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Marcel Salerno : "Je suis acheteur de l’ancienne mairie" par Gazette | 22 décembre 2016 - 11:42 Marcel Salerno Homme d’affaires montpelliérain, 76 ans. Propriétaire de La Grande Brasserie, sur la Comédie. © Guillaumt Bonnefont Il veut créer un pôle ludique dans l’ancienne mairie de Montpellier, avec cinémas, bowling et autres activités de loisirs. Il ouvre mi-décembre une brasserie de 300 m2 en face de la préfecture, rénove celle qu’il possède en face de la gare et prépare le départ du Quick de la Comédie, fin décembre. À 76 ans, l’homme d’affaires le plus en vue de Montpellier déborde d’idées et de projets. La Gazette. Quick de la Comédie, Uniqlo aux halles Castellane, La Grande Brasserie, le passage de l’Horloge... Marcel Salerno, vous êtes propriétaire de nombreux commerces dans l’Écusson de Montpellier. Comment vont les af- faires en centre-ville aujourd’hui ? Marcel Salerno. Moi, je vois le centre-ville de Montpellier avec les yeux de l’amour. Je suis arrivé à une période – les années 1960 – où Montpellier connaissait le début de son apogée. C’est pour ça que j’en suis tellement amoureux. C’est ma deuxième patrie (il est né au Maroc). Aujourd’hui, le petit commerce du centre-ville, il faut qu’il se batte : 15 % des ventes se font sur Internet. Pour garder la dynamique, et ne pas se retrouver dans le convoi des morts, comme Nîmes ou Béziers, il manque une vraie locomotive pour le centre-ville. Il y a déjà des grosses locomotives commerciales à Montpellier, non ? Où? Le Polygone, par exemple ? Ne parlons pas du Polygone ! C’est la locomotive du centre-ville depuis quarante ans, et c’est grâce au Polygone que la ville survit depuis quarante ans. Mais il faut apporter du supplément ! Aux halles Castellane, vous allez bientôt ouvrir Uniqlo, l’enseigne japonaise de prêt-à-porter... Oui, sur les halles, on a une grande machine qui est arrivée. Les gens viendront à Montpellier pour aller chez Uniqlo. À l’heure actuelle, c’est une locomotive. Mais, dans deux ou trois ans, peut-être pas. Vous avez signé pour combien de temps ? Un bail de neuf ans. Est-ce qu’ils vont pouvoir ouvrir avant Noël ? Non, je n’ai pas réussi. Il aurait fallu qu’ils aient leur permis de cons- truire un mois avant. Ils ouvriront au printemps. Mais, après Uniqlo, qu’est-ce qui pourra apporter de l’attractivité au centre-ville ? Qu’est-ce qui peut être performant et amener des gens ?

Marcel Salerno : Je suis acheteur de l’ancienne mairie · C’est pour ça que j’en suis tellement amoureux. ... supplémentaire pour la Ville. ... parce que je ne veux pas davantage

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Marcel Salerno : "Je suis acheteur del’ancienne mairie"par Gazette | 22 décembre 2016 - 11:42

Marcel Salerno Homme d’affaires montpelliérain, 76 ans. Propriétaire de La Grande Brasserie, sur laComédie. © Guillaumt Bonnefont

Il veut créer un pôle ludique dans l’ancienne mairie de Montpellier, avec cinémas,bowling et autres activités de loisirs. Il ouvre mi-décembre une brasserie de 300m2 en face de la préfecture, rénove celle qu’il possède en face de la gare etprépare le départ du Quick de la Comédie, fin décembre. À 76 ans, l’hommed’affaires le plus en vue de Montpellier déborde d’idées et de projets.

La Gazette. Quick de la Comédie, Uniqlo aux halles Castellane, La GrandeBrasserie, le passage de l’Horloge... Marcel Salerno, vous êtes propriétaire de nombreux commerces dans l’Écusson deMontpellier. Comment vont les af- faires en centre-ville aujourd’hui ? Marcel Salerno. Moi, jevois le centre-ville de Montpellier avec les yeux de l’amour. Je suis arrivé à une période – lesannées 1960 – où Montpellier connaissait le début de son apogée. C’est pour ça que j’ensuis tellement amoureux. C’est ma deuxième patrie (il est né au Maroc). Aujourd’hui, lepetit commerce du centre-ville, il faut qu’il se batte : 15 % des ventes se font sur Internet.Pour garder la dynamique, et ne pas se retrouver dans le convoi des morts, comme Nîmesou Béziers, il manque une vraie locomotive pour le centre-ville.

Il y a déjà des grosses locomotives commerciales à Montpellier, non ? Où?

Le Polygone, par exemple ?Ne parlons pas du Polygone ! C’est la locomotive du centre-ville depuis quarante ans, etc’est grâce au Polygone que la ville survit depuis quarante ans. Mais il faut apporter dusupplément !

Aux halles Castellane, vous allez bientôt ouvrir Uniqlo, l’enseigne japonaise deprêt-à-porter... Oui, sur les halles, on a une grande machine qui est arrivée. Les gens viendront àMontpellier pour aller chez Uniqlo. À l’heure actuelle, c’est une locomotive. Mais, dans deuxou trois ans, peut-être pas.

Vous avez signé pour combien de temps ? Un bail de neuf ans.

Est-ce qu’ils vont pouvoir ouvrir avant Noël ? Non, je n’ai pas réussi. Il aurait fallu qu’ils aient leur permis de cons- truire un mois avant.Ils ouvriront au printemps.Mais, après Uniqlo, qu’est-ce qui pourra apporter de l’attractivité au centre-ville ? Qu’est-cequi peut être performant et amener des gens ?

Les halles Castellane accueilleront l’enseigne japonaise Uniqlo. Ouverture prévue début2017. © Céline Escolano

Nespresso et le boulevard du Jeu-de-Paume ? Ce ne sont pas des locomotives pourvous ?Nespresso, c’est une enseigne pres- tigieuse que toute ville aime avoir. Mais ce n’est pasune locomotive. Il y en a à Nîmes, à Avignon, par- tout ! Le boulevard du Jeu-de-Paume estréussi, c’est magnifique, il y a des palmiers, le tram passe de temps en temps. Mais unelocomo- tive, ce n’est pas ça.

Vous avez donc des projets pour relancer la dynamique du centre-ville ? Oui, ce n’est pas vraiment un projet, c’est une idée. Je verrais très bien un pôle ludique sedévelopper dans l’ancienne mairie. Avec un vrai multiplexe et, je ne sais pas, moi, unbowling.

Donc, votre projet, ce serait cinéma, bowling... Tout ce qui est ludique et qui est une bonne idée !

Ça peut être quoi ? Un multiplexe, une grande vague, de la chute libre indoor, desmurs d’escalade ?Oui, ça peut être tout ça. Ce ne sont pas les idées qui manquent. Pour le cinéma, leGaumont m’a tout de suite dit banco. Ils sont partants pour faire un multiplexe new-look dedouze salles. Un truc moderne, pas un cinéma comme les cinés d’avant, comme tout lemonde peut avoir chez soi aujourd’hui.

Donc le projet est déjà un peu avancé. Vous avez une idée de calendrier ? Ah non, le calendrier, c’est la Ville qui le fixe.

Il se dit que vous avez déjà trouvé un investisseur pour vous accompagner ? Ce sont des ragots ! J’ai dit que si on me faisait confiance, je trouverais des investisseurs etdes investisseurs locaux.

Donc vous pourriez piloter un projet sur le site de l’ancienne mairie? Si le maire deMontpellier vous donne le feu vert, vous pouvez démarrer ce nouveau projet ? Non, mais attendez, ça ne marche pas comme ça. L’ancienne mairie, ça se négocie, ça sevend. J’ai dit clairement au maire que j’étais acheteur et que je me faisais fort d’avoir desfinanciers avec moi pour acquérir l’ancienne mairie. Et de la démolir et de la reconstruire.Parce qu’il faut pratiquement la démolir entièrement…

L’ancienne mairie, à proximité du Polygone. Marcel Salerno aimerait en faire un "pôleludique", après démolition et reconstruction. © Céline Escolano

Mais c’est un chantier énorme !Mais, monsieur, toute opération importante, qui peut porter des locomotives pour le centre-ville, ça ne se fait pas en 48h.

Et que vous dit le maire ?Il n’a pas repoussé l’idée, il a écouté. D’autant plus que ce ne serait pas une dépensesupplémentaire pour la Ville. Ce serait redonner une vie qui est partie avec le départ de lamairie. Mais il ne peut pas décider comme ça, au cours d’une discussion entre nous. Si ladécision est prise, il faut qu’il en parle avec son conseil municipal, ou je ne sais pas qui. Eten plus, si la mairie vend quelque chose, il faut qu’il fasse un appel d’offres. Ensuite, ilfaudra que chacun présente ses projets. Et vous n’êtes pas sans savoir que le Polygone estsans doute intéressé.

Et vous ne pourriez pas monter le projet avec la Socri, propriétaire du Polygone? Mais non, parce que je ne veux pas davantage de boutiques ! Nous avons déjà desboutiques qui meurent en centre-ville ! Des boutiques pour vendre des fringues, il n’y en apas assez, à votre avis ? On est en saturation de commercial, il faut aller chercher un autrecréneau.

Le ludique ?Oui, le ludique, c’est ce qu’il faut ! Il y a une industrie qui marche pas mal aujourd’hui, c’estle tourisme. Les gens se privent de beaucoup de choses, mais ne se privent pas de ça. Ilfaut aller chercher une idée américaine, ou je ne sais pas où! Nous avons besoin d’unendroit où vous pouvez emmener vos enfants et où ils vont se régaler. Ça serait aussi unebonne chose pour les touristes qui sont en vacances à Palavas ou à La Grande-Motte.

Ce que vous voulez, c’est un Odysseum au centre-ville ? Mais vous touchez une corde sensible. Odysseum, c’est une grande idée à laquelle j’ai étéfavorable depuis le début contre tout le monde. Mais ça a éte mal fait, mal réalisé. Parceque le ludique à Odysseum n’a ni queue ni tête. On a démarré par un aquarium – bravo –,par un bowling – bravo –, mais qu’est-ce qu’il y a d’autre ? Heureusement qu’il y a lemultiplexe : il fait 1,2 million d’en- trées, il ne peut pas en faire plus.

Vous pensez qu’Odysseum manque de ludique ? Oui, il aurait fallu en faire plus. Mais je ne critique pas Odysseum. C’est quand même uneréussite d’avoir un cinéma qui fait 1,2 million d’entrées par an. Le cinéma qui est à Lattes, ilfait le plein aussi. Ça veut dire que nous sommes une ville qui aime le cinéma. Le petitcinéma de la Comédie marche très fort aussi.

À part ce projet de pôle ludique, qui sera forcément sur le long terme, quels sontvos autres projets à Montpellier ? J’ouvre une nouvelle brasserie le 15 décembre, sur 300 m2, place du Marché-aux-Fleurs, enface de la préfecture. Ça s’appellera le Sherlock Holmes. Ce sera une brasserie pub à bières,brasserie des sports, avec des écrans pour voir tous les matchs.

Le Quick de la Comédie doit fermer fin décembre. Vous êtes propriétaire du local.Qui va le remplacer ? Burger King ?Quick appartient au groupe Bertrand qui est également propriétaire de Burger King.Souvent, ils ont remplacé des Quick par des Burger King, mais là, le local leur paraît troppetit. On a donc négocié leur départ.

Mais c’est un des meilleurs emplacements de Montpellier ! Ils n’ont pas vu ça comme cela.

Et alors, qui va s’y installer ? La Grande Brasserie ? Pour l’instant, je n’ai toujours pas tranché. Ce qui est certain, c’est que je vais consolider LaGrande Brasserie et qu’elle va s’agrandir.

Si ce n’est pas La Grande Brasserie, ça pourrait être un Starbucks Coffee? Ce ne serait pas bête. Vous verrez bien ! Le choix que je vais faire vous montrera que je pense d’abord à la ville.

Vous êtes aussi propriétaire de la Brasserie de la gare qui est en travaux actuellement. Qu’y faites-vous ?On refait tout. L’immeuble en avait besoin. On a eu des problèmes de chute de pierres sur la façade. Et puis il y avait eu des incendies. Donc on refait tout. Et la brasserie restera la même.

Et sur la place de la Comédie, ça marche plutôt bien ? On a la chance que la brasserie installée sur les marches du théâtre ferme (le Well’Comedia). Le maire a réussi à récupérer les locaux et à libérer entièrement la place du théâtre. Donc il n’y aura plus de bar ou de restaurant à cet endroit, ce qui est une très bonne chose. Normalement, ça ferme à la fin du mois de novembre.

Vous avez également beaucoup de commerces au Triangle, dans la partie haute. Il se dit que Sauramps serait vendeur de son affaire. Est-ce inquiétant pour ce secteur ?Sauramps au Triangle, c’est une pompe, c’est une machine. Il faut le préserver et lui permettre de repartir. L’arrivée d’un associé solide pourrait lui permettre de redémarrer. Le nerf du commerce, c’est l’argent. Sauramps est très important pour le Triangle, il ne faut surtout pas le faire partir.

Propos recueillis par Yann VoldoireLa Gazette de Montpellier n° 1484 - Du 24 au 30 novembre 2016