MARNETTE Je Vous Dis Que l'Autocitation

Embed Size (px)

Citation preview

  • 8/16/2019 MARNETTE Je Vous Dis Que l'Autocitation

    1/16

    25

    JE VOUS DIS QUE L’AUTOCITATIONC’EST DU DISCOURS RAPPORTÉ

    Sophie MARNETTE *

    1. IntroductionLe présent article envisage l’autocitation dans un corpus de français parlé.Au-delà des exemples non problématiques d’autocitation dans un contexteau passé ou au présent habituel, j’examinerai des occurrences plus conten-tieuses impliquant des expressions performatives ou modales du type je disque et je pense que et j’argumenterai en faveur de leur insertion dans la ca-tégorie du discours rapporté. Je montrerai ensuite que cette interprétation« élargie » du discours rapporté enrichit l’analyse des stratégies de présen-

    tation des paroles et des pensées dans le corpus de français parlé étudié.Le corpus examiné ici est tiré du vaste corpus de français parlé ras-

    semblé à l’Université de Provence par le Groupe Aixois de Recherche enSyntaxe (GARS, Aix-en-Provence) 1. Dans les exemples ci-dessous, lesdiscours directs sont signalés en grasses, les discours indirects libres en ita-liques et les discours indirects sont soulignés. En bref, dans mon corpus de197 332 mots (25 conversations), j’ai repéré 1727 discours rapportés que j’ai classés 2

    • par catégories :– 473 Discours Directs (27 % du total)– 1027 Discours Indirects (59 %)– 156 Discours Neutralisés (9 %) 3

    – 71 Discours Indirects Libres (4 %)

    • par types :

    – 1023 paroles rapportées (59 % du total)– 327 pensées rapportées (19 %)

    * Balliol College (Université d’Oxford)Oxford OX1 3BJ, Royaume-Uni

  • 8/16/2019 MARNETTE Je Vous Dis Que l'Autocitation

    2/16

     Sophie M ARNETTE 

    26

    – 302 attitudes rapportées (17 %)– 54 écrits rapportés (3 %)– 21 ambigus (1 %)

    2. L’autocitation en français parlé2.1. Exemples non problématiques

    Bon nombre d’études sur le discours rapporté ne mentionnent pas explici-tement la possibilité qu’un locuteur à la première personne puisse rappor-ter son propre discours. Certains linguistes font un usage à répétition del’expression « le discours d’autrui » pour parler du discours rapporté et nefournissent aucun exemple d’autocitation (par ex. Coulmas, 1986b : 21 ;

    Li, 1986 : 42 ; Peytard, 1993 : 31). D’autres en offrent bien mais sans yprêter une attention particulière (par ex. Leech et alii, 1997). D’autres en-core ne peuvent éviter certaines contradictions. Ainsi Mochet (1993 : 132)parle-t-elle de l’hétérogénéité constitutive des discours rapportés de soncorpus mais plusieurs de ses exemples sont à la première personne (dontcertains à l’indicatif présent). Rosier insiste aussi sur le discours rapportécomme « dit d’autrui » et explique pourquoi (1999 : 140,198) mais ellecite plusieurs exemples d’autocitation (principalement au passé). Seuleune minorité de linguistes accepte explicitement l’existence du discours

    rapporté à la première personne, généralement pour le rapport de discourspassés (par ex. Cohn, 1978 ; Maingueneau, 1993 ; Perrin, 1997, 2000a,b ;Sihvonen-Hautecoeur, 1993, 1996 ; Verschoor, 1959). De plus, Chafe (1994 :218, 220) et Vincent & Dubois (1997) donnent plusieurs exemples de dis-cours directs et indirects avec des verbes dicendi à la première personne etau présent historique (du type de l’ex. [4] ci-dessous).

    Mon corpus de français parlé présente plusieurs exemples d’autoci-tation au passé (passé composé ou présent historique), qu’ils soient au dis-cours direct [1, 2], indirect [3] ou indirect libre [2] et qu’il s’agisse de paroles[1] ou de pensées/attitudes rapportées [2, 3] 4 :

    [1] Gautier A, p. 58+ j’ai dit / qu’est-ce, qu’est-ce que/ tu veux il a vu mon sac bon j’aidit j’ai pas de sous il le croyait pas +

    [2] Balboa, p. 17-8+ je suis rentré il y avait juste la place pour le lit une commode unpetit un petit secrétaire enfin tout petit /hein, hé/ vraiment - - et j’aicommencé à me dire oh là là oh là là c’est tout petit comment je

    vais faire c’est pas possible de vivre six mois là-dedans - - et puiseuh de suite j’ai j’ai commencé à réfléchir je me suis dit c’est trèsintéressant parce que si j’ai bien gardé euh l’orientation on estplein sud - - et comme le l- l’immeuble en face il ne faisait que trois

  • 8/16/2019 MARNETTE Je Vous Dis Que l'Autocitation

    3/16

    Je vo us  di s qu e l’ au tocit a tion c’e s t d u  di s co u r s  r a pporté 

    27

    étages et que nous on était au quatrième moi j’étais plus haut quelui donc j’allais avoir le soleil toute la journée + ça c’était très trèsbien + euh deuxième avantage c’est que c’était tout petit + donc

     pour nettoyer c’était plus facile pour passer l’aspirateur il y avait la

    moquette par terre + pour passer l’aspirateur ben ça serait tout  petit ça serait eu vite fait   - - et puis euh bon on m’avait dit qu’àSalamanque l’hiver il faisait très très froid + je m’étais dit euh septmètres carrés ça va être très facile à chauffer aussi ça va euhchauffer rapidement bon le le plafond était pas très haut ça de- fai-ça devait faire deux mètres à tout casser + et + et bon je me disais çava vite chauffer et donc + rapidement je j’ai commencé à bien mesentir

    [3] Giovannoni, p. 2-3+ donc je me heurtais ++ à cette espèce de + de côté frileux des per-

    sonnes qui + pensent que + heu si on /si, Ø/ se tient tranquille dansson coin + et qu’on se fait pas remarquer heu + c’est toujours mieuxpour le détenu qui est à l’intérieur + moi de mon côté je pensais queau contraire/Ø, qu’/ il fallait remuer les choses +

    Outre les verbes dicendi et sentiendi aux temps du passé, on en trouve aussiau présent historique [4] ou habituel [5]. Ces cas ne posent pas de problèmenon plus puisque la situation énonciative du locuteur rapportant est différen-te de celle de l’énoncé rapporté. Bien qu’il s’agisse de la même personne, le

    locuteur citant est en effet bien séparé dans le temps du locuteur cité (dansle cas du discours direct [4]) ou de l’énonciateur dont l’énoncé est rapporté(pour le discours indirect [5]) :

    [4] Barallier, p. 135-6S7 oui ça c’est la réflexion que mon mari l’autre jour il a dit à parceque + R. le samedi soir elle sort elle sort ++ elle travaille toute la se-maine + je dis c’est normal qu’elle sorte ++ il dit s- m- mais il estdéjà dix heures et demie mais tu mais tu t’en vas pas elle dit oui

    mais les boîtes aujourd’hui maintenant elles commencent à onzeheures + elles commencent pas avant ++ elle dit oh là là à onzeheures + mais de mon temps on était déjà en train de danserS2 on rentrait déjàS5 je comprends minuit c’était le XXS7 XXX six heures cinq heures du matin eh + je dis tant pis eh tucom- tu comprends je dis quoi elle a vingt quatre ans tu la laisses++ c’est pour ça que tout à l’heure je riais + vingt quatre ans je disquand même + elle travaille toute la semaine + je dis c’est normal

    qu’elle sorte laisse-la ++ que tu veuilles /ou, ø/ que tu veuilles paselle \ sortira quand même alors

    [5] Barallier, p. 65+ et je me dis toujours que ça ++ c’était mes racines italiennes +

  • 8/16/2019 MARNETTE Je Vous Dis Que l'Autocitation

    4/16

     Sophie M ARNETTE 

    28

    2.2. Exemples posant problème : Les performatifs

    Cependant on trouve aussi dans le corpus des exemples où les verbes di-cendi sont à la première personne et au présent de l’indicatif mais où il ne

    semble pas y avoir de différence entre le temps de l’énonciation et celui del’énoncé apparaissant à la suite du verbe dicendi :

    [6] Ruffini, p. 13alors je le dis bien fort la formation à l’école normale c’est nul +

    [7] Barallier, p. 81+ et + moi je le dis physiquement + j’ai toujours trouvé ma mèrebelle euh peut-être qu’elle l’était pas pour les autres + comme vousdisiez + mais pour moi oui j’ai trouvé qu’elle était belle

    [8] Mousset, p. 77-8

    Moi je dis qu’ils auraient mieux fait de + de faire faire les routes l’as-sainissement et l’eau puis les les maisons heu + les faire par exempleeux-mêmes quoi+

    [9] Lefebvre, p. 4Et alors moi je lui souhaite des musiques et des poètes et des des etdes des une X très riche et puis que tous les gens qui qui l’aiment quisont autour de lui comme ça et que les les sa cigarette ait toujoursbon goût et que et qu’il sache qu’il a quelque part comme ça un Xcopain sur lequel il peut compter sur lequel il peut téléphoner com-

    me ça en disant voilà j’ai besoin de toi je peux pas te dire pourquoiarrive et le copain arrive et ça c’est for c’est ça la vraie richesse voilàce que je souhaite à Léo

    Dans leur propre corpus de français parlé (4860 discours rapportés), Vincent& Dubois (1997 : 120) trouvent 47 % d’occurrences où le locuteur est aussil’énonciateur (aux temps du passé, du présent ou du futur). Parmi ces cas,12 % sont du même type que les exemples qui nous posent problème. C’estce que Vincent & Dubois (1997 : 62-3) appellent « assertions » :

    Ce dernier emploi est sûrement le plus éloigné de ce que recouvrehabituellement l’appellation “discours rapporté”. Le discours citantcorrespond toujours à une énonciation au présent, et l’énonciateurdes propos est toujours le locuteur je - ou un énonciateur collectif in-cluant je. Il n’y a aucun événement passé autre que celui de l’événe-ment interactif en cours, entre l’intervieweur et l’informateur. Enfait, si on enlève le verbe de parole et tout autre indice du discoursrapporté, l’énoncé s’intègre parfaitement au discours en cours, laplupart du temps comme un argument de celui-ci. […] nous sommes

    à la limite de l’espace locutoire de “dire” qui, bien que présenté ex-plicitement comme un discours rapporté, ne constitue qu’une priseen charge des propos, ce qui crée un effet d’insistance sur l’assertionque le locuteur énonce.

  • 8/16/2019 MARNETTE Je Vous Dis Que l'Autocitation

    5/16

    Je vo us  di s qu e l’ au tocit a tion c’e s t d u  di s co u r s  r a pporté 

    29

    Comme on le voit dans le schéma ci-dessous, Vincent & Dubois (1997 : 63)classent les assertions sur le pôle le plus éloigné de la citation:

    On retiendra donc ici que Vincent & Dubois insistent sur deux points :

    – Le discours rapporté implique des stratégies de présentation du dis-cours et pas seulement de reproduction.– Le locuteur se cite souvent soi-même (à la première personne) aussi

    bien dans des contextes narratifs qu’argumentatifs.

    Elles présentent les assertions comme utilisant une forme prototypi-que (le discours rapporté) pour mettre en jeu des stratégies argumentativesprécises.

    Pour d’autres linguistes, nos exemples problématiques sont à rejeterdu domaine du discours rapporté parce qu’ils sont performatifs (Bruña-Cuevas, 1996 : 38 ; Leech et alii, 1997 : 99), illocutoires (Mochet, 1993 :124) ou qu’ils sont des expressions redondantes à fonction argumentative(Rosier, 1999 : 198). Selon eux donc, une occurrence comme Je te dis quec’est vrai n’est pas du discours rapporté car si « dire » est utilisé de façonperformative, il ne peut pas y avoir à la fois description d’un acte de langa-ge (discours rapporté) ET acte de langage (expression performative). Pourmoi, au contraire les deux sont possibles et c’est la seule façon d’expliquer

    en quoi Je te dis que c’est vrai (à la fois représentation + acte) est différentdu simple énoncé C’est vrai (uniquement assertion). 5

    2.3. Autres exemples posant problème :Les expressions modales

    Mon corpus présente aussi des expressions comme je me dis, je me deman-de, je pense, je crois, je trouve, je me souviens, qu’on appelle parfois « des-criptions d’un acte de pensée ». Ce terme est un peu maladroit car il n’y a

    pas ici de vrai parallèle avec les descriptions d’actes de langage puisqu’unacte de pensée ne peut qu’être décrit (et non pas réalisé) par le langage. Onparlera plutôt d’’expressions modales’ puisqu’elles expriment l’opinion del’énonciateur à propos de certains faits 6 :

    1

    Reproduire

    2

    Pseudo-

    reproduire

    3

    Actualiser

    4

    Inventer

    5

    Asserter

    + citation   - citation

  • 8/16/2019 MARNETTE Je Vous Dis Que l'Autocitation

    6/16

     Sophie M ARNETTE 

    30

    [10] Barallier, p. 16maintenant je me dis c’était très ++ c’était anormal cette cette cetteattitude là eh +

    [11] Giovannoni, p. 24 -25

    Je me demande pourquoi l’administration pénitentiaire ne serait pas+ contrôlée + à ce niveau.[12] Nevchehirlian, p. 9

    mais moi personnellement enfin moi personnellement + XX si onavait pu tenir euh en encore quinze jours de plus je pense que ça auraitchangé quelque chose +

    [13] Barallier, p. 10non mais je crois que l’intérêt c’est de dire les choses euh comme onles a vécues

    [14] Cappeau, p. 8

    mais moi je préfère parce que je trouve qu’il y a pas beaucoup d’écartde prix entre un mètre cinquante et deux mètres je trouve que c’estmieux fermé

    [15] Boavida, p. 5et je me souviens que j’étais très renfermée ++ et j’étais toujours que- un petit peu dans mon coin ++ je disais rien - j’étais

    3. Discussion

    3.1. Locuteur-L et Locuteur-λ Il semble approprié de reprendre ici la distinction faite par Ducrot (1984 :199) entre :

    1) Locuteur-L : Locuteur en tant que tel (“responsable de l’énonciationconsidéré uniquement en tant qu’il a cette propriété”)

    2) Locuteur-λ  : Locuteur en tant qu’être du monde (« personne “com-plète” qui possède, entre autres propriétés, celle d’être à l’origine de

    l’énoncé »)D’une part, la personne qui dit Franchement je ne veux pas y aller  présenteson énonciation, et donc elle-même en tant que locutrice, comme franche ethonnête. D’autre part, si la même personne dit Je suis quelqu’un de franc,elle ne suggère rien à propos de son énonciation ou sur elle-même en tantque locutrice de cet énoncé (locutrice-L) mais elle s’assigne une certainequalité à elle-même en général, en tant qu’être du monde, qui se trouveentre autres choses être la locutrice de cet énoncé (locutrice-λ ). C’est pour-

    quoi on peut avoir un énoncé comme Je ne dis pas souvent ce que je pensemais là franchement il exagère, où la première partie réfère au locuteur-λ comme n’étant pas habituellement honnête mais au locuteur-L comme étantparticulièrement franc dans le cas de cet énoncé spécifique. Si on applique

  • 8/16/2019 MARNETTE Je Vous Dis Que l'Autocitation

    7/16

    Je vous dis que l’autocitation c’est du discours rapporté 

    31

    ce raisonnement à mes exemples performatifs et modaux, on notera quel’énoncé C’est vrai ne dit rien du locuteur-L ou du locuteur-λ . Les énoncés Je t’ai dit que c’était vrai et j’ai pensé que c’était vrai décrivent les actionsdu locuteur-λ  (en tant qu’être du monde) qui, dans une situation passée, a

    été l’énonciateur de l’énoncé C’est vrai. Finalement dans Je te dis que c’est vrai et je pense que c’est vrai, le pronom je réfère à la fois au locuteur-L,au locuteur-λ  et à l’énonciateur. A mes yeux, ces deux énoncés ne sont doncpas redondants par rapport à C’est vrai puisqu’ils donnent davantage d’in-formations. Ils mettent en scène le je en insistant sur les trois rôles qui luisont assignés.

    Thompson (1996 : 507-508) semble du même avis sur ce point et ilest intéressant de noter qu’il utilise (probablement sans le savoir) un systè-me assez proche de celui de Ducrot :

    Performatives such as “I promise” and explicit subjective modalitymarkers such as “I think” clearly function chiefly as interpersonaltags, labelling for the hearer the kind of speech act being performed,or the degree of conviction with which the speaker is advancing theproposition or proposal. However, they can still be seen as languagereports (albeit in the fuzzy region where reporting merges into otherareas such as modality). In such cases, speakers divide themselves asit were into two: a labeller and an utterer, with the labeller presenting

    - i.e. reporting - the utterer’s proposition. Of course phrases such as“I promise” and especially “I think” have now become so conven-tionalized that the link with reporting is fairly weak; but it is clearlynot accidental that they derive from lexico-grammatical configura-tions whose main purpose is to report language. We can understandbetter how they mean what they do if we include in the explanationthe perspective that comes from seeing them as language reports.

    3.2. Théâtralisation

    Les exemples ci-dessus (expressions performatives et modales) permettentdonc au je de mettre en scène son propre discours pour le distinguer du dis-cours de l’Autre, au présent de l’énonciation. Ces expressions ne présententpas seulement un locuteur-L prenant en charge son propre énoncé maisconstruisent aussi une certaine image du locuteur-λ , être du monde qui ades opinions spécifiques (parfois en opposition à celles d’autres locuteurs).En parallèle à l’énoncé Je suis quelqu’un de franc, l’énoncé Je te dis que X pourrait aussi signifier : « je (locuteur-L et λ ) suis l’énonciateur du dis-

    cours X ». L’insistance sur la mise en scène de son propre discours est par-ticulièrement importante dans des situations diaphoniques (Roulet, 1985 :71) où les locuteurs tendent à marquer leur propre discours par rapport àcelui de leur(s) allocutaire(s). Ce discours « réflexif », selon l’expression de

  • 8/16/2019 MARNETTE Je Vous Dis Que l'Autocitation

    8/16

     Sophie M ARNETTE 

    32

    Perrin (1996), nécessite un surmarquage pour le différencier du reste dudiscours. Il y a donc « mise en rapport » d’énoncés marqués, ceux du locu-teur-L et parfois de son allocutaire, avec des énoncés plus neutres ou inter-subjectifs : “nous parlons, tu dis ceci et voici ce que je dis (ou pense)…”

    En parlant de l’expression selon moi, Rosier (1999 : 198) écrit :

    Le locuteur se met en scène pour citer sa propre énonciation : tout enrelativisant ce qu’il dit par la mention restrictive « pour moi », il sepose comme sujet capable de parler avec ses mots propres, d’expri-mer un point de vue bien à lui. Dans le continuum, cette forme seraiten aval, où le sujet ne se montre dans son énonciation que pour pro-duire a contrario l’effet inverse du DR : c’est mon point de vue, cesont mes mots, c’est ma parole, c’est moi. (…)Peut-on cependant voir dans ces formes une théâtralisation de l’énon-ciation, c’est-à-dire une mise en scène de sa propre énonciation, quise rapporte alors comme l’opinion d’autrui ? Ce serait introduire undédoublement énonciatif conscient - en-deçà de l’hétérogénéitéconstitutive de tout discours et de la division inéluctable du sujet la-canien bien entendu - difficilement tenable eu égard à l’effet produitpar ces formes.

    En fait lorsque j’affirme que l’énoncé je dis (que) X  devrait être considérécomme du discours rapporté, je montre l’hétérogénéité du sujet mais je me

    concentre davantage sur l’hétérogénéité de l’inconscient (exemplifiée parla distinction L et λ ) que sur l’hétérogénéité interdiscursive (le discoursdu Je versus  le discours de l’Autre). Je suis donc proche des théories deAuthier-Revuz sur l’hétérogénéité constitutive du sujet, qu’elle envisage àla fois comme psychologique (l’inconscient du sujet étant intrinsèquementfragmenté) et discursive (une multiplicité de discours envahissant le dis-cours même du sujet) (Authier-Revuz, 1982 ; 1984). Pour Authier-Revuz,cette hétérogénéité peut être montrée par le biais d’une série de stratégies,parmi lesquelles le discours rapporté. En effet, l’emploi du discours rap-porté rend visibles les frontières entre l’autre et le je. Selon elle, le discoursdirect représente le plus important marqueur de cette frontière puisqu’ilmontre de façon drastique le discours de l’autre comme séparé de mon pro-pre discours (autre énonciation, autre deixis, guillemets, etc.). Cependant,en même temps, cette hétérogénéité dénie implicitement le fait que mon pro-pre discours est aussi par essence hétérogène parce que mon inconscient estfragmenté. En d’autres mots, si je peux représenter de façon explicite l’Autredans mon discours, avec des frontières spécifiques entre ce discours et le

    mien, alors mon discours est implicitement présenté comme un, unifié, maisil s’agit d’une illusion (Authier-Revuz, 1984 : 108). Selon moi, en utilisant jedis (que) X , le je essaie de s’identifier explicitement à la fois au locuteur-L etau locuteur-λ  pour montrer son discours comme unifié ( je suis responsable

  • 8/16/2019 MARNETTE Je Vous Dis Que l'Autocitation

    9/16

    Je vous dis que l’autocitation c’est du discours rapporté 

    33

    de ce que je dis) mais paradoxalement cet effort (surmarquage du discourscomme DR) trahit le fait que ces deux facettes sont essentiellement diffé-rentes (ce que je suis n’est pas ce que je dis).

    3.3. Arguments supplémentairesPour apporter un peu plus de profondeur aux arguments invoqués jusqu’ici, j’aurai recours aux théories de Ducrot et de Perrin à propos des expressionsperformatives et/ou modales.

    Ducrot (1980a : 85-92 ; 1984 : 127-148, 201-3) dénonce « l’illusionperformative » car, selon lui, une expression performative à la premièrepersonne ne décrit pas l’acte accompli par l’énoncé tout entier. Il considèreles expressions performatives comme étant le résultat d’un processus dia-

    chronique en trois stades :

    1) Des verbes comme ordonner, souhaiter, permettre ont un sens pure-ment descriptif (mettre de l’ordre, désirer, laisser quelqu’un libre defaire quelque chose)

    2) Ces verbes sont utilisés au présent de la première personne et devien-nent progressivement des formules prononcées dans certaines occa-sions. Le je réfère au locuteur-λ  (personne du monde) mais il montreaussi que le locuteur-L prend l’énonciation en charge.

    3) On décrit à la troisième personne ce que quelqu’un fait lorsqu’il pro-nonce j’ordonne que, je souhaite que, je permets que. Dans ces énon-cés descriptifs, les verbes ont une signification différente de celle qu’ilsavaient au stade 1.

    Ducrot explique que certaines expressions performatives ont perdu leur si-gnification d’origine (par exemple Adieu! < [je vous recommande] à Dieu!).Ce qui nous importe ici, c’est que Ducrot envisage une signification des-criptive originelle et une signification descriptive finale et qu’il mentionneque le locuteur-L et le locuteur-λ  sont tous deux impliqués dans l’expres-sion performative. Ducrot ne parle pas de l’expression performative je dismais s’il le faisait, il la verrait sans aucun doute comme ayant trait au dis-cours rapporté. Et il en serait de même pour je pense, je me dis et je crois.On notera par ailleurs que pour décrire à la troisième personne ce qu’on faitquand on dit je te dis que c’est vrai ou je pense que c’est vrai, il ne seraitpas correct de dire simplement il a dit que c’était vrai ou il a pensé quec’était vrai de la même manière qu’on dirait il a souhaité que ce soit vrai.

    Il serait plus approprié de dire il m’a affirmé que c’était vrai et il m’a dit qu’il pensait que c’était vrai. Donc ces verbes n’ont pas encore atteint untroisième stade et surtout les expressions performatives et modales ne sontpas simplement redondantes.

  • 8/16/2019 MARNETTE Je Vous Dis Que l'Autocitation

    10/16

     Sophie M ARNETTE 

    34

    Dans Perrin (1996, 1997, 2000a) et Perrin & Vincent (1997), Perrinemploie aussi les notions de locuteur-λ  et locuteur-L pour distinguer lesclauses métadiscursives (je t’ai dit que c’était vrai) des clauses réflexives (jete dis que c’est vrai), mais il reconnaît que dans certains cas le locuteur-L

    prend en charge un discours qui est présenté comme venant du locuteur-λ dans ce qu’il appelle un « argument d’autorité auto-allusive ». Il envisage uncontinuum de quatre catégories et remet en question la distinction nette entreles clauses réflexives et métadiscursives (ou ce qu’on appelle traditionnelle-ment des clauses « performatives/modales » versus « discours rapporté »).

    – Clauses performatives : nomment les actes illocutoires spécifiquesréalisés par le locuteur-L et sont donc complètement inséparables desénonciations qu’elles qualifient. Voir par exemple j’affirme que, Jedis que dans des contextes qui ne sont ni itératifs ni duratifs (Perrinet Vincent, 1997). Voir mes exemples [6, 7, 8, 9] supra.

    – Clauses Attitudinales : ne nomment pas les actes illocutoires maisseulement les états psychologiques susceptibles d’être attribués auxlocuteurs-L, d’après leur contexte. Elles sont potentiellement méta-discursives car elles peuvent aussi référer au locuteur-λ  et être liées àdes séquences échos. Il s’agit souvent de verbes d’opinion ( je pense, je crois, j’espère, je me dis que) et de verbes dicendi employés avec

    un auxiliaire modal ou au conditionnel ( je peux te dire, j’ai un peuhonte de dire, je te dirais que). Voir mes exemples [10, 11, 12, 13,14, 15] supra.

    – Clauses d’autorité : le locuteur-L prend indirectement en charge lepoint de vue exprimé dans la complétive et l’assimile plus ou moinsà son propre point de vue. Ce qui importe n’est pas de reproduire undialogue particulier au sein d’un récit mais plutôt de renforcer son pro-pre discours grâce au discours de l’Autre. Cela peut être un autre in-dividu ou le locuteur-λ , au passé, au futur ou au présent générique ou

    itératif. Le locuteur-L paraît asserter que quelqu’un a dit P mais en réa-lité il communique que P. En fait le locuteur-L ne prend pas entière-ment P en charge mais l’utilise simplement pour pouvoir continuerson raisonnement. Les exemples donnés dans Perrin & Vincent (1997)

    clauses fondamentalementréflexives

    clauses fondamentalementmétadiscursives

    purementréflexives potentiellementmétadiscursives potentiellementréflexives purementmétadiscursives

    clausesperformatives

    clausesd’attitude

    propositionnelles

    clausesd’autorité

    clausesdescriptives

  • 8/16/2019 MARNETTE Je Vous Dis Que l'Autocitation

    11/16

    Je vous dis que l’autocitation c’est du discours rapporté 

    35

    sont il paraît que, on dit que, il dit / a dit / dirait que, j’ai dit que et je dis souvent que. Contrairement aux clauses narratives, les clausesd’autorité peuvent être supprimées sans gêner la cohérence de l’en-semble du discours (même si le contenu en est légèrement modifié).

    Voir mon exemple [5] supra.– Clauses descriptives (ou narratives) : le locuteur-L ne prend pas en

    charge le point de vue exprimé dans la complétive. Cette dernière re-produit un discours-objet qui doit être déterminé d’après le contexte(notamment temporellement) au sein d’une chaîne d’événements suc-cessifs, c’est-à-dire d’après un contexte qui existe indépendammentdu récit. C’est le cas d’un grand nombre d’exemples traditionnels dediscours rapporté car ils sont souvent tirés de récits. Voir mes exem-ples [1, 2, 3, 4] supra.

    Sur base de ces définitions, Perrin argumente que le locuteur-L peut prendreen charge ce que dit un autre locuteur/énonciateur (= argument d’autoritéhétéro-allusif) ou ce qu’il a dit/dit ou dira en tant que locuteur-λ  (= argu-ment d’autorité auto-allusif). Donc dans une séquence argumentative, desclauses métadiscursives comme il paraît que, il dit que et même je dis quepeuvent être interprétées comme ayant une force illocutoire réflexive indi-recte, c’est-à-dire qu’elles ne présentent pas seulement un contenu pro-positionnel mais qualifient aussi l’énoncé comme ayant une certaine valeur

    argumentative. A l’inverse, certaines clauses réflexives modales peuvent voirleur force illocutoire relativisée quand un énoncé est suivi par un contextequi permet de l’attribuer au locuteur-λ , par ex. je pense que P mais je ne levous dis pas ou je pourrais dire que P et d’ailleurs, je vous le dis. La res-ponsabilité du locuteur-L est donc relativisée par rapport au locuteur-λ .Seules les clauses métadiscursives descriptives présentent du matériel quine peut pas être garanti par le locuteur-L mais elles apparaissent seulementdans des séquences narratives. De l’autre côté du continuum, seules lesclauses réflexives performatives sont complètement prises en charge par lelocuteur-L (et pour Perrin pas pour le locuteur-λ ). Le continuum offre doncdeux possibilités pour le locuteur-L d’être associé au locuteur-λ .

    Le second point de Perrin est qu’il n’est pas toujours facile de distin-guer entre des clauses purement réflexives et des clauses d’autorité auto-allusive (Perrin, 2000a). Cela est dû à un manque d’éléments contextuelsou au fait que certaines clauses à la première personne de l’indicatif présentsemblent exclure l’interprétation réflexive (performative ou attitudinale).Pour lui, des clauses comme j’affirme que ou  je pense que sont indubita-

    blement réflexives contrairement aux clauses comme je remarque que ou j’observe que. La raison en est que les premières clauses ont subi une évo-lution diachronique (au sens de Ducrot) et ont complètement perdu leursens descriptif originel mais pas les secondes. Quant à l’expression  je dis

  • 8/16/2019 MARNETTE Je Vous Dis Que l'Autocitation

    12/16

     Sophie M ARNETTE 

    36

    que, Perrin la considère comme ambiguë et en voie de devenir une formuleperformative. C’est pourquoi il est difficile de classer des énoncés avec jedis que soit comme performatifs (réflexifs) soit comme arguments d’auto-rité auto-allusifs (métadiscursifs).

    En conséquence, pour Perrin comme pour Ducrot, les expressions per-formatives et modales ont un sens descriptif originel qui, dans les exemplesde Perrin, semble lié au discours rapporté. Bien que Perrin ne voie pas delocuteur-λ  dans les clauses performatives, il ne laisse aucun doute quant aufait que ce locuteur-λ  était présent dans les expressions descriptives origi-nelles et au fait qu’il peut être plus ou moins associé à deux catégories de soncontinuum.

    4. Stratégies d’autocitation en français parlé

    L’analyse de mon corpus de français parlé montre trois points importants :

    1) 53 % des pensées indirectes (140 sur 245) et 53 % des attitudes indi-rectes (154 sur 288) sont introduites par des expressions à la premièrepersonne et au présent et apparaissent dans des séquences argumen-tatives.

    2) Une majorité des 462 occurrences de paroles indirectes apparaissentdans des séquences argumentatives. Elles sont plus souvent introdui-

    tes par un verbum dicendi à la 3e pers. (60 %, 275 occ.) qu’à la pre-mière personne (29 %, 132 occ.). De plus, davantage de verba dicendisont au passé au lieu du présent ou du futur (39 %, 178 occ. versus16 %, 87 occ.).

    3) Le discours indirect - paroles ou pensées - est majoritairement lié àun contexte argumentatif. Les pensées indirectes sont plus souventemployées dans ce contexte que les paroles indirectes. Les premièressont plutôt utilisées à la première personne et au présent alors que lesdeuxièmes le sont à la troisième personne et au passé.

    En d’autres mots, un locuteur tendra à citer ses propres pensées ici et main-tenant ( je pense que, je crois que) 7 tout en présentant les opinions des autresen tant que paroles au présent ou au passé ( X dit / a dit que), comme l’illus-tre parfaitement l’exemple suivant :

    [16] Nevchehirlian, p. 9++ moi je pense comme ça il y en a il y a un camarade qui s’appelleJean et qui pense pas comme moi + qu’il est à côté + par rapport aux

    étudiants + moi je pense que si les étudiants ils continuent commequ’ils continuent comme ça ils aboutiront bon Jean lui pense autre-ment il dit que ça va se s’effri- s’effri- s’effriter + parce que les partissurtout le Parti Socialiste il + il veut le prendre de son côté

  • 8/16/2019 MARNETTE Je Vous Dis Que l'Autocitation

    13/16

    Je vous dis que l’autocitation c’est du discours rapporté 

    37

    Dans mon corpus, on trouve aussi plus rarement (et généralement par le biaisd’un discours neutralisé) des cas où le locuteur met en scène ses propres pa-roles ainsi que celles de son interlocuteur :

    [17] Nevchehirlian, p. 56[…] et puis je vais te dire bon si je serais pas d’accord euh je seraispas à la CGT hein + bon tu me tu vas me dire ouais mais euh avectout tu es d’accord + à la CGT + plus ou moins avec tout je suisd’accord

    D’une manière encore plus générale, le fait de prendre en compte dans monanalyse les expressions du type je dis et je pense m’a permis d’avoir une vuebeaucoup plus complète (et complexe) des stratégies du discours rapporté

    en français parlé. Ainsi, lorsqu’on regarde le schéma ci-dessous qui groupeselon leur importance certains types et catégories de discours rapporté, onconstate que seuls les groupes [2, 3] feraient partie d’une analyse tout à faittraditionnelle parce qu’il s’agit de paroles rapportées à la troisième personne.Le groupe 4 pourrait figurer dans une étude qui n’accepte que l’autocitationau passé. Cependant cela nous priverait d’observer une grande partie des dis-cours rapportés employés dans un contexte argumentatif (groupes [1,5]) 8.

  • 8/16/2019 MARNETTE Je Vous Dis Que l'Autocitation

    14/16

     Sophie M ARNETTE 

    38

    5. Conclusion

    En conclusion donc, je répondrai de façon brève et un peu ironique à laquestion principale posée par cet article. Le discours rapporté est-il seulement

    le discours d’autrui ? Oui, si je est un autre…

    NOTES

    1. Je remercie Claire Blanche-Benveniste et son équipe de m’avoir donné accèsau corpus. Les exemples donnés ci-dessous présentent le nom de la personne qui atranscrit l’extrait en question et le numéro de page dans la version électronique.Les conventions de transcriptions du GARS sont minimales : pas de majuscules

    sauf pour les noms propres, pas de ponctuation excepté pour les pauses indiquéespar + (courte), + (moyenne) et ++ (longue). Lorsqu’il y a hésitation, l’interpréta-tion la plus probable est donnée en premier lieu (par ex. elle /a rien, vient/ ) et lors-qu’on hésite entre un élément ou rien, la transcription indique /..., Ø/. Les syllabesinintelligibles sont notées X.

    2. On se rapportera à Marnette (2005 : 133-77) pour plus de détails sur ce clas-sement et sur les résultats de l’analyse.

    3. Un discours neutralisé ne présente pas de conjonction de subordination entrele verbe dicendi et la complétive et, contrairement au discours indirect sans que ou

    au discours direct, il ne contient pas de marqueurs énonciatifs transposés ou non(Marnette, 2001 ; 2005 : 155-7 ; voir exemples [10] et [17] signalés par des grassessoulignées infra).

    4. Dans Marnette (2002a, b ; 2005 : 49-59), je justifie pourquoi et comment leterme « discours » de l’expression « discours rapporté » doit être compris commeincluant non seulement la présentation de paroles mais aussi de pensées (et mêmed’attitudes).

    5. Je choisis donc ici de suivre la théorie des performatifs émise par Récanati(1981) plutôt que celle de Ducrot (1984 entre autres).

    6. On notera cependant que ce terme n’est pas entièrement adéquat non pluspuisque les autocitations ne sont pas les seuls discours rapportés à indiquer l’atti-tude du locuteur par rapport à l’énoncé rapporté. De plus les expressions perfor-matives peuvent aussi être envisagées comme marqueurs évidentiels et donc parextension, comme ayant une modalité épistémique puisqu’en pointant vers soi-même comme source d’informations, le locuteur présente ses énoncés commeétant sûrs.

    7. Le présent est un temps sécant, ce qui explique que la référenciation aumoi/ici/maintenant soit « extensible », c’est-à-dire déborde du point de la deixis :ainsi quand l’expression  je pense exprime un présent de vérité générale dont la

    validité est aussi à chercher dans le passé.8. Les groupes 6, 7 et 8 ne font pas partie des analyses traditionnelles non plus

    car on étudie rarement les discours rapportant de l’écrit, et les discours indirectslibres sont souvent considérés comme n’existant pas en français parlé. On notera

  • 8/16/2019 MARNETTE Je Vous Dis Que l'Autocitation

    15/16

    Je vous dis que l’autocitation c’est du discours rapporté 

    39

    évidemment que ce schéma général ne mentionne pas d’autres catégories et typesde discours rapportés possibles mais peu représentés dans le corpus analysé (parex. paroles directes à la première personne dans un récit). De plus une analyse dé-taillée des diverses conversations inclues dans le corpus montre que les stratégies

    varient fortement selon les contextes (Marnette, 2005 : 162-72).

    RÉFÉRENCES

    AUTHIER-REVUZ J., 1982, « Hétérogénéité montrée et hétérogénéité constitutive :éléments pour une approche de l’autre dans le discours », DRLAV , 26, p. 91-151.

    AUTHIER-REVUZ J., 1984, « Hétérogénéités énonciatives », Langages, 73, p. 98-111.BRUÑA-CUEVAS M., 1996, « Le discours direct introduit par que », Le français mo-

    derne, 54, 1, p. 28-59.CHAFE W., 1994, Discourse, Consciousness and Time: The Flow and Displacement 

    of Consciousness Experience in Writing and Speaking, Chicago, University of Chicago Press.

    COHN D., 1978, Transparent Minds, Narrative Modes for Presenting Consciousnessin Fiction, Princeton, New Jersey, Princeton University Press.

    COULMAS  F., 1986, « Reported Speech: Some General Issues », in COULMAS  F.(éd.), Direct and Indirect Speech, Berlin -New York, Mouton de Gruyter, p. 1-28.

    DUCROT O., 1980, Les mots du discours, Paris, Minuit.

    DUCROT O., 1984, Le dire et le dit , Paris, Minuit.LEECH G., MCENERY T., et WYNNE M., 1997, “Further levels of annotation”, inGARSIDE R., LEECH G. et MCENERY T. (éds), Corpus Annotation, Londres,Longman, p. 85-101.

    LI  C. N., 1986, “Direct Speech and Indirect Speech: A Functional Study”, inCOULMAS F. (ed.), Direct and Indirect Speech, Berlin-New York, Mouton deGruyter, p. 29-45.

    MAINGUENEAU D., 1993, Éléments de linguistique pour le texte littéraire, Paris,Dunod [3e édition].

    MARNETTE S., 2001, « Du discours insolite : Le discours indirect sans que », FrenchStudies, 55, 3, p. 297-313.MARNETTE S., 2002a, « Aux frontières du discours rapporté », Revue Romane, 37,

    1, p. 3-30.MARNETTE S., 2002b, « Étudier les pensées rapportées en français parlé : Mission

    impossible ? », Faits de langue, 19, p. 211-220.MARNETTE S., 2005, Speech and Thought Presentation in French: Concepts and 

    Strategies, Amsterdam-New York, John Benjamins.MOCHET M.-A., 1993, « Place du discours narrativisé dans la mise en scène des

    situations de parole », Cahiers du CRELEF , 35, p. 93-135.PERRIN L., 1996, « De la structure énonciative et de l’organisation polyphoniqued’un échange épistolaire », Cahiers de linguistique française, 18, p. 129-156.

  • 8/16/2019 MARNETTE Je Vous Dis Que l'Autocitation

    16/16

     Sophie M ARNETTE 

    40

    PERRIN L., 1997, « Force réflexive des énoncés, délocutivité et discours rapporté »,Cahiers de linguistique française, 19, p. 181-203.

    PERRIN L., 2000a, « L’argument d’autorité comme forme de modalité “allusive”dans la conversation », in MARTEL G. (éd.), Autour de l’argumentation. Ratio-

    naliser l’expérience quotidienne, Québec (Canada), Nota Bene, p. 81-106.PERRIN L., 2000b, « Remarques sur la dimension générique et sur la dimension dé-nominative des proverbes », Langages, 139, p. 69-80.

    PERRIN L. et VINCENT D., 1997, « L’interprétation du verbe “dire” en contexte con-versationnel : des clauses performatives aux clauses descriptives », Revue desémantique et pragmatique, 2, p. 137-153.

    PEYTARD J. (éd.)., 1993, « Les manifestations du “discours relaté” oral et écrit »,Cahiers du CRELEF , 35.

    RÉCANATI F., 1981,  Les Énoncés Performatifs. Contribution à la Pragmatique,Paris, Minuit.

    ROSIER L., 1999, Le Discours rapporté ; Histoire, théories, pratiques, Paris-Bruxelles,De Boeck - Duculot.

    ROULET E., 1985, « Structures hiérarchiques et polyphoniques du discours», inROULET E. et al. (éds), L’articulation du discours en français contemporain,Berne, Peter Lang, p. 9-83.

    SIHVONEN-HAUTECOEUR P., 1993, « Discours direct à l’oral : signalisation, inté-gration, syntaxe », in HILTY G. (éd.), Actes du XX e Congrès International de

     Linguistique et Philologie Romanes, Université de Zurich, 6-11 avril 1992,Tübingen, Francke, Vol. 2, p. 317-330.

    SIHVONEN-HAUTECOEUR P., 1996, “Whose words are these? Quotations in spokenFrench data”, In HELTOFT L. et HABERLAND H. (eds), Proceedings of the 13thScandinavian Conference of Linguistics, Roskilde, Departement of languagesand culture, Roskilde University, p. 291-304.

    THOMPSON G., 1996, “Voices in the text: discourse perspectives on language reports”, Applied Linguistics, 17 (4), p. 501-530.

    VERSCHOOR J. A., 1959, Études de grammaire historique et de style sur le style direct et les styles indirects en français, Groningen, V.R.B.

    VINCENT D. et DUBOIS S., 1997 Le discours rapporté au quotidien, Québec, NuitBlanche.