Martin de Cochem La Sainte Messe

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292 p., pdf, 1ère édition en latin à Marchtal en 1697. Le meilleur et principal ouvrage du Père de Cochem. Traduit pour la première fois en français en 1891 avec préface du Père Monsabré. Autre traduction par une religieuse : A. Rugemer, o.s.b., en 1899.

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LE PERE MARTIN DE COCHEMDES FRERES MINEURS CAPUCINS

LA

Sainte MesseOUVRAGE SOIGNEUSEMENT REVU ET PUBLI EN FRANAIS

P a r Mgr B O U T R YVQUE DU PUT APPROUV PAR SON EXCELLENCE MgrFERRATA, NONCE APOSTOLIQUE, LL. EE. LES CARDINAUX BOURRET ET LECOT NN. SS. LES ARCHEVQUES ET VQUES DE LYON, GRENOBLE MOUI1NS, M EAUX, NIMES, VERDUN, AGEN, BELLE V, TROYES, ETC.

PRFACE I*ar le T . H . P . M O N S A B R DES FRRES PRECHEURS

Douzime dition

PARIS LIBRAIRIE C H A R L E S 11, RUE

(vi ) AMAT DITEUR 11

e

YIG E T

AMAT,

CASSETTE,

Biblio!que Saint Librehttp://www.liberius.net Bibliothque Saint Libre 2008. Toute reproduction but non lucratif est autorise.

PROPRIT

DU

TRADUCTEUR

Reproduction rigoureusement interdite.

LA SAINTE MESSE

AVANT-PROPOS DE LA ONZIME DITION

IL'excellent livre du P. Martin de Cochem ( / J , dont nous offrons aujourd'hui aux me* pieuses la onzime dition franaise, a t publi pour la premire fois dans notre langue en 1891. Nous avions entrepris de l'introduire chez nous sur l'avis et la recommandation de l'illustre vque de Moulins, M9 de Dreux-Brz, mais sans mentionner notre personne. Le succs a pleinement rpondu aux encouragements du vnr prlat et surpass noire attente, puisque trente mille exemplaires se sont rapidement couls et qu'on nous presse de faire rimprimer l'ouvrage.r

Depuis la publication de la dixime dition, la divine Providence a daign jeter les yeux sur nous pour nous confier le gouvernement de l'Eglise du Puy, donl(1) Le P. Martin, religieux capucin, naquit Cochem, petite ville de l'lectoral de Trves. 11 mourut en 1712, un ge fort avanc, aprs avoir crit un grand nombre d'ouvrages t dvotion qui, sans atteindre la valeur de celui que nous publions ici, ont beaucoup contribu entretenir la pit parmi les populations catholiques de l'Allemagne.

2 les ftes jubilaires lantes. ont t cette anne mme si conso-

La charge piscopale ne nous permet gure de vaquer d'autres travaux qu' ceux qui intressent directement notre administration. Mous n'avons pas cru nanmoins pouvoir nous refuser aux vitx qui nous sont venus de toute part, et nous nous sommes remis l'uvre. Notre tche a t facile, car les revisions successives du texte ne laissaient lieu aucune retouche srieuse; et nous avons eu cur de conserver au style ce caractre de simplicit qui rend la lecture de Vouvrage aussi accessible l'humble paysanne qu'aux esprits les plus cultives. Le travail du P. de Cochem, trs allemand dans sa facture originelle, a pu prendre ainsi une physionomie franaise, sans rien perdre, nous l'esprons, de l'espce d'attrait qu'offrent, en raison de leur nouveaut, les produits trangers aux pays qui les reoivent. Les premires ditions ont exig un labeur considrable. Il a fallu dgager les ides d'un luxe de synonymes et de redondances qui nuisaient parfois la clart, et les revtir de phrases sobres, nettes, qui en exprimassent cependant toute la vrit et toutes les nuances. Outre cela, le vnrable auteur parait avoir eu l'habitude de rapporter de mmoire les textes qui lui servent d'arguments; de l de frquentes inexactitudes, sinon dans le sens, au moins dans les termes. Nous nous sommes appliqu remonter aux sources, et partout o il a t possible de saisir tes documents allgus, nous les avons rtablis dans leur teneur authentique. C'est peine si quatre ou cinq citations ont chapp cette minutieuse collation de la copie avec l'original, encore ne s'agit-il que de dtails sans importance.

L'ouvrage abonde en exemples. Plusieurs sont trs mouvants trs suggestifs. D'autres appelleraient quasi par leur navet un sourire sur les lvres. Nous n'avons eu garde de toucher ces derniers, sous prtexte quils n'ont point subi le contrle de la critique moderne* C'et t dfleurir le livre. Il se dgage, en effet, de ces vieux rcits une saveur exquise, pleine de charme, que ne manqueront pas d'prouver les lecteurs plus soucieux d'difier leurs mes dans une foi simple et confiante que d'piloguer sur tout et tout propos.f

IILes ditions allemandes de l'ouvrage du P. Martin de Cochem antrieures 1886, au moins celles que nous connaissons, portent pour titre : Explication de

la sainte Messe .Cet en-tte nous a sembl trop long. Convaincu qu'en pareille matire les dnominations tes plus courtes sont tes meilleures, nous avons appel notre livre La Sainte Messe . C'est sous ce nom qu'il s'est rpandu en France. Il paratrait que le mot est heureux, car certain auteur, venu plusieurs annes aprs nous, a jug bon de le prendre simple rencontre sans doute. Le P. Martin a-t-il gagn ou perdu cette confusion ? C'est un point dlicat o nous sommes trop personnellement intress pour donner notre avis. Disons maintenant quelques mots de l'ouvrage lui" mme*

111Le livre du P. de Cochem n'est pas, rigoureusement parler, un trait scolastique, bien qu'on y trouve exposes abondamment toutes les vrits doctrinales

qu'il est d'usage d'tablir dans les cours de thologie. La nature du saint Sacrifice, les mystres qu'il rappelb-, ou qu'il reproduit, son caractre latreutique et eucharistique, sa vertu imptratoire et propitiatoire, ses admirables effets dans le triple dpartement de l'Eglise militante de la terre, souffrante du purgatoire et triomphante du ciel, tout cela est dcrit avec prcision, mis en relief et quasi revtu d'une forme sensible au moyen de citations de la sainte criture et des Pres et de raits d'histoire. Jamais les vrits catholiques les plus hautes ne furent rendues plus visibles aux yeux des simples, tout en gardant leur sublimit aux yeux des sages, nous ne croyons pas d'autre part qu'on puisse enseigner aux fidles une mthode plus rationnelle et plus pieuse, plus dogmatique et plus attrayante, d'entendre la messe. C'est sous ce dernier rapport surtout que cet ouvrage est appel rendre d'immenses services ; et tel a t le motif principal qui nous a dcid le publier. Entendre la messe I Avouons franchement qu'un grand nombre d'mes trs pieuses savent peine ce que c'est. Elles entrent l'glise, se signent dvotement avec l'eau bnite, se rendait leur chaise et s'agenouillent pour adorer le Saint-Sacrement, quand elles n'ont pas, habitude assez frquente, commenc par aller saluer la statue d'un saint favori. A part cette dernire incorrection, qui consiste mettre le serviteur avant le matre, tout est trs bien. La suite est moins louable. Le prtre sort de la sacristie, monte l'autel, la clochette sonne, et voici qu'au lieu de s'associer l'uvre merveilleuse qui va s'accomplir, on tire de sa poche un chapelet ou un livre de mditation ! Certes ! rien de mieux que de dvider des Pater et des Ave, ou de rflchir sur un fait

5 vanglique, un devoir d'tat, une vertu. Mais est-ce bien l'heure? Que diriez-vous d'un disciple de Jsus qui, au pied de la croix, au moment du drame par lequel le monde a t sauv, sans mme jeter un regard sur le divin crucifi, sans couter les paroles qui tombaient de ses lvres, sans recueillir une seule goutte de son sang prcieux, aurait pass son temps faire oraison sur la cration des anges? Noitv sommes certain que le saint Sacrifice serait plus frquent, et que les fidles en retireraient des fruits autrement abondants, s'ils taient plus instruits des ineffables mystres qui s'y reproduisent. On les verrait alors tantt pntrs de sentiments de repentir au souvenir de leurs fautes, tantt suivant des yeux et de la pense les scnes de la vie et de la mort de Jsus qui se succdent de l'introt la communion. Ils s'intresseraient cette reprsentation, quiest tout la fois une figure du pass et une ralit prsente ; ils s'y acquitteraient de la part qui leur est attribue dans Voblation de la sainte Victime : autant de choses dont ils ne se doutent mme pas, bien loin de s'y associer. Ils y sont et n'en sont pas, telle est la formule par laquelle on ne pourrait que trop souvent dfinir leur prsence. Le livre du P. Martin de Cochem est, notre avis, le manuel le plus propre fournir aux mes toutes les lumires dont elles ont besoin pour assister, avec cette intelligence et dans cet esprit de foi, au saint Sacrifice. Dernire observation. L'diteur de la onzime dition allemande, imprime Landshut en 1886, a inscriten tte de son travail cette rflexion : u Un livre qui en peu d'annes arrive sa onzime dition et s'est rpandu par milliers et milliers d'exemplaires, n'a plus

besoin de recommandation. Il se prsente comme un ami bien connu dans la famille catholique et rclame bon droit un affectueux accueil. Arriv nous-mme la onzime dition franaise, nous faisons ntre cette remarque. Aussi n'avons-nous pas cru devoir solliciter de nouvelles approbations celles obtenues ds le dbut et qui remplissent trente pages du volume sont plus que suffisantes. Elles resteront attaches au livre comme un prcieux acte de baptme et de catholicit, mais nous nous en tiendrons l, persuad, comme l'diteur allemand, que la Sainte Messe peut se prsenter sans crainte et recevra partout, comme un ami dj connu, un accueil aussi bienveillant qu'empress. LePuy, ce 28 avril+

1910.

THOMAS-FRANOIS B O U T U Y , vque du Puy.

A

S.

G.

M

G P

DOUTRBIOUX,

VQUB D E

LIGE

MONSEIGNEUR,

Fows avez mis le comble vos bonts en accep tant la ddicace de cette cinquime dition franaise de* la Sainte Messe . Pour rendre Vuvre moins indigne d'un si haut patronage, fen ai revis avec soin le fond et la forme. Plus heureux que l'diteur allemand, fax pu retrouver dans les originaux la plupart des citations du Pre Martin de Cochem, et je me suis appliqu en rtablir le texte, souvent altr soit par les remaniements successifs, soit par Vauteur lui-mme, qui semble avoir plus d'une fois crit de mmoire. Votre nom. Monseigneur, est la meilleure garantie du succs de mes efforts. Pouvais-je mieux placer ce traait que sous la protection de Vvque du diocse de Lige, berceau de la Fte-Dieu, du pieux prlat, prsident du Comit de nos congrs eucharistiques* chaque fois honors de Vapprobation et des encouragements du Saint-Pre ? Aprs le Christ rien ne m'est plus cher que son Vicaire sur la terre^y

8

J'ose esprer que, grce voies, Monseigneur, Sa Saintet daignera agrer l'hommage de mon dvouement absolu sa personne sacre et la cause de la sainte Eglise. Le traducteur.

15 novembre 1896,

APPROBATIONS EPISCOPALES DE LA t " DITION

APPROBATION DE M PAGIS, VKQDK DE VERDI

R

F VCHIK >

T W I , LE TS M R ISTI. W WT AS

V E R D U N

Nous avons parcouru avec un vif intrt l'ouvrage traduit de l'allemand et intitul : la Sainte Messe. La doctrine en est sre, le style simple et clair ; il nous a touch par ce ton de pit vraie, capable de ranimer et d'entretenir dans les mes la dvotion au Sacrifice adorable de nos autels. Nous croyons que cet ouvrage, dj trs rpandu en Allemagne, est appel faire beaucoup de bien, et nous en recommandons la lecture. f JEAN-PIERRE, vque de Verdun*

APPROBATION DE M " DE DREUX-BRZ, MftDE DE MOULINS

6

f"

Mouuitt. le t l avril m i , en U fte de 8 Pierre, martyr.

VCHDU

M O U L I N S

Ayant eu le regret de ne pouvoir prendre nommme attentivement connaissance de la traduction franaise de l'ouvrage allemand intitul la Sainte Messe, nous avions charg de son examen un prtre de notre diocse, aussi digne de notre confiance par sa science thologique que par sa pit. Son suffrage s'est trouv confirm par celui de Monseigneur l'voque de Verdun. Nous ne saurions donc que nous unir une pareille recommandation, remercier le zl traducteur de son patient et utile travail, et former le vu de l'en voir trouver sa rcompense dans les heureux fruits de science et de vertus chrtiennes dont l'espoir le lui a fait entreprendre. Puisse ce livre, grce son langage dsormais accessible chez nous toutes les familles, y trouver un aussi favorable et universel accueil que dans son pays d'origine, o son apparition avait t accompagne des meilleures bndictions de notre divin Prtre et Sauveur. f P I E R R E , vque de Moulins.

APPROBATIONS PISCOPALES DE LA 2 DITION1

Extrait de la lettre de son minence le Cardinal LECOT au traducteur.

TARCHEVCHDR

BORDEAUX,

la

SA octobre IMT.

B O R D E A U X

Je connais ce bon livre et le serai heureux d'y refaire de temps autre ma mditation prparatoire au Saint Sacrifice. Il existe, en effet, peu d'ouvrages de ce genre qui, avec un fond de doctrine complet, abordent d'une faon si intressante et si utile les dtails concernant les glises, les prtres sacrificateurs, les fidles. Je vous remercie donc de m'avoir fait parvenir ce petit trsor o tant d'mes pourraient puiser utilement, pour la gloire de Notre-Seigneur et pour leur salut... t VICTOR-LUCIEN, card. LECOT, arch de Bordeaux.2

Extrait de la lettre adresse au traducteur, par S. G. Monseigneur COULLI, archevque de Lyon et de Vienne, Primat des Gaules,

f

LfttM, 1 i l m a r i 1*94.

ARCHEVCHDB

L Y O N

Je joins volontiers mon suffrage ceux que la Sainte Messe a recueillis si nombreux et si honorables. Je n'ai pu me procurer l'dification de la lire moimme, mais, sur le rapport que je m'en suis fait rendre, je sais que la doctrine en est sre, largement appuye sur les Pres et les Docteurs de l'Eglise ; je sais aussi que vous avez revtu cette doctrine d'un style clairet limpide et qui ne se ressent point du tout del langue d'origine, dont le gnie est si diffrent du gnie de la nfre. Je bnis donc votre livre et le recommande aux fidles, convaincu qu'il leur apportera une lumire nouvelle et une estime plus grande pour l'auguste Sacrifice de nos autels. Recevez, avec ces bndictions pour votre uvre et pour vous-mme, l'assurance de mon respect et de mon dvouement. f PIERRE, archevque de Lyon et de Vienne, primat des Gaules.

Extrait de la lettre adresse au traducteur, par Son Excellence Mgr FERRATA, Nonce apostolique Paris.

PARIS, le 10 novembre 1893.

Je ne veux pas tarder vous remercier de l'aimable envoi du livre intitul : la Sainte Messe par le R. P. Martin de Coche m, seule traduction franaise autorise. Au milieu de mes nombreuses occupations, je me ferai un plaisir de lire cet excellent ouvrage, que vous avez bien fait d'introduire en France et auquel je souhaite tous les succs et les fruits de pit qui ont t le but de votre patient et zl travail de traducteur f D., archev. de Thessalonique, Nonce apostolique.

Extrait de la lettre adresse au traducteur^ par Mgr FA VA, vque de Grenoble.

F"

flMNOBLB,

19 SB oOt 1891.

*v*artDB

GRBNOBLB

Notre-Seigneur Jsus-Christ n'est pas assez connu du monde, surtout dans son immolation sur nos autels. Travailler rpandre la lumire sur ce point capital de la religion, c'est une bonne uvre entre toutes. Un jour, expliquant la sainte Messe un personnage avec lequel je voyageais sur mer, je reus de lui cette rponse : fai su cela, je Val oubli! et sur cinquante hommes de notre socit, il y en a pour le moins quarante-cinq qui sont comme moi. Expliquons donc souvent la Messe. t AMAND-JOSEPH, oque de Grenoble.

APPROBATION DE 1 F UfiOURG

IflQGE

DE MOULINS

^

MOPLOW,

te li man is*r

VCHDE

M O U L I N S

Notre vnr prdcesseur a bien voulu, en 1891, approuver et recommander la traduction franaise du livre allemand la Sainte Messe. En moins de deux annes, la premire dition de cet ouvrage, ainsi traduit, a t puise, ce qui dmontre premptoirement le rel succs qu'il a obtenu auprs du public franais. Nous venons nous-mme de le lire avec une grande attention. Cette lecture nous a profondment difi et vive ment intress. Nous ne sommes pas surpris que ce livre, vieux de deux sicles (du moins quant au fond, car la forme en a t rajeunie), ait conquis en Allemagne une immense popularit et se trouve dans toutes les mains. Comme la vrit, il y a des livres qui ne vieillissent jamais. Avant la publication d'une deuxime dition qui, sans aucun doute, sera suivie de plusieurs autres, nous sommes heureux de joindre notre humble approbation celle de Mgr de Dreux-Brz, de Mgr Paris, voque de Verdun, et du R. P. Monsabr, l'illustre orateur de Notre-Dame de Paris,

16 Nous bnissons avec bonheur le traducteur courageux qui, dans une pense toute de foi et de pit, n'a pas recul devant ce travail ardu et pnible. En popularisant ce livre, en mettant davantage en relief l'excellence, la beaut de la sainte Messe, les fruits merveilleux de l'assistance au divin Sacrifice, il fait uvre d'aptre et il aura ainsi une grande part dans le bien que la lecture de ces pages rconfortantes produira dans les mes. Ce sera sa rcompense : on ne peut en souhaiter de plus belle. f AUGUSTE, vque de Moulins.

APPROBATION DE M DI BRIEY, M L DE M M

A

t

Meaux, le 9 Octobre 4893.

DE

M E A U X

Nous sommes heureux de joindre noire suffrage ceux qui, dj, recommandent cet excellent livre. Afin de compenser l'oubli et la dsertion du grand nombre, il faut aujourd'hui que les Chrtiens d'lite aient pour Notre-Seigneur Jsus-Christ un amour plus fidle et pour ses autels un culte plus empress. Ce livre les y aidera puissamment, en clairant leur foi et en nourrissant leur pit. Daigne le divin Matre bnir le zl traducteur et lui accorder le seul succs qu'il anftitionne : faire du bien aux mes. f EM., vque de Meaux.

APPROBATION DE I " GILIY, EVOQUE DE NIMES

*f"VGH

M M , M 90 oetobrt 1193.

N I M E S

.J'ai reu en son temps l'ouvrage sur la sainte Messe du R. P. Martin de Cochem, bien connu en Allemagne, et traduit en franais par un tertiaire dominicain. La prface que le R. P. Monsibr a mise en -tte de cette publication aurait suffi attirer mon attention sur ce prcieux ouvrage, si je ne l'eusse dj connu. J'ajouterai que la traduction franaise me parait excellente. Tout en respectant, avec un scrupule qui l'honore, le sens de Fauteur, le traducteur s'est si bien assimil la pense du livre que Ton se croirait en prsence d'un original. C'est, mon humble avis, le meilleur loge que Ton en puisse faire. Je bnis le livre et je souhaite qu'il se rpande beaucoup en France pour l'dification et le bien des flies qui se nourriront de l'excellente doctrine qu'il renferme. t JEAN-ALFRED, vque de Nmes.

APPROBATION DE M CURET-YARIN, VQUE D'AGEN

CR

tVCHti D'AGEN

I, e n v i s i t e p a r t o r a J e , Ja 10 m a r s 1894.

L'ouvrage du R. P . Martin de Cochem, dont la doctrine est si sre, et qui est devenu si populaire en Allemagne, mritait d'tre traduit en notre langue, afin d'tre accessible tous. Nous louons donc le pieux enfant de saint Dominique qui a consacr ses loisirs cette uvre de zle ; et nous bnissons sous cette nouvelle forme le livre de la Mainte Messe, persuad qu'il fera mieux connatre l'adorable Sacrifice de nos autels et produira dans tous ceux qui le liront d'heureux fruits de lumire et de saintet. f CHARLES, vque d'Agen

APPROBATIONS DE LA 3 DITION

e

APPROBATION D E

S. B.

LE CARDINAL

BODRRET

"f

RODEZ, 3 0 n o v e m b r e 1 8 9 4 ,

VCHDB

R O D E ZBT DB

V AB RE S

Nous avons lu avec une satisfaction particulire le livre intitul : la Sainte Messe, du Pre Martin de Cochem, des Frres Mineurs capucins, traduit rcemment pour tre vulgaris dans notre pays. Ce livre, qui depuis deux sicles porte l'dification dans les pays chrtiens de l'Allemagne, est aussi remarquable par la doctrine sre qu'il rsume sur l'auguste Sacrifice de nos autels que par la pit pleine d'onction dont son auteur a marqu chacune de ses pages. Il faut savoir gr au traducteur de l'avoir adapt au gnie de notre langue. Tous nos chrtiens pourront dsormais apprendre avec lui la dignit du saint

21 Sacrifice qu'ils ngligent beaucoup trop ; les mes pieuses y trouveront les considrations les plus propres leur taire aimer la sainte Messe o elles vont to s les matins alimenter leur pit. Q te Notre-Seigneur bnisse les aptres de nos autels et de ces divins mystres ! f ERNEST, cardinal BOURRKT, oeque de Rodez et de Vbres.

APPROBATION DE M* LDON, ftfyUK DE BELLE!

"f"

BBLLBT, l a 4 n o y e m b r a 1894.

VCHDE

B E L L E Y

Nous recommandons avec confiance aux fidles le livre du Pre Martin de Gochem sur la sainte Messe. Cet ouvrage, compose en allemand il y a deux sicles, obtint un grand succs ds son apparition. Traduit en franais pour la premire fois en 1891, il a eu dj plusieurs ditions en notre langue : une si rapide diffusion est le meilleur loge de l'uvre du traducteur. Utile aux prtres comme aux fidles en leur rappelant l'excellence du saint Sacrifice, les mystres qu'il renouvelle, l'hommage qu'il rend Dieu, les fruits qu'en retire l'Eglise de la terre et du purgatoire, il enseigne aux ministres du saint autel clbrer avec ferveur, aux fidles assister la sainte Messe dans les dispositions les plus parfaites. L'exposition dtaille des rites de la liturgie et l'explication de ses prires fournissent l'auteur l'occasion des plus intressantes instructions. Il les entremle de citations pleines d'autorit et de traits d'histoire choisis avec soin pour appuyer sa doctrine.

23 Peu de personnes entreprendront la lecture de ce livre sans la pousser jusqu'au bout; peu d'ouvrages sur cette matire, qui en a inspir tant d'autres, paraissent mieux mriter la recommandation des pasteurs et la sympathie des lecteurs chrtiens. f LOUIS-JOSEPH, vque de Belley.

APPROBATION DE IkF GEBAIGIRY

-J* VCHDB

CLERMoNt-FERRAND,

LE 8 J U I N 1 8 9 4

PANASon

C S BED - MP E A - EP I P

De passage Clermont, un de mes amis a bien voulu mettre sous mes yeux un volume intitul : la Sainte Messe, par le Pre Martin deCochem, traduit de l'allemand en franais et honor de nombreuses approbations piscopales. L'ayant parcouru, je me suis attach en lire plus particulirement certains passages. Mon ami m'ayant pri de lui consigner par crit ce que je pense de cet ouvrage, je n'hsite pas ajouter, et de grand cur, mon loge ceux dj dcerns l'auteur. Je crois en effet que ce livre a d faire beaucoup de bien aux mes et qu'il devra continuer son action salutaire sur tous les pieux chrtiens qui en feront attentivement la lecture. Je ne puis donc qu'encourager le traducteur rditer son ouvrage et que recommander aux fidles de le lire. Je forme le vu que la Sainte Messe du Pre de Cochem puisse aider tous les lecteurs profiter abondamment des trsors de grces dont le divin Sacrifice de nos autels est la source inpuisable. vque de Panas f PIERRE, ou Csare-de-Philippe.

Extrait d'une lettre adresse au traducteur par le Bvrendissime Pre Andr FRVHWIRTH, Matre gnral des Frres Prcheurs.

Rome, le 29 novembre 1894.

Je vous remercie de m'avoir envoy le livre traduit par vous sous ce titre : la Sainte Messe. Les nombreuses et hautes approbations qu'il vous a values sont bien propres vous consoler et vous rcompenser de la peine qu'a d vous coter ce travail. Mais ce qui est plus consolant encore pour votre foi et plus doux pour votre cur, c'est la pense que, par cette publication, vous aidez un grand nombre d'mes mieux apprcier l'excellence du saint Sacrifice et mieux en utiliser les bienfaits. Je suis heureux de vous en adresser mes religieuses flicitations... Pr. Andr FBUHWIRTH, matre gnral

APPROBATIONS DE LA 4 ' DITION

APPROBATION DE I F DOUTRELOUX, VQUK DE LIGE

f VCH

I" Vendredi dn mois de juillet 1895.

OB

LIGE

En terminant l'uvre, dont il s'est acquitt avec une si remarquable perfection, le pieux et zl traducteur du prcieux livre du R. P. Martin de Cochem sur la sainte Messe le caractrise en l'appelant un livre utile et consolant. Nul ne lira ces pages sans reconnatre, pour l'avoir prouve, l'entire et rigoureuse justesse de cette apprciation. Utile, ce livre l'est, par la manire claire, simple et onctueuse dont il instruit son lecteur du devoir et de l'essence du sacrifice en gnral, de la sublimit, des excellences et des vertus du saint sacrifice de la Messe en particulier. S'il claire l'intelligence, il ne console pas moins le cur, lui faisant dcouvrir et goter dans la sainte Messe toutes les suavits de l'amour deNotre-Seigneur Jsus-Christ pour nous, et lui inspirant la plusrcon-

27 fortante confiance en l'universelle efficacit de ce divin sacrifice. Nous formons le vu le plus ardent devoir ce livre dans les mains du plus grand nombre possible de fidles ; nous l'apprcions comme des plus utiles au clerg pour lui fournir des sujets d'excellentes mditations pour lui-mme et d'exhortations indispensables pour les mes qui lui sont confies ; nous estimons enfin que les sminaristes, surtout l'approche de leur ordination, trouveront dans cette lecture un moyen particulirement efficace de se prparer au digne accomplissement de la plus sainte fonction laquelle leur sublime vocation les a appels.f VICTOR-JOS.,

vque de Lige.

3

APPROBATION DE M

GLI

MARPOT, VEQUE DE SAINT-CLAUDE

F* VCK DE

IAINT-CLAUDB, le 24 J I L T 1895. UL E

SAINT-CLAUDE

Mon neveu, comme vous avez bien voulu l'en charger, m'a remis le volune de la Sainte Messe du Pre Martin de Cochem. Il m'est bien agrable, aprs avoir lu votre traduction de cet excellent ouvrage, de vous adresser mes plus sincres llicitations. Grce vous, nombre d'mes franaises pourront tirer un plus grand profit du divin trsor du saint sacrifice de la Messe, et pour la gloire de Dieu et pour leur salut ! Daigne la divine victime de nos autels rcompenser vos pieux labeurs !f CSAR-J , vque de Saint-ClaudeH

APPROBATION DE M FRROT, M m

D'ANGOULMK

"|"

.NGOULME, L 15 aot A

189A.

vcnt D'ANGOULME

J'ai voulu me rendre compte par moi-mme de la valeur de l'ouvrage du R. P. Martin de Cochem sur la Sainte Messe, que vous avez si bien traduit. Je le recommande mes fidles diocsains. Ils y trouveront une doctrine saine, expose avec pit et intrt, dans un style lgant et clair. Je bnis votre travail. Puisse-t-il avoir tout le succs qu'il mrite et puisse le Dieu de l'Eucharistie tre, par lui, mieux connu et mieux servi ! J.-B., vque d'Angoulme.

APPROBATION DE M BOBYIKR, VQUE DE TARENTAISE

ffi

j"

M O U L I N S , le 26 a o t 1895.

VCHDB

TARENTAISE

La sainte Mese est le centre et le foyer du culte catholique, le pius grand hommage qui puisse tre offert Dieu, la premire source des grces pour les hommes, puisqu'elle est le sacrifice mme de la croix reproduit, renouvel sur nos autels. Trop souvent les fidles oublient cette vrit importante; ils ngligent l'assistance la Messe pour s'appliquer des dvotions secondaires. Un bon livre sur la Messe est donc prcieux, afin d'en faire connatre VexceUence et les avantages. Or, tel est l'ouvrage du R. P. Martin de Cochem. A un expos doctrinal trs sr, on y trouve jointes les considrations de la pit vraie et affectueuse. Nous souhaitons qu'il se rpande parmi les fidles qui ont encore le got des lectures srieuses. Nous souhaitons surtout que les prtres s'en inspirent dans les instructions qu'il serait si utile de faire de temps en temps sur la Messe. Je bnis de tout cur le traducteur qui a eu la pense heureuse de le donner la France. f PIERRE-EM. vque de Tarentaise*

APPROBATIONS DE LA T EDITION APPROBATION DE I F DE PLACOT, VQ13E DE TROUESy VCHDE

TKOYM,

le

24

novembre 1900.

TROYES

Je n'ai pas encore pu parcourir entirement votre traduction franaise du beau livre du P. Martin de Cochem intitule la Sainte Messe, mais j'ai charg celui de mes vicaires gnraux qui m'a prsent cet ouvrage en votre nom de la lire attentivement et de m'en rendre compte. Son apprciation peut se rsumer ainsi : Ce livre saisit l'me tout entire, l'intelligence par une lumineuse et solide doctrine, le cur par l'onction dont il le pntre et les consolations dont il l'embaume. Je recommanderai volontiers au clerg et aux fidles de mon diocse un aussi utile et pieux ouvrage. Il sera certainement got par les compatriotes d'Urbain IV le pape du saint Sacrement. En vous flicitant d'avoir vulgaris chez nous. par votre traduction si claire et si franaise une uvre de grand mrite, laissez-moi vous remercier de votre dlicate attention et vous assurer de mon respectueux dvouement en Notre-Seigneur. f GUSTAVE-ADOLPHE, vque de Troyes.

APPROBATION DE J F D U M , ARCHEVQUE DE PRA

.j.

WYROUTH, la I m a r s itoi.

DtlGATTOff APOST0UVR S Y R I E

J'ai reu l'ouvrage intitul la Sainte Messe, dont vous avez eu la bont de m'envoyer un exemplaire, je l'ai lu avec un grand intrt et je vous flicite de l'heureuse pense que vous avez eue de le traduire dans notre langue. Je suis rest convaincu, en le parcourant, que sa lecture sera trs utile aux mes srieuses qui cherchent pour leur pit un aliment solide et substantiel. Cette conviction est confirme largement par les hautes et multiples approbations que l'ouvrage a dj reues et il me semble superflu d'y ajouter la mienne. Veuillez agrer l'expression de mes sentiments respectueux en Notre-Seigneur.f F. P. H, Ch. DU VAL,

o. d. archevque de Petra.s

P R E F A C E OE LA P R E M I R E E D I T I O N A L L E M A N D EPUBLIE LANXiSHOT

OBSK LECTKUR,

Cet ouvrage est pour vous un ami de famille. Son auteur, le Pre Martin de Cochem, vous conduit dans le jardin des grces de Jsus-Christ et vous montre les fleurs magnifiques qui s'y panouissent. Ces fleurs, il vous en explique la nature et les vertus, les runit en bouquet et vous les offre comme souvenir de votre promenade. Cest moins avec ses propres paroles qu'il vous entretient qu'avec celles de l'Ecriture et des Prs. Aussi son livre est-U populaire dans tous les pays de la ngue allemande et a-t-il sa place marque dans chaque maison chrtienne, ct de la vie des saints, de /Imitation de Jsus Christ el de VEvangile. L'dition que f offre au public sera, je l'espre, d'autant mieux accueillie que j'ai tch d'y rendre la langue plus lgre, les dmonstrations plus faciles, les exempte plus acceptables. Dans ceb derniers temps, notre idiome a beaucoup chang. Semblable au voyageur qui s'ouvre un chemin travers une fort vierge, j'ai d souvent tailler dans le texte. J'ai retouch en outre

34 nombre de phrases qui manquaient de clart dans les ditions prcdentes. Si, malgr mes efforts, le style garde et l un peu de rudesse, vous voudrez bien me le pardonner. T'ai laiss de ct les arguments qui, de nos jours, ont perdu leur force. En revanche, fai ajout en maint endroit des explications ceux qui, faciles comprendre Vpoque du Pre de Cochem, seraient moins accessibles nos contemporains. Grce ces modifications, d'ailleurs purement accidentelles, ils produiront sur votre esprit l'effet qu'en attendait Vauteur. Autre avertissement Les ouvrages dans lesquels le fervent religieux a pris ses exemples taient autrefois fort rpandus, tandis qu'aujourd'hui on ne les trouve plus que dans les bibliothques trs compltes. Je n'ai donc pu contrler avec exactitude toutes les citations. Je les ai reproduites de confiance, et sans me proccuper 2>lus qu'il ne faut des ides de mon temps. La Sainte criture ellemme n'est-elle pas, de nos jours, l'objet de mille critiques et, si Von voulait tenir compte de l'esprit du sicle, oserait-on seulement la citer F En parlant ainsi, je n'entends point tablir une comparaison rigoureuse, car aucun livre humain ne saurait tre plac au mme rang que la Bible, uvre du Saint-Esprit. Si, pour me conformer une mthode dtestable, f eusse retranch les rcits du Pre de Cochem, je vous aurais priv, vous qui tes habitu les entendre, d'un puissant moyen d'dification, et j'aurais commis une injustice envers Vauteur. Mon but, en ditant de nouveau l'Explication de la sainte Messe, a t de vous toucher et de vous in-

struire. Puiss-ie avoir saint religieux exercer influence qu'il a exerce Dans cette esprance, prires.

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-

russi / Puisse le livre du sur votre me la salutaire sur celles de vos pres/ je me recommande vos

Landshut, 22 mars 1853.L'EDITEUR.

PRFACE D E LA QUATRIME DITION

Lorsque ie posai la plume, il y a deux ans, aprs avoir termin mon adaptation de l'Explication de la sainte Messe, ie dsirais revoir encore ce travail avant que de le publier, mais l impression me suivait ligne par ligne, de telle sorte que nous fmes prts en mme temps. L'occasion s'offre aujourd'hui de raliser mes vux, puisque, trois ditions considrables ayant t puises en deux ans, une quatrime devient ncessaire. Je me suis efforc de manier la lime avec la mme mthode qu'aparovant, convaincu, par le rapide dbit de chaque dition, que i'ai trouv le langage convenable. Les changements n'ont trait qu' la puret du style; ils n'ont atteint aucun point essentiel et ils contribueront, j'espre, au succs de cette nouvelle publication.%

Landshut, 12 mars 1855.L'DITEUR.

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PRFACE

D E LA

ONZIME

DITION

Un livre qui, en peu d'annes, arrive sa 11" dition et s'est rpandu par milliers et milliers d'exemplaires, n'a plies besoin de recommandation. Il se prsente, comme un ami bien connu, dans la famille catholique, et rclame bon droit un affectueux accueil.Landshut, Ier

mars 1886. L'DITEUR

PRFACE

L'ouvrage qui vient d'tre traduit de l'allemand, par un pieux enfant de la famille dominicaine, a t compos, il y a deux sicles environ, parle R. P. Martin de Cochem, Capucin, auteur de plusieurs ouvrages estimes, qui n'ont point eu cependant le succs et la renomme de celui-ci. Son livre de la Sainte Messe, approuv par plusieurs vques et devenu populaire en Allemagne, a t mainte fois rdit avec des remaniements et corrections qui l'ont dbarrass de tout ce qui pouvait en rendre la lecture difficile. C'est sous sa dernire forme, actuellement rpandue dans le peuple, le clerg et les couvents d'Allemagne, isi rendait au Trs-Haut les honneurs qui lui sont dus, et confessait ainsi que Dieu est le vrai matre de toute crature. Tous les peuples ont montr combien le sacrifice est en harmonie avec les propensions de la nature humaine, en le mettant au nombre des pratiques exclusivement rserves uu culte de la Divinit. H tait donc ncessaire que le Sauveur institut pareillement un sacrifice pour son Eglise. Le plus simple bon sens dit en effet que Jsus-Chrht n'a pu priver les vrais croyants de cette forme suprme de l'adoration : autrement l'Eglise serait intrieure au judasme, dont les sacrifices taient si magnifiques que les gentils venaient des pays lointains pour

CHAPITRE PFEMIIR

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en contempler le spectacle, et que quelques rois paens ont pourvu aux frais qu'ils entranaient, comme cous le voyons dans l'Ecriture sainte ( 1 ) . Quant au sacrifice, tel que l'a institu Notre-Seigneur dans son Eglise, voici ce que nous enseigne le Concile de Trente (2) : Sous l'Ancien Testament, selon le tmoignage de saint Paul, le sacerdoce lvitique tait impuissant produire la perfection ; il fallut donc le Pre des misricordes le voulant ainsi qu'il se levt un autre prtre selon l'ordre de Melchisdech, qui pt rendre accomplis et pariaits tous ceux qui devaient tre sanctifis. Celui-ci, qui n'est autre que Jsus-Christ, notre Dieu et notre Matre, voulant laisser l'Eglise, sa chre pouse, un sacrifice visible, qui reprsentt le sacrifice sanglant qu'il devait offrir une fois sur la Croix, en perptut le souvenir jusqu' la fin des temps et en appliqut la vertu salutaire la rmission de nos fautes quotidiennes, se dclarant constitu prtre selon l'ordre de Melchisdech, dans la dernire Cne, et la nuit mme qu'il fut livr, offrit Dieu son Pre, sous les espces du pain et du vin, son corps et son sang, les donna recevoir, sous les symboles des mmes aliments, aux Aptres, qu'il tablissait alors prtres du Nouveau Testament, et leur ordonna, eux t leurs successeurs dans l sacerdoce, de renouveler cette oblation, par ces paroles : Faites'ceci en mmoire de moi , comme l'Eglise catholique Ta toujours compris et enseign. L'Eglise nous commande donc de croire que NotreSeigneur, la dernire Cne, non seulement a trans(1) II Machab., ni. (2) Sess. xxii, c. i .

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LA SAINTE MEME

substanti le pain e t le vin en son corps et e n son sang, mais encore qu'il les a offerts Dieu le Pre, et qu'il a institu ainsi le sacrifice du Nouveau Testament dans sa propre personne, exerant par l son ministre de prtre selon Tordre de Melchisdech. La Sainte Ecriture dit (1) ; Melchisdech, roi de Salem, offrit du pain et du vin, car il tait prtre du Tout-Puissant, et il bnit Abraham. A la vrit, le texte ne dit pas expressment que Melchisdech ait sacrifi Dieu; mais, ds le commencement, l'Eglise l'a compris et les saints Pres l'ont interprt de cette manire. David l'avait affirm en disant (2) : Le Seigneur l'a jur, et il ne se rtractera pas : tu es prtre ternel selon l'ordre de Melchisdech. Que Melchisdech et NotreSeigneuraientsacrifi vritablement, nousle concluons d'aprs saint Paul (3j : Tout pontife est tabli pour offrir des dons et des victimes. Le mme Aptre s'exprime encore plus clairement (4) : Tout pontife pris parmi les hommes est tabli pour les hommes en ce qui se rapporte Dieu, afin d'offrir des dons et des sacrifices pour les pchs. Il ajoute : Que personne ne s'attribue cette dignit, mais seulement celui qui est appel de Dieu, comme Aaron. En effet, le Christ ne s'est pas glorifi lui-mme pour devenir pontife, mais il a reu cet honneur de son Pre, qui lui dit : Tu es mon Fils, je t'ai engendr aujourd'hui, tu es prtre ternel selon Tordre de Melchisdech. Il est donc clair que Jsus-Christ et Melchisdech ont t pontifes, et que tous deux ont, ce titre, offert(1) Gen., xiv, 18 et 19. (2) Pfl. oxx. (3) Hebr., vin, 3. (4) Hebr., v, 1

CHAPITRE PREMIER

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Dieu des dons et des sacrifices. Melchisdech n'a immol Dieu aucun animal, comme faisaient Abraham et les croyants d'alors ; mais il a, par l'inspiration du Saint-Esprit et contrairement l'usage du temps, offert le pain et le vin avec des crmonies et des prires spciales ; il les a levs vers le Ciel et offerts au Tout-Puissant en agrable holocauste. Ainsi mrita-t-il d'tre la figure du Christ, et son sacrifice, l'image du Sacrifice de la loi nouvelle. Et c'est pourquoi, si Jsus-Christ a t sacr prtre par Dieu le Pre non selon l'ordre d'Aaron, qui immolait des animaux, mais selon l'ordre de Melchisdech, qui offrait le pain et le vin il est ais de conclure que, pendant sa vie mortelle, il a exerc son ministre sacerdotal et offert un sacrifice de pain et de vin. Mais alors se pose cette question : Quand NotreSeigneur a-t-il fait l'office de prtre selon l'ordre de Melchisdech? J'y rponds. Dans l'Evangile, on ne dit rien qui se rapporte une offrande de cette nature, en dehors de la dernire Cne (1). Comme ils taient souper, Jsus prit du pain, le bnt, le rompit et le donna ses disciples en disant : Prenez et mangez, ceci est mon corps. Ensuite, prenant le calice, il rendit grces et le leur donna en disant : Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de la nouvelle Alliance qui sera vers pour la rmission des pchs d'un grand iionY>:e. Dans ces paroles, il n'est pas dit que Jsus-Christ ait offert le pain et le vin ; mais le contexte est si clair qu'il n'y avait pas besoin d'en faire une mention formelle. Au reste, si Jsus-Christ n'a pas offert alors le(1) Matth,, xxvi, 26-28.4

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LA SAINTS MESSE

pain et le vin, il ne l'a jamais fait. Dans ce cas, il n'aurait pas t prtre selon l'ordre de Melchisdech, et je me demande ce que signifierait le langage de saint Paul : Les autres prtres ont t tablis sans serment, mais celui-ci Ta t avec serment. Dieu lui ayant dit : Le Seigneur l'a jur, et il ne se rtractera pas : tu es prtre pour l'ternit... Celui-ci, par l mme qu'il demeure ternellement, possde un sacerdoce ternel (1). L'Eglise a donc, au Coacile de Trente, donn l'interprtation vraie, et le sacrifice nouveau est le vritable sacrifice, pur et sans tache, que nulle indignit, nulle malice du sacrificateur ne peut souiller, celui que le Seigneur a annonc par la bouche du prophte Malachie, comme devant tre offert partout en son nom. Malachie (2) fait ainsi parler le Dieu des armes : En vous (prtres de l'ancienne Alliance) j'ai cess de me complaire, et, l'avenir, je ne recevrai de vos mains aucun don, car, de l'orient au couchant, mon nom est grand parmi les nations, et un sacrifice pur est offert en mon nom en tous lieux. Ce texte a t considr par tous les Pres comme une prophtie du trs saint Sacrifice de la Messe. En effet, cette prdiction n'a pas t accomplie dans l'Ancien, mais seulement dans le Nouveau Testament ; comme c'est aussi dans le Nouveau que fut ralisme la promesse faite par Dieu le Pre Notre-Seigneur (3) : Tu es mon Fils, je t'ai engendr aujourd'hui. Demande-lemoi et je te donnerai les nations en hritage. Nous(1) Hebr., vn, 21, 24. (2) Mal., i, 10, 11. {?) Ps., II.

CHAPITRE PREMIER

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savons tous que cet oracle s'accomplit la conversion des Gentils. La prophtie de Malachie ne peut s'appliquer expressment au sacrifice que Notre-Seigneur consomma sur la Croix, comme e prtendent tort les hrtiques, car ce sacrifice-l n'a pas t oflert en tous lieux, selon l'affirmation du prophte, mais dans un seul endroit : sur la montagne du Calvaire. Elle ne peut s'appliquer davantage ni nos prires ni nos bonnes uvres, car ni les unes ni les autres ne sont un sacrifice absolument pur, mais bien une offrande impure, ainsi que le reconnaissent les hrtiques euxmmes et que le proclame Isae : Nous sommes tous impurs, et les uvres de notre justice sont comme un drap souill (1). Donc la prophtie doit s'entendre exclusivement de la sainte Messe, qui est Tunique sacrifice du Nouveau Testament, sacrifice entirement pur, que JsusChrist offre Dieu son Pre en tous temps et en tous lieux par les mains des prtres. Notre-Seigneur est le seul pontife parfait et souverain ; les prtres ne sont que ses ministres ; ils ne font que lui prter leurs mains et leur bouche. Jsus-Christ, en effet, tant invisible, et le sacrifice devant tre visible afin que les hommes puissent s'y associer, il fallait ncessairement recourir au ministre des prtres. De plus, ce sacrifice aura lieu jusqu' la fin du monde, et ne cessera qu' l'arrive de l'Antchrist. Les hrtiques nous objectent que le mot Messe ne se trouve pas dans l'Ecriture Sainte. Soit, mais le mot Trinit ne s'y rencontre pas non plus. Sommesnous dispenss pour cela de croire cet auguste(1) le., LXIV, 6.

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LA SAINTE MESSE

mystre? L'Ecriture ne prescrit pas davantage le repos dominical ni le baptme des petits enfants, et cependant ce sont autant d'obligations strictes. Si le mot Messe ne figure pas dans la Bible, nous te lisons dans les ouvrages des papes, tels que saint Ciuient, troisime successeur de saint Pierre, saint Evariste et saint Alexandre, qui ont vcu dans le i* sicle. Saint Augustin, saint Ambroise, saint Jean Chrysostome et beaucoup d'autres emploient le mot Messe lorsqu'ils parlent du sacrifice du Nouveau Testament. Saint Ambroise crit, dans une de ses lettres (1) : Je restai mon poste, je commenai la sainte Messe... missam facere cpi et.... pendant le Sacrifice, je priai Dieu de daigner venir notre secours. Saint Augustin s'en sert incidemment (2). a Dans les leons que nous lisons la Messe, dit-il, nous reconnatrons, e t c . . Remarquez que la manire dont ces deux Pres ont employ le mot Messe prouve que l'usage en tait alors gnral. La tradition nous apprend que les Aptres euxmmes ont offert le Sacrifice de la Mes?e. Saint Matthieu fut tu l'autel pendant qu'il clbrait les saints mystres. Saint Andr, d'aprs la lgende, disait au juge ^Egeas : Je sacrifie chaque jour au Dieu toutpuissant non pas la chair des taureaux ni le sang des bouc*, mais l'Agneau immacul. Nous avons encore, de saint Jacques et de saint Marc, des liturgies de la Messe, c'est--dire des prires et des crmonies relatives au saint Sacrifice. Nous les trouvons dans le p volume de la Bibliothque des Pres; Tune fut en usage Jrusalem et l'autre Alexandrie, en Egypte.r p

(1) Ep. xx, 4-5. (2) Serm. 91, de

Tcmp.

CHAPITRE PREMIER

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La partie de la Messe appele Canon, qui va du Sanctus la Communion, nous vient de saint Pierre ; quelques phrases seulement furent ajoutes plus tard, par de saints papes, au texte primitif. Preuve vidente que, ds les premiers temps, la Messe fut en usage dans l'Eglise, et qu'elle y a toujours t reconnue sous ce nom comme le vrai sacrifice du Nouveau Testament. Voyons maintenant comment la sainte Messe a t attaque par les hrtiques. Les temptes furieuses que le dmon suscita diffrentes poques contre cet adorable Sacrifice en dmontrent la haute importance. On s'explique aisment qu'il n'ait pas t attaqu dans son essence pendant les dix premiers sicles. Les Juifs et les paens tant habitus considrer le sacrifice comme le centre de toute religion, les hrsies, mme les plus dtestables, taient obliges de respecter en principe celui des Chrtiens ; autrement tout le monde se serait dtourn avec horreur. L'ennemi devait se prparer de longue main avant de tenter quelque chose de si audacieux. Le premier instrument dont il se servit fut l'orgueilleux et parjure Brenger, de Tours, qui vivait de 1015 1088. Encore faut-il ajouter que ce malheureux revint la vraie doctrine huit ans avant sa mort, et qu'il s'teignit, plein de repentir, dans le sein de l'Eglise catholique. Mais ce qu'il avait sem germa secrtement, et, queues annes plus tard, les fruits s'en montrrent chez les Albigeois. Cette secte immorale et impie dclamait violemment contre la sainte Messe, surtout contre la Messe prive (1), et ceux qui(1) On dsignait sous ce nom la Messe basse.

4g

LA SAINTE MBSSR

la clbraient furent victimes de crimes sans nombre. Le Bienheureux Csaire de Heisterbach, contemporain de la perscution, puisqu'il mourut en 1240, nous raconte l'histoire suivante (1) : Les Albigeois punissaient de la manire la plus svre les prtres qui disaient des Messes prives. Or, un pieux ecclsiastique, brlant de zle pour l'honneur du saint Sacrifice, ne se laissa dtourner ni par les dfenses ni par les menaces de l'accomplissement de son ministre. Les hrtiques l'appri rent, et le magistrat, l'ayant fait amener devant son tribunal, l'interrogea en ces termes : Il nous a t affirm que, malgr notre dfense expresse, tu as dit une Messe prive, et qu'ainsi tu t'es rendu coupable. Est-ce vrai? Le prtre dit sans crainte : Je vous rpondrai comme les saints Aptres, lorsque le conseil des Juifs leur dem inda si, malgr la dfense porte, ils avaient prche Jsus-Christ : II faut obir Dieu plutt qu'aux hommes. Voil pourquoi, en dpit de vos injustes lois, j'ai dit la Messe en l'honneur de Dieu et de sa sainte Mre. Les juges furent tellement irrits de cette fire confession qu'ils accablrent d'injures le prtre zl, le maltraitrent, et, la fin, lui firent arracher la langue par le bourreau, devant tout le peuple. Le martyr supporta ce traitement horrible avec une grande patience, et, la bouche inonde de sang, alla l'glise, s'agenouilla devant l'autel sur lequel il avait clbr, p.us se plaignit humblement la sainte Vierge. Ne pouvant parler, il se recommanda du fond du cur la protection de cette Mre de misricorde. Nous ne dirons pas comment il Ait secouru. Il nous suffit de montrer avec (1) Lib. VII, 24

CHAPITRE PREMIER

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quelle rage infernale les hrtiques poursuivaient les prtres chez lesquels le zle de la foi tait plus fort que la crainte des tourments. On peut se convaincre de la vrit de ce rcit par les paroles que le Bienheureux Csaire a places en tte de son livre d'exemples : Je prends Dieu tmoin, dit-il, que je n'ai rapport ici que ce que j'ai vu de mes yeux, ou entendu de la bouche d'hommes qui auraient mieux aim mourir que mentir. Dieu a opr, pour donner une sanction nouvelle la sainte Messe, un grand nombre de miracles analogues. Le Bienheureux Csaire en relate une cinquantaine. Lisez son ouvrage, en fortifiant votre foi il augmentera votre dvotion au saint Sacrifice. La doctrine qui attaquait l'holocauste de la Nouvelle Alliance menaait en mme temps Tordre civil et politique ; c'tait les armes la main qu'elle voulait propager ses erreurs impies. Ce fut aussi par les armes qu'elle finit selon cette parole du Matre : Quiconque frappera par l'pe prira par l'pe. Presque entirement dtruite par une guerre qui dura de 1209 1229, elle disparut bientt aprs de la surface de la terre. Quand le dmon s'est mis en campagne, il n'abandonne pas la lutte de sitt. Une hrsie succombe, une autre lui succde. Si, par la raison que nous avons donne plus haut, les premiers hrsiarques n'osrent pas attaquer le saint Sacrifice, on ne vit, dans la suite, surgir aucune erreur qui n'y portt atteinte. L'infortun Martin Luther avait commenc, ds 1517, se sparer de l'Eglise, au sein de laquelle il avait jusque-l coul une vie tranquille. Toutefois, il ne renia ce mystre divin que bien des annes plus tard, ous l'inspiration du dmon. Afin que personne n'en

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LA SAINTS MESSE

doutt, Dieu a voulu que le misrable fit l'aveu de son ignominie en retraant de sa propre main la longue dispute qu'il eut ce sujet avec Satan. Je n'en dirai ici que peu de chose. Voici ce qu'il crit dans son livre de la Messe basse et de la conscration sacerdotale : Il m'arriva une fois de m'veiller tout d'un coup vers minuit, et le diable commena ainsi disputer avec moi : Sais-tu, savant docteur Luther, que tu as dit presque journellement pendant quinze ans une Messe prive?... Et si une telle Messe tait une affreuse idoltrie?... Et si 2e corps et le sang du Christ n'avaient pas t prsents ?... Et si tu n'avais ador quedupain et du vin ? Je lui rpondis : J'ai t fait prtre, consacr, oint et ordonn par l'vque, et j'ai agi par obissance envers mes suprieurs. Pourquoi n'aurais-jepas consacr, si j'ai srieusement prononc les paroles du Christ et clbr la Messe? Le dmon rpliqua : Bien! mais les Turcs et les paens agissent aussi en tout dans leurs temples par obissance, ils accomplissent srieusement leurs crmonies. Et, maintenant, si ta conscration et ton ordination taient fausses, comme est faux le culte des infidles? Tu sais bien qu'autrefois, quand tu professais le papisme, tu n'avais ni connaissance du Christ ni vraie foi..., car, de mme que tous les prtres et tous les vques, tu tenais le Christ pour un juge svre, et, afin de parvenir jusqu' lui, tu avais recours Marie et aux Saints. Ceux-ci taient des intermdiaires entre lui et toi, et tu lui drobais ainsi l'honneur qui lui est d; ni le Pape ni toi ne pouvez le nier. C'est pourquoi, te dis-je, tant ordonns et oints comme des paens, comment pourriez-vous avoir consacr ? En cette angoisse, je voulus me dfendre, continue Luther, et je dis (ainsi que j'tais habitu

CHAPITRE PREMIER

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le faire lorsque j'tais papiste) : Quand mme je n'aurais pas eu, moi, la vraie croyance, l'Eglise l'a et cela me suffit? Satan reprit : Mais o est-il crit que la loi de l'Eglise puisse te servir? Tu ne peux prouver cela par la parole de Dieu, et je puis affirmer, moi, que tout l'Enseignement de l'Eglise catholique n'est qu'un tissu d'erreurs. Le dmon menteur dit cela et beaucoup d'autres choses que j'abrge pour n'tre pas trop long. Vaincu par sa parole, je finis par avouer que j'avais pch en clbrant la Messe, et encouru la damnation comme Judas. Voyez, l'homme aveugle reconnat qu'il a reu ses leons de Satan. Il savait bien cependant que celui-ci hait tout ce qui est bon et n'enseigne que le mal. Ah ! si au lieu de penser comme l'Eglise, Luther avait vu dans la Messe une pratique superstitieuse, le dmon se serait bien gard d'argumenter contre lui. Loin de le dtourner de l'autel, il l'aurait au contraire engag & y monter, afin d'outrager Dieu davantage en multipliant les actes idoltriques. Les Luthriens ne furent pas les seuls repousser la sainte Messe; les Calvinistes, les Zwingliens et les autres sectes qui s'levrent aprs Luther, se joignirent eux. Ils allrent jusqu' dclarer qu'ils tenaient pour une idoltrie abominable ce sublime mystre. Ainsi parlent les Calvinistes dans leur catchisme d'Heidelberg. Je ne m'attarderai pas rfuter ce blasphme, mais je ne pouvais le passer sous silence. Si les hrtiques disent vrai, il faudrait conclure que, depuis la venue de Notre-Seigneur, personne n'a t sauv. En effet, les Aptres eux-mmes et tous les prtres ont dit la Messe, les Martyrs et les Confesseurs l'ont entendue avec dvotion et estime comme l'uvre la plus hautet

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de la pit. Il est donc vident que, si elle tait une idoltrie et un dsaveu du sacrifice unique de JsusChrist, les Aptres et tous les Chrtiens auraient, en y participant, gravement offens Dieu et mrit la damnation ternelle. Aucun homme sens n'osera tenir ce langage, aucun non plus n'ajoutera foi la doctrine calviniste. Saint Fulgence dit en propres termes (1) : Croyez fermement et sans le moindre doute que le Fils unique de Dieu, fait homme pour mous, s'est pour nous offert en sacrifice au ToutPuissant, comme victime d'agrable odeur. C'est lui, qui ne fait qu'un avec le Pore et le Saint-Esprit, que les patriarches, les propht *s et les prtres de l'Ancien Testament offraient des sacrifices d'animaux ; c'est lui aussi que maintenant, sous la loi nouvelle, la sainte Eglise catholique ne cesse d'offrir, dans la foi et la charit, le sacrifice du pain et du vin dans toute l'tendue de l'univers. Jugez vous-mme qui vous devez croire, de saint Fulgence, un des plus illustres disciples de saint Augustin, ou de Luther et Calvin, deux apostats. Pierre de Cluny dit ces deux hrsiarques (2) : Si le monde voulait recevoir vos nouvelles leons, il arriverait sous l're de grce ce qui ne s'est jamais produit au temps de la colre : les Chrtiens devraient cesser de sacrifier, et le culte de Dieu, qui a exist de tout temps, disparatrait entirement de la surface du globe. Oui, ennemis de Dieu. l'Eglise affirme qu'elle ne peut subsister sans sacrifice ; en toute occasion, elle enseigne ses enfants qu'elle n'en a pas d'autre que le corps et le sang de son Sauveur, et qu'elle renouvelle(1) De fide ad Petrum, c. 1W.

(2) E p . 2.

CHAPITRE PREMIER

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k chaque Messe ce qu'il a lait lui-mme une seule et unique fois par sa mort. Veillons ce qu'il ne nous arrive pas ce qui est arriv aux hrtiques. Pour leur malheur, l'ennemi du genre humain les a privs de la sainte Messe. Ne pouvant nous la ravir entirement, il s'efforce de nous aveugler et de nous engourdir, afin de nous retenir dans l'ignorance sur son efficacit. Avouons cependant que, si la malice de Satan n'est pas trangre la ngligence qui empche les hommes de s'instruire, il faut l'aire aussi une part considrable de responsabilit la raret des prdications, des instructions, des crits sur cet auguste mystre. On ne l'explique pas aux fidles, et on expose ainsi beaucoup de personnes le mconnatre ou y assister sans dvotion. Pour remdier ce mal, l'Eglise a ordonn aux pasteurs, par l'organe du Concile de Trente (1), de prcher souvent sur le saint Sacrifice, d'expliquer eux-mmes ou de taire expliquer par d'autres, pendant sa dure, quelques passages des prires qui y sont dites, ou de commenter quelque chose des mystres qu'il renferme, principalement les dimanches et les jours de fte. Ce dcret d'un concile cumnique oblige tous les prtres qui ont charge d'me* ; cependant, il y en a peu qui s'en mettent en peine. La plupart n'en tiennent aucun compte, et causent ainsi un grand prjudice i l'Eglise. Le peuple, ignorant toute l'efficacit de la Messe, ne l'aime et ne rsume pas, l'omet les jours de semaine, ne l'entend le dimanche et les ftes qu'avec

(1) Sess. z x n , 8.

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LA SAINTE MESSE

ngligence et inattention, quand il ne la manque pas sans scrupule comme sans raison. La cause principale de ce mal, c'est le silence des pasteurs. Ils en rpondront devant Dieu, car s'ils se conformaient aux ordres de l'Eglise et parlaient au moins quelques fois chaque anne sur un sujet si important, il serait impossible que le peuple n'apprcit pas trs haut ce prcieux trsor et ne lui ft pas trs attach. Rien, en effet, n'est plus utile que la sainte Messe. Que les Chrtiens s'en rendent compte, ils ne la manqueront pas si facilement, r:;cme les jours o l'audition n'en est pas obligatoire.

CHAPITRE II

De l'Excellence de la sainte Messe. de la Messe est M grande que les Anges eux-mmes ne pourraient l'exprimer dignement; cependant j'ose en parler, et nous aurons dj beaucoup gagn si j'arrive en donner une faible ide. Saint Franois de Sales lui dcerne plusieurs titres honorifiques (1). Le trs saint Sacrifice, dit-il, est entre les exercices de la religion ce que le soleil est entre les astres, car il est vritablement l'me de la pit et le centre auquel tous les m} stres et toutes les lois de la religion chrtienne se rapportent. C'est le mystre ineffable de Ja divine charit, par lequel Jsus-Christ se donne rellement nous, nous comble de ses grces d'une manire galement aimable et magnifique. 11 faudrait beaucoup de temps pour exprimer compltement toutes ces qualifications. Le saint vque de Genve veut dire que lemoyen de devenir vraiment pieux et de s'embraser rellement de l'amour divin, c'est d'entendre avec recueillement la sainte Messe. Le savant Osorius la prfre tous les autres mys'EXCELLENCE

(1) Introduction

la vie dvote, 2 partie, ch. xiv.

e

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LA SAINTS MESSE

tres de la religion (1) : Parmi tout ce qu'il y a dans l'Eglise, dit-il, la Messe est la chose la plus sainte et la plus prcieuse, parce que le saint Sacrement de l'Autel y est consacr et offert en sacrifice Dieu. Voici ce qu'ajoute Fornerus, archevque de BambiT^ (2) : La Messe surpasse de beaucoup en dignit tous les sacrements. Ceux-ci sont pleins de majest, mais combien n'est-elle pas plus auguste encore ! Ceux-ci sont pour les vivants des sources de misricorde : elle est pour les vivants et pour les morts l'ocan inpuisable de la libralit divine. Remarquez combien ce Docteur insiste sur la dignit du saint Sacrifice. Nous allons dire toutes les raisons de cette excellence. Elle se rvle d'abord dans le crmonial de la conscration des glises et des autels. Mais comme peu de personnes ont assist ce spectacle, et qu'une partie de ceux qui ont eu le privilge d'en jouir n'ont pas entendu ou n'ont pas compris les prires qui l'accompagnent, je vais le dcrire brivement.

1.

DE LA CONSCRATION

D ' U N E GLISE

CATHOLIQUE

En revtant les habits pontificaux J .ns le lieu o les saintes reliques sont dposes depuis la veille, l'vque rcite voix basse les sept psaumes de la Pnitence, puis il se rend avec le clerg devant la porte principale de l'glise. Cette porte est ferme, et il ne reste l'intrieur qu'un seul diacre. L'vque appelle l'assistance de Dieu sur le nouvel difice, et, aprs que le chur a chant les litanies des saints(1) Conc. de Miss a. (2) Conc. do Pass.y 65 et 69.

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Jusqu' ces paroles : De tout mal, etc. , il bnit l'eau, s'en asperge lui-mme et la rpand sur tous les assistants, en disant : Aspergez-moi avec l'bysope, Seigneur, et je serai purifia, et je deviendrai plus blanc que la neige. Puis il conduit la procession autour des murailles, qu'il asperge en disant: Au nom du Pre f et du Filsf et du Saint f Esprit. Pendant ce temps, le chur chante la prophtie dans laquelle il est annonc qu'au temps du Messie, le temple du Seigneur sera bti sur le sommet des montagnes et que tous les peuples y afflueront . (1) Revenu la porte, le pontife implore la protection du Dieu crateur et matre de l'univers sur cette maison dont il est lui-mme le fondateur, afin qu'un culte pur, libre et pieux y soit toujours exerc A ces mots, il s'approche de la porte, la frappe de sa crosse en disant haute voix : * Princes, levez vos portes, ouvrez-vous, po:tes ternelles, et le roi de gloire entrera. Le diaciv demande de l'intrieur : Qui est ce roi de gloire ? Et l'vque rpond ; C'est Je Seigneur fort et puissant, le Seigneur vainqueur dan^ le combat. Ensuite, le pontife recommence deux fois encore la procession circulaire avec les mmes crmonies, bnissant et a^pergpant la premire fois la partie infrieure, la seconde Ibis le milieu des murailles, rappelant dan> une oraison que le Fils de Dieu, qui est la Pierre angulaire, a runi les deux murs opposs : le judasme et le paganisme. Dans une autre oraison, il prie Dieu de se souvenir qu'il a promis de ratifier tout ce que ses prtres feraient en son nom, de bnir tout ce qu ils bniraient. Il s'avance alors vers la porte pour la troisime fois, frappe de(1) Is.,ii,

2.

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nouveau avec la crosse en rptant: Princes, levez vos portes, levez-vous, portes ternelles, et le roi do gloire entrera. Qui est ce roi de gloire? demande encore le diacre. Le pontife et le clerg rpondent : C'est le Seigneur des armes qui est le roi de gloire. Et ils ajoutent : Ouvrez, ouvrez, ouvrez ! A ce moment, la porte s'ouvre, l'vque trace, avec sa crosse, le signe de la Croix sur le seuil en disant : Voici le signe de la Croix, que tous les dmons s'enfuient ! Une fois entr dans l'glise, il dit : Paix cette maison. A quoi le diacre rpond : A votre entre. Le chur entonne un chant de paix et rpte les paroles de l'Evangile : Zache, descendez vite, etc. , et termine ainsi : Aujourd'hui, le salut a t apport par Dieu lui-mme cette maison. Parvenu au milieu de la nef, l'vque s'agenouille et commence l'hymne Veni Creator SpttHtus. Puis, viennent les litanies des Saints dans lesquelles sont intercales ces paroles : Daignez visiter ce lieu et y envoyer les Anges protecteurs , et enfin par trois fois l'invocation : a Daignez b-f nir, saneftifier et confsacrer cette glise et cet autel. Les litanies termines, on chante le cantique Benedictus (1), en rptant aprs chaque verset les paroles du patriache Jacob : t Combien ce lieu est redoutable 1 C'est rellement ici la maison de Dieu et la porte du Ciel! Pendant ce chant, l'vque crit l'alphabet grec et latin, avec sa crosse, en forme de croix, sur le sol couvert de cendres cet effet ; puis il bnit le sel, la cendre et le vin ml* l'eau, et on procde la conscration du matre autel. Le pontife rcite d'&bord l'antienne et le psaume du(i) L u c , x, C8-79.

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commencement de la Messe : Je m'approcherai de l'autel de Dieu, du Dieu qui rjouit ma jeunesse. Soyez mon juge, mon Dieu, et sparez ma cause de celle du peuple impie, etc. (1). Pendant ces prires, il plonge le pouce dans l'eau qu'il vient de bnir et trace une croix au milieu et aux quatre coins de la pierre. Dans l'oraison qui suit, il demande au Pre ternel, au nom du sacrifice qui fut offert sur l'autel de la Croix, de bnir cette pierre dont celle de Jacob n'tait qu'un symbole. Aussitt aprs, il entonne l'antienne : a Aspergez-moi avec l'hysope, etc. , et le chur chante le psaume 50 . Cependant, le prlat, semblable aux Isralites lors de la prise de Jricho, tourne sept fois autour de l'autel, l'aspergeant d'eau bnite et rptant l'antienne chaque pose ; il fait galement et par trois fois le tour de l'enceinte, aspergeant le bas,puis le milieu et enfin le haut des murailles. En mme temps le chur chante le psaume 121 qui traite du juste, pacifique et heureux royaume du Christ, les dix derniers versets du 67 o est prophtise la mission des aptres auprs des paens, enfin le 00 , qui promet ceux que Dieu protge la scurit dans les dangers et contre les attaques de leurs ennemis. Ces chants et ces crmonies termins, l'vque se place de nouveau au milieu de l'glise, en face de l'autel, et, rappelant dans une antienne l'chelle de Jacob, sur laquelle les anges montaient et descendaient, il implore, pour ce lieu de prires, les plus abondantes bndici ions du Ciel, aprs quoi il bnit le iment destin sceller le tombeau. On se rend ene e e

PS, MJI.i

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procession au lieu o sont dposes les reliques qui doivent y tre places, et on les apporte dans l'glise en chantant les antiennes suivantes : Oh ! qu'il est glorieux le royaume dans lequel les Saints se rjouissent avec le Christ ! Ils sont couverts de vtements blancs et ils suivent l'Agneau partout o il va ! La voie des Saints est droite, le chemin par lequel ils doivent passer est prt. ... Venez, lus de Dieu, entrez dans la cit du Seigneur, car on vous a bti un temple nouveau dans lequel le peuple adorera la majest du Seigneur, etc., etc. Arriv la porte de l'glise on s'y arrte, et l'vque adresse l'assistance une allocution dans laquelle il clbre la saintet du tabernacle du Seigneur, tabernacle qui n'tait cependant qu'une ombre de nos sanctuaires, et partant de l, il dmontre combien nous devons respecter ces derniers. Il demande ensuite au fondateur ce qui est allou l'glise et on dresse un procs-verbal. Aprsune courte oraison, le Pontife tait sur la porte, avec le saint chrme, une onction en forme de croix, puis la procession s'avance vers le matre autel au chant de ces paroles : Les Saints qui ont suivi les traces du Christ se rjouissent dans leur triomphe, et parce qu'ils ont vers leur sang pour l'amour de Lui, ils tressailliront dune ternelle allgresse. Cependant, le tombeau est consacr, les reliques y sont dposes et scelles pendant que l'vque dit : Vous avez pris place, Saints, sous l'autel de Dieu... Sous l'autel de Dieu j'ai entendu la voix des martyrs, puis encore : Les corps des Saints vivront dans l'ternit, et d'autres paroles tires galement de l'Ecriture. Lorsque ce glorieux spulcre est clos, l'vque pro* mne l'encensoir en forme de croix au milieu et aux quatre coins de l'autel, ensuite il le donne un prtre

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qui continue d'encenser en tournant tout autour jusqu' la fin de la crmonie. Durant ce temps, on chante lepsaume83%danslequelDavid soupire aprs le temple de Moria ; le psaume 91 , qui est une louange sublime adresse Dieu le psaume 44 , chant d'amour dans lequel sont clbres les prrogatives communiques par le Sauveur l'Eglise; le 147 , qui exalte sa magnificence l'gard de Jrusalem. Enfin, leconscrateur va oindre a\ec le saint chrme les douze croix peintes sur les murailles et les encense de trois coups, chacune en particulier. De retour a l'autel, il bnit l'encens qui doit y tre brl et dont les grains sont placs, en forme de croix, sur les cinq croix de la pierre. On allume alors les cierges qui y sent poss, en faisant communiquer la flamme de l'un l'autre, et, pendant que ce foyer de lumire brle sur l'autel, l'vque s'agenouille en disant : Venez, EspritSaint, remplissez de lumire le cur de vos fidles et allumez en eux le feu sacr de votre amour. La crmonie s'achve par des prires semblables, chantes sur le ton del Prface,e e e

A la fin, le Pontife adresse Dieu cette demande : Confirmez ce que vous avez opr parmi nous dans votre saint temple qui est Jrusalem. Allluia ! Le chur fait entendre le psaume 67 , hymne de victoire de l'Eglise. On bnit les nappes et les ornements de l'autel et l'vque commence la Messe. Ceux qui assistent la conscration d'une glise sont trs surpris de ce grand nombre de crmonies, d'onctions, de bndictions et de prires. Pourquoi tant de peines, de temps et de frais ? C'est pour rendre ce temple plus digne du Sacrifice sublime qui doit y tre offert, et l'autel assez pur pour recevoir l'Agneau de Dieu, victime sainte et sans tache.e

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Le Chrtien se convaincra ainsi de la saintet de la maison du Seigneur et du respect qu'elle exige. Le temple de Salomon n'tait que l'image des ntres; cependant les Juifs et les paens eux-mmes l'avaient en vnration. Le III livre des Rois, ch. vin, et le fcond des Paralipomnes, ch. vi et vu, rapportent qu' la ddicace de cet difice, Salomon immola vingt-deux mille bufs et cent vingt mille brebis. Pendant que le roi priait haute voix, un feu mystrieux descendant du ciel dvora toutes les victimes, une nue paisse se rpandit dans l'enceinte sacre et la majest divine se rendit visible. A ce spectacle, les enfants d'Isral, saisis d'une frayeur surnaturelle, tombent le visage contre terre, dans un profond sentiment d'adoration, puis Salomon s'crie : Est-il croyable que Dieu habite vritablement sur la terre?Si le Ciel et les Cieux des Cieux ne peuvent vous contenir, combien le peut moins encore cette maison que j'ai btie ! Qui comprendra jamais la dignit de ce temple? Cependant, il ne faisait que figurer nos glises, il n'enfermait que l'arche d'alliance, o taient conserves les deux tables de la Loi, une corbeille de manne et la verge d'Aaron qui avait fleuri ! Les victimes, dans les sacrifices judaques, n'taient que des animaux immols et brls, offerts avec du pain, du vin, des gteaux et autres choses semblables. Quelle n'est pas la supriorit du temple chrtien, consacr avec l'huile et le chrme, asperg d'eau bnite, parfum avec les vapeurs de l'encens, sanctifi par l'imposition du signe de la Croix et destin l'oblation du saint Sacrifice ! Au lieu de l'Arche d'Alliance, nous avons le saint ciboire dans lequel est conserv le pain vritablement cleste,e

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le saint Sacrement de l'autel, le vrai corps de JsusChrist. On nomme l'glise la a Maison de Dieu , et elle l'est en ralit, puisque Notre-Seigneur y demeure en tout temps. C'est l que l'arme des Anges le sert et l'adore, le loue et lui apporte nos prires, touchant mystre figur par la vision de Jacob (1) ; Une nuit, le patriarche, endormi dans la campagne, vit en songe une chelle allant de la terre jusqu'au ciel, sur laquelle les Anges de Dieu montaient et descendaient. A ce spectacle, il s'crie, saisi de frayeur : Combien ce lieu est redoutable ! Vraiment, c'est ici la maison de Dieu et la porte du ciel ! Il oignit ensuite avec de l'huile la pierre sur laquelle sa tte avait repos, et rrigea en autel. C'tait l, je l'ai dit, un symbole prophtique de l'glise chrtienne, dans laquelle la pierre de l'autel est ointe avec l'huile et le saint chrme, pierre sacre dont on peut dire en vrit : a Combien ce lieu est redoutable! C'est ici la maison de Dieu et la porte du Ciel. L, les Anges montent et descendent pour transmettre Dieu nos prires et nous apporter ses grces. Nos glises sont encore ce lieu dont le Seigneur parle par la bouche d'Isae (2) : Je les conduirai ma montagne sainte, je les remplirai d'allgresse dans la maison de prire. Leurs victimes, consumes sur mon autel, me seront agrables, et ma demeure sera nomxe une maison, de prire pour tous les peuples. Tout cela prouve le respect que mrite le lieu saint. Ah! si nous avions une Coi vive, c'est avec frayeur que nous y entrerions, c'est avec le plus profond(1) Gen. xxviii, i l , 17 et 18. (2) Is., L V I , 7.

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anantissement que nous adoiei io;.s Notre-Seigneur dans l'Eucharistie, et que nous vnrerions les Anges. David le proclamait hautement (1) : J'irai dan* votre maison, et je vous adorerai avec crainte dans votre saint temple. En prsence des Anges, je chanterai vos louanges et j'exalterai votre saint Nom. Ceux qui causent, rient ou pchent de toute autre maniio pendant le service divin provoquent la colre de Dieu et se rendent coupables envers sa Majest d'une offense qui pourrait ire grave. On ne saurait donc se comporter assez religieusement l'glise, ni s'abstenir avec as-ez de soin de toute parole inutile, de tout regard curieux, ni prier avec assez de dvotion, ni adorer avec assez de ferveur, ni confesser ses pchs avec assez d'humilit et de repentir.

2.

D B LA CONSCRATION DES P R T R E S

On reconnat aussi l'excellence de la sainte Messe la conscration que reoivent les serviteurs de l'autel, et sans laquelle ils ne peuvent exercer le moindre ministre. L'homme qui se destine au sacerdoce, a en effet sept degrs franchir, avant d'tre jug digne d'offrir l'Agneau sans tache. Ceux qui ont reu les quatre premiers ordres sont destins surtout servir les prtres l'autel, mais aucun d'eux n'oserait toucher un calice, une patne, un corporal ou un purificatoire; car, pour tre autoris h la faire, il faut avoir reu le cinquime ordre, le sous-diaconat, h moins d'une dispense particulire ou d'un cas d'absolue ncessit. De mme que, dans la loi de Mose, les (1) Ps. oxxxvn, 2.

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Lvites seuls pouvaient toucher et nettoyer les vases sacrs, les prtre*, les diacres et les sous-diacres ont Mois le droit de toucher et de nettoyer le< objets qui servent immdiatement la clbration de la sainte Messe. 11 est convenable d'ailleurs, que les choses employes l'accomplissement du plus haut mystre, et mises en contact avec le corps trs saint de NotreSeigneur, soient entirement pures. Des lois spciales obligent les prtre*, les diacres et les sous-diacres tenir ces objets dans la plus rigoureuse propret. Il est certain que les ecclsiastiques ngligents encourraient une responsabilit, laquelle pourrait mme s'tendre toute la paroisse, si le prtre en tait rduit clbrer avec une aube malpropre, une chasuble dchire, un calice oxyd, si l'autel restait priv d'ornements dcents, pendant qu' chaque fte les fidles renouvellent leurs toilettes et en talent le luxe dans l'glise. Ne serait-ce point une preuve qu'on verrait d'un il indiffrent la pauvret de la maison de Dieu? Cette glise, vos pres l'avaient btie et pourvue des objets ncessaires. Faudrait-il donc que le mobilier durt aussi longtemps que les murailles? On le dirait, puisque vous ne vous mettez point en peine de l'en* tretenir. Ce spectacle attristant est une honte pour une paroisse; un signe certain qu'on n'y comprend plus l'excellence du Sacrifice auguste du Nouveau Testament. On reconnat plus particulirement encore cette excellence aux crmonies qui accompagnent la conscration sacerdotale. Un diacre, au moment d'tre ordonn prtre, est revtu de l'amict, de l'aube et de rtole passe sur l'paule gauche et attache sur le ct droit. Il s'agenouille devant l'vque assis sur son

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trne, prs de l'autel. Le pontife lui reprsente la gravit des fonctions qu'il est appel remplir, et demande au peuple s'il l'en juge digne. Si personne ne rclame, le prlat s'agenouille et rcite haute voix les Litanies des Saints, pendant que le diacre, prostern, le visage contre terre, prie avec lui. Il lui pose ensuite la main sur la tte, dit une oraison et une longue prface, lui met l'tole autour du cou et la chasuble sur les paules. La conscration proprement dite a lieu pendant la rcitation du Vent Creator. L'vque est assis sur son sige; l'oidinand, genoux,-lui prsente les mains. L'vque y fait les onctions avec les saintes huiles, en disant ; Daignez, Seigneur, par ces onctions et par notre bndiction, consacrer et sanctifier ces mains. Puis il ajoute, en y faisant le signe de la croix : Au nom de Notre-Seigneur Jsus-Christ, que tout ce que ces mains bniront soit bnit, et que tout ce qu'elles consacreront soit consacr. A ces mots, il attache l'une contre l'autre, avec une bandelette de lin, les mains du diacre, puis il lui prsente le calice avec la patne et l'hostie : a Reois, dit-il, le pouvoir d'offrir le sacrifice Dieu et de clbrer la Messe, aussi bien pour les vivants que pour les morts, au nom du Seigneur. Amen. Les mains sont dlies, le nouveau prtre se les lave, et le pontife continue la sainte Messe. A l'Offertoire, il se prsente l'offrande avec un cierge allum qu'il remet l'vque en lui baisant la main. Puis il s'agenouille derrire le clbrant et dit mot mot la sainte Messe avec lui, en suivant dans un missel. A la Communion, il reoit de l'vque le corps du Sauveur. Aprs le rcitation du Credo, le prlat lu

CHAPITRE II

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pose les deux mains sur la tte en disant : Reois le Saint-Esprit ceux qui tu remettras les pchs seront absous, mais les pchs que tu retiendras seront retenus. Enfin, le prtre pi omet obissance . l'vque qui le bnit avec les paroles suivantes : a Que la bndiction du Dieu tout-puissant, Pre, Fils et SaintEsprit, descende sur toi, afin que tu sois bni dans Tordre sacerdotal, et que tu puisses offrir des hosties salutaires, pour les pchs et les offenses du peuple, au Dieu tout-puissant qui honneur et gloire, dans to\is les sicles des sicles. C'est ainsi que l'Eglise catholique consacre ses prtres. Il n'est pas difficile de comprendre combien est respectable l'antique usage de dployer une grande solennit dans la collation des ordres ; mais on demandera peut-tre : Pourquoi ces promotions successives ? Pourquoi cet appareil? Pourquoi ces prires, ces onctions, ces crmonies? Le but principal qu'on se propose est certainement de nous apprendre combien il faut tre saint pour monter l'autel, et offrir la redoutable majest de Dieu la Victime sans tache. Autre tmoignage de l'excellence de la sainte Messe : les objets ncessaires sa clbration. Ces objets sont : un prtre ordonn, remplaant la personne mme de Jsus-Christ; un autel consacr, nouveau Calvaire sur lequel l'Agneau divin sera immol; les vtements sacerdotaux dont voici rnumration ; Uamict quQ le prtre pose sur sa tte et sur son cou, en mmoire du voile avec lequel, chez Ca'phe, les Juifs ont couvert la face du Sauveur en lui disant par moquerie : Christ, prophtise et dis-nous qui t'a frapp. Uaube, souvenir de la robe blanche dont il fut habill chez Hrode.y

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Le cordon, qui symbolise ia corde avec laquelle il fut attach. Le manipule, qui fait penser aux liens qui t e i gnirent ses bras. Vtole, qui figure les chanes de fer dont il fat charg aprs sa condamnation. La chasuble, image du manteau d'carlate jet sur ses paules. La croix centrale de cet ornement reprsente celle sur laquelle il fut clou, et la colonne du devant la colonne de la flagellation. Disons un mot des objets qui serrent au saint Sacrifice. Le calice consacr rappelle la fois le calice de douleurs que Jsus a bu jusqu' la lie et le tombeau dans lequel son corps fut dpos. La pale, ia pierre quadrangulaire du spulcre. La patne, l'urne qui contenait les parfums ncessaires l'embaumement. Le corporal, le saint suaire qui enveloppa le corps sacr du Sauveur. Le purificatoire, les linges qui servirent la spulture. Le voile du calice, le voile du temple qui se dchira de lui-mme du haut jusqu'en bas. Les deux burettes, les deux vases remplis de fiel et de vinaigre, offerts au Fils de l'homme pour tancher sa soif. A cette numration des choses requises pour la clbration de la Messe, ajoutez : du pain azyme, un ' rucifix pos sur le tabernacle, du vin, de l'eau, deux chandeliers garnis de cierges, un missel, un pupitre, trois nappes couvrant l'autel, un manuterge avec lequel le prtre s'essuie les mains aprs les ablutions,

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une clochette et enfin un clerc qui sert le prtre l'autel et lui rpond au nom du peuple. La plupart de ces objets sont tellement indispensables, que le clbrant commettrait un pch grave s'il s'en passait. Un exemple me tiendra lieu de preuve : A l'poque o l'Espagne gmissait sous le joug des Maures, un roi de Caravaca, qui gardait dans les fers un grand nombre de Chrtiens, eut piti de ces malheureux et se dcida le* librer tous. Il demanda chacun d'eux quel tait son mtier et lui permit de l'exercer. Parmi les prisonniers se trouvait un prtre qui, interrog son tour, 1 pondit avec le plus grand srieux : J'exerce l'art de faire descendre du Ciel Je Dieu tout-puissant. Le prince lui ayant command de se mettre l'uvre, il rpliqua : Je ne puis le faire qu' la condition d'avoir entre les mains tous les objets ncessaires. Le roi idoltre lui ordonna d'crire en pays chrtien pour les faire venir. Le prtre en dressa la liste dtaille, mais il oublia d'y inscrire le crucifix. Lorsque le tout fut apport, et qu'il voulut commencer le saint Sacrifice, il remarqua l'absence de la croix et demeura longtemps indcis ne sachant s'il devait clbrer. Le roi, le souponnant de ne pas connatre parfaitement son art, lui demanda la cause de son trouble. Prince, rpondit-il, j'ai oubli la croix ; cela me jette dans l'inquitude, j'hsite monter l'autel. Pendant qu'il dlibrait ainsi, invoquant le secours du Ciel, la vote de pierre s'entrouvrit, et deux Anges, brillants comme le soleil, descendirent, portant dans leurs mains une croix de bois toute lumineuse qu'ils placrent sur Fautel. cette vue, le prtre commena, mais le roi et tous les Maures qui taient dans la salle, prenant

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les Anges pour des Dieux, tombrent, pleins d'effroi,, le visage contre terre, et ne se relevrent que lorsque la vision se lut vanouie (1). Telle est l'origine de la croix espagnole que Ton conserve Garavaca avec la plus grande vnration, et qui est montre au peuple le jour anniversaire de celui o elle fut apporte du Ciel. Ce fait prouve bien l'importance que nous devons attacher tout ce qui sert la clbration du saint Sacrifice. On reconnat enfin l'excellence del Messe aux crmonies prescrites pour la clbrer. Je ne citerai ici que les plus importantes ; le prtre tait sur lui seize fois le signe de la croix; il se tourne six lois vers le peuple; il baise l'autel huit fois; onze fois il lve les yux au Ciel ; il se .frappe dix fois la poitrine ; il fait dix gnuflexions; il joint les mains cinquante-quatre fois; il fait vingt et une inclinations avec la tte et sept avec les paules ; il se prosternehuit fois ; il bnit trente et une fois l'offrande avec le signe de la croix ; vingtdeux fois il pose les deux mains sur l'autel; il prie, en les tendant, quatorze fois, et en lesjoignant, trentesix fois; il met sa main gauche seule plat sur l'autel neuf fois, il la porte onze fois sur sa poitrine; il lve les deux mains vers le ciel quatorze fois; onze fois il prie voix basse, et haute voixtreizo fois ; il dcouvre dix fois le calice ; enfin il change de place vingt fois. Il doit observer encore une foule d'autres prescriptions, ce qui porte cinq cents le nombre des crmonies. Joignez ce chiffre celui des rubriques, et vous verrez que le prtre, qui dit la Messe suivant le rite de l'Eglise catholique romaine, est.(1) Beyrlinck, au mot Crux

CHAPITRE

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astreint neuf cents obligations diffrentes. Chacun de ces points a sa raison d'tre, sa signification spirituelle, son importance ; chacun tend faire accomplir avec la foi requise le redoutable Sacrifice de l'autel. Aussi le Pape saint Pie V a ordonn de la faon la plus formelle tous* cardinaux, archevques, voques, prlats et prtres, de dire la messe de cette manire, sans-rien y changer, sans y ajouter ou en retrancher quoi que-ce soit. La moindre ngligence pourrait prendre ici une certaine gravit, tant parce qu'elle 'aurait pour objet l'acte le plus grand et le plus saint de notre culte, que parce qu'elle serait une dsobissance formelle Tordre d'un Pape. Personne ne peut imaginer ni un mouvement de mains plus digne, ni une plus convenable attitude du corps, ni un maintien plus difiant que ceux que prescrit l'Eglise. On assiste d'ailleurs avec plus de recueillement d'esprit une Messe o toutes les crmonies sont observes qu' celles o elles sont violes. Avouez par consquent que le prtre qui clbre avec une exactitude consciencieuse (abstraction faite de cette vrit que tout homme qui remplit son devoir mrite l'estime) a droit votre gratitude, car, loin de gner votre dvotion, il la facilite. Grce lui, vos prires sont plus pressantes, et il contribue pour une large part leur succs.

3.

D U PRINCIPAL PRTRE D E LA SAINTE MESSE

Bien que la dignit du saint Sacrifice ressorte claire* ment des crmonies et des prires de la conscration de l'glise et de l'autel, comme de l'ordination du prtre et des prescriptions liturgiques, rien cependant

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LA SAINTS MB8SE

n'en dmontre mieux l'excellence que la personne mme du sacrificateur. Or, ce sacrificateur qui est-il ? leprtre? l'vque? le Pape? un ange? Marie, la Reine des Saints ? Ce n'est personne autre que le Prtre de^ prtres, l'Evque des voques, le Fils unique de Dieu, Jsus-Christ, que son Pre lui-mme ordonna prtre ternel selon l'ordre de Melchisdech. Oui, c'est lui qui donne la sainte Messe une excellence incomparable : c'est lui qui lve le sacrifice chrtien au rang d'oeuvre divine. Que Jsus-Christ soit le prtre, je le prouverai par ces paroles de saint Chrygostome (1) : Les prtres, dit-il, sont de simples serviteurs ; celui qui sanctifie et transsubstantie l'offrande, c'est Jsus-Christ. A la dernire Cne, il a consacr le pain et le vin, maintenant encore, il continue d'oprer le mme miracle... C'est pourquoi, Chrtien, quand tu vois le prtre consacrer, souviens-toi que c'est la main invisible de Dieu et non la sienne qui accomplit le Sacrifice. Par ces paroles, le saint Docteur enseigne que le Christ accomplit personnellement les points essentiels de la Messe, qu'il descend du Ciel pour changer le pain et le vin en son corps et en son sang, qu'il s'offre lui-mme Dieu pour le salut du monde et, qu'en fidle mdiateur, il prie pour la rdemption du peuple. Il emprunte aux prtres leur voix et leurs mains, niais c'est lui qui accomplit le divin Sacrifice. Le tmoignage de saint Jean Chrysostome vous parat-il insuffisant? Voici celui de l'Eglise catholique (2) : Comme dans le Sacrifice divin accompli la sainte Messe, le mme Christ qui s'est offert lui(1) Hom. XL Ad pop. Antiooh. (2) Trid., tes. 32, c. 2.

CHAPITRE

II

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mme une fois et d'une manire sanglante sur la Croix est prsent et immol d'une manire non sanglante, le saint Concile enseigne que ce Sacrifice est vraiment propitiatoire..., car le Seigneur accorde la grce, le don de pnitence, le pardon des pchs et des crimes, si grands qu'ils soient, apais par ce sacrifice o s'immole cette une et mme Victime, immole sur le Calvaire, o s'offre par le ministre des prtres celui-l mme qui s'offrit un jour sur la Croix, C'est donc videmment la doctrine de l'Kgi.seque les prtres sont simplement les serviteurs du Christ, et que Notre-Seigneur s'offre l'autel aussi bien et aussi efficacement qu'il s'est offert sur l'arbre sanglant de la Croix. Quel grand honneur, quelle grce immense, quel inestimable trsor dans cet acte par lequel Jsus daigne se faire notre prtre et notre mdiateur! L'aptre saint Paul est trs explicite sur une vrit si consolante (1) : Il convenait, dit-il, que nous eussions un pontife saint, innocent, immacul, spar des pcheurs et lev au-dessus des Cieux... La loi n'tablissait prtres que des hommes infirmes; mais la parole de Dieu, confirme par son serment, tablit pontife pour toujours son Fils qui e 4 parfait. L'Aptre ne nous ruontre-t-il pas, par ces sublimes paroles, combien Dieu nous estime, puisqu'il nous a donn pour prtre et mdiateur non un homme fragile et pcheur, mais son Fils unique? Considrons maintenant pourquoi Jsus-Christ n'a pas voulu confier son Sacrifice des hommes. La principale raison est que ce Sacrifice devait tre d'une(1) Heb., vu, 26-43.

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LA SAINTE MESSE

puret absolue, comme l'avait annonc le prophte Malachie (1). Aussi l'Eglise proclame-t-elle (2) c qu'il ne peut tre souill par aucune indignit ni aucune malice de ceux qui l'offrent. Certes, si les prtres taient les vritables sacrificateurs, la Messe ne serait que trop souvent profane ; du moins, on pourrait toujours concevoir des doutes sur la manire dont Dieu l'accueille. Mais, d'aprs les propres paroles du Psalmiste (3) : a Tu es prtre ternel selon l'ordre de Melchisdech, Dieu a voulu que son Fils prt luimme le nom et la fonction de prtre. Bien que les prtres disent la Messe, ils ne sont donc, proprement parler, que les serviteurs du Grand Prtre Jsus-Christ. Un serviteur reoit de son matre un ducat pour l'offrir dans un lieu de plerinage, le don ne saurait tre souill par la conscience du mandataire, ce dernier ft-il coupable de pch mortel ; de mme l'indignit du prtre ne saurait atteindre le Sacrifice qu'il offre au nom de Jsus-Christ. Pourquoi Notre-Seigneur n'a-t-iJ voulu confier la Messe ni aux Anges, ni aux Saints, ni sa trs sainte Mre, qui, tous, purs et pleins de grces, loin de profaner ce mystre auguste, l'auraient accompli de la manire la plus parfaite? Quelle messe pieusement dite que celle o officierait saint Pierre, saint Paul, un Chrubin, un Sraphin! Quelle joie et quelle dvotion n'enprouveraientpaslespersonnesquil'entendraient, en voyant la pit, le respect, l'attention du clbrant ! Ah ! leurs curs dborderaient d'amour et de joie divine. Que serait-ce donc si la MredeDieuelle(1) Malach., i, 11. (2) Trid., sess. 22, c. 1.

(3} Ps. oix, 5.

CHAPITRE ZI

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mme offrait son cher Fils sur l'autel? Les paroles qu'elle adressa sainte Mechtilde nous en donnent une ide (1) : J'ai offert mon Fils, le jour de la Purification, lui dit-elle, avec une si grande pit et une telle reconnaissance que la dvotion de tous les Saints n'aurait pu galer la mienne. Or, si Marie tvait ces sentiments quand elle tait encore sur la terre, que n'prouverait-elle pas maintenant qu'elle est au Ciel? Quelle ne serait pas la vertu, la puissance, la saintet du Sacrifice qu'elle offrirait? Une telle uvra serait assurment quelque chose d'ineffable; elle resterait nanmoins infiniment audessous de ce qu'exige la saintet de Dieu, et le sacrifice ainsi accompli ne mriterait pas de lui tre offert. La seule oblation vraiment convenable est celle dans laquelle la personne du sacrificateur est au niveau de la majest souveraine. Aussi Jsus-Christ n'a confi la Messe aucun Ange, aucun Saint, aucun homme.