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REVUE DE L’ORDRE DES URBANISTES DU QUÉBEC 11,25 $ Envoi de Poste-publication N° de convention : 400 33 006 AUTOMNE 2014 Renouvellement urbain MARC-ANDRE GRENIER, PHOTOMAG | CONCEPTION : ROCHE URBANEX PLURITEC

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R E V U E D E L ’ O R D R E D E S U R B A N I S T E S D U Q U É B E C

11,25 $Envoi de Poste-publicationN° de convention : 400 33 006 AUTOMNE 2014

Renouvellement urbain

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La Polyvalence de la conception n’est que le début.Commencez par le fait que seuls les revêtements de vinyle offrent la palette diversifiée de profils pré-finis, couleurs, textures, garnitures et accessoires pour répondre à un éventail de styles de balayage à domicile et de goûts de conception.

Maintenant, considérons la façon dont il a été prouvé pour résister à l’épreuve du temps, y compris la rétention de la couleur, avec considérablement moins d’impact sur l’environnement que le fibrociment ou la

brique. Puis ajouter quelques-unes des garanties les plus longues et les plus fortes dans l’industrie du revêtement.

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Possibilités

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R E V U E D E L ’ O R D R E D E S U R B A N I S T E S D U Q U É B E C

11,25 $Envoi de Poste-publicationN° de convention : 400 33 006 AUTOMNE 2014

Renouvellement urbain

sommaire

» Mot du président 4Donald Bonsant, urbaniste

» Actualités 5Distinctions pour le réaménagementdu Vieux-Trois-RivièresSarah Kraemer, urbaniste-stagiaire

Les eaux du Québec mieux protégéesFrançois Goulet, urbaniste

» Lecture 7Comment faire vieillir les villes intelligentes ?Francis Lepage, urbaniste

Gestion durable du stationnement, un nouveau guideFélix Gravel, urbaniste-stagiaire

ONU-HABITATLa rue, espace clé d’une ville prospèreAndré-Anne Cadieux, urbaniste-stagiaire

KITAKINANLa ville, milieu autochtoneJacques Trudel, urbaniste

» Pratique régionale 10

LA CONSERVATION DES MILIEUX NATURELS PAR LES MUNICIPALITÉSPouvoirs et argumentsJean-François Girard

» Pratique municipale 14DRUMMONDVILLERéhabilitation d’une friche industrielle patrimonialeFay Roy-Langelier et François Dufaux

» International 17ONU-HABITATUne analyse de la question urbaine dans le monde Charlotte Horny, urbaniste

dossier Regards sur le renouvellement urbain» ENTRETIEN AVEC CLÉMENT DEMERS,

URBANISTE ÉMÉRITEOser le développement urbain 20Propos recueillis par Amélie Castaing-Rigaud,urbaniste-stagiaire

» CONTRER L’ÉTALEMENTReconstruire les villes etles banlieues sur elles-mêmes 22David Paradis, urbaniste

» LE PLATEAU CENTRE DE SAINTE-FOYUne planification à long termepour un secteur en transformation 25Diane Collin, urbaniste

» La requalification de la courde voirie Honoré-Beaugrand 29André-Anne Cadieux, urbaniste-stagiaire

» L’habitation communautaire,levier de mixité sociale 32Edith Cyr

» MISSION D’ÉTUDELe renouvellement urbainen Fennoscandie 35Jean-François L. Vachon, urbaniste

» ENTRETIEN AVEC CHANTAL TALLANDCroire au potentiel des quartiers 38Propos recueillis par Amélie Castaing-Rigaud,urbaniste-stagiaire

» BUFFALORevitaliser un quartierà la fois ne suffit pas 40Joël Thibert, urbaniste

Le réaménagement de la placePierre-Boucher et du parc du Platondans l’arrondissement historiquede Trois-Rivières est emblématiquedu renouvellement urbain trifluvien.Par la qualité de son design, de sonintégration et son esthétique, le projetaura redonné à ce lieu fondateur touteson importance symbolique et historique.

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» Chronique juridique 42Les enjeux du zonage religieuxFrédéric Dejean

» Regard sur le passé 44ÉVALUATION DES GRANDS PROJETSLa saga inachevée du Projet ArchipelJacques Trudel, urbaniste

» Nouvelles de l’Ordre 47Comité développement durable,les chantiers progressent

SOUPER-CONFÉRENCE DES URBANISTES DE L’OUTAOUAISUrbanisme et gouvernanceMarie-Josée Casaubon, urbaniste

Geneviève Masson nommée directricedes communications

» À l’agenda 50

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Le renouvellement urbain,un défi lancé à l’urbaniste!

mot du président

En cette saison automnale, après des vacances bien reposantes (je l’espère!), c’estle temps de retourner à nos projets respectifs, mais aussi de se questionner surnos façons de faire, comme nous le propose le thème de ce présent numéro :Le renouvellement urbain. C’est en mettant en évidence la complexité des processuset des enjeux entourant le travail de l’urbaniste en relation avec cette réalité quej’aimerais aborder le sujet avec vous.

Réponses à vos questions sur les ordres professionnels

www.ordredeproteger.com.

4 URBANITÉ | AUTOMNE 2014

Dans la plupart des projets de renouvellement urbain, la multi -tude des parties prenantes fait en sorte que la tâche devientrapidement très imposante. Les citoyens, les élus, les usagersdu territoire, les commerçants, les entreprises, les servicespublics et autres ont généralement des besoins et des pointsde vue différents. Concilier les intérêts de chacun au bénéfice dela collectivité et du bien public devient alors un défi gigantesque.

Le rôle de l’urbaniste se limitant trop souvent à réglementerles transformations du milieu urbain, plusieurs en viennent àpercevoir ses interventions comme un frein à l’innovation,d’autant plus que, dans bien des cas, la réglementation s’avèrelourde, difficilement applicable et incompréhensible pour lesdifférents acteurs du renouvellement. Pourtant, n’est-ce pas lesavoir et les capacités d’innovation de l’urbaniste qui devraienttransparaître dans des projets de renouveau urbain? Malheu reu -sement, ce que l’on retient trop souvent, c’est la lourdeur de laréglementation qui allonge notamment les délais d’approbation,entraînant frustrations et déceptions chez la population, les éluset les acteurs économiques concernés.

L’urbaniste, comme agent de changement, devrait plutôt pouvoirinfluencer les acteurs économiques et politiques par des pro po -sitions concrètes, viables et durables, et non seulement en secontentant de réglementer. L’urbaniste devrait également êtreen mesure de soutenir la population, les élus et les autres partiesprenantes de façon à bien faire saisir à chacun les enjeux et lesopportunités qu’offre le renouveau urbain en termes de qualitéde vie des citoyens, de vitalité économique des villes et villagesdu Québec ainsi que de durabilité des aménagements réalisésdans le cadre des projets de redéveloppement.

En fait, pour qu’un projet de renouvellement urbain soit des plusharmonieux, tout en étant respectueux des besoins des acteursconcernés, l’urbaniste devrait faire partie de toutes les étapes desa mise en œuvre et s’activer à simplifier les différents processusd’approbation.

Le président,Donald Bonsant, urbaniste

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actualités

» SARAH KRAEMER, urbaniste-stagiaire

Distinctions pour le réaménagementdu Vieux-Trois-Rivières

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Cet été, Urbanex, une division de la firmeRoche Ltée, a obtenu deux prix nationaux pourle réaménagement de la place Pierre-Boucheret du parc Platon dans le Vieux-Trois-Rivières :un certificat de mérite dans le cadre des prixnationaux en design urbain de l’Institut Royald’Architecture du Canada (IRAC) et le prixd’excellence en urbanisme dans la catégoriedu design urbain de l’Institut Canadien desUrbanistes (ICU). L’obtention de ces deuxprix reconnaît la qualité du design urbain dansle concept d’ensemble de la réinterprétationdes lieux.

Les projets de réaménagement de la placePierre-Boucher et du parc Platon sont issusd’une réflexion stratégique sur la mise envaleur de l’arron dis se ment historique deTrois-Rivières. Cette réflexion a soulignél’importance de créer un lien entre le Vieux-Trois-Rivières et la zone portuaire afin d’attirerles visiteurs vers le quartier historique enmisant sur le caractère patrimonial des lieux.

Le parc Platon, situé entre la basse-ville (zoneportuaire) et la haute-ville (arrondis se menthistorique), a été réaménagé pour le rendreplus accessible et plus visible à traversl’intégration d’un escalier monumental dont lesinscriptions gravées dans les marchesracontent l’histoire de la ville de Trois-Rivières.

Dans le même axe et à proximité du parcPlaton, la place Pierre-Boucher – dite « placedu Flambeau » – a été réaménagée pour luiredonner ses titres de noblesse en tantque porte d’entrée du Vieux-Trois-Rivières.Une nou velle configuration de la placeaccentue le monument du flambeau et créeun espace urbain convivial et dynamiquefaisant appel à l’histoire du lieu à traversle design urbain, notamment l’évocationde l’église paroissiale disparue en 1908.La géométrie du site a été égale ment repenséepour sécuriser les déplacements des piétons,réduire l’impact de la circulation automobile etassurer l’intégration de la nou velle place dansson contexte urbain.

Pour plus d’information sur les prix de l’IRACet de l’ICU et sur les projets, consultez lessites de l’IRAC (www.raic.org) et de l’ICU(www.cip-icu.ca).

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actualités

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Les eaux du Québec mieux protégées

L’édiction du Règlement sur le prélèvement des eaux etleur pro tection (RPEP), faite le 16 juillet 2014, instaure desdispositions enca drant notamment les activités d’explorationet d’ex ploi tation pétro lières et gazières pour assurerla protection de l’eau au Québec. Il est entré en vigueur enmajeure partie le 14 août 2014.

Dorénavant, une étude hydrogéologique préalable dansun rayon de 2 kilomètres doit obligatoirement être effectuéepour évaluer les répercussions potentielles d’un forageprojeté et de son exploitation subséquente. Une distanceminimale de 500 mètres devra être maintenue entre un sitede prélèvement d’eau sou terraine et un sondage strati gra -phique ou un site de forage pour le pétrole ou le gaz naturel.Cette distance minimale peut être augmentée si l’étudehydro-géologique préalable en démontre la nécessité.

Le RPEP fixe à 600 mètres la distance séparatrice à laverticale, sous la surface du sol, où il sera interdit de réaliserla complétion par fracturation d’un segment de puits derecherche ou d’exploitation de pétrole ou de gaz naturel.

Le RPEP offre également une série d’allégements aux agri cul -teurs, et ce, sans compromettre la sécurité des approvision -nements en eau potable.

Dorénavant, une étude de l’impact économique sur lesactivités agricoles devra être réalisée par les municipalitéspour un nouveau prélèvement d’eau. L’épandage estmaintenant permis à plus de 100 mètres du site de prélè ve -ment d’eau souterraine s’il s’agit d’une aire de vulné ra bilitémoyenne. L’épandage est toujours permis à partir de30 mètres dans une aire de vulnérabilité faible.

La distance séparatrice de 300 mètres est abolie entre unpuits et les amas au champ (stockage de déjections animalesou de compost) lorsqu’il s’agit d’une aire de vulnérabilitéfaible. Des bâtiments d’élevage d’animaux ou des ouvragesde stockage sont maintenant permis à plus de 100 mètresd’un site de prélèvement d’eau souterraine si l’étanchéité estattestée par un professionnel, et ce, même dans les aires devulnérabilité moyenne ou élevée.

Toutefois, il est maintenant interdit d’épandre des matièresfertilisantes à moins de 500 mètres en amont et de 50 mètresen aval d’un site de prélèvement d’eau de surface situé enrivière sur une bande de terre de 10 mètres le long des berges.

Le RPEP remplace dorénavant le Règlement sur le captagedes eaux souterraines. L’application de certaines dispositionscon fiées aux municipalités n’entrera en vigueur qu’en mars etavril 2015. Pour en savoir plus : www.protegeonsleau.gouv.qc.ca

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» FRANÇOIS GOULET, urbaniste

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lecture

Entre marketing politique et possibilités technologiques, le conceptde ville intelligente demeure un concept aussi attrayant que flou.Dans son essai intitulé : Smart City : Théorie et critique d'un idéalauto-réalisateur, Antoine Picon, ingénieur, architecte et docteur enhistoire, avance l’hypothèse que la ville dotée d’une certaine formed’intelligence existe déjà.

De nombreux exemples de l’informatique ubiquitaire tels que lagéolocalisation ou la réalité augmentée illustrent les profondestransformations de l’expérience urbaine. Les villes se transformenten systèmes d’information renseignant usagers, opérateurs etdécideurs en temps réel. Le potentiel que revêtent les technologiesnumériques en termes de contrôle, de suivi et d’efficience mana -gérial est grand. Mais au-delà des avantages, l’application destechnologies numériques soulève des questions d’ordre moral. Ladistinction entre opérateurs et usagers devient floue. Ce constatébranle la notion de gouvernance établie.

L’imaginaire des écrivains et des scénaristes a transmis une visionde la ville intelligente dirigée depuis une salle de contrôlecentralisée. Mis à part la maintenance des infrastructures de baseet la coordination des services publics, la ville intelligente seconstruit plutôt dans un esprit de partage de l’information, soulignel’auteur. Sans cette approche conversationnelle – homme-machine– le concept de ville intelligente s’appuie sur une approcheexagérément simplifiée de la ville.

Ce brillant essai est un incontournable pour quiconque s’intéresseà la ville intelligente. L’auteur nous laisse sur un questionnementdéterminant : « Nous vivons déjà dans la ville intelligente et celle-ci paraît figée dans une jeunesse sans âge. [...] Comment fairevieillir les villes intelligentes? »

» FRANCIS LEPAGE, urbaniste

Comment faire vieillirles villes intelligentes ?

Antoine Picon,Smart City : Théorie et critiqued'un idéal auto-réalisateur,Éditions B2, Paris, 2013

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Le rapport intitulé Streets as public spacesand drivers of urban prosperity, publiépar ONU-Habitat (en anglais seu le ment),explique la notion de « pros péritéurbaine » de même que « l’index deprospérité des villes » (City ProsperityIndex ou CPI), issu des travaux réalisésdans le cadre du Monitoring UrbanInequities Program. Dans sa premièreversion, le CPI com pre nait cinq dimen -sions servant à mesurer la prospéritéurbaine : la productivité, le dévelop pe -ment des infrastructures, la qualité de vie,l’équité et l’inclusion sociale ainsi que ladurabilité environ ne mentale1. Dans unenouvelle version du CPI, le concept de« rue prospère » a été ajouté, un termeétroitement lié à la recon nais sance de lamultifonctionnalité de la rue.

Ce document constitue une premièretentative de mesurer la « connectivité desrues » en tant qu’élément clé d’une villeprospère dans le cadre du CPI, ce quitraduit la reconnaissance de l’importancede la rue, entre autres, pour la mobilitédes personnes et des marchandises, lasanté publique, la vitalité commerciale, laplanification des infrastructures urbaines

et, avant tout, en tant qu’espace public.Au total, soixante villes de régions déve -loppées et en développement ont étésélectionnées pour faire partie de l’étude.

Le premier chapitre du rapport proposeune pers pective historique de l’orga ni -sation des rues, rappelant leurs diffé -rentes fonctions politiques, économiqueset sociales ainsi que l’impact de cesfonctions sur leur configuration (largeur,trame organique ou orthogonale). Ledeuxième chapitre défi nit le concept de« rue prospère » ainsi que la métho do logieet les paramètres utilisés pour mesurer laconnectivité, grâce au Com posite StreetConnectivity Index (CSCI).

Les deux chapitres suivants dressent unportrait de l’espace dédié à la rue,notamment sa place dans la sphèrepublique et les politiques mises en placepour favoriser la rue comme espace publicdans les pays développés et endéveloppement. Le cin quième et dernierchapitre fait état des résultats du CPIobtenu dans les différentes villes del’étude. Les villes qui obtiennent un CPIsupérieur à 0.800 (sur 1) sont des villesqui bénéficient d’une grande connec tivitéde leur réseau routier, possèdent un bon

dévelop pe mentde leurs infra -struc tures, ont uneforte pro ductivitéet une efficacitéenvi ronnementaleélevée ainsi qu’unbon niveau d’in -clu sion et d’équitésociale. Par exem -ple les villes deParis et de Torontoobtien nent un CPIégal ou supérieurà 0.900 (sur 1)alors que les villesde Nairobi et La Paz obtiennent un CPIinfé rieur à 0.600.

Comme le mentionne le document,l’adage « ce qui se mesure se réalise »donne un sens au travail accompli parONU-Habitat. Le CPI se veut un outil pourinciter les villes à adopter de nouvellespolitiques favo risant l’aménagement derues complètes et viables dans l’optiqued’atteindre une prospérité urbaine.

UN-Habitat (2013). Streets as publicspaces and drivers of urban prosperity.152 p.

» ANDRÉ-ANNE CADIEUX, urbaniste-stagiaire

ONU-HABITAT

La rue, espace clé d’une ville prospère

lecture

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Le guide publié par le Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-Montréal), Le stationnement,un outil incontournable de gestion de la mobilité et de l'aménagement durables, offre des pistes novatricespour que le stationnement soit géré différemment par les urbanistes.

À l’heure où l’on cherche comment financer l’entretien d’un réseau routier vieillissant, où les auto mobilistessouffrent de la congestion chronique sur le réseau, où l’on cherche à réduire les impacts négatifs liés à laprésence de l’automobile en ville comme les émissions de GES, la dépendance au pétrole et les impacts surl’environnement, où l’on souhaite faire davantage bouger la population, où l’on veut améliorer la vitalitééconomique et la qualité du milieu de vie dans les villes, on se rend compte que la façon actuelle de gérerle stationnement non seulement n’y répond absolument pas, mais contribue à exacerber les problèmes.

Présentée comme une source de problèmes dans nos villes, la question du stationnement devient unesolution lorsqu’une stratégie de gestion intégrée est mise de l’avant. Dans le guide, beaucoup d’exemplesconcrets d’actions posées dans diverses villes dans le monde font la démonstration de la diversité d’outilsdisponibles pour mieux gérer ces espaces consacrés à l’automobile. Le CRE-Montréal souhaite ainsi ouvrirde nouvelles perspectives dans ce domaine pour les villes du Québec qui, par l’application de nouvelles pratiques, ne pourrontqu’en retirer des bénéfices, et ce, non seulement du point de vue de l’environnement, de l’aménagement et du transport, maisaussi sur les plans économique et social.

CRE-Montréal, Le stationnement, un outil incontournable de gestion de la mobilité et de l’aménagement durable, 2014,85 pages.

Gestion durable du stationnement, un nouveau guide

1 Pour un énoncé plus détaillé de ces dimensions, voir l’article de Charlotte Horny dans la chronique internationale de ce numéro, page 17.

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» FÉLIX GRAVEL, urbaniste-stagiaire

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Tout ce qui concerne la ville comme milieuintéresse les urbanistes. Kitakinan... parceque la ville est aussi autochtone, est unouvrage à caractère d’abord anthro po -logique. S’il n’aborde que très indirecte -ment les questions d’aménagement, ilmérite néanmoins notre attention. Nonseulement nous rappelle-t-il la réalitéencore et toujours négligée qu’est cheznous la présence autochtone, particuliè -rement en milieu urbain, mais il exploreégalement les formes d’inscription dansles milieux de vie urbains qui en décou -lent et qui peuvent modifier le sens deslieux où l’aménagement est susceptibled’intervenir. Comme l’indique la préfaced’Édith Cloutier, « la ville devient un lieupropice qui favorise l’expression d’unenouvelle forme de citoyenneté chez lesPremiers Peuples ».

L’auteure de l’ouvrage, l’anthropologueFrédérique Cornellier, est agente derecherche à l’Université du Québec enAbitibi-Témiscamingue et animatrice d’unprojet qui vise à favoriser la réussitescolaire des élèves autochtones. Son livreest le fruit de travaux de recherche qu’ellea effectués à Val d’Or, une ville fréquentéepar plusieurs générations de diversesnations et communautés et où bonnombre d’Autochtones se sont éta blis defaçon plus ou moins permanente.

Le titre Kitakinan est emblématique del’ensemble du propos. C’est un motalgonquin qui signifie « notre territoire »,mais avec une nuance particulière quiajoute la notion d’en « faire partie » (p. 17).Il s’agit bien de reconnaître l’émergence

d’une communauté autochtone qui sedote d’une structure sociale de typeurbain s’inscrivant dans son envi ron -nement. L’approche originale adoptéeconsiste ainsi à aborder la ville en tantque nouvel environnement autochtone.Comme l’exprime l’auteure : « Cette dé -marche se veut novatrice en anthro po -logie car elle traite de deux populations(les autochtones et les non-autochtones)et d’un environnement (la ville)rarement liés sous l’angle de relationsmultilatérales. »

Après une introduction qui explicitel’approche adoptée, quatre chapitresexposent successivement l’historique dumilieu étudié, soit la ville de Val-d’Oret le contexte régional de l’Abitibi-Témiscamingue, les réseaux et modes destructuration sociale adoptés par lesAutochtones dans ce milieu, les lieuxfréquentés au quotidien avec leur impli -cation sur la participation aux activitésurbaines et finalement, les dynamiquessociales qui s’instaurent avec la popu -lation et ce qui en résulte en termesd’interrelations et de perceptions.

L’observation des lieux fréquentés ethabités fait l’objet d’une insistance parti -culière, et c’est ce qui permet le mieux devoir les relations concrètes avec l’aména -gement du territoire, selon ses dimen -sions plus ou moins grandes de convi -vialité, d’adaptabilité et d’ouverture à ladiversité. C’est ce qui permet aussi d’ima -giner comment certaines dispositionsd’aménagement et certaines formesd’équipements urbains peuvent faciliterle côtoiement positif et la cohabitationharmonieuse des communautés.

L’aménagement et l’occupation du terri -toire doivent refléter la présence autoch -tone dans le respect des spécificités, descultures et des droits, partout où il estpertinent de le faire. Le principe en estd’ailleurs reconnu à l’article 5 de la Loipour assurer l’occu pation et la vitalité desterritoires (projet de loi 34). Toutefois, lesorientations d’aménagement ont rare -ment su, jusqu’à maintenant, commentintégrer cette préoccupation qui demeurepeu présente dans les outils d’aména ge -ment. L’apport majeur de ce livre pour lemilieu urba nistique sera d’alimenter notreréflexion sur cette importante question.

Frédérique Cornellier. Kitakinan...parce que la ville est aussi autochtone.Éditions du Quartz, Collection Bâton deparole, 2013, 165 pages.

L’auteure de la préface, Édith Cloutier, directrice générale du Centred’amitié autochtone de Val-d’Or, est une personnalité autochtonereconnue pour son implication de longue date dans le mouvementdes Centres d’amitié autochtones du Québec.

» JACQUES TRUDEL, urbaniste

KITAKINAN

La ville, milieu autochtone

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pratique régionale

LA CONSERVATION DES MILIEUX NATURELS PAR LES MUNICIPALITÉS

Pouvoirs et argumentsLes municipalités sont de plus en plus placées sur la ligne de front en matière d’environnement, en général, et de conservation desmilieux naturels (milieux humides ou boisés), en particulier. Or, en cette dernière matière, les lois encadrant le monde municipal,ainsi que le Code civil du Québec, offrent une panoplie d’outils permettant aux pouvoirs municipaux d’intervenir en faveur de laconservation des milieux naturels sur leur territoire.

Pendant longtemps, les élus ont hésité àfaire usage de ces outils, de crainte de sevoir attaquer devant les tribunaux pourexpropriation déguisée. Ce statu quoobservé pendant plusieurs années a faitla part belle des développeurs qui ontprofité de ces années de laisser-fairepour continuer le développement duterritoire.

Pourtant, les constats sont aujourd’huiinquiétants : les milieux naturels occu -pent une part de moins en moins grandedu territoire dans les milieux urbainset périurbains. Le Plan métro politaind’amé nagement et de dévelop pement(PMAD) de la Communauté métro po -litaine de Montréal (CMM) expose :

• la superficie totale des milieux boiséssur le territoire de la CMM est de19,2 %;

• les milieux humides occupent 4,6 %de ce même territoire;

• la superficie actuelle des airesprotégées sur le territoire de la CMMest de 9,6 %; et

• la superficie du territoire de la CMMprésentant un potentiel de conser -vation est de 21,1 %.

Or, il est reconnu dans la littératurescientifique qu’il peut y avoir une baissesignificative de la diversité biologiquelorsque le couvert forestier d’une régionpasse sous le seuil de 30 % de la surfaced’un territoire.1 On constate donc que,dans la situation actuelle, la superficiecouverte par les milieux naturels sur leterritoire de la CMM est en deçà desseuils critiques pour le maintien deséquilibres écosystémiques dynamiques.

Mais les choses changent. En mai 2014,la Ville de Saint-Bruno-de-Montarville apublié un premier « plan de conser -vation » par lequel elle entend protéger91 % des milieux humides encore pré -sents sur son territoire2. Le PMAD de laCMM, pour sa part, propose de protégerles milieux naturels sur 17 % de sonterritoire, osant même suggérer qu’ilfaudra y augmenter la superficie desespaces boisés jusqu’à atteindre le seuilcritique de 30 %.

Comment atteindre ces objectifs? Etsurtout, comment assurer la protection

de tous les milieux naturels qui méri tentd’être protégés sans, obligatoi rement, enfaire l’acquisition? Parce que là réside levéritable enjeu : nous ne serons jamaisassez riches, collecti vement, pour acqué -rir tout ce qui mérite d’être pro tégé.Est-ce à dire que les milieux naturelsqui ne peuvent être acquis par lesautorités publiques sont irrémé dia -blement condamnés à être développés?Nous ne le croyons pas et, en cela, noussommes d’avis que les municipalités duQuébec doivent pleinement assumer lespouvoirs qu’elles détiennent en matièred’amé nagement du territoire pour mettreen place les conditions d’un dévelop -pement de leur territoire qui tienne

vérita ble ment compte de la capacité desupport du milieu3.

Sur la base du cinquième enjeu de sonplan quinquennal « L’environnement :l’urgence d’agir », la Conférence régio -nale des élus de Montréal (CRÉ deMontréal), pour sa part, souhaite dé ve -lopper de nouvelles pratiques et de nou -veaux espaces propices à la protectiondes espèces et à la préser vation de labiodiversité. C’est dans ce contexte quenous fut confié le mandat, au cours del’année 2013, de brosser un tableau pré -sentant de façon exhaustive et compa -

rative les méca nismes offerts par lerégime juridique, le tout dans la pers -pective d’habiliter davantage les acteursmunicipaux en faveur de la conservationdes milieux naturels4.

En peu de mots nous dirons : l’inten -dance publique doit précéder lesmesures d’intendance privée.

Ici, une petite explication s’impose.On observe que le domaine de la con ser -vation se divise en deux volets : laconservation réalisée suite à des initia -tives étatiques, c’est ce que nouspourrions appeler l’intendance publi que,pour l’opposer à l’intendance privée, quiconstitue le deuxième volet de la

» JEAN-FRANÇOIS GIRARD

1 DUCHESNE, S., BÉLANGER, L., GRENIER, M., HONE, F. (1999), Guide de conservation des corridors forestiers en milieu agricole, Environnement Canada, Service canadien de la faune, 60 pages, cité dansCOMMUNAUTÉ MÉTROPOLITAINE DE MONTRÉAL, Projet de Plan métropolitain d’aménagement et de développement, avril 2011, p. 114.

2 Éric-Pierre CHAMPAGNE, « Saint-Bruno veut ralentir le développement sur son territoire », La Presse, 23 mai 2014.3 La Loi sur le développement durable pose le principe que « les activités humaines doivent être respectueuses de la capacité de support des écosystèmes et en assurer la pérennité » (art. 6, par. m)).4 Le rapport de recherche juridique peut être consulté à l’adresse suivante : http://rapport.credemontreal.qc.ca/doc/cre-de-montreal/rapportrecherche/2014022502/#2

« [...] les municipalités du Québec doiventpleinement assumer les pouvoirs qu’elles détiennenten matière d’aménagement du territoire pour mettre

en place les conditions d’un développementde leur territoire qui tienne véritablement compte

de la capacité du support du milieu. »

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pratique régionale

conservation. Afin de réaliser des projetsde conservation, l’État dispose d’uncorpus législatif lui permettant de pro -téger certaines caractéristiques patri -moniales particulières, en fonction desbuts et objectifs de la loi utilisée. Ledeuxième volet de la conservation,l’intendance privée, permet pour sa partd’atteindre une complémentarité avecles actions de l’État. Ainsi, l’inten danceprivée, aussi parfois appelée conser -vation volontaire, pourrait être définiepar l’ensemble des initiatives de con ser -vation prises sous la gou verne de parti -culiers, de personnes morales de droitprivé ou de toute autre forme d’orga ni sa -tion à caractère privé. Ainsi, l’intendanceprivée est géné ra lement le fait d’orga -nismes de conser vation, soit des orga -nisations commu nautaires qui assurentla protection de ces sites stratégiquespour le bénéfice de la collectivité.Canards Illimités, Nature-Action Québecet Conservation de la nature fontcertainement partie des organismes lesplus connus en ce domaine au Québec.

Dans ce continuum allant de l’inten -dance publique à l’intendance privée, lesmunicipalités se trouvent à l’inter faceentre les deux types d’intendance.Disposant d’importants pouvoirs régle -mentaires, les municipalités jouent unrôle important, voire fondamental, dansle devenir de leur territoire. On cons tateen effet que la Loi sur l’aména gement etl’urbanisme (LAU) offre aux munici pa litésles pouvoirs nécessaires pour pro tégerplus particulièrement deux types demilieux, soit les milieux humides et lesboisés. L’étude des prin cipes déve loppéspar la jurisprudence nous permetd’avancer qu’il est possible de protégerdes milieux natu rels sans néces sai re -ment passer par un zonage de « conser -vation ». Il s’agit plutôt, à partir desdispositions perti nentes de la LAU,d’imposer des restrictions à la gammedes usages anthropiques pouvant sedérouler sur un immeuble de façon àfavoriser le maintien de l’intégrité desmilieux naturels qui s’y trouvent.

En fait, il y a lieu de constater commentle zonage municipal crée le marché.Deux auteurs français expliquent :

« Lorsqu’on laisse au marché le soinde décider des usages du sol,l’activité la plus rémunératrice pré -vaut en chaque lieu. De fait, dès lorsque certains usages sont utiles à lacollectivité mais ne peu vent êtresuffisamment rémunérés par lemarché, la question de leur pré ser -vation se pose. En France, le zonagea constitué l’instrument privilégié del’intervention publi que pour préser -ver les usages du sol menacés. Il apour but de créer des marchéssegmentés en fonc tion des typesd’usage du sol. » 5

Forcément, le zonage municipal créedonc un marché des biens fonciers selonles affectations des différentes portionsdu territoire municipal.

Or, en matière de zonage, le législateurmunicipal n’est pas tenu de suivrel’affectation que privilégieraient les loisdu marché.7 En effet, tel que les tri bu -naux ont eu l’occasion de le souligner àquelques reprises, « ce n’est pas non plusparce qu’une loi ou un règlement dezonage tend à stériliser une partie dudroit de propriété ou de son exer cice,même de façon draconienne, qu’il endevient abusif et inopposable ».8 DansMunicipalité de Ste-Cécile-de-Whitton c.Lachance, en 1983, la Cour supérieure amême déclaré que « [l’]application immé -diate de la nou velle réglementationmunicipale cause indéniablement uneperte financière à court terme à l’exploi -tant mais a un effet bénéfique importantsur l’environnement ».9

5 Ghislain GENIAUX Claude NAPOLÉONE, « Rente foncière et anticipations dans le périurbain », Économie et Prévision, no 168 2005-2, pp. 77-93, à la page 77.6 Lorne GIROUX, Aspects juridiques du règlement de zonage au Québec, Québec, PUL, 1979, pp. 68 et 69.7 Marc-André LECHASSEUR, Le zonage en droit québécois, Montréal, Wilson et Lafleur, 2006, p. 41.8 Corporation municipale de Wendover et Simpson c. Filion, [1992] R.D.I. 267 (C.A.), EYB 1992-63873 (C.A.), par. 31, citant Commission de protection du territoire agricole du Québec c. Venne, [1989] 1 R.C.S.

880. Voir aussi Municipalité de Frelighsburg c. Entreprises Sibeca inc., REJB 2002-35880 (C.A.), conf. Entreprises Sibeca inc. c. Frelighsburg (Municipalité), [2004] 3 R.C.S. 304.

Il est admis par la doctrine et la jurisprudence qu’une municipalité peut, par l’effet deson règlement de zonage, confisquer une partie de la valeur économique d’unepropriété en y limitant les usages possibles auxquels le propriétaire pourrait autrementaffecter son immeuble. Ainsi :

Dans la cause Taylor Blvd. Realties Ltd. c. City of Montreal, [1964] R.C.S. 195,la Cour suprême a rejeté la réclamation des demandeurs qui se plaignaient que lechange ment de zonage de multi-résidentiel à unifamilial avait fait diminuerla valeur de leur propriété;

Le jugement dans l’affaire Welbridge Holding Ltd. c. Greater Winnipeg (The MetropolitanCorporation of), [1971] R.C.S. 957 établit que l’exercice par une municipalité de sonpouvoir de réglementation en matière de zonage n’est pas susceptible d’indemnisationque cet exercice ait fait augmenter ou diminuer la valeur des propriétés; c’est làun risque couru par le public en général;

Dans la cause Hartel Holdings Co. c. Calgary (Ville), [1984] 1 R.C.S. 337, par suite du gelde son terrain par la Ville qui voulait s’en porter acquéreur pour l’aménager en parc,le propriétaire foncier a été privé de la valeur qu’il aurait pu tirer de son terrain s’il avaitété loti à des fins d’habitation. Mais, comme la loi permet une telle opération,le propriétaire doit, dans l’intérêt public, supporter le préjudice qui en résulte;

Dans la cause Sainte-Anne-des-Plaines (Ville) c. Dickie, REJB 2000-21649 (C.A.),« il est clair que les difficultés économiques ou techniques afférentes à l’exerciced’un usage ou la rigueur des conditions imposées, ne confèrent pas un caractèreprohibitif à un règlement » (par. 13);

Dans la cause Société en commandite Roselin c. Sept-Îles (Ville), EYB 2005-82984(C.S.), le jugement établit que le règlement de zonage étant adopté au bénéfice dela collectivité des citoyens, le seul préjudice économique ne peut soutenir la demandeen inopposabilité.

Et « puisqu’il s’agit d’une technique d’aménagement qui s’exerce par réglementationet non par expropriation, il n’y a aucune indemnité payable pour cette confiscation ».6

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Cela dit, on assiste depuis quelquesannées à l’émergence d’un marché desbiens fonciers écosensibles ou écolo -giques. Il y a lieu de constater, en effet,comment plusieurs organismes deconservation sont susceptibles de seporter acquéreurs de propriétés affec téespar un zonage plus restrictif favorisantla protection des milieux naturels quis’y trouvent. En fait, nous avons assistéau cours des dernières années àdes transactions de plusieurs centainesde milliers de dollars aux termesdesquelles des terrains à forte valeur

écologique ont été acquis par desorganismes de conservation.

Aussi, suivant nos observations dansle domaine de la conservation au coursdes quinze dernières années et l’ana lyseque nous avons pu en tirer, nousestimons que la conservation des milieuxnaturels doit être le fait de plu sieursacteurs agissant en complémentarité.

D’où notre plaidoyer en faveur de l’actionnécessairement complé men taire desorganismes de conservation et des

véhicules juridiques dont ils disposentpour assurer la pérennisation de la con -servation des milieux naturels et, ainsi,participer maintenant à l’effort collectifvisant à transmettre aux générationsfutures des milieux de vie qui sup -portent encore des écosystèmes richeset diversifiés.

Les auteurs Boucher et Fontaine, enconclusion de leur ouvrage sur labiodiversité et l’urbanisation, opinentdans le même sens :

« Les municipalités ont un rôle pré -pondérant à jouer dans la protec -tion et dans la mise en valeur de labiodiversité, notamment en raisonde leur responsabilité en matière deplanification du territoire et du faitqu’elles retirent beaucoup des ser -vices écologiques. À cette fin, rap -pelons que tant les grandes villesque les plus petites muni ci palités duQuébec peuvent y con tribuer, que cesoit en participant à la création d’unréseau écologique ou en contri -buant à réduire la pollu tion deseaux d’un bassin versant. Déjà,plusieurs municipalités ont pris desinitiatives concrètes en ce sens. »10

La qualité de nos milieux de vie dépendde plus en plus de notre capacité àproposer une occupation du territoire quipermette le maintien des équilibres éco -systémiques dynami ques. En cela, noussommes d’avis que les munici palités duQuébec disposent de tous les pouvoirspour agir en faveur de la protection desmilieux de vie de leur collectivité. En cedomaine, elles doivent dorénavantassumer un leadership qui nous per met -tra vérita ble ment de prendre pied dansle paradigme du développement dura -ble. En cela, les propos du juge Tôthdans l’affaire Sutton11 montrent la voie :mettre en œuvre le développementdura ble, c’est procéder à un changementfondamental de philosophie sociétale.

Saurons-nous collectivement y parvenir?

Me Jean-François Girard est avocat spécialisé en droit del’environnement et en droit municipal chez Dufresne HébertComeau. Il est administrateur du Centre québécois du droit del’environnement.

pratique régionale

9 Municipalité de Ste-Cécile-de-Whitton c. Lachance, C.S. Mégantic, n° 480-05-000014-939, 28 septembre 1983, j. Toth, p. 5 [nos italiques]; voir aussi Municipalité du canton de Rawdon c. 136466Canada inc., EYB 1996-84857 (C.S.).

10 Isabelle BOUCHER et Nicolas FONTAINE, La biodiversité et l’urbanisation, Guide de bonnes pratiques sur la planification territoriale et le développement durable, ministère des Affaires municipales, des Régionset de l’Occupation du territoire, coll. « Planification territoriale et développement durable », 2010, 178 pages, p. 133.

11 9034-8822 Québec inc. c. Sutton (Ville de), EYB 2008-133168 (C.S.), conf. par 9034-8822 Québec inc. c. Sutton (Ville de), EYB 2010-173377 (C.A.).

La « recette »À notre avis, la « recette » qui suit est gage de succès accrus en matière de conservationdes milieux naturels. Évidemment, il ne saurait exister qu’une seule réponse, panacéede tous les enjeux de la conservation des milieux naturels. Néanmoins, nous estimonsque si davantage de projets de conservation s’articulent dorénavant ainsi, plus grandsseront nos succès en conservation. Voici donc notre « recette » :

La municipalité acquiert la nécessaire connaissance préalable du milieu, c’est-à-direqu’elle fait procéder à la caractérisation environnementale de l’ensemble des parcellesnon bâties de son territoire. Il y a lieu, à cette étape, de vérifier la connectivité entre lesmilieux naturels situés sur son territoire, de même que la connectivité des milieuxnaturels avec d’autres situés sur les territoires de municipalités voisines. Il peut êtrepertinent aussi de prendre contact avec l’organisme de bassin versant existant sur leterritoire de la municipalité.

La municipalité élabore ensuite son plan de conservation des milieux naturels dont ellesouhaite la protection et la mise en valeur.

Compte tenu des objectifs de son plan de conservation, la municipalité adopte desmesures réglementaires appropriées (zonage, lotissement, PAE, PIIA, etc.) quirestreignent la gamme des usages anthropiques autorisés dans les milieux sensiblesou à protéger. À ce stade, il s’agit de favoriser des usages privilégiant le maintien deséquilibres écosystémiques dynamiques sur les immeubles concernés. C’est par cetteintervention que la municipalité créé ce marché des biens écosensibles, laissant aupropriétaire foncier privé le soin de déterminer comment tirer le meilleur parti de sonimmeuble dans le cadre de ce nouveau marché.

Cette intervention réglementaire est susceptible d’influencer, vraisemblablement à labaisse, la valeur foncière des terrains concernés, ce qui aura pour effet d’accroître lespossibilités de voir des projets d’intendance privée se réaliser.

Les organismes de conservation (Canards Illimités, Conservation de la Nature, Nature-Action Québec, organismes locaux, etc.) interviennent ensuite, à l’aide des outilsd’intendance privée, pour pérenniser la protection de ces milieux, notamment, dans lescas qui s’y prêteront, les organismes de conservation pourront procéder à l’acquisition(en pleine propriété ou de servitudes de conservation) des immeubles à protéger; le caséchéant, ce rôle peut aussi être joué par une fiducie d’utilité sociale.

Les milieux naturels protégés seront gérés et mis en valeur au bénéfice des citoyens dela municipalité et des générations futures, par l’organisme de conservation (ou la FUS)en collaboration avec la municipalité.

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pratique municipale

L’étalement de la ville moderneNous constatons aujourd’hui les réper -cussions néfastes de l’étalement urbainsur l’environnement, la santé desrésidants et les finances municipales.Malgré cela, l’étalement demeure lemode de développement le pluspopu laire au Québec. Sa prévalencetémoigne de l’organisation de tout unsystème allant au-delà des simpleschoix individuels; elle est soutenue etstructurée par un cadre politique,normatif et économique. Pour une villecomme Drummondville, l’étalementurbain est perçu comme un avantage àoffrir plutôt que comme un problème,comparativement aux régions métro po -litaines. Pourtant, le déclin économiqueet démographique frappe tout autantses quartiers les plus anciens, marquéspar le départ des industries, descommerces et des familles. Peut-on, làaussi, freiner l’étalement urbain?

Réinvestir le centre L’étude sur l’étalement urbain deDrummondville a permis d’observer quesa croissance a entraîné le déclin deszones urbanisées plus anciennes. Lecentre de Drummondville voit depuis lesannées 2000 ses grands sites indus -triels, développés dans la premièremoitié du XXe siècle, peu à peu aban -donnés. Ces friches témoignent del’établissement des grandes industriesdu textile, soutenant la première crois -sance majeure de la ville, et leur super -ficie totale est estimée à 24 ha. Dans uncontexte où l’administration municipaleenvisage une croissance substantiellede 4 000 nouveaux loge ments d’ici15 ans, comment y intégrer la requalifi -

ca tion des friches industrielles vacantes?

Sur le plan des investissements publics,ces sites sont desservis par les réseauxd’égouts, d’aqueduc et d’élec tricité ainsique par les infra structures routières. Ilssont localisés dans le seul secteurmultifonctionnel de la muni cipalité. On ytrouve la majo rité des grandes insti tu -tions et des espaces publics de la ville.Ce secteur est con si déré comme lepremier pôle d’emplois de type bureauainsi que le deuxième pôle commercialde la région. Enfin, un grand nombre delogements et une variété de typologiesaccueillent les résidants.

En contrepartie, le déclin du milieu setraduit directement par la présenced’une portion importante de personnes« défavorisées » et d’un grand nombre depersonnes âgées. De plus, des inter -views auprès des différentes tran chesde population ont pu faire res sortir queles quartiers centraux, principalementSt-Joseph, à l’étude lors de l’atelierd’été, étaient considérés comme desquartiers plus dangereux, où l’habitationétait mal entretenue. Les discussionsavaient conclu au caractère peu dési -rable de ces quartiers : présence d’unepopulation défavorisée, rareté despropriétaires-occupants et importantroulement de locataires.

Réinvestir les 24 ha de friches indus -trielles présente une interventionpositive pour Drummondville. Sur le plandes infrastructures, le redéve lop pementdes sites vacants représente assurémentune économie substantielle pour lamunicipalité en plus d’offrir une alter -native à l’étalement urbain. Sur le plansocial, transformer la perception socialed’un milieu de vie aujourd’hui stigmatisépasse par le retour d’une po pu lation

active et plus jeune, notam ment defamilles soucieuses de nou velles valeurscomme le développement durable.

Une proposition d’aménagement L’étude visait quatre objectifs, qui ont ététraduits dans la proposition d’amé na -gement : rentabiliser le réaména gementd’une friche industrielle à l’échelleurbaine, recycler des bâti ments indus -triels en intégrant le site au milieu,proposer une variété de types de loge -ments pour répondre à un large éventailde nouveaux résidants, viser une den sitéminimale de 35 logements à l’hec tarecomme seuil de viabilité urbaine.

Le projet aborde le réaménagementd’un site occupé jusqu’en 2010 par lacompagnie Fortissimo inc. Cette fricheindustrielle accueillant dès 1880 lapremière industrie de la région doit sondéveloppement à la rencontre de larivière St-François et d’une anciennevoie ferrée. Par la suite, le site a étéoccupé par un complexe industrielspécialisé dans la fabrication de textile,domaine ayant caractérisé l’activitémanufacturière de Drummondville de1920 à 1950. Le premier bâtiment érigésur ce site par la compagnie DominionSilk Dyeing & Finishing est cité aurépertoire du patrimoine culturel duQuébec depuis 2005. Le projet proposede valoriser ce legs industriel commetémoignage assumé de l’histoire de laville et de l’évolution de l’architectureindustrielle au Québec.

Le parti conceptuel de requalification dela friche s’inspire du textile en étendantune toile de liens entre le site etson en vironnement urbain et naturel.Sa com position résulte d’un tissage deséléments ambiants significatifs. Cesder niers regroupés en trames, parfois

DRUMMONDVILLE

Réhabilitation d’une fricheindustrielle patrimoniale

» FAY ROY-LANGELIER» FRANÇOIS DUFAUX

L’étalement urbain est un phénomène qui marque l’ensemble des villes du Québec à partir de 1945. Depuis 1960, la population deDrummondville a augmenté de 175 %, alors que le territoire municipal a été multiplié par plus de 475 %. Cette croissance se traduit parune urbanisation avide de territoires et de ressources naturelles, ainsi que par une forte dépendance à l’automobile. Une étude a été réaliséesur ce phénomène dans le cadre d’un projet de fin d’études en architecture à l’Université Laval. Dans les prochaines lignes, l’étude estprésentée, suivie d’une proposition d’aménagement.

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pratique municipale

URBANITÉ | AUTOMNE 2014 15

1 GEHL, J (2010). Cities for people. Washington, Island Press.2 VACHON, G. (2012) Notes de cours Design Urbain : Concepts et Méthodes (ARC-6033), Québec, Presses de l’Université Laval.

Photo aérienne de la friche actuelle

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sou ples, parfois rigides, permettent d’as -so cier des composantes naturelles, urbai -nes et sociales à la friche industrielle.

Deux grands axes traversent le centre dela friche. Ils structurent les dépla ce -ments, principalement piétons, assu rantla transition entre le quartier existant etun parc de 3,5 hectares aménagé sur lesberges de la rivière St-François, acces -sible à tous. Ce choix d’y intégrer unparc offre un accès à la rivière qui estgénéralement privatisé. Il profite éga le -ment d’arbres matures situés près de sesberges. Les axes structurants permettentaussi la ren contre des différents espacespublics et relient l’ensemble des bâti -ments patrimoniaux du site. (figure 1 :Plan d’implantation proposé)

Inspiré des exemples de design urbainmis en place par Jan Gehl, le projetadopte des objectifs et solutions com -parables pour favoriser les dépla ce -ments à pied et un aménagement centrésur l’échelle humaine. Ce type de com -po sition de l’espace, en plus de dimi nuerles dépla cements véhi cu laires, encou - FIGURE 1 : Plan d’implantation proposé

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pratique municipale

rage une vie physique et sociale activepour les usagers1.

La proposition actuelle présente383 unités d’habitation. Les typologiesde ces dernières s’adaptent, enpro por t ion, aux différents ménagesdrum mond villois. Outre de nouveaux

bâti ments, le projet explore la recon -version de deux bâtiments industrielsen habita tions multiples. Avec une den -sité d’envi ron 43 unités à l’hectare, lequartier est évalué comme étant viable2.En consi dérant que la moyenne desménages est composée 2,25 per son nes,

le quartier compterait 6,4 fois plusd’habitants au kilomètre carré que latendance actuelle de la ville deDrummondville (figure 2 : Évolution dunombre d’habitants au kilomètre carrésur le territoire urbanisé de la ville deDrummondville).

Le quartier Fortissimo de 9 hectares,se décline en trois parties : 3,5 haréservés au parc urbain (39 %), 2,2 had’espaces publics (24 %) et 3,3 hapour les bâtiments. Le bâti ment del’ancienne chaufferie, protégé sur leplan patrimonial, s’ouvre sur la placeprincipale du quartier pour rece voirune fonction communautaire. Desfonctions com merciales au rez-de-chaussée sont suggérées près dessecteurs les plus achalandés. Ce partide rendre acces sible plus de la moitiédu site à l’ensemble de la population etaux visiteurs vise à démontrer laqualité d’une vie urbaine durable, etainsi à transformer les perceptions parune expérience concrète.

Une première étapeCe projet n’est, bien entendu, qu’unepre mière hypothèse sur la requa li fi cationd’une friche industrielle. L’option pro po -sée répond à environ 10 % du déve lop -pement prévu dans les pro chainesannées à Drummondville. L’impact seraità court terme marginal sur l’étalementurbain, mais il pourrait changer la per -ception du centre chez les résidants decette ville, comme ceux de l’ensemble duQuébec. Ce projet de démonstration faitla promotion d’un redéveloppementurbain alliant urba nisme (champ dudesign urbain) et architecture afin dedémontrer les impacts positifs d’unedensification toute relative à l’ensembledes citoyens. De nombreux auteurs etexperts s’entendent pour conclure que« nous ne pouvons plus nous permettrede développer de la façon dont nousle faisons présen te ment »3. Cette pro po -sition d’aména ge ment est une pre mièrefaçon de répon dre à ce besoin deconstruire l’avenir diffé rem ment; glo ba -lement et localement.

Fay Roy-Langelier, conseillère en aménagement du territoirepour Commerce Drummond à l’été 2013 et participanteà l’école d’été d’urbanisme de l’Université de Montréalà Drummondville en 2013.

François Dufaux, architecte et professeur associé à l’Écoled’architecture de l’Université Laval, a supervisé l’étude.

3 CALTHORPE, P. ET FULTON (2001). The Regional City : Planning for the End of Sprawl. Washington DC : Island Press.

FIGURE 2 : Évolution du nombre d’habitants au kilomètre carré sur le territoire urbanisé de la ville deDrummondville

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Perspective du projet proposé

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international

ONU-HABITAT

Une analyse de la question urbainedans le monde

La mission d'ONU-Habitat, le programme des Nations Unies pour les établissements humains, est de contribuer à planifier et à financer ledéveloppement urbain durable. L'organisme s'engage à lutter contre la pauvreté urbaine et contre les changements climatiques dus à unemauvaise planification urbaine en soutenant les actions des pouvoirs publics, de la société civile et du secteur privé dans ce domaine. Outreson soutien, l'organisme publie régulièrement des rapports d’analyse sur les politiques urbaines actuelles et propose des pistes de solutionset des outils. L’un de ces rapports, paru en 2012, a présenté un état des lieux des villes à l'échelle mondiale ainsi que les défis à releverpour le siècle à venir.

Cette publication1, dont s’inspire leprésent article, avait servi de base à laprésentation faite le 25 octobre dernierpar le responsable du bureau régionalAmérique latine et Caraïbe d’ONU-Habitat, M. Alain Grimard, lors ducongrès marquant le 50e anniversaire del’Ordre des urbanistes du Québec.

La municipalité est une entité politiqueincontournable. On constate à traversle monde que, si l’État-Nation est l’entitéet l’interlocuteur de référence sur le planpolitique, il n’en reste pas moins queles villes exercent une forte influence,sur le plan national, mais aussi inter na -tional. Il n’est d’ailleurs pas anodin queparmi les chefs d’État des plus grandes

puissances actuelles, on compte de plusen plus d’anciens maires de métropoles(Corée du Sud, Turquie, Iran, etc.).Le poids de ces métropoles au sein d’unpays, en termes de population et derevenus, accorde à leur maire uneinfluence et une visibilité importantes.Sur le plan international, les maires demétropoles sont de plus en plus actifs,certains parlant de « diplomacity »2,pour évoquer les nouveaux réseaux entreles villes du monde.

Croissance et déclin des grandes villesLes métropoles ont acquis un poids poli -tique lié à leur croissance importante.Mais comment définir exactement lacroissance urbaine? Une corrélationapparaît clairement entre croissanceurbaine et croissance économique. Lacroissance urbaine implique égalementque la population augmente. Mais onconstate surtout que le territoire granditdavantage et plus vite. Dans certainesvilles, comme Le Caire, Sao Paulo ouBuenos Aires, 20 % à 25 % du territoireest vide ou sous-utilisé. La densité n’estpas une préoccupation dans bon nombrede pays. La croissance urbaine se con -crétise donc souvent par un étalementurbain. Or les bénéfices de la croissanceurbaine, donc de l’étalement, sont sur -tout retirés par les promoteurs immo -biliers et non par les pouvoirs publics.

En parallèle, on constate le phénomèneinverse, soit le déclin de villes avec despertes d’emploi et de population impor -tantes. C’est ce que l’on a pu observeraux États-Unis – Détroit étant l’exemplele plus frappant –, mais également enChine. Ce taux de croissance négatif peut

être attribué à la faible capacité desvilles à se reconvertir, de même qu’àl’attraction qu’exercent les banlieuesquant au prix des logements.

Vers une nouvelle prospéritéFace à ces mouvements de croissance etde décroissance, qui amplifient les iné -galités, mais face aussi aux changementsclimatiques, ONU-Habitat prône undéveloppement urbain durable, fondésur une nouvelle définition de la pros -périté vers laquelle les villes devraienttendre. L’organisme estime que le con -cept de prospérité doit sortir du gironéconomique pour englober les aspectsnécessaires à son atteinte.

Elle a ainsi élaboré un nouvel outil,« l’index de prospérité des villes », basésur les cinq dimensions suivantes3 :

• PRODUCTIVITÉ : contribution d’uneville à la croissance économique, à lacréation d’emplois et à l’égalité deschances dans l’accès à l’emploi;

• DÉVELOPPEMENT DES INFRA STRUC -TURES : qualité des logements et offred’infrastructures – eau, égouts, trans -ports, technologies de l’information –permettant d’augmenter le niveau devie et de développer la productivité, lamobilité et la connectivité;

• QUALITÉ DE VIE : utilisation del’espace public encouragé dans unsouci de cohésion de la communautéet d’identité citoyenne, garantie d’unesécurité matérielle et individuelle,accès à l’éducation et à la santé;

• ÉQUITÉ ET INCLUSION SOCIALE :redistribution équitable des bénéfices

» CHARLOTTE HORNY, urbaniste

1 State of the world’s cities 2012/2013, Prosperity of Cities. UN-Habitat, 2012 (en anglais seulement). [En ligne]: http://www.unhabitat.org/pmss/listItemDetails.aspx?publicationID=33872 Michele Acuto et Parag Khanna, “Around the World, Mayors Take Charge”, dans The Atlantic, 26 avril 2013. [En ligne]: http://www.theatlantic.com/international/archive/2013/04/around-the-world-

mayors-take-charge/275335/3 Une nouvelle dimension, la « RUE PROSPÈRE », a été ajoutée dans les parutions récentes; voir la recension d’André-Anne Cadieux dans la chronique LECTURE de ce numéro, page 8.

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international

de la prospérité, réduction de la pau -vreté et promotion de la participationcitoyenne dans les sphères sociale,politique et culturelle;

• DURABILITÉ ENVIRONNEMENTALE :qualité de l’air, protection de l’en vi -ronnement en milieu urbain tout enassurant la croissance des villes, effi -cacité énergétique, réduction de lapression exercée sur les ressourcesnaturelles et sur le territoire.

Pour atteindre cet objectif de pro s -périté, ONU-Habitat reconnaît notam -ment l’im portance des espaces publics.Or, l’orga nisme constate à la fois uneréduction fréquente de ces espaces,notamment en raison du déve lop -pement immobilier et de la priva tisa -tion du territoire, ainsi que leur désaf -fection – ces espaces étant de moins enmoins utilisés, que ce soit par manquede sécurité ou de commodité. Pourassurer une qualité de vie à ses habi -tants, la ville prospère d’ONU-Habitatvise donc à considérer les places, lesparcs et les rues comme un servicepublic essentiel. À une période où plu -sieurs pays con naissent la privatisationde leurs services publics (eau, élec -tricité, transport, etc.), cette orientationprend tout son sens.

Charlotte Horny, urbaniste, est une collaboratrice régulièred’Urbanité.

LES PUBLICATIONS D’ONU-HABITATOn trouve dans la section Publications du site web d’ONU-Habitatun large éventail de publications couvrant tous les domaines relatifsauxvilles et à l’habitat à travers le monde. Ces documents sont accessiblesgratuitement en format électronique (le plus souvent en version anglaiseseulement). [En ligne] : http://mirror.unhabitat.org/pmss/

Parmi les rapports les plus directement reliés à l’urbanisme, outrela série sur l’état des villes dans le monde (STATE OF THE WORLD’SCITIES), dont la dernière parution fait l’objet du présent article, il estparticulièrement utile de consulter les rapports paraissant tous les deuxans dans la série GLOBAL REPORT ON HUMAN SETTLEMENTS. Dernièresparutions de cette série :

Planning Sustainable cities (2009). Cities and Climate Change (2011). Planning and Design for Sustainable Urban Mobility (2013).

À titre d’exemple, la version intégrale (348 pages) du dernier rapport decette série est disponible en anglais seulement, mais sa version abrégée(100 pages) est traduite en français sous le titre Planifier et configurerune mobilité urbaine plus durable.

Pour relever les défis posés par l’évolution des transports urbains, cerapport énonce que « la planification et la configuration de la formeurbaines devraient donc se concentrer sur les meilleurs moyensde rapprocher les citadins des lieux dont ils ont besoin, au lieu de secontenter d’allonger les infrastructures de transport ou d’augmenterles mouvements de biens et de personnes ». Il répertorie ainsi les cinqéléments de l’environnement bâti qui ont une incidence sur lesdéplacements (« les cinq D ») : Densité, Diversité, Design, Destinationaccessible, Distance (au transport public).

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Conférences Habitat – ONU-Habitat organise de grandes conférences internationales sur l’Habitat. La prochaine, HabitatIII, se tiendra en 2016 et aura pour objectif de renouveler l’engagement des États et des partenaires en faveur d’uneurbanisation durable pour un nouvel agenda urbain.

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Renouvellement urbain, requalification urbaine, rénovationurbaine, revitalisation urbaine, nommez-les, les termes nemanquent pas pour désigner le processus de régénération dutissu urbain. À coup de démolitions, ou par la participationcitoyenne, les modalités diffèrent, mais l’objectif demeured’améliorer le cadre de vie en reconstruisant la ville sur elle-même. Les termes pourraient être répartis par échelled’intervention. La requalification urbaine référant à unchangement de vocation des bâtiments, la revitalisationserait davantage de l’ordre de l’intention, un objectif qu’on sedonne pour des secteurs en perte de vitalité. Lerenouvellement urbain, quant à lui, serait plus global.

Mais les termes employés correspondent également à despolitiques données, comme la rénovation urbaine entaméedans les années 2000 en France. Pourtant ce même vocabledésignait aussi les grands travaux urbains des années 60 quiavaient été contestés, au Québec comme ailleurs enAmérique du Nord. La contestation populaire d’alors a mis enévidence la dualité qui existe dans l’entreprise dereconstruire une ville sur elle-même tout en préservant laqualité de vie. Cela a pu échauder les politiciens autant queles urbanistes et induire un déficit d’image pour lerenouvellement urbain.

Mais qu’en est-il aujourd’hui du renouvellement urbain?Comment requalifie-t-on, en ville et en banlieue, dessecteurs vieillissants et en perte d’attractivité? La recons -truction des quartiers sur eux-mêmes est devenue un enjeude durabilité et de cohésion sociale, d’autant plus dans uncontexte où nous connaissons maintenant les coûts del’étalement urbain.

Urbanité se penche sur les principaux défis rencontrés par lescollectivités qui s’engagent dans des démarches derenouvellement urbain à travers des exemples québécois etd’ailleurs. Loin de proposer un panel d'outils, ce dossierreflète des visions de cette refonte de la ville sur elle-même,et revient sur des pratiques éprouvées de renouvellementurbain. Autant d'éléments de réponse aux questions qu’ilsoulève dans la société et la pratique des urbanistesd’aujourd’hui.

» SERGIO AVELLAN, urbaniste» ANDRÉ-ANNE CADIEUX, urbaniste-stagiaire» AMÉLIE CASTAING-RIGAUD, urbaniste-stagiaire» POUR LE COMITÉ ÉDITORIAL

Regards sur le renouvellement urbain

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Place Simon-Valois avant/après sa requalification

AVANT(1980)

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Quelles tendances peut-on observer aujourd’huien renouvellement urbain à l’échelle mondialeet nord-américaine?J’observe un fort mouvement de valorisation de l’espace public.Cela s’explique peut-être par le fait que c’est souvent là que sereflètent les valeurs culturelles d’une société. Il y a aussi lesopportunités qu’il offre pour se distinguer sur la scèneinternationale.

À l’origine, la place publique était un lieu d’échanges politi ques,économiques, culturels et communautaires, où s’annon çaientles proclamations des autorités, où se produisaient les amuseurspublics, où se donnaient les châtiments et où s’échangeaient lesbiens et les services. Dans la ville, elle a perdu son caractèremultidimensionnel, sa notion d’échanges multiples. Si bienqu’aujourd’hui, dans les grandes villes, on cherche à créer ouà transformer des espaces publics pour qu’ils deviennentà nouveau des espaces de rencontre plus polyvalents.C’est d’autant plus vrai à l’ère des réseaux sociaux qui offrentune capacité à communiquer sans ren contrer nos interlocuteurs.Un espace public accueillant, c’est-à-dire convivial, sécuritaire,stimulant et inspirant permet de favoriser les rencontres entreles personnes et de répondre à ce besoin grégaire fondamentalde l’être humain.

En avez-vous quelques exemples à nous citer?La valorisation du design urbain, architectural, paysager etindustriel dans l’espace public est une opportunité de créerune « forme d’art » total qui se retrouve souvent en premier lieudans les centres des villes pour y attirer des visiteurs en quêted’une expérience unique et authentique.

L’espace public est fondamentalement conçu pour le piéton.Les villes de Prague, Barcelone, Paris ou encore Buenos Airesont fait plus de place à ce dernier. En effet, l’échelle du piétonest celle à laquelle on est le plus sensible aux agressions enville : bruits, odeurs, etc. Si l'on se sent bien dans une villeà pied, on a d’autant plus de chances que la qualité de vie y soitbonne. Par ailleurs, quand on dessert bien le piéton, on a lagarantie de bien desservir la ville qui est alors plus accessiblepar tous les modes de transports publics et actifs.

En plus de permettre de mieux se déplacer en ville, l’espacepublic crée une ambiance de « quartier », un sentiment desécu rité, selon la qualité de sa conception, des matériaux quile constituent, de l’exécution et de son entretien.

Pouvez-vous nous en dire plus sur ce lien entreespace public, quartier et développementou redéveloppement urbain?Un quartier sans trottoir par exemple n’est pas fait pour lamarche à pied. D’ailleurs dans son sens premier le mot quartierdésigne le quart d’un arrondissement soit un espace qu’on peutparcourir à pied et où se retrouvent tous les services de la viequotidienne. Car on sait que certaines échelles créent de meil -leurs environnements que d’autres. Par exemple, compte tenudes effets de vent, un milieu constitué d’immeubles de quatreou cinq étages sera plus agréable qu’un quartier d’immeublesde grande hauteur ou que des espaces totalement dégagés.Ce n’est pas une recette nouvelle. Il s’agit simplement d’adapterau besoin actuel les valeurs sûres des quatre derniers sièclesen matière de développement de l’espace public.

Où le Québec en est-il en la matière?Peut-on dire qu’il soit à la traîne? Si oui, pourquoi?Si dans les cinquante dernières années nous avions assistéà un développement de terrains qui auraient pu servir à con so -lider le tissu urbain plutôt qu’à la fuite vers les banlieues, versdes terrains faciles à développer, aujourd’hui le renouvellementurbain serait encore plus présent et, selon moi, nous avons ratélà une occasion. En nous éloignant des centres, nous avons crééplus d’infrastructures, alors qu’on peine déjà à entretenir lesinfrastructures existantes. Comparativement à l’Ontario, parexemple, le Québec a davantage de kilomètres de voirie parhabitant, avec un climat plus rude, des frais d’entretien et deremplacement plus élevés et une économie moins riche.

dossier

ENTRETIEN AVEC CLÉMENT DEMERS, URBANISTE ÉMÉRITE

Oser le développement urbainDe l’espace public comme lieu privilégié pour déclencher des opérations de renouvellement, aux critèresde réussite de ce type de projet, Clément Demers revient pour Urbanité sur son expérience du« renouvellement urbain ». Il appelle les urbanistes à oser le renouvellement urbain, pour devenir leadersen la matière. RO

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Clément Demers

» Propos recueillis par AMÉLIE CASTAING-RIGAUD, urbaniste-stagiaire

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Quartier international de Montréal avecla place Jean-Paul-Riopelle et la caisse

de dépôt et placement du Québec.

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Alors qu’à l’échelle mondiale, le renouvellement urbain tournebeaucoup autour du transport en commun, au Québec, le trans -port en commun n’a pas toujours joué ce rôle structurant dela meilleure façon. Le train de banlieue notam ment, bienqu’essentiel, a pu contribuer d’une certaine manière à l’étale -ment, voire à l’éparpillement urbain, car nous avons manquél’opportunité d’inciter les villes desser vies par le train à sedensifier, plutôt que de se contenter de construire des sta tion -nements incitatifs. Ou alors il aurait fallu en restreindre l’accèsaux résidants les plus proches. Toutes ces lacunes nous ont enquelque sorte fait rater le virage des TOD (Transport OrientedDevelopment) pour consolider le tissu urbain autour dutransport en commun et autour d’espaces publics structurants.

C’est tout le dilemme du Québec : nous avons les programmessociaux les plus avancés d’Amérique du Nord et nous devrionsdonc avoir une façon de développer nos villes plus efficace,c’est-à-dire plus proche de celle des pays européens et êtredes pionniers en rénovation urbaine, densification et qualitédes espaces publics en Amérique du Nord. Ce n’est malheureu -sement pas toujours le cas.

Vous avez dirigé d’importants chantiers de renouvellementurbain. Que retenez-vous de ces expériences?Il faut nécessairement le leadership de personnalités publi quespour porter un projet urbain, comme l’ont fait Jean-ClaudeScraire pour le Quartier international de Montréal (QIM) ouencore Benoit Labonté en tant que maire de l’arrondissement deVille-Marie pour le secteur Place-des-Arts du Quartier desspectacles. Il faut ensuite que les concepteurs soient très talen -tueux et très compétents pour développer une vision pro fon -dément inspirante, mais assez réaliste pour être réalisable. Dansle cas des deux projets précédemment men tionnés, c’est lafirme Daoust Lestage qui s’est attaquée brillamment à ce défi.

Par ailleurs, pour fonctionner, les projets doivent être orientésvers l’amélioration de l’accessibilité aux piétons. Dans le cas duQIM, l’augmentation de 40 % de l'espace consacré aux piétonsa été bénéfique pour l’achalandage du transport en commun.Quand on a en tête que l’aire d’influence d’une station de métrose situe à l’intérieur d’un rayon de 500 m, il est possible del’augmenter encore, comme nous l’avons fait dans ce projetgrâce à des corridors piétonniers intérieurs et des trottoirs bienaménagés. Nous avons également triplé le nombre d’accès auxstations de métro. Le paysage urbain a été rendu plus stimulantavec la plantation d’arbres matures et l’élargissement destrottoirs. Enfin le projet a supprimé de nombreuses places destationnement de longue durée et a favorisé à sa place la courtedurée, ce qui contribue à l’attractivité que doit avoir un centre-ville à l’échelle de sa région. Ensemble, ces mesures ont amenéles gens à marcher plus longtemps et ont favorisé un meilleurachalandage des transports en commun, si bien qu’on a pumesurer une hausse de 15 % des déplacements pour les troisstations de métro du QIM entre 1999 et 2005; ce qui est dix foissupérieur à l’augmentation d’achalandage des autres stations ducentre-ville de Montréal. Un record historique pour la Métropole!

À quoi attribuez-vous ces résultats?L’implication des riverains a été fondamentale. Elle a permis delever 8 millions de dollars pour le Quartier international. Lesecteur privé a apporté au total 16 millions, ce qui a permisd’atteindre un niveau de qualité exceptionnel et des résultatsbien supérieurs à ceux que nous aurions obtenus si l'on s’enétait limité aux standards municipaux. Avec ses résidences, ses

chambres d’hôtel, ses nouveaux espaces à bureaux et sescommerces, le QIM a généré 1,9 milliard de dollars en retom -bées immobilières (au 31 décembre 2012), car le secteur estdevenu une adresse, grâce à une meilleure accessibilité tousmodes, une meilleure qualité de vie urbaine et de meilleursservices. L’adhésion des riverains au projet a aussi favoriséune réalisation en un temps record, soit en quatre ans.

Ce projet a été conçu et monté sans compromis par une petiteéquipe imputable du début à la fin, sans quoi nous aurions euun projet sans odeur et sans saveur. Il importe de considérer quela gestion de projet n’est pas une fin en soi, elle doit au contraireservir le projet. La gestion de projets urbains exige des équipesdédiées tout au long de leur réalisation. Pour le résumer sim ple -ment, dans le cas du quartier international, je dirais que lesconditions gagnantes ont été le leadership de personnes publi -ques, des professionnels visionnaires talen tueux et compétentsdotés d’un mandat complet, une équipe de gestion autonomeet imputable, la création d’une adresse et l’engagement del’association des riverains au projet.

Dans le cadre de projets comme le Quartier international deMontréal ou encore le Quartier des spectacles (secteur Place-des-Arts) ou de tout autre projet urbain, il ne faut pas secontenter de l’acceptabilité sociale. Il faut plutôt rechercherl’adhésion au projet, ou mieux, l’appropriation du projet par lesacteurs clés (parties prenantes). Des séances de « partnering »(concertation en amont axée sur la solidarité vis-à-vis leslivrables à réaliser) impliquant les parties prenantes permet tentde définir ensemble les objectifs à poursuivre et de fairebénéficier les professionnels de commentaires avant même laconception du projet. Toutes les parties prenantes partagent audépart les mêmes informations et les mêmes préoc cu pa tions.Une fois le projet achevé, les gens s’approprient les espaces etne souhaitent pas les voir altérer, ce qui constitue une bonnegarantie de durabilité. Plutôt qu’à la co-conception, je crois àcette co-réflexion préalable et essentielle; la conception duprojet urbain sera par la suite réalisée par des professionnels.

En tant qu’urbaniste émérite comment qualifieriez-vousl’évolution du renouvellement urbain en termes depratique professionnelle?Il faut que les urbanistes soient des leaders en matière deréalisation de projets. Leur force, et aussi leur défi, est leurcapacité de synthèse et leur capacité de transformer un travailinterdisciplinaire en démarche transdisciplinaire. Selon moi,les urbanistes ne devraient pas se désintéresser de la gestionde projet. Les projets d’aménagement et d’ingénierie civiledevraient leur être davantage confiés.

J’invite les urbanistes à se cultiver, à s’intéresser à l’histoiredes villes et à voyager. La profession d’urbaniste est sans doutele métier d’aménagement qui exige le plus de culture générale.Au Québec, nous offrons d’excellentes formations en urbanismeà l’université, mais cela devrait se poursuivre avec, par exemple,de la formation continue de manière à intéresser les plus jeunesaux grands projets urbains qui ont transformé les villes au coursdes clinquantes dernières années.

Clément Demers est architecte, urbaniste, et gestionnaire de projet (PMP). Détenteur d’une maîtriseen gestion de projet de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), il a fait carrière à la Ville de Montréalune quinzaine d’années, dont deux à la direction du service responsable de l’urbanisme etdu développement urbain. Il est aujourd’hui Directeur général de la société Quartier internationalde Montréal (QIM).

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Mais qu’est-ce au juste que la requa -lification urbaine? C’est accorder auxlieux les qualités physiques (formes)nécessaires à l’accueil d’activités etd’usages qui, en retour, permettront àces lieux de jouer le rôle voulu au seinde la ville. La requalification est doncd’abord une affaire d’urbanisme et,ensuite, de développement écono mi -que ou culturel (entre autres, par desprogrammes de revitalisation).

Les opportunités de requalification,voire simplement de consolidation etde reconnexion des milieux entre eux,ne manquent pas. Maintes villes qué -bécoises sont caractérisées par uneurbanisation non optimale : monofonc -tionnelle, éparse, disposant d’espacesouverts sans vocation, etc. Différentstissus résidentiels, comme les ban -lieues d’après-guerre, n’offrent pas unedensité nécessaire à la rentabilisationdes investissements publics. D’autres,comme les banlieues de multiplex, ontlaissé les stationnements de surfacepriver leurs résidants de toute courprivée appropriable à des fins récréa -tives. De même, les tissus commerciaux(centres commerciaux, mégacentres,strips) sont, eux aussi, distendus par laprolifération des stationnements.

La requalification ne se limite cepen -dant pas à la densification qui, enmatière de qualité, comporte son lotd’écueils. En effet, évoquer la densi fi -cation fait ressurgir les craintes de lapopulation : défiguration du paysage,coupe de végétation, perte d’intimité,augmentation de la circulation, dimi -nution des valeurs foncières. Mais lapopulation rejette-t-elle les formesbâties plus denses et la mixité des

activités, ou plutôt les piètres qualitésqui leur ont jusqu’ici été attribuées etqui s’avèrent souvent moins attirantesque celles des maisons individuelles?Or, pour contrecarrer l’étalementurbain, il est impératif de rendreattirantes les formes privilégiées pourreconstruire les milieux de vie, et dedéfinir collectivement où et commentles mettre en place avant que lesconstructeurs privés ne décident de lefaire selon leurs propres règles.

La requalification urbaine peut s’effec -tuer par différents moyens : amélio -ration de l’espace public et ouvert,modification des bâtiments, insertion etremplacement de bâtiments, voiremême des changements simultanés detrame, de formes, d’activités et d’usa -ges. Il n’existe pas de recette unique;le copier-coller n’est pas une option.Les collectivités doivent chercher àemployer et à articuler entre elles lesbonnes mesures aux bons endroits.

CONTRER L’ÉTALEMENT

Reconstruire les villes et les banlieuessur elles-mêmes

dossier

» DAVID PARADIS, urbaniste

Les défis auxquels font face les municipalités québécoises sont majeurs. En plus des responsabilités qui leur sont confiées parl’État, elles doivent offrir à leur population un milieu de vie de qualité et rentabiliser coûte que coûte leurs investissements eninfrastructures, en services et en équipements. En outre, on les considère désormais comme des acteurs clés dans la lutte auxchangements climatiques et la promotion de saines habitudes de vie. Pour appréhender ces enjeux simultanément, une des solutionsles plus structurantes consiste à revoir le mode de développement urbain qui prévaut au Québec. L’étalement urbain doit céderle pas à la reconstruction des villes et des banlieues sur elles-mêmes.

« Avant de s’agrandir au-dehors,il faut s’affermir au-dedans »– Victor Hugo, Post-Scriptum de ma vie

Division 43, à Portland (Oregon), propose 29 logements dans 11 bâtiments sur une parcelle qui n’en comptaitauparavant que deux.

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Changer les pratiquesPuisqu’elle se présente comme uneréponse à l’étalement urbain, lareconstruction de la ville sur elle-même doit être précédée d’une prisede conscience sur les pratiques qui ontengendré ce phénomène.

Elle requiert par exemple de mettre fin àla subordination de l’agriculture auxactivités urbaines, une situation àlaquelle contribuent une fiscalité muni -cipale basée sur l’impôt foncier, uneimportante économie immobilière, uneconcurrence féroce entre muni cipalitéspour attirer de nouveaux habitants etemplois, ainsi qu’une facilité à agrandirles périmètres d’urbanisation au profit delotissements de basse densité et coûteuxpour la collectivité.

Elle requiert également de mettre fin àla dissociation des pratiques de l’urba -nisme et des transports, laquelle con -duit à appréhender séparément lesmilieux de vie (dont l’habitation) et lesréseaux (incluant les voies). Sur le

terrain, une telle pratique a conduit autracé de voies rapides conçues unique -ment pour accéder au territoire et nonpour structurer l’urbanisation; audéploiement de trames de rues alam bi -quées, peu propices aux transportscollectifs et actifs, favorisant la voitureet le stationnement; à la création deruptures entre les milieux de vie et àune circulation de transit dans desmilieux non conçus pour la supporter.

Enfin, elle requiert de s’émanciper del’urbanisme fonctionnaliste : une appro -che qui crée une ville éclatée, où les acti -vités sont ségréguées par zones homo -gènes, et où les concentrations mé tro -politaines d’activités vampirisent etfragilisent les centralités locales tra di -tionnelles au point de les faire disparaître.

Un tel changement des pratiques estnécessaire pour poser les bases solidesd’une reconstruction viable des villes etdes banlieues. Une transformation quimettra fin à la densification sauvagesera socialement acceptée et conciliera

habi lement les aspirations et besoinsindi viduels à l’intérêt collectif. Mais celaest-il vraiment possible?

Sortir du modèle établiLes opposants à la reconstruction dela ville plaideront que le modèle actuelest le seul à convenir aux jeunes famil -les : de grandes maisons indivi duellesoffrant de l’intimité, des espaces de jeusécu ri taires, dans un quartier habitépar d’autres familles et doté d’écolesrécen tes. Le tout pour un faible coûtd’achat, donc en péri phérie de la ville.

Il s’agit là d’une formule alléchante aupremier coup d’œil, mais qui omet decomptabiliser les coûts des déplace -ments générés par un tel mode de vie,lesquels atteignent jusqu’à 15 % desdépenses des ménages québécois1.Ce sont des sommes qui pourraientplutôt servir à acheter un logement pluscoûteux dans les quartiers centraux2

et ainsi libérer la ville de plusieursdépla cements automobiles.

Devant un tel constat, d’aucuns répon -dront qu’au-delà des choix financiers, lespromoteurs construisent les habi ta tionsque les acheteurs leur demandent. Il nes’agit pas d’un argument erroné, maiscertes incomplet : la demande en loge -ment est également façonnée par l’offre,et il est difficile aux ménages d’aspirer àce qui ne leur est pas offert. Il revientdonc aux municipalités de s’assurer queles promoteurs cons trui sent une diversitéd’habitations sur leur territoire si ellessouhaitent répondre aux besoins enconstante évolution de la population.

Cela étant dit, la mutation de la ban lieueest déjà une réalité. Entre 2006 et 2010,on observe au Québec une dimi nutionde la part des mises en chantier demaisons individuelles (de 55,2 % à52,7 %) au profit des copro priétés (de21,4 % à 26,3 %)3. Mais cette densitérésidentielle accrue est-elle située aubon endroit, c’est-à-dire là où elle per -mettra de requalifier la ville, ou seule -ment là où l’espace est dispo nible?Autrement dit, la densifi ca tion de la villese fait-elle partout, n’importe comment,et à n’importe quel prix?

Se doter d’une stratégiePour éviter les problèmes, il faut définirdès maintenant les modalités de recons -

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1 STATISTIQUE CANADA (2012). CANSIM, tableau 203-0021 et produit n° 62F0026M au catalogue. http://www.statcan.gc.ca/tables-tableaux/sum-som/l02/cst01/famil130f-fra.htm2 Selon Bertrand Recher, de la Société canadienne d’hypothèques et de logement, il y aurait une différence d’environ 100 000 $ entre les coûts d’achat sur l’île de Montréal et hors de l’île (propos

recueillis par Vivre en Ville en février 2013). Voir aussi : DUCAS Isabelle (2013), « Vivre en ville ou en banlieue? », La Presse, 30 mars 2013. http://affaires.lapresse.ca/finances-personnelles/train-de-vie/201303/30/01-4636242-vivre-en-ville-ou-en-banlieue.php

3 SOCIÉTÉ D’HABITATION DU QUÉBEC. L’habitation en bref 2012.

« On ne résout pas un problème avecles modes de pensée qui l’ont engendré »

– Albert Einstein

Habitat collectif « Cohabitat Québec » réalisé en autopromotion, Québec.

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truction des villes et des ban lieues surelles-mêmes. Cette respon sa bilité doitrelever non pas de concepteurs ou deconstructeurs de bâtiments, qui agissentselon une logique marchande au profitd’intérêts privés, mais bien des munici -palités qui sont les gardiennes del’intérêt public.

Ces modalités ne peuvent être définiesque par des intentions. Elles doivents’incarner dans une vision d’avenir àlong terme claire, incarnée dans unprojet de ville qui illustre précisément,dans un plan flexible et évolutif, où etcomment intervenir à différentes échel -les. Où diriger la croissance pour ren ta -biliser les investissements publics eninfrastructures, équipements et ser vices?Comment distribuer les activités pourréduire les déplacements et accroî tre lavitalité des centralités exis tantes?Comment réaménager les espa cespublics pour reconnecter les quar tiersentre eux? Quels types de bâtis offrirpour assurer la mixité socioéconomique?

Un tel plan doit identifier une structuresur laquelle appuyer la requalification.Certains milieux disposent déjà desqualités requises, soit parce qu’ils sontaccessibles, comme les corridors detransports en commun4, soit parce qu’ils

disposent, comme les banlieues d’après-guerre, de nombreux espaces ouvertssous-exploités à proximité des prin ci -pales centralités et concentrationsd’activités de la ville. C’est notamment

l’exercice auquel s’est livrée la Ville deQuébec5 en procédant à l’évaluation dupotentiel de densification des parcoursMétrobus actuels et projetés et d’autresgrandes artères, tout particulièrementde ceux desservant les banlieues depremière couronne.

En outre, ce plan doit être élaboré enétroite collaboration avec la popu la -tion, notamment pour s’assurer de sonadhé sion à la vision d’avenir esquisséeet aux paramètres de mise en oeuvreproposés. Sur le terrain, les autoritésmunicipales doivent donner le ton eninitiant elles-mêmes la requalification,par exemple en investissant dans leréaménagement du domaine public eten mettant en place un cadre régle -mentaire cohérent avec cette visionpour baliser les interventions privées.Mais plus encore, elles doivent s’auto -riser, une fois pour toutes, à réin ven terles formes bâties qui leur sont chères(comme le fait notamment Vancouver)et à oser la reconquête de la rue à desfins multiples, sans quoi la re quali -fication de ses villes pourrait s’avérer,au final, un coup d’épée dans l’eau.

David Paradis, urbaniste, est directeur Recherche, formation etaccompagnement au sein de l’organisme Vivre en Ville.

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4 VIVRE EN VILLE (2013). Retisser la ville : [ré]articuler urbanisation, densification et transport en commun. 120 p. (coll. Outiller le Québec; 1).5 VILLE DE QUÉBEC (2011). Mobilité durable et qualité des espaces publics. Présentation effectuée au 3e Colloque sur l’innovation : Architecture + Requalification urbaine, le 25 octobre 2011, diapo 4.1.

www.ville.quebec.qc.ca/colloque/2011/docs/david_duval_david_paradis_mobilite_durable_qualite_espaces_publics.pdf

Densification de parcelles de bungalows, Québec.

« The Rise », à Vancouver, superposedes maisons de ville en toitured’une grande surface commerciale.

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LE PLATEAU CENTRE DE SAINTE-FOY

Une planification à long terme pourun secteur en transformation

En janvier 2013, la Ville de Québec se dotait d’un Programme particulier d’urbanisme (PPU) pour une portion de l’arrondissementSainte-Foy-Sillery Cap-Rouge qu’elle désigne comme le « Plateau centre de Sainte-Foy ». Ancien secteur de banlieue, le Plateau centrede Sainte-Foy s’est transformé au fil du temps pour devenir la seconde concentration d’affaires et d’emplois de la région — aprèsle centre-ville — et son principal secteur de destination, tous modes de déplacements confondus. Le présent article résume la visionet les orientations à la base de cette planification d'envergure

Ce vaste territoire d’un peu plus de4 km2 (voir figure 1) est traversé parplusieurs grandes artères, dont le boule -vard Laurier, l’axe Robert-Bourassa, lechemin des Quatre-Bourgeois et la routede l’Église. En plus d’inclure le pôlerégional de Sainte-Foy et le secteurd’entrée de ville attenant aux échan -geurs des ponts de Québec et Pierre-Laporte, on y trouve un pôle de serviced’arron dis sement, le secteur résidentielSaint-Denys et la frange universitaireRobert-Bourassa. On y trouve deuxcentres hospitaliers d’impor tance, uncampus universitaire fréquenté parquelque 35 000 étudiants et la secondecon cen tration hôtelière en importancede la ville. Nul doute que sa localisationà la tête des ponts et dans le prolon -gement naturel du centre-ville a favoriséson essor.

Aujourd’hui, le Plateau centre deSainte-Foy continue d’évoluer de façonremar quable et d’attirer des projetsimmo biliers majeurs. Or, ces chan ge -ments ne se font pas sans heurts. Latransition entre les projets de hautestature et les secteurs de faible densitévoisins est parfois difficile, les pres sionssur le réseau routier s’accroissent, et lescitoyens se soucient de l’impact de cesprojets sur leur qualité de vie.

Parallèlement, les réflexions amorcéespar la Ville l’ont conduite à des cons tatsdéterminants. Entre autres, le secteurest trop faiblement peuplé, il peine àexprimer son identité à défaut d’unearchitecture et d’aménagementsdistinc tifs, et l’espace public, d’abordconçu en fonction de l’automobile,demeure peu convivial et rassembleur

» DIANE COLLIN, urbaniste

pour les milliers de personnes qui lefréquentent quotidiennement. Ces pro -blèmes ont conduit la Ville de Québec àinitier une démarche de planificationintégrée.

Vers une vision d’avenir L’adoption d’un PPU est apparuecomme la meilleure façon d’orienter, àlong terme, le développement et lamise en valeur du Plateau centre de

Sainte-Foy. Celui-ci constitue désor -mais la référence officielle pour touteintervention dans le secteur, allant desprojets immobiliers privés aux inter -ventions sur le domaine public.

La vision d’avenir portée par la Villeconsiste à « reconnaître les rôlesmultiples du Plateau centre de Sainte-Foy qui constitue à la fois une entréede ville majeure, un pôle de service,

Figure 1 : Territoire d’application du PPU

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d’emplois et d’enseignement régional,un pôle d’arrondissement et un milieude vie; D’en faire un centre urbaindense, mixte, habité et vivant où laqualité de vie prédomine ». La stratégied’intervention qui en découle se fondesur les quatre axes suivants :

Les fonctions Pour faire du Plateau centre de Sainte-Foy un lieu plus animé et vivant, laVille préconise un renforcement mar -qué de la présence résidentielle, defaçon à en faire un milieu dynamique,animé et habité à toute heure du jour.Elle souhaite aussi une mixité accruedes fonctions, horizontalement etverticalement, et privilégie la présencede basilaires commerciaux en front desartères qui desservent le secteur.Parallèlement, elle soutient la poursuitedu développement des activités pré sen -tant un rayonnement régional (bureau,recherche) qui contribuent au dyna -misme du secteur (voir figure 2). Cesactivités étant d’importants générateursde déplace ments, le PPU prévoit leurconcentration aux endroits les plusaccessibles par tous les modes detransport, en priorité le long duboulevard Laurier.

La densificationLe Plateau centre de Sainte-Foy recèle unimportant potentiel de dévelop pe mentqui se présente sous la forme de terrainsvacants, de sites sous-utilisés attenantsaux artères – souvent des sta tion nements

– ou d’îlots voués à une requalification. LaVille cherchera à com bler ces inter sticesdans la trame urbaine.

Le PPU balise la répartition des hau teursde façon à soutenir l’émergence d’unprofil urbain cohérent, à assurer unencadrement continu des artères (voirfigures 3 et 5), à optimiser l’expé rienceurbaine et le confort clima tique, tout entenant compte des milieux atte nants deplus faible densité. En général, un

gabarit minimal de quatre étages et unehauteur maximale variant de six à dixétages sont prévus le long des artères. Leboulevard Laurier – cœur du pôlerégional – fait l’objet d’une stratégieparticulière. Il sera ponctué de quatrepointes de hauteur – variant de 17 à29 étages – localisées près des stationsde transport en commun projetées dansle cadre du projet de tramway ou deservice rapide de bus.

Une attention soutenue a été portée à latransition entre les artères – comme laroute de l’Église et le boule vard Laurier –et les secteurs résidentiels de faible den -sité. Entre autres, l’application d’anglesd’éloignement a été retenue pour assurerune diminution progressive des hauteurset le maintien de l’enso leillement despropriétés résidentielles adjacentes.Ainsi, un édifice visé par cette mesurepourrait atteindre six à dix étages enfront de l’artère, mais pas plus de trois ouquatre étages du côté de la rue rési -dentielle voisine. De plus, la présenced’un usage résidentiel est exigée en frontde la rue résidentielle parallèle pouréviter que celle-ci ne devienne une voiede service (voir figure 4).

Pour certains secteurs sous-développéscomme l’avenue des Hôtels, le secteurmixte de l’Église ou certaines portionsdu secteur St-Denys, des scénarios de

Le boulevard Laurier au sein du plateau centre de Sainte-Foy

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Figure 2 : Stratégie volumétrique et mixité verticale

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Figure 4 : Application d'un angle d'éloignement

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consolidation et de mise en valeur plusélaborés sont proposés afin d’assurerune utilisation de leur plein potentiel.On y propose des milieux de vie mixtesqui permettront d’accroître la présencerésidentielle dans le Plateau centre deSainte-Foy.

Les déplacementsLe Plateau centre de Sainte-Foy est leprincipal secteur de destination en villeet un point de convergence majeur dutransport en commun. Or, son réseau rou -tier est sur le point d’atteindre le niveaude saturation, ce qui pourrait com pro -mettre la poursuite de son dé ve lop -pement. Le PPU fait valoir l’urgence derepenser la façon d’occu per le terri toireet de se déplacer au sein de celui-ci.

Dans l’esprit du Plan de mobilité durableadopté en 2011, il est apparu incon -tournable d’améliorer l’accès au secteurpar tous les modes de trans port. Tout enmaintenant la capacité du réseau routier,il est essentiel d’ac croître la performancedu transport en commun et de pro -mouvoir les dépla cements actifs. Desinterventions sur le domaine publicpermettront de bonifier les lieux d’atten -te du transport en commun et de rendreles chemine ments piétonniers et cycla -bles plus conviviaux, agréables et sécu -ritaires (voir figure 5). Par ailleurs, la Villefait le pari qu’aug menter le nombre deloge ments permettra à un plus grandnombre de vivre à proximité des emploiset des ser vices en place, favorisant lesdéplace ments actifs et en commun.

La qualité du domaine public Le PPU met en évidence l’importanced’offrir un environnement urbain con -vivial aux milliers de personnes quifréquentent quotidiennement le secteurou qui y vivent. Ainsi, la Ville propose lacréation d’un réseau d’espa ces publicspropices à la détente et à l’animationurbaine. Elle projette de revoir l’amé na -gement du domaine public aux abordsdes artères. C’est le cas du boule -vard Laurier où l’on envi sage la mise enplace d’une pro menade sur laquellepourront s’ouvrir les vitrines commer -ciales (voir figure 5). Enfin, la Villeencourage les acteurs privés à réaliserdes projets qui se distingueront par leurarchitecture exemplaire et nova trice.C’est pourquoi le Plateau centre de

Figure 3 : Encadrement du domaine public actuel et projeté

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Figure 5 : Le boulevard Laurier, avant et après.

Sainte-Foy a été assujetti au con trôle dela Commission d’urbanisme et deconservation de Québec, un orga nismedécisionnel dédié au contrôle de laqualité de l’architecture.

En somme, par son PPU, la Ville deQuébec souhaite doter le Plateau centrede Sainte-Foy d’une image distinctive,propre à ce secteur, et marquer lepaysage d’entrée à la capitale de façonsymbolique. À cet égard, elle proposede s’inspirer des thèmes de la moder -nité et du savoir qui reflètent bien lesecteur, et ce, tant dans la conceptiondes aménagements, de l’éclairage, dumobilier urbain que de l’art publicurbain à intégrer aux lieux.

Mise en œuvreLe PPU est en vigueur depuis plus d’unan, et plusieurs étapes devront encoreêtre franchies pour en assurer la mise enœuvre complète. Ayant déjà trans poséson contenu dans la régle men tationd’urbanisme, la Ville doit main tenantrépartir dans le temps les inter ventions

qu’elle projette sur le domaine public,établir un plan d’action en conséquenceet doter les projets jugés prioritaires deplans d’aménagement plus détaillés.Entre autres, la Ville collabore avec leministère des Trans ports du Québec et laCommission de la Capitale nationale àl’élaboration d’un Schéma directeur del’entrée de la capitale, qui couvrenotamment le sec teur des ponts. De plus,la consoli da tion et la mise en valeur dusecteur à l’ouest de la route de l’Églisefont l’objet de réflexions particulières.Possédant plusieurs terrains sur lesquelssont prévus d’importants pro jets publics,dont un futur centre de glaces, la Villesouhaite coordonner cette démarche etinscrire chaque intervention dans uneprogrammation urbaine intégrée.

Le PPU du Plateau centre de Sainte-Foyest le fruit d’une planification qui s’estéchelonnée sur près de trois ans et quifut accompagnée de nombreuses étudesspécifiques. Plusieurs séances d’infor ma -tion et de consultation – qui ont au total

attiré quelque 1000 participants – ont eulieu afin de valider la stratégie d’inter -ven tion de la Ville. À ces occasions, plu -sieurs citoyens ont exprimé des réservesquant à la transition – jugée encore tropbrusque – entre secteurs de forte densitéet milieux résidentiels unifamiliaux. Lescommentaires reçus ont été compilés,analysés, validés auprès des élus et ontentraîné près de 200 ajustements au PPUinitial (hauteur, nombre de logements,tracé de rues locales), que l’on pourraitqualifier de raffinement.

Dans un milieu déjà confronté à degrands changements et qui continuerade se transformer, il était impératif quela Ville fasse preuve de souplesse etd’une grande écoute des citoyens. Il enallait de l’acceptabilité de l’ensemblede sa vision d’avenir. Parce qu’elle a sutenir compte des plus grandes pré oc cu -pations qui lui furent exposées, sonPPU pour le Plateau centre de Sainte-Foy a été bien accueilli.

Diane Collin, urbaniste, travaille à la Ville de Québec

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1 Une cour de voirie municipale est un site où est entreposé l’équipement de la ville lié à la voirie, c’est-à-dire l’équipement lié à l’entretien du réseau routier. Certains arrondissements offrent aussi lapossibilité à leurs citoyens d’y déposer leurs déchets solides ou encombrants comme les déchets de construction (béton, bois, etc.) ou les appareils électroménagers.

La requalification de la cour de voirieHonoré-Beaugrand

C’est lors d’une conférence de presse, le 27 mars 2014, que le projet de requalification de la cour de voirie Honoré-Beaugrand,à Montréal, fut officiellement lancé. Qualifié par un commerçant de la rue Hochelaga de véritable « bouffée d’oxygène pourla rue commerciale », le projet prévoit un peu plus de trois cents unités d’habitation, plus de 3000 pieds carrés d’espace commercialet des espaces verts sur ce site d’environ 1,3 ha.

Bien que l’annonce officielle soitrécente, l’idée de déménager la cour devoirie municipale1 pour en faire undéveloppement résidentiel et commer -cial est loin d’être nouvelle. Depuisplus d’une dizaine d’années, de nom -breux commerçants et citoyens espè -rent voir le site revalorisé, mais ce n’estque tout récemment que sa reloca li -sation a été identifiée comme unepriorité de la Ville de Montréal, qui aintégré le projet dans son plan triennald’immobilisations 2014-2017.

Le secteur TétraultvilleMercier-Est, aussi appelé Tétraultville,est un quartier méconnu de l’arron dis -sement montréalais Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. Situé à l’extrémité est del’arrondissement, à la limite de la ville deMontréal-Est, le quartier possède descaractéristiques qui le distinguent de sonvoisin Hochelaga-Maisonneuve. Petitsbungalows, grands arbres matures, largeplace à l’automobile, le développementde Mercier-Est (voir figure 1) s’appa renteau modèle des banlieues d’après-guerre.

La faible densité du secteur et la venuedes grands centres commerciaux LaPlace Versailles et les Galeries d’Anjouau cours des années soixante ont eucomme conséquences la dévitalisationde l’artère commerciale Hochelaga.Rares sont les commerces qui s’instal -lent et persistent sur la rue. La partiesud de Tétreaultville (au sud de la rueHochelaga) est de plus caractérisée parun indice de défavorisation élevé.

Se trouvant à l’angle de la rue Honoré-Beaugrand et de la rue Hochelaga, lacour de voirie Honoré-Beaugrandmarque l’entrée du quartier et plusspécifiquement, l’entrée de la zone de

revitalisation urbaine intégrée et duquartier vert de Mercier-Est. C’est unetrame commerciale discontinue ainsiqu’un site déstructuré, sous-utilisé etnégligé qui façonnent le paysageurbain du secteur.

Pourtant, à moins d’un kilomètre de lastation de métro Honoré-Beaugrand etde grands axes autoroutiers (A40, A25,pont-tunnel Louis-Hypolite Lafontaine),le site jouit d’un emplacement straté -gique. La proximité du centre-ville, denombreux parcs, des écoles et de nom -breux services constituent d’autres atoutsau développement du terrain. La requa -lification de la cour de voirie Honoré-Beaugrand offre donc un immensepotentiel de revitalisation urbaine, avecla possibilité d’en faire un secteur axé surles déplacements actifs et collectifs.

Une demande de la collectivité Mercier-Est possède une culture demobilisation citoyenne bien établie

depuis déjà une vingtaine d’années. Sapopulation a pris part à plusieurs repri -ses à des processus de planifi ca tionurbaine, notamment dans le cadre desdémarches de revitalisation urbaineintégrée (RUI) et du quartier vert. Elleest donc bien au fait des problé ma tiquesde son quartier et des pistes de solutionà explorer. Les citoyens de Mercier-Est,accompagnés par la table de concer -tation du quartier, ont vu l’importancede se mobiliser encore une fois pour leprojet de requalifi cation de la cour devoirie Honoré-Beaugrand.

L’origine de la démarche de consul ta -tion remonte à 2009 et provient d’unedemande d’appui faite à la table deconcertation de Mercier-Est par le pro -priétaire d’une épicerie sur Hochelaga,aussi citoyen du quartier. Ce propriétaireavait déjà à l’époque le projet d’agrandirson commerce et il avait jeté son dévolusur le terrain de la voirie, situé en face de

» ANDRÉ-ANNE CADIEUX, urbaniste-stagiaire

Entrée ouest du quartier Mercier-Est,à l’intersection des rues Hochelaga etHonoré-Beaugrand. À droite, le terrainde voirie Honoré-Beaugrand, donnantface à deux stationnements etau marché d’alimentation IGA.

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d’alimentation de grande surface.Con cernant cette dernière recom man -da tion, il faut souligner que l’offre ali -mentaire dans le quartier est défi ciente.L’accès à des aliments frais, diversifiéset abordables est difficile pour de nom -breux ménages; plus de 25 % desrésidents de Mercier-Est habiteraientune zone de désert alimentaire2.

D’autres éléments ont été mentionnéslors des discussions, tels que le ver dis -sement des toits, la construction destationnements souterrains et l’apai -sement de la circulation sur les ruesHochelaga et Honoré-Beaugrand.En termes d’offre résidentielle, les par -ticipants ont signalé l’importance derépondre aux changements démo -graphiques qui s’opèrent dans le quar -tier afin de favoriser un développementrésidentiel adapté aux familles etaux aînés.

Une démarche itérativeLes conclusions de cette soirée decon certation ont été transmises àl’arron dissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve qui avait manifesté savolonté à s’engager dans ce projet.Le coordonnateur de la démarche RUI aensuite été invité par l’arrondissement àsiéger au Comité de réflexion sur l’avenirde la voirie de Mercier-Est.

Deux ans plus tard, en 2012, unepremière proposition est présentée parl’arrondissement lors de deux séancesde consultation auprès d’organismesdu quartier et des résidents voisins duterrain de la voirie. Cette premièreébauche a suscité des réactions miti -gées. L’impact potentiel du projet sur lacirculation automobile dans le secteuret la relocalisation de jardins commu -nautaires ont fait l’objet de critiques,mais c’est surtout la densité proposéequi a été perçue de manière négativepar les participants. Tel que mentionnéplus tôt, le cadre bâti du quartier estcaractérisé par un milieu résidentiel defaible densité, et les immeubles de plusde trois étages sont quasi inexistants.Il n’est alors pas surprenant que lanouvelle construction proposée de sixétages n’ait pas fait l’unanimité. Lescommentaires émis lors des séancesd’information expriment l’association quiest souvent faite entre densification et

son bâtiment actuel. La rumeur lais saitentendre depuis déjà quelques annéesque les infrastructures munici pales s’ytrouvant pourraient être déménagées.

Un processus de concertation a donc étéentamé par la table de quartier afin decibler les besoins de la population et defaire une proposition à l’arrondis sementune fois des suggestions et des souhaitsexprimés par la population. Une soiréede consultation s’est dérou lée enmars 2010, sous la forme d’ateliersde dis cus sion et de réflexion. En sontressortis plusieurs constats.

Les participants ont d’abord identifiéplusieurs terrains et bâtiments (immeu -bles en décrépitudes ou encore sta tion -nements et espaces sous-utilisés) ayantaussi un potentiel de requalification etsur lesquels le projet de la cour de voirieaurait probablement un impact positif.

En termes de besoins, les participantsont surtout revendiqué la conceptiond’espaces de socialisation et de ren -contre, la qualité du design (un projetesthétique et durable), la présence delogements abordables, la mixité desusages et l’inclusion d’un commerce

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Figure 1 : Localisation de la cour de voirie Honoré-Beaugrand, dans le quartier Mercier-Est.

2 Source : Dario Enriquez (2011) dans Il était une fois Mercier-Est... Portrait de quartier (2013).http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/page/arrond_mhm_fr/media/documents/portrait_Mercier_Est.pdf

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perte de qualité de vie. On redoute degros bâtiments sans charme ni qualitéarchitecturale.

La Direction de l’habitation de la Villede Montréal, conjointement avecl’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, s’est ensuite penchée surles besoins en logement commu -nautaire. La Société d’habitation deMontréal a eu pour mandat de réaliserquelques propositions et de vérifierla faisabilité du projet en fonction decertains éléments mentionnés en con -sultation. Un retour auprès de la com -munauté a été réalisé en 2013, pour laprésentation d’un projet révisé, tenantcompte des commentaires émis lors dessoirées de consultation de 2012.

Le processus de concertation et de con -sul tation a donc permis de mettre desbalises au projet et de lui donner uneorientation déterminée par la collectivitélocale. Un travail qui a porté ses fruits, carla proposition finale (voir figure 2)semble satisfaire aux attentes du plusgrand nombre. En effet, une surface de3700 pi2 est planifiée au rez-de-chaus -sée, dont un minimum de 3200 pi2 quidoit être comblé par un commerced’alimen tation de grande surface. Leprojet de quatre à six étages accueillera325 nouvelles unités d’habitation loca -tives et de copropriétés, dont 20 % seraréservé à du logement social. C’est 27 %du site (comprenant le parc adjacent) quisera consacré à des espaces verts.

Le début des travaux, prévu pour 2016,est attendu avec impatience dansMercier-Est. La requalification du clos devoirie aura sans aucun doute un impactconsidérable sur la vocation des terrainsprésentement sous-utilisés du côté nordde la rue.

La voirie étant la propriété de la Villede Montréal, le projet présentait en soiun véritable défi de collaborationentre l’arrondissement, la Ville, le

milieu com munautaire et la populationlocale. L’implication de chaque partieprenante à chacune des étapes dela planifi cation du projet prometun dévelop pement qui s’intégrera defaçon harmo nieuse au milieu existantet qui sera accueilli favorablementpar la population.

André-Anne Cadieux est chargée de projet à la tablede concertation Solidarité Mercier-Est, dans le cadrede la démarche de revitalisation urbaine intégrée du quartier.

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Figure 2 : Concept du projet : la première phase serait constituée du volet social et de l’espace commercial durez-de-chaussée, donnant sur la rue Hochelaga.

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L’habitation communautaire, qui fournitdes logements locatifs abordables pourdes ménages à faible ou moyen revenu,se développe sur le territoire québécoisdepuis presque 40 ans. Source d’inno -va tion, elle est en mesure de répondreaux enjeux de mixité sociale par le biaisd’interventions ciblées, à différenteséchelles et sur différents plans, soitfinancier, territorial, patrimo nial etarchitectural ainsi qu’auprès decatégories de population, etc.

L’habitation communautaire a pourobjectif de dépasser le cadre du loge -ment pour créer des « milieux de vie »avec une place pour tous et pourpermettre aux personnes les moinsfortunées de vivre là où elles lesouhaitent, dans le quartier qui leurconvient. Elle a su prouver depuislongtemps sa capacité à préserver ouà accroître les différentes fonctionsdonnées aux quartiers, – la mixitéurbaine – et de ce fait la mixité sociale.Les modèles d’habitation et d’immobiliercommunautaires n’ont cessé d’évoluerau fil des décennies pour mieux répon dre

aux besoins des usagers et usagères etpour mieux s’intégrer dans un territoire.

Des solutions de logement variéesL’habitation communautaire, commeson nom l’indique, est issue des com -munautés. Sa conception et sa réalisa -tion se font en concertation avec lesmilieux (les citoyens et citoyennes, lesorganismes communautaires, les élus etélues). Ainsi, dès son émergence, austade même du financement ou desplans, l’habitation communautaire vise àrépondre aux besoins des personnesauxquelles elle est destinée. Des loge -

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L’habitation communautaire,levier de mixité sociale

» EDITH CYR

Des tensions se font régulièrement sentir autour de la mixité sociale dans les quartiers en renouvellement des grandes villes.Sa préservation est au cœur de bien des débats portant sur la ville que nous souhaitons, en particulier celui du logement (son coût,sa rareté et son entretien). L’habitation communautaire fait partie des réponses proposées. Comment peut-elle contribuer à maintenirla diversité de populations vivant dans la métropole?

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ments pour familles seront plus spacieux,situés au rez-de-chaussée, et bénéfi -cieront probablement d’un accès direct àune grande cour. Des appartements pourpersonnes aînées seront généralementassociés à une salle communautaire ou àune salle à manger où seront proposésdes services de repas et d’animationpour pallier la légère perte d’autonomieet l’isolement. Des personnes souffrantd’une déficience ou d’un problème desanté auront une chambre ou un studiodans un édifice qui comprendra égale -ment des locaux pour l’organismecommunautaire qui les accompagnedans leur quotidien, etc.

L’habitation communautaire offre doncdes solutions de logement variées à dessegments de population aux profils trèsdifférents, ce qui fait en sorte que chacunpossède, même en pleine ville, un lieude vie adapté à sa situation personnelle,selon ses finances, sa condition physiqueou autre.

Ainsi, l’OBNL Cité des Bâtisseurs et lacoopérative d’habitation Le Chalutier,situés dans le même bâtiment à Pointe-Saint-Charles, ont rendu des logementsaccessibles à plus d’une centaine de per -sonnes âgées de 65 ans et plus en légèreperte d’autonomie et à une quinzainede familles.

Maintenir l’abordabilitédes logements Les interventions de construction, deréno vation ou de transformation menéesdans le cadre des projets d’habitationcommunautaire permettent de revalo -riser des terrains désaffectés, des

immeubles en mauvais état ou insa -lubres, ou un patrimoine vieillissant.C’est le cas du projet de MaisonProvidence, l’ancien couvent des Sœursde la Providence dans Ville-Marie, un

bâtiment que la congrégation ne pouvaitplus entretenir. Actuellement en trans -formation, il va accueillir d’ici quelquesmois des organismes de l’économiesociale à la recherche de nouveaux

QUELQUES NOTIONS DE BASEAu Québec, le logement communautaire est une formule distincte dulogement public ou HLM. Alors que ce dernier est propriété de l’état, lelogement communautaire est la propriété soit des occupants, regroupésen coopérative, soit d’un organisme à but non lucratif qui représente cesoccupants. Les logements peuvent s’adresser à des familles, despersonnes seules, à des personnes âgées en légère perte d'autonomieou des personnes ayant des besoins particuliers en habitation (parexemple des itinérants, des femmes ou des jeunes victimes de violence,etc). Les coopératives et les OSBL d’habitation intègrent des ménages àfaible et moyen revenu, alors que les HLM n’hébergent que des ménagesà très faible revenu.

Les nouveaux logements communautaires qui voient le jour sont presquetous financés par le programme AccèsLogis Québec (ACL), qui favorise leregroupement des ressources publiques, communautaires et privées.L’aide financière accordée par l’entremise de ce programme prend laforme d’une subvention de la Société d’habitation du Québec (SHQ)correspondant à la moitié des coûts admissibles1. La contributionminimale exigée du milieu (municipalité, MRC, communauté) varie de5 à 15 %. Le reste du financement est assumé par les occupants à traversun prêt hypothécaire que l’organisme promoteur contracte auprèsd’une institution financière agréée pour compléter le financement;il s’agit d’un emprunt sur 35 ans. Celui-ci est garanti par la SHQ

Les loyers maximums ne doivent pas dépasser 95% du loyer médiandans la région. Pour un logement d’une chambre à coucher, ces loyerspeuvent varier de 518 à 746$. Pour un logement de trois chambres àcoucher, cela va de 691à 972$ selon la région. Les ménages les plusdéfavorisés peuvent bénéficier d’une aide pour assumer ces loyers.

1 Dans le cas de certains projets, le financement est partagé avec la Société canadienne d’hypothèques etde logement.

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bureaux, des logements pour personnesâgées autonomes venant du quartier etdes chambres pour personnes âgéesnécessitant des soins de santé.

Les opportunités foncières que consti -tuent les terrains vacants ainsi que lespatrimoines industriel, institutionnel oureligieux sont autant d’occasions depermettre, au moins en partie, le déve -loppement du logement communautaire,assurant ainsi que la mixité sociales’installe ou demeure dans les quartiers,et de laisser aux habitants le choix d’yrester. En effet, les secteurs centraux sontsoumis à des pressions immobilièresentraînant une hausse importante desloyers. Or, les projets d’habitation com -munautaire sont retirés du marché privé;ils viennent augmenter un parc immo -bilier locatif géré collectivement par desmembres de coopératives ou de conseilsd’administration d’organismes à but nonlucratif. Ces personnes sont à la fois loca -taires et propriétaires de ces ensembleset peuvent ainsi décider des hausses deloyer. À l’abri de la vente des logementset de tout autre effet spéculatif du mar -ché, l’abordabilité des loyers du loge -ment communautaire est maintenuesur le long terme, évitant par là-mêmele départ des populations les plus vul -né rables, qui autrement ne pourraientplus payer leur loyer, du fait de sonaugmentation.

Nouvelle tendance, l’inclusiondans les grands développementsLes coopératives d’habitation en plex oude quelques dizaines d’appartements

sont répandues dans le paysagequébécois depuis des décennies. ÀMontréal, une nouvelle tendance appa -raît, encouragée par la stratégie d'inclu -sion de logements abordables dans lesnouveaux projets résidentiels, adoptéepar Montréal en 2005. Il s’agit de projetscommunautaires multifonc tions réali sésen inclusion, lors de projets de requa lifi -cation. Ce sont généralement des déve -loppements de grande enver gure : sontassociés au projet d’habi ta tion commu -nautaire des locaux pour des services(bureaux pour acteurs de l’économiesociale, CPE, etc.), le tout s’intégrant ausein d’un ensemble rési dentiel privé(condominiums). Des per sonnes de tousâges, de toutes condi tions sociales,vivant ou travaillant sur le site, ont ainsil’opportunité de bénéficier à la fois d’unespace qui leur est propre et de zonescommunes favorisant les rencontres etles contacts. Cette orga ni sation duterritoire jette ainsi les bases d’un milieude vie dynamique et soli daire, et doncd’une cohésion sociale accrue.

Ce changement d’échelle était percep -tible dès la révision du plan d’urbanismeen 2004, qui a recensé plus de 20grands secteurs à transformer tels quel’ancien hippodrome Blue Bonnets, oule secteur de l’ancienne gare de triaged’Outremont, investi par l’Université deMontréal. Ces grands sites devraientcéder la place à de nouveaux quartiers.Cependant, une fois que la transfor -mation aura été effectuée, l’enjeu sera derelier ces quartiers renouvelés à leurenvironnement.

Les groupes de ressources techniques enhabitation communautaire comme Bâtirson quartier gardent en tête les petitesentreprises, les regroupements d’entre -preneurs locaux, les petits producteursculturels à qui il faut réserver des surfa -ces dans les projets de redéveloppementafin de conserver leur présence dansles quartiers.

À titre d’exemple, le site de l’ancien TriPostal (Bassins du Nouveau Havre dansla Petite-Bourgogne) va accueillir dansles prochains mois un ensemble de loge -ments communautaires (des OBNL et descoopératives d’habitation), du logementabordable développé par la Sociétéd’habitation et de développement deMontréal, du résidentiel privé (condo mi -niums), des commerces et un « Carrefourde la création », qui est un espacecom munautaire artistique développéen partenariat avec le Regroupementéconomique et social du Sud-Ouest.

Les besoins de l’habitationcommunautaire Le développement social et économiqued’une collectivité passe par la créationde milieux de vie inclusifs, mixtes socia -lement et mixtes dans leurs fonctions, undéfi qui est constamment relevé parl’habitation communautaire. En revan -che, certaines conditions sont essen -tielles à son développement : l’habitationcommunautaire a besoin de ressourceset d’appuis pour voir le jour. Cela prendsurtout des volontés politiques (péren -nité des investissements gouverne men -taux dédiés, règlementations particu -lières et autres mesures facilitantes tellesque des réserves de terrain) et desorganisations-conseils tels que lesgroupes de ressources techniques pouraccompagner les projets. Par ailleurs, sil’habitation communautaire pose lesbases d’une cohabitation harmonieuseou d’une bonne cohésion sociale, noussommes également collectivement etindividuellement responsables d’un« bien-vivre ensemble ». Nous avons tousun rôle à jouer si nous souhaitons parta -ger la ville : se parler et s’accepter pourdévelopper des relations plus riches etplus denses dans nos quartiers.

Edith Cyr évolue dans le réseau de l’habitation communautairedepuis plus de 30 ans. Elle dirige l’entreprise d’économiesociale et groupe de ressources techniques Bâtir son quartier,en plus de présider l’Association des groupes de ressourcestechniques du Québec depuis 2001. Mme Cyr siège égalementau conseil d’administration du Fonds québécois de l’habitationcommunautaire.

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URBANITÉ | AUTOMNE 2014 351 Architecte-senior associé chez White Architects.

MISSION D’ÉTUDE

Le renouvellement urbain en FennoscandieReconstruire la ville sur elle-même. Cette expression est utilisée dans divers contextes, parfois même pour des projets de densificationmal intégrés au tissu urbain existant. La Fennoscandie applique ce concept, mais de manière plus dirigée qu’au Québec. Voici quelquesconcepts et inspirations en lien avec le renouvellement urbain tirés d’une mission technique sur « les collectivités viables nordiques »organisée par Vivre en Ville en juin 2013.

Cette mission, à laquelle l’auteur aparticipé, visait à regrouper unevingtaine d’urbanistes et d’architectesdu Québec autour du concept de« collectivité viable nordique » par lavisite d’une dizaine de projets inno -vants en Finlande et en Suède(ici regroupées sous l’expression« Fennoscandie »). L’objectif était nonseulement d’influencer les pratiquesdes professionnels participant à lamission, mais également de partagercette expérience avec les collèguesdu Québec œuvrant dans le domainede l’aménagement du territoire.

Développer la culture du designLa culture du design, c’est ce qui est leplus remarquable de la Fennoscandie.Ces pays nordiques sont en compé -tition saine pour être les plus inno -vateurs dans l’atteinte de la meilleurequalité de vie grâce à la créativité, cequi comprend aussi bien l’architectureque l’urbanisme (et pas seulement lemobilier IKEA!). On y voue un véritableculte à la profession d’architecte – àtitre d’exemple, l’équipe d’architecturede l’agence suédoise White Architectscompte plus de 700 membres – ce quirend « mainstream » la créativité dansles projets. L’intérêt pour la technologieet le design se fait sentir particu liè re -ment dans les volets de l’architecture,de la performance environnementaleet de l’aménagement paysager. Le tout,à travers une certaine simplicité où semanifeste une conception réfléchie,jumelée à une vision de durabilité.

Favoriser la diversité de l’architecturePour assurer une harmonisation et éviterune erreur, il est trop facile, commeurbaniste, d’exiger un seul et mêmemodèle d’architecture pour un secteur.Les conséquences sont ces dé ve lop pe -ments à « architecture contrô lée », quirendent homogène et sans identité

» JEAN-FRANÇOIS L. VACHON, urbaniste

Rien n’échappe au design en Fennoscandie, même les regards d’égouts font l’objet d’un traitement. Vuoosari.

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propre l’urbanisation de plusieursmunicipalités du Québec. Pourtant, les« plans d’implantation et d’intégrationarchitecturale » ne visaient-ils pas àpermettre d’évaluer l’insertion d’unprojet dans un milieu et non à repro duireun même modèle encore et encore?

Plusieurs projets visités en Fennoscandieont démontré une grande tolérance àla diversité architecturale, principa -lement au niveau des différentestypologies et de la cohabitation desdifférentes tenures. Le projet de Bo01 àMalmö est sans doute celui qui illustrele mieux la diversité des typologies.Qu’elle se manifeste par la tourde Calatrava de 54 étages visibleau-dessus de petites maisons de villeou par les styles architecturaux com -plètement différents sur la même rue, ladiversité est une marque de succès pource projet de renouvellement urbain.

Quel niveau d’écoquartiervoulons-nous? Cette question se pose lors de toutnouveau projet de développement au

Québec. On recherche des critères, desaccréditations, des concepts, on joueavec le terme parfois pour le marketingdu projet, parfois pour répondre à uneexigence d’un conseil municipal.

En Fennoscandie, l’architecte MatsEgelius, qui guidait la visite du quartierHammarby, en a surpris plus d’un endéclarant : « Ce projet n’est pas un éco -quartier, c’est simplement un endroitbien fait »1. Pourtant, le projet d’environ11 000 unités d’habitation, offrant plusde 10 000 emplois, comprend un sys -tème de gestion des eaux de pluieexceptionnel, un système pneumatiqueENVAC (moins de 1 % des déchets enSuède vont à l’enfouissement), uneconsommation d’eau quotidienned’environ 150 litres par personne, uneéquipe de suivi environnemental surle site, etc. Chez les Finnois et lesScandinaves, la performance environ -nementale d’un projet n’est plus uneexception : elle fait partie de saconception initiale.

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s’assurent de choisir des terrains des -servis par le transport collectif ou demettre en place de nouveaux réseauxpendant la planification du projet. Deplus, les secteurs priorisés sont souventdes friches industrielles localisées à desendroits stratégiques, tels le quartierArabianranta à Helsinki, en Finlande, oules exemples suédois d’Hammarby àStockholm ou Bo01 à Malmö. La prio ri -sation du renou vel le ment urbain viseainsi à développer des secteurs pluscomplexes en termes de planification,mais avec davantage de bénéfices à longterme pour la communauté.

Même si la réalité du régime foncier estdifférente au Québec, les municipalitésont tous les outils pour arriver auxmêmes fins. Que ce soit par l’iden ti fi -cation d’une séquence de dévelop pe -ment dans les documents de planifi -cation, le contrôle sur l’ouverture desrues et le zonage, le pouvoir discré tion -naire sur l’architecture et les aména ge -ments paysagers, etc., l’approchefennoscandinave peut être traduite dansles outils d’urbanisme à la disponibilitédes municipalités du Québec.

Le projet, un processus decollaboration avant toutAvec l’avenue des ententes relativesaux travaux municipaux au Québecinscrite en 1994 dans la Loi sur l’amé -nagement et l’urbanisme, les villes ontpu se développer sans trop affecter leurcapacité d’emprunt. Par la suite, lesvilles ont partagé avec les dévelop -peurs le coût pour la mise en place desinfrastructures. Ces dernières années,on observe toutefois une tendanceallant plutôt vers une politiqued’utilisateur-payeur qui fait que lesvilles ne s’impliquent plus du tout dansles projets de développement. Elles selimitent à être des « comités réviseurs »de projets et la notion de partenariats’efface petit à petit.

En Fennoscandie, on observe unphénomène tout à fait différent : lesvilles investissent dans les projets,d’abord dans la conception, en réali -sant elles-mêmes les plans directeursavec des urbanistes et architectes-conseils, mais également dans laréalisation. À titre d’exemple, dans lecas du projet d’Hammarby, la ville ainvesti l’équivalent de 200 millions dedollars pour l’expropriation et ladécontamination de la friche, le gou -vernement suédois, environ le mêmemontant et finalement… le privé a

investi l’équivalent de quatre milliardsde dollars en construction.

Le partenariat entre la ville et les cons -tructeurs se constate par l’impli ca tiondes professionnels de la munici palitédans un projet. Ainsi, pour tout grandprojet de développement en Finlande, laVille met en place les ressources pourcréer un bureau de projet qui suivratoute sa réalisation. Le chargé de projetresponsable de la planification resteimpliqué jusqu’à la dernière construc -tion. Il travaille de concert avec lespromoteurs pour trouver des solutionsafin d’atteindre la vision de la munici -palité et les objectifs des deux parties.Pour leur part, les promoteurs sont à livreouvert au niveau financier avec la muni -cipalité pour expliquer leurs attentes entermes de profit. Cette trans parenceécono mi que résulte en une plus grandecon fiance entre les parties, ce qui faciliteensuite l’innovation et la créativité.

Le processus de collaboration com prendégalement l’implication des diversesparties prenantes de la société. L’impli -cation citoyenne pour l’adhésion à unprojet immobilier est institution naliséepour s’assurer que le projet répondeaux valeurs de la communauté.Les munici palités prévoient égalementdes méca nismes pour favoriser l’accèsau logement par la mise sur pied de

Cohabitation des typologies et variétéarchitecturale à Malmö.

Gestion des eaux de surface et aménagementspaysagers à Malmö.

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Relier l’architecture à la natureFinalement, si l’aménagement pay sa -ger au Québec semble être une obli ga -tion réglementaire ou une exigence àun développement, en Fennoscandieles aménagements paysagers fontpartie intégrante des projets. Placesurbaines végétalisées, gestion durabledes eaux de pluie, optimisation de lalumière naturelle dans les lieuxpublics, petits sentiers pour relier lessecteurs, le redéveloppement urbainpasse ainsi par ces lieux créés grâce àla con ser vation de la nature existantedans les parcs ou la création denouveaux espaces naturels dans lesprojets. Les cours d’eau et les arbresmatures sont présents dans les projets,comme si le rôle premier d’un concep -teur était de relier l’architecture à lanature et non l’inverse.

La priorisation des grands projetssemble être la clé du succès du renou -vellement urbain en Fennoscandie. Lesmunicipalités prévoient dans leur plandirecteur une séquence de déve lop pe -ment en fonction des terrains qui sontles plus fonctionnels pour recevoir denouveaux projets. Les projets sontplanifiés par la municipalité avec desurbanistes et architectes-conseils surune durée de 5 à 10 ans pour ensuiteêtre réalisés par des entreprises pri véessur une période de temps équivalente.

En priorisant les secteurs, les muni ci -palités contrôlent l’étalement. Elles

Exemple d’aménagement de parc à Eko-Vikki.

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Exemple d’aménagement de parc à Eko-Vikki. JE

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Le projet Hammarby à Stockholm, résultat d’un partenariat pour un projet innovateur et unique.

projets en coopératives, le contrôle del’augmentation des loyers, des projetssous forme d’emphytéose, etc. Finale -ment, la collaboration est même artis -tique. À Helsinki, par exemple, 1 % dela valeur du projet doit être donné àde la collaboration artistique dans ledéve loppement. Tous ces mécanismesexistent et sont possibles au Québec.

La Fennoscandie semble seulementplus expérimentée et méthodique dansleur application.

Rien n’est parfait et les villes nordiquesvisitées connaissent également desenjeux qui leur sont propres. Toutefois,retenons de cette mission qu’en combi -nant design, planification et parte na riat,

les municipalités du Québec auront éga -lement l’opportunité de faire du déve -loppement autrement et d’être fièresde leurs réalisations visant à bien« reconstruire la ville sur elle-même ».

Jean-François L. Vachon, urbaniste, est directeurde l’urbanisme, de la planification et du développementdurable à la Ville de Bromont.

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ENTRETIEN AVEC CHANTAL TALLAND

Croire au potentiel des quartiersLa directrice de l’École de rénovation urbaine (ERU), créée en 2005 à Aubervilliers pour formerles intervenants du grand chantier de rénovation urbaine entamé en France en 2003, tracepour Urbanité les grandes lignes de cet enseignement pas comme les autres surles interventions urbaines dans les quartiers populaires. ER

U Chantal Talland

1 Jean-Louis Borloo, alors ministre en charge de la politique de la ville, a initié le programme de rénovation urbaine en 2003, aussi appelé « plan Borloo ».

Comment la rénovation urbaine de banlieues populairesdégradées débouche-t-elle sur l’avènementd’écoquartiers? Plus que d’une certification, il s’agit d’une démarche qui mêle letriptyque écologie-stratégie urbaine-social, en vue de retrouverun urbanisme durable et pérenne pour les habitants. La réno -vation urbaine relève bel et bien de cette démar che, puisquen’est durable que ce qui porte la capacité à se transformer. Lespremiers chantiers de cette rénovation ont porté sur commenttrans former les quartiers popu laires. La seconde séquence,actuellement en cours, capitalise sur ces premières expé riences,mise sur la durabilité et va jusqu’à la co-construction avec leshabitants. Le quartier de La Duchère, à Lyon, est emblé matiquede ce mouvement. Mais d’autres collectivités s’illustrent commeAngers, où un important travail a porté sur la place de la con cer -tation, sur comment elle doit influer sur les pratiques pro -fessionnelles des services de l’agglomération, car il est essen tield’avoir un objectif commun et d’adapter les démarches auxprojets. On ne concerte pas partout de la même façon.

Quelles leçons tirer du premier chantier de l’Agencenationale pour la rénovation urbaine (ANRU) alorsque le deuxième s’engage?D’un point de vue urbanistique, le premier chantier a montréqu’il est possible de transformer les quartiers de grandsensembles de façon majeure. Il a fait prendre conscience de lanécessité que tous les acteurs travaillent ensemble, et non ensilos. C’était même un des grands principes des projets Borloo1.

Ce chantier nous a également appris comment les problé ma -ti ques de gestion doivent être liées au projet. Cela rejointla logi que des écoquartiers, puisqu’il faut s’assurer de la priseen compte de la gestion future du quartier dès la conceptiondu projet.

À travers le plan Borloo, on a réussi à remobiliser les forcespubliques sur les quartiers d’habitat social, et à prouver que cesderniers ont de la valeur. On peut aujourd’hui aller encore plusloin, en en faisant des quartiers comme les autres dans la ville.

Il est vrai qu’aujourd’hui encore, un des enjeux pour cesquar tiers est de les faire participer aux dynamiques d’agglo -mération, notamment en termes d’emploi et de déve lop -pement économique.

Enfin, la planification courte, sur sept ans, de ces projetsde rénovation urbaine en a constitué une force, et cet exercicea beaucoup fait gagner les professionnels en compétence.

En matière d'enseignement du renouvellement à l'ERU,qui sont les penseurs les plus consultés ? Quellestendances et quels courants d'idée sont les plus utilisés ?Quels projets exemplaires sont les plus étudiés ?On ne peut pas à proprement parler de courant. Tous les pro fes -seurs de l’ERU par ta gent la même empathie pour les projets derénovation urbaine et les grands ensembles. Ils croient éga le -ment au potentiel de ces quartiers qui ouvre sur leur possibletrans formation. Il s’agit même du fil conducteur de tousles intervenants de l’école. Les ensei gnements se font dans

» Propos recueillis par AMÉLIE CASTAING-RIGAUD, urbaniste-stagiaire

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« À travers le plan Borloo, on a réussi à remobiliser les forces publiquessur les quartiers d’habitat social, et à prouver que ces derniers ont de la valeur.

On peut aujourd’hui aller encore plus loin, en en faisant des quartierscomme les autres dans la ville. »

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Une formation aux habitants proposée par l'Ecole du Renouvellement urbain, en France.

L'Ecole propose des formations sur le terrain ou modules délocalisés. Leurs objectifs : identifier les principes clés de la composition urbaine, analyser le tissu urbain et comprendreson évolution, comprendre la place et les enjeux de l’habitat dans l’exercice de la composition urbaine et replacer le projet de renouvellement urbain dans ce contexte.

une vraie relation d’égalité, en face à face avec les pro fes -sionnels. Il reste toutefois encore des progrès à faire,notamment pour la prise en compte des paysages.

Nos intervenants sont tous des professionnels de la rénovationurbaine et des chercheurs, sélectionnés sur leur expertise et leurcapacité de problématiser cette dernière pour des profes -sionnels. Et chacun enseigne selon sa propre sensibilité.

Nous nous appuyons sur de nombreux exemples, et nousévitons les contre-exemples. Il ne s’agit pas de nier les diffi -cultés, mais davantage de montrer ce qui marche et pourquoi.Le choix des exemples est très polysémique, car le fait urbainest complexe. C’est pourquoi nous organisons des voyages àl’étranger. Nous irons prochainement à Berlin travailler surl’organisation, l’« empowerment» et comment le prendre encompte dans les projets.

S’il fallait ne citer qu’un quartier, je penserais à celui emblé -matique des 4000 à La Courneuve, dans la banlieue Nord deParis. Ce quartier a beaucoup fait parler de lui dans toutel’histoire de la politique de la ville en France. La Ville et sesacteurs sont très engagés, et le quartier a été complètementmodifié par la rénovation urbaine. Aujourd’hui, les habitants s’y

sentent bien chez eux. Le chantier a permis d’y ramener unequalité de vie, par rapport au sous-investissement qui régnaitau démarrage du projet.

Enfin, comment l'enseignement de l’urbanisme eten particulier de la rénovation ou du renouvellementurbain a-t-il évolué à la lumière de l'expériencedes projets de rénovation urbaine?J’ai l’impression que les professionnels ont davantage avancéque c’est l’université qui reste encore très cloisonnée.Cela changera peut-être dans les écoles d’architecture. Maison demeure toujours un peu dans une pensée urbainede l’aménagement par ZAC (zone d’aménagement concerté).On sait moins bien aménager sur un tissu urbain existant, alorsque c’est un enjeu d’avenir pour les architectes et les urbanistesqui se joue là : la ville durable. Si on veut rentrer dans uneproblé matique écologique, il faut travailler sur l’existant, requa -lifier les quartiers, les parcelles, les commerces. Ce qui pose laquestion des outils, y compris en architecture. Qu’est-cequ’apprendre à renouveler l’habitat? Il va nous falloir du temps.Mais je suis très confiante en la nouvelle génération d’urba -nistes, plus sensible à cette vie urbaine.

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dossier

40 URBANITÉ | AUTOMNE 2014

BUFFALO

Revitaliser un quartier à la fois ne suffit pas

La région métropolitaine de Buffalo-Niagara Falls se trouve à l’extrémité ouestde l’État de New York, vis-à-vis de lapéninsule et région ontarienne deNiagara. L’histoire du déclin de Buffaloressemble à celles de Détroit, Cleveland,Philadelphie ou Trenton. En effet, lesémeutes raciales de la fin desannées 1960 ont coïncidé avec ladéliquescence du secteur manufacturieret l’exode des familles de classemoyenne, généralement de race blanche.Autre frappante ressemblance : l’exodedes blancs (« white flight ») hors desnoyaux urbains industriels de Buffalo etde Niagara Falls s’est opéré en partie auprofit des banlieues, dont la banlieued’Amherst qui est passée d’une popu la -tion d’environ 31 000 habitants en 1950à 122 000 en 2010, alors que Buffalo aperdu plus de 320 000 habitants (soit

plus de la moitié de sa population) durantla même période.

Ce qui distingue Buffalo d’autres régionsayant connu le même sort est peut-êtrele grand nombre d’initiatives visant àrelancer l’économie de la région qui yont été lancées depuis le début desannées 90, sans guère de résultats.Un exemple notoire est la création duEconomic Development CoordinatingCommittee (EDCC) à la fin desannées 1980 qui visait justement àmieux coordonner les plans d’actiondes diverses municipalités et entitésgouvernementales de la région métro po -litaine. Mais selon Eddie Friel, à qui l’onattribue la transformation de Glascowdans les années 1990 et qui est expert enrésidence à l’Université de Niagara Falls,« toutes les tentatives de relancer Buffaloet Niagara Falls depuis 20 ans ontéchoué précisément parce qu’elles

étaient fragmentées et que les maires etprésidents de chambres de commercen’ont jamais réussi à s’entendre sur quoique ce soit ».

Il existe certes plusieurs exemples deprojets immobiliers à Buffalo même quisemblent avoir un effet structurant sur lesquartiers environnants et qui donnent àpenser que nous assistons à la « renais -sance » de la ville-centre. Les projets deLarkinville et de Canal Side, plus particu -lièrement, ont chacun attiré plusieursinvestisseurs importants, dont la FirstNiagara Bank, qui a déménagé son siègesocial de la banlieue vers Larkinvilleen 2013 et contribué à hauteur de1 000 000 $ à l’aménagement de la placepublique du même nom. John Koelmel, lePDG de Niagara First, raconte même dansune entrevue pour The Atlantic queplusieurs propriétaires du quartier avaientmis leur maison en vente, mais qu’après

L’agglomération de Buffalo, à l’instar d’autres villes du « rust belt », s’est désindustrialisée très rapidement à partir des années 1970,perdant le tiers des emplois que comptait son secteur manufacturier, et ce, en moins d’une décennie, de 1977 à 1987.Sa revitalisation, tout comme celle de Détroit, est inachevée, et certains diront qu’elle existe surtout dans l’œil de celui quila cherche. Portrait d’une ville-région en quête de renouveau.

» JOËL THIBERT, urbaniste

JOSE

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dossier

URBANITÉ | AUTOMNE 2014 41

La carte ci-dessus est tiréedu site web interactif « MappingAmerica », qui est une initiativedu New York Times. Elle montre

la distribution des groupesraciaux et ethniques dans la ville

de Buffalo et ses environs,en fonction des données

du recensement de 2010.

la création de Larkin Square ils ontenlevé leur pancarte « À vendre », voyantque le secteur reprenait de la valeur.

Malgré le succès retentissant de ce projet,par contre, le portrait global de l’éco -nomie de la région reste plutôt sombre.Buffalo et Niagara Falls continuent de sedépeupler, malgré la requalificationciblée de quelques quartiers, et le centre-ville de Buffalo a perdu récemment l’unedes dernières grandes institutions finan -cières qui y était toujours installée, la

Hong Kong Shanghai Bank of Commerce(HSBC). Autre réalité persistante : celle dela ségrégation raciale, qui n’a guèrechangé en quarante ans au niveau rési -dentiel, et qui est devenue plus sévère auniveau scolaire depuis 10 ans (aprèss’être améliorée durant deux décennies).

La création récente par le gouverneurCuomo de l’État de New York desRegional Economic Development Councils(REDC) à la grandeur de l’état laisse pré -sager une meilleure planification régio -

nale et donc une meilleure coordinationdes projets de développement écono -mique. Le REDC couvrant Buffalo et sesbanlieues étant présidé par HowardZemsky – le promoteur immobilier vision -naire à l’origine du projet de Larkinville –il est permis de rêver. Mais la renais -sance, si renaissance il y a, reste entière -ment à faire.

Joel Thibert, urbaniste, effectue présentement un doctoraten politiques urbaines à l’école Woodrow Wilson de l’UniversitéPrinceton. Il agit comme correspondant d’Urbanitéaux États-Unis pour la durée de son séjour dans ce pays.

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chronique juridique

42 URBANITÉ | PRINTEMPS 2014

1 « L’Église de Dieu Mont de Sion doit déménager », La Presse, 14 septembre 2011.2 « L’Église de Dieu Mont de Sion interjette l’appel », La Presse, 30 mars 2012.3 L’argumentation de la communauté évangélique trouva un ancrage fort dans une décision fameuse de la Cour suprême du Canada dans l’affaire Congrégation des témoins de Jéhovah

de St-Jérôme-Lafontaine c. Lafontaine (Village), [2004] 2 R.C.S. 650, 2004 CSC 48.4 DEJEAN, F. et KOUSSENS D. (2013), « Stratégies des groupes évangéliques face aux contraintes des règlementations des lieux de cultes au Québec et en France », Sciences

religieuses/Studies in Religion, vol. 42, no 1, p. 57-80.

Les enjeux du zonage religieux

L’affaire avait été publicisée il y a de celaprès de trois ans quand le quotidienLa Presse lui avait consacré deux articles,le premier en septembre 20111 à l’occa -sion de la décision de la Cour supérieuredu Québec et le second en mars 20122

quand la communauté évangéliquemise en cause avait inter jeté en appelcette décision. Dans son jugement defévrier 2014, la Cour d’appel est alléedans le même sens que la Coursupérieure et a accordé un délai de12 mois à l’Église pour cesser sesactivités. Cette décision est l’occa sionde mettre en lumière les enjeux spéci -fiques liés à la nouvelle géogra phiereligieuse montréalaise.

Petit rappel des faits. En 1999, l’Église deDieu Mont de Sion, une communautéprotestante évangélique majoritai re mentcomposée de fidèles originaires d’Haïtifait l’acquisition d’un local sur uneartère commerciale de l’arron dis sementd’Ahuntsic-Cartierville. Or, le règlementde zonage de l’arrondis se ment ne permetpas l’installation de plein droit de lieuxde culte dans la zone concernée : le lieude culte doit donc fermer. Du point de vuedes responsables de l’Église, ils devraientêtre autorisés à poursuivre leurs activitésau motif qu’aucun local n’a été trouvédans le territoire de l’arron dis sement3.En 2011, la Cour supérieure du Québecdonne raison à la plaignante, à savoirla Ville de Montréal. Le juge y souligneque le territoire de l’arrondis sementne peut être considéré comme un espacede référence et que les res ponsables del’Église auraient par fai tement pu cher -cher un local dans un arrondissementvoisin. Aussi, l’absence de local accom -modant l’Église ne cons tituait pas une

entrave à la liberté religieuse. Le juge -ment est confirmé à l’hiver 2014 parla Cour d’appel.

Soulignons que ce n’est pas tout à faitle fruit du hasard si l’affaire met en causeune communauté évangélique haïtienne.En effet, les Églises évan gé liques parti ci -pent très largement de la nouvelle dyna -mique religieuse à Montréal. Parmi elles,les communautés haïtiennes occupentune place pré pon dérante. Le nombre deces assemblées est estimé à environ 1504

à l’échelle de la métropole montréalaise5.Néanmoins, il faut avoir en tête quece chiffre recou vre des réalités trèsdiver ses : si cer tai nes de ces assembléescomptent plusieurs centaines de fidèles,nombre de commu nautés n’en comptentqu’une cinquan taine. C’est d’ailleursla raison pour laquelle elles peuvents’installer dans des locaux commerciauxde petite taille.

Revenons sur deux dimensions quipermettent de mettre cette affaire enperspective avec les enjeux plus géné -raux liés au zonage religieux : une dimen -sion sociogéographique (elle témoignedes nouvelles demandes de lieux de cultealors même que les Églises historiquesferment des lieux de culte et que l’idéed’un recul du fait religieux est largementrépandue) et urbanistique (la pertinencedes règle ments de zonage au regard destrans formations du paysage religieux).

Le premier plan est sociogéographique,car les mutations récentes du fait reli -gieux québécois – plus particu liè rementdans la métropole montréalaise mar quéepar une forte diversité culturelle – ont desimplications dans l’espace. Le procèsopposant l’Église de Dieu Mont de Sion àla Ville de Montréal illustre parfaitementces nouvelles logiques. À trop se focaliser

sur les lieux de culte catholiques ouprotestants qui doivent être convertis oumême détruits, on passe à côté d’unegéographie jusqu’alors inédite. Cettedernière se décline selon trois modalitésprinci pales : le transfert de lieux de culteexistants à d’autres groupes religieux, laconstruction de lieux de culte clai re mentidentifiés comme tels (le temple sikh deLaSalle ou la mosquée de Saint-Laurent),et l’installation de nombreuses commu -nautés dans des locaux, en particuliercommerciaux ou industriels, qui n’avaientau départ pas de vocation religieuse (c’estle cas de l’Église de Dieu Mont de Sion).Si certains lieux de culte apparaissentcomme de véritables icônes de la diver -sité religieuse du fait de leur visibilitédans la trame urbaine, il est important derappeler qu’ils ne constituent que lapartie émergée des dynamiques en cours.En effet, la tendance est à l’aména ge -ment de petits locaux commerciaux ouindustriels en lieux de culte, ce qui par -ticipe d’un enfouissement des lieux dureligieux dans la ville. L’invisibilité qui enrésulte en rend l’appréhension particu liè -rement difficile.

Une seconde mutation est essentielle :l’affaiblissement du modèle paroissial quise caractérise par la fréquentation d’uneéglise sur la base d’une proximitégéographique. Aujourd’hui, dans le cadred’un marché du religieux ouvert et hété -rogène, les lieux de culte fonc tionnentà l’échelle métropolitaine et non plusà celle du quartier. Con trai rement àune intuition de bon sens, cela neconcerne pas seulement les plus grosd’entre eux. Un tel fonctionnementmétropolitain des lieux de culte ades conséquences pratiques en termesde logiques de localisation, de circulationet de stationnement.

En mars dernier, la Cour d’appel du Québec a rendu sa décision dans l’affaire opposant l’Église de Dieu Mont de Sion c. Ville deMontréal. Ce procès est l’occasion de s’intéresser aux différents enjeux urbanistiques liés à la présence des groupes religieux dansl’espace urbain et à la manière dont les règlements de zonage en vigueur s’adaptent aux évolutions récentes du fait religieux dansla métropole montréalaise.

» FRÉDÉRIC DEJEAN

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chronique juridique

Les dynamiques identifiées sur le plansociogéographique offrent un cadre danslequel s’opère le travail urba nistique.Les enjeux actuels à l’échelle de lamétropole montréalaise peuvent êtreformulés en une question géné rale : dansquelle mesure les règle ments de zonageen vigueur intègrent-ils les nouvellesdynamiques religieuses?

Jusqu’à récemment, la question du« zonage religieux » ne se posait pas,puisque les lieux de culte coïncidaientavec le patrimoine religieux identifié dansles documents d’urbanisme. Or, lesévolutions actuelles obligent les arron -dissements et les municipalités à repen -ser leurs manières de traiter les espacesdu religieux. La Ville de Montréal a mis enplace il y a plus de deux ans un groupe detravail piloté par la Direction de ladiversité sociale. Toutefois il n’a pour lemoment pas pro duit de documentation.Usant de leurs prérogatives en matièred’urba nisme, plusieurs arrondissements

se sont pen chés sur la question, et desinitiatives ont vu le jour au cours desderniers mois. Le Plateau- Mont-Royal aainsi adopté un règlement (Règle -ment 01-277-58) « modifiant le Règle -ment d’urbanisme de l’arrondis sement(…) relatif au retrait de l’usage “activitécommunautaire” de certaines catégoriesd’usages com merciales ». Ce faisant, ils’agissait de lever l’ambiguïté sur laquellejouent les groupes religieux entre lesactivités reli gieuses et les activitéssociales et com munautaires. L’exemple leplus inté ressant est celui de Montréal-Nord qui a opéré une modification de sonrègle ment de zonage et a adopté unnouveau règle ment relatif aux usagescondi tionnels (RGCA13-10-0007). Si unguide (Orien tations en matière de gestiondes lieux de culte) qui informe lescitoyens sur ces nouveaux dispositifs aété publié, plusieurs responsablesreligieux s’inter rogent sur la pertinence,aussi bien sociologique que juridique, decertains « critères d’évaluation applica -

bles » (article 29 du nouveau règlementrelatif aux usages conditionnels), enparti culier celui qui affirme que « le projetdoit répondre aux besoins de la popu -lation locale. Le requérant devra démon -trer, par une étude de locali sation, qu’unetrès forte majorité des usagers du lieu deculte résident dans l’arrondissement ». Il ya ici une tension entre l’affirmation desbesoins de la population locale et les logi -ques métropolitaines des lieux de culte.

Au moment même où des arrondis se -ments et des municipalités s’enga gentdans une réflexion sur le zonage reli gieux,il est indispensable de rappe ler que celle-ci doit trouver des balises à l’échelle de lamétropole. En effet, si les dynamiquesreligieuses actuelles sont métropolitaines,il apparaît néces saire que les réponses entermes d’urbanisme et d’aménagement lesoient tout autant.

Fédéric Dejean, PhD, est chercheur à l’Institut de recherchesur l’intégration professionnelle des immigrants (IRIPI)du Collège de Maisonneuve.

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44 URBANITÉ | AUTOMNE 2014

1 Ayant participé activement à cette démarche à l’époque, j’apporte ici un éclairage rétroactif personnel qui n’engage évidemment que mon propre jugement.2 Gouvernement du Québec. Projet Archipel de Montréal. Synthèse de l’étude de préfaisabilité. Septembre 1979.3 Secrétariat Archipel. Projet Archipel. Rapport de faisabilité, Synthèse. Avril 1986.

ÉVALUATION DES GRANDS PROJETS

La saga inachevée du Projet Archipel

Trente ans plus tard, la mémoire de cegrand projet s’est estompée. Lorsqu’ons’en souvient, c’est la plupart du tempsen tant qu’exemple d’échec. Une sorte deflou entoure cette entreprise de plani -fication et d’évaluation menée sur uneintervention de grande envergure, quivisait à transformer les rapports de lapopulation métropolitaine avec les eauxet les rives omniprésentes dans la régionmontréalaise. Malgré cet échec relatif, ildemeure utile de faire état de cetteexpérience, afin de mieux com prendreses forces et ses faiblesses et d’enmesurer les retombées qui, aujourd’huiencore, demeurent subs tantielles1.

Les étapes de l’étudeLa démarche prend naissance en 1979,alors que le ministre d’État à l’Amé na -gement et le ministre délégué à l’Énergiedu gouvernement Lévesque créent unComité interministériel dont le mandatest de réaliser une étude de « préfaisa -bilité sur l’aménagement poly valentet intégré des eaux de l’Archipelde Montréal »2. Formé de professionnelset de cadres de plusieurs ministères etd’Hydro-Québec, le Comité est assistéde personnes-ressources externes augouvernement.

Misant en partie sur des études anté -rieures, le Comité réalise cette premièreétude en quelques mois, ce qui luipermet dès juillet 1979 de soumettreses recom mandations au Conseil desministres. Conséquemment, celui-cidécide le 15 juillet de lancer la premièrephase de l’étude de faisabilité, qu’onsouhaite alors voir se terminer au coursde la même année!

Le projet a pour finalité explicite « d’amé -liorer globalement la satisfac tion queretire la population de ses rapportsdirects et indirects avec l’eau »3. Il est vucomme un « projet hydraulique à butsmultiples », soit un type de projet dansl’air du temps, dont l’un des exemples lesplus prestigieux, l’aménagement dubassin français du Rhône, lui serviraentre autres de référence. La démarcheest idéalement conçue pour réunir tousles intervenants gouvernementaux etrégionaux dans une vaste concertationintersectorielle devant permettre l’inté -gration harmo nieuse des objectifs etl’internalisation de tous les impacts,assurant leur dépassement par la mise envaleur de tous les potentiels. Cette inté -gration doit se traduire ultimement par unPlan de gestion des eaux de l’Archipel quiassurera la régulation con certée desplans d’eaux en toute saison.

Les trois grands volets – productionhydroélectrique, régulation des eaux(inondations et étiages), aménagementdes rives – devaient agir en synergieet produire des retombées à la fois sur lesplans économiques et de l’améliorationdes usages, qui seraient de nature àautofinancer le projet. Le volet hydro -électrique récupérant le potentielinexploité des rapides de Lachinereprésenterait, croyait-on au départ, lepactole autorisant tous les espoirs.

Dès les débuts de l’étude toutefois, destensions se font jour entre les organismespartenaires, et il apparaît que les diver -gences entre les conceptions, objectifs etpratiques des uns et des autres ne serontpas surmontées facilement. Une grandeTable de concertation est alors convo -quée en 1982 pour rallier et associer lesinstances locales et régionales du Grand

Montréal au projet, un exercice inédit quiaura le mérite d’amorcer une sensi bili -sation commune et durable des interve -nants régionaux à la question des eaux etdes rives montréalaises.

Malgré l’affirmation d’ouverture qui y estmanifestée de part et d’autre, l’évé ne -ment laisse entrevoir de nombreusespréoccupations contraires qui se tra -duiront vite par des blocages persistants.Alors que le volet aménagement des rivesfait largement consensus, le volet hydro -électrique soulève des craintes sérieusesde la part des voisins potentiels.Les hypothèses de départ comportaienten effet le creusage d’un immense « canalde fuite » à partir d’une centrale situéeà la tête des rapides de Lachine, lequelaurait dû être implanté le long de l’une oul’autre des rives, passant donc soit en rivesud devant Kahnawake, soit en rive norddevant Lachine, LaSalle et Verdun. Il estvite apparu que cette avenue seraitun cul-de-sac.

Une autre solution d’implantation de lacentrale apparaît par la suite.Hydro-Québec profite de l’occasion –notamment du fait de disposer d’unmodèle à échelle réduite installé dans unvaste laboratoire hydraulique – pourexplorer la possibilité d’une nouvelleforme d’exploitation hivernale ne requé -rant plus le maintien d’un « couvert deglace » en amont de la centrale. Cetteinnovation permet d’envisager uneimplantation de l’ouvrage plutôt à la têtedu bassin de La Prairie et ainsi d’éviter deconstruire un long canal de fuite. Cettenouvelle option demeure cependantpréjudiciable aux rapides eux-mêmesdans leur partie la plus spectaculaire, soitle long de la ville de LaSalle.

Le Projet Archipel était défini comme étant un « projet intégré d’aménagement des eaux de l’archipel de Montréal ». Il a fait l’objet d’uneétude de faisabilité détaillée accompagnée d’un vaste processus de concertation régionale, opérations qui se sont déroulées entre 1979et 1986, sous l’égide de plusieurs ministères et organismes du gouvernement québécois. Paradoxale, cette démarche avait un pieddans l’avenir et un autre dans le passé. Si certaines de ses approches paraissent aujourd’hui dépassées, la démarche nous fournitencore des enseignements qu’il est important de retenir.

» JACQUES TRUDEL, urbaniste

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Les difficultés méthodologiquesde l’analyse avantages-coûtsTelle n’est pas la seule embûche querévèle l’examen approfondi des hypo -thèses de départ. Les études commen -cent à montrer l’intérêt incertain desmesures de protection contre l’inon -dation, qui représentaient l’autre granderetombée économique attendue de lalogique intersectorielle du projet. Ainsi,la perspective initiale qui faisait miroiterla « récupération » d’importants espacesinondables est battue en brèche; cetteprétention quelque peu passéiste, quisemble ne pas reconnaître pleinement lavaleur écologique des plaines inondables,contraste avec la visée d’avant-garde quereprésente alors la gestion intégrée deseaux, préfigurant l’approche de gestionpar bassin versant.

La construction indépendante del’ouvrage des Mille-Îles par le ministèrede l’Environnement qui survient en coursd’étude représente un premier défisérieux à la logique du projet, en proté -geant à peu de frais les riverains du coursd’eau le plus exposé. Les premiersrésultats de l’étude avantages-coûts nesatisfont pas les attentes des promoteurs,ce qui conduit à la réalisation d’étudesconcurrentes. On se retrouve peu aprèsavec trois études avantages-coûts dontles conclusions divergent. Les différencesentre les approches adoptées produisentdes résultats dont les écarts sont siimportants qu’ils éloignent lespossibilités de conclu -sions suffisam mentsolides pour orienterclairement la décision.

Des enseigne mentsmé tho do l o g iquespeuvent être tirésde cette expérienced’étude, notammentquant à l’intérêt etaux limites del’analyse avantages-coûts comme soutienaux décisions relatives aux grandsinvestissements publics4. L’un desproblèmes majeurs posés par ce typed’analyse est le fait qu’elle ne peut portersur les « transferts », c’est-à-dire sur leseffets redistributifs d’une intervention,qu’on peut juger souhaitables ou non

selon le point de vue d’où l’on se place,qui est nécessairement politique. LeProjet Archipel fournit d’ailleurs un bonexemple de ce dilemme. Tout au long del’étude, l’intérêt du contrôle des crues àdes fins de protection contre les inon da -tions a été évalué en faisant état, soit desdommages aux propriétés, soit del’accroissement des valeurs foncières desterrains concernés. Mais la méthodologieutilisée ne permettait pas de prendre encompte le fait que ces avantagesn’auraient bénéficié principalementqu’aux propriétaires fonciers concernés.

La méthodologie de l’évaluationavantages-coûts se heurte en outre auxmultiples aléas inhérents au facteurtemps, ce qui, à l’époque, ne paraissaitpas aussi problématique que maintenant.La perception du futur a changé : on asans doute davantage conscience del’incertitude de l’évolution des condi tionsdans un avenir éloigné. D’ailleurs, per -sonne ne songe aujourd’hui à reprendrele Projet Archipel tel qu’il était défini il y aseulement 30 ans.

Les tergiversations qui ont résulté de cesdifficultés méthodologiques aboutirontà la conception d’un projet alternatifd’aména ge ment sans volethydraulique sous l’appellationde « Parc national Archipel ».Ce projet alternatif seradéve loppé séparémentpar le ministère des

Loisirs, de la Chasse et de la Pêche, pour -tant partenaire du projet intégré.Il prendra finalement la forme d’un pro -gramme de soutien à la réalisationd’aménagements riverains, qui ne survi -vra pas au changement de gouvernementintervenu fin 1985.

Des aménagements dans l’air du tempsLa dernière phase de l’étude du projet enest une de rattrapage, portant sur unprojet considé ra ble ment réduit. L’évo -lution des perspectives énergétiquesamène Hydro-Québec à ne plus consi -dérer le volet hydroélec tri que comme unprojet réalisable à court ou à moyenterme, tandis que le volet hydrauliquedoit réduire ses cibles pour en arriverà un équilibre fragile entre les coûts et lesavantages escomptés.

La dernière version du Projet Archipelproprement dit fait l’objet d’un rapportfinal de faisabilité en avril 1986. Levolet hydroélectrique étant abandonné,cette version ne retient de l’inter -vention à caractère hydraulique que desinter ven tions ponctuelles d’envergure

Territoire du Projet Archipel, délimité par le contourextérieur des municipalités directement concernées.

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4 Rappelons ici que l’un de nos collègues, Luc-Normand Tellier, a été l’auteur d’un ouvrage qui demeure une référence dans ce domaine : Méthodes d’évaluation des projets publics. Presse del’Université du Québec, 1994. En cours d’étude, il avait d’ailleurs été appelé à commenter à titre d’expert les évaluations portant sur le Projet Archipel.

5 Rapport technique No 3 de l’étude de faisabilité – Les propositions d’aménagement, avril 1986.

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regard sur le passé

relative ment modeste, qui néanmoinsprodui saient encore des matériauxd’excavation pouvant servir à desaménagements riverains. Plusieursaménagements étu diés dans le lacSaint-Louis et le bassin de La Prairieutilisent les produits d’exca vation dubassin de Lachine et de l’éva cuateur decrue de la Voie maritime, parmi lesquelsse détachent surtout les projets d’uneplage enclose le long de Verdun et d’unvaste parc plage le long de la digue dela Voie maritime5.

Ces deux projets se distinguaient parleurs avantages et leurs inconvénientsrespectifs. La plage de Verdun, moinscoûteuse, était vue comme bénéficiantd’une accessibilité largement supérieure,d’un meilleur ensoleillement, et d’unearrière-plage déjà existante avec deséquipements à proximité; l’inquiétude àl’égard de la qualité de l’eau de l’époqueobligeait cependant à y prévoir une formede contrôle. La plage en rive sud béné -ficiait alors d’une meilleure eau et auraitpu être rendue plus accessible grâce àdes remblais qui auraient permis del’agrandir et d’aménager un accèsvéhiculaire (route, transports collectifset stationnements); elle aurait alors étéavantagée par son étendue. Ces condi -tions dépendaient toutefois de la dispo -ni bilité de déblais en quantité impor -tante. Sans cet apport, on évoquaitla possibilité d’une plage de moindreenvergure à pro xi mité de l’estacadetraversant le fleuve près du pontChamplain, en supposant que celle-cipuisse servir d’accès.

Ces deux projets ont été étudiés dans uncontexte qui n’est pas celui d’aujourd’hui.L’eau du bassin de La Prairie s’est

pourtant grandement améliorée par suitedes installations d’assainissement, et l’onpeut maintenant se baigner sans con -trainte le long de Verdun. La créationd’une plage y est d’ailleurs proposée parun parti municipal et par l’arrondis -sement de Verdun, tandis que l’éventuelparc-plage le long de la digue apparaît auPMAD de Montréal, comme élément inscritau programme de mise en œuvre de la« Trame verte et bleue ». Les réalisa tionsrisquent néanmoins de se faire attendre,dans un contexte où d’autres prioritéss’imposent et où l’engouement pour cetype d’équipement n’est peut-être plus cequ’il paraissait être à l’époque.

Malgré l’échec, des retombéessubstantiellesMis à part l’ouvrage de contrôle à la têtede la rivière des Mille-Iles conçu etconstruit de façon indépendante, aucunéquipement hydraulique imaginé àl’origine du projet n’a été réalisé. Maisl’étude demeure exemplaire : effectuéede façon honnête par des artisansdévoués à la chose publique, elle adémontré la non-faisabilité du projet telque conçu à l’origine, contre l’espoir deses promoteurs. En ce sens, malgré lesdifficultés méthodologiques de l’évalua -tion, elle a rempli pleinement son rôle defournir un éclairage objectif sur un grandprojet. Les connaissances acquises parHydro-Québec sur le fonctionnementhivernal des centrales lui auront sansdoute aussi rendu service. Elle auraégalement permis la réalisation d’étudessur les milieux aquatiques et riverains del’archipel de Montréal, qui demeure unacquis exceptionnel.

Le plus grand héritage laissé par cetteentreprise reste la nouvelle conscience

de la présence de l’eau. De nombreuxaménagements riverains ont suivi à peuprès partout dans la région au cours desdécennies subséquentes, en filiation plusou moins directe avec le projet. Parmiceux-ci, on peut mentionner notammentl’aménagement des rives de LaSalle,l’aménagement naturel doté d’une pistecyclable le long de Longueuil ainsi quele parc de la Promenade-Bellerive àMontréal (qui avait bien failli être sacrifiéà l’expansion du port). Hydro-Québec y asans doute puisé l’inspiration qui l’aamenée à réaliser un magnifique parcriverain d’obser vation des rapides deLachine sur le site de l’anciennecentrale à LaSalle, un projet identifiédans la dernière phase de l’étude.

En somme, la relation que les Montréalaisentretiennent avec l’eau a bel et bien ététransformée, ce qui était le but premier duProjet Archipel. Personne ne peut direaujourd’hui, comme on le disait souvent àl’époque, que la population montréalaise« n’a pas accès aux eaux de l’archipel ».Quant à l’évaluation des grands projets,l’évolution du contexte n’a fait que larendre encore plus difficile sur le plansociétal, avec la résurgence des préoc -cupations sociales et environnementales– inégalités sociales accrues et change -ments climatiques – et les aléas qui endécoulent pour l’avenir. La remise enquestion des indicateurs économiquescourants, comme le PIB, ajoute encore àl’incertitude, tandis que le blocage desperspectives d’investissements publicspar l’obsession de l’équilibre budgétaire àcourt terme grève les possibilités deréaliser des aménagements majeurs quiseraient profitables à plus long terme.Peut-être cela devrait-il nous inquiéter?

« En somme, la relation que les Montréalais entretiennentavec l’eau a bel et bien été transformée, ce qui était

le but premier du Projet Archipel. Personne ne peut direaujourd’hui, comme on le disait souvent à l’époque,

que la population montréalaise « n’a pas accès aux eaux de l’archipel ». [...] »

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nouvelles de l’ordre

URBANITÉ | AUTOMNE 2014 47

Le comité développement durable s’investit, depuis l’été2013, dans une série de chantiers pour outiller etpositionner l’urbaniste dans la mise en œuvre dudéveloppement durable du territoire. La première étape aété l’organisation de forums de discussion aux quatrecoins du Québec, auxquels s’est ajouté un atelier deréflexion tenu au dernier Congrès. Le résultat de cetteinitiative est porteur de solutions fort intéressantesà étudier plus en profondeur.

Les forums animés par le Bureau de recherche, animationet consultation (BRAC) ont montré qu’en matièred’urbanisme durable, les problématiques et les solutionsfont largement consensus. Ils font ressortir que lacrédibilité de la profession est l’enjeu fédérateur. Le peud’influence que les urbanistes parviennent à exercer surles autres acteurs du développement (élus, promoteurs,autres professionnels, etc.) soulève l’importance de sedoter de moyens pour améliorer leur capacité àconvaincre les gens et à défendre les principes dudéveloppement durable. Pour ce faire, cinq axesstratégiques ont été observés :

• la création d’une référence commune pour évaluer lesprogrammes ou projets;

• le développement d’un argumentaire économique demanière à convaincre de l’intérêt d’une proposition;

• l’arrimage avec les comités consultatifs d’urbanisme(CCU) pour qu’ils puissent être vecteurs de changementvers de meilleures initiatives;

• l’établissement de thèmes mobilisateurs sur le dévelop -pement durable (santé, finance, identité locale, etc.)pour interpeller les acteurs et les citoyens;

• la construction d’alliances avec la communauté afin derépondre aux besoins particuliers des petits milieux etd’avoir des approches concertées.

En somme, le forum aura rassemblé plus de 50 acteursengagés dans l’aménagement durable en plus desparticipants au congrès de l’OUQ de 2013, qui ont concluque les urbanistes doivent s’outiller pour jouer pleinementleur rôle de premier plan et ainsi mettre en œuvre undéveloppement durable. Le rapport complet sur lesforums de discussion est maintenant en ligne, n’hésitezpas à visiter le site de l’OUQ pour le consulter.

Le comité s’est d’ailleurs doté d’un plan d’action pouravancer étape par étape en ce sens. Des cinq axesénoncés, les élé ments s’adressant directement auxurbanistes ont été prio risés. Ainsi, la référence communeet l’argumentaire écono mique sont analysés plusfinement pour dégager des amélio rations concrètes dansces domaines. Durant l’été, des experts en guide et enévaluation de développement durable ainsi que desexperts de la sphère économique ont été rencontrés. Unsondage suivra sous peu, le but sera d’établir des outilsqui répondent aux besoins de la profession en matière dedévelop pement durable. Votre participation sera sollicitéeet votre contribution sera grandement utile pour l’avan ce -ment des chantiers du comité développement durable.

Comité développement durable,les chantiers progressent» LOUIS-MICHEL FOURNIER, urbaniste

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nouvelles de l’ordre

48 URBANITÉ | AUTOMNE 2014

Le 12 juin 2014, lors du premier souper-conférence desurbanistes de l’Outaouais, une douzaine d’entre eux ontéchangé sur le thème Urbanisme et Gouvernance. FrançoisLapointe, ancien président de l’Ordre et ancien vice-président,Aménagement de la capitale et Gestion de l’environnement à laCommission de la capitale nationale à Ottawa, et depuis peu,professionnel en résidence au Centre d’études en gouvernancede l’Université d’Ottawa, était le conférencier invité.

Le thème de la pratique de l’urbanisme a été bien campé par lamise en évidence de l’importance du cadre de gouvernancepour l’urbaniste. Après un survol des enjeux de gouvernanceauxquels il a été confronté, le conférencier s’est attardé à définirla « nouvelle gouvernance » ou la « gouvernance collaborative »comme suit : « les mécanismes efficaces de coordination requisdans des situations où le pouvoir, les ressources et l’informationsont largement distribués, en définitive hors du contrôle d’unintervenant ».

Dans la pratique de l’urbanisme, la nouvelle gouvernancetrouve son fondement et sa pertinence dans la transformationdu contexte sociétal au cours des dernières décennies qui forceà recourir à des processus et à des structures alternatives.

Pour François Lapointe, ce nouveau contexte – complexitécroissante de la société, rapidité du changement, pressionsexercées sur les décideurs pour répondre aux impératifs de courtterme au détriment d’une perspective à plus long terme, déficitd’innovation institutionnel définissant un état d’inertie enmatière de gouvernance des municipalités, etc. – est à la basede la gouvernance collaborative qui repose sur certains piliers,notamment :

• quelle que soit l’organisation ou la communauté sousexamen, par définition elle est plus grande que la somme deses parties;

• les processus délibératifs con tinus et exhaustifs adaptés auxparticularités du contexte consti tuent sa « pierre d’assise »;

• ces processus reflètent également une dynamique catalysantdes échanges de nature multidirectionnelle au sein desorganisations et des communautés;

• les modalités d’engagement des intervenants doivent pouvoirpermettre de transcender leurs différences et souvent laprésence d’un déficit de confiance;

• les solutions à rechercher et à trouver ne correspondent pasà des modèles existants ou éprouvés, mais doivent s’aligner

selon un contexte et avec desintervenants en constanteévolution;

• l’exigence d’un recours à desdémarches et mécanismesfaisant une large place àl’exploration, à l’expérimentation et à l’apprentissage continudans le « design de solutions »;

• il va de soi qu’aucune solution n’est nécessairement parfaite,d’où l’importance de pouvoir envisager et accepter l’erreur,voire même l’échec, tout en prévoyant des mesurespréventives ou correctives.

Cette gouvernance pose des défis sur les plans du leadership,de son caractère exigeant, onéreux et incertain, du besoin detracer une voie commune en préalable à une vision, de lacapacité de mobiliser et d’influencer afin de suscitercoordination et collaboration, et de l’attention mise sur descontrepoids et incitatifs pour favoriser l’évolution desperspectives et des comportements.

Après avoir illustré l’application de la nouvelle gouvernancedans la région de la capitale nationale (RCN), François Lapointea conclu sa présentation par l’identification d’implications pourla pratique de l’urbanisme : la promotion d’une plus grandecollaboration avec les autres professionnels de l’aménagement,la recherche et le développement qui doivent sous-tendre unepratique de l’urbanisme encore plus créative et innovante, lacontribution des divers processus délibératifs en urbanisme àl’émergence d’un leadership renouvelé et décentralisé, l’accentà placer sur un engagement plus grand et porteur d’un plusgrand poids de la part des citoyens et des autres intervenantset l’orientation de la pratique de l’urbanisme vers l’atteinted’une plus grande qualité de résultats dans l’aménagement desmilieux de vie.

Au cours des discussions qui ont suivi, les participants ontconvenu de l’utilité et de l’applicabilité de la gouvernancecollaborative au contexte multi juridictionnel de la RCN.

En définitive, la nouvelle gouvernance trouve sa promesse dansl’expérience et le succès de celles et ceux qui privilégient ledialogue, la mise en commun, la synergie, et les effortsnécessaires et répétés pour concilier ce qui les oppose ou leséloigne d’une voie commune.

Marie-Josée Casaubon, urbaniste, est Chef de la section Planification du territoire au Service del’Urbanisme et du Développement Durable de la Ville de Gatineau.

SOUPER-CONFÉRENCE DES URBANISTES DE L’OUTAOUAIS

Urbanisme et gouvernance» MARIE-JOSÉE CASAUBON, urbaniste

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François Lapointe

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nouvelles de l’ordre

Aménager le Québec des régions,au-delà des frontières

CONGRÈS DE L’ORDRE DES URBANISTES DU QUÉBEC 2014

24 au 26 septembre 2014Hôtel La Ferme, Baie-Saint-Paul

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URBANITÉ | AUTOMNE 2014 49

Geneviève Masson nomméedirectrice des communicationsDe retour d’un congé de maternité, madame Geneviève Masson reprend du service auprès de la permanencede l’Ordre. Elle occupera dorénavant les fonctions de directrice des communications alors que madameAndréanne Godon, qui a assuré son remplacement pendant la dernière année, continuera d’occuper le postede chargée des communications.

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La revue UrbanitéTirage : 2 500 exemplaires

DISTRIBUTIONMembres de l’OUQ – 1011 • Abonnés et autres – 1489

MISSIONPROMOUVOIR l’urbanisme et les urbanistes;INFORMER les lecteurs sur les divers sujets relatifsà l’aménagement du territoire et à l’urbanisme;FORMER sur une base continue les professionnelsde l’aménagement du territoire.

COMITÉ ÉDITORIALSerge Vaugeois, présidentPaul Arsenault – Sergio Avellan – André-Anne Cadieux –Amélie Castaing-Rigaud – Frédéric Dufault – François Goulet –Félix Gravel – Mathieu Langlois – Jacques Trudel

COLLABORATIONMarie-Soleil Brosseau – Charlotte Horny

CONCEPTION GRAPHIQUELucie Laverdure – L’Infographe enr.

RÉVISION ET CORRECTIONGeneviève Bournival

PUBLICITÉCPS Média inc.Serena Hillaert, conseillère [email protected] | 450 227-8414, poste 311www.cpsmedia.com

IMPRIMERIEImprimerie F.L. ChicoineAbonnements, information et suggestionswww.ouq.qc.ca | 514 849-1177, poste [email protected]

AUTEURSVous êtes invités à soumettre vos articles ou textes inéditsau comité éditorial. Le comité éditorial se réserve le droitde publier ou de refuser un article. Information : [email protected]

Dépôt légalBibliothèque nationale du Québec • Bibliothèque nationale du CanadaTous les textes publiés dans Urbanité ne reflètent pas forcémentla position ou l’opinion de l’Ordre et n’engagent que l’auteur.

Le genre utilisé dans cette publi ca tion englobe le féminin etle mas cu lin dans le seul but d’en alléger la présentation.

ORDRE DES URBANISTES DU QUÉBEC

Administrateurs : Donald Bonsant, présidentMathieu Bélanger, vice-présidentMarie-Josée Casaubon, trésorièreClément Demers, administrateurFrédéric Desjardins, administrateurGuillaume Neveu, administrateurFlorent Gagné, administrateur nomméDaniel Pinard, administrateur nommé

Permanence : Claude Beaulac, directeur général Odette Michaud, adjointe à la direction etsecrétaire de l'Ordre Nathalie Corso, coordonnatrice, admission et qualitéGeneviève Masson, chargée des communicationsAndréanne Godon, chargée des communicationsGeneviève Ballard, secrétaire-réceptionniste

Adresse : 85, rue Saint-Paul Ouest4e étage, bureau 410, Montréal, QC, H2Y 3V4514 849-1177 • www.ouq.qc.ca

à l’agenda

KORN

» SEPTEMBRE201424 au 26 septembre

Congrès annuel de l’OUQOrganisateur : Ordre des urbanistes du QuébecLieu : Baie-Saint-PaulInformation : [email protected]

30 septembre

L’expérience exemplaire de Strasbourg (France) Organisateur : Forum URBA 2015Lieu : MontréalInformation : [email protected]

» OCTOBRE20146 octobre

Formation - Loi sur la qualité de l'environnement (LQE)Organisateur : Ordre des urbanistes du QuébecLieu : MontréalInformation : [email protected]

9 octobre

Formation - Loi sur la qualité de l'environnement (LQE)Organisateur : Ordre des urbanistes du QuébecLieu : QuébecInformation : [email protected]

16 octobre - ERRATUM

Formation - La gestion durable des eaux pluviales,le rôle stratégique des urbanistesOrganisateur : Ordre des urbanistes du QuébecLieu : MontréalInformation : [email protected]

16 octobre

Les modes de transports collectifs intermédiaires, un chaînonmanquant du transport collectif de la région de MontréalOrganisateur : Forum URBA 2015Lieu : MontréalInformation : [email protected]

23 octobre - ERRATUM

Formation - La gestion durable des eaux pluviales,le rôle stratégique des urbanistesOrganisateur : Ordre des urbanistes du QuébecLieu : QuébecInformation : [email protected]

» NOVEMBRE201420 novembre

Formation – Loi sur la protection du territoire et des activitésagricoles (LPTAA)Organisateur : Ordre des urbanistes du QuébecLieu : GatineauInformation : [email protected]

28 novembre

Examen d'admission à l'Ordre des urbanistes du QuébecOrganisateur : Ordre des urbanistes du QuébecLieu : MontréalInformation : [email protected]

50 URBANITÉ | AUTOMNE 2014

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