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MÉCÉNAT COLAS RETOUR SUR PLUS DE VINGT ANS D’ENGAGEMENT

MÉCÉNAT COLASle Centre français des fonds et fondations (2010). * Édition de 2010. Les études plus récentes ne communiquent plus cette donnée. Âge des fondations d’entreprise

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  • MÉCÉNAT COLASRETOUR SUR PLUS DE VINGT ANS

    D’ENGAGEMENT

  • MÉCÉNAT COLASDepuis plus de quatre-vingts ans, sous toutes les latitudes, Colas et ses filiales apportent leur soutien à des projets dans les domaines culturel, humanitaire, éduca-tif, sanitaire, sportif, environnemental...

    Au début des années 1990, parallèlement à ces initiatives, une démarche de mécé-nat a commencé à se structurer au niveau de la holding Colas avec la création d’une Fondation dédiée à la peinture contempo-raine. Plus tard sont nés Colas en Scène, pour la musique et la danse, puis Colas Life et ses programmes de solidarité. Un mécénat de compétence s’est ensuite développé au bénéfice du patrimoine his-torique. Si l’on ajoute le soutien récent à une expédition scientifique, la palette du mécénat de Colas est riche, à l’image des valeurs d’ouverture au monde et de déve-loppement responsable de l’entreprise.

    Découvrir les facettes de cette démarche, en explorer le sens et en mesurer l’origina-lité, tel est le propos du présent document.

    MÉCÉNAT COLAS 1

  • 2 MÉCÉNAT COLAS

  • SOMMAIRE

    INTRODUCTION

    Le mécénat Colas : durée, fidélité, cohérence 4

    FONDATION COLAS

    Un mécénat iconoColaste ! 10

    COLAS EN SCÈNE

    L’accord parfait 24

    MÉCÉNAT DE COMPÉTENCE

    Colas découvre la vie de château 34

    COLAS LIFE

    Colas à l’école du mécénat de solidarité 42

    MÉCÉNAT COLAS 3

  • INTRODUCTION

    LE MÉCÉNAT COLAS : DURÉE, FIDÉLITÉ,

    COHÉRENCE

    La longue durée, synonyme de fidélité, c’est avant tout celle des engagements de mécénat culturel de Colas : plus de vingt-trois ans d’existence pour la Fondation Colas dédiée à la pein-ture, même longévité pour le soutien au festival Jazz in Marciac. Cette constance est distinctive. Dans l’univers philanthropique français, 59 % des fondations d’entreprise en activité ont moins de cinq ans, 23 % entre cinq et dix ans ; seules 18 % ont plus de dix ans, selon le Panorama des fondations d’entreprise réalisé par Ernst & Young en collaboration avec le Centre français des fonds et fondations*.

    La fidélité, c’est aussi la cohérence. « La Fondation Colas a dès le départ fait le choix de la peinture, sans jamais varier. Pertinence et fidélité à l’esprit des débuts, voilà comment je la qualifierais », formule Philippe Piguet, commissaire de l’exposition organisée pour les vingt ans de la Fondation, en 2012.

    18 % > 10 ANS23 % DE 5 À 10 ANS

    59 % < 5 ANSSource : panorama des fondations d’entreprise réalisé par Ernst &Young en collaboration avec le Centre français des fonds et fondations (2010).

    * Édition de 2010. Les études plus récentes ne communiquent plus cette donnée.

    Âge des fondations d’entreprise françaises en activité

    4 MÉCÉNAT COLAS

  • Célébration du 20ème anniversaire de la Fondation Colas, à l’École des Beaux-Arts de Paris (septembre 2012).

    MÉCÉNAT COLAS 5

  • 19941991-1992

    Signature du premier partenariat avec

    le festival Jazz in Marciac.

    Cette fidélité et cette cohérence transparaissent dans bien d’autres concours, tel celui apporté à la compagnie de danse Akram Khan.

    À cette fidélité s’ajoute une dimension internationale, dans une volonté délibérée de coïncider avec les implantations du Groupe sur les cinq continents et aussi parce que bien des actions spon-tanées de mécénat sont depuis longtemps impulsées directe-ment par les filiales, en Afrique, dans l’Océan Indien ou en Asie, par exemple. Mis en œuvre dans six pays sur quatre continents, le programme de solidarité En route pour l’école illustre ce principe.

    Dernière valeur mais pas la moindre de cette politique de mécé-nat : l’implication des collaborateurs, comme en témoignent la composition du comité de sélection des lauréats de la Fonda-tion avec pour moitié des collaborateurs du Groupe ou l’impli-cation dans les missions En route pour l’école de collaborateurs parrains accompagnés de leur enfant adolescent.

    LE MÉCÉNAT DU GROUPE COLAS

    23 ANS D’ÉVÈNEMENTS

    Création de la Fondation Colas dédiée à l’art contemporain.Oscar du mécénat décerné par l’Admical (1992).

    6 MÉCÉNAT COLAS

  • 2005-2006 20101999 2009

    Colas soutient Les Noces de Figaro (production de l’Opéra national de Paris). Transporting you,

    1re création soutenue par Colas en Scène. Chorégraphie conçue et dansée par Alexandra Bansch, sur une musique de Jean-Sébastien Bach interprétée par le violoncelliste Gautier Capuçon.

    Colas coproduit avec Virgin Classics l’album du violoncelliste Gautier Capuçon enregistré avec Valery Gergiev à Saint-Pétersbourg le 24 décembre 2008.

    Colas contribue également à l’acquisition d’un archet de Dominique Peccatte.

    Colas apporte son soutien à la production Don Giovanni (Opéra national de Paris).

    Soutien à la création de la chorégraphie Crossroad(s) avec Alexandra Bansch (danse contemporaine) et Denis Kuhnert (hip-hop).

    2008

    Création de Colas en Scène, qui soutient les talents dans le domaine de la musique et de la danse.

    Création de Colas Life, pour le soutien de projets de solidarité.En route pour l’école est le 1er programme mis en place.

    MÉCÉNAT COLAS 7

  • 2010 2010-20112011 2011-2013

    2012 2013

    Signature d’une convention de mécénat de compétence avec l’Établissement public du musée et du domaine national de Versailles ayant pour objet la réalisation de travaux de rénovation des allées du château.

    20 ans de la Fondation Colas : exposition Sur la route de l’art à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris.

    En route pour l’école en France et aux États-Unis.

    Concert du violoncelliste Gautier Capuçon et de la mezzo soprano Angelika Kirchschlager à l’Opéra Royal du Château de Versailles.

    En route pour l’école au Maroc.

    En route pour l’école au Vietnam, au Togo et en Croatie.

    Soutien à la Compagnie Akram Khan pour la création de Desh, solo d’Akram Khan.

    Colas soutient la Compagnie Akram Khan pour la création Vertical Road.

    1er mécénat de compétence.

    8 MÉCÉNAT COLAS

  • 2013-201420152014

    2013

    Colas soutient la chorégraphie iTMOi (in the mind of igor) de la Compagnie Akram Khan.

    Colas soutient Torobaka, la dernière création d’Akram Khan en duo avec le chorégraphe sévillan Israel Galván, mêlant flamenco et kathak (danse indienne traditionnelle).

    Colas apporte son soutien à 2 jeunes talents de la musique classique, Jonathan Fournel, pianiste, et Mohamed Hiber, violoniste. Concert au théâtre des Abbesses le 30 mars, en trio avec le violoncelliste Gautier Capuçon.

    Signature d’une convention de mécénat de compétence avec le Domaine national de Chambord, pour la réhabilitation des allées du château.

    Concert privé de l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie, avec Frank Braley (Direction musicale et piano) et Mohamed Hiber (violon), à l’Opéra Royal du Château de Versailles.

    Colas est mécène de La Clémence de Titus (production de l’Opéra national de Paris).

    MÉCÉNAT COLAS 9

  • Gilgian GELZER“Non constructible”

    2006

    10 FONDATION COLAS

  • FONDATION COLAS 11

  • Sylvie FAJFROWSKA“Sans titre” 2003

    12 FONDATION COLAS

  • « Elles ne sont pas si nombreuses, les fon-dations d’entreprise qui passent commande à des artistes », observe Sophie Sadeler, directeur de la communication de Colas, mettant d’emblée l’accent sur le point fort de la Fondation Colas. Non seulement cette fondation se consacre depuis 1991 à l’art contemporain, mais, en commandant

    directement des tableaux, elle participe concrètement à la vie artistique. Elle crée de l’emploi chez les peintres ! Le pluriel est ici de rigueur puisque, chaque année, la Fondation retient une quinzaine de candidatures d’artiste. En vingt-trois ans, la Fon-dation a ainsi commandé 330 toiles, à 330 artistes de quarante nationalités différentes.

    Si passer commande est en soi original, le faire auprès d’au-tant d’artistes l’est encore plus. C’est sur une utopie stimulante que s’est patiemment construite la collection Colas : confier un thème unique – la route –, relié directement au cœur de métier de l’entreprise, à des artistes de toutes cultures, nationalités, âges, styles, et faire le pari que ces œuvres auront et garderont du sens au fil du temps.

    L’exigence du projet initial et la fidélité à cet esprit ne sont peut-être pas pour rien dans la réussite de la collection. La Fondation se voit confier en effet en 1991 trois missions complémentaires. Trois objectifs qu’Alain Dupont, alors président de Colas, décri-vait ainsi lorsqu’il a porté la Fondation sur les fonts baptismaux : « Outre sa mission de soutien à l’art pictural contemporain et à l’émergence des talents, la Fondation Colas a pour objet de magnifier la route, cœur de métier de Colas, tout en fédérant les hommes et les femmes du Groupe autour de valeurs culturelles partagées. » Soutenir la création artistique, mettre en valeur le métier de Colas, associer le plus possible les collaborateurs : cette combinaison à trois est l’ADN de la Fondation et a franchi vingt-trois années sans subir de mutation majeure.

    “ …La Fondation Colas a pour objet de magnifier la route, cœur de métier de Colas… ”

    FONDATION COLAS 13

  • Pourtant, orienter une fondation d’entreprise vers l’art contempo-rain n’avait rien d’évident a priori. Telle n’est pas l’inclination natu-relle du mécénat institutionnel. Selon une étude réalisée en 2011 par l’Observatoire de la Fondation de France, l’art et la culture ne représentent que 5 % des domaines d’action des 1 684 fondations françaises. La très grande majorité d’entre elles se consacrent à la santé (47 %), à l’action sociale (32 %) et à l’enseignement (9 %). La raison est simple : il est plus difficile de fédérer un public, notamment en interne, autour de l’art qu’autour d’enjeux huma-nitaires, par exemple.

    Cette difficulté va croissant au fil des années, un phénomène bien repéré par le rapport de la mission parlementaire sur les nou-velles formes de mécénat culturel présidée par le député Michel Herbillon, présenté début 2012 : « Il ressort de toutes les auditions que le mécénat culturel devient plus difficile à “assumer” pour les entreprises dans un contexte de crise : la culture est perçue comme un luxe, auquel il serait presque indécent de se consa-crer, d’où le développement relativement plus important du mécé-nat social ou environnemental. »

    L’heure serait donc au mécénat “utile”, une position dotée d’un corollaire en forme de cliché : l’art serait plutôt, lui, de l’ordre du

    “futile”... Ce contexte permet de mieux mesu-rer l’originalité de la démarche de Colas, qui fut très vite saluée par les spécialistes. Un an après son lancement, Colas recevait ainsi l’Oscar du mécénat, une distinction presti-gieuse dans le secteur de la communica-tion d’entreprise. Mais la prétendue futilité de l’art permet aussi de comprendre pourquoi « la Fondation a dû attendre de nombreuses années avant d’être acceptée et comprise en interne », comme le précise aujourd’hui Sophie Sadeler.

    Le fait de passer commande chaque année à quinze artistes, sans aucune “garantie de résultat”, a sans doute rajouté à la dif-ficulté. Proposer à un peintre de travailler sur un thème imposé implique en effet une vraie prise de risques. Les mauvaises sur-prises sont possibles et même inévitables. C’est ce que Sophie Sadeler appelle avec humour “les risques du métier”.

    “ La Fondation a dû attendre de nombreuses années avant d’être acceptée et comprise en interne. ”

    Domaines d’action des fondations françaises

    l Art et culture 5 %l Santé 47 %l Action sociale 32 %l Enseignement 9 %l Autres 7 %

    Source : étude de l’Observatoire de la Fondation de France (2011).

    14 FONDATION COLAS

  • Alain CLÉMENT“Sans titre” 2011

    FONDATION COLAS 15

  • 16 FONDATION COLAS

  • “ La peinture est un sucre lent. ”

    LEE BAE“Sans titre” 2013

    Ces risques sont constitutifs du pari à long terme que repré-sente la Fondation. Philippe Cognée, artiste, lauréat en 2009 et membre du jury jusqu’en 2014, le dessine avec précision : « On achète avec l’émotion du moment, parfois selon une certaine mode, mais ce n’est pas cela qui fera la valeur d’une œuvre vingt ans plus tard. Venant du monde entier, les jeunes peintres sont souvent très bons, très doués, bénéficient d’excellentes forma-tions. Pourtant, au fil du temps, beaucoup dispa-raissent du terrain. Pour quelle raison ? Je ne sais pas vraiment, cela m’échappe. Et à l’inverse, quand une œuvre prend son envol, cela me dépasse aussi et je ne prétends pas être en mesure de le prévoir. Avoir quelque chose à dire ne s’enseigne pas et il n’y a que le temps qui permet de s’en apercevoir. Les grands galeristes se trompent eux aussi. La peinture est un sucre lent. »

    L’incertitude étant une condition de la liberté artistique, on la retrouve dans une autre caractéristique de la Fondation Colas : la sélection “démocratique” des artistes, pour reprendre le terme de Philippe Cognée. Le comité de sélection de la Fondation est en effet non seulement composé de quatre personnalités du monde de l’art mais aussi de cinq collaborateurs de Colas, volon-taires certes mais profanes en art contemporain. Ce jury est en outre renouvelé tous les trois à quatre ans. Seul le président de la Fondation, Hervé Le Bouc, siège de façon permanente. « Entre jurés, nous sommes loin d’être toujours d’accord sur les dossiers à retenir, d’autant que plusieurs centaines sont présentés chaque année..., fait remarquer Philippe Cognée. Les collaborateurs de Colas possèdent plus de voix que nous et il faut donc les écou-ter ! Cela dit, au long des délibérations et des années, je me suis aperçu que leur regard neuf nous conduisait à nous remettre en question, en particulier sur des artistes que l’on connaît déjà. On sort d’un certain entre soi. »

    Lors des vingt ans de la Fondation, célébrés aux Beaux-Arts à Paris, Xavier Fenaux, collaborateur de Colas et membre du jury, décrivait ainsi sa propre démarche : « Les collaborateurs du Groupe considèrent un peu les œuvres comme des objets avec lesquels ils vivent au quotidien. C’est ainsi que j’axe mon choix : comment je vais vivre avec telle ou telle œuvre, tous les jours, à mon travail ? »

    FONDATION COLAS 17

  • François BOISROND“Sans titre”

    1999

    Alain MIRGALET “Sans titre” 2003

    18 FONDATION COLAS

  • FONDATION COLAS 19

  • 20 FONDATION COLAS

  • “ Comment je vais vivre avec telle ou telle œuvre, tous les jours, à mon travail ? ”

    Rafal OLBINSKI “Meaningless existence”1995

    Pour leur part, les jurés “professionnels” (peintres, journalistes spécialisés, critiques d’art, galeristes...) apportent leur expérience et leur exigence. Certaines œuvres peuvent ne pas apparaître séduisantes au premier abord mais être déjà incontournables. La contribution argumentée des spécialistes permet alors de mieux justifier un choix, de ne pas se limiter au verdict abrupt “j’aime-j’aime pas”.

    Résumons. Au fil de vingt-trois années d’existence, une formule mixte et ouverte de sélection des artistes, complétée par l’inser-tion des œuvres dans la vie courante de l’entreprise – les toiles sont accrochées au siège et dans les filiales en France et à l’in-ternational et elles voyagent d’un continent à l’autre –, le tout coiffé par la fidélité au concept d’origine (le soutien à la créa-tion contemporaine) a fini par élaborer un cocktail subtil, stable et convaincant. Il n’est sans doute pas pour rien dans la bonne réputation d’une collection aujourd’hui reconnue dans le monde de l’art. Reconnue ? Mais oui, c’est ce que confirme Philippe Cognée : « Nous recevons plusieurs centaines de propositions d’artistes chaque année. Or, l’argent ne constitue pas la princi-pale motivation de ces peintres, car les montants alloués ne sont pas énormes. Non, les artistes me semblent plutôt motivés par l’intérêt d’entrer dans une collection deve-nue prestigieuse. Pour les jeunes peintres, c’est parfois un tout premier achat, pré-cieux pour eux. »

    FONDATION COLAS 21

  • Jean-Xavier Renaud était lauréat de la Fondation Colas en 2013. Ce jeune peintre aussi attachant que provocateur – qui rappelle parfois le dessinateur Reiser – raconte la genèse du tableau commandé par la Fondation.

    22 FONDATION COLAS

  • Habituellement, vous acceptez peu de commandes. Pourquoi ? Des idées, j’en ai beaucoup mais je n’ai pas le temps de les réaliser. La commande représente donc une contrainte supplé-mentaire. En outre, je n’aime pas les indi-cations trop claires, trop précises. Je crois que cela me fait peur.

    Pourquoi avoir dérogé à la règle avec la Fondation Colas ? Je serai franc : cette commande est arri-vée à un moment où il était précieux, pour moi, de vendre une toile. Dans mon sec-teur, l’aspect économique est important ! On ne parle pas ici de sommes farami-neuses. Par ailleurs et par hasard, il se trouve que j’ai d’excellents souvenirs de la société Colas, qui datent de mes années d’études. À l’école des Arts décoratifs de Bordeaux, nous avions entrepris de réa-liser d’imposants travaux de gravure sur bois, imposants par la taille ! Pour ce faire, il nous fallait trouver un moyen d’exer-cer une forte pression sur les supports et nous avons eu l’idée d’utiliser des rou-leaux compresseurs... que Colas nous a prêtés sans nous poser trop de questions ! Peindre en xylogravure au rouleau com-presseur dans le parc matériel de Colas, je vous laisse imaginer la scène... J’en ai gardé un souvenir d’autant plus vif que l’étudiant en art que j’étais a pu décou-vrir un autre univers, en l’occurrence celui des entreprises. Or j’aime être au contact d’environnements différents et, dans mon travail, vous trouverez des choses vues ou vécues dans la politique, dans l’entreprise, dans ma commune...

    Dans ce cas, le thème de la route a dû vous plaire car il est ancré dans le réel, c’est le moins que l’on puisse dire... Il y avait une sorte de cohérence en effet. Mais lorsque Colas m’a confirmé la com-mande, j’ai passé un mauvais moment, en fait ! Je ne savais pas quoi faire, quoi dire. Chez moi, le réflexe est alors de réa-

    liser quelque chose de potache, provo-cant, “trash” qui correspond en plus à mon image. Mais cette fois je n’avais pas envie d’aller là où l’on m’attendait, d’in-sister dans ce registre satirique. J’ai donc laissé reposer tout cela un moment.

    Vous avez été lauréat en 2013, la peinture est encore fraîche et les souvenirs aussi. Prenons le tableau côté pinceau. Racontez-nous comment vous avez “fabriqué” votre toile.J’ai décidé de travailler sur l’ambiance, la mélancolie, le paysage que vient façon-ner une route construite par l’homme. Une petite route à l’entrée de mon village, Hauteville-Lompnes, dans l’Ain, m’est vite venue à l’esprit, car elle est abandonnée, ravinée, mangée par l’humidité, barrée. Pas vraiment condamnée par qui que ce soit, mais plus du tout entretenue. Or, dans ma région au climat rude et un peu coupée du monde, sur ce plateau d’Hauteville, ne pas entretenir une route signifie un arrêt de mort rapide. Cette route à l’abandon au sein même de la commune me sem-blait un endroit puissant !

    Vous avez peint sur place ? Non, j’ai réalisé une quarantaine de prises de vues puis travaillé à partir d’une photo, pendant trois semaines.

    D’où viennent ces pierres qui barrent la route ? Ce sont des résidus de carrières de marbre de la région, que tout le monde récupère ici. Pour fabriquer des bordures d’allée, de jardin, des murets et parfois sans but précis. Ces résidus portent les marques des barres à mines et des outils qui ont servi à les extraire du front de taille. Avec ces chutes, les gens de ma région réalisent des “installations” sans le savoir. Ces pierres leur parlent et me parlent aussi.

    FONDATION COLAS 23

  • Rechercher les talents, favoriser leur éclosion et les aider à grandir encore caractérisent le mécénat de Colas. La Fondation Colas en est une claire illustration, mais on retrouve aussi cette ligne de conduite dans le programme Colas en Scène, consacré à la musique et

    à la danse.

    L’accord parfait24 COLAS EN SCÈNE

  • L’accord parfaitAvec iTMOi, Akram Khan a créé une pièce pour onze danseurs d’après le Sacre du Printemps, chef d’œuvre d’Igor Stravinsky.

    COLAS EN SCÈNE 25

  • Colas en scène soutient de jeunes artistes et créateurs dans les domaines de la musique et de la danse dès que pointe leur exceptionnel talent. C’est le cas, par exemple, avec le très jeune violoniste virtuose Mohamed Hiber, par exemple. Être encou-ragé par Colas en Scène semble plutôt d’excellent augure, si l’on observe rétrospectivement la trajectoire des musiciens et des danseurs qui ont bénéficié de cet accompagnement. La compagnie britannique Akram Khan, le violoncelliste français Gautier Capuçon, la danseuse et chorégraphe allemande Alexan-dra Bansch, le festival Jazz in Marciac (Gers) jouissent tous aujourd’hui d’une audience internationale.

    Les valeurs incarnées par ces artistes sont proches de celles de l’entreprise. La précision, l’exigence, le dépassement de soi, la recherche de la perfection qui caractérisent les grands artistes du spectacle vivant sont considérés par Colas comme des figures sublimées du professionnalisme des collaborateurs du Groupe. « Je suis intimement convaincu que l’aide à la création artistique prend son sens véritable, en interne comme en externe, lors-qu’elle est directement reliée aux valeurs du groupe mécène, par la thématique, les messages, les valeurs humaines », explique ainsi Hervé Le Bouc, président de Colas et initiateur de Colas en Scène en 2008.

    Le rapprochement peut parfois aller plus loin encore. Une illustra-tion ? La compagnie de danse Akram Khan, carrefour de nationa-lités et de cultures différentes, porte en elle-même les valeurs de la diversité. Le chorégraphe du Bangladesh explore dans l’une de ses créations en solo sa relation à son pays d’origine (Desh, 2012). Le rapport entre unité et diversité est le thème majeur de son opus Vertical Road, une chorégraphie pour huit danseurs venus d’Asie, d’Europe, d’Australie et du Moyen-Orient. Ces danseurs interprètent, à travers leur langage culturel, les figures mythiques universelles qui symbolisent l’ascension.

    Concert donné à l’Opéra Royal du Château de Versailles,

    avec l’orchestre royal de Chambre de Wallonie, Franck Braley (Direction musicale

    et piano) et Mohamed Hiber (violon).

    26 COLAS EN SCÈNE

  • “ L’aide à la création artistique prend son sens véritable lorsqu’elle est directement reliée aux valeurs du groupe mécène. ”

    COLAS EN SCÈNE 27

  • Desh, création originale du chorégraphe et danseur anglo-bangladais Akram Khan.

    28 COLAS EN SCÈNE

  • COLAS EN SCÈNE 29

  • Partagés avec la compagnie Akram Khan, l’attention et le respect portés à la diversité sont des valeurs fortes de Colas, comme en témoigne cette profession de foi affichée par l’entreprise sur son site institutionnel : « (Nous sommes conscients) que la diversité est un atout formidable, une véritable chance parce qu’elle est source de richesse tant du point de vue humain qu’économique. (…) Cette politique est assise sur un socle transversal constitué de la diversité des origines au sens large du terme (nationalité, origine ethnique, géographique, sociale, diplôme, culture, etc.). » Vertical Road fut la première création d’Akram Khan soutenue par Colas, en 2010. Hervé Le Bouc s’exprimait alors ainsi : « Puiser ailleurs, s’arracher de repères évidents ; oser se dessaisir de certitudes, croiser des visages pour finalement débus-quer de lointaines énergies et y détecter leurs résonances en nous-mêmes. C’est aussi l’histoire de ce mécénat. »

    Opéra Garnier. Colas soutient régulièrement des productions de l’Opéra national de Paris.

    “ La diversité est un atout formidable, une véritable chance parce qu’elle est source de richesse tant du point de vue humain qu’économique. ”

    30 COLAS EN SCÈNE

  • Inscrire son engagement dans la durée est une autre caractéris-tique de Colas en Scène. Ainsi en est-il des partenariats noués depuis plus de quinze ans entre Colas et l’Opéra national de Paris. Le Groupe a apporté son concours à de nombreuses productions artistiques : L’Italienne à Alger (2000), Luisa Miller (2007-2008), La Dame du lac (2009-2010), La Clémence de Titus (2013-2014), etc.

    Artistes de rayonnement international, spectacles, recherche artistique évoquant les valeurs de l’entre-prise : telle est la silhouette de Colas en Scène. Elle lui permet de se glisser adroitement dans la vie de l’entreprise.

    Depuis 2011, près de 3 000 invités et managers de Colas ont ainsi pu apprécier les chorégraphies de la compagnie Akram Kahn, à l’occasion de tournées dans de nombreuses villes fran-çaises mais aussi à Londres, Copenhague, Budapest, Montréal, Montclair (États-Unis), etc. « La compagnie Akram Khan nous permet de fédérer nos collaborateurs autour d’actions communes nationales et internationales. La portée de ce mécénat dépasse et de très loin le cercle parisien », souligne Sophie Sadeler. Le par-tenariat avec le chorégraphe a même pris une forme graphique, avec ce logo (un danseur dans un losange).

    “ Fédérer nos collaborateurs autour d’actions communes nationales et internationales. ”

    Torobaka, créée et interprétée par Akram Khan et Israel Galván.

    COLAS EN SCÈNE 31

  • Jazz in Marciac, mécénat de plus de vingt ans.

    Crossroad(s) illustre le thème de la transversalité,

    mêlant hip-hop (Denis Kuhnert)

    et danse contemporaine (Alexandra Bansch).

    “ La passion initiale, le travail jusqu’à la limite du possible, le constant dépassement de soi. ”

    Les concerts soutenus par Colas donnent aussi lieu à l’orga-nisation d’événements, comme cette soirée du festival Jazz in Marciac parrainée par Colas en août 2014 – l’occasion d’invi-ter plusieurs dizaines de personnes, qui ont eu la joie d’écou-ter, entre autres, le Dee Dee Bridgewater Quintet. Selon le même esprit mais dans un registre classique, le violoncelliste Gautier Capuçon et la mezzo soprano Angelika Kirschlager ont donné un concert en septembre 2012 lors d’une soirée privée organi-sée par Colas à l’Opéra Royal du Château de Versailles. Colas a été partenaire du domaine national du Château de Versailles dans le cadre d’un mécénat de compétence pour la rénovation des allées du parc de 2010 à 2014. En 2013, un autre concert était organisé dans ce même lieu avec le pianiste et chef d’or-chestre Frank Braley, le violoniste Mohamed Hiber et l’Orchestre royal de chambre de Wallonie.

    Les partenariats noués par Colas avec les artistes peuvent prendre d’autres formes, liées à la vie interne de l’entreprise : interventions de Gautier Capuçon aux Universités Colas, venu témoigner de l’engagement nécessaire à une carrière internatio-nale, ou encore prestation d’Alexandra Bansch, accompagnée par Gautier Capuçon dans la chorégraphie Transporting You, donnée devant 1 500 collaborateurs de Colas lors de la clôture d’une convention du Groupe en 2009.

    Les “passerelles” lancées entre Colas en Scène et l’entreprise elle-même sont nombreuses et témoignent d’un profond atta-chement de Colas à ce programme. « Lorsqu’à la fin de la repré-sentation le public ovationne un artiste, musicien ou danseur, je pense toujours à son parcours, confie Hervé Le Bouc : la passion initiale, le travail jusqu’à la limite du possible, le constant dépas-sement de soi pour approcher la perfection ; enfin, atteindre la réussite sans la posséder définitivement. Seule cette alchimie exi-geante, associée à l’humilité du doute, permet de concrétiser le talent artistique. »

    32 COLAS EN SCÈNE

  • Vertical Road, création originale du chorégraphe et danseur anglo-bangladais Akram Khan, met en avant les valeurs de la diversité. (Ci-dessus)

    Pour Transporting You, créé et dansé par Alexandra Bansch, Gautier Capuçon a interprété, au violoncelle, la suite n°2 de Jean-Sébastien Bach.(En haut)

    COLAS EN SCÈNE 33

  • COLAS DÉCOUVRE LA VIE DE CHÂTEAU

    34 MÉCÉNAT DE COMPÉTENCE

  • COLAS DÉCOUVRE LA VIE DE CHÂTEAU

    MÉCÉNAT DE COMPÉTENCE 35

  • 15 % des entreprises mécènes pratiquent le mécénat de compétence 4 % des budgets de mécénat d’entreprise lui sont alloués Source : enquête Admical-CSA (2014)

    36 MÉCÉNAT DE COMPÉTENCE

  • Concourir à l’intérêt général en utilisant le savoir-faire de l’entre-prise, voilà sans doute le caractère le plus distinctif d’une nou-velle voie du mécénat explorée par Colas depuis quatre ans : le mécénat de compétence.

    Une pratique encore peu connue qui consiste à mettre à la dis-position d’une structure bénéficiaire (établissement public, fondation, association...) les métiers de l’entreprise avec ses collaborateurs, ses machines, ses moyens d’études, ses tech-niques, pour la réalisation gratuite de travaux souvent importants et prestigieux. Elle est reconnue comme un don et, de même que le mécénat financier et le mécénat en nature, se trouve éligible aux déductions fiscales.

    Ce mécénat reste peu développé en France. Selon l’enquête Admical-CSA menée en 2014 sur le mécénat d’entreprise, seules 15 % des entreprises mécènes le pratiquent et 4 % des budgets lui sont alloués. Il est pour l’instant plutôt le fait de grandes entre-prises (lire encadré p.41).

    Pour sa part, Colas le pratique depuis 2010 et l’a inauguré par un premier grand chantier au Domaine national de Versailles, avec la réhabilitation de l’esplanade du bassin d’Apollon, de la terrasse nord et de l’Étoile Royale. En 2014, Colas a pris un engagement de même nature auprès du Château de Chambord, avec la remise en état de voies de circulation, d’allées pédestres, d’esplanades et de terrasses. Le tout en conservant le même esprit qu’à Versailles : respecter la tradition grâce à l’apport de techniques contemporaines. « Ces allées ne se “tenaient” plus. Pour les réhabiliter mais aussi en créer de nouvelles, dans le jardin anglais, nous avons effectué un terrassement, puis posé un revê-tement fin assorti d’un pavage et enfin installé des bordures », explique Hugues Gendry, alors responsable de l’agence de Blois, chargée de ce chantier.

    15 % des entreprises mécènes pratiquent le mécénat de compétence 4 % des budgets de mécénat d’entreprise lui sont alloués Source : enquête Admical-CSA (2014)

    Remise en état des allées aux abords du Château de Chambord, dans le cadre d’une convention pluriannuelle de mécénat de compétence.

    MÉCÉNAT DE COMPÉTENCE 37

  • À Chambord, comme à Versailles, les nouvelles allées ont conservé l’aspect des anciennes. Colas a mis au point un produit innovant baptisé Héliocol – en l’honneur du Roi Soleil – composé de granulats couleur beige mélangés à un liant translucide. Sablé avec un silex blond, ce produit conserve la couleur d’époque tout en réduisant la poussière soulevée par le passage des visiteurs.

    « Le liant de synthèse de couleur ocre naturelle donne l’impres-sion de marcher sur une allée sablée traditionnelle. Les nids-de-poule ont disparu, la poussière aussi. Et l’entretien est bien plus léger », précise Hugues Gendry.

    Ce revêtement d’excellente facture permet de concilier tradition et modernité. Le principal obstacle rencontré par les équipes a été la réalisation des travaux dans un lieu fréquenté par des mil-liers de personnes chaque année.

    Pour les établissements publics de Versailles et Chambord, ces opérations de mécénat de compétence ont permis d’améliorer non seulement les conditions d’accueil du public, mais aussi les bilans environnementaux (réduction des travaux d’entretien). En échange de cet investissement en nature, l’entreprise mécène a pu organiser sur place des séminaires internes et des opérations de relations publiques auprès de clients ou de prospects. Ces contreparties concrètes ont une valeur fixée par la loi à hauteur de 25 % du coût des travaux.

    En interne, au sein de l’entreprise, ce mécénat semble égale-ment apprécié. À Versailles comme à Chambord, les collabora-teurs de Colas qui ont participé à ces chantiers éprouvent une grande satisfaction : « Pour eux, pour nous tous, c’est une fierté d’être associés à la valorisation d’un monument qui a marqué l’Histoire. Nous avons l’impression d’avoir “fait quelque chose” pour la conservation du patrimoine », résume Hugues Gendry.

    Mise en œuvre du produit innovant

    Héliocol sur l’esplanade

    autour du bassin d’Apollon,

    au Château de Versailles.

    38 MÉCÉNAT DE COMPÉTENCE

  • MÉCÉNAT DE COMPÉTENCE 39

  • “ C’est une fierté d’être associés à la valorisation d’un monument qui a marqué l’Histoire.”

    40 MÉCÉNAT DE COMPÉTENCE

  • Le mécénat de compétence demande beau-coup... de compétences. Vitrine bien visible de l’entreprise, i l mobil ise des moyens humains, techniques, matériels et financiers. Dans le domaine culturel, les travaux sont d’autant plus complexes qu’ils sont soumis aux règles draconiennes de préservation du patrimoine.

    On ne s’étonnera donc pas que cette ver-sion exigeante du mécénat d’entreprise soit plutôt l’apanage des grandes sociétés. Selon l’enquête Admical-CSA de 2014, le mécénat de compétences est pratiqué par 31 % des grandes entreprises mécènes, contre 8 % pour les PME et 16 % pour les TPE (très petites entreprises). « Le mécénat de compétence reste un dispositif qui néces-site une certaine ingénierie interne : jours mis à disposition des collaborateurs, identification des besoins en compétences des structures soutenues, identification des bonnes compé-tences à mobiliser, implication de différents services et directions en interne (...). Cette complexité est plus facilement gérable au sein d’entreprises d’une certaine taille. » (Extrait de l’enquête Admical-CSA).

    La complexité mais aussi le coût afférent expliquent sans doute la contradiction entre l’intérêt que ce mécénat suscite au sein des entreprises ou dans les structures publiques – celles-ci doivent trouver de nouvelles sources de financement – et la faible progression, voire la stagnation, de ce type de mécénat.

    Un mécénat exigeant et prestigieux

    Remise en état des allées aux abords du Château de Chambord, dans le cadre d’une convention pluriannuelle de mécénat de compétence.

    MÉCÉNAT DE COMPÉTENCE 41

  • 42 COLAS LIFE

  • Colas à l’école du mécénat de solidarité

    COLAS LIFE 43

  • Encourager et faciliter l’éducation scolaire des enfants et des jeunes dans des pays où Colas est implanté, c’est dans cette direction que Colas oriente depuis 2011 les actions de mécénat de solidarité conduites dans le cadre de Colas Life.

    Ce programme baptisé En route pour l’école est mené en par-tenariat avec l’Association GoodPlanet, créée en 2005 par le photographe et réalisateur Yann Arthus-Bertrand. GoodPlanet sélectionne, présente et suit de près les projets soutenus. Sur le terrain, chaque action est menée en lien avec des acteurs huma-nitaires locaux. Originalité de la démarche de Colas : des colla-borateurs accompagnés par leur enfant adolescent parrainent et participent à la mission.

    En France, selon le baromètre Admical-CSA de 2014, avec plus d’un milliard d’euros en 2013 et 38 % des dépenses, l’ac-tion sociale représente le budget le plus important, et de loin, du mécénat d’entreprise, devant la santé (16 % des budgets, 448 M€), la culture (13 %, 364 M€) et l’éducation (5 %, 140 M€). Tournée vers l’accès à l’école, l’action de Colas se situe donc à la croisée des approches sociales et éducatives. Dans ce champ philanthropique, elle se caractérise par :

    • la focalisation sur l’enseignement primaire,

    • la dimension internationale des actions,

    • l’implication forte de collaborateurs.

    Six missions ont déjà été menées dans six pays différents, dans lesquels Colas exerce ses activités : la Croatie, les États-Unis, le Maroc, la France, le Togo et le Vietnam. Un exemple ? La construction en 2012 d’une école maternelle et primaire au Maroc, à Tiriguioute, une commune de 2 000 habitants située à 40 km de Ouarzazate. Le projet visait à reconstruire une école afin d’améliorer les conditions de scolarisation de 180 enfants. Objec-tif atteint, puisque les températures en classe sont passées de 40°C en été à 32°C et de 0°C en hiver à 15°C et que la fréquenta-tion de l’école est en hausse. Autre exemple, qui a pu surprendre : l’aide aux enfants de Detroit (Michigan), cette métropole améri-caine ravagée par la désindustrialisation et en faillite depuis 2013.

    En route pour l’école au Togo :

    Colas soutient le centre Kekeli

    de Lomé, qui aide les enfants

    travailleurs du marché d’Hanoukopé

    à retrouver le chemin de l’école.

    En route pour l’école en Croatie :

    Colas apporte son soutien à deux ONG

    participant à la reconstruction

    économique d’après-guerre.

    Tournée vers l’accès à l’école, l’action de Colas se situe à la croisée des approches sociales et éducatives.

    44 COLAS LIFE

  • COLAS LIFE 45

  • L’un des traits les plus marquants de la stratégie de Colas réside ici dans l’implication forte d’un collaborateur volontaire et de son enfant. « Deux aspects d’En route pour l’école m’ont convaincu dès le départ : la possibilité de participer avec ma fille et le fait d’être affranchi des problèmes administratifs et financiers de l’opération, fait remarquer Yves Bounéou, directeur à Marseille de l’agence Aximum Midi-Méditerranée (Colas). J’avais besoin d’apporter quelque chose aux autres et souhaitais partager cela avec ma fille, seize ans à l’époque. Je voulais aussi lui mon-trer que, chez Colas, on ne parle pas que de chantiers. Il se trouve que l’expérience a dû être fondatrice, car ma fille s’oriente aujourd’hui vers un métier d’aide aux personnes... »

    Cette immersion d’un collaborateur pendant une semaine permet aussi à Colas de mieux suivre ce qui se passe sur le terrain. « Cette démarche procure deux retours différents sur la mission – celui de l’ONG partenaire, celui du parrain. Et sur-tout, elle favorise le suivi et la pérennité des projets », explique Sophie Sadeler.

    Ainsi, deux ans après son séjour, Yves Bounéou est toujours en contact avec les enfants de Tiriguioute et les responsables locaux, villageois, enseignants, architecte : « Je suis retourné deux fois à Tiriguioute et j’espère m’y rendre de nouveau au printemps 2015. Pour continuer sur la lancée, après la construction du bâti-ment et mon retour en France, j’ai adhéré avec ma famille à l’as-sociation créée au sein de la nouvelle école. Nous préparons aujourd’hui la livraison d’ordinateurs et travaillons au financement de cours d’informatique. On envisage aussi un programme d’al-phabétisation pour les parents. »

    Le suivi n’est pas toujours facile à mettre en pratique. Pour le parrain revenu chez lui, il faut parfois “s’accrocher”. « Au Maroc, avec la distance, ces projets deviennent compliqués, les autorisations ministé-rielles sont longues. On rencontre aussi des problèmes de compréhension avec les acteurs locaux », regrette Yves Bou-néou. Pour échanger idées et encoura-gements sur l’évolution des missions et du programme en général, les parrains gardent le contact entre eux. C’est notamment le cas entre Yves Bounéou et Jean-Pierre Demollière (responsable Bureau d’Études Ouest Hérault au sein de Colas Midi-Méditerranée), parrains respectifs des initiatives au Maroc et au Togo. « Les suggestions des parrains et de nos collaborateurs en général nous aident à faire évoluer En Route pour l’école et à envisager d’éventuelles nouvelles opérations », confirme de son côté Sophie Sadeler.

    En route pour l’école au Togo

    (Ci-contre et à droite).

    “ J’avais besoin d’apporter quelque chose aux autres et souhaitais partager cela avec ma fille. ”

    En route pour l’école au Maroc :

    Colas a entrepris la construction

    d’une école bioclimatique dans le douar

    de Tiriguioute, en partenariat

    avec GoodPlanet.

    46 COLAS LIFE

  • COLAS LIFE 47

  • Cette volonté des parrains de prolonger la mission entreprise s’appuie à la fois sur les liens étroits noués avec les personnes aidées et sur l’authenticité de la démarche. Ce fut le cas notam-ment à Tiriguioute pour Yves Bournéou qui a été sensible au fait que les bâtiments ont été construits en adéquation avec le savoir-faire et les moyens locaux. Colas Maroc, GoodPlanet et l’archi-tecte Virginie Pauchet – spécialiste de la construction en terre crue – s’étaient dès le départ mis d’accord pour n’utiliser que des matériaux de la région et travailler avec des maçons maalems, les seuls à maîtriser encore cette technique ancestrale. « La terre crue a été abandonnée dans les années 1960. Il fallait donc à la fois faire venir sur place les rares artisans disponibles et former en même temps de jeunes maçons, pour que les bâtiments puissent être entretenus correctement », se souvient Yves Bounéou, séduit par l’exigence de la démarche, qui a permis de créer pour le vil-lage marocain des emplois qualifiés, de réaliser des économies (un bâtiment a pu être ajouté) et, pour les habitants, de s’appro-prier plus vite la nouvelle école.

    Cet ancrage dans la réalité du territoire est étayé par un autre exemple, aux États-Unis, à Detroit. Dans cette ancienne capitale de l’automobile, aux allures fantomatiques (moins de 700 000 habitants en 2013 contre 1,5 million en 1970), Colas et GoodPla-net sont associés au Detroit Partnership, un mouvement d’en-traide créé par les étudiants de l’université du Michigan. Des centaines d’étudiants bénévoles sont engagés dans des actions de soutien scolaire pour les enfants des quartiers appauvris, de maintien d’écoles menacées de fermeture, d’aide administrative pour les sans-abri, etc.

    Mais l’effort collectif le plus spectaculaire est sans conteste le Detroit Partnership Day (DP Day). Une fois par an, 1 500 étudiants s’emploient à nettoyer les quartiers, collecter des vêtements, rénover des salles de classes, sécuriser les maisons aban-données. Cette mobilisation contribue à sécuriser l’itinéraire des enfants on the way to school, d’où son insertion dans le programme En route pour l’école.

    “ Faire venir sur place les rares artisans disponibles et former en même temps de jeunes maçons. ”

    48 COLAS LIFE

  • En route pour l’école au Vietnam : Colas a aidé le projet « Child Friendly Communities and Districts », centré sur les droits de l’enfant.

    Lors du DP Day, l’action bien concrète de Colas prend la forme de l’engagement énergique des salariés de Barrett Paving Materials, l’une des filiales nord-américaines. Ainsi, en 2014, 45 d’entre eux ont sécurisé une vingtaine de maisons (examen rapide des constructions les plus fragilisées, obturation des ouvertures par de larges plaques en bois, évacuation des produits dangereux ou inflammables, nettoyage...). Cette aide est d’au-tant plus précieuse qu’elle est effectuée par des professionnels, ce qui contribue à rassurer le Detroit Partnership. « Dans les maisons abandonnées, nous évitons de faire entrer des bénévoles inexpérimentés. Nous sommes donc très heureux de bénéficier d’équipes professionnelles pour condamner les maisons », se féli-cite Tiffany Tononi, membre du programme Urban Neighborhood Initiative. Une mission qui satisfait aussi les équipes de la filiale. « L’implication sur le terrain de nos collaborateurs les sensi-bilise aux problèmes rencontrés par cette ville et, en rendant service aux gens, on renforce les liens entre les collaborateurs », se réjouit John Krispin, directeur régional de Barrett Paving Materials (Colas).

    L’initiative a en outre surpris certains collaborateurs de Colas. En témoigne par exemple la réaction première de Samantha, à l’époque collaboratrice de Colas Ltd et marraine de l’opération :

    « Ma surprise fut très grande lorsque j’ai appris la destination de la mission, Detroit, car j’ai toujours eu l’impression que les États-Unis étaient un pays très privilégié. Rien ne me laissait présager ce que j’ai découvert là-bas. » Sophie Sadeler sou-ligne : « Ce partenariat nous rappelle avant tout que la solidarité n’est pas seulement un processus Nord-Sud entre pays riches et pays pauvres. La précarité touche aussi les pays développés. »

    “ En rendant service aux gens, on renforce les liens entre les collaborateurs. ”

    En route pour l’école en France : soutien à l’association l’École à l’Hôpital, pour que les enfants malades puissent poursuivre leur scolarité.

    En route pour l’école en Croatie.

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  • En route pour l’école en France.

    En route pour l’école aux États-Unis : mobilisation de 45 collaborateurs pour la 15e édition du Detroit Partnership Day.

    “ La solidarité n’est pas seulement un processus Nord-Sud. ”

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  • LE MÉCÉNAT DE COLAS VA AU-DELÀ

    D’UNE SIMPLE AIDE FINANCIÈRE

    La relation avec l’association francilienne L’École à l’Hôpital en fournit un bon exemple. Cette struc-ture créée en 1929 à Paris permet aux jeunes malades hospitalisés de continuer à recevoir un enseignement scolaire, en fonction de leurs pos-sibilités et de leurs besoins, sous la forme de cours individuels, dispensés le plus souvent par des enseignants ou retraités béné-voles de l’Éducation nationale et réali-sés en coordination avec les équipes médicales.

    Colas est partenaire f inancier de L’École à l ’Hôpital depuis 2012. Au-delà de cet engagement, Colas a fourni à l’association plusieurs films rassemblant des témoignages des enseignants, du personnel médical, des malades et de leurs proches. « Ces films que nous n’aurions pas pu produire nous-mêmes se sont révé-lés une aide précieuse pour nous faire connaître et, surtout, nous ont permis de trouver de nouveaux par-tenaires financiers. Il y a eu un effet boule de neige, démultiplicateur », explique Joséphine Piat, directrice de l’association.

    L’École à l’Hôpital est également au programme de la Course des héros, à laquelle participent de nombreux collaborateurs de Colas, lesquels s’engagent à collecter 250 euros pour obtenir un dossard.

    Plusieurs milliers d’euros ont ainsi été versés à l’association cette année, ce qui là aussi étend la portée de l’accord de mécénat ini-t ial. « Colas n’est pas un guichet payeur, i l es t poss ib le de nouer avec ce t te en t re -prise un lien professionnel, réactif, constructif » résume Joséphine Piat.

    COLAS LIFE 51

  • Crédits photos :E. Attard-ADHP – Agence Rouge – J. Bertrand – JP. Delagarde – Drive Productions – Fondation Colas – Fotolia –  R. Haughton – Lucie & Simon – Ch. Milet – A. Poupel – J. Quimby – L. Reiniger – F. Rhodes – P. Thébault – F. Vernhet –  L. Ziegler

    Été 2015

    Merci à…

    Béatrice Abeille-Robin

    Saïd Atif et sa fille Majda

    Yves Bounéou et sa fille Léa

    Pascale Cayla

    Philippe Claverie

    Philippe Cognée

    Samantha Day et sa fille Gabrielle

    Jean-Pierre Demollière et son fils Quentin

    Xavier Fenaux

    Annie Foulquier et sa fille Laura

    Serena Gavazzi

    Hugues Gendry

    Véronique Jaquet

    John Krispin

    Marie Lasserre Cha

    Ludivine Malacan

    Joséphine Piat

    Philippe Piguet

    Nadine Pluvieux

    Jean-Xavier Renaud

    Nathalie Riché

    Pascal Riu

    Todd Strynadka et sa fille Rachel

    Rédaction : Jean-Philippe Pié

    Conception et réalisation :

    Imprimé sur papier INUIT ultra blanc glacier, certifié FSC, par ABELIA, imprimerie labellisée Imprim’Vert

    52 MÉCÉNAT COLAS

  • Direction de la Communication 7, place René–Clair 92653 Boulogne–Billancourt Cedex – FranceTél. : 00 33 1 47 61 75 00e–mail : [email protected] www.colas.com