recevant, en percevant et en ressentant le Créateur, nous sommes heureux du plaisir que nous pouvons Lui procurer par nos actions. Par conséquent, plus nous recevons, plus nous sommes heureux du bonheur ainsi éprouvé par le Créateur. La Lumière et les ténèbres dans notre monde, (le jour et la nuit) par analogie correspondent, en matière de sensations spirituelles, à notre ressenti de la présence ou de l’absence du Créateur, de notre reconnaissance ou non de la Puissance du Créateur, autrement dit de la «présence ou l’absence du Créateur» en nous. Autrement dit, si nous demandons quelque chose au Créateur et le recevons immédiatement, ceci est considéré comme «Lumière», ou «Jour». Cependant, si nous sommes assaillis par des doutes sur Son existence et Sa supervision de l’univers, cette situation se nomme «obscurité» ou «nuit». La dissimilation du Créateur est connue comme «l’obscurité» car elle éveille en l’homme des doutes et des pensées incorrectes, qui sont sentis comme l’obscurité de la nuit. Nos véritables aspirations ne doivent pas avoir pour but d’aspirer à ressentir le Créateur et à comprendre Ses actions, car cela relèverait de désirs purement égoïstes (en effet, incapables de réprimer notre désir d’éprouver le plaisir engendré par les sensations spirituelles, nous sombrerions dans l’égoïsme). Elles doivent être orientées vers le désir de recevoir du Créateur les forces qui permettront de nous opposer aux désirs de notre corps et de notre raison, autrement dit de recevoir la force que confère une foi plus puissante que notre raison et nos désirs corporels. Cette foi sera d’une telle intensité qu’elle nous permettra de voir et ressentir le Créateur, Sa bonté, Son omnipotence. A ce niveau, nous préférons ne pas voir le Créateur et Sa puissance car cela exclurait la foi et, tout simplement, au moyen de la force de notre foi, nous formons le souhait de pouvoir aller à l’encontre des désirs de notre corps et de notre raison. Notre désir est entièrement concentré sur notre demande au Créateur de nous donner des forces pour Le percevoir, Lui et l’organisation des mondes. Cette capacité est appelée «lumière» et «jour» car nous ne craignons pas d’éprouver du plaisir puisque nous sommes libres dans nos actions, indépendants vis-à-vis de nos désirs corporels et de nos raisonnements, débarrassés de la servitude qu’ils nous imposent.

Quand nous avons déjà atteint ce degré qui nous confère une nouvelle nature, autrement dit que nous sommes prêts à agir indépendamment de nos désirs corporels, le Créateur nous donne la capacité de nous réjouir de Sa Lumière. Quand les ténèbres nous enserrent et que nous sentons que nous n’avons plus le goût à progresser spirituellement, plus de forces pour chercher à ressentir le Créateur, que nous n’avons plus ni crainte ni amour pour le spirituel, il nous reste les pleurs de notre âme pour qu’Il prenne pitié de nous et chasse le nuage qui obscurcit notre sensibilité et nos pensées et forme un écran qui masque le Créateur à nos yeux et notre coeur. Les pleurs de l’âme sont la plus puissante des prières, là où rien n’a pu aider, autrement dit après que nous nous soyons persuadés que ni notre application, ni nos connaissances non plus, que notre expérience ni aucun de nos efforts physiques ne nous aideront à pénétrer les mondes spirituels, quand de tout notre être nous sentons que nous avons épuisé toutes nos possibilités et nos forces, c’est alors que nous parvenons à la prise de conscience que seul le Créateur peut nous aider, c’est alors seulement que nous viennent au coeur les sanglots et la prière au Créateur pour notre salut. Avant cela, aucun effort ne peut nous aider véritablement à crier vers le Créateur des profondeurs de notre cœur. Lorsque toutes les voies se sont fermées devant nous, s’ouvrent alors les «portes des larmes» qui nous donnent accès aux Mondes Spirituels, au Palais du Créateur. C’est pourquoi lorsque nous avons essayé toutes les possibilités de progresser spirituellement par nos propres moyens, les ténèbres s’abaissent sur nous et notre seule issue est l’aide que voudra bien nous accorder le Créateur. Avant cela, en cassant notre «moi» égoïste, nous n’avons pas encore acquis la vérité, la sensibilité qui nous permettront de prendre conscience qu’il existe une force qui nous dirige, nous n’avons pas atteint ce niveau et notre corps ne nous permet pas de crier vers le Créateur. C’est pourquoi il est nécessaire d’entreprendre tout ce qui à la mesure de nos forces et ne pas attendre de miracle de l’en haut. Ce n’est pas que le Créateur ne souhaite pas avoir pitié de nous et qu’Il attende que nous «soyons brisés». En épuisant toutes nos possibilités, nous accumulons de l’expérience, un vécu et la connaissance de notre vraie nature. Ce ressenti est nécessaire car il nous permet de recevoir la Lumière du Créateur et l’Intelligence suprême qui l’imprégneront.

38 - CITATIONS KABBALISTIQUES Le principal dans le travail sur soi-même est de se sentir humble devant le Créateur. Une telle attitude ne doit pas être un artifice mais un but en soi. Si par le travail effectué sur lui-même, l’homme sent cette qualité pénétrer en lui progressivement, cela signifie qu’il avance correctement. (Talmud, Avoda Zara 20;2). L’homme vient au monde rempli d’égoïsme absolu, cette qualité est tellement développée en lui qu’elle lui donne la certitude qu’il est un juste et qu’il est dénué d’égoïsme (Talmud, Haguiga 13;2). La Torah, c’est la Lumière divine, et ce n’est que celui qui la reçoit qui peut prétendre étudier la Torah (Zohar, Metsora 53;2). La Lumière de la Torah est cachée et ne se dévoile qu’à ceux qui ont atteint le niveau de juste. (Talmud, Haguiga 12; 1). Atteindre par l’étude à ce degré auquel l’homme ne souhaite rien d’autre à part s’élever spirituellement et recevoir le nécessaire pour maintenir son corps en vie et non pas pour en tirer un plaisir, c’est le degré par lequel se fait l’entrée dans le monde spirituel (Talmud, Sota 5;1). Il est interdit d’étudier la Torah pour tout autre but que l’élévation spirituelle (Talmud, Sanhédrin 60; 2). Le plus haut degré pour l’homme est de parvenir à «maasse merkava» (diriger), autrement dit effectuer une réparation telle qu’il lui est donné de pouvoir diriger le monde (Talmud, Soucca 28;1). La condition sine qua non de l’élévation est d’aspirer constamment à être en relation avec le Créateur (oreh haim 1;1), (Torah, Vaïkra 4;9), (Maimonide, Ilhot Esoleï Torah, chap. 1), (Talmud, Soucca 39;1). Il ne faut pas désespérer en chemin, le Créateur nous assure du succès si nos aspirations sont correctement orientées (Talmud, Pessahim 50; 2), (Talmud, Berakhot 35;2), (Talmud, Soucca 52;2). Le principal dans l’homme, ce sont ses aspirations et non ses réalisations car ces dernières sont déjà le résultat de son égoïsme (Talmud, Yavamot 104; 2), (Talmud, Sota 25;1).

L’homme doit aspirer à avoir conscience de son insignifiance originelle autant qu’il doit être fier de son travail spirituel et de sa prédestination (Talmud, Taanit 25;1), (Talmud, Berakhot 6;2). Celui qui aspire au Créateur s’appelle le fils du Créateur (Talmud, Shabbat 66; 2), à la différence de celui qui souhaite une récompense (honneur, connaissances, argent) pour son étude. «Connais le Créateur» (Chroniques 1; 28;9), (Talmud, Nedarim 32;1). La Kabbale porte le nom d’enseignement secret (Nistar) parce qu’elle n’est comprise que dans la mesure où l’homme se transforme. C’est pourquoi ce dont a connaissance un homme, il ne peut pas le transmettre à autrui, il ne peut que l’aider à faire le même chemin (Talmud, Haguiga 14;2), (Maimonide, Ilhot Esodot Torah, chap. 4). Qui peut s’imaginer le monde sans la Présence Divine (Talmud, Ema 86;6), (Talmud, Shabbat 77;2), (Talmud, Minkhot 39;2). L’homme doit s’imaginer qu’il est seul au monde avec le Créateur. Beaucoup des personnages et des sujets de la Torah représentent les attributs de l’homme, les phases de son chemin spirituel, désignées par des noms propres, signifiées par leurs actes et portant des dénominations géographiques. (Talmud, Sanhédrin 37;1), (Talmud, Kidouchim 40;2). L’homme ne doit pas désespérer quand, à mesure qu’il étudie et qu’il fait des efforts dans son travail sur lui-même et dans ses tentatives d’élévation spirituelle, il se voit pire qu’avant d’étudier la Kabbale. Celui qui s’élève au-dessus de la multitude découvre avec acuité la véritable nature de son égoïsme, c’est pourquoi il se considère comme pire bien qu’il soit devenu meilleur (Talmud, Soucca 52;2), (Talmud, Meguila 29;1). Il ne faut pas prêter attention au fait que le monde entier est dans une course incessante aux plaisirs et que ceux qui aspirent au Créateur ne sont que quelques unités (Talmud, Roch Achana 30;1), (Talmud, Berakhot 61;2). Le principal dans la progression spirituelle, c’est la demande à l’aide adressée au Créateur (Talmud, Berakhot 6;2), (Talmud, Taanit 11;2), (Talmud, Ioma 38;2). Le principal attribut négatif témoignant de l’égoïsme c’est l’orgueil, l’aplomb. (Talmud, Sota 49;2). L’homme doit recevoir des forces pour prendre conscience du but de la création, se réjouir d’avance de la réparation du monde et de l’arrivée de l’apaisement de l’humanité (Talmud, Shabbat 118;2), (Talmud, Trouma 135;1 / 136;2).

La foi est le seul moyen de secours car l’homme se caractérise par son égoïsme qui peut l’induire en erreur, mais la foi est la seule base pour pénétrer dans l’espace spirituel (Talmud, Makot 24;1), (Talmud, Shabbat 105;2). La foi ne peut se manifester chez un homme dénué du sentiment de crainte, et l’égoïsme s’incline seulement devant la crainte (Talmud, Shabbat, 31; 2). Même si un homme ne fait rien, son égoïsme le pousse à commettre des actes mauvais de diverses natures, c’est pourquoi celui qui ne pèche pas est celui qui fait le bien (Talmud, Kidouchim 39;2), (Talmud, Baba metsi 32;2). L’approche du Créateur ne se fait que selon la loi de la similitude des attributs (Talmud, Souta 5)

39 - LA RENCONTRE DU RAV LAITMAN AVEC LA KABBALE

Lors de conférences et d’entretiens, la question de ma venue à la Kabbale m’a souvent été posée. Probablement si je m’étais engagé dans une étude différente et très éloignée de la Kabbale, j’aurai pu comprendre la pertinence de cette question. Cependant la Kabbale enseigne le but de notre vie, un sujet qui nous touche de très près! Je pense que la question adéquate devrait être: «comment avez-vous découvert que les questions personnelles et sur la vie sont traitées par la Kabbale? Comment avez-vous découvert la Kabbale?» Plutôt que «pourquoi s’y intéresser?». Au cours de mon enfance, comme bien d’autres enfants, je me suis posé la question sur ma venue au monde. Cette question me préoccupait constamment, sauf bien sûr, lorsque je la mettais de côté lors de ma course aux plaisirs. Cependant cette question me harcelait sans cesse, j’ai bien essayé de l’étouffer en aspirant à des buts futiles mais en vain. Je me suis donc plongé dans des longues études pour acquérir une profession intéressante à laquelle je me dévouais. Puis je décidais d’immigrer en Israël, but auquel je tendais depuis de nombreuses années. Une fois arrivée en Israël en 1974, la question sur le sens de ma vie continua à me préoccuper, j’étais donc constamment en quête de réponse pour pouvoir vivre. Je me suis lancé dans le monde des affaires, la politique et bien d’autres. J’ai tenté de mener une vie normale cependant les questions étaient toujours présentes: «pourquoi continuer tout cela», «qu’avais-je à gagner à être comme tout le monde?». Las des difficultés matérielles et morales, et de mon impossibilité à fuir la réalité, je décidais de me tourner vers la vie religieuse (1976), espérant que le mode de vie proposé me conviendrait. Je ne suis jamais particulièrement intéressé aux sciences humaines, ni n’ai approfondi la psychologie, ni la littérature. J’ai toujours été un étudiant moyen et n’ai jamais brillé d’un point de vue émotionnel ou intellectuel. Depuis mon enfance, j’ai toujours admiré les sciences qui me semblaient très utiles. En 1978, j’ai lu une publicité pour un cours de Kabbale, je me suis immédiatement inscrit, ai acheté de nombreux livres que j’ai lu avec empressement. J’ai commencé à trouver toutes les réponses même si je devais passer des heures ou des semaines à les approfondir. Pour la première fois de ma vie, j’ai ressenti que ce sujet me touchait directement, et me convenait.

J’ai donc commencé à rechercher de vrais professeurs. J’ai cherché dans tout le pays, assisté à de nombreux cours. Cependant quelque part en moi, une voix me disait que tout ce que j’avais étudié jusqu’à présent n’était pas la vraie Kabbale, car elle ne me parlait pas, mais traitait de sujets abstraits. J’ai donc quitté tous mes professeurs, et avec un de mes amis nous avons commencé à étudier en soirée tous les livres de Kabbale qui existaient et ce durant plusieurs mois. Un soir d’hiver, en 1980 il pleuvait et le vent soufflait, une météo désagréable, au lieu d’étudier Prades Rimonim ou Tal Orot, désespéré et à ma grande surprise, j’ai suggéré à mon ami de partir à la recherche d’un professeur à Bnei Brak. Je lui dits que si nous trouvions un professeur, nous pourrions assister à ses cours. Auparavant j’étais allé à Bnei Brak peut être une fois ou deux pour acheter des livres de Kabbale. Arrivée à Bnei Brak, au carrefour de la rue Rabbi Akiva et Hazon Ish, j’ai ouvert ma fenêtre et j’ai demandé à un homme qui se tenait au carrefour: «dites-moi où étudie-t-on la Kabbale ici?» Pour les personnes non familières avec l’atmosphère et la société religieuse du quartier, il faut comprendre que ma question semblait des plus étranges. La Kabbale n’était pas enseignée dans les établissements scolaires ni dans les écoles religieuses (Yeshiva). Il était très rare qu’une personne se hasarde à déclarer qu’elle s’intéressait à la Kabbale, mais lui, cet étranger semblait prêt à me répondre, comme s’il m’attendait, il me dit: «prends à gauche, va jusqu’au verger et là, tu trouveras une synagogue, là on étudie la Kabbale.» Nous avons suivi ses instructions et arrivés à destination nous avons trouvé un bâtiment sombre. A l’intérieur une grande table où étaient assis quatre ou cinq hommes âgés. Je me suis présenté et leur ai expliqué que nous venions de Rehovot et que nous voulions étudier la Kabbale. La personne assise en bout de table nous dit de nous asseoir et que nous discuterons du sujet après le cours. Le cours commença avec la lecture hebdomadaire d’un chapitre du Livre du Zohar, avec les commentaires du Soulam, ils s’abreuvaient des mots, la moitié des phrases étaient en yiddish, comme des gens se comprenant à demi mot. En les regardant et les écoutant, je conclus que ce groupe ne faisait que passer le temps et que si nous nous dépêchions nous pourrions toujours trouver ce soir un autre endroit où étudier la Kabbale. Cependant mon ami me retient et me dit qu’il était incorrect de se comporter ainsi. Après quelques minutes le cours se termina et l’homme le plus âgé nous

demanda notre numéro de téléphone, disant qu’il allait réfléchir quel professeur il pourrait nous recommander et qu’il nous contacterait. J’étais très réticent à vouloir donner mon numéro, pensant que cet effort serait encore une perte de temps comme les fois précédentes. Sentant ma réticence, mon ami donna son numéro de téléphone, et nous sommes partis en leur disant au revoir. Le lendemain soir, mon ami vient chez moi et me dit que l’homme lui avait téléphoné et nous proposé un professeur. Mon ami me dit également qu’une rencontre avait été fixée le soir même. Je ne voulais pas gaspiller une autre soirée en vain, cependant sur l’insistance de mon ami, je décidais de l’accompagner. Une fois arrivée, l’homme âgé appela un autre homme, légèrement plus jeune que lui, mais aussi avec une barbe blanche, il lui dit quelques mots en yiddish et nous laissa avec lui. Il nous dit de nous asseoir et que nous commençons à étudier immédiatement. Il suggéra de commencer avec un article intitulé «une Introduction à la Kabbale», article que de nombreuses fois mon ami et moi avions tenté de comprendre. Nous nous sommes assis à une table dans une salle vide de la synagogue. L’homme commença à lire paragraphe après paragraphe et à expliquer leur signification. J’ai toujours du mal à me rappeler de ce moment, la nette sensation qu’après une longue quête, j’avais enfin trouvé ce que toute ma vie j’avais recherché et que je n’avais trouvé nulle part ailleurs. A la fin du cours, nous avons fixé le prochain pour le lendemain. Le lendemain je suis arrivé avec un magnétophone. On nous dit que le cours principal se tenait de 3 heures à 6 heures du matin, nous avons décidé d’assister à tous les cours matinaux. Nous venions également lors de la célébration de la nouvelle lune et comme tous les autres, nous apportions notre contribution financière mensuelle. Poussé par un désir de tout découvrir par moi-même et étant plus agressif, j’ai souvent eu des disputes. Tout ce qui nous concernait était constamment raconté au plus âgé, comme je l’ai découvert plus tard, qui voulait savoir où nous en étions. Un jour, notre professeur nous dit après la prière matinale, vers 7h, que le plus âgé était d’accord pour étudier avec moi «l’Introduction au livre du Zohar». Cependant voyant qu’après deux ou trois leçons, je ne comprenais rien, par

l’intermédiaire de notre professeur, il annonça que les leçons seraient interrompues. J’avais décidé de continuer à étudier même si je ne comprenais rien, j’étais prêt à lire n’importe quoi mécaniquement avec lui, poussé par la nécessité de comprendre le sens profond de ces lignes. Or, il devait savoir que mon heure n’était pas encore venue et stoppa les leçons, ce qui m’offensa terriblement. Plusieurs mois passèrent, et par l’intermédiaire d’un professeur, le plus ancien me demanda si je pouvais le conduire chez le docteur à Tel-Aviv. J’acceptais bien évidemment. En chemin il évoquait de nombreux sujets, moi de mon côté, j’essayais de lui poser des questions concernant la Kabbale. C’est alors qu’il me dit que bien que je ne comprenais rien, il me parlerait de tout, et avec le temps quand j’ai commencé à comprendre, il cessa d’être si ouvert avec moi. C’est ainsi que cela se passait, pendant des années, au lieu de réponses, j’entendais simplement la même réplique : «tu as déjà à Qui demander», c’est-à-dire le Créateur, «demande, crie, plaint toi, fait ce que tu veux, adresse toi à Lui et demande Lui tout !» Les consultations chez le docteur ne l’ayant pas aidé, il dut être hospitalisé un mois pour une otite. Comme j’avais pris l’habitude de l’accompagner de nombreuses fois chez le docteur, le jour où il fut hospitalisé, je décidais de rester à ses côtés. Pendant un mois, j’arrivais à l’hôpital à 4 heures du matin, escaladant le grillage, me faufilant dans le bâtiment et venait étudier. Cela dura un mois entier. A partir de ce moment, Baruch Shalom HaLevi Ashlag, le fils aîné du Baal HaSoulam, devint mon maître. Après sa sortie de l’hôpital, nous faisions régulièrement des promenades dans les parcs. A notre retour, je m’assaillais et mettais par écrit tout ce que j’avais entendu de sa bouche. Ces fréquentes promenades, de trois à quatre heures par jour, devinrent une coutume avec le temps. Lors des deux premières années, je n’ai pas cessé de demander la permission au Rabbi de venir habiter à côté de chez lui, mais il a toujours répondu qu’il n’en voyait pas l’utilité, car mes trajets de Rehovot représentaient des efforts spirituels bénéfiques.

Ainsi lorsque deux ans plus tard, le Rabbi me demanda de venir habiter à Bnei Brak pour la même raison, je n’étais pas empressé. Si incroyable qu’il soit, c’est lui qui me trouva un appartement dans son quartier et me pressa de déménager. A l’époque où j’habitais Rehovot, j’avais demandé l’autorisation auprès de mon maître afin d’enseigner à plusieurs classes dans différents endroits où par le passé j’allais pour rencontrer des gens qui tentaient d’étudier la Kabbale. Il n’eut pas l’air très enthousiaste à la nouvelle, mais plus tard, il me posa des questions sur mes classes. Lorsque je lui dits qu’il serait bien que plusieurs jeunes hommes se joignent à nous à Bnei Brak, il accepta prudemment. C’est ainsi que plusieurs dizaines de jeunes hommes arrivèrent à notre synagogue, et l’endroit si calme se transforma en un établissement plein de vie. Les six premiers mois, nous assistions à presque dix mariages. La vie du Rabbi, à ce moment là, reçue un nouveau sens. Il était enchanté par l’arrivée de nouvelles personnes désireuses d’apprendre la Kabbale. Notre journée commençait généralement à 3h du matin, on étudiait en groupe jusqu’à 6h, puis prière jusqu’à 7h. Tous les jours de 9h à midi, nous nous promenions dans le parc ou allions à la plage. Une fois rentrée, je rentrais chez moi travailler. De 17h à 21h, étude, ne s’arrêtant que pour le temps de la prière. Puis nous nous séparions et nous retrouvions à 3h du matin pour l’étude. Telle était notre routine pendant des années. J’ai enregistré tous les cours, et actuellement, j’ai une collection de plus de mille cassettes. Les cinq dernières années (à partir de 1987), mon maître décida que cela serait une bonne idée d’aller à Tibériade pour plusieurs jours. Ces voyages qui nous éloignaient de tous, renforcèrent notre proximité. Avec les années, je réalisais l’immense gouffre nous séparant quant à la perception spirituelle et je ne savais pas comment le surmonter. Je percevais davantage ce gouffre à chaque fois que je le voyais si enthousiasmé d’être arrivé à supprimer certains besoins physiques. A ses yeux, toute décision avait force de loi, que cela soit relatif à l’emploi du temps et aux horaires à suivre strictement, sans faire fi de la fatigue ou de la maladie. Il travaillait à la limite de l’effondrement physique, il honorait toutes ses obligations dans les moindres détails sans diminuer la moindre tâche. La fatigue l’opprimait, il souffrait de difficultés respiratoires, mais jamais il n’annula un cours ou un rendez vous, il n’a jamais rejeté ses responsabilités sur quelqu’un d’autre.

En observant sa bravoure, je commençais à perdre confiance en moi et en mes possibilités de succès, pire même, je compris que cette force surnaturelle émanait de la réalisation de la grandeur de la tâche à accomplir et de la Force Supérieure. Je ne pourrais jamais oublier un seul des moments passés avec lui lors de nos excursions à Tibériade et au Mont Méron, lors de longues soirées assis en face de lui, absorbant son regard, ses paroles, ses chansons. Ces souvenirs sont vivants au plus profond de moi et j’espère que même de nos jours, ils détermineront et fixeront mon chemin. Les informations réunies au cours de notre contact quotidien, durant douze années, vivent et agissent de manière indépendante. Très souvent, mon maître prononçait quelque chose d’incompréhensible après un discours, parfois ajoutant qu’il avait dit la phrase dans le but de s’assurer que ces paroles voient le jour et ainsi elles vivraient et agiraient dans ce monde. Les kabbalistes depuis la nuit des temps se réunissent en groupe pour étudier, c’est pour cette raison que j’ai demandé à mon maître d’organiser de tels groupes pour les débutants et de nous suggérer le programme de ces réunions par écrit. Cela le conduisit à écrire des articles hebdomadaires et ce pratiquement jusqu’à ses derniers jours. Il en résulte qu’il nous a laissé plusieurs volumes d’un matériel extraordinaire, qui avec les enregistrements audio faits au cours des années, constituent une collection de commentaires et d’explications de toute la Kabbale. Le jour du Nouvel An, soudainement mon maître se senti mal, il senti une pression dans la poitrine. Ce n’est qu’après un long travail de persuasion qu’il accepta d’être hospitalisé. Les docteurs ne trouvèrent rien d’alarmant, mais tôt le matin, le 5ème jour du mois de Tishrei 5752 (1991), il décéda. Des dizaines d’étudiants qui avaient rejoint le groupe ces dernières années continuent d’étudier la Kabbale et recherchent la signification intrinsèque de la création. L’enseignement continue, tout comme dans les siècles passés. Le Rav Yéhouda Ashlag et son fils aîné, le Rav Baruch Ashlag, mon maître, à travers leurs efforts ont développé et adapté cet enseignement aux besoins de cette génération, aux types d’âmes qui descendent dans ce monde actuellement. L’information spirituelle est transmise du kabbaliste d’En haut sans avoir à utiliser des mots, elle est reçue simultanément par tous ses organes des sens, ainsi que par son intellect. C’est ainsi qu’elle est saisit instantanément dans toute son intégralité.

Cette information ne peut être transmise que d’un kabbaliste à un autre kabbaliste, qui doit être au même niveau spirituel ou à un niveau supérieur. Il est impossible de communiquer la même information à une personne qui n’a pas atteint le bon degré spirituel, ou qui n’a pas encore pénétrée les sphères spirituelles parce qu’une telle personne ne possède pas les instruments de perception nécessaires. Parfois un professeur peut recourir à une élévation spirituelle artificielle de l’étudiant à l’aide du niveau spirituel du professeur en se servant de l’écran du professeur (Massach). Dans ce cas, un étudiant peut avoir une certaine idée de l’essence des forces et actions spirituelles. Pour faire passer l’information à ceux qui n’ont pas encore atteint les sphères spirituelles, des ressources standard de transmission de l’information sont utilisées: textes, discours, contact direct, exemple personnel. Comme nous le savons à partir de la description de la signification des lettres (à partir de l’article intitulé: Les Noms du Créateur), elles peuvent être employées pour transmettre bien plus que le sens littéral, elles peuvent aussi être utilisées pour donner l’information spirituelle, son contenu intrinsèque. Cependant tant que la personne n’a pas acquis les perceptions correspondant à la signification spirituelle des noms et des actions, la lecture des mots peut être comparée à des assiettes vides posées sur la table auxquelles sont adjointes des étiquettes portant les noms des délicieux plats. La musique présente un type de transmission plus abstrait. Tout comme une lumière invisible, elle comprend sept forces, qualités, tons primaires, à la lumière des faits, l’entité spirituelle (Partsouf) gouvernant notre monde, est connue comme Partsouf Zeir Anpin de Atsilout, avec sept parties ou Sefirot. Sous certaines conditions, une personne discernera différents états spirituels du compositeur de la mélodie kabbalistique. Cette personne n’a pas besoin d’être au même niveau spirituel que le compositeur de la mélodie. En fait, la signification intrinsèque peut être saisie au degré du niveau spirituel de la personne le lui permettant. En 1996, 1998 et 2000 trois CD du Baal HaSoulam et du Rabash furent enregistrés et diffusés. Les mélodies sont présentées tel que le Rav Michaël Laitman les a entendues de son maître Baruch Ashlag. Certaines de ces mélodies ont été composées sur les Psaumes, ou autres textes de prières. Qui plus est, le son des mélodies porte en lui de grandes informations kabbalistiques.