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Le Mathnawî de Djalâl-od-Dîn Mohammad Mawlawi de Balkh, célèbre en Occident sous le nom de Rûmî, surnomme Mawlânâ (notre Maitre), l’un des plus grands génies mystiques de tous les temps, est sans conteste l’un des sommets de la littérature universelle et, pourrait-on dire, l’un des livres sacres de l’humanite.
Comment définir cette œuvre monumentale de cinquante et un mille vers (25 630 distiques) ? Une somme spirituelle, une comédie humaine et divine, l’apogée de la poésie mystique musulmane, une œuvre à laquelle ne manque aucun élément nécessaire à une étude générale sur la vie, la pensée et l’origine de l’être humain ?
Et comment présenter le Mathnawî ? S’agit-il d’un livre de poésie, d’un système philosophique, d’un commentaire général de la théologie islamique, d’une doctrine métaphysique, d’un exposé de la pensée et de la vision mystiques ?
Ou bien encore est-ce une étude approfondie de la psychologie, et notamment un document inégalé sur la psychologie sociale de son époque, l’enseignement d’un maitre spirituel et une méthode pédagogique extrêmement subtile ?
Sans nul doute, il ne s’agit ni de l’un ni de l’autre, mais plutôt d’une étude synthétique de tous les principes que nous venons de mentionner.
Mathnawî - Rûmî
MATHNAWÎ
Djalâl-od-DînRûmî
MATHNAWÎ
LaQuêtedel’Absolu*
LivresIàIII
traduitdupersanparEvadeVITRAYMEYEROVITCH
etDJAMCHIDMORTAZAVI
Titreoriginal«Mathnawî»
Tousdroitsdetraduction,dereproductionetd’adaptationréservéspourtouspays.©1990,2004,ÉditionsduRocher©ÉditionsduRocher,2014pourlaprésenteédition
ISBN978-2-26807-554-9ISBNepub:978-2-26808-241-7
Avertissementaulecteur
LescitationsextraitesduQor’ânsontenitaliquesdansletexte,etleursréférencessontindiquéespardesnotesenfindechaquelivre.D’autresnotesenbasdepageéclairentlesensdecertainsmotsouexpressionsrencontrées.Enfinontrouveraenfind’ouvrageunglossairegénéraldestermesreligieuxouphilosophiquespersans.
NTRODUCTION
LeMathnawîdeDjalâl-od-DînMohammadMawlawideBalkh,célèbreen Occident sous le nom de Rûmî, surnommeMawlânâ (notreMaitre),l’undesplusgrandsgéniesmystiquesdetouslestemps,estsanscontestel’undessommetsdelalittératureuniverselleet,pourrait-ondire,l’undeslivressacresdel’humanite.Comment définir cette œuvre monumentale de cinquante et un mille
vers(25630distiques)?Vnesommespirituelle,unecomédiehumaineetdivine, l’apogéede lapoésiemystiquemusulmane,uneœuvreà laquellenemanque aucun élément nécessaire à une étude générale sur la vie, lapenséeetl’originedel’êtrehumain?EtcommentprésenterleMathnawî?S’agit-ild’unlivredepoésie,d’un
système philosophique, d’un commentaire général de la théologieislamique,d’unedoctrinemétaphysique,d’unexposédelapenséeetdelavisionmystiques?Ou bien encore est-ce une étude approfondie de la psychologie, et
notammentundocumentinégalésurlapsychologiesocialedesonépoque,l’enseignement d’un maitre spirituel et une methode pédagogiqueextrêmementsubtile?Sansnuldoute, il ne s’agit ni de l’unni de l’autre,maisplutôt d’une
étudesynthétiquedetouslesprincipesquenousvenonsdementionner.Toutd’abord,aupointdevuepurementpoétique,bienqu’onnepuisse
considérer IeMathnawî toutentiercommedebeautéégale, il s’y trouvedespassagesquicomptentparmi lesplussublimespoemesmystiquesdela littérature persane. Il ne serait pas réaliste de s’attendre à ce qu’uneœuvre aussi considérable soitd’un niveau littéraire identique ducommencement à la fin. D’un livre traitant de sujets variés,philosophiques, théologiques et psychologiques, il est normalqu’apparaissentcertainesdifférencesentrelescinquantemilleversdontlacompositions’étalesurdesannées.Quantauxconceptionsphilosophiquesetmétaphysiques,noustrouvons
dansleMathnawîunsystèmeprofondetcompletqui,unefoisdéchiffré,peutêtretenupourl’undesplusimportantsdumonde.Onpeutyreconnaîtreunchoixdenotionsdéjàconnues,parexemple,
celles de la philosophie grecque, auxquelles viennent s’ajouter deséléments doctrinaux originaux. Même les conceptions qui ont pu êtreinfluencéespardesidéesantérieuressontexposéesdansunstyleetselonuneméthodelesrendantbeaucoupplusaccessiblesetcompréhensibles.Ainsi, leMathnawî commence par une évocation de la pensée néo-
platonicienne sous la forme du chant d’un pipeau qui se lamente de laséparation d’avec sa patrie spirituelle. La philosophie de Platon existepartout dans le Mathnawî1. Mawlânâ accorde une grande place à lamaïeutique socratique2, sa doctrine personnelle étant plus éloignée desidéesaristotéliciennes3.Mais la pensée créatrice de Mawlânâ ne s’arrête pas là. La base
essentielle en est la croyance en l’Unité de l’Existènce (wahdat-e-wudjud) : l’esprithumainest séparédesonoriginepar l’individualitédesonêtreprovisoire,aussiéprouve-t-illanostalgieduretouràsasourceetdel’unionavecelle.C’estainsiquelesthèmesdel’exil,del’oubli,deladescenteoccupentunegrandeplacedanscettevisiondumonde.D’autrepart, lahiérarchiedes émanations successivesde la raison est
expliquée,depuislaraisonpure(ouraisonuniverselle)jusqu’àsadixièmeémanation4, qui est intermédiaire entre le monde divin et le mondephénoménal5.Encequiconcernelaraison,lamatièreetlaforme,Mawlânâ,àl’instar
delaphilosophieislamique,admetcertainesidéesd’Aristote6;mais,pourcequide l’esprit etde l’âme, il se révèleplusprochede lapenséenéo-platonicienne7. C’est après la dixième émanation de la raison que lesraisonspartielles8etlesêtresviennentaumondedel’existence9.L’espritrecèleluiaussidesaspectsmultiples,maiscequireprésentela
partie divine de l’homme10 est ce qui importe avant tout à Mawlânâcommeàtouslesmystiques11.Laphilosophiemusulmaneparledevingt-quatrecatégoriesd’âmes,maisc’est l’âmecharnelle12dont il est surtoutquestiondansleMathnawî;elleconstitue,eneffet,leplusgranddangeretl’obstacle le plus grave pour le chercheur sur la voie de la Réalitésuprême.C’estellequiégareleshommes,mêmesincères13.Pour Mawlânâ, la forme est la manifestation d’une multiplicité
apparenteauseind’uneExistenceabsolumentunique14.Ce qui, dans les écrits de Mawlânâ, suscite le plus d’étonnement,
concernel’atome.NoustrouvonseneffetdansleMathnawîunethéoriedelaphysiquenucléairecomparableàcellequiavait coursdans lesannéesquarantedenotresiècle.Cequ’ilenditn’arienàvoiraveclaphilosophiegrecque — celle de Démocrite, par exemple — non plus qu’avec laphilosophieislamique.Onnesaitcommentexpliquercetteconnaissanceetcet intérêt de Mawlânâ pour l’atome et la force nucléaire, totalementignorés,nonseulementàsonépoque,maisendestempsultérieurs.Ilparled’un monde constitué d’atomes15 qui se meuvent selon un mouvementperpétuel. Unmonde immuable et statique est dépourvu de réalité. Cesatomes sont reliés entre eux par une gravitation universelle16.Mawlânâaffirmeque l’apparence immobilede cequi existen’est qu’une illusion.Rreprenantlesthèmesd’Héraclite,ilcomparelemondeàunerivièrequisemble ne pas se mouvoir, mais dans laquelle l’on ne peut jamais sebaignerdeuxfoisdanslamêmeeau17.Onapeineàcroirequecegéniepouvait,auXIIIe siècledenotreère,
évoquerlapuissancedelaforcenucléairedéchaînéesionlalibère18.C’estainsiqu’ilécrit:
«Ilestunsoleilcachédansunatome:soudain,cetatomeouvrelabouche.«Lesdeuxet laterres’effritentenpoussièredevantcesoleil lorsqu’il
surgitdel’embuscade19.»
L’undesprincipesdebaseduMathnawîestladialectique.Dansl’histoiredelapenséeoccidentale,elleseprésentesousdeuxaspectsfondamentaux.
Tout d’abord, la dialectique selon Platon, qui remonte de concept enconcept etdepropositionenproposition jusqu’auxconceptsgénérauxetenfinauxprincipespremiers20.C’estunmouvementdel’espritquis’élèvedessensationsauxidées.D’autre part, une dialectique qui, au XXe siècle, sera appelée la
dialectique de type hégélien. Démarche de la pensée conforme audéveloppementmêmedel’être,elleconsisteessentiellementàreconnaîtrel’inséparabilitédesdonnéescontradictoires.Ladialectiqueexposéedans leMathnawî est trèsétendueetcomporte
les deux catégories que nous venons d’indiquer. On peutmême trouverune idée semblable au principe de la triade hégélienne (thèse, antithèse,synthèse21).Mawlânâdéclare:«Lavien’estquel’harmoniedescontraires;lamort
provientdecequ’ilsentrentenconflit22.»Ilditquelemondedel’esprit
et lemondedivin sont impérissables et éternels,parcequecemondenerésultepasdelasynthèsedesopposés,àl’inversedecequ’ilenestpourlemondephénoménal23.Mawlânâ insiste toujours sur la généralité du principe des opposés.
D’autrepart,ilmetàplusieursreprisesl’accentsurl’idéedu«deve-nir»,paroppositionaumondestatique,etconsidèrel’êtrecommeunesériedechangementsperpétuelsetsuccessifs24, lepassaged’unétatàunautreetd’unniveauàunautre.Ilrecourtàladialectiqueentantquemaïeutiquedel’esprit25dansdes
intentions didactiques et éducatives, à peu près selon la significationclassique et première du terme, c’est-à-dire l’art du dialogue etl’enseignementpardemandesetréponses.La majorité des contes et des fables du Mathnawî illustrent cette
méthode dialectique, et les idées, contradictoires mais conjointes, sesuiventl’uneaprèsl’autredanslabouchedesacteursdescontes.Attitudecaractéristique, durant toute la discussion, Mawlânâ reste impartial : ilavancedes arguments en faveurdesdeuxcôtés, desdifférentes idées, etdéfendlesdeuxthèsesreprésentéesaveclamêmeardeurques’ils’agissaitde sa conviction personnelle26. C’est la raison pour laquelle certainscommentateurssesontparfoistrompéssursespropresidéesetdoctrines.Il est d’ailleurs assez difficile de comprendre et saisir les convictions
personnelles deMawlânâ. Parfois, en effet, il énonce une idée qu’il nedéveloppe que quelques milliers de vers plus tard ; nombre decommentateurs ont ainsi conclu à une certaine contradiction dans sesopinions.En réalité, l’association des idées et la dialectique ne s’interrompent
jamais.Aucontraire,ilexistedesquestionsetdescontesqui,commencésdanslepremierlivre, trouventleurachèvementdanslesixième27.Entre-temps,beaucoupd’autreshistoiresetd’autressujetsontététraités.Cette habitude de Mawlânâ de ne jamais interrompre la succession
logiquedesespenséesaconféréuncaractèresynthétiqueàsonMathnawî.C’est une caractéristique importante de cetteœuvre et de laméthodedeMawlânâqu’aulieuderédigerplusieurslivressurdifférentssujetsilenaitconçuunseulsurtoutcequ’iltrouvaitnécessaired’expliquer.Mawlânâneprésentepasdejugementscatégoriquesetabsolusàpropos
desprincipesdont ilparle ; il évitede seposerenarbitreet laisseà seslecteurslalibertéduchoixentrediversessolutions.Mais,bienentendu,illesguidepourenarriverà laconclusionqui luisemble juste.Oubien il
fournitdespreuvesetdesargumentsd’égalevaleurconcernantdeuxidéescontradictoires:ilproposealorsunesynthèseentrelathèseetl’antithèse.C’estavecuncharmeextraordinairequeMawlânâexpliqueetraconte,
sans tomber dans le piège des mots et des expressions techniques dulangagephilosophique.Ladifficulté,pour lecomprendrepleinement,estlanécessitéd’êtrefamilieravecsonmoded’expressionetd’êtreconscientqu’il traiteplusieurssujetsà la foisenunseulconteetmêmeparfoisenuneseulephrase28.Ensefondantsursaconceptiondumouvementsubstantieletsonrefus
d’uneexistencestatique,Mawlânâdéfendlathèsedelacréationcontinue,quel’ontrouvequelquessièclesplustardchezlescartésiens29.SelonluiDieumaintientlemondedansl’existencecommeIIl’acréé.Iln’enestpasseulementlacauseexistentielle,maisaussilacausepersistante.Mawlânâ déclare qu’à chaque instant le monde et nous-mêmes
retournons au néant, et que c’est le souffle divin qui nous fait revenir ànouveauà lavie.Lacontinuitén’estqu’uneapparenceet lastabilitédeschoses n’est qu’une illusion. Il compare cette continuité à un cercleproduit par le mouvement circulaire d’un tison de feu que l’on faittourner30.Cesbrèvesindicationssuffisentàmontrerl’étendueetlaprofondeurdu
systèmephilosophiquedeMawlânâ.Pourtant, ilatoujoursmanifestésonmépris à l’égard des philosophes et son désaveu des idées discursives.Toutefois, leMathnawîmontre clairement que les critiques deMawlânâsont plutôt dirigées contre leKalam (la scolas- tiquemusulmane) et cesontcesscolastiquesquisontvisés31.D’ailleurs, toutenconnaissantfortbien la philosophie grecque et la pensée musulmane— que ce soit leKalam, la théologie ou la philosophie officielle—,Mawlânâ n’en restepas là et recherche également la vérité par d’autres moyens32. Il dittoujoursqu’onnepeutpascomprendrelavéritésuprêmeetlaréalitédeschosesparlaphilosophieniparlaraison,etilcritiquetrèsfermementlaraison discursive et les données fondées sur sa puissance et sonjugement33.Cette raisondiscursive est la raisonpartielle et humainequi n’est pas
illuminée par la grâce et la lumière divines34 ; il l’appelle la raisoncharnelle35.Al’inverse,laraisonspirituelle,reliéeàlaRaisonpure,estlapartielaplusimportantedel’êtrehumain.Concernant la raison partielle, Mawlânâ n’est pas d’accord avec les
mu’tazilites37,quin’admettentpasdedifférencedenatureentrelesraisons
deshommes;ilconsidèrequeladifférenceetladistanceentrecesraisonssontplusgrandesqueladistanceentrelaTerreetleSoleil38.Maisd’oùprovientcettedifférenceentre les raisonshumaines?C’est
qu’elles sont captives de l’âme charnelle et influencées par elle à desdegrésdivers.Ainsi l’hommepeut-il tomberdans l’abîmedeTignoranceetdeserreurs39:plusl’âmecharnelleestforte,etpluslaraisonhumaineestfaible40.Comme nous T avons dit, seule une raison illuminée par la lumière
divineestsusceptibledepuiserdirectementàsasource,alorsquelaraisondiscursivesefondesurletémoignagesouventtrompeurdessens.Dèslors,comment les philosophes pourront-ils résoudre les problèmes del’humanitéetrépondreauxquestionsqu’ellesepose,puisquelesmoyensqu’ilsemploientsontincapablesd’yparvenir:lesdonnéessensoriellesnesontpasfiables41etlaraisondiscursivenepeut,ellenonplus,atteindrelaRéalité suprême. Ils tourneront éternellement autour des sujets, la véritén’ayantrienàvoiraveclesformesapparentes42.Que faut-ildonc fairepourparvenir àuneconnaissance réelle?Nous
trouvonschezMawlânâunenseignementmystiqueextrêmementprofond:même les sens physiques peuvent être protégés et aidés par la grâcedivine,et ilscessentalorsdenous induireenerreur.Leshommesde foiregardent et voient par la Lumière de Dieu43. L’œil physique estcomparableàuncheval,et laLumièredivineàuncavalier44.Si c’est lecavalier qui dirige le cheval, il avancera sur le droit chemin, sinon ils’égarera.En dehors de ses cinq sens extérieurs et physiques, l’homme possède
cinq sens internes ; l’importance de ces derniers est primordiale pourMawlânâ45. Il les appelle « sens spirituels », par opposition aux senscorporels.Cessenssontalimentésetilluminésparlemondeinvisibleetlagrâce divine. C’est par cemoyen qu’on peut obtenir l’illumination46, ledévoilement47, lavisionmystique48 et l’inspirationdivine49, ainsique laconnaissancemystique50,lajusteconnaissancedelaRéalitésuprême.Pour fortifier ces sens intérieurs, il faut affaiblir les sens extérieurs ;
pouravoiruneraisonspirituelle, il fautdépasser laraisoncharnelleet laraisondiscursive.Afind’yparvenir,ilestnécessaired’essayerd’anéantirnotre individualité et notre moi personnel. Mais il ne s’agit pas del’anéantirphysiquement;aucontraire,ondoitprofiterdecetteexistenceprovisoirepourannihilerson«moi»dansle«Soi51»unique,notreêtredansl’Être,c’est-à-direarriveràl’étatdeFanâ52.
Celanesignifiepaspourautantqu’ilconvientd’êtretoutàfaitpassif.Bienaucontraire.Ilnes’agitpaslàdepassivité,maisplutôtd’uneactionintérieure : non pas d’un anéantissement absolu du « moi », maisl’annihilationdu«moi»en«Lui»,oubien laconjonctiondu«moi»personnelavecle«Soi»universeletunique,uneunificationdesactionsetdelavolontéaveclavolontédivine53.Les instincts corporels et la raison charnelle font de l’homme un
pécheur,unégaré,unincroyantetlecondamnentàdescendreaudegréleplus bas du monde matériel. Si nous parvenons à unir notre volontépersonnelleetnotreraisondiscursiveàlavolontédeDieu,ilnenousserapaspossibledenous trompernid’êtreégarésparnotreâmecharnelleetnotreraisondiscursive.Mourir avant de mourir54 est un sujet très cher à Mawlânâ. Dans le
Mathnawî, il parle à plusieurs reprises de lamortmystique, lamort dupetit « moi55 » avant que nous frappe la mort fatale du corps56. Il asouventévoquélanécessitédeTannihilationdu«moi»etlapersistancede«Lui57»en«Moi58».IlparlesouventdeMan-sourHallâdj59etcitel’undesespoèmes:
«Tuez-moi,ômesamis!Carc’estdanslamortquesetrouvemavie,etc’estdanslaviequ’estmamort.
«Enfait,mamortestdanscettevie(d’ici-bas)etmavieréelleestdanslamort(d’ici-bas)60.»
MawlânâexpliqueaussietdéfendlacélèbreparoledeHallâdj:«JesuislaVéritésuprême61»,parolequifutlacausedesonsupplice.
MaisquellesortedemortMawlânâpropose-t-il?Mansoural-Hallâdjdisait:«Tuez-moi,ômesamis!»cequifutfaitparsesennemis.C’étaitdonc une mort physique. Est-ce donc la suppression de notre être ?Sûrementpas,carpourpouvoirréclamerlamortphysique,ilfautd’abordavoiratteintleniveaudeHallâdj,c’est-à-direprononceruneparoledelapartdeDieu.Car,enfait,cen’étaitpasHallâdjquiproclamait:«Jesuisla Réalité suprême », c’était Dieu qui parlait par sa bouche. Sapersonnalité,sonêtreindividuelétaientannihilésenLui.Hallâdjnedisaitrien,c’étaitlaVéritésuprêmequiaffirmait:«C’estMoi»,carilnerestaitrien chez lui (Hallâdj). C’est là le niveau le plus haut. En effet, si lesgrandsmystiquesparlentde«Lui»,endisantqu’iln’yarien,saufLui,ilsnesontpasparvenusàl’annihilationabsoluedonttémoigneHallâdj,parce
que, dans l’état qui est le sien, Dieu parle par sa bouche à la premièrepersonne.Danscetétatdefanâ,d’annihilationtotaledel’egodansl’Absoludivin,
ilestnormaldeconsidérerlemondecommeuneprisonetlecorpscommeune cage62 ; la mort est dès lors considérée comme une libération, uneouverture ou une fenêtre vers la félicité et la béatitude. En revanche, sil’on n’a pas atteint un tel niveau, il faut profiter de cette vie provisoirepouraccomplirsamissionetsublimer l’espritquiestsalipar labouedumondeterrestre63.Dans leMathnawî, Mawlânâ explique la parole de Hallâdj en disant
que,contrairementàcequecroyaientlesignorants,ellen’étaitpasdueàla croyance en une incarnation divine en l’être humain ni à l’union del’hommeavecDieu64.LorsqueHallâdjdisait«Jesuis»,puisquecen’étaitpasluiquiparlait,ilnedemeuraitpasdeuxentitésdistinctesquipuissentêtre incarnées ou unies65. L’incarnation et l’union présupposent unedualité,orHallâdjétaitannihilédansl’Unitéetl’Unique.Dire«Ana»(Jesuis)avantl’annihilationdel’êtredansl’Êtreestunevanitéperverseouunégocentrisme naïf, tandis qu’après cette annihilation, cela constitue untémoignaged’humilité.Plus nous restons attachés à notremoi individuel, plus nous sommes
captifs du monde de la multiplicité. Le seul moyen d’y échapper, c’estd’avoiruncœurpuretpolicommeunmiroir66.L’hommeesteneffetunmicrocosme67,capablederefléterlaréalitédumondeextérieur,quiestlemacrocosme68.Quelleestlasignificationmystiquedusymbolismedumiroiretdeson
polissage ? Nous retrouvons ici aussi une pensée identique à celle dePlatonetdesnéo-platoniciens.IlnousfautdonnericiunbrefschémadelapenséemétaphysiquedeMawlânâetdesaWeltanschauung.L’UnitéestlaseuleRéalité.Iln’yaqu’uneseuleExistence,Dieuetle
monde, les créatures et le Créateur ne font qu’un (wahdat-e wudjûd).Croire à un Dieu séparé du monde n’est qu’un dualisme, opposé auTawhîd (Unicité divine). La multiplicité n’est qu’une apparence, uneillusion. Le monde, le macrocosme, est semblable à l’être humain(microcosme),l’esprituniverselestsonâmeetlemondematérielestsoncorps.Laseuleréalitéexistentielle,laseuleessence,c’estl’Espritpur,laLumière des lumières, la Raison universelle, c’est-à-dire l’Etre,l’Existence absolue et unique. La nature et tout ce qui existe sont lesdifférentsdegrésetlesdifférentsaspectsdecetteExistence.
L’espritdel’hommeappartientàcetEsprituniversel,sonindividualitéprovientd’uneséparationprovisoire.Entombantdanslacageducorps,telunoiseau,c’est-à-diredanslemondedelaténèbreetdelasouillure,ilsesentenexil:lanostalgiequ’iléprouveestcomparée,nousl’avonsvu,audébutduMathnawî,auroseaucoupédesa jonchaieoriginelle.Expatriésloin de notre origine céleste, nous l’avons oubliée, mais, dans notresupraconscience, existeune réminiscencedecetteRéalité— l’anamnèseplatonicienne—etellesubsisteratantquenousvivrons.Notre être individuel possède un échantillon de tous les aspects de
l’Existenceunique:notreesprit,notreraison(spirituelleetnoncharnelle),notre âme etmême notre corps. Il nous faut savoir comment combattrenotremoi,enapparenceintelligentetconscient,commentéveillerlapartiedivinedenous-mêmesdesonsommeildecemonde.Leplusgrandvoilequi nous sépare de notre origine est le sentiment d’être un existantindépendantetdélaisséauseind’unemultiplicitéquin’estqu’illusoire.Mawlânâdéclare dans leMathnawî que le seul but et la seule pensée
danscetteœuvre,c’estl’affirmationdel’Unitédel’Existence,etqu’iln’ya rienqueLui.Siquelqu’uny trouveautrechosequeceprincipe,ceneseraitqu’uneidole69.Ilnefautpascroireauxcouleurs70carlaRéalitéestsanscouleurs71etc’estenellequetouteslescouleursretournent.Danscettevieéphémère,notredevoirestdecomprendre,ouplutôtde
sentiravectoutnotreêtre,quenoussommesunisàl’Univers,àDieuetàtoutcequiexiste. Iln’existeaucuneséparation réelleentrenousetcetteExistenceunique,nousavonsseulementl’illusiond’êtreséparésdumondeet du non-moi72. En fait, nous sommes tombés au niveau le plus bas73,noussommesdevenuslourdsetpesants,àcausedenotrecorpsetdenotreâmecharnellequilefortifieetaccroîtsesdésirs:ilnousfautnouslibérer.Or, Mawlânâ affirme, nous l’avons vu, que le monde et l’Existence
évoluentperpétuellement.Lesêtresprogressentdepuisl’étapeduminéral,puis du végétal, de l’animal, de l’humain et enfin de l’ange, jusqu’àl’espritpur74.SurcecheminquilemènedumondedelamultiplicitéàlaRéalité suprême, l’homme, dans la station qui lui est propre, a laresponsabilité d’avancer le plus vite possible afin de parvenir à l’unionavecsonBien-Aimé75.Le signe le plus probant de cette séparation originelle est la quête
permanente de l’homme à la recherche d’un objet qu’il ignore. Cettenostalgie se manifeste comme l’amour, qui n’est en réalité qu’uneexpressionde cette soifmétaphysiquequi sedéguiseparun camouflage
instinctifetseprésentealorssouslaformedel’amoursexuel.Or,mêmesil’amour humain constitue un commencement, il faut le transformer enamourdivin.Lebutultime,cenesontpaslesêtreséphémèresdumonded’ici-bas,maisnotrevéritableorigine.Dans le soufisme, et chez les mystiques musulmans en général, la
compréhension de l’amour humain engendre nombre de désaccords.Certainspensentquecelui-cidresse,plusquen’importequel instinct,unobstacle sur la voie menant à l’amour divin. D’autres affirment quel’amourhumainpeutconstituerunpointdedépart,maisqu’ilconvientdenepasenresterlà,cen’estqu’uneétape.Mawlânâpartagecettedeuxièmeopinion.L’amourestunétatdel’âme
quifinalementnousconduitvers l’amourdivinetnousmontrelavoie76.Maispourtantilrestetrèsprudentàcesujet77.Laquêtedel’âmeestcequiimporte78.Il déclare que la religion de l’amour est plus haute que toutes les
religions et communautés79. Il parle de l’amour avec une extrêmeferveur80etaffirmequec’estenluiseulquesetrouventlesremèdesàtousnosmaux81. C’est grâce à l’amour qu’une pierre peut s’élever jusqu’aumondedelaspiritualité82.En ce qui concerne la triade de l’amour : le Bien-Aimé, l’amour et
l’amoureux, seuls les deux premiers possèdent une réalité ; l’amoureuxn’estqu’unrefletinfimeetéphémèredelaLumièreduBien-Aimédivin.Donc,l’identitéexistentielledel’hommen’estquesonamour,l’amoureuxn’estqu’uneillusion83.L’amourestleseullien,leseulpont,quirelielemoidel’êtrehumainet
lemondedel’Unité,celuidelaDivinité.Pourfortifiercerapport,lecœuret l’esprit doivent se transmuer en un amour absolu pour la Réalitésuprême.C’estpourquoilemondeinvisiblenesedévoilequ’auxsaintsetamisdeDieu,carilsnesontqu’amourdeDieu84.Mawlânâ déclare que lemonde ne sera jamais privé de saints et que
chaqueépoquepossèdeunsaintguide,unPôle85.Étant donné les difficultés que présente la voie de l’amour et du
mysticisme, Mawlânâ conseille très fortement le choix d’un guidespirituel86,toutaumoinsaudébutdeceparcours,afinqu’ilprotègecontreles risques de s’égarer. Il préconise certaines règles à observer dans lesrapportsentrelemaîtreetsesdisciples87etlerespectabsoluqueceux-ciluidoivent.Lespeuplesaussiontbesoindeguides spirituels et lesprophètes sont
ces guides, dont la mission consiste à montrer le droit chemin auxcréaturesdeDieu.LathéologiedeMawlânâestextrêmementoriginaleetprofonde88.Elle
se fonde sur le Qor’ân et les traditions prophétiques, et comporte descommentairesspécifiquesquiparfoiscauserontsondésaveudelapartdesautoritésreligieuses.Entoutcas,sadoctrinethéologiqueestd’uncaractèresisublimequ’on
apu assurer que« leMathnawî spirituel deMawlawî (Mawlânâ) est unQor’ânenlanguepersane,et,bienqu’ilnesoitpasunprophète,pourtantilaapportéunlivre(saint)».Onaditaussi:«SonMathnawîestcommeleQor’ânquipossèdesept
significationscachéesetenlequelilyaunalimentpourl’éliteetpourlecommundesgens89.»Mêmelesgensquin’étaientpastoutàfaitd’accordavec lui, pourtant, ont affirmé : « SonMathnawî est comme unQor’ânargumenté ; il peut être un guide pour certains, et la cause d’égarementpourd’autres90.»Certains critiques estiment que le Mathnawî est un commentaire
ésotérique du Qor’ân et des Hadith (traditions prophétiques). Mais leMathnawî recèle aussi bien d’autres choses, et l’on ne peut passer soussilencel’importancedesesconceptionsmétaphysiquesetphilosophiques.Onnepeutdonc limiterune telleœuvreàunsystèmethéologiquefondésurlescommentairesduQor’ân.Malheureusement,onn’agénéralementpas mis suffisamment en lumière son importance magistrale et sonoriginalité.Mawlânâ s’est toujours fait l’apôtre de la plus large tolérance. Seul,
selonlui,importelafoietl’amourpourunDieuunique,quiesttout,etnepeut être qu’identique dans toutes les confessions monothéistes. Lesdifférences qui demeurent n’ont aucune importance. En fait, les règlesinstitutionnelles et les prescriptions rituelles sont trop souventune caused’hostilité et de divergences entre les créatures de ce Dieu Un. Il estindifférent qu’on appelle la Réalité suprême de noms divers ; les vraisadorateurs sont tous sur le même chemin, même si les coutumesreligieusessontdissemblables.Parlebiaisdescontessymboliquesetdesparabolesésotériques,ilnous
enseignequeseull’attachementausensprofonddelareligion,c’est-à-direla foiet l’amourpouruneExistenceunique,peut rapprocher lespeuplesencréantentreeuxunclimatfraternel91.D’autrepart, ilexpliqueàmaintesreprisesquelareligionestdevenue
pour certaines gens une habitude et une imitation dénuée de toutfondement spirituel et de foi intérieure92. Croire à quelque chose avecsincérité et amour est totalement différent d’une obéissance conformisteliéeàcertainesconditionssociales93. Ilcritique trèsvivement toutesortedefanatismeengénéraletdefanatismereligieuxenparticulier,enfaisantressortir lesconséquencesnéfastesquipeuventendécouler.DansundescontesduMathnawî, ilexpliquequel’onpuisseêtrefanatiséaupointdedonner sa vie pour une cause qui n’est pas juste94. Il dit que l’hommearriveparfoisàunétatpsychiqueoùilregardemaisnevoitpas,ilécoutemaisn’entendpas95.Lespratiquesreligieusesetlesœuvrespies,siellesnes’accompagnent
pasd’une foivéritable,n’ontaucunevaleur : cene sontquedesactionsdues au formalisme, à l’égoïsme, à l’habitude, peut-être même àl’hypocrisie96.Ilconvientdenoterquelespratiquesreligieuses,indispensablespourle
commundesgens,nesontpassuffisantespourlesmystiquesetlesélusdeDieu97.BienqueMawlânâsoitopposéà lascolastiquemusulmane, leKalam,
qu’il en nie l’utilité et la nécessité et qu’il aille jusqu’à la considérercomme une cause de retard et parfois d’erreur98, il évoque pourtant laplupart des sujets traités dans cette discipline, mais à sa façon, trèsbrièvement,etenayantrecoursauxcontesetfables,dotésdeleurcharmepropre99.C’estainsiqu’ilparleduJourdelaRésurrectionetduJugementdernier,etdesopinionsdivergentesconcernantlanaturedelarésurrection,corporelle ou spirituelle, le problème de l’éternité ou de la création duQor’ân,laprophétie,l’éternitéoulacréationdumonde,lefatalismeetlelibre arbitre, le paradis et l’enfer, etc. Évidemment, il n’y a aucuneressemblanceméthodologiqueentrecequiexistedansleMathnawîetcequisetrouve,parexemple,danslesouvragesdesmu’tazilitesetdesash’a-rites,quoiquelessujetssoientlesmêmes100.Le problème du fatalisme et du libre arbitre a spécialement attiré
l’attentiondeMawlânâetilluiaconsacréunelargeplace.Carilconstatequ’au point de vue de la responsabilité religieuse et même sociale, ceprincipejoueunrôleprimordial.Enfait,ils’agitd’undessujetslespluscontroversésetquiaengendrécertainsdésaccordschezlescommentateursduMathnawî. Les uns ont affirmé que Mawlânâ croyait au fatalisme,d’autresqu’ilinclinaitverslelibrearbitre.Du point de vue de la théologie musulmane, cette question est très
délicateettrèsimportante,carl’acceptationdechacunedecesdeuxthèsesconstitueunesourcededifficultésetvaàl’encontredecertainsprincipesfondamentaux de l’islam. Si l’on est partisan du libre arbitre, c’estcontraire à la Toute-Puissance divine et à Son Omniscience. Croire aufatalisme,enrevanche,c’estmettreencauselaresponsabilitédel’homme.Or,ilfautrésoudreceproblème101.L’histoire du lion et des animaux102 offre une dialectique très
intéressante:l’undéfendlelibrearbitre,lesautreslefatalisme103.Il existe trois raisons qui font que les commentateurs ne sont pas
unanimesquantàl’opiniondeMawlânâàcepropos.Premièrement,selonl’habitudequenousavonsdéjàsignalée,Mawlânâ
apportedespreuvesetdesargumentsenfaveurdesdeuxparties,aveclamême ardeur et comme si, à chaque fois, il défendait son opinionpersonnelle.Deuxièmement,àcetteépoque,danslemondemusulman,ladifférence
entre le fatalisme et le déterminisme n’était pas claire104. Aussi, quandMawlânâ admet et défend le déterminisme, les commentateurs leprésentent comme une acceptation du fatalisme, et cet amalgame laisseentendrequ’ilexistedescontradictionsdansleMathnawî,car,àunautreendroit, Mawlânâ critique le fatalisme et affirmant qu’il répond à lacroyancedesignorantsetdesparesseux105.Troisièmement, certains chercheurs et commentateurs confondent la
conception de l’Unité de l’Existence, fondement de la penséemétaphysique de Mawlânâ, avec les preuves et arguments donnés enfaveurdufatalisme.Mais, en réalité,Mawlânâ ne croit ni au fatalisme, ni au libre arbitre
absolu ; il admet plutôt le déterminisme106 et affirme que l’hommepossèdeunecertainelibertédanslecadredesloisuniverselles107.Mawlânâétaitunéminentthéologienetdirigeaituneécoledethéologie.
Cependant,dèsqueleMathnawîdevintcélèbre,ilfutparfoissévèrementcritiquépardesespritsorthodoxesetsectaires.C’estlàuneloigénéraleencequiconcerne lesgrandsmystiquesetmêmecertains soufis.Les idéesquisuscitèrentleplusd’hostilitésontsurtoutliéesàsacroyanceàl’Unitéabsoluedel’Existence,àcertainesdesesopinionsàproposdelaSharîah(loireligieuse)etaussiàsapratiqueduSama’108.Il est donc normal que, dans un tel climat social,Mawlânâ, à l’instar
d’autres mystiques, ait conseillé de « garder le secret109 », de ne pasdivulguer les secretsmétaphysiques etmystiques à ceuxquine sontpas
capablesdelescomprendre.C’est la raison pour laquelle Mawlânâ déclare que les propos du
Mathnawî comportent des significations multiples et cachées. Le sensexotérique est pour le commun des gens et les esprits non initiés110. Aplusieursreprises,ildit:«Jecessedeparleràcesujet,carilpeutexisterdesespritssectaireset ignorants ;enparlantdecertainssujets, ilnefautpaslesexposerouvertement111.»LanécessitédecacherlesmystèresdelaRéalitésuprêmeàceuxquine
peuventlessaisirconduitàutiliserunlangagesymboliqueetésotérique:nousavonsvuqueMawlânâévoqueseptsignificationssuperposéesdansleMathnawî. La caractéristique essentielle de cette œuvre sera donc unsymbolismetrèsricheettrèsprofond.Enréalité,ilexistedeuxniveauxdistinctsdansleMathnawî:unniveau
symbolique et un niveau explicatif. Mais tous deux comportent desnotionsésotériques:ainsi,unversparleenapparencedelasincéritéentrelesamis, toutenrecélantbeaucoupd’autressignificationsmétaphysiquesetthéologiques112.D’ailleurs, ces significations ésotériques se situent elles-mêmes à
différentsniveaux,etserattachentàplusieursconceptsmétaphysiquesetphilosophiques.Nous avons donné quelques exemples du symbolisme dans le
Mathnawî113,maisnousjugeonsutiled’entraiterplusexplicitement.L’undesplusbeauxsymbolismesestceluidelamort.Nousavonsdéjà
suffisammentparlédelamortmystique;c’estde lamortphysiquequ’ilvaêtrequestionàprésent.Mawlânâ dit que le corps est comparable à une femme enceinte de
l’enfantqu’estl’esprit.Lamortestladouleurdel’accouchement.Aprèssaviecorporelle,l’espritretourneaumondeinvisiblequiestsonorigine114.Cela ne représente qu’un distique du Mathnawî, mais on pourrait
rédiger des volumes sur tous les thèmes qu’il évoque115. Il convient denoterque,lorsqu’ilestparléicidelavie,danslamajoritédescasils’agitde la vie après lamort.Quant à cette dernière, il peut s’agir de lamortmystique ou de lamort physique. La Résurrection peut elle aussi avoirdifférentes significations, tantôt elle désigne le réveil de l’esprit del’homme avant son trépas, tantôt le Jour du Jugement dernier quireprésente également la fin du monde de la multiplicité et le retour àl’Unité.L’un des termes symboliques fréquemment utilisés dans leMathnawî
estlenomduperroquet.Selonlecontexte,ilvarevêtirdessensdifférents.Parexemple,dansunconte116,leperroquetdésignelechercheurmystiqueetlemaîtrespirituel,alorsquedansunautreilreprésentel’hommenaïfetimitateur117. L’une des difficultés pour comprendre leMathnawî résideprécisémentenceschangementsdesignificationsymbolique.Lelionreprésenteparfoislenafs,l’âmecharnelle118,maisparfoisaussi
les saints et les amis de Dieu119. Le renard incarne la ruse, la malice,gagnantenapparence,maisperdanttoujoursàlafin,car,nidanscemonded’ici-bas,nidansl’au-delà, lafourberieneservirajamaisàrien;cesontlesgenssimplesetsincèresquiréussiront.Lefaucon,c’estl’espritdel’homme,exilédanscemondedeténèbres,
prisonnier loin de son roi120, c’est-à-dire de Dieu, de l’Être. La flèchedésigne lapenséequi traversenotreesprit ; le trésorcaché, représente lesecret de notre origine, la nostalgie que nous éprouvons pour elle, etfinalement l’amour divin. La découverte de ce trésor caché, c’est laconnaissancedesoi.LesoleilestlaRéalité,lavéritééclatante;celuiquine lavoit pasn’est qu’un aveugle.Lamer est le symbolede l’Unité, etl’écume celui du monde phénoménal, de la multiplicité. Les vagues nesontquedel’eauet lemouvementdecetteeau;pourtant,enapparence,ellesontuneexistence individuelle, alorsqu’endehorsde l’existencedel’océan,ellesnesontriend’autrequedel’eauetuneillusion.Le chemin, c’est la Voie mystique ; le voyageur, le chercheur de la
Véritésuprême.Saréussitespirituelleestcomparableàlatrouvailled’unequantitéd’or.Uneinterprétationfautivedel’undescontesduMathnawî,autempsde
Mawlânâlui-même,etlescritiquesquienrésultèrentl’obligèrentàajouterquelquesvers, en expliquantque seuls les ignorants comprendraient quel’or dont il est question dans ce conte désigne un métal, une richesseterrestre, alors que, bien au contraire, il s’agit d’une découvertemystique121.Cen’estd’ailleurspasleseulcasoùnousvoyonsMawlânâcontraint de s’expliquer, de se défendre contre les attaques des espritsbornésetsectaires.Il est malheureusement impossible d’aborder tous les éléments de ce
symbolisme.Aussidevons-nousnouscontenter,pourterminer,derappelerle symbolisme de l’échelle, dont chaque échelon indique une étape, unestationduparcourssurlaVoie.MawlânâamêmecomparésonMathnawîàuneéchellequ’ilfautplacersoussespiedspours’éleververslemondedelaspiritualité.
Ladifficultéducommentaireestplusgrandeencorelorsqu’ils’agitdecontesésotériques.Danscedomaine,lessignificationscachéesdépassentleslimitesd’unsymbolismedéchiffrable.Par exemple,Daquqî122 vit, au cours d’un voyage au bord de lamer,
sept chandelles qui se réunissaient et devenaient une seule, puis seséparaient et devenaient sept. Elles se sont ensuite transformées en unelumière,quis’unissaitpuissedivisaitensept.Ensuite,ellessechangèrenten sept hommes qui devenaient un seul, puis se transformaient en septarbres,quiàleurtourdevenaientunseulpuisseséparaient.Etrangement,desgenspassaientdevantcesarbresetnelesvoyaientpas.Contrairement aux autres contes, Mawlânâ ne donne pas ici de
commentaire ni d’explication claire123. On peut dire pourtant que cettehistoire ésotérique veut montrer la réalité de l’Unité de l’Existence etl’irréalité de la multiplicité apparente des choses. Il veut nous fairecomprendrequetoutcequiexiste,depuislesêtresinanimés,lesvégétaux,les animaux, jusqu’aux hommes et à la lumière, provient d’une origineunique.Nousnepouvons,bienentendu,nouslivreràuneétudeexhaustived’untexteauxallusionsaussimultiples.Uneautreanecdote,quiasuscitébeaucoupdecontroverses,estcellede
laforteressedeDhât-al-Sûwaretdestroisprinces124.C’estsansnuldoutel’unedesplusimportanteshistoiresésotériquesdu
Mathnawî. A notre avis, la forteresse représente la Loi religieuse(Sharîah), le roi, père des princes, les prophètes. Les trois princessymbolisenttroiscatégoriesd’individusettroisforcesqu’ilsutilisentpourparvenir à la Vérité. Le premier prince incarne la raison discursive. Lesecond,lesâmesrebellesquicherchentàatteindreleurbutpardesmoyensésotériques.Ilestsincère,maisn’apasdeguideets’égare.Lefrèrecadet,qui représente lesmystiques, finalement parvient à ses fins.L’empereur,pèredelaprincesse,personnifielesobstaclesquisetrouventsurlechemindelaVérité.LaprincesseestcetteRéalitésuprême,l’objetdenotreamouretlebutdenotrequête.Quant au petit prince, il semble patient et même paresseux.Mais ce
n’est là qu’une apparence.En fait, son amour est le plusgrand,mais sarechercheestintérieure.Iln’estpaspassif,maisilavancedansuneautredirection125 et ses actions revêtent une autre dimension. Car les actesexotériques, matériels, n’aboutissent qu’à des résultats illusoires ettemporels.Un autremode de communication des sentiments et des idées, cher à
Mawlânâ, est ceque l’onappelle zabân-e-hâl, littéralement« le langagedeTétatspirituel126».Au-delàdesmots,ilexisteunetransmissiondirecteentre des esprits demême nature ; ce langage du cœur ne peut qu’êtresincèreetlacompréhensionqu’ilcrée,sansl’intermédiairedelaparole,nesuscite ni malentendus, ni dissenssions. S’il était donné aux esprits dedialoguer ainsi directement, la plupart des difficultés humaines seraientrésolues.PourMawlânâ, il est certain que beaucoup de choses s’échangent en
silence entre les âmes. Ce qui est pour lui fondamental, c’est la psychéhumaine,etlaplusgrandepartiedesonœuvre,notammentleMathnawî,luiestconsacrée.Ilestimpossibledecitertouslessujetsayanttraitàlapsychologiequiy
sontétudiés.Envoiciquelquesexemples.Ainsi,l’histoireduroietdelajeuneesclave127quiexposeunepratique
de lapsychanalyse ; le contedu lion et des animaux128 qui, enplusdesdifférentesquestionsqu’ilaborde,constitueuneétudepsychologiquedessentimentshumains.L’histoiredumaîtred’écoleetdesécoliers129parledel’efficacité de la suggestion et des maladies psychosomatiques. A cepropos,l’histoireduroietducheval130estunbonexempledel’influencede la suggestion. L’histoire de la forteresse interdite analyse avec unegrandefinesselesdiversescatégoriesdementalités131.Quantàlapédagogie,Mawlânâalui-mêmepréciséquesonMathnawî
avait été composé pour enseigner et éduquer les esprits. Il rappelle saresponsabilitédemaîtreetdeguide,etdit:«Sijeparleàdesenfants,ilfautquej’emprunteleurlangage132.»Ilfaitsouventallusion,nousl’avonssouligné, à la nécessité de parler aux geris à la mesure de leurcompréhension133. Il était d’ailleurs obligé de conserver une certainediscrétion à propos de ses convictions personnelles qui risquaient d’êtremalperçuesetdedevenirunecausedetrouble.Ajoutonsàtoutcelauneremarqueconcernantunecaractéristiquetoutà
fait particulière àMawlânâ, à savoir son humour inimitable qui rend lestyleduMathnawîuniquedanslalittératurepersane.Certes, les grands poètes persans, tels qu’Omar Khayyam et Hafiz,
pratiquent l’ironie philosophique et métaphysique ; Sa’di était célèbrepour son humour poétique. Mais le cas de Mawlânâ est tout à faitdifférent. Il possède un très grand sens de l’humour et son ironie visecertains aspectsde l’esprit humain,par exemple lanaïveté avec laquelleonplacesaconfiancedanslaraisondiscursive.Cetteméthodeetcestyle
tendent, là encore, à des fins pédagogiques134. C’est ce qui expliquepourquoiMawlânâaparfoisprispourexemplesdeshistoiresfondéessurlesrelationssexuelles,etcelaavecunelibertédelangagequiasuscitéuncertainétonnementchezseslecteurs.Toutefois,cettefaçondeconsidérerles choses n’est ni logique ni exacte, concernant une œuvre comme leMathnawî, étudegénérale et analytiquede l’esprit, de l’âmeetde laviehumains ; il serait impensable que l’un des phénomènes les plusimportantsde l’existence, tantaupointdevuepsychologiquequesocial,ensoitabsent.Anotreavis, ce sujetneprésentepasungrand intérêt135.Nousavons
cependant adopté la méthode de R.A. Nicholson dans sa traductionanglaise, c’est-à-dire l’emploi du latin— Boileau ne disait-il pas qu’ilbrave l’honnêteté?—pour traduirecertainsversqu’il semblaitquelquepeuoséderendreenfrançais.
Quiestcegénieuniversel?NéàBalkh,dansleKhorassan136en1207(504de l’hégire),Djalâl-al-DînMohammad fut ultérieurement surnomméMawlânâKhodâvandegâretMawlânâdeRûm137.Depuis le IXesièclede l’hégire, ilestappeléaussiMawlawîetenOccidentestdevenucélèbresouslenomdeRûmî.Son père était Mohammad ibn-Khatîbî, connu sous le nom de Bahâ-al-DînWalad et surnommé Sultan-al Ulamâ138. Leur généalogie remontait à AbûBakr139, premier khalife de l’Islam. Lamère deBahâ-al-DînWalad aurait étéd’origineprincièredeladynastiedeKharazm-Shâh140.
Théologienéminent,Bahâ-al-DînWaladétaitaussiunprédicateur trèsécouté. Ilnaquitvers l’an1148denotreère.Sessermonset sespenséesontétéréunisenunvolumepubliésouslenomdeMa’ârif141.Considérécommeunsheikh soufi (il avait reçu sakhirqa142 deAhmadGhazâlî, lefrère du célèbre philosophe), il était l’objet d’un grand respect. Il fut lepremier maître spirituel de Mawlânâ. Il était aussi l’un des sixreprésentantsdeNadjmal-DînKubrâ.Aflâkî, l’historiographe de la confrérie fondée par Mawlânâ, raconte
qu’aucoursd’unvoyageondemandaaupèredecelui-ci:«D’oùviens-tuetoùvas-tu?»Bahâ-al-Dînrépondit:«JeviensdeDieuetjevaisversDieu,cariln’yarien,saufDieu143.»Nouspouvons constater que le pèredeMawlânâ croyait comme lui à
l’Unitédel’Existence(Wahdat-al-wudjûd).Ilspartageaientégalementunecertaine hostilité à l’égard des penseurs scolastiques que Bahâ-al-DînWalad critiquait publiquement en chaire. Cela explique l’opposition de
Fakhr al-Dîn Râzî, qui était l’un des défenseurs duKalâm (scolastiquemusulmane144).On a prétendu que ce conflit avait causé le départ de Bahâ-al- Dîn
WaladetsafamilledeBalkh.Fakhral-DînRâzî,conseillerspirituelduroiKhârazm-Shâh, détenait en effet une grande autorité et son hostilitépersonnellepouvaitfaireencourircelledusouverain.Maiscenepeutêtreexact,carRâzîmouruten1209,soitdixansavantr
émigrationdelafamilleMawlawî.Ilexisteplusieursautresversionsàcesujet. L’on a dit notamment queBahâ-al-DînWalad, en un dévoilementmystique, avait vu la destruction prochaine de sa ville natale par lesMongols,cequil’avaitconduitàdevancercetévénement145.IlsquittèrentdoncBalkhen1219.Djalâl-al-Dînétaitalorsâgédedouze
ans. Ils effectuèrent d’abord le pèlerinage à LaMecque. En passant parNichapour,Bahâ-al-DînWaladrencontraSheikh-Farîdal-Dîn‘Attâr,etcedernieroffritsonAsrâr-Nâmeh(LivredesSecrets)aujeuneDjalâl-al-Dîn.Celui-ci conserva durant toute sa vie un grand respect pour ‘Attâr etSanâ’î;illescitetoujourscommesesmaîtresspirituels146.En chemin, ils visitèrent Bagdad et, après trois jours, partirent pour
Arzandjân147, où ils se fixèrent. En l’an 625 de l’hégire, cette ville futconquiseparAlâ-al-DînKayqobâd,leroiseldjoukide,quiinvitaBahâ-al-DînWaladàKonya148.IlspassèrentquelquetempsàLâranda,oùDjalâl-al-Dînépousa, àdix-huit ans, sur l’ordrede sonpère, la filledeKhodjaLâlâ,deSamarcande.Elleluidonnadeuxfils,SultanWalad,quisuccédaàMawlânâ à lamort de celui-ci, à la tête de la confrériemawlawie149 etAlâ-alDînMohammad.Finalement,Bahâ-al-DînWalads’installadéfinitivementàKonyaavec
safamille;ilyretrouvasonrôledeprédicateuretdevintlemaîtrespirituelde cettevilleoù ilmourut en1231, alorsqueDjalâl- al-Dînn’avait quevingt-quatreans.Ilremplaçasonpèreàladirectiondesoncollège.Unanplus tard, un ancien disciple de Bahâ-al-Dîn, Burhân-al-Dîn MohaqiqTirmidhî,vintrendrevisiteàMawlânâetdevintsonmaîtrespirituel.Illeresta jusqu’à sa mort, neuf ans plus tard. C’est sur ses conseils queMawlânâ partit pour Alep étudier dans une école de théologie célèbredirigéeparunsavantcanonistehanafite,Kamâl-ud-Dîn Ibnal ‘Adîm150.Aprèsquelquetemps,ilserenditàDamas,oùilrestaplusieursannées.C’estàcetteépoquequ’ilapurencontrerMuhyî-ud-DînIbnArabî, le
Sheikhul-Akbar,quiypassaitlesderniersjoursdesavie151.Certainsspécialistesontététentésd’établiruneliaisondirecteentreces
deux grands pôles du soufisme dit « occidental » et du soufisme« oriental152 ». On ignore s’ils se sont personnellement rencontrés, carMawlânâ n’a jamais parlé du Sheikh ul-Akbar et les documentshistoriques sont muets à ce sujet. On a parlé aussi d’une influenceindirected’Ibn’Arabîsurluiparl’intermédiairedeSadrod-DinQoniawî,quiétaitlegendred’Ibn’Arabîetdevintl’amiintimedeMawlânâ.Anotre a vis, quoique la direction générale de la pensée de ces deux
grandsmaîtressoit lamême,tousdeuxconduisantàunedoctrineprochedu panthéisme occidental et affirmant l’un et l’autre l’Unité del’Existence, leurs systèmes philosophiques et métaphysiques semblentassez différents. Si l’on compare le Mathnawî et le Fîhi-mâ-fihi deMawlânâauxFutûhât-al-MakkiyaetauFusûs-al-Hikamd’Ibn’Arabî,onconstatequ’il s’agitdedeuxclimatsdepenséedissemblablesetdedeuxvisionsdumondequineserejoignentqu’ausommet.Nous ne sommes donc pas d’accord avec Nicholson qui, tout en
reconnaissant une différence de méthode et de style entre ces deuxpenseurs, admet cependant implicitement la possibilité d’une influencedirected’Ibn’ArabîsurMawlânâ153.Nousestimonsàl’inversedistinctescesdeuxpensées.Sidans lecasdeMawlânâ il s’agitd’unephilosophiemystique,ence
qui concerne Ibn’Arabi on peut plutôt parler de théologie mystique.L’ésotérisme de Mawlânâ est un symbolisme mystique de tendancepoétique, et celui d’Ibn ’Arabî est un ésotérisme à tendancecabalistique154.L’effortdeMawlânâtendàuneislamisationdestraditionsphilosophiques,celuid’Ibn’Arabîàétablirunislamphilosophique.Ibn ’Arabî reçoit sa khirqa155 des mains de Khizr156 ; Mawlânâ
rencontreShamsdeTabrizetdéchiresaproprekhirqa.L’inspirationd’Ibn’ArabîlefaitseconsidérercommeétantleSceaude
la sainteté mohamadienne157, mais Mawlânâ désire recevoir uneinspirationdivineleconduisantaufanâ(annihilationmystique).Ibn’Arabîvoitenrêvequedesfiguresthéophaniquesluioffrent:«les
donsdessagesses158»etMawlânâ«tètedelanourricedusommeillelaitdesesjourspassés»,c’est-à-diresapatrieperdue,sonoriginecéleste159.Ibn’Arabîtémoigned’unamourquiseconjointàlaraison,tandisque
Mawlânâveutannihilerlaraisondansl’amour.Endéfinitive, ladistanceentrecesdeuxgrandsespritsestsemblableà
cellequiséparel’Orientdel’Occident,bienquetousdeuxsoientilluminésparleSoleildel’Uniqueetdel’Unité.
Unechosefrappante,àcepropos,estqueMawlânân’ajamaisévoquélenomd’Ibn’Arabî,alorsqu’ilparlesouvent,nousl’avonsvu,deHallâdj,Sanâ’i,Attâr,avecungrandrespect.Sonfils,SultânWalad,quiaracontéendétailslaviedesonpèreetfaitallusionàtousceuxavecquiilfutenrapport,neditriennonplusduSheikhul-Akbar!AprèssonséjouràAlepetDamas,MawlânârevintàKonyaetrepritla
directionducollègeoùilenseignaitlajurisprudenceetlaloicoranique.Lesévénementsgéopolitiquesetsociauxsurvenantdanscetterégionne
semblentpasavoireuunegrandeinfluencesursavieetsapensée.Malgréleschangementsdegouverneursetderois,lesguerresentrelessouverainsseldjoukidesetlesMongols,ilcontinuaàexercersonrôledeprofesseuretdemaîtrespirituel,entourédelavénérationdetous.Cequiluiadvintdeplusimportantetquibouleversatoutesaviefutsa
rencontreavecShamsdeTabriz,underviche inconnu,voyageursolitairequiarrivaunjouràKonya.Ilexistetrèspeud’informationsàsonsujet160.Onsaitseulementqu’il
étaitoriginairedeTabriz,oùilnaquitprobablementvers580del’hégire.Aflâkî raconte qu’il était un disciple du SheikhAbû Bakr Zanbilbâf deTabriz.Onl’appelait«Shamslevolant161»àcausedesesdéplacementsincessants de ville en ville. Il ne vivait que des petits travaux qu’ileffectuaitaucoursdecesvoyages.AflâkîracontequeShamsarrivaàKonyaenl’année642del’hégire.Un
jourqueMawlânâquittaitsoncollègedesCotonniersetsedirigeaitàdosde mule vers le bazar, suivi de ses disciples, à pied, Shams s’avançasoudain vers lui et lui demanda : « A ton avis, qui était le plus grand,Bâyazîd162 ou Mohammad ? » Mawlânâ répondit : « Quelle étrangequestion ! Mohammad était le Sceau des Prophètes, et Bâyazîd n’étaitqu’unsoufi.»Alors,Shamsrépliqua:«PourquoidoncleProphètea-t-ilditàDieu :“JeneT’aipasconnucomme il fallaitTeconnaître", tandisqueBâyazîdadit:“Gloireàmoi!Quemadignitéesthaute!”»Mawlânâtombaévanoui,etquandilrevintàlui,ilentraavecShamsdansunepiècedesoncollègeets’yenfermapendantquarantejoursensacompagnie163.Selon une autre version, cette rencontre eut lieu dans le collège de
Mawlânâ. Ce dernier était en train de procéder à ses ablutions au bordd’unbassin ; il avaitposéquelques livresàcôtéde lui.Soudain,Shamsarriva et lui demanda : « De quoi parlent ces livres ? —De sciencesdiscursives,réponditMawlânâ.Tunelesconnaispas.»AlorsShamspritleslivresetlesjetadanslebassin.Mawlânâs’écria:«Maisquefais-tu?
Ce sont desmanuscrits uniques et tu les as abîmés. » Shams étendit lamain et retira de l’eau les manuscrits sans qu’ils fussent mouillés.Mawlânâ,stupéfait,demanda:«.Qu’est-cequecela?»Shamsrépondit:«C’estlascienceducœur,tunelaconnaispas164!»Mawlânâpoussauncriet,prenantShamsparlamain, l’amenaàunechambreducollège,enenfermantlaportepourquarantejours.De ces deux versions, c’est la première qui nous semble la plus
plausible. De toute façon, ce qui importe, ce n’est pas le mode de larencontre, mais ce qui en est résulté, c’est-à-dire une véritabletransformation;c’estdepuiscetteépoquequ’ilestdevenuceluiquenousconnaissonscommeleplusgrandespritdelamystiquemusulmane.IlparledeShamsenl’appelantsonmaîtrespirituel.Sansdouteavait-il
beaucoup appris chez son père, ou chez Burhân-al-Dîn Moha-qiqTirmidhî, et il possédait une vaste culture dans le domaine de lajurisprudenceetde laLoicanonique.Lorsqu’il rencontraShams, ilavaitunequarantained’annéesetunegrandematuritéintellectuelle.Cequeluiapporta Shams, c’est une ouverture sur une autre dimension, undévoilement, l’enivrement de l’amour divin, au-delà de toute logiquediscursive. Il dit lui-même, dans Fîhi-mâ-fihi : « Avant de rencontrerShams, j’avaispriéDieudem’envoyer l’undeSesamispourmeguiderdansledroitchemin165.»UneautreversiondecettepremièrerencontreentreMawlânâetShams,
qui constitue un commentaire de celle rapportée par Aflâkî, est celledonnéeparDawlatShâh.LaquestionposéeparShamsauraitété:«Quelestlebutdel’ascèseetdespratiquesreligieuses?»Mawlânâréponditquec’était pour respecter la Sharîah (la Loi religieuse) et les Traditionsprophétiques. Alors Shams lui dit : « Tout cela concerne l’extérieur. »Mawlânâquestionna:«Qu’ya-t-ilau-delàdecela?»Shamsrépondit :«Laconnaissance,c’est-à-direlepassagedel’inconnuauconnu»,et ilrécitacedistiquedeSanâ’îtrèscheràMawlânâ:
«Silaconnaissancenefaitpasdisparaîtreton“moi”pourtoi-même,L’ignorancevautmieuxqu’unetelleconnaissance.»
Laplusgrandeœuvredelapoésiepersaneestlefruitdecetterencontreetdecetterelationspirituelle:leDiwândeShamsTabrîzî,composéparMawlânâetdédiéàShamsensignedeprofondegratitudepourceluiquiluiavaitfaitprendreconsciencedesanostalgied’unparadisperduetpermisde révélercequiétaitcachédansletréfondsdesoncœur:
«Descentainesdemillionsd’années,dit-il,jevolaiscommelesatomesdansl’air.Si j’ai oublié ce temps et cet état, cependant le voyage durant le
sommeillerappelleàmamémoire.Du sommeil, cette nourrice, je tète le lait de mes jours passés, ô
Seigneur.Afindeselibérerdelaconsciencepourunboutdetemps,ilss’infligent
àeux-mêmesl’opprobreduvinetdesstupéfiants.Toussaventquecetteexistence-ciestun leurre,etque lapenséeet la
mémoireconscientessontunenfer166.»L’attachement et le respect que Mawlânâ témoignait à Shams
suscitèrentpeuàpeulajalousiedesdisciplesetdel’entouragedumaîtreetlescomplotsetlamédisancecommençaientàempoisonnerlaviedelaconfrérie.Shamsdécidadepartiret,aprèsseizemoispassésàKonyaavecMawlânâ, il quitta la ville en l’an 643 de l’hégire. Mawlânâ ne putsupporter cette séparation et envoya son fils Sultan Walad avec unevingtainedesesdisciplespourlerameneràKonya167.Shamsrevintunanplustard,maislajalousieetl’hostiliténefirentqu’augmentercontrelui,etl’onditqu’ildécidadedisparaîtreunefoispour toutes ;d’après tous lescommentateurs, il disparut en effet en l’an 645 de l’hégire, et cela pourtoujours.Maisonne sut jamaiscequ’il étaitdevenu.Avait-il été tuéouétait-ilpartipourunedestinationinconnue?Aflâkîracontequ’unjourqueShamsétaitenretraiteavecMawlânâon
l’appelaau-dehors,onletuaetl’onfitdisparaîtresoncorps.SultanWaladn’estpasaussiaffirmatif.Ilsupposequ’ilpartitsanslaisserdetracespourqueMawlânânepuisseleretrouver.Cedernier,d’ailleurs,lefitrechercherànouveaueteffectua lui-mêmedeuxvoyagesàDamasenespérantqu’ils’ytrouvait168.Shamsestsansdoutelepersonnageleplusmystérieuxdelalittérature
persane.Onsaittrèspeudechosesdelui,nousl’avonsdit.Onnedisposepas de documents, et par ailleurs on n’a pas d’œuvres écrites par lui ;quelques-unes seulement lui ont été attribuées, par exemple, le livre des«DixChapitres»(DahFasl)queluiattribueAflâkî,etdontnousn’avonsqu’une petite partie, intitulée « les Discours » (Madjâlis), qui sont desnotesprisesparsesélèves.L’ouvragelepluscélèbrequiluiestégalementattribué est lesMaqâlât, qui consistent en questions et réponses entreMawlânâetShams.La disparition de Shams bouleversa la vie de Mawlânâ et, après les
deuxvoyagesqu’ileffectua,sanssuccès,àDamas,ilperdittoutespoirdele retrouver. Il resta durant un temps si profondément affligé quemêmeceuxquiavaientsouhaitéledépartdeShamsleregrettaient.PuisMawlânâprit conscience qu’en réalité il n’existait pas de séparation169, que leursdeuxespritsétaientunisparleSoleilducieldelaDivinité170.Shams est resté inconnu pour tout le monde, sauf peut-être pour
Mawlânâquiécrivait:«OmonShams,OmonDieu.»De tout ce qui est attribué à Shams, et qui nous semble le plus
authentique, nous citerons quelques phrases ésotériques, sans un grandcommentaire,simplementpourmontrerlestyleetleniveaudepenséedecethomme,etcequ’ilditàproposdesonpropreêtre
«CeCalligrapheavaittroissortesdecalligraphie:Cequ’ilpouvaitlire,etaussilesautres;Cequeluilisait,maisnonlesautres;Enfin,cequenepouvaientlireniLui,nilesautres.
J’appartiensàcettetroisièmecatégorie171.»
Deux ans après la disparition de Shams,Mawlânâ choisit l’un de sesdisciples, Salâh al-Dîn Fereidûn Zarkûb, comme le khalifa172 et lesheikh173desaconfrérie.Maisbientôtcelui-ciseretrouvaenbutteàl’hostilitédesdisciplesqui
luireprochaient,entreautres,d’êtreunhommesansculture.Salâhal-Dînusa de diplomatie et réussit à calmer les esprits et il demeura auprès deMawlânâpendantdixans,jusqu’àsamort.Ildisaitdelui-même:«Moi,jenesuisrien; jenesuisqu’unmiroirdanslequelMawlânâsevoit lui-même.»MawlânâluiétaittrèsattachéetSultânWaladditquec’estgrâceàluiquesonchagrins’apaisa.AprèslamortdeSalâhal-Dîn,Husâmal-DînTchelebîquiavait,comme
celui-ci, donné à la confrérie tout ce qu’il possédait, le remplaça etMawlânâ lui confia les affaires et la trésorerie de laMawlawîya. Il luitémoignaitunegrandeamitiéetilditquec’estsurlesconseilsdeHusâmal-Dînqu’ilacomposéleMathnawî.Danslapréfacedupremier livre, ilparledeluicommede«laclédestrésorsdel’Empyrée,leBâyazîddesontempsetleDjunayddel’époque174».LescinqautreslivresduMathnawîcommencent aussi par son nom, et il nous est dit que le retard de deuxannéesentrelafindupremierlivreetledébutdudeuxième175aétécausé
parlamortdel’épousedeHusâm-al-Dîn.C’esteneffetàluiqueMawlânâdictaitlesvers,Husâm-al-Dînlesécrivaitetlesrécitaitaufuretàmesure,pendant parfois toute la nuit. La composition du Mathnawî continuajusqu’àlafindesavie.La façon brusque dont se termine le sixième et dernier livre du
Mathnawî laisseàpenserqueMawlânânecomptaitpas l’arrêter là,bienqu’ilsoitlepluslongdessix176.Mawlânâmourutledimanche5deDjumâdîII672(17décembre1273)
danslasoirée.Durantsadernièremaladie,auSheikhSadrud-Dînvenuluisouhaiteruneprompteguérison,ilavaitrépondu:«Quandentrel’amantetl’Aiméiln’yaplusqu’unechemisedecrin,nevoulez-vouspasquelalumières’unisseàlalumière177?»Asamort, tous leshabitantsdeKonya, sansdistinctiondecroyances,
prirent le deuil. « Le bruit des timbaliers, le son des hautbois et de latrompetteannonçaientlabonnenouvelle178»,cellede l’unionduMaîtreavec son Bien-Aimé. Vingt troupes de chanteurs récitaient les chantsfunèbresqu’ilavaitlui-mêmecomposés:
«Leroidelapenséesanstroubleendansants’enestalléVersl’autrepays,lepaysdelalumière.»
Dans lespaysmusulmans, il est inhabituel,etmême très rare,que lesfunérailles soient accompagnées de musique. Mais il en fut ainsi pourMawlânâ,parcequ’ill’avaitvoulu,etd’ailleursilavaitduranttoutesaviemanifesté un grand amour pour la musique et le samâ’, danse et chantmystiques,quiétaitunoratoriospirituel.Pourlui,lesamâ’étaituneprièrefondée sur la supraconscience, qui établissait une relation directe avecDieu.C’estpourquoiilpouvaitfairepartiedescérémoniesàl’occasiondelamort,cequifutlecaspourSalâhal-DînZarkûb.Mawlânân’avait-ilpasdit:«Situveuxnoustrouver,cherche-nousdanslajoie,carnoussommesleshabitantsdeceroyaume179.»?Lamort,elleaussi,peutêtreconsidéréecommeuneoccasiondeseréjouir.AlasuitedubouleversementspirituelcauséparlarencontredeShams,
Mawlânâ commença à se livrer au samâ’. Au début, c’est un état (hâl)spontanéqui transportaitMawlânâdans le ravissement (wadjd).Unmot,unbruit,unpaysage,uneilluminationsoudainepouvaientprovoqueruneséancedesamâ’durantparfoisdesheures.C’estainsiqu’unjourqu’ilpassaitdanslebazar,unTurcvendantune
peau de renard criait « Tulki, tulki » (renard en turc), Mawlânâ, qui
ignoraitcettelangue180,crutqu’ildisait:«Dilkou,dilkou?»(«Oùestle cœur, où est le cœur ? » en langue persane) et il semit à danser aumilieudumarché,enrépétantcesmots.Lesassistants,saisiseuxaussiparcetétatspirituel,commencèrentensemblelesamâ’.A propos de Salâh al-Dîn Zarkûb et de sa première rencontre avec
Mawlânâ181,onraconteunehistoirequimontrelaspontanéitédusamâ’.Salâhal-Dînétaitbatteurd’or.UnjourqueMawlânâpassaitdevantsa
boutique, en entendant le tic-tac des apprentis frappant sur les plaquesd’or, il fut transporté et se mit à danser. Le sheikh fit signe de ne pass’arrêter de battre et la danse continua depuis le matin jusqu’à l’après-midi182.Un poème rappelle cette séance de samâ’, disant : « Un trésor est
apparudanscetteboutiquedebatteurd’or.»
Tous lesouvragesdeMawlânâ, et notamment leMathnawî,nousmontrentsonintérêtpourlesinstrumentsdemusiqueetpourlessons.Ilpartagelathéoriepythagoriciennedelamusiquedessphèresetilécrit:
« C’est pourquoi les philosophes ont dit183 que nous recevons cesharmoniesdelarévolutiondelasphèrecéleste184.»
Etilajoute:
«Carlegémissementduhautboisetlegrondementdutambourressemblentquelquepeuàlatrompetteuniverselle;
Et lesmélodies que les gens chantent en s’accompagnant dupandoreestlesondelarévolutiondelasphèrecéleste185.»
Dans toutes les parties duMathnawî, le symbolisme des instruments demusique,dusamâ’etduchantestévoqué186.
Lesamâ’devintpeuàpeuunehabitudequotidiennedanslaconfrérie.OnrécitaitdespoèmesdeAttâr,deSanâ’îetdeMawlânâlui-même,avecaccompagnementdupipeau,du rebâbetd’autres instruments.Audébut,pendant ces séances, certains derviches, et Mawlânâ en particulier, semettaientàdanser, saisisparunétatde ravissementmystique.Plus tard,vers la fin de la vie duMaître, le samâ’ revêtit une forme cérémonielleplus ou moins organisée. Mais ce n’est qu’après la mort de Mawlânâ,lorsqueSultânWaladdirigealaconfrérieMawlawîya,quefurentétabliesdesrèglesprécisesainsiquedesexplicationsésotériques.En fait, ces cérémonies n’avaient rien à voir avec le mode spontané
existantauparavantdepuisdessiècleschezlessoufis,notammentdanslekhânigâh(maisonderetraite)duSheikhAbûSai’dAbulKhayr187.L’undessujetslespluscontroversésauseindusoufismeestlesamâ’.
En dehors des autorités religieuses qui lui étaient catégoriquementhostiles, parmi les sheikhs soufis eux-mêmes les opinions sur ce sujetdivergeaient.Durantsavie,Mawlânâfutsouventcritiquéàcausedecettepratique.Entreautresraisons,c’estaussipourdéfendresaconfrérie188queSultânWaladvoulutdonnerunesignificationésotériqueetcosmiqueauxcérémoniesdusamâ’enl’organisantselondesrèglesprécises189.Commenousl’avonsdit,lesamâ’comportaitunsymbolismecosmique.
Lemaîtrespiritueltournaitaumilieudesdervichesetreprésentaitlesoleililluminantlesêtres;lesdanseurs,cesontlesplanètes,tournantautourdusoleil et aussi sur eux-mêmes.Leurmaindroite estorientéevers le ciel,pour y recueillir la grâce divine, leurmain gauche vers la terre, pour yrépandrecettegrâce.Touslesgestesetjusqu’aucostumedesdanseursdusamâ’ recèlent un sens symbolique190. Ces cérémonies sont devenuescélèbresenOccident,oùlaconfrériedeMawlânâestconnuesouslenomdedervichestourneurs.Ilestentoutcascertainquelaréputationetl’importancedelaconfrérie
Mawlawiyaremportentsurcellesdetouteslesautresconfrériessoufiesets’étendent de l’Inde jusqu’à l’Europe et l’Amérique. Même lorsque lesautresconfrériessoufiesfurentcondamnéesdansl’Empireottoman,celledeMawlânâfutépargnée,enraisondel’universalismedesapenséeetdurespectdontilbénéficiaitdanslemondeentier191.La confrérie Mawlawîya, profondément mystique et sans aucune
tendancepolitique,jouissaitd’uneplusgrandelibertéd’actionetpeuàpeuellese répanditdans toute l’Anatolieet l’AsieMineure.Ses takyaset seszâwiyas192 existaient en Turquie aussi bien qu’en Syrie, en Egypte, enLibye,àChypreetàBelgrade.Lesmaisonsderetraitedesdervichesaudébutdusoufismes’appelaient
khânigâh. Mais il y avait certaines différences entre les zâwiyas et lestakyas ; les premières étaient habitées et l’on y vivait, mais les autrespouvaientêtreseulementunlieuderéunion.Dans cesmaisons, les livres et les enseignements deMawlânâ étaient
expliquéspardesmaîtresspirituels.ParmilesœuvresdeMawlânâ,laplusimportanteestsanscontesteleMathnawî.LenomdeMathnawîvientdelaformeprosddiqueutilisée,c’est-à-dirededistiquesrimantentreeux,avecuneharmoniesyllabiquegénérale.
Depuis le XVe siècle, il existe beaucoup de commentaires sur leMathnawî,lesplusconnussont:—lecommentairedeKamâlal-DînKhârazmî,endeuxvolumes193;—le commentaire en persan par Walî-Mohammad Akbarâbâdi (xvnr
siècle194);—lecommentairedeSûrûrienpersan;—lecommentairedeTchelebîenturc.LestraductionsduMathnawîavecousanscommentairesont:—la traductionenproseduMathnawî en turc, faite auxvir sièclepar
Ismâ’ilAnkarawîavecuncommentaire195;—latraductionenversturcsparSulaymânNahifî(XVIIIesiècle);—latraductionarabeenproseparYûsufibn-Ahmadal-Mawlawî196;—la traduction en vers en langue hindi par Mohammad Yûsuf Alî-
Shâh197.Parmilesautrescommentaires,nousenindiqueronsdeuxquisesituent
entrelatraductionetlecommentaire:—lecommentairedeMohammadAbdul-Alîenpersan198;—lecommentaired’AbidinPâshâ,enturc.Quantaux traductionsoccidentales, iln’existequ’uneseule traduction
intégrale,enlangueanglaise,faiteparR.A.Nicholsonen1925199.IlyaquelquestraductionspartiellesduMathnawî:—unetraductionenversd’unquartdupremierlivre,parGeorgeRosen
(Leipzig,1849);—une traduction partielle du premier livre en anglais et en vers, par
JamesRedhouse(Londres,1881);—une traductiond’extraitschoisisdes six livres,d’environ troismille
vers,enprose,parE.H.Whinfield(Londres,1887);—la traduction du deuxième livre avec un commentaire, par C.E.
Wilson(Londres,1910).UneautreœuvremonumentaledeMawlânâ,uneœuvre lyrique,est le
recueilde sespoèmes, intituléKûlliyât-e-Shams200. Il est dédié àShamsdeTabrîzettouslespoèmes201finissentparlenomdeShams202.Les éditions de ce livre ont parfois présenté jusqu’à cinquante mille
distiques,pourtantiln’estpassûrquetouscespoèmessoientdeMawlânâ.L’édition la plus sûre, due à Badi’ ul-Zamân Furûzân- far, estaccompagnéed’unebiographiecomplètedeMawlânâ203.Unetraductionpartielledecetteœuvreenlanguefrançaise,parEvade
Vitray-MeyerovitchetMohammadMokri,comportemillequatre-vingt-un
ghazals204.La plus importante œuvre en prose de Mawlânâ est Fîhi-mâ-fihi
(littéralement:«Danscelaestcequiestlà».Onaprétenduquecetitreest une citationd’unpoèmed’Ibn ’Arabî. Pourtant, on ne le connaissaitpasautrefoissouscetitre,etpourlapremièrefoisc’estdansleBostân-al-Sîyâhat205 qu’on le trouve.Ce livre est un recueil des réponsesdonnéesparMawlânâauxquestionsposéesparticulièrementparlevizirMu’inal-DinParwâna206.Le«Livredudedans»(Fîhi-mâ-fihi)estcomposé,à lamanièreduMathnawî,d’anecdotesetdecontes,deversetscoraniquesetdehadiths.CetteœuvreaétééditéeàTéhéranparBadi’ul-ZamânFurûzânfar en
1950207, etaété traduiteenanglaisparArberry (Londres,1961) sous letitre deDiscourses of Rûmî. A. Golpinarli l’a traduite en langue turque(Istanbul,1959).Latraductionfrançaisedecelivreaétéfaiteen1975parEvadeVitray-
Meyerovitchsousletitre«Lelivredudedans208».UneautreœuvrelyriquedeMawlânâ,lesRubâ’iyât(quatrains209)aété
éditéepourlapremièrefoisàIstanbulen1894parVeledTchelebi.Ilaététraduitenturcen1932parH.AliYûcel,etparA.HaletTchelebîen1939.Lapremièreédition françaiseestune traductionpartiellededeuxcent
soixante-seize quatrains, par A. Halet Tchelebî210. La traduction d’unegrande partie des quatrains a été faite en 1986 par Eva de Vitray-MeyerovitchetDjamchidMortazavi211.DeslettresdeMawlânâconstituentunlivreintituléMaktûbât.Ils’agit
decentquarante-quatrelettres.Celivreaétééditépourlapremièrefoisen1356 de l’hégire, à Istanbul, par Feridûn Nafez Beg. Il a été réédité àTéhéran,en1956,parY.Djamshidi-puretG.H.Amin.Certaines des prédications de Mawlânâ constituent un livre qui
s’appelleMadjâlis-e-Sab’a(«lesSeptSéances»).IlaétééditéparM.E.NafezettraduitenturcparR.HasanEffendi-Oglû,àIstanbul,en1937.Onaattribuéd’autresœuvresàMawlânâ,maisiln’estpassûrqu’elles
soient de lui ; en outre, il ne s’agit pas d’ouvrages importants. CitonsKhâb-nâmeh(unpetitopusculesurl’interprétationdesrêves),lesMaqâlâtetIshq-Nâmeh.EncequiconcerneleMathnawî,l’éditioncritiquedeNicholson,parue
àLondresentrelesannées1924et1934212,estconsidéréecommelaplussure et la plus exacte, ayant été établie d’après lesmeilleurs et les plusanciens manuscrits. Elle n’est cependant pas totalement dépourvue de
fautes.Nicholsonlui-mêmeaadmislapossibilitédecertaineserreursduesaux manuscrits utilisés. Mais il faut reconnaître que le travail de cethomme amoureux de la science unit l’érudition, le courage et le goût.AyantpasséunegrandepartiedesavieàétudierlesœuvresdeMawlânâ,ilétaitdevenuassezfamilieravecsapensée.Nicholsonaudébutdesontravails’étaitinspirédesmanuscritsduVIIIe
siècle.Cen’estqu’aprèsleséditionsdupremieretdudeuxièmelivrequ’ilretrouvera d’autresmanuscrits duVIIe siècle de l’hégire, le plus anciendatantde677,deuxansaprèslamortdeMawlânâ213.Aussi apporta-t-il ultérieurement certaines corrections sur les deux
premiers livres. Elles ne constituaient pas toujours des améliorations.Nousavonsdoncrespectéengénéralletexteédité.Dans tout le Mathnawî, il existe très peu de différence entre notre
traduction et l’édition deNicholson. Pourtant, rarement il est vrai, noussommes tombés sur certains vers qu’à notre avis il n’était pas possibled’accepter tels qu’ils étaient donnés dans cette édition. Dans l’éditioncritiquedu livre IVparexemple,Nicholson,d’après lesmanuscritsqu’ilpossédait, a pris le mot de zamr214 dans le deuxième hémistiche dudistique225215etill’atraduit,enanglais:
« In order that for awhile they may be delivered from sobriety(consciousness), they lay upon themselves the opprobrium of wine andminestrelsy.»
Endehorsdetoutessortesdeconsidérationsméthodologiquesetenfonctionseulement d’une logique scientifique et selon toute la pensée de Mawlânâ,commentserait-ilpossibled’imagineruninstantqu’ilvoulaitdirequ’écouterlepipeauoubiens’occuperdemusiqueétaitun«opprobre»ouunehonte?DansunlivrecommeleMathnawîquicommenceparunélogedu«ney»(pipeau)etdesongémissement!
Maisquelestlemotexact?Aulieude«zamr»ils’agitde«bang216»,c’est-à-dire«haschisch»etplusgénéralement«stupéfiants».Nousavonsdoncainsitraduitcedistique:
« Afin que pour un temps ils puissent être délivrés de la conscience, ilss’infligentàeux-mêmesl’opprobreduvinetdesstupéfiants.»
Bien entendu, les différences de cette nature dans notre traduction parrapport à l’édition critique de Nicholson sont très rares217 et même sans
importance. Il existait cependant de petits détails, en apparence, quireprésentaientdescontradictionsdoctrinalesaveclapenséedeMawlânâetnousnepouvionspasnepasréagir218.
Encequiconcernequelquesdistiquespourlesquelsnousavonsdécidéd’adopter laméthode deNicholson, c’est-à-dire de les traduire en latin,nousavonsreprissestraductions.Pourlestraducteurs,engénéral,latraductiontoutàfaitlittéraleestun
moyen de franchir certains obstacles qui se présentent dans les textesdifficiles. D’autre part, la traduction tout à fait libre, elle aussi, est unepossibilité de mettre dans la bouche de l’auteur ce qu’on comprend dutexte,àtortouàraison.Nousavonsévitécesdeuxperspectivesadmissiblesnil’unenil’autre.
Nousavonsessayédetraduireauplusprèsdutexte,maisendonnantunesignificationclaireetcompréhensible.Parfois, nous avons été obligés d’ajouter un mot ou un nom, entre
parenthèses, pour clarifier le distique, car il arrive àMawlânâ, selon saméthode, de revenir après quelques pages au sujet qu’il avait traitéprécédemmentenutilisantseulementunpronom:«il»adit;maisquiadit?Nousl’avonsindiquéencasdenécessitéabsolue.LesdifficultésdelatraductionduMathnawîsontmanifestespourceux
qui connaissent cette œuvre. Elles ne consistent pas dans le volume dulivre ni le nombre des vers. La difficulté provient d’un symbolismemultidimensionnel et d’un ésotérisme exprimés dans un style poétique.Comme Mawlânâ lui-même l’a déclaré et comme nous y avons faitallusion dans les pages précédentes, les distiques duMathnawî, dans laplupartdescas,recèlentdessignificationsmultiplesetsuperposées.C’estlàunecaractéristiquede la languepersaneetde sadimensionmystique,quis’estélaboréeàtraverslessiècles.Maistraduirecesidéesmystiques,ésotériques et symboliques, profondément riches en significations, dansunelangueprécisecommelefrançais,quinesupporteaucuneambiguïté,est peu aisé. N’oublions pas que, dans le Mathnawî, certains motspossèdent deux significations et parfoismême davantage ;Mawlânâ, enréalité,ajouédetouteslesacceptionspossibles.Làrésidelaplusgrandedifficultédecettetraduction,etsinousavonsréussi,espérons-le,danslamajoritédescas,c’estgrâceàlabénédictiondumêmeespritquiapucréeruneoeuvreaussisplendidequeleMathnawî.Nous sommesparfois tombés sur des distiques qu’onpouvait traduire
selon deux acceptions tout à fait distinctes.Nous avons donc essayé dedonner lasignification lameilleureenajoutant lesprécisionsnécessaires
danslesnotes.C’est en cela que la nécessité d’un commentaire se manifeste.
Nicholsonl’aétablitendeuxvolumes.Peut-êtreunjour,nousaussi,nouslivrerons-nous à une telle aventure ! Mais, actuellement, nous noussatisferons de cette introduction, dans laquelle nous avons essayé depréciser les traits généraux et essentiels de la pensée deMawlânâ, dansl’espoird’aider les lecteursàmieuxsaisircequ’ilvoulaitexprimerdanssonlivre.D’ailleurslesdifficultésnes’arrêtentpaslà,etlesgensquiconnaissent
lalanguemystiquedel’Irancomprendrontque,parexemple,latraductiondemotstelsquenâz,ghayrat,particulièrementquandilssontappliquésàDieu,posedesproblèmes,carjamaisonnepeutparlerencequiconcernecesmots,danscecontexte,de«faireducharme»etde«jalousie».Oubien,lorsqu’ils’agitdetraduiredefaçonfidèleetexactedesexpressionscomme Âb-wa-roghan-kardan ou Sibil-dûd-dâdan, on ne peutcertainement pas parler de « mélanger l’eau et l’huile » ou bien de«donnerlafuméeàsamoustache»!Dans de pareils cas219, nous avons dû tenir compte de l’esprit de la
langue française et, sans nous éloigner du sens, prendre quelque libertéavecune expression littérale et idiomatiquequenous restituonsdans lesnotes.Ajoutonsenfinquequoiquenousayonsparlédecertainsaspectsdela
penséedeMawlânâ,nousn’avonspourtantditquepeudechose.Enfait,ilfautrechercherlaprofondeuretl’originalitédelapenséedecethommeenétudianttoutessesœuvres.NousavonssignalécertainessimilitudesentrelesidéesdeMawlânâet
celles de la Grèce antique, et avons évoqué quelques-unes de sesconceptionsconcernantdesprincipesappartenantauxsciencesexactes,etquiontétédécouvertesplusieurssièclesaprèssamort.Mais au-delà de ces intuitions fulgurantes dans un domaine encore
inexploré,cequiimporte,c’estlemessaged’universalismeetd’amourquifaitduMathnawîuneœuvredontlerayonnementdemeuresanségaldanslemondedel’Islametquiestappelé,croyons-nous,àilluminerl’Occidentdesalumière.
NotesdeI’introduction
1.DèscedébutduMathnawî,estmentionnélenomdePlaton(1,24).2.Cf.II,2319-Bienentendu,leMathnawîtoutentierpeutêtreconsidérécommeuneréférenceàcesujet;nousnedonnonsiciqu’unexemple.3.Cf.V,917;VI,220,1529et2000.4.Aqlâshir.5. L’émanation du monde de la multiplicité à partir de l’Existence unique etl’explicationphilosophiquedeceprincipe,quiaconstituél’unedesplusgrandespréoccupations des penseurs musulmans, est une notion influencée par laphilosophiegrecque.Cf.IV,32596.I,1141,1136,3486;IV,3727;VI,2954,3712.7.Enréalité,noussavonsqu’ilexistaituneconfusiondanslestraductionsarabesdes œuvres de Platon, Plotin et Aristote. Il est donc normal que, dans laphilosophieislamique,iln’yaitpasdedistinctiontrèsnetteencequiconcernelesidéesdecestroisécoles.8.Aqldjuz7.9.Dans laphilosophie islamique,onpeutcomptervingt-cinqsortesetniveauxdelaraisonaprèsladixièmeémanation.10.V,843,3423,3713,385;VI,2798,2787,150;IV,1523;II,325.11.V,3827,3856;VI,797.12.Nafs.
raison.13. I, 1352, 2621 ; II, 1134, 21, 27, 2595, 782, 2227, 3500 ; III, 2548, 1053,2464,2545,2504;IV,235,3621;V,2866,3788,3195.14.I,686.15.Zarreh,II,1706,1611.16.V,3858;VI,38,2900.17.VI,36,50,3177.18.V,3401,3402,4580.19.VI,4580.20.RépubliqueetVhilèbe.Cf.Mathnawî,I,1141,1148.21.VI,36-43et3570.22.I,1293.23.VI,56.24.VI,3177-3183.25.Zâyândan-e-Uqûl.26.L’exempleleplusfrappantestl’histoiredulionetdesanimaux:I,900-1389.
27.Commeceuxabordantlesnotionsdefatalismeetdelibrearbitre.28.NousreviendronssurcesujetenparlantdusymbolismechezMaw-lânâ.29.Elleexistaitauparavantdanslascolastiqueeuropéenne.30.I,1140-1149;VI,3177-3183.31.I,1350;V,4144.Endeuxendroits,MawlânâcritiquetrèsvivementFakhr-al-DînRâzî,legrandpenseurscolastiquemusulman,etajoutequel’onnepeutrésoudre les problèmes de la foi et de l’amour de la Vérité suprême par desdiscussionsdiscursivesetfondéessurla32. Il parle de Platon et des anciens philosophes avec un certain respect. Parexemple,cf.I,24;VI,4144.33.VI,1897comparelamystiqueetlaphilosophie,lapremièreagissantparlalumièredel’amouretl’espoirdel’union,ladeuxièmed’aprèslesillusionsdelaraisondiscursive.34.III,1824-1829,1145.35.Aql-e-Ma’âshi.36.Aql-e-Maâdi.37.L’unedespluscélèbresécolesthéologiques.Leursystèmeétaitrationaliste.IlsétaientlesdisciplesdeWâsil-ibnAtâ.38.V,459.39.II,1548-1549;I,2128.40.IV,2302.41.II,47-48,1284-1288;IV,12941300.42.II,2924,3202;III,1259-1270,3566-3590;VI,2223,2356.43.I,1331,1332.44.II,1285-1290.45.II,49.46.îshràq.47.Kashf48.Shuhûd.49.llhâm.50.Ma’rifat.51.«Lui»,Huwa.52.Annihilationdel’êtreenl’Etre.Cf.Mathnawî,I,3050-3055.53. Voir Dj.Mortazavi, Symbolique des contes et mystique persane, éd. J.-C.Lattès,Paris,1987.54.C’est-à-direlamortmystiqueavantlamortphysique.55.«Mardak».Cf.aussiDjalâl-od-DînRûmi, leLivreduDedans(Fîhi-mâ-fihï),trad.EvadeVitray,Paris,1975.56.Voir l’histoiredumarchandetduperroquet, l’undesplusbeauxcontesdu
Mathnawî,I,1546sq.57.Huwa.58.I,3056.59.SoufioriginairedeBayzâdeFarsenIran,suppliciéàBagdadenl’an309del’hégire(922).60.I,3934;III,3839;V,2033;VI,2095,3837.61.Ana’l-Haqq.62.I,1854.63.II,305-306;V,2033.64.HulûletIttihâd.65.Lesphilosophesmusulmanscroyantaumonismeexistentieletlesmystiquesontditquecroireàl’unitédel’Existence(wahdat-e-wudjûd)estlavéritablefoienDieu et que c’est la signification profonde duTawhid. Tandis queHulûletIttihâd se fondent sur l’unicité des êtres (wahdat-e-mawdjûd) qui n’estqu’idolâtrieetincroyanceenl’unitédel’Existence.66.V,2034-2040.67.Alam-e-saghir.68.Alam-e-kabir.69.VI,1528.70.Symboledelamultiplicité.71.Lescouleursreprésententleserreursdessenshumains.Cf.I,2465;VI,59.Cf.aussil’histoiredespeintreschinoisetdespeintresbyzantins(I,3467).72.Cf.laphilosophiedeFichteetdeSchelling.73.Symbolismeabrahamiquedeladescente.74.III,3902;IV,3637.75.LeBien-AimésymbolisetoujoursDieu,c’est-à-direlaLumièredeslumièresetl’Existenceunique.76.III,554,3034;II,1406.77.I,205;II,700;III,3020.78.V,588,2185-2194,3272.79.II,1770.80.I,10,23-27,220,2827;VI,971,979,983.81.IlditquenotrePlatonetnotreGaliensontl’amour,sauveurdenotreâmeetdenotrecorps,PlatonétantlesymboledelaphilosophieetGalienreprésentantlesmédecinsducorps(I,23).82.III,3902.83.I,30;VI,2680.84.I,2035.85.II,815.
86.Ill’appelleSheikh,Pir,Morâd,Murshid,Dalil-e-Râh…87.II,157988.Sinousconstatons,cesdernièresannées,delasympathiepourl’IslamdelapartdecertainsOccidentaux,sansnuldoutecen’estquegrâceàlapenséeetauxidéesdesmystiquesmusulmansengénéral,etplusparticulièrementauxœuvresetàlapenséedeMawlânâquisontdevenuescélèbresenOccident.89.CeversestuneversionunpeudifférenteduversIII,1897.90.C’est-à-dire qu’il n’est pas possible pour tout lemonde de comprendre lasignificationréelleduMathnawî,carilestdestinéauxmystiquesetauxinitiésetnonaucommundesgens.91.I,16-36,43;II,3681;III,1259.92.II,514;V,1271.Lecontesymboliquedusoufietdesonâneainsiqueceluidusheikhetdesondisciplereprésententuneimitationnaïve.93.Parexemple, l’acceptationd’unereligionparcrainte,ouparceque l’onestnédansunefamillequilapratique.Cf.II,491,1720.94. I,325-725 :histoired’un roiquivoulaitexterminer leschrétiensetdesonvizir.95.II,585sq.:histoired’unescrocetdeshabitantsdesaville.96.II,2604:histoiredeMoawiyya.97.VI, 1536 ; III, 3683 sq. : histoire deSadr-e-Djihân ;V, 1242 : histoire del’amoureuxetdesabien-aimée.98.I,1350.99.II,3171sq.:histoiredupaysanarabeetduphilosophe.100.DeuxdesgrandesécolesdethéologieetdeKalâmislamiques.101.Ce sujet est important aussi au point de vue du système pédagogique deMawlânâ.102.I,900-1390.103.VoiraussiI,598,638,1463,1473,1496,1499etV,2912-3250.104.C’estultérieurementquelesexpressionsdjabr-illiouilmi(déterminisme)etdjabr-qadari (fatalisme) ont été utilisées ; au temps de Mawlânâ, on parlaitseulementdedjabr,sansaucunedistinction.105.VI,1441. Ici,Mawlânâparledudjabr deshommesparfaits et critique ledjabrdesparesseuxetdesignorants.106. Comme Mawlânâ ne parle pas du déterminisme nommément, il faut lecomprendreàtraverstoutcequ’ilditàcesujet.107.I,941,980,981.108.Ladanseetlechantmystiques.Nousenparleronsplusloin.109.Kitmân-e-Sirr.Sirrestletréfondsleplusintimeducœur.110.I,1045,3426;V,2236-2240.
111.Mawlânâlui-mêmeadit:«NepensezpasquelasignificationésotériqueetsymboliqueduMath-nawîsoitfacileàcomprendreouquecesoitunechosebonmarché»(VI,3460).112. Cette caractéristique apparaît depuis le premier vers duMathnawî, c’estpourquoinousnedonnonspasderéférencesetdeprécisionsàcepropos.113.Cf.EvadeVitray-Meyerovitch,MystiqueetPoésieenIslam,Paris,1972.114.I,3514-15.115.Ceuxdel’exil,del’amour,delacageetdel’oiseau,dontnousavonsparléprécédemment.116.I,1547sq.:histoireduperroquetetdumarchand.117.I,247sq.:histoiredel’épicieretduperroquet.118.I,900sq.:histoiredulionetdesanimaux.119.C’est le symbolismegénéral de ce termedans lamystiquemusulmane etc’estdevenuuneexpressionpopulaire.120.Lesfauconsétaientposéssurlebrasduroi.121.III,3921-4225.122.III,1973-2082.123. Dans certains contes, Mawlânâ explique lui-même les symboles et lessignificationsésotériques.Parexemple,l’histoireduprinceetdelasorcière(IV,3085-3190).124.VI,3582sq.Cettehistoirecontinuejusqu’àlafinduMathnawîets’arrêtebrusquement,sansaucuneexplication.125.Unedimensionintérieureetspirituelle,nonlesquatredimensionsspatiales.126. Nous pouvons l’appeler la parole de l’âme, la parole silencieuse,l’éloquencemuette,etc.127. I, 36 sq.Ce contemontre queMawlânâ connaissait très bien laméthodepsychanalytique. Cf. Dj. Mortazavi, Soufisme et Psychologie, éd. du Rocher,1989128..I,900-1390.129.III,1522.VoiraussiIV,625.130.VI,3345.131.VI,3583.132.IV,2577.133.II,3721;IV,3286.134. Uniquement à titre d’exempies, nous pouvons rappeler à ce proposquelques-unes des histoires du livre premier : histoire de l’épicier et de sonperroquet (I,246) ;AzraîletSalomon(I,956) ; lecapitaineet legrammairienarabe (I, 2835) ; histoire de l’homme de Qaz- win et du tatoueur (I, 2980) ;l’hommesourdetsonvoisinmalade(I,3360).
135.Ilnes’agitd’ailleursqued’untoutpetitnombredevers.136.Régionsituéeaunord-estdel’Iran.137.MaîtredeRûm(Byzance).138.«Sultandessavants».139. Surnommé Siddiq (sincère). On a donc désigné Mawlânâ et son pèrecommelesdescendantsduSiddiq.140. Cette appartenance n’est pas absolument sûre, car à cette époque lagénéalogiedesfemmesétaittrèsdifficileàétablirenraisondescoutumessocio-religieuses.141.«Lesconnaissancesmystiques».142.Khirqa-e-lrâdat,frocd’investituredesderviches.143.Aflâkî,Manâqib-ul’Ârifïn,tomeI,p.11,rééditionSindbad,Paris.144.C’estluiqueMawlânâacritiquédansleMathnawî.Mais,bienentendu,ilétait devenu un symbole de la pensée philosophique sectaire et de la raisondiscursive;cen’estpaspourdesraisonspersonnellesqueMawlânâs’attaqueàlui.145.SultanWalad,danssonWalad-Nâmeh (trad. française : laParolesecrète,parDj.MortazavietEvadeVitray-Meyerovitch,éd.duRocher,Monaco,1988)^etAflâkî,danssonManâqib-ul-Arifïn(trad.française:lesSaintsdesdervichestourneurs,parCh.Huart,Sindbadéd.,Paris)ontparlédecetteterribleinvasion.146.Dansl’undesespoèmes,Mawlânâadit:«Attâravisitélesseptvillesdel’Amour,tandisquenoussommesrestésdansunepetiteruelle.»Iladitaussi:« Attâr était l’esprit, Sanâ’i ses yeux, nous sommes venus après ces deuxgrands.»147.SituéedanslaTurquieactuelle.148.EnAnatolie.C’estdevenuunlieudepèlerinage,nonseulementdeTurquie,maisencoredumondeentier,d’oùl’onvientvénérerlemausoléedeMawlânâ.149.L’ordresoufifondéverslafindelaviedeMawlânâ,célèbreenOccidentsouslenomde«dervichestourneurs».Nousenparlonsplusloin.150.L’écoleHalawiya,quiétaitl’undescentresculturelsdecetteépoque.151.Morten1240denotreère.152. Le soufisme d’Afrique du Nord et d’Andalousie s’appelle soufismeoccidental.Lesoufismedel’Iran,enparticulierduKhorassan,del’AsieMineureetdel’Iraq,estconsidérécommelabrancheorientaledececourantdelapenséemusulmane.153.IntroductionàsoncommentairedeslivresIetIIduMathnawî,p.XIII.154.Enparlantde laCabale,nousvoulons, tout simplement, indiquerun typed’ésotérisme, et nous n’avons pas l’intention d’affirmer une influencequelconquedelapenséejudaïquesurIbn’Arabi.
155.Le frocde lainequi rendparfait l’état spirituelde celui qui le reçoit.Cf.Futûhât,I,p.187.156.Prophète et personnagemystérieuxqui représente la science éso- térique.Cf.Qor’ân,XVIII,60-82.157.Futûhât,III,p.514;I,318319;Fusûs,p.63.158.Futûhât,III,p.350.159.Mathnawî,VI,223.160. Selon certaines légendes, il aurait appartenu à une famille ismaélienneappeléeBozorg-Omid,qui régnaitdans la forteressed’Alamutentre lesannées607 et 618de l’hégire.Tout ceci, ainsi que les indicationsqui vont suivre, nedoitêtreacceptéquesousréserves.161.ShamsVarandeh.162.BâyazîdBistâmî,célèbresoufiduKhorassan,morten874ou875denotreère.163.Manâqîb-ul’Arijîn,I,p.69164.Cette rencontreest racontéed’uneautre façonparMuhyi-ud-DînAbd-al-Qâdir, contemporain du fils de Mawlânâ, Sultan Walad, dans son livre Al-Kawâkib. Il dit que cela se passait dans la salle de cours où Mawlânâ étaitentouréde. ses étudiants et de livres.Shams lequestionna, et quandMawlânârépondit:«Tunelesconnaispas»,lefeutombasurleslivresetlesbrûla.165. Le Livre du Dedans, chapitre VI. Aflâkî le rapporte aussi dans sonManâqib-uïAnfin.166.VI,220-226.167.Cf.SultanWalad,laFarolesecrète,trad.citée,éd.duRocher.168. On a dit que son corps avait été retrouvé dans un puits et enterrédiscrètement par le fils de Mawlânâ pour éviter une trop grande peine à cedernier. Cf. A. Gölpinerli, Ency- lopêdie^ de l’Islam, art. sur Djalâl- al-DînRûmî.Cecin’estabsolumentpassûr,maispourtantc’estensefondantsurcetteversionqu’onaconstruitàKonyaunemosquéeavecunsépulcrepourShams.169.SultanWaladécritqu’enfaitMawlânâetShamsn’étaientpasséparés, ilsétaientdevenusunseul.L’amoureuxetlebien-aiméétaientréunis,dit-il,etnousne savions pas ce que les oreilles deMawlânâ entendaient et ce que ses yeuxvoyaient.170.En fait, la signification littérale deShams, c’est le soleil, ce qui donna àMawlânâl’occasiondecomposerlesplusbeauxpoèmesmystiquesdelalanguepersane,enjouantsurcemot,sonamiétantpourluiunsoleilspirituelilluminantsonâme.171. Sans avoir l’intention de donner une explication et un commentairecomplets, destinés à permettre aux lecteurs de connaître la pensée de Shams,
nousajoutonsqu’ici«LeCalligraphe»représenteleCréateur.Lescalligraphiessont les créatures. La première représente les êtres inanimés, végétaux etanimaux,quiontuneidentitébiendéterminéeetdontlaquidditéestsaisissable,mêmepourl’homme.
Ladeuxièmereprésentelesêtrescélestesetspirituelsetlesangesdontla réalité et les quiddités sont connues pour Dieu, mais pas pour leshommes.La troisième, c’est l’homme, que Dieu a créé et a laissé libre de
déterminer sa propre identité et de réaliser personnellement sa quiddité.Bienentendu,ils’agiticideshommesvéritablesquineserestreignentpasaumondeinstinctifetauxbesoinscorporelscar,danscecas-là,ilsnesontquedesanimauxetseule leurapparenceesthumaine.Cette idée,quiesten fait uneprésentation ésotériquede lapensée existentialiste (théiste etnon athée) dans son intégralité philosophique déborde clairement leslimitesdelatraditionabrahamique,etilfautenchercherlesoriginesdanslapenséedel’ancienIranetdel’Inde.
172.C’estceluiquidirigeaitlesaffairesdelaconfrérie.173.Oupîr,«guidespirituel».174.DeuxgrandsmystiquesduIIIesiècledel’hégire.175.Ledeuxièmelivreaétécommencéen662del’hégire.176.Ilcomporte4916distiques;lelivreII,quiestlepluslongdescinqautres,n’enaque4810.177.Aflâkî,I,p.99.178.Aflâkî,I,p.97.179.Aflâkî,I,p.276.180.Mais il savait très bien l’arabe, et certains vers duMathnawî sont écritsdanscettelangue.181.Ilexistedifférentesversionsdecetterencontre,l’uneestqueSalâhal-DinvenaitécouterMawlânâciterdesparolesdeBurhân-al-DînMoha-qiqTirmidhî.C’estàunetelleoccasionqu’ilsejetaauxpiedsdumaîtreetdevintsondisciple.182.Aflâkî,I,pp.336-337.183.On peut comprendre qu’il voulait parler ici des philosophes de laGrèceantique.184.IV,733.185.IV,732-734.186.C’est sur l’ordredeMawlânâ,dit-on,que l’ona fait lerebâbàsixcoins,alors qu’il était carré. Les six angles du rebâb symbolisent les six angles dumonde.Lerebâbestuninstrumentdemusiquesemblableauviolon,utilisédanslaconfrériemawlawiyaavecleney,letambouretlekamântcheh.
187.Morten440del’hégire(1049).188.OnpeutpercevoirassezclairementcetteintensiondanssonWaladNâmeh(laParolesecrète,trad.cit.).189.Ils’estcertainementfondésurlapenséedesonpèreconcernantlathéoriepythagoriciennedelamusiquedessphères.190. Cf. E. de Vitray-Meyerovitch, Mystique et Poésie en Islam, chap. surl’Oratoriospirituel,enparticulierpp.87-88.191. La condamnation de certaines confréries comme celle des bektashis étaitdueàdesmotifspolitiques,notammentleursympathiepourladynastiesafavidedel’Iranquiétaitlagranderivaledeladynastieottomanedanslarégion.192.Littéralement«coin»,maissignifieaussi«lamaisonderetraite».193. Intitulés Kunûz al-haqâiq fi rumûz al-daqâiq et Djawâhir al-asrâr wazawâhiral-anwâr.194.Sharh-e-Mathnawi-e-sharif.195.IntituléFâtihal-abiât.196.IntituléAl-minhâdjal-qawi.197.IntituléPirâhan-e-Yûsuf.198.IntituléBahral-ulûm,Sharh-e-Mathnawisharif199.GibbMemorialSériés,London,1926.Avecdeuxvolumesdecommentairesetdesnotes. Il existeuneéditioncritiquedu textepersanduMathnawî, due àR.A.Nicholson,qui,engénéral,estconsidéréecomme l’édition laplusexactedecelivre.200.Onl’appelleaussiDiwânkabir-e-ShamsouDiwân-e-Shams-e-Tabriz.201.On l’appelle aussiDiwân-e-Ghazalliât Shams. Les « ghazals » sont despoèmesdontlesrimessontidentiquespourtouslesvers.202. Un petit nombre de poèmes se terminent par le nom de Husâm al- Dîn(Tchelebî).203.Environvingt-quatremilleversetmillehuitcentsghazals. Ilyad’autreséditionsdecelivre,aussipubliéàTéhéran,entreautresl’éditiondeM.Darvish.204.Odesmystiques(Diwân-e-Shams-e-Tahrizi),éd.Klincksieck,Paris,1984.Les traductions partielles de ce livre en anglais et allemand sont dues à R.A.Nicholson,VonHammeretVonRosenwier.Bienentendu,hormisla traductionde Paris et une anthologie faite par Nicholson, les autres ne sont que latraductiondequelquesghazals.205.Livredontl’auteurestanonyme,onnesaitpass’ilestdeSultanWaladoubiend’unautrediscipledeMawlânâ.206. On raconte à propos de ce vizir qu’il vint voir Mawlânâ, en hiver. Ilneigeait.Commeledomestiqueavaitoubliéd’informerMawlânâ, levizirrestadesheuresàlaporte,souslaneige;parrespectetdepeurdedérangerMawlânâ,
ilne frappapasunenouvelle fois,mais ilnevoulaitpaspartir, jugeantqueceseraitunsigned’infidélité.207.D’autreséditionsexistentaussicommecelledeH.Khânsârî.208.Éd.Sindbad,Paris,1975.209.ÉditéàTéhéranparB.Furû-zânfar,en1342del’hégire.210.Éd.Maisonneuve,Paris,1950.211.Éd.AlbinMichel,Paris.212.InGibbMemorialSeries.213.Acepropos,voir l’introductiondeNicholsonà l’éditioncritiquedu textepersandeslivresIIIetIV.214.Ilsignifie«jouerdupipeau»et,dansunesignificationgénérale,«écouterdelamusique».215.Alang-e-khamr-o-zamr-bar-khod-minahand.216.AJang-e-khamr-o-bang-bar-khod-minahand.217.S’ilexistaitquelquesdifférences,maiscertainementtrèsrares,nousl’avonsindiquédanslesnotes.218.Parexemple,cequenousvenonsdedireàproposdudistique225dulivreIV.219.Bienentendu,cenesontpasseulementlesdeuxmotsoulesdeuxlocutionsque nous venons de citerqui sont en cause. Il existe des milliers de cassemblablesquelelecteurdécouvriradansletexte,etilnoussembleinutiled’endonnerdavantaged’exemples.
REFACEDULIVREPREMIER1
AUNOMDEDIEU,LECOMPATISSANT,LEMISÉRICORDIEUX
CeciestlelivreduMathnawî,quiestlaracinedesracinesdesPiliersdelaReligion(musulmane)encequ’ildévoilelesmystèrespourparveniràlaVéritéet lacertitude ; etquiest laplusgrandesciencedeDieuTrès-Hautetlavoiedivinelaplusclaire,etlapreuvelaplusmanifestedeDieu.Lalumièrequ’ilcontientestcommeunenichedanslaquellesetrouve
une lampe2, brillant d’un éclat plusvif que l’aurore.C’est leParadis ducœur,possédantdessourcesetdesbranches;l’uned’ellesestunesourceappeléeSalsabil,pourlesvoyageursenceSentier;et,auxyeuxdeceuxqui possèdent des stations mystiques et des grâces divines, il (leMathnawî) est lameilleure des stations et le lieu de repos (spirituel) leplusexcellent3. Là, les justesmangent et boivent, et ainsi ceux qui sontlibresseréjouissentetsontheureux;demêmequeleNild’Egypteestuneboisson(agréable)pourceuxquisontdouésdepatience,maisunepeinepourlepeupledePharaonetlesincroyants,ainsiqueDieuadit:«IlenégareainsiungrandnombreetIIendirigeungrandnombre4.»C’estleremède des cœurs malades et le consolateur des chagrins, et celui quiexplique le Qor’ân, et la source de l’abondance des dons divins, et lepurificateurdel’Éthique;écritparlesmainsdescribesnoblesetpurs5quidéfendent:«Ceuxquisontpurspeuventseuls le toucher6.»Verreurnes’yglissedenullepart7,étantdonnéqueDieul’observeetveillesurlui,et«Ilest lemeilleurgardien,Ilest leplusmiséricordieuxdeceuxqui fontmiséricorde8 et il possède d’autres titres d’honneur que Dieu lui aconférés.Nousnoussommeslimitésàcepeudechose,carlepeuestunindicedu
multiple,etunegorgéed’eauestunindice(delaqualité)del’étang,etune
poignéedebléestunindice(servantd’échantillonaucontenu)d’ungrandgrenier.Ainsi parle le faible esclave qui a besoin de la miséricorde du Dieu
Très-Haut,Mohammad,filsdeMohammad,filsdeal-Husayn(delaville)deBalkh—puisseDieu accepter de lui cette offrande— : « Jeme suisefforcé de rédiger ce Poème en couplets rimés, lequel comprendd’étrangesparoles,d’excellentsdiscoursetdeprécieusesindications,etlavoiereligieusedesascètesetlejardinspiritueldespieux—toutcelaétantd’expression brèvemais de significationsmultiples— à la demande demonmaître, mon soutien et mon appui, qui occupe la place de l’espritdansmoncorps,etquiestletrésordemonaujourd’huietdemondemain,àsavoir,leShaykh,lemodèledes«ConnaisseursdeDieu»(Arifîn)etleguidedeceuxquipossèdentunedirectiondroite,etlacertitude,lesecoursdel’humanité,legardiendignedeconfiancedescœursetdesconsciences,ledépôtplacéparDieuparmiSes créatures, etSonchoixau seindeSacréation, l’objet de Ses injonctions à Son Prophète et de Ses secretsconfiés à Son élu, la clé des trésors de l’Empyrée, le conservateur desrichessesenfouiesdansla terre, lepèredesvertus, l’Épée(Husâm)de laVérité et de la Religion, Hasan fils de Mohammad fils de al-Hasan,généralementconnusouslenomdeIbnAkhîTurk,l’AbûYazîddutemps,leDjunayddel’époque9,lefilstotalementsincèred’unpèreetd’ungrand-pèreentièrementsincères—puisseDieuêtresatisfaitdeluietd’eux!—originaires d’Urmiya, faisant remonter sa généalogie au Shaykh qui esthonoré pour avoir dit : « Le soir, j’étais un Kurde, et le matin unArabe10.»QueDieusanctifiesonâmeetlesâmesdesessuccesseurs!Sa lignée est de celles sur lesquelles le soleil a jeté son manteau, et
devantlarenomméedesesancêtreslesrayonsdesétoilesontpâli.Lacourdesafamilleatoujoursétélaqibla11delabonnefortune,verslaquellesetournent les fils des guides spirituels, et laKa’ba de l’Espoir, autour delaquelle circumambulent les délégations de ceux qui aspirent à lagénérosité ; et puisse-t-il toujours en être ainsi, aussi longtemps qu’uneétoileselèveraetqu’unsoleild’orientapparaîtraau-dessusdel’horizon,afinque ce soit un rempart pour ceuxqui sontbons, spirituels, célestes,supra-célestes, illuminés ; qui possèdent l’intuition mystique ; lessilencieuxquicontemplent,lesabsentsquisontprésents;lesroiscachéssousdeshaillons,lesnoblesdesnations,lesdétenteursd’excellences,lesluminaires qui manifestent les preuves (divines). Amen, ô Seigneur detouslesêtrescréés!Etceciestuneprièrequineserapasrepoussée,car
c’estuneprièrequiembrassetouteslescatégoriesdelacréation.GloireàDieu,Seigneurdetouslesêtrescréés,etqueDieubénisselameilleuredeSescréatures,Mohammed,etsaparenté,lesnoblesetpurs!
Notesdefapréface
1.Cettepréfaceestenarabe,ainsiquecellesdeslivresIIIetIV;cellesdestroisautreslivressontenpersan.2. Cf. Qor’ân, XXIV, 35 : pour Rûmî, la lumière, c’est-à-dire la significationspirituelleduMathnawîdérivedelaLumièredivinequil’inspire.3.Cf.Qor’ân,XXV,24.4.Cf.Qor’ân,II,26.5.Cf.Qor’ân,LXXX,15-16.6.Cf.Qor’ân,L,79.7.Cf.Qor’ân,XLI,42.8.Cf.Qor’ân,XII,64.9. Abû Yazîd (Bâyazîd) de Bistâm, célèbre soufi de l’Iran, mort en 260 del’hégire(874).DjunayddeBagdad,grandmystique,morten297/909.10.CeShaykh,quin’estpasnommé,seraitunsaintkurde,Abu’l-Wafâ,desVe-Vlesièclesdel’èreusuellequi,enraisond’unmiracle,seseraitmisàprêcherenarabe,languequ’ilignoraitlaveille.11.Directiondelaprièrerituelle.
IVREPREMIER
AUNOMDEDIEU,LECOMPATISSANT,LEMISÉRICORDIEUX
1 Écouteleney(laflûtederoseau)raconterunehistoire,ilselamentedelaséparation:« Depuis qu’on m’a coupé de la jonchaie, ma plainte fait gémir
l’hommeetlafemme.«Jeveuxuncœurdéchiréparlaséparationpouryverserladouleurdu
désir.«Quiconquedemeureloindesasourceaspireàl’instantoùilluiseraà
nouveauuni.«Moi,jemesuisplaintentoutecompagnie,jemesuisassociéàceux
quiseréjouissentcommeàceuxquipleurent.« Chacun m’a compris selon ses propres sentiments ; mais nul n’a
cherchéàconnaîtremessecrets.«Mon secret, pourtant, n’est pas loin dema plainte,mais l’oreille et
l’œilnesaventlepercevoir.«Lecorpsn’estpasvoiléàl’;âme,nil’;âmeaucorps;cependant,nul
nepeutvoirl’;âme.«C’estdufeu,nonduvent,lesondelaflûte:ques’anéantisseceluià
quimanquecetteflamme!10 «C’estlefeudel’Amourquiestdansleroseau,c’estl’ardeurde
l’Amourquifaitbouillonnerlevin.« La flûte est la confidente de celui qui est séparé de sonAmi : ses
accentsdéchirentnosvoiles.« Qui vit jamais un poison et un antidote comme la flûte ? Qui vit
jamaisunconsolateuretunamoureuxcommelaflûte?« La flûte parle de la Voie ensanglantée de l’Amour, elle rappelle
l’histoiredelapassiondeMadjnûn.«Acelui-làseulquiarenoncéausensestconfiécesens:lalanguen’a
d’autreclientquel’oreille.« Dans notre affliction, les jours sont devenus moroses ; nos jours
cheminentaveclespeinesbrûlantes.«Sinosjourssesontenfuis,qu’importe!Demeure,ôToiàlasainteté
dequinuln’estcomparable!« Quiconque n’est pas un poisson devient abreuvé de Son eau ;
quiconqueestprivédupainquotidientrouvelajournéelongue.«Celui qui n’a point d’expérience ne peut comprendre l’état de celui
quisait;mesparolesdoiventdoncêtrebrèves.Adieu!»Ô mon fils, brise tes chaînes et sois libre ! Combien de temps
demeureras-tuesclavedel’argentetdel’or?20 Situdéverseslamerdansuneaiguière,quecontiendra-t-elle?Laration
d’unejournée.L’aiguière, l’œil de celui qui est avide, ne devient jamais remplie : la
coquilledel’huîtren’estpasrempliedeperlesavantd’êtrebrisée.Seulceluidontl’habitestdéchiréparungrandamourestpurifiédela
cupiditéetdetouslesdéfauts.Salut,ôAmour,quinousapportestesbienfaits,toiquieslemédecinde
tousnosmaux,Le remède à notre orgueil et à notre vanité, notre Platon et notre
Galien!Par l’Amour, le corps terrestre a pris son essor vers les cieux : la
montagnesemitàdanseretdevintagile.L’Amourinspira lemontSinaï,ôamoureux!desortequeleSinaïfut
enivréetqueMoïsetombafoudroyé1Sij’étaisjointàlalèvredequelqu’unquifûtenaccordavecmoi,moi
aussi,commelepipeau,jediraistoutcequipeutêtredit;Maisquiconqueestséparédeceluiquiparle,sonlangagedevientmuet,
mêmes’ilacentmélodies.Quand la rose aura disparu et le jardin fané, tu n’entendras plus
l’histoiredurossignol.30 LeBien-Aiméesttout,l’amantn’estqu’unvoile;leBien-Aiméest
vivant,etl’amantchosemorte.
Quandl’Amournesesoucieplusdelui,ilrestecommeunoiseausansailes.Hélaspourlui!Commentpourrais-jeavoirconsciencedecequiestdevantouderrière
moi quand la Lumière de mon Bien-Aimé n’est pas devant et derrièremoi?L’AmourveutquecetteParolesoitmanifestée : si lemiroirne reflète
rien,quelleenestlacause?Sais-tu pourquoi le miroir de ton âme ne reflète rien ? Parce que la
rouillen’apasétéenlevéedesaface.Ômesamis,écoutezcettehistoire:envérité,c’estl’essencemêmede
notreétatspirituel.
Histoireduroidevenuamoureuxd’unejeuneesclaveetl’achetant
u temps jadis, il y avait un roi à qui appartenaient le pouvoirtemporeletaussilepouvoirspirituel.Iladvintqu’unjour,serendantàlachasseàcheval,avecsescourtisans,Leroiaperçutencheminunejeuneesclave:l’âmeduroidevintesclave
decetteesclave.Commel’oiseaudesonâmebattaitdesailesdanssacage,ildonnade
l’argentetachetalajeunefille.40 Aprèsqu’ill’eutachetéeetqu’ill’eutgagnéeàsondésir,laDestinée
divinevoulutqu’elletombâtmalade.Uncertainhommepossédaitunâne,maispasdebât:dèsqu’ileutune
selle,leloupemportasonâne.Ilpossédaituneaiguière,maisonnepouvaitavoirde l’eau :quand il
trouvadel’eau,l’aiguièresebrisa.Leroirassembladesmédecinsvenusdetouscôtésetleurdit:«Notre
vieàtousdeuxestentrevosmains.«Mavien’apointdevaleur,maiselleestlaviedemavie.Jesouffreet
suisblessé:c’estellemonremède.«Celuiquiguériracellequiestmavieemporteraavecluimontrésor,
mesperlesetmoncorail.»Tous lui répondirent :«Nousrisqueronsnosvies,nousrassemblerons
toutesnosintelligencesetlesmettronsencommun.«ChacundenousestunMessiepourtoutlemonde;dansnosmainsse
trouveunremèdepourchaquesouffrance.»Dansleurarrogance,ilsnedirentpas«SiDieuleveut»,c’estpourquoi
Dieuleurmontralafaiblessedel’homme.Je veux dire qu’il s’agit d’avoir omis cette restriction par dureté de
cœur;nonpassimplementdeprononcercesmots,carcen’estlàqu’unechosesuperficielle.
50 Combienn’ontpasdit«SiDieuleveut!»etdontl’âme,pourtant,estenharmonieavecl’âmedecesparoles!Plusilsappliquaientdesoinsetderemèdes,pluslamaladieaugmentait.La jeune filledevintmincecommeuncheveu, tandisque lesyeuxdu
roiruisselaientdelarmesdesang.Parledécretdivin,l’oxymelproduisaitdelabile,etl’huiled’amandes
accroissaitlasécheresse.Lemyrobalancausait laconstipation ;et l’eaualimentait lesflammes,
tellenaphte.
Commentildevintévidentpourleroiquelesmédecinsétaient
incapablesdeguérirlajeunefille,etcommentiltournasafaceversDieuetrêvad’unsainthomme
uandleroivitl’impuissancedecesmédecins,ilcourutpiedsnusàlamosquée.Ilentradanslamosquéeets’avançajusqu’aumihrab*;ilbaignaletapis
deprièresdeseslarmes.Enrevenantàlui-mêmeaprèscetteextase(fanê)**, ilouvrit labouche
pouradresserélogesetlouanges,Disant : «Ô Toi dont lemoindre présent est l’empire dumonde, que
dirais-je,puisqueTuconnaiscequiestcaché?«ÔToiauprèsdequinouscherchonstoujoursrefugeennotredétresse,
ànouveaunousnoussommeségarés.60 «MaisTuasdit:“Bienquejeconnaissetonsecret,déclare-le
cependantpartonactionextérieure.»Lorsque des profondeurs de son âme s’éleva un cri de supplication,
l’océandelaGénérositédivinebouillonna.Le sommeil s’empara de lui tandis qu’il pleurait ; il rêva que lui
apparaissaitunvieillard,Quiluidit:«Heureusesnouvelles,ôroi!Tesprièressontexaucées.Si
demainunétrangervientauprèsdetoi,c’estmoiquitel’envoie.« Lorqu’il viendra— c’est un médecin habile : considère-le comme
sincère,ilestdignedefoietvéridique.« Dans ses remèdes, contemple la magie absolue, dans son caractère
contemplelapuissancedeDieu!»L’heure promise arriva, le jour se leva, et le soleil, à l’orient, fit se
consumerlesétoiles.Le roi était sur sa terrasse, attendant d’apercevoir ce qui lui avait été
mystérieusementmontré.Ilvitunepersonnesavanteetintelligente,unsoleilauseindel’ombre,Arrivant de loin telle la nouvelle lune : il était non existant, bien
qu’existantcommeuneimagination.70 Dansl’esprit,l’imaginationestcommeunnéant:maisconsidèreun
mondequipassedansl’imagination!
Lapaixetlaguerreproviennentd’uneimagination,lafiertéetlahonteviennentdel’imagination;Maisces imaginationsqui leurrent les saints sont le refletdesbeautés
dujardindeDieu.Cette image que le roi avait vue dans son rêve semanifestait dans le
visagedel’hôteétranger.Le roi lui-même, etnon ses chambellans, alla à la rencontrede l’hôte
venudel’Invisible.Tousdeuxétaient desmarinsqui avaient appris ànager, leurs âmes à
tousdeuxétaientjointes,sanscouture.Leroidit:«C’étaittoimonBien-Aiméenréalité,etnonpaselle;mais
encemondel’actionprovientdel’action.« Ô toi qui es pour moi commeMustafâ, alors que je suis pour toi
comme‘Omar*,jememetsàtonservice.»
* Niche indiquant dans les mosquées la direction de LaMecque et donc desprièresrituelles.**Letermedefanâdésignelamortmystique*Beau-pèreduprophète,etdeuxièmekhalifedel’islam.
SuppliantleSeigneur,quiestnotreAide,denousaideràgarderle
contrôledenous-mêmesentoutescirconstances,etexpliquantles
conséquencesnuisiblesetnéfastesdel’indiscipline.
mploreDieudenousaideràgarder lecontrôledenous-mêmes :celuiquiestdénuéducontrôledesoiestprivédelagrâceduSeigneur.«L’hommeindisciplinénesemaltraitepasseulementlui-même,maisil
metlefeudanslemonde.80 «Unetablecouvertedenourrituredescendaitducielsanseffort,sans
venteetsansachat,« Lorsque certains du peuple de Moïse s’écrièrent de manière
irrespectueuse:“Oùsontl’ailetleslentilles?”«Aussitôtlepaincélesteetlesalimentsdisparurent:ilneleurrestaque
latâchedesemeretdetravailleraveclapiocheetlafaux.«Anouveau,lorsqueJésusintercéda,Dieuenvoyaducielnourritureet
libéralités,«Maisunefoisencoreleshommesinsolentsnetémoignèrentpointde
respectetcommedesmendiantss’emparèrentdesaliments,«BienqueJésuslesadjurât,disant:“Ceciestdurable,etnedisparaîtra
pasdelaterre.”«MontrerdesdoutesetdelacupiditéàlatabledelaMajesté,c’estde
l’ingratitude.«Acausedecesmisérablesimpudents,aveuglésparl’avidité,laporte
delamiséricordesefermadevanteux.« Si l’on ne paie pas l’impôt des pauvres (zakat), les nuages ne
déversentpasdepluie;enraisondelafornication,lapesteserépanddanstouteslesdirections.« Tout ce qui t’advient de tristesse et de chagrin est le résultat de
l’irrévérenceetdel’insolence.90 «Quiconqueseconduitavecirrévérencedanslechemindel’Amiest
unbrigandquivoleleshommes,iln’estpasunhomme.«Grâceàladiscipline,cecielaétéremplidelumière,etgrâceàelle,
lesangessontdevenusimmaculésetsaints.« A cause de l’irrévérence, le soleil a été éclipsé, et l’insolence fit
renvoyerloinduseuilAzâzîl(Iblis).»
Larencontreduroietdumédecindivindontlavenueluiavait
étéannoncéeensonge
eroiouvritlesbras,leserracontresapoitrine,etlereçut,commel’amour,danssoncœuretdanssonâme;Il lui baisa la main et le front et s’enquit de sa demeure et de son
voyage,Et, lui posant maintes questions, le conduisit à la place d’honneur.
«Enfin,luidit-il,j’aitrouvéuntrésorenmemontrantpatient.»Illuidisait:«ÔdondeDieuetprotectioncontrel’affliction,ôtoidont
lasignificationest“lapatienceestlaclédubonheur!”«Ôtoidontlevisageestlaréponseàtoutequestion,partoilesnœuds
serréssontdénouéssansdifficulté.« Tu interprètes tout ce qui est dans nos cœurs, tu prêtes une main
secourableàceluidontlepiedestenlisédanslaboue.« Sois le bienvenu, ô élu, ô choisi ! Si tu disparais, le Destin nous
frapperaetl’espaceseraconfiné.100 «Tuesleprotecteurdesgens.Celuiquitedésirenevapasàsaperte.
Non,envérité,s’ilnecessepas2…»
Commentleroiconduisitlemédecinauchevetdelajeunefillemalade,afinqu’ilpuissel’examiner
orsque cette réunion et ce festin eurent pris fin, il le saisit par lamainetleconduisitauharem.Illuiracontal’histoiredelamaladeetdesamaladie,etlefitasseoirau
chevetdelajeunefille.Le médecin observa la couleur de son visage, lui prit le pouls et
examinasonurine;ilentenditlerécitdessymptômesetdessignesdesamaladie.Ildéclara:«Aucundesremèdesquiontétéappliquésnerendlasanté:
cesfauxmédecinsn’ontcauséqueruine.« Ils étaient ignorants de l’état intérieur. Je cherche refuge en Dieu
contrecequ’ilsinventent.»Ilvitlasouffrance,etlesecretdevintclairpourlui,maisilledissimula
etneditrienauroi.Sadouleurneprovenaitpasdelabilenoireoujaune:l’odeurd’unfeu
deboisapparaîtdanslafumée.Cettedouleuramèreluifitcomprendrequ’ellesouffraitdanssoncœur;
soncorpsétaitbienportant,maissoncœurétaittouché.Être amoureux se manifeste dans la peine du cœur : nul mal n’est
comparableàladouleurducœur.110 Lasouffrancedel’amoureuxestdifférentedetouteslesautres
souffrances:l’amourestl’astrolabedesmystèresdeDieu.Quel’amourvienneducôtédelaterreouqu’ilviennedescieux,àlafin
ilnousemmènelà-bas.Quoi que je puisse dire pour parler de l’Amour et pour l’expliquer,
quandj’arriveàl’Amourlui-même,j’aihontedemonexplication.Bienquelecommentairedelaparolerendeleschosesclaires,l’amour
sansparolesaplusdeclarté.Tandisquelaplumesehâtaitpourécrire,elles’estbriséedèsqu’elleest
arrivéeàl’Amour.Enparlantdel’Amour,l’intellectgîtimpuissant,telunânecouchédans
laboue:c’estl’Amourseulquiadonnél’explicationdel’amouretdusortdesamoureux.Lapreuvedusoleilestlesoleilmême:siturechercheslapreuve,n’en
écartepastonvisage!Si l’ombre en fournit un indice, le soleil lui-même donne à chaque
instantlalumièrespirituelle.L’ombre, comme une histoire contée pendant la nuit, t’apporte le
sommeil;quandlesoleilselève«lalunesefend3».Iln’estrienencemonded’aussimerveilleusementétrangequelesoleil,
maisleSoleildel’espritestéternel:iln’apointd’hier.120 Bienquelesoleilphysiquesoitunique,ilestpossible,cependant,d’en
imaginerunquiluiressemble;Le Soleil spirituel, qui est au-delà de l’éther, n’a point d’égal dans
l’espritouextérieurement.Comment son Essence pourrait-elle être contenue dans l’imagination,
detellesortequ’onpuisseselareprésenter?Quand lesnouvellesarrivèrentde la facedeShams-od-Dîn*, lesoleil
duquatrièmecielsecachadehonte.Puisque son nom est venu sur mes lèvres, il me convient de donner
quelqueidéedesagénérosité.A ce moment, mon Ame a saisi le pan de ma robe : elle a perçu le
parfumdelachemisedeJoseph4,Disant : « En souvenir de nos années d’amitié, raconte l’une de ces
doucesextases,«Afinquelaterreetlecielpuissentsemettreàrire,quel’intelligence,
l’espritetlavisionsoientcentuplés.»Je dis : «Nem’impose pas de telles tâches, car je suis hors demoi-
même (fanâ) ; mes perceptions sont émoussées et je ne sais commentcélébrerdeslouanges.«Toutcequiestditparceluiquin’estpas revenuà laconsciencede
soi,s’ilsecontraint,ouexagèreensevantant,n’estpasconvenable.130 «Commentpourrais-je,alorsqu’aucuneparcelledemonêtren’est
lucide,décrirecetAmiquin’apointsonpareil?« La description de cette séparation et de ce cœur ensanglanté,
renonces-yàprésentjusqu’àuneautrefois.»Ildit:«Nourris-moi,carjesuisaffamé,ethâte-toi,carleTempsestun
glaivetranchant.«Lesoufiestlefilsdel’instant,ômonami:cen’estpaslarègledela
Voiequededire:“Demain".« N’es-tu donc pas un soufi, en vérité ? Ce qui est dans tamain est
réduitànéantsituretardeslepaiement.»
Jeluidis:«Mieuxvautquelesecretdel’Amisoitdissimulé:prends-enconnaissancegrâceàcettehistoire.«Mieuxvautquelesecretdesamantssoitcontéparautrui.»Il dit : « Déclare-le ouvertement, sans ambages et sincèrement : ne
cherchepasd’échappatoire,ôimpertinent!«Lèvelevoileetparlenûment,carjeneportepasdechemisequandje
dorsavecmonAdoré.»Jedis : «S’il t’apparaissait sansvoiles, tune resterais pas, ni aucune
partiedetoi-même.140 «Formuletondésir,maisavecmesure:unbrindepaillenepeut
supporterunemontagne.« Si le Soleil qui illumine lemonde s’approchait d’un peu plus près,
toutseraitconsumé.«Nerecherchepasletrouble,lebouleversement,l’effusiondesang:ne
displusrienduSoleildeTabriz*!»Ce mystère n’a pas de fin : parle du commencement. Raconte la
conclusiondecettehistoire.
*MaîtrespiritueldeRûmî.*LenomdumaîtredeRûmîsignifielittéralement«leSoleildeTabriz».
Commentcesaintdemandaauroideresterseulaveclajeuneesclave
afindedécouvrirsamaladie
ldit:«Ôroi,videlamaison;renvoielesparentsetlesétrangers.«Quepersonnen’écoutedanslescorridors,afínquejepuissedemander
certaineschosesàcettejeuneesclave.»Lamaison fut laissée vide, personne n’y resta, sauf le médecin et la
malade.Trèsdoucement,illuidit:«Quelleesttavillenatale?Carletraitement
convenantauxgensdechaquecitédiffère.«Etdanscetteville,qui t’est apparenté?Avecqui as-tudes liensde
familleoud’amitié?»Ilmit lamain sur son pouls et lui posa des questions, une à une, sur
l’injusticeduCiel.150 Lorsqu’uneépines’enfoncedanslepieddequelqu’un,ilplacesonpied
sursongenouEt cherche la tête de l’épine avec la pointe d’une aiguille ; s’il ne la
trouvepas,ilhumectel’endroitdesalèvre.Uneépinedanslepiedestsidifficileàtrouver:commentest-cedonc
pourl’épinedanslecœur!Dis-le!Si chaque être vil avait vu l’épine dans le cœur, quand les chagrins
pourraient-ilstriompherdequiconque?Quelqu’un pique une épine sous la queue d’un âne ; l’âne ne sait
comments’endéfaire;ilsemetàsauter.Il saute, et l’épine s’enfonce davantage : il faut une personne
intelligentepourextraireuneépine.Afindesedébarrasserdel’épine,l’âne,d’irritationetdedouleur,ruait
etdonnaitdescoupsencentendroits,Mais cemédecin, pour enlever les épines, était un expert ; posant sa
mainsurunendroit,puisl’autre,ill’examinait.Il interrogea la jeune fille au sujet de ses amis, lui demandant son
histoire.Et elle révéla aumédecinmaintes circonstances concernant son foyer
natal,sesmaîtres,sesconcitoyens.160 Ilécoutaitsonrécit,toutencontinuantàobserverlesbattementsdeson
pouls,
De façonà se rendrecompte, lorsque sonpouls s’agiterait aunomdequelqu’un,quecelui-ciétaitl’objetdudésirdesonâmeencemonde.Ilénuméralesamisqu’elleavaitdanssavillenatale;puisilmentionna
lenomd’uneautreville.Ildit:«Quandtuquittastapropreville,dansquellecitéas-tusurtout
vécu?»Elle indiqua le nom d’une certaine ville, et continua à parler d’une
autre,sansqu’aucunealtérationseproduisîtdanslacouleurdesonvisageoudanssonpouls.Ellecitadesmaîtresetdesvilles,unàun,etparladesesdemeures,du
painetdusel.Elleracontadeshistoiresausujetdemaintesvillesetmaisons,maispas
unedesesveinesnefrémit,etsajouenepâlitpas.Son pouls resta normal, inaltéré, jusqu’à ce qu’il l’interrogeât sur
Samarkande,lavilledoucecommelesucre.Alors sonpouls bondit, et sonvisagepâlit et rougit, car elle avait été
séparéed’unhommedeSamarkande,unorfèvre.Quand lemédecin découvrit le secret de la jeunemalade, il discerna
l’originedesonchagrinetdesasouffrance.170 Ildit:«Quelestsonquartierquandontraverselaville?»«Sari-Pul
(latêtedepont)etlarueGâtafar»,répondit-elle.Il dit : « Je sais quelle est ta maladie et je déploierai aussitôt les
ressourcesdelamagiepourteguérir.«Soisheureuseetinsouciante,necrainsrien,carjeferaipourtoiceque
lapluiefaitàlaprairie.«Jem’inquiéteraipourtoi,nesoispasinquiète:jesuisplustendrepour
toiquenepeuventl’êtrecentpères.«Prendsgarde!Nerévèlecesecretàquiconque,quandbienmêmele
roit’interrogerait.« Si ton cœur devient le tombeau de ton secret, ton désir sera réalisé
plusvite.»Le Prophète a dit que celui qui dissimule sa pensée la plus intime
obtiendrabientôtl’objetdesondésir.Quand les semences sont cachées dans la terre, leur secret profond
devientlaverduredujardin.Si l’oret l’argentn’étaientpascachés,commentcroîtraient-ilsdans la
mine?Les promesses et les paroles consolantes du médecin libérèrent la
maladedelapeur.
180 Ilyadespromessesvéridiquesapaisantespourlecœur;ilyadefaussespromesses,chargéesd’inquiétude.Lapromessedesnoblesestdelamonnaiedebonaloi;lapromessede
l’hommevildevientuneangoissepourl’âme.
Commentlesaint,ayantdécouvertlacausedelamaladie,l’exposaau
roi
lselevaalorsetallavoirleroi;illuifitconnaîtreunepartiedelachose.«Lemeilleur plan, dit-il, est que nous amenions l’homme ici afin de
guérircettemaladie.«Convoquecetorfèvredecepayslointain;attire-leavecdel’oretdes
robesd’honneur.»
CommentleroienvoyadesmessagersàSamarkandepour
chercherl’orfèvre
eroidépêchaunoudeuxmessagers,hommeshabiles,compétentsettrèsjustes.ASamarkandearrivèrentlesdeuxmessagersauprèsdel’orfèvrejovial
etétourdi,Disant : « Ô beau maître, à la science parfaite, toi dont le talent est
célèbrepartout,«Voiciquetelroit’achoisipourtonhabiletéd’orfèvre,parcequetuy
excelles;« Reçois donc cette robe d’honneur, cet or et cet argent ; quand tu
viendraschezleroi,tuserasunfavorietunamiintime.»190 L’hommevitl’abondanced’argentetlesnombreuxhabits;ilfutséduit
etquittasavilleetsesenfants.L’homme se mit en route avec insouciance, ignorant que le roi en
voulaitàsavie.Il enfourcha un cheval arabe et chevaucha gaiement : le prix de son
sang,illeprenaitpourunerobed’honneur.Ô insensé qui te réjouis cent fois d’entreprendre toi-même un voyage
versunbutfuneste!Ilimaginaitlarichesse,lapuissance,l’autorité;Azraîl*dit:«Va.Oui,
tulesobtiendras!»Lorsquel’étrangerarrivadelaroute,lemédecinl’amenaenprésencedu
roi.Ilsleconduisirentcourtoisementauprèsduroidesrois,afinqu’ilbrûle
commeunphalènedanscettechandelledeTirâz.Leroileregarda,luitémoignabeaucoupd’égardsetluiconfialagarde
dutrésorremplid’or.Alorslemédecinluidit:«ÔpuissantSultan,donnelajeunefilleàce
seigneur,«Afinquelajeunefilletrouvelebonheurdansl’unionaveclui,etque
l’eaudel’unionéteignelefeudesapassion.»200 Leroiluiaccordacettebeautéauvisagedelune,etmariacesdeuxqui
désiraientêtreensemble.Durantsixmois,ilssatisfirentleurdésir,jusqu’àcequelajeunefilleeût
recouvrécomplètementlasanté.Ensuite, on lui prépara une potion, de sorte que lorsqu’il l’eut bue, il
commençaàs’éloignerd’elle.Lorsque, à cause de lamaladie, sa beauté disparut, l’âme de la jeune
fillenedemeurapasdanslatristesse.Commeilétaitdevenulaid,déplaisantetpâle,peuàpeuilserefroidit
danssoncœur.Ces amours qui sont pour une apparence extérieure ne sont pas
l’amour:àlafin,ellessontunecalamité.Que n’avait-il été entièrement une calamité, de telle sorte qu’un
jugementcrueln’aitpointétérenducontrelui!Le sang coulait de ses yeux comme un ruisseau ; son visage devint
l’ennemidesavie.Leplumagedupaonestsonennemi:combienderoisn’ont-ilspaspéri
àcausedesasplendeur!Ildit:«Jesuisledaimmusqué:c’estpourmaglandequecechasseur
aversémonsanginnocent.210 «Oh!Jesuiscerenarddontleschasseurssurgissantdel’affûtont
coupélatêteàcausedesafourrure.«Oh!Jesuisl’éléphantdontlesangaétéverséparlescoupsducornac
àcausedesonivoire.«Celuiquim’atuépourcequiestmoinsquemoi-même,nesait-ilpas
quemonsangneresterapassansvengeance?«Aujourd’hui, celam’arrive àmoi, et demain cela arriverapour lui :
commentlesangdequelqu’uncommemoipeut-ilêtreverséenvain?« Bien que le mur projette une longue ombre, à la fin l’ombre se
retournecontrelui.«Cemondeestunemontagne,etnotreactionest lecri :c’estànous
querevientl’échodecescris.»Ildit,etencetinstantrenditl’esprit.Lajeunefillefutguériedelapeine
etdel’amour;L’amour pour lesmorts ne dure pas, car celui qui estmort ne revient
jamaisauprèsdenous;Maisl’amourduvivantestàchaqueinstantplusfraisqu’unboutonde
fleurdansl’espritetlavue.Choisisl’amourdeceVivantquiestéternel,quitedonneàboiredece
vinquiaugmentelavie.220 Choisisl’amourdeCeluidontl’amourafaitobteniràtouslesprophètes
lapuissanceetlagloire.
Ne dis pas : « Nous n’avons pas d’accès auprès de ce Roi. » Lesrelationsavecceuxquisontgénéreuxnesontpasdifficiles.
*L’angedelamort
Expliquantcommentlemeurtreetl’empoisonnementdel’orfèvre
avaientétéexécutéssurl’incitationdivine,nonpardésirsensuelni
penséeperverse
emeurtre de cet hommepar lamain dumédecin ne fut pas dû àl’espoirouàlacrainte.Ilneletuapaspourplaireauroi; ilnelefitpasavantquen’arrivent
l’ordreetl’inspirationdeDieu.Ainsi qu’il en va pour le garçon égorgé par Khadir* : le vulgaire ne
comprendpaslemystèrecachéici.Celui qui reçoit de Dieu l’inspiration et la réponse, tout ce qu’il
commandeestlajusticemême.Si celui qui confère la vie spirituelle tue, cela est permis ; il est le
lieutenantdeDieuetsamainestlamaindeDieu.Comme Ismâ’il, pose ta tête devant lui ; gaiement et joyeusement,
sacrifietaviedevantsonglaive,Afinquetonâmepuisseresteràrirejusqu’àl’éternité,tellel’âmepure
deAhmad(Mohammad)avecl’Unique.Lesamoureuxvidentlacoupedelajoieaumomentoùlesbeautésles
tuentdeleurpropremain.230 Leroineversapascesangparluxure;cessedepenserlemaletde
discuter.Tu croyais qu’il avait commis un crime affreux, mais, dans l’état de
pureté,commentlasublimationpourrait-ellelaisserunalliage?Lebutde cettedurediscipline et de ce rude traitement est que le feu
puisseextrairelesscoriesdel’argent.Lamise à l’épreuve du bien et dumal est faite pour que l’or puisse
bouilliretquel’écumemonteàlasurface.Sisonactionn’avaitpasétéinspiréeparDieu,ilauraitétéunchienqui
déchiresaproie,nonunroi.Iln’étaitentachénideluxure,nidecupidité,nidepassion;cequ’ilfit
étaitbien,maisunbienayantl’apparencedumal.SiKhadirfitsombrerlebateaudanslamer5,ilyadanscetteactionde
Khadircentrectitudes.L’imaginationdeMoïse,endépitdesonilluminationetdesonélévation
spirituelles,étaitvoiléeàl’égarddecettecompréhension.Nevolepassansailes!Cetteaction(duroi)estuneroserouge;nel’appellepasdusang.Ilest
enivréparlaRaison;nel’appellepasunfou.Si son désir avait été de verser le sang d’un musulman, je serais un
impiesij’avaismentionnésonnom(enlelouant).240 Leplushautcieltrembleàlalouangeduméchant,etcettelouange
incitel’hommepieuxàpenserlemal.C’étaitunroi,etunroitrèsprudent;ilétaitunélu,etl’éludeDieu.Celuiquiesttuéparuntelroi,cedernierleconduitàlaprospéritéetà
l’étatleplushonorable.Sileroin’avaitpasconsidéréquec’étaitunavantagepourl’orfèvreque
deluitémoignerdelaviolence,commentcettecompassionabsolueaurait-ellepurecouriràlaviolence?L’enfanttrembledevantlalancettedubarbier;maislatendremèreest
heureusedecettesouffrancedesonenfant.Ilprendlamoitiéd’unevie,etdonnecentviesenéchange;ildonnece
quetonimaginationnepeutmêmeconcevoir.Tujuges(sesactions)paranalogieavectoi-même;maistut’eséloigné
bienloindelavérité.Réfléchisbien!
* Personnage mystérieux, considéré comme un prophète, auquel il est faitallusiondanslasourate18duQor’ân(Kherzrenpersan,Khadirenarabe).
Histoiredel’épicieretduperroquet,etcommentleperroquetrépanditl’huiledanslaboutique
l y avait un épicier qui possédait un perroquet, un perroquet vertquiparlaitd’unedoucevoix.Perché sur le banc, il gardait la boutique, et parlait élégamment avec
touslesclients.Quand il parlait à des êtres humains, il parlait comme eux ; il était
égalementhabileàchanteràlamanièredesperroquets.250 Unjour,ilbonditdubancets’envola,etrenversalesbouteillesd’huile
deroses.Sonmaître revint de samaison et s’assit sur le banc, tout à son aise,
commelefontlesmarchands.Il s’aperçut que le banc était plein d’huile, et ses habits tachés de
graisse;ilfrappaleperroquetsurlatête:celalerenditchauve.Pendant quelques jours, le perroquet cessa de parler ; l’épicier, de
repentir,poussaitdeprofondssoupirs,S’arrachant labarbeetdisant :«Hélas! lesoleildemaprospéritéest
cachésouslesnuages.«Quemamainnes’est-ellebriséeàcemoment?Commentai-jeainsi
pufrapperlatêtedecetoiseauàlavoixdouce?»Ilfaisaitdesprésentsàtouslesderviches,afinderetrouverlaparolede
sonoiseau.Auboutdetroisjoursettroisnuits,ilétaitassissurlebanc,bouleversé,
triste,telunhommeaudésespoir,Montrantàl’oiseautoutessortesdemerveilles,afínquepeut-êtreilse
metteàparler.Entre-temps, un derviche tête nue, vêtu d’un jawlaq (habit de laine
grossière)passaitparlà;satêteétaitaussichauvequel’extérieurd’unboloud’unbassin.
260 Là-dessus,leperroquetsemitàparler,appelaledervicheencriant:«Hé,camarade,«Commentt’es-tutrouvéparmileschauves,ôcrânechauve?Aurais-
tu,parhasard,renversél’huiledelabouteille?»Lesassistantssemirentàriredeladéductionduperroquet,quicroyait
queleporteurdefrocétaitsemblableàlui.
Ne juge pas les actions des saints par analogie avec toi-même, bienqu’onécrivedefaçonsemblable,shîr,lelionetlelait.Pour cette raison, le monde entier est égaré ; presque personne n’est
conscientdel’existencedesAbdâl(saintsd’untrèshautrang).Les gens se sont crus égaux aux prophètes ; ils ont supposé que les
saintsétaientsemblablesàeux-mêmes.Ils ont dit : « Voyez, nous sommes des hommes, et ils sont des
hommes;euxcommenoussontasservisausommeiletàlanourriture.»Dans leur aveuglement, ils n’ont pas vu qu’il existe une différence
infinieentreeux.Deuxespècesdezanbûrontbutinéaumêmeendroit,maisdel’une(la
guêpe)estvenuledard,del’autre(l’abeille)lemiel.Deuxespècesdedaimsontmangéde l’herbeetbude l’eau ;desuns
sontvenusdesexcréments,desautresdumusc.270 Cesdeuxroseauxontbudel’eauàlamêmesource;celui-ciestvide,
celui-làremplidesucre.Considèredescentainesdemilliersdetellessimilitudes,etvoisquela
distanceentrelesdeuxestcommecelled’unvoyagedesoixante-dixans.L’unmange, et il sort de lui de l’ordure ; l’autremange, et il devient
toutentierlalumièredeDieu.Celui-cimange,etde luinenaissentque l’avariceet l’envie ;celui-là
mange,etdeluinenaîtquel’amourdel’Unique.L’unestunebonneterre, l’autreunsolsaléetaride; l’unestunange
pur,l’autreundémonetunanimalféroce.Quetousdeuxseressemblent,c’estbienpossible:l’eauamèreetl’eau
doucesont(également)limpides.Qui les distingue, sauf l’homme doué de goût (spirituel) ? Trouvele :
c’estluiquiconnaîtladifférenceentrel’eaudouceetl’eausalée.Comparant la magie avec le miracle (l’ignorant) s’imagine que tous
deuxsontfondéssurlatromperie.LesmagiciensdisputantavecMoïsemontrèrentunbâtonpareilausien.Maisentrecebâton-cietcebâton-là,ilyaunegrandedifférence;entre
cette action-ci (la magie) et cette action-là (le miracle) il y a bien duchemin.
280 Cetteaction-ciestsuiviedelamalédictiondeDieu;cetteactionlàestrétribuéeparlamiséricordedeDieu.Les infidèles, dans leur prétention, ont la nature du singe ; la nature
(mauvaise)estunecalamitédanslesein.Quoiquefasseunhomme,lesinge,àchaqueinstant,faitlamêmechose
qu’ilavufaireàl’homme.Ilsedit:«J’aiagicommelui.»Commentcetimpudentconnaîtrait-illa
différence?L’un(lesaint)agitsurl’ordredeDieu,etl’autre(celuiquilesinge)par
désirdedisputer.Jettedelapoussièresurlatêtedecesimpudents.Cethypocrites’unitdanslaprièrerituelleàl’hypocritepoursedisputer,
nonpoursupplier.Danslaprière,lejeûne,lepèlerinage,l’aumône,lesvéritablescroyants
sont engagés avec les hypocrites dans ce qui apporte la victoire ou ladéfaite.Lavictoireà la finestpour lesvrais croyants ; ladéfaiteestpour les
hypocritesdansl’au-delà.Bienquetousdeuxseconsacrentàunseuljeûne,ilssontaussiéloignés
l’unparrapportàl’autrequel’habitantdeMervetl’habitantdeRayy.Chacunvaàsapropredemeure;chacunsecomporteselonsonnom;
290 Sionl’appelleunvraicroyant,sonâmeseréjouit;etsivousdites«hypocrite»,ildevientfurieux.Lenomduvrai croyantprovientde sonessence ; celuide l’hypocrite
esthaïàcausedesesdéfautsrépugnants.Lesquatrelettresmîmetwâwetmîmetnûnneconfèrentnulhonneur:
lemotmûmin(vraicroyant)sertseulementàdésigner.Si vous l’appelez hypocrite, ce nom vil le pique à l’intérieur de lui-
même,commeunscorpion.Si ce nomn’est pas dérivé de l’enfer, alors pourquoi s’y trouvet-il le
goûtdel’enfer?Lavileniedecemotmauvaisneprovientpasdeslettres;l’amertumede
l’eaunevientpasdurécipient.Les lettressont lecontenant :à l’intérieur lesensestcontenu,comme
l’eau;maislamerdusensestavecDieu—avecLuiestleUmmu’l-Kitâb*.Encemonde,lameramèreetlamerdoucesontdiviséesmaisellesne
dépassentpasunebarrièresituéeentreelles6.Sache que toutes découlent de la même origine. Dépasse-les toutes
deux,vaversleurorigine!Sanslapierredetouche,tunedistinguerasjamaisdansl’essai,parton
proprejugement,l’orfalsifiédel’orpur.300 Celuidansl’âmedequiDieuaplacélapierredetouchedistinguerala
certitudedudoute.
Unmorceau de saleté saute dans la bouche d’un homme vivant : cen’estquelorsqu’ill’arejetéqu’ilsesentbien.Lorque,parmidesmilliersdemorceaux,unpetitboutdesaletéestentré
danssabouche,lesensdugoûtdel’hommevivantl’arepéré.Le sens physique est l’échelle pour ce monde ; le sens religieux est
l’échellepourleciel.Recherchelebien-êtredusensphysiqueauprèsdumédecin;implorele
bien-êtredusensreligieuxauprèsduBien-Aimé.Lasantédecelui-làprovientde l’état florissantducorps ; la santéde
celui-ciprovientdelaruineducorps.La Voie spirituelle ruine le corps et, après l’avoir ruiné, lui rend la
prospérité:Elle a détruit la maison pour y découvrir le trésor caché, et avec le
mêmetrésorlarebâtitplusbellequ’auparavant;Elleacoupél’eau,etnettoyélelitdelarivière,puisafaitcoulerl’eau
potabledanslelitdelarivière;Elleapercélapeauetretirélapointedefer—puisdelapeauneuvea
poussésurlablessure.310 Ellearasélaforteresseetl’apriseauxinfidèles,puisaélevélàcent
toursetcentremparts.QuipeutdécrirelesactionsdeCeluiquiestsanségal?Cequej’aidit
estseulementcequepermetlanécessitéprésente.Parfois,elle(l’actiondeDieu)apparaîtcommececi,etparfoiscomme
son contraire : l’œuvre de la religion n’est rien d’autre que1’émerveillement.Jeneveuxpasdirequecelui-ciestémerveillé,toutentournantsondos
versLui;non,maisqu’ilestéblouid’extase,noyéenDieuetenivréparleBien-Aimé.Levisagedel’unesttournéversleBien-Aimé,tandisquelevisagede
l’autren’estquesonproprevisagequ’ilvoit.Contemple longtemps levisagedechacun,guetteattentivement : il se
peutqu’enrendantdesservices,tuparviennesàvoirlevisage(dusaint).Étantdonnéquemaintdémona levisaged’Adam,iln’estpasbonde
donnertamainàchaquemain,Carl’oiseleurproduitunsifflementpourleurrerl’oiseau,Afinquel’oiseaupuisseentendrelanotedesoncongénèreetdescendre
duhautdesairsettrouverlepiègeetlapointeducouteau.L’hommevilempruntelelangagedesderviches,afindepouvoir,grâce
àcela,ensorcelerceluiquiestsimple.
320 L’œuvredeshommessaintsestlumièreetchaleur,l’œuvredeshommesvilsesttromperieeteffronterie.Ils fabriquent un lion de laine pour mendier ; ils donnent le titre de
Ahmad(Mohammad)àBûMusaylim*.Mais à Bû Musaylim est resté le titre de Kadhdhâb (menteur), à
MohammadestrestéceluideUlu’l-albâb(douédecompréhension).Le vin de Dieu, son sceau est lemusc pur ; quant à l’autre vin, son
sceauestpuanteurettourment.
*«LaMèreduLivre»,appellationdonnéeàlapremièresourateduQor’ân,leFâtitha*Musaylimah,prophètedesBanûHanîfah.
Histoireduroijuifquituaitleschrétiensparfanatisme
armi les juifs, il y avait un roi qui pratiquait l’oppression, unennemideJésusetundestructeurdeschrétiens.C’étaitl’époquedeJésusetsontourétaitvenu:ilétaitl’amideMoïse
etMoïseétaitsonami.MaisleroiquivoyaitdoubleséparadanslavoiedeDieucesdeuxamis
deDieu.Lemaîtreordonnaàundisciplequi louchait :«Viens,vachercherce
flacondanslachambre.»Ledisciplequi louchaitdemanda :«Lequeldesdeuxflaconsdois- je
t’apporter,expliqueclairement.»Lemaîtrerépondit:«Iln’yapasdeuxflacons;va,cessedeloucher,et
nevoisplusquecequ’ilya.»330 Lediscipledit:«Ômaître,nemefaispasdereproches.»Lemaître
dit:«Ehbien,brisel’undesdeuxflacons.»Leflaconétaitun,maisilluiparaissaitdeux;quandillebrisa,iln’yen
eutplusaucun.Quand l’un fut brisé, tous deux disparurent : l’hommevoit double en
raisondesmauvaispenchantsetdel’irascibilité.Lacolèreetlaconcupiscencefontloucherl’homme,elleschangentson
espritetlefonts’écarterdelarectitude.Quandl’intérêtpropreapparaît,lavertudisparaît:centvoiles,venusdu
cœur,recouvrentlesyeux.Quand le juge est tenté par des pots-de-vin, comment pourrait-il
distinguerl’oppresseurdel’opprimé?Le roi, par jalousie, devint si louchant que nous criâmes : « Pitié,
Seigneur,pitié!»Iltuadescentainesdemilliersdecroyantsinnocents,disant:«Jesuis
l’appuietlesoutiendelareligiondeMoïse.»
Commentlevizirconseillaauroidecomploter
Iavaitunministre,unmécréantetuntrompeursiruséqu’ilauraitfaitdesnœudssurl’eau.«Leschrétiens,dit-il,cherchentàpréserverleurvie;ilscachentauroi
leurreligion.340 «Nelestuepas,carc’estinutiledelestuer:lareligionn’apasd’odeur,
cen’estpasdumuscetduboisd’aloès.«Le secret est caché sous cent enveloppes : sonapparenceextérieure
estd’accordavec toi, elle te ressemble (mais) la réalité intérieureest endésaccord.»Leroiluidit:«Dis-moidonc,quelestlemeilleurexpédient?Quelest
leremèdeàcetteruseetàcetteimposture?«Desortequ’ilnerestepasunseulchrétiendanslemonde,niceluiqui
aunereligionapparente,niceluiquienaunecachée.»«Ô roi, dit-il, coupe-moi lesmains et les oreilles ; quepar tonordre
rigoureuxonmedéchirelenez.«Puisamène-moisouslapotence,etquequelqu’unintercèdepourmoi.«Faisceladansuneplacepublique,dansuncarrefour,puisbannis-moi
dans une ville lointaine, afin que je puisse répandre le trouble et ledésordreparmieux.»
Ruseduministreenversleschrétiens
lors,jeleurdirai:«Jesuissecrètementunchrétien—ôDieu,quiconnaistoutesleschosescachées,Tumeconnais.«Leroiétaitinformédemafoi,etparfanatismeilatentédemetuer.«J’aivoulucachermareligionauroietprofessersareligion.
350 Maisleroiapressentimessecretsetmesparoles.«Ildit:“Tesparolessontcommeuneaiguilledanslepain,entremon
cœurettoncœurilyaunefenêtre.“Atraverscetteouverture, j’aivu taposition : jevois tapositionet je
n’acceptepastesparoles.”« Si l’esprit de Jésus n’avait pas étémon secours, ilm’auraitmis en
piècescruellementàlamanièrejuive.« Pour l’amour de Jésus, j’offre ma vie et ma tête et j’accepte ce
sacrificeavecdescentainesdemilliersderemerciements.«Jenerefusepasdedonnermaviepourl’amourdeJésus,maisjesuis
trèsversédanssareligion.«Celamesemblaitdommagequecettesaintereligionpérisseparmiles
ignorants.«GrâcesàDieuetàJésus,jesuisdevenuleguidedelavraiefoi.«J’aiéchappéauxjuifsetaujudaïsmeàtelpointquejeporteunecroix.
360 «L’époqueactuelleestl’époquedeJésus,ôhommes!Entendezlessecretsdesareligiondetoutevotreâme!»Leroiluifitcequ’ilavaitproposé:toutlemondeétaitstupéfaitdecela.Le roi l’envoya chez les chrétiens. Après quoi, le vizir se livra au
prosélytisme.
Commentleschrétiensselaissèrentduperparlevizir
escentainesdemilliersdechrétiensserassemblèrentpeuàpeulàoùilsetrouvait.Illeurexpliquaitensecretlesmystèresdel’Évangile,delacroixetde
laprière.En apparence, il prêchait les prescriptions religieuses, mais
intérieurementilétaitcommelesiffletetleleurredel’oiseleur.C’est pour cette raison que certains Compagnons du Prophète
(Mohammad) le supplièrent de leur enseigner la tromperie de l’âmeconcupiscente,disant:«Quemélange-t-elled’intérêtségoïstescachésauxactesd’adorationet
depuredévotion?»Ils ne cherchaient pas à obtenir de lui une piété parfaite, ils ne se
demandaientpasoùsetrouvaitledéfautextérieur.Cheveuparcheveu,mietteparmiette,ilsreconnaissaientlafourberiede
l’âmecharnelle,commeondistinguelarosedupersil.370 MêmelesplusscrupuleuxdesCompagnonsétaienttroublésdansleur
espritenentendantlesadmonitionsduProphète(àceuxquil’interrogeaient).
Commentleschrétienssuivirentlevizir
es chrétiens étaient épris de lui : si grande est la force duconformismepourlamassedesgens!Dansleurcœur,ilssemaientlegraindesonamouretilsleconsidéraient
commelevicairedeJésus.Lui,intérieurement,étaitl’Antéchristmauditetborgne.ÔDieu!Viens
ànotreaide—ôToi,lemeilleursecours!ÔDieu!Ilyadescentainesdemilliersdepiègesetd’appâts,etnous
sommescommedesoiseauxavidesetmisérables.D’uninstantàl’autre,noussommesprisàunnouveaupiège,bienque
nousdevenions,chacundenous,unfauconouunSimorgh*.Achaqueinstanttunousdélivres,etdenouveaunousavançonsversun
autrepiège,ôToiquiignoreslebesoin!Nousmettonsdublédanscettegrange,etensuitenousperdons leblé
rassemblé.Ne pensons-nous donc pas, avec notre intelligence, que le dommage
provientdelarusedelasouris?Lasouris,ayantfaituntroudansnotregrange,l’aravagéeparsaruse.
380 Ômonâme,d’abordécartelamalicedelasouris;etensuitetémoigneduzèlepourramasserleblé.Écoute uneparole duGrandparmi lesGrands (leProphète) : «Nulle
prièren’estcomplètesans“présence”(deDieudansl’âme).»S’iln’yapasunesourisvoleusedansnotregrange,oùestdonclebléde
nosactesdedévotiondequaranteannées?Pourquoi les parcelles de notre sincérité quotidienne ne sont-elles pas
rassembléesdansnotregrange?Mainte étoile de feu a jailli du fer, et le cœur brûlant l’a reçue et
absorbée;Mais,dansl’obscurité,unvoleurcachéposesondoigtsurlesétoiles,Leséteignantuneàune,afinqu’aucunelumièrenebrilleàpartirduciel
(spirituel).Bien que desmilliers de pièges se trouvent à nos pieds, quandTu es
avecnousiln’yapasdepeine.Chaquenuit,Tulibèreslesespritsdupiègeducorps,etTueffacesles
impressionssurlestablettes(dumental).
Lesespritssontlibéréschaquenuitdecettecage,avecdesdiscours,desrécits.
390 Lanuit,lesprisonnierssontinconscientsdeleurprison;lanuit,lesgouverneurssontinconscientsdeleurpouvoir.Il n’y a pas de chagrin, pas de pensée de gain ou de perte, pas
d’imaginationdecettepersonneoudecetteautre.C’estlàl’étatde1’lârif(mystique),mêmesanssommeil.Dieu a dit tu les aurais cru éveillés tandis qu’ils dormaient7 : ne te
rebellepascontrecela.Ilestendormi,jouretnuit,auxaffairesdecemonde,commeuneplume
danslamaindirigéeparleSeigneur.Celui qui ne voit pas la main en train d’écrire croit que cette action
provientdelaplumedesonpropremouvement.Dieu amontré une partie de cet état dans 1’ ‘ârif, étant donnéque le
commundesgensestaussisubjuguéparlesommeildessens.Leurs âmes sont allées dans le désert qui ne peut être décrit : leurs
espritsetleurscorpssontenrepos.Etavecunsifflet tulesramènesverslepiège, tulesreconduisversla
justiceetlejuge.Comme Israfil, Dieu, qui fait se lever l’aurore, les amène tous de ce
paysdel’espritdanslemondedelaforme.Il incarne les esprits privés de corps, Il rend chaque corps alourdi à
nouveau(d’actions).400 Ilrendlecoursierdesâmesdépourvudeselle:c’estlàlesenscachéde
«Lesommeilestlefrèredelamort*».Maisafinqu’ellespuissentrevenirpendantlejour,Ilplaceunelongue
laissesursajambe,Afin que, de jour, Il puisse les reconduire à partir de cette prairie, et
l’amenerdupâturagepourreprendrelefardeau.Que n’a-t-Il gardé cet esprit comme les Hommes de la Caverne8 ou
commel’ArchedeNoé,Afinquecemental,cesyeux,cesoreillespuissentêtre libérésduflux
del’étatd’éveiletdelaconscience!Oh,danscemonde,ilyaplusd’unHommedelaCaverneàcôtédetoi,
devanttoi,encemoment:Lacaverneestavec lui, l’Amis’entretientavec lui ;maisvosyeuxet
vosoreillessontscellés,aussi,àquoibon?
*Oiseaufabuleux,demeurantsurlemontQâf.*Hadith(ParoleduprophèteMohammad)
HistoiredukhalifevoyantLeylâ
ekhalifeditàLeylâ:«C’estpourtoiqueMadjnûnestdevenufouetégaré?«Maistun’espasmieuxqued’autresbeautés!»«Silence!répondit-
elle;c’estquetoinonplustun’espasMadjnûn.»Quiconqueestéveilléaumondematérielestplusqu’endormi:saveille
estpirequesonsommeil.410 Quandnotreâmen’estpaséveilléeàDieu,laveilleestsemblableàla
fermeturedenosportes.Toutelajournée,sil’onestécraséparlessoucisimaginairesdelaperte
etdugain,etdelacraintedelamort,Ilnedemeureenl’âmenilimpidité,nigrâce,nigloire,nicheminpour
serendreauciel.Celui qui est endormi, c’est celui qui met son espoir en toute
imaginationvaine,etconverseavecelle.Enrêve,ilvoitledémonsemblableàunehouriet,dedésir,ilrépandsa
semence.Après que cette semence est tombée dans une terre infertile, il se
réveille,etl’images’enfuitloindelui.Ensuite, il se sent faible et voit son corps souillé et il éprouve de la
tristesseàcausedecequiluiestadvenuetquiadisparu.L’oiseauvoledansleshauteurs,etsonombresehâtesurlaterre,volant
commeunoiseau.Lesotpoursuitl’ombre,courantaprèselle,desortequ’ils’épuise,Ne sachant pas que c’est le reflet de cet oiseau dans l’air, ignorant
l’originedel’ombre.420 IIlancedesflèchesversl’ombre;soncarquoissevidedansceteffort.
Lecarquoisdesavieestdevenuvide,savies’estpasséeàcouriraprèsl’ombre.Mais quand l’ombre de Dieu est sa gardienne, elle le délivre des
imaginationsetdesombres.L’ombredeDieuestceserviteurdeDieuquiestmortaumondeetqui
vitparDieu.Saisisauplusvitelepandesarobesanséprouverdedoute,afind’être
sauvéàlafindestemps.L’ombre,dansCommentIIétendl’ombre9,c’estlaformedessaintsqui
guideverslalumièreduSoleildivin.Nevapasdanscettevalléesansceguide;dis,commeAbraham:«Je
n’aimepasceuxquidisparaissent10.»Va,acquiersunsoleilàpartirdel’ombre;saisislepandelarobeduroi
Shamsi-Tabrîzî(lesoleildeTabriz).Situignoreslavoieverscefestinetcesnoces,interrogeZiyâ-ul-Haqq
Husâm-od-Dîn.Etsi,enchemin,l’envietesaisitàlagorge,celaappartientàIblisque
dedépasserlesbornesdel’envie.430 Car,parenvie,ilmépriseAdam,etparenvieilestenguerreavecle
bonheur.Dans laVoie, il n’est pas de passage plus difficile que celui-ci. Oh !
heureuxceluiquen’accompagnepasl’envie!Ce corps, sache-le, est la demeure de l’envie, car la maisonnée est
entachéed’envie.Silecorpsestlademeuredel’envie,cependantDieuarenducecorps
trèspur.PurifiezMaMaison11,estl’explicationdecettepureté;c’estuntrésor
delumièredivine,bienquesontalismansoitterrestre.Quand tu te livresà la tromperieet à l’enviecontreceluiquiest sans
envie,cetteenviefaitnaîtredestachesnoiresdanstoncœur.Devienscommelapoussièresous lespasdeshommesdeDieu ; jette,
commenouslefaisons,delapoussièresurlatêtedel’envie.
Explicationdelajalousieduvizir
emisérablevizir,engeancedejalousie,perditparvanitésesoreillesetsonnez,Dans l’espoir que par le dard de son envie son venin entrerait dans
l’âmedespauvreschrétiens.Quiconqueparjalousiesemutileseprivelui-mêmed’ouïeetd’odorat.
440 Lenezestcequicapteunparfum,etl’odeurl’amèneversunlieu.Celuiquin’apasdeparfumestdépourvud’odorat;ceparfumestcequi
estreligieux.Quand ilasentiunparfumetn’apas rendugrâces, l’ingratitudevient
supprimersonodorat.Rends grâces àDieu et sois le serviteur de ceux qui rendent grâces ;
devanteuxsoiscommeunmort,demeurefermement.N’usepas,commelevizir,derusesmalhonnêtes;etnedétournepasles
gensdesprièresrituelles.Leministremécréant était devenuunconseillerde la religion,mais il
mitparrusedel’aildanslegâteaud’amandes.
Commentleschrétiensperspicacescomprirentlaruseduvizir
uiconque possédait du discernement éprouvait à ses paroles unejouissancemêléed’amertume.Levizirdisaitdebelleschosesmélangéesdemal:danssonsiropsucré
ilavaitversédupoison.L’apparencedecesparolesdisait:«SoyezdiligentsdanslaVoie.»En
fait,elledisait:«Soyeznégligents.»Bien que la surface de l’argent soit blanche et neuve, cependant il
noircitlesmainsetlesvêtements.450 Bienquelefeusoitrougeetétincelant,cependantconsidèrelanoirceur
desesactions.Si l’éclair apparaît lumineux aux regards, cependant sa propriété est
d’aveugler.Quiconquen’estpasaviséetperspicaceétaitsubjuguéparsesparoles.Pendantsixans,loinduroi,levizirétaitunrefugepourleschrétiens.Tousluiconfiaientleurscœursetleurreligionetétaientprêtsàmourir
sursonordreetsonjugement.
Lemessagesecretduroiauvizir
ntreleroietlevizirs’échangeaientencachettedesmessages:etleroisecrètementsereposaitsurlui.Leroi luiécrivait,disant :«Ômonamifortuné, lemomentestvenu :
hâte-toiderassurermoncœur.»Levizirrépondait:«Mevoici,ôroi,entraindefomenterdestroubles
danslareligiondeJésus.»
Explicationdesdouzetribusdeschrétiens
e peuple de Jésus, à ce moment-là, avait douze princes commegouverneurs.Chaque parti suivait un prince et, par cupidité, était esclave de son
propreprince.460 Cesdouzeprincesetleurssujetsdevinrentlesesclavesdecevizir
funeste.Tousmettaientleurconfianceensesparoles,tousprenaientsaconduite
pourmodèle.Ensaprésence,àchaqueinstant,àchaquemoment,chaqueprinceétait
prêtàmourirsilevizirleluiavaitordonné.
ConfusionapportéeparlevizirauxCommandementsdel’Évangile
1préparaunrouleauaunomdechacun,etrédigeachaquerouleauselondesdirectivesdifférentes.Les commandements de chacun différaient entre eux, d’un bout à
l’autre.Dans l’un, il faisaitde lavoiede l’ascétismeetdu jeûne labasede la
pénitenceetlaconditiondelaconversion.Dansl’un,ildisait:«L’ascétismeestsuperflu:danscettevoie,iln’ya
aucunmoyendesalutautrequelagénérosité.»Dansl’un,ildisait:«Tonjeûneettagénérositéassocientàl’objetde
tonadorationd’autresobjets.«SauflarésignationàDieu,sauflasoumissionparfaitedanslechagrin
etdanslaquiétude,toutestfraudeetpiège.»470 Dansl’un,ildisait:«LeservicedeDieuestundevoir,sinonl’idéede
résignationàDieuestunefausseté.»Dansl’un,ildisait:«Ilyadesordresetdesdéfenses,maisilsnesont
pasfaitspourêtrepratiqués,ilsnesontquepourmontrernotrefaiblesse,«Afinquenousyvoyionsnotrefaiblesseetquenousapprenionsàce
momentlapuissancedeDieu.»Dans l’un, il disait : « Ne considère pas ta faiblesse : cette faiblesse
traduittoningratitude;attention!«Considèretapuissance,carcettepuissancevientdeLui:sachequeta
puissanceestledondeCeluiquiestLui(Hû).»Dansl’un,ildisait:«Laissecesdeuxqualités:cequiestcontenudans
lavueestuneidole.»Dans l’un, ildisait :«N’éteinspascettebougie (de lavue), car cette
vuesertdebougiepourlacontemplation.«Quand vous abandonnez la vue et l’imagination, vous avez éteint à
minuitlachandelledel’union.»Dans l’un, il dit : « Eteins-la — ne crains pas — ; en échange tu
trouverasdesmyriadesdevisions.« Car en l’éteignant, la bougie de l’âme s’accroît* ; Leylâ deviendra
Madjnûngrâceàtondétachement.«Celuiquirenonceaumondeparsadévotion,lemondevientverslui
deplusenplus.»
480 Dansl’un,ildit:«CequeDieut’adonné,Ill’arendudouxenlecréant.«Ill’arendufacilepourtoi,saisis-lejoyeusement:netejettepasdans
l’inquiétude.»Dansl’un,ildisait:«Abandonnetoutcequit’appartient.Cequiteplaît
estmauvaisetdoitêtrerepoussé.«Lesvoiesdifférentessontdevenuesfacilesàsuivre,etpourchacun,la
religionestdevenuechèrecommesavie.« S’il était possible de rendre facile la Voie de Dieu, chaque juif et
chaquejuivelaconnaîtrait.»Dansl’un,ildisait:«Lavoiefacile,c’estcelleoùonpeuttrouverlavie
del’amouretlanourrituredel’âme.»Quand les choses qui plaisent à la nature passent, elles ne produisent
rien,commeuneterresalée.Saufleregret,ellesnedonnentrien;iln’endécoulequelaperte,rien
deplus.Ce n’est pas facile, à la fin ; en fin de compte, il faut l’appeler
«difficile».Distinguebienledifficiledufacile:considèreàlafinlabeautéd’une
choseetdel’autre.490 Dansl’un,ildisait:«Chercheunmaître:cen’estpasdanston
patrimoineancestralquetutrouveraslaclairvoyanceencequiconcernel’avenir.»Chaque sorte de communauté a envisagé une certaine fin :
nécessairement,ellessonttombéesdansl’erreur.Prévoir l’avenir n’est pas aussi simple que de filer au rouet, sinon
commentyaurait-ildesdifférencesentrelesreligions?Dansl’un,ildisait:«Tuestoi-mêmelemaître,parcequetuconnaisle
maître.Soisunhommeetnesoispassoumisauxautreshommes.Vatonpropre
chemin,etnesoispaserrant.»Dans l’un, il disait : « Tout cela est un : celui qui voit deux est un
bonhommequilouche.»Dansl’un,ildisait :«Commentcentpeut-ilêtreun?Celuiquipense
ainsiestunfou.»Chacunedecesdoctrinesestcontraireàl’autre.Commentseraient-elles
une?Lepoisonetlesucresont-ilsuneseulechose?Avant que tu ne renonces à la distinction entre le poison et le sucre,
commentpercevras-tuleparfumdel’Unitéetdel’Unicité?
DouzelivresdecestyleetdecettemanièrefurentécritsparcetennemideJésus.
*C’est-à-direquel’amourtièdesetransformeraenpassion.
Montrantcommentcettedifférencerésidedanslaformedeladoctrine,
etnondanslavéritablenaturedelaVoie
500 lnepercevaitpasl’unitédecouleurdeJésus,iln’avaitpasnonplusuncaractèreteintdanslebaindeteinturedeJésus.Decebainpur,unvêtementdecentcouleursdeviendraitaussisimpleet
d’uneseulecouleurquelalumière.Cen’estpaslàlacouleuruniquequiproduitl’ennui,non,c’estcomme
lespoissonsdansl’eauclaire.Bien qu’il y ait des milliers de couleurs sur la terre, cependant les
poissonssontenlutteaveclasécheresse.Qu’est-cequelepoissonetqu’est-cequelamerdansmacomparaison,
queleRoiTout-PuissantetGlorieuxleurressemble?En cemonde de l’existence, desmyriades demers et de poissons se
prosternentenadorationdevantcetteMunificenceetLibéralité.Combien de pluies de dons se sont déversées, de sorte que cela fit
répandreàlamerdesperles!Combiendesoleilsdegénérositéontbrillé,desortequelenuageetT
océanapprirentàêtrebienfaisants!LesrayonsdusoleildelaSagesseontfrappélesoletTargile,desorte
quelaterreaaccueillilasemence.Le sol est fidèle à ce qui lui a été confié, et tout ce que vous y avez
semé,vousenrecueillerezTéquivalentsansfraudedelapartdelaterre.510 Elleatirécettefidélitédelafidélitédivine,étantdonnéquelesoleilde
laJusticeabrillésurelle.Jusqu’àcequeleprintempsapporteleprésentdeDieu,lesolnerévèle
passessecrets.LeGénéreuxquiaconféréàunechoseinaniméecesinformations,cette
fidélitéetcettedroiture,Sa grâce rend informée une chose inanimée, tandis queSon courroux
rendaveuglesdeshommesdouésd’intelligence.L’âme et le cœur ne peuvent supporter ce bouleversement : à qui
parlerai-je?Ilnesetrouvepasdanslemondeuneseuleoreillecapabledel’entendre.Partoutoùilyavaituneoreille,parLuielledevintunœil;partoutoùil
yavaitunepierre,parLuielledevintdujaspe.Il est un alchimiste— qu’est-ce que l’alchimie, en comparaison ? Il
octroie les miracles (aux prophètes) — qu’est-ce que la magie encomparaison?Le fait que je Lui adresse ces louanges est en réalité absence de
louangesdemapart,carcettelouangeestunepreuvedemonexistence,etl’existenceestunpéché.IlconvientquenoussoyonsnonexistantsenprésencedeSonEtre:en
Saprésence,qu’estnotreêtre?Aveugleetsombre.S’il n’avait pas été aveugle, il aurait été consumé par Lui ; il serait
devenulachaleurdusoleildivin.520 Ets’iln’avaitpasétésombreàcausedesondeuil,commentcette
existenceserait-elledemeuréegeléecommelaglace?
Montrantcommentlevizirencourutlaperdition
enentrantdanscecomplot
e vizir était ignorant et imprudent comme le roi juif ; il luttaitcontrel’éterneletl’inévitable,Contre un Dieu si Puissant qu’en un instant II fait venir de la non-
existenceàl’existencecentmondescommelenôtre:Ilmanifesteàlavuecentmondescommelenôtre,quandIIrendvotre
œilvoyantparSapropreLumière.Silemondetesemblevasteetsansfond,sachequepourl’Omnipotence
c’estmoinsqu’unatome.Cemonde,envérité,estlaprisondevosâmes:oh,dirigez-vouslà-bas,
carc’estlàquesetrouvevotrepaysdécouvert.Cemonde-ciestfini,etenvéritécetautreestinfini:l’imageetlaforme
constituentunebarrièreàcetteRéalité.Lesmyriades de lances de Pharaon furent brisées parMoïse avec un
simplebâton.LesartsthérapeutiquesdeGalienétaientdesmyriades:devantJésuset
sonsouffle,ilsn’étaientqu’unobjetderisée.Il existait des myriades de livres de poèmes (anté-islamiques) : à la
paroled’unProphèteillettré,ilsfurentcouvertsdehonte.530 DevantuntelSeigneurvictorieux,commentnemourrait-onpasàsoi-
même,àmoinsd’êtreunpauvremisérable?Iladéracinéplusd’unespritsolidecommeunemontagne;Ilapendu
parsesdeuxpattesl’oiseaurusé.Aiguisersonintelligenceetsonesprit,cen’estpaslabonnevoie:seul
celuidontl’espritestbriségagnelafaveurduRoi.Oh,biendeschercheursde trésors,quicreusaientdes trous,devinrent
lesdupes*dececomploteurintrigant!Qu’est-ceque lebœuf,quevousdeveniezsabarbe?Qu’est-ceque la
terre,quevousdeveniezsonchaume?Quand une femme devint honteuse de samauvaise conduite, Dieu la
métamorphosaetfitd’elleZohra(laplanèteVénus).Faired’unefemmeZohraétaitunemétamorphose;qu’est-cedoncque
dedevenirterreetargile,ôrécalcitrant?Tonesprit t’emportaitvers laplushaute sphèreduciel ; tu t’esdirigé
versl’eauetl’argileparmiceuxquisontplusbas.Parcettechute,tut’esmétamorphosé,àpartirdecetétatdel’existence
quifaisaitl’enviedesintelligencesspirituelles.Considèredonccequ’estcettemétamorphose:comparéeàcelledela
femme,latienneestextrêmementvile.540 Tuasfaitgaloperlecoursierdel’ambitionverslesétoiles:tun’aspas
reconnuAdamquiétaitadoréparlesanges.Après tout, tu es un fils d’Adam. O dégénéré ! Combien de temps
considéreras-tulabassessecommeunenoblesse?Combiendetempsdiras-tu:«Jevaisconquérirlemondeentier,jevais
remplircemondedemoi-même?»Silemondeétaitrempli,d’unboutàl’autre,deneige,lerayonnement
dusoleillaferaitfondreenunclind’œil.Dieu,paruneseuleétincelledeSamiséricorde,anéantitlefardeau(du
péché)duvizir,etlefardeaudecentvizirsetdecentmillepersonnes.Il transforme l’essencedecette imaginationensagesse ; Il transforme
l’essencedecetteeauempoisonnéeenboissonsalutaire.Cequifaitnaîtreledoute,Illetransformeencertitude;Ilfaitsurgirdes
actesd’amourdecausesdehaine.Il chérit Abraham dans le feu ; Il transforme la peur en sécurité de
l’esprit.JesuisbouleverséparSadestructiondescauses;danslesimaginations
quejemefaisdeLui,jesuiscommeunsophiste*.
*Littéralement:labarbedubœuf.*Cetermeétantprisiciausensde«désemparé»ou«agnostique»qu’ilavaitàl’époquedeRûmî,etnonpasselonsasignificationhistorique.
Nouvelleruseduvizirpourégarerlepeuple
e vizir forma dans son esprit un autre plan, il abandonna laprédicationets’isola.
550 IIenflammasesdisciplesd’enthousiasmeetdeferveur;etilrestaenfermédansuneretraitequaranteàcinquantejours.Toutlemondefutfoud’impatiencedelevoiràcausedelaséparation
d’avecsaprésencespirituelleetsesparolesetsonintuition.Ilssuppliaientetselamentaient,tandisqueluidanssasolitudeétaitplié
endeuxparlesaustérités.Ils disaient : « Sans toi, nous n’avons pas de lumière ; quel est l’état
d’unhommeaveuglesansguide?«Pourl’amourdeDieu,nenouslaissepasséparésdavantagedetoi.«Nous sommescomme les enfants et tu esnotrenourrice, étends sur
nousl’ombredetaprotection.»Ildit:«Monâmen’estpasloindesfidèles,maisilnem’estpaspermis
desortir.»Lesémirsintercédèrentetlesdisciplesvinrentluifairedesreproches,Disant:«ÔSeigneur,quelmalheur!Noussommesrestésorphelinsde
noscœursetdenotrereligion.«Tuprésentesdesprétextes,tandisquenous,nouspoussonsdessoupirs
douloureuxàcausedecettedouleur.560 «Noussommeshabituésàtesdoucesparoles,nousavonsbulelaitde
tasagesse.« Allah ! Allah ! Ne nous traite pas avec une telle cruauté : sois
bienveillantpournousaujourd’hui,nenousrepoussepasàdemain.«Toncœurpermet-ilqueceuxquit’ontdonnéleurcœursoientàlafin,
sanstoi,aunombredeceuxquinepossèdentplusrien?« Ils se tordent tous comme des poissons sur la terre sèche : déverse
l’eau,ouvrel’éclusedufleuve.«Ôtoiquiessanspareildanslemonde,pourl’amourdeDieu,viensen
aideàtonpeuple!»
Commentlevizirrefusalademandedesdisciples
1dit :«Prenezgarde,ôvousquiêtesesclavesdesparolesetdesdiscours,vousquirecherchezl’admonitionetparlesparolesetparl’ouïe.«Mettezducotondans l’oreilledusensphysique,enlevez lebandeau
dusensvisuel!«L’oreilleest lecotonde l’oreille intérieure : jusqu’àceque l’oreille
externesoitrenduesourde,c’estl’oreilleinternequin’entendpas.« Soyez sans sensation, sans oreille, sans pensée, afin de pouvoir
entendrel’appeldeDieu:“Reviens.”»Tantque tuesenconversationéveillée,commentpeux-tupercevoir la
conversationdusommeil?570 Nosactesetnosparolessontlevoyageextérieur;maislevoyage
intérieurestau-delàdescieux.Lesensphysiqueasentilasécheresseparcequ’ilestnésurlaterre:le
Jésusdel’âmeamislepiedsurlamer.Le voyage du corps terrestre a lieu sur la terre, mais le voyage de
l’espritsepasseaucœurdelamer.Puisque ta vie s’est passée à cheminer sur la terre, tantôt sur la
montagne,tantôtsurlamer,tantôtsurlaplaine,Oùtrouveras-tul’EaudelaVie?Oùfendras-tulesvaguesdel’Océan?Lesvaguesdelaterresontnosillusionsetnotreentendement,etnotre
pensée ; les vagues de l’eau sont l’effacement, l’ivresse etl’anéantissement(fanâ).Quand tu es dans cette ivresse (sensuelle), tu es loin de cette ivresse
mystique;tandisquetuesivredecelle-ci,tunevoispasl’autrecoupe.Laparoleetlediscoursextérieurssontcommelapoussière;habituez-
vousàgarderlesilence.Prenezgarde!
Commentlesdisciplesdemandèrentànouveau
qu‘ilsortedesaréclusion
Isdirenttous:«Ôsage,toiquicherchesuneéchappatoire,nenousdispascestromperiesetcesaffronts.«Mets sur l’animal un fardeau proportionnel à son endurance, donne
auxfaiblesunetâcheproportionnelleàleurforce.580 «L’appâtpourchaqueoiseaudoitêtreàsamesure:commentunefigue
peut-elleêtreunappâtpourunoiseau?«Si tudonnes aubébédupain au lieude lait, sois sûrque lepauvre
enfantmourra.«Plustard,quandl’enfantadesdents,lui-mêmedemandedupain.«L’oiseauquin’apasencoredeplumes,commentpeut-ilvoler?S’il
vole,ildeviendrauneproiepourunchatféroce.«Quand ses plumes poussent, il vole spontanément, sans peine, et il
n’estpasnécessairedesifflerpourlefairevoler.« Tes paroles font que le démon se tait, tes paroles instruisent nos
oreilles.«Nosoreillessontrempliesd’intelligencequandtuparles;notreterre
estunerivièrequandtuesl’océan.«Avectoi,nouspréféronslaterreauciel,ôtoiquiillumineslemonde
delaterrejusqu’auciel.«Sanstoi,pournousTobscuritérègneauciel;comparéàtoi,ôLune,
qu’estleciel?590 «L’apparencedelasublimitéappartientauxcieux,maislesensréelde
lasublimitéappartientàl’espritpur.«L’apparencedelasublimitéestpourlecorps;lescorps,comparésàla
réalité,nesontquedesmots.»
Refusduvizird’interrompresaretraite
1 dit : «Abrégezvos arguments, recevezmes conseils dansvosâmesetdansvoscœurs.«Sijesuisloyal,ilnefautpasaccuserceuxquisontloyaux,mêmesi
j’appelleterreleciel.«Si jesuisparfait,pourquoiniermaperfection?Si jene lesuispas,
pourquoicespeinesetcesennuis?«Jenesortiraipasdecetteréclusion,parcequejesuisoccupéavecmes
expériencesintérieures.»
Commentlesdisciplessoulevèrentdesobjectionscontrelefaitquelevizirseretiraitdanslasolitude
lsdirenttous:«Ôvizir,celanefaitpasdedoute:nosparolesnesontpascommelesparolesdesétrangers.« Les larmes coulent de nos yeux à cause de notre séparation d’avec
toi;soupiraprèssoupirs’élèveduseindenosâmes.«Unbébénediscutepasavecsanourrice,maisilpleure,bienqu’ilne
connaissepaslebiennilemal.« Nous sommes la harpe, et c’est Toi qui joues sur nos cordes : le
gémissementnevientpasdenous,c’estToiquigémis.«NoussommeslaflûteetnotremusiquevientdeToi;noussommesla
montagne,etnotreéchovientdeToi.600 «Noussommeslespiècesd’unéchiquierrangéespourlavictoire
ou ladéfaite :notrevictoireetnotredéfaiteproviennentdeToi,ôToidouédebellesqualités!«Quisommes-nous,ôâmedenosâmes,quenousdemeurionsvivants
auprèsdeToi?«Nousetnosexistencessommesnonexistants.Tuesl’Êtreabsoluqui
rendmanifestecequiestpérissable.« Nous sommes comme des lions, mais des lions blasonnés sur un
étendard:leventlesdéploie,d’instanteninstant.« Leurmouvement est visible, et le vent invisible : puisse ce qui est
invisiblenejamaisnousmanquer!«LeventquinousmeutetnotreêtreproviennentdeTagrâce ; toute
notreexistencevientdecequeTunousafaitveniràl’existence.«Tuasmontré lesdélicesde l’Êtreaunon-être,aprèsqueTueusfait
tomberlenon-êtreamoureuxdeToi.«NeretirepaslesdélicesdeTalibéralité,n’enlèvepaslesdouceurs,le
vinetlacoupe!« Et si Tu les enlèves, qui se livrera à la recherche ? Comment le
portraitpourrait-illutteraveclepeintre?«Nenousregardepas,nefixepassurnousTonregard:considèreTa
proprebienveillanceetgénérosité.610 «Nousn’étionspas,etnousnedemandionsrien,cependantTagrâce
écoutaitnotreprièremuette.»
Devant le peintre et son pinceau, le portrait est comme l’enfantimpuissantetfixédansleseinmaternel.Devant laToute-Puissance, tous les gens de laCour divine sont aussi
impuissantsquel’étoffedevantl’aiguille(dubrodeur).Tantôt il y représente leDémon, tantôtAdam ; tantôt il peint la joie,
tantôtlechagrin.Nuln’a lepouvoirdemouvoirsamainpoursedéfendre ;nulnepeut
parlerpourprononcerunmotconcernantl’offenseoulebienfait.RéciteduQor’âncequ’interprèteceverset:«Dieuadit:Tunelançais
pastoi-mêmelestraitsquandtuleslançais12.»Si nous lançons une flèche, cela ne provient pas de nous : nous ne
sommesquel’arc,etl’ArcherestDieu.Cecin’estpasdjabr(lacontrainte);c’estlasignificationdedjabbâri(la
Toute-Puissance) ; parler de la Toute-Puissance est pour nous inciter àl’humilité.Notrehumilitéestunepreuvededépendance,maisnotresentimentde
culpabilitéestunepreuvedenotrelibrearbitre.S’il n’y avait pas de libre arbitre, qu’est cette honte ?Et que sont ce
chagrin,cetteconfusion,etcettetimidité?620 Pourquoiexiste-t-ildespunitionsentremaîtresetélèves?Pourquoi
l’espritchange-t-ilconcernantsesdesseins?Etsitudisqu’onnetientpascomptedelacontraintedeDieu,etquela
lunedeDieuestdevenuecachéedansSonnuage,Il y a une bonne réponse à cela ; si tu T écoutes, tu renonceras à
l’incroyanceettendrasverslareligion.Leremordset l’humilitéadviennentautempsdelamaladie; letemps
delamaladieesttoutentieréveil.Aumomentoùtutombesmalade,tudemandesàDieulepardondeta
faute.Lalaideurdetonpéchét’apparaît,tuformulesl’intentionderevenirau
droitchemin.Tufaisdespromessesetdessermentsque,désormais, laconduiteque
tuadopterasneseraqu’obéissanceàDieu:Doncilestcertainquecettemaladiet’arenduconscientetéveillé.Connais donc ce principe, ô toi qui es à la recherche des principes :
quiconquesouffrel’aperçu.Plus un être est éveillé, plus il est affligé de souffrances. Plus il est
conscientdeDieu,plussonvisageestpâle.630 SituesconscientdeSondjabr(contrainte),oùesttonhumilité?Oùest
tonsentimentd’êtrechargédelachaînedeSondjabbâri(Toute-Puissance)?Comment serait joyeux celui qui est lié par des chaînes ? Quand le
captifdanssaprisonseconduit-ilcommeunhommelibre?Etsituconsidèresquetonpiedestdanslesfersetquelesofficiersdu
roisonttesgardiens,Alors,n’agispastyranniquementàl’égarddufaible,étantdonnéquece
n’estpaslàlanatureetlacoutumed’unhommefaible.PuisquetuneperçoispasSacontrainte,nedispasquetuescontraint;
etsitulaperçois,quelestlesignequetuleressens?Al’égarddechaqueactionpourlaquelletuéprouvesunpenchant,tues
pleinementconscientdetonpouvoir(del’accomplir).Maispourtoutactequinet’inspireniinclinationnidésir,tudeviensun
fataliste,disant:«CelaprovientdeDieu.»Les prophètes sont des fatalistes en ce qui concerne lesœuvres de ce
monde,lesincroyantssontdesfatalistesencequiconcernelesœuvresdel’autremonde.Pour les prophètes, ce qui sera dans l’autremonde dépend de nous ;
pourl’insensé,cesontlesœuvresdecemondequidépendentdenous.Carchaqueoiseauvoleverssoncongénère;ilsuitderrière,etsonesprit
leprécède.640 EtantdonnéquelescroyantsétaientlescongénèresdeSijjin
(l’enfer), ils étaient bien disposés à l’égard de la prison (sijn) de cemonde.Etant donné que les prophètes étaient les congénères des Cieux
(Illiyyîn),ilssontallésversles‘Illiyyîndel’espritetducœur.Cediscoursn’apasdefin;terminons-enàprésentavecnotrehistoire.
Commentlevizirfitabandonnerauxdisciple
l’espoirqu‘ilrenonceàsaretraite
e vizir leur cria de l’intérieur (de sa retraite) : « Ô disciples,apprenezcelademoi:«Jésusm’adonnélemessage:“Soisséparédetoustesamisetparents.“Assieds-toiseul,levisagetournéverslemur,etchoisisd’êtreàl’écart
detapropreexistence.”«Après cela, je n’ai plus la permission de parler ; après cela, je n’ai
plusrienàfaireaveclesparoles.«Adieu,ômesamis ! Jesuismort : j’ai transportéceque jepossède
jusqu’auquatrièmeciel,«Afinquesous lasphèreenflammée jenebrûlepascommeunfagot
dansl’afflictionetlaperdition,«MaisquedorénavantjedemeureàcôtédeJésusenhautduquatrième
ciel.»
Commentlevizirdésignachacundesémirsséparément
commesonsuccesseur
650 uisilconvoqualesémirsunparunetparlaàchacund’entreeuxséparément.Ilditàchacun:«DanslareligiondeJésus,tueslevicairedeDieuet
monkhalîfa(régent),«Ettouslesautresémirssonttesdisciples:Jésusafaitd’euxtoustes
assistants.«Siunémirrelèvelatête(parrébellion),saisis-toidelui,ettue-leou
garde-leencaptivité;«Mais ne déclare pas cela tant que je vivrai : ne recherche pas cette
autoritésuprêmeavantmamort.«Avantmamort, ne révèle pas cela : n’émets pas de prétention à la
souverainetéetaupouvoir.« Prends ce rouleau manuscrit et les Commandements du Messie :
récite-lesdistinctement,unparun,àsonpeuple.»Ainsi parla-t-il à chaque émir en particulier, disant : « Il n’y a pas
d’autrevicairedanslareligiondeDieuquetoi.»Illeshonoradelasorte,unparun:toutcequ’ildisaitàunémir,ille
disaitàunautre.Achacun, ilconfiaunmanuscrit :chacunétait,àdessein, lecontraire
desautres.660 Touslesrouleauxétaientdifférents,commelesformesdeslettresde
l’alphabet,dealifàyâ(deaàz).Larègleformuléedansunmanuscritétait lecontrairedelarègled’un
autre:nousavonsdéjàexpliquécequ’étaitcettecontradiction.
Commentlevizirsetuadanssaretraite
prèscela, il fermasaportedurantquaranteautres jours,puis ilsesuicidaets’évadadel’existence.Quandlesgensapprirentsamort,ilsepassaprèsdesatombeunescène
comparableàcellequiauralieulejourdelaRésurrection.Sigrandeétaitlamultitudesepressantprèsdesontombeau,s’arrachant
lescheveux,déchirantleursvêtementsdansleurterriblechagrinpourlui,QueDieuseulpeutlesdénombrer.Arabes,Turcs,Grecs,Kurdes.Ilsrépandirentlapoussièredesatombesurleurstêtes;ilsconsidéraient
leurdouleurpourluicommeunremèdepoureux-mêmes.Pendantunmois,lesmultitudesdegensprèsdesontombeauversèrent
deslarmesamères.
CommentlacommunautédeJésus(surluilapaix!)demandaaux
émirs:«Quid’entrevousestlesuccesseur?»
près un mois, les gens dirent : « Ô chefs, lequel des émirs estdésignéàsaplace,«Quenouslereconnaissionscommenotreimamaulieuduvizir,etque
nouspuissionsluidemanderdenousprendreparlamain?670 «Puisquelesoleiladisparuetnousarendusaffligés,unelampen’est-
ellepaslemeilleurremplaçant?«Puisquelaprésencedubien-aiméadisparuloindenosyeux,ilnous
fautunkhalifequinouslerappelle.« Puisque la rose est fanée et que le jardin est dévasté, d’où
obtiendrons-nousleparfumdelarose?Del’eauderoses.»PuisqueDieun’estpasvisible,cesprophètessontSesreprésentants.Non,jem’exprimemal;carsitusupposesquelekhalifeetCeluiqu’il
représentesontdeux,c’estlàunemauvaisepensée.Non,ilsnesontdeuxquesituadoresl’apparence,maisilsdeviennent
unpourceluiquiaéchappéauxapparences.Quandturegardeslaforme,tonœilvoitdouble;toi,regardelalumière
quivientdel’œil.Il est impossible de distinguer la lumière des deux yeux, quand un
hommeajetéunregardsurleurlumière.680 Sidixlampessontréuniesenunlieu,chacunediffèredesautresparla
forme.Lorsque tu tournes tonvisagevers leur lumière, il t’est impossiblede
distingueraveccertitudelalumièredechacune.Situcomptescentpommesoucentcoings,ilsnerestentpascentmais
deviennentun,quandtulesécrasesensemble.Dansleschosesspirituelles,iln’yanidivisionninombre;danscequi
estspirituel,iln’yaniséparationniindividus.Douceestl’unitédel’AmiavecSesamis;attache-toiausensspirituel.
Laformeestrebelle.Fais que la forme rebelle dépérisse d’affliction, afin de pouvoir sous
elle,commeuntrésorcaché,découvrirl’unité.Etsitunelafaispasdépérir,Sesfaveurslaruineront.Oh!moncœur
estSonvassal.Ilvajusqu’àSemontrerànoscœurs.Ilcoudlefrocrapiécéduderviche
(Ill’unitàLui).Nousétionssimples,ettousd’uneseuleessence,nousétionstoussans
têteetsanspieds,là-bas;Nousétionsuneseulesubstance,commeleSoleil;nousétionslisseset
purs,commel’eau.Quand cetteLumière sublimeprit forme, elle devintmultiple, comme
lesombresdescréneaux.Détruis les créneaux avec le mandjanîq (catapulte), afin que la
différences’évanouisseentrecesombres.690 J’auraisprisdelapeinepourexpliquerceci,maisjecrainsquene
trébucheunesprit(faible).Les subtilités qui y sont contenues sont aussi acérées qu’un sabre
d’acier;situn’aspasdebouclier,détourne-toietsauve-toi.Ne viens pas sans bouclier au-devant de cette lame, car le glaive
n’hésitepasàcouper.Pourcette raison, j’ai remismonépéedans le fourreau,afinquecelui
quilitdetraversnepuisseseméprendre(surcequejeveuxdire).Venons-enmaintenantàterminercettehistoireetparlerdelaloyautéde
lamultitudedesjustes,Qui se levèrent après (lamort) de ce chef, réclamant un vicaire à sa
place.
Laquerelledesémirsconcernantlasuccession
’undecesémirss’avançadevantcesgensàl’espritloyal.«Voyez, dit-il, je suis le vicaire de cet homme : je suis le vicaire de
Jésusàl’époqueprésente.« Voyez, ce rouleau est la preuve qu’après lui la succession me
revient.»Unautreémirsortitd’uneembuscade:saprétentionconcernantlavice-
géranceétaitlamême;700 Luiaussisortitunrouleaudedessoussonbras,desortequecheztous
deuxs’élevauneviolentecolère.Lerestedesémirs,l’unaprèsl’autre,tirantdessabrestranchants,Chacun avec une épée et un manuscrit dans la main, se mirent à se
battrecommedeséléphantsfurieux.Descentainesdemilliersdechrétiensfurenttués,detellesortequ’ily
avaitdesmonceauxdetêtescoupées;Lesangcoulaitàdroiteetàgauche,commeuntorrent;desmontagnes
depoussières’élevaientdansl’air.Lessemencesdediscordequ’avaitseméeslevizirétaientdevenuesune
calamitépoureux.Lescoquillesdescorpsfurentbrisées,etceuxquipossédaientlenoyau
eurent,aprèsavoirététués,unespritnobleetpur.Lemassacreetlamortquiadviennentàlaformecorporellesontcomme
écraserdesgrenadesetdespommes:Cequiestdouxdevientdusiropdegrenades,etcequiestpourrin’est
quedubruit;Cequipossèdelaréalitéestrendumanifeste(aprèslamort)etcequiest
corrompudevientcouvertdehonte.710 Va,recherchelaréalité,ôadorateurdelaforme,carlaréalitéestl’aile
surlecorpsdelaforme.FréquenteleschercheursdeVérité,afindepouvoiràlafoisobtenirle
donettemontrergénéreux.Sans nul doute, l’esprit dépourvu de réalité, dans ce corps est
comparableàunsabredeboisdanslefourreau;Tantqu’ildemeuredanslefourreau,ilsembleavoirdelavaleur,mais,
unefoissorti,iln’estplusbonqu’àjeteraufeu.
N’emporte pas au combat un sabre de bois !Assure-toi d’abord (quec’estunsabred’acier),afinquetasituationnesoitpasdésespérée.S’ilestdebois,vaenchercherunautre;ets’ilesttranchantcommele
diamant,avanceavecardeur.Leglaivedelaréalitésetrouvedansl’arsenaldessaints;lesvoir,c’est
pourtoilaPierrephilosophale.Tous lessagesontditdemême: leSageestunemiséricordepourles
mondes13.Situachètesunegrenade,achète-laquandelleestouverte,commepour
lerire,afinquesonrirepuisseterenseignersursesgraines.Oh!béniestsonrire,carparsaboucheellemontresoncœur,comme
uneperledel’écrindel’âme.720 Maisleriredelatulipen’estpasbéni,carsabouchelaisseapercevoirla
noirceurdesoncœur.La grenade riante égayé tout le jardin : si tu fréquentes les saints, tu
deviendrasl’und’eux.Quetusoisrocoumarbre,tudeviendrasjoyauquandtuparviendrasau
cœurdusaint.Enracinel’amourdessaintsdanstonesprit ;nedonnetoncœuràrien
d’autrequ’àl’amourdeceuxdontlescœurssontjoyeux.Nevapasdanslevoisinagedudésespoir: ilexistedesespoirs.Neva
pasdansladirectiondesténèbres:ilexistedessoleils.Le cœur te conduit dans le voisinage des hommes du cœur ; le corps
t’amènedanslaprisond’eauetd’argile.Oh ! donne à ton cœur la nourriture venant de celui dont le cœur est
accordéautien;vachercherleprogrèsspirituelchezceluiquiestavancé.
CommentfuthonoréeladescriptiondeMustafâ(Mohammad)(surluilapaix!),laquelleaétémentionnée
dansl’Evangile
ansl’ÉvangileétaitlenomdeMustafâ—lui,lechefdesprophètes,lamerdepureté.Il y était faitmention de ses caractéristiques, de son apparence ; il y
étaitquestiondesesluttes,desesjeûnes,desanourriture.Un groupe d’entre les chrétiens, par désir de la récompense divine,
chaquefoisqu’ilslisaient(dansl’Évangile)cenometcediscours,730 Baisaientcenoblenometinclinaientleurvisageverscettegracieuse
description.Danscette tribulationdontnousavonsparlé,cettepartiedeschrétiens
étaitàl’abridestroublesetdelacrainte,Protégés contre lesméfaits des émirs et du vizir, cherchant un refuge
danslaprotectionofferteparlenomdeAhmad(Mohammad);Leurpostéritéaussisemultiplia;lalumièredeAhmadlesaidaitetles
soutenait.Etl’autrecatégoriedechrétiensquiméprisaientlenomdeAhmad,Devinrentméprisablesetdédaignésàcausedesdissensionscauséespar
cevizirauxmauvaisconseilsetauxméchantscomplots.En outre, leur religion et leur loi devinrent corrompues, à cause des
rouleauxquiindiquaienttoutdefaçonperverse.Si le nom de Ahmad est un tel soutien, comment donc Sa lumière
protégera-t-ellesesdisciples?Puisque le nom de Ahmad devint pour les chrétiens une forteresse
inexpugnable,quelledoitêtrealorsl’EssencedecetEspritloyal?
Histoired’unautreroijuifquitentadedétruire
lareligiondeJésus
prèscecarnage irrémédiableadvenuàcausedesmalheursdusauvizir,
740 Unautreroi,delalignéedecejuif,entrepritdedétruirelepeupledeJésus.Sivousdésirezconnaîtrecette secondeexplosiondeviolence, lisez le
versetduQor’ân:ParleCielornédeconstellations14.Cesecondroimitlepieddanscettemauvaisevoieinauguréeparleroi
précédent.Quiconque instaure une mauvaise voie, vers lui, à toute heure, va la
malédiction.Lesjustessontpartis,etleursvoiessontrestées;maisdeshommesvils
nedemeurentquel’injusticeetlesexécrations.Jusqu’àlaRésurrection,levisagedechaquecongénèredecesméchants
quivientà l’existenceest tournéverscelui-là(quiappartientàsapropreespèce).Veine par veine, cette eau douce et cette eau amère coulent dans les
créatures,jusqu’àcequesonnelatrompette(delaRésurrection).Pourlejusteestl’héritagedel’eaudouce.Quelestcethéritage?Nous
avonsdonnéleLivreenhéritageàceuxdeNosserviteursqueNousavonschoisis15.Si tu y réfléchis, les supplications des chercheurs de Dieu sont des
rayonsprovenantdelasubstancedelaprophétie.Lesrayonstournentaveclessubstances(dontilsproviennent).Lerayon
sedirige,àlafin,dansladirectiondecettesubstance.750 Lalueurdelafenêtretourneautourdelamaison,parcequelesoleilva
designeensigneduzodiaque.Quiconque a une affinité avec une planète possède des qualités
communesavecsaplanète.SisaplanèteascendanteestVénus,toutsonpenchant,sonamouretson
désirsontpourlajoie;Et s’il est né sous l’influencedeMars, dont la nature est deverser le
sang,ilrecherchelaguerre,laméchancetéetl’hostilité.Au-delàdesétoilesmatériellesexistentdesétoilesenlesquellesiln’est
pointdeconflagrationoud’aspectsinistre,Desétoilessemouvantdansd’autrescieux,nonencesseptcieuxque
nousconnaissonstous,DesétoilesimmanentesdanslerayonnementdelalumièredeDieu,ni
uniesl’uneàl’autre,niséparéesl’unedel’autre.Quandl’ascendantdequelqu’unprovientdecesétoiles,sonâmebrûle
lesinfidèlesenleschassant.Sacolèren’estpascommelacolèredel’hommenésousl’influencede
Mars—tournéeversdeschosesvilesetdetellenaturequ’elleesttantôtdominanteettantôtdominée.La lumière dominante des saints est dénuée de défaut et d’obscurité
entrelesdeuxdoigtsdelaLumièredeDieu.760 DieuarépanducetteLumièresurtouslesesprits,maisseulsceuxqui
onteuunebonnefortuneonttenduleurvêtement(pourlarecevoir).Etceluiquiaeudelachance,ayantobtenucedonrépandudelumière,
adétournésonvisagedetout,exceptéDieu.Quiconque a été dépourvu de cette consolation de l’amour reste sans
participeràcedondelalumière.Les visages des parties sont tournés vers l’universel : les rossignols
jouentaujeudel’amouraveclarose.Lacouleurdubœufse trouveà l’extérieur ;maisquand il s’agitd’un
homme,rechercheàl’intérieurdeluilescouleursjauneetrouge.Lesbonnescouleursproviennentdelacuvedelapureté;lacouleurdu
méchantprovientdel’eaunoiredel’iniquité.L’onctiondeDieuestlenomdecettecouleursubtile:lamalédictionde
Dieuestl’odeurdecettecouleurgrossière16.Cequiestdelamervaverslamer:celaretourneaumêmeendroitd’où
celaestvenu—Du sommet des montagnes les torrents impétueux, et de notre corps
l’âmedontlemouvementestimprégnéd’amour.
Commentleroijuiffitunfeuetplaçaàcôtéuneidole,disant:
«Celuiquiseprosterneradevantcetteidoleéchapperaaufeu»
oyez à présent quel plan conçut ce juifméprisable ! Il plaça uneidoleàcôtédufeu,
770 Disant:«Celuiquiseprosterneradevantcetteidoleserasauvé,ets’ilnes’inclinepas,ils’assiéradanslecœurdufeu.»Étant donné qu’il n’avait pas infligé le châtiment convenable à cette
idole de sonmoi charnel (nafs), de cette idole de sonmoi Tautre idolenaquit.L’idoledetonmoiestlamèredetouteslesidoles,parcequecetteidole
(matérielle) n’est qu’un serpent, tandis que l’idole (spirituelle) est undragon.Lemoiestcommeduferetlapierreàfeu,alorsquel’idole(matérielle)
estcommelesétincelles:cesétincellessontéteintesparl’eau.Maiscomment lapierreet le ferpourraient-ilsêtreapaiséspar l’eau?
Commentunhomme,lesayanttousdeux,serait-ilensécurité?L’idoleestl’eaunoiredansunecruche;lemoiunesourced’eaunoire.Cetteidolesculptéeestsemblableautorrentnoir ; lemoiquifabrique
desidolesestunefontaineremplied’eaupourlui.Une seule pierre peut briser cent aiguières,mais de la fontaine jaillit
continuellementdel’eau.Il est faciledebriserune idole, très facile ; considérer lemoi comme
aiséàsoumettre,c’estdelafolie,delafolie.Ômonfils,situveuxconnaîtrecequ’estlemoi,lisl’histoiredel’Enfer
avecsesseptportes.780 Achaquemoment,provientdumoiunactedetromperie,etàchacunde
cesactes,unecentainedepharaonssenoientavecleurscompagnons.AccoursversleDieudeMoïseetversMoïse;àl’instardePharaon,ne
répandspasl’eaudelaFoi.Attache-toi auDieuUnique et àMohammad, ômon frère, enfuis- toi
loinduBûDjahl*ducorps!
*BûDjahl(AbûDjahl)«Pèredel’ignorance»,surnomd’unennemiacharnéduProphète,’AmribnHishâm,dontlepremiersurnométaitBû’lHakam,«Pèredu
savoir».
Commentunenfantsemitàparlerduseindufeu
etinvitalesgensàsejeterdanslefeu
e juif amena à cette idole une femme avec son enfant, et le feuflamboyait.IlluipritTenfantetlejetadanslefeu:lafemmefutterrifiéeetrenonça
danssoncœuràsafoi.EllesepréparaitàseprosternerdevantTidole,quandFenfantluicria:
«Envérité,jenesuispasmort.«Viensici,ômamère,jesuisheureuxici,bienqu’enapparencejesois
auseindufeu.« Le feu est un sortilège qui aveugle les yeux pour faire écran (à la
vérité):ceciest,enréalité,unemiséricordedivinequis’estmanifestée.«Viens ici, ômamère, et vois (l’évidence) deDieu, afin de pouvoir
contemplerlesdélicesdesélusdeDieu.«Viens ici, etvois l’eauquia l’apparencedu feu, laisse làunmonde
quiestdefeuetaseulementl’aspectdel’eau.790 «Viensici,etvoislesmystèresd’Abraham,quidanslefeutrouvades
cyprèsetdesjasmins17.« Je voyais lamort aumoment où je naquis de toi : grande étaitma
craintedetomberhorsdetoi.«Maisquandjefusné,j’échappaiàl’étroiteprisondelamatriceenun
monded’airagréableetdemagnifiquescouleurs.« Maintenant, je considère ce monde-ci comme le sein maternel,
puisqu’encefeuj’aivuuntelrepos:« En ce feu, j’ai vu un monde où chaque atome possède le souffle
vivifïcateurdeJésus.« En vérité, c’est un monde apparemment non existant, mais
essentiellement existant, tandis que cet autre monde est apparemmentexistant,maisn’apasdepermanence!«Viensici,ômère,aunomdetamaternité:voislefeu, iln’apasde
violence.«Viensici,ômère,carlafélicitéestvenue;viensici,mère,nelaisse
paslabonnefortunes’échapperdetesmains.«Tuasvulepouvoirdecebandit:viensicipourvoirlapuissancedela
grâcedeDieu.« C’est seulement par pitié que j’attire ici tes pas, car en véritémon
ravissementesttelquejenemesouciepasdetoi.800 «Viens,etappelleaussilesautres,carleRoiadresséunetabledefestin
auseindufeu.«Ôvraiscroyants,venezici,voustous:saufcettedouceur(adhbî)tout
esttourment(adhâb).« Venez, vous tous, comme des phalènes ; venez à cette heureuse
fortunequipossèdecentprintemps.»Ainsicriait-ilaumilieudelafoule:lesâmesdesgensétaientremplies
destupeur.Aprèscela,lesgens,hommesetfemmes,sejetèrenthorsd’eux-mêmes
danslefeu,Sansgardien,sansyêtreentraînés,parpuramourde1’Ami,parcequedeLuiprovientradoucissementdetouteamertume,Jusqu’à ce qu’il advînt que les gardes du roi les repoussent, disant :
«N’entrezpasdanslefeu!»Lejuifdevintcouvertdehonteetdésemparé;ildevinttristeetlecœur
sombre.Carlesgensdevinrentplusferventsdansleurfoietplusfermesdansla
mortification(fanâ)deleurcorps*.Dieusoitloué!C’estluiquelepiègedudémonattrapadanssesfilets.
Dieusoitloué,ledémonsetrouvahumilié.810 Lahontequ’ilinfligeaitsurlevisagedecespersonnes(leschrétiens)
s’accumulaitentièrementsurlafacedecevilvaurien.Celuiquis’affairaitàdéchirerlevêtement(l’honneur)desgens—c’est
sonproprehabitquiaétédéchiré,tandisqu’euxétaientsansdommages.
*Lemotfanâsignifielittéralement«mortmystique».Étantdonnéqu’ils’agiticiducorps,ilestprisdansuneacceptionparticulière.
Commentrestadetraverslabouched’unhommequiavaitprononcéde
façonmoqueuselenomdeMohammad(surluilapaix!)
l tordit sa bouche et cita le nom de Ahmad (Mohammad) avecdérision;saboucherestatordue.Il revint, disant : « Pardonne-moi, ô Mohammad ! Ô toi à qui
appartiennentlesdonsdelaconnaissanceésotérique!«Dansmafolie,jememoquaisdetoi;maisc’estmoi-mêmequiétais
ridiculiséetleméritais.»Quand Dieu veut déchirer le voile de quelqu’un, Il le rend enclin à
insulterlessaintshommes.Quand Dieu désire cacher la honte de quelqu’un, cette personne ne
prononcepasunmotdeblâmecontreceuxquisontsansblâme.QuandDieudésirenousaider,Ilnousinclineàunehumbleplainte.Oh ! heureux les yeux qui pleurent d’amour pour Lui !Oh ! fortuné
celuiquiestbrûléd’amourpourLui!La findechaquepleurest le rire :1’hommequiprévoit la finestun
serviteurbénideDieu.820 Làoùestl’eaucourante,ilyadelaverdure:làoùdeslarmescoulent,
lamiséricordedeDieusemanifeste.Gémis et aie les yeux mouillés comme la noria, afin que des herbes
vertessurgissentdujardindetonâme.Si tu désires les larmes, aie pitié de celui qui verse des larmes ; si tu
désireslamiséricorde,témoignedelacompassionaufaible.
Commentlefeuadressadesreprochesauroijuif
eroitournasonvisageverslefeu,disant:«Ôtoiquipossèdesunenatureféroce,oùesttadispositionnaturelleàconsumerlemonde?« Comment se fait-il que tu ne brûles pas ? Qu’est-il advenu de ta
propriétéspécifique?«Tun’aspasdepitiémêmepourl’adorateurdufeu:commentdonca
étésauvéceluiquinet’adorepas?«Jamais,ôfeu,tun’espatient:commentnebrûles-tupas?Qu’est-ce
là?N’enas-tupaslepouvoir?«Est-ceunsortilège,jemeledemande,quiaveuglel’œiloul’esprit?
Commentcehautbûchernebrûle-t-ilpas?«Quelqu’unt’a-t-ilensorcelé?Est-cedelamagie,oucecomportement
contraireàtanatureest-ilnotrechance?»Lefeudit:«Jesuislemême,jesuisdufeu;viensicipoursentirma
chaleur.830 «Manatureetmonélémentn’ontpaschangé.JesuisleglaivedeDieu
etjecoupe,parSapermission.«LeschiensdesTurcomans frétillentà laportede la tentedevant les
invités.«Maissiquelqu’unayantlevisaged’unétrangerpasseprèsdelatente,
ilverraleschiensbondirsurluicommedeslions.«Jenesuispasmoinsqu’unchienquantàladévotion,etDieun’estpas
moindrequ’unTurcquantàlavie.»Silefeudetanaturetefaitéprouverdessouffrances,ilbrûleparl’ordre
duSeigneurdelareligion.Si le feude tanature teprocurede la joie,c’estque leSeigneurde la
religionymetdelajoie.Quand tu éprouves de la souffrance, implore le pardon de Dieu : la
souffrancepar1’ordreduCréateurestefficace.Lorsqu’il le désire, la souffrance elle-même devient de la joie ; les
chaîneselles-mêmesdeviennentliberté.L’air,laterreetlefeusontSesesclaves;pourtoietmoiilssontmorts,
maisavecDieuilssontvivants.Devant Dieu, le feu se tient toujours à Son ordre, se tordant
continuellement,jouretnuit,commeunamoureux.
840 Situfrappeslapierresurlefer,lefeujaillit:c’estparl’ordredeDieuqu’ilapparaît.Ne frappepas ensemble le fer et la pierre de l’injustice, car ces deux
engendrent,commel’hommeetlafemme.La pierre et le feu sont en fait des causes,mais regarde plus haut, ô
hommedebien!Carcettecause (extérieure)aétéproduiteparcettecause (spirituelle).
Quandunecauseadvint-ellejamaiselle-mêmesansunecause?Et ces causes qui guident les prophètes sur leur voie sont plus hautes
quelescausesextérieures.CetteCause(spirituelle)rendcettecause(extérieure)efficace;parfois
aussiellelarendstérileetinefficace.Lesespritsdesgenssontfamiliersaveccettecauseextérieure,maisles
prophètessontfamiliersaveclescausesspirituelles.Quesignifiecemot«cause»(sahab)enarabe?Dis«corde»(rasan).
Cettecordeplongedanslepuitsdecemondeparlarusedivine.Lemouvement de la roue fait semouvoir la corde,mais ne pas voir
celuiquifaitsemouvoirlaroueestuneerreur.Prends garde ! Prends garde ! Ne considère pas ces cordes de la
(causalité)encemondecommetirantleurmouvementdelaroueivreduciel,
850 Depeurderestervideetétourdicommelarouecéleste,depeurque,parmanqued’intelligence,tubrûlescommeleboisdemarkh.Parl’ordredeDieu,l’airdevientdufeu:tousdeuxsontivresduvinde
Dieu.Ô mon fils, quand tu ouvriras les yeux, tu verras que de Dieu aussi
proviennentl’eaudelaclémenceetlefeuducourroux.Si l’âme du vent n’avait été informée par Dieu, comment aurait-elle
distinguélescroyantsdesincroyantschezlesgensde‘Âd18?
Histoireduventquidétruisitlapopulationde‘Âd
autempsduprophèteHûd(surluilapaix)
ûd traça une ligne autour des croyants : le vent se calmerait enarrivantàcetendroit,Bien qu’il fracassât en l’air tous ceux qui se trouvaient en dehors de
cetteligne.Demême,Shaybânlebergeravaitcoutumedetracerunelignevisible
autourdesontroupeau,Chaquefoisqu’ilserendaitàlaprièreduVendredi,afinqueleloupne
vîntpasyexercersesravages.Aucun loupn’entraitdanscecercle,niaucunmoutonnes’égaraitau-
delàdecettemarque:Leventdelaconcupiscenceduloupetdesmoutonsétaitarrêtéàcause
ducercledel’hommedeDieu.860 Demême,pourlesmystiques,leventdelaMortestdouxetagréable
commelabrisequiapporteleparfumdesêtresaiméscommeJoseph.Lefeunes’attaquapasàAbraham:commentlemordrait-il,alorsqu’il
estl’éludeDieu!Les hommes religieux ne furent pas affligés par le feu du désir qui
entraînatouslesautresaufonddelaterre.Les vagues de la mer, lesquelles attaquèrent par l’ordre de Dieu,
distinguèrentlepeupledeMoïsedesÉgyptiens.La terre, lorsque vint l’ordre divin, fit tomberQârûn19 avec son or et
sontrônedanslaplusgrandeprofondeur.L’eauetl’argile,quandellessenourrirentdusouffledeJésus,devinrent
unoiseauquiétenditsesailesets’envola.Ta louange de Dieu est une exhalaison de l’eau et de l’argile de ton
corps : elle est devenue un oiseau du Paradis par l’insufflation de lasincéritédetoncœur.LemontSinaï,envoyantl’éclatdeMoïse,semitàdanser20,devintun
soufiparfaitetfutdélivrédetoutesouillure.Quoidesurprenantàcequelamontagnedevîntunvénérablesoufi?Le
corpsdeMoïse,luiaussi,provenaitd’unmorceaud’argile.
Commentleroijuifsemoquaetniaetrefusad’accepterlesconseils
desesproches
eroidesjuifsvitceschosesmerveilleuses,maisn’étaitriend’autrequemoquerieetrefus.
870 Sesconseillersdirent:«Nelaissepascetteinjusticedépassertouteslimites;neconduispasaussiloinlecoursierdel’obstination.»Ilfitmettredesmenottesauxconseillersetlesemprisonna;ilcommit
uneinjusticeaprèsl’autre.Quandl’affaireenvintàcepoint,uncris’éleva:«Arrête,ôbandit,car
notrevengeanceestarrivée.»Aprèsquoi,lefeuflamboyaàquaranteaunesdehaut,devintuncercle
etconsumacesjuifs.Leurorigineaudébutprovenaitdufeu:ilsretournèrentàlafinàleur
origine.Cesgensétaientnésdufeu:leparticuliervaversl’universel.Ils n’étaient qu’un feu pour consumer les vrais croyants : leur feu se
consumalui-même,commedesdétritus.CeluidontlamèreestHâwiya(lefeudel’Enfer),Hâwiyadeviendrasa
demeure.La mère de l’enfant est toujours à sa recherche : les fondements
recherchentlesdérivés.Si l’eau est emprisonnée dans un réservoir, le vent l’absorbe, car il
appartientàlasourceoriginelle.880 IIlalibère,ill’emporteverssasource,petitàpetit,detellesortequetu
nevoiespascommentillefait.Et demême nos âmes dérobent notre souffle, petit à petit, hors de la
prisondumonde.Les parfums de nos bonnes paroles montent jusqu’à Lui, s’élevant à
partirdenous-mêmesverslàoùDieusait.Nos souffles s’envolent avec les bonnes paroles, comme un présent
venantdenousverslademeuredel’éternité.Alors nous parvient la récompense de notre discours, une double
récompense:laMiséricordedeDieuleSublime.Puis Il nous fait répéter de bonnes paroles comme celles-là, afin que
Sonserviteurpuisseobtenirquelquechosedeplusquecequ’ilaobtenu.
Ainsi, nos paroles s’élèvent, tandis que la Miséricorde descendcontinuellement ;puisse-t-ellene jamaiscesser !Qu’ilensoitainsipourtoi!Parlonspersan* : la significationestquecetteattraction (de l’âmepar
Dieu)vientdumêmelieud’oùprovientcettesaveurspirituelle.Les yeux de tous restent tournés dans la direction où un jour ils
satisfirentleurdésirpourcedélice.Le délice de chaque catégorie est certainement dans sa propre
catégorie;ledélicedechaquepartie,note-le,estdanssatotalité;890 Oualorscettepartieestsûrementcapabledes’attacheràuneautre
catégorie,etquandelles’yestattachée,ellesdeviennenthomogènes.Ainsi, l’eau et le pain, qui n’étaient pas nos congénères, devinrent de
notresubstanceetaccrurentnosforces.L’eau et le pain ne semblent pas être nos congénères, mais si l’on
considèrelafin,regarde-lescommeétantdenotresubstance.Et si notre délice provient de quelque chose d’hétérogène, cela
ressemblerasûrementàcequiestdemêmesubstance.Ce qui ne présente qu’une apparence n’est qu’un prêt : un prêt est
impermanentàlafin.Bienquel’oiseausoitenchantéparlesifflet(del’oiseleur),ils’effraie
si,enlevoyant,ilnetrouvepassonproprecongénère.Bienquel’hommeassoiffésoitenchantépar lemirage, ils’enfuit loin
deluiquandilarriveauprèsdelui,etpartàlarecherchedel’eau.Bien que l’insolvable soit satisfait avec de l’or de mauvais aloi,
cependantcetorestdépréciédansl’hôteldesmonnaies.Prends garde que l’imposture ne te chasse du droit chemin, de peur
qu’uneimaginationtrompeusenetefassetomberdanslepuits.CherchecettehistoiredanslelivredeKalîla(etDimna**)ettires-enla
moralequ’ellecontient.
*Lescinqversprécédentssontenarabe.**Recueilde fablesprovenantde l’Inde (KalîlavaDimna), dont s’est inspirénotammentLaFontaine.
Commentlesanimauxdirentauliond’avoirconfianceenDieuetde
cesserdefairedesefforts
900 ngrandnombred’animaux,dansuneagréablevallée,étaientpourchassésparunlion.Étantdonnéquelelionsurgissaitdel’affûtetlesemportait,cepâturage
leurétaitdevenupénibleàtous.Ils ourdirent une ruse, et vinrent auprès du lion, disant : « Nous
assureronstacomplètesubsistanceaumoyend’uneredevance.«Nechasseaucuneproieendehorsdecetteredevance,afinquel’herbe
nenousdeviennepasamère.»
Commentlelionréponditauxanimaux
etleurexpliqualesavantagesdel’effort
ui,dit-il,sijetrouvechezvousdelabonnefoietnondelafraude,carj’aisouventvudesfraudeschezZaydetBakr*.«Jesuismortellementlasdelaruseetdelafraudedeshommes,jesuis
blesséparlamorsureduserpentetduscorpion.«Mais pire que tous les hommes, quant à la fraude et à la haine, est
l’hommecharnelquimeguetteàl’intérieurdemoi-même.«Monoreilleaentendu“lecroyantn’estpasmordudeuxfois”,etj’ai
adoptédetoutmoncœuretdetoutemonâmecetteparoleduProphète.»
*UnteletUntel
Commentlesanimauxaffirmèrentlasupérioritédelaconfianceen
Dieusurl’effortetlegain
Is dirent tous :« Ô sage plein de connaissances, renonce à laprudence:ellenesertàriencontreledécretdivin.« La prudence implique bouleversements et dangers. Va, place ta
confianceenDieu:laconfianceenDieuvautmieux.910 «NeluttepasaveclaDestinée,ôféroceetfurieuxquetues,depeur
quelaDestinéenetechercheaussiquerelle.«IlfautêtremortenprésencedudécretdeDieu,afinqu’aucuncoupne
puissevenirduSeigneurdel’Aurore21.»
Commentlelionmaintintlasupérioritédel’effortetdugainsur
laconfianceenDieuetlarésignation
ui, dit-il, mais si la confiance en Dieu est le véritable guide, seservirdesmoyensaussiestlarègle(Sunna)duProphète.« Le Prophète a proclamé hautement : “Tout en ayant confiance en
Dieu,attachelegenoudetonchameau.’’«Entendslasignificationde“CeluiquigagnesavieestaimédeDieu”;
tout en ayant confiance en Dieu, ne sois pas négligent quant auxmoyens.»
CommentlesanimauxpréférèrentlaconfianceenDieu
àl’effort
’assembléedesanimauxluirépondit,disant:«Considèrelegain,provenantdelafaiblessedescréatures,commeunebouchéedetromperieaccordéeàlatailledugosier.« Iln’yapasd’œuvremeilleureque laconfianceenDieu ;envérité,
quoidepluscheràDieuquelasoumission?«Onnefuitsouvent l’afflictionquepour tomberdansl’affliction;on
n’échappesouventauserpentquepourrencontrerledragon.«L’hommeapréparéuneruse,etsaruseétait(pourlui)unpiège:ce
qu’ilcroyaitêtrelavieétaitcequibuvaitsonsang.«Ilafermélaporte,etl’ennemisetrouvaitdanslamaison;larusede
Pharaonétaitunehistoiredecegenre.920 «Cethommecrueltuadescentainesdemilliersdepetitsenfants,tandis
queceluiqu’ilcherchaitétaitdanssapropremaison.«Puisquenotrevisionesttrèsimparfaite,quetaproprevues’anéantisse
(fanâ)danslavuedel’Ami.«Savueenéchangedelanôtre:quellerécompense!DansSavision,tu
trouverastoutl’objetdetondésir.«Tantquelepetitenfantnepouvaitriensaisir,nicourir,ilnepouvait
chevaucherquelecoudesonpère.«Lorsqu’ildevintturbulent,etfitdespiedsetdesmains,iltombadans
lesennuisetl’adversité.«Lesespritsdescréatures,avant lacréationde lamainetdupied,en
raisondeleurfidélitévolaientdansledomainedelapureté.«Lorsqu’ilstombèrentsouslecoupdel’ordredivin“Descendez22”,ils
devinrentcaptifsdelacolère,delacupiditéetducontentement.« Nous sommes de la famille du Seigneur, et assoiffés de lait ; le
(Prophète)adit:“LeshommessontdelafamilledeDieu.”«Celuiquinousdonnelapluiequivientducielestaussicapable,par
Samiséricorde,denousdonnerdupain.»
Commentlelionaffirmaànouveauquel’effortétaitsupérieuràla
confianceenDieu
ui,ditlelion;maisleSeigneurdescréaturesaplacéuneéchelledevantnospieds.
930 «Pasàpas,nousdevonsnouséleverversletoit;êtreunfataliste(djabrî)ici,c’estavoirdevainsespoirs.« Tu as des pieds : pourquoi te fais-tu boiteux ? Tu as des mains :
pourquoicaches-tutesdoigts?«Quand lemaîtremet une bêche dans lamain de son serviteur, son
intentions’estfaitconnaîtreàluisansparole.«Lamain comme la bêche sont les signesdeDieu ; le fait quenous
pensionsàlafinestSadéclarationclaire.« Si tu saisis Ses signes dans ton cœur, tu consacreras ta vie à t’y
conformer.« Il te donnera de nombreux indices des mystères, Il t’enlèvera ton
fardeauetteconféreral’autorité.«Portes-tu (Son fardeau) ? Il te fera emporter (vers le ciel).Reçoistu
(Sonordre)?Ilteferarecevoir(enSafaveur).«SituacceptesSonordre,tuendeviendrasletémoin:siturecherches
1’union(avecLui)tuLuiserasensuiteuni.«Tonlibrearbitre,c’esttoneffortpourremercierDieudeSesbienfaits;
tonfatalisme,c’estlanégationdecesbienfaits.« Rendre grâces pour le pouvoir (d’agir) augmente ton pouvoir ; le
fatalismeenlèvecebienfaitdelamain.940 «Tonfatalismeestcommedormirsurlaroute:nedorspas!Nedors
pasavantdevoirlaporteetleseuil!«Prendsgarde !Nedorspas, ô fataliste sansprudence, sauf sous cet
arbrechargédefruits.«Desortequ’àchaqueinstantleventpuisseagiterlesrameauxetfaire
pleuvoirsurledormeurdesdouceursetunviatique.«Lefatalisme,c’estdormiraumilieudesbrigands;commentsera-t-il
faitmerciàl’oiseauinopportun?« Et si tu dédaignes Ses signes, tu te crois un homme, mais, si tu
réfléchisbien,tuescommeunefemme.«Cettemesuredecompréhensionquetupossèdesestperdue:latêteà
laquelleonaretranchélacompréhensiondevientunequeue,«Parce que l’ingratitude est iniquité et honte ; elle amène l’ingrat au
fonddufeuinfernal.« Si tu mets ta confiance en Dieu, fais-le pour ton action : sème la
graine,etappuie-toisurleTout-Puissant.»
Commentlesanimauxaffirmèrentunefoisdepluslasupérioritédela
confianceenDieusurl’effort
ls semirent tousàcriercontre lui,disant :«Cesgensavidesquiontsemélagrainedesmoyens,
950 «Cesmyriadesetdesmyriadesd’hommesetdefemmes,pourquoidoncsont-ilsdemeurésprivésdeprospérité?«Desmyriadesdegénérations,depuislecommencementdumonde,ont
ouvertcentbouches,commelesdragons:«Ces gens intelligents ourdirent des ruses telles que lamontagne fut
arrachéedesesbases.«LeDieudeMajestéadécritleursruses:“Mêmesileursstratagèmes
étaientassezpuissantspourdéplacerlesmontagnes23.”«Mais,sauf le lotqui leurétaitpréparédepuis1’éternité, rienne leur
advintdecequ’ilsavaientprojetéetdeleursefforts.« Ils échouèrent dans tous leurs plans et actions : les actes et les
commandementsduCréateurdemeurent.«Ôhommenoble,neconsidèrepasl’actionautrementquecommeun
nom ;ôhommehabile,necroispasque l’effort soit autre chosequ’uneillusion.»
CommentAzrâ’;îlregardaunhomme,etcommentcethomme
courutverslepalaisdeSalomon;etexpliquantlasupérioritéde
laconfianceenDieusurl’effort,etl’inutilitédecedernier
n matin, un homme noble arriva en courant dans la salled’audience de Salomon, pâle d’angoisse, et les lèvres bleuies. Salomondit:«Beausire,qu’ya-t-il?»Ilrépondit:«Azrâ‘îlm’alancéuntelcoupd’œil,sipleindecourroux
etdehaine!»« Allons, dit le roi, que désires-tu à présent ? Demande-le. » « O
protecteurdemavie,répondit-il,ordonneauvent960 Dem’emporterd’icienInde.Peut-êtrequelorsquetonserviteursera
arrivélà-bas,ilsauverasavie.»Envérité, lesgenscherchentàéchapperà lapauvreté ;c’estpourquoi
ilssontlaproiedelacupiditéetdudésir.Lacraintedelapauvretéestsemblableàlaterreurdecethomme:sache
quelacupiditéetl’effortsontsymbolisésiciparl’Inde.Salomon ordonna au vent de l’emporter rapidement par-dessus l’eau
jusqu’aufinfonddel’Inde.Le lendemain, lors de la conférence et de la réunion, Salomon dit à
Azrâ‘îl:«As-turegardéaveccolèrecemusulman,desortequ’ildoiveerrerloin
dechezlui?»Azrâ‘îl répondit : « Quand l’ai-je regardé avec colère ? Je l’ai vu,
commejepassais,etl’airegardéavecétonnement,« Car Dieu m’avait donné un ordre : “Aujourd’hui, dans l’Inde, tu
prendrassonâme.”«D’émerveillement, jeme suisdit : “Mêmes’il a cent ailes, c’estun
bienlointainvoyagepourluiqued’êtreenInde(aujourd’hui).”»Jugedecettefaçontouteslesaffairesdecemonde:ouvretesyeux,et
vois.970 Dequinousenfuirons-nous?denous-mêmes?Quelleimpossibilité!
Dequinouséloignerons-nous?deDieu?Quelmalheur!
Commentlelionaffirmaànouveauquel’effortestsupérieuràla
confianceenDieu,etexposalesavantagesdel’effort
ui, dit le lion, mais en même temps, considérez les efforts desprophètesetdesvraiscroyants.«DieuleTrès-Hautafaitprospérerleurseffortsetcequ’ilsontsubidu
faitdel’oppression,delachaleuretdufroid.« Leurs plans étaient excellents en toutes circonstances ; toute chose
faiteparunhommebonestbonne.« Leurs lacets prirent au piège l’oiseau céleste, leurs manques se
transformèrentenaccroissement.»Ô ami, efforce-toi aussi longtemps que tu le peux dans la voie des
prophètesetdessaints!L’effort n’est pasun combat avec leDestin, parceque c’est leDestin
lui-mêmequinousaimposéceteffort.Jesuisunimpiesiquelqu’unajamaissubideperteunseulinstanten
suivantlavoiedelafoietdel’obéissance.Tatêten’estpasbrisée;nelacouvrepasd’unbandage.Faisquelques
joursd’efforts,etlivre-toiaurireàjamais!C’est une mauvaise demeure qu’a cherchée celui qui a recherché ce
monde;c’estunbonétatqu’acherchéceluiquiarecherché lemondeàvenir.
980 Lesrusespourgagnerleschosesdecemondesontsansvaleur;maislesrusespourrenonceràcemondesontinspiréesparDieu.La ruse (intelligente) est que le prisonnier creuse une issue dans son
cachot;s’ilfermecetteissue,c’estunerusestupide.Cemondeestuneprison,etnousensommeslesprisonniers:creuseun
troudanslaprisonetévade-toi!Qu’est-cequecemonde?C’estêtreoublieuxdeDieu;cen’estpasles
marchandises,l’argent,lesbalancesetlesfemmes.Quant à la richesse que tu possèdes pour 1’amour de la religion,
«combienestbonnelarichesselégitime!»aditleProphète.L’eaudansunbateauest la ruinedubateau,mais l’eausous lebateau
estunappui.Commeilavaitchassédesoncœurledésirdelarichesseetdesbiens,
Salomon, pour cette raison, ne se désignait lui-même autrement que«pauvre».Lajarrefermée,bienquedansdeseauxagitées,flottesurl’eauàcause
desoncœurremplid’air.Quandl’airdelapauvretéestàl’intérieurdequelqu’un,ilsereposeen
paixsurleseauxdecemonde.Bienquecemondetoutentiersoitsonroyaume,auxyeuxdesoncœur,
ceroyaumen’estrien.990 Fermedoncetscellelabouchedetoncœur,etremplis-leavecl’air
divin.L’effortestuneréalité,et leremèdeet lamaladiesontdesréalités ; le
sceptiqueenniantl’effortaeffectuéuneffort.
Commentfutétablielasupérioritédel’effort
surlaconfianceenDieu
e lion donna plusieurs preuves de ce genre, de sorte que cesfatalistessefatiguèrentàluirépondre.Lerenard,lagazelle,lelièvreetlechacalrenoncèrentàladoctrinedu
fatalismeetàladiscussion.Ils firentdesaccordsavec le lionfurieux,(l’assurant)qu’ilnesubirait
aucunepertedanscepacte,Quesa ration journalière luiviendrait sansennui, etqu’iln’auraitpas
besoindefaired’autreréclamation.Jouraprès jour,celui surqui tombait le sortcouraitvers le lion,aussi
vitequ’unguépard.Quandcettecoupe(mortelle)arrivaaulièvre,lelièvres’écria:«Eh!
quoi!combiendetempsdureracetteinjustice?»
Commentlesanimauxblâmèrentlelièvre
poursonretardàserendreauprèsdulion
’assemblée des animaux lui dit : « Tout ce temps, nous avonssacrifiénosviesloyalementetfidèlement.«Necherchepasànousdiscréditer,ôrévolté!Depeurquelelionne
soitcourroucé,va-t’en,va-t’en!Vite,vite!»
Commentlelièvreréponditauxanimaux
1000 mesamis!dit-il,accordez-moiundélai,afinque,grâceàmaruse,vouspuissiezéchapperàlacalamité,« Que, grâce à ma ruse, vos vies puissent être sauvées et que cette
sécuritédemeureenhéritagepourvosenfants.»Chaqueprophète,auseindespeuples,avaitcoutumedelesappelerde
cettefaçonversunlieudesalut,CarilavaitvuduCiellavoiedel’évasion,bienqu’àleursyeuxilfût
aussipetitquelapupilledel’œil.Les hommes le considéraient aussi petit que la pupille ; personne ne
parvenaitàcomprendrelavéritablegrandeurdecettepupille.
Commentlesanimauxélevèrentdesobjections
contrelapropositiondulièvre
esanimauxluidirent:«Ôâne,écoute!Tiens-t’enauxlimitesd’unlièvre!«Hé,qu’est-cequecettehâblerie—queceuxquivalentmieuxquetoi
n’amenèrentjamaisàleuresprit?« Tu es rempli de vanité, ou bien le Destin nous poursuit ; sinon,
commentcediscoursconvient-ilàquelqu’uncommetoi?»
Commentlelièvreréponditdenouveauauxanimaux
1dit:«Ômesamis,Dieum’aaccordéuneinspiration:àunêtrechétifestadvenuunsageconseil.»CequeDieuaenseignéauxabeillesn’estpascequiestpourlelionet
l’onagre.1010 L’abeillefabriquedesmaisonsdeliqueursucrée:Dieuluiaouvertla
portedecetteconnaissance.Ce que Dieu a enseigné au ver à soie — un éléphant connaît-il cet
artifice?Adam, créé de terre, a appris de Dieu la connaissance : cette
connaissanceaenvoyédesrayonsjusqu’auseptièmeciel.Il brisa le renom et l’orgueil des anges, à la honte de celui qui a des
doutesconcernantDieu.Quantàl’ascètedetantdemilliersd’années—Iblîs*—Dieuenafait
unemuselièrepourcejeuneveau(Adam),Afinqu’ilnepuisseboirelelaitdelaconnaissancereligieuseetqu’ilne
puisseerrerautourdecechâteauélevé.Les sciences de ceux qui suivent le sens (ésotérique) devinrent une
muselière,detellesortequeceux-cinepuissentrecevoirdulaitprovenantdecetteconnaissancesublime.MaisdanslagouttedesangducœuresttombéunjoyauqueDieun’a
pasdonnéauxmersniauxcieux.Combiendetempsconsidéreras-tulaforme?Aprèstout,ôadorateurde
laforme,tonâmedépourvuederéalitén’a-t-ellepaséchappéàlaforme?Si un être humain était un homme en raison de sa forme, Ahmad
(Mohammad)etBûDjahlseraientexactementlesmêmes.1020 LapeinturesurlemurestcommeAdam:voisd’aprèscettepeinturece
quimanqueenelle.C’est l’esprit quimanque à cette formemerveilleuse : va chercher ce
joyaurarementtrouvé!LestêtesdetousleslionsdumondeétaientbassesquandDieuaccorda
SafaveurauchiendesCompagnons(delacaverne).Quelle perte souffrit-il à cause de cette forme détestable, puisque son
espritétaitplongédans1’océandelalumière?Il n’appartient pas aux plumes de décrire la forme : « savant » et
«juste»seréfèrentàdesindividus.«Savant»et«juste»sontseulementlasignificationquetunetrouves
nidansl’espace,nidevant,niderrière.Cesqualitésparviennentaucorpsàpartirdunonspatial ; le soleilde
l’âmenepeutpasêtrecontenudanslefirmament.
*NomdeSatan.
Explicationdelaconnaissancedulièvreetdel’excellenceetdesavantagesdelaconnaissance
esujetn’apasdefin.Soisattentif!Écoutel’histoiredulièvre.Vendstonoreilled’âneetachèteuneautreoreille,carl’oreilled’ânene
saisirapascesparoles.Considèrelesrusesderenardpratiquéesparlelièvre;voiscommentle
lièvreourditunstratagèmepourattraperlelion.1030 LaconnaissanceestlesceauduroyaumedeSalomon:lemondeentier
estforme,etlaconnaissanceestesprit.Acausedecettevertu,lescréaturesdesmersetcellesdelamontagneet
delaplainesontimpuissantesdevantl’homme.Le léopardet le lion lecraignent,commelasouris ;àcausede lui, le
crocodiledugrandfleuveesteffrayéetagité.Périetdémonl’ontfuiverslesrives;chacunacherchérefugedansune
cachette.L’hommeamaintennemisecret:l’hommeprudentestsage.Il y a des créatures cachées, mauvaises et bonnes : à chaque instant,
leurscoupsfrappentlecœur.Situvasdanslarivièrepourtelaver,uneépinedansl’eauteblesse.Bien que l’épine soit cachée dans les profondeurs de l’eau, tu sais
qu’elleestlà,puisqu’elletepique.Les piqûres des inspirations (angéliques) comme celles des tentations
(diaboliques)proviennentdemilliersd’êtres,nonpasd’unseul.Attends que tes sens soient transmués, afin de pouvoir percevoir les
chosescachées,etquetonproblèmesoitrésolu.1040 Afinquetupuissesvoirquelssontlesmotsquetuasrejetés,etquels
sontceuxdonttuasfaittonmaître.
Commentlesanimauxsupplièrentlelièvredeleurdire
lesecretdesespensées
nsuite, ils dirent:«Ô lièvre agile, informe-nous de ce qui est danstonesprit.«Ôtoiquit’esaffrontéàunlion,raconteleprojetauqueltuaspensé.«Leconseildonneperceptionetcompréhension : l’esprit estaidépar
lesautresesprits.« Le Prophète a dit : “Ô conseiller, recherche le conseil, car on a
confianceenceluidontonrecherchelesconseils.”»
Commentlelièvreleurcachasonsecret
ldit :«Onnedevraitpasrévéler tous lessecrets : ilarriveparfoisqueleschiffrespairsdeviennentimpairs,etparfoisqueleschiffresimpairsdeviennentpairs.»Si par naïveté tu souffles des mots sur un miroir, le miroir aussitôt
s’obscurcitpournous.N’ouvrepaslabouchepourexpliquercestroischoses:tondépart,ton
orettareligion;Carpourcestroischosesilyaunadversaireetunennemiquiteguette
quandillesait.Etsituledisàuneoudeuxpersonnes,adieu!Chaquesecretquivaau-
delàdesdeux(quilepartagent)estpubliéauloin.1050 Situattachesdeuxoutroisoiseauxensemble,ilsrestentsurlesol,
captifsduchagrin;Mais ils se consultent de façon secrète pour cacher leur dessein et
induireenerreurceuxquilesregardent.Le Prophète interrogeait de façon détournée, et ses compagnons lui
répondaientsanslesavoir.Ildonnaitsonopinion,cachéedansuneparabole,afinque1’adversaire
nedistingueniledébut,nilafin.LeProphèterecevaitsaréponse,sansquel’autreaitpupercevoirlesens
desaquestion.
Lestratagèmedulièvre
1tardaunpeuàpartir,puisilserenditauprèsdulionféroce.Commeils’étaitmisenretard,leliondéchiraitlaterreetrugissait.«J’avaisbiendit,criaitlelion,quelapromessedecesêtresvilsserait
vaine,vaine,fragile,etinexécutée.«Leurbavardagem’atrompé;combiendetempsceTempsva-t-ilme
leurrer,combiendetemps?»Leprincedéraisonnableestlaissédansl’embarraslorsque,enraisonde
sastupidité,ilneregardenienavantnienarrière.1060 Larouteestunieetau-dessoussetrouventdespièges:parmilesnoms,
ilyaunmanquedesignifications.Lesmots et les noms sont comme des pièges : la parole suave est le
sablequiboitl’eaudenotreâme.Leseulsabled’oùjaillitl’eausetrouverarement:vaàsarecherche.Celuiquirecherchelasagessedevientunesourcedesagesse;ildevient
indépendantdesacquisitionsetdesmoyens.La tablettequigarde (soncœur)devientuneTablettebiengardée*; sa
compréhensionestenrichieparl’Esprit.Lorsque la compréhension d’un homme a été son maître, après cela,
cettecompréhensiondevientsonélève.Lacompréhensiondit,commeGabriel:«ÔAhmad,sijefaisunpasde
plus,celamebrûlera.« Laisse-moi, à présent avance seul : c’est là ma limite, ô sultan de
l’âme!»Quiconque,parinsouciance,demeuresansactiondegrâcesnipatience
n’ad’autrepossibilitéqued’emboîterlepasàlanécessité(djabr).Quiconqueplaidelanécessité(commeexcuse)feintd’êtremalade,etle
résultatestquecelal’amèneautombeau.1070 LeProphèteadit:«Lamaladieprétendueparplaisanterieproduitune
maladieréelle,desortequeleplaisantins’éteintcommeunelampe.»Qu’est-cequeledjabr?Banderunmembrebriséouligatureruneveine
coupée.Puisquetunet’espascassélepieddanscechemin,dequitemoques-
tu?Pourquoiavoirmisunbandagesurtonpied?Maisceluiquis’estbrisélepieddanslesentierdel’effort,Burâq*est
venuàlui,etill’achevauché.
Ilétaitleporteurdelavraiereligion,etildevintporté;ilétaitacceptantdel’Ordredivin,etildevintaccepté.Jusqu’alors, il recevaitdesordresduRoi ;dorénavant, il transmetaux
genslesordresduRoi.Jusqu’àprésent, lesétoiles l’influençaient ;désormais, ilgouverne les
étoiles.Silaperplexiténaîtdanstonesprit,alorstuaurasdesdoutessurLalune
sefend24.Rafraîchis ta foi,maisnonavecdesparolesde tabouche,ô toiquias
secrètementrafraîchitesmauvaisdésirs.Tantqueledésirestfrais,lafoin’estpasfraîche,carc’estcedésirqui
tefermecetteporte.1080 TuasinterprétélesensdelaParolesanstache:change-toitoi-même,et
nonleLivresaint.Tu interprètes leQor’ân selon ton désir : par toi, le sens sublime est
altéréetperverti.
*Lawh-i-Mahfûz, tablette céleste sur laquelle toutes choses sont inscrites pourTéternité.*Coursier censé avoir emporté leProphèteMohammad lors de son ascensioncéleste(Mirâdj).
Labassessedelavileinterprétationdonnéeparlamouche
amoucherelevaitlatête,commeunpilote,surunboutdepailleetuneflaqued’urined’âne.« Je les ai dénommés mer et bateau, dit-elle. J’ai réfléchi pendant
longtempsàcetteinterprétation.«Voyez!Voicicettemeretcebateau,etjesuishabileàlanavigationet
judicieuse.»Elle faisait avancer le radeau sur la «mer » : cette petite quantité lui
paraissaitsanslimites.Cetteurine,par rapportàelle, était illimitée :oùétait lavisionqui la
percevraitenvérité?Sonunivers s’étend juste aussi loin qu’atteint sa vue ; sonœil a telle
grandeur,sa«mer»estdemêmeproportion.IlenvademêmedeceluiquiinterprètefaussementleQor’ân:comme
lamouche, son imagination est aussi vile que l’urined’âne, et ses idéespareillesàdelapaille.Si lamouche renonceà interpréterselonsapropreopinion, laChance
transformeracettemoucheenunHomâ*.1090 Celuiquipossèdeunenotiondusensvéritablen’estpasunemouche:
sonespritn’estpassimilaireàsaformeextérieure.
*Oiseaufabuleuxcenséapporterlachance.
Commentlelionrugissaitdefureuràcauseduretarddulièvre
insiparexemplelelièvrequiattaqualelion;commentsonespritétait-ilàlamesuredesoncorps?Le lion, de fureur et de rage, disait : « Jeme suis laissé aveugler en
prêtantl’oreilleàmonennemi.«Lesrusesdesfatalistesm’ont ligoté, leurépéedeboisablessémon
corps.«Désormais,jen’écouteraiplusleurbavardage,toutceciestsemblable
aucridesdémonsetdesgoules**.«Ômoncœur,mets-lesenpièces,netardepas;déchireleurpeau,car
ilsn’ontrienquedelapeau.»Qu’est-ce que la peau ?Les paroles vaines, telles des ondulations sur
l’eau,dépourvuesdepermanence.Sachequecesmotssontcomme1’écorce,etlesenscommelenoyau;
cesmotssontcommelaforme,etlesenscomme1’esprit.L’écorce dissimule le défaut du mauvais noyau ; elle cache aussi
jalousementlessecretsdubonnoyau.Quandlaplumeestdeventetleparchemind’eau,toutcequetuécris
disparaîtrapidement.1100 C’estécritsurl’eau;situychercheslaconstance,tutemordrasles
doigts.Levent,chezleshommes,c’estlavanitéetledésir;quandvousavez
renoncéàlavanité,arrivelemessagedeDieu.DouxsontlesmessagesduCréateur,carilsdurentéternellement.Leskhutba*pour les roischangent,etaussi leurempire ; (toutpasse),
saufl’empireetleskhutbadesprophètes.Carlapompedesroisvientdelavanité,tandisqueleglorieuxprivilège
desprophètesvientdelaMajestédivine.Les noms des rois sont effacés des dirhams, mais le nom de Ahmad
(Mohammad)estgravésureuxàjamais.Le nom deAhmad est le nom de tous les prophètes ; si l’on compte
cent,celacomprendquatre-vingt-dix-neuf.
**Vampirefemelledeslègendes.*Sermons.
Nouveaurécitdustratagèmedulièvre
elièvretardabeaucoupàpartir;ilserépétaitàlui-mêmelesruses(qu’ilprojetait).Aprèsunlongretard,ilsemitenroute,afindepouvoirdireunoudeux
secretsàl’oreilledulion.Combien demondes se trouvent dans la Raison ! Combien vaste est
l’océandelaRaison!1110 Danscedouxocéan,nosformessemeuventrapidement,commedes
coupesàlasurfacedel’eau;Avantd’être remplies,elles flottentcommedes récipients sur lamer ;
maisquandlerécipientestrempli,ilsombre.La Raison est cachée, et seul lemonde phénoménal est visible ; nos
formesensontlesvaguesoulesgouttelettes.Quelle que soit la chose dont la forme se sert pour s’approcher de la
Raison,parlemêmemoyen,l’océandelaRaisonrejettelaformeauloin.TantquelecœurnevoitpasCeluiquidonnelaconscience,tantquela
flèchenevoitpasïArcherquitiredeloin,Cet(aveugle)croitquesonchevalestperdu,toutenfaisantgaloperson
chevalsurlaroute.Il croit que son cheval est perdu, tandis que son cheval l’emporte en
avantcommelevent.Ilselamenteets’enquiertdeporteenporte,cetinsensé,danstoutesles
directions,demandantetcherchant:«Quiestceluiquiavolémoncheval?Oùest-il?»«Quelestdonccet
animalquetuchevauches,ômonmaître?»«Oui, c’est lecheval,maisoùest lecheval?»Ôcavalierhabilequi
cherchestoncheval,reviensàtoi-même!1120 L’espritestperdudevueenraisondesonévidenceetdesaproximité:
commentpeux-tu,leventreremplid’eau,avoirleslèvressèchescommeunejarre?Comment percevras-tu le rouge, le vert, le roux, à moins de voir la
lumièreavantcestroiscouleurs?Mais,commetonespritétaitabsorbédans laperceptionde lacouleur,
cescouleurssontdevenuespourtoiunvoiledissimulantlalumière.Étantdonnéquelanuitcescouleursétaientcachées,tuascomprisque
tavisiondelacouleurprovenaitdelalumière.Iln’yapasdevisionde lacouleur sans la lumièreextérieure ;même
ainsi,elleestaveclacouleurdel’imaginationintérieure.Cette lumière (extérieure)provientdusoleiletde l’étoileSuhâ, tandis
quelalumièreintérieurevientdurefletdesrayonsdelasplendeurdivine.La lumière qui confère la lumière à l’œil est en réalité la lumière du
cœur;lalumièredel’œilprovientdelalumièredescœurs.EtlalumièrequidonnelalumièreaucœurestlaLumièredeDieu,qui
estpureetdistinctedelalumièredel’intelligenceetdessens.Durantlanuit,iln’yapasdelumière:tunevoispaslacouleur;puisla
lumièreestrenduemanifesteparsoncontraire.D’abord vient la vue de la lumière, puis la vue de la couleur ; et tu
connaiscelaimmédiatementparlecontrairedelalumière(l’obscurité).1130 Dieuacréélasouffranceetlechagrinafinquelebonheursoitrendu
manifestegrâceàcetteopposition.Leschosescachéessontrenduesmanifestesparleurscontraires:étant
donnéqueDieun’apasd’opposé,Ilestcaché.Car la visionperçut d’abord la lumière, puis la couleur : l’opposé est
rendumanifesteparsonopposé,commelesGrecsetlesEthiopiens.C’estpourquoi tuconnais la lumièrepar sonopposé ; l’opposé révèle
l’opposéenseproduisant.La Lumière de Dieu n’a pas d’opposé dans tout ce qui existe, qui
puisse,aumoyendecetopposé,Lerendremanifeste.Aussi,nosyeuxneLeperçoiventpas,bienqu’ilnousvoie;comprends
celagrâceàl’exempledeMoïseetdumontSinaï.Sachequelaformesurgitdel’espritcommeleliondelajungle,oula
voixetlediscoursdelapensée.Ce discours et cette voix sont nés de la pensée ; tu ne sais pas où se
trouvelamerdelapensée.Mais,commetuasvuquelesvaguesdelaparoleétaientbelles,tuassu
quèleurmer,elleaussi,étaitsublime.Quand les vagues de la pensée se sont précipitées de l’océan de la
Sagesse,laSagesseleuraconférélaformedelaparoleetdelavoix.1140 LaformeestnéedelaParole,etestmorteànouveau;lavagues’est
retiréeànouveaudanslamer.Laformeestvenuedecequiestsansformeetyest retournée,caren
vérité,c’estàLuiquenousretournons25.Achaqueinstant, tumeurset tureviens.LeProphèteadéclaréquece
monden’étaitqu’uninstant.
Notre pensée est une flèche tirée par Dieu ; comment pourrait- elledemeurerenl’air?Elleretourneàlui.Achaqueinstant,cemondeetnous-mêmessommesrenouvelés,etnous
ne sommes pas conscients de son perpétuel changement, tandis que sonapparencedemeure.La vie s’y déverse constamment comme un fleuve, bien que
corporellementelleprésentel’apparencedelacontinuité.C’estàcausedesarapiditéqu’ellesemblecontinue,tellel’étincelleque
tufaistournoyeravectamain.Demêmequ’untisonquel’onfaitvirevolteroffrel’aspectd’unelongue
lignedefeu.Lemouvementrapideproduitparl’actiondeDieuprésentecettedurée
commeprovenantdelavitessedel’actiondivine.Même si le chercheur de ce mystère est un homme extrêmement
instruit, dis-lui : « Tu trouveras enHusâm-od-Dîn*, comme en un livresublime,laclédecemystère.»
*Husâm-od-DînTchelebî.
L‘arrivéedulièvreauprèsdulion,etlacolèredulioncontrelui
1150 elion,enflammédecolère,courroucé,enragé,aperçutlelièvrearrivantdeloin,Courant,sansinquiétudeetl’airassuré,paraissantfâché,furieux,excité
eténervé,Carenvenanthumblement,celaauraitcausédessoupçons,tandisque,
parsonaudace,toutecausededoute,pensait-il,seraitécartée.Quandilfutvenuplusprès,àl’endroitduseuil,lelions’écria:«Hé!
misérable!« Moi qui ai mis des bœufs en pièces, moi qui ai vaincu l’éléphant
féroce,«Qu’est-cequ’un lièvre, simpled’esprit, qu’ilpuisseainsidésobéir à
mesordres?»Renonceausommeiletàlanégligencedulièvre!Prêtel’oreille,ôâne,
aurugissementdecelion!
Lesexcusesdulièvre
itié!s’écrialelièvre.J’aiuneexcuse,silepardondetaSeigneurievientàmonsecours.»« Quelle excuse ? dit le lion, ô toi le pire des imbéciles ! Est-ce le
momentdevenirenlaprésencedesrois?« Tu es un oiseau importun, il faut te couper la tête. On ne doit pas
écouterlesexcusesd’unsot.1160 «L’excusedel’imbécileestpirequesoncrime;l’excusedel’ignorant
estlepoisonquidétruitlasagesse.« Ton excuse, ô lièvre, est dépourvue de sagesse ; ai-je des oreilles
d’âne,pourquetulamettesdansmonoreille*?»«Ô roi, répondit-il, considèrecommedouédevaleurceluiquin’ena
point;entendsl’excusedeceluiquiasubil’oppression.«En particulier, en tant qu’action de grâces pour ta haute dignité, ne
chassepashorsdelavoieceluiquiaperdusavoie.«L’océan,quidonnedel’eauàchaqueruisseau,portesursatêteetsa
facetoutebrindille.«Parcettegénérosité, lamernedevientpasmoindre ; lamern’estni
augmentéenidiminuéeparsagénérosité.»Leliondit:«J’octroierailagénérositélàoùilconvient,jetaillerailes
habitsdechacunselonsastature.»«Écoute,s’écrialelièvre,sijenesuispasunobjetdignedegrâce,je
m’abandonneàtavengeance.«Aumomentdudéjeuner, jemesuismisenroute, jesuisalléversle
roiavecmoncamarade.«Cetteassemblée(desanimaux)avaitdésigné,àcausedetoi,unautre
lièvrepourêtremoncompagnonetmoncamarade.1170 «Surlaroute,unlionaattaquétonesclaveetlesdeuxcompagnonsde
voyagequiserendaientauprèsdetoi.«Je luidis :“Noussommes lesesclavesduRoidesrois, leshumbles
serviteursdecettenobleCour.”« Ildit : ‘ ‘LeRoides rois !Quiest-ce?Aieunpeudepudeur !Ne
mentionnepasenmaprésencen’importequelvaurien!“Toiettonroi,jevousmettraienpièces,sitoiettonamivousvousen
allezdechezmoi.”«Jeluidis:“Laisse-moicontemplerencoreunefoislevisageduroiet
luiapporterdesnouvellesdetoi.”«Ilrépondit :“Laissetoncamaradeauprèsdemoiengage;sinon, tu
serassacrifié,conformémentàmaloi.”«Nouslesuppliâmesardemment;celaneservitàrien.Ils’emparade
monami,etmelaissapartirseul.«Monamiétaitsidoduqu’ilenvalaittroiscommemoipourlagrâce,
labeautéetlecorps.« Désormais, cette route est barrée par ce lion ; le fil de notre
conventionestrompu.« Renonce dorénavant à l’espoir de ce qui t’est alloué : je te dis la
vérité,etlavéritéestamère.1180 «Situveuxtonlot,nettoielechemin!Va,faisfuircetinsolent.»
*LemotpersandèsignamIeliévreestKhargûsh,«quiadesoreillesd’âne».
Commentlelionréponditaulièvreetsemitenrouteaveclui
iens, pour l’amour deDieu, dit-il, fais-moi voir où il est ; va enavant,situdisvrai,«Afinquejepuisseluiinfliger,àluietàunecentainedesespareils,le
châtimentqu’ilsméritent;ou,sic’estunmensonge,quejepuissetepunircommetulemérites.»Lelièvresemitenroute,entête,commeunguide,afindeconduirele
lionverssonpiège,Vers lepuitsqu’ilavaitchoisi : ilavait faitdupuitsprofondunpiège
pourlaviedulion.Ainsi, tous deux allèrent jusqu’auprès du puits. Ce lièvre était (aussi
trompeur)quedel’eaucachéesouslapaille.L’eauemporteunbrindepaille jusqu’à laplaine ;comment, jeme le
demande,lapailleemportera-t-elleunemontagne?Lepiègedecetteruseétaitunlacetpourlelion:quelmerveilleuxlièvre
quiemportaitunlioncommesaproie!Un Moïse fait se noyer Pharaon, avec son armée et ses troupes
puissantes,danslefleuveNil.Unsimplemoucheron,aveclamoitiéd’uneaile,fendavecintrépiditéle
crânedeNemrod*.1190 Considèrel’étatdeceluiquiaprêtél’oreilleauxparolesdesonennemi,
etlarétributiondeceluiquiestdevenul’amidel’envieux—L’étatd’unPharaonquiécoutaHaman,etl’étatd’unNemrodquiécouta
Satan.Tonennemi,mêmes’ilparledefaçonamicale,sachequec’estunpiège,
bienqu’ilteparledel’appât.S’iltedonnedusucre,considère-lecommedupoison;s’ilfaitquelque
caresseàtoncorps,considère-lacommeuneblessure.Quand leDestin survient, tunevoisque l’apparence, tunedistingues
paslesennemisdesamis.Puisqu’ilenestainsi,livre-toiàunehumblesupplication,applique-toià
gémir,glorifierDieu,etjeûner.Lamente-toicontinuellement,encriant:«ÔToiquiconnaisleschoses
cachées,nenousécrasepassouslapierred’unartificemauvais.«ÔCréateur du lion, si nous nous conduisons commedes chiens, ne
faispasbondirsurnouslelionhorsdecetaffût.«Nedonnepasàl’eaudoucelaformedufeu,nedonnepasaufeula
formedel’eau.«QuandTunous rends ivresduvindeToncourroux,Tudonnesaux
chosesnonexistanteslaformedel’existence.»1200 Qu’est-cequecetteivresse?Cequienlèveauxyeuxlavéritablevision,
desortequ’unepierreparaîtunjoyau,etlalaine(pashm)dujaspe(yashm).Qu’est-cequecetteivresse?Laperversiondessens,latransformation,
pourlesyeux,duboisdetamarisenboisdesantal.
* Allusion à la légende selon laquelle Nemrod aurait été tourmenté par unmoustique.
HistoiredelahuppeetdeSalomon,montrantquelorsque
advientladestinéedivine,lesyeuxsontscellés26
uand la tente fut dressée pour Salomon, les oiseaux vinrent luirendrehommage.Ilsdécouvrirentqu’ilparlaitleurlangageetétaitproched’eux:unàun,
ils.sehâtèrentavecuneâmeardenteensaprésence.Tous les oiseaux, après avoir cessé de gazouiller, en parlant avec
Salomonparlèrentplusdistinctementquevotreproprefrère.Parler lamême langueestuneparentéetuneaffinité :unhomme,en
compagnie de ceux à qui il ne peut se confier, est semblable à unprisonnierenchaîné.Oh,biendesIndiensetdesTurcsparlentlamêmelangue;etnombreux
sontlescouplesdeTurcsquisontl’unenversl’autredesétrangers.C’est pourquoi le langagede la compréhensionmutuelle est différent,
envérité:êtreunparlecœurvautmieuxqu’êtreunparlalangue.Sans paroles et sans signes ni écritures, des centaines de milliers
d’interprètessurgissentducœur.Touslesoiseaux,concernantleurssecretsd’adresse,deconnaissanceet
depratique,1210 EnfaisaientchacunlarévélationàSalomon,etcélébraientleurpropre
louangeenvuedeluisoumettreunerequête,Nonparorgueilouvanité,maisafinqu’illeuraccordeaudience.Quand un captif désire qu’un seigneur l’achète, il lui présente un
résumédesestalents.Mais quand il répugne à être acheté par lui, il se présente comme
malade,paralysé,sourdetboiteux.Ce fut au tour de la huppe et de son habileté et l’explication de son
adresseetdesaprudence.« Ô roi, dit-elle, je n’indiquerai qu’un seul talent, qui est minime :
mieuxvautparlerbrièvement.»« Raconte, dit Salomon. Fais-moi entendre ce qu’est ce talent. » La
hupperépondit:«Aumomentoùjesuisauzénith,«Jeregardedepuislezénithavecl’œildelacertitudeetjevoisl’eauau
fonddelaterre,
« De telle sorte que je sais ce que c’est et quelle est sa profondeur,quelleestsacouleur,d’oùellejaillit—del’argileouduroc.«ÔSalomon,dansl’intérêtducampement,detonarmée,conserveavec
toicetoiseausagelorsdetesexpéditions.»1220 AlorsSalomondit:«Ôboncompagnondansdevastesdéserts
dépourvusd’eau!»
Commentlecorbeauattaqualaprétentiondelahuppe
uandlecorbeauentenditcela,parenvieils’envintdireàSalomon:«Elleaparlémaletfaussement.«Iln’estpasrespectueuxdeparlerenprésenceduroi,surtoutpourdire
desmensongesetsevanterdefaçonstupide.«Si elle avait toujourspossédé cettevueperçante, commentn’aurait-
ellepasvulepiègecachésousunepoignéedeterre?«Comment aurait-elle été prise dans le piège ?Comment serait- elle
entrée,bongrémalgré,danslacage?»AlorsSalomondit:«Ôhuppe,est-iljustequecetteliesoitprovenuede
toiàlapremièrecoupe?«Ôtoiquiasbudubabeurre,commentprétends-tuêtreivreettevanter
enmaprésenceetenoutrediredesmensonges?»
Laréponsedelahuppeàl’attaqueducorbeau
lledit:«Ôroi,pourl’amourdeDieu,n’écoutepaslesparolesdemonennemicontremoi,pauvremisérablequejesuis.« Si ce que je revendique n’est pas vrai, je posema tête devant toi :
coupe-moilecou.«Lecorbeau,quinecroitpasàl’autoritédeladestinéedivine,c’estun
impie,mêmes’iladesmilliersd’astuces.1230 «Tandisquesetrouveentoiunsimplekdérivédekâfïrân(infidèles),
tueslesiègedelapuanteuretdudésir.«Jevoislepiègequandjesuisenl’air,siladestinéedivinenevoilepas
l’œildemonintelligence.« Quand arrive le Destin divin, la sagesse s’endort, la lune devient
noire,lesoleilcessedebriller.«Commentcettedispositiondeschosesparladivinedestinéeserait-elle
étrange?Sachequec’estparleDestindivinquel’infidèlenecroitpasauDestindivin.»
Histoired’Adam(surluilapaix)etcommentleDestinmitunsceausur
sesyeux,l’empêchantdeseconformeràlasignificationde
l’interdictionetdes’abstenirdel’interpréter
epèrede l’humanité,qui est le seigneurdeDieu lui enseigna lesNoms27, possèdedanschacunede ses fibresdescentainesdemilliersdesciences.A son âme est advenue la connaissancedunomde chaque chose tant
quecettechoseexiste.Aucuntitrequ’ildécernanefutchangé;celuiqu’ilappela«diligent»
nedevintpas«paresseux».Celuiquidoitêtreuncroyantàlafin,ill’avuaucommencement;celui
quidoitêtreuninfidèleàlafin,cedevintpourluimanifeste.Apprends le nom de chaque chose de celui qui en est le connaisseur.
Apprendslasignificationprofonded’Ilenseignalesnoms.Pournous,lenomdechaquechoseestsonapparenceextérieure;pour
leCréateur,lenomdechaquechoseestsaréalitéinterne.1240 AuxyeuxdeMoïse,lenomdesonbâtonétait«canne»;auxyeuxdu
Créateur,sonnométait«dragon».Ici-bas, le nomde ‘Omar était « idolâtre » ;mais, dans l’Alast28, son
nométait«croyant».Cedont lenom,pournous,était«semence»,dans lavisiondeDieu,
c’étaittoi,quitetrouvesencemomentauprèsdemoi.Cette«semence»étaituneformeenpuissance,existantavecDieu,ni
plus,nimoins.Enrésumé,cequiestnotrefinestenréaliténotrenomauprèsdeDieu.Iloctroieunnomàunhommeselonsonétatfinal,nonpasseloncetétat
qu’ildénommeun«prêt».Etantdonnéquel’œild’Adamvoyaitgrâceàlalumièrepure,l’âmeet
lesensleplusintérieurdesnomsluidevinrentévidents.Commelesangesavaientperçuenlui lesrayonsdela lumièredivine,
ilsseprosternèrentetsehâtèrentdeluirendrehommage.CetAdamdontjecélèbrelenom,sijelelouejusqu’àlaRésurrection,
jeneparviendraipasàluirendrejustice.Ilsavaittoutcela;pourtant,quandadvintleDestin,ilcommitunefaute
danslaconnaissanced’uneseuleinterdiction,1250 Sedemandantsil’interdictionétaitdestinéeàrendreillicite(lachose
interdite),oubiensielleétaitsusceptibled’êtreinterprétéeetétaitunmotifdes’interroger.Quandlanotiondel’interprétationl’emportadanssonesprit,sanature
lepoussaavecégarementversleblé*.Quandl’épineentradanslepieddujardinier(Adam),levoleur(Satan)
saisitcetteoccasionets’empararapidementdesbiens.Dèsqu’ileutéchappéàsonégarement,ilretournasurledroitchemin,il
vitquelevoleuravaitemportélesmarchandisesdelaboutique.Il s’écria :Notre Seigneur !Nous nous sommes lésés nous-mêmes29,
Hélas!C’est-à-dire:«L’obscuritéestvenue,etlecheminaétéperdu.»CeDestinestunnuagequirecouvre lesoleil,par lui, lionsetdragons
deviennentcommedessouris.Simoi(lahuppe)jenevoispasunpiègeàl’heureduDécretdivin,jene
suispaslaseuleàêtreignorantelorsdecedécret.Oh!heureuxceluiquis’enesttenuàcequiestbien!Ilarenoncéàses
propresforcesets’enestremisàlasupplication.SileDestint’enveloppedeténèbrescommelanuit,cependantàlafinle
Destinteprendraparlamain.SileDestinattentecentfoisàtavie,cependantleDestintedonnelavie
etteguérit.1260 CeDestin,s’ilt’égarecentfois,cependantdressetatenteauplushaut
duciel.SachequecelavientdelamiséricordedeDieu,qu’ilt’éprouveafinde
t’établirdansleroyaumedelasécurité.Cesujetn’apasdefin.Ilesttard.Ecouteàprésentl’histoiredulièvreet
dulion.
*Lefruitdéfenduselonuneversion,Qor’ân,VII,22.
Commentlelièvres’écartadulionquandils’approchadupuits
uandlelions’approchadupuits,ilvitquelelièvres’attardaitsurlarouteetreculait.Ildit:«Pourquoias-tureculé?Nereculepas,avance!»Le lièvre dit : « Comment puis-jemarcher ? Je n’ai plus nimain, ni
pied.Monâmetrembleetmoncourages’estenfui.« Ne vois-tu pas la couleur de mon visage, pâle comme l’or ? Ma
couleur,envérité,donnedesinformationssurmonétatintérieur.«PuisqueDieuaditquelesigneextérieurétaitrévélateur,l’œildecelui
quisait(‘arîf)estrestétournéverslesigne.« La couleur et l’odeur sont aussi significatives qu’une cloche ; le
hennissementduchevalfaitconnaîtrelecheval.«Lesonproduitpar toutechoseentransmet laconnaissance,desorte
quetupuissesdistinguerlebraimentd’unâneducraquementd’uneporte.1270 «Concernantladiscriminationdespersonnes,leProphèteadit:“Un
hommeestcachéquandsalanguesetait.”« La couleur du visage indique l’état du cœur ; aie pitié de moi,
enracinel’amourdemoidanstoncœur.«Unteintroséexprimelagratitude;lasignificationd’unteintpâleest
lapatienceetl’ingratitude.« Il m’est advenu ce qui m’a enlevé mains et pieds, qui a retiré la
couleurdemonvisage,laforce,ettoutemarqueextérieure;«Cequidétruit toutcesurquoiil tombe,quiarrachechaquearbrede
sesracinesetdesonfond.« Il m’est advenu ce par quoi l’homme et l’animal, le minéral et la
plante,ontétévaincus.«Cenesont là,envérité,quedesparties,mais les totalitésaussisont
renduesparlui(leDestin)decouleurjauneetd’odeurcorrompue;«Desortequecemondeesttantôtpatient,tantôtreconnaissant;tantôt
lejardinrevêtunerobeverte,tantôtilestdénudé.«Lesoleil,quiselèvecouleurdefeu,àuneautreheuresecouche.«Lesétoiles,quibrillentdans lesquatrequartiersduciel,de tempsà
autresontbrûlées.1280 «Lalune,quisurpasselesétoilesenbeauté,devientcommeunfantôme
parlamaladiedelafièvre.
«Ceglobeterrestre,tranquilleetcalme,estjetéparlestremblementsdeterredansdessecoussesfiévreuses.«Oh!maintemontagne,àcausedecettecalamitéreçueenhéritage,a
ététransforméeenpetitsfragmentsetgrainsdesable.«Cetairestconjointàl’espritvital,maisquandarriveleDestindivin,il
devientimpuretcorrompu.«L’eau pure, qui était la sœur de l’esprit, est devenue, dans lamare,
jaune,amèreettrouble.«Lefeu,quis’enfled’orgueil,unseulsouffled’aircausesamort.« L’état de la mer, par son agitation et son bouillonnement, fait
comprendreleschangementsdesadisposition.«Lefirmamentquitourne,toujoursàlarechercheetenquête,sonétat
estpareilàceluidesesenfants:«Parfoisaunadir,parfoisaumilieu,parfoisauzénith;ils’ytrouvedes
arméesetdesarméesd’étoiles,heureusesetmalchanceuses.« D’après toi-même, ô partie faite de totalités, comprends l’état des
chosesnoncomposées.1290 «Étantdonnéquelestotalitéssubissentlapeineetlechagrin,comment
leurpartieneserait-ellepâle?«Spécialementunepartiequiestcomposéedecontraires:d’eauetde
terre,defeuetd’air.«Iln’estpasétonnantquelabrebiss’enfuieloinduloup;lamerveille,
c’estquelabrebislieamitiéavecleloup.« La vie consiste en l’harmonie des contraires ; la mort vient de ce
qu’ilssontentrésenconflit.«La grâce deDieu a créé l’amitié entre le lion et l’onagre, ces deux
contrairessiéloignés.« Puisque lemonde estmalade et captif, quoi d’étonnant à ce que le
maladepérisse?»Decettefaçon,lelièvredonnaitdesavisaulion.«C’estàcausedeces
empêchements,dit-il,quejesuisrestéenarrière.»
Commentleliondemandaaulièvrelaraisonpourlaquelle
ilavaitreculé
e lion luidit :«Parmi les causesde tamaladie,dis-moi la causeparticulière,c’estcequejeveuxconnaître.»« Ce lion, dit-il, vit tranquille dans ce puits ; à l’intérieur de cette
forteresse,ilestprotégécontrelesrisques.»Celuiquiest sagechoisit le fonddupuits, car les joies spirituellesne
s’obtiennentquedanslasolitude.1300 L’obscuritédupuitsestpréférableauxcouleurssombresdumonde;
celuiquiasuivilestalonsdumonden’ajamaissauvésatête.«Viens,dit le lion ;moncouple terrassera ; toi, regardesice lionse
trouveàprésentdanslepuits.»Le lièvre répondit : « Je suis consumé de crainte à cause de ce
courroux;peut-êtremeprendras-tuàcôtédetoi,«Afinquegrâceàtonaide,ôminedegénérosité,jepuisseouvrirmes
yeuxetregarderdanslepuits.»
Commentlelionregardadanslepuits
etvitdansPeausonrefletetceluidulièvre
uand le lion l’eut pris à son côté, sous la protection du lion ilcourutjusqu’aupuits.Aussitôt qu’ils regardèrent dans l’eau du puits, brilla dans l’eau la
lumièrereflétéedulionetdulièvre.Lelionvitsonproprereflet;dansl’eaubrillaitl’imaged’unlionavec
unlièvredoduàsoncôté.Lorsqu’ilvitdansl’eausonadversaire,illaissalelièvreetbonditdans
lepuits.Iltombadanslepuitsqu’ilavaitcreusé,parcequesonpéchéretombait
sursatête.Lepéchéde ceuxqui font lemal devient pour euxunpuits sombre ;
c’estcequ’affirmenttouslessages.1310 PlusTonest(pécheur),pluseffrayantestlepuits;lajusticedivinea
décrétélepirechâtimentpourleplusgrandpéché.Ô toi qui par (iniquité) creusesunpuits (pour autrui), tu fabriquesun
piègepourtoi-même.Ne tisse pas un cocon autour de toi-même, comme le ver à soie : tu
creusesunpuitspourtoi-même;creuseavecmodération.Ne considère pas que le faible est sans défenseur : récite du Qor’ân
quandvientlesecoursdeDieu30.Situesunéléphantetquetonennemit’aéchappé,voiciqu’estvenue
surtoilarétributiondesbandesd’oiseaux31.Si un pauvre homme sur la terre implore la pitié, un tumulte s’élève
danslesarméesduciel.Situlemordsavectesdentsetlefaissaigner,tuaurasuneragededents
—queferas-tu?Lelionsevitdanslepuitsetdanssafureurnesedistinguapasalorsde
sonennemi.Il vit son propre reflet comme son ennemi : nécessairement, il tira
l’épéecontrelui-même.Oh ! biendes fautes que tu vois dans les autres sont ta proprenature
reflétéeeneux,ôUntel!
1320 Eneuxsemanifestetoutcequetuesdanstonhypocrisie,toninjustice,toninsolence.Tuesceluiquifait lemaletc’est toi-mêmequetufrappes ;c’est toi-
mêmequetumaudisencetinstant.Tunevoispasclairementlemalentoi-même,sinontutedétesteraisde
toutetonâme.C’esttoi-mêmequetuattaques,ôimbécile,commelelionquis’assaillit
lui-même.Quandtuatteindraslefonddetaproprenature,tusaurasalorsquecette
abjectionvenaitdetoi-même.Au fond (du puits), il devintmanifeste pour le lion que celui qui lui
semblaitunautren’étaitquesapropreimage.Quiconquearrachelesdentsd’unpauvremisérableagitcommelefitce
liondontlavisionétaiterronée.Ôtoiquivoisunmauvaisrefletsurlevisagedetononcle,cen’estpas
tononclequiestmauvais,c’esttoi:net’enfuispasloindetoi-même!Lescroyantssontdesmiroirslesunspourlesautres:onrapportecette
paroleduProphète.Tu as placé devant tes yeux des verres bleus, c’est la raison pour
laquellelemondetesemblebleu.1330 Situn’espasaveugle,sachequecettecouleurbleuevientdetoi-
même;parlemaldetoi-même,nedisplusdemaldequiconque.SilecroyantnevoyaitpasparlaLumièredeDieu,commentleschoses
invisiblesluiapparaîtraient-ellesdévoilées?Étantdonnéque tuvoyaispar leFeudeDieu, tunediscernaispas la
différenceentrelebienetlemal.Petitàpetit,jettedel’eausurlefeu,desortequetonfeupuissedevenir
lumière,ôaffligé!Jette,Toi,ôSeigneur!l’eaupurificatrice,afinquelefeudecemonde
devienneentièrementlumière.Toute l’eaude lamerest soumiseàTesordres ; l’eauet le feusontà
Toi,ôSeigneur!SiTuleveux,lefeudevientdel’eaudouce;etsiTuneleveuxpas,la
mêmeeaudevientdufeu.Cette recherche en nous est aussi amenée à l’existence par Toi ; la
libérationdumalestTondon,ôSeigneur!Sansquenouscherchions,Tunousasdonnécetterecherche,Tunousas
octroyédesdonssansnombreetsansfin.
Commentlelièvreapportaauxanimaux
lanouvellequelelionétaittombédanslepuits
orsque le lièvre fut tout heureuxd’être délivré, il semit à courirverslesanimauxjusqu’audésert.
1340 Ayantvulelionmisérablementtuédanslepuits,ilsautillajoyeusementtoutlecheminjusqu’àlaprairie,Battantdesmains,parcequ’ilavaitéchappéàlamaindelamort;frais
etdansantdansl’air,commelerameauetlafeuille.Labrancheetlafeuillefurentlibéréesdelaprisondelaterre,levèrent
latêteetdevinrentlesamiesduvent.Lesfeuilles,quandelleseurentjaillidurameau,sehâtèrentd’atteindre
lesommetdel’arbre;Avec la langue de leur croissance, chaque fruit et chaque arbre
séparémentrendgrâceàDieu,Disant : «LeDonateur généreux a nourri notre racine jusqu’à ceque
l’arbregrandisseetsetiennedroit.»De même, les esprits enfermés dans l’argile, quand ils échappent, le
cœurjoyeux,àl’eauetàl’argile,Se mettent à danser dans l’air de l’Amour divin, et deviennent purs
commeleglobedelapleinelune,Leurscorpsdansant,etleursâmes—neledemandepas!etceschoses
dontvientledélicedel’âme—nelesdemandepas!Lelièvrelogealelionenprison.Honteaulionquiaétédéconfitparun
lièvre!1350 IIestdansunetellehumiliation,etcependant,oh!merveille;il
voudraitqu’ons’adressâtàluienl’appelantFakhrod-Dîn(Gloiredelareligion).Ôtoi,lionquitetrouvesaufonddecepuitssolitaire,Tonâmecharnelle
(nafs)pareilleaulièvreaverséetbutonsang:Tonâmepareilleaulièvresenourritdansledésert,tandisquetugisau
fonddupuitsdu«Comment?»etdu«Pourquoi?».Cet attrapeur de lion (le lièvre) courut vers les animaux, criant :
«Réjouissez-vous,ôpeuple,lehérautdelajoieestarrivé.«Bonnesnouvelles!Bonnesnouvelles!Ôcompagniedegensjoyeux!
Cechieninfernalestretournéenenfer.« Bonnes nouvelles ! Bonnes nouvelles ! L’ennemi de vos vies, ses
dentsluiontétéarrachéesparlavengeancedesonCréateur.« Lui qui a brisé bien des têtes avec ses griffes, lui aussi le balai du
destinl’abalayécommeunechosederien.»
Commentlesanimauxserassemblèrentautourdulièvreetlui
adressèrentdeséloges
lorstouslesanimauxseréunirent,joyeux,riantgaiementdanslestransportsetl’excitation.Ilsformèrentuncercle,lelièvreaumilieu,commeunebougie;tousles
animauxdudésertseprosternèrentdevantlui.« Es-tu un ange céleste ou une Péri ? Non, tu es l’Azraîl des lions
féroces.1360 «Quiquetusois,nosâmestesontoffertesensacrifice.Tuastriomphé.
Quetamainettonbrassoientbénis!«Dieuatransformécetteeauentonruisseau.Quesoientbénistamain
ettonbras.«Explique-nous comment tu as réfléchi avec ruse, et comment tu as,
avecruse,détruitcebandit.«Explique,afínquecettehistoirepuisseêtrelemoyendenousguérir;
explique,afínquecepuisseêtreunonguentpournosâmes.«Explique,caràcausedelatyranniedecetoppresseur,nosâmesont
desmyriadesdeblessures.»«Messeigneurs,dit-il,cefutparl’aidedeDieu;autrement,qu’est-ce
qu’unlièvreencemonde?«Dieum’aoctroyé lepouvoir et adonné la lumière àmoncœur : la
lumièreenmoncœuradonnélaforceàmamainetmonpied.»De Dieu viennent les élévations, de Dieu aussi viennent les
abaissements.Dieu, au moment opportun, dispense toujours cette aide à ceux qui
doutentcommeauxvoyants.Prends garde ! Ne te réjouis pas d’un royaume octroyé de façon
précaire ! Ô toi qui es l’esclave de la Vicissitude, ne te comporte pascommesituétaislibre!
1370 Maisceuxpourlesquelsestpréparéunroyaumeau-delàdelaVicissitude,poureuxlestambours(delasouveraineté)retentissentau-delàdesSeptplanètes.Au-delàde laVicissitudesont les roiséternels : leursespritscirculent
perpétuellementavecl’échanson.Situcessesdet’abreuver(auxplaisirsdecemonde),durantunjourou
deux,tutremperasteslèvresdanslaboissonduParadis.
CommentairedelaTradition:«Noussommesrevenus
delapetitedjihâdàlagrandedjihâd*.»
rois,nousavonstuél’ennemiextérieur,maisennousdemeureunennemipirequelui.Tuercetennemin’estpas l’œuvrede la raisonetde l’intelligence : le
lionintérieurn’estpasvaincuparlelièvre.Cetteâmecharnelle(nafs)est l’Enfer,et l’Enferestundragondont le
feun’estpasdiminuépardesocéans.Ilboirait lesseptmers,etcependant le feuardentdecedévorateurde
touteslescréaturesnediminueraitpas.Les pierres, et les infidèles au cœur de pierre y entrent,misérables et
honteux.Mais,cependant,iln’estpasrassasiépartoutecettenourriture,jusqu’à
cequeluiparviennedeDieucetappel:«Es-turempli,es-turempli?»demande-t-il.Ildit:«Non,pasencore;
iciestlefeu,iciestsonéclat,iciestlabrûlure!»1380 IIenfaitunebouchéeetavaleunmondeentier,sonestomaccriantà
hautevoix:«Peut-onenajouterencore32?»Dieu,du royaumequin’apasde lieu,posesur luiSonpied ;alors, il
demeureselonl’ordreSois,etilfut33Étantdonnéquece«moi»estunepartiedel’Enfer,etquetoutesles
partiesontlanaturedutout,ADieuseulappartientcepouvoirdeletuer;qui,envérité,saufDieu,
banderaitsonarc?Seule la flèche droite est posée sur l’arc,mais cet arc (dumoi) a des
flèchescourbesettordues.Sois droit, comme une flèche, et échappe à l’arc, car sans nul doute,
chaqueflèchedroites’envoleradel’arcverssacible.Quandjesuisrevenudelaguerreextérieure, je’mesuis tournévers la
guerreintérieure.Nous sommes revenus de la petite djihâd, et nous sommes engagés,
avecleProphète,danslagrandedjihâd.JeprieDieudemedonner la forceet lesecourset ledroitd’être fier,
afindepouvoirdéraciner,avecdefaiblesmoyens,cettemontagnedeQâf.
Considère comme de peu de valeur le lion qui détruit les rangs desennemis:levéritablelionestceluiquisevainclui-même.
*ParoleduProphèteauretourd’uneexpédition,lapetitedjihâd(guerresainte)désignantlaluttearmée;lagrande,laluttecontresesproprespassionsetcontrel’âmecharnelle.
Commentl’ambassadeurdeRûm(Byzance)vintchezleCommandeurdescroyants,‘Omar(queDieusoitsatisfaitdelui!),etfuttémoindesqualitésdont‘Omar(Dieusoit
satisfaitdelui)étaitdoué
1390 uprèsde‘Omar,àMédine,vintàtraverslevastedésertunambassadeurdel’empereurdeByzance.Ildit:«Ôsuivants,oùestlepalaisdukhalife,quejepuisseyamener
monchevaletmesbagages?»Lesgensrépondirent:«Iln’apasdepalais:lepalaisde‘Omar,c’est
unespritilluminé.«Endépitdesarenommée,dufaitqu’ilestCommandeurdescroyants,
iln’aqu’unecabane,commelespauvres.«Ômonfrère,commentcontempleras-tusonpalais,quandl’œildeton
cœurestobstrué?« Purifie l’œil de ton cœur de toute imperfection et espère alors
contemplerSonpalais.«Quiconquepossèdeun cœurpurifiédesdésirs charnels contemplera
aussitôtlaPrésenceetlesaintPortique.« Lorsque Mohammad fut délivré de ce feu et de cette fumée (des
passions),oùqu’iltournâtsafaceétaitlaFacedeDieu.«Situesl’amidessuggestionsmauvaisesduMalin,commentpourras-
tuconnaîtreLàestlaFaced’Allah34?«Celuienquilaportedelapoitrineestouvertecontempleraenchaque
citélesoleil.1400 «Dieuestmanifesteparmilesautrescommelaluneauseindesétoiles.
«Poseleboutdetesdeuxdoigtssurtesdeuxyeux:verras-tuquelquechosedumonde?Avoue-lefranchement.«Si tunevoispas cemonde, cependant il n’est pasnonexistant : la
fautenesetrouvequedansledoigtdetonêtrepervers.«Allons,ôteledoigtdetonœil,etcontemplealorscequetudésires.«ANoé,sonpeupledit:“Oùestlarécompensedivine?”Ildit:“De
l’autrecôtéàIlssontenveloppésdansleursvêtements35”.«Vousavezenveloppévosvisagesetvostêtesdansvoshabits ;aussi
aviez-vousdesyeuxetvousnevoyiezpas.
«L’hommeestunœil,leresten’estquechair;lavuedecetœil,c’estvoirleBien-Aimé.«Quandiln’yapasdevisionduBien-Aimé,ilvautmieuxquelesyeux
soientaveugles; lebien-aiméquin’estpaséternel,mieuxvautqu’ilsoitloindelavue.»Quand l’ambassadeur de Rûm entendit ces paroles rafraîchissantes, il
devintencoreplusemplidenostalgie.Ilattachasonregardàlarecherchede‘Omar,illaissasonbagageetson
chevalseperdre.1410 IIallaitdanstouteslesdirectionspourtrouvercethommeaccompli,
s’enquérantfollementàsonsujet,Disant : « Peut-il se trouver en cemonde un tel homme et qu’il soit,
commel’esprit,cachépourcemonde?»Il le cherchait afindedevenir sonesclave ; inéluctablement, celuiqui
cherchetrouve.Unefemmearabedudésertvitqu’ilétaitunhôteétranger.«Vois,dit-
elle,voici‘Omarsouscepalmier.«Ilest là,sous lepalmier, loindesgens ;contemple l’ombredeDieu
endormiàl’ombre!»
Commentl’ambassadeurdeRûmtrouvaleCommandeurdes
croyants,‘Omar(queDieusoitsatisfaitdelui!),souslepalmier
1 se rendit là et se tint à distance ; il vit ‘Omar et se mit àtrembler.Une crainte respectueuse saisit l’ambassadeur à la vue de cet homme
endormi;unedouceextaseselogeadanssonâme.L’amour et la crainte sont opposés l’un à l’autre ; il vit ces deux
contrairesunisdanssoncœur.Ilseditenlui-même:«J’aivubiendesrois,j’aiétéhonoréetchoisien
laprésencedesultans;« Je n’éprouvais ni crainte ni effroi des rois, mais la crainte de cet
hommem’adérobémesesprits.1420 «Jesuisallédansunejungledelionsetdeléopards,etmonvisagene
changeapasdecouleuràcaused’eux.«Souvent,quandlesarméesétaientrangéessurlechampdebataille,je
suisdevenufurieuxcommeunlionquandlasituationestdésespérée;« J’ai reçu et infligébiendes coups ; j’ai été plus courageux enmon
cœurquelesautres.«Sansarmes,cethommeestendormisurlaterre,etmoi,jetremblede
toutmoncorps:qu’est-cequecela?«Ceci est la crainte deDieu, non des choses créées ; ce n’est pas la
craintedecethommequiporteunfrocdederviche.«Celui qui craintDieu et a choisi la crainte deDieu, lesDjinns, les
hommes,tousceuxquilevoientontpeurdelui.»Méditant ainsi, il croisa ses mains avec respect. Après un moment,
‘Omarseréveilla.
Commentl’ambassadeurdeRûmsalualeCommandeurdescroyants
(queDieusoitsatisfaitdelui!)
1rendithommageà‘Omaretluiadressasessalams.LeProphèteadit:D’abordlesalam,ensuitelaconversation.Alors,‘Omarluidit:«Etàtoilesalut»,l’invitaàavancer,lerassura,
etlepriades’asseoiràsescôtés.Necrains pas36 est l’hospitalité offerte à ceux qui ont peur ; c’est la
façonconvenablederecevoirceluiquiapeur.1430 Siquelqu’unesteffrayé,celalefaitsesentirensécurité;celaapaise
soncœurcraintif.Commentdirait-on«Necrainspas»àceluiquin’apaspeur?Pourquoi
luidonnerdesleçons?Iln’enapasbesoin.‘Omar rendit cet esprit troublé de bonnehumeur, il rendit heureux ce
cœurdésolé.Ensuite,illuiadressadesdiscourssubtilsetluiparladessaintsattributs
deDieu—queltendreAmiIIest!EtdelabienveillancedeDieupourlesAbdâl*,afinquel’ambassadeur
comprennelesensdemaqâmetdehâl**.Lehâlestpareilaudévoilementd’uneravissanteépousée,tandisquele
maqâm,c’estresterseulaveclamariée.Ledévoilementestvuparleroi,etaussipard’autres;mais,aumoment
deresterseulavecelle,iln’yanulautrequelepuissantroi.Lamariéesedévoiledevantlesgensducommunetlesnobles;dansla
chambrenuptiale,leroiestseulavecl’épousée.Maintssoufisjouissentduhâl;maisceluiquiestparvenuaumaqâmest
rareparmieux.‘Omar lui rappela les étapes parcourues par l’âme, il lui rappela les
voyagesdel’esprit,1440 EtduTemps,quiatoujoursétévidedetemps,etdelaStationdela
Sainteté,quiatoujoursétésublime,Etdel’atmosphèredanslaquelleleSimorghdel’esprit,avantcettevie,
avoléetgoûtélagrâcedivine.Chaquevol là-bas était plus grandque les horizons et plus grandque
TespoiretledésirdePamant.‘Omartrouvaquel’étrangerenapparenceétaitunami:iltrouvaqu’en
réalitésonâmeétaitenquêtedesmystèresdivins.Lesheikh(‘Omar)étaitaccompli,etlediscipleavide;lecavalierétait
habile,etlecoursierappartenaitàlacourroyale.Ceguidespirituelvitquecediscipleétaitcapabled’êtreguidé;ilsema
lebongraindanslabonneterre.
*Saintsd’untrèshautrang.**Hâl:étatspiritueltemporaire;maqâm,degré,stationmystiquedurable.
Commentl’ambassadeurdeRûmquestionna
leCommandeurdescroyants(queDieusoitsatisfaitdelui!)
’hommeluidit:«ÔCommandeurdescroyants,commentl’espritest-ildescendusurlaterre?«Commentl’oiseaudel’infiniest-ilentrédanslacage?»Ilrépondit:
«Dieuarécitédessortilègesetdesincantationssurl’esprit.«QuandIIréciteSessortilègessurlesnon-existencesquin’ontniyeux
nioreilles,ellescommencentàs’agiter.«AcausedeSessortilèges,lesnon-existencesencemomententrenten
dansantjoyeusementdansl’existence.1450 «LorsquedenouveauIIarécitéSesincantationssurlesexistants,àsa
parolelesexistantssontretournésentoutehâteàlanonexistence.«Ilaparléàl’oreilledelarose,etl’afaitrire;Ilaparléàlapierreeten
afaitunecornaline.«Ilaadresséaucorpsunmessage,desortequ’ilestdevenuesprit;Ila
parléausoleil,desortequ’ilestdevenurayonnant.«De nouveau, Il prononce à l’oreille une parole effrayante, et sur la
facedusoleiltombentcentéclipses.«Considèrecequel’Orateurachantéàl’oreilledunuagepourqueles
larmescoulentdesesyeux.«ConsidèrecequeDieuachantéàl’oreilledelaterre,desortequ’elle
estdevenuesoucieuseetdepuisestrestéesilencieuse.»A celui qui est troublé par la perplexité, Dieu propose à l’oreille un
dilemme,Afindepouvoir l’emprisonnerdansdeuxpensées :«Ferai-jecequ’il
m’adit,oulecontraire?»Cela provient deDieu aussi, qu’un côté l’emporte, et c’est ainsi qu’il
faitsonchoixdanscettealternative.Situneveuxpasquetonespritsoitperplexe,nemetspasdecotondans
tonoreillespirituelle,1460 AfindepouvoircomprendreSesénigmes,afindepouvoirsaisirlesigne
secretcommelemanifeste.Alors, l’oreille spirituelle devient l’endroit où descend l’inspiration
(wahy). Qu’est-ce que wahy ? Une parole cachée à la perception
sensorielle.L’oreilleet l’œilspirituelssontautresquecetteperceptionsensorielle,
l’oreille de la raison et l’oreille de l’opinion sont privées de cetteinspiration.Le mot djabr* m’a rendu impatient par amour, tandis qu’il a rendu
captifdudjabrceluiquin’estpasamoureux.C’est là l’union avec Dieu, ce n’est pas le fatalisme ; ceci est le
rayonnementdelalune,cen’estpasunnuage.Et si c’est un fatalisme, ce n’est pas le fatalisme que comprend le
vulgaire:cen’estpaslacontrainteexercéepar(l’âme)quiordonnelemaletquinevoitqu’elle-même.Ômonfils,seulssaventcequ’estledjabrceuxdanslescœursdesquels
Dieuaouvertlavuespirituelle.Pour eux, les choses invisibles de l’avenir sont devenuesmanifestes ;
poureux,lesouvenirdupasséestdevenunéant.Leur libre arbitre et leur fatalisme sont différents : dans les coquilles
d’huîtres,lesgouttesdepluiesontdesperles.Endehorsdelacoquille,c’estunegoutted’eau,petiteougrande;mais
àl’intérieurdel’huître,c’estuneperle,petiteougrande.1470 Cespersonnesontlanaturedelaglandedudaimmusqué;
extérieurement,ellessontpareillesàdusang,maisàl’intérieurd’elles-mêmes,ilyaleparfumdumusc.Ne dis pas : «Cette substance est extérieurement du sang : comment
pourrait-elle devenir un parfum musqué quand elle pénètre dans laglande?»Ne dis pas : «Ce cuivre, extérieurement, étaitméprisable : comment
pourrait-ilacquérirdelanoblessedanslecœurdel’élixir?»Entoi,celibrearbitreetcedjabrn’étaientqu’uneimagination;mais quand ils pénétrèrent en eux, ce devint la lumière de laMajesté
divine.Quand le pain est enveloppé dans une serviette, c’est une chose
inanimée;maisdanslecorpshumain,cedevientl’espritjoyeuxdelavie.Ilnedevientpastransmuéàl’intérieurdelaserviette:l’âme(animale)
letransmueavecl’eaudeSalsabil*.Ô toi qui lis bien, tel est le pouvoir de l’âme : quel doit donc être le
pouvoirdecetteAmedel’âme?Lemorceaudechairqu’estl’homme,douéd’intelligenceetd’âme,fend
lamontagne,lameretlamine.
Laforcedel’âmequifendlamontagneapparaîtdanslefaitdecasserdesrochers;laforcedel’Amedel’âme,danslalunesefend.Si le cœur retirait le couvercle de ce qui recèle cemystère, l’âme se
précipiteraitversleplushautciel.
*Djabr;contrainte,dansl’acceptionpsychologique,fatalismeoudéterminismedupointdevuephilosophique.*L’unedessourcesduParadis.
CommentAdamimputaàlui-mêmelafautequ‘ilavaitcommise,disant:«ÔSeigneur,nousavonspéché»,etcommentIblisimputasaproprefauteàDieu,disant:
«ParcequeTum’asinduitenerreur37»
1480 onsidèreàlafoisnotreactionetl’actiondeDieu.Considèrenotreactioncommeexistante.Ceciestmanifeste.Sil’actiondesêtrescréésn’existepasdefaçonévidente,alorsnedisà
personne:«Pourquoias-tuagiainsi?»L’acte créateur deDieu amène nos actions à l’existence : nos actions
sontleseffetsdel’actecréateurdeDieu.Un être rationnel perçoit ou bien la lettre (l’extérieur), ou bien le
desseinintérieur:commentcomprendrait-ilcesdeuxaccidentsd’unseulcoup?S’ilsetourneversl’esprit,ildevientinconscientdelalettre:aucunœil
nevoitenarrièreetenavantaumêmemoment.Aumomentoùturegardesenavant,commentpeux-tuenmêmetemps
regarderenarrière?Reconnais-le.Étantdonnéquel’âmenepeutembrasserlalettreet1’esprit,comment
l’âmeserait-ellelecréateurdetouslesdeux?Ômonfils, seulDieucomprend tous lesdeux :unedecesactionsne
L’empêchedesusciterl’autreaction.Satandit:Acausedel’aberrationquetuasmiseenmoi38.LeDémon
vilcachasapropreaction.Adamdit:Nousnoussommeslésésnous-mêmes39Iln’étaitpas,comme
nous,inattentifàl’actiondeDieu.1490 Parrespect,ildissimulal’actiondeDieuparrapportaupéché:en
rejetantlepéchésurlui-même,ilfutbéni.Aprèssonrepentir,Dieuluidit :«ÔAdam,n’ai-Jepascrééentoice
péchéetcestribulations?«N’était-ce pasMondécret et destin ?Comment as-tu caché cela au
momentdet’excuser?»Adamdit:«J’étaiseffrayé,aussin’ai-jepasrenoncéaurespect.»Dieu
dit:«Moiaussi,Jel’aiobservéàtonégard.»
Quiconque apporte le respect reçoit le respect en retour ; quiconqueapportedusucremangedesgâteauxauxamandes.Pourquisontlesfemmesbonnes?Pourleshommesbons40;traiteton
amiavechonneur;offense-le,ettuverras!Ômoncœur,apporteuneparabolepourmontrer ladifférence,afinde
connaîtrecequidistinguelacontraintedulibrearbitre.Parexemple,unemainquitremble(involontairement)etlamaind’une
autrepersonnequetufaistremblerenlarepoussantdel’endroitoùellesetrouve.Sache que ces deux mouvements sont créés par Dieu, mais il était
impossibledecomparercelui-cietcelui-là.Turegrettesd’avoirfaittremblercettemain:commentl’hommeaffligé
d’untremblementneleregretterait-ilpas?1500 C’estlàunerechercheintellectuelle.Aquoiboncetterecherche,ôtoi
quieshabile?Afinquepeut-êtreunhommeàlafaibleintelligencepuisseacquérirquelqueidée(delavérité).Toutefois, la quête intellectuelle,même si elle est aussi précieuse que
desperlesetducorail,estautrequelaquêtespirituelle.Laquêtespirituellesesitueàunautreniveau:levinspirituelestd’une
autrenature.Au temps où la quête spirituelle était de mise, cet ‘Omar était l’ami
intimedeBu’l-Hakam*.Maisquand‘Omars’éloignadel’intellectpourallerversl’esprit,Bu’l-
HakamdevintBûDjahl(lepèredel’ignorance)enfaisantdesrecherchesàcesujet.Il est parfait du point de vue de la perception sensorielle et de la
compréhension,bienqu’enfaitilsoitignorantencequiconcernel’esprit.Sacheque cettequêtede l’intellect et des sens s’occupedes effets ou
descausessecondes.Cettequêtespirituelleestsoitl’émerveillement,soitau-delàdel’émerveillement.L’illumination de l’esprit arrive : il ne demeure alors, ô toi qui
recherches l’illumination, de conclusions ou de prémisses ou ce quiapporteunecontradiction,oucequirendsonacceptationnécessaire.Car le voyant sur lequel se répand laLumière deDieu est totalement
indépendantdelapreuvelogiquequiressembleàlacanned’unaveugle.
*«Pèredusavoir»,premiersurnomdeBûDjahl,«Pèredel’ignorance».
Commentairede:«EtIlestavecvous,oùquevoussoyez41»
evenons à notre récit : quand, en vérité, nous en sommes- nouséloignés?
1510 Sinoustombonsdansl’ignorance,c’estSaprison,etsinousparvenonsàlascience,c’estSonpalais.Et si nous nous endormons, nous sommes enivrés par Lui, et si nous
nouséveillons,noussommesdansSesmains;Etsinouspleurons,noussommesunnuagechargédeSamunificence;
etsinousrions,noussommesalorsSonéclair.Sinousnouslivronsaucourrouxetàlaguerre,c’estlàlerefletdeSa
puissance;sinousnousadonnonsàlapaixetaupardon,c’estlerefletdeSonamour.Qui sommes-nous ? Dans ce monde compliqué, qu’y a-t-il en fait
d’autrequeLui,quiestsimplecommel’alif*?Rien,rien.
*LalettreAquiestdépourvuedesignediacritique.
Commentl’ambassadeurinterrogea‘Omar(queDieusoitsatisfaitdelui!)surlacausedessouffrances
subiesparlesespritsdanscescorpsd’argile
1dit :«Ô ‘Omar,pourquelle raisonetquelmystèrecetteentitépurea-t-elleétéemprisonnéedanscetendroitvil?«L’eaupureestcachéedans laboue, l’espritpurestdevenuenchaîné
danslescorps.»‘Omarrépondit:«Tuposeslàunequestionprofonde,tuenfermesune
significationdansunmot.«Tuasemprisonnélelibresens,tuasattachéleventdansunmot.«Tu as fait cela en vue d’une certaine utilité, ô toi qui es toi-même
aveugleaudesseinbénéfiquedeDieu.1520 «Celuidequiprocèdetoutbienfait,commentneverrait-Ilpasceque
nousavonsvu?«Ilyadesmyriadesdebienfaits,etchaquemyriaden’estquepeude
choseauprèsdecelui-ci(l’emprisonnementdel’espritdansuncorps).«Le soufflede tondiscours, qui est unepartied’entre lesparties, est
devenubénéfique:pourquoilatotalitédelatotalitéserait-elledépourvuedebienfaits?«Toiquiesunepartie, tonaction(deparler)estbénéfique :pourquoi
lèves-tulamainpourattaquerlatotalité?«S’iln’yapasdebienfaitdanslaparole,neparlepas;et,s’ilyena
un,cessedefairedesobjectionsetefforce-toiderendregrâces.»RendregrâcesàDieuestledevoirdetous;cen’estpasdediscuteret
d’avoirl’airaigri.Si rendre grâces consiste seulement à avoir l’air aigri, alors il n’est
personnequirendegrâcescommelevinaigre.Si levinaigreveutallervers le foie,qu’ildeviennede l’oxymelense
mélangeantausucre.Lasignificationdelapoésien’apasunedirectionsûre:c’estcommele
traitquiéchappeaucontrôle.
Surlesensintérieurde:«Queceluiquidésires’asseoiravecDieu
s’assoieaveclessoufîs*»
’ambassadeurdevinthorsdelui-mêmeaveccesquelquescoupes:niambassade,nimessagenedemeurèrentdanssamémoire.
1530 IIdevintbouleversédevantlapuissancedeDieu.L’ambassadeurparvintencelieuetdevintunroi.Quand le torrentparvintà lamer, ildevint lamer ;quand lasemence
atteignitlechampdeblé,elledevintlamoissondefroment.Quandlepainfutuniàlacréaturevivante,lepainmortdevintvivantet
douédeconnaissance.Quand la cire et le bois furent confiés au feu, leur essence sombre
devintlumière.Quand lapoudred’antimoinealladans lesyeux,ellese transformaen
visionetdevintvoyante.Oh!heureuxl’hommequiaétélibérédelui-mêmeetuniàl’existence
deCeluiquiestvivant!Hélaspourlevivantquis’estassociéauxmorts!Ilestdevenumort,la
viel’afui.Quand tu as fui vers le Qor’ân de Dieu, tu t’es uni à l’esprit des
prophètes.LeQor’ânestunedescriptiondesétatsdesprophètes,cespoissonsdans
l’océansacrédelaMajestédivine.Et si tu lis etn’acceptespas leQor’ân,que te servirait d’avoirvu les
prophètesetlessaints?1540 Maissituacceptes(leQor’ân),quandtulisleshistoires(des
prophètes),l’oiseaudetonâmeseratroublédanssacage.L’oiseauquiestprisonnierdansunecage,s’ilnecherchepasàs’évader,
c’estparignorance.Les esprits qui se sont évadés de leurs cages sont les prophètes, ces
noblesguides.Leurvoixparvientdudehors,parlantdereligionetdisant:«C’estlà,
c’estlàlemoyendet’échapper.»C’estainsiquenous-mêmesnoussommesévadésdecettecageétroite;
iln’yapasdemoyensdet’enfuirdecettecage,saufcelui-ci:Que tu te rendesmalade,extrêmementmisérable, afindepouvoirêtre
misendehorsdelacagedelaréputation.Laréputationencemondeestunefortechaîne:danslaVoiemystique,
commentserait-ellemoinsqu’unechaînedefer?
*Âttar,grandpoètemystiqueduXIIe-XIIesiècledenotreère.
Histoiredumarchandàquileperroquetconfiaunmessagepour
lesperroquetsdel’Inde,àl’occasionduvoyagequ’ilyfitpour
soncommerce
lyavaitunmarchandquiavaitunperroquetemprisonnédansunecage,unjoliperroquet.Quandlemarchands’apprêtaàvoyageretfutsurlepointdeserendre
enInde,1550 Pargénérosité,ilditàchaqueesclavemâleetàchaqueservante:«Que
terapporterai-je?Dis-le-moivite.»Chacunluidemandaunobjetdésiré;cebravehommepromitàtous.Il dit au perroquet : «Quel présent aimerais-tu que je te rapporte du
paysdel’Inde?»Le perroquet répondit : « Quand tu verras les perroquets là-bas,
explique-leurmonmalheuretdis-leur:“Telet telperroquet,quise languitdevous,estdansmaprisonpar la
destinéecéleste.“Il vous salue, réclame la justice, et désire apprendre de vous les
moyensetlamanièred’êtrebienguidé.”«Ildit:“Convient-ilqu’enmelanguissantdevous,jerendel’espritet
meuredanslaséparation?“Est-iljustequejemetrouvedansunecruellecaptivité,alorsquevous
êtestantôtsurdesplantesvertes,tantôtsurdesarbres?“La fidélité gardée par des amis est-elle de la sorte ?Moi dans cette
prison,etvousdanslaroseraie?“Souvenez-vous, ô nobles créatures, de cet oiseau pitoyable et buvez
unegorgéematinaleauseindesprairies!“Quelle joie pour un ami si ses amis se souviennent de lui, surtout
quandl’uneestLeylâetl’autreMadjnûn!1560 “Ôvousquiêtesuniàvotrecharmantebien-aimée,dois-jeboiredes
coupesrempliesdemonpropresang?“Oh ! vide une coupe en mémoire de moi, si tu désires me rendre
justice.“Ou,quandtuaurasbu,répandsunegorgéesurlaterreensouvenirde
cepauvremalheureuxtombédanslapoussière.
“Oùsontdonc,jemeledemande,cetaccordetceserment?Oùsontlespromessesdetalèvredoucecommelesucre?“Si tuasabandonné tonesclaveparcequ’il t’amalservi,si tufaisdu
malàceluiquiacommislemal,quelleestladifférenceentrevous?“Oh ! le mal que tu as fait dans le courroux et la querelle est plus
délicieuxquelamusiqueetlesondutcheng(leluth)!“Oh ! ta cruauté est préférable à la félicité, ta vengeance est plus
précieusequelavie.“C’estlàtonfeu:quedoitêtretalumière?C’estlàtondeuil:quedoit,
envérité,êtretafête!“Quant aux douceurs que recèle ta cruauté, quant à ta beauté, nul ne
peutenatteindrelefond.“Jemeplains,etcependantjecrainsqu’ilnemecroieetque,parbonté,
ilatténuesacruauté.1570 “Jesuiséperdumentéprisdesaviolenceetdesadouceur;ilestétrange
quejesoisamoureuxdecesdeuxcontraires.“Par Dieu, si j’échappe à cette épine (de chagrin) et pénètre dans ce
jardin,jememettraiàgémircommelerossignol.“C’estunétrangerossignolqueceluiquiouvresonbecpourmâcheren
mêmetempslesépinesetlesroses.“Qu’est-ce que ce rossignol ? En vérité, c’est unmonstre furieux ; à
causedesonamour,toutesleschosesprivéesdedouceurluisontdouces.“IlestamoureuxduToutetilestlui-mêmeleTout;ilestamoureuxde
lui-mêmeetrecherchesonpropreamour.”»
DescriptiondesailesdesoiseauxquisontlesIntelligencesdivines
’histoireduperroquet,quiestl’âme,esttelle;oùestceluiquiestleconfidentdesoiseaux(spirituels)?Oùestunoiseau,faibleetinnocent,danslequelsetrouventSalomonet
toutessesarmées?Quandilgémitamèrement,sansrendregrâcesniseplaindre,untumulte
naîtdanslesseptsphèresduciel.A chaque moment lui parviennent cent messages de Dieu, cent
courriers;delui,unseulcri:«ÔmonSeigneur!»et,delapartdeDieu,centcris:«Labbayka!»(Mevoici).Safaute,auxyeuxdeDieu,vautmieuxquel’obéissance;auprèsdeson
incroyance,toutefoiestdénuéedevaleur.1580 Atoutinstant,ilauneascensionversDieuquiluiestparticulière;Dieu
posesursacouronnecentcouronnesparticulières.Sa forme est sur la terre et son esprit dans l’absence de lieu ; une
«absencedelieu»au-delàdel’imaginationdespèlerinsdelaVoie.Nonpasune« absencede lieu» tellequ’ellepuisse être saisiepar la
compréhension, ouqu’une imagination à son sujet puisse naître en toi àchaqueinstant;Non,lelieuetl’absencedelieusontsoussoncontrôle,demêmequeles
quatre fleuves du Paradis sont sous le contrôle de Celui qui réside auParadis.Abrègecetteexplication,etdétournes-entonvisage;nedispasunmot
deplus—etDieusaitmieuxcequiestjuste.Revenons,ômesamis,àl’oiseau,aumarchandetàl’Inde.Lemarchand accepta cemessage et promit de transmettre le salut du
perroquetàsescongénères.
Commentlemarchandvitdanslaplainelesperroquetsdel’Indeet
leurtransmitlemessageduperroquet
orsqu’ilatteignit les limites lespluséloignéesdel’Inde, ilaperçutuncertainnombredeperroquetsdanslaplaine.Il fit fairehalteàsamonture,puis ilparla, transmit lesalutet remplit
sonmandat.L’undesperroquetssemitàtremblerviolemment,tomba,mourut,son
souffles’arrêta.1590 Lemarchandregrettad’avoirdonnécesnouvelles,etdit:«Jesuisvenu
détruirecettecréature.«Celui-ci,sansdoute,estunparentdemonpetitperroquet:ilsdoivent
avoirétédeuxcorps,etunseulesprit.« Pourquoi ai-je fait cela ? Pourquoi ai-je apporté ce message. J’ai
détruitcettepauvrecréatureavecuneparolestupide.»Cettelangueestcommelapierre,etelleestaussipareilleaufeu,etce
quijaillitdelalangueestpareilàlaflamme.Nefrappepasenvainlapierreetleferl’uncontre1’autre,tantôtpour
raconterunehistoire,tantôtpourtevanter.Carilfaitsombre,etdetouscôtéssontdeschampsdecoton;comment
desétincellesseraient-ellesparmilecoton?Ce sontdespécheurs, cesgensqui ferment lesyeuxet,pardevaines
paroles,incendientlemondeentier.Une seule parole ruine un monde, transforme en lions des renards
morts.Lesesprits,dans leurnatureoriginelle,possèdent le soufflede Jésus ;
unsouffleestuneblessure,et1’autreunonguent.Si l’écran (corporel) était retiré de devant les esprits, le discours de
chaqueespritseraitcommelesouffleduMessie.1600 Situdésiresprononcerdesparolesdoucescommelesucre,abstiens-toi
delaconcupiscenceetnemangepascessucreries(desdésirs).Le contrôle de soi est ce quedésire l’homme intelligent, les sucreries
sontcequedésirentlesenfants.Quiconquepratiquelecontrôledesoi-mêmemonteauCiel,quiconque
mangedesdouceursresteloinenarrière.
CommentairedelaparoledeFarîdal-Dîn‘Attâr(queDieusanctifie
sonesprit):«Tuesunêtresensuel;ôhommeinsouciant,
mortifie-toidanslapoussière(detonexistencecorporelle),carsil’êtrespirituelboitdupoison,ce
luiseracommeunantidote»
elanefaitpasdemalàl’hommespirituel,mêmes’ilboitunpoisonmortelauxyeuxdetous,Carilestparvenuàlasanté(spirituelle)etaétélibérédel’abstinence,
tandisquelepauvrechercheur(deDieu)estencoredanslafièvre.LeProphèteadit:«Ôchercheuraudacieux,prendsgarde!Neluttepas
avecquiconqueestcherché.«En toi estunNemrod :n’entrepasdans le feu.Si tuveuxyentrer,
deviensd’abordAbraham!»Si tu n’es ni un nageur, ni unmarin, ne te jette pas dans lamer par
présomption.Lesainttrouvedesperlesdanslefonddelamer;àpartirdespertes,il
amènedesgainsàlasurface.Siunhommeparfaitprenddelaterre,elledevientdel’or;siunhomme
imparfaitemportedel’or,celadevientdescendres.1610 PuisquecethommejusteestacceptéparDieu,entouteschoses,samain
estlamaindeDieu.Lamainde l’hommeimparfaitestcelleduDémonetdudiable,parce
qu’ilsetrouvedanslepiègedelafourberieetdelatromperie.Sil’ignoranceadvientàl’hommeparfait,elledevientconnaissance;la
connaissancequipénètredansl’hommeimparfaitdevientignorance.Quoi que prenne l’homme malade, cela devient maladie, mais si un
hommeparfaitprendl’infidélité,elledevientreligion.Ô toiqui, étant àpied, as combattuuncavalier, tune sauveraspas ta
tête.Renonce.
CommentlesmagicienstémoignèrentdurespectàMoïse
(surluilapaix),disant:«Qu’ordonnes-tu?Jetteras-tule
premiertonbâton,ousera-cenous42?»
es magiciens, au temps dumaudit Pharaon, alors qu’ils luttaientcontreMoïseavechostilité,Accordèrent cependant à Moïse la priorité — les magiciens lui
témoignèrentdurespect,Car ils lui dirent : « C’est à toi de commander : si tu désires être le
premier,jetted’abordtonbâton.»« Non, dit-il, jetez d’abord, ô magiciens, ces objets de sortilèges au
milieu(devanttous).»Ce témoignage de respect leur fit acquérir la foi en la (véritable)
religion,desortequecelle-cilesempêchadelutterdavantageavecMoïse.1620 QuandlesmagiciensreconnurentledroitdeMoïse,ilssacrifièrentleurs
piedsetleursmainsàcausedeleurpéché.Pourl’hommeparfait,chaquebouchéed’alimentetchaqueparolesont
licites.Tun’espasparfait:nemangepas,tais-toi.Etant donné que tu es une oreille et lui une langue, et non ton
congénère:Dieuaditauxoreilles:«Taisez-vous43!»Quandlenourrissonnaît,audébutilgardelesilence,ilesttoutoreille;Durantuntempsildoitsetaire,jusqu’àcequ’ilapprenneàparler.Et s’il n’est pas silencieux comme une oreille, mais se livre à des
vagissements,ilsemanifestecommelacréaturelaplusmuettedumonde.Celuiquiestsourdparnature,celuiquin’avaitpasd’ouïeaudébut,est
muet:commentsemettrait-ilàparler?Puisque, afindeparler, ondoit d’abord entendre, viens à laparole au
moyendel’écoute.Entre dans les maisons par les portes, et recherche les fins dans les
causes.Iln’yapasdeparoleindépendantedel’ouïe,sauflaparoleduCréateur
quin’apasdebesoin.1630 IIestleCréateur,ilnesuitaucunmaître;Ilestlesupportdetoutes
choses,Iln’apasdesupport,
Alors que les êtres, occupés à des métiers et à la parole, suivent unmaîtreetontbesoind’unmodèle.Situn’espasinsensibleàcediscours,revêtslarobed’undervicheetva
verserdeslarmesdansunendroitdésert.CarAdam,àcausedeseslarmes,échappaaureproche:leslarmessont
laparoledupénitent.C’estàcausedespleursqu’Adamvintsurlaterre,afinqu’ilpûtpleurer,
gémir,êtreaffligé.Adam, chassé du Paradis et d’au-delà des Sept Cieux, se rendit à la
placelaplushumbleafindes’excuser.Si tu viens d’Adam et de ses reins, reste à chercher le pardon en sa
compagnie.Prépareundéliceavec le feuducœuret l’eaudesyeux : le jardinest
renduflorissantparlenuageetlesoleil.Que sais-tu du goût de l’eau des yeux ?Tu es un amoureux du pain,
commelesmendiantsaveugles.Situvidescesacdesonpain,tuleremplirasdesplendidesjoyaux.
1640 Sèvretonâme,cebébé,dulaitduDémon,etensuitefaisd’ellelacompagnedel’Ange.Tandisque tuessombre,morneetchagrin, sacheque tu tenourrisau
mêmeseinqueleDémonmaudit.L’alimentquiproduitunaccroissementdelumièreetdeperfectionaété
acquispardesgainslicites.L’huile qui vient éteindre notre lampe, quand elle éteint une lampe,
appelle-ladel’eau.De l’aliment licite proviennent la connaissance et la sagesse ; de
l’alimentliciteviennentl’amouretlatendresse.Lorsqued’unalimenttuvoisnaîtrel’envieetlafourberie,l’ignoranceet
lanégligence,sachequ’ilestillicite.Si tu sèmesdublé, celaproduira-t-ilde l’orge?As-tuvuune jument
accoucherd’unânon?L’aliment est la graine, et les pensées sont ses fruits ; l’aliment est la
mer,etlespenséessontsesperles.De l’aliment licite dans la bouche vient le désir de servir Dieu et la
résolutiond’allerdansl’au-delà.
Commentlemarchandracontaauperroquetcequ‘ilavaitvuchezles
perroquetsdel’Inde
emarchandterminasesaffairesetrevintchezluilecœurjoyeux.1650 IIapportaunprésentàchaqueesclavemâle,ildonnauncadeauà
chaqueservante.«Oùestmoncadeau?demandaleperroquet.Raconte-moicequetuas
ditetcequetuasvu.»« Non, dit-il, en vérité, je m’en repens, me tordant les mains et me
mordantlesdoigts.«Pourquoi, par ignorance et par folie, ai-je apportéunmessage aussi
stupide?»« Ô maître, dit le perroquet, de quoi te repens-tu ? Qu’est-ce qui te
causedelacolèreouduchagrin?»« J’ai dit tes plaintes, répondit-il, à un groupe de perroquets qui te
ressemblaient.«Undesperroquetssentit tadouleur;soncœursebrisa, il tremblaet
mourut.«Jedevinsaffligé,pensant:“Pourquoiai-jeditcela?”Maisàquoibon
merepentiraprèsl’avoirdit?»Sache qu’unmot qui jaillit soudain de la langue est semblable à une
flèchelancéeparunarc.Ômonfils,cetteflècheneretournepasenroute:c’estàsasourcequ’il
fautbarreruntorrent.1660 Quandilaquittélasource,ildéferlesurunmonde:s’ildévastele
monde,cen’estpasétonnant.Les effets de notre action proviennent de l’invisible, et ses
conséquencesnesontpassouslecontrôledescréatures.Ces résultats sont tous créésparDieu, sans aucunassocié,bienqu’ils
soientattribuésànous-mêmes.Zayd a tiré une flèche dans la direction de ‘Amr : sa flèche s’est
accrochéeà‘Amrcommeunléopard.Pendantlongtemps,touteuneannée,celalefîtsouffrir:lessouffrances
sontcrééesparDieu,nonparl’homme.SiZaydqui tira la flèchemourutde frayeur aumoment (où ‘Amr fut
blessé), néanmoins, les souffrances continuèrent à se produire dans le
corpsde‘Amr,jusqu’àcequ’ilmeure.Étant donné que ‘Amr mourut des suites de sa blessure, pour cette
raison,appelleZayd,quiatirélaflèche,lemeurtrier.Attribue-lui ces souffrances, bien qu’elles soient toutes l’œuvre du
Créateur.Il en va de même avec les semailles, la parole, le fait de poser des
pièges,lesrelationssexuelles;lesrésultatsdecesactionssontdéterminésparDieu.LessaintsdétiennentunpouvoirquiprovientdeDieu;ilsdétournentde
sacourselaflèchequiaététirée.1670 Quandlesaintserepent,ilempêchequedesconséquencesnenaissent
delacauseparcepouvoirduSeigneur.Enouvrantlaporte(delagrâcedivine),ilfaitquecequiaétéditnel’a
pasété,desortequ’aucunmaln’enrésulte.Il efface cetteparolede l’esprit de tous ceuxqui l’ont entendue, et la
rendimperceptible.S’il te faut une démonstration et une preuve de ceci, récite :Dèsque
Nousabrogeonsunverset,oudèsqueNouslefaisonsoublier44.Lis le verset :Vous vous êtes moqués d’eux au point d’oublier Mon
souvenir45.Reconnaislepouvoir(dessaints)decréerl’oubli.Étantdonnéqu’ilssontcapablesdefairesesouveniretdefaireoublier,
ilssontpuissantssurlescœursdescréatures.Quand le saint abarré la routede taperceptionmentale aumoyende
l’oubli,ilt’estimpossibled’agir,mêmesituenasletalent.Crois-tuquecesêtressublimessoientunobjetdeplaisanterie?Récite
duQor’ânjusqu’auxmots:Ilsvousontfaitoublier.Celui qui possède un village est le souverain des corps ; celui qui
possèdeuncœur(lesaint)estlesouveraindescœurs.Sansnuldoute, l’actiondépendde lavision :c’estpourquoi l’homme
n’estriend’autrequele«petithomme»(lapupilledel’œil).1680 Jen’osepasdiretoutàcesujet:j’ensuisempêchéparceuxquisontau
centre.Étant donné que l’oubli et le souvenir, de la part des créatures,
dépendentdusaint,etqu’ilrépondàleurappelàl’aide,Chaquenuit,cetêtresublimevidedescœursdescentainesdemilliers
depensées,bonnesetmauvaises,Tandisquedurantlejourilremplitleurscœurs,ilremplitcescoquilles
d’huîtresavecdesperles.
Toutes ces pensées des choses passées, orientées (par Dieu),reconnaissentlesesprits:Tonmétierettonarttereviennent,afindepouvoirouvrirlesportesdes
moyens.Le talent de l’orfèvre ne va pas chez le forgeron ; la disposition de
l’hommedouéd’unebonnenaturenevapaschezl’hommedésagréable.Au jour de la Résurrection, les talents et les dispositions viendront,
commedesobjetspossédés,àceluiquilesrevendiquera.Aprèslesommeilaussi,lestalentsetlesdispositionsreviennentenhâte
versceluiquilesréclamecommesonbien.Al’aube,lestalentsetlespenséessontallésaumêmeendroitoùétaient
cebienetcemal.1690 Telsdespigeonsvoyageurs,ilsapportentdeschosesutilesd’autres
villesàleurproprecité.
Commentleperroquetentenditcequ’avaientfaitcesperroquetset
mourutdanslacage,etcommentlemarchandselamentasurlui
uand l’oiseau entendit ce que ce perroquet avait fait, il tremblaviolemment,tombaetdevintfroid.Lemarchand, le voyant ainsi tomber, bondit et lança son bonnet par
terre.Le voyant dans cet état et cette situation, le marchand s’élança et
déchirasonvêtement.Il s’écriait : «Ôbeauperroquet à lavoix suave ! que t’est-il arrivé ?
Pourquoies-tudevenuainsi?«Oh!hélaspourmonoiseauàladoucevoix!Oh!hélaspourmonami
intimeetmonconfident!«Oh ! hélas pourmon oiseaumélodieux, le vin demon esprit,mon
jardinetmondouxbasilic!«SiSalomonavaitpossédéunteloiseau,comment,envérité,seserait-
iloccupédesautresoiseaux?«Oh!hélaspourl’oiseauquej’aiacquisàpeudeprixetdontj’aisitôt
détournémonvisage!«Ôlangue,tum’esd’ungrandpréjudice;mais,puisquetuparles,que
tedirais-je?1700 «Ôlangue,tuesàlafoislefeuetlameule;combiendetempsjetteras-
tulefeusurcettemeule?« En secret,mon âme gémit à cause de toi, bien qu’elle accomplisse
toutcequetuluiordonnes.«Ô langue, tu es un trésor illimité, ô langue tu es aussi unmal sans
remède.« Tu es à la fois un sifflet et un leurre pour les oiseaux, et un
consolateurdansl’afflictiondel’absence.«Combiendetempsm’accorderas-tutapitié,ôimpitoyable,ôtoiquias
tirétonarcpourtevengerdemoi?«Voiciquetuasfaits’envolermonoiseau.Nerestepaspaîtredansle
pâturagedel’injustice!« Ou réponds-moi, ou donne-moi réparation, ou indique-moi les
moyensd’obtenirlajoie.
«Oh!hélaspourmonaubedissipantlesténèbres!Oh!hélaspourmalumièreattisantlejour!«Oh!hélaspourmonoiseauàl’essorsinoble,quis’estenvolédema
finversmoncommencement!«L’homme ignorant est amoureux de la souffrance jusqu’à l’éternité.
Lis(dansleQor’ân)Jejurejusqu’àmisérable46.1710 «Avectonvisage,j’étaislibérédel’ennui,etdanstarivière,jen’étais
passouilléparl’écume.«Cescrisde“hélas!”sontcausésparl’idéedevoirleBien-Aiméetpar
laséparationd’avecmonexistenceactuelle.«C’étaitlajalousiedeDieu,etiln’yapasdestratagèmecontreDieu:
oùestuncœurquin’estpasbriséencentmorceauxpourl’amourdeLui?«LajalousiedeDieuconsisteenceciqu’ilestautrequetouteschoses,
qu’ilestau-delàdel’explicationetdubruitdesmots.« Oh ! hélas ! Que mes larmes ne sont-elles un océan, pour être
répanduesenoffrandeàcebelenchanteur!«Mon perroquet,mon oiseau intelligent, l’interprète dema pensée la
plusintime,«M’aditdèsl’origine,afinquejepuissem’ensouvenir,quellepartme
seraitdévolue,debienetdemal.»Le perroquet dont la voix provient de 1’inspiration divine, et dont
l’origineétaitantérieureàl’originedel’existence,Ceperroquetestcachéentoi-même:c’estsonrefletquetuasvusurles
chosesdecemonde.Ilenlèvelajoie,etàcausedeluituteréjouis;tureçoisdeluil’injustice
commesic’étaitjustice.1720 Ôtoiquibrûlaisl’âmeàcauseducorps,tuasbrûlél’âmeettuas
illuminélecorps.Jebrûle;quiconquedésirequelquechosequibrûle,qu’ilenflammeses
brindillesàmonfeu.Puisque une chose inflammable accepte le feu, choisis une chose qui
prennefeuaisément.Oh!hélas,oh!hélas!hélas,qu’unetelle lunesesoitcachéederrière
lesnuages!«Commentprononcerais-jeuneparole?Carlefeudansmoncœurest
devenu violent ; le lion de la séparation est devenu furieux et verse lesang.»Celui qui, même lorsqu’il est sobre, est violent et furieux, comment
sera-t-ilayantlacoupedevinenmain?
Lelionivrequiestau-delàdetoutedescriptionesttropgrandpourêtrecontenudanslavasteprairie.Je pense à des rimes, et mon Bien-Aiméme dit : « Ne pense à rien
d’autrequ’àMevoir.« Assieds-toi à l’aise, ô mon ami qui médites des rimes ; en Ma
présence,c’estaveclafélicitéqueturimes.«Que sont lesmots pour que tu y penses ?Que sont lesmots ?Des
épinesdanslahaiequientourelavigne.1730 «Jeplongeraidanslaconfusionlesmots,lessons,lesdiscours,afin
que,sanscestroischoses,jepuisseconverseravectoi.« Cette parole que j’ai cachée àAdam, Je te la dirai, ô toi qui es la
consciencedumonde.« Je te dirai cette parole queje n’ai pas communiquée àAbraham, et
cettedouleurqueGabrielneconnaîtpas.»CemotdontleMessien’apassoufflémot,Dieu,paramourexclusif,ne
l’apasditmêmesansmâ.Qu’est-cequemâdans le langage?affirmationetnégation.Jenesuis
pasuneaffirmation,jesuissansessenceetannihilé.J’ai trouvé l’individualité dans la non-individualité ; aussi ai-je tissé
monindividualitéennon-individualité.Tous les rois sont esclavesde leurs esclaves, tout lemonde est prêt à
mourirpourceluiquimeurtpoureux.Touslesroissontprosternésdevantceluiquiestprosternédevanteux,
toutlemondeestenivré(d’amour)pourceluiquiestenivrépoureux.L’oiseleurdevient laproiedesoiseauxafindepouvoir toutàcoupen
fairesaproie.Lescœursdeceuxquiravissentlescœurssontcaptivésparceuxquiont
perduleurcœur:touslesaiméssontlaproiedeleursamoureux.1740 Celuiquetuconsidèrescommeunamoureux,regarde-lecommele
bien-aimé,carilestàlafoiscecietcela.Si ceux qui ont soif cherchent de l’eau dans le monde, l’eau aussi
cherchedanslemondeceuxquisontassoiffés.Puisqu’ilesttonamant,soissilencieux;commeIItiretonoreille,sois
toutoreille.Barreletorrentdel’extasequandildéborde;autrement,ilcauseradela
honteetdesruines.Quem’importelaruine?Souslaruinesetrouveuntrésorroyal.CeluiquiestnoyéenDieusouhaiteêtrenoyédavantage,tandisqueson
espritestébranlécommelesvaguesdelamer,
Demandant:«Est-celefonddelamerleplusdélicieux,oulasurface?Est-ceSaflèchelaplusravissante,ouSonbouclier?»Ômoncœur, tuesécartelépar lespenséesmauvaises, si tu reconnais
unedifférenceentrelajoieetlechagrin.Bienquel’objetdetondésiraitlegoûtdusucre,l’absenceentoidetout
objetdedésirn’est-ilpasl’objetdudésirduBien-Aimé?ChacunedeSesétoilesest leprixdusangdecentnouvelles lunes ; il
Luiestlicitedeverserlesangdumondeentier.1750 Nousavonsgagnéleprixetleprixdusang;nousnoussommeshâtés
dejouernotreâmeausort.Oh,laviedesamoureuxrésideenlamort: tunegagneraslecœurdu
Bien-Aiméqu’enperdantletien.JecherchaisàgagnerSoncœuraveccentminesetgrâces,maisIlme
repoussaavecdédain.Jedis:«Aprèstout,monespritetmonâmesontnoyésenToi.»«Va-
t’en,dit-Il,va-t’en!Nemerécitepascessortilèges.«Ne sais-jepasquellepensée tu as conçue?Ô toiqui asvudouble,
commentas-turegardéleBien-Aimé?«Ô toi à l’esprit grossier, tuM’as tenu en peu d’estime, car tuM’as
achetétrèsbonmarché.«Celuiquiachèteàbonmarchédonneàbonmarché:l’enfantdonnera
uneperlepourunemichedepain.»Je suis noyé en un amour tel qu’y sont noyées les premières et les
dernièresamours.Je l’ai raconté brièvement, je ne l’ai pas expliqué, autrement tes
perceptionsetmalangueseraientconsumées.Quand je dis « lèvre », c’est la lèvre (rive) de laMer ; quand je dis
«non»,cequejeveuxdireest«excepté».1760 C’estàcausedelasuavitéquejem’assiedsavecunvisageamer;c’est
àcausedel’abondancedesparolesquejedemeuresilencieux,Afinquesouslemasquedel’amertumemadouceurpuisserestercachéeauxdeuxmondes.Afinquecesujetneparviennepasàchaqueoreille, jenedisquel’un
desmystèressecretsparmicentautres.
CommentairedelaparoleduHakîm(Sânâ’î):
«ToutechosequitefaitresterenarrièresurlaVoie,qu’importequecesoitl’infidélitéoulafoi?«TouteformequitefaitresterloinduBien-Aimé,
qu’importequ’ellesoitlaideoubelle?»;etausujetdelasignificationdesparolesduProphète(surluilapaix):«Envérité,Sa’destjaloux,etjesuisplusjalouxqueSa’d,etAllahestplusjalouxquemoi;et,àcausedeSajalousie,Ila
interditlesmauvaisesactionsàl’extérieurcommeàVintérieur.»
Lemondeentierestdevenujaloux,parcequeDieusurpasse lemondeentierenjalousie.Ilestcommel’esprit,etlemondeestcommelecorps:lecorpsreçoitde
l’espritlebienetlemal.Celui dont la niche de prière est tournée vers la révélation mystique
considèrequesonretouràlafoi(conformiste)seraitunehonte.CeluiquiestdevenuleMaîtredelagarde-robeduRoi,c’estuneperte
pourluiquedeselivreraucommercepourleRoi.Celuiquidevientl’amiintimeduSultan,c’estuneinsulteetunehonte
pourluiqued’attendreàsaporte.QuandleRoiluiaaccordédebaisersamain,c’estunpéchés’ilpréfère
baisersonpied.Bienqueposer la têtesur lepiedduRoisoitunacted’obéissance,en
comparaison de cet autre acte d’obéissance, c’est une faute et unégarement.
1770 LeRoiestjalouxdeceluiqui,aprèsavoirvulevisage,préfèreunsimpleeffluve.Pourparlerenparaboles,lajalousieduRoiestsemblableaublé,tandis
quelajalousiedeshommesestcommelapailledanslameule.Sache que l’origine de toutes les jalousies est en Dieu ; celles de
l’humanité ne sont que dérivées, venant de Dieu, sans aucuneressemblance.Jevaislaisserl’explicationdecela,pourmeplaindredelatyranniede
cetteBeautésansfidélité.Je gémis, parce que les gémissements Lui plaisent : Il désire le
gémissementetlechagrindesdeuxmondes.Comment ne gémirais-je pas amèrement à cause de Sa tromperie,
puisquejenesuispasdanslecercledeceuxquisontenivrésparLui?
Commentnemeplaindrais-jepascommelanuit,sansSonjour,etsanslafaveurdeSonvisagequiilluminelejour?Saduretéestdouceenmonâme:quemonâmesoitsacrifiéeauBien-
Aiméquidésolemoncœur!Jesuisamoureuxdemapeineetdemasouffranceafindeplaireàmon
Roisanségal.Jefaisdelapoussièreduchagrinuncollyrepourmesyeux,afinqueles
deuxmersdemesyeuxseremplissentdeperles.1780 LeslarmesquelescréaturesversentpourLuisontdesperles,etlesgens
croientquecesontdeslarmes.Jemeplainsdel’Amedel’âme,mais,enréalité,jenemeplainspas,je
nefaisqueconter(mapeine).Mon cœur dit : « Je suis tourmenté par Lui », et j’ai ri à cette vaine
prétention.Rends-moijustice,ôgloiredesjustes,ôToiquiesledaisetmoileseuil
deTaporte!Leseuiletledais,enréalité,oùsont-ils?Danslequartieroùsetrouve
notreBien-Aimé,oùsont«nous»et«je»?Ôtoidontl’âmeestlibéréede«nous»etde«je»,ôToiquiesl’esprit
subtildansl’hommeetdanslafemme,Quand l’hommeet la femmedeviennentun,TuescetUn ;quand les
unitéssonteffacées,TuescetteUnité;Tuasfabriquéce«je»etce«nous»afindepouvoir,Toi,jouerlejeu
del’adorationavecToi-même,Afinquetousles«je»et«Toi»deviennentuneseuleâmeetàlafin
soientfondusdansleBien-Aimé.Toutcelaestainsi.Viens,ôToi,Seigneurquidonnesl’ordre,ôToiqui
esau-delàdu«Viens»etdetouteparole.1790 LecorpsnepeutTepercevoirquesousunmodecharnel;ilimagineTa
tristesseouTonrire.Lecœurquiestenchaînépar la tristesseet le rire,nedispasqu’ilest
dignedeTevoir.Celuiquiestenchaînéparlatristesseetlerire,celui-làvitaumoyende
cesdeuxchosesempruntées.Danslejardinverdoyantdel’Amour,quin’apointdelimites,ilyabien
d’autresfruitsquelechagrinetlajoie.L’amour est plus haut que ces deux états : sans printemps et sans
automne,ilesttoujoursfraisetvert.Paie la dîme sur Ton beau Visage, ô Toi au beau Visage ! Raconte
l’histoiredel’âmedéchiréeenmorceaux,Carparlacoquetteried’unregard,Celuiquiseplaîtàlancerdesregards
amoureuxabrûlémoncœurànouveau.Jeluiairendulicitedeversermonsang:jeluidisais:«IlestpourToi
licite»,etIIs’enfuyaitloindemoi.Puisque Tu fuis la lamentation de ceux qui sont comme la poussière,
pourquoidéverses-Tul’afflictionsurlecœurdesaffligés?Ô Toi que chaque aurore brillant de l’Orient a trouvé débordant (de
lumière)commelasourceéclatantedusoleil,1800 Pourquoin’as-Tudonnéquel’évasionàTonamantéperdu,ôToidontla
suavitédeslèvresestsansprix?ÔToiquiesuneâmeneuvepourcevieuxmonde,demoncorpssans
cœuretsansâme,entendslecri!Laissel’histoiredelarose!Pourl’amourdeDieu,racontel’histoiredu
RossignolséparédelaRose!Notre émotion ne provient pas du chagrin et de la joie ; notre
conscienceneserattachepasàl’imaginationetàl’illusion.Ilexisteunautreétat(deconscience)quiestrare;n’endoutepas,car
Dieuesttrèspuissant.Ne tirepasd’analogiede l’état (normal)de l’homme,nedemeurepas
danslesbonnesactionsoulesmauvaisesactions.Malfaireetbienfaire,lechagrinetlajoie,sontdeschosesquiviennent
à l’existence ; ceux qui viennent à l’existence meurent : Dieu est leurhéritier.Voici l’aube,ôToiqui es le soutienet le refugede l’aube, implore le
pardondemonseigneurHusâm-od-Dîn.TuesCeluiquiimplorelepardondel’AmeetdelaRaisonuniverselles,
Tuesl’Amedel’âmeetlasplendeurducorail.La lumière de l’aurore a lui, et nous, par Ta lumière, nous buvons la
boissonmatinaleaveclevindeTonMansûr(al-Hallâdj*).1810 PuisqueledonqueTumefaismegardeainsi,quelautrevin
m’apporteraitl’extase?Levinquifermenteestunmendiantquiimplorenotreferment;le Ciel dans sa révolution est un mendiant qui implore de nous la
conscience.Levintiresonivressedenous,etnonpasnousdelui;lecorpsexisteà
causedenous,etnonpasnousàcausedelui.Noussommespareilsàdesabeilles,etnoscorpssontcommelacire ;
nousavonsfaitlecorps,celluleparcellule,commelacire.
*Al-Hallâdj,célèbresoufl,suppliciéen922àBagdad.
Retouràl’histoiredumarchandquis’enallapoursonnégoce
eciesttrèslong.Racontel’histoiredumarchand,quenousvoyionscequiarrivaàcebravehomme.Lemarchand,brûlantdechagrin,d’angoisseetdenostalgie,prononçait
centphrasesdelasorte,Tantôt se contredisant lui-même, tantôt se justifiant, tantôt suppliant,
tantôtpassionnépourlavérité,tantôtpourTirréalité.L’hommequi se noie souffre la torture dans son âme, et s’accroche à
chaquepaille.Depeurpoursavie, il jetteçàet làsamainetsonpied,dans l’espoir
quequelqu’unluitendralamaindanscedanger.L’Ami aime cette agitation :mieux vaut combattre en vain que rester
immobile.1820 CeluiquiestleRoidetouteschosesn’estpasoisif;bienqu’uneplainte
venantdeluiseraitmerveille,carIIn’estpasmalade.Pourcetteraison,leDieumiséricordieuxadit,ômonfils:Chaquejour,
Ilcréequelquechosedenouveau47.Dans cette Voie, ne cesse de faire des efforts ; jusqu’à ton dernier
souffle,nerestepasinoccupéunseulinstant,Afinquetonderniersoupirsoitunderniersoupirdanslequellafaveur
divinesoittonamielaplusintime.Toutcequel’âmequiestdansl’hommeetlafemmes’efforcedefaire,
l’oreilleetl’œilduRoidel’âmeleguettentàlafenêtre.
Commentlemarchandjetaleperroquethorsdelacage,et
commentleperroquetmorts’envola
près cela, il le jeta hors de la cage. Le petit perroquet s’envolajusqu’àunebrancheélevée.Le perroquetmort prit son essor comme lorsque le soleil de 1’ orient
bonditenavant.Lemarchandfutstupéfaitparl’actiondel’oiseau:sanscomprendre,il
aperçutsoudainlessecretsdel’oiseau.Il leva son visage et dit : « Ô rossignol, donne-nous le bénéfice
d’expliquercetteaffaire.«Qu’afaitleperroquetlà-bas(dansl’Inde)quetuapprennes,prépares
uneruse,etnousbrûles(dechagrin)?»1830 Leperroquetdit:«Parsonaction,ilm’aconseillé:“Renonceau
charmedetavoixetàtonaffection,“Parcequetavoixt’aconduitàlaservitude;ilafeintd’êtremort,afin
demedonnerceconseil.”«C’est-à-dire:“Ôtoiquiesdevenuchanteurpourl’éliteetlecommun
desgens,deviensmortcommemoi,pourobtenirladélivrance.”»Situesunegraine,lespetitsoiseauxtepicoreront,situesunboutonde
fleur,lespetitsenfantstecueilleront.Cache la graine, deviens un piège ; cache le bouton de fleur, deviens
l’herbesurletoit.Celuiquimetsabeautéauxenchères,centmauvaissortsseprécipitent
surlui,Lesruses,lescolères,lesenviessedéversentsursatête,commel’eau
desoutres.Lesennemisledéchirentparjalousie,lesamiseux-mêmesluiprennent
lavie.Celui qui était insouciant des semailles et du printemps, comment
connaîtrait-illavaleurdecettevie?Il te faut courir vers le refuge de la grâce divine qui a répandu des
milliersdefaveurssurlesesprits,1840 Afindetrouverrefuge.Aprèsavoirtrouvécerefuge,l’eauetlefeu
deviendronttonarmée.Lamernedevint-ellepasl’amiedeNoéetdeMoïse?Nedevintellepas
unadversaireassoiffédevengeancecontreleursennemis48?Le feu n’était-il pas une forteresse pour Abraham, de sorte qu’il fit
s’éleverdelafuméeducœurdeNemrod49?La montagne n’appela-t-elle pas Yahyâ (Jean-Baptiste) à elle et ne
chassa-t-ellepassespoursuivantsàcoupsdepierres?«ÔYahyâ,dit-elle,viens,prendsrefugeenmoi,afinquejeteprotège
contreleglaiveacéré.»
Commentleperroquetfitsesadieuxaumarchandets’envola
eperroquetluidonnaunoudeuxconseilspleinsdesaveur,puisilluiadressal’adieudelaséparation.Lemarchand lui dit : «Va, queDieu te protège ! Tum’asmontré à
présentuneVoienouvelle.»Lemarchandseditenlui-même:«Ceconseilestpourmoi;jesuivrai
saVoie,carcetteVoieestradieuse.« Comment mon âme serait-elle inférieure à ce perroquet ? L’âme
devraitsuivreunaussibonchemin.»
Combienilestpréjudiciabled’êtrehonoréparlesgensetdesefaireremarquer
ecorpsestcomparableàunecage :auseindes flatteriesdeceuxquivontetviennent,ildevientunfléaupourl’âme.Celui-ciluidit:«Jeseraitonconfident»,etcetautre:«C’estmoiqui
suistoncompagnon.»1850 Celui-ciluidit:«Iln’existepersonnequisoitsemblableàtoiquantàla
beautéetàladignité,labienveillanceetlagénérosité.»Unautre lui déclare : «Lesdeuxmondes t’appartiennent ; toutesnos
âmessontlesservantesdelatienne.»Lorsqu’ilvoitquelesgenssontenivrésdedésirpourlui,l’arrogancelui
faitperdrelecontrôledelui-même.IlnesaitpasqueleDémonaprécipitédesmilliersd’hommespareilsà
luidansl’eaudufleuve(deladestruction).Laflatterieetl’hypocrisiedumondesontsuaves:manges-enmoins,car
c’estunalimentenflammé.Son feuest cachéet songoûtapparent ; sa fuméedevientvisibleà la
fin.Nedispas:«Commentaccepterais-jecettelouange?Ilparlepardésir
(derécompense):jesuissursestraces(etnesuispasdupe).»Siceluiquitelouesemoquaitdetoienpublic, toncœurbrûleraitdes
joursdurantàcausedecesblessures.Bien que tu saches qu’il ne l’a dit que parce qu’il était déçu, que les
espoirsqu’ilavaitfondéssurtoineluiaientrienrapporté,1860 Cependant,l’effetproduitparcesparolesdemeureentoi.Lamême
expériencet’advientlorsqu’ils’agitdelouanges.Son effet, là aussi, demeure plusieurs jours et devient une source
d’arroganceetd’illusionpourl’âme.Mais cela n’apparaît pas, car la louange est douce ; dans le cas du
blâme,lemalapparaît,carleblâmeestamer.Ilestpareilàcespotionsetpilulesquel’onavale,etpendantlongtemps
onesttroubléetl’onsouffre,Tandisquesil’onmangeduhalwâ(sucrerie),songoûtestfugace;cet
effet,commel’autre,nedurepastoujours.Etant donné qu’il ne persiste pas de façon manifeste, il persiste de
manière imperceptible : reconnais chaque opposé au moyen de sonopposé.Quand l’effet du sucre demeure, après quelque temps il produit des
furonclesquinécessitentlalancette.Pharaondevinttelqu’ilétaitparl’excèsdelouanges:queladouceurte
rendehumbleenesprit,nesoispasdominateur.Autant que tu le peux, deviens un esclave, ne sois pas unmonarque.
Supportelescoups:devienscommelaballeetnoncommelaraquette.Sinon, lorsque l’éléganceet labeauté t’aurontabandonné, tuserashaï
parcescompagnons.1870 Cegroupedegensquiteflattaientdefaçontrompeuse,lorsqu’ils
t’apercevront,tetraiterontdediable.Quandilsteverrontàleurporte,ilss’écrieronttous:«Voiciuncadavre
sortidesatombe.»Tuserascommecejeunehommeimberbequ’ilsappellent«Seigneur»
afindelerendreinfâmeparcettehypocrisie.Dèsquesabarbeapoussédansl’infamie,leDémonahonted’êtreàsa
recherche.Le Démon s’approche de l’homme par amour pour le mal : il ne
s’approchepasdetoiparcequetuespirequeleDémon.Tantquetuétaisunhomme,leDémonétaità testrousses, t’invitantà
goûtersonvin.Êtant donné que tu es devenu enraciné dans la diablerie, le démon
s’enfuitloindetoi,ôbonàrien!Jadis, ils s’accrochaient au pan de ton habit : lorsque tu devins ainsi,
tousontprislafuite.
ExplicationdelaTradition:«IladvienttoutcequeDieuveut»
ousavonsdittoutescesparoles,maisennouspréparant(àcequinousattend)nousnesommesrien,riensanslafaveurdeDieu.Sans lafaveurdeDieuetdesélusdeDieu,mêmesi l’onestunange,
notrepageestnoire.1880 ÔDieu,ôToidontlagénérositécomblechaquebesoin,iln’estpas
permisdementionnerquiconqueendehorsdeToi:Toute cette direction, Tu nous l’a s conférée, jusqu’à présent, Tu as
cachémaintesdenosfautes.Fais que la goutte de connaissance que Tu nous as donnée devienne
désormaisunieàTesocéans.Dansmonâmese trouveunegouttedeconnaissance :délivre-lade la
sensualitéetdulimonducorps,Avantquelelimonnel’absorbe,avantquelesventsnel’emportent,Bienque,s’ilsl’emportent,tusoiscapabledelaleurreprendreetdela
sauver.Lagouttequis’estvolatiliséedansl’airourépanduesurterre,quanda-
t-elleéchappéàlaréservedeTaToute-Puissance?Si elle est entréedans lanon-existence,oudansunecentainedenon-
existences,ellereviendraàtire-d’ailequandtul’appelleras.Descentainesdemilliersd’opposéstuentleursopposés:Tonordreles
faitsortirànouveau(delanon-existence).Caravanes sur caravanes, ô Seigneur, se hâtent continuellement de la
non-existenceversl’existence.1890 Ainsi,chaquenuit,touteslespenséesetlescompréhensionss’an-
nihilent,plongéesdanslaMerprofonde;De nouveau, à l’aube, ces êtres divins lèvent la tête hors de laMer,
commedespoissons.Durant l’automne, des myriades de rameaux et de feuilles battent en
retraitedanslamerdelaMort,Tandis que dans le jardin le corbeau, vêtu de noir comme ceux qui
portentledeuil,selamentesurlaverdurefanée.A nouveau, du Seigneur de la terre arrive l’ordre disant à la
nonexistence:«Rendscequetuasdévoré!«Redonne,ômortnoire,lesplantes,lesherbesmédicinales,lesfeuilles
etl’herbequetuasdévorées!»Ômonfrère, rassemble tesespritsun instant : sanscesse ilyaen toi
l’automneetleprintemps.Contemplelejardinducœur,vert,humideetfrais,pleindeboutonsde
roses,decyprès,dejasmins;Derameauxcachésparlamultitudedesfeuilles,unevasteplaineetun
palaisélevédissimuléparl’abondancedesfleurs.Cesparoles,quiproviennentdelaRaisonuniverselle,sontleparfumde
cesfleurs,decescyprès,decesjacinthes.1900 As-tujamaissentileparfumd’uneroselàoùiln’yavaitpasderose?
Vis-tujamaisl’écumeduvinlàoùiln’yavaitpasdevin?Leparfumest tonguide et te conduit sur ton chemin : il t’amènera à
l’ÉdenetauKawthar*.Leparfumestunremèdepourl’œilaveugle;ilproduitlalumière:l’œil
deJacobfutouvertparuneodeur.L’odeurnauséabondeobscurcitl’œil,l’odeurdeJosephaidelesyeux.Tun’espasunJoseph,soisunJacob;sois,commelui,familieravecles
fleursetladétresse.Écoute ce conseil du Sage de Ghazna (Sanâ’î) afin de ressentir la
fraîcheurdanstonvieuxcorps:«Ledédainexigeunvisagesemblableà larose:si tun’aspasuntel
visage,netecomplaispasdanslamauvaisehumeur.«Laidestledédainenunvisagedéplaisant,pénibleestlemald’yeux
dansunœilaveugle.»EnprésencedeJoseph,neprendspasdegrandsairsetneteconduispas
commeunebeauté:n’offreriend’autrequelessupplicationsetlessoupirsdeJacob.Lasignificationdelamort,transmiseparleperroquet,c’étaitlemépris
de soi-même : fais de toi-même un mort dans la supplication et ledétachement,
1910 AfinquelesouffledeJésustefasserevivreetterendeaussibeau,aussibéniquelui.Comment un rocher serait-il recouvert de verdure par le printemps ?
Deviensdelaterre,pourpouvoirdonnernaissanceàdesfleursbigarrées.Durantdesannées,tuasétéunrochertailladantlecœur:pourunefois,
faisl’expériencededevenirdelaterre!
*Nomd’unesourceduParadis.
Histoireduvieuxjoueurdetchengqui,autempsde‘Omar(queDieusoitsatisfaitdelui!),unjouroùilmouraitdefaim,jouapourDieu
dutchengdansuncimetière
s-tu entendu raconter qu’au temps de ‘Omar, il y avait unménestrel,unmerveilleuxetcélèbreménestrel?Le rossignol était transporté par sa voix ; par sa voix ravissante, une
extasesetransformaitencent.Son souffle était l’ornement de l’assemblée et de la réunion ; à ses
chants,lesmortsressusciteraient,1920 Al’instard’Isrâfîl,dontlavoixramèneralesâmesdesmortsdansleurs
corps.Ou encore il était comme l’accompagnateur d’Isrâfîl, car sa musique
auraitfaitpousserdesailesàl’éléphant.Un jour, Isrâfîl sonnera clair, et donnera la vie à ce qui a été pourri
depuiscentans.Lesprophètesaussiontdesnotes intérieuresd’oùprovient laviesans
prixpourceuxquicherchent.L’oreille sensuelle n’entend pas ces notes, car l’oreille sensuelle est
souilléeparlespéchés.Lavoixdelapérin’estpasperçueparl’homme,carilestincapablede
saisirlesmystèresdespéris,Bienquelavoixdelapériappartienneégalementàcemonde.Lavoix
ducœurestplushautequecesdeuxvoix,Car la péri et l’homme sont tous deux prisonniers : tous deux se
trouventdanslaprisondecetteignorance.Récite : Ô peuple des djinns (et des hommes) dans la sourate al-
Rahmân;comprendslesensdeSivouspouvezpasser50.Lesnotesintérieuresdessaintsdisent,toutd’abord:«Ovous,parcelles
delanon-existence,«Prenezgarde,levezlatêtehorsduladelanégation;renoncezàcette
imaginationvaine.«Ôvousquiêtestouspourrisdanscemondedelagénérationetdela
corruption,votreâmeéternellen’apasgrandietn’estpasnée.»Si je dis une bribe de ces notes, les âmes lèveront la tête hors du
tombeau.Approchetonoreille,carcettemélodien’estpaslointaine,maisiln’est
paspermisdetelacommuniquer.1930 Écoute!carlessaintssontlesIsrâfîlsdeleurtemps;grâceàeux,les
mortsviennentàlavieetàlafraîcheur.Les âmesmortesdans la tombeducorps à leurvoix sedressentdans
leurslinceuls.Ellesdisent:«Cettevoixestdistinctedetouteslesvoix;ressusciterles
mortsestl’œuvredelaVoixdeDieu.« Nous étions morts et complètement détruits ; 1’ appel de Dieu est
venu,nousnoussommestouslevés.»L’appeldeDieu,qu’ilsoitvoiléounon,octroiecequiaétéoctroyéà
Maryam.Ô vous qui êtes corrompus par la mort à l’intérieur de votre peau,
revenezdelanon-existenceàlavoixdel’Ami!Envérité,cettevoixestcelleduRoi,bienqu’ellesortedugosierdeSon
serviteur.Dieuluiadit:«Jesuistalangueettesyeux,Jesuistessens,etJesuis
toncontentementettoncourroux.«Va,cartuesceluidontDieuadit:“ParMoiilentend,etparMoiil
voit.”Tueslaconsciencedivine:commentconviendrait-ildedirequetupossèdescetteconsciencedivine?« Puisque tu es devenu, par l’émerveillement, celui qui appartient à
Dieu,Jesuisàtoi,car“Dieuluiappartiendra".1940 «Parfois,Jetedis:“C’esttoi”;parfois,“c’estMoi".QuoiqueJedise,
JesuisleSoleililluminanttouteschoses.«ChaquefoisqueJerayonnedutabernacled’uneparole,lesdifficultés
d’unmondesontrésolues.« L’obscurité que le soleil terrestre n’a pas dissipée, parMon souffle
cetteobscuritéestdevenuepareilleaumatinlumineux.»AunAdam,enSaproprePersonne,IlaindiquélesNoms;aurestedes
hommes,IlarévélélesNomsparl’intermédiaired’Adam.Reçois Sa Lumière d’Adam ou de Lui-même ; prends le vin de
l’amphoreoudelacoupe,Carcettecoupeestétroitement rattachéeà l’amphore ; lacoupebénie
neseréjouitpaspourlesmêmesraisonsquetoi.Mohammadadit:«Heureuxceluiquim’avuetceluiquiregardecelui
quiavumonvisage.»Quand une lampe tire sa lumière d’une chandelle, quiconque voit la
lampevoitsûrementlachandelle.Silatransmissiondelalumièreadvientdecettefaçonjusqu’àcequ’une
centaine de lampes soient allumées, voir la dernière des lampes, c’ests’uniràlalumièreoriginelle.Prends de toute ton âme à la dernière lampe — il n’y a aucune
différence—oubienauchandelier.1950 ContemplelaLumière(deDieu)àpartirdeladernièrelampe,oubien
contempleSaLumièreàpartirduflambeaudeceuxquisontpartisauparavant.
Explicationdelatradition:«Envérité,votreSeigneura,durantles
joursdevotretemps,certainssouffles;oh,préparez-vous
àlesrecevoir!»
eProphèteadit:«Encesjours,lessoufflesdeDieuremportent:« Gardez vos oreilles et votre esprit attentifs à ces influences
spirituelles.Captezdetelssouffles.»Lesouffledivinestvenu,t’aaperçu,etilpartit:iloctroyalavieàquiil
voulut,puisilpartit.Un autre souffle est arrivé. Prends garde de ne pasmanquer celui- là
aussi,ômonami!L’âmedufeuaobtenuainsiunéteignoirdesonfeu,l’âmemorteasenti
enelle-mêmeunmouvementdevie.C’est là la fraîcheur et le mouvement de l’arbre Tûbâ*, ce n’est pas
comparableauxmouvementsdesanimaux.Sicelatombesurlaterreetleciel,ilsserontglacésdeterreur.Envérité,parcraintedecesouffleinfini,récite(lesparolesduQor’ân)
maisilsontrefusédes’encharger(dudépôtquileurétaitoffert51.)Autrement, comment les parolesmais ils ont refusé auraient-elles été
(dans le Qor’ân) si, par crainte (de ce souffle), le cœur des montagnesn’étaitdevenuensanglanté?
1960 Hiersoir,cesouffles’estprésentéàmoisousuneformedifférente,maisquelquesmorceaux(denourriture)vinrentluibarrerlechemin.Acaused’unmorceaudenourriture,unLuqmânfutdétenuenotage:le
momentestvenupourLuqmân,va-t’en,ômorceaudenourriture!Ces aiguillons de la chair pour l’amour d’unmorceau de nourriture !
Retirel’épinedupieddeLuqmân.Danssonpiednesetrouvent,enréalité,niépine,nimêmesonombre,
maislaconcupiscenceteprivedecediscernement.Sachequel’épineestceque,parcequetuestrèscupideettrèsaveugle,
tuasprispourunedatte.Étantdonnéquel’espritdeLuqmânestlaroseraiedeDieu,commentle
pieddesonespritserait-ilblesséparsonépine?Cetteexistencequisenourritderoncesestpareilleàunchameau,etsur
cechameauestmontéundescendantdeMustaphâ.
Ôchameau,surtondosestunsacderosesdontleparfumafaitnaîtrecentroseraiesdanstonsein.Tonpenchantestverslesbuissonsderoncesetlesable:jemedemande
quellesroncestucueillerassurdesroncesvaines?Ô toi, quidans taquête as erréd’un lieuà l’autre, combiende temps
répéteras-tu:«Où?Oùsetrouvecetteroseraie?»1970 Tantquetun’auraspasretirécetteépinedetonpied,tonœilrestera
aveugle:commenttrouverais-tutonchemin?L’hommequi n’est pas contenu dans cemonde devient caché dans la
pointed’uneépine!Mohammadestvenupourcréerl’harmonie;(ildisait:)«Parle-moi,ô
Humayrâ,parle!»ÔHumayrâ,placeleferàchevaldanslefeuafínque,grâceàtonferà
cheval,cettemontagnedevienneembraséecommedesrubis.«Humayrâ»estunnomauféminin,etlesArabesnommentl’espritau
féminin.Mais peu importe que l’esprit soit au féminin : l’Esprit n’a rien de
communavecl’hommeetlafemme.Ilestplushautquelefémininetlemasculin:cen’estpaslàcetesprit
composédesécheresseetd’humidité.Ce n’est pas cet esprit qui s’accroît en mangeant du pain ou qui est
tantôtcommececi,tantôtcommecela.Cetespritestceluiquicréeladouceur,quiestdoux,etl’essencedela
douceur. Sans douceur intérieure, il n’y a pas de douceur, ô toi qui telaissesséduire!Quand tu es rendu doux par le sucre, il se peut qu’un jour ce sucre
disparaissedetoi;1980 Maislorsquetudeviensdusucregrâceàuneextrêmefidélité,alors
commentlesucreserait-ilséparédusucre?Quandl’amoureuxdeDieuestnourri,del’intérieurdelui-même,avec
unvinpur,laraisondemeureisoléeetperdue:Laraisondiscursiveniel’Amour,mêmesielleparaîtêtresonconfident.Elleestcapableetadesconnaissances,maisellen’estpasmorteàelle-
même ; jusqu’à ce que l’ange soit mort à lui-même, il est un Ahriman(démon).La raison partielle est notre amie en paroles et actions,mais lorsqu’il
s’agitd’extasesspirituelles,ellenesertàrien.Elle ne sert à rien, parce qu’elle n’a pas renoncé à l’existence pour
devenir non existante : puisqu’elle n’est pas morte à elle-même
volontairement,plusd’unl’estdevenuinvolontairement.L’Esprit est perfection, et Son appel est perfection : Mustaphâ
(Mohammad)avaitl’habitudededire:«Rafraîchis-nous,ôBilâl!« Ô Bilâl, élève ta voix mélodieuse qui vient de ce souffle que j’ai
insufflédanstoncœur,« De ce souffle par lequel Adam fut confondu, et les esprits des
habitantsducielrendusstupides.»Mustaphâdevinthorsdelui-mêmeausondecettevoixmerveilleuse:
saprièrerestainaccomplielanuitduta’rîs*.1990 Ilnelevapaslatêtehorsdecesommeilbéni,jusqu’àcequelemoment
delaprièredel’aubefûtdevenuceluid’avantmidi.Lanuitduta’rîs,sonpurespritobtintleprivilègedebaiserlesmainsen
présencedel’Épousée.L’Amouretl’Espritsonttousdeuxcachésetvoilés:sij’aiappeléDieu
l’Épousée,nevoyezpaslàunefaute.Je serais resté silencieux par crainte de déplaire au Bien-Aimé s’il
m’avaitaccordéuninstantderépit;Mais Il ne cesse de répéter : «Parle !Allons, ce n’est pas une faute,
c’estseulementcequeledestindivinexigedanslemondeinvisible.»La faute réside en celui qui voit partout des fautes : comment le Pur
Espritdel’invisibletrouverait-Ildesfautes?Lafauteneseproduitqueparrapportà lacréature ignorante,nonpar
rapportauSeigneurdeMiséricorde.L’infidélité,elleaussi,estsagesseparrapportauCréateur;maisquand
vousnousl’imputez,c’estunechosepernicieuse.Ets’ilestunefauteconjointeàcentavantages,elleressembleàlatige
deboisdanslacanneàsucre.Tousdeux(tigeetsucre)sontplacésdanslesbalances,parcequetous
deuxsontdouxcommel’âmeetlecorps.2000 Aussin’est-cepasenvainquelesmystiquesontdit:«Lecorpsdes
saintsestpurcommeleuresprit.»Leurs paroles, leur âme, leur forme, tout cela est esprit absolu sans
extériorité.L’esprit de ceux qui les considèrent avec hostilité est seulement un
corps ; comme les points en plus dans le jeu denard, ce n’est là qu’unnom.Celui-là(lecorpsdel’ennemidessaints)estalléenterreetestdevenu
entièrementdelaterre;lecorpsdusaintestallédansleseletestdevenuentièrementpur—
Le sel spirituel grâce auquel Mohammad est plus raffiné quequiconque:ilestpluséloquentqueleHadîthraffiné.Ceselsurvitdanssonhéritage:seshéritierssontavectoi.Recherche-
les!Celui-ci(cethéritierspirituel)estassisenfacedetoi,mais,enréalité,
oùestl’âmequipense«enface»?Si tu imagines que tu as un « au-devant » et un « en arrière », tu es
enchaînéaucorpsetdénuéd’esprit.«Endessous»et«au-dessus»,«au-devant»et«enarrière»sontdes
attributs du corps : l’essence de l’esprit lumineux est sans directionspatiale.Éclaire ta vision avec la pure lumière du Roi. Prends garde à ne pas
t’imaginer,commeceluiquialavuecourte,2010 Quetuesseulementcetêtrevivantdanslapeineetlajoie.Ôtoiquies
non-existence,oùsont«au-devant»et«enarrière»quirelèventdelanon-existence?C’estunjourdepluie:voyagejusqu’àlanuit,nonpasincitéàlefaire
parcettepluie(terrestre),maisparlapluieduSeigneur.
*ArbreduParadis.* Le terme de ta’ris est employé pour les voyageurs qui font halte pour sereposerladernièrepartiedelanuit.
Histoirede‘A’icha(queDieusoitcontentd’elle).Commentelle
interrogeaMustaphâ(Mohammad)(surluilapaixj,disant:«Ilapluaujourd’hui:étantdonnéquetuesalléaucimetière,commentsefait-il
quetesvêtementsnesoientpasmouillés?»
njour,Mustaphâserenditaucimetière: ilaccompagnait labièred’undesesamis.Il remplit de terre sa tombe ; il vivifia sa semence sous la terre. Les
arbressontpareilsàceuxquisontenterrés:ilsontlevéleursmainshorsdelaterre.Ilsfontdescentainesdesignesauxgensetparlentclairementàceuxqui
ontdesoreillespourentendre.Avec une langue verte et de longs doigts, ils racontent des secrets
provenantducœurmêmedelaterre.Enfoncésdanslaterrecommedescanardsayantplongéleurstêtesdans
l’eau, ils sont devenus aussi gais que des paons, alors qu’en hiver ilsétaientsemblablesàdescorbeaux.Si durant l’hiver II les emprisonna (dans la neige),Dieu a fait de ces
«corbeaux»des«paons»(auprintemps).Bien qu’il les ait mis à mort en hiver, Il les a fait revivre grâce au
printempsetleuradonnédesfeuilles.2020 Lessceptiquesdisent:«Sûrement,cettecréationestéternelle:
pourquoil’attribuerions-nousàunSeigneurbienveillant?»Dieu,endépitd’eux,afaitcroîtredesjardinsetdesparterresdedouces
fleursdanslescœursdesesamis.Chaqueroseauseinparfuméparledessecretsdel’Universel.Leur parfum (à la confusion) des sceptiques parcourt le monde et le
voiledudoutesedéchire.Les sceptiques, fuyant le parfum de la rose comme un scarabée ou
commequelqu’unquinesupportepaslebruitdutambour,Feignant d’être occupés et absorbés, détournent leurs regards de la
lumièreetdel’éclair.Ilsdétournentlesyeux,maisiln’yapasd’yeuxlà:l’œilestcequivoit
unlieusûr.Quand le Prophète revint du cimetière, il alla chez la Siddîqa (« la
sincère»,nomdonnéà‘A’icha)etseconfiaàelle.DèsqueleregarddelaSiddîqatombasurlui,elles’avançaetposala
mainsurlui,Sursonturban,sonvisage,sescheveux,soncol,sapoitrine,sesbras.
2030 LeProphèteluidit:«Quecherches-tuavecunetellehâte?»Ellerépondit:«Aujourd’hui,lapluieesttombéedesnuages.« Je cherche de l’humidité sur tes vêtements, et ne les trouve pas
mouillésdepluie.Commec’estétrange!»LeProphètedit:«Quelchâleas-tuposésurtatête?»Elledit:«Jeme
suisserviedecerida(couverture)quiestàtoipourmecouvrirlatête.»Ildit:«Ôfemmeaucœurpur!C’estpourcelaqueDieuarévéléàtes
yeuxpurslapluiedel’invisible.«Cettepluienevientpasdesnuages : il existed’autresnuagesetun
autreciel.»
CommentairedesversdeHakîm(Sanâ’î):«Ilestdansleroyaumedel’âmedesdeuxgouvernantle
cieldeceMonde.DanslaVoiedel’esprit,ilexistedesplainesetdeshauteurs,desmontagnesélevéesetdesmers»
e Monde invisible a d’autres nuages, et une autre eau que lesnôtres,ilpossèdeunautreciel,etunautresoleil.Cela n’est perçu que par les élus ; le reste des hommes doute d’une
nouvellecréation52.Ilexisteunepluiequisertànourrir;ilexisteaussiunepluiequisertà
détruire.Lebienfaitdelapluieauprintempsestmerveilleux,maispourlejardin
lapluied’automneestcommeunefièvre.Lapluieprintanièrelerendtendrementflorissant,tandisquecettepluie
d’automnelerendmaladeetfaible.2040 Demême,sachequelefroid,levent,lesoleilproduisentdeseffets
divers;ettrouves-enlaraison.Dans le monde invisible aussi existent ces différentes sortes : gain,
perte,profit,etdommages.CesouffledesAbdâl (saints)provientdeceprintempsspirituel :c’est
delàquecroîtunjardinverdoyantdanslecœuretl’âme.Deleurssouffles,advientàceluiquiacettebonnefortunelemêmeeffet
queceluidelapluieprintanièresurl’arbre.S’ilsetrouvelàunarbresec,necroispasquecedéfautsoitdûauvent
vivifiant.Leventfitsonœuvreetsouffla:celuiquiavaituneâmelechoisitde
préférenceàsonâme.
Surlasignificationdelatradition:«Profitezdelasaison
printanière…»
eProphèteadit :«Prenezgarde,mesamis!Necouvrezpasvoscorpspourlesprotégerdufroidduprintemps.«Carilfaitàvosespritscequeleprintempsfaitauxarbres;maisfuyez
lefroiddeFautomne,carilfaitcequeFautomneafaitaujardinetàlavigne.»Lestraditionalistessesontréférésausensextérieur(decetteparole)et
sesontcontentésdecetteformeextérieure.2050 Cettecatégoriedegensétaientignorantsdel’esprit;ilsvoyaientla
montagne,maisnevirentpaslaminequis’ytrouvait.Au regard deDieu, cet « automne » est l’âme charnelle (nafs) et ses
désirs:laraisonetl’espritsontl’essenceduprintempsetlavieéternelle.Tupossèdes une raison partielle cachée en toi : cherche en cemonde
quelqu’undontlaraisonsoitparfaite.Grâce à sa totalité, ta partie est rendue totale et parfaite : la Raison
universelleestcommeunechaînesurlecoudelachair.Donc,selonl’interprétationjuste,lesensestcelui-ci:lessoufflessaints
sontpareilsauprintempsetàlaviedesfeuillesetdelavigne.Lesparolesdes saints, qu’elles soientdoucesou rudes,ne couvrepas
toncorpspourt’enprotéger,carellessontlesupportdetareligion.Quelesaintparleavecchaleuroufroideur,reçoissesparolesavecjoie:
ainsi tuéchapperasà lachaleuretaufeudelanatureetauxflammesdel’enfer.Sa«chaleur»etsa«froideur»sontlanouvellesaisonduprintempsde
lavie,lasourcedelasincérité,delafoi,duservice,Etantdonnéquelejardindesespritsestvivantgrâceàlui,etquelamer
desoncœurestrempliedecesperles.Des milliers de chagrins oppressent le cœur de l’homme sage, si du
jardindesoncœurmanqueuneseulebrindille.
CommentlaSiddîqa(A‘icha)(queDieusoitsatisfaitd’elle)interrogeaMustaphâ(Mohammad)(Dieule
bénisseetluidonnelapaix),disant:«Quelestlesenscachéde
lapluied’aujourd’hui?»
2060 aSiddîqadit:«Ôtoiquiescequel’existenceademeilleur,quelleétaitlaraisondelapluied’aujourd’hui?«Était-ceunepluiedemiséricorde,ouétait-ceunemenaceetlajustice
delamajestédivine?« Provenait-elle de la grâce des attributs printaniers, ou du néfaste
attributautomnal?»Ilrépondit:«Cettepluieétaitdestinéeàabrégerlapeinequ’éprouvela
raced’Adampendantlescalamités.«Sil’hommedevaitresterdanscefeu,iladviendraitbiendesruineset
despertes.« Ce monde deviendrait aussitôt désolé : tous les désirs égoïstes
surgiraientdeshommes.»L’oublideDieu,ôbien-aimé,estlesoutiendecemonde:l’intelligence
spirituelleestdupoisonpourcemonde.L’intelligenceappartientàcetautremonde,etquandellel’emporte,ce
mondeestrejeté.L’intelligence est le soleil, et la cupidité la glace ; l’intelligence est
l’eau,etcemonde-cil’ordure.Unpetitfiletd’intelligencecouledecemondedel’au-delà,afinquela
cupiditéetl’envienerugissentpastropencemonde-ci.2070 Sicefiletd’eauprovenantdel’invisibledevaitdevenirplusgrand,ence
monde-cinedemeureraientnivertunivice.Cesujetn’apasdefin.Reviensànotrepointdedépart,àl’histoiredu
ménestrel.
Findel’histoireduvieuxjoueurdetchengetexplicationdesamorale
eménestrelparquilemondeétaitremplideravissement,grâceàlavoixdequinaissaientdemerveilleusesimaginations,Grâce au chant de qui l’oiseau de l’âme prenait son essor, grâce à la
mélodiedequil’espritétaitbouleversé,Quand le temps eut passé et qu’il fut devenu vieux, de faiblesse, le
faucondesonâmedevintunchasseurdemoucherons.Son dos devint courbé comme le dos d’une jarre de vin, ses sourcils
pendaientau-dessusdesesyeuxcommeunebridedecroupière.Savoix exquise, rafraîchissant l’âme, devint laide et sansvaleur pour
quiconque.La voix qui avait causé la jalousie de Zohra (Vénus) était à présent
commelebraimentd’unvieilâne.Envérité, quellebelle chosey a-t-il qui n’est devenue laide, quel toit
quin’estdevenuuntapis?Exceptélesvoixdessaintsdansleurpoitrine:l’échodeleursouffleest
lasonneriedelatrompette(delaRésurrection).2080 Leurcœurestceluiparlequeltouslescœurssontrendusivres,leurnon-
existenceestcelleparlaquellenosexistencessontrenduesexistantes.Lesaintestl’ambre(aimant)detoutepenséeetdetoutevoix;ilestle
délicedelarévélationetl’inspirationdumystère.Lorsqueleménestrelfutdevenuâgéetfaible,commeilnegagnaitrien,
ildevintendettépouruneseulemichedepain.Ildit:«Tum’asdonnéunelonguevieetunlongrépit:ômonDieu,Tu
asaccordéTesfaveursàunpauvremisérable.«Pendantsoixante-dixannées,j’aicommisdespéchés;cependant,pas
unseuljourTunem’asprivédeTagénérosité.« Je ne puis rien gagner aujourd’hui, je suisTon invité, je jouerai du
tchengpourToi,carjesuisàToi.»Ilpritsontchengets’enallaàlarecherchedeDieujusqu’aucimetière
deMédine,criant:«Hélas!»Ildisait:«JedemandeàDieuleprixdelasoie(pourlescordesdemon
luth)cardansSabontéIIacceptelafaussemonnaie.»Iljoualongtempsdutcheng,puis,pleurant,posasatêtesurlesol;ilfit
dutchengsonoreillerets’étenditsurunetombe.
Le sommeil s’empara de lui ; l’oiseau de son âme s’échappa de sacaptivité;ellelaissatchengetjoueurdetchengets’enfuit.
2090 Elleselibéraducorpsetdelasouffrancedecemondedanslemondespiritueletledomainedel’âme.Là,sonâmechantaitcequiluiétaitadvenu,disant:«Siseulementon
melaissaitdemeurerici,«Heureuseseraitmonâmedanscejardinetceprintemps,enivréepar
cetteplaineetcemystiquechampdetulipes.«Jevoyageraissanstêtenipieds,jemangeraisdusucresanslèvresni
dents,«Lamémoireetlapenséedélivréesdelasouffranceducerveau,jeme
réjouiraisavecleshabitantsduciel.«Les yeux fermés, je verrais unmonde, sansmains je cueillerais les
rosesetlebasilic.»L’oiseau aquatique, son âme, était plongé dans un océan de miel, la
fontainedeJob,pours’yabreuverets’ypurifier,ParlaquelleJob,despiedsàlatête,étaitdélivrédesesmauxetrendu
purcommelalumièredel’aurore.SiceMathnawîétaitaussivastequeleciel,lamoitiédecemystèren’y
pourraittrouverplace.Carl’immensitéducieletdelaterredéchiremoncœurparsapetitesse
(encomparaison).2100 Etlemondequim’aétérévélédanscerêveafaits’ouvrirtoutes
grandesmesailesàcausedecetteétendue.Si ce monde, et la voie qui y mène, étaient manifestes, personne ne
resteraitici-basunseulinstant.L’ordre divin parvenait auménestrel : «Ne sois pas cupide : puisque
l’épineaétéôtéedetonpied,pars.»Tandis que son âme s’attardait là dans l’ample domaine de la
miséricordeetdelabienfaisancedeDieu.
Commentlavoixdivineparlaà‘Omar(queDieusoitsatisfaitdelui!)alorsqu‘ildormait,disant:«Donneunecertainequantitéd’ordutrésorpublicàl’hommequiest
endormidanslecimetière»
lors,Dieuenvoyaà‘Omarunetellesomnolencequ’ilnepouvaits’empêcherdedormir.Ilfutfrappédestupeur,disant:«C’estlàchoseinconnue.Celavientde
l’invisible,cen’estpassansdessein.»Ilposasatêteetlesommeils’emparadelui.Ilrêvaqu’ilentendaitune
voixveniràluideDieu;sonespritentenditCettevoixquiestl’originedechaquecrietdechaquebruit:envérité,
c’estl’uniquevoix,leresten’enestquel’écho.LeTurcetleKurde,celuiquiparlepersanetl’Arabe,ontentenducette
voix,sansoreilleetsanslèvres.Turcomans, Persans, Ethiopiens, que dis-je ? Le bois et la pierre ont
entenducettevoix.2110 AchaqueinstantprovientdeLuil’appel:Nesuis-jepas(votre
Seigneur53)?etlasubstanceetlesaccidentsdeviennentexistants.Si la réponse «Oui » ne vient pas d’eux, cependant leur venue de la
non-existenceàl’existenceestun«Oui».Ecoute une belle histoire pour expliquer ce que j’ai dit concernant la
sympathiedelapierreetdubois.
Commentlepilierquigémissaitseplaignitlorsqu’onfabriquaune
chairepourleProphète(surluilapaix!)—carlamultitudeétait
devenuegrandeetdisait:«Nousnevoyonspastonvisagebéniquandtunousexhortes»—et
commentleProphèteetsescompagnonsentendirentcette
plainte,etcommentMustaphaparlaaveclepilierenlangageclair
epilierquigémissaitseplaignaitd’êtreséparéduProphètecommepourraientlefairedesêtresdouésderaison.LeProphètedit:«Ôpilier,queveux-tu?»Lepilierrépondit:«Mon
âmesaigned’êtreséparéedetoi.« Tu t’appuyais surmoi ; à présent, tu t’es enfui loin demoi ; tu as
préparéunendroitpourt’appuyercontrelachaire.»«Désires-tu,dit-il,êtretransforméendattier,afinquelesgensd’Orient
etd’Occidentcueillenttesfruits?«OubienqueDieufassedetoiuncyprèsdansl’autremonde,afinque
turesteséternellementfraisetflorissant?»Ilrépondit:«Jedésireceparquoilaviedemeureàjamais.»Ecoute,ô
insouciant!Nesoispasmoinsqu’unmorceaudebois!LeProphèteenterracepilierdans la terre,afinqu’il ressuscited’entre
lesmorts,commel’humanité,lejourdelaRésurrection,2120 DesortequetupuissessavoirquetousceuxqueDieuaappelésàLui
restentdétachésdetouteœuvredecemonde.Celuidontl’actionetletravailviennentdeDieuobtientd’êtreadmislà
etéchappeauxœuvres(terrestres).Celuiquinecomprendpaslesmystèresspirituels,commentpourrait-il
croireàlaplaintedeschosesinanimées?Ildit«Oui»,nondufondducœur,maispourêtred’accord,decrainte
quelesgensnedisentqu’ilestunhypocrite.S’il n’y avait pas eu des connaissants de l’ordre divin « Sois », cette
doctrineauraitétérejetéedanslemonde.Desmyriadesdeconformistesetdelégalistessontjetésdansl’abîmeà
caused’uneseulefaute,Carleurconformismeet leurdéductionàpartirdepreuveslogiqueset
toutesleursailesetleursplumesdépendentdel’opinion.Le Démon pervers fait naître en eux un doute : tous ces aveugles
tombentlatêtelapremière.La jambedeceuxqui fontdessyllogismesestdebois ;une jambede
boisesttrèsinfirme,AladifférenceduQutb(lePôle)del’époque,lepossesseurdelavision,
dontlafermetédonneàlamontagnelevertige.2130 Lajambedel’aveugleestunecanne,unecanne,afinqu’ilnetombepas
detoutsonlongsurlescailloux.Le cavalier qui devint la cause de la victoire pour l’armée, qui est- il
pourlesgensreligieux?Celuiquiestdouédevision.Si,à l’aided’unecanne, lesaveugles trouvent lechemin,cen’estque
souslaprotectiondesgensqu’ilsvoientclair.S’iln’existaitpasd’hommesdouésdevisionetderois(spirituels),tous
lesaveuglesdumondeseraientmorts.De la part des aveugles, ne proviennent ni semailles, nimoissons, ni
culture,ninégoce,niprofits.SiDieunevousoctroyaitpaslamiséricordeetlagrâce,leboisdevotre
déductionlogiquesebriserait.Qu’est-ce que cette canne ? Les raisonnements par analogie et la
démonstration.Quileuradonnécettecanne?Celuiquivoittout,etquiestTout-Puissant.Puisque la canne est devenue une arme pour les disputes et l’attaque,
brisecettecanneenpièces,ôaveugle!Ilt’adonnélacannepourquetupuissest’approcherdeLui:aveccette
canne,tul’asfrappé,danstacolère.Ôcompagniedesaveugles,quefaites-vous?PrenezleVoyantcomme
médiateurentreDieuetvous.2140 SaisislepanduvêtementdeCeluiquit’adonnélacanne;considèreles
épreuvesqu’Adamencourutparsadésobéissance.Vois les miracles de Moïse et de Ahmad (Mohammad), comment le
bâtondevintunserpentetlepilierdevintdouédeconnaissance.Dubâtonprovintunserpent,etdupilierungémissement;ilsappellent
cinqfoisparjourparamourpourlaReligion.Si ce goût n’était pas en dehors de l’intellection, comment tous ces
miraclesauraient-ilséténécessaires?Toutcequiestintelligible,l’intellectl’avalesanslapreuveapportéepar
lesmiraclesetsansdiscussion.CetteVoieintacte,quelaraisonn’acceptepas,estacceptéedanslecœur
dechaqueélu.De même que, par peur d’Adam, le diable et les bêtes sauvages
s’enfuirentdejalousieverslesîles,Demême,parcraintedesmiraclesdesprophètes,lessceptiquessesont
enfoncéssousl’herbe,Afindepouvoirvivredansl’hypocrisieenayantlaréputationd’êtredes
musulmans,etquevousnepuissiezsavoircequ’ilssont.Comme les contrefacteurs, ils enduisent la pièce vile d’argent et y
inscriventlenomduroi.2150 Laformeextérieuredeleursparolesestl’attestationdel’Unitédivineet
lareligiondel’Islam:lesensintérieurestlagrainedel’ivraiedanslepain.Le philosophe n’a pas le courage de prononcer une parole : s’il le
faisait,lavraieReligionleconfondrait.Samain et son pied sont inanimés, et quoi qu’ordonne son esprit, les
deuxsontsoussoncontrôle.Bien que les sceptiques proposent avec leurs langues des raisons de
douter,leursmainsetleurspiedstémoignentcontreeux.
CommentleProphète(surLuilapaix!)montraunmiracleparlefaitdelaparoledugravierdanslamaind’AbûDjahl(Dieulemaudisse!)etletémoignageapportéparle
gravieràlavéracitédeMohammad(quelabénédictionetlapaixde
Dieusoientsurlui)
1yavaitdescaillouxdanslamaind’AbûDjahl:«ÔAhmad,dit-il,dis-nousvitecequec’est.« Si tu es le Messager de Dieu, qu’est-ce qui est caché dans mon
poing?Parle,puisquetupossèdeslaconnaissancedesmystèresduCiel.»Ildemanda:«Quesouhaites-tuquejefasse?Dirai-jecequesontces
objets,oubiendéclareront-ilsquejesuisloyaletquej’airaison?»AbûDjahl répondit : «Cette seconde chose est plus extraordinaire. »
«Oui,ditleProphète,maisDieuaunplusgrandpouvoirquecela.»Aussitôt, de son poing fermé, chaque caillou se mit à prononcer la
professiondelafoimusulmane.Chacundisait:«Iln’yapasdeDieu»etchacundisait«saufDieu»;
chacunégrenaitlesperlesde«AhmadestleMessagerdeDieu».2160 LorsqueAbûDjahlentenditceladescailloux,danssacolèreillesjetaà
terre.
Suitedel’histoireduménestreletcommentleCommandeurdescroyants,’Omar(queDieusoitsatisfaitdelui),luitransmitle
messageapportéparlavoixcéleste
evenonsenarrière:écoutezquelétait l’étatduménestrel ;car leménestrelétaitdevenudésespéréparl’attente.LavoixdeDieuparvintà‘Omar:«Ô‘Omar,délivreNotreserviteurdu
besoin.«Nousavonsunserviteurchoisiet trèsestimé ;prends lapeinede te
rendreàpiedaucimetière.« Ô ‘Omar, lève-toi vite et, du trésor public, mets dans tamain sept
centsdinars.« Apporte-les-lui (et dis) : “Ô toi qui es Notre favori, accepte cette
sommemaintenantetexcuse-nous.“Dépense-lapouracheterdelasoie;quandelleseradépensée,reviens
ici.”»Alors‘Omar,parcrainterespectueusedecettevoix,selevad’unbond
afíndepouvoirceindresesreinspourceservice.‘Omarsedirigeaverslecimetière,aveclaboursesouslebras,courantà
sarecherche.Dans tout le cimetière, il courut longtemps : sauf ce pauvre vieil
homme,iln’yavaitpersonne.2170 IIdit:«Cen’estpaslui»,etseremitàcourir.Ildevintépuiséetnevit
quelevieilhomme.Il dit : « Dieu a dit : “Nous avons un serviteur ; il est pur, plein de
mérite,béni.”«Comment un vieux joueur de tcheng serait-il le favori deDieu ?Ô
Mystèrecaché,combienexcellent,combienexcellentes-Tu!»Anouveau,ilsemitàerrerdanslecimetière,commelelionquichasse
auseindudésert.Lorsqu’il fut convaincu qu’il n’y avait personne d’autre que le vieil
homme,ildit:«Maintcœurlumineuxsetrouvedanslesténèbres.»Ilvints’asseoirprèsdeluiaveccentmarquesderespect.‘Omarseprit
àéternuer,etlevieilhommeselevaensursaut.Il aperçut ‘Omar et resta sidéré : il décida de s’en aller et se mit à
trembler.Il se disait en lui-même : «ÔmonDieu, aide-moi, je T’en supplie !
L’inspecteuresttombésurunpauvrevieuxjoueurdetcheng.»Quand ‘Omar jeta les yeux sur le visage du vieil homme, il le vit
honteuxetpâle.Alors,‘Omarluidit:«N’aiepaspeur,net’enfuispasloindemoi,car
jet’aiapportédebonnesnouvellesdelapartdeDieu.2180 «CombiendefoisDieun’a-t-Ilpasfaitl’élogedetoncaractère,desorte
qu’ilarendu‘Omaréprisdetonvisage?«Assieds-toi auprès demoi et ne fais pas de séparation (entre nous),
afinquejepuissedireàtonoreillelesecretdelafaveurdivine.«Dieut’envoielesalamet tedemandecommenttute trouvesdansta
détresseetteschagrinssansnombre.«Tiens,voiciquelquespiècesd’orpour t’acheterde la soie.Dépense
toutetreviensensuiteici.»Levieilhomme,entendantcela,semitàtremblerdetoutsoncorps,se
mordantlamainetdéchirantsonvêtement.Ilcriait:«ÔDieuquin’apointd’égal!»carlepauvrevieillardétait
éperdudehonte.Après qu’il eut longtemps pleuré et que son chagrin eut passé toutes
limites,illançasontchengsurlesoletlebrisaenmorceaux.Ildit:«ÔtchengquiaétépourmoiunvoilemeséparantdeDieu,ôtoi
quiasétépourmoiunbrigandmecoupantlarouteduRoi,«Ôtoiquiasbumonsangpendantsoixante-dixans,ô toiàcausede
quimonvisageestnoirdehontedevantla(divine)perfection!«ÔDieugénéreuxetfidèle,aiepitiéd’uneviepasséedansl’iniquité!
2190 «Dieum’adonnéuneviedontnulneconnaîtlavaleurdechacundesjourssaufLui.« J’ai dépensémavie, soufflepar souffle ; j’ai consacré toutemavie
auxnotesaiguësetbasses.«Ah !me remémorer lemode et le rythmed’Irâqm’a fait oublier le
momentameroùilfaudraquittercemonde.« Hélas ! par la fraîcheur du zîrafgandmineur*, la semence en mon
cœurs’estdesséchéeetmoncœurestmort.«Hélas!Acausedecesvingt-quatremélodies,lacaravaneestpasséeet
lesoirestvenu.»ÔmonDieu,aide-moicontremoi-mêmequidemandedel’aide;jene
demandejusticeànulautrequ’àceluiquicherchelajustice.Jen’obtiendraipasjusticepourmoi-mêmedequiconque,saufdeCelui
quiestplusprèsdemoiquemoi-même.Carcefaitd’êtremoi-mêmemevientdeLui,instantparinstant;c’est
pourquoi,quandcelamemanque,jenevoisqueLui.Ainsi,lorsquequelqu’untecomptedel’or,c’estversluiquetudiriges
tonregard,etnonpasverstoi-même.
*L’undesvingt-quatremodesmusicaux.
Comment‘Omar(queDieusoitsatisfaitdelui!)ordonna(au
joueurdetcheng)dedétournersonregarddel’étapedespleurs,quiest
existencedesoi,versl’étapedel’absorptionenDieu,quiestnon
existencedesoi
lors, ‘Omar lui dit : « Ta lamentation est aussi la marque de taconsciencedetoi-même.
2200 «Lavoiedeceluiquiestpasséau-delàdelaconsciencedesoiestuneautrevoie,carcetteconscienceestunautrepéché.«Laluciditéprovientdelaremémorationdecequiestpassé;lepassé
etl’avenirsontunvoileteséparantdeDieu.«Metsà tousdeuxlefeu;combiendetemps,àcaused’eux,seras-tu
pleindenœuds,commeleney(lepipeau)?«Tantque leneyestpleindenœuds, ilnepartagepas les secrets ; il
n’estpaslecompagnondelalèvreetdelavoix.« Quand tu es à la recherche (de Dieu), tu es absorbé dans cette
recherche;quandtuviensàlamaison,tuesencoreavectoi-même.« Ô toi dont la connaissance est sans connaissance du Donateur de
connaissance,tonrepentirestpirequetonpéché.«Ôtoiquicherchesàterepentird’unétatquiestrévolu,dis,quandte
repentiras-tudecerepentir?«Parfois,tutetournesverslesonaigu,parfoistutecomplaisàpleurer
ettelamenter.»Quand Fârûq (‘Omar) devint un miroir des mystères, l’âme du vieil
hommes’éveilladel’intérieur.Comme l’âme, il devint sans pleurs et sans rire ; son âme charnelle
s’enfuit,etl’autreâmedevintvivante.2210 Alorsuntelémerveillementnaquitenluiqu’illefits’enallerdelaterre
etduciel,Unerechercheetunequêteau-delàde toutequêteet recherche ; jene
puisledécrire:dis-le,situlepeux!Paroles et sentiments au-delà de tous sentiments et paroles— il était
devenunoyédanslabeautéduSeigneurdemajesté,Noyé,maisnondetellefaçonqu’ilyeûtpourluiunedélivrance,ouque
quelqu’unleconnût,saufl’Océandivin.L’intelligencepartielleneparleraitpasdel’intelligenceuniverselles’il
n’yavaitpasdemandesurdemande.Etant donné qu’arrivent demande après demande, les vagues de cet
Océanparviennentjusqu’ici.Comme l’histoire des expériences spirituelles du vieil homme est
arrivéeàcepoint,levieilhommeetsesétatsspirituelssesontretiréssouslevoile.Levieilhommearetirédelaparoleetdudiscourslepandesarobe;la
moitiédel’histoireestrestéesansêtrecontée.Il convient, pour procurer ce délice et cette joie, de sacrifier des
centainesdemilliersdevies.Danslachassedelaforêtspirituelle,soiscommelefaucon,soiscelui
quisacrifiesavie,commelesoleildecemonde.2220 Lesoleildeshauteursrépandlavie:àchaqueinstant,ilestvideetpuis
rempli.Ô Soleil de la Réalité suprême, répands la vie spirituelle, apporte le
renouveauàcevieuxmonde!L’Âme et l’Esprit viennent de l’invisible dans l’existence humaine,
commeuneeauvive.
Commentairesurlaprièrededeuxangesquichaquejoureffectuentuneproclamationdanschaque
marché,disant:«ÔDieu,accordeàchaqueprodiguequelquefaveur
enretour!ÔDieu,octroieàchaqueavarequelquefléauenretour!»etVexplicationqueleprodigueestceluiquifaitdesérieuxeffortsdanslaVoiede
Dieu,etnonpasceluiquigaspillesesbienspourdesfinssensuelles
eProphèteadit:«Envued’admonester,deuxangesfonttoujoursuneproclamation,« Disant : “Ô Dieu, fais que les prodigues soient toujours satisfaits,
donne-leur une récompense cent mille fois plus grande pour chaquedirhamqu’ilsdépensent.“ODieu,nedonneauxavaresdecemondequepertesurperte!”»Oh,plusd’unacted’avariceestmeilleurquelaprodigalité:n’accorde
pascequiappartientàDieu,saufsurl’ordredeDieu,Afindepouvoirobtenirenretouruntrésorinfini,etnepasêtrecompté
parmilesinfidèlesQuioffraientdeschameauxensacrificeafinqueleursépéesl’emportent
surMustafâ.Efforce-toi d’apprendre quel est l’ordre deDieu de quelqu’un qui est
uni àDieu : ce n’est pas n’importe quel cœur qui comprend l’ordre deDieu,
2230 Comme,parexemple,l’esclave,l’ennemideDieu,quifaitcequ’ilcroyaitjusteenoctroyantcequiappartenaitauRoiàceuxquiserévoltaientcontreLui.Dans leQor’ân, les imprudents sont avertis que toutes leurs dépenses
sontlacausepoureuxd’unepeineamère.Quel résultatvaproduire l’équitéet la justicedecetennemiauxyeux
duRoi?Lebannissementetladisgrâce.Les chefs de La Mecque, en guerre avec le Prophète, offrirent des
sacrificesdansl’espoird’obtenirlafaveurdivine.
C’estpour cette raisonque levéritable croyantdit dans saprière, parcrainte:Dirige-nousdansledroitchemin54!Il convient ainsi à l’homme généreux de donner de l’argentmais, en
vérité,lagénérositédel’amoureux,c’estd’offrirsavie.Si tudonnesdupainpour l’amourdeDieu, turecevrasdupain ;si tu
donnestaviepourl’amourdeDieu,turecevraslavie.Si les feuilles du platane tombent, le Créateur lui octroiera la
récompensedesapauvreté.Si, à cause de ta libéralité, nulle richesse ne demeure dans tesmains,
commentlabienfaisancedeDieutelaisserait-elleopprimé?Lorsque quelqu’un sème, sa grange devient vide, mais il y a de
l’abondancedanssonchampdeblé;2240 Ets’illaisselessemencesdanslagrangeetleséconomise,les
charançons,lessourisetlescalamitéslesdétruiront.Ce monde est la négation de la réalité : recherche la réalité dans
l’attestation de Dieu. Ton corps est dénué de réalité, recherche en tonessence.Amène à la mort l’âme animale amère et saumâtre : acquiers l’âme
semblableàunegranderivièredouce.Etsitunepeuxdevenirl’undeceuxquifréquententceSeuil,entends
demoidumoinsl’histoiresuivante.
Histoiredukhalifequi,àsonépoque,surpassaitHâtimdeTayyi’
parsagénérositéetquiétaitsansrival
1 y avait jadis un khalife qui faisait de Hâtim l’esclave de salibéralité.Il avait levé haut l’étendard de la munificence et de la générosité, il
avaitretirédumondelapauvretéetlebesoin.C’étaitunemerdeperles,libéralitépure:sagénérositéallaitdeQâfà
Qâf*.Dans cemonde de poussière, il était le nuage et la pluie : il était le
centreoùlagénérositédeCeluiquidonnetoutsemanifestait.Ses dons faisaient trembler (de honte) l’océan et la mine ; caravàne
aprèscaravanesehâtaientverssalibéralité.Sa grille et son portique étaient le point vers lequel se tournait le
Besoin:lerenomdesamunificenceavaitétéloindanslemonde.2250 PersansetGrecs,TurcsetArabesétaientremplisdestupeurdevantsa
munificenceetseslargesses.Ilétait l’Eaude laVieet l’Océande lagénérosité ;par lui,Arabeset
étrangersétaientrendusàlavie.
*Montagnemythique,symboled’unlieulointain.
HistoiredupauvreArabedudésertetdesaquerelleavecsafemmeàcausedeleurpauvretéetmisère
nenuit, une femmebédouinedit à sonmari—et elle parla sanslimites:« Nous souffrons de cette pauvreté et misère : tout le monde est
heureux,nousseulssommesmalheureux;« Nous n’avons pas de pain, notre assaisonnement est l’angoisse et
l’envie:nousn’avonspasd’aiguière,notreseuleeauestcelledeslarmesdenosyeux.«Notrevêtementlejourestlesoleilbrûlant;lanuit,notrelitetnotre
couverture,cesontlesrayonsdelune.«Nous imaginons que le disque de la lune est un pain rond, et nous
levonsnosmainsversleciel.«Lespluspauvresonthontedenotrepauvreté;lejouresttransformé
ennuitparnotreangoissepourlepainquotidien.« Parents et étrangers en sont venus à nous fuir ; comme lesSâmiri*
fuientleshommes.«Sijesuppliequelqu’undemedonnerunepoignéedelentilles,onme
dit:“Tais-toi,mortetpeste.”2260 «LesArabess’enorgueillissentdecombattreetdedonner:toi,parmi
lesArabes,tuescommeunefauted’écriture.« Quel combat mener ? Nous sommes tués sans combattre, nous
sommesrendusdésemparésparleglaivedubesoin.« Quels cadeaux donner ? Nous sommes continuellement dans la
mendicité,nouségorgeonslemoustiquedansl’air.« Si un hôte arrive, aussi vrai que je suis moi, je lui déroberai son
manteaurapiécéquandildormirapendantlanuit.
*Magiciens(cf.Qor’ân,XX,85,95-97).
Commentlesdisciplessonttrompésdansleurbesoinpardesimposteurs
etimaginentqu’ilssontdessheikhs,despersonnagesvénérables
etdessaintsunisàDieu,etneconnaissentpasladifférenceentrelefait(naqd)etlafiction(naql)et
entrecequiestliéetcequiagrandi
ourcette raison, les sagesontdit, enconnaissancedecause : “Ilfautdevenirl’hôtedeceluiquioctroiedesbienfaits.”« Tu es le disciple et l’hôte de celui qui, par sa malhonnêteté, te
dépouilledetoutcequetuas.« Il n’est pas fort, comment te rendrait-il fort ? Il ne donne pas la
lumière,ilterendobscur.«Étantdonnéqu’ilnepossèdepaslalumière,commentens’associant
avecluid’autrespourraient-ilsacquérirdeluilalumière?«Ilestsemblableàunoculisteàdemi-aveugle:quepeut-ilmettredans
lesyeux,sauflalaine*?«Tel estnotreétatdans lapauvreté et l’affliction :puisseaucunhôte
n’êtreleurréparnous.2270 «Situn’asjamaisvuunefaminededixannéessousuneformevisible,
ouvrelesyeuxetregarde-nous.« Notre apparence extérieure est semblable à la réalité intérieure de
l’imposteur:lecœurpleindeténèbres,lalangueagile.«IlnepossèdeaucuneffluveouindicedeDieu,maissaprétentionest
plusgrandequecelledeSethetduPèredel’humanité(Adam).« Le Démon ne lui a même pas montré son portrait, cependant
l’imposteurdit:“NoussommesdesAbdâletmêmeplusqu’eux.”« Il a dérobémainte expression utilisée par les derviches, afin d’être
considérélui-mêmecommeunsaintpersonnage.« Dans ses paroles, il critique Bâyazîd ** alors que Yazîd *** aurait
hontedesonexistence.«Ilestdépourvudepainetd’alimentsdelapartduCiel;Dieuneluia
pasjetéunseulos.«Ilaproclamé:“J’aiservilesmets,jesuislekhalifedeDieu,jesuisle
filsdukhalife.“Soyezlesbienvenus,ôvouslesaffamésaucœursimple,afindevous
rassasieràmatableavecrien.”«Certains, se fondant sur lapromessede “Demain”,ont errépendant
desannéesautourdecetteporte,mais“Demain”n’arrivejamais.2280 «Ilfautunelongueduréepourquelaconscienceintimedel’homme
deviennemanifeste,plusoumoins.«Afinquese révèlesi,au-dessousdumurdesoncorps,se trouveun
trésor****, ou bien si c’est la demeure du serpent, de la fourmi et dudragon.«Quandilestdevenuévidentque(cefauxmaître)n’étaitrien,laviedu
chercheurapassé:àquoiluiaservicetteconnaissance?»
*Jeudemotsentretchachm(«œil»)etpachm(«laine»).**BâyazîddeBastam,célèbresoufïduIXesiècle.*** Fils du khalife ommayyadeMuawiya, meurtrier de Hussein, petit-fils duProphète.****Allusionausymboledutrésorcachésouslesruines(cf.Qor’ân.XVIII).
Expliquantcommentilarrive,bienquerarement,qu’undiscipleplace
sincèrementsaconfianceenunimposteur,leprenantpourunsaint
personnage,et,grâceàcetteconfiance,atteigneundegré
spiritueldontsonsheikhn‘avaitjamaisrêvé;etquelefeuetl’eau
neluifassentpointdemal,quoiqu‘ilsenfassentàsonsheikh;
maiscelaadvienttrèsrarement
aisiladvient,exceptionnellement,lecasd’undiscipleauquel,enraisondesonillumination,cettefaussetés’avèreprofitable.«Grâceàsonnobledessein,ilparvientàundegréélevé:bienqu’ilait
cruquel’imposteurétaitl’âme,alorsquecen’étaitqu’uncorps.«C’est commeessayerde trouver laqibla au cœurde lanuit : onne
trouvepaslaqibla,maislaprièreestvalable.«L’imposteurmanqued’âmeàl’intérieurdelui-même,maisnous,nous
manquonsdepainàl’extérieur.«Pourquoi dissimuler comme l’imposteur et souffrir des tortures afin
d’avoirunefausseréputation?»
CommentleBédouinrecommandaàsafemmelapatienceetlui
expliqual’excellencedelapatienceetdelapauvreté
Combien de temps rechercheras-tu le revenu et le bénéfice ? Envérité,quereste-t-ildenotrevie?Laplusgrandepartenestpassée.« L’homme raisonnable ne regarde pas l’augmentation ou lemanque,
cartousdeuxpasserontcommeuntorrent.2290 «Quelaviesoitlimpideouqu’ellesoitunflottrouble,n’enparlepas,
carellenedurepasunmoment.«Danscemonde,desmilliersd’animauxviventheureux,sansangoisse.«Lacolombesurl’arbrerendgrâcesàDieu,bienquesanourriturepour
lanuitnesoitpasencoreprête.«LerossignolchantelagloiredeDieu:“Jemeconfieàtoipourmon
painquotidien,ôToiquirépondsàlaprière.”«Le faucona fait de lamaindu roi le lieude sa joie, et a renoncé à
toutecharogne.«Delamêmemanière,onpeutprendrechaqueanimal,dumoucheronà
l’éléphant : ils sont tous devenus la famille de Dieu ; et quel excellentnourrisseurestDieu!«Tousceschagrinsquisontdansnospoitrinesnaissentdelavapeuret
delapoussièredenotreexistenceetdenosdésirs.«Ceschagrinssontpournouscommeunefauxtranchante:penserque
ceciestainsiouainsiouquecelaestdetellesorteoudetellesorteestunetentationpournous.«Sachequechaquesouffranceestunmorceaudemort:chassedetoi
cemorceaudemort,situenaslemoyen.« Si tu peux échapper à cette part demort, sache que sa totalité sera
répanduesurtatête.2300 «Silapartdemortestdevenuepourtoidouce,sachequeDieurendra
doucelatotalité.«Les souffrancesvenant de lamort sont sesmessagers : ne détourne
pastonvisagedesonmessager,ôinsensé.«Quiconquevitagréablementmeurtpéniblement :quiconquesertson
corpsnesauvepassonâme.« Lesmoutons sont amenés des campagnes : plus ils sont gras, plus
rapidementilssonttués.«Lanuitestpasséeetl’aubeestvenue,ômonamie;combiendetemps
continueras-tuàparlerdel’or?«Tu as été jeune jadis, et tu étais plus satisfaite ; tu es devenue une
chercheused’or,maisaudébuttuétaisvéritablementdel’or.«Tuétaisunevignefertile:commentes-tudevenueinvendable?«Comment es-tudevenuepourrie alorsque ton fruitmûrit ?Un fruit
devraitdevenirplusdoux,etnonsedégrader.«Tuesmafemme : l’épousedoitêtredemêmequalité (que l’époux)
afinqueleschosesmarchentbien.«Lecouplemariédoits’accorder:regardeunepairedesouliersoude
bottes.2310 «Sil’undessouliersesttropétroitpourlepied,lapairen’estd’aucune
utilitépourtoi.«As-tujamaisvuunbattantdeportepetitetl’autregrand,ouunloup
appariéauliondelajungle?«Unepairedesacssurunchameaunes’équilibrepasconvenablement
lorsqu’undesdeuxestpetitetl’autredetaillenormale.«Jemarched’uncœurfermeverslecontentement,pourquoitelivres-tu
auxinjures?»Decettemanière, cethommeheureux,mûpar la sincérité et l’ardeur,
parlaàsafemmejusqu’àl’aube.
Commentlafemmeconseillasonmari,disant:«Neparleplusde
tonmériteetdetonrangspirituel.Pourquoidis-tucequetunefaispas55?Car,bienquecesparoles
soientvraies,cependanttun‘espasencoreparvenuaudegrédela
confianceenDieu;etparlerainsiau-dessusdeta«station»etdetapratiquereligieuseestnuisibleet
extrêmementhaïssableauxyeuxdeDieu»
a femmecriavers lui,disant :«Ô toiqui faisde la réputation tareligion,jen’avaleraipaspluslongtempstesmensonges!«Ne dis pas de sottises dans ta présomption et ta prétention : va, ne
parlepasavecorgueiletarrogance.« Combien de temps prononceras-tu des phrases joyeuses et
artificielles?Considèretespropresactionsetsentiments,etsoisremplidehonte.«L’orgueilestlaid,etd’autantpluslaidchezlesmendiants:àl’instar
devêtementsmouillésquandlejourestfroidetneigeux.«Combiendetempscetteprétention,cebavardageetcettevanité,ôtoi
dontlamaisonestcommelamaisondel’araignée?2320 «Quandas-tuilluminétonâmeparlecontentement?Ducontentement
tun’asapprisquelenom.«LeProphèteadit:“Qu’est-cequelecontentement?Untrésor.”Tune
peuxdistinguerlegaindelapeine.« Ce contentement est le trésor de l’âme ; ne te vante pas (de le
posséder),ôtoichagrinetdouleurdemonâme,« Ne m’appelle pas ta compagne, ne m’enlace pas tant. Je suis la
compagnedelajustice,nondelafraude.«Commenttepromènes-tuavecl’émiretlebey,quandtuégorgespour
tenourrirlasauterelledansl’air?«Tu tedisputesunosavec leschiens, tugémiscommeun roseauau
ventrevide.«Nemeregardepasavecunfroidmépris,situneveuxpasquejedise
cequisedissimuleentoi.« Tu considères ton intelligence supérieure à la mienne : comment
m’as-tuvueinférieureenintelligence?«Nebondispassurmoicommeunloupinconscient.Oh!Mieuxvaut
êtresansraisonquelemalheurd’avoirtaraison.«Etantdonnéque ta raisonestunechaînepour leshommes, cen’est
paslaraison,c’estunserpentetunscorpion.2330 «QueDieusoitl’ennemidetatyrannieetdetaruse.Puisselarusedeta
raisonnepasnousatteindre!«Tuesàlafoisleserpentetlecharmeurdeserpents.Oh!merveille!
Tu es à la fois le chasseur de serpents et le serpent, ô toi honte desArabes!«Silecorbeauconnaissaitsaproprelaideur,dechagrinetdedouleuril
fondraitcommelaneige.« Le charmeur chante comme un ennemi : il jette un sortilège sur le
serpent,etleserpentjetteunsortilègesurlui.« Si son piège n’était pas un sortilège pour le serpent, comment
deviendrait-illaproiedusortilègeduserpent?« Le charmeur de serpents, par désir de gagner de l’argent, n’est pas
conscientàcemomentdusortilègeduserpent.«Leserpentdit:“Ômagicien,prendsgarde,prendsgarde.Tuasvuta
propremagie:voisàprésentlamienne.“TumeleurresavecleNomdeDieu,afindem’exposeràlahonteetà
laconfusion.“C’est leNomdeDieuquim’a séduit, non ton artifice.Tu as fait du
NomdeDieuunpiège:malheuràtoi!“LeNomdeDieumevengeradetoi:jeconfiemonâmeetmoncorps
auNomdeDieu.2340 “Oubienilcouperalaveinedetavieparmoncoup,oubienil
t’emmèneraenprison,commejelesuis.”»Lafemme,avecdeduresparolesdecettesorte,parlainterminablement
àsonjeuneépoux.
Commentl’hommeconseillasafemme,disant:«Neregardepaslepauvreavecmépris,maisconsidèrel’œuvredeDieucommeparfaiteet
nelaissepastapenséeettonopinionvainesdetapropremisère
tefaireraillerlapauvretéetinsulterlespauvres»
femme, dit-il, es-tu une femme ou une cause de chagrin ? Lapauvretéestmafierté:cessedem’attaquer.«Larichesseetl’orsontcommeunbonnetsurlatête:c’estl’homme
chauvequiseprotègeavecsonbonnet.«Maisceluiquiadescheveuxbeauxetbouclésestplusheureuxquand
iln’aplusdebonnet.« L’homme de Dieu ressemble à l’œil : c’est pourquoi sa vision est
meilleuredévoiléequecouverte.«Quandunmarchandd’esclavesenoffreàlavente,ilretireàceluiqui
estsainlevêtementquicachelesdéfauts.«Mais si l’esclave présente undéfaut, pourquoi le déshabillerait- il ?
Non,iltrompel’acheteuraumoyenduvêtement.“Celui-ci, dit-il, a honte du bien et du mal : le déshabiller le ferait
s’enfuirloindetoi.”«Lerichemarchandestplongédanslevicejusqu’aucou,maisilade
l’argent,etl’argentcachesonvice,2350 «Carenraisondelacupidité,nulenvieuxnevoitsonvice:les
sentimentsdecupiditésontunlienunissantlescœurs.« Et si un mendiant prononce une parole semblable à l’or pur de la
mine,samarchandiseneparviendrapasàlaboutique.« Ce qui concerne la pauvreté (spirituelle) est au-delà de ta
compréhension:neregardepaslapauvretéavecmépris,«Car les derviches sont au-delà de la propriété et de la richesse : ils
possèdentunepartabondantevenantduTout-Puissant.« Le Dieu Très-Haut est juste, et comment ceux qui sont justes se
comporteraient-ilsdefaçontyranniqueàl’égarddesmisérables?« Comment pourraient-ils octroyer biens et fortune à celui-ci, tandis
qu’ilsmettentcelui-làdanslefeu?
« Le feu le brûle parce qu’il a cette pensée (mauvaise) au sujet duSeigneurquiacréélesdeuxmondes.«Laparole“Lapauvretéestmafierté”est-ellevaineetfausse?Non;
cesontlàdesmilliersdegloiresetdedédains.«Danstacolère,tuasdéversésurmoidessobriquets:tum’asappelé
untrompeurd’amisetunchasseurdeserpents.«Sij’attrapeunserpent,jeluienlèvesescrochets,afindelepréserver
d’avoirlatêteécrasée.2360 «Parcequecescrochetssontunennemipoursavie,jefaisdel’ennemi
unamigrâceàcetteadresse.« Je ne récite jamais de sortilèges par cupidité : j’ai complètement
vaincucettecupidité.«Dieumegarde!Jenedésireriende lapartdescréatures :grâceau
contentement,unmondehabitemoncœur.« Toi qui te trouves en haut du poirier* tu vois les choses ainsi :
descendsdel’arbre,afinquetesmauvaisespenséesnepersistentpas.«Quandtutournesettournesetdeviensétourdi,tuvoisquelamaison
tourne,alorsquec’esttoiquitournes.»
*AllusionàunehistoireduLivreIV,358etsqq.
Expliquantquel’actiondechacunprovientdel’endroitoùilse
trouve,desortequ‘ilvoittouslesautresàpartirducercledesa
propreexistence:unverrebleufaitvoirlesoleilbleu,unverrerouge,
rouge;maisquandleverreéchappeàlacouleur,ildevient
blanc,etalorsilestplusfidèlequetouslesautresetdevient
lemodèledetous
bûDjahlvitAhmad(Mohammad)etdit:“C’estunevilainefigurequiprovientdesfilsdeHâshim!‘’« Ahmad lui dit : “Tu as raison, tu as dit la vérité, bien que tu sois
impertinent.”«LeSiddîq(AbûBakr)levitetluidit:“ÔSoleil,tun’esnid’Orient,
nid’Occident:brillemagnifiquement!”«Ahmaddit:“Tuasditlavérité,ôcherami,ôtoiquiaséchappéàce
mondedunéant.”«Ceuxquiétaientprésentsdirent :“Ôroi,pourquoi lesas-tudéclarés
tousdeuxvéridiquesalorsqu’ilssecontredisaient?”2370 «Ilrépondit:“Jesuisunmiroirpoliparlamaindivine:leTurcet
l’Indiencontemplentenmoicequiexisteeneux-mêmes.”«Ômonépouse,situmeconsidèrescommetrèsenvieux,élève-toiau-
dessusdecessoucisféminins.« Mon état ressemble à la cupidité, mais, en réalité, c’est une
miséricordedivine:làoùsetrouvecettebénédiction,oùestlacupidité?«Faisl’épreuvedelapauvretéunjouroudeux,afindepouvoirtrouver
danslapauvretéunerichessedouble.«Soispatienteaveclapauvretéetrenonceàcedégoût,parcequedans
lapauvretéilyalalumièreduSeigneurdegloire.« Ne sois pas amère, et tu verras des milliers d’âmes plongées, de
contentement,dansunemerdemiel.« Contemple des centaines de milliers d’âmes en proie à d’amères
souffrancesplongéesdanslesiropderose,commelarose.«Oh!siseulementtupouvaiscomprendre,desortequelerécitquetait
moncœurpuissebrillerentoiàpartirdemonâme.«Cediscoursestdulaitdansletétondel’âme:ilnecoulerapasbien
sansquelqu’unquitète.«Quand l’auditeurestdevenuassoifféet en recherche, leprédicateur,
mêmes’ilestcommemort,devfentéloquent.2380 «Quandl’auditeurestfraisetdispos,lemuettrouveracentlangues
pourparler.«Quandunétrangervientàmaporte,lesfemmesduharemsecachent
derrièreunvoile;«Maissiunparentinoffensifentre,cellesquiétaientcouverteslèvent
lesvoilesdeleursvisages.«Toutcequiestbeau,joli,ravissantestfaitpourl’œildeceluiquivoit.«Comment le sonde lamélodie, desnotes aiguësoubasses, serait-il
pourl’oreilleinsensibledeceluiquiestsourd?«Cen’estpas envainqueDieua rendu lemuscparfumé : Il l’a fait
pourl’odorat,Ilnel’apasfaitpourceluidontlesnarinessontmalades.«Dieuafaçonnélaterreetleciel,Ilaélevéenleurseinbeaucoupde
feuetdelumière.«Ilafaitcetteterrepourceuxquisontcréésd’argile,etlecielcomme
demeuredesêtrescélestes.« L’homme entaché de bassesse est l’ennemi de ce qui est élevé : le
chercheurdechaquelieu(CielouEnfer)estmanifeste.«Ôfemmechaste,t’es-tujamaislevéeetparéepourquelqu’unquiest
aveugle?2390 «Sijeremplissaislaterredeperlescachées(desagesse)àquoicelame
servirait-ilpuisqu’ellesnesontpaspourtoi?«Ômafemme,renonceàladisputeetàlaquerelle;etsituneleveux
pas,alorsquitte-moi!«Qu’ai-jeàfairedemedisputeraveclebienoulemal?Carmoncœur
sedérobemêmeauxactionspacifiques.«Situgardeslesilence,c’estbien,etsinon,jeferaiensortedequitterà
l’instantmamaisonetmonfoyer.»
Commentlafemmeacceptalesdiresdesonmari,etpriaDieudeluipardonnersespropresparoles
uand la femmevit qu’il était furieux et impossible à convaincre,ellesemitàpleurer.Envérité,leslarmessontl’artificedelafemme.Elle dit : « Quand ai-je imaginé de telles paroles de ta part ? Je
souhaitaisdetoiquelquechosededifférent.»Lafemmesemitàs’humilierelle-même:«Jesuistapoussière,disait-
elle,jenesuispasdigned’êtretonépouse.«Corpsetâmeettoutcequejesuissontàtoi;l’autoritéetlepouvoir
t’appartiennententièrement.«Si,enraisondelapauvreté,moncœuraperdupatience,cen’estpas
pourmoi,maispourtoi.«Tuasétémonremèdedans l’affliction: jedésirequetunesoispas
dansl’indigence.2400 «Surmonâmeetconscience,cecin’estpasàcausedemoi-même:ces
plaintesetcesgémissementssontàcausedetoi.«JejureparDieuqu’àchaquemomentjemourraisvolontierspourtoi
devanttoi.« Si seulement ton âme, à laquelle mon âme est dévouée, était
conscientedespenséeslesplusintimesdemonâme!«Puisquetuasunesimauvaiseopiniondemoi, jesuisdevenuelasse
d’âmeetdecorps.«Quem’importent l’or et l’argent, puisque tu te conduis ainsi àmon
égard,ôréconfortdemonâme!« Toi qui demeures dans mon âme et mon cœur, t’éloigneras-tu
tellementdemoi?«Éloigne-toidonc,cartuenaslepouvoir.Maismonâmeplaidecontre
tonéloignement.« Souviens-toi du temps où j’étais pareille à une idole, et toi tel
l’idolâtre.«Tonesclaveaattisélefeudesoncœurpourtecomplaireàtelpoint
qu’ilaétébrûlé.«Quellequesoitlafaçondonttum’accommodes,jet’appartiens;que
tusoisaigreoudoux,celaconvient.2410 «J’aiprononcéunblasphème:voiciquejereviensàlavraiefoi;jeme
soumetsdetoutemonâmeàtesordres.« Je ne connaissais pas ta nature royale ; j’ai fait courir mon cheval
devanttoiavectémérité.«Puisquejemesuisfaitunflambeaudetamiséricorde,jemerepens,je
renonceàl’opposition.«Jeplacedevanttoil’épéeetlelinceul;jecourbemoncoudevanttoi:
frappe!«Tuparlesdeséparationamère:faiscequetuveux,maispascela.«Entoi-même,ilyaunintercesseursecret;mêmeenmonabsence,il
intercèdeperpétuellementpourmoi.«Cequiplaideàl’intérieurdetoi-mêmepourmoiesttanature;c’està
causedemaconfianceenellequemoncœuracherchéàpécher.«Aiepitiédemoi, ô toiquine te connaispas toi-même,ô toiqui es
irrité,ôtoidontlanatureestmeilleurequecentman*demiel.»Decettemanière,elleparlaitgracieusementettendrement;cependant,
unecrisedelarmesluiadvint.Quand les larmes et les sanglots eurent dépassé toutes limites, venant
d’ellequiétaitravissantemêmesanspleurs,2420 Unéclairjaillitdecettepluiequijetauneétincelledefeudanslecœur
del’hommesolitaire.Elle,parlebeauvisagedequil’hommeestrenduesclave,qu’ensera-t-
ilquandellesecomportecommeuneesclave?Elledont l’arrogance fait trembler les cœurs, comment seras-tuquand
elletomberaenpleurantdevanttoi?Elledontledédainfaitsaignertoncœurettonâme,commentseras-tusi
ellerecourtàlasupplication?Elledontlatyrannieetlacruauténouscapturent,quelargumentaurons-
nousquandellesemettraàplaider?L’amour des biens convoités est présenté aux hommes sous des
apparences belles et trompeuses56. Dieu a arrangé cela : commentpeuvent-ilséchapperàcequeDieuaarrangé?Étant donné qu’il a créé la femme pour que l’époux repose auprès
d’elle57,commentAdampeut-ilêtreséparéd’Eve?Mêmesil’épouxestRostam,filsdeZâl,etplusgrandqueHamzaence
quiconcernel’autorité,ilestleprisonnierdesavieilleépouse.Le Prophète, aux paroles de qui le monde tout entier obéissait, avait
coutumedes’écrier:«Parle-moi,ôHumayrâ.»L’eauéteintlefeuàcausedelacraintequ’illuicause;maislefeufait
bouillirl’eauquandelleestcachée.2430 Lorsqu’unchaudrons’interposeentreeux,ôroi,lefeuannihilel’eauet
latransformeenair.Siextérieurementtudominestafemme,commel’eauquiéteintlefeu,
intérieurementtuesdominépartonépouseetrecherchessonamour.Cecicaractériseseulementl’homme:l’amourmanqueauxanimaux,et
celaprovientdeleurinfériorité.
*Mesuredepoids(3-5kg).
Explicationdelaparoleprophétique:«Envérité,les
femmesl’emportentsurl’hommesage,etl’hommeignorant
l’emportesurelles»
eProphèteaditquelafemmel’emporteinfinimentsurleshommessagesetintelligents.Tandisqueleshommesignorantsl’emportentsurlafemme,careneux
laférocitédel’animalestemprisonnée.Ils sont dénués de tendresse, de bonté et d’affection, parce que
l’animalitél’emportesurleurhumanité.L’amour et la tendresse sont des qualités humaines ; la colère et la
luxuresontdesqualitésanimales.La femme est un rayon de Dieu, elle n’est pas cette bien-aimée
terrestre:elleestcréature,pourtantilsemblequ’ellenesoitpascréée.
Commentl’hommecédaàlademandedesafemmedechercher
desmoyensdesubsistanceetconsidérasonoppositioncomme
uneindicationdivine
ers : Pour l’esprit de tout homme sage, c’est un fait qu’avecchaqueobjetquitourneilyaquelqu’unquilefaittourner.L’hommedevintaussiaffligéparsesparolesqu’àl’heuredelamortun
officiertyranniquel’estpoursatyrannie.Ildit:«Commentsuis-jedevenul’adversairedecellequiestl’âmede
mavie?»2440 QuandleDestinarrive,iltroublelavue,desortequenotreraisonne
peutpasdistinguerlepieddelatête.DèsqueleDestinestpassé,laraisonsedéchireelle-même:déchirantle
voile,ellesedéchirelesein.L’homme dit : « Ô ma femme, je me repens, et j’ai été impie ; je
deviendraimaintenantmusulman.«J’aipéchécontretoi,aiepitiédemoi,nemedétruispastotalement.»Si l’infidèle se repent, il devient musulman quand il implore son
pardon.Dieu est leSeigneur compatissant et généreux ; l’existence et la non-
existencesonttoutesdeuxéprisesdeLui.L’impiété et la foi sont toutes deux amoureuses de cette Majesté, le
cuivrecommel’argentsontesclavesdecettePierrephilosophale.
ExpliquantcommentMoïseetPharaonsonttousdeuxsoumisàlaVolontédivine,commel’antidoteetlepoison,l’obscuritéetlalumière,etcommentPharaonparladanslasolitudeavecDieu,Lepriantdene
pasdétruiresadignité
oïseetPharaonétaient les serviteursde laRéalité suprême,bienqu’enapparence lepremiersuive lavoiedroite, tandisque lesecondestégaré.Durant le jour,Moïse suppliait Dieu ; àminuit, Pharaon semettait à
pleurer,Disant:«ÔmonDieu,qu’est-cequecettechaînesurmoncou?Sice
n’étaitcettechaîne,quidirait:“Jesuismoi”?2450 «CeparquoituasrenduMoïseilluminé,c’estparcelamêmequeTu
m’asplongédanslesténèbres.«CeparquoiTuasrendulevisagedeMoïsepareilàlalune,parcela
Tuasrendulalunedemonâmeéclipsée.«Monétoilenevalaitpasmieuxqu’une lune :puisqu’elleasubiune
éclipse,quelsecourspuis-jeavoir?«Sil’onbatdutambourenmonhonneurentantqueSeigneuretSultan,
c’est comme lorsque la luneest éclipséeetque lepeuple frappe surdesbolsdemétal.«Ilsfrappentcesbolsetfontdutumulte, ilsfonthonteà la luneavec
leurscoups.«Moi,quisuisPharaon,oh!malheuràmoiàcausedecequefait le
peuple:m’appeler“MonSeigneursuprême”estpareilauxcoupssur lesbols.«NoussommesTesserviteurs,maisTahachecoupelesrameauxpleins
desèvedansTaforêt.«Parelle,unrameauestplantésolidement,etunautreabandonnésans
soin.«Lerameauestimpuissantcontrelahache:nulrameaun’aéchappéà
lapuissancedelahache.«JeT’implore,parlavéritédelapuissancequiappartientàTahache,
redresse,parTagrâce,nosactions.»
2460 Anouveau,Pharaonseditàlui-même:«Oh,quellemerveille!Nesuis-jepastoutelanuitoccupéàcrier:“ÔnotreSeigneur!”«Ensecret,jedevienshumbleetharmonieux:puisquej’atteinsMoïse,
qu’est-cequejedeviens?«Ladorurede l’or estdéposéeen six couches : commentdevientelle
noircieenprésencedufeu?«Moncœuretsoncœurnesont-ilspassousSoncontrôle,detellesorte
qu’àunmomentIIfaitdemoiunnoyau,àunautremomentuneécorce?«Quand Ilm’ordonned’êtreunchampdeblé, jedeviensverdoyant ;
quandIlm’ordonned’êtrelaid,jedeviensjaune.« A unmoment, Il fait demoi une lune, à un autre Il me rend noir.
Comment,envérité,l’actiondeDieuest-elleautrequecela?»SouslacrossedeSonordreSois,etcelafut,nouscouronsdansl’espace
etau-delàdel’espace.Depuis que l’absence de couleurs (l’Unité) est devenue captive de la
couleur(lamanifestation),unMoïseestdevenul’adversaired’unMoïse.Quand tu parviens à l’absence de couleurs que tu avais à l’origine,
MoïseetPharaonsontréconciliés.Si tu veux poser des questions au sujet de ce mystère : comment ce
mondedelacouleurserait-ildénuédecontradictions?2470 Lamerveille,c’estquelacouleurestvenuedecequiestsanscouleur:
commentlacouleurenest-ellevenueàcombattrecequiestsanscouleur?Étantdonnéquel’huileaétéforméeàpartirdel’eau,pourquoil’huile
etl’eausont-ellesdevenuesopposées?Puisquelarosenaîtdel’épine,etl’épinedelarose,pourquoisont-elles
toutesdeuxenconflitetquerelle?Oubienn’est-cepasvéritablementuneguerre?Est-ceundesseindivin
etunartifice,commelesdisputesdeceuxquivendentdesânes?Oubienn’est-ceniceci,nicela?Est-ce laperplexité?Le trésordoit
êtrecherchéetcettestupeurestlaruine(oùilestcaché).Cequetuimaginesêtreletrésor—àcausedecettevaineimagination,
tuleperds.Sacheque les imaginations et les opinions sont à l’instar de cequ’on
cultive:onnetrouvepasdetrésordanslesendroitscultivés.Dans l’état de culture, il y a l’ existence et la lutte, ce qui est non
existantahontedetoutesleschosesexistantes.Cen’estpasquel’existantaitbesoindunon-existant;non,c’estlenon-
existantquisemanifesteàcausedel’existant.Ne dis pas : « Jem’enfuis loin du non-existant » ; non, c’est lui qui
s’enfuitloindetoi.Arrête-toi!2480 Enapparence,ilt’appelleverslui,maisintérieurementiltechasseavec
unetrique.Ô homme à l’esprit raisonnable, c’est là un cas de sabots inversé* :
sachequelarévoltedePharaonprovenaitenréalitédeMoïse.
*Allusion à l’ habitude des brigands de ferrer leurs chevaux à l’ envers pourtromperlespoursuivants.
Laraisonpourlaquelleceuxquinesontpasbénissontdéçusparlesdeuxmondes,selonlaparoleil
perdetlaviedecemondeetlaviefuture58
emalheureuxphilosopheétantfermementconvaincuquelecielestunœuf,etquelaterreestcommelejaunedel’œuf,Quelqu’un lui demanda comment la terre demeure, aumilieude cette
étenduedecielquil’entoure,Suspenduedansl’aircommeunelampe,n’allantniverslebas,nivers
lehaut.Le philosophe lui dit : « Elle reste en l’air en raison de l’attraction
exercéeparlecielàpartirdessixdirections.«Lecielestcommeunevoûted’aimant:laterre,commeunmorceau
defer,restesuspendueaumilieu.»L’autredemanda:«Commentlecielpurpourrait-ilattireràluilaterre
noire?«Non, il la repousse de toutes les six directions ; ainsi, elle demeure
suspendueaumilieudescourantsviolents.»Demême,enraisondelarépulsionexercéeparlescœursdeshommes
parfaits,lesespritsdesPharaonsdemeurentdanslaperdition.2490 C’estpourquoi,étantrejetésparcemonde-cietparcemonde-là,ces
hommesperdusontétélaisséssansl’unnil’autre.Si vous vous écartez des saints serviteurs du Tout-Puissant, sachez
qu’ilssontdégoûtésparvotreexistence.Ils possèdent l’ambre : quand ils lamontrent, ils rendent la paille de
votreexistenceaffolée(dedésir).Quand ils cachent leur ambre, ils transforment bien vite votre
soumissionenrévolte.Ceci est comparable à l’état de l’animal, qui est captif et soumis à
l’homme.Sache que le degré de l’humanité est soumis au pouvoir des saints
commel’animalestsoumisàl’homme,ômaître.Ahmad(Mohammad)avecjustesseappelaitlescréaturessesserviteurs.
Lislaparole:Dis,ômesserviteurs59.Tonintelligenceestcomparableauchamelier,ettueslechameau:elle
teconduitdanschaquedirectionavecsondurpouvoir.Lessaintssontl’intelligencedel’intelligence,ettouteslesintelligences,
ducommencementàlafin,sontsousleurcontrôle,commedeschameaux.Viens,regarde-lesavecconsidération;iln’yaqu’unseulguideetcent
milleâmes(àsasuite).2500 Quelestleguide,etquelestlechamelier?Acquiersunœilquipuisse
contemplerleSoleil!Envérité, lemondeaétéabandonné,clouédans lanuit, tandisque le
jourattendimpatiemment,dépendantdusoleil.Voiciunsoleilcachédansungraindepoussière,unlionférocesousla
toisond’unagneau.Voiciunocéancachésouslapaille:prendsgarde,neposepaslepied
surlapailleenhésitant.Maisunsentimentd’hésitationetdedoutedanslecœurdesinsensésest
uneMiséricordedivineencequiconcerneleguide.Chaqueprophèteestvenuseulencemonde:ilétaitseul,etpourtantil
avaitenlui-mêmecentmillemondesinvisibles.Par son pouvoir, il enchanta le macrocosme, il s’enferma lui- même
dansunetrèspetiteforme(microcosme).L’insensé le croyait solitaire et faible : comment serait-il faible, celui
quiestdevenulecompagnonduRoi?L’insensédit:«C’estunhomme,riendeplus.»Malheuràluiquine
voitpaslafin!
Commentlesyeuxdusens(extérieur)considéraientSâlihetsachamellecommeméprisablesetsansdéfenseur;carlorsqueDieuestsurlepointdedétruireunearmée,Ilfaitapparaîtresesadversaires
commeméprisablesetpeunombreuxàsesyeux,mêmesi
l’adversaireauneforcesupérieure:EtIlvousfaisaitparaîtreàleursyeuxcommepeunombreux,afinqueDieuparachèveundécretqui
devaitêtreexécuté60
achamelledeSâlih semblaitpar la formeêtreunchameau, cettetribubarbarelaprécipitadanssafolie.
2510 Lorsqu’ilsdevinrentsesennemisenraisondel’eau(qu’ellepartageaitaveceux),ilsétaientaveuglésquantaupainetàl’eauaccordésparDieu.LachamelledeDieubuvaitdel’eauprovenantduruisseauetdunuage:
ilsrefusaientàDieul’eaudeDieu.Alors,lachamelledeSâlihdevint,commelescorpsdeshommesjustes,
unpiègepourladestructiondespervers,Afin que vous voyez ce que l’Ordre divin : La chamelle de Dieu,
laissez-la boire61 ! opéra contre ce peuple par un destin de mort et desouffrances.Lavengeance,quiestleministredeDieu,exigead’euxunevilleentière
pourprixdusangd’unseulchameau.L’esprit(duProphèteoudusaint)estcommeSâlih,etsoncorpsestla
chamelle:l’espritestuniàDieu,etlecorpsmisérable.L’espritdeSâlihn’estpassujetauxafflictions:lescoupstombentsurle
chameauducorps,nonsurl’essencedel’esprit.Personne n’obtient la victoire sur les cœurs des saints : le dommage
n’atteintquelacoquilledel’huître,nonlaperle.L’esprit de Sâlih ne peut être blessé : la lumière de Dieu n’est pas
soumiseauximpies.L’Esprit (de Dieu) a attaché à l’esprit le corps terrestre, afin que les
impiespuissentleblesseretsubirdestribulations,
2520 Nesachantpasqueblessercecorpsc’estLeblesser:l’eaudanscetteaiguièreestreliéeàl’eaudelarivière.Dieuarattachél’espritàuncorps,afinquelui(leProphèteoulesaint)
puissedevenirunrefugepourlemondeentier.Soisl’esclaveduchameau,quiestlecorpsdusaint,afindedevenirle
serviteuretcompagnondel’espritdeSâlih.Sâlihdit(aupeupledeThamûd):«Étantdonnéquevousavezmontré
cetteenvie,aprèstroisjourslechâtimentviendradeDieu.« Après trois jours encore, proviendra de Celui qui ôte la vie une
calamitéquiprésentetroissignes.«La couleur de tous vos visages sera changée, ils seront de couleurs
différentes.«Lepremier jour,vosvisages seront commedu safran, le second, ils
serontrougescommearghawân(fleursdel’arbredeJudée).« Le troisième, tous vos visages deviendront noirs : après cela, la
vengeancedeDieuarrivera.«Sivousdésirezquejevousapporteunsignedecechâtimentquivous
menace,lepetitdelachamelles’estéchappéverslesmontagnes:«Sivousl’attrapez,ilyapourvousdel’aide;autrement,l’oiseaude
l’espoirs’estsûrementenvoléloindupiège.»2530 Personneneréussitàattraperlechamelon:ilalladanslesmontagneset
disparut.Sâlih dit : «Vous voyez, le décret divin a été ratifié et a décapité le
fantômedevotreespoir.»Qui est le petit de la chamelle ? Le cœur du saint, que vous pouvez
regagneraumoyendebonnesactionsetdepiété.Si son cœur revient à vous, vous êtes sauvés du châtiment divin ;
autrement,vousêtesaudésespoir,vousmordantlesmains.Quand ils entendirent cette sombremenace, ils baissèrent les yeux et
attendirent(saréalisation).Le premier jour, ils virent que leurs visages étaient jaunes ; de
désespoir,ilssoupiraientprofondément.Le second jour, leurs visages à tous devinrent rouges : le temps de
l’espoiretdurepentirétaitperdu.Le troisième jour, tous leursvisagesdevinrentnoirs : laprédictionde
Sâlihseréalisasansconteste.Lorsqu’ilsfurenttousrejetésetplongésdansledésespoir,ilstombèrent
àgenoux,commedesoiseaux.Gabriel, l’Esprit loyal, apporta dans le Qor’ân la description de cet
agenouillement.2540 Agenouille-toiquandlessaintst’enseignentett’ordonnentdecraindre
untelagenouillement.LepeupledeThamûdattendaitlecoupdelavengeance:lavengeance
vintetdétruisitlaville.Sâlih se rendit de sa solitude à la ville : il contempla la cité dans la
fuméeetlachaleur.Il entendit les plaintes venant de leurs membres : la lamentation
s’entendaitclairement,maisceuxquigémissaientétaientinvisibles.Il entendit les gémissements venant de leurs os : des larmes de sang
coulaientdeleursesprits,commelagrêle.Sâlihentenditcelaetsemitàpleurer:ilcommençaàselamenterpour
ceuxquiselamentaient.Ildit:«Ôgensquivivaientdanslavanitéetpourquij’aipleurédevant
Dieu!«Dieum’adit:“Soispatientàl’égarddeleuriniquité:conseilleles,il
nerestequepeudetempspoureux.”«Jedis:“Leconseilestarrêtéparlesmauvaistraitements: lelaitdu
conseiljaillitdel’amouretdelajoie.“Ilsm’ontinfligétantdemauvaistraitementsquelelaitduconseils’est
caillédansmesveines.”2550 «Dieumedit:“Jet’accorderaiunbienfait,jeplaceraiunpansementsur
tesblessures.”«Dieurenditmoncœurclaircommeleciel,ilbalayavotretyranniede
monesprit.«Jerevinsunefoisdeplusvousadmonester,jeparlaienparaboleseten
parolesdoucescommelesucre.« J’aiproduitdu lait fraisàpartirdusucre, j’aimélangédu lait etdu
mielàmesparoles.«Envous,cesparolessontdevenuescommedupoison,parcequevous
étiezremplisdepoisondelatêteauxpieds.«Commentm’affligerais-jequelechagrinsoitinfligé?Vousétiezdela
peinepourmoi,ôpeupleobstiné.« Se lamente-t-on de la disparition de la peine ? S’arrache-t-on les
cheveuxquandlemaldetêteadisparu?»Puisilseretournaverslui-mêmeetdit:«Ôendeuillécesgensnesont
pasdignesdetondeuil.»Récitecorrectement—ne faispasattention simacitationest erronée
(les paroles du Qor’ân) :Comment éprouverais-je de la peine au sujet
d’unpeupleincrédule62?A nouveau, il sentit des pleurs dans ses yeux et son cœur : une
compassioninvolontairesemanifestaenlui.2560 Ilversaitdeslarmesetilétaitdevenubouleversé—gouttessanscause
del’OcéandelaGénérosité.Saraisondisait :«Pourquoices larmes?Doit-onpleurerpourde tels
moqueurs?« Dis-moi, pourquoi pleures-tu ? Pour leur tromperie ? Pour leurs
innombrableshainesmisérables?«Pour leurscœurs ténébreuxetpleinsde rouille?Pour leurs langues
venimeusespareillesàdesserpents?«Pour leur haleine et leurs dents pareilles à celles d’un chien ?Pour
leursbouchesetleursyeuxremplisdescorpions?«Pourleursdisputes,leursrailleriesetleurssarcasmes?Rendsgrâces
queDieulesaitmisàpart.«Leursmains sont perverses, leurs pieds pervers, leurs yeux pervers,
leuramourpervers,leurpaixperverse,leurcolèreperverse.»Paramourd’unconformismeaveugle,etdesnormesdelatradition,ils
piétinèrentleschameauxdelaRaison,leguidevénérable.Ils ne souhaitaient pas avoir un guide (pîr-khar) : ils étaient tous
devenuscommeunvieilâne(pîr-khar)àforcedecomplaisancehypocriteàl’égarddesyeuxetdesoreillesdesunsetdesautres.Dieu amena les habitants du Paradis afin de pouvoir leurmontrer les
habitantsdel’Enfer.
SurlasignificationdeIlafaitconfluerlesdeuxmerspourqu’elles
serencontrent;maisellesnedépassentpasunebarrièresituée
entreelles63
2570 ontemplelesgensdestinésauFeuetceuxduParadisdemeurantdanslamêmeboutique;pourtantilsetrouveentreeuxunebarrièrequ’ilsnecherchentpasàfranchir.IlamélangélesgensduFeuetceuxdelaLumière:entreeux,Ilaélevé
lamontagnedeQâf.Il les a mélangés comme la terre et l’or dans la mine : entre eux se
trouventdescentainesdedésertsetdecaravansérails.Ilssontmélangéscommedesperlesetdujaisdansuncollier,devantse
séparercommeleshôtesd’uneseulenuit.Une moitié de la mer est douce comme le sucre : le goût suave, la
couleurbrillantecommelalune.L’autremoitiéestamèrecommeleveninduserpent:legoûtameretla
couleurnoirecommelapoix.Cesdeuxmoitiéssejettentl’unesurl’autre,d’endessousetd’audessus,
vaguesurvague,commel’eaudelamer.L’apparencedecollisionprovenantdelacorporalité limitéeestdueau
faitquelesespritssontmêlésdanslapaixoulaguerre.Lesvaguesdelapaixseprécipitentl’unecontrel’autreetdéracinentles
hainesdescœurs.Sousuneautreforme,lesvaguesdelaguerredétruisentlesamoursdes
hommes.2580 L’amourattireceuxquisontamersversceuxquisontdoux,carle
fondementdetouslesamoursestlaplénitude.Lecourrouxemportecequiestdouxversl’amertume:commentceux
quisontamerspourraient-ilsconveniràceuxquisontdoux?L’amer et le doux ne sont pas visibles à la vision oculaire, mais ils
peuventêtrevusparceuxquivoientdeloin.L’œilquivoit la fin (âkhir) peutvoir envérité ; l’œilquinevoitque
l’étable(âkhur)n’estqu’erreuretillusion.Oh!combiendegenssontdouxcommelesucre,maisilyadupoison
cachédanslesucre.
Celui qui est plus perspicace le reconnaîtra à l’odeur ; un autreseulementquandcelatoucheraseslèvresetsesdents:Alorsseslèvreslerejetterontavantquecelaneparvienneàsongosier,
bienqueleDémonluicrie:«Mange!»Etàunautre,celaseferasentirdanssagorge,tandisquepourunautre
celaserévéleradanssoncorps;Etàunautre,celacauseraunedouleurbrûlanteenl’évacuant:sasortie
l’instruirasursonentrée(decequ’ilaavalé).Et pour un autre, cela semanifestera après des jours et desmois ; et
pourunautre,aprèslamort,dufonddutombeau;2590 Ets’illuiestaccordéunrépitdanslaprofondeurdelatombe,cela
deviendrainévitablementmanifesteleJourdelaRésurrection.Chaque douceur et friandise dans lemonde de lamanifestation a une
duréepropre,quiluiestoctroyéeparlarévolutionduTemps.Ilfautdesannéespourquelerubisexposéausoleilacquièresacouleur,
sasplendeuretsonéclat.Leslégumesparviennentàlamaturitéendeuxmois,tandisquelarose
rougeparvientàlaperfectionenuneannée.C’estpour cette raisonque leDieuTout-Puissant etGlorieux,dans la
sourateAl-An‘âm,amentionnéuntermefixé(adjal).Tuasentenducediscours ;puisses-tu, toutentier, cheveuparcheveu,
être une oreille pour l’entendre ! C’est l’Eau de la Vie : si tu l’as bue,puisse-t-ellet’êtrebénéfique!Appelle-le l’Eaude laVie,etnonpasundiscours :contemple l’esprit
nouveaudanslecorpsdelavieillelettre!Aprésent,monami,écouteuneautreparolequi,commel’âme,esttrès
clairepourlesmystiquesettrèsobscurepourlesautres:Auncertaindegréspirituel,par l’actiondivine,mêmecepoisonetce
serpentsontrendusdigestes.En un lieu, c’est du poison, en un autre, un remède ; en un lieu de
l’infidélité,enunautrelieu,approuvé.2600 Bienquelàcesoitnéfastepourl’âme,quandcelaarriveici,cela
devientunremède.Dans le raisin qui n’est pasmûr (ghûra), le jus est acide,mais il est
douxetbonquandleghûradevientduraisinmûr(angûr).Demême,dans la jarredevin ildevient ameret illicite,mais sous la
formedevinaigre,quelexcellentassaisonnement!
Surcequ‘ilneconvientpasaudisciple(murîd)d’effectuerles
mêmesactionsquelesaint(walî)étantdonnéquelessucreriesnefontpasdemalaumédecin,mais
sontnuisiblesaumalade,etlageléeetlaneigeneportentpasde
préjudiceauraisinmûr,maissontnéfastespourlesfruitsjeunes;carlediscipleestencoresurlavoie;iln’estpasencoredevenu(lesaintà
quis’appliquent)lesparolesduQor’ân:QueDieutepardonnetespremiersettesdernierspéchés64
i le saint boit du poison, cela devient un antidote, mais si lediscipleleboit,sonespritestobscurcDe Salomon sont venues les paroles : Ô Seigneur, accorde-moi un
royaumetelqu’iln’existerapluspourpersonneaprèsmoi65,c’est-à-dire:«Nedonneceroyaumeetcepouvoirànulautrequemoi.«N’octroiecette libéralitéànulautrequemoi.»Cela ressembleàde
l’envie,maiscen’enétaitpas.Lisavectonâmelemystèredetelqu‘iln‘existeraplus:necroispas
quelesensintérieurdeaprèsmoiproviennedel’avaricedeSalomon.Non,maisdanslasouverainetéilpercevaitunecentainededangers:le
royaumedecemondeatoujoursconstituéunecraintepourvotretête.Lacraintepourlatête,lacraintepourlecœur,lacraintepourlareligion
—iln’estdepireépreuvepournous.C’estpourquoiilfautposséderl’aspirationsublimed’unSalomonpour
échapperàcesmyriadesdecouleursetdeparfums.2610 Mêmeavecuneaussigrandeforcequelasienne,lesvaguesdece
royaumeterrestreluicoupaientlesouffle.Etant donné le chagrin que lui causait tout cela (son amour pour les
choses de ce monde), il avait de la compassion pour tous les rois dumonde.C’estpourquoiilintercédaauprèsdeDieupoureux,disant:«Donne-
leurceroyaumeenmêmetempsquelaperfectionqueTum’asaccordée.
« A quiconque Tu le donneras, et à quiconque Tu accorderas cettelibéralité,cettepersonneestSalomon,etmoiaussijesuislui.« Iln’estpas“aprèsmoi”, il est avecmoi.Pourquoi, envérité, “avec
moi”?Jesuissansrival.»C’estmondevoird’expliquerceci,mais jevais revenir à l’histoirede
l’hommeetdesafemme.
Moraledeladisputeentrel’Arabeetsafemme
ecœurdeceluiquiestsincèrechercheunemoraleàladisputedel’hommeetdesafemme.Ladisputede l’hommeetde sa femmea été contée : sachequec’est
uneparaboledetapropreâmecharnelle(nafs)etdelaraison.L’homme et la femme, qui sont l’âme charnelle et la raison, sont très
nécessairesàlamanifestationdubienetdumal.Et ce couple nécessaire, dans cette demeure terrestre, est en lutte et
disputejouretnuit.2620 L’épousedésirecedontlamaisonnéeabesoin;c’est-à-direla
réputation,lepain,lesaliments,lesdignités.Al’instardel’épouse, l’âmecharnelle,afindetrouver lesmoyensd’y
réussir,atantôtrecoursàl’humilité,tantôtàladomination.La raison est réellement inconsciente de ces pensées ; en elle ne se
trouvequel’amourdeDieu.Bienquelasignificationprofondedececontesoitceleurreetcepiège,
écouteàprésentcettehistoiretoutentièresoussaformeextérieure.Si l’explication spirituelle était suffisante, la créationdumondeaurait
étévaineetoisive.Sil’amourn’étaitquelapenséeetlaréalité,laformedetonjeûneetde
taprièreseraitnonexistante.Lesprésentsque se font les amoureuxne sont, par rapport à l’amour,
quedesformes.Mais le but est que ces cadeaux puissent porter témoignage des
sentimentsd’amourquisontcachésdanslesecret,Carlesactesextérieursdetendressetémoignentdessentimentsd’amour
danslecœur,ômoncherami.Ton témoinestparfoisvéridique, tantôt faux, tantôt ivredevin, tantôt
delaitaigre.2630 Celuiquiabudulaitaigrejouelacomédiedel’ivresse,poussedescris
d’extase,etseconduitcommeceluidontlatêteestalourdie(parlesvapeursduvin).Cet hypocrite jeûne et prie, afin que Ton suppose qu’il est enivré de
dévotion.Bref,lesactesextérieursdiffèrentpourindiquercequiestcaché.
Ô Seigneur, accorde-nous selon notre désir le discernement, afin quenouspuissionsreconnaîtrel’indicationfaussedelavraie.Sais-tu comment la perception sensorielle devient capable de
discernement?C’estque laperceptionsensoriellevoitpar la lumièredeDieu.Ets’iln’yapasd’effetapparent,lacauseaussirendmanifestecequiest
caché;ainsilaparentédonnedesinformationsconcernantl’amour.Si la lumière de Dieu parvient aux sens, tu ne seras pas esclave de
l’effetetdelacause,De sorte que l’Amour jettera une étincelle dans le cœur, deviendra
puissant,etrendraindépendantdel’effet.Il n’a pas besoin de signes d’amour, puisque l’Amour a projeté son
rayonnementsurleciel.Ilyadesexplicationsdétailléespourcomplétercesujet;maischerche-
lestoi-même;adieu.2640 Etquantàceluiquiasaisilesensprofonddecetteformeextérieure,la
formeestprochedusens,etaussienestloin.Encequiconcernel’indication,laformeetlesenssontcommelasève
etl’arbre,maisquandtuconsidèreslaquidditéilssonttrèséloignés.Maislaissonslàlesquidditésetlesqualitésessentiellesetracontonsce
quiadvientàcesdeuxauvisagebeaucommelalune.
Commentl’Arabedécidadesatisfairelademandedesabien
aiméeetjuraqu‘ensesoumettantainsiàelle,ilnevoulaitpaslatrompernilamettreàl’épreuve
’homme dit :« A présent, j’ai cessé de m’opposer à toi : tu asl’autorité:tirel’épéedufourreau.«Quoique tum’ordonnesdefaire, j’obéirai, jeneconsidéreraipas le
bonoulemauvaisrésultat.« Je deviendrai non existant dans ton existence, parce que je suis ton
amoureux:l’amourrendaveugleetsourd.»La femme dit : « Oh ! je me demande si tu es mon ami, ou si tu
t’efforcesdedécouvrirmonsecretparlaruse.»Ilrépondit:«Non,parDieuquiconnaîtlapenséelaplussecrète,quide
poussièreacréélepurAdam,«Quidanscecorpslongdetroiscoudéesqu’illuiadonné,amanifesté
toutcequiestcontenudanslestablettesdudestinetlemondedesesprits.«Grâce à Il (Dieu) lui enseigna les Noms66 dès le commencement il
instruisitlesangesconcernanttoutcequiarriverajusqu’àl’éternité,2650 «Desortequelesangesdevinrenthorsd’eux-mêmesàson
enseignement,etobtinrentdesaglorificationdeDieuunesainteténouvelle.« La révélation qui leur advint d’Adam n’était pas contenue dans
l’étenduedeleurscieux.« En comparaison avec la grandeur du domaine de ce pur esprit
(Adam),l’étenduedesseptcieuxdevintétroite.«LeProphèteadéclaréqueDieuadit:“Jenesuispascontenudansles
limitesdu“haut”etdu“bas”;“Jenesuispascontenudanslaterreoulecieloumêmedansl’empyrée
—tienscelapourcertain,ôhommenoble;“Mais je suis contenu dans le cœur du véritable croyant : oh !
merveille!SituMecherches,cherche-Moidanscescœurs.”«Dieuaditaussi:“EntredoncavecMesserviteurs67, tutrouverasun
ParadisquiconsisteenlavisiondeMoi,ôtoiquicrainsDieu.”«L’empyrée, endépitde sa lumière immense,quand il levit (l’esprit
d’Adam),futbouleverséhorsdelui-même.
«Envérité, l’immensitédel’empyréeestsansbornes,maisqu’est-cequelaformequandestarrivéelaréalité?« Alors, les Anges lui disaient (à Adam) : “Auparavant, nous étions
amisavectoisurlapoussièredelaterre.2660 “Surlaterre,noussemionslasemencedel’adoration:nousnous
émerveillionsdecetterelation,“Nousinterrogeantsurlarelationquenousavionsaveccettepoussière,
alorsquenotrenatureestcéleste.“Nousdisions:«Pourquoicetteamitiédenotrepart,nousquisommes
lumière, avec la ténèbre ? Comment la lumière peut-elle vivre avecl’obscurité?»“ÔAdam,cetteamitiéétaitdueàtonparfum,parcequelaterreétaitla
trameetlachaînedetoncorps.“Decelieu(laterre)toncorpsaététissé;encelieutapurelumièrea
ététrouvée.“Cettelumièrequenosâmesontacquisedetonespritabrilléquelque
tempshorsdelapoussière.“Nousétionsdans la terre, et inconscientsde la terre, inconscientsdu
trésorquiyétaitenfoui.“Quand Dieu nous ordonna de nous éloigner de cette demeure, nous
fûmesamèrementblessésparcechangement,“Detellesortequenousdiscutions,disant:«ÔmonDieu,quiviendraà
notreplace?« Echangeras-tu la splendeur de la louange avec laquelle nous Te
glorifionsetTecélébronscontredesbavardagesetdevainesparoles?»2670 “L’ordredeDieuétenditpournousletapis(delabienveillance)etII
dit:«Parlezavecaudace.« Et sans crainte, dites ce qui vous vient sur les lèvres, comme des
enfantsuniquesavecleurpère:«Qu’importesivosparolesnesontpasconvenables?Mamiséricorde
vientavantMoncourroux.« Afin de manifester cette antériorité, ô ange, je mettrai en toi une
tendanceàlaperplexitéetaudoute,« Afin que tu puisses parler et queje ne m’en offense pas, et que
personnequinieMaclémencen’oseprononceruneparole.« Au sein de Ma clémence, celles de cent pères et de cent mères à
chaqueinstantnaissentetdisparaissent.« Leur clémence n’est que l’écume de l’océan de Ma clémence ;
l’écumevientets’enva,maisl’océandemeure.»”
«Quepuis-jedire?Encomparaisondecetteperle (de lamiséricordedivine), cette coquille d’huître (de la clémence humaine) n’est quel’écumedel’écumedel’écume.«Parlavéritédecetteécume,parlavéritédecettemerpure,jejureque
mesparolesnesontpaspourtemettreàl’épreuveetnesontpasvaines.«Ellesproviennentdel’amour,delasincérité,etdel’humilité,jelejure
parlavéritédeCeluiversquijemetourne.2680 «Simonaffectiontesembleuneépreuve,examinecetteépreuveun
instant.« Ne dissimule pas ton secret, afin que le mien puisse être révélé :
ordonne-moitoutcequejesuiscapabledefaire.«Nedissimulepastoncœur,afinquelemienpuisseêtrerévéléetque
jepuisseacceptertoutcedontjesuiscapable.«Quepuis-jefaire?Quelremèdeestenmonpouvoir?Voisenquelles
difficultésmonâmeestplongée!»
Commentlafemmeindiquaàsonmarilamanièredegagnersonpainquotidienetcommentill’accepta
afemmedit:«Unsoleilabrillé,unmondetoutentierenareçulalumière.«LeVicaireduMiséricordieux,lekhalifeduCréateur:grâceàlui, la
villedeBagdadestdevenuecommelasaisonprintanière.« Si tu obtiens d’accéder à ce roi, tu deviendras un roi : combien de
tempsiras-tuàlarecherchedumalheur?»La compagnie des gens heureux est pareille à l’Elixir : en vérité,
commentunElixirserait-ilcomparableàleursregards?LeregarddeAhmadseposasurunAbûBakr:parunseulactedefoiil
devintunSiddîq.Le mari demanda : « Comment irais-je rencontrer le roi ? Comment
irais-jeàluisansunprétexte?2690 «Jedoisavoirquelquemobileoumoyen:unmétierest-ilpossiblesans
outil?«Ainsi,lecélèbreMadjnûn,quandilentenditquelqu’undirequeLeylâ
étaitunpeusouffrante,«S’écria:“Ah!Commentirais-je(auprèsd’elle)sansunprétexte,etsi
jeneluirendspasvisitequandelleestmalade,commentserais-je?“Quenesuis-jeunmédecinhabile?JeseraisalléàpiedchezLeylâen
premierlieu.”« Dieu nous a dit : “Dis : Venez68” afin de nous indiquer comment
vaincrenotresentimentdehonte.« Si les chauves-souris étaient douées de vision et de moyens, elles
voleraientetseréjouiraientpendantlajournée.»Lafemmedit:«Quandlenobleroivadanslemaydan*,l’essencede
chaqueincapacitédevientunecapacité.« Parce que la capacité implique la prétention et l’existence
personnelle:l’important,c’estl’absencedemoyensetlanon-existence.»«Comment,dit-il,pourrais-jefaireuneaffairesansmoyens,àmoinsde
pouvoirrendreévidentquejen’aipasdemoyens?«Jedoisdoncposséderuneattestationdemonmanquedemoyens,afin
queleroiaitpitiédemonbesoin.2700 «Apportequelqueattestation,outrelesparolesetlaprétentionafínque
leroigénéreuxpuisseprendrepitié.«Car le témoignage consistant en paroles et prétention a toujours été
sansvaleurdevantceJugesuprême.«Ilexigelavéritéentémoignagedel’état,afinquelalumièreintérieure
brillesansparolesdesapart.»
*lei,Iechampdujeudepolo
Commentl’Arabetransportaunecruched’eaudepluieduseindu
désertenprésentauCommandeurdescroyantsàBagdad,pensantquedanscettevilleaussiilyavaitune
pénuried’eau
a femme dit : « Quand les gens, de toutes leurs forces, sontentièrementpurifiésdeleurexistencepersonnelle,c’estlàlavéracité.« Nous avons l’eau de pluie dans la cruche ; c’est ta propriété, ton
capitalettonbien.«Prendscettecruched’eauetpars, fais-enuncadeauet rends- toien
présenceduRoidesrois.«Dis:“Nousn’avonsd’autresbiensquececi:dansledésert,iln’ya
riendemieuxquecetteeau.”«Sisontrésorestremplid’oretdejoyaux,cependantiln’apasd’eau
commecelle-ci:elleestrare.«Qu’est-cequecettecruche?Notrecorpslimité:àl’intérieursetrouve
l’eausaumâtredenossens.« Ô Seigneur, acceptema jarre et ma cruche par la grâce deDieu a
acheté(auxcroyants)leurspersonneset leursbienspourleurdonnerenéchangeleParadis69.
2710 «C’estunecrucheaveccinqbecs,lescinqsens:conservecetteeaupuredetoutesouillure,«Pourque,decettecruche, ilyaitunpassagevers lameretquema
crucheacquièrelanaturedelamer,«Desorteque,quandtul’apporterasenprésentauRoi,leRoipuissela
trouverpureetsoitsonacheteur;« Et après cela, son eau deviendra sans limites : centmondes seront
remplisàpartirdemonaiguière.«Bouchesesbecsetgarde-lapleinedel’eaudelajarredelaRéalité:
Dieuadit:“debaisserleursregards70.”»Lemariétaitenflédefierté:«Quipossèdeuntelprésent?Ilestdigne,
envérité,d’unroitelquelui.»Lafemmeignoraitqu’encelieu(Bagdad)existe,surlavoiepublique,
ungrandfleuved’eaudoucecommelesucre,Coulantcommelameràtraverslaville,pleindebateauxetdefiletsde
pêche.Vaverslesultan,etcontemplecettepompeetcettemajesté!Considère
lessensdeceuxpourquiDieuapréparédesjardinssouslesquelscoulentdesruisseaux71!Nossensetnosperceptions,telsqu’ilssont,nesontqu’unegouttedans
cesrivières.
Commentlafemmedel’Arabecousitl’aiguièred’eaudepluiedans
untissudefeutreetyplaçaunsceau,àcausedelaconviction
profondedel’Arabe(qu’ils’agissaitd’uncadeauprécieux)
2720 ui,ditlemari,bouchel’orificedelacruche.Prendsgarde,carc’estlàunprésentquinousapporteradesprofits.«Coudscettecruchedansdufeutre,afinqueleRoipuisserompreson
jeûneavecnotreprésent,«Cariln’yapasd’eaupareilleàcelle-cidanslemondeentier:nulle
eaun’estaussipurequecelle-ci!»(Il dit cela) parce que ces gens sont toujours pleins d’infirmités et à
demiaveuglesàcausedeseauxamèresetsalées.L’oiseaudont lademeureest l’eausalée,comment saurait-ily trouver
l’eauclaire?Ô toi dont la demeure se trouve dans la source salée, comment
connaîtrais-tuleShattetleDjayhûnetl’Euphrate?Ô toi qui n’as pas échappé à ce caravansérail éphémère, comment
connaîtrais-tu l’extinction de soi, l’ivresse mystique, la dilatation ducœur?Etsitulesconnais,celat’aététransmispartonpèreettongrandpère,
pourtoicesnomssontcommel’abdjad*.Combien simple et évident pour tous les enfants sont abdjad et
hawvaz*,etcependantlevraisensestloin.L’Arabepritdonc lacrucheetsemitenroute, laportant tantavec lui
jouretnuit.2730 Iltremblaitpourlacruche,decraintedesembûchesdusort:cependant,
illatransportadudésertjusqu’àlaville.Lafemmedéroulasontapisdeprièrepourlasupplication;ellefitdes
motsRabbiSallim(Sauve-nous,ôSeigneur)salitanie,S’écriant:«Sauvenotreeaudesbrigands,ôSeigneur,laissecetteperle
arriveràcettemer.« Bien que mon mari soit avisé et habile, cependant la perle a des
milliersd’ennemis.«Quedis-je, uneperle ?C’est l’eauduKawthar, c’est unegoutte de
cetteeauquiestl’originedelaperle.»Grâceauxprièresetauxlamentationsdelafemme,etgrâceàl’anxiété
dumarietàsapatiencesouslelourdfardeau,Cedernier l’apportasansdélai, sauvédesvoleursetnonbrisépardes
pierres,ausiègedukhalifat.Ilvitunecourpleinede libéralité,où lespauvresavaientétendu leurs
filets.Partout,àtoutinstant,unsuppliantobtenaitdecettecourundonetune
robed’honneur.C’étaitcommelesoleiletlapluie,non,commeleParadis,pourl’impie
etlevéritablecroyant,pourleshommes,beauxetlaids.2740 IIaperçutdesgenssetenantenrangs,etd’autresquis’étaientmis
deboutetquiattendaient.En haut et en bas, de Salomon jusqu’à la fourmi, ils étaient tous
devenus animés par la vie, comme le monde lors de la sonnerie de latrompette(delaRésurrection).Ceux qui s’attachent à la forme étaient couverts de perles, ceux qui
s’attachentàlaRéalitéavaienttrouvél’OcéandelaRéalité.Ceux qui étaient sans générosité sont devenus généreux, et ceux qui
l’étaientsontdevenuscomblésdebienfaits.
*Équivalantàl’alphabet:a,b,c,d…*ÉquivalantàHWZ.
Montrantque,emêmequelemendiantestamoureuxdela
générositéetéprisdudonateurgénéreux,demêmelagénérositédu
donateurgénéreuxestéprisedumendiant:sic’estlemendiant
dontlapatienceestlaplusgrande,ledonateurgénéreuxviendraàsa
porte;etsic’estledonateurgénéreuxquialeplusdepatience,lemendiantviendraàsaporte;maislapatiencedumendiantestunevertuchezlemendiant,tandis
quelapatiencedugénéreuxdonateurestchezluiundéfaut
nappelluiparvenait:«Viens,ôtoiquicherches!Lagénérositéabesoindemendiants,elleestelle-mêmecommeunmendiant.»Lagénérositéestàlarecherchedesmendiantsetdespauvres,àl’instar
desbeautésquicherchentunmiroirclair.Le visage des beautés est rendu beau par le miroir, le visage de la
charitéestrenduvisibleparlemendiant.C’estpourquoiDieuaditdanslasourateWa’d-Duhâ:«ÔMohammad,
necriepascontrelemendiant.»Puisque lemendiant est lemiroir de la générosité, prends garde ! Le
souffleestnuisibleàlafacedumiroir.Dansuncas,lagénérositérendlemendiantmanifeste,tandisquedans
l’autre cas, le donateur octroie aux mendiants davantage (qu’ils n’ontbesoin).
2750 Lesmendiantssontdonclemiroirdelalibéralitédivine,etceuxquisontavecDieusontlagénérositéabsolue.Ettous,exceptécesdeuxcatégories,sontenvéritédesmorts:celuiqui
n’estpassurceSeuilestsemblableàunportraitpeintsurunrideau.
LadifférenceentreceluiquiestdénuépourDieu,etassoifféde
Lui,etceluiquiestdénuédeDieuetdésireuxdecequiest
autrequeLui
ederniern’estquelesimulacred’underviche,iln’estpasdignedepain:nejettepasdepainàl’imaged’unchien.Ildésireunpeudenourriture,ilnedésirepasDieu:neprésentepasdes
metsdevantunepeintureinanimée.Ledervichequi désire dupain est unpoisson terrestre : il a la forme
d’unpoisson,maisils’enfuitloindelamer.Ilestunevolailledomestique,nonleSimorghdel’air:ilavaledebons
morceaux,ilnemangepascequivientdeDieu.Il aimeDieupour l’amour dugain ; son âmen’est pas amoureuse de
l’excellenceetdelabeautédeDieu.S’il s’imagine être amoureux de l’Essence divine, l’imagination des
NomsetdesAttributsdivinsn’estpasl’Essencedivine.L’imagination est engendrée par les qualités et les limites.Dieu n’est
pasengendré,Ilestlamyûlad72.Comment celui qui est épris de sa propre imagination et conception
peut-ilêtredeceuxquiaimentleSeigneurdeslibéralités?2760 Sil’amoureuxdecettefausseconceptionestsincère,cetteillusionle
conduiraàlaréalité.L’explicationdecesparolesexigeuncommentaire,mais j’aipeurdes
espritsfaibles.Lesespritsfaiblesetbornésapportentcentmauvaisesimaginationsdans
leurspensées.Tout lemonden’estpascapabled’entendrede façonexacte : la figue
n’estpasunalimentpourchaquepetitoiseau,Surtout un oiseaumort et corrompu ; un homme aveugle, sans yeux,
pleindevainesimaginations.Pourleportraitd’unpoisson,quelleestladifférenceentrelameretla
terre?Pourlacouleurd’unIndien,quelleestladifférenceentrelesavonetlevitriolnoir?Situfaissurunpapierunportraitayantl’airtriste,iln’apprendriendu
chagrinoudelajoie.
Son apparence est affligée,mais il est dépourvu d’affliction ; ou sonapparenceestsouriante,maisiln’éprouvepasunsentimentdejoie.Etcechagrinetcettejoiequisontdessinésdanslecœurnesontqu’une
peintureencomparaisondelajoieetduchagrin(spirituels).L’apparencesouriantedelapeintureestpourtoi,afinqu’aumoyende
cettepeinturelaréalitépuisseêtreétablie.2770 Lespeinturesquisetrouventdansleshamams,lorsqu’ellessontvuesdu
dehorsduvestiaire,sontpareillesàdesvêtements.Tant que tu es à l’extérieur, tu ne vois que les vêtements : enlève tes
habitsetentre,ômonami,Car avec tes vêtements, tu ne peux entrer à l’intérieur : le corps est
ignorantdel’âme,leshabitssontignorantsducorps.
Commentlesofficiersetchambellansdukhalifevinrentsaluerlebédouinetrecevoir
sonprésent
uand le bédouin arriva du désert lointain jusqu’aux portes dupalaisdukhalife,Les officiers de la cour vinrent à la rencontre du bédouin ; ils
l’arrosèrentdebeaucoupd’eauderosed’amabilité.Sansqu’ilparlât,ilscomprirentcequ’ilsouhaitait:c’étaitleurhabitude
dedonneravantqu’onleurdemandât.Puis ils luidirent : «ÔchefdesArabes,d’oùviens-tu ?Comment te
sens-tuaprèscevoyageetlafatigue?»Ilrépondit:«Jesuisunchefsivousm’accordezvotrefaveur;jesuis
sansmoyenssivousmemettezderrièrevosdos.«Ôvousdontlesvisagesoffrentlessignesdeladignité,ôvousdontla
splendeurestplusagréablequel’ordeJa’far,«Ôvousdont lavisionvautdesvisions,ôvous à lavuedequi sont
répandueslespiècesd’or,2780 «ÔvousquiêtestousdevenusvoyantsparlaLumièredeDieu,quiêtes
venusdeDieupourexercerlamunificence,« Pour transmuer en or par l’alchimie de vos regards le cuivre des
créatureshumaines,«Jesuisunétranger,jesuisvenududésert;jesuisvenudansl’espoir
d’obtenirlagrâcedusultan.«Leparfumdesagrâceaenvahilesdéserts; lesgrainsdesableeux-
mêmesenontreçuuneâme.«J’aifaittoutlecheminjusqu’icipourl’amourdesdinars:dèsqueje
suisarrivé,jesuisdevenuenivréparlavision.»Unepersonnecourutchercherdupainchezleboulanger:àlavuedela
beautéduboulanger,ellerenditl’esprit.Unhomme alla dans une roseraie pour se récréer ; c’est la beauté du
jardinierquidevintsajoie,Al’instardel’Arabedudésertquitiradel’eaudupuitsetgoûtal’Eau
delaVieduvisagedeJoseph.Moïse alla chercher du feu : il aperçut un tel Feu (leBuisson ardent)
qu’iléchappaaufeu.
Jésusbonditpouréchapperàsesennemis:cebondl’emportajusqu’auquatrièmeciel.
2790 L’épideblé*devintunpiègepourAdam,desortequesonexistencedevintlasemencedel’humanité.Lefauconvientversleleurrepourtrouverdelanourriture:iltrouvele
poignetduroi,lafortuneetlagloire.L’enfantestalléàl’écolepouracquérirdesconnaissances,dansl’espoir
d’obtenirdesonpèreunjolioiseau;Puis, grâce à l’école, cet enfant parvint au plus haut degré, paya des
fraisscolaires,etdevintaccompli.’Abbâs était venu faire la guerre pour se venger, afin de vaincre
Mohammadetdes’opposeràlareligion.Lui et ses descendants dans le khalifat devinrent un appui total à la
religionjusqu’àlaRésurrection.«Jesuisvenuàcettecourenquêtederichesse:dèsquej’enaifranchi
leportail,jesuisdevenuunchefspirituel.«J’aiapportédel’eauencadeaupourobtenirdupain:l’espoirdupain
m’aconduitàlaplushauteplaceduParadis.« Le pain a chassé un Adam du Paradis : le pain m’a fait entrer en
contactavecceuxquiappartiennentauParadis.«Commelesanges,j’aiétélibérédel’eauetdupain:sansaucunobjet
dedésir, jememeusautourdecettecourcomme lasphère tournanteduciel.»
2800 Riendanslemonden’estsansobjetdanssesmouvements,sauflescorpsetlesâmesdesamoureuxdeDieu.
*LefruitdÉfenduselonuneversion,Qor’ân,VII,22.
Montrantcommentl’amoureuxdecemondeestcomparableà
l’amoureuxd’unmurquefrappentlesrayonsdusoleil,etquinefaitaucuneffortpourpercevoirque
l’éclatetlasplendeurneproviennentpasdumur,maisduglobedusoleildanslequatrièmeciel;enconséquence,ilmettoutsoncœurencemuretquandles
rayonsdusoleilrejoignentlesoleilcouchant,ilestlaisséàjamaisdans
ledésespoir:Unobstacles’interposeraentreeuxetcequ’ils
convoitaient73
esamoureuxduToutnesontpasceuxquiaimentlapartie;celuiquiadésirélapartien’apasréussiàparvenirauTout.Lorsqu’unepartietombeamoureused’unepartie,l’objetdesonamour
retournebientôtàsapropretotalité.Lui(l’amoureuxdelapartie)devientunobjetdedérisionpourunautre
esclave:ilestdevenucommequelqu’unquisenoieets’estcramponnéàquelqu’undefaible.L’esclaveaiménepossèdeaucuneautoritépourqu’il lui soitattaché :
s’occupera-t-il des affaires de son propre maître, ou de celles del’amoureux?
Leproverbearabe:«Sivouscommettezunefornication,faites-le
avecunefemmelibre,etsivousvolez,volezuneperle»
e là vient que cette parole « commettez la fornication avec unefemme libre » est devenue proverbiale, et celle « volez une perle » futpriseencesens.L’esclave(aimé)serenditauprèsdesonmaître;l’amoureuxfutlaisséà
sadouleur.Leparfumdelaroseretournaàlarose:illuifutlaissél’épine.Ilfutlaisséloindel’objetdesondésir—sonlabeurperdu,soneffort
inutile,sonpiedblessé.Tel le chasseur qui a attaqué une ombre — comment l’ombre
deviendrait-ellesapropriété?L’homme a suivi fermement l’ombre d’un oiseau, tandis que l’oiseau
surlabranchedel’arbreesttombédanslastupeur,2810 (Pensant):«Jemedemandecequifaitrirecetindividuàlacervelle
fêlée?Voilàdelafolie,voilàunecauseperdue!»Et si tu dis que la partie est reliée au tout, alorsmange des épines :
l’épineestreliéeàlarose.Excepté d’un seul point de vue, la partie n’est pas rattachée au tout :
autrement,envérité,lamissiondesprophètesseraitvaine.Or,étantdonnéquelesprophètessontenvoyésafinderelierlapartieau
tout,quesignifie«lesrelier»,alorsqu’ilssontdéjàunseulcorps?Cediscoursn’apasde fin, ômonami ! Il se fait tard : conclus cette
histoire.
Commentl’Arabeapportaleprésent,c’est-à-direl’aiguière,aux
serviteursdukhalife
présenta la cruche d’eau, il sema la graine de l’hommage danscettecour.«Apportezcecadeauausultan,dit-il,sauvezdel’indigencelesuppliant
duroi.«C’estde l’eaudouceetunecrucheverteneuve—c’estde l’eaude
pluiequis’estamasséedanslefossé.»Lesfonctionnairessourirent,maisacceptèrent lacruchecommesielle
étaitaussiprécieusequelavie,Parcequelabienveillancedeceroibonetsageavaitmissonempreinte
surtouslescourtisans.2820 Ladispositiondesroiss’implantedansleurssujets:lecielvertrendla
terreverdoyante.Considérez le roicommeun réservoiravecdes tuyauxdans toutes les
directions,l’eaus’écoulantdestuyauxcommedeshottesdansunmoulin.Quandl’eaudanstouslesconduitsprovientd’unréservoird’eaupure,
chacunapportedel’eaudouce,augoûtagréable;Mais si l’eau dans le réservoir est saumâtre et sale, chaque tuyau
apportecettemêmeeau,Parce que chaque tuyau est relié au réservoir. Plonge-toi, plonge- toi
danslasignificationdecesparoles.Vois comment la grâce impérialede l’Esprit non spatial a produit des
effetssurlecorpstoutentier;CommentlagrâcedelaRaison,quiestdenoblenature,denoblelignée,
conduitlecorpsentieràladiscipline;Commentl’Amour,enjoué,incontrôléetimpatient,jettelecorpsentier
danslafolie.Lapuretédel’eaudelaMerestcommeleKawthar:toussescailloux
sontdesperlesetdespierresprécieuses.Quellequesoit lasciencepour laquelle lemaîtreestnotoire, lesâmes
desesélèvesdeviennentimprégnéesdecettescience.2830 Aveclemaîtrethéologien,l’élèveàl’espritpromptetappliquéétudiela
théologie.Avec le maître juriste, l’étudiant de jurisprudence étudie la
jurisprudencequandleprofesseurl’enseigne,nonlathéologie.Quandlemaîtreestungrammairien,l’âmedesonélèvedevientremplie
parluidegrammaire.EtquantaumaîtrequiestabsorbédanslaVoie(dusoufisme),àcause
deluil’âmedesondiscipleestabsorbéedansleRoi(Dieu).De toutes ces diverses sortes de connaissances, au jour de lamort, le
meilleur équipement et viatique est la connaissance de la pauvretéspirituelle.
Histoiredecequisepassaentrelegrammairienetlenautonier
ncertaingrammairienmontadansunbateau.Cethommevaniteuxsetournaverslenautonier,Etluidit:«As-tujamaisétudiélagrammaire?»«Non»,répondit-il.
L’autredit:«Lamoitiédetavieestperdue.»Le nautonier eut le cœur brisé de chagrin, mais sur le moment il
s’abstintderépondre.Le vent jeta le bateau dans un tourbillon ; le nautonier cria au
grammairien:«Dis-moi,sais-tunager?»«Non»,dit-il.«Ôtoilebeauparleuretl’hommedebelleapparence!«Ôgrammairien!dit-il,tavietoutentièreestperdue,carlebateauest
entraindesombrerdanscestourbillons.»2840 Sachequ’icicequiestnécessaire,c’estmahw(ledétachementdesoi-
même)etnonnahw,lagrammaire:situesmahw(mortàtoi-même),plongedanslamersansdanger.L’eaude lamer fait flotter lemort à la surface ;mais, s’il est vivant,
commentpourra-t-iléchapperàlamer?Lorsque tu esmort aux attributs de la chair, laMer de laConscience
divinet’élèveraaufaîte.Mais,ôtoiquiasqualifiélesgensd’ânes,àprésenttueslaissécomme
unânesurcetteglace.Si,encemonde,tueslesavantlepluséruditdel’époque,prendsgarde
àlafuitedecemondeetdutemps!Nous avons raconté l’histoire du grammairien, afin de t’apprendre la
grammaire(nahw)dudétachement(mahw).Danslapertedetoi-même,ôamivénéré,tutrouveraslajurisprudence
de la jurisprudence, la grammaire de la grammaire et l’essence de cessciences.Cette cruche d’eau est le symbole de nos différentes sortes de
connaissances,etlekhalifeestleTigredelaconnaissancedeDieu.Nousapportonsdescruchespleinesd’eauauTigre;sinousnesavons
pasquenoussommesdesânes,pourtantnouslesommes.Aprèstout,lebédouinétaitexcusable,carilneconnaissaitpasleTigre
etlegrandfleuve.2850 S’ilavait,commenous,connuleTigre,iln’auraitpastransportécette
cruched’unlieuàunautre.Enfait,s’ilavaitconnuleTigre,ilauraitfracassécettecrucheavecune
pierre.
Commentlekhalifeacceptaleprésent,etoctroyadeslibéralités,bienqu‘iln‘eûtaucunbesoinde
l’eauetdelacruche
uand le khalife vit le présent et entendit l’histoire, il remplit lacrucheavecdel’oretajoutad’autrescadeaux.Il délivra 1’Arabe de la misère, il lui octroya des dons et des robes
d’honneur,Disant : « Mettez dans ses mains cette cruche pleine d’or. Lorsqu’il
retournerachezlui,emmenez-leauTigre.«Ilestvenu icienpassantpar ledésertetenvoyageantsur terre ;ce
seraplusprochepourluiderevenirpareau.»Quandl’Arabeembarquadans lebateauetvit leTigre, ilseprosterna
touthonteux,courbantlatête,Etdisant:«Oh!combienestmerveilleuselabontédeceroigénéreux,
etilestencoreplusextraordinairequ’ilaitpriscetteeau!«Comment cetteMerdemunificencea-t-elle sipromptement accepté
demoiunemonnaied’aussimauvaisaloi?»Sache, ô mon fils, que tout dans l’Univers est une aiguière remplie
jusqu’auborddesagesseetdebeauté.2860 ToutestunegouttedeSabeautéqui,àcausedeSaplénitude,n’estpas
contenuesouslapeau.C’était un trésor caché : à causedeSaplénitude, Il surgit et rendit la
terreplusbrillantequelescieux.C’était un trésor caché : à causedeSaplénitude, Il surgit et rendit la
terrepareilleàunsultanvêtudesatin;Et si l’Arabe avait vu un affluent du Tigre divin, il aurait brisé
l’aiguière,ill’auraitbrisée.Ceuxqui l’ontvusont toujourshorsd’eux-mêmes :à l’instardecelui
qui est hors de lui-même, ils ont jeté une pierre sur l’aiguière de leurexistence.Ô toi qui, par jalousie, as lancé une pierre sur l’aiguière, tandis que
l’aiguièren’estdevenuequeplusparfaited’êtrebrisée,La cruche est cassée ;mais l’eau ne s’en est pas répandue : de cette
cassuresontnéescentintégrités.Chaque morceau de la cruche danse dans l’extase, bien que pour la
raisonpartiellececisembleabsurde.
Danscetétat,nil’aiguière,nil’eaunesontmanifestes.Réfléchisbien,etDieuconnaîtmieuxlavérité.SitufrappesàlaportedelaVéritésuprême,elleteseraouverte:frappe
l’ailedelapenséeafindedevenirunfauconroyal.2870 L’ailedetapenséeestdevenuesouilléedeboueetalourdieparcequetu
esunmangeurd’argile:l’argilepourtoiestdevenuecommelepain.Lepainetlaviandesontd’aborddel’argile:manges-enpeu,afindene
pasresterdanslaterre,commel’argile.Quandtuasfaim,tudeviensunchien:tudeviensféroce,demauvaise
humeur,méchant.Quand tu es rassasié, tu deviens un cadavre : tu deviens privé de
compréhension,sansagilité,commeunmur.De sorte que tu es tantôt une carcasse, et tantôt un chien : comment
pourrais-tucourirsurlaroutedeslions?Sachequetonseulmoyenpourlachasseestlechien:jetteauchiendes
os,maisrarement;Carlorsquelechienestrassasié,ildevientrebelle;commentpourrait-il
couriràlachasseetàlapoursuite?Le manque de nourriture conduisit l’Arabe à la cour royale, et il y
trouvalafortune.Nousavonsdéjàracontédanscettehistoirelabontétémoignéeparleroi
àcemalheureuxquin’avaitpasderefuge.Quoiquedise l’amoureux, leparfumde l’amours’élèvedesabouche
verslademeuredel’Amour.2880 S’ilparledethéologie(formelle)celasetransformeenpauvreté
(spirituelle):leparfumdelapauvretévientdecethommeauxparolesdoucesetenchanteresses.Ets’ildituneimpiété,celaaleparfumdelareligionvéritable;ets’il
parleavecdoute,sondoutedevientcertitude.L’écumemauvaisenéed’unocéandesincérité,cetteécumetroubleest
causéeparunesourcepure.Sache que son écume est pure et noble, sache qu’elle ressemble aux
reprochesvenantdeslèvresdelabien-aimée,Dontlesreprochesdésagréablessontdevenussuavespourl’amoureuxà
causedelabeautédesonvisagequ’ildésire.S’il dit une inexactitude, cela semble véridique. Ô inexactitude qui
embelliraitmêmelavérité!Situfabriquesdelaconfiseriesouslaformed’unpain,celaauralegoût
dusucre,nondupain,quandtulesuceras.
Si un véritable croyant trouve une idole d’or, comment la laisserait-ilpourunadorateur?Non,illasaisiraetlajetteradanslefeu;ildétruirasaformeempruntée,Afínquelaformedel’idolenesoitpasconservéeenl’or,parcequela
formefaitobstacleetégare.2890 L’essencedesonorestl’essencedelaDivinité:l’empreintedel’idole
surl’orpurestirréelle.Nebrûlepasune couverture à caused’unepuce, et negaspillepas la
journéeàcaused’unevétille.Tu es un adorateur d’idoles tant que tu restes asservi aux formes :
renonceàlaforme,regardelaréalité.Si tu es en route pour le Pèlerinage, cherche un pèlerin comme
compagnon,qu’ilsoithindou,turcouarabe.Neconsidèrepassonaspectnisacouleur,considèresondesseinetson
intention.S’ilestnoir,cependantilestd’accordavectoi:appelle-leblanc,carsa
couleurspirituelleestlamêmequelatienne.Cette histoire a été racontée sans ordre, comme ce que font les
amoureux,sansqueuenitête.Ellen’apasdecommencementpuisqu’elleaexistéavantl’éternité;elle
n’apasdefin:elleatoujoursétédelanaturedelapermanence.En vérité, elle est semblable à l’eau : chaque goutte en est à la fois
commencementetfin,etenmêmetempssansl’unnil’autre.Ce n’est pas une histoire, sache-le. Dieu nous garde ! C’est la
présentationdemonétatetdutien.Réfléchisbien:2900 Carlesoufïestgrandetglorieux;cequiestpassé,ilnes’ensouvient
pas.Noussommesàlafoisl’Arabe,l’aiguièreetleroi;noussommestout.
Vousêtesdivisésausujetd’uneParoledontsedétournerinsensê74.Sacheque lemariest laRaison,et la femme, l’aviditéet lacupidité :
cesdeuxdéfautssontsombresetnientlaRaisonquiestunflambeau.Écoute à présent quelle est l’origine de leur négation, d’où elle est
venue:elleestvenuedufaitqueleToutadifférentesparties.LespartiesduToutnesontpasdespartiesparrapportauTout—non
commeleparfumdelarose,quifaitpartiedelarose.Labeautéde toutes lesherbesvertes estunepartiede labeautéde la
rose,leroucoulementdelatourterellefaitpartiedurossignol.Si je deviens occupé avec une difficulté et la réponse à lui apporter,
commentpourrais-jedonnerdel’eauàl’assoiffé?
Si vous êtes totalement perplexe et tourmenté, prenez patience : lapatienceestlaclédelajoie.Abstiens-toidespensées(vaines),abstiens-t’en:lapenséeestcommele
lionetl’ânesauvage,etlescœursdeshommescommeleshalliers(oùilssecachent).Les actes d’abstinence sont meilleurs que les médicaments, car se
gratteraugmenteladémangeaison.2910 Assurément,l’abstinenceestlepremierprincipedelamédecine;
abstiens-toi,etperçoislaforcedel’esprit.Reçoiscesparolesavecuneoreilleouverte,que jepuisse te faireune
boucled’oreilleenor:AlorstudeviendrascommeunjoyaupourcetteLunequirépandl’orde
salumière,tumonterasverslaLuneetlesPléiades.Apprends tout d’abord que les divers êtres créés sont spirituellement
différents,deyàalif.Parmi les lettres, il existe une confusion et une incertitude, bien que,
d’unpointdevue,ellessoienttoutesune.Selonuncertainaspect,ellessontopposées,selonunautreaspect,elles
sont unifiées ; selon un aspect, elles sont de la plaisanterie, et selon unaspect,ellessontsérieuses.C’est pourquoi la Résurrection est le jour de l’examen suprême :
l’examenn’estsouhaitéqueparceluiquiestglorieuxetsplendide.Quiconqueestpareilàunhindoufraudeur,pourluilejourdel’examen
estlemomentdelahonte.Étant donné qu’il n’a pas un visage pareil au soleil, il ne désire rien
d’autrequelanuitpourluiservirdevoile.Puisque son épine n’a pas une seule feuille de rose, le printemps est
l’ennemidesaconscience.2920 Tandisquepourceluiquiesttoutentierdesrosesetdeslis,leprintemps
estcommedesyeuxbrillants.L’épinenonspirituelledésirel’automne,l’automne,afinqu’ellepuisse
rivaliseraveclaroseraie,Etque l’automnepuissedissimuler labeautéde la roseet lahontede
l’épine,afinquel’onnepuissepasvoirlacouleurdel’uneetdel’autre.C’estpourquoil’automneestleprintempsetlaviedelaronce,caralors
lapierresansvaleuretlepurrubissemblentêtreun.Lejardinierconnaîtcettedifférencemêmeenautomne,maislavuede
l’Uniqueestmeilleurequelavuedumonde.Enréalité, lemondeentiern’estquecettePersonneunique:nepas le
voir,c’estêtreignorant.TouteslesétoilesfontpartiedelaLune.C’est pourquoi chaque belle forme dans lemonde s’écrie : « Bonnes
nouvelles!Bonnesnouvelles!Voicivenirleprintemps.»Tant que la floraisonbrille commeune cotte demailles, comment les
fruitsmontreraient-ilsleursrondeurs?Quand les fleurs sont fanées, les fruits arrivent à maturité. Quand le
corpsestdétruit,l’espritlèvelatête.Le fruit est la réalité, la floraison sa forme : la fleur est la bonne
nouvelle,lefruitlarécompense.2930 Quandlesfleurssonttombées,lefruitestdevenuvisible;quandl’una
diminué,l’autreacommencéàs’accroître.Comment le pain donnerait-il de la force avant d’être rompu ?
Comment des grappes de raisin produiraient-elles du vin sans êtreécrasées?Si le myrobolan n’est pas pilé avec des médicaments, comment ces
remèdespareux-mêmesrendraient-ilslasanté?
ConcernantlesqualitésduPîretl’obéissancequiluiestdue
splendeurdelaVérité,Husâm-od-Dîn,prendsuneoudeuxfeuillesdepapieretajouteladescriptionduPîr.Bienquetoncorpsdélicatn’aitpasdeforce,cependant,sanstonsoleil,
iln’estpaspournousdelumière.Bienquetusoisdevenulalampeetleverre,tuescependantleguidedu
cœur,tuesleboutdufil.Étantdonnéqueleboutdufilsetrouvedanstamainettavolonté,les
perlessurlecollierducœurproviennentdetalibéralité.Écris ce qui concerne le Pîr qui connaît la Voie : choisis le Pîr et
considère-lecommel’essencedelaVoie.LePîr est comme l’été, et les autres comme lemois d’automne ; les
autressontcommelanuit,etlePîrestlalune.J’ai octroyé à mon jeune bonheur (Husâm-od-Dîn) le nom de Pîr
(vieux)carilestrenduvieuxparlaRéalité,nonparletemps.2940 IIestsivieuxqu’iln’apasdecommencement:iln’yapasderivalà
unetellePerleunique.Envérité, levinvieuxdevientplus fort ; envérité levieilor estplus
estimé.Choisis unPîr, car sans cePîr ce voyage est rempli demalheurs, de
risques,dedangers.Sansguide,tueségarémêmesuruneroutequetuassouventparcourue.Nevoyagedoncpasseulsuruneroutequetun’asjamaisvue,netourne
paslatêteloindetonguide.Insensé,sisaprotectionn’estpassurtoi,tuseraségaréparlecridela
goule.LagouletedétourneradelaVoieettejetteradansladestruction:ilya
eudanscetteVoiemaintpèlerinplushabilequetoi.Apprends du Qor’ân la perte des voyageurs, ce qu’Iblis à l’âme
méchanteleurafait:Il les a emmenés au loin, en un voyage de centaines de milliers
d’années,loindelagrand-route,etlesarendusrelapsetdénuésdebonnesœuvres.Contempleleursossementsetleurchevelure!Prendsgarde,neconduis
pastonâneverseux!
2950 Saisislecoudetonâneetconduis-leverslaVoie,verslesbonsgardiensetlesconnaisseursdelaVoie.Attention!Nelaissepasallertonâneetneretirepastamain,carson
amourestpourl’endroitoùabondentlesherbesvertes.Si tu le laisses,parnégligence, libreunseulmoment, ilparcourrades
lieuesendirectiondel’herbage.L’âneestunennemide laVoie, il est amoureux foudu fourrage :oh,
combiendeceuxquilesuivaientilamenésàlaruine!SituneconnaispaslaVoie,quoiquel’ânedésire,effectuelecontraire:
cela,sûrement,seralaVoiedroite.Le Prophète a dit : « Consultez-les (les femmes) et ensuite, contre-
disez-les:celuiquileurdésobéitneserapasruiné.»Nesoispas l’amide lapassionetdudésir, car cela t’égare loinde la
VoiedeDieu.Rien en ce monde ne détruira cette passion, comme la protection de
compagnonsderoute.
CommentleProphète(surLuilapaix!)exhorta‘Alî(queDieuhonoresapersonne!)disant:
«AlorsquechacunchercheàserapprocherdeDieuaumoyende
quelquessortesd’actesdedévotion,toi,recherchelafaveurdeDieuent’associantàSonserviteursageetélu,afindepouvoirêtrelepremierdetousàparvenirjusqu‘àLui»
e Prophète dit à ‘Alî : «Ô ‘Alî, tu es le Lion deDieu, tu es unchevaliercourageux,«Maisnetereposepassurtabravoure:vienssousl’ombredupalmier
del’espoir.2960 «Vienssousl’ombreduSagequenulnepeutretirerdelaVoie.
«SonombresurlaterreestcommelemontQâf;sonespritestpareilauSimorghquivoleversleshauteurs.«Sijeparlaisdesesqualitésjusqu’àlaRésurrection,net’attendspasà
uneconclusionouunefin.«LeSoleildivins’estvoilédansl’homme;saisiscemystère:etDieu
saitmieuxcequiestjuste.« Ô ‘Alî, plutôt que tous les actes de dévotion dans la Voie, choisis
d’êtreàl’ombreduserviteurdeDieu.«Chacunacherchérefugedansquelqueactededévotionetadécouvert
pourlui-mêmequelquemoyendesalut.«Toi,vachercherrefugeàl’ombreduSage,afindepouvoiréchapperà
l’Ennemiquit’affronteensecret.« De tous les actes de dévotion, c’est le meilleur pour toi : ainsi, tu
obtiendraslaprécellencesurtousceuxquil’ontemporté.»QuandlePîrt’aaccepté,prendsgarde:abandonne-toiàlui,va,comme
Moïse,sousl’autoritédeKhezr.Supporte patiemment tout ce qui est fait par un Khezr dénué
d’hypocrisie,afinqueKhezrnepuissepastedire:«Voicivenulemomentdenotreséparation75.»
2970 Mêmes’ildétruitunbateau,nesoufflepasmot;mêmes’iltueunenfant,net’arrachepaslescheveux.
DieuadéclaréquelamainduPîrestcommeSapropremain,puisqu’iladitquelaMaindeDieuestposéesurleursmains76.LaMaindeDieufaitmourir(l’enfant)etluirendlavie.Quellevie?Il
enfaitunespritimmortel.Siquelqu’un,parunerareexception,aparcourucetteVoieseul, ilest
arrivégrâceausecoursvenudescœursdesPîrs.LamainduPîrn’estpasécartéedel’absent;samainn’estriend’autre
quelasaisieparDieu.Alorsqu’ilsdonnentunetellerobed’honneuràl’absent,sansnuldoute
ceuxquisontprésentsvalentmieuxquelesabsents.Étantdonnéqu’ilsoctroientàl’absentdelanourriture(spirituelle),vois
quelleslibéralitésilsdoiventplacerdevantceluiquiestprésent!Quellen’estpasladifférenceentreceluiquiseprépareàserviretcelui
quisetrouveendehorsdelaporte!QuandtuaschoisitonPîr,nesoispaslâche,nesoispasfaiblecomme
l’eauetfriablecommelaterre!Situesrendufurieuxparchaquecoupreçu,commentdeviendrastuun
miroirsansavoirétépoli?
Commentl’hommedeQazwînfaisaittatouerledessind’unlionen
bleusursesépaules,puisleregrettaitàcausedumalqueluifaisaientlespiqûresd’aiguille
2980 coûtedunarrateurl’histoireconcernantlescoutumesethabitudesdesgensdeQazwîn.Ilssetatouentenbleuaveclapointed’uneaiguillesurlecorps,lamain,
lesépaules,quoiqu’ilssoientenbonnesanté.UncertainhommedeQazwînallachezunbarbieretluidit:«Tatoue-
moietfais-leenartiste!»«Ônobleseigneur,dit-il,quevais-jetatouer?»Ilrépondit:«Dessine
unlionfurieux.«Mon ascendant est Léo : tatoue l’image d’un lion. Donne-toi de la
peine,faisdespiqûrespleinesdecouleurbleue.»«Aquelendroit,demanda-t-il,dois-jetetatouer?»Ildit :«Piquele
dessindecettebeautésurmonomoplate.»Dèsqu’ilenfonçal’aiguille,ladouleursemitdanssonépaule,Et le héros semit à gémir : «Ôhomme illustre, tum’as tué : quelle
imagees-tuentraindetatouer?»«Eh!quoi,dit-il,tum’asordonnédetatouerunlion.»«Parquelmembredulion,demandal’autre,as-tucommencé?»2990
« J’ai commencé par la queue, dit-il. » «Ômon cher ami, s’écria- t-il,laisselaqueue!«Monsouffleestcoupéparlaqueueetlacroupedulion:sacroupea
étranglémongosier.« Laisse le lion sans queue, ô fabricant de lions, car mon cœur est
affaibliparlescoupsdel’aiguille.»Cettepersonnesemitàpiquerunautreendroitdel’épauledel’homme,
sanscrainte,sansfaveuretsanspitié.Ilhurla:«Lequeldesmembres(dulion)est-ce?»«C’estroreille,mon
bravehomme»,réponditlebarbier.« Ô docteur, dit-il, qu’il n’ait pas d’oreilles : omets les oreilles, et
abrègetoutcela.»Lebarbiersemitàinsérersonaiguilleenunautreendroit:ànouveau,
l’hommedeQazwînsemitàgémir,
Disant:«Quelestlemembrequetutatouesàprésentencetroisièmeendroit?»Ilrépondit:«C’estleventredulion,monchermonsieur.»«Quece lionn’aitpasdeventre,dit-il :quelbesoind’unventrepour
l’imagequiestdéjàsaturée?»Lebarbierdevintbouleverséetrestadansunegrandestupeur;ilsetint
pendantunlongmomentavecsesdoigtsdanssabouche.3000 Puisiljetal’aiguilleparterreetdit:«Celaest-ildéjàarrivéà
quiconqueencemonde?«Qui a jamais vu un lion sans queue, ni tête, ni ventre ? Dieu Lui-
mêmen’apascrééunlioncommecela.»Ô mon frère, supporte la douleur de la lancette, afin d’échapper au
poisondetonâmemécréante(nafs),Carleciel, la luneet lesoleilseprosternentenadorationdevantceux
quiontéchappéàleurexistencepropre.Celuidanslecorpsdequilesoimécréantestmort,lesoleiletlenuage
obéissentàsesordres.Puisque son cœur a appris à allumer la chandelle (de la connaissance
spirituelle),lesoleilnepeutlebrûler.Dieuamentionnélesoleillevantcommes’écartantdeleurcaverne77.L’épine devient tout entière ravissante, comme la rose, à la vue du
particulierquivaversl’Universel.QuesignifieexalteretglorifierDieu?Seconsidérercommeméprisable
etcommedelapoussière.Quesignifieacquérir laconnaissancede l’Unitédivine?Seconsumer
enprésencedel’Unique.3010 Situdésiresbrillercommelejour,brûletonexistenceproprepareilleà
lanuit.Fais fondre ton existence, comme le cuivre dans l’élixir, en l’être de
Celuiquimaintientl’existence.Tu as serré fermement tesmains sur « Je » et «Nous » : toute ruine
spirituelleestcauséeparladualité.
Commentleloupetlerenardpartirentàlachasseauservice
dulion
n lion, un loup et un renard étaient partis dans lamontagne à larecherchedenourriture,Afin qu’en s’entraidant, ils puissent attacher étroitement les liens et
chaînes(delacaptivité)surlesanimauxqu’ilschassaient,Etquetoustroisensemblepuissents’emparerdenombreusesetgrandes
proiesdansceprofonddésert.Bienquelelionféroceeûthonted’eux(leloupetlerenard),cependant
illeurfithonneuretleuraccordasacompagniesurlaroute.Pour un roi tel que celui-ci, une escorte est un ennui, mais il les
accompagnait:ungroupeamicalestunemiséricorde.Une lune comme celle-ci est humiliée d’être avec les étoiles, elle se
trouveparmiellespargénérosité.L’ordre divin,Consulte-les78 vint au Prophète, quoique aucun avis ne
soitcomparableausien.3020 Danslesbalances,l’orgeestpeséeaussibienquel’or,maiscen’estpas
quel’orgesoitdevenueunesubstancecommel’or.L’esprit estmaintenant devenu le compagnondevoyagedu corps : le
chienestdevenupouruntempslegardiendelaportedupalais.Quand cette compagnie (le loup et le renard) allèrent dans les
montagnesauxcôtésdulionmajestueuxetsuperbe,Ilstrouvèrentunbœufdesmontagnes,unechèvreetunlièvredodu,et
leursaffairesprospérèrent.Quiconquemarchesurlestalonsdeceluiquiestunlionaucombat,la
vianderôtieneluimanque,nilejournilanuit.Lorsqu’ils apportèrent leurs proies, des montagnes à la jungle, tuées,
blesséesettraînées(dansleursang),Leloupetlerenardespéraientquelepartageseraitfaitselonlajustice
desempereurs.Leurespoiràtousdeuxfutperçuparlelion:lelionsavaitsurquoise
fondaientcesespoirs.Quiconqueestlelionetleprincedesmystères(spirituels)connaîttout
cequepenselaconscience.Attention ! Garde-toi, ô cœur disposé à penser, de toute pensée
mauvaiseensaprésence.3030 IIsait,etpoursuitsonchemin*ensilence:iltesouritenfaceafinde
dissimulersessentiments.Quand le lions’aperçutde leursmauvaisespensées, ilne lemanifesta
pas,etfutaimableàleurégard,Maisilseditàlui-même:«Jevousferaivoircequevousméritez,ô
salesmendiants!« Mon jugement ne vous satisfaisait-il pas ? Est-ce là l’opinion que
vousavezdemagénérosité,« Ô vous dont la compréhension et le jugement proviennent de mon
jugementetdemesdons?«Qu’est-cequeleportraitdoitpenserd’autre(quedubien)dupeintre,
étantdonnéqu’illuiaoctroyélapenséeetlaconnaissance?«Aviez-vousdemoiuneopinionaussivile,ôvousquiêtesunscandale
pourlemonde?«Jecouperailestêteshypocritesdeceuxquisefontuneidéefaussede
Dieu79.« Je délivrerai de votre honte la Sphère du Temps, pour que cette
histoiredemeuredanslemondecommeunavertissement!»Toutenméditantainsi,lelioncontinuaitàsourirevisiblement:n’ayez
pasconfiancedanslessouriresdulion!3040 LarichesseterrestreestsemblableauxsouriresdeDieu:ellenousa
rendusivres,vaniteuxetmisérables.La pauvreté et la détresse sontmeilleures pour toi, ôMessire, car ce
sourirealorscesseradet’ensorceler.
*LittÉralement:«conduitsonâne».
Commentlelionmitleloupàl’épreuve,etdit:«Avance-toi,ô
loup,etpartagelaproieentrenous»
e liondit :«Ô loup, fais lepartage ;ôvieux loup, renouvelle lajustice.«Soismonreprésentantdanscette tâchededistribution,afinque l’on
voiequelleesttanature.»«Ôroi,dit-il,lebœufsauvageesttapart:ilestgrand,ettuesgrand,
fortetactif.«Lachèvreestpourmoi,carlachèvreestmoyenneetintermédiaire;
toi,ôrenard,reçoislelièvre,etqu’iln’yaitpasd’erreur!»Leliondit:«Ôloup,qu’as-tudit?Quandjesuisici,parles-tude“Je”
et“Toi”?«Envérité,quelvauriendoitêtreleloup,qu’ilsesoitconsidéréenla
présenced’unlioncommemoiquisuissanspareiletsansrival!»Ilditalors:«Avance,ôânepleind’amour-propre!»Ils’approcha,le
lionlesaisitavecsesgriffesetlemitenpièces.Étant donnéque le lionnevoyait pas en lui l’intelligencedictant une
conduitejuste,ildéchiraenpunitionlapeaudesatête.3050 IIdit:«Étantdonnéquemavuenet’apastransportéhorsdetoi-même,
unespritcommeletiendoitmourirmisérablement.«Puisquetun’espaspasséhorsdetoi-mêmeenmaprésence,c’étaitun
actedemiséricordequedetecouperlecou.»Toute chose est périssante sauf Sa Face80 : à moins d’être en Sa
présence,necherchepasàexister.Quandquelqu’unestpasséhorsdelui-mêmeenmaprésence,laparole
toutechoseestpérissanteneluiestpasapplicable.Parcequ’ilest restéaudegrédesauf (ila), il a transcendé lanégation
(la);maisquiconquedemeureàsaufn’arrivepasaufanâ(annihilationdesoi).Quiconque dit « Je » et «Nous » à la Porte est repoussé loin d’elle,
parcequ’ilcontinueànier(l’Unité).
Histoiredelapersonnequifrappaàlaported’unami;sonami,del’intérieur,luidemandaquiil
était:ildit«C’estmoi»;etl’amirépondit:«Puisquetuestoi,jen‘ouvriraipaslaporte:jene
connaisaucunamiquiest“moi”»
n certain homme vint frapper à la porte d’un ami : son ami luidemanda:«Quies-tu,ôtoiquiesdignedeconfiance?»Il répondit : «Moi. » L’ami dit : «Va-t’en ; ce n’est pas lemoment
d’entrer:àunetablecommecelle-ci,iln’yapasdeplacepourceluiquin’estpaspasséparlefeudel’expérience.»Sauf le feude l’absenceetde la séparation,quicuiracequiest cru?
Quiledélivreradel’hypocrisie?Le pauvre homme s’en alla, et durant une année de voyages et de
séparationd’avecsonami,ilétaitbrûlépardesflammes.3060 Brûlé,ilétaitconsumé;alorsilrevintetrecommençaàfairelescent
pasdevantlamaisondesoncompagnon.Ilfrappaàlaporteaveccentmarquesdecrainteetderespect,depeur
qu’unmotirrespectueuxnes’échappedeseslèvres.Sonamil’appela:«Quiestàlaporte?»Ilrépondit:«C’esttoiquies
àlaporte,ôcharmeurdescœurs.»«Aprésent,ditl’ami,puisquetuesmoi,entre,ôtoiquiesmoi-même;
iln’yapasdeplacedanslamaisonpourdeux“Moi”.«Ledoubleboutdufiln’estpaspourl’aiguille:puisquetuesunseul,
entredanscetteaiguille.»C’estlefilquiestreliéàl’aiguille:lechasdel’aiguillen’estpaspour
lechameau.Comment l’existence du chameau serait-elle purifiée, sauf par les
ciseauxdespratiquesascétiquesetdesbonnesœuvres?Pourcela,ôlecteur,lepouvoirdeDieuestnécessaire,carc’estleSois
etcelafut(Fiat)detoutechoseapparemmentimpossible.Par Sa puissance, chaque chose impossible est rendue possible ; par
craintedeLui,chaqueêtreindisciplinéestrendupaisible.Qu’en est-il de l’aveugle-né et du lépreux ?Même lemort est rendu
vivantparlecharmeduTout-Puissant.
3070 Etcettenon-existencequiestplusmortequelemort—lanonexistenceestcontrainteàobéirquandIIl’appelleàl’être.Récite:Ilcréechaquejourquelquechosedenouveau81.Necroispas
qu’ilsoitoisifetinactif.Samoindreaction,chaquejour,estd’envoyertroisarmées:Une armée des reins (des pères) vers lesmères, afin que la semence
puissecroîtredansleursein;Une armée des seins maternels vers la Terre, afin que le monde soit
remplidemâlesetdefemelles;Une armée depuis la Terre jusqu’au-delà de lamort, afin que chacun
puissecontemplerlabeautédesbonnesœuvres.Ce discours n’a pas de fin. Retourne à ces deux amis affectueux et
sincères.
Descriptiondel’Unification
onamiluidit:«Viens,ôtoiquiesentièrementmoi-même,etnondifférentcommelaroseetl’épinedanslejardin.»Lefilestdevenuunique;netombepasdansl’erreursituvoisqueles
lettresKetN(KuN)[fiat]sontdeux.K etN tirent, commeun lacet, afin d’attirer la non-existence dans de
grandeschoses.3080 C’estpourquoilelacetdoitêtredoubledanslemondedesformes,bien
quecesdeuxlettresaufondsoientuneseule.Quelespiedssoientdeuxouquatre,ilsnetraversentqu’uneseuleroute,
àl’instardesciseauxdoublesquinefontqu’uneseulecoupure.Voiscesdeuxblanchisseurs : ilyaapparemmentunedifférenceentre
eux:L’un a plongé les vêtements de coton dans l’eau, tandis que son
compagnonlesessore.De nouveau, le premier mouille les habits secs : c’est comme s’il
contrariait,parmalice,soncamarade;Cependant ces deux opposés qui semblent se combattre, ont lamême
intentionetsontd’accorddansleurtravail.Chaqueprophèteetchaquesaintaunevoie,maiselleconduitàDieu:
touteslesvoiessontenréalitéuneseule.Quand la somnolence l’emporta sur l’attention de l’auditeur, l’eau
entraînalespierresdemeuleauloin.Le flot de cette eau est au-dessus dumoulin ; si elle pénètre dans le
moulin,c’estpourvousêtreutile.Commevousn’aviezplusbesoindumoulin,ils(leprophèteoulesaint)
ontfaitretournerl’eauàsonruisseaud’origine.3090 L’espritrationnelvientàlaboucheenvued’enseigner;autrementilne
viendraitpas,carenvéritécetteparolepossèdeuncanaldistinct:Ellesemeutsansbruitetsansrépétitionsverslesroseraiesau-dessous
desquellessontlesruisseaux.ÔDieu,révèle,Toi,àl’âmecelieuoùlaparolecroîtsanslettres,Afínquel’âmepurepuisseprendresonenvolverslavasteétenduedela
non-existence,Uneétenduetrèsgrandeetspacieuse;etc’estdelàquesenourrissent
notreimaginationetnotreêtre.
Ledomainedesimaginationsestplusétroitquelanon-existence;c’estpourquoil’imaginationestlacausedelasouffrance.Le domaine de l’existence est encore plus resserré que celui de
l’imagination;aussileslunesquis’ytrouventdeviennent-ellespareillesàlaluneàsondéclin.L’existence dumonde des sensations et de la couleur est encore plus
étriquée,carc’estuneétroiteprison.La cause de cette étroitesse est le mélange et la pluralité : les sens
tendentverslacomposition.Sachequelemondedel’Unificationestau-delàdessens:situdésires
l’Unité,vadanscettedirection.3100 L’OrdredivinKuN(Sois)étaitunacteunique,etlesdeuxlettresNetK
neseprésentèrentquedanslaparole,tandisquelasignificationinterneétaitpure(sansmélange).Ce discours n’a pas de fin. Revenons voir ce qui advint au loup se
battantaveclelion.
Commentlelionpunitleloupquiavaitmanifestédel’irrespecteneffectuantlepartagedelaproie
e lion arrogant arracha la tête du loup, afin que le dualisme et ladistinctionnedemeurentpoint.C’est là le sens deNous nous sommes vengés d’eux82, ô vieux loup,
étantdonnéquetun’étaispasmortenlaprésencedel’Amîr.Aprèsquoi, le lionse tournavers le renard,etdit :«Partage laproie
pourlepetitdéjeuner.»Il s’inclina très bas et dit : «Ce bœuf gras sera ta nourriture pour le
déjeuner,ôexcellentroi,«Etcettechèvreseralaportionréservéepourleroivictorieuxàmidi,«Etlelièvreaussipourlesouper:ceseralerepasàlatombéedujour
dugracieuxetgénéreuxroi.»Leliondit:«Ôrenard,tuasfaitbrillerlajustice:dequias-tuapprisà
partagerdelasorte?«D’oùas-tuappriscela,ôêtreéminent?»«Ôroidumonde,répondit-
il,jel’aiapprisdusortduloup.»3110 Leliondit:«Puisquetuesdevenuconsacréàl’amourdemoi,attrape
cestroisanimaux,prends-lesetpars.« Ô renard, comme tu es devenu entièrement à moi, comment te
causerais-jedutortalorsquetuesdevenumoi-même?«Jesuisàtoi,ettouteslesbêtesfauvessontàtoi:metslepiedsurle
septièmecieletmonteau-delà!«Puisqüetuastiréunavertissementdusortdecevilloup,tun’espas
unrenard:tuesmonproprelion.«L’hommesageestceluiqui,àl’heure“del’épreuveoudelacalamité
quel’ons’efforced’éviter,tireunavertissementdelamortdesesamis.»Lerenardsedit:«Centmercisauliondecequ’ilm’aappeléaprèsce
loup.«S’ilm’avaitordonnéd’abord:“Partagececi”,quiluiauraitéchappé
ensauvantsavie?»GrâcessoientdoncrenduesàDieudecequ’ilnousafaitapparaîtreen
cemondeaprèsceuxd’autrefois,De sorte que nous avons appris quels châtiments Dieu infligea aux
générationsprécédentesdanslepassé,
Afin que nous, comme le renard, puissions mieux nous garder enconsidérantlesortdecesanciensloups.
3120 C’estpourcelaqueceluiquiestleProphètedeDieuetvéridiquedanssesexplicationsnousaappelés«unpeupleauquelDieuafaitmiséricorde».Considérezavecluciditélesosetlafourruredecesloups,ettirez-enun
avertissement,ôhommespuissants!L’hommesagerenonceraàcetteexistenceséparée,àceventdevanité,
carilaapprisquelleavaitétélafindesPharaonsetde‘Ad;Ets’iln’yapasrenoncé,d’autrestirerontunavertissementdecequilui
estadvenuenconséquencedeseserrements.
CommentNoé(surluilapaix)menaçasonpeuple,disant:«Neluttezpasavecmoi,carjenesuis
qu‘unvoile:enréalité,vousluttezavecDieuquiestàl’intérieurdecevoile,ôvousquiêtesabandonnés
parDieu!»
oédit :«Ôvous lesobstinés, jenesuispasmoi, jesuismortàl’âmeanimale,jevisparl’Amedesâmes.«Étantdonnéquejesuismortauxsensdel’humanité,Dieuestdevenu
monouïe,maperceptionetmavue.«Puisquejenesuisplusmoi,monsoufflevientdeLui:enprésencede
cesouffle,siquelqu’unsouffle(uneparole),ilestuninfidèle.»Souslaformedecerenard,ilyalelion:ilneconvientpasd’avancer
témérairementverscerenard.A moins que tu ne croies en lui au-delà de son aspect extérieur, tu
n’entendraspasdeluilerugissementdulion.Si Noé n’avait pas été le Lion éternel, pourquoi aurait-il plongé le
mondeentierdanslaconfusion?3130 IIétaitdescentainesdemilliersdelionsenunseulcorps,ilétaitcomme
lefeu,etlemondecommeunemeule.Puisquelameuleavaitnégligédeluipayerladîmequiluiétaitdue,il
projetaunetelleflammesurcettemeule.Quiconque en la présence de ce lion caché ouvre la bouche
irrespectueusement,commeleloup,Celionlemettraenpièces,ainsiqu’ill’afaitpourleloup,etluirécitera
laParoleNousnoussommesvengésd’eux.Il recevra des coups, comme le loup, des pattes du lion ; insensé est
celuiquis’estmontréaudacieuxenlaprésencedulion.Puissentcescoupsêtretombéssurlecorps,afinquelafoietlecœurdu
pécheursoientsainsetsaufs!Arrivé à ce point, mon pouvoir m’abandonne : comment puis-je
déclarercemystère?Faitespeudecasdevosestomacs,commecerenard:nevouslivrezpas
auxrusesdurenardenSaprésence.
DéposezdevantLui tousvos«Nous»et«Je» : le royaumeestSonroyaume:donnez-Luileroyaume.QuandvousdevenezdespauvresdanslaVoiedroite,envéritélelionet
laproieduLionsontàvous.Parcequ’ilestsaint,etquelagloireestSonattribut,iln’anulbesoinde
bonneschoses,denoyauoud’écorce.Chaquerécompenseetchaquedondegrâcequiexisteestpourl’amour
desserviteursdeceRoi.LeRoin’éprouvenuldésir,IlacréétoutcetempirepourSescréatures.
Heureuxceluiquil’asu!Aquoiserviraitlapossessiond’empiresàLuiquicréétoutempireetles
deuxmondes?EnprésencedeSagloire,veillezattentivement survoscœursdepeur
d’avoirlahontedepenserlemal.Car II voit la conscience, la pensée, la recherche, comme on voit un
cheveudanslelaitpur.Celuidont lecœurpurestdevenuvided’imagesestdevenuunmiroir
pourlesimpressionsdel’invisible.Ildevientinstinctivementetsansnuldouteconscientdenotrepenséela
plusintime,carlevraicroyantestlemiroirduvraicroyant.Quandiléprouvenotremonnaiesurlapierredetouche,ilconnaîtalors
ladifférenceentrelafoietledoute.Quandsonâmedevientlapierredetouchedelamonnaie,ildistinguele
cœurpurdelafaussemonnaie.
Commentlesroisassoientenfaced’euxlessoufisConnaisseursdelaVérité(’arif)afinqueleursyeuxpuissentêtreilluminésdelesvoir
3150 elleestlacoutumedesrois:tul’asentendudire,souviens-t’en:Les paladins se tiennent debout à leur gauche, parce que le cœur se
trouveàleurgauche.A droite sont le scribe (chancelier) et les secrétaires, parce que la
sciencedel’écritureetdelacomptabilitéappartientàcettemain.Ilsdonnentauxsoufislaplaceenfaced’eux-mêmes,carlessoufissont
unmiroirpourl’âme,etmieuxmêmequ’unmiroir.CarilsontpolileurscœursparlesouvenirdeDieuetlaméditation,afin
quelemiroirdeleurcœurpuisserecevoirl’imageoriginelle.Quiconqueestnédouédebeautédes reinsde laCréation, il convient
qu’unmiroirsoitplacédevantlui.Levisagedebeautéestéprisdumiroir:untelvisageestlepolisseurde
l’âmeetcequiaugmentelapiétédanslescœurs.
CommentuninvitévintchezJoseph(surluilapaix)etcommentJosephluidemandauncadeauet
unprésentàsonretourdel’étranger
namiaffectionnévintdesextrémitésdelaterreetdevintl’hôtedeJosephlevéridique,Carilss’étaientbienconnusdurantl’enfance,sereposantensemblesur
lecoussindelaconnaissance,Joseph luiparlade l’injusticeetde l’enviede ses frères ; Josephdit :
«C’étaitcommeunechaîne,etj’étaislelion,3160 «Lelionn’estpashumiliéparlachaîne:jenemeplainspasdela
destinéevenantdeDieu.« Si le lion avait une chaîne sur le cou, cependant, il était l’émir au-
dessusdetouslesfabricantsdechaînes.»Il demanda : « Comment te sentais-tu dans la prison et le puits ? »
« Comme la lune, dit Joseph, durant la période interlunaire où elledécline.»Si,durantce temps, lanouvelle luneestcourbéeendeux,nedevient-
ellepasàlafinlapleinelunedansleciel?Bienque laperle soitpiléedans lemortier, elledevient la lumièrede
l’œiletducœuretregardeversleshauteurs.Onajetéungraindeblédanslaterre,puisdelaterreontcrûdesépis:Ensuite on l’a broyé dans lemoulin, sa valeur a augmenté : et il est
devenulepainquiaugmentelavie;Puisonamâchélepainaveclesdents,ilestdevenularaison,l’âmeet
lacompréhensiondeceluiquiestintelligent;Ensuite,quandcetespritestdevenuperdudansl’Amour,ilestdevenu
cequiréjouitlessemeursaprèslessemailles.Ce discours n’a pas de fin. Reviens, que nous voyions ce que cet
hommeditàJoseph.3170 Aprèsqu’illuieutcontésonhistoire,Josephluidit:«Aprésent,ô
Untel,quelcadeaum’as-turapportédevoyage?»Venir lesmainsvidesà laportedesamisest commealler sansbléau
moulin.Dieu (qu’il soit exalté !) dira aux hommes, lors du Rassemblement
final:«QuelestvotreprésentpourleJourdelaRésurrection?«VousêtesvenusàNousetseuls,sansprovisions,exactementavecla
mêmeapparencequelorsqueNousvousavonscréés83.« Voyons, qu’avez-vous apporté en offrande, comme présent en
revenant à votre demeure, pour le Jour oùvous ressusciterez d’entre lesmorts?«Oubien,n’aviez-vouspasl’espoirderetour?Lapromessedecejour
vousa-t-ellesemblévaine?»Necrois-tupasàlapromessed’êtreSoninvité?Sinon,delacuisine(de
Sonhospitalité),tun’obtiendrasquepoussièreetquecendres.Et si tu n’es pas incroyant, comment peux-tu ainsi, les mains vides,
entrerdanslaCourdecetAmi?Abstiens-toi un peu de sommeil et de nourriture : apporte ce présent
pourtarencontreavecLui.Deviens limité dans ton sommeil (comme ceux qui) dormaient peu la
nuit;àl’aube,soisde(ceuxqui)imploraientlepardondeDieu84.3180 Bougeunpeu,commel’embryon,afinderecevoirlessensqui
contemplentlaLumière,Et tu te trouveras alors hors de cemondepareil au seinmaternel ; tu
quitteraslaterrepourunevasteétendue.Sache que la parole la terre de Dieu est vaste85 désigne cette ample
régionoùsontarrivéslessaints.Lecœurn’estpasoppresséparcetteimmensité;là,lesfraisrameauxdu
palmiernesedessèchentpas.Aprésent,tuporteslefardeaudetessens;tudevienslas,épuisé,près
detomber.Puisquelorsdusommeiltuesemportédansleshauteursetdéchargéde
tonfardeau, tafatigues’estenfuie,et tuesdélivrédelasouffranceetdel’angoisse.Considère le tempsdusommeilcommeunavant-goûtde l’étatauquel
sontélevéslessaints.Les saints sont comme les Compagnons de la Caverne (les Sept
Dormants),ôobstiné ; ilssontendormis,mêmelorsqu’ilsse lèventetseretournent.C’estDieuquilestire,sansqu’ilsaientlapeined’agir,sansconscience,
versladroiteetverslagauche86.Qu’est-ce que cette droite ? Les bonnes actions. Qu’est-ce que cette
gauche?Leschosescorporelles.
3190 Cesdeuxsortesd’actionsproviennentdessaints,tandisqu’ilssontinconscientsdetoutesdeux,commel’écho;Si l’écho te faitentendre lebienet lemal, lamontagneelle-mêmeest
inconscientedel’unetdel’autre.
Commentl’invitéditàJoseph:«Jet’aiapportéenprésentunmiroir,afinquechaquefoisquetut’y
regarderas,tuvoiestonproprebeauvisageettesouviennesdemoi»
oseph dit : « Allons, montre-moi ton présent. » L’invité, deconfusionàcettedemande,semitàsangloter.« Combien de présents, dit-il, n’ai-je pas cherché pour toi ! Aucun
cadeauconvenablenem’estapparu.« Comment apporterais-je un grain d’or à la mine ? Comment
apporterais-jeunegoutted’eauàlamerd’Oman?« Jene feraisqu’apporter du cuminàKirmân, si j’apporte enprésent
moncœuretmonâme.« Il n’y a pas de semence qui ne soit dans cette grange, excepté ta
beautéquiestsanségale.«J’aipenséqu’ilseraitbiendet’apporterunmiroirpareilàlalumière
ducœur,«Pourquetupuissesycontemplertonbeauvisage,ôtoiqui,commele
soleil,esleflambeauduciel.« Je t’aiapportéunmiroir,ô lumière,afinqu’envoyant tonvisage tu
puissespenseràmoi.»3200 IItiralemiroirdedessoussonbras:c’estaveclemiroirquelabeautéa
àfaire.Quel est le miroir de l’Être ? Le non-être. Apporte le non-être en
présent,situn’espointstupide.L’Etrenepeutêtrevuquedanslenon-être;lericheoctroiesalibéralité
aupauvre.Leclairmiroirdupainestenvérité l’hommeaffamé; lecombustible,
demême,estlemiroirdeceparquoijaillitlefeu.Le non-être et les défauts, où qu’ils apparaissent, sont le miroir qui
révèlel’excellencedetouslesarts.Quand un vêtement est bien fait et cousu, comment permettrait-il au
tailleurdemanifestersonhabileté?Lestroncsdesarbresnedoiventpasêtrerabotés,afinquelemenuisier
puissefabriquerdespartiesessentiellesetdespartiessecondaires.Lemédecinquiremetlesosbrisésserendlàoùsetrouveceluidontla
jambeestfracturée,Comment l’excellence de l’art de la médecine sera-t-elle rendue
manifestequandiln’yapasdemaladeaffaibli?Comment l’alchimie se manifestera-t-elle, si le peu de valeur et le
caractèrevildescuivresnesontpasconnus?3210 Lesdéfautssontlemiroirdelaqualitédelaperfection,etcetétat
méprisableestlemiroirdupouvoiretdelagloire.Carchaquecontraireestrendumanifesteparsoncontraire;parcequele
mielestdouxparcontrasteaveclevinaigre.Quiconque a vu et reconnu ses propres déficiences s’est hâté vers la
perfection.LaraisonpourlaquelleonnevolepasversleSeigneurdegloire,c’est
quel’onsecroitparfait.Iln’estdepiremaladieentonâme,ôorgueilleux,quelaprétentionàla
perfection.Beaucoupde sangdoit couler de ton cœur et de tesyeuxpourque la
suffisancesortedetoi.La faute d’Iblîs consistait à penser : Je suismeilleur87 (qu’Adam), et
cettemaladiesetrouvedansl’âmedechaqueêtrehumain.Bien qu’il se considère comme très humble, sache qu’il s’agit d’eau
claireàlasurfaceetdebouesousleruisseau.Quand le Démon te trouble pour t’éprouver, aussitôt l’eau devient
couleurdeboue.Ilyadesorduresdanslelitduruisseau,ômonami,bienqueleruisseau
tesemblepur.3220 C’estleMaîtrepleindesagesse,connaissantbienlaVoie,quicreuseun
canalpourpurifierlesruisseauxdelachairetducorps.L’eauduruisseaupolluépeut-ellechasserlasaleté?Laconnaissancede
l’hommepeut-ellebalayerl’ignorancedesonêtresensuel?Comment l’épée façonnerait-elle sa propre poignée ? Va, confie la
guérisondecetteblessureàunchirurgien.Les mouches s’agglutinent sur chaque blessure, de telle sorte que
personnen’aperçoitlahideurdesablessure.Cesmouchessonttesmauvaisespenséesettonamourdespossessions:
tablessureestlanoirceurdetesétatsspirituels;Etsilemaîtreposeunpansementsurtablessure,aussitôtladouleuret
lalamentations’apaisent,Detellesortequetut’imaginesquelablessureestguérie,alorsquele
rayonguérisseurdupansementabrillésurtablessure.
Prendsgarde!Netedétournepasdupansementavecmépris,ôtoiquies blessé dans le dos, mais reconnais que cette guérison provient durayon:nelaconsidèrepascommeprovenantdetaproprenature.
CommentlescribedelaRévélation(qoranique)tombadansl’apostasie
parceque,quandlerayondelaRévélationlefrappa,ilrécitale
versetrévéléavantqueleProphète–surLuilapaix(leluiaitdicté);alors,ildit:«Ainsi,moiaussi,je
suisquelqu‘unsurquilaRévélationestdescendue»
vant le temps de ‘Othmân, il y avait un scribe qui se montraitdiligentpourtranscrirelaRévélation.ChaquefoisqueleProphèteladictait,ilrécrivaitsurunefeuille.
3230 LerayonnementdelaRévélationbrillaitsurlui,etildécouvraitenlui-mêmelaSagesse.L’essencedecetteSagesseétaitdictéeparleProphète;parcettepetite
quantitédeSagesse,cetimbécilefutégaré,Pensant:«J’aidoncdansmaconsciencelavéritédecequeleProphète
inspiréestentraindedire.»Le rayon de cette pensée frappa le Prophète : le courroux de Dieu
descenditsurl’âmeduscribe.Ilabandonnaàlafoissontravaildescribeetl’Islam:ildevintl’ennemi
malfaisantdeMustafâ(Mohammad)etdelaReligion.Mustafâ dit : « Ô mécréant obstiné, si la Lumière venait de toi,
commentserais-tudevenunoirciparlepéché?«Situavaisétélafontainedivine(d’oùvenaitlaRévélation),comment
aurais-tuproduituneeauaussinoire?»Craignantquesaréputationsoitnoircieauxyeuxdetous,ilneditmot.Lecœurdupécheurestnoirci,parcequ’ilestincapabledeserepentir:
c’estbienétrange!Lescribecriait :«Hélas !»maishélas !ne luiservità rienquand le
glaivevintluitrancherlatête.3240 Dieuafaitquelaréputationsoitcommelepoidsdecentmansdefer:
oh!plusd’unestattachéparcettechaîneinvisible!L’orgueil et l’infidélité ont barré le chemin du repentir, de telle façon
quelepécheurnepuissepousserunsoupir.Dieu dit : « Nous mettrons des carcans à leurs cous jusqu’à leurs
mentons ; leurs têtes seront maintenues droites et immobiles88. » Cescarcansnesontpasplacéssurnousdel’extérieur.«Nousplaceronsdevanteuxunebarrièreetunebarrièrederrièreeux.
Nous les envelopperons de toutes parts pour qu’ils ne voient rien. » Lepécheurnevoitpasdebarrièreenfacedeluietderrièrelui.Labarrièrequis’estélevéeal’apparenced’unchamplibre(désert):il
nevoitpasquec’estlabarrièredelaDestinéedivine.Lebien-aimé(terrestre)estunebarrièredissimulantlevisageduBien-
Aimé divin ; le guide de cemonde est une barrière pour les paroles duguidespirituel.Oh!Nombreuxsontlesinfidèlesquiéprouventundésirpassionnépour
laReligion(del’Islam):ilssontenchaînésparlaréputationetl’orgueil,etteloutelobjetdésiré.Lachaîneestcachéemaiselleestpirequelefer:lachaînedeferpeut
êtrebriséeparlahache,Lachaînedeferpeutêtreenlevée:nulnesaitcommentguérirlachaîne
invisible.Quand un homme est piqué par une guêpe, il extrait de son corps
l’aiguillondelaguêpe;3250 Maispuisquelablessuredelapiqûreestdueàtapropreexistence,la
douleurcontinueavecviolenceetlasouffrancen’estpasapaisée.L’explicationde toutcela jaillitdemonsein,mais j’aipeurqu’ellene
vouscausedudésespoir.Non,nedésespérezpas,soyezjoyeux,appelezàl’aideCeluiquirépond
àl’appel,Disant:«Pardonne-nous,ôToiquiaimesàpardonner,ôToiquidétiens
leremèdeàcettevieillegrangrène!»Le reflet de laSagesse égara ce pauvre hère (le scribe duProphète) ;
n’aiepointdevanité,decraintequ’ellenetedétruise.Ômonfrère,laSagesses’épandsurtoi:elleprovientdesAbdâletn’est
entoiqu’unechoseempruntée.Bienquetamaisonaittrouvéenelle-mêmeunelumière,celle-ciabrillé
àpartird’unvoisindonnantlalumière.Rends grâces, ne sois pas leurré par la vanité, ne sois pasméprisant,
écouteattentivement,etnemontreaucunevanité.C’estmillefoisdommagequecetétatempruntédevaineaffirmationde
soiaitéloignélescommunautésreligieusesdelacommunionspirituelle.Je suis l’esclavede celui qui ne se considère, à aucune étape, comme
étantparvenuàlatable(del’unionavecDieu).
3260 Plusd’uneétapedoitêtrequittée,afinqu’unjourlevoyageurarrivechezlui.Bien que le fer soit devenu rouge, il ne l’est pas par nature : cette
rougeurprovientdequelquechosequil’enflamme.Silafenêtredetamaisonestpleinedelumière,necroispaslumineux
autrechosequelesoleil.Chaque porte et chaque mur proclame : « Je suis lumineux ; je ne
détienspaslesrayonsd’unautre;jesuismoi-mêmecettelumière.»Alors,lesoleildit:«Ôtoiquiesdansl’erreur,quandjemecoucherai,
lavéritétedeviendraévidente.»Les plantes disent : « Nous sommes vertes de nous-mêmes ; nous
sommesgaies,épanouiesethautesparnature.»Lasaisondel’étéleurdit:«Ôbonnesgens!Voyezcequevousserez
quandjepartirai!»Lecorpssevantedesabeautéetdesagrâce ; l’esprit,quiacachésa
splendeur,sesailesetsesplumes,Luidit:«Ôtasdefumier,quies-tu?Acausedemonrayonnement,tu
esvenuàlaviepourunjouroudeux.«Tacoquetterieettesminesorgueilleusesneconnaissentpasdebornes,
maisattendsquejem’échappedetoi!3270 «Ceuxdontl’amourteréchauffaitcreuseronttatombe,ilsferontdetoi
unalimentpourlesfourmisetlesreptiles.«Celuiquibiensouvent,entaprésence,semourait(dedésir)pourtoi,
seboucheralenezdevanttapestilence.»Lesrayonsdel’espritsontlaparole,lesyeuxetl’ouïe;l’effetdufeuest
lebouillonnementdel’eau.Demêmequelerayondel’esprittombesurlecorps,ainsilesrayonsde
l’Abdâltombentsurmonâme.Quand l’Ame de l’âme disparaît de l’âme, l’âme devient pareille au
corpsinanimé,sache-le!Pour cette raison, je pose ma tête sur la terre, afin qu’elle soit mon
témoinauJourduJugement.LeJourduJugement, lorsqu’elleserasecouéeparson tremblement89,
cetteterreporteratémoignagedetoutcequis’estpassé,Carelleraconteraclairementsaproprehistoire90:lesoletlesrochers
semettrontàparler.Lephilosophe,avecsespenséesetopinions(vaines),devientincroyant:
ordonne-luid’allersefracasserlatêtecontrecemur!
La parole de l’eau, la parole de la terre et la parole de la boue sontperçuesparlessensdesmystiques.
3280 Lephilosophequinecroitpasaupilierquigémissaitestétrangerauxperceptionsdessaints.Il dit que l’influence de la mélancolie apporte maintes imaginations
danslesespritsdesgens.Non,c’estlerefletdesaperversitéetdesamécréancequiprojettesur
luicevainscepticisme.Lephilosophearriveànierl’existenceduDémon,etenmêmetemps,il
estpossédéparundémon.Si tu n’as pas vu le Démon, regarde-toi toi-même : sans possession
diabolique,iln’yapasdenoirceursurlefront.Quiconqueadesdoutesetde laperplexitédans soncœurestdansce
mondeunphilosopheensecret.Ilprofesseunefoiferme,maisàunmomentoul’autre,cettetendance
philosophiqueluinoirciralaface.Prendsgarde,ôtoicroyant!carcettetendancesetrouveentoi,entoi
existentmaintsmondesinfinis.Entoisontlessoixante-douzesectes:malheuràtoisiunjourelleste
dominent.Depeurdecela,quiconquealachance(barg)depossédercettefoide
l’Islamtremblecommeunefeuille(barg).3290 Tut’esmoquéd’Iblîsetdesdémonsparcequetut’esconsidérécomme
unhommedebien.Quandl’âmeretrouverasonvêtement(pourapparaîtredanssaréalité),
combiende«malheuràmoi!»arrachera-t-elleauxmusulmans!Sur le comptoirde laboutique, tout cequi ressembleàde l’or sourit,
parcequelapierredetoucheestabsente.ÔToiqui couvresnos fautes, ne retirepasdenous cevoile.Protège-
nouslorsquenousseronsjugés.Lanuit,lafaussemonnaierivaliseavecl’or:l’orattendlejour.Sansparoles,l’ordit:«Attends,ômétaldepacotille,jusqu’àcequele
jourselève.»Pendantdescentainesdemilliersd’années,lemauditIblîsétaitunsaint
etleprincedesvraiscroyants;A cause de son orgueil, il combattit Adam et fut couvert de honte,
commedufumieraumatin.
CommentBal’am,filsdeBâ‘ur,priaDieu,disant:«FaisqueMoïseetsonpeuples’enretournentsans
avoirobtenucequ’ilsdésiraient,decettecitéquiestassiégée»
es habitants dumonde devinrent soumis àBa’lam, fils deBâ‘ur,carilétaitcommeleJésusdesonépoque.Ilsnesecourbaientensalutationsquedevant lui ; samagie rendait la
santéauxmalades.3300 Parorgueiletsentimentdesapropreperfection,ilcombattitMoïse:sa
détressedevinttellequetuTasappris.De toute façon, il y a eu dans lemonde,manifestes ou cachées, cent
millepersonnescommeIblîsetBa‘lam.Dieua fait que tousdeuxdeviennentbienconnus, afinque tousdeux
puissenttémoignercontrelereste.Cesdeuxvoleurs,Illespenditauhautd’ungibet;autrement,ilyavait
biend’autresvoleursméritantSavengeance.Ces deux-là, Il les traîna par les cheveux jusqu’à la cité (pour les
abattre) ;mais ilest impossiblededénombrer toutes lesvictimesdeSoncourroux.Tuesun favorideDieu,maisdansde justes limites.PourDieu,pour
Dieu,nesorspasdeceslimites!Situluttesavecquelqu’unquisoitunplusgrandfavoriquetunel’es
toi-même,celateferatomberplusbasquelaseptièmeterre.Quelestlebutdel’histoirede‘AdetdeThamûd?Quetusachesque
lesprophètesméprisentlespervers.Cessignes—laterreavalantlespécheurs,leurlapidation,lescoupsde
la foudre — constituaient des preuves de la puissance de l’Amerationnelle.Tuez tous les animaux pour les besoins de l’homme, tuez toute
l’humanitépourlesbesoinsdelaRaison.3310 Qu’est-cequelaRaison?L’Intelligenceuniverselledel’hommedoué
deraison.Laraisonpartielleestaussiraison,maiselleestinfirme.Tous les animaux sauvages à l’égard de l’homme sont inférieurs à
l’universelhumain.Leursangestlicite(religieusement)pourl’humanité,puisqu’ilsnesont
pasdevenuscapablesd’actionshumaines.L’honneur des animaux sauvages n’est plus rien, parce qu’ils sont
devenushostilesàl’homme.Quelhonneur seradonc le tien,ô toi l’insensé !puisque tuesdevenu
semblableauxânessauvagesapeurés?Acausedesonutilité,l’ânenedoitpasêtretué;maisquandildevient
sauvage,sonsangdevientlicite.Bien que l’âne n’ait pas de connaissance qui l’empêche (de devenir
sauvage),leDieuaimantnel’excusenullement.Commentdoncl’hommeserait-ilexcusé,ômonnobleami,quandilest
devenusauvage(hostile)àcetteParole(delaRaison)?Donc,lapermissionaétédonnéedeverserlesangdesinfidèlescomme
celuid’unanimalsauvagedevantlesflèchesetleslances.Et leurs femmes et leurs enfants sont du butin, parce qu’ils sont
sauvagementhostilesàlaRaisonauguste.3320 Unefoisdeplus,uneraisonquis’enfuitloindelaRaison(universelle)
esttransportéedelarationalitéauniveaudesanimaux.
CommentHârûtetMârût91sefièrentàleurpuretéetdésirèrentsemêlerauxhabitantsdecemondeet
tombèrentdanslatentation
’est ainsi qu’à cause de leur orgueil les illustres Hârût et Mârûtfurentfrappésparlaflècheempoisonnée(duCourrouxdivin).Ils avaient confiance en leur sainteté : mais à quoi sert-il au buffle
d’avoirconfiancedanslelion?Bienqu’il tentecentdéfensesavecsescornes, le lionférocedéchirera
sesmembresenpièces.Même si ses cornes étaient aussi nombreuses que les piquants d’un
porc-épic,lebuffleserainéluctablementtuéparlelion.Bien que le vent de Sarsar déracine bien des arbres, il fait luire de
beautéchaquebrind’herbe.Ceventviolentapitiédelafaiblessedel’herbe:toi,ôcœur,netevante
pasenvaindetaforce.Comment la hache serait-elle effrayée par l’épaisseur des branches ?
Ellelescoupeenmorceaux.Mais elle ne se bat pas contre une feuille, elle ne frappe de son
tranchantquecontreunautretranchant.Pourquoilaflammesesoucierait-elledelagrandequantitédesfagots?
Comment le boucher se sauverait-il de terreur devant la multitude desmoutons?
3330 Qu’estlaformeencomparaisondelaréalité?Trèsfaible.C’estlaréalitéducielquilemaintientretourné.Jugeparanalogieaveclarouecéleste:d’oùprovientsonmouvement?
delaRaisonquiladirige.Le mouvement de ce corps pareil à un bouclier provient de l’esprit
voilé,ômonfils!Lemouvementdeceventprovientdesaréalité,commelarouecaptive
del’eauduruisseau;Le flux et le reflux, l’aspiration et l’expiration de ce souffle, d’où
viennent-ils,sinondel’espritremplidedésir?C’estl’espritquifaitdusouffletantôtdjîm,tantôthâetdâl ; ilenfait
tantôtlapaixettantôtlaguerre.Demême,notreDieuafaitdecevent(deSarsar)undragonrugissant
contre‘Ad.Denouveau,Ilafaitqueceventfûtlapaix,lasollicitudeetlasécurité
pourlesvraiscroyants.«LaRéalitéultimeestAllah»,aditleSheikhdelaReligion*quiestla
MerdesréalitésspirituellesduSeigneurdeschosescréées.Touteslescouchesducieletdelaterrenesontquedesbrinsdepaille
danscetocéan.3340 Lemouvementimpétueuxdesbrindillessurl’eauestproduitparl’eau
quandelleestagitée.Quand laMer de la Réalité désire que les brins de paille cessent de
lutter,ellelesrejettesurlerivage.Lorsqu’ellelesattiredenouveaudelariveverslahoule,elleenfaitce
queleventdeSarsarfaitdel’herbe.Cesujetn’apasdefin.Retourneenhâte,ôjeunehomme,àl’histoirede
HârûtetMârût.
*SansdouteSadrod-DînKonyawî.
Lerestedel’histoiredeHârûtetMârûtetcommentunchâtimentexemplaireleurfutinfligé,même
encemonde,dansl’abîmedeBabylone
tant donné que les péchés et la perversité des gens de la terredevenaientpoureuxclairementvisiblesàpartirdesfenêtres(duciel),Ilssemirentàsemordrelesmainsdecolère,maisneserendirentpas
comptedeleurproprefaute.L’homme laid s’est vudans lemiroir : il a détourné sonvisage et est
furieux.Quandunepersonneinfatuéed’elle-mêmevoitquelqu’uncommettreun
péché,ilapparaîtenelleunfeuprovenantdel’enfer.ElleappellecetorgueilinfernaldéfensedelaReligion;elleneperçoit
pasl’essencedel’arrogancequisetrouveenelle-même.LadéfensedelaReligionestbiendifférente,carcetteflammerendun
mondeentierverdoyant.3350 Dieuleuradit:«Sivousêtesvous-mêmeséclairés,neregardezpas
avecméprisceuxquicommettentdemauvaisesactionsetsontoublieux(deDieu).«Rendezgrâces,ôhabitantsdescieuxetserviteursdeDieu!Vousêtes
délivrésdudésiretdesrelationssexuelles.«SiJevous imposaiscettesortedenature, leCielnevousadmettrait
plus.« Si vous êtes préservés du péché que vous avez en vos corps, c’est
parcequeJevouspréserveetprendssoindevous.«Oh!Prenezgarde!considérezcelacommevenantdeMoi,etnonde
vous-mêmes,depeurqueleDémonmauditl’emportesurvous.»Comme, par exemple, le scribe de la Révélation donnée au Prophète
croyaitquelaSagesseetlaLumièreoriginellesetrouvaientenlui-même.Il pensait être un congénère des Oiseaux de Dieu, alors que ce qui
provenaitdeluin’étaitqu’unsifflementressemblantàunécho.Situdeviensunimitateurduchantdesoiseaux,commentconnaîtras-tu
lavéritablesignificationdel’oiseau?Si tu apprends le chant du rossignol, comment sauras-tu ce qu’il
éprouvepourlarose?
Ou, si tu le sais, ce sera par analogie et supposition, comme lesconjecturesquefontlessourdsàpartirdeceuxqu’ilsvoientmouvoirleurslèvres.
Commentlesourdallarendrevisiteàsonvoisinmalade
3360 nhommepossédantdegrandesrichessesditàunsourd:«Undetesvoisinsesttombémalade.»Lesourdsedità lui-même:«Étantdurd’oreille,quecomprendrai-je
auxparolesdecejeunehomme?«Surtoutqu’ilestmaladeetquesavoixestfaible;maisjedoisyaller,
jenepeuxyéchapper.« Quand je verrai ses lèvres se mouvoir, je ferai une supposition
concernantcemouvement.«Quandjedirai:“Commentvas-tu,ômonamimalade?”Ilrépondra:
“Jevaisbien”,ou“Jenevaispasmal.”«Jedirai:“Dieusoitloué!Quellepotionas-tubue?”Ilrépondra:“Un
sorbet",ou“Unbouillondeharicots.”«Alorsjedirai:“Puisses-turecouvrerlasanté!Quiestlemédecinqui
tetraite?”Ilrépondra:“Untel”.«C’est quelqu’un qui apporte la chance, remarquerai-je, puisqu’il est
venu,toutirabienpourtoi.«J’aifaitl’expériencedelachancequ’ilapporte:oùqu’ilaille,l’objet
désiréestatteint.»Lebravehommeimaginacesréponses,etallavoirlemalade.
3370 «Commentvas-tu?»luidemanda-t-il.«Jesuisauseuildelamort»,dit-il.«Dieumerci»,s’écrialesourd.Lemaladedevintindignéetpleinderessentiment,Sedisant à lui-même :«Quels remerciements sont-ce là ? Il estmon
ennemi.»Lesourdavaitfaitunesuppositionet,commeonlevoit,elleserévélaitfausse.Aprèsquoi,illuidemandacequ’ilavaitbu.«Dupoison»,répondit-il.
«Puissecelavousfairedubienetvousrendrelasanté!»ditlesourd.Lafureurdumaladeaugmenta.Puis il demanda : « Lequel desmédecins vient-il vous soigner ? » Il
répondit:«Azraîl(l’angedelamort)vient.Va-t’en!»«Sonarrivée,ditlesourd,estbénie,soisheureux!»Le sourd dit gaiement : «Dieu soit loué !A présent, je vais prendre
congé.»Lemaladesedit:«Celui-ciestmonennemimortel; jenesavaispas
qu’ilétaitunhommeaussipervers.»L’espritdumaladecherchaitcenttermesinsultantspourluiadresserun
messageremplid’injuresdetoutessortes,Demêmeque,lorsqu’onamangéunaliment(indigeste),celaretourne
l’estomacjusqu’àcequ’onvomisse.La suppression de la colère est ainsi : ne la vomis pas, afín que tu
puissesobtenirdedoucesparolesenrécompense.3380 Étantdonnéqu’iln’avaitpasdepatience,ilétaittourmenté.«Ôù,
s’écria-t-il,estcevaurien,cetinfâmeéhonté,«Que jedéverse sur lui lesmêmeschosesqu’il adites?Caralors le
liondemapenséeétaitendormi.«Puisquevisiterlesmaladesestdestinéàleurapporterlatranquillité,
cen’estpaslàunevisiteàunmalade:c’estlasatisfactiondusouhaitd’unennemi,«Pourvoirsonennemiaffaiblietquesonméchantcœursoitenpaix.»Biendesgensfontdesœuvresdedévotionetdésirentêtreapprouvéset
récompensésàcaused’elles.En vérité, c’est un péché caché : si on le croit pur, en réalité on se
trompe,Comme dans le cas du sourd qui s’imaginait témoigner de la
bienveillance,maiscelaeutdesrésultatsopposés.Il s’assied, tout content, disant : « J’ai présenté mes respects, j’ai
accomplicequejedevaisàl’égarddemonvoisin.»Mais il a seulement attisé du feu contre lui-même dans le cœur du
maladeets’estbrûlé.Prendsdoncgardeaufeuque tuasallumé :envérité, tonpéchés’est
accru.3390 LeProphèteditànotreArabedudésert:«Faislaprièrerituelle,caren
véritétun’aspasbienprié,monami.»Commemoyen de prévenir ces risques,Guide-nous92 se trouve dans
chaqueprièrerituelle,C’est-à-dire :«ÔDieu,nemélangepasmaprièreaveccelledeceux
quisontégarésetdeshypocrites.»Acauseduraisonnementparanalogieque lesourdadopta,uneamitié
dedixannéesfutdétruite.En particulier, ô mon ami, évite l’analogie tirée des sens charnels
concernantlaRévélation,quiestsanslimites.Sitonoreillesensuelleestcapabled’encomprendrelalettre,sacheque
tonoreillequiperçoitlesenssecretestsourde.
Lepremierquiusaduraisonnementparanalogieàl’égarddutexte
révéléfutlblîs
a première personne qui présenta ces misérables analogies enprésencedesLumièresdivinesfutlblîs.Ildit:«Sansnuldoute,lefeuestsupérieuràlaterre:Jesuisdefeu;
Adamestfaitdelimonsale.«Jugeonsdoncencomparantlesecondaireavecleprincipal:ilestfait
deténèbres,etmoidelumièreéclatante.»Dieu dit : «Non, au contraire, il ne sera plus question pour eux de
généalogie93, l’ascétisme et la piété seront la seule voie vers laprééminence.»
3400 Celan’estpasl’héritagedumondefugace,quetupuissesl’obtenirparlesliens(delaparenté):c’estunhéritagespirituel.Envérité,ceschosessontl’héritagedesprophètes;leshéritiersdeces
dernierssontlesespritsdeshommespieux.LefilsdeBûDjahldevintunvéritablecroyantauxyeuxdetous,lefils
deNoédevintl’undeségarés.«L’enfantdelaterre(Adam)estdevenuilluminécommelalune.Tues
l’enfantdufeu:va-t’en,levisagenoir(dehonte).»L’homme sage s’est servi de tels raisonnements et cherche, un jour
nuageuxoupendantlanuit,pourtrouverlaQibla;Maisquand le soleil et laKa‘basonten facede toi,necherchepasà
raisonnerett’enquérirdecettefaçon.Neprétendspasqu’ilestimpossibledevoirlaKa‘ba,nedétournepas
tonvisageàcausedetonraisonnement.Dieusaitmieuxcequiestjuste.Quandtuentendsunpépiementdel’OiseaudeDieu,tumémorisesson
sensapparent,commeuneleçon.Puis,de toi-même, tuconstruiscertainesanalogies, tu transformesune
simpleimaginationenuneréalité.Les Abdâl ont certaines expressions mystiques que les doctrines
exotériquesignorent.3410 Tuasapprislelangagedesoiseauxparleson,tuasinventécent
analogiesetcentfantaisies.Les cœurs sont blessés par toi, comme lemalade le fut tandis que le
sourddevintenivréparlavaineidéedusuccès.
LescribedelaRévélation,enentendantlavoixdel’Oiseau,s’imaginaêtrel’égaldel’Oiseau;L’oiseaubattitd’uneaileet l’aveugla; il leplongeadansunabîmede
mortetd’affreusemisère.«Prenezgarde!Nesoyezpas,vousaussi*,leurrésparuneréflexionou
uneopinion,netombezpasdeshauteursduCiel!«BienquevoussoyezHârûtetMârûtetsupérieursàtouslesangessur
l’estradedeNoussommesplacésenrangs94,«Cependant,ayezpitiédelaperversitédespervers :nevousattachez
pasàl’égoïsmeetàlavanité.«Prenezgardequelajalousiedivinenesurvienneàl’improvisteetque
vousnesoyezprécipitésdanslesentraillesdelaterre.»Tousdeuxdirent:«ÔDieu,àToiestledécret:horsdeTaprotection,
oùya-t-ilenvéritéunesécurité?»Ils parlaient ainsi, mais leurs cœurs palpitaient : « Comment un mal
nousadviendrait-ilànous,lesbonsserviteursdeDieu?»3420 L’aiguillondudésirnequittapaslesdeuxangesavantquefûtseméeen
euxlagrainedelavanité.Alors ilsdisaient :«Ôvousquiêtescomposésdesquatreélémentset
ignorezlapuretédesêtresspirituels,« Nous tirerons des rideaux (de lumière) sur le ciel (terrestre), nous
viendronssurterreetnousdresseronsundais,«Nous rendrons la justice, nous accomplirons le culte et chaque nuit
nousnousenvoleronsànouveauversleciel,« Afin de devenir la merveille dumonde, afin d’établir la paix et la
sécuritésurlaterre.»L’analogie entre l’état du Ciel et celui de la terre est inexacte : elle
recèleunedifférence.
*Dieus’adresseiciàHârûtetMârût.
Expliquantquel’ondoitcachersespropresétatetivressespirituels
àl’ignorant
coutelesparolesduSage(Sanâ’î)quivivaitdanslaretraite:«Posetatêteaumêmeendroitoùtuasbulevin.»Quandl’hommeivremarchedetraversausortirdelataverne,ildevient
pourlesenfantsunobjetdemoquerieetunjouet.Partout où il va, il tombe dans la boue, tantôt de ce côté, tantôt de
l’autre,ettouslesimbécilessemoquentdelui.Ainsis’enva-t-il,tandisquelesenfantsquilepoursuiventn’ontaucune
connaissancedecetteivressenidugoûtduvin.3430 Tousleshommessontdesenfants,exceptéceluiquiestenivrédeDieu;
nuln’estunadulte,exceptéceluiquiestlibérédesdésirssensuels.Dieuadit :«Cemondeestunjeuetunpasse-tempsetvousêtesdes
enfants»;etDieuditlavérité.Situn’aspasrenoncéaujeu,tuesunenfant:comment,sanspuretéde
l’esprit,seras-tupleinementintelligent?Sache, ô jeune homme, que les désirs auxquels les hommes
s’abandonnent en ce monde sont comme les relations sexuelles desenfants.Qu’est-ce que la relation sexuelle pour un enfant ? Un simple jeu,
comparéàlarelationsexuelled’unRustametd’unvaillantchampiondel’Islam.Les guerres de l’humanité sont comme les disputes des enfants —
toutesstupides,sansimportanceetméprisables.Tous leurs combats sont menés avec des sabres de bois, tous leurs
desseinssontfutiles.Ilschevauchentunecannedebambou,disant:«Cela,c’estnotreBûrâq
(le coursier du Prophète lors de son ascension) ou notremule qui courtcommeDuldul(muleappartenantauProphète).»Cesonteuxquiportent(leursmontures)mais,dansleurfolie,ilssesont
élevésbienhaut : ils se sont imaginésêtredescavaliersemportés sur lechemin.Attends le jour où ceux qui sont élevés très haut parDieu passeront,
galopant,au-delàdesneufétages(duciel).3440 L’EspritetlesangesmonterontversLui95:àl’ascensiondel’Esprit,le
cieltremblera.Comme lesenfants,vouschevauchezvos jupes,vousavezpris lepan
devotrevêtementcommecheval.DeDieuestvenuelaparole:«Lasuppositionneprévautpascontrela
Vérité96»;quandlecoursierdel’opinionest-ilmontéauxcieux?Toutenpréférant laplusfortededeuxopinions,nemetspasendoute
quetuvoislesoleilquandilbrille.Encetemps,voyezvoscoursiers!Vousavezfaituncoursierdevotre
proprepied.Ton imagination, ta réflexion, ta perception sensorielle et ta
compréhension sont comme la canne de roseau que chevauchent lesenfants.Les sciences des mystiques (Sahib-dîl) les transportent dans les
hauteurs;lessciencesdeshommescharnelssontpoureuxdesfardeaux.Quand la connaissance est acquise par l’expérience mystique, elle
devientuneaide (yârî) ; quand la connaissance est acquisepar les sens,elledevientunfardeau(bârî).Dieuadit:«Chargédelivres97(commeunâne)»;laconnaissancequi
neprovientpasdeLuiestunfardeau.LaconnaissancequineprovientpasimmédiatementdeLuinedurepas,
commelemaquillagedeladamed’atours.3450 Maissituportesbiencefardeau,ilseraretiréetl’ontedonneralajoie.
Prends garde ! Ne porte pas ce fardeau de la connaissance par désirégoïste,afindepouvoirchevaucherlecalmecoursierdelaconnaissance.Desortequetupuissesmonterlepaisiblecoursierdelaconnaissance,
etqu’ensuitelefardeaupuissetomberdetonépaule.Commentseras-tudélivrédesdésirssanslacoupedeHû(Lui),ôtoiqui
tecontentesd’avoirdeHûseulementlenomdeHû?Del’attributetdunom,quenaît-il?L’imagination;etcetteimagination
conduitàl’unionavecLui.Vis-tu jamais quelqu’unquimontre sans un objetmontré ?S’il n’y a
pasderoute,iln’yajamaisdegoule(quiensorcellelesvoyageurs).As-tujamaisvuunnomsanslaréalitédésignéeparlui?As-tujamais
cueilliuneroseavecleslettresR.O.S.E.?Tuasprononcé lenom :vachercher la chosenommée ; sacheque la
luneestdansleshauteurs,nondansl’eauduruisseau.Si tu veux passer au-delà du nom et de la lettre, purifie-toi
complètementdetoi-même.
A l’instar du fer poli, perds ta couleur de rouille ; deviens parl’ascétismecommeunmiroirsansrouille.
3460 Purifie-toidesattributsdu«moi»,afindepouvoircontemplertapropreessencepure,Etcontempleren toncœur les sciencesdesprophètes, sans livre, sans
précepteurnimaître.LeProphèteadit :«Parmi lesmiens, ilyenaquisontavecmoipar
leurnatureetleuraspiration:«Leurs espritsmevoientpar lamême lumièregrâce à laquelle je les
vois.»Sans les deux Sahîhs*, les Traditions et les traditionalistes ; ils le
contemplentencelieuoùilsboiventl’EaudelaVie.Connaislesecretde:«Lesoirj’étaisunKurde»;lislemystèrede:
«Lematin,j’étaisunArabe.»Et si tu désires une parabole concernant la connaissance cachée, lis
l’histoiredesByzantinsetdesChinois.
* Les deux recueils les plus cèlèbres de Hadiths prophètiques authentiques(sahîh),c’est-à-direceuxdeMuslimetBukharî.
HistoiredeladiscussionentrelesByzantinsetlesChinoissurl’artde
peindreetdefairedesportraits
lesChinoisdisaient :«Noussommeslesmeilleursartistes» ; lesByzantins disaient : « C’est à nous qu’appartiennent le pouvoir et laperfection.»«Jevousmettraià l’épreuveencetteaffaire,dit lesultan,et jeverrai
lequeldevousaraisondanscetteprétention.»Les Chinois et les Byzantins se mirent à discuter. Les Byzantins
quittèrentledébat.3470 LesChinoisdirentalors:«Attribuez-nousunecertainesalle,etqu’ily
enaitunepoureuxaussi.»Il y avait deux pièces, dont les portes se faisaient face : les Chinois
prirentl’une,lesByzantinsl’autre.LesChinoisprièrent le roide leurdonnercentcouleurs ; le roiouvrit
sontrésorafinqu’ilsreçoiventcequ’ilsdésiraient.Chaquematin, par sa libéralité, les couleurs étaient octroyées de son
trésorauxChinois.LesByzantinsdéclarèrent:«Aucuneteintenicouleurneconviennentà
notretravail.Ilnefautrienqueretirerlarouille.»Ilsfermèrent laporteetsemirentàpolir : lesmursdevinrentclairset
purscommeleciel.Ilyaun«chemin»delabigarrureàl’absencedecouleurs;lacouleur
estsemblableauxnuages,etl’absencedecouleursàlalune.Quelque lumière et splendeur que tu voies dans les nuages, sache
qu’elleprovientdesétoiles,delaluneetdusoleil.QuandlesChinoiseurentachevéleurtâche,dejoieilssemirentàbattre
dutambour.Le roi entra etvit lespeintures : cettevision, lorsqu’il l’aperçut, ravit
sesesprits.3480 Ensuite,ilallaverslesByzantins:ilsretirèrentlerideauquiles
séparait.Le refletdecespeinturesetœuvresd’artdesChinoisvint frapperces
mursquiavaientétépurifiésdetoutesouillure.Toutcequelesultanavaitvu(danslasalledesChinois)semblaitplus
splendideici:celaravissaitleregard.
LesByzantins,ômonpère, sont les soufis : ils sont sansétudes, sanslivres,sansérudition.Mais ils ont poli leurs poitrines et les ont purifiées du désir, de la
cupidité,del’avarice,deshaines.Cette pureté du miroir est, sans nul doute, le cœur qui reçoit
d’innombrablesimages.CeMoïsegardeensonseinlaformeinfiniesansformedel’Invisible,
reflétéedanslemiroirdesoncœur.Bien que cette forme ne soit pas contenue dans le Ciel, ni dans
l’empyrée,nidanslasphèredesétoiles,nisur leglobequireposesurlePoisson*.Car toutes ces choses sont limitées et dénombrées — sache que le
miroirducœurestsanslimites.Ici, l’entendement devient silencieux, sinon il induit en erreur, car le
cœurestavecDieu,ouplutôtlecœur,c’estLui.3490 Lerefletdechaqueimagebrilleéternellementàpartirducœurseul
jusqu’àl’éternité,tantdanslapluralitéqu’endehorsd’elle.Jusqu’à l’éternité, chaque nouvelle image qui tombe sur le cœur y
apparaîtsansaucuneimperfection.Ceuxquiontpolileurcœurontéchappéauxparfumsetauxcouleurs:
ilscontemplentsanscesselaBeautéàchaqueinstant.Ilsontabandonnélaformeetl’écorcedelaconnaissance,ilsontbrandi
l’étendarddelacertitude.La pensée s’est enfuie, et ils ont obtenu la lumière : ils ont atteint
l’essenceetl’océandelaconnaissancemystique.Lamort,quieffraietousleshommes,cesgenslatournentendérision.Nulneremportelavictoiresurleurscœurs:briselacoquilledel’huître,
etnonlaperle.Bien qu’ils aient renoncé à la grammaire (nahw) et la jurisprudence
(fiqh), ils ont acquis cependant l’anéantissement mystique (mahw) et lapauvretéspirituelle(faqr).DepuisquelesformesdeshuitParadisontresplendi,ellesonttrouvéles
tablettesdeleurscœursréceptives.De l’empyrée, de la sphère étoilée et du vide, ils reçoivent cent
impressions ; quelles impressions ? En vérité, c’est la vision même deDieu.
*Selonunmythepopulaire,leglobeterrestrereposesurlescornesd’untaureau,
lui-mêmereposantsurunpoisson.
CommentleProphète(surLuilapaix!)demandaàZayd:
«Commentes-tuaujourd’hui,etdansquelétatt’es-tulevé?»EtcommentZaydluirépondit:«Cematin,jesuisunvraicroyant,ô
MessagerdeDieu»
3500 nmatin,leProphèteditàZayd:«Commentes-tucematin,ômonsincèreCompagnon?»Il répondit : « Je suis un fidèle serviteur de Dieu. » A nouveau, le
Prophète lui dit : « Quel signe rapportes-tu du Jardin de la Foi, s’il afleuri?»Ildit :« J’étaisassoiffépendant le jour,et lanuit jen’aipasdormià
causedel’amouretdespeinesbrûlantes,«De sorte que je suis passé au-delà du jour et de la nuit, comme la
pointedelalancetraverselebouclier;«Car au-delà (du royaumedes contraires), la nativité et la croissance
continue sont une : des centaines demilliers d’années sont comme uneseuleheure.«Lapérennitéetl’éternitésontunieslà-bas:lacompréhensionnepeut
yaccéderaumoyendelarecherche.»LeProphètedemanda:«Quelestledonduvoyageurquetuasrapporté
de ce voyage ? Montre-le. Quelle est la preuve de sincérité que tu asapportéedecebeaupayslà-bas?»Zayddit:«Quandlesautresgensvoientleciel,jecontemplel’empyrée
avecceuxquiydemeurent.«Les huit Paradis et les septEnfers sont aussi visibles pourmoi que
l’idolepourl’idolâtre.«Jedistinguelesgenslà-bas,unàun,commelefromentdel’orgedans
lemoulin,3510 «DesortequeceluiquiestdestinéauParadisetceluiquiyrestera
étrangersontaussiclairspourmoiqueladifférenceentreunserpentetunpoisson.»LejourdelanaissancepourlesAnatoliensetlesÉthiopiensetchaque
race est le Jour où certains visages s’éclaireront tandis que d’autresvisagesserontnoirs98.
Avantcettenaissance,sipécheurquefutl’esprit,ilétaitdansleseinducorpsetcachéauxyeuxdesgens.Lesdamnés sont ceuxqui sontdamnésdans le seinde lamère ; tous
sontconnusparlessignesdeDieu.Lecorps,commeunemère,contient l’enfantspirituel : lamortest les
souffrancesetlesdouleursdel’enfantement.Touslesespritsquisontpassés(àl’autrevie)attendentpourvoirdans
quelétatcefierespritnaîtra.LesÉthiopiens(lesespritsdesdamnés)disent :«Ilnousappartient.»
LesAnatoliens(lesespritsbénis)disent:«Non,ilestbeau.»Dèsqu’ilestnédanslemondedel’espritetdelagrâcedivine,iln’ya
plus de divergence d’opinion entre les Blancs (bénis) et les Noirs(damnés).Sic’estunÉthiopien(unespritdamné),lesÉthiopiensl’emmènent;et
sic’estunAnatolien(unespritbéni),lesAnatoliensleconduisent.Jusqu’àcequ’ilsoitnédanslaviefuture,c’estuneénigmepourtoutle
monde:peudegensconnaissentladestinéedeceluiquin’estpasné.3520 Celui-làvoitsûrementparlalumièredeDieu,carilalemoyende
connaîtrecequiestcaché(souslapeau).L’eau de la semence humaine est blanche et belle, mais le reflet de
l’esprit,qu’ilsoitAnatolienouÉthiopien,Confèrelacouleuràceuxquisontcréésdanslaformelaplusparfaite99
tandisqu’ellefaittombercetteautremoitiéauplusbasdegré.Ce discours n’a pas de fin. Hâte-toi de retourner, afin que nous ne
soyonspaslaissésenarrièreparlafiledechameauxdelacaravane.Le jour où certains visages s’éclaireront tandis que d’autres visages
serontnoirs, par qui sera encore témoigné du respect auTurc comme àl’Indien?Danslesein(decemonde),onnepeutdistinguerl’IndienduTurc,mais
quand chacun est né dans l’autre monde, on voit qui est misérable ouglorieux.« Je les vois tous clairement, comme ils seront au Jour de la
Résurrection,commedesfoulesdegens,hommesetfemmes.« Écoute : parlerai-je ou garderai-je le silence ? »Mustafâ (Moham-
mad)semorditlalèvre,commepourdire:«Assez!»«ÔMessagerd’Allah,dirai-jelemystèreduRassemblement,rendrai-je
laRésurrectionmanifestedanslemonded’aujourd’hui?« Laisse-moi, que je puisse déchirer les voiles, que ma substance
(spirituelle)puissebrillercommeunsoleil;
3530 «Quelesoleilsoitéclipséparmoi,quejepuissemontrerladifférenceentreledattieretlesaulestérile.«JemontrerailemystèredelaRésurrection,lamonnaieauthentiqueet
cellemêléeàunalliage;«Lesgensde lagauche (damnés) avec leursmainscoupées ; je ferai
voirlacouleurdel’impiétéetlacouleurdesgensduProphète.«Jerévélerailesseptpéchésdel’hypocrisieàlalumièredelalunequi
nesubitniéclipsenidiminution.« Je montrerai les haillons dont seront vêtus les coupables. Je ferai
entendrelestamboursetlescymbalesdesprophètes.«Jerévéleraiclairement,auxyeuxdesinfidèles,l’Enfer,lesJardinsdu
Paradis,etl’étatintermédiaire(Barzakh),«JemontrerailafontaineduKawtharagitéedevagues,quiprojettede
l’eausurlesvisages(desélus)tandisquesonbruitchanteàleursoreilles.«EtceuxquicourentassoiffésautourduKawthar,jelesnommeraiun
parunetdiraiquiilssont:« Leurs épaules se frottent àmes épaules, leurs crisme déchirent les
oreilles.« Devant mes yeux, les habitants du Paradis, par libre choix,
s’étreignentl’unl’autre,3540 «Rendantvisiteàleursplacesd’honneurrespectives,etdérobantdes
baisersauxlèvres(deshouris).«Mon oreille est devenue assourdie par les cris de “Hélas ! hélas !”
poussés par les misérables dans l’enfer et par les hurlements de “Oh !quellepeine!”« Ce ne sont là que des allusions. Je voudrais parler à partir de la
profondeur (dema connaissance),mais je crains d’offenser leMessager(d’Allah).»Ilparlaitdecettemanière,enivréetbouleversé;leProphètelepritpar
lecolEtdit :«Prendsgarde !Freine toncheval,car il estdevenuemporté.
QuandlerefletdeDieun’apashonte(delavérité100) frappelecœur, lahontedisparaît.« Ton miroir est sorti de son étui ; comment le miroir et la balance
diraient-ilsdeschosesfausses?«Commentlemiroiretlabalancesetairaient-ilsdepeurdeblesserou
d’humilierquiconque?« Lemiroir et la balance sont de nobles pierres de touche ; si tu les
implorespendantdeuxcentsans,
«Disant:“Paramourpourmoi,dissimulelavérité;montrel’avantageetnedévoilepaslemanque",«Ils tediront :“Ne tegaussepas !Lemiroiret labalance,ensuite la
tromperieetlafausseté!”3550 «PuisqueDieunousafaitsafinquegrâceànousilsoitpossiblede
connaîtrelavérité,«Sicelaneseproduitpas,quellevaleuravons-nous,ôjeunehomme?
Commentdeviendrons-nousunrefletduvisagedeceluiquiestbeau?«Mais,ditleProphète,remetslemiroirdanssonétui,sil’illumination
divineafaitdetonseinunSinaï.»Zayddit:«Eh!quoi!leSoleildelaVéritéetleSoleildeTÉternité
pourraient-ilsêtrecontenusenquelquefaçonsouslebras?« Ildétruit à la fois l’aisselle (baghal) et l’imposture (daghal) ; en sa
présencenedemeurentnifolieniintelligence.»LeProphètedit:«Quandtuposesledoigtsurtonœil,tuvoislemonde
dépourvudesoleil.« Le bout de ton doigt devient un voile sur la lune— et cela est un
symboleduvoilementparDieu,«Desortequelemondeentierpuisseêtrecachéparunseulpoint,etle
soleiléclipséparuneécharde.»Ferme tes lèvresetcontemple laprofondeurde lameren toi :Dieua
rendulamersoumiseàl’homme,DemêmequelesfontainesdeSalsabîletZandjabîlsontsouslecontrôle
desêtressublimesduParadis.3560 LesquatrerivièresduParadissontsousnotrecontrôle;cen’estpasdûà
notrepouvoir,maisàl’ordredeDieu:Nouslesfaisonscoulerlàoùnousvoulons,commelamagiequiobéit
audésirdesmagiciens,A l’instardecesdeux fontainesdesyeuxqui sont sous lecontrôledu
cœuretsoumisàl’ordredel’esprit.Silecœurleveut,ilssetournentverslepoisonetleserpent,ets’ille
veut,ilssetournentversl’admonition.S’illeveut,ilssetournentversdeschosestangibles,et,s’illeveut,vers
deschosesdissimulées.S’il le veut, ils avancent vers les universaux, et s’il le veut, ils
demeurenttournésverslesparticuliers.Demême,touslescinqsenssemeuventselonlavolontéetl’ordredu
cœur,commelabobinedutisserand.Tous les cinq sens se meuvent dans la direction que le cœur leur
indique.Lamainetlepiedsontmanifestementsouslesordresducœur,comme
lebâtondanslamaindeMoïse.Silecœurleveut,aussitôt lepiedsemetàdanser,ous’enfuit loindu
manqueetversl’accroissement.3570 Silecœurleveut,lamains’entendaveclesdoigtspourécrireunlivre.
La main reste saisie par une main cachée : c’est celle-ci qui, del’intérieur,utiliselecorpsàl’extérieur.Si cette main le veut, la main extérieure devient un serpent pour
l’ennemi;etsielleleveut,elledevientl’aided’unami.Etsielleleveut,unecuillèredanslesaliments;etsielleleveut,une
massed’armespesantdixman.Jemedemandecequelecœurleurdit(auxmembresducorps).C’est
unerelationmerveilleuse,unmerveilleuxliencaché.Sûrement, lecœurpossède le sceaudeSalomon,desortequ’il exerce
soncontrôlesurlescinqsens.Lescinqsensexternesluisontfacilesàgouverner,lescinqsensinternes
sontsoussonordre.Ilyadixsensetseptmembrescorporels,etcaetera:comptetoi-même
cequin’estpasindiquéici.Ôcœur,puisquetuasl’empiredeSalomon,metslesceaudetonanneau
surlesPérisetlesdémons.Sidansce royaume tun’espasentachéde fourberie, les troisdémons
n’enlèverontpaslesceaudetamain.3580 Aprèscela,tonnomconquerralemonde:lesdeuxmondesserontrégis
partoicommetoncorps.Et si le démon ôte l’anneau de tamain, ton royaume sera anéanti, ta
fortunedétruite;Ensuite,ôserviteursdeDieu,«ôchagrin!»estvotredestininéluctable
jusqu’aujouroùvousserezrassembléspourleJugement.Etsituniestaduplicité,commentsauveras-tutonâmedelabalanceet
dumiroir?
CommentlesoupçonfutjetésurLuqmânparlesesclavesetlesserviteurssescompagnons,qui
direntqu‘ilavaitmangélesfruitsfraisqu’ilsapportaient(àleur
maître)
ux yeux de son maître, en comparaison des autres esclaves,Luqmânétaitméprisableenraisondesonaspectcorporel.Le maître avait coutume d’envoyer les esclaves au jardin afin de lui
apporterdesfruitspoursonplaisir:Parmilesesclaves,Luqmânétaitconsidérécommeunparasite;ilétait
pleind’idées,maisavecunteintnoircommelanuit.Ces esclaves, poussés par la gourmandise, mangèrent tous les fruits
avecdélices,Et dirent au maître que Luqmân les avait mangés ; le maître devint
fâchéettrèsmécontentdeLuqmân.LorsqueLuqmâns’enquitdelacausedecela, ilouvrit labouchepour
adresserdesreprochesàsonmaître.3590 «ÔSeigneur,ditLuqmân,unserviteurinfidèlen’estpasapprouvéaux
yeuxdeDieu.«Mets-noustousàl’épreuve,ônoblesire:donne-nousquantitéd’eau
chaudeàboire,«Etensuitefais-nouscourirdansunegrandeplaine,toimontéàcheval
etnousàpied.«Etalorsvoisceluiquiacommislemal,contempleleschosesquisont
faitesparceluiquirévèlelesmystères!»Lemaîtredonnaauxserviteursdel’eauchaudeàboireet ils laburent
parcraintedelui.Ensuite, ils les conduisit dans les plaines, et ils couraient dans les
champsdeblé.Lemalaiselesfitvomir:l’eauchaudeleurfaisaitrendrelesfruits.QuandLuqmânsemitàvomir, ilnesortitdesonventrequede l’eau
pure.ÉtantdonnéquelasagessedeLuqmânputrévélercela,quelledoitdonc
êtrelasagesseduSeigneurdel’existence!Le Jour ou les secrets seront dévoilés101, apparaîtra de vous quelque
chosedecaché,dontl’apparitionn’estpasdésirée.3600 Lorsqu’ilsserontabreuvésd’eaubouillante102,touslesvoilesseront
arrachésdecequiestdétesté.Lefeudel’Enferestlesupplicedesinfidèles,parcequelefeuestune
épreuvepourlespierres.Combiensouvent,combiensouventnousavonsparlédoucementànos
cœursdepierre,etilsnevoulurentpassuivrenotreconseil!Pourunemauvaiseblessure,laveineabesoind’unremèdesévère:les
dentsduchienconviennentàlatêtedel’âne.Lesfemmesmauvaisesauxhommesmauvais103estsagesse:lelaidest
leconjointquiconvientaulaid.Quelque soit, donc, ce àquoi tuveux t’associer, va, deviens absorbé
dansl’objetaimé,etrevêtssaformeetsesqualités.Si tu désires la lumière, rends-toi prêt à recevoir la lumière ; si tu
désiresêtreloin(deDieu),deviensremplidetoi-mêmeetéloigné,Etsi tusouhaitestrouveruneissuepoursortirdecetteprisonenruine
ne détourne pas la tête loin du Bien-Aimé, mais prosterne-toi etrapproche-toideDieu104.
Suitedel’histoiredeZaydetcequ‘ilréponditauProphète(surLui
lapaix)
ediscoursn’apasdefin.«Lève-toi,ôZayd,etattacheunfreinauBûrâq(coursier)detonespritrationnel.»Etantdonnéquel’espritrationnelrévèlelesfautes,ildéchirelesvoiles
dusecret.3610 LesecretestdésiréparDieupouruntemps.Chassecejoueurde
tambour,barrelechemin!Negalopepas,tiresurlesrênes;ilvautmieuxquetonespritsoitvoilé,
ilvautmieuxquechacunseréjouissedesapropreimagination.Dieu souhaite quemême ceux qui désespèrent ne détournent pas leur
visagedecetteadorationpourLui.Même au plan de l’espoir ils deviennent ennoblis : pendant quelques
jours,ilscourentàSasuite.IldésirequelaMiséricordebrillesurtous,surlesmauvaisetlesbons,à
causedel’universalitédeSacompassion.Dieu désire que chaque prince et prisonnier soit plein d’espoir, de
crainteetdepeur.Cet espoir et cette crainte sont dans le voile, afin de pouvoir être
engendrésderrièrecevoile.Quandtuasdéchirélevoile,oùsontlapeuretl’espoir?Lapuissance,
lamajestéetlamiseàl’épreuveappartiennentàl’invisible.Unjeunehomme,aubordd’unerivière,pensait:«Notrepêcheuriciest
Salomon.«Mais,sic’estlui,pourquoiest-ilseuletdéguisé?Etsinon,pourquoi
ressemble-t-ilàSalomon?»3620 Pensantainsi,ildemeuraitdanslaperplexité,jusqu’àcequeSalomon
devîntànouveauroietpotentat.Ledémonpartit et s’enfuit loindu royaumeetdu trônedeSalomon :
l’épéedesachanceversalesangdecedémon.Il mit l’anneau à son doigt : la foule des démons et des Péris se
rassembla.Les hommes vinrent voir, et parmi eux celui qui s’imaginait (que le
pêcheurétaitSalomonsousundéguisement).Lorsqu’ilouvritlamaindeSalomonetvitl’anneau,sonhésitationetsa
recherches’évanouirentaussitôt.L’anxiété apparaît lorsque l’objet du désir est caché : cette quête est
celledel’Invisible.Lorsqu’il était absent, l’imaginationdevintpuissanteensonsein ;dès
qu’ilfutprésent,sonimaginationdisparut.Silecielradieuxn’estpassanspluie, laterrenoiren’estpasnonplus
sansvégétation.(Dieuadit) :« Jeveuxqu’ils croientà l’Invisible105 ; c’est pourquoi
J’aifermélafenêtredumondepérissable.«Sij’ouvremafenêtrelejourduJugement,commentpourrais-jedire:
“Aperçois-tuquelquebrèche106?”3630 «Afinque,danscetteténèbre,ilspuissentfairedesefforts(pourtrouver
leurchemin),ilstournenttousleurvisagedansunedirection.»Pouruntemps,leschosessontinversées:levoleuramènelemagistratà
lapotence,De telle sorte quemaint sultan et hommed’un esprit sublimedevient
durantquelquetempsl’esclavedesonpropreesclave.Leserviceeffectuédurant l’absenceestbeauetconvenable ;quand le
serviceestexigédenousparDieu, ilLuiplaîtque l’onsesouviennedel’absent.Qu’est-cequeceluiquiloueleroiensaprésence,comparéàceluiqui
estconsciencieuxpendantl’absence?Legouverneurd’uneforteressequi,à lafrontièreduroyaume, loindu
sultanetdesaprotection,Garde la forteressecontre lesennemiset refusede lavendrepourdes
richessesillimitées,Qui, bienqu’absent loindu roi à la lisièredes frontières, lui demeure
fidèlecommes’ilétaitprésent,Il est aux yeuxdu roi supérieur au reste de ceuxqui le servent en sa
présenceetsontprêtsàluiconsacrerleurvie.C’est pourquoi la moitié d’un atome de respect de son devoir dans
l’absencevautmieuxquecentmilleaccomplissementsdecedevoirdanslaprésence.
3640 L’obéissanceàDieuetlafoisontdignesdelouangesàprésent;aprèslamort,quandtoutestmontréclairement,ilsserontméprisés.Étantdonnéque l’invisible, l’absentet levoilevalentmieux, ferme ta
bouche,mieuxvautpournousêtresilencieux.Ômonfrère,abstiens-toidesparoles,Dieului-mêmetemanifesterala
connaissancequisetrouveavecLui.Lalumièredusoleilestuntémoinsuffisantdesonexistence:quelestle
plusgranddestémoins?Dieu.Non, je parlerai, carDieu et les anges et les savants s’accordent pour
établir(cettevérité).Dieuetlesangesetceuxquisontversésdanslessciences(mystiques)
témoignentqu’iln’yapasdeSeigneur,saufCeluiquidemeureàjamais.PuisqueDieuadonnéuntémoignage,quesontlesanges,qu’ilspuissent
êtreassociésàcetémoignage?Ilslesont,parcequedesyeuxetdescœursfaiblesnepeuventsupporter
l’éclatetletémoignageduSoleil,Comme la chauve-souris qui ne peut supporter la clarté du soleil et
abandonnel’espoir.Sachedoncque lesangescommela lune témoignentdusoleildans le
ciel.3650 Ilsdisent:«Nousavonstirénotrelumièred’unSoleil,nousavonsbrillé
surlesfaibles,commedesreprésentantsduRoi.»Qu’ilssoientsemblablesàlanouvellelune,ouàlalunedesept jours,
ouàlapleinelune,chaqueangeasonrangpropreencequiconcernelalumièreetlavaleurspirituelle.Chaque ange, selon son degré, a une partie de ce rayonnement
consistantentroisouquatrepairesd’aileslumineuses,A l’instar des ailes des intellects humains, parmi lesquels il existe de
grandesdifférences.C’estpourquoilecompagnondechaqueêtrehumaindanslebienetle
malestcetangedontladignitécorrespondàluiouàelle.Lesétoilesbrillent,afindeservirdeguides,surl’hommeàlavuefaible
quinepeutmêmesupporterlalumièredelalune.
CommentleProphète(surLuilapaix!)ditàZayd;«Neraconte
pascemystèreplusclairementquececi,etsoisattentifàobserver
laloireligieuse»
eProphèteadit:«Mescompagnonssontcommelesétoiles,unechandellepourlesvoyageurs(surlavoiemystique)etdesmétéorespourjeterauxdémons.»Si chacun avait les yeux et la force de recevoir la lumière venant du
soleilduciel,Ilnefaudraitniluneniétoilespourservirdetémoinsausoleil.LaLune
(leProphète)ditàlaterre,aunuageetàl’ombre:«Jesuisunhomme,Jenesuisqu’unmortel semblableàvous (mais) ilm ’est révélé (quevotreDieuestunDieuunique107).
3660 «Commevous,j’étaissombreparnature:larévélationduSoleilm’adonnéunelumièrecommecelle-ci.« Je possède une certaine obscurité en comparaison des soleils
spirituels, mais je possède la lumière pour les obscurités des âmeshumaines.« Je suis plus faible que le Soleil, afin que tu puisses supporter ma
lumière, car tun’espasunhommequi puisse supporter le soleil le plusbrillant.« J’ai été mélangé comme le miel et le vinaigre, afin que je puisse
trouverlemoyendeguérirlescœursmalades.«Puisquetuesguéridetamaladie,ôtoiquiyétaisenproie,laisselàle
vinaigreetcontinueàmangerlemiel.»Siletrôneducœuraétérenduàlasantéetpurifiédelasensualité,làle
MiséricordieuxSetientenmajestésurleTrône108.Ensuite,Dieucontrôle lecœursans intermédiaire,puisque lecœurest
parvenuàcetterelation(avecLui).Cediscoursn’apasdefin.OùestZayd,quejepuisseluiconseillerde
nepasrechercherlanotoriété?
Retouràl’histoiredeZayd
u ne trouveras pas Zayd à présent, car il s’est enfui : il s’estprécipitéloindelarangéedechaussuresetalaissétombersessouliers.Quies-tu(pourespérerletrouver)?Zaydnepeutmêmesetrouverlui-
même,disparucommel’étoilesurlaquellelesoleilabrillé.3670 Tunetrouverasniempreinte,nitracedelui,tunetrouveraspasune
paille(étoile)danslaVoierempliedepailles(laVoielactée).Nossensetnotreraisonsonteffacésdanslaconnaissanceetlasagesse
denotreRoi.Lessenset lacompréhensiondesmystiquessont immergés,vaguesur
vague,danslamerdetousensemble,ilscomparaîtrontdevantNous109.Lorsquevientlanuit,c’estdenouveaulemomentdeporterlefardeau;
lesétoiles,quiétaientdevenuescachées,semettentànouveauàl’œuvre.Dieu rend leurs sens à ceux qui les avaient perdus ; ils reviennent,
troupepartroupe,avecdesanneauxauxoreilles,Dansant, agitant les mains en louanges, triomphant et criant : « Ô
Seigneur,Tunousasamenésàlavie.»Ces peaux et ces os effrités sont devenus commedes cavaliers et ont
soulevélapoussière.Lorsde laRésurrection, les reconnaissantset les ingratsseprécipitent
delanon-existenceversl’existence.Pourquoi détournes-tu la tête et prétends-tu ne pas voir ?N’as-tu pas
détournélatêteaudébut,danslanon-existence?Tuavaisplantéfermementtonpieddanslanon-existence,disant:«Qui
medéracineradecelieu?»3680 Nevois-tupasl’actiondivineàtonégard?Ellet’atiréàl’existencepar
lamèchedetescheveux,Jusqu’àcequ’il te tiredanscesdiversétatsdel’êtrequetun’avaisni
pensésniimaginés?Cettenon-existenceesttoujoursSonesclave:travailleàSonservice,ô
démon!Salomonestvivant.Le démon fabrique des chaudrons grands comme des bassins110 ; il
n’osedireunmotderefusouderéplique.Regarde-toi,commetutremblesdepeurdelanon-existence:sacheque
lanon-existencetrembleconstamment,elleaussi(decrainted’êtreamenéeàl’existence).
Etsitut’attachesauxhonneurs,c’estaussiparpeurquetusouffreslestorturesdel’esprit.Saufl’amourduSeigneurgénéreux,tout,bienqueparaissantdélicieux
commelesucre,estenréalitélatorturedel’esprit.Qu’est-cequelatorturedel’esprit?Des’avancerverslamortetdene
passaisirl’EaudelaVie.Lesgens fixent leur regard sur la terre et lamort : ils éprouvent cent
doutesconcernantl’EauetlaVie.Efforce-toi que ces cent doutes deviennent quatre-vingt-dix. Va (vers
Dieu)danslanuit,carainsi,situsommeilles,lanuits’éloigneradetoi.3690 Danslanuitnoire,rechercheleJour;suislaRaisonquidissipe
l’obscurité.Danslanuitàlavilainecouleur,ilyaungrandbien:l’EaudelaViese
trouvedanslesténèbres111.Comment est-il possiblede lever la tête horsde la somnolence tandis
quetusèmesdescentainesdesemences(deparesse)?Un lourd sommeil et une nourriture illicite deviennent des amis ; le
marchands’estendormi,etlevoleurdenuits’estmisàl’œuvre.Ne sais-tu pas qui sont tes ennemis ? Ceux qui sont faits de feu (les
démons)sontlesennemisdel’existencedeceuxquisontfaitsd’argile(leshommes).Lefeuest l’ennemidel’eauetdesesrejetons,demêmequel’eauest
l’ennemiedelaviedufeu.L’eaudétruitlefeu,parcequ’ilestl’ennemietl’adversairedesenfants
del’eau.Cefeuestlefeududésir,quirecèlelaracinedupéchéetdel’erreur.Le feu extérieur peut être éteint avec de l’eau, mais le feu de la
concupiscencet’amèneenEnfer.Lefeududésirn’estpasapaiséparl’eau,parcequ’ilpossèdelanature
del’Enferpourinfligerdestourments.3700 Quelestleremèdecontrelefeududésir?Lalumièredelareligion:
votrelumière(del’Islam)estlemoyend’éteindrelefeudesimpies.Qu’est-ce qui tue ce feu ? La Lumière de Dieu. Fais de la lumière
d’Abrahamtonmaître,Afinque toncorps,qui ressembleàdesbûches,puisseêtredélivrédu
feudelachairpareilàNemrod.Le désir ardent ne diminue pas quand on lui cède ; il est diminué,
inévitablement,quandonluirésiste.Tantque tuapportesdes fagotsau feu, comment le feu serait-il éteint
parunporteurdefagots?Quandtun’apportesplusdefagots,lefeus’éteint,parcequelacrainte
deDieuapportedel’eauaufeu.Commentlefeupourrait-ilnoircirlebeauvisage(d’uneâme)quis’orne
delacouleurderose,provenantdelacraintedeDieuquisetrouvedanslescœursdeshommes?
CommentuneexplosionseproduisitdanslacitédeMedine,au
tempsde’Omar(queDieusoitsatisfaitdelui!)
neconflagrationseproduisitautempsde‘Omar:elledévoraitlespierrescommesiellesétaientdeboissec.Elle tomba sur les édifices et les maisons, jusqu’à ce qu’enfin elle
tombesurlesailesetlesnidsdesoiseaux.Lamoitiédelavillepritfeudanslesflammes:l’eauétaiteffrayéepar
lefeu,etstupéfaite.3710 Quelquespersonnesintelligentesdéversaientdesoutresd’eauetde
vinaigresurlefeu.Maislefeus’obstinaitàaugmenter:l’aideluivenaitdel’infini.Lesgensvinrententoutehâtechez‘Omar,disant:«Notrefeunepeut
êtredutoutéteintparl’eau.»Il dit : « Ce feu est l’un des signes de Dieu : c’est une flamme qui
provientdufeudevotreperversité.«Laissez là l’eau,etdistribuez lepain ; renoncezà l’avarice,sivous
êtesmesdisciples.»Les gens lui dirent : «Nous avons ouvert nos portes, nous avons été
généreux,nousnoussommesconsacrésauxlibéralités.»Ilrépondit :«Vousavezdonnédupainparcoutume,vousn’avezpas
ouvertlesmainspourl’amourdeDieu.«(Vousavezagi)pourlagloire,l’ostentation,l’orgueil,nonàcausede
lacrainte,delapiétéetdelasupplication.»Larichesseestdelagraine,nelasèmepasdansn’importequelleterre
salée ;neplacepasuneépéedans lamainden’importequelbriganddegrandchemin.DistinguelesamisdelaReligion(ahl-iKîn)desennemisdeDieu(ahl-i
kîn).Recherchel’hommequiresteavecDieuetassieds-toiaveclui.3720 Chacuntémoignedelafaveuràsesproches:l’imbécile(quitémoigne
delafaveurauximbéciles)croitqu’ilafaitunebonneaction.
CommentunennemicrachaàlafigureduPrincedescroyants,‘Alî(queDieuhonoresapersonne!)et
commentAlîlaissatombersonépéedesamain
pprendsde‘Alîcommentagiravecsincérité:sachequeleLiondeDieu(‘Alî)étaitdépourvudetouteduplicité.En combattant lesmécréants, il l’emporta sur un certain chevalier, et
tirapromptementsonépée.Il cracha au visage de ‘Alî, fierté de tous les prophètes et de tous les
saints;Il crachaà la figuredevant laquelle la facede la lune seprosterneen
adoration.‘Alîaussitôtjetasonépéeauloinetcessadesebattre.Ceguerrierfutstupéfaitdecetactedepardonetdelamiséricordequ’il
témoignaitsansraison.Ildit:«Tuaslevécontremoitonglaiveacéré:pourquoil’as-turejeté
auloinetm’as-tuépargné?«Qu’as-tutrouvédemieuxquedemecombattre,quetutesoisrelâché
àmeterrasser?«Qu’as-tuvu,quetacolèresesoitapaiséeetqu’unteléclairaitbrillé,
puissesoitéteint?3730 «Qu’as-tuvu,qued’envoirseulementlerefletafaitapparaîtreune
flammedansmoncœuretmonâme?«Qu’as-tuvu,au-delàdel’existenceetdel’espace,quifûtmeilleurque
lavie?—etainsitum’asdonnélavie.« En bravoure, tu es le Lion de Dieu : en générosité, qui, en vérité,
connaîtcequetues?«Engénérosité, tu es comme le nuagedeMoïse dans le désert, d’où
vinrentdesplatsdenourritureetdupainincomparables.»Les nuages donnent le blé que l’homme, par son labeur, rend cuit et
douxcommelemiel.MaislenuagedeMoïseétenditlesailesdelamiséricordeetoffritune
nourrituresuaveetcuite,sanspeine.Paramourpourceuxquibénéficièrentdecettelibéralité,samiséricorde
sedéployadanslemonde.
Durantquaranteannées,cesrationsetceslargessesnefirentpasdéfautunseuljouraupeuple(d’Israël)quil’espérait,Jusqu’à ce qu’eux aussi, à cause de leur bassesse, se lèvent pour
réclamerdeslentilles,desherbesvertesetdeslégumes.ÔpeupledeAhmad(Mohammad),vousquiêtesnobles,cettenourriture
continueàvousêtredonnéejusqu’àlaRésurrection.3740 Quand(leProphèteadit):«JepasselanuitavecmonSeigneur»,«Il
medonnedelanourriture»et«Ilmedonneàboire»,cesparolesserapportaientmétaphoriquementàlanourriture(spirituelle).Prendscetteparolesans(mauvaise) interprétation,pourqu’ellevienne
danstongosiercommedumieletdulait.L’interprétationrejetteledon,caronconsidèrelavéritablesignification
commeerronée.L’opinionqu’elleesterronéeprovientdelafaiblessedel’entendement:
laRaisonuniverselleestlenoyau,etnotreraisonl’écorce.Change-toi toi-même, non les Traditions du Prophète ; injurie ton
cerveau,nonlaroseraie.«Ô‘Alî,tuestoutespritetvision,raconteunpeucequetuasvu!«L’épéedetapatienceadéchirémonâme,l’eaudetaconnaissancea
purifiématerre.«Raconte ! Je saisquecesont là lesmystèresdeDieu,carc’estSon
œuvrequedetuersansglaive.«Celuiquiagitsansinstrumentsetsansmembres,Celuiquioctroieces
donsbénéfiques,«Faitgoûteràl’intelligencedesmyriadesdevinsdefaçontellequeles
yeuxetlesoreillesensoientinconscients.3750 «Raconte-le,ôfaucondel’empyréequitrouvesdenoblesproies,queje
sachecequetuasvuàcemomentdelapartduCréateur.« Ton œil a appris à percevoir l’Invisible, tandis que les yeux des
spectateurssontscellés.»Unhommevoitclairementlalune,alorsqu’unautrevoitlemondedans
lesténèbres,Et un autre aperçoit trois lunes ensemble. Ces trois spectateurs sont
assisàlamêmeplace,envérité.Les yeux de tous trois sont ouverts, et les oreilles de tous trois sont
attentives;ilssontfixéssurtoietéloignésdemoi.Est-ce un enchantement des yeux ? Ou bien est-ce une merveilleuse
grâce cachée ? Sur toi est la forme d’un loup, et sur moi la beauté deJoseph.
S’il existe dix-huitmillemondes, ou davantage, ces dix-huitmille nesontpasperceptiblesàtouslesregards.«Révèlecemystère,ô‘AlîMortaza*,ôtoiquieslesortheureuxaprès
lesortfuneste.«Oudéclarecequetaraisonatrouvé,oubienjetediraicequiabrillé
surmoi.«C’estdetoiquecelabrillasurmoi:commentpouvais-tulecacher?
Sansparoles,tuprojettesdesrayonsdelumière,commelalune.»3760 Maissil’orbedelalunevientàparler,elleguideplusrapidementles
voyageurssurlaVoie.Ils sont délivrés de l’erreur et de la négligence : la voix de la lune
l’emportesurlavoixdelagoule.Bien que la lunemontre le chemin sans parler, quand elle parle, elle
devientlumièresurlumière.Puisque tues laportede laCitéde laConnaissance,puisque tues les
rayonsduSoleildelaClémence,Soisouverte,ôPorte,pourceluiquicherchelaPorte,afinquegrâceà
toilesécorcespuissentatteindrelenoyau.Sois ouverte jusqu’à l’éternité, ô Porte de laMiséricorde, ô portique
donnantaccèsàNuln’estégalàLui112.Chaqueair,chaqueatomeestlelieudelavisiondeDieu.Maistantqu’ellen’estpasouverte,quidit:«Là-bassetrouveuneporte»?AmoinsqueleVeilleurn’ouvrelaporte,cetteidéenenaîtpasdansle
cœurdel’homme.Quanduneporteestouverte,ildevientémerveillé,sesailessemettentà
pousser,etils’envolesurcetteidée.Unhommeinsoucianttrouvesoudainletrésordanslaruine:alors,ilse
hâtedechercherdanstouteslesruines.3770 Avantd’avoiracquislaperled’underviche,commentchercheras-tula
perlechezunautrederviche?Bienquelasuppositioncouresursesproprespiedspendantdesannées,
ellenevoitpasplusloinqueleboutdesonnez.Dis-moi, vois-tu autre chose que ton nez ? Comment verras-tu si tu
lèveslenez(parvanité)?
*«ApprouveparDieu»,surnomde’Alî.
Commentcetimpieinterrogea‘Alî(queDieuVhonore)disant:
«Puisquetuétaisvictorieuxd’unhommecommemoi,pourquoias-tu
laissétomberlesabredetamain?»
ldit:«Parle,ôPrincedescroyants,afinquemonâepuissebougerdansmoncorps,commel’embryon.»Commentl’embryona-t-illapossibilitédebougerdurantlaperiodeou
ilestgouverneparlesastres?Ilsetourneloindesetoilesverslesolei!.Quand le temps est venu que l’embryon reçoive l’ esprit vital, à ce
momentlesoleildevientsonaide.Cet embryon est mis en mouvement par Ie soleil, car Ie soleil
promptementIedoted’unesprit.Desautresétoiles,cetembryonn’areçuqu’uneimpression,jusqu’àce
queIesoleilbrillâtsurlui.De quelle façon est-il devenu, dans la matrice, en relation avec le
magnifiquesoleil?De la façoncachéequiestéloignéedenotreperceptionsensorielle; le
soleildanslecielpossédeplusieursmoyens:3780 Lemoyenparlequell’orreçoitsanourriture,etlemoyenparlequella
pierredevientunejacinthe;Et le moyen par quoi le rubis est rendu empourpré, et le moyen par
lequelleferàchevalbrillecommeunéclair;Etlemoyenparlequellefruitmûrit,etlemoyenparquoiildonnedu
cœuràl’hommeeffrayé.«Dis-le-moi,ôfauconauxailesbrillantesquiaapprisàconnaîtreleroi
etsonbras.«Dis-le, ô faucon royal qui capture le ‘Anqâ, ô toi qui vainquis une
arméepartoi-même,nonàl’aided’unearmée.«Tuesàtoiseullacommunauté,tuesunettuescentmille.Dis-le,ô
toidontlefauconafaitdetonesclavesaproie.« Pourquoi de ta part cette miséricorde au lieu de la vengeance ?
Qu’est-cequecettemanièrededonnerlamainàundragon?»
CommentlePrincedescroyantsexpliqualaraisonpourlaquelleil
avait,encetteoccasion,laissétombersonsabredesamain
l répondit : « Je tiremon sabre pour l’amour deDieu, je suis leserviteurdeDieu,jenesuispasauxordresducorps.« Je suis le Lion deDieu, je ne suis pas le lion de la passion :mon
actiontémoignedemareligion.«Dans laguerre, jemanifestecequedit laparole :Tune lançaispas
toi-mêmelestraitsquandtuleslançais113jesuislesabre,maisceluiquiletireestleSoleil.
3790 «J’airetirédemaroutelebagagedu“moi”,jeconsidèrecequiestautrequeDieucommelanon-existence.«Jesuisuneombre,leSoleilestmonseigneur:jesuislechambellanet
nonlerideauquiLecache.«Jesuisremplidesperlesdel’union,commeunsabreorfévré:dansla
bataille,jefaisdesvivants,nondesmorts.« Le sang ne ternit pas l’éclat de mon épée ; comment le vent
emporterait-ilmesnuages?« Je ne suis pas une paille, je suis unemontagne demansuétude, de
patience, de justice ; comment le vent sauvage emporterait-il lamontagne?»Cequiestenlevédesaplacepar levent,cesont lesbrindilles,caren
véritélesventscontrairessontnombreuxLe vent de la colère et le vent de la luxure, et le vent de la cupidité
emportentceluiquin’accomplitpaslesprières.«Jesuisunemontagne,etmonêtreaétéérigéparLui;etsijedeviens
pareilàunepaille,leventquimefaitmouvoirestSonsouffle.«Manostalgien’estmuequeparSonsouffle:moncapitainen’estautre
quel’amourdel’Unique.«Lacolèreestunroiquidominelesrois;pourmoi,c’estunesclave;
mêmelacolère,jel’aiattachéesousmabride.3800 «Leglaivedemamansuétudeacoupélecoudemacolère;lecourroux
deDieuestvenusurmoicommeunemiséricorde.«Jesuisplongédans la lumière,bienquemontoitsoit ruiné ; jesuis
devenuunjardin,bienquel’onm’appelleBûTurâb(pèredelapoussière).
«Puisquelapenséedequelquechosed’autrequeDieum’estadvenue,ilmefautremettremonépéeaufourreau,«Afin quemon nom puisse être, il aime pour l’amour deDieu, que
mondésirpuisseêtre,ilhaitpourl’amourdeDieu.«Quemagénérosité puisse être, il donne pour l’amour deDieu, que
monêtrepuisseêtre,ils’abstientpourl’amourdeDieu.« Ma parcimonie est pour l’amour de Dieu, ma générosité est pour
l’amourdeDieuseul : j’appartiensentièrementàDieu, jen’appartiensànulautre;«Etcequejefaispourl’amourdeDieunel’estpasparconformisme,
cen’estpasdel’imaginationouuneidée,cen’estquedel’intuition.«J’aiétélibérédel’effortetdelarecherche,jemesuisattachéàDieu
seul.«Sijevole,jecontemplelelieuverslequeljeprendsmonessor;etsi
jetourne,jecontemplel’axesurlequeljepivote.«Etsijetraîneunfardeau,jesaisoùjel’emporte:jesuislalune,etle
Soleilestenfacedemoicommeunguide.»3810 IIn’estpaspossibledecommuniquerdavantagequececiauxgens:
danslarivière,iln’yapasplacepourlaMer.Jeparleselonlamesuredeleurcompréhension:cen’estpasunefaute,
c’estlacoutumeduProphète.« Je suis libre de tout intérêt personnel : écoute le témoignage d’un
homme libre, car le témoignage d’esclaves ne vaut pas deux grainsd’orge.»D’aprèslaloireligieuse,letémoignaged’unesclaveestsansvaleurlors
desprocèsetdesjugements.Même si des milliers d’esclaves témoignent en ta faveur, la loi
n’accorderapasàleurtémoignagelavaleurd’unbrindepaille.Au regarddeDieu, l’esclavedes désirs est pire quedes serviteurs ou
desesclavesamenésàlaservitude,Car ces derniers sont affranchis par une seule parole de leur maître,
tandisquelepremieraunevieagréable,maismeurtdansTamertume.L’esclavedelaconcupiscencen’aaucunmoyendeselibérer,saufparla
grâcedeDieuetSafaveurspéciale.Ilesttombédansunabîmesansfond,etc’estdesafaute:celanevient
pasdelacontrainteoudel’injusticedivines.Ils’estjetédansunpuitstelquejenetrouveaucunecordecapabled’en
atteindrelefond.3820 Jedoisenfinir—sicediscourscontinue,cenesontpasseulementles
cœurs,maislesrochersquisaigneront.Sicescœursn’ontpassaigné,cen’estpasàcausedeleurdureté,c’està
causedelaperplexité,delapréoccupationetdelamauvaisefortune.Ilssaignerontunjouroùlesangneleurserviraàrien:saigneautemps
oùtonsangneserapasrejeté.Étantdonnéqueletémoignagedesesclavesn’estpasaccepté,letémoin
approuvéestceluiquin’estpasl’esclave(desesdésirs).Lesparoles:NousT’avonsenvoyécommeTêmoin114sontvenuesdans
l’Avertissement(leQor’ân),parcequeleProphèteétaitentièrementlibreparrapportàl’existence(charnelle).«Puisque jesuis libre,comment lacolèrepourrait-ellem’attacher?Il
n’estrieniciquelesqualitésdivines.Viens!«Viens,carlagrâcedeDieut’arendulibre,parcequeSaMiséricorde
l’emportesurSonCourroux.«Viensmaintenant, car tu as échappéaudanger : tu étaisune simple
pierre,l’Elixirafaitdetoiunjoyau.«Tuasétédélivrédel’incroyanceetdesesronces:fleuriscommeune
rosedanslejardindecyprèsdeHû(Dieu).«Tuesmoietjesuistoi,ôhommeillustre:tuétais‘Alî—comment
puis-jetuer‘Alî?3830 «Tuascommisunpéchémeilleurqu’unactededévotion,tuastraversé
lecielenuninstant.»Bienheureuxlepéchéquecethommeavaitcommis:lesfeuillesderose
nenaissent-ellespasd’uneépine?Le péché de ‘Omar et son attentat sur le Prophète ne l’ont-ils pas
conduitàlaportedel’acceptation?Lepharaon,àcausedelamagiedesmagiciens,nelesattirait-ilpasvers
lui,etlachancenevint-ellepasàleuraide?Sicen’avaitétéleurmagieetlerefus(deMoïse),quilesauraitamenés
aupharaonrebelle?Comment auraient-ils vu le bâton et les miracles ? La désobéissance
enversDieudevintobéissance,ôhommesdésobéissants.Dieu a frappé le cou du désespoir, étant donné que le péché et la
désobéissancesontdevenusobéissance.Puisqu’Il transforme en bien les mauvaises actions, Il fait de la
désobéissanceunacted’obéissance,endépitdescalomniateurs.Decefait,leDémonmauditestchasséauloin;iléclated’envieetest
coupéendeux.Ils’efforcedenousfairecommettreunpéchéet,aumoyendecepéché,
nousfaittomberdansunabîme.3840 Lorsqu’ilvoitquelepéchéestdevenuunacted’obéissance,iladvient
pourluiuneheurenonbénie.« Entre ! Je t’ouvre la porte. Tu as craché sur moi, et je t’offre un
présent.«Voicileschosesquejedonneàceluiquicommetuneiniquité:tuvois
commentjem’exposeàl’humiliationdelapartdesméchants.«Qu’octroierai-jeàceluiquifaitlebien?Sache-le,j’octroiedestrésors
etdesroyaumeséternels.»
CommentleProphète(surLuilapaix!)ditàl’oreilledeïécuyerduPrincedescroyants(‘Alî)(puisseDieuhonorersapersonne!):«Jeteledis,‘Alîseratuepartamain»
e suis un homme tel que le miel de ma bonté ne s’est pastransforméencourroux,mêmecontremonmeurtrier.LeProphèteditàl’oreilledemonserviteurqu’unjourilsépareraitma
têtedemoncou.Le Prophète, par inspiration divine, informamon ami qu’à la finma
destructionviendraitdesamain.Monamirépondit:«Tue-moid’abord,afinquececrimehaïssablene
soitpascommisparmoi.»Jedis:«Puisquemamortdoitvenirdetoi,commentpuis-jeéchapper
audestin?»Il tombaàmespieds,disant :«Ôhommegénéreux,pour l’amourde
Dieu,coupe-moiendeux,3850 «Afinquecemalnem’adviennepas,etquemonâmenesoitpas
consuméededouleurpourtoiquiesmavie.»Jedis : «Va, laPlumedudécret divin a écrit ; par cettePlume, plus
d’unecélébritéestrejetée.«Iln’yapasdehainepourtoienmonâme,parcequejeneconsidère
pascelacommeétanttonfait.«Tuesl’instrumentdeDieu;c’estlaMaindeDieulevéritableagent:
commentattaquerais-jel’instrumentdeDieuetm’opposerais-jeàlui?»L’autre dit : « Pourquoi la vengeance est-elle donc sanctionnée ? »
«CelavientaussideDieu,dit‘Alî,etc’estlàunmystèrecaché.« Il est offensé par Sa propre action, cependant II fait croître des
roseraiesdufaitqu’ilestoffensé.« Il Lui convient d’être offensé par Sa propre action étant donné que
danslavengeanceetlaclémenceIlestUn.« Dans cette cité de phénomènes, Il est le Prince, dans tous les
royaumesdumonde,Ilestlesouverain.«S’IlbriseSonpropreinstrument,Ilréparecequiaétébrisé.»Reconnais, ô homme noble, ce qu’indique la parole Dès que Nous
abrogeonsunverset,oudèsqueNouslefaisonsoublier,suiviedeNousle
remplaçonsparunautre,meilleurousemblable115.3860 ChaqueloiqueDieuaabrogée—Ilaenlevédel’herbeetapportéen
échangedesroses.Lanuitabrogelesaffairesdujour:voisunétatinconscientquiillumine
l’intellect!Puis la nuit est abrogée par la lumière du jour, de sorte que cet état
(d’inertie)estconsuméparcequiattiselefeu.Bienquelesommeiletlerepossoientuneobscurité,l’EaudelaViene
setrouve-t-ellepasdanslesténèbres?Lesespritsn’ont-ilspasétérafraîchisdanscetteobscurité?Unepause
(dans le discours) ne devient-elle pas la source de l’amélioration de lavoix?Car les contraires sont manifestés au moyen des contraires : dans
l’intérieurnoirducœur,Dieuacréélalumièreéternelle.LesguerresduProphètedevinrentlacausedelapaix:lapaixdecette
époqueultérieureprovientdecesguerres.Ceravisseurdescœursacoupédescentainesdemilliersdetêtes,afin
quelestêtesdeshabitantsdumondeentieracquièrentlasécurité.Le jardinier détruit le rameau nuisible, pour que le dattier gagne en
hauteuretbonté.Lejardinierhabilearrachelesmauvaisesherbesdesonjardin,afinque
lejardinetlesfruitssoientflorissants.3870 Lemédecinarrachelesmauvaisesdents,pourquelemaladeéchappeà
lasouffranceetàlamaladie.Biendesavantagessontcachésdanslesdéfauts:pourlesmartyrs,dans
lamortilyalavie.Quandlagorgedumartyr,quiavalaitlepainquotidien,aétécoupée,la
bénédiction ils seront pourvus de biens auprès de leur Seigneur116 serapourluiundélice.Quandlagorged’unanimalestcoupéeselonlesrites,ilenprovientla
gorgedel’homme,etsonexcellenceaugmentedecefait.Quand la gorge d’un hommemartyrisé est coupée, considère quel en
seralerésultat!Jugececas-ciparanalogieaveccelui-là.Une troisièmegorgenaîtra,et lebreuvagedeDieuetSes lumièresen
prendrontsoin.La gorge qui a été coupée boit le breuvage divin, mais seulement la
gorgequiaétélibéréedu«Non»etestmortedansle«Oui».Finis-en,ôinfirmepusillanime!Combiendetempslaviedetonesprit
sera-t-ellenourrieparlepain?Comme le saule, tuneportespasde fruits, parceque tu asperdu ton
honneurpourl’amourdupainblanc.Si l’âme sensuelle ne peut s’abstenir de ce pain, prends l’Elixir (la
pierrephilosophale)ettransmuetoncuivreenor.3880 Situveuxlavertonvêtement,ôUntel,nedétournepastonvisagedu
quartierdesblanchisseurs.Bien que le pain t’ait fait rompre ton jeûne, attache-toi à Celui qui
réparecequiestbrisé,etmonte.Étant donné que Sa main répare ce qui est brisé, il s’ensuit que Sa
brisureest,certes,réparation.Situlebrises,Iltedira:«Allons,rends-leànouveauentier»,ettune
lepeuxpas.C’estpourquoiLuiseulaledroitdebriser,carLuiseulpeutréparerce
quiaétébrisé.Celui qui sait comment coudre ensemble sait aussi déchirer endeux ;
quoiqu’ilvende,Ilachèteenéchangequelquechosedemeilleur.Ildétruitlamaison,Ilenfaitdesruines;puis,enuninstant,Illarend
plushabitablequ’auparavant.S’Il coupe une tête du corps, Il fait se lever aussitôt centmilliers de
têtespourledécapité.S’Il n’avait pas ordonné la peine du talion pour le coupable, ou s’il
n’avaitpasdit«Dansletalion,ilyapourvousunevie117»,Quioserait,desonproprechef,tirerl’épéecontreluiquiestesclavedu
décretdivin?3890 Carquiconque,dontDieuaouvertlesyeux,saitquelemeurtrieraété
obligédetuerparlaprédestinationdivine.Quiconqueestsoumisàcetteprédestinationfrapperaitdel’épéemême
latêtedesonpropreenfant.Va, crains Dieu et ne médis pas des méchants : connais ta propre
impuissancedevantlepiègedudécretdivin.
CommentAdam(surluilapaix!)s’émerveilladelaperditiond’iblîs
ettémoignadelavanité
njour,AdamregardaitavecméprisetdédainIblîsquiestdamné.Il seconduisaitavecvanitéet semontrait satisfaitde lui-même : il se
moquaitdeladétressed’Iblîslemaudit.LajalousiedeDieus’écria:«Ôtoiquiesélu,tuignoreslesmystères
cachés.« S’Il retournait l’envers à l’endroit, Il déracinerait même les
montagnes.«Acetinstant,IldéchireraitlevoiledecentAdametferaitapparaître
centdémons,nouvellementconvertisàl’Islam.»Adamdit :«Jemerepensdeceregard ; jenepenseraiplusdefaçon
aussiirrespectueuse.»ÔSecoursdeceuxquiappellentausecours,guide-nous!Iln’yapasde
causedes’enorgueillirdanslesavoiroulesrichesses.3900 Nelaissepass’égareruncœurqueTuasguidéparTagrâce,etdétourne
lemalqueTaPlumeaécrit.Fais que le mal que Tu as décrété s’éloigne de nos âmes : ne nous
séparepasdeceuxquisontsatisfaitsdecequeTuleuroctroies.Rienn’estplusamerquelaséparationd’avecToi:sansTaprotection,il
n’estriend’autrequetroubles.Nosbiensterrestreségarentnosbiensspirituels:noscorpsdéchirentle
vêtementdelaspiritualitéloindenosâmes.Étant donné que le mal commis par notre main détruit le bien vers
lequel nous avançons le pied, comment quelqu’un sauverait-il son âmesansTasécurité?Et même s’il sauve (sans aide) son âme de ces terribles dangers, il
n’aurapréservéquequantitédemalheursetdecrainte,Carl’âme,quandellen’estpasunieauBien-Aimé,estmisérable,toute
seuleàjamais.QuantTunel’admetspas(enTaPrésence)—àsupposerqu’ilaitsauvé
sonâmeconsidèrecommemortel’âmequivivraitsansToi.SiTu réprimandesTes serviteurs, cela est convenable pourToi, ôToi
dontchaquesouhaitseréalise.EtsiTudisquelesoleiletlalunesontdelaboue,etsiTudisquela
statureducyprèsestcourbe,3910 EtsiTudéclaresquel’empyréeetlecielsontméprisables,etsiTudis
quelamineetlamersontpauvres,Celaest justepar rapportàTaperfection :c’estàToiqu’appartient le
pouvoirderendreparfaitestoutesleschosesmortelles,Car Tu es saint et libre de tout danger et de la non-existence. Tu es
Celuiquiappellelesnon-existantsàl’Etreetlesdotedel’existence.Celui qui a fait croître peut détruire, car lorsqu’il a déchiré, Il peut
raccommoder.Achaqueautomne,Ildessèche le jardin :puis il fait renaître lesroses
quil’enluminent,Disant : «Ô toi qui étais fanée, sois fraîche, sois à nouveau belle et
pleinedegloire.»L’œildunarcisseestdevenuaveugle:Illuiarendulavue;lagorgedu
roseauétaitcoupée:Lui-mêmel’afaitrevivre.Étant donné que nous sommes créés parDieu et ne créons pas, nous
devonsêtreseulementhumblesetsatisfaits.Noussommestousfaitsdechairetoccupésdechosescharnelles.SiTu
nenousappellespas,nousseronstousdesAhriman(diables).Sinousavonsétédélivrésd’Ahriman,c’estparcequeTuassauvénos
âmesdel’aveuglement.3920 TuesleGuidedequiconquealavie:qu’estunhommeaveuglesans
canneetsansguide?SansToi,toutcequiestdouxouamerestdestructeurdel’hommeetde
l’essencedufeu.Celui pour qui le feu est un refuge et un secours devient à la fois un
mageetunzoroastrien.Toutechose,exceptéAllah,estvaine:envérité,lagrâcedeAllahestun
nuagesedéversantabondammentetcontinuellement.
Retouràl’histoireduPrincedescroyants‘Alî(puisseDieuhonorer
sapersonne!)etcombiengénéreusementilsecomportaenvers
sonmeurtrier
etournonsà‘Alîetsonmeurtrier,etàlabontéqu’ilmanifestaàcedernier,etàsasuprématie(spirituelle).Ildit:«Jouretnuit,jevoisdemesyeuxlemeurtrier,maisjen’éprouve
pasdecolèrecontrelui;«Carlamortm’estdevenueaussidoucequelamanne:mamortdétient
(lapromesse)delarésurrection.»Lamortdel’immortalitéestpournouslicite,laprovisiondudénuement
estunalimentpournous.C’estlamortextérieurement,maislavieintérieurement:apparemment
c’estunebrisure,envérité,c’estlapérennité.Pourl’embryondansleseinmaternel,lanaissanceestundépart:dans
lemonde,ils’épanouitànouveau.3930 Étantdonnéquej’éprouvepourlamortunamouretundésirintenses,
l’interdictionnevousexposezpas(àlaperdition118)m’estdestinée.Car seul le fruit doux est défendu ; comment serait-il nécessaire de
défendreceluiquiestamer?Lefruitquipossèdeunnoyauetuneécorceaigres—cetteamertumeet
cegoûtdésagréableconstituentsapropreinterdiction.Pourmoi, le fruitde lamortestdevenudoux : laparoleNon, ilssont
vivants119estvenuedeDieupourmoi.Tuez-moi,mesamisfidèles;tuez-moi,misérablequejesuis:envérité,
dansmamiseàmortestmavieéternelle.Envérité,dansmamortestmavie,ôjeunehomme!Combiendetemps
serai-jeséparédemapatrie?Jusqu’àquand?Si le fait que je demeure (en ce monde) ne représentait pas ma
séparation(d’avecDieu),Iln’auraitpasdit:Envérité,nousretournonsàLui120.Celui qui retourne est celui qui revient à sa ville natale et qui,
s’enfuyantdelarévolutionduTemps,s’approchedel’Unité.
Commentl’écuyerde‘Alî(queDieuhonoresapersonne!)vintàlui,disant;«Pourl’amourdeDieu,tue-moietdélivre-moide
cettefatalité»
l revint, disant :« Ô ‘Alî, tue-moi vite, que je ne voie pas cemomentetcetteheureamers.«Répandsmonsang,jetelerendslicite,afinquemonœilnevoiepas
cetterésurrection(oùjeseraichargéd’untelcrime).»3940 Jedis:«Sichaqueatomedevenaitunmeurtrieret,poignardàlamain,
allaitt’attaquer,«Aucunnepourraittecouperleboutd’uncheveu,puisquelaPlumea
écritcontretoicedestin.« Mais ne t’afflige pas : j’intercède pour toi ; je suis le maître de
l’esprit;jenesuispasl’esclaveducorps.« Ce corps n’a aucune valeur à mes yeux : sans mon corps, je suis
noble,filsdenoble.«Lepoignardetleglaivesontdevenuspourmoiundouxbasilic:ma
mortestdevenuemonbanquetetmonparterredenarcisses.»Celuiquimortifiesoncorpsdecettefaçon,commentconvoiterait-il la
principautéetlekhalifat?En apparence, il s’efforce d’obtenir le pouvoir et l’autorité, mais
seulementafindemontrerauxprinceslecheminetlejugementdroits,Afindeconférerunautreespritàlaprincipauté;afindefairefructifier
ledattierdukhalifat.
ExpliquantquelaraisonpourlaquelleleProphète(surLuilapaix!)cherchaàconquérirLaMecqueetd’autreslieuxqueLa
Mecquen‘étaitpasl’amourdelasouverainetédumonde,étant
donnéqu‘iladit:«Cemondeestunecharogne»maisqu‘aucontraire
c’étaitsurl’ordredeDieu
e même, les luttes du Prophète pour conquérir La Mecque —commentpeut-ilêtresoupçonnéd’amourpourcemonde,Luiqui,lejourdel’épreuve,sevoilalesyeux,etdontlecœurrefusale
trésordesseptdeux,3950 Alorsqueleshorizonsdesseptcieuxétaienttousremplisdehourisetde
géniesvenusLeregarder,S’étantornéspourLuiplaire?Comment,envérité,aurait-ildésiréquoi
quecefûtd’autrequeleBien-Aimé?IlétaitsiremplidelalouangedeDieu,quemêmelesplusprochesde
Dieunepouvaients’immiscerlà.«EnNous,iln’yapasdeplacepourunprophèteenvoyé,unmessager
divin,oumêmepourlesangesoul’Esprit.Comprenezdonc!»Il dit encore : «Nous sommesmâzâgh (c’est-à-direNotre regard ne
dévia pas121). Nous ne sommes pas comme les corbeaux (zâgh) ; noussommesenivrésparlepeintre;nousnesommespasenivrésparlejardin(bigarré).»Étant donné qu’aux yeux du Prophète, les trésors des sphères et des
Intelligencescélestesnesemblaientpasplusqu’unepaille,Qu’en aurait-il donc été de La Mecque, de la Syrie, de l’Iraq, qu’il
combatteetlesconvoite?Unetellepenséeetunetelleopinionsontcellesdel’hypocritequijuge
(leProphète)paranalogieavecsonâmeperverse.Quand vous prenez un verre jaune comme écran, vous percevez la
lumièredusoleilcommejaune.Brisezcesverresbleusetjaunes,afindepouvoirdistinguerlapoussière
etl’hommequ’elledissimule.3960 Lapoussièreducorpss’estélevéeautourducavalier(del’esprit);tu
t’esimaginéquelapoussièreétaitl’hommedeDieu.Iblîs ne vit que la poussière et dit : « Comment cet enfant du limon
(Adam)serait-ilsupérieuràmoidontlefrontestdefeu?»Tantque tuconsidères lessaintscommedeshommes, sachequecette
façondevoirestunhéritaged’Iblîs.Situn’espasunenfantd’Iblîs,ôtoil’obstiné!commentl’héritagede
cechient’est-ilvenu?«Jenesuispasunchien,jesuisleLiondeDieu;l’adorateurdeDieu:
leLiondeDieuestceluiquiaéchappéàlaformephénoménale.«Leliondecemonderechercheuneproieetdelanourriture;leLion
deDieurecherchelalibertéetlamort.«Étantdonnéquedanslamortilvoitcentexistences,pareilauphalène
ilconsumesapropreexistence.»Ledésirdelamortdevientl’emblèmedessincères,carcettedéclaration
futuntestpourlesjuifs.DieuditdansleQor’ân:«Ôpeupledesjuifs,lamortestuntrésoretun
gainpourceuxquisontsincères.« De même qu’il existe un désir de profit (chez les hommes en ce
monde),ledésirdelamortestmeilleur(auxyeuxdessincères).3970 «Ôjuifs,afind’êtrehonorésparleshommesdemérite,quecevœusoit
formuléparvoslèvres.»Pasunseuljuifn’eutlecourage(derépondre)quandMohammadlança
ledéfi.Ildit:«S’ilsprononçaientcelaeux-mêmes,envéritépasunseuljuifne
resteraitencemonde.»Puis les juifs apportèrent le tribut et les taxes foncières, disant : «Ne
nousfaitespashonte,ôFlambleau(dumonde).»«Iln’yapasdefinenvuedecediscours;donne-moitamain,puisque
tesyeuxontvul’Ami*.»
*ParolesadressÉespar’AIîauchevalierinfidèle.
CommentlePrincedescroyants‘Alt(queDieuhonore
sapersonne!)ditàsonadversaire:«Lorsquetum’ascrachéàlafigure,monâmecharnellefutremuéeetjenepouvaisplusagiravecunetotale
sincérité:celam‘empêchadetetuer»
e Prince des croyants dit à ce jeune homme : « A l’heure ducombat,ôchevalier,«Quandtum’ascrachéàlafigure,monâmecharnellefutremuéeetma
bonnedispositionsegâta,« La moitié de mon combat en vint à être pour l’amour de Dieu, et
l’autremoitiépourunevainepassion:iln’estpaspermisd’associerquoiquecesoitauxchosesdeDieu.«TuesdessinéparlamainduSeigneur:tuesl’œuvredeDieu,tun’as
pasétéfaitparmoi.«Brisel’imagedeDieu,maisseulementparl’ordredeDieu;jetteune
pierre sur le miroir du Bien-Aimé, mais seulement la pierre du Bien-Aimé.»
3980 L’adorateurdufeuentenditcesparoles,etunelumièreapparutdans son cœur, de sorte qu’il coupa la corde (du cordon sacré
zoroastrien).Il dit : « Je semais la grainede l’injustice ; je te croyais autre que tu
n’es.«Tuasréellementétélabalancedotéedelajustenaturedel’Unité:en
vérité,tuasétél’aiguilledechaquebalance.« Tu as été ma race, mon origine et ma parenté : tu as été le
rayonnementduflambeaudemareligion.« Je suis l’esclave soumis de cette Lampe qui attire les regards, de
laquelletalampeareçulaLumière.«JesuisresclavedufluxdecetteMerdeLumièrequiapporteunetelle
perleàlavue.« Propose-moi la profession de foi (musulmane) car je te considère
commeleplusnobledenotreépoque.»Prèsdecinquantepersonnesdesaparentéetdesatributournèrentavec
amourleursvisagesverslareligiondel’Islam.Parleglaivedelaclémence,‘Alîsauvaduglaivetantdegorgesd’une
tellemultitudedegens.L’épéedelaclémenceestplusacéréequel’épéedefer:envérité,elle
causeplusdevictoiresquecentarmées.3990 Oh!hélas,deuxbouchéesd’alimentontétémangées,etparcelale
fermentdelapenséeseglaça.Ungraindebléaéclipsélesoleild’Adamcommeunnœuddescendant
éclipsel’éclatdelapleinelune.Contemplelabeautéducœur,commentsaluneéparpillelesPléiadesà
caused’unepoignéed’argile!Quand le pain était esprit, il était bénéfique ; depuis qu’il est devenu
forme,ilfaitnaîtrel’incroyance.Parexemple,leschardonsvertsquemangelechameau,etilacquierten
lesmangeantcentprofitsetplaisirs.Quand le chameaududésertmangecesmêmeschardons, aprèsqu’ils
ontperduleurfraîcheurverteetsontdevenussecs,Ils déchirent son palais et sa joue. Oh ! hélas, une rose aussi
nourrissanteestdevenueuneépée!Quand le pain était esprit, il était comparable aux chardons verts ;
depuisqu’ilestdevenuforme,ilestmaintenantsecetgrossier.Selonquetuasétéaccoutuméauparavantàenmanger,ômonami,Danslemêmeespoir, tumangesencorecettematièresèche,aprèsque
l’espritaétémêléàl’argile.4000 Elleestdevenuemélangéeàlaterre,sècheetacérée;abstiens-toi
désormaisdecetherbage,ôchameau!Lesmots arrivent souillés de terre ; l’eau est devenue trouble : ferme
Torificedupuits,PourqueDieuîarendeànouveaupureetdouce:queLuiquiTarendue
troublelarendedemêmepure.Lapatienceapportel’objetdudésir,nonlahâte.PrendspatienceetDieu
saitmieuxcequiestjuste.
NotesdulivrepremierTouteslesréférencesci-dessoussontdesréférencesduQor’ân.
«Cf.»indiquequeletexten’enapasétéreproduitlittéralement.1.VII,143.2.XCVI,15.3.LIV,1.4.Joseph,XII,94.5.Cf.XVIII.6.LV,19,20.7.XVIII.8.XVIII.9.XXV,45.10.VI,76.11.II,125.12.VIII.13.XXI,107.14.LXXXV,1.15.XXXV,32.16.II,238.17.XXI,69.18.XI,61.19.XXVIII,76.20.VII,143.21.CXIII,1.22.II,36.23.XIV,46.24.LIV,1.25.II,28.26.XXVII,20-22.27.II,31.28.VII,171.29.VII,23.30.CX,1.31.CV.32.L,30.33.III,47.34.II,115.35.LXXI,7.36.XLI,30.37.XV,39.38.VII,16.
39.VII,23.40.XXIV,26.41.LVII,4.42.VII,109-11643.VII,203.44.II,106.45.XXIII,110.46.XC,1-4.47.LV,29.48.VII,64.49.XXI,69.50.LV,33.51.XXXIII,72,52.L,15.53.VII,172.54.I,5.55.LXI,2-3.56.Ill,14.57.VII,189.58.XXII,11.59.XXXIX,53.60.VIII,43.61.Cf.XXVI,155.62.VII,93.63.LV,19-20.64.XLVIII,2.65.XXXVIII,35.66.II,31.67.LXXXIX,28-29.68.Ill,64.69.IX,110.70.XXIV,30.71.II,25,266.72.CXII,2.73.XXXIV,54.74.LI,9.75.XVIII,78.76.XLVIII,10.77.XVIII,17.
78.Ill,159.79.XLVIII,6.80.XXVIII,88.81.LV,26-27.82.VII,136;XV,79;XLIII,2583.VI,94.84.LI,17-18.85.XXXIX,10.86.XVIII,17.87.VII,12.88.XXXVI,8-9.89.XCIX,1.90.XCIX,1-4.91.II,102.92.I,5.93.XXIII,101.94.XXXVII,165.95.LXX,4.96.X,36;LIII,28.97.LXII,5.98.Ill,106.99.XCV,4.100.XXXIII,53.101.LXXXVI,9.102.XLVII,15.103.XXIV,26.104.XCVI,19.105.II,2.106.LXVII,3.107.XVIII,110;XLI,6.108.XX,5.109.CSOrH.XXXVI,32et53.110.XXXIV,13.111.Cf.XVIII.112.CXII,4.113.VIII,17.114.XXXIII,45.115.II,106.116.Ill,170.
117.II,178.118.II,195.119.II,154.120.II,156.121.LIII,17.
RÉFACEDULIVREDEUXIÈME
AUNOMDEDIEU,LECOMPATISSANT,LEMISÉRICORDIEUX
Encequiconcernecesecondlivre(duMathnawî),Tunedesraisonsdesonretardestexposéeici;àsavoirque,sitoutelaSagessedivinesefaitconnaître à Son serviteur (à propos d’une certaine action), ce serviteur,absorbé dans la pensée des avantages que produira cette action, resteraimpuissant à l’accomplir ; et l’infinie Sagesse de Dieu détruira sacompréhension,de telle sortequ’iln’entreprendrapascetteaction.C’estpourquoileDieuTrès-Hautfaitd’unepetitepartiedecetteSagesseinfiniecommeunlicouetleconduitverscetteaction;cars’ilnel’informepasdeces avantages, il ne bougera pas du tout, étant donné que lamotivation(des actions humaines) vient des avantages qui en découlent pour nous-mêmesoulesautres,cepourquoinousagissonsenconformitéaveccela;tandis que, par ailleurs, si Dieu déverse sur lui l’entière connaissance(relativeàcetteaction), ilseraaussi incapabledesemouvoir ;demêmequ’unchameaun’avancepassansavoirunlicoudanslesnaseaux,maissilelicouesttropgrand,ilsecouchera(etrefuserad’avancer).Iln’yariendont les trésors ne soient pas auprès de Nous, Nous ne les faisonsdescendre que d’après une mesure déterminée1. Sans eau, la terre nedevientpasunebrique,maisellenedevientpasnonplusunebriquequandilyatropd’eau.Ilaélevéleciel.Ilaétablilabalance2.Ildonnechaquechoseselon lapesée,nonsanscalculetbalance, saufàceuxquiontététransmués de leur état d’existence de créatures, et qui sont devenus
(commeceuxdécritsdans laParole)DieuaccordeSesbienfaitsàqui IIveut,sanscompter3,bienqueceluiquin’yapasgoûténelesachepas.Quelqu’undemanda:«Qu’est-cequel’amour?»J’airépondu:«Tule
saurasquandtuserasdevenumoi-même.»L’amourestuneaffectionquinecalculepas.Pourcetteraison,onadit
que c’était en réalité l’attribut deDieu, et irréel en cequi concerneSonserviteur.Illesaimera(yuhibbuhum4)comprendtout.Lequel(d’entreeux)est(lesujet)dejmhibbûnahû(ilsVaimeront4)?
Notesdelapréface
1.Qor’ân,XV,212.Qor’ân,LV,7.3.Qor’ân,II,212.4.Qor’ân,V,54.
IVREDEUXIÈME
AUNOMDEDIEU,LECOMPATISSANT,LEMISÉRICORDIEUX
CeMathnawî aété retardépendantquelque temps :un intervalleétaitnécessairepourquelesangsechangeenlait.Lesangnedevientpasdulaitavantquetonsortnedonnenaissanceà
unnouveaubébé.Écoutebienmesparoles.QuandlaLumièredeDieu,Husâm-od-Dîn*,tiralesrênesdesonesprit
deretourduzénithduciel— Car, après qu’il fut monté vers les réalités spirituelles, sans son
printempslesbourgeonsn’éclosaientpas(dansmoncœur)—,Quandilrevintdelamerverslarive,lalyredelapoésieduMathnawî
futànouveauaccordée.CeMathnawî— qui était le purificateur des esprits—, le jour où je
cherchaiuncommencementpourluifutlejourdesonretour(Husâm-od-Dîn).La date du début de ce commerce (spirituel) fut l’année 662 (de
l’hégire).Unrossignolpartitd’ici,puisrevint : ildevintunfauconpourchasser
cesvéritésspirituelles.Puisse le lieudu reposdece fauconêtre lebrasduRoi !Puissecette
porteêtreouverteàjamaispourlescréatures!Ledangerdecetteporteestlasensualitéetlesdésirscharnels,sinon,on
ytrouvedouceursurdouceur.Le gosier et la bouche sont le bandeau qui rend aveugle à 1’ autre
monde;fermelabouche,afindelevoirclairement.Ôbouche,envéritétueslabouchedePenfer,et,ômonde,tuescomme
l’étatintermédiaire*.LaLumièreéternelleestàcôtédecebasmonde, le laitpurestàcôté
desfleuvesdesang.Quandtufaisunpasdanscemonde,sansprécaution,tonlaitsechange
ensangparlemélange.Adamfitunpasdansleplaisirsensuel:l’exildesaplaceélevéedansle
Paradisdevintuncarcansurlecoudesonâme.Les anges s’enfuyaient loin de lui, comme d’un diable. Combien de
larmesneversa-t-ilpasàcaused’uneseulemichedepain***!Bien que le péché qu’il avait commis fût mince comme un cheveu,
cependantcecheveuétaitdanssonœil.Adamétaitl’œildelaLumièreéternelle:uncheveudansl’œilestune
grandemontagne.Si Adam avait demandé conseil en cette affaire, il n’aurait pas eu à
s’excuserdanssonrepentir;Car lorsqu’un intellect se joint à un autre intellect, cela empêche la
mauvaiseactionetlesmauvaisesparoles;Mais quand l’âme charnelle s’associe avec une autre âme charnelle,
l’intellectpartieldevientoisifetinutile.Quand,àcausede la solitude, tu tombesdans ledésespoir, tudeviens
commelesoleilsituvassousl’ombredel’ami.Vachercheraussitôtl’amideDieu;quandtul’aurasfait,Dieuseraton
Ami.Celuiquiafixésonregardsur laretraite,aprèstout,c’estdel’amide
Dieuqu’ilaappriscela.Ilfautseretirerloindesétrangers,maisnonloindel’ami;lemanteau
defourrureestpourl’hiver,nonpourleprintemps.Sil’intellectestconjointàunautreintellect,lalumièreaugmenteetla
voieapparaîtclairement.Mais si l’âme charnelle se réjouit avec une autre âme charnelle,
l’obscuritéaugmente,lavoiedevientcachée.L’amiesttonœil,ôchasseur;garde-lepurdebrindillesetdepaille.Prendsgarde !Ne faispasdepoussièreavec lebalaide ta langue,ne
faispasàtonœilunprésentdedébris.30 Puisquelevraicroyantestunmiroirpourlevraicroyant,safaceest
puredetoutesouillure.
L’amiestunmiroirpour l’âmeaffligée :nesoufflepassur la facedumiroir,ômonâme!De peur qu’il ne cache son visage à cause de ton souffle, tu dois
contenirtonsouffleàchaqueinstant.Es-tumoindrequelaterre?Quandunemottedeterretrouveunami,le
printemps,elleacquiertcentmillefleurs.L’arbre qui est uni à un ami, c’est-à-dire à la douce brise, fleurit des
piedsàlatête.Enautomne,quandilrencontreundétestablecompagnon,ilsecachele
visageetlatêtesouslacouverture,Etdit:«Unmauvaiscamaradecausedesennuis;puisqu’ilestvenu,ce
quej’aidemieuxàfaire,c’estdedormir.« Je vais donc dormir, je serai comme l’un des Compagnons de la
Caverne (les Sept Dormants) ; ce captif du malheur vaut mieux quel’empereurDecianus**.»LemomentdeleurréveildépendaitdeDecianus;leursommeilétaitla
sourcedeleurrenommée.Lesommeil,quandils’accompagnedesagesse,estunéveilspirituel :
malheuràl’hommeéveilléquis’associeàl’ignorant!40 QuandlescorbeauxdressentleurstentesàBahman(janvier),les
rossignolssecachentetrestentmuets,Car le rossignol estmuet sans la roseraie ; l’absence du soleil détruit
sonéveil.Ôsoleil, tu tedétournesdecetteroseraieafind’illuminer l’endessous
delaterre.Mais leSoleilde laConnaissancedivineest immobile ; le lieudeson
levern’estautrequel’espritetl’intellect;Particulièrement le Soleil parfait qui est de là-bas : jour et nuit, son
actionestdeconférerl’illumination.SituesunAlexandre,viensaulieuoùlesoleilselève1;ensuite,oùque
tuailles,tuposséderaslasplendeur.Ensuite, làoù tu iras,cedeviendra le lieudu leverdusoleil2, tous les
LevantsserontéprisdeceCouchant.Tessenspareilsàlachauve-sourisseprécipitentversleCouchant;tes
sensquirépandentdesperlessedirigentversleLevant.Lavoiedelaperceptionsensorielleestlavoiedesânes,ôcavalier;sois
honteux,ôtoiquirivalisesaveclesânes!Outrecescinqsensphysiques,ilexistecinqsensspirituels:ceuxcisont
commel’orrouge,tandisquelessensphysiquessontcommelecuivre.50 Danslebazaroùlesacheteurssontexperts,commentachèteraientilsle
sensducuivrecommesic’étaitlesensd’orpur?Lesenscorporelsenourritdeténèbres;lesensspirituelestnourripar
unSoleil.Ôtoiquiasapportélebagagedetessensàl’Invisible,sorstamainde
tapoitrine,commeMoïse1**3.Ô toidont lesattributssontceuxduSoleilde laConnaissancedivine,
alorsquelesoleilducielselimiteàunseulattribut,TantôttudeviensleSoleil,ettantôtlaMer;tantôtlamontagnedeQâf
ettantôtle‘Anqâ.Dans ton essence, tu n’es ni ceci ni cela, ô toi qui es plus grand que
touteslesimaginationsetplusquecela!L’Espritaàfaireaveclaconnaissanceetlaraison;qu’a-t-ilàfaireavec
lalanguearabeouturque?Lemuwahhid (quiaffirmela transcendancedeDieu)aussibienque le
mushabbih (qui affirme que Dieu est immanent dans les formes) sontéblouispartoi,ôtoiqui,étantsansapparenceformelle,apparaissoustantdeformes.Parfoislemuwahhad(DieuconsidérécommeleseulÊtreréel)détruitle
mushabbih(quiaffirmel’immanencedeDieu);parfoiscesformeségarentlemuwahhid.ParfoisAbu’l-Hasan,danssonivressemystique,tedit:«Ôtoiquiessi
jeune***!Ôtoidontlecorpsestsitendre!»60 Parfoisildétruitsapropreimage;illabriseafind’affirmerla
transcendanceduBien-aimé.Ladoctrine soutenuepar l’œil des sens est lemotazilisme, tandis que
l’œildelaraisonestsunnite,encequiconcernel’unionavecDieu****.Ceux qui sont entravés par la perception sensorielle sont des
motazilites,mêmesiparerreurilsseconsidèrentcommesunnites.Quiconque demeure asservi à la perception sensorielle est un
motazilite;mêmes’ilditqu’ilestsunnite,c’estparignorance.Quiconqueaéchappéà laservitudedelaperceptionsensorielleestun
sunnite;l’hommedouédevisionestl’œildelaRaisonharmonieuse.Si le sens animal pouvait voir le Roi, alors le bœuf et l’âne
contempleraientAllah.Si, outre le sens animal, tu ne possédais pas un autre sens libéré des
désirsdelachair,
Comment les fils d’Adam auraient-ils été honorés ? Comment, aumoyendusenscommun,seraient-ilsdevenusprivilégiés?QuetuappellesDieu«sansforme»ou«avecformes»estvain,situ
n’espaslibérédelaforme.Qu’Ilsoit«sansforme»ou«avecformes»,Ilestavecceluiquiest
toutentiernoyauetestsortidel’écorce.Situesaveugle,iln’yaaucunefauteàreprocheràïaveugle4;situne
l’espas,va,carlapatienceestlaclédusuccès.Le remède de la patience brûlera les voiles recouvrant tes yeux et en
mêmetempsouvriratoncœur.Quandlemiroirdetoncœurdeviendraclairetpur,tucontemplerasdes
imagesendehorsdecemonded’eauetd’argile.Tucontempleras à la fois l’imageet leFaiseurd’images ; à la fois le
tapisduroyaumeetCeluiquiétendletapis.Comme Khalil (Abraham) est venue l’image de mon Ami — en
apparenceuneidole,enréalitéunbriseurd’idoles.Dieusoitlouédeceque,lorsqu’ilapparut,monespritaperçutdansson
imagesapropreimagereflétée.Lapoussièredetonseuilensorcelaitmoncœur:quesoitrecouvertde
poussièreceluiquiestpatientsanstapoussière!Jedis:«Sijesuisbeau,jerecevrai(cettepoussièredelagrâce)delui;
sinon,ils’estenvéritémoquédemoi,laidquejesuis.«Lemieuxà faire, c’estdeme regardermoi-même ; sinon, il rirade
moi:commentpourrai-jeobtenirsonamour?»Il est beau et II aime la beauté ** : comment un frais jouvenceau
choisirait-ilunevieillefemmedécrépite?Celuiquiestbeauattireà lui labeauté ; sache-leet récite les femmes
bonnesàceuxquisontbons5.En ce monde, chaque chose attire quelque chose : le chaud attire le
chaudetlefroidattirelefroid.Ceuxquisontsansvaleurattirentceuxquisontsansvaleur;ceuxqui
sontéternelssontréjouisparceuxquisontéternels.CeuxduFeuattirentceuxduFeu,ceuxdelaLumièrerecherchentceux
delaLumière.Quandtufermeslesyeux,tutesensgêné:commentlalumièredel’œil
sepasserait-elledelalumièredelafenêtre?Tagêneestcauséeparlalumièredetonœilquis’efforcedesejoindre
rapidementàlalumièredujour.
Situéprouvesdeladétressequandtesyeuxsontouverts,sachequetuasfermél’œildetoncœur,etouvre-le.Sache que cette détresse est la nostalgie des yeux du cœur qui
recherchentlaLumièreinfinie.Puisque la séparation d’avec ces deux lumières impermanentes t’a
apportédelagêne,desortequetuouvrislesyeux,Laséparationd’aveccesdeuxlumièreséternellest’apporteradoncdela
gêne:préserve-lesbien!90 Puisqu’ilm’appelle,jevaisregarderpourvoirsijesuisdigned’être
attiré(àLui)ousijen’aipasdechancedel’être.Siunebellepersonnesefaitsuivreparquelqu’undelaid,cen’estque
poursemoquerdelui.Comment,jemeledemande,pourrai-jecontemplermonproprevisage,
pourvoircommentjesuis,pareilaujouroupareilàlanuit?Pendant longtemps, j’ai cherché l’image de mon âme, mais nul ne
réfléchissaitmonimage.«Aprèstout,medis-je,àquoisertunmiroir?Acequechacunpuisse
savoircequ’ilest,etquiilest.«Lemiroirdefern’estquepourlesformesextérieures;lemiroirqui
montrel’aspectducœurestd’ungrandprix.«Lemiroirdel’âmen’estriend’autrequelafacedel’Ami,lafacede
l’Amiquiestdelapatriespirituelle.»J’aidit:«Ômoncœur,rechercheleMiroiruniversel,vaverslaMer;
tun’atteindraspastonbutparlaseulerivière.»Danscettequête,tonesclavearrivaenfinaulieudetademeure,comme
lesdouleursdel’enfantementconduisirentMarieverslepalmier6.Quand tonœil est devenu unœil pourmon cœur,mon cœur aveugle
s’estnoyédanslavision.J’aivuquetuétaisleMiroiruniverselpourtoutel’éternité;j’aivudans
tesyeuxmapropreimage.J’ai dit : « Enfin, je me suis trouvémoi-même ; dans Ses yeux, j’ai
trouvé laVoiedeLumière. »Mon instinct trompeurmedisait : «Prendsgarde!Cen’estquetonimage:distinguetonessencedetonimage;»Maismonimageparlaàpartirdetesyeux,disant:«Jesuistoiettues
moidansl’unicité;« Comment une image parviendrait-elle dans cet œil illuminé qui ne
cessedecontemplerlesréalités(divines)?»Tudis :«Si tuaperçois ton imagedans lesyeuxd’unautrequemoi,
sachequec’estuneimaginationetunréprouvé,
«Car il applique à ses yeux le collyre de l’irréalité et boit le vin del’illusioncrééeparSatan.«L’œil de tels gens est la demeure de l’imagination et de l’irréalité ;
inéluctablement,ilvoitcommeexistantesleschosesinexistantes;«MaisdepuisquemonœilareçulecollyrevenantduDieuglorieux,il
estlademeuredel’existenceréelle,noncelledel’imagination.»Tant qu’un seul de tes cheveux se trouve devant ton œil, dans ton
imaginationuneperleseracommelejaspe.110 Tunedistingueraslejaspedesperlesquelorsquetuaurasentièrement
renoncéàtonimagination.Ôconnaisseurdeperles,écouteunehistoire,afindedistinguerlavision
véritabledelasimplesupposition.
*Husâm-od-DînTchelebi,choisiparDjalâl-od-DînRûmîcommemaitredesesdisciplesetsurlesinstancesdequifutcomposéIeMathnawî,Rûmîimprovisantet Husâm-od-Dîn écrivant les vers et les récitant. La femme d’Husâm-od-Dînétant morte lorsque Ie premier livre du Mathnawî fut acheve, deux annéess’écoulècent entre la fin de sa rédaction et celle du deuxiéme volume,commenceé en 662 de l’hégire (1263-1264). Cf. Aflâki,Manâqib ul- ‘Arifîn.Trad.Cl.Huatt,LesSaintsdesdervichestourneurs,éd.Sindbad, t. II,pp.225-226.*Barzakh : littéralement«barrière» ; égalementétatoù se trouvent lesâmesentreleParadisetl’Enfer.**C’est-á-direlefruitdéfendu.*L’empereurDecius(249-251),leurpérsecuteur.*AllusionálamainblanchedeMoϊse.**Littéralement:«dontlesdentssontpetites».*** Motazilisme. Doctrine des partisans du libre arbitre et, en général, deconceptionsrationalistes,disciplesdeWasilibnAd(morten131del’hégire).*Cf.unhadîthduProphéte.
Commentautempsde’Omar(queDieusoitsatisfaitdelut),une
certainepersonneimaginaquecequ’ellevoyaitétaitlanouvellelune
emoisduJeûne(Ramadân)arrivantautempsde‘Omar,quelquespersonnescoururentenhautd’unecolline,Afin d’apercevoir la nouvelle lune comme de bon augure, et l’une
d’ellesdit:«Regarde,ô‘Omar,voicilanouvellelune!»Comme ‘Omarnevoyaitpas la lunedans le ciel, il dit : «Cette lune
provientdetonimagination.« Autrement, comme je vois mieux les cieux que tu ne les vois,
commentneverrais-jepascepurcroissant?«Mouille tamain, dit-il, et frotte avec elle ton sourcil, puis lève les
yeuxverslanouvellelune.»Lorsqu’ileutmouillésonsourcil,ilnevitpaslalune.«ÔRoi,dit-il,il
n’yapasdelune;elleadisparu.»«Oui,dit‘Omar,lepoildetonsourcilétaitdevenucourbécommeun
arc,ett’avaitdécochéuneflèchedeconjecture.»Lorsqu’unseulpoildevintcourbe,cela l’égara,desortequ’ilsevanta
faussementd’avoirvulalune.120 Étantdonnéqu’unpoilcourbecacheleciel,qu’ensera-t-ilquandtous
tesmembresserontcourbés?Redresse tesmembresà l’aidedeceuxquisontdroits.O toiquiveux
marcher dans le droit chemin, ne détourne pas la tête du seuil desvertueux.La balance rend correcte la balance ; la balance peut aussi rendre la
balanceerronée.Quiconqueadoptelamêmenormequelefautiftombedanslafaute,et
sacompréhensiondevienttroublée.Va,soisviolentaveclesimpies7,renonceàl’amitiéaveclesétrangers.Soiscommeuneépéeau-dessusdela têtedesétrangers :allons,ne te
livrepasauxrusesdurenard,soisunlion,Afín que les amis de Dieu, poussés par une sainte jalousie, ne se
détournentpasdetoi,parcequecesépines(lespervers)sontlesennemisdecetterose(l’amideDieu).Brûlelesloupscommelesgrainesderuecarcesloupssontlesennemis
deJoseph.Iblîst’appelle«filschéri»—prendsgarde!LeDémonmauditfaitcela
afindeteleurrerpardebellesparoles.Ilapratiquélamêmeimpostureavectonpère:cetêtreaunoirvisage
vainquitunjourunAdam.130 Cecorbeausedépensesurl’échiquier;neregardepassonjeuavecdes
yeuxàdemiendormis,Parcequ’ilconnaîtdenombreuxetformidablescoupsquiresterontdans
tagorgecommeunepaille.Sa paille restera dans ta gorge durant des années. Quelle est cette
paille?L’amourdesdignitésetdelarichesse.Larichesseestlapaille,ôpauvreinfirme,c’estunobstaclepourl’Eau
delaVie.Si un ennemi rusé emporte tes biens, un voleur aura emporté le bien
d’unvoleur.
Commentunchasseurdeserpentsvolaunserpentàunautrechasseur
deserpents
npetitvoleurdérobaunserpentàunchasseurdeserpentset,danssafolie,considéraitcelacommeunebonneaffaire.Lechasseurdeserpentséchappaàlamorsureduserpent;l’hommequi
Tavaitvoléfutmisérablementtuéparleserpent.Lechasseurdeserpentslevit(mort);alorsillereconnutetdit:«Mon
serpentluiaôtélavie.«MonâmepriaitDieudeletrouveretdeluienleverleserpent.«Dieumerci, cette prière a été repoussée : je pensais que c’était une
perte,maiscelas’estavéréungain.»Maintes prières sont des pertes et des destructions, et, par Sa bonté,
DieuleTrès-Hautnelesécoutepas.
CommentlecompagnondeJésus(surluilapaix)suppliaJésus(sur
luilapaix)derendrelavieàdesossements
n homme stupide accompagnait Jésus. Il aperçut des ossementsdansunfosséprofond.Ildit:«Ôcompagnon,apprends-moileNomsublimeparlequeltufais
vivrelesmorts;«Enseigne-le-moi,afinquejepuissefaire lebienetgrâceà luidouer
lesossementsdevie.»Jésusdit:«Tais-toi,carcen’estpaslàtonaffaire:celaneconvientpas
àtonsouffleetàtaparole,«Carcelanécessiteunehaleinepluspurequelapluieetd’actionplus
percutantequecelledesanges.«Ilafallubiendesviespourquelesoufflesoitpurifié,desortequ’à
sonpossesseursoitconfiéletrésordesCieux.«Situavaistenucebâtonfermementdanstamain,d’oùadviendraità
tamainlarusedeMoïse?»Ildit:«Cen’estpasàmoideprononcercesmystères;prononce,toi,le
Nomsurlesossements.»Jésuss’écria:«ÔSeigneur,quelssontTesdesseinscachés?Qu’est-ce
queledésirdecetimbéciledeselivreràcetteœuvreinutile?150 «Commentcethommemaladenesesoucie-t-ilpasdelui-même?
Commentcecadavrenesesoucie-t-ilpasdelavie(spirituelle)?«Ilnes’occupepasdesapropreâmemorteetchercheàfairerevivre
lesossementsmortsd’unétranger.»Dieudit:«Lerécidivisterecherchelarécidive;lechardonquiapoussé
enluiestlarétributiondecequ’ilasemé.« Ila semé lesgrainesdechardonsdans lemonde,prendsgardeàne
paslechercherdanslaroseraie.»S’ilprendunerosedanssamain,elledevientunchardonet,s’ilvachez
unami,celui-cidevientunserpent.Lemisérabledamnéestunélixirquitransmueenpoisonetenserpents;
ilestlecontrairedel’élixirdel’hommequicraintDieu.
Commentunsoufiordonnaàunserviteurdeprendresoindesabête,etcommentleserviteurdit:«La
hawl»(Dieumegarde!)
nsoufîvoyageaitautourdumonde;unenuit,ildevintl’hôted’unekhanêgah*.Ilavaitunâne;il l’attachadansl’étableets’assitenhautdel’estrade
avecsesamis.Puisilsemitàméditeravecsesamis;laprésenced’unamiestunlivre,
etplusencore.Lelivredusoufin’estpascomposéd’encreetdelettres;cen’estqu’un
cœurblanccommelaneige.160 Laprovisiondusavantconsisteensignestracésparlaplume.Quelleest
laprovisiondusoufi?Destracesdepas.Comme le chasseur, le soufi poursuit le gibier à la trace ; il voit les
empreinteslaisséesparledaimmusquéetsuitsespas.Pendantquelque temps, ce sont les tracesqui sontpour lui un indice,
maisensuite,c’estlapocheàmuscdudaimelle-mêmequileguide.Quand il a rendu grâces pour la piste et qu’il a traversé la route,
inéluctablement,aumoyendecettepiste,ilparvientàl’objetdesondésir.Franchiruneétapeguidéeparleparfumdelapocheàmuscvautmieux
quecentétapesàsuivrelapisteeterrerçàetlà.Lecœurquiestlelieuoùselèventlesrayonsdelaluneestl’ouverture
desportes(delaRéalité)pourlemystique.Pourtoi,c’estunmur,poureux,c’estuneporte;pourtoi,unepierre,
pourcesêtresvénérés,unjoyau.Ce que tu vois clairement dans lemiroir, lemaître spirituel (pîr)voit
plusqueceladanslabrique.Lespîrssontceuxdont lesesprits,avantqu’existâtcemonde,étaient
dansl’OcéandelaDivinité.Avant ce corps-ci, ils ont vécu plusieurs vies ; avant de semer ils ont
récoltélesfruits.170 Ilsontreçul’espritavantlacréationdelaforme;ilsontpercélesperles
avantquelamerfûtcréée.Alorsqu’étaitenvisagée lacréationde l’humanité, leursespritsétaient
plongésdansl’OcéandelaToute-Puissance.
Alorsquelesangessemontraientopposésàcettecréationdel’homme,eux(lespîrs)semoquaientensecretdesanges.Lepîreutconnaissancedelaformematérielledechaquecréature,avant
quecetteAmeuniverselledevîntenchaînéeparlamatière.Avant la création des cieux, ils ont vuSaturne ; avant l’existence des
semences,ilsontvulepain.Sans cerveau et sans intellect, ils étaient remplis de pensées ; sans
arméeetsansbataille,ilsremportèrentlavictoire.L’intuitionimmédiateestpoureuxlapensée;tandisquepourceuxqui
sontéloignés(deDieu),c’estlavision.Lapensées’occupedupasséetdufutur;quandelleestlibéréedetous
deux,ladifficultéestrésolue.L’esprit a contemplé levindans le raisin, l’esprit a contemplé l’entité
danslerien.Il a vu chaque chose conditionnée comme inconditionnée, il a vu la
monnaiedebonaloietl’alliageavantl’existencedelamine.180 Avantlacréationduraisin,ilabulevinets’estenivré.
Danslechaudmoisdejuillet,ilsvoientdécembre;danslesrayonsdusoleil,ilsperçoiventl’ombre.Danslecœurduraisin,ilsontvulevin;danslefana*absolu,ilsontvu
l’objet.Le ciel étanche sa soif à leur coupe qui circule ; le soleil est vêtu de
brocardd’orparleurgénérosité.Quandtuvoisdeuxd’entreeuxseréunirenamis,ilssontunseul,eten
mêmetempsilssontsixcentmille.Leur nombre est comparable aux vagues : le vent les a apportés à la
multiplicité.LeSoleil,quiest lesesprits, s’estdiviséen rayonsdans lesvitresqui
sontlescorps.QuandturegardesledisqueduSoleil,ilestunique;maisceluiauquel
laperceptiondescorpsfaitécranéprouveàcesujetdesdoutes.La division est dans l’esprit animal ; l’esprit humain est une seule
essence.Puisque Dieu a répandu Sa lumière sur eux*, Sa lumière ne devient
jamaisséparée.190 ÔmoncompagnonsurlaVoie,chasseuninstanttalassitude,queje
décriveunseulgraindecetteBeauté.La beauté de Son état ne peut être exprimée. Que sont les deux
mondes?LerefletdeSongraindebeauté.Sijedisaisunmotconcernantcettebeauté,maparoleferaitéclatermon
corps.Telleunefourmi, jesuissiheureuxdanscettegrangeque je traîneun
fardeautroplourdpourmoi.
*MaisonOùserencontrentlesderviches.*Annihilationmystique.*Hadîth.
Commentl’explicationdusensprofonddecettehistoirefutarrêtée
àcausedudésirdel’auditeurd’apprendresoncôtésuperficiel
uandCeluiquejalouselaLumièremepermettra-t-ildedirecequiestobligatoireetdevraitêtredit?La mer projette de l’écume et constitue une barrière ; elle recule, et
aprèslerefluxavanceànouveau.Écoute ce qui m’a arrêté dans mon récit en ce moment : j’ai
l’impressionquel’espritdemonauditeurestailleurs.Sespensées sont tournéesvers levoyageur soufi ; il est absorbédans
cettehistoire.Donc, il convient que je laisse là ce discours et que je revienne à F
histoirepourdécrirecequiluiarriva.Ô cher ami, ne t’imagine pas que le soufi est la forme extérieure :
combien de temps, comme les enfants, te contenteras-tu de noix et deraisins?
200 Notrecorpsestcommecesnoixetcesraisins,ômonfils;situesunhomme,renonceàcesdeuxchoses;Et si tu ne les abandonnes pas de toi-même, la grâce de Dieu te
permettradepasserau-delàdesneufsphèrescélestes.A présent, écoute la forme extérieure du conte, mais prends garde à
séparerlegraindelapaille.
Commentlesgensdelacaravanesupposèrentquelabêtedusoufi
étaitmalade
uandàlafincetteréuniondesoufisquirecherchaientleprofitsefutterminéedansl’extaseetl’enthousiasme,Ilsapportèrentdesplatsdenourritureàleurhôte,etilserappelaalors
sonâne.Ilditauserviteur:«Vaàl’écurieetarrangelapailleetForgepourmon
animal.»« Dieu me garde ! répondit-il ; pourquoi me dire tout cela ? Il y a
longtempsquejemesuisoccupédeceschoses.»Lesoufidit:«Humected’abordsonorge,carc’estunvieilâne,etses
dentssontbranlantes.»«Dieume garde ! dit-il, pourquoime dites-vous cela,monsieur ? Je
leuraiapprisàprendrecessoins.»Lesoufidit:«Enpremierlieu,enlève-luisaselle,etmetsdel’onguent
demanbalsursondosmeurtri.»210 «Dieumegarde!s’exclamaleserviteur.Ehquoi!ôvousquiapportez
lasagesse,j’aieuunmillierd’hôtesdevotreespèce,« Et tous nous ont quittés satisfaits : l’hôte nous est cher à l’égal de
notrevieetdenotreparent.»Le soufi dit : «Donne-lui de l’eau,mais tiède. » «Dieume garde !
s’écrial’autre,j’aihontedevous.»Lesoufidit:«Metspeudepailledanssonorge.»«Dieumegarde!Abrègecesparoles»,répondit-il.Lesoufidit:«Balaiesaplacenettedepierresetdesaleté,et,sielleest
humide,répands-ydelaterresèche.»«Dieume garde ! cria-t-il ; dis “Lahawl ” (Dieume garde), ômon
père,etdispeudechoseàunmessagerquiconnaîtbiensonaffaire.»Lesoufidit:«Prendslepeigneetgratteledosdel’âne.»«Dieume
garde!Aiequelquehonte,ômonpère»,dit-il.Ainsiparlaleserviteur,etilseceignitlesreins.«Jem’envais,dit-il;
d’abord,jevaisallerchercherlapailleetl’orge.»Ilpartit,etnepensapasuninstantàl’écurie.Iljetadusableauxyeux
dusoufi.Le serviteur s’en alla rejoindre des vauriens, en faisant fi de la
recommandationdusoufi.
220 Lesoufiétaitfatiguédesonvoyage,etils’étenditpourdormir.Lesyeuxfermés,ilrêvaQuesonâneétaitsaisiparunloupquiarrachaitdesmorceauxdechair
desondosetdesesflancs.«Seigneur!s’écria-t-il,quellesortedefolieest-celà?Oh!oùestcet
aimableserviteur?»Anouveau, ilvoyaitsonânealler le longdelarouteet tomber, tantôt
dansunpuits,ettantôtdansunfossé.Ilfitdiversrêvesdésagréables;ilrécitaitlaFâtihaetlaQâri‘a*.Ilse
dit : «Quepeut-on fairepour aider ?Mesamis se sont enfuis ; ils sontpartisetontverrouillélesportes.»Denouveau,ildisait:«Oh!jemedemande—cemisérableserviteur!
N’a-t-ilpaspartagéavecnouslepainetlesel?« Je ne lui ai témoigné que courtoisie et bienveillance ; pourquoi au
contrairemetémoignerait-ildelahaine?« Toute hostilité doit avoir une cause ; autrement, le fait que nous
soyonsdeshommesdevraitnousimposerlafidélité.»Puis ildisait :«QuandAdam, sibonetgénéreux,causa-t-ilun tort à
Iblîs?«Qu’est-ce que l’homme a fait au serpent et au scorpion pour qu’ils
désirentluiinfligermortetsouffrance?« L’instinct du loup, c’est de déchirer ; après tout, cette envie se
manifestechezleshommes.»A nouveau, il disait : « C’est un péché que de penser ainsi le mal ;
pourquoiai-jedetellespenséescontremonfrère?»Puisildisait:«Laprudenceconsisteàimaginerlemal;commentcelui
quinepensepasaumalresterait-ilsainetsauf?»Le soufl était plongé dans cette angoisse, et pendant ce temps, l’âne
étaitdansunetellemisère—puissecelaêtrelechâtimentdesennemis!Ce pauvre âne était aumilieu de terre et de pierres, avec sa selle de
traversetsalongebrisée,Épuisé par le voyage, sans fourrage toute la nuit, tantôt rendant le
derniersoupir,tantôtmourant.Toute lanuit, l’ânerépétait :«ÔmonDieu!Je renonceà l’orge ;ne
puis-jeavoirmoinsd’unepoignéedepaille?»Sansparoles,ildisait:«Ôsheikhs,ayezpitié,carjesuisdétruitàcause
decechenapan.»Cequecetânesouffritcommepeinesettourments,l’oiseauterrestrele
subits’ilsetrouvedansunflotd’eau.
240 Ainsi,toutecettenuitjusqu’àl’aube,lemalheureuxâne,àcausedesafaimextrême,seroulaitsurleflanc.Lejourseleva.Leserviteurvintlematin,allaaussitôtchercherlaselle
etlaplaçasurledosdel’âne.Alamanièredesvendeursd’ânes, il luidonnadeuxou troiscoupsde
bâton : il traita l’âne de la manière qui convenait de la part d’un telvaurien.La rudesseducoup fit ruer l’âne :quelle languepossèdeunânepour
décriresespropressentiments?Quandlesouftmontasurluietsepréparaàpartir,l’ânesemitàtomber
surlatêtechaquefois,Et chaque fois les gens le relevaient ; ils pensaient tous qu’il était
malade.L’unluitordaitl’oreille,tandisqu’unautrecherchaitsoussonpalaisun
endroitmeurtri;Unautrecherchaituncailloudanssonsabot,unautreregardaitlasaleté
danssonœil,Etaussiilsdisaient:«Ôsheikh,quelleestlacausedecela?Nedisais-
tupashier:“Dieumerci,cetâneestfort”?»Ilrépondit:«L’ânequiamangéLâhawl(Dieumeprotège!)pendant
lanuitnepeutavancer,saufdecettefaçon.« Puisque la nourriture de l’âne pendant la nuit était Lâ hawl, il
glorifiaitDieulanuit,etilseprosternelejour.»Laplupartdesgenssontdesmangeursd’hommes;n’aiepasconfiance
enleurssalamalecs.Leurs cœurs à tous sont la demeure du Diable ; n’écoute pas les
discoursdeshommesdiaboliques.Celui qui avale Lâ hawl (Dieu me garde !) de la bouche du Diable
tombe,commecetâne,detoutsonlongdanslecombat.Quiconqueavalel’impostureduDémonencemondeetlavénérationet
latromperiedelapartdel’ennemiquial’apparenced’unami,Danslavoiede1’IslametsurlepontdeSirat*tomberadevertige,sur
latête,commecetâne.Prendsgarde!N’écoutepaslesflatteriesdumauvaisami:aperçoisle
piège,nemarchepasensécuritésurlaterre.Vois la centaine de milliers de diables qui prononcent Lâ hawl ! O
Adam,dansleserpent,reconnaisIblîs!Il prodigue de vaines paroles, il te dit : « Ômon âme et mon bien-
aimé », afin de pouvoir écorcher la peau de son bien-aimé, comme un
boucher.Il prodigue de vaines paroles pour vous arracher la peau :malheur à
celuiquigoûtel’opiumdelabouchedesennemis!Ilposesa têteà tespiedset,commeunboucher, tefaitdescajoleries,
afindeversertonsang.Comme un lion, chasse toi-même ta proie ; ne t’occupe pas des
flatteriesdeTétrangerouduparent.Sachequelaconsidérationdegensvilsestcomparableàceserviteur;
mieuxvautnepas avoird’amisqued’accepter les flatteriesdesgensderien.Nefaispastademeuredanslepaysd’hommesétrangers;accomplista
propreœuvre,nefaispasletravaild’unétranger.Quiestl’étranger?Toncorpsterrestre,pourl’amourdequiesttoutton
souci.Tant que tu donneras à ton corps des aliments riches et sucrés, tu ne
verraspascroîtretonessencespirituelle.Silecorpsestplacéauseindumusc,cependantaujourdelamort,sa
puanteurserarenduemanifeste.Nemetspasdemuscsurtoncorps,frottes-entoncœur.Qu’est-ceque
lemusc?LesaintNomduDieuTrès-Haut.L’hypocritemetdumuscsursoncorpsetplacesonespritaufonddela
fosseauxcendres.Sur sa langueest leNomdeDieu, etdans sonâme lapuanteurde sa
penséeimpie.Parrapportàlui,lalouangedeDieuestcommelaverduresurlafosse
auxcendres:desrosesetdeslispoussantsuruntasd’ordures.Ces plantes se trouvent là certainement par emprunt : la place qui
convientàcesfleursestlebanquetetlelieudesfestivités.Les femmes bonnes aux hommes bons : il y a aussi la parole : Aux
hommesmauvaislesfemmesmauvaises8.Prendsgarde!Nesoispasmalveillant:ceuxquisontégarésparlamalveillance,leurs
tombessontplacéesàcôtédesmalveillants.L’originedelamalveillanceestl’Enfer,ettamalveillancefaitpartiede
cetoutetestl’ennemiedetareligion.Puisque tu faispartiede l’Enfer,prendsgarde !Lapartiegravitevers
sontout.Celui qui est amer sera assurément attaché à ceux qui sont amers :
commentlesparolesfaussesseraient-ellesuniesàlavérité?Ômonfrère,tuescequ’esttapensée;quantaureste,tun’esquedes
nerfsetdesos.Sitapenséeestunerose,tuesuneroseraie;etsic’estuneépine,tues
desfagotspourlefeuduhammam.Situesdel’eauderose,ont’aspergesurlatêteetlesein;etsi tues
commel’urine,ontejetteauloin.280 Voislesplateauxposésenfacedesdroguistes—chaquesorteestplacée
àcôtédelamêmeespèce,Leschosesdechaqueespècemélangéesauxchosesdelamêmeespèce,
etunecertaineéléganceproduiteparcettehomogénéité.Sileboisd’aloèsetlesucresemélangent, ledroguistelesséparel’un
del’autre,morceauparmorceau.Les plateaux ont été brisés et les âmes répandues ; les bonnes et les
mauvaisesfurentmélangéesensemble.Dieu a envoyé les Prophètes et lesÉcritures afin de pouvoir trier ces
grainssurleplat.Auparavant,nousétionsuneseulecommunauté;nulnesavaitsinous
étionsbonsoumauvais.Lafaussemonnaieetlabonneavaientcoursdanslemonde,étantdonné
que tout était nuit et que nous étions comme des voyageurs pendant lanuit,Jusqu’àcequelesoleildesProphètesselevâtetdit:«Va-t’en,alliage!
Viens,toiquiespur!»L’œilpeutdistinguerlescouleurs,l’œilconnaîtlerubisetlecaillou.L’œil connaît le joyau et les brindilles : aussi des bouts de brindilles
piquentl’œil.Cesvilscontrefacteurssontlesennemisdujour,cespiècesd’orvenant
de lamine sont les amoureux du jour ;Car le jour est lemiroir qui faitconnaîtrel’or,desortequel’ashrafî(lamonnaied’or)puisserecevoirsondond’honneur*.C’estpourquoiDieuaoctroyéletitrede«Jour»àlaRésurrection,car
lejourrévèlelabeautédurougeetdujaune.Enréalité,lejourestlaconsciencelaplusintime(sirr)dessaints,bien
qu’auprèsdeleurlunelejoursoitcommel’ombre.Sache que ce jour est le reflet dumystère de l’hommedeDieu, et le
refletdesonoccultationestlanuitquifermelesyeux.Pourcetteraison,Dieuadit :«ParlaclartéduJour9» ; laclartédu
jour,c’estlaLumièredelaconsciencecachéedeMustafâ.L’autre interprétation,que leBien-aimédésignaitcematin-ci,vientde
cequetousdeuxsontlerefletdeLui;Sinon,c’estunefautequedejurerparunechoseéphémère:comment
cequiesttransitoireconviendrait-ilàlaParoledeDieu?Abrahamdit:«Jen’aimepascequidisparaît10.»Commentpourrait
parlerdecequiestéphémèreleSeigneurdesmondes?Aussi,etpar lanuitl11désignesonoccultationetcecorps terrestrede
couleursombre.300 Quandsonsoleils’estlevédececiel,iladitàlanuitducorps:«En
vérité,Ilnet’apasabandonné12.»L’unionaétérenduemanifesteparl’afflictionmême;cettedouceurest
expriméeparIInet’apashaïl12bis.Enfait,chaqueexpressionestl’indiced’unétat:l’étatestpareilàune
main,l’expressionàunoutil.L’outildel’orfevredanslamaind’uncordonnierestcommeunegraine
seméedanslesable;L’outil du savetier devant le laboureur est comme la paille devant le
chienetdesosdevantunâne.« Je suis laRéalité suprême (Ana’l-Haqq) » sur les lèvres deMansûr
étaitlalumière;surleslèvresduPharaon,«JesuisAllah»n’étaitqu’unmensonge.Dans lamain deMoïse, le bâton devint un témoin ; dans lamain du
magicien,lebâtondevintunechosevaine.C’estpourquoiJésusn’appritpasàsoncompagnondevoyageleNom
duSeigneur,Carilnecomprendraitpas,etattribueraitl’imperfectionàl’instrument.
Situfrappeslapierresurl’argile,commentlaflammesurgirait-elle?Lamainetl’outilsontcommelapierreetlefer:ilsdoiventêtredeux;
l’existenced’uncoupleestlaconditiondelanaissance.310 L’UnestCeluiquin’apasd’associénid’outil;danslenombre,ilyale
douteetcetUnestau-delàdudoute.Ceuxquidisent«deux»ou« trois»oudavantagesontcertainement
d’accord.Quand ils cessent de loucher, ils deviennent semblables ; ceux qui
disaientdeuxoutroisaffirmentl’Unité.SituesuneballedansSalicedepolo,continueàtournersousSacanne
depolo.Laballenedevientparfaiteetsansdéfautquelorsquelafaitdanserle
coupvenudelamainduRoi.
Prêteattentivementl’oreilleàcesparoles,ôtoiquilouches!Ecoutecequetunesaisispasparlavue.Les paroles saintes ne restent pas dans les cœurs aveugles, elles
retournentàlaLumièred’oùellessontvenues,TandisquelesortilègeduDémonvadanslescœursperverscommeun
souliertordusurunpiedtordu.BienquetupuissesapprendrelaSagesseparouï-dire,elletequittesitu
n’enespasdigne;Et bien que tu l’écrives et la notes, et bien que tu t’en vantes et
l’exposes,320 Elledétournedetoisonvisage,ôdiscuteur;ellebriseseslienset
s’envoleloindetoi.Maissitunelispasetqu’ellevoittaferveur,laConnaissanceseradans
tamaincommeunoiseaudocile.Ellenedemeurepasavecn’importequelapprenti,commeunpaonne
restepasdanslamaisond’unpaysan.
*Fâtiha, première soutateduQor’ân, récitéedans les prières rituelles et danstoutescirconstancesdelavie(naissance,mort).Qâri‘a, récitationdelasourateduQor’ân.*PontquedoiventtraverserlesâmespourserendreauParadis.Cf.Qor’ân,I.*Jeudemotsrapprochantletermeashrafi,pièced’or,etlemotashraf,noble,ledond’honneurètanttashrif.
Commentleroitrouvasonfaucondanslamaisond’unevieille
femmedécrépite
en’estpascommelefauconquis’envolaloinduroichezlavieillefemmequitamisaitdelafarinePourfairecuiredututmâj*poursesenfants.Quandellevitlesplendide
faucondehautenaissance,Elleattachasonpetitpiedetluirognalesailes;ellecoupasesserreset
lenourritdepaille.«Demauvaisesgens,dit-elle,ne t’ontpasbiensoigné : tesailessont
tropgrandes,ettesserressontdevenueslongues.«Lamain de chacunde ces hommes indignes te rendmalade : viens
cheztamère,qu’ellepuisseprendresoindetoi.»Sache,ômonami,quetelleestl’amitiédusot;lesotmarchetoujours
detraverssurlavoie.Lajournéeduroisepassaàchercherlefaucon;ilfinitpararriveràla
vieillefemmeetàsatente.330 Toutàcoup,ilaperçutlefauconaumilieudelafuméeetdela
poussière;leroipleuraamèrementetselamenta.Ildit:«Bienquecesoitlechâtimentdetonaction,parcequetun’as
pasgardéfermementtafoi,« Cependant, comment peux-tu faire de l’Enfer ta demeure après le
Paradis,sanstenircomptedecequelesgensduFeu(etceuxduParadis)nesontpaségaux13?»C’est la rétributionqui convient à celui qui s’enfuit loindu roi qui le
connaîtbienverslamaisond’unevieillefemme.Cependant, le faucon frottait ses ailes contre la main du roi ; sans
paroles,ildisait:«J’aicommisunpéché.»Oùdonclemisérablesupplierait-ilsipitoyablement,oùgémirait- il,si
Tun’acceptesriend’autrequelebien,ôgénéreux?La grâce duRoi rend l’âme en quête du péché, car leRoi rend belle
chaquechosevile.Va,necommetsriendevil,carmêmenosbellesactionsparaissentviles
auxyeuxdenotreBeauté.Tu as considéré ton service comme méritoire, ainsi as-tu brandi
l’étendarddupéché.
Alorsque la louangeet laprière t’étaientaccordéesendon,enfaisantcetteprièretoncœurestdevenuremplidevanité.
340 Tut’esconsidérécommeconversantavecDieu.Oh!nombreuxsontceuxquisontdevenusséparésdeDieuparcetteopinion.Mêmesilerois’assiedavectoisurlesol,connais-toitoi-mêmeettiens-
toiplusrespectueusement.Lefaucondit:«Ôroi,jemerepens,jesuisconverti,j’embrassel’islam
ànouveau.«Celuiqueturendsivre,siparivresseilmarchedetravers,accepteson
excuse.« Bien quemes serres aient disparu, quand tu es àmoi j’arrache les
bouclesdusoleil;«Etbienquemesailesaientdisparu,quand tues tendreavecmoi, la
sphèrecélesteralentitsonenvoldevantmonessor.«Si tum’octroies une ceinture, je déracinerai lamontagne ; si tume
donnesuneplume,jebriseraileslancesdesétendards.«Aprèstout,moncorpsn’estpasmoindrequeceluid’unmoucheron;
avecmesailes,jevaincraileroyaumedeNemrod.«Supposequejesoisaussifaiblequelesoiseauxd’Ababil,supposeque
chacundemesennemissoitcommel’éléphant14,«Cependant,sijelanceunebouletted’argiledelatailled’unenoisette,
mabouletteauneffetpareilàceluidecentcatapultes.»350Moïsevintaucombatavecsonseulbâton,etilattaquaPharaonettoutessesépées.Chaqueprophètequidelui-mêmeafrappéàcetteportes’estbattuseul
contrelemondeentier.QuandNoéimploradeDieuuneépée,grâceàluilesvaguesduDéluge
devinrentpareillesàl’acierdesépées.ÔAhmad,quesontenréalitélesarméesdelaterre?Contemplelalune
danslecieletfends-luilefront15,Afinquel’astrologueignorantsachequecetouresttontour,nonletour
delalune.C’est ton tour parce que Moïse, qui parlait avec Dieu, avait
constammentundésirardentpourtontour.QuandMoïsecontemplalasplendeurdetoncycle,danslequelselevait
l’aubedelaRévélation,Ildit:«ÔSeigneur,quelcycledemiséricordeestceci?C’estau-delà
delamiséricorde,ils’ytrouvelavisiondeToi.«PlongetonMoïsedansl’océandutempsetfais-lereveniràlasurface
aumilieuducycledeAhmad.»Dieudit:«ÔMoïse,c’estpourcelaquejetel’aimontré,c’estpourcela
quejet’aiouvertlavoiepourcettecommunion,360 «Parceque,dansceprésentcycle(deMohammad),ôKalîm,tu
appartiensàcetautrecycle,retiretonpied,carcetapisesttroplong.«Jesuisgénéreux,Jemontreàmonserviteurdupainafinqueledésir
pourluifassepleurercettecréaturevivante.«Lamère frotte lenezde sonbébé,pourqu’il s’éveilleet cherche la
nourriture,«Carilpeuts’êtreendormisanssavoirqu’ilafaimetens’éveillantil
pressesesdeuxseinspouravoirdulait.«J’étaisuntrésor,unemiséricordecachée,aussiai-jeenvoyéunImam
bienguidé*.»Chaquegrâceque tucherchesde toute tonâme,Il teTamontréepour
quetuladésires.Combien d’idoles Ahmad (Mohammad) n’a-t-il pas brisées en ce
mondepourquelescommunautéspuissents’écrier«ôSeigneur!»Si ce n’avaient été les efforts d’Ahmad, vous aussi, comme vos
ancêtres,adoreriezdesidoles.Votre têteaétédélivréede laprosternationdevant les idoles,afinque
vous puissiez reconnaître son droit légitime à la gratitude descommunautés.Situparles,rendsgrâcespourcettedélivrance,afinqu’ilpuisseaussite
délivrerdel’idolequiestentoi.Puisqu’il a libéré ta têtedes idoles, libère, toi, ton cœur aumoyende
cetteforce(qu’ilt’adonnée).Tuasnégligéderendregrâcespourlareligionparcequetul’asobtenue
pourrienenhéritagedetonpère.Commentunhommequihériteconnaîtrait-il lavaleurdelarichesse?
UnRostamsupportadestourmentspourl’acquérir,tandisqueZâll’obtintgratuitement*.«QuandJe faispleurerquelqu’un,Mamiséricordeestéveillée :celui
quiselamenteboitàlacoupedeMalibéralité.«Si Jenedésirepasdonner, alors, envérité, Jene luimontrepas (le
dondésiré);maisquandJ’airesserrésoncœur(parlechagrin),Jeledilatedanslajoie.«MaMiséricorde dépend de ces larmes pures ; quand il pleure, des
vaguess’élèventdelaMerdeMamiséricorde.»
*Platdepâtisseriecuiteavecdelaviande.*HadîthQudsî(sacrÉ).*Zâl,filsdeSametpèredeRostam,hèritadesrichessesdelafamilleprincièredeSistan.(Cf.Ferdawsi,Shah-Nameh,XIesiècle.)
Comment,parinspirationdivine,SheikhAhmad**filsdeKhizrûya(queDieusanctifiesonesprit
vénéré),achetadessucreries(halwâ)poursescréanciers
lyavaitunsheikhquiavaitcontinuellementdesdettes ;c’étaitàcausedelagénérositédecethommeillustre.Il avait coutume de faire des myriades de dettes en empruntant aux
grandsetdedonner(cetargent)auxpauvresdecemonde.Ilavaitconstruitunemaisonpourlessoufisencontractantdesdettes;il
avaitconsacrésavie,safortuneetcettemaison(àDieu).Dieupayaitsesdettesdetouscôtés:Dieufitdelafarineavecdusable
pouraiderAbraham.380 LeProphèteaditquedeuxangesprientdanslesmarchés,disant:«Ô
Dieu,accordeauprodigueundon,etôDieu,donneàl’avareunpoisonenretour.»Celasurtoutpourleprodiguequialibrementdépensésavieetoffertsa
gorgeensacrificeauCréateur.Iloffre sagorgecommeIsmaël* : le couteaunepeut rien fairecontre
elle.Pourcetteraisondonc,lesmartyrsviventdanslajoie:neregardepas,
commelesinfidèles,lecorpsseul,PuisqueDieuleuradonné,enretour,1’espritdel’éternité—unesprit
libredechagrin,depeine,desouffrance.Le sheikh agit de cette façon pendant des années, prenant et donnant
sansrelâche.Il semait des graines jusqu’au jour de samort, afin que ce jour- là, il
puisseêtreunprinceglorieux.Quand la vie du sheikh toucha à sa fin, et qu’il perçut dans son
existencelessignesdelamort,Lescréanciersétaientassisautourdelui,tandisquelesheikhs’éteignait
doucement,commeunechandelle.390 Lescréanciersétaientdevenusdésespérésetlevisageamer:la
souffrancedansleurscœurss’accompagnaitdepeineàrespirer.«Voyezceshommesàl’espritmaltourné»,ditlesheikh.«Dieun’a-t-
ilpasquatrecentsdinarsd’or?»
Ungarçonau-dehorscriait«Halwâ!»etvantaitl’excellenceduhalwâdansl’espoirdegagnerquelquesdângs**.Lesheikh,d’unsignedetête,ordonnaauserviteurd’allerachetertoutle
halwâ,(Sedisant):«Ainsi,lescréanciers,pendantqu’ilsmangerontlehalwâ,
nemeregarderontpasavecamertume.»Leserviteursortitaussitôtparlaportepouracheteravecdel’ortoutela
quantitédehalwâ.Il dit au garçon : «Combien coûte tout cehalwâ ? »Le garçon dit :
«Undemi-dinar,etunpeudepetitemonnaie.»«Non,répondit-il,nedemandepas tropauxsoufis : je tedonneraiun
demi-dinar.Nedisplusrien.»Le garçon posa le plateau devant le sheikh. Voyez à présent les
mystérieusespenséessecrètesdusheikh!Il fitunsigneauxcréanciers :«Voyez,ceprésentdesucreriesestun
cadeaupourvous:mangez-leavecplaisir,c’estunalimentlicite.»400 Quantleplateaufutvidé,legarçonlepritetdit:«Donne-moil’or,ô
Sage.»Lesheikhrépondit:«D’oùobtiendrai-jecetargent?J’aidesdetteset
m’envaisverslanon-existence.»Legarçon,dechagrin,lançaleplateauparterre;ilsemitàselamenter,
àpleureretàgémir.Le garçon pleurait avec de gros sanglots à cause de cette tromperie,
criant:«Mieuxauraitvaluquejemecasselesdeuxjambes!«Mieuxauraitvaluque je flâneauprèsduhammam etque jene sois
paspasséàlaportedecemonastère!«Soufisgloutonsetparasites,pareilsàdeschiensdansleurscœursetse
lavantlevisagecommedeschats!»Auxcrisdugarçon,toutlemondeseréunitlàetl’entoura.Il vint vers le sheikh et dit : « Ô cruel sheikh, sois assuré que mon
maîtremetuera.«Sijeretournechezluilesmainsvides,ilmetuera:luipermettras-tu
delefaire?»Et les créanciers, eux aussi, se tournèrent vers le sheikh, avec
incrédulitéetrefus,disant:«Qu’est-cequecejeu?410 «Tuasdévorénosbiensettuemportestesiniquités(dansl’autre
monde):pourquelleraisoncetteautreinjusticeest-ellevenuepar-là-dessus?»Jusqu’auxprièresdel’après-midi,legarçonpleura;lesheikhfermales
yeuxetneleregardapas.Lesheikh,indifférentauxinsultesetàl’hostilité,avaitcachésonvisage
pareilàlalunesoussacouverture,Contentde l’éternité,contentde lamort, joyeux, indifférentaumépris
etauxparolesconcernantcequiestbasouhaut.CeluiauvisagedequileBien-Aimésouritdoucement,quelmalpeut-il
luiadvenirdesregardsamersdesgens?Celui sur les yeux de qui le Bien-Aimé octroie un baiser, comment
s’affligerait-ilduCieletdesoncourroux?Parunenuitdepleinelune,enquoilalunedansla(maison)deSimâk*
sesoucie-t-elledeschiensetdeleursaboiements?Lechieneffectue sa tâche ; la luneaccomplitdoucement la sienneau
moyendesonaspectbrillant.Chacun exécute sonpetit travail : l’eauneperdpas sapureté à cause
d’unboutd’herbe.Lesherbesflottenthumblementàlasurfacedel’eau:l’eaucontinueà
coulerpuresansenêtretroublée.Mustafâ(Mohammad)fendlaluneàminuit:AbûLahab,parhaine,dit
dessottises.LeMessieressuscitelesmorts,etlejuifsemordlesmainsdecolère.L’aboiement du chien parvient-il jamais à l’oreille de la lune,
particulièrementdecetteLunequiestl’éluedeDieu?Leroiboitduvinaubordduruisseaujusqu’àl’aubeet,enécoutantla
musique,n’entendpaslecoassementdesgrenouilles.Ladivisiondel’argentdûaugarçon(parmilescréanciers)n’auraitété
quedequelquesdângspourchacun;maisl’influencedusheikhempêchacettegénérosité,Desortequepersonnenedonnarienaugarçon:lepouvoirdespîrsest
mêmeplusgrandquecela.Quandvint lemomentdesprièresde l’après-midi,unserviteurarriva,
unplateauàlamain,delapartdequelqu’unsemblableàHâtim**,Hommefortunéetdehautrang:ill’envoyaitenprésentausheikh,car
illeconnaissait.Ilyavaitquatrecentsdinars,etsuruncoinduplateauunautredemi-
dinardansunboutdepapier.Le serviteur s’avança et salua le sheikh, et posa le plateau devant ce
sheikhsanségal.Quandcelui-ciretiracequicouvraitleplateau,lesgenscontemplèrent
lemiracleprovenantdelui.Immédiatement,descrisdechagrinetdelamentations’élevèrentdela
part de tous : «Ô chef des sheikhs et des rois spirituels, qu’est- ce quecela?«Quel est ce secret ?A nouveau, qu’est-ce que cette souveraineté, ô
seigneurdesseigneursdumystère?« Nous ne savions pas. Pardonne-nous. Les paroles que nous avons
prononcéesétaientfolles.« Nous qui brandissons aveuglément des cannes, ne pouvons nous
empêcherdebriserdeslampes.«Nous, comme les sourds, sans avoir rien entendu qui nous soit dit,
nousrépondonsenl’airselonnotrepropreconjecture.« Nous n’avons pas écouté l’avertissement de Moïse qui fut rendu
honteuxparsonincroyanceenunKhezr*,«Bienqu’il ait euunevisionqui s’élevait vers leshauteurs etque la
lumièredesonœilperçâtleciel.«ÔMoïse(decetteépoque),parstupiditél’œild’unesourisdumoulin
s’estainsifanatiquementopposéàtonœil.»Lesheikhdit:«Jepardonnetouscesdiscoursetpalabres:c’estlicite
pourvous.«Lesecretdetoutcela,c’estquej’aiimploréDieu;enconséquence,Il
m’amontréledroitchemin,«Etdit:“Bienquecedinarsoitpeudechose,cependantsonpaiement
dépenddescrisdugarçon.“Avant que le garçon vendeur de halwâ ne pleure, la mer de Ma
miséricorden’estpaséveillée.”»Omonfrère,l’enfantestlapupilledetonœil;sachedefaçoncertaine
quelaréalisationdetondésirdépenddeladétresse.Si tusouhaitesquecetterobed’honneurvienneà toi,alorsfaisquela
pupilledetonœilpleuresurtoncorps.
*ÉminentsheikhsoufideBalkh(IXes.)*Selonlatraditionmusulmane,c’estIsmaëlqu’AbrahamreçutdeDieul’ordredesacrifier.*Sixièmepartied’undirham.*Nomd’uneconstellation,l’unedes«MaisonsdelaLune*HâtimTay,hommecèlèbrepoursagènèrositè.* Khezr (arabe Khadir), personnage mystèrieux, accompagnant Moϊse et se
livrantàdesactesapparemmentrèprèhensibles,quis’avèrentunegrâce(Qor’ân,XVIII).
Commentunecertainepersonneeffrayaunascète,disant:«Pleure
peu,decraintededeveniraveugle!»
ncompagnondanslavoiereligieuseditàunascète:«Pleurepeu,decraintequetonœilnes’abîme.»L’ascètedit:«L’affairenecomportequedeuxpossibilités:l’œilverra,
ouneverrapaslaBeautédivine.«S’il voit la lumière deDieu, qu’y a-t-il à déplorer ?Que sont deux
yeuxpourceluiquiestuniàDieu?«Ets’ilnevoitpasDieu,qu’il s’enaille !Qu’unœilaussimisérable
devienneaveugle!»Net’affligepaspourtesyeuxquandceJésusestàtoi;nevapasversla
gauche, mais vers la droite, pour qu’il te donne deux yeux à la visiondroite.
450 LeJésusdetonespritestprésentavectoi:imploresonaide,carilestungrandsecours;Mais nemets pas à chaquemoment sur le cœur de ce Jésus la tâche
inutiledesubveniràuncorpsremplid’os,Commel’imbécilequenousavonsmentionnédansl’histoirepourservir
auxjustes.Nerecherchepas,delapartdetonJésus,lavieducorps,nedemande
pasàtonMoïsederéaliserledésirdePharaon.Nechargepastoncœurdepenséesconcernanttesmoyensd’existence;
ilsneteferontpasdéfaut;maisdemeureàlaCourdivine.Cecorpsestunetentepourl’esprit,oucommeunearchepourNoé.QuandleTurcomanestlà,iltrouveunetente,spécialementceluiquiest
honoréàlaCourdeDieu.
Conclusiondel’histoiredelarevivificationdesossementsàlaprièredeJésus(surluilapaix!)
ésus prononça le Nom de Dieu sur les ossements à cause de lasupplicationdujeunehomme.Acausedecetimbécile,ledécretdeDieudonnalavieàlaformeque
cesosavaientpossédée.Un lionnoirbondit, frappaune foisde sapatte etdétruisit son image
corporelle.460 Celabrisasoncrâne;sacervelleserépanditàcetendroit:lecerneau
d’unenoix,cariln’yavaitpasenluidecervelle.S’ilavaiteuuncerveau,lefaitqu’ilaitétémisenpiècesneluiaurait
causéaucundommage,saufàsoncorps.Jésus dit au lion : «Comment l’as-tu déchiré si vite ? »Le lion dit :
«Parcequ’iltegênait.»Jésusdemanda :«Pourquoin’as-tupasbu le sangdecethomme?»
«Danscequiavaitétédécidé(parDieu),ilnem’étaitpasaccordédeleboire»,réponditlelion.Oh ! combien, à l’instar de ce lion furieux, ont quitté cemonde sans
avoirmangéleurproie!Leurportionn’estmêmepasunepaille,tandisqueleurgourmandiseest
aussigrandequ’unemontagne;ilsn’ontpaslesmoyensdesatisfaireleursdésirs,bienqu’ilsenaientlesmoyens(matériels).Ô Toi qui nous a rendu facile de faire un travail non récompensé et
stérileencemonde,délivre-nous!Pournous,celasembleunappâtetc’estenréalitéunhameçon:montre-
le-noustelgu’ilest.Leliondit:«ÔMessie,lefaitquejetuecetteproieétaitsimplement
dansledesseinquecetavertissementpuisseêtrereçu(parlesautres).«S’ilyavaitencoreeupourmoiencemondeuneportiondenourriture
quimefûtallouée,qu’aurais-jeeuàfaire,envérité,aveclesmorts?»470 C’estlàlechâtimentméritéparceluiquitrouvedel’eaupure,et,
commeunâne,urineinsolemmentdansleruisseau.Sil’âneconnaîtlavaleurdeceruisseau,aulieudesonpied,ilymettra
satête.L’imbéciletrouveunprophètecommecela,unseigneurdel’Eaudela
Vie,unamoureuxdelavie:Comment nemeurt-il pas devant lui, disant : « Ô seigneur de l’Eau,
rends-moivivantparl’ordre“Sois”(fiat)?»Prendsgarde!Nesouhaitepaslaviedetonâmecharnelle,car,depuis
longtemps,c’estl’ennemidetonesprit.Que la poussière soit sur les ossements empêchant ce chien de
rechercherl’esprit!Si tu n’es pas un chien, comment es-tu amoureux des ossements ?
Pourquoies-tuamoureuxdusang,commeunesangsue?Quelle sorte d’œil est-ce là qui n’a pas de vision, et n’obtient rien
d’autrequelahonteparlesmisesàl’épreuve?Les opinions sont parfois erronées, mais qu’est-ce que cette opinion
aveuglequantàlavoiedroite?Ôœil,tutelamentespourlesautres:arrête-toiuninstantetpleurepour
toi-même!480 Lerameauestrendufraisetvertparlenuageenpleurs,pourlamême
raisonquelachandelleestrenduepluslumineuseparseslarmes.Partoutoùdesgensselamentent,assieds-toilà,cartuasdavantagede
raisondeteplaindre,Etant donné qu’ils se préoccupent de la séparation d’avec ce qui
disparaît,etsontoublieuxdurubisdelapérennitéquiappartientàlamine(delaRéalité);Étant donné que le sceau de l’ imitation aveugle est un verrou sur le
cœur—va,dissousceverrouavecteslarmes;Étantdonnéquel’imitationestlepoisondetouteslesbonnesqualités:
l’imitationn’estqu’unepaille(kâh),mêmesic’estunegrandemontagne(kûh).Siunhommeaveugleestgrandetirascible,neleconsidèrequecomme
unboutdechair,puisqu’ilestdépourvudevision.Bien que l’imitateur aveugle prononce des paroles plus fines qu’un
cheveu,soncœurn’apointlaconnaissancedecesparoles.Iléprouveunecertaineivressedesespropresparoles,maisilyabien
ducheminentreluietleVin.Al’instard’unlitderivière:ilneboitpasd’eau;l’eaupasseàtravers
jusqu’auxbuveursd’eau.L’eau ne s’installe pas dans le lit de la rivière, parce que le lit de la
rivièren’estpasassoifféetneboitpasd’eau.490 Commelaflûtederoseau,ilgémitpitoyablement,maisnecherche
qu’unadmirateur.
L’imitateur, dans ses discours, est comme un pleureur professionnel :cethommeperversn’ad’autremotifquelacupidité.Le pleureur professionnel prononce des paroles brûlantes de chagrin,
maisoùestlabrûlureducœuretlevêtementdéchiré?Entre le véritable connaissant et l’imitateur aveugle, il y a degrandes
différences, parce que le premier est comme David, et le second n’estqu’unécho.L’origine des paroles du premier est la brûlure (du sentiment), tandis
quel’imitateurestceluiquiapprendparouï-dire.Prendsgarde!Nesoispasdupéparcesparolesaffligées:lebœufporte
lefardeau,maisc’estlacharrettequigrince.Même l’imitateur compte sur la récompense divine : le pleureur
professionnelreçoitsonsalaireaumomentdescomptes.L’infidèleetlevraicroyantdisenttousdeux«Dieu»,maisilyabien
deladifférenceentreeux.Le mendiant dit « Dieu » pour avoir du pain ; l’homme pieux dit
«Dieu»detoutesonâme.SilemendiantdistinguaitDieudecequ’ilditlui-même,ilneresterait
plusriendevantsesyeux.500 Durantdesannées,cechercheurdepaindit«Dieu»;commeunâne,il
porteleQor’ânpourêtrenourridepaille.Silaparolesurseslèvresavaitbrillédanssoncœur,soncorpsauraitété
réduitàdesatomes.Dans la sorcellerie, le nom d’un démon est utilisé pour réussir ; tu
gagnesuntrésoraumoyenduNomdeDieu.
Commentunpaysancaressaunliondansl’obscurité,parcequ‘ilcroyait
quec’étaitsonbœuf
npaysanattachaunbœufdansl’étable:unlionmangeasonbœufets’assitàsaplace.Le paysan alla à rétable voir son bœuf : l’homme, tâtonnant dans les
coins,cherchaitsonbœuflanuit.Il frottait de sa main les membres du lion, le dos, le côté, tantôt en
dessous,tantôtendessus.Leliondit:«Silalumièregrandissait,savésiculebiliaireéclateraitet
soncœursetransformeraitensang.«Ilmecaresseainsiavectantd’audaceparcequedanscetteobscuritéil
pensequejesuislebœuf.»Dieudit:«Ôdupeaveugle,lemontSinaïnes’est-ilpasécroulédevant
MonNom?« Car si Nous avions fait descendre16 ce livre sur la montagne, elle
auraitétéfendue,puismiseenpièces,etensuiteelleauraitdisparu.« Si le mont OhodM’avait connu, le sang aurait jailli en jets de la
montagne.»Tuasentenducelade tonpèreetde tamère ;enconséquence, tu l’as
admissansréfléchir.Si tu viens à Le connaître sans imitation aveugle, par Sa grâce tu
deviendrasimmatériel,commeunevoixvenueduCiel.Écoute cette histoire comme un avertissement, afin de comprendre
l’effetdésastreuxdel’imitationaveugle.
Commentlessoufisvendirentl’animalduvoyageurpourcouvrir
lesdépensesdusamâ
nsoufï,aprèsavoirvoyagé,arrivaàunkhanégah. Ilconduisit samontureàl’étable.Desapropremain,illuidonnaunpeud’eauetdufourrage:iln’était
pascommelesoufïdontnousavonsracontél’histoire.Il prit ses précautions contre la négligence et la sottise ;mais, quand
advientladestinée,àquoisertlaprécaution?Les soufïs étaient pauvres et dénués de tout : la pauvreté comporte
presqueuneinfidélitéquimèneàlaperdition.Ô toi, homme riche et bien nourri, prends garde à ne pas railler la
mauvaiseconduitedupauvrequisouffre!A cause de ce dénuement, cette bande de soufis, tous ensemble,
décidèrentdevendrel’âne,520 Disant:«Encasdenécessité,unecharogneestnourriture;mainte
actionperverseestrenduevertueuseparlanécessité.»Ils vendirent aussitôt l’âne ; ils achetèrent des aliments délicieux et
allumèrentdeschandelles.Lemonastères’emplitdejubilation:«Cesoir,ilyadebonneschoses,
delamusique,deladanse.« Combien de temps supporterons-nous de demander l’aumône et de
mendier?Combiendetempscettepatienceetcejeûnedetroisjours?«Nous sommesaussides créaturesdeDieu,nousavonsuneâme.La
chanceestavecnouscesoir,nousavonsuninvité.»Ainsi semaient-ils la semence de la fausseté, car ils considéraient
commel’âmecequin’estpasl’âme.Et le voyageur, lui aussi, était fatigué par le long voyage et vit (avec
plaisir)cettefaveuretcettegentillesse.Lessoufis,l’unaprèsl’autre,luiprodiguaientdescaresses;ilsjouaient
lejeudeluitémoignerdesattentionsagréables.Quandilvitcetteaffectionàsonégard,ildit:«Sijenemeréjouispas
cesoir,quanddoncleferai-je?»Ilsmangèrent lesmets et commencèrent le samâ ; le monastère était
remplidepoussièreetdefuméejusqu’auplafond:530 Lafuméedelacuisine,lapoussièresoulevéeenbattantdespieds,le
tumultedel’âmecauséparlanostalgieetl’extase.Tantôt,agitant lesmains, ils frappaient lesolde leurspieds, tantôt, se
prosternant,ilsbalayaientl’estrade(deleurfront).Cen’estqu’aprèsunelongueattentequelesoufiobtientdelaFortune
cequ’ildésire;pourcetteraison,lesoufiestungrandmangeur;Sauf,bienentendu, lesoufiquis’estrassasiédelaLumièredivine; il
estlibérédelahontedelamendicité.Mais,decessoufis,iln’yenaquequelques-unsparmilesmeilleurs;le
restevitsousl’empire(spirituel)(dusoufiparfait).Quand le samâ se fut déroulé du commencement jusqu’à la fin, le
ménestrelsemitàjouerunemélodiepuissante.Ilsemitàchanter:«L’âneestparti,l’âneestparti»etfitpartagerson
enthousiasmeàtoutelacompagnie.A causede cet enthousiasme, ils dansèrent jusqu’à l’aube, battant des
mainsetchantant:«L’âneestparti,l’âneestparti,ômonfils!»Pour les imiter, ce soufi semitàchanteravecunsentimentpassionné
«L’âneestparti.»Quandleplaisir,l’excitation,etlesamâeurentprisfin,lejourselevaet
tousdirent:«Adieu.»540 Lamaisonfutdésertée,etlesoufidemeuraseul;cevoyageursemità
secouerlapoussièredesonbagage;Il apporta son bagage de sa cellule afin de l’attacher sur l’âne, car il
désiraittrouverdesgensavecquivoyager.Ilsehâtaitpourrattrapersescompagnonsderoute;ilalladansl’écurie,
maisn’ytrouvapassonâne.Il sedit :«Leserviteur l’aemmenépourboire,car iln’abuquepeu
d’eaulanuitdernière.»Leserviteurarriva,et lesoufi luidit :«Oùest l’âne?»«Regardeta
barbe*»,réponditleserviteur,etunedisputes’éleva.Lesoufidit:«Jet’aiconfiémonâne,jet’aichargédemonâne,« Parle raisonnablement, ne discute pas ; redonne-moi ce que je t’ai
donné.«Jeteréclamecequejet’aidonné;rends-moicequejet’aienvoyé.«LeProphèteaditquetoutcequevotremainaprisdoitàlafinêtre
renduàsonpropriétaire.«Etsitoi,parinsolence,n’espassatisfait,ehbien,allonsàlamaison
ducadidelareligion.»550 Leserviteurdit:«J’étaisimpuissant,lessoufissesontprécipitéssur
moi,jecraignaispourmavie.
«Jetez-vousunfoieetlespartiesvoisinesaumilieudechats,etensuiteencherchez-vouslatrace?«Unemichedepainaumilieudecenthommesaffamés,unchatétique
devantcentchiens?»«Jesuppose,ditlesoufi,qu’ilst’ontprisl’âneparviolence,etainsien
avaient-ilsàmavieàmoi,pauvremalheureux!«Ettoi,tuneseraispasvenumedire:“Ilsemmènenttonâne,ôpauvre
homme!”«Afinquejepuisserachetermonâneàquiconquel’aacheté,oualors
qu’ilssepartagentmonargent.« Il y avait centmanières de remédier à cela quand les soufis étaient
présents,maismaintenantchacund’euxestallédansuneautrerégion.«Quipuis-jesaisir?Quipuis-jeemmenerchezlecadi?C’estpartoi,
envérité,quecettecalamitém’estarrivée.«Commentn’es-tupasvenumedire:“Ôétranger,ceterribleoutrage
estadvenu”?»«ParDieu,répondit-il,jesuisvenuplusieursfoispourt’informerdeces
agissements;«Maistuétaistoujoursentraindedire:“L’âneestparti,ômonfils”,
avecplusdeplaisirquetousceuxquilerépétaient,«Desortequejem’enretournai,pensant:“Ilestlui-mêmeaucourant;
ilestcontentdujugementdeDieu;c’estunhommequiconnaît(Dieu).”»Le soufi répondit : « Ils le disaient tous gaiement, aussi je prismoi-
mêmemesdélicesàledire.«Monimitationaveuglem’amenéàlaruine.Deuxcentsfoismaudite
soitcetteimitation!«Spécialementl’imitationdetelschenapansbonsàrien—lecourroux
d’Abrahamsoitsurceuxquidisparaissent17.« Le plaisir de cette compagnie de soufls projetait un reflet, et mon
cœurétaitcharméparcereflet.»Le reflet provenant de bons amis est nécessaire, jusqu’à ce que, sans
aucunreflet,tutirestoi-mêmedel’eaudelamer.Sache que le reflet est tout d’abord seulement une imitation ; mais
quandilrevientcontinuellement,ilsetransformeenprisedeconscience.Tantqu’iln’estpasdevenucetteprisedeconscience,ne teséparepas
desamis;net’écartepasdelacoquilled’huître:lagouttedepluien’estpasencoredevenueuneperle.Situdésiresquetonœil,tonintelligenceettonouïesoientpurs,metsen
pièceslesvoilesdudésirégoïste,
Car l’imitation, de la part du soufi, venant de son désir, excluait sonintelligencedelalumièreetdel’éclat.Le désir pour les aliments, et le désir pour le plaisir et le samâ
empêchaientsonespritdecomprendre(cequiétaitarrivé).Siledésirnaissaitdanslemiroir, lemiroirseraitcommenousquantà
l’hypocrisie.Silabalanceavaitledésirdesrichesses,commentlabalancefournirait-
elleunedescriptionexactedeschoses?Chaque prophète a dit avec sincérité à son peuple : « Je ne vous
demandepasunsalairepourmonmessage.«Jenesuisqu’unguide;c’estDieuvotreacquéreur;Dieum’achargé
d’agircommeuncommissionnairepourlesdeuxparties.«Quelest le salairedemon travail ?Lavuede l’Ami,mêmesiAbû
Bakrmedonnequarantemilledirhams*.«Monsalaire,cen’estpascesquarantemilledirhams :commentdes
perlesdeverreseraient-ellespareillesauxperlesd’Aden?»Jevaisteraconterunehistoire:écoute-laattentivement,afindesavoir
queledésirégoïstebouchelesoreilles.Quiconque éprouve un tel désir devient embarrassé : comment, si le
désirestprésent,l’oeiletlecœurseraient-ilslumineux?580 L’imaginationdupouvoiretdelarichessedevantlesyeuxestcomme
uncheveudansl’œil;Sauf,bienentendu,danslecasdusaintenivréquiestemplideDieu:
mêmesionluidonnedestrésors,ilestlibre,Car, lorsqu’unhommejouitde lavisiondeDieu,cemonde-cidevient
commeunecharogneàsesyeux.Mais ce soufï était bien loin de l’ivresse spirituelle ; aussi était-il
aveugléparsonavidité.L’hommeaveugléparledésirpeutentendrecenthistoires,maispasune
seuleidéenepénètredanssonoreille.
*C’est-à-dire:«Tudisdessottises.»*Lesquarantemilledirhams(oudinars)qu’AbûBakrdèpensapourl’amourduProphète.
Commentlescrieursducadiannoncèrentuninsolvabledans
toutelaville
lyavaitunepersonneinsolvablesansmaisonnifoyer,quirestaitenprisonenuneservitudeimpitoyable.Il avait coutume de manger déraisonnablement les rations des
prisonniers;àcausedesonappétit,ilétaitunfardeauaussipesantquelemontQâfsurlescœursdesgensdelageôle.Nuld’entreeuxn’avaitlecouragedemangerunmorceaudepain,parce
quecevoleurderationsluidérobaittoutsonrepas.QuiconqueestéloignédufestinduMiséricordieuxa lesyeuxd’unvil
mendiant,fût-ilunsultan.(L’insolvable)avaitpiétinétoutevertu;laprisonétaitdevenueunenfer
àcausedecevoleurdepain.590 Sivousfuyezdansl’espoirdequelquesoulagement,dececôtéaussi
unecalamitévientàvotrerencontre.Iln’existepasderecoinsansbêtesféroces;iln’existedereposquelà
oùtutetrouvesseulavecDieu.Le recoin de la prison inévitable de ce monde n’est pas exempt des
chargespourlesvisiteursetducoûtduchauffagedelamaison.Envérité,situtecachesdansuntroudesouris,tuserastourmentépar
quelqu’unayantlesgriffesd’unchat.L’hommesenourritdesesrêveries,siellessontbelles;Etsisesrêveriesmanifestentquelquelaideur,ildépérit,commelacire
fondueparlefeu.Si,parmilesserpentsetlesscorpions,Dieupréserveentoilesimages
deceuxquisontbeaux,Serpentsetscorpionssemontreronttesamis,carcetteimaginationestla
pierrephilosophalequitransmuetoncuivreenor.La patience est adoucie par une imagination belle, car les images du
soulagementsontalorsvenuesàl’esprit.Cesoulagementducœurprovientdelafoi:lafaiblessedelafoin’est
quedésespoirettourment.600 Lapatienceestcouronnéeparlafoi:quiconqueestdépourvude
patiencen’apasdefoi.LeProphèteadit:«Dieun’apasoctroyédefoiàceluidontlanature
ignorelapatience.»Lamême personne qui, à tes yeux, est pareille à un serpent, apparaît
commeunebeautéauxyeuxd’unautre,Parcequeà tesyeux ilapparaîtcommeun impie, tandisqu’àceuxde
sonamiilsembleêtreunvraicroyant.Pourtousdeux,foietinfidélitéexistentencettemêmepersonne:tantôt
ilestpoisson,ettantôthameçon.Ilestpourmoitiécroyantetpourmoitiéinfidèle;pourmoitiécupidité
etpourmoitiépatience.Dieuadit:«Certainsd’entrevoussontcroyants»,etaussi:«Certains
d’entrevoussontincroyants»,telunancienadorateurdufeu.Il est commeunbœuf : son côtégauchenoir, l’autreblanc comme la
lune.Celui qui aperçoit le côté noir l’évite ; celui qui voit l’autre côté le
recherche.Joseph était pareil à une bête de somme aux yeux de ses frères ; en
mêmetemps,auxyeuxdeJacob,ilétaitcommeunehouriduParadis.610 Enraisond’uneimaginationperverse,l’œilcorporeldérivéetl’œil
originelinvisible(del’esprit)considéraientJosephcommelaid.Sachequel’œilextérieurestl’ombredecetœilintérieur;toutce que cetœil intérieur peut voir, cetœil extérieur se tourne vers cet
œil-là.Tu es du lieu, mais ton origine est dans le non-lieu : ferme cette
boutique-cietouvrecetteboutique-là.Ne t’enfuis pas vers lemonde aux six directions, parce que dans les
directionsestleshashdara*etleshashdaraestéchec,échecetmat.
*Positiondèsastreusedanslejeudenard.
Commentlesprisonniersseplaignirentdel’insolvable
auprèsdureprésentantducadi
es prisonniers allèrent se plaindre à l’employé du cadi, qui étaitdouédediscernement,Disant:«Présentenossalutationsaucadietrapporte-luilessouffrances
quenousinfligecethommevil;«Car il est restéconstammentdanscetteprisonet il estunvagabond
oisif,unparasite,etunemalédiction.«Commeunemouche, ilapparaît sansvergogneàchaque repas, sans
invitationetsanssalam.« Pour lui, la nourriture de soixante personnes n’est rien ; il fait
semblantd’êtresourdsionluidit:“Assez!”«Siunebouchéeparvientàunhommedanslaprison,ousi,aumoyen
decentastuces,ildécouvredelanourriture,« Cet insatiable satanique arrive avec cet argument que Dieu a dit :
“Mangez18!”«Justice,justicecontrecestroisannéesdefamine!Puissel’ombrede
notreseigneurdureràjamais!« Ou bien faites sortir ce buffle de prison, ou bien accordez-lui une
rationdenourriturerégulièrementgrâceàunedonation.«Ôtoigrâceàquihommesetfemmessontrendusheureux,rends-nous
justice!Tonaideestinvoquéeetrecherchée.»L’employé courtois alla trouver le cadi et lui rapporta les plaintes de
boutenbout.Lecadifitappelerl’insolvabledesaprisonensaprésenceetensuitese
renseignasurluiauprèsdesespropresofficiers.Toutes les plaintes qu’avait portées cette masse de prisonniers
s’avérèrentfondéesauprèsducadi.Illuidit:«Lève-toietquittecetteprison;vadanslamaisonquiestla
propriétédonttuashérité.»Il répondit :«Mamaisonetmonfoyerconsistenten tabienveillance.
CommepouruninfidèletaprisonestmonParadis.«Situmechassesdecetteprisonetmefaispartir,envérité,jemourrai
demisèreetdemendicité.»630 IIplaidasacausecommeleDémonquidisait:«ÔmonSeigneur,
accorde-moiundélai19jusqu’auJourdelaRésurrection,«Carjesuisheureuxdemetrouverdanslaprisondecemondeafinde
pouvoirtuerlesenfantsdemonennemi,«Et,siquelqu’unaunpeud’alimentdefoietunesimplemichedepain
pourlaviefuture,«Quejepuissem’enemparer,tantôtparruse,tantôtpartromperie,de
sortequeparrepentirilspuissentselamenter;« Et que parfois je puisse les menacer de pauvreté, et parfois les
aveugler par l’enchantement des tresses et des grains de beauté. »Danscetteprison(dumonde),l’alimentdelafoiestrare,etcequiexisterisqued’êtreprisaufiletdeladestructionparl’attaquedecevaurien.Si, grâce à la prière, au jeûne, à centmortifications, la nourriture du
sentimentspirituelestaccordée,leDémonaussitôts’enempare.JechercherefugeenDieucontreSonSatan.Nousavonspéri,hélas,à
causedesadésobéissance.Iln’estqu’unseulvaurien,maisilentreendesmilliersdegens;celui
enquiilpénètredevientluiaussiSatan.Quiconque refroidit votre ferveur, sachez que Satan est en lui : le
Démonestcachésoussapeau.649 Quandilnetrouvepasdeformecorporelle,ilenvahitvotreimagination,
afinquecetteimaginationvousconduiseàlapeine:Tantôtl’idéedelarécréation,tantôtcelledutravail;tantôtl’idéedelascience,tantôtcelledelamaisonetdufoyer.Prendsgarde!Disaussitôt:«QueDieum’aide!»etrépète-lemaintes
fois,nonpasseulementaveclalangue,maisdufonddel’âme.Le cadi déclara : « Montre-moi clairement que tu es insolvable. »
«Voicilesprisonnierscommetémoins»,répondit-il.«Ceux-là,ditlecadi,sontsuspects,parcequ’ilst’évitentetversentdes
larmesdesangàcausedetaconduite;«Enoutre,ilssupplientd’êtredélivrésdetoi;enraisondecetintérêt
personnel,letémoignagequ’ilsapportentestdénuédevaleur.»Touteslespersonnesappartenantautribunaldirent:«Nousattestonsà
lafoissoninsolvabilitéetsadégénérescencemorale.»Tous ceux que le cadi interrogeait à son sujet disaient : « Seigneur,
lavez-vouslesmainsdecethomme.»Lecadiordonna:«Faites-luifaireletourdelaville,pourquetousle
voient,etcriez:“Cethommeestinsolvableetc’estunbrigand.”« Proclamez-le, rue par rue, battez du tambour pour avertir de son
insolvabilitépartout,àtouslesyeux.
650 «Quepersonneneluivendeàcrédit,quepersonneneluiprêteunsou.« Quiconque présentera contre lui une plainte pour fraude, je ne le
mettraiplusenprison.« Son insolvabilitém’a été prouvée : il n’a rien en sa possession, ni
argent,nimarchandises.»L’hommesetrouvedanslaprisondecemonde,afinquepeut-êtreson
insolvabilitépuisseêtreprouvée.DieuaaussiproclamédansnotreQor’ânl’insolvabilitéd’Iblîs,Disant:
«C’estuntricheur,unfailli,unmenteur:nevousassociezpasàlui,etnejouezàaucunjeuaveclui.«Etsivouslefaitesetplaidezensuitevotrecauseauprèsdelui,ilest
insolvable:quelbénéficepouvez-vousentirer?»Quandl’affaireéclata,ilsamenèrentlechameaud’unKurdequivendait
duboisdechauffage.LemalheureuxKurdepoussaitdegrandscris;ilséduisitaussi(l’agent
chargédesesaisirduchameau)avecledond’undâng.Maisonluienlevalechameaudepuislematinjusqu’àlatombéedela
nuit,etseslamentationsneluiservirentàrien.660 Surcechameauétaitperchécetoiseaudemalheur(l’insolvable),tandis
quelepropriétaireduchameaulesuivaitencourant.Ilssehâtaient,dequartierenquartier,etderueenrue,jusqu’àcequela
villeentièrelesconnaissedevue.Devant chaque hammam et marché, tout le monde les regardait. Il y
avaitdixcrieursàlavoixforte,desTurcs,desKurdes,desAnatoliens,desArabes,proclamant:«Cethommeestinsolvableetnepossèderien:quenulneluiprêteune
piécettedecuivre;« Il ne possède pas lamoindremiette, visible ou invisible ; c’est un
failli,unmauvaisdrôle,unrusévaurien,quimanqueàsaparole.« Attention, attention ! Ne faites pas d’affaires avec lui ; quand il
amèneraunbœufàvendre,serrezbienlenœud.«Etsivousamenezcetindividudéchuenjugement, jenemettraipas
uncadavreenprison.«C’estunbeauparleur,etquidiscourtsansfin:ilestvêtud’unhabit
neufintérieuretd’unhabitextérieurrapiécé.«S’ilmetcevêtementintérieurenvuedetromper,ilestempruntéafin
deleurrerlesgens.»670 Sache,ôhommeserein,quelesparolesdesagessesurlalanguedecelui
quiestdépourvudesagessesontcomparablesàdeshabitsempruntés.
Mêmesiunvoleurarevêtuunebellerobe,commentceluidontlamainestcoupéepeut-ilteprendreparlamain?Lorsque à la tombée de la nuit l’insolvable descendit du chameau, le
Kurdeluidit:«Mademeureestloind’ici.«Tuasmontémonchameaudepuiscematindebonneheure:jenete
réclamepasleprixdel’orge,maisaumoinsceluidelapaille.»«Etpourquoidonc,répliqua-t-il.Qu’avons-nousfait jusqu’àprésent?
Oùesttonintelligence?N’ya-t-ilpersonnecheztoi?«Lebattementdutambourinformantdemoninsolvabilitéestparvenu
jusqu’auseptièmeciel,ettun’aspasentenducesmauvaisesnouvelles!«Tesoreillesontétépleinesd’unfolespoir:cetespoir-làrendsourdet
aveugle,monfils.«Lesmottesdeterreetlespierreselles-mêmesontentenducetavis:“Il
estinsolvable,ilestinsolvable,cebrigand.”»Lescrieurslerépétèrentjusqu’ausoir,etcelanefitaucuneimpression
sur le propriétaire du chameau, parce qu’il était tout rempli d’un vainespoir.Dieuapposeunsceausurl’ouïeetsurlavue;àl’intérieurdesvoiles,il
yabiendesformesetbiendessons.680 IIcommuniqueàl’œilcequ’ilveutcommebeauté,perfectionetregards
amoureux,Et II communique à l’oreille ce qu’il veut commemusique et bonnes
nouvellesetcrisdejoie.Lemondeestremplideremèdes,maisvousn’enavezaucunavantque
Dieuouvrepourvousunefenêtre.Bien que vous soyez à présent inconscients de ce remède, Dieu le
rendramanifesteaumomentdubesoin.LeProphèteaditqueleDieudeGloireacrééunremèdepourchaque
souffrance;Maisdeceremèdepourvotresouffrance,vousnepercevreznicouleur
niparfumsansSonordre.Viens,ô toiquicherches le remède ;attache ton regardà l’au-delàde
l’espace,commelesyeuxdeceluiquivamourirsetournentversl’esprit.Ce monde spatial a été produit à partir de ce qui est sans relations
spatiales,carlemondeestdevenuunlieuàpartirdel’absencedelieu.Tourne-toi de F existence vers la non-existence, si tu cherches le
SeigneuretappartiensauSeigneur.Cettenon-existenceest le lieudurevenu :ne t’enfuispas loind’elle ;
cetteexistenceduplusetdumoinsestlelieudeladépense.
690 PuisqueFatelierdeDieuestlanon-existence,endehorsdeFate-lieriln’yaquecequiestsansvaleur.Mets dans notre cœur des mots subtils qui puissent T’amener à la
Miséricorde,ôToipleindegrâces.C’estdeToiqueviennentetlaprièreetlaréponse;deToilasécurité,
deToiaussilacrainte.Sinousavonsparlédefaçonfautive,daignenouscorriger:TuesCelui
quicorriges,ôToiquiesleSultandesparoles!Tupossèdesl’alchimieparlaquelleTupeuxlestransmuer,etmêmesi
c’estunfleuvedesang,TupeuxenfaireunNil.Detellesopérationsd’alchimiesontTonœuvre;detelsélixirssontTes
secrets.Tuasmélangél’eauetlelimon;del’eauetdel’argile,Tuasfaçonnéle
corpsd’Adam.Tu as donné à l’homme la parenté, épouse, oncles maternels et
paternels,avecdesmilliersdepensées,dejoiesetdechagrins.Aussi, à certainsTuas accordé ladélivrance ;Tu les as libérésde ce
chagrinetdecettejoie;Tulesasemportésloindelaparentéetdelafamilleetdeleurpropre
nature;tuasfaitparaîtrechaquebellechoselaideàleursyeux.700 Ilsrejettentcequiestperçuparlessens,ets’appuientsurcelaquiest
invisible.L’amour estmanifeste, et leBien-Aimé est caché ; l’Ami est hors du
monde,maissonattraitestdanslemonde.Renonceàcettecroyance(danslesphénomènes).Lesamoursressenties
pourcequiestdouédeformen’ontpaspourobjetlaformeextérieureoulevisagedeladame.Ce qui est l’objet de l’amour, ce n’est pas la forme, qu’il s’agisse de
l’amourpourleschosesdecemondeoupourcellesdel’autremonde.Ce que tu as été amené à aimer pour sa forme, pourquoi l’ as-tu
abandonnéaprèsquel’espritsefutenfui?Sa forme est encore là ; pourquoi donc ce dégoût ? Ô amoureux,
demande-toiquiestvraimenttabien-aimée.Si labien-aiméeestcequelessensperçoivent,quiconqueestdouéde
sensenseraitamoureux.Puisquelafidélitéaugmentepar1’amourspirituel,commentlafidélité
serait-ellealtéréeparladestructiondelaforme?Le rayon de soleil a frappé un mur ; le mur a reçu une splendeur
empruntée.
Pourquoiattachertoncœuràunemottedeterre,ôhommesimple?Vachercherlasourcequibrilleéternellement.
710 Toiquieséprisdetaraison,tejugeantsupérieurauxadorateursdelaforme,Sache que ton intelligence est un rayon de l’intelligence universelle
projetésurtaperceptionsensorielle;considère-lacommedel’orempruntédoranttoncuivre.Dansl’humanité,labeautéestpareilleàcettedorure;sinon,comment
tabien-aiméeserait-elledevenuepareilleàunvieilâne?Elleétaitcommeunange,elleestdevenuecommeundémon,carcette
beautéenelleétaitchoseempruntée.Petit à petit, Dieu retire cette beauté ; petit à petit, le rameau se
dessèche.Va, récite : De celui à qui Nous accordons une longue vie, Nous
courbonslastature20.Recherchelecœur,net’attachepasauxos;Car cette beauté du cœur est la beauté durable ; ses lèvres donnent à
boirel’EaudelaVie.Envérité,elleestàlafoisl’eau,celuiquidonneàboire,etceluiquia
bu:toustroisdeviennentunquandtontalismanestbrisé.Cetteunité, tunepeux laconnaîtrepar le raisonnement.SersDieu,et
abstiens-toidesparolesoiseuses,ôhommesansdiscernement!Pourtoi,laréalitéestl’apparenceetcequiestemprunté;tuteréjouis
decequiestaccessoirecommelarime.720 Laréalité,c’estcequis’emparedetoietterendindépendantdela
forme.Laréalitén’estpascequirendaveugleetsourd,et faitqu’unhomme
estencoreplusamoureuxdelaforme.Ce qui est dévolu à l’aveugle, c’est l’imagination qui accroît la
souffrance;lapartdel’œilspirituel,cesontlespenséesdemouriràsoi-même(fanâ).Les aveugles sont unemine pleine de la littéralité duQor’ân : ils ne
voientpasl’âneetsecramponnentaubât.Puisque tuesdouédevision,coursaprès l’ânequi s’est enfui loinde
toi:combiendetempscoudras-tulaselle,ôadorateurdelaselle?Quandl’âneseralà,laselleseracertainementàtoi:lepainnemanque
pasquandtuasl’esprit.Surledosdel’ânesetrouventlaboutique,larichesse,legain;laperle
detoncœurestlecapitalquienrichitcentcorps.Monte ton âne sans selle, ô impudent ! n’est-ce pas ainsi que
chevauchaitleProphète?LeProphètemontait sans selle ; et le Prophète, est-il dit, voyageait à
pied.Tonâmecharnelle,cetâne,s’estenfuie;attache-laàunclou.Combien
detempss’enfuira-t-elleloindutravailetdelapeine,combiendetemps?730 IIfautqu’elleportelefardeaudelapatienceetdelagratitude,quece
soitdurantcentannées,outrente,ouvingt.Nulqui est chargéneporte le fardeaud’unautre ; nuln’amoissonné
avantd’avoirsemé.C’estunespoirabsurde(«cru»);nemangepascequiestcru,ômon
fils;mangercequiestcrurendleshommesmalades.Netedispas:«Untelatrouvésoudainuntrésor;j’aimeraiscela:pas
detravailnideboutiquepourmoi!»Cettedécouverteestl’œuvredelaFortune;enoutre,elleesttrèsrare;
ilfautgagnersavieaussilongtempsquelecorpsenestcapable.Commentlefaitdegagnersavieempêcherait-ildetrouveruntrésor?
Nelaissepasletravail;letrésorviendraaprèsletravail.Prendsgardedenepas être captif du« si…», disant « si j’avais fait
cecioucela»,CarleProphètesincèredéfenditdedire«si»etdéclara:«Celavient
del’hypocrisie.»Carl’hypocriteestmortendisant«si»et,àdire«si»,iln’agagnéque
desremords.
Parabole
ncertainétrangercherchaitenhâteunemaison.Unamil’amenaàunemaisonenruine.
740 IIluidit:«Sicettemaisonavaituntoit,ceseraitunfoyerpourvousenplusdemoi.«Votrefamilleaussiseraitàl’aise,s’ilyavaituneautrepièce.»«Oui,
répondit-il, il est agréable de se trouver avec des amis ;mais,mon trèscher,onnepeutlogerdans“si”.»Tous, en ce monde, recherchent le bonheur et, en raison d’un faux
bonheur,ilssontdanslefeu.Vieuxet jeunessontdevenusdeschercheursd’or,mais l’œilordinaire
nedistinguepasl’alliagedel’or.L’orpuraprojetéunrayonsurl’alliage;prendsgardeànepaschoisir
l’orentefondantsurunesimpleopinion,sanspierredetouche.Situpossèdesunepierredetouche,choisis;autrement,vateconsacrer
àceluiquiconnaît(ladifférence).Oubientudoisavoirunepierredetoucheàl’intérieurdetapropreâme,
ou,situneconnaispaslaVoie,net’avancepasseul.Lecridesgoules* est lecrid’une relation,une relationqui t’attirerait
verstaperte.Lagoulevacriant:«Attention,ôgensdelacaravane!Venezversmoi,
voicilapisteetlesjalonsdelaroute.»Lagoulementionnelenomdechacun,disant:«ÔUntel!»…afínde
fairedecettepersonnequelqu’unquiseperd.Lorsque cet hommearrive à l’endroit indiqué, il aperçoit des loups et
deslions;savieestperdue,larouteestlointaine,etilsefaittard.Dis-moi,quelestlecridelagoule?C’est:«Jedésiredesrichesses,je
désireunepositionetunerenommée.»Empêche ces voix d’entrer dans ton cœur, pour que les mystères
spirituelspuissentt’êtrerévélés.RépèteleNomdeDieu,ignorelecridesgoules,fermetesyeuxdevant
cevautour.Apprendsladifférenceentrelavéritableetlafausseaurore,distinguela
couleurduvindelacouleurdelacoupe,Afin que peut-être, à partir des yeux qui voient les sept couleurs, la
patienceetl’attentepuissentproduireunœilspirituel,
Grâceauquel tupuissescontemplerd’autrescouleursquecelles-ci,etvoirdesperlesaulieudepierres.Quelle perle ? Non, tu deviendras un océan, tu deviendras un soleil
traversantleciel.L’Ouvrierestcachédansl’atelier;vois-LeclairementdansSonatelier.Étantdonnéquel’œuvreatisséunvoilecachantl’Ouvrier,tunepeux
Levoirendehorsdecetteœuvre.Commel’atelierestlademeuredel’Ouvrier,celuiquiestàl’extérieur
n’estpasconscientdeSaprésence.Entredoncdansl’atelier,c’est-à-direlanon-existence,afindepouvoir
contempleretl’œuvreetl’Ouvrier.PuisqueTatelierest le lieude laclairvoyance,endehorsde l’atelier il
n’yaquecécité.Le pharaon rebelle garda son visage tourné vers l’existence ; en
conséquence,ilfutaveuglequantàl’atelierdeDieu.Aussidésirait-ilchangerlaprédestinationdeDieu,afind’éloignerdesa
porteladestinéedivine.Envérité,ladestinée,àchaqueinstant,semoquaitdel’arrogancedece
rusécomploteur.Iltuadescentainesdemilliersdebébésinnocents,afinqueTordreetla
prédestinationdeDieusoientévités.Afinque leprophèteMoïsenepuisseparaître, ilserendit responsable
demilliersd’iniquitésetdemeurtres.Ilfitcoulertoutcesang,etcependantMoïsenaquitetfutpréparépour
sonchâtiment.770 S’ilavaitvul’atelierdel’Eternel,ilauraitcessédesedémenerà
comploter.Moïse demeura en sécurité dans la maison du pharaon, alors qu’au-
dehors,celui-cituaitenvainlespetitsenfants;A l’instar de l’homme sensuel qui dorlote son corps et soupçonne
quelqu’und’autredehaineamèreàsonégard,Disant :«Celui-ci estunennemi, et celui-làunadversaireenvieux»,
bienqu’envérité celui qui l’envie et qui est son ennemi soit sonproprecorps.IlestcommePharaon,etsoncorpsestsonMoïse:ilcourtçàetlàau-
dehors,demandant:«Oùestmonennemi?»Son âme charnelle prend ses aises dans lamaison, qui est son corps,
tandisqu’ilsemordlesmainsderancunecontrequelqu’und’autre.
*Dèmonsmangeursd’hommes,c’est-à-dire,ici,lestentationsduDèmon.
Commentdeshommesblâmèrentunhommequituasamèreparcequ’illasoupçonnaitd’adultère
ncertainhommetuasamèredecolère,avecdescoupsdepoignardetaussidescoupsdepoing.Quelqu’unluidit:«Acausedetanaturemauvaise,tun’aspasgardéà
l’espritcequiestdûàlamaternité.«Eh,dis-moi,pourquoias-tutuétamère?Qu’a-t-ellefait?Jeteprie,
dis-le-moi,ôvilindividu!»780 Ildit:«Elleacommisunactequiestundéshonneurpourelle;jel’ai
tuée,parcequecetteterrelacache(danslatombe).»L’autredit :«Ôhonorémessire, tuecelui (quiétait sonpartenaire).»
«Alors,répondit-il,jedevraistuerunhommechaquejour.«Je l’ai tuée,celam’apréservédeverser lesangd’unemultitude : il
vautmieuxluicouperlagorgequecellesdetantdegens.»Cettemèreàlamauvaisenature,dontlaperversitésetrouvepartout,est
votreâmecharnelle.Allons,tue-la,caràcausedecettevilecréature,tut’attaquesàchaque
instantàl’unequiestvénérable.Acaused’elle,cemondesibeautedéplaît;pourl’amourd’elle,tues
enguerreavecDieuetleshommes.Situastuél’âmecharnelle,tun’asplusbesoindet’excuser:nuldans
lemondenedemeuretonennemi.Siquelqu’unsoulevaitunedifficultéausujetdemesparolesencequi
concernelesprophètesetlessaints,Et disait : « Les prophètes n’avaient-ils pas tué leur âme charnelle ?
Pourquoidoncavaient-ilsdesennemisetdesenvieux?»Prête l’oreille, ô chercheur de la vérité, et écoute la réponse à cette
difficultéprovenantdudoute.Ces incroyants étaient en réalité des ennemis d’eux-mêmes : c’est à
eux-mêmesqu’ilsportaientdescoups.Un ennemi est celui qui attente à la vie d’autrui : celui qui détruit sa
proprevien’estpasunennemipourlesautres.La petite chauve-souris n’est pas l’ennemie du soleil : elle est un
ennemipourelle-mêmeàcausedesacécité.L’éclatdusoleil la tue :comment lesoleilenéprouverait-il jamaisdu
désagrément?790 Unennemiestceluidontprovientletourment,quiempêchelerubisde
recevoirlesrayonsdusoleil.Tous les infidèles s’empêchent eux-mêmes de recevoir les rayons du
joyaudesprophètes.Commentdes incroyantspourraient-ilsvoiler lesyeuxdeceluiquiest
sanségal?Lesgensontseulementaveugléetdéforméleurproprevision.Ilssontcommel’esclaveindienquienveutàsonmaîtreetsetuepour
lecontrarier:Iltombelatêtelapremièredutoitdelamaison,(espérant)avoircausé
dutortàsonmaître.Silemaladedevientl’ennemidumédecin,ouquel’enfanttémoignede
l’hostilitéenverslemaître,En vérité, ils agissent comme des brigands contre eux-mêmes : eux-
mêmeségarentleurpropreespritetraison.800 Siunfoulonestoffenséparlesoleil,siunpoissonestoffenséparl’eau,
Considèreunebonnefoisquicelablesse,etdequil’étoileestéclipsée,decefait,àlafin.SiDieut’acrééavecdevilainstraits,prendsgardeànepasdeveniràla
foislaiddevisageetdemauvaiscaractère;Etsiteschaussuressontdéchirées,nevapassurunsolpierreux;etsi
tues(torturé)pardeuxpointesacérées,n’enajoutepasdeuxautres.Tu es envieux, disant : « Je suis inférieur à Untel ; il accroît mon
infériorité(parsasupériorité)aupointdevuedelachance.»Mais,enréalité,l’envieestunautredéfautetunefaute;bienplus,elle
estpirequetouteslesinfériorités.Ce Démon (Satan), à cause de sa honte et de son humiliation d’être
inférieur(àAdam),sejetadanscentdamnations.Acausede l’envie, il souhaitaitêtreausommet.Ausommet !Non, il
voulaitverserlesang.AbûDjahl fut déshonoré parMohammad, et à cause de l’envie il se
hissaitausommet.SonnométaitAbu’l-HakametildevintAbûDjahl*;oh,mainthomme
digneestdevenuindigneàcausedel’envie.810 Danscemondedequêteetderecherche,jen’aivuaucunmériteplus
grandqu’unebonnedisposition.Dieuafaitdesprophètesunintermédiaire(entreLuietSescréatures),
afinquelessentimentsd’enviesoientmanifestésparundébordement(dejalousie).
Étantdonnéquepersonnen’esthumiliéparuneinfériorité(parrapportàDieu),personnenefutjamaisenvieuxdeDieu;Maisceluiqu’iljugeaitsemblableàlui-même—illuitémoigneraitde
l’enviepourcetteraison.AprésentquelagrandeurduProphèteestétablie,personnenel’envie,
étantdonnéqu’ilestaccepté(partouslesfidèles).C’est pourquoi à chaque époque un saint apparaît qui agit comme un
vicaire;lesgenssontàl’épreuvejusqu’àlaRésurrection.Quiconqueaunebonnenatureestsauvé;quiconquealecœurpleinde
faiblessesestbrisé.Cesaintdoncestl’imâmvivantquiapparaît,qu’ilsoitundescendantde
‘Omaroude‘Alî.IlestleGuidé(Mahdî)etleGuide(Hâdî),ôchercheurdelaVoie;ilest
àlafoiscachéetassisauprèsdetoi.Il estcomme laLumièreduProphète,et laRaisonuniverselleest son
Gabriel ; le saintmoindreque lui reçoit son illuminationde lui, commeunelampe.
820 Celuiquiestendessousdecette«lampe»estcommelanichedelalampe21:laLumièreadifférentsdegrés.Car la Lumière de Dieu a sept cents voiles : considère les voiles de
Lumièrecommeautantdedegrés.Derrièrechacundecesvoilessetrouveunecertainecatégoriedesaints;
lesvoiless’élèvent,rangéeaprèsrangée,jusqu’àl’imâm.Ceux qui se trouvent au plus bas rang, à cause de leur faiblesse, ne
peuventsupporterdevoirlalumièrequiestenfaced’eux;Et ce rang plus élevé, en raison de la faiblesse de sa vue, ne peut
supporterlalumièreplusforte.La lumière qui est la vie du rang le plus élevé est pénible et
insupportablepourceluiquiademauvaisyeux.Cependant, graduellement, sa vue devient plus forte, et quand il est
passéau-delàdesseptcentsvoiles,ildevientl’Océan.Le feu qui convient au fer ou à l’or, comment serait-il bon pour les
coingsetlespommes?Lapommeetlecoingn’ontquepeudecrudité;àladifférencedufer,
ilsnécessitentunfeudoux;Mais ces flammes sont trop faibles pour le fer qui peut aisément
absorberl’éclatdudragonenflammé.830 Quelestcefer?Ledervichemortifié;souslemarteauetlefeu,ilest
rougeetheureux.
Il est le chambellan du feu, en contact direct avec lui ; il pénètredirectementdanslecœurdufeu.Sans quelque écran, l’eau et les enfants de l’eau n’obtiennent pas la
cuissonnilarelationaveclefeu.L’intermédiaireestunemarmiteouunepoêle—commelepiedporte
unsoulierpourmarcher,Ou commeun espace intermédiaire, afin que l’air deviennebrûlant et
apportelefeuàl’eau.Lederviche, donc, est celui qui n’apasd’intermédiaire : les flammes
sontenrelationavecsonêtre.C’estpourquoiilestlecœurdumonde,parcequeaumoyendececœur,
lecorpsremplitsafonctionpropre.Silecœurestabsent,commentlecorpspeut-ilcauseretparler?Sile
cœurnecherchepas,commentlecorpspeut-ilêtreenquêteetchercher?C’estpourquoilelieudelamanifestationdesrayons(divins)estcefer;
c’estpourquoilelieudemanifestationdeDieuestlecœur,nonlecorps.Les cœurs individuels sont comme le corps par rapport au cœur de
l’hommeparfaitquiestsasourceoriginelle.840 Cesujetnécessitebeaucoupd’éclaircissementsetd’exposition,maisje
crainsquelapenséeduvulgairenetrébuche,Etquemabontésoittransforméepareuxenméchanceté;mêmeceque
j’aiditnevenaitquedel’absencedesoi.Lesouliertorduvautmieuxpourlepiedtordu;lepouvoirdumendiant
s’arrêteàlaporte.
*EnnemideMohammaddontlenomsignifie«Pèredujugesage»,surnommèensuite«Pèredel’ignorance».
Commentleroimitàl’épreuvelesdeuxesclavesqu’ilvenaitd’acheter
nroiachetabonmarchédeuxesclaves,etparlaavecl’und’eux.Il s’aperçut qu’il était d’esprit vif et répondait doucement. Que
provient-ildeslèvresdouces?L’eaudouce.L’hommeestcachéderrièresalangue;cettelangueestlerideaudevant
laportedesonâme.Quandunsouffledeventrelèvelerideau,lesecretdel’intérieurdela
maisonnousestdévoilé,Etnousvoyonssidanscettemaisonilyadesperlesoudublé,untrésor
d’or,ousitoutn’estqueserpentsetscorpions;Oubien si un trésor se trouve là, avecun serpent à côté, étant donné
qu’untrésord’orn’estpassansquelqu’unquiveille.Sans préparation, cet esclave parlait de la façon dont d’autres parlent
aprèscinqcentspréparations.850 Onauraitditqu’àl’intérieurdelui-mêmesetrouvaitunemer,etque
cettemertoutentièreétaitdesperlesd’éloquence,Etque la lumièrequibrillait dechaqueperledevenaituncritèrepour
distinguerentrelavéritéetl’erreur.Ainsi la lumière du critère (de laRaison universelle) distingueraitelle
pournouslavéritéetl’erreur,etlesséparerait,atomeparatome;La lumièrede laPerle (divine)deviendrait la lumièredenosyeux, la
questionetlaréponseviendraienttoutesdeuxdenous.Mais tu as rendu tes yeux louches et vu le disque de la lune comme
double:cettevisionfautiveestcommelaquestion.Regarde le clair de lune avec des yeux normaux, afin de pouvoir
apercevoirlalunecommeunique.Envérité,c’estlaréponse.Disàtapenséedenepasregarderdetraversetderegarderbien:cette
penséeestl’éclatdecettePerle.Chaque fois qu’une réponse parvient au cœur à travers l’oreille, l’œil
dit:«Entendscetteréponsedemoi;nefaispasattentionàcelle-là(quiprovientdel’oreille).»L’oreilleestuneentremetteuse, tandisque l’œilconnaît l’union ; l’œil
possèdeuneexpériencedirecte(delaréalité),tandisquel’oreillen’aquedesmots.Lorsquel’oreilleentend,ilendécouleunetransformationdesqualités;
danslavisiondel’œil,ilyaunetransformationdel’essence.860 Sitaconnaissancedufeun’aététransforméeencertitudequepardes
mots,chercheàêtrecuit(parlefeumême)etnedemeurepasdanslacertituded’uneconnaissancevenantd’autrui.Iln’existepointdecertitudeintuitiveavantdebrûler;situdésirescette
certitude,mets-toidanslefeu.Quandl’oreilleestpénétrante,elledevientœil;sinon,laparoledeDieu
resteemmêléedansl’oreillesansatteindrelecœur.Ce discours n’a pas de fin. Retournons voir ce que le roi fit à ses
esclaves.
Commentleroirenvoyal’undesdeuxesclavesetinterrogeal’autre
uandilvitquecepetitesclaveétaitdouéd’uneviveintelligence,ilfitsigneàl’autredevenirverslui.Si je l’ai appelé par un diminutif affectueux, ce n’est pas pour le
diminuer;siungrand-pèredit«monpetit-fils»,cen’estpasparmépris.Quand le second esclave vint devant le roi, il avait une mauvaise
haleineetdesdentsnoires.Bien que le roi fûtmécontent de sa parole, cependant il se renseigna
quantàsespenséessecrètes.Il dit : « Avec cet aspect et cette bouche malodorante, assieds-toi à
quelquedistance,maispastroploin«—Car, jusqu’àprésent, tuasétépourmoi le scribede lettresetde
notes;tun’aspasétéuncompagnon,unamietuncamarade—,870 «Afinquenouspuissionssoignertabouche:tuesmaintenantle
(patient)bien-aimé,etnoussommeslemédecinhabile.«Ilneconvientpasdebrûlerunecouvertureneuveàcaused’uneseule
puce,niàmoidemedétournerdetoi(àcaused’imperfections).«Endépit de tout ceci, assieds-toi et parlons de quelques sujets, afin
quejepuissebienvoirquelleesttatournured’esprit.»Puis il envoya celui qui avait l’esprit vif au hammam, en lui disant :
«Vatenettoyer.»Etàl’autreildit:«Bon!Tuesungarçonintelligent:envérité,tues
centesclaves,nonunseul.«Tun’es pas tel que ton camarade l’a déclaré : cet envieuxm’aurait
rendudégoûtédetoi,« Car il a dit que tu étais voleur et déshonnête, mal élevé, immoral,
infâmeetainsidesuite.»L’esclave dit : «Mon camarade a toujours été véridique ; je n’ai vu
personneaussisincèrequelui.«Lavéracitéest innéeen lui ;quoiqu’ildise, jenedispasquec’est
dénuédevérité.«Jeneconsidèrepascetexcellenthommecommedouédemalice:je
soupçonneraisplutôtmaproprepersonne.880 «Peut-êtrequ’ilvoitenmoidesfautesquejenevoispasenmoi-
même,ôroi.»
Celui qui voit ses propres fautes avant de voir celles des autres,commentn’aurait-ilpaslesoucidesecorrigerlui-même?Ces gens, ô mon père, ne font pas attention à eux-mêmes, c’est
pourquoiilsseblâmentlesunslesautres.Ô idolâtre, je ne vois pasmon propre visage, je vois ton visage et tu
voislemien.Celui qui voit son propre visage, sa lumière est plus grande que la
lumièredescréatures.Mêmes’ilmeurt,savueestimpérissable,parcequesavueestlavuedu
Créateur.Cette lumière par laquelle il perçoit de façon sensible sa propre face
devantluin’estpaslalumièredessens.Leroidit:«Aprésent,dis-moiquelssontlesdéfautsdetoncamarade,
demêmequ’ilaparlédestiens,«Afinquejesachesitum’esdévouéetquetuesunbonintendantde
mesbiensetdemesaffaires.»Ilrépondit:«Ôroi,jevaistediresesdéfauts,bienqu’ilsoitpourmoi
unagréablecompagnon.890 «Sesdéfautssontl’affection,laloyauté,l’humanité;sesdéfautssontla
sincérité,l’intelligenceetlacamaraderie.«Sonmoindredéfautestlagénérositéetlalibéralité,lagénérositéqui
vajusqu’àdonnersavie.»Dieu amanifesté des centaines demilliers de vies : quelle générosité
aurait-il,celuiquinelesvoitpas?Et s’il les voit, comment refuserait-il de donner sa vie ? Comment
serait-ilsiaffligéàcaused’uneseulevie?Auborddelarivière,n’estavared’eauqueceluiquinevoitpasl’eau.LeProphèteadit:«Celuiquiconnaîtdefaçoncertainesarécompense
aujourdelaRésurrection«—Que sa rétribution sera décuplée— à chaque instant, un nouvel
actedegénérositéseraaccompliparlui.»Toutemunificenceprovientdelavisiondescompensations;aussi,voir
lacompensations’opposeàlacrainte.L’avariceconsisteànepasvoirlescompensations:l’espoirdetrouver
desperlesréjouitleplongeur.C’estpourquoinulencemonden’estavare,étantdonnéquepersonne
nerisqueriensansvoircequ’ilrecevraenéchange.900 C’estdoncdel’œil,nondelamain,queprovientlagénérosité;c’estla
visionquicompte;seullevoyantestsauvé.
«Unautredesesdéfautsestqu’ilestdépourvudevanité ; ilaspireàtrouverunefautedanssapropreexistence.« Il a toujours été quelqu’un qui parle pour se blâmer lui-même et
cherche à se critiquer ; il a toujours été bon pour tous et dur pour lui-même.»Leroidit :«Nemontrepas tantd’ardeurà louer tonami,n’introduis
paslalouangedetoi-mêmesousledéguisementdelalouangequetufaisdelui;«Carjevaislemettreàl’épreuve,etlaconfusiont’adviendraalors.»
Commentl’esclave,àcausedelapuretédesespensées,affirmaparsermentlavéracitéetlaloyautéde
sonami
I did : « Non, par Allah, par le grand Dieu, Possesseur duRoyaume,parleMiséricordieuxetleCompatissant,«ParleDieuquiaenvoyélesprophètes,nonparbesoin,maispargrâce
etmajesté;« Par le Seigneur qui, à partir de la terre vile, créa ces glorieux
cavaliers,« Et les purifia des caractéristiques des êtres terrestres et leur fit
surpasserlesêtrescélestes;«ParCeluiquitiraduFeuetfaçonnaenpureLumière—etensuiteelle
l’emportasurtouteslesautreslumières—910 «Cettesplendeurdel’éclairquiabrillésurlesesprits,desorte
qu’AdamacquitdecetteLumièresaconnaissance.«LamaindeSethcueillitcequipoussad’Adam;c’estpourquoiAdam,
quandilvitcette(Lumièreenlui),fitdeluisonvicaire.«CommeNoéeutlajouissancedeceJoyau,ilrépanditdesperles(de
sagessedivine)danslaMerdel’Ame.«C’est la possession de ce puissant rayonnement qui fit aller l’esprit
d’Abraham,sanscrainte,danslesflammesdufeu.« Lorsque Ismaël tomba dans son fleuve, il posa la tête devant le
couteauétincelantd’Abraham*.«L’âmedeDavid fut frappéepar ses rayons : le ferdevintmoudans
sonmétier**.« Quand Salomon fut nourri du lait de l’union avec elle, le démon
devintesclavedesesordresetluiobéit.«Quand Jacob inclina la tête en se soumettant au destin, la Lumière
illuminasesyeux,luiapportantleparfumdesonfils(perdu).«LorsqueJoseph,auvisagebeaucommelalune,contemplaceSoleil,il
devintsisagedansl’interprétationdesrêves.«Quand le bâton reçut cette influence de lamain deMoïse, il ne fit
qu’unebouchéedel’empiredePharaon.920 «QuandJésus,filsdeMarie,trouvasonéchelle,ilparvintrapidement
auplushautduquatrièmeciel.
« Quand Mohammad obtint ce Royaume et cette Félicité, il fenditaussitôtledisquedelaluneendeuxmoitiés.«QuandAbûBakr devint un exemple éminent de la faveur divine, il
devint le compagnon d’un roi tel (queMohammad) et reçut le nom deSiddîq(levéridique).« Quand ‘Omar fut bouleversé par ce Bien-Aimé, il devint un
Fârûq(celuiquidistingue)commelecœur,entrelavéritéetl’erreur.«Quand ‘Othmandevint la fontainedecetteclarté, il futune lumière
resplendissanteetdevintDhu’l-Nûrayn(seigneurdesdeuxlumières*).« Quand à sa vue Mortazâ (‘Alî) se mit à répandre des perles
(spirituelles),ildevintleLiondeDieudanslepâturagedel’âme.«QuandDjunayd**reçutlesecoursdesonarmée,sesmaqâmât(étapes
mystiques)devinrentinnombrables.«Bâyazîd**trouvalavoiedanscetteplénitude,etreçutdeDieulenom
de“PôledesMystiques”.« Quand Karkhî devint le gardien de sa cité, il devint le vicaire de
l’AmouretfutinspiréparlesouffledeDieu.« Le fils d’Adham fit joyeusement galoper son coursier dans cette
direction,etdevintlesouverainsuprêmedelajustice.930 «EtShaqîq,entraversantcetteVoievénérable,devintunsoleilde
jugementetd’intelligence.«Descentainesdemilliersderoiscachéstiennentlatêtehauteau-delà
decemonde;«AcausedelajalousiedeDieu,leursnomssontrestéssecrets;chaque
mendiantn’apuprononcerleursnoms.«ParlavéritédecetteLumièreetparlavéritédecesêtresilluminésqui
sontcommedespoissonsdanscetteMer,« Il ne convient pas que je l’appelle laMer de l’Ame et l’Amede la
Mer;jeluichercheunnouveaunom.«Par la vérité deCela d’oùproviennent ceci et cela, et par rapport à
quoitouslesnoyauxsontcommedescoquesvides,«Jejurequelesqualitésduserviteurquiestmoncamaradeetmonami
surpassentcentfoiscequej’enpuisdécrire.«Ceque je saisdesdonsdemoncamarade, tunepourrais lecroire ;
quedois-jedire,ônobleroi?»Le roi dit : « A présent, parle-moi de toi-même ; combien de temps
parleras-tudecequiconcernecelui-cioucelui-là?«Quepossèdes-tuetqu’as-tugagné?Quellesperleses-tualléchercher
danslefonddelaMer?940 «Lejourdelamort,taperceptionsensorielledisparaîtra:as-tula
lumièrespirituellequidevraitêtrelecompagnondetoncœur?«Quandlapoussièrerempliratesyeuxdanslatombe,posséderastuce
quirendlatomberesplendissante?«Al’heureoùtesmainsettespiedsserontdéchirésenmillemorceaux,
auras-tudesailesetdesplumes,afinquetonespritprennesonessor?« A l’heure où l’âme animale n’existe plus, il convient que tu la
remplacesparl’espritéternel.«LaprescriptionCeluiquiseprésenteraavecunebonneactionrecevra
ledécuple22 ne consiste pas à faire le bien ; cela consiste à apporter cebienenlaprésencedeDieu.«Tuasuneessence,humaineouanimale:commentpeux-tuapporterà
Dieucesaccidentsquiontdisparu?«Encequiconcernecesaccidentsdelaprièreetdujeûne—puisque
cequinedurepasdeuxinstantsdevientaboli—«Ilestimpossibled’emportercesaccidents(dansunautreétat);mais
ilspeuventenleverlesmaladiesdel’essence,« De sorte que l’essence soit changée au moyen de cet accident, de
mêmequelamaladieestguérieparl’abstinence.«Parl’abstinence,l’accidentdevientlasubstance;parl’abstinence,la
boucheamèredevientdoucecommelemiel.950 «Laterre,grâceauxsemailles,setransformeenépisdeblé;les
onguentspourlescheveuxlesrendentbouclés.« Les relations conjugales étaient l’accident : cela a passé, et la
substance,quiestl’enfant,aétéproduiteparnous.«L’accouplementduchevalouduchameauestl’accident;lebutestla
naissancedupoulain,quiestlasubstance.«Demême,laplantationdujardinestl’accident,lesproduitsdujardin
sontdevenuslasubstance—contemplelebut!«Considère,aussi,lapratiquedel’alchimiecommel’accident;siune
substanceestproduiteparcettealchimie,montre-la.« Le polissage est l’accident, ô prince ; de cet accident est née la
substance,lapureté.«Nedisdoncpas:“J’aiaccomplidesactions.”Montrelefruitdeces
accidents,netedérobepas.«Cetteattributiondequalitésn’estqu’unaccident.Soissilencieux;ne
tuepasensacrificel’ombredelachèvre!»L’esclavedit:«Ôroi,l’espritnepeutquedésespérersitudisqueles
accidentsnesontpasemportés.«Ôroi,iln’yaquedésespoirpourleserviteurdeDieusil’accidentqui
estpassénerevientpas.960 «S’iln’yavaitpasdetransportetderésurrectiondesaccidents,les
actionsseraientvainesetlesparolesoiseuses.«Cesaccidentssont transportéssousuneautre forme : la résurrection
detoutcequiestmortelestuneautreformed’existence.« Le transport de chaque chose est juste ce qui lui convient : ce qui
convientautroupeauestsonconducteur.«LorsdelaRésurrection,chaqueaccidentauneformeparticulière,et
laformedechaqueaccidentapparaîtàsontour.«Regarde-toitoi-même.N’étais-tupasunaccident—lemouvementde
l’accouplementetl’accouplementavecunbut?«Vois lesmaisons et les édifices : ils étaient comme des récits dans
l’espritdel’architecte.«Telleoutellemaison,quinousaparumagnifique,dontlevestibule,le
toitoulaporteétaientbienproportionnés,« Ce furent le projet et les idées de l’architecte qui ont amené à
l’existencelesoutilsetlespiliersàpartirdesmétiers.«N’est-cepasuneimagination,unaccident,uneidée,quisontl’origine
etlasourcedechaqueart?«Considère objectivement les différentes parties dumonde ; elles ne
sontlerésultatderiend’autrequel’accident.970 «Lecommencement,quiestunepensée,s’achèveenaction;sacheque
telleaétédetouteéternitélaconstructiondumonde.«Lesfruitssontd’aborddanslapenséedel’esprit,cen’estqu’àlafin
qu’ilssemanifestentconcrètement.« Quand tu as travaillé et planté un arbre— à la fin (quand le fruit
apparaît)tulislespremiersmots(cequetuavaisdansl’espritaudébut).«Bienquesesrameaux,sesfeuillesetsesfruitsaientparud’abord,tous
sontcependantcréésenvuedufruit.«C’estpourquoicettePenséecachéequiétaitlecœurdecescieuxfutà
lafinleseigneurdelawlâk*.« Cette discussion et cette conversation impliquent le transport des
accidents ; ce lion et ce chacal sont (des exemples) de ce transport desaccidents.«Envérité, tous lesêtrescréésétaientd’aborddesaccidents,desorte
quec’estencesensquefutrévéléNes’est-ilpasécoulé23?
«D’oùproviennentcesaccidents?Desidées.Etd’oùproviennentcesidées?Despensées.« Ce monde est une pensée émanant de l’intelligence universelle :
l’Intelligenceestcommeunroi,etlesidéessontsesmessagers.« Le premiermonde est lemonde de l’épreuve, le secondmonde est
celuidelarécompense.980 «Tonserviteur,ôroi,commetunpéché:cetaccidentdevientdes
chaînesetuneprison.«Quandtonesclaveaeffectuéunbonservice,cetaccidentn’est-ilpas
devenuunerobed’honneurdanslecombat?«Cetaccident,par rapportà l’essence,est1’oiseauet l’œuf :ceciest
produitparcela,etcelaparceci,successivement.»Le roi dit : « Admettons qu’il en soit ainsi : pourquoi tes accidents
n’ont-ilsproduitaucuneessence?»« La sagesse (divine), répondit l’esclave, l’a gardé caché, afin que le
mondedubienetdumalpuisseêtreunmystère.«Carsilesformesdelapenséedevenaientmanifestes,l’incroyantetle
croyanttousdeuxnediraientriend’autrequeleslouangesdeDieu.«Donc,sicelaétaitvuclairement,ôroi,etnoncaché,etsilesmarques
delareligionoudel’impiétésevoyaientsurlesfronts,«Commentyaurait-iluneidoleouunidolâtreencemonde?Comment
quelqu’unaurait-ill’audacedesemoquer(deschosessaintes)?«Alors, notremonde serait comme laRésurrection : qui commet des
péchésoudesméfaitslorsdelaRésurrection?»Le roi dit : « Dieu a voilé le châtiment du mal, mais seulement au
vulgaire,nonàSespropresélus.990 «Sijejetteunémirdansunpiège,jelegardecachédesautresémirs,
maisnonduvizir.« Dieu, donc, m’a montré quelle était la rétribution des œuvres et
d’innombrablesformesdesactions.«Donne-moiunsigne,car jesais tout : lenuagenemedérobepas la
lune.»L’esclave dit : «Alors, pourquoi parlerais-je, puisque tu sais ce qui a
été?»Leroidit:«LaraisonpourlaquelleDieuarendulemondemanifeste
étaitquecequiétaitconnusoitvuclairement.« Avant de rendre visible ce qu’Il connaissait, Il n’a pas imposé au
mondelesdouleursetlestourmentsdel’enfantement.« Vous ne pouvez rester inactifs un seul instant, jusqu’à ce qu’un
bienfaitouméfaitémanedevous.« Ce besoin d’action a été créé afin que votre conscience intérieure
apparaisseclairementàl’extérieur.«Commentlabobineducorpsdeviendrait-elleimmobilequandlebout
dufil,c’est-à-direl’esprit,latire?« Le signe qu’il la tire est cette angoisse ; être inactif est pour vous
pareilàuneagoniemortelle.1000 «Cemonde-cietl’autremondesontconstammententraind’enfanter.
Chaquecauseestunemère,l’effetnaîtd’elle,commeunenfant.« Quand l’effet est né, lui aussi devient une cause, afin de pouvoir
donnernaissanceàdemerveilleuxeffets.« Ces causes sont génération après génération, mais il faut un œil
illuminé(pourlesdéceler).»Leroi,enparlantaveclui,arrivaàcepointqu’ilaperçutenluiunsigne
quin’étaitpasapparent.Si ce roi sagace le vit, ce n’est pas étrange ;mais il ne nous est pas
permisdelementionner.Quand l’autre esclave revint du bain chaud, le roi, ce personnage
sublime,l’appelaensaprésence,Et dit : «Bonne santé ! Puisses-tu être toujours heureux ! Tu es très
beau,élégant,agréableàvoir.«Oh!Hélas!S’ilnesetrouvaitpasentoicequecetUntelraconteà
tonsujet,« Quiconque contemple ton visage serait heureux ; te voir vaudrait
l’empiredumonde.»Ildit:«Ôroi,donne-moiuneindicationdecequecemécréantaditde
moi.»1010 Leroirépondit:«Toutd’abord,ilt’adépeintcommeétantfourbe,
disantquetuétaisenapparenceunremèdemaisensecretunemaladie.»Quandilentenditduroilaméchancetédesoncompagnon,lamerdesa
colèreaussitôts’enfla.L’esclaveécumaet rougit,de telle sorteque les flotsde soncourroux
excédèrenttouteslimites.Ildit:«Dèsl’instantoùilsetrouvaavecmoi,c’étaitungrandmangeur
d’excréments,commeunchienautempsdelafamine.»Tandisqu’illecritiquaitcontinuellement,commeunecloche,leroiposa
samainsurleslèvresdel’esclave,disant:«Assez!»« Je te distingue de lui, dit-il, par ceci : en toi, c’est l’esprit qui est
corrompu,entoncompagnon,cen’estquelabouche.
«Assieds-toidoncauloin,ôtoiàl’espritcorrompu,afinqu’ilsoitceluiquicommandeetquetusois,toi,àsesordres.»IlestditdanslesTraditionsduProphète:«Sachequelaglorification
deDieuvenantdel’hypocrisieestcomparableàlaverdurepoussantsuruntasdefumier.»Sache donc qu’une apparence belle et séduisante avec de mauvaises
qualitésnevautpasunliard;Etmêmesil’apparenceestméprisableetdéplaisante,quandlecaractère
decettepersonneestbon,meursàsespieds!1020 Sachequelaformeextérieuredisparaît,maisquelemondedelaréalité
dureàjamais.Combiendetempst’amuseras-tuàaimerlaformedel’aiguière?Laisse
làsaforme;vachercherl’eau.Tuasvulaformeextérieure,tuignoreslaréalité;trouveuneperledans
lacoquille,situessage.Cescoquillesdescorpssontdanslemonde,bienqu’ellesviventgrâceà
laMerdel’Ame,Cependant,ilnesetrouvepasuneperledanschaquecoquille:ouvreles
yeux,etregardedanslecœurdechacun,Etsaisiscequ’acelui-cietcequ’acetautre,carcetteperleprécieusese
trouverarement.Si tu ne prends garde qu’à l’apparence, extérieurement unemontagne
estcentfoisplusgrandequ’unrubis;De même, en ce qui concerne la forme, tes mains, tes pieds et tes
cheveuxsontcentfoisplusquelecontourdel’œil;Mais ilne t’estpascachéque lesdeuxyeuxsont lesplusprécieuxde
touslesmembres.Paruneseulepenséequivientàl’esprit,centmondessontrenversésen
unseulinstant.1030 Silecorpsdusultanestenapparenceseulementun,cependantdes
centainesdemilliersdesoldatscourentderrièrelui.Demême,laformeetl’apparencedecetexcellentroisontgouvernées
paruneseulepenséeinvisible.Contemple ces populations sans fin qui,muespar unepenséeunique,
ontrecouvertlaterrecommeunflot;Petiteestcettepenséeauxyeuxdesgens,mais,commeunflot,ellea
avaléetemportélaterre.Donc,puisquetuvoisquec’estàpartird’unepenséequechaquemétier
danscemondesubsiste,
Que les maisons, les palais, les cités, les montagnes, les plaines, lesfleuves,La terre et l’océan ainsi que le soleil et le ciel, tous en tirent la vie
commelespoissonslatirentdelamer,Alors pourquoi dans ta folie, ô aveugle, le corps t’apparaît-il comme
Salomonetlapenséecommeunefourmi?Atesyeux,lamontagnesemblegrande;pourtoi,lapenséeestpareille
àunesouris,etlamontagneàunloup.Lemondematérielestàtesyeuxterrifiantetsublime;tutremblesettu
eseffrayédevantlesnuages,letonnerre,etlefirmament,1040 Tandisqu’enprésencedumondedelapensée,ôtoiinférieuràl’âne!tu
tesensaussitranquilleetindifférentqu’unepierre,Parcequetun’esqu’uneformeetn’aspointd’intelligence;tun’espas
denaturehumaine,tuesunânon.Parignorance,tuconsidèresl’ombrecommeétantlapersonne,aussila
personneest-elledevenuepourtoiunjouetetdepeud’importance.Attends le jour où cette pensée et cette imagination déploieront leurs
ailesetleursplumessansaucunvoile.Tuverrasquelesmontagnessontdevenuescommedelalainecardée24,
quecetteTerredelachaleuretdufroidestdevenuenéant;Tuneverrasnilecielnilesétoiles,nid’autreexistencequeDieu,l’Un,
leVivant,l’Aimant.Voiciunehistoire—vraieoufausse—pourillustrercesvérités.
* Le fils qu’Abraham reçut l’ordre divin de sacrifier, bien que n’étant pasnommé dans le Qor’ân (XXXVII, 100 et sqq.), est généralement considérécommeétantIsmaël.**DieuappritàDavidlafabricationdescottesdemailles(Qor’ân,XXI,80).*Parcequ’ilavaitépousésuccessivementdeuxfillesduProphète.**Célèbressoufis.* Allusion à la Parole de Dieu concernant le ProphèteMohammad : « Si cen’avaitétépourtoi(lawlâk),Jen’auraispascréélescieux.»
Commentlessuivantsduroienviaientl’esclavefavori
nroiavait,pargrâce,préféréuncertainesclaveàtoutesasuite.Son allocation était le salaire de quarante émirs ; cent vizirs ne
recevraientpasundixièmedecemontant.En raisonde laperfectionde sonétoilenatale,de saprospérité,de sa
fortune,ilétaitunAyâz,tandisqueleroiétaitleMahmûddecetemps*.1050 Sonesprit,àl’origine,avantlacréationdesoncorps,avaitétéprocheet
apparentéàl’espritduroi.Seul ce qui compte est ce qui a existé avant le corps ; laisse là ces
chosesquiontnouvellementsurgiàl’existence.Ce qui est important appartient au connaisseur (de Dieu), car il ne
louchepas:sonœilestfixésurleschosesquiontétéd’abordsemées.Cequiaétésemécommefromentouorge—jouretnuitsonregardest
fixésurl’endroit(oùcefutsemé).La nuit n’a donné naissance à rien dont elle ne fût porteuse ; les
desseinsetlescomplotssontduvent,duvent.Commentsatisferait-ilsoncœuravecdebeauxdesseins,celuiquivoit
ledesseindeDieuquil’emportesureux?Celui (qui se fie à ses propres efforts) place un piège à l’intérieur du
piègedeDieu;partavie,nicepiègen’échapperaàladestruction,nicethommenel’évitera.Bienquecentherbespoussentetsefanent,necroîtraàlafinqueceque
Dieuasemé.L’homme(rusé)aseméunenouvellegrainesurlapremièresemence;
cetteseconde(semence)disparaîtetseulelapremièreestrobuste.La première semence est parfaite et choisie ; la seconde semence est
abîméeetpourrie.1060 JettetonprojetdevantleBien-Aimé—bienqu’envéritétonprojetsoit
Sonprojet.Seul,cequeDieuafaitcroîtreestutile;cequ’ilaseméd’abordgrandit
àlafin.Quoi que tu sèmes, sème par amour pour Lui, étant donné que tu es
captifduBien-Aimé,ôamoureux.Net’entienspasàcetteâmecharnellevoleuseetàsonœuvre:cequi
n’estpasl’œuvredeDieun’estrien,rien.
Sème(labonnegraine)avantquevienne leJourde laRésurrectionetque le voleur de nuit soit déshonoré devant Celui à qui appartient leRoyaume,Aveclesbiensvolésparsonadresseetsonhabiletérestantsursoncou
auJourduJugement.Descentainesdemilliersd’intelligencespeuvents’entendrepourposer
unpiègeautrequeSonpiège,Mais ils s’aperçoivent seulement que leur piège est plus néfaste pour
eux;carcommentlespaillespeuvent-ellesrésisterauvent?Situdis:«Dequelprofitest-ild’êtrecréé?»Jerépondrai:«Ilyaun
profitdanstaquestion,ôhommeobstiné.« Si ta question est sans profit, pourquoi l’écouterais-je en vain et
inutilement?1070 «Ets’ilyadenombreuxprofitsdanstaquestion,alors,pourquoile
mondeest-ilsansprofit,jeteprie?«Etsid’unpointdevuecemondeestsansprofit,selond’autrespoints
devue,ilestbénéfique.«Sitonprofitn’estpasunprofitpourmoi,puisquec’estunprofitpour
toi,net’enécartepas.»LabeautédeJosephprofitaàunefouledegens,bienquepoursesfrères
cefûtunvainsuperflu.Les mélodies de David étaient si chères pour le croyant, mais pour
l’incroyantcen’étaitquelebruitdubois.L’eau duNil était supérieure à l’Eau de la Vie, mais pour l’impie et
l’incroyant,c’étaitdusang.Pour le vrai croyant, lemartyre est la vie ; pour l’hypocrite, c’est la
mortetlapourriture.Dis-moi, quelle seule bénédiction se trouve dans le monde dont une
catégoriedegensnesoitpasexclue?Quelprofit lebœufet l’ânetrouvent-ilsdanslesucre?Chaqueâmea
unenourrituredifférente;Mais si cette nourriture n’est pas celle qui lui convient, alors
l’admonitionestlacorrectionqu’illuifaut.1080 Commepourceluiqui,parmaladie,aimeàmangerdel’argile—même
s’ilpeutsupposerquecetteargileestenvéritésanourriture,Ilaoubliésanourritureoriginelleets’estmisàprendredelanourriture
demaladie.Ayant renoncé au miel, il a mangé du poison ; il a absorbé de la
nourrituredelamaladiecommedugras.
La nourriture originelle de l’homme est la Lumière de Dieu : lanourrituredel’animalneluiconvientpas;Mais, en raison de la maladie, il est tombé dans l’illusion qu’il doit
mangerjouretnuitdecetteeauetargile.Il a un visage pâle, des jambes faibles, un cœur fragile. Où est la
nourrituredeparleCieltraverséderaies25?C’est là la nourriture des élus de la souveraineté divine, on l’absorbe
sansgosierniinstrument.L’aliment de ce soleil (spirituel) provient de la lumière du Trône
céleste ; celle desgens envieux et sataniquesvient de la fuméedu tapis(terrestre).Dieu a dit, concernant les martyrs : « Ils sont vivants ! Ils seront
pourvusdebiensauprèsdeleurSeigneur26.»Pourcettenourriture,iln’yavaitniboucheniplat.Le cœur mange une nourriture particulière venant de chaque
compagnon;lecœurobtientuneexcellenceparticulièreàpartirdechaqueélémentdeconnaissance.
1090 Laformeextérieuredechaqueêtrehumainestpareilleàunecoupe;seull’œil(spirituel)perçoitsaréalité.Onreçoitquelquechosedelarencontreavecquiconque,etl’onemporte
quelquechosedelaréunionavecn’importequelassocié.Quand une planète vient en conjonction avec une planète, l’effet qui
leurestappropriéàtoutesdeuxestsûrementproduit;Ainsil’uniondel’hommeetdelafemmefait-ellenaîtrel’êtrehumain,
et les étincelles sont-ellesproduitespar la conjonctionde lapierre etdufer;Etdelaconjonctiondelaterreaveclespluiessontproduitslesfruits,la
verdureetlesherbesdouces;Etdelaconjonctiondelaverdureavecl’hommeproviennentlajoiedu
cœur,l’insoucianceetlebonheur;Etdelaconjonctiondubonheuravecnosâmesnaissentnotrebontéet
notrebienveillance.Noscorpsdeviennentcapablesdemangeretdeboirequandnotredésir
derécréationestsatisfait.Larougeurduteintprovientdelaconjonctiondusangetduvisage;le
sangprovientdusplendidesoleilcouleurderose.Larougeurestlameilleuredescouleurs;elleprovientdusoleiletnous
arriveàpartirdelui.
1100 ChaqueterrequiaétéconjointeàSaturneestdevenuenitrifiéeetn’estpaspropiceauxsemailles.Parlaconcurrence,lepouvoirdevientaction,commedanslecasdela
conjonctionduDiableavecleshypocrites.Ces vérités spirituelles dépourvues de faste et de grandeur (terrestres)
ontunfasteetunegrandeurquiviennentduNeuvièmeCiel.Le faste et la grandeur appartenant au monde créé sont une chose
empruntée;lefasteetlagrandeurappartenantaumondeduDécretdivinsontunechoseessentielle.A cause du faste et de la grandeur terrestres, les hommes supportent
rabaissement ; dans l’espoir de la gloire, ils sont heureux dans leurabaissement.Dansl’espoird’unegloireéphémèrepleined’ennuis,ilsontrenduleurs
cous,d’inquiétude,mincescommedesfuseaux.Pourquoineviennent-ilspasàcelieuoùJesuis?Cardanscettegloire,
JesuisleSoleiléclatant.Lelieuoùselèvelesoleilestlatourobscureduciel,maisMonSoleil
estau-delàdetousleslieuxoùl’onselève.Il n’y a de « lieu de son lever » que par rapport à ses atomes : Son
Essenceneselèveninesecouche.Moi,quesurpassentendignitéSesatomes,jesuisnéanmoinsdansles
deuxmondesunsoleilsansombre.1110 Etpourtant,jetourneautourduSoleil—oh,merveille!Lacauseenest
lamajestéduSoleil.LeSoleilconnaîttouteslescausessecondaires;cependant,lacordede
touteslescausessecondesestcoupéedeLui.Descentainesdemilliersdefois,ai-jerenoncéàl’espoir?Dequi?Du
Soleil?Croyez-vouscela?Necroyezpasque,pourmoi, jepuissesupporterd’êtresans leSoleil,
ouquelepoissonsoitsanseau;Etsijedésespère,mondésespoirestlamanifestationvisibledel’action
duSoleil,ômonami!Comment la manifestation objective de l’œuvre pourrait-elle être
séparée de l’être même de l’Artisan ? Comment un être (contingent)pourrait-ilêtrenourriparunautrequel’Être(absolu)?Toutes lescréaturespaissentsurcettePrairie,quecesoitBurâq*,des
chevauxarabesoumêmedesânes;Etceluiquineregardepastouslesdevenirscommeprovenantdecette
Mer,àchaqueinstanttournesonvisageversunnouveaumihrab**.Il abude l’eau saléedecetteMerdouce,de sorteque l’eau salée l’a
renduaveugle.LaMerluidit:«Boisdemoneauaveclamaindroite,ôaveugle,afín
d’acquérirlavue.»1120 Ici,«lamaindroite»estl’opiniondroite,quisait,ausujetdubienetdu
mal,d’oùilsviennent.Ô lance, il y a unLancier, de sorte que tantôt tu deviens droit, tantôt
courbéendeux.L’amour de Shams od-Dîn (le Soleil de la religion) m’a rendu sans
pouvoir;autrement,nerendrais-jepasvoyantcetaveugle?Viens,ôLumièredelaVérité,Husâm-od-Dîn,guéris-lebienvite,pour
laconfusiondesyeuxdesenvieux;Guéris-le avec le collyre efficace de lamajesté, le remède qui détruit
l’obscuritépourlerebelle,Qui,sionl’appliqueàl’œildel’aveugle,dissiperapourluil’obscurité
decentannées.Guéris tous les aveugles, excepté l’homme envieux qui, par envie, te
récuse.Acetenvieux,quandmêmeceseraitmoi,nedonnepaslavie,afinque
jeresteàsouffrircommelui,JeveuxdireceluiquiestenvieuxduSoleiletceluiqu’irritel’existence
duSoleil.C’est la maladie incurable dont il souffre ; hélas ! il est tombé pour
toujoursaufonddel’abîme.1130 Cequ’ildésire,c’estl’extinctionduSoleildel’éternité.Dis-moi,
commentcedésirpourrait-ilseréaliser?Lefauconestceluiquirevientversleroi;celuiquiaperdusarouteest
lefauconaveugle.Il s’est égaré et est tombédansundésert ; puis, dans cedésert, il est
tombéparmileshiboux.LefauconesttoutentierlumièrevenantdelaLumièredel’approbation
divine,maisladestinéedivinel’aaveuglé.Elleajetédelapoussièredanssesyeuxetl’aemmenéloindelavoie;
ellel’alaisséparmileshibouxetlesdéserts.Finalement,leshibouxl’ontattaquéetontarrachésesravissantesailes
etplumes.Uneclameurs’estélevéeauseindeshiboux:«Ah!lefauconestvenu
s’emparerdenotredemeure.»
Ainsileschiensdesrues,furieuxetterrifiants,sejettentsurlefrocd’unétranger.« Comment suis-je capable, dit le faucon, de m’associer avec les
hiboux?J’abandonneauxhibouxcentdésertscommecelui-ci.«Jeneveuxpasresterici.Jem’envais,jeveuxretournerauprèsduRoi
desrois.1140 «Nevoustourmentezpas,ôhiboux,carjenem’installepasici:je
rentrechezmoi.«Cetteruineestàvosyeuxunerésidenceprospère;mais,pourmoi,le
poignetduroiestlelieuoùl’onretourne.»Lehiboudit:«Cefauconseprépareàvousdélogerdevotremaisonet
devotrefoyer.« Il s’empareradenosdemeurespar la ruse, il nous arracheradenos
nidsparhypocrisie.«Cet adeptede la tromperieprétend êtreparfaitement satisfait (de ce
qu’ila);parDieu,ilestpirequetouslesgensavides.« Par gourmandise, ilmange de l’argile comme si c’était du sirop de
dattes;ômesamis,neconfiezpaslaqueuedumoutonàl’ours.« Il sevantedu roi etde lamaindu roi, afindepouvoirnouségarer,
nousquiavonsl’espritsimple.« Comment, en vérité, un misérable oiseau serait-il le congénère du
roi?Nel’écoutezpas,sivousavezunpeud’intelligence.«Est-illecongénèreduroiouduvizir?L’ailconvient-ilàdesdouceurs
faitesdenoix?«Quantàcequ’ilprétend:“Leroiavecsasuiteestàmarecherche’’,
1150 «Voilàuneidéefolleetinacceptable,voilàunevainevantardiseetunleurrepourattraperlesimbéciles!« Quiconque croit une telle chose, c’est à cause de sa stupidité :
commentunmaigrepetitoiseauserait-ilconvenablepourdesrois?« Si le plus petit hibou frappe son cerveau, où est le secours qui lui
viendraduroi?»Lefaucondit:«Siuneseuledemesplumesestbrisée,leRoidesrois
détruiratoutelademeuredeshiboux.«Qu’est-cequ’unhibou?Mêmesiunfauconaffligemoncœuretme
maltraite,Le Roi entassera, dans chaque terre basse ou haute, des centaines de
milliersdetasdetêtesdefaucons.«Sesfaveursveillentsurmoi,oùquej’aille,leroimesuit.«Monimagedemeuredanslecœurduroi,lecœurduroiseraitmalade
sansl’imagedemoi.«QuandleRoim’ordonnedevolerdansSaVoie,jeprendsmonessor
jusqu’auzénithducœur,commeSesrayons.« Jem’envole comme une lune et un soleil, je déchire les voiles des
cieux.1160 «Lalumièredesintelligencesprovientdemapensée;lecielaétécréé
àcausedemanatureoriginelle.«Jesuisunfaucon,etpourtantlehomâ*estémerveilléparmoi:qu’est-
cequ’unhibou,qu’ilpuisseconnaîtremonsecret?«Pourl’amourdemoi,leRois’estsouvenudelaprisondecemonde,
etalibérédesmilliersdecaptifs.«Ilm’arendufamilieravecleshibouxpourunmomentet,aumoyen
demonsouffle,ilatransforméleshibouxenfaucons.«Ôheureuxlehibouquidanssonessoraeulabonnefortunedesaisir
monmystère!«Attachez-vousàmoi,afindeconnaîtrelabéatitude,etdedevenirdes
fauconsroyaux,bienquevoussoyezdeshiboux!«Celuiquiestcheràuntelroi,oùqu’ilsepose,pourquoiserait-ilun
étranger?« Celui à la souffrance duquel le roi est le remède, même s’il gémit
commeleney**,n’estpasmalheureux.«Jesuislepossesseurduroyaume,jenesuispasunparasite.Leroibat
dutambourinpourmoideloin.«Montambourinestl’appel:“Reviens!”Dieuestmontémoinendépit
del’ennemi.1170 «JenesuispasuncongénèreduRoidesrois—certes,maisjereçoisde
luisalumièredansSathéophanie.«L’homogénéiténeconcernepas la formeet l’essence : l’eaudevient
homogèneàlaterredanslaplante.« L’air devient homogène avec le feu ; le vin finalement devient
homogèneaucorps.«Étantdonnéquemanaturen’estpascelledemonroi,monegos’est
évanoui(fanâ)àcausedeSonego.«Étantdonnéquemonegoadisparu,Ilestdemeuréseul;jerouleaux
piedsdeSoncheval,commelapoussière.«L’âmeestdevenuepoussière,etlesseulssignesqu’elleportesontla
marquedeSespiedssursapoussière.«DevienspoussièreàSespiedspourl’amourdecettemarque,afinde
devenirlacouronnesurlatêtedesnobles.«Quemaformene te leurrepoint ;partagemesfriandisesavantmon
départ.»Oh,nombreuxsontceuxquelaformeaégarés:ilsvisaientlaformeet
enréalitéonttrouvéDieu.Après tout, cette âme est conjointe au corps ;mais l’âme a-t-elle une
ressemblanceaveclecorps?1180 L’éclatdelalumièredel’œilestmélangéavecsagraisse(leblanc),la
lumièreducœurestcachéedansunegouttedesang.La joie siège dans les reins, le chagrin dans le foie, l’intelligence,
brillantecommeunechandelle,àl’intérieurducerveaudanslatête.Cesconnexionsnesontpassanscommentnipourquoi,maisencequi
concernenotreconnaissancedupourquoi,nosespritssontimpuissants.L’Ame universelle est entrée en contact avec l’âme partielle et cette
dernièreareçud’elleuneperleetl’amisedanssonsein.Grâce à cet effleurement de son sein, l’âme individuelle est devenue
enceinte,commeMarie,d’unMessieravissantlecœur.NonpasleMessiequivoyagesurlameretlaterre,maisleMessiequi
estau-delàdeslimitationsdel’espace.Aussi, quand l’âme a été fécondée par l’Ame de l’âme, par une telle
âmelemondeestfécondé.Alorslemondedonnenaissanceàunautremonde,etdévoileaupeuple
rassembléunlieuderassemblement.Mêmesijeparlaisetracontaisjusqu’àlaRésurrection,lapuissanceme
manquepourdécrirecetterésurrection.Cequejedis,c’estenréalitéun«ÔSeigneur»;lesmotssontunpiège
pourcapturerlesouffledeCeluidontleslèvressontdouces.1190 Commentdonc(celuiquicherchelaréponse)s’abstiendrait-il(de
prier)?Commentresterait-ilsilencieux,puisque«Mevoici»vientenréponse(àson«ÔSeigneur»)?C’estun«Mevoici»quetunepeuxentendre,maisquetupeuxsentir
delatêtejusqu’auxpieds.
*Ayâz,lebelesclaveturc,favoridusultanMahmûddeGhazna.* Burâq : monture du Prophète Mohammad lors de son Ascension nocturne(Mi’râdj).** Niche vide, indiquant, dans lesmosquées, la direction (qibla) de la prièrerituelle.
*Oiseaufabuleux**Laflûtederoseau(cf.Mathnawî,I,1).
Commentl’hommeassoifféjetaitdesbriquesdansuncoursd’eaudu
hautd’unmur
urlarived’unruisseausetrouvaitunmurélevé,etenhautdumurunhommetristeetassoiffé.Lemurl’empêchaitd’atteindrel’eau;illanguissaitaprèsl’eau,comme
unpoisson.Toutàcoup,illançaunebriquedansl’eau;lebruitdel’eauparvintà
sonoreilletellesdesparoles,Desparolesprononcéesparundélicieuxettendreami:lebruitdel’eau
l’enivracommeduvin.Parplaisird’entendrelebruitdel’eau,cethommedurementéprouvése
mitàarracheretlancerdesbriquesdecetendroit.Lebruitdel’eausemblaitdire:«Hé!Quelavantageas-tuàmejeter
unebrique?»L’homme assoiffé répondit : « Ô eau, j’y ai deux avantages ; je ne
m’abstiendrainullementdefairecela.«Lepremieravantageestque j’entends lebruitde l’eau,quipour les
hommesassoiffésestcommelechantdurebec.1200 «Cebruitestdevenupourmoicommeleson(delatrompette)d’Isrâfî*
—parlui,lavieaétérendueàceluiquiétaitmort;«Ouc’estcommelebruitdutonnerredurantlesjoursdeprintemps—
parlui,lejardinacquierttantdeparures;«Oucommelesjoursd’aumônepourunpauvrehomme,oucommela
nouvelledesalibérationpourunprisonnier.«C’estcommelesouffleduMiséricordieuxqui,sansbouche,arrivedu
YémenàMohammad;« Ou comme le parfum de Ahmad, l’Apôtre de Dieu, qui vient au
pécheurlorsdel’intercession;«Ou comme l’odeur du beau, du gracieux Joseph, frappant l’âme du
pauvreJacob.«L’autreavantageestque,avecchaquebriquearrachéeàcemur,jeme
rapprochedel’eauquicourt.«Étant donné que par la diminution des briques, le hautmur devient
plusbaschaquefoisqu’unebriqueestenlevée.« L’abaissement du mur devient un moyen de parvenir (à l’eau) ; la
séparationd’aveclemurestleremèdeapportantl’union(avecl’eau).»L’arrachement des briques étroitement unies, c’est la prosternation ;
c’est lacausede laproximitéavecDieu,car II adit :«Prosterne-toietrapproche-toideDieu27.»
1210 Aussilongtempsquecemursedressec’estunobstacleàcequ’ilcourbelatêtedanslaprière.Ilestimpossibled’accomplirlaprosternationsurl’EaudelaVieavant
d’êtredélivrédececorpsterrestre.Plusceluiquisetrouveenhautdumurestassoiffé,plusrapidementil
arrachelesbriquesetlestouffesd’herbe.Plusquelqu’unestamoureuxdubruitdel’eau,plusgrandesserontles
mottesqu’ilarracheraàlabarrière.Lui, au bruit de l’eau, est enivré d’extase, tandis que l’étranger (à
l’amour)n’entendquelebruitdu«plouc».Oh,bienheureuxceluiquiconsidèrelesjoursdesajeunessecommeune
chanceàsaisiretquipaiesesdettesAuxjoursoùilalepouvoir,lasanté,laforceducœuretlavigueur,Etoùcettesaisondelajeunesse,commeunjardinvertetfrais,apporte
sesproduitsetsesfruitssanscompter,Alorsquelesfontainesdelaforceetdudésircoulent,parquoilesoldu
corpsestrenduverdoyant;Quand il est encore comme unemaison bien tenue, avec un toit très
élevé,lesmurssymétriques,sanssupportsnipiliers,1220 Avantquelesjoursdelavieillessen’arriventetattachentvotrecouavec
unecordedefibres28;Avant que le sol ne devienne stérile, et pauvre— jamais de bonnes
plantesn’ontpousséd’unsolstérile;Quandl’eaudelaforceetl’eaududésirsonttaries,quel’onn’apasde
profitdesoi-mêmeoudesautres,Lessourcils tombéscommeunecroupière; lesyeuxdevenushumides
ettroubles;Levisage, à causedes rides, comme ledosd’un lézard ; laparole, le
goûtetlesdentshorsd’usage;Lejourtardif,l’âneboiteux,etlaroutelongue;laboutiqueruinéeetles
affairesendésordre;Lesracinesdemauvaiseshabitudesfermementétabliesetlepouvoirde
lesarracherdiminué.
*AngeannonçantlaRèsurrectionausondelatrompette.
Commentlegouverneurordonnaàuncertainhomme:«Déracinelebuissond’épinesquetuasplanté
surlaroute.»
ecyniquebeauparleuravaitplantéunbuissonderoncesaumilieudelaroute.Lespassantsleluireprochèrentetluidirentsouventdeledéraciner;il
nelefitpas.Achaquemoment, lebuissondevenaitplusgrand ; lespiedsdesgens
étaientpleinsdesangàcausedespiqûres.1230 Lesvêtementsdesgensétaientdéchirésparlesépines;lespiedsdes
pauvresétaientblessésdefaçonpitoyable.Quand le gouverneur lui ordonna sérieusement : «Déracine cela », il
répondit:«Oui,jeledéracineraiunjour.»Pendantlongtemps,ilpromitdelefairelelendemainetlelendemain;
pendantcetemps,sonbuissondevenaitrobuste.Un jour, legouverneur luidit :«Ô toiqui faisde faussespromesses,
avance-toiaveccetteaffaire,nereculepas.»Ilrépondit:«Ômononcle,nousavonstoutletemps.»«Hâte-toi,lui
dit-il,neremetspaslepaiementdetadette.»Toiquidis:«Demain»,soisconscientdufaitquechaquejourletemps
passe.Cemauvaisarbrerajeunit, tandisqueceluiquicreusedevientvieuxet
durementaffligé.Lebuissonacquiertdelaforceets’élève;celuiquil’arrachevieillitet
décline.Lebuisson,chaquejouretàchaquemoment,estvertetfrais;celuiqui
l’arracheestchaquejourplusmaladifetdécrépit.Ilrajeunit,ettoituvieillis:dépêche-toietnegaspillepastontemps!
1240 Sachequechacunedetesmauvaiseshabitudesestunbuissond’épines:biendesfois,aprèstout,sesépinesontpercétonpied.Maintes fois, tu as été blessé par tes propres habitudes— tu es sans
raison,tuestrèsdéraisonnable.Si, à la blessure d’autres personnes, qui advient à cause de ta nature
mauvaise,Tuesindifférent,entoutcastunel’espasàtespropresblessures:tues
letourmentdetoi-mêmeetdechaqueétranger.Oubienprendsunehacheetfrappecommeunhomme—comme‘Alî,
détruiscetteportedeKhaybar*—,Oubien,uniscesépinesaubuissonderoses:unislalumièredel’ami
(deDieu)aveclefeu(sensuel),Afin que sa lumière puisse éteindre ton feu, et que l’union avec lui
puissetransformercesépinesenroses.Tuessemblableàl’Enfer,ilestunvraicroyant;l’extinctiondufeude
l’Enfergrâceàunvraicroyantestpossible.Mustafâ (Mohammad) a dit, concernant la parole de l’Enfer, que, par
peur,ellesemetàsupplierhumblementlevraicroyant,Et lui dit : « Éloigne-toi rapidement de moi, ô roi : écoute, car ta
lumièreaenlevélabrûluredemonfeu.»1250 C’estpourquoilalumièreduvraicroyantestlamortdufeu,parceque
sansunopposéilestimpossibled’enleverl’autreopposé.LeJourduJugement,lefeuseral’adversairedelalumière,puisquel’un
aétécrééparlecourrouxdeDieu,etl’autreparSagrâce.Situdésiresenleverlemaldufeu,dirigel’eaudelaMiséricordedivine
contrelecœurdufeu.Le vrai croyant est la fontaine de cette eau de lamiséricorde : le pur
espritdeceluiquifaitlebienestl’EaudelaVie.C’estpourquoitonâmecharnelles’enfuitloindelui,parcequetuesde
feu,tandisqu’ilestl’eauduruisseau.Lefeus’enfuitloindel’eauparcequesaflammeestdétruiteparl’eau.Tessensettapenséesontentièrementdefeu;lessensetlespenséesdu
sheikhsontlaLumièresublime.Quand l’eau de sa lumière rejaillit sur le feu, le son de chak, chak
s’élèvedufeuetilbondit(defureur).Quandilémetcesondechak,chak,dis-lui:«Mortetmalheuràtoi»,
afinquecetenfer,tonâmecharnelle,puisses’éteindre,De sorte que cela ne puisse brûler ta roseraie, de sorte que cela ne
puissebrûlertajusticeettabonneconduite.1260 Aprèscela,toutcequetusèmerasfructifiera,etproduiradesanémones,
desrosessauvages,duthym.Anouveau,nousnousécartonsdudroitchemin:retourneenarrière,ô
maître—oùestnotrevoie?Nousétionsentraindemontrer,ôenvieux,quetonâneestboiteuxetla
finduvoyagelointaine,hâte-toi.L’année s’avance ; ce n’est plus le temps des semailles, et tu n’as
produitquelahonteetlesactionsmauvaises.Leverapénétrédanslaracinedel’arbreducorps:ilfautl’arracheret
lejeteraufeu.Écoute,écoute,ôvoyageur!Ilesttard,lesoleildelavieestsurlepoint
desecoucher.Durantcesquelquesbrèvesjournéesoùtuasencoredesforces,hâte-toi,
batsdesailesgénéreusement.Consacre ce peude semences qui te restent à ce que cette longuevie
puissecroîtreàpartird’elles.Tantquecettelampeornéedepierreriesn’estpaséteinte,voisàcouper
samècheetàlarempliraussitôtd’huile.Prendsgarde!Nedispas«Demain»,carmaint«demain»estpassé.
Nelaissepaslesjoursdessemaillesdisparaîtreentièrement.1270 Écoutemonavertissement:lecorpsestunlienpuissant,retireTancien,
situdésirescequiestneuf.Fermetes lèvresetouvreunemainpleined’or :cessed’êtreunavare
avectoncorps,manifestedelamunificence.Lamunificence,c’estlerenoncementauxdésirsetauxplaisirs;aucun
deceuxquisontplongésdanslesdésirscharnelsneserelève.Cette munificence est une branche du cyprès du Paradis : malheur à
celuiquilaisseunetellebranches’échapperdesamain!Cet abandonde la sensualité est leplus ferme levier29 : cette branche
attirel’espritjusqu’auCiel.Agisdoncdesortequelabranchedelamunificence,ôhommejuste!
ent’élevantpuisseteporterjusqu’àsonorigine.Tu es Joseph plein de beauté, et cemonde est comme le puits ; et la
corde(pour t’enfairesortir)est lapatienceet lasoumissionà l’ordredeDieu.ÔJoseph,lacordeestvenue:placetesdeuxmainssurelle.Nenéglige
paslacorde,carilsefaittard.Loué soit Dieu que cette corde ait été lancée et que la grâce et la
miséricordeaientétéconjointes,De sorte que tu puisses contempler lemonde de l’esprit nouveau, un
mondetrèsmanifeste,bienqu’invisible.1280 Cemondephénoménaldelanon-existenceestdevenucomme
l’existenceréelle,tandisquecemondedel’existenceréelleestdevenutrèscaché.Lapoussièreestdanslevent:ellejoue,ellecréeunefausseapparence
etformeunvoile.
Ceci qui, en apparence, est actif, est en réalité oisif et superficiel,commeunecoque;etcequiestcachéestsonnoyauetsonorigine.La poussière est comme un outil dans lamain du vent : considère le
ventcommeélevéetdehauteorigine.Leregarddel’œildelapoussièretombesurlapoussière:l’œilquivoit
leventestd’uneautresorte.Un cheval connaît un cheval, parce qu’il est de même espèce ; de
même,uncavalierconnaîtleschosesquiappartiennentàuncavalier.L’œilsensuelestlecheval,etlaLumièredeDieuestlecavalier:sansle
cavalier,lechevallui-mêmenesertàrien.Dresse donc le cheval pour le guérir de ses mauvaises habitudes ;
autrement,lechevalserarejetédevantleRoi.L’œilduchevaltrouvesoncheminàpartirdel’œilduRoi:sansl’œil
duRoi,sonœilsetrouveenunesituationdésespérée.L’œil des chevaux, où que vous l’appeliez, excepté vers l’herbe et le
pâturage,dit:«Non,pourquoiirions-nous?»1290 LaLumièredeDieumonte,commeuncavalier,surl’œilsensuel,et
alorsl’âmelanguitaprèsDieu.Commentlechevalsanscavalierconnaîtrait-illesjalonsdelaroute?Il
fautqueleRoilemonteafinqu’ilconnaisselarouteduRoi.Vadans un sens sur lequel laLumière estmontée : cetteLumière est
unebonnecompagnepourlesens.LaLumièredeDieuestunornementpourlalumièredusens:c’estce
quesignifielumièresurlumière30.La lumièredessensattire l’hommevers la terre ; laLumièredeDieu
l’élèveversleshauteurs,Parcequeleschosessensiblessontunmondeinférieur:laLumièrede
Dieuestsemblableàlamer,etlessenscommeunegouttederosée.Maiscequiestmontésurlessensn’estpasmanifesté,saufparlesbons
effetsetparoles.La lumière sensuelle, qui est grossière et lourde, est cachée dans la
pupilledesyeux.Étant donné que tu ne vois pas la lumière des sens avec ton œil,
commentverrais-tuavecluilalumièredusaint?La lumière du sens est cachée, en dépit de ce caractère grossier ;
commentdoncneleseraitpascerayonnementpur?1300 Cemonde,commedespaillesdanslamainduvent,quiestl’Invisible,a
choisil’impuissancecommeseuleattitude,etlesecoursdel’Invisibletantôtl’emporteverslehaut,tantôtverslebas;illerendtantôtintact,
tantôtbrisé.Parfois il l’emportevers ladroite,parfoisvers lagauche,parfois ilen
faitdesroses,parfoisdesépines.Vois comme laMain est cachée, tandis que la plume écrit ; le cheval
court,alorsqueleCavalierestinvisible.Vois la flèche qui vole, l’Arc étant invisible ; l’âme est manifeste et
l’Âmedesâmescachée.Nebrisepaslaflèche,carc’estlaflèched’unRoi,ellen’estpastiréeau
hasard,elleprovientdelamaindeceluiquisait.Dieu a dit : «Tu n’as pas tiré quand tu tirais31. » L’action de Dieu
l’emportesurnosactes.Brisetaproprecolère,nebrisepaslaflèche;l’œilcourroucéprendle
laitpourdusang.Donneunbaiseràlaflèche,etapporte-laauRoi—laflèchetachéede
tonsang.Ce qui est visible est impuissant, enchaîné et faible, et ce qui est
invisibleestardentetincontrôlable.1310 Noussommeslaproie;àquiappartientcepiège?Noussommesla
balledujeudepolo—etoùestleJoueurdepolo?Ildéchire, Il coud :oùest leTailleur? Il souffle, Ilbrûle :oùest cet
Allumeurdefeu?Aunmoment,Ilfaitduvéritablesaintunimpie;àunautre,Ilfaitde
l’incroyantunascète.Car le fidèle sincère risque d’être pris au piège tant qu’il n’est pas
entièrementpurifiédesonpropremoi.Car il est encore sur laVoie, et les brigands sont innombrables ; seul
échappeceluiquiestprotégéparDieu.S’il n’est pas devenu comme un miroir pur, il est un simple fidèle
(mukhlis);s’iln’apasattrapél’oiseau,ilestencorechasseur.Mais quand lemukhlis est devenu unmukhlas*, il est libéré : il est
parvenuaulieudesécuritéetagagnélavictoire.Nulmiroirn’estredevenudufer,nulpainn’estredevenuleblédansla
meule.Aucun raisin mûr n’est redevenu raisin vert, aucun fruit mûr n’est
redevenunonmûr.Deviens mûr et écarté de la possibilité de changer pour le pire : va,
devienslalumière,commeBurhân-iMuhaqqiq**.1320 Quandtuaséchappéàtoi-même,tuesdevenupleinementlapreuvede
Dieu;quandl’esclaveentoiadisparu,tuesdevenuleRoi.Et si tu veux contempler clairement cemystère, Salâh-od-Dîn *** l’a
manifesté:ilarendulesyeuxvoyantsetlesaouverts.Danssesyeuxetsonvisage,touslesyeuxquiontvulaLumièredeHû
(Dieu)ontdiscernéledétachementmystique.Le sheikh Salâh-od-Dîn est quelqu’un qui, comme Dieu, agit sans
instrument,donnantàsesdisciplesdesleçonssansmotdire.Dans sa main, le cœur est soumis comme la cire molle : son sceau
imprimetantôtlahonte,tantôtlagloire.Lesceau imprimésursacireparleduchatonde labaguedequidonc
parleladevisegravéesurlapierredelabague?Elle parle de la pensée du Forgeron— tout ceci est une chaîne dont
chaquemaillonserattacheauxautres.Dequellevoixestcetéchodanslesmontagnesdenoscœurs?Parfois
cettemontagneestrempliedelavoix,parfoiselleestvide.Quel qu’il soit, il est le Sage, leMaître— puisse sa voix ne jamais
délaissercettemontagne!Il existe une montagne qui double seulement la voix ; il existe une
montagnequilacentuple.1330 Acettevoixetcetteparole,lamontagnefaitjaillirdescentainesde
milliersdesourcesd’eaupure.Étant donnéque cette grâce émanede lamontagne, les eauxdans les
sourcesdeviennentdusang.C’estàcausedecemonarqueà ladémarchefavorable (Moïse)que le
montSinaïfuttransforméenrubis.Toutes les parties de la montagne reçurent la vie et l’intelligence—
aprèstout,sommes-nous,ôgens,inférieursàlapierre?Aucune sourcene jaillitde l’âme, et le corpsnonplusnedevientpas
l’undeceuxquisontvêtusdevert;Ilnes’ytrouvepasnonplusl’échoducridudésir,nilapuretéduVin
serviparl’Échanson.Oùexiste-t-ilunzèletelqu’ilscreusententièrementunemontagneavec
lahacheetlapioche,Dansl’espoirquepeut-êtreuneLunebrillerasursesparcelles,quepeut-
êtrelerayonnementdelaLuneparviendraàypénétrer?Étant donné que la Résurrection (temporelle) creusera lesmontagnes,
commentétendra-t-ellesurnoussonombre?Comment cette Résurrection (spirituelle) serait-elle inférieure à la
Résurrection (temporelle) ? Cette Résurrection (temporelle) est la
blessure,etlaRésurrection(spirituelle)estlepansement.1340 Quiconqueavucetonguentn’aplusàcraindrelablessure:chaquemal
quiavucebiendevientbienfaisant.Oh !Heureux le laid dont le beau est devenu le compagnon ; hélas !
pourceluiauvisageroséavecquis’estassociél’automne!Quand le pain inanimé s’associe à la vie, le pain devient vivant et se
transformeenlasubstancedecettevie.Les noirs fagots deviennent les compagnons du feu : l’obscurité
disparaîtettoutsetransformeenlumière.Quand l’âne mort est tombé dans la mine de sel, il a renoncé à son
caractèred’âneetàlamortalité.L’onction de Allah32 est la cuve de teinturier deHû * : là, toutes les
chosesbigarréesdeviennentd’uneseulecouleur.Quandlemystiquetombedanslacuveetquetuluidis:«Lève-toi»,il
ditenextase:«Jesuislacuve;nemeblâmepas.»Dire:«Jesuislacuve»,c’estcommedire:«JesuisDieu»; ilala
couleurdufeu,bienqu’ilsoitdefer.Lacouleurdufers’anéantitdanslacouleurdufeu; lefersevantede
son caractère embrasé, bien qu’en fait il soit comme celui qui garde lesilence.Lorsqu’ilestdevenurougecommel’ordanslamine,alors,sanslangue,
ilsevante:«Jesuislefeu.»1350 IIestdevenusubliméparlacouleuretlanaturedufeu;ildit:«Jesuis
lefeu,jesuislefeu,«Jesuislefeu;situasdesdoutesoudessoupçons,faisunessai,pose
tamainsurmoi.«Jesuislefeu:sicelatesembledouteux,posetonvisagesurlemien
unseulinstant.»Quand l’homme reçoit laLumière deDieu, il est adoré par les anges
parcequ’ilaétéchoisiparDieu33.Aussi,ilestadoréparceluidontl’esprit,commel’ange,aétélibéréde
larébellionetdudoute.Quel feu ? Quel fer ? Ferme la bouche : ne te moque pas de cette
comparaison.NemetspaslepieddanslaMer,n’enparlepas:surlarivedelaMer,
gardelesilence,temordantleslèvres(d’émerveillement).Bienquecentêtrescommemoin’auraientpaslaforcedesupporterla
Mer,cependantjenepeuxm’éloignerdeseauxdelaMerquimenoient.
Quemonâmeetmonespritsoientunsacrificeà laMer ;cetteMeraverséleprixdusangdel’espritetdel’âme.Je marcherai sur Elle aussi longtemps que mes pieds se mouvront ;
quandjen’auraiplusdepieds,jeplongeraienElle,commelescanards.1360 Unepersonneirrespectueusequiestprésentevautmieuxquecellequi
estabsente:mêmesil’anneauesttordu,n’est-ilpassurlaporte?Ô toi dont le corps est souillé, va dans la cuve : en dehors d’elle,
commentunhommesera-t-ilpurifié?Celui qui était pur et qui a été banni loin de la cuve devient éloigné
aussidesapureté.La pureté de cette cuve est infinie ; la pureté des corps a peu
d’importance,Car le cœur, bien qu’il soit une cuve, a cependant, en cachette, un
cheminsecretverslaMer.Tapureté limitée a besoin d’être renforcée ; autrement, le nombre est
diminuéparladépense.L’eauditàl’hommesouillé:«Hâte-toidevenirenmoi.»Ilrépondit:
«J’éprouvedelahontedevantl’eau.»L’eaudit:«Sansmoi,commentcettehontepeut-elledisparaître?Sans
moi,commentcettesouillurepeut-elleêtreenlevée?»Chaqueêtresouilléquisecacheloindel’eaumontre,commeilestdit,
que«lahontegênelafoi».Lecœurestembourbéparlesmarchesdelacuveducorps;lecorpsest
lavéparl’eaudescuvesducœur.1370 Franchislesmarchesdelacuveducœur,ômonfils,faisattentionet
méfie-toitoujoursdesmarchesdelacuveducorps.La mer du corps se précipite sur la mer du cœur, mais entre eux se
trouveunebarrièrequ’ilsnefranchirontpas34.Quetusoisdroitoucourbé,rampetoujoursversLui,nerampepasen
arrière.Si, dans la présence des rois, il y a un danger pour la vie, cependant
ceuxquiyaspirentnepeuvents’abstenird’êtreavecLui.Puisque leRoi est plus douxque le sucre,mieuxvaut que la vie soit
sacrifiéeàcettedouceur.Ô toi qui blâmes les amoureux,que la sécurité soit tienne !Ô toi qui
rechercheslasécurité,tuesuninfirme!Monâmeestunefournaise;elleestheureuseaveclefeu:ilsuffitàla
fournaised’êtrelamaisondufeu.Pourl’amour,commepourlafournaise,ilyaquelquechoseàbrûler:
celuiquinevoitpascelan’estpasunefournaise.Quand la provision de l’imprévoyance est devenue votre provision,
vousavezacquislavieéternelleetlamorts’estenfuie.Quand la souffrance de l’amour a commencé à accroître votre joie
spirituelle,lesrosesetleslilassesontemparésdujardindevotreâme.1380 Cequipourlesautresestunobjetdecrainteestvotresécurité;le
canardestrendufortparlarivière,lavolailledomestiqueestrenduefaible.Unefoisdeplus, jesuisdevenufou,ôMédecin!Unefoisdeplus, je
suisdevenuéperdu,ôBien-Aimé!LesanneauxdeTachaînesontmultiformes:chaqueanneauproduitune
foliedifférente.Ledondechaqueanneauconsisteendiverses formes :c’estpourquoi
j’ai,àchaqueinstant,unefoliedifférente.Ainsi, « la folie a différentes formes » est devenue un proverbe,
spécialementencequiconcernelachaînedecetrèsglorieuxPrince.Une telle folie a brisé les limites dema raison que tous les fousme
réprimanderaient.
*AllusionàlacÉlèbrevictoirede’AlîsurlaforteressedeKhaybar.*Lemukhlisestceluiquiest sincère,maisconsidèrequesadÉvotionest sonfait,alorsquelemukhlasl’attribueàDieu.**Burhân-od-DînMuhaqqiqTirmadhî,anciendiscipledupèredeRûmî,Baha-od-DînWalad,etquidevintlemaîtrespiritueldeDjalâl-od-Dînjusqu’àsamort,en638del’hÉgire,c’est-à-dirependantneufans.***En647del’hégire,RûmîchoisitpouramietmaîtredesesdisciplesSalâh-od-DînFarîdunZarkûb,quiavaitété,luiaussi,lediscipledeBurhân-od-Dîn.Ilmouruten657del’hégire.*Hû:Lui(Dieu).
Commentdesamisvinrentrendrevisiteàl’hôpitaldesfousàDhu’l-Nûn*(queDieu
sanctifiesonesprit)
IadvintàDhu’l-Nûnl’Égyptienqu’unenouvelleagitationetfolienaquitenlui.Son agitation devint telle que l’amertume en atteignait tous les cœurs
jusqu’au-dessusdescieux.Prendsgarde, ô sol amer !Ne comparepas ton agitation à l’agitation
dessaintsseigneurs.Lesgensnepouvaientsupportersafolie;sonfeuleurbrûlaitlabarbe.
1390 Quandcefeutombasurlesbarbesdesgensducommun,ilsl’entraînèrentetlemirentenprison.Il n’est pas possible de tirer sur cette rêne, même si le vulgaire est
perturbéparcettevoie(mystique).Cesroisspirituelssesontvusendangerdeperdreleursviesàcausedes
gensducommun,carcettefouleestaveugle,etlesroisneportentpasdemarquesapparentes.Quand l’autorité se trouve entre les mains des rend (débauchés), un
Dhu’l-Nûnsetrouveinévitablementenprison.C’est seul que chevauche ce roi sublime : une perle unique dans les
mainsdesenfants!Quelle perle ? Non, la Mer cachée dans une goutte d’eau, un Soleil
dissimulédansunatome.UnSoleil s’estmanifesté dans un atome, et peu à peu a découvert sa
face.Toutes les parcelles ont disparu en lui ; le monde entier par lui est
devenuenivré,puisilestdevenulucide.Quandlaplumeestdanslamaind’untraître,inéluctablement,Mansûr
(al-Hallâdj)estsurlegibet.Lorsque cette affaire (autorité) appartient aux sots, il s’ensuit
nécessairementqu’ilstuentlesprophètes35.1400 Parstupidité,lepeupleégarédisaitauxprophètes:«Noustironsde
vousunmauvaisaugure36.»Voyezl’ignoranceduchrétienappelantàsonaideleSeigneurquiaété
suspenduàlacroix!Puisque, selon leur croyance, Il a été crucifié par les juifs, comment
doncpeut-illesprotéger?Ètant donné que le cœur de ce Roi (Jésus) saigne à cause d’eux (les
chrétiens),commentyaurait-ilpoureuxladéfenseinviolabledealorsquetuesaumilieud’eux37?Pourl’orpuretl’orfèvre,ledangerprovenantducontrefacteurestplus
grandqueceluivenantdequiconque.LesJosephssontcachésenraisondelajalousiedeceuxquisontlaids,
car,àcausedeleursennemis,lesêtresbeauxsontdanslatribulation.LesJosephssontdanslepuitsparlafautedeleursfrèresqui,parenvie,
donnentJosephauxloups.Qu’advint-ilauJosephd’Ègypteàcausedel’envie?Cetteenvieestun
grandloupauxaguets.Inévitablement, le bon Jacob éprouvait toujours de la peur et de
l’anxiétépourJoseph,àcausedeceloup.Leloupextérieur,envérité,nerôdaitpasautourdeJoseph.Maiscette
envie,enfait,avaitdépassélaméchancetédesloups.1410 Celoupinfligeasablessureet,enguised’excusespécieuse,ilsdirent:
«Nousétionspartispourjoueràlacourse38.»Descentainesdeloupsn’ontpascetteruse;maisceloupseracouvert
dehonteàlafin,vousverrez!Parce que, le Jour de la calamité, les envieux seront sans doute
ressuscitésdesmortsetamenéspourêtrejugéssouslaformedeloups.Larésurrectionduvilgoinfremangeurdecharogne(nourritureillicite)
serasouslaformed’unporcleJourduJugement.Lescorpsdesadultèresaurontunemauvaiseodeur;lesbuveursdevin
aurontdesbouchespuantes.La pestilence cachée qui n’atteignait que les cœurs sera sensible et
manifestelorsdelaRésurrection.L’êtredel’hommeestunejungle:soissurtesgardescontrecetêtre,si
tuesdeceSouffledivin.Dans notre être se trouvent desmilliers de loups et de pourceaux, du
bonetdumauvais,dubeauetdulaid.Alatendancequiprédomineappartientladécisionquantàcequevous
êtes:quandilyaplusd’orquedecuivre,l’amalgameestdel’or.Selon la façond’agirqui estprépondérantedansvotrenature—c’est
danscettemêmeformequevousressusciterez.
1420 Aunecertaineheure,unloupentredansl’homme;àuneautreheure,unebeautésemblableàlaluneaveclevisagedeJoseph.Les qualités, belles et haïssables, passent d’un cœur à l’autre par une
voiecachée.En vérité, la sagesse, la connaissance et la perfection passent de l’
hommeaubœufetàl’âne.Lechevalrétifacquiertunpaspaisibleetdocile,l’oursdanse,lachèvre
salue.Levouloirestpassédesêtreshumainsdanslechien,desortequ’ilest
devenuunberger,unchasseurouungardiendelamaison.Chez lechiendesCompagnonsde laCaverne,unedispositionmorale
parvintdecesdormeurs,desortequ’ildevintunchercheurdeDieu.Achaqueinstant,uneespècedifférentesurgitdanslapoitrine:tantôtun
démon,tantôtunange,tantôtdesbêtessauvages.Depuis cette merveilleuse jungle familière à chaque lion, existe une
voiecachéeverslescœurs,quiprendaupiège(laproiespirituelle).Ôtoiquiesmoinsqu’unchien,dérobedel’intérieurlaperlespirituelle
—del’intérieurdescœursdeceuxquiconnaissentDieu.Situvoles,aumoinsquecesoitcetteperleravissante;puisquetudois
porterunfardeau,qu’ilsoitaumoinsnoble.
*Célèbresoufietpoète,néetmortenÉgypte(IXesiècle).
CommentlesdisciplescomprirentqueDhu’l-Nûnn’étaitpasdevenu
fou,maisavaitagidefaçonintentionnelle
es amis allèrent à la prison pour se renseigner sur l’histoire deDhu’l-Nûn,etexprimèrentuneopinionàcesujet,Disant:«Peut-êtreagit-ilainsiàdessein,oubienest-ceparsagesse;il
est,danscettereligion,celuiversquions’oriente,etunsigne.«Loin, loindesonintelligenceprofondecommelamerquecesoit la
foliequil’inciteàdesactesinsensés!«Dieunousgarde,étantdonnélaperfectiondesonétat,quelenuagede
lamaladierecouvrecettelune!«Ilestentrédanslamaisonpouréchapperàlaperversitéduvulgaire:
ilestdevenufouàcausedel’infamiedesgensraisonnables.«Enraisondelahontequ’ilavaitdelaraisonmorne,asservieaucorps,
ilestpartiexprèsetdevenufou,«Disant : “Attachez-moi serré et, avec une queue de vache, frappez-
moisurlatêteetledos,etnediscutezpas,“Afinque, grâce à ce coup, je puisse obtenir la vie, comme l’homme
assassinéarecouvrélavieparlavachedeMoïse,ômesamisfidèles;1440 “Afinquejepuisseêtrerenduheureuxparuncoupdelaqueuedela
vache;quejepuissedevenirenbonnesantécommel’hommeassassinéaumoyendelavachedeMoïse39.”»L’hommeassassiné revécutgrâceaucoupde laqueuede lavache ; il
devintdel’orpur,commelecuivretransmuéparlapierrephi-losophale.L’hommeassassinébonditet révéla lessecrets : ildévoilacettebande
assoifféedesang,Ilditclairement:«J’aiététuéparcesgensquisontàprésentenragésà
sequerelleravecmoi.»Quand le corps grossier est tué, l’essence qui connaît les secrets
(spirituels)vientàlavie.Sonespritcontemple leParadiset leFeude l’enferetperçoit tous les
mystères.Il révèle lesmeurtrierssataniques, il révèle lepiègede la tromperieet
delaperfidie.Tuer lavache (l’âmecharnelle)estcequ’enjoint laVoiedusoufisme,
afinquel’espritpuisseêtrerenduàlaconscienceparlecoupdesaqueue.Tuebienvitelavache,tonâmecharnelle,afinquel’espritcachépuisse
devenirvivantetconscient.
Retouràl’histoiredeDhu’l-Nûn(queDieusanctifiesonesprit!)
uandcespersonnesarrivèrentauprèsdelui,ils’écria:«Eh!Quiêtes-vous?Prenezgarde!»Ilsdirentrespectueusement:«Noussommesdetesamis,noussommes
venusicipourdemanderavecaffectiondetesnouvelles.« Comment vas-tu, ô Mer d’intelligence ? Quelle est cette calomnie
prétendantquetonintelligenceestfolie?1450 «Commentlafuméedelachaudièreduhammamarriverait-elleau
Soleil?Commentle‘Anqâ*serait-ilécraséparlecorbeau?«Netecachepasdenous;explique-nouscetteaffaire;noust’aimons;
n’agispasavecnousdecettefaçon.« Il ne convient pas d’éloigner les amoureux ou de les leurrer par un
masqueetdesprétextes.«Communiquelesecret,ôRoi!Nevoilepastonvisagedanslenuage,
ôLune!«Noussommesaimants,sincères,avecdescœursbrisés;danslesdeux
mondes,c’estàtoiquenousavonsattachénotrecœur.»Il semit àprononcerà tort et à traversdevilainsmotsetdemauvais
noms;ilditdesinsanitéscommelesfous.Ilsautaitetlançaitdespierresetdesbâtons; touss’enfuirentparpeur
descoups.Iléclataderire,et,secouantlatête:«Voyez,dit-il,lesvanteriesdeces
amis!«Voyezcesamis!Quelleestlamarquedesamis?Pourlesvéritables
amis,lasouffranceestcommelavie.»Commentunamisedétournerait-ildelapeineinfligéeparsonami?La
souffranceestlenoyau,etl’amitién’enestquel’écorce.1460 N’est-cepasdevenulesignedel’amitiéquelajoiedanslemalheur,la
calamitéetlasouffrance?L’amiestcommel’or,lemalheurestcommelefeu;l’orpurestjoyeux
danslecœurdufeu.
*Oiseaufabuleux.
CommentlemaîtredeLuqmânmitàl’épreuvesasagacité
’en était-il pas ainsi deLuqmân, qui était un esclave pur, et qui,jouretnuit,étaitalertedanssonservice?Sonmaître le préférait pour son travail, et le jugeaitmeilleur que ses
propresfils,Car Luqmân, bien qu’il fût né esclave, était maître (de lui-même) et
librededésirsensuel.Uncertain roiditausheikhdans laconversation :«Demande-moide
t’accorderquelquedon.»Il répondit : « Ô roi, n’as-tu pas honte deme dire une telle chose ?
Viensplushaut!«Jepossèdedeuxesclaves,quisontvils,etcesdeuxtegouvernentet
sonttessuzerains.»Leroidit:«Quisontcesdeux?C’estuneerreur.»Ilrépondit:«L’un
estlacolère,etl’autrelasensualité.»Considèrecommeunroiceluiquiestindifférentàlaroyauté,celuidont
lalumièrebrillesanslunenisoleil.1470 Seul,celuidontl’essenceestletrésor(spirituel)possèdeletrésor;seul
celuiquiestl’ennemide(sapropre)existencepossèdel’existence.Enapparence,lemaîtredeLuqmânétaitsonmaître;enréalité,ilétait
l’esclaveetLuqmânétaitsonmaître.Danscemondesensdessusdessous,ilyenabeaucoupdelasorte:une
perleàleursyeuxestmoindrequ’unfétu.Chaquedésertaéténommé«lieudesécurité»:unnometuneforme
trompeuseontleurréleurcompréhension.Pourunecatégoriedegens,c’est l’habitquifaitconnaître :si l’onest
vêtud’uneqabâ*,ilsdisentquel’onestunhommeducommun.Pourunecatégoriedegens,(cequiimporte)c’estl’apparencehypocrite
del’ascétisme;ilfautunelumièrepourdiscernerl’ascétisme(véritable).Ilfautunelumièrepureetdépourvuedeconformismeafindepouvoir
connaîtreunhommesansactionniparole,Et pénétrer dans son cœurpar la voie de l’intellect, et apercevoir son
véritableétatsansêtrelimitéparlesracontars.Les serviteurs choisis deCelui qui connaît les choses invisibles sont,
danslemondedel’âme,lesespionsdescœurs.
Untelserviteurpénètredanslecœuràlafaçond’uneimage:lemystèredel’étatspirituelluiestdévoilé.
1480 Danslecorpsdumoineau,quelpouvoir,quellefacultésetrouventquidemeurentcachésàl’intellectdufaucon?CeluiquiaapprisàconnaîtrelessecretsdeHû(Dieu),qu’estpourluila
consciencesecrètedesêtrescréés?Celuiquimarchesurlessphèrescélestes,commentmarchersurlaterre
serait-ildifficilepourlui?PuisqueleferétaitcommelaciredanslamaindeDavid,comment la
cireserait-elledanssamain,ôhommepervers?Luqmân en apparence était esclave, en réalité, il était maître ; la
servituden’étaitqu’unemarqueextérieure.Quandlemaîtreserendenunlieuoùilestinconnu,ilrevêtleshabits
desonesclave.Lui-mêmeportelesvêtementsdesonesclave,etilplacecelui-cientête,
commeunguide.Ilmarchederrièreluisurlaroute,commelefontlesesclaves,depeur
quequelqu’unlereconnaisse.«Ô esclave, dit-il, va t’asseoir à la place d’honneur ; je prendrai tes
chaussures,commeleplushumbleesclave.«Traite-moidurementetinsulte-moi;nemetémoigneaucunrespect.
1490 «Jeconsidèrequenégligertonserviceestleservicequiteconvient,puisquej’aisemélagrainedel’artificeenrestantdansunpaysétranger.»Des maîtres ont effectué ces tâches d’esclaves afin que l’on puisse
penserqu’ilsenétaienteffectivement.Ilsavaientleurcontentdurôledemaîtresetenétaientrassasiés:c’est
pourquoiilssepréparèrentàfaireletravaildesesclaves.Aucontraire,cesesclavesdelasensualitésesontprésentéscommes’ils
étaientdesmaîtresd’intelligenceetdespiritualité.Dumaître (l’homme spirituel) provient la pratique de l’humilité ; de
l’esclave(l’hommesensuel)neprovientriend’autrequelaservitude.Ainsi,lesarrangementsentrecemondeetl’autresontinversés.Sache-le
bien.LemaîtredeLuqmânétaitconscientde l’étatcachédecelui-ci ; ilen
avaitperçuenluidessignes.Ce voyageur (le maître de Luqmân) connaissait le secret, mais il
conduisitpaisiblementsonânesurlechemin,envued’unbien.Il l’aurait affranchi dès le début, mais il s’efforçait de contenter
Luqmân,
Carc’étaitledésirdeLuqmân(dedemeurerunesclave),afinquenulneconnaisselesecretdecejeunehommebraveetgénéreux.
1500 Quoid’étonnantàcequevouscachiezvotresecretauméchant?Cequiestétonnant,c’estquevousdissimuliezcesecretàvous-même.Cache tes actions à tes propres yeux, afin qu’elles puissent être en
sécuritéloindumauvaisœil.Abandonne-toiaupiègedelarécompensedivine,etalors,étanthorsde
toi-même,dérobequelquechoseàtoi-même.Ondonnedel’opiumaublessé,afind’extrairelapointe(d’uneflèche)
desoncorps.Al’heuredelamort,ilestdéchirédesouffrance;ildevientpréoccupé
parcela,etpendantcetemps,sonespritluiestravi.Étantdonnéque,quelleque soit lapenséeà laquelle tu consacres ton
intellect,quelquechoseteseraenlevéensecret,Etque,quoiquetupuissesméditerouacquérir,levoleurentreraparle
côtéoùtutesensensécurité,Occupe-toidoncdecequiestlemeilleur,afinquelevoleurnepuissete
déroberquecequiestdevaleurmoindre.Quand les ballots du marchand tombent à l’eau, il se saisit des
marchandiseslesplusprécieuses.Puisque quelque chose sera sûrement perdu dans l’eau, abandonne ce
quialemoinsdeprixetprendspossessiondecequienadavantage.
*Manteaupersan.
CommentlemériteetlasagacitédeLuqmândevinrentmanifestesàceux
quil’avaientmisàl’épreuve
1510 orsqu’unalimentétaitapportéaumaîtredeLuqmân,ilenvoyaitquelqu’unchezluiAfin queLuqmân puisse ymettre lamain et que lemaîtremange ce
qu’ilenlaissait.Ilmangeaitsesrestesetétaitenthousiaste:toutenourriturequeLuqmân
negoûtaitpas,lemaîtrelajetait;Ou,s’ilenmangeait,c’étaitsanscœuretsansappétit:c’estlàlesigne
d’uneintimitésansbornes.Onavaitapportéunmelonenprésent.«Allez,dit-il,appelezmonfils,
Luqmân.»Quandillecoupaetluidonnaunetranche,Luqmânlamangeacomme
sic’étaitdusucreetdumiel.En raison du plaisir avec lequel il l’avait mangée, il lui offrit une
secondetranche,etainsijusqu’àladix-septièmetranche.Une tranche restait. Il dit : « Je vais lamanger, pour voir quel doux
melonc’est.« Luqmân lemange avec un tel plaisir qu’à voir son délice, on a du
désiretdel’appétitpourcemorceau.»Dèsqu’illemangea,parsonamertumefutalluméunfeuquiluiécorcha
lalangueetluibrûlalegosier.1520 Ildevinthorsdelui-mêmependantunmomentàcausede
sonamertume;ensuite,ilditàLuqmân:«Ôtoi,monâmeetmonmonde,«Comment as-tu fait de tout ce poison un antidote ?Comment as-tu
considérécettecruautécommeunebienveillance?« Qu’est-ce que cette patience ? Pour quelle raison est ce grand
courage?Oupeut-êtrequedanstonopiniontavieestuneennemie?«Pourquoinepasavoirhabilementprésentéunerequête,disant:“J’ai
uneexcuse;attendsunmoment.”»Luqmânrépondit:«Detamaingénéreuse,j’aimangétellementqueje
suiscourbéendeuxparlahonte.«J’avaishontedenepasmangeruneseulechoseamèredetamain,ô
toiquiesdouédeconnaissance.«Puisque toutes lespartiesdemonêtreproviennentde ta libéralitéet
sontplongéesdanstonpiègeettonleurre,«Sijecrieetmeplainspouruneseulechoseamère,quelapoussièrede
centcheminssoitrépanduesurtousmesmembres!« Si le melon jouissait du délice de ta main qui octroie le sucre,
commentcedélicepourrait-illaisserquelqueamertumeàcemelon?»1530 Parl’amour,leschosesamèresdeviennentdouces;parl’amour,les
morceauxdecuivredeviennentcommel’or;Par l’amour, la liedevient limpide;par l’amour, lasouffrancedevient
guérison;Par l’amour, le mort est rendu vivant ; par l’amour, le roi est fait
esclave.Cetamour,enoutre,estlerésultatdelaconnaissance:quellestupidité
s’assitjamaissurunteltrône?Aquelleoccasionuneconnaissancedéficientedonna-t-ellenaissanceà
cetamour?Laconnaissanceimparfaitedonnenaissanceàl’amour,maispourcequiestdépourvudevie.Quandilvoitdansunêtreinanimélacouleurdeceluiqu’ildésire,c’est
commes’ilentendaitlavoixdubien-aimédansunsifflet.La connaissance imparfaite est incapable de discernement ;
inéluctablement,elleprendl’éclairpourlesoleil.Quand leProphètedéclaraque l’homme«déficient»estmaudit,cela
signifiait«ladéficiencedel’esprit».Carceluidontlecorpsestdéficientestl’objetdelamiséricordedivine;
la malédiction et le rejet contre l’objet de la miséricorde ne sont pasconvenables.C’estladéficienced’espritquiestlamauvaisemaladie:c’estlacause
delamalédictiondeDieuetcelamérited’êtrebanni(deSaprésence),Étant donné qu’il n’est pas impossible de rendre l’esprit parfait, alors
qu’iln’estpasennotrepouvoirderendrelecorpsparfait.1540 L’impiétéetl’orgueil,pareilsàceluidePharaon,dechaqueimpiequi
estloindeDieu,proviennenttousdeladéficiencedel’esprit.LaconsolationpourladéficiencecorporelleestvenuedansleQor’ân:
Iln’yaaucunefauteàreprocheràl’aveugle40.L’éclair est fugace et très infidèle : sans clarté (d’esprit), tu ne
distinguespascequipassedecequiestpermanent.L’éclairrit;dequirit-il,dis-le-moi?Deceluiquiattachesoncœuràsa
lumière.Les lumières du ciel sont bancales : comment seraient-elles comme
cetteLumièrequin’estnid’Orient,nid’Occident41?Considère l’éclair comme ce qui ôte la vue42, considère la Lumière
éternellecommeétantentièrementdesAnsar*.Chevaucheruncoursiersurl’écumedelamer,lireunelettreàlalueur
d’unéclair,C’est ne pas apercevoir la fin, par avidité ; c’est se moquer de son
proprecœuretdesapropreraison.Laraison,parnature,contemplelafin;c’estl’âmecharnellequinela
voitpas.La raison dominée par l’âme charnelle devient charnelle ; Jupiter est
vaincuparSaturneetdevientnéfaste.1550 Cependant,tournetonregardverscequiestnéfaste,regardeversCelui
quit’adonnéunemauvaiseétoile.Le regard de celui qui contemple ce flux et ce reflux passe de
l’influencenéfasteàl’influencefaste.Dieu te fait passer continuellement d’un état d’esprit à un autre,
manifestantlecontraireaumoyenducontrairedanscechangement,Dansledesseinquelacrainteducôtégauchepuissefairenaîtreentoile
délicedeleshommes(bénis)sontconduitsàl’espoirducôtédeladroite42bis,Detellesortequetuaiesdeuxailes(lacrainteetl’espoir);carl’oiseau
quin’aqu’uneseuleaileestincapabledevoler,ômoncher.ÔmonDieu,oubienfaisquejeneparlepas,oubienpermets-moide
diretoutjusqu’aubout.Mais siTuneveuxni ceci ni cela, c’est àToi d’ordonner : comment
quiconquesaurait-ilquelleestTonintention?Il fautavoir l’espritd’Abrahampourvoirdans lefeu leParadisetses
palaisparlalumière(delaconnaissancemystique);Ets’éleverdemarcheenmarcheau-dessusdelaluneetdesétoiles,de
peurderestercommeleheurtoirattachéàlaporte;Et, comme l’Ami de Dieu (Abraham), dépasser le Septième ciel, en
disant:«Jen’aimepascequidisparaît43.»1560 Cemondecorporelesttrompeur,saufpourceluiquiaéchappéaudésir.
*FidèlescompagnonsduProphète.
Conclusiondel’histoireracontantcommentlesautresserviteurs
enviaientl’esclavefavoriduroi
’histoire du roi et des émirs et de leur envie de l’esclave favori,seigneurdesagesse,Aétélaisséeenarrièreenraisondupuissantintérêtdudiscours.Nous
devonsyreveniretlaconclure.Le jardinier heureux et fortuné du royaume (divin) — comment ne
reconnaîtrait-ilpasunarbred’unautre?L’arbrequiestameretréprouvé,etl’arbredontunseulvautseptcents
del’autreespèce.Comment,enlescultivant,lesconsidérerait-ilcommeégaux,alorsqu’il
lesvoitavecl’œilquiestconscientdelafin,Etsaitquelsfruitscesarbresporterontàlafin,bienqu’encemoment
ilssoientsemblablesenapparence?Le sheikh qui est devenu voyant par la Lumière de Dieu est devenu
familieraveclafinetlecommencement.Ilafermé,pourl’amourdeDieu,l’œilquivoitl’écuriedecemonde;il
aouvert,enpriorité,l’œilquiperçoitlafin.Ces gens envieux étaient de mauvais arbres ; ils étaient des gens
malchanceux,desoucheamère.1570 Ilsétaientbouillantsetécumantsd’envie,etpréparaientdescomplotsen
secret,Afindedécapiterl’esclavefavorietdeledéracinerdecemonde;Mais
commentpouvait-ilpérir,puisqueleroiétaitsonâmeetquesaracineétaitsouslaprotectiondeDieu?Le roi avait perçu ces pensées secrètes, mais, comme Bû Bakr i-
Rabâbî*,ilgardalesilence.A la vue des cœurs de ces méchantes gens, il applaudissait
(ironiquement)cesintrigants.DesgensrusésinvententdesstratagèmespourfairetomberleRoidans
unpiège;MaisunRoiaussiinfinimentgrandetsanslimites—commentserait-il
contenudansunpiège,ôânes?Ils fabriquèrent un filet pour le Roi ; après tout, c’est de lui qu’ils
avaientappriscetartifice.
L’élèvequisemetàrivaliseravecsonmaîtreetveutdisputeravecluiestnésousunemauvaiseétoile.Avec quel maître ? Le maître du monde, pour qui le manifeste et le
cachésontsemblables;1580 DontlesyeuxsontdevenusvoyantsparlalumièredeDieu*etquiont
déchirélesvoilesdel’ignorance.Faisant de son cœur un voile rempli de trous comme une vieille
couverture,ledisciplelerevêtenprésenceduSage.Le voile se moque de lui avec cent bouches, chaque bouche étant
devenueuneouverturequiletrahit.Lemaîtreditaudisciple:«Ôtoiquiesmoinsqu’unchien,n’as-tupas
defidélitéenversmoi?«Mêmeàsupposerquejenesoispasunmaîtreetdouéd’unegrande
force,supposequejesoisundisciplecommetoiavecuncœuraveugle,«Nereçois-tupasdemoidel’aidedanstonespritettonintelligence?
Sansmoi,aucuneeaunes’écoulepourtoi.«Aussimon cœur est-il la fabrique de ta chance : pourquoi veux- tu
détruirecettefabrique,ôhommeinjuste?»Tu peux dire que tu allumes la flamme de la rivalité contre lui en
secret;maisn’ya-t-ilpasunefenêtreentrelecœuretlecœur?Aprèstout,ilvoittapenséeàtraverslafenêtre:toncœurtémoignede
cequetumédites.Supposonsque,parbonté,ilneteréprimandepasouvertement,etqu’à
toutcequetudis,ilsourieetdise«oui».1590 IInesouritpasdeplaisiràtesflatteries;ilsouritàtapenséecachée.
Ainsi,unetromperieestpayéed’unetromperie:tufrappesunecoupeettuesfrappéparunecruche—bienfaitpourtoi!Si son sourire t’approuvait, des centaines de milliers de fleurs
s’épanouiraientpourtoi.Quandsoncœurt’approuve,considèrequec’estunsoleilentrantdans
Ariès,Acauseduquellejouretleprintempssourienttousdeux,etlesfleurset
lesprairiesvertessontmêlées,Etdesmyriadesde rossignolsetde tourterellesdéversent leurschants
danslemondetaciturne.Quand tu vois que les feuilles de ton esprit sont jaunes et noires,
commentnereconnais-tupaslacolèreduRoi?Le soleil duRoi, dans le signe zodiacal du reproche, rend les visages
noirscommedespagesnoircies.
NosâmessontdesfeuillespourqueceMercureyécrive;cetteécritureblancheetnoireestnotrecritère.Puis il écrit un décret en rouge et vert, pour que nos esprits soient
délivrésdelamélancolieetdudésespoir.1600 Lerougeetlevertsontceparquoileprintempsmetfinàl’hiver;ils
sontcommelesraiescoloréesdel’arc-en-ciel.
*«Lejoueurdeluth»,saintcaché,ayantgardélesilenceseptannées(cf.Sanâ’î,Diwân,241).* Partie d’unHadîth du Prophète : « Prenez garde au discernement du vraicroyant,carilvoitparlaLumièredeDieu.»
CommentlerespectpourlemessagedeSalomon(surluila
paix!)futréfléchidanslecœurdeBilqîsàpartirdelaformeinfime
delahuppe
ue de centuples bénédictions soient sur cette Bilqîs à qui Dieuaccordal’intelligencedecenthommes!Une huppe apporta la lettre avec le signe de Salomon — quelques
paroleséloquentes.Lorsqu’elle lut ces mots chargés de sens, elle ne regarda pas la
messagèreavecmépris.Sonœillavitcommeunehuppe,maissonespritlavitcommele‘Anqâ;
sessenslavirentcommeunflocond’écume,maissoncœurlavitcommelamer.A cause de ces talismans (apparence et réalité) de deux couleurs,
l’intellect est enguerre avec les sens, commeMohammadavec les genspareilsàAbûDjahl.LesinfidèlesregardaientAhmad(Mohammad)commeétantseulement
un homme, étant donné qu’ils ne voyaient pas en lui celui qui fendit laluneendeux.Jette de la poussière sur ton œil de la perception sensorielle : l’œil
sensuelestl’ennemidel’intellectetdelareligion.Dieu a dit de l’œil sensuel qu’il était aveugle ; Il a dit que c’était un
idolâtreetnotreennemi,Parcequ’ilvoitl’écumeetnonlamer,parcequ’ilvoitleprésentetnon
lelendemain.1610 Lemaîtrededemainetduprésentestdevantlui;cependant,detoutun
trésor,ilnevoitpasmêmeungraind’orge.SiunatomeapportaitunmessagedelapartdeceSoleildel’au-delà,
notresoleildeviendraitl’esclavedecetatome;UnegoutteenvoyéeparlaMerde1’Unité—lesseptmersseraientles
captivesdecettegoutte.Si une poignée de terre devient Son messager, Ses cieux courberont
leurstêtesdevantSaterre.Lorsquelaterred’Adamdevintl’envoyéedeDieu,lesangesdeDieuse
prosternèrentdevantSaterre.
Pourquoi donc, dis-moi, le ciel a-t-il été fendu44 ? A cause d’un œilspirituelqu’unecréatureterrestreouvrit.La terre, en raison de sa texture grossière, s’établit sous l’eau ;mais
voiscommelaterres’esthâtéeau-delàdel’empyrée!Sachedoncque le caractère subtil de l’eaune provient pas de l’eau :
c’estseulementledonduCréateurgénéreux.S’il faitque l’airet le feusoientenun lieubas,etqu’il laisse l’épine
surpasserlarose,Il est Celui qui gouverne, etDieu crée ainsi ce qu’il veut45. Du sein
mêmedelasouffrance,Iltireleremède.1620 S’ilfaitquel’airetlefeusesituentenbasetqu’illesrendobscurs,
grossiersetlourds,Ets’ilfaitquelaterreetl’eausoientdansleshauteursetquelesentier
ducielsoitfranchiàpied,AlorsilestdevenucertainqueTuhonoresquiTuveux46:Dieuditàune
créatureterrestre:«Déploietesailes.»Alacréaturedefeu,Ildit:«Va,devienscommeIblîs:disparaissousla
Septièmeterreavectonimposture!«ÔAdamfaitdeterre,monteau-dessusdel’étoileSuhâ;ôIblîsfaitde
feu,vaaufonddelaterre.« Je ne suis pas les quatre tempéraments ou la cause première, Je
demeuretoujoursenuncontrôleabsolu.«Monactionn’estpascauséeetest indépendante ; J’ai lepouvoirde
prédétermination,Jen’aipasdecause,ôêtreinfirme.«JechangeMacoutumequandillefautet,aussi,Jeretirelapoussière
quileurvoilelesyeux.«Jedisàlamer:“Attention,soisrempliedefeu!”Jedisaufeu:“Va,
soisuneroseraie!”«Jedisàlamontagne:“Soislégèrecommelalaine!”Jedisauciel:
“Fends-toidevantlesyeux!”1630 «Jedis:“Ôsoleil,conjoins-toiàlalune!”Jelesrendstousdeux
commedeuxnuagesnoirs.« Nous desséchons la source du soleil ; par Notre art, Nous
transformonsenmusclafontainedesang.»Lesoleiletlaluneserontcommedeuxbœufsnoirs:Dieuattacheraun
jougsurleurscous.
Commentunphilosophetémoignadel’incrédulitélorsdelarécitation(dutexteqoranique)Sil’eaudont
vousdisposezétaitabsorbéeparlaterre46bis
nmaîtrederécitationduQor’ânétaitentraindeliredansleLivresi l’eaudontvousdisposezétaitabsorbéepar la terre,c’est-à-dire,«siJ’empêchel’eaudeparvenirjusqu’àlasource,«SiJecachel’eaudanslesprofondeursetrendslessourcestariesetun
lieudesécheresse,«Quiamèneraànouveaul’eauàlasource,exceptéMoiquin’aipoint
depareil,leMiséricordieux,leGlorieux?»Un misérable philosophe et logicien passait près de l’école à ce
moment.Quandilentenditceverset,ilditavecdésapprobation:«Nousamenons
l’eauavecunepioche;«Avecdescoupsdebêcheetunpicacéré,nousfaisonsvenirl’eaud’en
bas.»Lanuit,ils’endormitetvitunhommevaleureuxquiluidonnauncoup
surlevisageetaveuglasesdeuxyeux,1640 Etluidit:«Ômisérable,situdislavérité,apporteaumoyend’unpic
lalumièredecesdeuxsourcesdevision.»Lejourvenu,ilseleva,ettrouvaquesesdeuxyeuxétaientaveugles;la
lumièredébordanteavaitdisparudesesdeuxyeux.S’il s’était lamenté et avait imploré son pardon, la lumière disparue
seraitreparue,parlagénérositédeDieu;Mais le pouvoir de demander pardon n’est pas non plus entre nos
mains ; la saveur du repentir n’est pas la friandise de n’importe quelivrogne.La laideur de ses actions et le caractère néfaste de sa négation (de la
vérité)avaientfermél’accèsdesoncœuraurepentir.Son cœur devint aussi dur que la paroi d’un rocher ; comment le
repentirpourrait-illefendrepourysemer?QuiestsemblableàShu’ayb*,queparlaprièreilpuisserendrelesolde
lamontagneprêtàrecevoirlessemailles?Par la supplicationet la foidecetAmi (Abraham),cequiétaitduret
impossibledevintpossible.Ou, lorsque les Muqawqis supplièrent le Prophète, un sol pierreux
devintunrichechampdeblé.Aucontraire, l’incroyanced’unhommetransformel’orencuivreet la
paixenguerre.1650 Cettefaussetéentraîneunemauvaisetransformation:ellechangeune
terrelabourableenpierresetencailloux.Iln’estpasnonplusaccordéàchaquecœurdeseprosternerenprière:
lesgagesdelamiséricordedivinenesontpasallouésàchaqueserviteur.Prendsgarde!Necommetspasdescrimesetdespéchésentedisant:
«JemerepentiraietchercherairefugeenDieu.»Pour une vraie repentance, il faut la chaleur (du cœur) et l’eau des
larmes ; ces éclairs et ces nuages sont la condition indispensable durepentir.Il faut le feu et l’eaupourquemûrisse le fruit ; lesnuages et l’éclair
sontnécessairespourquecelaseréalise.Avantl’éclairducœuretlesnuagesdepluiedesdeuxyeux,commentle
feudelamenaceetducourrouxdivinsserait-ilapaisé?Comment poussera la verdure du désir de l’union ? Comment les
sourcesd’eaulimpidejailliront-elles?Comment les parterres de roses diront-ils leur secret au jardin ?
Commentlaviolettefera-t-elleunpacteaveclejasmin?Commentleplataneouvrira-t-ilsesmainspourlaprière?Commentun
arbresesecouera-t-illatêteenl’air?Comment les floraisons secoueront-elles leurs manches pleines de
largessesautempsduprintemps?1660 Commentlesjouesdestulipesseront-ellesenflamméescommelesang?
Commentlarosetirera-t-elledel’ordesonescarcelle?Comment le rossignol viendra-t-il respirer la rose ? Comment la
tourterelledira-t-elle«Kou,kou»commeceluiquicherche?Comment la cigogne poussera-t-elle de toute son âme le cri « lak,
lak » ? Que signifie lak ? « A toi est le royaume, ô Toi dont nousimploronssecours.»Comment la terrefera-t-elleapparaître lessecretsdesonesprit leplus
intime?Commentlejardindeviendra-t-ilaussiéclatantqueleciel?D’oùont-ilscherchécesornements?IlslesonttoustirésdeCeluiqui
estGénéreuxetMiséricordieux.Cesgrâcessontlesigned’unTémoin;ellessontlesempreintesdespas
d’unhommeconsacréauservicedeDieu.
NulautrequeceluiquiavuleRoin’estréjouiparlesigne;quandonnel’apasvu,onnelereconnaîtpas.L’esprit de celui qui au temps de l’Alast* a vu son Seigneur et est
devenuhorsdelui-mêmeetenivré,Celui-là connaît le parfumdu vin parce qu’il en a bu jadis ; quand il
n’enapasbu,ilnepeutreconnaîtresonodeur.CarlaSagesseestcommeunchameauégaré:elleconduitceuxquila
trouventetlareconnaissentenprésencedesrois.1670 Tucontemplesenrêveunepersonneauvisageagréable,quitedonne
unepromesseetunsignequetondésirseréalisera;voicilesigne:telleoutellepersonneterencontrerademain.Unsigneestqu’ilseraàcheval;unsigneestqu’ilteserreracontreson
sein;Unsigneestqu’iltesourira;unsigneestqu’ilcroiseralesmainsenta
présence;Unsigneestque, lorsqueviendra lematin, tune raconteras ce rêveà
quiconque,bienquetuenaiesledésir.Aproposdecesigne,DieuditaupèredeYahyâ(Jean-Baptiste):«Tu
necommenceraspasàparleravanttroisjours.«Pendanttroisnuits,gardelesilencequantàcequit’arrivedebienou
demal:ceseralàlesignequeYahyâviendraàtoi(naîtra).«Duranttroisjournées,nesoufflemot,carcesilenceseralesigneque
tonbutestréalisé.« Prends garde ! Ne parle pas de ce signe et conserve cette affaire
cachéedanstoncœur.»Lapersonne(vueparlerêveur)luidiradoucementcessignes.Quesont
cessignes?Ilendévoileracentautres.1680 VoiciquelestlesignequetuobtiendrasdeDieuleroyaumeetle
pouvoirqueturecherches:Quetupleurescontinuellementpendantleslonguesnuits,etquetusois
toujoursardentdanstessupplicationsàl’aube;Que,dansl’absencedecequetucherches,tonjoursoitdevenusombre
ettoncoumincecommeunroseau;Quetuaiesdonnéenaumônestoutcequetupossèdes,desortequetes
bienssoient(dépensés)commelesaumônesdeceuxquidilapidenttoutcequ’ilsont;Quetuaiesrenoncéàcequi t’appartient,à tonsommeil,auxcouleurs
detonvisage,quetuaiessacrifié tavieetsoisdevenumincecommeuncheveu;
Quetutesoisassis—combiendefois!—danslefeu,commeleboisd’aloès;quetusoisallé—combiendefois!—àlarencontredel’épée,commel’armure.Cent mille actions d’impuissance de cette sorte sont habituelles aux
amoureuxdeDieu;ellessontinnombrables.Aprèsque tu as eu ce songependant la nuit, le jour se lève ; grâce à
l’espoirquetuasreçu,tonjourdevienttriomphant.Tutournestesyeuxàdroiteetàgauche,tedemandantoùsontcesigne
etcesindices.Tutremblescommeunefeuille,disant :«Hélas,si le joursepasseet
quelesignen’arrivepoint!»1690 Tucoursdanslarue,lemarché,lesmaisons,commequelqu’unquia
perduunveau.On demande : « Sont-ce de bonnes nouvelles, messire ? Pourquoi
courez-vousçàetlà?Qu’avez-vousperduicidecequivousappartient?»« Ce sont de bonnes nouvelles, dis-tu, mais personne ne peut les
connaître,saufmoi-même.«Sijeleraconte,j’auraiperdumonsigne,etquandlesigneestperdu,
l’heuredelamortestarrivée.»Turegardesd’unairinquisiteurlevisagedechaquecavalier.Iltedit:
«Nemeregardepascommeunfou.»Tu lui dis : « J’ai perdu un ami ; je me suis mis en route pour le
chercher.«Puisse ta fortune êtredurable, ô cavalier.Aiepitiédes amoureuxet
excuse-les.»Quandtuaseffectuédesrecherchessérieusement—leseffortsfervents
ne subissent pas d’échec ; telle est la tradition qui nous est venue (duProphète)—Soudain arrive un cavalier béni ; alors, il te serre étroitement sur sa
poitrine.Tu deviens hors de toi-même et tombes sur le sol ; l’ignorant dit :
«C’estdelafraudeetdel’hypocrisie.»1700 Commentvoit-ilquelleestcetteferveurencetautre?Ilnesaitpaspour
quicelaestlesignedel’union.Cesignen’existevéritablementquepourceluiquiavu;commentpour
unautrecesignesemanifesterait-il?Achaqueinstantqu’unsigneparvientdeLuiàl’âmedecettepersonne,
unenouvelleâmeluiparvient.L’eau est arrivée au poisson misérable ; ces signes sont ceux de la
parole:VoicilesVersetsduLivre47.C’est pourquoi les signes qui se trouvent chez les prophètes ne sont
connusqueparceluiquiestunfamilier(deDieu).Cediscoursdemeureimparfaitettroublé;jen’aipaslecœur(àparler);
jesuishorsdemoi;excuse-moi.Comment quelqu’un peut-il dénombrer les atomes, surtout celui dont
l’espritaététransportéparl’amour?Puis-jecompterlesfeuillesdujardin?Puis-jedénombrerlescrisdela
perdrixetducorbeau?Onnepeut lescompter,mais je lesénumèrepourguiderceluiquiest
misàl’épreuve.La sinistre influence de Saturne et l’influence favorable de Jupiter ne
peuvententrerencompte,bienquetupuisseslesénumérer;1710 Pourtant,certainsdeseffetsdecesdeux-làdoiventêtreexpliqués—
c’est-à-direbienfaitsetméfaits—Afin qu’une petite partie des effets duDécret divin soient connus de
ceuxquiontunsortfavorableetdeceuxquiontunemauvaiseétoile.Celuidontl’ascendantestJupiterjouiradevivacitéetd’excellence;Et ilseranécessaireàceluiquiaSaturneenascendantdeprendredes
précautionsdanssesaffaires.SijeparlaisàceluidontlaplanèteestSaturnedufeudecetautre,mes
parolestourmenteraientcepauvrehomme.NotreRoiadonnéunepermission,disant :«CommémorezAllah.» Il
nousavusdanslefeuetnousaoctroyélalumière.Iladit:«BienquejetranscendevotrecommémorationdeMoi,etbien
quelespenséesdescriptivesneMeconviennentpas,«Cependant,celuiquiestenivréd’imaginationnesaisira jamaisMon
Essencesansl’aidedelacomparaison.»La commémoration corporelle est une image imparfaite ; les attributs
royauxsontloindeceschoses.Siquelqu’unditd’unroi:«Iln’estpasuntisserand»,qu’est-ceque
cetéloge?Sûrementcelui-cin’estqu’unignorant.
* Prophète de l’Ancien Testament (parfois identifiÉ à Jethro) dont les prièresauraienttransformÉdesrochersenterrefertile.*Allusionauversetqoranique (VII,172) rappelant lePacteprimordialconcluentreDieuetϊhumanitÉ.
CommentMoïse(surluilapaix)futoffenséparlaprièreduberger
1720 oïsevitenrouteunberger,quidisait:«ÔDieuquichoisisquiTuveux,«Quies-Tu,quejepuissedevenirTonserviteur,etcoudreTessandales
etpeignerTescheveux?«QuejepuisselaverTesvêtements,ettuerTavermineetT’apporterdu
lait,OmonAdoré;«Que jepuissebaiserTapetitemainet frotterTespetitspieds,et,au
momentducoucher,balayerTapetitechambre,«ÔToi à qui toutesmes chèvres sont offertes en sacrifice ; ôToi en
souvenirdequisonttousmesgémissements!»Le berger disait de cette façon des paroles insensées. Moïse dit :
«Homme,àquiparles-tu?»Ilrépondit:«ACelui-làquinousacréés,parquicetteterreetceciel
ontétérendusvisibles.»«Prendsgarde!ditMoïse.Tuesdevenutoutàfaitpervers;enréalité,
tun’espasdevenuunmusulman,tuesdevenuunimpie.«Qu’est-cequecessottises?Qu’est-cequecetteimpiétéetcettefolie?
Mets-toiducotondanslabouche!« La puanteur de ton blasphème a rendu lemonde entier puant ; ton
impiétéamisenhaillonslarobedesoiedelareligion.1730 «Dessouliersetdesbassontbienpourtoi,maiscommentdetelles
chosesconviendraient-ellesàunSoleil?«Situnecessespasdeprononcerdetellesparoles,unfeuviendrapour
brûlerlesgens.«Siunfeun’estpasvenu,qu’estcettefumée?Pourquoitonâmeest-
elledevenuenoireettonespritrepousséparDieu?«SitusaisqueDieuestleJuge,commentcetteconversationstupideet
cettefamiliaritépourraient-ellesêtrejustespourtoi?«Envérité, l’amitiéd’unimbécileest inimitié: legrandDieun’apas
besoind’untelservice.«Aquiparles-tuainsi?Atesonclespaternelsetmaternels?Lecorpset
sesbesoinssont-ilsparmilesattributsduSeigneurdemajesté?«Seul celui qui sedéveloppe et grandit boit du lait ; seul celui qui a
besoindepiedsmetdessouliers.
«Etsi tesparolesconcernentSonserviteur,celuidontDieuadit :“IlestMoietJesuislui”;«Celui dontDieu a dit : “En vérité, J’étaismalade et tu neM’aspas
rendu visite” ; c’est-à-dire : “Je suis devenu malade, non pas luiseulement”;«Pour“celuiquiestdevenuvoyantparMoietquientendparMoi”—
tesparolessontinsenséesmêmeencequiconcerneceserviteur.1740 «Parlersansrespectàl’éludeDieufaitpérirl’espritetrendlapage
noire.« Si tu appelles un homme “Fâtima”— bien que les hommes et les
femmessoienttousd’uneseuleespèce—« Il cherchera à te tuer, si cela lui est possible, bien qu’il ait bon
caractère,qu’ilsoitpatientetcalme.«LenomdeFâtimaestuncomplimentpourlesfemmes,maissivous
l’employezàl’égardd’unhomme,c’estcommelecoupd’unelance.« La main et le pied sont des mots de louanges en ce qui nous
concerne;parrapportàlasaintetédeDieu,ilssontimpurs.«Iln’apasengendréetIIn’estpasengendré48Luiconvient:Ilestle
CréateurdeCeluiquiengendreetdeceluiquiestengendré.«Lanaissanceestl’attributdetoutcequiestcorporel;toutcequiest
néestdececôtédelarivière,« Parce qu’il appartient au monde du devenir et du déclin et est
méprisable ; cela a une origine et certainement nécessiteQuelqu’un quisoitsonorigine»Lebergerdit:«ÔMoïse,tum’asfermélabouche,ettuasbrûlémon
âmederepentir.»Il déchira ses vêtements, poussa un soupir, se tourna précipitamment
versledésert,ets’enalla.
CommentleDieuTrès-HautfitdesreprochesàMoïse(surluilapaixjà
causeduberger
1750 nerévélationvintàMoïsedelapartdeDieu:«TuasséparémonserviteurdeMoi.«Es-tuvenupourunir,oubienes-tuvenupourdiviser?«Autantquetulepeux,nefaispasunpasverslaséparation;detoutes
leschoses,laplusdétestableàMesyeuxestledivorce*.«J’aioctroyéàchacununefaçond’agir;j’aidonnéàchacununeforme
d’expression.« En ce qui le concerne, c’est digne de louanges et en ce qui te
concerne,celamériteleblâme;quantàlui,c’estdumiel,etquantàtoidupoison.«Jesuisindépendantdetoutepuretéetimpureté,detouteparesseetde
toutediligence(dansleculte).«Jenel’aipasordonnépourentirerprofit,non,maisafind’accorder
unbienfaitàMesserviteurs.«PourlesIndiens,lalanguedel’Indeestdignedelouanges;pourles
gensduSind,lalangueduSind.« Je ne suis pas sanctifié par leur glorification ; ce sont eux qui
deviennentsanctifiésetpurs.« Je ne regarde pas la langue et la parole, je regarde l’esprit et la
disposition.1760 «Jeregardedanslecœurpourvoirs’ilestvil,bienquelesparoles
prononcéespuissentnepasêtreviles,« Car le cœur est l’essence, la parole n’est que l’accident ; aussi
l’accidentest-ilaccessoire,l’essenceestcequicompte.« Combien encore de ces phrases, de ces idées, de cesmétaphores ?
C’estlabrûlurequejedésire,labrûlure!Deviensl’amidecettebrûlure!«Allumedanstonâmelefeudel’amour,détruisparlefeulapenséeet
l’expression.«ÔMoïse,ceuxquiconnaissentlesconventionssontd’unesorte,ceux
dontlesâmesetlesespritsbrûlentsontd’uneautresorte.»Pour les amoureux, la flamme existe à chaque instant : l’impôt et la
dîmenesontpaspourlevillageenruine.Si l’amoureux parle de façon fautive, ne l’appelle pas fautif ; et s’il
baignedanssonsang,nelavepaslesmartyrs.Pour les martyrs, le sang est préférable à l’eau ; cette faute était
préférableàcentœuvrespies.A l’intérieur de la Ka’ba, il n’est pas d’orientation vers la qibla ;
qu’importesileplongeurnepossèdepasdebottes?Necherchepasladirectionchezceuxquisontivres;pourquoiordonner
àceuxdontleshabitssontenmorceauxdelesraccommoder?1770 Lareligiondel’amourestdifférentedetouteslesreligions;pourles
amoureux,lareligionetlafoi,c’estDieu.Si lerubisnecomportepasdesceau,peu importe ; l’amour,dansune
merdechagrins,n’estpointchagriné.
*Hadîth.
CommentlarévélationdivinevintàMoïse(surluilapaix)pourexcuser
ceberger
près cela, Dieu mit au tréfonds du cœur deMoïse des mystèresdontonnepeutparler.Des paroles furent déversées sur son cœur : vision et paroles étaient
mélangées.Combiendefoisdevint-ilhorsdelui-mêmeetcombiendefoisrevint-il
àlui-même!Combiendefoiss’envola-t-ildel’éternitéàlapérennité!Si je racontais tout cela après lui, ce serait folie de ma part, car
l’explicationenestau-delàdenotrecompréhension;Et si j’en parlais, cela déracinerait les esprits des hommes ; et si
j’écrivaisàcesujet,celabriseraitbiendesplumes.QuandMoïseentenditcesreprochesdelapartdeDieu,ilcourutdansle
désertàlarechercheduberger.Ils’avançasurlestracesdepasdecethommebouleversé,ilfitselever
lapoussièredudésert.Lepasd’unhommeaffoléest,envérité,distinctdespasdesautres;
1780 Aunpas,ilsemeutcommelatourtoutdroitduhautenbas(del’échiquier);àunpasilsedirigedetraverscommelefou;Tantôtlevantsacrêtecommeunevague;tantôtrampantsursonventre
commeunpoisson;Tantôt écrivant la description de son état sur la poussière, comme un
géomancienquitireunaugureendessinantdeslignessurlesable.Enfin,Moïseleretrouvaet l’aperçut ; leporteurdebonnesparoles lui
dit:«LapermissionestvenuedelapartdeDieu.«Ne recherche aucune règleniméthoded’adoration ; dis tout ceque
toncœuraffligédésire.«Tonblasphèmeestlavéritablereligion,ettareligionestlalumièrede
l’esprit:tuessauvé,etgrâceàtoiunmondetoutentierestsauvé.«ÔtoiquiesensécuritégrâceàDieufaitcequ’ilveut,va,parleàcœur
ouvert,sanst’inquiéterdecequetudis.»Ildit:«ÔMoïse,jesuispasséau-delàdecela:jesuisàprésentbaigné
danslesangdemoncœur.«Jesuispasséau-delàdujujubierdelalimite49,j’aifaitunvoyagede
centmilleansdel’autrecôté.
«Tu as brandi le fouet, etmon cheval a fait un écart, a bondi, et estpasséau-delàduciel.
1790 «PuisselaNaturedivinedevenirintimeavecmanaturehumaine—quelesbénédictionssoientsurtamainettonbras!«Aprésent,mon état est au-delà de ceque j’enpuis dire : ce que je
décrisn’estpasmonvéritableétat.»Tuaperçoistonimagequiestdanslemiroir;c’esttapropreimage,non
l’imagedumiroir.Lesoufflequelejoueurdeney(flûte)metdansleneyappartient-ilau
ney?Non,ilappartientàl’homme.Prends garde, prends garde ! Que tu prononces des louanges ou des
actionsdegrâce, sacheque c’est pareil auxparoles inconvenantesde ceberger.Bien que ta louange soit meilleure, en comparaison, cependant par
rapportàDieu,elleaussiestinfirme.Combien de fois dis-tu, quand le voile a été levé : « Ce n’était pas
commeonlecroyait.»CetteacceptationparDieudetalouangevientdeSamiséricorde;c’est
comme lapermissionqu’il accordedans le casdesprièresd’une femmesouffrantd’hémorragie.Sesprièressontsouilléesdesang;talouangeestentachéedetashbih*
etdequalification.Le sang est sale, mais il s’en va avec de l’eau ; mais l’intime de
l’hommeadesimpuretés1800 Qui,saufparl’eaudelagrâceduCréateur,nesontpasretiréesducœur
del’hommequicommetdesactions.Puisses-tu dans ta prosternation tourner ton visage et comprendre le
sensprofondde«GloireàmonSeigneur!»Disant:«Oh,maprosternationcommemonexistencesontindignes(de
Toi):accorde-moi,Toi,lebienenéchangedumal!»Cette terre porte l’empreinte de la clémence de Dieu, en ce qu’elle
reçoitl’ordureetproduitdesfleurs;Encequ’ellerecouvrenosimpuretés,etquedesbourgeonscroissentà
leurplace.C’est pourquoi, lorsque l’impie a vu qu’il était dans ses dons et ses
largessesmoindreetpluspauvrequelaterre,Que des fleurs et des fruits ne poussaient pas de son être, et qu’il ne
cherchaitriend’autrequelacorruptiondetouteslespuretés,Ildit:«Jesuisalléàreculonsdansmontrajet.Hélas!Quenesuis-je
encoredelaterre!«Puissé-jen’avoirpaschoisidevoyageràpartirdelaterreet,comme
unemottedeterre,avoirpurecueillirdessemences!«Quand je voyageais, laVoiememit à l’épreuve : quel présent ai-je
rapportédecevoyage?»1810 C’estàcausedecetteinclinationqu’ilapourlaterrequ’ilnevoit
devantluiaucunprofitdanslevoyage.Le fait qu’il tourne sonvisage en arrière est ce désir et cette cupidité
qu’ila;tournersonvisageverslaVoieestlasincéritéetlasupplication.Chaqueherbequitendàs’éleververslehautestentraindes’accroître,
devivre,degrandir;Quandelletournesatêteverslesol,elleestentraindedécroître,dese
dessécher,desefaner,dedépérir.Quandlatendancedetonespritestversleshauteurs, tuesentrainde
croître,etc’estlàlelieuoùturetourneras,Maissituesàl’envers,latêteverslaterre,tuesquelqu’unquisombre:
Dieun’aimepasceuxquisombrent.
*Anthropomorphisme.
CommentMoïse(surluilapaix)demandaauDieuTrès-Hautquel
estlesecretdelavictoiredestyrans
oïse dit : «Ô généreuxDispensateur, ô Toi dont unmoment decommémorationvautunelonguevie,«J’aivu l’imagedéforméedans l’eauet l’argile,etcomme lesanges,
moncœurafaituneobjection,«Quantàlaraisondefabriqueruneimageetd’yinsérerlasemencede
lacorruption.«Allumerlefeudel’iniquitéetdelacorruption,brûlerlamosquéeet
ceuxquiseprosternentenprières;1820 «Fairebouillonnerlasourcedelarmesdesangdanslebutderecevoir
dessupplications,«J’ailacertitudequec’estlàl’essencedelasagesse(deTapart),mais
monbutestdeconnaîtreparlavueeffectiveetlavision.« Cette certitude que j’aime dit : “Garde le silence” ; le désir de la
visionmedit:“Mets-toienmouvement.”« Tu as montré Ton secret aux anges, à savoir qu’un tel miel vaut
l’aiguillon;« Tu as dévoilé la lumière d’Adam de façonmanifeste aux anges, et
touteslesdifficultésétaientexpliquées.« Ta Résurrection déclare ce qu’est le secret de la mort ; les fruits
déclarentcequ’estlesecretdesfeuilles.»Lesecretdusangetdelasemenceestl’excellencedel’homme;après
tout,l’inférioritévientavantchaquesupériorité.(L’enfant)ignorantlaved’abordsatabletteavantd’yinscriredeslettres.Ainsi,Dieutransformelecœurensangetenlarmespitoyables,etpuis
ilgravesurluilesmystèresspirituels.Au moment de laver la tablette du cœur, il faut savoir qu’il sera
transforméenunlivre(demystères).1830 Quandonposelesfondationsd’unemaison,oncreused’abordpour
trouverlafondationantérieure;On va d’abord chercher l’argile dans les profondeurs de la terre pour
pouvoiràlafintirerdel’eauvive.Lesenfantspleurentamèrementquandonleurfaitunesaignée,car ils
neconnaissentpaslesecretdel’affaire;Maisunhomme,enfait,donnedel’oràceluiquipratiquelasaignéeet
chéritlalancettequiboitlesang.Leporteurseprécipiteverslelourdfardeau:ilarrachelefardeauaux
autres.Regardecommelesporteurssebattentpourlefardeau!Telestl’effort
deceluiquiperçoitlavéritédeschoses,Étantdonnéque les charges sont le fondementde l’aisanceetque les
chosesamères,ellesaussi,sontleshérautsdelajoie.Le Paradis est entouré des choses qui nous déplaisent ; les feux de
l’Enfersontentourésdenosdésirs.La semence de la substance de votre feu (du supplice) est le frais
rameaududésir;maisceluiquiestbrûléparlefeu(durenoncement)estlecompagnonduKawthar*.
1840 Quiconqueestlecompagnondel’afflictionenprison—c’estlarétributiond’unebouchée(illicite)etd’undésir.Quiconqueestlecompagnond’unehautesituationdansunpalais,c’est
larécompensedequelquechampdebatailleetdeduresépreuves.Quiconquetuasvusansrivalquantauxrichessesd’oretd’argent,sache
qu’ilaétépatientenlesgagnant.Lorsquel’œilspirituelestdevenuperçant,onvoitsanscauses.Toiqui
esesclavedelaperceptionsensorielle,faisattentionauxcauses!Celuidontl’espritestau-delàdespropriétésnaturelles,àluiappartient
lapositiondepouvoirbriserlachaînedescauses.L’œil spirituel voit la source desmiracles des prophètes comme étant
sanscause,noncommejaillissantdel’eauetdel’herbage.Cescausessontreliéescommelemédecinetlemalade:cescausessont
commelalampeetlamèche.Enroule unemèche neuve pour ta lampe nocturne,mais sache que la
lampedusoleiltranscendeceschoses.Vapréparerduplâtrepourletoitdetamaison,maissachequeletoitdu
cieln’estpassaliparduplâtre.Hélas,aprèsquenotreBien-Aiméadétruitnotrepeine, le tempsdela
nuit,seulaveclui,estpasséetdevenulejour!Sauflanuit,iln’yapasdedévoilementdelalune:saufparladouleur
ducœur,necherchepasledésirdetoncœur.1850 AbandonnantJésus,tuasnourril’âne:inévitablement,commel’âne,tu
esendehorsduvoile.LaconnaissanceetlagnosesontlepatrimoinedeJésus;ilsnesontpas
lepatrimoinedel’âne,ôtoiânestupide!Tuécouteslegémissementdel’âne,ettuéprouvesdelapitié:tunesais
pasquel’ânet’ordonnededevenirstupidecommelui.AiepitiédeJésus,etnondel’âne:nefaispasquetanaturecharnelle
dominetonintellect.Laisse la nature charnelle pleurer douloureusement et amèrement :
emprunte-luidequoipayerladettedel’âmerationnelle.Durantdesannées,tuasétél’esclavedel’âne.Celasuffît,carl’esclave
del’âneestmêmederrièrel’âne.CequevoulaitdésignerleProphètepar«placeles(femmes)derrière»,
c’est ton âme charnelle ; car elle doit être en dernier et ton intellect enpremier.Cet intellectvilestdevenudemêmetempéramentquel’âne:saseule
penséeestdesavoircommentseprocurerdufourrage.L’ânedeJésusapris le tempéramentde l’esprit rationnel : ilaprissa
demeureàlaplacedel’intelligent,ParcequeenJésusl’intellectdominait,etquel’âneétaitfaible-l’âneestrenduamaigriparuncavalierfort—,
1860 Tandisqu’àcausedelafaiblessedetonintellect,ôtoiquin’aspasplusdevaleurquel’âne,cetâneépuiséestdevenuundragon.SiparJésus(leMaîtrespirituel)toncœurestdevenumalade,cependant
lasantévientaussidelui:nelequittepas.Qu’en est-il de toi en ce qui concerne l’affliction, ô toi Jésus qui
possèdes le souffle guérisseur de Jésus ?Car il n’y a jamais eu dans lemondeuntrésorsansunserpent.Comment es-tu, Jésus, à la vue des Juifs ?Comment es-tu, Joseph, à
l’égarddel’intrigantenvieux?Nuitetjour,paramourdecepeuplestupide,commelanuitetlejour,tu
alimenteslavie.Hélas ! pour ces gens pleins de bile et sans excellence ! Quel bien
provient-ildelabile?Lemaldetête.Fais lamême chose que fait le soleil de l’Orient avec l’hypocrisie, la
ruse,lamalhonnêtetéetladissimulation.Tuesdumiel,etnoussommeslevinaigredanslesaffairesdecemonde
etdanslareligion:lemoyend’enleverlabileestl’oxymel.Nous, lesgensquisouffronsdecoliques,avonsajoutédeplusenplus
devinaigre;ajoutedeplusenplusdemiel,neretirepastagénérosité.C’était normal pour nous ; de telles actions sont venues de nous
(naturellement):Qu’est-cequiestaugmentéparlesabledanslesyeux?
Lacécité.1870 Maisilestnormalquepartoi,ôprécieuxcollyre,chaquevaurien
obtiennedetoiquelquechose.Toncœurestbrûlépar le feudeceshommes injustes,cependant, tout
tonappelversDieuaété«Guidemonpeuple»!Tuesuneminedeboisd’aloès:s’ilsymettentlefeu,ilsremplirontle
monded’essencederosesetdedouxbasilic.Tun’espasceboisd’aloèsquiestdiminuéparlefeu:tun’espascet
espritquiestemprisonnéparlechagrin.Le bois d’aloès brûle, mais la mine de bois d’aloès est bien loin de
brûler : comment levent (desparolesmauvaises) attaquerait-il la sourcedelalumière(spirituelle)?Oh, c’est de toi que les cieux tirent leur pureté ; oh, ta dureté est
meilleurequelatendresse,Car si laduretéprovientdu sage, ellevautmieuxque la tendressede
l’ignorant.LeProphèteadit:«L’inimitiéprovenantdelasagessevautmieuxque
l’amourquivientd’unimbécile.»
*FleuveduParadis.
Commentunémirharcelaunhommeendormidanslaboucheduquelétaitentréunserpent
n homme sage chevauchait au moment où un serpent pénétraitdanslabouched’unhommeendormi.Lecavaliervitcelaetsehâtapourfairefuirleserpent,maisiln’eutpas
lapossibilitédelefaire.1880 Étantdonnéqu’ilétaitdouéd’unevasteintelligence,ildonnaau
dormeurplusieursgrandscoupsavecunemassue.Les coupsde la duremassue le firent s’enfuir loindu cavalier jusque
sousunarbre.Ilyavaitbeaucoupdepommespourriesquiétaienttombéesdel’arbre;
ildit:«Manges-en,ôtoiquiesenproieàlasouffrance!»Ildonnaàl’hommetantdepommesàmangerqu’ellesretombaientde
sabouche.Ilcriait:«Ôémir,jeteprie,pourquoim’attaques-tu?Quet’ai-jefait?«Situascontremoiungriefmorteletinvétéré,frappe-moidetonépée
etverseaussitôtmonsang.« De mauvais augure a été l’heure où je suis apparu à ta vue : oh,
heureuxceluiquin’ajamaisvutonvisage!«Sansfaute,sanspéché,sansavoirrienfaitd’infimeoud’important—
même les hérétiques ne considèrent pas une telle oppression commepermise.^ «Le sang jaillit demabouche enmême tempsquemesparoles.Ô
monDieu,jet’enprie,donne-luilarétributionqu’ilmérite!»Achaqueinstant, ilprononçaitunenouvellemalédiction,tandisquele
cavaliercontinuaitàlebattreendisant:«Coursdanscetteplaine.»1890 Lescoupsdemassueetlecavalierrapidecommelevent!Ilcontinua
doncàcourir,entombantdetempsentemps,lafacecontreterre.Il était rassasié, ensommeillé et fatigué : ses pieds et son visage se
couvrirentdecentmilleblessures.Jusqu’àlatombéedelanuit,lecavalierlefitcourirçàetlà,jusqu’àce
quedesvomissementscausésparlabiles’emparentdelui.Toutes les choses qu’il avaitmangées, bonnes oumauvaises, sortirent
delui:leserpentfutéjectéaveccequ’ilavaitmangé.Quandilvitleserpenthorsdelui-même,iltombaàgenouxdevantcet
hommebénéfique.Dèsqu’il aperçut l’horreur de ce grandvilain serpent noir, ses peines
l’abandonnèrent.« En vérité, dit-il, tu es leGabriel de lamiséricorde divine, ou tu es
Dieu,cartuesleseigneurdelabonté.«Oh,béniesoitl’heureoùtum’asvu:j’étaismort,tum’asredonnéla
vie.« Tu me cherchais comme les mères recherchent leurs enfants ; je
m’enfuyaisloindetoicommelesânes.« L’âne s’enfuit loin de son maître à cause de sa nature d’âne ; son
propriétairecourtaprèsluiàcausedesabonté.1900 «Illecherche,nonpasenraisondelaperteouduprofit,maisafin
qu’unloupouuneautrebêtesauvagenelemettepasenpièces.«Oh,heureuxceluiquiaperçoittonvisageouquiarrivesoudainauprès
detademeure!«Ôtoiquelepurespritaloué,combiendeparolesvainesetstupidesne
t’ai-jepasadressées!«Ôseigneur, empereur, émir, cen’estpasmoiquiaiparlé : c’estma
foliequiaparlé;nem’enpunispas.« Si j’avais connu quelque chose à cette affaire, comment aurais- je
prononcédesparolesstupides?«J’auraisprononcébeaucoupdelouangesdetoi,ôhommeauxbonnes
qualités,situm’avaisdonnélamoindreidéedecequ’ilenétait;«Mais toi, gardant le silence, tumontrais du trouble et continuais en
silenceàmebattresurlatête.«Matêtedevintenproieauvertige, jeperdismesesprits,surtoutque
cettetêten’aquepeudecervelle.«Pardon,ôhommedebonneapparenceetdebonneconduite:oubliece
quej’aiditenfurie.»Il répondit : « Si je t’en avais donné une idée, tu aurais eu une crise
cardiaque!1910 «Sijet’avaisdécritlescaractéristiquesduserpent,laterreurt’aurait
faitrendrel’âme.»Mustafâ(Mohammad)adit:«Sijedonnaisouvertementladescription
del’ennemiquiestdansvosâmes,«Lescœursdeshommescourageuxeux-mêmes sebriseraient.Un tel
hommen’iraitpassoncheminninesesoucieraitd’aucuntravail.« Il ne resterait non plus en son cœur ni de la persévérance dans la
supplication,nidanssoncorpsdeforcepourlejeûneetlaprièrerituelle.
«Ildeviendraitbonàrien,commeunesourisdevantunchat;ilseraitaffolécommeunagneaudevantunloup.«Aucunpouvoir de faire des projets oudebouger nedemeurerait en
lui:c’estpourquoijevoussoignesansparler.«Jesuismuet,commeBûBakrRabâbî;jemanielefer,commeDavid,«Desortequeparmamaincequisemblaitimpossibleseréaliseetque
desailessoientrenduesàl’oiseaudontonaarrachélesplumes.«PuisqueexistelaParolelaMaindeDieuestposéesurleursmains50,
leDieuUnadéclaréquenotremainétaitSamain.«C’estpourquoilamienneestsûrementunelonguemainquiestpassée
au-delàduSeptièmeCiel.1920 «Mamainamanifestésarusesurleciel:ôenseignantduQor’ân,
récitelaluneaétéfendue.»Cettecaractéristique(dusilence)est,enoutre,enraisondelafaiblesse
des intelligences humaines : comment est-il possible d’expliquer auxfaibleslaToute-Puissancedivine?Tucomprendrassûrementquandtulèveraslatêtehorsdecesommeil.
C’estlafindemondiscours,etDieusaitmieuxcequiestvrai.«Si je t’avaisparléduserpent, tun’auraispaspumanger,nin’aurais
étécapabledevomiroutesoucierdelefaire.« J’ai entendu tes insulteset ai continuéceque je faisais ; je répétais
sanscesseàmi-voix:“ÔSeigneur,faciliteleschoses!”«Jen’avaispaslapermissiondeparlerdelacause,etiln’étaitpasen
monpouvoirdet’abandonner.«Acauseduchagrinenmoncœur, jedisaiscontinuellement:“Guide
monpeuple;envérité,ilsnesaventpas*.”»L’homme qui avait été délivré du malheur tombait sur les genoux,
disant:«Ôtoiquiesmajoie,ômabonnefortuneetmontrésor,«TurecevrasdesrécompensesdelapartdeDieu,ôhommenoble;le
pauvreêtrequejesuisn’apaslepouvoirdeteremercier.«Dieuteremerciera,ôguide; jen’aipasleslèvreset lavoixpourle
faire.»1930 Decettesorteestl’inimitiédessages:leurpoisonestlasatisfactionde
l’âme.L’amitié des sots est malheur et perdition : écoute cette histoire en
parabole.
* Parole du Prophète lors de la bataille deOhod.Blessé par un ennemi, il se
contentadedemanderàDieudeguidersonpeuple.
Surlaconfianceaccordéeauxcaressesetàlabonnefoidel’ours
ndragonattiraitunoursdanssagueule:unhommecourageuxallalesauver.Leshommesvaillants(saints)sontunsecourspourcemondequandle
gémissementdesoppriméslesatteint.De touscôtés, ilsentendent lescrisdesopprimésetcourentdans leur
direction,commelamiséricordedeDieu.Cesrempartscontrelesfaiblessesdumonde,cesmédecinsdesmaladies
cachéesSontpuramour,justiceetmiséricorde;commeDieu,ilssontsanstache
etincorruptibles.Siondemande:«Pourquoiluiapportes-tuaussitôtcetteaide?»Ildit:
«Acausedesonchagrinetdesonimpuissance.»La tendre bienveillance est devenue la proie du saint homme, car la
médecinenerechercheriendanslemondequelasouffrance(àguérir).Partoutoùsetrouveunesouffrance,leremèdes’yrend:partoutoùse
trouveunebasseterre,l’eauycoule.1940 Situdésiresl’eaudelamiséricorde,abaisse-toi,etensuiteboislevinde
lamiséricordeetdeviensivre.Miséricordesurmiséricordeviennentetmontentàlatête;nedescends
paspourrestersuruneseulemiséricorde,ômonfils!Apporte le ciel sous tes pieds, ô homme brave ! Ecoute d’au-delà du
firmamentlesondelamusiquecéleste!Sorsdetonoreillelecotondelasuggestionmauvaise,pourquelescris
venantducielpuissentpénétrerdanstonoreille.Retire de tes deux yeux le cheveu du défaut, afin que tu puisses
contemplerlejardinetlescyprèsdumondeinvisible.Rejetteleflegmedetoncerveauetdetonnez,pourqueleventdeDieu
entredanslescentresdetonsens(spirituel)del’odorat.Ne conserve en toi-même aucune trace de fièvre ni de bile, afin de
pouvoirobtenirdumondelegoûtdusucre.Remedium virilitatis adhibe neu virilitate carens cucurreris, pour
qu’unecentained’êtresbeauxsoientproduits.Arrache la chaîne, qui est le corps, du pied de ton âme, pour qu’elle
puissecourirautourdel’arène.
Enlève les fers de l’avarice de tes mains et de ton cou : saisis unefortunenouvelledanslevieuxciel.
1950 Etsituenesincapable,envole-toiverslaKa’badelagrâcedivine:déposetonimpuissancedevantleSecoureur.La lamentation et les pleurs sont une ressource puissante ; la
Miséricordeuniverselleestlanourricelapluspuissante.Lanourrice,lamère,chercheunprétexte:elleattenddevoirquandson
enfantsemettraàpleurer.Dieuacréé l’enfant,c’est-à-dire tesbesoins,afinqu’ilgémisseetque
dulaitpuissealorsêtreproduitpourlui.Iladit:«InvoquezDieu51!»Neteretienspasdetelamenter,afínque
lelaitdeSatendressepuissecouler.Lehurlementduventetlapluietombantdunuagecommedulaitsont
pourprendresoindenous:aieunmomentdepatience!N’as-tupasentendule texteIIyadans leciel lesbiensquivoussont
destinés52?Pourquoies-turestéattachéàcetendroitvil?Considèrequetapeurettondésespoirsontlavoixdelagouleattirant
tonouïedansl’abîmedeladégradation.Chaqueappelquit’attireversleshauteurs,sachequecetappelestvenu
d’enhaut.Chaque appel qui excite en toi la cupidité — sache que c’est le
hurlementduloupquimetleshommesenpièces.1960 Cettehauteur(dontnousavonsparlé)n’estpashautequantàla
position:ces«hauteurs»serapportentàl’intelligenceetàl’esprit.Chaquecauseestplushautequel’effet:lesilexetlefer(d’oùesttiréle
feu)sontsupérieursauxétincelles.Telleoutellepersonneestenréalitéassiseau-dessusdecellequilèvela
tête avec tant d’arrogance, bien qu’en apparence elle soit assise à sescôtés.La supériorité de la place de cette personne est due à sa noblesse
(spirituelle);laplaceéloignéedelaplaced’honneur(spirituelle)esttenueenpiètreestime.Dans la mesure où la pierre et le fer ont la priorité dans l’action, la
supérioritédecesdeux-làestnormale;Maiscesétincelles,quisontlebutrecherché,sont,decepointdevue,
trèssupérieuresàlapierreetaufer.Lapierreetlefersontenpremier,etlesétincellesendernier;maisces
deuxsontlecorps,etlesétincelles,l’âme.
Sicesétincellessontpostérieuresdansletemps,cependant,enqualité,ellessontplusélevéesquelapierreetlefer.La branche est antérieure au fruit dans le temps, mais le fruit est
supérieuràlabrancheenexcellence.Puisquelefruitestlacausefinaledel’arbre,ils’ensuitquelefruitest
enréalitépremier,etl’arbre,dernier.1970 Quandl’ourscriaqu’onlesecouredudragon,unhommecourageuxle
tiradesgriffesdudragon.Laruseetlecourages’entraidèrent:grâceàcetteforce,iltualedragon.Le dragon possède la force, mais non la ruse ; il y a aussi une ruse
supérieureàtaruse.Quandtuasconsidérétapropreruse,retournevoird’oùellevient:vaà
l’origine.Toutcequiestenbasestvenud’enhaut:allons,tournetonregardvers
leshauteurs.Regarder en haut octroie la lumière, bien qu’au début cela produise,
commeépreuve,unéblouissement.Accoutume ton œil à la lumière ; si tu n’es pas une chauve-souris,
regardedanscettedirection.La vision de la fin est signe que tu possèdes la lumière ; le désir du
momentestenvéritétatombe.L’homme ayant la vision de la fin, qui a vu des centaines d’artifices,
n’estpaspareilàceluiquiaseulemententenduparlerd’unseulartifice,Et qui a été si berné par ce seul artifice que dans son orgueil il est
devenudétachédesmaîtres.1980 CommeSâmirî*,quandilaperçuenlui-mêmecetteinfimeadresse,par
orgueilils’estrévoltécontreunMoïse.Ilaappriscettehabiletéd’unMoïseetensuiteafermélesyeuxenne
voyantplussonmaître.Moïse,naturellement,produisitunautreartifice,desortequ’ilbalayaà
lafoisl’artificedeSâmirîetsavie.Oh, combien de connaissance passe par la tête, incitant à devenir
éminent—envérité,parcetteconnaissance,onperdsatête.Situneveuxpasperdrelatête,soisabaissécommeunpied:soissous
laprotectionduqutb*quipossèdelediscernement.Même si tu es un roi, ne te considère pas comme au-dessus de lui :
mêmesituesdumiel,nerécolteriend’autrequesacanneàsucre.Tapenséeestlaformeextérieure,etsapenséeestl’âme;tamonnaieest
fausse,etlasienneaussipurequelamine.Tues,enréalité, lui ;cherche-toi toi-mêmeenson«lui» :dis«kou,
kou»(où,où);deviensunecolombevolantverslui.Etsitunedésirespasservirlessaintshommes,tuesdanslagueuledu
dragon,commel’ours.Peut-êtreunMaîtretedélivrera-t-ilettesortira-t-ildudanger.
1990 Etsituessansforce,continueàtelamenter;puisquetuesaveugle,nedétournepaslatêtedeceluiquivoitlechemin.Tuespirequel’ours,cartunegémispasdedouleur.L’oursfutlibéréde
lasouffrancequandilsemitàcrier.ÔmonDieu,rendsnoscœursdepierreaussi tendresquelacire ; fais
quenotreplainteTesoitdouceetl’objetdeTamiséricorde!
*Magicien,fabricantduveaud’or.*Lesaintduplushautrang(pôle),icilesheikh.
Commentunmendiantaveugledit:«J’aideuxcécités»
1yavaitunaveuglequiavaitcoutumededire:«Pitié!j’aideuxcécités,ôhommesdecetemps.« Donc, écoutez, témoignez-moi deux fois plus de compassion, étant
donnéquej’aideuxcécitésetquejevisavecelles.»Quelqu’undit:«Nousvoyonsunecécitéentoi:quellepeutêtrel’autre
cécité?Explique-toi.»Il répondit : « J’ai une vilaine voix et des accents désagréables : la
laideurdelavoixetlacécitésontunedoublecécité.«Monvilaincridevientunesourced’agacement:l’amourdesgensest
diminuéparmoncri.« Où que ma vilaine voix aille, elle devient une source de colère,
d’agacementetdehaine.«Doublezvotrecompassionpourcesdeuxcécités:faitesqueceluiqui
estsipeucontenudansvoscœursysoitcontenu.»2000 Lalaideurdesavoixfutdiminuéeparcetteplainte:lesgensfurent
unanimesàluitémoignerdelapitié.Lorsqu’ileutrévélésonsecret,savoixfutrenduebelleparlagrâcede
lavoixdesoncœur;Maispourceluidontlavoixducœur,elleaussi,estmauvaise—pour
lui,cestroiscécitéslebannissentéventuellement(delafaveurdivine);Cependant,ilsepeutquelessaints,quidonnentsanscause,posentune
maindebénédictionsursavilainetête.Puisquelavoixdel’aveugleétaitdevenuedouceetpitoyable,lescœurs
des hommes au cœur de pierre furent rendus par elle tendres comme lacire.Étantdonnéque la lamentationde l’impie est laide et semblable àun
braiment,ellenereçoitpasderéponsefavorable.Nemeparlezpas53!aétérévélé(dansleQor’ân)contrel’infidèleàla
vilainevoix,carilétaitivredusangdesgens,commeunchien.Étantdonnéque legémissementde l’ours attire la compassion, tandis
quetalamentationn’estpasainsi,maisestdéplaisante,Sachequetuasagicommeunloupàl’égardd’unJoseph,ouquetuas
bulesangd’uninnocent.Repens-toi,etvide-toidecequetuasbu;etsitaplaieestancienne,va
etcautérise-la.
Continuationdel’histoiredel’oursetdusotquiavaiteuconfianceen
sabonnefoi
’ours,luiaussi,quandilfutdélivrédudragonetfutl’objetdetantdebienveillancedelapartdecebravehomme,
2010 CommelechiendelaCaverne,cepauvreourssuivitlestalonsdeceluiquiavaitsupportélacharge(ducombatavecledragon).Cemusulman,de fatigue,avaitposésa têteà terre (pourse reposer) ;
Tours,pardévouementenverslui,devintsongardien.Uncertainhommepassaitparlàetluidit:«Qu’est-ilarrivé?Ômon
frère,qu’estcetourspourtoi?»Ilracontal’aventureetl’histoiredudragon.L’autredit:«Nedonnepas
toncœuràunours,ôsotquetues!«L’amitiéd’un imbécile est pireque son inimitié :Toursdevrait être
chassépartouslesmoyensquetuconnais.»L’hommesedit:«ParDieu,iladitcelaparenvie.»«Autrement,dit-
il,pourquoiconsidères-tulefaitqu’ilsoitunours?Voisquelleaffectionilapourmoi!»«L’affectiondessots,ditl’autre,esttrompeuse;monenvievautmieux
quel’affectiondel’ours.« Écoute, viens avec moi et chasse cet ours : ne choisis pas l’ours
commeami,n’abandonnepasquelqu’undetapropreespèce!»«Va,va,dit-il,occupe-toidetesaffaires,ôhommeenvieux!»L’autre
dit:«C’étaitmonaffaire,etcen’étaitpastabonnefortune(desuivremonconseil).
2020 «Jenesuispasmoinsqu’unours,ônobleseigneur:abandonne-le,quejepuisseêtretoncamarade.«Moncœurfrémitd’inquiétudepourtoi:nevapasdansuneforêtavec
unourscommecelui-ci.«Moncœurn’ajamaistrembléenvain;c’estlaLumièredeDieu,non
uneprétentionouvantardisevaine.«JesuislevraicroyantquiestdevenuvoyantparlaLumièredeDieu.
Prendsgarde,prendsgarde!Enfuis-toiloindutempledufeu!»Ildittoutcela,etcelan’entrapasdanssonoreille:lesoupçonestune
barrièreépaissepourunhomme.Illuipritlamain,etl’homme(avecl’ours)retirasamain.L’autredit:
«Jem’envais,puisquetun’espasunamibienguidé.»«Va, s’écria-t-il, ne te soucie pas pourmoi ; ne prodiguepas tant de
sagesse,ôhommequitemêlesdetout!»Ilrépondit:«Jenesuispastonennemi:ceseraitunebontédetapart
quetuviennesaprèsmoi.»«J’aisommeil,dit-il,laisse-moitranquille,va-t’en!»Ilrépondit:«Je
t’enprie,cèdeàtonami,« Afin de pouvoir dormir sous la protection d’un sage, sous la
protectiondequelqu’unaiméparDieu,d’unhommeducœur(spirituel).»2030 L’hommefutplongéparl’insistancedel’autreenuneimaginationsans
fondement:ildevintfâchéetdétournavitelatête,Pensant : « Peut-être que cet homme est venu m’attaquer, c’est un
meurtrier ; ou il espère gagner quelque chose, c’est un mendiant et unespion;«Ouilapariéavecsesamisqu’ilmeferaitcraindrececompagnon.»A cause de la perversité de son cœur, pas une seule supposition
favorableneluivintàl’esprit.Ses bonnes opinions étaient uniquement pour l’ours : assurément, il
étaitdelamêmeespècequel’ours.Parbassessed’esprit,ilsoupçonnaunsageetconsidéraunourscomme
affectueuxetjuste.
CommentMoïse(surluilapaix)ditàquelqu’unquiadoraitleveaud’or:«Quesontdevenuston
scepticismeettaprudencevaine?»
oïseditàunhommeenivrépardesimaginationstrompeuses:«Ôtoiquisupposeslemalàcausedetaperditionetmalédiction,«Tunourriscentsoupçonsausujetdemaqualitédeprophète,endépit
decespreuvesetdelanaturenobledontj’aitémoigné.«Tuasvudemoidescentainesdemilliersdemiracles,et,pendantce
temps, une centaine d’imaginations, de doutes et d’opinions erronéescroissaiententoi.« Tu étais durement poussé par l’imagination et la suggestion
diabolique,tuteraillaisdemaqualitédeprophète.2040 «J’aifaits’éleverdelapoussièredelamerdevanttesyeux,pourquetu
puissesêtredélivrédelaméchancetédupeupledePharaon.«Durant quarante années, les plats et les plateaux de nourriture sont
descenduspourtoiduciel,etàmaprièrelarivièreajaillid’unrocher.«Cesmiracles,etunecentained’autres,ettoutescespreuvesdiverses
n’ontpasfaitdisparaîtredetoicettevaineimagination,ôhommeaucœurdur!« Par la sorcellerie, un veau a beuglé ; alors tu t’es prosterné en
adoration,endisant:“TuesmonDieu.”«Alors, ces imaginations furent balayées comme par un torrent et ta
sottesagacités’estendormie.«Commentn’avais-tupasdesoupçonsàsonégard(Sâmirî)?Pourquoi
as-tuposétatêtesurlesol,ainsi,ôhommevilain?«Comment aucune idéene t’est-ellevenuede sa supercherie et de la
corruptiondesamagieattrape-nigaud?«Qui,envérité,estunSâmirî,ôvouslesvauriens,quevousfaçonniez
unDieudanslemonde?«Comment êtes-vousdevenusde sonavis, quant à son imposture, en
étantdénuésdetouteperplexité?«Unveaumérite-t-il d’être déifié à cause d’une vaine vanterie, alors
qu’ilexistedescentainesdedisputesausujetdelamissionprophétiquedequelqu’uncommemoi?
2050 «Stupidecommeunâne,tut’esprosternéenadorationdevantunveau;
tonintelligenceestdevenuelaproiedelamagiedeSâmirî.«TuasdérobétonregardloindelaLumièreduDieuTrès-Haut:c’est
làunegrandefolieetl’essencedelaperdition!«Honteàuneintelligenceetunefacultédechoixcommelestiennes!Il
conviendraitdetueruneminedefoliecommetoi.«Leveaud’orapousséuncri:qu’a-t-ildit,jeteprie,quetoutcedésir
pourluiaitsurgichezlessots?« Tu as vu de moi mainte chose plus merveilleuse que cela, mais
commentchaquegredinaccepterait-ilDieu?»Qu’est-cequi ravit les gensdénuésdevaleur ?Lemanquedevaleur.
Qu’est-cequiplaîtauxgensfutiles?Lafutilité.Parcequechaquecatégorieestravieparsaproprecatégorie:comment
lebœufsetournerait-ilverslelionféroce?Comment le loupéprouverait-ilde l’amourpour Joseph,àmoinsque,
parhasard,illefasseparruse,afindeledévorer?Quand il sera délivré de sa nature de loup, il deviendra familier avec
lui;commelechiendelaCaverne,ildeviendral’undesfilsd’Adam.QuandAbû Bakr découvritMohammad, il dit : « Ce n’est pas là un
visagequiment.»2060 MaisétantdonnéqueBû-Djahln’étaitpasundeceuxquiavaient
de la sympathiepourMohammad, ilvitcent fissionsde la lune,etnecrutpas.L’amoureuxaffligé(deDieu)quiesttombédansl’extase,mêmesinous
luicachonslaVérité,elleneluiserapascachée;TandisqueceluiquiestignorantdeDieuetétrangeràSonamour—combiensouventcelaluia-t-ilétémontré,etilnel’apasvu!Le miroir du cœur doit être clair, afin que tu puisses y distinguer la
formelaidedelabelle.
Commentl’hommeauxconseilssincères,aprèsavoirfaittoutce
qu’ilpouvaitpourlepersuader;pritcongédeceluiquiétaitleurrépar
saconfianceenl’ours
e musulman laissa l’homme stupide, et rapidement, disant « Lâhawl*»àvoixbasse,s’enretourna.Ildit:«Étantdonnéquedemasincéritédansmesavertissementsetde
madisputeavecluileseulrésultatestquedevainesimaginationsnaissentdeplusenplusensonesprit,«Enconséquence,lechemindel’avertissementetduconseilestbarré:
«lecommandementÉcarte-toid’eux54Aestarrivé.«Quandvotreremèdeaccroîtlamaladie,alorsracontezvotrehistoireà
celuiquicherche (laVérité).Lisez la (sourateduQor’ânquicommencepar)‘Abasa(ils’estrenfrogné).«Puisquel’aveugleestvenucherchantlaVérité,ilneconvientpasde
blessersoncœurenlerepoussantàcausedesapauvreté.« Toi (Mohammad), tu es désireux que les grands suivent le droit
chemin, afin que le commun des gens puissent s’instruire à partir desdirigeants.
2070 «ÔAhmad,tuasvuqu’unecompagniedeprincessontdevenusprêtsàt’écouterettuesheureuxque,peut-être,« Ces chefs deviendront de bons amis de la Religion (islam), car ils
régnentsurlesArabesetlesAbyssins,«Etquelarenomméedececiserépandraau-delàdeBasraetTabûk,étantdonnéque“lespeuplessuiventlareligiondeleursrois".« Pour cette raison, tu as détourné ton visage de 1’aveugle qui était
guidéversledroitchemin,ettuesdevenuagacé,« Lui disant : “Cette réunion d’étrangers arrive rarement de façon si
opportune,tandisquetuesl’undemesamis,etquetuastoutletemps.“Tume presses à unmauvaismoment. Je t’adresse cette admonition,
maisnonparcolèreniquerelle.”« Ô Ahmad, à la vue de Dieu, ce seul aveugle vaut mieux que cent
empereursetcentvizirs.« Écoute, souviens-toi que “les hommes sont desmines” : une seule
minepeutvaloirdavantagequecentmille.
«Laminederubisetdecornalinesdifficilesàtrouvervautmieuxquedesmyriadesdeminesdecuivre.«ÔAhmad, ici les richessesne sontd’aucuneutilité ;un sein rempli
d’amour,desouffranceetdesoupirs,c’estlàcequiestdésiré.2080 «L’aveugleaucœurilluminéestarrivé:nefermepaslaporte;donne-
luidesconseils,cariladroitauxconseils.« Si deux ou trois imbéciles n’ont pas cru en toi, comment serais- tu
amer,alorsquetuesuneminededouceurs?« Si deux ou trois sots te taxent de fausseté, Dieu témoigne en ta
faveur.»Mohammad dit : « Je ne suis pas concerné par la reconnaissance du
monde:quelsoucipeutenavoirceluidontletémoinestDieu?« Si une chauve-souris reçoit quelque chose du soleil qui lui soit
agréable,c’estlapreuvequecesoleiln’estpaslevraisoleil.«Ledégoûtdesmisérableschauves-sourisestunepreuvequejesuisle
glorieuxsoleilrayonnant.«Silescarabéeéprouvedudésirpourdel’eauderoses,celaconstitue
unepreuvequecen’estpasdel’eauderoses.«Siunepiècedemonnaiefausseaspireàlapierredetouche,onpeut
avoirdel’incertitudeetdudouteconcernantlefaitquec’estunepierredetouche.«Levoleurdésirelanuit,nonlejour—note-lebien!Jenesuispasla
nuit,jesuislejour,carjebrilledanslemondeentier.«Jesuisdouédediscernement,jesuisextrêmementsagaceetpareilau
tamis,desortequelapaillenepassepasautraversdemoi.2090 «Jerendslafarinedistincteduson,afindemontrerquel’une,cesont
lesformesextérieures,etl’autrelesessencesintérieures.«JesuislabalancedeDieuencemonde:jerévèleladifférenceentre
chaquechose,légèreoulourde.« Un veau pense que la vache est Dieu : l’âne croit que Dieu est
quelqu’unquil’aimeetquiestd’accordavecsesdésirs.« Je ne suis pas une vache, que le veaum’aime ; je ne suis pas des
chardons,qu’unchameaumebroute.«L’incroyantsupposequ’ilm’acausédutort;maisnon,ilaessuyéde
monmiroirlapoussière.»
*«Dieumegarde!»
CommentlefoucherchaàserendreagréableàGalienetcomment
Galienfuteffrayé
alienditàsescompagnons:«Quel’und’entrevousmedonneteloutelremède.»Alorscettepersonneluidit:«Ômaîtredemaintessciences,ceremède
estrecherchépourguérirlafolie.«Que cela soit loin de ton intellect !N’en parle plus. » Il répondit :
«Unfoutournasonvisageversmoi,«Regardaaimablementmonvisageunmoment,mefitunclind’œilet
metiralamanche.« S’il n’y avait pas eu en moi quelque chose de commun avec lui,
pourquoicepauvrehommeaurait-iltournésonvisageversmoi?2100 «S’iln’avaitpasvuenmoiquelqu’undesapropreespèce,commentse
serait-ilapproché?Commentseserait-ilattachéàquelqu’und’uneautreespèce?»Lorsque deux personnes entrent en contact, sans nul doute, il existe
quelquechosedecommunentreelles.Commentunoiseauvolerait-il,exceptéavecl’undesapropreespèce?
La compagnie de celui qui n’est pas de même nature est la fosse et letombeau.
Lacausepourlaquelleunoiseauvoleetsenourritavecunoiseauqui
n’estpasdesapropreespèce
n certain sage disait : « J’ai vu un corbeau qui courait avec unecigogne.«Jerestaistupéfait,etjemerenseignaisurleurcas,afindedécouvrirce
qu’ilsavaientencommun.« Quand, éberlué et abasourdi, je m’approchai d’eux, alors, je
m’aperçusquetousdeuxétaientboiteux.»Notamment,commentunfauconroyal,quiestduplushautciel,peut-il
s’associeràunhibou,quiestdelaterrebasse?L’unest lesoleilde lllliyyûn, tandisquel’autreestunechauve-souris
quiappartientàSidjîn*.L’unestunluminaire,dépourvudetoutdéfaut,tandisquel’autreestun
aveugle,mendiantàchaqueporte.L’un est une lune qui frappe de ses rayons les Pléiades, tandis que
l’autreestunverquis’attacheauxordures.2110 L’unalevisaged’unJoseph,lesouffled’unJésus,tandisquel’autreest
semblableàunloupouàunâneavecuneclochette.L’un s’est envolé dans le non-spatial, tandis que cet autre est dans la
grangedepaille,commeleschiens.Avec lavoixde la transmission sansparoles, la rosedit au scarabée :
«Ôcréaturepuante,« Si tu t’enfuis loin du parterre de roses, sans aucun doute, cette
aversionestlesignedelaperfectiondelaroseraie.«Majalousietefrappesurlatêteavecunbâton,t’avertissantderester
loind’ici,ôêtrevil;«Carsi,misérablequetues,tutetenaisavecmoi,onpenseraitquetu
esdemonespèce.«Pourlesrossignols,lejardinestlelieuquiconvient;pourlescarabée,
lemeilleurfoyerestdansl’ordure.»PuisqueDieum’agardépurdelasouillure,commentconviendrait-ilde
désignerunêtresalepourmetenircompagnie?J’avaisenmoiuneveinedeleurnature.Dieumel’acoupée.Comment
doncm’atteindrait-ilaveclaveinedumal?Unsignevenantdel’éternitépourAdamfutquelesangesposentleurs
têtessurlesoldevantlui,parcequec’étaitcequiconvenaitàsadignité.2120 Unautresigneétaitqu’Iblîs,disant«Jesuisleroietlechef»,nese
prosternepasdevantlui.Mais si Iblîs, lui aussi, était devenu un adorateur d’Adam, Adam
n’auraitpasétéAdam:ilauraitétéunautre.L’adoration de chaque ange est son critère, et le refus de cet ennemi
(Iblîs)estenmêmetempslapreuve.La reconnaissance faite par les anges est un témoignage pour lui, en
même temps que l’incrédulité de ce misérable vaurien (Iblîs) est untémoignageensafaveur.
* Illiyyûn : livre contenant la liste des élus ; Sidjîn, livre contenant celle desdamnés.
Conclusiondel’histoireconcernantlaconfiancedecethommeabusé
parlescajoleriesdel’ours
’hommes’endormit,etl’ourscontinuaàchasserlesmouches,maismalgréluiellesrevinrentbienvite.Plusieurs fois, il les chassa du visage du jeune homme, mais bientôt
ellessehâtaientderevenir.L’ours, furieux contre lesmouches, s’en alla chercher une très grosse
pierreauflancdelamontagne.Ilapportalapierreetvitlesmouchesdenouveauinstalléesàl’aisesur
levisagedudormeur.Il prit cette pierre de meule et frappa les mouches, afín qu’elles se
retirent.Lapierremit enmiettes la figuredudormeur, etmanifesta aumonde
entiercetadage:2130 «L’amourd’unsotestcertesl’amourd’unours:sahaineestamouret
sonamouresthaine.»Sapromesseest lâche, corrompueet faible ; saparoleest forteet son
actionestmince.Mêmes’ilfaitunserment,nelecroispas:l’hommedontlaparoleest
faussenetientpassonserment.Étantdonnéque,sansserment,saparoleétaitmensongère,netelaisse
pasleurrerparsaruseetsonserment.Son âme charnelle commande, et sa raison est captive, même en
supposantqu’ilaitjurésurcentmilleQor’âns.Puisque, sans serment, il brise son pacte, s’il fait un serment, il le
briseraaussi;Car l’âme charnelle devient encore plus furieuse si tu la lies par un
sermentsérieux.Quand un prisonnier attache un gouverneur avec des liens, le
gouverneurlesrompraets’endélivrera;Il frappera,decourroux,avec ses liens la têteduprisonnier, lui jetant
sonsermentàlafigure.Abandonne l’espoir qu’il (obéisse à l’ordre divin) : « Tenez vos
serments55»;neluidispas:«Respectezvosengagements56.»2140 Maisceluiquisaitàquiilaréellementfaitunepromesserendrason
corpsmincecommeunfilets’enrouleraautourdeLui.
CommentMustafâ(Mohammad)(surluilapaix)allarendrevisiteàl’undesesCompagnonsmalade,etuneexplicationduprofitqu’ilyaà
visiterlesmalades
nnotabled’entrelesCompagnonsdeMohammadtombamalade,etpendantcettemaladiedevintmincecommeunfil.Mustafâallalevisiter,étantdonnéquelanaturedeMustafâétaittoute
bontéetgénérosité.Ilyaunprofitpourvousdanslefaitderendrevisiteauxmalades:ce
profitrevientàvousànouveau.Le premier profit consiste en ce qu’il se peut que lemalade soit, par
chance,unqutb,etunroispirituel.Ets’iln’estpasunqutb,peut-êtreest-ilunamidelaVoiedessoufïs;et
s’iln’estpasleroi,ilestpeut-êtrelecavalierdesonhôte.Considérez donc que vous devez vous attacher aux amis de la Voie,
quelsqu’ilssoient,qu’ilssoientfantassinsoucavaliers.Et s’il est un ennemi pour toi, cependant cette bienveillance est une
bonnechose,cargrâceàlabienveillanceplusd’unennemiestdevenuunami,Et même s’il ne devient pas un ami, son hostilité diminue, car la
bienveillancedevientunbaumepourl’hostilité.Il existe de nombreux profits en dehors de ceux-ci,mais je crains de
devenirfastidieux,monbonami.2150 L’important,c’estceci:soisl’amidelacommunautédessoufïstout
entière:commelesculpteurd’idoles,tailleunamidanslapierre,Parcequelafouleetlamultituded’unecaravanebriserontlesdosetles
lancesdesbrigandsdegrandchemin.Étantdonnéque tunepossèdespas lesdeuxyeuxducœur,ôhomme
misérable, de sorte que tu ne peux distinguer le bois à brûler du boisd’aloès,Puisqu’ilexisteun trésordans lemonde,ne t’affligepas,necroispas
quechaqueruinesoitdénuéed’untrésor57.Vatrouvern’importequelderviche,auhasard,etquandtuaurasvuen
luilesigne(delasainteté),fréquente-leassidûment.Commelavisionintérieurenet’apasétéaccordée,pensetoujoursque
letrésorpeutsetrouverenn’importequi.
CommentleDieuTrès-HautrévélaàMoïse(surluilapaix):
«Pourquoinem’as-tupasrenduvisitequandJ’étaismalade?»
MoïsevintdeDieucereproche:«Ôtoiquiasvulaluneseleverdetonsein,« Toi que J’ai illuminé de la Lumière divine ! Je suis Dieu, Je suis
tombémalade,ettun’espasvenu.»Moïse dit : « Ô Toi, transcendant dans Ta gloire, Tu es pur de tout
défaut.Quelestcemystère?Explique-le-moi,ôSeigneur.»Dieuluiditànouveau:«PourquoilorsqueJ’étaismaladenet’es-tupas
informéàMonsujetavecbienveillance?»2160 IIrépondit:«ÔSeigneur,Tun’asaucuneimperfection.Jene
comprendspas;dévoilepourmoilesensdecesparoles.»Dieu dit : « Oui ; un deMes serviteurs favoris et choisis est tombé
malade.Jesuislui.Réfléchisbien!« Son infirmité est Mon infirmité, sa maladie est Ma maladie. »
Quiconque désire rester avec Dieu, qu’il demeure en la présence dessaints.Situesséparédelaprésencedessaints,tuesperdu,parcequetuesune
partieprivéedutout.Celuique leDémonséparedes saints, il le trouvesanspersonnepour
l’aider,etildévoresatête.S’éloignerpourun instantd’unempande la communauté (des saints)
estdûàunerusedeSatan.Écoute,etsache-le.
Commentlejardinierséparalesoufi,lejuristeetlesdescendants
de’Alîl’undel’autre
n jardinier, en regardant dans son verger, vit trois hommesparaissantdesvoleurs:Unjuriste,unsharifetunsoufi;chacund’euxétantuncoquineffronté,
insolentetperfide.Ildit:«J’aicentargumentscontrecesgens,maisilssontunis,etune
compagnieunieestunesourcedeforce.2170 «Jenepeuxtenirtêtetoutseulàtroispersonnes,aussijevaistout
d’abordlesséparerl’undel’autre.« J’isolerai chacund’euxdes autres, et quand chacun sera seul, je lui
damerailepion.»Ilemployaune ruseetéloigna lesoufi,afind’empoisonner lesesprits
desesamiscontrelui.Il dit au soufi : « Va à la maison et rapporte un tapis pour tes
compagnons.»Aussitôtquelesoufifutparti,ilditensecretauxdeuxamis:«Toi,tu
esunjuriste,etcelui-ciunsharifcélèbre.«C’estselontadécisionlégalequenousmangeonsunpain;c’estpar
lesailesdetaconnaissancequenousvolons.«Etcetautreestnotreprinceetsouverain:ilestunsayyid,ilestdela
MaisondeMustafâ.«Quiestcevilgloutondesoufiqu’ils’associeàdesroistelsquevous?«Quandilreviendra,chassez-leetprenezpossessiondemonvergeret
demonchamppendantunesemaine.«Qu’est-cequemonverger?Mavievousappartient,ôvousquiavez
toujoursétépourmoiaussichersquemesyeux.»2180 IIselivraàdessuggestionsméchantesetlestrompa.Ah,onnedoitpas
subirpatiemmentlaperted’amis!Quandilseurentchassélesoufietqu’ilfutparti,l’ennemilepoursuivit
avecungrosgourdin.«Ôchien,s’écria-t-il,est-celàdusoufismequetoutàcouptuviennes
dansmonvergerendépitdemoi?«DjunaydouBâyazîd t’ont-ils appris à te comporterdecette façon?
Delapartdequelsheikhoupîrcelat’a-t-ilétéapporté?»
Ilbattitlesoufiquandilletrouvaseul;illetuaàmoitiéetluifenditlecrâne.Le soufi dit : «Mon temps est passé,mais, ômes camarades, prenez
biensoindevous-mêmes!«Vousmeconsidériezcommeunennemi.Voyez!Jenesuispasplus
unennemiquecescélérat.«Cettecoupequej’aibuedoitêtrebueparvous,etunetellegorgéeest
cequiestdûàchaquefripouille.»Cemondeestcommeunemontagne,et toutestesparolesreviennentà
toiavecl’écho.Aprèsquelejardiniereneutterminéaveclesoufï,ilinventaunprétexte
dumêmegenrequelepremier,2190 Disant:«Ômonsharif,vaàlamaison,carj’aifaitcuiredeminces
gâteauxdepainpourlepetitdéjeuner.«Alaportedelamaison,disàQaymâzd’allercherchercesgâteauxet
l’oie.»L’ayant envoyé, il dit à l’autre : « Ô toi à la vue perçante, tu es un
juriste;celaestmanifesteetcertain.«Maislui,tonami,unsharif!C’estuneprétentionabsurdedesapart.
Quisaitquiacommisunadultèreavecsamère?« Est-ce que tu feras confiance à une femme et aux actions d’une
femme?La considéreras-tu commed’esprit faible, et ensuite la croiras-tu?« Maint imbécile en ce monde prétend se rattacher à ’Alî et au
Prophète.»Quiconqueestnéd’unadultèreetest lui-mêmeadultèrepenseraaussi
celadeshommesdeDieu.Quiconque est étourdi par ses propres tournoiements voit la maison
tournercommelui-même.Ceque cevainbavard, le jardinier, dit,montrait cequ’était sapropre
condition,etétaitbienloind’êtreapplicableauxdescendantsduProphète.S’il n’avait pas été la progéniture d’apostats, comment aurait-il parlé
ainsidelaMaisonduProphète?2200 IIutilisadesruses,etlejuristelesécouta.Alorscetinsolenttyranalla
verslesharif.Ildit:«Ôâne,quit’ainvitédansceverger?Est-cequelebrigandage
t’aétélaisséenhéritageparleProphète?«Lelionceauressembleaulion:enquoiressembles-tuauProphète?
Dis-le-moi!»
Le jardinier, qui avait cherché refuge dans l’astuce, fit au sharif cequ’unkharidjiteferaitàlaFamilledeYâ-sîn(Mohammad)*.Quelle haine les démons et les goules commeYazîd et Shimr*ont-ils
toujourstémoignéeàl’égarddelaFamilleduProphète!Lesharifétaitaccabléparlescoupsdecebandit.Ilditaujuriste:«J’ai
sautéhorsdel’eau.« Toi, tiens-toi fermement, à présent que tu es seul et privé de notre
aide.Soiscommeuntambour,etsupportedescoupssurleventre!«Sijenesuispasunsharifetdignedetoi,etunamiintime,entoutcas,
jenesuispaspirepourtoiqu’untelscélérat.»Lejardinierenfinitaveclesharifetrevint,disant:«Ôjuriste,quelle
sortedejuristees-tu,ôtoilahontedechaqueimbécile?«Est-ce ton opinion légale, ô voleur ayant été condamné, de pouvoir
venirdansmonvergersansdemanderlapermission?2210 «As-tuluunetelleautorisationdansleWasît,oucettequestiona-t-elle
ététranchéedansleMuhît*?»«Tuasraison,répondit-il;bats-moi,tuesleplusfort.C’estlàlapeine
quiconvientàceluiquiseséparedesesamis.»
* La théorie kharidjite concernant la succession au khalifat était opposée à ladoctrineshiitedeDroitdivin.* Yazîd, fils du khalife omeyyade Mu’âwiyya, adversaire de ‘Alî et de safamille.Shimribn-Dhi’l-Djawshan,détestéenraisondurôlejouéparluidanslatragédiedeKerbala(680).*Titresd’ouvragesdejurisprudence.
Retouràl’histoiredel’hommemaladeetdelavisitequeluirenditleProphète(Dieulebénisseetlui
accordelapaix!)
avisite desmalades estmotivéepar cet attachement (spirituel) etcetattachementcomportecentmarquesdetendresse.LeProphètesanségalallavisiterunmalade;iltrouvacecompagnonà
ladernièreextrémité.Quandons’éloignede laprésencedessaints,onesten réalité loinde
Dieu.Étantdonnéqueseséparerdecompagnonsdevoyageapourrésultatdu
chagrin,commentlaséparationdelaprésencedessaintsserait-ellemoinspéniblequecela?Hâte-toi à chaque instant de rechercher l’ombre de ces rois, afin que,
grâceàcetteombre,tupuissesdevenirsupérieurausoleil.Si tu as unvoyage à faire, fais-le avec cette intention ; et si tu restes
cheztoi,nenégligepascela.
CommentuncertainsheikhditàBâyazîd:«JesuislaKa’ba:tourne
autourdemoi.»
âyazîd,lesheikhdelacommunauté,sehâtaitversLaMecquepouraccomplirlegrandpèlerinage(Hadjj)etlepetit(‘umra).Dans chaque ville qu’il traversait, il se mettait d’abord en quête des
personnessaintes.2220 IIerrait,demandant:«Qui,danscettecité,s’appuiesurlavision
spirituelle?»Dieuadit:«Oùquetuaillesdanstesvoyages,tudoisenpremierlieu
temettreàlarecherched’unsaint.»Vaà la recherchedu trésor, car leprofit et la perte sont secondaires :
considère-lescommeaccessoires.Celuiquisèmeestenquêtedeblé;lapailleluiadvient,envérité,mais
secondairement.Si tu sèmes de la paille, aucun blé ne poussera : cherche un homme,
chercheunhomme,c’estunhomme(qu’ilfaut)!Quandc’estletempsdupèlerinage,vaàlarecherchedelaKa’ba;situ
parsaveccetteintention,tuverrasaussiLaMecque.Dans leMi’râdj (l’ascension du Prophète), la quête était la vision du
Bien-Aimé ; cen’estque secondairementque l’empyrée et les anges luifurentaussimontrés.
Anecdote
nnovice,unjour,bâtissaitunemaisonnouvelle;lepîrvintvoirsamaison.Le sheikhdit à sonnouveaudisciple—mettant à l’épreuve celui qui
avaitdebonnespensées:«Pourquoias-tufaitunefenêtre,ômonami?»Ilrépondit:«Afinque
cettelumièrepuisseentrerparlà.»2230 Lesheikhdit:«Celaestsecondaire;tondésirdoitêtreque,parce
moyen,tupuissesentendrel’appelàlaprière.»Bâyazîd,lorsdesonvoyage,cherchabeaucouppourtrouverquelqu’un
quifûtleKhezr58desontemps.Ilaperçutunvieillardàlataillecourbéecommelanouvellelune;ilvit
enluilamajestéetlesparolesdessaints.Sesyeuxétaientaveuglesetsoncœurlumineuxcommelesoleil:pareil
àunéléphantrêvantdel’Hindoustan.Lesyeuxfermés,endormi,ilcontemplecentdélices;quandilouvreles
yeux,ilnelesvoitpas.Oh,merveille!Mainte merveille est rendue manifeste dans le sommeil ; dans le
sommeil,lecœurdevientunefenêtre.Celuiquiestéveilléetrêvedebeauxrêvesestleconnaisseur(deDieu):
frottetesyeuxavecsapoussière.Bâyazîds’assitdevantluietl’interrogeasursacondition;ilappritque
c’étaitunderviche,etaussiunpèredefamille.Levieillardluidit:«Oùvas-tu,ôBâyazîd?Versquellieuemporteras-
tulebagageduvoyagedansunpaysétranger?»Bâyazîd répondit : « Je pars à l’aube pour laKa’ba. » «Hé ! s’écria
l’autre,qu’as-tucommeprovisionspourlaroute?»2240 «J’aideuxcentsdirhamsd’argent,dit-il.Vois,ilssontcachésdansun
coindemonmanteau.»Levieillarddit:«Faisuntourautourdemoiseptfois,etconsidèreque
celavautmieuxquelacircumambulationduPèlerinage.«Etposecesdirhamsdevantmoi,ôgénéreux.Sachequetuasaccompli
legrandpèlerinageetquetondésirestexaucé;«Quetuasaussiaccomplilepetitpèlerinageetobtenulavieéternelle;
que tuesdevenupur (sâf) etque tuasgraviencourant laCollinede lapureté(Safâ).
«ParlavéritédelaVéritésuprêmequetonâmeavue,jetejurequ’ilm’achoisidepréférenceàSaMaison.«Bienque laKa’basoit laMaisondeSonculte, la formeaussi,dans
laquellej’aiétécréé,estlaMaisondeSaconsciencelaplusintime.«Jamais,depuisqueDieuafaitlaKa’ba,Iln’yestentré;etnul,saufle
Dieuvivant,n’estjamaisentrédansmaMaison.«Quandtum’asvu,tuasvuDieu,tuastournéautourdelaKa’badela
Sincérité.«Meservir,c’estobéiràDieuetLeglorifier;garde-toidepenserque
Dieuestséparédemoi.« Ouvre les yeux, et regarde-moi, afín de pouvoir contempler la
LumièredeDieudansl’homme.»2250 Bâyazîdécoutacesparolesmystiques,illesmitàsonoreillecommeun
anneaud’or.Grâceà lui,Bâyazîdreçut laplénitude: lediscipleenfinparvintàses
fins.
CommentleProphète(Dieulebénisseetlesauve!)compritquela
causedelamaladiedecettepersonneétaitl’irrévérence
danslaprière
uandleProphètevitl’hommemalade,ilseconduisitavecdouceurettendresseenverscetamiintime.Il devint ranimé en voyant le Prophète : on aurait dit que cemoment
l’avaitcréé.Ildit :«Lamaladiem’adonnécettegrandechancequece sultanest
venuàmescôtésaumatin,«Detellesortequelasantéetlebien-êtremesontarrivésàcausedela
visitedeceroiquiestsansunesuite.« Oh ! heureuse souffrance, maladie et fièvre ! Oh ! tourment et
insomniebénislanuit!«Voiciquedansmavieillesse,Dieu,dansSagrâceetgénérosité,m’a
octroyéunetelleindispositionetmaladie!«C’estLuiaussiquim’adonnécettedouleurdansledos,quifaitqu’au
milieudechaquenuit jenepeuxm’empêcherdebondirrapidementhorsdusommeil.«Pourquejenesomnolepastoutelanuitcommeunbuffle,Dieupar
Sagrâcem’adonnédessouffrances.2260 «Enraisondecetteinfirmité,lamiséricordedesroisaétééveillée,et
lesmenacesdel’Enfercontremoiontétéréduitesausilence.»Lasouffranceestuntrésor,carellerecèledesmiséricordes;l’amande
devientfraîchequandongrattel’écorce.Ô mon frère, demeurer dans un lieu sombre et froid, en supportant
patiemmentlechagrin,lafaiblesseetladouleur,Est la Source de la Vie et la coupe de l’ivresse spirituelle, car ces
hauteurssetrouventtoutesdansl’abaissement.Ce printemps est impliqué dans l’automne, et cet automne dans le
printemps:net’enfuispasloindelui.Soislecompagnonderouteduchagrin,accepteladésolation,recherche
laviequicontinueentamortàtoi-même!N’écoutepascequedittonâmecharnelle,quecelieu(demortification)
estmauvais, étant donné que ce qu’elle fait est contraire (à tes progrès
spirituels).Oppose-toi à elle, car telle est l’injonction venue des prophètes de ce
monde.Il devient nécessaire de demander conseil concernant les choses à
accomplir,afindenepasavoirderepentiràlafin.La communauté dit : « A qui demanderons-nous conseil ? » Les
prophètesrépondirent:«Al’intellect,quiestl’imâm(leguide).»2270 Lequestionneurdit:«Maissic’estunenfantquivient,ouunefemme
n’ayantnijugement,nicompréhensionclaire?»«Demande-luiconseil,ditleProphète,etfaislecontrairedecequ’elle
dit,etsuistonchemin.»Sache que ton âme charnelle est une femme et pire qu’une femme,
parcequelafemmeestunepartiedumal,maistonâmecharnelleesttoutentièrelemal.Situdemandesconseilàtonâmecharnelle,oppose-toiàcetteâmevile
entoutcequ’ellepourradire.Si elle te dit de prier et de jeûner— l’âme charnelle est une grande
intrigante,elleformeracontretoiquelquecomplot.Quandtudemandesconseilàtonâmecharnelleconcernanttesactions,
quoiqu’elletedise,lecontraireestparfaitementjuste.Si tunepeux temesureràelleetàsonobstination,vavoirunamiet
tiens-luicompagnie.L’esprit tirede la forced’unautreesprit : la canneà sucreest rendue
parfaiteparlacanneàsucre.J’ai constaté des choses extraordinaires provenant de la perfidie de
l’âme charnelle, parce que par sa magie elle détruit les facultés dediscernement.Elleteferadenouvellespromessesqu’elleavioléesdesmilliersdefois.
2280 Sitavieseprolongemêmejusqu’àcentannées,elleteprésenteraunnouveauprétextechaquejour.Elleprononcedevainespromessescommesiellessortaientducœur ;
c’estunesorcière,quientravelavirilitéd’unhomme.Ôtoiquies lerayonnementdeDieu,Husâm-od-Dîn,viens!Carsans
toiaucuneherbenepousseradusolsaumâtre.Unrideauestdescenduducielàcausedelamalédictiondequelqu’un
dontlecœurestdurementblessé.Cette destinée, seule la Destinée divine peut la guérir. La
compréhensiondeSescréaturesestfrappéedestupeurdevantSaDestinée,frappéedestupeur.
Le serpent noir semblable à un ver tombé sur la route est devenu undragon;Maisdanstamain,ôtoipourquil’âmedeMoïseestenivrée(d’amour),
ledragonouserpentestdevenucommelebâton(danslamaindeMoïse).Dieu t’aordonné : «Saisis-le,necrains rien59 ! » afinque ledragon
puissedevenirunbâtondanstamain.Écoute,montretamainblanche,ôRoi:horsdesnuitsnoires,révèleune
nouvelleaurore!Unenferaflamboyé;soufflesurluitonsortilège,ôtoidontlesouffle
estmeilleurquelesouffledelamer!2290 L’âmecharnelleestlamerperfidequinelaissevoirqu’unpeu
d’écume;elleestl’enferqui,parruse,nelaissepercevoirqu’unpeudechaleur.Elleapparaîtinfimeàtesyeuxafinquetupuisseslaconsidérercomme
faibleetquetoncourrouxpuisseêtreéveillécontreelle.Demêmequ’il y avait unemultitudede combattants (infidèles),mais
auxyeuxduProphètecelaparutpeu,DesortequeleProphètelesaffrontasanspeurdudanger;maiss’illes
avaitcrusplusnombreux,ilauraitagiavecprudence.C’était la faveurdivine, et tu enétaisdigne,ôAhmad ; autrement, tu
seraisdevenueffrayé.Dieu a fait paraître le combat extérieur et le combat intérieur peu de
chose,àluietàsesCompagnons,Afin de pouvoir lui rendre facile d’obtenir le succès, et qu’il ne se
détournepasdesdifficultés.Pourlui,lefaitqueDieuluifasseparaîtrelecombatpeudechoseétait
lavictoire,puisqueDieuétaitsonamietluienseignalarouteàsuivre.Maisceluiquin’apasDieucommesecoursvictorieux,hélassilelion
féroceluisembleunchat!Hélassi,deloin,ilvoitunecentainecommeun,desortequedansune
confianceillusoireilentredanslamêlée!2300 DieufaitapparaîtreleglaiveduProphètecommeuneflèche,etlelion
férocecommeunchat,Afin que l’imbécile puisse se lancer audacieusement dans la lutte, et
qu’ilpuisselesattraperaveccepiège,Etafinquecessotspuissentêtreallésversletempledufeudeleurplein
gré.Il temontre ce qui semble être un brin de paille pour que tu puisses
soufflerrapidementdessusetlefairedisparaître.
Prendsgarde!carcettepailleadéracinédesmontagnes:àcaused’elle,lemondeestenpleurstandisqu’ellerit.Ilfaitapparaîtrel’eaudecetterivièrecommenemontantpasplushaut
quelacheville,maisunecentained’hommestelsque‘Âjfilsde‘Anaqs’ysontnoyés*.Il fait paraître la vague de sang comme un tas de musc : Il fait
ressemblerlefonddelameràlaterresèche.Le pharaon aveugle croyait que lamer était sèche, de sorte que dans
l’orgueildesavirilitéetdesaforceilypénétra.Quand ilyentre, ilestaufondde lamer :comment l’œildePharaon
serait-ilvoyant?L’œil est rendu voyant par la rencontre avec Dieu : comment Dieu
deviendrait-illeconfidentden’importequelimbécile?2310 Celui-civoitcequ’ilcroitêtredusucre:enfait,c’estunpoisonmortel;
ilvoitcequ’ilcroitêtrelechemin:enfait,c’estlecridelagoule(l’attirantpourleperdre).Ô ciel, dans la calamité des derniers jours, tu tournes bien vite !
Accorde-nousdutemps!Tu es un poignard acéré pour nous attaquer ; tu es une lancette
empoisonnéepourversernotresang.Ô ciel, de laMiséricorde deDieu, apprends lamiséricorde ; n’inflige
pas,commeunserpent,desblessuressurlescœursdesfourmis.ParlavéritédeCeluiquifaittournerlarouedetasphèreau-dessusde
cettedemeure(terrestre),(Noustesupplions)detournerd’uneautrefaçonetdenoustémoigner
delapitié,avantdenousarracherdenosracines.(Noustesupplions)parlefaitquetunousasd’abordnourris,desorte
quenousavonspoussédel’eauetdelaterre;ParlavéritédeceRoiquit’acréépuretquiafaitbrillerentoitantde
flambeaux,Quit’agardésiflorissantetdurablequelematérialistetecroitexistant
detouteéternité.Nous rendonsgrâcedecequenousconnaissons toncommencement :
lesprophètesnousontdittonsecret.2320 Unhommesaitqu’unemaisonaétéconstruite;l’araignéequiyjoue
futilementl’ignore.Commentlemoucheronsaurait-ildequanddatecejardin?Carilestné
auprintempsetmeurtl’hiversuivant.Leverquinaîtmisérablementdansunebûche,commentconnaîtrait-il
leboisquandilétaitunepousseverte?Etsileverlesavait,ceseraitTintellectdanssonessence;levern’en
seraitquelaformeextérieure.L’intellect se manifeste sous divers aspects ; comme la péri, il est
éloignédemainteslieues.Ilestsupérieurauxanges—pourquoilecompareràlapéri?Maistuas
lesailesd’unemouche,tuvolesverslebas.Bien que ton intelligence vole vers les hauteurs, l’oiseau de ton
conformismesenourritsurlesol.Laconnaissanceconventionnelleestunecalamitépournosâmes;c’est
unechoseempruntée,maisnoussommesconvaincusqu’elleestnôtre.Decettesorted’intelligence,ilnousfautdevenirignorants,ilnousfaut
noussaisirdelafolie.Chaquefoisquetuaperçoisunprofit(matériel)pourtoi,fuis-le;bois
lepoisonetrépandsl’eaudelavie.2330 Insulteceluiquiteloue;donneaupauvrel’intérêtetlecapital.
Renonce à la sécurité et demeure au lieu du danger ; renonce à laréputationetsoisdéshonoréetdiscrédité.J’ai fait l’essai de l’intelligence prévoyante ; désormais, je vais me
rendreinsensé.
*Anaq,roigéantdeBashan,tuéparMoïse.
CommentDalqaks’excusaauprèsduSayyid-iAjall(quiluiavait
demandé)pourquoiilavaitépouséuneprostituée
nenuit,leSayyid-iAjallditàDalqak:«Tuasépouséhâtivementuneprostituée.«Tu aurais dûm’enparler, pour quenous te choisissionsune femme
chastepourépouse.»Dalqakrépondit:«J’aidéjàépouséneuffemmeschastesetvertueuses:
ellessontdevenuesdesprostituées,etj’aiétédévastéparlechagrin.« J’ai épousé cette prostituée sans la connaître, afin de voir comment
celle-cideviendraitàlafin.« J’ai souvent essayé l’intelligence ; désormais, je chercherai un asile
danslafolie.»
Commentunquestionneurarrivaàfaireparlerunhommeéminentqui
avaitfeintd’êtrefou
ncertainhommedisait:«Jedésirequelqu’und’intelligentpourleconsulterausujetd’unedifficulté.»Onluidit :«Dansnotreville, iln’yapersonned’intelligent,saufcet
hommelà-basquisembleêtrefou.2340 «Vois,ilyaUntel:ilchevaucheunecanneparmilesenfants.
«Ilestdouédejugementetbrillantcommelefeu;ilestpareilaucielquantàladignité,etauxétoilesensonélévation.«Sa gloire est devenue l’âmedes chérubins ; il est devenudissimulé
danssafolie(prétendue).»Maistunedoispasconsidérerchaquefoucommeuneâmerationnelle:
neteprosternepasdevantunveau,commeSâmirî.Lorsqu’un saint manifeste t’a déclaré des centaines de milliers de
chosesinvisiblesetdemystèrescachés,Et que tu n’as pas possédé la compréhension et la connaissance
nécessairespourdistinguerleboisd’aloèsdel’ordure,Lorsquelesaints’estfaitunvoiledelafolie,commentlereconnaîtrais-
tu,ôaveugle?Sil’œildetacertitudeintuitiveestouvert,contempleunchefspirituel
souschaquepierre.Pour l’œilquiestouvert et estunguide, chaquemanteaudederviche
retientunMoïsedanssesplis.Seullesaintfaitconnaîtrelesaintetrendheureuxceluiqu’ilveut.
2350 Personnenepeutlereconnaîtreaumoyendelasagessequandilasimulélafolie.Quand un voleur qui voit vole un homme aveugle, ce dernier peut-il
décelerquiestlevoleurentraindepasser?L’aveuglenesaitpasquil’avolé,mêmesic’estleméchantvoleurqui
l’aheurté.Lorsqu’unchienmordunmendiantaveugleenhaillons,commentcelui-
cireconnaîtrait-ilcechienféroce?
Commentlechienattaqualemendiantaveugle
nchienattaquaitcommeun lionbelliqueuxunmendiantaveugledansunecertainerue.Le chien se jette avec fureur contre les derviches ; la lune frotte ses
yeuxaveclapoussièredespiedsdesderviches.L’aveugleétaitrenduimpuissantpar lesaboiementsduchienetparsa
peurduchien;l’aveuglesemitàrendrehommageauchien,Disant:«Oprince,ôliondelachasseetdelapoursuite,àprésentàtoi
estlasupériorité;renonceàm’attaquer!»Car, par nécessité, ce philosophe rendait hommage à un être aussi vil
quelaqueued’unâne,etluidonnaitletitrede«noble».L’aveugleaussi,parnécessité,dit :«Olion,quelbien t’adviendra-t-il
d’uneproieaussimaigrequemoi?«Tesamiscapturentdesonagresdansledésert;tuattrapesunaveugle
danslarue:c’estmal.2360 «Tesamisrecherchentdesonagresenleurfaisantlachasse;ettoi,par
puremalice,cherchesunaveugledanslarue.»Lechienqui sait a faitde l’onagre saproie, tandisquecechienvil a
attaquéunaveugle.Quandlechienaapprislaconnaissancequiluiestimpartie,ilaéchappé
àl’erreur:ilchassedesproieslicitesdanslesjungles.Lorsque le chien est devenu connaissant Çâlim), il marche à vive
allure ; quand le chien est devenu un Connaissant de Dieu Çârif), ildevientcommelesHommesdelaCaverne60.LechienestarrivéàsavoirquiestleMaîtredelachasse.ODieu,quelle
estcettelumièredelaconnaissance?Si l’homme aveugle ne le sait pas, ce n’est pas parce qu’il n’a pas
d’yeuxpourvoir;non,c’estparcequ’ilestivred’ignorance.Envérité,l’aveuglen’estpasplusdépourvud’yeuxquelaterre;etcette
terre,parlagrâcedeDieu,estdevenuelevoyantdesennemisdeDieu.Elle a vu la Lumière de Moïse, et témoigna à Moïse de la
bienveillance;maisQârûnfutenglouti,carelleconnaissaitQârûn61.Elleatremblépourdétruirechaquefauxprétendant,elleacomprisles
parolesdeDieu:«Oterre,absorbe(cetteeau62).»2370 Laterreetl’eau,l’airetlefeuétincelantnesontpasfamiliersavec
nous,maisfamiliersavecDieu.A l’inverse, nous sommesconscientsde choses autresqueDieu,mais
inattentifsàDieuetàtantdesignes.Laconséquencenécessairefutquetouslesélémentsrefusèrentledépôt
(quileurétaitoffert)63,leurimpulsionàparticiperàlaviefutémoussée.Ilsdirent:«Noussommestoushostilesàcettevie,àsavoirqu’ilfaut
vivreenrelationaveclesêtrescréésetêtremortenrelationavecDieu.»Lorsque l’on reste éloigné des êtres créés, on est orphelin : pour être
intimeavecDieu,lecœurdoitêtrelibéré(detouteautrerelation).Quand un voleur dérobe quelque bien à un aveugle, l’aveugle se
lamenteaveuglément,Jusqu’àcequelevoleurluidise:«C’estmoiquit’aivolé,carjesuis
unvoleuradroit.»Commentl’aveugleconnaîtrait-ilsonvoleur,puisqu’ilnepossèdepasla
lumièredesyeuxetcerayonnement?Quand levoleurparle, saisis-toi aussitôt étroitementde lui,pourqu’il
puissedécrirelesmarquesdistinctivesdesbiensvolés.Laplusgrandeguerre(Djihâd)consistedoncàlepresserjusqu’àlalie,
afinqu’ilpuissedirecequ’ilavoléetcequ’ilaemporté.2380 Toutd’abord,ilavolélecollyredetesyeux:situleluireprends,tu
recouvreraslavue.Les richessesde lasagesse,quiontétéperduespar toncœur,peuvent
certainementêtretrouvéesavecl’hommeducœur(lesaint).Celuidont lecœurestaveugle,endépitdesapossessiondelavie,de
l’ouïeetdelavue,nedécèlejamaislevoleurdiaboliqueparsestraces.Recherchecetteconnaissancechezl’hommeducœur;nelarecherche
pasencequiestinanimé,cartoutlemondeestinaniméencomparaisondelui.Lechercheurdeconseils’approchadelui(lesaintfeignantlafolie)et
luidit:«Opèredevenupareilàunenfant,dis-moiunsecret.»Il répondit : « Eloigne-toi de l’anneau de cette porte, car cette porte
n’estpasouverte.Retourne:aujourd’huin’estpaslejourpourlessecrets.« Si le spatial avait accès au non-spatial, je serais assis sur un banc
(donnantdesinstructions)commelessheikhs.»
Commentl’inspecteurdepolicecondamnal’hommequiétaittombé
ivremortàallerenprison
’inspecteur vint à minuit à un certain endroit : il vit un hommegisantaupiedd’unmur.Il lui cria : «Hé, tu es ivre : dis-moi, qu’as-tu bu ? »L’hommedit :
«J’aibudecequiestdanscettecruche.»« Je te prie, dit-il, de m’expliquer ce qui est dans la cruche. » Il
répondit : «Ce dont j’ai bu. » «Mais, dit l’inspecteur, c’est caché à lavue.»
2390 IIredemanda:«Qu’est-cequetuasbu?»Ilrépliqua:«Cequiestcachédanslacruche.»Ces questions et réponses devenaient un cercle vicieux. L’inspecteur
restaitplantédanslaboue,commeunâne.L’inspecteur dit : « Allons, dis : “Ah” » ; mais l’homme ivre, au
momentdeparler,dit:«Hû,Hû.»«Jet’avaisditdedire:“Ah",dit-il;ettudis:‘rû”(Lui).»«Parceque
jesuisheureux,répondit-il,tandisquetuescourbéparlechagrin.«Ondit“Ah”enraisondelasouffrance,duchagrinetdel’injustice;le
“Hû,Hû”desbuveursdevinvientdelajoie.»L’inspecteurdit :«Jenesaisriende toutcela.Lève-toi, lève-toi!Ne
faispasdediscourssurlamystique,etlaisselàcettedispute.»«Va-t’en,ditl’homme;qu’as-tuàfaireavecmoi?»«Tuesivre,dit
l’inspecteur.Lève-toietviensenprison.»L’hommeivredit:«Ôinspecteur,laisse-moiseuletva-t’en.Comment
est-ilpossibled’emporterdesgagesdeceluiquiestnu?«Envérité,sijepouvaismarcher,jeseraisalléàmamaison—etalors
commenttoutcelaserait-ilarrivé?«Sij’avaisencoredelacompréhensionetdel’existencecontingente,je
seraissurlebanc,donnantunenseignementcommelessheikhs.»
Commentlequestionneur,pourlasecondefois,amenacesaint
éminentdanslaconversation,afinquesaconditionpuisseêtremieux
connue(duquestionneur)
2400 echercheurdit:«Ôtoiquiesmontésurlacanne,jet’enprie,conduistonchevaldececôtépourunmoment.»Il chevaucha vers lui, en criant : « Attention, dis (ce que tu désires)
aussivitequetulepeux,carmonchevalesttrèsrétifetemporté.«Dépêche-toi, de peur qu’il te décoche des coups de pied ; explique
clairementcequetuveuxsavoir.»Lequestionneurnejugeapasutilederévélerlesecretdesoncœur;ilse
livraaussitôtàuneéchappatoireetl’entraînadansuneplaisanterie.Ildit:«Jedésireépouserunefemmedanscetterue:quelleestcellequi
convientàquelqu’uncommemoi?»«Ilexistetroissortesdefemmesencemonde,dit-il;deuxd’entreelles
sontunmalheur,etl’autreestuntrésordel’âme.«Lapremière,quandtul’épouses,estentièrementàtoi;etlaseconde
estàmoitiéàtoietàmoitiéséparéedetoi.« Quant à la troisième, sache qu’elle n’est pas du tout à toi. Tu as
entendu.Va-t’en!Jeparsdansuninstant,« De peur quemon cheval ne rue vers toi et que tu tombes et ne te
relèvesjamais.»Lesheikhchevauchasacanneaveclesenfants,maislejeunehommelui
criaànouveau:2410 «Allons,jet’enprie,expose-moicela.Tuasditquecesfemmesétaient
detroissortes:décris-les.»Ilchevauchaversluietluidit:«Laviergedetonchoixseratotalement
àtoi,ettuseraslibéréduchagrin;«Et cellequi est àdemi tienneest laveuve sansenfant ; et cellequi
n’estrienpourtoiestlafemmemariéeavecunenfant:«Quand elle a un enfant de sonpremiermari, son amour et tout son
cœurirontlà.«Aprésent,va-t’en,decraintequemonchevalnerue,etquelesabot
demonchevalrétifnet’atteigne.»Le sheikh poussa un grand cri de joie et s’en retourna : il appela de
nouveaulesenfantsverslui.Cequestionneurcriaversluiànouveau:«Viens,j’aiunequestionqui
reste,ôroisouverain.»Ilrevintdanscettedirection.«Discequec’est,cria-t-il,aussiviteque
tulepeux,carcetenfantlà-basaravimoncœur.»L’autredit :«Ô roi, avecune telle intelligenceetérudition,qu’est-ce
quecettedissimulation?Qu’est-cequecettefaçond’agir?Oh,c’estunemerveille!« Tu surpasses l’Intelligence universelle dans ta puissance
d’élucidation.Tuesunsoleil:commentes-tucachédanslafolie?»2420 IIrépondit:«Cesvauriensproposentdefairedemoiuncadidansleur
ville.« J’ai soulevé des objections, mais ils m’ont dit : “Non, il n’y a
personned’aussiinstruitetaccompliquetoi.“Tantquetuexistes,ilestilliciteetmauvaisquequiconqued’inférieurà
toipuisseciterlesTraditionsprophétiquesdanslafonctiondecadi.“La permission n’est pas accordée par la Loi que nous nommions
quelqu’undemoindrequetoicommenotreprinceetguide.”« Par cette nécessité, je fus rendu bouleversé et fou (en apparence),
mais,intérieurement,jesuisexactementcequej’étais.« Mon intelligence est le trésor caché et je suis la ruine (qui le
dissimule);sijemontreletrésor,c’estalorsquejesuisfou.«Levéritablefouestceluiquin’estpasdevenufou,celuiquiavucette
patrouilledenuitetn’estpasrentréchezlui.«Ma connaissance est substantielle, non accidentelle ; et cette chose
précieusen’apaspourfinn’importequelintérêt.« Je suis une mine de douceurs, je suis une plantation de cannes à
sucre:ellepousseàpartirdemoi,etenmêmetempsj’enmange.»La connaissance est conventionnelle et acquise, quand celui qui la
détientselamenteparcequesonauditeurnel’écoutepas.2430 Étantdonnéqu’elleestapprisepourattirerlarenommée,etnonpar
amourdel’illumination(spirituelle),il(lechercheurdeconnaissancespirituelle)nevautpasmieuxqueceluiquirechercheunevileconnaissancemondaine;Car il recherche la connaissance à cause du commun des gens et des
nobles,etnonafind’obtenirladélivrancedecemonde.Commeunesouris,ilacreusédanschaquedirection,étantdonnéquela
lumièrelerepoussaitloindel’entréeetdisait:«Va-t’en!»Puisqu’il n’avait pas la possibilité de sortir vers la campagne et la
lumière,ilcontinuaitàselivreràceseffortsmêmedansl’obscurité.SiDieu luioctroiedesailes, lesailesde laSagesse, il échapperaà sa
conditiondesourisetvoleracommelesoiseaux.Maiss’ilnerecherchepasdesailes,ildemeurerasousterresansespoir
defranchirlecheminversSimâk*.Laconnaissancedialectique,quiestdépourvued’âme,estéprisede la
vuedesclients;Mais bien qu’elle soit vigoureuse au temps de la discussion, elle est
morteetinexistantequandellen’apasdeclient.Mon acheteur est Dieu : Il m’attire vers les hauteurs, car Dieu a
acheté64.Ma récompense est la beauté du Dieu glorieux : je jouis de ma
récompensecommedegainslicites.2440 Abandonnecesclientsinsolvables:quelachatpeutêtreeffectuéparune
poignéed’argile?Nemangepasd’argile,n’achètepasd’argile,nerecherchepasl’argile,
carlemangeurd’argileatoujoursunvisagepâle.Mange toncœur(dans l’amourdeDieu),afind’être toujours jeune,et
quetonvisagesoitdivinementilluminé,commelafleurdel’arghawân.ÔSeigneur,cedonn’estpasdanslamesuredenotreaction:envérité,
ledondeTagrâceestselonTagrâcemystérieuse.Prends-nouspar lamain ; rachète-nousdenospropresmains ; lève le
voileentreToietnous,etnedéchirepaslevoile(quicachenotrehonte).Sauve-nousdecemoimisérable(nafs):soncouteauaatteintnosos.Quirelâcheracesforteschaînesd’êtresimpuissantstelsquenous,ôroi
sanscouronneetsanstrône?Qui, exceptéToidansTabonté,ôAmour,peutdesserrerunverrou si
lourd?Tournonsnostêtesdenous-mêmesversToi,étantdonnéqueTuesplus
prèsdenousquenousnelesommesennous-mêmes.CetteprièremêmeestTondonetTaleçon;sinon,pourquoiunparterre
derosesa-t-ilpousséhorsd’untasdecendres?2450 SaufparTamunificence,ilestimpossibledetransporterlaraisonet
l’intelligenceauseindusangetdesentrailles.Cette lumière qui rayonne procède de deuxmorceaux de graisse (les
globesoculaires):leursvaguesdelumièremontentjusqu’auciel.Cemorceau de chair qu’est la langue— d’elle, le flot de la Sagesse
s’écoule,commeunruisseau,
Versunecavité,dontlenomest«oreilles», jusqu’auvergerdel’âmerationnelle,dontlesfruitssontlesintellections.Soncourantprincipalest lecheminduvergerdesâmes, lesvergerset
lesjardinsdecemondesontsesbranches.C’estcela,c’estcelaquiestlasourcedelajoie:vite,réciteletexte(des
jardins)souslesquelscoulentdesruisseaux65.
*Nomd’uneétoile.
Conclusiondel’admonitiondonnéeparleProphète(queDieule
bénisseetlesauve)àl’hommemalade
eProphèteditàl’hommemalade,lorsqu’ilrenditvisiteàsonamisouffrant:«Peut-êtreas-tufaituneprièred’ungenreparticulier,etparignorance
as-tu,pourainsidire,absorbéunenourritureempoisonnée.«Rappelle-toiquellesortedeprièretuasditequandtuétaistourmenté
parlarusedel’âmecharnelle.»Ilrépondit:«Jenem’ensouvienspas;maisenvoie-moitoninfluence
etlaprièremereviendraàlamémoireenuninstant.»2460 GrâceàlaprésenceirradiantlalumièredeMustafâ,cetteprièrelui
revintàl’esprit;Del’aspirationduProphètequidemeureenlalumière,vintàsonesprit
cequiétaitperdu;A travers la fenêtre qui se trouve entre le cœur et le cœur, brilla la
lumièrequiséparelavéritédel’erreur.Ildit:«Écoute,jemesuissouvenu,ôProphète,delaprièrequemoi,
stupideimpertinent,j’aidite.«Alorsque j’étaisprisdans les retsdupéchéetque,en traindem’y
noyer,jemecramponnaisàunepaille,«Alorsquevenaitdetoiàl’égarddespécheursunemenacedepunition
excessivementsévère«Etquejedevenaisagité,etqu’iln’yavaitpourmoinulsecours,étant
donnéqueleschaînesétaientattachéesetleverrouimpossibleàouvrir:«Niplacepourlapatiencenimoyensdes’enfuir,niespoirderepentir
nipossibilitédeserévolter;«Moi,commeHârûtetMârût*, jecriaisdansmapeine :“Hélas !”et
disais:“ÔmonCréateur!”«Parceque,àcausedesdangers(duJugementdernier),HârûtetMârût
choisirentdélibérémentlefossédeBabylone,2470 «Afindesubirici-baslechâtimentdumondeàvenir;etilssont
malins,intelligentsetpareilsàdesmagiciens.«Ilsagirentbien,etcefutaccompliconvenablement:lasouffrancede
lafuméeestpluslégèrequecelledufeu.
« La souffrance dumonde futur est au-delà de toute description ; encomparaison,lasouffrancedecemondeestlégère.«Oh!heureuxceluiquiselivreàlaluttesainte(delamortification)et
exerceunecontraintesursoncorpsetlajusticecontrelui,«Etqui,afind’êtresauvédelasouffrancedecemonde-là,s’imposeà
lui-mêmelapeinedeservirDieu!«Jedisais:“OSeigneur,inflige-moiviteencemonde-cicechâtiment,"Pour que je puisse en être exempté dans l’autremonde.” C’est avec
unetellerequêtequejefrappaisàlaporte.«Là-dessus,unetellemaladieapparutenmoi:parladouleurmonâme
étaitprivéederepos.«Jesuisrestésanslepouvoird’accomplirmondhikr*etmeslitanies:
jesuisdevenuinconscientdemoi-mêmeetdubienetdumal.« Si je n’avais pas maintenant contemplé ton visage, ô toi dont le
parfumestheureuxetbéni,2480 «Jeseraisentièrementsortidesliensdecettevie.Toi,defaçonroyale,
m’asoctroyécettesympathie.»LeProphètedit:«Hé!n’offrepascetteprièreànouveau,netecreuse
pastoi-mêmedepuislaracineetlabase.«Quelleforcepossèdes-tu,ômalheureusefourmi,poursupporterqu’Il
posesurtoiunemontagnesiélevée?»Ilrépondit:«Ôsultan,jemerepens,etenaucunefaçonneferaiplus
désormaisimprudemmentlefanfaron.«Cemondeestledésert(desIsraélites)ettuesMoïse;etnous,àcause
denotrepéché,nousrestonsdansledésertdelatribulation.«Nouserronsdurantdesannées,etàlafinnoussommesencoreretenus
captifsdanslapremièreétapedenotrevoyage.« Si le cœur deMoïse était content de nous, il nous auraitmontré le
cheminàtraversledésertetjusqu’àsafrontière;« Et s’il était complètement dégoûté de nous, comment et par quels
moyensdesplateauxdenourrituredescendraient-ilspournousduciel?«Comment des sources jailliraient-elles d’un rocher, et comment nos
viesseraient-ellesensécuritédansledésert?«Non,envérité, le feudescendraitau lieudeplateaux :des flammes
nousatteindraientdanscettedemeure.2490 «ÉtantdonnéqueMoïseentretientdeuxopinionsànotresujet:ilest
tantôtnotreennemiettantôtnotreami;« Sa colèremet le feu à nos biens ; sa clémence devient un bouclier
contrel’affliction.
«Comment cette colère peut-elle à nouveau devenir clémence ?Celan’estpasextraordinaire,carcelaprocèdedetagrâce,ôhommevénérable.« Louer celui qui est présent cause de l’embarras ; c’est pourquoi
j’utiliseàdesseinlenomdeMoïse,commecela.« Autrement, comment Moïse considérerait-il comme juste que je
mentionnequiconqueautrequetoi?«Notrepromesseaétébriséedescentainesetdesmilliersdefois;Ta
promesse,commeunemontagne,demeurefermeetstable.« Notre promesse est de la paille et soumise à tous les vents ; Ta
promesseestunemontagne,etplusmêmequecentmontagnes.«Par lavéritédeTapuissance,aiepitiédenotreversatilité,ôToiqui
régistoutescouleurs*!«Nousnoussommesvusnous-mêmes,etnotrehonte.Nenousmetspas
davantageàl’épreuve,ôRoi!« Cache nos autres défauts, ô Généreux dont nous implorons le
secours!2500 «Tuesinfinienbeautéetenperfection,noussommesinfinisen
perversitéeterreur.«Dirigetoninfinité,ôGénéreux,surl’infinieperversitéd’unepoignée
degensmesquins.«Viens,cardenotreétoffenerestequ’unseulfil;nousétionsuneville,
iln’enrestequ’unseulmur.«(Sauve)lereste,(sauve)lereste,ôSeigneur,afinquel’âmeduDémon
neseréjouissepasentièrement,«Nonpasàcausedenous,maisàcausedecettegrâceoriginelleavec
laquelleTuascherchéceuxquiavaientperduleurchemin.«CommeTuasmontrétapuissance,montremaintenantTamiséricorde
danscettechairetcesang.« Si cette prière augmente Ton courroux, apprends-nous à prier, ô
Seigneur,«Demêmeque,lorsqueAdamtombaduParadis,Tuluiaccordasdese
tournerversToi,desortequ’iléchappaauvilaindémon.»Qui est le Démon, qu’il puisse surpasser Adam et gagner sur un tel
échiquier?Envérité,toutcelatournaàl’avantaged’Adam:cetterusedevintune
malédictionpourl’envieux.2510 LeDémonnevitqu’unjeu,ilnevitpasdeuxcentsjeux(qu’il
perdrait):c’estpourquoiilcoupalespilierssoutenantsapropremaison.Ilmitlefeu,lanuit,auxchampsdebléd’autrui,etleventapportalefeu
danssonproprechamp.LamalédictiondivineaveuglaleDémon,desortequ’ilcrutquesaruse
causeraitdutortàsonennemi.Lamalédictiondivine,c’estcequifausselavisiondequelqu’un,et le
rendjaloux,vaniteuxetvindicatif,Detellesortequ’ilnesaitpasquequiconquefaitlemal,cemalàlafin
reviendralefrapper.Il voit tous les coups à jouer à l’envers : leur résultat est de le faire
échecetmat,deluicauserl’insuccèsetladéfaite.S’il se regarde lui-même comme n’étant rien, s’il regarde sa blessure
commemortelleetinfectée,Lasouffrancenaîtradeceregardjetéàl’intérieur,etcettesouffrancele
ferasortirduvoile.Avantquelesmèresnesubissentlesdouleursdel’enfantement,l’enfant
nepeutnaître.Cedépôt(divin)estdanslecœur,etlecœurleporte:cesconseils(des
prophètesetdessaints)sontcomparablesàlasage-femme.2520 La sage-femme peut dire que la mère ne souffre pas, mais la
douleurestnécessaire,c’estellequifraielavoieàl’enfant.Celuiquiestsanssouffranceestunbrigand,carêtresansdouleur,c’est
dire:«JesuisDieu.»Dire«Je»àcontretempsestunemalédiction;dire«Je»autempsqui
convientestunemiséricorde.Le« Je»deMansûr (Hallâdj)devint assurémentunemiséricorde ; le
«Je»dePharaondevintunemalédiction.Note-lebien!En conséquence, il nous faut décapiter chaque oiseau qui n’est pas
ponctuel(lecoqquichantetroptôt),afindedonnerunavertissement.Quesignifie«décapiter»?Tuerl’âmecharnelledanslaguerresainte
(spirituelle)etrenonceraumoi,Demêmequel’onretireraitauscorpionsondardafinqu’ilnesoitpas
tué,Ou que l’on arracherait le croc venimeux d’un serpent pour éviter au
serpentd’êtrelapidé.Riennedétruira l’âme charnelle, sauf l’ombre (la protectiondupîr) ;
attache-toifermementàcemeurtrierdelachair.Lorsquetu lefais,c’estavecl’aidedeDieu; touteforcequi t’advient
estdueàcequ’ilt’attireversLui.2530 Sachequ’estvéridiquelaParole«Tun’aspaslancéquandtu
lançais66».Toutcequel’âmesèmeprovientdel’Amedel’âme.
C’est Lui qui prend par la main, et c’est Lui qui porte le fardeau ;espère,detempsentemps,recevoirdeLuicesouffle.PeuimportequetusoisrestélongtempssansLui:tuasluqu’ilestlong
àsesaisir(despécheurs),toutenlessaisissantfermement.SaMiséricorde est longue à te saisir,mais elle le fait étroitement. Sa
PrésencenetelaissepasabsentdeLuiunseulinstant.Si tudésiresTexplicationdecetteunionetamitié, lisattentivement la
sourateWa’lDuhâ.EtsitudisquelesmauxviennentaussideLui,commentserait-ceun
défautdansSagrâce?Qu’Iloctroiecemal,c’estlefaitdeSaperfectionmême.Jevaistedire
uneparaboleàcesujet,ôhommevénéré.Unpeintreafaitdeuxsortesdeportraits—desportraitsmagnifiqueset
desportraitsdépourvusdebeauté.Il a peint Joseph et de gracieuses houris, il a peint de laids afrits et
démons.Ces deux sortes de tableaux témoignent de son talent ; ceux qui sont
laidsnetémoignentpasdesalaideuràlui,maisdesagénérosité.2540 IIrendlelaidd’unelaideurextrême,ilestremplidetoutesleslaideurs
(possibles),Afinquelaperfectiondesontalentpuisseêtremanifestée,etquecelui
quiniesontalentsoitcouvertdehonte.Ets’ilnepeutpeindrelelaid,ilmanquedetalent:c’estpourquoiDieu
estleCréateuràlafoisdel’impieetducroyant.Donc,decepointdevue, l’impiétéet la foi sontSes témoins : toutes
deuxseprosternentdevantSaMajesté.Mais sache que le croyant se prosterne de son plein gré, parce qu’il
recherchelasatisfactiondeDieu,c’estlàsonbut.L’impie,luiaussi,estunadorateurdeDieu,involontairement;maisson
butestunautreobjetdedésir.Il maintient en bon état la citadelle du Roi, mais il prétend la
commander.Ilestdevenuunrebelle,afinquecedeviennesondomaine;enréalité,à
lafin,lacitadellerevientauRoi.LecroyantconservecettecitadelleenbonétatpourleRoi,nonpourson
propreavantage.Celuiquiestlaiddit:«ÔRoi,Tucréeslelaid,etTupeuxcréerlebeau
aussibienquelelaidetvil.»2550 Celuiquiestbeaudit:«ÔRoidebeautéetdegrâce,Tum’ascréésans
défauts.»
*Angesdéchus.Cf.Qor’ân,II,102.*MémorationdeDieu.* Reng = couleur. D’aprèsMawlânâ, désigne une caractéristique de l’hommeinconstant, symbolise aussi les phénomènes du monde par rapport auxnoumènes.
CommentleProphète(queDieulebénisseetlesauve)donnades
instructionsaumaladeetluiappritàprier
eProphèteditaumalade:«Disainsi:“ÔToiquirendsaisécequiestdifficile,“Accorde-nouslebiendansnotredemeuredecemonde,accorde-nous
lebiendansnotredemeuredel’autremonde!“Rends-nouslavoieagréablecommeunjardin;c’estToi,ÔGlorieux!
quiesnotrebut!”« Lors du Rassemblement, les croyants diront : “Ô ange, n’est-il pas
vraiquel’Enferestlaroutecommune,“Et que le croyant comme l’impie la traversent ?Nousn’avonsvuni
fuméenifeudanscetteroute.“Iciest leParadiset laCourdelasécurité:oùdoncsetrouvaitcevil
lieudepassage?”« Alors l’ange dira : “Ce jardin verdoyant que vous avez vu en un
certainendroit,lorsquevousêtespassés,“C’était l’Enfer et le lieu terrible du châtiment,mais pour vous il est
devenuunjardin,unverger,desarbres,“Étant donné qu’avec cette âme charnelle de nature infernale, cette
impiepleinedefeu,cherchantàvousséduireententation,2560 “Vousavezlivrédescombats;qu’elleestdevenuepleinedepureté,et
quevousavezéteintcefeu,pourl’amourdeDieu;“Quelefeudelapassionsensuellequibrûlaitestdevenulaverdurede
lapiétéetlalumièredelabonnedirection;“Quelefeudelacolèreenvouss’esttransforméenpatience,etqueles
ténèbresdel’ignoranceenvoussontdevenuesconnaissance;“Quelefeudelacupiditéenvouss’esttransmuéenabnégation,etque
cetteenviepareilleàdesépinesestdevenuedesroses;“Étantdonnéquevousaviezauparavantéteinttouscesfeuxquiétaient
envous,pourl’amourdeDieu;“Quevousavezrendul’âmecharnelleenflamméepareilleàunjardin,et
quevousyavezsemélagrainedelafidélité,“Tandisquelesrossignolsdelacommémorationetdelaglorificationde
Dieuchantaientdoucementdanslebosquetaubordduruisseau;
“Étant donné que vous avez répondu à l’appel deDieu et apporté del’eauàl’enferdevotreâme;“NotreEnfer, luiaussi,estdevenupourvousde laverdure,des roses,
l’abondance,lesrichesses.”»Quelleestlarécompensepourlesbonnesactions,ômonfils?Lagrâce,
lebienfait,larécompenseprécieuse.2570 Nedisiez-vouspas:«NousnousoffronsensacrificeàDieu;nous
disparaissonsdevantlesattributsdeSapérennité;«Quenoussoyonsdesvauriensoudesfous,noussommesenivréspar
cetÉchansonetparcettecoupe;«DevantSonÉcriture et Sonordre, nous courbons la tête ; nousLui
donnonsnosdoucesviesengage;«Tantquel’magedel’Amiestdanslesecretdenoscœurs,cequenous
avonsàfairec’estdeLeserviretdeLuiconsacrernosvies.»Làoùaétéalluméelachandelledelatribulation,desmyriadesd’âmes
amoureusessontbrûlées.Cesamoureuxquise trouventà l’intérieurde lamaisonsontpareilsà
desphalènesdevantleflambeaudelafacedel’Ami.Ômoncœur,vaencelieuoùl’onestavectoipleind’amitié,où,contre
lesafflictions,onestpourtoicommeunecottedemailles;Prendsplaceauseindeleursâmes,qu’ellespuissentteremplirdevin,
commeunecoupe.Choisis ta demeure aumilieu de leurs âmes : ô pleine lune éclatante,
faistademeuredansleciel!CommeMercure*, ilsouvriront le livrede toncœur,afinde te révéler
lesmystères.2580 Resteaveclestiens;pourquoierrerauloin?Attache-toiàlaLune
parfaitesituesuneparcelledelaLune.Pourquoi la partie reste-t-elle éloignée de son tout ? Pourquoi tout ce
mélangeaveccequiestdifférent?Vois comment le genre est devenu espèce dans le processus (de
différenciation) ; vois comment les choses invisibles sont devenuesvisiblesdansl’émanation.Aussi longtemps que tu seras séduit par les flatteries comme une
femme, ô homme dénué de sagesse : comment seras-tu aidé par desmensongesetdescajoleries?Tuprendslaflatterieetlesdoucesparolesetlacajolerieettulesmets
commedeFordanstonsein.Pourtoi,lesinsultesetlescoupsdesrois(spirituels)vaudraientmieux
queleslouangesdesgenségarés.Avalelessouffletsdesrois(spirituels),n’avalepaslemieldelaracaille,
afinque,grâceàcespersonnages,tupuissesdevenirunpersonnage;Card’euxproviennentlafélicitéet lesrobesd’honneur:à l’ombrede
l’esprit,lecorpsdevientuneâme.Làoùtutrouvesquelqu’undénudéetmisérable,sachequ’ils’estenfui
loindumaître(spirituel),Afindedevenirtelquesoncœurledésire—cecœuraveugle,pervers,
indigne.2590 S’ilétaitdevenutelquesonmaîtreledésirait,ilauraithonorélui-même
etsafamille.Quiconqueencemondes’enfuit loindesonmaîtres’enfuit loinde la
félicité.Sache-lebien!Tu as appris un métier pour avoir un gagne-pain pour ton corps :
consacre-toimaintenantàuneoccupationreligieuse.Danscemonde,tuesdevenubienvêtuetriche:quandtupartirasd’ici,
commentferas-tu?Apprends un métier tel qu’ensuite le gain du pardon de Dieu puisse
t’advenirenrevenu.Lemondedel’au-delàestunecitépleinedecommercesetdegains:ne
pensepasquelesgainsd’ici-bassoientsuffisants.DieuleTrès-Hautaditqu’àcôtédesgainsdel’au-delàlesgainsd’ici-
bassontcommelesjeuxdesenfants,A l’instar d’un enfant qui embrasseun autre enfant : il le fait comme
dansuneétreintesexuelle;Outelsdesenfantsquipourjouerconstruisentuneboutique,maiscela
neleursertàriend’autrequ’às’amuser.La nuit tombe, et l’enfant qui jouait à être un boutiquier rentre à la
maison,ayantfaim:lesautresenfantssontpartisetilresteseul.2600 Cemondeestunterraindejeux,etlamortestlanuit:turetournesla
boursevide,exténué.Lesgainsdelareligionsontl’amouretl’extaseintérieure—lacapacité
derecevoirlaLumièredeDieu,ôhommeobstiné!Cette vile âme charnelle désire que tu gagnes ce qui disparaît —
combiendetempsgagneras-tucequiestvil?Renonce!Assez!Si la vile âme charnelle désire que tu gagnes ce qui est noble, il y a
quelqueruseetfourberiederrièrecela.
*Mercure,lescribecéleste,représentel’Hommeparfaitquiécritdanslescœurs.
CommentIblîsréveillaMu‘âwiya(puisseDieuêtresatisfaitdelui!)disant:«Lève-toi,c’estlemoment
delaprière.»
1est rapportédans laTraditionqueMu‘âwiyaétaitendormidansuncoindesonpalais.Laportedupalaisétaitverrouilléedel’intérieur,carilétaitfatiguépar
lesvisitesdesgens.Toutàcoup,ilfutréveilléparunhomme,maisquandilouvritlesyeux,
l’hommedisparut.Ilsedit:«Personnen’avaitledroitd’entreraupalais;quiestceluiqui
afaitpreuvedetantd’insolenceetdetémérité?»Alors il fit le tour et chercha pour trouver la trace de celui qui était
devenucachéàlavue.Derrière la porte, il aperçut un pauvre homme qui cachait son visage
danslaporteetlesrideaux.2610 «Hé!s’écria-t-il,quies-tu?Quelesttonnom?»«Enréalité,dit-il,
monnomestIblîsledamné.»Mu‘âwiyademanda:«Pourquoim’as-turéveillé?Dis-moilavérité,ne
medispascequiestopposéetcontraireàlavérité.»
CommentIblîss’efforçadedésarçonnerMu‘âwiya(Dieusoit
satisfaitdelui!)etpratiqualadissimulationetlefaux-semblant,etcommentMu‘âwiyaluirépondit
1 dit : « Le temps de la prière tire à sa fin ; tu dois courirrapidementàlamosquée.»Mohammadadit,perçantlaperledel’idée:«Hâtez-vousd’accomplir
vosdévotionsavantqueletempssoitpassé.»Muâwiyadit :«Non,non ;cen’estpas tondesseind’êtremonguide
versunbien.«Siunvoleurvientsecrètementdansmademeureetmedit:"Jefaisle
guet",«Commentcroirais-jecevoleur?Commentunvoleurconnaîtrait-illa
récompenseetlarétributiondesbonnesactions?»
CommentIblîsréponditànouveauàMu‘âwiya
1dit:«D’abordj’étaisunange;j’aisuivilavoiedel’obéissance(àDieu)detoutemonâme.«J’étaisleconfidentdeceuxquisuiventlesentier:j’étaisfamilieravec
ceuxquidemeurentprèsduTrônedeDieu.« Comment la première profession pourrait-elle quitter l’esprit ?
Commentlepremieramourpourrait-ilquitterlecœur?2620 «Situvois,envoyage,Rûm(Byzance)ouleKhotan,commentl’amour
detapatrieabandonnerait-iltoncœur?«Moiaussi,j’aiétéenivréparcevin;j’aiétéundesamoureuxdeSa
cour.«Onm’a,dèsmanaissance,prédestinéàl’amourpourLui;onasemé
l’amourpourLuidansmonâme.« J’ai vu de beaux jours accordés par le Destin ; j’ai bu l’eau de la
Miséricordedivineenceprintemps.«N’est-cepas lamaindeSaGénérositéquim’a semé?N’est-cepas
Luiquim’atirédelanon-existence?«Oh,maintesfois j’aireçuSescaresses; j’aimarchédanslaroseraie
deSonapprobation.«IlposaitsurmatêtelamaindeSamiséricorde,Ilouvraitpourmoiles
sourcesdelagrâce.« Qui trouva pour moi du lait quand j’étais un petit enfant ? Qui
balançaitmonberceau?Lui.«Dequiai-jebudulaitautrequeSonlait?Quim’anourri,sicen’est
Saprovidence?«Lanaturequiapénétrédansleurêtreaveclelait,commentpeut-elle
êtreenlevéeauxhommes?2630 «SilaMerdelaGénérositém’aadresséunreproche,commentles
portesdelaGénérositéont-ellesétéfermées?« Le don, la grâce et la faveur sont l’essence de Sa monnaie ; le
courrouxn’estqu’unpeud’alliagesurelle.«C’estpargrâcequ’ilacréélemonde;Sonsoleilacaressélesatomes.«Silaséparationd’avecLuiestengendréeparSoncourroux,c’estpour
quesoitconnuelavaleurdel’unionavecLui,«Afinquelaséparationd’avecLuiapporteàl’âmeunchâtiment,que
l’âmeconnaisseleprixdesjoursdel’union.«LeProphèteaditqueDieuadéclaré :“Monbut,encréant,étaitde
fairelebien:“J’ai créé afin que (Mes créatures) puissent tirer un profit deMoi, et
qu’ellespuissenttacherleursmainsavecMonmiel;“Nondansl’intentionquejepuissetirerd’ellesungain,etquejepuisse
arracherl’habitdeceluiquiestnu.”«PendantlelapsdetempsoùIIm’achassédeSaprésence,mesyeux
sontrestésfixéssurSonbeauvisage;« (Me disant) : “Que d’un tel visage vienne un tel courroux, comme
c’estétrange!”Toutlemondes’occupedelacause(deSoncourroux).2640 «Moi,jeneregardepaslacause,quiesttemporelle,carcequiest
temporelneproduitquedutemporel.«Ceque jeconsidère,c’estSamiséricorded’auparavant ; toutcequi
esttemporel,jeledéchireendeux.«Simon refusdemeprosterner (devantAdam)étaitdûà la jalousie,
qu’importe?CettejalousievenaitdemonamourpourDieu,nondemonrefus.« Il est certain que toute jalousie provient de l’amour, de peur qu’un
autredeviennelecompagnondubien-aimé.«La jalousieestuneconditionobligatoirede l’amour,commededire
“Longuevie!”doitsuivrel’éternuement.« Étant donné qu’il n’y avait pas d’autre jeu que celui-ci sur Son
échiquier,etqu’ilmedit:“Joue",quepouvais-jefairedeplus?«Je jouai leseul jeuqu’ilyavait,etmeprécipitaimoi-mêmedans le
malheur.«Mêmedansladétresse,jegoûteSesdélices:jesuisvaincuparLui,
vaincuparLui,vaincuparLui!« Comment quiconque, seigneur, peut-il, en ce monde aux six
directions,sedélivrerdushashdara(lieuauxsixportes)?«Commentunepartiedesixpeut-elleéchapperàl’ensembledessix,et
celasurtoutquandCeluiquiestsansqualificationsl’égare?2650 «Quiconqueestdanslessixestdanslefeu;seul,Celuiquiestle
créateurdessixlelibérera.« En vérité, que ce soit impiété ou foi en Lui, il est l’ouvrage du
Seigneuretc’estàLuiqu’ilappartient.»
CommentMu‘âwiyaexpliquaànouveaularused’iblîs
’émir lui dit : «Ces choses sont vraies,mais la part que tu y aspriseenestabsente.«Tuaségarédescentainesdemillierssemblablesàmoi;tuasfaisun
trouetesentrédanslasalledutrésor.«Tuesdufeuetdunaphte:tubrûlesetnepeuxt’enempêcher.Quel
estceluidontlevêtementn’apasétédéchirépartamain?« Puisque c’est ta nature, ô feu, d’être la cause de la brûlure, il est
inéluctablequetubrûlesquelquechose.«C’estlamalédictiondeDieuqu’iltefassebrûlerleschosesetfassede
toilechefdetouslesvoleurs.«TuasparléavecDieuetL’asentendufaceàface:queserais-jedevant
taruse,ôennemi?«Tascienceestcommelesondusiffletdel’oiseleur :c’est lecrides
oiseaux,maisc’estunleurrepourlesoiseaux.«Ilaégarédesmyriadesd’oiseaux,l’oiseauétantleurréparlacroyance
qu’unamiestvenu.2660 «Quandilentenddansl’airlesondusifflet,ildescendducieletestfait
prisonnierici.«LepeupledeNoé,àcausedetatromperie,estdansleslamentations;
leurscœurssontconsumésetleursseinsdéchirés.«Tuasabandonné‘Ad*encemondeauvent(deladestruction);tules
asjetésdansletourmentetlespeines.«C’estàcausede toique lepeupledeLot fut lapidé ;àcausede toi
qu’ilsfurentplongésdansl’eaunoire.«AcausedetoilecerveaudeNemrodfutdétruit,ôtoiquiasfaitnaître
desmilliersdetroubles!« Par ta faute, l’intelligence de Pharaon, l’avisé, le sage, devint
aveuglée,etilneluivintpasdecompréhension.«A cause de toi aussi,BûLahab devint un homme vil ; par ta faute
aussi,Bu’l-HakamdevintunBûDjahl.«Ôtoiqui,surcetéchiquier,pourrappeler(tonadresse)asfaitéchecet
matdescentainesdemilliersdemaîtres,«Ôtoiparlesdifficilesattaquesdequinoscœursontétébrûlésetton
proprecœurnoirci,
«Tuesunocéanderuse,etlescréaturesunegoutte;tuescommeunemontagne,etcesbravesgensunatome.
2670 «Quiéchapperaàtaruse,ôadversaire?Noussommesnoyésdansleflot,saufceuxquisontprotégésparDieu.«Par ta faute,mainteétoile fortunéeaétéconsumée ; à causede toi,
maintesarméesettroupesontétédispersées.»
*Cf.Qor’ân,VII,65-74,etc.
CommentiblîsreponditànouveauàMu‘âwiya
blîs luidit :«Dénouecenœud ; je suis lapierrede touchede lafaussemonnaieetdecelledebonaloi.«Dieuafaitdemoilecritèredulionetduchien;Dieuafaitdemoile
critèredelamonnaieauthentiqueetdelacontrefaçon.«Quandai-jenoircilafacedelapiècefausse?Jesuislechangeur;je
n’aifaitquel’évaluer.«Auxbons,jesersdeguide,jecasselesbranchessèches.«J’offredifférentessortesdefourrage;dansquelbut?Afindesavoir
dequelleespèceestl’animal.«Quandunloupfaitdespetitsàunegazelle,etqu’ilyadoutesur la
naturedupetit—loupoubiengazelle—,«Placedel’herbeetdesosdevantluietvoisdequelcôtéilseprécipite.«S’ilvaverslesos,ilestcanin;sic’estl’herbe,ilestsûrementdela
racedesgazelles.2680 «Uncourrouxetunegrâcefurentconjoints;decesdeux,naquitle
mondedubienetdumal.« Offre de l’herbe et des os, offre la nourriture de la chair et la
nourrituredel’esprit;«S’ilcherchelanourrituredelachair,ilestdénuédevaleur;s’ildésire
lanourrituredel’esprit,c’estunseigneur.«S’ilsertlecorps,c’estunâne;ets’ilentredanslamerdel’esprit,il
trouveradesperles.«Bienquecesdeux,bienetmal,soientdifférents,cependanttousdeux
effectuentuneseuleaction.«Lesprophètesoffrentlesdévotions,lesennemis(deDieu)offrentles
désirs.«Commentpourrais-je rendremauvais l’hommebon ? Jene suis pas
Dieu.Jenesuisqueceluiquiincite,jenesuispasleurCréateur.«Comment rendrais-je laid l’homme qui est beau ? Je ne suis pas le
Seigneur.Jesuisunmiroirpourlelaidetlebeau«L’Indienbrûleunmiroirdedépit,disant:“Ilfaitapparaîtrel’homme
avecunvisagenoir.”«Dieuafaitdemoiuninformateur,etquelqu’undisantlavérité,afin
quejepuissedireoùestlelaidetoùestlebeau.
2690 «Jesuisuntémoin:laprisonconvient-elleautémoin?Jeneméritepaslaprison,Dieuenesttémoin.«Chaquefoisquejevoisunarbrisseaupleindefruits,jeprendssoinde
luicommeunenourrice.«Chaquefoisquejevoisunarbreaigreetsec,jelecoupe,afinquele
muscsoitséparédel’ordure.^«L’arbresecditaujardinier:“Ôjeunehomme,pourquoimecoupes-tu
latêtesansfautedemapart?”«Lejardinierrépond:“Tais-toi,méchant!Lasécheressen’est-ellepas
entoiunpéchésuffisant?”«L’arbre sec dit : “Je suis droit, je ne suis pas de travers ; pourquoi
m’amputes-tualorsquejenesuispascoupable?”«Lejardinierdit:“Situavaiseudelachance,tuauraisétédetravers,
maishumide(desève);“Tuauraisattiréentoil’EaudelaVie;tuauraisétéplongédansl’Eau
delaVie.“Tasemenceestmauvaise,ainsiquetaracine,ettun’aspasétéconjoint
àunbonarbre.“Si la branche amère est unie à une branche douce, cette douceur
s’imprimerasursanature.”»
CommentMu‘âwiyatraitadurementIblîs
2700 ’émirdit:«Ôbrigand,nediscutepas;iln’yapasdepossibilitépourtoidepénétrerenmoi,net’yefforcepas.«Tu es un brigand, et je suis un étranger et unmarchand : pourquoi
achèterais-jedesvêtementsquetuapportes?«Ne rôde pas autour demes biens, impie que tu es : tu n’es pas un
acheteurpourlesbiensdequiconque.« Le brigand n’est un acheteur pour personne, et s’il semble être un
acheteur,cen’estqueruseetartifice.«Jemedemandecequecetenvieuxadanssacalebasse?ÔmonDieu!
Aide-nouscontrecetennemi!«S’ilm’adresseencoreunedesestirades,cebrigandmedépouillerade
monmanteau.»
CommentMu‘âwiyaseplaignitd’IblîsauDieuTrès-Hautet
imploraSonsecours
Dieu,cesparolessontcommelafumée:tends-moilamain,sinonmesvêtementsserontnoircis.« Je ne puis l’emporter dans la discussion avec Iblîs, car il induit
chacun,nobleouvil,ententation.«Adam,qui est le seigneurde Il apprit àAdam lesnomsde tous les
êtres67,estimpuissantdevantl’attaque,pareilleàl’éclair,decechien.« Il le fit tomber du Paradis sur la face de la terre :Adam tomba de
Simâkdanssonfilet,telunpoisson,2710 «Criantenselamentant:“Nousnoussommeslésésnous-mêmes68Sa
ruseetsatromperiesontsansbornes.«Danschacunedesesparoles,ilyadelaméchanceté;desmyriadesde
sortilègessontcachésdanssonesprit.«En un instant, il retire à l’homme sa virilité ; il attise le désir chez
l’hommeetlafemme.«ÔIblîs, toiquiconsumes lescréaturesetcherchesà les tenter,pour
quelmotifm’as-turéveillé?Dis-moilavérité.»
CommentIblîs,unefoisdeplus,manifestasaruse
1 dit: «Aucun homme qui pense aumal n’ecoutera la verite endepitdecentsignes.« Chaque esprit qui se fait des imaginations, quand tu apportes une
preuve,sonimaginationaugmente.« Quand les paroles (véridiques) y pénétrent, elles deviennent une
maladie:leglaivedusaintguerrierdevientuninstrumentpourlevoleur.« Aussi, la réponse à lui faire est le silence et le repos : parler avec
l’insenséestfolie.«PourquoiteplaindreàDieudemoi,ôhommestupide?Plains-toide
laperversitédetapropreâmecharnelle.«Tumangesduhalwâ,tuasdesfuroncles,lafièvres’emparedetoi,ta
santésedétraque.2720 «TumaudisIblîs,quiestinnocent.Commentnevois-tupasquecette
tromperieprovientdetoi-même?«Celanevientpasd’Iblîs,maisdetoi-même,quetucourescommeun
renardaprèslaqueuegrassedumouton.«Quandtuaperçoislaqueuegrassedanslechampvert,c’estunpiège.
Pourquoinelesais-tupas?«Tuesignorantparcequeledésirpourlaqueuegrasset’aéloignédela
connaissanceetaaveuglétonœilettonintelligence.«Tonamourdeschoses(sensuelles)terendaveugleetsourd;tanoire
âmecharnelleestlacoupable;netedisputepas(aveclesautres).« Ne me charge pas de la faute, ne me vois pas de travers. Je suis
opposéaumal,àlacupiditéetàl’hostilité.« J’ai commis unemauvaise action et jeme repens encore ; j’attends
quemanuitsetransformeenjour.«Jesuisdevenususpectparmileshommes;chaquehommeetchaque
femmemechargedesesactions(péchés).« Le malheureux loup, bien qu’affamé, est soupçonné d’être dans
l’abondance.«Lorsque,enraisondesafaiblesse,ilnepeutmarcher,lesgensdisent
quec’estuneindigestiondueàunelourdenourriture.»
CommentMu‘âwiya,unefoisdeplus,tentadeconvaincreIblîs
2730 1dit:«Sauflavérité,riennetesauvera;lajusticet’appelleàlavérité.« Dis la vérité, afin d’échapper à ma main ; la ruse ne me fera pas
renonceràlaguerre.»Iblîsdit:«Commentdistingues-tul’erreuretlavérité,ôtoiquitefais
desimaginationsetquiesremplidepensées(erronées)?»Ilrépondit:«LeProphèteadonnéuneindication;iladonnélapierre
detouchepourlamonnaiedebonoudemauvaisaloi.«Iladit :“Lemensongecauseletroubledanslescœurs; lasincérité
causeunepaixjoyeuse.”« Le cœur n’est pas tranquillisé par des paroles mensongères : l’eau
mélangéeàl’huilenedonnepasdelumière.«Cen’estquedanslesparolesvéridiquesquerésidelapaixducœur;
lesvéritéssontlegraindupiègepourlecœur.«Sûrement, lecœurestmaladeeta laboucheamèrequinedistingue
paslegoûtdececietdecela.« Quand le cœur sera guéri de la souffrance et de la maladie, il
reconnaîtraleparfumdel’erreuretdelavérité.«Quandledésird’Adampourleblégrandit,ildérobalasantéaucœur
d’Adam.2740 «Alors,ilprêtal’oreilleàtesmensongesettesséductions;ildevint
insenséetbutlepoisonmortel.« A cet instant, il ne distingua pas le scorpion (kajdom) du blé
(gandom);lediscernements’enfuitloindeceluiquiestivrededésir.« Les gens sont ivres de cupidité et de désir ; c’est pourquoi ils
acceptenttatromperie.« Quiconque s’est libéré du désir rend son œil familier avec le
mystère.»
Commentuncadiseplaignitdelacalamitéd’exercerlafonctiondecadi,etcommentsonsuppléantlui
répondit
n installa un cadi et il pleura. Le suppléant lui dit : « Ô cadi,pourquoipleures-tu?«Cen’estpaslemomentpourtoidepleureretdetelamenter:c’estle
tempspourtoideteréjouiretderecevoirdesfélicitations.»«Eh,dit-il,commentunhommesansperspicacitépeut-ilprononcerun
jugement?Unhommeignorantdéciderentredeuxpersonnesquisavent?«Cesdeuxadversairesconnaissentleurproprecas;commentlepauvre
cadisaurait-ilcequesontcesdeuximbroglios?«Ilest ignorantetnonavertideleurétat :commentpourrait-ilrendre
unjugementconcernantleursviesetleursbiens?»Lesuppléantdit:«Lesplaignantsconnaissentleuraffaireetcependant
ne sont pas crédibles ; vous êtes ignorant des faits, mais vous êtes lalumièredelacommunautétoutentière.
2750 «Parcequevousn’avezpasd’idéepréconçuequinuiseàvotrediscernement,etcettelibertéestunelumièrepourlesyeux.«Tandisquecesdeuxhommessontaveuglésparleurintérêtpersonnel;
lepartiprisamisleurconnaissanceautombeau.«L’impartialitérendl’ignorancesage;lepartiprisrendlaconnaissance
perverseetinique.«Tantquetun’acceptespasdetelaissersoudoyer,tuesvoyant;quand
tuagisaveccupidité,tuesaveugleetasservi.»J’ai détournéma nature des désirs vains : je n’ai pasmangé demets
délicieux.Mon cœur, qui goûte (et distingue), est devenu clair (comme un
miroir):ildistinguevraimentlavéritédel’erreur.
CommentMu‘âwiya(queDieusoitsatisfaitdelui!)incitaIblîsà
avouer
ourquoim’as-tuéveillé?Tuesl’ennemidel’éveil,ôimposteur!«Tuescommelesgrainesdupavot:tuendorslesgens.Tuescomme
levin:tuenlèvesl’intelligenceetlaconnaissance.«Jet’aiempalé.Alors,dislavérité.Jesaiscequiestvrai;necherche
pasd’échappatoires.«Dechaquepersonne,jen’attendsquecequ’ellepossèdeparnatureet
disposition.2760 «Jenecherchepaslesucredanslevinaigre;jeneprendspasle
mignonpourunsoldat.«Jenedemandepas,comme les infidèles,àune idoled’êtreDieuou
mêmeunsignedeDieu.«Jenerecherchepasdansl’ordureleparfumdumusc;jenecherche
pasdesbriquessèchesdansl’eauduruisseau.«DeSatan,quiesttoutautre,jenem’attendspasàceci,qu’ilm’éveille
avecunebonne(intention).»
CommentIblîsracontasincèrementsapenséecachéeàMu‘âwiya(que
Dieusoitsatisfaitdelui!)
blîsditdenombreusesparolesdetromperieetd’imposture;l’émirnel’écoutapas,illuttaetrestaferme.DuboutdeslèvresIblîsdit(enfin):«ÔUntel,sachequejet’airéveillé
dansl’intention«Quetupuissestejoindreàlacongrégationpourlaprièreàlasuitedu
nobleProphète.«Siletempsdelaprièreavaitétépassé,cemondeseraitdevenuobscur
àtesyeuxetsansunrayondelumière;«Dedéceptionetdechagrin,leslarmesauraientcoulédetesdeuxyeux
commel’eaudesgourdes,« Car chacun éprouve de la joie dans un acte de dévotion, et par
conséquentnepeutsupporterd’enêtreprivépouruninstant.2770 «Cedésappointementetcettepeineauraientétécommecentprières:
qu’est-cequel’officeencomparaisondelabrûluredelasupplication?»
L’excellenceduremordsressentiparquelqu’undesincèrepouravoir
manquélesprièresdelacongrégation
n certain homme entrait dans la mosquée quand les gens ensortaient.Ildemanda:«Qu’arrive-t-ilàlacommunautéqu’ilssortentsitôtdela
mosquée?»Onluirépondit:«LeProphèteapriéaveclacongrégationetterminé.«Commententres-tu,ôhommestupide,quandleProphèteadonnésa
bénédiction?»Il s’écria : «Ah ! » en exhalant un soupir brûlant ; son soupir faisait
sentirl’odeurdusangvenudesoncœur.L’un de ceux de la congrégation dit : «Donne-moi ce soupir, etmes
prièressontàtoi.»Ilrépondit:«Jedonnelesoupiretacceptelesprières.»L’autrepritce
soupiraveccentdésirsversDieu.Durant la nuit, tandis qu’il dormait, uneVoix lui dit : «Tu as acheté
l’EaudelaVieetdusalut.«Enl’honneurdecechoixetdecetteappropriation,lesprièresdetous
ontétéacceptées.»
Conclusiondel’aveudesarusefaitparIblîsàMu‘âwiya
2780 uis,‘Azâzîl*luidit:«Ônobleémir,jedoistefaireconnaîtremaruse.«Situavaisalorsmanquélaprière,tuauraispoussédessoupirsetdes
gémissementsàcausedelapeinedetoncœur,« Ce regret, cette lamentation et cette supplication auraient valu
davantagequedeuxcentsrécollections(dhikr)etprières.«Jet’airéveillédepeurqu’untelsoupirnebrûlelevoile,«Afinqu’untelsoupirneviennepasdetoi;afinquetun’yaiesaucun
accès.«Jesuisjaloux;c’estparjalousiequej’aiagi.Jesuisl’ennemi:mon
affaireestlaruseetlaméchanceté.»Mu‘âwiya dit : «Maintenant, tu as dit la vérité, tu es sincère ; cette
(ruse)vientdetoi(detanature);tuyesadapté.«Tuesunearaignée,tuasdesmouchescommeproie;ôvaurien,jene
suispasunemouche,net’inquiètepas.« Je suis un faucon blanc : le Roi chasse avec moi. Comment une
araignéetisserait-ellesatoileautourdemoi?«Pars,àprésent;continueàattraperdesmouchesaussiloinquetule
peux:invitelesmouchesàpartagerdudour*;2790 «Etsitulesconviesàmangerdumiel,celaaussiseracertainementdes
mensongesetdudour(fraude).«Tum’asréveillé,maiscetéveilétait,enréalité,dusommeil:tum’as
montréunnavire,maisc’étaitenréalitéunmaelstrôm.« Tu m’appelais à un bien en vue de me détourner d’un bien plus
grand.»
*Nomd’Iblîsavantlachute.*Boissonfaited’eauetdeyaourt.
Commentunvoleurs’échappa,parcequequelqu’undonna
l’alarmeaumaîtredelamaisonquiavaitétésurlepointd’attraperle
voleuretdesesaisirdelui
e comportement d’Iblîs est semblable à ce qui est conté dansl’histoiresuivante:commentuncertainhommeaperçutunvoleurdanssamaisonetcourutaprèslui.Ilcourutaprèsluiladistancededeuxoutroischamps,jusqu’àcequela
fatiguelefîtruisselerdesueur.Al’instantoù,seprécipitant,ilétaitarrivésiprèsdeluiqu’ilpouvaitse
jetersurluiets’ensaisir,Lesecondvoleurluicria:«Viensvoircessignesdecalamité.«Hâte-toiderevenir,ôhommed’action,afindevoircombienpitoyable
estl’étatdeschosesici.»Lemaîtredemaison sedit en lui-même :«Peut-êtrequ’unvoleur se
trouvelà-bas:sijenerevienspasimmédiatement,cemalheurm’arrivera.«Peut-êtreattaquera-t-ilma femmeetmonenfant, et alorsàquoime
servirait-ildem’emparerduvoleur(quejepoursuis)?2800 «Cemusulmanm’appelleparbienveillance:sijenerevienspas
rapidement,ilm’arriveramalheur.»Plaçant son espoir dans la compassion de cet ami bien intentionné, il
laissalàlevoleuretpartitdansuneautredirection.«Mon bon ami, dit-il, que se passe-t-il ? Quelle est la raison de tes
lamentationsetdetescris?»«Regarde,ditl’autre.Voislesempreintesdepasdecevoleur!Cesale
voleurestpartidececôté.«Vois les tracesdepasdecedégoûtantvoleur !Suis-leaumoyende
cesmarquesetdecestraces.»Ilrépondit:«Ôimbécile!Quedis-tulà?Eh!quoi!jel’avaispresque
attrapé,« Mais quand tu as crié, j’ai laissé le voleur s’échapper. Je te
considérais,ânequetues,commeunhommeraisonnable.«Qu’est-ce que ces vains bavardages et stupidités ? J’avais trouvé la
réalité:àquoil’indicemeservirait-il?»Ilrépondit:«Jetedonneunindicepourcequiestréel.Voicil’indice;
jeconnaislaréalité.»Lemaître demaison dit : « Tu es un habile filou, ou alors tu es un
imbécile;plutôt,tuesunvoleuraucourantdecetteaffaire.2810 «J’étaissurlepointdem’emparerdemonadversaire,lorsquetul’as
laissés’enfuir,enmedisant:“Voicisestraces.”»Tu parles de relations extérieures, mais je transcende toutes les
relations.Dansl’union(avecDieu)oùsontlessignesetlespreuves?L’homme qui est éloigné (de l’Essence divine) croit que l’action
procèdedesAttributs:celuiquiaperdul’EssenceseborneauxAttributs.Étant donné que ceux qui sont unis à Dieu sont absorbés dans Son
Essence,ômonfils,commentpourraient-ilsregarderSesAttributs?Quandtuas la têteplongéeaufondde larivière,comment tonregard
tomberait-ilsurlacouleurdel’eau?Etsitureviensdufonddelarivièreverslacouleurdel’eau,alorstuas
reçuunrudevêtementdelaineenéchanged’unebellefourrure.Lapiétéducommundesgensestunpéchéchezl’élu;l’étatd’uniondu
commundesgensestunvoilepourl’élu.Sileroifaitd’unministreuninspecteurdepolice,leroiestsonennemi,
iln’estpassonami.Et aussi, cevizir aura commisquelque faute : unchangementpour le
pireneseproduitpassanscause.Pourceluiquiaétéuninspecteurdepolicedèsledébut,ceposteaété
sachanceetsongagne-paindèslecommencement;2820 Maisceluiquiétaitd’abordleministreduroi—c’estunméfaitdesa
partquiafaitdeluiuninspecteurdepolice.Lorsque leRoi t’aappelédeSonseuil jusqu’àSaPrésence,etensuite
t’arenvoyéauseuil,Soissûrquetuascommisunpéchéetquedanstafolietuasprétenduy
avoirétécontraint,Disant:«C’étaitlàcequim’étaitprédestiné.»Maisalors,qu’enétait-
ildecetteheureusechancequetudétenaishier?Par ton aberration, c’est toi-même qui as perdu ta chance. L’homme
méritantaugmentecequiluiestaccordé.
Histoiredeshypocritesetdeleurconstructiondelamosquée
del’Opposition
1 convient que tu écoutes une autre parabole concernant laperversité,tiréed’unrécitduQor’ân.LeshypocritesselivrèrentcontreleProphèteàunteljeudetricheurs,Disant : « Bâtissons une mosquée à la gloire de la religion
musulmane»,etc’étaitenfaitdel’apostasiedeleurpart.Ils jouaient un jeu si pervers : ils bâtirent unemosquée autre que sa
mosquée.Ils construisirent bien le sol, le toit et le dôme, mais ils désiraient
désunirlacommunautémusulmane.2830 IlsvinrentauprèsduProphèteavecunesuppliquerusée,ils
s’agenouillèrentcommedeschameauxdevantlui,Disant:«ÔMessagerdeDieu,veux-tu,parbonté,prendrelapeinede
marcherdanscettemosquée,« Afin qu’elle soit bénie par ta venue — puissent tes jours être
florissantsjusqu’àlaRésurrection!«C’estunemosquéepourles jourssombresetnuageux,unemosquée
pourlesjoursdedétressedanslestempsdepauvreté,«Pourqu’unpauvreétrangerpuisseyobtenirlacharitéetl’asile,etque
cettemaisonderefugepuisseêtrefréquentée;«Afinquelesritesdelareligionpuissentsemultiplieretfoisonner,car
unsortamerestadoucilorsqu’ilestpartagéavecdesamis.«Honore ce lieu par ta présencependant un courtmoment, proclame
notresincérité,etfaisunbonrapportsurnous.«Témoignedelafaveuràlamosquéeetàsesfondateurs.Tueslalune,
noussommeslanuit:demeureavecnouspendantuninstant,«Afinquepartabeautélanuitsoitrenduepareilleaujour,ôtoidontla
beautéestunsoleililluminantlanuit.»Hélas!Sicesparolesavaientpuvenirducœur,pourques’accomplisse
ledésirdecesgens!2840 Lacourtoisiequivientsurlalanguesanslasincéritéducœuretde
l’âmeestpareilleàdesherbessuruntasdecendres,ômesamis.Regarde-lesdeloinetcontinuetonchemin:ellesnesontpasbonnesà
mangerniàsentir,ômonfils.
Net’approchepas,envérité,delacourtoisiedesgenssansfoi,carc’estunpontenruine:écoutebien.Siunsotyposelepied,lepontsebriseraetcasserasonpied.Chaquefoisqu’unearméeestmiseendéroute,c’estàcausededeuxou
troislâches.Lepoltronvientarmédanslalignedebataille,commeunhomme;les
hommes lui font confiance, disant : « Voici le Compagnon de laCaverne.»Ildétournesonvisagequandilvoitdesblessures :safuitedétruitvos
espoirs.Cesujetestlongets’étend,etceàquoiilvisedevientcachéàlavue.
CommentleshypocritescajolèrentleProphète(Dieulebénisseetle
sauve!)afindel’ameneràlamosquéedel’Opposition
lsdirentcesparolestrompeusesauMessagerdeDieu.Ilsfaisaientgaloperlecoursierdelamaliceetdelaruse.LeMessager, bon et rempli de compassion, ne répondait que par des
sourires,quepar«oui».2850 IIexprimasesremerciementsàcettedéputation,ilréjouitlesenvoyés
parsonacceptation.Leur tromperie lui était manifeste, dans tous ses détails, comme des
cheveuxdansdulait.Cethommecourtoisfeignitdenepasvoirlescheveux:cethommepoli
dit«Bravo!»aulait.Ilaperçutdesmilliersdecheveuxdetromperieetdefraudeetilferma
lesyeuxdevanttoutcela.Cetocéandegénérositédit lavérité, lorsqu’il déclara : « Je suisplus
tendreàvotreégardquevousnel’êtesvous-mêmes.« Je suis assis au bord d’un feu ayant une flamme et un brasier très
désagréables!«Vousvoushâtezvers lui commedesphalènes, tandisquemesdeux
mainssontdevenuescommelesailesdesphalènespourvousenchasser.»LorsqueleProphèteeutrésoludeserendreàlamosquée,lajalousiede
Dieucria:«N’écoutepaslagoule!«Carceshommesperversontusédetromperieetderuse;cequ’ilsont
prétenduestabsolumentlecontrairedelavérité.« Leur intention n’était que d’apporter sur toi la honte ; quand les
chrétiensetlesjuifsont-ilsrecherchélebiendelavraiereligion?2860 «Leshypocritesontbâtiunemosquéesurlepontdel’Enfer:ilsont
jouélejeudelatricherieavecDieu.«LeurbutestdecréerladésunionentrelesCompagnonsduProphète;
commentunvaniteuxstupidecomprendrait-illagrâcedeDieu?« Ils ont construit cette mosquée afin d’y amener un juif venant de
Syrie,quienivrelesjuifsparsonprône.»Le Prophète dit aux hypocrites : « Oui, je ferai ce que vous voulez.
Mais,àprésent,nousallonspartiretnousmettreencampagne.
«Dèsquejereviendraidecetteexpédition, jemerendraiaussitôtà lamosquée.»Ainsi,illesrenvoyaet,sehâtantverslechampdebataille,iljoualejeu
delatromperieaveclestrompeurs.Lorsqu’ilrevintducombat,ilsretournèrentluidemanderd’accomplirsa
promesse.Dieuluidit:«ÔProphète,proclameleurperfidieetsilaguerredoiten
résulter,dis:“Qu’ilensoitainsi!”»LeProphètedit:«Ôgenspleinsdefausseté,taisez-vous!Silence,de
peurquejedisevossecrètespensées.»Lorsqu’il leur eut révélé quelques-unes de leurs pensées les plus
cachées,ilssetrouvèrentenunmauvaiscas.2870 Là-dessus,lesenvoyéslequittèrent,ens’écriant:«Dieunousgarde!
Dieunousgarde!»Chaque hypocrite, par fraude, apporta un Qor’ân sous son bras au
Prophète,Afindeprêterserment—carlessermentssontunbouclier;ilsagirent
ainsi,parcequeprêtersermentestunecoutumedesgenspervers.Étant donné que l’homme pervers ne garde pas la foi en matière
religieuse,ilserainfidèleàsonsermentn’importequand.Les justes n’ont pas besoin de prêter serment, car ils ont deux yeux
clairvoyants.Larupturedessermentsetdespactesrésultedelastupidité;lerespect
dessermentset la fidélitéà laparoledonnéeest lacoutumedeceluiquicraintDieu.LeProphètedit:«Dois-jeconsidérervossermentscommevéridiques,
oulesermentdeDieu?»Anouveau,cesgens,leQor’ândansleursmainsetlesceaudujeûnesur
leslèvres,firentunautreserment,Disant :«ParlavéritédecetteParolesainteetvéridique,nousjurons
quelaconstructiondelamosquéeestpourl’amourdeDieu.«Encelieu,iln’yaaucunmoyendetromperie,encelieu,iln’yaque
lamémorationdeDieu,lasincéritéetl’implorationduSeigneur.»2880 LeProphèterépondit:«LavoixdeDieuarriveàmonoreillecommeun
écho.«Dieuamisunsceausurvosoreilles,desortequ’ellesnepuissentse
hâterpourentendreSavoix.«Envérité,lavoixdeDieumeparvientdistinctement:elleestdevenue
clairepourmoi,commelaliqueurpurifiéeàpartirdelalie,
«DemêmequeMoïseentendit lavoixdeDieuvenantdeladirectionduBuissonardent,disant:“Ôhommeàl’heureusefortune!”«Depuis leBuisson, il entendit :“En vérité, Je suis le Seigneur des
mondes69 !”et,enmême tempsque lesparoles,apparurentdes lumièresdivines.»Étant donné que les hypocrites étaient laissés dans l’embarras par la
lumièredel’inspirationdivine,ilssemirentunefoisdeplusàproférerdesserments.Puisque Dieu appelle un serment un bouclier, comment le querelleur
déposerait-ilsonbouclier?A nouveau le Prophète, les taxant directement de mensonge, leur dit
ouvertement:«Vousavezmenti.»
Commentl’undesCompagnonsduProphète(queDieusoitsatisfaitde
lui!)seditàlui-mêmeavecdésapprobation:«Pourquoile
Prophète(queDieulebénisseetlesauve!)nejette-t-ilpasunvoilesur
leurhypocrisie?»
’un des Compagnons du Prophète conçut dans son cœur de ladésapprobationpourcerefus,Pensant :«Devénérablesvieillardsauxcheveuxgriscommeceux-ci
—leProphèteleurfaithonte.2890 «Oùestlagénérosité?Oùladissimulationdesdéfauts?Oùlerespect
pourlesautres?Lesprophètescouvrentdescentainesdemilliersdefautes.»Bienvite, cependant, il demandaen soncœurpardonàDieu,depeur
d’êtredéshonorépouravoirobjecté(aucomportementduProphète).Le tort de témoigner de l’amitié aux hypocrites rendit le vrai croyant
perversetrebellecommeeux.Denouveau,ilcriaitensupplication:«ÔToiquiconnaislaconscience
laplusintime,nemelaissepaspersisterdansl’incroyance!« Mon cœur n’est pas sous mon contrôle comme l’est ma vue ;
autrement,jebrûleraisencemomentmoncœur,decolère.»Tandis qu’il pensait ainsi, la somnolence s’empara de lui. Il rêva que
leurmosquéeétaitremplied’ordures:Un lieu pourri, ses pierres dans la saleté ; des pierres s’élevait une
fuméenoire.La fuméevint dans sa gorge et la rendit irritée : terrifié par la fumée
amère,ilbondithorsdusommeil.Aussitôt, il tomba face contre terre et pleura, disant : « Ô Dieu, ces
chosessontlesignedeleurimpiété.«Lecourrouxcontreeuxvautmieux,ôDieu,qu’unelonganimitételle
quelamiennequimeséparedelalumièredelaFoi.»2900 Sivousexaminezdeprèsletravaildeceuxquisuiventlafausseté,vous
verrezqu’ilpue,commeunoignon.Chacundeleurseffortsestplusfaiblequelesautres,tandisquedansle
casdesgenssincères,chaqueeffortestplusexcellentquel’autre.
Ces gens (les hypocrites) se ceignirent les reins afin de détruire lamosquéedeshabitantsdeQubâ,Al’instardesSeigneursdel’EléphantquidemeuraientenAbyssinie,ils
bâtirentuneKa’ba,maisDieuymitlefeu;AlorslesAbyssinss’attaquèrentàlaKa’bapoursevenger:lisdansla
ParoledeDieucequileurarriva!LesréprouvésdelaReligionn’ontenvéritéd’autresinstrumentsquela
ruse,lafourberieetladispute.ChaqueCompagnonvit clairement (en songe) quelque imagede cette
mosquée, de sorte que leur dessein secret devint pour eux uneconnaissancecertaine.Sijeracontaiscesvisions,uneàune,alorslapureté(desCompagnons)
deviendraitévidentepourceuxquiontdesdoutes;Maisjecrainsderévélerleurmystère:ilssontlesbien-aimés(deDieu),
etlenâz*leurconvient.Ils ont reçu la Loi religieuse sans imitation servile ; ils ont pris cette
monnaiedebonaloisansseservirdepierredetouche.2910 LasagesseduQor’ânestcommelechameauégaréduvraicroyant;
chacunpossèdeunecertaineconnaissancedesonpropreégarement.* Terme comportant de nombreuses significations, notamment coquetterie,minauderie.Peutêtreprisàlafoisausensobjectifdeceluiquiexerceunattrait,ducharme,etausenssubjectifdeceluiquilesubit.Danscevers,nâzsignifiedefaçontrèscomplexequecesentimentqu’éprouvaientlesmystiqueslesconduitàunelégitimefierté.
Histoiredelapersonnequicherchaitsonchameauégaréet
s’enquêraitàsonsujet
ituasperduunchameauetlerecherchesardemment,commentnesaurais-tupas,quandtuTastrouvé,quec’estletien?Quelestl’égarement?Tuasperduunechamelle;elles’estenfuieloin
detoietadisparu.Lescaravaniersont commencéà charger,mais tonchameauadisparu
d’aumilieud’eux.Tu cours çà et là, la bouche sèche ; la caravane est loin, et la nuit
s’approche.Tonbagageestrestésurlesol,surlaroutedesdangers;tucourspartout
àlarechercheduchameau,Criant : « Ô musulmans, qui a vu un chameau qui s’est échappé ce
matindel’étable?«Aceluiquimefourniraunindicepourcechameau,enrécompenseje
luidonneraitantdedirhams.»Tudemandesàtoutlemondedesinformations;chaquevaurienseritde
toiàcausedecela,Disant : «Nous avons vu un chameau allant dans cette direction, un
chameaurougeallantverscepâturagelà-bas.»2920 L’undit:«Ilavaitlesoreillescoupées»,etunautredit:«Saselleétait
brodée.»L’undit:«Lechameaun’avaitqu’unœil»,etunautredit:«Ilavaitla
peladeetn’avaitpasdepoils.»Par désir de la récompense, chaque vaurien, au hasard, donne cent
indications.
nâz signifie de façon trés complexe que ce sentiment qu’ éprouvaient lesmystiqueslesconduitàunelégitimefierté.
Surlefaitd’êtreperplexeparmidesdoctrinescontradictoires,etla
découverted’uneissueetd’unelibération
1 en va de même en ce qui concerne la connaissance mystique,chacundécritl’Objetinvisibledeladescription.Lephilosophedonneuneexplicationd’unecertainesorte;lethéologien
larécuse,Etunautresemoquedetousdeux,etunautreparvolontédetromperse
fatigueàmort.ChacundonnesesindicationsdelaVoie,afínqueToncroiequ’ilestde
cevillage.Sache que la vérité est ceci : tous ces gens n’ont pas raison, et ce
troupeaun’estpasnonplusentièrementégaré,Cariln’estriendefauxquisoitmontrésanslevrai:l’imbécileachète
lamonnaiefausseespérantquec’estdel’or.S’iln’yavaitpasdans lemondede lamonnaieayantcours,comment
serait-ilpossibled’émettredelafaussemonnaie?2930 S’iln’yapaslavérité,commentyaurait-ill’erreur?Cetteerreurreçoit
sonéclatdelavérité.Ondésirecequiestfauxdansl’espoirquec’estjuste;silepoisonentre
dansdusucre,alorsonmangelepoison.S’iln’existaitpasdefromentagréableaugoût,qu’obtiendraitceluiqui
venddel’orgeenguisedeblé?Donc,nedispasquetoutescesaffirmationssontfausses;ceuxquisont
fauxsontunpiègepourlecœur,àcausedel’espoirdelavérité.Donc,nedispasquetoutestimaginationeterreur:sanslavérité,iln’y
apasd’imaginationdanscemonde.Lavéritéest laNuitduDestin,cachéeparmilesautresnuits,afínque
l’âmepuissemettreàl’épreuvechaquenuit.TouteslesnuitsnesontpaslaNuitduDestin,ôjeunehomme;ettoutes
lesnuitsnesontpasnonplusvidesdecetteNuit.Parmilesporteursdefroc, ilyaunvraiderviche;faisunexamen,et
accepteceluiquiestvéritable.Oùestlecroyantsagaceetdouédediscernementquipeutdistinguerles
efféminésdeshommes?
S’il n’existait pas de choses imparfaites en ce monde, tous les sotsseraientdesmarchands(habiles).
2940 Alors,ilseraitbienfaciledeconnaîtrelesmarchandises;quandil n’y a pas de défaut, quelle (est la différence entre) celui qui est
compétentetceluiquiestincapable?Etsitoutestimparfait,laconnaissancenesertàrien;puisquetoutici
estdubois(ordinaire),iln’yapasdeboisd’aloès.Celuiquidit :«Tous sontvrais», c’estde la folie ; et celuiquidit :
«Toussontfaux»,ilestdamné.Ceuxquiontcommerceaveclesprophètesontgagnédecefait ;ceux
quisepréoccupentdescouleursetdesparfumssontmisérables.Leserpent(mâr)apparaîtauxyeuxcommelarichesse(mâl):frotte-toi
bienlesyeux!Ne considère pas le bonheur et le profit de ces affaires du monde :
considèrelaperditiondePharaonetdeThamûd.
Surlamiseàl’épreuvedetouteschoses,detellesortequelebienetlemalqu’ellesrecèlentpuissent
êtreaperçus
eciel,quiestsplendideetmagnifique—Dieuadit:«Tournelesyeux(verslui)70.»En ce qui concerne ce toit de lumière, ne te contente pas d’un seul
regard;regardeplusieursfois:Ya-t-illàaucunefaute71?Puisqu’ilvousaditderegardersouventcemerveilleuxtoit,commeun
hommequichercheàydécelerdesfautes,Tupeuxconnaître,alors,combiendevisionetdediscernementrequiert
laterrenoirepourobtenirl’approbation.2950 Afindepouvoirfiltrercequiestpuràpartirdelalie,combiende
tribulationsnotreespritnedoit-ilpasendurer?Lesépreuvesdel’hiveretdel’automne,lachaleurdel’été,leprintemps
commel’espritdelavie,Les vents, les nuages, les éclairs — tout cela afin que de tels
événementspuissentfaireparaîtrelesdifférences;Afinquecetteterrecouleurdepoussièrepuissefairesortirdesonsein
toutcequ’ilcontient,rubisoucailloux.QuoiquecetteterrenoireaitdérobéauTrésordeDieuetàlaMerdela
Générosité,LaProvidence,leGouverneurdivin,ordonne:«Dislavérité!Déclare
cequetuasemporté,cheveuparcheveu!»Le voleur, c’est-à-dire la terre, dit : « Rien, rien ! » Le Gouverneur,
alors,lemetàlatorture.Parfois le Gouverneur lui parle, avec une tendresse douce comme le
sucre;parfoisillesuspendenl’airetletraitedelapirefaçon,Afinque,entrelaforceetlafaveur,ceschosescachéespuissentêtremanifestéesàlavue,grâceaufeudelapeuretdel’espoir.Le printemps est la tendresse du Gouverneur Tout-Puissant, et
l’automne,l’intimidationetlamenace.2960 Etl’hiverestlacrucifixionsymboliqueafinquetoi,ôvoleurcaché,
puissesêtremontré.Celuiquimènecetteguerrespirituelleaparfoisunejoyeuseexpansion
ducœur;àunautremoment,iléprouvedel’oppression,delasouffrance
etdestourments,Parcequecetteeauetcetteargiledontsontfaitsnoscorpssontl’ennemi
etlevoleurdelalumièredenosâmes.Le Dieu Très-Haut fait subir à notre corps, ô homme courageux, la
chaleur,lefroid,lechagrin,ladouleur,Lapeuret la faimet l’atteinteauxbiensetaucorps—toutcelapour
quelamonnaiedel’âmepuisseêtrevue(etutilisée).Cesmenacesetcespromesses,Illesaenvoyéesenraisondecebienet
decemalqu’ilamélangés.Etantdonnéquelavéritéetl’erreurontétémélangéesetquelabonneet
lafaussemonnaieontétédéverséesdanslesacduvoyageur,Onabesoind’une pierre de touche choisie qui ait subi de nombreux tests pour fairel’essaidesréalités,Afindedevenir un critère pour ces impostures ; de telle sorte qu’elle
soitunenormepourcesactesdelaProvidence.Donne-luidulait,ômèredeMoïse,etjette-ledansl’eau:necrainspas
delemettreàl’épreuve.2970 Quiconqueabucelaitaujourdel’Alast72distinguelelaitencemonde,
commel’afaitMoïse(dulaitdesamère).Si tu désires tendrement que ton enfant effectue cette discrimination,
nourris-lemaintenant,ômèredeMoïse,Afinqu’ilpuisseconnaîtrelegoûtdulaitdesamère,etquesatêtenese
perdepasàdésirerlelaitd’unemauvaisenourrice.
Explicationdelamoraledel’histoiredelapersonneàla
recherched’unchameauperdu
uasperduunchameau,ômonami,etchacuntedonnedesindicesconcernantlechameau.Tunesaispasoùsetrouvelechameau,maistusaisquecesindicessont
erronés.Et celui qui n’a pas perdu un chameau — lui aussi recherche un
chameau,commeceluiquil’aréellementperdu,Disant : « Oui, moi aussi j’ai perdu un chameau : j’ai apporté une
récompensepourceluiquiletrouvera.»Ilparleainsi, afindepartageravec toi le chameau : il se livreàcette
ruseparcequ’ildésirelechameau.Situdisàquelqu’un:«Cetindiceétaitfaux»,lui,pourt’imiter,dirala
mêmechose.Ilnedistinguepaslesindiceserronésdeceuxquisontjustes,maistes
parolessontuneaidepourcetimitateur.2980 Quandonmentionnedesindicesjustesetvraisemblables,alorstevient
lacertitudequinelaissepasdedoute73.Cet indice devient un baume pour ton âme malade ; il apporte des
couleursàtonvisage,ettedonnelaforceetlasanté.Tonœildevientbrillant,tonpiedleste;toncorpsdevientl’âme(vitale)
ettonâmevitalel’espritrationnel.Alors,tudiras:«Ômonami,tuasditlavérité:cesindicessontune
véritabledélivrance.«Ilsetrouvelàdessignes,desinformationssûres,despreuves:c’estlà
untitreetuneprescriptiondesalut.»Quandilt’adonnécetindice,tudiras:«Vadevantmoi,ilesttempsde
semettreenroute:soismonguide!« Je te suivrai, ô toi qui dis la vérité : tu as senti l’ardeur de mon
chameau:dis-moioùilest.»Maiscettepersonnequin’estpaslepropriétaireduchameau,etquiest
àlarechercheduchameauparrivalité,Sacertituden’estpasaugmentéeparcet indicejuste,saufpar lereflet
venantduvéritablechercheurduchameau.Grâceau sérieuxet à l’ardeurde celui-ci, l’imitateurpressentqueces
criséperdusnesontpasdevainsbavardages.2990 L’imitateurn’apasdejustetitresurcechameau,maisluiaussiaperdu
unchameau,envérité.Ledésirpourunautrechameauestdevenupour luiunvoile,desorte
qu’ilaoubliécequ’ilaperdu.Chaque fois que l’un (le propriétaire du chameau) court, l’autre
(l’imitateur) court aussi ; par cupidité, il devient associé à ladouleurdupropriétaire.Lorsqu’un menteur se met en route avec un homme sincère, son
mensongesetransformesoudainenvérité.Dans le désert où s’est précipité ce chameau, l’autre homme aussi a
trouvésonproprechameau.Aussitôtqu’il l’avu, ils’estsouvenudusien,etacessédedésirer les
chameauxd’unamietd’unparent.Cet imitateur devint un véritable chercheur quand il aperçut son
chameauentraindepaître.C’estseulementalorsqu’ilestdevenuunchercheurduchameau:ilne
l’avaitjamaisvraimentcherchéavantdelevoirdansledésert.Aprèscela,ilcommençaàallerseul:ilouvritlesyeuxetsedirigeavers
sonproprechameau.L’hommesincèreluidit:«Tum’aslaissé,bienquejusqu’àprésenttu
m’aiestémoignédurespect.»3000 IIrépondit:«Jusqu’àprésent,j’étaisrusé,etc’estparcupiditéquejete
flattais.«Maintenant,jesuisensympathie(spirituellement)avectoi,alorsque
jemesuisséparécorporellementdetoidanslarecherche.«Jetedérobaisladescriptionduchameau;lorsquemonespritavuson
proprechameau,sonœilaétérempli(devision).«Avantdel’avoirtrouvé,jenelecherchaispas;maintenant,lecuivre
estvaincu,l’orl’emportesurlui.« Mes mauvaises actions sont devenues entièrement œuvres pies —
grâcessoientrenduesàDieu!Laplaisanterieestterminée,lesérieuxestarrivé—grâcessoientrenduesàDieu!«Puisquemesmauvaisesactionssontdevenueslesmoyensdeparvenir
àDieu,nejettedoncaucunblâmesurmesmauvaisesactions.«Quant à toi, la sincérité a fait de toi un chercheur ; pourmoi, c’est
l’effortetlarecherchequiontouvertlavoieàunsentimentsincère.« Ta sincérité t’a conduit à chercher ;ma recherchem’a amené à un
sentimentdesincérité.
«Jesemaisdanslaterrelagrainedelafortune,imaginantquec’étaitunlabeursansgagesetsansrétribution.«Cen’étaitpasun travail sans rétribution ;c’étaitunexcellentgain ;
pourchaquegrainequej’avaissemée,ilenpoussacent.3010 Levoleurs’estglisséjusqu’àunecertainemaison;quandilestentré,il
avuquec’étaitsapropremaison.»Réchauffe-toi, ô toi qui as froid, que la chaleur vienne ; supporte la
difficulté,quelafacilitévienne.Ilnes’agitpasicidedeuxchameaux,maisd’unseul.L’expressionest
limitée,lesensesttrèsplein.L’expressionne parvient jamais à atteindre le sens ; c’est pourquoi le
Prophèteadit:«CeluiquiconnaîtDieu,lelangageluimanque.»Laparoleest commeunastrolabedans sescomputations :quepeut-il
connaîtreducieletdusoleil?EtsurtoutdeceCieldontnotrecieln’estqu’unfétudepaille,etdeson
Soleildontnotresoleiln’estqu’unatome?
Montrantqu’enchaqueâmesetrouvelamalignitédelamosquée
del’Opposition
uandilapparutquecen’étaitpaslàunemosquée,maisunemaisond’intriguesetunpiègeposéparlesjuifs,LeProphètealorsdonnaunordre :«Rasez-laet faites-enundépotoir
pourlesorduresetlescendres.»Lefondateurdelamosquéeétaitfaux,commelamosquéeelle-même:
cen’estpasdelamunificencesil’onrépanddesgrainessurunpiège.Laviandequiattrapelepoissonsurl’hameçon—untelmorceaun’est
nilibéraliténigénérosité.3020 LamosquéedesgensdeQubâ,quiétaitinanimée—leProphètenela
considérapascommeégaleàcequin’étaitpassonégale.Mêmedans le casde chosesdépourvuesdevie, un tel tort ne fut pas
commis:leseigneurdelajustice(Mohammad)mitlefeuàcettemosquéehétéroclite.C’est pourquoi, dans le cas des essences humaines, qui sont le
fondement de tout ce qui est fondamental, sache qu’il y a aussi desdifférencesetdesdivisions.Lavied’unhommen’estpasnonpluscommelavied’unautrehomme,
nisamortcommelasienne.Ne considère jamais sa tombe comme celle d’un autre. Comment en
véritédécrirais-jeladifférenceentreeuxdansl’autremonde?Placetonouvragesurlapierredetouche,ôartisan,depeurdebâtirla
mosquéedesopposants.Tut’essouventmoquédecesfaiseursdemosquées;maissituregardes
bien,toi-mêmeasétél’und’entreeux.
Histoiredel’Indienquisequerellaavecsonamiausujetd’unecertaineaction,sansserendrecomptequeluiaussis’enétaitrenducoupable
uatreIndiensserendirentdansunemosquée:ilscourbèrentlatêteetseprosternèrentpourlaprière.Chacun accomplit le takbîr suivant le niyyat *, et semit à prier avec
humilitéetcontrition.Quandarrivalemuezzin,l’und’euxremarqua:«Ômuezzin,as-tufait
l’appelàlaprière?Est-celetemps?»3030 LedeuxièmeIndiensentitlebesoindedire:«Eh!tuasparlé,doncta
prièreestnulle.»Letroisièmeditausecond:«Ôoncle,pourquoim’invectiver?Dis-toi
àtoi-même(commenttecomporter).»Le quatrième dit : « Loué soit Dieu que je ne sois pas tombé dans
l’abîme(del’erreur),commecestroispersonnes.»Ainsi, les prières de tous les quatre furent gâchées, et ceux qui
trouvèrentdesfautess’égarèrentdavantage(queceluiquiavaitcommislapremièreerreur).Oh!heureusel’âmequiavusaproprefaute,etsiquelqu’undécouvre
unefaute,qu’elledésireardemmentprendrecettefautesurelle-même.Parceque lamoitiédechaquehommea toujoursappartenuaumonde
dumal,etl’autremoitiéauroyaumedel’invisible.Puisquetuasdixmauxdetête,tudoisappliquerleremèdeàtoi-même.Trouverdesfautesconcernanttonmalàtoiestlebonremèdepourcelui
quiestfautif;quandilestdevenucontrit,c’estalorsl’occasiond’obéiràcequeditleProphète:«Ayezpitié.»Mêmesitun’aspaslemêmedéfaut,netecroispasindemne;peut-être
queplustardcedéfautdeviendramanifestecheztoi.Tu n’as pas entendu de la part de DieuNe craignez pas74: pourquoi
donct’es-tuconsidérécommeheureuxetensécurité?3040 Durantdesannées,Iblîsvivaitavecunebonneréputation;ensuite,ilfut
couvertdehonte:notecequesignifiesonnom.Son éminente dignité était renommée dans tout le monde céleste ;
ensuite,sarenomméesetransformaeninfamie—oh!hélaspourlui!Nerecherchepaslarenomméeavantd’êtreensécurité:lavelapeurde
tonvisage,ensuitemontretonvisage.Tantquetabarben’apaspoussé,monbravehomme,netemoquepas
deceluidontlementonestimberbe.Considèrequel’âme(deSatan)futmiseàl’épreuveparlecourroux(de
Dieu), de sorte qu’il est tombé dans la perdition ; et ainsi il est devenupourtoiunavertissement.Tu n’es pas tombé, que tu sois un avertissement pour lui. Il a bu le
poison:toi,mangesonsucre!
*Takbîr:débutdelaprièrerituelle:«Dieuestplusgrand.»Niyyat:intentiondeprière.
CommentlesGhuzzsepréparèrentàtuerunhommeafinqu’unautre
soitterrifié
esTurcomansGhuzzsanguinairesarrivèrentetpénétrèrentdansunvillagepourlepiller.Ils trouvèrent deux des notables de ce village et se préparèrent
hâtivementàmettrel’und’euxàmort.Ils lui lièrent lesmains pour le tuer. Il dit : «Ô princes et piliers de
l’empire,« Pour quelle raison voulez-vous me tuer ? Pourquoi, je vous le
demande,avez-voussoifdemonsang?3050 «Quelleestlasagesse,quelestlebutdemetuer,alorsquejesuissi
pauvreetdénuédetout?»L’undesGhuzzrépondit:«Pourfrapperdeterreurtonami,afinqu’il
aitpeuretapportesonor.»L’hommedit:«Eh!quoi,ilestpluspauvrequemoi.»«Ilprétendêtre
pauvre,réponditl’autre;ilpossèdedel’or.»L’homme dit : « Puisque c’est une question d’opinion, nous sommes
tousdeuxsemblables:noussommeségalementexposésàlaprobabilitéetaudoute.«Tuez-led’abord,ôprinces,afinquejesoiseffrayéetvousmontreoù
trouverl’or.»VoyezdonclatendrebienveillancedeDieuquiafaitquenousvenions
encemondedanslesderniersjours,toutàlafin.Ladernièreépoqueestentêtedesautresépoques:selonlesTraditions
duProphète,«Noussommes lesderniersdans le temps, lespremiersenexcellence».Afinque ladestructiondupeupledeNoéetdupeupledeHûdpuisse
manifesterànosâmesl’annonciateurdelaMiséricordedivine,Dieu les a fait périr pour que nousLe craignions ; et si, en vérité, Il
avaitfaitlecontraire,hélaspourtoi!
Expliquantl’étatdeceuxquisontvaniteuxetingratsausujetdela
bénédictionquereprésentel’existencedesprophètesetdes
saints(quelapaixsoitaveceux!)
uiconqued’entreeuxaparlédefautesetdepéchés,etd’uncœurdepierre,etd’uneâmenoire;
3060 EtdefairepeudecasdescommandementsdeDieu,etdenepassesoucierdeSonlendemain(leJourduJugement);Etd’êtrecommelesfemmesrenduesesclavesdel’âmecharnelleparla
passionetparl’amourdecemondevil;Etdes’enfuirloindesparolespertinentesdeconseillerssincères,etde
sedéroberàlaprésencedesjustes;Et de s’éloigner de l’esprit et des gens spirituels et de frauder et
d’adopterdescomportementspareilsaux rusesdes renardsà l’égarddesrois(spirituels);Et de penser que les saints pleinement satisfaits sont des mendiants
cupides et de les regarder secrètement avec une inimitié provenant del’envie;Siuntelsaintacceptequelquechose,vousditesquec’estunmendiant;
etsinon,vousditesquecelaprovientdel’hypocrisie,delatromperieetdelafourberie.S’il semêleauxgens,vousditesqu’ilestcupide,et sinon,vousdites
qu’ilestremplid’orgueil;Oubienvousvousexcusezhypocritement,endisant:«Jesuisretenu
parlanécessitédefairevivremafemmeetmesenfants.« Je n’ai pas le loisir deme gratter la tête, ni le loisir de cultiver la
religion.«ÔUntel,souviens-toidemoidanstesbénédictions,pourqu’àlafinje
puissedevenirl’undessaints.»3070 Cesparoles,ilnelesditmêmepasparpassionetardeur;c’estcomme
siunhommeensommeilléprononçaitdevainesparolesetserendormaitensuite.(Il dit) : « Il faut bien que je nourrissema famille : je fais tousmes
effortspourgagnerhonnêtementmavie.»Commentserait-ce légitime,ô toiquiesdevenu l’undeceuxquisont
perdus?Jenecroisàriendelégitime,saufdeversertonsang.IlpeutsepasserdeDieu,maisnondenourriture;ilpeutsepasserdela
religion,maisnondesidoles.Ôtoiquinepeuxtenirtonmoiàl’écartdecemondevil,commentpeux-tu t’abstenirdeCeluiquiadéployé la terrecommeun
tapis75?Ô toiquinepeux tepriverdedélicesetde luxe, commentpeux-tu te
priverduDieugénéreux?Ôtoiquinepeuxtepriverdequoiquecesoit,purousouillé,comment
peux-tutepriverdeCeluiquiacréécela?Où est celui qui, comme l’Ami de Dieu (Abraham), est sorti de la
caverne(del’idolâtrie)etadit:«VoicimonSeigneur76»?Prendsgarde!OùestleCréateurdetout!(Oùestceluiquidira:)«Jeneregarderaipaslesdeuxmondesavantde
voiràquitousdeuxappartiennent.«SijemangedupainsansconsidérerlesattributsdeDieu,ilmerestera
danslegosier.»3080 Commentunebouchéeserait-elledigéréesansLevoir,sanslavisionde
SesrosesetdeSaroseraie?Sicen’estdansl’espoirdeDieu,qui,saufunbœufouunâne,boiraitun
instantàcettemare?Qui,saufceluiquiétaitsemblableauxbestiauxoupluségaréencore77,
bienqu’enréalitécettecrapulesoitpleined’astuce?Sa ruse s’effondra, et il s’effondra : il passaunpeude. temps, et son
jourvint.Soncerveaudevintobtus,sonintelligenceradoteuse:savieestpartie,
etcommelalettrealif,iln’arien.Quantàcequ’ildit:«J’ypense»,celaaussifaitpartiedelatromperie
desonâmecharnelle;Etlefaitqu’ildise:«Dieupardonneetestmiséricordieux»,cen’estlà
qu’unartificedecettechairvile.Ôtoiquiesmortd’inquiétudeparcequetesmainssontvidesdepain,
quecrains-tu,puisqu’ilpardonneetestmiséricordieux?
Commentunvieillardseplaignitdesesmauxàundocteur,etcomment
ledocteurluirépondit
nvieillardditàunmédecin:«Jesouffreàcausedemoncerveau.»Lemédecinrépondit:«Cettefaiblesseducerveauvientdel’âge.»Le
vieillarddit:«J’aidestachesnoiresdevantlesyeux.»3090 «Celavientdel’âge,ôvénérablesheikh»,ditlemédecin.«J’ai
affreusementmalaudos»,dit-il.«Celavientdel’âge,ôsheikhdécharné»,ditlemédecin.«Quoiqueje
mange,jeneledigèrepas»,dit-il.Le médecin répondit : « La faiblesse de l’estomac est aussi la
conséquence de l’âge. » Il dit : « Quand je respire, mon souffle estpénible.»«Oui, dit-il, c’est de l’asthme ; quand la vieillesse arrive, deux cents
maladiesseproduisent.»«Ôimbécile,s’exclama-t-il;tut’enestenulà:c’estlàtoutcequetuas
apprisdelamédecine.«Ôhommeàl’espritfêlé,tonintellectnet’apasapprisqueDieuafixé
unremèdepourchaquepeine.«Toi,ânestupide,parmanquedecapacité,tuesrestégisantsurlesol
fauted’unappuisuffisant..»Alorslemédecinluidit:«Ôsexagénaire,cettecolèreetcetteirritation
viennentaussidelavieillesse.« Étant donné que toutes les fonctions et parties de ton corps sont
atrophiées,toncontrôledetoi-mêmeettapatiencesontdevenusfaibles.»Un vieillard ne peut supporter deux paroles, il pousse des cris ; il ne
peutconserverunegorgée,illavomit,3100 Excepté,biensûr,lepîr(l’ancien)quiestenivréparDieuetdansle
tréfondsduquelsetrouveunevieexcellente78.Extérieurement ilestvieux,mais intérieurement ilest jeune.Qu’est-il,
envérité?Ilestlesaintetleprophète.S’ils ne sont pas manifestes pour les bons comme pour les mauvais,
quelleestcetteenviequelesgensindignesleurportent?Etsicesgensnelesconnaissentpasdeconnaissancecertaine,qu’est-ce
quecettehaineetcefaitd’ourdirdescomplotsetdesactesd’hostilité?Et s’ils croient à la résurrection et à la survie desmorts, pourquoi se
jettent-ilssurunglaiveacéré?Leprophèteoulesainttesourit,maisnesupposepasqu’ilsoittelqu’il
paraît : dans sa conscience la plus profonde sont cachées centrésurrections.L’Enfer et leParadis sont entièrementdespartiesde lui-même : il est
au-delàdetoutepenséequetupeuxconcevoirdelui.Toutcequetupeuxconcevoirestsusceptiblededisparaître;celuiqui
n’entrepasdanslapensée,c’estDieu.Pourquoidoncleurprésomptionàlaportedecettemaison,s’ilssavent
quisetrouvedanslamaison?Les imbéciles vénèrent lamosquée et s’efforcent dedétruire ceuxqui
ontuncœur(oùDieudemeure).3110 Cettemosquéeestphénoménale,cecœurestréel,ôânes!Lavéritable
mosquéen’estriend’autrequelescœursdeschefsspirituels.La mosquée qui est la conscience intime des saints est le lieu de
l’adorationpourtous:Dieuestlà.Jusqu’à ce que le cœur de l’homme de Dieu soit affligé, Dieu ne fit
jamaishonteàaucunegénération.Ils allaient faire la guerre aux prophètes : ils voyaient le corps du
prophète,ilssupposaientquec’étaitunhomme.Entoisetrouventlesnaturesmoralesdecespeuplesdejadis:comment
necrains-tupasqu’ilenailledemêmepourtoi?Étantdonnéquetoutescesmarquessetrouvententoietquetuesl’un
d’entreeux,commentseras-tusauvé?
HistoiredeDjûhîetdel’enfantquipleuraitdefaçonlamentableauprès
ducercueildesonpère
n enfant pleurait amèrement en se frappant la tête à côté ducercueildesonpère,Disant : « Pourquoi, mon père, t’emporte-t-on pour te placer sous la
terre?«Ilst’emmènentversunemaisonétroiteetinfecte;iln’yalànitapis
ninatte;«Nilampelanuit,nipainlejour;niodeurnisignedenourriturenes’y
trouvent,3120 «Niporteenbonétat,niaccèsautoit;pasunseulvoisinpourêtreton
refuge.« Ton corps, qui était un endroit pour les baisers des gens, comment
irait-ildansunemaisonaveugleetobscure?« Une maison sans pitié et une pièce étroite, où ni ton visage ni ta
couleurnedemeureront.»Decettemanière, ilénumérait lescaractéristiquesdelamaison, tandis
quecoulaientdesesyeuxdeslarmesdesang.Djûhîdità sonpère :«Ômonpèrevénéré,parDieu ilsapportentce
cadavredansnotremaison.»LepèreditàDjûhî:«Nesoispasstupide!»«Ôpapa,dit-il,écoute
quelssontlessignesdel’identité.«Cesmarquesqu’ilamentionnéesuneàune,notremaisonlespossède,
sansincertitudenidoute.«Ellen’aninatte,nilampe,ninourriture;saporten’estpasenbonétat
nonplus,nisacour,nisontoit.»De cette manière, les désobéissants ont cent marques sur euxmêmes,
maiscommentlesverraient-ils?Lamaison, à savoir le cœur qui n’est pas illuminé par les rayons du
soleildelaMajestédivine,3130 Estétroiteetsombrecommelesâmesdesjuifs,privésdelasaveur
spirituelleduRoiaimant.L’éclatduSoleiln’apasnonplusbrillédanscecœuretilnes’ytrouve
niespaceniouverturedelaporte.Latombevautmieuxqu’uncœurcommecelui-là.Allons,lève-toihors
delatombequ’esttoncœurTu es vivant et né d’êtres vivants. Ô toi qui es gai et charmant,
n’étouffes-tupasdanscetteétroitetombe?TuesleJosephdutempsetlesoleilduciel:lève-toihorsdecettefosse
etprison,etmontretonvisage!TonJonasaétéaffligédansleventredelabaleine:pourledélivrer,il
n’estd’autresmoyensqueleslouangesdeDieu.S’iln’avaitpas rendugloireàDieu, leventredupoissonauraitété sa
geôleetsaprisonjusqu’àcequ’ilssoientressuscitesdesmorts.Parlaglorification,ils’échappaducorpsdupoisson.Qu’est-cequela
glorification?Lesignedujourdel’Alast.SituasoubliécetteglorificationrendueàDieupartonesprit,écouteles
glorificationsrenduesparcesPoissons(lesprophètesetlessaints).Quiconque a vuDieu est de Dieu : quiconque a vu cetteMer est ce
Poisson.3140 Cemondeestunemer,etlecorpsunpoisson,etl’espritestleJonas
privédelalumièredel’aube.S’il glorifie Dieu, il est délivré du poisson ; sinon, il y est digéré et
disparaît.LesPoissonsspirituelsabondentdans lamerdecemonde,mais tune
lesvoispas,bienqu’ilsvolenttoutautourdetoi.Ces Poissons s’élancent vers toi : ouvre les yeux, pour les voir
clairement.Si tu ne vois pas les Poissons clairement, après tout ton oreille les a
entendusglorifierDieu.Pratiquer la patience est l’âme de tes glorifications : sois patient, car
c’estlàlavéritableglorification.Aucuneglorificationnepossèdeunaussihautdegré : soispatient ; la
patienceestlaclédelaconsolation.La patience est comme le pont de Sirât *, avec le Paradis de F autre
côté:pourchaquebeaugarçon,ilyaunlaidpédagogue.Tantquetut’enfuisloindupédagogue,iln’yapasderencontreavecle
garçon,parcequelebeaugarçonneseséparepasdupédagogue.Queconnais-tudugoût suavede lapatience,ô toi aucœur fragile—
spécialementdelapatiencepourl’amourdecettebeautédeChigil**?3150 Lesdélicesd’unhommesontdanssescampagnes(pourl’islam)etdans
lagloireetlefastedelaguerre;pathicovoluptasepeneest.Sa religion et saprièrene sont rienque sensualité : sapensée l’a fait
descendreauplusbas.Même s’il monte au ciel, n’aie pas peur de lui, car ce n’est que par
amourdelabassessequ’ilaétudiéetestarrivé.Il fait galoper son cheval vers la bassesse, tout en proclamant qu’il
s’élève.Qu’ya-t-ilàcraindredessimagréesdesmendiants?carcessimagrées
nesontqu’unmoyend’obtenirunebouchéedepain.
*PontquedoiventtraverserlesâmespourserendreauParadis.*VilleduTurkestancélèbrepour labeautédeseshabitants. Ici, leBien-Aimédivin.
Timetpuerquidamhominemcorpulentum.«Netimueris,inquit,opuer;egoenimvirnonsum.»
uvenisrobustuspuerumdeprehenditsolum.Palluittimorepuernefortehomoimpetumfaceret.« Securus esto, inquit, mi pulcher ; tu enim super me eris. Etiamsi
terribilis (aspectu) sum, scitome impotentem esse ad coitum :me sicutcamelumconscende,propelle.»Avec l’apparenced’hommeet une telle réalité—Adamau-dehors, le
Démonmauditàl’intérieur—Ôtoiquiesaussigrandquelepeuplede‘Ad,turessemblesautambour
contrelequelunebrancheétaitbattueparlevent.3160 Unrenardabandonnasaproieàcaused’untambourpareilàunsacde
cuirremplidevent,Maisquandilnetrouvariendecomestibledansletambour,ildit:«Un
porcvautmieuxquecesacvide.»Les renardsont peurdubruit du tambour ;mais l’homme sage le bat
constamment,disant:«Neparlepas!»
Histoired’unarcheretdesacrainted’uncavalierquichevauchait
dansuneforêt
ncavalier,arméet trèseffrayant,chevauchaitdans laforêtsurunchevalpursang.Unarcherhabile l’aperçut, etparpeurde lui, tira sonarcPour lancer
uneflèche.Lecavalierluicria:«Jesuisfaible,bienquemoncorpssoitgrand.«Prendsgarde,prendsgarde!Nefaispasattentionàmastature,carà
l’heureducombatjesuismoinsqu’unevieillefemme.»«Passetonchemin,luidit-il,tuasbienparlé,autrement,àcausedema
peur,jet’auraisenvoyéuneflèche.»Nombreuxsontceuxquelesinstrumentsdeguerreonttué,étantdonné
qu’ilstenaientunetelleépéedansleursmains,sansqu’ilsaientlecouragedel’utiliser.Siturevêtsl’armuredeRostams,tuperdslaviesitun’espasl’homme
quiconvient(poursedéfendreavec).3170 Faisdetonâmeunbouclieretjettelàleglaive,ômonfils:quiconque
estsans«moi»sauvesatêteduRoi.Cesarmesquetudétienssonttesintriguesettesmanigances;ellesont
jaillidetoietenmêmetempsontblessétonâme.Puisquetun’asriengagnéàcesinventions,renonceàl’invention,afin
qued’heureusesfortunespuissentt’advenir.Puisquetun’aspasunseulinstantjouidufruitdesarts,disadieuaux
arts,etrecherchetoujoursleSeigneurdesbienfaits.Puisque ces sciences ne t’apportent aucune bénédiction, fais de toi-
mêmeuncancreetlaisselamauvaisechancederrièretoi.Dis,commelesanges:«NousnesavonsrienendehorsdecequeTu
nousasenseigné79.»
Histoiredel’Arabedudésertetdufaitqu’ilaitmisdusabledansle
sacetquelephilosopheleluiaitreproché
n certainArabe du désert chargea un chameau avec deux grandssacs—l’unétantpleindegrain.Il était assis au-dessus des deux sacs. Un philosophe bavard
l’interrogea.Il lui demanda quel était son pays natal et l’amena à parler et dit
beaucoupdebelleschosespendantcetinterrogatoire.Ensuite,illuidit:«Dequoicesdeuxsacssont-ilsremplis?Dismoila
vérité.»3180 IIdit:«Dansunsac,j’aidublé;dansl’autre,ilyadusable—pasun
alimentpourl’homme.»«Pourquoi,demanda-t-il, as-tuchargéce sable?»«Afinque l’autre
sacnerestepasseul»,répondit-il.« Si tu es bien avisé, dit-il, verse lamoitié du blé de ce panier dans
l’autre,«Desorteque les sacs soientallégés, et lechameauaussi.»L’Arabe
s’écria:«Bravo!Ôsagenobleetintelligent!«Unepenséesisubtileetunjugementsiexcellent!Ettoisinu,àpied
etfatigué!»Lebravehommeeutpitiéduphilosopheetrésolutdelefairemontersur
lechameau.Illuiditencore:«Ôsageéloquent,expliqueunpeutapropresituation.«Avecunetelle intelligenceetuntel talent,es-tuunvizirouunroi?
Dis-moilavérité.»Ilrépondit:«Jenesuisnil’un,nil’autre;j’appartiensaucommundes
gens.Voismonapparenceetmonhabit.»Il demanda : «Combien de chameaux as-tu ?Combien de bœufs ? »
«Jen’ainilesuns,nilesautres,répondit-il:nemeharcèlepas.»3190 IIdit:«Entoutcas,quellesmarchandisesas-tudanstaboutique?»Il
répondit:«Oùai-jeuneboutiqueetunedemeure?»« Alors, dit-il, je vais te demander au sujet de l’argent. Combien
d’argent as-tu ? Car tu es un voyageur solitaire et quelqu’un dont lesconseilssontestimés.
« Avec toi est l’élixir qui change en or le cuivre de ce monde : tacompréhensionettaconnaissancesontprécieusescommedesperles.»«ParDieu,répondit-il,ôchefdesArabes,danstoutcequejepossèdeil
n’yapasdequoiacheterdelanourriturepourcettenuit.«Jecoursçàetlàaveclecorpsetlespiedsnus.Siquelqu’unveutme
donnerunemichedepain,jemerendslà.« De cette sagesse et instruction et excellence, je ne tire rien
qu’imaginationetmaldetête.»Alorsl’Arabeluidit:«Va-t’enloindemoi,quetamalchancenetombe
passurmoi.« Enlève loin de moi cette sagesse infortunée qu’est la tienne : tes
parolessontmalchanceusespourtouslesgensdecetteépoque.«Oubienvadanscettedirection-cietj’iraidanscettedirection-là;ou
sitoncheminestenavant,jeretourneraienarrière.«Unsacdebléetl’autredesablevalentmieuxpourmoiquecesvaines
inventions.3200 «Mastupiditéestunestupiditébénie,carmoncœurestbienrempli(de
grâces)etmonâmeestpieuse.»Situdésiresquelamisèretequitte,efforce-toiquelasagessetequitte,La sagesse qui est née de la nature et de l’imagination humaines, la
sagesseoùnesedéversepasleflotdelagrâcedelaLumièreduDieudeGloire.Lasagessedecemondeaccroîtlessuppositionsetledoute;lasagesse
delareligionplaneau-dessusduciel.Lesvauriensingénieuxdecesdernierstempssesontgrandisparrapport
auxanciens;Lesétudiantsde la ruseontbrûlé leurcœurdans l’étudeetontappris
desfeintesetdesartifices;Ils ont jeté au vent la patience, l’altruisme, le sacrifice de soi et la
générosité—quisontl’élixirduprofitspirituel.Lapenséejusteestcellequiouvreunevoie: lechemindroitestcelui
surlequelavanceunroispirituel.Levéritableroiestceluiquiestroienlui-mêmeetn’estpasrenduroi
parlestrésorsetlesarmées;De sorte que son royaume demeure à jamais, comme la gloire de
l’empiredelareligionmusulmane.
Lesmiraclesd’Ibrâhîmfilsd’Adham(queDieusanctifiesonespritsaint!)auborddelamer
3210 insi,onrapportequ’Ibrâhîmfilsd’Adham,aprèsunvoyage,s’assitauborddelamer.Tandisqu’ilraccommodaitsonmanteaudesoufi,unémir,marchantsur
laplage,arrivasoudainàcetendroit.Cetémiravaitétél’undesserviteursdusheikh;ilreconnutlesheikhet
aussitôtseprosternabienbas.Il fut stupéfait devoir le sheikh avec sonvêtement dederviche—sa
natureetsonapparenceextérieureavaientététransformées—,S’étonnantqu’ilaitrenoncéàunaussigrandroyaumeetaitchoisicette
pauvretéspirituelletrèssubtile;EtpourquoiilavaitrenoncéauroyaumedesSeptClimats,etavaitpiqué
l’aiguilledanssonhabitdederviche,commeunmendiant.Lesheikhperçutsespensées:unsheikhestcommelelion,etlescœurs
desgenssontsajungle.Ilpénètre,commel’espoiret lapeur,dans leurscœurs : lessecretsdu
mondeneluisontpascachés.Veillez survoscœurs,ôvous les ignorants, enprésencede lamajesté
deshommesducœur(lessaints).3220 Devantleshommesducorps,lerespectestmanifestéextérieurement,
carDieuleurvoilelemystère.Devant les hommes du cœur, le respect est témoigné intérieurement,
parcequeleurscœursperçoiventlespenséessecrètes.Tu es l’inverse : par amour de la position mondaine, tu viens avec
révérence devant ceux qui sont aveugles (aux choses spirituelles) et tut’assiedsdanslevestibule;Mais devant les voyants, tu te conduis de façon irrespectueuse : c’est
pourquoituesdevenuducombustiblepourlefeududésir.Puisquetun’aspasdeperceptionspirituellenilalumièredeladirection
divine,continueàpolirtonvisageparamourpourlesaveugles!Devant les voyants,macule tonvisage avecde la saleté !Conduis-toi
avecarroganceàleurégard,malgrétonétatdepuanteur!Le sheikh jeta rapidement son aiguille dans la mer, et à haute voix
réclamal’aiguille.
Desmyriadesdepoissonsdivins—ayant chacundans laboucheuneaiguilleenor,LevèrentlatêtehorsdelamerdeDieu,disant:«Prends,ôsheikh,les
aiguillesdeDieu.»Iltournasonvisageversl’émiretluidit:«Ôémir,leroyaumeducœur
vaut-il mieux, ou bien un royaume aussi méprisable (que l’était lemien)?»Cemiracleestunsigneextérieur,cen’estrien:attendsdepénétrerdans
(lesanctuaire)intérieuretdevoircequis’ytrouve!3230 Dujardin,onn’apporteenvillequ’unebranche:commentpourrait-ony
apporterlejardinetleverger?Spécialement, un Jardin dont ce ciel n’est qu’une seule feuille ; en
réalité,ilestlenoyau,etcemonde-cicommelacoquille.Si tu ne te hâtes pas vers ce Jardin, recherche plus de parfum, et
débarrasse-toidetonrhume,Afinqueceparfumpuisseattirer tonâme là-bas ;afinqueceparfum
puissedevenirlalumièredetesyeux.Acauseduparfum,Joseph,filsduprophèteJacob,dit :Appliquezma
tuniquesurlevisagedemonpère80.Par amour pour ce parfum, Ahmad (Mohammad) disait constamment
danssesexhortations:«Danslaprièrerituelleestledélicedemesyeux.»Les cinq sens spirituels sont reliés les uns aux autres, tous les cinq
proviennentd’unemêmeracine.La force de l’un donne de la vigueur aux autres ; chacun devient un
échansonpourlesautres.Lavisionaccroîtlepouvoirdelaparole;laparolerendlavisionplus
pénétrante.La clairvoyance aiguise chaque sens, de sorte que la perception (des
chosesspirituelles)leurdevientfamilièreàtous.
Lecommencementdel’illuminationdumystiqueparlaLumièrequivoit
lemondeinvisible
3240 uandl’undessensarelâchésesliens,toutlerestedessensestchangé.Quand l’un des sens a perçu des choses qui ne sont pas objets de
perception sensorielle, ce qui est dumonde invisible devient apparent àtouslessens.Quand un mouton du troupeau a sauté par-dessus le ruisseau, tous
sautentàleurtourlesunsaprèslesautres.Mèneaupâturagetessens,fais-lespaîtredanslepâturage(dontparlela
parole)C’estLuiquifaitpousserlespâturages81Afin qu’ils puissent se nourrir de jacinthes et qu’ils puissent parvenir
auxjardinsdesRéalités;Afinquechacundetessenspuissedevenirunapôtrepourlesautreset
conduiretouslessensdansceParadis;Et alors ces sens-là diront leur secret à tes sens, sans paroles, ni sens
réeletsansmétaphores;Car ce sens réel est susceptible de différentes interprétations et ces
suppositionssontlasourced’imaginations;Mais quant à cette vérité qui est perçue par l’intuition, il n’y a là de
placepouraucuneinterprétation.Quandtouslessenssontdevenussoumisàtonsens,lessphèrescélestes
nepeuventt’éviter.3250 Quandunediscussions’élèveausujetdelapropriétédel’écorce,
l’écorceappartientàceluiquipossèdelenoyau.Lorsqu’onsequerelleausujetd’unechargedepaille,regardequiestle
propriétairedugrain.La sphère céleste est comme l’écorce, et la lumière de l’esprit est le
noyau.L’uneestvisible,l’autreestcaché:netrébuchepasàcausedecela.Le corps est manifeste, l’esprit est caché ; le corps est comme la
manche,etl’espritcommelamain.L’intellect,àsontour,estpluscachéquel’esprit(vital): taperception
sefraieuncheminplusrapidementjusqu’àcetesprit.Situvoisunmouvement,tusaisqueceluiquibougeestvivant;ceque
tunesaispas,c’estqu’ilestremplid’intelligence,
Jusqu’àcequeseproduisentdesmouvementsdirigésetque,grâceàlaconnaissance,iltransformelemouvementducuivreenor.Dufaitquecesmouvementsdelamainsontconformesàlaraison, tu
peuxcomprendrequ’ilexisteuneintelligence(quilesdirige).L’esprit qui reçoit l’inspiration divine* est plus caché que l’intellect,
parcequ’ilestdel’invisibleetquec’estàcecôtéqu’ilappartient.L’intellectdeAhmad(Mohammad)n’étaitcachéàpersonne;maisson
espritrecevantl’inspirationn’étaitpasperçupartouteslesâmes.3260 L’espritprophétiqueaussiadesactionsconformesàlaraison;mais
l’intellectnepeutlespercevoir,carcetespritesttropélevé.Parfois, on considère ces choses comme folie, parfois on est dans
l’émerveillement ; car cela dépend du fait qu’on devienne celui-ci oucelui-là.Ainsi, l’intelligence de Moïse était troublée de voir les actions
raisonnablesdeKhadir;SesactionssemblaientdéraisonnablesàMoïse,car ilnepossédaitpas
l’étatspirituel(deKhadir).ÉtantdonnéqueTintelligencedeMoïseestparalyséeparcemystère,
qu’ensera-t-ildel’intelligenced’unesouris,ômonami?La connaissance conventionnelle est à vendre : quand elle trouve un
acheteur,ellerayonnedeplaisir.L’acheteur de la connaissance qui est prouvée (par l’expérience
mystique),c’estDieu:sonmarchéesttoujourssplendide.Il(lepossesseurdelaconnaissancevéritable)aferméseslèvresetest
enivré par son commerce : les acheteurs sont innombrables, carDieu aacheté82.Les anges achètent l’enseignement d’Adam : c’est illicite pour les
démonsetlespéris.Adam, enseigne-leur lesNoms, explique-leur lesmystères deDieu en
détail.3270 Celuiquialavuecourte,quiestplongédansleschangementsetsans
fermeté,Jel’aiappelé«souris»,parcequesaplaceestdanslaterre:laterreest
lelieuoùvitlasouris.Elleconnaîtdeschemins,maissouslaterre;elleacreusélaterredans
chaquedirection.L’âme-sourisn’estqu’unegrignoteuse:àlasourisestdonnéunintellect
proportionnéàsesbesoins,
Parceque,sansbesoin,leDieuTout-Puissantnedonnerienàpersonne.Si la terre n’avait pas été nécessaire aux habitants de la terre, le
Seigneurdetouteschosesnel’auraitpascréée.Et si cette terre instablen’avaitpaseubesoindemontagnes, Ilne les
auraitpascrééesdansleurmajesté.Et si les sphères célestes n’avaient pas été nécessaires, elles aussi, Il
n’auraitpas,dunéant,tirélesseptcieux.Lesoleil, la luneet lesétoiles,commentsont-ilsapparus,sicen’està
causedubesoin?Lebesoinestdonc le lacetpour toutcequiexiste ; l’hommepossède
desinstrumentsenproportiondesonbesoin.3280 Augmentedoncrapidementtonbesoin,ôtoiquiesdanslebesoin,afin
quelaMerdelaGénérositédébordedebonté.Cesmendiants sont sur le chemin, et chaquemalheureux d’entre eux
montresonbesoinauxpassants,La cécité, la paralysie, lamaladie, la souffrance, afin que la pitié des
hommespuisseêtresuscitéeparsonbesoin.Dit-iljamais:«Donnez-moidupain,ôbonnesgens,carjepossèdedes
richesses,desgrangesdeblé,desplateauxdemets»?Dieu n’a pas donné d’yeux à la taupe, parce qu’elle n’a pas besoin
d’yeuxpourtrouversanourriture.Elleestcapabledevivresansyeuxetsansvue:dansla terrehumide,
ellenedépendpasdesesyeux.Elle ne sort jamais de la terre, sauf pour voler, afin que le Créateur
puisselaguérird’êtreunevoleuse.Après cela, il lui poussera des ailes, elle deviendra un oiseau, volant
dansleshauteursetglorifiantleCréateur.A chaque instant, dans la roseraie des actions de grâces à Dieu, elle
chanteradesmélodies,commelerossignol,Chantant : « Ô Toi qui m’as libérée des défauts ! Ô Toi qui fais de
l’enferunParadis!3290 «Tumetslalumièredansunpeudegraisse,ôToiquitesuffisàToi-
même;Tudonnesl’ouïeàunos!»Quelle relationya-t-il entrecesconceptset lecorps?Quelle relation
entrelaperceptiondeschosesetleursnoms?Lemotestcommelenid,etlesensestl’oiseau;lecorpsestlelitdela
rivière,etl’espritestl’eauquiycourt.Ellesemeut,ettudisqu’elleestimmobile;ellecourt,ettudisqu’elle
eststagnante.
Situnevoispaslemouvementdel’eauparmilesmottesdeterre(ellese meut pourtant) ; que sont les brindilles et les pailles apparaissantcontinuellementsurelle?Les brindilles et les pailles sont les formes de la pensée : ces formes
viergesreviennentsanscesseànouveau.La surface de l’eau du flux de la pensée, tandis qu’il roule, n’est pas
dénuée de ces brindilles et de ces pailles, les unes plaisantes, les autresdésagréables.Lescoquesàlasurfacedecetteeauquis’écouleproviennentdesfruits
duJardindel’invisible.Cherche lesamandesdecescoquesdans leJardinmême,carc’estdu
Jardinquel’eauarrivedanslelitdufleuve.Situnevoispaslefluxdel’EaudelaVie,regardecemouvementdes
herbesdanslecourant.3300 Quandl’eaucommenceàpasseravecunvolumeaccru,lescoquesdes
idéessontemportéesplusrapidementparelle.Lorsque le courant est devenu extrêmement rapide, nul souci ne
demeureplusdanslesespritsdesmystiques.Étantdonnéqu’ilestexcessivementpleinetimpétueux,iln’yaplusde
placeenluipourriend’autrequel’eau.
* L’expression persane est Rûh-e Wahy, littéralement : « l’esprit del’inspiration».
Commentunétrangercalomnialesheikh,etcommentlediscipledu
sheikhluirépondit
ncertainhommeportaitdesaccusationscontreunsheikh;ildisait:«Ilestmauvaisetnesetrouvepassurlabonnevoie;«C’est un buveur de vin, un hypocrite, un vaurien : comment un tel
hommepourrait-ilaidersesdisciples?»L’un (des disciples) lui dit : « Sois respectueux ; ce n’est pas peu de
chosequedepensersimaldesgrands.«Loindeluietloindesesqualitésquesonespritpursoitnoirciparun
flot(depéchés).«NeprofèrepasdetellescalomniescontredeshommesdeDieu!Ce
n’estqu’uneimaginationdetapart.Tournelapage.«Cecin’estpasvrai;etmêmesicel’était,ôoiseaudeterre,quelmal
peutcauserunecharogneàlamerRouge?« Il n’est pasmoins que l’eau des deux aiguières ou du petit bassin,
qu’uneseulegoutte(d’impureté)peutladisqualifier*.3310 «LefeunefaitpasdemalàAbraham,maisqueceluiquiestun
Nemrodprennegardeàlui!»L’âmecharnelleestNemrod,etl’intellectetl’espritsontl’AmideDieu
(Abraham) ; l’esprit s’occupe de la réalité même, et l’âme charnelles’occupedespreuves.CesindicessurlaVoiesontpourlevoyageurqui,àchaquemoment,se
perddansledésert.Pourceuxquisontarrivés(àl’unionavecDieu),iln’estplusbesoinque
de l’œil et de la lampe : ils ne se préoccupent plus d’indications ou deroute.Sil’hommeuniàDieumentionnequelquesindications,c’estpourque
lesdialecticienslecomprennent.Pour l’enfant nouveau-né, le père balbutie des sons, bien que son
intelligencedominelemondeentier.Ladignitédelasciencedumaîtren’estpasdiminuées’ilditquele’alif
nepossèderien*.Pour enseigner à l’enfant ignorant, il faut se départir de son propre
langage;Ilfautadoptersonlangageàlui,afinqu’ilpuisseapprendredevousla
connaissanceetlascience.Tous leshommes sont comme les enfants (duMaître spirituel) : il est
nécessairequeleMaîtreyréfléchissequandilleurdispensel’instruction.3320 L’infidélitéadeslimitesetuneportéedéterminées,sache-le;maisle
sheikhetlalumièredusheikhn’ontpasdebornes.Devantl’infini,toutcequiestfinin’estrien:Toutechoseestpérissante
sauflaFacedeDieu83.L’infidélitéet la foin’existentpas làoù il (lesheikh)se trouve,parce
qu’ilestlenoyau,etcesdeuxchosesnesontquecouleuretécorce.Ces choses éphémères sont devenues un voile sur cette Face, comme
unelanternecachéesousunbol.Ainsi, cette tête corporelle est un écran pour cette tête spirituelle :
devantcettetête-là,cettetêtecorporelleestuneinfidèle.Quelestl’infidèle?Celuiquioublielafoidusheikh.Quiestlemort?
Celuiquiignorelaviedusheikh.La vie spirituelle n’est rien d’autre que la connaissance au temps de
l’épreuve:plusonadeconnaissance,plusonadevie.Notre esprit est plus grand que celui des animaux. Pourquoi ? Parce
qu’ilaplusdeconnaissance.Aussi, l’esprit des anges est-il plus grand que notre esprit, car il
surpasselesenscommun;Etl’espritdesmystiquesestsupérieuràceluidesanges.Cessedet’en
étonner!3330 C’estpourcetteraisonqu’ilsseprosternèrentdevantAdam:sonesprit
estplusgrandqueleurêtre.S’il n’en était pas ainsi, ce ne serait pas du tout convenable que
d’ordonnerausupérieurdeseprosternerdevantsoninférieur.Comment la justice et la bonté duCréateur permettraient-elles qujane
roseseprosternedevantuneépine?Étantdonnéquel’esprit(dusaint)estdevenusublimeetqu’ilestpassé
au-delàdelalimiteultime,l’âmedetouteschosess’inclinedevantlui,Lesoiseauxetlespoissonsetlesdjinnsetleshommes—parcequecela
lesdépasseetqu’ilssontdéficientsencomparaison.Lespoissons fabriquent des aiguilles pour lemanteaudu saint : ils le
suiventcommelesfilssuiventlesaiguilles.
*Ils’agitdel’eauutiliséepourlesablutionsrituellesavantlaprière.*Lalettre‘altfestuneligneperpendiculairedépourvuedesignediacritique.Elle
symboliseI’Essencedivinedépourvuedequalifications.
Restedel’histoired’IbrâhîmfilsdeAdham(queDieusanctifiesonesprit!)surlerivagedelamer
uand cet émir vit que l’ordre du sheikh avait été réalisé parl’arrivéedespoissons,iltombaenextase.Ildit:«Ah,lespoissonsconnaissentlesmaîtresspirituels(pîrs).Honte
àceluiquiestchasséhorsdelaCoursainte!«Les poissons connaissent lepîr, et nous sommes loin de lui !Nous
sommesdamnésd’êtreprivésdecettechance,eteuxsontbénis!»Ils’inclinatrèsbasets’enalla,désoléetpleurant.Ildevintfoud’amour
pourl’ouverturedelaporte(del’unionavecDieu).3340 Alors,ôtoiàlafiguresouillée,quefais-tu?Quicombats-tuetenvies-
tu?Tujouesaveclaqueued’unlion:tuattaqueslesanges.Pourquoi dis-tu dumal de ce qui est un bien pur ? Prends garde, ne
considèrepasquecettebassesse(d’insulterlessaints)soitdelagrandeur.Quelestlemal?Lecuivremisérableetméprisable.Qu’estlesheikh?
L’élixirinfini.Silecuivreestincapabled’êtretransmuéparl’élixir,cependantl’élixir
n’ajamaisététransforméencuivreparlecuivre.Qu’est-ce que lemal ? Un rebelle qui agit comme le feu. Qui est le
sheikh?LaMerdel’Éternité.Le feu est toujours terrifié par l’eau. Quand l’eau fut-elle jamais
effrayéed’êtreenflammée?Tuobservesdesdéfauts sur la facede la lune ; tu cueillesdes épines
dansunParadis.Cueilleur d’épines, si tu vas dans le Paradis, tu n’y trouveras d’autre
roncequetoi-même.Turecouvresunsoleilavecunpeud’argile:turecherchesdeslacunes
dansunepleineluneparfaite.3350 Unsoleilquibrilleàtraverslemondeentier—commentsera-t-ilcaché
àcaused’unechauve-souris?Les fautes sont renduescoupablespar ladésapprobationdespîrs ; les
mystèressontrendusmystérieuxparlajalousiedespîrs.Si tues loind’eux, soisdumoinsuniàeuxpar le respectque tu leur
témoignes:soisalerteetactifenmontrantdurepentir,
Dans l’espoir qu’une brise puisse souffler vers toi à partir de ce lieu.Pourquoitaris-tul’eaudelamiséricordepartonenvie?Bien que tu sois loin, à cette distance,manifeste-leur de l’amitié.Où
quevoussoyez,tournezlàvosvisages84.Quand un âne tombe dans la boue en courant rapidement, il semeut
sanscessepourserelever.Ilnerendpascetendroitcommodepouryrester:ilsaitquecen’estpas
lelieuoùildoitvivre.Tonjugementaétéinférieuràceluidel’âne,cartoncœurnes’estpas
enfuiloindecesmottesdeboue.Tu interprètes les circonstances comme une autorisation de demeurer
danslaboue,étantdonnéquetuneveuxpasendétachertoncœur.Tu dis : « Cela m’est permis ; je me trouve contraint. Dieu dans Sa
bonténepunirapasunpauvreêtreimpuissantcommemoi.»3360 Envérité,Ilt’adéjàchâtié,mais,commelahyèneaveuglepar
ignorance,tunevoispaslechâtiment.Leschasseursdisent:«Lahyènenesetrouvepasici;cherchezlaau-
dehors,carellen’estpasdanslacaverne.»Ilsdisentcela,etenmêmetempsl’attachentavecdesliens,tandisque
lahyènedit:«Ilsnesaventpasoùjesuis.« Si cet ennemim’avait connue, comment se serait-il écrié : “Où est
cettehyène?”»
Ladéclarationd’unecertainepersonneselonlaquelleleDieu
Très-Hautnelapuniraitpaspoursonpéché,etlaréponsequeluifit
Shu‘ayb*
utempsdeShu’ayb,uncertainhommedisaitDieuavuplusieursfautesquej’aicommises.« Combien de péchés et de transgressions m’a-t-il vu faire ! Et
cependant,Dieu,dansSabonté,nemepunitpas.»En réponse, Dieu le Très-Haut de la manière mystérieuse parla
clairementàl’oreilledeShu‘ayb,Disant : « (Dis-lui :) Tu as dit : “Combien de péchés n’ai-je pas
commis !Et cependant,Dieu,dansSabonté,nem’apaspunipourmesfautes.”«Tudis le contraire et l’inverse de la vérité, ô imbécile, ô toi qui as
abandonnélaroutepourt’enallerdansledésert!«Combiensouvent,combiensouventJetechâtieettunet’enrendspas
compte!Tuesenchaînédelatêteauxpieds.3370 «Tarouille,coucheaprèscouche,ôpotnoirci,asouillélafacedeton
cœur.«Descouchesderouillesesontamonceléessurtoncœur,desortequ’il
estdevenuaveugleauxmystèresspirituels.»Sicettefumées’attaqueàunpotneuf,sestracesseverront,quandcene
seraitpasdavantagequ’ungraind’orge.Car toute chose est renduemanifeste par son contraire ; sur un objet
blanc,lenoirdevientmanifeste;Maisquand lepotaéténoirci,quis’apercevraensuitede l’effetde la
fuméesurlui?Leforgeronquiestéthiopien—lafuméeestde lamêmecouleurque
sonvisage;Le Grec qui fait le travail d’un forgeron, son visage, à cause de la
fumée,devienttachetédenoir.Aussi reconnaîtra-t-il très vite l’effet du péché, de sorte qu’il se
lamentera,endisant:«ODieu!»Mais quand il persiste dans le péché, s’adonne aumal, et jette de la
poussièredansl’œildelaméditation,
Ilnepenseplusàlapénitence:cepéchédevientsicheràsoncœurqu’àlafinilperdlafoi
3380 Cerepentiretcescris«OSeigneur»l’ontabandonné;unequintuplecouchederouilles’estdéposéesurlemiroirdesoncœur.Lescouchesderouillesesontmisesàentamersonmiroir:larouillea
commencéàdiminuersonéclat.Quandonécritsurdupapierblanc,onpeutlireaussitôtcetteécriture.Quandonécritsurcequil’adéjàété,onnelecomprendpas:lalecture
enseraerronée;Car cette noirceur a été effectuée sur de la noirceur ; aussi, ces deux
écrituressontdevenuesobscuresetdépourvuesdesens.Et si l’on écrit une troisième fois par-dessus, alors on le rend noir
commel’âmedel’impie.Quel autre recours y a-t-il, alors, que de se réfugier en Dieu le
Secourable?Ledésespoirestducuivre,etl’élixirestleregarddeDieu.Déposezvosdésespoirs àSespieds, afind’échapper àune souffrance
irrémédiable.LorqueShu‘aybluieutditcesparolesprofondes,àcesouffledeTesprit
desrosesfleurirentensoncœur.SonâmeécoutaT inspirationvenueduCiel ;cependant, ildemanda :
«S’ilm’apuni,oùestlesigne?»3390 Shu’aybs’écria:«ÔSeigneur,ilmeriposte,ilrecherchelesignedece
châtiment.»Dieudit:«JesuisCeluiquivoilelespéchés:Jeneraconteraipasses
secrets,Jenedonneraiqu’uneindicationpourlemettreàl’épreuve.«UnsignedeMonchâtimentestqu’ilaàsoncréditdesactionspieuses
dejeûneetdeprière,«Etd’officesrituelsetd’aumônes,etcetera,maisilnepossèdepasun
seulatomedesaveurspirituelle.«Ilaccomplitdebellesactionsetactesdedévotion,maisiln’apasun
seulatomededélicespirituel.«Sesdévotionssontbonnesselon la forme,mais l’espritn’enestpas
bon:lesnoixsontnombreuses,maisdépourvuesdecerneaux.»Lasaveurspirituelleestnécessairepourquelesdévotionsproduisentdesfruits:unnoyauestnécessairepourquelabaiedonnenaissanceàunarbre.Commentunebaie sansnoyaudeviendrait-elleun arbuste ?La forme
dépourvued’âmen’estqu’unfantasme.
*ProphètedeMadian(Cf.Qor’ân,VII,85).
Restedel’histoiredel’étrangerinsultantlesheikh
eméchantvaurienracontaitdeschosesstupidesausujetdusheikh;celuiquiestenvieuxatoujoursunesprittordu.Ildit :«Je l’aivudansunecompagnie (debuveurs) ; ilestdénuéde
puretéetdépourvudepiété.3400 «Etsitunelecroispas,rends-toilàcesoir,afindevoirclairementla
dépravationdevotresheikh.»La nuit venue, il l’amena devant une fenêtre et dit : « Regarde cette
débaucheetcesfestivités!«Contempleunetellehypocrisielejouretunteldévergondagelanuit!
Durant la journée, il estcommeMustafâ (Mohammad)et le soircommeBûLahab*.«Lejour,sonnomestdevenu‘Abdallah(serviteurdeDieu);lanuit—
Dieunousprotège!Etvoislacoupedevindanssamain!»Ledisciplevitunverrepleindanslamaindusheikh.«Ôsheikh,dit-il,
ya-t-ilaussiunviceentoi?«N’est-cepastoiquidisaisqueleDémonseprécipitepoururinerdans
lacoupedevin?»Lesheikhrépondit:«Onatellementremplimacoupequ’iln’yapas
enelledeplacepouruneseulegrainederue.« Regarde : y a-t-il de la place ici pour un seul atome ?Un homme
leurréafaussementsaisicetteaffaire.»Ce n’est pas la coupe apparente ou le vin apparent : considère cette
allégationcommebienloindeladignitédusheikhquiperçoitl’invisible.La coupe de vin, sot que tu es, est la personne du sheikh : dans son
essence,l’urineduDémonnepeutêtrecontenue.3410 IIestremplietdébordantdelaLumièredeDieu:ilabrisélacoupe
corporelle,ilestlaLumièreabsolue.Si la lumière du soleil tombe sur de l’ordure, c’est toujours lamême
lumière:ellenesubitaucunesouillure.Lesheikhdit:«Envérité,cen’estpasunecoupe,niceciduvin.Viens,
incroyant,etregarde!»Il vint, et vit que c’était du miel pur. Ce misérable ennemi devint
aveugle(dehonte).Surquoi, lepîr dit à sondisciple : «Vamechercher duvin, ônoble
sire;«Carj’éprouveunedouleur;jesuisréduitàlanécessité:àcausedela
souffrance,jesuispasséau-delàdel’inanition*.«Dansunbesoingrave, toutenourritureprohibéeest licite—que les
malédictions tombent comme de la poussière sur la tête de celui qui lenie!»Le disciple fît le tour du cellier, goûtant à chaque jarre pour obéir au
sheikh.Danstouteslescavesqu’ilvisita,ilnetrouvapasdevin:lesjarresde
vinétaientdevenuesrempliesdemiel.Ildit:«Ôbuveurs,qu’est-cequetoutcela?Quesepasse-t-il?Jene
trouvedevindansaucunejarre.»3420 Touslesbuveursvinrentauprèsdusheikh,pleurantetsefrappantlatête
deleursmains.Ilsdisaient:«Tuesvenudanslataverne,ôtrèsnoblesheikh,etàcause
detavenuetouslesvinsontététransformésenmiel.«TuaschangélevinetTaspurifiédelasaleté:changeaussinosâmes
etpurifie-lesdetoutesouillure.»Si le monde entier était rempli de sang jusqu’au bord, comment le
serviteurdeDieuboirait-ilautrechosequecequiestsanctifié?
*OncleduProphèteetsonennemi.*Cf.Qor’ân,XVI,115,autorisantàconsommerdesalimentsillicitesencasdenécessité.
Comment‘Âisha(puisseDieuêtresatisfaitd’elle!)ditàMustafâ(Mohammad)(surluilapaix):
«Tuaccomplislaprièren’importeoù,sanstapisdeprière.»
njour,‘ÂishaditauProphète:«ÔEnvoyédeDieu,ouvertementetsecrètement,« Tu accomplis la prière en quelque endroit que tu te trouves,même
lorsquedesgensvilsetsalescourentdanslamaison;«Mêmesiune femmequiaun fluxdesang le jourdes règles,ouun
enfant,ouquelqu’undesaleetd’impurautilisécetendroit.»LeProphètedit:«SachequeDieurendpuresdeschosesimpurespour
ceuxquisontdouésdegrandeurspirituelle.«Pourcetteraison,lagrâcedeDieuarendupurl’endroitdemaprière,
etcelajusqu’auseptièmeniveauduCiel.»Prends garde, prends garde ! Cesse d’envier les rois spirituels,
autrementtudeviendrasundémonencemonde.3430 Cars’ilboitdupoison,celadevientdumiel;maissitumangesdumiel,
c’estdupoisonpourtoi;Carilaétéchangé,etsonactionaétéchangée;ilestdevenulaGrâce
deDieu,etchaquefeuenluis’esttransforméenLumière.Lesabâbîl*avaienteneuxlapuissancedeDieu;autrement,comment
unoiseautuerait-ilunéléphant?Uncertainnombredepetitsoiseauxvainquirentunearméeentière-afinquevoussachiezquecetteforcevientdeDieu.S’il t’advientune tentationdecettesorte,va, lis la sourateconcernant
lespossesseursdel’éléphant.Et si tu t’opposes et entres en rivalité avec le saint, considère-moi
commeuninfidèlesituéchappesàleurchâtiment.
*Allusionàlasouratede1’Éléphant(Qor’ân,CV)etàladestructiondel’arméedesAbyssinspardesvolsd’oiseauxabâbîlportantdescaillouxdansleursbecs.
Commentlasouristiralacordeattachéeàl’anneauaunezdu
chameauetdevintimbued’elle-même
nepetite sourisattrapadans sespattesdedevant leboutdu licoud’unchameauet,serengorgeant,s’enallaavec.En raisonde lapromptitude avec laquelle le chameau semit en route
avecelle,lasouriss’imaginaêtreunehéroïne.Le chameau perçut sa pensée. Il se dit en lui-même : « Je vais te
montrer!Amuse-toibien!»Toutsepassabienjusqu’àcequelasourisarriveaubordd’unegrande
rivièrequiauraitépouvantéunlionouunloup.3440 Lasouriss’arrêtalàetdevintparalysée.Lechameauluidit:«Ômon
compagnon,àtraversmontsetvallées,« Pourquoi restes-tu immobile ? Pourquoi es-tu troublée ? Avance
commeunhomme!Vadanslarivière!«Tuesmonguideetmonconducteur:net’arrêtepasàmi-cheminen
étantabasourdie!»Lasourisdit:«C’estuneénormeetprofonderivière:j’aipeurdeme
noyer,ôcamarade.»Le chameau dit : « Voyons la profondeur de l’eau. » Et il y posa
rapidementlepied.« L’eau, dit-il, ne monte que jusqu’au genou. Ô souris aveugle,
pourquoies-tudevenuetroubléeetas-tuperdutesesprits?»Lasourisrépondit:«Pourtoi,c’estcommeunefourmi,maispourmoi,
c’estundragon,carilyadesdifférencesentreungenouetunautre.« Si cela ne va que jusqu’à ton genou,mon excellent ami, c’est cent
aunesplushautquelesommetdematête.»Lechameaudit:«Uneautrefois,n’agispasdefaçonaussitéméraire,
depeurquetoncorpsettonâmesoientconsumésparcesétincelles.«Aieaffaireàdessouriscommetoi-même:unesourisn’arienàdireà
unchameau.»3450 Lasourisdit:«Jemerepens.Pourl’amourdeDieu,fais-moitraverser
cetteeaumortelle!»Lechameaufutémudepitié.«Ecoute,dit-il,sauteetassieds-toisurma
bosse.
«Cepassagem’aétéaccordé;jepourraistransporterdescentainesdemillierspareilsàtoi.»Puisquetun’espasunprophète,suislecheminderrièrelesprophètes,
afinqu’unjourtupuissesparvenirdel’abîmedelasensualitéàlaplaceetaupouvoirspirituels.Soisunvassal, puisque tun’espasun seigneur : nemanœuvrepas le
bateautoi-même,puisquetun’espaslepilote.Puisquetun’espasspirituellementparfait,neprendspasuneboutiqueà
toitoutseul.Soissouplesouslamain,afindedevenirlevécommelapâte.Prêtel’oreilleàl’ordredivinTaisez-vous85,soismuet;puisquetun’es
pasdevenuleporte-paroledeDieu,soisuneoreille.Etsituparles,parlesousformed’unedemanded’explication:adresse-
toiauxempereursspirituelscommeunhumblemendiant.Lecommencementdel’orgueiletdelahainesetrouvedansledésiret
tondésirs’enracinedansl’habitude.Quandunedispositionmauvaisedevientconfirméeparl’habitude,tues
enragécontrequiconques’opposeàtoi.3460 Aprèsquetuesdevenuunmangeurd’argile,celuiquit’empêchede
mangerdel’argileesttonennemi.Étant donné que les idolâtres sont accoutumés aux idoles, ils sont les
ennemisdeceuxquibarrentlarouteversl’idole.Comme Iblîs s’était habitué à être un chef, il regarda Adam avec
incrédulité,Disant:«Ya-t-ilunautrechefsupérieuràmoi,qu’ildoiveêtreadoré
parquelqu’uncommemoi?»L’autoritéestdupoison, saufpour l’espritqui,dès lecommencement,
possèdeenlui-mêmeuneabondanced’antidote.Silamontagneestrempliedeserpents,necrainsrien,carils’ytrouve
unemined’antidote.Quand le commandement est devenu coutumier de ta mentalité,
quiconquet’enprivedevientcommeunvieilennemi.Quand quelqu’un contredit ta disposition, de nombreux sentiments de
hainecontreluinaissententoi.«Ilm’arracheàmadispositionenracinée,ilfaitdemoisonélèveetson
disciple.»Amoinsqueladispositionmauvaisesoitdevenuefortementimplantée,
comment le temple de feu de l’opposition flamboierait-il parce qu’ons’opposeàlui?
3470 Onpeuttémoignerunecourtoisiefeinteàceluiquis’opposeàvous,on
peutsefaireuneplacedanssoncœur,Mais,parcequeladispositionmauvaiseestdevenueforte,lafourmidu
désirestdevenue,par1’habitude,unserpent.Tueleserpentdudésirdèslecommencement;autrement,vois-tu, ton
serpentdevientundragon.Mais chacun considère son propre serpent comme une fourmi : toi,
recherchel’explicationdetoi-mêmechezceluiquiestleseigneurducœur.Avant que le cuivre ne devienne de l’or, il ne sait pas qu’il est du
cuivre:avantquelecœurnedevienneunroi,ilnesaitpasqu’ilestruiné.Soisàladispositiondel’élixir,commelecuivre:supportelatyrannie,
ômoncœur,delapartdubien-aimé.Quiestlebien-aimé?Sachequec’estceluiquifaitpartiedesamoureux
mystiques(ahl-edil)qui,commelejouretlanuit,sontopposésaumonde.NecherchepasdefautechezleServiteurdeDieu:n’accusepasleroi
d’êtreunvoleur.
Lesmiraclesdudervichesoupçonnédevoldansunnavire
ndervichesetrouvaitdansunnavire:ils’étaitfaitunoreillerdesonhabitdesainteté.Uneboursed’orfutperdue.Ilétaitendormiàcemoment.Ilsfouillèrent
toutlemonde,ets’ensaisirent,3480 Disant:«Fouillonscemendiantendormiluiaussi.»Lepropriétairede
l’argent,pousséparlechagrin,leréveilla.« Un sac d’objets de valeur, dit-il, a été perdu dans ce navire. Nous
avonsfouillétoutlemonde:tunepeuxéchapperausoupçon.«Retiretonmanteaudederviche,enlève-le,afínquelessoupçonsdes
genspuissentêtredissipésàtonsujet.»Il s’écria : « Ô Seigneur, ces vils vauriens ont porté une accusation
contreTonesclave:faisexécuterTonordre!»Quandlecœurdudervichefutaffligéparcesoupçon,aussitôtsortirent
leurstêtesdetouscôtésDu fond de la mer, des myriades de poissons, et dans la bouche de
chacund’euxunesuperbeperle;Desmyriadesdepoissonshorsdelapleinemer,chacunavecuneperle
danssabouche—etquellesmerveilleusesperles!Chaque perle, le revenu d’un royaume. « Celles-ci, lui dirent-ils,
viennentdeDieu,ellesn’ontpasd’autreassociation.»Iljetaunequantitédeperlessurlenavireetbonditenl’air:ilfitdel’air
sonsiègeets’yassit,Sereposantàl’aise,lesjambescroisées,commelesroissurleurstrônes
—luiau-dessusduzénith,etlenavireendessousdelui.3490 IIdit:«Partez!Lenavirepourvous,Dieupourmoi,desortequ’un
mendiantvoleurnesoitpasavecvous!«Voyons qui sera le perdant dans cette séparation ! Je suis heureux,
étantuniàDieuetséparédeSescréatures.« Il ne m’accuse pas de vol, Il ne me remet pas à la merci d’un
détracteur.»Lesgensdunavires’écrièrent:«Ônoblechef,pourquoiunrangaussi
élevét’a-t-ilétéconféré?»Il répondit : «Pouravoir jetédu soupçon sur lesdervichesetoffensé
Dieuenraisond’unechosemisérable(commevousl’avezfait)!
«Dieum’engarde !Non, c’était pour témoignerdu respect à l’égarddes rois spirituels, étant donné que je ne concevais pas de mauvaisespenséesausujetdesderviches,« Ces aimables derviches à l’esprit pur, pour la louange desquels fut
révéléela(lasourateduQor’ân)‘Abasa(Ils’estrenfrogne*).« Cet état de derviche n’est pas dû seulement au désir d’éviter tout
rapport (avec lemonde) ; non, c’est parce que rien n’existe d’autre queDieu.« Comment soupçonnerais-je ceux à qui Dieu a confié le trésor du
SeptièmeCiel?3500 «L’âmecharnelleestsuspecte,nonlaRaisonsublime:lessenssont
suspects,nonlaLumièresubtile.«L’âmecharnelleestunsophiste:bats-lasanscesse,carcelaluifaitdu
biend’êtrebattue,etnonqu’ondiscuteavecelle.«Ellevoitunmiracle,etàcetinstantellerayonne(decroyance);mais
ensuite,elledit:“Cen’étaitqu’uneimagination;“Car si cette vision merveilleuse avait été réelle, alors elle serait
demeurée,jouretnuit,danslesyeux."«Elledemeure,enfait,danslesyeuxdeceuxquisontpursmaisellene
demeurepasprésenteauxyeuxdesanimaux(gensimpurs)« Car le miracle est honteux de ces sens corporels et les méprise :
commentunpaonpourrait-ilêtreemprisonnédansunfosséétroit?«Prendsgardeànepasmetraiterdebavard:jenedisqu’unechosesur
cent,etcelle-cipareilleàuncheveu.»
*Qorr’ân, LXXX.Cette sourate relate un incident survenu à LaMecque, audébutdelaprédicationduProphètequi,engagédansuneconversationavecunnotable, témoigna quelque déplaisir à être interrompu par un pauvre aveuglevenul’interroger.Dieuleluireprocha.
Commentdessoufisinsultèrentuncertainsoufi,disantqu’ilparlait
tropenprésencedusheikh
ertains soufis insultèrent un autre soufi ; ils allèrent trouver lesheikhdeleurmaisonderetraite,Etdirentausheikh:«Réclamejusticepournosâmesàcesoufi,ônotre
Guide!»Il dit : « Eh ! quoi, de quoi vous plaignez-vous, ô soufis ? »On lui
répondit:«Cesoufipossèdetroishabitudesennuyeuses:«Quandilparle,ilestaussibavardqu’unecloche;quandilmange,il
mangeplusquevingtpersonnes;3510 «Etquandildort,ilestcommelesHommesdelaCaverne.»Ainsiles
soufispartirentenguerrecontreluidevantlesheikh.Lesheikhtournasonvisageverscederviche,etluidit:«Enchaquecas
quiexiste,conforme-toiàunmoyenterme.« Il est déclaré dans la Tradition que les choses les meilleures sont
celles entre deux extrêmes ; les quatre humeurs sont bénéfiques parcequ’ellessontenéquilibre.«Si,paraccident, l’unedeceshumeursdevientexcessive, lamaladie
apparaîtdanslecorpshumain.« N’excède en aucune qualité celui qui est ton compagnon car cela
assurémentamènerauneséparationentrevousàlafin.«LesparolesdeMoïseétaientmesuréesmaispourtantellesexcédèrent
lesparolesdesonbonami.«Cetexcèseutpourconséquencequ’ils’opposaàKhadir ;etcelui-ci
luidit:Va,tuparlestrop;voilàvenulemomentdenotreséparation86.«ÔtoiquiressemblesàMoïse,tuesbavard.Va-t’enbienloin,oualors
soisavecmoimuetetaveugle!«Etsitunet’envaspas,maisrestesassisicimalgrémoi,enréalitétu
espartietcoupédemacompagnie.»Quandtoutàcouptucommetsunacted’impuretélégaleaucoursdela
prièrerituelle,laprièretedit:«Vavitetepurifier»;3520 Etsitunelefaispas,tuagirasenvain;envérité,taprièreestnulle:
assieds-toi,ôhommemalguidé!Vavers ceuxqui sont tes congénères, ceuxqui sont amoureuxde ton
discoursetassoiffésdel’entendre.
Celuiquiveilleestsupérieuràceuxquisomnolent:lepoissonspiritueln’apasbesoindeceluiquiveille.Ceux qui portent des vêtements se préoccupent du blanchisseur,mais
l’âmedeceuxquisontnusal’illuminationdivinepourornement.Oubienretire-toietéloigne-toideceuxquisontnus,ou,commeeux,
libère-toidesvêtementscorporels.Et si tu ne peux devenir complètement nu, diminue le nombre de tes
habitspourpouvoircheminersurlaroutedumilieu.
Commentlederviches’excusaauprèsdusheikh
lors le derviche raconta au sheikh ce qu’il en était et ajouta desexcusesàl’accomplissementdecetteobligation.Aux questions du sheikh, il apporta des réponses bonnes et justes,
commelesréponsesdeKhadir,Asavoir,cesréponsesauxquestionsdeMoïsequeKhadir,inspiréparle
Seigneuromniscient,luifit,De sorte que ses difficultés furent résolues, et que Khadir donna à
Moïselaclépourchaquequestion,defaçonimpossibleàdécrire.3530 LedervichepossédaitluiaussiunhéritagespirituelvenantdeKhadir;
c’estpourquoiilpliasavolontéàrépondreausheikh.Ildit :«Bienquelavoiemoyennesoitcellede lasagesse,cependant
cettevoiemoyenneestaussirelative.«Parrapportauchameau,l’eauduruisseauestpeudechose,maispour
unesouris,c’estunocéan.«Siquelqu’unade l’appétitpourquatremichesdepainet enmange
deuxoutrois,c’estunemoyenne,«Maiss’illesmangetouteslesquatre,c’estloindelamoyenne:ilest
esclavedelagourmandise,commeuncanard.«Siquelqu’unadel’appétitpourdixpainsetenmangesix,sacheque
c’estlàlamoyenne.«Quandj’aidel’appétitpourcinquantepains,et toipoursixgalettes,
nousnesommespaségaux.«Ilsepeutquetusoisfatiguépardixra‘kasdeprière,jepeuxnepas
êtreépuiséparcinqcents.«L’unfaitpiedsnuslaroutejusqu’àlaKa’ba,etunautredevienthors
delui-mêmedefatigueenserendantpasplusloinquelamosquée.«L’unparpuredévotiondonnesavie,unautreest terrifiéà l’idéede
donnerunsimplepain.3540 «Cemoyenappartientaudomainedufini,carcefiniaun
commencementetunefin.»Uncommencementetunefinsontnécessairesafinquelemilieuentre
euxpuisseêtreconçuparl’imagination.Étant donné que l’infini n’a pas ces deux limites, comment cemilieu
pourrait-illuiêtreapplicable?
Nul n’amontré qu’il avait un commencement et une fin.Dieu a dit :«Silamerétaituneencre»(pourécrirelesParolesdeDieu87).Silesseptmersdevenaienttoutentièresdel’encre,iln’yauraitencore
aucunespoird’arriveràlafin.Si les vergers et les forêts devenaient tout entiers des plumes, il n’y
auraitaucunediminutiondecetteParole.Toute cette encre et ces plumes disparaissent, et cette Parole
innombrableestéternelleàjamais.Parfois, mon état ressemble au sommeil : une personne dans l’erreur
peutpenserquec’estlàdusommeil.Sache quemes yeux sont endormis,mais quemon cœur est éveillé ;
sachequemonapparencequisembleinactiveestenréalitéentraind’agir.LeProphèteadit:«Mesyeuxsontendormis,maismoncœurn’estpas
endormiauSeigneurdeschosescréées.»3550 Vosyeuxsontéveillés,etvotrecœurestplongédanslesommeil;mes
yeuxsontendormis,maismoncœurcontemplel’ouverturedelaPorte.Moncœuracinqsens:lesdeuxmondessontlascènedessensducœur.Nemeregardepasàpartirdetoninfirmité:pourtoi,c’estlanuit,pour
moi,cettemêmenuitestl’aube.Pourtoi,c’estuneprison,pourmoicetteprisonestcommeunjardin;
pourmoi,l’occupationlaplustotaledevientlaliberté.Tespiedssontdanslaboue;pourmoi,laboueestdevenuedesroses;
tuasledeuil;j’ailesfêtesetlestambours.Tandis que je reste avec toi en un lieu sur la terre, je parcours la
septièmesphèreduciel,commeSaturne.Cen’est pasmoiqui suis assis auprèsde toi, c’estmonombre ;mon
rangestplusélevéquecequ’atteignentlespensées,Parcequejesuispasséau-delàdespensées;jesuisdevenuunvoyageur
endehors(delarégion)delapensée.Je gouverne la pensée, je ne suis pas gouverné par elle, car le
constructeurdirigelaconstruction.Toutes les créatures sont asserviespar lapensée ; c’est la raisonpour
laquelleellesontlecœurmaladeetaffligé.3560 Jem’adonneàlapenséevolontairement;quandjeledésire,jesurgis
d’aumilieud’elles.Jesuiscommeunoiseauduzénith,lapenséeestcommeunemouche:
commentunemoucheaurait-elledupouvoirsurmoi?Adessein,jedescendsdececielélevé,afinqueceuxquisontd’unrang
inférieurpuissentparvenirjusqu’àmoi.
Quandledégoûts’emparedemoidevantlescaractéristiquesdecebasmonde,jeprendsmonessorcommelesoiseauxquidéploientleursailes88.Mes ailes ont poussé hors dema naturemême ; je nem’attache pas
deuxailesavecdelacolle.Les ailes de Ja’far-i Tayyâr* sont permanentes ; les ailes de Ja’far-i
’Ayyârsontempruntées**.Pour celui qui ne l’a pas expérimenté, ceci n’est que prétention : aux
yeuxdeshabitantsdel’horizonspirituel,c’estuneréalité.C’esthâblerieetprétentionauxyeuxducorbeau:unpotpleinouvide,
c’esttoutunauxyeuxdelamouche.Quandlesmorceauxdenourrituresechangentenperlesàl’intérieurde
toncorps,net’abstienspas:mangetouttoncontent.Unjourlesheikh,afinderéfutercesmauvaisespensées,vomitdansun
bassin,etlebassindevintremplideperles.3570 Enraisondupeud’intelligencedel’homme,leMaîtreclairvoyantfit
desperlesintelligiblesdesobjetsdeperceptionsensorielle.Quand de la nourriture pure se transforme en impureté dans ton
estomac,metsunverrousurtongosieretcachelaclé;Maisceluienquilesmorceauxdenourrituredeviennentlalumièredela
gloirespirituelle,qu’ilmangecequ’ilveut,c’estpourluilicite.
*Ja‘faribnAbîTâlib,cousinduProphète,mortmartyràlabatailledeMu’tah(8hég./629) reçut deDieu en récompensedeux ailes pour voler auparadis, d’oùsonsurnomdeTayyâr,celuiquivole,«levolant».**Ja‘far-i ’Ayyâr,c’est-à-dire« levoleur»,paroppositionaupremier,parunjeudemots.
Expliquantquecertainesaffirmationsdelavéritésont
attestéesparleurnaturemême
i tues I’ami intimedemonâme,mesparolespleinesdesensnesontpasunesimpleaffirmation.Si,àminuit,jedis:«Jesuisprèsdetoi;allons,nesoispaseffrayépar
lanuit,carjesuistonparent»,Cesdeuxaffirmationssontpourtoilaréalité,cartureconnaislavoixde
tonpropreparent.Laproximité et laparenté étaientdeuxaffirmations,mais toutesdeux
étaientuneréalitépourunebonnecompréhension.La proximité de la voix permet de constater que ces paroles viennent
d’unamiintime,En outre, la joie d’entendre la voix de son parent témoigne de la
sincéritédececherparent.Aucontraire,l’hommestupidequi,danssonignorance,nedistinguepas
lavoixd’unétrangerdecelled’unparent,3580 Pourlui,cesparolessontunesimpleaffirmation;sonignoranceest
devenuelacausedesonincroyance.Mais pour celui doué d’intelligence, qui possède les lumières
spirituelles, lanaturemêmedecettevoixétait justement lapreuvedesaréalité.Parexemple, siquelqu’undont la languematernelleest l’arabedit en
arabe:«JeconnaislelangagedesArabes»,Lefaitmêmequ’ilparleenarabeprouvelaréalitédesonaffirmation,
bienquelefaitqu’ildisesavoirl’arabenesoitqu’uneaffirmation.Oubienunécrivainpeutécriresurunboutdepapier:«Jesaislireet
écrire,etsuisunhommetrèscultivé»;Bienquecequiestécritnesoitqu’uneaffirmation,l’écritestlapreuve
desaréalité.Ouencore,unsoufipeutdire:«Lanuitdernière,quandtudormais,tu
asvuunepersonneportantsurl’épauleuntapisdeprière.«C’étaitmoi,etcequejet’aiditenrêve,alorsquetusommeillais,pour
expliquerlaclairvoyance,«Prêtel’oreilleàcela,mets-leàtonoreillecommeunanneau,faisde
mesparolesunguidepourtonesprit.»
Quand tu te souviens du rêve, ces paroles sont pour toi un nouveaumiracle,oudel’orancien.
3590 Bienquececisembleêtreunesimpleaffirmation,l’âmedurêveurdit:«Oui,c’estvrai.»Donc,puisquelasagesseestlachamelleégaréeducroyantsincère,illa
connaîtaveccertitude,d’oùqu’ill’entende;Etquandilsetrouveabsolumentenfaced’elle,commentyaurait-ilun
doute?Commentsetromperait-il?Quandtudisàl’hommeassoiffé:«Hâte-toi!Ilyadel’eaudanscette
coupe,prends-la»,L’homme assoiffé répondra-t-il : « C’est là une simple affirmation,
éloigne-toidemoi,ôtoiquiprétendsdeschoses!Va-t’enbienloin!« Ou alors, apporte quelque témoignage et preuve que ce liquide est
aqueux, qu’il consiste bien en de l’eau qui coule d’une source89. » Ousupposequ’unemèrediseaubébéqu’elleallaite:«Viens,jesuistamère,écoute,monenfant!»Lebébédira-t-il:«Ômamère,apporte-moiunepreuve,desortequeje
puisseêtreréconfortépartonlait!»Lorsquedans le cœurd’une communauté existe une saveur spirituelle
(dhawq)provenantdeDieu,levisageetlavoixduProphètesontcommeunmiraclequiconstitueunepreuve.Lorsquedudehors leProphètepousseuncri, à l’intérieur l’âmede la
communautéseprosterneenadoration;3600 Carjamaisdanslemondel’oreilledel’âmen’auraentendude
quiconqueuncridelamêmesorte:L’âme, cette étrangère, par la perception immédiate de cette voix
merveilleuse, a entendu de la bouche de Dieu : « En vérité, Je suisproche90.»
CommentYahiâ*(surluilapaix!)seprosternadansleseindesamère
devantleMessie(Jésus)(surluilapaix!)
a mère de Yahiâ, avant de le mettre au monde, dit en secret àMarie:«Jevoisaveccertitudequ’ilyaentoiunRoiquiesttrèsglorieux,et
quiestunEnvoyédeDieudouédeconnaissance.« Quand je t’ai rencontrée, mon fardeau (l’enfant dans mon sein)
aussitôts’estprosterné.«Cetembryon s’estprosternédevantcet autreembryon,de sorteque
cetteprosternationaprovoquéunedouleurdansmoncorps.»Mariedit:«Moiaussi,j’aisenticetteprosternationeffectuéeparcebébédansmonsein.»
*Jean-Baptiste.
Difficultésoulevéeparcettehistoire
es sots disent : « Supprimez cette histoire : elle est fausse eterronée.«Marie,lorsqu’elleétaitenceinte,nerencontrapersonne;ellenerevint
pasd’endehorsdelaville,«Jusqu’àcequecettefemmeàladoucehistoireaitaccouchéendehors
delaville,ellen’yentrapas.3610 «Lorsqu’ellel’eutmisaumonde,ellelepritdanssesbrasetl’emporta
chezsesparents.«OùlamèredeYahiâlavit-elle,pourluidirecesparolesausujetdece
quis’étaitpassé?»
Réponseàladifficulté
1fautsavoirque,pourceluiqui reçoitdes idéesdeDieu, toutcequiestabsentdanslemondeestprésent.AMarie,lamèredeYahiâapparaîtraitprésente,alorsqu’elleétaitloin
desesyeux.Onpeutvoirunamiaveclesyeuxfermés,quandonafaitdesonpropre
corpsunefenêtre.Et si elle ne le vit ni de l’extérieur, ni de l’intérieur, saisis le sens
profonddecettehistoire,sotquetues!Noncommeceluiquiaentendudescontes,etcommefestrestécolléà
leurforme*.Desortequ’ildit :«CommentKalîla,quin’apasde langage,peut-il
entendrelesparolesdeDimnaquin’apasdemoyendes’exprimer?«Etmêmes’ilsconnaissaientlelangagedel’unetdel’autre,comment
unhommelescomprendrait-ilsansparolesarticulées?CommentDimnadevint-ilunmessagerentre le lionet lebœuf, et les
ensorcela-t-ilavecsesparoles?3620 «Commentlebœufnobleest-ildevenulevizirdulion?Comment
l’éléphanta-t-ilétéeffrayéparlerefletdelalune?«Ce“KalîlaetDimna”n’esttoutentierqu’unconte,sinoncommentla
cigognesedisputerait-elleaveclecorbeau?»Ômon frère, l’histoire est comme unemesure ; le sens véritable est
comparableaugrainquis’ytrouve.L’hommeintelligentprendlegraindusens:ilneregardepaslamesure,
mêmesielleestretirée.Écoutecequisepasseentrelaroseetlerossignol,bienquedanscecas
iln’yaitpointdediscours.
*shcolléànaqsh.
Surl’éloquencemuetteetsacompréhension
coûte aussi ce qui se passe entre le phalène et la chandelle, etcomprends-enlesens,ômabeauté!Bienqu’il n’y ait pasdeparoles, il y a le secret de la parole.Allons,
prendstonessorversleshauteurs,nevolepas,commelehibou,aurasdusol.Lejoueurd’échecsdit :«Ceciest lamaisondelatour.»«Dequelle
façon,ditlelittéraliste,lamaisonest-ellevenueensesmains?«A-t-il acheté lamaison,ouena-t-ilhérité ?»—Heureuxceluiqui
s’esthâtéverslesensvéritable!Un grammairien dit : « Zayd a frappé ‘Amr. » Lui (le sot) dit :
«Commentl’a-t-ilchâtiésansaucuneoffensedesapart?3630 «Quelleétaitlafautede’Amr,queceméchantZaydl’aitfrappécomme
unesclave,alorsqu’ilétaitinnocent?»Le grammairien répliqua : « Cette (expression) n’est que la mesure
contenantcequiestsignifié:prendsdublé,carlamesuredoitêtrerejetée.« Zayd et ’Amr sont un moyen de montrer la déclinaison : si cette
déclaration (queZayd a frappé ‘Amr) n’est pas vraie, contente-toi de ladéclinaison».«Non,dit-il, jenesaispasquiest ’Amr.CommentZayda-t-il frappé
’Amrsanscrimeoufautedesapart?»Le grammairien, en désespoir de cause, fit une plaisanterie : « ‘Amr,
dit-il,avaitvoléunwawdetrop*.«Zayds’enaperçutetfrappalevoleur:puisque‘Amravaitdépasséles
bornes,sapunitionétaitméritée.»
*Enarabe,‘Amrs’écritaveclalettrewawenplus,pourqu’onneleconfondepasaveclenomde’Omar,lesconsonnesétantlesmêmespourlesdeuxnoms.
Commentdesparolesinexactessontacceptéesparlesesprits
degensstupides
e sot dit : «Voilà, telle est la vérité ! Je l’accepte de toutemonâme.»Lefauxsemblejusteàceluiquial’espritfaux.Si vous dites à l’homme qui louche : «La lune est unique », il vous
dira:«Ilyadeuxlunes;ilesttrèsdouteuxquelalunesoitune.»Etsiquelqu’unsemoquedeluietdit:«Ilyenadeux»,ilpenseque
c’estlavérité.C’estlàcequeméritel’hommeobstiné.Les mensonges se rassemblent autour des menteurs : la parole les
femmesmauvaisespourleshommesmauvaisaéclaircicepoint.3640 Ceuxdontlescœurssontgrandsouvertsontdesmainsquiatteignentau
loin;ceuxdontlesyeuxsontaveuglesdoiventtrébuchersurunsolpierreux.
Larecherchedel´arbredontnuldeceuxquimangentlesfruits
nemeurt
n homme savant dit un jour, pour raconter une histoire : «Dansl’Inde,ilsetrouveunarbre;«Quiconque cueille son fruit et lemange ne devient pas vieux et ne
meurtjamais.»Un roi entendit cela de la bouche d’un homme véridique ; il devint
amoureuxdecetarbreetdesesfruits.Dudiwân*delaculture,ilenvoyaunmessagerintelligentenIndeàla
recherchedel’arbre.Durantdesannées,sonenvoyéerraenIndeàsarecherche.Ilalladevilleenvilledanscebut; ilnelaissaniîle,nimontagne,ni
plaine.Tous ceux qu’il interrogeait se moquaient de lui, disant : « Qui
chercheraitcela,sinonpeut-êtreunfoud’unasile?»Beaucoup d’individus lui donnaient des bourrades par plaisanterie ;
beaucoupdisaient:«Ôhommeheureux,« Comment la quête d’une personne intelligente et à l’esprit clair,
commetoi,resterait-ellesansrésultat?Commentserait-ellevaine?»3650 Etcerespect(moqueur)étaitpourluiunautrecoup,etplusdurà
supporterquelecoupvisible.Ilslelouaientironiquement,disant:«Ônobleseigneur,danstelettel
lieu,ilexisteunarbreénorme.«Danstelleettelleforêt,ilyaunarbrevert,trèshautettrèslarge,et
chacunedesesbranchesestgrande.»L’envoyéduroi,quiavaitceintsesreinspourlarecherche,entendaitde
chacununeinformationnouvelle;Ainsi,ilvoyagealàpendantdesannées;leroiluiadressaitdel’argent.Après avoir subi bien des fatigues dans ce pays étranger, à la fin il
devinttropépuisépourchercher.Aucune trace de l’objet recherché n’était découverte ; de ce qu’il
désirait,riennesemanifestait,saufdesinformations.Lefildesonespoirserompit,lachosequ’ilavaitcherchéerestaàlafin
sansêtrerecherchée.Il décida de retourner chez le roi, et se mit en route en versant des
larmes.
*Ministère.
Commentlesheikhexpliqualesenscachédel’arbreauchercheurasservi
parleformalisme
1 y avait un sheikh très sage, un noble Qutb, à l’étape où leconfidentduroisedésespérait.
3660 Cedernierdit:«Puisquejesuissansespoir,j’iraiverslui,etreprendrailarouteàpartirdesonseuil,« Afin que sa prière m’accompagne, comme je n’ai pas d’espoir
d’obtenircequemoncœurdésire.»Ilallaverslesheikh,lesyeuxpleinsdelarmes;ilversaitunepluiede
larmes,commeunnuage.«Ôsheikh,s’écria-t-il,c’estlemomentdelacompassionetdelapitié;
jesuisaudésespoir;c’estlemomentdelabienveillance.»Le sheikh répondit : «Dis-moi quelle est la cause de ton désespoir :
quelesttonbut?Versquoitetournes-tu?»Ildit:«LeRoidesroism’achoisipourchercheruncertainarbre,«Car
ilexisteunarbre,uniquedanstouteslesrégions;sonfruitestdelanaturedel’EaudelaVie.«J’aicherchépendantdesannées,etn’enaipas trouvéde trace,sauf
lesmoqueriesetlarailleriedecesjoyeuxcompères.»Le sheikh semit à rire, et lui dit : «Ô nigaud, ceci est l’arbre de la
connaissancechezlesage,«Trèshautet trèsgrandet s’étendant très loin ;c’est l’Eaude laVie
venantdelaMerinfinie.3670 «Tuesalléverslaforme,tut’eségaré;tunepeuxletrouver,parceque
tuasabandonnélaréalité.«Parfois,on l’appelle“arbre",parfois“soleil” ;parfois,on lenomme
“mer",parfois“nuage".«C’estunechoseuniquedontnaissentcentmilleeffets;lemoindrede
seseffetsestlavieéternelle.«Bienqu’ellesoitune,elleproduitmilleeffets;d’innombrablesnoms
peuventluiconvenir.«Unepersonnepeutêtreunpèreparrapportàtoi;encequiconcerne
unautreindividu,ilpeutêtreunfils.«A l’égardd’unautre, ilpeutêtre lecourrouxet l’ennemi ;à l’égard
d’unautre,ilpeutêtrelagrâceetunami.
«Iladescentainesdemilliersdenoms,maisilestunmêmehomme;celuiquipossèdeunecertainequalité luiappartenantest incapablede ledécrire(danssatotalité).«Quiconque cherche le nom seul, si on lui confie (unemission), est
impuissantetdésemparé,ainsiquetul’es.«Pourquoit’attacheraunom“arbre",desortequeturestesamèrement
déçuetmalheureux?« Laisse là le nom et considère les attributs, afin que les attributs
puissenttemontrerlavoiejusqu’àl’essence.»3680 Ledésaccorddeshommesestprovoquéparlesnoms;lapaixadvient
quandilsparviennentàlaréalité.
Commentquatrepersonnessequerellèrentàproposderaisin,
quiétaitconnudechacund’euxsousunnomdifférent
ncertainhommedonnaundirhamàquatrepersonnes:l’und’eux(unPersan)dit:«Jevaisacheteraveccelade’angûr.»LesecondétaitunArabe;ildit:«Non,jeveuxde1’‘inab,nondel’
angûr,ôvaurien!»LetroisièmeétaitunTurc,etildit:«Cetargentestàmoi:jeneveux
pasde1’linab,jeveuxdel’uzum.»Lequatrième,unGrec,dit :«Taisez-vous : jeveuxde l’istâfil.»Ces
gens se mirent à se battre en discutant entre eux, parce qu’ils neconnaissaientpaslasignificationcachéedesnoms.Dans leurfolie, ilssefrappaientavec leurspoings ; ilsétaientremplis
d’ignoranceetvidesdeconnaissance.Siunmaîtred’ésotérisme,unhommevénéréetpolyglottes’étaittrouvé
là,illesauraitpacifiés;Puisilleurauraitdit:«Avecceseuldirham,jevousdonneraitoutce
quevousvoulez.« Si, sans tromperie, vous me soumettez vos cœurs, ce dirham
accompliratoutcelapourvous.3690 «Votreuniquedirhamdeviendraquatre—cequiestlerésultatdésiré;
quatreennemisdeviendrontunparl’unanimité.«Cequeditchacundevousproduitlalutteetlaséparation;cequeje
disvousapportel’accord.«Donc,soyezmuets,Taisez-vous91,afinquejepuisseêtrevotrelangue
danslaparoleetlaconversation.»Mêmesidans leuraccordentreellesvosparolessontunefortecorde,
dansleureffetellessontunesourcedediscussionetdedivergence.La chaleur empruntée ne produit pas d’effet ; la chaleur naturelle
possèdesaproprevertu.Si tu as chaufféduvinaigre aumoyendu feu, cependant, quand tu le
bois,ilaugmenterasansaucundoutelafroideurdetaconstitution.Parce que cette chaleur est secondaire : sa nature fondamentale est la
froideuretl’âpreté.Et, par ailleurs, bien que le sirop de raisin soit glacé, mon fils, il
ajouteradelachaleuraufoiequandtuleboiras.C’estpourquoil’hypocrisiedusheikhestmeilleurequenotresincérité,
carlapremièreprovientdel’intuitionspirituelle,tandisquelasecondeestcauséeparlacécité(spirituelle).Desparolesdusheikhprovientl’union;cellesdel’envieuxamènentla
séparation.3700 AinsiSalomon,quisehâtaitdanssamissionprophétiqueetqui
connaissaitlelangagedetouslesoiseaux,Autempsdesonjusterègne,ledaimseliad’amitiéavecleléopardet
cessadesebattre.Lacolomben’eutplusrienàcraindredesserresdufaucon,lesmoutons
nesegardèrentpasdulion.Salomon devint un arbitre entre les ennemis : il devint un moyen
d’établirl’unionentrelescréaturesquivolentavecdesailes.Tu cours après les graines, comme une fourmi. Écoute ! Recherche
Salomon!Pourquoies-tuencoreégaré?Pourlechercheurdegraines,cegraindevientunpiège,maisceluiqui
chercheSalomonpeutavoirlesdeux(Salomonetlesgraines).Dans ces derniers jours, les oiseaux des âmes ne sont pas en sécurité
entreeuxpouruninstant:Cependant, même à notre époque, il se trouve un Salomon qui nous
donneraitlapaixetnelaisseraitpasnotreinjusticecontinuer.Rappelle-toilaParole:Iln’existepasdecommunautéjusqu’àoùnesoit
passéunavertisseur92.Dieu a dit qu’en vérité il n’y avait jamais eu de peuple privé d’un
messagerdeDieuetd’unhommeayantunepuissancespirituelle,3710 Etilrendlesoiseauxdesâmestellementunanimesqu’aupointdevue
delasincéritéillesguéritdetoutefourberieetrancœur.Ils deviennent aussi tendres qu’une mère ; Mohammad a dit des
musulmans:«Ilssontcommeuneseuleâme.»C’est grâce au Messager de Dieu qu’ils devinrent une seule âme ;
autrement,ilsétaientennemisabsolus,chacunpourl’autre.
Commentl’hostilitéetl’inimitiéparmilesAnsârsfurentécartéesparlesbénédictionsduProphète(que
Dieulebénisseetlesauve!)
es deux tribus appeléesAws etKhazraj étaient assoiffées de sangl’uneàl’égarddel’autre.GrâceàMustafâ,leursanciennesquerellesdisparurentdanslalumière
del’islametdelapuretéducœur.Toutd’abord,cesennemisdevinrentdesfrèrescommelesgrainsd’une
grappederaisindanslejardin;Puis,àl’admonitiondonnéeparlesparoleslescroyantssontfrères93,ils
sefondirentetdevinrentunseulcorps.L’apparence des grappes de raisin est celle de frères : quand on les
presse,celadevientunseuljus.Leraisinvertetleraisinmûrsontdesadversaires,maisquandleraisin
vertamûri,ildevientunbonami.Leraisinvertquiestrestédurcommelapierreetnonmûri,Dieudans
l’éternitél’aappeléunincroyant.3720 IIn’estniunfrère,niunidansl’âme(auxmusulmans);ilestun
hérétiqueàlamauvaiseétoileetdansladamnation.Sijedisaiscequ’ilgardecachéenlui-même,ilnaîtraitdanslemonde
unegravetentationdesesprits.Mieuxvautquelesecretdel’impieaveuglenesoitpasraconté;mieux
vautquelafuméedel’enfersoitécartéed’Iram*.Lesbonsraisinsvertsquisontcapables(demûrir)sontàlafinrendus
uniquesparlecœur,grâceausouffledesmaîtresducœur.Ils s’avancent rapidement vers lamaturité, de sorte que la dualité, la
haineetlaluttelesquittent.Puis,danslamaturité,ilsdéchirentleurspeauxjusqu’àcequ’ilssoient
devenusunseul;l’unitéestl’attributdecelui-ci.Unamidevientunennemiparcequ’ilestencoredeux:quelqu’unn’est-
iljamaisentraindesequerelleraveclui-même?Béni soit l’amour universel du Maître, qui conféra l’unité à des
centainesdemilliersdeparcelles!Ils étaient comme de la poussière répandue sur la route : lamain du
Potierafaitd’euxuneseuleaiguière.
Maisencequiconcernel’unitédescorpsfaitsd’eauetd’argile,elleestimparfaite:l’unitédel’âmen’estpassemblable.
3730 Sijeprésentedescomparaisonsenmanièred’explication,jecrainsdetroublerlacompréhension.Mêmeaujourd’hui, il existeunSalomon,maisnous sommesaveuglés
parleplaisirquenousprenonsànotrelucidité.La lucidité rendunhommeaveugle,demêmequeceluiquidortdans
unemaisonestaveugleàlamaison.Nous sommes très enclins aux discussions subtiles, nous sommes
extrêmementattachésàrésoudredesproblèmes;Et, afín de pouvoir lier des nœuds puis les dénouer, nous fabriquons
quantitéderèglespourénoncerladifficultéetpouryrépondre.A l’instar d’un oiseau qui déferait les liens d’un piège, puis les
attacheraitànouveau,afindedevenird’uneadresseparfaite:Ilestprivédelacampagneetdesprairies,saviesepasseàs’occuperde
nœuds;Et,mêmeainsi,lepiègen’estnullementbrisédecefait,maissesailes
sebrisentetiltombeéternellement.Neluttepasaveclesnœuds,depeurquetesailesettesplumesnesoient
arrachéesuneàunepartonvaineffort.Desdizainesdemilliersd’oiseauxonteuleursailesbrisées,etn’ontpas
empêchécetteembuscadedudestin.3740 LisdansleQor’ân,àleursujet,ôenvieux:ilsontexploré(eterré)dans
(lespaysdumonde);remarquelesmots:Trouverez-vousunrefuge94?Ladifficultéausujetd’angûret ‘nabne futpas résoluepar ladispute
entreleTurc,leGrecetl’Arabe.Jusqu’àcequ’intervienneleSalomonspirituelconnaissantleslangues,
cettedualiténedisparaîtrapas.Ôvousoiseauxqui luttez,écoutez,commelefaucon, le tambourindu
Roi.Devotrediversité,allezversl’unité,detouscôtés,aveccontentement.Oùquevoussoyez,tournezvosvisagesdansSadirection95;c’estlàce
qu’Ilnevousajamaisdéfendu.Nous sommes des oiseaux aveugles et très stupides, puisque nous
n’avonspasuneseulefoisreconnuceSalomon.Commeleshiboux,noussommesdevenusennemisdesfaucons;aussi
sommes-nouslaissésenarrièrepourresterdanslesruines.Acausedenotreextrêmeignoranceetaveuglement,nouscherchonsà
blesserceuxquisonthonorésparDieu.Comment l’essaim d’oiseaux illuminés par Salomon déchirerait-il les
ailesetlesplumesdesinnocents?3750 Non,ilsapporteraientdesgrainesàceuxquisontdanslebesoin:ces
oiseauxsontdouxetsansagressiviténihaine.Leurhuppe, afindeglorifierSalomon,montre lavoieversLui à cent
Bilqîs*.Leurhibou,mêmes’ilétaitunhibouparsonaspectextérieur,étaiten
réalité un faucon par son aspiration et l’un de ceux (dont le regard) nedéviapas96.Leurcigogne,quicrielaklak,jettesurledoutelefeudelaprofession
defoienl’Unitédivine,Etleurcolomben’estpaseffrayéeparlesfaucons;lefauconinclinela
têtedevantleurcolombe.Leur rossignol, qui te plongedans l’extase, possèdedans son cœur la
roseraie.Leur perroquet a toujours été indépendant du sucre, car le sucre de
l’éternitéluiaétérévélédel’intérieur.Les pieds de leurs paons sont pour toi plus beaux que tous les autres
revêtusdesplumesdupaon.Lesdiscoursdesoiseauxprincierssontcomparablesàl’écho:oùsont
lesparolesdesoiseauxdeSalomon?Commentconnaîtras-tu lescrisdesoiseauxquandtun’asvuSalomon
unseulinstant?3760 Lesailesdecetoiseaudontlavoixenchantesontau-delàdel’Orientet
del’Occident.ChacundesesvoyagesestduTrônedeDieujusqu’àlaterre,etdepuis
laterrejusqu’auTrônedeDieu;ilsemeutavecgloireetmajesté.L’oiseau qui va sans ce Salomon est épris de l’obscurité, comme la
chauve-souris.DeviensfamilièreavecSalomon,ôchauve-souriségarée,afindenepas
demeurerdansl’obscuritéàjamais.Si tu vas la longueur d’une coudée dans cette direction, comme la
coudée,tudeviendrasl’étalondesmesures;Etmêmesi tusautillesenboitantet te traînantdanscettedirection, tu
serasdélivréedetouteboiterieetsautillement.
*NomdonnéàunjardinfabuleuxqueletyranShaddâdavaitcréé.
*ReinedeSaba.Cf.Qor’ân,XXVII,22.
Histoiredescanetonsélevésparunevolailledomestique
u es le rejeton d’un canard, bien qu’un oiseau domestique t’aitélevésoussonaile.Ta mère était la cane de cet océan ; ta nourrice était de la terre et
attachéeàlaterresèche.LedésirquiestdanstoncœurpourlaMer,tonâmetientcetinstinctde
samère.Le désir que tu éprouves pour la terre sèche vient de cette nourrice.
Laisselanourrice,carc’estunemauvaiseconseillère.3770 Laisselanourricesurlaterresèche,etavance:pénètredanslaMerde
laRéalitéspirituelle,commelescanards.Mêmesitamèret’ordonnedecraindrel’eau,nesoispaseffrayé,mais
avancerapidementdanslaMer.Tu es un canard ; tu n’es pas celui qui vit à la fois sur le sec et sur
l’humide ; tu n’es pas comme l’oiseau domestique, dont la demeure estcreuséedanslaterre.Tu es un roi, en vertu de la Parole : Nous avons ennobli les fils
d’Adam97;tumetslepiedàlafoissurlaterresècheetsurlaMer.Car,enesprit,tuescequ’ilestdit:NouslesavonsportéssurlaMer98;
avancedoncàpartirde:Nouslesavonsportéssurlaterreferme99.Lesangesn’ontpasaccèsàlaterre;quantàl’espèceanimale,ilssont
ignorantsdelaMer.Ainsi,danstoncorpstuesunanimal,etdanstonesprittuesd’entreles
anges,afinquetupuissesmarchersurlaterreetaussidansleciel;Afin que le voyant au cœur divinement inspiré puisse être, en
apparence,unmortelsemblableàvous100.Soncorpsdepoussièreesttombésurlaterre,maissonespritprendson
essorlà-bas,danslaplushautesphèreduciel.Noussommestousdesoiseauxaquatiques,ômonfils:laMerconnaît
parfaitementnotrelangage.3780 C’estpourquoilaMerestnotreSalomon,etnoussommescommeles
oiseaux:enSalomon,nousnousmouvonsdanslavieéternelle.AvecSalomon,metstonpieddanslaMer,afinquel’eau,àl’instarde
David,fassecentmaillons*.CeSalomonestprésentpourtous,maissajalousienousbandelesyeux
etnousensorcelle,Desorteque,parstupidité,négligenceetvanité,Ilestàcôtédenous,et
cependantnoussommesmaladesdeLui.Lebruitdutonnerredonnemalàlatêteàl’hommeassoiffé,quandilne
saitpasqueletonnerreapportelesnuagesdepluiedelafélicité.Sonœilrestefixésurleruisseauquicourt,ignorantlegoûtdélicieuxde
l’EauquivientduCiel.Ilafaitgaloperlecoursierdesonattentionverslescausessecondes;en
conséquence,ildemeureéloignéduCausateur.Mais celui qui voit clairement leCausateur— comment attacherait-il
sonespritauxcausessecondesdecemonde?
*Davidfabriquaitdescottesdemailles.
Commentlespèlerinsfurentstupéfaitsàlavuedesmiracles
opérésparl’ascètequ’ilstrouvèrentvivantseuldansledésert
useindudésertvivaitunascète,plongédans ladévotioncommelesgensde’Abbâdân*.Des pèlerins venus de différents pays arrivèrent là ; ils aperçurent
l’ascèteémacié.3790 Lademeuredel’ascèteétaitsèche,maissontempéramentétaithumide:
danslesimoundudésert,ilavaitunremède.Lespèlerinsfurentstupéfaitsdesasolitudeetdesonbien-êtreausein
deconditionsmisérables.Il se tenait sur le sable, occupé à la prière rituelle— le sable dont la
chaleurauraitfaitbouillirdel’eaudansunrécipient.Onauraitditqu’il se trouvaitdans le ravissementparmidesherbeset
desfleurs,oumontésurBûrâqouDuldul**,Ouquesespiedsétaientposéssurdesétoffesdesoiebrodée ;ouque
pourluilesimounétaitplusagréablequelabrise.Les pèlerins attendirent, tandis qu’il restait debout en prière, absorbé
dansunelongueméditation.Quand le derviche revint à lui de son état d’absorption enDieu, une
personnedecegroupe,hommespirituellementéveilléetd’espritéclairé,Remarquaquel’eaudégouttaitdesesmainsetdesonvisage,etqueson
habitétaitmouilléparlestracesdesonablution.Aussi,illuidemanda:«D’oùteprocures-tudel’eau?»Illevalamain,
indiquantquecelavenaitduciel.Lepèlerindit:«Est-cequecelavientchaquefoisquetuleveux,sans
puitsetsanscordedefibres101?3800 «Résousnotredifficulté,ôSultandelaReligion,afínqueton
expériencepuissenousapporterunefoicertaine.«Révèle-nousl’undetesmystères,pourquenouspuissionscouperde
nostailleslescordes(del’infidélité)*.»L’ascètelevalesyeuxversleciel,disant:«ÔDieu,répondsàlaprière
despèlerins!« Je suis accoutumé à rechercher en hautmonpain quotidien :Tu as
ouvertpourmoilaported’enhaut,
«ÔToiquidunon-spatialasfaitvoirl’espaceetasrendumanifestelefaitquedanslecielsontlesbiensquivoussontdestinés102.»Durant cette oraison, un beau nuage apparut soudain comme un
éléphantporteurd’eau,Etsemitàdéverserdelapluie,commedel’eaus’écoulantd’uneoutre:
l’eaudepluierestadanslefosséetlestrous.Lenuagecontinuaàfairepleuvoirdeslarmes,commeuneoutre,etles
pèlerinsouvrirenttousleursgourdes.Une partie d’entre eux, en raison de ces merveilleux événements,
coupaientlescordes(del’incroyance)deleurstailles.Lacertituded’unautregroupeaugmentaitàcausedecemiracle—etDieusaitmieuxcommentguiderdanslavoiedroite.
3810 Ceuxd’unautregroupeétaientinsensibles,butésetignorants,éternellementimparfaits.Iciseterminelediscours.
*Villeayantunegranderéputationd’ascétisme.** Burâq : monture du Prophète lors de son ascension céleste. Duldul : nomd’unemuleappartenantauProphète.
* Le zonar, cordon sacré des zoroastriens, est souvent pris commesymboledel’impiété.
NotesduLivreII
1.Cf.XVIII.2.XVIII,86.3.VII,108;XXVI,33;XXVII,12.4.XLVIII,17.5.XXIV,26.6.XIX,23.7.XLVIII,29.8.XXIV,26.9.XCIII,1.
10.VI,76.11.XCIII,2.12.et12bis.XCIII,3.13.LEX,20.14.Cf.CV.15.LIV,1.16.LIX,21.17.VI,76.18.VII,31.19.VII,14.20.XXXVI,68.21.XXIV,35.22.VI,160.23.LXXVI,1.24.Cf.Cl,5.25.LI,7.26.Ill,169.27.XCVI,19.28.CXI,5.29.Cf.II,256.30.XXIV,35.31.VIII,17.32.II,138.33.Cf.Qor’ân,II,30.34.Cf.LV,20.35.Ill,112.36.XXXVI,18.37.VIII,33.38.XII,17.39.Cf.II,73.40.XLVIII,17.41.XXIV,35.42.II,2042bis.Cf.LVI,27etsqq.43.VI,76.44.Cf.LIV,1.45.Ill,47.46.Ill,26.46bis.LXVII,30.
47.X,1.48.CXII,3.49.Cf.Qor’âan,LIII,14.50.XLVIII,10.51.XVII,110.52.LI,22.53.XXIII,108.54.XXXII,30.55.Cf.Qor’;ân,V,8956.V,1.57.Cf.XVIII.58.Cf.XVIII.59.Cf.XX,21.60.XVIII.61.Cf.XXVIII,76.62.XI,44.63.XXXIII,72.64.IX,111.65.IX,100.66.VIII,17.67.II,31.68.VI,23.69.Cf.XXVIII,30.70.Cf.LXVII,3.71.LXVII,3.72.VII,172.73.II,1.74.XLI,30.75.LI,48.76.VI,77.77.VII,179.78.XVI,97.79.II,32.80.XII,93.81.LXXXVII,4.82.IX,111.83.XXVIII,88.84.II,144.85.VII,204.
86.XVIII,78.87.XVIII,109.88.LXVII,19.89.Cf.LXVII,30.90.II,186.91.VII,204.92.XXXV,24.93.XLIX,10.94.L,36.95.II,144.96.LUI,17.97.XVII,70.98.XVII,70.99.XVII,70.100.XVIII,110101.CXI,5.102.LI,22.
REFACEDULIVRETROISIÈME
AUNOMDEDIEU,LECOMPATISSANT,LEMISÉRICORDIEUX
Les sciences de la Sagesse divine sont les armées de Dieu, aveclesquellesIIfortifielesespritsdesinitiésetpurifieleurconnaissancedelasouillure de l’ignorance, leur justice de la souillure, de l’iniquité, leurgénérosité de la souillure de l’ostentation, et leur longanimité de lasouilluredelasottise;etleurrendprochetoutcequiétait loind’euxausujetdelacompréhensiondel’étatdel’au-delà;etleurrendaisétoutcequi leurétaitdifficileencequiconcerne l’obéissanceàSonégardet leseffortszélés(pourLeservir).Etcessciencessontparmilespreuvesetlessignes des prophètes, apportant des informations sur les mystères et lasouveraineté de Dieu, (connaissance) octroyée exclusivement auxmystiques et (indiquant) comment II cause la révolution de la SphèrelumineusedépendantduRahman*,etlaPerle(laSphère)quigouvernelasphèrevaporeuseenformedeglobe,demêmequel’intellectgouvernelescorps créés de poussière et leurs sens externes et internes ; car larévolutiondecetteSphèrespirituellegouvernelasphèrevaporeuseetlesmétéoresbrillants et les luminaires rayonnants et lesventsnourriciers etlesterresétenduesetleseauxquicoulent.PuisseDieufairebénéficierSesserviteurs (decessciences)etaccroître leurcompréhension !Or,chaquelecteurcomprendselonlamesuredesonintelligence,etledévotpratiqueladévotionselonlamesuredeseffortsqu’ilpeutfournir,etlemuftidécidedesquestionsdedroitselonlacapacitédejugementqu’ilpossède,etceluiquidonnedesaumôneslefaitproportionnellementàsespossibilités,etledonateurestgénéreuxselonsesmoyens,etlebénéficiairedelalibéralitéobtient seulementdes largessesdudonateur ceque cedernier approuve.
Mais, néanmoins, celui qui cherche de l’eau dans le désert ne sera pasempêché de le faire par sa connaissance de ce qui est contenu dans lesmers,et ilchercheraavecardeur l’Eaudecettevie (spirituelle),àmoinsqu’iln’ensoitempêchéparsapréoccupationdesmoyensdesubsistanceetparlamaladieetlebesoin,etàmoinsqued’autresobjetsn’interviennententreluietcebutverslequelilsehâte,étantdonnéquenuldeceuxquipréfèrentlesdésirsvainsousontenclinsàlafacilitéousedétournentdecette recherche ou éprouvent de la peur pour eux-mêmes ou del’inquiétude au sujet des moyens d’existence ne parviendra jamais à laConnaissance ; à moins de prendre refuge en Dieu et de préférer lesaffaires spirituelles aux temporelles, et de puiser dans le trésor de laSagesselesgrandesrichessesquineperdentpasleurvaleuretnesontpashéritées non plus comme les richesses de ce monde, et les lumièresmajestueuses, les nobles joyaux et les possessions précieuses (de laSagesse), rendant grâces pour Sa générosité, glorifiant Ses dons etmagnifiant ce qu’il alloue ; et àmoins qu’il ne cherche refuge enDieucontre la bassesse des intérêts (terrestres) et contre une ignorance quiconsidèrecommebeaucoup lepeuqu’ilvoiten lui-mêmeetcommepeude chose ce qui est beaucoup et grand chez les autres, et s’admire elle-même en raison de cette vanité que Dieu ne lui a pas permise.Mais ilconvient à celui qui possède la Connaissance et qui cherche Dieud’apprendre ce qu’il ne sait pas, et d’enseigner aux autres ce qu’il saitdéjà,etdetraiteravecdouceurceuxdontl’intelligenceestfaible,etdenepasêtre renduvainpar la stupiditédesgens stupides,nide réprimanderdurementceuxdontlacompréhensionestmédiocre.Vousvouscomportiezainsiautrefois :DieuvousaaccordéSagrâce1Dieuest transcendantetexaltéau-dessusdesdiresdesblasphémateurs,etde lacroyancedeceuxquiluiattribuentdesassociés,etdel’imputationd’imperfectionparceuxquisontdéficients(enconnaissance),etdeSacomparaisonparceuxquicomparent,etdesconceptionsperversesdespenseurs,etdesdescriptionsquefontdeLuiceuxquise livrentàdevaines imaginations.EtàLui lalouange et la gloire pour la composition du Livre céleste et divin duMathnawî, étant donné qu’il est Celui qui aide au succès, et leDispensateur de libéralités ; et c’est à Lui qu’appartient (le pouvoir) deconférer des bienfaits et des faveurs en abondance, spécialement à Sesserviteurs, les mystiques, en dépit de ceux qui désirent éteindre lesLumières de Dieu avec leurs bouches — mais Dieu parachèvera SaLumière,même si les incroyants y sont opposés.En vérité, Nous avons
faitdescendreleRappel;Nousensommesgardiens2.Etlepéchédeceluiquil’altèreaprèsl’avoirentenduseraimputéàceuxquil’altèrent—Dieuentend et II sait tout3. Et louanges àDieu, le Seigneur de tous les êtrescréés.
*LeMiséricordieux(attributdeDieu).1Cf.IV,94.2XV,9.3II,181.
IVREIII
AUNOMDEDIEU,LECLÉMENT,LEMISÉRICORDIEUX
ÔLumièredelaVérité,Husâm-od-Dîn,apportecetroisièmeLivre,car«troisfois»estdevenuuneSunna*.Ouvre le trésordesmystères ; encequiconcerneceTroisièmeLivre,
laissedecôtélesexcuses.TonpouvoirprovientdupouvoirdeDieu,nondesveinesquipalpitent
d’ardeurcorporelle.Ta lampe, le soleil, qui est rayonnant, n’est pas rendu tel au moyen
d’unemèchedecotonetd’huile.Lavoûteduciel,quiestsidurable,n’estsoutenueparaucunecordede
tentenipilier.La force de Gabriel ne vient pas de la nourriture, mais de la
contemplationduCréateurdel’existence.Demême,sachequecepouvoirdesabdâl*deDieuprovientdeDieu,
nondesalimentsoudesplateauxdenourriture.Leurscorps,euxaussi,ontétéfaçonnésdeLumière,desortequ’ilsont
transcendél’Espritetl’Ange.EtantdonnéquetuesdouédesqualitésduTout-Puissant,passeau-delà
desmaux,commeKhalil*.10 Pourtoiaussi,lefeudeviendrafraîcheuretpaix1,ôtoienverslanature
dequilesélémentssontesclaves.Lesélémentssontlasubstancedechaquenature,maistanatureàtoiest
supérieureàtoutsoutien.
Cettenaturequiestlatienneappartientaumondeenexpansion;elleamaintenantrecueillilesattributsdeTUnité.Oh ! hélas, la capacité de compréhension des gens est extrêmement
limitée:leshommesn’ontpasune«gorge»pourl’absorber.O Lumière de la Vérité, grâce à l’acuité de ta perception, ta suavité
octroieune«gorge»mêmeàceluiquiestaussiaridequ’unepierre.LemontSinaï,lorsdel’Epiphaniedivine,acquitune«gorge»desorte
qu’ils’enivra;maisilneputsupportercetteivresse.Aussi, la montagne se fendit2 et s’effondra ; a-t-on jamais vu une
montagnedansercommeunchameau?L’octroid’une«gorgée»arrivedechaquearbre fruitier,mais l’octroi
d’une«gorge»estl’œuvredeDieuseul.Iloctroieune«gorge»aucorpsetàl’esprit;Ilaccordeune«gorge»à
chacundevosorganes.Cela,Ill’octroielorsquevousêtesdouédegrandeurd’âmeetdénuéde
vanitéetdeperfidie.20 DesortequevousnerévélerezlesecretdeDieuàpersonne,nine
répandrezdusucredevantlesmouches.LessecretsdelaMajestédivinesontabsorbésparl’oreilledeceluiqui,
commelelis,acentlanguesetestmuet.La grâce deDieu octroie une « gorge » à la terre, afin qu’elle puisse
boirel’eauetfairecroîtredescentainesd’herbes.Dieuoctroieaussiàl’animalunegorgeetunebouche,afinqu’ilpuisse
mangerl’herbageàsongré.Quandl’animalamangésonherbage,ildevientgras:l’animaldevient
unebouchéepourl’hommeetdisparaît.Asontour,celadevientdelaterrequidévorel’Homme,quandl’esprit
etlavuesontséparésdelui.Je contemple les atomes de l’existence avec leur bouche grande
ouverte:sijedevaisparlerdeleurnourriture,cerécitdeviendraitlong.Les aliments reçoivent leur aliment de Sa générosité ; Sa grâce
universellenourritceuxqui,àleurtour,nourrissent.Iloctroiedesdonsauxdons(quimaintiennentlavie).Carcommentle
blépousserait-ilsansrecevoiraucunaliment?Iln’yapasdefinàl’explicationdecesujet.J’enaiditunepartie:vous
pouvezconnaîtrelereste(paranalogie).30 Sachequelemondeentiermangeetestmangé;sachequeceuxquiont
lavieéternellesontacceptantsetacceptés.Cemondeetseshabitantssontdispersésàlafin;cetautremondeetses
voyageurscontinuentàjamais.Cemondeetsesamoureuxsontséparés ; lesgensdecetautremonde
sontrenduséternelsetunis.L’hommenobleestdoncceluiquisedonneàlui-mêmel’EaudelaVie
quidemeureàjamais.L’hommenobleestceluidontlesbonnesactionssontimpérissables3,il
aétélibérédecentmaux,périlsetcraintes.Sileshommesnoblessont(apparemment)desmilliers,iln’yenapas
plusqu’un(enréalité);cen’estpascommelesimaginationsdeceluiquipenseentermesdenombre.Le mangeur et le mangé ont tous deux une gorge et un gosier ; le
vainqueuretlevaincupossèdenttousdeuxl’intelligenceetlaperspicacité.Dieuaoctroyéunegorgeaubâtondejustice,desortequ’ildévoratous
cesbâtonsetcescordes*4;Et en lui ne se produisit aucun accroissement à cause de toute cette
nourriture,parcequesanourritureetsaformen’étaientpasanimales.AlaFoiaussi,Iladonnéune«gorge»commecelledubâton,desorte
qu’elleadévoréchaqueimaginationvainequinaquit.40 C’estpourquoileschosesspirituellesetintelligiblesdemêmequeles
chosesconcrètes,possèdentdes«gorges»,etceluiquidonnelanourritureàlagorgedeschosesspirituellesetintelligiblesestaussiDieu.Ainsi,delaLunejusqu’auPoisson*, iln’estriendanslaCréationqui
n’aitunegorgeafindetirersasubsistancedeDieu.Quandlagorgedel’âmeestvidéedepenséesconcernantlecorps,alors
l’alimentquiluiestdévoludevientsublime.Sache que la condition nécessaire (pour obtenir cet aliment) est la
transformation de la nature sensuelle, car la mort des hommes perversprovientdeleurnatureperverse.Lorsqu’ilestdevenunaturelpourunêtrehumaindemangerdel’argile,
ildevientpâle,auteintsouffreteux,maladifetmisérable;Maisquandsavilainenatureaété transformée, la laideurdisparaîtde
sonvisageetilbrillecommeunflambeau.Où se trouve une nourrice pour le bébé qui tète, de sorte qu’avec
tendresseellepuisseadoucirl’intérieurdesabouche,Etque,bienqu’ellel’empêchedeprendresonsein,ellepuisseluioffrir
descentainesdedélices?Parcequeletétonestdevenupourcefaiblepetitenfantunobstaclele
séparantdemilliersdeplaisirs,deplatsetdepains.
Notre vie, donc, dépend du sevrage. Efforce-toi de te sevrer, petit àpetit.Cediscoursestmaintenantterminé.
50 Quand1’hommeétaitunembryon,sanourritureétaitlesang:delamêmemanière,levraicroyanttirelapuretédel’ordure.Lorsqu’il a été sevré de sang, sa nourriture est devenue le lait, et
lorsqu’ilfutsevrédelait,ildevintunmangeurdenourrituresolide.Etlorsqu’ilestsevrédenourriture,ildevient(unsage)commeLuqmân,
ildevientunchercheurdujeucaché.Si quelqu’un disait à l’embryon dans le sein maternel : « En dehors
d’ici,setrouveunmondetrèsbienordonné,«Uneterreagréable,longueetlarge,rempliededélicesetdechosesà
manger,« Des montagnes, des mers, des plaines, des vergers embaumés, des
jardinsetdeschampssemés,«Uncieltrèsélevéetpleindelumière,lesoleil,lesrayonsdelaluneet
centétoiles,«Leventdusud,leventdunord,leventdel’ouestdonnentauxjardins
l’apparencedebanquetsdenocesetdefêtes.«Sesmerveillessontau-delàdetoutedescription:pourquoirestes-tu
misérabledanscetteobscurité?« Pourquoi bois-tu du sang dans cette place étroite au sein de
l’emprisonnement,del’ordureetdelasouffrance?»60 L’embryon,enraisondesonétatprésent,seraitincrédule,s’écarterait
decemessageretnelecroiraitpas,Disant:«Ceciestabsurde,c’estunetromperieetuneillusion»-carlejugementdesaveuglesestdépourvud’imagination.Etant donné que l’embryon n’a rien aperçu de cette sorte, son
incrédulitén’écouteraitpas(lavérité).Demême, en cemonde,Xabdâl parle aux hommes ordinaires de cet
autremonde,Disant : «Cemonde-ci estune fosseextrêmement sombreet étroite ;
au-dehorsestunmondesansodeurnicouleur.»Aucunedesesparolesn’estentréedansl’oreilled’unseuld’entreeux,
carcedésir(sensuel)constitueunebarrièreénormeetsolide.Ledésir ferme l’oreille et l’empêched’entendre ; l’attachementà soi-
mêmefermel’œiletl’empêchedecontempler.Demême que, dans le cas de l’embryon, le désir du sang qui est sa
nourrituredanscettevilleL’empêchaitdeprêterl’oreilleauxnouvellesdecemonde.Ilneconnut
d’autrenourriturequelesang.
*PratiqueconformeàcelleduProphète.*Saintsd’untrèshautrang.*«L’AmideDieu»,Abraham.*LebâtondeMoïsequiavalaceuxdesmagiciensduPharaon.*Selonunmythe,laTerrereposesurunTaureau,lui-mêmeposésurunPoisson.Donc,ici,duplushautdegréjusqu’auplusbas.
Histoiredeceuxquimangèrentlejeuneéléphantpargourmandiseetparcequ’ilsnégligèrentl’avisdu
conseillersincère
s-tuentenduqu’enInde,unsageaperçutungrouped’amis?70 Affamés,manquantdeprovisionsetnus,ilsarrivaientd’unvoyagesur
uneroutelointaine.Son amour pour la sagesse fut éveillé en lui, et il les accueillit
aimablementets’épanouitcommeunbuissonderoses.« Je sais, dit-il, que le malheur est tombé sur vous à partir de ce
Karbala*(desouffrance)àcausedelafaimetdubesoin.« Mais, pour l’amour de Dieu, pour l’amour de Dieu, ô nobles
compagnons,quevotrenourriturenesoitpaslejeuneéléphant!«L’éléphantsetrouvedansladirectionoùvousvousrendezàprésent;
nemettezpasenpièceslerejetondel’éléphant,maisécoutez-moi.«Lesjeuneséléphantssetrouventsurvotrechemin:leschasserestce
quevoscœursdésirentextrêmement.«Ilssonttrèsfaibles,ettendres,ettrèsgras,maisleurmèrelescherche
etestauxaguets.« Elle va parcourir une distance de cent lieues à la recherche de ses
enfants,gémissantetselamentant.«Lefeuetlafuméesortentdesatrompe:prenezgardeànepasfaire
demalàsesenfantschéris!»Omonfils,lessaintssontlesenfantsdeDieu:enleurabsencecomme
enleurprésence,Ilsait(cequileuradvient).80 Necroispasqueleurabsence(loindeLui)résulted’uneimperfection
deleurpart,carIIexerceSavengeanceparamourpourleursesprits.Ildit:«CessaintssontMesenfantsenexil,séparésdeMapuissanceet
deMagloire;«Ilssontméprisésetorphelinspourêtremisàl’épreuve,maisensecret
JesuisLeuramietLeurintime.«IlssonttoussoutenusparMesprotections:onpeutdirequ’enréalité
ilsfontpartiedeMoi;«Prendsgarde !Prendsgarde !CesontMesderviches ; ils sontcent
millemilliersetcependantnesontqu’unseulcorps.»Autrement, comment unMoïse aurait-il pumanifester sonpouvoir en
renversantPharaonaumoyend’unbâton?Autrement,commentNoéaurait-ilsubmergél’Orientetl’Occidentdans
sonDélugeaumoyend’uneseulemalédiction?Une seule prière du généreux Job n’aurait pas rasé et laissé dans le
désespoirlacitétoutentière.Leur cité, ressemblant au Paradis, devint un lac d’eau noire : va,
contemplecesigne!CesigneetcetteinformationsetrouventdansladirectiondelaSyrie:
vousleverrezenpassantsurlarouteversJérusalem.90 DescentainesdemilliersdeprophètesquiadoraientDieu—envérité,
ilyeutdeschâtimentsinfligéspareuxàchaquegénération.Sijecontinuaisàenparleretsicerécits’allongeait,nonseulementles
cœurs,maislesmontagnessaigneraient.Lesmontagnessaignentetredeviennentsolides,maisvousnelesvoyez
passaigner:vousêtesaveuglesetréprouvés.Quelmerveilleuxaveugle,qui,voyantloinetàlavueperçante,nevoit
duchameauriend’autrequesespoils!L’homme, à cause de l’avarice de sa cupidité, inspecte poil par poil :
commeunours,ilresteàdansersansaucunbut.Danseafíndetemortifieretd’arracherlecotondelablessuredudésir.Les saintsdansent et tournoient sur le champdebataille spirituel : ils
dansentdansleurpropresang.Quand ils sont libérés de la contrainte dumoi, ils battent desmains ;
quandilséchappentàleurpropreimperfection,ilsdansent.C’est de l’intérieur que lesmusiciens frappent sur le tambour, à leur
extase,lesmainssebrisentenécume.Tunelevoispas,maisàleursoreilles,lesfeuillesaussisurlesbuissons
battentdesmains.100 Tunevoispaslebattementdesfeuilles:ilfautavoiruneouïe
spirituelle,nonl’oreilledececorps.Ferme l’oreille de la tête à la plaisanterie et au mensonge, afin de
percevoirlacitéresplendissantedel’âme.L’oreilledeMohammadperçoitlasignificationcachéedesparoles,car
DieuaditdeluidansleQor’ân:«Ilesttoutoreilles5.»LeProphèteest toutentierouïeetvision;noussommesrafraîchispar
lui:ilestcommelenourricieretnouscommelepetitenfant.Cediscoursn’apasdefin.Retournonsàceuxquiavaientaffaireavec
l’éléphantetcommençonsdèsledébut.*LieudumartyredeHussein,petit-filsduProphète,massacréavecsafamille.
Prisiciausenssymbolique.
Restedel’histoiredeceuxquimolestèrentlejeuneéléphant
’éléphante renifle chaque bouche et cogne le ventre de chaquehomme.Pourvoiroùtrouverlachairrôtiedesespetitsetpouvoirmanifestersa
vengeanceetsaforce.Tu manges la chair des serviteurs de Dieu ; tu les calomnies, tu en
subiraslechâtiment.Prendsgarde,carceluiquisentvosbouchesestleCréateur:comment
quelqu’unsauvera-t-ilsavieexceptéceluiquiestfidèleenversDieu?Malheur au moqueur dont l’odeur sera examinée dans la tombe par
MunkarouNadir*!110 IIn’estpaspossibled’éloignersabouchedecesêtrespuissants,ni
d’adoucirlaboucheavecdesonguentsmédicinaux.Danslatombe,iln’yapasd’eaunid’huilepourrecouvrirlevisage,il
n’yapasdemoyend’évasionpourl’intelligenceetlasagacité.Si souvent les coups de leurs masses d’armes frappent la tête et la
croupedechaquevainbavard!Vois l’effetde lamassued’Azraël,mêmesi tunevoispas le feret le
boismatériels.Parfoisaussi,ilsapparaissentsousuneformematérielle:lepatientlui-
mêmeenestconscient.Le patient dit : «Omes amis, quelle est cette épée au-dessus dema
tête?»Ils répondent : «Nous ne la voyons pas ; ce doit être une illusion. »
Quelle illusion est-ce ? En réalité, c’est le signal du départ pour l’autremonde.Quelle imaginationest-celà,par la terreurdelaquelle lavoûteduciel
estdevenueàprésenttelleunefontaine?Al’hommemalade, lesmassueset lesépéesdeviennentvisibles,etsa
têtereçoitdescoups.Il s’aperçoit que cette vision lui est destinée ; les yeux de l’ennemi
commedel’aminel’aperçoiventpas.120 L’ariditédecebasmondeadisparu,savueestdevenueperçante:son
œilestdevenuilluminéaumomentdelamort.Sonœil,enraisondesonorgueiletdesacolère,estdevenucommele
coqquichanteenvain(troptard).Il est nécessaire de couper la tête de l’oiseau qui chante à une heure
indue.A chaque instant, ton esprit individuel lutte avec lamort ; dans cette
lutteaveclamortdetonesprit,voisquelleesttafoi?Lavieestcomparableàuneboursed’or:lejouretlanuitsontcomme
celuiquicomptelespiècesd’or.LeTempscompteetdonnel’orsansarrêt,jusqu’àcequelaboursesoit
vide,etalorsvientlafin.Si tu enlèvesquelquechoseàunemontagneetne le remplacepas, la
montagneseradétruiteparcetteaction.Donc, pour chacun de tes souffles,mets à sa place un équivalent, de
sorte que, selon la Parole et prosterne-toi et rapproche-toi6, tu puissesobtenircequetudésires.Nefaispastantd’effortspourréalisertesaffairesdecemonde:nefais
pasd’effortsdansuneaffairequin’estpasreligieuse.Sinon,àlafin,tupartirasinachevé,tesaffaires(spirituelles)gâchéeset
tonpainnoncuit.130 Etl’embellissementdetatombeetdetonsépulcrenes’opèrepasau
moyendepierre,debois,deplâtre,Non,mais en creusant pour toi-mêmeune tombedans la pureté et en
ensevelissanttonégoïsmedansSonégoïsme,EtendevenantSapoussière,enterrédansSonamour,desortequeton
soufflesoitraniméparSonsouffle.Untombeauavecdesdouvesetdestourelles,celan’estpasapprouvéde
lapartdesadeptesdelaRéalité.Regardeunepersonnevivantevêtuedesatin:lesatincontribue-t-ilàsa
compréhension?Sonâmesetrouvedansuntourmentaffreux,lescorpionduchagrinest
danssoncœuraffligé.Au-dehors,extérieurement,broderiesetdécorations;maisàl’intérieur,
ilselamenteamèrementàcausedepenséesamères.Tandis que tu peux en voir un autre dans un vieil habit rapiécé, ses
penséesdoucescommelacanneàsucreetsesparolescommelesucre.*Angesinterrogeantl’âmedansletombeau.
Retouràl’histoiredel’éléphant
econseillersincéredit:«Écoutezmonconseil,afinquevoscœursetvosâmesnesoientpasaffligés.« Contentez-vous de verdure et de feuilles, n’allez pas chasser les
jeuneséléphants.140 «Jemesuisacquittédeladettedel’admonition:commentlerésultat
finaldel’admonitionserait-ilautrequelafélicité?« Je suis venu apporter ce message, afin de vous éviter un repentir
inutile.«Attention!nelaissezpaslagourmandisevousleurrer,nelaissezpas
l’aviditépourdelanourriturevousdéraciner!»Ilparlaainsi,ditadieuetpartit;leurfaimetleurinanitionaugmentèrent
enchemin.Soudain, dans la direction d’une grand-route, ils aperçurent un gros
jeuneéléphant,nouveau-né.Ilssejetèrentsurluicommedesloupsfurieux,lemangèrenttoutentier
etselavèrentlesmains.L’undescompagnonsdevoyagen’enmangeapasetexhortalesautresà
s’abstenir,carilserappelaitlesparolesdecederviche.Ces paroles l’empêchèrent de manger sa chair rôtie ; l’ancienne
intelligenceteconfèreunenouvellechance.Puis tous s’allongèrent et dormirent, sauf celui qui était resté affamé,
commelebergerd’untroupeau.Ilvits’approcheruneéléphanteterrifiante:d’abord,ellevintetcourut
versceluiquimontaitlagarde.150 Ellereniflatroisfoissabouche:aucuneodeurdésagréablen’en
provenait.Elle tourna autour de lui plusieurs fois et s’en alla : l’énorme reine
éléphantneluifitaucunmal.Ellesentit les lèvresdechaquedormeuret l’odeur (de lachairdeson
petit)luiparvenaitdechacundeceshommesendormis.Chaquehommeavaitmangédelachairrôtiedujeuneéléphant:lamère
éléphantlesmitbienviteenpiècesetlestua.Ellesemitaussitôtàdéchirerlesgensdecettecompagnie,unàun,et
ellen’avaitaucunepeurdelefaire.Elleprojetachacunenl’airsanspitié,desortequ’iltombabrutalement
surlesoletfutdémoli.Ôbuveurdusangdesgens,va-t’enauloin,depeurqueleursangnete
livrelaguerre.Sacheaveccertitudequeleursbienssontcommeleursang,parcequela
richesseestacquiseparlaforce.Lamèredecesjeuneséléphantsexercerasavengeance;sonchâtiment
frapperademortceluiquimangelejeuneéléphant.Ôtoiquitenourrisdepotsdevin, tumangeslejeuneéléphant;à toi
aussi,lemaîtredel’éléphantarracheralesouffle.160 L’odeurcausalahontedeceluiquicomplotaenfraude:l’éléphant
connaîtl’odeurdesonenfant.CeluiquiperçoitduYémenleparfumdeDieu,commentnepercevrait-
ilpasdemoil’odeurdelafausseté?Étant donné que Mustapha (Mohammad) sentit cela de très loin,
commentnesentirait-ilpas1’odeurvenantdenosbouches?Enfait,illasent,maisilnouslecache:lesodeursbonnesetmauvaises
montentjusqu’auciel.Tudors, et pendant ce temps l’odeurde ton action illiciteparvient au
cielazuré.Elle accompagne ta mauvaise haleine, elle monte jusqu’à ceux qui
l’examinentdanslasphèrecéleste.L’odeur de l’orgueil et l’odeur de la cupidité, et l’odeur de la
concupiscence deviendront, lorsque tu parleras, comme l’odeur desoignons.Si tu profères un serment, disant : «Quand ai-jemangé ? Jeme suis
abstenud’oignonsetd’ail»,L’haleinede tonserment témoigneracontre toi,et frappera lesnarines
deceuxassisauprèsdetoi.Maintesprièressontrejetéesàcausedeleurodeur: lecœurcorrompu
semanifestedanslalangue.170 Laréponseàunetelleprièreest:Restezla7;lechâtimentdechaque
coquinestlatriquequirepousse.Enrevanche,sitesparolessonterronéesmaiscequetuveuxdirejuste,
l’erreurdetonexpressionestadmiseparDieu.
Expliquantqu’auxyeuxduBien-Aimé,unefautecommisepardesamoureuxestmeilleurequela
rectituded’étrangers
e véridique Bilal, en faisant l’appel à la prière, avait coutume, àcausedesonsentimentfervent,deprononcerhayyacommehayya*,Desortequedesgensdirent:«ÔMessagerdeDieu,cettefauten’est
paspermise,àprésentquec’estledébutdel’instaurationdel’islam.«ÔProphèteetMessagerduCréateur,prendsunmuezzinquiparleplus
correctement.«Aucommencementdelareligionetdelapiété,c’estunehontequede
malprononcerhayyla’l-falah.»La colère duProphète bouillonna et il donnauneoudeux indications
desferveurscachées(octroyéesàBilal),Disant : « Ô hommes vils, aux yeux de Dieu, le hayy de Bilal vaut
mieuxqu’unecentainedehaetdekhaetdesmotsetdesphrases.«Nememettezpasencolère,depeurquejedivulguevotresecret—à
lafoisvotrefinetvotrecommencement.»Situn’aspasunedoucehaleinedanslaprière,vaimploreruneprière
deceuxquiontlecœurpur.* Il s’agit de deux H différents dans les langues persane et arabe, avec uneprononciationlégèrementdissemblable.
CommentleDieuTrès-HautordonnaàMoïse(surluilapaix):«Appelle-Moid’uneboucheavec
laquelletun’aspaspéché.»
180 ieudit:«ÔMoïse,imploreMaprotectiond’uneboucheaveclaquelletun’aspaspéché.»Moïsedit :«Jen’aipasune tellebouche.»Dieudit :«Appelle-Moi
parlabouched’autreshommes.»Quand as-tu péché par la bouche des autres ? Invoque Dieu par la
bouched’autreshommes,criant:«ÔDieu!»Agis de telle façon que leurs bouches puissent prier pour toi, nuit et
jour.Demande pardon par une bouche qui n’a pas commis de péché, et ce
seralabouched’autreshommes.Ousinon,rendstaproprebouchepure,rendstonespritalerteetagile.LalouangedeDieuestpure:quandlapuretéestvenue,lasouillureplie
bagageets’enva.Lescontraires s’enfuient loindescontraires : lanuit s’enfuitquand la
lumièredel’aubebrille.LorsqueleNompurvientdanslabouche,nedemeurentniimpuretésni
chagrins.
Montrantquel’invocationdeceluiquisupplieDieuestessentiellementlamêmechosequelaréponsedeDieu:«Labbayka»(Mevoici)
ne nuit, un homme criait : « Allah » jusqu’à ce que ses lèvresdevinssentdoucesàLelouer.
190 Satanluidit:«Ôbavard,àtousces“Allah”,oùestlaréponse“Mevoici”?« Aucune réponse n’arrive du Trône de Dieu : combien de temps
crieras-tu“Allah”avecautantd’audace?»Ileutlecœurbriséetsecoucha;enrêve,ilvitKhadiraumilieudela
verdure.Khadirluidit:«Ehquoi,tuascesséteslouanges?Commentsefait-il
quetuterepentesdeL’avoirappelé?»Il répondit :«Nul“Mevoici”nemevienten réponse,aussi jecrains
d’êtrechasséloinduseuil.»Khadirdit:«(Dieudit:)cet“Allah”quetudisestmon“Mevoici".Ta
supplication,tadouleur,taferveursontMonmessagerverstoi.«Tesdémarches et tes effortspour trouverunmoyendeM’atteindre,
c’étaitenréalitéMoi-mêmequitetiraisversMoietlibéraistespieds.«TacrainteettonamoursontlelacetpoursaisirMagrâce:enréponse
àchacundetes“ÔSeigneur”,ilyamaint“Mevoici”deMoi.»Loindecetteprièreestl’âmedel’ignorant,carilneluiestpaspermis
decrier:«ÔSeigneur!»Surseslèvresetsursoncœursontunverrouetunloquet,desortequ’il
nepeutgémirversDieuàl’heuredel’épreuve.200 DieuadonnéàPharaondescentainesdebiensetderichesses,desorte
qu’ilprétendaitàlapuissanceetàlamajesté.Duranttoutesavie,cethommeperversn’éprouvaaucunepeinequilui
eûtpermisdeselamenterversDieu.Dieu lui octroya l’empire de ce monde, mais II ne lui donna pas la
douleur,lasouffranceetleschagrins.La douleur vaut mieux que l’empire du monde, puisqu’elle te fait
appelerDieuensecret.L’appeldeceluiquine souffrepasvientd’uncœurglacé ; l’appelde
celuiquipleurevientdel’extase.
C’est retenir sa voix sur ses lèvres, se remémorer son origine et soncommencement.C’estlavoixquidevientpureettriste,s’écriant:«ÔmonDieu»et«Ô
Toidontlesecoursestimploré»et«ÔToiquiaides».Mêmelaplainted’unchienn’estpasdépourvued’attraitpourLui,car
chaquesignecapturecommeunbrigandquiconqueLedésire.TellechiendelaCaverne8àquiilfutaccordédeneplussenourrirde
charogne,etquis’assitàlatabledesrois(spirituels),Jusqu’à la Résurrection, devant la Caverne, il boit comme les
mystiques,sansrécipient,l’eaudelaMiséricordedivine.210 Oh,ilyabiendesgens,souslapeaud’unchien,quin’ontpasde
renommée,etquipourtantnesontpasprivésdecettecoupeensecret.Ômon fils,donne taviepourcettecoupe :comment lavictoirepeut-
elleêtregagnéesansguerrespirituelleetsanspatience?Témoigner de la patience pour un tel objet n’est pas pénible : fais
preuvedepatience,carlapatienceestlaclédelajoie.Decetteembuscade,nuln’échappesanspatienceetprudence;pourla
prudence,envérité,lapatienceestcommelepiedetlamain.Exerce la prudence en te nourrissant, car c’est une verdure
empoisonnée : témoigner de la prudence est la force et la lumière desprophètes.Celuiquisauteàchaquesouffledeventestpareilàde lapaille,mais
commentlamontagneattacherait-elledupoidsauvent?De touscôtés,unegoule t’appelle :«Écoute,ômon frère, si tuveux
trouvertonchemin,viensici.«Jet’indiquerailaroute,jeseraitonboncompagnondevoyage,jesuis
tonguidesurcesentierdifficile.»Lagoulen’estpastonguide,etelleneconnaîtpaslechemin.ÔJoseph,
nevapasversceloup!La prudence, c’est de ne pas être leurré par les choses suaves et les
douceursetpiègesdecebasmonde.220 Carelle(lagoule)nepossèdenisuaviténidouceurs;ellechantedes
sortilègesetlesréciteàtonoreille,Disant : « Viens ici comme mon hôte, ô lumière de mes yeux : la
maisonestàtoi,ettuesàmoi.»Laprudenceconsisteencequetuluidises:«J’aiuneindigestion»,ou
«Jesuismalade,jesuisunhommesouffrantdanscettefosse»;Ou:«J’aimalàlatête:enlève-moimonmaldetête»,ou«Lefilsde
mononclematernelm’ainvité»—
Car elle te donnera dumiel mélangé d’aiguillons venimeux, de sortequesonmieltecauseramaintesblessures.Qu’elletedonnecinquanteousoixantepiècesd’or,ellenetedonne,ô
poisson,qu’unpeudeviandesurunhameçon.Si elle donne, quand cette perfide donne-t-elle en réalité quelque
chose?Lesparolesdufilousontdesnoixpourries.Leur caquet vous prive de la compréhension et de l’intelligence et
considèrecentmilleraisonscommen’étantmêmepasuneseule.En voyage, ton sac et ta bourse sont tes amis : si tu es Ramin, ne
chercheriend’autrequetaWisa*.C’est tonMoi essentiel qui est taWisa et ta bien-aimée et toutes ces
chosesextérieuresnesontpourtoiquecalamité.La prudence, c’est que, lorsqu’on t’invite, tu ne dises pas : « Ils sont
amoureuxetéprisdemoi.»Sache que leur invitation est pareille au sifflet pour l’oiseau de
l’oiseleur,tandisqu’ilestcachédanssonembuscade;Il a placé là un oiseaumort, prétendant que cet oiseau pousse ce cri
plaintif.Les oiseaux croient qu’il est l’un d’entre eux : ils l’entourent, et il
arracheleurpeau—Excepté,sansnuldoute, l’oiseauàquiDieuaoctroyé laprudence,de
sortequ’ilnesoitpastrompéparceleurreetcettecajolerie.L’imprudenceestassurémentcausederegret.Écoutel’histoiresuivante
pourexpliquercela.
*C’est-à-direWeis,labien-aiméedeRamin,dansl’œuvredeNizamî.
Commentlevillageoisleurralecitadinetl’invitaavecd’humblesprièresetuneinsistanceexagérée
1yavaitjadis,ômonfrère,unhabitantdelavillequiétaitl’amiintimed’unvillageois.Chaque fois que le villageois se rendait à la ville, il dressait sa tente
danslarueducitadin.Il demeurait son hôte pendant deux ou trois mois, il était dans sa
boutiqueetàsatable;Et tout ce qu’il désirait durant ce temps, le citadin le lui fournissait
gratuitement.240 Unjour,ilsetournaverslecitadinetluidit:«ÔSeigneur,neviendras-
tujamaisàlacampagnepourchercheràt’yrécréer?«Allah,Allah,amènetoustesenfants,carc’estletempsdesrosesetdu
printemps;«Oubien,vienspendant l’été,à lasaisondesfruits,quejepuisseme
ceindrelesreinspourtonservice;« Amène tes serviteurs, tes enfants et ta famille et reste dans notre
villagetroisouquatremois;«Carauprintempslacampagneestagréable,ilyadeschampsseméset
deravissantestulipes.»Lecitadinlerepoussaittoujoursavecdespromesses,jusqu’àcequehuit
annéessefussentécouléesdepuislapremièrepromesse.Chaqueannée,lecampagnarddisait:«Quandtemettras-tuenroute?
carlemoisdedécembreestarrivé.»Etlecitadins’excusait,disant:«Cetteannée,nousavonsuninvitéqui
estvenudetelouteldistrict.«L’annéeprochaine,sijepeuxmelibérerdemesoccupations,jeferai
unsautlà-bas.»Le villageois disait : « Ma famille attend tes enfants, ô mon
bienfaiteur.»250 Chaqueannée,ilrevenaitcommelacigognepourdemeurerdansle
pavillonducitadin,Etchaqueannéelenotabledépensaitsonoretsonargentpourluietlui
ouvraitlesbras.La dernière fois, ce paladin, pendant troismois, plaça devant lui des
platsdenourriturematinetsoir.De honte, il répétait au hodjâ (notable) : «Combien de temps neme
feras-turienquedespromesses?Combiendetempsmeleurreras-tu?»Lehodjâdisait:«Moncorpsetmonâmedésirentcetteréunion,mais
toutchangementdépenddudécretdivin.«L’hommeest commeunbateauouunevoile : (il doit attendre)que
celuiquigouvernelesventsenvoielabrise.»A nouveau, le villageois le supplia, disant : « Ô homme généreux,
prendstesenfantsetvienscontemplerlesplaisirsdelacampagne.»Ilpritsamaintroisfoispourscellerl’accord,disant:«Allah,Allah,viensvite,faistoustesefforts.»Auboutdedixans—etchaqueannéelesmêmesprièresetpromesses
mielleuses—Lesenfantsduhodjâ luidirent :«Ôpère, la luneet lesnuageset les
ombresvoyagentaussi.260 «Tuluiascréédesobligations,tuasprisdegrandespeinespourlui,
« Et il souhaite s’acquitter d’une partie de cette obligation quand tudeviendrassonhôte,«Ilnousafaitensecretbeaucoupderecommandations:“Amenez-leà
lacampagne,disait-il,enlepriantpourqu’ilaccepte.”»Lecitadinrépondit:«Celaestvrai;mais,ôSibawayh*,prendsgardeà
lamalicedeceluiàquituastémoignédelabienveillance.« L’amitié est la semence qui porte des fruits au dernier souffle ; je
crainsqu’ellenesoitcorrompueparlabrouille.»Ilexisteuneamitiépareilleauglaive tranchant, teldécembredans les
jardinsetleschampsdeblé,Ilexisteuneamitiépareilleàlasaisonprintanière,d’oùproviennentdes
bénéficesetdesbienfaitsinnombrables.Laprudenceconsisteàenvisagerlemal,defaçonàpouvoirs’enfuiret
sedébarrasserdumal.LeProphèteadit:«Laprudenceconsisteàenvisagerlemal»:sache
quechacundetespasestunpiège,ôinsensé.Lasurfacedelaplaineestplaneetvaste,maisàchaquepassetrouveun
piège:n’avancepasaudacieusement.270 Lachèvredesmontagnescourt,disant:«Oùestlepiège?»Tandis
qu’ellesehâte,lelacetlaprendàlagorge.Ôtoiquidis:«Où?»,regardeetvois,tuasvulaplaine,tun’aspasvu
lepiège.Sansembuscade,sansleurrenichasseur,ôhommerusé,commentune
queuedemoutonsetrouverait-elle(priseaupiège)danslechampdeblé?Ceuxquimarchaientaudacieusementsurlaterre,voisleursosetleurs
crânes.Quandtuvasaucimetière,ôtoidontDieuestsatisfait, interrogeleurs
ossementssurcequiestpassé,Afin que tu puisses voir clairement comment ces aveugles ivres
tombèrentdansl’abîmedel’illusion.Situasdesyeux,nemarchepasaveuglément,etsitun’aspasd’yeux,
prendsunbâtondanstamain.Situnepossèdespaslacannedelaprudenceetdujugement,prendsles
yeuxduvoyantcommeguide;Ets’iln’yapasdecannede laprudenceetdu jugement,nerestepas
sansguidesurchaqueroute.Avanceàlamanièred’unaveugle,afinquetonpiedévitelefosséetle
chien.L’aveugleposelepiedentremblantaveccrainteetprécautionpourne
pasavoird’ennuis.Ô toi qui as sauté loin de la fumée pour tomber dans le feu, tu as
recherché une bouchée de nourriture pour devenir une bouchée pour unserpent.
*Célèbregrammairieni.e.:«hommedouédesagacité».
HistoiredupeupledeSabaetcommentlaprospérité
lesrenditrebelles
ousn’avezpaslul’histoiredupeupledeSaba,oubienvousl’avezlueetn’enavezentenduquel’écho.Lamontagneelle-mêmen’estpas conscientede l’écho : l’esprit de la
montagnen’apaslapossibilitédepercevoirlesens.Sansoreilleetsansintelligence,ellecontinueàfairedubruit;quandtu
devienssilencieux,elleaussiledevient.Dieu avait octroyé au peuple de Saba une grande fortune — des
myriadesdechâteaux,depalais,devergers.Maiscesméchantsn’offrirentpasderemerciementspourcela;quantà
lafidélité,ilsétaientinférieursauxchiens.Quandàunchienvientdelaporteunmorceaudepain,ilseprépareà
servir.Ildeviendraleveilleuret legardiendelaporte,mêmes’ilestvictime
deviolencesetdemauvaistraitements.Cependant,ilresteraetdemeureraàlaporte:ilconsidéreracommede
l’ingratituded’enpréféreruneautre.
290Etsiunchienétrangerarrive,lejouroulanuit,leschiens(decetendroit)luidonnerontaussitôtuneleçon,
Disant:«Va-t’enlàoùsetrouvetapremièredemeure:l’allégeanceducœurpourcettebontéestuneobligationducœur.»Ils lemordront, en disant : «Retourne là d’où tu viens, ne laisse pas
davantagesanseffettonobligationàl’égarddecettebienveillance.»Duseuildel’espritetdeshommesspirituels,combiendetempsas-tubu
l’eaudelavie,ettesyeuxfurentouverts!Tantdenourritureprovenantdelaportedesspirituels:ivresse,extase,
renoncementàsoi-même,as-tujetéàtonâme.Ensuite,parcupidité, tuasabandonnécetteporte,et tu tournesautour
dechaqueboutique,commeunours.Par désir d’un tharid* sans valeur, tu cours vers les seuils de ces
notablesdontlesmarmitessontpleinesdegraisse.Sachequ’ici(oùdemeurentlessaints)lasignificationde«gras»c’est
que l’âmedevienneflorissante,etsacheque lemalheurdudésespéréestsoulagé.
*Platfaitdepaintrempédanslasaucedeviande.C’est-à-direqu’ilspréfèrentladamnationaudéshonneur.
Commentlesinfirmesserassemblaientchaquematinàla
portedelacelluledeJésus(surluilapaix),désirantêtreguéris
parsaprière
atabledel’hommespirituelestcomparableàlacelluledeJésus:ôaffligé,prendsgarde,prendsgarde.N’abandonnepascetteporte.Detouscôtés,lesgensserassemblaient—aveugles,boiteux,paralysés,
vêtusdehaillons,300 AlaportedeJésus,lematin,afinqueparsonsouffleillesguérissede
leursmaux.Dèsqu’ilavaitterminésesprières,cethommepieuxsortaitàl’aube,Etvoyaitdesmassesdegensfaiblesetaffligésseulsàlaporteattendant
avecespoir^Alorsildisait:«Ôvousquiêtesmisérables,lesdésirsdetousceuxqui
sontprésentsiciontétéexaminésparDieu.«Allez,partez,sanssouffrancenipeine,vers lepardonet labontéde
Dieu.»Tous, tels des chameaux entravés dont tu détaches les genoux avec
sollicitude,Asaprièresemettaientàcourir,sehâtantgaiementetjoyeusementvers
leursdemeures.Toiaussi,tuaséprouvéentoi-mêmebiendesmaladies,ettuasobtenu
lasantégrâceàcesroisdelareligion.Combien de fois ta claudication n’a-t-elle pas été transformée en une
démarche aisée, combien de fois ton âme n’a-t-elle pas été délivrée duchagrinetdeladouleur?Ôinsouciant,attacheunecordeàtonpied,afindenepasdevenirperdu
pourtoi-même.310 Toningratitudeettonoublinesesontpasremémorélemielquetuas
bujadis.Inéluctablement, cette voie t’est devenue fermée, car les cœurs des
«hommesducœur»ontétéaffligéspartoi.Hâte-toi à leur rencontre et implore le pardon de Dieu, pleure
lamentablement,commeunnuage,Pour que leur roseraie t’offre ses floraisons, et que les fruits mûrs
s’ouvrentetserévèlent.Tourne autour de cette même porte, ne te montre pas inférieur à un
chien,situesdevenuunserviteurcompagnonduchiendelaCaverne,Car leschienseux-mêmesexhortent leschiens,disant :«Attache ton
cœuràtapremièredemeure.« Tiens-t’en fermement au premier seuil où tu as mangé des os, et
remplistesobligations:nelaissepascela.»Ilsnecessentdemordre(lechienétranger)afinquesonsentimentdu
devoirlefasseallerlà-basetbénéficierdesapremièredemeure.Ils le mordent, disant : « Ô mauvais chien, va-t’en. Ne deviens pas
l’ennemidetonbienfaiteur.«Soisattaché,commel’anneaudelaporte,àcettemêmeporte;faisle
guet,etsoisagileetprêtàbondir,320 «Nesoispasl’imagedenotreabsencedefidélité,nemanifestepas
d’infidélité.«Puisquelafidélitéestlaqualitéparlaquellesontrenommésleschiens,
va-t’enetn’apportepasl’opprobreetlamauvaiseréputationauxchiens.»Étant donné que l’infidélité a toujours été une honte, même pour les
chiens,commenttrouverais-tujustedetémoignerdel’infidélité?DieuleTrès-Hauts’estvantédefidélité:Iladit:«Quidonctientson
pactemieuxqueDieu9?»Sachequelafidélitéenversd’autresqueDieuestinfidélité.Nuln’ala
précellencesurlesdroitsdeDieu.Le droit de tamère n’a existé qu’après que leGénéreux l’eut rendue
redevabledetonembryon.Il t’a octroyé une forme à l’intérieur de son corps, Il lui a donné de
l’endurancependantsagrossesseetl’ahabituée(àsonfardeau).Elleteconsidéraitcommeunepartied’elle-même;laProvidencesépara
d’ellecequiluiétaituni.Dieu a préparé des milliers demoyens et de dispositions afin que ta
mèret’accordesonamour.C’estpourquoiledroitdeDieuvientavantceluidelamère;quiconque
nereconnaîtpascedroitestunâne.330 (Situlenies),n’admetsdoncmêmepasqu’ilacréélamère,lamamelle
etlelait,etl’aunieaupère.ÔSeigneur,ôToidontlabienfaisanceestéternelle,àToiestàlafoisce
quejeconnaisetcequejeneconnaispas.Tu as ordonné : « Rappelle-toi Dieu, car Mon droit ne sera jamais
désuet.
«Souviens-toidelabienveillancequeJet’aitémoignéelematinoùJet’aiprotégédansl’ArchedeNoé.«Alors, J’aidonnéàvospères la sécurité à l’égardduDélugeetdes
vagues.«L’eau,commelefeu,danssanature(néfaste)avaitcouvertlaterre;
lesvaguesbalayaientauloinlessommetslesplushautsdesmontagnes.«Jevousaiprotégés,jenevousaipasabandonnés,danslescorpsdes
ancêtresdesancêtresdevosancêtres.«Aprésentquevousêtesparvenusauplushautdegré,commentvous
ferais-jetrébucher?Commentlaisserais-jeMonatelierêtreruiné?«Commentdevenez-vousdévouésauxinfidèlesenvousdirigeantdans
cettedirectionàcausedevosmauvaisespensées?«Jesuisdépourvudenégligenceetd’infidélité,cependantvousvenezà
Moiavecdemauvaisespensées.340 «Ayezcesmauvaisespenséesàl’encontredulieuoùvousvouscourbez
devantquelqu’undesemblableàvous,«Vous avez de nombreux amis et compagnons puissants ; si Je vous
demande“OùestUntel?”vousrépondrez“Ilestparti.”«Votrebonamiestmontéjusqu’auplushautCiel,votreméchantami
estdescenduaufonddelaterre.«Vousêteslaissésaumilieu,impuissants,commeunfeuabandonnépar
unecaravane.»Ô ami courageux, attache-toi à Celui qui est libre d’« au-dessus » et
d’«endessous».Il ne monte pas au ciel, comme Jésus, ni ne descend dans la terre,
commeQarûn.Il est avec toi, dans l’espace et dans le non-spatial, lorsque tu laisses
derrièretoitamaisonettaboutique.Ilfaitsortirlapuretédessouillures,Iltraitetesactesfautifscommeun
accomplissementfidèle(dudevoir).Lorsque tu fais le mal, Il envoie un châtiment, afin que tu puisses
retournerdel’imperfectionàlaperfection.Quand tu as négligé une partie de tes oraisons sur la Voie, alors
t’advientunsentimentde«resserrement»,brûlantetpénible.350 C’estlàl’actioncorrectivedeDieu,signifiant:«N’apporteaucun
changementàl’ancienpacte,«Jusqu’aujouroùceresserrementdeviendraunechaîneetoùcequià
présentsaisitlecœurdeviendrauneentraveattachantlepied.»Tasouffrancementaledeviendraperceptibleauxsensetmanifeste.Vois
ànepastenircetteindicationpournulle.Les souffrances (spirituelles) qui adviennent dans le cas de péchés
n’affectentquelecœur;aprèslamort,cespeinesdeviennentdevéritableschaînes.« Quiconque ici-bas se sera détourné de mon Rappel, Nous lui
donneronsuneviemisérable(dansl’au-delà)etlepunironsdecécité10.»Quandunvoleuremportelesbiensdesgens,lesoucietlatristessedu
cœurtroublentsaconscience.Etildit:«Jemedemandecequ’estcettetristesse!»Réponds:«C’est
ladétressedelapersonnespoliéequiapleuréàcausedetaperversité.»S’il ne tient pas compte de cette tristesse, le vent de la persévérance
(danslemal)attiselefeu(mauvais).Leresserrementquisaisitlecœursetransformeenlasaisiedupolicier:
inéluctablement,cesidéesdeviennenttangiblesetsemanifestent.Lespeinessontdevenuesuneprisonetunecroix;lapeineestlaracine,
etlaracinedonnenaissanceàdesrameaux.360 Laracineétaitcachée,elleestàprésentrévélée.Considèreettatristesse
intérieureettonexpansioncommeuneracine.Quand c’est unemauvaise racine, arrache-la vite, afin qu’une vilaine
roncenepoussepasdanslejardin.Tu as senti la peine : cherche un remède à cela, parce que toutes les
excroissancesproviennentdelaracine.Tu as ressenti un sentiment d’expansion : arrose cette expansion, et
quandlefruitapparaît,donne-leàtesamis.
Restedel’histoiredupeupledeSaba
e peuple de Saba était dépourvu dematurité et niais : ils avaientcoutumedetémoignerdel’ingratitudeàceuxquiétaientgénéreux.Par exemple, ce serait de l’ ingratitude que de te quereller avec ton
bienfaiteur,Disant : « Je ne veux pas de cette bienveillance, elle m’ennuie :
pourquoit’enpréoccupes-tu?«Accorde-moiunefaveur,retirecettebienveillance;jenedésirepasun
œil:aveugle-moitoutdesuite!»Ainsi,lesgensdeSabadirent:«ÔSeigneur,metsunegrandedistance
entre nous : notre imperfection vaut mieux pour nous, enlève notreornement.«Nousnedésironspascespalaisetcesvergers,nilesbellesfemmes,ni
cettesécuritéetaisance.370 «Lesvillesprocheslesunesdesautressontmauvaises;ledésert,oùse
trouventlesbêtessauvages,estbon.»Enété,l’hommeaspireàl’hiver,etquandl’hiverarriveilnel’aimepas.Cariln’estjamaissatisfaitd’aucunesituation,nidelapauvreténid’une
vied’abondance.Quel’hommepérisse !Quel impie11 !Chaque foisqu’ilobtientd’être
bienguidé,illerejette.L’âmecharnelleestdecettesorte,c’estpourquoiilfautlatuer.Dieule
Très-Hautadit:«Tuez-vousvous-mêmes12.»C’est une épine triangulaire : où que vous la placiez, elle piquera, et
commentéchapperez-vousàsablessure?Brûlelaronceenrenonçantàlapassionsensuelle,etattache-toiàl’ami
loyal.Quand les gens deSaba dépassèrent toutes limites, disant : «Anotre
avis,lapestevautmieuxquelezéphyr»,Leurs conseillers semirent à les admonester et à les empêcher d’être
impiesetingrats;Maisilstentèrentdetuerleursconseillers,etilssemèrentlasemencede
l’ingratitudeetdel’impiété.380 LorsquearriveleDécretdivin,lemondeentierdevientresserré,le
Décretrendlasucrerieuneamertumedanslabouche.
Il(leProphète)adit :«QuandvientleDécret, l’étenduelaplusvasteestétroite;quandvientleDécret,lesyeuxsontvoilés.»L’œilestrecouvertd’unbandeauautempsduDécret,desortequel’œil
nevoitpaslecollyredel’œil,Quand la ruse de ce Cavalier a soulevé la poussière, la poussière
t’empêched’appeleràl’aide.VaversleCavalier,nevapasverslapoussière;autrement,larusedu
Cavaliers’attaqueraàtoi.Dieu a dit : « Celui que le loup a dévoré, il avait vu la poussière
(soulevéepar)leloup;pourquoines’est-ilpaslivréàdesgémissementspitoyables?»Ne reconnaissait-il pas la poussière du loup ? Alors, avec une telle
connaissance,pourquoiest-ilrestéàpaître?Lesmoutonsreconnaissentl’odeurduloupdangereuxets’enfuientdans
touteslesdirections.Lecerveaudesanimauxreconnaîtl’odeurdulionetfaitcesserl’animal
depaître.Tuassentil’odeurducourrouxduLion(Dieu).Reviens!Occupe-toide
prièresetdecrainte!390 Cettemultitude(deSaba)nesedétournapasdelapoussièreduloup,et
aprèslapoussièreleloupdelatribulationarrivaenforce.Encolère,ilmitenpiècescesmoutonsquin’écoutaientpasleurberger,
laSagesse.Combiensouventlebergerlesappela!etilsnevinrentpas,ilsjetaient
lapoussièreduressentimentdanslesyeuxduberger,Disant:«Va-t’en;nous-mêmes sommes de meilleurs bergers que toi. Commentdeviendrions-noustessuivants?Noussommesdeschefs,chacundenous.«Noussommesdelanourriturepourleloup,nousnesommespaspour
l’Ami;noussommesducombustiblepourleFeu,etnesommespaspourledéshonneur*.»Unorgueilpaïenétaitdansleursesprits:lecorbeaucroassaitledésastre
surlestracesdeleurhabitation.Ilscreusaientunpuitspourlesopprimés;eux-mêmestombèrentdansle
puits,criant:«Hélas!»Ilsdéchirèrent leshabitsdesJosephs(lesprophèteset lessaints)et ils
subirentlecontrecoupdechacundeleursactes.Qui est ce Joseph ?Ton cœur en quête deDieu, enchaîné comme un
captifdanstademeure.TuasliéunGabrielsurunpilier,tuasblessésesailesetsesplumesen
centendroits.400 Tuplacesdevantluiunveaurôti,tuvaschercherdelapailleettu
l’amènesàl’étableàfoin,Disant : «Mange, ceci est un délicieux repas pour nous », alors que
pourluiiln’estd’autrealimentquedecontemplerDieu.Enraisondecetourmentetdecettetribulation,cecœuraffligéseplaint
detoiàDieu,S’écriant : «ÔDieu, délivre-moi de ce vieux loup ! »Dieu lui dit :
«Écoute,l’heureapproche;prendspatience.«Jeteferairendrejusticeparcetimpie:quirendlajustice,sinonDieu,
leDispensateurdelajustice?»Le cœur dit : «Ma patience est perdue dans la séparation d’avec Ta
face,ôSeigneur.«JesuiscommeAhmad(Mohammad)abandonnédanslesmainsdes Juifs, je suis pareil à Salih tombé en prison au sein du peuple de
Thamûd13.«ÔToiquioctroieslafélicitéauxâmesdesprophètes,oubientue-moi,
ourappelle-moiàToi,oubienviensToi-même.«Lesinfidèlesmêmenepeuventendurerd’êtreséparésdeToi;chacun
d’euxdit:Oh!quenesuis-jedéjàmort14!»« Tel est l’état de l’infidèle qui en réalité appartient à cemonde-ci :
commentdoncceluiquiT’appartientserait-ilpatientsansToi?»410 Dieudit:«Oui,ôcœurpur;maisécoute-Moietsoispatient,carla
patiencevautmieux.«L’aubeestproche.Chut,negémispas!Jeluttepourtoi,toinelutte
pas.»
Suitedel’histoireduhodjâserendantauvillagesurl’invitation
ducampagnard
ette digression a dépassé toute limite : reviens, ô mon ami. Levillageois,sache-le,pritlehodjâdanssamaison.Laissedecôtél’histoiredupeupledeSaba:racontecommentlehodjâ
vintauvillage.Levillageoiseutrecoursàtoutessortesd’amabilitéspoursefairebien
voir,jusqu’àcequ’ileûtdétruitlaprudenceduhodjâ.Celui-ciétait égaréparunmessageaprès l’autre, jusqu’àceque l’eau
clairedesaprudencedevînttrouble.Demême, ses enfants, en approbation (de cette invitation), chantaient
joyeusement:«Amusons-nousetjouons15»,A l’instar de Joseph, qui, par l’actionmerveilleusede laDestinée, fut
transportépar lesmotsAmusons-nouset jouons hors de la protection desonpère.Cen’estpaslàunjeu:non,c’estjoueravecsavie;c’estuneruse,un
leurre,unetromperie.Quoiquecesoitquit’arracheàl’Ami,nel’écoutepas,carcelacontient
uneperte,uneperte.420 Mêmesileprofitestcent,centfois,nel’acceptepas:pourl’amourde
l’or,nebrisepasavecleTrésorier,ôderviche!Entends combien de reproches, tendres et sévères, Dieu adressa aux
CompagnonsduProphète,Parceque,lorsd’uneannéedefamine,ausondutambourilsquittèrent
sansattendrelaPrièreencommunduVendredi,larendantnulle.«Decrainte,disaient-ils,qued’autrespuissentacheteràbonmarchéet
obtenir l’avantage sur nous en ce qui concerne ces marchandisesimportantes.»LeProphètefutlaisséseulenprièreavecdeuxoutroispauvreshommes
fermesdansleurfoietpleinsdesupplications.Dieudit:«Commentletambouretlepasse-tempsetlenégoceont-ils
puvousséparerd’unhommedeDieu?« Vous vous êtes dispersés et avez couru follement vers le blé, en
laissantunProphèteresterdeboutenprière.«Acausedublé,vousavezsemélasemencedelavanitéetabandonné
leMessagerdeDieu.«Sacompagnievautmieuxquelepasse-tempsetlesrichesses:voyez
cequevousavezabandonné,frottez-vouslesyeux!«En vérité, n’est-il pas apparu avec certitude à votre cupidité que Je
suisCeluiquinourrit,etleMeilleurdeceuxquilefont?430 «CeluiquidonnedeLui-mêmelasubsistanceaublé,comment
pourrait-IllaisserseperdretesactesdeconfianceenLui?«Pourl’amourdublé,tuesdevenuséparédeCeluiquiaenvoyéduciel
leblé.»
Commentlefauconinvitalescanardsàvenirdel’eau
verslaplaine
efauconditaucanard:«Sorsdel’eau,pourpouvoiradmirerlesplainesquirépandentladouceur.»Mais le sage canard lui dit : « Va-t’en, ô faucon ! L’eau est notre
forteresse,notresécuritéetnotrejoie»LeDémonestcommelefaucon.Ôcanards,hâtez-vous!Prenezgarde,
nesortezpasdevotreforteresse,l’eau.Ditesaufaucon:«Va-t’en,va-t’en!Parsetgardetesmainsloindenos
têtes,ôbonami!«Nous n’avons que faire de ton invitation, garde-la pour toi-même ;
nousnevoulonspasécoutertesparoles,ôinfidèle!« La forteresse (de l’eau) nous suffit : que le sucre et les champs de
canneàsucresoientàtoi!Jenedésirepastondon:prends-lepourtoi-même!«Tantqu’il y aurade laviedans le corps, lanourriturenemanquera
pas;lorsqu’ilyaunearmée,lesétendardsnemanquentpas.»Le prudent hodjâ présenta mainte excuse et offrit maint prétexte au
villageois(semblableau)Démonobstiné.440 «Encemoment,dit-il,j’aiàm’occuperd’affairessérieuses;sijeviens
(vousrendrevisite),ellesneserontpasréglées.«Leroim’achargéd’uneaffairedélicate,etdufaitqu’ilm’attendaitil
n’apasdormidelanuit.« Jen’osenégliger l’ordredu roi, jenepeux tomberdans ladisgrâce
auxyeuxduroi.«Chaquematinetchaquesoir,unenvoyéspécialarriveetmerequiert
defournirunmoyend’échapper(àladifficulté).« Croyez-vous qu’il serait juste que j’aille à la campagne, avec cette
conséquencequeleroifronceraitlessourcils?«Commentapaiserais-jesacolèreaprèscela?Sûrement,parunetelle
faute,jem’enterreraisvivant.»Il raconta cent prétextes de cette sorte, mais ses artifices ne
correspondaientpasàlavolontédeDieu.Sitouslesatomesdumondeinvententdesartifices,cen’estrien,rien,
contrel’ordreduCiel.
Comment la terre s’enfuirait-elle loin du Ciel, comment se cacherait-elledelui?Quoi que ce soit qui vienne du Ciel sur la terre, celle-ci n’a pas de
refuge,nideremède,nidecachette.450 Silefeudusoleilpleutsurelle,elleserésignedevantsonfeu;
Etsilapluieluiinfligeundélugeetdévastelesvillesquisontsurelle,Ellel’accepte,commeJobdisant:«Jesuiscaptif;apportez-moicejue
vousvoulez.»Ô toi qui fais partie de la terre, ne te révolte pas ; quand tu perçois
l’ordredeDieu,net’enécartepas.Puisque tu as entenduNous t’avons créé de poussière16, (sache que)
Dieuavouluquetusoispareilàlapoussière:nedétournepastonvisagedeLui.(Dieuadit):«VoiscommeJ’aiseméunesemencedanslaterre:tues
delapoussièredelaterre,etJet’aiélevétrèshaut.«Adopteànouveaulapratiquedel’humilité,afinqueJefassedetoiun
princeau-dessusdetouslesprinces.»L’eauvadeshauteursverslebas;puis,d’enbas,ellevaverslehaut.Lebléesttombédanslaterreenvenantd’enhaut;ensuite,ildevintdes
épisetgranditrapidement.Lagrainedechaquefruitestentréedansla terre;ensuitedesrejetons
ontpoussédelaracineenterrée.460 LasourcedesbénédictionsestdescendueduCielsurlaterreetest
devenuel’alimentdel’espritpur.Êtantdonnéqu’elle estvenueduCiel à causede l’humilité, elle s’est
intégréeàl’hommevivantetfort.Ainsi, cettematière inanimée s’est transmuée en qualités humaines et
s’estenvoléejoyeusementau-dessusdel’empyrée,Disant : « Nous sommes venues tout d’abord du monde vivant, et
sommesmaintenantretournéesdubasverslehaut.»Touteslesparcelles(del’être),qu’ellessemeuventousoientenrepos,
déclarent:«Envérité,àLuinousretournerons17.»Les louanges et les glorifications des parcelles cachées ont rempli le
Cieldetumulte.Quandl’OrdredeDieuusadesortilèges, lecampagnardl’emportasur
lecitadin.Endépitdemilliersdebonnesrésolutions,lehodjâfutvaincu,etdufait
desonvoyageiltombaaumilieudescalamités.
Ilsefiaitàsaproprefermeté,maisbienqu’ilfûtcommeunemontagne,unpetitflotl’emporta.Lorsque l’Ordre divin se manifeste à partir du Ciel, tous les gens
intelligentsdeviennentaveuglesetsourds;470 Lespoissonssontexpulséshorsdelamer;lepièges’empare
impitoyablementdel’oiseauquivole.Mêmelegénieetledémonentrentdanslabouteille*;unHârûttombe
danslepuitsdeBabylone.(Toussontperdus)saufceluiquiaprisrefugedansl’Ordredivin;nulle
quadratureastrologiqueneversajamaissonsang.Amoinsquevousnetrouviezrefugedansl’Ordredivin,aucunartifice
nevouspermettrad’yéchapper.
* Salomon aurait emprisonné dans des bouteilles jetées à la mer des Djinnsrebelles.
HistoiredupeupledeZarwânetcommentilsdécidèrentdecueillirlesfruitsdeleursvergerssansêtre
gênésparlespauvres
ousavez lu l’histoiredupeupledeZarwân :pourquoidoncavez-vouspersistéàchercherdesexpédients?Plusieurs (méchants) hommes qui piquaient comme des scorpions
avaientdécidédesupprimerunepartiedupainquotidiendepauvresgens.Durantlanuit,toutelanuit,ilspréparèrentuneruse;plusd’un‘Amret
Bakrserencontrèrentàcettefin.Ces mauvais hommes échangeaient leurs pensées les plus intimes en
secret,depeurqueDieunelesdécouvrît.L’argile a-t-elle comploté contre le plâtrier ? La main effectuet-elle
quelqueactionignoréeducœur?Dieuadit :«Celuiqui t’acrééneconnaît-Ilpas tondésir, (ne sait-Il
pas)si,danstaconversationsecrète,ilyadelasincéritéoudelamalice?480 «Commentunvoyageurquis’estmisenroutelematinserait-ilignoré
deCeluiquivoitclairementoùillogerademain?« Quel que soit l’endroit où il est descendu ou monté, Il l’a pris en
chargeetafaitlecompteexactdetoutechose18.»Aprésent,préservetonoreilledel’insoucianceetécoutequelfutlesort
decethommeaffligé.Sachequelorsquetuprêtesl’oreilleàcettehistoire,c’estlàuneaumône
quetudonnesaumalheureux;Cartuentendrasparlerdeschagrinsdeceluiquialecœurtriste—dela
misèrecauséeàl’espritnobleparl’eauetl’argile(ducorps).Même s’il s’agit dequelqu’un remplide connaissance, il possèdeune
maisonrempliedefumée:enl’écoutant,ouvreunefenêtrepourlui.Lorsque ton oreille deviendra lemoyen de le soulager, la fumée âcre
diminuera(etdisparaîtra)desamaison.Témoigne-nousdelasympathie,ôhommeprospère,situtedirigesvers
leSeigneurTrès-Haut.L’hésitation est une prison, une geôle qui ne laissera l’âme aller dans
aucunedirection.Cemotif-ci t’attire dans une direction, et cemotif-là dans une autre,
chacunedisant:«Jesuislabonnevoie.»
490 CettehésitationestunprécipicedansleChemindeDieu:oh,bénisoitceluidontlespiedssontlibérés(decesliens).Ilsedirigedanslabonnedirectionsansatermoiement;situneconnais
paslechemin,tâchededécouvriroùsontlestracesdesespas.Attache-toi aux empreintes des pas dudaim, et avance sûrement, afin
qued’aprèscesempreintestupuissesparveniràlaglandeàmusc.Grâceàuntelvoyage,tumonterasjusqu’auzénithlepluslumineux,ô
monfrère,situacceptesdemarchersurlefeudelatribulation.Il n’y a pas de crainte à avoir de lamer, des vagues ou de l’écume,
puisquetuasentendulaParoledivine:Necrainspas19.Sacheque,lorsqueDieut’adonnélacrainte,cettecraineéquivautàla
paroleNecrainspas.Ilt’enverralepain,puisqu’Ilt’aenvoyéleplateau.Celui qui doit craindre, c’est celui qui n’a pas de crainte de Dieu ;
l’angoisseestpourceluiquinefréquentepascelieu(oùDieuestcraint).
Départduhodjâpourlacampagne
e hodjâ se mit à l’ouvrage et fit ses préparatifs ; l’oiseau de sarésolutionsehâtaverslacampagne.Safamilleetsesenfantssepréparèrentauvoyageetplacèrentlebagage
surlebœufdudépart,Se réjouissant et se hâtant vers la campagne, disant : « Nous allons
profiterduvoyage.Quellebonnenouvelle!500 «Lelieuoùnousnousrendonsestunedouceprairie,etnotreami,là-
bas,estbonetcharmant.« Ilnousa invitésavecdesmilliersdevœux ; ila semépournous la
semencedelagénérosité.« De chez lui, nous rapporterons à la ville les provisions de la
campagne,pourlelonghiver.«Non,ilrenoncerapournousàsonverger,ilferapournousuneplace
auseindesonâme.«Hâtez-vous,mes amis, afin d’obtenir un gain ! »Mais laRaison, à
l’intérieurd’eux-mêmes,leurdisait:«Neteréjouispas20!»SoyezdesgagnantsparlegaindeDieu:«Dieun’aimepasceuxquise
réjouissent21!»Réjouis-toi,maismodérément, àcausede cequi vousa été donné22 :
toutcequiadvientetconstitueunesourcedepréoccupationtedistraitdeLui.Réjouis-toi en Lui, ne te réjouis en rien d’autre que Lui : Il est le
Printemps,etlesautreschosessontl’hiver.ToutcequiestautrequeLuiestlemoyendeteconduirepeuàpeuàla
perdition,mêmesic’esttontrône,tonroyaumeettacouronne.Réjouis-toi dans le chagrin, car le chagrin est lemoyen d’atteindre à
l’unionavecDieu;danscettevoie,l’ascensionvadehautenbas.510 Lechagrinestuntrésor,ettasouffranceestcommelamine;mais
commentcetteparolepourrait-ellefaireuneimpressionsurdesenfants?Quandlesenfantsentendentlenomde«jeu»,ilscourenttous,avecla
vitessedel’ânesauvage.Ô ânes aveugles, dans cette direction il y a des pièges ; dans cette
direction,ilyadesmassacresàl’affût.Les flèches volent, mais l’arc est caché : du monde invisible cent
flèchesdecheveuxblancsviennentfrappernotrejeunesse.Ilfautposerlepiedsurlaplaineducœur,cardanslaplaineducorpsil
n’yapasdejoie.Le cœur est la demeure de la sécurité, ô mes amis ; il possède des
fontaines,etdesroseraiesauseinderoseraies.Tournez-vousverslecœuretallezdel’avant,ôvoyageursdenuit;làse
trouventdesarbresetdesruisseauxd’eauvive.N’allezpas à la campagne : la campagne rend l’homme stupide ; elle
rendl’intellectdépourvudelumièreetdesplendeur.Ôélu,écoutelaparoleduProphète:«Demeureràlacampagneestle
tombeaudel’intelligence.»Si l’onresteà lacampagneunseul jour,unseulsoir, l’intelligencene
retrouverapassavigueuravantunmois.520 Pendantunmois,lastupiditél’accompagnera:quepourrait-ellerécolter
d’autreauprédesséchédelacampagne?Quant à celui qui demeure un mois à la campagne, l’ignorance et
l’aveuglementserontsonlotpendantlongtemps.Qu’est-ce que la « campagne» ?Le sheikh qui n’est pas uni àDieu,
maisquis’adonneauconformismeetàladiscussion.Encomparaisondelaville,quiestlaRaisonuniverselle,nossenssont
pareilsàdesânestournantdansunmoulin,lesyeuxbandés.Laisse là le sens secret et considère la forme extérieure de l’histoire,
laisselesgrainsdeperlesetprendslesgrainsdeblé.Si tu nepeux atteindre la perle, prends le blé ; si tu n’as pas devoie
danscettedirection-là,continuedanscettedirection-ci.Saisissaformeextérieure.Bienquelaformeextérieurevoledetravers,
àlafinelleteconduiraverslesensintérieur.En vérité, la première phase de chaque être humain est la forme ;
ensuitevientl’esprit,quiestlabeautédelanature.Comment la première phase de chaque fruit serait-elle autre que la
forme?Ensuite,vientlegoûtdélicieuxquiestsonvéritablesens.Toutd’abord,onfabriqueoul’onachèteunetente,ensuiteonamènele
Turc,lebien-aimé,eninvité.530 Considèrequelaformeestlatente,ettavéritableessencele
Turc;considèretonessencecommelenavigateur,ettaformecommelenavire.Pour l’amour de Dieu, laisse ceci pour un instant, afin que l’âne du
hodjâpuissefairesonnersaclochette.
Commentlehodjâetsafamillepartirentpourlacampagne
ehodjâet sesenfantspréparèrent leursbagages,etgalopèrent surleursbêtesendirectiondelacampagne.Ilschevauchaientgaiementenchantant:«Voyagez,afíndegagnerdu
profit.»Car c’est en voyageant que la lune devient pareille àKayKhosraw*.
Commentdeviendrait-elleunempereur(khusraw)sansvoyager?…Parlevoyage,lepiondevientunenoblereine,etparlevoyageJoseph
obtientcentobjetsdesesdésirs.Le jour, ils brûlaient leurs visages au soleil, la nuit, ils se guidaient
d’aprèslesétoiles;Lamauvaise route leursemblaitbonne, leur joied’êtreà lacampagne
leurfaisaittrouverlarouteunParadis.Delapartdeceuxquiontleslèvresdouces,l’amertumedevientsuave;
delaroseraie,mêmelesépinessontexquises.La coloquinte devient des dattes, lorsqu’elle vient du bien-aimé ; la
maisonesttransforméeenvastesprairiesparceluiquil’habiteavecvous.540 Oh,ilyabiendesgensquisupportentdespeinesdelapartdesbeautés
dansl’espoird’obtenirunebien-aiméeaussiravissantequ’unefleur.Oh,maintporteuraledosdéchirédeblessuresparamourpourlabeauté
àlaquelleiladonnésoncœur.Leforgeronanoircisafigureafínque,lanuitvenue,ilpuissebaiserle
visagepareilàlalunedesonaimée.Le marchand reste assis sur un banc jusqu’à la nuit tombée, parce
qu’unefemmeélancéecommeuncyprèss’estenracinéedanssoncœur.Unnégociantvoyagepar terreetparmer : il sehâtepour l’amourde
cellequiresteàlamaison.Quiconqueéprouveunepassionpourcequiestmort,c’estdansl’espoir
d’obtenircequiaunvisagevivant.Le charpentier consacre son attention au bois, dans l’espoir de servir
unebeauté.Quantàtoi,faisdeseffortsdansl’espoirduVivantquinedevientpas
privédevieaprèsunjouroudeux!Ne choisis pas, par mesquinerie, une personne mesquine pour ami :
cetteamitiéenluiestempruntée.
Si tesamis,autresqueDieu,possèdent lapermanence,qu’enest-ildetonamitiéavectespèreetmère?
550 Siquelqu’und’autrequeDieuestdignedeconfiance,qu’estdevenuetonamitiépourtanourriceettonéducateur?Ton affection pour le lait et le sein n’a pas duré, ta timidité pour te
rendreàl’écolen’apasduré.Cette amitié était un rayonnement projeté sur leur mur : ce signe du
SoleilestretournéversleSoleil.Quelle que soit la chose sur laquelle peut tomber ce rayonnement, tu
deviensamoureuxdecetobjet.Quellequesoitlachoseexistanteàlaquelleestattachétonamour,cette
choseestdoréepardesqualitésdivines.Quand la dorure est retournée à sa source originelle, et que seul le
cuivrereste,tanatureestrassasiéeetlarejette.Laissedecôtécequiestdorépardesqualitésapparentes,n’appellepas,
parignorance,splendidelevilalliage.Car, dans lamonnaie fausse, la beauté est empruntée : sous l’éclat se
trouvelasubstancesanséclat.L’orvadelafacedelapiècefaussedanslamined’oùilestvenu:toi
aussi,dirige-toiverslamineoùilva.Lalumièrevadumur jusqu’ausoleil :va, toi,àceSoleilquisemeut
toujoursharmonieusement.560 Désormais,prendsl’eauquidescendduCiel,puisquetun’aspastrouvé
defiabilitédansl’aqueduc.Le leurre pour attraper le loup est la queue dumouton, non l’endroit
d’oùelleprovient:commentceloupféroceconnaîtrait-illelieud’oùellevient?Ils (lehodjâetsafamille)s’imaginaientquede l’orétaitpréparépour
eux,etdansleurillusionilssehâtaientverslacampagne.Aussichevauchaient-ils,riant,dansant,caracolantverslasource.Chaquefoisqu’ilsapercevaientunoiseauvolantverslacampagne,leur
patiencesedéchiraitlesvêtements.Et ils embrassaient joyeusement le visage de quiconque venait de la
campagne,duvoisinage(duvillageois),Disant :«Vousavezvulevisagedenotreami,aussipourl’âmevous
êtesl’âme,etpournouscommelaprunelledesyeux.»
*Sultanseldjoukide.
CommentMadjnûncaressalechienquivivaitdanslademeuredeLeylâ
ls se conduisaient comme Madjnûn, caressant un chien,l’embrassantetfondantdetendressedevantlui.Il tournait autour de lui, se penchant humblement dans ses
circumambulations;illuidonnaitaussidupursiropdejulep.Un bavard oisif lui dit : « O stupide Madjnûn, qu’est-ce que cette
hypocrisiequetumanifestestoujours?570 «Lemuseauduchienmangeconstammentdesordures;lechiengratte
sonderrièreavecseslèvres.»Il parla pendant longtemps des défauts du chien : nul de ceux qui
perçoiventdesfautes(‘aybadan)n’alamoindreidéedeceluiquiconnaîtleschosesinvisibles(ghaybdan).Madjnûn dit : « Tu es tout entier une forme et un corps : entre, et
regardelechienavecmesyeux;«CarcechienestuntalismanscelléparlamainduSeigneur:cechien
estlegardiendelademeuredeLeylâ.«Considère sahauteaspiration, soncœur, sonâme, saconnaissance ;
oùilachoisidevivreetfaitsademeure.«C’estlechienàl’apparencebénie,celuidemaCaverne23envérité,il
partagemapeineetmadouleur.«Lechienquirestedanslademeure(deLeylâ)commentdonnerais-je
unseuldesespoilsauxlions?«Oh,puisquepourseschiensleslionssontdesesclavessoumis,iln’est
paspossibledeparlerdavantage.Silence,etadieu!»Sivouspassezau-delàdelaforme,ômesamis,c’estleParadisetdes
roseraiesàl’intérieurderoseraies.Quand tu as brisé et détruit ta propre forme, tu as appris à briser la
formedetoutechose.580 Aprèscela,tubriseraschaqueforme:commeHaydar(‘Alî)tu
arracheraslaportedeKhaybar*.Ce simple hodjâ était trompé par la forme, car il s’en allait à la
campagneàcausedevainesparoles.Il se rendait joyeusement vers le piège de cette flatterie comme un
oiseauversleleurredelacalamité.L’oiseauconsidèreleleurrecommeunemarquedebienveillancedela
partdel’oiseleur,alorsquecedontémoigned’uneextrêmecupiditéetnondegénérosité;Aussi,pardésirduleurre,lespetitsoiseauxvolentgaiementverscette
tromperie.Sijeteracontetoutelajoieduhodjâ,jecrains,ôvoyageur,detemettre
enretard,J’abrégeraidonc.Quandunvillageapparut à lavue, cen’étaitpas en
réalitécevillage(qu’ilscherchaient),ilschoisirentdoncuneautreroute.Durant environunmois, ils coururent devillage envillage, car ils ne
connaissaientpasbienlecheminmenantauvillage(dupaysan).Siquiconques’aventuresur lavoiesansunguide,unvoyagededeux
joursdurecentannées.Quiconque se hâte vers la Ka’ba sans guide devient méprisable à
l’instardeceshommeségarés.590 Quiconqueadopteunmétiersansavoirunmaîtredevientlariséedela
villeetdelacampagne.Saufs’ils’agitd’uncasextraordinaire,entrel’Orientet l’Occident,un
descendantd’Adamnaît-ilsansparents?Celuiquiacquiertlarichesse,c’estceluiquigagnequelquechose;ilest
extraordinairequel’ontrouveparhasarduntrésor.Où est unMustafâ, dont le corps est esprit, afin d’être celui à qui le
MiséricordieuxenseignaleQor’ân24?Pourtousceuxquisontattachésaucorps,Dieu,dansl’abondancedesa
générosité,aproclamé:«IlaenseignéparlaPlume25.»Ômonfils,toutêtrecupideestprivé(degrâces):necourspascomme
lecupide,vapluslentement.Durantcevoyage,ils(lehodjâetsafamille)endurèrentdessouffrances
etdelapeinecommeunoiseauterrestredansl’eaufroide.Ils devinrent las du village et de la campagne, et des expressions
mielleusesdecepaysanmaldégrossi.
*Forteresseconquisepar‘Alî,gendreduProphète.
Commentlehodjâetsafamillearrivèrentauvillageetcommentlepaysanfitsemblantdenepasles
voirnilesreconnaître
orsque,aprèsunmois,ilsarrivèrentdanscetterégion,eux-mêmessansprovisionsetleursbêtessansfourrage,Voyez comment le campagnard, parmauvaise intention, leur fit subir
encoredesmalheurs,petitsetgrands,600 Etgardasonvisagecachéàleursyeuxpendantlejour,depeurqu’ils
ouvrentlaboucheverslesfruitsdesonverger.Ilvautmieuxqu’untelvisagefaitd’hypocrisieetdemalicesoitcaché
auxmusulmans.Il y a des visages sur lesquels les démons sont installés comme des
moucherons,commes’ilsétaientdesgardiens.Quandvouscontemplezuntelvisage,lesdémonstombentsurvous;ne
contemplezpascevisage,oubien,quandvousl’avezvu,neriezpas.Ausujetd’untelvisagepervers,pécheur,Dieuadit:«Envérité,nous
letireronsparlamèchedesescheveux26.»Lorsqu’ils(lecitadinetsafamille)sefurentinforméseteurenttrouvéla
maison(ducampagnard),ilsseprécipitèrentàsaportecommedesgensdelafamille;Les habitants de la maison verrouillèrent la porte. Devant une telle
méchanceté,lehodjâdevintfoudecolère.Maisenvérité,cen’étaitpaslemomentdesemontrerfâché;quandon
esttombédanslafosse,àquoisertlarage?Ilsrestèrentpendantcinqjoursàsaporte,lanuitaufroid,lejourdansla
fournaisedusoleil.S’ilsydemeuraient,cen’étaitpasqu’ilsfussentinsouciantsoustupides
commedesânes;non,c’étaitparnécessité,etparcequ’ilsn’avaientpasunâne.
610 Parnécessité,lesbonssontattachésàceuxquisontvils.Affamé,lelionmangeunecarcassepourrie.Lecitadinvoyait lecampagnard,et lesaluait,disant :«JesuisUntel,
voicimonnom.»«Cela sepeut, répondait-il.Comment saurais-jequi tu es, si tu esun
voyageurouunhonnêtehomme?»
«Cemoment,dit-il,ressembleàlaRésurrection,puisqu’unfrèreenestvenuàs’enfuirloindesonfrère27.»Illuidonnaitdesexplications,disant:«Jesuisceluiàlatabledequitu
asmangébiendesplats.«Telet tel jour, j’aiachetépour toicettemarchandise :chaquesecret
quivaau-delàdesdeuxquilepartagentestrendupublicàtous.«Lesgensontapprislesecretdenotreamitié;quandlegosierareçu
desbienfaits,levisageprésentedessignesdedéférence.»Le campagnard lui répondait : « Pourquoi dis-tu des sottises ? Je ne
connaisnitoi,nitonnom,nitademeure.»Lacinquièmenuit,ilyeuttantdenuagesetdepluiequelecielseserait
àbondroitétonné.Quand le couteau toucha l’os *, le hodjâ frappa à la porte, criant :
«Appelezlemaître.»620 Lorsque,enréponseàcentdemandesinstantes,ilvintàlaporte,il
demanda:«Qu’ya-t-il,moncher?»Le hodjâ répondit : « Je renonce à mes prétentions (à ta
reconnaissance),jerenonceàcequejem’imaginais.« J’ai subi cinq années de souffrance, pendant cinq jours, ma
malheureuseâmeaétédanscettechaleuretcefeu.»Uneseuleinjusticedelapartdesproches,desamisetdelafamilleest
aussicruellequetroiscentmille,Caronnes’attendaitpasàlacruautéetàl’injusticedelapartd’unami,
l’âmeétaitaccoutuméeàsabontéetàsafidélité.Toutcequiconstitueun troubleetunchagrinamerpour leshommes,
soissûrquecelaprovientdecequec’estcontraireàl’habitude.Le citadin ajouta : «Ô toi, dont le soleil de l’amour décline, si tu as
versémonsang,jet’entiensquitte.«Encettenuitdepluie,donne-nousunrecoin,afinqu’àlaRésurrection
tupuissesobtenirunerécompense.»«Ilyaunréduit,répondit-il,appartenantaugardienduvignoble,ils’y
tientpourguetterleloup.«Arcetflècheàlamain,àcauseduloup,afindepouvoirtirersileloup
férocearrivait.630 «Situveuxeffectuercettetâche,l’endroitestàtoi,sinonaie
l’obligeancedechercherunautrelieu.»Lehodjârépondit:«Jerendraicentservices,donne-moicetteplace,et
metscetarcetcetteflèchedansmamain.
«Jenedormiraipas,jesurveillerailesvignes,silelouplèvelatête,jetirerailaflèchesurlui.«Pourl’amourdeDieu,nemelaissepascesoir,ôtraître,aveclapluie
au-dessusdemoietlaboueau-dessous.»Unréduitfutdéblayé,etsafamilleetluis’yréfugièrent;c’étaitunlieu
étroit,etsansplacepoursetourner.Grimpéslesunssurlesautres,commedessauterellesdansuncoindela
caverneparterreurdel’inondation,Pendantlanuit,lanuitentière,ilss’écriaient:«ÔDieu,c’estbienfait
pournous,bienfaitpournous,bienfaitpournous.»C’est là cequemérite celui qui s’est associé avecdesgensvils, ou a
témoignédelabienveillanceàceuxquin’ensontpasdignes.C’est là ce que mérite celui qui, par vain désir, cesse de rendre
hommageàlapoussièredesnobles.Baiser la poussière et lemur de ceux qui sont purs vautmieux pour
vousquelesgensvulgaires,leursvignesetleursroseraies.640 Devenirl’esclaved’unhommeaucœurilluminévautmieuxpourvous
quedemarchersurlacouronnedelatêtedesrois.Desroisdelaterre,tun’obtiendrasquelesond’untambour,ôtoiqui
parcoursleschemins.Les citadinsmême sont des brigands en comparaison de l’Esprit.Qui
estlecampagnard?L’imbéciledépourvudedonsspirituels.C’estlàcequemériteceluiqui,lorsquelecrid’unegouleluiparvient,
defaçondéraisonnablechoisitd’allerverselle.Quandlerepentiraremplilecœur,ilestinutileensuitedereconnaître
(safaute).L’arcetlaflècheàlamain,lehodjâcherchatoutelanuitleloup,çàet
là.En réalité, le loup s’était emparé de son esprit, comme du feu : il
cherchaitleloupàl’extérieuretétaitinconscientduloup(enlui-même).Chaquemouche,chaquepuceétaitdevenueunloupetleuravaitinfligé
uneblessuredanscetteruine.Ilsn’avaientmêmepaslapossibilitédechassercesmouches,àcausede
leurcraintedeceloupinsolent.De peur que le loup n’inflige quelque dommage, et alors le paysan
arracheraitlabarbeduhodjâ.650 Delasorte,ilsrestèrentàgrincerdesdentsjusqu’àminuit,leurâme
remontaitdeleurombilicjusqu’àleurslèvres.Tout à coup, la silhouette d’un loup solitaire apparut au sommet d’un
monticule.Lehodjâ lâchaune flèchehorsdesonencocheet tirasur l’animal,de
sortequ’iltombasurlesol.Dans sa chute, un vent échappa à l’animal : le paysan poussa un
gémissementetbattitdesmains,Criant : «Ômisérable, c’estmonânon.»—«Non, répondit l’autre,
c’estcelouppareilàAhriman*.« Les caractéristiques du loup sontmanifestes en lui : son apparence
prouvequ’ilestunloup.»«Non, dit (le paysan). Je reconnais le vent qui s’est échappé de son
postérieuraussibienquejereconnaisl’eauduvin.«Tuastuémonânondanslepré.Puisses-tun’êtrejamaisdélivrédela
peine!»« Informe-toi mieux, répondit-il. Il fait nuit, et, la nuit, les objets
matérielssontvoilésauspectateur.«Lanuitfaitapparaîtremaintobjetdetraversetchangé,toutlemonde
nepeutvoircorrectementpendantlanuit.660 «Orilya,lanuit,desnuages,unepluieabondante;cestroisobscurités
produisentunegrandeterreur.»Ilrépondit:«Pourmoi,c’estaussiclairquelejour:jelesais,c’estun
ventdemonânon.«Entre vingt vents, je reconnais ce vent, comme le voyageur connaît
sesprovisionsderoute.»Lehodjâbonditsursespiedset,perdantpatience,ilsaisitlepaysanpar
lecol,S’écriant:«Ôimbécile,ôcoupe-lacet,tuasfaitpreuved’hypocrisie,tu
asmangéduhaschichetdel’opium.« Au milieu de trois obscurités, tu reconnais le vent de ton âne :
commentnemereconnais-tupas,ôécervelé?«Celuiquireconnaîtunânonàminuit,commentnereconnaîtrait-ilpas
unamidedixannées?»Tufaissemblantd’êtreunmystiqueenivré,tujettesdelapoussièreaux
yeuxdelagénérosité,Disant:«Jen’aimêmepasconsciencedemoi-même,dansmoncœur,
iln’yaplacepourriend’autrequeDieu.«Jenemesouvienspasdecequej’aimangéhier,moncœurnetrouve
sajoiequedansl’émerveillement.670 «Jesuissaind’esprit,etfoudeDieu:rappelez-vouscela,etpuisqueje
suishorsdemoi,excusez-moi…
«Celuiquiaabsorbéunalimentinterdit,parexemplequiboitduvindepalme,laLoireligieusepeutlecompterparmiceuxquisontexcusés:«L’ivrogneetceluiquiprendduhaschichn’ontpasledroitaudivorce
ou au commerce : ils sont pareils à des enfants ; ils sont excusés etconsidéréscommeirresponsables.« L’ivresse que fait naître le parfum du Roi unique— une centaine
d’amphoresdevinn’ont jamaisproduitcette ivresse-làdans la têteet lecerveau.«Aceluiquiestivre(del’amourdeDieu),commentalorsl’obligation
d’observer laLoi serait-elle applicable ?Le cheval est tombéet nepeutplusbouger.«Qui, en cemonde,mettrait une charge sur le dos d’un ânon ? Qui
donneraitdesleçonsdepersanàBûMurra*?«Quandonsemetàboiter,lefardeauvousestretiré:Dieuadit:“Il
n’yaaucunefauteàreprocheràl’aveugle28.”«Jesuisdevenuaveugleencequimeconcerne,voyantparlagrâcede
Dieu:aussi,jesuislibérédespetitesobligationscommedesgrandes.»Tutevantesdetonétatdedervicheetdetondétachement,poussantles
crisplaintifsdeceuxquisontenivrésdeDieu,Disant :« Jenedistinguepas la terreduciel.»La jalousiedivine t’a
misàl’épreuve,t’amisàl’épreuve.680 Ainsi,leventdetonânont’afaithonte;ainsiilamontrélafaussetéde
tadénégation.De cette façon,Dieu dévoile l’hypocrisie, de cette façon II attrape la
proiequis’estenfuie.Ilyadescentainesdemilliersd’épreuves,ômonpère,pourquiconque
dit:«JesuislecapitainedelaPorte.»Silevulgaireneleconnaîtpasenlemettantàl’épreuve,cependantles
adeptesdelaVoieexigerontdeluiunsigne.Lorsqu’unpauvrediableprétendêtreuntailleur,leroijetteunmorceau
desatinenfacedelui,En disant : « Coupe ceci en un large vêtement (baghaltaq) » ; cette
épreuvecauserasahonte.S’il n’y avait pas unemise à l’épreuvede chaquepersonnedépravée,
chaqueefféminéseraitunRostamdanslamêlée.Asupposermêmeque l’efféminéporteunecottedemailles,dèsqu’il
ressentuncoup,ildevientuncaptif.CommentceluiquiestenivréparDieuserait-ilrenduàlaraisonparle
souffleduventd’ouest?L’hommeenivréparDieunereviendrapasàlui-mêmeausondelatrompette(delaRésurrection).Le vin deDieu est vrai, et non faux ; tu as bu du dour, du dour, du
dour**!690 Tut’esmontrécommeunDjunaydouunBâyazîd,disant:«Partez,car
jenedistinguepasunehached’uneclé.»Comment,parhypocrisie,ô imposteur, cacheras-tu laperversionde ta
nature,laparesse,lacupidité,etlaconcupiscence?Tu te prétends unMansûr al-Hallâdj, et ainsi tu causes du tort à tes
amis,Disant:«Jenedistinguepas’OmardeBûLahab*,maisjereconnaisle
ventdemonânonàminuit.»Oh, quel est l’ânequi croirait cela d’un âne tel que toi, et se rendrait
aveugleetsourdàcausedetoi!Ne te considère pas comme un voyageur sur la Voie ; tu es le
compagnondeceuxquiinsultentlaVoie:nedispasdesottises.Enfuis-toiloindel’hypocrisie,hâte-toiverslaRaison:commentl’aile
duphénoménalprendrait-ellesonessorversleCiel?Tuasfeintd’êtreunamoureuxdeDieu,maisenréalitétuasjouéaujeu
del’amouravecundiablenoir.Lors de la Résurrection, amant et aimé seront attachés en couples et
amenésaussitôtpourêtrejugés.Pourquoi t’es-tumontré fou et insensé ?Où est le sang du raisin** ?
C’estnotresangquetuasbu,700 Disant:«Va-t’en,jeneteconnaispas:écarte-toidemoi.Jesuisun
mystiquehorsdelui-mêmeetleBuhlul***duvillage.»Tuasconçuuneopinionfaussequantà taproximitédeDieu,pensant
queceluiquifabriqueleplateaun’estpasloinduplateau;Ettun’aspasvuceci:quelaproximitédessaintsavecDieucomporte
centmiraclesetfastesetpouvoirs.ParDavid,leferestrendumoucommedelacire;danstamain,lacire
estdurecommelefer.LaproximitéavecDieu,encequiconcernelefaitdenouscréeretde
nous préserver, est commune à tous, mais seuls les nobles (spirituels)possèdentlaproximitéconsistantenl’inspirationdel’amour.Laproximitéestdediversessortes,ômonpère:lesoleilrayonneàla
foissurlesmontagnesetsurl’or;Mais entre le soleil et l’or existe une affinité dont le saule n’a pas
connaissance.Lerameausec,commelerameauvert,sontprochesdusoleil:comment
lesoleilserait-ilvoiléparl’unouparl’autre?Mais quelle n’est pas la proximité du rameau plein de sève dont tu
mangeslesfruitsmûrs?Desaproximitédusoleil,quepeutobtenirlerameausec,sinond’être
desséchéplustôt!710 Ôhommedénuédesagesse,nesoispasundeceshommesivresqui
ressententdesregretsquandilsrecouvrentleursesprits.Non, sois l’un de ces hommes ivres à propos desquels, tandis qu’ils
boivent le vin (de l’Amour divin), les intellects mûrs éprouvent desregrets.Ôtoiqui,commeunchat,n’asattrapériend’autrequ’unevieillesouris,
situesrenduvaillantparcevin(del’Amour),attrapeleLion!Ô toi qui as bu à la coupe imaginaire duRien, ne titube pas, comme
ceuxquisontenivrésparlesréalités(divines).Tu tombesde ce côté et de l’autre, comme les ivrognes : ô toi qui te
trouvesdececôté,iln’estpasdepassagepourtoidel’autrecôté.Si tu trouves lecheminverscecôté-là,désormaishoche la tête tantôt
verscecôté,tantôtverscelui-là!Tuestoutentierdececôté-ci,doncnetevantepasvainementausujet
dececôté-là:puisquetun’espasmortn’agonisepasenvain.Celuiquial’âmedeKhadir29,celuiquin’apaspeurdelamort—s’il
neconnaîtpaslemondecréé,celaestbien.Tu adoucis ton palais avec la saveur des fausses imaginations : tu
soufflesdanslesacdel’égoïtéetleremplis;Puis, avecunepiqûred’aiguille, tuesvidédevent—puisse lecorps
d’aucunhommeintelligentn’êtregonflédelasorte!720 Tufaisenhiverdesobjetsenneige:quandilsvoientl’eau,commenty
résisteraient-ils?
*Ausummumdesadétresse.*Puissancedumaldansledualismezoroastrien.*AbûMurra,surnomd’Iblîs.**Boissonfaited’eauetdeyaourt.*’Omar,deuxièmekhalifedel’islam;BûLahab,ennemijuréduProphète.*Expressionpersanedésignantlevin.***Saintcélèbre,madjdhûb(ivredeDieu).
Commentlechacaltombadanslacuveduteinturieretfutteintdeplusieurscouleursetprétendit
parmileschacalsqu’ilétaitunpaon
ncertainchacalentradansunecuvedeteinturier,etyrestaquelquetemps.Puisilseleva,sapeauétantdevenuebigarrée,disant:«JesuislePaon
duSeptièmeciel.»Safourrurecoloréeavaitgagnéunéclatcharmant,etlesoleilbrillaitsur
cescouleurs.Ilsevitvertet rougeetrouxet jaune,aussiseprésenta-t-ildevant les
chacals.Ilsluidirenttous:«Ôpetitchacal,qu’est-cequit’arrive,quetuaiesen
têtetantdejoie?«Acausedecette joie, tu t’esdétournédenous :d’oùas-tu tirécette
arrogance?»L’undeschacalsvintversluietdit:«ÔUntel,as-tuagiperfidementou
es-tudevenul’undeceuxdontlescœursseréjouissentenDieu?«Tuasagidemanièretrompeuseafindepouvoirsauterenchaireetpar
tondiscoursoiseuxdonnerduregretàcesgens.« Tu as beaucoup lutté, mais tu n’as senti aucune ferveur : c’est
pourquoituas,parfraude,manifestétonimpudence.»730 Laferveurappartientauxsaintsetauxprophètes;enrevanche,
l’impudenceestlerefugedesimposteurs;Car ils attirent l’attention des gens vers eux-mêmes, disant : « Nous
sommes heureux (avec Dieu) », bien qu’ils soient extrêmementmalheureux.
Commentunvantardsegraissaitleslèvresetlamoustachechaquematin
aveclapeaudelaqueued’unmoutongrasetallaitaumilieudesescompagnons,disant:«J’aimangételleoutelleviande.»
ne personne qui était tenue en piètre estime avait coutume degraissersamoustachechaquematinEtdeserendreparmilesriches,disant :«J’aimangédelanourriture
biengrasseàlaréception.»Ilposaitgaiementsamainsursamoustache,commeunsignevoulant
dire:«Regardezmamoustache!«Carc’estletémoindelavéritédemesparoles,etcecimontrequej’ai
mangédesalimentsgrasetdélicieux.»Son estomac disait en réponse silencieuse : « Que Dieu détruise les
intriguesdesmenteurs!« Ta vantardise m’a enflammé : puisse ta grasse moustache être
arrachée!« Si ce n’avait été ta vile vantardise, ô mendiant, quelque homme
généreuxauraiteupitiédemoi.« Et si tu avais montré de la peine et n’avais pas menti, quelque
médecinauraitpréparéunremèdepourcela.»740 Dieuadit:«N’agispasavecfausseté:lasincéritédesjustesleursera
profitable30.»Ne recurvatus in antro dormiveris, o tu qui passus es nocturnam
pollutionem;révèlecequetuaset«soisdroit31.»,Ou,situn’avouespastafaute,aumoinsabstiens-toidubavardage:ne
tetuepasparl’ostentationetl’imposture.Situastrouvédel’or,gardelesilence:ilyadespierresdetouchesur
laVoie,Et pour les pierres de touche aussi, il existe des mises à l’épreuve
concernantleurspropresétats.Dieu a dit : «De la naissance jusqu’à lamort, ils sont tentés chaque
annéeunefoisoudeux32.»Ilyaépreuvesurépreuve,ômonpère;prendsgarde,netecontentepas
delapluspetiteépreuve.
CommentBal’am,lefilsdeBa’ur,sesentaitensécurité,parcequele
Seigneurl’avaitsoumisàdesépreuvesetqu’ils’enétaitsorti
honorablement
a’lam,lefilsdeBa’ur,etlemauditIblîsfurentdéshonoréslorsdelamiseàl’épreuveultime.Lui(l’hypocritevantard),àcausedesaprétention,désirequ’onlecroie
riche,maissonestomacsemoquedelui,Criant:«Montrecequetucaches!Ilm’abrûlé!ÔDieu,démasque-
le!»750 Touslesmembresdesoncorpssontsesadversaires,cariljasesurle
printempsalorsqu’ilssetrouventendécembre.Les paroles oiseuses découragent les actes de bonté et arrachent le
rameaudelapitiédutroncdel’arbre.Témoigne de l’honnêteté, ou bien sois silencieux, et ensuite tu
contempleraslapitiéettuenbénéficieras.Cetestomacdevintsonennemieteutsecrètementrecoursàlaprière,Criant :«ÔDieu,démasquecettevainevantardisedesgensvils,afin
quelapitiédesgensnoblespuissesedirigerversmoi.»Laprièredel’estomacfutexaucée:l’ardeurdubesoinsemanifesta.Dieuadit :«Mêmesi tuesundébauchéetun idolâtre, Je répondrai
quandtuM’appelleras.»Attache-toi fermementà laprièreet crie (versDieu) : à la fin, cela te
délivreradesmainsdelagoule.Quandl’estomacs’enremitàDieu,lechatarrivaetemportalapeaude
cettequeuedemouton.Oncourutaprèslechat,maisils’enfuit.L’enfantdufanfaron,depeur
d’êtregrondéparlui,pâlit.760 Lepetitenfantarrivaauseindelacompagnieetdétruisitleprestigedu
vantard.Ildit:«Laqueuedumoutonaveclaquellechaquematintugraissaistes
lèvresettamoustache,«lechatestarrivéetl’atoutàcoupattrapée:j’aicourudetoutesmes
forces,maisceteffortn’aserviàrien.»Ceux qui étaient présents rirent d’étonnement, et leurs sentiments de
pitiéfurentmusànouveau.Ils l’invitèrent àmanger et lemaintinrent bien nourri, ils semèrent la
grainedelapitiédanssonsol.Lorsqu’ileutgoûtél’honnêtetédelapartdesgensnobles,ildevint,sans
arrogance,consacréàl’honnêteté.
Commentlechacalquiétaittombédanslacuveduteinturierprétendit
qu’ilétaitunpaon
echacalbigarrévintensecrettapersurlelobedel’oreilledeceluiquilecritiquait.«Jeteprie,regarde-moietregardemacouleur:envérité,l’idolâtrene
possèdeaucuneidolesemblableàmoi.«Commelaroseraie,jesuisdevenudeplusieurscouleursetravissant:
salue-moi,etnetedétournepasdemoi.«Contemplemagloire,masplendeur,monéclat,monrayonnement,ma
couleur!Appelle-moilaFiertéduMondeetlePilierdelaReligion!770 «JesuisdevenulelieudemanifestationdelaGrâcedivine,jesuis
devenulatablettesurlaquellesedéploielaMajestédivine.« Ô chacals, prenez garde ; ne m’appelez pas chacal : comment un
chacalposséderait-ilunetellebeauté?»Ces chacals vinrent en masse, comme des phalènes autour de la
chandelle.« Dis-nous donc comment nous devons t’appeler, ô créature
précieuse?»Ilrépondit:«Unpaon,brillantcommeJupiter.»Alors ils lui dirent : « Les paons spirituels se déploient dans la
Roseraie:«Tedéploies-tucommecela?»«Non,dit-il;n’étantpasallédansle
désert,commentpourrais-jeparcourirlavalléedeMina?»«Pousses-tulecridespaons?»«Non»,dit-il.«Alors,maîtreBu’l-Ala,tun’espasunpaon.»«L’habitd’honneurdupaonvientduCiel:commentyparviendrais-tu
aumoyendecouleursetdeprétention?»
ComparaisondePharaon,etdesaprétentionàladivinité,avecle
chacalquiprétendaitêtreunpaon
uessemblableàPharaon,quiornaitsabarbedepierreriesetdanssafoliestupides’élevaitplushautqueJésus.Luiaussiétaitnédelagénérationd’unefemęllechacal,ettombadans
unecuvederichessesetdepouvoir.780 Tousceuxquicontemplaientsapuissanceetsesrichessesse
prosternaientenadorationdevantlui:ilsedélectaitdel’adorationdesvainsflagorneurs.Ce mendiant en habit rapiécé devint misérablement enivré par
l’adorationetlessentimentsdestupeurdupeuple.Lesrichessessontunserpent,carils’ytrouvedespoisons;etlafaveur
etl’adorationpopulairessontundragon.Ah,ne faispasmontred’unevertu (empruntée), ôPharaon : tu esun
chacal;neteconduisenaucunemanièrecommeunpaon.Situapparaisdansladirectiondespaons,tuesincapabledetedéployer
ettuserascouvertdehonte.MoïseetAaronétaientcommedespaons:ilsontfrappédeleursailes
déployéestonvisageettatête.Tavilenieettahontefurentmanifestées,tutombasdetahauteurlatête
lapremière.Quand tu vis la pierre de touche, tu devins noir commeune pièce de
monnaiefausse:l’imageduliondisparut,etlechienfutrévélé.Ôvilchiengaleux,parcupiditéetinsolence,neterevêtspasdelapeau
dulion.Le rugissement du lion exigera de toi la preuve (de ta sincérité).
L’aspectd’unlion,etensuitelesdispositionsdeschiens!
Explication(delaParole):«Tulesreconnaîtraisàlafausseté
deleursparoles33.»
790 ieuditauProphètedansleQor’ân:«Unsignedel’hypocriteestplusfacile(àpercevoir):«Même si l’hypocrite est grand, beau et terrible, tu le reconnaîtras à
causedesonénonciationetdesesparolesperverses.»Quandtuachètesdespotsdeterrecuite,tufaisunessai,ôacheteur.Tudonnesaupotunetapeavectamain:pourquoi?Afindedécelerpar
làceluiquiestfêlé.Lesondeceluiquiestfêléestdifférent;lavoixestunchawush*qui
marcheenavant.La voix a pour but de le faire connaître : elle le distingue comme le
verbedéterminelaformedumasdar**.Quand le sujet de lamise à l’épreuvedivine seprésenta, l’histoirede
Hârûtmerevintaussitôtenmémoire.
*Guidedecaravanes,héraut.**Nomverbal.
HistoiredeHârûtetMârûtetleurtéméritédevantlamiseàl’épreuve
deDieuleTrès-Haut
uparavant,nousenavionsunpeuparlé:quepouvons-nousdire,envérité?Seulementunechoseparmidesmilliers.Je souhaitais traiter des vérités spirituelles qui y sont contenues,mais
ellesontétélaisséesdecôtéenraisond’empêchements.Aprésent,unpeuenseradit—telleladescriptiond’unseulmembrede
l’éléphant*.800 Écoutel’histoiredeHârûtetMârût,ôtoi**dontnoussommesdes
esclavesetserviteurs.HârûtetMârûtétaientenivrésparlavuedeDieuetparlesmerveilles
del’itinérairegraduelversDieu.Une telle ivressenaîtdecetteavancededegréendegréversDieu,de
sortequetupuissessavoirquellesivressessontproduitesparl’ascensionversDieu.L’appât dans Son piège a produit une telle ivresse : que peut donc
révélerlatabledeSagénérosité!Ils étaient ivres et sans entraves ; ils poussaient des cris d’extase à la
manièredesamoureux;Maissurleurrouteilyavaituneembuscadeetuneépreuve:sonvent
puissantbalaieraitlamontagnecommedelapaille.Il(Dieu)lesexaminaitdehautenbas,maiscommentceluiquiestivre
pourrait-ilêtreconscientdeceschoses?Pourlui,l’abîmeetlaplainenesontqu’un,pourluiledonjonetlafosse
sontunsentierplaisantàtraverser.Leboucdesmontagnesgrimpeenhautde cettehautemontagnepour
trouverunenourriturequiluiconvienne.Tandis qu’il paît, soudain il lui arrive unemésaventure par l’ordre du
ciel.810 IIjettelesyeuxsuruneautremontagne:surcetteautremontagne,il
voitunechevrette.Aussitôt, sa vue s’obscurcit : il bondit follement de ce sommet à cet
autre.Pourlui,celasembleaussiprochequedecourirautourdubassind’une
maison.
Ces milliers d’aunes lui apparaissent comme deux aunes, afin qu’enraisondesonfolengouementledésirdesauterpuisseluiadvenir.Dèsqu’ilsaute,iltombeentrelesdeuxmontagnesimpitoyables.Ils’étaitenfuiverslamontagnepouréchapperauxchasseurs:c’estson
refugemêmequicausasamort.Leschasseurssontassisentre lesdeuxmontagnesdans l’attentedece
terribledécret.La capture de ce bouc est, la plupart du temps, effectuée de cette
manière ;autrement (ceseraitdifficile)car il estagile, lesteetpromptàvoirl’ennemi.Bien que Rostam soit un homme averti et expérimenté, le désir sera
certainementlepiègepourl’attraper.Détache-toi, comme moi, de l’ivresse du désir : regarde quelle est
l’ivressedudésirchezlechameau!820 Sache,enoutre,quecetteivressedudésirdanslemonded’ici-basest
considéréecommepeudechoseauprèsdel’ivressedesanges.L’ivressedel’angeréduitànéantl’ivressedel’êtrehumain:comment
l’angetémoignerait-ild’unpenchantaudésir?Jusqu’à ce que tu aies bu de l’eau douce, l’eau saumâtre est douce,
doucecommelalumièredesyeux.Maisuneseulegouttedesvinsduciel faitque l’âmeest ravie loindu
vinetdeséchansons(decemonde).Aussi,quellesivressesadviennent-ellesauxangesetauxespritspurifiés
parlagloiredivine,Quiontattachéleurscœursàcevinpourl’avoirsentiuneseulefois,et
quiontbrisél’amphoreduvind’ici-bas!Excepté,peut-être,ceuxquisontdansledésespoiretéloignésdeDieu,
commedesinfidèlescachésdansdestombes,Ceuxquiontperdu toutespoirdans lesdeuxmondesetont semédes
roncessansfin.C’est pourquoi ils (Hârût et Mârût), en raison de leurs sentiments
d’ivresse,disaient:«Hélas,nousvoudrionspleuvoirsurlaterre,commedesnuages,«Nous voudrions étendre sur ce lieu d’injustice (un tapis) de justice,
d’équité,dedévotionsetdefidélité.»830 Ainsidisaient-ils,etleDécretdivinleurdisait:«Arrêtez!Sousvospas
setrouvemaintabîmequevousnevoyezpas.»Prenezgarde!Nevousprécipitezpastémérairementdansledésertdela
peine!Prenezgarde,n’allezpasaveuglémentàKarbala*,
Caràcausedescheveuxetdesosdeceuxquiontpéri, lesvoyageursn’arriventpasàpasser.La voie tout entière est couverte d’os, de cheveux et de tendons :
nombreusessontleschosesqueleglaivedelaVengeancearéduitesàrien.DieuaditqueSesserviteurssecourusparSonaidemarchentsurlaterre
tranquillementetdoucement.Commentunhommepiedsnusirait-ildansunbuissonderonces,sauf
ens’arrêtant,enréfléchissantetprudemment?Le Décret leur disait cela, mais leurs oreilles étaient bouchées par le
voiledeleurimpétuosité.Tous lesyeuxet lesoreillesontétéfermés,exceptépourceuxquiont
échappéàeux-mêmes.Qui, sauf laGrâce, ouvrira les yeux ?Qui, sauf l’Amour, apaisera le
Courrouxdivin?En vérité, puisse personne dans lemonde n’avoir une tâche sans que
Dieulefavorise!EtDieusaitmieuxcequiconvient.
*Cf.LivreIII,1260etsqq.**Husâm-od-Dîn.*Cf.notep.535.
HistoiredurêvedePharaon,danslequelilvitlavenuedeMoïse(sur
luilapaix),etcommentilpensal’éviter
840 tantdonnéquel’actiondePharaonn’étaitpasbénieparDieu,toutcequ’ilcousaitsedéchirait.Il avait sous ses ordres un millier d’astrologues, ainsi qu’une foule
innombrabled’interprètesderêvesetdemagiciens.Ensonge lui apparut lavenuedeMoïse,quidétruiraitPharaonet son
royaume.Il dit aux interprètes et aux astrologues : «Comment ce rêve et cette
imagedemauvaisaugurepeuvent-ilsêtreévités?»Ils lui dirent tous : « Nous arrangerons quelque chose, nous
détournerons,commedesbrigands,sanaissance.»Ilsattendirentjusqu’àcequevîntlanuitdelaconceptiondeMoïse.Ces
gensdePharaonjugèrentsouhaitable,Debonneheurecematin-là,defaireapporterlebanquetetletrônedu
Roiaumaydân(arènepublique),Proclamant:«Bienvenue,ôvouslesIsraélites.LeRoivousmandeici,«Afinqu’ilpuissevousmontrersonvisagedévoiléetvoustémoigner
sabienveillanceenvuedelarécompense(divine).»Carpourcescaptifsiln’existaitquel’éloignement:lavueduPharaon
neleurétaitpaspermise.850 S’ilslerencontraientenchemin,laloilesobligeaitàsejeterfacecontre
terre.Laloiétaittelle:nulcaptif,àaucunmoment,nepouvaitapercevoirle
visagedecePrince,Etchaquefoisquesurlarouteilentendaitlescrisdeshérauts,ildevait
setournerfaceàunmur,afindenepasvoir;Ets’ilvoyaitlevisage(dePharaon),ilseraitcoupabled’uncrime,etle
pirechâtimentluiseraitappliqué.Ils (les Israélites) avaient un grand désir de voir ce personnage
inaccessible,étantdonnéquel’hommeestavidedecequiestdéfendu.
CommentlesIsraélitesfurentconvoquésaumaydândanslebutd’empêcherqueMoïse(surluila
paix)fûtengendré
aptifs,rendez-vousaumaydân,carilyapourvousl’espoirdevoirleRoidesroisetdebénéficierdesagénérosité.»Quand les Israélites entendirent ces bonnes nouvelles, ils étaient
assoiffésetaffamésdecespectacle.Ils gobèrent la ruse et se hâtèrent dans cette direction, se préparant à
contemplercedévoilement.
Anecdote
’étaitcommelorsque leruséMongoldit :«JechercheuncertainÉgyptien.«AmenezlesÉgyptiensdececôté-ci,afinqueceluiquiestrecherché
puisseêtreappréhendé.»860 Chaquefoisquequelqu’unvenait,ildisait:«Cen’estpascelui-ci:oh!
venezici,etasseyez-vousdanscecoin.»De cettemanière, ils furent tous rassemblés, et eux (lesMongols) les
décapitèrentgrâceàcetteruse.Acausedumauvaissort,dûaufaitqu’ilsrefusaientd’obéiràl’ordrede
Dieuconcernantl’appelàlaprière,L’invitationdu trompeur les leurra.Ôhomme juste, prendsgardeà la
perfidieduDémon!Écoutelecridupauvreetmisérable,depeurquetonoreilleneseprête
aucrid’unrusévaurien.Mêmesilesmendiants(derviches)sontcupidesetdépravés,cependant
cherchel’hommespirituelparmilesgloutons.Danslefonddelamersetrouventdesperlesmêléesauxcailloux:des
gloiressetrouventmêléesauxhontes.Les Israélites, alors, se mirent en branle, courant dès l’aube vers le
maydân.LorsquelePharaon,parruse,leseutamenésdansl’enceintedumaydân,
illeurmontrasonvisage,paraissanttrèsgai.Illeurtémoignadelabienveillanceetleuroffritdesprésents;cesultan
octroyaàlafoiscadeauxetpromesses.870 Aprèsquoi,illeurdit:«Poursauvegardervosvies,dormeztousdansle
maydân.cesoir.»Ils répondirent : «Nous t’obéirons, si tu le désires, nous resterons ici
pendantunmois.»
CommentPharaonrevintdumaydânàlaville,contentd’avoir
séparélesIsraélitesdeleursépouseslanuitdelaconception(deMoïse)
la tombée de la nuit, Pharaon revint, se réjouissant et se disant :«Laconceptionestpourcesoir,etilssontloindeleursfemmes.»Imran, son trésorier, vint aussi à la ville pour le servir comme son
compagnon.Illuidit:«Imran,dorsdevantcetteporte.Prendsgarde,nevapaschez
tafemme,etnecherchepasàêtrecouchéavecelle.»Ilrépondit:«Jedormiraiàtaporte,jenepenseraiàriend’autrequ’àte
plaire.»Imran, lui aussi, était l’un des Israélites, mais il était pour Pharaon
commesoncœuretsonâme.CommentPharaonaurait-ilpupenserqu’ildésobéirait à sesordres, et
accompliraitcequiétaitlaterreurdel’âmedePharaon?
CommentImranconnutlamèredeMoïseetcommentlamèredeMoïse
(surluilapaix)devintenceinte
e roi partit, et Imran dormit devant la porte.Aminuit, sa femmevintlevoir.Sa femme se jeta sur lui et lui baisa les lèvres, elle l’éveilla de son
sommeilpendantlanuit.880 IIseréveillaetvitquesafemmeétaitbelleetqu’ellefaisaitpleuvoir
desbaiserssurseslèvres.Imrandit:«Commentes-tuvenueàcetteheure?»Elledit:«Pardésir
pourtoietpardécretdivin.»L’hommel’attiraamoureusementdanssesbras.Acemoment, ilnese
levapasnineluttacontrelui-même.Illaconnutetl’ensemença;puisildit:«Ôfemme,cen’estpaslàune
petiteaffaire.«Leferafrappélapierre,etunfeuestné,unfeuquitireravengeance
duRoietdesonempire.«Jesuislenuage,tueslaterre,etMoïselaplante.Dieuestpareilauroi
del’échiquier,etnoussommesfaitsmat.« Considère l’échec et la victoire comme venant du Seigneur, ômon
épouse,neconsidèrepasqu’ilsviennentdenous,neregretterien.«CequecePharaoncraintestvenuàl’existenceaumomentoùj’aiété
couchéavectoi.»
Comment,aprèsavoirconnusafemme,Imranluiordonnade
prétendrequ’elleneluiavaitpasrenduvisite
erévèleaucunedeceschoses,nesoufflepasmot,depeurquenem’adviennentcentchagrins.«Alafinleseffetsdececideviendrontmanifestes,étantdonnéqueles
signessontapparus,ôbien-aimée.»890 Soudain,deladirectiondumaydândescriss’élevèrent,venantdes
gens,etl’airenfutrempli.Le roi, terrifié, bondit pieds nus (de sa chambre), disant : « Écoutez,
quelestcetumulte?«Quel est ce bruit et ce vacarmevenant dumaydân, qui font fuir de
peurdjinnsetdémons?»Imrandit:«Longuevieànotreroi!Leshommesd’Israëlseréjouissent
àcausedetoi.«Acausede lagénérositédu roi, ils sontgais, dansent etbattentdes
mains.»Pharaon répondit : « Peut-être est-ce ainsi, mais cela me remplit
d’appréhensionetd’angoisse.»
CommentPharaonfuteffrayéparlebruit
ebruitablessémonâmeetm’acausépeineetchagrinamers.»Le roi faisait les cent pas ; toute la nuit il fut comme une femme à
l’heuredel’enfantement.A tout instant, il disait : « Ô Imran, ces clameurs m’ont grandement
troublé.»LepauvreImrann’avaitpaslecouragederacontersesrelationsavecsa
femme;900 Commentl’époused’Imrans’étaitglisséeàsoncôté,desorteque
l’étoiledeMoïseapparut.Chaque fois qu’un prophète pénètre dans le seinmaternel, son étoile
devientvisibledansleciel.
Apparitiondel’étoiledeMoïse(surluilapaix),dansleciel,etlesexclamationsdesastrologues
danslemaydân
onétoileapparutdanslecielpourlaconfusiondePharaon,desesintriguesetdesesruses.Lejourseleva.PharaonditàImran:«ÔImran,vat’informerausujet
decetumulteetdecebruit.»Imranchevauchajusqu’aumaydânetdemanda:«Qu’étaitcetumulte?
LeRoidesroisn’apasdormi.»Tous les astrologues, tête nue et les vêtements déchirés, baisaient la
terre,commelesgensendeuil.Commelesgensendeuil,leursvoixétaientbriséesparleslamentations
etlesgémissements,leursvêtementsendésordre.Ils avaient arraché les poils de leurs barbes et leurs cheveux, leurs
visagesétaientégratignés,ilsavaientjetédelaterresurleurstêtes,etleursyeuxétaientremplisdesang.Imran dit : « Cela va-t-il bien ? qu’est-ce que ce trouble et cette
émotion?L’annéenéfastemanifeste-t-elleunmauvaissigne?»Ilss’excusaient,disant:«Ôémir,lamaindeSaprédestinationnousa
renduscaptifs.910 «Nousavonsfaittoutcela,etlaFortuneestobscurcie,l’ennemiduroi
estvenuàl’existenceetl’aemporté.«Durantlanuit,l’étoiledecegarçonestdevenueclairementvisible,à
notreconfusion,enhautduciel.« L’étoile de ce prophète estmontée dans le ciel, et nous, à force de
pleurer,nousnousmîmesàverserdesétoiles(larmes).»Imran,avecuncœurjoyeuxetparhypocrisie,sefrappaitlatêtedeses
mainsencriant:«Hélas!Toutestperdu.»Imranfeignitd’êtrefurieuxetsombre,ilallaitparmieuxsansraisonet
sanssesesprits,àlamanièredesfous.Il faisait semblant d’être ignorant et avançait en adressant aux
astrologuesdesparolesextrêmementdures.Ilprétendaitêtretrèsennuyéetaffligé,iljouaitavecdesdéstruqués.Illeurdisait:«Vousaveztrompémonroi,vousnevousêtespasgardés
delatraîtriseetdel’envie.
« Vous avez incité le roi à se rendre au maydân, vous avez laissél’honneurdenotreroidépérir.«Vousaviezmisvosmainssurvospoitrinesenvousportantgarants,
disant:“Nouslibéreronsleroidetoussoucis.”»920 Leroi,luiaussi,entenditcelaetdit:«Ôtraîtres,jevouspendraisans
pitié.«Jemesuisexposéàladérision,j’aigaspillémesrichessesavecmes
ennemis,«AfinquecesoirtouslesIsraélitespuissentresteréloignés,séparésde
leursépouses.«Richesseethonneurontdisparu,ettoutestfaitenvain:est-celàune
véritableamitié,sont-celàlesactionsdesgensnobles?«Pendantdesannées,vousavezprisdesdonsetdesrobesd’honneur;
vousavezdévorédesroyaumesàvotregré.« Est-ce là le résultat de votre jugement, de votre sagesse, de votre
astrologie?Vousêtesdesparasites,des trompeurs,desgensdemauvaisaugure.« Je vous mettrai en pièces et en feu, je vous arracherai le nez, les
oreillesetleslèvres.« Je ferai de vous du combustible pour le feu, je rendrai amers vos
plaisirspassés.»Ilsseprosternèrentetdirent:«Ôkhédive,sicettefois-cileDémonl’a
emportésurnous,«Pendant des années, nous t’avons évité lesmalheurs : l’imagination
estconfondueparcequenousavonsaccompli.930 «Aprésent,nousn’avonspul’empêcher,etsaconceptionaeulieu,la
semenceapénétrédanslamatrice;«Maisnoustesupplionsdenouspardonner,etnousguetteronsl’heure
delanaissance,ôroietsouverain.«Nousobserveronsdanslesétoileslejourdesanaissance,afínquecet
événementnenouséchappepas.«Si nous ne surveillons pas cela, tue-nous, ô toi au jugement duquel
nospenséesetnosintelligencessontasservies.»Pendantneufmois,ilcomptaitlesjours,depeurquelaflècheduDestin
quitranspercesonennemisoittirée.Quiconque s’attaquenuitamment auDestin tombede tout son long et
boitsonpropresang.Quandlaterretémoignedel’hostilitéauciel,elledevientsaléeetoffre
unspectacledemort.
Quand le portrait lutte avec le peintre, il ne peut que s’arracher lamoustacheetlabarbe.
CommentPharaonconvoquaaumaydânlesfemmesquiavaientdesenfantsnouveau-nés,aussiparruse
uboutdeneufmois,leroifîtapportersontrôneaumaydânetlançaunesévèreproclamation.«Ô femmes, rendez-vous avec vos bébés sur lemaydân ; allez, vous
tousd’Israël.940 «Demêmequel’andernierdesrobesd’honneurfurentoctroyéesaux
hommes,etquechacunemportadel’or,« Écoutez, ô femmes, cette année c’est votre fortune, de sorte que
chacunepuisseobtenirlachosequ’elledésire.«Ondonneraauxfemmesdesrobesd’honneuretdesprésents;surles
enfantsaussi,onmettradescouronnesd’or.«Attention !Chacune d’entre vous qui amis aumonde un enfant ce
mois-cirecevradestrésorsdecepuissantroi.»Lesfemmespartirentavecleursbébés:ellesserendirentjoyeusementà
latenteduroi.Chaque femme qui avait accouché récemment se rendit de la ville
jusqu’aumaydân,sanssoupçonnerlarusenilavengeance.Quandtouteslesfemmesfurentassembléesautourdelui,onenlevaaux
mèrestouslesenfantsmâles,«Eton leurcoupa la tête,disant :«Celaestuneprécaution,afinque
l’ennemiduroinegrandissepasetqueledésordren’augmentepas.»
CommentMoïsenaquitetcommentlesofficiersvinrentàlamaison
d’imran,etcommentilfutdivinementrévéléàlamèrede
Moïsequ’elledevaitjeterMoïsedanslefeu
afemmed’Imran,quiavaitapportéMoïseavecelle, resta loindeceremue-ménageetdecevacarme.Ceméchant(Pharaon)envoyadessages-femmesdanslesmaisonsafin
d’espionner.950 Elleslerenseignèrentsurelle,disant:«Ilyaiciunenfant:elle(sa
mère)n’estpasalléeaumaydân,carelleadesdoutesetdessoupçons.«Danscetterue,ilyaunebellefemme:elleaunenfant,maiselleest
rusée.»Alorslesofficiersvinrent;elle,parl’ordredeDieu,jetal’enfantdansle
four.DeCeluiquiestomniscientvintàlafemmelarévélationquecetenfant
étaitdelalignéedel’AmideDieu(Abraham),Etque,grâceàlaprotectiondelaparole:Ôfeu,soisfrais34,lefeune
seraitpaschaudetféroce.Enraisondecetterévélation,lafemmelejetaaumilieudesflammes:
lefeun’exerçapasd’effetsurlecorpsdeMoïse.Puislesofficierss’enallèrentsansavoiratteintleurbut;ànouveaules
informateurs,quiétaientaucourant,Prirent à partie les officiers devant Pharaon afin de gagner quelques
petitespièces,Disant:«Ôofficiers,retournezlà-bas,etregardeztrèssoigneusement
dansleschambresduhaut.»
CommentilfutdivinementrévéléàlamèredeMoïsequ’elledevait
jeterMoïsedansl’eau35
nefoisdeplus,larévélationvint:«Jette-ledansl’eau;gardeunvisagepleind’espoiretnet’arrachepaslescheveux.
960 «Jette-ledansleNiletmetstaconfianceenMoi:Jetelerendraiheureusement.»Ce discours n’a pas de fin. Toutes les intrigues de Pharaon ne firent
qu’attachersespieds.Iltuaitdescentainesdemilliersd’enfantsau-dehors,etMoïserestaità
l’intérieurdanslapartiesupérieuredelamaison.Partoutoùsetrouvaientdesbébés,danssafureurcetaveugleprévoyant
lestuaitaumoyenderuses.LaruseduPharaoninjusteétaitundragon:ilavaitdévorélarusedes
roisdumonde;Maisquelqu’unquiétaitunplusgrandPharaonapparutetl’avala,luiet
saruse.C’était(cetteruse)undragon:lebâtondeMoïsedevintundragon,et
celui-cidévoral’autre,avecl’aidedeDieu.La main est au-dessus de la main36 : jusqu’où cela va-t-il ? Jusqu’à
Dieu,carenLuiestlafin37.Carc’estlàunemersansfondetsansrivage:auprèsd’elle,toutesles
mersmisesensemblenesontqu’untorrent.Silesrusesetlesartificessontundragon,àcôtédeLaIllah*,ilsnesont
rien.970 Aprésentquemonrécitestarrivéàcepoint,ilposesatêtesurlesolet
expire;etDieusaitcequiestmieux.Ce qui était en Pharaon, cela même est en toi, mais ton dragon est
maintenudanslefossé.Hélas, tout ceci est ce qui se passe en toi : tu voudrais l’imputer à
Pharaon.Sionleditdetoi, tutesensoffensé;etsionleditd’unautrecelate
sembleunefable.Quelle ruine est produite en toi par l’âme charnelle maudite ! Cette
compagneterejetteextrêmementloin(deDieu).Tonfeun’apaslecombustibledePharaon;autrement,c’estunfeuqui
jettedesflammescommePharaon.
*«Pasdedieu»(sicen’estDieu).
Histoireduchasseurdeserpentsquipensaqueleserpentgeléétait
mortetquileliaavecdescordesetl’apportaàBagdad
couteunehistoireduconteur,afindepouvoirsaisirunindicedecemystèrevoilé.Un chasseur de serpents alla dans les montagnes pour attraper un
serpentaumoyendesesincantations.Qu’ilsoitlentourapide,celuiquicherchetrouvera.Applique-toi toujours de toutes tes forces à la recherche, car la
rechercheestunexcellentguidesurlaVoie.980 Mêmesituesinfirme,boiteux,voûtéetfruste,rampetoujoursversLui
etcherche-Le.Tantôtparlaparole,tantôtparlesilence,tantôtparl’odorat,perçoisen
touslieuxleparfumduRoi.Jacobditàses,fils:«RecherchezJosephau-delàdetouteslimites.« Dans cette recherche, dirigez chacun de vos sens de tous côtés,
commequelqu’undediligent.»Ildit:«NedésespérezpasdelamiséricordedeDieu38»;toiaussi,va
çàetlàcommeceluiquiaperdusonfils.Informe-toi au moyen de la parole, et sois à l’écoute de toutes les
directions.Chaquefoisqu’arriveundouxparfum,respiredanscettedirection,car
tuesfamilieraveccettedirection.Chaquefoisquetuesconscientd’uneamabilitédelapartdequelqu’un,
il est possible que tu trouves un chemin jusqu’à la source de cettebienveillance.Toutesceschoses ravissantesproviennentd’uneMerprofonde ; laisse
lapartie,etgardetesyeuxfixéssurleTout.Lesguerresdel’humanitésontpourl’amourdelaBeauté;lefeuillage
sansfeuillageestlesignedel’arbreTuba*.990 Lescolèresdel’humanitésontpourl’amourdelaPaix;l’absencede
reposesttoujourslepiègedurepos.Chaquecoupestdûàl’affection;chaquereprocheterendconscientde
lagratitude.Respire de la partie jusqu’au Tout, ô toi qui es généreux, respire du
contrairejusqu’aucontraire,ôsage.Assurément, les guerres amènent la paix ; le chasseur de serpents
cherchaleserpentparamitié.L’hommerechercheunserpentparamitiéetsesouciedeceluiquinese
souciepasdelui.Il (le chasseur de serpents) cherchait dans les montagnes, durant des
joursdeneige,ungrandserpent.Il aperçut là un énorme dragonmort, à l’aspect duquel son cœur fut
remplidecrainte.Tandisque lechasseurdeserpentscherchaitdesserpentsdans le rude
hiver,ilvitundragonmort.Lechasseurdeserpentsattrapedesserpentsafind’étonnerlesgens—
voyezlastupiditédesgens!L’homme est une montagne : comment serait-il induit en tentation ?
Commentunemontagneserait-ellestupéfaiteparunserpent?1000 Lemalheureuxhommeneseconnaîtpaslui-même:ilestvenud’un
étatélevéetesttombédansunétatvil.L’hommes’estvenduàbonmarché:ilétaitdusatin,ils’estcoususur
unmanteauenguenilles.Des centaines de serpents et de montagnes sont émerveillés par lui :
pourquois’est-ilémerveilléetéprisd’unserpent?LechasseurdeserpentspritceserpentetvintàBagdaddansl’intention
deprovoquerl’étonnement.A la recherched’unmaigre salaire, il transportait un dragonpareil au
pilierd’unemaison,Disant:«J’aiapportéundragonmort:j’aisouffertmortetpassionàle
chasser.»Ilcroyaitqu’ilétaitmort,maisilétaitvivant,etilnelevoyaitpastrès
bien.Il était gelé par les frimas et la neige ; il était vivant, mais avait
l’apparencedelamort.Cemondeestgelé:sonnomestdjamâd(inanimé);or,djâmidsignifie
«gelé».AttendsquelesoleildelaRésurrectionsemanifeste,afind’apercevoir
lemouvementducorpsdel’univers.1010 Puisqu’encemondelebâtondeMoïseestdevenuunserpent,l’intellect
areçudesindicationsconcernantleschosesinanimées.Puisque Dieu a fait de ton morceau d’argile un homme, tu dois
reconnaîtrelavéritablenaturedelatotalitédesparcellesdelaterre:
Quedececôté-ci,ellessontmortes,maisquedel’autrecôté,ellessontvivantes;qu’ellessontsilencieusesici-basetqu’ellesparlentlà-bas.Quandde cet autre côté II les envoie, le bâton, de ce côté-ci, devient
commeundragon.LesmontagnesaussichantentcommeDavid,etleferestcommedela
ciredanslamain.Le vent devient le porteur de Salomon ; la mer est capable de
comprendredesparolesausujetdeMoïse39.Lalunes’avèrecapabledevoirlessignesdeAhmad*,lefeudevientdes
rosespourAbraham40.La terreavaleQarûn,commeunserpent ; lePiliergémissant** suit la
voiedusalut.LapierresalueMohammad ; lamontagneadresseunmessageàJean-
Baptiste.Tous disent : « Nous sommes doués de l’ouïe et de la vue, et nous
sommes heureux, bien qu’avec vous, qui n’êtes pas initiés, nous soyonsmuets.»
1020 Étantdonnéquetutendsverscequiestinanimé,commentdeviendras-tufamilieraveclaviespirituelledeschosesinanimées?Vadoncdudomainede l’inanimévers lemondedesesprits,écoute le
grandbruitquefonttouteslesparcellesdecemonde.La glorification de Dieu par les choses inanimées deviendra pour toi
évidente,lesdoutessuggérésparlesfaussesinterprétationsnet’écarterontpasdelavérité.Étantdonnéquetonâmen’apaslalumièrenécessairepourvoir,tut’es
livréàdesinterprétations,Disant : « Comment la glorification visible de Dieu serait-elle la
signification voulue ? La prétention à voir (cette glorification) est uneimaginationerronée.»Nonlavuedecet(objetinanimé)faitqueceluiquilevoitglorifieDieu
aumomentoùilconsidèresonsens;Donc, étant donnéqu’il te fait penser à rendredes louanges (àDieu),
cette indication équivaut à dire que cet objet prononce lui-même cettelouange.C’est là l’interprétation (à laquelle tu t’es livré) donnée par les
motazilitesetparceuxquinepossèdentpasl’intuitionmystique.Quandunhommen’apas échappé à la perception sensorielle, il reste
étrangerauxnotionsdumondeinvisible.
Cediscoursn’apasde fin.Lechasseurde serpents, aveccentpeines,apportaitleserpent,
1030 Jusqu’àcequ’enfin,dansledésird’attirerlafoule,ilarriveàBagdad,afindeprésentersonspectacleàlacroiséedeschemins.L’homme installa son spectacle sur la rive du Tigre, et une rumeur
s’élevadanslacitédeBagdad:«Unchasseurdeserpentsaapportéundragon:ilacapturéunanimal
extraordinaire!»Des myriades de niais s’assemblèrent, qui étaient devenus sa proie
commeill’étaitdesafolie.Ils attendaient ; et lui aussi attendait que les gens dispersés se
rassemblent.Plus la multitude est grande, et davantage valent l’aumône et la
contribution.Des myriades de bavards oisifs s’assemblèrent, formant un cercle,
semellecontresemelle.L’hommenefaisaitpasattentionàlafemme:enraisondelafoule,ils
étaient mélangés comme les nobles et le commun des gens lors de laRésurrection.Quand le chasseur de serpents se mit à remuer l’étoffe (couvrant le
dragon),lesgenstendirentlecou,Etvirentque ledragon,quiavaitétégelépar lefroid intense,étaiten
dessousdecentsortesderudesétoffesdelaineetdecouvertures.1040 IIl’avaitattachéavecdegrossescordes:cegardiensoigneuxavaitpris
degrandesprécautions.Pendantledélaidel’attenteetdelavenue,lesoleildel’Irakbrillasurle
serpent.Lesoleildecechaudpaysleréchauffa:leshumeursfroidessortirentde
sesmembres;Ilétaitmort,ilressuscita;d’étonnement,ledragonsemitàsedérouler.En voyant bouger ce serpent mort, la stupeur des gens s’accrut cent
millefois.Avec stupeur, ils semirent à crier et s’enfuirent enmasse loin de ses
mouvements.Ilsemitàfaireéclatersesliens,etàcescrislesliensdechaquecôtése
mirentàcraquer.Il brisa ses liens et glissa d’en dessous d’eux — dragon affreux
rugissantcommeunlion.Beaucoupdegensfurenttuésdanslabousculade:unecentainedetas
furentfaitsdeceuxquiétaienttombésmorts.Le chasseur de serpents devint paralysé de peur, criant : « Qu’ai-je
apportélàdesmontagnesetdudésert?»1050 Lemoutonaveugleéveillaleloup:sanslevouloir,ilallaversson
Azraîl(angedelamort).Le dragon ne fit qu’une bouchée de cet imbécile : boire le sang est
facilepourHadjdjâdj*.Ils’enroulaetsefixasurunpilier,etdévoralesosdel’hommemangé.Ledragonesttonâmesensuelle:commentserait-ellemorte?Ellen’est
quegeléeparlechagrinetl’absencedemoyens.SielleobtientlesmoyensdePharaon,parl’ordredequil’eaudufleuve
(Nil)coulait,Alors elle semettra à agir comme Pharaon et égarera centMoïses et
Aarons.Ce dragon, sous l’effet de la pauvreté, est un petit ver, mais un
moucheronesttransforméenfauconparlepouvoiretlarichesse.Garde le dragon dans la neige de la séparation ; prends garde, ne
l’apportepasausoleildel’Irak.Tantquetondragonrestegelé(tuestranquille);tun’espourluiqu’une
bouchée,quandilestrelâché.Mortifie-leetéchappeàlamort;soissanspitié:iln’estpasundeceux
quiméritentdesfaveurs;1060 Carlorsquelachaleurdusoleildudésircharnelletouche,cettevile
chauve-sourisbatdesailes.Conduis-le virilement à la guerre et au combat (spirituels), Dieu te
récompenseraentedonnantaccès(àSaprésence).Quandcet hommeamena ledragonà l’air chaud, et qu’il redevint en
bonnesanté,Inévitablement,ilcausatouscesmalheurs,moncherami,etvingtfois
plusquejen’aidit.Espères-tu, sans recourir à la violence, le garder enchaîné dans la
tranquillitéetlafidélité?Commentcesouhaitserait-ilexaucépourn’importequelhommedénué
demérite?IlfautunMoïsepourtuerledragon.Parsondragon,descentainesdemilliersdegensfurenttuésetmisen
déroute,commeill’avaitvoulu.
*ArbreduParadis.
*AllusionàlalafissiondelaluneparMohammad.**LivreI,2113etsqq.*HadjdjâdjibnYoussef,commandantdel’arméearabe,célèbrepoursacruauté.
CommentPharaonmenaçaMoïse(surluilapaix)
haraonluidit:«Pourquoi,ôKalim,as-tutuélesgensetlesas-tueffrayés?«Lesgensontétémisenfuiteetendéroutepartoi;dansladébandade,
lepeuplefuttuéentombant.« Inéluctablement, ils en sont venus à te considérer comme leur
ennemi;hommesetfemmesontconçupourtoidelahainedansleurcœur.1070 «Tuappelaislesgenspourtesuivre,maisleschosesonttourné
autrement:lesgensnepeuventques’opposeràtoi.« Moi aussi, bien que je m’écarte du danger que tu représentes, je
combineunplanpourtepayerderetour.«Enlèvede tonesprit l’idéeque tume tromperasouque tu trouveras
d’autressuivantsquetonombre.«Nesoispasleurréparcequetuasréussiàfaire:tuasseulementjeté
laterreurdanslescœursdesgens.« Tu peux produire cent ruses semblables, et tu seras ridiculisé de la
même façon ; tu deviendras méprisable et un objet de dérision pour lapopulace.«Beaucoupontétédesimposteurscommetoi,maisdansnotreEgypte
ilsontétéréduitsàlahonteenfindecompte.»
LaréponsedeMoïseàPharaonconcernantlesmenacesqu’illui
avaitadressées
l(Moïse)répondit:«Jen’admetsriencommeassociéàl’ordredeDieu:siSonordreestdeversermonsang,jenecrainspas.« Je suis content, je suis reconnaissant, ô adversaire : ici, je suis
humilié,maisauprèsdeDieujesuishonoré.« Aux yeux des gens, je suis méprisable et misérable et objet de
dérision:auxyeuxdeDieu,jesuisaiméetrecherchéetapprouvé.« Je ne dis cela qu’en paroles ;mais, demain (au jour du Jugement),
Dieuferadetoil’undeceuxauvisagenoirci.1080 «LagloireLuiappartientàLuiseuletàSesserviteurs;récite(du
Qor’ân)lesignemanifestéparAdametIblîs.« L’explication concernant Dieu, comme Dieu Lui-même, est sans
limites.Prendsgarde,fermelaboucheettourneunenouvellepage.»
RéponsedePharaonàMoïse(surluilapaix)
haraon lui dit : « La page est sous mon autorité ; le livre et leregistredel’autoritésontàmoiencemoment.«Lespeuplesdumondem’ontchoisi : es-tuplus sagequ’eux tous,ô
camarade?«ÔMoïse,tut’esvanté!Va-t’en!Aiemoinsdeconsidérationpourtoi-
même,neteleurrepastoi-même.«Jeréunirailesmagiciensdumonde,afindemanifestertastupiditéàla
ville.«Maiscecinese ferapasenunoudeux jours ;donne-moidu temps
jusqu’àquarantejoursdeTamûz.»
LaréponsedeMoïse(surluilapaix)àPharaon
oïse dit: «Ceci nem’est pas permis : je suis l’esclave deDieu ;t’accorderdutempsnem’estpasordonné.« Si tu es puissant et que moi je n’ai pas d’allié, cependant je suis
soumisàSonordre;jen’airienàfaireaveccela.«Jetecombattraidetoutmonpouvoirtantquejevivrai;quesuis-je?
Jesuisunesclave.1090 «Jelutteraijusqu’àcequ’arriveladécisiondeDieu;c’estLuiqui
séparechaqueadversairedesonadversaire.»
LaréponsedePharaonàMoïseetlavenued’unerévélationdivineà
Moïse(surluilapaix)
l(Pharaon)dit:«Non,non,tudoisconsentiràuncertaindélai;nefaispasdemarchandages,neprononcepasdevainesparoles.»Aussitôt,leDieuTrès-Hautluifitunerévélation,disant:«Accorde-luiunlongdélai;nesoispaseffrayéparcela.«Accorde-luidebongrécesquarantejours,afínqu’ilpuisseimaginer
diversesruses.«Laisse-le faire des efforts, car Je ne suis pas endormi ; ordonne-lui
d’avancerrapidement,carJ’aibarrélarouteenface(delui).« Je confondrai toutes leurs ruses, et Je réduirai à peu de choses ce
qu’ilsaccroissent.«Qu’ils apportent de l’eau, et J’en ferai du feu ; qu’ils apportent du
mieletdessucreries,Jelesrendraiamers.«Qu’ilsseconjoignentparunliend’amour,etJeledétruirai,Jeferaice
qu’ilsnepeuventimaginer.«Necrainsrien,etaccorde-luiunlongdélai;ordonne-luid’amenerson
arméeetdepréparercentruses.»
CommentMoïse(surluilapaix)accordaàPharaonundélai,afin
qu’ilpuisserassemblerlesmagiciensvenantdesvilles
I(Moïse)dit:«L’ordredivinestarrivé.Va,ledélait’estaccordé.Jerentredansmademeure;tuesdélivrédemoi.»
1100 IIpartit,etsursestalonsmarchaitledragon,sageetaimant,commelechienduchasseur,Remuantlaqueue,commelechienduchasseur;ilécrasaitlespierres
commedusable,soussonsabot.Desonsouffle, il attiraitdespierresetdu feu (danssesmâchoires)et
broyaitdefaçonvisibleleferenpetitsmorceaux.Ils’élevaitenl’airau-dessusduzodiaque,detellesortequelesGrecset
lesGéorgienss’enfuyaient,terrifiés.Desonpalais,ilrejetaitdel’écume,commelechameau:celuisurqui
entombaitunegoutteétaitfrappédelèpre.Le grincement de ses dents remplissait de terreur : les âmes de lions
noirsenauraientétéépouvantées.Quand cet être choisi (Moïse) arriva auprès de son peuple, il prit (le
dragon)parlecoindesabouche,etilredevintunbâton.Ils’appuyasurlui,disant:«Oh!merveille!pourmoi,c’estcommele
soleil,etpourmonennemicommelanuit.«Oh !merveille !Commentcet enneminevoit-ilpasunmonde tout
entierremplidusoleildumatin?«Lesyeuxouverts,lesoreillesouvertes,etcesoleil!Jesuisstupéfait
delafaçondontDieulesaveugle.1110 «Jesuisétonnépareux,etilslesontparmoi,euxaussi:noussommes
d’unseulprintemps,maisilssontdesépinesetmoidujasmin.«Jeleuraiapportémaintecoupedevinpur:ilestdevenudelapierre
devantcesgens.«J’ailiéunepoignéederosesetlaleuraiapportée;chaquerosedevint
telleuneépine,etlemielsetransformaenpoison.«Cesontlà(rosesetmiel)leslotsallouésàceluiquiestlibérédesoi:
puisqu’ilsnelesontpas,commentcelaleurserait-ilmontré?«Avecnous,ilfautêtreundormeuréveillé,afindepouvoir,dansl’état
deveille,rêverdesrêves.»
Lapenséedeschosescrééesestl’ennemiedecedouxsommeil;jusqu’àcequelapenséesoitendormie,ilnepourraletrouver.L’émerveillement est nécessaire pour chasser cette pensée :
l’émerveillementdévoretoutepenséeettoutsouvenir.Plus on est parfait dans le savoir (profane), plus en retard est-on en
réalité,etplusavancéenapparence.Dieuadit:«NoussommesàDieuetnousretournonsàLuiAX!»,etle
retourestàl’instard’untroupeauquifaitdemi-touretrentreàlamaison.Quandletroupeaus’enretourneaprèsêtrealléboire,lachèvrequiétait
entêtesetrouveàprésentàlafindutroupeau.1120 Etlachèvreboiteusequiétaitalorsenarrièreestàprésententête:le
retourafaitrireceuxquiétaientsombresauparavant.Commentcettecompagnie(desprophètesetdessaints)est-elledevenue
boiteuseeta-t-ellerenoncéàlagloireetrecherchéenvainlahonte?Cettecompagnie s’envaenpèlerinageavecdes jambesbrisées,car il
estuncheminsecretdeladifficultéausuccès.Ces gens ont lavé leurs cœurs de ces sortes de connaissance, parce
qu’unetelleconnaissance(profane)neconnaîtpascetteVoie.Ilfautuneconnaissancedontlaracinesoitau-delà,dontchaquebranche
soitunguideverssaracine.Commentchaqueailepourrait-ellevoleràtraverslalargeurdelamer?
Seulelaconnaissanceésotériquet’amèneraenlaPrésence(deDieu).Pourquoi, dès lors, enseigner à un homme cette connaissance dont il
convientqu’ilpurifiesonesprit?Ne cherche donc pas à être en tête, sois boiteux de ce côté et sois le
guideaumomentduretour.Ôhommeintelligent,sois(commeleditleProphète):«Noussommes
lespremiersetlesderniers»;lefruitfraisestantérieuràl’arbre.Bienquelefruitarriveàl’existenceendernier,ilestlepremier,parce
qu’ilétaitlebut.1130 Dis,commelesanges:«Nousnesavonsrien»,afinquepuissetevenir
enaide«Tunousasenseigné42».Si, dans cette école, tu ignores l’alphabet, cependant tu es rempli,
commeAhmad(Mohammad),delalumièredelaRaison.Situn’espascélèbredanslesvilles,tun’escependantpasinférieur,car
Dieusaitmieux,concernantSesserviteurs.Untrésord’orestcaché,pourplusdesûreté,dansunendroitisoléqui
estpeuconnu.Comment déposerait-on le trésor dans un endroit connu ? C’est pour
celaqu’ilestdit:«Lajoieestcachéesouslechagrin.»Ici l’esprit peut suggérer beaucoupdedifficultés,mais unbon animal
briserasonlicou.L’amourdeDieuestunfeuquiconsumelesdifficultés:lalumièredu
jourchassetouslesfantômes.ÔtoidontIIestsatisfait,cherchelaréponseencemêmelieud’oùt’est
venuelaquestion.Le recoin sans coin du cœur est la route royale : le rayonnement qui
n’estnid’Orientnid’Occidentprovientd’uneLune.Pourquoidececôté-cietdecelui-là,commeunmendiant,ômontagne
delaRéalité,cherches-tul’écho?1140 Cherchelaréponseencemêmelieuverslequel,àl’heuredela
souffrance,tut’escourbébienbas,enrépétant:«ÔmonSeigneur!»A l’heure de la souffrance et de la mort, tu te tournes vers cette
direction:comment,lorsquelapeines’estenfuie,es-tuignorant?Autempsdestribulations,tuaslancéunappelversDieu,maisquandla
tribulationadisparu,tudis:«Oùestlaroute?»Envoicilaraison:celuiquiconnaîtDieusansincertitudedemeuredans
cetétat.Tandisqueceluiquiestvoilédansl’intellectetl’incertitudeestparfois
couvertetparfoisouvert.L’intellect discursif est tantôt dominant, tantôt abandonné ;
l’intelligenceuniverselleéchappeauxcalamitésduTemps.Vends l’intelligence et le talent et achète l’émerveillement, va vers
l’humilité,ômonfils,nonàBukhara!Pourquoimesuis-jeenfoncédanscediscours,detellesortequ’aulieu
deraconterunehistoirejesuisdevenuunehistoire?Jedeviensanéantietcommeunehistoirevaineenmelamentantauprès
deDieu,afindepouvoirgagnerdel’influencesurceuxquiseprosternentenprières43.Cettehistoire(deMoïseetduPharaon)n’estpasunehistoireauxyeux
de l’hommed’expérience : c’estunedescriptiond’unétat spirituel, et laprésencedel’AmidelaCaverne*.
1150 Cettephrase,histoiresdesanciens44,quelesinfidèlesappliquaientauxparolesduQor’ân,étaitlamarquedeleurhypocrisie.L’hommequitranscendel’espace,enquiestlaLumièredeDieu,quelui
importelepassé,lefuturouleprésent?Qu’il soitpasséouprésentest seulementpar rapportà toi : tousdeux
sontuneseulechose,ettoitupensesqu’ilssontdeux.Unmêmeindividuestpourluiunpèreetpournousunfils:letoitest
au-dessousdeZaydetau-dessusde‘Amr.La relation d’« au-dessous » et « au-dessus » provient de ces deux
personnes;quantautoitlui-même,iln’estqu’uneseulechose.Ces expressions ne correspondent pas exactement à ce que je voulais
dire:ellessontunecomparaison:lesparolesantérieuresn’atteignentpaslanouvellesignification.Puisqu’iln’yapasdebordàcefleuve,fermeteslèvres,ôoutre:cette
Merdedouceuratoujoursétésansbordnirive.
*TitredonnéàAbûBakr,compagnonduProphèteréfugiédansunecavernelorsdel’émigrationàMédine.
CommentPharaonenvoyadesmessagersdanslesvillesàla
recherchedemagiciens
orsqueMoïsefutrentréchezluietquePharaondemeuraavecsonpeuple,ilconvoquaensaprésencesesconseillers.Ils considérèrent qu’il était bon que le Roi et Souverain de l’Égypte
rassemble(lesmagiciens)detouteslesrégionsdel’Égypte.Surquoi, il envoyadenombreuxhommesdans chaquedirectionpour
réunirlessorciers.1160 Quellequefûtlarégionoùsetrouvaitunmagicienrenommé,ildépêcha
versluidixcourriersrapides.Il y avait deux jeunes gens,magiciens célèbres : leurmagie pénétrait
jusqu’aucœurdelalune.Ils pouvaient traire la lune publiquement et ouvertement ; dans leurs
voyages,ilsallaientmontéssuruneamphore.Ilsfaisaientapparaîtreleclairdelunecommeunmorceaudetoile:ils
lemesuraientetlevendaientaussitôt,Etemportaientl’argent:l’acheteur,enserendantcompte(delafraude),
sefrappaitlesjouesdechagrin.Ils étaient les inventeurs de cent mille artifices de sorcellerie
semblables,etnesuivaientpaslesautrescommelarime.QuandlemessageduRoileurparvint:«Leroidésireàprésentvotre
aide,«Parcequedeuxderviches * sont arrivés et ont conquis le roi et son
palais.«Ilsn’ontrienaveceuxqu’unbâton,quisetransformeendragonsur
l’ordredeMoïse.«Leroietsonarméetoutentièresontimpuissants:tousontétéamenés
àselamenterparcesdeuxpersonnes.1170 «Unremèdedoitêtrecherchédanslamagie,afinquepeut-êtrevous
sauviezleursviesdecesdeuxenchanteurs.»Quandlemessagerapportacemessageàcesdeuxmagiciens,lacrainte
etl’amourremplirentleurscœursàtousdeux.Lorsqu’ils furent saisis par un sentiment d’affinité (avec Moïse), ils
posèrentleurtêtesurleursgenouxavecstupeur.Lesoufis’agenouillepourapprendre;semettresurlesdeuxgenouxest
unemagiepourrésoudrelesdifficultés.
*MoïseetAaron.
Commentcesdeuxmagiciensconvoquèrentleurpèredepuissa
tombe,etinterrogèrentI’espritdeVespritdeleurpèreconcernantlavéritablenaturedeMoïse(surluilapaix)
nsuite, ils dirent : « Dis-nous, ô mère, où est la tombe de notrepère?Montre-nouslechemin.»Elle les emmena et leur montra le chemin vers sa tombe : ils
observèrentalorstroisjournéesdejeûneparamourpourleroi.Aprèsquoi, ilsdirent :«Ôpère, le roi,dans saconsternation,nousa
envoyéunmessage« Pour dire que deux hommes lui ont causé de graves soucis et ont
détruitsonprestigeauprèsdel’armée.« Iln’yaaveceuxniarmes,ni soldats ; rienqu’unbâton,etdansce
bâtonsetrouventunecalamitéetunmalheur.«Tuespartidanslemondedesjustes,bienqu’enapparenceextérieure
tureposesdansunetombe.1180 «Sic’estdelamagie,apprends-le-nous;etsic’estdivin,ôespritde
notrepère,« Apprends-le-nous aussi, afín que nous puissions nous prosterner
devanteux,etentrerencontactavecunélixir*.«Nousdésespérions,etunespoirestarrivé;noussommesexilésetla
Miséricordenousaattirés.»
*Afindetransmuernotrecuivreenor(aupointdevuespirituel).
Commentlemagicienmortréponditàsesfils
ls’écria:«Ômesfilsbien-aimés, ilappartientàDieudedéclarercelaouvertement.«Ilnem’estpaspermisdeparlerouvertementetlibrement,cependant
lemystèren’estpasloindemesyeux.« Mais je vous montrerai un signe, pour que cette chose cachée
deviennepourvousmanifeste.«Ôlumièredemesyeux,quandvousirezlà-bas,renseignez-voussur
Tendroitoùildort,« Et au moment où ce Sage sera endormi, emparez-vous du bâton,
abandonnezlapeur.«Sivousledérobezetpouvezlefaire,c’estunmagicien;lesmoyens
desecomporteravecunmagicienvousappartiennent;«Mais si vous ne pouvez le voler, prenez garde, prenez garde ! Cet
homme est deDieu : il est lemessager du Très-Haut et est divinementguidé.
1190 «BienquePharaonoccupelemonde,àl’Orientetàl’Occident,iltomberadetoutesahauteur:Dieu,peut-ils’opposeràLui?«Jevousdonnecevraisigne,ôâmedevotrepère : inscrivez-ledans
votrecœur:Dieusaitmieuxcequ’ilconvientdefaire.»Ô âme de ton père, quand un magicien dort, il n’y a personne pour
dirigersamagieetsonart.Lorsque le berger s’est endormi, le loup devient sans peur : quand il
dort,seseffortscessent.Maisl’animaldontlebergerestDieu—commentleloupa-t-ill’espoir
oulesmoyensd’yaller?La sorcellerie que Dieu pratique est réelle et véritable, c’est mal
d’appelercettechoseréelledelasorcellerie.Ôâmedetonpère,voicilesignedécisif:mêmesiunprophètemeurt,
Dieul’exalte.
ComparaisonduQor’ânsublimeaveclebâtondeMoïse,etdela
mortdeMustafâ(Mohammad)(surluilapaix)aveclesommeilde
Moïse,etdeceuxquicherchentàaltérerleQor’ânaveclesdeuxjeunesmagiciensquiessayèrentd’emporterlebâtondeMoïse
quandilsletrouvèrentendormi
a tendresse de Dieu fît une promesse à Mustafâ, disant : Si tumeurs,cetEnseignement(duQor’ân)nemourrapas.«J’exaltetonLivreettonMiracle,jedéfendsleQor’âncontreceuxqui
voudraientlediminuerouluiajouterquelquechose.« Je t’exalte dans les deux mondes, j’éloigne les moqueurs de tes
nouvelles.1200 «Nulneseracapabled’yapporterdesadditionsoudesomissions,
«NecherchepasunautreprotecteurmeilleurqueMoi.«Jouraprèsjour,J’accroîtraitasplendeur,Jefrapperaitonnomsurl’or
etsurl’argent.«Pourtoi,Jepréparerailachaireetlanichedeprière;dansmonamour
pourtoi,tavengeanceestdevenueMavengeance.« Tes disciples, de peur, prononcent ton nom en secret et se cachent
quandilsaccomplissentleursprières;«Parterreuretcraintedesmauditsinfidèles,taReligionestcachéesous
terre;« Mais Je remplirai le monde, d’un bout à l’autre, de minarets ; Je
rendraiaveugleslesyeuxdesrécalcitrants.« Tes serviteurs occuperont les villes et exerceront le pouvoir : ta
Religions’étendraduPoissonjusqu’àlaLune.«Nouslamaintiendronsenviejusqu’àlaRésurrection:necrainspas
ïanéantissementdelaReligion,ôMustafâ.«ÔMonMessager, tun’espasunsorcier : tues sincère, tuportes le
manteaudeMoïse.«Pourtoi,leQor’ânestcommelebâtondeMoïse:ilavaletoutesles
infidélités,telundragon.
1210 «Situdorssousungazon,considèrecependantcequetuasditcomme(étantàl’imagede)sonbâton.«Lesassaillantsn’ontaucunpouvoirsursonbâton.Dorsdonc,ô roi,
d’unsommeilbéni!«Tandisque toncorpsestendormidans la tombe, taLumièredans le
Cielabandéunarcpourtoncombat.«Lephilosopheetcequeditsabouche—l’arcdetaLumièreleperce
deflèches.»Ainsifit-il,etplusencorequecequ’ilavaitdit:leProphètedormit(le
sommeildelamort)maissafortuneetsaprospériténesomnolèrentpas.« Ô âme de ton père, quand un magicien s’endort, son œuvre à lui
devientdénuéedesplendeuretd’éclat.»Lesdeuxfilsdumagicienbaisèrentsatombe,ets’enallèrentenEgypte
envuedececombatpuissant.Lorsqu’ils arrivèrent enEgypte pour cette entreprise, ils s’enquérirent
deMoïseetdesamaison.Il se trouvaque le jourde leur arrivéeMoïseétait endormià l’ombre
d’unpalmier.Aussi lesgensleurdonnèrentuneindication,disant :«Allezchercher
là-basdansladirectiondelapalmeraie.»1220 Quandlefilsdumagicienarrivalà,ilvitparmilesdattiersundormeur
quiétaitl’hommelepluséveillédumonde.Parplaisir, ilavaitfermélesdeuxyeuxdesatête,mais tout leCielet
toutelaTerreétaientsoussonregard.Oh,nombreuxsontceuxdontlesyeuxsontéveillésetlecœurendormi:
en vérité, qu’est-ce qui peut être vu par les yeux de créatures d’eau etd’argile?Mais celui qui garde son cœur éveillé, bien que les yeux de sa tête
puissentdormir,soncœurouvriradescentainesd’yeux.Situn’espasdeceuxaucœurilluminé,soiséveillé,soisunchercheur
ducœur,etsoistoujoursenlutte(avectonâmecharnelle).Maissitoncœuraétééveillé,dorstranquille:tonœil(spirituel)n’est
pasabsentdesseptcieuxetdessixdirections.LeProphèteadit:«Monœildort,maisquandmoncœursommeille-t-il
dansl’assoupissement?»Leroiestéveillé :qu’importeque legardiensoitendormi !Quemon
âmesoitsacrifiéeauxdormeursdontlescœurssontvoyants!La description de l’éveil du cœur, ô homme spirituel, ne serait pas
contenuedansdesmilliersdedistiques.
Quandlesmagiciensvirentqu’ilétaitétenduendormi,ilssepréparèrentàdéroberlebâton.
1230 Ilss’approchèrentrapidementdubâton,disant:«Nousdevonsallerderrièreluietensuiteleluiarracher.»Quand ils semirent à s’approcherunpeuplusprès, le bâton semit à
trembler.Le bâton frémissait de telle façon que les deux magiciens devinrent
pétrifiésdepeursur-le-champ.Après quoi, il se transforma en dragon et bondit sur eux ; tous deux
s’enfuirentet,toutpâles,Tombèrentlafacecontreterred’effroi,trébuchant,frappésdepanique,
surchaquepente.Alors, il leur devint certain que Moïse venait du Ciel, puisqu’ils
voyaientleslimitesdupouvoirdesmagiciens.Ensuite,ilsfurentatteintsdediarrhéeetdefièvre,etleurétatarrivaau
derniersouffleetàl’agonie.IlsenvoyèrentaussitôtunhommeàMoïsepours’excuser,Disant : « Nous t’avons mis à l’épreuve, et comment cette mise à
l’épreuve pourrait-elle nous être venue à l’idée, si l’envie ne l’avaitcausée?«Noussommesdespécheursvis-à-visduRoi:implorelepardonpour
nous,ôtoiquiesl’éludesélusdelacourdeDieu.»1240 IIleurpardonna,etimmédiatementilsfurentguéris;ilsfrappaientleurs
têtessurlesolenprésencedeMoïse.Moïse dit : « Je vous pardonne, ô hommes nobles : vos corps et vos
âmessontdevenusintouchablesparl’Enfer.«Envérité,jenevousaipasvus:ômesdeuxamis,abstenez-vousde
vousdisculper.«Venez, tels que vous êtes, étrangers en apparencemais familiers en
réalité,pourcombattrepourleRoi.»Alors,ilsbaisèrentlaterreetpartirent:ilsétaientdansl’expectativedu
momentetdel’opportunité.
CommentlesmagiciensdesvillesserassemblèrentdevantPharaonetreçurentdesrobesd’honneuret
posèrentleursmainssurleurspoitrines,s’ngageantàvaincresonennemi(Moïse)etdisant:«Nous
enfaisonsnotreaffaire.»
esmagiciens se rendirent auprès de Pharaon, et il leur donna desrobesd’honneurextrêmementprécieuses.Il leur fîtdespromesses, et leurdonnaaussi, enavance,desesclaves,
deschevaux,del’argent,desbiensetdesprovisions.Aprèsquoi,illeurdit:«Écoutez,ôvousquiexcellezdansvotreart,si
vousvousavérezsupérieursdansl’épreuve,«Jerépandraisurvoustantdeprésentsquelevoiledelagénérositéet
delamunificenceseradéchiré.»Alors, ils lui dirent : « Grâce à ta bonne fortune, ô roi, nous
l’emporterons,etsacauseseraruinée.1250 «Noussommesdesvainqueursetdeschampionsdanscetart:personne
danslemondenepeutnousrésister.»Lamention deMoïse est devenue une chaîne pour la pensée demes
lecteurs, parce que ce sont là des histoires de ce qui s’est passé il y alongtemps.LamentiondeMoïsesertdemasque,maislaLumièredeMoïseestce
quiteconcerneenfait,ômonami.MoïseetPharaonsontdanstonpropreêtre:iltefautcherchercesdeux
adversairesentoi-même.La génération à partir deMoïse continue jusqu’à la Résurrection : la
Lumièren’estpasdifférente,bienquelalampediffère.Cettelampedepoterieetcettemèchesontdifférentes,maissalumière
n’estpasdifférente:ellevientdel’au-delà.Siturestesàregarderleverre(delalanterne)tuserasperdu,parceque
duverrenaissentlesnombresdeladualité;Mais si tu gardes ton regard fixé sur laLumière, tu seras libéré de la
dualitéetdelapluralitéducorpsfini.C’estdupointdevue(oùl’onseplace),ôtoiCentredel’existence,que
naîtladifférenceentrelevraicroyantetlezoroastrienetlejuif.
Différendausujetdeladescriptionetdelaformedel’éléphant
’éléphant se trouvait dans unemaison obscure : quelques Indiensl’avaientamenépourl’exhiber.
1260 Afíndelevoir,plusieurspersonnesentraient,uneparune,dansl’obscurité.Étantdonnéqu’aveclesyeuxc’étaitimpossible,chacunletâtait,dansle
noir,aveclapaumedelamain.La main de l’un se posa sur sa trompe, il dit : « Cette créature est
commeuntuyaupourl’eau.»Lamaind’unautretouchasonoreille:elleluiapparutsemblableàun
éventail.Un autre ayant saisi sa jambe, déclara : « Je trouve que la forme de
l’éléphantestcelled’unpilier.»Unautreposalamainsursondos,etdit:«Envérité,cetéléphantest
commeuntrône.»Delamêmefaçon,chaquefoisquequelqu’unentendaitunedescription
del’éléphant,illacomprenaitd’aprèslapartiequ’ilavaittouchée.Selon l’endroit touché, leurs affirmations différaient ; un homme
l’appelaitdal,unautrealif*.Si chacun d’eux avait tenu une chandelle dans samain, la différence
auraitdisparudeleursparoles.L’œildelaperceptionsensorielleestseulementcommelapaumedela
main ; la paume n’était pas en mesure d’atteindre la totalité (del’éléphant).
1270 L’œildelaMerestunechose,l’écumeenestuneautre;laisselàl’écumeetregardeavecl’œildelaMer.Jouretnuit,semeuventlesfloconsd’écumequiproviennentdelaMer;
tuvoisl’écume,nonlaMer,quec’estétrange!Nousnousheurtonslesunscontrelesautres,commedesbarques;nos
yeuxsontaveuglés,bienquenousnoustrouvionsdansl’eauclaire.Ô toi qui t’es endormi dans le bateau du corps, tu as vu l’eau :
contemplel’Eaudel’eau.L’eauauneEauquilapousse,l’espritaunEspritquil’appelle.OùsetrouvaientMoïseetJésusquandlesoleildivinirriguaitlechamp
semédeschosesexistantes?
OùétaientAdametEvequandDieufixaitcettecordeàl’arc?Cesparoles,ellesaussi,sontimparfaitesetimpuissantes;laparolequi
n’estpasimparfaiteestau-delà.Silesaintparleàpartirdecettesource,tonpiedtrébuchera;ets’ilne
ditriendecela,oh!quelmalheurpourtoi!Et s’il parle selon une figure formelle, c’est à cette forme que tu vas
t’attacher,ôjeunehomme.1280 Tuaslespiedsenfoncésdanslaterre,commel’herbe,tuopinesdela
têteaumoindresouffle,bienquetusoisdépourvudecertitude.Maistunepossèdespasdepied(spirituel)quitepermettedet’enaller,
ouparchancedetirertonpiedhorsdecetteboue.Commentpourrais-tuentirertonpied?Tavieprovientdelaboue,ilest
extrêmementdifficilepourtavied’avancer(surlavoie).MaisquandturecevrasdeDieulavie,ôtoiquiesattaché,tudeviendras
libérédelaboueettuprendrastonessor.Quandlebébéallaitéestséparédesanourrice,ilsemetàmangerdes
alimentssolidesetl’abandonne.Tuescommelessemences, tuesasserviaulaitdelaterre,efforce-toi
detesevrertoi-même,entenourrissantd’alimentsspirituels.Boislaparoledesagesse,carelleestdevenueunelumièrevoilée,ôtoi
quiesincapablederecevoirlalumièredévoilée,Afindedevenir capable,ô âme,de recevoir laLumièreetdepouvoir
contemplersansvoilescequiestcaché,Et de traverser le ciel comme une étoile, ou plutôt de pouvoir
poursuivretaroutesansaucunelimite,sansaucunciel.C’estainsiquedelanon-existencetuesvenuàl’être.Sais-tucomment
tuesvenu?Tuesvenuinconscient.1290 Commenttuesvenu,tunet’ensouvienspas,maisnoust’endonnerons
uneidée.Laissevaguertonesprit,etpuissoisattentif.Bouchetesoreilles,etpuis
écoute;Non,jenetelediraipas,parcequetun’espasencoremûr;tuesenton
printemps,tun’aspasvulemoisdeTamûz.Lemonde est comparable à l’arbre, ô hommesnobles ; nous sommes
semblablesauxfruitsàdemimûrsquiluisontattachés.Les fruits qui ne sont pas mûrs s’attachent fermement à la branche,
parcequeleurimmaturitélesrendindignesd’êtreapportésaupalais.Quand ils ontmûri et sontdevenusdoux, ils ne s’attachentplus alors
quefaiblementauxrameaux.
Quand la bouche a été rendue douce par cette félicité, le royaumedumondedevientdéplaisantpourl’homme.Se fixer étroitement et s’attacher fortement (au monde) est un signe
d’immaturité ; tant que tu es un embryon, ton occupation consiste à tenourrirdesang.Ilresteautrechoseàdire,maisc’estl’Espritsaintquit’enferalerécit,
sansmoi.Ouplutôt,c’esttoi-mêmequiledirasàtapropreoreille—nimoiniun
autrequemoi(neteledira),ôtoiquiesmoi-même.1300 Demêmeque,lorsquetut’endors,tuvasdelaprésencedetoi-mêmeà
laprésencedetoi-même:Tuentendscequivientde toi-mêmeet tucroisqu’UntelouUntel t’a
secrètementditensonge(cequetuasentendu).Tun’espasunseul«toi»,ômonami:tueslecieletlamerprofonde.Ce«Toi»puissantquiestmillefoisplusgrandestl’océanoùsenoient
unecentainede«toi».Envérité,àquoibonparlerd’éveiletdesommeil?Neparlepas,car
Dieusaitmieuxcequiestjuste.Ne parle pas, afin d’entendre des Orateurs ce qui n’a été ni dit, ni
expliqué.Neparlepas,pourpouvoirentendreduSoleilcequin’estpasvenudans
unlivreouundiscours.Neparlepas, afínque l’Espritpuisseparlerpour toi :dans l’archede
Noé,cessedenager!NesoispascommeCanaan,quinageaitetdisait:«Jeneveuxpasde
l’archedeNoé,quiestmonennemi.»(Noédisait:)«Allons,vienst’asseoirdansl’archedetonpère,afinde
nepasêtrenoyédansleDéluge,ôêtreméprisable!»1310 IIrépondit:«Non,j’aiapprisànager:j’aialluméunebougieautreque
tabougie.»(Noédit:)«Prendsgarde!Nelefaispas,carcesontlàlesvaguesdu
Délugedelatribulation;aujourd’hui,lamainetlepiedetlanagenesontrien.«C’est leventde lavengeanceetdumalheurqui éteint la chandelle.
AucunflambeausaufceluideDieun’estdurable.Gardelesilence!»Ildit:«Non,jevaisgravircettehautemontagne:cettemontagneme
protégeradetoutmal.»(Noédit:)«Prendsgarde!Nelefaispas,caràprésentlamontagneest
commeunepaille.Il(Dieu)n’accordelasécuritéqu’àceuxqu’ilaime.»
Il répondit : « Quand ai-je écouté tes conseils, que tu espères quej’appartienneàcettefamille45?«Tesparolesn’ontjamaisétéagréablespourmoi:jesuislibérédetoi
danslesdeuxmondes.»(Noédit:)«Prendsgarde,bâba,nelefaispas,carcen’estpaslejour
detémoignerdudédain.Dieun’apasdeparenténid’associé.«Jusqu’àprésent,tuasfaitpreuvededédain,etencemomentilexiste
dudédain(delapartdeDieu):dequiledédaina-t-iluneffetdanscetteCour(divine)?« De toute éternité, Il est (Celui) qui n’engendre pas, ni n’est
engendré46:Iln’anipère,nifils,nioncle.»1320 Commentsupporterait-illedédaindesfils?Commentprêterait-il
l’oreilleaudédaindespères?(Dieu a dit :) « Je ne suis pas engendré : ô vieillard, ne sois pas
orgueilleux,jen’engendrepas;ôjeunehomme,neterengorgepas.«Jenesuispasunmari, jen’airienàfaireavecledésir.Ici,ôdame,
cessed’êtredédaigneuse.»A l’exception de l’humilité, de la servitude, de la totale impuissance,
rienn’obtientdelaconsidérationencettePrésence.(Canaandit:)«Père,pendantdesannéestuasditcela;maintenant,tu
lerépètes:tonespritestdérangé.«Combiendeceschosesn’as-tupasditesàchacun,desortequetuas
souventobtenuuneréponsepleinedefroideur!« Ton discours fastidieux n’est pas entré dans mon oreille, surtout à
présentquejesuisdevenusageetfort.»Noédit:«Bâba,quelmalyaura-t-ilàcequetuécoutespourunefois
leconseildetonpère?»De cette façon,Noé donnait des conseils affectueux et, de cette autre
façon,Canaanrefusaitdurement.Ni le père ne se fatigua d’admonesterCanaan, ni une seule parole ne
pénétradansl’oreilledecethommedéplaisant.1330 Ilsétaiententraindeparler,quandunevaguesauvagefonditsurlatête
deCanaan,etilfutréduitenmorceaux.Noédit:«ÔRoipatient,monâneestmort,etTonDélugeaemportéla
charge.«SouventTum’aspromis:“TafamilleserasauvéeduDéluge.”«Moi,naïvement,j’avaisattachémoncœuràl’espoirenToi:pourquoi
doncleDélugem’a-t-ilarrachémonvêtement?»
Il(Dieu)dit:«Iln’étaitpasdetafamilleetparenté:n’as-tupasvutoi-mêmequetuesblancetluinoir?«Quand lapourriture est tombée sur tadent, cen’est plusunedent :
arrache-la,ômonmaître.«Afin que le reste de ton corps ne soit pas rendumisérable par elle,
débarrasse-t’en,bienqu’elleaitétéàtoi.»(Noédit :) « Je suis libéréde tout cequi est autrequeTonEssence ;
celuiquiestmortenToin’estpasautre(queToi).«TusaiscommentjesuisparrapportàToi:jesuiscommelevergerà
l’égarddelapluie,etvingtfoisplusquecela.«Vivant parToi,me réjouissant à cause deToi, un pauvremisérable
recevantsasubsistancesansintermédiaireniintervention;1340 «Niuniniséparé,ôPerfection;dénuédequalité,oudescriptionou
cause.«Noussommeslespoissons,etToil’OcéandelaVie:nousvivonspar
Tafaveur,ôToidontlesattributssontexcellents.«Tun’espas contenudans le seind’unepensée,ni joint à l’effet, en
tantquecause.«Avant ceDéluge, et après lui,Tu as été l’objet demondiscours en
chaquecolloque.« Je parlais avec Toi, non avec eux, ô Toi qui es le Donateur de la
parole,maintenantcommejadis.«L’amoureux, jouretnuit,neconverse-t-ilpas, tantôt avec les ruines
(de la demeure de sa bien-aimée), tantôt avec les traces (de sonhabitation)?«Selonlesapparences,ilatournésonvisageverslesruines,maisàqui
adresse-t-ilcechantdelouange,àqui?« Louanges à Toi ! A présent, Tu as déchaîné le Déluge et retiré les
ruinesquisetrouvaiententreToietmoi.« (Je te rends grâces) parce qu’elles étaient des ruines viles et
mauvaises,nepoussantnicriniécho.« Je désire des ruines telles qu’elles puissent répondre, comme la
montagne,avecunécho,1350 «Afinquej’entendeTonnomrépété,carjesuisamoureuxdeTonnom
quiapaisel’âme.« C’est pourquoi tous les prophètes aiment les montagnes : afin de
pouvoirentendreTonnomrépété.«Cettemontagnebasse,ressemblantàunsolpierreux,convientàune
souris,nonànouscommelieuderepos.
«Quandjeparle,ellenemerépondpas:maparoledemeuresansécho.«Ilvautmieuxquetul’aplanisses:puisqu’ellen’estpasd’accordavec
moi,quejepuissemarchersurelle.»Dieudit:«ÔNoé,situledésires,Jelesrassembleraitousetlesferai
seleverdeleurstombesdanslaterre.« Je ne veux pas te briser le cœur à cause d’un Canaan, mais Je
t’informeausujetdeleursétats.»Noédit:«Non,non,jeseraiscontentqueTumenoiesaussi,sicelaTe
convientdelefaire.«Garde-moientraindemenoyeràchaqueinstant,j’ensuissatisfait:
Tonordreestmonâme,jeleportecommemonâme.« Jene regardepersonnequeToi, etmême si je le fais, celui-làn’est
qu’unprétexte,etc’estToil’objetdemonregard.1360 «JesuiséprisdecequeTufais,dansl’actiondegrâcescommedansla
patience;commentserais-jeamoureux,commel’infidèle,decequeTuasfait?»Celuiquiaimel’actiondeDieuestsublime;celuiquiaimesonœuvre
estunimpie.
*Nomdedeuxlettresdel’alphabetarabe,deformesdifférentes.
ConciliationdecesdeuxTraditionsprophétiques:«Etresatisfaitde
l’infidélitéestunacted’infidélité»et«Siquelqu’unn’estpassatisfait
deMonordre,qu’ilchercheunautreseigneurqueMoi.»
ier, un questionneur me posa une question, parce qu’il aimait ladiscussion.Ildit:«LeProphèteaprononcécetteparoleprofonde:“Etresatisfait
del’infidélitéestunacted’infidélité”;sesmotssontcommeunsceau.«Iladitaussiquelemusulmandoitêtresatisfaitdechaqueordre,doit
êtresatisfait.« L’infidélité et l’hypocrisie ne sont-elles pas l’ordre deDieu ? Si je
devienssatisfaitdecela,ceseraenm’opposant(àDieu);«Et si jenesuispas satisfait, celaaussi serapréjudiciable :entreces
deuxalternatives,quemereste-t-ilàfaire?»Jeluidis:«Cetteinfidélitéestlachoseordonnée,cen’estpasl’ordre:
cetteinfidélitéestvéritablementl’effetdel’ordre.«DistinguedoncTordredelachoseordonnée,pourquetadifficultésoit
aussitôtrésolue.« J’admets1’infidélité encequec’estTordredeDieu,nonenceque
c’estnotreoppositionetnotreperversité.1370 «AuregarddeTordre,l’infidélitéenvéritén’estpasdel’infidélité.
N’appellepasDieu“infidèle”,n’enrestepaslà.« L’infidélité est de l’ignorance, et Tordre de l’infidélité est de la
connaissance : comment, dis-moi, hilm (patience) et khilm (colère)seraient-ilslemême?«Lalaideurdel’écrituren’estpaslalaideurdel’artiste;non,c’estune
manifestationparluidelalaideur.« Le talent de l’artiste, c’est de pouvoir faire à la fois le beau et le
laid.»Sijedéveloppeméthodiquementl’étudedecesujet,detellesortequela
questionetlaréponsedeviennentlongues,Lasaveurdumystèrede l’amourmequittera, ladévotionprendraune
autreforme.
Paraboleillustrantlefaitquerémerveillement(mystique)empêchel’investigationet
laconsidération
n certain homme, dont les cheveux étaient de deux couleurs*, serenditenhâtechezunbarbierrenommé.Il lui dit : « Enlève la blancheur de ma barbe, car j’ai choisi une
nouvelleépouse,ôjeunehomme.»Il(lebarbier)luicoupalabarbeetlaposatoutentièreenfacedelui,et
dit : « Retire les poils blancs, parce qu’il se trouve que j’ai une affaireimportante.»Ce « retire-les » est cette question et cette réponse, car l’émotion
religieusenes’occupepasdeceschoses**.1380 UncertainhommefrappaZaydsurlecou;Zaydaussitôtseprécipita
surluipoursebattre.Celuiquil’avaitattaquéluidit:«Jevaisteposerunequestion;aussi,
réponds-moietensuitetumefrapperas.«J’aifrappétanuque,etilyavaitlebruitd’unetape;àcepropos,j’ai
unequestionàteposer:« Ce bruit était-il causé par ma main ou par ta nuque, ô homme
noble?»Il(Zayd)dit:«Enraisondelasouffrancequej’ai,jen’aipasleloisir
dem’arrêteràcetteréflexionetconsidération.«Toi,quinesouffrespas,réfléchisàceci;celuiquisubitlasouffrance
n’apasdetellespensées.Faisattentionàcela!»
*C’est-à-direnoiretblanc.**DesdiscussionsscolastiquesoùTon«coupelescheveuxenquatre».
Histoire
armi les Compagnons (du Prophète), il n’y avait pratiquementpersonnequi sût leQor’ânpar cœur, bienque leurs âmesen eussentungranddésir,Parceque,étantdonnéquesonnoyaulesavaitremplisetavaitatteintla
maturité,lesécorcesétaientdevenuestrèsmincesetelleséclatèrent.Demême,lescoquesdesnoix,despistachesetdesamandes—quand
lenoyaulesaremplies,l’enveloppediminue.Quand le noyau— la connaissance— s’accroît, son écorce diminue,
parcequel’amoureuxestconsuméparsonbien-aimé.1390 Puisquelefaitd’êtrerecherchéestl’opposédelarecherche,la
Révélationetl’éclairdelaLumièredivineconsumentleprophètedeleurbrûlure.Quand les Attributs de l’Éternel ont brillé, alors le manteau de la
temporalitéestbrûlé.Quiconque connaissait un quart du Qor’ân par cœur entendit les
Compagnonsdire:«Ilestgrandparminous.»Joindrelaforme(extérieure)àunetellesignificationprofonden’estpas
possible,saufdelapartd’unpuissantRoi(spirituel).Dansuneivressemystiquetellequelasienne, l’observancedurespect
n’existerapas;ou,sielleexiste,ceseraétonnant.Observerl’humilitédansl’étatd’indépendancespirituelle,c’estjoindre
deuxopposés,comme«rond»et«long».En vérité, la canne est aimée de l’aveugle ; celui qui est aveugle
(intérieurement)estuncoffrepleindeQor’âns.Quelqu’unadit:«Envérité,lesaveuglessontdescoffresremplisdes
motsduQor’ân,delacommémorationdeDieuetd’avertissements.»Aussi,uncoffrepleindeQor’ânsvautmieuxqueceluiquiestcomme
uncoffrevidedanslamain.Enoutre,lecoffrequiestvidevautmieuxquelecoffreremplidesouris
etdeserpents.1400 Enrésumé:quandunhommeestparvenuàl’union,l’intermédiairen’a
plusd’utilitépourlui.Puisquetuasatteintl’objetdetaquête,ôhommeaimable,laquêtedela
connaissanceestmaintenantdevenuemauvaise.Puisque tuesmonté jusqu’aux toitsduCiel, il seraitvaindechercher
uneéchelle.Aprèsêtreparvenuàlafélicité,lecheminquimèneàlafélicitéestsans
valeur,saufpouraideretinstruirelesautres.Lemiroirbrillant,quiestdevenuclairetparfait—ceseraitdelafolie
quedelepolir.Assisavecjoieàcôtédusultanetjouissantdesafaveur,ceseraitune
hontequedechercherunelettreetunmessager.
Histoired’unamoureuxabsorbédanslalectureetVexamend’unelettred’amourenprésencedesa
bien-aimée,etcommentlabien-aiméeenconçutdudéplaisir.Ilest
honteuxdechercherlapreuveenprésencedecequiestprouvé,et
blâmabledes’occuperdeconnaissanceaprèsêtreparvenuàce
quiestconnu
n certain homme, quand sa bien-aimée le laissa s’asseoir à côtéd’elle,pritunelettreetsemitàlaluilire.Dans la lettre, il y avait des vers, des éloges, des louanges, des
lamentations,delasouffrance,mainteshumblessupplications.Labien-aiméedit : «Si c’estpourmoi, lire ceci aumomentdenotre
réunion,c’estperdresavie.«Jesuisiciàcôtédetoi,ettulisunelettre.Ceci,entoutcas,n’estpas
lamarquedesvéritablesamants.»1410 IIrépondit:«Tuesprésenteici,maisjen’obtienspastoutmonplaisir;
« Ce que j’ai éprouvé l’an dernier à cause de toi n’existe pas en cetinstant,bienquejesoisuniàtoi.«J’aibudel’eaufraîcheàcettefontaine,j’airafraîchimesyeuxetmon
cœuravecsoneau.«Jevoisencorelafontaine,maisl’eaun’estpluslà:peut-êtrequelque
briganda-t-ildétournémoneau.»Elle dit : «Alors, je ne suis pas ta bien-aimée : je suis àBulghar, et
l’objetdetondésirsetrouveàQutu.«Tuesamoureuxdemoi,etaussid’unétatdesentiments:cetétatn’est
pasentapossession,ômonami!«C’estpourquoijenesuispaslatotalitédecequeturecherches,jesuis
seulementunepartiedel’objetdetaquêteencemoment.«Jesuisseulementlamaisondetabien-aimée,nonlabien-aiméeelle-
même:l’amourestpourlamonnaie,nonpourlacassette.« Le véritable bien-aimé est celui qui est unique, qui est ton
commencementettafin.«Quandtu le trouveras, tuneresteraspasàattendre(autrechose) : il
estàlafoislemanifesteetlecaché.1420 «Ilestleseigneurdesétatsspirituels,ilnedépendd’aucunétat:le
moisetl’annéesontlesesclavesdecetteLune.«Quandilordonneauhal(à“l’état”),ilaccomplitsonordre;quandil
leveut,iltransformeenespritlescorps.«Celuiquiestarrêtén’estpasarrivéàlafinduvoyage,ilresteassis,
dansl’attente,etrecherchantl’“état”(lehal).Lamain(dusaint)estlapierrephilosophalequitransmuel’“état”;s’il
bougelamain,lecuivredevientenivréparlui.« S’il le veut, la mort même devient douce, les épines et les dards
deviennentcommelenarcisseetl’églantine.«Celuiquiestdépendantduhalestunêtrehumain;àunmoment,ilest
renduplusgrandparlehal,àunautremomentildécroît.« Pour donner un exemple, le soufi est le fils du temps (waqt),mais
celuiquiestpur(sâfi)n’estpasconcernéparles“temps”nil’“état”.« Les “états” dépendent de sa décision et de son jugement, ils sont
vivifiésparsonsoufflepareilàceluiduMessie.« Tu es amoureux de ton “état”, tu n’es pas amoureux demoi, tu es
attachéàmoidansl’espoird’acquérirun“état”.« Celui qui à unmoment est défecteux et à un autremoment parfait
n’estpasCeluiqu’adoraitKhalil(Abraham),ilestceluiquisombre.1430 «Etceluiquiestsusceptibledesombreretesttantôtcelaettantôtceci
n’estpaslebien-aimé:Jen’aimepasceuxquidisparaissent47.«Celui qui est tantôt agréable et tantôt désagréable, à unmoment de
l’eau,àuninstantdufeu,«Estpeut-êtrelesmaisondelaLune,maisiln’estpaslaLune;ilpeut
êtreleportraitdelabien-aimée,maisiln’estpasconscient.«Lesoufiquirecherchelapuretéest“lefilsdutemps”etce“temps”,il
l’aembrasséaussiétroitementquesic’étaitsonpère.«Celuiquiestpur(sâfi)estplongédanslalumièreduGlorieux,iln’est
lefilsdepersonne,ilestaffranchides“temps”etdes“états”.« Immergédans laLumièrequi est inengendrée, II n’engendre pas ni
n’estengendré48appartientàDieuseul.«Va,rechercheuntelamour,situesvivant;autrementtuesl’esclave
du“temps”changeant.«Neregardepastaforme,laideoubelle,regardel’Amouretl’objetde
tarecherche.«Neregardepaslefaitquetusoisméprisableouinfime,considèreton
aspiration,ôtoiquiesnoble.« Toi, en quelque “état” que tu sois, continue à chercher : ô toi aux
lèvressèches,cherchetoujoursl’eau,1440 «Cartalèvresècheestlapreuvequ’àlafintuatteindraslasource.
«Lasécheressedetalèvreestunmessagequivientdel’eau,disantquetontroublet’amènerasansnuldouteversl’eauvive.« Car cette recherche est une action bénie, ta recherche détruit les
obstaclessurlaVoiequimèneàDieu.«Tarechercheestlaclédeschosesquetucherches,cettequêteestton
arméeetlavictoiredetesétendards.«Tarechercheestcommeceluiquiannoncelavenuedel’aurore.«Situn’aspasdemoyens,continueàchercher;lesmoyensnesontpas
nécessairessurlaVoieduSeigneur.«Quiconquetuvoisengagédanslarecherche,ômonfils,deviensson
amietoffre-luitavie,«Carenétantlevoisindeschercheurs,tudeviendrasunchercheur,età
l’ombredesconquérantstudeviendrasunconquérant.« Si une fourmi s’est efforcée d’atteindre le rang de Salomon, ne
considèrepasavecdédainsarecherche.«Toutcequetupossèdesenfaitderichessesetdetalents,n’était-cepas
d’abordunerechercheetunepensée?»
Histoiredelapersonnequi,autempsdeDavid(surluilapaix),
priaitjouretnuit,endisant:«Donne-moidesmoyensdevivrelicites,sansquecelamecause
aucunepeine.»
1450 utempsduprophèteDavid,uncertainhomme,enprésencedechaquesageetdechaqueignorant,Avaitcoutumedefairetoujourscetteprière:«ÔDieu,accorde-moides
richessessanspeine!«Puisquetum’ascrééfainéant,receveurdecoups,lent,paresseux.«On ne peut placer sur le dosmeurtri d’ânesmalchanceux la charge
portéepardeschevauxetdesmules.«PuisqueToi,ôEtreparfait,Tum’ascrééparesseux,enconséquence,
donne-moimonpainquotidienaumoyendelaparesse.«Jesuisparesseux,etjedorsàl’ombreencemondedel’existence;je
dorsàl’ombredecetteGénérositéetMunificence.«Sûrement,pourceuxquisontparesseuxetquidormentàl’ombre,Tu
asprescritungagne-paind’uneautremanière.«Quiconquen’estpasinfirmechercheàgagnersavie:Toi,aiequelque
pitiéàl’égarddeceluiquiestinfirme.«Envoielepainquotidienàcepauvremalheureux;envoielesnuages
chargésdepluieverschaquepays.«Puisquelaterrenepeutsemouvoir,Tamunificencedirigelesnuages
doublementverselle.1460 «Puisquelebébénepeutmarcher,samèrevientluioctroyersaration
delait.«Jesolliciteuneportionquotidienneaccordéesoudainsansfatiguede
mapart,carjen’aid’autreseffortsquelademande.»Ilpriaitainsipendantlongtemps,toutlejourjusqu’àlanuit,ettoutela
nuitjusqu’aumatin.Les gens riaient de ses paroles, de la folie de son espoir et de sa
prétention,Disant:«Merveilleux!Quedit-il,cetimbécile?Ouquelqu’unluia-t-
ildonnéduhaschichquilerendinsensé?»La manière de gagner le pain quotidien, c’est le travail, la peine, la
fatigue;Dieuadonnéàchacununmétierpourgagnersavie:«Recherchezvosrationsquotidiennesparlesmoyensquiconviennent:
pénétrezdansvosdemeuresparlesportes.»A présent, le roi, le chef etmessager deDieu est le prophèteDavid,
douédenombreuxtalents.Outre la gloire et la fierté qui sont en lui, attendu que les faveurs de
l’Amil’ontélu,Sesmiraclessontillimitésetinnombrables,lesvaguesdesagénérosité
vontparfluxsuccessifs.1470 Quandquiconque,depuisAdamjusqu’àmaintenant,a-t-ilpossédéune
voixpareilleàunorgue?Qui,àchaquesermon,faitmourirdesgens?Savoixadmirablearendu
deuxcentsêtreshumainsnonexistants.Alors, le lion et le cerf s’unissent en entendant ses paroles, l’un
oublieuxdel’autre;Lesmontagnes et les oiseaux accompagnent sa voix, ils sont tous ses
confidentsàl’heuredesasupplication(àDieu).Cesmiracles,etcentfoisplus,luisontattribués;laclartédesonvisage
estàlafoistranscendanteetimmanente.Endépitdetoutecettemajesté,Dieuadûfairedépendresesmoyensde
vivredelarechercheetdel’effort.Sansletissagedecottesdemaillesetsanspeinedesapart,sesmoyens
devivreneluiparviennentpas,malgrésesvictoires.Cependant, quelqu’un abandonné de Dieu tel que celui-ci, un pauvre
hèrebanniduCiel,Unmalchanceuxdecettesorte,désire,sansnégoce,rempliraussitôtses
pochesavecsesgains!Unhommeaussifouvient,disant:«Jegrimperaijusqu’aucielsansune
échelle.»1480 Celui-ciluidisait,railleusement:«Valarecevoir,cartaration
quotidienneestarrivéeetlemessagerestvenuaveclesbonnesnouvelles.»Etcelui-làriait,disant :«Donne-nousunepartdecequetureçoisen
cadeau,ôchefduvillage.»Mais ilnediminuaitpassesprièresetses implorationsàcausedeces
insultesetmoqueriesdesgens,De sorte qu’il devint bien connu et célèbredans la ville commeétant
quelqu’unquichercheàobtenirdufromaged’uneboursevide.Lastupiditédecepauvrehèredevintproverbiale,mais ilnerenonçait
pasàsesdemandes.
Commentunevacheseprécipitadanslamaisondeceluiquipriaitdefaçoninsistante.LeProphète(Dieulebénisseetluiaccordelapaix)adit:«Dieuaimeceuxquisontinsistantsdanslaprière»,
parcequelefaitmêmededemanderquelquechoseauDieu
Très-Hautetl’insistanceelle-mêmevalentmieuxpourlesuppliantque
lachosequ’ildemandeàDieu
usqu’à ce qu’un jour, alors qu’il faisait cette prière avec desgémissementsetdessoupirs,Toutàcoup,unevacheseprécipitâtdanssamaison;ellefrappadeses
cornesetbrisaleverrouetlaclé.Lavachesautahardimentdanslamaison;l’hommebonditetluiattacha
lesjambes.Puisilcoupaaussitôtlagorgedelavache,sanshésitationetsanspitié.Aprèsqu’illuieutcoupélatête,ilallachezleboucherafinqu’ilpuisse
immédiatementluiouvrirleflanc.
Lepoètes’excusantetimplorantdel’aide
Toiqui,comme l’embryon,medemandesdeschosesà l’intérieurdemoi-même—puisqueTuformulesuneexigence,rendsaisé
1490 L’accomplissementdecettetâche,montrelavoie,accordeuneaide,ousinonrenonceàcetteexigenceetnemechargepasdecefardeau!PuisqueTuréclamesdel’oràuninsolvable,donne-luidel’orensecret,
ôRoiriche!SansToi,commentlapoésieetlesrimesoseraient-ellessefairevoirle
soiroulematin?Lapoésie,l’homonymieetlesrimes,ôToiquisais,sontlesesclavesde
Tonordre,parpeuretcrainte.Étant donné queTu as fait que toute choseTe glorifie— l’entité qui
discernecommecellequinediscernepas,Chacun Te glorifie d’une façon différente, et celui-là ne connaît pas
l’étatdecelui-ci.L’hommenecroitpasàlalouangeprononcéeparleschosesinanimées,
maisceschosesinaniméessontpasséesmaîtresdansl’adoration.Lessoixante-douzesectessont toutesdans l’ignorancedechacunedes
autresetdansungranddoute.Puisque deux orateurs n’ont pas connaissance chacun de l’état de
l’autre,qu’ensera-t-ildumuretdelaporte?1500 Puisquejesuisinsouciantdelaglorificationadresséeparceluiquiparle,
commentmoncœurconnaîtrait-illaglorificationprovenantdecequiestmuet?Lesunniten’estpasconscientdelalouangeeffectuéeparledjabrî*:le
djabrîn’estpastouchéparlemodedeglorificationdusunnite.Lesunniteaunmodeparticulierdeglorification;ledjabrîaunefaçon
opposéedechercherrefugeenDieu.L’un (le djabrî) dit : « Lui (le sunnite) est égaré et perdu », étant
ignorantdesonétatetdel’ordredivin:«Lève-toi(etprêche)49.»Et l’autre (le sunnite) dit : « Quelle connaissance a celui-ci (le
djabrî)?»Dieu,parprédestination,lesajetésdanslalutte.Ilrendmanifestelavéritablenaturedechacun,Ilfaitvoirlecongénère
(parcontraste)aveccequin’estpasdemêmeespèce.Chacun distingue la miséricorde de la vengeance, qu’il soit sage,
ignorantouvil;Maisunemiséricordequiestdevenuecachéedanslavengeance,ouune
vengeancequis’estenfoncéedanslecœurdelamiséricorde,Nulnelesconnaît,saufl’hommedivinisédanslecœurduquelsetrouve
unepierredetouchespirituelle.Le reste des gens ont seulement une opinion de ces deux choses : ils
volentversleurnidavecuneseuleaile.
*Partisandufatalisme.
Expliquantquelaconnaissancepossèdedeuxailes,etl’opinionuneseule:«L’opinionestdéfectueuse
etsonvolestécourté»;etunecomparaisonillustrantl’opinionet
laconnaissancecertaine
1510 aconnaissanceadeuxailes,l’opinionuneseule;l’opinionestdéfectueuse,etsonvolestcourt.L’oiseauquin’aqu’uneailetombebientôtdetoutsonlong;puisilse
remetàvoler,deuxpasoudavantage.L’oiseaudel’opinion,tombantetserelevant,s’envaavecuneaile,dans
l’espoird’atteindresonnid.Mais,quandelleaété libéréedel’opinion, laconnaissanceluimontre
sonvisage;cetoiseauàuneailedevientdouédedeuxaileset lesétendtoutesgrandes.Ensuite,ilmarchedroitetferme,sanstombersursafaceniêtremalade.Ilprendsonessoravecdeuxailes,commeGabriel, sansopinion,sans
incertitudeetsansdiscussion.Silemondetoutentierluidisait :«TuessurlechemindeDieuettu
suislavraiereligion»,Ses paroles n’augmenteraient pas sa ferveur ; son âme solitaire ne
s’associepasàeux;Etsitousluidisaient:«Tut’égares;tupensesêtreunemontagneeten
réalitétuesunbrindepaille»,Ilnetomberaitpasdansledouteàcausedeleursreproches,ilneserait
pasaffligéparleurdépart.1520 Envérité,silesmersetlesmontagnesvenaientàparleretluidisaient:
«Tuesvouéàlaperdition»,Ilnetomberaitpaslemoinsdumondedansl’imaginationoulamaladie
àcausedessarcasmesdesrailleurs.
Paraboled’unhommerenduspirituellementmaladeparsavanité
àcausedelavénérationqueluivouaientlesgens,etdela
supplicationquiluiétaitadresséeparceuxquirecherchaientsa
faveur;etl’histoiredel’instituteur
es garçons, dans une certaine école, souffraient d’ennui et defatigueàcausedel’excèsdetravaildonnéparleurmaître.Ils se consultèrent sur lesmoyens d’arrêter ce travail, de sorte que le
maîtresoitréduitàlanécessité(deleslaisserpartir),(Disant:)«Puisqueaucunemaladieneluiarrive,quileferaits’absenter
pendantplusieursjours,«Desortequenouspuissionséchapperàcetemprisonnement,réclusion
ettravail,quefaire?Ilestfixéicifermecommeunroc.»L’und’eux, leplusmalin,projetadedire :«Maître,pourquoies-tusi
pâle?« Puisses-tu aller bien ! Ta couleur a changé : ceci est l’effet soit du
(mauvais)air,soitdelafièvre.«Alors,lemaîtrevacommenceràsefairedesimaginations;toiaussi,
monfrère,aide-moidecettefaçon.«Quandtuarriverasàlaportedel’école,dis:“Maître,est-cequevotre
santéestbonne?”1530 «Alors,sonimaginationaugmenteraunpeu,carparl’imaginationun
hommedevientfou.«Après nous, que le troisième, le quatrième et le cinquième garçons
témoignentde lamême façonde la sympathie et du chagrin,«De sorteque, lorsque trente garçons raconteront successivement cette histoire defaçonunanime,celapuissepénétrerdanssonesprit.»Chacun des élèves lui dit : «Bravo, ô toi le sagace ! Puisse ton sort
resterfavorisé(deDieu).»Ils convinrent, avec un ferme accord, qu’aucun d’entre eux ne
changeraitcesparoles;Etensuite,illeurfitprêtersermentàtous,depeurquequelqueracontar
n’éventelecomplot.Le conseil de ce garçon prévalut sur tous les autres, son intelligence
précédaittoutcetroupeau.Ilexistelamêmedifférencedansl’intellecthumainqueparmilesaimés
dansleursformesextérieures.C’estdecepointdevuequeAhmad(Mohammad)adit:«L’excellence
del’hommeestcachéedanssalangue.»
Lesintellectsdesgensdiffèrentdansleurnatureoriginelle,bienque,selonlesmotazilites,ilssoientégauxàl’origine,etqueladifférenceentrelesintellects
proviennedel’acquisitiondelaconnaissance
ous devez croire, en accord avec les sunnites, que la différenceentrelesintellectsétaitoriginelle,
1540 Contrairementàladoctrinedesmotazilites,quiaffirmentquetouslesintellectsétaientégauxàl’origine,Etquel’expérienceetl’enseignementlesrendentplusoumoinsgrands,
desortequecelarendunepersonneplusinstruitequ’uneautre.Cela est faux, comme le prouve le conseil d’un garçon qui n’avait
aucuneexpérienceenmatièred’action:Decepetitenfantjaillitunepenséequelevieilhomme,possédantune
centained’expériences,nedécelapasdutout.Envérité, la supériorité qui provient de la nature estmeilleure que la
supérioritéquivientdel’effortetdelaréflexion.Dites-moi, le don de Dieu vaut-il mieux, ou bien qu’une personne
boiteuseapprenneàmarchercorrectement?
Commentlesgarçonsfirentimagineraumaître(qu’ilétaitmalade)
ejourseleva,etcesgarçons,remplisdecettepensée,serendirentdeleursmaisonsàl’école.Ilssetenaienttousàl’extérieur,attendantquecegarçonrésoluentrâtle
premier,Parcequ’ilétaitàl’originedececomplot:latêteesttoujoursunimâm
(guide)pourlepied.Ôimitateur,nerecherchepaslaprécellencesurceluiquiestunesource
delumièrecéleste.1550 L’élèveentraetditaumaître:«Salam!J’espèrequevousallezbien.
Votrevisageestdecouleurjaune.»Lemaître dit : « Je ne suis pasmalade.Va t’asseoir et ne dis pas de
sottises.»Illeniait,maislapoussièred’uneimaginationmauvaisesoudainfitune
légèreimpressionsursoncœur.Unautregarçonvint,etditlamêmechose;parceci,cetteimagination
s’accrutunpeu.(Ilscontinuèrent)decettefaçon,jusqu’àcequesonimaginationprîtde
laforce,etilfutlaissés’interrogeantquantàsonétatdesanté.
CommentPharaonfutrendumaladeparlavaineimaginationprovenantdurespectdupeuple
pourlui
aprosternationdupeuple—femmes,enfants,hommes—frappalecœurdePharaonetlerenditmalade.Lefaitquechacunl’appelaitseigneuretroilerenditsiperturbéparune
vaineimagination,Qu’ilosaprétendreà ladivinité : ildevintundragonetn’était jamais
rassasié.L’imaginationet l’opinionsontunecalamitépour la raisondiscursive,
parcequesademeuresetrouvedansl’obscurité.S’il existe sur le sol un passage large d’une demi-aune, un homme y
marcheratranquillementsansriens’imaginer;1560 Maissivousmarchezausommetd’unhautmur,vouschancellerez,
mêmesisalargeurestdedeuxaunes;En vérité, par l’imagination et la crainte, vous serez sur le point de
tomber.Réfléchissez-yetcomprenezlapeurquiestdueàl’imagination.
Commentlemaîtrefutrendumaladeparl’imagination
emaîtredevinténervépar1’imaginationet1’anxiété;ilselevaetsetraîna(verssamaison),Fâchécontresafemmeetdisant:«Sonamourestfaible;jesuisdans
cetétatdesanté,etellenes’enestpasenquis.«Ellenem’amêmepasinformédemacouleur:elleal’intentiondese
débarrasserdemoi.«Elleestdevenuegriséeparsabeautéetl’étalage(desescharmes)et
neserendpascomptequejesuistombédutoitcommeunbol(brisé).»Il revintchez luietouvrit rageusement laporte—lesgarçonssurses
talons.Sa femme luidit : «Toutva-t-il bien?Comment es-tu rentré si tôt ?
Qu’aucunmaln’arriveàtachèrepersonne!»Ildit:«Es-tuaveugle?Regardemacouleuretmonapparence;même
lesétrangersplaignentmonaffliction,«Tandis que toi, à lamaison, par haine et hypocrisie, tu ne vois pas
l’étataffreuxdanslequeljemetrouve.»1570 Safemmedit:«Messire,iln’yariendemauvaisencequite
concerne:c’estseulementtonimaginationettonopinionfausses.»Illuidit:«Ôcatin,es-tuencoreentraindediscuteravecmoidefaçon
obstinée?Nevois-tupascechangementetcetremblement?«Situesdevenuesourdeetaveugle,est-cedemafaute?Jesuisdansla
peine,lechagrinetlasouffrance.»Elledit:«Ômessire,jevaisapporterlemiroir,afinquetuvoiesqueje
suisinnocente.»« Va-t’en, dit-il. Que ni toi ni ton miroir ne soient sauvés ! Tu es
toujourspleinedehaine,demaliceetdepéché.« Prépare aussitôt mon lit, que je puissem’étendre, car j’ai mal à la
tête.»La femme s’attardait ; l’homme lui cria : «Ô femmedétestable, plus
vite!Cetteconduiteestdignedetoi!»
Commentlemaîtresemitaulitetgémit,s’imaginantêtremalade
avieillefemmeapportalaliterieetl’étendit.Elledit:«Iln’yapasdepossibilitédeparler,etmoncœurestremplidepeine.« Si je parle, il me soupçonnera ; et si je ne dis rien, cette affaire
deviendrasérieuse.»Unhommequin’aéprouvéaucunesouffranceestrendumaladeparun
mauvaisprésage.1580 IIestobligatoired’accepterlaparoleduProphète:«Sivousprétendez
êtremaladesàcôtédemoi,vousdeviendrez(effectivement)malades.»«Si je lui dis (qu’il n’est pasmalade), il va se faire des idées : “Ma
femmeademauvaisdesseins,carelles’arrangepourêtreseule.“Ellemefaitsortirdelamaison,ellecomploteetcajoledanslebutde
quelquemauvaisechose.”»Ellepréparasonlit,etlemaîtretombadessus:soupirsetgémissements
étaientpoussésparlui.Les garçons restaient assis là, récitant leur leçon avec cent chagrins
secrets,Pensant:«Nousavonsfaittoutcela,etnousvoilàprisonniers:c’était
unemauvaiseconstructionetnoussommesdemauvaisconstructeurs.»
Comment,pourlasecondefois,lesgarçonsfirentimagineraumaître
(qu’ilétaitmalade),disantqueleurrécitationduQor’ânaugmenterait
sonmaldetête
’élèvemalindit:«Ômesbonsamis,récitezlaleçonetfaites-leàhautevoix.»Tandisqu’ilsrécitaient,ildit:«Garçons,lebruitquenousfaisonsfera
dumalaumaître.«Lemaldetêtedumaîtreaugmenteraàcausedecebruit:celavaut-il
lapeinequ’iléprouvedelasouffrancepourquelquessous?»Lemaître dit : « Il dit la vérité : partez.Monmal de tête a empiré.
Sortezd’ici.»
Commentlesgarçonséchappèrentàl’écolegrâceàcetour
1590 lssaluèrentetdirent:«Ôhonorémonsieur,puisselamaladieetledangerêtreéloignésdevous!»Puisilsseprécipitèrentversleursmaisons,commedesoiseauxdésirant
desgraines.Leursmèresdevinrentfâchéescontreeuxetdirent:«Unjourdeclasse,
etvous,vousjouez!»Ils présentèrent des excuses, disant : « Arrête, mère ! Ce péché ne
provientpasdenous,etn’estpascauséparnotrefaute.« Par le décret du Ciel, notre maître est devenumalade, souffrant et
affligé.»Lesmèresdirent :«C’estunartificeetunmensonge :vous racontez
unecentainedemensongesàcausedevotredésirpourdesplaisirs.«Aumatin,nousironsrendrevisiteaumaître,pourvoircequiestau
fonddevotreastuce.»« Allez-y au Nom de Dieu, dirent les garçons ; informez-vous pour
savoirsinousmentonsoudisonslavérité.»
Commentlesmèresdesgarçonsallèrentrendrevisiteaumaîtremalade
1600 umatin,cesmèresvinrent;lemaîtreétaitaulitcommequelqu’undegravementmalade,Transpirantenraisondugrandnombredecouvertures,satêtebandéeet
sonvisageenveloppédansl’édredon.Il gémissait doucement : elles aussi semirent à crier : «Lâhawl ! »
(Dieunousprotège!)Ellesdirent:«Maître,nousespéronsquetoutirabien.Cemaldetête
—surnotreâme,nousn’étionspasaucourant.»Il répondit : «Moi aussi, je ne m’en rendais pas compte ; ces sales
garnementsm’enontfaitprendreconscience.«Jenel’avaispasremarqué,étantoccupéàenseigner,maisàl’intérieur
demoiilyavaituneaussigravemaladie.»Quandunhommeestoccupésérieusement,ilestaveugleàlavuedesa
souffrance.Onasouventcontél’histoiredesfemmesd’ÉgypteautempsdeJoseph:
ellesperdirentconscienced’elles-mêmesenraisondeleurfascination.C’est pourquoi elles se tailladèrent les avant-bras : l’esprit est
bouleversédesortequ’ilneregardeniderrièrenidevantlui.Oh,maint bravedans la bataille a eu lamainou le pied coupépar le
glaive,Etilapportecettemêmemaindanslecombat,pensantqu’elleestrestée
intacte.Ensuite, en vérité, il s’apercevra que samain a été blessée, et qu’il a
perdubeaucoupdesang,bienqu’ill’ignore.
Expliquantquelecorpsestcommeunvêtementpourl’esprit,etque
cettemain(corporelle)estlamanchedelamaindel’esprit,etquecepiedcorporelestlesoulier
dupieddel’esprit
1610 edisceci)afínquevouspuissiezsavoirquelecorpsestcommeunvêtement.Va,chercheleporteurduvêtement,nebaisepasunvêtement.Pourl’esprit,laconnaissancedel’UnitédeDieuestplusdouce:l’esprit
aunemainetunpieddifférentsdeceuxquisontvisibles.Vouspouvez contempler en rêve lamain et lepied (spirituels) et leur
relation au corps (spirituel) : considère cela comme une réalité, neconsidèrepasquecelaestenvain.Tuestel:enplusducorpsmatériel,tupossèdesuncorps(spirituel):ne
crainsdoncpasledépartdel’âmeducorps.
Histoiredudervichequivivaitreclusdanslesmontagnes,avecun
exposédeladouceurdudétachement(dumonde)etdelaréclusionetdel’entréesurce
sentier,car(Dieuadit):«Jesuislecompagnondeceuxquise
souviennentdeMoietl’amideceuxquiMeprennentpourami*.Situesavectous,tuessanstous
quandtuessansMoi;Etsituessanstous,tuesavectous
quandtuesavecMoi.»
l y avait un derviche demeurant dans un lieu montagneux. Lasolitudeétaitsoncamaradedelitetsonboncompagnon.EtantdonnéquelabriserafraîchissanteluivenaitdelapartduCréateur,
ilétaitlasdessoufflesdel’hommeetdelafemme.Demêmequeresterà lamaisonnousestfacile,voyagerestaisépour
uneautrecatégoriedegens.Delamêmefaçonquetueséprisdupouvoir,cebravehommeestépris
dumétierdeforgeron.Chacunaétéfaitpouruntravailparticulier,etledésirpourcetravaila
étémisdanssoncœur.Commentlamainetlepiedseraient-ilsmussansdésir?Commentles
brindillesetlespailless’eniraient-ellessanseauousansvent?1620 SituvoisquetondésirestdirigéversleCiel,étendslesailesdela
royautécommelehoma**.Maissituvoisquetondésirestdirigéverslaterre,resteàtelamenter,
necessepasdegémir,Les sages, en vérité, commencent par se lamenter ; les imbéciles se
frappentlatêteàlafin.A partir du début de l’affaire, discernes-en la fin, afin de ne pas te
repentirauJourduJugement.
*Hadithqudsi(parolesacrée).**Oiseaufabuleux.Selonleslégendes,ilapportaitlachance.
Commentunorfèvrediscernalafindel’affaireetparlaconformémentà
lafinavecceluiquidésiraitempruntersabalance
n certain homme vint chez un orfèvre, disant : « Donne-moi tabalance,quejepuisepeserdel’or.»L’orfèvreluidit:«Va,jen’aipasdetamis.»«Donne-moilabalance,
dit-il,etnerestepasàplaisantercommecela.»Ildit:«Jen’aipasdebalaidansmaboutique.»«Assez,assez,s’écria
l’autre;cessecesplaisanteries;«Donne-moilabalance,quejetedemande;nefaispassemblantd’être
sourd,nevapasdanstouslessens.»L’orfèvredit:«J’aientenducequetudisais,jenesuispassourd;tune
doispascroirequejesuisinsensé.« Je t’ai entendu ; mais tu es un vieillard tremblant : ta main est
vacillanteettoncorpsn’estpasdroit;1630 «Et,enoutre,tonorconsisteendetoutpetitsfragments;tamain
trembledesortequelesfragmentsd’ortomberont;« Alors, tu diras : “Monsieur, apportez-moi un balai, que je puisse
cherchermonordanslapoussière.”«Quandtubalaieras,turamasserasdelapoussière;tudiras:“Jeveux
letamis,ôhommeaimable!”«Depuis le début, j’ai discerné toute la fin.Va-t’en ailleurs qu’ici et
adieu!»
Restedel’histoiredel’ascètedelamontagnequiavaitfaitlevœu
qu’ilnecueilleraitaucunfruitdelamontagnesurlesarbresnine
secoueraitlesarbresninediraitàpersonnedelessecouer,ni
ouvertement,nientermesvoilés,etqu’ilmangeraitseulementcequele
ventferaittomberdesarbres
urcettemontagne,ilyavaitdesarbresetdesfruits;ilyavaitdenombreusespoiresdemontagne—ellesétaientincalculables.Ledervichedit:«ÔSeigneur,jem’engageauprèsdeToiànecueillir
aucundecesfruitsduranttoutemavie.« Je ne cueillerai riende ces arbres élevés, sauf les fruits que le vent
aurafaittomber.»Pendant un temps, il fut fidèle à son vœu ; jusqu’à ce que les
tribulationsduDestinarrivent.Pourcetteraison,Dieuaordonné:«Faitesuneexception:ajoutez“si
Dieuveut”àvotrepromesse.« A chaque instant, Je donne au cœur un désir différent, à chaque
momentJeposesurlecœurunebrûluredifférente.1640 «Achaqueaube,J’aiunenouvelleoccupation;riennemedétournede
cequeJ’aientrepris50.»Il nous a été rapporté par les Traditions du Prophète que le cœur est
commeuneplumedansledésert,captived’unsouffledusarsar.Leventemportelaplumeinsolemmentdanschaquedirection,tantôtà
gauche,tantôtàdroite,aveccentdiversités.DansuneautreTraditionilestdit:«Considérezcecœurcommeétant
del’eaubouillantdansunchaudronpar(lachaleurdufeu).»Achaqueinstant, lecœuraunerésolutiondifférente :elleneprovient
pasdelui,maisd’uncertainlieu.Pourquoi,alors,mettretaconfiancedanslarésolutionducœuretfaire
unpacte,pourêtrevouéàlahonteàlafin?Ceci vient aussi de l’effet de l’ordre et du décret divins, que tu voies
l’abîmeetnepuissesteprotéger.
Quoid’étonnant,envérité,quel’oiseauquivolenevoiepaslepiègeetsoitdétruit?L’étonnant,c’estqu’ilvoieàlafoisleleurreetlepieu,ettombedansle
piège,bongré,malgré.Lesyeuxouverts,lesoreillesouvertes,etlepiègeenfacedelui,ilvole
verslepiègedesespropresailes.
UnecomparaisonmontrantquelesliensetpiègesdelaDestinée,bienqu’extérieurementinvisibles,sont
manifestesdansleurseffets
1650 npeutvoirlefilsd’unnoble,dansunmanteaurapiécé,têtenue,tombédansl’affliction.Ilestconsumédepassionpourquelquevaurien;ilavendusesmeubles
etsesbiens;Sa maisonnée est partie, il est devenu de mauvaise renommée et
méprisé;ilavancecommequelqu’unplongédanslemalheur,àlajoiedesesennemis.S’ilvoitunascète, il luidira:«Ovénérablemessire,octroie-moiune
bénédiction,pourl’amourdeDieu,«Car je suis tombédanscetaffreuxmalheuret j’ai laissé la richesse,
l’oretlebonheurs’échapperdemesmains.«Donne-moiunebénédiction,pourquepeut-êtrejesoisdélivrédetout
celaetquejepuisseéchapperàcettebouenoire.»Ilfaitcetteprièredesupplicationàtoutunchacun,criant:«Libère,et
libère,etlibère!»Sa main est libre et son pied est libre, il n’y a pas de chaîne ni de
gardienpourlui,nidefers.De quelle chaîne cherches-tu à te libérer, et de quel emprisonnement
cherches-tuàt’échapper?Delachaînecachéedelaprédestinationetdeladestinée,quenul,sauf
l’espritélu,nepeutcontempler.1660 Bienquecenesoitpasvisible,c’estlà,enembuscade;c’estpirequela
prisonetleschaînesdefer,Parceque le forgeronpeut romprecette (chaînede fer)et le terrassier
peutmêmeretirerlesbriquesdelaprison,Mais, oh ! merveille, cette lourde chaîne cachée, les forgerons sont
impuissantsàlabriser.LavisiondecettechaîneduDestinappartientàAhmad(Mohammad):
(illavit)surlagorgeliéeparunecordedefibresdepalmier51.Ilvitunechargedefagotssurledosdelafemmed’AbûLahabetdit:
«Laporteusedebois(pourlefeudel’Enfer)52.»La corde et les fagots, aucun œil que le sien ne les vit, car pour lui
chaquechoseinvisibledevientvisible.Tout le reste des gens l’interprètent (faussement), car cette vision
provientdel’inconscient(intuitif)eteuxsontconscients(rationnels).Mais, par l’effet de cette (chaîne), le dos (de celui qui la porte) a été
courbéendeux,etilgémitdevantvous:« Une prière ! une bénédiction ! que je puisse être délivré et que je
puisseéchapperàcettechaînecachée.»Celui qui aperçoit clairement ces signes, comment ne distinguerait-il
paslesdamnésdesélus?1670 IIsait,etparl’ordreduTout-Puissant,illecache,carilneseraitpas
licitededivulguerlesecretdeDieu.Cediscoursn’apasdefin.Cederviche,àcausedelafaim,devintfaible
etsoncorpstelunprisonnier(épuisé).
Commentledervichequiavaitfaitlevœufutréduit(parlafaim)àcueillirlespoiresdel’arbre,et
commentlechâtimentdeDieuluiadvintsansdélai
urant cinq jours, le vent ne fit pas tomber une seule poire, et enraisondesaffresdelafaimsapatience1’abandonnait.Ilaperçutplusieurspoiressurunebranche,mais,unefoisdeplus,ilfit
preuvedepatienceets’abstint.Le vent arriva et abaissa le bout de la branche et fit que sa nature
charnellel’emportaetlefitmangercesfruits.La faim, la faiblesseet la forceduDestin rendirent l’ascète infidèleà
sonvœu.Quandileutcueillilesfruitsdupoirier,ildevintinfidèleàsonvœuetà
sapromesse.Aumêmeinstantarriva lechâtimentdeDieu : ilouvritsonœilet tira
sonoreille.
Commentlesheikhfutsoupçonnédesetrouverdanslacompagniede
voleurseteutlamaincoupée
ncelieusetrouvaientplusdevingtvoleurs,separtageantlesobjetsqu’ilsavaientvolés.Lepréfetavaitétéavertiparuninformateur:leshommesdupréfetleur
tombèrentpromptementdessus.1680 Oncoupaaussitôtàeuxtouslepiedgaucheetlamaindroite,etil
s’élevaungrandtumulte.Lamaindel’ascèteaussifutcoupéeparerreur;il(lebourreau)étaitsur
lepointdefairetombersurlesolsonpiedaussi,Quand, juste à temps, un cavalier très bien choisi arriva et cria à
l’officier:«Faisattention,ôchien!«Celui-ciesttelettelsheikhestunabda*deDieu:pourquoiluias-tu
coupélamain?»L’officier déchira ses habits et se précipita chez le préfet et lui donna
1’informationaussitôt.Lepréfetvintpiedsnus,suppliantdelepardonner:«Jenesavaispas,
dit-il,Dieum’esttémoin.«Jet’enprie,absous-moidecettehorribleaction,ôhommegénéreux,
chefdeceuxquidemeurerontauParadis.»Il(lesheikh)dit:«Jeconnaislacausedecetteblessureducouteau:je
reconnaismonpéché.«J’aiviolélasaintetédeSesserments:c’estpourquoiSasentencem’a
immédiatementenlevémamain.J’ai brisé mon pacte, et je savais que c’était mal de le faire ; c’est
pourquoicettecalamitém’estadvenue.1690 «Puissentmamainetmonpiedetmoncerveauetmapeauêtreofferts
ensacrifice,ôgouverneur,audécretduBien-Aimé!«C’étaitmondestin. Je t’absouspourcela.Tunesavaispas : tun’es
pascoupable.«EtCeluiquisavait,c’estLuidontlesordressontpartoutexécutés:où
estlepouvoirdeluttercontreDieu?»Oh!combiend’oiseauxvolantàlarecherchedegrainesonteulegosier
coupéparleurgourmandise!Oh!combiend’oiseaux,àcausedeleurappétitetdesaffresdelafaim,
ontétérenduscaptifssurlebordd’uneterrasse!Oh!combiendepoissonsqui,àcausedudésirde leurgosier,ontété
attrapésparunhameçondansuneeaudifficileàatteindre!Oh!combiende femmeschastes,cachéesderrièredes rideaux, furent
publiquement déshonorées en raison de leur mauvais destin, par leurgourmandiseetleursdésirssexuels!Oh!combiendejugessavantsethonnêtessonttombésdansl’opprobre
àcausedelacupiditéetdelacorruption!DanslecasdeHârûtetMârût,cevindudésirlesempêchademonterau
ciel.Acetégard,Bâyazîdpritdesprécautions:ilobservaenlui-mêmedela
paressedansl’accomplissementdelaprièrerituelle;1700 Quandcethommeperspicaceméditasurlacausedecela,ilperçutque
celavenaitdufaitqu’ilbuvaittropd’eau.Il dit : « Pendant une année, je ne boirai pas d’eau. » Il agit en
conséquence,etDieuluioctroyalapossibilité(des’enabstenir).C’étaitlàlamoindredesesmortificationspourl’amourdelaReligion:
ildevintunroi(spirituel)etlePôledesmystiques.Étantdonnéque lamainde l’ascèteavaitétécoupéeen raisondeson
appétit,ilrenonçaàseplaindre.Le nom sous lequel il était connu devint Sheikh Aqta, les malheurs
provenantdesagourmandiselefirentconnaîtreparcenom.
*Saintd’untrèshautrang.
LesdonsmiraculeuxdeSheikhAqta,etcommentilavaitcoutume
detresserdespaniersenfeuillesdepalmieravecsesdeuxmains
nvisiteurletrouvadanssahutte,etvitqu’iltressaitunpanieraveclesdeuxmains.Il(lesheikh)luidit:«Ôennemidetaproprevie,tuesvenumettrela
têtedansmahutte.«Pourquoit’es-tuhâtédelasorte?»Ilrépondit:«Parexcèsd’amour
etdenostalgie.»Alors, il (le sheikh) sourit etdit :«Aprésent, entre,maisgardecette
chosesecrète,ônoblesire,«Jusqu’àcequejemeure,neracontecelaàpersonne,niàuncamarade,
niàunbien-aimé,niàquelqu’und’indigne.»1710 Parlasuite,d’autresgens(regardant)parsafenêtredevinrentaucourant
desontressage.Il dit : « Ô Créateur, Tu connais la raison (de ceci). Je cache (mon
secret)etTul’asrévélé.»L’inspiration divine vint à lui : « Il y avait un grand nombre de
personnesquicommençaientànepluscroireentoiàcausedecemalheur,« Disant : “Peut-être était-il un hypocrite dans la Voie (de Dieu), de
sortequeDieul’arendudéshonoréparmileshommes.”«Jenedésirepasquecesgensdeviennentdesimpiesetqu’enpensant
dumaldetoiilstombentdanslaperdition.« C’est pourquoi Nous avons divulgué ce miracle — que Nous te
donnonsunemainlorsquetutravailles—«Afinquecesmalheureuxhommesàlapenséemauvaisenesoientpas
écartésduSeigneurduCiel.«Auparavant,envérité,sanscesmiracles,Jetedonnaisuneconsolation
provenantdeMaPersonne;«Cemiracle,Jetel’aiaccordéàcaused’eux,etc’estpourcetteraison
queJet’aiaccordécettelampe(spirituelle).«Tuespasséau-delàdelapeurdelamortcorporelleetdudétachement
desmembres.1720 «Lavaineimaginationconcernantledémembrementdelatêteetdu
piedt’aquitté:ilt’estvenu,pourtedéfendrecontrel’imagination,un
bouclierextrêmementfort.»
LaraisonpourlaquellelesmagiciensdePharaoneurentle
couragedesupporterl’amputationdeleursmainsetdeleurspieds
’est-il pas vrai que le maudit Pharaon menaça les magiciens depunitionsurlaterre,Disant:«Jecouperaivosmainsetvospiedsdesdeuxcôtés,ensuiteje
vouspendrai:jenevoustiendraipasquittes.»Il pensait qu’ils se trouvaient encore dans la même imagination et
terreurettentationetdoute,Desortequ’ilsseraienttremblantsetterrifiéseteffrayésparlesvaines
imaginationsetmenacesdel’âmecharnelle.Ilnesavaitpasqu’ilsavaientétélibérésetétaientassisàlafenêtredela
lumièreducœur;Etqu’ilsavaientreconnu(ladifférence)entreleursombres(corporelles)
et leur « Moi » réel, et qu’ils étaient légers et alertes et heureux etexultants;EtquesilemortierduCiellesréduisaitenmiettesunecentainedefois
danscelieufangeux,Cependant,puisqu’ilsavaientperçul’originedececomposé(corporel),
ilsn’avaientpaspeurdesproduitsdel’imagination.Cemondeestunrêve—nedemeurepasdansune(fausse)opinion;si
danslerêveunemainestperdue,celanefaitrien.1730 Sienrêveuneserpet’acoupélatête,nonseulementtatêteesttoujours
àsaplace,maisencoretavieestprolongée.En rêve, tu te vois coupé en deux morceaux, et tu es en bon état
corporelquandtutelèves,etnonpasmalade.Enrésumé:danslesrêves,celanecausepasdepréjudiceaucorpsque
d’êtremutiléoudéchiréendeuxcentsmorceaux.Le Prophète a dit de cemonde, qui est permanent en apparence, que
c’estlerêvedudormeur.Tu as accepté cette affirmation de façon conventionnelle, mais les
voyageurs(surlaVoiemystique)ontperçucelaclairement,sansréférenceauProphète.Tu dors pendant le jour : ne dis pas que cela n’est pas du sommeil.
L’ombreestdérivée,sonoriginen’estriend’autrequelaclartédelalune.
Sache, ô camarade, que ton sommeil et ton éveil sont comme si undormeurrêvaitqu’ils’estendormi.Ilpense:«Maintenant,jedors»,etilestinconscientqu’enréalitéilse
trouvedanslesecondsommeil.Silepotierbriseunpot,lui-mêmeleraccommoderaquandilledésire.L’aveugle,àchaquepas,apeurdetomberdanslefossé;ilmarchesur
lecheminavecmillecraintes;1740 Maisl’hommevoyantavulalargeurdelaroute,desortequ’ilconnaît
lestrousetlesfossés;Ses jambes et ses genoux ne tremblent jamais : pourquoi paraîtrait-il
ameràcaused’uneafflictionquelconque?« Lève-toi, ô Pharaon ! nous ne sommes pas tels que nous nous
arrêtionsàchaquecrietàchaquegoule.«Déchirenotremanteau(corporel)!IlyaQuelqu’unquilerecoudra;
et,sinon,envérité,plusnousseronsnus,mieuxcelavaudrapournous.«Sansvêtement,nousétreindronscetteBeautésurnotresein,ôennemi
bonàrien!« Il n’est rien de plus doux que d’être débarrassé du corps et du
tempérament(corporel),ôstupidePharaondénuéd’inspiration!»
Commentlamuleseplaignitauchameau,disant:«Jetombe
souventsurmaface,tandisquetutombesrarement.»
amuleditauchameau:«Ômonbonami,danslescollinesetlesvalléesetdanslessentiersdifficiles,«Tunetombespassurlatête,maistut’envasgaiement,tandisqueje
tombesurlatêtecommeceluiquiaperdusonchemin.«A toutmoment, je tombesurmaface,quecesoitenun lieusecou
humide.«Dis-moiquelleestlacausedecela,afínquejesachecommentjedois
vivre.»1750 II(lechameau)dit:«Monœilestplusperçantqueletien,enoutre,il
regarded’enhaut;« Quand j’arrive au sommet d’une colline élevée, je regarde
attentivementleboutdupassage.«AlorsaussiDieurévèleàmesyeuxtoutel’élévationetladépression
duchemin.«Desortequejefaischaquepasavecunevueclaireetsuisdélivrédu
trébuchementetdelachute,«Tandisquetunevoispasdeuxoutroispasenfacedetoi:tuvoisle
leurre,maistuneperçoispaslasouffrance(causée)parlepiège.«Les aveugles et les voyants sont-ils égaux
53 devant toi quant à leur
arrêt,leurdescente(d’unemonture)etleurvoyage?«QuandDieuoctroieunespritàl’embryondanslamatrice,Ilimplante
ensanaturele(désir)d’attirerensemblelesparticules.«Aumoyendelanourriture,ilattirelesparticulesensembleettissela
chaîneetlatramedesoncorps;«Jusqu’àl’âgedequaranteans,Dieul’aurarendudésireuxderelierles
particulesentreellespourlacroissance.« Le Roi incomparable a enseigné à l’esprit à attirer les particules
ensemble : comment Lui-même ne saurait-il pas comment attirer cesparticulesensemble?
1760 «Cequiaassemblétouscesatomes,c’estleSoleildivin:Ilsaitcommentsaisirtesparticulescorporelleset(lesrelier)sansnutrition.« Au moment où tu émerges du sommeil, Il rappelle rapidement la
conscienceetlasensationquiétaientparties.« Afin que tu puisses savoir que ces (facultés) ne sont pas devenues
absentesdeLui,ellestereviennentquandIIordonne:“Retournez!”»
Comment,parlapermissiondeDieu,lesparticulesdel’âne
d’Uzayrfurentrassembléesaprèslaputréfactionetrecomposéessousles
yeuxd’Uzayr
é,Uzayr, regarde ton âne qui a pourri et est tombé enmorceauxdevanttoi.«Nousallonsrecueillirsespartiesentaprésence—satête,saqueue,
sesoreillesetsespattes.»Iln’yapasdemain,et(cependant)Ilrassemblelespartiesetdonneune
unitéauxmorceauxdispersés.Considèrel’artd’untailleurquicouddevieuxchiffonssansaiguille:Pas de fil ni d’aiguille aumoment où il coud ; il coud de telle façon
qu’aucunecouturen’estvisible.«Ouvre lesyeuxet considère la résurrectionclairement, afinqu’ilne
restepasdedouteentoiconcernantleJourduJugement,« Et que tu puisses contempler Mon pouvoir d’unification, de sorte
qu’aumomentdelamorttunetremblespasd’angoisse,1770 «Demêmequ’aumomentdusommeiltun’éprouvespasdecrainteà
causedel’affaiblissementdessenscorporels;«Aumomentdusommeil,tunetremblespaspourtessens,bienqu’ils
deviennentdispersésetruinés.»
Commentuncertainsheikhnetémoignapasdechagrinàlamort
desesfils
adis, il y avait un sheikh, un directeur (spirituel), un flambeaucélestesurlafacedelaterre,Quelqu’un de semblable à un prophète au sein des communautés
religieuses,unouvreurdelaportedujardinduParadis.LeProphèteaditqu’unsheikhquis’estavancé(jusqu’àlaperfection)
estcommeunprophèteauseindesonpeuple.Unmatin,safamilleluidit:«Dis-nous,ôhommevertueux,comment
as-tulecœursidur?«Nous,courbésendeux,nousdéploronslamortetlapertedetesfils.«Pourquoinepleures-tupasetnetelamentes-tupas?Oubienn’as-tu
aucunepitiédanstoncœur?« Puisque tu n’as pas de pitié en toi, quel espoir nous reste-t-il de ta
part?«Nousespéronsdetoi,ôguide,quetunenouslaisseraspaspérir.
1780 «QuandletrôneseradresséleJourdelaRésurrection,c’esttoiquiserasnotreintercesseurencejourterrible.«Enunjouretunenuitsiimpitoyables,nousespéronsentabonté.«Nosmainss’attacherontaupandetonvêtement,aumomentoùnulle
sécuriténedemeurepourunpécheur.»LeProphèteadit:«AuJourdelaRésurrection,commentlaisserais-je
lespécheursverserdeslarmes?« J’intercéderai de toute mon âme pour les désobéissants, afin de
pouvoirlesdélivrerd’undurtourment.«Jedélivreraiparmeseffortslesdésobéissantsetceuxquiontcommis
despéchéscapitauxduchâtimentencourupouravoirbriséleurpacte.« Les justes de ma communauté n’ont pas besoin, en vérité, de mes
intercessionsleJourdelaCalamité.«Non, ilspeuvent se livreràdes intercessions,et leursparolesont la
forced’undécreteffectif.«Nuldeceuxquiportentunfardeauneporteralefardeaud’unautre54,
maisjen’enportepas:Dieum’aexalté.»Ôjeunehomme,lesheikhestceluiquiestsansfardeauetsemblableà
unarcdanslamainpourrecevoir(l’ordredeDieu).
1790 Quiestun«sheikh»?Unvieillard(pîr)auxcheveuxblancs.Comprends-tulasignificationdeces«cheveuxblancs»,ôignorant?Lescheveuxnoirs,c’estsonexistencepropre:(iln’estpas«vieux»)
tantqu’unseulcheveudesonexistencepropreluireste.Quandsonexistenceproprenedemeureplus,ilest«vieux»(pîr),qu’il
aitdescheveuxnoirsougris.Ces « cheveux noirs », c’est l’attribut des hommes (sensuels), ces
«cheveux»nesontpaslespoilsdelabarbeoulescheveuxdelatête.Jésus dans son berceau s’écria : « Sans être devenu un adolescent, je
suisunsheikhetunpîr55.»Si lui (le soufi) n’a été délivré que d’une partie des attributs des
hommes (sensuels), il n’est pas un sheikh ; il est grisonnant (d’âgemoyen),ômonfils.Quandnese trouveplussur luiunseulcheveunoir (desonexistence
propre)quiestnotreattribut,alorsilestunsheikhetacceptéparDieu;Maissi,quandsescheveuxsontblancs,ilest(encore)aveclui-même,il
n’estpasunpîretn’estpasl’éludeDieu;Et si un seul bout de cheveu de ses attributs existe encore, il
n’appartientpasauciel:ilappartientaumondematériel.
Commentlesheikhs’excusadenepaspleureràlamortdesesfils
esheikhluidit(àsafemme):«Necroispas,ômonamie,quejen’aiepasdepitié,nid’affection,niuncœurpleindecompassion.
1800 «J’éprouvedelapitiépourtouslesincroyants,bienqueleursâmesàtoussoientingrates.«J’aide lapitiépour leschienset je leurpardonne,medisantàmoi-
même : “Pourquoi subissent-ils un châtiment en étant frappés depierres?”.« J’offre une prière pour le chien qui mord, m’écriant : “Ô Dieu,
délivre-ledecettemauvaisedisposition!“Garde aussi ces chiens dans cette intention, de sorte qu’ils ne soient
paslapidésparlesgens.”»Dieu a amené les saints sur la terre, afin qu’il puisse en faire une
miséricordepourtouteslescréatures56.Il (le saint) appelle les gens au Portail de laGrâce ; il imploreDieu,
disant:«Accorde-leurunetotalelibération.»Il s’efforce ardemment de les admonester à cette fin, et quand il ne
réussitpas,ildit:«ÔDieu,nefermepaslaporte!»Aucommundesgensn’appartientqu’unemiséricordeparticulière ; la
miséricordeuniverselleappartientausaintparfait.Samiséricordepersonnelleaétéunieàl’universelle;lamiséricordede
laMerestleguidepourtousleschemins.Ô toi qui possèdes une miséricorde particulière, joins-toi à
l’universelle : considère la miséricorde universelle comme le véritableguide,etavance.
1810 Tantqu’iln’estqu’unepartie,ilneconnaîtpaslecheminverslaMer:ilsereprésentechaquemarecommelaMer.Étant donné qu’il ignore le chemin vers la Mer, comment pourrait-il
servirdeguide?Commentconduirait-illesgensverslaMer?Lorsqu’il devient uni à laMer, alors il guide vers laMer, comme un
torrentouunerivière.Etsi(avantcela)ilappelle(leshommesversDieu),c’estd’unemanière
conventionnelle;celaneprovientpasdelavisionetdel’inspirationd’unequelconqueaide(divine).Elle (l’épouse du sheikh) dit : « Alors, puisque tu as pitié de tout le
monde,etquetuescommelebergergardantcetroupeau,«Pourquoinetelamentes-tupaspourtespropresfils,quandlamortles
asaignésdesalancette?« Étant donné que la preuve de la pitié est les larmes dans les yeux,
pourquoitesyeuxsont-ilssecsetsanslarmes?»Il se tournavers sa femmeet dit : «Ô femme, envérité la saisonde
décembren’estpaspareilleàcelledeTamûz(juillet).«Qu’ilssoientmortsouvivants,quandsont-ilsabsentsetcachésàl’œil
ducœur?«Puisque je lesvoisdistinctementdevantmoi,pourquelle raisonme
déchirerais-jelevisagecommetulefais?1820 «Bienqu’ilssetrouventendehorsdelarévolutiondutemps,ilssont
avecmoietjouentautourdemoi.«Lespleurssontcausésparlaséparationetledépart;jesuisuniàmes
chérisetlesembrasse.«D’autrespersonnesvoient(leursbien-aimés)danslesommeil;jeles
voisdistinctementenétantéveillé.«Jemecachepourunmomentloindecemonde,jesecouelesfeuilles
delaperceptionsensorielledel’arbre(demonexistencecorporelle).»La perception sensorielle est captive de l’intellect, ô lecteur ; sache
aussiquel’intellectestcaptifdel’esprit.L’espritlibèrelamainenchaînéedel’intellectetconfèreuneharmonieà
sesaffairesembrouillées.Lessens(corporels)etlespensées(sensuelles)sontpareilsàcesherbes
surl’eauclaire,couvrantlasurfacedel’eau.Lamaindel’intellectbalaiecesherbesauloin;alorsl’eauserévèleà
l’intellect.Lesherbesfontunecoucheépaissesurleruisseau,commedesbulles;
quandlesherbesfurentécartées,l’eaufutrévélée.AmoinsqueDieunerelâchelamaindel’intellect,lesherbessurnotre
eausontaccruesparledésirsensuel.1830 Achaqueinstant,ellesrecouvrentl’eau:cedésirrit,ettonintellect
pleure;Maisquandlapiétéaenchaînélesmainsdudésir,Dieulibèrelesmains
del’intellect.Ainsi, quand l’intellect devient ton capitaine et ton maître, les sens
dominantstedeviennentsoumis.Alors,sansêtrelui-mêmeendormi,ilmetsessensensommeil,desorte
queleschosesinvisiblespuissentémerger(dumonde)del’Ame.
Mêmedanssonétatd’éveil,ilrêvedesrêvesetouvreainsilesPortesduCiel.
HistoireduvieillardaveuglelisantleQor’ânplacéenfacedelui,et
recouvrantlavuependantqu’illisait
l y avait une fois un sheikh derviche qui vit un Qor’ân dans lamaisond’unvieillardaveugle.IldevintsoninvitédanslemoisdeTamûz: lesdeuxascètesrestèrent
ensembleplusieursjours.Ilseditàlui-même:«Oh,jemedemandepourquoileLivresetrouve
ici,puisquecevertueuxdervicheestaveugle.»Réfléchissantainsi,saperplexitéaugmenta;ilsedit:«Personnenevit
icisauflui.«Ilestseul,etpourtantilaaccrochéunQor’ân(surlemur).Jenesuis
pasassezmalélevéoutroublédansmesesprits1840 «Pourl’interroger.Non,taisons-nous!Jeseraipatient,afinqueparla
patiencejepuisseréussir.»Il témoigna de la patience et fut dans l’ embarras pendant quelque
temps, jusqu’àceque lesecret fut révélé,car lapatienceest lacléde lajoie.
CommentLuqmân,quandilvitDavid(surluilapaix)fabriquantdesanneauxdefer,s’abstintde
l’interroger,avecl’intentionquecetactedecontrôledesoipuisseêtrela
causedusoulagementdesaperplexité
uqmânserenditchezDavidaucœurpur,etremarquaqu’ilétaitentraindefairedesanneauxdefer,EtqueceRoisublimecoulaittouslesanneauxdeferl’undansl’autre.Il n’avait pas vu le métier d’armurier auparavant, aussi resta-t-il
stupéfaitetsacuriositéaugmenta:«Qu’est-cequecelapeutêtre?Jeluidemanderaicequ’ilfaitavecles
anneauxentrelacés.»Puisilseditàlui-même:«Lapatiencevautmieux;lapatienceestle
guideleplusrapideversl’objetdevotrequête.»Quand vous ne posez pas de question, plus tôt le (secret) vous sera
révélé:l’oiseaudelapatiencevoleplusvitequetouslesautres.Et sivousdemandez,votrebut seraatteintplus lentement :cequiest
aiséserarendudifficileparvotreimpatience.Pendant queLuqmângardait le silence, aussitôt ce travail fut terminé
parl’habiletédeDavid.1850 Alorsilfaçonnaunecottedemaillesetl’apportaenprésencedunoble
etpatientLuqmân.«Ceci,dit-il,est’unexcellentvêtement,ôjeunehomme,pouréviterles
coupssurlechampdebatailleetdanslaguerre.»Luqmân dit : « La patience aussi a de bons effets, parce que c’est la
protectionetladéfensecontrelasouffrance,oùqu’ellesoit.»Dieuajointlapatience(sabr)avecHaqq(laRéalité).Ôlecteur,réciteattentivementlafindelasourateWa’l-Asr57.Dieuacréédescentainesdemilliersd’élixirs,maisl’hommen’apasvu
d’élixirtelquelapatience.
Restedel’histoiredel’aveugleetdesalectureduQor’ân
’invité fit preuve de patience, et tout à coup la difficulté lui futdévoilée.Aminuit,ilentenditlarécitationduQor’ân;ilbondithorsdusommeil,
etcontemplaunemerveille.L’aveugle était en train de lire correctement le Qor’ân. Il devint
impatientetluidemandal’explicationdecetteaffaire.« Oh, merveille ! s’écria-t-il, toi qui as des yeux qui ne voient pas,
commentlis-tu;commentvois-tuleslignes?«Tuastouchécequetulisais;tuasposétamainsurlesmots(dece
passage).1860 «Tondoigt,ensemouvant,rendévidentquetuastonœilfixésurles
mots.»Il répondit : « Ô toi qui as été séparé de l’ignorance corporelle,
éprouves-tucettestupeurdevantl’œuvredeDieu?«J’aisuppliéDieu,criant :“ÔToidontonimplore lesecours, jesuis
aussidésireuxdelireleLivrequejelesuisdelavie.“Je ne le connais pas par cœur ; aumoment de le lire, octroie àmes
deuxyeuxunelumièresanstrouble.“Rends-moimes yeux à cet instant, de sorte que je puisse prendre le
Livreetlelireclairement.”»«DelaPrésencedivinevintlecri:“Ôhommeauxœuvrespies,ôtoi
quiplacestonespoirenMoienchaquepeine,“Tu as une bonne pensée (de Moi) et le bel espoir qui, à chaque
moment,t’ordonnedemonterplushaut.“Chaque fois que tu auras l’intention de lire (le Qor’ân) ou que tu
désireras(vérifier)lalecturedonnéedansdifférentescopies,“Acemoment,Je te rendrai lavue,afinque tupuisses lire,ôhomme
vénérable.”«C’estcequ’Ilafait,etchaquefoisquej’ouvreleLivrepourlire,
1870 «CeluiquiestOmniscientetquin’oubliejamaisSonœuvre,ceSouverainetCréateurhonoré,«CeRoiincomparableaussitôtmerendlavue,commeunelampequi
metfinàlanuit.»C’est pourquoi le saint n’a pas d’objection : pour tout ce que Dieu
enlève,Ilenvoieunecompensation.S’ilbrûletonvignoble,Iltedonneradesraisins;auseindudeuil,Ilte
donneralaréjouissance.Au paralytique dépourvu de main, Il donne la main ; à celui qui est
accablédechagrin,Ilaccordelecœurjoyeuxd’unhommeivre.(Lapensée)«Nousnenoussoumettronspas»et(celledesoulever)des
objectionsnousaquittés,étantdonnéqueviendraunegranderécompensepourcequiaétéperdu.Puisquelachaleurmevientsansfeu,jesuissatisfaits’iléteintmonfeu.Puisqu’il donne de la lumière sans lampe, si ta lampe est partie,
pourquoitelamenter?
Descriptiondecertainssaintsquisontsatisfaitsdel’ordre(divin)etneprientpasnin’implorent(Dieu)
dechangercedécret
coûtezàprésentunehistoireconcernantcesvoyageurssurlaVoiequin’ontpasd’objectioncontrelemonde.Ceux d’entre les saints qui font des invocations sont en vérité
différents:parfoisilscousent,etparfoisilsdéchirent.1880 Jeconnaisuneautrecatégoriedesaintsdontleslèvressontclosesà
l’invocation.A cause de la satisfaction qui est conférée à ces êtres nobles, il est
devenuillicitepoureuxdechercheràéchapperauDestin.En (se soumettant) à laDestinée, ils éprouvent une joie spéciale : ce
seraitdel’impiétépoureuxquededésirerlalibération.Il(Dieu)arévéléàleurscœursunesibonneopiniondeLui,qu’ilsne
revêtentpasdeshabitsdedeuilpourquelquechagrinquecesoit.
CommentBuhlulinterrogeauncertainderviche
uhlul dit à un certain derviche : «Comment vas-tu, ô derviche ?Dis-le-moi.»Ildit :«Commentdoitêtrecelui-ci,selonledésirdequilemondese
meut?«Selonledésirdequilestorrentsetlesrivièrescoulent,etlesétoilesse
meuventainsiqu’illeveut;«EtlaVieetlaMortsontsesenvoyés,allantçàetlàselonsondésir.«Ilenvoiedescondoléanceslàoùilleveut;iloctroiedesfélicitations
làoùilleveut.«LesvoyageurssurlaVoievontselonsonplaisir;ceuxquiontperdu
laVoiesonttombésdanssonpiège.1890 «Nulnepeutriredanslemondesansl’approbationetl’ordredece
personnagequidétientl’autorité.»Il (Buhlul) dit : «Ô roi, tu as dit vrai : il en est bien ainsi : cela est
manifestedanstonrayonnementettonapparence.«Tuescela,etcentfoisplusquecela,ôhommesincère;maisexpose
(cemystère)etexplique-letrèsbien,« De telle manière que l’homme sage et l’homme stupide puissent y
acquiescerquandcelavientàleursoreilles.«Expose-ledanstondiscoursdetellemanièrequelacompréhensiondu
vulgairepuisseenprofiter.»L’orateur parfait est semblable à celui qui distribue des plateaux
d’alimentsetdontlatableestrempliedetoutessortesdenourriture,De sorte qu’aucun invité ne reste sans provision, mais que chacun
obtiennesapropresubsistanceséparément;Tel leQor’ân dont la signification est septuple, et en lequel il y a un
alimentpourl’éliteetunpourlecommundesgens.Il(lederviche)dit:«Celadumoinsestévidentpourlevulgaire,quele
mondeestsoumisàl’ordredeDieu.« Pas une feuille ne tombe d’un arbre sans la prédestination et le
commandementdeCeluiquigouvernelesort.1900 «Aucunebouchéenevadelaboucheaugosierjusqu’àcequeDieu
diseàcemorceau:“Entre!”« L’inclination et le désir qui sont les rêves de l’homme — leur
mouvementestsoumisàl’ordredeCeluiquiSesuffitàLui-même.«Dans toutes les terres et tous les cieux, pasun atomenebougeune
paillenetourne,«SaufparSonordreéterneletefficace.Exposercelaestimpossible,et
laprésomptionn’estpasbonne.»Qui peut dénombrer toutes les feuilles des arbres ? Comment l’infini
peut-Ilfairel’objetdeparoles?Écoute ceci (pourtant) : étant donnéque toute actionn’arrive quepar
l’ordreduCréateur,Quand la prédestination de Dieu devient le plaisir de Son serviteur,
celui-cidevientl’esclavevolontairedeSondécret.Non pas par conformisme et non en raison de la rétribution et
récompense(futures);non,c’estquesanatureestdevenuesibonne.Ilnedésirepassaviepourlui-même,niafindepouvoirjouirdelavie
quiesttrouvéedouce.Partoutoùl’Ordreéternels’applique,vivreetmourirsontpourluiune
mêmechose.1910 IIvitpourl’amourdeDieu;ilmeurtpourl’amourdeDieu,nondepeur
oudesouffrance.Sa foi est en vue de faire Sa volonté, non en vue du Paradis, de ses
arbresetdesesruisseaux.Son renoncement à l’impiété est aussi pour l’amour deDieu, non par
crainted’allerdansleFeu.Sadispositionesttelleoriginellement:ellenevientpasdeladiscipline,
oudel’effortetdelarecherche.Ilritaumomentoùilvoitlasatisfaction(divine):pourlui,ladestinée
estcommeunmetsdélicieux.LeserviteurdeDieudontladispositionetlecaractèresontainsi—le
mondenesemeut-ilpasselonsoncommandementetsonordre?Alors,pourquoisupplierait-ilets’écrierait-ildanslaprière:«ÔDieu,
écartecettedestinée?»Pour l’amour de Dieu, sa mort et celle de ses enfants sont pour lui
commedesdouceursdanssongosier.Pour cet être loyal, l’agonie mortelle de ses enfants est comme des
gâteauxdemielpourunvieillardmisérable.Pourquoi, dès lors, invoquerait-il Dieu, à moins que par hasard il
aperçoiveleplaisirduJuge(divin)encetteinvocation?1920 Ceserviteurjusteneselivrepasàcetteintercessionetinvocationpour
recevoirlui-mêmemiséricorde.
Il a renoncé à obtenirmiséricorde pour lui-même, aumoment où il aallumélalampedel’amourdeDieu.L’AmourestleFeudel’Enferdesesattributs,etilabrûlélesattributs
dusoi,cheveuparcheveu.Quand un voyageur de nuit a-t-il compris cette distinction, sauf
Daqûqî?Detellesortequ’ils’esthâtéverscetempire(spirituel).
HistoiredeDaqûqîetdesesdonsmiraculeux
eDaqûqîavaitunbeaufront,c’étaitunseigneurspirituelquiaimaitDieuetpossédaitdesdonsmiraculeux.Ilmarchaitsurlaterrecommelalunedansleciel;parluilesespritsdes
voyageursdenuitétaientilluminés.Iln’établissaitpassademeureenunlieuunique,ilnepassaitpasdeux
joursenunvillage.Il disait : « Si je passe deux jours dans unemaison, l’amour de cette
demeureestéveilléenmoi.«Jecrainsd’êtreenchantéparlelieuoùl’ondemeure;émigre,ômon
âme,etvoyageversl’indépendance.«Jeneveuxpasaccoutumerlanaturedemoncœuràunlieu: jefais
celaafínqu’ellesoitpurelorsdujugement.»1930 Durantlejour,ilétaitenvoyage,durantlanuitenprières:sonœil
s’ouvraitsurleRoi,lui-mêmeétaitpareilaufaucon.Ilétaitcoupédescréatures,maisnonàcaused’unemauvaisenature ;
isolédel’hommeetdelafemme,maisnonàcausedeladualité.C’était un homme miséricordieux envers les créatures, et bienfaisant
pour elles, comme l’eau ; un noble intercesseur, dont les prières étaientexaucées.Bon pour les bons et les mauvais, et un sûr refuge, meilleur qu’une
mère,pluscherqu’unpère.LeProphètedisait:«Ôamis,pourvousjesuispleindecompassionet
tendrecommeunpère,«Parcequevousêtestousdespartiesdemoi-même.»Pourquoivoulez-
vousarracherlapartieautout?Quandlapartieestcoupéedutout,elledevientinutile,lemembrecoupé
ducorpsdevientcharogne.Jusqu’àcequ’on le joignedenouveauau tout, il estmort : iln’apas
consciencedelavie,Et s’il se meurt, (c’est qu’)il n’a pas de support : le membre
nouvellementcoupébougeencore.Silapartieestcoupéeettombeloindecetout,cen’estpasletoutqui
estsusceptiblededéfaut.1940 Laséparationloindeluietl’unionavecluinepeuventêtreprédites;la
chosedéfectueusen’aétémentionnéequepourservirdecomparaison.
Retouràl’histoiredeDaqûqî
eProphète)comparaun jour’Alîàun lion,mais le lionn’estpascommelui,bienqu’ilaitemployéceterme.De la comparaison (mithâl) et de la ressemblance (mithl) et de la
différenceentreeux,avance,ôjeunehomme,versl’histoiredeDaqûqî,Lui qui en donnant des fetwa (décisions) juridiques, était l’imam du
peupleetquidanslapiétél’emportaitsurlesanges.Luiquiéclipsaitlaluneenvoyages,tandisquelaReligionjalousaitsa
religiosité.Malgré tant de piété, de dévotions, de prières rituelles, il recherchait
toujourslesélusdeDieu.En voyage, son principal but était de passer un moment avec un
serviteurchoisi.Tandisqu’ilmarchaitsurlesroutes,ilallaitrépétant:«OmonDieufais
demoilecompagnondesélus.«OSeigneur,deceux-làdontmoncœursaitqu’ilestesclave,etqueje
suisquelqu’unprêtàlesservir;«Etquantàceuxquejeneconnaispas,Toi,ôDieudel’âme,rends-les
bienveillantsàmonégard,moiquiensuisprivé.»1950 LeSeigneurluidisait:«Onobleprince,quelestcetamour,etquelle
estcettesoif?«TuasMonamour:pourquoiencherches-tuunautre?QuandDieuest
avectoi,pourquoichercherunhomme?»Ilrépondait:«OSeigneur,ôConnaissanceduSecret,c’estToiquias
ouvertenmoncœurlavoiedelasupplication.«BienquejesoisassisaumilieudelaMer,pourtantj’aiattachémon
désiràl’eaudel’aiguière.« Je suis commeDavid : j’ai quatre-vingt-dix brebis, et cependant le
désirèourlabrebisdemonrivals’estlevéenmoi58.« L’avidité pour Ton amour est grande et glorieuse, l’avidité pour
l’amourd’unautrequeToiesthonteuseetcorrompue.»Le désir et l’avidité pour l’homme viril, c’est d’avancer ; chez
l’efféminéc’esthonteetimpiété.Le désir des hommes véritables est d’aller de l’avant ; le désir de
l’efféminévaàreculons.Le désir de l’un appartient à la perfection de la virilité, tandis que
l’autredésirestopprobreetdégoût!Ah!ilexisteunmystèretrèscachédanslefaitqueMoïseailleversun
khizr.1960 Commel’hydropiquequin’estjamaissaturéd’eau,parDieu,ne
t’attardejamaisdanscequetuasacquis.Cette Cour divine est le Plan infini : laisse derrière toi la place
d’honneur:c’estlaVoiemêmequiesttaplaced’honneur.
LemystèredeMoïsecherchantKhezr,endépitdesaperfectionentantqueProphèteetqueprochede
Dieu59
pprendsdeceluiavecquiDieuparlait,ôhommenoble,voiscequeKalîm(Moïse)ditdanssonaspiration.«Endépitd’unetelledignitéetd’unetellefonctionprophétiquejesuis
unchercheurdeKhezr,j’airenoncéàmoi-même.»(Ils dirent) : « Ô Moïse, tu as abandonné ton peuple, tu as erré
désorientéàlarecherched’unsainthomme.«TuesunKaykobad* libérédelacrainteetdel’espoir :combiende
tempsvas-tuerrer?Combiendetempsvas-tuchercheretjusqu’où?«Celuiquiestàtoiestavectoi,ettuesconscientdecela;ôtoipareil
auciel,combiendetempsvas-tuparcourirlaterre?»Moïse répondit : «Nem’adresse pas ce reproche, ne détourne pas le
soleiletlalune.« Je voyagerai jusqu’au point de rencontre des deux mers60, afin de
pouvoirêtreaccompagnéparlesouveraindutemps.« Je ferai de Khezr un moyen d’atteindre mon but : ou bien je
continueraimarouteetvoyageraipendantlanuitlongtemps.1970 «Jevoleraiavecdesailesetdesplumesdurantdesannées:quedis-je,
desannées?Desmilliersd’années!»« Je voyagerai » signifie : « Cela n’en vaut-il pas la peine ? » Ne
considère pas l’amour pour le Bien-Aimémoindre que l’amour pour lepain.Cediscoursestsansfin,racontel’histoiredeDaqûqî.
*CélèbressultansseldjoukidesduXIIIes.
Retouràl’histoiredeDaqûqî
e Daqûqî, Dieu ait pitié de lui, disait : « J’ai voyagé longtempsentreSesdeuxhorizons.«Pendantdesannéesetdesmois,j’aivoyagépourl’amourdelaLune,
inconscientdelavoie,perduenDieu.»Onluidemanda:«Pourquoimarches-tupiedsnussurlesroncesetles
pierres?»Ildit:«Jesuisébloui,horsdemoi-même,insensé.»Ne regardepas lespiedsquimarchent sur la terre, car sansnuldoute
l’amoureuxmarchesursonproprecœur;LecœurenivréparleBien-Aimé,quesait-ildelaroute,del’étape,du
longetducourt?Ce«long»etce«court»sontdesattributsdel’esprit;levoyagedes
espritsestd’uneautresorte.Tuasvoyagédelasemenceàlaraison:cen’étaitpasenavançantpar
étapesouenallantd’unendroitàunautre.1980 Levoyagedel’espritestinconditionnéparleTempsetl’Espace;c’est
denotreespritquenotrecorpsaapprisàvoyager.A présent, il a renoncé à lamanière corporelle du voyage, il semeut
sanscontingences,bienquetravestisouslaformedelacontingence.Daqûqî raconte : « Un jour, j’allais comme celui qui est rempli de
nostalgie,afindecontemplerenl’hommel’éclatduBien-Aimé;«Afindepouvoircontemplerunocéandansunegoutted’eau,unsoleil
enclosdansunatome.« Lorsque je parvins à pied à un certain rivage, le jour était devenu
tardif,c’étaitlesoir.»
L’apparitiondecequisemblaitêtreseptchandellesdansladirection
delarive
oudain,j’aperçusdeloinseptchandelles,etjemehâtailelongdurivageverselles.«Lalumièredelaflammedechaquechandellemontaitavecsplendeur
jusqu’enhautdescieux.« Je fus frappé de stupeur, au point que la stupeur elle-même devint
stupéfaite : lesvaguesde l’émerveillementpassaientpardessus la têtedemacompréhension.« Jeme demandai : “Quelle sorte de chandelles sont celles-ci qu’il a
allumées,desortequelesyeuxdeSescréaturesnepeuventlesvoir?”« Les gens étaient allés chercher une lampe en présence de ces
chandellessurpassantlalune.1990 «Ilsavaientunbandeausurlesyeux;oh!merveille!ilsétaientliéspar
Ilguidebienceuxqu’ilveut61.»
Commentlesseptchandellesdevinrentcommeune
seulechandelle
nsuite, je vis que les sept chandelles devenaient une seule : salumièrepénétraitleseindufirmament.«Puiscettechandelledevintànouveausept:monivresseetmastupeur
s’accrurent.«Ilyavaitdesrelationsentreceschandellestellesqu’ellesnepeuvent
venirsurmeslèvresetdansmesparoles.«Cequ’unseulregardaperçoit,ilestimpossibledurantdesannéesde
lemanifesterparlalangue.« Ce que la vision intellectuelle saisit en un seul instant, il est
impossible,pendantdesannées,del’entendreparl’oreille.« Puisque cela n’a pas de fin, retourne à toi-même, car “Je ne puis
considéreraucunelouangedignedeToi*."« J’avançai plus loin, en courant, me demandant ce qu’étaient ces
chandelles,quisontdessignesdelaMajestédivine.« J’allai, hors de moi-même, stupéfait, bouleversé, jusqu’à ce que je
tombeàterreàforcedecouriretmehâter.«Dans cet état, privé demes sens et demes esprits, je restai couché
quelquetempssurlapoussièredusol.2000 «Puisjerevinsàmoi,etmelevai:onauraitditquejen’avaisnitêteni
pieds.»
*ParoleduProphète.
Commentceschandellesapparurentauxyeuxcommesepthommes
es sept chandelles apparaissaient aux yeux comme sept hommes,leurlumièremontaitverslavoûteazurée.«Auprèsdeceslumières,lalumièredujourétaitcommelalieparleur
éclat,elleséclipsaienttoutesleslumières.»
Commentceschandellesdevinrentalorsseptarbres
uischaquehommerevêtitlaformed’unarbre:monœilétaitréjouiparleurverdure.«Aucunrameaun’enétaitvisibleàcausedel’épaisseurdesfeuilles,les
feuillesaussidisparaissaientsousl’abondancedesfruits.«Chaquearbreavaitjetésesbranchesau-dessusdeSidra*62;quedis-
je,leSidra?Ilsétaientparvenusau-delàduVide,«Laracinedechacund’euxétaitdescenduejusqu’aufonddelaterre;
assurément,elleétaitplusbasqueleBœufetlePoisson.« Leurs racines étaient d’aspect plus souriant que les rameaux :
l’intelligenceétaitstupéfaiteetbouleverséeparleursformes.« Des fruits qui éclataient, comme du jus, jaillissaient des éclairs de
lumière.»
*Lejujubierdelalimite(=au-delàduParadis).
Commentcesarbresétaientinvisiblesauxyeuxdesgens
eplusmerveilleuxétaitceci,quedescentainesdemilliersdegenspassaientdansledésertetlaplaineàcôtéd’eux,
2010 «Risquantleurviedansleurdésirdetrouverdel’ombre,etsefaisantunparasold’unvêtementdelaine,«Etnevoyantaucunementl’ombredecesarbres.Abascesyeuxàla
visiondéformée!« Le courroux de Dieu avait scellé leurs yeux, de sorte qu’Untel ne
pouvaitvoirlalune,maispouvaitvoirSuha*.« Il voit un atome, non le soleil, cependant, il ne désespère pas de la
grâceetdelamiséricordedeDieu.«Lescaravanessontsansnourriture,etlesfruitsmûrstombent.ÔDieu,
quellemagieest-celà?«Lesgens,lagorgedesséchée,étanttombéstousensemblepourpiller,
ramassaientlespommespourries.«Tandisquechaquefeuilleetchaquebourgeondecesbranchesdisait
continuellement:Oh!simonpeuplesavait63/”«De ladirectiondechaquearbrearrivait le cri : “Venezversnous,ô
vousinfortunés.”«Tandisque,par la jalousie (divine),venait auxarbres lecri : “Nous
avonsmisunbandeausurleursyeux:non;n’yapasderefuge64.”« Si quelqu’un leur avait dit : “Allez dans cette direction afín d’être
rendusheureuxparcesarbres”,2020 «Ilsauraienttousdéclaré:“Ledestindivinarenducepauvrehomme
ivrogne;“Une longuemélancolie et les austéritésont fait que le cerveaude ce
pauvrediableestdevenupourricommeunoignon.”«Ilseraitrestéstupéfait,disant:“ÔSeigneur,qu’estceci?Quelestce
voileetcetégarementdesgens?« Les gens de toutes sortes, même doués de discernement et de
compréhension,nefontpasunpasdanscettedirection.«D’uncommunaccord,ceuxd’entreeuxquisontintelligentsetlucides
parmieuxsontdevenusincrédulesàl’égardd’unteljardin,etrebelles.«Oubiensuis-jedevenufouetinsensé?LeDémona-t-iljetéquelque
chosesurmatête?
«Achaque instant, jeme frotte lesyeux,medemandant si je rêve etcontempleunfantasmetemporel.«Commentcelapeut-ilêtreunrêve?Jemontesurlesarbres,jemange
leursfruits:commentnecroirais-jepas?«Puis,quandjeconsidèrelesincrédulesquisedétournent,« Passant leurs vies dans la pire indigence et misère à cause de leur
désird’undemi-raisinvert;2030 «Quandjevoiscesmalheureuxpoussantdesgémissementslamentables
dansleurenvieetaviditépouruneseulefeuille,«Etcescentainesdemilliersdemilliersd’hommess’enfuyantloinde
cetarbreetdecesfruits,«Anouveau,jemedis:Oh!merveille!Ai-jeperdul’esprit?Mesuis-
jeattachéàunebranched’arbreimaginaire?»Répétezlesparoles:Quand lesprophètessedésespéraient jusqu’àen
pensantqu’onlestraitaitdementeurs(kudhibu).65Récite ce verset avec la lecture kudhibu (et non kudhdhibu) : cela
signifieque leMessagerdeDieuseconsidèrecommeprivé (de recevoirl’aidepromiseparDieu)*.Lesâmesdesprophètesperdirentconfianceàcausedel’incroyancedes
genspervers,Maisnotresecoursleurparvintaprèsqu’ilseurentdouté;laisselà(les
égarés)etmonteàl’arbredel’esprit.Mange(desesfruits)etdonnes-enàchacunquienaunepart:àchaque
moment,àchaqueinstant,ilyadesleçonsdemagie(pourlui).Lesgensdisent:«Oh!merveille!quelestcecri?Étantdonnéquele
désertestdépourvud’arbresetdefruits,« Nous avons été leurrés par les paroles de ces fous qui nous disent
qu’auprèsdenoussetrouventdesjardinsetdesplateaux(defruits);2040 «Nousnousfrottonslesyeux,iln’yapasdejardinici,c’estsoitle
désert,soituneroutedifficile.« Oh ! merveille ! cette histoire est si longue, comment serait-elle
vaine?Etsicelaexistevraiment,oùest-cedonc?»Moiaussi,commeeux,jedis:«Oh!merveille!pourquoil’actiondu
Seigneura-t-ellemisuntelsceau(surleursyeux)?»CesobjectionsdesincroyantsremplissaientMohammadd’éton-nement.
AbûLahabaussidemeuraitdansl’étonnement(àsonsujet).Entre cet étonnement-ci et cet étonnement-là, il y a une profonde
différence,nousverronscequeleRoitout-puissantferaàlafin.
ODaqûqî, avance plus rapidement, sois silencieux, puisqu’il manquedes oreilles pour entendre ; combien de temps parleras-tu, combien detemps?
*Petiteétoile.*Selon que l’on écritkudhibu sans redoublement de la consonnedh, oubienkudhdhibu,avecredoublement,l’interprétationdeceversetseradifférente;onaicicelledonnéeparRûmî.
Commentlesseptarbresdevinrentunseul
aqûqîdit:«Moi,lefortuné,jem’avançai;ànouveau,touslesseptdevinrentunseularbre.«Achaque instant, ilsdevenaient sept,puisun seul : quedevenais-je
d’étonnement!«Ensuite,jevisquelesarbresaccomplissaientlaprièrerituelle,lesuns
àcôtédesautresenrang,commel’assemblée(desmusulmans).«Un arbre était devant, comme l’imâm, les autres se tenaient debout
derrière.2050 «Cettestation(qiyam)etcetteinclinaison(rukuh)etcetteprosternation
(sajoud)delapartd’arbresmeremplirentd’émerveillement.«Alors jeme rappelle laparoledeDieu :“Iladit : lesplanteset les
arbresseprosternent66.”«Lesarbresn’avaientnigenouxnitaille,etunetelleperfectiondansla
prièrerituelle!« Une inspiration (ilham) m’advint : “Ô homme noble, t’étonnes-tu
encoreausujetdenotreaction?”»
Commentlesseptarbresdevinrentsepthommes
prèsunlongtemps,cesarbresdevinrentsepthommes,tousassis,pourl’amourduDieuunique.«Jemefrottailesyeux,medemandantquiétaientcessepthérosetce
qu’ilsavaientàfaireaveccemonde.« Lorsque je m’approchai d’eux, après avoir traversé la route, je les
saluaiaveccuriosité.«Lacompagnieréponditàcettesalutation,disant:“ÔDaqûqî,gloireet
couronnedesnobles.”« Eh quoi, me dis-je, comment m’ont-ils reconnu ? Ils n’ont jamais
jusqu’icijetélesyeuxsurmoi.«Ilsconnurentaussitôtmapensée,nonexprimée,etseregardèrentles
unslesautres,2060 «Etrépondirentensouriant:“Ôcherami,cecit’est-ilcachéencoreà
présent?“AucœurquiestémerveilléparDieu,commentseraitcachélemystère
delagaucheetdeladroite?”«Jemedis: ilssontréceptifsauxréalitésspirituelles:maiscomment
sont-ilsaucourantdenomsconsistantenlettresformant(desmots)?« L’un d’eux dit : “Si un nom disparaît de (la mémoire) d’un saint,
sachequecelavientdesonabsorptionenDieu,nondel’ignorance.”«Ensuite,ilsdirent:“Nousdésironsêtreguidéspartoi(pourlaprière)
ôamipur.”«Oui,dis-je,maisattendezunpeu,carj’aidesdifficultésvenantdela
marchedutemps,«Afinqu’ellespuissentêtrerésoluesgrâceàcettesainteassemblée;car
c’estparlacompagniequeleraisinpoussedusol.«Unegrainepleines’estunieàlaterrenoire.« Elle s’est effacée entièrement dans la terre, de telle sorte que ni
couleur,nisenteur,nirouge,nijauneneluisontrestés.«Aprèsceteffacement,sonresserrementpritfin,elleouvritsesailes,se
dilataetpritsacourse.2070 «Etantdonnéqu’elledevintdétachéed’elle-mêmeenprésencedeson
origine,saformedisparutetsonessenceréellesemanifesta.«Ilshochèrentlatête(commepourdire):“C’estàtoidecommander”;
decehochementdetête,uneflammes’élevadansmoncœur.«Aprèsavoirparticipépendantuntemps,aveccettecompagniechoisie,
àlacontemplationdeDieuetavoirétéséparédemoi-même,«Acetteheuremême,monesprit fut libérédesheures,car lesheures
rendentlesjeunesvieux.«Tous les changements sont nés des heures ; celui qui est libéré des
heuresestlibéréduchangement.«Lorsquependantuneheuretuéchappesauxheures,lacontingencene
demeurepas,tudeviensfamilieraveccequin’estpascontingent.«L’heure n’est pas consciente de ce qui est sans heures, car il n’y a,
pour ce qui est temporel, d’autre voie vers l’intemporel que l’émerveillement.«Dans cemonde de la recherche et de la quête, chaque catégorie de
gensaétéattachéedansl’écuriequiluiestparticulière,« Et pour chaque écurie, un instructeur a été désigné : sauf avec sa
permission,aucunrebellenevaailleurs.«Si,parvaindésir,ils’évadedel’écurieets’introduitdansl’écuriedes
autres,2080 «Aussitôt,lesagilesetbonsgardiensdel’écurielesaisissentparla
brideetleramènent.«Ôrusé,si tunevoispas tesgardiens,contemple tonchoix,quiétait
involontaire.«Tu fais un choix, et tesmains et tes pieds sont détachés : pourquoi
donces-tuemprisonné,pourquoi?«Tuasentreprisdenierl’actiondugardien;tul’asappelé“menacesde
l’âmecharnelle”.»
CommentDaqûqîs’avançapourtenirlerôled’imâm
e discours n’a pas de fin. Cours vite ! Écoute, le moment de laprièreestarrivé.Avance,ôDaqûqî!Ôêtreunique,accomplislesdeuxrakat*afinqueleTempssoitornépar
toi.Ô imâmà lavueclaire,dans laprière rituelle, leguidedoitêtredoué
d’uneclairevision.Selon laLoi religieuse, ilestdéconseillé,ônoble lecteur,deconfierà
unaveuglelafonctiond’imâm.Même s’il connaît le Qor’ân par cœur, est intelligent et instruit en
théologie,l’hommequivoitbienluiestsupérieur,mêmes’ileststupide.L’homme aveugle n’a pas lesmoyens de se prévenir de la souillure ;
l’œilestlasourcedel’abstentionetdelaprécaution.2090 Ilnevoitpaslasaletéenpassantprèsd’elle.Puissenulcroyantn’être
atteintdecécité!L’homme aveugle extérieurement est dans une souillure matérielle ;
l’hommeaveugleintérieurementsetrouvedansunesouillureinterne.La souillure externe peut être enlevée avec de l’eau : cette souillure
intérieures’accroît(graduellement).Elle ne peut être lavée que par l’eau des larmes, une fois que les
souilluresintérieuressontdevenuesmanifestes.ÉtantdonnéqueDieuaappelél’infidèle«souillure»,cettesouillurene
setrouvepasàl’extérieurdelui.L’extérieur de l’infidèle n’est pas sali par cela : cette souillure existe
danssadispositionetreligion.L’odeurdecettesouillure-làs’étendàvingtpas;maisl’odeurdecette
souillure-ci(l’intérieure)s’étenddeRayyàDamas.Bienplus, sonodeur s’élève jusqu’auxcieuxetmonteaucerveaudes
hourisetdeRizwan(Paradis).Ce que je dis est à la mesure de votre compréhension : je meurs de
chagrinàcausedel’absenced’unebonnecompréhension.La compréhension est pareille à l’eau, et l’existence corporelle à la
cruche:quandlacrucheestfêlée,l’eauserépand.2100 Cettecrucheacinqtrous:nil’eau,nimêmelaneigeneresteronten
elle.
Vousavezentendu,aussi, l’ordredeDieu :«Baissezvosregards67.»Cependant,vousn’avezpasmarchédroit.Votreparoleanéantitvotrecompréhension;votreoreilleestcommele
sable:elleabsorbevotrecompréhension.De même, vos autres orifices (de perception sensorielle) emportent
l’eaucachéedevotrecompréhension.Sivouschassezl’eaudelamersanscompensation,vousferezdelamer
undésert.Ilesttard;autrement,j’exposeraislevéritableétatdechoses,encequi
concernelescompensationsetlesremplacements.Etjediraisd’oùviennentàlamercescompensationsetremplacements
aprèsdetellesdépenses.Descentainesdemilliersd’animauxyboivent;del’extérieuraussiles
nuagesemportentl’eau;Mais à nouveau lamer attire en elle des compensations—d’où elles
viennentestconnudeshommesjustes.Nous avons commencé ces histoires en hâte ; dans ce Livre (du
Mathnawî)ellessontlaisséessansconclusion.2110 ÔLumièredeDieu,nobleHusâm-od-Dîn,roitelquelescieuxetles
élémentsn’ontjamaisdonnénaissanceàquiconquesemblableàtoi,Tu es venu, irremplaçable, dans l’âme et dans le cœur, ô toi à
l’avènementdequilecœuretl’âmesontconfus.Combiensouventj’ailouélesgensdupassé!Bienentendu,c’étaittoi
quiétaisl’objetdemaquêteenleslouant.Envérité,l’invocationconnaîtsonpropredomaine:instaurelalouange
aunomdeceluiquetuveux.Dieu a créé ces contes et paraboles afin de dissimuler (la véritable
naturede)lalouangeàceuxquiensontindignes.Mêmesicette louangeestconfusedevant toi,Dieuacceptecependant
l’effortdeceluiquin’aquepeudechoseàdonner.Dieuaccepteunecroûtedepainetabsoutledonateur,carauxyeuxd’un
aveugledeuxgouttessuffisent.Les oiseaux et les poissons connaissent le sens du style ambigu dans
lequelj’ailouéabondammentcettepersonnedebonrenom,Afin que les soupirs des envieux ne soufflent pas sur lui, et que
l’envieuxneblessepassonimage.Où l’homme envieux trouverait-il même une idée de lui ? Quand un
perroquetest-ilrestédanslademeured’unesouris?2120 Cetteidéedelui(Husâm-od-Dîn)naît(dansl’espritdel’envieux)à
causedesaruse;c’estlepoildesonsourcil,nonlanouvellelune.Jecélèbretalouangehorsdescinq(sens)etdessept(cieux).Aprésent,
écris:«Daqûqîs’avança.»
*L’undesgestesdelaprièrerituelle.
CommentDaqûqîs’avançapourdirigerlaprière
anslessalutationsetlesbénédictionsadresséesauxsaintsestunielalouangedetouslesprophètes.Leslouangessont toutesconjointes : lesaiguièressontvidéesdansun
seulrécipient.Étant donné que l’objet de la louange Lui-même n’est qu’Un, de ce
pointdevuetouteslesreligionsnesontqu’uneseulereligion.Sache que chaque louange est destinée à laLumière deDieu et n’est
queprêtéeauxformesetauxpersonnes.Commentlesgensloueraient-ilsquiconque,exceptéCeluiquienaseul
ledroit;maisilssontégarésparunevaineimagination.La Lumière de Dieu, par rapport aux phénomènes, est pareille à une
lumièrebrillantsurunmur;lemurestunfoyerpourcessplendeurs.Nécessairement, quand le reflet s’est dirigé vers sa source, celui qui
s’étaitégaréperditdevuelaluneetabandonnalalouange;Oubienunrefletdelaluneapparuthorsd’unpuits,etlui(l’égaré)mit
satêtedanslepuitsetloualereflet.2130 Envérité,iladressesalouangeàlalune,bienqueparignoranceilse
tourneverslereflet.Salouangeappartientà la lune,nonàcereflet ;cette louangedevient
uneimpiétéquandlaquestionn’estpascomprise,Car cet homme a été égaré par sa hardiesse : la lune était dans les
hauteursalorsqu’ils’imaginaitqu’elleétaitenbas.Les gens sont égarés par ces idoles, et ensuite se repentent du désir
qu’ilsontsatisfait,Parcequ’untelhommeasatisfaitsondésiravecuneforceimaginaireet
estrestéencorepluséloignédelaRéalité.Tondésirpourune illusionestpareilàuneaile,pourqu’aumoyende
cetteailetupuissesmonterverslaRéalité.Quandtuassatisfaitàundésir, tonailetombe; tudeviensboiteux,et
cetteimages’enfuitloindetoi.Préserve l’aile et ne satisfais pas au désir, afin que l’aile du désir
t’emporteauParadis.Les gens s’imaginent qu’ils s’amusent ; en réalité, ils déchirent leurs
ailesàcaused’uneformeimaginaire.
Je suis devenu un débiteur, car je dois l’explication de ce sujet.Accordez-moi du temps, je suis sans ressources ; pour cette raison, jegardelesilence.
Commentl’assembléefutdirigéeparDaqûqî
2140 aqûqîs’avançapouraccomplirlaprière;l’assembléeétaittellelarobedesatin,etluilabordurebrodée.Cesrois(spirituels)étaientdirigésparlui,deboutenunerangéederrière
cemodèleréputé.Quandilseurentprononcélestakbirs*,ilsquittèrentcemonde,comme
unsacrifice.Ô imam, le sens du takbir est ceci : « Nous sommes devenus un
sacrifice,ômonDieu,devantToi.»Au moment d’égorger la victime, on dit Allah akbar, de même en
égorgeantl’âmecharnellequ’ilfauttuer.Le corps est comme Isma’îl** et l’esprit comme Abraham, l’esprit a
prononcéletakbir(desfunérailles)surlenoblecorps.Parlesappétitsetlesdésirs,lecorpsn’étaitquetué,maisparlesmots
Bismillah***delaprièrerituelle,ilaétésacrifié.Enaccomplissantlaprière,ilssetenaientenrangdevantDieu,commeà
laRésurrection,occupésàl’examendesoietauxoraisons(monâdjât),SetenantdeboutenprésencedeDieuetversantdeslarmes,telceluiqui
selèveenressuscitantd’entrelesmorts.(Ce jour-là)Dieudira :«Qu’as-tu faitpourMoipendantce tempsde
répitqueJet’aidonné?2150 «Enquelleœuvreas-tumenétavieàsafin?Enquoias-tuconsuméta
nourritureettaforce?«Oùas-tuternil’éclatdetesyeux?Oùas-tudissipétescinqsens?« Tu as dépensé tes yeux, tes oreilles, ton intelligence et les pures
essencescélestes:qu’as-tuachetéàlaterre?« Je t’ai donné des mains et des pieds comme bêche et pelle pour
labourer le soldesbonnesœuvres ;quandsont-ilsdevenusexistantspareux-mêmes?»Ainsidescentainesdemilliersdetelsmessagesaffligésviennentdela
partduSeigneur.Aumomentdeqiyâm(lorsqu’onsetientdeboutpourlaprière)cesmots
retournent (venantdeDieu,àceluiquiprie),etdehonte il secourbeendeuxparrukû(inclinaison).PuisvientTordredivin :«Relève la têtedecette inclinaisonetdisce
quetuasàrépondreàDieu.»L’homme honteux Relève la tête de son inclinaison, puis cet homme
dontlesactionssontimparfaitestombesursaface.A nouveau lui arrive l’ordre divin : « Relève ta tête de cette
prosternation,etrendscomptedetesactes.»2160 Unefoisdeplus,l’hommehonteuxlèvelatête,etretombefacecontre
terrecommeunserpent.Denouveau,Ildit:«Lèvelatête,etparle,carJet’interrogerai,cheveu
parcheveu.»Iln’apaslepouvoirdesetenirsursespieds,carlesparoleseffrayantes
quiluisontadresséesontfrappésonâme,Aussi s’assied-il à cause de ce lourd fardeau. Le Seigneur lui dit :
«Parleclairement.«Jet’aiaccordédesbienfaits:dis-Moi,qu’étaienttesremerciements?
Jet’aidonnéuncapital,montre-Moil’intérêt.»Alors, l’orant tourne son visage vers la droite dans le salut vers les
espritsdesprophètesetdessaints,Voulantdire :«Ôrois,accordezvotre intercession,car lespiedset le
manteaudecemisérablesontenlisésdanslaboue.»
*LaparoleAllahakbar,«Dieuestplusgrand»,commençantet terminantlesprieresrituelles.*Danslatraditionislamique,c’estIsmael,nonIsaac,quifutoffertensacrificeparAbraham.***«AuNomdeDieu.»
Expliquantquelasalutation(danslaprière)versladroiteàla
Résurrectionindiquelacraintedel’orantd’êtreexaminéparDieu,
etsademandedusecoursdel’intercessiondelapart
desprophètes
esprophètesontdit:«Lejourduremèdeestpassé.Leremèdeetlesmoyenspuissantsétaientlà-bas(danslavieterrestre).«Tu es unoiseau inopportun.Va-t’en, ômisérable, quitte-nous, ne te
baignepasdansnotresang.»Puisiltournesonvisageverslagauche,dansladirectiondesafamille
etparenté:ilsluidisent:«Tais-toi!2170 «Écoute,répondspourtoi-mêmedevanttonCréateur.Quisommes-
nous?Net’accrochepasànous!»Nul secours ne provient de ce côté-ci ou de celui-là ; l’âme de cet
hommedésespéréestdéchiréeencentmorceaux.Le malheureux perd tout espoir ; alors, il lève les deux mains en
supplication,S’écriant : « Ô Dieu, j’ai perdu l’espoir en tout le monde, Tu es le
PremieretleDernieretleTermeultime.»Percevez dans la prière rituelle ces nobles indications, afin que vous
puissiezsavoirqu’ellesseréaliserontsûrement.Delaprièrerituelle,quiestcommel’œuf,faiteséclorelepoussin;ne
vousagitezpascommeunoiseau,sansrespectniconvenance.
Comment,durantlaprièrerituelle,Daqûqîentenditdescrisdedétressevenantd’unnaviresurlepointde
sombrer
aqûqî sepréparaà jouer le rôled’imâm : il semit à accomplir laprièrerituellesurlerivage,Tandisquel’assembléesetenaitdeboutderrièrelui.Voyez,quellenoble
compagnieetquelimâmchoisi!Tout à coup, ses yeux se tournèrent vers la mer, parce qu’il entendit
«Ausecours,ausecours»venantdeladirectiondelamer.Ilaperçutauseindesvaguesunnavireendétresse,enpéril,etdansune
situationaffreuse.2180 Lanuit,desnuages,d’énormesvagues:cestroisténèbres,etlacrainte
dutourbillon.Unventféroce,telAzraîl,s’éleva;lesvaguessejetaientdedroiteetde
gauche.Lesgensdanslenavireétaientaccablésdeterreur,descrisdedésespoir
s’élevaient.Etenselamentant,ilssefrappaientlatêtedeleursmains:incroyantset
impies,ilsétaienttousdevenussincères,FaisantdetouteleurâmedespromessesetdesvœuxàDieu,aveccent
humblessupplicationsàcetteheure.Tête nue, prosternés, étaient ceux dont les visages, à cause de leur
perversité,n’avaientjamaisététournésverslaQibla.Jadis,ilsdisaient:«CetteadorationdeDieuestinutile»,maisàcette
heuredésespéréeilsytrouvaientcentvies.Ilsavaiententièrementrenoncéàtoutespoir(d’unsecours)venantdes
amis,desonclesmaternelsetpaternelsetdespèreetmère.Acemoment,l’ascèteaussibienqueleplusgrandpécheurcraignaient
Dieu,commeunmauvaishommelorsdesonagonie.Niàdroiteniàgauche,iln’yavaitaucunsecourspoureux:quandtous
lesexpédientssontépuisés,c’estlemomentd’invoquerDieu.2190 Ilsétaientplongésdanslesinvocations,leslamentations,les
gémissements;unefuméenoiremontaitd’euxversleciel.Alors, leDémons’écriaavechostilité :«Allez,allez,ôadorateursde
chiens,voussubirezdeuxmaux.
«Lamortetlemalheursurvous,ôincroyantsethypocrites,cecivousadviendraàlafin:«Aprèsquevousserezsauvés,vousvousplairezàdevenirdesdiables
afindesatisfairevosappétits,«Etnevoussouviendrezpasqu’aujourdudangerDieupritvosmains
pourvoussauverdeSondécret.»CecriprovenaitduDémon,maiscesmotsnesontentendusqueparune
bonneoreille.Mustafâ,lePôle,l’Empereur,laMerdepureté,aditjustementQuece
quel’ignorantvoitàlafinlesagelevoitdèslepremierpas.Sileschosessontcachéesetsecrètesaucommencement,l’hommesage
voitaucommencement,tandisquecethommeobstinélevoitàlafin.Ledébutdececiestcaché,et l’hommesageaussibienque l’ignorant
verrontlafinlorsdelamanifestation.2200 Maissitoi,ôhommesuffisant,nevoispasl’événementcaché,quandle
torrenta-t-ilbalayétaprudence?Qu’est-cequelaprudence?Penserdumaldumonde.Danscemonde,
l’hommeprudentàchaquemoments’attendàunecalamitésoudaine.
Lesidéesdel’hommeprudent
insi, quandun lion surgit, saisit un homme et l’entraîne dans lajungle,Aumomentoùilestemporté,àquoipensera-t-il?Réfléchis,etpenseà
lamêmechose,ôtoiquiesversédanslaReligion.Ledestin,ce lion,entraînedans les jungles (de lamort)nosâmesqui
sontabsorbéesparlesaffairesetlecommerce.Celaestcomparableàlapeurquelesgensontdelapauvreté,plongés
qu’ilssontjusqu’aucoudansl’eausaumâtre.S’ils craignaient leCréateurde lapauvreté,des trésors s’ouvriraient à
euxsurlaterre.Par crainte de l’affliction, ils sont tous dans l’essence même de
l’affliction ; dans leur poursuite de l’existence, ils sont tombés dans lanon-existence.
LasupplicationdeDaqûqîetsonintercessionpourlesauvetage
dunavire
orsqueDaqûqîaperçutcebouleversement,ilfutémudepitiéetseslarmesruisselèrent.Ildit:«ÔSeigneur,neconsidèrepasleursactions;tends-leurlamain,
ôRoipropice.2210 «Ramène-lessainsetsaufssurlarive,ôToidontlapuissanceatteintla
terreetlamer.«ÔToi leGénéreux,ôToiCompatissantetÉternel,oublieces fautes
commisesparceuxquifontlemal.« Ô Toi qui as donné, gratuitement, cent yeux et oreilles et qui,
bénévolement,asoctroyél’intelligenceetlacompréhension.«Toiquiasaccordéledonavantlemérite,ayantsupportédenotrepart
toutel’ingratitudeetlesfautes.«ÔTout-Puissant,Tupeuxabsoudrenosgrandspéchésenlesgardant
secrets.« Nous nous sommes brûlés nous-mêmes par la concupiscence et la
cupidité,etmêmecetteprière,c’estdeToiquenousl’avonsapprise.«NousTesupplions,parrespectpournousavoirapprisàT’invoqueret
pouravoirallumélalampe(del’invocation)auseind’unetelleténèbre.»Ainsi la prière coulait de ses lèvres, comme les paroles des mères
fidèles;Les larmesruisselaientdesesyeux,etson invocations’élevaitvers le
ciel,tandisqu’ilétaithorsdelui-même.Cette invocation inconsciente est, en vérité, une autre chose : cette
invocationnevientpasdel’homme,elleestprononcéeparleJugedivin.2220 C’estDieuquiprononcecetteprière,puisquel’orantestannihilé
(fanâ);l’invocationetlaréponseproviennenttouteslesdeuxdeDieu.Acemoment, l’intermédiaire,c’est-à-dire lapersonnecréée,n’estpas
présente:lecorpsetl’espritsontinconscientsdecettesupplicationqu’ilsfont.Les serviteurs de Dieu sont compatissants et patients : ils ont, pour
arrangerleschoses,lamêmeattitudequeDieu.Ils sont bienveillants et désintéressés, secourables lors de la dure
épreuveetdujourdouloureux.
Attention, recherche cette sainte assemblée, ô toi qui es affligé.Attention,garde-lescommeuntrésoravantquesurviennel’affliction.Grâceàlaprièredecesaint,lenavirefutsauvé,tandisquelesgensdu
bateaupensaientquec’étaitdûàleurspropresefforts.Supposantquepeut-être,lorsdeladétresse,leurbrasavaitadroitement
tiréuneflèchesurlacible.Les renards, pendant la chasse, sont sauvés par leurs pattes,mais les
renards,déraisonnablement,imaginentquec’estparleursqueues.Aussi jouent-ils joyeusement avec leurs queues, en pensant : « C’est
ellesquisauverontnosviesdansl’embuscade.»Ôrenard,gardetespattescontrelespierres;situn’aspasdejambes,à
quoiteservirataqueue,ôrenardàl’œilaudacieux?2230 Noussommespareilsauxrenards,etlessaintssontnosjambes,ilsnous
sauventdecentsortesdevengeance.Notre faible race, ce sont nos queues, nous jouons joyeusement avec
nosqueuesdedroiteetdegauche.Nous agitons la queue dans l’argumentation et la ruse afin queUntel
resteéblouiparnous.Nouscherchonsàéblouirlesgens,nousnousagripponsavecferveurà
laDivinité,Afindepouvoir,enlesleurrant,prendrepossessiondescœurs;nousne
voyonspasquenoussommesdansunfossé.Noussommesdanslefosséetdansl’abîme,ôscélérat:net’occupepas
desfautesd’autrui.Quand tu arriveras à un jardin beau et splendide, cesse alors de
t’accrocheraupanduvêtementdesautres,etconduis-les.Ôtoiquidemeuresdanslaprisondesquatre(éléments),descinq(sens)
etdessix(directions),amèneaussilesautresàcenoblelieu.Ôtoiqui,commeleserviteurdel’âne,eslecamaradedel’arrière-train
del’âne,tuastrouvélàunbelendroitàembrasser,emmènenouslà.PuisquelevéritablesevrageenversleBien-Aiménet’apasétéaccordé,
d’oùestnéentoiledésirdelasouveraineté?2240 Danstondésirqu’ilstecrient:«Bravo»,tuasliélacorded’unarcau
coudetonâme.Ô renard, laisse là cette queue, ta ruse, et consacre ton cœur aux
seigneursducœur.Tantquetuessouslaprotectiondulion, lavianderôtieneteferapas
défaut,ôrenard;netehâtepasverslacarcasse.Ôcœur,tuserasregardéfavorablementparDieuaumomentoù,comme
unepartie,tuirasversleTout.Dieudit:«Notreregardvaverslecœur,nonverslaformeextérieure,
quin’estquedel’eauetdel’argile.»Tu dis : «Moi aussi, j’ai un cœur », mais le cœur est au-dessus de
l’empyrée,iln’estpasau-dessous.Assurément,dans la terrenoireaussi ilyade l’eau,mais iln’estpas
convenablepourvousdelavervosmainsaveccetteeau.Car,bienqu’ellesoitde l’eau, la terre l’emportesurelle.Nedisdonc
pasdetoncœur:«Ceciaussiestuncœur.»Le cœur qui est plus haut que les cieux est le cœur du saint ou du
prophète.Cecœuraéténettoyédelaterreetpurifié,ilaatteintsapleinestatureet
aétérenducomplet.2250 IIapriscongédelaterreetestvenuverslaMer;ilaéchappéàla
prisondelaterreetestdevenudelaMer.Mais notre eau est restée emprisonnée dans la terre ; ô Mer de la
miséricorde,tire-noushorsdel’argile.LaMerdit:«Jet’attireraienmoi-même,maisc’estvainementquetu
prétendsêtrel’eaudouce.« Ta prétention vaine te garde privé de bonheur : renonce à cette
imagination,etentreenmoi.»L’eaudanslaterre(ducorps)désirepénétrerdanslaMer,maislaterre
retientl’eauetlatireenarrière.Si elle échappe à l’étreinte de la terre, celle-ci restera sèche et l’eau
deviendraabsolumentlibre.Qu’est-cequifaitquel’eauestattiréeenarrièreparlaterre?C’estton
attirancepourlesdouceursetlevinpur.Ainsi, chaque désir dans le monde, qu’il soit pour les richesses, le
pouvoiroulepain,Chacune de ces choses produit en toi un enivrement, et quand tu ne
l’obtienspas,ellet’infligeunmaldetête.Cemaldetêteestdevenulapreuvequetonenivrementétaitcausépar
cetobjetmanquant.2260 N’usedeceschosesqueselonlamesuredetesbesoins,depeurqu’elles
neprédominentetnedeviennenttestyrans.Tuasrefuséavecdédain toutsecours,disant :«Jesuis lepossesseur
d’unCœurpurifié;jen’aibesoindepersonned’autre,jesuisuniàDieu.»C’estcommesil’eaudanslaterrerefusaitavecdédain,disant:«Jesuis
l’eau,etpourquoichercherais-jedel’aide?»
Tut’imaginaisquececœursouilléétaitlecœurpur,aussias-tudétournétoncœurdeceuxquipossèdentdescœurspurifiés.Crois-tuenvéritépossiblequececœuréprisde laitetdemiel soitce
cœurpur?Lasuavitédulaitetdumielestlerefletducœurpur,c’estdececœur
queprovientladouceurdechaquedoucechose.C’est pourquoi le cœur est la substance, et le monde est l’accident ;
commentlerefletducœurpourrait-ilêtrel’objetdudésirducœur?Est-celàlecœurquiestéprisdesrichessesetdupouvoir,oubienest-il
soumisàcetteterrenoireetàcetteeau?Ouàdevainesimaginationsqu’iladoredansl’obscuritépardésirdela
renommée?Lecœurn’estriend’autrequelaMerdeLumière:lecœurest-illelieu
delavisiondeDieu—etensuiteaveugle?2270 Lecœurn’estpascontenudanscentmillepersonnes,noblesou
vulgaires:iln’estqu’enuneseule:quiest-il,qui?Laissecequin’estqu’unfragmentducœuretrecherchelecœurparfait,
afinquegrâceàluicefragmentpuissedevenirunemontagne.Lecœur(parfait)embrasse toutce royaumede l’existenceetdistribue
l’orparbienveillanceetlibéralité.IlchoisitderépandrelesbénédictionsquiviennentdusalutdeDieusur
lesgensdecemonde.Celuidontlepanduvêtementestpuretprêt,leslibéralitésducœurlui
parviennent.Le pan de ton vêtement, pour recevoir cette libéralité, c’est la
supplicationet laprésence(avecDieu) :prendsgarde,neplacepasdanstonvêtementlapierredel’iniquité,Afinqu’ilnesoitpasdéchiréparcespierresetquetupuissesdistinguer
lamonnaiedebonaloidescouleurs(delafausseté).Tuasremplilepandetonhabitdespierresvenantdecemonde,etaussi
depierresd’argentetd’or,àlamanièredesenfants.Étantdonnéquecetteimaginationd’argentetd’ornefournissaitpasde
l’orvéritable,l’habitdetasincéritéaétédéchiréettonchagrinaugmenté.Comment la pierre apparaîtrait-elle aux enfants comme une pierre,
avantquelaRaisonnesesaisissedupandeleurvêtement?2280 L’aîné(pîr)estlaRaison,noncescheveuxblancs;ceux-cin’ontrienà
faireaveccettefortuneetcetespoir.
Commentl’assembléefutinvitéeparl’invocationetl’intercessiondeDaqûqî,ets’enfuitetdisparutsous
levoileduMondeinvisible;commentDaqûqîfutstupéfait,sedemandants’ilss’enétaientallés
dansl’airousurlaterre
uand le navire fut sauvé et que les voyageurs eurent atteint cequ’ilsdésiraient,aumêmemomentlaprièredecetteassembléesetermina.Ils semirent à chuchoter entre eux, disant : «Ô Père, lequel d’entre
nousestcetimportun?»Chacunparlaitensecretàl’autre,tandisqu’ilsétaientcachésderrièrele
dosdeDaqûqî.Et chacun disait : « Je n’ai pas fait cette invocation maintenant, ni
extérieurementniintérieurement.»L’undit:«Ilsembleraitquenotreimâm,àcausedesonchagrin,aitfait
cetteprièresansdroit.»L’autre dit : «Ô toi qui es familier avec la certitude, celam’apparaît
ainsiégalement.« Il a été importun : poussépar ladétresse, il est intervenuauprèsde
Celuiquichoisit,l’Absolu.« Lorsque je regardai derrière moi pour voir ce que ces nobles
personnagesdisaient,«Jenevisaucund’entreeuxàleurplace: ilsavaient tousdisparude
leurplace.2290 «Ilsn’étaientniàgaucheniàdroite,niau-dessusniau-dessous;mon
œilperçantneputapercevoircetteassemblée.«Oneûtditquec’étaientdesperless’étanttransforméeseneau;iln’y
avaitnitracesdepasnipoussièredansledésert.«Acemoment,ilsétaienttousentrésdanslestentesdeDieu;dansquel
jardinleurgroupeétait-ilallé?« Je restai dans la stupeur,me demandant commentDieu avait rendu
cetteassembléecachéeàmesyeux.»De cette manière, ils s’évanouirent à sa vue, comme des poissons
plongeantdansl’eaud’unruisseau.Pendantdesannées,ilcontinuaàlespleurer;pendantdesviesentières,
ilversaitdeslarmesdenostalgiepoureux.Tupeuxdire:«Commentsefait-ilqu’unhommedeDieuaitàl’esprit
lapenséed’êtreshumainsendehorsdeDieu?»Tuesparalyséici,ôUntel,cartulesconsidèrescommedechair,etnon
d’esprit.Ton échec, ô homme inexpérimenté, provient de ce que, à l’instar du
vulgaire,tulesasprispourdesêtreshumains.Tu les as regardés de la même façon qu’Iblîs le maudit (regardait
Adam):ildisait:«Jesuisdefeu,Adamestdeterre.»2300 Fermepourunmomenttonœilsatanique:combiendetemps,enfin,
considéreras-tulaformeseule?Combiendetemps,combiendetemps?ÔDaqûqî,toidontlesyeuxruissellentdelarmes,va,nerenoncepasà
l’espoir;cherche-les.Va, cherche-les, car la recherche est le fondement de la fortune ; tout
succèsprovientdel’attachementducœur.Sanstesoucierdetouteslesaffairesdecemonde,continueàrépéter,de
toutetonâme,kû,kû(où,où?)commelatourterelle.Considère bien, ô toi qui es voilé, que Dieu a lié l’invocation à Je
répondrai68.Celui dont le cœur est purifié de l’infirmité, son invocation montera
jusqu’auSeigneurdegloire.
Continuationdel’explicationdel’histoiredeceluiqui,autempsdeDavid(surluilapaix),cherchaà
recevoirdeDieudesmoyenslicitesdevivresanstravaillerniprendrede
lapeine,etcommentsaprièrefutexaucée
’histoire m’est revenue à l’esprit : comment ce pauvre hommegémissaitetselamentaitjouretnuit,ImplorantdeDieudesmoyensdevivrelicitessansrecherchenitracas,
nitravail,nidéplacement.Nous avons déjà raconté une partie de ce qui lui arriva, mais un
empêchementintervint.Maintenant, nous allons relater le reste de l’histoire.Où s’envolera-t-
elle,puisquelasagesses’estdéverséesurnousdesnuagesdelagénérositédeDieu?
2310 Lepropriétairedelavachel’aperçutetdit:«Hé,ôtoiàlamalhonnêtetédequimavacheesttombéeenproie,«Dis-moi,pourquoias-tutuémavache?Imbécile!Brigand!Unpeu
deraison!»Il dit : « Je suppliais Dieu dem’accorder le pain quotidien et je me
préparaisuneQibladesupplication,«CetteancienneprièrefutexaucéeparDieu.Lavacheétaitmaration
depainquotidien:jel’aituée.Voilàlaréponseàtaquestion!»L’hommes’avançaaveccolèreetlepritaucollet:ayantperdupatience,
illefrappaauvisageavecsonpoingàmaintesreprises.
CommentlesdeuxadversairesserendirentchezleprophèteDavid
(surluilapaix)
I le conduisit au prophèteDavid, disant : «Viens, fou stupide etcriminel!«Laissecetargumentimbécile,ôimposteur!qu’unpeud’intelligence
viennedanstoncorpsettessens!«Qu’est-cequetudis?Qu’est-cequecetteprière?Nemerispasau
nezetàlabarbe,ôvaurien!»Lepauvrehomme répondit :« J’aioffertbiendesprièresàDieu, j’ai
supportébiendelafatigueetdespeinesdanscettesupplication.« Je possède la certitude que cette prière a été exaucée. Frappe-toi la
têtecontrelespierres,ôimpudent!»2320 IIs’écria:«Hé,rassemblez-vousici,ômusulmans!Voyezles
balivernesetl’insistancedecetimbécile!« Ômusulmans, pour l’amour de Dieu, comment la prière ferait-elle
quemapropriétéluiappartienne?« S’il en était ainsi, au moyen d’une seule prière de cette sorte, le
mondeentieremporteraitparlaforcelespossessionsd’autrui.«S’ilenétaitainsi,lesmendiantsaveuglesseraientdevenusdesgrands
seigneursetdesprinces.« Car ils sont plongés jour et nuit dans l’invocation et la louange de
Dieu,suppliantetcriant:“ÔDieu,donne-nous!“SiTunedonnespas,assurémentpersonnenenousdonnerarien;ôToi
quiouvres,ouvreleverroudecettegénérosité!”« La supplication et la prière sont le moyen par lequel les aveugles
gagnentleurvie,cependantilsn’obtiennentd’autredonqu’unecroûtedepain.»Lesgensdirent:«Cemusulmanditlavérité,etcevendeurdeprières
estquelqu’unquichercheàagirinjustement.« Comment cette prière serait-elle un moyen d’acquérir une
possession?QuandenvéritélaLoireligieusea-t-elleindiquécela?«Une chose devient votre propriété par la vente, la donation, ou par
legsoudonoupardesmoyensdecegenre.2330 «Dansquellivresetrouvecettenouvellerègle?Rendslavacheouva
enprison!»
Lepauvrehommetournaitsonvisagevers lecielendisant :«Nulneconnaîtmonexpérience,saufToi.«Tuasmiscetteprièredansmoncœur,Tuasfaitlevercetespoirdans
moncœur.«Cen’estpasvainementquejeprononçaicetteprière:commeJoseph,
j’avaisfaitdesrêves.»Josephvitensongelesoleiletlesétoiless’inclinantdevantlui,comme
desserviteurs.Ilplaçasaconfianceencesongevéridique;dansledonjonetlaprison,
ilnerecherchariend’autrequecela.Parce qu’il se fiait à cela, il ne se soucia pas de la servitude et des
reproches,qu’ilsfussentnombreuxounon.Ilavaitunegrandeconfianceencerêvequibrillaitdevant luicomme
unechandelle.Lorsqu’ilsjetèrentJosephdanslepuits,uncrivenudeDieuarrivaàson
oreille:«Ôpaladin,unjourtudeviendrasroi,desortequetupuissesleurfaire
hontedecetort(commisàtonégard).»2340 Celuiquipoussececrin’estpasvisible,maislecœur(deJoseph)
reconnutl’Orateurd’aprèsl’effet(desesparoles).Decetteallocution(divine),laforce,lapaixetlesecoursparvinrentau
seindesonâme.Acausedececrimajestueux,lepuitsdevintpourluiuneroseraieetun
banquet,commelefeupourAbraham,Grâce à cette force, il supporta joyeusement chaque affliction qui lui
advintparlasuite,DemêmequelasaveurdélicieusedeNesuis-jepas(votreSeigneur)69?
demeure dans le cœur de chaque vrai croyant jusqu’au Jour de laRésurrection,De tellesortequ’ilnese révoltepascontre la tribulationnin’hésiteà
obéirauxordresetdéfensesdeDieu.La suavité spirituelle rend délicieux l’ordre divin et lui retire son
amertume.Mais celui qui n’a pas savouré ce délice rejette cette amertume avec
dégoût.QuiconquearêvéduJourdel’Alastestenivrédanslavoiedesœuvres
pies,enivré;Comme un chameau forcené, il porte ce lourd fardeau sans faiblesse,
sanshésitationetsansfatigue.
2350 L’écumeautourdesonmuseauattestesonivresseetlabrûluredesoncœur.Enraisondelaforce(quiluiestconférée),lechameaudevientcomme
unlionféroce;soussonlourdfardeau,ilmangepeu.Danssondésirpourlachamelle,ilresteaffamé;lamontagneluiparaît
commeunemèchedecheveux.Mais celui qui n’a pas fait un tel rêve dans l’Alast ne devient pas un
serviteuretunchercheur(deDieu)encemonde.Ou,s’il ledevient, ilest toujoursen traindechangeretde tergiverser
dansl’atermoiement:ilprésentedesremerciements(àDieu)uninstant,etselivreàdesplaintespendantuneannée.IlavanceetreculedansleChemindelaReligionaveccenthésitations
etsansaucunecertitude.Jevousdoiscetexposé.Envérité,jemesuisengagéàlefaireetsivous
êtespressé,écoutezleversetN’avons-Nouspasouvert70?Étant donné que l’explication de ce sujet est sans fin, continuons à
parlerduplaideur(seplaignant)delavache.L’homme (qui avait tué la vache) dit : « Cet imposteur m’a appelé
aveugleàcausedececrime :ôSeigneur,c’estunedéduction toutà faitdiaboliquedesapart.«Quand ai-je prié à lamanière des aveugles ?Quand ai-jemendié à
quiconque,saufauCréateur?2360 «L’aveugle,danssonignorance,placesonespoirenTescréatures;
moi,j’espèreenToiseul,quirendsfacilechaquedifficulté.«Cetaveugle*m’a comptéparmi les aveugles ; il n’apasperçumon
humblesupplicationetmatotaledévotion(enversToi).«Ma cécité est l’aveuglement de l’amour : “L’amour rend aveugle et
sourd,ôHasan.”«Jesuisaveugleà toutautrequeDieu, jesuisrenduvoyantparLui ;
c’estlàcequ’exigel’Amour:n’enest-ilpasainsi?«Toi, qui es voyant, neme considère pas commeaveugle : je tourne
autourdeTagrâce,ôAxedetouteschoses.«DemêmequetuasmontréunrêveàJosephlevéridique,etceluifut
unsecours,«Amoi,aussi,Tagrâceaaccordéunrêve;maprièreincessanten’était
pasunjeu.«Tescréaturesnecomprennentpasmespenséescachéesetconsidèrent
mesparolescommevaines.
«Ilssontendroitdelefaire,carquiconnaîtlemystèredel’Invisible,sinonleConnaisseurdessecretsetCeluiquicachelesfautes?»Sonadversaire luidit : «Tourne tonvisageversmoi !Dis lavérité !
Pourquoias-tutournétafaceversleCiel,mononcle?2370 «Tuusesdefraude,tucausesTerreur,tutevantesd’amouretde
proximitédeDieu.«Étantdonnéquetuesmortspirituellement,commentas-tuosétourner
tafaceversleciel?»Alors un tumulte s’éleva dans la ville, tandis que ce musulman se
couchaitfacecontreterre,S’écriant : «ÔSeigneur, ne rendspasTon serviteur déshonoré ; si je
suismauvais,cependantnedivulguepasmonsecret.« Tu connais la vérité, et les longues nuits pendant lesquelles je
T’imploraisaveccentsupplications.«Bienquecettesupplicationn’aitpasdevaleurauxyeuxdesgens,à
Tesyeux,elleestpareilleàunelampebrillante.»
*Lepropriétairedelavache.
CommentDavid(surluilapaix)entenditcequelesdeuxplaideurs
avaientàdire,etinterrogealedéfendeur
uandleProphèteDavidarriva,ildit:«Hé,quelestlesujetdetoutcela?Qu’est-cequec’est?»Leplaignantdit:«ÔprophètedeDieu,justice!Mavaches’estégarée
danssamaison.«Ilatuémavache.Demandez-luipourquoiilatuémavache,etqu’il
expliquecequiestarrivé.»Davidditaupauvrehomme:«Parle,ôbravehomme!commentas-tu
détruitlapropriétédecettehonorablepersonne?2380 «Prendsgarde!Neparlepasdefaçonincohérente,maisprésenteton
affaire,afinquecetteplainteetcausepuisseêtreréglée.»Ildit:«ÔDavid,pendantseptannées,j’étaisoccupéjouretnuitdans
l’invocationetl’imploration.«Voiciceque jedemandaisàDieu :“ÔDieu, jedésireunmoyende
vivreliciteetsanstracasdemapart.”«Hommeset femmessontaucourantdema lamentation ; lesenfants
peuventdécrirecetévénement.« Demande à qui tu veux de l’information à ce sujet, de sorte qu’il
puissetelediresanstortureetsansencourirdepeine.«Informe-toiauprèsdesgens,tantouvertementquesecrètement,dece
quecemendiantaumanteaurapiécéavaitcoutumededire.«Aprèstoutescesinvocationsetcesgémissements,soudain,jevisune
vachedansmamaison.«Mesyeuxsemouillèrent,nonàcausede lanourriture,maisde joie
quemasupplicationaitétéexaucée.«Jel’aituéepourpouvoirdonnerdesaumônesenremerciementdece
queCeluiquiconnaîtleschosesinvisiblesaitécoutémaprière.»
CommentDavid(surluilapaix)renditsonjugementcontrecelui
quiavaittuélavache
avid dit : « Retire ces paroles et présente ta défense légale danscettecontestation.
2390 «Crois-tuéquitableque,sansunetelledéfense,jepuisseétablirunerègleerronéedanscetteville?« Qui t’a donné cette vache ? L’as-tu achetée ou en as-tu hérité ?
Commentprendras-tularécolte?Es-tulefermier?« Sache que l’acquisition de la propriété est comme l’agriculture : à
moinsquetun’ensemenceslaterre,leproduitnet’appartientpas.«Car tu récoltes ce que tu as semé : c’est à toi.Autrement, cet acte
d’injusticet’estimputé.«Va,donnedel’argentàcemusulman,etneparlepasfaussement.Va,
essaied’emprunterl’argent,paie-leetnecherchepasàmalagir.»«ÔRoi,répondit-il,tumedislamêmechosequelesoppresseurs.»
CommentcettepersonnefitardemmentappelàDieucontrelejugementdeDavid(surluilapaix)
lseprosternaetdit:«ÔToiquiconnaismonardeursecrète,jettecetteflammedanslecœurdeDavid!«MetsdanssoncœurcequeTuas laissé tombersecrètementdans le
mien,ômonBienfaiteur!»Ilparlaainsietsemitàpleureravecdegrandscrisdelamentation,de
sortequelecœurdeDavidfutextrêmementému.«Êcoute,dit-il,ôdemandeurderéparationpourtavache,laisse-moiun
délaiaujourd’huietnet’occupepasdecesujetdedispute,2400 «Desortequejepuissemerendreenunlieusolitaireetdemanderau
Connaisseurdesmystèrescequ’ilenest,tandisquejeseraienprière.«Durantlaprière,j’aicoutumedemetournerainsi(versDieu):c’estlà
ce que signifie la Tradition prophétique : “Le délice que j’éprouve à laprièrerituelle.”«La fenêtredemonâmeestouverte, etde lapuretéde l’invisible, le
LivredeDieumeparvientsansintermédiaire.« Le Livre et la Pluie (de la grâce divine) et la Lumière tombent à
traverscettefenêtre,dansmamaison,àpartirdelasourceoriginelle.»Lamaison sans fenêtre est l’Enfer ; ouvrir une fenêtre, ô serviteurde
Dieu,estlefondementdelaReligion.Nefrappepasdetahachesurchaquebuisson:oh,viensetsers-toide
tahachepourcreuserunefenêtre.Oubiennesais-tupasquelalumièredusoleilestlerefletdeceSoleil
derrièrelevoile?Tusaisquelesanimauxaussiontvulalumièredecesoleil(extérieur);
qu’est-cedoncque:Nousavonsennobli71MonAdam?Je suis plongé dans la Lumière, comme le soleil ; je ne puis me
distinguerdelaLumière.Allerà laprièreetàcette solitudeapourbutd’enseignerauxgens la
Voie.2410 Jerendsleschosesdetravers,afinquecemondepuissedevenirdroit;
c’estlesensde«laguerreestunetromperie»,ôpaladin.Ilnem’estpaspermis (d’endiredavantage) ;autrement,Davidaurait
toutrévéléetauraitfaitpénétrerdanslamerdesmystères.
Davidcontinuaàparlersurce ton,desorteque lacompréhensiondesgensétaitsurlepointd’êtrebrûlée.Alors quelqu’un le saisit par le collet dans son dos, disant : « Je n’ai
aucundoutequantàSonUnité.»Ilrevintàlui,abrégeasondiscours,fermaseslèvresetsedirigeavers
l’endroitoùilseraitseul.
CommentDavidentraenuneretraiteafinquelavérité
semanifeste
l fermalaporte,etallarapidementvers lanichedeprièreetseconsacraàl’invocationquiestexaucéeparDieu.Dieu lui révéla toute l’affaire : il se rendit compte qui était celui qui
méritaitréellementunchâtiment.Lejoursuivant,lesplaideursvinrentetsetinrentenrangdevantDavid.Ainsi les questions soulevées par la querelle revinrent : le plaignant
aussitôtselivraàdeviolentsreproches.
CommentDavidrenditsonjugementcontrelepropriétairede
lavache,luiordonnantdeseretirerduprocèsconcernantlavache;etcommentlepropriétairedelavacheadressadesreprochesàDavid(sur
luilapaix)
avid lui dit : «Tais-toi !Va, abandonne ton action, et acquitte cemusulmandelaresponsabilitédetavache.
2420 «ÉtantdonnéqueDieuajetéunvoilesurtoi,ôjeunehomme,parsetgardelesilenceetreconnaistonobligationderemercierDieudecettedissimulation.»Il s’écria : «Oh,malheur àmoi !Qu’est-ce que ce jugement, quelle
justice?Veux-tuinstaurerunenouvelleloiàmonsujet?«Larenomméedetajustices’estétenduesiloinquelaterreetleciel
ensontdevenusimprégnés.«Unteltortn’ajamaisétéfaitmêmeàdeschiensaveugles:rocheret
montagnesontfendussoudainparcetteiniquité.»Decettefaçon,ilprononçaitdesreprochesenpublic,criant:«Ecoutez,
voiciletempsdel’injustice,écoutez!»
CommentDavidrenditsasentencecontrelepropriétairedelavache,disant:«Donneaudéfendeurta
propriététoutentière.»
près cela, David lui dit : « Ô homme obstiné, donne-luiimmédiatementtoutetarichesse;«Autrement,tasituationdeviendratrèsgrave.Jeteledisafinqueton
crimenesoitpasrendumanifesteàcausedelui.»Ilmitdelapoussièresursatêteetdéchirasonvêtement,encriant:«A
chaqueinstant,tuajoutesuneinjustice.»Anouveau,ilsemitàproférerdesreproches;alors,Davidleconvoqua
ensaprésence,Etdit :«Puisquecen’étaitpastondestin(d’êtresauvé),ôtoidont la
chanceestaveugle,petitàpetittaperversitéaétérenduemanifeste.2430 «Tut’essouillé,etensuitetut’avancesverslesiègeélevéetlaplace
d’honneur.Oh,puissentlesbrindillesetlapailleêtreretiréesàunânetelquetoi!« Va-t’en ! Tes enfants et ton épouse sont devenus ses esclaves à
présent.Nedisplusrien!»Le plaignant se frappait la poitrine des deux mains avec des pierres,
courantçàetlàdanssafolie.Lesgens,euxaussi,semirentàblâmerDavid,carilsignoraientl’aspect
cachédel’actionduplaignant.Comment celui qui est soumis, comme une paille, au vent de la
sensualité,pourrait-ildistinguerl’oppresseurdel’opprimé?Celuiquicoupelatêteàsonmoimauvais—luiseultrouvelemoyen
dedistinguerl’oppresseurdel’opprimé.Autrement cet oppresseur, qui est l’âme charnelle en nous, dans sa
frénésieestl’adversairedel’opprimé.Unchienattaquetoujourslespauvres;autantqu’illepeut,ilinfligedes
blessuresaupauvre.Sacheque les lions éprouvent de la honte,mais non les chiens, parce
quelelionnepourchassepassesvoisins.La populace, qui tue l’opprimé et adore l’oppresseur, leur âme
charnelle,cechien,bondithorsdesonembuscadepoursejetersurDavid.2440 CesgenstournèrentleursvisagesversDavid,disant:«Ôprophète,
choisis,toiquiaspitiédenous,« Cela est indigne de toi, car c’est une injustice manifeste : tu as
rabaisséunhommeinnocentpourrien.»
CommentDavid(surluilapaix),résolutdeconvoquerlepeupleà
unecertaineplaine,afindedévoilerlemystèreetdemettrefinàtoutes
lesdiscussions
l dit : «Ômesamis, le tempsestvenuque son secret caché soitdévoilé.«Levez-voustous,pourquenouspuissionsallernousrendrecomptede
cesecretcaché.« A tel endroit se trouve un arbre énorme, dont les branches sont
épaisses,nombreusesetcourbées.«Sa tenteet sespiquetsde tente sont très solides ;de ses racinesme
parvientl’odeurdusang.« Unmeurtre a été commis au pied de ce bel arbre ; cet homme au
destinfunesteatuésonmaître.«LaclémencedeDieuacachécecrimejusqu’àprésent,maisàlafin,il
aétédécouvert,àcausedel’ingratitudedecevaurien,« Qui, pas un seul jour, ne s’est occupé de la famille de sonmaître,
mêmepasauNouvelAn(Nowruz)etautressaisonsdefêtes,«Etquin’ajamaischerchéàaiderlespauvresavecunseulmorceaude
nourriture, ni ne s’est souvenu des bienfaits qui lui avaient été accordésjadis,
2450 «Etquiacontinuéainsijusqu’àceque,àcaused’unevache,cemauditmisérableaittuélefils(desonmaître).« C’est lui-même, de son propre chef, qui a dévoilé son crime ;
autrement,Dieuauraitdissimulésonpéché.»Danscemondede1’affliction,l’infidèleetledébauchédéchirentleurs
voilesdeleurpropregré.Letortestcachédanslespenséeslesplusintimesdel’âme:celuiqui
faitlemall’exposeauxhommes,Disant:«Regardez-moi!J’aidescornes!Regardezlavachedel’Enfer
(l’âmecharnelle)detousvosyeux!»
Commentlesmains,lespiedsetlalanguetémoignentdusecretdesméchants,mêmeencemonde72
êmeici-bas,donc,vosmainsetvospieds,encommettantlemal,sontdestémoinsdevotreconscienceÉtant donné que votre conscience devient comme un surveillant pour
vousetdit:«Parle!Nedissimulepastespensées.»Et, spécialement aux moments de la colère et des querelles, rend
manifestevotrepenséesecrète,entoussesdétails,Étantdonnéquelemaletl’injusticedeviennentvotretémoinetdisent:
«Révélez-moi,ômainsetpieds.»Et puisque la conscience qui témoigne de la pensée secrète s’empare
des rênes— notamment auxmoments de l’émotion, de la colère, de lavengance—
2460 CetUn,donc,quidésignecetteconsciencecommesurveillant,afinqu’elledéploiel’étendarddusecretsurlechampdebataille,Luiaussipeutcréer,auJourduJugement,d’autressurveillantsafindedévoiler(lespenséessecrètes).Ôtoiquit’esengagétrèsimprudemmentsurlechemindel’injusticeet
desmauvaisesactions,tavraienatureestévidente:cetavertissementn’estpasnécessaire.Iln’estpasnécessairededevenircélèbreenfaisant lemalpourqu’ils
discernenttaconsciencemauvaise.Ton âme charnelle à chaque instant émet cent étincelles, disant :
«Regardez-moi!JesuiscompagneduFeu!«JesuisunepartieduFeu:jevaisversmontout.Jenesuispasfaitede
lumièrequej’ailleauSeigneur.»,A l’instar de cet homme injuste et ingrat qui créa tant de troubles à
caused’unevache.Il avait enlevé (au grand-père du défendeur) cent vaches et cent
chameaux : c’est là le fait de l’âme charnelle : ômon père, sépare- toid’elle.Enoutre, jamais ilnese livraàunehumblesupplicationàDieu ;pas
une seule fois, un cri de«ÔSeigneur ! »ne s’échappade lui dans sonchagrin.«ÔmonDieu,satisfaismonadversaire : si je luiai infligéuneperte,
Toi,jeT’enprie,octroie-luiunprofit.2470 «Sijel’aituéparerreur,leprixdusangincombeàmaparenté:Tuas
étélaparentédemonespritdepuisleJourdel’Alast.»Uncaillounepeutsetransformerenpierreprécieuseparlacontrition;
non,c’estlà,ônobleesprit,lafaçondejugerdel’âmecharnelle(noncelledeDieu).
Commentlesgensserendirentauprèsdecetarbre
uand ils se rendirent à cet arbre, David dit : « Attachez-lui lesmainsfermementderrièrelui,«Afin que je puisse révéler son péché et son crime, et planter sur le
champl’étendarddelajustice.« Ô chien, dit-il, tu as tué le grand-père de cet homme. Tu es un
esclave;parcemoyen,tuesdevenuunseigneur.«Tuastuétonmaîtreetemportésesbiens:Dieuarendumanifestece
quiluiestarrivé.«Ta femmeétait sa servante ; elle a agidemanière injusteenversce
mêmemaître.«Quelsque soient lesenfants, fillesougarçons,qu’elle lui adonnés,
toussontlapropriétédel’héritierdumaître.«Tuesunesclave:tesgainsettesbienssontsapropriété.Turéclamais
laloi:prendslaloi,etva:c’estbienainsi.«Tuas tué tonmaîtrecruellementparviolence, tandisque tonmaître
demandaitpitiéàcetendroitmême.2480 «Danstahâte,tuascachétoncouteaudanslesol,àcausedelaterrible
apparitionquetuasaperçue.«Envérité,satêteetlecouteausetrouventdanslesol.Creusezlaterre,
ainsi!«Surlecouteauaussi lenomdecechienestécrit, luiquiatraitéson
maîtredemanièresiperfideetaffreuse.»Ilsfirentcommeill’avaitordonné,etquandilseurentfaituntroudans
laterre,ilsytrouvèrentlecouteauetlatête.Alorsdegrandes lamentationss’élevèrentauseinde la foule :chacun
coupalaceinturedesonincroyance*.Aprèsquoi,Daviddit aumeurtrier :«Viens,ôdemandeurde justice,
avectonvisagenoirci,recevoirlajusticequit’estdue!»
*Zonar,cordonsacrédesZoroastriens,devenusymboledel’impiété.
CommentDavid(surluilapaix)ordonnaquevengeancefûtfaiteaprèslareconnaissancedela
culpabilitédumeurtrier
lordonnaqu’il fût tuéavec lemêmecouteau :commentunerusepouvait-elleledélivrerdelaconnaissancedeDieu?BienquelaclémencedeDieuoctroiedenombreusesbontés,cependant,
quandlepécheuradépassétouteslimites,Illedévoile.Le sang ne dort pas : le désir de s’enquérir d’une difficulté et de la
résoudresetrouvedanschaquecœur.Ledésirincitéparl’ordreduSeigneurduJourduJugementsurgitdans
laconsciencedetoutunchacun,2490 (Ilsdemandent:)«Commentétait-ceavecUntel?Queluiest-ilarrivé?
Qu’est-ildevenu?»,demêmequelagraineseméepoussehorsdelaterre.Cesinterrogations,letroubledescœursdeshommes,larechercheetla
discussionsontlejaillissementdusangdel’hommeassassiné.Quandlemystèreducasdumeurtriereutétédivulgué,lesmiraclesde
Daviddevinrentdeuxfoisplusévidents.Tousleshommesvinrenttêtenueposerleurtêteenprosternationsurle
sol,Disant:«Nousavonstousétécommedesaveugles-nés,bienquenous
ayonsvudetoidesmerveillesdecentsortes.« La pierre vint te parler ouvertement, et dit : “Prends-moi pour
l’expéditiondeSaül(contreGoliath).”«Tuesvenuavec troiscaillouxetune frondeet tuasmisendéroute
centmillehommes;«Tescaillouxsebrisèrentencentmillemorceaux,etchacunbutlesang
d’unennemi.«Leferdevintcommedelaciredanstamain,quandl’artdefabriquer
descottesdemaillestefutinculqué.«Lesmontagnesdevinrenttesaccompagnatricesreconnaissantes:elles
chantent lespsaumesavectoi,commeceluiquienseignelarécitationduQor’ân.
2500 «Descentainesdemilliersd’yeuxspirituelsfurentouvertset,partonsouffle,furentrendusprêtsàcontemplerl’invisible.«Etcemiracleestplusgrandquetouslesautres,carilestpermanent:
tuoctroieslaviequidureàjamais.»C’est là en vérité l’âme de tous les miracles, qu’ils octroient la vie
éternelleàceuxquisontmorts(spirituellement).Leméchanthommefuttué,etunmondeentierdegensfurentamenésà
lavie:chacundevintànouveauunfidèleserviteurdeDieu.
Expliquantquel’âmecharnelledel’hommeestdanslasituationdumeurtrierquiétaitdevenuun
plaignantàcausedelavache,etqueletueurdelavacheest
l’intellect,etqueDavidestDieu,oulesheihk,quiestledéléguéde
Dieu,grâceàlaforceetausecoursdequiilestpossibledetuerle
méchantmeurtrieretd’êtreenrichiparlepainquotidienspirituel,quin’estpasgagnéparletravailetpourlequeliln’yapasdecompte
ue ton âme charnelle et rends lemonde spirituellement vivant ;elleatuésonmaître:fais-entonesclave.Écoute ! tonâmecharnelleestcomme ledemandeurdecompensation
pourlavache:elles’estfaitemaîtreetpotentat.Letueurdelavacheesttonintellect:va,netefâchepasavecletueur
delavacheducorps.L’intellectestuncaptifetlanguitaprèslepainquotidiendeDieugagné
sanspeine,etleslargessesplacéessurunplateau.Dequoidépendsonpainquotidiengagnésanstravail?Decequ’iltue
lavachequiestàl’originedetoutmal.L’âme charnelle dit : «Comment tuerais-tuma “vache” ? »—car la
“vache”del’âmecharnelleestlaformeextérieureducorps.2510 L’intellect,personnifiéparlepetit-filsdumaître,estlaissédansla
misère,tandisquel’âmecharnelle,lemeurtrier,estdevenueunmaîtreetunchef.Sais-tu ce qu’est le pain quotidien gagné sans labeur ? C’est la
nourrituredel’espritetlepainquotidienduprophète.Maisildépenddusacrificedelavache:sachequeletrésorspirituelse
trouvedanslesacrificedelavache,ôtoiquicherches!Hiersoir,j’aimangéquelquechose,autrement,j’auraislaissélesrênes
danslamaindevotrecompréhension.«Hier,j’aimangéquelquechose»,cesontlàdesmotsvains:toutce
quisepasseprovientdel’intérieurcachédel’homme.
Pourquoiavons-nousfixénosregardssur lescausessecondes,sinousavons appris de ceux doués de vision comment jeter des coups d’œilperçants?Au-delà des causes secondes, il y a d’autres causes (premières) ; ne
regarde pas la cause seconde ; laisse ton regard se fixer sur la causepremière.Les prophètes sont venus pour écarter les causes (secondes), ils ont
projetéleursmiraclesjusqu’auseptièmecieldeSaturne.Sansmoyens,ilsontfendulamer;sanssemer,ilsontrécoltédublé.Le sable, aussi, s’est transformé en farine par leur effort ; le poil de
chèvreestdevenudelasoieparleursmains.2520 LeQor’ântoutentierconsisteàécarterlescausessecondes:sonthème
estlagloireduderviche(leprophèteoulesaint)etladestructiondesAbûLahab*.Unoiseaud’Ababil73 jettedeuxou troiscaillouxetdéfait lapuissante
arméed’Abyssinie;Le caillou d’un oiseau qui vole dans les hauteurs vainc l’éléphant
couvertdeblessures.(Dieu a dit :) « Infligez un coup avec la queue de la vache tuée à
l’homme assassiné, pour qu’à cemême instant il puisse revenir à la viedanssonlinceul74,«Etqueceluidontlagorgeaétécoupéepuissesurgirdesaplaceetse
vengerdesonsangsurceluiquil’aversé.»De la même façon, du début du Qor’ân à la fin, il est entièrement
occupédel’abandondescausesetdesmoyens.Etc’esttout.L’explicationde cemystère n’est pas fournie par l’intellect intrigant :
servezDieu,afinquecelapuissedevenirclairpourvous.Le philosophe est asservi aux choses perçues par l’intellect ; mais le
saintestceluiquichevauchecommeunprincesurl’intellectdel’intellect(l’intelligenceuniverselle).L’Intellect de l’intellect est votre noyau, tandis que votre intellect est
seulementl’écorce:leventredesanimauxesttoujoursàlarecherchedesécorces.Celui qui recherche l’écorce a cent dégoûts pour l’écorce : pour les
saints,seullenoyauestlicite,licite.2530 Quandl’intellect,l’écorce,présentecentpreuves,commentlaRaison
universelleferait-elleunpassansavoirunecertitudeintuitive?L’intellectnoircitentièrementles livres(avecl’écriture) ; l’intellectde
l’intellectgardeleshorizonsremplisdelalumièrevenantdelaLune(delaRéalité).Ilestdénuédenoirceuretdeblancheur:lalumièredesaluneselèveet
brillesurlecœuretl’âme.Siceblancetnoir(encreetpapier)ontacquisquelquepouvoir,c’estde
laNuitduDécret75,quibrillacommeuneétoile.La valeur du sac et de la bourse vient de l’or : sans l’or, le sac et la
boursenevalentrien.Demêmequelavaleurducorpsprovientdel’âme,lavaleurdel’âme
vientdurayonnementdel’Amedesâmes.Si l’âme était à présent vivante sans ce rayonnement, Dieu aurait- il
jamaisappelélesinfidèles«morts76»?Viens,parle!carlaParolecreuseuncanal,afinqu’unpeud’eaupuisse
parveniràunegénérationaprèsnous.Bienquedanschaquegénérationilse trouvequelqu’unquiapporte la
Parole (deDieu), cependant, cequ’ontdit ceuxqui sontpartis avant estuneaide.N’est-il pas vrai que le Pentateuque et l’Évangile et les Psaumes ont
attestélavéritéduQor’ân,ôtoiquiesreconnaissant?2540 Rechercheungagne-pain(spirituel)sanslabeuretsanscompte,desorte
queGabrielpuisset’apporterdespommesduParadis;Ouplutôt,ungagne-painvenantduSeigneurduParadis,sanspeinede
lapartdujardinieretsanslafatiguedesemer.Étantdonnéquedanscepainspirituellebienfaitconféréparlepainest
ledondeDieu,Iltedonnecebienfaitsansfairedel’écorceunmoyen.Legoûtestcaché;laformeextérieuredupainestcommeunenappe:le
painquiestsansnappeestuneportionréservéeausaint.Comment, en dépit de tous tes efforts et recherches, obtiendras- tu le
moyendevivrespirituel,exceptégrâceà la justicedusheikhquiest tonDavid?Quandl’âmecharnellevoitquetespassontunisàceuxdusheikh,bon
gré,malgré,elletedevientsoumise.C’est alors seulement que le propriétaire de la vache devint soumis,
lorsqu’ileutconnaissancedesparolesdeDavid.L’intellect,enquêtedelavérité,dominevotremisérableâmecharnelle
seulementlorsquelesheikhluivientenaide.L’âmecharnelleestundragonavecuneforceetunerusecentuplées:le
visagedusheikhestl’émeraudequiluiarrachel’œil*.
Situdésiresquelepropriétairedelavachesoitabaissé,dirige-ledanscette direction (du sheikh) comme tu conduirais des ânes, ô hommeobstiné!
2550 Quandil(ledragon)s’approchedusaint,quiesttoutprèsdeDieu,salangue,longuedecentaunes,estraccourcie.Il possède cent langues, et chacune a cent langages : saperfìdie et sa
rusesontindescriptibles.Leplaignantpourlavache,l’âmecharnelle,estéloquentetprésentedes
centainesdemilliersdepreuvesinexactes.Iltrompetoutlemondedanslacité,exceptéleroi:ilnepeutégarerle
roisagace.L’âme charnelle a la glorification deDieu sur la langue et le Qor’ân
danssamaindroite;maisdanssamanche,setrouventpoignardetépée.Necroisepas sonQor’ânet sonostentationhypocrite,nedevienspas
sonconfidentetcamarade;Car cela t’amènera au bassin pour accomplir l’ablution rituelle, et te
jetteradanssonfond.L’intellectestlumineuxetrecherchelavérité:commentlasombreâme
charnellel’emporte-t-ellesurlui?Elle le fait parce qu’elle est chez elle, tandis que ton intellect est un
étranger:lechienàsapropreporteestunlionterrible.Attendsqueleslionsretournentàlajungle(del’au-delà)etceschiens
aveugles(lesâmescharnelles)croironteneuxlà-bas.2560 Lecommundesgensdanslaciténeconnaissentpaslaperfidiedel’âme
charnelleetducorps:l’âmecharnellen’estsoumisequeparl’inspirationdivinedanslecœur.Quiconque est son congénère devient son ami, excepté, bien sûr, le
Davidquiestvotresheikh;Car il a été transmué, et celuiqueDieua installédans lademeuredu
cœurn’estpluslecongénèreducœur.Tous les autres sont infirmes en réalité ; il est certain que l’infirmité
s’associeavecl’infirmité.ChaquepersonnesansvaleurprétendêtreDavid;celuiquiestdénuéde
discernements’attacheàlui.Il entend l’oiseleur imiter l’oiseau et, comme un oiseau stupide, il se
dirigedanscettedirection.Ilnedistinguepas le faitde la fiction : il est égaré.Viens,enfuis- toi
loindelui,mêmes’ilteparaîtspirituel.Ce qui a poussé (réellement) et ce qui a été attaché représentent la
mêmechosepourlui:bienqu’ilpuisseprétendreàlacertitudeintuitive,ilest,enfait,dansledoute.Siunetellepersonneestdouéed’uneintelligencetrèsvive,cependant,
quandellenepossèdepascettefacultédediscernement,c’estunimbécile.Attention,enfuis-toiloindeluicommeledaimdulion:netehâtepas
hardimentverslui,ôhommesage!
*OncleennemiduProphète.*Selonunecroyancepopulaire,lavued’uneémeraudeaveuglelesserpents.
CommentJésus(surluilapaix)sesauvaausommetd’unemontagne
pouréchapperauximbéciles
2570 ésus,filsdeMarie,sesauvaitversunemontagne;oneûtditqu’unliondésiraitversersonsang.Uncertainhommecourutaprèsluietdit:«Celava-t-il?Personnene
tepoursuit:pourquoit’enfuis-tucommeunoiseau?»Maislui(Jésus)continuaitàcourirentoutehâte,sivitequ’enraisonde
cettehâteilneluiréponditpas.Il continuaàpoursuivre Jésus surunedistanced’unoudeuxchamps,
puisils’adressaàJésusavecleplusgrandsérieux,Disant : « Afin de plaire à Dieu, arrête-toi un instant, car j’ai une
difficultéconcernanttafuite.«Dequit’enfuis-tudanscettedirection,ôhommenoble?Iln’yapas
de lion qui te poursuive, pas d’ennemi, et il n’y a pas de crainte ni dedanger.»Ildit:«Jem’enfuisloindesimbéciles.Va-t’en!Jemesauve.Nem’en
empêchepas!»«Ehquoi!dit-il,n’es-tupasleMessieparquilesaveuglesetlessourds
sontguérisdeleurinfirmité?»Ildit:«Oui.»L’autredit:«N’es-tupasleRoienquilessortilègesdu
mondeinvisibleontleurdemeure,«De sorteque,quand tu récites ces sortilèges surunhommemort, il
bonditcommeunlionquiasaisisaproie?»2580 IIdit:«Oui,c’estmoi.»L’autredit:«Nefaçonnes-tupasdesoiseaux
vivantsavecdel’argile,ôhommerayonnant?»Ildit:«Oui,c’estmoi.»L’autredit:«Alors,ôpurEsprit,tufaistout
cequetuveux:dequias-tupeur?«Avecdetellespreuves(miraculeuses),quidanslemondenevoudrait
pasêtrel’undetesesclaves?»Jésusdit:«ParlasainteEssencedeDieuquiafabriquélecorpsetcréé
l’âmedansl’éternité;«ParlasaintetédelapureEssenceetdesAttributsdeCeluiparquile
Cielestravi,« (Je jure)que les sortilègeset lePlusGrandNom(deDieu)que j’ai
prononcéssurlessourdsetlesaveuglesétaientbons(dansleurseffets).
«Jelesaiprononcéssurlamontagnedepierre;elleaétéfendueetadéchirésurelle-mêmesonmanteau;« Je les ai prononcés sur le cadavre : il est revenu à la vie. Je les ai
prononcéssurlanon-entité:elleestdevenueentité.«Jelesaiprononcéstendrementsurlecœurdel’imbéciledescentaines
demilliersdefois,etcelanel’apasguéri.« Il est devenu dur comme un roc et ne s’est pas départi de cette
disposition;ilestdevenudusabled’oùnepousseaucunproduit.»2590L’autredit:«QuelleestlaraisonpourlaquelleleNomdeDieua
étéefficacedanscescas-là,tandisqu’iln’apasopéréici?« Cette infirmité est une maladie, et cette stupidité est aussi une
maladie : pourquoi leNom deDieu n’a-t-il pas guéri l’une, puisqu’il aguéril’autre?»Jésusdit :«Lamaladiede lastupiditévientducourrouxdeDieu ; la
maladie (physique) et la cécité n’en proviennent pas : elles sont uneépreuve.»L’épreuveestunemaladiequiapporteavecellelamiséricorde(divine):
lastupiditéestunemaladiequientraînelerejet.Ce qui marque d’opprobre (l’imbécile), c’est Dieu qui l’a infligé ;
aucunemainnepeutluiappliquerunremède.Enfuis-toi loin des imbéciles, quand tu vois que Jésus s’est enfui loin
d’eux : combiende sangn’a-t-ilpasétéversépar l’associationavecdesimbéciles!L’airabsorbel’eau,petitàpetit:demême,l’imbécileteprive-t-ildeta
religion.Ils’emparedetachaleurettedonnedufroid,commeceluiquimetune
pierresoustonséant.La fuite de Jésus n’était pas causée par la peur, car il n’a rien à
craindre:c’étaitdansledesseindedonnerunenseignement.Mêmesiunefroidureintenseremplitlemonded’unboutàl’autre,quel
malcelacauserait-ilausoleilradieux?
HistoiredupeupledeSabaetdeleurstupidité,etcommentlesexhortationsdesprophètesne
produisentaucuneffetsurlesimbéciles
2600 emesouviensdel’histoiredupeupledeSaba—commentleurzéphyr(saba)futtransforméenpestilence(waba)parlesparolesdesimbéciles.CeroyaumedeSabaressembleàlagrandevilledontparlentlesenfants
dansleurscontes.Lesenfantsracontentdeshistoires,maisdansleurshistoiressontcachés
maintsmystèresetleçons.Bien que dans leurs histoires, ils racontent des choses ridicules,
cependant,danstouteslesruines,onpeuttoujourschercheruntrésor77.Ilyavaitunefoisunevilletrèsgrande,énorme,maissadimensionétait
celled’unesoucoupe,pasdavantage.Elle était extrêmement grande, large et longue, aussi grande qu’un
oignon.Lesgensdedixcitéss’ytrouvaientassemblés,maisletoutconsistaiten
troisgaillardsauvisagesale.A l’intérieur de la ville, il y avait d’innombrables gens, mais le tout
consistaitentroismendiantsstupides.LesâmesquinesesontpashâtéesversleBien-Aimé—mêmesielles
sontdesmilliers—nesontcependantquelamoitiéd’uncorps.L’undestroisvoyaitauloin,etilétaitaveugle—aveugleàSalomonet
voyantlapatted’unefourmi;2610 Etlesecondavaituneouïetrèsfineetétaitextrêmementsourd:un
trésordanslequelnesetrouvepaslepoidsd’ungraind’orged’or;Et l’autre était nu, découvert, impudique ; mais les pans de son
vêtementétaientlongs.L’aveugle dit : «Voyez, une armée approche : je vois qui ils sont et
combien.»Lesourddit :«Oui, j’ai entendu leursvoixet je saiscequ’ilsdisent
ouvertementetensecret.»L’homme nu dit : « J’ai peur qu’ils coupent quelque chose de la
longueurdemarobe.»
L’aveugledit:«Voyez,ilsapprochent!Levons-nousetenfuyons-nousavantleurscoupsetleurschaînes.»«Oui,ditlesourd,lebruits’approche.Allons,mesamis!»L’hommenudit:«Hélas,parcupidité,ilscouperontmonvêtement,et
jesuissansprotection.»Les trois quittèrent la ville et s’avancèrent et dans leur fuite entrèrent
dansunvillage.Danscevillage,ilstrouvèrentunevolaillegrasse,maissansunboutde
chairsurelle:c’étaitaffreux.2620 Unevolaillemorteetdesséchée,etdontlesos,àforced’avoirété
picoréspardescorbeaux,étaientdevenusnuscommedesfils.Ils enmangèrent commeun lion se repaît de sa proie : chacun d’eux
devintrassasiécommeunéléphant,enenmangeant.Tous les trois en mangèrent, et devinrent excessivement gros ; ils
devinrentcommetroisgrandsetgroséléphants,Atelpointquechaquejeunehomme,àcausedesagrosseur,étaittrop
corpulentpourêtrecontenudanslemonde.En dépit de cette grosseur et de ce corps volumineux, ils bondirent à
traversunefissuredelaporteetpartirent.Lechemindelamortdescréaturesestunchemininvisible:iln’estpas
perceptibleauxyeux:c’estunlieumerveilleuxdedépart.En vérité, les caravanes se suivent l’une après l’autre à travers cette
fissurecachéeàlavuedanslaporte.Sivousregardez laportepoury trouver lafente,vousne la trouverez
pas : elle est extrêmement inapparente, bien que tant de cortèges latraversent.
Expliquantcequesignifientl’aveugleàlavueperçante,lesourdàl’oreillefine,etl’hommenuaux
longuesjupes
achequel’Espoirestl’hommesourdquiasouvententenduparlerdelamort,maisnondesapropremort,nin’aconsidérésapropremaladie.L’aveugleestl’Envie:ilvoitlesfautesd’autrui,détailpardétail,etles
racontederueenrue,2630 Maissesyeuxaveuglesneperçoiventpasunatomedesespropres
fautes,bienqu’ilsoitundécouvreurdefautes.L’hommenucraintque lepande sonvêtement soit coupé : comment
pourrait-oncouperlevêtementd’unhommenu?L’hommeattachéauxchosesdecemondeestpauvreet terrifié : ilne
possèderien,maisapeurdesvoleurs.Ilestvenusansrienets’envatoutnu,ettoutletempssoncœursaigne
d’inquiétudeàcausedesvoleurs.A l’heurede lamort,quandcent lamentations s’élèvent auprèsde lui,
sonespritsemetàriredesespropresfrayeurs.A ce moment, l’homme riche sait qu’il n’a pas d’or ; l’homme
intelligent,luiaussi,saitqu’ilestdépourvudetalent.C’est comme lorsqu’un enfant a son tablier rempli de morceaux de
poterie:iltremblepoureux,àl’instardupossesseurderichesses.Sionluienlèveunmorceau,ilsemetàpleurer;etsionleluiredonne,
ilsemetàrire.Puisque l’enfantn’estpasdouédeconnaissance,sespleursetsonrire
n’ontpasd’importance.Étantdonnéquelericheconsidéraitcequin’étaitqu’unprêtcommesa
propriété,iltremblaitpourcetterichessevaine.2640 IIrêvequ’iladel’argentetapeurduvoleurquipeuts’enemparer.
QuandlaMortluitirel’oreilleetleréveilledesasomnolence,alorsilseprendàriredesesfrayeurs.Demêmetremblentcessavantséruditsquipossèdentl’intelligenceetla
connaissancedecemonde.C’est au sujetdeceshommesaccompliset intelligentsqueDieuadit
dansleQor’ân,Ilsnesaventpas78.Chacun d’eux craint que quelqu’un lui prenne de son temps, il
s’imagineposséderunemassedeconnaissances.Il dit : « Ilsme font perdredu temps»,mais en réalité, il n’apasde
tempsquisoitprofitable.Il dit : « Les gens m’ont arraché à mon travail », mais son âme est
plongéetoutentièredansl’oisiveté.Commel’hommenu,ilesteffrayéetdit:«Jetraîneunelonguejupe:
commentlasauverais-jedeleursgriffes?»Ilconnaîtcentmillesujetssuperflusenrapportaveclessciences,mais
cethommeinjusteneconnaîtpassapropreâme.Il connaît les propriétés particulières de chaque substance ; pour
comprendresapropreessence,ilestignorantcommeunâne,2650 Disant:«Jesaiscequiestliciteetillicite.»Tunesaispassitoi-même
tuespermisouprohibé.Tuconnaiscettechose liciteetcettechose illicite,maises-tu liciteou
illicite?Réfléchisbien!Tu sais quelle est la valeur de chaque article demarchandise : tu ne
connaispastaproprevaleur,c’estdelafolie.Tuesdevenufamilieraveclesastresfavorablesoudemauvaisaugure:
tuneregardespaspourvoirsituesfortunéou(spirituellement)souillé.Cela,cela,c’estl’âmedetouteslessciences—quetusachescequetu
serasauJourduJugement.TuesaucourantdesélémentsessentielsdelaReligion,maisconsidère
taproprenatureetvoissicelaestbien.Tes propres fondements valentmieux pour toi que les deux branches
fondamentales (de laReligion) (Jurisprudenceet théologie),desortequetupuissesconnaîtretaproprenatureessentielle,ôhommemûr.
DescriptionduluxedelacitédesSabéens,etleuringratitude
eur nature était fondamentalement mauvaise : ces habitants deSabarepoussaientlesmoyensconduisantàlarencontredeDieu,Alors qu’il leur avait donné tant de propriétés et de vergers et de
prairies,detouscôtés,pourleursloisirs.Lesfruitstombaientsurlesolavecunetelleabondancequ’iln’yavait
pasdeplacepourtraverserlaroute,2660 Carlaquantitédefruitsrépandusbloquaitlechemin;levoyageurétait
stupéfaitdevantcetteabondance.Dansleursbosquets,parlachutedesfruits,unpanierplacésurlatêtese
remplissaitinvolontairement.C’estlabrisequidispersaitlesfruits,nonquelqu’un:parcesfruits,une
multitudedejupesseremplissaient.D’énormes grappes, étant descendues très bas, frappaient la tête et le
visageduvoyageur.En raison de l’abondance d’or, un chauffeur de bains aurait pu se
ceindrelatailled’uneceintureenor.Leschienspiétinaient lesgâteauxsous leurspattes ; le loupdudésert
avaituneindigestiondenourriture.Villesetvillagesn’avaientplusrienàcraindredesvoleursetdesloups;
lachèvren’étaitpaseffrayéemêmeparleloupféroce.Sij’expliquaistouteslesbénédictionsoctroyéesàcepeuple,lesquelles
augmentaientdejourenjour,Cela m’empêcherait de traiter de sujets importants. Les prophètes
apportèrent(auxSabéens)l’ordre(divin):«Soisdroit79.»
CommentlesprophètesvinrentdelapartdeDieupouradmonesterle
peupledeSaba
reizeprophètess’yrendirent:tousétaientprêtsàguiderceuxquis’étaientégarés,
2670 Disant:«Venez,lesbienfaitsontaugmenté:oùestl’actiondegrâces?Silecoursierdelareconnaissanceestendormi,fais-lesemouvoir.«Auxyeuxdelaraison, ilestnécessairederemercier leBienfaiteur;
autrement,laporteducourrouxéternelseraouverte.«Ecoutez,contemplezlatendressedeDieu!Et,envérité,quid’autre
queDieuagiraitainsi—secontenterd’unseulremerciementpourdetelsbienfaits?«Iloctroieunetêteetnedemandecommeremerciementqu’uneseule
prosternation;Iloctroiedespieds,etnedemandeenremerciementquedes’agenouiller.»Les gens dirent : « La goule a emporté nos remerciements, nous
sommes devenus las d’offrir des remerciements et de recevoir desbienfaits.«Noussommesdevenussidégoûtésdelagénérositéquenilapiéténi
lepéchénenousplaisent.«Nousnedésironspasdesbienfaitsetdesvergers :nousnedésirons
pasdesmoyensdeplaisiretdeloisir.»Les prophètes dirent : « Dans vos cœurs se trouve unemaladie d’où
provientdel’ingratitude,«Etparquoileprofitesttotalementtransforméenmaladie;comment
lanourrituredeviendrait-elleunesourced’énergiepourlesmalades?«Combiendedouceurstesont-ellesadvenues,ôtoiquipersistes(dans
le péché), et toutes ont perdu leur douceur et leur pureté est devenuetrouble!
2680 «Tuesdevenul’ennemidecesdouceurs:quellequefûtlachosesurlaquelletuposaistamain,elleperdaitsadouceur.»Quiconque devint ton familier et ton ami t’est apparu comme vil et
méprisable.Etquiconqueaussi,quienréalitéteseraithostile,est,danstonopinion,
trèsgrandetvénérable.Cette(fausseopinion)estdueaussiàl’effetproduitparlamaladie:son
poisons’insinueentoutcequiluiestassocié.Ilconvientquetutedébarrassesrapidementdecettemaladie,caravec
ellelesucresembleradégoûtant;Chaquedouceurquiteparvientdevientamère:sil’EaudelaViearrive,
ellesetransformeenfeu.Cettequalité(mauvaise)estl’élixirdelamortetdumalheur:parelle,
taviespirituellesetransformeàlafinenmort.Ilyavaitmaintalimentparlequeltonespritétaitrevigoré:quandila
pénétrédanstoncorps,ilestdevenunauséabond.Maint être cher fut poursuivi par toi avec des faveurs ; quand il est
devenutaproie,ilestdevenusansvaleuràtesyeux.Lorsque, par sincérité, l’amitié de l’intellect avec l’intellect naît, à
chaqueinstantl’affections’accroît;2690 Maissoisassuréquel’amitiédel’âmecharnelleavecn’importequelle
âmecharnellevileestrapidementdiminuée,Parcequesonâmecharnellefavoriselamaladieetbientôtcorromptla
relationamicale.Si tu ne veux pas que ton ami te soit hostile le lendemain, choisis
l’amitiéaveclesgensintelligentsetavecl’intellect.Étantdonnéquetuesinfectéparlepoisondel’âmecharnelle,quoique
tupuissesprendre,tucommuniqueslamaladie.Situprendsunepierreprécieuse,elledevientunepierreordinaire;etsi
tuprendslatendresseducœur,elledevientdel’hostilité.Et si tu prends une belle parole originelle, elle devient insipide et
vulgaire.« J’ai entendu celabiendes fois ; c’est devenuusé : dis-moiquelque
chosed’autre,ômonami.»A supposer qu’ait été dit quelque chose de neuf à nouveau, le
lendemain,tuesécœuréettuyesopposé.Écarte cette maladie : quand la maladie sera enlevée, chaque vieille
histoiretedeviendranouvelle,De telle sorte que ce qui est vieux donnera naissance à de jeunes
feuilles;cequiestvieuxferafleurircentgrappesaufossé.2700 Noussommeslesmédecinsspirituels,lesdisciplesdeDieu:lamer
Rougenousaaperçusetsestfendue80.Lesmédecinsdelanaturesontdifférents,carilsregardentdanslecœur
aumoyendupouls.Nous regardons profondément dans le cœur sans intermédiaire, parce
que,grâceàlaclairvoyance,nousvoyonsleschosesdetrèshaut.
Ceux-là sont les médecins de l’alimentation ; grâce à eux, l’âmeanimaleestrendueforte.Noussommes lesmédecinsdesactionsetdesparoles : le rayonde la
lumièredelaMajestédivinenousinspire,De sorte que nous savons que telle action sera bénéfique, tandis que
telleautret’éloigneradelaVoie;Etquedesparolescommecelles-citeconduirontàlagrâce,tandisque
desparolescommecelles-làt’apporterontdestourments.Pour ces autres médecins, un échantillon d’urine constitue un signe,
tandisquepournouslesigneestl’inspirationduTout-Puissant.Nous ne désirons un salaire de la part de personne : notre salaire
provientd’unLieusaint.Allons,venezfairesoignercettemaladieincurable!Chacundenousest
unremèdepourceuxquisontspirituellementmalades.
CommentlesgensdeSabaexigèrentdesmiraclesdelapart
desprophètes
2710 esgensdirent:«Ôimposteurs,oùestlapreuvedevotreconnaissancedelamédecineetdevotreutilité?« Puisque vous êtes, comme nous, asservis aux mêmes sommeil et
nourritureetquevousfaitespartiedumêmetroupeau,«Puisquevousêtesprisaupiègedecetteeauetdecetteterre,comment
êtes-vousleschasseursduSimorgh,quiestlecœur?«L’amourdupouvoiretdel’autoritéconduitunhommeàsecompter
aunombredesprophètes.«Nousneprêteronspas l’oreilleàcesvantardisesetàcesmensonges
pourêtrelesvictimesdelatromperie.»Les prophètes dirent : « Ceci provient de votre maladie : la cécité
originelledevoscœursestl’écranquivousempêchedevoirlavérité.«Vous avez entendu notre appel, et cependant vous ne voyez pas ce
joyaudansnosmains.«Cejoyauestunemiseàl’épreuvedesgens:nouslefaisonstourner
devantleursyeux.»«Quiconquedit:“Oùestlapreuve?”sesparolessontlapreuvequ’il
nevoitpaslejoyauetestenproieàl’aveuglement.»Siunsoleilvenaitàparleretdisait:«Lève-toi!carlejours’estlevé:
debout,nediscutepas!»2720 Etquetudises:«Ôsoleil,oùestlapreuve?»Ilterépondrait:«Ô
aveugle,supplieDieuqu’Iltedonnedesyeux.»Si quelqu’un cherche une lampe en plein jour, le fait même de sa
rechercheindiquesacécité.Etsitunevoispaslalumièredujour,maisquetut’imaginesquec’est
l’aubeetquetuesvoilé,Ne proclame pas ta cécité avec ces paroles ; reste silencieux et dans
l’attentedelagrâcedivine.Direaumilieudujour«Oùestlejour?»,c’estsecouvrirdehonte,ô
chercheurdujour.La patience et le silence attirent la miséricorde divine, tandis que
cherchercettepreuveestunsigned’infirmité.Obéis à l’ordre divin Soyez silencieux81, afin que la récompense de
SoyezsilencieuxpuisseveniràtonâmedelapartduBien-Aimé.SitunesouhaitespasfaireunerechuteenprésencedeceMédecin,jette
surlesoltonor(zar)ettatête(sar),ôhommeintelligent.Vends tes discours superflus et achète le sacrifice de ta vie, et le
sacrificedetaposition,etlesacrificedetonor,QueSagrâceàLui (Hu)puisseprononcer tes louanges,de telle sorte
queleCielenvieratonhautrang.2730 Quandvousconsidérerezlescœursdesmédecins,vousaurezhontede
vous-mêmes.Iln’estpasaupouvoirdesêtrescréésd’enlevercettecécité,maislefait
quevoushonoriezcesmédecinsprovientdelaDirectiondivine.Soyezdetoutevotreâmedévouésàcesmédecins,afind’êtreremplisde
muscetd’ambre.
Commentlesgenssoupçonnèrentlesprophètes
esgensdirent :«Tout cela, c’estde la fraudeetde laperfidie ;commentDieuferait-ilSonmessagerdeZaydetBakr(UntelouUntel)?«Chaqueambassadeurduroidoitêtredelamêmesortequeleroi:que
sontl’eauetl’argileencomparaisonduCréateurdescieux?« Sommes-nous devenus des ânes pour penser, comme vous, qu’un
moucheronpeutêtreleconfidentduhoma?« Qu’est-ce qu’unmoucheron en comparaison du homa ? Qu’est- ce
que la terre encomparaisonavecDieu?Quelle relationavec l’atome lesoleildansleciela-t-il?«Quelleressemblanceoffrecela,etquelrapport,quecelapuisseentrer
dansuncerveauetunesprit?»
Histoiredeslièvresquienvoyèrentunlièvreenambassadeauprèsdel’éléphant,luiordonnantdedire:
«Jeviensverstoicommeambassadeurdelalunedansleciel,pourtediredeprendregardeànepasboireàcettefontaine»,ainsi
qu’ilestracontétoutaulongdanslelivredeKalilaetDimna
ela ressemble aux dires d’un certain lièvre : « Je suisl’ambassadeurdelaluneetlecompagnondelalune.»Car toutes les bêtes de chasse étaient dans la détresse, à cause d’un
troupeaud’éléphantsquirestaitprèsdecettesourcelimpide.2740 Tousétaientprivésd’eauettenusloindelasourceparlacrainte;étant
donnéqueleurforceétaitinférieure,ilseurentrecoursàunstratagème.Du sommet de la montagne, le vieux lièvre cria aux éléphants la
premièrenuitdelanouvellelune:« Viens le quatorze, ô roi éléphant, afin de pouvoir trouver dans la
fontainelapreuvedececi.« Ô roi éléphant, je suis l’ambassadeur auprès de toi. Arrête ! Les
ambassadeurs ne sont pas soumis à l’emprisonnement, la violence et lacolère.«La lunedit : “Ôéléphants,partez.Cette sourceest àmoi, éloignez-
vous-en;“Sinon,jevousrendraiaveugles.J’aidéclarélemalquevousfaiteset
j’airejetédemoncou(touteresponsabilité).”«Allez-vous-enloindecettesourceetpartez,afind’êtrepréservésdes
coupsd’épéedelalune.«Lapreuvedeceque j’avanceestque la lunereflétéedans lasource
seratroubléeparl’éléphantassoiffé.«Viens, et sois présent telle nuit, ô roi éléphant, afin que dans cette
sourcetupuissesdécouvrirlapreuve.»Lorsqueseptethuitnuitsdumoissefurentécoulés,leroiéléphantvint
pourboireàlasource.2750 Lorsque,cettenuit-là,l’éléphantmitsatrompedansl’eau,l’eaufut
troublée,etlalunetémoignasontrouble.
L’éléphant ajouta foi à ce discours du lièvre, quand la lune dans lasourcemontradutrouble.«Ôassembléedesprophètes,nousnedevonspasêtremisaunombrede
ceséléphantsstupidesquiétaientterrifiésparletroubledelalune.»Les prophètes dirent : «Ah, notre exhortation spirituelle n’a fait que
rendrevotreesclavagecharnelplusterrible,ôimbéciles!»
Commentlesprophètesrépondirentàleursmoqueriesetleurdirent
desparaboles
h!hélas,danslecasdevotremaladie,leremèdeestdevenupourvouslepoisondelavengeancedivinequiaffligelesâmes.« Cette lampe (de l’exhortation) a augmenté la cécité de vos yeux,
puisqueDieuaplacédevanteuxlevoileducourroux.« A quelle domination aspirerions-nous de votre part ? Car notre
dominationestplusvastequeleciel.« Quelle gloire de mer de perles pourrait-elle acquérir du navire ?
(Surtoutd’unnavirequiaétéremplid’ordures?)«Oh ! hélaspour cetœil aveugle et obscurci ! Ici, un soleil semblait
aussiinsignifiantqu’unatome.«EnunAdamquiétaitsanspareilniégal,l’œild’Iblîsnediscernarien
d’autrequ’unmorceaud’argile.2760 «L’œildiaboliqueperçutleprintempsd’Adamcommeunhiver;ilse
tournaverssonorigine.« Oh, combien de bonheurs arrivent de temps à autre à l’homme
infortuné,etils’endétourne!« Oh, combien de bien-aimées viennent incognito à un homme
malchanceux,etilnesaitpasrendrecetamour!«Ainsi, ce qui égare l’œil est notre damnation, et ce qui détourne le
cœurestunmauvaisdestin.«Puisquepourvousl’idoledepierreestdevenueunobjetd’adoration,
lamalédictiondeDieuetl’aveuglementvousontégarés.« Quand votre pierre est un associé convenable pour Dieu, comment
l’intellect et l’esprit ne sont-ils pas des confidents convenables pourDieu?«Lemoucheronmortestdevenul’associéduhoma;comment,alors,le
vivant(leprophète)neserait-ilpasdigned’êtreleconfidentduroi?« Ou peut-être est-ce parce que le moucheron mort est façonné par
vous,tandisquelemoucheronvivantestfaçonnéparDieu.«Vousêtesamoureuxdevous-mêmesetdelachosefabriquéeparvous-
mêmes:pourlesqueuesdeserpents,latêteduserpentestleguide.«Danscettequeue,iln’yanichancenibonheur;danscettetête,iln’y
aniplaisirnidélice.
2770 «Laqueueduserpenttourneautourdelatête:cesdeuxsontfaitsl’unpourl’autre.»Ainsi parle le Sage de Ghazna (Sanâ’î) dans le llâhi-nâma si vous
l’écoutezbien:«Ne te conduis pas commequelqu’unqui interfère dans le décret de
prédestination:laformedel’âneconvientàl’oreilledel’âne.»Les membres et les corps s’accordent entre eux, les qualités sont en
accordaveclesâmes.Indubitablement, la qualité de chaque âme s’accorde avec l’âme ; car
Dieul’afaçonnéeenconséquence.Étantdonnéqu’ilajointlaqualitéàl’âme,sachequelaqualitéluiest
accordée,commelesyeuxetlevisage.Lesqualités(bonnesetmauvaises)sontaccordéesdanslesâmesbonnes
etmauvaises:enaccordsontleslettresqueDieuaécrites.L’œiletlecœursontentredeuxdoigtscommeuneplumedanslamain
del’écrivain,ôHusain.CesontlesdoigtsdelaGrâceetduCourroux,etentreeuxsetrouvele
cœur,dansunétatdedétresseoudejoiecauséparcesdoigts.Ôplume,si tuneglorifiespasDieu,considèreentrequelsdoigtstute
trouves.2780 Toutevolition,toutmouvementdetapartsontcontrôlésparcedoigt;ta
penséesetrouveàlacroiséedescheminsmenantaucarrefourdurassemblement.Ceslettres,symbolisanttesdiversétats,sontSonœuvre;lefaitquetu
formesundesseinoulechangesprovientdecequ’ilformeouchangeundessein.Iln’yapasd’autrevoiequelasupplicationetl’humilité:touteplume
n’estpasconscientedecettesoumissionaucontrôledivin.Laplumeconnaîtcecontrôle,maisseulementdanslamesurequiluiest
prédestinée : elle manifeste la mesure (de sa connaissance) dans lesactionsbonnesetmauvaises.En ce qui concerne cet apologue du lièvre et de l’éléphant, de sorte
qu’ilsontconfondulaprééternitéavecde(vulgaires)stratagèmes,Comment conviendrait-il que tu te livres à ces comparaisons et les
appliquesàcetteCoursainte?Cet emploi des paraboles appartient au Seigneur, car II est la seule
autorité quant à la connaissance de ce qui est caché et de ce qui estmanifeste.Que sais-tu de la nature cachée de quoi que ce soit, que toi, ô crâne
chauve,prennesuneboucledecheveuouunejouecommeexemples?Moïse a cru que c’était un bâton, mais ce ne l’était pas : c’était un
dragon,sanaturecachéesemanifestait.Puisqu’un tel roi (spirituel) ne connaît pas la nature cachée du bois,
commentconnaîtrais-tulanaturecachéedecepiègeetdecesgraines?2790 Sil’œildeMoïseétaittrompéparl’apparence,commentunesouris
importunetrouverait-elleunaccès(àlavérité)?Dieuferadetacomparaisonundragon,afinqu’enréponseilpuissete
mettreenpièces.Iblîslemauditutilisacettesortedecomparaison,desortequ’ilencourut
lamalédictiondeDieujusqu’auJourduJugement.Qârûnparrébellionemployacettesortedecomparaison,desortequ’il
s’engloutitdanslaterreavecsontrôneetsacouronne.Sachequetacomparaisonestsemblableauxcorbeauxetauxhibouxqui
causentlapertedecentmaisonnées.
CommentlescompatriotesdeNoéselivrèrentàdescomparaisons
moqueusesautempsdelaconstructiondel’arche
oé construisit une arche dans le désert : cent personnesaccoururentpourleridiculiseravecdescomparaisons.« Il fabrique un vaisseau dans le désert, là où n’existe aucun puits
d’eau:quelimbécileignorant!»L’un disait : « Ô vaisseau, cours ! », tandis qu’un autre disait :
«Fabrique-luiaussidesailes!»Noédisait:«Ceciestfaitsurl’ordredeDieu:ceneserapasdétruitpar
lesrailleries.»
Histoireduvoleuràquil’ondemanda:«Quefais-tuaubasde
cemuràminuit?»etquirépondit:«Jebatsdutambour.»
coûtezcetteparabole—commentunméchantvoleurcreusaituntrouaubasd’unmur.
2800 Quelqu’un,àdemiendormi,etquiétaitmalade,entenditlefaiblesondesapioche.Ilmontasurletoitetpenchasatête,etluidit:«Quefais-tulà,ômon
père?«Toutvabien,j’espère.Quefais-tuici,àminuit?Quies-tu?»Ildit:
«Unjoueurdetambour,ôhonorésire.»«Quefais-tu?»Ildit:«Jebatsdutambour.»Lemaladeluidit:«Où
estlebruitdutambour,ôhommerusé?»Il dit : «Tu entendras ce bruit demain, c’est-à-dire, les cris de “Oh !
Hélas!”et“Oh,malheurpourmoi!”»Cette histoire (du lièvre et de l’éléphant) est un mensonge : elle est
fausse et fabriquée de toutes pièces ; en outre, tu n’as pas saisi le senssecretdecettefausseté.
Réponseàlaparabolecontéeparlesincroyantsconcernantl’envoidu
lièvrecommeambassadeuravecunmessageprovenantdelalune
dansleciel
achequelanaturecachéedecelièvreestleDémoninsolentquiestvenucommeambassadeurauprèsdetonâme,Afindepouvoirprivertonâmedel’EaudelaViedontKhezr82abu.Tu as dénaturé le sens de la parabole, tu as prononcé un blasphème :
prépare-toipourlablessureoulechâtiment.Tuasracontécommentlaluneavaitététroubléedansl’eaulimpide,par
quoilelièvreeffrayaleséléphants.2810 Tuasrapportél’histoiredulièvre,del’éléphantetdel’eau,etlacrainte
del’éléphantenfacedelalunelorsqu’ellefuttroublée.ô vous hommes aveugles et inexpérimentés, dites-moi, comment ceci
aurait-ildelaressemblanceaveclaluneàlaquellesontsoumisl’éliteetlecommundesgens?Qu’est-cequelalune,qu’est-cequelesoleil,qu’est-cequeleciel,que
sontlesintelligences,lesâmesetlesanges?« Le Soleil du soleil du soleil » : que dis-je ? Assurément, je suis
endormi.Lecourrouxdecesrois(spirituels)arenversédescentainesdemilliers
devilles,ôégarésquiavezperduvotrechemin.Sur un geste d’eux, la montagne se fend en cent fissures ; un soleil
tournecommeunmoulin.Lecourrouxdes saintshommesdessèche lesnuages ; lecourrouxdes
cœursfaitdesmondesdesruines.Voyez,ôvouslesmortsnonembaumés,lelieuoùlavilledeLotsubit
sonchâtiment.Qu’est-ce que l’éléphant lui-même ? Car trois oiseaux qui volaient
brisèrentlesosdecesmisérableséléphants83.L’ababîlestleplusfaibledesoiseaux,etcependantildéchiral’éléphant
defaçonirréparable!2820 Quin’aentenduparlerduDélugedeNoéouducombatdel’arméede
Pharaonavecl’Esprit?L’Esprit lesmit en déroute et les jeta pêle-mêle dans l’eau ; l’eau les
brisaitenmiettes.Quin’aentenduparlerdecequiadvintàThamûd,etcommentlevent
desarsarbalayalesAdites?Ouvreenfinlesyeuxetconsidèreceséléphantstueursd’éléphantsdans
laguerre.De tels éléphants, de tels rois injustes, sont toujours en butte au
courrouxducœur(desprophètes).Eternellement, ils vont d’une obscurité à une obscurité, et il n’y a ni
secoursnimiséricorde.Peut-êtren’avez-vouspasentendulenomdubienetdumal.Tousont
vu,etvousnevoyezpas.Vousfaitessemblantdenepasvoircequiestvisible,maislamortvous
ouvrirabienlesyeux.Suppose que le monde soit plein de soleil et de lumière ; quand tu
pénètresdansuneténèbrecommecelledutombeau,Tuneparticipesplusàcettegrandelumière,tafenêtreestferméedevant
cettelune.2830 Tuesallédupalaisaupuits:lesvastesmondessont-ilsfautifs?
L’âmequiestdemeuréepareilleàunloup,commentcontemplerait-ellelevisagedeJoseph?La musique de David parvint au rocher et à la montagne, mais les
oreillesdeceshommesaucœurdurnelaperçurentpas.Quesoientbénieslaraisonetlajustice:etDieuconnaîtmieuxlavoie
droite.Crois auxnoblesmessagers,ôSaba !Croisunesprit renducaptifpar
Celuiquil’acapturé.Crois-les,ilssontdessoleilslevants,etilstepréserverontdescalamités
deal-qâri’a(leJourduJugement).Crois-les, ils sont des pleines lunes rayonnantes — avant qu’ils te
confrontentavecal-sâhira*84Crois-les—ellessontleslampesdel’obscurité;honore-les—cesont
lesclésdel’espoir.Crois ceux qui n’espèrent pas en ta générosité : ne t’égare pas, n’en
détournepasd’autres(delaVérité).Parlonspersan ;allons, laissons la languearabe.Sois l’esclavehindou
deceTurc(leBien-Aimédivin),ôhommefaitd’eauetd’argile!2840 Ecoute,prêtel’oreilleauxtémoignagesdesroisspirituels;lescieuxles
ontcrus:toi,crois-les!
*Ils’agitsoitdel’Enfer,soitdelasurfacedelaterred’oùselèverontlesmorts.
Lasignificationdelaprudenceetuneparaboledel’hommeprudent
u bien considère ce qui est arrivé aux peuples anciens, ou bienvoleavecprudenceversladestination.Qu’est-cequelaprudence?Laprécautiondanslecasdedeuxprojets
différents:entrelesdeux,tuchoisirasceluiquiestéloignédelastupidité.Unepersonnedira:«Surcetteroute,iln’yapasd’eaudurantseptjours
(demarche)etlesableestbrûlant.»Une autre personne dira : «C’est faux : avancez, vous trouverez une
sourcechaquenuit.»La prudence, c’est d’emporter de l’eau, de façon à être sauvé de la
crainteetdetetrouverdanslabonnevoie.S’ilyadel’eauenroute,versezcelle(quevousavezemportée);ets’il
n’yenapas,hélaspourl’hommeobstiné!Ô enfants du khalife de Dieu (Adam), agissez de façon juste ;
comportez-vousavecprudenceàcauseduJourduJugement.Cetennemiquis’estvengédevotreancêtreetl’aentraînédes’Illiyyùn
(Paradis)verslaprison,Etrenditéchecetmatceroidel’échiquierspiritueletenfit,chassédu
Paradis,laproiedecalamités—2850 Combiensouventdanslecombats’enest-ilsaisienlemaîtrisant,afin
depouvoirlutteravecluietlejeterparterreayantperdulaface!Ainsi a-t-il agi avec ce paladin (Adam) : ne le considérez pas avec
dédain,vousautres!Cet être envieux s’est emparé adroitement de la couronne et de
l’ornementdenotremèreetdenotrepère.Il les renditnus,misérablesetméprisables ;durantdesannées,Adam
pleuraamèrement,De sorte quedes herbes douces poussèrent, causées par les larmesde
sesyeux;ilsedemandaitpourquoiilétaitinscritsurleregistredela*.Juge la perfidie du Démon au fait qu’à cause de lui un prince tel
qu’Adams’arrachaitlescheveuxdechagrin.Prenez garde, ô mangeurs d’argile, à sa malice : frappez l’épée de
Lâhawl,«Jemeréfugie(enDieu)»,sursatête.Carilvousguetted’uneembuscade,detellesortequevousnelevoyez
pas.Attention!
L’oiseleur jette du grain sans cesse : le grain est visible, mais latromperiecachée.Chaquefoisquevousvoyezlegrain,prenezgarde,depeurquelepiège
n’emprisonnevosailesetvosplumes.2860 Carl’oiseauquirenonceauleurredugrain,mangedugraindansle
vastechamp(delaRéalité)quiestsansimposture.Avec ce grain, il est satisfait, et échappe au piège : nul piège
n’emprisonnesesailesetsesplumes.
*Registrecomportantlesnomsdespécheurs.
Ledangerencouruparl’oiseauquiabandonnelaprudencepourdes
raisonsdegourmandiseetdevainsdésirs
noiseauseposesurunmuretfixesonregardsurlegraindansunpiège.Tantôt il regarde la campagne, tantôt sa gourmandise le pousse à
regarderlegrain.Ce regard-ci lutte avec ce regard-là et prive soudain l’oiseaude toute
sagesse.Unautreoiseau,quiarenoncéàcettehésitation,détournesonregarddu
grainetlefixesurleschamps.Sesailesetsesplumesbrillent;commeilestbeau,puisqu’ilestdevenu
leguidedetousceuxquisontlibres!Tousceuxquileprennentpourmodèlesontsauvésetdemeurentdansla
sécuritéetlaliberté,Parcequelecœurd’untelhommeestdevenuleroidesgensprudents,
desortequelaroseraieetlejardinduParadissontdevenussademeure.Laprudenceestsatisfaitedelui,etilestsatisfaitdelaprudence:agis
demêmesituveuxtecomporteravecprévoyanceetrésolution.2870 Maintesfoistuestombédanslepiègedelacupiditéettuasdonnéta
gorgeàcouper.AnouveauCeluiquipargrâcedisposeàlarepentancet’alibéré,Ilaacceptétonrepentirett’arenduheureux.Iladit:«Sivousrecommencez85ainsi,nousrecommenceronsainsi.»
Nousavonsunilesactionsàlarétribution.« Lorsque j’amène à Moi-même le membre d’un couple, l’autre
membre,inévitablement,courtaprèslui.»Nous avons joint l’action à l’effet ; quand un membre d’un couple
arrive,l’autrearriveaussi.Quand un brigand enlève le mari d’une femme, l’épouse le poursuit,
cherchantsonmari.Unefoisencore,tut’esdirigéverscepiègeettuasjetédelapoussière
danslesyeuxdurepentir.DenouveauCelui qui pardonne adénoué cenœudpour toi, et a dit :
« Prends garde ! Sauve-toi ! Ne tourne pas ton visage dans cette
direction!»Quandlepapillondel’oubliestarrivé,ilaattirétonâmeverslefeu(de
l’Enfer).Ôpapillon,ne témoignepasdedouteetd’oubli : regardeunefois ton
ailebrûlée!2880 Puisquetuessauvé,l’actiondegrâces,c’estquetun’éprouvespasde
penchantpourcegrain,Afinque,quand tu rendsgrâces, Ilpuisse t’accorder lepainquotidien
quiestsanspiègeetsanspeurdel’ennemi.Enrendantgrâcespourlagénérositéqui t’aété témoignée, ilconvient
quetutesouviennesdelagénérositédeDieu.Combiendefois,dansleschagrinsetlestribulations,t’es-tuécrié:«Ô
monDieu,délivrez-moidupiège,«Que jepuisseVous rendre tel service et pratiquer labienfaisance et
jeterdelapoussièredanslesyeuxdeSatan!»
Histoireduvœufaitparleschiens,chaquehiver,deconstruire,l’étévenu,unemaisonpourl’hiver
nhiver,lechienserecroquevilleàcausedufroid;lesattaquesdufroidlerendentsipetitQu’ildit:«Ayantunsipetitcorps,jedoisbâtirunemaisonenpierres.« Quand l’été viendra, je construirai avec mes pattes une maison en
pierrescontrelefroid.»Maisquandl’étéarrive,soncorpssedilateetsapeaudevientluisante,Et quand il se voit de forte corpulence, il dit : «Dans quellemaison
pourrais-jeentrer,ônoblesire?»2890 IIdevientfortetseglissedansunendroitombragé—paresseux,bien
nourri,indolent,obstinéqu’ilest!Saconscienceluidit:«Construisunemaison,ôpauvrehère!»Ildit:
«Commenttrouverais-jeplacedanslamaison?Dis-le-moi!»Al’heuredelasouffrance,tacupiditéserétrécitetdiminue.Et tudis :«Par repentir, jevais construireunemaison ; ce serapour
moiunrefugeenhiver.»Mais quand la douleur est passée et que ton avidité a grandi, le désir
pourlamaisontequitte,commedanslecasduchien.Rendregrâcespour lebienfaitestplusdouxque lebienfait luimême:
comment celuiqui est attachéà l’actiondegrâces se consacrerait-il à laconsidérationdubienfait?L’action de grâces est l’âme du bienfait, et le bienfait est comme
l’écorce,parcequel’actiondegrâcesvousconduitàlademeureduBien-Aimé.Lagénérositéproduit l’insouciance,et l’actiondegrâceslavigilance:
vaàlachassedubienfaitaveclepiègedel’actiondegrâcesauroi.Lalargessedel’actiondegrâcesterendraheureuxetprincier,desorte
quetuconférerascentlibéralitésauxpauvres.Tumangerastouttoncontentdesviandesetdesfriandisesdonnéespar
Dieu,desortequelafaimetlamendicitétequitteront.
Commentlesincroyantsempêchèrentlesprophètes(sureux
lapaix)deselivreràdesexhortationsetutilisèrentles
argumentsdesfatalistes
2900 esgensdeSabadirent:«Ôconseillers,cequevousavezditsuffit,s’ilsetrouvequelqu’undanscevillage.«Dieu amis unverrou sur nos cœurs ; nul ne peut l’emporter sur le
Créateur.«CetArtisteafaitquenotreimageesttelle:ceneserapaschangépar
desparoles.«Pendantcentannées,vouspouvezdireaucailloudedevenirunrubis:
centannéesdurant,vouspouvezdireàcequiestvieuxdedevenirjeune;« Vous pouvez dire à la terre d’acquérir les qualités de l’eau, vous
pouvezdireàl’eaudedevenirdumieloudulait:«IlestleCréateurdescieuxetdesêtrescélestes,leCréateurdel’eauet
delaterreetdesêtresterrestres.«Auciel,Iladonnésonmouvementcirculaireetsapureté:àl’eauetà
laterre,sonaspectsombreetlepouvoirdelavégétation.Commentlecielpeut-ilchoisir l’impureté?Commentl’eauet laterre
peuvent-ellesacquérirlapureté?«Achacun,Ilaoctroyéuncertainétat:commentunemontagne(kouh)
deviendrait-elle,paruneffortquelconque,unepaille(kâh)?»
Laréponsedesprophètes(sureuxlapaix)auxfatalistes
esprophètesontdit:«Oui,Dieuacréécertainesqualitésdontilestimpossibledesedéfaire,
2910 «EtIlaaussicréédesqualitésquinesontqu’accidentelles—c’estainsiqu’unepersonnedétestéedevientacceptable.«Sil’onordonneàunepierrededevenirdel’or,celan’apasdesens;
maissil’onordonneaucuivredesetransmuerenor,lemoyenexiste.«Si l’onordonneau sablededevenirde l’argile, il enest incapable ;
maissil’onordonneàlaterrededevenirdel’argile,c’estpossible.«Dieuadécrétépournousdesmaladiespourlesquellesiln’existepas
deremède,tellesquelaclaudication,unnezdéformé,lacécité;« Et des maladies pour lesquelles il existe un remède, telles que la
paralysiefacialeetlemaldetête.«Cestraitementsmédicaux,Illesafaitspourrestaurerl’harmonie:ces
maladiesetcesremèdesnesontpasenvain.« La plupart des maladies peuvent être guéries : quand on cherche
sérieusement,ontrouveralemoyen.»
Commentlesinfidèlesrépétaientlesargumentsdesfatalistes
es gens dirent : «ÔCompagnie (des prophètes), notremaladien’estpasdecellesquisontsusceptiblesdeguérison.« Pendant des années, vous avez prononcé des sortilèges et des
exhortationsdecettesorte,etilsontrendunotresortpluspénibleàchaqueinstant.«Sicettemaladiepouvaitêtreguérie,quelqueparcelleenauraitenfin
étéretirée.2920 «Lorsqueseproduitunehépatite,l’eaunepénètrepasdanslefoie:si
l’onbuvaitlamerentière,l’eaus’eniraitailleurs;« En conséquence, lesmains et les pieds enflent : le fait de boire de
l’eaunevaincpaslasoif.»
Commentlesprophètes(sureuxlapaix)leurrépondirentànouveau
esprophètesdirent:«Ledésespoirestunpéché: lagrâceet lesbienfaitsduCréateursontinfinis.«Ilneconvientpasdedésespérerd’untelBienfaiteur:accroche-toià
l’étrierdecetteMiséricorde.«Oh,biendesmalheursfurentdursàsupporteraudébut,maisensuite
ilsfurentsoulagés,etlasouffrancedisparut.«Aprèsledésespoir,ilyabeaucoupd’espoirs;aprèsl’obscurité,ilya
biendessoleils.« Je vous accorde, en vérité, que vous êtes devenus durs comme la
pierreetquevousavezverrouillévosoreillesetvoscœurs,«Maisnousn’avonsrienàfairedevotreacceptation:notredevoirest
denousrésigneretd’accomplircequeDieuordonne.«Ilnousaordonnéd’effectuerceservice :notrerôledeprophètesne
vientpasdenous-mêmes.« Nous ne possédons la vie que pour exécuter le commandement de
Dieu:s’ilnousenjointdesemerdansunbancdesable,noussemons.2930 «L’âmeduprophèten’ad’autreamiqueDieu:iln’aquefairede
l’acceptationoudurefus(desonmessage)parlesgens.«LarécompensepourceuxquitransmettentlesmessagesdeDieuvient
de Lui : nous sommes devenus haïssables et avons revêtu l’aspectd’ennemis(desgens)pourl’amourduBien-Aimé.« A ce Seuil divin, nous ne sommes pas las, de telle sorte que nous
fassionshaltepartoutenraisondeladistance.«Seul est las etoppressédans soncœurceluiqui est enprisonparce
qu’ilestséparédel’Ami.«Celuiquiravitlescœurs,leDésiré,estprésentavecnous:auseinde
lamagnitudedeSamiséricorde,nosâmesrendentgrâces.« Dans nos cœurs se trouvent un champ d’anémones et un jardin de
roses:iln’yapasd’entréepourlavieillesseetledéclin;«Noussommestoujoursfrais,jeunes,gracieux,nontouchésparl’âge,
doux,riants,débonnaires.« Pour nous, cent années sont commeune seule heure, car ce qui est
longoucourtnenousconcernepas.«Cettelongueuretcettebrièvetén’existentquedanslescorps:oùsont
ce“long”etce“court”dansl’âme?«LestroiscentneufansdesHommesdelaCaverne86leurparurentune
seulejournée,sanschagrinnipeine;2940 «Etmême,celaneleurparutunjourquelorsqueleursespritsrevinrent
delanon-existencedansleurscorps.«Quandiln’yanijour,ninuit,nimois,niannée,commentyaurait-il
delasatiété,delavieillesseetdelalassitude?«Puisqu’ilyapournous l’absencede soidans la roseraiede lanon-
existence,ilyapournousl’ivressecauséeparlacoupedelaGrâcedivine.«Quiconquen’enapasbu,nesaitpas,s’iln’enapasgoûté;comment
lebousierimaginerait-illeparfumdelarose?« (Cette ivresse) n’est pas concevable : si elle était concevable, elle
deviendraitnonexistante,commetouslesobjetsdeconception.«Commentl’Enferconcevrait-illeParadis?Unbeauvisageapparaît-il
horsd’unvilainporc?« Ecoute, ne coupe pas ta propre gorge ! Fais attention, ô être
méprisable,quanduntelmorceauestvenuàtabouche.« Nous avons mis fin aux voies difficiles, nous avons rendu la voie
facilepournotreproprecommunauté.»
CommentlepeupledeSabarésistaànouveauàl’espoir(duProphète)
ets’opposaauxprophètes(sureuxlapaix)
esgensdeSabadirent:«Sivousobtenezdelachancepourvous-mêmes, pour nous vous êtes demauvais augure et vous êtes opposés ànousetrejetésparnous.«Nosâmesétaient libresde tout souci :vousnousavez jetésdans la
peineetlesennuis.2950 «Acausedevotremauvaisprésage,lemerveilleuxaccordetla
concordequiexistaiententrenoussontdevenuscentséparations.«Jadis,nousétionsdesperroquetsmangeantdessucreries;maintenant,
parvotrefaute,noussommesdevenusdesoiseauxméditantsurlamort.«Partoutoùexisteunehistoirecréantlechagrin,partoutoùexisteune
rumeurodieuse,«Partoutdanslemondeoùexisteunmauvaisprésage,partoutoùilya
unetransformationmonstrueuse,unchâtimentterrible,oùl’oninfligeunepunition,«Tout cela est contenu dans la parabole de votre histoire et de votre
mauvaisprésage:vousavezsoifdefairenaîtrelapeine.»
Commentlesprophètes(sureuxlapaix)leurrépondirentànouveau
es prophètes dirent : « Le terrible etmauvais présage prend sonappuidansvospropresâmes.« Si vous êtes endormis dans un endroit dangereux, et qu’un dragon
s’approchedevous,devotretête,«Etqu’unepersonnebienveillanteveutlefairesavoir,disant:“Sauvez-
vousvite,sinonledragonvavousdévorer”—«Si vous dites : “Pourquoi donnez-vous cemauvais présage ?” (Elle
répondra):“Quelprésage?Levez-vousviteetvoyezàlalumièredujour.“Moi-même, jevousdélivreraiduseindecemauvaisprésageetvous
ramèneraichezvous.”2960 «Unetellepersonnevousfaitconnaîtreleschosescachées,commele
prophètequiavucequelesgensdecemonden’ontpasvu.«Siunmédecinvousdit:“Nemangezpasduraisinvert,carlamaladie
quecelacauseproduiradegrandsennuis”,«Etsivousdites:“Pourquoidonnez-vousunmauvaisprésage?”alors
vousferezparaîtrecoupablevotresincèreconseiller.«Et si un astrologuevous dit : “Nevous préparez surtout pas à telle
affaireaujourd’hui”,« Bien que vous ayez constaté les erreurs de l’astrologue cent fois,
cependantsi laprédictionseréaliseunefoisoudeux,vousêtesdésireuxdeluifaireconfiance.« Nos étoiles à nous ne diffèrent jamais de la vérité ; comment leur
véritédemeure-t-ellecachéeàvosyeux?« Le médecin et l’astrologue vous informent d’après leur propre
opinion,maisenvériténousvousinformonsparclairvoyance.« Nous apercevons de loin la fumée et le feu se précipitant sur les
incroyants.« Vous dites : “Taisez-vous et abstenez-vous de parler ainsi, car ces
parolesdemauvaisprésagenousblessent.’’«Ôvousquin’écoutezpasl’admonitiondeceuxquivousconseillent,
lemauvaisprésagevousaccompagne,oùquevousalliez.2970 «Unevipèrerampesurvotredos:leconseillerlavoitduhautd’untoit
etvouslefaitsavoir;«Vousluidites:“Chut!Nemetroublezpas!”Ildit:“Soyezheureux!
Envérité,j’aidit.”«Quand la vipèremord ton cou, tout ton désir de bonheur est rendu
amer.«Alors,tuluidis:“ÔUntel,c’étaitcelatonavertissement?Pourquoi
n’as-tupasdéchirétoncolencriant,“Oupourquoi nem’as-tupas jeté unepierreduhaut du toit, afinque
cetteterriblecalamitéetcemalheurpuissentm’apparaîtreclairement?”«Ildit:“(Jem’ensuisabstenu)parcequetuétaisennuyé.”Vousdites:
“Tum’asrendutrèsheureux,envérité!”«Ildit:“Jet’aioffertgénéreusementunconseil,pourtedélivrerdecet
esclavagestérile.“Par bassesse, tu ne t’es reconnu aucune obligation à l’égard de cette
générosité;tuenasfaitunesourced’injuresetd’insolence.”»Telleestlanaturedesvilsvauriens:untelhommetefaitdumalquand
tuluifaisdubien.Quantàl’âmecharnelle,mortifie-laaumoyendurenoncement,carelle
estvile,etlabonténeluiconvientpas.2980 Situtémoignesdelabienveillanceàunhommenoble,celaestbon:il
donneracentbienfaitsenéchangedechacun(deceuxqu’ilareçus).Maisquandtu traitesunmisérableavecviolenceetcruauté, ildevient
pourtoiunserviteurfidèle.Les infidèles dans leur prospérité semèrent la cruauté : ensuite, en
Enfer,leurcriest«ÔSeigneur,délivre-nous!»
LasagessedeDieu,créantl’Enferdanslemondeàveniretlaprison
(destribulations)danscemonde-ci,afinqu’ilpuisseyavoirdeslieuxd’adorationpourlespécheursarrogants:Venez,degréoude
force*.»
ar,ensouffrantcruellement,lesgensvilssontpurifiés;quandilssontl’objetdebienveillance,ilsdeviennenteux-mêmescruels.C’est pourquoi l’Enfer est la mosquée où ils accomplissent leurs
dévotions:unpiègeestlaseulechaînepourl’oiseausauvage.La prison est le cloître du voleur et du vaurien, parce que là il peut
penserconstammentàDieu.Étant donné que l’adoration de Dieu était le but de la création de
l’humanité,lefeudel’Enferestlelieud’adorationpourlesrebelles.L’hommealepouvoird’agirentoutechose,maisceservice(deDieu)a
toujoursétésonbutfinal.Je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu ’ils M’adorent87.
Récitececi.Lebutfinaldumonden’estautrequel’adorationdeDieu.Bien que le but final d’un livre soit la science (qu’il contient),
cependant,sivousenfaitesunoreiller,ilserviraàcelaaussi;2990 Maiscerôled’oreillern’étaitpassonbut:lebutfinalétaitlesavoiret
laconnaissanceetladirectionjusteetleprofit.Sivousfaitesdel’épéeunclou,vouspréférezladéfaiteàlavictoire.Bienquelebutfinaldel’hommesoitlaconnaissancedeDieuetd’être
biendirigé,cependantchaquehommeaunlieuparticulierd’adoration.Ce qui fait que l’homme noble adore, c’est que vous le traitiez avec
bonté;cequifaitquel’hommeviladore,c’estquevouslemaltraitiez.Frappezlesgensvils,qu’ilscourbentlatête;donnezauxgensnobles,
qu’ilsproduisentdebonsfruits.Nécessairement,Dieuacrééunemosquéepourcesdeuxcatégories—
l’Enferpourceux-ci,etunaccroissementdebienfaitspourceuxlà88.MoïseconstruisitlaBab-iSaghir(lapetiteporte)àJérusalem,afinque
lesgensmalades(d’orgueil)puissentcourberlatête,Parcequ’ilsétaientinsolentsetarrogants.L’EnferestcommecetteBab-
iSaghir,etunlieud’humiliation.
*Qor’ân,XLI,11.
ExpliquantcommentDieuleTrès-Hautafaitdelaformecorporelledesroisunmoyenpoursoumettrelespécheursinsolentsquinese
soumettentpasàDieu,àl’instardeMoïse(surluilapaix)qui
construisitlaBab-iSaghirdanslemurdeJérusalemafinqueleshommesinsolents,parmiles
Israélites,puissentsecourberbienbasenypénétrant(selonla
parole):Franchissez-enlaporte,prosternez-vousetdites
«Pardon»89.
emême,DieuaconstruituneBab-iSaghirdelachairetdesosdesrois.Prenezgarde!Lesgensdecemondeseprosternentdevanteux,étantdonnéqu’ilssont
opposésàlaprosternationdevantlaMajestédivine.3000 Dieuafaitd’unpetittasd’orduresleurmihrab*;lenomdecemihrab
est«prince»et«paladin».Vousn’êtespasdignesdecettesaintePrésence:lessaintssontcomme
lacanneàsucre,etvouscommeleroseauvide.Cesvilsvaurienss’abaissentdevantcesgensméprisables;maislelion
(le prophète ou le saint) considère comme un déshonneur qu’ils soientcomplaisantsàsonégard.Lechatest leguetteurdeceluiquia lanaturede lasouris :quiest la
souris,qu’ellesoiteffrayéeparleslions?LeurcrainteestseulementdesmanantsdeDieu;commentcraindraient-
ilsleSoleildeDieu(lesaint)?La litaniedeceshommesnobles est«monSeigneur leTrès-Haut» ;
«monseigneurleplusbas»convientàcesimbéciles.Comment la souris craindrait-elle les lions du champ de bataille
(spirituel)?Non,ceuxquilescraignentsontceuxquiontlacéléritéetlapochedemuscdudaim(ceuxquisontdouésd’intuitionmystique).Ô toi qui lèches les pots, va chez celui qui lèche les marmites et
considère-lecommetonseigneuretbienfaiteur!
Ilsuffit!Sijemelivreàunexposédétaillé,leprinceserafâché;etluiaussiserendracomptequesoncasestceluiquej’aidécrit.Laconclusionestcelle-ci :«Ôhommenoble, faisdumalà l’homme
vil,afinquelemanantsesoumetteàtoi.»3010 Quandl’hommenoblesecomporteaimablementavecl’hommevil,
c’est-à-diresonâmecharnelle,laméchanteâmetémoignedel’ingratitude,commel’hommevil.C’estpourcette raisonque lesaffligés sont reconnaissants, tandisque
lesheureuxsontrebellesetperfides.Le seigneur avec sonmanteau brodé d’or est rebelle ; lemalheureux
porteurd’unrudemanteaudelaineestreconnaissant.Comment la gratitude proviendrait-elle des possessions et de la
richesse?Lagratitudeprovientdelatribulationetdelamaladie.
*Nicheindiquantladirectiondelaprièredanslamosquée.
Histoiredusoufis’enamourantd’unsacàprovisionsvide
njour,unsoufiaperçutunsacàprovisionsaccrochéàunclou:ilsemitàtournoyeretàdéchirersesvêtements,S’écriant :«Voyez, lanourrituredesaffamés!Voyez, leremèdepour
lesfaminesetlessouffrancesdelafaim!»Quandsonardeuretsontransportgrandirent,tousceuxquiétaientdes
soufissejoignirentàlui.Ils criaient et hurlaient : plusieurs devenaient enivrés et hors d’eux-
mêmes.Unimportunditausoufï:«Qu’est-cequiarrive?Cen’estqu’unsacà
provisionsaccrochéàunclou,etilestvidedepain!»Le soufi dit : « Va-t’en, va-t’en ! Tu n’es qu’une forme dépourvue
d’esprit:cherchel’existence,cartun’espasunamoureux.»3020 Lanourrituredel’amoureuxestl’amourdupain(sansl’existencedu
pain):nuldeceuxquisontsincèresdansleuramournesontattachésàl’existence.Les amoureux n’ont rien à faire avec l’existence : les amoureux ont
l’intérêtsansavoirlecapital.Ilsn’ontpasd’ailes,etcependantilsvolentautourdumonde;ilsn’ont
pasdemains,etcependantilsemportentlaballeduterraindepolo.Cedervichequipercevait laRéalitésuprême tressaitdespaniers,bien
quesamaineûtétécoupée*.Les amoureux ont planté leurs tentes dans la non-existence ; ils sont
d’une seule couleur (qualité) et une seule essence, comme la non-existence.Comment le nourrisson connaîtrait-il le goût de la viande ? Pour les
djinns,l’odeurestalimentetboisson.Commentunêtrehumainpercevrait-ill’odeurdudjinn,étantdonnéque
lanaturedel’unestlecontrairedecelledel’autre?Cedjinn qui respire l’odeur en tire du délice : tu n’obtiendras pas ce
délicedecentmaundsdefriandises.Pourl’Egyptien,l’eauduNilestdusang;pourlebonIsraélite,c’estde
l’eau.ParlesIsraélites,lamerestrendueuneroute;parleméchantPharaon,
unlieudenoyade.
*Cf.LivreIII,1705etsqq.
CommentJacob(surluilapaix)eutleprivilègedegoûteràlacoupedeDieuparlevisagedeJoseph,etde
respirerleparfumdeDieuparl’odeurdeJoseph;etl’exclusiondesfrèresdeJosephetd’autresde
cesprivilèges
3030 equeJacobéprouvaitàregarderlevisagedeJosephluiétaitpersonnel:quandcedéliceadvint-ilauxfrèresdeJoseph?Celui-ci(Jacob),paramourdeJoseph,semetdanslepuits,tandisque
celui-là(lefrèredeJoseph)creusepourluiunpuitsparhaine.Auxyeuxdecelui-ci(lefrèredeJoseph)lesacàprovisionsdeJoseph
est vide de pain : aux yeux de Jacob, il est plein, car il le désireardemment.Personne ne peut contempler les visages des houris avec son propre
visagenon lavé : leProphèteadit :«Iln’yapasdeprièrerituellesansablutions.»L’amourestleboireetlemangerdesâmes;lafaim,decepointdevue,
estl’alimentdesâmes.JacobavaitfaimdeJoseph;c’estpourquoil’odeurdupainluiparvenait
deloin.Celui qui avait pris la chemise de Joseph se hâtait, et ne sentait pas
l’odeurdelachemisedeJoseph,Alors que celui qui se trouvait éloigné des cent lieues de cet endroit
sentaitsonparfum,carilétaitJacob.Oh, combien d’hommes érudits ne tirent aucun profit de cette
connaissance:ceux-làmémorisentlaconnaissance,maisnel’aimentpas.Par eux, l’auditeur perçoit l’odeur de la connaissance, même si
l’auditeurestunhommeordinaire.3040 Carlachemise,danslamaindel’hommesavant,estunechose
empruntée,commeunejeuneesclavedanslesmainsd’unmarchandd’esclaves.La jeune esclave n’est d’aucune utilité pour lemarchand d’esclaves :
ellen’estentresesmainsquepourl’acheteur.CequeDieuoctroie,c’estundestin.Celotestpourchacun,etnonpour
unautre.
Unebonne imaginationdevientpourcethomme le jardinduParadis ;uneimaginationlaideégarecetautrehomme.CeSeigneurquia faitd’une imagination le jardinduParadisetd’une
autreimaginationl’Enferetunlieudetourment—Quidonc,saufLui,connaîtrait lechemindeSesroseraies?Quidonc,
saufLui,connaîtraitlechemindeSesfournaises?Lasentinelleducœur,pendantqu’ellefaitsaronde,nevoitpasdequel
coindel’âmevientl’imagination.Si elle voyait l’endroit d’où elle naît, elle s’efforcerait de barrer le
cheminàtoutevilaineimagination.Maiscommentlepieddel’espionarriverait-ilàcetendroit?carc’estla
tourdeguetetlacitadelledemontagnedelanon-existence.Saisisaveuglément lepande la robedeSagrâce :c’est là laprisede
possession(saisine)del’aveugle,ôroi.3050 SarobeestSonordreetcommandement;heureuxceluipourquila
piétéestcommesonâme.Celuiquiestbénisetrouveaumilieudeprairiesetderuisseaux,tandis
quel’autre(maudit)estprèsdeluidanslestourments.Ce dernier reste dans la stupeur, disant : « Pourquoi la joie de cet
homme?»;etl’autredemeuredansl’étonnement,disant:«Dansquelleprisonestcethomme?»Écoute,pourquoies-tuassoiffé?—caricisontdesfontaines.Ecoute,
pourquoies-tupâle?—caricisontcentremèdes.Écoute,voisin,viensdanslejardin!Etl’autrerépond:«Ômonami,je
nepuisvenir.»
Histoiredel’émiretdesonesclavequiaimaitprofondémentlaprière
rituelleetéprouvaitunegrandejoiedanscetteprièreetdansla
communionavecDieu
l’aube,l’émirsouhaitaserendreauhammam:ilcria:«ÔSunqur,lève-toi!« Prends chez Altun le bassin, la serviette et l’argile pour que nous
allionsaubain,ôtoiquim’esindispensable.»Sunquraussitôtpritlebassinetunejolieservietteetpartitaveclui,tous
deuxensemble.Il y avait une mosquée sur la route, et l’appel à la prière arriva aux
oreillesdeSunqur.Sunqurétaittrèsattachéàlaprièrerituelle;ildit:«Ômonémir,ômon
bonmaître,3060 «Attends-moipatiemmentquelquetempssurcebanc,pourqueje
puisseaccomplirlesprièresobligatoiresetquejepuisseréciter(lasouratecomprenant)lamyakun90.»Lorsque l’imâm et les assistants furent sortis et eurent terminé les
prièresetleslitanies,Sunqur resta là jusqu’à près de midi : l’émir l’attendit pendant un
temps,Puis ildit :«ÔSunqur,pourquoine sors-tupas?» Il répondit :« Il
(Dieu)nemelaissepassortir,ôhommeaccompli!«Prendspatience !Vois, jeviens,ô lumièredemesyeux!Jenesuis
pasinattentif,cartuesdansmonouïe.»Sept fois de suite, il fit preuve de patience, puis cria — jusqu’à ce
qu’enfinl’émirfûtréduitaudésespoirparleretarddeSunqur.Saréponseétait toujours:«Ilnemelaissepasencoresortir,ômaître
respecté!»Lemaîtredit:«Eh!quoi,pluspersonnenerestedanslamosquée.Qui
teretientlà?Quit’afaitdemeurerlà?»Sunqur dit : «Celui qui t’a enchaîné en dehors (de lamosquée)m’a
enchaînéàl’intérieur.«Celuiquinetelaissepasentrernemelaissepassortir.
3070 «Celuiquinetelaissepasfaireunpasdanscettedirectionaenchaîné
lepieddecetesclavedesortequ’ilnepeutallerdansl’autredirection.»Lamernelaissepassortirlespoissons;lamernelaissepasentrerles
êtresterrestres.L’eauestlademeureoriginelledespoissons,etl’animalestdelaterre:
icineserventàrienlesrusesetlesastuces.Leverrou(delaDestinée)estfort,etDieuseulpeutl’ouvrir:attache-
toiàlarésignationetàl’acceptationdeSavolonté.Bien que les atomes, un à un, devraient devenir des clés, cependant
cetteouverturen’esteffectuéequeparlaMajestédivine.Quand tuoublieras tapropreperspicacité, tuobtiendrascetteheureuse
fortunedetonGuidespirituel.Quand tu t’oublies toi-même, Dieu Se souvient de toi : quand tu es
devenuSonesclave,alorstueslibre.
Commentlesprophètesperdirentl’espoird’êtreacceptésetapprouvésparlesincroyants,commeDieuadit:«Jusqu’àceque,lorsquelesenvoyésdeDieudésespérèrent…»
es prophètes se disaient à eux-mêmes : « Combien de tempscontinuerons-nousàprodiguerexhortationsetconseilsàcelui-cietcelui-là?«Combiende tempsallons-nousbattre inutilementunmorceaude fer
froid?Ecoutez,jusqu’àquandallons-noussoufflerdansunecage?»L’activité des choses créées est causée par la Destinée divine et le
dessein :ce sont les spasmesde faimde l’estomacqui rendent lesdentsacérées.
3080 LaPremièreAme(l’Ameuniverselle)ainfluencélasecondeâme:lepoissonpourritparlatête,nonparlaqueue.Mais, toutenreconnaissantcela,hâte-toicependantcommelaflèche :
puisqueDieuadit:«Faisconnaître(cequit’aétérévélé)91»,iln’yapasd’échappatoire.Tu ne sais pas à quelle espèce (poissons ou animaux terrestres) tu
appartiens:efforce-toidonc,aussilongtempsqu’illefaudra,dediscernercequetues.Quandtumetsunecargaisonàbordd’unnavire,tulefaisparconfiance
enDieu.Car tu ne sais pas laquelle de ces deux choses t’arrivera : si tu seras
noyépendantlevoyageousauvé.Si tu dis : «Avant de savoir quel seramondestin, je ne vais pasme
hâterdem’embarquersurcenavireetl’océan;«Pendantcevoyage,jedoisêtresauvéounoyé:révélez-moiàquelle
catégoriej’appartiens.« Je ne vais pas partir pour ce voyage avec des doutes et de vains
espoirs,commelesautres»,Alors,aucuncommercenesera faitpar toi,parceque lesecretdeces
deuxpossibilitéssetrouvedansl’invisible.Lemarchandàlanaturetimideetàl’esprittimoréneperdninegagne
danssarecherche;3090 Ouplutôt,ilsubituneperte,carilestprivédelachanceetméprisable;
seulceluiquibrûled’ardeurtrouveralalumière.Étantdonnéquetoutes lesaffairesreposentsur l’espoir, l’affairedela
religionestlaplusdigne(d’inspirerdel’espoir)car,parcemoyen,onpeutgagnersonsalut.Ici, il n’est pas permis de frapper à la porte ; seul l’espérance est
permise:etDieuconnaîtmieuxledroitchemin.
Expliquantcommentlafoidel’hommeconformisteconsisteen
crainteetespoir
a motivation, dans chaque commerce, est la chance et l’espoir,même si les cous sont devenusmaigres comme un fuseau à cause d’unlabeurincessant.Quandlemarchandserend,lematin,danssaboutique,ilycourtdans
l’espoiretlachanced’ygagnersavie.Si l’on n’a pas la chance de gagner desmoyens de vivre, pourquoi y
aller?Ilyaunrisquededésappointement:pourquoidoncêtreconfiant?Lorsqu’il s’agit de gagner de la nourriture, comment la crainte d’un
désappointementprévudetouteéterniténet’a-t-ellepasrendufaibledanstarecherche?Tudiras :«Bienquecettepeurd’êtredéçusoitprésenteàmesyeux,
cettecrainteestplusgrandequandjesuisoisif.Quandjetravaille,monespoirestplusgrand:dansl’oisiveté,jecours
plusderisques.»Alors, ô homme auxmauvaises pensées, pourquoi cette crainte de la
perteteretient-elleenmatièredereligion?3100 Oubienn’as-tupasvudansquelcommerceprofitablelesgensdenotre
bazar,saintsetprophètes,sontengagés?Etquellesminesdetrésorsleursontapparuesdufaitqu’ilsserendentà
la boutique (spirituelle), et comment ils ont obtenu des gains sur lemarché?A celui-ci (Abraham) le feu est devenu soumis, comme un anneau ;
pourcelui-là(Moïse)lamerestdevenuesoumiseetl’atransporté;Pourl’un(David)leferdevintsoumisetpareilàlacire;pourunautre
(Salomon)leventdevintunsujetetunesclave.
ÉnonçantcommentleProphète(surluilapaix)adit:«Envérité,Dieu
leTrès-Hautadesamisquisontcachés.»
a démarche de certains est excessivement cachée : commentdeviendraient-ilsconnusparlecommundesgens?Ils possèdent tous cette souveraineté spirituelle, et cependant à aucun
momentlesyeuxnel’aperçoivent.Leursmiracleseteux-mêmessetrouventdanslesanctuairedivin: les
abdâleux-mêmesn’entendentpasleursnoms.Oubienignores-tulesgénérositésdeDieuquit’appelleàterendrelà-
bas?Lemonde tout entier aux six directions est rempli de Sa générosité :
partoutoùturegardes,IlmanifesteSagénérosité.Quandunhommegénéreuxt’ordonnedevenirdanslefeu,vas-yviteet
nedispas:«Ilmebrûlera.»
Histoired’Anas(queDieusoitsatisfaitdelui):commentiljeta
uneserviettedansunfourembrasé,etellenefutpasbrûlée
3110 lnousaétérapporté,concernantAnasfilsdeMalik,qu’unecertainepersonnedevintsoninvité.Celle-ci a racontéqu’après le repas,Anasvitque la serviettede table
étaitjaunie,Saleettachée,etdit:«Ôservante,jette-laaussitôtdanslefour.»Là-
dessus,l’intelligenteservantelajetadanslefourquiétaitpleindefeu.Touslesinvitésétaientétonnés:ilss’attendaientàvoirlafuméedela
servietteentraindebrûler.Auboutdepeudetemps,ellelasortitdufour,propre,blanche,purifiée
detoutesouillure.Les invités dirent : «ÔvénérableCompagnonduProphète, comment
celan’a-t-ilpasbrûlé,etcommentest-cedevenupropre?»Il répondit : « Parce que Mustafâ (Mohammad) frottait souvent ses
mainsetseslèvressurcetteserviette.»Ô cœur effrayé par le feu et les tourments (de l’Enfer), approche-toi
d’unetellemainetd’unetellelèvre!Puisque la bénédictionduProphète conféra un tel honneur à unobjet
inanimé,quelleschosesrévélera-t-elleàl’âmedel’amoureux!3120 ÉtantdonnéqueleProphètefitdesmottesdeterredelaKa’balaQibla,
toi,ômonâme,soiscommelapoussièredessaintsdanstaguerrecontrelachair.Ensuite,ilsdirentàlaservante:«Neveux-tupasnousdiretespropres
sentimentsausujetdetoutcela?« Pourquoi l’as-tu si rapidement jetée dans le feu à son ordre ? Je
supposequ’ilconnaissaitlessecrets(delaserviette),«Mais toi,maîtresse,pourquoias-tu jetéuneservietteaussiprécieuse
danslefeu?»Ellerépondit:«J’aiconfiancedanslesgénéreux:jenedésespèrepas
deleurmagnanimité.« Qu’est-ce qu’un morceau de tissu ? S’il m’ordonnait d’aller sans
regretdansl’essencemêmedufeu,«Moi,àcausedemaparfaiteconfianceenlui,jem’yjetterais:j’aiun
grandespoirenceuxquisontconsacrésàDieu.«Jem’yjetteraismoi-même,etpasseulementcetteserviette,àcausede
maconfianceentoutêtregénéreuxquiconnaîtlemystère.»Ômonfrère,bénéficiedecetélixir:lafoid’unhommenedoitpasêtre
moindrequecelled’unefemme.Lecœurd’unhommequiestmoindrequeceluid’unefemmeestsans
valeur.
HistoireduProphète(surluilapaix)venantenaideàunecaravaned’Arabesquiétaienttombésdans
degrandesdifficultésàcausedelasoifetdumanqued’eauetenvisageaientlamort;les
chameauxetleshommestiraientlalangue(d’épuisement)
3130 anscedésert,ilyavaitunecompagnied’Arabes:leursoutresétaientdevenuessèchesparmanquedepluie.Une caravane au sein du désert dans la pire détresse — ils se
préparaientàlamort.Soudain, celui qui secourt les deux mondes, Mustafâ (Mohammad),
apparutdanslecheminpourlesaider.Il vit là une très grande caravane sur le sable brûlant, partie pour un
voyageduretterrible,Les chameaux à la languependante, les hommesgisant partout sur le
sable.Ileutpitiéd’euxetdit:«Ecoutez,quequelques-unsdevoscamarades
s’enaillentaussitôtetcourentverscesduneslà-bas,«Carunnègreàdosdechameauvaveniravecuneoutred’eauqu’il
apporteentoutehâteàsonmaître.« Amenez-moi ce chamelier noir avec le chameau, par force, s’il le
faut.»Cesémissairess’approchèrentdesdunes;auboutdepeudetemps,ils
virentqu’ilenétaitbienainsi:Unesclavenoirvenait avecunchameau, l’outrepleined’eau,comme
unporteurdeprésents.3140 Alors,ilsluidirent:«L’orgueildel’humanité,lameilleuredes
créatures,t’inviteàterendredanscettedirection.»Il dit : « Je ne le connais pas : qui est-il ? »On lui dit : «C’est cet
hommesidoux,dontlevisageestcommelalune.»IlsluidécrivirentlesdiversesqualitésexistantchezleProphète;ildit:
«Ilsemblequecesoitcepoète(sorcier)«Quiasoumisdesmultitudesparsamagie:jeneferaipasunedemi-
coudéeverslui.»
Enletirantlelongduchemin,ilsl’amenèrentlà-bas:ilpoussauncridefureuretdesinjures.Lorsqu’ils l’eurent conduit devant cet homme vénérable, le Prophète
dit:«Buvezl’eauetemportez-en.»Il satisfit la soif de tous avec cette outre ; les chameaux et chaque
personneburentdecetteeau.A partir de l’outre du nègre, il remplit grandes et petites outres : de
jalousie,lesnuagesdanslecielétaienttroublés.Vit-onjamaisunetellechose:quel’ardeurbrûlantedetantd’Enfers(de
soif)soitrafraîchieparuneseuleoutre?Vit-onjamaisquetoutescesoutrespuissentêtrerempliesparuneseule
outre,sansdifficulté?3150 L’outreelle-mêmeétaitunvoile,etenréalité,àl’ordreduProphète,les
vaguesdelagénérositédivineleurarrivaientdelaMeroriginelle.« L’eau, en bouillant, est transformée en air ; et cet air, par le froid,
devientdel’eau.»Non;sanscauseetau-delàdecesmaximesdescience(naturelle),l’acte
(divin)d’ameneràl’existenceproduisitl’eauàpartirdelanon-existence.Étantdonnéquetuasobservélescausessecondesdepuistonenfance,
parignorance,tut’esbornéàcettecause.Attachéauxcauses,tuoubliesleCausateur:c’estpourquoitut’inclines
verscesvoiles.Quandtouteslescauses(secondes)aurontdisparu,tutefrapperaslatête
encriant:«ÔnotreSeigneur!ÔnotreSeigneur!»LeSeigneurdira:«Occupe-toidelacause(seconde)!T’es-tusouvenu
deMonœuvre?Oh!merveille!»Lui (qui croyait aux causes secondes) dit : « Désormais, je Te
contempleraitotalement;jeneconsidéreraipaslacauseetcetteerreur.»Dieu lui répondra : « Ton cas est décrit dans le verset S’ils étaient
ramenéssurla terre, ilsreviendraient(àcequi leurétait interdit)92.»ôtoiquiesfaibledanslerepentiretlavassalité.Mais Je ne ferai pas attention à cela, Je te témoignerai de la
miséricorde:Mamiséricordeestabondante,Jelacontinuerai.3160 Jeneconsidéreraipastonmanquedefidélité,parbienveillance,Je
t’octroieraileprésentàcetinstantmême,puisqueTum’implores.Les gens de la caravane étaient stupéfaits de l’action duProphète. Ils
s’écriaient:«ÔMohammad,ôtoiquiaslanaturedelaMer,qu’estcela?«Tuasfaitd’unepetiteoutreunvoile:tuascomplètementdésaltéréles
ArabesetlesKurdes.»
CommentleProphèteremplitmiraculeusementl’outredel’esclave
avecdel’eauvenueduMondeinvisible,etrenditblanclevisage
decetesclavenoir,parlapermissionduDieuTrès-Haut
sclave,voistonoutrepleined’eau,afinquetunepuissesriendiredemauvaisenteplaignant.»Lenègrefutstupéfaitdevant lemiraclemanifesteduProphète :safoi
apparaissaitd’au-delàdel’espace.Ilvitqu’unefontaines’étaitmiseàsedéverserdel’airdecemonde-là
etquesonoutreétaitdevenueunvoilepoursonjaillissement.Lesvoilesaussifurentdéchirésparsavision,desortequ’ilcontempla
distinctementlafontainedel’invisible.Là-dessus,lesyeuxdel’esclaveseremplirentdelarmes:iloubliason
maîtreetsademeure.La force luimanquapour repartir :Dieu jetaunpuissant troubledans
sonâme.Alors, à nouveau, le Prophète le fit revenir pour son bien, disant :
«Reviensàtoi;retourne,ôtoiàquiilseraprofitabled’agirainsi!3170 «Cen’estpaslemomentdel’émerveillement:l’émerveillementest
devanttoi;àprésent,contente-toid’avancersurtoncheminrapidementetvivement.»L’esclaveposalesmainsdeMustafâ(Mohammad)sursonvisageetles
couvritdetendresbaisers.Alors,Mustafâfrottasamainbéniesurlevisagedel’esclaveetlerendit
heureux.CeNoir d’Abyssinie devint blanc comme la pleine lune, et sa nuit se
transformaenunjourradieux.IldevintunJoseph,enbeautéetencoquetterie;leProphèteluidit:«A
présent,retournecheztoietracontecequit’estarrivé.»Ilmarchait,inconscient,enivré:ilnedistinguaitpas,enmarchant,son
pieddesamain.Puis,duvoisinagedelacaravane,ilarrivaensehâtantverssonmaître,
avecdeuxoutresrempliesd’eau.
Commentlemaîtrevitsonesclavedevenublancetnelereconnutpas;ildit:«Tuastuémon
esclave:tonmeurtrefadémasqué,etDieufajetédansmesmains.»
e maître l’aperçut de loin et resta stupéfait : d’étonnement, ilconvoqualesgensduvillage.« Ceci, dit-il, estmon outre etmon chameau : où donc est allémon
esclaveauvisagenoir?« Cet homme qui vient de loin est comme une pleine lune : le
rayonnementdesafacel’emportesurlalumièredujour.3180 «Oùestmonesclave?Peut-êtrea-t-ilperdusonchemin,ouunloupFa
attaquéetilaététué.»Lorsqu’ilarrivadevantsonmaître,celui-ciluidit:«Quies-tu?Es-tu
originaireduYémen,ouTurc?«Dis-moi,qu’as-tufaitàmonesclave?Dislavérité!Situl’astué,dis-
le!Necherchepasuneéchappatoire.»Il répondit : « Si je l’ai tué, comment suis-je venu à toi ? Comment
serais-jevenu,demonpropregré,danscerisquemortel?»(Ildemandaànouveau:)«Oùestmonesclave?»L’esclavedit:«En
vérité,c’estmoi:lagrâcedeDieum’arenduresplendissant.»«Eh,quedis-tu?Oùestmonesclave?Ecoute,tunem’échapperaspas,
saufenmedisantlavérité.»L’esclavedit:«Jevaisteracontertoutcequis’estpasséensecretentre
toietcetesclave;«Jevaisrapportercequis’estpasséentrenousdepuis le tempsoùtu
m’asachetéjusqu’àmaintenant,«Afin que tu puisses savoir que je suis lemêmedansmon existence
(spirituelle),bienqu’uneauroresesoitlevéedemoncorpscouleurdenuit.«La couleur a changé ;mais l’esprit pur est libéré de la couleur, des
quatreélémentsetdelapoussière.»3190 Ceuxquiconnaissentlecorpsseulbientôtnousperdent;maisceuxqui
s’abreuventdel’eau(spirituelle)abandonnentl’outre(corporelle)etl’aiguière.Ceuxquiconnaissentl’espritsontlibérésdesnombres:ilssontplongés
danslaMerquiestsansqualiténiquantité.
Deviensesprit,etconnais l’espritaumoyendel’esprit :deviensl’amidelavision,nonl’enfantdelaratiocination.Étantdonnéquel’Angeestdemêmeoriginequel’intelligence,etqu’ils
nesontdevenusdeuxformesdifférentesqu’envertudelaSagessedivine—L’Angeacquitdesailesetsemitàvolercommeunoiseau, tandisque
cette Intelligence renonça aux ailes et se revêtit de splendeur(immatérielle)—Nécessairement, tous deux sont devenus associés ; ces deux beautés
devinrentunappuil’unepourl’autre.L’Ange, comme l’Intelligence, estundécouvreurdeDieu ; chacunde
cesdeuxestunaideetunadorateurd’Adam.LaChair(nafs)etleDémonétaientaussiessentiellementunaudébut,et
ontétéennemisetenvieuxd’Adam.CeluiquiconsidéraitAdamcommeuncorpss’enfuitloindelui,tandis
queceluiqui levoyaitcommelaLumière immuableseprosternadevantlui.Ces deux (l’Ange et l’intelligence) furent rendus clairvoyants par cet
Adam, tandisque lesyeuxde cesdeuxautres (laChair et leDiable)nevirentquedel’argile.
3200 Cediscoursestmaintenantdevenuimpossibleàsuivre,étantdonnéqu’onnepeutexpliquerl’Evangileauxjuifs.Comment peut-on parler de ’Omar aux shi’ites* ? Comment peut-on
jouerduluthdevantlessourds?Maissiquelqu’unsetrouvedansuncoinduvillage,letumultequej’ai
crééestsuffisant.Pourceluiqui estdigned’entendre l’exposé, lespierreset lesbriques
deviennentunorateurcompétent.
*Les shi’ites sontopposésà ’Omar,deuxièmekhalifede l’islam,parcequ’ilsconsidèrentqu’ilausurpélaplacede’Alî.
Expliquantque,toutcequeleDieuTrès-Hautaoctroyéetcréé—
lescieuxetlesterresetlessubstancesetlesaccidents—Illesacréésenraisondubesoin,etquel’ondoitavoirbesoind’unechosepourqu’Ilpuissel’octroyer;car
N’est-cepasLuiquiexaucelemalheureuxquiL’invoque?93.Ladétresseestlapreuvequel’onestdigne(delabienveillancedivine)
’est lamisèreet la souffrancedeMariequi firentqu’un telbébé(Jésus)semitàparlerdanssonberceau94.Unepartied’elle-mêmeparlapourellesanselle:chaquepartiedetoi-
mêmeauneparolesecrète.Tesmains et tes pieds deviennent des témoins contre toi, ô esclave ;
combiendetempstelivreras-tu,piedsetpoings,àlanégation?Et si tu n’es pas digne d’entendre l’exposé et le discours, l’âme
rationnelledel’orateurs’enestaperçueets’abstint.Toutcequiapoussél’afaitpourceuxquisontdanslebesoin,afinque
lechercheurpuissetrouverlachosequ’ilcherche.Si leDieuTrès-Haut a créé lesdeux, Il les a crééspour subvenir aux
besoins.3210 Partoutoùsetrouveunesouffrance,leremèdes’ydirige;partoutoù
existelapauvreté,lesecoursyva.Partoutoùilyaunequestiondifficile,laréponseyparvient;partoutoù
setrouveunnavire,l’eauluiarrive.Necherchepasl’eau,maisdeviensassoiffé,pourquel’eaupuissejaillir
d’enhautetd’enbas.Avant que naisse le bébé à la gorge délicate, comment le lait
commencerait-ilàcoulerpourluiduseindesamère?Vacourirdanscesvalléesetsurcescollines,afindedevenirassoifféet
victimedelachaleur!Aprèsavoirentendulebruitdutonnerre,tuentendraslebruitdel’eau
duruisseau,ôroi!Tonbesoinn’estpasmoindrequeceluidesplantessèches:tuprendsde
l’eauettul’amènesauprèsd’elles;Tu te saisis de l’eau et tu l’apportes aux récoltes desséchées pour
qu’ellessoientrafraîchies.Pourlesmoissonsspirituelles,dontlesessencessontcachées,lenuage
delamiséricorde(divine)estpleindel’eaudeKawthar*.Afin que les paroles leur Seigneur les abreuvera95 puissent t’être
adressées,aiesoif!Dieuconnaîtmieuxledroitchemin.
*SourceduParadis.
CommentlafemmeincroyantevintchezMohammad(surluilapaix)avecunnourrisson,etcommentil
parla,commeJésus,desmiraclesduProphète(Dieulebénisseetle
sauve!)
3220 nefemmedumêmevillage,l’unedesincroyantes,courutversleProphètepourlemettreàl’épreuve.EllevintauprèsduProphète,recouverted’unvoile;elleavaitdansles
brasunbébédedeuxmois.L’enfant dit : « Dieu te donne la paix, ô Messager d’Allah ! Nous
sommesvenusàtoi.»Samèreluiditaveccolère:«Hé!tais-toi!Quiamiscetémoignage
danstonoreille?« Qui t’a enseigné cela, ô petit enfant, de sorte que ta langue est
devenueéloquentedanstapetiteenfance?»Ilrépondit :«Dieumel’aappris,puisGabriel : jesuis l’interprètede
Gabrieldanscettedéclaration.»Elledit:«OùestGabriel?»Ilrépondit:«Au-dessusdetatête;nele
vois-tupas?Lèvelesyeux.«Gabrielsetientau-dessusdetoi:pourmoi,ilestdevenuunguidede
centmanièresdifférentes.»Elledit:«Levois-tu?»«Oui,répondit-il,jelevoisbrillantau-dessus
detoicommeunepleineluneparfaite.« Il m’enseigne les qualités du Prophète etme délivre, aumoyen de
cettesublimité,deladégradation.»3230 AlorsleProphèteditaubébé:«Ônourrisson,quelesttonnom?Dis-
le-moietsatisfaismademande.»«Abdu’l-Aziz (serviteur duTout-Puissant), dit l’enfant, estmon nom
auprèsdeDieu;mais’Abd-iUzza(serviteurdeladéesseUzza)aveccettepoignéederéprouvés.«JesuispuretlibreetdélivrédeUzza,jelejureparlavéritédeCelui
quit’aaccordécettequalitédeprophète.»L’enfant de deux mois, lumineux comme la pleine lune, prononça le
discoursd’unadulte,commeceuxquioccupentlaplaced’honneur.AlorsàcetinstantarrivadubaumeduParadis,desortequelamèreet
l’enfantenrespirèrentleparfum.Tous deux disaient : « De peur de tomber de cet état, mieux vaut
soumettresonâmeauparfumdecebaume.»QuantàceluiqueDieu louedeconnaissance, les choses inaniméeset
vivantesprononcentcentexpressionsdefoienLui.QuantàceluiqueDieuprotège, lesoiseauxetlespoissonsdeviennent
sesgardiens.
Commentunaigles’emparad’unechaussureduProphète(surluilapaix),l’emportadanslesairsetlaretourna,etcommentunserpent
noirtombadelachaussure
lsétaientoccupésainsi,quandMustafâ(Mohammad)entenditd’enhautl’appelàlaprièrerituelle.Ildemandadel’eauetrenouvelasesablutions:ilselavalesmainsetle
visageaveccetteeaufroide.3240 IIselavalespiedsetallaitprendresachaussure:unvoleurdesouliers
s’ensaisit.Cet homme au caractère si doux tendit lamain vers son soulier : un
aigles’enemparadesamain,Etl’emportadanslesairs,aussirapidequelevent:puisilleretournaet
unserpententomba.De la chaussure tombaun serpent noir : en raisonde cette sollicitude
(divine)pourleProphète,l’aigledevintsonamibienfaisant.Puisl’aiglerapportalesoulieretdit:«Viens,prends-leetvaprier.« J’ai effectué cet acte présomptueux par nécessité : je suis rendu
honteuxparmonrespectpourtoi.« Malheur à celui qui agit présomptueusement sans nécessité parce
qu’unvaindésirl’yautorise!»Alors,leProphèteremercial’aigleetdit:«J’avaisconsidéré(tonacte)
commedel’insolence,maisenréalitéc’étaitdelabienveillance.«Tuasemportélesoulier,etj’étaisennuyé:tuasenlevémonsouci,et
jesuisdevenuaffligé,«BienqueDieum’aitmontréchaquechoseinvisible,àcemomentmon
cœurétaitoccupédemoi-même.»3250 L’aiglerépondit:«Net’imaginepasquel’oublisesoitproduitentoi:
sij’aivucettechoseinvisible,c’estpartonreflet.«Simoi,dansl’air,jevoisleserpentdanslachaussure,cen’estpasde
moi-même,c’esttonreflet,ôMustafâ.»Lerefletdel’hommedelumièreesttotalementresplendissant;lereflet
del’hommedeténèbren’estqu’obscurité.Le reflet du serviteur deDieu est entièrement lumineux ; le reflet de
celuiquiestétrangeràDieuesttotalementcécité.
Connaislerefletdechacun:vois-leclairement,ômonâme.Puisrestetoujoursaveclecongénèrequetudésires.
Lafaçonjustedetireruneleçondecettehistoireetdesavoiravec
certitudeque,envérité,lebonheurestprochedumalheur*
ette histoire est une leçon pour toi, ô mon âme, afin que tu tesoumettesauxdécretsdivins,De sorte que tu comprendras rapidement et que tu auras de bonnes
penséesausujetdeDieuquandtuverrasunecalamitét’arriversoudain.Tandisqued’autrespâlissentdepeur,turiras,àl’heuredugainoudela
perte,commelarose,Parcequelarose,mêmesituluiarrachespétaleaprèspétale,necesse
d’êtrerianteetnedevientpascourbée(depeine).«Pourquoi,dit-elle, serais-jeaffligéeàcaused’uneépine?Envérité,
j’aiacquismonrireaumoyendel’épine.»3260 Quoiquecesoitqui,parladestinée,devientperdupourtoi,soissûrque
celat’asauvédelapeine.On demanda : « Qu’est-ce que le soufisme ? » Le sheikh répondit :
«Eprouverdelajoiedanslecœurlorsquevientlechagrin.»ConsidèreSonchâtimentcommel’aiglequiemportalachaussuredecet
hommeparfait(leProphète),Afin de sauver son pied de la morsure du serpent. Oh, heureuse la
compréhensionquin’estpasobscurcie!Dieu a dit : « Ne soyez pas désespérés en perdant ce qui vous
échappe96»sileloupvientetdétruittesmoutons,Car ce malheur détourne de grands malheurs, et cette perte empêche
d’énormespertes.
*Qor’ân,XCIV,5-6.
CommentuncertainhommedemandaàMoïsedeluienseigner
lelangagedesanimauxetdesoiseaux
n jeune homme dit à Moïse : « Apprends-moi le langage desanimaux,«Pourquepeut-être,delavoixdesanimauxetbêtessauvages,jepuisse
acquériruneleçonconcernantmareligion.« Étant donné que les langages des fils d’Adam sont entièrement
destinésàobtenirdel’eau,dupain,etunerenommée,« Il se peut que les animaux aient un souci différent, c’est-à-dire, de
penseràl’heuredequittercemonde.»3270 «Va-t’en,ditMoïse,renonceàcevaindésir,carilimpliquedegrands
dangersdevantetderrière.«Recherchel’enseignementetl’éveilspiritueldeDieu,nondelivreset
deparoles,demotsetdelèvres.»L’homme devint plus avide en raison du refus deMoïse : un homme
devienttoujoursavidequandonluirefusecequ’ildésire.Ildit:«ÔMoïse,depuisquetalumièreabrillé,toutechoseaacquisde
toiquelquechose.« Ce n’est pas digne de ta bienveillance, ô homme généreux, de me
désappointerausujetdecetobjetdemondésir.« Actuellement, tu es le représentant de Dieu ; ce sera pour moi un
désespoirsitumerefuses.»Moïse dit : «Ô Seigneur, sûrement leDémonmaudit a subjugué cet
hommesimple.«Sijel’instruis,celaluiseranuisible;etsijenel’instruispas,ilperdra
cœur.»Dieu dit : « Instruis-le, ôMoïse, carNous, dansNotre bienveillance,
Nousn’avonsjamaisrejetélaprièredequiconque.»Moïse dit : «ÔSeigneur, il va éprouver du repentir et semordre les
mainsetdéchirerseshabits.3280 «Lepouvoirneconvientpasàtoutlemonde:lafaiblesseestcequiest
lemeilleurpourlesdévots.»Pourcetteraison,lapauvretéestunegloireéternelle,étantdonnéquela
mainquinepeutatteindrelesobjetsdesondésirresteavecseulementla
craintedeDieu.LesrichessesetlesgensrichessontrejetésparDieu,parcequeceuxqui
détiennentunpouvoirrenoncentàlarésignation.La faiblesse et la pauvreté sont une sécurité pour l’homme contre les
dangersdel’âmecharnelleavideetinquiète.Cette inquiétude naît des vains désirs auxquels cet homme qui est
devenulaproiedelagouleesthabitué.Lemangeurd’argileéprouvedudésirpourl’argile:lesucreparfuméà
laroseestindigestepourcemalheureuxhomme.
CommentlaRévélationvintdeDieu—leTrès-Haut—àMoïse
qu’ildevaitluienseignerlachosequ’ildemandait,ouunepartie
ieudit:«Accorde-luicequ’ilveut:qu’ilaitlesmainslibrespourchoisir.»La liberté de choix est ce qui confère de la valeur à la dévotion ;
autrement (il n’y aurait pas de mérite) : cette sphère céleste tourneinvolontairement;Donc,sarévolutionnecomportenirécompensenipunition,carlelibre
arbitreestconsidérécommeunmériteleJourduJugement.Tous les êtres créés, envérité,glorifientDieu,mais cetteglorification
obligatoiren’acquiertpasderécompense.3290 Metsunsabredanssamain,tire-ledesafaiblesse,afinqu’ilpuisse
devenirsoitunsaintguerrier,soitunbrigand.Car:«Nousavonsennoblilesfilsd’Adam97parledondulibrearbitre:
ilestpourmoitiéuneabeille,etpourmoitiéunserpent.»Les vrais croyants sont une ruche de miel, comme l’abeille, les
infidèles,envérité,sontuneréservedepoison,commeleserpent,Parce que le vrai croyant s’est nourri d’herbes choisies, de sorte que,
commel’abeille,sasaliveestdevenueunmoyendedonnerlavie;Tandisque l’impieabude l’eau sale : enconséquence,dupoisonest
apparuenluienraisondesanourriture.CeuxquisontinspirésparDieusontlasourcedelavie;ceuxquisont
fascinésparlescharmesdelasensualitésontunpoisondemort.Danslemonde,cetélogeet«Bienfait!»et«Bravo!»sontoctroyésà
causedulibrearbitreetdelavigilancedel’attention.Touslesdébauchés,quandilssontenprison,deviennentdesdévots,des
ascètesetdessuppliantsdeDieu.Quand le pouvoir d’agir librement n’existe pas, l’action devient
dépourvue de valeur. Prends garde que le Destin ne s’empare de toncapital!Lepouvoird’agirlibrementesttoncapitalquitefaitgagnerduprofit.
Guettelemomentdecepouvoiretobserve-lebien!3300 L’hommechevauchelecoursierdeNousavonsennobli(lesfils
d’Adam):lesrênesdelalibertésontdanslamaindesonintelligence.
Anouveau,Moïsel’admonestaavecbienveillance,disant :«Lachosequetudésiresferapâlirtaface,«RenonceàcettepassionvaineetcrainsDieu:leDémont’asubjugué
afindetetromper.»
Commentcechercheursecontentad’apprendrelelangagedesvolailles
domestiquesetdeschiens,etcommentMoïse(surluilapaix)
satisfitàsademande
ldit:«Entoutcas,apprends-moilelangageduchienquiestàlaporteetlelangagedesvolaillesdomestiquesquiontdesailes»«Ecoute,ditMoïse,tusaismieux!Va,lasatisfactiondetondésirest
arrivée:lelangagedecesdeuxteserarévélé.»Au point du jour, afin d’en faire l’épreuve, il se tint en attente sur le
seuil.Laservantesecoualanappe,etunboutdepain,restantdurepasdela
veilleausoir,tombaparterre.Uncoq l’attrapacommesi c’était l’enjeud’unecourse.Lechiendit :
«Tuascommisuneinjusticeenversmoi.Va-t’en!« Tu peuxmanger un grain de blé, tandis que je ne peuxmanger de
grainsdansmademeure.«Tupeuxmangerdubléetdel’orgeetlerestedesgrains,tandisqueje
nelepuis,ôtoiquiteréjouis!3310 «Cettecroûtedepain,lepainquiestnotreration,tuenlèvesauxchiens
unesipetitequantitédenourriture!»
Laréponseducoqauchien
lorsIeeoqluidie:«Tais-toi,net’affligepas,carDieutedonneraquelquechosed’autreàlaplacedecela.«Lechevaldecehodjâestsurlepointdemourir:demain,mangetout
toncontentetnet’affligepas.«Lamortduchevalseraunjourdefêtepourleschiens:ilyauradela
nourritureenabondance,sanslabeurnipeinepourlagagner.»Quandl’hommeentenditcesparoles,ilvenditlecheval.Cecoqperdit
lafaceauxyeuxduchien.Le lendemain, le coq s’empara du pain de la même façon
(qu’auparavant)etlechienluidit:«Ôcoqtrompeur,combiendetempsvas-tudiretouscesmensonges?
Tuestyranniqueetfauxetmenteur.«Où est le cheval dont tu avais annoncé lamort ?Tu es pareil à un
hommeaveuglequiparledesétoiles,ettuesdénuédevérité.»Cecoqsagacerépondit:«Sonchevalestmortailleurs,« Il a vendu le cheval et échappé à la perte : il a rejeté la perte sur
d’autres.3320 «Maisdemainsamulevamourir:ceseraunebonnefortunepourles
chiens,doncnedisplusrien.»L’homme cupide vendit immédiatement la mule et en cet instant fut
délivréduchagrinetdelaperte.Letroisièmejour,lechienditaucoq:«Ôprincedesmenteursavectes
tamboursettestambourins!»Lecoqdit:«Ilavendulamuleentoutehâte,mais,dit-il,demainson
esclavemourra;«Etquandsonesclavemourra,sesprochesdistribuerontdesmorceaux
depainauxchiensetauxmendiants.»Lemaîtreentenditcelaetvenditsonesclave:ilfutsauvédelaperteet
sonvisages’illuminadejoie.Il rendit grâces et se réjouissait, disant : « J’ai été préservé de trois
calamitésencemonde.«Depuisquej’aiapprislelangagedelavolailleetduchien,j’aicrevé
lemauvaisœil.»Lelendemain,lechiendésappointédit:«Ôcoqtrompeur,oùsontles
choses(quetum’avaisannoncées)?
« Combien de temps, dis-moi, combien de temps ta fausseté et tatromperiecontinueront-elles?Envérité,seulelafaussetévolehorsdetonnid.»
3330 IIdit:«Loindemoietdemespareilsquenoussoyonsaffligésdefausseté!«Nouslescoqssommesaussivéridiquesquelemuezzin:noussommes
desobservateursdusoleilaussibienquedeschercheursdel’heurejuste.« Nous sommes intérieurement des guetteurs du soleil, bien qu’on
puissenousenfermerdansl’obscurité.»LesguetteursduSoleil(delaRéalité)sontlessaints:ilssontaucourant
desmystèresdivinsmêmedansleurcorps.«Dieuaaccordéànotrefamillecommedonpourl’hommed’appelerà
laprièrerituelleetàlapréparationdecelle-ci.« Si une erreur est commise par nous en appelant à la prière à une
mauvaiseheure,ceseralacausequel’onnoustue.«Direàuneheureinexacte:“Venezàlafélicité*’’rendranotresang
sarisvaleur,etleverserseralicite.»C’est seulement lecoqspirituel, l’Amede l’inspirationdivine,quiest
préservéeparDieuoupurifiéedel’erreur.L’esclave du maître mourut dans la maison de son acheteur : ce fut
entièrementlapertedel’acheteur.Lehodjâsauvasonargent,maisversasonpropresang.Comprendsbien
cela!3340 Uneperteauraitévitéplusieurspertes:noscorpsetnotreargentsontla
rançondenosâmes.Enprésencedesrois,aumomentoùilsprescriventunchâtiment,vous
offrezdel’argentetrachetezvotrevie.Commentdoncêtes-vousdevenus,dans lecasde ladestinée (divine),
pareilsàunrustre—refusantvotreargentauJuge(suprême)?
*Faitpartiedel’appelàlaprièrerituelle.
Commentlecoqpréditlamortduhodjâ
ais demain, il va certainementmourir : sonhéritier, en célébrantsondeuil,vaégorgerunbœuf.«Lepropriétairedelamaisonmourraetquitteracemonde:envérité,
demaintuaurasunegrandequantitédenourriture.«Lesnotablesetlepeuplerecevrontdesmorceauxdepainetdebons
repasetdesviandesdanstoutlequartier.«Laviandedubœufsacrifiéetdesgalettesdepainserontrapidement
distribuéesauxchiensetauxmendiants.»Lamortduchevaletdelamuleetcelledel’esclaveétaientdestinéesà
détournerlemalheurdecethommestupide.Iléchappaàlapertedelarichesseetduchagrincauséparcetteperte:il
augmentasafortune,maisversasonpropresang.Ces austérités des derviches, à quoi servent-elles ?C’est que la peine
infligéeaucorpsestenréalitélavieéternelledesesprits.3350 Amoinsqu’unpèlerin(mystique)obtiennelavieéternelledesonmoi
(spirituel),commentferait-ildesoncorpsunechosefaibleetpérissable?Comments’adonnerait-ilàdesactesd’altruismeetdedévotion,àmoins
devoirlesalutdesonâmeenéchangedecequ’ildonne?Celuiquidonnesansattendreaucungain—celui-làestDieu,estDieu,
estDieu,Ou l’ami de Dieu qui a atteint la nature de Dieu et qui est devenu
lumineuxetareçulerayonnementabsolu;CarIIestriche,tandisquetous,exceptéDieu,sontpauvres:comment
unpauvrehommepourrait-ildire«Prends»sanscompensation?Jusqu’à ce qu’un enfant voie que la pomme est là, il ne donnera pas
l’oignonpourriqu’iltientdanssamain.Touscesgensdumarché,danscedessein,sontassissurdesbancsdans
lesboutiquesdansl’espoirderecevoirunecompensation.Ils offrent cent bellesmarchandises, et dans leur cœur, ils ne pensent
qu’àrecevoirquelquechoseenéchange.ÔhommedelaReligion,tun’entendraspasunseulsalamdontlebut
neserapasdetetirerparlamanche(pourtedemanderquelquechose).Jen’aijamaisentendudequiconqueunsalamdésintéressé,ômonfrère
—quelapaixsoitavectoi!—
3360 ExceptélesalamdeDieu.Viens,recherchecesalamdemaisonenmaison,deplaceenplaceetderueenrue.Delabouchedel’hommequipossèdeunebonneintuition(deschoses
spirituelles),j’aientenduàlafoislemessageetlesalamdeDieu.Etdansl’espoirdecesalam,j’écouteavecmoncœurlessalamsdetous
lesautres,commes’ilsétaientplusdouxquelavie.Lesalam du saint est devenu le salam deDieu, parce qu’il amis en
dangertoutcequ’ilpossédait.Ilestmortàlui-mêmeetdevenuvivantparleSeigneur:c’estpourquoi
lesmystèresdeDieusontsurseslèvres.Lamortducorpsparladisciplinedesoiestlavie:lessouffrancesdu
corpssontdel’éternitédel’esprit.Ceméchanthommeavaitprêtél’oreille:ilentendaitducoqlanouvelle
desamort.
CommentcettepersonnecourutversMoïsesollicitersaprotectionquandilentenditducoql’annonce
desamort
uandilentenditcesparoles,ilsemitàcourirentoutehâte:ilserenditàlaportedeMoïse,avecquiDieuconversait.Il frottait son visage dans la poussière, disant : « Sauve-moi de cette
fatalité,ôKalîm!»Moïserépondit:«Vatevendretoi-mêmeàprésent,etéchappeàcela!
Puisquetuesdevenuhabile(àéviterlespertes),sautehorsdupuits(delamort).
3370 «Rejettelapertesurlesmusulmans!Rendstesboursesettesbesacesdeuxfoisplusremplies!« J’ai aperçudansunebrique cette destinée, qui pour toi est devenue
visibledanslemiroir.« L’homme intelligent voit avec son cœur le but dans le
commencement ; celui qui manque de connaissance ne le voit qu’à lafin.»Une fois de plus, l’homme se lamenta, disant : « Ô toi qui as un
caractèresublime,nemefrappepassurlatête,nemefaispasrougir.«Cepéchéestvenudemoiparcequej’étais indigne: toi,accordeun
pardonàmonactionindigne.»Moïsedit :«Une flècheaété tiréepar l’archer,mongarçon,cen’est
pasl’habitudequ’ellerevienneàsonorigine;«MaisjesupplierailamiséricordedeDieuquetupuissesmourirdans
lafoiaumomentoùtuquitterascemonde.«Quandtumeursdanslafoi,tuesvivant;quandtuparsaveclafoi,tu
duresàjamais.»Au même instant, le hodjâ se sentit indisposé, de telle sorte qu’il
ressentitdesmauxdecœuretl’onapportaunbassin.Cesontlesdouleursdelamort,nondel’indigestion:àquoiteservirait-
ildevomir,ôinfortuné?3380 Quatrepersonnesl’emportèrentdanssamaison:sajambesecrispait
contresajambe98;Situn’écoutespasleconseild’unMoïseettémoignesdel’irrespect,tu
tejettescontreuneépéed’acier.
L’épéen’éprouvepasdehonteàprendretavie:c’esttaproprefaute,ômonfrère,taproprefaute!
CommentMoïsepriapourcettepersonne,demandantqu’ellepuisse
quittercemondedanslafoi
l’aube,Moïsecommençasapnère,disant:ÔDieu,neluienlèvepaslaFoi,nelaluiretirepas!«Agisdefaçonroyale,pardonne-lui,carils’estégaréets’estcomporté
avecimpudenceetapéchégravement.« Je lui avais dit : “Cette connaissance ne te convient pas” ; mais il
considéramesparolescommevainespourlerefusdesondésir,«Celui-làposesesmainssurledragon,celui-làseuldontlamainafait
dubâtonundragon.«Apprendre le secret de l’invisiblene convient qu’à celui-là seul qui
peutfermerseslèvresets’abstenirdeparler.« Seul le gibier d’eau convient à lamer. Comprends cela— etDieu
connaîtmieuxlebonchemin.« Lui (l’homme obstiné) alla dans la mer, et il n’était pas un gibier
d’eau:ils’estnoyé.Prendssamain,ôMiséricordieux!»
CommentDieuleTrès-HautexauçalaprièredeMoïse(surluilapaix)
3390 ieudit:«Oui,JeluiaccordelaFoiet,situledésires,Jeleramèneraiàlavieencetinstant.«Envérité,Jerendrailavieencemomentàtouslesmortsdelaterre
pourtoi.»Moïsedit:«Ceciestlemondedelamort:élève-lesàcetautremonde,
carc’estunlieuresplendissant.«Étantdonnéquecettedemeuredelamortalitén’estpaslemondede
l’Existence,leretouràcequiestimpermanentn’estpasungrandgain.«Accorde-leur Tamiséricorde déjàmaintenant dans le lieu secret de
tousensembleilscomparaîtront99devantNous.»(J’airacontécettehistoire)pourquevoussachiezquelaperteducorps
etdelarichesseestungainpourl’espritetledélivredumalheur.Acquiersdoncl’ascèsedetoutetonâme:tusauverastonâmequandtu
aurasconsacrétoncorpsauservicedeDieu.Et si cetteascèse tevient sans librechoixde tapart, courbe la têteet
rendsgrâces,ôhommefortuné!Puisque Dieu t’a donné cette ascèse, rends grâces : Il t’a attiré par
l’ordre«Sois!».
Histoiredelafemmedontlesenfantsnevivaientjamais
longtemps,etcomment,quandelleseplaignitàDieu,laréponsevint:«Celaestaulieudel’ascèse(quetunepratiquespas)etremplacela
guerresaintedeceuxquis’yadonnent.»
ettefemmeavaitcoutumed’avoirunfilschaqueannée,maisilnevivaitjamaisplusdesixmois.
3400 Auboutdetroisouquatremois,ilmourait.Lafemmeselamenta,s’écriant:«Hélas,ôDieu,«Pendantneufmois,j’aiportécefardeau,etpendanttroismoisj’aieu
delajoie:monbonheurestpluséphémèrequel’arc-en-ciel.»Cette femme, en raison de la terrible souffrance qu’elle éprouvait, se
plaignaitainsidevantleshommesdeDieu.De cette façon, vingt de ses enfants allèrent dans la tombe : une
calamitétombaitrapidementsurleursvies,Jusqu’à ce qu’une nuit, il lui futmontré un jardin éternel, verdoyant,
délicieuxetremplidepaix.J’aiappelé laBonté inconditionnéeun jardin,étantdonnéquec’est la
sourcedetouteslesgénérositésetl’assembléedetouslesjardins.Autrement, c’est ce que l’œil n’a jamais contemplé : comment parler
d’un jardin ? Cependant,Dieu a appelé la Lumière de l’invisible « unelampe».Ce n’est pas une comparaison, c’est unemétaphore, utilisée pour que
celuiquiestdésorientépuissesaisiruneffluvedelaréalité.Enrésumé,lafemmevitcelaetdevintenivrée:àcetterévélation,cette
faiblecréaturetombaenextase.Ellevitsonnomécritaufrontond’unpalais:ellequiétaitcroyantesut
quecepalaisluiappartenait.3410 Aprèsquoi,onluidit:«Cettelibéralitéestpourceluiquis’estsacrifié
avecsincérité.«Ondoitavoirservifidèlement(Dieu)pourpartageruntelbanquet.« C’est pourquoi, comme tu négligeais de chercher refuge en Dieu,
Dieut’ainfligécesmalheursaulieudecela.»
« Ô Seigneur, s’écria-t-elle, inflige-moi de telles peines pendant centansetplus!Versemonsang,jeT’enprie!»Quandelleavançadanscejardin,ellevitlàtoussesenfants.Elle dit : « Ils étaient perdus pourmoi,mais ils n’étaient pas perdus
pour Toi. » Si l’on ne possède pas la vision de l’invisible, personne nedevientvoyantcommel’hommeparfait.Tun’aspasperdudesangparlasaignée,c’estpourquoiletrop-pleinde
sangacoulédetonnez,afinquetaviepuisseéchapperàlafièvre.Lenoyaudechaquefruitvautmieuxquesonécorce;considèrelecorps
commel’écorce,etl’espritcommelenoyau.Après tout, l’homme possède un noble noyau ; recherche-le si tu es
inspiréparlesouffle(divin).
CommentHamza(queDieusoitsatisfaitdelui)allaaucombatsans
cottedemailles
haque fois qu’à la fin de sa vie Hamza allait sur le champ debataille, il entrait dans la mêlée, comme un homme ivre, sans cotte demailles.
3420 Avançantlapoitrinedécouverteetlecorpsnu,ilsejetaitdanslesrangsdesporteursd’épées.Lesgensl’interrogeaient:«ÔoncleduProphète,ôLionquibrisesles
rangsdesennemis,ôprincedeschampions,«N’as-tupasludansleMessagedeDieu:Nevousexposezpas,devos
propresmains,àlaperdition100?«Alors,pourquoidonctejettes-tudansladestructionsurlechampde
bataille?«Quand tuétais jeune,et robusteetbiencharpenté, tun’allaispasau
combatsanscottedemailles.«Aprésentque tuesdevenuvieux, infirmeetcourbé, tu frappesà la
portedel’imprudence,«Etsansépéenilance,commeceluiquin’apeurderien,tutebatsettu
temetstoi-mêmeàl’épreuve.«Lesabren’apasderespectpourlesvieillards:commentlesabreetla
flècheauraient-ilsdudiscernement?»Decettemanière,lesamisignorantsluiapportaientdesconseilspleins
dezèle.
LaréponsedeHamzaauxgens
amzadit:«Quandj’étaisjeune,jeconsidéraisl’adieuàcemondecommelamort.
3430 «Commentquiconquepeut-ilalleràlamortavecdésir?Commentviendrait-ildésarméàlarencontredudragon?«Maisàprésent,grâceàlaLumièredeMohammad,jenesuisplusle
sujetdecettecitépérissable.« Au-delà des sens, je contemple le camp du Roi divin rempli de
l’arméedelaLumièredeDieu,«Tentesurtente,etcordagesurcordage.GrâcessoientrenduesàCelui
quim’aéveillédelatorpeur!»Celuiauxyeuxdequilamortestladestruction—ils’attacheàl’ordre
divin:Nevousexposezpas,devospropresmains,àlaperdition,Etceluipourquilamortestl’ouverturedelaporte—pourlui,dansle
Discoursdivin(leQor’ân),est l’ordre :«Hâtez-vous (vers lepardondevotreSeigneur)101.»Prenezgarde,ôvousquicontemplez lamort !Surpassez-vous lesuns
lesautres(dansl’absencedecraintedelamort)!Hâtez-vous,ôvousquicontemplezlaRésurrection!Bienvenue à vous qui considérez la grâce divine ! Réjouissez-vous !
Malheuràvous,ôvousquiconsidérezlecourrouxdivin!Soyezaffligés!Celui qui considère lamort comme aussi belle que Joseph donne son
âme en rançon pour elle ; quiconque la considère comme le loup sedétournedelavoiedroite.Lamortdechacunestdelamêmequalitéquelui-même,monfils;pour
l’ennemideDieu,elleestunennemi,etpourSonami,unami.3440 AuxyeuxduTurc,lemiroiraunecouleurclaire:demême,auxyeux
del’hommenoir,lemiroirestsombrecommeunNoir.Ta peur de la mort en la fuyant est en réalité la peur de toi-même.
Prendsgarde,ômonâme!C’est ton propre laid visage, non le visage de laMort : ton esprit est
commel’arbre,etlamortcommelefeuillage.Ilapousséde toi,qu’ilsoitbonoumauvais :chacunedetespensées,
belleoulaide,estnéedetoi.Situesblesséparuneépine,c’esttoiquiassemé;etsituesvêtude
satinetdesoie,c’esttoiquiasfilé.
Sachequel’acten’estpasdemêmenaturequelarétribution:leservicen’estnullementdemêmenaturequelepaiementquiluiestdonné.Lesalairede l’ouvrierneressemblepasàson travail,étantdonnéque
l’unestl’accident,tandisquel’autreestlasubstanceetestpermanent.Le travail consiste entièrement en difficulté, en effort et en fatigue,
tandisquelesalaireconsisteenargent,enoretenplateauxdenourriture.Si une accusation est portée contre toi par quelqu’un, la raison en est
quelapersonneàquituavaisfaitdutortainvoquéDieucontretoidanssonaffliction.Tudis:«Jesuisinnocent;jen’aiaccusépersonne.»
3450 Non,maistuascommisuneautresortedepéché;tuassemélagraine:commentlagraineressemblerait-elleaufruit?Un homme s’est rendu coupable de fornication, et le châtiment était
centcoupsdebâton.«Quand,dit-il,ai-jejamaisfrappéquelqu’unavecdubois?»Cettepeinen’était-ellepas lapunitionde la fornication?Comment le
bâtonressemblerait-ilàunactecommisensecret?Comment le serpent ressemblerait-il au bâton, ô Kalîm (Moïse) ?
Commentlasouffranceressemblerait-elleauremède,ôdocteur?Quandtoi,aulieudejeterlebâton,tuasfécondélafemme,tasemence
estdevenueunbelêtrehumain.Cette semence est devenue pour toi un ami ou un serpent : pourquoi
donccetétonnementdetapartausujetdubâtondeMoïse?Est-cequelasemenceressembletantsoitpeuàl’enfant?Est-cequela
canneàsucreressembletantsoitpeuausucrecandi?Quandunhommeaseméuneprosternationouuneinclinaisondansla
prière,dansl’autremonde,cetteprosternationdevientleParadis.Quand la louangedeDieu s’est envoléede sabouche, le Seigneurde
l’aurore102lafaçonneenunoiseaudeParadis.Talouangeettaglorificationneressemblentpasàl’oiseau,bienquela
semencede1’oiseaunesoitquesouffleetair.3460 Lorsquelalibéralitéetlesaumônesproviennentdetamain,cetacte
devientdansl’au-delàdespalmiersetdefraisherbages.Cette eau de ta patience est devenue une rivière dans le Paradis ; ton
amourettonaffection(pourDieu)sontunfleuvedelaitauParadis.Ledélicedeladévotionestdevenuunerivièredemiel:considèreton
enivrementettanostalgiecommeunfleuvedevin.Ces causes ne ressemblaient pas à leurs effets : nul ne sait comment
Dieuaplacél’effetaulieudelacause.
Puisquecescausesobéissaientàtonordre,lesquatrefleuvesduParadist’ontdemêmetémoignéleurobéissance.Tu les fais coulerdans ladirectionque tuveux : commecettequalité
étaitencemonde,delamêmemanièretufaisquesoneffetsoit(enl’autremonde).Par exemple, ta semencequi est à tes ordres— laprogéniturequi en
vientestprêteàobéiràtesordres.Tonjeunefilssehâtepourt’obéir,disant :«Jesuiscettepartiedetoi
quetuasdéposée(dansleseindemamère).»Cettequalitéobéissaitàtonordreencemonde:demême,dansl’autre,
lesrivièrescoulentselontonordre.Ces arbres (duParadis) t’obéissent, parce qu’ils ont porté des fruits à
causedetesbonnesqualités.3470 Puisquecesqualitésobéissentàtonordreici,demêmetarécompense
estàtesordreslà-bas.Quanddescoupsfurentfrappéspartamainsurlavictimedel’injustice,
ilsdevinrentunarbreenEnfer—leZaqqum103enestsorti.Quand, par colère, tu as jeté du feu dans les cœurs, tu es devenu
l’originedufeudel’Enfer.Puisqueici-bastonfeubrûlaitdeshommes,cequiennaquitbrûlades
hommesenEnfer.Lefeudetacolèreattaquelesgensici:lefeuquienasurgiseprécipite
surlesgenslà-bas.Tes paroles semblables à des serpents et des scorpions sont devenues
desserpentsetdesscorpionsett’attaquentpar-derrière.TuasfaitattendrelesamisdeDieu:aussi,onteferaattendrelorsdela
Résurrection.Tapromesse:«Demain»et«Après-demain»estdevenuetonattente
auJourduRassemblement:hélaspourtoi!Tu resterasà attendre,durant cette longue journée, en rendant compte
detesactions,etentetenantdanscesoleilconsumantl’âme,Parce que tu avais coutume de faire attendre le Ciel et de semer la
grainede:«J’iraisurlaVoiedemain.»3480 Tacolèreestlasemencedufeuinfernal:prendsgarde,éteinscetEnfer
quiestletien,carc’estunpiège.L’extinctiondecefeunepeutêtreeffectuéequeparlaLumière:«Ta
lumièreaéteintnotrefeu,noussommeslesreconnaissants.»SituesdépourvudelaLumièreetaccomplisunactedeclémence,c’est
unmal:lefeudetacolèreestencorevivantetcachédanslesbraises.
Prendsgarde!Cetteclémenceestpureostentationetdéguisementdelavérité:rienn’éteindralefeudelacolère,sauflaLumièredelaReligion.NesoispasensécuritéavantdecontemplerlaLumièredelaReligion,
carlefeucachédeviendraunjourmanifeste.ConsidèrequelaLumièreestdel’eau,etattache-toiàcetteeau:quand
tupossèdesl’eau,tun’aspasàcraindrelefeu.L’eau éteindra le feu, parce que le feu, par sa nature, brûle la
progénitureetlesenfantsdel’eau.Va, pour un temps, auprès de ce gibier d’eau, pour qu’ils puissent te
conduireàl’EaudelaVie.L’oiseau terrestreet legibierd’eauont lamêmeapparenceextérieure,
maisenréalité,ilssontopposés:ilssontcommel’eauetl’huile.Chacun d’eux est attaché à sa propre origine : prends soin (de les
distinguer):ilsseressemblent,3490 Demêmequelasuggestion(satanique)etl’inspirationdivinedeNe
suis-jepas(votreSeigneur)104sontintelligibles,etcependantilyaunegrandedifférenceentreelles.Ces intermédiairesdans lemarchéde laConsciencevantent tousdeux
leursmarchandises,ôprince.Si tu es un changeur d’argent spirituel, qui reconnaît la pensée,
distingue la véritable nature des deux pensées qui ressemblent à desmarchandsd’esclaveshâbleurs.Etsi,d’aprèstapropreopinion,tunedistinguespascesdeuxpensées,
dis:«Pasdetromperie!»etnetehâtepasetnet’avancepas.
Lesmoyensd’éviterd’êtretrompésdanslaventeetl’achat
n certain ami dit au Prophète : « Je suis toujours dupé dans lecommerce.«Latromperiedechacunquivendouachèteestcommeunemagiequi
m’égare.»Le Prophète dit : «Quand tu crains d’être dupé dans une transaction
commerciale,stipulequetuaurastroisjourspourfairetonchoix.« Car la délibération vient assurément du Miséricordieux ; ta hâte
provientduDémonmaudit.»Quandtujettesunmorceaudepainàunchien,d’abordillesent,puisil
mange,ôhommeprudent.Ilsentavecsonnez;nousaussi,quisommesdouésdesagesse,sentons
avecuneintelligencepurifiée.3500 Laterreetlessphèrescélestesfurentamenéesàl’existenceparDieu
avecunedélibérations’étendantsursixjours.Autrement, Ilétaitcapable—«Sois,etcelaest105»—decréercent
terresetcieux.Petit à petit, jusqu’à l’âgedequarante ans, ceSouverain fait de l’être
humainunhommecomplet,Bienqu’ilsoitcapableenunseulinstantdetirercinquantepersonnesde
lanon-existence.Jésus,aumoyend’uneseuleprière,pouvaitrendrelemortàlavie,sans
aucundélai;Le Créateur de Jésus est-il incapable d’amener à l’existence des
hommes,sanscesse,l’unaprèsl’autre?Cettedélibérationapourbutdevousenseignerquevousdevezchercher
Dieulentementetsansarrêt.Unpetitruisseauquisemeutcontinuellementnedevientpassouilléni
nauséabond.Decettedélibérationnaissentlafélicitéetlajoie:cettedélibérationest
l’œuf,labonnefortuneestcommel’oiseau.Commentl’oiseauressemblerait-ilàl’œuf,ôhommeobstiné,bienqu’il
soitproduitparl’œuf?3510 Attendsjusqu’àcequetesmembres,commelesœufs,donnent
naissanceàdesoiseauxàlafin(àlaRésurrection).
Bienquel’œufduserpentressembleàl’œufdumoineauenapparence,ladistanceentreeuxestgrande.Ouencore,bienquelepépinducoingressembleaupépindelapomme,
reconnaislesdifférences,ômoncher!Lesfeuillessontdemêmecouleur,maistouslesfruitssontdediverses
sortes.Lesfeuilles,c’est-à-direlescorps,sontanalogues,maischaqueâmevit
d’unefaçondifférente.Danslebazarlesgenscirculent,toussemblables,maisl’unestjoyeux
etl’autreattristé.Ilenvademêmedanslamort:nousallonstouspareils,maislamoitié
d’entre nous sont des perdants, et l’autre moitié heureux comme desempereurs.
CommentBilal(queDieusoitsatisfaitdelui!)mourut
danslajoie
uandBilal,defaiblesse,devintmincecommelanouvellelune,lacouleurdelamorttombasursonvisage.Safemmelevitencetétatets’écria :«Ôchagrin!»AlorsBilal lui
dit:«Non,non!Dis:“Ôjoie!”« Jusqu’à présent, j’ai été dans la peine à cause du fait de vivre :
comment saurais-tu combien lamort est délicieuse, et ce qu’elle est enréalité?»
3520 IIparlaitainsi,etencemêmeinstantsonvisageétaitflorissantcommedesnarcisses,despétalesderoses,derougesanémones.L’éclatdesonvisageetdesesyeuxrayonnantsattestaitlavéritédeses
paroles.Tous ceux qui avaient un cœur noir le regardaient comme noir (par
mépris);maispourquoilapupilledel’œilest-ellenoire?L’homme spirituellement aveugle a le visage noir, mais l’homme qui
possèdel’œilintérieurestlemiroirdelaLune(Dieu).Quidanscemonde,envérité,voitlapupilledevotreœilintérieur,sauf
l’hommeàlavueperçante?Puisquenul,exceptélevoyant,nel’acontemplée,quidonc,sauflui,est
parvenuàconnaîtresacouleur?C’estpourquoitous,sauflevoyant,s’entiennentàcequ’ilsdécouvrent
parcettepupilledel’œil.L’épouse deBilal lui dit : «C’est la séparation, ô homme si bon ! »
«Non,non,dit-il,c’estl’union,l’unionavecDieu.»Lafemmedit:«Cesoir,tuirasdansunpaysétranger,tuserasabsent
detafamilleetdetaparenté.»«Non,non, répondit-il ;bienaucontraire,cesoirenvéritéd’unpays
étrangermonespritreviendrachezlui.»3530 Elledit:«Oùverrons-noustonvisage?»Ilrépondit:«Danslecercle
desélusdeDieu.»Son cercle choisi est tout près de vous, si vous regardez vers le haut,
nonverslebas.Danscecercle,laLumièreduSeigneurdeschosescrééesbrillecomme
lechatondanslecercled’unebague.
«Hélas,dit-elle,cettemaisonestruinée.»«Regardelalune,ditil,neregardepaslenuage.« Il l’a ruinée afin de la rendre plus florissante : ma parenté était
nombreuseetlamaisontroppetite.»
Laraisondeladestructionducorpsparlamort
adis, comme Adam, j’étais prisonnier du chagrin ; à présent,l’Orientetl’Occidentsontremplisdelaprogénituredemonesprit.J’étaisunmendiantdansunemaisonpareilleàundonjon,àprésentje
suisdevenuunroi:ilfautauroiunpalais.Envérité,lespalaissontlelieuoùlesroisseréjouissentpourceluiqui
estmort;unetombeestunemaison,unedemeuresuffisante.Aux prophètes, cemonde semblait exigu : tels des rois, ils s’en sont
allésau-delàdel’espace.Aceluiquiestmortcemondeparaissaitsplendideenapparence;ilest
vaste,maisenréalitéilestétroit.3540 S’iln’étaitpasétroit,pourquoicettelamentation?Pourquoichacunest-
ildevenucourbéàforced’yvivre?Lorsque durant le sommeil, l’esprit est libéré, voyez comment il se
réjouitd’êtrelà-bas.L’hommeméchant est alors délivré de laméchanceté de sa nature, le
prisonniers’évadedelaconsciencedesonemprisonnement.Cette terre et ce ciel si vastes deviennent extrêmement exigus au
momentdesecoucher.Lemonde est un bandeau sur les yeux : vaste en apparence,mais en
réalitéextrêmementexigu;sonrireestfaitdelarmes,sagloiren’estquehonte.
Comparaisondecemonde,vasteenapparence,maisexiguenréalité(àunhammam),etcomparaisondel’autremondeausommeil,qui
libèredecetteexiguïté
emondeestsemblableàunhammamquiesttrèschaud,desortequetuesgênéetquetonâmeesttroublée.
Bienque lehammamsoit largeet long, tonâmeestgênéeet fatiguéeparlachaleur.Toncœurnesedilatepasavantquetunesortes:àquoidonctesertque
lasallesoitspacieuse?Ouencore,c’estcommesituportaisdessouliersétroits,ôégaré,etque
tuaillesdansunvastedésert.La grandeur du désert devient resserrée, ce désert et cette plaine
deviennentpourtoiuneprison.3550 Quiconquet’aperçoitdeloindit:«Ilestflorissantcommeunefraîche
tulipedanscedésert.»Ilnesaitpasquetoi,commelesméchants,tutetrouvesextérieurement
dansuneroseraie,alorsquetonâmeselamente.Ton sommeil consiste à retirer ces souliers, car alors ton âme est
pendantquelquetempslibéréeducorps.Pourlessaints,ôlecteur,lesommeilestunroyaume,commecelefut
pourlesCompagnonsdelaCaverneencemonde106.Ils rêvent, mais il n’y a pas là de sommeil : ils vont dans la
nonexistence,etiln’yapaslàdeporte.Le corps est une étroitemaison, et l’âme à l’intérieur est ankylosée :
Dieul’adétruitafindeconstruireunpalaisroyal.Jesuisankylosécommel’embryondanslamatrice,jesuisarrivéàl’âge
deneufmois:cettemigrationestdevenueurgente.Amoinsquelesdouleursdel’enfantementnes’emparentdemamère,
(queferai-je?)danscetteprison?Jesuisdanslefeu.
Mamère,c’est-à-diremanature(moncorps),parsesdouleursd’agoniedonnenaissance(à l’esprit),afinque l’agneau(l’esprit)puisseêtreretirédelabrebis;Afinque l’agneaupuissepaîtredans lesvertspâturages.Viens, ouvre
tonsein,carcetagneauestdevenugrand.3560 Silesdouleursdel’enfantementsontpéniblespourlafemmeenceinte,
c’estpourl’embryonl’ouverturedesaprison.Lafemmeenceintepleurelorsdel’accouchement,disant :«Oùest le
refuge?»Maisl’embryonrit,disant:«Ladélivranceestvenue.»Quelles que soient les mères qui se trouvent sous le ciel, minéral,
animalouvégétal,Elles sont ignorantes, toutes, de la souffrance des autres, sauf les
personnesdouéesdediscernementetparfaites.Comment l’homme stupide connaîtrait-il de sa propremaison ce que
l’hommeintelligentconnaîtdesdemeuresd’autrui?Ceque lemystiqueconnaîtde tacondition, tune leconnaispasde ta
proprecondition.
Expliquantquetoutcequereprésententlanégligence,l’inquiétude,l’indolenceet
l’obscurité,toutcelaprovientducorps,lequelappartientàlaterreet
aumondeinférieur
a négligence provient du corps : quand le corps est devenuesprit,ilcontemplesansnuldoutelesmystères.Quand la terre est retirée de l’atmosphère céleste, il n’y a ni nuit, ni
ombre,nicoucherdesoleil.Làoùexistentl’ombre,lanuit,ouunlieuobscur,celaestcauséparla
terre,nonparlescieuxoulalune.Demême,c’estdufeudesbrindillesquenaîttoujourslafumée,nondes
feuxresplendissants.3570 L’imaginationtombedansl’erreuretlafaute,l’intelligencenes’occupe
qu’àdesactesdevéritableperception.Chaque état de lourdeur et d’indolence, en vérité, provient du corps ;
l’esprit,enraisondesasubtilité,esttoujoursdansl’envol.Levisageestrougeàcausedel’excèsdesang;ilestjauneàcausede
l’actiondelabilejaune.Levisageestblancpar lepouvoirduphlegme;c’estpar labilenoire
quelafaceestrenduesombre.Enréalité,Dieuestlecréateurdeseffets,maisceuxquis’intéressentà
l’écorce(lesformalistes)nevoientquelacauseseconde.Le noyau (l’intellect) qui n’est pas séparé de la coque n’a pas la
possibilitéd’échapperaumédecinetàlamaladie.Maisquandunfilsde l’hommeestnédeuxfois, ilpose lepiedsur la
têtedetouteslescauses.La Cause première n’est pas sa religion ; la cause seconde n’a pas
d’hostilitéàsonégard.Il vole, comme le soleil, dans l’horizon spirituel avec son épousée, la
sincérité;etlaformematérielleestpourluicommeunvoile.Au-delàdeshorizonsetdescieux,ilestsanslieu,commelesespritset
lesintelligences.3580 Nosintellectssontsesreflets:ilstombent,tellesdesombres,àses
pieds.
Chaquefoisquelemujtahid(juriste)connaîtuntextedeloi,encecasilnepenserapasàutiliserl’analogie;Maisdanslecasoùilnetrouvepasdetexteformel,alorsilemploiera
unexempletirédel’analogie.
ComparaisonentreleTexteformel(qoranique)etl’analogie
ache de façon certaine que le Texte (qoranique) est laRévélationde l’Esprit saint,etque l’analogieeffectuéepar l’intelligenceindividuelleluiestsubordonnée.L’intellect est doté de compréhension et d’illumination par l’Esprit :
commentl’Espritdeviendrait-ilsoumisàsasupervision?Mais l’Esprit faitune impressionsur l’intellect,et,enconséquencede
cetteimpression,l’intellectexerceunecertainedomination.Si l’Esprit a affirmé croire en toi, comme enNoé, où sont laMer et
l’ArcheetleDélugedeNoé?L’intelligence considère que l’impression est l’Esprit,mais la lumière
dusoleilestbienloind’êtreleglobedusoleil.Donc,unpèlerin(surlaVoiemystique)sesatisfaitd’unegalettedepain
(qurs),afinqueparsalumièreilpuisseêtredirigéversl’orbedivin(Qurs),Parcequecettelumièred’enbasn’estpasdurable:elledisparaîtchaque
jour,3590 Tandisqueceluiquiasademeureetsonséjourdansl’Orbedivinest
continuellementimmergédanslaLumière.Le nuage ne l’égare pas, ni le coucher du soleil : il est délivré de la
séparationquibriselecœur.L’origined’unetellepersonneétaitlescieux,ou,s’ilétaitdelaterre,il
aététransmué,Parce qu’une créature de la terre ne peut supporter que les rayons du
Soleillafrappentéternellement.Si le rayonnement du soleil frappe continuellement la terre, elle sera
brûléedetellesortequ’elleneporteraaucunfruit.Lepoissonatoujoursàfaireavecl’eau:commentunserpentaurait-ille
pouvoird’accompagnerlepoisson?Mais dans la montagne se trouvent des serpents habiles qui
accomplissentlesactionsdespoissonsdanscetteMer.Bienqueleursrusesrendentlesgensfous,cependantleuraversionpour
laMerrévèlecequ’ilssont.Et dans cette Mer se trouvent des poissons habiles, qui par magie
transformentlesserpentsenpoissons—Les poissons de la plus grande profondeur de la mer de la Majesté
divine;laMerleuraenseignéunemagielicite.3600 C’estpourquoi,àcausedeleurillumination,cequiétaitabsurdeest
devenuunfait;celuiquiavaitunemauvaiseétoiles’estrendulàetestdevenudebonaugure.Mêmesijeparlaisàcesujetjusqu’àlaRésurrection,centRésurrections
passeraient,etcediscoursseraitencoreincomplet.
Lesrèglesàobserverparlesauditeursetlesdisciplesen
écoutantlesparolesdesagesseémanantdusheikh
our ceuxqui sont las, il s’agit seulementde répétition,mais àmesyeux,c’estl’apportd’unevierenouvelée.Lachandellebrûleplushautpardesflammesrépétées,laterredevient
del’or,grâceàunechaleurrépétée.S’ilyadesmilliersdechercheursdelaconnaissance,etqu’unseulsoit
lassé,leMessagers’abstiendradedélivrersonmessage.CesMessagers de l’Esprit caché qui révèlent lesmystères ont besoin
d’unauditeurayantlanatured’Isrâfîl.Ilsontunefiertéetunorgueilcommeceluidesrois:ilsexigentqueles
gensdecemondeleurrendentdesservices.Avant d’avoir accompli les devoirs qui leur sont dus, comment
profiterez-vousdeleurmessage?Comment vous délivreront-ils ce dépôt avant que vous vous soyez
courbésendeuxdevanteux?Comment toute attention serait-elle admise par eux ?— car ils sont
venusduPalaissublime.3610 Cenesontpasdesmendiants,qu’ilsdoiventt’êtrereconnaissants,ô
imposteur,pourchaqueservice.Mais, ô toi qui es la conscience la plus intime de Dieu, malgré leur
manque de désir (d’entendre tonmessage), répands la charité du Sultandivin:nelarefusepas!ÔMessagercéleste,nefaispasattentionauxtièdesetlaissetoncheval
bondirenavant!BénisoitleTurcomanquilaissedecôtélesdiscussionsetdontlecheval
galopedanslefossédefeu—Qui échauffe son cheval à tel point (dans la course) qu’il cherche à
monterjusqu’auzénithduciel;Quiafermésesyeuxàtoutautre(queDieu)etestdénuédejalousie;
qui,commelefeu,aconsuméàlafoislesecetl’humide.Silerepentirletrouveenfaute,ilmetlefeuaurepentir.En vérité, le repentir ne surgit pas de la non-existence, quand il voit
l’ardeurdeceluidontlaprésenceapportelebonheur.
Commentchaqueanimalconnaîtl’odeurdesonennemietprenddesprécautions.Lafolieetlaperditiondeceluiquiestl’ennemidecetUn
contrequilaprécautionestimpossible,lafuiteestimpossible,
etlarésistanceestimpossible
e cheval, bien qu’il soit un animal, connaît le rugissement etl’odeurdulion,saufendetrèsraresoccasions.Envérité,chaqueanimalconnaîtsonpropreennemiparlessignesetles
marques.3620 Lapetitechauve-sourisn’osepasvolerpendantlejour:ellesortlanuit,
commelesvoleurs,etseprocuresanourriture.L’hommesemblable à la chauve-souris fut plusdamnéque les autres,
carilétaitl’ennemidusoleilmanifesté.Ilnepeutêtreblesséencombattantcontrelesoleil,ninepeutlechasser
enlemaudissant.Le soleil qui se détourne à cause de la fureur et de la violence de la
chauve-souris,C’estlàuneextrêmebienveillanceetperfectiondesapart;autrement,
commentlachauve-sourispourrait-elles’opposeràlui?Si tu prends un ennemi, prends-le selon ta capacité, afin qu’il te soit
possibled’enfairetonprisonnier.Siquelqu’undesemblableàunegoutted’eauveutlutteravecl’océan,il
eststupide:ilsebatcontrelui-même.Sarusenevapasplusloinquelui-même:commentpénétrait-elledans
lavoûtedelalune?Cediscoursétaitunreprocheadresséàl’ennemidusoleil,ôennemidu
Soleildusoleil.ÔennemiduSoleildevant lagloiredequi tremblentSonsoleiletSes
étoiles,3630 Tun’espasSonennemi,tuestonpropreadversaire:qu’importeauFeu
quetusoisdevenudesfagots?Oh!merveille!Subira-t-Ilune imperfectionàcausede tabrûlure,ou
deviendra-t-Ilpleindechagrinpourlasouffrancequetecauselabrûlure?Samiséricorden’estpaslamiséricorded’Adam,carlechagrinestmêlé
àlamiséricorded’Adam.Lamiséricordedelacréatureestanxieuse:lamiséricordedeDieuest
exemptedepeineetd’anxiété.SachequelamiséricordeduDieuinconditionnéestainsi,ômonami:
seull’effetquiendécouleestconcevablepournous.
Ladifférenceentreconnaîtreunechoseparcomparaisonet
convention,etconnaîtrelaréalitédecettechose
es effets et les fruits de Sa miséricorde sont manifestes, maiscommentunautrequeLuiconnaîtrait-ilsonessence?NulneconnaîtlesréalitésdesattributsdelaPerfectiondivine,saufpar
leurseffetsetaumoyendecomparaisons.L’enfant ne connaît pas ce qu’est le rapport sexuel, sauf que vous lui
dites:«C’estcommeunesucreriepourtoi.»Commentl’essenceduplaisirdesrelationssexuellesserait-ellecomme
celledessucreries,ômonmaître?Mais,étantdonnéquetuesinfantile,cethommeintelligentt’aprésenté
uneanalogieconcernantsasuavité,3640 Afinquel’enfantpuisseleconnaîtreparcomparaison,quoiqu’ilne
connaissepasl’essencedelachose.C’estpourquoi,situdis:«Jesais»,cen’estpasloin(delavérité);et
situdis:«Jenesaispas»,cen’estpasunmensongeetuneerreur.Siquelqu’untedit :«Connais-tuNoé,l’envoyédeDieuetlalumière
del’esprit?»Etsituréponds:«Commentneleconnaîtrais-jepas?CarcetteLune
estpluscélèbrequelesoleiletlalune:«Lespetitsenfantsàl’école,ettouslesimâmsdanslesmosquées«RécitentsonnomdistinctementdansleQor’ânetracontentclairement
sonhistoiredupassé»;Toi,ôhommevéridique, tu leconnaisgrâceà ladescription,bienque
l’essencedeNoénet’aitpasétérévélée.Et si tu réponds : «Comment connaîtrais-jeNoé ? Seul celui qui est
semblableàluipeutleconnaître,ôjeunehomme.« Je suis une fourmi boiteuse. Comment connaîtrais-je l’éléphant ?
Commentunmoucheronconnaîtrait-ilIsrâfîl?»Cetteparole,elleaussi,estvraie,encequiconcernelefaitquetunele
connaispasdanssaréalité,ôUntel.3650 ÊtreincapabledepercevoirI’essenceestlaconditionducommundes
gens:neledispasd’unefaçonabsolue,Étant donné que les essences et leur secret le plus profond sont
clairementvisiblesauxyeuxdesParfaits.Qu’existe-t-ildepluséloignéde la compréhensionetde laperception
mentalequelaconscienceetl’essencedeDieu?Puisque cela ne reste pas caché à ceux qui Lui sont proches, quelle
essenceouquelattributdemeureraientcachés?L’intellectduthéologienscolastiquedit:«Ceciestloindelaraisonet
profondément enfoncé dans l’erreur : n’écoute pas une absurdité sansquelqueexplication.»LeQutb(Pôle)répond:«Pourtoi,ôêtreinfirme,cequiestau-delàde
tonétatspirituelsembleabsurde.»Lesvisionsquitesontàprésentrévélées,n’est-ilpasexactqu’audébut
ellestesemblaientabsurdes?ÉtantdonnéquelaBontédivinet’alibérédedixprisons,nefaispasdu
désertuneprisonétouffantepourtoi-même.
Commentlanégationetl’affirmationd’uneseuleetmêmechosepeuventêtrecombinéesetconciliéesdupointdevuedela
relativitéetdeladifférenced’aspect
lestpossibledenieretd’affirmerlamêmechose:quandlepointdevueestdifférent,larelationestdouble.LeversetTun’aspas lancéquand tu lançais107 est relatif : c’est une
négationetuneaffirmation;toutesdeuxsontautorisées.3660 Tuaslancécelaparcequec’étaitdanstamain;tunel’aspaslancé,
parcequeDieuamanifestéSapuissance.Laforced’unfilsd’Adamaunelimite:commentunepoignéedeterre
(unhomme)deviendrait-ellelacausedeladérouted’unearmée?«Lamainesttamain,etlefaitdelancerprovientdeMoi»:enraison
de ces deux relations, la négation et l’affirmation de cette action sonttoutesdeuxexactes.Lesprophètessontconnusde leursennemis,demêmeque lesenfants
(desennemis)sontconnusdeleursparents.Les incroyants les connaissent (les prophètes) comme ils connaissent
leursenfantsparcentindicationsetcentsignes,Mais,parjalousieetenvie,ilscachentleurconnaissanceets’attachentà
répéter:«Jenesaispas.»Alors,puisqueDieuadit:«Il(l’incroyant)sait108»,commenta-t-Ildit
ailleurs : «Nulne les connaît, saufMoi,donccessez (de chercher à lesconnaître);«Envérité,ilssontcachéssousMestentes.»Personnenelesconnaît
parexpérience,saufDieu.Considèreaussicomme(explicable)aumoyendelamiseenrelationce
dont il a été question plus haut, à savoir que vous connaissez et neconnaissezpasNoé.
Laquestiondufanâetdubaqâduderviche
’orateurdit:«Iln’yapasdedervichedanslemonde;ets’ilyaderviche,cederviche,enréalité,estnonexistant.»
3670 IIexisteencequiconcernelasurviedesonessence,maissesattributssontdevenusnonexistantsdanslesattributsdeDieu.Comme la flamme d’une chandelle en présence du soleil, il est non
existant,bienqu’ilexisteselonunraisonnementformel.L’essencedelaflammeestexistante,detellesorteque,sil’onposedu
cotonsurelle,celui-ciseraconsuméparlesétincelles.Mais elle est, en réalité, non existante : elle ne vous donne pas de
lumière:lesoleill’auraannihilée.Quandonajetéuneoncedevinaigredansdeuxcentsmaunddesucre,
etqu’ils’yesttrouvédissous,Legoûtduvinaigre,quandongoûte(lemélange),estnonexistant,bien
quel’onceexisteentantquesurplusquandonpèse.En présence d’un lion, une gazelle devient privée de sens : son
existenceàelledevientunsimplevoilepoursonexistenceàlui.Cesanalogiesesquisséespardeshommesimparfaitsconcernantl’action
duSeigneursontcommel’émotiondel’amour,ellesnesontpasduesaumanquederespect.Lepoulsdel’amoureuxbatfiévreusement;ilsesitueaudacieusementà
égalitéavecleroi.Nul n’est plus irrévérencieux que lui extérieurement, nul n’est plus
respectueuxqueluiensecret.3680 Sache,ôamichoisi,quecesdeuxopposésaussi,«respectueux»et
«irrespectueux»,sontconciliésaumoyendelarelation.L’amourestdépourvuderespectquandonconsidèrel’aspectextérieur,
carprétendreàl’amourimpliquel’égalité(avecleBien-Aimé).Maisquandonregardel’aspectintérieur,oùestlaprétention?Luietsa
prétentionsontannihilésenprésencedeceSultan.Mâta Zaydun (Zayd est mort) : si Zayd est le sujet grammatical,
cependantiln’estpaslesujet,carilestmort.Iln’estlesujetqu’àl’égarddel’expressiongrammaticale,autrementil
estl’objetdel’action,etlaMortestsonmeurtrier.Quel sujet est-il, puisqu’il a étévaincuet que toutes lesqualitésd’un
agentluiontétéretirées?
HistoireduWakil(ministre)duSadr-iDjahân,quifutaccuséet
s’enfuitdeBoukharadepeurpoursavie;puisl’amourleforçaà
revenir;carlaquestiondelavieestdepeud’importancepourles
amoureux
Boukhara,leserviteurduSadr-iDjahânencourutlesoupçonetsecachaloindesonsadr(prince).Durantdixannéesilerradésorienté,tantôtenKhorassan,tantôtdansles
montagnes,tantôtdansledésert.Auboutdedixans,sanostalgielerenditincapabled’endurerlesjours
deséparationd’avecsonbien-aimé.Ildit:«Désormais,jenepuissupporterd’êtreséparédelui:comment
lapatiencepeut-elleremédieràl’étatd’abandondel’amoureux?3690 «Parlaséparation,cesterresdeviennentinfertilesetl’eaudevient
jaune,malodoranteetnoire;« L’air vivifiant devientmalsain et néfaste ; un feu se transforme en
cendresetpoussière.«LevergerquiressemblaitauParadisdevientlademeuredelamaladie,
avecsesfeuillesjaunes,ettombeenruine.«L’intelligence pénétrante, par la séparation d’avec ses amis, devient
commeunarcherdontl’arcestbrisé.« C’est par la séparation que l’Enfer est devenu si brûlant ; par la
séparationquelevieillardestdevenusitremblant.«Si jedevaisparlerde la séparation,quiestcommedesétincellesde
feu, jusqu’à la Résurrection, ce ne serait qu’une parcelle hors de centmilliers.« Ne souffle donc pas mot pour décrire sa brûlure : dis seulement :
“Seigneur,sauve-moi!Seigneur,sauve-moi!”« Tout ce qui te réjouit en ce monde — pense au temps où tu le
quitteras.« Nombreux sont ceux qui ont été heureux par ce qui t’a rendu
heureux:àlafin,celaleuraéchappéetestdevenucommeduvent.« Cela s’enfuira loin de toi aussi ; ne lui donne pas ton cœur. Toi,
échappe-luiavantqu’ilnet’échappe.»
Apparitiondel’Espritsaint(Gabriel)sousformed’unhommeà
Marie,alorsqu’elleétaitdéshabilléeetfaisaitsatoilette,etcomment
ellepritrefugeenDieu
3700 vantquecequetupossèdess’évanouisse,disauxformesdesêtres,commeMarie:«JechercherefugecontretoienleMiséricordieux.»Mariedanssachambrevituneformequiaugmentaitlavie,unêtrequi
accroissaitlavie,quiravissaitlecœur.CetEspritloyalsurgitdevantelle,commelaluneetunsoleil.La beauté dévoilée se dressa hors du sol, tel le soleil apparaissant à
l’Orient.Marie semità tremblerde toussesmembres,carelleétaitdévêtueet
craignaitlemal.C’était une forme telle que, si Joseph l’avait vue clairement, il se fût
coupélamaindestupeur,commelesfemmesd’Égypte.Ilfleuritcommeunerosedevantelle,commeuneimagelevant la tête
horsducœur.Mariedevinthorsd’elle-même,etdanscetteinconscience,elles’écria:
«Jemeréfugieenlaprotectiondivine!»Carcettecréatureaucœurpuravaitcoutumedeprendresonessorvers
l’Invisible.Ellejugeaitlemondeunroyaumesanspermanence,aussisefaisait-elle
prudemmentunrempartdecettePrésencedivine,3710 Afínque,àl’heuredelamort,elleaituneforteressequel’Ennemine
pourraitattaquer.Elle ne voyait pas demeilleure forteresse que la protection deDieu :
ellechoisitsademeureprèsdecechâteau,Lorsqu’elle aperçut ces regardsamoureuxquidétruisent la raison,par
lesquelslescœursétaientcommetranspercésdeflèches—Leroietl’arméesontenchaînésparLui,lessouverainsdel’intelligence
sontrendusstupidesparLui;DescentainesdemilliersderoissontgardésenesclavageparLui;Ila
donnédescentainesdepleineslunesàlafièvredévorante(del’amour).Zohra* n’ose soufflermot ; laRaison universelle, quand elleLe voit,
s’humilie,Quedirais-je?Ilascellémeslèvres:Safournaiseaconsumélelieude
monsouffle.«Jesuislafuméedecefeu,j’ensuislapreuve»—quesoitloindece
roileurfausseinterprétation!Envérité, il n’y a d’autre preuved’un soleil que la lumière duSoleil
sublime.Qu’est-ce que l’ombre, qu’elle puisse être une preuve pour Lui ? Il
suffitqu’ellesoitabaisséedevantLui.3720 Cettemajesté,quantàlapreuve,déclarelavérité:touteslesperceptions
sontderrièreLui,Illesdevance.Toutes les perceptions sont montées sur des ânes boiteux, Lui, Il
chevaucheleventetvolecommelaflèche.S’Il s’enfuit, nul d’entre elles ne peut rejoindre le Roi ; et si elles
s’enfuient,Illeurbarrelechemin.Touteslesperceptionssontinquiètes:c’estletempsducombat,nonde
lacoupe(deréjouissances).Une imagination vole comme un faucon, tandis qu’une autre, rapide
commelaflèche,s’ouvreunpassage.Etuneautreestcommeunnavireavecdesvoiles,etuneautreretourne
enarrièreàchaqueinstant.Lorsqu’un objet de chasse leur apparaît de loin, tous ces oiseaux (les
perceptions)augmententleurvitessed’attaque.Lorsqu’ildisparaît à lavue, ellesdeviennentperdues, telsdeshiboux,
elless’envontverschaquedésert,Attendant, avecunœil ferméetunœilouvert,que ladélicieuseproie
apparaisse.Quand elle tarde longtemps, elles disent, par lassitude : «Nous nous
demandonssic’étaituneproieréelle,ouuneimagination.»3730 Cequ’ilconvientqu’ellesfassent,c’est,pouruncourtmoment,
d’acquérirquelqueforceetvigueurenprenantdurepos.Si la nuit n’existait pas, à cause de leur cupidité, tout le monde se
consumeraitdansl’agitation.Pardésiretaviditéd’amasserdugain,chacundonneraitsoncorpspour
êtreconsumé.La nuit apparaît, comme un trésor de miséricorde, afin qu’ils soient
libérésdeleuraviditépourquelquetemps.Quandunsentimentdesécheressespirituelle t’advient,ôpèlerin,c’est
pourtonbien,nedevienspasenflammé(dedouleur)danstoncœur,
Car dans l’état de dilatation et de délice, tu dépenses : la dépensenécessiteunrevenupréalable(pouryfaireface).Si c’était toujours la saison de l’été, la chaleur flamboyante du soleil
détruiraitlejardin,Enbrûlantdefondencomblelesold’oùpoussentsesplantes,desorte
quecellesquisontdesséchéesneredeviendraientplusjamaisfraîches.Sidécembrefaitgrisemine,cependantilestbienveillant:l’étérit,mais
ilconsume.Quand la sécheresse spirituelle t’advient, vois la dilatation qui en
proviendra;soisgai,etnelaissepaslesridesapparaîtresurtonfront.3740 Lesenfantsrient,etlessagessontamers;lechagrinvientdufoie,etla
joievientdespoumons.L’œilde l’enfant,commeceluide l’âne,est fixésur l’étable ; l’œilde
l’hommesages’attacheàcalculerlafin.L’enfant voit le riche fourrage dans l’étable, tandis que l’homme voit
quesafindernièreseralamortparlamainduboucher.Ce fourrage est amer, car le boucher l’a donné, il amis des balances
pournotrechair.Va, mange le fourrage de sagesse que Dieu nous a donné par pure
générosité.Ôhomme, tuascomprisquec’était lepain,etnon la sagesse,dont il
s’agissaitdanscequeDieut’adit:«Mangezdesesprovisions109.»La provision dans cette étape (de ton existence) est la sagesse qui ne
t’étoufferapasàlafin.Quand tu fermes cette bouche-ci, une autre bouche s’ouvre, qui se
nourritdesmystères,SitusèvrestoncorpsdulaitduDémon,tutrouveraslafélicité.Je n’ai donné de tout cela qu’une explication imparfaite, comme la
viandemalcuitedesTurcs:entends-laenentierdusagedeGhazna*.3750 Dansl’Ilâhî-nâma,cesagedel’invisible,cettegloiredeceuxqui
savent,expliquecesujet.Il dit : « Nourris-toi de chagrin, ne mange pas le pain de ceux qui
augmenteronttonchagrin,carlesagesenourritdechagrin,etl’enfantdesucre.»Ladouceurdelajoiedel’au-delàestlefruitduchagrind’ici-bas;cette
joie(terrestre)estlablessure,cechagrin(spirituel)estl’onguent.Quand tu vois le chagrin spirituel, étreins-le d’un amour passionné,
regardeDamasduhautdeRubuva**.
Lesageaperçoitlevindansleraisin,l’amoureuxmystiquevoitl’entitédanslenon-existant.Avant-hier,lesporteurssequerellaient:«Nesoulèvepascettecharge,
laisse-moilaportercommeunlion.»Étant donné qu’ils trouvaient du profit dans cette tâche, chacun
arrachaitàl’autresacharge.Quellecomparaisonya-t-ilentrelarécompensedeDieuetcelledonnée
parlacréatureindigne?Lepremiertedonneenrécompenseuntrésor,etlasecondeunliard.Untrésord’orquidemeureavectoiquandtugisenterrésouslesableet
n’estpaslaisséenhéritage.Ilcourtdevanttoncercueiletdevienttoncompagnondanslatombeet
dansl’étatoùtoutestétrange.3760 Envuedujourdetamort,soismortàtoi-mêmeàprésent,afinde
pouvoirêtreuniàl’Amouréternel,ômoncompagnon,Atraverslevoiledelalutte,lerenoncementaperçoitlevisagepareilà
lafleurdegrenadeetlesdeuxtressesduBien-Aimé.Le chagrin est unmiroir devant celui qui lutte, car dans ce contraire
apparaîtlevisagedel’autrecontraire.Aprèscecontraire,lasouffrance,l’autrecontraire,c’est-à-direlajoieet
letriomphe,semanifeste.Observe ces deux qualités (de contraction et d’expansion) dans les
doigts de ta main ; certes, après que le poing est fermé, vient sonouverture.Si lesdoigtssontcomplètement fermésoucomplètementouverts, leur
possesseurestsemblableàunepersonneaffligée.Sontravailetsonacquisitionsontréglésparcesdeuxqualités,cesdeux
conditionssontpourluiaussiimportantesquelesailespourl’oiseau.LorsqueMariefuttoutàcouptroublée,commelespoissonssurlaterre
ferme,LemodèledelaGénérositédivineluidit:«Jesuislemessagerfidèle
duSeigneur;nemefuispas.«NetedétournepasdesélusdelaMajestédivine,net’éloignepasde
cessaintsconfidents.»3770 Pendantqu’ilparlait,unrayondepurelumièresortantdeseslèvres
montaitjusqu’àSimâk(Arcturus).«Tut’enfuisdemonexistenceversleMondeinvisible:là,jesuisRoi
etporteurd’étendard.« En vérité, ma demeure se trouve dans l’Invisible, seule ma forme
extérieureestdevanttoi.«ÔMarie, regardebien,car jesuisuneformedifficileàpercevoir, je
suisàlafoisunenouvelleluneetuneimagedanslecœur.«Quanduneimagevientdanstoncœurets’yétablit,elledemeureavec
toioùquetut’enfuies,« Sauf cette image vaine et sans substance qui s’évanouit comme la
fausseaurore.«JesuislaLumièreduSeigneur,tellelavéritableaurore,carnullenuit
nerôdeautourdemonjour.«Prendsgarde,necriepasLâhawl*contremoi,ôfilled’Imran,carje
suisdescenduicidepuisLâhawl.«Lâhawlétaitmonorigineetmasubsistance,lalumièredeceLâhawl,
antérieureàtouteparole.«TuprendsrefugecontremoienDieu:jesuisdansl’éternitél’image
deCeluiquiestleseulrefuge.3780 «Jesuislerefugequifutsouventlasourcedetadélivrance:tu
cherchesrefugecontremoi,etjesuismoi-mêmecerefuge.«Iln’estpointdecalamitépirequel’ignorance:tuesavecl’Amietne
saiscommentluimontrertonamour.«TuconsidèrestonAmicommeunétranger:àlajoie,tuasdonnéle
nomdechagrin.»Unteldattier,quiestundondenotreAmi—puisquenoussommesdes
voleurs,cepalmierdevientpournousungibet.Untelobjetparfumé,quiestlatressedenotrePrince—puisquenous
sommesinsensés,cettetresseestnotrechaîne.Une telle grâce divine, s’écoulant comme un Nil — puisque nous
sommesdespharaons,elledevientpareilleausang.Lesangdit :« Jesuisde l’eau.Prendsgarde,neme répandspas ! Je
suisenréalitéJoseph,maistuasfaitdemoileloup,ôhommebrutal!»Nevois-tupasqu’unamipatientdevientcommeunserpentquandtului
esdevenuhostile?Sa véritable nature n’est pas changée : c’est seulement en apparence
qu’ilestdevenusimauvais.
*Vénus.*Sanâ’î,poèteetmystiquepersanduXIesiècle.**Proverbe,i.e.:«Regardeleschosesàpartirdelaréalité.»*«Jeprendsrefuge»(enDieu).
Commentcewakil,paramour,décidaderetournerimprudemment
àBoukhara
aisse allumé le cierge deMaryam, car cet amoureux passionnés’envaàBoukhara,
3790 Extrêmementimpatient,etbrûlantd’amour.Allons,ouvronsuneparenthèsedansl’histoiredeSadr-iDjahân.Ce « Boukhara » est la source de la connaissance ; c’est pourquoi
quiconqueacetteconnaissanceestoriginairede«Boukhara».Enprésenced’unsheikh,tutetrouvesà«Boukhara»;prendsgardeà
nepasconsidérer«Boukhara»commedepeudevaleur.Saufpar tonhumilité, tunepourraspénétrerdans le«Boukhara»du
cœur du sheikh, dont l’abord est aussi difficile que celui d’une merhouleuse.Oh!heureuxceluidontl’âmecharnelleestmortifiée!Hélaspourcelui
quiestdétruitparsonopiniâtreté!Laséparationd’avecleSadr-iDjahânavaitbrisésonêtrejusqu’enses
fondements.Il dit : « Je vais me lever et retourner là-bas ; si je suis devenu un
infidèle,jevaisredevenircroyant.« Je reviendrai là-bas et je me prosternerai devant lui — devant le
bienveillantprince(sadr)deBoukhara.«Jeluidirai:“Jemeprosternedevanttoi;fais-moirevivre,oucoupe-
moilatête,commeàunmouton!“Mieuxvaut être tué etmortdevant toi, ôLune,qued’être le roides
vivantsenunautrelieu.3800 “J’enmillefoisl’épreuve:jenepuisconsidérermavie
doucesanstoi.“Chante-moi, ô objet de mon désir, la mélodie de la résurrection !
Agenouille-toi,ômachamelle!Lajoieestcomplète.“Ôterre,boismeslarmes—sûrement,j’enaiassezversé!“Bois,ômonâme,unegorgéepureàprésent!“Tu es revenue à nous, ô ma joie ! Bienvenue à toi ! Combien est
délicieuxlerafraîchissementquetuasapporté,ôZéphyr!”»Ildit:«Adieu,mesamis:jesuispartiverslesadrquicommandeetest
obéi.
«D’instant en instant, je suisbrûlédans les flammesde la séparationd’aveclui:j’irailà-bas,adviennequepourra.«Bienqu’il fassedesoncœurundurroc,monâmeestenroutepour
Boukhara.«C’est la demeure demonAmi et la cité demon roi : aux yeux de
l’amoureux,c’estlàcequesignifiel’amourdupaysnatal.»
Commentuneaiméedemandaàsonamoureux,quiavaitvoyagé
dansdespaysétrangers:«Quellevilleas-tutrouvéelaplusbelleetlapluspeupléeetlaplusmagnifique
etricheetcharmante?»
neaiméeditàsonamoureux:«Ômonami,tuasvubeaucoupdevillesàl’étranger:«Laquelleestlaplusbelle?»Ilrépondit:«Lavilleoùestmabien-
aimée.»3810 PartoutoùletapisestétendupournotreRoi,c’estlaplaine,mêmesicet
endroitestaussiétroitquelechasd’uneaiguille.Partout où un Joseph beau comme la lune se trouve, c’est le Paradis,
quandbienmêmeceseraitlefondd’unpuits.
Commentsesamisl’empêchèrentderetourneràBoukharaetlemenacèrent,etcommentildit:
«Celam’estégal»
n conseiller sincère lui dit : « Ô homme imprudent, pense auxconséquences,situenescapable.«Considèreraisonnablementl’aveniretlepassé,netelaissepasbrûler
commeunphalène.«Commentpeux-tuterendreàBoukhara?Tuesfou,tuesbonpourles
chaînesetlaprison.« Il (leSadr-iDjahân) rongeson freindans sacolèrecontre toi ; il te
rechercheavecvingtyeux.« Il aiguise le couteaupour toi ; il est commeunchienaffamé, et toi
commelesacdepain.«Aprèsquetut’eséchappéetqueDieut’adonnélaliberté,turetournes
enprison:qu’est-cequit’arrive?«S’ilyavaiteudixsortesdegardienspourtesurveiller,ilt’auraitfallu
del’intelligencepourtedébarrasserd’eux.«Puisquetun’asaucungardien,pourquoil’aveniretlepassétesont-ils
devenusscellés?»3820 L’amoursecretavaitfait(duwakil)sonprisonnier:celuiquile
critiquaitnevoyaitpascegardien.Legardiendechaquegardienestcaché:autrement,pourquoiserait-on
prisonnierd’unenatureperverse?La colère du Roi de l’Amour s’attacha à son âme et l’enchaîna à
l’oppressionetàlahonte.Lacolèrelefrappe,disant:«Écoutez,frappez-le!»Malheuràmoià
causedecesoppresseurscachés.Quiconquetuvoisallersurlesentierdelaperdition,bienqueseul(en
apparence),estaccompagnéd’unoppresseurcaché.S’ilenétaitconscient,ilpousseraitdescrisdedétresseetserendraiten
présenceduRoidesrois,EtsecouvriraitlatêtedepoussièredevantleRoi,afindesetrouveren
sécuritéloinduterribleDémon.Mais toi, plus infime qu’une fourmi, tu t’es cru un prince : aussi,
aveuglequetues,tun’aspasvucegardien.
Tuétaisleurréparcesfaussesailesetplumes—lesailesetlesplumesconduisantaumalheur.S’ilgardesesaileslégères,ilmonteversleshauteurs;quandildevient
souillédeterre,ilcréelapesanteur(quilefaitdescendre).
Commentl’amoureux,incitéparl’amour,dit:«Celam’estégal»à
lapersonnequileconseillaitetleréprimandait
3830 ldit:«Ôconseiller,tais-toi!Combiendetemps,combiendetemps(meferas-tudesreproches)?Nemedonnepasdeconseils,carmeslienssonttrèsforts.« Mes liens sont plus forts que tes conseils : ton savant maître ne
connaissaitrienàl’amour.« Dans ce quartier où l’amour augmentait ma douleur, Bû Hanîfa et
Shâfi’î*n’ontpasdispenséd’enseignement.«Nememenacepas d’être tué, car je suismisérablement assoiffé de
monpropresang.»Pourlesamoureux,ilestunemortàchaqueinstant:envérité,lamort
desamoureuxn’estpasd’uneseulesorte.L’amoureux possède deux cents âmes venant de l’Ame de Celui qui
guideetcesdeuxcentsâmes,illessacrifieàchaqueinstant.Pourchaqueâme(vie),ilenreçoitdixenéchange:lisdansleQor’ân
dixfoisautant110.Si Celui au visage amical verse mon sang, en dansant je Lui
abandonneraimavie.Jel’aiéprouvé:mamortestdanslavie:quandj’échapperaiàcettevie,
ceserapourdureràjamais.« Tuez-moi, tuez-moi, ômes amis ! car dansmamort, il y a vie sur
vie.»3840 Ôtoiquirendslevisageradieux,ôEspritdel’éternité,attiremonesprit
versToietdanstagénérositéaccorde-moideTerencontrer.J’aiunBien-Aimédontl’amourestdansmesentrailles,qu’llfoulemes
yeux,s’illedésire.Parle persan, bien que l’arabe soit plus doux : l’amour, en vérité,
possèdecentautreslangages.Quand leparfumdeceCharmeurdescœursprendsonvol, toutesces
languesdeviennentébahies.Jecessedeparler:leBien-Aiméacommencéàparler,soistoutouïe—
etDieusaitmieux.Puisque l’amoureux s’est repenti, à présent prends garde, car il
enseignera,commelesmystiquesdel’amour,surlegibet.BienquecetamoureuxserendeàBoukhara,ilnevapasassisteràdes
coursniécouterunprofesseur.Pour les amoureux, le seul professeur, c’est la beauté du Bien-Aimé,
leursseulslivre,coursetleçonsontsonvisage.Ils sont silencieux (extérieurement) mais leurs cris répétés montent
jusqu’àl’EmpyréeetautrônedeleurAmi.Leur seule leçon est l’enthousiasme et la danse tournoyante et le
frémissement;nonleZiyâdat(manueldejurisprudence)etlechapitresur«lachaîne».
3850 La«chaîne»decesamoureuxestlesbouclesàl’odeurdemuscduBien-Aimé;ilsontlaquestion«ducercle»,maisc’estle«cercle»del’Ami.Siquelqu’unt’interrogesurlaquestiondela«bourse»,répondsquele
trésordeDieun’estpascontenudanslesbourses.Si l’on parle de khul (divorce intenté par l’épouse) et de mubara
(divorce par consentement mutuel) ne t’y oppose pas : ce dont il estquestion,enréalité,c’estBoukhara.Lamémoration de chaque chose produit un effet spirituel particulier,
étantdonnéquechaquequalitépossèdeunequiddité.ABoukhara, tu arrives à la perfection dans les sciences ; quand tu te
tournesversl’humilité(bi-khâri),tueslibéréd’elles.CethommedeBoukharan’avaitpaslesoucidelascience:ilfixaitson
regardsurleSoleildelavision.Nul de ceux qui dans la solitude ont trouvé la voie vers la vision ne
chercheralepouvoiraumoyendesdiversessortesdeconnaissance.Quandilseradevenul’amiintimedelabeautédel’Ame,iléprouvera
dudégoûtpourlesavoiretlaconnaissance.La vision est supérieure à la connaissance ; c’est pourquoi le monde
d’ici-basl’emporte(surl’autre)auxyeuxducommundesgens,Parcequ’ilsconsidèrentcemonde-cicommeunevaleurprésente,tandis
qu’ils considèrent cequi concerne cet autremonde commeunevaleur àvenir.
*Célèbresjuristes.
CommentceserviteuramoureuxtournasonvisageversBoukhara
3860 ecœurbattant,l’amoureux,quiversaitdeslarmesmêléesdesang,partitpourBoukharaentoutehâte.Lessablesd’Amunluiparurentdelasoie,lefleuvedel’Oxusluiparut
unemare.Pourlui,cedésertétaittelleuneroseraie:ilétaitcourbéendeuxderire
commelaroseépanouie.LesucrecandisetrouveàSamarkand;maisseslèvresledécouvrirentà
«Boukhara»quidevintsonbut.«ÔBoukhara, tu as accru la compréhensiondes autres,mais tum’as
privédecompréhensionetdereligion.«JerecherchelapleineLune:c’estpourquoijesuis(mince)commela
nouvellelune.Jerecherchelesadr(Prince)dansl’anti-chambrequ’estcemonde.»Quand il aperçut ce « Boukhara » se profilant en noir au loin, la
blancheur(del’illumination)apparutdanslaténèbredesonchagrin.Il tomba et resta quelque temps étendu, évanoui : sa raison s’envola
danslejardindumystère.Ils aspergeaient de l’eau de rose sur sa tête et son visage : ils ne
connaissaientpasl’eauderosedesonamour.Il avait contemplé une roseraie cachée : l’assaut de l’Amour l’avait
arrachéàlui-même.3870 Toidontl’espritestglacé,tun’espasdignedecesouffle(del’amour):
bienquetusoisunecanne,tun’espasassociéausucre.Lebagagedel’intellectestavectoi,ettuesencoreenpossessiondetes
esprits,cartuesinconscientdesarméesinvisibles111.
Commentl’amoureuximprudententraàBoukharaetcommentsesamisledissuadèrentdesemontrer
oyeusement,ilentradansBoukharaprèsdesonbien-aiméetdelademeuredesasécurité,Comme l’homme enivré d’amour qui s’imagine s’envoler au ciel : la
lunel’embrasseetdit:«Embrasse-moi!»Tous ceux qui le virent àBoukhara lui dirent : «Va-t’en avant de te
montrer!Nerestepaslà!Fuis!«Carceprincetechercheaveccolère,afindet’infligerunevengeance
dedixannées.«ParDieu,parDieu,neplongepasdanstonpropresang,neterepose
passurtesparoleshabilesettesruses.«Tuétaisl’intendantduSadr-iDjahân,etunnoble:tuétaisl’homme
deconfianceetledirecteurdesesaffaires.«Puis tuasagi traîtreusementet t’esenfui loinduchâtiment ; tu t’es
échappé;commenttelaisses-tusaisirànouveau?«Aveccentastuces,tut’esenfuiloindestribulations:est-celafoliequi
t’aamenéicioutadestinée?3880 «Ôtoidontl’intellectsemoquedeMercure(leScribecéleste),le
Destinrendstupidesl’intellectetlesintelligents.«Malchanceuxestlelièvrequichercheàrencontrerlelion:oùestta
perspicacité,tonintelligence,tavivacitéd’esprit?« Les ruses de la Destinée sont cent fois plus nombreuses que les
tiennes ; le Prophète a dit : “Quand vient leDestin, le vaste champ estrétréci.”«Ilexistecentcheminsetlieuxderefugeàdroiteetàgauche,maisils
sontbloquésparleDestin,carc’estundragon.»
Commentl’amoureuxréponditàceuxquileréprimandaient
etlemenaçaient
ldit:«Jesuishydropique:l’eaum’attire,bienquejesachequec’estl’eauaussiquimetuera.«Aucundeceuxquisontaffligésd’hydropisienefuiral’eau,mêmesi
elleleruineetledétruitdeuxcentsfois.«Simesmainsetmonabdomendeviennentenflés,cependant ledésir
passionnépourl’eaunemequitterapas.« Lorsqu’onm’interroge surmon état intérieur, je dis : “Puisse cette
Mercoulerenmoi!”«Quecetteoutre,monabdomen,éclatepar lesvaguesde l’eau :si je
meurs,mamortestacceptable.«Chaquefoisquejevoisl’eaud’unruisseau,lajalousiem’étreintetje
souhaiteêtreàsaplace.3890 «Avecdesmainsgonfléescommeuntambouretunventrepareilau
tambour,jetambourinemonamourpourl’eau,commeuneroseassoiffée.«Simonespritloyalversemonsang,jeboiraigorgéeaprèsgorgéedu
sang,commelaterre.« Je suis un buveur de sang, comme la terre et comme l’embryon :
depuisquejesuisdevenuunamoureux,jesuisoccupéàcela.«Durantlanuit,jebrûlesurlefeudelapassiontoutlejourjusqu’àla
nuit,jeboisdusang,commelesable.«Jemerepensd’avoireurecoursàdesrusesetdem’êtreenfuiloinde
cequedésiraitsacolère.« Qu’il dirige sa colère contre mon âme enivrée : il est la Fête du
Sacrifice,etl’amourestlebuffleàégorger.« Que le buffle dorme, ou qu’il mange quelque chose, il l’engraisse
pourlaFêteetleSacrifice.«Considère-moicommelavachedeMoïsequidonnalavie(àl’homme
assassiné) : chacun demesmembres est unmoyen pour ressusciter desmortsceuxquisontlibres.La vache de Moïse fut offerte en sacrifice ; le plus infime de ses
membresressusciteunhommeassassiné.«Asontoucher, l’hommeassassinébonditdesaplace—auxparoles
ditesparDieu,“Frappez-le112”.
3900 «Ômesnoblesamis,égorgezcettevache(l’âmecharnelle)sivousdésirezfairevivrelesespritsdouésd’intuition.« Je suismort à l’état inorganique et suis devenudouéde croissance,
puisjesuismortàl’étatvégétaletparvinsàl’animalité.«Jesuismortàl’animalitéetdevenuAdam:quecraindrais-jedonc?
Quandai-jeétédiminuéparlamort?«Puisjemourraiàl’étatd’hommeafindepouvoirprendremonessor
parmilesanges.« Et je dois échapper même à cet état angélique : toute chose est
périssante,saufSaFace113.«Anouveau,jeseraisacrifiéetmourraiàl’étatd’ange:jedeviendrai
cequel’imaginationnepeutconcevoir.«Puisjedeviendrainon-existence:lanon-existencemedit,commeun
orgue:“Envérité,àLuinousretournerons114.”«SachequelamortestcequecroitlaUmma(Communauté),àsavoir
quel’EaudelaVieestcachéedanslesténèbres.«Pousseduborddelarivière,commelenénuphar,avideetlanguissant
aprèslamortcommeceluiquisouffred’hydropisie.«L’eauestpourluilamort,etcependantilcherchel’eauetlaboit—et
Dieusaitmieux.3910 «Oh,lefroidamoureux,portantlevêtementdelahonte,quiparpeutde
perdresavies’enfuitloinduBien-Aimé!«Ô toi,hommeefféminé,contempledescentainesdemilliersd’âmes
battantdesmainsetseprécipitantsurleglaivedeSonAmour!«Tuasvularivière:déverses-ytacruche:commentl’eaus’enfuirait-
elledelarivière?«Quandl’eaudansl’aiguièrevadansl’eaudelarivière,elledisparaît
enelleetdevientlarivière.«Lesattributsde1’amoureuxsesonteffacés,etsonessencedemeure:
aprèscela,ilnediminuepasninedevientmalheureux.« Jeme suis pendu à son palmier pourm’excuser d’avoir fui loin de
lui.»
Commentcetamoureuxparvintàsonbien-aiméquandileutrenoncé
àsavie
eprosternantsursafaceetsatête,roulantàterre,ilallalesyeuxmouillésdelarmesverslesadr.Toutlemondeattendait,latêteenl’air,pourvoirs’illebrûleraitoule
pendrait.«Aprésent,disaient-ils,ilvamontreràcesotcequeleDestinmontre
auxmalheureux.«Comme le phalène, l’amoureux a pensé que les étincelles étaient la
lumière:stupidementilesttombéetaperdulavie.»3920 Maislachandelledel’amourn’estpascommecettechandelle-ci:c’est
lumièresurlumièresurlumière.Elleestlecontrairedesbougiesallumées:ellesembleêtredefeumais
enréalitéelleesttoutedouceur.
Lamosquéeenchantéedelamort.Descriptiondelamosquéequituait
lesamantsetdel’amoureuxinsouciantetcherchantlamortqui
endevintl’hôte
rêtel’oreilleàunehistoire,ôhommedebonneconduite.IlyavaitunemosquéeauxabordsdelacitédeRayy.Nuln’ydormitjamaislanuitsansymourircettemêmenuit,etsansque
sesenfantsnedevinssentorphelins.Maintétranger indigentyentraaucrépusculepours’enallerà l’aube,
commelesétoiles,danslatombe.Sois très attentif à cette histoire ; l’aube est arrivée, mets fin à ton
sommeil.Toutlemondedisaitques’ytrouvaientdesdjinnsférocesquituaientles
hôtesavecdesépéesémoussées.L’un disait : « C’est magie et sorcellerie, car cet enchantement est
l’ennemietl’adversairedelavie.»Unautredisait:«Placezuneinscriptionenévidencesurlaporte:“Ô
hôte,nerestepasici.“Ne dors pas ici pendant la nuit, si tu désires vivre ; sinon la mort
démasquerasesembûchespourtoiencelieu.”»3930 Unautreencoredisait:«Verrouillezlaportelanuit,etlorsqu’un
imprudentviendra,nelelaissezpasentrer.»
Commentl’hôteentradanslamosquée
lenallaainsijusqu’àcequ’arrivâtàlatombéedelanuitunhôtequiavaitentenducetterumeurétrange.Illamitàl’épreuve,pourvoirsielleétaitfondée,carilétaittrèsbrave
etlasdelavie.Ilsedisait :«Jefaispeudecasd’unetêteetd’unventre ;supposons
qu’ungrainsoitpartidutrésordel’esprit,«Quelaformecorporelledisparaisse:quisuis-jeenréalité?Laforme
n’est-ellepasd’unprixinfime,quandjedoisdurertoujours?«Puisque,parlagrâcedeDieu,l’espritdeDieumefutinsufflé,jesuis
lesouffledeDieuquiestgardédistinctdugosierducorps,«Afinque le sondesonsoufflene tombepasdanscettedirection,et
quecetteperlenes’échappepasdelacoquilleétroiteducorps.«PuisqueDieuadit:“Désirezlamort,ôvousquiêtessincères”,jesuis
sincère,jevaisdonnermonâmepourcela.»
Commentlesgensdelamosquéeblâmèrentl’hôteamoureuxpour
sonintentiondedormirlàpendantlanuit,etlemenacèrent
esgensluidirent:«Prendsgarde,nedorspaslà,depeurqueceluiquiprendl’âmenetebroiecommelagrainedesésame,«Cartuesétrangerettuignoresquequiconquedortencelieupérit.
3940 «Cen’estpaslàunhasard;nous-mêmes,ettousceuxquisontdouésd’intelligence,enavonssouventétélestémoins.« Quiconque est hébergé dans cette mosquée pour une seule nuit, la
mortempoisonnéeluiadvientàminuit.Chacun de nous a vu cela cent fois ; nous ne l’avons pas entendu
raconter.Le Prophète a dit : “La religion consiste à donner de bons conseils
(nasihat).” Cette nasihat littéralement est le contraire du ghulûl (lemanquedesincérité).«Cettenasihatconsisteàêtresincèreenamitié;enunactedeghulûl,
onesttraîtreetvil.»Nouspratiquonscettenasihatenverstoi,sanstromperie,paramour;ne
tedétournepasdelaraisonetdelajustice.
Laréponsedel’amoureuxàceuxquileréprimandaient
l répondit : « Ô conseillers sincères, je suis devenuirrémédiablementlasdecemondedelavie.«Jesuisunvagabondoisif,cherchantlescoupsetdésirantlescoups:
nerecherchepaslabonneconduitechezlevagabonddesroutes.«Jenesuispaslevagabondquienvéritérecherchelanourriture,jesuis
levagabondinsouciantquirecherchelamort.« Je ne suis pas le vagabond qui reçoit de la petitemonnaie dans sa
paume,mais le vagabond agile qui voudrait franchir ce pont (vers l’au-delà);
3950 «Niceluiquis’attacheàchaqueboutique;non,maisceluiquibondithorsdel’existenceetdécouvreunemine(deréalité).«Lamort et le départ de cette demeure sont devenus pourmoi aussi
douxqu’ill’estpourl’oiseaudequitterlacageetdeprendresonenvol,«Lacagequiestauseinmêmedujardin,desortequel’oiseauaperçoit
lesparterresderosesetlesarbres;« Tandis qu’au-dehors, autour de la cage, une multitude d’oiseaux
chantentdoucementlaliberté,«Àlavuedecelieuverdoyant,nidésirdenourritureneresteàl’oiseau
danslacage,nipatience,nirepos;«Maisilpasselatêteàtraverschaqueorifice,dansl’espoird’arracher
cettechaînedesonpied.«Puisque soncœuret sonâmesontdéjà au-dehorsde la sorte,qu’en
sera-t-ilquandonouvriralacage?»Iln’envapasainsipourl’oiseauencageparmilesangoisses,leschats
l’entourantd’uncercle:Comment,danscettecrainteetcechagrin,aurait-illedésirdesortirde
lacage?Il souhaite que, pour se préserver d’avoir ses plumes arrachées, se
trouventcentcagesautourdelasienne.
L’amourd’unGalienestpourlavieprésente,carcen’estqu’ici-basque
sonartestutile;iln’apratiquéaucunartquisoitutiledansl’audelà:
ils’yvoitcommeétantlemêmequelecommundesgens
3960 elaestcommecequelesageGalienaditenraisondesonamourpourcemonde-cietpourcequ’ilydésirait:« Jeme satisferais de ce que lamoitié seulement demon esprit vital
demeure,afinquejepuissevoirlemonde,mêmesijedevaismetrouverpourceladansleventred’unemule.»Ilvoitautourdeluidesarméesdechats;sonoiseaudésespèredevoler.Ouilaconsidéréquetout,saufcemonde,estnon-existence,etn’apas
perçudanslanon-existenceunerésurrectioncachée.Al’instardel’embryonquelaBontédivineattireau-dehors:ils’enfuit
pourretournerdansleseinmaternel.LaGrâce divine tourne le visage de l’embryon vers une issue, tandis
quel’embryonfaitsademeuredansleseindelamère,Disant : « Oh, je me le demande : si je tombe hors de cette cité et
demeuredeplaisir,verrai-jedemesyeuxcetendroit;«Ou bien y aura-t-il dans cette ville bruyante (dumonde) une porte,
pourquejepuisseregarderàl’intérieurdelamatrice;«Ou y aura-t-il pourmoi un sentier pareil au chas d’une aiguille, de
sortequelamatricesoitpourmoivisibledel’extérieur?»Cetembryon,luiaussi,n’estpasconscientd’unmondeextérieur:cene
luiestpasfamilier,commepourGalien.3970 IInesaitpasqueleshumeursquiexistentdansleseinmaternelluisont
fourniesàpartirdumondeextérieur,Demêmeque lesquatreélémentsencemondereçoiventcentsecours
decetteCitéau-delàdel’espace.S’il a trouvé de l’eau et des graines dans sa cage, ces choses sont
apparuesenprovenantd’unJardinetd’unLieu.LesespritsdesprophètescontemplentleJardinàpartirdecettecageau
momentoùilssonttransportésetlibérés(ducorps);Alors,ilssontlibérésdeGalienetdumonde:ilsbrillentcommelalune
danslescieux.
Etsicetteparolequel’onrapportedeGalienn’estpasauthentique,maréponsen’estpaspourGalien,Mais c’est une réponse à la personne qui l’a dite, car : un cœur
lumineuxn’apasétésonlot.L’oiseau, sonesprit,estdevenuunesourischerchantun trou,quand il
entenditleschatsluicrier:«Arrête!»Pourcetteraison,sonesprit,pareilàlasouris,aconsidéréquesonfoyer
etsademeuresetrouvaientdanscetroudumonde.Dans ce trou aussi il se mit à construire et acquit une connaissance
convenantàcetrou;3980 IIchoisitlesmétiersquiluiseraientprofitables,etseraientutilesdans
cetrou.Étantdonnéqu’il détourna son cœurdudésir d’avancer, la voiede la
délivranceducorpsfutbarrée.Sil’araignéeavaitlanaturede1’Anqâ,commentaurait-elledresséune
tentefaitedefil?Le chat a mis ses griffes dans la cage : le nom de ses griffes est la
souffrance,ledélire,lesaffres.Lechatestlamort,etsesgriffessontlamaladie:ellefrappel’oiseauet
sonplumage.Lemaladesehâtedecoinencoinversleremède.Lamortestcommele
cadi,etlamaladieestletémoin.Ce témoinvientà toi,comme l’envoyéducadi,pour teconvoquerau
lieudujugement.Toi, t’enfuyant, tu le supplies de t’accorder un délai : s’il y consent,
c’estaccordé;autrement,ildit:«Lève-toi(etviens).»La recherche d’un délai consiste en remèdes etmédicaments, afin de
rapiécercefrocducorps.Alafin,unmatin,ilvientaveccolère,disant:«Combiendetempsva
durercedélai?Aprésent,jeteprie,aiehonte!»3990 Ôhommeenvieux,demandepardonauRoiavantqu’unteljourarrive.
Etceluiquimontesonchevaldansl’obscuritéetdétourneentièrementsoncœurdelaLumièreS’enfuit loindu témoinetde sonobjet, carce témoin leconvoqueen
jugement.
Commentlesgensdelamosquéeblâmèrentànouveaul’hôtedevouloirdormirlanuitdansla
mosquée
es gens lui dirent : «N’agis pas avec tant de témérité ; pars, depeurquetoncorpsettonâmenesoientendangerdemort.»Deloin,celasemblefacile,maisfaisattention,caràlafinlepassageest
terrible.Plusd’unhommes’estpenduets’estrompulecou,qui,aumomentde
l’agonie,cherchaitquelquechoseoùaccrochersamain.Avant la bataille, l’imagination du bien ou du mal est faible dans le
cœurd’unhomme.Mais quand il entre dans le combat, alors pour lui l’affaire devient
pénible.Puisquetun’espasunlion,prendsgarde,net’avancepas,carceDestin
estunloupettonâmeestlemouton.Maissituesl’undesabdâletquetonmoutonestdevenuunlion,viens
entoutesécurité,cartamortaétévaincue.4000 Quiestl’abdâl?Celuiquidevienttransmué,celuidontlevinest
transforméenvinaigreparlatransmutationdivine.Mais tues ivre, audacieux,et tu teconsidèrescommeun lion.Prends
garde,n’avancepas.Dieu a dit des hypocrites pervers : « Leur courage entre eux est un
grandcourage.»Entreeux,ilssontvaillants,maisdansuneexpéditionguerrièreilssont
commelesfemmesdelamaison.LeProphète,lecommandantenchefdel’Invisible,adit:«Iln’yapas
debravoure,ôjeunehomme,avantlesbatailles.»Les hommes ivres se font beaucoup valoir quand on parle de guerre,
maisquandlescombatsfontrage,ilssontdénuésdetoutevaleur.Aumomentoùl’onparledeguerre,lecimeterreesttiré:aumomentdu
combat,l’épéeestcommeunoignon(rentréedanssonfourreau).Aumomentdesprojets, lecœurestavidedeblessure,puissonsacse
vided’airavecuneseulepiqûred’aiguille.Jesuisstupéfaitdevantceluiquirecherchelapuretéetquiaumoment
dupolissagetrembled’êtremaniérudement.
L’amour est comparable à un procès ; subir de rudes traitements estcommelapreuve:fautedepreuves,onperdsonprocès.
4010 NesoispasaffligéquandleJugedemandetapreuve,donneunbaiserauserpentpourobtenirletrésor.Cetteduretén’estpasadresséecontretoi,ômonfils,non,maiscontre
lesdéfautsquisontentoi.Lescoupsdebâtonaveclesquelsunhommebatuntapis,cen’estpasau
tapisqu’illesinflige,maisàlapoussièrequis’ytrouve.Sicethommeirasciblefouettelecheval,ildirigelescoupsnoncontre
lecheval,maiscontresontrébuchement,Afin qu’il soit délivré de l’habitude de trébucher et marche
convenablement;onemprisonnedumoûtdanslacuveafinqu’ildevienneduvin.Quelqu’undit :«Tuas frappéde tantdecoupscepetitorphelin :ne
craignais-tupaslecourrouxdivin?»Il répondit : « Ômon cher ami, quand l’ai-je frappé ? J’ai frappé le
diablequiétaitenlui.»Si ta mère te dit : « Puisses-tu mourir ! » elle désire la mort de ta
mauvaisenatureetlamortdel’iniquité.Les gens qui s’enfuirent loin de la correction déshonorèrent l’esprit
chevaleresqueetleshommes.Lesdétracteurs les firent revenirde laguerre,de sortequ’ils restèrent
infâmesetefféminés.4020 N’écoutezpaslesvantardisesetlesfanfaronnadesdubavard:n’allez
passurlalignedebatailleavecdetellesgens,Étantdonnéqu’ilsn’auraientfaitqu’ajouteràvotretrouble115.Dieua
dit:«Évitezlescamaradespusillanimes.»Car, s’ils vont avec vous, les guerriers deviendront faibles comme la
paille.Ils se placent avec vous en ligne (sur le champ de bataille) puis ils
s’enfuientetbrisentlemoraldel’armée.C’est pourquoimieux vaut une petite armée sans de telles personnes,
plutôtqued’êtrerenforcéepardeshypocrites.Quelques amandes bien triées valent mieux qu’un grand nombre
(d’amandesdouces)mêléesàdesamandesamères.Lesdoucesetlesamèressontpareilles,quantaubruitqu’ellesfonten
s’entrechoquant;ledéfautprovientdecequ’ellesnesontpassemblablesenréalité.L’impie a un cœur timoré car, parmanque de certitude, il vit dans le
doutequantàl’étatdel’autremonde.Ilparcourtlaroute,maisilneconnaîtaucuneétape:celuiquialecœur
aveugleavancetimidement.Quandlevoyageurneconnaîtpaslechemin,commentmarche-t-il?Il
vaavecmainteshésitations,tandisquesoncœurestangoissé.4030 Siquelqu’unluidit:«Hé!cen’estpaslebonchemin»,ils’arrêtelàet
resteimmobile,terrifié.Maissilecœursageduvoyageurconnaîtlechemin,commenttousles
hé!etho!pénétreront-ilsdanssonoreille?C’est pourquoi, ne voyagez pas avec ces poltrons, car à l’heure de la
détresseetdudangerilssontceuxquit’abandonnent;Puisilss’enfuientetilstelaissentseul,bienquedansleurvantardiseils
soientlamagiedeBabylone.Prends garde ! Ne demande pas à des sybarites de se battre ; ne
demandepasàdespaonsdes’engagerdanslachasseetlapoursuite.Lanaturecharnelleestunpaon:elletetenteett’inciteafindetefaire
quittertonrangspirituel.
CommentSatanditauxQoraysh*:«AllezvousbattreavecAhmad
(Mohammad),carjevousaideraietappelleraimatribuàl’aide»;etcomment,lorsquelesdeuxlignes
debatailles’affrontèrent,ils’enfuit
insi, lorsque Satan devint le chef de l’armée (des Qoraysh) etprononça des paroles charmeuses, disant : « En vérité, je suis unprotecteurpourvous116»,Quand lesQoraysh se furent rassemblés à son ordre, et que les deux
arméesseconfrontèrent,Satan aperçut une cohorted’anges sur une route auprèsdes rangsdes
fidèles.Ilvitcestroupesquevousnevîtespas117,enrang;et,de terreur,son
âmedevintcommeuntempledufeu.4040 Faisantdemi-tour,ilcommençaàpartir,disant:«J’aperçoisunearmée
merveilleuse»,C’est-à-dire:«JecrainsDieu : jenereçoispasd’aidedeLui.Allez-
vous-en!Envérité,jevoiscequevousnevoyezpas118»Hârithdit:«Hé,ôtoiquiasl’aspectdeSurâqa*,pourquoinedisais-tupasdetellesparoleshier?»Il répondit :«Encemoment, jevois lesennemis.»Hârithdit :«Tu
voislesplusvilsdesArabes.«Tunevoisquecela;mais,ôtoiquiesunehonte,c’étaitletempsde
parler,maintenantc’estletempsdelabataille.« Hier, tu disais : “Je m’engage à ce que la victoire et l’aide divine
soienttoujoursàvous.”«Hier,tuétaislasécuritédel’armée,mauditquetues,etmaintenant,tu
eslâche,bonàrien,etvil,«Desorteque,aprèsquenouseûmesavalétesparolesetfûmesvenus
combattre, toi tu es entré dans la chaudière de bain et nous sommesdevenuslecombustible.»Quand Hârith dit cela à Surâqa, ce maudit fut rendu furieux par ces
reproches.Il retira coléreusement samain de celle deHârith, car son cœur était
peinéparcesparoles.
4050 SatanfrappalapoitrinedeHârithets’enfuit:parcecomplot,ilversalesangdecespauvreshommes.Aprèsavoir ruinéunesigrandemultitude, ilditalors :«Envérité, je
vousdésavoue119.»Illefrappaàlapoitrineetlejetaausol;puisils’enfuit,carlaterreurle
poussaitenavant.L’âme charnelle et le Démon ont tous deux été une seule personne ;
maisilssesontmanifestéssousdeuxformes,Commel’angeetl’intellectquienréalitéétaientun,maissontdevenus
deuxformesenraisondessagesdesseinsdeDieu.Tu possèdes un tel ennemi dans ton intériorité : il est l’obstacle de
l’intellect,etl’adversairedel’espritetdelareligion.Aunmoment,ilbonditenavantcommelelézard,puisils’enfuitetse
précipitedansuntrou.Aprésent,ilabeaucoupdetrousdanslecœurhumain,etdechaquetrou
ilsortsatête.LetermequidésignelefaitqueleDémondevientcachédesâmesdes
hommesetentredanscetrouestkhunûs(furtif).Car sonkhunûs est comme le khunûs du hérisson : comme la tête du
hérisson,ilrentreetsort.4060 CarDieuaappeléleDémonKhannâs,parcequ’ilressembleàlatêtedu
petithérisson.La tête du hérisson se cache continuellement, à cause de sa peur du
cruelchasseur,Jusqu’àceque,lorsquel’opportunités’enprésente,ilsortesatête:par
untelstratagème,leserpentdevientsaproie.Si l’âme charnelle ne t’avait pas égaré de l’intérieur, comment les
brigandsauraient-ilslepouvoirdet’attaquer?Acausedecetoppresseur,quiestleDésir,lecœurestprisonnierdela
cupidité,del’aviditéetdumalheur.Acausedecetoppresseurintérieur,tuesdevenuvoleuretdépravé,de
sorte que la voie est libre pour les oppresseurs extérieurs, afin qu’ils tecontraignent.Écoute ce bon conseil dans les Traditions prophétiques : «Votre pire
ennemiestentrevosdeuxcôtés.»N’écoutepas le langagepompeuxde cette ennemie (l’âmecharnelle),
carelleestsemblableàIblîs,sedisputantetsequerellantobstinément.Pourl’amourdecemondeetleplaisirdediscuter,ellet’afaitapparaître
lechâtimentéternelcommepeudechose.
Quoid’étonnantàcequ’ellefasseparaîtrelamortfacile?Parsamagie,ellefaitcentfoisplusquecela.
4070 Lamagiefaitd’unepaille(kâh)unemontagne,parartifice;oubienellefaitdelamontagne(kouh)unepaille.Ellerendbellesleschoseslaides,aumoyendelaruse;ellerendlaides
leschosesbellesenraisond’uneopinionfausse.L’opérationde lamagie,c’estdeprononcerdes sortilègesetàchaque
instantdetransformerlesréalités.Aunmoment,ellemontreunhommesous la formed’unâneet,àun
autre,faitapparaîtreunânecommeunhommeetunnotable.Un telmagicien se trouveen toi-mêmeetdissimulé ; envérité, il y a
unemagiecachéedanslatentation.Mais dans lemondeoù existent ces artsmagiques, il existe aussi des
magiciensquivainquentlasorcellerie.Danslaplaineoùapoussécepoisonviolent,aaussipoussél’antidote,ô
monfils.L’antidotetedit:«Chercheenmoiunbouclier,carjesuisplusproche
detoiquelepoison.»Les paroles (de l’âme charnelle) sontmagiques et sont ta ruine ;mes
parolessontunemagie(licite)etlecontre-charmeàsamagie.
*TribudeLaMecquehostileauProphète.*LesQoraysh,ayantquittéLaMecque,hésitaientsurlamarcheàsuivre,quandSurâqa ibn Mâlik, le Kinânite, leur ennemi, leur assura faussement qu’ilsn’avaientrienàcraindredesatribu,lesBanûKinânah.
Commentlesconseilleursrépétèrentleurconseilàl’hôtedelamosquée-
qui-tuait-ses-hôtes
eProphèteadit:«Envérité,ilyadelamagiedansl’éloquence»;etcehérosaditlavérité.
4080 «Allons,n’insistepasetnerendspaslamosquéeetnous-mêmesl’objetdessoupçonsàcausedecela;«Carunennemiparleparinimitié,etdemainlesmauvaisesgensnous
jetterontaufeu,«Disant:“Quelqueméchantl’aétranglé,sachantquesousprétextede
lamosquée,ilnerisquaitrien.“Desortequ’ilpourrait imputer lemeurtreà lamosquéeet,commela
mosquéeamauvaiseréputation,ilpourraits’échapper.”«Nefaispasdenousl’objetdesoupçons,ôhommeàl’espritvaillant,
carnousnesommespasensécuritécontrelesrusesdenosennemis.«Allons,parsàprésent,ne soispas téméraire,nenourrispasdevain
désir,carilestimpossibledemesurerSaturneavecunempan.«Biend’autresquetoisesontvantésdeleurchance,etàlafinsesont
arrachélabarbe,bribeparbribe.«Allons,va-t’en,cessecebavardage,nenousplongepas, toietnous,
danslemalheur.»
Commentl’hôteleurréponditetajoutalaparaboledugardienduchampdebléqui,enfaisantdu
bruitavecuntam-tam,s’efforçaitdechasserduchampunchameau
surledosduquelonbattaitlegrandtambourdeMahmud
l dit : « Ômes amis, je ne suis pas l’un des démons, quemesmusclesperdentleurforceàunseulLâhawl*.»Un jeune garçon, qui surveillait un champ de blé, avait coutume de
battredutam-tampourécarterlesoiseaux,4090 Desortequelesoiseaux,àcebruit,étaienteffrayés,etquelechamp
devintpréservédesoiseauxmauvais.Quandlesultan,lenobleroiMahmud,dressaunegrandetentedansle
voisinage,commeilpassaitparlà,Avecunearméesemblableauxétoilesduciel,nombreuseetvictorieuse,
transperçantlesrangsdel’ennemiets’emparantd’unempire.Il y avait un chameau portant le tambour : c’était un chameau de
Bactriane,marchantentêtedel’armée,commeuncoq.Jour et nuit, le conducteur battait fortement du grand tambour et de
l’autretambourqu’ilportaitsursondos,àl’alleretauretour.Cechameauentradanslechampdeblé,etlejeunegarçonbattaitdeson
tam-tampourprotégerleblé.Unhommeintelligentluidit:«Nebatspasdutam-tam,carlechameau
al’expériencedutambour,ilesthabituéàlui.«Qu’est-cequecepetittam-tampourlui,monenfant,alorsqu’ilporte
letambourdusultan,vingtfoisplusgrand?»Jesuisunamoureuxquiaétésacrifiéàl’anéantissement,monâmeest
lecercleentourantletambourdelatribulation.Envérité,tesmenacessontcommeunpetitgongàcôtédecequemes
yeuxontvu.4100 Ôamis,jenesuispasl’undeceux-là,pourquedevainesimaginations
m’arrêtentsurlaVoie.Jesuis,commeles ismaéliens,sansfrayeur ;commeIsmaël, jeneme
souciepasdematête.J’ai renoncé au faste et à l’ostentation :Dites, venez120. Il (le Bien-
Aimé)aditàmonâme:«Viens.»Le Prophète a dit que celui qui est assuré de la récompense donnera
généreusementauparavant.Quiconque aperçoit cent compensations pour un présent renoncera
aussitôtàcecadeau.Toussontdevenusattachésaubazar(decemonde)afinque,lorsquese
présenteuneoccasiondegain,ilspuissentdonnerleurargent.Avecdel’ordansleurssacs,ilssontassisdansl’attente,souhaitantque
le gain survienne et que celui qui persévère puisse semettre à dépenser(sonor).Lorsqu’il aperçoit une marchandise dont le profit sera meilleur, son
amourpoursespropresbiensserefroidit;Car, jusqu’alors, ilétaitrestééprisdeceux-ci,parcequ’iln’apercevait
pasdeprofitnid’avantagesupérieuràceluidesespropresbiens.Ilenvademêmepourlesconnaissances,lestalents, lesnégoces;(on
s’yattache)parcequ’onn’arienvuquilessurpasseenexcellence.4110 Tantquerienn’estmeilleurquelavie,lavieestprécieuse;siquelque
chosedemeilleurapparaît,lenomdeviedevientchosevaine.Lapoupée inanimée est aussi chèreque lavie à l’enfant, avantqu’en
grandissantilnesoitdevenucapabled’engendrerdesenfants.Cetteimaginationetcetteillusionsontpareillesàlapoupée:tantquetu
esunenfant,tuasbesoind’elles.Maisquandl’espritaéchappéàcetenfantillage,ilestuni(àDieu),ilen
afiniaveclaperceptionsensorielle,l’imaginationetl’illusion.Iln’estpointdeconfidentàquijepuisseparlersansdétour.Jegarderai
lesilence,etDieuconnaîtmieuxlevéritableaccord.Lesbiensdecemonde,ainsiquelecorps,sontdelaneigequis’anéantit
enfondant;cependant,Dieuestleuracheteur,car«Dieuaacheté121.»Lesneigesvousparaissentmeilleuresqueleprix,carvousêtesdansle
doute:vousn’avezpointdecertitude.Et en toi, ô homme méprisable, existe cette étrange opinion qui ne
s’envolepasverslejardindelacertitude.Ômonfils,chaqueopinionestassoifféedecertitude,etbatdesailesà
l’enviàsarecherche.Quandelleparvientàlaconnaissance,alorsl’ailedevientunebase(un
pied),etsaconnaissancecommenceàflairerlacertitude.4120 Car,danslaVoiedel’épreuve,laconnaissanceestinférieureàla
certitude,maisau-dessusdel’opinion.Sache que la connaissance est chercheuse de certitude, et que la
certitudeestchercheusedevisionetd’intuition.Recherchedonccettedifférence(entrelaconnaissanceetlacertitude)à
présentdanslasourate(quicommencepar)Alhâkum ;aprèslemotkallâetlesmotslawta’lamûn*.Laconnaissanceconduità lavision,ô toiquisais :si laconnaissance
devenaitunecertitudeintuitive,onverraitl’Enfer.La vision naît immédiatement de la certitude, de même que
l’imaginationnaîtdel’opinion.VoisenAlhâkuml’explicationdececi,àsavoirquelaconnaissancede
certitude(‘ilm-ul-yaqîn)devientl’intuitiondecertitude(‘ayn-ul-yaqîn).« Je suis supérieurà l’opinionetà lacertitude,etma têtenedoitpas
êtredétournéeparleblâme.«PuisquemaboucheagoûtéSadouceur,jesuisdevenuclairvoyantet
jeLevois.«Jemarchehardimentquandjemerendsàmademeure,mespiedsne
tremblentpas,jenevaispascommelesaveugles.«CequeDieuaditàlaroseetquil’afaits’épanouir,Ill’aditàmon
cœuretl’arenducentfoisplusbeau.4130 «Ilaoctroyéàmoncœurcequiatouchélecyprès,etarendusastature
élancée,etcequ’ontpartagélenarcisseetl’églantine.«Cequiarendudouxl’âmeetlecœurdelacanneàsucre,etgrâceà
quoilacréatureterrestreaacquislabeautédeChigil*;«Cequiarendulesourcilattrayantetlevisagecouleurderosecomme
lafleurdegrenade;«Ce qui a conféré cent sortilèges à la langue, et qui a donné l’or de
Ja’faràlamine.« Quand la porte de l’armurerie fut ouverte, les regards amoureux
devinrentdesarchers;«Ilslancèrentdesflèchesdansmoncœur,ilsmerendirentéperdu,épris
del’actiondegrâcesetdeladouceur.«JesuisamoureuxdeCeluiàquiappartientchaqueinstant.Laraisonet
l’âmesontrendusvivantsparLui.«Jenemevantepas,ou,sijemevante,commel’eau,jen’aipaspeur
d’éteindrelefeu.«Commentserais-jeunvoleur,quandilestlegardiendutrésor?Ilest
monappui.«QuiconqueestréchaufféparleSoleilestaudacieux:iln’anicrainte
nihonte.
4140 «IlestdevenucommelevisageduSoleilsanségalquibrûlesesennemisetdéchirelesvoiles.«Chaque prophète était vaillant en cemonde, et se battit seul contre
l’arméedesrois,«Etilnedétournapassonvisagedelapeuroudelasouffrance,mais
seulfonçacontreunmondeentier.«Lerocestduretinflexible;iln’estpaseffrayéparlemonderempli
demorceauxdebriques;«Carcesfragmentsdebriquesontétérendussolidesparlefabricantde
briques,tandisquelerocfutrendudurparl’Artdivin.«Silesmoutonssontinnombrables,commentleboucheraurait-ilpeur
deleurgrandnombre?“Chacundevous est unberger” ; le prophète est pareil au berger, les
hommessontletroupeau,ilveillesureux.«Lebergern’apaspeurdesontroupeauendisputantaveclui,maisille
protègecontrelechaudetlefroid.«S’ilcriedecourrouxcontrelesouailles,sachequec’estenraisonde
l’amourqu’ilapourelles.«MonBonheurnouveaumurmureàchaqueinstantàmonoreille:“Je
terendraiaffligé,maisnesoispasaffligé.4150 “Jeterendraiaffligéetpleurant,afindepouvoirtecacherauxyeuxdes
méchants.“Jeterendraiamerparleschagrins,afinquelemauvaisœilsoitécarté
detonvisage.“Tun’espas celui quiMepourchasse etMecherche ; envérité tu es
monesclaveprosternédevantMaProvidence.“Tu cherches des artifices pour pouvoir parvenir jusqu’àMoi : tu es
impuissant,enMequittantcommeenMecherchant.“TadouleurchercheunmoyenpourM’atteindre;j’écoutaishiersoirtes
soupirs.“Ilm’est possible,même sans cette attente, de te faire entrer et de te
montrerlechemindepassage,“Afinquetusoislibérédutourbillondutempsetquetupuissesposer
tonpiedsurletrésordel’unionavecMoi;“Maisladouceuretlesdélicesdulieudurepossontenproportiondela
peineduvoyage.“Tunejouirasdetavilleetdetesparentsquelorsquetuaurassouffert
lesdouleursetlestribulationsdel’exil.”»
*«Iln’yadeforce(Lâhawl)qu’enDieu.* « Le désir de vous surpasser les uns les autres en richesse vous égare(alhâkum), jusqu’à ce que vous visitiez les tombes. Si vous saviez seulement(Kallâ law ta’lamûn) avec la connaissance de certitude (‘ilm-ul-yaqîn). Envérité,vousverrezlefeudel’enfer.Jeledisànouveau,envérité,vousleverrezaveclavisiondecertitude(‘ayn-ul-yaqîn)122.»*VilledeTurkestan,célèbrepourlabeautédeseshabitants.
Comparaisondelafuiteduvraicroyant,etdesonimpatiencedans
l’affliction,àl’agitationetl’impatiencedespoischichesetautreslégumesbouillantdansla
marmite,etàleurprécipitationverslasurfacepours’échapper
ois le pois chiche dans la marmite, comme il saute lorsqu’il estsoumisaufeu.
4160 Aumomentoùonlefaitbouillir,lepoischichemonteconstammentenhautdelamarmite,enpoussantcentcris,Disant : « Pourquoi me brûlez-vous ? Puisque vous m’avez acheté,
pourquoimeretournez-voustêteenbas?»Laménagèrecontinueàlefrapperaveclalouche:«Non,dit-elle,reste
sagementàbouillir,etnesautepasloindeceluiquifaitlefeu.« Je ne te fais pas bouillir parce que je te déteste : c’est pour que tu
acquièresdugoûtetdelasaveur,«Afinque tupuissesdevenirunalimentetque tusoismêléà l’esprit
vital;tonafflictionnevientpasdecequetuesméprisé.«Lorsquetuétaisvertetfrais, tubuvaisdel’eaudanslejardin;si tu
buvaisl’eau,c’étaitàcausedecefeu.»LamiséricordedeDieuestantérieureàsoncourroux,afinquegrâceà
lamiséricordedeDieuonpuissesubirl’affliction.Samiséricordeaprécédééternellementsoncourroux,afinqu’onpuisse
obtenirlecapitaldel’existence.Car,sansplaisir,lachairetlesangnecroissentpas;ets’ilsnecroissent
pas,qu’est-cequel’amourdel’Amiconsumera?Si,enraisondecettenécessité,desactesdecourrouxadviennent,afin
quetuprodiguescecapital,4170 LagrâcedeDieuviendraensuiteafind’excusercetacte,disant:«A
présent,tut’eslavéettuassautéhorsdecefleuve.»La ménagère dit : « Ô pois chiche, tu t’es nourri au printemps ; à
présent,laDouleurestdevenuetonhôte:traite-labien,« Afin que l’invité puisse rentrer en remerciant et puisse raconter ta
générositéenprésenceduroi,’«Desortequeceluiquiconfèrelafaveurpuisseveniràtoi,aulieude
lafaveur,etquetouteslesfaveurspuissentt’envier.« Je suis Khalil (Abraham) et tu es mon fils, pose ta tête devant le
couteau:“Envérité,j’aivuquejetesacrifierais123.”«Posetatêtedevantmoncourroux,avecuncœursanstrouble,queje
puissetecouperlagorge,commeàIsma‘îl.«Jetecouperailatête,maiscettetêteestlatêtequin’apasàcraindre
d’êtrecoupéeetdemourir.«Cependant,tesoumettreestceàquoitendledesseinéterneldeDieu.
Ômusulman,tudoischercheràtesoumettre.«Continue,ôpoischiche,àbouillirdanslestribulations,pourqu’ilne
resteentoiniexistencenitoi-même.«Situasridanscejardin(terrestre),tueslarosedujardindel’espritet
l’œilspirituel;4180 «Situasétéséparédujardindel’eauetdelaterre,tuescependant
devenunourrituredanslaboucheettuesentrédanslesêtresvivants.«Deviensnourriture, forceetpensées.Tuétaisdu lait (shîr).Deviens
unlion(shîr)danslesjungles.« Par Dieu, tu as grandi au commencement à partir des attributs de
Dieu:retourneavecagilitéetrapiditéversSesattributs.« Tu es venu du nuage, du soleil et du ciel, puis tu es devenu des
attributsettuesmontéauciel.«Tuesvenusouslaformedelapluieetdelachaleur,tuirasdansles
attributsdivins.«Tufaisaispartiedusoleil,dunuageetdesétoiles,tuesdevenul’âme
etl’actionetlaparoleetlespensées.»L’existence de l’animal est née de lamort du végétal, aussi l’ordre :
«Tuez-moi,ômesloyauxamis*!»estjuste.Puisqu’ilyaune tellevictoirepournousaprès l’échecde lamort, les
mots:«Envérité,dansmamiseàmortilyaunevie»sontvrais.L’action,laparoleetlasincéritésontdevenueslanourrituredel’ange,
desortequ’aumoyendecetteéchelleilestmontéauciel.Demême,lorsquecettebouchéeestdevenuelanourrituredel’homme,
ils’estélevédel’étatinaniméetestdevenudouéd’uneâme.4190 Encequiconcernecesujet,uneimportanteexplicationseradonnée
ailleurs.La caravane des esprits arrive continuellement du ciel, afin de
commencersurterre,puisdes’enretourner.Va donc, doucement et joyeusement, et de bon gré, non pas avec
amertumeethaine,commeunvoleur.Jetedisdesparolesamères,pourpouvoirtelaverdetouteamertume.Leraisingeléestlibéréparl’eaufroide,etlaissedecôtésafroidureet
songel.Lorsque après avoir supporté ce qui est amer, ton cœur est rempli de
sang,tuéchapperasalorsàtouteslesamertumes.
*«Tuez-moi,ômesamis!C’estdansmamortqu’estmavie,c’estdansmaviequ’estmamort…»ParolesdeMansûral-Hallâdj.
Comparaisonmontrantcommentlevraicroyantdevientpatientquandilcomprendlesensintérieuretlanaturebénéfiquedelatribulation
i l’onnegardepasunchienpour la chasse,onne luimetpasdecollier. Ce qui est cru et non bouilli n’est rien d’autre que ce qui estinsipide.Le pois chiche répondit : « Puisqu’il en est ainsi, ô dame, je serai
heureuxdebouillir,aide-moi,envérité.«Danscetteébullition, tues,pourainsidire,mon instructeur, frappe-
moiavecl’écumoirecartufrappesbien.«Jesuisl’éléphant,bats-moietmarquematêteauferrouge,pourque
jenerêvepasàl’Hindoustanetàsesjardins,4200 «Etquejemesoumetteàcetteébullition,afindetrouverunevoievers
l’étreinte(duBien-Aimé).« Car l’homme, lorsqu’il est indépendant, devient insolent et hostile,
commel’éléphantquirêve.« Quand l’éléphant rêve de l’Hindoustan, il n’écoute pas son
conducteur.
Commentlaménagèrefitdesexcusesaupoischiche,etcomment
lesagedesseinfutpoursuiviencontinuantàfairebouillirlepois
chiche
adameluidit:«Jadisjefaisais,commetoi,partiedelaterre.«Aprèsavoirbuunecoupededureascèse,jesuisdevenueacceptable
etpleinedemérites.« Pendant longtemps, j’ai bouilli dans le monde du Temps, pendant
longtempsencore,danslechaudronducorps.«Enraisondecesdeuxcuissons, jesuisdevenueunesourcedeforce
pourlessens;jedevinsl’espritanimal,puisjedevinstonmaître.«Alorsquejemetrouvaisdansl’étatinanimé,jemedisais:“Tucours
çà et là afin de pouvoir être douée de connaissance et de qualitésspirituelles.”«Puisquejesuisdevenueespritanimal,àprésentpuissé-jebouillirune
foisencoreetpasserau-delàdel’animalité.»SupplieDieucontinuellement,afindenepastrébuchersurcesprofonds
enseignementsetd’arriveràlafinduvoyage.4210 CarnombreuxsontceuxquiontétéégarésparleQor’ân:en
s’accrochantàcettecorde,unefouledegenssonttombésdanslepuits.Cen’estpaslafautedelacorde,ôhommepervers,étantdonnéquetu
nedésiraispasatteindrelesommet.
Suitedel’histoiredel’hôtedecettemosquéequituaitseshôtes;sa
fermeté,etsasincérité
etétrangeràlaville,auxaspirationsélevées,déclara:«Jedormiraidanscettemosquéependantlanuit.«Ômosquée,situdeviensmaKerbéla*,tuseraslaKa’baquirépondà
mesbesoins.« Allons admets-moi, ô demeure choisie, que je puisse danser sur la
corde,commeMansûr(al-Hallâdj).«Sienmeconseillant tuesdevenucommeGabriel,cependantKhalil
(Abraham)nesupplierapasqu’onluiprêtesecoursdanslefeu**.« Allez-vous-en, ô vous pareils à Gabriel, car j’ai été attisé par les
flammesdel’amour,etcommeleboisd’aloèset l’ambre, jevauxmieuxbrûlé.« Ô Gabriel, bien que tu m’aides et me gardes comme un frère,
cependant,ôfrère,j’aspireaufeu;« Je ne suis pas cette âme charnelle, que je puisse croître puis
diminuer.»L’esprit animal s’accroît par le fourrage : c’était un feu et il a été
consumécommedesfagots.4220 S’iln’étaitpasdevenuduboispourlefeu,ilauraitportédesfruits;il
auraitprospéréjusqu’àl’éternitéetauraitétécausedeprospérité.Sachequecefeuestunventbrûlant:c’estunrayondefeu,cen’estpas
lefeului-même.Assurément,l’essencedufeusetrouvedansl’éther:surterre,iln’ya
quesonrayonetsonombre.Nécessairement, le rayon,en raisonde son instabilité,nedurepas : il
retournerapidementàsasource.Tastatureestnormalementinvariable,maistonombreesttantôtcourte,
tantôtlongue.Étant donné que nul ne trouve de permanence dans le rayon, tous les
refletsretournentàleurorigine.Prends garde, tais-toi : la malveillance a ouvert ses lèvres. Silence !
Dieuconnaîtmieuxlavoiedroite.
* Petite ville près de Kufa, où le petit-fils du Prophète, Husain, périt
tragiquementavecplusieursdesesparentsetalliésaucombat,en680.*Abraham, sur lepointd’être jetédans le feuparNemrod, refusad’invoquerl’aidedeGabrieloudequiconque,saufDieu.
Ausujetdelaconceptiondemauvaisesimaginationsparceuxqui
sontd’intelligencefaible
vant que cette histoire ne touche à sa conclusion, une vapeurnauséabondeprovientdel’envieux.Celanemepeinepas,maiscecouppourraitdécouragerunhommeau
cœursimple.Le Sage de Ghazna eut raison de proposer cette parabole spirituelle
pourserviràceuxquisontvoilés(delaperceptiondelavérité),4230 (Disant)quesil’onnevoitdansleQor’ânquedesmots,cen’estpas
surprenantdelapartdeceuxquisesontégarés,Étant donné que l’œil de l’aveugle n’est sensible qu’à la chaleur
provenantdesrayonsdusoleillumineux.Soudainunhommeaussistupidequ’unânes’avança,telleunemégère,Disant que ce discours, à savoir leMathnawî, est faible ; que c’est
l’histoireduProphèteetqu’ilconsisteenimitations;Qu’il ne comporte pas de discussions au sujet desmystères sublimes
verslesquelslessaintsfontgaloperleurcoursier;Que, des degrés de l’ascétisme jusqu’à l’annihilation de soi (fanâ),
étapeparétape,jusqu’àl’unionavecDieu,Ilnecontientpasl’explicationetladéfinitiondechaque«station»et
phase,desortequ’aumoyendecesailesunmystiquepuisseprendresonessor.Quand le Livre de Dieu (le Qor’ân) fut révélé, les incroyants s’en
moquèrentégalement,Disant:«Cenesontquedeslégendesetdeshistoiresvaines;iln’ya
paslàderechercheprofondenidespéculationsublime;« Les petits enfants le comprennent ; ce ne sont rien que des choses
approuvéesoudésapprouvées—4240 «L’histoiredeJoseph,desesbouclesdecheveux,l’histoiredeJacobet
celledeZulaikhâetdesapassion.«C’estsimple,etchacunytrouvelechemindesasignification:oùest
l’exposédanslequell’intellectseperd?»Dieudit:«Sicelatesemblesifacile,composeuneseulesourateaussi
“facile”queceQor’ân.« Que les djinns et les hommes et les plus habiles d’entre vous
produisentunseulversetdecestyle“facile”.»
CommentaireduhadithdeMustafâ(surluilapaix)queleQor’ânaunsensextérieur,etunsensintérieur,etquecesensintérieuraunsensintérieur,etainsidesuite,jusqu’à
septsens
achequelesmotsduQor’ânontunsensextérieur,etsouscesensextérieurunsensintérieur,extrémementpuissant;Etendessousdecesensintérieur,untroisièmesensintérieurparlequel
touteslesintelligencesdeviennentperdues.LequatrièmesensintérieurduQor’ân,personnenel’ajamaissaisi,sauf
Dieu,leSansrival,l’incomparable.DansleQor’ânneconsidèrepas,ômonfils,seulementl’extérieur:le
DémonnevoitenAdamriend’autrequedel’argile.LesensextérieurduQor’ânestcomme lecorpsd’unhomme,car ses
traitssontvisibles,tandisquesonespritestcaché.Lesonclespaterneletmaterneld’unhomme(peuventlevoir)pendantcentans,etnepasapercevoirdesonétatintérieurleboutd’un
cheveu.
Ilestexpliquéquelesprophètesetlessaints(sureuxlapaix)nevont
pasdanslesmontagnesetlescavernesdansledesseindese
cacher,nienraisondeleurcrainted’êtredérangésparlesgens,maisafindeguiderleshommesdansle
droitcheminetdelesinciteràabandonnercemondeautantque
possible
4250 uantàcequel’onditquelessaintsdemeurentdanslesmontagnesafind’êtrecachésàlavuedeshommes,Auxyeuxdesgens,ilssontplushautsquecentmontagnesetmettentle
piedsurleSeptièmeCiel.Pourquoi donc ceux qui sont au-delà de cent mers et montagnes se
cacheraient-ilsetchercheraient-ilsunrefugedanslesmontagnes?Iln’apasbesoindes’enfuirverslesmontagnes,celuiàlapoursuitede
quileCielmêmes’essouffle.La sphère céleste a tourné si longtemps sans jamais voir une tracede
l’esprit;c’estpourquoileCielaprisdeshabitsdedeuil.Si,extérieurement,lapériestcachée,l’hommeestcentfoispluscaché
quelespéris.Aux yeux des gens intelligents, l’homme est en vérité cent fois plus
cachéquelapéri,quiestinvisible.Puisque, dans l’opinion de l’homme intelligent, l’homme est caché,
combiendoitl’êtreAdamquiestéluparDieudanslemondeinvisible!
Comparaisondelaformedessaints,etdelaformedesparolesdes
saints,aveclaformedubâtondeMoïseetaveclaformede
l’incantationdeJésus(lapaixsoitsurtousdeux)
’homme est comparable au bâton de Moïse, l’homme estcomparableàl’incantationdeJésus.Pourl’amourdelajusticeetdelabeauté,lecœurduvéritablecroyant
estdanslamaindeDieu,entreSesdeuxdoigts.4260 Laformeextérieuredubâtonestunmorceaudebois,maistoute
existencen’estpourluiqu’unebouchéequandilouvresongosier.Dans l’incantation de Jésus, ne t’arrête pas à la lettre et au son,
considèrelefaitquelamorts’estdétournéeets’estenfuie.Danssonincantation,net’arrêtepasauxmots infimes:considèreque
lesmortssesontdressésetsesontassis.Quant à ce bâton, ne considère pas combien il fut facile à obtenir ;
considèrelefaitqu’ilafendulamerverte.Tuasvudeloinledaisnoir,faisunpasenavantetcontemplel’armée.De loin, tu n’aperçois que la poussière : avance un peu et tu verras
l’hommedanslapoussière.Sa poussière rend les yeux brillants ; son courage déracine les
montagnes.QuandMoïsearrivadesconfinslesplusreculésdudésert,àsavenuele
montSinaïsemitàdanser.
Commentaire(duverset):Ôvousmontagnes,répétez(leslouangesde
Dieu)enaccordaveclui,etaussilesoiseaux124
e visage de David rayonnait de la gloire divine, les montagnesgémissaientaprèslui.La montagne accompagnait David (dans ses chants) : ces ménestrels
étaientenivrésd’amourpourunRoi.4270 L’ordredivinarriva:Ôvousmontagnes,répétez(leslouangesdeDieu).
Ilsjoignirentleursvoixetchantèrentensemble.Dieudit:«ÔDavid,tuassubilaséparation;paramourpourMoi,tu
t’esséparédetesamisintimes.»Ôétrangersolitairedevenusansamis,danslecœurdequiaflambéle
feudelanostalgie,Tudésiresdesménestrels,deschanteurs,desamis;l’Eternelapportera
lesmontagnesdevanttoi.Ilenfaitdesménestrels,deschanteurs,desjoueursdesurnâ(genrede
flûte):Ilfaitjouerdevanttoilamontagneenmesure.Afinquetupuissessavoirque,puisqu’ilestpermisaumontdechanter,
lesaint,demême,chantedeschantsplaintifs,sanslèvresetsansdents.Lamélodiedesatomesdecetêtreaucorpspurparvientàchaqueinstant
àl’oreilledesessens.Ses compagnonsne l’entendentpas,mais il l’entend : heureuse l’âme
quicroitàsonmystèrecaché!Lesaintperçoitcentdiscoursenlui-même,tandisquesoncompagnon
n’enaaucunindice.Dans ton propre cœur, cent questions et cent réponses viennent de ce
quiestau-delàdel’espaceverstademeure.4280 Tulesentends,unautrenelesentendpas,mêmes’ilapprocheson
oreilledetoi.Ôtoiquiessourd, j’admetsqu’enréalité tunelesentendspas;mais,
puisquetuasvuleuremblèmeextérieur,commentnecrois-tupas?
RéponseàceluiquisemoqueduMathnawîparcequesonintelligenceestfaible
vaurienmoqueur, tuaboiescommeunchienet trouvesdes fautesafinderaillerleQor’ân.Cen’estpasunliontelquetupuissespréservertavieousauvertafoi
desgriffesdesavengeance.LeQor’ânproclamejusqu’àlaRésurrection:«Ôhommesconsacrésà
l’ignorance,«Quimeconsidériezcommeuncontevainetquisemiezlagrainedela
raillerieetdel’infidélité,«À présent, vous avez constaté ce dont vous vousmoquiez, à savoir
quec’estvousquiétiezpérissablesetuncontevain.« Je suis laParoledeDieu subsistantedans l’Essencedivine ; je suis
l’alimentdel’Âmedel’âme,etjesuislejoyaudelapureté.«JesuislaLumièredusoleilquiesttombéesurvous,maisjenesuis
pasdevenuséparéduSoleil.«Envérité,jesuislaSourcedel’EaudelaVie,pourlibérerdelamort
lesamoureuxdeDieu.4290 «Sivotrecupiditén’étaitpasdevenueaussipourrie,Dieuaurait
répandusurvostombesunpeudecetteEau.«Non,jeveuxaccepterleconseiletlesdiresduSage(deGhazna);je
neveuxpaslaissermoncœurêtreblesséparchaqueraillerie.»
Paraboledupoulainrefusantdeboiredel’eauàcausedescris
despalefreniers
insiqu’ill’araconté,lepoulainetsamèreétaiententraindeboiredel’eau.Lespalefrenierscriaientsansarrêtauxchevaux:«Allons,buvez!»Cescrisparvinrentaupoulain:illevalatêteetrefusadeboire.Sa mère lui demanda : « Ô poulain, pourquoi refuses-tu toujours de
boiredecetteeau?»Lepoulaindit:«Cesgenshurlent:j’aipeurdeleurscris.« C’est pourquoi mon cœur tremble et palpite : je crains d’entendre
leurscris.»Lamèrerépondit:«Depuisquelemondeexiste,ilyatoujourseusur
terredesimportunsdelasorte.»Écoute,occupe-toidetespropresaffaires,ôhommedigne:bientôt,ils
s’arracherontlescheveux(deregret).4300 Letempsestlimité,etl’eauabondanteserépandauloin:(bois-en),de
peurd’êtremisérableenenétantséparé.Ilexisteuncélèbrecanal,remplidel’EaudelaVie:tiredecetteEau,
afinquedetoipuissepousserlaverdure.Nousbuvonsl’eaudeKhizrdanslefleuvedesparolesdessaints:viens,
ôhommeignorantetassoiffé!Situnevoispasl’eau,habilement,àlamanièredesaveugles,apgorte
l’aiguièreàlarivière,etplonge-ladanscetterivière,Étantdonnéquetuasentendudirequ’ilyavaitdel’eaudanslelitdela
rivière:l’hommeaveugledoitseplierauconformisme.Apporte à la rivière l’outrequi aspire à l’eau, afinde trouverque ton
outreestdevenuelourde.Quandtul’aurastrouvéelourde,tuserasincitéàdéduirelavérité:àcet
instant,toncœurseradélivrédusecconformisme.Si l’homme aveugle ne voit pas de ses yeux l’eau de la rivière,
cependantilsait,quandils’aperçoitquel’outreestlourde,Quedel’eaudelarivièreapénétrédansl’aiguière ;carcetteaiguière
étaitlégère,etmaintenantelleestdevenuelourdeetgonfléed’eau;«Parceque,dira-t-il,chaqueventm’emportaitjadis;àprésent,levent
nem’emporteplus:monpoidss’estaccru.»
4310 Lesgensstupidessontemportésparchaquesoufflededésir,parcequ’ilssontdépourvusdulestdesfacultés(intellectuelles).Leméchantestunnaviresansancre,carilnetrouvepasdemoyensde
sedéfendrecontreleventmauvais.Pour l’homme intelligent, l’ancre de l’intelligence est la sécurité :
mendieunetelleancreauprèsdesintelligents.Étant donné que le sage a emporté des richesses de l’intelligence du
trésordecetteMerdegénérosité,Par de tels apports le cœur est rempli de connaissance : cette
connaissancesurgithorsducœur,etl’œilaussidevientilluminé,Parcequelalumièrevenantducœurs’estposéesurcetœil,desorteque
tonœil,étantdevenulecœur,transmuesafonctionsensorielle.Quand le cœur, lui aussi, est entré en contact avec les lumières
intellectuelles,ilenoctroieuneportionsurlesyeux.Sachedoncquel’EaubénitevenueduCielestl’inspirationdescœurset
lavéritableexplication(desmystères).Commecepoulain,buvonsl’eauduruisseau;nefaisonspasattention
auxvilessuggestionsdumoqueur.Situeslediscipledesprophètes,parcourslaVoie:considèretoutesles
railleriesdescréatureshumainescommeduvent.4320 QuandlesmaîtresquiontfranchilaVoieont-ilsprêtél’oreilleàla
clameurdesvauriens?
Suitedel’histoiredel’hôtedanslamosquéequituaitleshôtes
aconte ce qui arriva dans la mosquée à cet homme vaillant ets’offrantensacrifice,etcequ’ilfît.Il dormit dans la mosquée, mais, en vérité, comment dormit-il ? Un
hommeimmergépeut-ildormirdanslarivière?Toujours, les amoureux, sous l’emprisede lapassion,ontun sommeil
semblableàceluidesoiseauxetdespoissons.Aminuits’élevaunevoixépouvantable:«Jeviens,jevienssurtoi,ô
toiquirecherchesunprofit.»Cinqfoisvintcettevoixterrible,etsoncœurétaitdéchiréenlambeaux.
CommentaireduversetduQor’ân:Rassemblecontreeuxtescavalierset
tesfantassins125
uandtuprendslafermerésolutiond’êtrereligieux,leDémondanstanaturetecrie:«Nevapasdanscettedirection!Réfléchis,ôhommemalguidé;cartu
deviendrascaptifdelasouffranceetdelapauvreté.«Tudeviendrasmisérable,tuserascoupédetesamis,tuserasméprisé,
tuleregretteras.»De peur du cri de ceDémonmaudit, tu t’enfuis d’une vérité certaine
pourtomberdansl’erreur,4330 Disant:«Eh!bien,j’aidemainetaprès-demain:jecourraidansla
Voiedelareligion,j’aitoutmontemps.»Alors,tuvoislamorttuanttesvoisinsàdroiteetàgauche,desorteque
s’élèventleslamentations.Acemoment,depeurpour tavie, tudécidesd’êtrepieuxpendantun
temps,tutecomportesenhommevéritable;Turevêtsl’armuredelaconnaissanceetdelasagesse,disant:«Jene
reculeraidevantaucundanger.»Denouveau,leDémontecrieperfidement:«Prendsgarde,détourne-
toidel’épéedelapauvreté!»Anouveau,tut’enfuisloindelaVoiedelaLumière,etturejettescette
armuredeconnaissanceetdevertu.Durantdesannées, tuessonesclaveàcaused’uncri : tu t’esassoupi
dansunetelleobscurité!Lacrainteducridesdémonsaenchaînélesgensetlesaprisàlagorge,Jusqu’àceque leursâmessoientdevenuesdésespérantde laLumière,
commelesespritsdesinfidèlesquidemeurentdanslestombeaux.Telleestlaterreurducridecemaudit:quelledoitêtrelacrainteducri
divin!4340 Lapeurdufaucontombesurlanobleperdrix:lamouchen’apaspartà
ceteffroi,Parce que le faucon n’est pas un chasseur de mouches : seules les
araignéesattrapentlesmouches.Cette araignée, leDémon, exerce son empire sur lesmouches comme
toi,nonsurlaperdrixetl’aigle.
Lecridesdémonsestleconducteurdesdamnés;lecriduSeigneurestlegardiendessaints,Afinque,étantdonnéquecesdeuxcrissontéloignésl’undel’autre,pasunegoutted’eaude lamerdoucene semélangeà lamer
salée.
Commentlecrimagiqueparvintàminuitauxoreillesdel’hôte
delamosquée
présent,écoutel’histoiredeceterriblecri,parlequelcethommeàl’heureusefortunenefutpastroublé.Il dit : «Que craindrais-je ? Car c’est le tambour de la Fête. Que le
tambours’effraye,puisquec’estluiquireçoitlescoups.«Ôtambourscreuxetdépourvusdecœurs!votrepartdanslafêtede
l’espritn’estquelescoupsdelabaguette.«LaRésurrectionest laFête,et lesincroyantssont le tambour;nous,
pareilsauxgensdelaréjouissance,nousrionscommelarose.»Maintenant écoute comment, lorsque ce tambour résonna, l’hôte vit
s’accroîtresaprospérité.4350 Quandcethommedouéd’intuitionentenditletambour,ildit:
«Commentmoncœurserait-ileffrayéparletambourdelaFête?»Ilsedità lui-même:«Prendsgarde,ne laissepas toncœur trembler,
car seules les âmes de ceux au cœur faible, qui manquent de foi, sontmortesaubruitdecetambour.« Le temps est venu pour moi, commeHaydar (’Alî), de m’emparer
d’unroyaumeoudequittercecorps.»Ilbonditets’écria:«Ôprince,mevoici:situesunhomme,viens!»Asavoix,cetalismanfutaussitôtdétruit : l’orsedéversa,dediverses
sortes,danstouteslesdirections.Tant d’or se déversa que le jeune homme craignit qu’à cause de son
abondanceilpuissebloquerlaporte.Ensuite,cethommevaillantseleva,etjusqu’àl’aubetransportal’or,L’enterrant,puisrevenantànouveauavecdessacsetdescouffins.Cethommebraveendéposadegrandesquantités,malgrélapeuretla
fuitedesgenscraintifs.L’idée qu’il s’agit d’un or matériel est venue à l’esprit de chaque
adorateurdel’or,aveugleetéloignédeDieu.4360 Demême,lesenfantsbrisentdespoteries,donnentauxmorceauxle
nomd’or,etlesmettentdanslespansdeleurvêtement.Quand, dans ce jeu, vous mentionnez le nom de l’or, l’idée de cette
poterietraverse1’espritdel’enfant.Non, c’est l’or portant lamarque divine, l’or qui ne devient pas hors
d’usage,maisquiestéternel;L’or de qui cet or terrestre a tiré son éclat, et acquis le brillant, la
splendeuretlelustre;L’or par lequel le cœur est rendu riche : il surpasse la lune en
rayonnement.Cette mosquée était la chandelle et lui (l’invité) son phalène ; cet
homme,ayantlanaturedupapillon,sesacrifialui-même.Ilbrûlasesailes,maissatisfitsondésir:sejeter(danslaflamme)était
unebénédiction.Cet homme fortuné était comme Moïse qui aperçut un feu dans la
directiondel’arbre126;Puisque les faveurs divines lui étaient abondamment octroyées, il
s’imaginaitquec’étaitunfeu,enréalitéc’étaitlaLumière.Ô mon fils, quand tu vois un homme de Dieu, tu supposes qu’il se
trouvedanslefeudelanaturehumaine.4370 Tudéduiscelaàpartirdetoi-même;or,celaestentoi(nonenlui):le
feuetlesépinesdel’opinionfaussesontdececôté.Ilest l’arbredeMoïseet remplideclarté ;allons,appelle-leLumière,
nel’appellepasfeu.Êtresevrédecemondeneparut-ilpascommeunfeu?Lespèlerinss’en
allèrent,etcesevrageétaitenréalitélaLumière.SachedoncquelaChandelledelaReligionesttoujoursgrandissante:
cen’estpascommelachandelledeflammes.CettechandelleardentesembleêtrelaLumière,maisellebrûlesonami,
tandis que celle (de la Religion) a l’apparence du feu, mais elle estsemblableauxrosespourceuxquilavisitent.La première est comparable à un ami complaisant, mais elle brûle,
tandisquel’autreilluminelecœuraumomentdel’union.A ceux qui sont présents avec Dieu, l’apparition de l’étincelle de la
Lumière pure et noble est lumineuse, tandis que pour ceux qui sontéloignés(deDieu)elleestpareilleaufeu.
Larencontredel’amoureuxavecleSadr-iDjahân*
’hommedeBoukharase jeta luiaussi sur lachandelle, sapassionluirendaitcettesouffrancefacile.Sessoupirsbrûlantsmontèrentversleciel,latendresseremplitlecœur
duSadr-iDjahân,Quipriaintérieurement,àl’aube:«ÔToil’Unique,qu’enest-ildece
vagabondbouleversé?
4380 «Ilacommisunpéché,etnousl’avonsvu,maisilneconnaissaitpasbiennotremiséricorde.
«Lecœurdupécheurapeurdenous,maisdanssacrainte ilyacentespoirs.« J’effraie l’homme insolent qui s’est égaré ; pourquoi effraierais- je
celuiquiesteffrayé?«Lefeuestutilisépourlechaudronfroid,nonpourceluiquibout.«J’effraieceluiquiestsanspeurparmaconnaissance;j’enlèvelapeur
deceluiquiesteffrayéparmaclémence.«Jesuisunrapiéceur, jemets lapièceàsaplace : jedonneàboireà
chacunselonlamesurequiconvient.»Laconscience laplus secrètede l’hommeestpareilleà la racined’un
arbre,c’estàpartirdelàquesesfeuillespoussent,duboisdur.Lesfeuillespoussentselonlaracine,dansl’arbre,danslesâmesetdans
lesintelligences.Desarbresde la fidélitésortentdesailesquis’élèventvers leciel :Sa
racineestfixée(danslaterre)etsabrancheestdansleciel127.Puisqueparl’amourestpousséel’ailequis’élèveversleciel,comment
nepousserait-ellepasdanslecœurduSadr-iDjahân?4390Lepardondupéchéemplissaitsoncœur,étantdonnéqu’ilexisteune
fenêtredechaquecœuràunautrecœur.Sansnuldoute,ilexisteunefenêtreentrelecœuretlecœur;ilsnesont
passéparésetéloignéscommedeuxcorps.L’argilededeuxlampesn’estpasunie,maisleurlumièreseconfond.En vérité, aucun amant ne recherche l’union si son bien-aimé ne la
cherche.
Maisl’amourdesamantsrendlecorpspareilàlacordedel’are,tandisquel’amourdesaiméslerendgracieuxetdodu.Quandl’éclairdel’amourpourlebien-aiméafrappécecœur-ci,sache
quel’amourexistedanscecœur-là.Quand l’amourdeDieu redoubledans toncœur, sache sansnuldoute
queDieuadel’amourpourtoi.Lebruitdel’applaudissementneprovientpasd’unedetesmainssans
l’autremain.L’hommeassoiffégémit:«Ôdélicieuseeau.»L’eaugémit,elleaussi,
disant:«Oùestlebuveurd’eau?»Cettesoifdansnosâmesestl’attirancevenantdel’Eau,noussommesà
Elle,etElleestànous.4400LasagessedeDieudansledestinetleDécretnousafaitsamoureuxles
unsdesautres.En raison de cet ordre prééternel, toutes les particules dumonde sont
crééesparpairesetsontéprisesdeleurproprepartenaire.Chaqueparcelledel’universdésiresonpartenaireàl’instardel’ambre
etdubrindepaille.Lecielditàlaterre:«Bienvenue.Vis-à-visdetoi,jesuiscommelefer
etl’aimant.»Dupointdevuedel’intellect,lecielesthommeetlaterrefemme:ce
quelecielfaitdescendre,laterrelenourrit.Quanddanslaterreilneresteplusdechaleur,leciell’envoie;quandil
neresteplusdefraîcheurnid’humidité,ill’octroie.Lesignedeterre(duzodiaque)vientenaideàlapoussièredelaterre;
lesigned’eauycréelafraîcheur;Le signed’air lui envoie les nuages, afin qu’ils fassent disparaître les
vapeurspestilentielles;Lesignede feuest la sourcede lachaleurdusoleil, telleunepoêleà
frireportéeaurouge,devantetderrière,parlefeu.Lefirmamenttournedansletemps,commeleshommesquierrentàla
recherchedugainpourl’amourdeleurépouse.4410 Etcetteterrefaitœuvredesage-femme,elles’occupedesnaissanceset
d’allaitercequ’elleporte.Considère donc que la terre et le ciel sont doués d’intelligence,
puisqu’ilseffectuentlatâched’êtresintelligents.Amoinsquecesdeuxamoureuxnejouissentl’undel’autre,pourquoi
serapprochent-ilscommeuncouple?Sans la terre, comment les roses et les fleurs d’arghawan croîtraient-
elles?Quenaîtrait-ildel’eauetdelachaleurduciel?Le désir que la femelle éprouve pour le mâle tend à ce qu’ils
accomplissentl’œuvrel’undel’autre.Dieuaplacéledésirdansl’hommeetdanslafemmeafinquelemonde
soitpréservéparcetteunion.Ilamisaussiledésirdechaquepartiepourunepartie;de1’unionde
tousdeuxrésulteunactedegénération.Demême,lanuitetlejours’étreignentmutuellement;ilsdiffèrenten
apparence,maisenréalitésontd’accord.Extérieurement, le jour et la nuit sont deux opposés et ennemis,mais
tousdeuxs’occupentd’uneseulevérité,Chacundésirantl’autre,telsdesparents,envued’accomplirleuraction
etleurtâche,4420 Car,sanslanuit,lanaturenerecevraitpasderevenu;qu’est-cequeles
joursdépenseraientdonc?
*Litteralement:«PrinceduMonde»,termesymboliquepourBien-Aimé.
Commentchaqueélémentattiresoncongénèreemprisonnédanslecorps
humainparcequin’estpashomogèneaveclui
aterreditàlaterreducorps:«Retourne.Prendscongédel’esprit,viensàmoicommelapoussière.« Tu esmon congénère, il te convientmieux d’être avecmoi,mieux
vautquetuéchappesàcecorpsetàcettehumidité.»Ellerépond:«Oui,jesuisenchaînée,bienquecommetoijesoislasse
delaséparation.»L’eau cherche l’humidité du corps, disant : « Ô humidité, reviens de
l’exiljusqu’ànous.»L’étherappellelachaleurducorps,disant:«Tuesdefeu,retrouvele
chemindetonorigine.»Ilexistesoixante-douzemaladiesdanslecorps,duesauxélémentsqui
tirent(chacundeleurcôté)sanscorde.Lamaladievientébranlerlecorps,afinquelesélémentss’abandonnent
lesunslesautres.Ces éléments sont quatre oiseaux aux pattes liées ensemble ; lamort,
l’infirmité,lamaladiedélientleurspattes.Quand la mort a détaché les pattes des uns et des autres,
inéluctablementchaqueélément-oiseaus’envoleauloin.4430 Latensionentrecesoriginesetcesdérivésinfligecontinuellementdela
souffranceànoscorps,Afin que puissent être brisées ces associations et que chaque oiseau,
c’est-à-direchaquepartie,puisses’envolerverssademeure.Mais la Providence divine les empêche de se hâter et les maintient
ensembleenbonnesantéjusqu’autermeprescrit,Etdit:«Ôparties!letermenevousestpasconnu:ilestinutileque
vouspreniezvotreenvolavantleterme.»Étantdonnéquechaquepartieducorpsrecherchelelieudesonrepos,
queldoitêtrel’étatdel’âme,cetteétrangère,danslaséparation?
Comment,demême,l’âmeestattiréeverslemondedesespritsetcommentelledésiresademeureetenasoifetdevientséparéedespartiescorporellesquisontune
chaîneàlapattedufauconspirituel
’âmedit:«Ômesvilespartiesterrestres,monexilestpirequelevôtre:jesuiscéleste.»Ledésirducorpspourlesherbesverteset l’eauvivevientdecequ’il
tiresonoriginedeceschoses;Ledésirdel’âmeestpourlaVieetleVivant,parcequesonorigineest
l’Ameinfinie.Ledésirdel’âmeestpourlasagesseetlessciences,ledésirducorpsest
pourlesvergers,lesprairiesetlesvignes.Ledésirdel’âmeestpourl’ascensionetlasublimité;ledésirducorps
estpourlegainetlesmoyensdeseprocurerdufourrage.4440 Cettesublimité,elleaussi,éprouvedudésiretdel’amourpourl’âme:
d’aprèscela,comprends«Illesaime»et«ilsL’aiment».Si j’explique cela, il n’y aura point de fin : leMathnawî aura quatre-
vingtsvolumes.Enrésumé,chaquefoisqu’oncherche,l’âmedel’objetqu’onrecherche
désirecelui-ciquilecherche.Que ce soit un homme, un animal, une plante ou unminéral, chaque
objetdésiréestéprisdetoutcequisetrouveendehorsdel’objetdudésir.Ceuxquisontsansl’objetqu’ilsdésirents’attachentàunobjetdudésir,
etceuxquisontdésiréslesattirent.Mais le désir des amoureux les rend amaigris, tandis que le désir des
aiméslesrendbeauxetrayonnants.L’amourdesaimésilluminelesjoues,1’amourdel’amoureuxconsume
sonâme.L’ambreaimelapailleenparaissantnerienvouloir,tandisquelapaille
s’efforced’avancersurcettelongueroute.Laissonscela!L’amourdecethommeassoiffébrillaitdansleseindu
Sadr-iDjahân.Lafuméedel’amouretlasouffrancedutempledufeupénétrèrentdans
sonseigneuretsetransformèrentencompassion;4450 Maisenraisondesagloire,desafiertéetdesamagnificence,ilavait
hontedes’informerdelui.Sa miséricorde avait commencé à languir après cet homme humble,
maissamajestél’empêchaitdetémoignersabienveillance.L’intellect est désemparé, se demandant si c’est lui (leSadr-iDjahân)
quiattiral’amoureux,ousil’attirancevintdel’amoureuxverslui.Renonceàlaprésomption,cartuesignorantdecela.Closteslèvres,car
Dieuconnaîtmieuxlesecret.Désormais, je renoncerai à ce sujet. Celui qui m’attire (m’attire
ailleurs),quepuis-jefaire?Quelestceluiquit’attire,ôquémandeur?Celuiquinet’autorisepasà
prononcercemot.Tu prends cent résolutions de te rendre (en un certain lieu). Il t’attire
versunautreendroit.Iltournelabride(ducheval)danschaquedirection,afinquelecheval
nondressépuisseapprendreàconnaîtrelecavalier.Le cheval intelligent marche d’un bon pas, parce qu’il sait que le
cavalierestmontésurlui.Ilaattachétoncœuràcentdésirspassionnés,t’adésappointéetensuite
t’abrisélecœur.4460 Etantdonnéqu’ilabrisélesailesdetapremièreintention,comment
l’existenceduBriseurd’ailesn’était-ellepasparfaitementassuréedanstonesprit?PuisqueSonordreacassé lacordede tonaction, comment l’ordrede
Dieun’a-t-ilpasétéparfaitementévidentpourtoi?
Commentl’annulationetladestructiondesrésolutions
humainesapourbutdefaireconnaîtreàl’hommequ’IlestleSeigneuretleTout-Puissant,etlefaitqueparfoisIln’annulepaslarésolutiondel’hommeetlaréalise,apourbutquel’espoirl’inciteàprendreunerésolutiondesorte
qu’Ilpuisseànouveauladétruire,afinquel’avertissementpuisse
suivrel’avertissement
anslecoursdesévénements,tesrésolutionsettesdesseinsparfoisseréalisent,Afin que, par l’ espoir né de cette réalisation, ton cœur formule une
intention,etqu’ilpuisseànouveaudétruiretonintention,Car s’il te privait toujours du succès, ton cœur serait sans espoir :
commentsèmerait-illagrainedel’espoir?Et à moins que soit semée la graine de l’espoir, comment son
infécondité ne lui rendrait-elle pas évidente sa sujétion (à la volontédivine)?Parleurséchecs,lesamoureuxsontrendusconscientsdeleurSeigneur;L’absencedesuccèsestleguideversleParadis.Écoute,ôhommeàla
bonnenature,(lehadîth):«LeParadisestentouré(desouffrances).»Étant donné que tout ce que tu désires est sans succès, il existe
Quelqu’undontleplaisirestréalisé.C’est pourquoi les (croyants) sincères sont devenus humbles devant
Lui;maisqu’enest-ilenvérité,del’humilitédeceuxquiL’aiment?4470 Lesintelligentss’humilientdevantLuiparnécessité;lesamoureux
s’humilientavecunelibertécentuplée.Les intelligents sont Ses esclaves enchaînés ; Ses amoureux sont
attachésàLuiàcausedeSadouceur.Viens contre ta volonté, est le licou pour les intelligents. Viens
volontairement,estleprintempsdesamoureux128.
CommentleProphète(surluilapaix)regardalescaptifsetditen
souriant:«Jem’129émerveilledevoirdesgenstirésversleParadisdans
deschaînesetdesliens.»
e Prophète vit une troupe de captifs qu’on emmenait, et ils selamentaientàvoixhaute.Cehéroslucidelesvitdansdeschaînes:illesvitluijetantdesregards
hostiles,De telle sorte que chacun d’eux grinçait des dents et se mordait les
lèvresdecolèrecontreleProphètevéridique.Mais,endépitdeleurcolère,ilsn’osaientprononceruneparole,carils
étaientdanslachaînedecaptivitédedixman*.Leur gardien les fait avancer vers la ville, il les emmène de force du
paysdesincroyants.Ilssedisent:«Il(leProphète)n’accepteraaucunerançonniaucunor,
aucuneintercessionnevientd’aucunprince.«Onl’appelleunemiséricordepourlesmondes,etilcoupelesgorges
etlesgosiersd’unmondedegens.»4480 Avecmilleincroyances,ilspoursuivaientleurchemin,semoquantàmi-
voixdesactionsdeceroi(spirituel),(Disant):«Nousavonstrouvéremède(auparavant)maisdanscecas,il
n’estpointderemède;envérité, lecœurdecethommen’estpasmoinsdurqu’unepierre.«Nous,milliersd’hommesbravescommedeslionsd’Alparsalân,nous
battantavecdeuxoutroishommesnus,faiblesetàdemimorts,« Sommes laissés ainsi impuissants : est-ce dû à notre mauvaise
conduite,ouànosétoiles,ouest-cedelasorcellerie?«Sa chanceadétruit notre chance,notre trône a été renversépar son
trône.« Si sa cause l’a emporté à cause de la sorcellerie, nous aussi avons
pratiquélasorcellerie:commentsefait-ilqu’ellen’aitpasréussi?»
*Lemanestunemesuredepoidsdecinqkilogrammes.
Commentaireduverset(duQor’ân):Sivouscherchiezle
succès,vousl’avezobtenu130.Ôdétracteurs,vousdisiez:«Donnele
succèsetlavictoireànousouàMohammad,àceluiquiaraison»;
etvousdisiezcelaafinquel’onsupposequevousrecherchiezcequiestbiendefaçondésintéressée.A
présent,nousavonsdonnélavictoireàMohammad,afinque
vouspuissiezvoirquiestledétenteurdubondroit
oussuppliâmeslesidolesetDieu,disant:“Détruisez-noussinousn’avonspasraison.Quelquesoitceluiquiestjusteetvéritable,entrenousetlui,donnezlavictoireàcelui-làetsouhaitezqu’ilsoitvictorieux.”« Nous nous livrâmes souvent à cette invocation, priant devant Lât,
UzzâetManat*,« Disant : “S’il a raison, rendez-le manifeste ; s’il a tort, rendez- le
soumisànous.”4490 «Lorsquenousreconnûmescequis’étaitpassé,c’estàluiquela
victoirefutaccordée;nousétionstousl’obscurité,ilétaitlalumière.«Ceciestlaréponse(quenousreçûmesdeDieu):“Encequiconcerne
cequevousdésiriezsavoir, ilestdevenuévidentquec’estvousquiêtesdansl’erreur.”»Puis, à nouveau, ils dissimulaient cette pensée de leur réflexion, et la
chassaientdeleurmémoire,Disant : «Cettepenséeaussi, à savoir, que le fait qu’il ait raison soit
établidansnosesprits,provientdenotremalchance.«Qu’importe,envérité,qu’ill’aitemportésurnousplusieursfois?La
fortunedonnelaprédominanceàchacun(detempsàautre).«Nousaussiavonsétérendusvictorieuxparlachance,etavonsparfois
remportésurluilavictoire.»Maisànouveau ilssedisaient :«Bienqu’il fûtvaincu,cen’étaitpas
honteuxetvilcommenotredéfaite,«Parceque,lorsdeladéfaite,lachanceluidonnaensecretcentjoies
cachées;« Car il ne ressemblait nullement à un vaincu, étant donné qu’il
n’éprouvaitpasdepeinenidechagrinàcausedecela.»Êtrevaincuesteneffetlesignedesvraiscroyants;cependant,dansla
défaiteduvraicroyantsetrouveunbienfait.4500 Sil’onécrasedumuscoudel’ambre,onremplitlemondeentierdu
parfumd’herbessuaves;Etsil’onécrasesoudainlecrottind’unâne,lesmaisonsserontremplies
depuanteurjusqu’autoit.AumomentduretourhumiliéduProphètedeHudaybiyah*,lagloirede
Oui,Nousfavonsaccordéuneéclatantevictoire131futproclamée.
*IdolesdeLaMecque.*Ils’agitdel’expéditionmalheureuseduProphèteàHudaybiyah,auxenvironsdeLaMecque,enl’an6del’hégire,quiprécédadedeuxanslaconquêtedeLaMecque.
LaraisoncachéepourlaquelleDieuleTrès-Hautdonnaletitrede
victoireauretourduProphète(surluilapaix)deHudaybiyahsans
qu’ilaitatteintsonbut;comment(Dieudit):Oui,Noust’avons
accordéuneéclatantevictoire;carcen’étaitunedéfaitequ’en
apparence,maisenréalitéunevictoire,demêmequelebroiement
dumuscestapparemmentunécrasement,maisenréalitéconfirmesaqualitémusquéeetmanifestesesvertusdanstouteleurperfection
el’empire(divin)vintàluicemessage:«Va,net’attristepasdel’empêchementdelavictoire,«Cardanstonabaissementprésentilyadesvictoires;envérité,telle
ettelleforteresse,telleettellevilletesontdonnées.»Considère, après tout, lorsqu’il fit retraite en hâte, ce qu’il accomplit
contreQurayzaetNadir.Lesforteressesaussi,autourdecesdeuxcamps,sesoumirentàluietde
nombreuxavantagesenmatièredebutintombèrententresesmains.Et même s’il n’en était pas ainsi, considère que cette catégorie de
personnes (les prophètes et les saints) sont tristes, afligés, enivrés etamoureuxdeDieu.Ils mangent le poison de l’humiliation comme du sucre ; ils se
nourrissent,commeleschameaux,deschardonsdelapeine.Ils le fontpar amourduchagrin lui-même,nonpourêtre soulagés : à
leursyeux,cettebassesseestcommeuneéchelle.4510 Ilssontsiheureuxaufonddupuitsqu’ilscraignentletrôneetlatiare.
ChaqueendroitoùleBien-Aimélui-mêmeest leurcompagnonestau-dessusduciel,nonendessousdelaterre.
CommentairesurlehadîthdeMustafâ(Mohammad)(surluilapaix):«Neditespasquejesuis
plusexcellentqueYûnusibnMatta.»
eProphètedéclara:«Nullepréférencenedoitêtredonnéeàmonascensioncommeétantsupérieureàl’ascensiondeYûnus(Yonas).«Lamienneétaitversleciel,etlasiennetoutenbas,carlaproximité
avecDieuestendehorsdetoutemesure.»Être proche de Dieu, ce n’est pas aller vers le haut ou le bas ; être
prochedeDieu,c’estéchapperàlaprisondel’existence.Quelleplacealanon-existencepour«enhaut»et«enbas»?Lanon-
existencen’ani«bientôt»,ni«loin»,ni«tard».L’atelieretletrésordeDieusontdanslanon-existence.Tuesleurrépar
l’existence:commentsaurais-tucequ’estlanon-existence?Lerésumédecetteaffaireestqueleurdéfaite,ôSeigneur,neressemble
pasdutoutànotredéfaite,Ils se réjouissent d’être abaissés et détruits, comme nous, nous le
faisonsàl’heuredusuccèsetdeshonneurs.Laprovisiondenepasêtrepourvuestlelot(duprophète):lapauvreté
etl’humilitésontsafiertéetsagloire.4520 L’undescaptifsdit:«Sicetadversaireétaitl’undenous,commenta-t-
ilpurireennousvoyantenchaînés?S’ilaététransforméetquesajoien’estpascauséeparcetteprisonetsa
liberté,Pourquoi donc s’es t-il réjoui de la soumission de ses ennemis ?
Commenta-t-ilétéenfléd’orgueilparsavictoireetsaconquête?Sonâmes’estréjouieparcequ’ilaacquisaisémentlesecours(divin)et
lahautemainetlavictoiresurdeslionsféroces.Noussavonsdoncqu’iln’estpaslibreetquecen’estqu’àcausedece
mondequ’ilestheureuxetjoyeuxdanssoncœur.Autrement,commentse rirait-ildenous?Carceuxquines’attachent
qu’àl’autremondesontcompatissantsetbienveillantspourlesméchantscommepourlesbons.Ainsi ces captifs chuchotaient-ils à voix basse l’un avec l’autre en
discutantceci,
Disant:«Prenezgarde,depeurquelegardiennousentendeetbondissesurnousetrapportenosparolesàcesultan.»
CommentleProphète(surluilapaix)s’aperçutqu’ilslui
reprochaientsajoie
ien que le gardien n’entendît pas ces paroles, elles entrèrent dansl’oreilledeceluiquientendaitdepuislaprésencedeDieu.Leparfumdel’espritdeJosephnefutpasperçuparsongardien,mais
Jacoblerespira;4530 Lesdémonstoutenhautducieln’entendentpaslesecretdela
«Tablette»quiconnaîtlesmystères*;Mais quand Mohammad s’endormit et s’allongea, le secret vint et
tournaautourdelui.C’estceluiàquilapartestallouéequimangelesdouceurs;noncelui
quialesdoigtslongs.L’étoile brillante devint un guetteur qui chassa au loin les démons,
disant:«Renoncezauvoletrecevezd’Ahmadlesecret.»Ôtoidontlesyeuxsontdebonmatintournésverstaboutique,vaàla
mosquéeetcherchelapartallouéeparDieu.LeProphète,donc,perçutleursparolesetdit:«Monrireneprovenait
pasde1’hostilité.«Cesprisonniers sontmorts et tombés enpourriture : àmonavis, ce
n’estpaslerôled’unhommequedetuerdesmorts.«Quisont-ilsenvérité?Carlalunesefendquandjeposelepiedsurle
champdebataille.« Alors que vous étiez libres et puissants, je vous voyais enchaînés,
commececi.«Ô toiqui tevantesde tes richessesetde tamaisonnée,auxyeuxde
l’hommeintelligenttuespareilauchameausurlagouttière!4540 «Depuisquelaformecorporelles’estrévéléedanssaréalité*,s’est
dérouléedevantmesyeux(lavéritédecetteparole)“Toutcequidoitarriverarrive.”«Jeregardeleraisinvert,etjevoisclairementlevin,jeregardelenon-
existantetjevoisclairementl’existant.«Jeregardelaconsciencesecrète,etjevoisununiverscaché,etAdam
etEvenonencorenésdanslemonde;«Vous, je vous ai vus, enchaînés, rejetés etmisérables, au temps des
“atomesdeAlast132
«Cequejesavaisdéjàn’apasétéaugmentéparlavenueàl’existenceducieldépourvudepiliers.« Jevous ai vus tombésde toutvotre longavantque jeneviennede
l’eauetdel’argile.«Jen’airienvudenouveau,pourquejem’enréjouisse; jevoyaisla
mêmechosedurantvotreprospéritédejadis.«Enchaînésparuncourrouxinvisible,etquelcourroux!vousmangiez
dusucrecontenantdupoison.«Sitonennemiprendsesdélicesàmangerunsucreaussiempoisonné,
commentpourrais-tuéprouverdel’envieàsonégard?«Vousmangiezcepoisonavecjoie,tandisquelamorts’étaitsaisi,en
secret,devosdeuxoreilles.4550 «Jen’aipasfaitlaguerrepourobtenirlavictoireetpourconquérirle
monde;« Car ce monde est une carcasse, une charogne, et vile ; comment
serais-jedésireuxd’unetellecharogne?«Jenesuispasunchien,pourarracherlamèchedecheveuxdumort;
jesuiscommeJésus,jesuisvenupourluirendrelavie.«Jefendaislesrangsdesarméesafindevousdélivrerdeladestruction.« Je ne coupe pas les gorges des hommes afin d’avoir le pouvoir, la
gloireetdespartisans,«Maisj’aicoupéquelquesgorgesafinqu’unmondeentierpuisseêtre
délivrédecesgorges,«Carvous,dansvotreignorance,avezcoutumedevousprécipiterainsi,
commedesphalènes,danslefeu«Tandisquemoi,jevoustiredesdeuxmains,pourvousempêcherde
tomberdanslefeu,commedeshommesivres.«Cequevous jugiezêtredesvictoirespourvous-mêmes,c’estpar là
quevoussemiezlasemencedevotredamnation.«Vousvousappeliezlesunslesautrestrèsardemment(contremoi)et
vousconduisiezvoschevauxversledragon.4560«Vousl’emportiezsurmoi,tandisquedanscetteactionmêmede
l’emporter,c’estlelionduTempsquil’emportaitsurvous.»
*Law-al-Mahfûz,tablettesurlaquellesontinscritslesdécretsdivins.*Littéralement:«Depuisquelabassinedelaformecorporelleest tombéedutoit.»
Montrantquelepêcheurendurciestdominédanssonactionmême
dedominer,etestfaitprisonnieraumomentmêmedelavictoire
e voleur tua le marchand et emporta son or ; il était justementoccupéàcelaquandlemagistratarriva.Siàcemomentils’étaitenfuiloindumarchand,commentlemagistrat
aurait-ilpumettrelapoliceàsestrousses?Le fait qu’il ait eu le dessus (sur lemarchand) était en réalité le fait
qu’onaiteuledessussurlui,parcequesonactedeviolenceluicoûtalavie.L’avoir emporté sur lemarchanddevintpour luiunpiège, afinque le
magistratpuissearriveretlepunir.Ôtoiquiesdevenupuissantsurleshommesetquiesplongédansles
guerresetlavictoire,C’est à dessein queDieu a causé ton égarement, de sorte que tout en
t’attirantIIpuisse(àlafin)tefairetomberdanslefilet.Prends garde, tire sur la bride ! Ne galope pas à la poursuite de ce
fugitif,depeurquetesnarinesnesoientpercéesd’unanneau.Lorsque,parcetartifice,Ilt’aattirédanslepiège,aprèscelatuverrasla
ruéedesgenssepressantenfoule.Quandl’intellects’est-iljamaisréjouidecettevictoire,étantdonnéque
danscettevictoireiladécelélaruine?4570 L’intellectalavueperçante,ilestdouéd’intuition,carDieul’aenduit
deSonproprecollyre.LeProphèteaditquelesgensdestinésauParadissontfaiblesdansles
disputes,àcausedeleurs(nobles)actions—En raisonde laperfectionde leurprudenceetde lamauvaiseopinion
qu’ils ont d’eux-mêmes, non par faiblesse d’intelligence, de lâcheté oud’unmanquedefoi.En donnant l’avantage (à leurs Ennemis) ils ont obéi en secret à la
sagessedelaParole:Mais(n’eussentété)deshommescroyants133…Se tenir loin des maudits infidèles devint un devoir permettant de
délivrerlesvraiscroyants.Ecoute l’histoireduPactedeHudaybiyah :C’estLuiquiaécartévos
mainsd’eux134;grâceàcetteparole,comprendstoutel’histoire.
Mêmedanslavictoire,leProphètesesentaitsubjuguéparleleurredelaMajestédivine.«Cen’estpasparcequej’aimarchésoudaincontrevousavantl’aube
quejemerisdevoschaînes;«Jeris,parcequejevoustraîne,avecvoschaînesetvosliens,versle
jardindecyprèsetlesroses(duParadis).«Ohmerveille !nousvousamenonsenchaînésdu feu impitoyableau
lieuremplideverdure.4580 «Avecdelourdeschaînes,jevoustraînedeladirectiondel’Enfervers
leParadiséternel.»Chaque imitateur aveugle dans cetteVoie, qu’il soit bon oumauvais,
DieuletraîneainsiversSaPrésence.Toussuiventcettevoiedans leschaînesde lapeuretdes tribulations,
sauflessaints.Ils sont traînés sur cette voie contre leur gré, excepté ceux qui sont
initiésausecretdecetteaction.Efforce-toiquetalumièredeviennerayonnante,afinquetonvoyageet
tonservicepuissentêtrerendusaisés.Onemmènelesenfantsdeforceàl’école,parcequ’ilssontaveuglesà
sesbienfaits.Maisquandl’enfantendevientconscient,ilcourtàl’école,sonâmese
dilatedejoieàs’yrendre.L’enfant va à l’école trèsmalheureux, parce qu’il n’a rien aperçu du
salairedesontravail;Quand ilmetdans sabourseun seuldânggagnépar le travail de ses
mains,iln’endortpasdelanuit,commeunvoleur.Efforce-toi que le salaire de l’obéissance à Dieu t’arrive ; alors, tu
envierasceluiquiobéit.L’ordre«venezcontrevotregré»estdestinéàceluiquiestdevenuun
disciple aveugle ; « venez de bon gré » est pour celui qui est fait desincérité.LepremieraimeDieupourquelquecause,tandisquel’autreadonnéun
amourpuretdésintéressé.Le premier aime la nourrice, à cause de son lait, tandis que l’autre a
donnésoncœurpourl’amourdecellequiestvoilée;L’enfantn’apasdeconnaissancedesabeauté,iln’apasdedésirdans
soncœurpourelle,saufpoursonlait,Tandis que l’autre est, réellement, l’amoureux de la nourrice, il est
désintéressé,ilestentièrementamour.
C’estpourquoiceluiquiaimeDieuàcausedel’espoiretdelapeurlitstudieusementlelivredel’imitationaveugle,AlorsqueceluiquiaimeDieupourDieu—oùest-il?Carilestéloigné
desintérêtspersonnelsetdescauses.Qu’ilsoitcommececioucommecela,s’ilestà larecherchedeDieu,
l’attirancedeDieuletireversDieu,Qu’il aimeDieu pour quelque chose d’autre queLui, afin de pouvoir
continuellementavoirpartàSesbiens,Ou qu’il aime Dieu pour Lui-même, pour rien d’autre que Lui, de
crainted’êtreséparédeLui,Lesquêteset lesrecherchesdetousdeuxproviennentdecetteSource,
cettecaptureducœurdeCeluiquiravitlescœurs.
CommentleBien-Aiméattirel’amoureuxdetellefaçonquel’amoureuxnelesaitpasnine
l’espère,nisansquecelaluivienneàl’esprit;aucunetracedecette
attirancen’apparaîtnonpluschezl’amoureux,sauflacraintemêléeaudésespoir,bienqu’ilcontinueà
persévérerdanssaquête
ous arrivâmes à ce point, dans l’histoire : si l’attirance de cetamoureuxn’avaitpasétécachéeenleSadr-iDjahân,Commentl’amoureuxaurait-ilétérenduimpatientparlaséparation,et
commentserait-ilrevenuentoutehâtechezlui?Le désir des aimés est caché et voilé ; le désir de l’amoureux
s’accompagnedecenttamboursettrompettes.C’estlàunehistoiredignedeconsidération,maisl’hommedeBoukhara
estdevenudésespéréàforced’attendre.Nous le laissons donc de côté, car il est engagé dans la quête et la
recherche,dansl’espoirdevoiravantsamortlevisagedesonbien-aimé,Afind’échapperàlamortetd’obtenirladélivrance,carlavueduBien-
Aiméestl’EaudelaVie.Quiconquedontlavuenerepoussepaslamortn’estpaslebien-aimé,
cariln’anifruit,nifeuille.Cequi importe, ô amoureuxnostalgique et enivré, est cela enquoi la
mort,siellet’advient,estdouce.Ôjeunehomme,lapreuvedelasincéritédelafoiestquelamorttesoit
douce.4610 Sitafoi,ômonâme,n’estpastelle,ellen’estpasparfaite:va,efforce-
toiderendretareligionparfaite.Celui qui, dans un cas comme le tien, est épris de la mort et sans
appréhensionpourelle,lamortdevientuneamiedanssoncœur.Quandl’appréhensionestpartie,envérité,cen’estpaslamort:cen’est
quel’apparencedelamort,et,enréalité,c’estuneémigrationheureuse.Quand l’appréhension est partie, la mort devient bénéfique ; c’est
pourquoiilestvraiquelamortestrepoussée.LeBien-AiméestDieuetlapersonneàquiIIadit:«TuesàMoietJe
suisàtoi.»Aprésentécoute,carl’amoureuxvient,luiquel’Amouraattachéavec
unecordedefibresdepalmier.Lorsqu’ilaperçutleSadr-iDjahân,oneûtditquesonesprit,commeun
oiseau,s’envolaitdesoncorps.Soncorpstombaàterrecommeduboissec:sonespritvitaldevintfroid
desatêtejusqu’àsespieds.Oneutbeauluiappliquerdel’encensetdel’eauderose,ilnebougeani
neparla.Quand le roivit sonvisage livide, il descendit de soncoursier et vint
verslui.4620 IIdit:«L’amoureuxrechercheardemmentlebien-aimé:quandlebien-
aimévient,l’amoureuxs’enva.»TuesunamoureuxdeDieu,etDieuesttelque,lorsqu’Ilvient,plusun
seuldetescheveuxnedemeure.ASavue,centêtrescommetois’évanouissent:ilsemble,monami,que
tusoisamoureuxdel’annihilationdetoi-même.Tu es une ombre, et amoureux du soleil : le soleil arrive, et l’ombre
aussitôtdisparaît.
CommentenlaprésencedeSalomon(surluilapaix)le
moucherondemandajusticecontrelevent
emoucheronvintdujardinetdel’herbe,etlemoucheronsemitàréclamerdeSalomonlajustice,Disant:«ÔSalomon,tuoctroieslajusticeauxdémons,auxenfantsdes
hommesetauxdjinns.«L’oiseauet lepoissonsontsous laprotectionde ta justice ;quelest
celuiquiestperduetquetagénérositén’apasrecherché?«Rends-nousjustice,carnoussommestrèsmalheureux,noussommes
privésduvergeretdelaroseraie.«Lesdifficultésdechaqueêtrefaiblesontrésoluespartoi;envérité,le
moucheronestlesymbolemêmedelafaiblesse.«Noussommescélèbrespournotrefaiblesseetlafragilitédenosailes,
tuescélèbrepourtabontéettasollicitudepourleshumbles.4630«Ôtoiquiasatteint la limitedans lesétapesdupouvoir, tandisquenousavonsatteintlalimitedel’échecetdel’erreur,«Fais-nous justice, délivre-nousde cettepeine, tends-nous lamain, ô
toidontlamainestlamaindeDieu.»AlorsSalomondit:«Ôtoiquirecherchesl’équité,dis-moi,contrequi
réclames-tulajusticeetl’équité?«Quelestl’oppresseurquidanssoninsolencet’ablesséett’aégratigné
levisage?«Oh!merveille!Où,ànotreépoque,estl’oppresseurquinesetrouve
pasdansnotreprisonetnoschaînes?« Quand nous naquîmes, ce jour-là l’injustice mourut ; qui donc a
commisennotretempsunacted’injustice?«Quandlalumièreaparu,lesténèbressesontdissipées:laténèbreest
l’origineetlesoutiendel’injustice.«Vois, des démons travaillent et rendent des services, les autres sont
enchaînésdansdeschaînesetdesliens135.«L’originedel’injusticedesoppresseursprovientdudémon,ledémon
estasservi:commentlaviolenceest-elleapparue?«(L’ordredivin)Soisetcefutnousaconféréleroyaume,afinqueles
hommesneselamententpasversleciel,
4640 «Afinquedessoupirsbrûlantsnes’élèventpoint,quelecieletlesétoilesnesoientpasbouleversés,« Que l’empyrée ne tremble pas du gémissement de l’orphelin,
qu’aucuneâmenesoitblesséeparlaviolence.«Nousavonsétabliuneloidanstouslesroyaumes,afinqu’aucuncride
“ÔSeigneur”nemonteverslescieux.«Ôopprimé : ne t’adresse pas au ciel, car tu possèdes un roi céleste
danscemondetemporel.»Lemoucherondit:«MaplainteestcontrelapuissanceduVent,carila
ouvertlesdeuxmainsdel’oppressioncontrenous.«Cetteoppressionnousplongedansladétresse;leslèvrescloses,nous
buvonsdusang,àcausedelui.»
CommentSalomon(surluilapaix)ordonnaauplaignant,lemoucheron,d’amenerson
adversairedevantletribunal
lorsSalomondéclara:«Ôtoiquiasunejolievoix,ilconvientquetuécoutesdetoutetonâmelecommandementdeDieu.«Dieum’adit : “Prendsgarde,ô juge,n’écoutepasunplaideur sans
l’autreplaideur”,« Tant que les deux plaideurs ne se présentent pas, la vérité ne se
manifestepasdevantlejuge.«Sil’undesplaideursseulpoussecentclameurs,prendsgarde,prends
garde,n’acceptepassaparolesansentendresonadversaire.4650 «Jen’osepasdétournermonvisagedel’ordredivin.Va,amèneton
adversairedevantmoi.»Lemoucheronrépondit:«Tesparolessontraisonnablesetjustes,mon
adversaireestlevent,etilestsoustajuridiction.»Lerois’écria:«Ôventd’Est,lemoucheronseplaintdetoninjustice,
viens.« Confronte-toi à ton adversaire et réponds-lui ; réplique à ton
adversaire.»Quandlevententendit,ilaccourutentoutehâte:aussitôt,lemoucheron
pritlafuite.Alors Salomon dit : « Ô moucheron, où vas-tu ? Reste, afin que je
puissevousjugertousdeux.»Lemoucheronrépondit:«Ôroi,mamortprovientdesonexistence;en
vérité,monjourestnoirciparsafumée.« Depuis qu’il est venu, où trouverai-je le repos ? Car il arrache le
souffledemoncorps.»Tel est celui qui cherche la Cour de Dieu : quand Dieu arrive, le
chercheurestannihilé.Bien que cette union avecDieu soit immortalité sur immortalité, tout
d’abordcetteimmortalité(baqâ)consisteàmouriràsoi-même(fanâ).4660 LesrefletsquicherchentlaLumières’évanouissentquandSaLumière
apparaît.Comment la raison demeurerait-elle lorsqu’Il lui enjoint de partir ?
ToutechoseestpérissanteexceptéSonVisage136.
DevantSonVisage,périssent l’existant et lenon-existant : l’existencedanslanon-existenceestenvéritéchosemerveilleuse!DanscelieudelaPrésence,lesespritssontperdussanscontrôle;quand
laplumearriveici,ellesebrise.
CommentleBien-Aimécaressal’amoureuxévanoui,afinqu’il
retrouvesesesprits
eSadr-iDjahân,parbonté,letiraitpeuàpeudel’inconscienceàlalucidité.Leprince lui cria à l’oreille : «Ômendiant, j’apporte de l’or pour le
répandresurtoi:étendslepandetarobe.«Tonesprit,qui tremblaitdedouleurd’êtreséparédemoi,puisqueje
suisvenuleprotéger,comments’est-ilenfui?«Ôtoiquiassouffertmortetpassiondecetteséparationd’avecmoi,
reviensàtoidel’inconscience.»Lavolailledomestique,à lamanièred’unhôte,amenastupidementun
chameaudanssamaison.Quand le chameau pénétra dans lamaison de la poule, lamaison fut
détruiteetletoits’écroula.4670 Lamaisondelapouleestnotreintelligenceetnotrecompréhension,la
bonneintelligenceestàlarecherchedelachamelledeDieu.Lorsquelachamelleplongeasatêtedanssoneauetargile,nisonargile
nedemeura,nisonâme,nisoncœur.Laprééminencearendul’hommeprésomptueux:àcausedesondésir
d’avoirdavantage,ilesttrèsinjusteettrèsignorant137.Ilestignorantet,danscettechassedifficile,lelièvreétreintunlion.Comment serrerait-il le liondans sesbras, s’il connaissaitetvoyait le
lion?Il est injuste envers lui-même et envers sa propre âme. Voyez une
injusticequil’emportesurtouteslesjustices!Son ignorance est le professeur de toutes connaissances, son injustice
estdevenueledroitcheminpourtouteslesjustices.Il(leSadr-iDjahân)pritlamaindel’amoureux,disant:«Cethomme
dontlesouffles’estenfuinereviendraàlaviequelorsquejeluidonneraimonsouffle.«Quandcet hommedont le corps estmort deviendravivantparmoi,
alorsc’estparmonespritqu’iltournerasonvisageversmoi.«Aumoyendecetesprit,jelerendsdouéd’unétatélevé;seull’esprit
quejedonnevoitmagénérosité.4680 «L’espritnonfamiliernevoitpaslevisageduBien-Aimé;nulnele
voit,saufcetespritdontl’origineprovientdesademeure.« A la manière d’un boucher, je souffle sur ce cher ami, afin que la
partienobleàl’intérieurdelui-mêmequittelapeau.»Ildit:«Ôespritquit’esenfuiloindestribulations,nousavonsouvert
laportedel’unionavecnous:bienvenue.«Ô toi dont la perte de conscience et l’ivresse proviennent de nous-
même,ôtoidontl’êtreprovientincessammentdenotreêtre,«Aprésent,sanslèvres,jeteredirailesanciensmystères:écoute!«Jeteparleensilence,carceslèvres(corporelles)nepeuventsaisirce
souffle,ilsoufflesurlalèvre(rive)duFleuvecaché.« A présent, prête l’oreille de la non-ouïe pour entendre le secret de
Dieufaitcequ’Ilveut138.»Quandilcommençaàentendrel’appelàl’union,peuàpeulemortse
mitàbouger.L’amoureux de Dieu n’est pas moindre que la terre qui, sous les
caressesdelabrise,serevêtdevertetlèvelatêtehorsdelamort;Iln’estpasmoindrequel’eauséminaled’où,àl’ordredeDieu,naissent
desJosephsauvisagepareilausoleil.4690 Iln’estpasmoindrequ’unventd’où,aucommencement:«Sois!»,
paonsetoiseauxàlavoixsuavevinrentàl’existencedansleseindel’oiselle.Iln’estpasmoindrequelamontagnederocquienfantalachamellequi
enfantaunechamelle*.Laisse tout cela ! La substance de la non-existence n’a-t-elle pas
produit,etneproduira-t-ellepascontinuellementununivers?Il(l’hommedeBoukhara)bondit, tremblaet tourbillonnauneoudeux
fois,joyeusement,joyeusement,puisseprosternaenadoration.
* Le Prophète Salih fit sortir miraculeusement d’un rocher une chamelleenceinte.
Commentl’amoureuxévanouirevintàlui-mêmeettournasonvisagepourloueretremercierle
Bien-Aimé
ldit:«ÔAnqâdeDieu!Lieuautourduqueltournel’espritdanssonvol!JerendsgrâcesquetusoisrevenudecettemontagnelointainedeQâf.«ÔSirafîldulieudelaRésurrectionde1’Amour,ôAmourdel’amour
etdudésirédel’Amour!«Jedésire,commepremierprésentd’honneurquetumeferas,quetu
posestonoreillesurmafenêtre.« Bien que grâce à ta pureté, tu connaisses mes sentiments, prête
l’oreilleàmesparoles,ôtoiquiaimestonserviteur!«Descentainesdemilliersdefois,ôPrinceunique,mesespritssesont
envoléspardésirdetonoreille.«Que tuentendes,etque tuécoutes,etque tusouriesdecessourires
quidonnentlavie,4700 «Quetuprêtesattentionàmesaffaires,petitesetgrandes,etaux
artificesdemonâmesoupçonneuse:« Ma fausse monnaie, que tu connais bien, tu l’as acceptée comme
piècesdebonaloi,«Pour l’audacede celui qui était insolent et égaré, ô toi auprèsde la
clémencedequitouteslesclémencesnesontqu’unatome.« Tout d’abord, apprends que lorsque je restai loin de ton filet, ce
monde-cietl’autredisparurentdedevantmoi.«Ensecond lieu, écoute,ôPrinceaimant ; longtemps je t’ai cherché,
maisnuln’étaitcomparableàToi.«En troisième lieu,puisque jemesuiséloignéde toi,c’estcommesi
j’avaisdit:Letroisièmedetrois*139.« Quatrièmement, étant donné que mon champ de blé est brûlé (j’ai
perdumesesprits),jenedistinguepasmoncinquièmedoigtduquatrième.«Làoù tu trouverasdu sang sur lesmottesde terre, si tu t’informes,
celas’avérerasûrementêtrelesangdemesyeux.«Mes paroles sont comme le tonnerre, et ce bruit et ce gémissement
supplientlenuagequ’ilpleuvesurlaterre.«Entrelesparoleset les larmes, jecontinueàmedemandersi jedois
pleurerouparler:queferai-je?4710 «Sijeparle,leslarmesserontperdues;etsijepleure,comment
rendrai-jedesactionsdegrâcesetdeslouanges?«Lesangducœurcouledemesyeux,ôroi:voisd’aprèsmesyeuxce
quim’estadvenu.»L’homme amaigri parla ainsi, et se mit à pleurer de telle sorte que
noblesetvulgairespleuraientpourlui.TantdecrisextatiquessortaientdesoncœurquelesgensdeBoukhara
firentcercleautourdelui.Il parlait follement, pleurait follement, riait follement : hommes et
femmes,petitsetgrands,étaientdanslastupeur.La ville tout entière versait des larmes avec lui : hommes et femmes
étaientrassembléscommeauJourdelaRésurrection.A ce moment, le ciel disait à la terre : « Si tu n’as jamais vu la
Résurrection,contemplececi.»L’intellectétaitstupéfait,disant:«Qu’est-cequel’amour,etqu’est-ce
quel’extase?Jemedemandecequiestleplusmerveilleux,laséparationd’avecLuioul’unionavecLui.»LeciellutlemessagedeRésurrection,etdéchirasesvêtementsjusqu’à
lavoielactée.L’amour est étranger aux deuxmondes : il s’y trouve soixante-douze
folies.4720 IIestexcessivementcaché,etseulsonbouleversementestmanifeste;
l’âmedessultansspirituelslanguitpourlui.Sareligionestautrequecelledessoixante-douzesectes;àcôtédelui,
letrônedesroisn’estqu’unéchafaudage.Aumomentdusamâ,leménestreldel’amourjoue:«Laservituden’est
quechaînes,lasouverainetéunennui.»Qu’estdoncl’Amour?Lamerdunon-être;làl’intellectperdpied.Laservitudeetlasouverainetésontconnues,laconditiondel’amoureux
estcachéeparcesdeuxvoiles.Que l’existence n’a-t-elle une langue, pour retirer le voile des êtres
existants!Ôsouffledel’existence,quellesquesoientlesparolesquetuprononces,
sachequeparlàtuasattachéunautrevoilesurlemystère.Cesparoles,etcetétatsontlamalédictiondelaperceptionspirituelle:
laverlesangavecdusangestabsurde,absurde.CommejesuisfamilieravecSesfous,jouretnuitjeparledanslacage.Tuespuissammentivre,horsdetoi-mêmeetbouleversée;hiersoir,de
quelcôtéas-tudormi,ômonâme?4730 Prendsgarde,prendsgarde.Faisattentionànepassoufflermot,va
d’abordchercherunamidignedeconfiance.Tues amoureuxet enivré, et ta langueest en liberté,MonDieu,mon
Dieu,Tuescommelechameausurlagouttière.Quand la langueparledeSonmystèreetdeSoncharme(naz), le ciel
chante:«Toiquicachesbienleschoses.»Qu’est-ce qui peut être caché ? Le feu est dans la laine et le coton ;
quandtulerecouvres,ilestd’autantplusmanifesté.Lorsquejem’efforcedecacherSonsecret,l’Amourlèvelatête,comme
unétendard,disant:«Vois,jesuislà.»Malgrémoi,ilmesaisitparlesoreilles,disant:«Ôinsensé,comment
lecacheras-tu?Cache-le,situlepeux.»Jeluidis:«Va-t’en,bienquetusoispleind’effervescence;cependant
tuesàlafoiscachéetmanifeste,commel’âme.»Ildit:«Moncorpsestemprisonnédanslajarre,mais,commelevin,je
faisunbruitjoyeuxlorsdubanquet.»Jeluidis:«Va,avantd’êtremisengage,depeurquelamalédictionde
l’ivressenetombesurtoi.»Ildit :«J’égayelejouravecmadélicieusecoupejusqu’àlaprièredu
soir.»4740 Quandlesoirarriveraetmedéroberamacoupe,jeluidirai:«Rends-
la-moi,carmonsoirn’estpasarrivé.»C’est pourquoi les Arabes appellent le vinmudâm (continuel), parce
quelebuveurdevinn’estjamaisrassasié.L’amour de la coupe de la recherche est fervent. Il est l’échanson de
l’amoureuxsincère,ensecret.Quandtucherchesavecl’aidedeDieu,l’essencedetonespritestlevin,
etlecorpsleflacon.QuandIIaugmentelevindeSonsecours,laforceduvinfaitéclaterle
flacon.L’Espritdevient l’Echanson,et l’esprit estaussi l’homme ivre.Neme
dispascomment!EtDieusaitmieuxcequiestjuste.C’est l’ardeur de l’Echanson qui a pénétré dans le moût : le moût a
fermenté,s’estmisàdanseretestdevenufort.Acesujet,interrogelesceptique:«Quandvîtes-vousjamaisunmoût
commececi?»Pourquiconquealaconnaissance,ilestévident,sansréflexion,qu’avec
lapersonnetroubléeilyaquelqu’unquilatrouble.
* C’est-à-dire que je me suis rendu coupable de polythéisme comme leschrétiensquicroientàlaTrinité.
Histoiredel’amoureuxquiavaitétéséparédesabien-aiméeetavait
endurémaintestribulations
n certain jeune homme était follement épris d’une femme ; lebonheurdel’unionneluiavaitpasétéaccordé.
4750 L’amourletorturaextrêmementsurcetteterre:pourquoi,envérité,l’amourtémoigne-t-ildel’inimitiéàl’amoureuxdèslecommencement?Pourquoil’amourest-ildèsledébutmeurtrier,detellesorteques’enfuit
celuiquiluiestétranger?Chaque fois qu’il envoyait unmessager à la femme, lemessager, par
jalousie,devenaitunbrigandluibarrantlechemin.Etsisonsecrétaireécrivaitunelettreàlafemme,sonmessagerluilisait
lalettretoutdetravers.Etsi,pourtémoignerdesafidélité,ilfaisaitduzéphyrsonenvoyé,ce
zéphyrétaitobscurciparunnuagedepoussière.S’ilattachaitlalettresurl’ailed’unoiseau,l’ailedel’oiseauétaitbrûlée
parl’ardeurdelalettre.La jalousiedivine leprivade tousmoyensetdétruisit toutes les idées
qu’ilpouvaitavoir.Audébut,l’espérancefutl’amie,leconsolantdesonchagrin;àlafin,il
futbrisé—parqui?Parlamêmeespérance.Parfois, il disait : « Ceci est une affliction sans remède » ; tantôt, il
disait:«Non,c’estlaviedemonesprit.»Tantôt,iléprouvaitlaforcedel’existence,tantôt,ilmangeaitdufruitde
lanon-existence.4760 Quandcetteattitudeintérieureserefroidissait,ledésirferventde
l’unionaveclabien-aiméebouillonnait.Quandilsupportaitavecpatiencecetteséparation,ilrécoltaitlefruitde
cettepatience.Lesépisdesapenséeétaientpurifiésdelapaille;ildevint,commela
lune,unguidepourlesvoyageursdenuit.Oh,combiendeperroquetsparlent, toutenétantmuets!Oh,combien
deceuxdontl’espritestpleindedouceurontunvisageamer!Va au cimetière, assieds-toi là en silence, et contemple ces silencieux
éloquents.Mais, si tuvoisque leurpoussièreestd’uneseulecouleur,cependant,
leurétatspiritueln’estpasuniforme.Lachair et le sangdespersonnesvivantes sontuniformes, cependant,
l’unesttristeetl’autrejoyeux.Avantde lesentendreparler, commentconnaîtrais-tu leurs sentiments,
étantdonnéqueleurétatintérieurt’estcaché?Tu peux entendre des mots — tels que hay, huy ; mais comment
percevras-tul’étatintérieurquiacentreplis?Notre forme (corporelle) est partout semblable, quoique douée de
qualités contraires ; de même, leur poussière est uniforme, mais leursespritsdivers.
4770 Lesvoix,ellesaussi,sontsemblables,maisl’uneesttristeetuneautrepleinedecharme.Surlechampdebataille,onpeutentendrelescrisdeschevaux;ense
promenant,onpeutentendrelescrisdesoiseaux.Unevoixprovientdelahaine,etuneautredel’harmonie;l’unedela
souffrance,etl’autredelajoie.Pourceluiquiignoreleurétatintérieur,lesvoixsontuniformes.Unarbreestébranlépar lescoupsde lahache,unautreestmûpar la
brisedel’aube.Lamarmitederebutfutpourmoilacausedebiendeserreurs,carelle
bouillaitcouverteparuncouvercle.L’insistanceetl’attraitdechacuntedisent:«Viens»:laferveurdela
sincéritéetlaferveurdel’impostureetdel’hypocrisie.Situnepossèdespasleflairvenudel’âmequireconnaîtlaréalité,va
acquérirpourtoi-mêmeunsensspirituelquireconnaîtl’odeur.Ce sensqui reconnaît cette roseraie—c’est lui qui illumine les yeux
desJacobs.Allons,racontecequiestarrivéàcejeunehommemaladed’amour,car
nousavonslaissél’hommedeBoukharaloinderrièrenous,ômonfils.
Commentl’amoureuxtrouvasabien-aimée:etundiscours
montrantquelechercheurtrouve,carceluiquiaurafaitlepoidsd’un
atomedebienleverra140
4780 urantseptannées,cejeunehommeétaitenquêteetenrecherche:l’imaginationdel’unionlerenditcommeunfantôme.SilaprotectiondeDieuestsurlatêtedeSonserviteur,àlafinceluiqui
cherchetrouvera.Le Prophète a dit que lorsqu’on frappe à une porte, à la fin une tête
sortiradecetteporte.Quand on s’assied sur le chemin d’une certaine personne, à la fin on
voitaussilevisagedecettepersonne.Quand, chaque jour, oncreuse la terre àpartir d’unpuits, à la fin,on
arriveàdel’eaupure.Même si vous ne le croyez pas, tout le monde sait qu’un jour on
récolteracequel’onasemé.Tuasfrappélesilexcontrelefer:lefeun’apasjailli!Peut-êtren’en
est-ilpasainsi;sioui,c’estrare.Celui à qui Dieu n’a pas octroyé la félicité et le salut, son esprit ne
considèrequeleschosesrares.(Ildit)queteloutelasemédesgrainesetn’apaseuderécolte,quecet
autreaapportéunecoquilled’huîtredelamer,etlacoquillen’avaitpasdeperle.(Ilditquepour)Bal’amfilsdeBâ’ûret lemauditIblîs, leursactesde
culteetleurreligionneleurservirentàrien.4790 LescentainesdemilliersdeprophètesetdepèlerinssurlaVoiene
viennentpasàl’espritdecethommeauxmauvaisespensées.Il prend ces deux exemples qui causent une obscurité spirituelle :
commentsonmauvaissortmettrait-ilautrechosedanssoncœur?Oh, plus d’unmange du pain avec un cœur joyeux, et cela cause sa
mort:ilrestedanssongosier.Vadonc,ôhommeàlamauvaisefortune,nemangepasdepaindutout,
depeurdetombercommeluidanslemalheuretlacalamité.Descentainesdemilliersdegensmangentdupainetacquièrentde la
forceetnourrissentleurespritvital;
Comment es-tu tombé dans ce rare malheur, à moins que tu soisdéshéritéetstupidedenaissance?L’homme(aumauvaissort)aabandonnécemonderemplidelalumière
dusoleiletilaplongésatêtedanslepuits,Disant:«Sicelaestvrai,alorsoùestlalumière?»Lèvelatêtehorsdu
puitsetregarde,ôpauvrehère!Lemondeentier,OrientetOccident,aobtenucettelumière,maisquand
tuesdanslepuits,ellenebrillerapassurtoi.Laisse le puits, va vers le palais et les vignobles ; ne discute pas ici,
sachequeladisputeestmalchanceuse.4800 Prendsgarde!Nedispas:«Voyez,Untelasemédesgraines,etentelle
année,lessauterellesontdévorécequ’ilavaitsemé.« Pourquoi donc sèmerais-je ? car il y a un risque. Pourquoi
gaspillerais-jecessemencesdemamain?»Etpendantcetemps,celuiquin’apasnégligédesemeretdelabourer
remplitsagrange.Étantdonnéquel’amoureuxfrappaitpatiemmentàuneporte,àlafinil
obtintuneentrevueenprivé.Depeurde lapatrouilledenuit, il sautadenuitdans leverger : là, il
trouvasabien-aimée,radieusecommeunelampe.A cet instant, il dit au Causateur des moyens : « Ô mon Dieu, sois
miséricordieuxenverslapatrouilledenuit!«Sansquejelesache,Tuascausélesmoyens:delaportedel’Enfer,
Tum’asamenéauParadis.«Tuasfaitdecettesituation(lapeurde lapatrouille)unmoyen,afin
quejeneméprisepaslamoindreépine.»Acausedelafractured’unejambe,Dieuoctroieuneaile;demême,des
profondeursdel’abîme,ilouvreuneissue.(Dieudit:)«Netedemandepassituessurunarbreoudansunpuits:
regarde-Moi,carJesuislaClédelaVoie.»4810 Situveuxlirelerestedecettehistoire,recherche-le,ômonfrère,dans
leQuatrièmeLivre.
Notedulivretroisième
1.XXI,69.2.VII,143.3.XVIII,46.4.Cf.VII,117.5.IX,61.6.XCVI,19.7.XXIII,108.8.XVIII,18.9.IX,111.10.Cf.XX,124.11.LXXX,17.12.II,54.13.VII,73.14.Cf.XIX,23.15.Cf.XII,12.16.XXII,5.17.II,156.18.LXXII,28.19.XX,77.20.XXVIII,76.21.Idem.22.LVH,23.23.Cf.XVIII.24.LV,1.25.XCVI,4.26.XCVI,15.27.LXXX,34.28.XLVIII,17.29.Cf.XVIII.30.V,11931.XI,112.32.IX,126.33.XLVII,30.34.XXI,69.35.Cf.XXVIII,7etsqq.36.Cf.XLVIII,10.37.Cf.LUI,42.
38.XII,87.39.Cf.XXVI,63-66.40.Cf.XXIX,24.41.II,156.42.II,32.43.Cf.XXVI,219.44.VI,25;VIII,31.45.Cf.XI,46.46.CXII,3.47.VI,76.48.CXII,3.49.LXXIV,2.50.Cf.LV,29.51.CXI,5.52.CXI,453.VI,50.54.Cf.VI,164.55.Cf.XIX,30.56.Cf.XXI,107.57.Cf.LXXXIX.58.Cf.XXXVIII,23etsqq.59.Cf.XVIII.60.XVIII,60.61.LXXIV,31.62.Cf.LUI,14-16.63.XXXVI,26.64.LXXV,11.65.XII,110.66.LV,6.67.XXIV,31.68.Cf.XL,60.69.VII,172.70.XCIV,1.71.XVII,70.72.Cf.XXXVI,65.73.Cf.CV.74.Cf.II,67etsqq.75.Cf.XCVII.76.Cf.XXXIX,30.
77.Cf.XVIII.78.XXX,VI.79.XI,112.80.XXVI,63.81.VII,204.82.Cf.XVIII.83.Cf.CV.84.Cf.LXXIX,14.85.XVII,8.86.Cf.XVIII.87.LI,56.88.Cf.L,35.89.Cf.II,58.90.CXII,4.91.V,67.92.VI,28.93.XXVII,62.94.XIX,30.95.LXXVI,21.96.LVII,23.97.XVII,70.98.Cf.LXXV,29.99.XXXVI,32.100.II,195.101.III,133.102.CXIII,1.103.Cf.XXXVII,62.104.VII,172.105.II,117.106.Cf.XVIII.107.VIII,17.108.Cf.II,146.109.LXVII,15.110.VI,160.111.IX,26.112.II,73.113.XXVIII,88.114.II,156.115.IX,47.
116.VIII,48.117.IX,26.118.VIII,48.119.VIII,48.120.III,61;VI,151.121.IX,111.122.Cf.CH,1-5.123.Cf.XXXVII,102124.XXXIV,10.125.XVII,64.126.Cf.XXVIII,29.127.XIV,24.128.Cf.XLI,11.129.VIII,19.130.XLVIII,1.131.LXXXV,22.132.VII,172.133.XLVIII,25.134.XLVIII,24.135.Cf.XXXVIII,38.136.XXVIII,88.137.XXXIII,72.138.III,40.139.V,73.140.XCIX,7.
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