12
Colloque “Microstructure et Propri´ et´ es des Mat´ eriaux” ENPC, 17 et 18 mars 2005 MECANIQUE DES ROCHES EN GEOLOGIE : DES PROCESSUS MICROSCOPIQUES AU COMPORTEMENT MACROSCOPIQUE Yves Gu´ eguen & J´ erˆ ome Fortin ´ Ecole Normale Sup´ erieure Laboratoire de g´ eologie 24 rue Lhomond, 75005 Paris [email protected] esum´ e: Le domaine couvert par la M´ ecanique des Roches en G´ eologie s’´ etend sur des ´ echelles spatiales et temporelles qui ne sont pas usuelles. Par suite, la confrontation des donn´ ees exp´ erimentales de laboratoire et des donn´ ees acquises in situ requiert des extrapolations importantes, qui elles mˆ emes ne peuvent tenir que si les microm´ ecanismes sont bien identifi´ es. Le passage micro-macro est donc un ingr´ edient important des approches utilis´ ees. L’exemple de l’endommagement sans ou avec compaction montre comment ce passage peut ˆ etre fait dans un cas int´ eressant. Dans le cas d’une roche compacte (granite), l’endommagement est directement reli´ e` a la fissuration, quantifi´ ee via 2 tenseurs appropri´ es. Les mesures des vitesses des ondes ´ elastiques donnent acc` es ` a ces quantit´ es. Lorsqu’il y a compaction (gr` es), la r´ eduction de porosit´ e s’accompagne d’une localisation en bandes de compaction, mais la fissuration reste un microm´ ecanisme essentiel. Mots-clefs : dilatance, compaction, endommagement 1 Introduction La M´ ecanique des roches intervient en G´ eologie pour tenter d’apporter des r´ eponses ou tout au moins des ´ el´ ements de r´ eponse ` a des questions aussi diff´ erentes que le fonctionnement des failles, la subsidence des r´ eservoirs d’hydrocarbures, ou le d´ ecryptage des structures de eformation enregistr´ ees par les roches aujourd’hui ` a l’affleurement. Dans le premier cas, les objets concern´ es peuvent avoir une extension horizontale tr` es importante, jusqu’au millier de kms comme le montrent les tr` es grands s´ eismes, tel celui de Sumatra survenu fin 2005, avec une extension verticale de quelques dizaines de kms au plus. Dans le second cas, les r´ eservoirs d’hydrocarbures mettent en jeu des structures de l’ordre de la dizaine ` a la centaine de kms hori- zontalement et moins de dix kms verticalement. A l’affleurement enfin, les observations peuvent appr´ ehender directement mais en surface des structures de quelques kms au cm. La diversit´ e pr´ ec´ edente est marqu´ ee d’une sp´ ecificit´ e importante en G´ eologie et G´ eophysique : les ´ echelles d’espace et de temps en jeu sont toujours ´ eloign´ ees de nos r´ ef´ erences quotidiennes. Compte tenu de ce que les exp´ eriences de laboratoire sont restreintes ` a des dimensions et dur´ ees plus petites, le passage du laboratoire aux ph´ enom` enes naturels requiert une extrapolation de plusieurs ordres de grandeur, couramment 5 ` a 10. Le d´ efi ` a relever est ` a la mesure de cet ´ ecart. Il impose de bien identifier et comprendre les processus microscopiques. L’exemple examin´ e dans cet article est celui de la compaction des roches r´ eservoirs. L’enjeu est ´ evident mais la compr´ ehension des ph´ enom` enes observ´ es l’est moins. Des exp´ eriences r´ ecentes permettent d’´ eclairer la compaction des roches r´ eservoirs ` a la lumi` ere de ce qui est connu en porom´ ecanique. Dans le but d’appr´ ehender les microm´ ecanismes, il s’av` ere tr` es utile de suivre avant et pendant la compaction l’endommagement du ` a la fissuration. Les vitesses des ondes ´ elastiques ´ etant extrˆ emement sensibles ` a la fissuration, leur mesure est utilis´ ee pour quantifier celle-ci. Une ´ etape pr´ eliminaire d´ ecrite ci-dessous consiste ` a analyser l’endommagement par fis- suration de roches non poreuses. Cette ´ etape franchie, il est ensuite possible d’analyser le com- 1

MECANIQUE DES ROCHES EN GEOLOGIE : DES PROCESSUS ... · La Mecanique des roches intervient en G´ eologie pour tenter d’apporter des r´ eponses ou´ tout au moins des el´ ements

  • Upload
    others

  • View
    3

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: MECANIQUE DES ROCHES EN GEOLOGIE : DES PROCESSUS ... · La Mecanique des roches intervient en G´ eologie pour tenter d’apporter des r´ eponses ou´ tout au moins des el´ ements

Colloque “Microstructure et Proprietes des Materiaux” ENPC, 17 et 18 mars 2005

MECANIQUE DES ROCHES EN GEOLOGIE : DES PROCESSUSMICROSCOPIQUES AU COMPORTEMENT MACROSCOPIQUE

Yves Gueguen & Jerome Fortin

Ecole Normale SuperieureLaboratoire de geologie

24 rue Lhomond, 75005 [email protected]

Resume :

Le domaine couvert par la Mecanique des Roches en Geologie s’etend sur desechelles spatiales et temporelles quine sont pas usuelles. Par suite, la confrontation des donnees experimentales de laboratoire et des donnees acquisesin situ requiert des extrapolations importantes, qui ellesmemes ne peuvent tenir que si les micromecanismes sontbien identifies. Le passage micro-macro est donc un ingredient important des approches utilisees. L’exemple del’endommagement sans ou avec compaction montre comment ce passage peutetre fait dans un cas interessant.Dans le cas d’une roche compacte (granite), l’endommagement est directement relie a la fissuration, quantifiee via2 tenseurs appropries. Les mesures des vitesses des ondeselastiques donnent accesa ces quantites. Lorsqu’il y acompaction (gres), la reduction de porosite s’accompagne d’une localisation en bandes de compaction,mais lafissuration reste un micromecanisme essentiel.

Mots-clefs : dilatance, compaction, endommagement

1 Introduction

La Mecanique des roches intervient en Geologie pour tenter d’apporter des reponses outout au moins deselements de reponsea des questions aussi differentes que le fonctionnementdes failles, la subsidence des reservoirs d’hydrocarbures, ou le decryptage des structures dedeformation enregistrees par les roches aujourd’huia l’affleurement. Dans le premier cas, lesobjets concernes peuvent avoir une extension horizontale tres importante, jusqu’au millier dekms comme le montrent les tres grands seismes, tel celui de Sumatra survenu fin 2005, avecune extension verticale de quelques dizaines de kms au plus.Dans le second cas, les reservoirsd’hydrocarbures mettent en jeu des structures de l’ordre dela dizainea la centaine de kms hori-zontalement et moins de dix kms verticalement. A l’affleurement enfin, les observations peuventapprehender directement mais en surface des structures de quelques kms au cm.La diversite precedente est marquee d’une specificite importante en Geologie et Geophysique :lesechelles d’espace et de temps en jeu sont toujourseloignees de nos references quotidiennes.Compte tenu de ce que les experiences de laboratoire sont restreintesa des dimensions et dureesplus petites, le passage du laboratoire aux phenomenes naturels requiert une extrapolation deplusieurs ordres de grandeur, couramment 5a 10. Le defi a relever esta la mesure de cetecart.Il impose de bien identifier et comprendre les processus microscopiques.L’exemple examine dans cet article est celui de la compaction des roches reservoirs. L’enjeu estevident mais la comprehension des phenomenes observes l’est moins. Des experiences recentespermettent d’eclairer la compaction des roches reservoirsa la lumiere de ce qui est connu enporomecanique. Dans le but d’apprehender les micromecanismes, il s’avere tres utile de suivreavant et pendant la compaction l’endommagement dua la fissuration. Les vitesses des ondeselastiquesetant extremement sensiblesa la fissuration, leur mesure est utilisee pour quantifiercelle-ci. Uneetape preliminaire decrite ci-dessous consistea analyser l’endommagement par fis-suration de roches non poreuses. Cetteetape franchie, il est ensuite possible d’analyser le com-

1

Page 2: MECANIQUE DES ROCHES EN GEOLOGIE : DES PROCESSUS ... · La Mecanique des roches intervient en G´ eologie pour tenter d’apporter des r´ eponses ou´ tout au moins des el´ ements

Colloque “Microstructure et Proprietes des Materiaux” ENPC, 17 et 18 mars 2005

portement des roches poreuses et de separer les contributions de dilatance, lieea la fissuration,et de compaction, lieea l’effondrement des pores. L’analyse quantitative des micromecanismespermet de definir le domaine de conditions pour lesquelles peutetre observe ce comportement.De plus, le suivi des vitesses des ondeselastiques fournit un moyen potentiellement interessantpour le monitoring geophysique d’un reservoir.

2 Endommagement sans compaction : le cas du granite

Le granite est ici un cas de reference. Dans des conditions de deformation sous pressionde confinement et en presence d’un deviateur des contraintes, la deformation inelastique estal’ echelle microscopique due au developpement de fissures. C’est donc une deformation dila-tante. Lorsque la roche est suffisamment fissuree pour que du fluide puisse y percoler, il est pos-sible aussi de suivre le comportement d’un granite fissure sature de fluide. Apres developpementd’un endommagement important, une localisation de la deformation conduita la rupture del’ echantillon.La fissuration de la roche s’accompagne d’une anisotropieelastique et d’une decroissance desconstanteselastiques. Ces effets sont directement responsables de l’anisotropie des vitesses desondeselastiques et de la diminution de leurs valeurs. Ils sont mesurables en laboratoire aumoyen de capteurs piezoelectriques.

2.1 Perturbation duea une fissure isolee

En supposant pour simplifier que la roche de depart est compacte et isotrope, ce qui esten fait une bonne approximation, que ses caracteristiqueselastiques peuventetre definies parles 2 constantesE, module d’Young, etν, coefficient de Poisson, il est possible de relier lesconstanteselastiquesa la densite de fissuration. Pour ce faire, examinons d’abord le cas d’unefissure isolee.Suivant ici Kachanov (1993) [3], on peut exprimer la deformation additionnelle duea une fissureen fonction du tenseur de deformabilite d’une fissure. Le champ de contrainte dua une ondeelastique cree une deformation additionnelle qui n’existerait pas en l’absence de fissure. Dansle cas ideal envisage, la deformation est reversible car il n’y a ni friction ni propagation de lafissure. L’existence de cette deformation duea la fissure signifie que les moduleselastiques sontplus faibles ou encore les deformabilites plus grandes. La discontinuite de deplacement de partet d’autre d’une fissure supposee plane est

b=→

u1 −→

u2 (1)

avec→

u1 vecteur deplacement d’un point sur la premiere face de la fissure, et→

u2 celui d’unpoint sur la seconde face. D’ou pour la deformation additionnelle duea une fissure de surfaceS dans un volumeV

δǫij =1

2V(<bi> nj+ <bj> ni)S (2)

avec→

n normale unitairea la fissure et→

<b> discontinuite de deplacement moyennee surla surface de la fissure. Suivant Kachanov (1993) [3], nous introduisons le tenseur symetriqued’ordre 2 ou tenseur de deformabilite, Bij qui relie le vecteur discontinuite de deplacement

<bi> au vecteur traction→

t applique sur les faces de la fissure

< bi >= Biptp (3)

2

Page 3: MECANIQUE DES ROCHES EN GEOLOGIE : DES PROCESSUS ... · La Mecanique des roches intervient en G´ eologie pour tenter d’apporter des r´ eponses ou´ tout au moins des el´ ements

Colloque “Microstructure et Proprietes des Materiaux” ENPC, 17 et 18 mars 2005

Le tenseurBip est connu pour des fissures circulaires (et elliptiques) dans le cas 3D. Utilisantalorstp = σpqnq, on obtient :δǫij = 1

2V(Bipσpqnqnj + Bjpσpqnqni)S, ou encore

δSijkl =S

4V(Biknlnj + Bilnknj + Bjknlni + Bjlnkni) (4)

Le tenseur de deformabilite peutetre exprime en termes d’une composante normale,BN ,et d’une composante de cisaillement ,BT , [10]. Pour des fissures planes circulaires de rayonc,avecE module d’Young etν coefficient de Poisson , on a

Bij = BNninj + BT (δij − ninj) (5)

avec

BT =32(1 − ν2)c

3πE(2 − ν)(6)

et

BN

BT

= (1 −

ν

2) (7)

pour des fissures seches, et

BN

BT

= (1 −

ν

2)

δ

1 + δ(8)

pour des fissures saturees.Le parametreδ caracterise le couplage entre contraintes et pression de fluide

δ = β−1 Eζ

Kf

(9)

avecKf module d’incompressibilite du fluide,ζ facteur de forme de la fissure (ζ = wc

ou

w est l’ouverture de la fissure), etβ est un facteur numerique tel queβ = 16(1−ν2)3π

. L’ordre degrandeur deδ est donne par le rapport entre 2 moduleselastiques :Eζ , etKf . Le premier esten quelque sorte le module qui caracterise l’incompressibilite de la fissure et estegal au moduled’Young de la matrice reduit d’un facteur dua l’aplatissement de la fissure : une fissure resistemal en compression. Le second est le module du fluide : s’il esteleve, comme dans le cas d’unliquide, δ sera tres faible alors que s’il est faible (cas d’un gaz),δ seraeleve. Dans ce derniercas, l’equation 8 est identiquea 7, comme on l’attend.

2.2 Perturbation duea une population de fissures

A ce stade, l’etape fondamentale suivante consistea passer d’une fissure isoleea une popu-lation de fissures. Les resultats de Sayers et Kachanov (1995) [10] et Schubnel et al.(2003) [12]montrent que l’approximation simple d’ignorer les interactions est tres satisfaisante, au dela dece qui pourrait intuitivementetre attendu. La raison en est que les interactions entre fissures secompensent tres largement. Les effets d’amplification dus aux extremites de fissure et des effetsd’ecrans dus aux champs de contrainte au dessus et en dessous des fissures se neutralisent sitoutefois les centres des fissures sont repartis aleatoirement. La situation est alors celle d’unmilieu effectif traite selon le schema de Mori-Tanaka, c’esta dire d’un milieu contenant des fis-sures placees dans un champ effectif obtenu par une moyenne volumique.Dans ce cas le champ

3

Page 4: MECANIQUE DES ROCHES EN GEOLOGIE : DES PROCESSUS ... · La Mecanique des roches intervient en G´ eologie pour tenter d’apporter des r´ eponses ou´ tout au moins des el´ ements

Colloque “Microstructure et Proprietes des Materiaux” ENPC, 17 et 18 mars 2005

effectif est le champ non perturbe, ce qui revienta dire que les interactions se compensent.Considerant une distribution aleatoires deN fissures circulaires (de rayonc) par unite de vo-lume,on obtient

δSijkl = πNc2 [BT

4< (δiknjnl + δilnjnk + δjkninl + δjlnink) > +(BN −BT ) < ninjnknl >]

(10)En definissant le parametreh , proche en valeur deE/5, et tel que

h =3E(2 − ν)

32(1 − ν2)(11)

l’ equation 10 devient

δSijkl =Nc3

h[1

4< (δiknjnl+δilnjnk+δjkninl+δjlnink) > +

(

(1 −

ν

2)

δ

1 + δ− 1

)

< ninjnknl >]

(12)Suivant Sayers and Kachanov (1995) [3] et Schubnel et al (2003) [12], nous definissons le

tenseurα∗

ij = Nc3 < ninj > qui est le tenseur de densite de fissures, tel quetrα∗ = α∗

kk = Nc3.Ce dernier terme est un parametre cle pour la connectivite des fissures [2]. Notons que le tenseurdensite de fissures n’est pas introduit ici de facon ad hoc, mais resulte tout naturellement dumodele developpe. Introduisons aussi un tenseur de rang 4β∗

ijkl = Nc3(BN

BT

− 1) < ninjnknl >

soit β∗

ijkl = Nc3[(1 −ν2) δ

1+δ− 1] < ninjnknl >. Ces tenseurs representent repectivement les

moments du 2nd et 4eme ordre de la distribution des orientations des normales des fissures.Nous noterons

α∗

ij = (trα∗) < ninj > (13)

β∗

ijkl = [(1 −

ν

2)

δ

1 + δ− 1](trα∗) < ninjnknl > (14)

L’expression des deformabilites additionnelles dues aux fissures est

δSijkl =1

h[1

4(δikα

jl + δilα∗

jk + δjkα∗

il + δjlα∗

ik) + β∗

ijkl] (15)

2.3 Determination du tenseur de fissurationa partir des vitesses des ondeselastiques

Nous adoptons comme modele d’anisotropie celui d’un milieu transversalement isotrope. Enrealite, il est tres difficile et probablement peu utile d’avoir recoursa un modele plus complexe.La symetrie transverse isotrope corresponda 5 constanteselastiques, alors qu’au dela, il estnecessaire d’utiliser 9 constantes elastiques (symetrie orthorhombique). Les definitions des 2tenseursα∗ etβ∗, ainsi que la relation2δS1212 = (δS1111 − δS1122) imposee par le choix d’unesymetrie isotrope transverse (Nye, 1979), conduit aux relations suivantes

δS1111 = δS2222 =1

h(α∗

11 + β∗

1111)

δS3333 =1

h(α∗

33 + β∗

3333)

4

Page 5: MECANIQUE DES ROCHES EN GEOLOGIE : DES PROCESSUS ... · La Mecanique des roches intervient en G´ eologie pour tenter d’apporter des r´ eponses ou´ tout au moins des el´ ements

Colloque “Microstructure et Proprietes des Materiaux” ENPC, 17 et 18 mars 2005

δS1212 =1

h(α∗

11

2+

β∗

1111

3)

δS2323 = δS3131 =1

h(α∗

11 + α∗

33

4+ β∗

1133)

δS1122 =1

h(β∗

1111

3)

δS2233 = δS3311 =1

hβ∗

1133 (16)

L’ensemble desequations 9, 11, 13, 14, 16, permet de calculer les constantes elastiques dela roche fissuree, et par suite les vitesses des ondeselastiques en fonction des 3 parametreselastiques de la roche intacte et du fluide :ν, E,Kf , d’un parametre microstructuralζ, et des 2tenseursα∗ andβ∗. Les 5 constanteselastiques de la symetrie isotrope transverse correspondentaux 5 composantesα∗

11, α∗

33, β∗

1111, β∗

3333, β∗

1133 . Ces 5 derniers termes ne dependent que de ladistribution des orientations de fissures. Il est donc possible de quantifier l’anisotropieelastiquesi la distribution des orientations de fissures est connue. Inversement, il est possible d’extraire ladistribution des orientations de fissures des mesures de vitesses des ondeselastiques . Enfin, lamise enevidence d’un milieu sec ou sature est possible puisque dans le premier casKf = 0 etδ → ∞ , alors que dans le secondKf >> 0, etδ ≈ 0. Ces deux cas correspondenta 2 valeursdu tenseurβ∗

β∗

ijkl = −γ trα∗ < ninjnknl > avecγ =ν

2, (sec), ou γ = 1, (sature) (17)

Ce modele peutetre applique a des mesures experimentales obtenues sur un granite sature(Schubnel et al, 2003 [12]). Pour un milieu sature, γ = 1, et les composantes deβ∗ ne sontpas negligeables, ce qu’elles seraient en milieu sec puisque le termeν/2 vaut environ 0,1, etque par consequent toutes les composantes deβ∗ sont alors 10 fois moinselevees que dans lecas sature. La figure 1 montre les resultats de Schubnel et al (2003) [12] dans le cas du granited’Oshima.

3 Endommagement avec compaction : le cas du gres

Les resultats obtenus sur les gres depuis une dizaine d’annees ont permis de mettre enevidence le comportement mecanique lors d’experiences de deformation avec ou sans deviateurdes contraintes. La compaction isotrope, ou assistee par un deviateur apparaıt au dela d’unepression seuil qui depend du deviateur [16]. L’apparition de bandes de compaction aete in-terpretee comme une localisation par bifurcation selon le modele de Rudnicki et Rice (1975)[9].Plus recemment, l’etude de ces phenomenes en utilisant les methodes presentees plus haut pourle cas simple des granites a conduita mettre enevidence les 2 processus simultanes de dila-tance (par fissuration) et de compaction (par effondrement des pores), le secondetant d’ailleurspermis par le premier [1].

3.1 Comportement du gres sous contrainte isotrope

Les gres poreux presentent lors d’un essai de compression isotrope un comportement parti-culier. Un exemple est donne en figure 2a, qui presente l’evolution de la variation de volume enfonction de la pression de confinement. Pour un gres des Vosges (Bleurswiller,25% de porosite),il est possible de distinguer deux domaines bien distincts :pour des pressions de confinementeffectives inferieuresa une certaine valeur noteeP ∗, la compaction de la roche estelastique.A partir d’une certaine pression,P ∗, la variation de volume (compaction) est plus grande que

5

Page 6: MECANIQUE DES ROCHES EN GEOLOGIE : DES PROCESSUS ... · La Mecanique des roches intervient en G´ eologie pour tenter d’apporter des r´ eponses ou´ tout au moins des el´ ements

Colloque “Microstructure et Proprietes des Materiaux” ENPC, 17 et 18 mars 2005

c) Vitesses des ondes élastiques SH

a) Vitesses des ondes élastiques P b) Vitesses des ondes élastiques SV

***

**

c'

Contrainte effective moyenne P' (MPa)

d) Densités de fissures

Contrainte effective moyenne P' (MPa)

Contrainte effective moyenne P' (MPa)

Contrainte effective moyenne P' (MPa)

Vit

esse

(K

m/s

) V

ites

se (

Km

/s)

Vit

esse

(K

m/s

) D

ensi

tés

de

fiss

ure

s norm

alis

ées

barre d'erreur barre d'erreur

barre d'erreur

*

FIG. 1 – Deformation du granite d’Oshima sous30 MPa de pression de confinement (essaisature) (a), (b) et (c)evolution des vitesseselastiquesP , SV , etSH en fonction de la contraintemoyenne effective, (d)evolution des composantesβ∗

ijkl et α∗

ij en fonction de la contraintemoyenne effective

dans la zoneelastique, ce qui signifie que la microstructure commencea evoluer pour reduire saporosite. La pressionP ∗ correspond donca une pression de debut d’effondrement de structure,elle est associeea une pression d’effondrement des pores eta une fracture des joints de grainset des grains eux-memes [6]. La valeur deP ∗ joue un role important dans la compaction desreservoirs, la valeur de cette pression depend de la nature de la roche, et de la porosite : plus laporosite est importante, plus la valeurP ∗ diminue [17]. Le comportement des vitessesP et Spendant la compaction du gres sous chargement isotrope est donne en figure 2b et 2c. Les vi-tesses sont donnees en fonction de la contrainte moyenne effective. A partirdes resultats, il estpossible de subdiviser le domaineelastique de la roche (pression inferieureaP ∗) en deux sous-domaines : pour des pressions inferieuresaA1, les vitessesP etS augmentent, cela ne peutetreinterprete que comme une fermeture des fissures preexistantes. Pour des pressions comprisesentreA1 et P ∗, les vitesses sont constantes, ce second domaine correspond donca un regimeintrinseque de la roche ou toutes les fissures preexistantes seraient fermees. Lorsque la pression

6

Page 7: MECANIQUE DES ROCHES EN GEOLOGIE : DES PROCESSUS ... · La Mecanique des roches intervient en G´ eologie pour tenter d’apporter des r´ eponses ou´ tout au moins des el´ ements

Colloque “Microstructure et Proprietes des Materiaux” ENPC, 17 et 18 mars 2005

atteint la pression critique d’effondrement des pores, lesvitesses chutent : ce comportementprouve que les vitesseselastiques sont plus sensiblesa la fissuration des joints de grains et desgrains qu’a la compaction de la roche. Si l’on continuea compresser la roche jusqu’aA2, on at-teint un quatrieme domaine ou les vitesses re-augmentent : en effeta des pressions superieuresaA2, on peut imaginer que l’on commencea fermer ces nouvelles fissures creeesa des pressionsproches de la pression d’effondrement de la structure poreuseP ∗. Cette experience met bien enevidence la competition entre l’effet de la compaction de la roche et de la creation de fissures(dilatance) sur l’evolution des vitesseselastiques.

0

50

100

150

200

250

0 2 4 6 8 10 120

50

100

150

200

250

3200 3400 3600 3800

0

50

100

150

200

250

1600 1800 2000 2200

Vitesse élastique S (m/s)

P*P*P*

(a) (b) (c)

Reduction de porosité (%) Vitesse élastique P (m/s)

4000 2400

A3

A2

A1 A1 A1

A0

A0

A0

A2

A2

A4

A3 A3

A4A4

A5

A5

A5

Pre

ssio

n d

e c

on

fin

em

en

t e

ffe

ctive

P' (

MP

a)

Pre

ssio

n d

e c

on

fin

em

en

t e

ffe

ctive

P' (

MP

a)

Pre

ssio

n d

e c

on

fin

em

en

t e

ffe

ctive

P' (

MP

a)

FIG. 2 – Essai de compression isotrope sur le gres de Bleurswiller (essai sature, porosite initialeΦ = 25%) : (a) evolution de la variation de porosite en fonction de la pression de confine-ment effective, (b) et (c)evolution des vitesseselastiquesP et S en fonction de la pression deconfinement effective

3.2 Comportement du gres sous chargement triaxial

Pour des pressions de confinement inferieuresa 30 MPa le comportement du gresetudieest fragile ; c’esta dire que si la roche se compacte dans un premier tempselastiquement,elle developpe par la suite de la dilatance puis se fracture. Pour des pressions de confinementsuperieuresa 30 MPa, si la roche se compacteelastiquement dans un premier temps, lorsquel’ etat de contrainte atteint un seuil note C∗, la roche ne developpe pas de dilatance mais de lacompaction associeea un effondrement de la structure poreuse et de la fracturation de grains(shear enhanced compaction). La figure 3 resume differents essais tri-axiaux menesa des pres-sions de confinement de50, 70, 90, et 110 MPa : la figure 3a donne l’evolution de la porositeen fonction de la contrainte moyenne, la figure 3b et 3c donnent l’ evolution des vitessesPet S en fonction de la contrainte moyenne. Comme pour l’essai de compression isotrope, onpeut distinguer differents domaines. Lorsque la roche se compacteelastiquement, les vitessesP et S augmentent, ceci est dua la fermeture des fissures preexistantes, puis les vitessesPet S atteignent une valeur constante, ou toutes les fissures preexistantes se retrouvent fermees.Lorsque l’etat de contrainte atteint la contrainteC∗ la structure poreuse s’effondre et la rochese compacte de facon drastique (figure 3a). Pendant cette compaction, les vitesses, comme dansle cas de l’essai sous pression isotrope chutent, ce qui prouvent que lors de ces chargementsla creation de fissures duea la fissuration des grains et des joints de grains est le mecanismepreponderant, qui controle l’evolution des vitesses.

7

Page 8: MECANIQUE DES ROCHES EN GEOLOGIE : DES PROCESSUS ... · La Mecanique des roches intervient en G´ eologie pour tenter d’apporter des r´ eponses ou´ tout au moins des el´ ements

Colloque “Microstructure et Proprietes des Materiaux” ENPC, 17 et 18 mars 2005

0

20

40

60

80

100

120

3000 3200 3400 3600 3800 4000

Vitesse élastique P (m/s)

0

20

40

60

80

100

120

1400 1600 1800 2000 2200 2400

Contr

ain

te m

oyenne e

ffective P

' (M

Pa)

Vitesse élastique S (m/s)

C*

Pc=50 MPa

Pc=70 MPa

Pc=90 MPa

Pc=110 MPa

C*

C*

C*

Pc=50 MPa

Pc=70 MPa

Pc=90 MPa

Pc=110 MPa

Pc=50 MPa

Pc=70 MPa

Pc=90 MPa

Pc=110 MPa

(a) (b) (c)

0

20

40

60

80

100

120

0 1 2 3 4 5 6

Reduction de porosité (%)

Contr

ain

te m

oyenne e

ffective P

' (M

Pa)

Contr

ain

te m

oyenne e

ffective P

' (M

Pa)

FIG. 3 – Essai tri-axiaux pour differentes pressions de confinementPc = 50, 70, 90, et110 MPa (essai sature, gres de Bleurswiller, porosite initiale Φ = 25%) : (a) evolution dela variation de porosite en fonction de la contrainte moyenne effective, (b) et (c)evolution desvitesseselastiquesP etS en fonction de la contrainte moyenne effective

La figure 4 est une serie de photos d’echantillons du meme gres deformes triaxialementa differentes pressions de confinement. Pour des pressions de confinement de12 et 30 MPales photos montrent que la deformation s’est localisee sous forme de bandes de cisaillement.Pour des pressions de confinement superieuresa 30 MPa, la deformation desechantillons estassocieea un effondrement de la structure poreuse (figure 3). Cependant les photos 4 montrentque cette deformation n’est pas homogene, en effet on voit nettement sur ces photos des bandesplus ou moins paralleles entre elles, et perpendiculaires au chargement axial.De telles structuresont ete observees au laboratoire [15], [4], mais aussi sur le terrain [7]. Desetudes microsco-piques montrent qu’a l’interieur des bandes la reduction de porosite peutetre superieurea20%,alors qu’a l’exterieur des bandes la roche est intacte. Ces bandes vont doncetre des barrieresa l’ecoulement des fluides, differentesetudes ([1], [14]) montrent que la permeabilite dans labande est inferieure d’au moins un ordre de grandeur par rapporta la permeabilite de la rocheencaissante. Notons que de telles structures sontegalement observees dans d’autre materiaux,comme les mousses d’aluminium ou les structures en ”nids d’abeilles”.

Pc=12 MPa Pc=30 MPa Pc=50 MPa Pc=70MPa Pc=90MPa (1) (2)

FIG. 4 – Photo desechantillons de gres de Bleurswiller, deformes triaxialementa differentespressions de confinement(Pc). Le diametre initial de l’echantillon (2) est de40 mm et sa lon-gueur initiale de80 mm. (1) est une photo de l’echantillon deforme sous contrainte isotrope

8

Page 9: MECANIQUE DES ROCHES EN GEOLOGIE : DES PROCESSUS ... · La Mecanique des roches intervient en G´ eologie pour tenter d’apporter des r´ eponses ou´ tout au moins des el´ ements

Colloque “Microstructure et Proprietes des Materiaux” ENPC, 17 et 18 mars 2005

Pour pouvoir extrapoler les observations de laboratoire aux simulations de bassins sedimentaires,il faut definir des lois de comportement. La figure 5 definit le domaineelastique de la roche.Pour des pressions de confinement faible, la deformation de la roche est caracterisee par de la di-latance puis par une fracturation, il aete montre par differents auteurs, qu’un tel comportementpouvait se modeliser par un modele de Drucker-Prager. Pour des pressions de confinement pluselevees, lorsque l’on trace l’ensemble des contraintes critiquesC∗ definies precedemment, onmontre que plus la pression de confinement estelevee, plus la contrainte deviatorique pour at-teindre le seuilC∗ est faible. Il est donc possible d’utiliser un modele couramment employeen mecanique des sols : le modele de Cap, qui decrit une ellipse dans un plan contraintedeviatorique en fonction de la contrainte moyenne effective. Il semble cependant, que pourle cas du gresetudie, une simple droite tenda mieux modeliser le domaineelastique pour despressions de confinementelevees qu’une ellipse.

0 20 40 60 80 100 120 1400

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

?

Contrainte moyenne effective (MPa)

Contr

ainte

dév

iato

rique

(MP

a)

Domaine où la roche est

fragile

Domaine où le comportement de la roche

est "ductile" mais associé au developpement

de bandes de compaction

Domaine élastique

FIG. 5 – Domaineelastique de la roche : pour de faibles pressions de confinement l’enveloppeest modelisee par un critere de Drucker-Prager, pour des pressions de confinement plus elevees,l’enveloppe est modelisee par un modele de Cap

3.3 Effets de la fissuration et de la compaction sur les vitesses des ondeselastiques

Le comportement des vitesses des ondeselastiques pendant la compaction du gres est com-plexe car il est affecte par deux mecanismes bien differents. Si l’on imagine que la roche se com-pacte, le nombre de contacts entre les grains augmente et la porosite diminue, par consequent lesvitesses devraient augmenter. Un tel comportement est observe lors d’essai tri-axiaux menes surdesechantillons ideaux constitues de billes de verre. Cependant lorsque la roche se compacte defacon homogene, dans le cas d’un essai hydrostatique, ou sous forme de bandes de compaction,dans le cas des essais tri-axiauxa pressions de confinementelevees, lesetudes microstructu-rales montrent que la compaction s’accompagne d’un effondrement de la structure poreuse etd’une fissuration intense des grains. Lesetudes experimentales sur le granite ont montre que les

9

Page 10: MECANIQUE DES ROCHES EN GEOLOGIE : DES PROCESSUS ... · La Mecanique des roches intervient en G´ eologie pour tenter d’apporter des r´ eponses ou´ tout au moins des el´ ements

Colloque “Microstructure et Proprietes des Materiaux” ENPC, 17 et 18 mars 2005

vitessesetaient tres sensiblesa la fissuration, et diminuaient lors de la creation de fissures.Dans le cas des gres poreux, les vitesses vont avoir tendancea augmenter sous l’effet de la

compaction eta diminuer sous l’effet de la fissuration des grains. De la fissuration granulaire oude la compaction, lequel de ces mecanismes va jouer un role preponderant sur le comportementdes vitesses ? Nos donnees experimentales (figures 2 et 3) montrent que les vitesses diminuentlors de la compaction, ce qui montre que l’effet de la compaction est negligeable devant celuide la fissuration. Ces resultats experimentaux sont concordant avec l’etude de la compaction dugres de Berea effectuee par Scott et al. [13].

Pour essayer de comprendre theoriquement les processus simultanes de dilatance (par fis-suration) et de compaction (par effondrement des pores), onpeut a nouveau se baser sur lestravaux de Kachanov [3]. En l’absence de donnees suffisantes, on ne cherchera pas icia utili-ser un modele anisotrope comme pour les granites. On gardera en premiere approximation unmodele isotrope et onecrit le module d’Young effectifEeff sous la forme suivante :

Eo

Eeff

= 1 + H.Φ (18)

ou Eo est le module d’Young de la matrice solide,Φ la porosite, etH un parametre positifqui dependa la fois des proprietes de la matrice et du fluide, de la geometrie des inclusions etdes interactions entre elles. Ce parametreH a ete calcule par differents auteurs pour differentstypes de geometrie et differentes proprietes de fluide ([3],[5], [8]). En gardanta l’esprit, que laporosite est composee d’une porosite de pores que l’on noteraΦ et d’une porosite de fissures,avecρ densite de fissures, si l’on suppose qu’il n’y a pas d’interactions entre ces deux porositeset que le module d’Young est une fonction bilineaire de la densite de fissures et de la porositede pores, l’equation18 peut-etre reecrite de la facon suivante :

Eo

Eeff

= 1 + H.Φ + l.ρ (19)

ou l est un parametre qui depend de la geometrie des fissures, des proprietes de la matricesolide et du fluide, et des interactions entre fissures. Dans une premiere approximation desparametresH et l, il est possible de se placer dans le cas sec et dans le cas ou les interactionsentre pores et fissures sont negligees. Dans le cas d’une porosite de pores modelisee par desspheres, Kachanov [3] montre que le parametreH vaut 3 si le milieu est sec. Dans le memearticle, Kachanov donne une estimation del pour un milieu sec constitue de fissures elliptiquesdistribuees aleatoirement :

l =16(1 − ν2

o )

9(1 − νo/2)(20)

ou, νo est le coefficient de Poisson de la matrice solide. Pour la plupart des mineraux,0.1 < ν < 0.3, il est donc possible de donner une estimation du parametre l ; l = 2. Cespremieres approximations montrent que finalement les parametresH et l sont du meme ordrede grandeur. Il aete monte par differents auteurs ([10], [11]) que la densite de fissures dans unerocheρ peut atteindre des valeurs proches de l’unite lorsque la roche est proche de la fracture.Or dans le cas des bandes de compaction, les microstructures[1] montrent qu’a l’interieur desbandes, les grains sont intensement fractures, on peut donc supposer qu’au sein des ces bandes,la densite de fissureρ est approximativementegalea l’unite. Les essais tri-axiaux (figure 3) ontsystematiquementete arretes avant que la reduction de porosite Φ atteignent4%, il en decoule

10

Page 11: MECANIQUE DES ROCHES EN GEOLOGIE : DES PROCESSUS ... · La Mecanique des roches intervient en G´ eologie pour tenter d’apporter des r´ eponses ou´ tout au moins des el´ ements

Colloque “Microstructure et Proprietes des Materiaux” ENPC, 17 et 18 mars 2005

que les variations de densite de fissures sont plus importantes que les variations de porosite depore d’au moins un ordre de grandeur. On peut alors reecrire l’equation18 de la facon suivante :

(

Eo

Eeff

)

sature

<

(

Eo

Eeff

)

sec

≈ 1 + 3φ + 2ρ (21)

Cette derniereequation permet d’expliquer que dans le cas d’une competition entre une com-paction de pores et une creation de fissures, le module d’Young effectif de la roche estessen-tiellement controle par la porosite de fissures.

4 Conclusion

Des experiences de laboratoire ont permis d’analyser quantitativement l’endommagementet la compaction de roches (granite et gres). L’interpretation micromecanique en termes defissuration, effondrement des pores, et developpement de bandes de compaction fournit unmodele coherent pour ces comportements. Ceci permet d’examiner l’eventuelle apparition dece type de reponse mecanique pour des roches in situ , dans des conditions diverses. De plusles consequences potentielles sont d’un grand interet : monitoring de la fissuration avant la rup-ture par mesures des vitesses des ondeselastiques, ou encore developpement de barrieres depermeabilite dans le cas de bandes de compaction.

References

[1] J. Fortin, A. Schubnel, and Y. Gueguen. Elastic wave velocities and permeability evolutionduring compaction of bleurswiller sandstone.Rock Mech. Min. Sci. & Geomech., in press,2005.

[2] Y. Gueguen and J. Dienes. Transport properties of rocks from statistics and percolation.Mathematical Geology, 21 :1–13, 1989.

[3] M. Kachanov. Elastic solids with many cracks and relatedproblems.Adv. Appl. Mech.,30 :259–445, 1993.

[4] E. Klein, P. Baud, T. Reuschle, and T.-F. Wong. Mechanical behaviour and failure modeof Bentheim sandstone under triaxial compression.Phys. Chem. Earth, 26 :21–25, 2001.

[5] G. Mavko, T. Mukerji, and J. Dvorkin.The Rock Physics Handbook. Cambridge Univer-sity press, 1998.

[6] B. Menendez, W. Zhu, and T.-F Wong. Micromechanics of brittle faulting and cataclasticflow in berea sandstone.J. Struct. Geol., 18 :1–16, 1996.

[7] P. Mollema and M. Antonellini. Compaction bands : a structural analog for anti-modeIcracks in aeolian sandstone.Tectonophysics, 267 :209–228, 1996.

[8] T. Mukerji and G. Mavko. Pore fluid effects on seismic velocity in anisotropic rock.Geophysics, 59 :233–244, 1998.

[9] J.W. Rudnicki and J.R. Rice. Conditions for the localizationof deformation in pressure-sensitive dilatant materials.J. Mech. Phys. Solids, 23 :371–394, 1975.

11

Page 12: MECANIQUE DES ROCHES EN GEOLOGIE : DES PROCESSUS ... · La Mecanique des roches intervient en G´ eologie pour tenter d’apporter des r´ eponses ou´ tout au moins des el´ ements

Colloque “Microstructure et Proprietes des Materiaux” ENPC, 17 et 18 mars 2005

[10] C.M. Sayers and M. Kachanov. Microcrack induced elasticwave anisotropy of brittlerocks.J. Geophys. Res., 100 :4149–4156, 1995.

[11] A. Schubnel and Y. Gueguen. Dispersion and anisotropy of elastic waves in cracked rocks.J. Geophys. Res., 108, 2003.

[12] A. Schubnel, O. Nishizawa, K. Masuda, X.J. Lei, Z. Xue, and Y. Gueguen. Velocitymeasurements and crack density determination during wet triaxial experiments on oshimaand toki granites.Pire and applied Geophysics, 160 :869–888, 2003.

[13] T.E. Scott, Q. Ma, and J.-C. Roegiers. Acoustic velocity changes during shear enhancedcompaction of sandstone.Rock Mech. Min. Sci. & Geomech., 30 :763–769, 1993.

[14] V. Vajdova, P. Baud, and T.-F. Wong. Permeability evolution during localized deformationin bentheim sandstone, submitted.J. Geophys. Res., 2004.

[15] T.-F. Wong, P. Baud, and E. Klein. Localized failure modes in a compactant porous rock.J. Geophys. Res., 28 :2521–2524, 2001.

[16] T.-F. Wong, C. David, and W. Zhu. The transition from brittle faulting to cataclastic flowin porous sandstone : Mechanical deformation.J. Geophys. Res., 102 :3009–3025, 1997.

[17] J. Zhang, T.-F. Wong, and D.M. Davis. Micromechanics ofpressure induced grain cru-shing in porous rock.J. Geophys. Res., 95 :341–352, 1990.

12