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1 Mars 2013 SOMMAIRE Rythme Veille Sommeil Le temps de sommeil représente plus du tiers de notre vie. Praticiens de santé et grand pu- blic s’accordent pour considérer le sommeil comme un facteur d’équilibre et de bonne santé au quotidien. Le sommeil de mauvaise qualité, considéré comme un problème majeur de santé publique par la plupart des médecins généralistes [1], est relié à différents problèmes de santé ou facteurs de risque : surpoids et obésité, risque cardiovasculaire, maladies psy- chiatriques, addictions, accidents… Une synthèse des études menées à l’Institut de veille sanitaire (InVS) parue en mars 2012 [2] montre qu’en France, en 2008, plus d’une personne sur trois déclarait la présence de troubles du sommeil à la fréquence d’au moins trois nuits par semaine. Ils concernaient plus souvent les femmes et les plus âgés. Cette synthèse montre également qu’une personne sur cinq présentait une insomnie chronique accompagnée d’un retentissement diurne (fatigue ou somnolence excessive). L’analyse mettait en évidence un risque accru d’insomnie chronique avec retentissement fonctionnel chez les personnes travaillant en rythme décalé et chez les personnes considérées comme les plus précaires socialement. L’insomnie chronique était également associée à un grand nombre de maladies chroniques et à des indicateurs globaux de santé dégradés. Parmi les personnes souffrant d’insomnie chronique s’accompagnant d’un retentissement diurne, moins d’un tiers déclarait avoir consulté un médecin et une per- sonne sur cinq prenait de façon habituelle des médicaments pour dormir alors qu’il est dé- conseillé d’avoir recours aux hypnotiques et anxiolytiques après la phase aigüe. La prise en compte des troubles du rythme veille / sommeil comme problématique de santé publique à part entière constitue un enjeu fort pour la prévention. Ce bulletin vise à diffuser les informations disponibles en région concernant l’épidémiologie de ces troubles et l’offre de prise en charge. I. Définitions et concepts II. Sommeil et état de santé III. Epidémiologie des troubles du rythme veille/sommeil IV. Prise en charge : les ressources régionales V. Qualité de vie VI. Orientations stratégiques et poli- tiques VII. Les ressources nationales Ce bulletin est publié dans le cadre de la journée du sommeil le 22 mars 2013 COMITE DE PILOTAGE 1 Troubles du rythme veille/sommeil en Poitou-Charentes Faits marquants Une durée de sommeil insuffisante expose aux risques de surpoids et de diabète et augmente le risque d’hypertension artérielle. En 2010 dans la région, 2 100 patients ont été hospitalisés pour un trouble du sommeil. Dans 8 cas sur 10, il s’agissait d’apnées du sommeil. Plus de 11 500 actes cotés en médecine du sommeil ont été enregistrés en 2011 dans la région, principalement des polygraphies respiratoires réalisées par des pneumologues libéraux. La consommation régulière d’hypnotiques (3 délivrances au moins dans l’année) concerne 5 % de la population régionale, alors même qu’il est déconseillé d’avoir recours à ce type de médi- caments en cas d’insomnie chronique. Près des deux tiers des personnes de 15 à 85 ans déclarent avoir un trouble du sommeil et un cinquième de ces personnes déclarent consommer des produits pour dormir. Près de 8 jeunes de 15 ans scolarisés sur 10 déclarent avoir au moins un trouble du sommeil. Les femmes déclarent plus souvent des troubles du sommeil mais les deux tiers des patients hospitalisés sont des hommes. Le travail en horaire décalé, en progression ces dernières années, a des conséquences avérées en terme de sommeil et de santé. En Poitou-Charentes, il existe quatre centres du sommeil, le parcours de soins se structure, mais encore trop peu d’actions de prévention sont mises en œuvre. POITOU-CHARENTES BULLETIN D’OBSERVATION BOS Le comité de pilotage est composé de : Pr Paquereau et Dr Lode Kolz (Centre du sommeil - CHU de Poi- tiers), Mme Vanhille et Dr Vivier- Darrigol (ARS), Dr Guichard (Centre du sommeil - CH de Niort), Dr Berson (DIRECCTE), Dr Ayrivié (Centre du sommeil - CH de La Rochelle), Dr Auregan (Polyclinique de Poitiers), Dr Papeix (Réseau Veille Sommeil en Poitou-Charentes), M. Grandel (Association nationale Sommeil et santé). Nous remercions les membres du comité de pilotage ainsi que le Collè- ge régional d’information médicale (CoRIM), la Cellule d’observation statistiques et analyses (COSA) de l’ARS, l’Association régionale des caisses de la Mutualité sociale agri- cole (ARC-MSA), le Régime social des indépendants (RSI), pour leur aide dans l’élaboration de ce document. Rédacteurs : Véronique Bounaud (ORS) Julie Debarre (ORS) Bulletin Observation Santé

Mars 2013 - Observatoire Régional de la Santé Poitou ... · L’amélioration des dépistages de la fatigue ou de la somnolence constitue un enjeu fort de santé publique. Déroulement

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Mars 2013

SOMMAIRE

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Le temps de sommeil représente plus du tiers de notre vie. Praticiens de santé et grand pu-blic s’accordent pour considérer le sommeil comme un facteur d’équilibre et de bonne santé

au quotidien. Le sommeil de mauvaise qualité, considéré comme un problème majeur de santé publique par la plupart des médecins généralistes [1], est relié à différents problèmes

de santé ou facteurs de risque : surpoids et obésité, risque cardiovasculaire, maladies psy-chiatriques, addictions, accidents… Une synthèse des études menées à l’Institut de veille sanitaire (InVS) parue en mars 2012 [2]

montre qu’en France, en 2008, plus d’une personne sur trois déclarait la présence de troubles du sommeil à la fréquence d’au moins trois nuits par semaine. Ils concernaient plus souvent

les femmes et les plus âgés. Cette synthèse montre également qu’une personne sur cinq présentait une insomnie chronique accompagnée d’un retentissement diurne (fatigue ou somnolence excessive). L’analyse mettait en évidence un risque accru d’insomnie chronique

avec retentissement fonctionnel chez les personnes travaillant en rythme décalé et chez les personnes considérées comme les plus précaires socialement. L’insomnie chronique était

également associée à un grand nombre de maladies chroniques et à des indicateurs globaux de santé dégradés. Parmi les personnes souffrant d’insomnie chronique s’accompagnant d’un retentissement diurne, moins d’un tiers déclarait avoir consulté un médecin et une per-

sonne sur cinq prenait de façon habituelle des médicaments pour dormir alors qu’il est dé-conseillé d’avoir recours aux hypnotiques et anxiolytiques après la phase aigüe.

La prise en compte des troubles du rythme veille / sommeil comme problématique de santé publique à part entière constitue un enjeu fort pour la prévention. Ce bulletin vise à diffuser les informations disponibles en région concernant l’épidémiologie

de ces troubles et l’offre de prise en charge.

I. Définitions et concepts

II. Sommeil et état de santé

III. Epidémiologie des troubles du rythme veille/sommeil

IV. Prise en charge : les ressources régionales

V. Qualité de vie

VI. Orientations stratégiques et poli-tiques

VII. Les ressources nationales

Ce bulletin est publié dans le cadre de la journée du sommeil le 22 mars 2013

COMITE DE PILOTAGE

1

Troubles du rythme veille/sommeil en Poitou-Charentes

Faits marquants Une durée de sommeil insuffisante expose aux risques de surpoids et de diabète et augmente

le risque d’hypertension artérielle.

En 2010 dans la région, 2 100 patients ont été hospitalisés pour un trouble du sommeil. Dans 8 cas sur 10, il s’agissait d’apnées du sommeil.

Plus de 11 500 actes cotés en médecine du sommeil ont été enregistrés en 2011 dans la région, principalement des polygraphies respiratoires réalisées par des pneumologues libéraux.

La consommation régulière d’hypnotiques (3 délivrances au moins dans l’année) concerne 5 % de la population régionale, alors même qu’il est déconseillé d’avoir recours à ce type de médi-caments en cas d’insomnie chronique.

Près des deux tiers des personnes de 15 à 85 ans déclarent avoir un trouble du sommeil et un cinquième de ces personnes déclarent consommer des produits pour dormir.

Près de 8 jeunes de 15 ans scolarisés sur 10 déclarent avoir au moins un trouble du sommeil.

Les femmes déclarent plus souvent des troubles du sommeil mais les deux tiers des patients hospitalisés sont des hommes.

Le travail en horaire décalé, en progression ces dernières années, a des conséquences avérées en terme de sommeil et de santé.

En Poitou-Charentes, il existe quatre centres du sommeil, le parcours de soins se structure, mais encore trop peu d’actions de prévention sont mises en œuvre.

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Le comité de pilotage est composé de : Pr Paquereau et Dr Lode Kolz (Centre du sommeil - CHU de Poi-tiers), Mme Vanhille et Dr Vivier-Darrigol (ARS), Dr Guichard (Centre du sommeil - CH de Niort), Dr Berson (DIRECCTE), Dr Ayrivié (Centre du sommeil - CH de La Rochelle), Dr Auregan (Polyclinique de Poitiers), Dr Papeix (Réseau Veille Sommeil en Poitou-Charentes), M. Grandel (Association nationale Sommeil et santé).

Nous remercions les membres du comité de pilotage ainsi que le Collè-ge régional d’information médicale (CoRIM), la Cellule d’observation statistiques et analyses (COSA) de l’ARS, l’Association régionale des caisses de la Mutualité sociale agri-cole (ARC-MSA), le Régime social des indépendants (RSI), pour leur aide dans l’élaboration de ce document. Rédacteurs : Véronique Bounaud (ORS) Julie Debarre (ORS)

Bulletin Observation Santé

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I - Définitions et concepts

BOS Sommeil- ORS Poitou-Charentes - Mars 2013

Qu’est-ce que le rythme veille/sommeil ?

Deux états physiologiques rythment la vie quotidienne : le sommeil et la veille. Le sommeil permet une récupération physique, psychologique et intellectuelle qui prépare la veille qui va suivre. Le sommeil est constitué de stades qui s’organisent en plusieurs cycles d’environ 90 minutes chacun au cours de la nuit. Ces stades comprennent le sommeil lent (qui correspond au sommeil léger et sommeil profond) et le sommeil paradoxal (phase au cours de laquelle les rêves dont on se souvient le mieux se produisent). Le sommeil profond est surtout présent en début de nuit alors que les sommeils léger et paradoxal sont plus abondants dans la seconde moitié de la nuit, ce qui explique que la première partie de la nuit soit plus réparatrice.

L’organisation des stades de sommeil évolue au cours de la vie [3]

- Le nouveau-né dort presque autant le jour que la nuit. L'installation d’un rythme circadien (c’est-à-dire de 24 h) survient entre le 1er et le 6ème mois, le sommeil devient surtout nocturne. L’endormissement se fait souvent en sommeil paradoxal à la naissance. - Le sommeil agité est le plus représenté au cours des premiers jours de la vie. Il va laisser place à un sommeil paradoxal dès l’âge de 3 mois. Ce dernier va beaucoup diminuer pour représenter 20 à 25 % du temps de sommeil vers un an, comme chez l’adulte. - Entre 1 et 6 ans, les endormissements se font comme chez l’adulte et le grand enfant, en sommeil lent léger. Le sommeil profond est abondant à chaque cycle de sommeil, bien que plus représenté en début de nuit. Il existe aussi à cette période de la vie un besoin indispensable de sieste qui disparaît vers 5-6 ans. Avec la disparition des siestes, le sommeil est en première partie de nuit principalement représenté par du sommeil profond. - Entre 6 et 12 ans, le sommeil nocturne est très riche en sommeil lent profond en première partie de nuit. Il existe parfois des difficultés d’endormissement liées à une occupation tardive et/ou à une discordance entre le coucher des enfants et celui des adultes. - Les adolescents ont des besoins de sommeil plus importants et une tendance naturelle à un retard de phase (coucher et lever tardifs) due aux modifications biologiques qui accompagnent la puberté et accentuée par des comportements souvent inadaptés. Un coucher tardif entraîne une privation de sommeil rarement rattrapé par un éveil tardif ou une sieste. - Chez les adultes, la proportion de sommeil profond est de 20 à 25 %, celle du sommeil paradoxal est également de 20 à 25 % et le sommeil léger représente 50 à 55 %. Les éveils nocturnes vont être de plus en plus nombreux. Les sollicitations familiales et sociales entraînent souvent un coucher tardif, donc une réduction du temps de sommeil. - Les seniors ont un sommeil plus léger, plus fragmenté et se lèvent plus tôt. Leur besoin de sommeil demeure sensiblement le même qu’au début de l’âge adulte. L’incidence des troubles du sommeil et notamment de l’insomnie, augmente considérablement avec l’âge. - A partir de 75 ans, le temps passé à dormir diminue alors que le temps passé au lit continue d’augmenter. Le délai d’endormissement s’accroît et peut atteindre 45 minutes à 80 ans. Les éveils nocturnes augmentent et s’allongent.

Un large éventail de troubles du sommeil [4]

L’American Academy of Sleep Medicine a établi la classification internationale des troubles du sommeil qui fait référence en la matière. Cette classification distingue : - L’insomnie : mauvais sommeil nocturne caractérisé par des difficultés d’endormissement, de maintien du sommeil ou une sensation de sommeil non récupérateur. Ce sommeil de mauvaise qualité s’accompagne de perturbations diurnes telles que la baisse de la vigilance et des performances, la fatigue ou l’irritabilité ; - Les troubles du sommeil en relation avec la respiration : syndrome d’apnée du sommeil, qu’elle soit obstructive ou centrale ; - Les hypersomnies de tous types, c’est-à-dire une augmentation du besoin de sommeil dans la journée ; - Les troubles du rythme circadien du sommeil : retard ou avance de phase, rythme veille/sommeil irrégulier ; - Les parasomnies qui recouvrent les éveils confusionnels, le somnambulisme, les terreurs nocturnes, les cauchemars, etc. - Autres catégories : agitations au cours du sommeil paradoxal, mouvements des jambes au cours du sommeil, symptômes isolés (ronflement), somniloquie et autres troubles du sommeil. Ces différents troubles ont des répercussions en terme de santé physique, mentale et sociale.

Source : adapté de Challamel M.J., Thirion M. et Apple-ton & Lange, Kandel, Schwartz, Jessell, Principles of Neural Science

Fatigue et somnolence diurne excessive (SDE) : une confusion persistante entraînant des défauts de prise en charge

La somnolence est « un état intermédiaire entre la veille et le sommeil caractérisé par une tendance irrésistible à l’assoupissement si la personne n’est pas stimulée » [5]. La SDE résulte d’un déficit quantitatif de sommeil le plus souvent lié à une privation volontaire de sommeil, une consomma-tion de médicaments psychotropes ou un ronflement pathologique asso-cié à des apnées du sommeil. La SDE est directement en cause dans un tiers des accidents mortels sur autoroutes [6]. La confusion entre fatigue et somnolence accentue le retard de diagnostic de la SDE. Lorsqu’elle est dépistée, le plus souvent il existe un traitement de la cause (adaptation thérapeutique, suppression des apnées la nuit par pression positive continue, hygiène du sommeil, prise de psychostimulants pour certaines maladies rares). La sieste est le meilleur traitement naturel de la somno-lence par manque de sommeil.

La fatigue se caractérise par la sensation de ne pas pouvoir effectuer les tâches habituelles sans faire appel à des ressources insoupçonnées de la volonté. En l’absence de cause connue, la fatigue peut résulter d’une désynchronisation des horloges du sommeil. La prise en charge de la fatigue doit être adaptée au cas par cas mais il est maintenant reconnu qu’un temps excessif au lit et non adapté à la personne accentue la sensa-tion de fatigue et aggrave une insomnie.

L’amélioration des dépistages de la fatigue ou de la somnolence constitue un enjeu fort de santé publique.

Déroulement temporel d'une nuit de som-meil (hypnogramme) en fonction de l’âge

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BOS Sommeil- ORS Poitou-Charentes - Mars 3013

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Sommeil et stress : prendre en charge pour enrayer le cercle vicieux [12]

Le stress agit sur des fonctions physiologiques qui augmentent l’éveil. Ceci conduit à des diffi-cultés d’endormissement associées à des difficultés à maintenir son sommeil. Le stress peut donc causer une insomnie aigüe. Peuvent s’en suivre des ruminations liées à l’inquiétude d’un mauvais sommeil et de ses conséquences négatives sur les performances du lendemain. Le stress peut donc également faire évoluer l’insomnie vers une insomnie chronique, accentuant encore le stress. Les premiers signes d’insomnie qui se prolongent doivent mener à une consultation spécifi-que auprès du médecin traitant pour mettre en place une prise en charge adaptée avant que la déprime, voire la dépression, ne s’installe. Une insomnie réactionnelle à un évènement ne dure que quelques nuits. Au-delà, il faut en parler à son médecin pour éviter l’évolution vers une insom-nie chronique.

II - Sommeil et état de santé

Une durée de sommeil inférieure à 6 heures expose au risque de diabète et à la prise de poids et à l’obésité [9] [10]

Des études ont mis en évidence des liens entre troubles du sommeil et diabète. Les patients dia-bétiques présentent plus souvent des difficultés d’endormissement et de maintien du sommeil. D’autre part, les troubles du sommeil (privation chronique ou pathologie du sommeil) intervien-nent dans le développement du diabète et la prise de poids. Ainsi, le temps de sommeil joue un rôle dans l’apparition ou l’aggravation du diabète. Le syndrome d’apnées du sommeil est égale-ment pointé comme un facteur de risque identifié à lui seul pour l’apparition d’un diabète. Une privation de sommeil peut également entraîner une prise de poids par augmentation de la durée de sécrétion de l’hormone favorisant la faim, la ghréline. Un manque de sommeil conduit à un comportement de « grignotage » et à une prise alimentaire vers des aliments plus sucrés.

Réunir les conditions pour un sommeil de bonne qualité : Recommandations de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV)

- Adopter des horaires de sommeil réguliers. Se coucher et se lever à heures régulières facilite en effet le sommeil. - Se lever tous les jours à la même heure, week-end compris, a un effet synchroniseur du rythme veille-sommeil. - Le réveil doit être dynamique pour bien éveiller son corps : lumière forte, exercices d’étirement, petit déjeuner complet. - La pratique d’un exercice physique régulier dans la journée favorise l’endormissement. Eviter l’exercice physique en soirée, en particulier avant d’aller dormir. - Se reposer ou faire une courte sieste en début d’après-midi. Il suffit de fermer les yeux 5 à 20 minutes en relâchant le corps. Le sommeil viendra rapidement si le besoin est là. La sieste permet de maintenir la vigilance pour le reste de la journée. - Eviter les excitants après 16 heures. Café, thé, cola, vitamine C retardent l’endormissement et augmentent les réveils nocturnes. - Eviter l’alcool et le tabac le soir. La nicotine est un stimulant qui retarde l’endormissement, augmente les réveils nocturnes et rend le sommeil plus léger. L’alcool a une action sédative mais favorise l’instabilité du sommeil avec des éveils nocturnes fréquents.

Ce qui doit amener à consulter son médecin traitant

- Avoir du mal à s’endormir

- Se réveiller trop tôt

- Avoir des sensations désagréables dans les jam-bes qui empêchent de dormir

- Etre fatigué le matin

- Avoir des envies de dormir dans la journée

- Lutter pour rester actif

- Avoir un sommeil agité, un entourage inquiet du ronflement et des arrêts de respiration au cours du sommeil

L’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV) diffuse via son site Internet (www.institut-sommeil-vigilance.org) des tests permettant aux personnes d’évaluer d’éventuels troubles du som-meil afin d’en parler le cas échéant à leur médecin.

Les examens de dépistage des troubles du sommeil

L’agenda du sommeil est un relevé des horaires de sommeil. Il permet de visuali-ser les difficultés rencontrées.

L’actimétrie est un examen du rythme veille-sommeil réalisé grâce à un actimè-tre, appareil de la taille d’une montre qui permet d’avoir une représentation du rythme veille-sommeil et de la qualité de la nuit. Cet examen se fait en ambulatoire et vient en complément de la consultation et de l’agenda du sommeil pour apporter des informations sur la qualité du sommeil et son organisation sur 24 heures.

La polygraphie respiratoire est un exa-men qui permet d’enregistrer tous les paramètres de la respiration au cours du sommeil. Elle est utile pour diagnostiquer ou éliminer un syndrome d’apnées du sommeil. Cet examen est réalisé le plus souvent en ambulatoire.

La polysomnographie est l’examen ap-profondi pour étudier le sommeil. Il se fait le plus souvent au cours d’une nuit passée en centre de sommeil. Une polysomnogra-phie comporte l’enregistrement de l’activi-té électrique du cerveau et de différents paramètres qui permettent soit de diffé-rencier les stades de sommeil soit de re-chercher des anomalies associées au som-meil (troubles respiratoires, mouvements des jambes, agitations, troubles du rythme cardiaque...).

Les tests de vigilance (tests itératifs de latence d’endormissement et tests de maintien d’éveil) servent à évaluer la pro-pension au sommeil, ou au contraire, à lutter contre le sommeil, en conditions monotones. Ils sont réalisés en laboratoire. Sources : Réseau Morphée (http://www.reseau-morphee.fr) consulté le 30 octobre 2012 Exploitation : ORS Poitou-Charentes

Une durée de sommeil courte ou diminuée est associée à des problèmes de santé [7] [8]

Outre son impact sur les accidents, un mauvais sommeil (par privation chronique de sommeil ou à cause d’une pathologie du sommeil) a un impact sur différentes fonctions : reconstitution des stocks énergétiques des cellules musculaires et nerveuses, production d’hormones (dont l’hormo-ne de croissance chez les enfants), régulation de la glycémie, élimination des toxines, stimulation des défenses immunitaires, régulation de l’humeur et de l’activation du stress, mécanismes d’ap-prentissage et de mémorisation ou maintien de la vigilance.

Un mauvais sommeil augmente le risque d’hypertension artérielle [11]

La pression artérielle varie au cours de la journée en fonction des activités pratiquées et s’adapte aux besoins immédiats de l’organisme. Les désordres susceptibles de perturber le sommeil peu-vent avoir une influence sur l’état du système cardiovasculaire. De la dette de sommeil aux patho-logies spécifiques du sommeil, les perturbations peuvent avoir un effet sur le niveau de pression artérielle et parfois favoriser la survenue et l’installation d’une hypertension. Le Comité français de lutte contre l’hypertension artérielle a réalisé une étude portant sur 3 718 personnes âgées de 35 ans et plus. Dans cette étude, l’hypertension est associée aux ronflements, à la somnolence diurne excessive et à l’apnée du sommeil.

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BOS Sommeil- ORS Poitou-Charentes - Mars 2013

III– Epidémiologie des troubles du rythme veille / sommeil dans la région

Le recours à l’hospitalisation

En 2010, 2 100 patients ont été hospitalisés pour un trouble du sommeil

Selon les données du PMSI de court séjour, 2 448 séjours de courte durée dus à des troubles du sommeil ont été enregistrés en Poitou-Charentes, soit un taux de recours standardisé à l’hospitalisation de 139 séjours pour 100 000 habitants. Ce taux de séjour est deux fois plus important chez les hommes que chez les femmes. Il est plus élevé en Charente et en Vienne et moins im-portant en Deux-Sèvres qu’au niveau régional.

Ces séjours concernaient 2 100 patients différents domiciliés dans le Poitou-Charentes dont les deux tiers étaient des hommes. L’âge moyen lors de l’hos-pitalisation est de 58 ans. Le taux d’hospitalisation croit jusqu’à 60-69 ans puis décroit.

Les apnées du sommeil représentaient plus de 8 hospitalisations sur 10

En 2010, 2 050 séjours hospitaliers étaient dus aux apnées du sommeil, ce qui représente 84 % des séjours pour trouble du sommeil. Cette proportion était un peu plus élevée chez les hommes (87 %). Les autres troubles du sommeil ayant occasionné une hospitalisation pour examen étaient par ordre de fré-quence l’hypersomnie (6 %) et l’insomnie (3 %). Parmi les autres troubles sont comptabilisés les troubles du cycle veille-sommeil (1 %), la narcolepsie et cataplexie (0,8 %) et le somnambulisme (0,2 %).

Taux comparatif de recours à l’hospitalisation pour un trouble du sommeil (pour 100 000 hab.) en 2010

Sources : PMSI MCO, INSEE 2009                 Exploitation : ORS Poitou‐Charentes 

Les données de l’activité médicale recueillies dans le cadre du Programme de médicalisation des systè-mes d’information en médecine, chirurgie et obstétrique (PMSI MCO) permettent d’analyser les maladies motivant les recours hospitaliers dans les unités de soins de courte durée de patients domiciliés en Poitou-Charentes L’unité de base est le séjour, un même patient ayant pu effectuer plusieurs séjours.

Répartition des motifs de recours à l’hospitalisation pour un trouble du sommeil en 2010 (en %)

Homme Femme Total

Apnée du sommeil 87,0 77,1 83,8

Hypersomnie 5,1 8,8 6,3

Insomnie 1,8 4,6 2,7

Autres troubles 6,1 9,5 7,2

TOTAL 100,0 100,0 100,0

Sources : PMSI MCO, INSEE 2009               Exploitation : ORS Poitou‐Charentes 

Les actes cotés en médecine du sommeil

En 2011, plus de 11 500 actes cotés en médecine du sommeil ont été en-registrés, avec des variations importantes d’un département à l’autre

En 2011, 11 534 actes médicaux concernant le sommeil ont été enregistrés, soit un taux de recours de 654 actes pour 100 000 habitants. Le quart provient d’hôpitaux et les trois quart des médecins libéraux ou des cliniques privées. Les trois quart de ces actes sont des polygraphies respiratoires et 21 % des polysomnographies. Les autres examens se pratiquent uniquement en milieu hospitalier (polygraphie thérapeutique et évaluation diurne de la vigilance).

Près des deux tiers des actes cotés en médecine du sommeil concernent des hommes avec un taux de recours de 861 actes pour 100 000 habitants. Ce taux de recours croit jusqu’à 60 à 69 ans puis décroit. Il est différent d’un dé-partement à l’autre, allant de 275 actes pour 100 000 habitants en Deux-Sèvres à 920 actes pour 100 000 habitants en Charente.

Taux de recours aux actes cotés en médecine du sommeil selon le sexe et l’âge en 2011 (pour 100 000 hab.)

Le recours aux médicaments

5 % de la population consomment régulièrement des hypnotiques

En 2011, près de 3 % des personnes affiliées aux trois principaux régimes de sécurité sociale ont consommé un hypnotique dans l’année sur prescription médicale pouvant refléter une insomnie transitoire. 5 % de la population régio-nale sont des consommateurs réguliers (au moins 3 délivrances dans l’année), ce qui traduit plutôt une insomnie chronique1. La consommation régulière d’hypnotiques augmente avec l’âge et cette consommation est supérieure chez les femmes quelle que soit la tranche d’âge. Cependant, d’autres classes de médicaments sont également utilisées dans un but hypnotique, pour leurs propriétés sédatives : les anxiolytiques et certains antidépresseurs. Or, selon les mêmes données, respectivement 8,1 % et 7,7 % de la population régionale ont consommé régulièrement (au moins 3 délivrances) des anxiolytiques et des antidépresseurs sur l’année 2011. 1 Cet indicateur de 3 délivrances ou plus dans l’année est également le reflet d’une prise en charge inadaptée de l’insomnie chronique car il est déconseillé d’avoir recours aux hypnoti-ques et anxiolytiques après la phase aigüe.

Taux de consommants réguliers d’hypnotiques (au moins 3 délivrances dans l’année) en 2011 (en %)

Charente Charente‐Maritime

Nord‐Ouest

Charente‐MaritimeSud‐Est

Deux‐Sèvres Vienne Poitou‐Charentes

226

202 201

111

246

196

9681

104

54

114

88

Homme Femme*

*

*

*

*

* : différence significative avec la valeur Poitou‐Charentes 

Sources : ARS (COSA), MSA, RSI, INSEE 2009     Exploitation : ORS Poitou‐Charentes 

0

200

400

600

800

1000

1200

1400

1600

1800

2000

moins de 15

15 ‐ 19 20 ‐ 24 25 ‐ 29 30‐39 40‐49 50‐59 60‐69 70‐79 80‐89 90 et +

Hommes Femmes

Sources : PMSI MCO, SNIIR‐AM, INSEE 2009      Exploitation : ORS Poitou‐Charentes 

Ans

5

BOS Sommeil - ORS Poitou-Charentes - Mars 3013

5

78 % des jeunes de 15 ans de Poitou-Charentes scolarisés déclarent avoir au moins un trouble du sommeil En 2012, 85 % des filles et 70 % des garçons de 15 ans déclarent avoir au moins un trouble du sommeil. Environ 45 % déclarent se réveiller trop tôt sans pouvoir se rendormir, 42 % éprouvent des difficultés à s’endormir,

41 % se réveillent avec des difficultés pour se rendormir et 39 % considè-rent que leur sommeil n’est pas récupérateur. Un cinquième de l’échantil-

lon n’est pas satisfait de son sommeil et 12 % font des cauchemars assez/très souvent. Ces troubles sont plus souvent exprimés par les filles que par les garçons (excepté pour le sommeil non récupérateur).

Insatisfait de son sommeil

Difficultés d'endormissement

Réveil nocturne Réveil précoce  Sommeil non récupérateur

Somnolence diurne

20,4 17,2

41,137,2

16,8

7,9

21,8

31,2

54,1

42,9

22,6

6,3

Homme (n=505) Femme (n=727)

Déclaration des troubles du sommeil selon le sexe en 2010 (en %)

Source : Baromètre santé Poitou‐Charentes 2010 ‐ INPES, ORS Poitou‐Charentes 

Les attitudes et les comportements déclarés vis-à-vis du sommeil

Près des deux tiers des 15-85 ans déclarent un trouble du sommeil En 2010, selon le Baromètre Santé en Poitou-Charentes, 65 % des per-sonnes interrogées de 15 à 85 ans déclarent avoir au moins un trouble

du sommeil : plus chez les femmes (70 %) que chez les hommes (59 %). Près de la moitié déclarent se réveiller pendant la nuit avec des diffi-

cultés pour se rendormir, 40 % se réveillent trop tôt sans pouvoir se ren-dormir, près d’un quart éprouvent des difficultés à s’endormir et 20 % considèrent que leur sommeil n’est pas récupérateur. Ces troubles sont

plus souvent exprimés par les femmes, excepté pour la somnolence : 8 % des hommes déclarent être régulièrement ou souvent somnolents

pendant la journée contre 6 % pour les femmes.

Un cinquième des 15-85 ans de Poitou-Charentes déclarent consommer des produits pour dormir Plus d’un quart des femmes et 12 % des hommes déclarent avoir recours à un produit, médicamenteux ou non, pour dormir. Dans plus de la moi-

tié des cas, le produit utilisé est un hypnotique ou un anxiolytique, parti-culièrement chez les hommes (65 %). La moitié de ce type de médica-ment est un benzodiazépine, c’est-à-dire un médicament psychotrope

avec possibilité d’accoutumance et d’addiction à long terme. L’homéo-pathie et la phytothérapie représentent plus d’un quart des produits

utilisés, principalement chez les femmes (33 %) [13]. La phytothérapie est recommandée en première intention par les médecins généralistes.

Le Baromètre Santé Poitou-Charentes 2010 est une enquête téléphonique mise en place par l’Institut national de prévention et d’éducation à la santé (INPES) afin d’appréhender les connaissances, les attitudes et les comportements à l’égard de la santé. En 2010, 1 736 individus âgés de 15 à 85 ans et représentatifs des habitants de la région ont répondu à l’enquête. Répétée dans le temps, cette enquête permet de mettre en avant des spécificités régio-nales et les évolutions au cours des 10 dernières années [14].

Enquête « Enquête adolescents 15 ans 2012 Rectorat de Poitiers et Association Relais 17 » [15] Cette enquête a été initiée et mise en place en 2012 par le Rectorat de Poitiers et l’association Relais 17, avec le concours financier de l’ARS Poitou-Charentes. Au total, 923 adolescents de 15 ans scolarisés dans 99 établissements de l’Académie de Poitiers ont répondu à un auto questionnaire abordant un ensemble de thématiques dont le sommeil. En partie basé sur le questionnaire HBSC, l’outil de recueil a été construit par l’association Relais 17 avec le concours du département de médecine générale de l’Université de Poitiers, l’Institut universitaire de santé publique, le Rectorat de Poitiers et l’Observatoire régional de la santé Poitou-Charentes.

Insatisfait de son sommeil

Difficultés d'endormissement

Réveil nocturne Réveil précoce  Sommeil non récupérateur

Faire des cauchemars depuis 1 

an (Assez/très souvent)

16,9

30,428,9

40,045,3

4,2

24,7

53,5 53,650,3

33,0

20,4

Garçon (n=454) Fille (n=466)

Déclaration des troubles du sommeil à 15 ans selon le sexe en 2012 (en %)

Source : Enquête Adolescents 15 ans 2012 Rectorat de Poitiers et Association Relais 17  Exploitation : ORS Poitou‐Charentes 

Les horaires atypiques ont des conséquences sur le sommeil et la santé Selon les données du Baromètre Santé 2010 en Poitou-Charentes, près de 14 % des actifs interrogés déclaraient travailler de nuit* (20 % des hommes et 7 % des femmes) et 31 % être concernés par le travail posté ou avec des horaires alternants. Ces horaires atypiques sont pratiqués plus particulièrement chez les agriculteurs exploitants (43 % en horaires de nuit et 28 % en horaires décalés) et les ouvriers (respectivement 18 % et 39 %). Si 6 actifs sur 10 jugeaient leur travail fatigant physiquement, un quart déclaraient que celui-ci les empêchait de dormir. Cette proportion augmentait avec l’âge et était plus marquée chez les agriculteurs (38 %) et les cadres (36 %) [14].

Depuis les années 1980, la proportion de salariés travaillant la nuit est restée stable puis a légèrement augmenté à partir des années 1990 (13 % en 1991, 14 % en 2002 et 15 % en 2005). Le travail en équipe alternante continue également de progresser régulièrement [16].

Les troubles de santé associés à court ou à long terme au travail de nuit sont nombreux : troubles du sommeil et digestifs en premier lieu mais aussi troubles gynécologiques, cardiovasculaires, psycho-logiques… Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé le travail de nuit comme cancérogène probable, sur la base d’études menées sur les infirmières et les hôtesses de l’air et qui montrent une augmentation du risque du cancer du sein chez les femmes travaillant la nuit [17].

* Dans les enquêtes INSEE et Baromètre santé, il est considéré qu’une personne travaille la nuit quand elle déclare que sa période de travail se situe, même partiellement, dans la tranche de minuit à 5 h du

matin, alors que selon le code du travail, il recouvre une plage horaire plus large (21 h-6 h du matin).

Type de produits utilisés pour aider à dormir selon le sexe en 2010 (en %)

Source : Baromètre santé Poitou‐Charentes 2010‐ INPES, ORS Poitou‐Charentes 

Hypnotiques et anxiolotiques

Homéopathie et phytothérapie

Traitement non médicamenteux

NSP/ne connait pas le produit

Autres

65

17,2

0

8,2 9,6

48,9

33,4

2,36,7 8,7

Homme (n=70) Femme (n=207)

6

BOS Sommeil- ORS Poitou-Charentes - Mars 2013

6

Un parcours de soins qui se structure

En Poitou-Charentes comme dans les autres régions, l’accès aux soins du patient porteur de troubles du sommeil est complexe. Il n’y a pas de spécia-liste du sommeil mais des spécialistes qui s’intéressent aux troubles du som-meil. Une étude publiée en 2005 par le syndicat de la médecine du sommeil et de la vigilance [18] a montré que de nombreuses spécialités médicales sont concernées, parmi lesquelles les principales sont la pneumologie, la neurologie, la psychiatrie, la médecine générale et la physiologie. La com-plexité de l’offre de soins dans ce domaine rend difficilement lisible les re-cours pour le patient. De plus, les troubles du sommeil sont rarement le prin-cipal motif de consultation chez le médecin généraliste. Le patient passe parfois plusieurs mois, voire plusieurs années, à la recherche d’une prise en charge adaptée de ses problèmes de sommeil, bien que la structuration de l’offre de soins évolue de manière positive dans notre région.

IV - Prise en charge : les ressources régionales

Le réseau Veille Sommeil en Poitou-Charentes (RE.VE.S en PO-CH)

RE.VE.S en PO-CH est une association régionale de professionnels de la santé autour des questions de sommeil créée en 2007. Les acteurs principaux sont les médecins du sommeil de la région (ceux exerçant dans les centres du sommeil et les médecins libéraux formés au sommeil). Cette association a pour but de former les médecins régionaux au sommeil et d’assurer des actions de prévention et d’éducation auprès du grand public, dans les établissements scolaires et dans les entreprises. Un partenariat avec l’Espace Mendès France de Poitiers a été mis en place pour organiser une ou deux conférences par an. http://revesenpoch.fr/main/

Quatre centres du sommeil dans la région Les centres du sommeil peuvent être pluridisciplinaires (prise en charge de l’ensemble des pathologies du sommeil), respiratoires (centrés sur les trou-bles respiratoires au cours du sommeil) ou pédiatriques (centrés sur les pa-thologies du sommeil de l’enfant). Ils ne bénéficient pas d’une définition partagée, ni d’une reconnaissance administrative mais peuvent être agréés par la Société française de recherche et de médecine du sommeil (SFRMS).

En Poitou-Charentes, il existe quatre centres du sommeil (les centres hospita-liers de Niort, La Rochelle, le CHU et la Polyclinique de Poitiers), parmi les-quels deux sont agréés (le Centre hospitalier de Niort et le CHU). Les délais d’attente varient de 15 jours et 3 mois, que ce soit pour une consultation, une exploration au centre ou un examen externe (pour le CHU de Poitiers et le CH de Niort).

Le CHU est également centre de compétences des hypersomnies rares.

Les pneumologues libéraux sont les praticiens qui réalisent le plus d’actes en médecine du sommeil dans la région

Le secteur libéral (y compris les cliniques) réalise la plupart des actes en médecine du sommeil, avec une répartition inégale en fonction des départements. Les pneumologues sont les principaux acteurs. En effet, la part des actes réalisés par ces derniers varie de 51 % dans les Deux-Sèvres à 75 % en Charente. Les autres spéciali-tés concernées par la réalisation d’examens du sommeil sont les oto–rhino-laryngologues (ORL) et les cardiologues. La part des actes réalisés par ces praticiens est également différente d’un dé-partement à l’autre.

Médecins réalisant des actes en médecine du sommeil en Poitou-Charentes en 2011

Un important sous diagnostic de l’insomnie en médecine générale

Une thèse [19] réalisée dans la région tend à montrer que l’insomnie est sous diagnosti-quée en médecine générale. Dans cette étude menée auprès de 22 médecins généralistes et incluant 292 patients, le médecin sous-évaluait les symptômes d’insomnie dans 64 % des cas et l’insomnie dans 85 % des cas. L’importance de ce sous diagnostic est en partie liée à un défaut de dépistage. Les auteurs plaident pour un dépistage systématique de l’insomnie par le médecin traitant.

Source : Centres du sommeil Réalisation : ORS Poitou-Charentes * 2012 pour la Polyclinique

Offre et activités des centres du sommeil en Poitou-Charentes en 2011*

CHU

Poitiers CH

la Rochelle CH

Niort Polyclinique

Poitiers Equipement Nb de lits 6 3 2 2

Pneumologues 2 4 0 1

Somnologues 2 2 1 1

Neuropédiatres 1 0 0 0

Techniciens (ETP) 4 3 1.5 0.5

Actes réalisés dans l’année (voir page 3 pour les définitions) PSG 950 467 143 98

PV 500 23 500 867

TILE / TME 330 75 49 0

Vidéo-EEG 200 41 5 0

Actimétrie oui non oui oui

Parcours de soins d’un patient avec une plainte liée au sommeil en Poitou-Charentes en 2012

Source : Communication Pr Paquereau, CHU de Poitiers    Réalisation : ORS Poitou‐Charentes 

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Charente 

Charente‐Maritime 

Deux‐Sèvres 

Vienne 

Région 

24

25

33

38

28

75

61

51

52

62

1

14

9

3

7

0

8

7

2

Secteur hospitalier Pneumologues libéraux ORL libéraux Cardiologues libéraux

Sources : PMSI MCO, SNIIR‐AM, INSEE 2009 Exploitation : ORS Poitou‐Charentes

te Psychiatre

Médecin généraliste

Centre de sommeil Médecin du sommeil

ORLPneumologue

Plainte liée au sommeil

Prise en charge adaptée

Conseils et traitement

Traitement

Conseils et traitement

Centre de sommeil

7

6

BOS Asthme- ORS Poitou-Charentes - Mai 2012

7

BOS Sommeil- ORS Poitou-Charentes - Mars 2013

Sommeil et travail

Les troubles du sommeil ont des conséquences sur la vigilance diurne : ils diminuent les capacités cognitives (concentration, mémorisation, com-préhension, etc.) et la productivité, perturbent le comportement social (difficultés relationnelles, troubles de l’humeur, conflits, etc.), et augmentent

le risque d’erreurs, d’accidents du travail et d’absentéisme. Les risques d’accidents de trajets sont élevés, notamment pour les professions du sec-teur du transport. Les travailleurs à horaires atypiques (travail de nuit, travail posté, horaires changeants et décalages horaires) sont particulière-

ment exposés à une dette chronique de sommeil et à l’insomnie. Ces travailleurs sont soumis à une surveillance médicale renforcée tous les six mois afin de vérifier la bonne adaptation du rythme du sommeil. Le sommeil peut perturber le travail et inversement [3] [22].

Sommeil et facteurs environnementaux

Le sommeil est un état relativement fragile qui peut être perturbé ou interrompu par des facteurs de l’environnement, parmi lesquels le bruit ou encore la température ambiante. En

effet, le sommeil est un état au cours duquel les éléments du monde extérieur continuent à être perçus par les organes et les systèmes sensoriels du dormeur et celui-ci, afin d’assurer sa

survie, reste susceptible de réagir aux stimulations externes [3].

V . Qualité de vie

VI . Orientations stratégiques et politiques Le sommeil : une « nouvelle » priorité de santé publique ?

La prise en compte du sommeil comme une priorité de santé publique est relativement récente. Suite à un rapport remis en 2006 au Ministère de la

santé et des solidarités [4], un programme d’actions a été élaboré pour la période 2007-2010 [23]. Les principaux objectifs de ce plan étaient de développer les connaissances sur les troubles du sommeil et leurs causes, de développer le respect du sommeil au sein de la population, de favori-ser la connaissance des troubles de sommeil et de leur prise en charge par les professionnels de la santé et de l’éducation, et de réaliser des actions

d’information, de communication et d’éducation à la santé auprès des enfants, des conducteurs et des personnes âgées (voir encadré pour les prin-cipales mesures). Dans le cadre de ce plan, des campagnes d’information ont été réalisées notamment par l’Institut national de prévention et d’édu-

cation pour la santé (INPES). Des études réalisées par l’Institut de veille sanitaire (InVS) ont également permis d’objectiver des données sur le sommeil des français [2]. Ces initiatives apparaissent encore balbutiantes pour les professionnels qui s’intéressent à

cette question. Un second programme d’actions devait concerner la période 2011-2012 mais n’a toujours pas vu le jour. Hippocrate, qui faisait déjà état du sommeil dans

ses préceptes de médecine préventive, doit trouver le temps long…

Vers une plus grande prise en compte régionale ?

Au niveau régional, le sommeil n’est pas encore directement mentionné comme un

thème de santé publique dans les différents plans et programmes régionaux de l’Agen-ce régionale de la santé, que ce soit dans le Plan stratégique régional de santé [24] ou

le Schéma régional de prévention [25]. La médecine du sommeil n’est pas prise en compte comme une entité à part entière dans le Schéma régional d’organisation des soins hospitaliers. Cependant, le financement de ce document par l’Agence régionale

de santé tend à montrer un intérêt tout particulier que les autorités sanitaires portent à ce « nouveau » thème de santé publique et à ses enjeux.

Les principales mesures du programme d’actions 2007-2010 [21]

1) Prévention, information et éducation à la santé - Réaliser des études épidémiologiques - Favoriser la connaissance de la population sur le sommeil - Favoriser la connaissance des professionnels de santé - Réaliser des actions de prévention et d’éducation vers les publics prioritaires - Mener des études sur les bruits ferroviaires et des aéroports - Améliorer l’insonorisation des logements - Réhabiliter l’acoustique des salles de repos des lieux d’accueil des enfants

2) Dépistage et prise en charge - Améliorer l’organisation des soins - Améliorer la formation des professionnels de santé - Améliorer le dépistage et le diagnostic précoce du syndrome d’apnées obstruc-tives du sommeil - Améliorer l’accès au diagnostic

3) Recherche - Renforcer la recherche au niveau national et international

Amélioration de la qualité de la vie par la pratique régulière d’activité physique

Source : INSV [3] Illustration ORS Poitou‐Charentes 

Les écrans : ennemis de notre sommeil ? [3]

Le facteur de notre environnement contribuant le plus à dérégler notre cycle naturel de sommeil serait la lumière bleue émise par les écrans d’ordinateur ou de télévision. Cette lumière agirait comme un stimulant sur les cellules photosensibles de nos yeux. Ces récepteurs enverraient un message erroné au cerveau lui disant que c’est encore le jour. Donc le cerveau ne produirait pas ou moins de mélatonine.

Source : INSV [21] Illustration ORS Poitou‐Charentes  

Sommeil et activités physiques

De nombreuses études ont montré qu’il est possible d’améliorer la qualité et la quantité du sommeil par

la pratique régulière d’une ou plusieurs activités. En parallèle, l’activité physique permet d’avoir une rythmicité biologique circadienne mieux organisée, augmentant les performances pendant la journée

et d’éviter de nombreux incidents ou accidents du travail et de la vie quotidienne [3] [20].

Sommeil et scolarité

Chez l'enfant, les troubles du sommeil perturbent aussi la scolarité, par-

fois de façon très conséquente : les performances diminuent, l'attention est moins bonne et le risque d'accidents augmente rapidement. Pour un

bon sommeil, un enfant doit être rassuré et le coucher doit s'entourer d'un rituel. Mais la régularité des horaires et le temps de sommeil jouent également un rôle essentiel [3] [21]. Une prise en charge spécifique peut

avoir lieu en milieu scolaire pour l’enfant souffrant de troubles du som-meil à travers le projet d’accueil individualisé (PAI) ou le projet personna-

lisé de scolarisation (PPS) [20].

Recommandation des heures de sommeil par 24 heures en fonction de l’âge (sieste incluse)

Maternelle (3-5 ans) : de 11 à 13 h Primaire (6-12 ans) : de 9 à 11 h Collège et lycée (à partir de 12 ans) : de 8h30 à 9h30

8

8

Références bibliographiques

1. LEGER D., ALLAERT F.A., MASSUEL M.A. La perception de l’insomnie en médecine générale. Enquête auprès de 6043 médecins généralistes. Presse Med 2005 ; 34 : 1358-62 2. GOURIER-FRERY C., FURHMAN C. Les troubles du sommeil - Synthèse des études menées à l’Institut de veille sanitaire. Saint-Maurice : Institut de veille sanitaire. 2012. 3 p. 3. Institut national du sommeil et de la vigilance. Sommeil : un enjeu de santé publique. 2005. 151 p. 4. Ministère de la santé et des solidarités. Rapport sur le thème du sommeil. Décembre 2006. 117 p. 5. BERUBE L. Terminologie de neuropsychologie et de neurologie du comportement. Les éditions de la Chenelière. 1991. 176 p. 6. ASFA. Somnolence au volant, une étude pour mieux comprendre. Juin 2010. 18 p. 7. PATER S.R., AYAS N.T., MALHOTRA et al. A prospective study of sleep duration and mortality risk in woman. Sleep 2004 ; 27 : 440-4 8. FERRIES J.E., SHIPLEY M.J., CAPPUCIO F.P., et al. A prospective study of change in sleep duration : association with mortality in the Whitehall II cohort. Sleep 2007 ; 30 : 1659-66 9. Institut national du sommeil et de la vigilance. Les carnets du sommeil n°9. Sommeil et nutrition. 2012. 16 p. 10. Institut national du sommeil et de la vigilance. Les carnets du sommeil n°8. Sommeil et diabète. 2011. 16 p. 11. Comité français de lutte contre l’hypertension artérielle. Hypertendus, dormez-vous bien? Pression artérielle et troubles du sommeil. 2010. 8 p. 12. Institut national du sommeil et de la vigilance. Les carnets du sommeil n°3. Sommeil et stress. 2009. 16 p. 13. DEBARRE J., ROBIN S. Baromètre santé Poitou-Charentes 2010. Qualité de vie, sommeil et nutrition. ORS Poitou-Charentes. Juin 2012. 6 p. 14. ORS Poitou-Charentes. Baromètre santé Poitou-Charentes 2010. Juin 2012. 42 p. 15. ROBIN S. Santé et bien - être des jeunes de 15 ans en Poitou-Charentes. ORS Poitou-Charentes. A paraître. 16. BUE J. et al. L’évolution des conditions de travail. In L’emploi, nouveaux enjeux. Insee. Novembre 2008. p 61-70 17. DARES. Le travail de nuit des salariés en 2009. Février 2011. 9 p 18. ROYANT-PAROLA S., ESCOURROU P. L’accès aux soins et la prise en charge des troubles du sommeil in Sommeil : un enjeu de santé publique. Institut du sommeil et de la vigilance. 2005. p. 104-105 19. BOURREAU N. L’insomnie est-elle sous diagnostiquée en médecine générale ? Thèse pour le diplôme d’Etat de Docteur en médecine. Faculté de médecine et de pharmacie de Poitiers 2010. 138 p. 20. SFRMS. Sommeil et vigilance n°15. Activités physiques, sommeil et qualité de vie. Novembre 2006. p 8-10. 21. Institut national du sommeil et de la vigilance. Les carnets du sommeil n°7 .Sommeil et scolarité. 2012. 16 p. 22. Institut national du sommeil et de la vigilance. Les carnets du sommeil n°6. Sommeil et travail. 2012. 16 p. 23. Direction générale de la santé, sous-direction de la promotion de la santé et de la prévention des maladies chroniques. Livre des plans de santé publique. Santé générale des populations- Program-

me d’actions sur le sommeil 2007-2010. p. 18-19 24. ARS Poitou-Charentes. Projet régional de santé Poitou-Charentes. Décembre 2011. Révisé en décembre 2012. 330 p. 25. ARS Poitou-Charentes. Schéma régional de prévention. Décembre 2011. 218 p.

BOS Sommeil- ORS Poitou-Charentes - Mars 2013

Ce travail a été financé par l’Agence régionale de santé Poitou-Charentes dans le cadre de la convention d’objectifs et de moyens ARS / ORS (COM 2012-2013).

Plaquette téléchargeable sur les sites ORS et ESPRIT : www.ors-poitou-charentes.org www.esprit-poitou-charentes.com

Les associations de patients

AFE (Association française du syndrome des jambes sans repos) ANC (Association de narcolepsie cataplexie) FFAAIR (Fédération française des associations d’insuffisants respiratoires) FNAFF (Fédération nationale des associations françaises de fibromyalgie) HyperSupers TDAH Sommeil & Santé UPPC (association des membres utilisateurs de pression positive continue)

Les sociétés savantes et les professionnels du sommeil

SFRMS (Société française de recherche et médecine du sommeil) Groupe sommeil de la SPLF (Société de Pneumologie de Langue Française) Réseau Morphée Association RE.VE.S en PO-CH PROSOM SFTS (Société française des techniciens du sommeil) SMSV (Syndicat des médecins du sommeil et de la vigilance)

L’institut national du sommeil et de la vigilance (INSV) L’institut national du sommeil et de la vigilance est une association fondée en 2000 sous l’impulsion de la Société française de recherche et médecine du sommeil (SFRMS) qui vise à promouvoir le sommeil et ses pathologies com-me une composante de santé publique. L’INSV s’investit pour que la place du sommeil soit reconnue à juste titre de façon individuelle et collective. Pour cela, ses actions sont de plusieurs ordres : édition d’ouvrages et de carnets d’in-formations, diffusion d’outils de dépistage des troubles du sommeil, d’outils et de recommandations pour mieux dormir, sondages sur le sommeil, actions d’informations auprès des médecins généralistes... L’institut organise chaque année depuis 2001 la Journée du sommeil. Regroupement fédératif, l’INSV réunit l’ensemble des acteurs du sommeil : sociétés savantes, associations de professionnels et associations de patients.

VII - Les ressources nationales

Sommeil et prévention en région Poitou-Charentes

En 2011, cinq structures mettant en œuvre des projets de prévention / promotion de la santé financés par le service Promotion de la santé de l’Agence régionale de santé (ARS Poitou-Charentes) ont mentionné avoir abordé le thème du sommeil lors de leurs interventions1. Quatre de ces actions avaient pour public cible des adolescents et étaient réalisées au sein d’établissements scolaires (collèges et lycées) à Niort (pour deux actions) et en sud Vienne. Une était mise en place par la Mutualité sociale agricole et s’adressait à un public plus âgé (moyenne d’âge de 67 ans) dans les départements de Charente et Charente-Maritime. La dernière action ayant fait l’objet d’un financement par l’ARS en 2011 était mise en place au sein d’une école maternelle à Cognac. Pour l’ensemble de ces actions, le sommeil est un des éléments abordés lors des différentes interventions, au même titre que l’alimentation, l’activité physique, l’hygiène, etc. Ce recueil n’est pas exhaustif car des actions sur le thème du sommeil sont mises en place par différentes structures (par exemple des établissements scolaires) sans faire l’objet d’un financement par l’ARS. D’autre part, les centres de Protection maternelle et infantile abordent le sommeil chez l’enfant lors des formations obligatoires des assistants maternels et des consultations individuelles. Les infirmiè-res scolaires de la Vienne organisent des actions de prévention depuis quelques années en collaboration avec le réseau Veille sommeil en Poitou-Charentes (RE.VE.S En PO-CH, voir encadré p. 6) et certains établissements scolaires organisent des sensibilisations sur ce thème. 1 Source : OSCARS© Poitou-Charentes (http://www.oscarsante.org/) (note : les éléments ci-dessus ne sont pas encore rendus visibles sur le site).