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MASTER GENIE URBAIN – DEVELOPPEMENT URBAIN DURABLE Session 2005/2006 Enjeux et perspectives pour un habitat durable Mémoire de fin d’études réalisé par Jordi PORT-MAMAN

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MASTER GENIE URBAIN – DEVELOPPEMENT URBAIN DURABLE

Session 2005/2006

Enjeux et perspectives

pour un habitat durable

Mémoire de fin d’études réalisé par

Jordi PORT-MAMAN

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

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Enjeux et perspectives

pour un habitat durable

Jordi Port-Maman

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

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SOMMAIRE

Préambule 1/ Les enjeux d’un parc de logements durable face à l’évolution de la société A) Evolution socio-démographique à l’horizon 2050

i) Etat actuel du parc de logement en France ii) Evolutions sociales et modifications des modes d’habiter iii) L’offre et la demande immobilière de demain iv) Effets des mutations futures sur le tissu urbain résidentiel actuel

B) Evolution des besoins énergétiques de l’habitat

i) Etat actuel de la production et de la consommation d’énergie en France, en Europe, et au Canada

ii) Perspectives d’évolution de la consommation en France iii) Evolution des modes de production nationaux

C) Quelles solutions pour un parc de logements durable ?

i) Le risque face à l’étalement urbain ii) Quartiers environnementaux iii) Une typologie plus adaptée que d’autres ?

2/ L’habitation durable : enjeux, initiatives et techniques actuelles A) Qualité environnementale et habitat à travers le monde

i) En France, la démarche HQE ii) Le programme BREEAM EcoHomes en Grande Bretagne iii) Le “Leadership in Energy and Environmental Design” en Amérique du nord

B) Besoins énergétiques : vers la maison à énergie passive et positive

i) Principes de l’habitation passive ii) Présentation des modes de productions d’énergie renouvelables individuels iii) Avantages des énergies renouvelables dans l’habitation pour l’usager et la

collectivité iv) La production d’énergie en tant qu’investissement rentable

5 8 9 10 13 17 22 23

23 26 27 28 28 29 31 32

33 33 37 38 41 41 44 51 52

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C) Des logements plus propres et moins gourmands

i) Matériaux écologiques ii) Isolants à haute performance iii) Gestion de l’eau iv) Toitures végétalisées v) Fin de vie de l’ouvrage et récupération de matériaux usagés

3/ Habiter durable, un nouveau credo pour le marché du bâtiment ?

A) Evolution de l’architecture dite écologique à travers le monde durant les dernières décennies

B) Démarche HQE : avantages et inconvénients pour le maître d’ouvrage

i) Maître d’ouvrage public ii) Maître d’ouvrage privé construisant pour lui-même iii) Maître d’ouvrage privé construisant pour d’autres

C) La haute qualité environnementale aujourd’hui en France

i) Situation ii) Perspectives de développement

D) Constructions environnementales : émergence de nouveaux métiers ?

E) Potentiel d’innovation scientifique et technique

Conclusion Bibliographie Glossaire Annexes

La définition des mots en italique se situe en fin de mémoire, dans la rubrique Glossaire.

53 53 55 57 60 61 63 64 66 67 68 69 70 70 71 73 74 76 77 80 82

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PREAMBULE

« À quoi sert une maison si nous n’avons pas de planète viable

pour la poser ?»

Henry David Thoreau, philosophe

es besoins des hommes sur terre évoluent depuis des millénaires au gré de la

progression des sociétés. A chaque époque son lot de nouvelles technologies

répondant ainsi à de nouvelles nécessités humaines. Mais si l’homme de nos

sociétés modernes sait si bien créer de nouveaux besoins « vitaux », certains l’ont toujours

été. Se nourrir et se protéger des éléments extérieurs comme le froid et les prédateurs sont à la

base de l’évolution et de la propagation de l’espèce humaine. L’habitat a ainsi toujours existé,

quelles que soient les civilisations, les continents et les peuples. Sa forme a néanmoins évolué

et subsiste encore aujourd’hui dans une multitude de configuration. La maison est donc avec

la nourriture l’objet matériel qui permet à l’humanité de ne pas s’éteindre. En 2005, plus de

6,5 milliards de personnes vivaient sur Terre tandis qu’aux alentours de 2050, les

démographes annoncent un nombre de 9 milliards d’êtres humains, selon l’hypothèse d’une

tendance démographique stable. Si l’essentiel de cette augmentation de population sera assuré

par les pays du sud en voie de développement, il n’en reste pas moins que pour garantir la

survie des hommes il faudra, d’ici 25 ans, deux milliards de logements supplémentaires, dont

la grande majorité en milieu urbain. Cela représente la construction de 96 150 logements

chaque jour à travers le monde d’ici 2030.1

Parallèlement à cette explosion démographique, les préoccupations environnementales sont

largement présentes au sein des populations mondiales. Crise du pétrole, réchauffement

climatique, épuisement des ressources naturelles, influence des rejets sur la santé humaine

sont autant de facteurs qui viennent s’ajouter à l’hypothèse d’une surpopulation. L’ensemble

de ces modifications provoque une angoisse globale quant à l’avenir de notre planète, au point

que pour la première fois de l’histoire de l’humanité, les hommes prennent conscience que les

ressources de la terre ne sont pas inépuisables et que l’environnement est fragile. La relation 1 Sources : ONU Habitat, http://www.unhabitat.org

L

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homme/environnement est enfin perçue comme capitale à la survie de l’espèce humaine

puisque la Terre est finalement notre milieu de vie, notre première maison. Dès lors, il est

important de s’engager efficacement pour la protection et le développement sain de nos

civilisations. L’heure n’est résolument plus au gaspillage naïf des ressources naturelles et à la

pollution extensive. C’est pourquoi le concept de développement durable, qui prône un

« développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des

générations futures à répondre aux leurs »2 semble aujourd’hui être le meilleur compromis

pour répondre aux besoins fondamentaux de l’homme, parmi lequel « habiter » occupe une

place prépondérante. Car, au même titre que les transports ou la production industrielle, la

simple occupation de l’espace par les hommes est l’une des principales sources de rejets

polluants et de consommation de ressources. A titre d’exemple, le quart des émissions

nationales de gaz à effets de serre est du, en France, à l’habitat. Les enjeux environnementaux

pour le secteur du bâtiment sont donc capitaux de sorte que l’idée de construire des ouvrages

plus sains pour l’homme et l’environnement émerge petit à petit, pour devenir peut être à

l’avenir la nouvelle norme au sein des pays du nord, mais également du sud, où l’essentiel du

développement est à venir.

Partant de ce constat largement relayé par les divers experts, gouvernements et médias, ce

mémoire aura pour objectif de s’intéresser à la question de l’habitat et surtout à son futur face

aux changements amenés à s’opérer à court et long terme. L’habitat étant voué à devenir plus

sain et plus écologique, quelles seront les formes de logements appropriées à l’évolution de la

société française ? Un tel questionnement impose d’étudier le sujet à différentes échelles. Car

si l’architecture écologique et les démarches environnementales fleurissent à travers le monde

pour innover en matière de conception technologique du bâtiment, les problématiques

urbanistiques, démographiques et sociologiques occupent également une place prépondérante

dans le mécanisme d’évolution de l’habitat.

Une recherche à l’échelle de la société et des communautés fera donc l’objet de la première

partie de ce mémoire. Quelle sera la structure de la société d’ici quelques décennies et quels

impacts auront ces transformations sur la manière d’habiter et la demande en logement ? Par

ailleurs, l’habitat étant à la source des plus grosses consommations d’énergie, quelle sera

l’évolution en matière de consommation et de production d’énergie en France et à travers le

monde ? A l’échelle urbaine, des concepts soucieux de la durabilité voient le jour en Europe

2 1987 - Mme Gro Harlem Bruntdland, Premier Ministre norvégien, Rapport Bruntdland – Notre avenir à tous.

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depuis quelques années. Quelles sont ainsi les nouvelles formes urbaines qui permettront de

lutter contre le gaspillage d’espace et de ressources ?

Dans une deuxième partie, le point de vue se déplacera à l’échelle du bâtiment, afin de dresser

un aperçu des moyens et techniques existant à travers le monde pour réaliser un habitat

durable consommant moins d’énergie et de ressources naturelles. Quelles sont les démarches

de qualité environnementale qui sont aujourd’hui adaptées au cas spécifique du logement ?

Par ailleurs, la technologie peut permettre aujourd’hui de réaliser d’importantes économies

d’énergie au sein des bâtiments. Dans quelle mesure les énergies renouvelables, les nouveaux

matériaux et les techniques de récupération permettent-elle de limiter le gaspillage des

ressources et les rejets polluants dans un projet d’habitation ?

Enfin, ce mémoire s’achèvera avec une troisième partie spécifiquement dédiée au marché de

la construction environnementale. Dans une société où l’argent est « le nerf de la guerre », il

n’est pas possible d’imaginer un passage vers le logement durable sans que celui-ci soit à la

fois rentable et réalisable. Les préoccupations environnementales sont importantes car elle

relève de la survie de l’homme mais paradoxalement elles ne suffiront probablement pas à

une prise de conscience massive. Pour qu’il se développe, l’habitat durable doit donc devenir

un produit à la fois intéressant pour l’acheteur et pour le vendeur. Le logement écologique

représente-t-il un nouveau credo pour le marché du bâtiment et constitue-t-il des avantages

décisifs pour le maître d’ouvrage ? Par ailleurs, le développement de ce nouveau secteur

engendrera de nouveaux besoins en matière de recherche, de formation et d’information. A

quelles conditions une mutation radicale du secteur de la construction est-elle ainsi possible ?

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1111 Les Les Les Les enjeuxenjeuxenjeuxenjeux d’un parc d’un parc d’un parc d’un parc

durabledurabledurabledurable de logementsde logementsde logementsde logements face face face face

à l’évolutionà l’évolutionà l’évolutionà l’évolution de la de la de la de la sociétésociétésociétésociété

« Une nouvelle manière de penser est nécessaire si l'humanité

veut survivre »

Albert Einstein, physicien

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lus que tout autre secteur de l’immobilier, celui du logement est régi pas l’évolution

d’un tissu complexe de caractéristiques socio-économiques. Malgré cela, l’apport

relativement récent des notions de qualité environnementales et de développement

durable reste bien souvent axé sur l’objet architectural en lui-même, et plus rarement sur les

éléments connexes, tels que par exemple la demande immobilière future, l’évolution sociale

des modes de vie, les politiques à l’échelle communautaire et nationale ou encore les

prévisions des consommations d’énergie globale. Pourtant ces éléments, basés en grande

partie sur les statistiques démographiques et sociologiques, sont particulièrement importants

dans la conception d’ouvrages durable. En effet, comment imaginer bâtir un ensemble de

logements en mesure de perdurer dans l’avenir si l’on ne considère pas l’évolution de la

société, et donc des besoins en matière d’habitat. Il en est de même pour les consommations et

productions d’énergie, vouées à s’individualiser de plus en plus avec les critères de haute

qualité environnementale. Ainsi, il est prépondérant de savoir comment les consommations de

chaque foyer vont évoluer d’ici les prochaines décennies afin d’en déduire les meilleures

politiques énergétiques à mettre en place. Enfin, le logement durable est difficilement

imaginable sans villes durables. Le continuel étalement urbain est-il une bonne chose quand

on sait que le vieillissement de la population n’en est qu’à ses prémisses ? Quelle utilité

auront demain ces millions d’hectares de résidences familiales toujours plus loin des centres

urbains avec une population de retraités vivant pour la plupart seuls ou en couple ? La notion

de durabilité en matière de logement doit donc impérativement être rapporté à une échelle

large, où les politiques et les prévisions pointues sont les principaux outils pour définir les

enjeux du parc de logement adéquat pour la société de demain.

A) Evolution socio-démographique à l’horizon 2050

Le logement évolue régulièrement, en fonction des modes et tendances, des hausses et des

baisses du marché immobilier, mais surtout de l’évolution de la structure sociale. La pyramide

des âges permet en grande partie d’analyser et même de prévoir l’offre et la demande en

matière d’habitat. Aussi, il est généralement reconnu que la démographie explique environ

« les deux tiers de tout » [FOOT, 1999, p.16] en influençant l’ensemble de la vie économique

et sociale d’un pays. D’une certaine manière, les indicateurs démographiques sont les outils

les plus puissants pour prévoir l’avenir. Dès lors, la durabilité s’inscrivant justement dans le

futur, la prévision de l’évolution socio-démographique est le pré-requis indispensable à la

conception d’un parc de logements durable.

P

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i) Etat actuel du parc de logements en France

Une analyse fiable de la demande et des besoins futurs en matière de logement doit en

premier lieu s’appuyer sur une analyse de l’existant, qui peut toutefois s’avérer extrêmement

complexe au vu du grand nombre d’indicateurs et de caractéristiques à prendre en compte.

Aussi, dresser le portrait du parc de logements français représente un travail considérable si

l’on souhaite le réaliser avec précision et exhaustivité. Mais cela reste néanmoins le point de

départ à la conception d’habitat durable à l’échelle d’un pays, en somme l’élément fondateur

de la transformation d’un parc de logements « non durable » vers un parc durable.

� Logements durables ou non ?

Avant tout, il est prépondérant de définir le concept de « logement durable » afin de

comprendre ce qui le différencie réellement des types d’habitat plus anciens. En effet, si à

l’heure actuelle la notion de développement durable occupe de plus en plus l’esprit des

pouvoirs publics et des citoyens en France et à travers le monde, il n’est toujours pas évident

pour la plupart de définir concrètement les caractéristiques d’une construction durable. Par

extension de la définition du développement durable, un habitat durable serait un habitat

capable de préserver à la fois l’environnement actuel et futur selon un ensemble de critères et

de caractéristiques :

– d’une part, par la conception et la mise en oeuvre des logements, la qualité et le caractère

recyclable des matériaux, leurs performances énergétiques et acoustiques ;

– d’autre part, par la coopération avec les habitants dans une logique de nouvelle

gouvernance urbaine, qui préserve leur cadre de vie, notamment et les aide à maîtriser les

consommations d’eau et d’énergie ou à participer à la collecte sélective des déchets.3

Cependant, à cette définition « environnementale » il faut également ajouter les aspects

économiques et sociaux de l’habitat durable, qui reposent notamment sur les économies de

frais d’usages et d’entretien, ainsi que l’équité sociale de chaque ensemble résidentiel par la

mise en place de mixité sociale par exemple.

Concernant la différenciation entre les logements dits durables, et ceux qui ne le sont pas, des

normes pointues ont été mises en place dans plusieurs pays d’Europe et d’Amérique du nord

afin de quantifier la qualité environnementale de chaque ouvrage. Ces normes ne se

cantonnent d’ailleurs pas au seul secteur de l’immobilier résidentiel, mais existent également

3 Source : Ministère de l’écologie et du développement durable (France)

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pour l’ensemble des bâtiments. Un logement peut donc être qualifié de non durable en

fonction de nombreux critères éclectiques: insalubrité des matériaux, mauvaises performances

thermiques et/ou acoustiques, surconsommation et gaspillage de ressources naturelles,

implantation non optimale, architecture non évolutive, ségrégation socio-spatiale, etc… A

partir de ces éléments, quelle est donc la situation du parc de logement en France au jour

d’aujourd’hui ?

� Quelques caractéristiques du logement français

Au 1er janvier 2005, la France comptait 31,3 millions de logements pour une population de 62

millions d’habitants, ce qui représente une moyenne de deux résidents par logement

disponible [JACQUOT, 2006]. La part de résidences principales représente 84 % à l’échelle de

la France Métropolitaine, le reste se partageant entre résidences secondaires, logements

occasionnels et logements vacants.

Le parc de logement français a pour particularité de comporter un bâti relativement ancien,

puisque 30% des résidences principales ont été bâties avant 1949 tandis que seul 6% ont été

construites depuis 1999 (cf. Tableau 1). Néanmoins, depuis cette année, 310 000 logements

ont été achevés en moyenne chaque année, avec une accélération depuis 2003, due à

l’emballement du marché immobilier pour des raisons sur lesquelles nous reviendrons

ultérieurement. Cependant, un parc résidentiel ancien laisse fortement supposer que les

critères de durabilité énoncés en amont ne sont pas forcement respectés, d’autant plus que

l’on connaît l’utilisation massive en France de matériaux nocifs tels que notamment l’amiante

qui fut mise en œuvre jusque dans les années quatre-vingt. Par ailleurs les normes de qualité

environnementale en ce qui concerne l’efficacité énergétique se basent sur la récente norme

RT2000, qui fixe pour les constructions nouvelles la barre largement au dessus de la plupart

des bâtiments construits avant 1990. Autre indicateur remarquable en France, le nombre de

Géographie

Nombre delogements

Résidences principales

Nombre résidences principales

Part des maisons

Part des appartements

construites avant 1949

construites de 1949 à 1998

construites depuis 1999

% % % % % %

Province 25 046 848 82,6 20 680 404 62,4 36,5 31 63 6France métropolitaine 30 263 527 84,0 25 430 974 56,0 42,8 31 64 5France entière 30 976 338 84,1 26 045 781 56,3 42,4 30 64 6

Catégorie de logementCaractéristiques des

résidences principalesAncienneté des résidences principales

Résidences principales

Sources : Insee, Enquête annuelle de recensement 2004

TABLEAU 1 : SITUATION DU LOGEMENT EN FRANCE EN 2004

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logements construits dans le cadre de programmes de grands ensembles jusqu’en 1973, et qui

de par leur isolement urbanistique proche d’une ghettoïsation et la médiocrité de la qualité de

vie se situent en complète contradiction avec les notions d’intégration et d’équité sociale

propres à l’habitat durable. Ainsi, on dénombre en France plusieurs millions de logements au

sein de grands ensembles, dont 1 842 744 au sein de zones urbaines sensibles (ZUS), quartiers

largement défavorisés en termes aussi bien social qu’économique ou urbanistique. En outre,

même si d’importants travaux sont engagés dans ces zones depuis quelques années, la grande

majorité des habitations sont loin de l’idéal du logement durable. Ainsi, la relative ancienneté

des logements français donne en partie une indication sur la durabilité supposée du tissu

résidentiel, mais ne peut apporter une réponse définitive. En effet, les centres villes

parviennent aujourd’hui à se régénérer mieux que les quartiers périurbains ou de banlieues, où

les opérations de réhabilitation sont souvent plus difficiles. L’âge d’un logement ne détermine

donc pas de manière tranchée son potentiel d’évolution, mais permet en revanche une certaine

interprétation de l’état actuel du parc résidentiel français.

La part des maisons individuelles et des appartements est également un indicateur intéressant

pour mesurer la capacité de durabilité du parc de logement. La France comptait en 2004

56,3% de maisons contre 42,4% d’appartements (cf. Tableau 1). Ces valeurs diffèrent

naturellement entre la région parisienne et la province, puisque la part des appartements va

jusqu’à atteindre 96% des résidences principales à Paris4.

Concernant la taille des logements, le parc français reste adapté à une structure familiale,

puisque près de 63% des habitations disposent d’une superficie d’au moins 70 m². Comme

indiqué au sein du Tableau 2, un grand nombre de logements collectifs mesurent entre 40 et

70 m², ce qui les placent parfaitement dans la moyenne européenne. Si les surfaces peuvent

s’adapter à des ménages plus petits, le nombre moyen de pièces correspond encore à un

modèle familial pour l’habitat individuel (4,8 pièces en moyenne), alors que ce nombre ne

correspond plus aux nouveaux modes de vie urbains en ce qui concerne l’habitat collectif

(moyenne de trois pièces, en général deux chambres et un salon). Aussi, ces résultats poussent

à croire que l’offre de logements collectifs peut s’adapter à la demande future, que nous allons

analyser ultérieurement. L’habitat individuel semble quant à lui plus difficilement convertible.

4 Source : Insee, Enquête annuelle de recensement 2004

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TABLEAU 2 : SURFACE ET NOMBRE DE PIECES DES LOGEMENTS AU 1ER JUILLET 2004

Notons enfin que les logements les plus récents sont également les plus vastes. Ainsi la taille

moyenne est passée de 105 m² (et 3,5 pièces) entre 1990 et 1998 à 113 m² (et 4 pièces) entre

1999 et 2004. [SESP, 2005]

ii) Evolutions sociales et modifications des modes d’habiter : un nouveau

rapport au monde

Les sociétés changent et avec elles émergent de nouveaux besoins et d’inédits modes de vie.

Le logement étant le premier poste de dépense des Européens et Nord Américains, c’est donc

aussi un secteur fortement marqué par les modifications sociales et donc observé de près par

les experts du comportement du consommateur. Pourtant l’habitat n’est pas exactement un

produit de consommation comme les autres. D’un point de vue financier, il reste d’abord un

investissement, souvent celui d’une vie. Puis il contribue à façonner l’image des villes,

conditionnant la qualité de l’environnement et le bien être des populations. Aussi, peut-on

s’interroger sur les évolutions récentes des modes d’habiter et déterminer quels types de

courants marquent le paysage de l’immobilier résidentiel et les tendances qui risquent de se

poursuivre dans le futur.

� Une population de plus en plus « périurbaine »

La demande croissante et la hausse des prix de l’immobilier ont provoqué depuis plusieurs

années en Europe et au Canada un étalement urbain autour des principales villes, favorisant le

développement de quantité de lotissements résidentiels, et parfois même, comme c’est le cas

en région parisienne, de villes nouvelles. Pour ce qui est de la France, 61% des logements

construits entre 1999 et 2004 ont été des maisons individuelles, phénomène assez récent

puisque seules 50% des habitations étaient des pavillons individuels en 1990 et 25% en 1960

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[SESP, 2005]. Ce passage de la ville vers la périphérie et de l’appartement vers la maison

individuelle est notamment lié à la hausse des prix de l’immobilier dans les grands centres

urbains français ce qui pousse les ménages à s’éloigner de leur lieu de travail pour pouvoir

habiter un logement plus grand et moins cher. Le même phénomène existe à peu près dans

toutes les grandes villes des pays développés. L’engouement pour la maison individuelle (cf.

Figure 1) peut également expliquer le désir de s’éloigner des centres-villes, vers des milieux

ruraux limitrophes.

FIGURE 1 : EVOLUTION DE LA CONSTRUCTION NEUVE

Source : MTETM, Sitadel L’heure est donc toujours à la périurbanisation, signe que l’étalement urbain continue sa

marche. Cette recherche d’une meilleure qualité de vie dans un milieu moins densément

peuplé se traduit également par une réduction de la taille des immeubles français. Ainsi, en

2004, 3% des immeubles collectifs comptaient plus de neuf étages, contre 6% en 1994.

FIGURE 2 : CROISSANCE ANNUELLE MOYENNE DU PARC SELON LA TAILLE DES UNITES URBAINES

Source : MTETM, Sitadel / Insee, recensements de la population

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Autre signe de l’urbanisation des campagnes, la hausse de la construction neuve profite

essentiellement aux petites unités urbaines (Figure 2), puisque 33% logements achevés entre

1999 et 2004 ont été bâtis au sein de communes rurales alors qu’en 1999 elles ne

rassemblaient pas plus de 25% des habitations existantes [SESP, 2005].

L’essor de la construction neuve en milieu rural ne semble néanmoins pas résulter d’un rejet

des valeurs urbaines qui restent au cœur des modes de vie actuels [BARIL, 2000]. Ainsi, c’est

d’abord la hausse des prix de l’immobilier et du foncier qui repousse les ménages les plus

modestes en périphérie des grandes villes et au sein des petites unités urbaines où la qualité et

le niveau de vie sont meilleurs que dans les grandes métropoles [SESP, 2005].

� La vie en métropole : une révolution des ménages ?

Depuis la fin des années soixante, qui correspond dans la plupart des pays occidentaux à

l’arrivée à l’âge adulte des premiers nés du baby-boom, le modèle classique du ménage

familial n’a cessé d’évoluer. De nouvelles formes de ménages ont ainsi progressé au sein des

sociétés pour passer de la marginalité à la banalité. C’est le cas notamment des personnes

seules avec ou sans enfant, qui totalisaient en 1999 plus du tiers des ménages français,

dépassant même le pourcentage de 1968 de ménage composé d’un couple avec enfant. Ainsi,

ce modèle est désormais en perdition, notamment depuis le début des années 1990. Malgré le

mini baby-boom de 2000, le pourcentage de couples sans enfant rattrape celui de couple avec

enfants (Cf. Tableau 3), tandis qu’une personne sur trois vit désormais seule dans un

logement.

TABLEAU 3 : EVOLUTION DE LA STRUCTURE FAMILIALE DES MENAGES DE 1968 A 1999 Structure familiale (%) 1968 1975 1982 1990 1999 Homme seul 6,4 7,4 8,5 10,1 12,5

Femme seule 13,8 14,8 16,0 17,1 18,5

Famille monoparentale 2,9 3,0 3,6 6,6 7,4

Couple sans enfant 21, 22,3 23,3 23,7 24,8

Couple avec enfant 36,0 36,5 36,1 36,4 31,5

Ménage complexe 19,8 16,0 12,5 6,1 5,3

Nombre de ménages (millions) 15,8 17,7 19,6 21,5 23,8 Champ : France métropolitaine. Source : Insee, Recensements de la population, 1999

Ces évolutions des familles et des ménages reflètent une transformation évidente des

comportements au sein de la population française, mais les mêmes tendances existent ailleurs

en Europe, au Etats-Unis et au Canada. La taille des ménages est donc en train de diminuer.

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En France, le nombre moyen de personnes par ménage est passé de 2,4 en 1999 à 2,3 en 2004

selon les résultats de l’enquête annuelle de recensement 2004 de l’INSEE. Aujourd’hui, près

d’un couple sur deux connaît une séparation à Paris, New-York ou Montréal, la population

vieillit, tandis que le taux de natalité des pays du Nord reste à un niveau bas5 [BARIL, 2000].

De surcroît, le nombre de célibataires augmente au point de devenir un véritable phénomène

de société. Ces faits explosent dans les grandes villes, où les individus semblent avoir de plus

en plus de mal à fonder un foyer selon le modèle traditionnel de la famille. Pour l’urbaniste

Daniel Gill, le phénomène des yuppies6 des années 80 n’a cessé de se développer depuis, au

point de se propager au sein des femmes « qui préfèrent la vie de célibataire ou la

monoparentalité au couple traditionnel ». Pour toutes ces catégories d’individus, le modèle

urbain prédomine : ainsi, on prévoit qu’à Manhattan, le nombre de résidents passera de

19 400 en 2000, à 35 000 en 2010 [BARIL, 2000].

Dès lors, cette révolution du ménage a des répercussions directes sur le marché du logement

car elle dicte les besoins des populations en matière d’habitat. De même, selon les règles de

base de l’économie de marché et de l’immobilier, une offre non adaptée à la demande aura du

mal a trouver preneur. Ainsi, si le parc de logement est dans l’impossibilité de répondre de

manière efficace aux besoins des ménages de demain, il y a de fortes chances qu’une crise

s’opère, avec d’une part des logements inappropriés (trop coûteux, trop grands, secteur non

attractif, etc…) vacants, et d’autre part une demande importante à laquelle les promoteurs et

les pouvoirs publics auront du mal à faire face.

Parallèlement à la périurbanisation des villes, les nouveaux modes de vie favorisent le

repeuplement et la revitalisation des centres-villes par les ménages les moins « traditionnels »

pour qui la banlieue présente très peu d’attrait. Mais selon Daniel Gill, le phénomène

correspond pour le moment à un retour aux valeurs urbaines plus qu’à un mouvement de

population vérifié [BARIL, 2000]. Ainsi, l’immobilier résidentiel est marqué par deux

tendances contraires mais complémentaires. Car si de manière générale beaucoup de ménages

aimeraient rester ou retourner en ville, la hausse importante des prix ne leur permet pas

toujours d’accomplir leur désir. Mais le concept de « valeurs urbaines » qu’emploie Daniel

5 Précisons que la France fait depuis longtemps avec les Etats-Unis figure d’exception parmis les pays développés avec l’un des taux de natalité les plus importants (12,8% en 2002 contre 10,6% pour le Canada et 8,7% pour l’Allemagne). (Source : INED) 6 Contraction de "Young Urban Professional", décrivant traditionnellement la génération de jeunes hommes au début de leur trentaine, de classes sociales supérieures et vivant confortablement au sein des grands centres urbains. Le terme Yuppie émergea dans les années 1980 en écho au mot hippie, qui désignait une génération qui à contrario rejetait les valeurs matérielles de la société de consommation. (Source : Wikipédia.org)

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

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Gill est intéressant dans la mesure où il renvoie à un idéal pour beaucoup d’individus et

marque ainsi une grande évolution des modes d’habiter.

iii) L’offre et la demande immobilière de demain

Il y a donc de grandes chances que la demande de logements se transforme dans l’avenir en

fonction des changements de modes de vie ou des fluctuations de l’économie. Mais rappelons

le principe de l’économiste canadien David K. Foot cité en introduction : « la démographie

explique environ le tiers de tout ». Ainsi, c’est avant tout du coté de la pyramide des âges de

la population française qu’il faut regarder pour comprendre les caractéristiques auxquelles

devra répondre l’habitat de demain. Dès lors, il est possible de concevoir une typologie

d’habitation adaptive, capable de répondre aux besoins du présent et du futur, en d’autres

termes un habitat durable.

� L’âge et le logement

Selon que l’on soit jeune, célibataire, marié ou retraité on ne vit ni de la même manière, ni

dans le même type d’habitat. Ainsi au cours d’une vie, quasiment chaque individu déménage

à plusieurs reprises. Le schéma ci-dessous (Figure 3) illustre cette évolution chronologique en

fonction de différents modes de vie.

FIGURE 3 : LA DEMANDE IMMOBILIERE RESIDENTIELLE EN FONCTION DE L'AGE DE LA POPULATION

0 18 25 35 45 55

Schéma : Jordi Port-Maman

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Ce cycle de la demande immobilière en fonction de l’âge de la population repose sur le

principe que le marché immobilier, comme la quasi-totalité des autres secteurs de l’économie,

est dirigé pour les deux-tiers par la démographie, et donc les groupes d’âge de la société, et

pour le tiers restant par les modes de vie7 [FOOT, 2000]. Les données numériques relatives aux

fourchettes d’âge moyen pour chaque stade de la vie d’un individu sont tirées des derniers

recensements de l’INSEE mais d’une manière générale sont très proches de la situation

existante dans le reste de l’Europe et en Amérique de Nord. Mais les enquêtes de l’INSEE

montrent que les âges moyens du premier enfant [DAGUET, 2002], du premier achat

immobilier [DAUBRESSE, 2003] ou du départ de chez ses parents [VILLENEUVE-GOKALP,

2000] ont relativement peu évolués depuis les années soixante malgré certaines idées reçues.

Les modes de vie en revanche font fortement évoluer le marché immobilier. Ainsi, comme

nous l’avons vu précédemment, les zones périurbaines et rurales proches des villes sont

privilégiées par les ménages suivant le modèle familial, tandis que la ville est de plus en plus

prise d’assaut par les célibataires, les couples professionnels et les premiers « baby boomers »

fraîchement retraités.

Les ménages composés de célibataires seuls et de famille monoparentales agissent de plus en

plus comme un « déstabilisateur » du parcours résidentiel classique. En effet, avec

l’apparition des nouveaux modes de vie il n’y a plus un parcours type (parents � mariage �

enfants, famille � nid vide) mais plusieurs qui peuvent aisément s’entrecroiser (parents �

colocation � couple � enfants, famille, divorce � célibataire � nouveau couple � etc…).

Des lors, l’avenir des ménages étant de plus en plus aléatoire, il peut s’avérer difficile de

programmer un parc de logement durable si celui-ci ne possède pas une forte adaptabilité.

Mais de manière plus générale, la demande immobilière résidentielle en 2020 ou en 2050 sera

fortement calquée sur la structure des générations à ce moment là. Et de même, bien que les

modes de vie soient en perpétuelle transformation, les tendances actuelles vont très

certainement se poursuivre, à moins d’un changement radical au sein de la société. L’enjeu est

donc de mettre en relation les besoins en matière de logement de chaque génération avec le

nombre d’individus qu’elles comprendront dans le futur, de sorte à pouvoir prévoir les

typologies d’habitations dont nous aurons alors besoin. Aussi, un plan directeur du logement

durable pourra alors être mis en place, prenant en compte les besoins et les demandes à court,

moyen et long terme.

7 Au sein du terme « modes de vie » sont également sous-inclus l’ensemble des nombreux autres facteurs qui influent eux-mêmes sur les types de modes de vie : économie, évolution des mœurs, tendances diverses, etc…

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� Répartition de la population française La figure 4 ci-dessous représente la structure actuelle de la population française par âge et par

sexe sous forme de pyramide des âges au 1er janvier 2006.

FIGURE 4 : REPARTITION DE LA POPULATION PAR SEXE ET AGE AU 1ER JANVIER 2006

Depuis le début du XXe siècle, la France a été marquée par plusieurs événements

démographiques, qui ont contribué à façonner l’image de la société que nous connaissons. De

même, les tendances démographiques plus récentes et actuelles produiront la société de

demain. Ainsi, durant le siècle dernier, le maximum de naissances en France métropolitaine a

eu lieu en 1901, avec un nombre de 920 0008 nouveaux nés. Jusque dans les années trente, ce

nombre baissera et se stabilisera, avant de connaître une nouvelle baisse durant la seconde

guerre mondiale. Mais à partir de 1946 commence le Baby-boom, forte reprise des naissances

due à la société prospère des trente-glorieuses qui jusqu’en 1974 permettra d’afficher un

nombre annuel de plus de 800 000 naissances, avec un pic en 1964 suivi d’une première

baisse annonciatrice de la fin de cet événement, et qui pour beaucoup marque la fin réelle du

Baby-boom. Cette cohorte majoritaire est donc composée d’individus qui ont aujourd’hui

entre 48 et 60 ans, et qui appartiennent donc pour la plupart à la situation du « Nid vide » ou

la fin de la situation « Famille » (Cf. Figure 3). Depuis 1975 ce nombre est stable et oscille

autour de 750 000. La France a néanmoins connu un Baby-boom moins important que le

Canada et les Etats-Unis, où cette phase plus intense a eu, et continue à avoir, plus d’influence

8 Sources statistiques : INED

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sur la société. Cela dit, à l’instar des pays d’Amérique du Nord, la France a également connu

son écho du Baby-boom, constitué des enfants des baby-boomers nés pour la plupart entre

1979 et le début des années 90.

� Projection de population et ménages

Le développement durable étant avant tout lié aux hommes, il est important de projeter la

situation démographique de demain pour être en mesure de « prédire » les besoins futurs et

assurer ainsi la mise en place d’un habitat durable. Les prévisions démographiques, ou

projections de populations, sont réalisées par les démographes à partir des données récoltées

par les agences nationales de statistiques à partir de différents scénarii et hypothèses. Ainsi,

une planification raisonnable repose sur l’étude de plusieurs scénarii probables étant donnée

la complexité des calculs de projection. [FOOT, 2000]

Les quelques résultats présentés ici sont issus des hypothèses moyennes, c'est-à-dire qu’ils

résultent d’un calcul à partir d’hypothèses de fécondité, de mortalité, d’immigration et

d’émigration moyennes. Concernant les projections de ménages, les facteurs sociaux liés aux

modes de vie et à l’évolution de la société entrent également en ligne de compte, comme

expliqué au sein de l’annexe 1.

FIGURE 5 : PYRAMIDE DES AGES EN 1999 ET PROJECTION EN 2030 ET 2050

Source : D’après Insee, projection de population à l’horizon 2050

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21

Ces deux projections tirées d’une étude de l’Insee révèlent un vieillissement inexorable de la

population française mais également un rééquilibre entre les différentes générations.

Concrètement, cette transformation majeure aura plusieurs effets simultanés sur le logement :

en 2030, la population survivante du baby-boom aura entre 55 et 80 ans tandis qu’en 2050 ces

individus auront pour la plupart plus de 80 ans. Dans les deux cas, l’impact sur la demande en

logement n’est absolument pas la même car rares sont les personnes qui restent autonomes au

sein de leur habitat au-delà de 80 ans, âge après lequel le choix est souvent fait par la

personne âgée ou sa famille de vivre en foyers et résidences spécialisées. Le besoin en habitat

de ce type va donc progressivement augmenter jusqu’en 2050, année du pic du vieillissement.

Par ailleurs, une population vivant plus longtemps engendre également une hausse des

ménages plus petits, où les enfants ont quitté le nid familial. Le tableau 4 ci-après présente les

résultats d’une projection du nombre et de la composition des ménages jusqu’à 2030. Comme

on peut le deviner, le nombre de ménages augmente progressivement, en lien avec les

nouveaux modes de vie mais surtout l’augmentation de la population.

Source : Insee Résultat Société n°19 - Janvier 2003

Mais le résultat le plus important de cette projection, c’est la diminution du nombre d’enfants

au sein des ménages et l’augmentation considérable du nombre de ménages composés de

personnes seules. En effet ce chiffre passe de 12,6% en 1999 à une valeur estimée de 17% en

2030, soit une augmentation de 35% en trente ans. Ainsi, si dans une trentaine d’année, il y

1999 2010 2020 2030

Population

Population totale (en milliers) 58 492 61 061 62 734 63 927

Age moyen population (en années) 38,1 40,1 42 43,8

Ménages

Population hors ménage (en milliers) 1 294 1 445 1 638 1 812

Nombre de ménages 23 776 26 295 28 006 29 522

Nombre de personnes par ménage 2,41 2,27 2,18 2,10

Age moyen des personnes de référence 50,5 52,3 53,9 55,8

Répartition de la population selon le mode de cohabitation

Enfants 30,5% 28,6% 27,1% 25,8%

Adultes en couple 48,3% 47,7% 47,8% 47,7%

Parents famille monoparentale 3,4% 3,6% 3,6% 3,6%

Personnes seules 12,6% 14,7% 15,8% 17,0%

Hors famille das ménage >= 2 personnes 3,0% 3,0% 3,1% 3,1%

Hors ménage 2,2% 2,4% 2,6% 2,8%

Total 100,0% 100,0% 100,0% 100,0%

TABLEAU 4: PROJECTION DES MENAGES EN FRANCE

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

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aura 35% de personnes vivant seules en plus d’aujourd’hui, il faudra le même nombre de

logements adaptés à cette situation, c'est-à-dire d’habitations plus petites. Le même

raisonnement peut être suivi concernant les ménages avec enfants, qui passeraient de 30,5%

en 1999 à 25,8% en 2030, soit une diminution de plus de 15% entraînant également un besoin

de logements plus petits.

iv) Effets des mutations futures sur le tissu urbain résidentiel actuel

Les observations de la société actuelle ainsi que les projections démographiques pour l’avenir

aboutissent donc aux tendances suivantes :

► une population plus nombreuse

► une population vivant plus longtemps

► des ménages plus petits (moins d’enfants, plus de personnes seules)

Face à cela, les études montrent que la majorité de la population vit et continue à se regrouper

au sein d’aires urbaines que ce soit les centres-villes, la banlieue ou le périurbain. La ville en

tant que milieu de réception pour l’habitat devient donc un standard qui risque de s’imposer

de plus en plus dans le futur, avec en outre une demande d’appropriation du territoire par les

résidents [CANTERCEL, 2001].

Aussi, ces mutations de la population et de ses comportements auront nécessairement des

conséquences sur le parc de logement actuel. Au Québec, l’urbaniste Daniel Gill annonce la

fin des « bungalow », modèle d’habitation traditionnellement familial et le passage pour le

logement d’un bien d’investissement à un bien de consommation [DESJARDINS, 2005]. Si la

France est moins marquée par le baby-boom que le Canada ou les Etats-Unis, le

vieillissement et l’isolement de la population va tout de même aboutir à des logements urbains

plus petits et plus fonctionnels. Les experts soulignent que ce qui est rare ne perd pas de sa

valeur [DESJARDINS, 2005]. Ainsi, certains secteurs géographiques seront plus épargnés par la

baisse de la demande que d’autres, mais il reste que dans de nombreux pays d’Europe et au

Canada les espaces touchés par l’étalement urbain, motivé depuis des années par les familles,

risquent tout simplement de se désertifier au profit des centres-villes. En France, le fort taux

de natalité pourrait éviter une situation aussi extrême, mais la demande en matière d’habitat

restera proche des autres pays occidentaux. Enfin, certains types d’habitat tels que les

résidences pour personnes âgées auront le vent en poupe au moment où la cohorte concernée

sera la plus nombreuse, c'est-à-dire entre 2030 et 2050, au moment où les individus de quatre-

vingt ans seront plus nombreux que ceux de vingt ans.

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

23

B) Evolution des besoins énergétiques de l’habitat et

conséquences environnementales Dans le monde, vingt pour cent de la population mondiale consomment près de quatre-vingt

pour cent des réserves d'énergie, chauffage et électricité confondus. Si souvent le concept de

développement durable est trop étroitement lié aux enjeux énergétiques, il n’en reste pas

moins que les bâtiments et les habitations sont la principale source de consommation

énergétique et de rejets en France et à travers le monde. Dès lors, les enjeux d’un habitat

durable débordent largement sur ceux d’une énergie durable. Quel est l’état actuel de la

production d’énergie dans les pays occidentaux et quelle sera son évolution dans les

prochaines décennies ? Et quelles pourraient être les mutations futures en matière de

production énergétique nationale capable d’assurer la durabilité du parc de logements

français ?

i) Etat actuel de la production et de la consommation d’énergie en France,

en Europe, et au Canada

A l’image de la population et du nombre de ménages, la consommation d’énergie ne cesse de

croître en Europe et en Amérique du Nord. Ceci est le résultat d’un plus grand nombre de

déplacements et d’une occupation plus importante de la planète par les hommes. Les modes

d’habiter ont une influence particulière sur la consommation d’énergie. D’une part, en France

le parc de logement est la source d’un quart des rejets de gaz à effet de serre et de plus d’un

tiers de la consommation totale d’énergie, comme le montre le diagramme ci-dessous (Figure

7). D’autre part, l’étalement urbain en particulier influe également d’une manière indirecte sur

la consommation d’énergie pour les transports, en augmentant la distance résidence-travail.

FIGURE 6 : REPARTITION DE LA CONSOMMATION D'ENERGIE EN FRANCE PAR USAGE - 2001

Total France 2001 : 158,5 MTep

50,5 MTep 17 MTep

50 MTep

41MTep

Chaleur à basse température : chauffage, eau chaude

Electricité pour appareils courants : électroménager,

informatique, machines

Force motrice pour les transports

Process industriels spécifiques : haute température,

électrolyse, réactions chimiques

Source : d’après le Comité de Liaison Energies Renouvelables (http://www.cler.org)

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

24

Ainsi, la question énergétique est prédominante en matière d’habitat puisque découlent de

celle-ci la plupart des enjeux relatifs à un habitat durable. Diminuer la consommation des

logements, notamment par le biais d’autoproduction renouvelable, revient donc à agir de

manière considérable sur la note globale d’énergie.

Les diagrammes de la figure 8 représentent la structure de la production d’électricité au

Canada et en Europe en 2004. Si ces deux territoires présentent des modes de vie très proches,

on peut se rendre compte que la politique énergétique est loin d’être similaire.

FIGURE 7 : STRUCTURE DE LA PRODUCTION D’ELECTRICITE - 2004

Source : Observatoire des énergies renouvelables, 2005

Alors que l’Union Européenne produit plus de la moitié de son électricité à partir de sources

fossiles (1709,8 TWh), le Canada fait quant à lui figure d’exemple avec une production

provenant à hauteur de 57% de l’hydraulique (337,7 TWh) en particulier grâce à son riche

patrimoine naturel. L’U.-E. se démarque par l’importance du nucléaire (987,2 TWh), reflet du

choix de certains pays comme la Lituanie (81,2 % de sa production) ou la France (78,4 %) de

choisir cette filière afin de limiter leur dépendance face aux combustibles fossiles. Au cours

de la dernière décennie, la croissance de la production d’électricité a été croissante en U.-E.,

avec un taux moyen de 2,2% par an auquel tous les types de filières énergétiques ont participé

[Observ’ER, 2005].

Les énergies renouvelables représentent le principal enjeu de la maîtrise durable de l’énergie.

Plusieurs modes de production renouvelables tels que le solaire, l’éolien ou la géothermie sont

parfaitement adaptables au cas particulier de l’habitat, et peuvent à ce titre contribuer à

l’autoproduction énergétique des bâtiments. Au niveau national, la croissance des énergies

renouvelables en Union Européenne a été importante au cours de la dernière décennie. Si au

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

25

Canada la production électrique d’origine renouvelable est encore essentiellement constituée

de l’hydraulique (97% de la production nationale), l’Europe multiplie le développement de

sources alternatives. Ainsi, la filière éolienne ne cesse de croître avec sur l’ensemble de

l’union depuis 11 ans une croissance de 34,7% par an en moyenne. Les pays du nord de

l’Europe, traditionnellement en avance sur les habitudes écologiques, continuent à multiplier

la production d’électricité biomasse tandis que le développement de l’électricité solaire

commence à être encouragé par diverses mesures gouvernementales dans les pays majeurs de

l’Union Européenne, même si le solaire ne représente encore que 0,14% de la production

électrique d’origine renouvelable9 [Observ’ER, 2005].

Source : Observatoire des énergies renouvelables, 2005

L’observatoire des énergies renouvelables estime que l’engouement pour les énergies

renouvelables va se maintenir dans les prochaines années, notamment grâce aux nombreux

programmes de soutien destinés à atteindre l’objectif fixé par la directive européenne de 21%

de production électrique d’origine renouvelable en 2010.

La situation française se démarque cependant assez nettement de la moyenne européenne,

notamment au niveau des habitudes de consommation. En effet, si la consommation finale

d’électricité par an et par habitant est de 5900 kWh en moyenne dans l’Union, en France ce

chiffre atteint 6700 kWh, avec de surcroît une hausse de la consommation de 86% entre 1980

et 2000 au sein de l’hexagone, contre 56% pour l’Union. Les Français consomment donc

beaucoup plus d’électricité que leurs voisins, et cette caractéristique est essentiellement liée à

une habitude au sein de l’habitat : le chauffage électrique qui totalise a lui seul 27% de la

consommation électrique des ménages. En effet, si ce type de chauffage s’est progressivement

9 L’Allemagne, le Luxembourg et les Pays-Bas rehaussent à eux seuls la moyenne très basse des autres pays de l’Union.

FIGURE 8 : STRUCTURE DE LA PRODUCTION ELECTRIQUE D’ORIGINE RENOUVELABLE

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

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imposé en France dans la plupart des appartements en immeubles locatifs, il affiche un très

mauvais rendement d’environ 25,5%, tandis que le rendement d’un combustible brûlé en

chaudière culmine à 80% [LHOMME, 2005]. Certains pays européens, le Danemark

notamment, ont interdit ce type de chauffage en favorisant des solutions de remplacement.

Ainsi, la faiblesse des actions mises en place pour diminuer la consommation électrique au

regard de ce qui se fait dans d’autres pays de l’Union est également à prendre en compte pour

justifier du niveau record français [Observ’ER, 2005].

ii) Perspectives d’évolution de la consommation domestique en France

Tout comme les projections de populations, l’analyse de l’évolution future de la

consommation d’énergie permet de projeter le concept d’habitat durable. La consommation

des ménages français, déjà très forte au regard des autres états membres de l’Union

Européenne, va-t-elle continuer à évoluer dans le même sens ? Une étude sur la

consommation d’énergie globale en France à l’horizon 2020 a été réalisée par le CNRS

[DESSUS, 2000]. Elle se base sur trois scénarii probables : une intervention nulle de l’Etat sur

le marché énergétique, un Etat interventionniste en vue d’une indépendance énergétique par le

nucléaire, et enfin un Etat soucieux du respect du protocole de Kyoto et favorisant les

diminutions de la consommation. Selon ces trois hypothèses, le taux d’augmentation de la

consommation d’énergie en 2020 par rapport à 2000 est de 30% selon le premier scénario, de

20% pour le second et de 0% pour le troisième [DESSUS, 2000]. Notons cependant que cette

projection affecte une large place à l’augmentation de la consommation liée aux transports et

ne reflète donc pas fortement les évolutions liées aux logements.

Néanmoins, il est également possible de projeter la consommation électrique domestique,

notamment en se basant sur les tendances récentes et les engagements gouvernementaux.

Ainsi, le diagramme de la figure 10 compare l’évolution de la consommation d’énergie

domestique selon les usages entre 1980 et 2000 avec la projection réalisée pour l’intervalle

2000-2020. Ces projections ont été réalisées par le CEREN pour le service économie et

statistiques du ministère de l'équipement en prolongeant les évolutions passées mais sans prise

en compte des mesures de maîtrise des consommations mises en valeur par le plan national de

lutte contre le changement climatique.

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

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FIGURE 9: CONSOMMATION D'ENERGIE PAR USAGES : EVOLUTION 1980-2000 ET 2000-2020

18% 19%

10%7%

39%43%

80%

86%

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

Tous usages Chauffage Eau chaude

sanitaire et

cuisson

Electricité

spécifique

1980-2000

2000-2020

Source : Ministère des Transports, de l'Équipement, du Tourisme et de la Mer

secrétariat général service Economie, Statistiques et Prospective Tous usages confondus, on remarque que la hausse prévue entre 2000 et 2020 reste

relativement égale par rapport à celle de 1980-2000. Les consommations en matière d’eau

chaude sanitaire et d’électricité spécifique (appareils ménagers, lumière, etc…)

augmenteraient fortement car elles dépendent directement de l’augmentation de la population

et du nombre des ménages. Par ailleurs, la consommation de chauffage croîtrait moins entre

2000 et 2020 que sur la période précédente. Pour en arriver à ce résultat, le CEREN a d’abord

établi que la croissance du parc de logements engendrerait une hausse de la consommation

d’énergie de chauffage de 17,5% entre 2000 et 2020. La consommation unitaire des

logements serait quant à elle en baisse de 5,6% tandis que l’effet de structure, prenant

notamment en compte les impacts de la construction neuve et des nouveaux types d’énergie,

induirait une baisse de 2% [GIRAULT, 2001].

iii) Evolution des modes de production nationaux

En matière d’évolution des modes de production européens et français, l’Observatoire des

énergies renouvelables prévoit une hausse de la production d’électricité « verte » dans les

prochaines années, notamment grâce aux engagements gouvernementaux et aux mesures

d’incitation des citoyens à la maîtrise énergétique qui commencent à se multiplier. Aussi,

même si il y a de grandes chances que la France reste un pays où le nucléaire prédomine, le

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

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développement des énergies renouvelables risque d’avoir un impact important sur le bâtiment

et en particulier le logement.

Ainsi, depuis les lois de finances 2005 et 2006, des crédits d’impôt spécifiquement dédiés au

développement durable et aux économies énergétiques sont à disposition des contribuables

français. Ces mesures portent à la fois sur les véhicules peu polluants et les habitations

principales, pour lesquelles elles sont destinées à favoriser l’installation d’équipements

performants au plan énergétique ou utilisant les énergies renouvelables. De son coté, l’agence

nationale pour l’amélioration de l’habitat (ANAH) propose aux propriétaires des primes

attribuées à une certaine gamme d’équipement dans le cadre de sa politique en faveur du

développement durable.

Par ailleurs, en France, des programmes spécifiques tels que Eole, Géothermie, Hélios,

Photon ou encore PV 2005 ont été mis en place depuis quelques années afin de permettre à

chaque filière d’énergie renouvelable de se développer solidement [CANTERCEL, 2001].

Financés par des organismes tels que l’Ademe ou par l’Union Européenne, ces programmes

d’incitation sont la garantie d’une évolution des modes de production nationaux vers les

énergies renouvelables mais doivent cependant continuer à être mis en avant.

C) Quelles solutions pour un parc de logements durable ?

i) Le risque face à l’étalement urbain

De nombreux pays d’Europe et d’Amérique du Nord ont été marqués au cours des quarante

dernières années par une explosion de consommation d’espaces naturels, débouchant sur un

étalement urbain de plus en plus problématique. Dans la région de Montréal par exemple, les

individus issus du baby-boom ont provoqué un élargissement suburbain considérable et

majoritairement composé de pavillons individuels et familiaux. Mais avec la transformation

des modes vie et la départ des enfants du nid familial, ces logements intergénérationnels

auront du mal a trouver preneur dans une situation de demande pour des produits de ce type

plus faible [DESJARDINS, 2005]. D’autant plus que le phénomène d’étalement urbain se

poursuit encore à l’heure actuelle de manière intensive et pèse de plus en plus lourdement sur

le capital écologique des espaces vierges. A titre d’exemple, le cas de la Côte d’Azur peut

paraître à de nombreux égards effarant : entre 1970 et 2000 les surfaces urbanisées ont été

multipliées par un facteur de 2,4 contre un facteur de 1,4 pour la population au cours de la

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

29

même période. En outre, sur ce territoire, les contraintes physiques limitent l’urbanisation à

470 km² mais déjà 400 km², soit 85% de la surface ont déjà été urbanisés10. Dès lors, le

développement urbain de la zone approche à grand pas de sa fin, en dépit d’une demande qui

restera encore longtemps en croissance. La colonisation des espaces naturels est difficilement

imaginable à l’avenir et le premier pas pour un habitat durable passe donc par la densification

des espaces déjà urbanisés et par la prise en compte que l’étalement urbain correspond à un

développement résolument non durable [ROGERS, 2000].

ii) Quartiers environnementaux

Selon la définition de l’association des EcoMaires,11 un quartier environnemental « est un

quartier où sont mises en application les meilleures pratiques environnementales (politique

énergétique du quartier, nouveaux systèmes de déplacement, réduction de la vulnérabilité

face aux risques majeurs…) et sociales (mixité sociale, meilleure accessibilité, politiques de

prévention …). » La même association engage les municipalités à prendre le contrôle de la

réalisation de quartiers environnementaux en adoptant une politique de développement

durable axée spécifiquement sur les quartiers selon quatre axes :

� Urbanisme et aménagement : assurer l’intégration et la cohérence du quartier avec le

tissu urbain et les autres échelles de territoire.

� Qualité environnementale du tissu urbain : inciter les constructeurs à viser la qualité

environnementale pour l’ensemble des bâtiments.

� Développement social et économique : repérer et appuyer les ressources dynamiques et

initiatives locales.

� Gouvernance et pilotage : se doter d’une ambition commune et partagée pour le quartier.

(Source : Ecomaires)

Cependant, si le concept est souvent annoncé dans le cadre de politiques globales ou avec la

mise en place d’agendas 21 locaux, il reste difficile de trouver des exemples concrets et

aboutis en France. Mais l’idée de quartier environnemental reflète bien le cadre de base idéal

d’un habitat durable. Associant mixité des usages et nouveaux critères d’environnement et de

vie, ce type de quartier représente une alternative visiblement efficace à l’étalement urbain.

Qu’il se situe en périphérie des villes, au sein d’une unité autonome où chacun des éléments

10 Source : Institut français de l’environnement (http://www.ifen.fr) 11 Association des maires pour l’environnement et le développement durable, http://www.ecomaires.com

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

30

architecturaux entre en complémentarité, ou qu’il résulte de la densification d’un quartier

urbain, le concept de quartier environnemental résonne également avec l’idée d’une « ville

compacte » émise par l’architecte britannique Richard Rogers. Pour ce dernier, l’avenir des

villes réside dans leur densification, en opposition avec les notions de désengorgement urbain

du siècle passé. Outre le fait de faire redécouvrir aux citadins les aspects sociaux de la

proximité, des quartiers urbains plus denses apportent également d’importants bienfaits

environnementaux, en optimisant les consommations (énergie des bâtiments, réduction de la

distance travail-domicile) et en limitant ainsi les rejets polluants et l’étalement urbain

[ROGERS, 2000].

Un exemple répondant parfaitement à la définition de quartier environnemental existe : il

s’agit du BedZED12, premier village écologique d’Angleterre, conçu par Bill Dunster en

2002. Situé à Beddinggton, à vingt minutes de train de Londres, cet ensemble de 90

logements et 2300 m² de bureaux se situe à la frontière de la ville dense et de la cité-jardin,

notions pourtant en totale contradiction.

FIGURE 10 : BEDZED, PREMIER VILLAGE ECOLOGIQUE DE GRANDE-BRETAGNE

(ARCH. BILL DUNSTER) Les usages sont donc fusionnés au sein de bâtiments communs à la manière de la cité

compacte de Rogers tandis que le quartier n’utilise que des énergies renouvelables,

engendrant ainsi des émissions de carbone neutres. Avec une consommation d’électricité de

seulement 40% de la consommation moyenne d’un ménage en zone périurbaine, et une

consommation de chauffage de 10% de la moyenne, BedZED parvient ainsi a diminuer de

deux fois son empreinte écologique par rapport à un quartier traditionnel. De surcroît, le

12 BedZED, pour Beddington Zero Energy Development.

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

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quartier favorise la mixité sociale grâce à une abondante présence d’espaces communs de

loisir et de circulation destinés aux résidents de toutes couches sociales [LANGELLIER, 2005].

Mais malgré quelques projets en cours, les exemples aussi efficaces que BedZED sont rares.

Avec le critère crucial de la densité au sein de bâtiments à usages mixtes, les collectivités

locales et les promoteurs se retrouvent souvent face à des co-propriétés qu’ils trouvent

difficiles à gérer et à vendre. De plus, un pareil projet nécessite une planification et une

coordination importante entre les différents acteurs de la construction. Ajoutons à cela la

possibilité pour les promoteurs de standardiser au maximum conception et construction de

logements en lotissements et l’on comprend dès lors pourquoi les projets aboutis de quartiers

environnementaux sont encore si rares [ROGERS, 2000].

iii) Une typologie plus adaptée que d’autres ?

Au sein de l’habitat, on différencie le logement individuel du logement collectif. De manière

générale, on retrouve essentiellement l’habitat individuel en milieu rural et en périphérie des

agglomérations, alors que les immeubles de logements collectifs se situent plutôt dans les

villes. En complément de la réflexion à propos d’un habitat durable, il peut être intéressant de

savoir quelle typologie serait la moins nuisible à l’environnement et la plus économique en

énergie. En outre, ce questionnement induit à se demander quelle forme urbaine est la plus

durable. La densité dans une ville de taille moyenne semble être la solution optimale. En

réduisant les distances et la longueur des déplacements tout en offrant une diversité des

services et équipements, la quantité d’énergie dépensée en transport et les rejets polluants

seraient moindres que dans le cas des très grandes agglomérations ou des petites communes

rurales [MERLIN, 1996]. Ces conclusions qui s’apparentent également au concept de « ville

compacte » conduiraient donc également à penser que le logement collectif serait plus durable

que le logement individuel. Par ailleurs, au plan énergétique, une maison individuelle

consomme à surface égale 30% d’énergie de plus qu’un appartement, notamment à cause de

l’absence des échanges entre les logements voisins [MERLIN, 1996].

Cependant, la typologie ne garantit pas à elle seule la durabilité de l’habitat, d’autant plus

qu’il est difficile, voir impossible, d’imposer à l’échelle nationale le modèle collectif. Dès

lors, les problématiques liées aux consommations d’énergie et aux rejets dans

l’environnement doivent aussi être reliées à la conception même des bâtiments.

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

32

2222 L’habitation durableL’habitation durableL’habitation durableL’habitation durable : : : :

enjeuxenjeuxenjeuxenjeux, , , , initiativesinitiativesinitiativesinitiatives

et et et et techniquestechniquestechniquestechniques

« Le bâtiment en tant qu’architecture, c’est l’œuvre de l’homme,

le compagnon du sol, le camarade des arbres, le fidèle reflet de

l’homme au plus profond de son âme. »

Frank Lloyd Wright, architecte

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

33

ace aux caractéristiques sociales, économiques et urbanistiques, il est primordial de

trouver des moyens techniques concrets pour concevoir un habitat durable à l’échelle

du bâtiment. Si nous avons pu constater précédemment qu’un logement durable ne se

limitait pas à un objet architectural écologique, il est tout de même prépondérant de mettre en

œuvre méthodes et techniques qui permettront d’assurer la pérennité des habitations. Par le

biais de démarches tout d’abord : en France comme à travers le monde, des programmes

concernant les bâtiments en général, ou plus spécifiquement l’habitat, ont été mis en place

afin d’améliorer les qualités environnementales de chaque ouvrage bâti ou rénové selon les

critères énoncés dans le cadre de la démarche concernée. Par ailleurs, le logement durable

semble également devoir suivre le chemin de la réduction des dépenses énergétiques, afin de

satisfaire aux exigences de réductions de rejets de gaz à effets de serres. Quelles sont ainsi les

techniques de réduction et de production énergétique particulièrement adaptées au cas de

l’habitation et amenées à se développer dans les années à venir ? Enfin, la diminution des

impacts environnementaux signifie aussi d’employer des matériaux sains et écologiques, et

d’empêcher le gaspillage des ressources naturelles telles que l’eau. Dans quelle mesure peut-

on aujourd’hui réaliser des logements moins gourmands en ressources naturelles et

énergétiques et plus propres pour l’environnement et la santé de ses occupants ?

A) Qualité environnementale et habitat dans le monde

Avec l’apparition du concept du développement durable, plusieurs démarches indiquant des

critères à respecter pour concevoir des bâtiments plus propres ont émergé à travers le monde.

En France, la démarche HQE, pour Haute Qualité Environnementale, s’emploie depuis une

dizaine d’années à fixer le cadre opérationnel pour la réalisation de bâtiments durables. Le

programme BREEAM en Grande-Bretagne répond aux mêmes objectifs mais comporte un

volet particulier propre aux logements : Ecohomes. Aux Etats-Unis et au Canada le LEED,

une démarche commune d’évaluation des bâtiments, a également été mise en place. Aussi,

quelles sont les caractéristiques de ces divers programmes et de quelle façon contribuent-ils à

l’émergence d’un nouveau type d’habitat ?

i) En France, la démarche HQE

La démarche HQE, conçue par l’association HQE créée en 1996, représente l’approche

française du développement durable appliqué au bâtiment. Reposant sur trois volets

(environnemental, économique et social), la démarche HQE se constitue de quatorze cibles

F

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

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précises visant à améliorer de manière durable la qualité de vie au sein des bâtiments tout en

diminuant efficacement les rejets dans l’environnement, et ce à toutes les phases du cycle de

vie de l’ouvrage. Afin de permettre l’application concrète de la démarche, chaque cible est

associée à plusieurs exigences élémentaires [HETZEL, 2003].

TABLEAU 5 : LES 14 CIBLES DE LA DEMARCHE HQE

MAITRISER LES IMPACTS SUR L’ENVIRONNEMENT EXTERIEUR 1. Relations harmonieuses des bâtiments avec leur environnement immédiat

Relative à la conception d’un nouveau bâtiment, cette cible engage à organiser et gérer le site en tenant compte de ses avantages et inconvénients afin de produire la meilleure intégration du bâtiment dans son environnement. 2. Choix intégré des procédés et produits de construction (PPC)

Dans cette cible transversale, on considère l’énergie nécessaire pour fabriquer les matériaux et produits utilisés dans le bâtiment, mais aussi l’adaptabilité et la durabilité du bâtiment dans le temps.

EC

O-C

ON

ST

RU

CT

ION

3. Chantiers à faibles nuisances

Cette cible implique la maîtrise des nuisances des différents chantiers qui jalonnent le cycle de vie d’un ouvrage avec pour objectifs la gestion des déchets de chantier, la réduction du bruit, la minimisation des pollutions de la parcelle et du voisinage.

4. Gestion de l’énergie

L’enjeu de la gestion de l’énergie est de réduire la consommation d’énergie primaire non renouvelable des bâtiments et d’utiliser les sources énergétiques les plus efficaces et les plus propres possibles. 5. Gestion de l’eau

La gestion de l’eau potable et l’utilisation de l’eau non potable sont les principaux éléments de cette cible, dont l’objectif conjoint est également de gérer les eaux pluviales et usées. 6. Gestion des déchets d’activité

Cette cible réfère aux déchets liés à l’utilisation du bâtiment. L’enjeu est ici d’inciter les utilisateurs à maîtriser la production de déchets, notamment en permettant le tri et le recyclage et en limitant le gaspillage des ressources.

EC

O-G

ES

TIO

N

7. Gestion de l’entretien et de la maintenance

Les principales exigences de cette cible sont la mise en place des meilleurs procédés de maintenance ainsi que l’optimisation des besoins de maintenance afin de ne pas faire en sorte que ces derniers nécessitent trop de ressources. En outre, la maîtrise des effets environnementaux des procédés de maintenance est également un objectif.

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

35

CREER UN ENVIRONNEMENT INTERIEUR SAIN ET CONFORTABLE 8. Confort hygrothermique

Les exigences relatives à cette cible sont la permanence des conditions de confort hygrothermique, l’homogénéité des ambiances hygrothermiques ainsi que le zonage hygrothermique 9. Confort acoustique

Le bruit induit de nombreuses nuisances. Aussi, l’enjeu de la cible de confort acoustique est de limiter au maximum les niveaux de bruits extérieurs au bâtiment et intérieurs, par le biais d’une isolation efficace et d’un zonage acoustique optimal. 10. Confort visuel

Cette cible vise à permettre aux utilisateurs du bâtiment de disposer de vue agréables et un éclairage naturel optimal.

CO

NF

OR

T

11. Confort olfactif

La cible du confort olfactif est destinée à prendre en compte les mauvaises odeurs liées aux équipements et à l’utilisation du bâtiment. Les enjeux sont de réduire les sources malodorantes et aussi d’assurer une ventilation adéquate.

12. Qualité sanitaire des espaces

La qualité sanitaire des espaces passe par la création de conditions d’hygiène ainsi que la prise en compte dans la conception de l’évacuation des déchets d’activité et du nettoyage. L’accessibilité aux personnes à mobilité réduite est également l’un des enjeux de cette cible. 13. Qualité sanitaire de l’air

L’objectif de cette cible est essentiellement d’assurer une bonne gestion des risques de pollution de l’air intérieur par les produits de construction, les équipements, l’entretien, le radon, ou encore l’air neuf pollué. Cette gestion passe par une ventilation optimale du bâtiment.

SA

NT

E

14. Qualité sanitaire de l’eau

La qualité de l’eau est l’un des enjeux relatifs à la protection de la santé au sein des bâtiments. Les exigences de cette cible sont la protection du réseau d’eau potable et le maintien ou l’amélioration éventuelle de sa qualité, le traitement éventuel des eaux non potables utilisées ainsi que la gestion des risques liés à leurs réseaux.

Cet ensemble d’objectifs ciblés est associé à une méthodologie qui est la clef pour une bonne

gouvernance de la réalisation des projets HQE. Il s’agit du système de management

environnemental (SME) qui constitue le deuxième volet de la démarche HQE, après les

quatorze cibles. La norme internationale ISO 14001 définit le SME comme étant « la

composante du système de management global qui inclut la structure organisationnelle, les

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

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activités de planification, les responsabilités, les pratiques, les procédures, les procédés et les

ressources pour élaborer, mettre en oeuvre, réaliser, passer en revue et maintenir la politique

environnementale » [HETZEL, 2003].

Le SME a ainsi pour but de fixer un cadre opérationnel spécifique à la démarche HQE et à

rendre concrète la qualité environnementale des projets. Le schéma ci-dessous décrit les

phases successives

A ce jour, la démarche HQE est complétée en ce qui concerne les bâtiments tertiaires par une

« certification », système d’évaluation de l’efficacité des mesures mises en place. A terme,

l’association HQE envisage d’appliquer cette évaluation à l’ensemble des types de bâtiments

neufs ou réhabilités, à la manière du LEED nord-américain.

La démarche HQE a pour caractéristique d’être universelle dans le sens où elle est en théorie

applicable à tous les types de bâtiments, quel que soit leur usage. Il n’y a donc pas de

démarche HQE spécifique à l’habitat. Cependant, un projet réalisé dans le cadre d’une

démarche HQE nécessite des dépenses liées à la mise en place du SME (environ 50 000 €), et

implique une phase de recherche/développement qui semble exclure pour le moment les petits

projets d’habitat individuel, malgré quelques tentatives isolées. Pour de tels projets, tout

comme pour les petits offices HLM, la possibilité de créer des structures collectives

permettrait de mettre à profit le cadre de la démarche HQE en regroupant les moyens de

chaque maître d’ouvrage [HETZEL, 2003]. Mais ces solutions dépendent de la bonne volonté

des dirigeants et promoteurs et ne font pas partie intégrante de la démarche HQE, qui en

matière de logements est encore réservée aux projets d’ampleur conséquente.

Si la démarche HQE a encore du mal à s’adapter au logement, la structure QUALITEL (via

CERQUAL) va encore plus loin en délivrant une certification « Habitat & environnement »

Politique environnementale Planification

Mise en œuvre et fonctionnement

Contrôle et actions correctives

Revue de direction

Référentiel SME

FIGURE 11 : SCHEMA DE MISE EN OEUVRE DU SME

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

37

qui préfigure en quelque sorte la certification « NF logement – Démarche HQE ». Ce label

s’applique seulement aux opérations de logements neufs, collectifs ou individuels groupés.13

ii) Le programme BREEAM EcoHomes en Grande-Bretagne

� Généralités Développé en 1990 en Grande-Bretagne, le BREEAM pour Building Research Establishment

Environmental Assessment Method, est un programme d’évaluation environnementale des

bâtiments. Répondant aux mêmes nécessités que la démarche HQE en France, BREEAM met

l’accent sur les sept volets suivants :

- Energie : gestion de l’énergie et des rejets de CO2,

- Santé et bien-être : prise en compte des facteurs intérieurs et extérieurs affectant la

santé et le bien-être,

- Pollution : gestion de la pollution de l’air et de l’eau,

- Transport : réduction des émissions de CO2,

- Utilisation de l’espace & Ecologie : mise en valeur du patrimoine écologique du site,

espaces verts et espaces imperméables,

- Matériaux : impact environnemental des matériaux tout au long de leur cycle de vie,

- Eau : gestion efficace de la consommation d’eau.

Les thèmes abordés sont donc proches de ceux qui ont plus tard constitué la toile de fond de

l’approche française. Néanmoins, le système britannique se base sur une grille d’évaluation à

système de points aboutissant à une certification du bâtiment. Ce système a pour principal

avantage de « quantifier » la qualité environnementale du bâtiment, ce qui stimule d’une part

la compétition et crée d’autre part une valeur ajoutée au produit immobilier.

� EcoHomes

EcoHomes est l’adaptation du programme BREEAM à l’habitat. Ce volet prend

spécifiquement en compte les projets de logements sociaux et privés, les appartements et les

maisons individuelles, ainsi que la construction neuve et la réhabilitation. L’ensemble du

secteur de l’habitat est donc couvert par EcoHomes, ce qui en fait un système puissant et

prisé. Les critères évalués au sein des sept mêmes catégories que dans le cadre de la démarche

générale BREEAM. Néanmoins, plusieurs des critères sont facultatifs pour le programme

13 http://www.cerqual.fr/pro/habitat_environnement/

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

38

EcoHomes, afin d’assurer une flexibilité nécessaire au marché particulier du logement, et

notamment de l’habitat individuel. L’annexe 2 présente une fiche d’évaluation EcoHomes

avec l’ensemble des dispositifs applicables dans le cadre de ce programme. La certification

BREEAM est effectuée à la suite d’une demande de la part des propriétaires ou promoteurs de

chaque projet. Dès lors, elle peut donc également devenir un argument supplémentaire de

vente pour un promoteur immobilier qui a délibérément choisi de commercialiser un produit

« vert ». L’intérêt principal d’EcoHomes est la prise en compte de l’habitat comme un

domaine très particulier du bâtiment. Les projets de construction de logements sont très

différents du reste du marché et une adaptation des démarches environnementales de base est

nécessaire au développement d’un habitat durable, où la possibilité de financer de lourdes

étapes de recherche et conception ne s’offre que très rarement.

iii) Le “Leadership in Energy and Environmental Design (LEED)” en

Amérique du nord

� Généralités

Le Leadership in Energy and Environmental Design (LEED) est la version nord-américaine

de la certification environnementale des bâtiments. Le développement de LEED a débuté aux

Etats-Unis en 1995, avec de la création de l’U.S. Green Building Council (USGBC), coalition

de volontaires professionnels issus de tous les secteurs de l’industrie. L’enjeu de la création

du LEED était alors de définir le concept de « bâtiment vert » en établissant une norme de

mesure de qualité et d’efficacité. Fruits d’un contrat avec le Département américain de

l’Energie, des Guides de référence et des ateliers de formation ont ainsi permis à de nombreux

bâtiments à haute qualité environnementale de voir le jour à partir de 1998. En 2002, une

version 2.0 de la norme apparaît, tandis que des projets pilotes certifiés LEED sont lancés

pour les bâtiments existants et les intérieurs commerciaux en plus des bâtiments neufs et des

opérations d’aménagement. Puis, arrive l’apparition de la version LEED Canada-NC 1.0,

créée pour faciliter la mise en place de la certification au Canada.

Concrètement, le système d’évaluation LEED est destiné à accroître la performance

environnementale et économique des bâtiments, en incitant les concepteurs à faire usage de

pratiques efficaces et innovatrices grâce à des outils de promotion et des guides. L’enjeu est

ainsi de définir un certain seuil pour le bâtiment vert et de dresser un cadre de référence en

matière d’efficacité énergétique, de gestion de l’eau, d’aménagement de site, de choix de

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

39

matériaux et de qualité de vie. Les objectifs d’une telle démarche sont nombreux ; le Canada

Green Building Council (CaGBC), conseil du bâtiment durable au Canada, les énumère :

- « reconnaître le leadership environnemental,

- stimuler la compétition verte,

- établir une valeur au marché via une marque nationale reconnue,

- augmenter la prise de conscience du consommateur à l’égard des bénéfices du

bâtiment vert,

- transformer le marché et pour favoriser les impacts positifs sur l’environnement et la

santé des occupants. »

A la différence de la démarche HQE française, et comme pour le système britannique, le

LEED propose plusieurs « échelles de durabilité » en offrant quatre niveaux de certification :

LEED (26-32 points), Argent (33-38 points), Or (39-51 points) et Platine (52 points et plus)

pour un potentiel maximal de 69 points. Les points sont attribués sous la forme de crédits,

selon la grille d’évaluation suivante :

Système de notation LEED®

Aménagement écologique des sites 14

Gestion efficace de l’eau 5

Energie et atmosphère 17

Matériaux et ressources 15

Qualité des environnements intérieurs 13

Crédits principaux 64

Crédits d’innovation 4

Crédit de processus de design 1

TOTAL 69 Source : d’après www.cagbc.org

Les détails relatifs à l’attribution des points pour chacune des catégories sont en Annexe 3.

� LEED for Homes

Un volet destiné spécifiquement à l’habitat individuel a été élaboré dans le cadre de la version

américaine du système d’évaluation LEED. Il s’agit de la norme LEED-H, dont l’enjeu est de

permettre la construction de maisons vertes. A la manière du programme initial, LEED for

Homes est conçu pour uniformiser les critères au niveau national qui définissent les

caractéristiques d’une maison verte, et de permettre aux constructeurs américains d’obtenir

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

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une certification « verte » pour leurs maisons. Pour le moment, le dispositif mis en place en

août 2005 est réservé aux maisons neuves et en est encore au stade de projet pilote jusqu’en

2007. Après cette période d’essai, les éventuelles modifications permettront à la version

définitive du protocole de voir le jour. Néanmoins, cette initiative est intéressante dans la

mesure où elle est particulièrement en avance sur le cas français, qui jusqu’à présent ne prend

quasiment pas en compte la problématique de l’habitat individuel. Pour résoudre les

problèmes liés au savoir-faire et à la technicité des méthodes mises en place, l’USGBC a

dressé une liste de constructeurs et de fournisseurs partenaires du programme LEED for

Homes répartis à travers tous les Etats-Unis. Par ailleurs, différentes structures apparaissent

dans le processus de réalisation d’un projet de maison verte, comme l’illustre la figure 12.

1) LEED for Homes Faculty est une structure sous contrat avec l’USGBC dont le rôle est de

fournir un programme de formation aux différents acteurs appartenant à LEED for Home

Professionals, Provider et autres.

2) LEED for Homes Professionals est une structure qui fournit les services de conception et

de design pour les constructeurs.

3) LEED for Homes Provider est une organisation sous contrat avec l’USGBC, dont le

mandat est de certifier les projets réalisés par les constructeurs. La structure recrute (ou sous-

traite avec) les contrôleurs qui vérifient sur place la mise en œuvre des installations requises

par LEED for Homes, en mesurant et testant les performances des maisons.

USGBC

Client

Conception

LEED for Homes

Professionals2

Contrôle

LEED for Homes

Providers3

Constructeurs Ventes

Marketing

LEED for Homes Faculty1 Accréditation

For

mat

ion

FIGURE 12 : INTERVENANTS ET PROCESSUS DE REALISATION D’UN

PROJET LEED FOR HOMES (SOURCE : USGBC)

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

41

B) Besoins énergétiques : vers la maison à énergie

passive et positive

i) Principes de l’habitation passive

Le concept de maison passive découle d’une norme précise développée en Allemagne. De

nombreuses autres notions plus ou moins synonymes de la maison passive existent : maison

solaire, maison bioclimatique, maison saine, maison zéro-énergie ou encore maison autonome

sont autant de termes désignant des bâtiments d’habitation à très faible consommation

énergétique et au confort optimal.

L’enjeu de la maison passive est donc de diminuer au maximum les consommations d’énergie

tout en garantissant le confort et la santé pour ses occupants. C’est donc un exemple concret

de l’application du développement durable au sein de l’habitat. Pour arriver à de tels résultats,

le concept d’habitation passive repose sur l’autonomie du bâtiment en matière de chauffage et

de climatisation. Ainsi, le bâtiment va se contenter d’une excellente isolation, des apports

solaires (bioclimatisme) ainsi que des apports métaboliques (usagers, équipements, etc…). En

complément, l’autonomie énergétique pourra être assurée par une production propre basée sur

les énergies renouvelables. Il s’agit alors d’une maison zéro-énergie, qui produit autant

d’énergie qu’elle en consomme, de telle sorte que le bilan annuel est nul.

La maison passive repose donc sur deux principes :

► Minimiser les pertes de chaleur : en diminuant les pertes de transmission (isolation

thermique renforcée) et de ventilation.

► Maximiser les gains de chaleur : grâce au chauffage solaire passif au travers des

surfaces vitrée et la récupération des apports métaboliques.

Les éléments caractéristiques de la maison passive sont les bases d’une habitation durable. En

effet, la plus grande partie des consommations énergétiques de l’habitat est directement liée

au chauffage. D’autres techniques concernant la gestion de l’eau ou la production d’électricité

et d’eau chaude peuvent se rajouter au concept de base afin de maximiser la qualité

environnementale du bâtiment et à répondre à l’ensemble des cibles énoncées dans le cadre

des différentes démarches.

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

42

Une isolation poussée est le premier principe mis en œuvre dans la maison passive.

L’épaisseur de l’isolant peut ainsi atteindre plus de 30 cm au lieu de 10 cm dans les

constructions traditionnelles. Aussi, le coefficient de transmission thermique des parois

extérieures du bâtiment doit être inférieur à 0,10 W/m2K pour des maisons individuelles, ou

0,15 W/m2K pour des immeubles de logements collectifs14. En outre, l’isolation doit être mise

en place par l’extérieur afin de supprimer les pertes de chaleurs via les ponts thermiques, que

l’on aura d’ailleurs limité au maximum lors de la conception du bâtiment.

Concernant les fenêtres et baies vitrées, point noir du bâtiment en ce qui concerne les pertes

de chaleurs de transmission, le niveau d’efficacité doit également être élevé. Le coefficient de

transmission thermique de la fenêtre complète doit être inférieur à 0,8 W/m2K. C’est pourquoi

le standard passe par un triple vitrage à faible émissivité, pour lequel les déperditions sont

diminuées de moitié par rapport à un double vitrage classique. Avec un tel niveau d’isolation,

les surfaces vitrées peuvent occuper plus de place sur le bâtiment, notamment parce qu’elles

ont l’avantage de produire de la chaleur solaire passive. Mais il faut privilégier de grandes

baies vitrées à un grand nombre de petites fenêtres afin de minimiser les pertes au niveau des

châssis. Par ailleurs l’implantation des fenêtres est capitale : les fenêtres placées au nord d’un

immeuble sont toujours déficitaires en énergie alors qu’une vitre au sud est excédentaire. Il

faut donc privilégier l’implantation d’ouvertures sur les façades sud. De même, les ouvertures

situées à l’ouest sont à proscrire et à remplacer par des vitres situées à l’est.15 Afin de

préserver le bâtiment d’un excès d’apports solaires en été, qui devraient alors être compensés

par un système de climatisation gourmand en énergie, il est important de prévoir un

débordement de toiture dimensionné en fonction de la hauteur du soleil selon les saisons.

14 Source : Institut PassivHaus 15 Ces prescriptions sont valables dans le cas d’une construction bâtie dans l’hémisphère Nord. Pour un bâtiment situé dans l’hémisphère Sud, les surfaces vitrées sont à placer sur les façades nord et ouest.

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FIGURE 13 : DIMENSIONNEMENT DU DEBORDEMENT DE TOITURE

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43

Le débordement constitue la protection de base. Mais le standard « maison passive »

n’impose pas réellement de choix architecturaux. Aussi, il est tout à fait possible de remplacer

le débordement par un système de stores ou de persiennes, le seul point capital étant de

protéger la maison des apports solaires en été.

La figure suivante illustre le fonctionnement de la ventilation au sein d’une maison passive.

En effet, le contrôle de la ventilation est primordial pour limiter les rejets de chaleur. Aussi, le

principe de base repose sur la récupération de la chaleur de l’air sortant et l’équilibrage des

températures entre l’air sortant et l’air rentrant. Un récupérateur de chaleur (du type pompe à

chaleur) permet de réchauffer (ou refroidir) l’air entrant grâce à la chaleur contenue dans l’air

sortant. En outre, un système de puit canadien permet de préchauffer (ou refroidir) l’air

extérieur entrant grâce à un échange avec le sol. A une certaine profondeur, la température du

sol est toujours constante, été comme hiver. Lorsque l’on descend à une profondeur de deux

mètres, il est déjà possible de refroidir l’air chaud en été, et de réchauffer l’air froid en hiver.

Ce système de ventilation contrôlée permet ainsi de récupérer 80% de la chaleur contenue

dans l’air intérieur sortant. Les 20% restant peuvent être fournis par les apports solaires et

métaboliques.

FIGURE 14 : VENTILATION AU SEIN D'UNE MAISON PASSIVE

Source : Passivhaus Institut Damstadt

.

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44

ii) Présentation des modes de productions d’énergie renouvelables

individuels

Que ce soit pour la production d’électricité ou de chauffage, il existe des manières fiables et

rentables d’utiliser les énergies renouvelables au sein de l’habitat. Quelles techniques

semblent être aujourd’hui les plus appropriées pour réduire les factures énergétiques et les

rejets des habitations ?

� Solaire photovoltaïque

Si l’énergie du soleil ne pourra sans doute pas résoudre tous les problèmes

d’approvisionnement d’énergie, elle constitue en revanche un intérêt capital dans l’habitat à la

fois pour la production d’électricité et de chauffage.

Le principe du système solaire photovoltaïque est de transformer le rayonnement solaire en

électricité, par réaction chimique à base de silicium. Sous l’apparence de plaques composites,

ces générateurs peuvent prendre la forme de tuiles, de verrières, d’auvents, ou encore de

façades, se substituant ainsi à un large panel d’éléments du bâtiment d’ordinaire inertes.

Source : Imérys Toiture

L’évolution technologique du matériel photovoltaïque a été très forte durant les dernières

années, de sorte que l’offre est aujourd’hui diversifiée et de qualité. La durabilité et le

rendement croissant font des panneaux photovoltaïques un investissement rentable pour

l’acheteur, et bénéfique pour l’environnement. Ainsi, le rendement des générateurs permet de

compenser la dépense énergétique liée à leur fabrication en moins de deux ans [LHOMME,

2005]. Avec une durée de vie de trente ans en moyenne, le générateur photovoltaïque va donc

produire de l’énergie sans émettre de pollution pendant plus de 90% de sa durée d’utilisation.

Par ailleurs, il n’est pas nécessaire de vivre dans une région du sud pour que l’installation

d’un équipement photovoltaïque soit envisageable. La carte ci-dessous indique le nombre de

FIGURE 15 : TUILES PHOTOVOLTAÏQUES

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

45

kWh bruts par jour qu’il est possible de produire avec un mètre carré de panneau

photovoltaïque horizontal.

FIGURE 16 : GISEMENT D'ENERGIE SOLAIRE EN FRANCE

(EN kWh BRUTS PAR M² HORIZONTAL PAR JOUR)

Source : d’après l’Atlas européen solaire

Dans le cadre d’un usage excluant les consommations électriques lourdes telles que le

chauffage, la production d’eau chaude et la cuisson électrique, il est possible à Metz de

subvenir aux besoins électriques annuels d’une famille de trois personnes à hauteur de 69 %16,

avec une surface génératrice de moins de 10m² (environ 1 kWc de puissance sous conditions

d’ensoleillement optimales). A Narbonne, avec le même équipement, il est possible de

subvenir au besoin de cette famille à hauteur de 109 %, soit plus que le nécessaire [LHOMME,

2005]. Concernant les coûts, un équipement composé de 10 m² de panneaux photovoltaïques,

d’un onduleur assurant la liaison entre le générateur et le réseau électrique de l’habitation,

l’ensemble des éléments de connexion, ainsi que la fourniture, la pose et la connexion au

réseau public revient approximativement à 7500 euros.17 A cette somme, il est possible en

France de déduire plusieurs aides financières. En premier lieu, le crédit d’impôt permet de

16 Soit une production photovoltaïque de 1805 kWh/an pour des besoins électriques nobles (Eclairage, audiovisuel, électroménager, …) de 2606 kWh/an. De plus, la durée d’ensoleillement annuel à Metz est de seulement 1497 h, contre 3098 h à Narbonne 17 Source : www.outilssolaires.com

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46

déduire 50 % du montant investi, avec un plafond de 16 000 euros pour un couple sans

enfants, avec une majoration de 400 euros pour le premier enfant, 500 euros pour le deuxième

et 600 euros pour le troisième. En outre les conseils régionaux et l’ANAH proposent

également des subventions. Concernant les logements collectifs, l’ADEME propose des aides

à hauteur de 2,8 €/Wc sans crédit d’impôt. Ces différentes aides ramènent donc

l’investissement à moins de 3500 euros. A un tarif de base avec abonnement 3kVA, EDF

vend le kWh à 0,1290 euros. Ainsi, une installation placée à Metz permettra de fournir 1805

kWh/an et donc d’économiser environ 270 euros chaque année, ce qui induit une durée

d’amortissement de moins de treize ans18, pour une durée de vie du matériel de trente ans. A

Narbonne, cette durée passe en dessous de neuf ans.

Le solaire photovoltaïque de proximité présente donc un intérêt considérable dans le secteur

de l’habitat collectif ou individuel. Les différentes aides à l’investissement permettent de

rentabiliser l’équipement sur une durée intéressante et la puissance produite peut répondre de

manière importante aux besoins électriques nobles.

� Solaire thermique

Le solaire thermique permet de mettre à profit

l’énergie du rayonnement solaire afin de

produire du chauffage et de l’eau chaude

sanitaire. Le chauffe-eau solaire thermique est

composé de deux éléments principaux : les

capteurs solaires et le ballon de stockage. Le

principe est de faire circuler un fluide

caloporteur dans un réseau de tuyaux exposés

au soleil. L’efficacité de ce système en fait un

moyen de production pouvant être mis en œuvre sous toutes les latitudes. Pour s’adapter au

mieux au climat de chaque région, trois technologies sont communément disponibles :

- Le chauffe-eau monobloc : un chauffe-eau solaire monobloc se compose de capteurs et

ballon de stockage assemblés su un même châssis et installé généralement sur un toit ou

une terrasse. Son fonctionnement de nécessite pas d’approvisionnement électrique. Ce 18 Afin de calculer la durée d’amortissement, il est nécessaire de prendre en compte le fait que le prix de vente de l'électricité photovoltaïque produite par les capteurs est supérieur au prix de l'achat de l'électricité d’EDF. La durée d’amortissement serait donc encore réduite si le particulier revendait la totalité de sa production et achetait l'électricité dont il a besoin. Mais l’intérêt environnemental serait de ce fait réduit.

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FIGURE 17 : DIFFERENTS GENERATEURS SOLAIRES THERMIQUES

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

47

type de système est le plus économique à l’installation mais les pertes thermiques sont

importantes. Aussi, en France, cette technologie est surtout adaptée à un usage en été.

- Le thermosiphon à éléments séparés : un thermosiphon permet que la circulation de la

chaleur passe directement des capteurs au ballon sans pompe mais simplement grâce aux

différences de température. Le ballon doit néanmoins être placé en hauteur par rapport

aux capteurs. Le fonctionnement de ce système est très simple et fiable. Ses coûts sont

limités et ses performances sont très bonnes, particulièrement dans les régions du sud.

- Le préparateur à circulation forcée : cette installation comporte une pompe et un

système de régulation qui permettent de l’adapter à toutes les configurations mais qui

augmentent son coût par rapport aux autres technologies [LHOMME, 2005].

Le coût moyen constaté pour un système solaire thermique composé de 4 à 5 m2 de capteurs

et d’un ballon d’une capacité de 200 à 300 litres (dimensionnement pour un ménage de trois à

quatre personnes) est approximativement de 5000 euros. Comme pour d’autres moyens de

production individuels d’énergie renouvelable, une large partie de l’investissement est

couverte par diverses subventions et crédits d’impôts. Le tableau suivant représente une

simulation pour une installation aux caractéristiques similaires à celle énoncée précédemment.

TABLEAU 6 : COUT TOTAL D'UNE INSTALLATION APRES DEDUCTIONS

Coût d'un chauffe-eau solaire avec capteurs posés en toiture

Coût moyen EURO HT

Logement neuf TTC (TVA 19,6)

Logement ancien TTC (TVA 5.5%)

Coût moyen "fourniture" 3 550 (72,9%) 4 246 3 745

Coût moyen "installation" 1 320 (27,1%) 1 579 1 393

TOTAL moyen facturé 4 870 5 825 5 138

Subvention moyenne régionale (varie suivant la localité) 700 700

TOTAL moyen après subvention 5 125 4 438

Crédit d'impôt de 50% sur la partie "fourniture" de la facture après subvention, soit sur 72,9% du total

1 868 1 617

Coût TOTAL net TTC 3 257 2 821

% du coût facturé à débourser 55,9% 54,9%

Source : www.outilssolaires.com

La simulation montre ainsi que près de la moitié de l’équipement peut ainsi être

subventionnée, ramenant ainsi la facture aux alentours de 3000 euros. A Narbonne cette

installation permettrait de répondre à hauteur de 70% aux besoins d’un ménage de trois à

quatre personnes tandis qu’à Metz, le taux de couverture des besoins en eau chaude serait de

47,7%. Pour garantir le même taux de 70%, la surface des capteurs devrait être multipliée par

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

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deux. Dans tous les cas, un système solaire thermique s’amortit en quelques années à peine

mais nécessite un complément de production en appoint (bois, gaz, fioul, etc…)

� Micro-géothermie

La géothermie est l’énergie sous forme de chaleur contenue dans la terre. Le potentiel de cette

source d’énergie renouvelable est considérable puisque théoriquement, à une profondeur de

10 000 mètres, on peut récupérer une chaleur équivalente à quinze mégatonnes de pétrole par

kilomètre carré. Cependant, ces gisements trop profonds ne sont pour le moment pas

exploitables et en pratique la géothermie se contente de puiser dans des réservoirs de vapeur

ou d'eaux chaudes, ou encore d’utiliser les roches chaudes souterraines. L’expérience de

Soultz-sous-Forêts dans le Bas-Rhin (France) menée depuis 1987 est à ce titre

particulièrement intéressante. Grâce à de puissantes machines, on injecte de l’eau froide dans

les couches rocheuses chaudes, sèches et fracturées (hot dry rock). L’eau est ensuite récupérée

à une température de 200°C et permet le fonctionnement de turbines à vapeur produisant de

l’électricité et de la chaleur pour les habitations alentour [LHOMME, 2005].

Ce type d’installation industrielle reste toutefois réservé aux communautés et ne se destine

absolument pas au particulier pour lequel d’autres types d’utilisation domestique existent : il

s’agit de la micro-géothermie. Trois types d’installation sont généralement destinés à un

usage domestique :

FIGURE 18 : PRODUCTION ELECTRIQUE PAR GEOTHERMIE

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Echangeur thermique

Hot dry rock

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

49

- le captage horizontal géosolaire : puissance thermique maximale de 15W par mètre

linéaire de tube enterré.

- le captage thermique dans une nappe de surface (puits) : puissance thermique

maximale de 4,5 à 5,5 kW par m3/h.

- les sondes géothermales : puissance thermique maximale de 50W par mètre vertical

pour un terrain propice à la récupération d’énergie ; de 30W par mètre vertical pour un

terrain peu propice. Le forage peut atteindre entre 50 et 120 m de profondeur.

La technique vouée au plus grand développement pour un usage dans le cadre de l’habitat est

celle du captage géosolaire qui constitue un système hybride entre la géothermie et le solaire.

En effet, le captage thermique dans une nappe d’eau chaude nécessite d’avoir une telle

ressource sur le terrain de son logement, ce qui reste plutôt rare. En outre, les sondes

géothermales impliquent un forage profond et donc coûteux.

Les capteurs géosolaires horizontaux quant à eux profitent du réchauffement du sol par le

rayonnement du soleil. Ils se constituent de tuyaux de cuivre gainés de polyéthylène enterrés à

une profondeur de 60 à 90 cm sous un terrain ensoleillé et dégagé [LHOMME, 2005].

Source : Viessmann

L’exploitation de l’énergie micro-géothermique repose sur la mise en œuvre d’une pompe à

chaleur (PAC), capable de transférer la chaleur transmise par le sol aux organes de production

de chauffage et d’eau chaude. Il existe différents systèmes de PAC géothermiques : sol-sol,

sol-eau, eau-eau. Le principe est le même pour les PAC air-eau où la chaleur de l’air est

captée pour être transmise à l’eau (chauffage des piscines notamment).

FIGURE 19 : PRODUCTION DE CHAUFFAGE ET EAU CHAUDE PAR CAPTEURS GEOSOLAIRES

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

50

Lorsque une PAC est destinée au chauffage d’une habitation principale dans un logement

neuf ou ancien, il est possible d’obtenir un crédit d’impôt à hauteur de 50% du coût de

l’installation et une prime de l’ANAH de 900 euros pour un logement ancien, qu’il s’agisse

d’une maison individuelle ou d’un appartement en immeuble collectif. Néanmoins, ce crédit

d’impôt est réservé aux systèmes de captage, de stockage et de production de chaleur et ne

concerne donc pas les systèmes de distribution de chaleur [LHOMME, 2005].

� Bois-énergie

La filière bois représente aujourd’hui la forme d’énergie compensée la plus adaptée à

l’habitat. C’est également la première énergie durable de France, qui occupe le premier rang

européen dans ce domaine19. Les énergies compensées, ou énergies biomasse, sont issues de

la dégradation des espèces vivantes de la biomasse. L’énergie produite résulte de l’utilisation

directe (bois) ou après transformation des végétaux (biogaz, bagasse, biocarburants…). Si la

combustion de la biomasse génère des gaz à effets de serre, ces rejets sont néanmoins

compensables grâce au remplacement des espèces prélevées dans la nature. Aussi, la

photosynthèse et l’absorption du carbone par les nouveaux végétaux fait des énergies

compensées de véritables énergies renouvelables.

Contrairement aux idées reçues, la production d’énergie par

la combustion du bois n’est pas nécessairement une activité

polluante. En effet, la quantité de gaz carbonique émise lors

de la combustion du bois est la même que celle qui serait

rejetée dans l'atmosphère lors d’une dégradation naturelle.

Sous réserve d’une combustion contrôlée à haut rendement,

de combustibles de qualité et d’un reboisement équivalent au

minimum aux prélèvements, la filière bois-énergie est

totalement durable. Par ailleurs, cette filière permet de

valoriser les rebuts de l’industrie du bois et d’aboutir à des

produits combustibles tels que des briques de bois densifié,

des copeaux ou encore des granulés selon le type de

chaudière utilisée [LHOMME, 2005]. Actuellement, le chauffage au bois équipe 7 millions de

logements en France et constitue un moyen de production économique et écologique .20

19 Source : Ministère de l’économie, des finances et de l’industrie. 20 Source : Greenpeace

FIGURE 20: BUCHES A COMBUSTION

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

51

iii) Avantages et inconvénients des énergies renouvelables dans l’habitation

pour l’usager et la collectivité

Avantages Inconvénients

EEll eecctt rr iiccii ttéé

- Travaux d'installation peu coûteux - Pas de stockage ni de réapprovisionnement

- Coût de l’abonnement : Ex : double tarif (heures pleines/heures creuses) pour une puissance de 12KWA: 272,89 € TTC/an - Coût élevé : de 0,1057 €/kWh en heures pleines à 0,0644 €/kWh en heures creuses

- Rendement très faible (environ 25 %) - Nécessite une très bonne isolation

GGaazz

nnaatt uurr eell - Economique : 0,05 €/kWh

- Pas de stockage ni de réapprovisionnement - Disponibilité limitée dans certaine villes - Coût de l’abonnement : 125,21 €/an - Coût d’installation important

FFii oouull

- Aucun coût d'abonnement - Economique : 0,04 €/kWh (rendement de 70 à 90 % pour les chaudières à haut rendement)

- Encombrement important - Entretien annuel (125 € environ) - Energie fossile dont le tarif fluctue avec le prix du pétrole

SSooll aaii rree

tt hheerr mmii qquuee

- Energie renouvelable et non polluante - Energie gratuite (rendement de 30 à 40 %) - Assure en partie l’autonomie de la production de chauffage et d’eau chaude sanitaire

- Rentabilité rapide grâce aux aides financières.

- Nécessite un complément de chauffage - Efficacité différente selon les régions

GGééoott hheerr mmii ee - Energie renouvelable et non polluante

- Juste le coût de l'électricité pour la PAC - Energie gratuite - Assure en partie l’autonomie de la production de chauffage et d’eau chaude sanitaire

- Installation lourde et coûteuse - Ne peut être installée dans n’importe quel site : nécessite la présence de puits artésiens ou des terrains non bâtis dégagés.

- Consommation électrique de la PAC

BBooii ss-- éénneerr ggii ee - Energie renouvelable et non polluante

- complément de chauffage très souple - Economique : 0,05 €/kWh (entre 36,60 € et 53,40 € le stère de bois) - Rendement pouvant atteindre de 70 à 90% Rentabilité rapide grâce aux aides financières.

- Nécessite stockage et réapprovisionnement - Nécessite un complément de chauffage - Entretien annuel obligatoire (entre 65 € et 160 €)

Une comparaison précise entre les différents modes de production de chauffage et d’eau

chaude met indubitablement en évidence les avantages que présentent les « énergies vertes »

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

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par rapport aux ressources fossiles. Si en premier lieu les bénéfices sur l’environnement sont

rapidement quantifiables, les énergies renouvelables domestiques permettent également

d’engranger des économies financières non négligeables. En outre, elle contribuent à

l’autoproduction et représentent une solution efficace face à l’évolution des consommations

énergétiques dans le futur, soulageant de ce fait la mission du service public et des

producteurs et fournisseurs nationaux d’énergie.

iv) La production d’énergie en tant qu’investissement rentable Etre en mesure de produire sa propre énergie revient à

réaliser un investissement sur la durée. Une fois le coût de

l’installation amortie, l’énergie produite à partir de

ressources renouvelables est intégralement un bénéfice

dont l’usager peut profiter jusqu’à la fin de vie du

générateur. De la même manière qu’acheter un bien

immobilier sera toujours plus intéressant financièrement

que de le louer sur une longue période, intégrer un système

de production d’énergie au sein de son habitat est une

manière de réduire les gaspillages pécuniaires.

Si la production de chaleur dans un cadre domestique concerne essentiellement un usage privé

et constitue un moyen de réduire les dépenses du ménage, la production électrique quant à elle

peut être source de profits pour le propriétaire des générateurs. Il est ainsi possible de

revendre le surplus d’énergie produite à partir de panneaux photovoltaïques ou de micro-

éolienne.

L’arrêté du 13 mars 200221 définit ainsi les conditions d’achat pour les particuliers de

l’électricité photovoltaïque. A partir du 1er janvier 2006, ce tarif est de :

- 0,1525 €/kWh hors taxes pour les particuliers en métropole continentale avec un

plafond annuel de l'énergie susceptible d'être achetée de 1500 kWh/kWc,

- 0,305 €/kWh hors taxes pour les particuliers en Corse et DOM avec un plafond annuel

de l'énergie susceptible d'être achetée de 1800 kWh/kWc.

21 http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=ECOI0200002A

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FIGURE 21: PANNEAUX SOLAIRES ET EOLIENNE

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

53

C) Des logements plus propres et moins gourmands

i) Matériaux écologiques

Le concept de matériau écologique implique plusieurs caractéristiques répondant à plusieurs

attentes. Sémantiquement, les définitions encyclopédique suivantes donnent un premier indice

quand à ce que pourrait être un matériau dit écologique.

Matériau : matière d'origine naturelle ou artificielle que l'homme façonne pour en

faire des objets.

Ecologique : Qui respecte l’environnement.

Cependant, la notion d’environnement est elle-même vaste et recouvre aussi bien

l’environnement extérieur (la nature, la planète,…) que l’environnement intérieur des

bâtiments. Ainsi, un matériau écologique est à la fois un matériau recyclable, un matériau

dont la fabrication et le transport sont peu coûteux en énergie grise, et un matériau qui n’a pas

d’impacts négatifs sur la santé des occupants de l’habitation. Si cet idéal n’est pas facilement

atteignable, il est cependant possible de choisir ses matériaux en fonction de critères

écologiques.

Contrairement aux idées reçues, les matériaux d’avenir en matière de construction

environnementale ne sont pas forcément issus de recherches technologiques poussées. Au

contraire, les matériaux les plus anciens sont souvent les meilleurs matériaux écologiques.

� Le bois

Le bois, dont l’utilisation dans le bâtiment devient de plus en plus courante en France est

ainsi l’un d’entre eux. Matériau naturel par excellence, le bois affiche un excellent rapport

masse/résistance, une élasticité et une stabilité volumétrique constante, un bon pouvoir

d’isolation thermique et en outre n’engendre pas d’influence néfaste sur la santé des

occupants et a même le mérité de réguler le taux d’humidité de l’air. Par ailleurs, le bois est

un élément extrêmement durable capable de résister à plusieurs siècles. [KUR, 2004]

� Les briques perforées de terre cuite

La technologie et le savoir faire ont permit de créer des produits extrêmement efficaces dans

le cadre d’un habitat écologique à partir de la technique ancestrale de la terre cuite. Si les

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

54

briqueteries utilisent une grande quantité d’énergie pour

leur production, les briques alvéolées affichent

d’excellents résultats en matière d’isolation thermique

et phonique, de longévité et de résistance mécanique.

De plus, un mur en briques alvéolées ne nécessite

généralement pas d’isolation supplémentaire, à

condition toutefois d’accepter de rester dans les

standards français. Tout comme le bois, la brique de

terre cuite a la capacité de réguler l’humidité de l’air ambiant.

� La terre crue et la paille

Si la technique de la terre crue peut aujourd’hui paraître désuète, elle n’en reste pas moins un

moyen de construction intéressant face aux exigences environnementales. De même, le

mélange de paille et d’argile légère suscite également un regain d’intérêt dans les pays

occidentaux. En matière d’habitat, ces matériaux offrent une très bonne ductilité utile en cas

de séisme, de bonne résistance au feu et résistance thermique et sont idéals pour l’auto-

construction, les frais de fabrication et de transport étant nuls dans le cas d’un propriétaire

constructeur [SCHL, 2005]. De surcroît, la mise en œuvre de tels matériaux nécessite peu

d’expérience ce qui en fait encore un produit d’avenir dans les pays en développement, et à

moindre échelle dans les pays occidentaux.

L’ensemble de ces matériaux naturels et écologiques se prête bien à un projet d’habitation

dans la limite où les contraintes techniques ne sont pas trop importantes. A l’évidence, les

projets plus complexes aux points de vue architectural et structurel ne peuvent être associés

aux techniques telles que le bois, la brique ou la terre crue. Par ailleurs, soulignons également

qu’une utilisation massive de matériaux naturels pourrait être à la source d’un épuisement des

ressources à long terme, surtout pour les matières minérales non renouvelables [KUR, 2004].

Ainsi, si une utilisation ponctuelle de ce type de matériaux peut être intéressante dans le cadre

d’une démarche environnementale, elle ne peut en aucun cas s’inscrire en tant que standard

pour l’habitat de demain. Dès lors, les matériaux comme le béton, le parpaing et le bois

conserveront les premières places y compris dans les projets de construction

environnementale.

FIGURE 22 : BRIQUE MONOMUR

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

55

ii) Isolants à haute performance

A propos de la qualité environnementale des bâtiments, il est souvent dit que l’énergie la

moins coûteuse et la moins polluante reste encore celle que l’on ne consomme pas. Aussi,

pour consommer moins d’énergie il est particulièrement important de privilégier au maximum

l’isolation du bâtiment. Cependant, si les nouvelles normes thermiques françaises RT2005

marquent une avancée en matière d’exigences minimales de performance face aux normes

RT2000, nous sommes encore loin des standards de la maison passive. Ainsi, les normes

française fixent les valeurs minimum de résistance thermique des parois à environ 1.5, tandis

que cette valeur passe à 4 pour le label suisse Minergie, et à 6 en Allemagne pour le label

Passiv Haus. De plus, il n’existe pas encore de normes bioclimatiques en France, et il est donc

difficile d’indiquer des valeurs à minima pouvant être prises en compte dans la conception

d’un bâtiment passif. On ne peut donc que se référer aux exemples internationaux.

Il existe différents types de déperditions dans un bâtiment : les déperditions surfaciques au

travers des parois opaques ou vitrées, les déperditions linéiques au niveau des liaisons entres

les parois et dalles (ponts thermiques) et les déperditions par renouvellement d'air liées aux

conduits d’aération. Pour lutter contre les déperditions linéiques, la meilleure solution reste de

privilégier l’isolation par l’extérieur à l’isolation par l’intérieur comme l’illustre la figure

suivante.

Dans le cas du label Passiv Haus, le coefficient de transmission thermique U des murs doit

être au maximum de 0,15 W/m².K ce qui équivaut de manière générale à une isolation de 30 à

50 centimètres d’épaisseur, pouvant varier selon la performance de l’isolant mis en œuvre.

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Isolation par l’extérieur Isolation par l’intérieur

FIGURE 23 : PONT THERMIQUE MUR/DALLE

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

56

Le tableau suivant présente quelques-uns des isolants les plus performants actuellement

disponibles sur le marché et compare leur coefficient de conductivité thermique avec celui de

certains matériaux traditionnellement utilisés dans la construction. Plus le coefficient est

faible, plus l'isolant est efficace.

TABLEAU 7 : COEFFICIENT DE CONDUCTIVITE THERMIQUE DE DIFFERENTS MATERIAUX

Matériaux

Coefficient de conductivité thermique λλλλ

Coût moyen au m² (e=10cm), hors

pose Mousse de polyuréthanne (densité 35) 0,029 25 €

Polystyrène extrudé (densité 38) 0,029 17 € Laine de mouton 0,032 30 € Lin 0,037 13 € Polystyrène expansé classe 4 (densité 25) 0,039 6 €

Laine de verre ou de roche (rouleau ou plaques) 0,04 5 € Chanvre en rouleau 0,04 10 € Cellulose en panneaux 0,04 18 € Laine de bois 0,04 20 €

Liège expansé en granulats 0,04 70 € Polystyrène expansé classe 1 (densité11) 0,044 4 € Vermiculite 0,05 12 € Bois 0,15 -

Béton cellulaire 0,17 - Bloc Monomur® 0,34 -

Béton standard 2 - NB : Ces valeurs sont extraites de diverses sources, des différences sensibles étant parfois observées.

Selon la composition des parois, on obtient différents niveaux de performance, indiqués par le

coefficient de transmission thermique k qui se calcule selon la formule suivante :

e est l’épaisseur du matériau (m) λ est le coefficient de conductivité thermique du matériau ( W/m.°K) 1/hi et 1/he sont les coefficients d’échange superficiels (m².W/°K)

Ainsi, une paroi composée de 20 cm de béton, et de 10 cm de polystyrène expansé classe 1

(λ=0,044) possède un coefficient de transmission thermique de 0,42 soit une résistance

thermique de 2,37. Cette valeur étant largement inférieure aux normes des maisons passives,

il est nécessaire d’employer des matériaux plus performants ou d’augmenter l’épaisseur de la

couche d’isolant. Ainsi, pour ce même mur de béton, une couche de 30 cm de polystyrène

expansé permet d’obtenir une résistance thermique de 7,09. Cependant, les mousses

synthétiques et le polystyrène sont des dérivés du pétrole et ne peuvent en aucun cas être

considérés comme des matériaux écologiques et naturels, en dépit d’un coût faible qui rend

leur utilisation dans le bâtiment extrêmement intéressante. Mais comme le montre le tableau

précédent, des matériaux écologiques tels que la laine de mouton, le lin ou encore le chanvre

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57

font preuve d’excellentes performances d’isolation. En revanche, le coût de ces matériaux

peut être prohibitif dans un circuit commercial habituel, en raison notamment de leur

caractère artisanal et de l’absence de filière de production à grande échelle.

iii) Gestion de l’eau

La question de l’utilisation de l’eau au sein de l’habitat, et plus généralement de l’ensemble

des bâtiments est aussi capitale que la gestion de l’énergie puisque chaque ménage consomme

entre 140 et 160 m3 d’eau par an, ce qui représentait un budget moyen de 318 euros22 en 1998

[HETZEL, 2003]. Plusieurs cibles de la démarche HQE concernent la gestion de l’eau afin,

notamment, de protéger les ressources naturelles, réduire la consommation d’eau potable,

minimiser le volumes des eaux usées à traiter et en assurer un traitement écologique, réduire

les risques d’inondations et enfin créer des « zones bleues » au sein d’espaces verts afin

d’améliorer la qualité de vie [GAUZIN-MÜLLER, 2001].

� Contexte et cadre législatif en France

La réglementation a pendant longtemps constitué un frein au développement de la

récupération d’eau de pluie. En effet, en France, la législation considère toute l’eau acheminée

à un bâtiment depuis une source centrale d’approvisionnement comme potable. A contrario,

toute eau provenant d’autres sources est présumée non-potable et ne peut à ce titre servir à la

consommation humaine ou entrer en contact avec les individus. La restriction en matière

d’usage de l’eau de pluie est donc catégorique mais il existe néanmoins des dispositions

spécifiques s’appliquant aux maisons individuelles en milieu rural non desservies par les

réseaux de distribution. Mais partout où ce réseau de distribution existe, il est obligatoire de

s’y raccorder. La récupération domestique des eaux pluviales n’est somme toute pas prohibée

dans l’hexagone, mais son usage est réglementé et se limite ainsi aux usages sans contact avec

les personnes. Concernant les immeubles collectifs construits selon la démarche HQE, tout

comme les équipements publics, une dérogation est nécessaire pour l’usage des eaux de pluie,

même dans les chasses d’eau, et les DDASS23 restent en pratique assez timorées face à ces

solutions. En outre, les professionnels de l’eau affichent leur opposition à la récupération des

eaux de pluies qui pose selon eux différents problèmes : d’une part la diminution de leur

revenus par la réduction de la consommation, et d’autre part le rejet d’eaux usées à traiter sans

22 Le budget est en réalité très différent en fonction des régions, à cause de la différence de tarif. Néanmoins, la consommation est en forte progression depuis 1992 (+ 47 %). 23 Directions Départementales de l’Action Sanitaire et Sociale

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

58

qu’elles aient été taxées. En effet, lorsque de l’eau de pluie est utilisée au sein d’habitations,

puis rejetée dans les égouts, l’usager ne participe plus au principe du pollueur-payeur mais

continue néanmoins à polluer. Il y a donc de grandes chances que la législation évolue vers

une taxation de l’eau de pluie si les systèmes de récupération d’eau continuent de se

développer [CHESNAIS, 2004]. Par ailleurs, aucun crédit d’impôt et peu de subventions24

existent, ce qui ne facilite pas le financement de ces systèmes.

� Valorisation des eaux pluviales La récupération des eaux de pluie permet de couvrir les besoins « non nobles » d’une

habitation tels que les chasses d’eau, l’arrosage des jardins, les machines à laver, etc…

FIGURE 24 : PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT D'UN SYSTEME DE RECUPERATION D'EAU DE PLUIE

L’eau de pluie est récupérée à travers les gouttières en toiture et les caniveaux au niveau du

sol, avant d’être filtrée et stockée dans une cuve généralement enterrée. Une pompe assure

ensuite la distribution de l’eau vers les équipements concernés. Ce système est adaptable à

tous les types d’habitat, mais aussi aux bureaux et équipements publics.

En France, avec une toiture traditionnelle de 120 m², on peut obtenir 70 à 100 m3 d’eau de

pluie par an. Les besoins annuels d’une famille de quatre personnes pouvant âtre couvert par

de l’eau non potable se situent aux alentours de 125 m3 par an25. Une cuve enterrée de moins

24 Les rares subventions sont essentiellement issues de l’initiative de quelques régions, l’Etat ne s’étant pas encore engagé sur ce domaine. 25 Sources : www.2eaux.fr

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de 3 m3 peut mettre au maximum à profit la récupération, couvrant ainsi de 56 à 80 % des

besoins. A un tarif moyen de 3 euros le mètre cube, cela représente une économie de 210 à

300 euros par an pour un seul ménage, ce qui permet l’amortissement de l’installation en

quelques années seulement.

� Traitements individuels des eaux grises

Comme pour l’eau de pluie, il est possible de réutiliser les eaux grises d’un bâtiment pour des

usages sans contact avec les personnes. Actuellement, plusieurs techniques existent, le choix

pouvant se faire sur des procédés naturels, ou sur des équipements à la technologie plus

complexe.

Traitement naturel : le lagunage Le lagunage consiste en l’épuration des eaux polluées sans matière fécale grâce à des plantes

aquatiques qui capturent les bactéries. Ainsi, les polluants contenus dans l’eau sont absorbés

par des plantes et organismes biologiques tels que les planctons, les iris, les roseaux ou encore

les joncs. Un des principaux avantages de ce système composé de bassins successifs est qu’il

peut complètement s’intégrer aux aménagements paysagers et donc également à leur coût.

Néanmoins, dans le cas d’installations équipant d’importants bâtiments, il peut être nécessaire

d’ajouter des bassins dégraisseurs, déshuileurs ou dessableurs [GAUZIN-MÜLLER, 2001]. Ce

type de technique nécessite toutefois de disposer d’espace et semble donc plus approprié au

milieu rural, et aux projets de logements collectifs en milieu urbain.

AVANTAGES INCONVENIENTS

- Elimination écologique de la pollution microbiologique

- Faibles coûts d'investissement et de fonctionnement

- Excellente intégration paysagère

- Nécessité possible d'imperméabiliser le sol

- Variation saisonnière de la qualité de l'eau en sortie

- Nécessité d’espace

Traitement technologique Des équipements technologiques d’assainissement des eaux grises domestiques sont

aujourd’hui disponibles sur le marché. Ils permettent de recycler les eaux des douches,

machines à laver, éviers, etc… et de les réemployer pour un usage hors contact humain. Le

traitement de l’eau par rayonnement UV, longtemps réservé à l’industrie, est aujourd’hui

l’une des techniques innovantes particulièrement adaptée à l’habitat. L’eau usée traverse une

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60

source lumineuse ultraviolet qui a pour propriété

d’inactiver les éléments polluants et donc de désinfecter

l’eau sans adjonction de produits chimiques. Les

systèmes domestiques permettent ainsi de traiter jusqu’à

2 m3 d’eaux grises par heure, pour un coût d’environ

900 euros hors installation26, soit l’équivalent de 300 m3

d’eau à un prix moyen de 3 euros le m3. Néanmoins le

coût de maintenance avoisine les 300 euros par an.

iv) Les toitures végétalisées

En milieu urbain, une alternative existe à la présence d’îlots de chaleur, d’humidité minime et

de pollution : la végétalisation des toitures. Sur

d’importantes surfaces, ce type d’aménagement

améliore le climat au sein des villes en régulant

l’humidité et la température et en assainissant l’air par

captation des poussières. En outre, les toits verts

représentent un atout pour l’isolation thermique et la

prévention des inondations, grâce à une limitation du

débit de pointe rejeté dans le réseau d’assainissement

en cas de forte pluie [GAUZIN-MÜLLER, 2001]. Les

toitures végétalisées peuvent ainsi constituer un moyen

économique et écologique pour améliorer les

performances énergétiques d’un bâtiment d’habitation,

y compris ancien comme cela a été mis en place à

Montréal en 2005 dans le cadre d’un projet pilote de

toit vert sur une coopérative de triplex/duplex.

Si en France ce type d’aménagement semble pour l’instant réservé aux immeubles collectifs,

la tradition n’étant pas ici de bâtir des pavillons individuels à toits plats et la mise en œuvre

d’un toit vert en pente étant complexe, il n’en est pas de même au Canada ou en Allemagne

où le principe pourrait s’appliquer à la quasi-totalité des bâtiments d’habitation existants.

26 http://www.traitementdeleau.com

FIGURE 27 : PROJET PILOTE DE TOIT VERT A MONTREAL (2005)

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FIGURE 26 : APPAREIL DE TRAITEMENT UV DE L'EAU

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61

Aussi, dans les pays où la tradition architecturale se prête parfaitement aux toits verts, leur

mise en place se développe de plus en plus. L’Allemagne, qui subventionne largement ce type

de mesure, a même rendu obligatoire la présence de toits verts au sein de certaines zones

d’activités où l’environnement est fragilisé [GAUZIN-MÜLLER, 2001].

La mise en œuvre d’une toiture végétalisée engendre un certain surcoût lié à la construction

des charpentes ou de la dalle, ainsi qu’à la réalisation de l'étanchéité et du semis. En France,

ce surcoût se situe aux alentours de 90 €/m² de toiture.27

v) Fin de vie de l’ouvrage et récupération de matériaux usagés

La démarche HQE prend en compte la fin de vie des ouvrages et leur déconstruction au sein

des cibles 2 (Choix intégré des produits, procédés et systèmes de construction) et 3 (Chantier

à faibles nuisances). La mise en place de la démarche implique également la réalisation

d’études à propos des filières de recyclage et de récupération des matériaux [HETZEL, 2003].

En matière d’habitat, cette prévision de la fin de vie de l’ouvrage ne concerne pas que les

bâtiments construits en vue d’accueillir des logements : en effet, l’évolutivité nécessaire de la

construction durable doit permettre de privilégier une transformation d’usage à une

démolition. Ainsi, aux Etats-Unis, certains magasins Walmart supervisés par l’architecte Bill

McDonough ont été conçus pour qu’ils puissent être reconvertis en habitations lors d’un

départ éventuel de l’entreprise [LAVILLE, 2005]. L’inverse peut également exister, avec un

ensemble de logements capables de se convertir en bureaux.

Cependant, lorsque l’état de la structure ne permet plus au bâtiment de subsister en changeant

simplement d’usage, il est nécessaire d’envisager sa démolition. A l’heure actuelle, la

démolition des bâtiments génère entre 40 et 50% des déchets du secteur du BTP, quantités

amenées à augmenter de 150% en Europe entre 2010 et 2050. Parallèlement, le taux de

valorisation et de recyclage de ces déchets n’atteint que 60% et l’élimination des déchets

représente actuellement en France un coût de 2,44 milliards d’euro par an [LAVILLE, 2005].

Dès lors, les enjeux environnementaux et économiques liés à la fin de vie des ouvrages

prennent de l’importance et nécessitent de maximiser la durée de vie des ouvrages et d’assurer

une parfaite recyclabilité des matériaux. Pour être en mesure d’assurer ces ambitions, un soin

particulier doit être apporté au choix des matériaux dès la conception du bâtiment, en

privilégiant les matériaux recyclables et les techniques qui leur permettront de continuer à

27 Source : Soprema.

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

62

l’être durant la démolition du bâtiment28. Par ailleurs, certains matériaux et techniques de

construction favorisent plus la réutilisation et le recyclage que d’autres. C’est le cas par

exemple des constructions en bois, dont les coûts de déconstruction et le potentiel de

réutilisation dans le bâtiment ou vers d’autres filières sont beaucoup plus avantageux que

ceux d’un ouvrage en béton [GAUZIN-MÜLLER, 2001].

28 Les techniques de mise en œuvre peuvent en effet empêcher le recyclage de matériaux pourtant intrinsèquement recyclable. C’est le cas par exemple de l’association plaque de plâtre, isolant, colle et papier peint qui entraînent la non recyclabilité des matériaux.

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

63

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« A BedZED, les logements ont déjà presque doublé de valeur.

Ecologie ou pas, c'est la rançon du succès. » Jean-Pierre Langellier, journaliste

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

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n France comme à travers le monde, la construction verte n’en est qu’à ses premiers

balbutiements, avec des certifications datant de 15 ans au plus pour les pays

pionniers. Pourtant, les premières expériences de bâtiments pouvant répondre à

l’appelation de « maison verte » datent du début des années soixante-dix et même avant si on

considère les préoccupations d’architectes tels que Frank Lloyd Wright ou Antonio Gaudi.

Aujourd’hui, l’intégration de la qualité environnementale dans la conception des bâtiments est

en passe de devenir un nouveau standard pour le secteur du BTP tandis que les premiers

projets d’habitat collectif durable voient le jour malgré l’existence de certains obstacles. Mais

quel est le potentiel réel de développement de l’habitat durable et en quoi cette nouvelle forme

de bâtiment est intéressante pour les maîtres d’ouvrage, les maitres d’oeuvre et les entreprises

du secteur ? Par ailleurs, la demarche HQE est-elle déjà bien installée en France ou bien reste-

t-elle encore reservée à une élite d’initiés ? Le développement de la construction

environnementale nécessite-t-elle l’émergence de nouveaux métiers spécialisés et la création

ou le renforcement de certaines formations ? Autant de questions importantes pour saisir

l’ampleur du mouvement « vert » et comprendre si l’on est en train d’assister à un simple

phénomène de mode ou bien à une mutation du secteur du bâtiment.

A) Evolution de l’architecture dite écologique à travers le

monde durant les dernières décennies

La notion d’écologie au sein de l’architecture est apparue relativement tôt dans nos sociétés

modernes si l’on considère les travaux réalisés par des pionniers tels que Antonio Gaudi ou

Frank Lloyd Wright qui avec son « architecture organique » a ouvert la voie vers les

constructions environnementales contemporaines [LAVILLE, 2005]. Aussi dès les années

1910, Wright opposa au mouvement architectural moderniste et industriel son concept

d’architecture organique, architecture mettant en valeur l’environnement intérieur tout en se

projetant vers l’extérieur. Pour lui, l’expression organique représentait « une entité où le tout

est à la partie comme la partie est au tout, et où la nature des matériaux, la nature des

intentions, la nature de l’exécution toute entière s’imposent clairement comme une

nécessité. » Néanmoins, les réalisations de tels architectes n’ont pendant plusieurs décennies

que représenté un courant parmi d’autres, les réflexions de Wright ou Gaudi s’opposant

souvent à celles de Le Corbusier ou Mies van der Rohe, dont les idées furent très prisées dès

les années 20 et 30 [WINES, 2002].

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A l’aube des années 40, face à la prolifération du béton et à l’étalement des villes et banlieues,

les premières contestations apparurent, signe avant-coureur d’une prise de conscience

environnementaliste. Ainsi en 1938, l’urbaniste américain Lewis Mumford écrivait qu’« à

mesure que s’étendent les surfaces asphaltées et bétonnées, c’est la nature qui est refoulée de

plus en plus loin ; matériaux, modules, plans, élévations standardisés – tels sont les

ingrédients de notre architecture industrialisée (…) Les seuls qui puissent jouir à fond de

cette architecture standardisée, ce sont des habitants standardisés. »29

Mais il faudra attendre les années 1960 et l’émergence des mouvements de jeunesse issus du

baby-boom pour que s’opère la première prise de conscience écologique massive. Mais si ces

nouvelles préoccupations donnèrent lieu à des innovations révolutionnaires en matière

d’habitat environnemental, les mouvements écologistes furent rapidement marginalisés au

sein de l’opinion publique qui les percevait, malheureusement souvent à raison, comme des

« hippies » vivant à l’écart au sein de communautés rejetant totalement le reste de la société.

Néanmoins, ce réveil écologique engendra en matière d’architecture verte ce que l’on nomme

le mouvement « low-tech » qui correspond au retour aux modes de constructions

traditionnels, sains et écologiques, par opposition au mouvement « high-tech » qui privilégie

la technologie et les innovations scientifiques pour optimiser les bâtiments en matières de

qualité environnementale [GAUZIN-MÜLLER, 2001]. Aux Etats-Unis, où les mouvements

« ecofreaks30 » étaient particulièrement répandus, cette vision partielle de l’écologie provoqua

une peur de la part de la majorité de la population qui voyait alors dans ces revendications une

menace pour leur mode de vie avec l’unique objectif de « sauver des animaux et des arbres »

[WINES, 2002]. La conséquence du rejet des écologistes en Amérique fut une surexploitation

des ressources basée sur un libéralisme exacerbé, une consommation déraisonnée et une

préoccupation environnementale nulle jusqu’au début des années 90.

Les années 1990 et 2000 sont marquées par le retour d’une prise de conscience générale des

problèmes environnementaux et de la nécessité de changer les modes de vie de l’ensemble des

habitants de la planète. De plus, si pendant des années les courants environnementaux « low-

tech » et « high-tech » se sont opposés, on assiste à présent à une fusion des meilleurs

procédés de chaque mouvement et à une ouverture d’esprit en matière de constructions

environnementales inédite jusqu’alors.

29 The culture of cities (La culture des cités) – Lewis Mumford, citation extraite de L'Architecture verte, James Wines, 2002 30 Terme utilisé pour qualifier un écologiste extrémiste et radical, aux revendications extravagantes.

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66

B) Construction environnementale : intérêts et obstacles

pour le maître d’ouvrage

Les arguments en faveur du développement durable et de son application dans le secteur de la

construction s’orientent souvent vers l’intérêt environnemental et les économies d’énergie et

de ressources. Cependant, si ces éléments peuvent peser dans la décision d’un maître

d’ouvrage construisant un habitat afin d’y vivre lui-même, il n’en est pas forcément de même

dans le cas d’entreprises de promotion et d’investissements immobiliers ou pour les

organismes publics de logement social, pour qui la rentabilité reste l’élément décisif

prépondérant. Aussi, dans quelle mesure la construction environnementale et en particulier

l’habitat durable peuvent-ils présenter un intérêt pour les différents types de maître

d’ouvrage ? Quels sont les obstacles à l’habitat durable, et les arguments qui pourront aboutir

au choix d’un bâtiment environnemental dans le cadre d’une opération immobilière ?

Ainsi, en fonction de la finalité du projet de logement, les atouts que peut présenter le

développement durable ne sont pas les mêmes. Le tableau ci-dessous résume les principaux

intérêts de la construction durable pour les différents types de maîtres d’ouvrage.

TABLEAU 8 : LES TROIS TYPES DE MAITRES D’OUVRAGE ET LEUR SENSIBILITE AU

DEVELOPPEMENT DURABLE

Source : La construction durable, une stratégie d’entreprise - Cabinet Utopies [LAVILLE, 2005]

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67

i) Maître d’ouvrage public

En matière d’habitat, un maître d’ouvrage public prend souvent la forme d’un office HLM ou

d’un organisme de logement social. Dans ce cas, l’objectif a été pendant longtemps de réaliser

le maximum de logements pour un coût minimum et de privilégier la quantité à la qualité

[HETZEL, 2003]. Or en France la démarche HQE engendre un surcoût lié à la qualité des

matériaux et équipements utilisés, mais aussi à un processus de conception plus complexe et

inadapté à de petits projets. Dès lors, la mise en place d’une démarche HQE est réservée à des

projets d’importance non négligeable ou dans le cas contraire nécessite une mutualisation des

moyens entre différents organismes [HETZEL, 2003] ce qui engendre une mise en œuvre

encore plus complexe. Le manque de flexibilité due aux lourdeurs administratives peut aussi

contraindre la mise en œuvre de solutions pionnières et innovantes dans un projet commandé

par un maître d’ouvrage public [DUFFAURE-GALLAIS, 2006].

Néanmoins, un maître d’ouvrage public semble être plus enclin à suivre les politiques

gouvernementales en faveur du développement durable et peut également trouver un intérêt

dans la diminution des coûts d’entretien et de maintenance du bâtiment, puisqu’il en est

généralement le gestionnaire à long terme et que ces coûts sont particulièrement élevés dans

le cas de logement social (Tableau 8).

TABLEAU 9 : VARIATION DES DEPENSES DE FONCTIONNEMENT POUR

DIFFERENTS TYPES DE BATIMENTS

LOGEMENT INDIVIDUEL

LOGEMENT SOCIAL

LOGEMENT COLL. PRIVÉ

Neuf 34 €/m2 38 €/m2 31 €/m2

Réhabilitation 28 €/m2 24 €/m2 23 €/m2

Source : « La construction durable, une stratégie d’entreprise » tiré de « Les enjeux HQE en Ile-de-France à l’horizon 2010 », ARENE, mai 2001

Les avantages liés aux impacts économiques externes tels que la dynamisation d’un quartier

par la plus-value écologique ou la réhabilitation d’une friche peuvent également être

particulièrement intéressants pour un maître d’ouvrage public. Les questions de sécurité et de

santé publique étant également du ressort des pouvoirs publics, les caractéristiques des

bâtiments écologiques peuvent aussi être des solutions aux problèmes liés à la qualité de l’air

(pollution) et de l’eau (légionellose) et aux coûts de santé liés aux bâtiments malsains

[LAVILLE, 2005].

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Enfin, un ouvrage intégrant des critères environnementaux est avant tout le moyen pour une

communauté de contribuer à un urbanisme plus durable, où l’intégration, la biodiversité

locale, l’accessibilité, la gestion des déchets ou encore la qualité de vie sont privilégiés

[LAVILLE, 2005].

ii) Maître d’ouvrage privé construisant pour lui-même

Dans le cas d’un maître d’ouvrage construisant pour lui-même, les intérêts de l’intégration de

qualité environnementale à son habitation résident essentiellement dans la phase d’utilisation

du bâtiment. Néanmoins, le surcoût lié aux frais supplémentaires d’études, de conception et

de construction représente encore pour certains intervenants un obstacle important au

développement de la démarche environnementale. Ainsi, d’après un sondage IPSOS / « Le

Moniteur »31, 82% des professionnels du bâtiment jugent que le surcoût d’investissement est

un obstacle important au développement d’une démarche de qualité environnementale

[DUFFAURE-GALLAIS, 2006]. Pourtant ces surcoûts ont l’avantage d’être amortis rapidement

grâce à une diminution conséquente des coûts d’énergie, d’eau et d’entretien. Le tableau

suivant estime le surcoût immédiat à 4% mais annonce une réduction des coûts d’utilisation

d’une construction HQE de 6% par an par rapport à une réalisation traditionnelle. De surcroît,

l’ambition de la démarche HQE est également de parvenir à des coûts liés aux sinistres quasi

nuls, ce qui peut également être intéressant pour tous les types de maîtres d’ouvrage, mais

aussi pour les assureurs.

TABLEAU 10 : COUTS POUR UNE REALISATION HQE ET UNE REALISATION TRADITIONNELLE

POSTES Réalisation traditionnelle

Réalisation Démarche HQE

Coûts immédiats Programmation, études préliminaires

5% 6%

Conception, SPS, contrôle 15% 16%

Construction, équipements 80% 82%

Total 100% 104%

Coûts différés Fluides (énergie, eau, etc…) 10% par an 7% par an

Entretien, maintenance 8% par an 5% par an

Sinistres 7% 0 à 1%

Source : « La construction durable, une stratégie d’entreprise » tiré de « La Haute Qualité Environnementale – Guide de Gestion locale » (Dexia et Association HQE, 2004)

31 Sondage réalisé par IPSOS pour Le Moniteur en février 2006 auprès de 500 professionnels exerçant l’activité de maître d’œuvre, dont 300 architectes, 100 ingénieurs, et 100 économistes de la construction.

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69

La qualité de vie et le confort au sein de l’habitat sont des autres éléments décisifs pour un

maître d’ouvrage bâtissant son logement. Aussi, un ménage peut être prêt à envisager des

coûts immédiats plus importants si cela engendre un meilleur confort et des bénéfices sur la

qualité de vie des occupants. Certains professionnels soulignent également la part de l’image

et des convictions écologiques dans la décision d’un maître d’ouvrage privé de bâtir une

maison environnementale [LAVILLE, 2005].

iii) Maître d’ouvrage privé construisant pour d’autres

De prime abord, le cas d’un maître d’ouvrage privé construisant pour d’autres, dans le but de

vendre ou de louer les logements, paraît être celui qui présente le plus d’obstacles. En effet,

les économies réalisées durant la phase d’exploitation du bâtiment ne permettent pas au

propriétaire ou au vendeur de réaliser un gain, mais plutôt à l’acheteur ou au locataire. Ainsi,

pour rentabiliser le surcoût de départ, le promoteur ou l’investisseur immobilier est dans

l’obligation de vendre ou louer son produit plus cher, ce qui peut avoir comme conséquence

une diminution de la clientèle potentielle.

Cependant, en informant le grand public sur les enjeux du développement durable et en

appliquant des certifications et labels, la qualité environnementale d’un logement peut tout à

fait constituer une valeur ajoutée du produit. L’enjeu économique devient alors majeur pour

ce type de maître d’ouvrage dont l’image de marque et la réputation de ses produits

immobiliers ressortent améliorées. A ce propos, une étude américaine datant de 1998 a estimé

que la valeur ajoutée d’une logement représenterait 20 dollars pour chaque dollar économisé

sur les factures de consommation32 (énergie, eau,…) grâce à l’intégration de critères de

qualité environnementale [LAVILLE, 2005]. L’exemple du quartier BedZED est à ce sujet

probant et peut représenter un excellent argument de vente d’un logement écologique : trois

ans après la fin des travaux, les logements avaient déjà doublé de valeur, constituant de ce fait

un excellent investissement immobilier [LANGELLIER, 2005]. Dans une conjoncture où

certains spécialistes annoncent la fin du produit immobilier classique en tant que produit

d’investissement [DESJARDINS, 2005], le logement durable peut donc tout à fait constituer une

offre intéressante pour les clients des promoteurs immobiliers.

32 Source : Building Momentum, national trends & prospects for high-performance green buildings, US Green Building Council, 2002

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70

C) La haute qualité environnementale en France

i) Situation

La démarche HQE est une initiative récente, les premières expérimentations datant de

seulement dix ans. Si les premiers pas sont encourageants et que l’association HQE se

développe d’année en année, la prise en compte de la qualité environnementale dans le

bâtiment français est encore loin d’être un standard. En effet, un projet réalisé dans le cadre

d’une démarche HQE nécessite un cheminement plus long et une prise de responsabilité du

maître d’ouvrage plus importante que dans le cas d’un projet de construction traditionnelle.

En mars 2005, par l’association HQE une enquête conduite au sein des différentes régions de

France a établi que depuis la création de la démarche, 598 opérations ont été conduites, dont

259 réalisées, 221 en cours et 118 en projet.33 Parmi les projets répertoriés jusqu’à présent, les

types d’ouvrage réalisés en démarche HQE se répartissent selon les proportions représentées

sur le graphique suivant.

FIGURE 28 : REPARTITION DES PROJETS « DEMARCHE HQE » SELON LES TYPES D'OUVRAGES

44%

17%

11%

11%

2%

3%

12%

Bâtiments de l’enseignement

Logements

Bâtiments tertiaires

Equipements sportifs

Hôpitaux, maisons d’accueil

Culture et loisirs

Autres (bâtiments industriels, ZAC,…)

Source : Association HQE

33 Source : Association HQE, rapport « HQE dans les régions », mars 2005. L’enquête qui fournit une estimation de la situation française ne prend pas en compte les régions Languedoc-Roussillon, Lorraine, Corse et DOM-TOM

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ii) Perspectives de développement

La relative jeunesse de la démarche HQE fait que la plupart des projets conduits dans son

cadre peuvent être considérés en tant qu’expérimentations. Néanmoins, certaines régions de

France sont plus avancées que d’autres dans la mise en œuvre de la démarche HQE. Dans son

rapport « HQE dans les régions »34, l’association HQE présente les résultats d’une enquête sur

le niveau d’expérience de chaque région. Ainsi, trois situations types ont été délimitées selon

la qualité et la quantité des projets réalisés dans chacune des régions françaises : la phase

d’apprentissage, la phase de développement, et la phase de maturité. Ces états successifs

s’inscrivent dans le processus de développement de la démarche HQE.

FIGURE 29 : DEMARCHE HQE : SITUATION DES REGIONS FRANÇAISES

Source : carte réalisée d’après les données recueillies par l’association HQE

La phase de « l’apprentissage » correspond aux premières réflexions relatives à l’application

du développement durable dans la construction, via la démarche HQE. Elle concerne les

régions Basse Normandie, Centre, Martinique, Pays de la Loire, Picardie. Ces régions sont en

général intéressées par les enjeux de la démarche HQE et tentent depuis peu de la mettre en

pratique grâce à des projets pilotes, ou en organisant des campagnes d’informations, de

sensibilisation ou de formation à l’égard des maîtres d’ouvrages publics et privés. Dans ces

régions, le développement de la démarche HQE est donc engagé mais se situe encore à ses

34 Source : www.assohqe.org

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

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premiers pas et nécessite donc plusieurs années supplémentaires pour atteindre le stade de

généralisation de la démarche.

Le stade suivant de progression des régions est celui du « développement » de la démarche

HQE. Par ce terme, l’association HQE entend que les régions concernées se caractérisent par

la création d’un réseau de compétences régionales et par une augmentation massive du

nombre de projets estampillés « Démarche HQE ». La majorité des régions françaises se situe

dans cette phase. Il s’agit des régions Aquitaine, Auvergne, Bourgogne, Bretagne, Haute-

Normandie, Ile de France, Midi-Pyrénées, PACA et Poitou-Charentes. Dans la plupart des

cas, le conseil régional ou général de ces régions adhère à l’association HQE, en signe d’une

politique engagée pour le développement de la démarche.

La troisième phase de développement de la démarche HQE correspond à celle de la

« maturité » et s’applique aux régions Alsace, Champagne-Ardenne, Franche-Comté, Nord-

Pas-de-Calais et Rhône-Alpes. Dans ces cas de figure, on assiste à des montages d’opérations

HQE depuis de nombreuses années et dans le cas de certains types de projets commandés par

des maîtres d’ouvrage publics (bâtiments d’enseignement, logements, etc…) la démarche

HQE est même devenu le standard. Aussi, toutes ces régions ont adhéré à l’association HQE à

plusieurs niveaux, des hautes institutions régionales jusqu’aux associations. La caractéristique

principale de ces régions est la détention d’un savoir-faire HQE par l’ensemble des

intervenants dans l’acte de construire et l’implication des filières de recherche et de formation

dans la démarche HQE. En observant la carte de répartition des régions française (Figure 25),

on constate que l’ensemble des régions ayant atteint ce stade avancé se situe dans l’est et le

nord de la France. Il est donc possible d’avancer l’hypothèse que les préoccupations

environnementales relatives au bâtiment ne sont pas aussi importantes dans certaines régions

que dans d’autres. Le développement avancé de la démarche HQE dans l’est et le nord de la

France montre également une tendance écologique caractéristique de pays proches de ces

régions, tels que l’Allemagne ou les Pays-Bas.

Quelque soit le stade d’avancement en matière de savoir-faire HQE, l’ensemble des régions

françaises semblent à présent engagées dans la mise en œuvre de la démarche HQE. Les

quelques régions non répertoriées (Corse, DOM-TOM, Languedoc-Roussillon et Lorraine) ne

sont pas forcement en retard dans le développement de la construction environnementale,

l’association HQE n’étant simplement par parvenue à rassembler des résultats concernant ces

régions. Par ailleurs, la démarche HQE n’est pas le seul moyen de réaliser un bâtiment

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

73

prenant en compte la qualité environnementale. De nombreuses autres opérations non

répertoriées dans l’enquête de l’association HQE tendent progressivement vers cet objectif.

Tous ces éléments permettent donc de croire que le développement de la démarche HQE et de

la construction environnementale en général va se poursuivre, à condition néanmoins que les

efforts en matière d’informations et de sensibilisation ne s’arrêtent pas là.

D) Constructions environnementales : émergence de

nouveaux métiers ?

En Europe, le secteur du BTP compte 2,3 millions d’entreprises parmi lesquelles 97%

comptent moins de vingt salariés. Le secteur est donc caractérisé par une part extrêmement

importante de petites entreprises locales. Ce type de structures pose souvent le problème de la

formation et de la mise à jour des connaissances du personnel notamment lorsqu’il s’agit de

domaines relativement nouveaux et complexes comme l’architecture environnementale

[LAVILLE, 2005]. Aussi, le développement du marché de l’habitat et plus généralement de la

construction durable nécessite sans doute d’engager de nouvelles formations qui aboutiront

vers de nouveaux métiers spécialisés. En mars 2006, 84% des maîtres d’œuvres en bâtiment

estimaient ainsi indispensable ou utile d’intégrer un spécialiste de l’environnement à l’équipe

de maîtrise d’œuvre. Pourtant, 81% des maîtres d’œuvre annoncent vouloir se lancer dans la

qualité environnementale [DUFFAURE-GALLAIS, 2006]. Cette enquête témoigne donc du fait

que les professionnels du bâtiment ne se sentent pas encore tous aptes à conquérir le champ

du bâtiment durable et à surmonter les difficultés sans l’aide d’un spécialiste en la matière,

malgré une prise de conscience massive des enjeux. Aussi, 76% des professionnels du

bâtiment estiment clairement que le manque d’intervenants compétents sur la question de la

construction écologique est un frein important au développement de la démarche

environnementale [DUFFAURE-GALLAIS, 2006].

Actuellement en France, il n’existe pas de réel réseau de professionnels spécialisé en

construction durable et démarche HQE hormis quelques associations et collectifs actifs dans

le domaine [LAVILLE, 2005]. Cette absence de réseaux peut avoir des conséquences sur la

difficulté de formation des individus et ainsi peser sur le développement de la qualité

environnementale. Cependant, la formation n’est pas inexistante en France et s’oriente depuis

quelques années non seulement vers les professionnels, mais désormais aussi vers les

étudiants, afin notamment de permettre à un plus grand nombre d’assurer la fonction de

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coordinateur HQE, poste clé dans la réalisation de la démarche HQE. Ainsi, des associations

comme l’ICEB35, le GEPA36 ou encore l’association HQE proposent des formations courtes

de quelques journées à destination des architectes, urbanistes et ingénieurs. Des cycles de

formation longue et continue ont également été mis en place depuis 1997 dans différentes

écoles d’architecture et dans certaines universités de France afin de former les étudiants,

ingénieurs et architectes aux nouvelles sensibilités du public [GAUZIN-MÜLLER, 2001].

L’essor de la construction environnementale devrait donc également aboutir à l’émergence de

nouvelles spécialités et à une évolution des métiers du bâtiment nécessitant d’être assurée par

des formations adéquates. Par ailleurs, concernant l’enseignement à destination des étudiants,

la prise en compte des valeurs environnementales dans les différentes formations contribuera

très certainement à développer cette tendance.

E) Potentiel d’innovation scientifique et technique

La construction environnementale et durable est une nouvelle manière de faire et parait

novatrice pour beaucoup, même si elle se réfère parfois à des techniques et savoir-faire

ancestraux. Ainsi, comme l’illustre le graphique suivant, une majorité des maîtres d’œuvre en

bâtiment estiment que la qualité environnementale est une démarche innovante.

Source : Sondage IPSOS / Le Moniteur, Mai 2006

35 Institut pour la Conception Environnementale du Bâti 36 Groupe pour l’Education Permanente des Architectes

NSP

Plutôt inovante

Plutôt

traditionnelle

5%

58%

37%

FIGURE 30 : DIRIEZ-VOUS QUE LA QUALITE ENVIRONNEMENTALE EST UNE DEMARCHE...?

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

75

L’innovation est donc l’une des principales caractéristiques de l’architecture verte et offre de

ce fait de grandes perspectives pour son évolution. Le fait que la notion de qualité

environnementale soit perçue comme innovante illustre bien la connotation d’avenir et de

progrès qui se rattache à elle. Par ailleurs, le développement de nouvelles techniques telles

que les énergies renouvelables ou encore la pile à combustible engendreront la diminution des

coûts, qui reste souvent le frein principal à la construction HQE. Les progrès réalisés dans la

mise en œuvre de nouveaux procédés et l’expérience acquise sur les anciens projets sont

également un atout pour le potentiel d’innovation du secteur.

Parallèlement aux nouveautés technologiques, le bâtiment durable en France risque fort de

bénéficier de nouveaux cadres qui aideront sa progression. Ainsi, si aujourd’hui seuls le

secteur tertiaire et l’habitat disposent de certifications environnementales (la certification

«Habitat et Environnement» pour l’habitat collectif et le certificat NF Maison Individuelle), la

certification sera bientôt élargie à d’autres types d’ouvrages, notamment publics. Le centre

scientifique et technique du bâtiment (CSTB) dispose à cet effet d’un département

développement durable dont le but est d’apporter de nouvelles réponses à la nécessité de

constructions environnementales et d’apporter son savoir-faire en matière de recherche pour

faire progresser l’innovation.37

37 http://developpement-durable.cstb.fr

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

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CONCLUSION

anifestement, la question du développement durable est dans l’ère du temps, et

à fortiori dans le secteur du bâtiment et du logement. Face au champ

extrêmement large de compétences liées à l’habitat et au développement

durable, ce mémoire s’est efforcé de faire le tour de nombreux aspects de l’habitat durable,

sans toujours pour autant les explorer en profondeur. Les publications et recherches en cours

sur le thème de la qualité environnementale sont nombreuses et traitent de manière

approfondie les sujets abordés au sein de ce mémoire. L’objectif de ce travail de recherche

était de rendre compte de manière introductive de l’habitat durable dans le présent et le futur

et aussi bien au niveau des besoins que de l’offre. A la vue des résultats de recherche, il

apparaît clairement que les projets de logements conçus selon des critères de qualité

environnementale ont un bel avenir. La prise de conscience grandissante des pouvoirs publics,

des acteurs de la construction et du grand public est la garantie d’une mutation profonde de la

manière de construire l’habitat. Cette « révolution » ne se fera cependant pas du jour au

lendemain et le renouvellement des parcs de logements européens et français nécessitera

plusieurs décennies, au cours desquelles le progrès apportera de nouvelles solutions, ou

démocratisera des techniques déjà existantes, mais encore coûteuses. Contrairement à la

plupart des marchés immobiliers, la demande en matière de logements est fortement corrélée

avec le besoin, qui se transformera aux cours des décennies en fonction de l’évolution des

individus et de la société. Aussi, il faut intégrer dès aujourd’hui le besoin de préserver les

ressources de la Terre à celui de se loger, pour que la réponse à ce dernier ne soit pas la source

d’un gaspillage planétaire et suicidaire. Concrètement, des solutions techniques et

économiques pour développer l’habitat de manière durable existent déjà en France et à travers

le monde. La prochaine étape sera donc de généraliser ces méthodes afin de faire de la maison

écologique un standard d’habitation, en mettant notamment à profit la coopération entre les

différents pays où la prise en compte de la qualité environnementale en est à divers stades

d’avancement. Les enjeux sont donc nombreux pour les pays développés comme pour les

pays du sud et concernent aussi bien le bien-être des populations et des sociétés que la

protection de l’environnement. Mais c’est aujourd’hui que se construisent les villes de demain

et ces préoccupations sont donc plus actuelles que jamais.

M

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

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BIBLIOGRAPHIE

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� Documents audiovisuels

La cité durable Documentaire réalisé par Jean Vercoutère - Production : Mosaïque Films - 2003

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78

� Livres et publications diverses

► Démographie & modes de vie :

[BARIL, 2000] Centre-ville: le trou de beigne se remplit, Daniel Baril, Revue Forum Université de Montréal, Volume 35 numéro 11, 13 novembre 2000. (http://www.forum.umontreal.ca/numeros/2000_2001/forum_00_11_13/article02.html) [CANTERCEL, 2001] Habiter autrement, Jean-Pierre Campredon, Eric Marton, Daniel Croci, Les cahiers de Cantercel n°1, 2001, Editions Edisud. [DAGUET, 2002] La fécondité en France au cours du XXe siècle, Fabienne Daguet, Insee Première n° 873 - décembre 2002. [DAUBRESSE, 2003] La reprise de l’accession à la propriété, Marion Daubresse, Insee Première n° 913 - juillet 2003. [DESJARDINS, 2005] La fin des bungalows, François Desjardins, Le Devoir, article paru dans l’édition du samedi 28 et du dimanche 29 mai 2005. (http://www.ledevoir.com/2005/05/28/82841.html) [FOOT, 1999] Entre le Boom et l’Echo 2000, Daniel K. Foot, 1999, Editions Boréal. [JACQUOT, 2006] Enquêtes annuelles de recensement 2004 et 2005, Alain Jacquot, Christelle Minodier, division Logement, Insee Première n°1060, Janvier 2006. [SESP, 2005] SESP en Bref, Claire Plateau et Josée Rakotomalala, Ministère des transports, de l’équipement, du tourisme et de la mer - Direction des affaires économiques et internationales, Service économie, statistiques et prospective, n°1 Juillet 2005. [VILLENEUVE-GOKALP, 2000] Les jeunes partent toujours au même âge de chez leurs parents, Catherine Villeneuve-Gokalp, Economie et statistique N° 337-338, 2000. (http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/ES337-338C.pdf)

► Architecture & qualité environnementale : [DUFFAURE-GALLAIS, 2006] Qualité environnementale, les maîtres d’œuvre s’engagent, Isabelle Duffaure-Gallais, Le Moniteur, N°5347 du 19 mai 2006, p. 16-18. [GAUZIN-MÜLLER, 2001] Architecture écologique, Dominique Gauzin-Müller, 2001, Editions Le moniteur. [HETZEL, 2003] Haute qualité environnementale du cadre bâti : enjeux et pratiques, Jean Hetzel, 2003, AFNOR. [LANGELLIER, 2005] BedZED, premier village « zéro énergie » de Grande-Bretagne, Jean-Pierre Langellier, Le Monde, article paru dans l'édition du 25 novembre 2005.

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

79

[LAVILLE, 2005] La construction durable, une stratégie d’entreprise, Elisabeth Laville, Marie Balmain, Cédric Leforestier – Rapport réalisé par le cabinet Utopies, 2005. [MERLIN, 1996] Energie, environnement et urbanisme durable, Pierre Merlin et Jean-Pierre Traisnel, Collection Que sais-je, Presses universitaires de France, 1996. [ROGERS, 2000] Des villes pour une petite planète (Cities for a Small Planet), Richard Rogers, 2000, Editions Le moniteur. [WINES, 2002] L'Architecture verte, James Wines, 2002, Editions Täschen.

► Energies renouvelables, ressources naturelles & matériaux : [CHESNAIS, 2004] Eau : des économies à la source, Elisabeth Chesnais, Revue Que Choisir n°412 - Février 2004. (http://eau.apinc.org/article.php3?id_article=192) [DESSUS, 2000] Quelles technologies face aux défis énergétiques du nouveau siècle ?, Revue Liaison Energie-Francophonie, n° 48-49, Institut de l'énergie et de l'environnement de la francophonie, 2000. pp. 7-11. [GIRAULT, 2001] Projection tendancielle de la consommation d’énergie des logements, Maurice Girault et François Lecouvey, Note de synthèse du SES, Septembre - Octobre 2001. (www.statistiques.equipement.gouv.fr/IMG/pdf/NS137-7-14_cle7afcd6.pdf) [Kur, 2004] L’habitat écologique : quels matériaux choisir ?, Friedrich Kur, 2004, Editions Terre Vivante. [LHOMME, 2005] La maison économe : dépenser moins d’énergie pour vivre mieux, Jean-Christian Lhomme, 2005, Editions Delachaux et Niestlé. [OBSERV’ER, 2005] La production d’électricité d’origine renouvelable - Septième inventaire, Observatoire des énergies renouvelables, Édition 2005. [SCHL, 2005] Caractérisation initiale du matériau de paille et d’argile légère, Société canadienne d’hypothèque et de logement, Le point en recherche, Juin 2005

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

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GLOSSAIRE

Agenda 21 local

L’Agenda 21 local est un projet de développement durable, conçu à l’échelle d’un territoire. Ce projet vise à répondre aux besoins de toute la population, avec le souci de préserver l’environnement, d’assurer l’accès de tous aux services essentiels, de développer des activités économiques soutenables. Source : Encyclopédie Wikipedia

Baby-boom

Appellation américaine donnée à une forte et soudaine augmentation du nombre de naissances, et spécialement à celle survenue dans de nombreux pays après la Seconde guerre mondiale. En France, le baby-boom commence en 1946. On en fixe conventionnellement la fin en 1965, année à partir de laquelle la fécondité a commencé à baisser fortement. Source : Déchiffrer la démographie, Syros, 1998

Coefficient de transmission thermique

En référence à la règlementation, le coefficient de transmission thermique d’une paroi caractérise les déperditions de chaleur de celle-ci. C’est l’inverse de la résistance thermique. Plus le coefficient est faible, plus la paroi est isolante. Source : Encyclopédie Wikipedia

Construction neuve

La construction neuve est estimée ici, chaque année, par le nombre d’ouvertures de chantier. C’est une approximation par anticipation de la construction neuve, c’est-à-dire du nombre de logements terminés. Source : Insee

Eaux grises Eaux usées ne renfermant pas de matières fécales. Les eaux usées sont des eaux souillées par une quelconque utilisation et toute eau circulant dans le réseau d'évacuation. Elles peuvent être de types domestiques, commerciale, industrielles, pluviales, ... Source : ADEME

Empreinte écologique

L'empreinte écologique a pour objectif d'évaluer la charge écologique correspondant à une activité, une population, une nation... en d'autres termes, la surface et les ressources nécessaires pour maintenir un niveau de vie constant et assurer l'élimination des déchets produits. Elle se calcule en hectares (estimations), ce qui par le biais de simples questions permettra de calculer les besoins d'une nation, d'une personne ... Plus le niveau de vie est élevé, plus l'empreinte (et donc la consommation de ressources) est importante. Source : Encyclopédie Wikipedia

Energie grise Energie consommée lors de la fabrication, pour les transports et lors de la mise en œuvre d’une unité (tonne, mètre cube…) d’un matériau ou d’une installation technique. Cette valeur, exprimée en kilowattheure ou en équivalent pétrole, entre dans le tableau récapitulatif d’une analyse de cycle de vie. Source : L’habitat écologique : quels matériaux choisir ?

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Enjeux et perspectives pour un habitat durable

81

Énergies renouvelables

Energies de flux, produites par différents processus naturels (rayonnement solaire, vent, végétaux, chutes d'eau). Contrairement aux énergies fossiles, ces énergies sont inépuisables et n’émettent pas de gaz à effet de serre. Source : ADEME

Ilot de chaleur

Zone d'air chaud située au-dessus des villes, où les températures sont plus élevées que dans les zones rurales environnantes. Source : http://www.mines.inpl-nancy.fr/

Ménage

Un ménage, au sens statistique, est défini comme l'ensemble des occupants d'une résidence principale, qu'ils aient ou non des liens de parenté. Un ménage peut ne comprendre qu'une seule personne. Ne font pas partie des ménages les personnes vivant dans des habitations mobiles (y compris les mariniers et les sans-abri) et la population des communautés (foyers de travailleurs, maisons de retraite, résidences universitaires, maisons de détention...). Source : Insee

Pollueur- payeur

En bref, c'est le principe selon lequel les frais résultant des mesures de prévention, de réduction de la pollution et de lutte contre celle-ci doivent être supportés par le pollueur. Le principe pollueur-payeur a été adopté par l’OCDE en 1972, en tant que principe économique visant l’imputation des coûts associés à la lutte contre la pollution. Ce principe est un des principes essentiels qui fondent les politiques environnementales dans les pays développés. Source : Encyclopédie Wikipedia

Pont thermique

Zone ponctuelle ou linéaire qui, dans l'enveloppe d'un bâtiment, présente une moindre résistance thermique (jonction de deux parois par exemple). Les ponts thermiques constituent un point froid où l'humidité peut se condenser.

Puit canadien Le puits canadien, appelé aussi puits provençal, est un système géothermique dit de surface. Ce système sert surtout de climatisation naturelle. Il est basé sur le simple constat que la température à 2 mètres de profondeur est à peu près constante, environ 17°C (64°F) en été et 4°C (40°F) l'hiver. Le principe consiste à utiliser l'inertie thermique du sol pour pré-traiter l'air ventilant les bâtiments. L'air ainsi obtenu est plus chaud en hiver et plus froid en été. Source : Encyclopédie Wikipedia

Résistance thermique d’une paroi

La résistance thermique d’une paroi dépend de son épaisseur et de la conductivité thermique du matériau utilisé. Dans le cas d’un mur composé de plusieurs matériaux différents, il faudra additionner les résistances thermiques de chacun des composants. Dans la pratique c’est la couche d’isolant qui représente la plus grande partie de la résistance thermique. Source : Encyclopédie Wikipedia

Unité urbaine

Cette notion repose sur la continuité de l’habitat. Une unité urbaine est un ensemble d’une ou plusieurs communes présentant une continuité du tissu bâti (pas de coupure de plus de 200 mètres entre deux constructions) et comptant au moins 2 000 habitants. Les communes rurales sont celles qui n’appartiennent pas à une unité urbaine, c’est-à-dire qui ont moins de 2 000 habitants agglomérés ou dont l’habitat est diffus. Source : Insee

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ANNEXESANNEXESANNEXESANNEXES

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ANNEXE 1

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ANNEXE 2

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ANNEXE 3

La liste de contrôle suivante est issue du guide de référence LEED Canada-NC 1.0 disponible

en intégralité à l’adresse Internet suivante (pages 8 à 10) :

http://www.cagbc.org/uploads/Systeme%20evaluation%20des%20batiments%20ecologiques.pdf

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