Martel-Thoumian (B.)_A Propos de Quelques Andalous Figurant Dans Le Durar Al-kāmina d'Ibn Ḥaǧar Al-‘Asqalānī

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  • A propos de quelques andalous figurant dans le Durar aI-kimnadJbn Ha~ar al- Asqaldni

    (Etude sur les mthodes de travaildun auteur di, vnrxiv sikcle)

    BERNADErIE MARTEL-THOUMIAN

    Lors de nos recherches nous avons travaill plusieurs reprises Sur ledictionnaire biographique dIbn Hagar al-Asqalni, te Durar al-kmina fr aynal-mo al-tmina. Cci ouvrage regroupe les notices concemant les notabilits dumonde islamique du viirixivt sicte. En dpouillant le Durar, nous avons tamene faire la consatation suivante: parm les nombreux personnages que cesavant avait compils figuraient des individus originaires du Maghreb (Maroc,Algrie, Tunisie) et dEspagne (Andalus). LAndalus, qui est pounan une rgionfort loigne de lOrienr, a toujours exerc un puissan aurait sur les auteurs2. Pasun historien de la priode mamlouke na con~u une oeuvre biographique on unechronique sans faire rfrence ceile contre ou ses habitants. Ces demiers figurentdans les dictionnaires biographiques, teis le Trft al-kabrral-muqaffaJrtaragim ahMisr wa 1-waridn alayhdal-Maqrzr, leManhal al-sjtwa l-mustawffbadal-wafdIbn Ta~rt-Bird ou le Daw al-lmiJtayn al-qarn al-tasi de Sabwi. Quan Ihistorien Abd al-Bsi, jI a inclus le rcit du voyage quil effectua dans leroyaume nasride en 870/1465 dans sa chronique al-Rawdal-hsimfrhawadir al- umrwa l-taragim4.

    Que recouvre exactement le terme al-Andatus historiquemen elgographiquement. AI-Andalus ou Gazrat al-Audalus est le terme gographique par

    Seto,, C. Petry. les Maghrbins et les Andainus nc reprsentens que 3 4% des personnages dcritsdaus le A4anhal a/-sa/twa /-musa~.jtbad al-waffdlbn Tag-Bird elle Daw al-/dan It ayn al-qarna/-tasi de S*awi, cf. The civi/jan el/te of Cairo fi, tite caer enidd/e ages, Princeton 1981, PP. ~4-77.

    R. Ari, AI-Andalus vu par quelques Iettrs orientaux au Moyen-Age, .4 nda/ucla Islmica, 3,l981-l982, PP. 71-84. En ce qui concerne les autres rgions, nous avons recens un personnage originairede Castille (a/-Qafa/O. cf. Ibn Haftar, Durar, III. p. 330, ~C 886.

    Dans le Manita! al-s4ff lhn Ta,-i-Birdi a rdig les biographies de (rente Andalous.4 G. Levi della Vida, Un egiziano a Granata nel secolo XV in Aneddoh e svagiti arab e non arab,

    Milan 1959, Pp. 87-los. Texte publi sous le titre :11 regno di Granata nel 1465-1466 nel ricordi di unviaggialore egiziano. in a/-Anda/as, 1, 1933, PP. 307-334. II sagis de la traduction dun extrair de lacbronique de Abd al-Bsis.

    Anaquel de Estudios rabes, IV (1993)

  • 100 Bernadetre Martel-Thounnan

    lequel on a dsign dans le monde de llslam jusqu la fin du Moyen-Age lapninsule ibrique cest--dire lEspagne et le Portugal actuels. Lemploi du termeal-Andalus par les crivains arabes apparaitra toujours exclusivement limit AlEspagne musulmane, quelque soit son extension territoriale, de plus en plus rduiteau fur et mesure des progrs de la Reconquete chrtienne, si bien que loisquil nerestera plus au pouvoir de lIslam dans la pninsule que la petite principaut nasridede Grenade, le tenne al-Andalus servira A dsigner le seul trritoire de ce royaumeexiguss5. lbn Hagar sest intress A des personnages originaires dc diverses villesespagnoles, dont certaines taient au VIV/XIVc sicle passes aux mains desouverains catholiques (cest notamment le cas de Sville, Cordoue, Murcie...). Ense rapportant aux nisba-s que nous avons pu relever, nous pouvons dire quelAndalus gographique auquel fait rfrence lauteur correspondrait la partiesud-est de la pninsule ibrique, cest--dirc la rgion dlimite par une ligne quipartirait de Sville en passant par Cordoue pour arriver sur la cOte mditerranenncA la hauteur de Valence. En ce qui concerne lAndalus historique, ji sagit de laprincipaut nasride gouverne parles Banl-Ahmar, ce qui est logique lorsquon saitque la principale source dlbn Ua~ar est lbn al-UatTb qui vivait A Grenade.

    Nous avons dnombr 254 individus portant soit la nisba al-andalus soitcelle relative une ville espagnole (al-garnt, al-L~bi7, al-mlaqiL.). Mme si cechiffre est peu important (5% des biographies du Durar)6, il nen demeure pasmoins que notre auteur a port une certaine attention A cette rgion du mondeislamique mdival. Par ailleurs, II a consacr un ouvrage entier aux savantsandalous, le Usan al-mizan. 11 nous a done sembl intressant, dans un premiertemps, de recenser tous les Andalous faisant lobjet done notice et dtudier cesdernires. Dans une deuxime approche. nous avons not les sources utilises parlauteur. La plus importante est la chronique de LisAn ad-din b. al-Uatib. al-IhdtaJTtrtb arnta8. Ibn Hagar, qui a beaucoup voyag en Orient, ne sest jamais rendo

    E. L&i-Proven9al, al-Andalus, El? 2, p. 502.6 En ce qui concerne louvrage dal-Magriz, le Muqah, 1. Fierro el M. Lucini ont dnomnbr 279

    biographies, ~f. Biografias de Andaluses en al-Muqaij de al-Maqriz (mart cn 845/1442), EstudiosOnomasti.o-biografios de al-Andaluz, III, Grenade 1990, PP. 215-255.

    Des Andabas sont signals dans les biograpbies de ceraains personnages car Is ant t leuramaures: ainsi peut-on lire dans la notice dAhinad b. Zahyr al-din Aba Bakr Zahirl al-Mabzflmial-Makki: samia ma al-Wdt al (it a suivi les enseignements dAI-Widi Al>. cf Durar. 1. p. 143.a 405.

    lisn al-din Muhammad b. al-lzlatib (713/1313-77611375) fut vizir sous es souverains nasrides.Cest aussi un historien andalon clbre, Iba Hagar lui consacre une biographie dtaille dans le Durar.III. PP. 469-474, it 1261. Cf. J. Bosch-Vila, lbn al-Khasih, E,I,2, III. PP. 859-860 et R. AriLisnal-Din b. al-Uatib: quelques aspecis dc son oeuvrc, Arel del terzo rongresNo di siud arab e islamic,Naples 1967, PP. 69-81. AI-Ihdiajttr4 arnata est une grande rnonographie consacre Ihistoire duroyaome de Grenade el di~ise en deus parties conlenant la description de la sille et les biographies dcpersonnages clbres.

  • Andalous duns le Durar al-kmina 101

    en Andalus9; en consquence, il na pas pu avoir des contacts avec les personnagessur lesqucs II a rdig des notices. Nous avons recherch quels individus pouvaientavoir la fois une biographie dans le Durar et dans lIh&ta afin de pouvoir comparerles crits de ces deux historiens (ces deux sources ont fait lobjet dune dition)

  • 102 Bernadette Martel-Thoumjan

    ne recouvre pas le mme territoire gographique au dbot et la fin du VIIC/XIVesicle. On retrouve la mme ambigult propos dun homme qui fut waztr bi1-Andalus (vizir en Andalousie)6, ou pour cet autre dont on noos dit: wulida bi-Andalus (II naquit en Andalousie), ou encore en parlant dun sfl2 mm sfiyyatal-Andalus (parmi les soufis dAndalousie)15. On comprend mieux lemploi de ceterme dano les expressions suivantes: al-Andalus: al-TUnist9, al-Andalusial-DimaS

  • Andalous dans le Durar al-kmina 103

    Syrie, Egypte), on lit alors al-Qurtub, al~Tnisi27, al-Qurtub, al-Markus~i2s, al-Runl, al-Tangro. al-Mlaqr, al-Karak, al~Dima=qi30;

    - ou le contraire, beaucoup moins frquent, pays tranger (Iraq, Ifr-qiyya, al-Magrib al-Aqi)-Andalus, on trouve alors des nisba-s comme celle-ci: al-Irqfl al-Wdi As31.Dautres personnes son venues dans une ville de lAndalus et y ont r-sid ainsi que le montrent les expressions suivantes: al-Mdlaq~ nazi! Garnta3~ou istawana Mlaqa (II sest install Malaga)33, sans que cela ait affect leurnisba dorigine. II est dailleurs assez curieux de lire que Muhammad b. Ah al-Garmti tait connu sous le nom dal-Smi, sans doute cause dun voyage enSyrie, alors quil a pass une grande partie de son existence dans les Lieux Saintset quil est mort Mdicine3~.

    II aurait t intressant de peuvoir faire un parallle entre les nisba-ssuceessives dun mme personnage et lavance de la Reconqute, mais cela noussemble bien hasardeux quand on sait que la nisba dun individu est souvent celle deson pre et de son grand-pre.

    Nous avons voulu savoir si Ibn Hagar, dans ses choix, avait privilgi lescentenaires, ainsi que lavait fait auparavant Dahabiqui a consacrde longues noticesaux savants qui moumrent trs ags dans le Kirb duwal al-islam35. Nous avonsrecens 146 personnages morts avant 750/1349 et 81 personnages mons aprs celledate3

  • 104 Bernadelte Martel-Thoumian

    dcime Almria en 749/1348, font des coupes sombres dans la population bien queseuls six hommes soient signals morts de la peste en 750/l349~~.

    La grande majorit de ces personnages soal des lettrs, ils ont suivi uncursus dtudes complet: tude du Coran, mais aussi droit (fqh), hacia, langue arabe,ainsi que mdecine et mathniatiques pour certaias. Parmi eux. 22 ont suivi les coursdu clbre savant andaloo lbn al-Zubayr et quelques uns ont obtenu une i~dza. Aquelques exceptions prs, ces Andalous sont aussi des crivains, nous connassonsleur posie40 et leur prose; les biographies rdiges par Ibn al-Uattb noas en livrentde larges extraits. Certains se sont consacrs plus particuliresneat aox sciencesexactes tel ce gomtre et astronome qui crivit des ouvrages de mathmatiques4. Paris 1973, chap. V,

    Lorganisalion religicose, PP. 277-299.~ Ibid., 1. PP. 208-209. a 538.Ibid., I. PP. 251-252,0 645.

    46 Ibid., 1, p. [44, a 406 es III, PP. 295-296, a 781.~ Ibid., 1, p. 96, a 903.48 bid., 1, p. 98. a StO.

    Ibid?, 1, p. 198. a 510 es III. p. 206, a 500.~ bid, 1. p. 247. a 639.~ Ibid., III, PP. 366-367, a 967.

    52 Ibid., III. PP. 347-348. a 920 el III, p. 424, a 1 135.).~ Ibid., IV pp. I0l-102, a 273 es III, p. 292, a 781.

  • Andalaus dans le Durar al-kmina 105

    ladministration, nous avoas relev des notices concernant des wazir-s54 el des kA-tib-s (secrtaires) exer9ant dans les dtwn-s~~. Nous avons galement trouv lesbiographies dun fabriquaa donguents (atqana fi sinciat l~dihn)56, dun artisan(kna yaaqawwatu mm amal yadayhi fi l-half)57 el celles de deux com-mer~aas58. Un individu a t traducteur la cour (kna turgumn al-su4n ti1-Ram b 1-Andalus)59 , un autre occupait les fonctions dastrologue (wa lahu man-fa bi ahkm al~nugam)e/J. Sept mdecins figurent dans le Durar dont le mdecinpriv de Muhammad 1161, un sayh des mdecins62, et un qd qul pratiqua gale-ment la mdecine63. Quant aux Princes de Grenade, Ibn lIgar a compil les no-tices des premiers Ban l-Abmar: Muljammad 1164, Mubammad 11165, Nasrt~,lsmll67, Muhan-imad ~ Ysuf 169 et Muhammad V7~. Nous avons galementrelev les biographies de trois personnages qui furent pour les deux premiers deschcvaliers de Grenade

  • 106 Bernadetie Martel-Thoumjan

    reat. Aiasi rouvons-aous des Aadalous occupant les foactions de qd41 malkiteti Hama pUs ti Damas en 767Il356~~, dimm et de sayh ti Damas74, dimm ma-lkite Damas75 ou encore de faqh shafite ti Damas76. Nous avoas relev la no-ticie dun individu qui fut successivcmeat hatib Damas, puis au service des ndib-s(gouverneurs) de Damas el de Safad. et cafin secrtaire et hatib77. Daucuns lu-rent domicile dans les Lieux Saints: tel ce personnage qui fil office de gnalogis-te ti la Mecque78, et cel autre qui travailla ti Mdine7t3. Des Andalous encore par-tireal ea Ifriqiyya. tel cet individu appel pour excercer la foaction de wazr al!-prs du sulan de Tuniz ci qul enseigna par la suite le hacia ti Alexandrie83. Lua dcntre eux se rcndit au Soudaa o II ob-tin un emploi ti la cour du sultaa>4.

    Les voyages constituent une des caraclristiques de ces biographies. Eneffet, nombre dAndalous se sont dplacs pour des motifs divers: pour aller suivreles enseignesents de maitres rputs au Caire ou ti Damas, pour se rendre auplerinage (La Mecque, Mdine), pour faire du commerce ou peur se meltre auservice des souverains traagers. On peul rsumer ces mouvements selon quatre axes:

    - le Maghreb : Tunis, Rs, Tiemeen, Tanger et Ceota55;- lEgypte : Le Caire et Alexandrie;- la Syrie-Palestine : Damas, Alep et Jrusalem;- le Higz : La Mecque el Mdine.II est cependant difficile de savoir sil y a plus de gens de 1Andalus se

    dpla~ant vers lOrient, oo !inverse, et si ces mouvenients migratoires secompensent. II faudrait pour cela arriver ti compter combien de personnes parties sontrevenues ti leur poin de dpart et combien dindividus se sont tablis dans un autrepays.

    Apr~s les indications sur la vie des personnages, Ibn 1-lagar dcril enquelques mots leur persoanalil, ce qui est une fa~on de justifier leur prsence dans

    3 Ibid., 1, pp. 380-381, a 361.Ibid., 1, pp. 46 [-462, a [243.Ibid., II, p. 286. a 2205.

    76 Ibid., 1, p. 298. a 752.~ Ibid., II, PP. 44-45, a 1508.~ Ibid., III, p. 364, a 962

    Ibid., IV, pp. 167-168. a 444.Ibid. 1, pp. 241-242, a 618.

    8) Ibid.. III, p. 330, a 886.82 Ibid.. IV, p. 143, a 379,83 Ibid., IV, pp. 165-166, a 440.

    Ibid. 1, p. 54, a 143.

    R. Ari, Les relasioas casre Grenade el la Berbrie an XIV sicle. Oricatalia Hizpaaia. vol.1. 1974, PP. 33-~~~

  • Andalous dans le Durar al-kmina 107

    son ouvrage. II est bien vident que tous appartiennent ti la elasse des notables:kcJna mm wugh ah baladlii (il appartenait aux notabilits de son pays)

  • 108 Bernaciette Martel-Thoumian

    wa l-itqn (u tai parmi les gens qui fon une lecture chante du Coran el qui lefont bien)).

    Certains traits de caractre son particulierement priss, le courage parexemple Icaria gayacan mm &ugda (il avait un trs grand courage)>. Mais cequi aous semble le pos importat aox yeux dba Haar. ce soat les qualitsmorales, celles-ci ant essenellement lies ti la pratique de la religion. Ces ainsique la pit, la droiture desprit, la contineace. la chastet, la bont envers autrui sonparticulirement apprcies par lauteur qui nc nglige pas pour autan les qualitsde lespril. Voic une sere dexemples pour layer ses propos: Una mm ah al-samwa l-waqr (u appartenait aux geas qoi son dans la bonne direction et qui sonempreins de gravit)2, Una mm ah al-ma rifa wa 1-jd (il appartenait auxgeas do savoir et du mrite~3, Una mm ah al-casciwun (II appanenait aux geaschastes)t Una mm ah al-hascina wa 1- aff (il appartenait aux geasrespectables et menaat une vie chaste), Una mm ah al-wara wa l-zuhd (ilappartenait aux geas chastes el pratiqoant lasctsme) Una mm ah al-facl wa1- ilm (ji appartenait aux tres vertoeux el qoi aiment la science)3, Una icabral-mansib mm ah al-yaqfn wa l-musdraka (il avait un rang lev parmi les gens quipossdent la science el qoi la partagent)5, Una basan al-lutf II 1-ns (u taitdune grande bienveillance envers les geas))), miii bayt al-tahra wa l-wabdha(II appartenait ti la maison de la droitore el de la perspicacit), Una miii ahal-~ayr wa 1-la affufi> (II apparteaait aux gens de bien el il faisait un usage modrdes nlaisirsV.

    Non seolemeal ces individus possdent un certain nombre de venus maislis peuveal tre severes vis ti vis de Ieurs coacitoyens: wa istadda al ah al-gh(il tait exigeaat avec les notables)2, Una slihan saddan al ah al-duny

    1~)(II tait trs dur eavers ceux qui tirent profit des biens terrestres)

    [(8) Ibid. 1, pp. 84-86. a 232.

    bid, IV, p. 279. a 784.[02 Ibid., IV, p. 296, a 819.03 Ibid. IV. pp. 241-242, a 644.

    ~ Ibid.. IV, p. 247. a 668.

    Ibid. III, p. 366, 00966.[07 Ibid., III, p. 358. a 950.

  • Andalous dans le Durar al-kmiaa 109

    La richesse est fortuitement voque. Dans le cas qui noos proccupe, elletait sans doue employe ti bon escient (aumnes, construction pieuse): icaria mmah al-fad wa l-idrcll< wa l-tarwa (il appartenait aux geas vertueux, pertinents etu tait riche)4. Dailleurs, Ibn Sarrtig, qui tait le mdecin priv du sultanMuhammad II, soignait gratuitement les acessiteux et leur distriboait une partie deses revenos. Sa gnrosit et son altruisme lui valurent ladmiration de nombre deses contemporains, mais aussi celle de ses biographes5. De la m&me manire,celui qui slve dans la hirarchie sociale est reconnu ti condition quil y soitparvenu par des moyens licites: il mrite alors dtre mentionn taqaddama ifbaldifil 115 an sdra mm sudrihi (il sest lev socialement dans son pays jusqutidevenir un notable)6.

    Nous avons signal auparavant que lib/ita dba al-Uatib est la principalesource utilise par lbn Hagar (pour 131 cas), majo ce demier cite galemental-Dahab (II cas)7 et Ibn Farhn (3 cas)8. II reste done un nombre importantde biographies pour lesquelles lbn Hagar ne prcise pas ses sources, alors que nousavons pu remarquer quil a fait de nombreux emprunto ti Iba al-Uatib9. Danslensemble, lorsquil mentionne oes sources, il crit aprs le nom complet dupersonnage dont il parle, qala ibn al-jjattb et u rapporte les paroles de cetauteur2. Iba al-Uatb est parfois dsign sous le nom de Lista ad-din oo de Lisnad-dia b. al-Uatib. Quant ti la source utilise, elle est cite sous diverses appellations:al-Ihcita, Tdr4s arnta, ou tarilzubu, mais le aom de louvre nest jamais donn enentier.

    Laaalyse que nous venono de faire nous a permis de comprendre lesraisono des choix dIbn Hagar: tous ces personnages sont des notables, et leursbiographies exemplaires devaient fsgurer dans le Durar al-Umuna ifa yn al-miSaal-tmina. Le dictionnaire biographique (rartgim) est une des sources importantes delhistoriographie musulmane ti travers le tmoignage quil apporte pour la

    3 Ibid., 1, pp. 86-89, a 233. Ibid., III, p. 287.0 761.

    Ibid., 1. p. 281, o 719,

    3 II sagis de =asnsad-dn Muhama,ad aI-Dahabi (673-4/1274-753/13523), historien es thologieaauteur du MuloJttabaq al-muhaddicfn. Cf i.M. Vizcaino, Andalusies ea Mza y Mulo de al-Dahab,y Lisn al-Mizn de Iba Haya., Estudioz Onomashco-biograficoz de al-Andaluz, IV, Grenade 990, pp.71-94.

    Burha ad-dio Ibrhim b. Fahrfin

  • lo Bernaderte Marrel-Thoumjan

    reconstitution dun pass21. Contrairement aux tabaqt qui regroupent uniquementles biographies de personnages appartenant ti une mme classe (juristes shafites,malakites, hanbalites, mdcias, soufis...)22, les argim recensent toutes lesnotabilits (aydn) dun sicle ou dune poque doande du monde musulman (lespersonnages peuvent tre gyptiens, syriens, ymnites, magrbins, andaleus...). Ontrouvera donc les notices des souverains, mais aussi celles des califes, desadministrateurs (vizirs, secrtaires...), des juristes, des commer~ants..., gnralementclasses par ordre alphabtiqoe. Cepeadant le dictionnaire biographique obit ti desrgles prcises : les personnes retenues sont senses servir dexemple pourldification morale23. Cette vision des choses dtermine le contenu desbiographies et les iaformations qul y sont dveloppes. Lun des ouvragesbiographiques les plus importants est le Wafayc7t al-aydn (Biographies des hommesillustres) dlbn Uallikn (mort en 681/1281). Ce genre historique sera trs prispendant la priode mamlouke a on continuera A produire des dictionnairespeadants les sicles suivants25.

    Nous voudrioas tudier ti prsent la manire dont Iba Hagar a utilis lematriau slectionn. En effet, les biographies qui se trouvent dans llha sontbeaucoup plus longues que celles lablies par Ibn Hagar. II nous a donc semblintressant de connalire quels lments ce demier avait reteno aprs lecture etanalyse, et sous quelle forme (emploi du vocabulaire) il avait choisi de les livrer Ases lecteurs. Nous allons donc essayer de comprendre comment un auteur travaillaitA partir de ses sources. Bien videmment noos ignorons quel manuscrit Ibn Hagara utilis&26. - -

    Nous avons retenu 14 biographies dAndalous figurant dans le Durar etdont loriginal se trouve dans lIhcita. Ce sont celles des personnages suivants2t

    - Ahmad b. Abd al-WAlT b. Ahmad Ab afar b. al-Awwd al-GaruAd:l.l-i, 1, p. 193-194; 1.1-1, 1, p. 196, n 503;

    21 T. Khalidi, lslaa,ic biographical dictionnaries: a prelia,iaary assessaient, 17w Muslito World,LXIII, 1973, PP. 53-65.

    [22Pour les Tabaqs, cf. 1. Hafsi, Recherches sur le geare Tabaqs daas la littrature arabe,

    Arabica, XXIII, 1976, PP. 227-265; XXIV, 1977. pp. 1-43 et PP. 150-186.823 al-lan in A bismors of Muzilpa historiographv. F. Roseashal, Leidea 1968, p. 293.24 Nous amis lisniseroas quelques sitres: Fawt al-wafayt dba gkir al-Kusub (mors ea

    764/1363>. al-Wajt bi-l-wafay de Safadi (a,ort en 764/13631, al-Mao/ial aI-sff wa l-mustawJt bada/-waffdlba Tagr-Bird (mors ea 874/1470>. al-Daw al-lasifravn al-qaro al-lzi de Sabwi (moden 9(12/1497) es Nazm al-iqycinjtavdn al-av/Jo de Suyuti

  • Andalaus daris le Durar al-kmina 111

    - Mimad b. Abd al-Nfir b. Ahmad b. R~id AMi afar al-Mlaqi: 1.13, 1,p. 196-202; LII, 1, p. 194-195, n0 499;

    - Ahmad b. Tasan b. Badal al-Aslam al-Mwaqit al-Garnat: 1.13, Ip. 204;I.H, 1, p. 119, n 330;

    - Ibrhtm b. Mubammad b. Ibrbim b. al-Tuwaygin al-Ansr al-Shil: 1.13,Ip. 329-341; I.H, 1. p. 54, n 143;

    - Ibrhm b. Abd-AIIAh b. Ibrhm b. Muhammnad b. Ibrhun (b. Abdal-Azz b. Ishq b. Ahmad b. Ismfl b. Qsim b. Ishq) al-Numayri al-GamAt: 1.13,1, p. 342-3M; I.H, 1, p. 28-29, n0 69;

    - Muhammad b. Ahmad b. Ziyyad b. Ahniad b. Ziyyad b. al-Hasan b.Ayyb b. -Jalil b. Ziyyad b. Mangak al-Gfiq Abo Bala al-Gamt asluhu miiiI~bliya: 1.13, 11, p. 133-136; III, III, p. 317, a 849;

    - Muhammad b. Mimad b. AlT b. Gbar al-Andalus Aba Abd-Allhal-Hawwr al-MlakT al-Am: LII, 11, p. 330-333; I.H, III, p. 339-340. n 900;

    - Muhammad b. lbrhim b. AlT b. Bq al-Umawwi, al-Murs al-asal-Garnat tumma al-Mlaq: 1.13, II, p. 338-341; 1.H, III, p. 289, n 768;

    - Muhammad b. Ahmad b. DAtid b. Mils b. Mlik al-Labmi aJ-Yaki AbtiAbd-Allh b. al-Kammd: 1.13. III, p. 60-63; LII, III, p. 316, n 847;

    - Muhammad b. Ibrhm b. Muhammad al-Lawa~T, al-Murs nazil Cm-nataAbti Abd-Allh b. al-Raqqm: 1.13, III, p. 69-70; 1.H, III, p. 296-297, n 789;

    - Muhammad b. Ahmad b. Ibrhim b. al-Zubayr al-Gamt AMi AmrtI b.al-Hafiz Ab a far: 1.13, III, p. 156-158; I.H, III, p. 304, a 816;

    - Muhammad b. Ibrhim b. Abd-AllAh b. Ahsnad b. Muhammad b. Ysufb. Rawabl al-AnsAr al-Gamatimarfbi Ibn al-Sarr al-Tabib: 1.13,111, p. 160-162;1.1-1, 111, p. 287, n 761;

    - Muhammad b. Mimad b. al-Husayn b. Yahy al-Qays AMi al-Thir b.SafwAn al-Mlaq: 1.13, III, p. 236-239; I.H, 111, p. 314, n 842;

    - Muhammad b. Ahmad b. Abd al-Rahmn b. Ibrbm al-Ansr al-Ml~TAb Abd-Allh al-SAhil: 1.13, III, p. 239-241; I.H, III, p. 322, a 864.

    Si lon compare les biographies extraites de lJh&a et celles du Durar, onsapergoi, ansi que nous lavons dj signal, que les premires sont beaucoup plusbagues que les deuximes. En effet, Iba Hagar sest content de faire un rsum desbiographies quil a compiles, ainsi, celle de Muhammad it al-Zubayr qui occupedeux pages dans lIhta, est rduite ti 7 lignes dans le Durar28. II en est de mmepour tous les cas tudis, ce qui est normal car Ibn Halar ne pouvait reproduire dansleur intgralit ces trs bagues notices dont certaines comportent plusieurs pages deposie ou de prose. II faut galement noter quIbn Hagar crit raremen ti la fin dunebiographie, ainsi quil le fal pour eelle-ci: dakarahu Lisn ad-dnn h. al-Ijatlb

    [28 1.13. III. PP. 156-158 es 1.11. III. p. 304. a 816.

  • 112 Bennadetie Martel-Thoumian

    mutawwalan wa hacia muballas m targamaha (Lisn ad-dn b. al-13atib lementionne longuement et ceci est un rsum de la biographie quil 1W aconsacr)29. Curieusement, lorsqoe lauteur crit des notices dtailles, comme parexemple celle qui conceme Muhamniad al-Hawwri al-Mlaki al-Am, u utilisegalement une autre source (dans ce cas prcis, il fait rfrence ti Burhan al-din Sibta1-A~amT). lbn Hagar note les tudes faites par al-Am, ses prigrinations enOrient, (Le Caire, Damas, Alep) et II donne aussi les dates de sa naissatice(698/1298-9) et de sa mort (gumd II 780/septembre 1378 ti llbTra)30. Quaat ticelle qui conceme Ibrhim al-Numayri al-Gamt, Ibn Hagar recopie al-Dahab, elne fait aucune rfrence ti Ibn al-13atb qul coasacre pourtant une trs longoebiographie ti cet individu (celle-ci comprend de larges extraits de prose et deposie)31.

    Les biographies extraites de llhta ne sont pas dun seul tenant, maisdivises en paragraphes ayant chacun un titre et dont lordre vane selon lespersonnages:

    - 14-3, 1, p. 193-194: hciluhu (son at, sa condition), ma&ay~atuhu (sesmaitres), waftuhu (sa mort);

    - 1.1-1, 1, p. 196-202: hluhu, ma&ayliatuhu, tasnifuhu (ses ouvrages),4iruhu (posie), gaflauhu wa nawkahu (niaiserie, caractre de celui qui na aucuneexprience des choses ordinaires de la vie)32, mawlduhu, wafdtuhu;

    - 1.13, 1, p. 204 hluhu, waftuhu;- 1.13, 1, p. 342-3M: awwaliyyatuhu (ses antcdens), hclluhu,

    masay~atuhu, tawlifuhu (ses oeuvres, ce qui sous-entend autre chose que de laposie), siruhu, nataratuhu (sa prose), mawlduhu (Sa naissance), mihnatuhu;

    - 1.13, 1, p. 329-341: haluha, naaruhu, siruhu;- 1.13, II, p. 133-136: awwaliyatuhu (ses antcdents), hclluhu, wa

    nabhatuhu wa mihnauhu wa wafdtuhu, masay~atuhu, babar fi wafihi wama ragaihi, &iruhu;

    - 1.13, 11, p. 330-333: hluhu iiruhu- I.H, II, p. 338-341: hdluhu, siruhu, masayftauhu;- l.H, 111, p. 60-63: haluha, ma&ay~atuhu, awlfuhu, sUruha;- 1.H, III, p. 69-70: hluhu, tawlifuhu- 1.1-1, 111, p. 156- 158: hciluhu, masay~aruhu, ?iruhu;

    [20 Iba Haar, Durar. 1. pp. 246-247, a 68&

    1.13. II, pp. 330-333 es lid. III. pp. 339~34((, it 9(5>. Paur so pan. Iba aI-13asib sigac quil Va plusaucune aouvele de ces ndividu.

    ~ 45, 1, Pp. 342-364 es l.H. 1. pp. 28-29. a69..

  • Andalaus daris le Durar al-kmiaa 113

    - 113, III, p. 160-162: hdluhu, ma=ayftauhu,siruhu, mihnauhu (sonoccupation);

    - 1.13, III, p. 236-239: hluhu, tawlifuhu, mm aada aynhu, siruhu,wafciuhu;

    - 1.13, 111, p. 239-241: haluhu, masay~auhu, mihnatuhu, &uhratuhu (sarenomme, clbrit, ses signes distinctifs), Siruhu.

    Ainsi qoon peut le constater ti la lecture de ces diffrents descriptifs,aucune des biographies nest con9ue sur le mme modle. La forme vade ea fonctiondes iaformaioas obtenues par lauteor. On est bien bm de la conception codifie desdictionnaires traditionnels33. Si Ion regarde loriginal et ce quen a tir Ibn Ha~arque peut-on dire et dduire? II a rsum ce qui tait ses yeux lessentiel ou ce quipouvait prsenter un intrt pour un lecteur oriental, sachant que puisquil citait sasource dans la majorit des cas, si ce demier dsirait un complment dinformaions,il pourrait se reporter ti celle-ci. Comment lauteur a-t-il travaill ti partir du matriauquil avait devant lui? Quels termes a-t-il retenus? Ces biographies qui sont fortdiffrentes dans la forme le sont-elles aussi dans le foad? A-t-il russi ti rsumer unenotice de plusieurs pages en qoelques lignes tout en respectant la pense dibaal-13attb? Nous voici donc devant la question suivante: conimen un auteur ragit-ildevant un texte quil se propose dcourter, par rapport ti un personnage quil jugeimportant et de manire ti ce que le lecteur ait une ide exacte de la vie et des actesde celui-ci?

    Nous allons analyser le contenu des biographies tablies par Ibn Hagar,rpertorier les lments babitucs qui les constitoent et les comparer avec lesrenseignements compils par Ibn al-13atib.

    A la lecture des deux ouvrages, nous nous somnies aper9ues que les noniscomplets des personnes34 prsentent des diffrences. Ibn al-Uattb mentionnetoujours la kunya, lorigine, le lieu de naissance et dhabitation du personnage. Parexemple, la biographie de Muhammad al-Umawwi conimence par les indicationssuivantes: Muhamniad b. Ibrhim b. Alt b. Bq al-Umawwi, Murs al-as, Gamatal-nas, Mlaq al-isUn, yukn Ab Abd-Allh35. Pour Muhanimad b. Ahmadb. Alt b. Gabar al-Andalust Aba Abd-Allh al-Hawwxi al-Mlaki al-Am, lemme auteur ajoute quil est connu sous le nom diba abar, et quil appartient aux

    ~ Cf. nosre anide sur Le dicioaoaire biographique: un ousil hissorique o aous avosis analys lassructure de la nasice biographique partir du dicsionaaire biographique de Sabw, al-Da al-/don ffay/Jo al-qaro al-t/Jzt, Le Caire 1353/1934. A paraisre dans les Caldero donoraaztique arabe (d. daC.N.R,S 1.

    34 Nous enteadoas par aom comples leasemble compos par le isma. le nasab, la kunya, le laqabes La o isba, Cf. J. Sables. Le voile da oon,. Eszai sur le ao,o propre arabe, Paris 1991, PP. 7-54.

    Voici ce qucris Iba Ha~ar au sujel du mme persoanage: Muhasnmad b. Ibrhirn b. Alt b. Baqal-Umaww, al-Murzal-as al-arn/Ja; tumma al-Mdlaq(I5. II, PP~ 338-34I es l.H, III, p. 289, a 768),

  • 114 Bernadelle Martel-Thoumian

    geas dAlmria, prcisions, dans les deux cas, quomet Iba Hagar36. En ce quiconcerne Muhanimad b. Rawabl al-Ansr al-Gamt connu sous le nom dibaal-Sarrg al-Tabib, lbn aagb signale demble que ce personnage est tahlb al-sultan,alors que pour Ibn Hagar il est simplemeal tabib37. Quant ti Muhamniad b. Ahmadb. Ziyyad b. Ahmad b. Ziyyad b. al-Hasan b. Ayyb b. tJalTl b. Ziyyad b. Mangakal-dafiq AMi Bakr al-Gamt, originaire de Sville, Ibn al-13atib note qn II fait partieds gens de Grenade et quil habite Guadix38.

    Une autre diffrence est A relever en ce qui conceme la place des datesdans la biographie: assez curieusement les dates de naissance et de mort sont rejetesti la fin de celle demire chez Iba al-13atib. II y a de frquentes imprcisions dansles notices rdiges par lbn 1-lagar en ce qui coaceme les dates de naissance et demort des individus. En effet, si lbn al-13atib donne dans la majorit des cas la datede naissance, ao moins launde et parfois le mois et le jour, lbn Hagar reproduitrarement cette information (il recopie bien souvent uniquement la date de mort), ilfaut donc chaque fois se reporter ti 1/haca si loa dsire cette doaae. Le silence estsouvent fait sur les causes du dcs et le lieu. Iba al-13atb raconte que Muhamniadal-Sahih, mort le vendredi 24 iwwl 735/mai 1335 a eu un enterrementimposant9, II prcise aussi quAhmad b. Rgid Ab Calar al-Mlaq (ramadn630/aot 1233-rab 11 702/novembre 1303 ti Almria) est enterr ti lextrieur de laporte de Bougie dans un tombeao situ ti lintrieur du mausole du ~ay~al-ZhidAb l-Abbs b. Maknn40, ce qu omet de consigner Ibn 1-lagar. Les deuxhistoriens donnent parfois des versioas diffrentes sur la mort dun personnage, cestce qui se produit pour celle dlbrhim al-Tuwaygin al-Ansr al-ShilT. lbn Hagarcnt: tumma ha rna ragian ma bilad al-Sacian wa islaqarra hih batid mala sanal739/1338-9 (il est revenu au Sondan et il y est rest jusquti sa mort). De son ct,Ibn al-13attb note: tumma 1am yalhat an ittasalat al-a lib/ir bi wafcltihi hi-Tunbuctwa Una hayydn fi awciil 739 (puis, aucone nouvelle de sa mort survenne tiTombonctou nest parvenue, et il tait en vie au dbnt de lanae 739)4[

    36 145. II, PP. 330-333 es IB. III, PP. 339-34. Quaas Muha,n,nad b.Aba,ad al-Ansri al-Mlaq Abo Abd-AlIh al-Shil. sebo Iba al-UatTb, 1 ess connu sous le notadal-Shili (I.~, III, pp. 239-241; LB. III, p. 322. a 864).

    ~ 145,111, pp. 160-162; IB, III. p, 287.0 761.38 Pour Muharaniad aI-Un,awwi, Iba al-Uaufb prcise que ce personnage sais mnursfdorigine.

    garn/Jir par la aaissaace es habisail Malaga, cf. supra nose 129.~ I.U, III, Pp. 239-241 es IB. III. p. 322, a 864.3 I.~ 1, pp. 196-202 el 1.1-1. 1, Pp. 194-195, 00499. Ea ce qui concerne Ahmad b. al-Awwd

    al-aratf, Iba -lagar ornes de signaler que ce personaage est mod Bongie o u est ensen (Ib, 1, Pp193-194 es IB, 1. p. 196. n503).

    ~ 14. 1, PP. 329-341 es 1.1-1, 1. p. 54, o 143. Selon al-Maqqari ce personnage ras mors A Tombuclole 27 ~urnd II 747/aas 1346. cf. No/Ii al-/II, mio guza al-A odalus al-ral,, Le Caire 1949,1, p. 341.

  • Andalous danz le Durar al-kmina 115

    Nous avons signal anparavant que tous ces personnages sont des lettrs,ils ont suivi les enseignements de savants clbres; hors, lbn Hagar ne cite jamaistous les maUres de tel individo, on a limpression qnil choisit de nonimer les plusconnus, ainsj parmi les maitres dAhmad b. al- Awwd al-Garnt, ji se contente denonimer le plus renomm, Ibn al-Zubayr42, les autres soat regroups souslappellation wa gayruhu (et dautres que lui).

    Des divergences existent galement entre les denx auteurs ti propos despostes occups par les personnages et les voyages quils ont pu effectuer. An sujetde Muhamniad b. Mangak al-GfiqT al-Gamat, Ibn al-l-ab crit :uslumjla frl-wazdra b-baladih (il fnt vizir dans son pays) alors qulba Hagar note: iltasalabm sahib Cannara (il se mit en rapport ayee le Maitre de Grenade)43. Selon Ibaal-lJatib, IbrhTm al-Numayr al-Camt a fait le plerinage, ji a travaill auprs dusultan do Magreb, puis u sest rendu au Ma~riq, et a fait le ples-inage pour laseconde fois. II a t an service du sultan de lIfrqiyya, puis ti celui du sdhib deBongie. II a ensuite vcu ti Tlemcem, puis aurail t qadi et, maintenant (an momento Ibn al-flatib rdige), serail sonfi et assisterait anx assembles sultaniennes. IbnHa~ar donne une version diffrente des vnements. Selon Ini, ce personnage a faitle plerinage. II sest rendu ti Damas, en Ifriqiyya, puis sest arrt ti Bougie oil ila t secrtaire auprs du sultan. Finalement il sest transport Tlemcem et sestinstall prs du tombean du ~ayMaydan jusquti sa mortt Quant ti Muhamsnadb. Safwan al-Mlaq, lbn al-13atTb nons dil que: wuliya al-jfltaba bm-l-masgidal-gtmm wa icaria lahu muS~7raka if 1-fiqh (il tait charg du prche ti la grandemosque et 1 avait des connaissances en droit) mais Ibn Ha~ar affirme wa Unalahu manzila azfmafrl-fiqh wa atal,a bi-l-gdmV (u avait une position importantedans les affaires juridiques et il prchait ti la grande mosque), ce qui nest pas toutti fait la mme chose145. Parfois les diffrences se limitent ti la terminologie, ainsiIbn 13a~b rsume les voyages que fil Ibrhim b. al-Tuwaygin al-Ansr al-Shil enOrien par le tenne sarraqa

  • 116 Bernadelte Martel-Thoum~an

    soufisme)47. En ce qui conceme Mohammad al-Umaww, le premier considreque: icana Utihan adihan dakiyyan (ctait un crivain lettr el intelligent) tandisque le second enregistre: Una katmhan adJhan... wa Lina qawfal-daU (ctait unerivain lettr...il tail trs inlelligent)48. Si Muhammad b. al-Raqqm incame poorlbn al-Uattb al-saya al-usad al-mutafannun (le maUre qui sail se servir de toutesles toumures et de tornes les finesses de la langue) et sil fait son loge en disan:kana nasg wahciihj (jI navait pas son pareil)49, Iba Hagar se limite ti consignericaria farfd al-dahar jr jlm al-hmsab wa l-ib... (il aavait pas son pareil ti sonpoqoe en ce qui concerne les sciences de la mathmatique et de la mdecine).Parfois, Ibn Ha~ar ne repread pas les affirmations dIbn al-13atb, ainsi il ne signalepas conime ce demier pour Muhamniad b. Mangak al-GfiqT: icna hacia al-raguiaynan mjn a yan al-Andalus wa sadran mjn sudirih (cel homme lait un notableparmi les notables el un homnie miaent parmi les homnies minents)5

  • Andalous dans le Durar aI-kmina 117

    donne souvent cette indication ti son lecteur, nous savons alors que la majorit despersonnes tudies sont malkites55. II cite galement le premier qad malkite deHama56. Un seul individu est dit shafite57.

    La deuxime remas-que porte sur un tout autre domaine. Nous navonstreuv aucune information sur dventuels mariages dano les biographies tablies parIba al-Hatib55. Dordinaire, ces renseignements sont frquents dans lesdictionnaires biographiques. II est bien vident que, nc possdant pas ce typedinformation, Iba Hagas- nen fait pas tat. De la mme manire, nous ne possdonspas dindication sur les btimeats (palais, maison, difxce religieux) que cespersonnages auraient pu possder ou faire construire59.

    Ea coaclusion, nous dirons que la conception du dictionnaire biographique,son aspect universaliste lgitiment la prsence des Aadalous, en tant qohabitantsdune terre dIslam, au mme titre quest justifie celle des notables syriens ougyptiens. Ces persoanages, considrs comnie importants, doivent tre connus deleurs pairs mme si ceux-ci aont jamais eu lopportunit de les rencontrer ou denentendre parler. II est sans doute essentiel pour un esprit cultiv de cette poque, desavoir quil existe ti lautre extrmit du monde de culture islamique des lettrsmusolmans, susceptibles eux aussi de servir de modle, et dont la moralit et esactes sont difiants. Ces notices permettent galement ti lauteur de montrer qoaufond rien nc diffrencie les Andalous des autres musulmans, quils sont eux ausspartie intgrante de lUmma. Cette pense est sans doute rjouissante pour lesprit,mais aussi attristante en cette priode de Recoaqute qui voit les villes de lAndaluspasser sous le contrle de souverains catholiques, et lOccident musulmansamenuiser gographiquement au cours des annes. II est intressant de constates-que les oeuvs-es voyagent, peut-tre dans les bagages des savants venus tudier enOrient ou dans ceux des commer9ants, et que, par consquent, lAndalus nest pasune terre inconnue. Les gens dOrient suiveat les vnements qui sy droulent et ontconnaissance des oeuvres de ses lettrs; dans le cas prsent, il sagit de lun de sesplus illustres reprsentants (mme si, apparemment, la source dinformation se limiteti une seule oeuvre).

    Si nous considrons ti prsent le travail effectu par Iba Hagas- ti partir des

    ~ Ibid, ip. 247.00639; Ip. 276. a 705; 1, pp. 380-38I,a961; II, p. 254,002132; II. p. 286,a 2205; Vp. 68.0 99; IV, PP. 280-281, a 792; III. pp. 413-414, a0 1099; II, p. 300, a 2228 cliii,p. 424, a 1130.

    56 Ibid., 1. Pp. 380-381. a961.Ibid,iV, p. 446, a 1230.iba Bagar signale le maijage de Muhamniad b. Ahmad b. Ah b. Cbar aI-Aadalust Abo

    Abd-AlIh aI-Hawwri al-MIaki al-AmI (1.13, II, PP. 330-333 es IB, III, pp. 339-340, o 900), Iboai-FJatb ornel cesle informasion.

    59AII b. Mimad b. Hudayda a construil de nombreuses zawiyas: wa aninlara idda zawv, cfIII, p. 12,00 21. cess le sesil cas signal par Iba 1-lagar, si Ion excepte les coastrucsioas sulaaieaaes,

  • lIS Rernadene Martel-Thoumjan

    biographies extraites de lihara, quels easeignements pouvons-nous tires- ea ce quiconceme ses mthodes de travail? En premier lieu, aous dirons que lauteur, aprsavoir pris connaissance des aotices et les avoir tudies, a essay de donner ti sonlecteur une biographie dais-eet concise, lul apportant les informations esseatielles quilol permettront de situes- le pes-sonnage dans ses cadres gographique et historique.Au sujet de laspect fos-mel de la notice, II ae sest pas attach ti la divsoa enpas-agraphes, mais ji a rdig selon le modle traditionnel, ea s-espectant los-drehabitud des donnes (nom complet, filiation, dates de naissance et de mort,diffs-entes fonctions occupes et dates de nomination et de destitution dans un poste,voyages, oeuvres...). Cette adaptation tait ncessaire pour la cohrence dudictionnaire, et sans dosite aussi posis- le lecteur habitu ti trouver ces dives-sesindications daas un certain ords-e.

    Rsumer des notices relativement dtailles ntait pas un exercice ais.Lauteur a fait son possible mme sil tait difficile de consacrer des biographies tides gens aussi loiatains ct sur lesqucs II nc pouvait avoir que des donnes crites ettrs peu dinformations orales. II tait dans limpossibilit de vrifier lesrenseignements donns par lbn al-Hatib. II a donc d faire confiance aux crits dece dernier. Nous somnies toande de constates- quil manque certains lments (dates,postes, voyages....l. lbn 13a~as- aurait-i1 travaill ti partir dune copie incomplte, carles biographies dIbn al-ljatTb sont remas-quablement construites, nosis avons donc dela peine ti expliquer ces lacunes. De la mme maaire nosis sommes en droit de nousinterroger sur les sources utilises par lauteur los-squil ne les cite pas. La longucurdes biographies ne nous semble pas codifie: devons-nous en dduire qoIbn Hagara volontairemeat tronqu les biogs-aphies relatives aux Andalous, soit parce quiljugeait certaines informatioas superflues (elles touchaient des persoanages loignsspacialement), soit parce quil estimait que le lecteur. sil dsirait davantage derenseignements, devait lis-e ses sources. On peul galement sinterroger sur lesnuances dans les apprciations portes sur les tudes, les comportements ou lesqualits des individos. Sagit-il duae faQon dattauer les propos dIba al-13atb, quilestime ts-op laudatifs vis ti vis de ses concitoyens. et par LA mme. de les ramenes- tides dimensions plus ralistes? Nous devoas notes- que les deux auteurs sonts-elativement peo critiques envers tous ces personnages. et que ce sontsystmatiquement leus-s qualits qui sont notes.

    Nous terminerons en essayant de saisir quelle image de socit se dgagede ce corpus. Nous avoas remarqu la faiblesse de la reprsentation fminineandalouse (une femnie dans le Durar, deux dans lihata). Nous signales-ons ausslabseace des minos-its confessioonelles juive et chrtienne (aucun pes-sonnagepratiquant une de ces deux religions nest mentionn). Le Durar est une ouvs-edrudition consacre ti des notables de prfrence musulmans, on ne peut doncesperes- y trouver dautres individus[i. Dans le cas des Andalous, seuls les

    6

  • Andalous dans le Durar al-kmina 119

    souves-ains nasrides et les notabilits y ont droit de cit. Pm-mi ces demiers, si Ionse refre au texte original, tous nont pas t rpertoris par Ibn Hagar. Nous avonsdoac une vsion partielle de cette socit. Le travail effectu par Ibn 1-lagar sur lesAndalous est un dosible rsum: dans le choix des personnages. dune pafl, et dansla coacision des biographies, de lautre. II en comporte les qualits et les dfauts. IIpes-met de connaitre lexistence dindividus ayant vco dans lOccident musulman,mais ces biographies condenses manquent parfois de dtails, bien que lauteur aitessay dtre dans une certaine mesure proche du texte original. Le biographe est aliti lessentiel, sans doute pour viter de submerger le lecteur dinformations quil nejugeait pas capitales.