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RÉFÉRENCE Collection dirigée par Marie-Claude Moncet L’essenƟel du cours Des mises en praƟque De nombreuses illustraƟons Tous les corrigés Démarche clinique in rmière Projet de soins in rmiers Organisa Ɵ on du travail UNITÉS D’ENSEIGNEMENT 3.1 , 3.2 et 3.3 Semestres 1, 2, 3 et 5 + DE 100 QCM ET ENTRAÎNEMENTS

Marie-Claude Moncet Démarche clinique infi rmière … · Concepts en lien avec le projet de soins ... – elle vit seule et son fils unique habite à ... elle prend parfois des

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RÉFÉRENCECollection dirigée parMarie-Claude Moncet

L’essen el du cours Des mises en pra que

De nombreuses illustra ons

Tous les corrigés

Démarche clinique infi rmièreProjet de soins infi rmiersOrganisa on du travail

UNITÉS D’ENSEIGNEMENT 3.1, 3.2 et 3.3Semestres 1, 2 , 3 et 5

+ DE 100 QCM ET ENTRAÎNEMENTS

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Sommaire

Partie 1 Raisonnement et démarche clinique infirmière (UE 3.1)

Étude de cas ........................................................... 10

1. Concepts et théories de soinsL’essentiel du cours1. Généralités ........................................................... 142. Les concepts fondateurs de la démarche

soignante ............................................................. 183. Les concepts spécifiques à la démarche

soignante ............................................................. 284. Théories de soins et modèles en soins infirmiers .. 355. Le modèle conceptuel de Virginia Henderson ....... 39QCM ........................................................................ 44

2. Raisonnement et jugement cliniqueL’essentiel du cours1. La démarche clinique ........................................... 472. Le jugement clinique ............................................ 493. Différencier démarche clinique

et démarche de soins ........................................... 544. Le raisonnement clinique ...................................... 555. Les diagnostics infirmiers ..................................... 63Mise en œuvre ....................................................... 69QCM ........................................................................ 70

Entraînement ........................................................... 73

Partie 2 Projet de soins infirmiers (UE 3.2)

Étude de cas ........................................................... 78

3. Projet de soinsL’essentiel du cours1. Concepts en lien avec le projet de soins .............. 822. Le projet de soins : généralités ............................. 893. Préalables au projet de soins ................................ 924. L’élaboration du projet de soins ......................... 101QCM ...................................................................... 108

4. Interventions de soinsL’essentiel du cours1. Introduction .........................................................1112. L’acte de soins infirmiers .....................................1113. Les recommandations de bonnes pratiques ........1124. Les procédures ...................................................1125. Les protocoles de soins ......................................1146. Les fiches techniques ..........................................1187. Les outils de la coordination et de la continuité

des soins ............................................................118Mise en œuvre ......................................................135QCM .......................................................................136

Entraînement ......................................................... 139

Pourquoi cette collection ? ............................................................................................................................. 3Les auteurs ......................................................................................................................................................... 4Introduction........................................................................................................................................................ 5

7

Partie 3 Rôles infirmiers, organisation du travail et interprofessionnalité (UE 3.3)

Étude de cas ......................................................... 144

5. Les concepts liés à l’organisation du travail

L’essentiel du cours1. Introduction .........................................................1482. L’autonomie professionnelle ................................1503. La collaboration avec les AS, AMP, ADP..............1514. Le travail en équipe .............................................1535. Pluridisciplinarité et interdisciplinarité ...................1566. La collaboration interdisciplinaire

(selon S. Kérouac) ...............................................1597. Les soignants ......................................................162QCM .......................................................................164

6. La profession infirmière d’hier à aujourd’huiL’essentiel du cours1. La profession infirmière ........................................1622. La longue construction de la profession ..............1673. Le développement de la recherche

en soins infirmiers ...............................................1824. La création de l’Ordre national infirmier ................1825. La formation aujourd’hui ......................................1846. Activités, compétences et exercice .....................1857. Réseaux de soins et coopération entre

professionnels de santé ......................................1908. L’évolution de l’organisation interne de l’hôpital ...197

9. Les projets fédérateurs ........................................19910. Les outils de mesure de la charge en soins .......203QCM .......................................................................206

Entraînement ......................................................... 208

Compétences infirmières : Compétence 1 .......................................................212Compétence 2 .......................................................213Compétence 9 .......................................................214

Annexes :1. L’AVC ischémique .............................................2162. Les 13 domaines et 47 classes de la taxinomie

II des diagnostics infirmiers NANDA-I 2012-2014 ...................................................................217

Lexique .................................................................218

Index ...................................................................... ???

Partie 1

Raisonnement et démarche

clinique infirmière

UE 3.1

10

ÉTUDE DE CAS

Exposé du casMadame Renée arrive dans un fauteuil rou-lant, accompagnée de son fils, dans l’unité de soins longue durée (USLD).

• La situation professionnelle à laquelle vous êtes confronté(e) est la suivante  : accueillir madame Renée et l’installer dans sa nouvelle résidence en chambre seule.

•  Les informations concernant cette per-sonne, notées sur le dossier médical lors de la demande d’admission, sont les suivantes : – elle est âgée de 81 ans, veuve depuis 10 ans ;–  elle vit seule et son fils unique habite à 300 km de chez elle ;– elle pèse 65 kg et mesure 1,65 m ;– elle vient de passer 6 mois en rééducation suite à un accident vasculaire cérébral (AVC) ischémique droit, mais le maintien à domi-cile est difficile compte tenu des séquelles de son AVC et de sa situation familiale ;–  elle ne peut pas faire seule les transferts lit / fauteuil, fauteuil / lit ;–  elle se déplace avec une canne dans la chambre uniquement ;– elle a besoin d’aide pour tous les actes de la vie quotidienne : elle se lave l’hémicorps supé-rieur seule si on l’installe devant le lavabo, mais elle a besoin d’une aide complète pour la partie inférieure du corps et pour prendre sa douche (deux fois par semaine) ainsi que pour s’habiller et se déshabiller ;–  elle a une incontinence urinaire la nuit depuis son AVC ;

–  il faut l’installer à table lors des repas, couper ses aliments, et lui donner des gélo-diets car elle fait des fausses routes lors de l’ingestion des liquides ;– bien orientée dans le temps et dans l’espace, elle tient des propos cohérents ;– elle présente une dépression post-réaction-nelle suite à son AVC.• La synthèse ou macrocible de sortie réalisée par l’infirmier de rééducation vous apprend, de plus, que :–  madame Renée présente actuellement un déficit de la main et du bras gauche ainsi que des fausses routes aux liquides ;– elle est très affectée par sa perte de mobi-lité physique et son incontinence  : «  Je suis en train de régresser, je ne suis plus bonne à rien » ;–  très volontaire, elle prend parfois des risques pour rester autonome : a chuté deux fois dans le service de rééducation ;–  elle a des antécédents d’hypertension artérielle traitée par antihypertenseur. Sa pression artérielle est de 120/70 mgHg. Elle est également sous antiagrégant plaquet-taire, antidépresseur et laxatif osmotique (voir prescription médicale).• Son fils, qui est la personne de confiance, a insisté pour qu’elle s’établisse près de chez lui, mais madame Renée a fait part de son inquiétude de devoir quitter ses amis qu’elle retrouvait trois fois par semaine au club du 3e âge de son quartier.

Partie 1

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Notions•  Accueil  : dans le domaine des soins, c’est un acte professionnel réfléchi, qui s’analyse, s’apprend, se développe dans une finalité de qualité des soins. Il nécessite des prérequis tels que reconnaître la personne comme partenaire dans la relation afin d’établir une relation symétrique et la distance relationnelle dans les soins1.• AVC ischémique : infarctus cérébral dû à l’occlusion d’une artère cérébrale ou à destination cérébrale (carotides ou artères vertébrales). Cette occlusion est le plus souvent due soit à un athérome obstructif, soit à un caillot de formation locale ou par embolie d’origine cardiaque.• USLD (unité de soins longue durée)  : « Les USLD accueillent et soignent des personnes présentant une pathologie organique chronique ou une polypathologie, soit active au long cours, soit susceptible d’épisodes répétés de décompensation, et pouvant entraîner ou aggra-ver une perte d’autonomie. Ces situations cliniques requièrent un suivi rapproché, des actes médicaux itératifs, une permanence médicale, une présence infirmière continue et l’accès à un plateau technique minimal dans les soins2. »La prise en charge gériatrique de ces personnes requiert à la fois un projet de soins et un projet de vie (mission d’accueil et de soins).

Questionnement• Quelles sont, chez madame Renée, les séquelles en rapport avec son AVC ?• Quels risques court-elle après avoir eu un AVC ?• Quels sont les risques liés aux effets secondaires du traitement ?• A-t-elle des facteurs favorisant l’AVC ?• Quels risques ou quelles réactions humaines physiques peut-elle avoir vis-à-vis de la situa-tion vécue ?• Quels sont les besoins fondamentaux (BF) affectés par son AVC ? Sont-ils en interaction avec les autres BF ? • Quels risques ou quelles réactions humaines psychologiques est-elle en train de vivre ou risque-t-elle de vivre par rapport à sa situation ?• Comment va-t-elle s’adapter à sa situation de vie actuelle ? Quelles sont ses ressources, ses limites ?

Analyse critique➜ Les infirmiers(ères) du service d’USLD peuvent déjà se représenter la situation de madame Renée grâce aux éléments recueillis dans son dossier.➜ La finalité de l’accueil3 est de permettre à la personne de s’adapter à sa nouvelle situation et à son environnement. Pour cela :– sécuriser la personne en lui donnant des repères spatiaux, temporaux et identitaires. Cela lui permettra de maîtriser l’environnement institutionnel, cette maîtrise étant une condition pour qu’elle ne soit plus en insécurité ;

1. Monique Formarier, « Approche du concept d’accueil, entre banalité et complexité », Recherche en soins infirmiers n° 75, décembre 2003..

2.  Circulaire n° DHOS/02/DGAS/2C/2006/212 du 15 mai 20063. Ibidem.

É T U D E D E C A S

12

Partie 1

– connaître la personne pour l’accompagner dans sa démarche d’adaptation. Un recueil de données sera réalisé. Cette étape se fera en plusieurs fois et permettra l’analyse de la situation.L’entretien ciblé permettra à l’infirmier(ère) de comprendre ce que vit la personne, d’évaluer ses besoins, de repérer et d’identifier avec elle les points qui pourraient engendrer des diffi-cultés et être une problématique de santé, de favoriser son adaptation (voir p. 13).Une relation de confiance ainsi qu’une qualité d’écoute sont nécessaires.

➜ Analyse de la situation

Éléments du texte Analyse

Signes cliniques présentés par Mme Renée :– déficit de la main et du bras gauche ;– fausses routes aux liquides ;– constipation ;– incontinence urinaire nocturne ;– dépression post-réactionnelle.

Ces troubles moteurs sont des séquelles de son AVC. Ils sont dus à la paralysie de son hémicorps gauche et entraînent :– une diminution du réflexe oropharyngé ;– une diminution du péristaltisme intestinal.

Antécédent d’HTA L’HTA est un facteur favorisant de l’AVC. Elle est actuellement jugulée par le traitement (120/70 mgHg).Il est important de juguler les facteurs favorisants car il persiste un risque de récidive de l’AVC malgré le traitement.

• A besoin d’une aide complète pour :– transferts lit/fauteuil, fauteuil/lit ;– prendre sa douche ;– s’habiller et se déshabiller.

• Présente une incontinence urinaire nocturne.

Les séquelles entraînent des difficultés pour la satisfaction du besoin de se mouvoir et de maintenir une bonne posture.

La non-satisfaction de ce besoin a des interactions avec les besoins d’être propre et protéger ses téguments, se vêtir et se dévêtir, boire et manger, éliminer et éviter les dangers, qui eux aussi ne sont pas satisfaits.

• Se déplace avec une canne dans la chambre uniquement.

• Se lave le haut du corps seule si on l’installe devant le lavabo.

Cette personne a des ressources pour l’aider à faire face à sa situation : – elle est volontaire ;–  elle se déplace avec une canne dans un espace restreint (chambre) ;– elle se lave le haut du corps si elle est bien installée.

• Prend des risques pour rester autonome : a chuté deux fois.L’installer lors des repas, couper ses aliments. Elle fait des fausses routes aux liquides.

S’est mise en danger : a chuté deux fois.Elle fait également des fausses routes aux liquides.

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É T U D E D E C A S

• Orientée dans le temps et dans l’espace, elle tient des propos cohérents.

Affectée par sa perte de mobilité phy-sique et son incontinence.

Le besoin de communiquer avec ses semblables n’est pas altéré : elle est bien orientée, tient des propos cohérents, exprime ses sentiments.Elle dit être inquiète de devoir quitter ses amis qu’elle retrouvait trois fois par semaine au club du 3e âge de son quartier.Son besoin de s’occuper en vue de se réaliser est altéré, elle n’a pas une bonne estime d’elle-même : « Je ne suis plus bonne à rien, je régresse ».Elle a également une image négative de son apparence physique.

Les différents changements dans sa situation de vie vont rendre plus difficile son adaptation dans son nouveau lieu de vie : – perte de sa santé antérieure ;– perte de son autonomie physique ;– perte de ses relations (amis) ;– perte matérielle (domicile).

➜ Formulation des hypothèses de problèmes de santé par l’IDEAvant d’accueillir madame Renée, l’IDE fait déjà des hypothèses de problèmes qui vont orienter son entretien lors de l’accueil.Ces hypothèses sont classées en problèmes réels et/ou potentiels dans trois domaines.

Les différents types de problèmes Identification des problèmes

1. Problèmes réels en lien avec la pathologie

La pathologie et/ou les signes et symptômes :• AVC ayant pour facteur favorisant l’HTA. Les signes en sont : – l’hémiplégie gauche (déficit de la main et du bras gauche) ;– une dysphagie (fausses routes aux liquides) ;– une incontinence nocturne ;• constipation ;• dépression post-réactionnelle.

2. Les risques liés :• à la pathologie

• aux thérapeutiques

• aux réactions humaines physiques et psychologiques

Les risques dus :• aux complications potentielles liées à la pathologie : risque de récidive d’AVC ;• aux effets secondaires des thérapeutiques  : l’IDE peut faire l’hypothèse que les antidépresseurs, entraînant des somno-lences, peuvent favoriser les chutes ;• aux réactions humaines physiques et psychologiques :– haut risque de chute ;– risque de diminution situationnelle de l’estime de soi ;– risque de sentiment d’impuissance pouvant aboutir à un risque d’inadaptation à un changement de milieu / une altération de la dynamique familiale

3. Problèmes réels en lien avec les réactions humaines physiques et psychologiques

Les réactions humaines physiques et psychologiques :déficit de soins personnels : se laver, se vêtir, s’alimenter.

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L’ESSENTIEL DU COURS

1. GénéralitésA • Les concepts

a. Ce que n’est pas un conceptUn concept n’est pas : – un mot, une idée générale qu’on a de quelque chose ;– une représentation, qui se définit par l’action de rendre visible quelque chose au moyen d’une figure, d’un symbole, d’un signe. L’écriture est la représentation, à l’aide de signes, de la langue parlée ;– une idée qui subjective, spontanée, correspond à une construction par l’esprit du réel et n’a aucun caractère d’universalité ;– une notion, qui est la représentation que l’on se fait de quelque chose. Ce sont les connaissances intuitives plus ou moins définies que l’on a ;– une théorie, qui est un ensemble d’explications, de notions, de principes, de règles, de lois scientifiques que l’on a sur un sujet précis ;– une loi, qui est une prescription établie par l’autorité souveraine de l’État, applicable à tous et définissant les droits et les devoirs de chacun ;– un paradigme, qui est une vision du monde à un moment donné en fonction des connais-sances que l’on a dans une discipline donnée (voir §B).

b. Ce qu’est un concept➜ Un concept est un objet abstrait, universel qui rend compte du réel. Il est composé d’attributs.C’est un énoncé de base du langage, une représentation mentale symbolique générale de la pensée.

Exemple : À partir du mot « arbre », selon le milieu dans lequel vous résidez, l’évocation sera différente. Certains citeront un olivier, un pin, un châtaignier. Le concept arbre va donc se décliner sous différentes formes mais la représentation symbolique reste la même. En effet, les indicateurs du concept arbre sont : tronc, racines, branches, etc.

➜ Les concepts scientifiques sont l’aboutissement d’une construction intellectuelle.« Ils façonnent une représentation du monde qui répond au souci, aux intérêts, à l’esthé-tique d’une société et d’une communauté scientifique4 ».La construction des concepts se fait selon une démarche scientifique. Il est donc nécessaire de les appréhender dans un contexte de discipline scientifique et professionnelle.

4. G. Fourez, La construction des sciences. La logique des inventions scientifiques, 4e édition, Éditions De Boeck, Bruxelles, 2001.

1Concepts et théories de soins

L’ESSENTIEL DU COURS

L’ E S S E N T I E L D U C O U R SL’ E S S E N T I E L D U C O U R S

Chapitre 1 / Concepts et théories de soins 15

c. À quoi servent les concepts ?La connaissance des concepts au cœur de la pratique professionnelle permet aux infirmiers(ères) d’avoir des repères communs pour comprendre les situations de soins et d’analyser la situation avec des critères identiques fondateurs de la démarche soignante.

d. De quoi est composé un concept ?➜ Un concept comporte des éléments objectivables qui permettent de le faire passer de l’abstrait au concret. Il est composé d’attributs qui, selon les sciences, se nommeront : caractéristiques, inva-riants, manifestations, déterminants, indicateurs, critères ou signes cliniques.Les attributs décrivent et caractérisent le concept, ils donnent du sens. Ils sont repérables, observables, évaluables.

Exemple : Tous les IDE se représentent l’escarre de stade II selon la description qu’en fait la Haute Autorité de santé (HAS) : « Stade II : Perte d’une partie de l’épaisseur de la peau ; cette perte touche l’épiderme, le derme ou les deux. L’escarre est superficielle et se présente cliniquement comme une abrasion, une phlyctène ou une ulcération peu profonde ».

➜ Les interrelations entre les attributs d’un concept• Concept conjonctif : lors de l’utilisation de ce concept pour analyser une situation, tous les attributs doivent être présents.

Exemple : Lors de l’analyse d’une situation, on doit retrouver les quatre attributs du concept d’autonomie (voir § 3. C. b.) pour considérer la personne autonome.

• Concept disjonctif : les attributs ne sont pas tous présents en même temps, un attribut excluant l’autre. Les attributs sont donc reliés par la relation soit/soit.

Exemple : Les mécanismes de défense : une personne met en place soit l’évitement, soit la rationalisation, soit le déplacement, etc.

•  Concept de relation  : les attributs d’un tel concept se définissent en fonction d’une norme extérieure.

Exemple : La qualité des soins se définit toujours en fonction d’une norme de qualité attendue.

B • Les paradigmesa. Définition➜ Le mot paradigme vient du grec paradeïgma, qui signifie modèle.

➜ Dans la postface de La structure des révolutions scientifiques, Thomas Kuhn (1922-1996), philosophe et historien des sciences américain, définit un paradigme comme étant une matrice disciplinaire :« Disciplinaire, parce que cela implique une possession commune de la part des spécia-listes d’une discipline particulière ; matrice, parce que cet ensemble se compose d’éléments ordonnés de diverses sortes, dont chacun demande une étude détaillée. La totalité ou la plupart des éléments faisant l’adhésion du groupe […] sont les éléments constituants de cette matrice disciplinaire ; en tant que tels, ils forment un tout et fonctionnent ensemble ».

➜ Un paradigme est une représentation du monde, une manière de voir les choses, un modèle cohérent de vision du monde qui repose sur une base définie (matrice discipli-naire, modèle ou cadre théorique ou courant de pensée).C’est l’état des connaissances d’une discipline à un moment donné dans une communauté. Toujours en mouvement, il sert à développer la connaissance en fonction des avancées de

16

Partie 1

la recherche. Il est unanimement adopté par une communauté scientifique tant qu’il paraît logiquement ou empiriquement satisfaisant.

b. Les paradigmes dans les sciences infirmières➜ Dans le domaine des sciences infirmières, des auteurs (Newman, Sime et Corcoran-Perry, 1991) ont décrit trois paradigmes.• Le paradigme de la catégorisation (fin du xixe siècle début du xxe) :– les phénomènes sont divisibles en catégories, classes, comme des éléments isolables ou des manifestations ;– il s’inspire du modèle biomédical.• Le paradigme de l’intégration (1950/1975) :– reconnaissance des phénomènes en les intégrant dans un contexte scientifique ;– règne bio-psycho-social.• Le paradigme de la transformation (1970/nos jours) :– chaque personne est unique ;– elle ne peut être ni comparée aux autres, ni évaluée par le biais de normes puisqu’elle change continuellement selon son propre rythme et celui de son environnement.➜ Ces différents paradigmes ont eu une influence sur la profession des infirmiers(ères), sur leur approche conceptuelle de la santé, des soins, de la personne et de l’environnement.

Catégorisation Intégration Transformation

Santé/maladie

– Absence de maladie.

– Rechercher le facteur causal responsable de la maladie.

– Deux entités distinctes qui coexistent et sont en interaction dynamique.

– La santé est un idéal à atteindre.

– Promotion de la santé de tous les peuples (déclaration d’Alma-Ata*).

– Expérience vécue différemment selon chaque personne.

– Processus de changement avec une adaptation.

Soins

Orientés vers les problèmes, les déficits ou les incapacités de la personne.

« Faire pour » la personne

Maintien de la santé de la personne dans ses dimensions physiques mentale et sociale.

« Agir avec » la personne

– Soins de santé primaires.

– Meilleure qualité de vie pour tous.

– Promotion de la santé en vue de développer le bien-être tel que la personne le définit.

« Être avec » la personne

IDE

Champ de compétences centré sur la maladie en lien avec la pratique médicale.

– Se différencie du modèle médical.

– Évaluation des besoins d’aide de la personne en fonction de ses perceptions et de sa globalité.

– Accompagnement de la personne fondé sur une relation égalitaire dans la réalisation des soins individualisés.

– Formation supérieure : champ de compétences.

L’ E S S E N T I E L D U C O U R SL’ E S S E N T I E L D U C O U R S

Chapitre 1 / Concepts et théories de soins 17

Personne

– Un tout formé de la somme de ses parties indépendantes.

– Séparation des dimensions biologique et psychologique.

– Les systèmes respiratoire, endocrinien, etc., sont étudiés séparément.

Un tout formé de la somme de ses parties interreliées : biolo-gique, psychologique, sociologique, culturelle et spirituelle.

– Un tout indissociable, un être unique en interaction avec l’univers à la recherche d’une qualité de vie.

– Participation de chacun au bien-être commun.

Environnement

– Physique, social et culturel.

– Il est hostile à l’humain.

– Découverte des agents microbiens nuisibles à l’être l’humain.

– Divers contextes dans lesquels vit la personne.

– Interaction entre la personne et l’environ-nement sous la forme de stimuli positifs ou négatifs et de réactions d’adaptation.

La personne coexiste avec son environnement.

* La déclaration d’Alma-Ata a été établie à l’issue de la Conférence internationale sur les soins de santé primaires, OMS (Alma-Ata, du 6 au 12 septembre 1978).

Doc. 1 : Les trois paradigmes en sciences infirmières5

C • Les théories5

➜ Le mot théorie vient du latin theoria emprunté au grec theorein qui signifie observer.➜ Le Larousse définit une théorie comme un « ensemble organisé de principes, de règles, d’idées, de concepts, de lois scientifiques visant à décrire et à expliquer un ensemble de faits et/ou un ensemble de concepts se rapportant à un domaine déterminé ».➜ Pour l’Amiec (Association des amis de l’école internationale d’enseignement supérieur infirmier) :– théorie de soins infirmiers : « Construction intellectuelle, scientifiquement acceptable, visant à expliquer des faits observés, à orienter la pratique infirmière et susceptible d’enri-chir la discipline des soins infirmiers.6 » ;– soins infirmiers : « Ensemble de connaissances, de compétences et de techniques rela-tives à la conception et à la mise en œuvre d’actes infirmiers. Ils contribuent à répondre aux besoins de santé d’une personne et/ou d’une collectivité et font l’objet de la discipline enseignée au personnel infirmier. Cette discipline fait appel aux sciences humaines et bio-logiques. On distingue généralement les soins infirmiers liés aux fonctions d’entretien et de continuité de la vie et les soins curatifs ou de réparation7. »

D • Les modèles conceptuelsa. Définition➜ Un modèle donne un cadre général pour comprendre la complexité d’une situation.➜ Un modèle conceptuel est « une représentation construite à partir d’un système de

5. S. Kérouac et al., La pensée infirmière – Conceptions et stratégies, Éditions Maloine, Paris, 1996. 6. Amiec Recherche, Dictionnaire des soins infirmiers et de la profession infirmière, 3e édition, Éditions Masson,

Paris, 2005, p. 293.7. Ibidem.

18

Partie 1

valeurs, d’images mentales et de références théoriques qui sert de fondement à l’exercice des soins infirmiers8 ».➜ Dans chaque modèle sont développés :– les orientations philosophiques ;– la conception de l’être humain ;– la conception de la santé ;– la conception de la maladie ;– la conception de l’environnement et du rôle infirmier.

b. À quoi sert un modèle conceptuel ?➜ Le modèle conceptuel aide, oriente pour recueillir des données, de façon structurée en lien avec la philosophie de l’être humain et du soin.➜ Il permet de nommer la réaction au problème de santé ou aux processus de vie de la personne soignée.➜ Les modèles conceptuels en soins infirmiers sont complémentaires du modèle bio-médical.➜ Toutes les théoriciennes ont explicité et décrit leur propre modèle (voir §4).

2. Les concepts fondateurs de la démarche soignante

A • L’Homme

a. Homo sapiens➜ L’Homme moderne (Homo sapiens, « Homme savant, sage ») est un mammifère de la famille des hominidés appartenant à l’ordre des primates.Plus communément appelé « Homme », « humain » ou encore « être humain », il est le seul représentant actuel du genre Homo.L’Homme appartient au sous-ordre des Haplorrhiniens au sein d’un groupe qui englobe aussi les Grands Singes.➜ L’Homme se caractérise sur le plan physiologique par une bipédie, un cerveau qui est le plus volumineux de l’espèce animale.L’Homme utilise pour communiquer le langage articulé, élaboré et qui se transmet par l’apprentissage. Il a les capacités pour créer des objets, maîtriser le feu. De plus, il a domestiqué de nombreuses espèces végétales et animales. Ses capacités cognitives et techniques lui ont permis de réaliser diverses constructions et créations artistiques.➜ La science qui étudie l’Homme sous tous les aspects est l’anthropologie.La science qui étudie son histoire est la paléoanthropologie.

8. Amiec Recherche, op. cit., p. 178.

L’ E S S E N T I E L D U C O U R SL’ E S S E N T I E L D U C O U R S

Chapitre 1 / Concepts et théories de soins 19

b. La vision des philosophes et des psychanalystes➜ L’Homme est :– un être de raison, avec une âme et un corps, possédant la pensée, guidé par sa conscience, avec une vision cartésienne du monde décrite par Platon (427-347 av. J.-C.), Aristote (384-322 av. J.-C.) et René Descartes (1596-1650) ;– un être de désir, de passion, de démesure, avec une volonté de puissance, de possession, de se surpasser soi-même, de devenir un surhomme, selon Friedrich Nietzche (1844-1900) ;– un être social, en constante relation avec la société, d’après Karl Marx (1818-1883) ;– un être régi par l’inconscient, « le ça, le moi, le surmoi », selon la théorie de Sigmund Freud (1856-1939) ;– un être humain comme une personne capable de méditer, de se recueillir, de suivre une vocation, de s’engager dans le monde, d’être en communion et de vivre avec autrui, de le comprendre en opposition à l’individualisme, selon Emmanuel Mounier (1905-1950) ;– une personne en projet, se construisant dans l’action, selon Jean-Paul Sartre (1905-1980) ;– une personne libre, capable de s’engager dans chaque situation, selon Simone de Beau-voir (1908-1986) et Jean-Paul Sartre (1905-1980) ;– une personne déterminée, agissant avec des comportements de lutte, de fuite selon la situation à gérer, d’après Henri Laborit (1914-1995) et Burrhus Frederic Skinner (1904-1990) ;– une personne considérée comme un homo consumens : plus il consomme, plus il est esclave de besoins croissants créés et manipulés par le système industriel, avec un esprit et un corps, selon Erich Fromm (1900-1980).

Personnes et individus

➜ Encyclopaedia Universalis  : « Personne vient du latin persona, terme lui-même dérivé du verbe personare qui veut dire « résonner », « retenir », dont la voix se fait entendre sous le masque ».

➜ Centre national de ressources textuelles et lexicales (CNRTL)• La personne humaine [Expr. tautologique qui insiste sur l’appartenance au genre humain] (syn. l’être humain) est un individu de l’espèce humaine qui se distingue d’un simple individu biologique et a droit à la considération parce que doué d’une conscience morale.• En philosophie, morale et psychologie : l’être humain est un être conscient de son exis-tence possédant la continuité de la vie psychique et capable de distinguer le bien du mal.• Un individu est défini par ses droits et ses devoirs.• En droit :– une personne future est un être qui n’est pas encore conçu au moment de la réalisation d’un événement ;– une personne à charge est une personne dont la subsistance et l’entretien sont assurés par d’autres ;– une personne morale est un être de raison (association secrète) sujet de droit (titulaire d’un patrimoine) ;– une personne juridique : ayant une existence juridique.

➜ Pour l’avocate iranienne Shirin Ebadi, prix Nobel de la paix 2003 :« Les individus sont différents, tout comme leurs cultures.Les individus vivent de manières différentes, et leurs civilisations diffèrent également.Les individus parlent une grande variété de langues.

Z O O M S U R …

20

Partie 1

Les individus sont guidés par différentes religions.Les individus naissent avec une couleur de peau différente, et de nombreuses traditions in-fluencent leur vie en différentes teintes et ombres.Les individus s’habillent différemment et s’adaptent à leur environnement de manière différente.Les individus s’expriment différemment. La musique, la littérature et l’art reflètent également différents styles.Et, malgré ces différences, tous les individus ont un attribut commun unique : ce sont tous des êtres humains – ni plus, ni moins. […] La Déclaration universelle des droits de l’Homme doit être universelle, applicable à l’Orient et à l’Occident. »

c. L’Homme en sciences infirmières9

➜ « L’Homme est un être unique qui a des attentes et des besoins biologiques, psycholo-giques, sociaux, culturels, spirituels, un être en perpétuel devenir et en interaction avec son environnement, un être responsable, libre, capable de s’adapter, un tout indivisible10. »➜ « L’être humain est un tout dynamique inséré dans un environnement dans lequel il agit et qui agit sur lui. Chaque individu est unique et se situe dans un ensemble unique de circonstances11. »➜ La conception de l’Homme selon les différentes théoriciennes de soins (voir §4).• Virginia Henderson (1897-1996)L’Homme est un être unique. Il n’y en a pas deux pareils.Il forme un tout ayant quatorze besoins fondamentaux (◗ Doc. 5). Il tend vers l’indépendance et la désire, et lorsqu’il l’a acquise, il fait tout ce qui est en son pouvoir pour la conserver.Si un seul de ses besoins n’est pas satisfait, il n’est plus « entier », il n’est pas en santé.• Hildegarde Peplau (1909-1999)L’Homme est un organisme vivant dans un état d’équilibre instable et qui lutte pour atteindre un état d’équilibre parfait qu’il n’atteindra qu’avec la mort.• Nancy Ropers (1918-2004)L’Homme est en relation permanente avec son environnement. Il s’adapte, grandit, se développe et tend vers l’indépendance.• Callista Roy (1939-)L’Homme est un être bio-psycho-social en interaction avec son environnement et capable de s’adapter au changement d’environnement.• Moyra Allen (1921-1996)L’Homme ne peut pas être différencié de sa famille : chaque membre de la famille influence l’autre, l’Homme faisant partie de ce système.• Martha Rogers (1914-1994)L’Homme est un être unique, un champ d’énergie qui ne cesse de changer.• Jean Watson (1940-)L’Homme est un être dans le monde, il possède une âme, un corps, un esprit et vit des expériences.

9. Rapport mondial sur le développement humain 2004 – La liberté culturelle dans un monde diversifié, PNUD, Éditions Économica, Paris, 2004.

10. « Protocole des soins infirmiers », Guide du service de soins infirmiers n°4.11. Rosette Poletti, Les soins infirmiers : théories et concepts, Éditions Le Centurion, Paris, 1978.

L’ E S S E N T I E L D U C O U R SL’ E S S E N T I E L D U C O U R S

Chapitre 1 / Concepts et théories de soins 21

B • La santéa. Qu’est-ce que la santé ?➜ La santé est une notion dont chaque individu donne sa propre définition, en fonction de ses connaissances, de ses expériences et de ses valeurs.➜ C’est un état dynamique qui évolue tout au long de la vie de la personne, de la nais-sance à la mort.Cet état demande à la personne : une prise de conscience, une volonté d’agir pour maintenir sa santé l’entretenir et/ou l’améliorer.➜ Le mot santé :– du latin sanitas, santé (CNRTL) ;– du latin sanitatem, de sanus, qui signifie sain (Littré) ;– en grec, ugieia, qui du point de vue étymologique a donné hygiène (Le Bailly).➜ Actuellement, la santé est étroitement liée à l’absence de maladie, et le curatif prend le pas sur le préventif. Elle est perçue comme un continuum où la personne passe, durant sa vie, de l’état de santé à l’état de malade.

b. Dimensions de la santé➜ La santé peut être considérée selon cinq dimensions12.• La santé sociale correspond à l’interaction de la personne avec les autres et avec son environnement, et à la qualité de ses relations interpersonnelles.• La santé mentale est l’habileté qu’a la personne à apprendre et à utiliser ses facultés intellectuelles.• La santé physique permet à la personne de réaliser les actes de la vie quotidienne avec énergie et d’affronter les situations imprévues.• La santé émotionnelle se caractérise par l’expression et le contrôle des émotions (affects).• La santé spirituelle repose sur les croyances des personnes : pour les unes, ce sera la nature, la loi de la science, pour d’autres, ce seront des croyances religieuses (force divine, notion de valeurs).➜ La personne est en santé lorsqu’elle a trouvé un équilibre dans ces cinq dimensions.

c. Définitions de la santé Les différentes définitions développent une ou plusieurs des dimensions de la santé.➜ « La santé est un état de l’être vivant, notamment de l’être humain chez lequel le fonc-tionnement de tous les organes est harmonieux et régulier, bon état physiologique […] équilibre mental, fonctionnement harmonieux du psychisme13. »La santé est donc un état harmonieux sur une période déterminée.➜ Pour le philosophe autrichien Ivan Illich (1923-2002), l’état de santé est impermanent et engage la responsabilité de chacun.« L’état de santé est le niveau d’autonomie avec lequel l’individu adapte son état interne aux conditions de l’environnement tout en s’engageant dans le changement de ces conditions pour rendre son adaptation plus agréable ou plus effective. »

12. George B. Dintiman et Jerrold S. Greenberg, Health through discovery, 4e éd., Random House, New-York, 1988.13. Le Petit Robert.

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Partie 1

« La santé est la capacité que possède tout Homme de s’affirmer face au milieu ou de prendre la responsabilité de sa transformation. »➜ Pour l’OMS• En 1946, l’OMS décrit la santé comme « un état complet de bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ».La maladie ou le handicap n’empêche donc pas d’être en santé.Cette définition est complétée par celle de la santé mentale, qui, pour l’OMS est « un état de bien-être permettant à chacun de reconnaître ses propres capacités, de se réaliser, de surmonter les tensions normales de la vie, d’accomplir un travail productif et fructueux, et de contribuer à la vie de sa communauté ».• En 1984 est ressorti de la réflexion de l’OMS l’aspect dynamique de la santé, le concept est plus positif. On a alors défini la santé comme « la mesure dans laquelle une personne ou un groupe peut réaliser ses aspirations et satisfaire ses besoins, et s’adapter aux change-ments et au milieu. La santé est donc perçue comme une ressource de la vie quotidienne, et non comme le but de la vie ; il s’agit d’un concept positif mettant en valeur les ressources sociales et individuelles, ainsi que les capacités physiques14 ».➜ Pour le philosophe et médecin français Georges Canguilhem (1904-1995), la santé est « la capacité qu’a l’être humain à surmonter des crises ».➜ Pour le biologiste français René Dubos (1901-1982) : « La santé, c’est la situation dans laquelle l’organisme réagit par une adaptation tout en préservant son intégrité individuelle. »« Un état physique et mental, relativement exempt de gêne et de souffrance, qui permet à l’individu de fonctionner aussi efficacement et aussi longtemps que possible dans le milieu où le hasard ou le choix l’ont placé. »Ce sont les capacités d’adaptation aux changements qui vont aider la personne à surmonter les crises.➜ Rosette Poletti a repris la notion d’harmonie : « La personne est en équilibre entre son moi émotionnel, son moi intellectuel et son moi spirituel. Pour atteindre cette harmonie ou cet état de santé global ou holistique, la personne utilise ses aptitudes humaines, ses capacités à communiquer, à rechercher de l’information, à exprimer ses sentiments et à donner du sens à la vie ». L’équilibre renvoie à la notion d’instabilité, aux ressources et aux capacités qu’à la personne pour se maintenir en santé.➜ Dans le Dictionnaire des soins infirmiers, la santé est «  un état dynamique de l’être humain, susceptible de variations, qui nécessite un processus d’adaptation de l’Homme à son environnement. Cet état le rend apte à assumer les étapes de la vie, à en affronter les agressions et à vivre en harmonie avec lui-même et les autres15 ».➜ On peut compléter cette définition par ce que dit Marie-Françoise Collière (1930-2005) : le sens donné à la vie va influencer la santé, « découverte et mobilisation perma-nente du réseau de capacités et de potentialités de chaque personne compte tenu de ses conditions de vie16 ».

14. Health Promotion: A discussion document on the concept and principles, OMS, Bureau régional pour l’Europe, 1984.

15. Amiec Recherche, op. cit., p. 244.16. M.-F. Collière, Soigner, le premier art de la vie, InterÉditions, Paris, 1996.

L’ E S S E N T I E L D U C O U R SL’ E S S E N T I E L D U C O U R S

Chapitre 1 / Concepts et théories de soins 23

Par capacités potentielles, on entend :– la biologie individuelle ;– le processus d’adaptation ;– les valeurs ;– les représentations, les perceptions d’être bien, en forme, heureux, serein ;– les habitudes de vie ;– les comportements qui conditionnent le processus décisionnel de chaque personne en faveur ou en défaveur de la santé.➜ De plus, grâce à la notion de qualité de vie développée depuis les années 1970, le concept de santé s’est enrichi. En 1994, l’OMS a défini la qualité de vie comme « la perception qu’a un individu de sa place dans l’existence, dans le contexte de la culture et du système de valeurs dans lesquels il vit, en relation avec ses objectifs, ses attentes, ses normes et ses inquiétudes. Il s’agit d’un large champ conceptuel, englobant de manière complexe la santé physique de la personne, son état psychologique, son niveau d’indépendance, ses relations sociales, ses croyances personnelles et sa relation avec les spécificités de son environnement ».➜ Dans l’approche holistique, la santé est vue comme un mouvement continuel où l’Homme est en constante interaction avec son environnement interne et externe, et selon la manière dont il réagit aux changements et les moyens qu’il met en œuvre, il oscille plus du côté de la santé ou de la maladie.C’est un être humain unique placé dans un continuum de vie.Il a des capacités pour répondre à ses besoins, il est animé par le désir de se maintenir en santé.Il recherche l’homéostasie (équilibre entre l’Homme et l’environnement).Il est responsable de sa santé.Il a les capacités pour s’adapter aux différents changements dans son état de santé.

C • La maladieSi la santé est un processus conduisant au bien-être physique et psychique de la personne, cet état n’est en aucun cas statique.Cela laisse supposer que l’absence de maladie est synonyme de santé et/ou de bien-être.Cependant, il existe de nombreux degrés de la maladie, tout comme il y a différents degrés de bien-être.

a. Définitions➜ Malade vient du latin male habitus qui signifie « en mauvais état, malade », habitus

L’IDE va rechercher :– la perception qu’a le malade de son état physique ;– ses sensations somatiques ;– son état psychologique ;– son statut social.

Il lui fera exprimer ce qu’il est prêt à faire par rapport à sa qualité de vie pour se maintenir en santé.

EN PRATIQUE

24

Partie 1

étant le participe passé de habere « être dans tel ou tel état » et male signifiant « autrement qu’il ne faut, qu’il ne convient, qu’on ne désirerait ».➜ En grec, la maladie est nosos, désignant tout ce qui n’est pas bien et donc ce qui est mal.➜ « La maladie est une rupture de l’équilibre, de l’harmonie de la santé, un signal d’alarme se traduisant par une souffrance physique, psychologique, une difficulté ou une inadapta-tion à une situation nouvelle, provisoire ou définitive. C’est un événement pouvant entraî-ner une dépendance et aller jusqu’au rejet social de l’Homme et de son entourage »17.➜ « La maladie est une altération de la santé, des fonctions des êtres vivants (animaux et végétaux), en particulier quand la cause est connue (par opposition à syndrome). Altéra-tion signifiant une dégradation de quelque chose18. »C’est un état morbide dont on connaît le plus souvent la cause.

b. Quelques notions➜ La maladie somatique se caractérise par des signes cliniques. Elle est confirmée par des examens (prise de sang, scanner, radiologie, etc.) montrant une anomalie.➜ La maladie psychique ou psychosomatique est un état de mal-être qui n’est pas forcé-ment révélateur d’une pathologie ou d’un trouble mental. Le patient ressent des troubles qu’il a du mal à qualifier.➜ Les maladies mentales ou psychiatriques sont référencées dans des classifications dia-gnostiques internationales regroupant l’ensemble des troubles mentaux (symptômes) et des critères spécifiques. Elles s’associent à des troubles du comportement.➜ La maladie aiguë se déclare chez la personne sans antécédents particuliers.Elle évolue en plusieurs phases :– l’incubation, surtout pour les maladies infectieuses, le début pouvant être progressif ou brutal ;– la phase d’état, les signes cliniques étant alors présents ;– l’évolution vers la guérison, avec ou sans séquelles.À tout instant peuvent subvenir des complications. La grippe, la varicelle, l’appendicite sont des maladies aiguës.➜ La maladie chronique est, selon l’OMS, « un problème de santé qui nécessite une prise en charge sur une période de plusieurs années ou de plusieurs décennies ».Elle oscille entre des phases de rémission, voire de disparition, et des phases de complications.Elle représente un coût important pour les soins. La sécurité sociale les prend en charge à 100 %, on parle alors d’ALD (affection longue durée). Il existe une liste des ALD.➜ L’épidémiologie est la science qui a pour but l’étude et la distribution des phénomènes de santé dans une population ainsi que des facteurs qui conditionnent leurs fréquences.On distingue trois catégories d’épidémiologie :– l’épidémiologie descriptive : mesure des phénomènes de santé dans une population ;– l’épidémiologie analytique : recherche des causes éventuelles et des facteurs de risque associés aux maladies ;– l’épidémiologie évaluative : évaluation des actions de santé visant à réduire les causes et les facteurs de risque des maladies.

17.  Guide du service infirmier n° 11.18. Larousse.

L’ E S S E N T I E L D U C O U R SL’ E S S E N T I E L D U C O U R S

Chapitre 1 / Concepts et théories de soins 25

➜ La pathologie (du grec pathos, affection, maladie) est l’étude scientifique systématique des maladies.

c. Les caractéristiques de la maladie➜ La ou les causes, les symptômes sont l’ensemble des manifestations d’une maladie et des effets morbides qu’elle entraîne.➜ Les signes cliniques et paracliniques sont un ensemble de signes pouvant orienter vers les causes de la maladie, on parle alors de syndrome.

Exemple : Fièvre, frissons, courbatures, fatigue évoquent le syndrome grippal. S’il y a défail-lance d’un organe ou d’un système, on parle de détresse (neurologique, cardio-circulatoire, respiratoire).

➜ L’évolution n’est pas toujours prévisible.➜ Le pronostic est la prévision de l’évolution, de la gravité de la maladie (guérison, décès, séquelles). Il dépend des complications (phénomènes survenant au cours d’une maladie).➜ Le traitement est l’ensemble des mesures employées pour soigner une personne.➜ Le diagnostic est un processus intellectuel qui permet de trouver la cause de la maladie.➜ Pour traiter une maladie, il ne suffit pas toujours de traiter les signes et les symptômes (traitement symptomatologique). Il faut, la plupart du temps, agir sur la cause.

Exemple : Lors d’une maladie d’origine bactérienne, un traitement antibiotique est utile.

d. Les représentations de la maladie➜ La maladie est souvent objectivée au niveau corporel. Le corps exprime des maux, mais les représentations sociales de la maladie influent sur l’individu atteint d’une affection.➜ La sociologue et psychologue sociale Claudine Herzlich (1932-) décrit trois types de représentations de la maladie. • La maladie destructriceL’individu se désocialise et se voit dans l’impossibilité de restaurer son identité du fait de sa maladie. Son statut change, il passe d’un état de bien portant à un état de malade.Il culpabilise, il manifeste de la honte à exprimer, à avouer qu’il est malade. Il a des diffi-cultés à nommer la maladie.Il y a une certaine négation de la maladie.• La maladie libératriceL’individu utilise la maladie pour échapper à un rôle social étouffant, la maladie l’autorisant à fuir les obligations sociales.

Le repérage des signes, des causes se fait par :– l’interrogatoire orienté ;– l’examen clinique de la personne ;– la prise de paramètres vitaux (pression artérielle, pulsations, température, fréquence respira-toire, saturations, glycémie capillaire, poids, etc.).

EN PRATIQUE

26

Partie 1

Des bénéfices secondaires sont perçus par la personne.Le système de santé mis en place aide parfois la personne à obtenir des revenus qu’elle n’aurait pas pu acquérir.Cela lui permet aussi de légitimer son inactivité (chômage par exemple).• La maladie métierL’individu mène une lutte active.Le malade redoute la maladie mais il l’accepte, il ne la nie pas, il sait qu’elle est là.Il apprend à vivre avec les limitations qu’elle lui impose.La relation avec le médecin est de type coopératif, c’est une relation symétrique avec une volonté d’échanger.Le malade apprend de sa maladie, cet apprentissage semble réutilisable pour retrouver la santé.Le malade est occupé à guérir. Il y a conservation des valeurs sociales de la santé au sein de la maladie.Dans le cadre d’une maladie chronique, l’adaptation est possible  : l’individu crée un nouveau mode de vie avec, certes, des limitations mais aussi des compensations, de nou-veaux centres d’intérêt. L’équilibre santé-maladie est ainsi rétabli.

e. Le continuum santé-maladie➜ Selon le modèle holistique du docteur Travis, « il existe un continuum santé-maladie se traduisant par la rupture multicausale de cet équilibre. De ce fait, l’Homme oscille en permanence sur ce continuum19 ».➜ Le continuum santé-maladie est conceptualisé de la façon suivante : c’est un mouve-ment, un va-et-vient entre la santé et la maladie (◗ Doc. 2).– À l’extrémité droite se situe un niveau élevé de santé qui correspond à un sentiment de bien-être, de satisfaction de qualité de vie.– Un déplacement vers la gauche montre un état de détérioration de la santé, avec l’appa-rition de signes, de symptômes de maladie, pouvant aller jusqu’à la mort du sujet.– Le paradigme du traitement (médical, chirurgical, psychothérapie) peut ramener l’indi-vidu au point neutre, état où les symptômes, les signes sont allégés.– À partir du point neutre, les personnes peuvent accroître leur niveau de bien-être en modifiant leur habitus, en recherchant des connaissances, en s’éduquant ou en réalisant un travail sur elles-mêmes.

19.  John W. Travis et Regina Sara Ryan, The Wellness Workbook, 2nd ed., Berkeley, 1988.

Les entretiens infirmiers vont permettre aux soignants :– d’identifier les causes ;– de repérer les représentations des personnes soignées ;– de cerner la conception qu’ont les personnes de leur maladie ;– de comprendre comment les personnes vivent la maladie.

EN PRATIQUE

L’ E S S E N T I E L D U C O U R SL’ E S S E N T I E L D U C O U R S

Chapitre 1 / Concepts et théories de soins 27

D • L’environnementa. Généralités➜ L’environnement est décrit comme un ensemble biophysique du milieu de vie, en interrelation avec les composantes socioculturelles des êtres vivants.C’est un « milieu dans lequel un être humain vit et se trouve engagé20 ».➜ Lorsqu’on s’intéresse à l’environnement de la personne, il est donc nécessaire de prendre en considération toutes les dimensions qui caractérisent cette personne, qu’elles soient physiques, écologiques, culturelles, sociales, psychologiques, philoso-phiques, économiques ou énergétiques.➜ Cet environnement est en constante évolution.Il existe un échange permanent et rétroactif entre la personne et son environnement.Cette interaction dynamique est essentielle au développement, à l’évolution et à l’épanouis-sement de l’être humain.➜ Selon l’INPES, l’environnement est aujourd’hui considéré comme l’ensemble des fac-teurs pathogènes « externes » ayant un impact sur la santé (substances chimiques, radia-tions, ondes magnétiques, pollution de l’air, de l’eau, pesticides, etc.), par opposition à des effets « internes » qui sont les causes héréditaires, congénitales, psychosomatiques.L’environnement a donc des effets sur la santé de l’Homme du fait de :– ses conditions de vie (habitat, exposition au soleil, etc.) ;– la contamination des milieux (air, eau, sol).

b. Le concept de l’être humain dans son environnement selon Rosette Poletti

➜ Rosette Poletti décrit l’être humain comme un trèfle à quatre feuilles, « formé de quatre instances21 » :– la partie biologique physiologique, en référence au corps ;– la partie psycho-émotionnelle, en référence aux liens psychologiques des émotions (« ce que je sens, ce que je crois ») ;

20. Amiec Recheche, op. cit., p. 92.21. Rosette Poletti, op. cit.

Paradigme du traitement

Point neutre

Maladie Symptômes

Paradigme du bien-être

Signes Connaissances Éducation Croissance

SantéBien-être

Mortprématurée

Doc. 2 : Continuum santé-maladie

28

Partie 1

–  la partie sociologique et culturelle, en référence au développement des relations avec les autres ou des relations de groupe ;–  la partie philosophique et spirituelle, en relation avec le sens de la vie.➜ L’être humain est un tout unique, constitué de ces quatre parties qui forment ce qu’on appelle l’environnement interne de l’être humain, et qui sont en constante interac-tion les unes avec les autres et en constante interaction avec l’environnement externe.

3. Les concepts spécifiques à la démarche soignante

A • Le soin➜ Les soins sont les « actes par lesquels on veille au bien-être de quelqu’un22 ».➜ En français, « soigner » est l’un des rares verbes qui se conjuguent à la forme passive, pronominale et active : être soigné, se soigner, soigner.• Ces trois formes révèlent les étapes de la vie que nous franchissons progressivement à l’aide des autres pour arriver à nous suffire à nous-mêmes puis, à notre tour, accompagner les autres de la naissance à la mort.• L’exercice professionnel des soignants est là pour pouvoir franchir ces étapes lorsque l’entourage ne peut plus l’assumer seul ou lorsqu’il n’y a plus d’entourage.➜ Les soins se donnent à toutes les étapes de la vie.• Durant l’enfance, l’entourage de l’enfant (parents, grands-parents, etc.) subvient aux besoins de celui-ci (nourriture, éducation, etc.) : l’enfant « est soigné ».• À partir de l’adolescence et pendant l’âge adulte, les personnes se suffisent pour subve-nir à leurs besoins et sont plutôt dans le « prendre soin » des autres. Elles se situent dans « se soigner », sauf à certaines étapes de leur vie comme au cours d’une grossesse, d’une maladie, d’un accident où là, les soignants ou l’entourage prennent le relais.• À la dernière étape de la vie, qui varie selon l’âge et le milieu socio-économique, les personnes ont parfois recours à leurs proches pour subvenir à leurs besoins. Elles vont alors « être soignées ».Si l’entourage n’est plus suffisant comme substitut, les professionnels, et en particulier l’infirmier(ère), vont prendre le relais.

22. Larousse.

ENVIRONNEMENT

Aspectpsychologique

et philosophique

Aspectsociologique

et culturel

Aspectbiologique

physiologique

Aspectpsychologique

émotionnel

Doc. 3 : Les quatre instances de l’être humain (Rosette Poletti)

L’ E S S E N T I E L D U C O U R SL’ E S S E N T I E L D U C O U R S

Chapitre 1 / Concepts et théories de soins 29

B • Les soins infirmiers23

a. Définitions➜ Selon le Larousse médical, les soins infirmiers sont « l’ensemble des activités assurées par le personnel infirmier et les auxiliaires de santé ».Il donne l’exemple des soins d’hygiène et de confort, ou nursing :« – les soins d’hygiène consistent à assurer la toilette complète ou partielle du malade et incluent, chez les personnes dans le coma, la désinfection de la bouche et des yeux ;– les soins de confort participent à l’amélioration de l’état du malade et consistent notam-ment à l’aider à s’installer dans un lit ou un fauteuil et à changer de position. »➜ Le Dictionnaire des soins Infirmiers définit les soins infirmiers comme « un ensemble de connaissances, de compétences et de techniques relatives à la conception et à la mise en œuvre d’actes de soins infirmiers. Ils contribuent à répondre aux besoins de santé d’une personne et/ou d’une collectivité et font l’objet de la discipline enseignée au personnel infirmier.• Cette discipline fait appel aux sciences humaines et biologiques.• On distingue généralement les soins infirmiers liés aux fonctions d’entretien et de conti-nuité de la vie dans le cadre du rôle propre de l’infirmier(ère) et les soins curatifs ou de réparation24. »

b. La philosophie des soins infirmiers➜ « La philosophie des soins infirmiers est fondée essentiellement sur des valeurs huma-nistes, une approche globale de l’Homme et de la santé. Une philosophie prend son sens quand elle se manifeste par des comportements appropriés. Élaborer des normes de qualité ne peut s’envisager sans préalablement cerner les valeurs qui sous-tendent la phi-losophie des soins et définir la conception de l’Homme, de la santé, de l’environnement,de la maladie et des soins infirmiers afin de répondre aux besoins de santé des personnes et des groupes. La philosophie des soins infirmiers est le cadre de référence et le socle de la conception des soins infirmiers25. »

23. Marie-Françoise Collière, Soigner... Le premier art de la vie, InterÉditions, Paris, 1996.24. Amiec Recherche, op. cit., p. 270.25. Protocole des soins infirmiers, Guide du service infirmier n°4.

SE SO

IGNE

R SE SOIGNER

SOIGNER

Adulte

Adolescence

NaissancePetite enfance

Vieillesse

Enfance

Grossesses

Maladie

ÊTRE SOIGNÉ

ÊTRE SOIGNÉ

Doc. 4 : « Passer… dépasser les seuils de la vie au fil des soins23 »

30

Partie 1

➜ L’humanisme dans les soins• Selon Margot Phaneuf :« L’humanisme est une école de pensée philosophique pour qui l’Homme est la mesure de tout et pour laquelle il constitue la valeur suprême. L’humain est une fin en soi et non un moyen.Cette pensée est sous-tendue par des valeurs supérieures de recherche du beau et du bien qui, dans notre domaine des soins, sont mises au service du bien-être et de la santé du malade26.  »• Les « pères » de l’humanisme les plus connus de nos jours sont les psychologues améri-cains Abraham Maslow (1908-1970) et Carl Rogers (1902-1987).

c. Les différentes dimensions des soins infirmiersCes soins visent à promouvoir, maintenir et restaurer la santé.➜ Les soins préventifs « Interventions qui visent à prévenir les maladies, les handicaps et les accidents, ainsi qu’à les combattre afin d’en diminuer l’incidence, la prévalence et les conséquences27. »

Exemple : Les vaccinations qui empêchent que la maladie apparaisse.

➜ Les soins curatifs« Interventions qui visent à lutter contre la maladie, ses causes, ses conséquences et à sup-primer ou à limiter ses manifestations28. »

Exemple : Réalisation des pansements, d’injections, pose de perfusions.

➜ Les soins éducatifs« Interventions qui consistent à offrir informations, conseils ou assistance à une ou des personnes pour les aider à comprendre les mesures propres à améliorer leur santé, à réaliser elles-mêmes leurs soins et à modifier leurs comportements29. ».

Exemple : Conseils sur l’équilibre alimentaire auprès d’un patient diabétique.

➜ Les soins liés aux fonctions d’entretien et de continuité de la vie, ou soins de main-tenance« Ensemble d’actes de soins infirmiers, relevant du rôle propre, qui visent à suppléer par-tiellement ou totalement à l’état de dépendance d’une personne ou d’un groupe30. »

Exemple : Aide pour la prise de repas.

➜ Les soins palliatifs« Ensemble de soins donnés à une personne en phase évolutive ou terminale d’une maladie potentiellement mortelle. Ces soins actifs et continus sont pratiqués par une équipe plu-ridisciplinaire en institution ou à domicile. Ils visent à assurer le confort physique de la personne, à soulager sa douleur, à apaiser sa souffrance psychique, à sauvegarder sa dignité et à soutenir son entourage31. »

Exemple : Soins de confort et de bien-être.

26.  Margot Phaneuf, inf., Ph. D, Le concept d’humanitude : une application aux soins infirmiers généraux, http://cec-formation.net.pagesperso-orange.fr/phaneuf.pdf

27. Amiec Recherche, op. cit., p. 274.28. Ibidem, p. 274.29. Ibidem, p. 259.30. Ibidem, p. 264.31. Ibidem, p. 273.

L’ E S S E N T I E L D U C O U R SL’ E S S E N T I E L D U C O U R S

Chapitre 1 / Concepts et théories de soins 31

C • Les champs de l’exercice de la profession d’infirmierLe décret n° 2004-802 du 29 juillet 2004 relatif aux parties IV et V (dispositions régle-mentaires) du code de la santé publique et modifiant certaines dispositions de ce code définit le champ de compétences de l’IDE. Il décrit l’ensemble des dispositions relatives à l’exercice de la profession d’infirmier. Dans ce décret sont mentionnés : le rôle propre, le rôle prescrit et la notion de collaboration.

a. Le rôle propre➜ L’adjectif « propre » renvoie à « l’idée d’appartenance, à ce qui appartient d’une manière exclusive ou particulière à une personne, une chose, un groupe ».➜ Dans le cadre du rôle propre, l’IDE évalue la satisfaction des besoins du patient. En fonction de son évaluation, il prend les décisions qui s’imposent.

➜ Si l’IDE ne met pas en place des actions à visées correctives concernant la situation évaluée et qu’il en résulte un dommage pour le patient, sa responsabilité est engagée et il(elle) est susceptible d’en répondre si une plainte est déposée.

b. Rôle propre et autonomie de l’infirmier(ère)➜ Dans le langage courant, être autonome, c’est être capable d’agir par soi-même, de répondre à ses propres besoins sans être influencé.➜ En sociologie, l’autonomie est la marge de manœuvre qui découle d’une tactique indi-viduelle ou collective envers l’organisation.C’est un concept ayant quatre attributs32 :– décider pour soi en fonction de critères personnels ;– maîtriser son environnement mais aussi son autolimitation ;– en état de conscience et ayant mesuré les risques, assumer les conséquences, être responsable ;– gérer ses dépendances ou plus précisément l’interdépendance à autrui.

32.  Les concepts en sciences infirmières, sous la direction de M. Formarier et L. Jovic, ARSI, Éditions Mallet Conseil, Lyon, 2009.

• Article R. 4311-3 du code de la santé publique (CSP)Relèvent du rôle propre de l’infirmier ou de l’infirmière les soins liés aux fonctions d’entretien et de continuité de la vie et visant à compenser partiellement ou totalement un manque ou une diminution d’autonomie d’une personne ou d’un groupe de personnes.Dans ce cadre, l’infirmier ou l’infirmière a compétence pour prendre les initiatives et accomplir les soins qu’il juge nécessaires conformément aux dispositions des articles R. 4311-5 [liste des actes du rôle propre de l’IDE] et R. 4311-6 [liste des actes dans le domaine de la santé mentale].Il identifie les besoins de la personne, pose un diagnostic infirmier, formule des objectifs de soins, met en œuvre les actions appropriées et les évalue. Il peut élaborer, avec la participation des membres de l’équipe soignante, des protocoles de soins infirmiers relevant de son initiative. Il est chargé de la conception, de l’utilisation et de la gestion du dossier de soins infirmiers. 

32

Partie 1

➜ L’autonomie de l’exercice dans le cadre du rôle propre• L’autonomie de l’infirmier(ère) est la « faculté de l’infirmier(ère) à prendre des initia-tives et des décisions dans le cadre de la compétence spécifique reconnue par le diplôme requis et les textes officiels régissant la profession33 ».• Le concept d’autonomie renvoie donc à la notion de responsabilité.Autonomie et responsabilité ont d’ailleurs des attributs communs : décider pour soi selon des critères personnels, faire des choix en état de conscience, mesurer les risques, assumer les conséquences.• Le rôle propre ou rôle autonome serait donc une « zone d’autonomie de l’infirmier(ère) reconnue par les textes régissant l’exercice de la profession qui lui permet de prendre des initiatives et accomplir les soins qu’il(elle) juge nécessaires dans son champ de compétences34 ».L’infirmier(ère) a l’initiative de prescrire et évaluer les soins relevant du rôle propre. Il(elle) engage sa responsabilité dans les décisions qu’il(elle) prend et dans la réalisation des actes qu’il(elle) effectue lui(elle)-même ou qu’il(elle) confie aux aides-soignant(e)s, aux auxiliaires de puériculture ou aux aides médico-psychologiques.

➜ Lors des soins infirmiers, il est également nécessaire de favoriser l’autonomie de la personne.

Exemple : Lors de la réalisation de soins d’hygiène, une personne âgée ayant besoin d’une aide totale pour effectuer sa toilette et se vêtir peut cependant rester autonome si ses capa-cités intellectuelles sont intactes. En effet, elle pourra décider, en réponse à ses besoins et à ses habitudes de vie mis en éclairage lors de l’entretien d’accueil :– du type de toilette (lavabo, douche) ;– du moment (matin ou soir) ;– du choix des vêtements ;

c. Le rôle prescrit➜ L’IDE est chargé(e) de l’application des prescriptions médicales et de la surveillance des effets attendus et des effets secondaires ou dépistage des complications qui pourraient apparaître après la réalisation de la prescription.➜ Son rôle ne se limite pas à une simple exécution de la prescription. L’IDE engage sa responsabilité lors de l’application de la prescription. Il(elle) se doit, avant d’exécuter une prescription, de vérifier si celle-ci est conforme au cadre législatif.

33. Amiec Recherche, op. cit. p. 28.34. Ibidem, p. 240.

• Article R. 4311-4 du CSPLorsque les actes accomplis et les soins dispensés relevant de son rôle propre sont dispensés dans un établissement ou un service à domicile à caractère sanitaire, social ou médico-social, l’infirmier ou l’infirmière peut, sous sa responsabilité, les assurer avec la collaboration d’aides-soignants, d’auxiliaires de puériculture ou d’aides médico-psychologiques qu’il encadre et dans les limites de la qualification reconnue à ces derniers du fait de leur formation. Cette collaboration peut s’inscrire dans le cadre des protocoles de soins infirmiers mentionnés à l’article R. 4311-3.

L’ E S S E N T I E L D U C O U R SL’ E S S E N T I E L D U C O U R S

Chapitre 1 / Concepts et théories de soins 33

• Il(elle) fait le lien entre la prescription, la pathologie du patient et les connaissances qu’il(elle) a des thérapeutiques prescrites.• La respon sabilité de l’IDE est engagée s’il(elle) applique une prescription erronée. En cas de doute, d’erreur, ou de prescription atypique, il(elle) interpelle le praticien afin d’obtenir un supplément d’information et aussi la confirmation pour dispenser les soins prescrits.• Cela implique pour l’IDE d’être en mesure de comprendre toutes les prescriptions et leurs spécificités, et de ce fait d’actualiser au quotidien ses connaissances sur les nouvelles thérapeutiques.

• Article R. 4311-7 du CSPL’infirmier ou l’infirmière est habilité à pratiquer les actes suivants soit en application d’une prescription médicale qui, sauf urgence, est écrite, qualitative et quantitative, datée et signée, soit en application d’un protocole écrit, qualitatif et quantitatif, préalablement établi, daté et signé par un médecin.

• Article R. 4311-8 du CSPL’infirmier ou l’infirmière est habilité à entreprendre et à adapter les traitements antalgiques, dans le cadre des protocoles préétablis, écrits, datés et signés par un médecin. Le protocole est intégré dans le dossier de soins infirmiers.

• Article R. 4311-9 du CSPL’infirmier ou l’infirmière est habilité à accomplir sur prescription médicale écrite, qualitative et quantitative, datée et signée, les actes et soins suivants, à condition qu’un médecin puisse intervenir à tout moment.

• Article R. 4312-29 du CSPL’infirmier ou l’infirmière applique et respecte la prescription médicale écrite, datée et signée par le médecin prescripteur, ainsi que les protocoles thérapeutiques et de soins d’urgence que celui-ci a déterminés.Il vérifie et respecte la date de péremption et le mode d’emploi des produits ou matériels qu’il utilise.Il doit demander au médecin prescripteur un complément d’information chaque fois qu’il le juge utile, notamment s’il estime être insuffisamment éclairé.L’infirmier ou l’infirmière communique au médecin prescripteur toute information en sa possession susceptible de concourir à l’établissement du diagnostic ou de permettre une meilleure adaptation du traitement en fonction de l’état de santé du patient et de son évolution.Chaque fois qu’il l’estime indispensable, l’infirmier ou l’infirmière demande au médecin prescripteur d’établir un protocole thérapeutique et de soins d’urgence écrit, daté et signé.En cas de mise en œuvre d’un protocole écrit de soins d’urgence ou d’actes conservatoires accomplis jusqu’à l’intervention d’un médecin, l’infirmier ou l’infirmière remet à ce dernier un compte rendu écrit, daté et signé.

Les prescriptions médicales ne peuvent être réalisées que par l’IDE et l’étudiant en soins infirmiers selon son niveau de formation.Elles ne peuvent en aucun cas être confiées à un auxiliaire de soins (AS, AP, AMP).

EN PRATIQUE

34

Partie 1

d. Le rôle de collaboration➜ Dans le langage courant, la collaboration consiste en « la participation à un travail avec une ou plusieurs personnes ».➜ En sciences infirmières, ce sont « les interactions entre l’infirmier(ère) et le médecin qui per-mettent aux connaissances et compétences des deux professions d’influencer en synergie35 ».➜ Le rôle de collaboration s’effectue à deux niveaux.• Avec les aides-soignant(e)s (voir article R. 4311-4 du CSP, p. 32)– La collaboration ne peut exister que dans le cadre du rôle propre infirmier.– Tous les actes du rôle propre infirmier ne relèvent pas de la collaboration.– Les infirmiers(ères) doivent connaître les champs de compétences de leurs collaborateurs afin de contrôler les actes réalisés dans le cadre de cette collaboration.– Lorsque l’IDE confie la réalisation d’un acte à un collaborateur, il ne peut en aucun cas s’exonérer de sa propre responsabilité.– Dans toute décision de collaboration, il(elle) doit effectuer une analyse des risques pour la personne prise en charge.

• Avec les médecins– Dans cette collaboration, l’IDE identifie les signes, les causes, évalue les paramètres que présente la personne et les transmet au médecin pour l’aider à poser son diagnostic et/ou identifier les complications potentielles.– Le médecin a l’entière responsabilité dans la prise de décision et dans la rédaction de la prescription finale. Cependant, l’IDE est responsable de la surveillance des effets de la prescription et de sa participation au recueil de données pour prévenir ou dépister la survenue de complications.

35.  Weiss & Davis, 1985.

La collaboration nécessite de la part de l’IDE et de l’AS :– une analyse de la situation pour déterminer les soins qui peuvent être confiés ;– un esprit d’équipe et non pas la réalisation de tâches à la place d’un autre ;– un droit de regard de la part de l’IDE sur l’ensemble des soins confiés.

EN PRATIQUE

• Article R. 4311-2 du CSPLes soins infirmiers, préventifs, curatifs ou palliatifs, intègrent qualité technique et qualité des relations avec le malade. Ils sont réalisés en tenant compte de l’évolution des sciences et des techniques. Ils ont pour objet, dans le respect des droits de la personne, dans le souci de son éducation à la santé et en tenant compte de la personnalité de celle-ci dans ses composantes physiologique, psychologique, économique, sociale et culturelle : […]2° De concourir à la mise en place de méthodes et au recueil des informations utiles aux autres professionnels, et notamment aux médecins pour poser leur diagnostic et évaluer l’effet de leurs prescriptions ; […]4° De contribuer à la mise en œuvre des traitements en participant à la surveillance clinique et à l’application des prescriptions médicales contenues, le cas échéant, dans des protocoles établis à l’initiative du ou des médecins prescripteurs ; […]

Au moins l’une des réponses proposées est exacte.

QCM

44

Partie 1

1. Un concept est : a. une théorie. b. un objet abstrait. c. une notion. d. une représentation mentale.

2. Dans une analyse de situation, les attributs d’un concept conjonctif sont :

a. tous présents dans la situation. b. présents par paire dans la situation. c.  présents alternativement dans

la situation. d.  présents de manière ordonnée dans

la situation.

3. Selon la théorie de Virginia Henderson, l’Homme est :

a. un être unique. b. un être ayant 14 besoins fondamentaux. c. un être en relation permanente avec

son environnement. d. un être influencé par sa famille.

4. L’anthropologie est la science qui étudie :

a. l’Homme sous tous ses aspects. b. l’histoire de l’Homme. c. l’Homme dans la société. d. l’Homme autrement.

5. Dans le cadre du rôle propre, l’infirmier(ère) :

a. identifie les besoins de la personne. b. assure la gestion des dossiers de soins. c. évalue les actions de soins entreprises. d. élabore des protocoles de soins.

6. La théorie de Calista Roy appartient à :

a. l’école des besoins. b. l’école des effets souhaités. c. l’école de la promotion de la santé. d. l’école du caring.

7. L’indépendance du besoin de respirer se manifeste par :

a. des téguments rosés. b. une saturation < à 94 %. c. la présence d’un réflexe de toux. d. une dyspnée.

8. Sont des facteurs sociologiques influençant la satisfaction du besoin de respirer :

a. le milieu du travail. b. l’habitation. c. les émotions. d. l’alimentation.

9. Concernant les dimensions de la santé :

a.  la santé sociale est l’interaction de la personne avec son environnement.

b.  la santé mentale se caractérise par le contrôle des affects.

c.  la santé émotionnelle est l’habileté de la personne à utiliser ses capacités intellectuelles.

d.  la santé spirituelle est l’interaction avec les autres et l’environnement.

10. Être en santé signifie : a. une absence d’infirmité. b. un engagement personnel. c.  un état permettant de contribuer à la vie

en communauté. d.  un état favorisant le processus

d’adaptation de la personne à son environnement.

11. Les caractéristiques de la maladie sont :

a.  pour la maladie somatique : des troubles du comportement.

b.  pour la maladie psychique : un état de mal-être.

c.  pour la maladie chronique : différentes phases évoluant vers la guérison.

d.  pour la maladie mentale : des symptômes, des troubles.

Q C M

Chapitre 1 / Concepts et théories de soins 45

12. Pour Rosette Poletti, l’environnement interne de l’être humain comprend :

a.  une partie physiologique qui fait référence au corps.

b.  une partie philosophique qui fait référence aux développements des relations humaines.

c.  une partie psycho-émotionnelle qui fait référence à ce que l’on ressent, à ce que l’on croit.

d.  une partie sociologique et culturelle qui fait référence à l’environnement de l’être humain.

13. Les soins : a.  de maintenance sont en lien avec

les actes de la vie quotidienne. b.  palliatifs privilégient la gestion de

la douleur. c.  préventifs diminuent la prévalence

des maladies. d.  éducatifs concernent les interventions

visant à diminuer l’incidence des maladies.

14. Sont des affirmations exactes : a.  un modèle est un ensemble

de concepts, de lois, de théories. b.  une théorie est un ensemble

de concepts, de principes ou de connaissances.

c.  un paradigme est une représentation basée sur un système de valeurs, d’images mentales.

d.  un concept est un objet abstrait, composé d’indicateurs.

15. Selon la théorie de Virginia Henderson, une personne est indépendante quand :

a. elle assure financièrement ses besoins. b. elle satisfait ses besoins fondamentaux. c.  elle se déplace sans aucune aide

matérielle. d.  elle a développé des capacités

d’adaptation pour satisfaire ses besoins fondamentaux.

➜ Réponses page 46

Ouvrage coordonné par Marie-Claude Moncet

Chris ane Lamblard est cadre de santé, formatrice à l’IFSI de Nîmes, et assure la forma on con nue de professionnels de santé. Ka a Garcia-Lidon est cadre supérieure de santé, chargée de missions au sein de la Direc on de coordina on générale des soins du CHU de Nîmes.Marie-Claude Moncet est cadre de santé. Elle a dirigé l’IFCS d’Aix-en-Provence et est membre de comités de rédac on de revues et ouvrages pour les IDE et les cadres de santé.Lydie Vidal-Fraisse est cadre de santé, formatrice à l’IFSI de Nîmes, et responsable de projets ins tu onnels et de forma on con nue.

ISBN : 978-2-311-20089-8

www. .fr

Démarche clinique infi rmièreProjet de soins infi rmiersOrganisa on du travail

RÉFÉRENCECollection dirigée parMarie-Claude Moncet

U N I T É D ’ E N S E I G N E M E N T 3 . 1 , 3 . 2 e t 3 . 3Semestres 1, 2 , 3 et 5

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