MA R I E MA D E L E I N E

PO U R MI E U X LA DEC O U V R I R

Marie Madeleine dans l’Evangile de Marie :

Cet évangile apocryphe provient des nombreux livres de la bibliothèque de Nag-Hammadi. L’évangile de Marie a été écrit sur un papyrus, en copte sahidique. La première rédaction de cet évangile devrait selon les spécialistes remonter au deuxième siècle de notre ère. Il s’agirait donc bien, comme tous les autres évangiles, d’un des textes fondateurs ou primitifs du Christianisme. (Introduction à l’Evangile de Marie - Jean-Yves Leloup)

Dans les fragments reconstitués de cet évangile précieux, plusieurs éléments permettent de mieux cerner la psychologie du groupe des Apôtres de Jésus après son Ascension.

Pierre mène la conversation, il est provocateur, il sollicite des révélations, puis il attaque Marie madeleine au point de la faire pleurer.

Quelle est l’attitude de Marie Madeleine ?

Elle révèle les paroles que le Maître lui a confiées, elle encourage les apôtres, les stimule pour qu’ils aillent prêcher l’Evangile en Mission, elle est fragile et ressent l’opposition des apôtres vis-à-vis d’elle.

Ces écrits quoique parcellaires mettent en évidence un statut différent dévolu à Marie Madeleine au sein du groupe composé essentiellement d’hommes dans ce dialogue.

Pierre sollicite d’elle les paroles du Maître :

Page 7 : Pierre lui dit : Puisque tu te fais l’interprète des éléments et des évènements du monde, dis-nous : Qu’est-ce que le péché du monde »

Page 10 : « Sœur, nous savons que l’Enseigneur t’a aimée différemment des autres femmes. Dis-nous les paroles qu’il t’a dites, dont tu te souviens et dont nous n’avons pas connaissance… »

Les réponses de Marie Madeleine se veulent éclairantes :

Page 7 : « Voilà pourquoi le Bien est venu parmi nous ; il a participé aux éléments de votre nature afin de la ré-unir à ses racines».

Page 8 : « C’est à l’intérieur de vous qu’est le Fils de l’Homme, allez à Lui : ceux qui le cherchent le trouvent. En marche ! Annoncez l’Evangile du Royaume. »

Page 9 : « Alors Marie se leva, elle les embrassa tous et dit à ses frères : « Ne soyez pas dans la peine et le doute, car sa grâce vous accompagnera et vous protégera : louons plutôt sa grandeur, car il nous a préparés. Il nous appelle à devenir pleinement humains ». Par ses paroles, Marie tourna leurs cœurs vers le Bien ; ils s’éclairèrent aux paroles de l’Enseigneur ».

En Page 10, en réponse à la sollicitation de Pierre, Marie Madeleine va leur raconter la vision qu’elle a eue de l’Enseigneur (Le Christ) :

« J’ai eu une vision de l’Enseigneur, et je lui ai dit : « Seigneur, je Te vois aujourd’hui dans cette apparition ». Il répondit : « Bienheureuse, toi qui ne te troubles pas à ma vue. Là où est le Noûs, là est le trésor ».

La vision continue et les apôtres s’étonnent car ils n’ont jamais entendu parler de ces « secrets » auparavant.

Pierre, à la fin de la vision s’irrite et doute que la vision soit du Christ tant elle lui est hermétique :

« Est-il possible que l’Enseigneur se soit entretenu ainsi, avec une femme, sur des secrets que nous, nous ignorons ? Devons-nous changer nos habitudes ; écouter tous cette femme ? L’a-t-il vraiment choisie et préférée à nous ? »

Alors Marie pleura. Elle tenta de légitimer sa vision mais Lévi intervint pour calmer les esprits. Lévi prit la parole : « Pierre, tu as toujours été un emporté ; je te vois maintenant t’acharner contre la femme, comme le font nos adversaires. Pourtant, si l’Enseigneur la rendue digne, qui es-tu pour la rejeter ? Assurément, l’Enseigneur la connaît très bien… Il l’a aimée plus que nous. Ayons donc du repentir… »

De cet échange, plusieurs détails ressortent et suscitent notre intérêt :

L’Evangile de Marie a été envisagé sous l’aspect de la compréhension du monde et de la métaphysique Grecque car les termes qui y sont utilisés sont grecs (Psyché, Noûs, Pneuma, Anthropos…). Pour ma part, même si je trouve cette interprétation tout à fait légitime, je mets l’utilisation de ces termes sur le compte des traductions successives et préfère me référer à la vision juive de l’âme car je trouve que celle-ci éclaire davantage ce discours.

Autre point que je développerai ici brièvement c’est la notion de révélateur et de voyant dans le contexte de l’Eglise naissante et des Desposyni en particulier.

La complexité de l’âme vue par la culture religieuse juive :

Le plus haut degré de la foi (Zohar I, 83b)

« L’« âme » (nephesh) est intimement liée au corps qu’elle sustente et entretient ; elle est, en bas, le premier élan. Lorsqu’elle en est digne, elle devient le trône où siège l’« esprit » (roua’h), ainsi qu’il est écrit : « Jusqu’à ce que l’esprit se répande sur nous, d’en haut » (Isaïe, XXXII, 15). Et lorsque tous les deux, l’âme et l’esprit, se sont dûment préparés, ils sont dignes de recevoir l’« âme supérieure » (neshama) qui siège elle-même sur le trône de l’esprit (roua’h). L’âme supérieure domine tout, et ne peut être perçue. Il y a donc un trône sur un trône, et, au plus haut, un trône.

En scrutant ces degrés de l’âme, on parvient à pénétrer la sagesse suprême, et seule la sagesse permet ainsi de lier certains mystères. C’est à nephesh, l’élan d’en bas, que le corps est attaché, tout comme, dans la flamme d’une chandelle, la lumière obscure à sa base adhère étroitement à la mèche sans laquelle elle ne serait pas. Une fois allumée, elle devient un trône pour la lumière blanche au-dessus d’elle et, lorsque toutes deux se consument, la lumière blanche devient un trône pour une lumière à peine distincte, essence inconnaissable qui repose sur la lumière blanche ; ainsi le tout devient une lumière parfaite.

Les trois aspects de l’âme (Zohar II, 141b)

« Les noms et les degrés de l’âme humaine sont trois : nephesh (« âme vitale »), roua’h (« esprit ») et neshama (« âme supérieure »). Toutes les trois sont comprises l’une dans l’autre, mais elles ont chacune une demeure propre.

Tandis que le corps se décompose dans la tombe et se réduit en poussière, nephesh reste avec lui et parcourt ce monde, allant de-ci, de-là parmi les vivants, s’enquérant de leurs peines et intercédant en leur faveur, s’il en est besoin.

Roua’h se retire dans le Jardin de l’Éden terrestre. Là, cet « esprit », désireux de jouir des plaisirs du Jardin merveilleux, se drape de ce que l’on pourrait appeler un vêtement, d’une semblance, une apparence du corps dans lequel il séjournait ici-bas. Les jours de sabbath, de néomie et de fête, il monte jusqu’à la sphère céleste et en savoure les délices, puis il revient au Jardin. C’est pourquoi il est écrit : « Et l’esprit retourne à Dieu qui l’a donné » (Ecclésiaste XII, 7), aux temps fixés, comme nous l’avons dit.

Mais, neshama monte aussitôt rejoindre sa place dans le domaine dont elle a émané, et c’est par elle que la lumière s’allume pour briller en haut. Ensuite, jamais elle ne redescend sur terre. En neshama se réalise l’Un qui englobe tous les côtés, celui d’en haut et celui d’en bas. Et, tant que neshama n’est pas montée pour s’unir au Trône, roua’h ne peut être couronné dans le Jardin d’en bas, et nephesh ne peut trouver le repos ; mais lorsqu’elle monte, ils trouvent le repos. Lorsque les enfants des hommes, dans la peine et la douleur, se rendent sur la tombe de ceux qui s’en sont allés, nephesh est réveillé et va faire lever roua’h qui, à son tour, réveille les patriarches, et ensuite neshama. Et le Saint, béni soit-Il, a pitié du monde. Mais si neshama, pour quelque raison, n’a pu remonter à sa place, roua’h, parvenant à la porte du Jardin d’Éden la trouve fermée ; incapable d’entrer, il erre solitaire et abattu. Nephesh, pendant ce temps, court elle aussi à travers le monde, et, voyant le corps qu’elle habitait autrefois dévoré par les vers et soumis au jugement de la tombe, elle s’afflige sur lui, ainsi que le dit l’Écriture : « Mais sa chair se lamente sur lui et son âme est en deuil » (Job XIV, 22).

Tous connaissent donc la souffrance jusqu’au temps où Neshama est capable d’accéder à sa place d’en haut. Mais, alors, chacun des deux autres est uni à son juste lieu, car tous trois sont un, formant une unité, entrelacés par un lien mystique»

(http://www.kabbale.eu/etude-de-l-ame-au-sein-de-la-kabbale/)

Ainsi dans l’Evangile de Marie la Psyché est identifiée comme étant Nephesh, Noûs étant Roua’h et Pneuma est l’équivalent de Neshama.

Une fois le rétablissement des termes posé, regardons le texte de plus près :

Dans la vision de Marie Madeleine, en page 10, Jésus dit : « Là où est le noûs, là est le trésor ». Roua’h, c’est l’Esprit. Il est le trône de l’âme supérieure la Neshama. C’est l’Esprit de notre âme, celui qui peut voyager. « Roua’h se retire dans le Jardin de l’Éden terrestre. Là, cet « esprit », désireux de jouir des plaisirs du Jardin merveilleux, se drape de ce que l’on pourrait appeler un vêtement, d’une semblance, une apparence du corps dans lequel il séjournait ici-bas. Les jours de sabbath, de néomie et de fête, il monte jusqu’à la sphère céleste et en savoure les délices, puis il revient au Jardin.

Marie Madeleine questionne alors le Sauveur pour savoir avec quel élément de son âme elle peut parvenir à avoir cette vision :

« Ton apparition, est-ce par la psyché qu’il voit ? Ou par le pneuma ? L’Enseigneur répondit : Ni par la psyché ni par le pneuma ; mais par le noûs étant entre les deux, c’est lui qui voit ».

Donc, ce n’est pas par Nephesh (l’âme qui est le plus près du corps, qui le sustente et le fait vivre), ni par Neshama (l’âme supérieure qui domine tout et ne peut être perçue), mais bien par Roua’h l’Esprit qui peut appréhender l’univers spirituel et développer nos sens pour communiquer avec Dieu.

la notion de révélateur dans les Eglises Paléo-Chrétiennes et chez les Desposyni :

Saint Paul détaille les fruits du Saint Esprit en expliquant qu’à chacun le Saint Esprit donne un ou des dons particuliers : (1 Corinthiens 12 : versets 4 à 11)

4/ il y a diversité de dons, mais il n'y a qu'un même Esprit.

5/ Il y a aussi diversité de ministères, mais il n'y a qu'un même Seigneur.

6/ Il y a aussi diversité d'opérations; mais il n'y a qu'un même Dieu, qui opère toutes choses en tous.

7/ Or à chacun est donnée la lumière de l'Esprit pour procurer l'utilité [commune].

8/ Car à l'un est donnée par l'Esprit, la parole de sagesse; et à l'autre par le même Esprit, la parole de connaissance;

9/ Et à un autre, la foi par ce même Esprit ; à un autre, les dons de guérison par ce même Esprit;

10/ Et à un autre, les opérations des miracles; à un autre, la prophétie; à un autre, le don de discerner les esprits; à un autre, la diversité de Langues; et à un autre, le don d'interpréter les Langues.

11/ Mais un seul et même Esprit fait toutes ces choses, distribuant à chacun ses dons comme il le trouve à propos.

Il était donc parfaitement admis dans les débuts de la Chrétienté que chacun puisse prophétiser, parler en langues ou les interpréter. Marie Madeleine n’est pas alors un cas isolé, chacun peut être « saisi par l’Esprit Saint et prophétiser ».

Mais, voilà l’accent est mis sur sa capacité d’interpréter les paroles de l’Enseigneur, peut-être est-elle considérée par les apôtres et surtout par Pierre comme ayant été la confidente du Seigneur et sa plus proche collaboratrice parce qu’elle était son épouse ? Cet évangile a permis à plusieurs écrivains de surnommer Marie Madeleine « l’Apôtre des apôtres ».

Et c’est bien ce qui transparaît dans cet évangile, en page 9 :

« Marie se leva, elle les embrassa tous et dit à ses frères : « Ne soyez pas dans la peine et dans le doute, car Sa grâce vous accompagnera et vous protégera : louons plutôt sa grandeur, car Il nous a préparés. Il nous appelle à devenir pleinement humains. » Par ces paroles, Marie tourna leurs cœurs vers le Bien ; Ils s’éclairèrent aux paroles de l’Enseigneur ».

Plusieurs descendants de Jésus et de Marie Madeleine deviendront « Voyants et Révélateurs ». Ce fut le cas principalement des Porteurs du Graal. Le plus célèbre fut José Faye, son nom est orthographié différemment dans la Quête du Graal, il y est connu sous le nom de Joséphé. (Voir à Joséphé, José Faye dans la rubrique « Zoom sur les Desposyni »).

Marie-Madeleine et la Gnose :

Même si certaines personnes affirment au et clair que la famille de Jésus, et par conséquent Marie Madeleine, appartenaient au mouvement Gnostique, il s’agit là d’une affirmation inexacte.

La Gnose est utilisée de nos jours comme un principe « fourre-tout » dans lequel on classe tout courant que d’emblée on aurait du mal à délimiter. De nos jours, beaucoup de mouvements d’inspiration New-Age se disent héritiers de la Gnose, comme on se réfère à un principe connu.

Je reconnais utiliser souvent les évangiles apocryphes, dont certains sont gnostiques pour la rédactions de mes articles, car ce sont les seuls à mentionner la proximité relationnelle qui existait entre Jésus et Marie-Madeleine et des évènements de leurs vies que les évangiles canoniques ne relatent pas.

Ceci étant dit, ce n’est pas pour autant qu’il faudrait faire l’amalgame entre les croyances de Jésus et Marie-Madeleine et la Gnose du 2ème siècle. Pourquoi ?

La réponse est simple et dénuée de révélation : Jésus et toute sa famille, ainsi que Marie-Madeleine son épouse et leurs enfants étaient Israélites ! Jésus n’instaura aucun schisme, il ne fut pas à la tête d’un mouvement séparatiste et ne créa pas la

religion chrétienne. Le Christianisme s’inspirera de la vie publique de Jésus et verra effectivement le jour plus tard.

Jésus combattit de toutes ses forces les mouvements rigoristes Pharisiens et Sadducéens Israélites car il trouvait que la religion ne doit faire acception de personne. A l’époque de Jésus, les Pharisiens et les Sadducéens avaient fait une relecture des Livres de la Loi dans laquelle la tradition de la Loi non-écrite prenait le pas sur la Loi écrite. Jésus voulait ouvrir le Judaïsme à tous les Israélites, et privilégier la Loi d’Amour déjà existante dans la Judaïsme.

Jésus, sa famille et Marie-Madeleine suivaient le mouvement purificateur Essénien. Ils étaient profondément convaincus que l’Etude de la Loi ouvrait le cœur des Hommes. Ils accomplissaient les rites Nazaréens car c’était leur façon d’exprimer leur Foi. Les rites Nazaréens s’apparentaient à un culte à mystères. Ils n’étaient pratiqués que par des Initiés qui recevaient un enseignement progressif spirituel destiné à leur permettre d’entrer en communion directe avec la Divinité.

Mais, je le répète, les rites nazaréens ne s’apparentent pas à la Gnose. L’Evangile des Douze n’est pas un évangile gnostique, il est nazaréen et fidèle à la réalité des discours du Christ durant sa présence sur la terre.

L’église que fonda le Christ après sa résurrection et que dirigea son frère Jacques n’était pas gnostique. Il s’agissait un mouvement Juif Messianique reconnaissant Jésus comme le Messie tant attendu par Israël. Ce mouvement donnera naissance à l’Eglise de Jérusalem.

Toutefois, l’Eglise Desposynique qui vit le jour deux générations plus tard à Glastonbury n’avait plus rien à voir avec un mouvement Juif Messianique car il était devenu strictement familial et héréditaire. Le seul élément qui perdura de cette église jusqu’à nos jours furent l’utilisation des Rites Nazaréens et le culte des mystères qui y était attaché.

Je ne développerai pas ici le culte évoqué car il est toujours utilisé par les Desposyni Initiés et parce qu’il est sacré, il ne peut être écrit.

Le Saint Graal représentait pour la famille de Jésus l’Arche sacrée de la Nouvelle Alliance. L’Arche d’Alliance Mosaïque ayant été perdue, la petite communauté Desposynique se considérant en errance comme l’avait été le peuple Hébreux durant l’Exode, cristallisa la présence divine (la Shekinah) dans le Saint Graal.

Le Saint Graal n’était pas considéré comme un objet de dévotion contrairement à l’image que les récits médiévaux en donnèrent. Ces écrits représentèrent le Saint Graal en l’associant au concept Eucharistique. Les processions au Saint Graal racontées dans les récits s’apparentent à une vision catholique du XII et XIIIème siècle.

Comme le culte à Mystère Desposynique était resté hermétiquement fermé et inconnu aux profanes, il en résultait une série de fantasmes que les auteurs s’efforçaient de décrire pour pallier à l’inconnu.

Comme toujours, un fond commun persiste et représente la vérité connue d’une époque, même si ce fond est habillé des parements de l’imagination ou d’une certaine concordance avec une période donnée, d’où des anachronismes inévitables. C’est la recherche de ce fond qu’il est toujours intéressante à mener car là où plusieurs récits s’accordent, on peut estimer qu’il y a eu fait réel.

Je ne nie pas que plusieurs courants chrétiens gnostiques aient vu le jour à partir du 2ème siècle. Mais j’affirme par contre que l’expression de la foi de Jésus, de sa famille, de son épouse et de leurs descendants n’était pas gnostique.

Toute association entre le mouvement Nazaréen pratiqué par Jésus et la Gnose n’est que pure invention.

L’intimité de Jésus et Marie Madeleine:

Dans l’Evangile de Philippe, on lit : « Et le compagnon des […] Marie de Magdala. […] elle plus que [….] les disciples […] l’embrasse [….] sur sa [….] ».

Cette phrase a été reconstituée ainsi par les spécialistes :

« Le Seigneur aimait Marie plus que tous les disciples et il l’embrassait souvent sur la bouche ».

Les autres disciples Le virent aimant Marie, ils lui dirent : « Pourquoi l’aimes-tu plus que nous tous ? »

Le Sauveur répondit, il lui dit : « Comment se fait-il que je ne vous aime pas autant qu’elle ? » (Sentence n° 55).

La bouche… Signe unique d’érotisme ou sens profond de l’expression de la fusion du couple ? Un peu avant cela, la sentence n°31 nous éclaire sur la sens que Philippe donne au baiser :

(Sentence n°31) « En effet, les parfaits, c’est par un baiser qu’ils conçoivent et

engendrent. C’est pourquoi nous aussi nous embrassons mutuellement et c’est par la grâce qui est en nous mutuellement que nous recevons la conception ».

La bouche devient donc « le canal transmetteur » du souffle de vie.

Au chapitre 9 de l’Evangile de Jean, le Christ utilisa de la salive pour la mélanger à de la terre. Il appliqua cette mixture pour la mettre sur les yeux de l’Aveugle…

« Jésus vit, en passant, un homme aveugle de naissance. 2 Ses disciples lui firent cette question: Rabbi, qui a péché, cet homme ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle? 3 Jésus répondit: Ce n’est pas que lui ou ses parents aient péché; mais c’est afin que les oeuvres de Dieu soient manifestées en lui. 4 Il faut que je fasse, tandis qu’il est jour, les oeuvres de celui qui m’a envoyé; la nuit vient, où personne ne peut travailler. 5 Pendant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. 6

Après avoir dit cela, il cracha à terre, et fit de la boue avec sa salive. Puis il appliqua cette boue sur les yeux de l’aveugle, 7 et lui dit: Va, et lave-toi au réservoir de Siloé, nom qui signifie envoyé. Il y alla, se lava, et s’en retourna voyant clair ».

Dans les Actes de Philippe, lorsque l’apôtre guérit l’Aveugle Stachys, il prend de la salive de Marie Madeleine pour l’appliquer sur les yeux de l’aveugle. « L’ayant attiré à soi, il étendit la main, plongea son doigt dans la bouche de Marianne et enduisit le (…).

Un folio a été arraché dans le manuscrit. La description de la guérison de Stachys au moyen de la salive de Marianne a dû choquer, tout comme les deux guérisons que Jésus opère avec de la salive (Marc 7 : 31-37 et 8 : 22-26).Commentaires de Frédéric Amsler, François Bovon et Bertrand Bouvier

Remarquons à ce propos que ce n’est pas sa propre salive qu’utilise l’apôtre mais celle de sa compagne de voyage. Ce détail renforce encore l’idée d’intimité qu’avait Marie Madeleine avec Jésus : Philippe accorde plus de potentiel guérisseur à la salive de Marie Madeleine qu’à la sienne. Il semble croire que la salive de Marie Madeleine contient toujours le souffle de vie de son époux.

La bouche a droit à un très beau passage du Cantique des Cantiques et l’interprétation du Targum et du Zohar éclaire encore le sens fusionnel de ce mot :

« Qu’il me baise des baisers de sa bouche !

Car tes amours sont meilleures que le vin »

« Yichaqéni minnechiquot pihou ki tovim dodèkha miyayin »

Littéralement : « qu’il me baise de (les) baisers (de) sa bouche car bonnes tes tendresses plus que le vin ».

Traduction Chouraqi : « Qu’il me baise des baisers de sa bouche… car tes amours sont meilleures que le vin. »

Targum du Cantique des Cantiques : « Salomon, le prophète, dit : Béni soit le nom de Celui qui nous donna la loi par les mains de Moïse, le grand scribe, écrite sur deux tables de pierre et les six traités de la Mishna et le Talmud avec la tradition orale, et qui nous a parlé face à face, comme un homme embrasse son ami en raison de son grand amour, car il nous aime plus que les soixante-dix nations. »

« Qu’il me baise des baisers de sa bouche », c’est donc l’adhésion d’un souffle à un souffle et donc il y a adhésion et ce baiser emplit les mondes de joies car la « face » d’En haut et celle d’en bas sont unies. Nous revenons ici au secret de l’épanchement des sefirot mâles et de la réception par les sefirot femelles.Zohar 63 d : « Tous les baisers d’amour n’ont pas d’autre fonction que de faire qu’il y ait un unique ensemble, pour que l’un s’intègre en l’autre sans séparation. Ainsi, pour tout ces baisers ont pour fonction de faire que tout soit un ». (Site Kabbale/eu/)

Ainsi, l’intimité entre le Sauveur et Marie Madeleine ne peut plus être mise en doute, même si certains traducteurs ont pu dire que rien ne prouvait que le mot disparu dans l’Evangile de Philippe ne soit peut être pas « bouche », nous avons d’autres éléments qui prouvent que cette intimité était bien réelle et connue de tous.

Marie Madeleine et l’image de Lilith :

Pourquoi l’Eglise Romaine a-t-elle fait disparaître Marie-Madeleine de l’Histoire du Salut ? Pourquoi fut-elle rabaissée à celle « d’où était sortie sept démons » ? Pourquoi du statut d’épouse royale, Marie-Madeleine a-t-elle été rabaissée à celui de prostituée repentie ?

Ces interrogations sont intéressantes. Elles sous-tendent plusieurs réponses qu’il conviendrait d’aborder :

Tout d’abord, beaucoup de choses furent dites concernant le choix des évangiles par les Conciles organisés par l’Empereur Constantin. Hélène, sa mère était une Desposyni de la branche de Joseph d’Arimatie. Je suis intimement convaincue que celle-ci n’éleva pas son fils dans l’aversion de Marie-Madeleine, l’épouse du Christ. L’Empereur Constantin mit à part les évangiles gnostiques qui par leur côté hermétique nécessitaient d’être initié pour les comprendre. Il choisit des Evangiles simples, à la lecture directe et se recoupant afin d’aucun trouble ne puisse jaillir dans l’esprit des fidèles, nouveaux ou anciens baptisés. L’Evangile de Marie contenait clairement une controverse entre Marie Madeleine et certains des apôtres. Elle apparaissait comme la victime de leur jalousie et cela jetait le trouble sur la légitimité du « Trône de Saint Pierre ». C’est pourquoi c’est évangile fut écarté des Evangiles canoniques.

Il faut également rappeler qu’après l’Ascension, le « Trône de Saint Pierre » n’existait pas à proprement parlé puisque c’était Jacques le frère de Jésus qui était Président de l’Eglise de Jésus-Christ entouré de Pierre son Premier Conseiller et de Jean son Second Conseiller. Le « Trône de St Pierre » ne commencera à être occupé par un Pape qu’à partir de 325 avec Sylvestre 1er durant le règne de l’Empereur Constantin.

Auparavant, après la mort de Siméon l’évêque de Jérusalem, frère de Jacques, ce fut Clément 1er l’Evêque de Rome qui assura à partir de 88 apr. J-C la gouvernance de l’Eglise en –dehors du siège de l’Eglise à Glastonbury.

Mais déjà, à partir de 44 apr. J-C, quand Marie Madeleine quitta la Judée pour rejoindre la France, sa réputation d’Apôtre des Apôtres commença à être déformée et à disparaître.

Quel en est pourtant le contexte ? Je pense qu’au départ, les récriminations à l’encontre de Marie Madeleine furent manifestées au sein des Apôtres et du milieu judaïsant des débuts de l’Eglise. Pierre reprochait à Marie Madeleine la proximité de Jésus avec son épouse et la suspectait d’avoir reçu de la bouche du Seigneur des révélations concernant la direction de l’Eglise. Mais il n’était pas le seul à considérer que les affaires de l’Eglise ne regardaient pas les femmes. Paul prônait le célibat et désignait clairement la place de la femme au service de l’homme.

Le Christ, lui, exprimait l’égalité de la femme et de l’homme dans la prédication de l’Evangile, peut-être allait-il plus loin dans le domaine de la guérison des malades, de l’exercice de la Foi, etc… Mais les Evangiles canoniques ayant été expurgés au fil des siècles, il ne reste rien de ses intentions initiales. Certains détails subsistent toutefois dans les Evangiles Apocryphes de Thomas et de Philippe où Marie Madeleine est décrite prêchant l’Evangile aux femmes, guérissant les malades, etc…

On peut donc voir une divergence de pensée notable entre la pensée sémite, ou zélote des Apôtres, et Pharisienne de Paul qui se refusaient à intégrer les femmes à une place d’égalité dans l’exercice de la prêtrise, et l’opinion du Christ, de sa famille, de Jean et d’André qui étaient Juifs de rites Nazaréens.

Les Nazaréens étaient un mouvement Juif qui incluait les femmes à égalité des hommes tout en séparant leurs activités. Qumran était le centre Essénien d’Etudes des hommes. Alors que les Prêtresses Nazaréennes se réunissaient plus discrètement dans leurs foyers. Mais, même si les deux communautés étaient géographiquement séparées, elles étaient complémentaires et aucune n’avait la suprématie sur l’autre.

Ce contexte rappelle les sources midrashiques originelles où la première femme d’Adam, issue de la terre comme lui, s’appelait Lilith et était son égale en tout selon l’enseignement de Dieu. Le rite Nazaréen ne fit pas de Lilith l’épouse désobéissante que le Midrash en fit au cours des siècles, elle était celle qui prenait avec dignité la place de Fille de Dieu, tout comme Adam prenait celle de Fils de Dieu.

Tiré de l’Alphabet de Ben Sira :

"Dieu créa Adam et vit qu’il était seul. Il dit: "Il n’est pas bon pour un homme d’être seul". Alors, Il créa une femme, à partir de la terre comme Adam et Il l’appela Lilit. Adam et Lilit se querellèrent. Il lui dit: "Je ne me coucherai pas sous toi, mais seulement au-dessus de toi. Tu es faite pour être dessous, parce que je te suis supérieur". Lilit répondit: "Je ne me coucherai pas sous toi mais sur toi. Nous sommes égaux, nous avons été créés de la même terre".Aucun des deux ne voulut céder. Quand Lilit le vit, elle prononça le Nom Ineffable et partit dans les airs. Adam s’est tenu en prière devant son Créateur et dit "Souverain du monde, la femme que tu m’as donnée s’est enfuie loin de moi".

Et Eve, dans tout cela ? Me direz-vous. Eh bien, Adam se rebella contre l’égalité de sa femme en tout et Lilith quitta Adam. Les Anges vinrent la rechercher mais elle s’unit à Lucifer et engendra les légions des démons. Avec Lucifer, non plus l’égalité des sexes n’était pas de mise et elle le quitta également.

Dieu créa Eve à partir de la côte d’Adam, afin qu’elle lui soit soumise en tant que chair de sa chair et ne maudit pas Lilith. C’est elle qu’il désigna pour accomplir à la fin des temps la destruction de Rome, selon l’interprétation des Sages Kaballistes anciens.

Les Nazaréens s’appuyaient sur le fait que Dieu ne maudit pas Lilith car dans son ineffable sagesse Il voulait qu’il y ait une opposition en toute chose. Le Saint ineffable confia à Lilith une mission à l’arrivée du Messie, ce qui aux yeux des Nazaréens signifiait qu’il devait y avoir égalité des sexes dans l’exercice de la prêtrise. Ils s’appuyaient également sur le fait que Lilith est associée à la Mère Céleste (Shékinah, Présence Divine, épouse de Dieu) avec laquelle elle partage les mêmes attributs, à savoir, la personnification de la Lune. Lilith n’est pas la Mère Céleste, mais elle en est la digne fille, celle qui comprend les mystères de la Prêtrise et qui interagit avec sa mère pour soutenir le Créateur dans sa puissance créative.

Après cette digression, j’espère instructive, je peux aborder le contexte de déformation du rôle de Marie Madeleine. Les Apôtres qui n’étaient pas Nazaréens identifièrent Marie Madeleine à Lilith, lui reprochant d’avoir voulu prendre la place du Sauveur après l’Ascension (ce qui est totalement faux). Le pas fut vite franchi au fil des années, quand Siméon mourût et que l’Evêché de Jérusalem perdit sa primauté sur la sous-direction des Eglises Chrétiennes. Marie Madeleine fut alors affublée du terme de prostituée repentie, exorcisée par le Maître et d’où étaient sortis sept démons (les démons engendrés par Lilith selon le Midrash).

L’association de la pauvre Marie Madeleine avec Lilith fut renforcée également dans l’imaginaire collectif avec le petit croissant de lune que portaient les Prêtresses

Nazaréennes, symbole de leur Prêtrise associée à l’action bienfaisante de la Shékinah.

Alors, quelle fut la « nouvelle » Eve qui supplanta la « nouvelle » Lilith dans la vie du « nouvel » Adam (Jésus-Christ) ? Les Pères de l’Eglise répondirent à cette question lorsqu’ils déclarèrent que Marie la mère de Jésus était la nouvelle Eve, et que l’Eglise était l’épouse du Christ.

Et voilà comment Marie Madeleine fut escamotée de la scène de l’Histoire. La chasse aux Desposyni s’intensifia alors afin qu’aucune voix ne vienne s’opposer à ces supercheries.

Marie-Madeleine et le Saint Graal

Il y a depuis toujours un lien étroit entre Marie-Madeleine et le Saint Graal. Elle fut l’initiatrice du Saint Graal en recueillant le sang et l’eau s’échappant du côté du Christ au moment où Longinus transperça son côté. Dans ce geste désespéré, elle voulait recueillir le sang de son époux afin qu’en déposant cette coupe dans son tombeau, il puisse entier ressusciter au Jugement dernier.

Les intentions de Marie-Madeleine se limitaient à cela : elle voulait que son époux puisse ressusciter et ne pas errer à tout jamais privé de l’éternité.

C’est le Christ qui donna une valeur particulière à la coupe du Saint Sang en la remettant à son épouse après sa résurrection. Elle était vide, puisqu’il était ressuscité, mais ele avait contenu son précieux sang et depuis lors revêtait une valeur mystique toute particulière et un grand pouvoir.

Le Christ fit de Marie-Madeleine la première dépositaire de la Coupe du Saint Graal quand il quitta ses disciples au moment de l’Ascension. La Sainte Coupe suivit Marie-Madeleine dans ses tribulations à travers la mer et en Provence.

L’épouse du Christ veilla sur la Sainte Coupe durant toute sa vie car le Seigneur lui avait dit qu’elle représentait l’Arche de la Nouvelle Alliance Eternelle et qu’elle devait suivre sa famille à travers leur pèlerinage sur la terre.

Avant sa mort, Marie-Madeleine confia la Coupe à Sarah-Damaris lui recommandant de la remettre à son frère Yeshuah-Joseph afin que revêtu de la Prêtrise de Dieu, il puisse devenir le premier Porteur du Graal.

Les Desposyni, à partir de cet instant servirent le Saint Graal en tant qu’Arche de la Nouvelle Alliance. Cette « Arche » de la Maison Royale de David en exil exerça de grands miracles selon la foi en Christ de celui qui était désigné pour la servir. Le Porteur du Saint Graal en

avait la charge tout au long de sa vie et il était extrêmement respecté par tous les autres membres de la famille. Le Porteur du Saint Graal était assisté par des jeunes filles vierges dédiées au service du Saint Graal, tout comme Marie la mère de Jésus l’était au service du Temple de Jérusalem quand elle était enfant. Elaine, la fille du Roi Pelles (la future épouse de Lancelot) restera dans les mémoires du cycle arthurien comme celle qui portait la lance de Longinus qui avait transpercé le côté du Christ, lors des processions au Saint Graal.

Le service du Saint Graal était exigeant tant dans la pratique des rituels sacrés et secrets tout au long de la journée et durant la nuit que par l’investissement personnel du Grand Prêtre (Porteur du Graal) qui en avait la charge. En effet, tout comme le Christ avait effectué la Grande Expiation au jardin de Gethsémani et sur la Croix pour nous permettre d’atteindre par le repentir la Vie éternelle, le Porteur du Graal expiait les péchés de son peuple par une souffrance physique continuelle qui faisait de lui l’intercesseur et le Compagnon de service du Christ.

Pelles, le Porteur du Graal est resté célèbre dans le cycle Arthurien. On le disait atteint d'une blessure incurable, symbole d'imperfection spirituelle qui lui vaut le surnom de « Roi Méhaignié ». En fait, Pelles était Cohen - Ha Gadol, au service du Saint Graal comme Aaron l’était au service de l’Arche d’Alliance. A la place d’holocaustes et de parfums, Pelles offrait le Sacrifice Expiatoire du Christ par la Sainte Cène tous les jours et s’associait aux souffrances du Christ sur la croix en souffrant lui-même dans sa propre chair d’un mal qui l’atteignait à la hanche à l’endroit où l’Ange avait touché Jacob au cours de sa lutte : Genèse 32 : 24 à 28

24/ Jacob demeura seul. Alors un homme lutta avec lui jusqu’au lever de l’aurore.

25/ Voyant qu’il ne pouvait le vaincre, cet homme le frappa à l’emboîture de la hanche ; et l’emboîture de la hanche de Jacob se démit pendant qu’il luttait avec lui.

26/ Il dit : Laisse-moi aller, car l’aurore se lève. Et Jacob répondit : Je ne te laisserai point aller, que tu ne m’aies béni.

27/ Il lui dit : Quel est ton nom ? Et il répondit : Jacob.

28/ Il dit encore : ton nom ne sera plus Jacob, mais tu seras appelé Israël ; car tu as lutté avec Dieu et avec des hommes, et tu as été vainqueur.

Le Porteur du Saint Graal était donc identifié à Aaron qui portait sur son Front l’inscription décrite dans Exode Chapitre 28 (Traduction de Chouraqui) :

36 Fais un scintillant d'or pur. Incise sur lui en incisions de sceau : "Consacré à IHVH-Adonaï".

37 Mets-le sur une tresse d'indigo; il sera sur la coiffe; il sera devant les faces de la coiffe.

38 Il est sur le front d'Aarôn : Aarôn porte le tort des sacrements que consacreront les Benéi Israël, pour tous les dons de leurs sacrements. Il sera sur son front, en permanence, en gré pour eux, face à IHVH-Adonaï.

Il était également identifié à Jacob-Israël par sa souffrance continuelle de la hanche qui le faisait boiter bas. Par la souffrance, il servait Dieu dans l’action de grâce.

Mais après cette digression importante sur le sens du service du Graal, revenons à Marie-Madeleine.

Dans les Baux de Provence, la rumeur disait que la femme qui habitait la grotte (qui deviendra plus tard « La Sainte Baume ») expiait ses péchés, pleurant et se frappant la poitrine tout au long du jour. La légende et l’iconographie représenta Marie-Madeleine en haillons, priant auprès d’un crâne. Ce que la légende garda secret c’est la finalité de cette pénitence.

Marie-Madeleine n’expiait pas par la pénitence ses propres péchés, elle servait le Saint Graal jour et nuit tout comme le firent plus tard les Porteurs du Saint Graal. Psaume 51 : 17 « Les sacrifices qui sont agréables à Dieu, c'est un esprit brisé: O Dieu! tu ne dédaignes pas un coeur brisé et contrit ».

Esaïe 57 : 15 « Car ainsi parle le Très-Haut, Dont la demeure est éternelle et dont le nom est saint: J'habite dans les lieux élevés et dans la sainteté; Mais je suis avec l'homme contrit et humilié, Afin de ranimer les esprits humiliés, Afin de ranimer les coeurs contrits ».

Joël 2 : 13 « Déchirez vos coeurs et non vos vêtements, Et revenez à l'Eternel, votre Dieu; Car il est compatissant et miséricordieux, Lent à la colère et riche en bonté ».

Marie Madeleine et le symbole de Pâques :

La légende dit que Marie Madeleine s’est présentée à Rome après l’Ascension de Jésus. Elle demanda à voir l’Empereur Tibère et lui tendit un œuf rouge en disant : « Jésus est ressuscité ».

L’œuf, dans la tradition Israélite représente le Temple. Au cours du repas du Seder, on mange un oeuf cuit. Celui-ci doit être sans défaut et sa coquille doit être intacte car elle symbolise que le Temple n'a pas été détruit et plus encore qu'il sera reconstruit plus glorieusement encore quand le Messie viendra rétablir toutes choses.

En apportant un œuf à l'Empereur, Marie Madeleine exprimait toute l’expression de sa foi : Jésus que l’Empire Romain avait fait crucifier était ressuscité, il avait vaincu la mort. Son corps brisé sous les coups de fouets de la soldatesque, disloqué et crucifié sur la croix comme un malfaiteur avait été rendu à sa forme parfaite, il était entré dans sa Gloire, le Temple de son corps était intact et revenu à son intégrité ! « La pierre qu’ont rejeté les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle » et maintenant quiconque veut atteindre la vie éternelle devra passer par Lui !

Marie Madeleine est l’Icône de la Résurrection, l’Apôtre de la Bonne Nouvelle. Elle est présente là où la mort est injuste, là où les innocents souffrent atrocement et vivent le martyr pour leur foi. Elle est celle qui chérit les prisonniers et les protège. Elle accompagne chacun de nous comme elle accompagna fidèlement Jésus au Calvaire.

Marie Madeleine avait le don d'être en deux endroits à la fois avec son corps, tout comme le Padre Pio qui était en prières à genoux devant la Madonne des Grâces et en même temps sur le chemin en train d'avertir un ami d'un danger sur la route.

Voilà pourquoi elle fut vue à plusieurs reprises à Ephèse auprès de la Vierge Marie chez Jean, tout en vivant à la Sainte Baume.

Le Sinaxaire de Constantinople (IXe siècle), à la date du 22 juillet, donne l'indication suivante:

« Après la divine et sainte Ascension du Christ Sauveur, elle [Marie-Madeleine] s'en fut à Ephèse auprès de Jean le Théologien, apôtre et évangéliste».

La même tradition l'associe à la Grotte des sept dormants. Cette histoire a été consignée par écrit pour la première fois en 449 ; la légende orale est un peu plus ancienne mais ne date probablement pas d'avant 408, année de leur résurrection.

Sous le règne de Dèce en 249, sept jeunes gens, pour fuir la persécution, se cachèrent dans une caverne au voisinage d'Ephèse. Averti, l'empereur les fit emmurer. Grâce à une suite de prodiges attribués à la présence de Marie Madeleine, les 7 Dormants s'endormirent dans la grotte en compagnie de leur chien et ne se réveillèrent que cent soixante ans plus tard. Une chèvre ayant fait ébouler quelques pierres, la lumière filtra à l'intérieur de la grotte. Le chien se réveilla et réveilla les jeunes gens. Affamés, ils déléguèrent l'un d'eux acheter du pain à Ephèse. C'est en payant le boulanger qu'il découvrit que sa monnaie n'avait évidemment plus cours, que la persécution était finie et qu'ils vivaient désormais sous le règne de Théodose II, en l'an de grâce 408. Dans ce récit, la grotte est présentée comme la retraite préférée de Marie Madeleine durant sa présence à Ephèse.

Son antique présence réalise le miracle de la « Résurrection » des sept dormants, morts emmurés dans leur sommeil et ressuscités 160 ans plus tard.

Marie Madeleine est la présence rassurante de celle qui a vu le Seigneur ressuscité, celle qui nous affirme que malgré toutes les épreuves de notre vie, nous aussi nous ressusciteront, nous verrons le Sauveur face-à-face et nous pourrons enfin être guéris de toutes nos souffrances et des plaies que le monde nous inflige.

A nous aussi, Marie Madeleine nous apporte un oeuf rouge, symbole de Pâques et nous dit à tous dans l'expression indicible de sa joie : « Jésus est Ressuscité! ».

Je formule des voeux pour que chacun de nous puissions jubiler de la même joie à l'annonce du jour de Pâques et nous écrier avec elle : « Oui, Il est vraiment ressuscité!! »

Marie Madeleine, Prêtresse Nazaréenne :

Marie Madeleine joua un grand rôle dans la présence sur terre du Sauveur. Bien que l’Apôtre Pierre tenta à plusieurs reprises de la rabaisser et la fit souvent pleurer, elle était le moteur de l’Eglise primitive. C’est à elle que Jésus remit ses instructions et elle les observa jusqu’à a fin de sa vie terrestre. Elle remit le Saint Graal à son fis cadet comme le Sauveur le lui avait prescrit et fut une apôtre féminine très active en Mission puis dans le sud de la France. Qu’est-ce qui permit à cette femme d’exception de supporter tant d’adversité et de tribulations ? Qu’est-ce-qui lui permit de « tenir le coup » ? Il n’y a qu’une raison possible : son engagement au sein de la Loge féminine Nazaréenne et sa Foi inébranlable en Dieu. Elle savait que Dieu tient toujours ses promesses et elle lui faisait totalement confiance. Elle savait que Jésus devait mener son destin et qu’elle devait contribuer à son succès. Avait-elle mesuré en l’épousant tout ce que cela englobait ?

On dit que derrière tout grand homme se cache une grande femme, et ce fut bien le cas pour le couple de Jésus et Marie Madeleine.

Les évangiles disent que Jésus l’avait délivrée de sept démons. Jésus n’aurait pas pu épouser une personne impure, alors que veut dire cette expression ?

Les sept démons dont on parle correspondent aux sept grades d’initiation Nazaréennes que la Prêtresse Marie Madeleine avait franchis.

Il ne s’agit donc pas de démons extirpés de son corps (ce qui fera dire à tord plus tard de la bouche des exégètes qu’elle était une prostituée), mais bien des sept purifications qu’elle avait franchi pour accéder au plus haut grade de l’excellence. Elle était même envisagée pour succéder aux responsabilités que Marie la mère de Jésus avait en Loge.

Quelles sont les sept démons et leurs purifications mentionnées ici ? :

Dans Proverbes 6:16-19 les démons à combattre sont : « Il y a six choses que le Seigneur déteste et ne supporte absolument pas :

(1) le regard orgueilleux,

(2) la bouche qui trompe,

(3) les mains qui font couler le sang innocent,

(4) l'esprit qui projette l'injustice,

(5) les pieds qui courent faire le mal,

(6) le faux témoin qui débite des mensonges.

Mais il y en a aussi une septième chose : (7) l'homme qui sème la discorde entre frères. »

A ces sept démons correspondaient sept purifications :

(1) l’humilité

(2) l’honnêteté

(3) la non-violence

(4) la justice

(5) le bien en toutes choses

(6) la vérité

(7) la paix entre les frères

Si on relit le sermon sur la montagne, on constate que Jésus lui-même demandait ces mêmes vertus à ceux qui l’écoutaient.

Evangile selon Matthieu, chapitre 5 du verset 1 au verset 11

1/Voyant la foule, Jésus monta sur la montagne ; et, après qu’il se fut assis, ses disciples s’approchèrent de lui.

2/Puis, ayant ouvert la bouche, il les enseigna, et dit :

3/Heureux les pauvres d’esprit, car le royaume des cieux est à eux !(Référence à l’humilité)

4/Heureux les affligés, car ils seront consolés !(La vérité les consolera)

5/Heureux les débonnaires, car ils hériteront la terre !(Référence au bien en toutes choses)

6/Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés !(Référence à la purification qui mène à la recherche de la justice)

7/Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde !(Référence à la non-violence)

8/Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu !(Référence à l’honnêteté)

9/Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu !Référence à la paix entre les frères)

10/Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux !(Référence à la justice jusqu’au sacrifice de soi-même)

Marie Madeleine avait donc traversé ces sept étapes de purification et elle était une Grande Prêtresse accomplie. Sa dignité la rendait inaccessible au péché et lui permettait d’être aux côté de son mari Juge en Israël. Elle avait atteint le niveau de Prophétesse comme l’avait reçu avant elle plusieurs femmes qui s’illustrèrent dans l’Histoire du Peuple Juif et qui portaient le titre de Prophétesse.

Le Middrache sur la Cantique des Cantiques précise qu’il y eut 600000 Prophétesses (autant que de Prophètes) et la Torah en cite 7 très importantes : Sarah (épouse d’Abraham), Myriam (sœur de Moïse), Déborah, Hanna, Abigayil, Houlda et Esther.

Après Marie-Madeleine, ce sera Sarah-Damaris sa fille qui recevra cette distinction après avoir traversé les mêmes étapes d’initiation.

Marie Madeleine et le Cabinet de Réflexion :

Plusieurs auteurs ont avancé l’idée attirante que le relief au bas de l’autel de l’église de Rennes le Château représentait Marie Madeleine dans le Cabinet de réflexion.

Cette idée est tentante, afin de ne pas faire d'anachronismes, nous allons explorer quelques tableaux qui reprenant le thème de Marie Madeleine offrent une image d'elle en pleine « réflexion ».

Tout le monde imagine des significations ésotériques à la décoration intérieure particulière de l’église de Rennes le Château. Il est vrai que tout y est singulier et pour le moins pas très catholique, mais l’image du moins de Marie Madeleine représentée en pénitente dépasse l’époque de l’Abbé Saunière et remonte à bien plus longtemps.

L'initiation des Prêtresses Nazaréennes ne comportait pas de cabinet de réflexion, par contre le rite celtique dérivé des Grandes Prêtresses d'Avalon impliquaient que la Grande Prêtresse devait se retirer dans une grotte et y attendre le Roi-Cerf, le futur Pendragon et l'y initier, s'accoupler avec lui en une union cosmique et charnelle avant que ce dernier soit intronisé Roi de Grande et Petite Bretagne.

Avant le XVIème siècle, l'iconographie représente Marie Madeleine en riches habits de Princesse ou de courtisane, rarement dans sa grotte, et le plus souvent témoin de la Résurrection du Christ, Auprès de Jésus sur la croix ou tenant le vase de parfum que la tradition chrétienne lui attribue.

C'est avec l'arrivée du style Baroque que Marie Madeleine sera alors représentée pècheresse repentie, un livre auprès d'elle (représentant l'évangile), un crâne sur ses genoux (signifiant la mort) ou dans ses mains, une croix dressée devant elle.

Cette représentation fait le tour de l'Europe baroque, Georges La Tour la dépeint deux fois :

Dans le premier tableau, il représente Marie Madeleine, un crâne sur les genoux, éclairée par une bougie dont l’image se reflète dans un miroir doré.

Les couleurs rappellent celles du vêtement traditionnel des Prêtresses Nazaréennes (robe rouge et manteau noir). Là c’est la jupe de la Madeleine qui est rouge et la tenture posée derrière le miroir et dans lequel ce dernier se reflète est noire.

La bougie a une signification équivoque car elle est similaire au rituel Rosicrucien du voyage astral du 7ème degré. Dans les récits du Moyen âge mentionnant les dons de Marie Madeleine, il est expliqué que la sainte avait le don de bilocation.

Dans le second tableau, la « Marie Madeleine repentante » de Georges La Tour -1640-, la bougie est cachée par le crâne posé sur un livre, dont Marie Madeleine semble interroger le reflet dans un miroir. Elle paraît songeuse et touche ostensiblement le crâne humain.

Dans « Sainte Marie Madeleine repentante » de Domenico Feti, 1617-1621,

Marie Madeleine s’appuie sur un livre et tient un crâne humain dans sa main gauche. Comme dans le second de Georges La Tour, la Marie Madeleine repentante de Domenico Feti a plutôt l'air d'être plongée dans une intense réflexion, un questionnement intérieur, plutôt que dans l'attitude d'une personne prise sur le vif en plein acte de repentance. Le livre est toujours présent, le crâne aussi, mais là, pas de miroir ni de bougie. Le tableau concentre l'attention sur la réflexion ou la méditation de la sainte.

« Marie Madeleine » du Greco

Le Greco va représenter à la fin du XVIème siècle la Madeleine interrogeant le ciel et portant sur ses genoux un livre et un crâne posé dessus.

La « Sainte Marie Madeleine » de Guido Reni, 1633 est représentée regardant le ciel d'où des anges viennent semble-t-il lui apporter un message divin. Chez le Greco comme chez Guido Reni, on peut vraiment voir un message de repentir car il y a un lien entre le personnage central et le ciel, chez le Greco un rayon de soleil perce à travers les nuages, et chez Reni ce sont les anges qui attirent le regard vers le ciel.

« Marie Madeleine en pénitence » du Titien - 1560 –

Titien et Veronese représentent leur Marie Madeleine avec les mêmes instruments et le regard tourné vers l'extérieur, comme si elle tournait la tête pour répondre à un appel divin.

« Marie Madeleine pénitente » de Véronèse - 1583 –

C'est la « Sainte Marie Madeleine” d’Abraham Janssens (peintre Flamand baroque) qui affirme davantage le lien entre la Madeleine, l'Eucharistie, le Saint Graal et une certaine tristesse qui frise la mélancolie.

Dans le haut gauche du tableau, la Coupe du Saint Graal comporte encore le sang du Christ, le regard de Marie Madeleine tourné vers elle attire le nôtre et nous permet de remarquer ses larmes perlant dans ses yeux.

Elle porte un corselet de velours bleu sur lequel est brodé un Saint Sacrement. Autre rappel de l'Eucharistie, la grappe de vin posée à ses côtés et le morceau de cep. La Madeleine s'appuie sur un crâne posé lui-même sur un livre et la main gauche de la sainte tient un crucifix. Ce n'est pas le crucifix qu'elle regarde, comme elle devrait le faire en acte de repentance, c'est la coupe du Graal qu'elle fixe.

De plus, elle est très richement vêtue ce qui contraste avec le lieu dans lequel elle semble résider. Ce lieu serait-il provisoire, est-il seulement un lieu d'attente avant de retourner dans une riche habitation?

« Sainte Marie Madeleine” d’Abraham Janssens

Quand à la « Marie Madeleine au désert » de Jusepe de Ribera (1591 – 1652), elle fixe le ciel en priant les mains jointes. Un petit vase au niveau inférieur droit du tableau rappelle l'instrument traditionnel qui représente la Madeleine dans les siècles précédents. Mais la Madeleine est en riches habits (le rouge et le noir suggèrent ses vêtements Nazaréens), et malgré ses pieds nus émergeant du froufrou de son drapé, le désert ne sous-entend pas le dépouillement.

Il est intéressant de remarquer que les premières traces historiques de rituels d'initiation Maçonniques débutèrent au XVIème siècle même s'ils ne furent complètement organisés en obédience qu'à partir de 1717.

Ce qui est indéniable c'est que les nouvelles idées circulaient à travers toute l'Europe et que l'oeuvre picturale de l'époque en fut le reflet.

Le cabinet de réflexion confronte le non-initié à ses propres peurs et l'aide par une profonde introspection à se tourner vers l'essentiel.

Domenico Feti et Georges La Tour ont tous deux dépeint leur Marie Madeleine dans l'attitude de celui qui rédige son testament moral et philosophique dans le Cabinet de réflexion.

On pourrait nier le principe du Cabinet de Réflexion en argumentant qu'on peut trouver un crâne ailleurs que dans ces circonstances initiatiques, mais le crâne ne figure dans aucune représentation de pénitence chrétienne hormis pour la Madeleine.

Le crâne est un élément gênant; si on le regarde du point de vue Desposynique, le crâne représente la tête de Jean-Baptiste le premier mari de Marie Madeleine, le Livre pourrait être alors l'Evangile d'Amour rédigé par Jésus et le saint Graal trouverait naturellement sa place comme dans l'oeuvre de Janssens.

L'idée pour une partisane de la tradition Desposynique serait d'affirmer que Janssens était porteur du secret millénaire du Prieuré de Sion, mais là, je perdrais toute objectivité. En fait, pour l'Oeuvre de Janssens je n'ai aucune explication. Ce tableau est pour moi une surprise; tout comme le reste pour moi le premier tableau de La Tour correspondant au septième grade Rosicrucien.

Cela dit, il semble bien que les courants d'idées véhiculées par les Sociétés secrètes du XVIe, au XVIIIe siècles aient influencé la peinture religieuse et tout particulièrement concernant le thème de Marie Madeleine.

Ste Foy de Conques, Marie-Madeleine et le Saint Graal :

Préliminaire : Je désire avant toute lecture de cet article préciser que je ne remets pas en cause l’existence de Sainte Foy, sa présence protectrice à Conques, ni l’inspiration qu’elle donna par sa vie aux bâtisseurs de cette belle Basilique Romane. Mon travail à travers ce blog est destiné à compléter l’excellent article du site www.art-roman-conques.fr/carolingien.html qui condense les travaux d’auteurs réputés, tels que J. C. Schmitt, Marcel Durliat ainsi que des recherches fascinantes de l’auteur du site.

Mon désir est de répondre à certaines interrogations formulées dans ce site et leur donner un éclairage nouveau, traitant de l’implication des bâtisseurs de Ste Foy de Conques dans la présentation de certains passages de l’Histoire du Saint Graal, de Marie madeleine et des descendants de Jésus. J’utilise certaines photos qui sont issues du site précité, j’espère que ce dernier ne m’en tiendra pas rigueur. J’espère que l’étude que j’ai réalisé de cette œuvre architecturale pourra enrichir vos recherches personnelles. Bonne lecture.

Histoire de Sainte Foy :

La vie de Sainte Foy est contée dans un poème occitan du XIIe siècle, la Chanson de Sainte Foy. La petite Foy, issue d'une riche famille agenaise, fut convertie au catholicisme par l'évêque Caprais, à l'âge de 12 ans. Elevée par sa nourrice chrétienne, elle se donna au Christ et refusa de sacrifier aux idoles, probablement lors de la persécution de Dioclétien, en 303.

Le proconsul Dacien, condamna la future sainte à mourir brûlée vive sur un grill. Un orage providentiel ayant éteint le grill, la petite Foy fut finalement décapitée.

Commence alors une très longue histoire, celle de son culte. Chaque année, les chrétiens d’Agen se rendaient à son tombeau, pour l’anniversaire de son martyre, le 6 octobre. Quand

vinrent les foules, l’évêque d’Agen Dulcidius bâtit une basilique sur son tombeau, au VIème siècle, et les reliques de la jeune martyre devinrent le vrai trésor d’Agen.

Au IXème siècle, un moine de l’abbaye de Conques déroba les reliques pour les soustraire aux saccages des Normands et les apporter en Rouergue. Ce qui fit la fortune de son monastère qui devint un lieu de pèlerinage fréquenté ! La petite sainte opéra de nombreux prodiges. Un ouvrage de Bernard d’Angers, le Livre des miracles de sainte Foy, en augmenta encore la réputation. Tout au long du moyen-âge, sainte Foy intercéda pour guérir les aveugles, les boiteux, et délivrer heureusement les femmes enceintes ; elle s’occupa avec bonté des prisonniers, innocents ou coupables, obtenant la libération de leurs chaines pour ceux qui l’invoquaient avec ferveur.

Ce point est intéressant, car Marie-Madeleine est également réputée pour son intercession merveilleuse à l’encontre des prisonniers, des aveugles et des infirmes. Le pèlerinage à la Sainte Baume est souvent au Moyen-âge effectué en demande de grâces mais aussi en remerciement pour les miracles obtenus par la Sainte. Les béquilles, mais surtout les chaînes des prisonniers sont offertes en ex-voto à la petite grotte. Marie-Madeleine intercède beaucoup pour les prisonniers détenus à l’étranger. Une fois libérés, ils viennent en action de grâce à la Sainte Baume.

Marie-Madeleine et Sainte Foy opèrent des miracles dans les mêmes domaines…

Marie-Madeleine est présente sur le tympan de l’église, où sont représentés les quatre premiers temps de l’Eglise. Elle personnifie le temps des disciples en tant qu’ « Apôtre des Apôtres ». Elle semble faire demi-tour, a les genoux fléchis et tourne la tête dans le sens opposé à son corps. Cette position fait référence au moment où elle est auprès de la tombe de Jésus et où en pleurs elle se retourne en entendant le Sauveur ressuscité prononcer son nom. Sainte Foy personnifie avec sa palme le temps des martyrs, Saint Antoine celui des anachorètes et Saint Jérôme celui des Pères de l’Eglise.

Fait très intéressant, Charlemagne est également présent sur le tympan. La dynastie carolingienne est représentée par l'Empereur, son fils Louis le Pieux, roi d'Aquitaine puis Empereur et par Guillaume de Gellone dit Court nez.

Pourquoi faire figurer ces trois personnages sur le tympan de Ste Foy de Conques ?

Tout d’abord, il est intéressant de remarquer que les trois personnages sont tous des descendants directs de Jésus et de Marie-Madeleine à travers les unions successives des descendants de Sarah-Damaris (l’Ancêtre des Rois de France) et de Yeshuah-Joseph (le premier Gardien du Saint Graal).

Le choix des ces personnages est porteur de sens :

Charlemagne est le Premier Empereur d’Occident. Il est Prince d’Ephraïm, descendant direct du Roi David par la lignée de Jésus. Il a un lien d’attachement profond avec l’abbaye de Conques car il l’a inscrite dans son testament.

Louis le Pieux est son fils et successeur sur le trône impérial en 817. Il exécutera le vœu testamentaire de son père en élevant l’abbaye au titre d’Abbaye Impériale en 819.

L'abbaye se trouve donc placée sous la protection directe du monarque qui se rendra à plusieurs reprise à Conques. L’abbaye manifestera sa reconnaissance trois siècles plus tard, lorsque l’abbé Bégon fera réaliser, en l’An 1100, le fameux reliquaire dit « de Charlemagne ».

En 1120, Conques érigera son tympan qui met en évidence la présence Desposynique et sa proximité avec Dieu en plaçant le trinôme carolingien du premier étage : Charlemagne, Louis et Guillaume De Gellone en pendant symétrique de la trinité patriarcale d’Abraham, Isaac et Jacob.

Le tympan sous-entend bien des choses qui vont au-delà de la simple admiration du modèle Carolingien.

Lors de l’édification du Tympan, un changement dynastique s’opère en Allemagne. La prophétie de Sainte Foy, transmise par le « Revenant » Conrad Ier (de Hohenstaufen), se réalise : son petit-fils, Conrad III supplante les Saliens, et se présente comme le fidèle serviteur de l’Eglise, lors de son élection à la couronne du Saint Empire Romain Germanique, en 1136.

Conques, qui depuis Bégon joue la carte des Hohenstaufen, ne peut que s’en réjouir; et dans la perspective de ses bons rapports avec le nouvel empereur s’empresse de présenter à ses yeux l’image mythique d’un souverain conforme à l’idéal monastique.

Mais, l’analogie ne s’arrête pas là car la Famille de Hohenstaufen a du sang Desposynique dans les veines elle aussi. Et c’est également à ce titre que Conrad peut asseoir sa souveraineté et recevoir les Titres de Souverain Empereur d’Occident et Prince d’Ephraïm.

Mais il y a aussi la personnalité de Guillaume de Gellone, le fameux Guillaume d’Orange. Prince de la Maison de David, Il parle autant l'hébreu que l'arabe et refuse de combattre les jours chômés du calendrier juif.

Il fut Tuteur de Louis Ier le Pieux, fils de Charlemagne, car ce dernier mourût avant la majorité de Louis Ier. Guillaume le défendit jusqu'à ce que le jeune Louis Ier puisse accéder au trône.

Il est l’arrière petit-fils de Garin de Monglane. Quatre générations directes au-dessus de Garin, se trouvent le Célèbre Nascien 1er Gondicaire de Septimanie, l’Héritier du Trône du Roi David, surnommé « Ha Nashi » par les Juifs de son temps, titre de noblesse prouvant sa descendance directe du Roi David.

Nous avons donc là trois hommes dont l’évocation est pleine de sens, comme si le tympan affichait aux yeux de tous la légitimité de la haute noblesse royale de la Maison de David.

C’est là que le texte gravé en latin au-dessus de ces trois rois renforce l’impression par ces mots : « L’assemblée des Saints est dans la joie tandis que juge le Christ ».

Aux pieds de ces personnages, la phrase prononcée par le Christ : « Venez les bénis de mon Père, possédez le Royaume qui vous est préparé » peut être lu à double sens.

De quel Royaume parle-t-on ? N’oublions pas que tout comme dans les rites Nazaréens et plus tard dans la Franc-Maçonnerie, une parfaite symétrie perdure dans l’univers créé : « Tout ce qui est en-haut, l’est aussi en-bas ». Le Royaume d’en-haut est gouverné par le Christ, le Royaume d’en-bas est gouverné par un descendant du Christ. Le Christ dans la dentelle de pierre de Saint Foy de Conques affirme que le Royaume d’en-bas est préparé pour les Desposyni. Il l’affirme également dans sa posture qui montre le ciel du côté des Desposyni et la terre du côté des damnés, pour appuyer encore le double sens de leur ascendance divine.

Mais ce n’est pas tout. Sainte Foy est représentée en posture d’adoration dans le coin gauche triangulaire du tympan, en dessous de l’assemblée des rois carolingiens. Elle est prosternée vers la main de Dieu qui se matérialise au-dessus de sa tête. Mais ce qui est étrange, c’est qu’elle est dans une sorte de recoin, voûté et dans la voûte qui derrière elle se trouve en évidence la coupe du Saint Graal…

Qui détenait la Coupe du Saint Graal avant de la donner au premier Porteur du Graal, Yeshuah-Joseph ? Marie-Madeleine, bien-sûr ! Observez le mouvement, le Saint Graal est déposé sur une table recouverte d’un linge, ce qui le désigne comme étant un calice contenant le précieux sang du Christ. La Sainte (Marie-Madeleine ou Ste Foy) quitte son siège (un petit siège à pieds qui ressemble à un petit trône est ciselé dans la pierre) et se prosterne devant le bras de Dieu (ou du Christ) qui surgit d’un ruban de nuages pour toucher le sommet de sa tête. S’agit-il de l’extase de la petite Sainte Foy âgée de 12 ans ou s’agit-il de Marie-Madeleine, l’épouse du Christ, bénie par la main de Jésus étendue sur elle, le Saint Graal étant déposé avec dévotion dans sa chambre aménagée dans la grotte de la Sainte Baume ? Les traits de la femme en extase sont mûrs et ses mains sont bien grandes pour être celles d’une fillette morte en martyr.

La similitude de « vocation » des deux Saintes envers les prisonniers, le Saint Graal posé ostensiblement derrière la Sainte, les rois Desposyni présents sur la frise du tympan… Autant de double-sens qui peuvent tendre à nous faire comprendre que cette frise est cryptée et que seuls certains initiés de l’époque pouvaient en saisir l’importance.

Prière de Charles II en l’honneur de Marie Madeleine :

En 1279, Charles II, le célèbre Roi de Jérusalem et de Sicile et Comte de Provence, fait prisonnier et vaincu dans une guerre navale, était cruellement gardé dans des fers dans une prison à Barcelone. On n'espérait plus obtenir sa libération. Il s'endormit enfin au milieu de la nuit ; alors que tout était silencieux, la très pieuse sainte Marie Madeleine, consola son dévot de sa très douce présence; le réveillant, elle lui parlait d'une voix sonore et agréable :

• O mon dévot, que me réclames-tu de faire? • O très clémente et très douce dame, j'ai perdu toute espérance humaine et suis détenu dans ce cachot de prison sous une garde très cruelle. En toi seule est ma confiance. O douce patronne, libère-moi! A toi tout est posible auprès de Dieu! • Ta prière est exaucée. Lève-toi vite et suis-moi! • O vénérable Dame, je prie pour ceux de ma maison emprisonnés avec moi. • Tes prières sont exaucées.

Et lui prenant la main, elle le libéra du cachot de la prison ainsi que ses serviteurs et le détacha. Le roi composa cette prière en l'honneur de Marie Madeleine : « O très douce amie intime de Jésus-Christ; Ô apôtre, qui as mérité de voir la première des mortels le Christ ressuscitant, Ô modèle de pénitence, qui as lavé de larmes abondantes ses pieds et les as essuyés de tes cheveux, Ô très douce Dame, Ô mon seul espoir, Ô très sainte patronne, quelles louanges t'offrirai-je? »

La personnalité de Marie Madeleine à travers ses miracles :

Jean Gobi l'Ancien, scribe du Moyen-Age écrivit « Miracles de Sainte marie-Madeleine » à partir des témoignages des pèlerins miraculés qui venaient en action de grâce à la Sainte Baume. Ce livre est très touchant par le vécu des pèlerins, il l'est plus encore à travers les petites conclusions et les récits d'interventions de Marie-Madeleine qui intercède auprès du Christ en faveur de ceux qui l'invoquent. Voici ce qu'on peut retirer de la personnalité de Marie-Madeleine : « La sainte secourait ses dévots dans leurs peines! » « Elle qui est toujours prête à secourir avec miséricorde les malheureux, les affligés et ses dévots, ne tarda pas à répondre à son voeu, ayant ouvert la porte de la prison et brisé les liens qui le rendaient captif, elle le libéra du danger de mort ». « Avec courtoisie, Madeleine voulut les libérer ». La sainte avait aidé cette femme! Par ses mérites, elle n'arrête pas de secourir beaucoup d'autres gens! La femme rendit des louanges méritées et dignes au Sauveur, et à celle qui l'a choisi, Madeleine! » « Parce que la Grâce de l'Esprit Saint ignore les détails, aussitôt le voeu fait, la Grâce divine le guérit totalement par les mérites de Madeleine : oui! À l'instant même ». « Dieu accomplit par les prières de sainte Marie Madeleine de nombreux miracles sur ceux qui espèrent en elle, ils affermirent leur espoir en elle » « Il savait que sainte Marie Madeleine n'arrête pas de subvenir aux besoins de ses dévots ». « Sainte Madeleine, amie de celui qui guérit tout l'homme ».

« Invoquée, la sainte ne lui fit pas défaut, elle obtint du Seigneur pour la femme qu'elle reçut la faculté d'entendre que sa naissance ne lui avait pas donnée ». « Il pressait ainsi Dieu et Madeleine de prières : alors Dieu lui ouvrit les oreilles par les mérites de cette sainte ». « En effet, par les mérites de Madeleine, la vertu divine rendit sur-le-champ à la jeune fille, l'usage des membres qu'elle avait perdu ». « Sainte Marie-Madeleine, qui toujours a viscéralement pitié des malheureux ». « Sainte Marie-Madeleine, son infatigable amie ». « Le voeu fait, sainte Marie-Madeleine remarqua leur dévotion, et obtint du Seigneur pour l'enfant une santé parfaite ». « Le Seigneur libéra pleinement celle-ci du danger par les prières de Madeleine ». « Dieu, plein de pitié, et Madeleine, avec bonté, regardèrent d'un oeil de compassion la détresse ». « Sainte Marie-Madeleine regarda sa piété, et combla le désir (de maternité) qu'elle avait eu depuis si longtemps ». « L'espérance ne déçoit personne ». « Madeleine ne tarda pas à leur apporter son aide » « Il pensa qu'il fallait recourir uniquement au Seigneur Jésus-Christ, et à celle qui l'a aimé particulièrement, à savoir Madeleine, dont les mérites éclatants sont reconnus par tout le monde ». « Il n 'y eut point de grâce qu'il (Jésus) n'accordât à Marie Madeleine, ni de signe d'affection qu'il ne lui témoignât ». Comme vous le voyez, Marie Madeleine est attentive, ne tarde pas à répondre, exprime bonté, compassion, tendresse à tous ceux qui sont en détresse et qui lui demandent de l'aide, elle prie et implore le Seigneur. Marie Madeleine regarde au coeur, elle ne juge jamais les pécheurs, elle aime et secourt tous ceux qui l'appellent à l'aide et se repentent sincèrement.