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N° d’ordre 2005-ISAL-00129 Année 2005 Thèse Matériaux monocristallins à forte activité piézoélectrique : élaboration, caractérisation et application. présentée devant L’Institut National des Sciences Appliquées de Lyon pour obtenir le grade de docteur Ecole doctorale : Mécanique, Energétique, Génie Civil, Acoustique Spécialité :Acoustique par Abdelmjid BENAYAD Soutenue le 15 décembre 2005 devant la Commission d’examen Jury MAGLIONE Mario (Rapporteur) Directeur de recherche ICMCB, Bordeaux MIELE Philippe (Rapporteur) Professeur, Université Claude Bernard, Lyon I LEJEUNE Martine Professeur, ENSCI Limoges MULLER Christophe Professeur, Université du Sud Toulon-Var PLESKA Eric (Invité) Ingénieur DGA, Paris GUYOMAR Daniel Professeur INSA de Lyon GUIFFARD Benoît Maître de conférences INSA de Lyon Laboratoire de Génie Electrique et de Ferroélectricité, INSA de Lyon

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N° d’ordre 2005-ISAL-00129 Année 2005

Thèse

Matériaux monocristallins à forte activité piézoélectrique : élaboration, caractérisation et application.

présentée devant L’Institut National des Sciences Appliquées de Lyon

pour obtenir

le grade de docteur

Ecole doctorale : Mécanique, Energétique, Génie Civil, Acoustique Spécialité :Acoustique

par

Abdelmjid BENAYAD Soutenue le 15 décembre 2005 devant la Commission d’examen

Jury

MAGLIONE Mario (Rapporteur) Directeur de recherche ICMCB, Bordeaux MIELE Philippe (Rapporteur) Professeur, Université Claude Bernard, Lyon I LEJEUNE Martine Professeur, ENSCI Limoges MULLER Christophe Professeur, Université du Sud Toulon-Var PLESKA Eric (Invité) Ingénieur DGA, Paris GUYOMAR Daniel Professeur INSA de Lyon GUIFFARD Benoît Maître de conférences INSA de Lyon Laboratoire de Génie Electrique et de Ferroélectricité, INSA de Lyon

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Novembre 2003 INSTITUT NATIONAL DES SCIENCES APPLIQUEES DE LYON

Directeur : STORCK A. Professeurs : AMGHAR Y. LIRIS AUDISIO S. PHYSICOCHIMIE INDUSTRIELLE BABOT D. CONT. NON DESTR. PAR RAYONNEMENTS IONISANTS BABOUX J.C. GEMPPM*** BALLAND B. PHYSIQUE DE LA MATIERE BAPTISTE P. PRODUCTIQUE ET INFORMATIQUE DES SYSTEMES MANUFACTURIERS BARBIER D. PHYSIQUE DE LA MATIERE BASKURT A. LIRIS BASTIDE J.P. LAEPSI**** BAYADA G. MECANIQUE DES CONTACTS BENADDA B. LAEPSI**** BETEMPS M. AUTOMATIQUE INDUSTRIELLE BIENNIER F. PRODUCTIQUE ET INFORMATIQUE DES SYSTEMES MANUFACTURIERS BLANCHARD J.M. LAEPSI**** BOISSE P. LAMCOS BOISSON C. VIBRATIONS-ACOUSTIQUE BOIVIN M. (Prof. émérite) MECANIQUE DES SOLIDES BOTTA H. UNITE DE RECHERCHE EN GENIE CIVIL - Développement Urbain BOTTA-ZIMMERMANN M. (Mme) UNITE DE RECHERCHE EN GENIE CIVIL - Développement Urbain BOULAYE G. (Prof. émérite) INFORMATIQUE BOYER J.C. MECANIQUE DES SOLIDES BRAU J. CENTRE DE THERMIQUE DE LYON - Thermique du bâtiment BREMOND G. PHYSIQUE DE LA MATIERE BRISSAUD M. GENIE ELECTRIQUE ET FERROELECTRICITE BRUNET M. MECANIQUE DES SOLIDES BRUNIE L. INGENIERIE DES SYSTEMES D’INFORMATION BUFFIERE J-Y. GEMPPM*** BUREAU J.C. CEGELY* CAMPAGNE J-P. PRISMA CAVAILLE J.Y. GEMPPM*** CHAMPAGNE J-Y. LMFA CHANTE J.P. CEGELY*- Composants de puissance et applications CHOCAT B. UNITE DE RECHERCHE EN GENIE CIVIL - Hydrologie urbaine COMBESCURE A. MECANIQUE DES CONTACTS COURBON GEMPPM COUSIN M. UNITE DE RECHERCHE EN GENIE CIVIL - Structures DAUMAS F. (Mme) CENTRE DE THERMIQUE DE LYON - Energétique et Thermique DJERAN-MAIGRE I. UNITE DE RECHERCHE EN GENIE CIVIL DOUTHEAU A. CHIMIE ORGANIQUE DUBUY-MASSARD N. ESCHIL DUFOUR R. MECANIQUE DES STRUCTURES DUPUY J.C. PHYSIQUE DE LA MATIERE EMPTOZ H. RECONNAISSANCE DE FORMES ET VISION ESNOUF C. GEMPPM*** EYRAUD L. (Prof. émérite) GENIE ELECTRIQUE ET FERROELECTRICITE FANTOZZI G. GEMPPM*** FAVREL J. PRODUCTIQUE ET INFORMATIQUE DES SYSTEMES MANUFACTURIERS FAYARD J.M. BIOLOGIE FONCTIONNELLE, INSECTES ET INTERACTIONS FAYET M. (Prof. émérite) MECANIQUE DES SOLIDES FAZEKAS A. GEMPPM FERRARIS-BESSO G. MECANIQUE DES STRUCTURES FLAMAND L. MECANIQUE DES CONTACTS FLEURY E. CITI FLORY A. INGENIERIE DES SYSTEMES D’INFORMATIONS FOUGERES R. GEMPPM*** FOUQUET F. GEMPPM*** FRECON L. (Prof. émérite) REGROUPEMENT DES ENSEIGNANTS CHERCHEURS ISOLES GERARD J.F. INGENIERIE DES MATERIAUX POLYMERES GERMAIN P. LAEPSI**** GIMENEZ G. CREATIS** GOBIN P.F. (Prof. émérite) GEMPPM*** GONNARD P. GENIE ELECTRIQUE ET FERROELECTRICITE GONTRAND M. PHYSIQUE DE LA MATIERE GOUTTE R. (Prof. émérite) CREATIS** GOUJON L. GEMPPM*** GOURDON R. LAEPSI****. GRANGE G. (Prof. émérite) GENIE ELECTRIQUE ET FERROELECTRICITE GUENIN G. GEMPPM*** GUICHARDANT M. BIOCHIMIE ET PHARMACOLOGIE GUILLOT G. PHYSIQUE DE LA MATIERE

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GUINET A. PRODUCTIQUE ET INFORMATIQUE DES SYSTEMES MANUFACTURIERS GUYADER J.L. VIBRATIONS-ACOUSTIQUE GUYOMAR D. GENIE ELECTRIQUE ET FERROELECTRICITE HEIBIG A. MATHEMATIQUE APPLIQUEES DE LYON JACQUET-RICHARDET G. MECANIQUE DES STRUCTURES JAYET Y. GEMPPM*** JOLION J.M. UNITE DE RECHERCHE EN GENIE CIVIL - Structures JUTARD A. (Prof. émérite) AUTOMATIQUE INDUSTRIELLE KASTNER R. UNITE DE RECHERCHE EN GENIE CIVIL - Géotechnique KOULOUMDJIAN J. (Prof. émérite) INGENIERIE DES SYSTEMES D’INFORMATION LAGARDE M. BIOCHIMIE ET PHARMACOLOGIE LALANNE M. (Prof. émérite) MECANIQUE DES STRUCTURES LALLEMAND A. CENTRE DE THERMIQUE DE LYON - Energétique et thermique LALLEMAND M. (Mme) CENTRE DE THERMIQUE DE LYON - Energétique et thermique LAREAL P (Prof. émérite) UNITE DE RECHERCHE EN GENIE CIVIL - Géotechnique LAUGIER A. (Prof. émérite) PHYSIQUE DE LA MATIERE LAUGIER C. BIOCHIMIE ET PHARMACOLOGIE LAURINI R. INFORMATIQUE EN IMAGE ET SYSTEMES D’INFORMATION LEJEUNE P. UNITE MICROBIOLOGIE ET GENETIQUE LUBRECHT A. MECANIQUE DES CONTACTS MASSARD N. INTERACTION COLLABORATIVE TELEFORMATION TELEACTIVITE MAZILLE H. (Prof. émérite) PHYSICOCHIMIE INDUSTRIELLE MERLE P. GEMPPM*** MERLIN J. GEMPPM*** MIGNOTTE A. (Mle) INGENIERIE, INFORMATIQUE INDUSTRIELLE MILLET J.P. PHYSICOCHIMIE INDUSTRIELLE MIRAMOND M. UNITE DE RECHERCHE EN GENIE CIVIL - Hydrologie urbaine MOREL R. (Prof. émérite) MECANIQUE DES FLUIDES ET D’ACOUSTIQUES MOSZKOWICZ P. LAEPSI**** NARDON P. (Prof. émérite) BIOLOGIE FONCTIONNELLE, INSECTES ET INTERACTIONS NAVARRO Alain (Prof. émérite) LAEPSI**** NELIAS D. LAMCOS NIEL E. AUTOMATIQUE INDUSTRIELLE NORMAND B. GEMPPM NORTIER P. DREP ODET C. CREATIS** OTTERBEIN M. (Prof. émérite) LAEPSI**** PARIZET E. VIBRATIONS-ACOUSTIQUE PASCAULT J.P. INGENIERIE DES MATERIAUX POLYMERES PAVIC G. VIBRATIONS-ACOUSTIQUE PECORARO S. GEMPPM PELLETIER J.M. GEMPPM*** PERA J. UNITE DE RECHERCHE EN GENIE CIVIL - Matériaux PERRIAT P. GEMPPM*** PERRIN J. INTERACTION COLLABORATIVE TELEFORMATION TELEACTIVITE PINARD P. (Prof. émérite) PHYSIQUE DE LA MATIERE PINON J.M. INGENIERIE DES SYSTEMES D’INFORMATION PONCET A. PHYSIQUE DE LA MATIERE POUSIN J. MODELISATION MATHEMATIQUE ET CALCUL SCIENTIFIQUE PREVOT P. INTERACTION COLLABORATIVE TELEFORMATION TELEACTIVITE PROST R. CREATIS** RAYNAUD M. CENTRE DE THERMIQUE DE LYON - Transferts Interfaces et Matériaux REDARCE H. AUTOMATIQUE INDUSTRIELLE RETIF J-M. CEGELY* REYNOUARD J.M. UNITE DE RECHERCHE EN GENIE CIVIL - Structures RICHARD C. LGEF RIGAL J.F. MECANIQUE DES SOLIDES RIEUTORD E. (Prof. émérite) MECANIQUE DES FLUIDES ROBERT-BAUDOUY J. (Mme) (Prof. émérite) GENETIQUE MOLECULAIRE DES MICROORGANISMES ROUBY D. GEMPPM*** ROUX J.J. CENTRE DE THERMIQUE DE LYON – Thermique de l’Habitat RUBEL P. INGENIERIE DES SYSTEMES D’INFORMATION SACADURA J.F. CENTRE DE THERMIQUE DE LYON - Transferts Interfaces et Matériaux SAUTEREAU H. INGENIERIE DES MATERIAUX POLYMERES SCAVARDA S. (Prof. émérite) AUTOMATIQUE INDUSTRIELLE SOUIFI A. PHYSIQUE DE LA MATIERE SOUROUILLE J.L. INGENIERIE INFORMATIQUE INDUSTRIELLE THOMASSET D. AUTOMATIQUE INDUSTRIELLE THUDEROZ C. ESCHIL – Equipe Sciences Humaines de l’Insa de Lyon UBEDA S. CENTRE D’INNOV. EN TELECOM ET INTEGRATION DE SERVICES VELEX P. MECANIQUE DES CONTACTS VERMANDE P. (Prof émérite) LAEPSI VIGIER G. GEMPPM*** VINCENT A. GEMPPM*** VRAY D. CREATIS** VUILLERMOZ P.L. (Prof. émérite) PHYSIQUE DE LA MATIERE

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Directeurs de recherche C.N.R.S. : BERTHIER Y. MECANIQUE DES CONTACTS CONDEMINE G. UNITE MICROBIOLOGIE ET GENETIQUE COTTE-PATAT N. (Mme) UNITE MICROBIOLOGIE ET GENETIQUE ESCUDIE D. (Mme) CENTRE DE THERMIQUE DE LYON FRANCIOSI P. GEMPPM*** MANDRAND M.A. (Mme) UNITE MICROBIOLOGIE ET GENETIQUE POUSIN G. BIOLOGIE ET PHARMACOLOGIE ROCHE A. INGENIERIE DES MATERIAUX POLYMERES SEGUELA A. GEMPPM*** VERGNE P. LaMcos Directeurs de recherche I.N.R.A. : FEBVAY G. BIOLOGIE FONCTIONNELLE, INSECTES ET INTERACTIONS GRENIER S. BIOLOGIE FONCTIONNELLE, INSECTES ET INTERACTIONS RAHBE Y. BIOLOGIE FONCTIONNELLE, INSECTES ET INTERACTIONS Directeurs de recherche I.N.S.E.R.M. : KOBAYASHI T. P LM PRIGENT A.F. (Mme) BIOLOGIE ET PHARMACOLOGIE MAGNIN I. (Mme) CREATIS** * CEGELY CENTRE DE GENIE ELECTRIQUE DE LYON ** CREATIS CENTRE DE RECHERCHE ET D’APPLICATIONS EN TRAITEMENT DE L’IMAGE ET DU SIGNAL ***GEMPPM GROUPE D'ETUDE METALLURGIE PHYSIQUE ET PHYSIQUE DES MATERIAUX ****LAEPSI LABORATOIRE D’ANALYSE ENVIRONNEMENTALE DES PROCEDES ET SYSTEMES INDUSTRIELS

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2005 SIGLE ECOLE DOCTORALE NOM ET COORDONNEES DU RESPONSABLE

CHIMIE DE LYON

Responsable : M. Denis SINOU

M. Denis SINOU Université Claude Bernard Lyon 1 Lab Synthèse Asymétrique UMR UCB/CNRS 5622 Bât 308 2ème étage 43 bd du 11 novembre 1918 69622 VILLEURBANNE Cedex Tél : 04.72.44.81.83 Fax : 04 78 89 89 14 [email protected]

E2MC

ECONOMIE, ESPACE ET MODELISATION DES COMPORTEMENTS Responsable : M. Alain BONNAFOUS

M. Alain BONNAFOUS Université Lyon 2 14 avenue Berthelot MRASH M. Alain BONNAFOUS Laboratoire d’Economie des Transports 69363 LYON Cedex 07 Tél : 04.78.69.72.76 Alain.bonnafous∂ish-lyon.cnrs.fr

E.E.A.

ELECTRONIQUE, ELECTROTECHNIQUE, AUTOMATIQUE M. Daniel BARBIER

M. Daniel BARBIER INSA DE LYON Laboratoire Physique de la Matière Bâtiment Blaise Pascal 69621 VILLEURBANNE Cedex Tél : 04.72.43.64.43 Fax 04 72 43 60 82 [email protected]

E2M2

EVOLUTION, ECOSYSTEME, MICROBIOLOGIE, MODELISATION http://biomserv.univ-lyon1.fr/E2M2 M. Jean-Pierre FLANDROIS

M. Jean-Pierre FLANDROIS UMR 5558 Biométrie et Biologie Evolutive Equipe Dynamique des Populations Bactériennes Faculté de Médecine Lyon-Sud Laboratoire de Bactériologie BP 1269600 OULLINS Tél : 04.78.86.31.50 Fax 04 72 43 13 88 E2m2∂biomserv.univ-lyon1.fr

EDIIS

INFORMATIQUE ET INFORMATION POUR LA SOCIETE http://www.insa-lyon.fr/ediis M. Lionel BRUNIE

M. Lionel BRUNIE INSA DE LYON EDIIS Bâtiment Blaise Pascal 69621 VILLEURBANNE Cedex Tél : 04.72.43.60.55 Fax 04 72 43 60 71 [email protected]

EDISS

INTERDISCIPLINAIRE SCIENCES-SANTE http://www.ibcp.fr/ediss M. Alain Jean COZZONE

M. Alain Jean COZZONE IBCP (UCBL1) 7 passage du Vercors 69367 LYON Cedex 07 Tél : 04.72.72.26.75 Fax : 04 72 72 26 01 [email protected]

MATERIAUX DE LYON http://www.ec-lyon.fr/sites/edml M. Jacques JOSEPH

M. Jacques JOSEPH Ecole Centrale de Lyon Bât F7 Lab. Sciences et Techniques des Matériaux et des Surfaces 36 Avenue Guy de Collongue BP 163 69131 ECULLY Cedex Tél : 04.72.18.62.51 Fax 04 72 18 60 90 [email protected]

Math IF

MATHEMATIQUES ET INFORMATIQUE FONDAMENTALE http://www.ens-lyon.fr/MathIS M. Franck WAGNER

M. Franck WAGNER Université Claude Bernard Lyon1 Institut Girard Desargues UMR 5028 MATHEMATIQUES Bâtiment Doyen Jean Braconnier Bureau 101 Bis, 1er étage 69622 VILLEURBANNE Cedex Tél : 04.72.43.27.86 Fax : 04 72 43 16 87 [email protected]

MEGA MECANIQUE, ENERGETIQUE, GENIE CIVIL, ACOUSTIQUE http://www.lmfa.ec-lyon.fr/autres/MEGA/index.html M. François SIDOROFF

M. François SIDOROFF Ecole Centrale de Lyon Lab. Tribologie et Dynamique des Systèmes Bât G8 36 avenue Guy de Collongue BP 163 69131 ECULLY Cedex Tél :04.72.18.62.14 Fax : 04 72 18 65 37 [email protected]

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A mes parents

A ma sœur

A mes frères

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Remerciements

Ce travail a été réalisé au Laboratoire de Génie Electrique et Ferroélectricité de

l’INSA de Lyon dirigé par Monsieur le Professeur Daniel GUYOMAR.

J’exprime ma vive reconnaissance à Monsieur le Professeur Daniel GUYOMAR qui

m’a accueilli dans le laboratoire et m’a apporté des précieux conseils et de bienveillants

encouragements. Je le remercie aussi très chaleureusement pour l’opportunité qui m’a été

offerte de faire un stage de deux mois au Japon.

Je tiens à exprimer ma plus sincère reconnaissance à Monsieur Benoît GUIFFARD,

Maître de Conférences. Je le remercie d’avoir co-dirigé ce travail et de m'avoir fait profiter de

ses compétences et de ses conseils efficaces et d’avoir apporté la rigueur scientifique

nécessaire à son bon déroulement, je tiens également à le remercier pour sa gentillesse et sa

grande disponibilité.

J’adresse toute ma gratitude à Monsieur Christophe MULLER, Professeur à

l’Université de Toulon-Var, pour avoir accepter d’examiner ce manuscrit et de présider la

soutenance de cette thèse.

Je tiens à exprimer tous mes remerciements à Messieurs Philippe MIELE, Professeur à

l’Université Claude Bernard Lyon I et Mario MAGLIONE, Directeur de Recherches au

ICMCB Bordeaux pour l’intérêt qu’ils ont porté à cette étude en acceptant d’en être les

rapporteurs et en participant au jury.

Je remercie également Madame Martine LEJEUNE, Professeur à l’ENSCI de

Limoges, pour avoir accepter d’examiner ce travail et de participer au jury.

Par ailleurs, ce travail doit beaucoup à la Délégation Générale d’Armement DGA. Je

souhaite remercier vivement Monsieur Eric PLESKA, Ingénieur DGA, pour l’intérêt qu’il a

porté à mes travaux en acceptant de faire partie du jury.

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Je veux également exprimer mes remerciements les plus sincères à Laurent LEBRUN,

Maître de Conférences, pour son soutien permanent, ses critiques et sa participation au bon

déroulement de ce travail.

Merci à Laurence, Gaël, Eric, Sébastien, Elie, Véronique et aux thésards du laboratoire

(Diouma, Adil, Adrien, Abdelowahed, Christophe, Thibaut, Sarkis …….) pour leur aide et

leurs encouragements. Je tiens également à exprimer ma sympathie à tous les autres membres

du laboratoire, scientifiques, techniques et administratifs, qui, soit par leur aide, soit par leurs

encouragements ou tout simplement par leur amitié ont rendu mon travail plus facile et plus

agréable.

Enfin, je souhaite que mes parents trouvent dans ce modeste mémoire une récompense

à tout ce qu'ils ont donné d'eux-mêmes pour mon éducation. Aucun mot ne saurait témoigner

de l’étendu des sentiments que j’éprouve à leur égard. Je souhaite que dieu leur préserve une

longue vie. Enfin je remercie toute ma famille et tous mes amis qui de près ou de loin m'ont

apporté leur aide au cours de mes études.

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En réalité, le seul moyen naturel d'atteindre la vérité est la disposition naturelle de

penser, lorsqu'elle est débarrassée de toutes les fausses idées et quand celui qui pense place

toute sa confiance dans la miséricorde divine. La logique n'est rien d'autre qu'une

description de l'action de penser et dans la plupart des cas la suit.

Abderrahmane Ibn Khaldoun / 1332-1406

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Liste des figures ................................................................................................. 15

Liste des tableaux .............................................................................................. 20

INTRODUCTION GENERALE....................................................................... 22

I Chapitre I : Généralités .......................................................................... 26

I.1 L’effet piézoélectrique........................................................................................... 27

I.2 L’effet ferroélectrique........................................................................................... 28

I.3 Transitions de phase.............................................................................................. 30

I.4 Propriétés piézoélectriques des matériaux ferroélectriques.............................. 33

I.4.1 Conversion électromécanique .................................................................................. 33

I.4.2 Equations piézoélectriques....................................................................................... 33

I.4.3 Définition des coefficients piézoélectriques ............................................................ 35

I.4.4 Quantification du couplage électromécanique ......................................................... 36

I.5 Applications des matériaux piézoélectriques...................................................... 39

I.6 Effet de symétries sur l’écriture des tenseurs des cristaux................................ 39

I.7 Matériaux piézoélectriques : (1-x)Pb(Mg1/3Nb2/3)-xPbTiO3 (PMN-PT) et (1-x)Pb(Zn1/3Nb2/3)-xPbTiO3 (PZN-PT) ............................................................................... 41

I.7.1 Historique ................................................................................................................. 41

I.7.2 Structure cristalline .................................................................................................. 42

I.7.3 Critères de stabilité d’une perovskite ....................................................................... 42

I.7.4 Diagramme de phase ................................................................................................ 43

I.7.5 L’effet relaxeur......................................................................................................... 45

I.7.6 Stabilité sous fortes sollicitations............................................................................. 45

I.7.6.1 Caractérisation sous contrainte uniaxiale..................................................... 46 I.7.6.2 Stabilité thermique ....................................................................................... 47

II Chapitre II : Techniques expérimentales............................................... 49

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II.1 Elaboration ............................................................................................................ 50

II.1.1 Préparation de la céramique ..................................................................................... 50

II.1.1.1 Préparation des poudres ............................................................................... 50 II.1.1.2 Mise en forme............................................................................................... 51 II.1.1.3 Frittage ......................................................................................................... 51

II.1.2 Croissance cristalline................................................................................................ 52

II.1.2.1 Four utilisé.................................................................................................... 52 II.1.2.2 Méthode Bridgman....................................................................................... 53 II.1.2.3 Méthode du Flux .......................................................................................... 54 II.1.2.4 Méthode de Bridgman modifié .................................................................... 56

II.2 Caractérisation physico-chimique ....................................................................... 56

II.2.1 Analyses thermiques ATD-TG................................................................................. 56

II.2.2 Diffraction des rayons X et orientation des cristaux ................................................ 57

II.2.3 Spectroscopie d’absorption atomique ...................................................................... 58

II.2.4 Microscopie électronique à balayage ....................................................................... 59

II.3 Caractérisation diélectrique et piézoélectrique .................................................. 60

II.3.1 Polarisation des matériaux ....................................................................................... 60

II.3.2 Mesures des constantes diélectriques....................................................................... 60

II.3.3 Cycle d’hystérésis .................................................................................................... 60

II.3.4 Mesures des constantes piézoélectriques ................................................................. 61

II.3.5 Stabilité thermique ................................................................................................... 63

II.3.6 Evolution du coefficient de charge d33 sous contrainte uniaxiale ............................ 64

II.3.7 Mesures pyroélectriques........................................................................................... 64

III Chapitre III : Croissance et caractérisation du PZN-0,045PT élaboré par Bridgman modifié ....................................................................................... 65

III.1 Introduction ........................................................................................................... 66

III.2 Préparation des précurseurs ................................................................................ 66

III.2.1 Préparation de la poudre........................................................................................... 66

III.2.2 Croissance cristalline................................................................................................ 67

III.3 Caractérisation physico-chimique ....................................................................... 69

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III.3.1 Diffraction des rayons X .......................................................................................... 69

III.3.2 Analyse thermique.................................................................................................... 70

III.4 Caractérisations diélectrique et piézoélectrique en mode latéral ..................... 71

III.4.1 Polarisation............................................................................................................... 71

III.4.2 Cycles d’hystérésis................................................................................................... 73

III.4.3 Températures de transition ....................................................................................... 75

III.4.4 Influence des directions de polarisation et de vibration sur les propriétés............... 76

III.5 Stabilité des monocristaux.................................................................................... 77

III.5.1 Stabilité en température des caractéristiques ........................................................... 77

III.5.1.1 Stabilité thermique des quatre coupes cristallographiques en dessous de la température de transition TR-T ...................................................................................... 78 III.5.1.2 Stabilité thermique de la coupe 3 (110/001) jusqu’à une température comprise entre TR-T et Tc .............................................................................................. 79

III.5.2 Stabilité sous contrainte ........................................................................................... 81

III.6 Comparaison avec le PZN-0,045PT élaboré par la méthode du Flux .............. 82

III.7 Conclusion.............................................................................................................. 83

IV Chapitre IV : Synthèse de céramiques et croissance de monocristaux (1-x)Pb(Mg1/3Nb2/3)O3-xPbTiO3............................................................................. 85

IV.1 Introduction ........................................................................................................... 86

IV.2 Elaboration des céramiques (1-x)PMN-xPT....................................................... 86

IV.2.1 Détermination de l’excès de MgO ........................................................................... 87

IV.2.2 Analyse radiocristallographique............................................................................... 89

IV.2.3 Microstructure .......................................................................................................... 90

IV.2.4 Effet de l’excès de MgO sur les propriétés piézoélectriques ................................... 91

IV.3 Croissance des monocristaux (1-x)PMN-xPT (x=0,25 et 0,40) par la méthode Bridgman............................................................................................................................ 92

IV.3.1 Etude préliminaire .................................................................................................... 92

IV.3.2 Paramètres de croissance.......................................................................................... 93

IV.4 Caractérisation physico-chimique des monocristaux ........................................ 95

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IV.4.1 Caractérisation par diffraction des rayons X............................................................ 95

IV.4.2 Mise en évidence de la ségrégation.......................................................................... 96

IV.4.2.1 Cas du PMN-0,40PT ................................................................................ 96 IV.4.2.2 Cas du PMN-0,25PT ................................................................................ 99

IV.4.3 Détermination du coefficient de ségrégation ......................................................... 100

IV.5 Conclusion............................................................................................................ 104

V Chapitre V Caractérisation électromécanique des monocristaux PMN-xPT (x=0,25 et 0,40) ........................................................................................ 106

V.1 Caractérisation diélectrique et piézoélectrique du PMN-0,25PT ................... 107

V.1.1 Coupes cristallographiques étudiées en mode latéral............................................. 107

V.1.2 Etude de la polarisabilité sur les quatre types d’échantillons................................. 107

V.1.3 Transition de phase................................................................................................. 109

V.1.4 Cycles d'hystérésis ................................................................................................. 109

V.1.5 Caractérisation électromécanique en mode latéral à bas niveau d’excitation........ 111

V.1.6 Stabilité en température des monocristaux............................................................. 111

V.2 Caractérisation du PMN-0,40PT ....................................................................... 115

V.2.1 Etude de la polarisabilité ........................................................................................ 115

V.2.2 Transition de phase................................................................................................. 116

V.2.3 Cycle d’hystérésis .................................................................................................. 117

V.2.4 Caractérisation électromécanique du PMN-0,40PT............................................... 118

V.2.5 Stabilité thermique ................................................................................................. 120

V.3 Détermination du tenseur complet des monocristaux polarisés suivant la direction <001>. ............................................................................................................... 122

V.3.1 Méthodes de mesures ............................................................................................. 122

V.3.2 Mesures par résonance ........................................................................................... 123

V.3.2.1 Echantillon 1 : Mode latéral ....................................................................... 123 V.3.2.2 Echantillon 2 : Mode longitudinal.............................................................. 124 V.3.2.3 Echantillon 3 : Mode épaisseur .................................................................. 124 V.3.2.4 Echantillon 4 : Mode cisaillement.............................................................. 124 V.3.2.5 Mode radial ................................................................................................ 125

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V.3.3 Mesures de vitesses ................................................................................................ 125

V.4 Résultats de la caractérisation − Influence du phénomène de ségrégation.... 127

V.5 Conclusion............................................................................................................ 130

VI Applications : Comparaison de la forme céramique et cristalline en terme de récupération d’énergie du PMN-0,25PT......................................... 132

VI.1 Introduction ......................................................................................................... 133

VI.2 Poutre de caractérisation en mode latéral ........................................................ 133

VI.3 Différentes techniques de récupération d’énergie............................................ 134

VI.3.1 Technique classique ............................................................................................... 135

VI.3.2 Technique non-linéaire........................................................................................... 137

VI.4 Caractéristiques à bas niveau............................................................................. 138

VI.5 Résultats expérimentaux..................................................................................... 139

VI.6 Conclusion : ......................................................................................................... 141

CONCLUSION GENERALE ......................................................................... 142

Annexe 1 : Caractérisation tensorielle complète du PMN-0,25PT sous forme céramique et monocristal orienté suivant la direction <001>....................... 146

Annexe 2 : Caractérisation tensorielle complète du monocristal PMN-0,40PT orienté suivant la direction <001>. ................................................................. 149

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Liste des figures

Figure I-1 : Effet de la piézoélectricité (effet direct et inverse) ............................................... 27

Figure I-2 : Organisation des différentes classes cristallines ................................................... 27

Figure I-3 : Hiérarchie des matériaux cristallins ayant des propriétés piézoélectriques .......... 28

Figure I-4 : Représentation en 2D du processus de polarisation dans une céramique ............. 29

Figure I-5 : Cycle d’hystérésis d’un matériaux ferroélectrique. .............................................. 29

Figure I-6 : Directions de la polarisation spontanée pour différentes mailles cristallines ....... 30

Figure I-7 : Constante diélectriques d’un échantillons de BaTiO3 polarisé suivant l’axe a et l’axe c en fonction de la température [2].......................................................................... 31

Figure I-8 : Illustration schématique de l’évolution de la polarisation spontanée et de la constante diélectrique en fonction de la température pour : (a) transition du premier ordre (b) transition du deuxième ordre (c) matériau ferroélectrique relaxeur [3]. .................... 32

Figure I-9 : Relation entre les propriétés thermiques, électriques et mécanique d’un cristal [4].......................................................................................................................................... 33

Figure I-10 : Notations tensorielles.......................................................................................... 35

Figure I-11 : Modes de vibrations d’une céramique piézoélectrique....................................... 36

Figure I-12 : Symétries associées à la direction de polarisation pour différentes phases ........ 40

Figure I-13 : Maille élémentaire de PMN-PT et PZN-PT........................................................ 42

Figure I-14 : Diagrammes de phase du (a) PZN-PT et (b)PMN-PT [22]. ............................... 44

Figure I-15 : Variation de la constante diélectrique εr en fonction de la température pour différentes fréquences dans le cas d’un matériau relaxeur............................................... 45

Figure I-16 : Evolution du coefficient de charge d33 en fonction de la contrainte [32] ........... 47

Figure I-17 : Stabilité thermique d’un échantillon PMN-0,33PT [16]..................................... 48

Figure II-1 : Schéma de l’élaboration d’une céramique........................................................... 50

Figure II-2 : Dispositif de frittage ............................................................................................ 52

Figure II-3 : Four de croissance cristalline............................................................................... 53

Figure II-4 : Exemple de profil thermique adopté pour le tirage Bridgman des monocristaux54

Figure II-5 : Illustration schématique du profil thermique utilisé pour la méthode du Flux [36].......................................................................................................................................... 55

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Figure II-6 : Creuset en platine chargé en vue d’une croissance par la méthode de Flux........ 56

Figure II-7 : Dispositif d’orientation mis en place au laboratoire............................................ 58

Figure II-8 : Exemple de pôle obtenue sur un cristal de PMN-0,40PT.................................... 58

Figure II-9 : Illustration schématique du principe de la spectroscopie d’absorption atomique59

Figure II-10 : Schéma du montage Sowyer – Tower utilisé pour la mesure des cycles P-E ... 61

Figure II-11 : Evolution du module et de la phase de l’admittance d’un matériau ferroélectrique .................................................................................................................. 62

Figure II-12 : Exemple de profil thermique utilisé pour étudier la stabilité thermique des monocristaux PMN-PT et PZN-PT.................................................................................. 63

Figure III-1 : Diagramme de DRX de la poudre PZNT 95,5/4,5 ............................................. 67

Figure III-2 : Résultat de la cartographie précédant le tirage Bridgman modifié .................... 68

Figure III-3 : Diffractogramme d’un cristal broyé PZN-0,045PT ........................................... 69

Figure III-4 : Courbes de l’analyse ATD-TG du PZN-0,045PT élaboré ................................. 70

Figure III-5 : Diffractogrammes montrant la décomposition du PZN-0,045PT et la formation de la phase pyrochlore ( ) ................................................................................................ 71

Figure III-6 : Les quatre coupes cristallographiques étudiées.................................................. 72

Figure III-7 : Propriétés diélectriques et piézoélectriques en fonction du champ de polarisation pour les coupes 1 et 3 ....................................................................................................... 72

Figure III-8 : Polarisation rémanente pour différents champs de polarisation pour la coupe 173

Figure III-9 : Cycle d’hystérésis des coupes 1 et 3 .................................................................. 74

Figure III-10 : Illustration schématique de la polarisation rémanente dans les directions....... 75

Figure III-11 : Dépendance en température de la constante diélectrique................................. 75

Figure III-12 : Stabilité en température des quatre coupes cristallographiques étudiées......... 78

Figure III-13 : Stabilité thermique d’un échantillon de coupe 3 .............................................. 79

Figure III-14 : Evolution de la polarisation d’un échantillon de coupe 3 en fonction de la température....................................................................................................................... 80

Figure III-15 : Coefficient piézoélectrique d33 en fonction de la contrainte appliquée............ 81

Figure III-16 : Monocristaux PZN-0,045PT synthétisés par les deux méthodes (a) Bridgman modifié et (b) Flux............................................................................................................ 82

Figure IV-1 : Schéma de préparation des céramiques PMN-xPT............................................ 87

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Figure IV-2 : Courbe d’analyse thermogravimétrique de MgO............................................... 88

Figure IV-3 : Diffractogrammes des compositions étudiées : 1 perovskite 2 pyrochlore...... 89

Figure IV-4 : Image MEB d’une céramique fracturée PMN-0,35PT avec 8% d’excès de MgO.......................................................................................................................................... 90

Figure IV-5 : Image MEB d’une céramique fracturée PMN-0,35PT avec 10% d’excès de MgO ................................................................................................................................. 90

Figure IV-6 : Image MEB d’une céramique fracturée PMN-0,35PT avec 15% d’excès de MgO ................................................................................................................................. 91

Figure IV-7 : Creuset en platine chargé en vue d’une croissance par la méthode Bridgman .. 92

Figure IV-8 : Courbes ATD-TG d’une céramique PMN-0,40PT ............................................ 93

Figure IV-9 : Cartographie utilisée pour la croissance des monocristaux of PMN-0,40PT et 94

Figure IV-10 : Structure porte-creuset platine et positionnement du creuset dans le four....... 94

Figure IV-11 : Photographies des monocristaux PMN-0,25PT et PMN-0,40PT obtenus ....... 95

Figure IV-12 : Diffractogrammes des monocristaux broyés PMN-xPT (x=0,25 et 0,40) ....... 96

Figure IV-13 : Diffractogrammes de quatre échantillons montrant l’évolution de phase le long du lingot de cristal PMN-0,40PT ..................................................................................... 97

Figure IV-14 : Evolution du facteur de quadraticité c/a et du point de Curie Tc en fonction de la position le long du lingot du PMN-0,40PT .................................................................. 98

Figure IV-15 : Taux de titane en fonction de la position le long du lingot pour le PMN-0,40PT.......................................................................................................................................... 98

Figure IV-16 : Diagrammes DRX de deux échantillons PMN-0,25PT montrant un taux de perovskite de 100% avec dans le cadre la raie dédoublée (222) indiquant une symétrie rhomboédrique ................................................................................................................. 99

Figure IV-17 : Variation du paramètre du maille rhomboédrique en fonction de la positon... 99

Figure IV-18 : Taux de titane le long du lingot de cristal ...................................................... 100

Figure IV-19 : Illustration schématique du diagramme de phase solide liquide du PMN-PT [58] ................................................................................................................................. 101

Figure IV-20 : Diagramme binaire du système PMN-xPT d’après Zawilski et al [59] et illustration schématique du taux de titane le long du creuset......................................... 102

Figure IV-21 : Tracé logarithmique de la concentration en fonction de la fraction volumique cristallisée (a)PMN-0,40PT (b) PMN-0,25PT. La pente de la droite vaut donc (k-1). 103

Figure IV-22 : Concentration en Titane en fonction de la position dans le lingot : comparaison expérience - modèle (a) PMN-0,40PT (b) PMN-0,25PT........................ 104

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Figure V-1 : Les quatre coupes cristallographiques étudiées................................................. 107

Figure V-2 : Effet du champ de polarisation sur les propriétés en mode latéral.................... 108

Figure V-3 : La dépendance en température de la constante diélectrique εr pour différentes fréquences....................................................................................................................... 109

Figure V-4 : Cycles d'hystérésis sur deux échantillons de coupe 1 et coupe 3 ...................... 110

Figure V-5 : Profil thermique utilisé pour l’étude de la stabilité en température .................. 112

Figure V-6 : Stabilité thermique d’un échantillon de coupe 3. Les symboles permettent d'identifier la position des points sur le profil de la Figure V-5..................................... 113

Figure V-7 : Evolution de coefficient de couplage électromécanique k31 en fonction de la température..................................................................................................................... 114

Figure V-8 : Evolution de la polarisation d’un échantillon PMN-0,25PT en fonction de la température..................................................................................................................... 115

Figure V-9 : Evolution de la constante diélectrique en fonction de la température pour un échantillon PMN-0,40PT polarisé suivant <001>.......................................................... 117

Figure V-10 : Cycles d'hystérésis d’un échantillon PMN-0,40PT orienté suivant <001>..... 118

Figure V-11 : Profil thermique utilisé pour l’étude de la stabilité en température ................ 120

Figure V-12 : Stabilité en température d’un échantillon PMN-0,40PT de coupe 3............... 122

Figure V-13 : Echantillons utilisés pour la détermination du tenseur complet des monocristaux PMN-xPT ....................................................................................................................... 123

Figure V-14 : Définition des différentes vitesses de propagation [62] .................................. 126

Figure V-15 : Illustration de l’effet de ségrégation [Ti]haut > [Ti]bas sur la fluctuation des propriétés piézoélectriques du matériau dans une même plaque ................................... 130

Figure VI-1 : Matériau piézoélectrique PZT placé dans une chaussure. Pendant la marche, il produit une tension de sortie de 177V crête-crête [65] .................................................. 133

Figure VI-2 : Dispositif expérimental utilisé pour la récupération d’énergie ........................ 134

Figure VI-3 : Dispositif classique pour la récupération d’énergie ......................................... 136

Figure VI-4 : Allure des signaux de la tension V et du déplacement u d’un dispositif classique de récupération d’énergie ............................................................................................... 136

Figure VI-5 : Dispositif SSHI pour la récupération d’énergie ............................................... 137

Figure VI-6 : Allure des signaux d’un dispositif SSHI de récupération d’énergie ................ 137

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Figure VI-7 : Puissance récupérée en fonction de la tension redressée pour un déplacement de 100µm pour un générateur utilisant une céramique et un monocristal comme élément piézoélectrique ............................................................................................................... 140

Figure VI-8 : Puissance moyenne récupérée en fonction de l’amplitude de déplacement pour les deux techniques et les deux matériaux. .................................................................... 141

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Liste des tableaux Tableau I-1 : Equations piézoélectriques ................................................................................. 34

Tableau I-2 : Echantillons pour caractérisation des modes fondamentaux.............................. 38

Tableau I-3 : Applications des matériaux ferroélectriques en fonction de l’effet utilisé ......... 39

Tableau I-4 : Nombre de coefficients indépendants en fonction de la symétrie du matériau .. 40

Tableau I-5 : Propriétés de quelques matériaux piézoélectriques courants ............................. 41

Tableau II-1 : Paramètres thermiques et mécaniques du four .................................................. 52

Tableau III-1 : Caractéristiques des oxydes utilisés pour l’élaboration des poudres PZN-PT 66

Tableau III-2 : Paramètres de croissance du PZN-0,045PT par Bridgman modifié ................ 68

Tableau III-3 : Indices des raies pour différents systèmes cristallins. ..................................... 69

Tableau III-4 : Paramètres de maille de PZN-0,045PT à l’ambiante et à 300 °C.................... 70

Tableau III-5 : Caractérisation en mode latéral de PZN-0,045PT en fonction des coupes cristallographiques. Pour comparaison les caractéristiques d’une céramique industrielle (Morgan Matroc) sont présentées..................................................................................... 76

Tableau III-7 : Propriétés diélectriques et piézoélectriques en mode latéral< 001>/<010> du PZN-0,045PT élaboré par Bridgman modifié et Flux...................................................... 83

Tableau IV-1 Caractéristiques des oxydes utilisés pour l’élaboration des céramiques PMN-xPT ................................................................................................................................... 86

Tableau IV-2 : PMN-0,35PT avec différents taux d’excès de MgO........................................ 88

Tableau IV-3 : Propriétés diélectriques et piézoélectriques en fonction de l’excès de MgO .. 91

Tableau IV-4: Paramètres de croissance du PMN-xPT par la méthode Bridgman.................. 95

Tableau V-1 : Champ coercitif et polarisations rémanente et spontanée des deux coupes.... 110

Tableau V-2 : Caractéristiques en mode latéral desPMN-0,25PT à bas niveau de champ des coupes cristallographiques étudiées et de la céramique PMN-0,25PT qui a servi pour le tirage............................................................................................................................... 111

Tableau V-3 : Propriétés électromécaniques en fonction du protocole de polarisation......... 116

Tableau V-4 : Caractérisation en mode latéral de PMN-0,40PT en fonction des coupes cristallographiques étudiées et d’une céramique PMN-0,40PT ..................................... 118

Tableau V-5 : Caractérisation en mode épaisseur des échantillons PMN-0,40PT................ 119

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Tableau V-6 : Différentes vitesses possibles et leurs polarisation respectives dans les trois directions <100>, <010> et <001> [63] ......................................................................... 127

Tableau V-7 : Tenseur de monocristal PMN-0,25PT polarisé suivant <001>....................... 129

Tableau V-8 : Tenseur de la céramique PMN-0,25PT........................................................... 129

Tableau V-9 : Tenseur de monocristal PMN-0,40PT polarisé suivant <001>....................... 129

Tableau VI-1 : Caractéristiques électromécaniques des éléments piézoélectriques utilisés .. 138

Tableau VI-2 : Mesures expérimentales................................................................................. 138

Tableau VI-3 : Caractérisation à bas niveau de la structure vibrante..................................... 139

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INTRODUCTION GENERALE

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Depuis près de 40 ans, les céramiques ferroélectriques zircono-titanate de plomb de

formulation générale Pb(ZrxTi1-x)O3 (PZT) sont étudiées et massivement utilisées comme

matériaux actifs dans de nombreuses applications industrielles en raison de leurs propriétés

électromécaniques. Toutefois, les années 90 ont vu l’avènement d’une nouvelle famille de

matériaux piézoélectriques présentant des caractéristiques remarquables. Les monocristaux

PZN-PT et PMN-PT de formulation générale Pb(Zn1/3Nb2/3)1-xTixO3 et Pb(Mg1/3Nb2/3)1-xTixO3

possèdent notamment des constantes piézoélectriques (d) 5 à 10 fois supérieures à celles des

céramiques et des coefficients de couplages électromécaniques (k) supérieurs à 90 %, ce qui

laisse espérer une augmentation importante des performances des dispositifs les utilisant. Ce

gain atteint un facteur 3 en mode latéral de vibration par rapport aux meilleures céramiques

PZT utilisées.

Les monocristaux peuvent être élaborés par plusieurs méthodes selon que leur fusion

est congruente ou non-congruente. La technique Bridgman utilisée dans le présent travail

permet d’obtenir des cristaux de taille importante (taille du creuset utilisé) et orientés (dans le

cas de l’utilisation de germes). Cependant le grand inconvénient de cette méthode est le

phénomène de ségrégation due à la différence de concentration d’un élément entre la phase

solide et la phase liquide et qui induit une variation de composition le long de cristal. Dès

lors, la détermination de la composition locale devient très importante car la composition des

céramiques de départ n’est plus conservée en tout point du creuset.

Dans certaines applications spécifiques, les systèmes intégrant des matériaux électro-

actifs sont soumis à de fortes sollicitations externes. Aussi il est important de connaître le

comportement des matériaux sous différentes conditions d’excitation : mesures sous

contrainte uniaxiale et durant un cycle de température afin de déterminer leurs limites de

fonctionnement. Ainsi le comportement des matériaux a été étudié à l’approche des

transitions ferroélectrique-ferroélectrique (rhomboédrique-quadratique) et ferroélectrique-

paraélectrique (quadratique-cubique).

Afin de démontrer leur très grand potentiel en mode latéral, les monocristaux PMN-

0,25PT ont été utilisés comme matériaux actifs dans une application de récupération

d’énergie. Il s’agit d’une poutre vibrante avec insert piézoélectrique qui permet de tester le

cristal en tant que convertisseur énergétique. Cela a permis en outre de faire une comparaison

entre les deux formes céramique et monocristalline d’un même matériau en terme de

récupération d’énergie.

De l’élaboration à l’application en passant par la caractérisation, ce travail permet de

confirmer l’intérêt de ces monocristaux. Il met aussi en évidence les problèmes liés à

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l’élaboration qui expliquent les résultats de caractérisation assez disparates trouvés dans la

littérature.

Ce mémoire se compose de six chapitres :

Le chapitre I est consacré à une présentation générale sur la piézoélectricité et la

ferroélectricité ainsi qu’à une revue bibliographique sur les principales propriétés :

structurales, diélectriques et piézoélectriques des matériaux étudiés à savoir le (1-

x)Pb(Mg1/3Nb2/3)-xPbTiO3 (PMN-PT) et (1-x)Pb(Zn1/3Nb2/3)-xPbTiO3 (PZN-PT).

Le chapitre II est consacré à la présentation des techniques expérimentales utilisées le long de

ce travail. Ainsi nous présentons les méthodes d’élaboration de la poudre, de la céramique et

des monocristaux. Ensuite les différentes techniques de caractérisation physico-chimique,

diélectrique et piézoélectrique sont détaillées.

Le chapitre III porte sur l’élaboration et la caractérisation du PZN-0,045PT par la

méthode Bridgman modifié. Dans ce chapitre, nous avons pu confirmer la faisabilité de la

croissance par ce type de méthode. Les caractéristiques physico-chimiques et les

performances en mode latéral de cette formulation obtenue par les deux méthodes (Bridgman

modifié et Flux) ont été comparées. Le comportement de ce matériau sous différents types de

sollicitation externe (température et contrainte uniaxiale) a également été étudié ; ainsi nous

avons déterminé la température et la contrainte maximale que cette formulation peut supporter

sans dégradation de ses propriétés.

Le chapitre IV porte sur l’élaboration des céramiques PMN-PT qui serviront pour les

croissances cristallines. Une étude d’optimisation du taux de MgO a été réalisée pour que les

céramiques utilisées pour les tirages aient de bonnes propriétés ce qui permet de faire une

comparaison entre les deux formes, cristal et céramique. Les résultats de la caractérisation

physico-chimique des monocristaux PMN-xPT (x=0,25 et 0,4) sont présentés avec la mise en

évidence du phénomène de ségrégation.

Le chapitre V traite de la caractérisation électromécanique des monocristaux PMN-

xPT élaborés. Une caractérisation qui concerne principalement le mode latéral puisque c’est

pour ce mode que sont observés les gains les plus importants par rapport aux céramiques.

Nous étudions aussi la stabilité thermique de ces matériaux pour déterminer leurs limites de

fonctionnement. Dans la deuxième partie de ce chapitre la détermination du tenseur élastique,

diélectrique et piézoélectrique des matériaux étudiés a été réalisée.

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L’application des matériaux PMN-0,25PT a été étudiée dans le dernier chapitre. Il s’agit

d’une poutre vibrante avec un élément piézoélectrique (cristal et céramique PMN-0,25PT) qui

permet de tester l’insert en tant que convertisseur énergétique pour la récupération d’énergie.

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26

I Chapitre I : Généralités

Ce chapitre est consacré aux matériaux ferroélectriques étudiés. Nous commençons

d’abord par rappeler les définitions de la piézoélectricité, de la ferroélectricité pour ensuite

résumer les principales propriétés du titanate niobate zinc de plomb PZN-PT et du titanate

niobate magnésium de plomb PMN-PT. Une description des caractéristiques structurales dans

les différentes phases est présentée, puis nous exposons quelques rappels bibliographiques sur

les propriétés diélectriques et piézoélectriques des deux composés.

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27

I.1 L’effet piézoélectrique

Le phénomène de piézoélectricité a été observé pour la première fois en 1817 par

l’Abbé René Hauy et a été étudié par les frères Pierre et Jacques Curie en 1880 [1]. Ce

phénomène caractérise l’aptitude de certains matériaux cristallins à se charger électriquement

lorsqu’ils sont soumis à une contrainte mécanique (figure I-1).

Figure I-1 : Effet de la piézoélectricité (effet direct et inverse)

Il existe corrélativement un effet inverse, un champ électrique provoquant une déformation

mécanique. Cet effet inverse a été suggéré théoriquement par Lippmann en 1881 et mis en

évidence expérimentalement par les frères Curie.

Figure I-2 : Organisation des différentes classes cristallines

32 classes cristallines

11 centrosymétriques 21 non centrosymétriques

Non piézoélectrique 20 piézoélectriques 1 non piézoélectrique

10 pyroélectriques 10 non pyroélectriques

non ferroélectriques ferroélectriques non ferroélectriques

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28

Parmi les 32 classes cristallines qui existent (Figure I-2), 20 présentent l’effet piézoélectrique

dont 10 classes qui présentent un moment dipolaire permanent en l’absence d’un champ

électrique.

La Figure I-3 résume la hiérarchie des matériaux cristallins ayant des propriétés

piézoélectriques. Parmi ces matériaux on trouve une sous-classe formée par les matériaux

pyroélectriques qui, à la différence des précédents, possèdent une polarisation naturelle selon

au moins une direction, appelée aussi polarisation spontanée. L'importance de cette

polarisation dépend fortement de la température, d'où leur dénomination. Les matériaux

ferroélectriques forment un sous-groupe des matériaux pyroélectriques et ont la particularité

de pouvoir se polariser selon deux axes ou plus, chaque direction étant équiprobable. Par

application d'un champ électrique, on peut faire basculer la polarisation d'un axe à un autre.

C'est en fait ce phénomène qui est grande partie responsable de leur propriétés

piézoélectriques : le basculement modifie localement la structure cristalline, et rend l'effet

beaucoup plus important que chez les autres matériaux. Ceci explique que seuls les

ferroélectriques soient utilisés comme actionneurs.

Figure I-3 : Hiérarchie des matériaux cristallins ayant des propriétés piézoélectriques

I.2 L’effet ferroélectrique

Un matériau ferroélectrique possède un moment dipolaire électrique (une polarisation

permanente) même en l’absence d’un champ électrique extérieur. En fait, les dipôles

électriques sont tous orientés dans la même direction à l’intérieur des domaines

ferroélectriques. Ces domaines sont séparés entre eux par des parois appelés murs de

domaines (Figure I-4). En l’absence d’un champ extérieur, la direction de polarisation de

chaque domaine est orientée au hasard, ce qui rend le matériau globalement non polaire.

Néanmoins, lorsqu’un champ électrique est appliqué, un processus de réorientation des

directions de polarisation se déclenche. Ainsi on observe une augmentation du nombre de

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29

domaines dont l’orientation est voisine de celle du champ appliqué et/ ou la disparition des

domaines qui ont une direction de polarisation contraire à celle du champ extérieur.

Figure I-4 : Représentation en 2D du processus de polarisation dans une céramique

En fait, sous l’influence d’un champ électrique externe, ces matériaux se polarisent jusqu’à

une valeur de saturation appelée polarisation spontanée PS, la polarisation spontanée est

invariante pour l’ensemble des opérations de symétrie dans le cristal. La polarisation existante

pour un champ électrique nul, est dite polarisation rémanente Pr. Le champ coercitif est le

champ électrique externe nécessaire pour la réorientation des dipôles du cristal (Figure I-5).

P : polarisation Ps : polarisation spontanée Pr : polarisation rémanente Ec : champ coercitif E : champ électrique

Figure I-5 : Cycle d’hystérésis d’un matériaux ferroélectrique.

Si nous prenons l’exemple du titanate de baryum, en température décroissante (et à champ

électrique et contrainte nuls) ce matériau passe successivement par les phases cubique,

quadratique, orthorhombique et enfin rhomboédrique. Sur ces 4 phases, seules les trois

dernières sont ferroélectriques (la phase cubique est centro-symétrique). Elles sont crées par

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30

distorsion de la maille cubique existant à haute température et induisent un écartement des

barycentres des charges positives et négatives.

Figure I-6 : Directions de la polarisation spontanée pour différentes mailles cristallines

Ainsi le vecteur polarisation spontanée sera orienté successivement suivant l’axe

cristallographique <001>, <101> et <111> respectivement (Figure I-6).

Pratiquement, l’orientation des polarisations élémentaires sur la direction du champ polarisant

s’accompagne de contraintes mécaniques dont la libération lente provoque un retour

progressif à l’état désordonné : c’est ce qu’on appelle le vieillissement des matériaux, qui est

une fonction logarithmique du temps. De plus, une élévation de la température tend à détruire

l’alignement des dipôles. A une température dite température de Curie Tc, le matériau passe

en phase cubique où il n’existe plus de moment électrique macroscopique et le matériau perd

toutes ses propriétés piézoélectriques. L’un des critères de choix de matériaux est justement

cette température de Curie ; en fait, plus le point de Curie est grand, plus la gamme en

température d’utilisation du matériau est importante.

I.3 Transitions de phase

Dans la plupart des cas, les matériaux ferroélectriques ont une température de

transition appelée le point (ou température) de Curie Tc, au delà de laquelle le matériau n’est

plus ferroélectrique. En diminuant la température, les matériaux ferroélectriques subissent une

transition de phase qui se traduit par le passage d'une phase non-ferroélectrique à une phase

ferroélectrique. S'il existe plusieurs phases ferroélectriques comme le montre la Figure I-6, la

température à laquelle le cristal passe d’une phase ferroélectrique à une autre s'appelle

température de transition.

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31

Axe a

Axe c

Figure I-7 : Constante diélectrique d’un échantillon de BaTiO3 polarisé suivant l’axe a et l’axe c en

fonction de la température [2]

La Figure I-7 montre la variation de la permittivité diélectrique relative (εr) (ou constante

diélectrique) en fonction de la température lors du refroidissement du BaTiO3. On note le

passage de la phase cubique non-ferroélectrique (ou paraélectrique) aux phases

ferroélectriques quadratique, orthorhombique, et rhomboédrique. Vers les températures de

transition de phase et la température de Curie, les propriétés diélectriques, élastiques et

optiques montrent des anomalies. Ceci est dû aux déformations que subit le cristal en

changeant de phase. La dépendance en température de la permittivité au-dessus du point de

Curie est régie par la loi de Curie-Weiss :

( )oo

CT T

ε ε= +−

I-1

Où :

ε : Permittivité du matériau,

εo : Permittivité du vide,

C : Constante de Curie

To : Température de Curie-Weiss.

La température de Curie-Weiss est, en général, différente du point de Curie. Pour les

transitions du premier ordre, To<Tc tandis que pour celles du deuxième ordre To=Tc.

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32

L'ordre de la transition de phase est défini par la discontinuité des dérivés partielles de

l'énergie libre de Gibbs G du matériau à la température de transition de phase. Pour une

transition de phase du nième ordre, la dérivée du nième ordre de G est une fonction discontinue

de la température de transition. Ainsi, la polarisation change continuellement à la transition de

phase pour une transition d’ordre 2, alors que ce changement est brutal pour une transition du

premier ordre. D’autres matériaux, dits relaxeurs, présentent un comportement diffus de la

transition de phase. La Figure I-8 illustre schématiquement les différents changements de

polarisation aux alentours de la température de Curie.

Température

Figure I-8 : Illustration schématique de l’évolution de la polarisation spontanée et de la constante diélectrique en fonction de la température pour : (a) transition du premier ordre (b) transition du

deuxième ordre (c) matériau ferroélectrique relaxeur [3].

Les transitions de phase ferroélectrique-paraélectrique peuvent être mises en évidence par de

nombreuses techniques :

• mesures pyroélectriques (maximum du courant pyroélectrique en fonction de la

température)

• mesures diélectriques (maximum de εr en fonction de la température, cycle

d’hystérésis polarisation-champ électrique et disparition de Ps au point de Curie)

• diffraction des rayons X (discontinuité thermique des paramètres et changement du

groupe ponctuel)

• analyse thermique différentielle

• mesures piézoélectriques

• microscopie (disparition des domaines ferroélectriques)

• Mesures optiques (biréfringence)

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33

I.4 Propriétés piézoélectriques des matériaux ferroélectriques

I.4.1 Conversion électromécanique

Les propriétés des matériaux piézoélectriques changent sous l’influence de la

température, de la contrainte et du champ électrique. Les variations se traduisent par des effets

mécaniques, électriques ou thermiques. Les différentes relations thermodynamiques

réversibles qui existent entre les propriétés électriques, thermiques et mécaniques d’un cristal

sont représentées par le diagramme symbolique de la Figure I-9.

Figure I-9 : Relation entre les propriétés thermiques, électriques et mécanique d’un cristal [4]

I.4.2 Equations piézoélectriques

Pour décrire le couplage entre les deux formes d’énergie dans un matériaux

piézoélectrique (mécanique et électrique), on néglige l’énergie thermique. Des équations

piézoélectriques sont démontrées en reliant toutes les variables.

Trois types de variables interviennent :

• Coefficients purement électriques

• Coefficients purement mécaniques

• Coefficients mixtes traduisant le couplage entre les deux première catégories.

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34

Les propriétés mécaniques d’un matériau dépendent de ses constantes élastiques, paramètres

qui définissent la relation existant entre les déformations Si et les contraintes Ti. De la même

façon, les propriétés électriques sont caractérisées par les constantes diélectriques qui

associent les composantes du déplacement diélectrique Di à celles du champ électrique Ei.

L’effet piézoélectrique conjugue les paramètres électriques et mécaniques.

Tableau I-1 : Equations piézoélectriques Variables indépendantes Grandeurs électriques Grandeurs mécaniques

E ,T

D ,T

E ,S

D ,S

D = dT + εTE

E = βTD – gT

D = eSE + eS

E = βSD – hS

S = sET + dtE

S = sDT + gtD

T = cES – etE

T = cDS – htD

[ ]t transposée de la matrice.

( )X valeur du coefficient mesuré ou défini à X constant.

T (N/m2) Contrainte mécanique

S (m/m) Déformation relative

E (V /m) Champ électrique

D(C/m2) Induction ou déplacement électrique

s (m2/N) Compliance ou susceptibilité élastique ou souplesse

c (N /m2) Raideur ou constante élastique

β (m/F) Constante d’imperméabilité diélectrique

ε (F/m) Permittivité électrique

La compliance ou souplesse est défini comme étant :

iij

j

Sdéformation dans la direction i= =contrainte dans la direction j T

s

De la même façon on définit la constante élastique :

iij

j

Tcontrainte dans la direction i= =déformation dans la direction j S

c

Les indices i et j prennent des valeurs de 1 à 6, avec les dénominations suivantes :

T1, T2, T3 : contraintes de tension parallèles aux axes 1, 2 et 3 respectivement.

T4, T5, T6 : contraintes de cisaillement autour des axes 1, 2 et 3.

De même pour les déformations Si.

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35

Le module d’Young est défini par :

( ) 1ii iiY s −= I-2

Le coefficient de Poisson par :

12

11

ss

σ = − I-3

I.4.3 Définition des coefficients piézoélectriques

On compte quatre modules piézoélectriques différents formant un tenseur d’ordre 3 et

traduisant le couplage entre les grandeurs électriques et mécaniques :

. .. .

, 1 3 , 1 6.. .

T Enmmi ni mj jiT Dnmmi ni mj ji

S Enmmi ni mj jiT Dnmmi ni mj ji

d g e sg d h s

m n à et i j àe h d ch e g s

εβ

εβ

⎫⎪⎪⎪⎬⎪⎪⎪⎭

= == =

= == == =

Les notations tensorielles sont représentées dans la Figure I-10.

Figure I-10 : Notations tensorielles

Constante de charge d : traduit la liaison entre la contrainte et l’induction électrique à champ

nul ou constant (en C/N ou m/V).

4

3

6

25

Polarisation T3

T2

T1

1

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36

Constante de tension g : indique la relation entre la contrainte mécanique et le champ

électrique à induction nul ou constante (en Vm/N ou m2/C)

Constante piézoélectrique e : indique la relation entre la déformation et l’induction

électrique à champ nul ou constant ( en C/m2 ou N /Vm).

Constante piézoélectrique h : traduit la proportionnalité entre la déformation et le champ

électrique à induction nulle ou constante (en V/m ou N/C).

I.4.4 Quantification du couplage électromécanique

A chacune des fréquences de résonances d’un matériau piézoélectrique est associé un

mode de vibration qui dépend des dimensions géométriques, de la direction du champ E et du

vecteur polarisant. Ces modes sont présentés sur la Figure I-11.

E

P

Mode longitudinal

E

Mode de cisaillement

E

Mode latéral

P

E

Mode épaisseur

P

E Mode radial

P

Figure I-11 : Modes de vibrations d’une céramique piézoélectrique

Le couplage électromécanique est caractérisé par un coefficient de couplage k :

m

E D

Uk=U U

I-4

UE : Energie élastique.

UD : Energie diélectrique.

Um : Energie d’interaction, ou mutuelle, élasto-diélectrique.

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37

Une étude thermodynamique du système considéré comme linéaire en négligeant les effets

thermiques, permet de déterminer ce coefficient de couplage, qui s’écrit :

2 énergie transforméek =énergie fournie

Ce coefficient varie en fonction de la géométrie des matériaux et de leur mode de vibration .

Le Tableau I-2 regroupe les principaux coefficients de couplage, selon la forme et le mode de

vibration.

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38

Tableau I-2 : Echantillons pour la caractérisation des modes fondamentaux Dimensions Constantes mesurées

usuelles en mm

Echantillon

Déformation I.R.E

Céramiques Cristaux

Piézoélectriques

et diélectriques mécaniques

Bar

reau

L

D

2

3

1

P

LD <3

L = 15

D = 6,35

L = 7

l1 = 2

l2 = 2

k33

d33

g33 T33ε

S33ε

D33s

E33s

Q33

Laté

ral

L

l

2

3

1

P e

Ll <3

Le <5

L = 25

l = 5

e = 5

L = 10

l = 2

e = 1

k31

d31

g31

D11s E11s

Q31

Rad

ial

e

D

2

3

1

P

D > 5eD = 20

e = 2 ----

kp

k31 T33ε

σE E12s

Qp

Epai

sseu

r

e

D

2

3

1

P

D>> e idem

l1 = 10

l2 = 10

e = 1

kt

e33

h33 S33ε

D33c

E33c

Qt

Cis

aille

men

t

L

l

2

3

1

P

e

L > 8e

L = 10

l = 10

e = 1

l1 = 10

l2 = 10

e = 1

k15

d15

g15 T11ε S11ε

D55c

E55c

D55s

E55s Q15

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39

I.5 Applications des matériaux piézoélectriques

Le domaine d’application des matériaux piézoélectriques est très vaste car il est

possible d’exploiter soit l’effet direct, soit l’effet inverse, soit les deux alternativement.

Quelques applications des matériaux piézoélectriques sont données dans le Tableau I-3 en

fonction de l’effet utilisé.

Tableau I-3 : Applications des matériaux ferroélectriques en fonction de l’effet utilisé

Applications basées sur l’effet direct

Applications basées sur l’effet inverse

Applications basées sur les deux effets

Microphone

Hydrophone

Capteur de choc

Accéléromètres

Bouton poussoir

Allumage

Capteur de pression ou de contraintes

Haut-parleur

Buzzer

Transducteur sonar

Nébuliseur

Nettoyage par ultrasons

Moteurs ultrasonores

Relais

Micropositionnement

Ajustement laser

Imprimante à jet d’encre

Dispositifs acousto-optiques

Pompe piézoélectrique

Bistouri piézoélectrique

Transducteur d’ultrasons pour diagnostic médical (échographie)

CND par ultrasons

Détecteur de proximité ou de présence

Mesure de distances ou de débits

Gyroscope

Filtres fréquentiels (ondes volumiques SAW)

Lignes à retard

Transformateur piézoélectrique

I.6 Effet de symétries sur l’écriture des tenseurs des cristaux

La complexité des tenseurs dépend de la symétrie et de la classe cristalline du

matériau. On peut en effet définir des invariants par des opérations de rotations impliquant

ainsi des relations entre les coefficients [5].

Cela permet de réduire considérablement le nombre de coefficients indépendants comme le

montre le Tableau I-4.

La détermination des tenseurs peut être faite de différentes manières. Tout d’abord, le tenseur

élastique peut être caractérisé par la mesure des vitesses acoustiques dans le matériau.

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Tableau I-4 : Nombre de coefficients indépendants en fonction de la symétrie du matériau

Classe Elastique Electrique Piézoélectrique

Triclinique

Orthorhombique 2mm

Quadratique 4mm

Hexagonal 6mm

21

9

6

5

6

3

2

2

18

5

3

3

On peut aussi exciter les fréquences de résonance acoustique du matériau en utilisant l’effet

piézoélectrique inverse : suivant la géométrie de l’échantillon considéré, différents modes

pourront être privilégiés comme le montre le Tableau I-2.

La symétrie du tenseur piézoélectrique dépend de la phase cristalline du matériau et de la

direction de la polarisation macroscopique. Bien qu’étant monocristallins, ces matériaux sont

structurés en domaines qui peuvent être contrôlés par la direction et l’intensité du champ

électrique de polarisation.

Ainsi la symétrie macroscopique diffère de la symétrie microscopique induisant ainsi des

symétries 2mm, m3m, ou 4mm comme le montre la Figure I-12. C’est le concept

«d'ingénierie de domaines» introduit par Yin et al [6] et qui montre que les propriétés

maximales sont obtenues pour une polarisation en dehors de la direction de polarisation

spontanée. Ainsi une polarisation suivant <001> entraîne une symétrie macroscopique 4mm

tandis qu’une polarisation suivant <110> entraîne une symétrie 2mm.

Figure I-12 : Symétries associées à la direction de polarisation pour différentes phases

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I.7 Matériaux piézoélectriques : (1-x)Pb(Mg1/3Nb2/3)-xPbTiO3 (PMN-PT) et (1-x)Pb(Zn1/3Nb2/3)-xPbTiO3 (PZN-PT)

I.7.1 Historique

Les premiers travaux sur la famille de cristaux de composition (1-x)PZN-xPT

remontent aux années 70. Au début des années 80, Kuwata et al. [7] publient les premiers

résultats en terme de couplage électromécanique (k33=0.92) et de coefficient piézoélectrique

(d33=1500 pC/N). C’est à partir des années 90 que les chercheurs s’intéressent à nouveau à ces

compositions et depuis l’intérêt pour ces matériaux ne cesse de croître. Avec d’excellentes

performances, les monocristaux PZN-PT et PMN-PT sont considérés comme les matériaux

les plus prometteurs pour la prochaine génération de capteurs électromécaniques dans une

large gamme d’applications avancées, telles que l’imagerie médicale et la communication

sous-marine.

La rupture technologique par rapport aux meilleures céramiques ferroélectriques est nette :

gain d’un facteur 3 sur les couplages latéraux et d’un facteur 10 sur les constantes dij [8, 9].

Le Tableau I-5 recense les propriétés de quelques matériaux courants.

Tableau I-5 : Propriétés de quelques matériaux piézoélectriques courants

Matériau k33 d33 (pC/N) d31 (pC/N) εr

Cér

amiq

ues BaTiO3 [10]

PZT pur [10]

PMN-0,33PT [11]

0,49

0,67

---

191

223

500

- 79

- 93,5

- 175

1900

730

1800

Mon

ocris

taux

(001

)

PMN-0,33PT [12]

PMN-0,42PT [13]

PZN-0,08PT [14]

PZN-0,045PT [6]

BaTiO3 [10]

0,94

0,78

0,94

0,91

0,56

2820

260

2890

2100

86

- 1330

- 91

- 1455

- 962

- 34,5

8200

660

7700

5242

168

Les cristaux de PMN-PT sont déjà largement étudiés dans la littérature. On trouve néanmoins

des résultats de caractérisation assez disparates. Ainsi, par exemple, pour la constante

diélectrique εr des monocristaux de PMN-PT 67/33 polarisés suivant la direction <001> on

trouve 5300 [15], 6000 [16] ou 8200 [12] suivant les sources. Ce type de matériau présente

donc une certaine sensibilité aux procédés d’élaboration. Différentes techniques de croissance

ont été utilisées pour améliorer d’une part la qualité des cristaux et d’autre part abaisser les

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coûts de fabrication en vue d’une industrialisation (voir partie II-1-2 pour plus de détails sur

les techniques utilisées au LGEF).

I.7.2 Structure cristalline

Les monocristaux PMN-PT et PZN-PT appartiennent à la famille des perovskites du

type ABO3 où le Pb2+ occupe le site A et les Mg2+(Zn2+), Nb5+ et Ti4+ occupent le site B. La

structure est habituellement représentée par un cube (Figure I-13) dont :

• Les sommets sont occupés par le cation A de grand rayon.

• Le centre est occupé par le cation B de faible rayon.

• Les centres des faces sont occupés par les oxygènes qui forment un octaèdre au centre

duquel se trouve le cation B.

Figure I-13 : Maille élémentaire de PMN-PT et PZN-PT

I.7.3 Critères de stabilité d’une perovskite

La compacité maximale d’une telle structure, dans laquelle tous les ions seraient

tangents, permet de relier les rayons des différents ions par la relation suivante :

( )2A O B OR R R R+ = + I-5

En fait, la compacité de la perovskite est quantifiée globalement par le facteur de tolérance t

défini par Goldschmit comme étant :

( )2A O

B O

R Rt

R R+

=+

I-6

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43

La structure perovskite n’est stable que si le facteur t est compris entre 0,8 et 1,05 et elle est

d’autant plus stable que t est proche de 1.

Un deuxième critère de stabilité de la perovskite est l’ionicité de la liaison anion-cation. Le

caractère ionique d’une composition ABO3 est quantifié d’après l’échelle de Pauling [17] à

partir de la différence d’électronégativité :

2− −+

∆ =χ χA O B OE I-7

où χA-O et χ

B-O sont respectivement les différences d’électronégativité entre A et O et B et

O.

La structure perovskite est d’autant plus stable que les liaisons mises en jeu présentent un fort

caractère ionique. Ainsi, les perovskites à base de plomb de type covalent sont moins stables

que des perovskites plutôt ioniques comme BaTiO3 et SrTiO3 [18].

I.7.4 Diagramme de phase

Le matériau ferroélectrique de structure perovskite le plus connu est le titanate de

baryum BaTiO3 qui possède une très grande permittivité diélectrique. Le titanate de plomb

PbTiO3 est reconnu en tant que ferroélectrique en 1950 par son analogie structurale avec le

BaTiO3.

PbTiO3 peut former des solutions solides avec de nombreux matériaux : PbZrO3 pour former

le zircono-titanate de Plomb, Pb(Zn1/3Nb2/3)O3 pour former le PZN-PT ou encore

Pb(Mg1/3Nb2/3)O3 pour former le PMN-PT.

Les perovskites complexes (1-x)PZN-xPT et (1-x)PMN-xPT sont connues comme relaxeurs

ferroélectriques pour des taux de PT x inférieurs respectivement à 0,09 et 0,40 [19, 20]. Ils

présentent des propriétés diélectriques et piézoélectriques nettement supérieures à celles des

composés initiaux, en combinant les avantages du relaxeur PZN et de sa solution solide avec

le ferroélectrique PbTiO3 [19, 21]. Ces propriétés deviennent optimales au voisinage de x =

0,09 pour les PZN-PT et x = 0,33 dans le cas des PMN-PT. Cette zone correspond à la

transition de phase entre le système quadratique et le système rhomboédrique ( Figure I-14 ).

Il s’agit de la zone morphotropique MPB (en anglais Morphotropic Phase Boundary).

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Figure I-14 : Diagrammes de phase du (a) PZN-PT et (b)PMN-PT [22].

Des études récentes montrent que cette zone ne serait pas constituée comme on le pensait d’un

simple mélange de phases quadratique et rhomboédrique mais qu’il existerait également

d’autres types de phase comme la phase monoclinique [23].

Pour les deux composés, la phase haute température est de symétrie cubique quelque soit la

composition. En dessous de la température de Curie, une distorsion de la maille cubique

apparaît : les compositions riches en titane (x>0,10 et x>0,35 pour le PZN-xPT et PMN-xPT

respectivement) ont une symétrie quadratique et celles où il y a peu de titane ont une symétrie

rhomboédrique.

Une différence majeure entre les deux matériaux est leur comportement lors de la fusion. En

effet, le PMN-PT présente une fusion congruente alors que la fusion de PZN-PT est non

congruente, ce qui veut dire que la croissance de PMN-PT peut se faire directement d’un

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mélange stœchiométrique des réactifs alors que dans le cas de PZN-PT, une croissance dans

un flux (PbO par exemple) s’impose.

I.7.5 L’effet relaxeur

Les ferroélectriques relaxeurs présentent une transition de phase diffuse. Par ailleurs,

la température de maximum de la constante diélectrique εr se déplace vers les plus hautes

températures lorsque la fréquence augmente (Figure I-15). Cette température ne correspond

donc plus à la température de Curie, le terme Tm (température de maximum de permittivité)

est alors plus approprié.

Figure I-15 : Variation de la constante diélectrique εr en fonction de la température pour différentes

fréquences dans le cas d’un matériau relaxeur.

Cet effet n’apparaît que dans les perovskites complexes pour lesquelles les sites A et/ou B

sont occupés par au moins deux cations de valence différentes. Les perovskites à base de

plomb α+ β+y 1-y 3Pb(B C )O présentent dans la grande majorité un effet relaxeur.

I.7.6 Stabilité sous fortes sollicitations

Il est bien connu que les céramiques massives PZT dopé sont classées en deux groupes :

céramiques douces et dures. Sous un même champ électrique, les céramiques douces offrent

potentiellement de plus grandes capacités de déformation donc des propriétés piézoélectriques

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importantes. Toutefois, leur température de Curie est basse et elles se dépolarisent facilement

sous l’action d’une contrainte externe. Les céramiques dures se déforment beaucoup moins

mais peuvent être soumises à des niveaux d’excitation plus élevés aussi bien dans le sens de la

polarisation que dans le sens inverse.

D’une façon générale les monocristaux ont un caractère doux selon les critères des

céramiques de PZT. C’est le cas notamment en ce qui concerne les stabilités en champ

électrique [8], en contrainte [24] et en température [7] (grandeurs statiques).

Dans les trois cas, le manque de stabilité provient essentiellement de la proximité d’une

transition ferroélectrique-ferroélecrique ou ferroélectrique-paraélectrique.

Dans les applications de puissance, les matériaux fonctionnant sous haut niveau de

sollicitation présentent des phénomènes caractéristiques d’un comportement non linéaire. On

observe une augmentation non proportionnelle des pertes qui est essentiellement liée aux

mouvements des murs de domaines [25] ainsi qu’à un échauffement excessif pouvant

conduire à un endommagement du transducteur avec dépolarisation partielle ou complète des

matériaux [26-28].

L’origine des non-linéarités vient du fait que l’existence d’un effet piézoélectrique

macroscopique dans les matériaux est due à un processus tout à fait non linéaire, qui est la

polarisation. En effet les domaines qui ont été orientés pendant le processus de polarisation

vont, sous haut niveau de sollicitations mécanique ou électrique, avoir tendance à reprendre

leur direction initiale. Ces réorientations sont irréversibles et apparaissent suivant un ordre

précis [29]. Dans un premier temps, pour une structure quadratique et rhomboédrique, des

réorientations de domaines dont les axes sont orientés à 180° peuvent avoir lieu sous fort

niveau d’excitation électrique car elles n’entraînent pas de déformation mécanique [30].

Ensuite, un autre type de réorientation apparaît : on observe une rotation de l’axe dipolaire de

90° dans la structure quadratique, de 109 ou 71° dans une structure rhomboédrique qui

implique des changements de dimensions, et donc une déformation. D’après GERTHSEN et

al.[31], le mouvement des murs de domaines à 90° constitue le mécanisme primordial de

pertes diélectriques et mécaniques dans les céramiques.

I.7.6.1 Caractérisation sous contrainte uniaxiale

L’effet de la contrainte uniaxiale sur les propriétés piézoélectriques d’un matériau est

intéressant à connaître, notamment pour les transducteurs qui sont amenés à subir des

contraintes importantes lorsqu’ils sont utilisés dans des applications spécifiques (sonars ou

gyroscopes). Pour mettre en évidence le caractère non linéaire des céramiques

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piézoélectriques sous contrainte statique uniaxiale, on mesure la variation du coefficient de

charge d33 et de la permittivité relative en fonction de cette contrainte. L’évolution du

coefficient de charge d33 est représentée sur la Figure I-16 pour un matériau dur et un

matériau doux.

L’interprétation physique des phénomènes mis en jeu lorsque l’on soumet un matériau

piézoélectrique à une forte contrainte uniaxiale suivant sa direction de polarisation a fait

l’objet d’une recherche approfondie menée par Berlincourt et al [30]. Il faut remarquer que les

non-linéarités observées dépendent du type de PZT considéré. Pour les PZT durs, l’évolution

des coefficients piézoélectriques en fonction de la contrainte uniaxiale est due dans un

premier temps à la libération des domaines ferroélectriques à 90° qui ont été figés dans une

certaine configuration par les défauts au cours du vieillissement. Ce phénomène se traduit par

une augmentation du coefficient d33. Dans un deuxième temps, lorsque l’on augmente

suffisamment la contrainte, il apparaît des basculements à 180° de certains domaines et ces

mouvements sont irréversibles. Pour les PZT doux, ces phénomènes apparaissent pour des

niveaux de contrainte plus faibles que pour les PZT durs.

Figure I-16 : Evolution du coefficient de charge d33 en fonction de la contrainte [32]

I.7.6.2 Stabilité thermique

L’étude de la stabilité thermique d’un échantillon permet de déterminer les conditions

et ses limites d’utilisation. En effet, le fait qu’un matériau présente une transition

ferroélectrique-ferroélectrique comme c’est le cas des formulations PMN-0,33PT à 80°C, peut

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induire des instabilités plus ou moins importantes (non linéarités, hystérésis) et conduit

forcément à des variations des propriétés électromécaniques du matériau (Figure I-17). Ceci

constitue un facteur très important dans de nombreuses applications.

d 31 (

C/N

) N

31 (H

z.m

)

k 31

Q31

ε r

d²/ ε

33 (C

2 .N-2

.F.m

-1)

Figure I-17 : Stabilité thermique d’un échantillon PMN-0,33PT [16]

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II Chapitre II : Techniques expérimentales

Le but de ce deuxième chapitre est de présenter les différentes techniques

expérimentales utilisées pour l’élaboration et la caractérisation physico-chimique et

électromécanique des matériaux piézoélectriques PMN-PT et PZN-PT.

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II.1 Elaboration

II.1.1 Préparation de la céramique

La fabrication des céramiques se fait en plusieurs étapes comme on peut voir sur la

Figure II-1:

Figure II-1 : Schéma de l’élaboration d’une céramique

II.1.1.1 Préparation des poudres

Les poudres ont été élaborées par voie solide. Ce procédé présente l’avantage d’être un

procédé facile à mettre en œuvre et peu coûteux. Il consiste à faire réagir à haute température

un mélange d’oxydes des éléments du matériau à élaborer. Cette technique se fait en trois

principales étapes :

• Mélange :

Le mélange des oxydes, appelés aussi précurseurs, se fait en milieu alcoolique dans des jarres

d’agate contenant des billes de différentes tailles à l’aide d’un broyeur planétaire (200 tr/min).

Les produits de départ sont l’oxyde de plomb (PbO), l’oxyde de titane (TiO2), l’oxyde de

niobium (Nb2O5) et l’oxyde de magnésium (MgO) pour le PMN-PT et l’oxyde de zinc (ZnO)

pour le PZN-PT.

• Traitement thermique :

Le traitement thermique appelé aussi calcination est réalisé vers 800-850 °C pendant 2h. La

calcination à haute température peut provoquer le départ des espèces volatiles (le PbO dans

Préparation de la poudre

Mise en forme des échantillons

Frittage

Rectification et finition

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notre cas). Pour compenser cette éventuelle perte, un léger excès de PbO (1% en masse) peut

être envisagé.

• Broyage :

Les grains formés à haute température se présentent sous forme d’agglomérats qu’il faut

casser. Comme le mélange, le broyage s’effectue en milieu alcoolique dans des jarres d’agate

avec des billes.

II.1.1.2 Mise en forme

Les poudres élaborées par voie solide sont mélangées à un liant organique (solution

aqueuse d’alcool polyvinylique APV) pour faciliter le compactage de la poudre. Le liant

enrobe les grains pour former des ponts plastiques (agglomérats mous) facilement

déformables qui facilitent l’arrangement des particules. Le mélange APV-poudre est ensuite

séché à 60°C pendant 2h puis tamisé (ouverture du tamis <250µm) de manière à éliminer les

gros agglomérats.

La mise en forme des échantillons est faite sous pression uniaxiale. Les échantillons prennent

alors des formes cylindriques. Trois tailles ont été utilisées :

Forme 1 : φ = 7,5 mm e=20mm (5g de poudre)

Forme 2 : φ = 20 mm e=12mm (20g de poudre)

Forme 3 : φ = 30 mm e=12mm (50g de poudre)

Les pastilles ainsi formées sont ensuite chauffées à 600°C pendant 4 heures (formes 1 et 2) et

10 heures (forme 3) pour éliminer le liant organique (étape de déliantage).

II.1.1.3 Frittage

Le frittage peut être défini comme étant la consolidation par action de la chaleur d’un

agglomérat granulaire plus ou moins compact, avec ou sans fusion d’un ou plusieurs

constituants [33]. Le frittage des échantillons est une opération délicate. Elle dépend

essentiellement du profil thermique (vitesse de montée et palier) et de l’atmosphère de

frittage. Ces deux paramètres influent directement sur la densité, la taille des grains et

l’homogénéité en composition du matériau [34]. La température de frittage choisie est de

1250 °C [35] avec une vitesse de chauffage et un palier qui dépendent de la taille des bruts à

fritter.

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Pour éviter la volatilisation de l’oxyde de plomb, le frittage se fait sous atmosphère saturée de

plomb. Pour cela, une poudre d’oxyde (PbZrO3 ou de poudre PMNT) est introduite dans les

creusets de frittage comme le montre la Figure II-2.

Figure II-2 : Dispositif de frittage

II.1.2 Croissance cristalline

II.1.2.1 Four utilisé

Le four utilisé lors des différentes croissances cristallines est un four 3 zones (Société

GERO, Allemagne) dont la température maximale d’utilisation est 1600°C (Figure II-3). Les

résistances chauffantes sont protégées par un tube de travail en alumine divisé en quatre

parties ce qui permet des gradients thermiques assez élevés (de l’ordre de 30 à 50 °C/cm) par

l’utilisation des anneaux réfractaires. Les tirages de cristaux nécessitent entre 8 et 16 jours

suivant le type et les paramètres de croissance.

Les réglages du four sont déterminés à partir de la température de fusion donnée par Analyse

Thermique Différentielle (ATD) et le creuset est placé dans le four de telle sorte que le point

de cristallisation (interface liquide-solide) corresponde au fort gradient (le gradient mesuré est

d’environ 30 à 50 °C/cm).

Le Tableau II-1 donne les paramètres thermiques et mécaniques du four.

Tableau II-1 : Paramètres thermiques et mécaniques du four

Température maximale Vitesse de chauffe Translation lente Translation rapide Rotation

1600 °C 1 – 300 °C/h 0,1 – 3 mm/h 1 – 100 mm/h 0 – 20 tr/min

L'originalité de ce four réside dans le fait qu’il peut être utilisé pour élaborer les monocristaux

par Bridgman et Bridgman modifié (méthodes industrielles) mais également par la méthode

du Flux (technique de laboratoire).

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Figure II-3 : Four de croissance cristalline

II.1.2.2 Méthode Bridgman

Cette technique consiste à placer un creuset en platine contenant les céramiques

destinées à être fondues dans un four multi-zones dans lequel il va être translaté. La

température du four peut atteindre 1400°C; le creuset - scellé pour éviter l’évaporation du

PbO à haute température - reste dans cette température pendant un certain temps

(généralement quelques heures), puis commence la translation du creuset à une vitesse

constante (1 mm/h).

La solidification commence au point déterminé à partir d’une cartographie thermique faite

auparavant et du point de fusion de la composition à élaborer. Le front de solidification se

déplace ensuite lentement vers le haut du creuset, un germe se forme et croît, formant un

unique grain. Cette méthode permet d’avoir des monocristaux uniques, de "grande" taille

(quelques centimètres de longueur).

Un paramètre très important est le choix de la forme du creuset. En fait, la formation d’un

seul grain est d’autant plus probable que la zone refroidie au départ est petite. Toutefois,

l’utilisation d’un germe (élément monocristallin qui favorise la croissance d’un seul grain) est

très courante. La Figure II-4 donne une illustration d’un creuset platine chargé dans un

gradient thermique.

Zone 1 Zone 2 Zone 3

Par

tie m

écan

ique

(T

rans

latio

n –

Rot

atio

n)

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Figure II-4 : Exemple de profil thermique adopté pour le tirage Bridgman des monocristaux

Les paramètres essentiels de cette technique sont :

• Le choix de la température de croissance : En effet cette température doit permettre la

fusion de toute la charge (céramiques) sans pour autant entraîner une forte évaporation

de l’oxyde de plomb (qui présente plus de 60% en masse du composé).

• Le positionnement du creuset : L’interface solide liquide doit être placée de telle sorte

que les germes – éventuellement utilisés – ne fondent pas, tout en assurant à cette

même interface un bon gradient thermique menant à la formation de monocristaux de

bonne qualité et de bonne taille.

II.1.2.3 Méthode du Flux

C’est la technique de croissance typique de laboratoire dans la mesure où elle

nécessite peu de moyens pour obtenir des cristaux d’étude. Elle consiste à faire subir le profil

thermique décrit en Figure II-5, à un mélange pulvérulent constitué des oxydes nécessaires à

la synthèse du matériau et d’oxyde de plomb qui joue le rôle de flux. Cette technique est

utilisée surtout pour les composés à fusion non congruente (cas des PZN-PT), ce qui interdit

leur croissance directe à partir de la phase liquide.

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Figure II-5 : Illustration schématique du profil thermique utilisé pour la méthode du Flux [36]

Dans ce cas-là, seule la croissance dans un flux est possible. Les paramètres essentiels de cette

méthode sont :

• La température maximale (Tsoak) à laquelle le mélange est porté et la durée du palier

(tsoak). La température est stabilisée à Tsoak pendant un certain temps (6h par exemple )

pour faire fondre l’ensemble des constituants.

• La vitesse de refroidissement Cs qui conditionne la taille et la qualité du monocristal.

Le mélange est refroidi jusqu’à TS-F et ensuite il convient d’augmenter la vitesse de

refroidissement Cf pour interdire la formation des phases pyrochlores.

• La quantité et la nature du flux utilisé. Le flux habituellement utilisé est l’oxyde de

plomb PbO, mais l’utilisation de Pb3O4 est intéressante dans la mesure où la

décomposition de Pb3O4 en PbO à 580 °C donne lieu à un dégagement de O2 qui

permet de maintenir une atmosphère oxydante protégeant le creuset platine de la

réduction du PbO en plomb métal.

Les cristaux obtenus sont généralement de faibles dimensions ce qui est un handicap pour

déterminer le tenseur piézoélectrique complet du matériau étant donné le nombre

d’échantillons de différentes tailles nécessaires. Il est par ailleurs impossible d’imposer une

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direction de croissance, ce qui engendre de grandes pertes de matières lors de l’orientation des

axes cristallographiques et de la découpe.

La Figure II-6 donne un schéma du creuset en platine utilisé pour la croissance par la méthode

de Flux. Pour charger le creuset, on le remplit du mélange de poudres et on porte l’ensemble à

sa température de fusion (vers 900°C) en évitant de favoriser la perte de PbO (temps de palier

court à Tsoak). La réduction du volume de la poudre par la densification au cours du chauffage

impose un chargement en plusieurs étapes jusqu’à remplissage complet du creuset.

Après élaboration des monocristaux, le flux résiduel est éliminé au moyen d’acide nitrique

dilué bouillant pendant 24h, ou d’acide acétique bouillant [37].

Figure II-6 : Creuset en platine chargé en vue d’une croissance par la méthode de Flux

II.1.2.4 Méthode de Bridgman modifié

La charge d’un creuset peut être constituée seulement des céramiques dont la

formulation correspond à celle du monocristal que l’on souhaite synthétiser, dans ce cas on

parle de méthode de Bridgman, soit du matériau à élaborer et d’oxyde de plomb jouant le rôle

de flux, on parle alors de Bridgman avec flux ou Bridgman modifié. Cette technique est

intéressante dans la mesure où elle combine les avantages de la méthode Bridgman classique

(cristaux de grande taille) et ceux de la méthode du Flux (croissance à "basses" températures).

II.2 Caractérisation physico-chimique

II.2.1 Analyses thermiques ATD-TG

L’Analyse Thermique Différentielle (ATD) est une technique dans laquelle la

différence de température entre un échantillon et une référence (inerte thermiquement) est

enregistrée en fonction du temps ou de la température. Le capteur à base de thermocouples

délivre le signal différentiel ∆T correspondant à la différence de température entre

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l’échantillon et la référence, ainsi que le signal de la température T de l’échantillon. L’analyse

thermogravimétrique (ATG) mesure la variation de masse de l’échantillon en fonction du

temps ou de la température. L’appareil utilisé est un multi-détecteur Setaram ligne 96.

II.2.2 Diffraction des rayons X et orientation des cristaux

L’appareil utilisé est un diffractomètre Xpert Pro (Panalytical) utilisant la radiation

CuKα du cuivre (λ=1.5418Å). Ce diffractomètre est équipé d’une chambre haute température

(HTK16 Anton Paar) qui permet de suivre l’évolution de la structure cristalline lors d’un

traitement thermique.

Le taux de phase rhomboédrique est déterminé à partir des intensités des pics (200)T et (002)T

pour la phase quadratique et (200)R pour la phase rhomboédrique selon l’expression :

(200)

(200) (200) (002)

% R

R T T

IR

I I I=

+ + II-1

Le traitement des diffractogrammes et la détermination des paramètres de maille sont

effectués à l’aide des logiciels X'Pert High Score et X'Pert Plus. La déconvolution des pics

pour déterminer les taux de phase en présence est faite par Profile Fit. Tous ces logiciels sont

fournis par Panalytical.

L’orientation d’un monocristal se passe en deux étapes : Dans un premier temps, une analyse

par diffraction des rayons X (DRX) est réalisée sur un cristal broyé ce qui permet de

déterminer les angles 2θ associés aux distances inter-réticulaires (dhkl) des pics recherchés.

Ensuite un cristal massif est placé sur le porte-échantillon. L’angle 2θ correspondant à la

direction recherchée est maintenu constant pendant un double scan angulaire du porte-

échantillon. Le dispositif de mesure est illustré sur la Figure II-7.

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58

RX ψ

ϕ

θ

Cristal

Figure II-7 : Dispositif d’orientation mis en place au laboratoire

La figure de pôles permet de déterminer précisément les angles (ϕ,ψ) pour lesquels la

direction recherchée diffracte (reproductibilité à +/- 0.1°). Un exemple est donné sur la Figure

II-8.

ψ (°) ϕ (°)

(u.a.)

Figure II-8 : Exemple de pôle obtenue sur un cristal de PMN-0,40PT

II.2.3 Spectroscopie d’absorption atomique

Cette technique permet de doser certains éléments chimiques constituant les

céramiques ou cristaux. La spectrométrie atomique étudie les émissions ou absorptions de

lumière par l'atome libre, c'est à dire lorsque celui-ci voit son énergie varier au cours d'un

passage d'un de ses électrons d'une orbite électronique à une autre. Généralement seuls les

électrons externes de l'atome sont concernés. Ce sera le cas si les énergies mises en jeu sont

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modérées. La principale technique mettant en jeu la spectroscopie atomique utilisée en

analyse chimique est l'émission de flamme et l'absorption atomique qui est une analyse

quantitative des éléments à faibles teneurs. Le dispositif expérimental (Figure II-9) utilisé en

absorption atomique se compose d'une source, la lampe à cathode creuse , d'un brûleur et un

nébuliseur , d'un monochromateur et d'un détecteur relié à un amplificateur et un

dispositif d'acquisition.

Figure II-9 : Illustration schématique du principe de la spectroscopie d’absorption atomique

L’étape la plus délicate dans l’analyse est la préparation de la solution. En effet, la mise en

solution se fait par dissolution de l’échantillon à analyser (la masse à dissoudre dépend des

limites de détection de l’élément) dans un flux de tétraborate de lithium à 1060 °C et dans 1 à

10 % en volume d’acide chlorhydrique selon l’élément. La flamme air/acétylène est la plus

couramment utilisée et permet de réaliser le dosage de nombreux éléments. Sa température est

de 2500°C environ. La flamme protoxyde d'azote /acétylène est utilisée pour certains

éléments qui forment des oxydes réfractaires particulièrement solides et ne sont pas atomisés

par la flamme air/acétylène.

II.2.4 Microscopie électronique à balayage

C’est une technique basée sur la détection des électrons secondaires récoltés par

bombardement de l’échantillon. Elle permet d’obtenir une image haute résolution et à grande

profondeur de champ. La microscopie électronique à balayage apporte des informations sur la

forme et la taille des grains. Cette technique permet d’estimer la distribution granulométrique,

la taille moyenne des grains après le frittage et d’évaluer qualitativement la présence de

porosité. Les micrographies sont réalisées à l’aide du microscope JMS 840 (JEOL) au centre

d’études et de caractérisations microstructurales (CECM) de l’INSA de Lyon.

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60

II.3 Caractérisation diélectrique et piézoélectrique

II.3.1 Polarisation des matériaux

Avant polarisation, les échantillons (céramiques ou cristaux orientés) sont rectifiés aux

dimensions indiquées dans le Tableau I-2. Une fois les échantillons métallisés, on procède à la

polarisation. Cette étape est réalisée dans un bain d’huile silicone (chauffé ou non selon le

matériau à polariser) sous un champ électrique externe donné (généralement le champ de

polarisation est au moins deux fois plus grand que le champ coercitif Ec).

II.3.2 Mesures des constantes diélectriques

Les échantillons sont assimilés à des condensateurs plans. La détermination de la

capacité et des pertes diélectriques (tanδ) se fait à l’aide d’un impédancemètre HP 4284A

sous faible niveau d’excitation (0,5V/mm) et à une fréquence de 1 kHz.

La valeur de la constante diélectrique εr est calculée à partir de la relation :

ro

eCS

εε

= II-2

Où :

e : distance inter-électrode,

S : surface de l’électrode,

ε0 : permittivité du vide

C : capacité mesurée.

L’évolution de la constante diélectrique en fonction de la température permet de déterminer la

température de Curie (correspond au maximum de la permittivité). L’échantillon est placé

dans un four relié à l’analyseur d’impédance HP4194A (Agilent). Les deux appareils sont

pilotés par un ordinateur qui permet l’acquisition simultanée de la température et de la

constante diélectrique pour différentes fréquences. La précision sur la température est de

0,5°C (pour une vitesse de montée de 1°C/min).

II.3.3 Cycle d’hystérésis

La méthode consiste à mesurer la polarisation d’un matériau ferroélectrique en

fonction du champ électrique qui lui est appliqué grâce à générateur haute tension. Les cycles

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P-E permettent de déterminer les polarisations spontanée et rémanente (Ps et Pr) ainsi que le

champ coercitif Ec. Les cycles sont réalisés à l’aide d’un montage de type Sowyer – Tower (

Figure II-10).

Figure II-10 : Schéma du montage Sowyer – Tower utilisé pour la mesure des cycles P-E

L’échantillon de capacité C est mis en série avec une capacité C0 telle que C0>>C (C0 =

10µF). Le cycle d’hystérésis correspond en fait à la variation de la tension V0 en fonction de

V'.

En effet, on a :

oD E P= +ε II-3

Or oE P<<ε

D’où :

0 0C VQ CVD P

S S S= = = = II-4

Où Q est la charge électrique sur les armatures de l’échantillon et S la surface des armatures.

Et comme V'=V0+V et 0

0

CV V

C= avec C0>>C. Donc V0<<V et V'≈V.

Finalement V0=f(V') équivaut P=f(E) avec V'

E=e

où e est l’épaisseur de l’échantillon.

II.3.4 Mesures des constantes piézoélectriques

• Le coefficient de charge d33 est mesuré à l’aide d’un Berlincourmètre (Channel

Products Inc.). Le principe de la mesure est le suivant : Une force de 1 N est appliquée

V V' V0

C

C0

V

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sur l’échantillon à une fréquence de 100Hz pour ensuite recueillir une variation de

charge Q. Le coefficient d33 est donné par la relation :

33Q

=F

d (en pC/N) II-5

• Le facteur de couplage électromécanique (dans tous les modes) et le coefficient de

surtension mécanique sont déterminés grâce à l’analyseur d’impédance (HP4194A)

piloté par un ordinateur.

fm

fM

Figure II-11 : Evolution du module et de la phase de l’admittance d’un matériau ferroélectrique

Les coefficients de couplage sont à partir des relations suivantes : 2 cotij X Xk g= avec ij = 33 ou 15 II-6

231

11-

=k tgXX

II-7

avec 2M

m

fXf

π=

Où fm est la fréquence de résonance et fM la fréquence d’antirésonance qui correspondent

respectivement au maximum et au minimum du module d’admittance (Figure II-11).

Le coefficient Qm est calculé selon l’équation :

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1 2m

2 1

f fQ

f f=

− II-8

Où f1 et f2 sont les fréquences quadrantales correspondant à une phase de +45° et-45°.

Les caractéristiques diélectriques et électromécaniques sont mesurées à température ambiante

et 24 heures après polarisation, délai indiqué par les normes I.E.E.E. [38].

II.3.5 Stabilité thermique

Le principe de la mesure est de suivre l’évolution des caractéristiques diélectriques et

piézoélectriques en fonction de la température. Pour cela, l’échantillon est placé dans une

étuve et relié à l’analyseur d’impédance HP4194A (Agilent). Les deux appareils sont pilotés

par un ordinateur qui permet l’acquisition simultanée de la température, des fréquences de

résonance et antirésonance, et de la capacité de l’échantillon. Ceci permet de déterminer tous

les coefficients électromécaniques. La vitesse de chauffage et de refroidissement est égale à

1°C/min. Un exemple de profil thermique pour les deux monocristaux étudiés est présenté sur

la Figure II-12.

Figure II-12 : Exemple de profil thermique utilisé pour étudier la stabilité thermique des monocristaux PMN-PT et PZN-PT

-40

100

130

25

-40

8090

-50

-20

10

40

70

100

130

160

0 100 200 300 400 500 600

Temps (min)

T (°

C)

PZNT

PMNT

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64

II.3.6 Evolution du coefficient de charge d33 sous contrainte uniaxiale

Pour caractériser un matériau sous contrainte uniaxiale, on étudie la variation du

coefficient de charge d33 en fonction de la contrainte mécanique sur des barreaux (2×2×7

mm3) polarisés. La contrainte mécanique est appliquée suivant l’axe de polarisation (axe 3) et

notée T3. Le principe de la mesure consiste à soumettre le matériau à une force statique

uniaxiale importante parallèle à la direction de polarisation et à lui superposer une force

dynamique F sinusoïdale basse fréquence (120 Hz) de faible amplitude (quelques mN) [39].

La force statique appliquée est égale à Fs = T3.S où S est la surface de l’électrode. Le

coefficient de charge d33 est calculé à partir de la charge débitée Q et de la force dynamique

appliquée F selon :

33

E=constante

Qd = F

II-9

L’incertitude de mesure sur le coefficient d33 est de 5%.

II.3.7 Mesures pyroélectriques

La pyroélectricité, existant seulement dans les cristaux non centro-symétriques,

correspond à la variation de la polarisation spontanée lors d’un changement de température.

Les mesures de pyroélectricité consistent à étudier des matériaux présentant une polarisation

spontanée Ps, qui se mesure en densité de charges par unité de surface. Cette polarisation a

pour origine une asymétrie du réseau cristallin, il s’agit de charges fixes liées au réseau et par

conséquent difficilement mesurables. Pour ce faire, l’échantillon polarisé est soumis à une

variation linéaire de température (1 °C/min) et relié à un enregistreur Kipp&Zonen qui permet

d’acquérir simultanément la température et la variation du courant qui permet après

intégration de remonter à la variation de la polarisation spontanée de l’échantillon.

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65

III Chapitre III : Croissance et caractérisation du PZN-0,045PT élaboré par Bridgman modifié

Ce chapitre présente le procédé de fabrication des monocristaux PZN-0,045PT par la

méthode Bridgman modifié. Ce procédé combine les avantages de la méthode Bridgman

classique (croissance dans un fort gradient thermique) et la méthode du Flux (températures de

croissance moins élevées). Après la présentation du banc de tirage et de ses paramètres de

réglage, les optimisations effectuées pour la croissance des cristaux de PZN-0,045PT sont

abordées. Les résultats de la caractérisation physico-chimique (taux de phase pérovskite,

phase en présence, analyse thermique) sont donnés.

Dans un deuxième temps, les mesures de stabilité sous sollicitations externes des

caractéristiques électromécaniques effectuées sur les monocristaux sont présentées. Enfin,

certaines caractéristiques des monocristaux PZN-0,045PT obtenus par la méthode Bridgman

modifié et celle du Flux sont comparées.

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66

III.1 Introduction

Les caractéristiques des monocristaux (1-x)Pb(Zn1/3Nb2/3)O3-xPbTiO3 sont très

sensibles aux conditions de croissance. La synthèse du PZN-PT est difficile à cause de la

faible stabilité de la perovskite [40]. La faible valeur du facteur de tolérance et la différence

d’électronégativité rendent la phase perovskite de ce composé moins stable que la phase

pyrochlore.

III.2 Préparation des précurseurs

III.2.1 Préparation de la poudre

La poudre PZN-PT est préparée par réaction en voie solide à température élevée entre

des poudres d’oxydes de plomb, de zinc, de niobium et de titane. Le schéma réactionnel est le

suivant :

2 5 2 1/3 2/3 0,955 0,045 3800-850°C0,955 0,955

PbO+ ZnO+ Nb O +0,045TiO Pb(Zn Nb ) Ti O3 3

∆⎯⎯⎯⎯⎯⎯→

Tableau III-1 : Caractéristiques des oxydes utilisés pour l’élaboration des poudres PZN-PT

Oxide PbO ZnO Nb2O5 TiO2

Fournisseur

Pureté (%)

Quartz et Silice

97

Merck

99

Aldrich

99,9

Merck

≥ 99

Les poudres PbO, ZnO, Nb2O5 et TiO2 sont mélangées pendant 2 heures dans un milieu

alcoolique à l’aide d’un broyeur planétaire (200 Tr/min). Après un traitement thermique à

800°C on obtient une poudre constituée en plus de la perovskite, d’environ 50% de

pyrochlore, identifié comme étant Pb1.83Nb1.71Zn0.29O6.39 (code référence : 34-0374) et de

certains oxydes de départ (Figure III-1).

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67

Figure III-1 : Diagramme de DRX de la poudre PZNT 95,5/4,5

La Figure III-1 montre la difficulté d’élaborer les céramiques PZN-PT par voie solide

classique. Néanmoins, il a été montré que la stabilisation de la perovskite peut être obtenue

par dopage avec du Baryum par exemple (système PZN-PT-BT) [41, 42].

III.2.2 Croissance cristalline

La poudre ainsi élaborée, est mélangée au Pb3O4 utilisé comme flux avec un rapport

molaire réactifs/flux égal à 40/60. Comme on a vu dans le paragraphe II-1-2-3, le gaz O2

dégagé lors de la décomposition de Pb3O4 en PbO permet la protection du creuset platine

d’une éventuelle réaction avec le plomb métal. Environ 10% en masse du liant (alcool

polyvinylique APV) sont ensuite ajoutés au mélange réactifs-flux pour faciliter le compactage

de la poudre en pastilles de 25mm de diamètre et des briquets de 6,3 mm de diamètre

rectifiées ensuite au bon diamètre. Une analyse ATD-TG réalisée sur un mélange réactifs-

APV a montré que l’APV disparaît totalement à partir de 450°C. La température de déliantage

est donc fixée à 500°C pour éviter la décomposition de Pb3O4 en PbO qui se produit vers

580°C.

Le creuset en platine scellé et chargé est placé dans un gradient de 35 °C/cm qui est assez

élevé pour permettre l’obtention de gros cristaux (Figure III-2). Notons que les mêmes

creusets sont utilisés pour les tirages Bridgman classique et les tirages Bridgman modifié. La

position sur la Figure III-2 correspond au positionnement du thermocouple dans le four de

croissance. Ainsi, le creuset est placé dans le four de telle sorte que l’interface solide-liquide

(point de cristallisation) soit tout le long de la croissance dans la zone où le gradient

thermique est le plus grand.

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68

0 50 100 150 200 250 300

800

1000

1200

1400

0 50 100 150 200 250 300 0

10

20

30

40

Température (°C)

Gradient (°C/cm)

position (mm)

Figure III-2 : Résultat de la cartographie précédant le tirage Bridgman modifié

Le Tableau III-2 regroupe les paramètres de croissance utilisés pour ce tirage. Ces paramètres

sont ceux de la zone 2. La croissance s’est faite sans germes. Les températures des zones 1 et

3 durant la croissance sont respectivement 1300 et 800 °C. A la fin du tirage, une perte de

masse de 4% a été constatée, due essentiellement à la perte de masse qui a accompagné la

décomposition de Pb3O4 en PbO.

Tableau III-2 : Paramètres de croissance du PZN-0,045PT par Bridgman modifié

Etape T° finale (zone 2) Rampe Temps de

palier Translation Temps total

Chauffe

Fusion

Croissance

Refroidissement

Refroidissement libre

1330°C

1330°C

1330°C

500°C

ambiante

100°C/h

-

-

200°C/h

-

0

6h

12j 12h

0

-

0

0

0,5 mm/h

0

-

13h

19h

13j09h

13j13h

≈13j18h

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69

III.3 Caractérisation physico-chimique

III.3.1 Diffraction des rayons X

L’analyse DRX réalisée sur le cristal obtenu (Figure III-3) n’a montré aucune trace de

phase pyrochlore, ce qui signifie que le Pb(Zn1/3Nb2/3)O3 et le PbTiO3 ont formé une parfaite

solution solide qui s’est traduite par un taux de phase perovskite de 100%. Le Tableau III-3

donne les indices de trois familles de raies caractéristiques (h00), (hh0) et (hhh) pour

différents systèmes cristallins.

Tableau III-3 : Indices des raies pour différents systèmes cristallins. Type de raies

Système cristallin (h00) (hh0) (hhh)

Cubique

Quadratique

Rhomboédrique

h00

00h - 0h0

h 00

hh0

hh0 - h0h

hh0 - h h0

hhh

hh0 - h0h

hhh - h hh

A partir de la Figure III-3, l’unicité du pic de la raie (200) et le dédoublement du pic (222)

montrent sans ambiguïté que le matériau obtenu est de symétrie rhomboédrique.

Figure III-3 : Diffractogramme d’un cristal broyé PZN-0,045PT

Le Tableau III-4 regroupe les paramètres de maille du matériau à l’ambiante et à 300 °C. Ces

résultats concordent avec ceux donnés dans la littérature [43].

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70

Tableau III-4 : Paramètres de maille de PZN-0,045PT à l’ambiante et à 300 °C Paramètre Rhomboédrique (ambiante) Cubique (300 °C) a = b = c (Å) α = β = γ (°) V (Å3)

4,0549(5) 89,93 66,676

4,0596(6) 90

66,902

III.3.2 Analyse thermique

La Figure III-4 montre les résultats de l’analyse ATD-TG d’un échantillon de cristal

broyé réalisée en creuset ouvert. Trois pics endothermiques ont été observés à 1125, 1195 et

1249 °C. Le pic à 1125 °C indique une décomposition partielle du monocristal PZN-0,045PT

menant à la formation d’une phase pyrochlore, confirmée par une analyse par diffraction des

rayons X en température (de l’ambiante à 1150°C) (Figure III-5).

Figure III-4 : Courbes de l’analyse ATD-TG du PZN-0,045PT élaboré

Le PbO résultant de cette décomposition forme avec le PZN-0,045PT non décomposé un

système binaire. Ce système binaire local a provoqué une fusion de cristal dans le flux PbO

qui se traduit par le pic endothermique à 1195°C. Le point liquidus qui exprime la fin de la

fusion apparaît à 1249°C. Cette décomposition des matériaux PZN-PT explique pourquoi la

croissance ne peut pas se faire directement à partir d’un mélange stœchiométrique et que

l'addition de PbO est indispensable pour obtenir ce type de monocristaux. La perte en masse

____ heat flow ------ Pertes de masse-20

-18

-16

-14

-12

-10

-8

-6

-4

-2

0

850 900 950 1000 1050 1100 1150 1200 1250Température (°C)

Hea

t flo

w (µ

V)

-16

-14

-12

-10

-8

-6

-4

-2

0

Pert

es d

e m

asse

(%)

1125 °C

1195 °C

1249 °C

Exo

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71

qui est de l’ordre 8% à 1250°C explique la nécessité de travailler avec des creusets scellés lors

de la croissance.

Figure III-5 : Diffractogrammes montrant la décomposition du PZN-0,045PT et la formation de la

phase pyrochlore ( )

III.4 Caractérisations diélectrique et piézoélectrique en mode latéral

III.4.1 Polarisation

Les échantillons ont été coupés, orientés de telle sorte que les faces métallisées soient

<001> ou <110>. Tous les échantillons ont les dimensions 10×2×1 mm3 . La Figure III-6

donne les différentes coupes cristallographiques étudiées.

Coupe 1 : Polarisation <001> Vibration <010>

Coupe 2 : Polarisation <001> Vibration <110>

Coupe 3 : Polarisation <110> Vibration <001>

Coupe 4 : Polarisation <110> Vibration <1ī0>

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Figure III-6 : Les quatre coupes cristallographiques étudiées.

La Figure III-7 donne les résultats de l’étude de polarisabilité réalisée sur une dizaine

d’échantillons polarisés <001> et <110> (coupes 1 et 3). L’évolution de facteur de couplage

électromécanique k31, des constantes piézoélectriques d31 et d33, et de la constante diélectrique

εr en fonction du champ de polarisation montre une saturation dès que le champ atteint 900

V/mm.

k 31

(%)

d 31

(pC

/N)

d 33

(pC

/N)

ε r

Figure III-7 : Propriétés diélectriques et piézoélectriques en fonction du champ de polarisation pour

les coupes 1 et 3

<001>

<010>

<001>

<110> <110>

<001> <1ī0>

coupe 1 coupe 2

coupe 3 coupe 4

<110>

Pola

risat

ion

Vibration

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La Figure III-8 montre l’évolution de la polarisation rémanente Pr en fonction du champ de

polarisation d’un échantillon de coupe 1.

Figure III-8 : Polarisation rémanente pour différents champs de polarisation pour la coupe 1

Au vu de ces résultats, on peut conclure que :

- Une polarisation partielle est obtenue pour des valeurs de champ voisines de celle du champ

coercitif.

- A partir de 1200V/mm, les coefficients atteignent leurs valeurs maximales puis commencent

à décroître.

Par conséquent le protocole de polarisation est fixé à un champ électrique de 1200V/mm, à

température ambiante, et pendant 1 minute pour les quatre coupes cristallographiques.

III.4.2 Cycles d’hystérésis

La Figure III-9 montre les cycles d’hystérésis à la température ambiante de deux

échantillons de coupe 1 (polarisation <001>) et coupe 3 (polarisation <110>). Les deux

échantillons présentent un cycle saturé avec sensiblement les mêmes champs coercitifs (340

V/mm pour la coupe 3 contre 320 V/mm pour la coupe 1). Par contre la polarisation

rémanente est plus importante dans le cas de la coupe 3 (0,37 C/m² contre 0,25 C/m²).

0

0,05

0,1

0,15

0,2

0,25

0,3

0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2 1,4 E (kV/mm)

P r (C

/m²)

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Figure III-9 : Cycle d’hystérésis des coupes 1 et 3

La Figure III-10 donne une illustration schématique de la polarisation rémanente dans les

directions de polarisation <001> et <110>. Cette figure explique pourquoi la polarisation

rémanente est plus importante dans le cas d’une polarisation <110>. En fait, la polarisation

rémanente de chacune des deux directions peut s’écrire comme suit :

Pr_<110> = Pr_<111> × cosα III-1

Pr_<001> = Pr_<111> × cosβ III-2

Où α et β sont respectivement les angles entre les directions <110> et <111> d’une part et

<001> et <111> d’autre part (α=35° et β=55°).

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Figure III-10 : Illustration schématique de la polarisation rémanente dans les directions

<001> et <110>

III.4.3 Températures de transition

La Figure III-11 donne l’évolution de la constante diélectrique en fonction de la

température et pour des fréquences de 100 Hz, 1kHz et 10 kHz pour un échantillon de coupe

1. La constante diélectrique montre deux pics pour toutes les fréquences de mesure.

Figure III-11 : Dépendance en température de la constante diélectrique

pour différentes fréquences

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Le premier à 124°C indique une transition ferroélectrique – ferroélectrique d’une phase

rhomboédrique (R3m) à une phase quadratique (P4mm). Le second pic à 166°C traduit une

transition ferroélectrique – paraélectrique (d’une phase quadratique à une phase cubique).

III.4.4 Influence des directions de polarisation et de vibration sur les

propriétés

Le Tableau III-5 regroupe les propriétés diélectriques et piézoélectriques en mode

latéral des différentes coupes cristallographiques étudiées.

Tableau III-5 : Caractérisation en mode latéral de PZN-0,045PT en fonction des coupes cristallographiques. Pour comparaison les caractéristiques d’une céramique industrielle (Morgan

Matroc) sont présentées

Référence εr k31 (%) d31 (pC/N) d33 (pC/N) Q31 11Es (10-12 m2N-1) d31×Q31 (pC/N)

coupe1

coupe2

coupe3

coupe4

PZT8

6173

5488

3093

3018

1100

-49

-82

-86

-75

-35

-1096

-1149

-1475

-621

-130

2440

2380

902

989

230

117

129

220

221

1000

76,2

37,9

103

25,7

12,8

-128 232

-148 221

-324 500

-137 241

-130 000

Le champ électrique de mesure est fixé à 10mV/mm. Cela assure des niveaux de déformation

réduits au sein du matériau et permet d’obtenir la valeur réelle du facteur de surtension

mécanique Q31 [16]. Les coefficients sont déterminés à partir des mesures de la capacité Cbf à

1kHz et des fréquences de résonance et d'antirésonance. D’après le Tableau III-5, il est clair

que les faibles valeurs de facteur de qualité mécanique du cristal sont compensées par des

coefficients d31 élevés contrairement à la céramique PZT8, classiquement utilisée dans les

applications. Le tableau montre aussi que les coefficients dépendent fortement de la direction

de polarisation et de vibration.

Direction de vibration : coupes 1 et 2

Contrairement aux céramiques piézoélectriques, une certaine anisotropie existe pour certains

coefficients (k31, 11Es ) dans le plan perpendiculaire à l'axe de polarisation. En conséquence, les

coefficients en mode latéral dépendent de la direction de vibration.

En fait, en passant de la coupe 1 à la coupe 2 (une rotation de la direction de vibration de 45°

autour de l’axe de polarisation), la souplesse diminue [5] dans le cas d’une polarisation 4mm

(ce qui est confirmé par les résultats du Tableau III-5).

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77

Or, les constantes piézoélectriques d et diélectriques ε ne doivent en principe pas changer

quand la direction de vibration varie dans le cas d’une symétrie 4mm, et puisque le facteur de

couplage électromécanique s’écrit :

231

31 _ 45

11 _ 45 33E T

dk

s ε°

°

= III-3

Ceci explique le gain en couplage entre les coupes 1 et 2.

Direction de polarisation : coupes 1 et 3

De la même manière, ces caractéristiques dépendent aussi de la macro-symétrie dans les

monocristaux. Un monocristal PZN-0,045PT a une symétrie locale (microscopique)

rhomboédrique 3m mais une fois polarisé, sa symétrie macroscopique devient quadratique

(4mm) pour une polarisation suivant <001> et orthorhombique (2mm) si la direction de

polarisation est <110>. Les caractéristiques mesurées montrent un optimum pour la direction

de polarisation <110> et <001> comme direction de vibration (coupe 3) pour lesquelles les

valeurs de Q31, d31, k31 les plus élevées sont obtenues. Cette configuration apparaît la plus

adaptée aux transducteurs résonants. La figure de mérite Q31×d31 est intéressante pour les

applications visant une déformation maximale au centre de la barre latérale à la fréquence de

résonance dans le cas purement linéaire [16].

0 31 3 314

xS d E Qπ= = III-4

Où : S est la déformation et E3 est le champ électrique

III.5 Stabilité des monocristaux

III.5.1 Stabilité en température des caractéristiques

La dépendance en température des propriétés piézoélectriques des différentes coupes

cristallographiques de 0,955Pb(Zn1/3Nb2/3)O3-0,045PbTiO3 a été étudiée. En raison de leur

basse température de transition rhomboédrique – quadratique, (TRT= 124°C) et du point de

Curie (Tc = 166°C), les propriétés de ces monocristaux ont un comportement instable dès que

la première température de transition est atteinte, c’est à dire que les coefficients

piézoélectriques montrent un comportement non linéaire et hystérétique pendant le cycle

thermique. L'objectif de ce paragraphe est d'étudier la stabilité thermique des coefficients

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78

piézoélectriques et diélectriques pour les quatre coupes ainsi que l’effet de la transition R-T

sur les propriétés d’un échantillon de coupe 3.

III.5.1.1 Stabilité thermique des quatre coupes cristallographiques en dessous de la température de transition TR-T

La Figure III-12 donne l’évolution de la constante de fréquence N31, du facteur du

couplage électromécanique k31, du coefficient piézoélectrique en mode latéral d31 et de la

constante diélectrique εr pour les quatre coupes cristallographiques. Le profil thermique utilisé

est le suivant : 25 100 40 100 40 25C C C C C C° → ° → − ° → ° → − ° → °

Avec une cinétique de chauffage/refroidissement de 1 °C/min.

On observe que quelque soit la coupe, la constante de fréquence N31 présente une variation

négative quand la température augmente. Cette dépendance confirme que les échantillons en

question sont majoritairement rhomboédriques (dans notre cas totalement rhomboédrique)

[44-46]. Durant tout le cycle thermique, les quatre coupes ne présentent aucun hystérésis.

N31

(Hz.

m)

d 31 (

pC/N

)

k 31 (

%)

ε r

Figure III-12 : Stabilité en température des quatre coupes cristallographiques étudiées

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III.5.1.2 Stabilité thermique de la coupe 3 (110/001) jusqu’à une température comprise entre TR-T et Tc

Compte tenu des résultats donnés dans le Tableau III-5 qui montre que la coupe 3 est

celle qui donne les meilleurs résultats, la stabilité thermique d’un échantillon de cette coupe

(polarisation selon <110> et vibration suivant <001>) est donnée par la Figure III-13. Le

profile thermique utilisé est le suivant :

25 100 40 130 40 25C C C C C C° → ° → − ° → ° → − ° → °

Le but de ce type de profile est de faire subir au matériau dans un premier temps un cycle

n’engendrant pas de transition de phase, c’est-à-dire que la température maximale est

maintenue en dessous de la transition rhomboédrique/quadratique, et dans un deuxième temps

un second cycle pour évaluer les effets de la transition de phase sur les propriétés du matériau

ainsi que leur réversibilité après retour à la température ambiante.

La Figure III-13 représente l’évolution de la constante de fréquence N31, du facteur du

couplage électromécanique k31, du coefficient piézoélectrique en mode latéral d31 et de la

constante diélectrique εr dans le cas d’un échantillon de coupe 3.

Température (°C) Température (°C)

N31

(Hz.

m)

d 31 (

pC/N

)

k 31 (

%)

ε r

Figure III-13 : Stabilité thermique d’un échantillon de coupe 3 (polarisation <110> ; vibration <001>)

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80

Durant le premier cycle (Tmax = 100°C), l’échantillon présente une grande stabilité en

température, mais à l’approche de la température de transition TR-T, les coefficients N31, d31,

k31 et εr présentent un hystérésis thermique important. D'une façon générale, le constat suivant

peut être fait :

• La transition de phase induit un hystérésis des propriétés du matériau. La température

de fonctionnement du cristal ne doit donc pas dépasser les 100°C.

• Après retour à la température ambiante, les propriétés initiales du matériau sont

retrouvées. Ce retour à l’état initial des caractéristiques montre que l’échantillon ne

s’est pas dépolarisé de manière irréversible lorsque la transition a été franchie.

Pour valider ce dernier point, le comportement de la polarisation lors d’une sollicitation

thermique a été étudié. La courbe de la Figure III-14 montre l’évolution de la polarisation

d’un échantillon de coupe 3 en fonction de la température sur la gamme +25°C → +130°C. Le

matériau présente une dépolarisation partielle d’environ 5% après retour à la température

ambiante, ce qui explique la réversibilité de la transition rhomboédrique/quadratique

constatée précédemment. A la proximité de la température de transition R-T, la polarisation

présente un comportement similaire à celui constaté pour les coefficients macroscopiques du

matériau (k31, d31…) avec une variation de la polarisation de 45% à 130°C.

Figure III-14 : Evolution de la polarisation d’un échantillon de coupe 3 en fonction de la température

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81

III.5.2 Stabilité sous contrainte

Il est possible de réaliser la mesure du coefficient d33 sous contrainte mécanique

statique jusqu’à 140 MPa pour mettre en évidence la contrainte critique à partir de laquelle le

matériau commence à se dépolariser. La Figure III-15 montre l’effet de la contrainte uniaxiale

sur le coefficient de charge d33 d’un échantillon PZN-0,045PT polarisé suivant la direction

<001>. La courbe passe par un maximum qui correspond à la contrainte critique T3c. Au-delà

de cette contrainte, une chute importante est observée. Cette forte diminution du coefficient

d33 (qui logiquement indique une dépolarisation partielle et irréversible du matériau) est due

au basculement des domaines perpendiculairement à la direction de l’application de la

contrainte. L’augmentation du coefficient d33 entre 0 et 40 MPa est expliquée dans le cas des

céramiques par le mouvement des murs de domaines dû à leur "dépiégeage" d’une part, et par

un rajeunissement de la céramique d’autre part [47]. Comme dans notre cas, la mise sous

contrainte a été réalisée sur un échantillon polarisé 5 heures auparavant et que les

caractéristiques du matériau ne changent quasiment pas dans cet intervalle de temps [48],

seule l’explication du mouvement des murs de domaines reste plausible. A la fin du cycle de

contrainte, une chute d’environ 50% a été observée sur la valeur du coefficient de charge d33

et aucun retour dans le temps n’a été observé. La contrainte critique T3c à partir de laquelle le

matériau commence à se dépolariser est ainsi estimée à 40MPa. Il peut s’agir là d’une

limitation à l’utilisation des cristaux de PZN-PT, car dans de nombreuses applications les

matériaux piézoélectriques sont précontraints (transducteur, moteurs ultrasonores …..).

Figure III-15 : Coefficient piézoélectrique d33 en fonction de la contrainte appliquée

0

0,2

0,4

0,6

0,8

1

1,2

0 20 40 60 80 100 120 140 160 Contrainte T3 (MPa)

d 33

(nor

mal

isé)

T3c

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82

III.6 Comparaison avec le PZN-0,045PT élaboré par la méthode du Flux

Pour déterminer l’effet de la méthode de croissance sur les propriétés des

monocristaux PZN-0,045PT, une étude comparative a été faite sur ce matériau élaboré par

deux voies différentes : méthode Bridgman modifié (BM) et méthode du Flux (F).

La Figure III-16 montre les cristaux obtenus par les deux méthodes. On peut noter que la

taille du cristal obtenu par Bridgman modifié est supérieure à celle des cristaux obtenus par la

méthode du Flux [49].

(a)

(b)

Figure III-16 : Monocristaux PZN-0,045PT synthétisés par les deux méthodes (a) Bridgman modifié et (b) Flux

Les résultats de la comparaison des deux matériaux sont les suivants :

• Le paramètre de maille rhomboédrique à la température ambiante est: a = 4.0549 Å

(BM) et a = 4.0542 Å (F), alors qu’à T = 300 °C la structure est cubique et le

paramètre de maille devient : a = 4.0595 Å (BM) et a = 4.0592 Å (F).

• Le point liquidus apparaît à 1249°C (BM) et 1256 °C (F).

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83

• La température de Curie, Tc, est de 166 °C et la constante diélectrique εr à la

température ambiante est d’environ 5700 pour les monocristaux obtenus par les deux

méthodes.

Le Tableau III-6 donne une comparaison des caractéristiques diélectriques et piézoélectriques,

en mode latéral, du PZN-0,045PT élaboré par les deux méthodes : Bridgman modifié et Flux.

Les échantillons étaient polarisés suivant la direction <001> et vibrent suivant <010>. Comme

pour les paramètres de maille et les températures de décompositions, les propriétés

électromécaniques sont peu sensibles à la méthode de synthèse.

Tableau III-6 : Propriétés diélectriques et piézoélectriques en mode latéral< 001>/<010> du PZN-0,045PT élaboré par Bridgman modifié et Flux

Bridgman modifié Méthode du Flux

k31 (%)

d31 (pC/N)

d33 (pC/N)

Q31

εr

11Es (10-12m2N-1)

48

− 1029

2574

162

5846

90

49

− 1034

2492

150

5709

88

Ces résultats montrent que les propriétés cristallographiques, diélectriques et piézoélectriques

restent quasiment les mêmes quelle que soit la méthode de croissance utilisée.

III.7 Conclusion

Des monocristaux PZN-0,045PT ont été élaborés par la méthode Bridgman modifié.

Le principe du procédé est de combiner les avantages de la méthode Bridgman (cristaux de

grande taille) et ceux de la méthode du Flux (température de croissance moins élevée). Les

caractéristiques en mode latéral ont été déterminées en fonction des directions de polarisation

et de vibration. Cette caractérisation a montré que malgré le faible facteur de qualité Q31, cette

formulation de monocristal présente une figure de mérite d31×Q31 plus grande que celle des

céramiques PZT durs. La coupe 3 avec <110> comme direction de polarisation et <001>

comme direction de vibration a donné les meilleurs résultats en terme de constante

piézoélectrique d31 et facteur de couplage électromécanique k31.

La stabilité thermique de ce matériau a été aussi étudiée. Ainsi nous avons constaté une bonne

stabilité pour les différentes coupes entre –45°C et 100 °C. Mais lorsque la température

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84

d’utilisation se rapproche de la température de transition rhomboédrique - quadratique TR-T,

un hystérésis est observé sur les propriétés qui se traduit par des variations de 40% sur le k31

par exemple. Néanmoins, les caractéristiques initiales sont retrouvées après retour à la

température ambiante. L’étude de polarisation en fonction de la température montre que

même si la transition ferroélectrique-ferroélectrique est franchie, le matériau ne se dépolarise

pas. Grâce à cette étude de stabilité, nous avons pu déterminer les conditions de

fonctionnement du PZN-0,045PT en température et en contrainte. Ainsi la température

maximale d’utilisation ne doit en aucun cas dépasser les 100°C , et la contrainte uniaxiale

appliquée au monocristal ne doit pas excéder la contrainte critique qui est de l’ordre de 40

MPa. Enfin, cette partie de la thèse valide la faisabilité des cristaux PZN-0,045PT de grande

taille par la méthode Bridgman modifié, sans dégradation des caractéristiques par rapport à la

méthode classique du Flux. A notre connaissance, il n’ y a pas eu de synthèse de cette

formulation par la méthode Bridgman modifié.

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85

IV Chapitre IV : Synthèse de céramiques et croissance de monocristaux (1-x)Pb(Mg1/3Nb2/3)O3-xPbTiO3

Le but de ce chapitre est de détailler le procédé d’élaboration des céramiques PMN-

xPT qui serviront ensuite pour les croissances cristallines. Nous présentons les précurseurs

utilisés, les différentes techniques d’élaboration spécifiques au PMN-PT, ainsi que la

caractérisation physico-chimique et piézoélectrique des céramiques. Ensuite l’élaboration de

monocristaux PMN-0,25PT et PMN-0,40PT par la méthode Bridgman ainsi que leur

caractérisation physico-chimique sont présentées. Enfin la fluctuation de composition due à la

ségrégation du titane le long du lingot de cristal est étudiée.

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86

IV.1 Introduction

Parmi les composés (1-x)PMN-xPT, les compositions à faible et moyenne teneur en

PT sont particulièrement délicates à élaborer. Ainsi, si un protocole de préparation de la

céramique est mal adapté, cela peut induire par exemple une perte de stœchiométrie due à un

défaut ou un excès d’un ou de plusieurs constituants et entraîner la formation de secondes

phases. Ces phases parasites appelées généralement pyrochlore dégradent fortement les

propriétés diélectriques et piézoélectriques du matériau.

IV.2 Elaboration des céramiques (1-x)PMN-xPT

Les poudres PMN-PT sont préparées par voie solide décrite en II-1-1-1. Cette méthode

consiste à mélanger les oxydes PbO, MgO, Nb2O5 et TiO2 (leurs caractéristiques sont données

dans le Tableau IV-1). L’utilisation d’un mélange stœchiométrique des précurseurs de départ

ne permet généralement pas d’avoir une phase perovskite pure [50, 51]. Pour remédier à ce

problème, différentes solutions ont été utilisées, parmi celles-ci, l’élaboration de la poudre

PMN-PT par voie colombite [52]. Cette technique consiste à obtenir d’abord une phase

intermédiaire MgNb2O6, qui réagit ensuite avec le PbO et le TiO2 pour former la phase

perovskite PMN-PT.

Tableau IV-1 Caractéristiques des oxydes utilisés pour l’élaboration des céramiques PMN-xPT Oxide PbO MgO Nb2O5 TiO2

Fournisseur

Pureté (%)

Diamètre moyen (µm) en volume

Penox

99

6,2

Aldrich

99

2 populations 0,3 et 3

Aldrich

99,9

2 populations 0,4 et 3

Merck

≥ 99

0,65

La Figure IV-1 donne la procédure de synthèse utilisée pour élaborer les céramiques PMN-

PT.

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87

Figure IV-1 : Schéma de préparation des céramiques PMN-xPT

IV.2.1 Détermination de l’excès de MgO

Il est connu que l’ajout de petites quantités d’excès de MgO et/ ou de PbO a pour effet

l’augmentation de la densité des céramiques, et par conséquent l’amélioration des propriétés

diélectriques du produit final [50, 51, 53]. Cependant, pour Koyuncu et al. [54], l’utilisation

d’un excès de MgO n’est pas aussi indispensable pour élaborer des céramiques denses et avec

des propriétés diélectriques intéressantes. De plus, il a été montré qu’un important excès de

MgO (plus de 4% en masse) provoque la détérioration des propriétés du matériau [55].

Une étude réalisée au Laboratoire [35] a montré que pour obtenir une phase perovskite pure, il

faut utiliser une quantité assez importante de MgO brut en excès. On désigne par MgO brut

l’oxyde directement tiré du flacon commercial. Ce produit est hygroscopique et donc a

tendance à capter H2O et CO2 de l’air. La Figure IV-2 montre le résultat d’une analyse

thermogravimétrique réalisée sur l’oxyde de magnésium MgO brut. La vitesse de chauffe est

fixée à 5°C/min pour être dans les mêmes conditions que pour la formation de MgNb2O6. Une

perte de masse progressive qui atteint 9% à 1000°C est observée. Ces pertes sont dues à

Mélange (MgO, Nb2O5 + excès MgO)

Calcination (1100 °C)

Broyage (3 heures) Elab

orat

ion

de la

col

ombi

te

2ème mélange (MgNb2O6, PbO, TiO2)

Calcination (850 °C)

Broyage (3 heures)

Synt

hèse

de

la p

oudr

e PM

N-P

T

Ajout de APV (10 %)

Compactage

Frittage (1250 °C)

Prép

arat

ion

des c

éram

ique

s

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88

l’évaporation de l’eau et la décomposition des carbonates. Ce taux élevé explique la nécessité

d’utilisation d’une importante quantité d’excès de MgO brut pour former la colombite.

Figure IV-2 : Courbe d’analyse thermogravimétrique de MgO

Pour déterminer avec précision la quantité d’excès de MgO à utiliser, plusieurs

compositions de PMN-0,35PT avec différents excès de MgO ont été élaborées. Le Tableau

IV-2 donne les quatre compositions étudiées.

Tableau IV-2 : PMN-0,35PT avec différents taux d’excès de MgO Echantillon Excès en masse de MgO

A

B

C

D

5% MgO

8% MgO

10% MgO

15% MgO

Si nous prenons l’exemple de l’échantillon C et compte tenu des résultats de l’analyse

thermique, on peut dire que les 10 % en masse de MgO brut (en réalité 9,1 % de MgO calciné

à cause des pertes au feu) ajoutés à la quantité stœchiométrique de MgO, viennent juste

compenser les pertes en masse de MgO lors de la formation de la colombite. Ainsi, les 5, 8,

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10 et 15 % "d’excès" de MgO sont plutôt des défauts de 4,5 et 2% pour les échantillons A et

B et des vrais excès de 0,1 et 4,7 % en masse pour C et D.

IV.2.2 Analyse radiocristallographique

La Figure IV-3 rassemble les diffractogrammes de rayons X des poudres des

échantillons étudiés. Comme on pouvait s’y attendre, les échantillons avec un déficit de MgO

(A et B) présentent une phase pyrochlore alors que dans le cas des échantillons C et D on

constate la formation d’une phase perovskite pure.

Figure IV-3 : Diffractogrammes des compositions étudiées : 1 perovskite 2 pyrochlore

3 titanate de plomb

Plus encore, on retrouve dans l’échantillon A (5% MgO) des traces de PbTiO3 libre non réagi.

En fait, lors du traitement thermique de mélange (MgNb2O6, PbO et TiO2), il se forme en

premier lieu du titanate de plomb qui réagit ensuite avec la colombite et le PbO pour donner

la perovskite PMN-PT. Avec le déficit de MgO qui implique directement la non-

stoechiométrie de MgNb2O6, il est normal qu’on retrouve du PbTiO3 non réagi dans la poudre

finale de PMN-PT avec 5% MgO.

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90

IV.2.3 Microstructure

La microstructure des céramiques PMN-0,35PT avec 8% et 10% d’excès de MgO est

représentée sur les Figures III-4 et III-5. Celle-ci a été obtenue sur fracture des échantillons. A

première vue, les deux compositions semblent homogènes et il ne semble pas y avoir de

grains de la phase pyrochlore qui sont identifiables par leur forme pyramidale [56]. Les

ruptures aux joints de grains sont synonymes d’un bon frittage.

Figure IV-4 : Image MEB d’une céramique fracturée PMN-0,35PT avec 8% d’excès de MgO

Figure IV-5 : Image MEB d’une céramique fracturée PMN-0,35PT avec 10% d’excès de MgO

Le taux de phase pyrochlore observé dans la poudre PMN-0,35PT avec 8% d’excès de MgO,

a disparu après frittage pour donner une céramique exempte de phase parasite ce qui a été

confirmé par la diffraction des rayons X de la céramique. La taille des grains est sensiblement

la même pour la composition avec 8% de MgO en excès et celle avec 10% (1 à 4 µm).

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Figure IV-6 : Image MEB d’une céramique fracturée PMN-0,35PT avec 15% d’excès de MgO

Dans le cas de la céramique avec 15% d’excès de MgO, la taille moyenne des grains est plus

grande (de l’ordre de 3 à 8 µm) et la distribution granulométrique plus large (Figure IV-6).

Les petites taches blanches semblent indiquer une présence de MgO aux joints de grains.

IV.2.4 Effet de l’excès de MgO sur les propriétés piézoélectriques

Le Tableau IV-3 regroupe les résultats de la caractérisation diélectrique et

piézoélectrique des quatre compositions étudiées (5, 8, 10 et 15 % d’excès de MgO).

On peut noter que la polarisation rémanente présente une valeur plus élevée dans le cas de

l’échantillon C (avec peu de MgO comme véritable excès). La constante diélectrique et le

facteur de surtension mécanique évoluent inversement en fonction du taux de MgO dans la

céramique. Ainsi dans le cas de l’échantillon D pour lequel l’excès de MgO est très important,

la constante diélectrique chute et le coefficient Qm a une valeur importante ce qui laisse

penser à un durcissement de la céramique PMN-PT dû à la présence de MgO aux joints de

grains, qui en plus de faire chuter légèrement la densité (ρ), bloque les grains pour donner cet

aspect dur à la céramique.

Tableau IV-3 : Propriétés diélectriques et piézoélectriques en fonction de l’excès de MgO

Echantillon ρ (kg/m3) rε Ec (V/mm) Pr (µC/cm2) d33 (pC/N) 33k Qm A B C D

7500 7450 7650 7400

3760 3690 4220 2160

512 580 500 550

25 26 32 21

440 460 650 460

0,50 0,48 0,57 0,55

72 87 78 229

Les coefficients d33 et k33 atteignent leurs valeurs maximales pour la composition C, ce qui est

en accord avec les résultats de la diffraction des rayons X qui montrait une phase perovskite

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92

pure (une poudre sans phase pyrochlore donne de bonnes caractéristiques électromécaniques

après frittage).

A partir de ces résultats, il paraît clair que les céramiques avec 10% de MgO brut d’excès

présentent les meilleures propriétés diélectriques et piézoélectriques. C’est avec ce taux de

MgO que les céramiques (1-x)PMN-xPT (x=0,25 et 0,40) vont être préparées et vont servir de

charge pour les prochains tirages Bridgman.

IV.3 Croissance des monocristaux (1-x)PMN-xPT (x=0,25 et 0,40) par la méthode Bridgman

IV.3.1 Etude préliminaire

Une fois les céramiques préparées, elles sont chargées dans un creuset platine suivant

le schéma illustratif de la Figure IV-7.

Figure IV-7 : Creuset en platine chargé en vue d’une croissance par la méthode Bridgman

L’intérêt de préparer des céramiques de bonne qualité alors que tout le contenu du creuset va

fondre à haute température peut s’expliquer par deux points :

• Les céramiques préparées ont un taux de densification de 94-95% qui est très proche

de la densité du cristal contre environ 65% pour une poudre compactée. Ainsi, le

retrait dû à la fusion et à la cristallisation est fortement limité.

• Les céramiques obtenues peuvent être caractérisées pour faire ensuite un comparatif

entre la forme céramique et la forme cristal d’une même composition.

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93

La Figure IV-8 montre les résultats d’une analyse ATD-TG réalisée sur une céramique qui a

servi ensuite à la croissance des monocristaux PMN-0,40PT. Le point de fusion de cette

composition est de 1285°C. La courbe de TG montre clairement qu’à partir de 1250°C, les

pertes en masse deviennent importantes. Cette constatation nous oblige à utiliser un creuset

scellé pour la croissance des monocristaux. La détermination du point de fusion permet de

choisir la position de départ du creuset sur la réglette du four le profile thermique étant connu

(cf δ II-1.2.2).

-40

-35

-30

-25

-20

-15

-10

-5

0

5

1100 1150 1200 1250 1300 1350

Température (°C)

ATD

(µV

)

-16

-14

-12

-10

-8

-6

-4

-2

0

2

TG (

%)

ATD (µV) TG (%)

fusion 1285 °C

Exo

Figure IV-8 : Courbes ATD-TG d’une céramique PMN-0,40PT

IV.3.2 Paramètres de croissance

La Figure IV-9 donne la température et le gradient thermique en fonction de la

position dans le four. Un gradient thermique de 30°C/cm a été obtenu. La position 0 de départ

de la cartographie correspond à la position du creuset complètement intégré dans la zone la

plus chaude (zone 2) ( Figure IV-10 ). C’est avec ces réglages que les tirages PMN-0,25PT et

PMN-0,40PT ont été réalisés.

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94

Figure IV-9 : Cartographie utilisée pour la croissance des monocristaux of PMN-0,40PT et PMN-0,25PT par la méthode de Bridgman

Figure IV-10 : Structure porte-creuset platine et positionnement du creuset dans le four

Le Tableau IV-4 présente les paramètres de croissance utilisés lors de l’élaboration de

monocristaux PMN-0,25PT et PMN-0,40PT. Ces paramètres sont ceux de la zone 2 ( Figure

II-3 ), les températures maximales des zones 1 et 3 sont respectivement 1380 et 1180 °C. Les

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95

tirages sont réalisés avec des germes orientés suivant la direction <111> issus des précédents

tirages [16].

Tableau IV-4: Paramètres de croissance du PMN-xPT par la méthode Bridgman

Etape T° finale (zone 2) Rampe Temps de

palier Translation Temps total

Chauffe

Fusion

Croissance

Refroidissement

Refroidissement libre

1430°C

1430°C

1430°C

500°C

ambiante

100°C/h

-

-

200°C/h

-

0

4h

8j08h

0

-

0

0

1 mm/h

0

-

14h

18h

9j02h

9j07h

≈9j12h

Une fois la croissance terminée, le creuset est découpé dans le sens de la longueur afin

d’extraire le cristal. A l’issue de ces tirages, deux lingots monocristallins orientés <111>, de

diamètre 2,5 cm (diamètre du creuset) et de longueur utile d’environ 7 cm ont été obtenus,

comme le montre les photographies de la Figure IV-11.

PMN-0,25PT

PMN-0,40PT Figure IV-11 : Photographies des monocristaux PMN-0,25PT et PMN-0,40PT obtenus

par la méthode Bridgman

IV.4 Caractérisation physico-chimique des monocristaux

IV.4.1 Caractérisation par diffraction des rayons X

L’étude diffractométrique est réalisée sur un cristal broyé. Cette analyse permet de

vérifier la formation d’une phase perovskite pure, de déterminer le rapport de phases dans le

cas d’un mélange ou encore la détermination des paramètres cristallins. La Figure IV-12

donne les diffractogrammes des deux échantillons PMN-0,25PT et PMN-0,40PT provenant

du milieu des deux lingots.

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96

Figure IV-12 : Diffractogrammes des monocristaux broyés PMN-xPT (x=0,25 et 0,40)

La première constatation est que pour les deux cristaux, un taux de phase perovskite de 100%

a été obtenu, ce qui indique que le Pb(Mg1/3Nb2/3)O3 et le PbTiO3 ont formé une parfaite

solution solide PMN-PT. Dans la plupart des cas, les diagrammes réalisés autour des six

réflexions pseudo-cubiques (100), (110), (111), (200), (220) et (222) permettent de déterminer

sans ambiguïté la symétrie du cristal. L’unicité du pic (200) et le dédoublement de la raie

(222) indiquent clairement que la seule phase en présence pour le PMN-0,25PT est la phase

rhomboédrique. Pour le PMN-0,40PT, le dédoublement de la raie (200) indique que la phase

en présence est quadratique. Ces résultats sont en bon accord avec le diagramme de phase de

PMN-xPT.

IV.4.2 Mise en évidence de la ségrégation

IV.4.2.1 Cas du PMN-0,40PT

La Figure IV-13 donne les résultats de la diffraction des rayons X de quatre

échantillons prélevés le long du lingot cristallin PMN-0,40PT et taillés dans la section

(suivant la direction de croissance). Ces diffractogrammes montrent une évolution du rapport

des phases en présence.

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97

Figure IV-13 : Diffractogrammes de quatre échantillons montrant l’évolution de phase le long du lingot de cristal PMN-0,40PT

En effet, en bas du creuset le matériau présente un mélange de phases rhomboédrique-

quadratique − 8% de phase rhomboédrique donné par la relation II-1 − caractérisé par un

chevauchement des pics des deux phases alors qu’en haut du lingot, le cristal est purement

quadratique.

Pour confirmer cette évolution structurale le long du lingot, nous avons procédé à la

détermination des paramètres de maille et du point de Curie de différents échantillons. Le

résultat est donné sur la Figure IV-14. La position 0 correspond au point de début de

cristallisation dans le creuset (déterminé à 1 ou 2 mm près). Le rapport c/a (paramètre de

quadraticité) devient de plus en plus important pour atteindre 1,026 en haut du lingot, de

même pour la température de Curie Tc. Les valeurs de c/a et de Tc des échantillons du haut du

lingot indiquent que le taux de titanate de plomb est largement supérieur au taux de 40% en

mol initialement dans les céramiques.

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98

Figure IV-14 : Evolution du facteur de quadraticité c/a et du point de Curie Tc en fonction de la position le long du lingot du PMN-0,40PT

Pour confirmer que l’élément concerné par le phénomène de ségrégation est bien le titane, le

taux de Ti de différents échantillons provenant de différentes positions du cristal à été

déterminé par spectroscopie d’absorption atomique. Les résultats donnés sur la Figure IV-15

montrent que plus on s’éloigne de la position initiale de croissance (dans la queue du creuset)

plus le taux de titane augmente.

33

35

37

39

41

43

45

47

49

51

0 20 40 60 80

Position (mm)

%m

ol T

itane

Figure IV-15 : Taux de titane en fonction de la position le long du lingot pour le PMN-0,40PT

1,01

1,012

1,014

1,016

1,018

1,02

1,022

1,024

1,026

1,028

0 10 20 30 40 50 60 70 80 Position (mm)

Fact

eur d

e qu

adra

ticité

c/a

150

170

190

210

230

250

270

Poin

t de

Cur

ie (°

C)

___♦___ c/a ___ ___ Tc

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99

IV.4.2.2 Cas du PMN-0,25PT

De même pour le PMN-0,25PT, une analyse de diffraction des rayons X a été réalisée

sur deux échantillons issus du haut et du bas du lingot (Figure IV-16). Aucun changement de

phase n’a été décelé, et la seule phase en présence tout le long du lingot est la phase

rhomboédrique.

Figure IV-16 : Diagrammes DRX de deux échantillons PMN-0,25PT montrant un taux de perovskite

de 100% avec dans le cadre la raie dédoublée (222) indiquant une symétrie rhomboédrique

La Figure IV-17 donne la variation du paramètre de maille rhomboédrique "a" en fonction de

la position dans le lingot.

Figure IV-17 : Variation du paramètre du maille rhomboédrique en fonction de la positon le long du lingot

4,01

4,015

4,02

4,025

4,03

4,035

4,04

30 35 40 45 50 55 60 65

Position (mm)

Para

mèt

re d

e m

aille

a (A

°)

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100

On constate que la structure cristalline reste sensiblement la même tout le long du lingot. Ce

qui veut dire que la composition est quasiment la même le long du lingot cristallin et qu’il n’y

a pas eu ou peu de ségrégation du titane pendant la croissance.

Comme pour le PMN-0,40PT, le taux de titane de plusieurs échantillons le long du lingot

monocristallin a été déterminé par spectroscopie d’absorption atomique. Les résultats sont

donnés sur la Figure IV-18 en comparaison avec ceux du PMN-0,40PT. Le pourcentage

molaire de titane reste sensiblement le même pour tous les échantillons, et proche des 25%

mol initialement dans la céramique de départ. Ceci prouve qu’au contraire de la croissance

PMN-0,40PT, le tirage PMN-0,25PT est peu touché par le phénomène de ségrégation.

22

27

32

37

42

47

0 20 40 60 80

Position (mm)

%m

ol T

itane

PMN-0,40PT

PMN-0,25PT

Figure IV-18 : Taux de titane le long du lingot de cristal

IV.4.3 Détermination du coefficient de ségrégation

Les variations des paramètres cristallins et du point de Curie observées le long du

lingot (surtout dans le cas du PMN-0,40PT) signifient que le cristal n’a pas la même

composition en tout point du lingot. Ce phénomène connu sous le nom de ségrégation est l’un

des principaux inconvénients de la croissance par la méthode Bridgman. Son origine est la

différence de solubilité d’un des constituants du matériaux (en l’occurrence le titane) entre la

phase liquide et la phase solide (Figure IV-19).

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101

Figure IV-19 : Illustration schématique du diagramme de phase solide liquide du PMN-PT [58]

Pour chaque composé, le diagramme de phase solide-liquide permet d’établir une relation

entre sa concentration en phase solide et en phase liquide au niveau de l’interface. Le rapport

entre ces deux concentrations donne ce qu’on appelle le coefficient de ségrégation k :

S

L

Ck

C= IV-1

avec CL concentration dans le liquide et CS concentration dans le solide.

Pour qu’il n’y ait pas de ségrégation (k=1), il faut que le solidus (ligne définie par les

températures à partir desquelles le matériau ne peut exister que sous forme solide) et le

liquidus coïncident (la température de fusion est égale à celle de cristallisation). Ainsi, plus la

largeur du fuseau est petite, plus la ségrégation diminue. Zawilski et al [59] ont proposé un

diagramme de phase du système PMN-xPT qui tient compte de la ségrégation (Figure IV-20)

et qui prévoit que la gamme de composition la plus sensible à ce phénomène de ségrégation

correspond à x compris entre 0,25 et 0,60.

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102

Figure IV-20 : Diagramme binaire du système PMN-xPT d’après Zawilski et al [59] et illustration

schématique du taux de titane le long du creuset

Nous faisons l’hypothèse que le matériau en phase liquide est soumis à une convection

suffisamment intense pour considérer que la solution est parfaitement homogène avec une

concentration uniforme C0 (qui est la concentration du matériau de départ). Considérons

maintenant que la croissance dans un cylindre de section A et de longueur L (longueur totale

du cristal).

La concentration dans le bain fondu à une position l peut s’écrire [60] :

10( ) (1 )kS

L

C kCL

ρρ

−= −l

l IV-2

Si on considère que les densités du solide et du liquide sont égales ρS=ρL=ρ l’équation IV-2

peut s’écrire :

10( ) (1 )kC kC

L−= −

ll IV-3

on peut facilement vérifier si le modèle s’applique et déterminer, le cas échéant, le coefficient

de ségrégation effectif k en traçant la courbe de la Figure IV-21.

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103

Figure IV-21 : Tracé logarithmique de la concentration en fonction de la fraction volumique

cristallisée (a)PMN-0,40PT (b) PMN-0,25PT. La pente de la droite vaut donc (k-1)

Le coefficient de ségrégation est ainsi déterminé par une régression linéaire et donne dans le

cas de la croissance du PMN-0,40PT un coefficient k=0,849 et dans le cas de PMN-0,25PT un

coefficient k= 0,951. Les données expérimentales sont en bon accord avec le modèle comme

le montre la Figure IV-22.

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104

Figure IV-22 : Concentration en Titane en fonction de la position dans le lingot : comparaison

expérience - modèle (a) PMN-0,40PT (b) PMN-0,25PT

IV.5 Conclusion

Dans ce chapitre nous avons présenté le procédé d’élaboration des céramiques PMN-

PT par voie solide. Une étude d’optimisation de taux de MgO dans ces céramiques a été

réalisée. A cause de l’hygroscopie de MgO, une quantité assez importante (10% en masse) de

ce dernier doit être ajoutée au mélange stœchiométrique pour élaborer une céramique exempte

de phase pyrochlore et qui présente de bonnes propriétés diélectriques et piézoélectriques. Des

croissances cristallines de deux compositions (1-x)PMN-xPT (x=0,25 et 0,40) par voie

Bridgman ont été réalisées. Le procédé présenté dans ce chapitre a donné pleinement

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105

satisfaction dans la mesure où des cristaux de grandes dimensions et de bonne qualité ont été

obtenus comme l’a montré l’analyse physico-chimique. Cependant un problème de

fluctuation de composition a été mis en évidence. Il s’agit de la ségrégation du taux titane le

long du lingot cristallin, ce qui se traduit par des variations des paramètres de maille et de la

température de Curie. Un modèle de ségrégation a permis de déterminer les valeurs de

coefficients de ségrégation suivants : 0,951 pour le PMN-0,25PT et 0,849 pour le PMN-

0,40PT.

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106

V Chapitre V : Caractérisation électromécanique des monocristaux PMN-xPT (x=0,25 et 0,40)

L'objectif de ce chapitre est de présenter la caractérisation électrique des monocristaux

rhomboédriques et quadratiques de type (1-x)PMN-xPT avec x respectivement égal à 0,25 et

0,40. Le phénomène de ségrégation ayant été étudié lors du précédent chapitre, nous pouvons

caractériser les échantillons avec une connaissance assez précise de leur formulation réelle.

Les caractérisations ont été effectuées sur des échantillons polarisés selon la direction

cristallographique <001> et vibrant suivant <010> ou <110>. D’autres échantillons ont été

polarisés suivant <110> et vibrent suivant <001> ou <1-10>. Pour le PMN-0,25PT, cette

polarisation conduit à un état multidomaines du monocristal et à une activité piézoélectrique

en général élevée. La stabilité thermique de ces matériaux a été ensuite étudiée pour

déterminer leurs températures limites de fonctionnement.

La détermination des caractéristiques tensorielles des monocristaux PMN-0,25PT et PMN-

0,40PT a été réalisée. Bien que cette opération soit longue et délicate, l’utilisation des

méthodes ultrasonores associées aux caractérisations en mode résonant permet de réduire

considérablement le nombre d’échantillons et les erreurs sur les coefficients mesurés. Ces

caractérisations sont importantes dès lors qu’on envisage le remplacement des céramiques

PZT par les cristaux dans le but d’exploiter leurs propriétés dans certaines applications

spécifiques.

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107

V.1 Caractérisation diélectrique et piézoélectrique du PMN-0,25PT

V.1.1 Coupes cristallographiques étudiées en mode latéral

La Figure V-1 donne les quatre coupes cristallographiques considérées pour la

caractérisation en mode latéral des échantillons PMN-0,25PT.

Figure V-1 : Les quatre coupes cristallographiques étudiées

Les échantillons ont été coupés, orientés de telle sorte que les faces métallisées soient

<001> et <110>. Tous les échantillons ont comme dimensions 10×2×1 mm3.

V.1.2 Etude de la polarisabilité sur les quatre types d’échantillons

Cette étude est effectuée en polarisant des échantillons avec différents niveaux de

champ électrique de polarisation puis en contrôlant la valeur des coefficients suivants : εr, k31

et d31 comme le montre la Figure V-2. Quelque soient les coupes cristallographiques, les

valeurs des différents coefficients sont pratiquement indépendantes du champ électrique de

polarisation. Contrairement aux compositions de la zone morphotropique, qui présentent un

optimum des coefficients piézoélectriques en fonction du champ électrique de polarisation, les

formulations monophasiques (comme c’est le cas pour le PMN-0,25PT) ne sont pas touchées

par le phénomène de "surpolarisation" (ou overpoling). Ce phénomène peut s’expliquer par

des transitions de phase induites par le champ [61]. Cette indépendance des coefficients par

rapport au champ de polarisation facilite l’étape de polarisation et garantit une meilleure

reproductibilité des résultats sans avoir recours à des chemins de polarisations spécifiques.

<001>

<010>

<001>

<110> <110>

<001> <1ī0>

coupe 1 coupe 2

coupe 3 coupe 4

<110>

Pola

risat

ion

Vibration

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108

Con

stan

te d

iéle

ctri

que

d 31

(pC

/N)

k 31

Figure V-2 : Effet du champ de polarisation sur les propriétés en mode latéral

A l’issus de l’étude de polarisabilité, le champ électrique de polarisation est fixé, pour les

quatre coupes, à 1000 V/mm.

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109

V.1.3 Transition de phase

La Figure V-3 montre la dépendance en température de la constante diélectrique sur

un échantillon polarisé (coupe 3). Cette composition est de symétrie purement rhomboédrique

loin de la zone morphotropique MPB ; de ce fait et comme prévu par le diagramme de phase

PMN-xPT, aucune transition ferroélectrique-ferroélectrique – caractérisée par une anomalie

diélectrique (pic de la constante diélectrique εr) – n’est observée en dessous de Tc et la seule

transition enregistrée est la transition ferroélectrique-paraélectrique qui se produit à

Tc=122°C.

Figure V-3 : La dépendance en température de la constante diélectrique εr pour différentes fréquences

V.1.4 Cycles d'hystérésis

Le cycle d'hystérésis P=f(E) est tracé pour déterminer le champ coercitif (Ec), la

polarisation spontanée (Ps) et la polarisation rémanente (Pr). Les cycles ont été réalisés à la

température ambiante et à la fréquence de 0,1 Hz.

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110

-2000 -1500 -1000 -500 0 500 1000 1500 2000-30

-20

-10

0

10

20

30

E (V/mm)

P (µ

C/c

m²)

Coupe 1

-2000 -1500 -1000 -500 0 500 1000 1500 2000-40

-30

-20

-10

0

10

20

30

40

E (V/mm)

P (µ

C/c

m²)

Coupe 3

Figure V-4 : Cycles d'hystérésis sur deux échantillons de coupe 1 et coupe 3

La Figure V-4 donne les cycles d’hystérésis de deux échantillons polarisés suivant les

directions <001> et <110> et le Tableau V-1 les valeurs du champ coercitif et des

polarisations spontanée et rémanente. Les deux échantillons présentent un cycle saturé avec

des champs coercitifs qui ont des valeurs faibles quasiment indépendantes de la direction de

polarisation. Ceci confirme les résultats de l’étude de polarisabilité et la facilité avec laquelle

ce matériau se polarise.

Tableau V-1 : Champ coercitif et polarisations rémanente et spontanée des deux coupes

Ec (V/mm) Pr (µC/cm2) Ps (µC/cm2)

Coupe 1 228 23 29,4

Coupe 3 194 31 36,2

La coupe 3 présente des polarisations rémanente et spontanée plus grandes que celles de la

coupe 1. Ceci peut s’expliquer, comme dans le cas du PZN-0,045PT (cf δ III-4-2) par les

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111

angles entre les directions <001> et <110> d’une part et la direction de la polarisation

spontanée <111> des matériaux rhomboédriques d’autre part.

V.1.5 Caractérisation électromécanique en mode latéral à bas niveau

d’excitation

Le Tableau V-2 donne les résultats de la caractérisation en mode latéral à bas niveau

de champ des quatre coupes étudiées. Les coupes 2 et 3 présentent des propriétés

piézoélectriques très supérieures à celles des céramiques PZT en particulier le coefficient de

couplage k31 (60 à 70 % contre 35 %) et le coefficient de charge d31 (400 pC/N à 600 pC/N

contre 150 pC/N). Le tableau permet aussi de faire une comparaison en mode latéral entre ces

différentes coupes cristallographiques et une céramique de même composition. Certes les

coefficients de la céramique sont faibles puisque cette formulation est éloignée de la zone

morphotropique où les propriétés sont optimales ( Figure I-14-a ), mais cela permet d’avoir

une idée sur le gain qu’on peut espérer en passant de la forme céramique à la forme

monocristalline.

Tableau V-2 : Caractéristiques en mode latéral desPMN-0,25PT à bas niveau de champ des coupes cristallographiques étudiées et de la céramique PMN-0,25PT qui a servi pour le tirage.

Caractéristique Coupe 1 Coupe 2 Coupe 3 Coupe 4 céramique

εr 3508 3758 2278 2393 1900

tan δ (%) 0,39 0,50 0,19 0,72 1

d33 (pC/N) 900 932 461 535 247

-d31 (pC/N) 386 510 569 239 100

-k31 0,334 0,666 0,702 0,497 0,32

E11s (10-12 m2N-1) 37,47 17,66 32,64 10,90 11,9

D11s (10-12 m2N-1) 32,26 9,82 16,56 8,21 11,32

V.1.6 Stabilité en température des monocristaux

L'objectif est de déterminer la stabilité des coefficients lors du cycle thermique décrit

sur la Figure V-5 ( Tmin= -40 °C et Tmax = 80°C). La température maximale du cycle (Tmax)

correspond à environ 23

Tc, valeur limite d’utilisation communément admise pour un

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112

matériau ferroélectrique. Pour chaque point de température, les fréquences de résonance et

d'anti-résonance sont déterminées ce qui permet de déterminer le facteur de couplage

électromécanique en mode latéral k31 et la mesure de la capacité à 1kHz permet d'accéder au

coefficient piézoélectrique d31 et à la constante diélectrique εr.

0 5 10 15 20 25 30 35 40-40

-20

0

20

40

60

80

100

Temps(minutes)

Tem

péra

ture

(°C

)

Figure V-5 : Profil thermique utilisé pour l’étude de la stabilité en température

-40 -20 0 20 40 60 80700

800

900

1000

1100

1200

1300

1400

Température (°C)

N31

(Hz.

m)

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113

-40 -20 0 20 40 60 80

2000

4000

6000

8000

10000

12000

14000

Température(°C)

ε r

k 31

-40 -20 0 20 40 60 80

400

600

800

1000

1200

1400

1600

1800

2000

Température (°C)

d 31 (

pC/N

)

Figure V-6 : Stabilité thermique d’un échantillon de coupe 3. Les symboles permettent d'identifier la

position des points sur le profil de la Figure V-5

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114

La Figure V-6 montre que les caractéristiques diélectriques et électromécaniques de

l’échantillon de coupe 3 (polarisation <110> et vibration <010>) ne présentent aucun

hystérésis et que les propriétés de départ sont retrouvées à la fin du cycle thermique (c’est à

dire après retour à la température ambiante). Ceci montre que ce type de formulation peut

supporter un cycle thermique –40°C →80°C sans dégradation irréversible de ses

caractéristiques. Mais lorsque la température dépasse légèrement 80°C, le matériau

commence à se dépolariser et les propriétés de départ ne sont plus retrouvées après retour à la

température ambiante (Figure V-7). Aucun retour des propriétés dans le temps n’a été

enregistré.

k 31

Figure V-7 : Evolution du coefficient de couplage électromécanique k31 en fonction de la température

(avec Tmax=80 et 90°C).

La Figure V-8 donne l’évolution de la polarisation d’un échantillon PMN-0,25PT durant deux

cycles thermiques différents : 25°C→80°C→25°C et 25°C→95°C→25°C.

Dans le premier cas, une diminution de polarisation progressive en fonction de la température

jusqu’à 20% de dépolarisation est constatée, mais lorsque l’échantillon est refroidi, il

commence à récupérer sa polarisation pour se retrouver à la température ambiante avec une

perte de polarisation d’environ 12% qui n’influe pas sur les coefficients électromécaniques

étudiés. Mais lors du deuxième cycle (Tmax=95°C), une dépolarisation nette et rapide est

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115

observée entre 75 °C et 95°C, pour se retrouver à la température ambiante avec une

dépolarisation de 70%, qui se traduit par une chute des propriétés de l’échantillon. Ceci

confirme ce qui est communément admis à savoir que la valeur limite d’utilisation pour un

matériau ferroélectrique ne doit pas dépasser 23

de la température de Curie.

Figure V-8 : Evolution de la polarisation d’un échantillon PMN-0,25PT en fonction de la température

V.2 Caractérisation du PMN-0,40PT

V.2.1 Etude de la polarisabilité

Les coupes cristallographiques utilisées pour la caractérisation électromécanique en

mode latéral sont les mêmes que pour le PMN-0,25PT (Figure V-1). Les échantillons de

dimensions 10×2×1 mm3, ont été coupés et orientés de telle sorte que les faces métallisées

soient <001> et <110>. L’étude de polarisabilité réalisée sur les différentes coupes

cristallographiques a montré que les valeurs des différents coefficients sont pratiquement

indépendants du champ électrique de polarisation. Plusieurs protocoles de polarisation ont été

testés. Le premier consistait à appliquer le champ de polarisation (2000 V/mm) avec montée

et descente rapides et un palier de 1min (comme ce fut le cas de la polarisation des PMN-

0,25PT). Lors du deuxième protocole, le champ a été appliqué avec une montée - descente

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116

très lentes (vingtaine de minutes pour des échantillons d’ 1mm d’épaisseur). Une troisième

méthode consistait à appliquer le champ électrique sur l’échantillon à une température

supérieure au point de Curie, et laisser refroidir le matériau sous champ. Les différents

résultats de l’étude de polarisabilité sont regroupés dans le Tableau V-3. Pour contrôler la

fluctuation de composition due à la ségrégation, les échantillons utilisés pour cette étude ont

été choisis en fonction de leur constante diélectrique avant polarisation. Les différentes

techniques de polarisation ont donné quasiment les mêmes propriétés électromécaniques.

Finalement, la valeur du champ électrique de polarisation a été fixée à 2000V/mm à la

température ambiante.

Tableau V-3 : Propriétés électromécaniques en fonction du protocole de polarisation Protocole Description

1

2

3

Montée-descente rapide à la température ambiante

Montée-descente lente à la température ambiante

Champ appliqué au delà de la température de Curie

Protocole de

polarisation εr (avant

polarisation) εr k31 E

11s (10-12 m2N-1) -d31 (pC/N) d33 (pC/N)

1

2

3

2619

2751

2590

2017

2185

1954

0,31

0,31

0,32

11

9,22

9,74

136

130

133

380

390

365

V.2.2 Transition de phase

La Figure V-9 donne l’évolution de la constante diélectrique εr en fonction de la

température et pour des fréquences de 100 Hz, 1kHz et 10 kHz pour un échantillon PMN-

0,40PT. Comme dans la cas du PMN-0,25PT, la constante diélectrique montre une seule

anomalie pour toutes les fréquences de mesure. Le pic à 182°C traduit une transition

ferroélectrique – paraélectrique (d’une phase quadratique à une phase cubique).

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117

Figure V-9 : Evolution de la constante diélectrique en fonction de la température pour un échantillon

PMN-0,40PT polarisé suivant <001>.

L’échantillon utilisé pour faire cette étude est prélevé au bas du lingot cristallin qui présente

un taux de titane moins important que celui du haut. Des échantillons issus du haut du lingot

cristallin ont donné des points de Curie beaucoup plus élevés (de l’ordre de 200 à 220 °C).

V.2.3 Cycle d’hystérésis

La Figure V-10 donne le cycle d'hystérésis P=f(E) à la température ambiante d’un

échantillon PMN-0,40PT orienté suivant la direction <001>. Le cycle présente une saturation

avec un champ coercitif relativement bas (500V/mm) et des valeurs de polarisation rémanente

Pr et spontanée Ps égales respectivement à 38 µC/cm2 et 41µC/cm2. Les valeurs assez élevées

de Pr et Ps s’expliquent par le fait que le matériau est polarisé suivant sa direction de

polarisation spontanée.

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118

-3000 -2000 -1000 0 1000 2000 3000 -50

-40

-30

-20

-10

0

10

20

30

40

50

Champ électrique (V/mm)

Pola

risat

ion

(µC

/cm

2 )

Figure V-10 : Cycles d'hystérésis d’un échantillon PMN-0,40PT orienté suivant <001>

Ps = 41µC/cm2 - Pr = 38 µC/cm2 - Ec =500 V/mm

V.2.4 Caractérisation électromécanique du PMN-0,40PT

Le Tableau V-4 regroupe les résultats de la caractérisation en mode latéral à bas

niveau de champ des quatre coupes du monocristal PMN-0,40PT. La coupe 3 présente des

propriétés piézoélectriques supérieures à celles des autres coupes.

Tableau V-4 : Caractérisation en mode latéral de PMN-0,40PT en fonction des coupes cristallographiques étudiées et d’une céramique PMN-0,40PT

Caractéristiques Coupe 1 Coupe 2 Coupe 3 Coupe 4 Céramique

εr 3238 908 6968 4915 2400

tan δ (%) 0,9 0,8 1,2 0,7 1,1

d33 (pC/N) 460 233 876 659 310

-d31 (pC/N) 211 102 549 376 135

-k31 0,37 0,38 0,54 0,45 0,26

E11s (10-12 m2N-1) 11,4 9,3 17,15 16,16 13,2

D11s (10-12 m2N-1) 9,84 7,99 12,24 12,92 12,3

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119

Le tableau montre aussi une incohérence de résultats qui se manifeste surtout sur les

coefficients d33 et εr qui devaient être sensiblement les mêmes pour les coupes 1 et 2 d’une

part et pour les coupes 3 et 4, compte tenu de l’isotropie de ces coefficients dans le plan et que

les échantillons ont la même direction de polarisation. Ceci s’explique par la forte ségrégation

du titane lors de la croissance du monocristal. La composition moyenne était bien PMN-

0,40PT, mais comme nous avons vu dans le chapitre précédent, le taux de PT passait de 37%

en bas du cristal à 48% en haut.

La même dispersion de propriétés a été constatée sur des échantillons caractérisés en mode

épaisseur. Le Tableau V-5 donne les résultats de la caractérisation en mode épaisseur de trois

échantillons prélevés le long du morceau de lingot de cristal.

Tableau V-5 : Caractérisation en mode épaisseur des échantillons PMN-0,40PT polarisés suivant <001>

Réf Tc (°C) (%Ti) d33 (pC/N) rε kt E33c (1010N.m-²)

1

2

3

180 (39)

182 (40)

192 (41)

710

560

420

4560

3400

2786

0,62

0,58

0,54

13,6

12,2

12

Au vu de cette étude, il s’avère que les propriétés piézoélectriques des monocristaux

rhomboédriques sont beaucoup plus intéressantes que celles des monocristaux quadratiques.

En effet, la constante piézoélectrique d33 augmente d’une façon non-linéaire quand on se

rapproche de la zone morphotropique MPB. Quand le taux de PT devient plus important

(phase quadratique pure), la valeur de d33 chute. Dans le cas de PMN-0,25PT, le coefficient

d33 est égale à 900 pC/N contre 460 pC/N pour le PMN-0,40PT (pour une polarisation suivant

la direction <001>) alors que ce dernier est plus proche de la MPB que le premier. Cette

différence significative peut être attribuée à la configuration des domaines. La polarisation

spontanée des matériaux rhomboédriques est <111>. Quand la polarisation est suivant <001>

les domaines peuvent se déformer par le cisaillement et étirement, augmentant ainsi la

constante piézoélectrique. Par contre dans le cas des cristaux quadratiques, le champ peut

seulement causer un étirement des domaines <001>, mais pas leur cisaillement, ce qui ne

permet pas d’augmenter la constante piézoélectrique.

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120

V.2.5 Stabilité thermique

L'objectif de cette étude est de déterminer la stabilité des coefficients

électromécaniques du matériau lors du cycle thermique décrit sur la Figure V-11 (Tmin=-40 °C

et Tmax = 130°C ). La température maximale présentant environ 23

de la température de

Curie.

Figure V-11 : Profil thermique utilisé pour l’étude de la stabilité en température

La Figure V-12 représente l’évolution thermique de la constante de fréquence N31, de la

constante diélectrique εr, du coefficient du couplage électromécanique k31 et de la constante

piézoélectrique d31 dans le cas d’un échantillon PMN-0,40PT de coupe 3. Durant tout le cycle

thermique, l’échantillon ne présente pas d’hystérésis avec une grande stabilité en température

de la constante diélectrique et de la souplesse. D'une façon générale, le constat suivant peut

être fait :

• Une variation de 40% sur le couplage latéral entre la température ambiante et 100°C,

et de 10% sur la constante diélectrique.

• L’augmentation de la constante de fréquence durant le cycle de température et due au

fait que la matériau est purement quadratique [45].

• Les valeurs de départ sont retrouvées après retour à la température ambiante avec un

hystérésis de 0,1% sur la valeur de la constante de fréquence.

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121

Température (°C)

N31

(Hz.

m)

Température (°C)

ε r

Température (°C)

k 31

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122

Température (°C)

d 31 (

pC/N

)

Figure V-12 : Stabilité en température d’un échantillon PMN-0,40PT de coupe 3

V.3 Détermination du tenseur complet des monocristaux polarisés suivant la direction <001>.

V.3.1 Méthodes de mesures

Les méthodes qui permettent de déterminer les coefficients élastiques, diélectriques et

piézoélectriques d’un matériau sont nombreuses. Elle nécessitent des échantillons de formes

particulières (Tableau I-2). Ces méthodes sont classées généralement en deux grandes

familles :

• Mesures de fréquence : Selon la forme choisie, un mode particulier de vibration est

privilégié. Il est alors possible de déterminer pour le mode choisi l’ensemble des

paramètres qui lui sont liés. Pour un matériau sous forme céramique, avec les seules

mesures de fréquence on peut déterminer le tenseur complet en utilisant les vibrations

en mode épaisseur, latéral, radial, longitudinal et cisaillement.

• Mesures de vitesses : Cette méthode permet de déterminer les coefficients élastiques

et piézoélectriques à partir des mesures des vitesses des ondes selon des directions

données.

Le fait de combiner les deux méthodes permet de réduire le nombre d’échantillons utilisés

(Figure V-13).

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123

Figure V-13 : Echantillons utilisés pour la détermination du tenseur complet des monocristaux PMN-

xPT

V.3.2 Mesures par résonance

V.3.2.1 Echantillon 1 : Mode latéral

L’échantillon est en forme de plaque mince dont la longueur est grande devant les

deux autres dimensions (10×2×1 mm3) polarisée selon l’axe 3. La vibration est selon l’axe

correspondant à la longueur. A partir des mesures de fréquence de résonance et

d’antirésonance, la caractérisation du matériau en mode latéral permet d’obtenir :

• Le coefficient de couplage k31 en utilisant la relation :

231

121-

a

r

fk avec XtgX fX

π= = V-1

fr et fa sont respectivement les fréquences de résonance et d’antirésonance.

• Les souplesses à champ constant 11Es et à induction constante 11

Ds sont déterminées à

partir des équations suivantes :

11 2

14

E

r

sL fρ

= V-2

( )211 11 311D Es s k= − V-3

• La permittivité à contrainte constante 33Tε est déterminée à partir de la capacité de

l’échantillon à une fréquence de 1kHz.

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124

• La constante piézoélectrique en mode latéral d31 est déterminée à partir de l’équation : 2

31 31 11 33. .E Td k s ε= V-4

V.3.2.2 Echantillon 2 : Mode longitudinal

L’échantillon de forme parallélépipédique est polarisé selon l’axe 3 (sa grande

dimension). Les équations qui permettent de déterminer les différents coefficients sont :

233 .cot 2

a

r

fk X gX avec X fπ= = V-5

33 2

14

D

r

sL fρ

= V-6

( )211 11 311D Es s k= − V-7

33T BFC L

Sε = à 1kHz V-8

233 33 33 33. .E Td k s ε= V-9

V.3.2.3 Echantillon 3 : Mode épaisseur

L’échantillon est en forme de plaque mince dont l’épaisseur est très petite devant les

deux autres dimensions (10×10×1 mm3) polarisée selon l’axe 3. Pour le mode épaisseur, les

équations qui permettent de déterminer les différents coefficients sont :

233 .cot 2

at

r

fk X gX avec X fπ= = V-10

3324D

rc L fρ= V-11

( )233 33 331E D

tc c k= − V-12

332 .

rS fC LS

ε = à 2.fr V-13

V.3.2.4 Echantillon 4 : Mode cisaillement

L’échantillon considéré est une plaque mince (1×10×10 mm3) polarisée suivant l’axe

3.

215 .cot 2

a

r

fk X gX avec X fπ= = V-14

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125

• La permittivité à contrainte constante 11Tε est déterminée à partir de la capacité de

l’échantillon à 1kHz.

5524D

rc L fρ= V-15

( )255 55 151E Dc c k= − V-16

( )211 11 151S T kε ε= − V-17

V.3.2.5 Mode radial

Ce mode a été utilisé pour caractériser la céramique PMN-0,25PT. L’échantillon est

un disque dont l’épaisseur est très petite devant le diamètre (13 × 1 mm2). Les équations qui

permettent de remonter à tous les coefficients accessibles sont :

Formule d’Onoé :

1

2

0,395 0,574rp

a r

fk

f f

+−

⎛ ⎞⎜ ⎟⎝ ⎠

V-18

11 22

1

(1 )E

Ep

sVρ σ

=−

V-19

où ρ est la densité et σE est le coefficient de poisson, Vp étant la vitesse de propagation en

mode radial.

12 11E EE ss σ= − V-20

12 12231 11

D E Ess k s= − V-21

( )66 66 11 122E D E Ess s s= = − V-22

V.3.3 Mesures de vitesses

L’utilisation de la méthode de résonance permet d’obtenir l’ensemble de coefficients

caractérisant complètement un matériau piézoélectrique. Le seul problème avec cette méthode

est l’obligation d’utiliser différentes formes d’échantillons dont certains seront élaborés

indépendamment des autres (cas des céramiques mode barreau par exemple si on opte pour

une forme 6,35×15mm²). Ceci peut induire une certaine dispersion de résultats qui peut se

traduire par une différence importante entre les valeurs déterminées directement par la mesure

et celles déduites d’inversion de matrice par exemple. L’avantage de la mesure de vitesses est

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126

qu’elle ne présente pas ce genre d’inconvénients. La précision de cette méthode dépend de

l’étalonnage préalable . Elle est de l’ordre de 1% [62].

Figure V-14 : Définition des différentes vitesses de propagation [62]

Les échantillons utilisés pour les mesures de vitesses sont les échantillons du mode épaisseur

et du mode cisaillement déjà utilisés pour les mesures de fréquences ce qui réduit le nombre

d’échantillons. Les différentes vitesses possibles dans un échantillon de forme

parallélépipédique sont représentées sur la Figure V-14.

Le Tableau V-6 donne les différentes vitesses possibles ainsi que leurs polarisation dans les

trois directions principales. Ces vitesses permettent de déterminer tous les coefficients du

tenseur élastique Eijc à l’exception du coefficient E

13c qui peut être déterminé soit à partir de la

relation :

33 31 13 33 332T E Ee d c c d= + V-23

ou en utilisant les directions <101> ou <011>.

V33

V32

V31

V13

V12

V11

V23

V21

V22

x3

x2

x1

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127

Tableau V-6 : Différentes vitesses possibles et leurs polarisation respectives dans les trois directions <100>, <010> et <001> [63]

Direction de propagation

Polarisation et nature des ondes Vitesse de propagation

<100> onde longitudinale E

2 1111

cV =

ρ

<010> onde transversale E

2 6612

cV =

ρ <100>

<001> onde transversale E 2 SD

2 44 15 114413

c +e /εcV = =

ρ ρ

<100> onde transversale E

2 6621

cV =

ρ

<010> onde longitudinale E

2 1122

cV =

ρ <010>

<001> onde transversale E 2 SD

2 44 15 114423

c +e /εcV = =

ρ ρ

<100> onde transversale E

2 4431

cV =

ρ

<010> onde transversale E

2 4432

cV =

ρ <001>

<001> onde longitudinale D E 2 S

2 33 33 33 3333

c c +e /εV = =

ρ ρ

V.4 Résultats de la caractérisation − Influence du phénomène de ségrégation

Les tableaux V-7, V-8 et V-9 donnent la forme générale du tenseur élastique

respectivement du PMN-0,25PT monocristal polarisé suivant <001>, de la céramique PMN-

0,25PT et du cristal PMN-0,40PT polarisé suivant la direction <001>. La méthode suivie pour

déterminer les tenseurs des deux cristaux est celle décrite au paragraphe IV-3 c’est à dire en

combinant les mesures de fréquences et de vitesses alors que pour la céramique PMN-0,25PT,

seules les mesures de fréquences ont été utilisées (le mode radial permet de remonter aux

coefficients manquants).

La matrice des coefficients Eijc a été déterminée directement par la mesure des fréquences et

des vitesses, et celle des coefficients Eijs a été obtenue par inversion. Cette technique permet

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128

de comparer les coefficients Eijs ainsi calculés et ceux déterminés directement des mesures de

fréquences. Dans le cas du monocristal PMN-0,40PT, une certaine incohérence a été constatée

sur les résultats de la caractérisation. Ainsi les écarts entre les 11Es et 55

Es mesurés et calculés

est de 35% et 47% respectivement, alors que dans le cas du PMN-0,25PT ces écarts ne sont

que de 6% et 1%. La constante diélectrique présente une variation de 13% entre les différents

modes de vibration pour le PMN-0,25PT contre 30% pour le PMN-0,40PT. Cette forte

dispersion dans le cas du monocristal quadratique s’explique par le fait que les échantillons

n’ont pas forcément la même composition à cause de la ségrégation très forte pour cette

formulation (k=0,85) dans la direction de croissance. Plus globalement, la caractérisation

tensorielle montre que les coefficients piézoélectriques (d) sont élevés pour les modes latéral

et longitudinal et faible (d15 = 152 pC/N) pour le mode de cisaillement dans le cas du PMN-

0,25PT. Néanmoins, le coefficient piézoélectrique du mode de cisaillement devrait être grand

dans le cas du tenseur monodomaine du cristal (polarisation suivant la direction de l’axe

polaire <111>) comme c’est le cas pour la composition PMN-0,33PT [64]. Le tenseur de la

céramique PMN-0,25PT a été déterminé pour le comparer à celui de la même composition en

forme monocristal en vue de faire une étude comparative des deux formes lors d’une

application de récupération d’énergie (chapitre suivant).

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129

Forme générale du tenseur Eijs (x10-12 m2/N)

ijd (x10-12 C/N)

ijd (x10-12 C/N) Tijε (x10-08 F/m)

Tableau V-7 : Tenseur du monocristal PMN-0,25PT polarisé suivant <001> 37,5 -18,9 -15,7 0 0 0 0 0 -386 -18,9 37,5 -15,7 0 0 0 0 0 -386 -15,7 -15,7 35,3 0 0 0 0 0 843

0 0 0 15,3 0 0 0 152 0 0 0 0 0 15,3 0 152 0 0 0 0 0 0 0 17,4 0 0 0 0 0 0 0 152 0 1,41 0 0 0 0 0 152 0 0 0 1,41 0

-386 -386 843 0 0 0 0 0 2,86

Tableau V-8 : Tenseur de la céramique PMN-0,25PT

11,9 -3,55 -5.02 0 0 0 0 0 -100 -3,55 11,9 -5,02 0 0 0 0 0 -100 -5,02 -5,02 13,78 0 0 0 0 0 247

0 0 0 33,4 0 0 0 249 0 0 0 0 0 33,4 0 249 0 0 0 0 0 0 0 30,9 0 0 0 0 0 0 0 249 0 1,15 0 0 0 0 0 249 0 0 0 1,15 0

-100 -100 247 0 0 0 0 0 1,73

Tableau V-9 : Tenseur du monocristal PMN-0,40PT polarisé suivant <001> 13,1 -1 -6,94 0 0 0 0 0 -128 -1 13,1 -6,94 0 0 0 0 0 -128

-6,94 -6,94 16,14 0 0 0 0 0 272 0 0 0 22,9 0 0 0 371 0 0 0 0 0 22,9 0 371 0 0 0 0 0 0 0 16,98 0 0 0 0 0 0 0 371 0 2,58 0 0 0 0 0 371 0 0 0 2,58 0

-128 -128 272 0 0 0 0 0 0,99

k33=0,84 k31= -0,4 k15=0,32 kt=0,6

k33=0,51 k31= -0,31 k15=0,45 kt=0,5 kp=0,39

k33=0,68 k31= -0,4 k15=0,64 kt=0,6

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130

Le schéma de la Figure V-15 illustre le phénomène de ségrégation présent dans une plaque de

lingot engendré par la différence entre la direction de polarisation <001> et la direction de

croissance <111>. Ceci montre que même en utilisant des échantillons provenant de la même

plaque dans le cristal, la variation de composition et par conséquent la fluctuation des

propriétés sera toujours présente. La solution serait peut être, à défaut d’éliminer la

ségrégation longitudinale pendant la croissance, de procéder à une croissance avec des germes

orientés <001> pour les cristaux quadratiques.

Figure V-15 : Illustration de l’effet de ségrégation [Ti]haut > [Ti]bas sur la fluctuation des propriétés

piézoélectriques du matériau dans une même plaque

En effet, si le cristal était orienté <001> lors de la croissance, et si on considère que la

ségrégation radiale est très faible pour les croissances utilisant des creusets de faible diamètre,

la composition serait conservée sur toute la plaque, ce qui aurait permis d’avoir un

échantillonnage beaucoup plus cohérent et par la suite peu de dispersion de caractéristiques,

puisque tous les échantillons seront prélevés d’un cylindre d’une hauteur de 3 à 5mm contre

12mm dans notre cas.

V.5 Conclusion

Pour les deux cristaux PMN-0,25PT et PMN-0,40PT, deux directions de polarisation

ont été étudiées : l’une avec le champ de polarisation appliqué suivant la direction <001> et

l’autre dans la direction <110>. Dans le cas du PMN-0,25PT, ces deux types de polarisation

conduisent à un état mutlidomaines (cf δ I-6), ce qui a permis un gain important sur les

propriétés piézoélectriques. La stabilité thermique des deux compositions a été étudiée. Les

deux cristaux ne présentant pas de transition ferroélectrique-ferroélectrique, la seule transition

qui peut alors engendrer des instabilités des propriétés des matériaux devient la transition

ferroélectrique-paraélectrique. Cette transition se produit à une température assez élevée dans

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131

le cas du PMN-0,40PT (Tc=182 °C), ce qui fait que cette composition présente finalement un

très faible hystérésis thermique.

Les tenseurs élastiques, diélectriques et piézoélectriques monodomaine du PMN-0,40PT et

multidomaines du PMN-0,25PT ont été déterminés. Ils confirment les propriétés intéressantes

des matériaux polarisés suivant une direction qui n’est pas la direction de leur polarisation

spontanée.

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132

VI Chapitre VI : Applications : Comparaison de la forme céramique et cristalline en terme de récupération d’énergie du PMN-0,25PT

Les propriétés électromécaniques des monocristaux PMN-PT sont très intéressantes

dans la mesure où elles permettent un gain de facteur 3 sur le coefficient de couplage

électromécanique k31 par rapport aux meilleures céramiques PZT (85% au lieu de 30%). Le

couplage latéral est utilisé dans de nombreux dispositifs de récupération d’énergie par

conversion électromécanique. Ce chapitre traite donc de la comparaison des performances du

PMN-0,25PT sous forme céramique et cristalline en terme de récupération d’énergie. Le

dispositif expérimental utilisé montre que le monocristal permet de fournir jusqu’à 20 fois

plus de puissance électrique que la céramique pour un déplacement donné.

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133

VI.1 Introduction

Un microgénérateur piézoélectrique est constitué d’un dispositif mécanique qui

transmet une sollicitation mécanique à un élément piézoélectrique qui, grâce à l’effet direct de

la piézoélectricité, convertit l’énergie mécanique en énergie électrique. Cette énergie pourra

ensuite être utilisée pour alimenter un circuit électrique. La Figure VI-1 donne un exemple

simple de récupération d’énergie qui permet lors d’une manœuvre tout à fait banale (la

marche) de récupérer de l’énergie électrique.

Figure VI-1 : Matériau piézoélectrique PZT placé dans une chaussure. Pendant la marche, il produit

une tension de sortie de 177V crête-crête [65]

Lorsque l’élément piézoélectrique est excité à des fréquences beaucoup plus faibles que sa

fréquence de résonance on parle d’un microgénérateur fonctionnant en régime quasi-statique.

Mais lorsque les fréquences d’excitation deviennent quasiment les mêmes que la fréquence de

résonance de l’élément actif, on parle d’un microgénérateur fonctionnant en régime

dynamique, et ce sont ces derniers qui s’avèrent les plus performants [66].

VI.2 Poutre de caractérisation en mode latéral

Pour tester les performances des matériaux en terme de récupération d’énergie, une

application simple a été utilisée. Les matériaux piézoélectriques à tester sont montés sur une

poutre résonant à différentes fréquences comme le montre la Figure VI-2.

Le dispositif expérimental est constitué d’une poutre en acier encastrée à l’une de ces

extrémités dans un support rigide. L’élément piézoélectrique est collé sur la poutre du côté

encastré où le rayon de courbure est le plus petit pour le premier mode de vibration [67, 68].

La direction de polarisation est perpendiculaire à la surface de la poutre. Par conséquent, le

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134

couplage latéral k31 dirige principalement la réponse électromécanique de l’élément

piézoélectrique.

Figure VI-2 : Dispositif expérimental utilisé pour la récupération d’énergie

Les dimensions de la poutre sont fixées à 40 × 7 × 1,5 mm3. Les dimensions latérales de

l’élément actif sont fixées à 10 × 7 mm². Dans une étude précédente [16], le choix de

l’épaisseur a été discuté en terme d’optimisation du couplage électromécanique de la structure

finale, une épaisseur de 1mm a été choisie.

VI.3 Différentes techniques de récupération d’énergie

Ce paragraphe présente différentes manières d’optimiser la puissance électrique

délivrée par l’élément piézoélectrique d’un microgénérateur.

En fonctionnement normal, le générateur électrique est censé délivrer sans interruption la

puissance requise par sa charge électrique. Cependant, dans le cas où la puissance mécanique

provient des vibrations ambiantes, la puissance électrique délivrée par l’élément

piézoélectrique peut varier dans des proportions plus ou moins importantes. Pour compenser

des réductions de niveau provisoires des vibrations environnantes ou pour surmonter un pic

de la puissance consommée par la charge électrique, une "cellule" ou dispositif de stockage

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135

d'énergie doit être inclus dans le microgénérateur. De plus, l'élément piézoélectrique

fournissant une tension alternative, et le stockage se faisant sous une tension continue, un

redresseur permet d’assurer la connexion entre la cellule de stockage d'énergie et l'élément

actif.

Les équations de la piézoélectricité s’écrivent :

E

t Sc eT S

D Ee ε⎡ ⎤ ⎧ ⎫⎧ ⎫⎪ ⎪ ⎪ ⎪⎢ ⎥⎨ ⎬ ⎨ ⎬⎢ ⎥⎪ ⎪ ⎪ ⎪⎩ ⎭ ⎩ ⎭⎣ ⎦

−= VI-1

où : T, S, E et D sont respectivement la contrainte mécanique, la déformation relative, le

champ électrique et l’induction électrique.

Si on considère le cas du mode latéral, les équations piézoélectriques s’écrivent alors :

11 31

31 33

E

S

T c S e ED e S Eε

⎧⎪⎨⎪⎩

= −= +

VI-2

Ces équations locales conduisent aux équations globales suivantes :

0

P PEF K u VI u C V

αα

⎧⎪⎨⎪⎩

= += − &&

VI-3

avec 330

S ACL

ε=

C0 : Capacité de l’élément piézoélectrique à déplacement nul

α : Facteur de proportionnalité force / tension à déplacement nul

KPE : Raideur équivalente en court-circuit de la structure (élément

piézoélectrique+poutre)

I : Courant électrique

u : Déplacement

V : Tension aux bornes de l’élément actif

Fp : Force appliquée à l’élément

A, L : Surface et épaisseur de l’élément piézoélectrique

Les paramètres α et KPE peuvent être pré-déterminés par l’intermédiaire d’un modèle élément

finis. Ils peuvent aussi être déterminés expérimentalement.

VI.3.1 Technique classique

La technique dite classique consiste à relier les électrodes de l’élément piézoélectrique

à une cellule de stockage par l’intermédiaire d’un simple redresseur à diodes (Figure VI-3).

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136

La tension redressée est supposée constante : sa valeur est imposée par la cellule de stockage.

L’allure du déplacement mécanique et des tensions correspondantes est représentée sur la

Figure VI-4 dans le cas d’une vibration purement sinusoïdale. Dans ce cas, la puissance

fournie à l’élément de stockage est donnée par l’équation VI-4 [67].

0

0

2R M R

CP V U VC

ω απ

⎛ ⎞⎜ ⎟⎜ ⎟⎝ ⎠

= − VI-4

Où :

VR : Tension redressée par les diodes

Um : Amplitude du déplacement

ω : pulsation mécanique

Figure VI-3 : Dispositif classique pour la récupération d’énergie

Figure VI-4 : Allure des signaux de la tension V et du déplacement u d’un dispositif classique de

récupération d’énergie

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137

VI.3.2 Technique non-linéaire

La technique proposée, dite SSHI (Synchronized Switch Harvesting on Inductor), qui

est directement dérivée de la technique d’amortissement de vibrations semi-passif SSDI [69,

70], consiste à ajouter un dispositif de commutation en série avec l’élément piézoélectrique

(Figure VI-5). Le traitement non-linéaire obtenu à l’aide de ce dispositif permet d’augmenter

très nettement la puissance électrique délivrée par l’élément piézoélectrique pour une

amplitude de déplacement mécanique donnée [67]. Les formes d’ondes correspondantes sont

représentées sur la Figure VI-6.

La puissance moyenne est dans ce cas donnée par l’équation suivante :

( )2

02

2 1

1

i

i

Q

R M RQ

eP V U C Ve

π

πω απ

−+= ⋅ ⋅ −−

VI-5

Où :

VR : Tension redressée par les diodes (égale à Vcell)

Um : Amplitude du déplacement

ω : Pulsation mécanique

Qi : Facteur de qualité du circuit L-C0

Figure VI-5 : Dispositif SSHI pour la récupération d’énergie

Figure VI-6 : Allure des signaux d’un dispositif SSHI de récupération d’énergie

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138

VI.4 Caractéristiques à bas niveau

Le Tableau VI-1 donne les résultats de la caractérisation électromécanique en mode

latéral des deux échantillons PMN-0,25PT (céramique et cristal) utilisés pour l’application.

Les propriétés de la forme monocristalline du matériau sont nettement plus grandes que celles

des céramiques, un facteur 2 est même observé sur le couplage latéral qui est le point clé de la

conversion électromécanique considérée. Les pertes, que ce soit électriques ou mécaniques,

sont un peu plus élevées dans le cas de la céramique.

Tableau VI-1 : Caractéristiques électromécaniques des éléments piézoélectriques utilisés

Paramètre monocristal céramique

Capacité à basse fréquence (Cbf)

Pertes diélectriques (tan δ)

Coefficient de couplage électromécanique (k31)

Facteur de qualité mécanique

Constante diélectrique ( 33Tε )

Constante piézoélectrique (d31)

1532 pF

0,33 %

-0,725

362

22,64 nF/m

-643 pC/N

703 pF

0,75 %

-0,312

283

10,33 nF/m

-74 pC/N

Le Tableau VI-2 montre les mesures expérimentales qu’on peut effectuer sur la structure

(poutre+ insert).

Tableau VI-2 : Mesures expérimentales f0 Fréquence de résonance en court-circuit

f1 Fréquence de résonance en circuit ouvert

ξ Coefficient d’amortissement en circuit ouvert

γ Coefficient de proportionnalité entre tension et

déplacement (V/m)

C0 Capacité bloquée des éléments piézoélectriques

k Facteur de couplage électromécanique

Le facteur de couplage électromécanique de la structure (poutre+insert) est déterminé par la

mesure des fréquences de résonance de la poutre en circuit ouvert et en circuit fermé. On

mesure par l’intermédiaire d’un analyseur fréquentiel le pic de résonance en laissant l’insert

piézoélectrique en circuit ouvert, ou en circuit fermé. Le couplage est alors donné par la

relation suivante :

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139

2 21 0

21

²f f

kf−

= VI-6

Les résultats de la caractérisation obtenus sur les deux matériaux testés sont donnés dans le

Tableau VI-3.

Tableau VI-3 : Caractérisation à bas niveau de la structure vibrante Microgénérateur avec PMN-0,25PT Paramètre

céramique monocristal f0 (Hz)

f1 (Hz)

ξ (10-3)

γ (103 V/m)

C0 (pF)

k

936,4

938,4

1,75

43,12

646

0,065

883,7

918,1

1,78

145

1200

0,271

VI.5 Résultats expérimentaux

La Figure VI-7 présente la puissance récupérée en fonction de la tension redressée VR

en utilisant la technique classique et la technique SSHI, avec un déplacement de 100 µm à une

fréquence de 900 Hz. Comparée à la technique standard, la technique SSHI augmente la

puissance de sortie d’un facteur 6,5 dans le cas où l’élément actif est une céramique et de 7,4

dans le cas du cristal. Quelle que soit la nature de l’élément piézoélectrique donc, l’approche

non-linéaire pour la récupération d’énergie permet un gain d’environ 7 par rapport à la

technique classique.

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140

Figure VI-7 : Puissance récupérée en fonction de la tension redressée pour un déplacement de 100µm

pour un générateur utilisant une céramique et un monocristal comme élément piézoélectrique

Ces résultats montrent aussi que la puissance de sortie d’un générateur qui utilise un cristal est

17 fois plus grande dans le cas de la technique classique et 20 fois plus grande dans le cas de

la technique SSHI.

Si on considère le volume de l’élément piézoélectrique, pour un déplacement de 150µm, les

densités de puissance moyennes atteignent respectivement 55,4 mW/cm3 pour le monocristal

et 2,57 mW/cm3 pour la céramique. Cette constatation souligne l'importance des

caractéristiques du matériau piézoélectrique sur la puissance de sortie et montre l’intérêt

d’utiliser les monocristaux dans des applications visant la miniaturisation des générateurs. En

effet, dans les mêmes conditions d’excitation du matériau piézoélectrique, un cristal de 1 cm3

de volume délivre la même puissance qu’une céramique de 21,55 cm3.

La Figure VI-8 donne la puissance moyenne optimale produite en fonction de l’amplitude de

déplacement par des générateurs utilisant la céramique et le cristal comme élément

piézoélectrique et pour les deux techniques de récupération d’énergie.

On notera que quel que soit le niveau de déplacement considéré, et quelle que soit la

technique utilisée, le cristal délivre une puissance supérieure à la céramique.

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141

Figure VI-8 : Puissance moyenne récupérée en fonction de l’amplitude de déplacement pour les deux

techniques et les deux matériaux.

VI.6 Conclusion :

La nouvelle approche non linéaire SSHI de récupération d'énergie permet d’améliorer

significativement la puissance électrique produite par un matériau piézoélectrique : les

résultats expérimentaux prouvent que la puissance de sortie peut être augmentée de 800%

comparé à la technique la plus fréquemment utilisée.

Dans le cas des deux générateurs électriques présentés, celui qui utilise un monocristal de

PMN-0,25PT fournit 20 fois plus de puissance (à amplitude de déplacement donnée) que

l'autre utilisant une céramique de même composition. Ce gain remarquable est

particulièrement intéressant dans la conception des générateurs miniatures à forte densité de

puissance. Les développements industriels dans ce domaine pourraient aider à surmonter le

coût élevé de la croissance des monocristaux.

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CONCLUSION GENERALE

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143

Le travail effectué durant cette thèse s’inscrit de le cadre de l’évaluation des

monocristaux PMN-PT et PZN-PT en vue de les utiliser comme éléments actifs dans

d’éventuelle applications en remplacement des céramiques PZT fréquemment utilisées.

Cette étude traite dans une première partie de la synthèse des monocristaux PZN-0,045PT par

une autre méthode que celle du Flux utilisée classiquement. Ce travail confirme la faisabilité

de la synthèse de cette composition par la méthode Bridgman modifié. En plus du gain en

terme de taille de cristaux, une étude comparative des propriétés physico-chimiques et

électromécaniques des cristaux élaborés par les deux méthodes a montré que les

caractéristiques dépendent peu de la méthode de synthèse. A notre connaissance, la synthèse

de monocristaux PZN-0,045PT par la méthode Bridgman modifié n’a jamais fait l’objet de

publications de la part d’autres équipes.

La deuxième partie concerne les monocristaux monophasiques PMN-xPT (x=0,25 et

0,40) de l’élaboration à l’application en passant par la caractérisation physico-chimique et

électromécanique.

Principaux résultats obtenus :

Etude de la ségrégation dans les monocristaux PMN-xPT :

Après une étude d’optimisation de taux de MgO dans les céramiques PMN-xPT, un

des problèmes de la croissance par la méthode Bridgman a été traité. Le phénomène de

ségrégation rencontré lors des croissances cristallines par voie Bridgman induit une

fluctuation importante de la composition le long du cristal. Cette variation de composition a

été mise en évidence par une importante variation des paramètres de maille et de la

température de Curie le long du lingot cristallin. Ainsi pour le PMN-0,40PT le coefficient de

ségrégation k déterminé est de 0,85 contre 0,95 pour le PMN-0,25PT. La forte ségrégation de

la formulation quadratique s’est répercutée sur la caractérisation électromécanique des

différentes coupes cristallographiques en mode latéral. Une très forte dispersion des

caractéristiques a été constatée sur cette composition.

Caractérisation électromécanique :

Le fait de polariser un cristal suivant une direction différente de son axe polaire

conduit à un état multidomaines et par conséquent à une activité électromécanique plus

importante. Ainsi, deux directions de polarisation ont été étudiées <001> et <110>. Quelque

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144

soit le matériau, la deuxième direction de polarisation présente les meilleurs résultats avec des

facteurs de couplage k31 et des constantes piézoélectriques d31 élevés. Ceci s’explique par

l’ingénierie des domaines qui montre qu’une configuration 2mm des domaines induite par une

polarisation <110> donnent les meilleures propriétés.

Les tenseurs élastique, diélectrique et piézoélectrique des deux compositions PMN-xPT,

polarisées suivant la direction <001>, ont été déterminés. Le tenseur du PMN-0,25PT est

cohérent contrairement à celui du PMN-0,40PT qui présente des différences entre les valeurs

des coefficients mesurés et celles calculées à cause de la ségrégation du titane. Cette

caractérisation a confirmé les propriétés intéressantes des matériaux rhomboédriques par

rapport aux quadratiques.

Stabilité thermique :

La stabilité thermique des monocristaux PMN-xPT (x=0,25 et 0,40) et PZN-0,045PT a

été étudiée. L’existence d’une transition de phase ferroélectrique-ferroélectrique TRT

provoque un hystérésis des propriétés diélectriques et piézoélectriques, mais après retour à la

température ambiante, le matériau retrouve toutes ses propriétés. Ce constat s’explique par

une très faible dépolarisation du matériau. Les températures limites de fonctionnement des

différentes compositions ont été déterminées. Elle ne doivent pas dépasser 130°C pour le

PMN-0,40PT, 100°C pour le PZN-0,045PT et 80°C dans le cas du PMN-0,25PT. Ces

températures critiques correspondent à 23

de la température de Curie.

Application : récupération d’énergie :

Nous avons montré sur une application que les monocristaux exploités en leur mode

latéral présentent des gains de performances importants comparés à des céramiques de même

composition. Un matériau de formulation PMN-0,25PT a été utilisé dans une application

visant la récupération d’énergie. Cette application a confirmé que l’approche non-linéaire de

la récupération d’énergie développé par l’équipe "Systèmes électro-actifs" du Laboratoire

permet d’augmenter considérablement l’effet de conversion d’énergie des dispositifs

piézoélectriques. La comparaison entre la forme cristalline et la forme céramique a confirmé

tout l’intérêt accordé aux monocristaux. Le gain de facteur 5 observé sur le facteur k2

(couplage électromécanique) s’est traduit par un gain de facteur 20 en terme de récupération

d’énergie pour un déplacement de 150µm.

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ANNEXES

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Annexe 1 : Caractérisation tensorielle complète du PMN-0,25PT sous forme céramique et monocristal orienté

suivant la direction <001>

La formulation du matériau est Pb(Mg1/3Nb2/3)0,75Ti0,25O3.

Propriétés

Désignation

Unité

céramique

monocristal

Masse volumique ρ 103 Kg/m3 7,7 8,07 E11c 1010 N.m-2 13,9 11,7 E12c 7,43 9,93 E13c 7,77 9,63 E33c 12,92 11,4 E44c 2,99 6,55 E66c 3,24 5,75

Constantes élastiques à champ constant

D11c 1010 N.m-2 13,94 11,78 D12c 7,46 9,99 D13c 7,5 9,02 D33c 15,01 17,04 D44c 3,75 7,30 D66c 3,24 5,75

Constantes élastiques à induction constante

E11s 10-12m2/N 11,9 37,47 E12s - 3,55 - 18,86 E13s - 5,02 - 15,71 E33s 13,78 35,3 E44s 33,4 15,27 E66s 30,9 17,39

Compliances à champ constant

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147

Propriétés

Désignation

Unité

céramique

monocristal

D11s 1010 N.m-2 11,32 32,26 D12s - 4,13 - 24,07 D13s - 3,59 - 4,34 D33s 10,25 10,46 D44s 28,01 13,69 D66s 30,9 17,39

Constantes élastiques à induction constante

T33ε 10-9 F.m-1 17,27 28,2 S33ε 12,78 8,4 T11ε 11,5 14,1 S11ε 9,12 12,6

Constantes Diélectriques

d31 pC/N - 100 - 368 d33 247 843 d15 249 149

g31 10-3 Vm/N - 6,6 - 12,8 g33 14,3 29,5 g15 21,8 10,6

e31 C/m2 - 0,23 -2,34 e33 18 21,8 e15 8,37 9,67

h31 108 V/m -0,13 -0,82 h33 20,1 27,2 h15 7,28 7,56

Constantes piézoélectriques

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148

Propriétés

Désignation

Unité

céramique

monocristal

k31 % 31 40 kp 39 --- k33 51 84 kt 49 60 k15 45 32

Constantes de couplage

N33 Hz.m 1578 1000 N31 1678 962 Nt 2015 2030 Np 2310 --- N15 1030 1420

Constante de fréquence

Température de Curie

Τc °C 124 116

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149

Annexe 2 : Caractérisation tensorielle complète du monocristal PMN-0,40PT orienté suivant la direction <001>.

La formulation du matériau est Pb(Mg1/3Nb2/3)0,6Ti0,4O3

Propriétés

Désignation

Unité

monocristal

Masse volumique ρ 103 Kg/m3 7,89 E11c 1010 N.m-2 11,8 E12c 4,68 E13c 7,09 E33c 12,3 E44c 4,37 E66c 5,89

Constantes élastiques à champ constant

D11c 1010 N.m-2 11,86 D12c 4,74 D13c 6,58 D33c 16,65 D44c 4,54 D66c 5,89

Constantes élastiques à induction constante

E11s 10-12m2/N 13,05 E12s - 1 E13s - 6,94 E33s 16,14 E44s 22,88 E66s 16,98

Compliances à champ constant

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150

Propriétés

Désignation

Unité

monocristal

D11s 1010 N.m-2 11,41 D12s - 2,64 D13s - 3,46 D33s 8,74 D44s 22,02 D66s 16,98

Constantes élastiques à induction constante

T33ε 10-9 F/m 10 S33ε 5,38 T11ε 25,8 S11ε 15,2

Constantes Diélectriques

d31 pC/N - 128 d33 272 d15 370

g31 10-3 Vm/N - 12,4 g33 27 g15 10,6

e31 C/m2 - 1,81 e33 15,3 e15 28,6

h31 109 V/m -0,18 h33 4,43 h15 1,11

Constantes piézoélectriques

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Propriétés

Désignation

Unité

monocristal

k31 % - 40 k33 68 kt 60 k15 64

Constantes de couplage

N33 Hz.m 1451 N31 1825 Nt 2056 N15 1255

Constante de fréquence

Température de Curie

Τc °C 182

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