memoire Chamanisme & Musicothérapie

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    Chamanisme & Musicothrapie

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    Sommaire

    Sommaire..................................................................................................................... 1

    Hypothse .................................................................................................................... 2Rsum ........................................................................................................................ 2Introduction.................................................................................................................. 3

    Le Monde Chamanique .......................................................................................... 4

    La Ralit Cache......................................................................................................... 5La musique lors de rituels chamaniques........................................................................ 9Sance de chamanisme chez les Achumawi................................................................ 10Quelques anecdotes .................................................................................................... 15

    Dans le Chant de la Thrapie............................................................................... 19tat de sophrosun...................................................................................................... 20La musique agent secret.............................................................................................. 26Les tats modifis de la conscience au travers de la thrapie psycholitique, daprs lesrecherches de Stanislav Grof ...................................................................................... 30Description des diffrentes Matrices Prinatal Fondamentales .................................... 33Le concept de lISO (identit sonore) selon R. Benenzon............................................ 37

    Ne dit-on pas la mmoire cellulaire ! .......................................................................... 40Le pouvoir de la parole ou le verbe sest fait chair ...................................................... 43

    Dtacher nest pas spar ..................................................................................... 53Chre Ariane .............................................................................................................. 54 Anna lyse et les autres .......................................................................................... 61Tmoignage................................................................................................................ 64La division du sujet and co-tidien ........................................................................ 67

    Si loin si proche ..................................................................................................... 71Le chaman, le thrapeute et le saint-bol musical. ................................................ 72Des tres insaisissables............................................................................................... 76

    conclusion ............................................................................................................... 79

    Remerciements........................................................................................................... 82Bibliographie.............................................................................................................. 83Sources....................................................................................................................... 85Crdits Photographiques............................................................................................ 86Me Contacter.............................................................................................................. 87

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    Hypothse

    Jhypothse que la musique a un rle de mdiateur dans les tats modifis de

    la conscience lors dun rituel chamanique ou dune sance de musicothrapie ?

    Rsum

    Sachant que quotidiennement, nous remettons en scne des situations du

    pass que nous manifestons au travers de nos comportements, parfois

    inadapts aux circonstances du prsent. La musique peut-elle avoir, dans ce

    cas un rle de rvlateur, aid une prise de conscience quand l origine de

    ces conduites.

    Cest parce quune exprience a t engramm , que celle-ci continue

    dexister inconsciemment dans le temps. Cette exprience pourrait se

    revivre si toutes les conditions ncessaires sa reviviscence taient runies.

    Les sons, la musique dans un cadre, sont porteurs de signifiants sur lesquels

    un sujet va pouvoir projeter ses affects. Cest ce vers quoi vont tendrent le

    chaman et le musicothrapeute dans leur dmarche respective. Cest par cette

    tentative de recration intuitive, des conditions du cadre d une exprience

    antcdente que le sujet va pouvoir se reconnecter avec cette exprience

    passe dans le prsent. Le chamane utiliserait la musique comme une des

    nombreuses techniques pour modifier ses tats de conscience

    (transpersonnelle), et voyager dans une autre ralit . Comment utilise-t-il la

    musique, dans quel but, et dans quel milieu ? Le musicothrapeute utilise la

    musique pour conduire, non pas lui-mme mais le patient, un tat modifi de

    la conscience (zone sophronique). Comment utilise-t-il la musique, dans quel

    but, et dans quel milieu ?

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    Introduction

    Jouvrirai cette page introductive par une petite anecdote, pour illustrer quand

    tout a commenc. Je me souviens, il y a quelques annes de cela de ma

    premire prise de conscience, du pouvoir des sons dans la reviviscence de

    souvenirs. cette poque, je logeais dans un petit appartement au cur de la

    ville de Nantes. Ce deux pices sous les toits s accommodait de toilettes sur le

    palier. Un matin comme lhabitude, je disposais de ceux-ci. Le soleil qui

    pntrait par la lucarne mettait en valeur une certaine qualit esthtique de

    ltat de dlabrement des murs. Dans le silence de ce petit coin, prompt la

    dtente, un pigeon se mit roucouler. ce moment prcis, magie de linstant

    prsent, je me replongeais quelque dix annes en arrire, quinze mille

    kilomtres plus loin, dans la ville de Katmandu, au Npal. Incroyable tout y tait,

    la position de mon corps accroupie sur des toilettes turques, la luminosit du

    lieu, le silence rvl par le chant dun pigeon sur les toits. Lmotion tait si

    juste que je me dlectais dans cette ouverture de lespace-temps, dans cet

    instant pass-prsent. Aussitt je ralisais limpact dont pouvaient avoir les

    sons sur notre existence.

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    Le Monde Chamanique

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    La Ralit Cache

    Au cours de ma dmarche, je ne prtendrai pas dfinir le chamanisme, tant la

    diversit de ses formes dexpressions est immense. Il serait donc plus

    appropri de parler de chamanismes au pluriel tant ses facettes et

    interprtations sont multiples.

    Des chamans de Sibrie (saman en langue Toungouse), aux hommes

    mdecines des Amriques en passant par les sorciers-gurisseur dAustralie ou

    dAfrique, sans oublier nos druides et toute la priode de lAntiquit encore bien

    prsente. Cette diversit du chamanisme travers le monde, dfinit une infinit

    de versions du sacr, sillustrant par une pratique spcifique fondue dans sa

    propre culture. Mais si diffrentes soient-elles, ces versions du chamanisme ont

    en commun une certaine forme de sacralisation de la nature. Pour le monde

    chamanique, lunivers contient lhomme et lhomme renferme lunivers. Pour ces

    peuples, ltre humain nest pas seulement en contact avec la nature, il est la

    nature.

    Par cette reprsentation de lhomme dans lunivers et nadmettant pas lide

    dun monde extrieur indpendant la survie de lindividu, le chamanisme, de

    ce fait, exprime lalliance de lesprit et de lme avec le corps. Les chamans en

    dehors des liens sociaux quils viennent cimenter, sont avant tout des

    gurisseurs, et tendent toucher lindividu au plus profond de son tre. Pour le

    monde chamanique les maladies surviennent lorsque les actes de l homme

    sont en dsaccord avec ses sentiments et ses penses, ou lorsquil rompt

    lharmonie des relations avec ses semblables, ou lorsquil droge lquilibre

    des forces de lunivers.

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    Par sa capacit agir sur son environnement et les forces du monde, les

    chamans r-harmoniseront ces dsquilibres. Pour ces actes thrapeutiques,

    les chamans auront recours diffrentes techniques reposant sur l

    altration dela conscience, permettant datteindre ce quon appelle des tats modifis de

    conscience (EMC).

    Le chaman endosse plusieurs rles au sein de sa communaut, il est la fois

    mdecin, socio thrapeute, psychopompe1, magicien conteur et musicien.

    Toutes ces qualits ont t acquises au cours d une longue initiation, le plus

    frquemment auprs danciens chamans, soit lors d

    un vnement particulier

    de sa vie aux frontires de la mort, soit par les rves, soit par hrdit, ou bien

    par lingestion de plantes hallucinognes. Dans tous les cas de chamanismes, il

    est rapport que cette initiation se ralise au prix d une grande souffrance.

    Durant cette priode, il recevra une instruction sur les moyens et techniques

    dentrer en transe, de modifier son tat de conscience. Ces mthodes

    domines, et la tradition religieuse et mythologique de la tribu assimile, il

    accomplira ses voyages dans la ralit cache , o il rencontrera des espritspolymorphes. Cest au cours de sa premire descente dans les mondes

    infrieurs, que le chaman connatra entre autres le dpouillement . Durant

    cette preuve, les esprits le dchiquetteront, le dpceront. De cette

    exprience, le chaman se sera alli avec des esprits auxiliaires, et dcouvrira la

    vritable nature des malheurs et des maux quil devra combattre. lissue de

    ce dmantlement, suivra la phase de remembrement o, les nouveaux

    pouvoirs acquis ne se limitent pas seulement un accessoire extrieur, mais se

    ramnent une prise de conscience, une vision du monde et particulirement

    des diffrentes formes de souffrance quil vient de subir avec une telle intensit.

    1 Qui conduit les mes des morts, (pithte applique Apollon, Charon, Herms,Orphe, etc.). Dfinition du dictionnaire : petit Robert.

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    Linitiation qui est un nouvel tat de conscience et lapprentissage des diverses

    manires dy parvenir et den sortir est une exprience unique qui ne se

    renouvellera plus, et qui aboutit une modification dfinitive de la personnedans ses relations, la fois avec elle-mme, avec la divinit et la socit.

    Linitiation faite, cette modification reste acquise. Son initiation acheve le

    chaman peut commencer chamaniser.

    Mais le monde chamanique ne se conoit pas sans laccompagnement dun

    instrument. Pour les peuples de Sibrie, et dAmriques du Nord on retrouvera

    le plus frquemment le tambour. Pour le continent sud Amricain ce sera lesmaracas. Mais dans la diversit des instruments utiliss par les chamans, les

    chants sont en gnral communs aux diffrentes formes de chamanismes.

    Quils se nomment icaros , litanie , ode ou oraison , ils occupent,

    pour le chamane une place prpondrante lorsquil chamanise. Ces chants ont

    plusieurs aspects diffrents, tantt incantatoires lorsquil sagit dappeler les

    esprits auxiliaires, tantt descriptifs ou narratifs lorsque le chaman raconte son

    voyage, mais leur caractristique propre est dtre incantatoire. Le chaman estun magicien et son chant fait surgir et vivre le monde imaginaire de l invisible.

    Sans chant, limaginaire chamanique serait inconcevable.

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    La musique lors de rituels chamaniques

    Un chaman sibrien joue du tambour : 2

    Penchant la tte dans son tambour, le chaman se met chanter paisiblement.

    Il chante lentement sur un ton plaintif. Il tapote son instrument petits coups

    rveurs. On dirait quil appelle quelquun, quil convoque de lointains auxiliaires.

    Parfois il frappe plus fort en prononant quelques paroles. Lun de ces

    auxiliaires vient juste darriver. Peu peu sa voix monte, sa baguette frappe de

    plus en plus : Les esprits ont tous entendu leur matre et accourent tous vers lui.

    Les coups se font enfin trs puissants ; le tambour va clater. Le chaman ne

    contemple plus lintrieur de son instrument, Il chante le plus haut quil peut.

    prsent, tous les esprits sont l. Sans cesser de chanter, le chaman ceint son

    pectoral. Il se tient debout, lgrement inclin, et bat du pied.

    Le tambour rpondait3 la baguette par diffrents bruits stageant du coup de

    tonnerre dans un fracas mtallique au bruissement le plus dlicat, doux

    bourdonnement continu accompagn dun lger cliquetis. Le chaman usa

    encore de son tambour comme dun dflecteur, si bien que, dans lobscurit, sa

    voix semblait circuler dun coin un autre, de larrire vers lavant, revient,

    repart comme si elle venait de toute part. Aprs avoir accept d entreprendre la

    cure, le chaman senquiert des actions du patient avant sa maladie pour en

    deviner la cause.

    2 Vitebsky. Piers.Les Chamanes, TASCHEN 2001.3 Cest lauteur qui parle.

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    Sance de chamanisme chez les Achumawi4

    Le chaman se met genoux prs du malade, il se balance en chantonnant,

    dabord cest un bourdonnement sur un ton plaintif, comme si le chaman voulait

    chanter malgr une souffrance intrieure. Le bourdonnement devient plus fort,

    prend la forme dune vraie mlodie, mais encore en sourdine. Lassistance

    commence se taire. Le chaman na pas encore son damagomi5, ses

    pouvoirs , pour dcouvrir la cause, car ce sont les damagomiqui tablissent

    en ralit le diagnostic. La chanson, cest pour le charmer, linviter venir. Ces

    chansons se composent dune ligne ou deux, faisant deux, trois, ou tout au plus

    quatre phrases de musique. On la rpte dix, vingt, trente fois de suite sans

    interruption. On chante lunisson. Quant la mesure, on la bat avec les

    mains. Elle na rien voir avec le rythme de la mlodie. En gnral, au

    commencement dune chanson, chacun bat une mesure un peu diffrente. Mais

    au bout de quelques rptitions, elles sunifient. Le chaman ne chante gure

    que quelques mesures lui-mme. Dabord il est tout seul, puis quelques voix,

    enfin tout le monde. Alors il se tait, laissant lassistance le travail dattirer le

    damagomi. Naturellement, plus fort on chante, et lunisson, mieux cela vaut.

    On a plus de chance de rveiller le damagomisil dort quelque part au loin. Ce

    nest pas seulement le bruit physique qui le rveille. C est tout autant, et plus

    encore, l

    ardeur motionnelle.

    4

    Mircea Eliade.Le Chamanisme et les techniques archaques de lextase. Paris, Payot,19835 Esprit auxiliaire.

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    Quant au chaman, il se recueille. Il ferme les yeux, il coute. Bientt il sent son

    damagomiqui arrive, qui sapproche, qui voltige dans lair de la nuit, dans la

    brousse, sous la terre, partout, mme dans son propre ventre. Alors soudain, lechaman frappe des mains, nimporte quel instant du chant, et tout le monde

    se tait. Silence profond. Alors le chaman sadresse son damagomi. Sa voix

    est haute, comme sil parlait un sourd. Il parle d une voix rapide, saccade,

    monotone, mais en langage ordinaire que tout le monde comprend. Les

    phrases sont courtes. Et tout ce quil dit linterprte le rpte exactement

    mot pour mot []. Le chaman est tellement surexcit quil sembrouille dans ce

    quil dit. Son interprte, si c

    est son interprte ordinaire, connat depuis

    longtemps les embrouillements qui lui sont habituels []. Lui, le chaman est en

    tat dextase , de plus en plus, il parle son damagomi, et son damagomi

    rpond ses questions. Il sunit tellement son damagomi, il se projette

    tellement en lui, que lui-mme, le chaman rpte exactement toutes les paroles

    de son damagomi[].

    Le chaman, lorsquil chamanise, utiliserait la musique comme une sorte de

    point de concentration, dune part afin dentrer dans un tat modifi de

    conscience, en transe ; et dautre part comme point de concentration au sens

    de runir , dappel de ses esprits auxiliaires. Quand le chaman entre en

    scne pour chamaniser, que se soit auprs dun malade ou devant la

    communaut, il commence par entonner un chant plaintif et/ou jouer du

    tambour. Dans un premier temps son chant et/ou son rythme seront rptitifs,

    lents, faibles, et incantatoires. Ainsi il canalisera lattention de son auditoire,

    sans lequel son voyage ne serait gure possible, auditoire qui laccompagnera

    par le chant et soutiendra le rythme, dans son invocation aux esprits. mesure

    que le chaman acclrera ou ralentira le tempo, ses pouvoirs se

    rapprocheront de lui et son tat de conscience se modifiera progressivement.

    Pour le chaman se sont tout autant ses chants que ses esprits auxiliaires qui le

    transportent dans lautre ralit , ils lui permettent de se concentrer et de

    reprendre contact avec le monde spirituel. Ses chants, ses rythmes jous avec

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    soutenance ou alternance de decrescendo, daccelerando et de silence, auront

    pour effet de modifier la perception de temps dans les consciences. De

    densifier le temps, de le suspendre dans linstant, de le dramatiser, comme le

    moment ou le trapziste effectue le saut de la mort et que retentit le roulementde tambour.

    Un coup de tonnerre soudain nous surprend, non pas uniquement cause du

    son lui-mme, mais du fait du silence quil a interrompu, De la mme faon en

    musique, le relief, le sens et la beaut dune mlodie proviennent des intervalles

    entre les notes. Reconnaissant cela, le grand pianiste Arthur Schnabel crivit

    un jour: Les notes, je ne les joue pas mieux que bon nombre de pianistes.Mais les silences entre les notes- ah ! c est l o rside lart. 6 Un simple son

    a, par lui-mme, peu de sens et, ds que deux sons rsonnent, ils sont

    instantanment relis par la forme de lespace ou de lintervalle qui est entre

    eux. Lintervalle dune tierce vhicule un sentiment totalement diffrent de celui

    quapporte la quinte. Quand ces intervalles rsonnent, les notes elles-mmes

    sont dune importance secondaire, car tous les ensembles de deux notes

    spares par le mme intervalle se ressembleront beaucoup. Bien que lonpense dhabitude une mlodie comme une succession de notes, elle est

    aussi, et peut-tre plus, une succession despaces que les sons servent

    simplement dlimiter. Nanmoins, ce schma dintervalles ne constitue pas

    une progression mlodique, unique et dfinie, qui peut tre chant et dont on

    peut se souvenir. La base la fois des sons et des intervalles est le silence plus

    vaste qui sous-tend la mlodie et lui permet de se rvler et dtre entendue.

    Cest probablement cette saturation dinformations musicale et motionnelle qui

    conduira le chaman dans un tat modifi de conscience profond, et lui

    permettra dentrer dans sa transe cataleptique. Mais cest aussi le tambour

    avec lequel il chamanise qui lui concde le pouvoir demprisonner les esprits,

    de voler dans les airs, de le transporter, de le projeter magiquement au

    centre du monde . Cet instrument sacralis au cours de ce rituel deviendra

    6 Welwood. John.Pour une Psychologie de Lveil. Paris, La table Ronde, 2003.

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    un parfait objet transitionnel, un instrument de communication, qui aura la

    capacit dagir thrapeutiquement sur lauditoire, au moyen de la relation. Le

    tambour chamanique a pour fonction essentielle de soutenir le chant, de

    marquer le rythme qui est le grand appui de la danse et de dramatiser l

    actionou de la ponctuer. Son rle est celui qui est le sien dans n importe quelle

    musique de thtre, ceci prs, quil est charg de signification symbolique et

    que celle-ci est son tour charge, sans aucun doute dun pouvoir motionnel.

    Ce tambour, que le chaman a acquit au cours de son initiation est

    symboliquement charg du respect des lois de construction. Cest dune

    branche de larbre cosmique, laisse tomber par le seigneur universel, et de la

    peau prleve sur un animal sacrifi, qui deviendra par la suite un esprit allier,que le chaman faonne son futur tambour.

    Le sens symbolique dun instrument peut dpasser de loin le son quil produit,

    et cest par toute cette imagerie du tambour donn par le symbolisme du

    voyage, qui implique une rupture de niveau, que le chaman aura accs au

    centre du monde . Cest au cours de cette transe cataleptique, qui a pour

    objet de dcouvrir la cause de la maladie, de rcuprer lme gare ou voledu malade ou du dfunt, que lme du chaman quitte son corps. Son double

    voyageant dans la ralit cache , son assistant prendra le relais et jouera

    du tambour, pour accompagner et baliser le chemin emprunt par le chaman,

    tel le fil dAriane. Mais le chaman connat tous les chemins pour aller chez les

    mes. Ce quil nome chemin (odos7) est une narration moiti rcite et

    moiti chante. Cest au retour de son voyage dans les mondes infrieurs ou

    suprieur, cette fois-ci dans sa transe dramatique, que le chaman racontera,

    mimera son pope en chantant. Se succderont des pisodes musicaux, des

    invocations, des passages parls, des onomatopes, des imitations de cris

    danimaux ou de bruits de la nature, Le tambour rcupr par le chaman

    assurera la liaison entre tous ces pisodes. Dans ces rituels, le chant de

    gurison naurait defficacit que sil est chant par un gurisseur, dans une

    attention de gurison. Le pouvoir inhrent au chant de gurison n acquiert son

    7 En langue grecque, lode veut dire en mme temps le chemin et le chant.

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    efficacit que sil est en synergie avec celui du gurisseur. Ce chant n est pas

    en lui-mme thrapeutique, mais seulement un lment thrapeutique. Cest le

    lieu, le cadre qui permettra de le sacraliser, et c est au cours de ces rituels quil

    trouvera une signifiance thrapeutique. C

    est dans cette mise en scne descroyances, des codes socioculturels, dans la thtralisation de linvisible et des

    tabous (meurtre, inceste, parricide), lors des rituels de gurison, que le chaman

    contribuera raffirmer le lien social de la communaut, et ainsi permettra

    celle-ci de renouer avec son imaginaire, et les mythes sur lesquels elle sest

    fonde. Lobjet symbolique y jouera un grand rle, son corps y participera. Cest

    donc, au cours de ses rituels de gurison que le chaman utiliserait la

    musique comme un vhicule qui dune part contribuerait le conduire dans un

    tat modifi de la conscience, et dautre part comme signifiant socioculturel. Ce

    qui suppose de la part du chaman une pratique directive. En ce sens o il

    chargerait symboliquement la musique au travers des reprsentations de son

    monde religieux, mythologique, et culturel. Autrement dit le chaman signifie la

    musique, de sorte quil serait linterprte, le reprsentant dun directif

    culturel .

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    Quelques anecdotes

    Nombreux sont les scientifiques avoir observ limpact que peut avoir la

    musique sur les comportements de lhomme, tant au niveau physiologique que

    psychologique.

    En tudiant en laboratoire les effets des percussions, Neher Andrew8 avait

    dcouvert quon pouvait conduire ou attirer les ondes crbrales jusqu un

    tat appel la frontire alpha-thta, dans lequel la plus grande partie de

    lactivit lectrique du cerveau baisse un rythme de six huit cycles par

    seconde.

    Les tats prdominants dun cerveau en activit sont les tats alpha et thta,

    entre douze et trente cycles par seconde. Thta est la zone dactivit crbrale

    dans laquelle le cerveau ralentit juste avant le sommeil, qui, lui, provoque ltat

    delta o nous passons une frquence situe entre deux et quatre cycles

    seconde, avec un lger pic dactivit toute les quatre-vingt-dix minutes aux

    moments des rves. Thta est donc cette priode entre deux eaux d avant le

    sommeil, quand toutes sortes de penses et de souvenirs traversent notre

    conscience, et que nous sommes aussi bien capables de nous souvenirs de

    lendroit o nous avons perdu un chapeau que dclaircir le mystre de la mort.

    Neher en dduisit que les percussions, et en particulier les tambours,

    remplissent le rle de conducteur parce que leurs sons est si dense, si

    disparate, si harmonieux, et si largement rparti sur la bande des frquences

    quil sature lappareil auditif et cette saturation aiderait provoquer la transe.

    8

    Hart. Mickey. Explication physiologique des comportements inhabituels dans lescrmonies impliquant des tambours , in Voyage dans la magie des rythmes. Paris,Robert Laffont, 1993.

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    Mais Gilbert Rouget9 critique cet article dans son ouvrage la musique et la

    transe, en faisant remarquer que si Neher avait raison, la moiti de lAfrique

    serait en transe d

    un bout l

    autre de l

    anne. Selon Rouget, la transe est unechose, la musique en est une autre et il ny a pas moyen de prouver que lune

    conduit lautre. La seule chose que lon puisse dire, cest que parfois ltat de

    transe est accompagn de musique, mais que la moiti du temps, elle ne lest

    pas.

    Neher adressa une lettre Rouget, prcisant : Certes, assurait-il on ne peut

    savoir si les sons dune percussion peuvent ou non diriger les ondes

    crbrales, pour la simple et bonne raison que lexprience na jamais t

    tente.

    Peut-tre sagit-il de pure spculation, lexprience mene en laboratoire

    viendrait affirmer ou infirmer cette hypothse, mais Rouget na pas totalement

    tort dans sa critique, effectivement la transe nest pas toujours accompagne de

    musique, plusieurs rquisits sont ncessaires son dclenchement,notamment le cadre et le contexte culturel. Quoique

    Jillustrerais cet article par une anecdote personnelle qui s est produite lors dun

    de mes cours de percussions africaines.

    Ce soir-l lnergie du groupe tait particulirement dynamique, nous jouions

    depuis dj une bonne heure, les rythmes tournaient avec prcision et rondeur.

    Au cours dune squence rythmique rptitive, quelque chose, je ne serais le

    matrialiser, une sorte dnergie en mouvement, appelons-la ainsi, venait de

    pntrer dans la pice, et sintroduire dans le cercle que nous formions avec les

    autres musiciens. Je la percevais visiter les premiers membres du cercle.

    Arrive ma hauteur, je ressentis cette nergie me parcourir tout le corps, cet

    instant comme transport vers un ailleurs, mes yeux commencrent se

    9 Rouget. Gilbert.La musique et la transe. Paris, Gallimard, 1990.

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    rvulser. Effray par ce phnomne, je me plongeais dans mes pieds afin de

    retrouver un enracinement la terre. Maccrochant telle une moule sur son

    rocher face une dferlante, je me sentis revenir, et repris le rythme, bien quil

    ne me semblt pas m

    tre interrompu. Dans l

    incomprhension de ce qu

    ilvenait de marriver, je cherchais le regard des autres musiciens pour me

    rassurer. Le cours fini, je mentretenais avec mon professeur (bninois) de cette

    exprience. Peu surpris et sans tonnement, il me confirma que ce soir-l nous

    avions eu de la visite et me conseilla si cela se reproduisait, de me laisser aller

    un peu plus loin. Que je naurais pas minquiter, il serait l.

    De quoi sagissait-il? D

    un dbut de transe de possession, si je transpose cette

    exprience dans la culture africaine ? Ce changement dtat de conscience,

    avait-il t dclench par une fatigue, mayant rendu plus rceptif ce genre de

    phnomne, induit par les percussions, le rythme ?

    Jaime le penser, mais ne peux le prouver. Toujours est-il que, me trouvant

    ce moment dans un cadre inappropri ce type d exprience et exprimentant

    un phnomne mconnu, par peur, je nai pu me laisser aller. Cette expriencene sest pas reproduite, tout du moins dans ce contexte.

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    Dans le Chant de laThrapie

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    tat de sophrosun

    La musique peut-elle provoquer une rponse chez un sujet dans un tat modifi

    de conscience ou, par emprunt la sophrologie, dans le quatrime tat de

    conscience.

    Hyper vigilance

    Veille

    ______________ ondes alpha (quatrime tat)

    Sommeil profond

    Coma

    Mort

    La conscience constitue le lieu des relations du sujet son monde. Cette

    conscience nest pas immuable, on lui connat divers tats , notamment ltat

    veill et ltat endormi. Les physiologistes divisent ce dernier en sommeil

    lent et sommeil paradoxal . Les mthodes de relaxation permettent de

    dcrire un quatrime tat , une conscience particulire laquelle Caycedo

    donne une valeur particulire. Cet tat comporte la paix, la srnit,

    labsorption, la prsence, lineffabilit. Sur le plan mtabolique, il sagit dun

    repos qui peut devenir plus profond que le sommeil profond. Cet tat de Super-

    repos vigil est appel quatrime tat par certains des neuro physiologistes

    qui sy sont intresss. Le systme nerveux avec ses niveaux importants, le

    cerveau, le thalamus, le bulbe et la moelle pinire, seront affects selon les

    aspects du son.

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    On considre que cest dans le thalamus quarrivent les sensations et les

    motions qui resteront un niveau inconscient, cest--dire quau moyen dun

    rythme musical nous pouvons conditionner une rponse inconsciente

    automatique.

    Cest par cette rponse que le patient pourra par la suite, au travers de son

    ressenti corporel, prendre contact avec cette motion, de telle sorte quil la

    mette en mots, la mette en histoire. Dans les zones sophroniques, il va de soi

    que les choses se font ou ne se font pas suivant les possibilits du patient. Il ne

    conviendrait pas que le thrapeute sacharne cet objectif. Le rythme du sujet

    est primordial.

    Notre corps est une corde qui rsonne diffrents niveaux de conscience :

    physique, psycho-emotionnel, mental et spirituel.

    Travailler la rsonance de la corde10 , selon Philolaos de Crotone, un

    philosophe grec du V sicle avant notre re, tel seraient les termes du

    testament que son Matre Pythagore de Samos aurait laiss lintention de sesdisciples.

    10Rouget. Gilbert.La musique et la transe. Paris, Gallimard, 1990.

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    Mais venons quelque peut lutilit pour le musicothrapeute de conduire le

    patient dans les zones sophroniques, dite zone alpha.

    2800 ans avant Jsus-Christ dj

    11

    , Homre dcrit dans l

    odysse commentUlysse est bless la jambe par un sanglier. Pendant que ses amis lui pansent

    la blessure, Homre entonne une sorte de cantique utilisant la parole dans un

    but curatif appel "pode" : suggestion verbale provoquant travers la parole

    un tat fait de calme bienfaisant entranant la "gurison des blessures". En ce

    lieu semble natre historiquement ce que lon pourrait appeler le premier

    "traitement psychosomatique", paroles douces agissant sur le psychisme et

    pansements agissant sur le corps. Plus tard chez Platon lpode est utilise et

    dfinit comme une voix calmante et douce appele "Terpinols logos"12 qui

    agirait sur le Thymos , l o le corps et lesprit sunissent pour produire un

    tat de sophrosun , ou tat de bien-tre, dharmonie entre le corps-esprit,

    qui dpendrait de ce qui est dit et de celui qui le dit.

    La pratique du musicothrapeute se circonscrira, dune part utiliser la musique

    non pas pour le conduire dans un tat modifi de la conscience, mais amener lepatient dans un abaissement de vigilance. Dautre part, au travers de la

    musique que proposera le musicothrapeute, cest le patient qui chargera

    symboliquement la musique. Autrement dit cest le sujet qui signifiera la

    musique au travers de son ontogense, le musicothrapeute ne sera que le

    provocateur de cette signifiance, et la relation sera non-directive. Pour cet acte

    thrapeutique, le musicothrapeute tendra vers divers styles musicaux pour

    induire un tat modifi de la conscience, un abaissement de la vigilance chez

    son patient. Le musicothrapeute de faon orienter ses choix, devra lors de

    lanamnse obtenir le maximum dinformations sur le patient et sa

    problmatique. Ces renseignements recueillis, et en rapport avec les

    possibilits du sujet dans le moment, le musicothrapeute pourra tendre vers

    un objectif de travail de relaxation ou vers un travail thrapeutique.

    11

    Source : Internet google, Musicothrapie.12 Terpnos logos : Prosodie de la voix, dans la mme tonalit, poser la voix plus basseque la voix parle.

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    Pour que la musique ou le chant soit d ordre thrapeutique, en dehors de leur

    valeur significative dans le cadre o ils seraient employs, il est prendre en

    considration : Premirement, que ce soit pour le chaman ou lemusicothrapeute, limportance que le genre musical soit adapt. Lair juste ,

    lair convenu qui a la valeur dun signal et qui est reconnu comme tel, mais qui

    nest dou daucune proprit expressive particulire. Ce nest pas parce que

    celui-ci a des vertus motives qui lui sont propres, mais cest parce quil est lair,

    un signal qui rpond lhabitus13 , un code culturel, et quen lentendant le

    sujet se livre tel comportement. Deuximement que ces airs justes soient

    jous tout particulirement dans une attention et une intention, dans un gestevocal. Cest donc dans la mesure o elle rfre, l habitus, la culture que la

    forme musicale touche et mme bouleverse. En loccurrence rfr la culture,

    cest mettre brusquement lindividu en prsence de ce quil la form, de ce qui

    a faonn sa sensibilit, de ce qui lui est par consquent antrieur ce qu il a

    toujours connu et de ce qui le dpasse. Cest confronter son individualit

    phmre, imparfaite, inaccomplie, avec la permanence, lachvement, la

    plnitude ontologique.

    ce propos, dans son dictionnaire de la musique, JJ Rousseau.14 a dit de leffet

    du ranz des vaches sur les soldats helvtiques, en parlant de cet air si

    chri des Suisses, quil fut dfendu sous peine de mort de le jouer dans leurs

    troupes parce quil faisait fondre en larmes, dsert ou mourir ceux qui

    lentendoient, tant il exitoit en eux lardent dsir de revoir leur pays .

    13 Les sujets, les agents sociaux incorporent un certain nombre de structures qui ensuiteguident leurs comportements, leurs modes de conduites, la hirarchie de leurs choix,leurs gots. Dfinition du dictionnaire : le Petit Robert.

    14 Rouget. Gilbert.La musique et la transe. Paris, Gallimard, 1990.

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    La musique agent secret

    Cest en accdant ce quatrime tat de la conscience, et par ce que lui

    suggrera la forme musicale, que le patient pourra se relier aux motions quil

    ressent et auxquelles il sidentifie. En ce sens la musique est provocatrice,

    invocatrice, signifiante, elle met le sujet en rsonance avec sa propre histoire,

    elle est ontognique. Autrement dit, il s'tablirait un dialogue entre le sujet et la

    musique, un processus de communication au sein dun vaste contexte non-

    verbal. Cest par ce que suggrerait la musique que le sujet entrerait en

    communication avec lui-mme. Dans sa fonction secrte dtre convoquatrice,

    la musique a ce pouvoir de nous faire dcouvrir notre propre existence.

    Jillustrerai ce constat par une exprience personnelle, qui sest produite lors

    dun sjour au centre bouddhiste de Karma Ling, o je suis all faire une retraite

    de trois semaines. Au cours de la mditation du soir, pendant la rcitation du

    Tchenrezi, (textes constitus de chants et de mantras), soutenu par le jeu des

    tambours, des trompes, des cymbales et des conques, jai ressenti que les

    mots mappelaient, que jappelais les mots ! Jprouvais plutt une ambiance

    que le sens smantique de ce que je chantais. Javais la sensation quun lieu

    mappelait, ce lieu tait proche, plus proche que je ne pouvais limaginer. La

    frontire entre le tu et le je stait dissipe.

    Etait-ce le pays de linou?

    Par ce chant dans la valle quest notre corps, o lcho nous renvoi notre

    propre existence, un retour notre demande, d un tu quon invoque pour se

    sentir je.

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    Our cest obir. couter se dit en latin obaudire. Obaudire driv en franais

    sous la forme obir. Laudition, laudientia est une obaudientia, une

    obissance

    15

    .

    Un son peut produire une rponse motrice, marche, course, danse ; une

    rponse motive, pleurs rires, motions diverses ; une rponse organique,

    rougeur, scrtions diverses, relaxation, contraction ; une rponse de

    communication travers lexpression sonore dans le contexte non-verbal, le cri,

    le chant, la voix, la musique, le geste, le mouvement ; une rponse

    comportementale, conditionnement apprentissage.

    Quand nous sommes touchs par un son, par la musique de lautre, un canal

    de communication souvre, pour reprendre le terme de Benenzon. R. La

    musique est un outil, elle ouvre la relation et cest la relation qui est

    thrapeutique. Et cest ce vers quoi va tendre le musicothrapeute, ouvrir des

    canaux de communications chez ltre humain, de faon tablir une relation.

    La musique au sein des ces canaux de communications, quand le sujet setrouve dans un EMC, au niveau des ondes Alpha, a la capacit dtablir un pont

    entre linconscient et le conscient, de restituer le pass du sujet au prsent. Elle

    est un appeau pour ramener les souvenirs au prsent. Mais un des

    phnomnes des plus profonds des sons et de la musique est cette capacit

    produire des effets rgressifs chez ltre humain.

    15 Quignard. Pascal.La haine de la musique. Calmann-Lvy, 1996.

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    Daprs la psychanalyse, deux concepts vont ensemble, celui de rgression16 et

    celui de fixation17.

    16Rgression : Dans un processus psychique comportant un sens de parcours ou dedveloppement, on dsigne par rgression un retour en un sens inverse partir dun

    point dj atteint jusqu un point situ avant lui.Prise au sens topique, la rgression sopre, selon Freud, le long dune succession desystmes psychiques que lexcitation parcourt normalement selon une direction donne.

    Dans son sens temporel, la rgression suppose une succession gntique et dsigne leretour du sujet des tapes dpasses de son dveloppement (stades libidinaux,relations dobjets, identifications, etc.)Au sens formel, la rgression dsigne le passage des modes dexpression et decomportement dun niveau infrieur du point de vue la complexit, de la structuration etde la diffrenciation. . Laplanche. J- Pontalis. J-B. Vocabulaire de la Psychanalyse.Paris, PUF, 2002.

    17 Fixation : Fait que la libido sattache fortement des personnes ou des imagos,reproduit tel mode de satisfaction, reste organise selon la structure caractristique dun

    de ses stades volutifs. La fixation peut-tre manifeste et actuelle ou constituer unevirtualit prvalente qui ouvre au sujet la voie dune rgression.La notion de fixation est gnralement comprise dans le cadre dune conceptiongntique impliquant une progression ordonne de la libido (fixation un stade). On

    peut la considrer, en dehors de toute rfrence gntique, dans le cadre de la thoriefreudienne de linconscient, comme dsignant le mode dinscription de certainscontenus reprsentatifs (expriences, imagos, fantasmes) qui persistent danslinconscient de faon inaltre et auxquels la pulsion reste lie.Lorsquil y a perturbation dans le dveloppement, on note une altration (fixation) oucration de mouvement de retour (rgression) au moyen desquels on revient des stadesantrieurs vcus plus ou moins bien: stade anal, oral ou ftal. Autrement dit, chaquefois quune personne subit une frustration, il se cre une tendance retrouver des

    priodes antrieures vcus comme satisfaisantes. La rgression serait un mcanisme dedfense du moi, en ce sens il y a deux types de rgressiona) la rgression des formes adultes de sexualit des formes infantiles, ce serait alors leterrain des nvroses.

    b) la rgression au narcissisme primaire, cest--dire au stade du dveloppementantrieur la diffrentiation du moi et de lautre.Lorsque cette rgression lieu, on se trouve en prsence du plus ancien type dedfense, cest le blocage du moi, nous sommes dans le domaine des processusschizophrnique, de la psychose infantile, de lautisme et de la symbiose. . Laplanche.

    J- Pontalis. J-B. Vocabulaire de la Psychanalyse. Paris, PUF, 2002.

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    Il est particulirement intressant de souligner lintrt de la musique produire

    des effets rgressifs. Sa capacit cre une passerelle entre linconscient et le

    conscient chez le sujet, permettrait la reviviscence de souvenirs, etlabraction18 dans le cadre dune sance de musicothrapie. En ce sens je

    rejoindrais le concept de matrice prinatale fondamentale19 de Grof.

    Stanislav. et la thorie de lISO20 de Benenzon Rolando. Bien que S. Grof

    ne mentionne pas lutilisation de la musique au cours de ses expriences, tout

    du moins dans ce que jai pu lire de ses recherches, il est bon ton de penser

    quun sujet sous induction musicale serait susceptible lors dune sance de

    musicothrapie, de vivre des tats rgressifs aux diffrentes phases delaccouchement dcrites par Grof.

    18Dcharge motionnelle par laquelle un sujet se libre de laffect attach au souvenirdun vnement traumatique, lui permettant ainsi de ne pas devenir ou rester

    pathogne. Labraction, qui peut-tre provoque au cours de la psychothrapie, etproduire un effet de catharsis, peut aussi survenir de manire spontane, spare dutraumatisme initial par un intervalle plus ou moins long. Laplanche. J- Pontalis. J-B.Vocabulaire de la Psychanalyse. Paris, PUF, 2002.

    19 Grof. Stanislav.Royaumes de linconscient humain. dition du Rocher, 1983.

    20 Dr. Benenzon. Rolando. Thorie de la Musicothrapie a Partir du Concept de LISO.Parempuyre, Ed. Non Verbal/A.M.Bx. 1992.

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    Les tats modifis de la conscience au travers dela thrapie psycholitique, daprs les recherches

    de Stanislav Grof

    La thrapie psycholitique fut invente par Ronald A. Sandison un thrapeute de

    lcole Jungienne et un pionnier de la recherche LSD21 clinique. La racine lusis

    comprenons ici le LSD, suggrerait une dissolution ou plus exactement une

    libration des tensions et des conflits prsents dans l esprit humain. S.Grof22 au

    cours de ses longues recherches et tudes auprs de patients nvrotiques ou

    psychotiques a su dgager et dlimiter quatre niveaux ou types principaux

    dexpriences LSD avec leurs zones correspondantes de linconscient humain :

    1-Les expriences abstraites et esthtiques.

    2-Les expriences psychodynamiques.

    3-les expriences prinatales.

    4-les expriences transpersonnelles.

    De ces observations, il en vient postuler que ces quatres niveaux pourraient

    sapparenter aux diffrentes phases de laccouchement, dont il se propose de

    nommer Matrices Prinatales Fondamentales (MPF1, MPF2, MPF3, MPF4).

    Pour Grof, les expriences psychodynamiques trouveraient leur origine dans

    diffrentes zones de linconscient individuel ainsi que dans les rgions de la

    personnalit accessible durant des tats habituels de conscience. Ces

    expriences seraient lies des conflits irrsolus et des matriaux occults

    correspondant diverses poques de la vie de lindividu. De ce constat, il en

    21 Dithylamide de lacide d-lysergique LSD25.22 Grof. Stanislav.Royaumes de linconscient humain. dition du Rocher, 1983.

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    dgage le concept de systmes COEX23. Le systme COEX est une

    constellation spcifique de souvenirs forms dexpriences condenses (et

    fantasmes) de diffrentes priodes de la vie de lindividu.

    De son point de vue, les expriences de lenfance reprsenteraient des

    couches centrales o les plus profondes constellations de souvenirs complexes

    fonctionneraient comme des systmes directeurs dynamiques.

    S. Grof remarque que lintensit de la charge motive doit dabord faire lobjet

    dune abraction avant que les souvenirs individuels de l enfance ne puissent

    tres pleinement revcus. La masse dmotion libre fait souvent cas de

    disproportion face la gravit et limportance des vnements traumatisants

    concerns. Pour lui il serait plus adapt denvisager la charge motionnelle

    comme le rsultat dune somme de plusieurs situations traumatisantes de

    mme nature survenues diverses priodes de la vie du sujet. Avant que le

    sujet ne puisse revivre une exprience traumatisante de sa prime enfance

    (exprience centrale) le patient devra affronter et assimiler diverses situations

    plus rcentes de sa vie, prsentant un thme semblable et impliquant lesmmes lments essentiels. Ces situations sont gnralement associes des

    mcanismes de dfenses identiques. Les reviviscences saccompagneront des

    mmes symptmes somatiques tels que maux de tte, nauses, des douleurs

    dans diverses parties du corps, des sensations de suffocations, des spasmes

    musculaires et des crispations.

    Une combinaison de donnes factuelles permet un certain vnement de la

    vie dun enfant de devenir le centre dun systme COEX. Une fois que

    lexprience centrale est enregistre, elle servira de matrice de mmoire o

    viendront se greffer toutes les expriences similaires ultrieures. La vie

    quotidienne provoquant des chocs motionnels importants qui, dune manire

    ou dune autre, rappelle lexprience centrale grce au travail analytique et

    23 Systmes COEX. Systmes dexpriences condenses.

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    synthtique de la mmoire, ces expriences seront intgres dans des

    systmes COEX sur bases de composants prinatales sous-jacentes.

    Ces expriences prinatales, lies la naissance individuelle ne s

    inscriventpas que dans le cadre de la psychologie individuelle. D autres aspects sont

    dune nature indubitablement transpersonnelle. Lintensit de ces expriences

    transcende ce que lon considre, en gnral comme tant le champ

    dexprience classique de lindividu. Elles sont des systmes directeurs

    dynamiques hypothtiques ayant une fonction au niveau de linconscient. Elles

    ont un contenu spcifique qui leur est propre: les phnomnes prinatals. Ces

    derniers prsentent deux facettes ou composants important, biologique etspirituel. Laspect biologique des expriences prinatales est form dlments

    concrets et ralistes lis aux phases individuelles de la naissance biologique.

    Chacune dentre elles semble avoir un correspondant spirituel spcifique.

    lexistence intra-utrine paisible correspond lexprience dunit cosmique, aux

    prmisses de laccouchement correspondent des sentiments de fusion

    cosmique. la premire phase de laccouchement (lorsque le ftus ressent la

    premire contraction utrine, le col de lutrus tant ferm) correspondlexprience du sans issue ou de lenfer, au second stade de

    laccouchement (la progression du ftus) correspond le conflit mort/re-

    naissance et lquivalent mtaphysique de lultime phase de laccouchement est

    lexprience de la mort de lego et de la renaissance.

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    Description des diffrentes Matrices PrinatalFondamentales

    MPF1

    La transcendance du temps et de lespace sexprime de manire relativement

    concrte et au moyen dimages spcifiques. Lindividu connatra une srie de

    visions qui se prteront une interprtation en termes de rgression dans

    lhistoire. Il sera question de sensations embryonnaires, de souvenirs

    ancestraux. Une transcendance des limites de lespace se caractrisera par

    une identification avec dautres personnes ou dits, avec des vgtaux ou

    animaux, ou bien lunivers, avec ses galaxies, systmes solaires et ses

    myriades dtoiles. Certaines de ces visions renvoient aux archtypes jungiens.

    MPF2

    Les images symboliques qui accompagnent les expriences de la MPF2

    couvrent un champ culturel trs vaste. Des visions denfers, telles quelles sont

    reprsentes dans les diffrentes mythologies, religions, et traditions;

    hindouistes, chrtiennes, grecques, bouddhistes. Une varit intressante de

    phnomne de cette matrice prinatale semble tre lies aux toutes premires

    phases de laccouchement. Une variante empirique de cette fusion dangereuse

    fait intervenir des monstres terrifiants dsireux davaler le patient, des baleines

    ou des araignes. Une variante de cette mme exprience mais moins

    dramatique fait tat de descente aux enfers et la rencontre avec des entits

    monstrueuses.

    MPF3

    La constatation que lintensit de la souffrance et de la tension impliques est

    de loin suprieure ce que le sujet considrait comme tant humainement

    tolrable. Lorsquelles atteignent leurs paroxysmes, la douleur et langoisse

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    cesse pour faire place une sensation de ravissement extatique, au cours de

    ses tats, les motions se fondent en un complexe indiffrenci, une douleur

    intense nest plus diffrencie dune jouissance extrme, lagressivit meurtrire

    de la passion amoureuse, l

    angoisse existentielle de l

    extase religieuse, lesaffres de la mort du bonheur de la naissance. Le cannibalisme rituel trouve son

    origine dans cette matrice empirique.

    MPF4

    On retrouve des lments de la MPF1, cette exprience de naissance

    biologique et de re-naissance spirituelle et souvent suivie de sentiments dunit

    cosmique. La capacit de lindividu d

    apprcier la beaut naturelle s

    accrot et

    son idal nouveau tend vers un mode de vie simple en relation intense avec la

    nature. La profondeur et sa sagesse de systmes de pense encourageant

    cette orientation sont dsormais videntes et incontestables. Tous les canaux

    sensoriels, visuels, olfactifs, tactiles, gustatifs, acoustiques sont des rcepteurs

    existants et stimulants. Le symbolisme religieux et mythologique de cette

    matrice est riche et se fonde, lui aussi sur une varie de traditions culturelles.

    Lexprience de la mort de lego est souvent associe des images de ditsterrifiantes et destructrices.

    Grof a pu constater au cours de ses observations, que les MPF se manifestent

    suivant des combinaisons de squences trs variables et ne suivent pas

    ncessairement lordre de laccouchement, elles se drouleront en rapport avec

    la personnalit de lindividu avec tout ce quelle contient. Remarquons toutefois

    que la modification de ltat de conscience qui caractrise la transe du chaman

    sopre suivant un processus compos dune suite logique interne. Cette phase

    successive est constitue : dune prparation, dun dclenchement, dune

    plnitude, et dune rsolution. Lorsque le musicothrapeute conduit le patient

    vers un tat modifi de la conscience, laide dun montage musical, le patient

    suivra une suite logique interne, qui sapparente quelque peut celle du

    chaman: une prparation, un abaissement de sa vigilance, un stade de zone

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    alpha, une rsolution. Notons que ces deux type de processus, reflte aussi

    dune certaine manire les diffrentes phases dun accouchement.

    Il est particulirement intressant de relever que des chamans faisant tat deces mmes expriences aux cours de leurs rcits porte penser quils auraient

    vcu ses phases (MPF) au cours de leur initiation et qu il sagirait dune

    expression de leur monde mythologique. Mais il nest gure possible de prouver

    lexistence en dehors du matriau de linconscient et de son interprtation

    psychologique sociologique anthropologique, de lexistence propre de ces

    mondes invisibles. Les chamans ont dpass dune certaine manire ces

    expriences et vont beaucoup plus loin. Les limiter des expriencesprinatales par exemple serait rendre le chamanisme au rang de nouvelle

    thrapie nophyte.

    Un autre fait intressant que rapporte Grof de ses sances psycholitique, est

    celui de patients qui font cas dimages symboliques prcises, des mondes

    mythologiques, qui ne pourraient tres prsents que par des historiens des

    religions, des scientifiques, alors que ces patients navaient aucun rapport oucontact avec ce ou ces milieux-l.

    Ce nest certes pas la premire fois que des scientifiques du comportement et

    des professionnels de la sant mentale se trouvent confronts des

    expriences transpersonnelles. La thrapie LSD nest dailleurs pas le seul

    cadre dans lequel elles ont t observes. Certaines de ces expriences sont

    connues depuis des sicles, voire des millnaires. Les textes sacrs de toutes

    les grandes religions du monde, les documents manuscrits dinnombrables

    sectes, et mouvements religieux dissidents les dcrivent. Elles jourent aussi

    un rle important dans ltat visionnaire de saints, de mystiques et de matres

    religieux. Les ethnologues et les anthropologues les ont observes lors de

    rituels et de mystres, dans diverses pratiques de gurison indignes et dans

    les rites de passages de plusieurs cultures. Les psychiatres et les psychologues

    ont vu des phnomnes transpersonnels sans pour autant les identifis et les

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    nommer au cours de leur pratique quotidienne avec de nombreux patients

    psychotiques, en particuliers les schizophrnes. Les historiens, les thologiens,

    les anthropologues, les psychiatres et les psychologues exprimentaux

    connaissent l

    existence d

    une srie de techniques anciennes et modernesfavorisant la manifestation dexpriences transpersonnelles. Quelques rares

    professionnels ont reconnu limportance et lintrt des expriences

    transpersonnelles et les ont considres comme des phnomnes part

    entire. Ils ont compris leur valeur et leur signification heuristiques pour une

    nouvelle comprhension de linconscient, du potentiel humain et de la nature

    mme de lhomme.

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    Le concept de lISO (identit sonore) selon R.Benenzon24

    Le principe de liso est un concept totalement dynamique qui rsume la notion

    dexistence dun son ou dun ensemble de sons ou de phnomnes

    acoustiques ou de mouvements internes qui caractrisent et individualisent

    chaque tre humain. Cet ensemble mouvement-son condense les archtypes

    sonores hrits onto et phylogntiquement. Au cours de l volution sajoutent

    les vcus sonores vibratoires et les mouvements de la vie intra-utrine.

    Benenzon prcise dans son ouvrage, ce qui constituerait les bases du principe

    diso. Les relations du contexte non-verbal et de lhomme doivent tre cherch

    dans les structures relationnelles de la mre et du foetus (intra-utrin) par la

    suite, les expressions non-verbales, comme la musique, la danse, le geste

    rpondent la ncessit dvoquer, de recrer des liens de cet ordre (mre

    foetus, mre enfant) en liaison avec la nature.

    Pour Benenzon, lun des grands traits du processus gratifiant de la musique est

    la reconnaissance lextrieur de ces sons intrieurs. Il a appel sons

    regressivo-gntiques ces sons qui sont perus lintrieur et dont

    lextriorisation et laudition postrieures produisent chez ltre humain des

    sensations et des conduites qui le renvoient des stades antrieurs.

    La musique servirait comme table daccouchement au pass, o le travail

    resterait faire. Dans les reviviscences de ses souvenirs denfance, le sujet

    aurait accs ces priodes lointaines quil remet en jeu, petit petit au cours

    des sances le sujet accderait ce que Grof appelle le systme COEX

    comme nous lavons vu prcdemment. Grof a relev au cours de ses

    24 Dr. Benenzon. Rolando. Thorie de la Musicothrapie a Partir du Concept de LISO.Parempuyre, Ed. Non Verbal/A.M.Bx. 1992.

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    expriences lintrt pour le patient dabragir. Mais avant que le sujet puisse

    toucher lorigine du symptme, lexprience centrale du systme COEX,

    celui-ci devra affronter et assimiler diverses situations plus rcentes de sa vie

    prsentant un thme semblable et impliquant les mmes lments essentiels.

    La passerelle que constitue la musique permettrait donc au sujet d entrer en

    communication avec lui-mme. Cest en remontant le cours de son histoire

    (drober le fil que dtiennent les Moires25, afin que le sujet prenne en main son

    propre destin), que celui-ci retrouve ce chemin nvrotique qui fait partie de son

    fond existentiel. Ce chemin qui fait partie de son corps, dans son inconscient,

    dans ses cellules, dans son affectif, dans ses modes de communications, danssa faon de parler, de penser, daimer, de fuir, dtre l ou ailleurs. Cest le

    chemin qui lloigne de lui-mme, de son centre. Il le met en exil. Il prend des

    formes qui ont peut-tre t ncessaires dans son histoire mais qui sont une

    entrave son volution. Cest dans cette perspective que le sujet pourra se

    librer de ses schmas errons, construit sur une exprience du pass. Une

    fois reconnues, les expriences aident expliciter tous les symptmes au sujet

    ainsi que certains lments apparemment irrationnels de son comportement.Chacun des lments revcus ajoutera un chanon manquant la

    comprhension des symptmes au patient. Autrement dit, avec de la musique,

    le sujet pourrait changer son destin , au sens ontologique et phylogntique

    par la reviviscence de son symptme, jusqu lavant de ce traumatisme pas

    encore dtermin. Le sujet aura alors la possibilit dchapper son

    dterminisme historique incarn dans son symptme en rejouant ce

    traumatisme non pas de faon ractive mais crative. Toutes les expriences

    traumatisantes passes, ne se sont pas uniquement inscrites dans linconscient

    25 Divinits qui personnifient le Destin et correspondent aux Parques des Romains. Lamoire reprsente dabord une composante individuelle, lie la vie de chacun (Moirasignifie la part , le lot ). lpoque dHsiode, cette conception est peu peusupplante par le mythe des trois Moires, filles de Zeus et de Thmis, et surs des

    Heures. Elles se nomment Clotho, Lachsis et Atropos. La premire file le Destin, ladeuxime le mesure avec une baguette et la troisime le tranche. Guirand. F. Schmidt. J.Mythes Mythologie. Paris, Larousse Bordas, 1996.

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    du sujet au cours des diffrents stades de son dveloppement. Celles-ci ont

    aussi laiss une trace dans son corps, une empreinte dans ses cellules.

    Les Moires.

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    Ne dit-on pas la mmoire cellulaire !

    Se rconcilier avec notre histoire, cest

    senraciner

    Senraciner, cest accepter lincarnation

    Accepter lincarnation, cest interpeller lesprit

    Interpeller lesprit et le recevoir, cest travailler

    avec lun.26Delacroix Jean-Marie.

    Le corps est la premire porte ouvrir et franchir pour dcouvrir nos chemins

    derrance et nous rorienter. Cela peut provoquer la mise en vidence de

    tension. Mais ces ractions et la conscience dont peut en avoir le sujet,

    provoquent chez celui-ci un rveil de son tre endormi, passif sous

    lemprise de la nvrose. Lvolution de sa propre personne passe par le contact

    avec son essence, avec son tre profond, cest par louverture de sa

    conscience que le sujet se rend disponible une information corporelle .

    Entendons bien que les tats modifis de la conscience nimpliquent pas

    ncessairement une perte de conscience, bien au contraire. Le contact avec les

    niveaux les plus profonds de lessence humaine doit seffectuer en pleine

    conscience. Le seul et vritable dveloppement passe par celui de la

    conscience et non par un comportement inconscient dans lequel le sujet perd le

    contrle.

    26 Delacroix. Jean-Marie.Ainsi Parle LEsprit de la Plante. d Jouvence, 2000.

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    La musique voque souvent un corps en mouvement. Cest par la mise en

    mouvement de ses sons intrieurs, que lindividu pourra mobiliser son tre

    endormi. Le corps est le rceptacle, le lieu de toutes les inscriptions de

    l

    histoire, de la gnalogie de l

    tre. Il est l

    inconscient charnel, l

    inconscient faitchair. Quand le corps est touch par la musique, le sujet entre dans la

    conscience par lintermdiaire de lattention et de la vigilance. Dans la

    conscience de ce dj l non-conscient, dans la conscience que cela parle

    dans et par le corps. Alors le corps et linconscient parlent dans le mme temps,

    dans le mme instant, ils nont plus quune voix.

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    Prsent

    Un moment un instant

    Linstant du moment

    La nature, une peinture, un sourire

    Saisir sans saisir

    Spanouir comme la feuille dans le vent dautomne

    Fleurir comme la trace, dans le dsert, dune goutte de pluie

    Un moment un instantUn instant inou

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    Le pouvoir de la parole ou le verbe sest fait chair

    Je veux me dployer. Je ne veux pas

    rester ferm quelque part, car l o je

    suis ferm, je ne suis pas vrai.

    Rainer Maria Rilke27.

    Cest par lexpression de ce qua provoqu la musique chez le sujet, par la mise

    en mots de son inconscient fait chair , dans ce que Lacan appelle le

    discours plein, que les reviviscences de souvenirs de lenfance du sujet, au

    cours dune sance de musicothrapie, nauront de sens que si elles lui sont

    donnes directement par sa bouche son oreille. In aure cordis28.

    Quand le corps de la personne parle, elle ne se raconte plus d histoire, elle est

    sa propre histoire. Autrement dit elle est au cur du sujet .

    Le mot discours scrit toujours au pluriel, cest une particularit intressante de

    la langue franaise. Lorsque le sujet parle en thrapie, il apparat trs vite que

    son discours en cache un autre puis un autre encore, comme sil avait t crits

    sur un palimpseste, ce parchemin dont on a effac les premires critures

    laissant place nette pour un nouveau texte. Ce discours contenant les symboles

    affectifs et imaginaires, est ce qui manque lindividu pour reconstituer et

    comprendre son histoire. Le fait de garder les mots en soi nest que source de

    souffrance et drive sur les maladies psychosomatiques, lnergie ainsi

    condense, retenue nest pas conomique. Cest par ce biais que le sujet

    pourra se rendre compte de son refoulement. Cest parce que la parole est le

    27 Welwood. John.Pour une Psychologie de Lveil. Paris, La table Ronde, 2003.

    28 Dans loreille du cur.

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    lien entre limaginaire et le rel, que celle-ci a la force de changer les

    organisations imaginaires du sujet. Comme le prcise Lacan29 : le rel nest pas

    confondre avec le vrai. Le rel est ce que nous apprhendons, ou tenons pour

    rel. Le vrai est le concret, le visible, la lsion ulcreuse est vraie, la causepsychique est relle. Le monde rel et imaginaire sont lis. Cause effets.

    Pour Lacan, linconscient est ce chapitre de lhistoire du sujet qui est marqu

    par un blanc ou occup par un mensonge30. Cest le chapitre censur. Mais la

    vrit peut-tre retrouve, le plus souvent dj elle est crite ailleurs, dans le

    corps, dans la maladie psychosomatique.

    La perception que lindividu a du monde environnant est programme par le

    langage quil parle. Cest au cours de sa prime enfance que celui-ci a fix ses

    impressions ressenties sur les situations et les choses qui lentouraient. Enfant

    il a identifi une ide une chose, autrement dit il a symbolis son imaginaire.

    Plus tard ses mots deviendront pour lui le contenant de ses affects, de sorte

    rpondre dans le prsent lindividu quil sest constitu dans un temps pass.

    La symbolisation peut apparatre comme restrictive, mais elle est la loi quipermet laccession au langage. La parole arrive trs rarement exprimer le

    fond de ltre, le mot symbole de lide est une traduction restrictive de la

    pense originale, cest extrmement frustrant et cela entrane pour le sujet le

    dpit de ne pouvoir jamais dire exactement le fond de sa pense. Ses penses

    doivent se transformer en mots dans le langage. Le discours que le sujet tient

    ne permettra pas au thrapeute qui lcoute de connatre vraiment tout le fond

    de son coeur. Celui-ci espre que son thrapeute puisse le comprendre. Le

    thrapeute se devra de questionner, dcouter, dtudier et apprendre le

    langage du sujet avec humilit, de sorte favoriser une relation dchange.

    29 Dethy. Michel.Introduction la Psychanalyse de Lacan. Lyon, Chronique Sociale,

    2003.30 cf. note 27.

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    La smantique dun individu rvle ses modes sensoriels privilgis de

    perception du monde. On sait que certains individus sont des visuels alors

    que dautres vivent leur vie sur un mode principalement proprioceptif. Ce que

    l

    on sait moins, par contre c

    est que le langage de tous les jours trahit cesmodalits. Les expressions, je ne vois tout simplement pas pourquoi..., cela

    ma alors ouvert les yeux, quant il s agit de cette question, il a vraiment des

    oeillres... sont manifestement lies une exprience surtout visuelle de la

    ralit, de mme que les notations de formes et de couleurs, et les descriptions

    quasi photographiques de personnes et de situations.

    Par contre, les expressions suivantes: jai comme des grenouilles dans le

    ventre,il me donne la chair de poule, on dirait que a lui reste en travers dela gorge, et tant dautres du mme genre, prouvent quon a affaire une image

    du monde de nature principalement proprioceptive. Si lon apprend prter

    autant attention au style dun message qu son contenu, il devient relativement

    facile didentifier ces modalits et de les utiliser dans le discours

    thrapeutique31. Il est important que le thrapeute soit lcoute de ces types

    de messages exprims et encourage leurs dploiements. De sorte que le sujet

    prenne contact avec ce pr-articul, ce sens corporel, avec son ressentiphysique, de ce quil veut exprimer.

    Le ressenti physique, est-ce quoi va se rfrencer intrieurement le sujet,

    quand le thrapeute lui demandera, par exemple Comment vous sentez vous

    linstant mme ? Pour rpondre avec prcision, le sujet devra regarder

    derrire les rponses automatiques qui jaillissent dans sa bouche et percevoir

    lintrieur de lui un quelque chose informe qui, au dpart est vague et mal

    dfini. mesure que le sujet commence se relier la manire dont il se sent,

    ce vague quelque chose prend forme et il y a une impression de

    reconnaissance, et en dcoule une expression ou une laboration de ce que

    ressent le sujet dans le moment prsent. Quand le sujet peut capter un vague

    ressenti physique et sexprimer partir de lui, au lieu de dverser ses penses

    propos de lui, cela lui permet dnoncer ce qui est vrai, chose qui ne lui tait

    31 Watzawick. Paul : le langage du changement. Paris, d du Seuil, 1980.

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    pas accessible ni exprimable avant. Cest seulement partir du flou initial que

    quelque chose de frais peut se dployer, quelque chose qu il peut avoir

    vaguement senti mais pas encore tout fait ralis. Le sujet cherche prendre

    contact avec son ressenti et l'exprimer. Pendant un certain temps, surtout audbut, il peut avoir de la difficult sentir les images qui se forment. Le

    thrapeute pose alors des questions susceptibles de favoriser plus de

    prcision, toujours en relation avec le senti corporel : Cette sensation est-elle

    lourde ou lgre? , par exemple. Chaque fois que le sujet s'gare dans les

    considrations mentales, le thrapeute le ramne son corps. Quand l'image

    est assez prcise, le thrapeute oriente ses questions pour que le sujet

    tablisse une relation intrieure avec cette image. Une fois quun ressenti

    physique implicite sest dvoil, les choses ne sont plus jamais pareilles. Ce qui

    est cratif ou curatif dans ce processus de dvoilement, c est quil permet au

    sujet de se percevoir dune manire plus vaste. Cette manire plus vaste

    rsulte de linteraction dynamique daller-retour entre deux modes de

    connaissance : celui dun esprit focal et celui du ressenti physique en tant que

    conscience corporelle. Cest ainsi que progressivement, le sujet se prpare

    quitter les vieilles peaux32.

    Ce dploiement thrapeutique comporte trois tapes principales :

    Llargissement de lattention pour prouver le ressenti physique global dune

    situation ; linvestigation directe sur ce ressenti physique ; et, en lexprimant

    successivement sous diffrents angles, la dcouverte de ce qui en est le cur,

    ce qui libre le blocage et permet de nouvelles directions de se rvler. De

    cette manire, la confusion volue graduellement vers la clart, lincorrect vers

    le correct, et la dconnection vers la connexion. Dans ce travail psychologique,

    le dialogue entre le thrapeute et le sujet est ce qui facilite le processus de

    dploiement. La dmarche approprie du thrapeute est sa capacit d aider le

    sujet saccorder au silence de lexprience pr-articule et lamener une

    expression de plus en plus complte, au lieu de faire une fixation sur un

    contenu particulier qui a t articul. Plus important que ce que dit le thrapeute

    32 Welwood. John.Pour une Psychologie de Lveil. Paris, La table Ronde, 2003

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    en rponse au sujet, cest laptitude du thrapeute montrer le ressenti

    physique (encore vague) du sujet et tre en rsonance avec lui.

    Linterprtation est dlicate et alatoire, mais la reformulation par le thrapeute,

    de ce que tente d

    exprimer le sujet, marquera une prise en considration dudiscours de ce dernier. Par cet acte, le thrapeute sera le dpositaire des

    paroles du sujet. Dans cette coute, le thrapeute invite le sujet soumettre

    ses ides, ses problmes affectifs et moraux. Cest proposer au sujet de mettre

    son me en miroir dans celle du thrapeute, afin quil puisse se confronter et

    ainsi se connatre, se dcouvrir. Cette confrontation nest possible que si le

    thrapeute se garde de tout jugement, et quil se concentre avec une qualit

    dcoute ouverte et dsintresse. Cette dmarche est une thique, c

    est ce

    quon pourrait appeler de lempathie. Lefficacit dun tel rapport est vidente.

    Le thrapeute coute pour comprendre le sujet, et non pour contrer son

    raisonnement en lassommant de ses propres divagations. Celui-ci

    ninterviendra que pour que le sujet prcise son discours. Ce type dcoute

    demandera de la part du thrapeute un renoncement, renoncement dans la

    manipulation, de reconnaissance, dendoctrinement, dintellectualisation et de

    valorisation personnelle.

    Il faut reconnatre que, dans ce domaine, le thrapeute sera plus efficace sil

    favorise la prise de conscience du sentiment sans prendre lui-mme partie. Il

    est particulirement important que le thrapeute reconnaisse sa fonction

    comme celle dun miroir renvoyant au sujet son propre moi. Quand le sujet

    exprime nimporte quelle forme de sentiments ngatifs lgard de lui-mme, la

    tendance naturelle de la part du thrapeute serait dessayer de le convaincre

    quil exagre et dramatise la situation. Cette dmarche naide en rien le sujet,

    en se sens quelle ne permet pas au sujet de reconnatre ce sentiment comme

    une ralit, donner une forme ce ressenti, une reconnaissance et une prise

    en compte de ce que vit le sujet dans linstant. Ressenti sur lequel le sujet

    pourrait sappuyer par la suite, pour envisager les choses diffremment, et ainsi

    aller de lavant et se dcouvrir des qualits plus positives. De mme, si le sujet

    a des sentiments conflictuels, quand il exprime la fois lamour et lhostilit,

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    lattraction et la rpulsion, ou les deux aspects dun choix difficile, il est

    particulirement important que le thrapeute reconnaisse clairement cela en

    tant quattitude ambivalente, ne reconnatre quun aspect de ces sentiments

    confus peut retarder la thrapie.

    Le thrapeute doit avoir un regard positif et inconditionnelle 33, se centrer sur

    la personne et se desidentifier du sujet et de sa propre histoire, ainsi il pourra

    voir le sujet comme il est ou comme il lui plait dapparatre dans linstant. Sans

    jugement sans projet sur lui il laccompagne. Mais la bienveillance

    inconditionnels nimplique pas que le thrapeute doit toujours aimer les sujets

    en thrapie, cela signifie plutt offrir un espace accommodant au sein duquelles nuds peuvent commencer se dfaire. Le thrapeute se doit donc, dtre

    une personne ouverte, accueillante et rceptive. Cest parce quil y a cette

    ouverture, cet espace disponible que celui-ci pourra accueillir toutes les

    projections du sujet.

    Ce transfert naura defficacit qu la condition ou le thrapeute est touch par

    les mots, lhistoire du sujet, et non pas affect. Autrement dit le thrapeute danssa rsonance avec le sujet sinscrira dans une dynamique de mouvement vers

    lavant et non pas dans limmobilisation du sujet dans son avance. Cette

    relation empathique ne pourra se faire de faon juste, seulement si le

    thrapeute par une dmarche personnelle, aura pu sallger de ses propres

    souffrances et ainsi ouvrir son cur. Ainsi le thrapeute contribuera crer une

    atmosphre libratrice dans laquelle le sujet pourra sexprimer.

    La tendance extrioriser le matriau inconscient est parfois dune force peu

    commune, ce qui engendre des situations difficiles et prouvantes pour le

    thrapeute. Elles constituent un vritable dfi du point de vue de la dynamique

    transfert contre-transfert . Il est important pour le bon droulement de la

    thrapie que le thrapeute ne se laisse pas manipuler, naccepte pas de tenir

    les divers rles correspondant aux situations qui reproduiraient les lments

    33 Rogers. Carl.La relation daide et la Psychothrapie. ESF diteur, 2002.

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    traumatisants dune situation originale. Sa tache est des plus complexes. Le

    thrapeute doit simpliquer totalement dans le processus et dispenser toute la

    chaleur humaine ncessaire, mais doit galement prserver son rle

    thrapeutique qui lui permettra d

    tre suffisamment dtach pour reconnatreles manuvres dextriorisation, les interprter et approcher le sujet de

    manire favoriser une exprience motionnelle correctrice. Le thrapeute

    appropri est celui qui rentrera en rsonance vibratoire avec larchaque de

    langoisse rveille chez le sujet et avec le stade de lvolution touche en

    celui-ci. Ce processus est une sorte de similia34 similibus curantur .

    Dans ce transfert, le sujet va faire part dune partie de son dialogue au

    thrapeute, la partie quil connat le moins qui contient les vnements du

    pass, traduit par des mots porteurs de signifiants, dans son discours prsent.

    Par ces projections, le sujet va se dcoller de ce qui vient de son inconscient,

    de faon crer une distanciation et ainsi acqurir un espace de discernement

    face ce qui en surgit. Mais le symptme a une conomie psychique, un rle

    de protecteur pour le sujet. Le thrapeute doit tre clair avec sa toute puissance

    de gurison , il doit respecter les possibilits du sujet du moment. En cesens vouloir absolument que le sujet libre des conflits intrieurs peut s avrer

    dangereux et avoir des consquences qui pourrait retarder son avanc ou plus

    grave encore, la libration dune charge motive trop importante, qui pourrait

    tre lourd de consquence. Des efforts maladroits venant du thrapeute,

    vouloir acclrer le processus thrapeutique en mettant sur le tapis des

    attitudes affectives que le sujet nest pourtant pas encore capable daffronter,

    peut faire natre une rsistance de la part du sujet. Le thrapeute doit savoir

    respecter le fait que la personne nait pas accs certaines parties de son

    inconscient car, dans le moment, cette rsistance peut permettre au sujet de

    souffler. Nanmoins la rsistance est difficilement discernable par le sujet lui-

    mme, cest prcisment la prsence du thrapeute qui entrane la rupture de

    la rsistance. Prsence efficace mme dans le silence, puisque le sujet projette

    sur lui des sentiments qui lui sont impossibles dire. Quand la rsistance

    34 Les semblables se gurissent par les semblables.

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    devient trop forte surgit le transfert. Le sujet sactualise ainsi dans le thrapeute,

    son jugement intrieur devient ainsi extrieur. Dans ce transfert, le sujet

    dcouvrira que ses rvlations les plus choquantes sont acceptes sans

    indignation par le thrapeute. C

    est par ce que le thrapeute ne statuera pasface aux projections que le sujet prendra conscience que le thrapeute n est

    pas les personnes quil projette. Par cet acte, le sujet va progressivement se

    rcuprer, petit a petit se rapproprier sa problmatique au travers de ses

    projections, de faon se responsabiliser et pouvoir intgrer je suis aussi

    cela .

    Le musicothrapeute nest pas un compositeur, un chef d

    orchestre, en ce

    sens o il imposerait la note jouer, interprter pour le sujet. Cest le sujet qui

    doit laborer luvre de sa propre vie. Le thrapeute doit simplement

    encourager lexpression des attitudes et des sentiments du sujet, jusqu ce

    que la comprhension intuitive apparaisse spontanment. Nanmoins

    linterprtation du musicothrapeute est ncessaire pour provoquer

    linterprtation du sujet. Cest dans cette altrit que le sujet va se constituer, va

    sauto nommer. Une des directions que doit avoir le musicothrapeute au coursde la thrapie serait quil dirige au sens orienter le sujet vers le je . Cest en

    coutant le sujet alterner dans son langage entre le je et le moi que le

    thrapeute saura o se situe le sujet. Car rien ne sort du moi , cest un objet,

    une identification une reprsentation, le sujet s exprime dans les faits et ne

    parle pas de ses affects. Dautre part, tout sort du je , le sujet parle de lui

    depuis lui. Le je cest du pouvoir tre, le dsir, la personne nest pas ce

    quelle est, mais ce quelle peut tre.

    Nous nous limitons par lattachement nos croyances, limage que nous nous

    faisons de nous-mme et du monde. Nous nous cramponnons ces

    perceptions tablies, connues et scurisantes, bien que parfois elles soient

    anxiognes, mais aller au-del serait aborder linconnu. Nanmoins cest sans

    aucun doute par un retour de faon progressive, cet inconnu, ce point de

    non-rfrence, que lhomme aura la possibilit de se dfaire de limage dans

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    laquelle il se fige et se solidifie. Cest par un retour ce point de non-rfrence,

    dans ltat des choses du moment prsent, que lhomme pourra rompre les

    chanes de ses schmas errons. Cest par son audace et lintgration, quil se

    surprendra et modifiera la qualit des choses !

    Le but nest pas de rsoudre tel problme particulier, mais daider lindividu

    atteindre la maturit qui lui permette de faire face au problme actuel, et aux

    suivants dune manire mieux adapte. Si le sujet peut acqurir une intgration

    suffisante pour prendre en main un problme de manire plus indpendante,

    plus responsable, moins confuse, mieux organise, alors il pourra aussi prendre

    en main de cette faon de nouveaux problmes. La thrapie ne consiste pas faire quelque chose pour lindividu, ni non plus le conduire faire quelque

    chose pour lui-mme. Elle consiste le librer pour quil puisse achever sa

    maturation et son dveloppement normal, retirer des obstacles afin quil

    puisse reprendre sa marche en avant. Ce que le sujet reoit de ses sances

    daide psychologique nest pas ncessairement une solution bien ordonne

    chacun de ses problmes, mais laptitude y faire face de faon construite. Il

    ne peut tre admis que le changement doit tre total et dfinitif. L impossibilitde trouver des solutions parfaites, valables une fois pour toutes, passe pour un

    fait normal de lexistence ; on admet ce titre que les problmes puissent se

    reproduire et que lexistence constitue un processus dadaptation, ces solutions

    pouvant tre optimales mais jamais parfaites, ne serait-ce que parce que le

    scnario de la vie change constamment. Autrement dit, il serait illusoire de

    croire que les problmes disparaissent. Ce nest que parce que le sujet aura

    acquit une connaissance de lui-mme, quil sera parvenu connatre une

    thorie sur son comportement, quil ne lui sera plus soumis, et aura acquit la

    libert de lui dsobir.

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    Former les esprits sans les conformer

    Les enrichir sans les endoctriner

    Les aimer sans les enrler

    Leur communiquer une force

    Dont ils puissent faire leur force

    Les sduire par le vrai

    Pour les amener leur propre vrit

    Et leur donner le meilleur de soi

    Sans attendre ce salaire

    Quest la ressemblance

    Jean Rostand.

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    Dtacher nest

    pas spar.

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    Chre Ariane

    Il y a quelques annes de cela, une nuit alors que je dormais, une chose

    inhabituelle cest produit. Je me voyais me regarder. Je percevais et

    ressentais mes yeux dtachs, au-dessus de mon enveloppe charnelle

    regarder ressentir sans jugement ce corps allong.

    Au petit matin, mon rveil, encore dans les sensations de cette

    exprience, aucune analyse de mon ressenti ne mtait encore possible.

    Immerg dans un ailleurs si loin si proche, comme la sortie dun rve

    habituel, ne subsistait que lmotion dnue de toutes penses. Comme un

    sentiment en suspens dans linstant prsent, je demeurais immobile.

    Sentiment semblable ce que jai dj pu prouver lorsque, face une

    situation de danger ou dmerveillement, je regarde stupfait, la scne se

    drouler devant mes yeux.

    Cette sensation dura un long moment et finie par sestomper laissant place

    au doute, lapprhension, au trouble de ne pas compltement sentir si

    jtais linstant dans mon corps, ou encore hors de mon corps. Comm