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Mémoire de recherche
Majeure Finance - 1 – Promotion 2006
MEMOIRE DE RECHERCHE Sous la direction de M. Ulrich HEGE Comment expliquer les différences de rentabilité de s investissements des fonds de capital risque dans le s sociétés de biotechnologie européennes et américain es ?
GRENIER Thomas
GOAREGUER Guillaume
Groupe HEC Année 2006
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 2 – Promotion 2006
Remerciements
En introduction de ce rapport, nous tenions à remercier très sincèrement les personnes
suivantes, sans lesquelles la rédaction de ce mémoire n’aurait pas été possible :
� M. Ulrich HEGE, pour les conseils qu’il nous a donnés tout au long de notre
travail, notamment pendant la phase préparatoire de recherche, � Ainsi que les 3 interlocuteurs, avec lesquels nous avons réalisé nos entretiens
qualitatifs :
- M. Gilles SCHANG, Partner chez SGAM Alternative Investments,
- M. Raffy KAZANDJIAN, Partner chez Biotutor,
- M. Alain LOSTIS, Partner chez Aelios,
pour avoir pris le temps de nous recevoir et de répondre à nos questions.
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 3 – Promotion 2006
Executive summary
L’objet de ce mémoire est de confirmer, à travers une étude des TRI des
investissements des fonds de capital risque dans les sociétés de biotechnologie
américaines et européennes, le postulat selon lequel ces investissements seraient
moins rentables en Europe et d’identifier, en les analysant, les causes de tels écarts.
Dans un premier temps, une analyse quantitative a été réalisée, sur la base d’un
échantillon de plus de 2000 sociétés, qui a permis de confirmer le postulat de départ :
en excluant les TRI supérieurs à 500%, les investissements des fonds de capital risque
dans les sociétés de biotechnologie américaines dégagent des TRI supérieurs (TRI
moyen : 64%) à ceux obtenus pour les sociétés européennes (TRI moyen : 48%) alors
même que la volatilité des résultats est légèrement inférieure pour les sociétés
américaines.
Dans un second temps, une analyse approfondie du cas de la France1 basée sur des
entretiens réalisés auprès de professionnels du secteur des biotechnologies et
complétée par une étude de la littérature académique, a permis de mettre en évidence
les causes possibles de tels écarts.
Deux grandes catégories de facteurs ont ainsi été identifiées : les facteurs liés à
l’environnement culturel et institutionnel et les facteurs liés aux caractéristiques
intrinsèques des sociétés. Ces multiples facteurs ont pour point commun d’influencer à
la fois les performances présentes ou futures des sociétés de biotechnologie et l’intérêt
des fonds de capital risque pour ce type de sociétés.
Au niveau de l’environnement culturel et institutionnel, le manque de culture des
biotechnologies fait l’unanimité parmi les professionnels du secteur au même titre que la
difficulté à réaliser des transferts technologiques du public vers le privé. Ces facteurs
contribuent à dissuader les rares investisseurs compétents d’investir dans les sociétés
de biotechnologie, d’autant plus que le manque d’aides publiques et d’incitations
1 Pour garantir une certaine profondeur d’analyse et compte tenu des contraintes de temps imposées, l’identification et l’analyse des facteurs explicatifs des écarts de TRI observés a porté essentiellement sur le cas de la France.
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 4 – Promotion 2006
fiscales prive ces sociétés de ressources financières nécessaires à leur développement
et pèse ainsi sur leurs performances.
En ce qui concerne les sociétés elles-mêmes, le faible nombre de partenariats noués
avec de grands laboratoires pharmaceutiques notamment, combiné au faible nombre de
dépôts de brevets et au manque de managers capables de gérer des sociétés de
biotechnologie pèsent tout autant sur les performances opérationnelles de ces sociétés
que sur l’intérêt que des fonds de capital risque peuvent avoir à soutenir ces sociétés en
leur fournissant les ressources financières dont elles ont besoin.
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 5 – Promotion 2006
Table des matières
INTRODUCTION..........................................................................................7
1. CAPITAL RISQUE ET BIOTECHNOLOGIE................... ......................9
1.1. LE CAPITAL RISQUE....................................................................................9
1.1.1. Définition, caractéristiques et philosophie ..................................................9
1.1.2. Le capital risque en France......................................................................11
1.2. LES BIOTECHNOLOGIES............................................................................14
1.2.1. Définition, cycles de développement et caractéristiques de financement 14
1.2.2. Les biotechnologies en France ................................................................18
1.3. L’ADEQUATION ENTRE CAPITAL RISQUE ET BIOTECHNOLOGIES ....................25
2. UNE RENTABILITE DES INVESTISSEMENTS INFERIEURE EN
EUROPE ....................................................................................................27
2.1. METHODOLOGIE DE CALCUL DES TRI (TAUX DE RENTABILITE INTERNE) ......27
2.1.1. Explications théoriques ............................................................................27
2.1.2. Mise en pratique et difficultés rencontrées...............................................30
2.2. RESULTATS DE L’ANALYSE QUANTITATIVE..................................................31
2.2.1. Présentation des échantillons ..................................................................31
2.2.2. Analyse des résultats obtenus .................................................................31
2.3. PREMIERE ANALYSE DES ECARTS DE TRI OBSERVES .................................36
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 6 – Promotion 2006
3. LES RAISONS DU RETARD FRANÇAIS ..................... .....................37
3.1. LES FACTEURS LIES A L’ENVIRONNEMENT CULTUREL ET INSTITUTIONNEL .....37
3.1.1. Un manque de culture des biotechnologies .............................................37
3.1.2. La question de la valorisation...................................................................39
3.1.3. Un manque de volonté politique...............................................................41
3.2. LES FACTEURS LIES AUX CARACTERISTIQUES INTRINSEQUES DES SOCIETES DE
BIOTECHNOLOGIE ..............................................................................................43
3.2.1. Les alliances ............................................................................................43
3.2.2. Le capital intellectuel................................................................................47
3.2.3. Le capital humain ..................................................................................... 49
CONCLUSION ...........................................................................................51
BIBLIOGRAPHIE...................................... .................................................54
ANNEXES..................................................................................................57
ANNEXE 1 : PROFILS DES ENTREPRISES CITEES ..................................................57
ANNEXE 2 : METHODOLOGIE PRATIQUE DE CALCUL DU TRI ..................................72
ANNEXE 3 : TRI OBTENUS SUR LA BASE D’UNE FRONTIERE SUPERIEURE ...............79
ANNEXE 4 : UNE DES RAISONS CLE POUR LA VALORISATION DES SOCIETES DE
BIOTECHNOLOGIE : LES REVENUS .......................................................................81
ANNEXE 5 : LES SOCIETES DE BIOTECHNOLOGIE DONT LA CAPITALISATION
BOURSIERE DEPASSENT 1,5 MILLIARD DE DOLLARS ..............................................82
ANNEXE 6 : NOMBRE DE NOUVEAUX MEDICAMENTS APPROUVES AUX ETATS-UNIS.83
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 7 – Promotion 2006
Introduction
Le sujet de ce mémoire est né d’un postulat selon lequel les investissements des fonds
de private equity et notamment des sociétés de capital risque seraient plus rentables
aux Etats-Unis qu’en Europe. L’objet de cette étude est de vérifier cette thèse en
essayant d’identifier et d’analyser les causes d’un tel phénomène.
Dans cette optique, nous nous sommes intéressés de manière spécifique au secteur
des biotechnologies. Cette industrie requiert en effet des volumes de capitaux
particulièrement conséquents, que seuls des capitaux risqueurs sont en mesure de lui
fournir2.
Notre étude comporte deux dimensions :
� Quantitative : à partir d’une base de données spécialisée, nous avons extrait les
données nécessaires pour calculer les TRI des sociétés de biotechnologie
américaines et européennes que nous avions retenues afin de confirmer le
postulat de départ
� Qualitative : en vue d’identifier et d’analyser les causes du phénomène observé,
nous avons mené plusieurs entretiens auprès de professionnels du secteur des
biotechnologies, que nous avons complétés par une étude de la littérature
académique sur le sujet.
Contrairement à la structure classique généralement adoptée dans les travaux de
recherche, l’étude de la littérature académique est présentée dans la dernière partie,
dans la mesure où cette analyse théorique fournit des éléments explicatifs des écarts de
TRI présentés, dans le cadre de l’analyse quantitative, dans la seconde partie.
Après avoir rappelé les principales caractéristiques de l’industrie du capital risque et du
secteur des biotechnologies, nous mettrons en évidence la moindre rentabilité des
investissements des fonds de capital risque dans les sociétés de biotechnologie
2 Du moins dans un premier temps, avant d’être en mesure de faire appel public à l’épargne par exemple. Nous reviendrons sur les liens entre biotechnologie et capital risque dans la première partie.
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 8 – Promotion 2006
européennes à travers les résultats de l’analyse quantitative, avant de présenter et
d’analyser les causes d’un tel phénomène3.
3 Pour garantir une certaine profondeur d’analyse et compte tenu des contraintes de temps imposées, l’identification et l’analyse des facteurs explicatifs des écarts de TRI observés a porté essentiellement sur le cas de la France.
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 9 – Promotion 2006
1. Capital risque et biotechnologie
1.1. Le capital risque
1.1.1. Définition, caractéristiques et philosophie
1.1.1.1. Qu’est ce que le capital risque ?
Les investisseurs institutionnels sont chargés de faire fructifier le capital dont ils
disposent. Pour ce faire, ils construisent des portefeuilles à profils déterminés, c’est à
dire avec des caractéristiques de volatilité (risque) et de rentabilité déterminées. Ils
investissent principalement dans des actions cotées, des produits de taux ainsi que
dans l’immobilier, produits dont les caractéristiques différentes permettent d’obtenir les
niveaux de rentabilité et de volatilité déterminés a priori. De plus, pour optimiser leurs
portefeuilles, ave l’idée sous jacente de diversifier leur risque, ils disposent de produits
dit « alternatifs ». Au sein de ces produits figure notamment le capital
investissement , qui compose en général 3% à 5% des actifs des investisseurs
institutionnels. Ce segment se divise lui-même en trois catégories : le capital risque
(c’est-à-dire les investissements dans des start up), les LBO (Leveraged Buy Out) à
dominante financière et les « situations spéciales » (c’est-à-dire les investissements
dans des entreprises en difficultés). Ce dernier segment est peu implanté en France4 et
plus généralement en Europe (quelques fonds sont présents au Royaume-Uni) mais
est, en revanche, très développé aux Etats-Unis, où une centaine de fonds de ce type
sont actifs.
Le capital risque regroupe ainsi l’ensemble des investissements en fonds propres
(titres donnant accès au capital, sans garanties extrinsèques) réalisés, pour une durée
limitée, dans des sociétés non cotées en cours de c réation ou récemment créées.
La rémunération principale réside dans les plus values de cession, d’où l’importance de
la liquidité du marché de sortie (introduction en bourse, cession, opération
secondaire,…) . Il faut noter que les investisseurs ont un rôle de conseil et sont donc
très impliqués dans la vie de l’entreprise (sans pour autant la gérer, bien évidemment). 4 Butler Capital est l’un des acteurs les plus connus.
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 10 – Promotion 2006
1.1.1.2. Caractéristiques principales
De manière générale en finance, un risque élevé est rémunéré par une rentabilité, elle
aussi, élevée. La particularité du capital investissement réside dans le fait que le risque
comme la rentabilité atteignent des niveaux général ement extrêmement élevés ,
niveaux que l’on ne retrouve dans aucun autre produit. C’est l’une des raisons pour
lesquelles les investissements en capital risque notamment ne constituent qu’une part
limitée voire marginale des portefeuilles des investisseurs institutionnels. Autre
caractéristique remarquable : tant que la sortie n’a pas eu lieu, ces investissements
sont décoréllés des marchés financiers , dans la mesure où il s’agit d’investissements
dans du non coté. Par conséquent, la liquidité est faible, et constitue un autre risque
important.
On peut enfin remarquer qu’il est difficile de suivre les rentabilités de ces
investissements ou de les adosser à un benchmark, car l’opacité est de règle dans ce
domaine.
C. investissementC. investissementC. investissementC. investissement
Crédit MezzanineCrédit MezzanineCrédit MezzanineCrédit Mezzanine
Crédit classiqueCrédit classiqueCrédit classiqueCrédit classique
Taux de sinistralitéTaux de sinistralitéTaux de sinistralitéTaux de sinistralité Taux de rentabilitéTaux de rentabilitéTaux de rentabilitéTaux de rentabilitéInvestissementInvestissementInvestissementInvestissement
Jusqu’à 20%Jusqu’à 20%Jusqu’à 20%Jusqu’à 20%
2 à 3%2 à 3%2 à 3%2 à 3%
0,5%0,5%0,5%0,5%
Objectif 30%Objectif 30%Objectif 30%Objectif 30%
TMM + 1 à 3%TMM + 1 à 3%TMM + 1 à 3%TMM + 1 à 3%
TMM + 1 à 3%TMM + 1 à 3%TMM + 1 à 3%TMM + 1 à 3%
C. investissementC. investissementC. investissementC. investissement
Crédit MezzanineCrédit MezzanineCrédit MezzanineCrédit Mezzanine
Crédit classiqueCrédit classiqueCrédit classiqueCrédit classique
Taux de sinistralitéTaux de sinistralitéTaux de sinistralitéTaux de sinistralité Taux de rentabilitéTaux de rentabilitéTaux de rentabilitéTaux de rentabilitéInvestissementInvestissementInvestissementInvestissement
Jusqu’à 20%Jusqu’à 20%Jusqu’à 20%Jusqu’à 20%
2 à 3%2 à 3%2 à 3%2 à 3%
0,5%0,5%0,5%0,5%
Objectif 30%Objectif 30%Objectif 30%Objectif 30%
TMM + 1 à 3%TMM + 1 à 3%TMM + 1 à 3%TMM + 1 à 3%
TMM + 1 à 3%TMM + 1 à 3%TMM + 1 à 3%TMM + 1 à 3%
On observe la corrélation classique en finance entre le risque et la rentabilité. On
remarquera aussi, qu’en ce qui concerne le capital risque, les chiffres sont encore
plus volatils (il existe des TRI de plus de 1 000% et le taux d’échec peut être bien
supérieur).
Source : Demeter Patners
Investissement, risque et rentabilité
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 11 – Promotion 2006
1.1.1.3. Le capital risque : premier relais des fon dateurs
Le financement initial des projets est souvent le fait des fondateurs. C’est seulement
dans un second temps qu’il est envisageable de lever des fonds pour financer
l’entreprise. Le capital risque constitue alors ce premier relais. Suivent après les
fonds de capital développement (qui peuvent être les mêmes que précédemment), qui
doivent permettre à l’entreprise de gagner en maturité, avant de sortir sur le marché (via
une introduction en bourse, une opération de LBO, une cession,…). Chaque étape est
déterminante ; le projet peut échouer à chaque phase5 pour des raisons financières
comme pour des raisons plus fondamentales (aspect business, management,...).
La vie de l’entreprise et son financement. Nous nous intéresserons uniquement au
capital risque et au capital développement dans cette étude.
Source : Gilles Mougenot, « Tout savoir sur le capital risque »
1.1.2. Le capital risque en France
1.1.2.1. Les grandes dates du capital risque
Les premières sociétés de capital risque ont été développées dans les années 1950,
avec la création des Sociétés de Développement Régional (SDR) en 1955. Le
système s’est développé ensuite dans les années 1970 avec la création des Sociétés
5 Cette remarque est encore plus vraie dans le cas des entreprises de biotechnologie.
Investissement et essor d’une entreprise
PublicPublicPublicPublicCapital investisseursCapital investisseursCapital investisseursCapital investisseursFamille, amisFamille, amisFamille, amisFamille, amisType d’investisseurType d’investisseurType d’investisseurType d’investisseur
Type Type Type Type d’investissementd’investissementd’investissementd’investissement
Stade deStade deStade deStade dedéveloppementdéveloppementdéveloppementdéveloppement
Capital de proximitéCapital de proximitéCapital de proximitéCapital de proximité
Rachat de minoritairesRachat de minoritairesRachat de minoritairesRachat de minoritaires
Capital risqueCapital risqueCapital risqueCapital risque
Capital développementCapital développementCapital développementCapital développement
Reprise / LBOReprise / LBOReprise / LBOReprise / LBO
PréPréPréPré----cotationcotationcotationcotation
Cotation en bourseCotation en bourseCotation en bourseCotation en bourse
Rachat d’entreprise en difficultésRachat d’entreprise en difficultésRachat d’entreprise en difficultésRachat d’entreprise en difficultés
De l’idée au De l’idée au De l’idée au De l’idée au prototypeprototypeprototypeprototype
Start up, développement, transmission de Start up, développement, transmission de Start up, développement, transmission de Start up, développement, transmission de l’entreprisel’entreprisel’entreprisel’entreprise
Taille critique pour Taille critique pour Taille critique pour Taille critique pour rentrer sur le rentrer sur le rentrer sur le rentrer sur le
marchémarchémarchémarché
PublicPublicPublicPublicCapital investisseursCapital investisseursCapital investisseursCapital investisseursFamille, amisFamille, amisFamille, amisFamille, amisType d’investisseurType d’investisseurType d’investisseurType d’investisseur
Type Type Type Type d’investissementd’investissementd’investissementd’investissement
Stade deStade deStade deStade dedéveloppementdéveloppementdéveloppementdéveloppement
Capital de proximitéCapital de proximitéCapital de proximitéCapital de proximité
Rachat de minoritairesRachat de minoritairesRachat de minoritairesRachat de minoritaires
Capital risqueCapital risqueCapital risqueCapital risque
Capital développementCapital développementCapital développementCapital développement
Reprise / LBOReprise / LBOReprise / LBOReprise / LBO
PréPréPréPré----cotationcotationcotationcotation
Cotation en bourseCotation en bourseCotation en bourseCotation en bourse
Rachat d’entreprise en difficultésRachat d’entreprise en difficultésRachat d’entreprise en difficultésRachat d’entreprise en difficultés
De l’idée au De l’idée au De l’idée au De l’idée au prototypeprototypeprototypeprototype
Start up, développement, transmission de Start up, développement, transmission de Start up, développement, transmission de Start up, développement, transmission de l’entreprisel’entreprisel’entreprisel’entreprise
Taille critique pour Taille critique pour Taille critique pour Taille critique pour rentrer sur le rentrer sur le rentrer sur le rentrer sur le
marchémarchémarchémarché
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 12 – Promotion 2006
Françaises d’Innovation (SFI) en 1971 et des Instituts Régionaux de Participation
(IRP) en 1977.
Mais il a fallu attendre les années 1980 et la modernisation du système financier en
France pour que ce secteur prenne son envol . Ce décollage est notamment illustré
par le vote de la loi sur le Rachat d’Entreprises par les Salariés (RES) en 1983, loi
qui sera modifiée par la suite en 1987. Ce n’est qu’à partir des années 1990 que
l’investissement de l’épargne privée sera encouragé à travers un développement
important de la législation sur le capital risque : instauration d'une réduction d'impôt
pour les investissements réalisées par des personne s physiques dans des
sociétés non cotées en 1994 , création des Fonds Communs de Placement dans
l’Innovation (FCPI) en 1997, création des fonds DSK en 1998. La modification de la
réglementation sur les FCPR et FCPI en 2002 est un des derniers avatars de la
régulation. On peut d’ailleurs constater dès cette introduction un certain retard de la
France.
1.1.2.2. La situation actuelle
Après la forte croissance des capitaux collectés et des investissements réalisés par les
fonds de capital investissement et sociétés de capital risque à la fin des années 1990,
l’éclatement de la bulle technologique au début des années 2000 s’est traduit par une
forte baisse des fonds levés et dans une moindre mesure des investissements réalisés.
Néanmoins, l’année 2005 s’est révélée être un excellent cru , puisque, après quatre
années consécutives de baisse, les capitaux levés ont été multipliés par 5 par rapport à
2004, tandis que les investissements réalisés ont augmenté de plus de 50%. L’activité
du capital investissement a ainsi atteint son plus haut niveau historique, avec 8,1
milliards d’euros investis en 2005. Il est d’ailleurs intéressant de constater que
l’activité a été essentiellement tirée par le capit al transmission et les LBO.
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 13 – Promotion 2006
Source : AFIC - PWC
En 2005, seuls 6,3% des investissements réalisés par les institutions de capital-
investissement ont été investis dans l'amorçage et la création d' entreprise.
L'entreprise naissante reste donc encore peu prise en compte par comparaison avec les
autres cibles du capital investissement que sont les entreprises déjà matures, en
développement, ou celles susceptibles de faire l'objet d'une reprise.
Source : AFIC - PWC
481954
6 287
350
-
1 000
2 000
3 000
4 000
5 000
6 000
7 000
8 000
9 000
2005
Amorçage / Création Développement Transmission / LBO Autres
01
234
56
78
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
0
2
4
6
8
10
12
Investissements en développement, transmission et LBOInvestissements d'amorçage / créationFonds levés
Investissements des sociétés de capital investissem ent par stade En millions d’euros
Situation du capital investissement en France En milliards d’euros
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 14 – Promotion 2006
Il est néanmoins intéressant de remarquer que les placements dans les fonds de
capital risque connaissent une diffusion croissante parmi les épargnants. Si les
Fonds Communs de Placements à Risque (FCPR) paraissent réservés à un public
averti, voire à des investisseurs institutionnels, la diffusion publique des Fonds
Communs de Placements dans l’Innovation (FCPI) a be aucoup progressé depuis
leur création, quoique l'on observe un recul en 2002, résultat d'une plus grande
prudence des épargnants dans un contexte devenu moins favorable à l'investissement
dans les petites entreprises de croissance.
Source : Commission des Opérations de Bourse
1.2. Les biotechnologies
1.2.1. Définition, cycles de développement et carac téristiques de financement
1.2.1.1. Qu’est ce que les biotechnologies ?
Au sens large, les biotechnologies sont l’ensemble des méthodes et des techniques
qui utilisent comme outils des organismes vivants (cellules, bactéries, levures,…)
ou des parties de ceux-ci (gènes, enzymes,…).
Les biotechnologies permettent d’une part de mieux comprendre les mécanismes du
vivant et d’autre part d’améliorer ou de créer des produits dans différents secteurs :
0
5
10
15
20
25
30
35
1997 1998 1999 2000 2001 2002
0
100
200
300
400
500
600
En millions d'euros
Nombre de FCPI créés Souscription
Situation des FCPI – 31 décembre 2002
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 15 – Promotion 2006
l’agriculture (création de produits résistants aux insectes,…), l’industrie alimentaire ,
l’industrie pharmaceutique (production d’insuline pour des bactéries,…).
A côté des biotechnologies « classiques » - fabrication de pain ou de bière à base de
levures, par exemple - est apparue la biotechnologie « moderne », principalement
basée sur la connaissance des gènes. Les OGM, organismes génétiquement modifiés,
en sont des produits.
Les méthodes et technologies employées par les entreprises de biotechnologie
consistent le plus souvent à altérer des fonctions biologiques au niveau moléculaire
(c’est-à-dire génétique). La boîte à outil de la recherche comprend notamment les
éléments suivants : les technologies de transfection et de clonage, de séquençage,
d’analyse algorithmique de structure, l’analyse des bases de données informatiques ou
l’étude des gènes et la prévision de fonction de structures protéiques.
Dans cette étude, nous nous focalisons sur les entreprises de biotech nologie
actives dans le domaine de la santé humaine. Seule la recherche de médicaments
pour l’humain nous intéresse ici.
Nous ne retiendrons donc pas les entreprises cherchant des solutions dans le domaine
animal ou dans le domaine alimentaire. De même, nous avons exclu les entreprises
actives dans le domaine de la santé en général (« Healthcare »), telles que les
entreprises de « medtech » (fabrication de stent contre les problèmes cardiovasculaires,
par exemple).
1.2.1.2. De la recherche au médicament 6
La découverte puis la validation d’un médicament prend en moyenne 12 ans . Douze
années pendant lesquelles tout peut être remis en question à chaque essai clinique, à
chaque validation par les organismes compétents (la Food and Drug Administration
(FDA) aux Etats-Unis, par exemple). En effet, avant d’obtenir une Autorisation de Mise
sur le Marché (AMM), il faut prouver que la molécule est réellement efficace et saine
pour une maladie donnée.
Le développement des médicaments débute par la sélection d’une molécule
susceptible d’avoir un intérêt thérapeutique, intérêt que les études pré-cliniques
6 Source : « FDA », Food and Drug Administration.
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 16 – Promotion 2006
réalisées en laboratoire confirmeront ou infirmeront. Ces analyses impliquent le plus
souvent des expériences sur des animaux (des rats de laboratoires notamment). Cette
étape franchie avec succès, l’essai clinique peut alors débuter sur des groupes de
patients volontaires, sains.
La phase I permet d’évaluer la tolérance et la toxicité du produit dans l’organisme en
fonction de la dose administrée. Cette phase est en général réalisée sur 20 à 80
volontaires en bonne santé. Il ne s’agit pas encore de mesurer l’efficacité du composant.
Cette étape dure en général un an environ.
La phase II permet d’évaluer l’efficacité du produit sur un groupe homogène de 100 à
300 malades ayant la même pathologie. On compare, dans cette étape, des résultats
obtenus avec la molécule et un placebo, pour mesurer la performance du nouveau
traitement. Cette phase dure en moyenne deux ans.
La phase III porte sur des centaines, voire des milliers de patients répartis par tirage au
sort en deux groupes ; l’un reçoit le traitement de référence, dit « traitement standard »,
l’autre le nouveau traitement testé, avec lequel des résultats supérieurs sont attendus.
Si la preuve statistique de l’intérêt du produit est faite, le promoteur demande aux
autorités sanitaires une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM).
Une fois l’AMM obtenue, une phase IV est en général lancée, de manière à confirmer a
posteriori les résultats obtenus dans les phases cliniques, sur la base des informations
reçues par les malades suivant le nouveau traitement (effets secondaires, efficacité,…).
Cette phase peut aussi être utilisée à des fins marketing, pour prouver aux praticiens
l’efficacité pratique du nouveau traitement.
Il faut noter qu’en moyenne, sur 25000 composants repérés , 5 traverseront la phase
pré-clinique et seront réellement testés sur des humains. Sur ces 5 molécules testées
sur l’homme (Phase I), seul 1 composant sera validé in fine par la FDA , puis mis sur
le marché.
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 17 – Promotion 2006
On average, it takes 12 years for an experim ental drug to advance from lab to market . Approx imately f ive in 5,000 compounds that enter preclinical testing progress to human testing. Of these f ive, only one compound is approved by the U.S. Food and Drug Administration (FDA)
Animal Studies Human Clinical Tr ials Marketing
PhasePreclinical
Testing
InvestigationalNew Drug
Application(IND)
Phase I Phase II Phase III
NewDrug
Application(NDA)
Phase IV
Test popula t ion and purpose
� Laboratory and animal studies
� Assess safety and biological activit y
FDA IND
Approval
FDAApproval
� 20 to 80 healthy volunteers
� Determine safety and dosage
� 100 to 300 patient volunteers
� Evaluate ef fectiveness, look for side ef fects
� 1000 to 3000 patient volunteers
� Verify ef fectiveness, moni tor adverse reactions for long-term use
� Addit ional post marketing testing required by FDA
Years (average) � 3.5 � 1 � 2 � 3 � 2 � Variable
Success Rate � 5,000 compounds evaluated
� 1 approved� 5 enter tr ials
Clinical Steps
Stage of development
Regulatory Steps
On average, it takes 12 years for an experim ental drug to advance from lab to market . Approx imately f ive in 5,000 compounds that enter preclinical testing progress to human testing. Of these f ive, only one compound is approved by the U.S. Food and Drug Administration (FDA)
Animal Studies Human Clinical Tr ials Marketing
PhasePreclinical
Testing
InvestigationalNew Drug
Application(IND)
Phase I Phase II Phase IIIPhase I Phase II Phase III
NewDrug
Application(NDA)
Phase IV
Test popula t ion and purpose
� Laboratory and animal studies
� Assess safety and biological activit y
FDA IND
Approval
FDAApproval
� 20 to 80 healthy volunteers
� Determine safety and dosage
� 100 to 300 patient volunteers
� Evaluate ef fectiveness, look for side ef fects
� 1000 to 3000 patient volunteers
� Verify ef fectiveness, moni tor adverse reactions for long-term use
� Addit ional post marketing testing required by FDA
Years (average) � 3.5 � 1 � 2 � 3 � 2 � Variable
Success Rate � 5,000 compounds evaluated
� 1 approved� 5 enter tr ials
Clinical Steps
Stage of development
Regulatory Steps
Un médicament, de la phase de recherche à la phase de validation. Les étapes
cliniques sont régulièrement validées par les autorités de régulation et constituent
une partie essentielle du processus.
1.2.1.3. Des moyens de financement croissants au fu r et à mesure de l’avancement des tests cliniques
Les besoins de financement des entreprises sont de plus en plus importants au fur et à
mesure du développement d’une molécule, les essais étant de plus en plus complexes
et élaborés. Aussi, les entreprises de biotechnologie ne développent-elles pas toujours
les produits jusqu’à la phase de validation par les autorités de régulation. Beaucoup
signent des partenariats avec de grands laboratoire s ou d’autres sociétés de
biotechnologie plus développées (souvent cotées en bourse ou avec des moyens
financiers importants). Par exemple, la société française NicOx a signé en mars 2006 un
partenariat avec le géant américain Pfizer7, en lui cédant des droits exclusifs pour
l’utilisation de sa technologie dans le domaine de l’ophtalmologie. En fonction du succès
rencontré dans le développement du produit, des clauses d’ « earn out » lui permettront
d’encaisser jusqu’à 300 millions d’euros.
7 « NicOx s’envole à la bourse de Paris après son accord avec Pfizer », Les Echos, Mars 2006.
Le cycle de vie d’un médicament
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 18 – Promotion 2006
Ainsi, il n’est pas rare que des sociétés de biotechnolo gie cèdent la main sur le
développement de médicaments , pour des montants qui peuvent être conséquents,
assurant ainsi un TRI tout aussi conséquent aux inv estisseurs. Cela constitue
même un mode de sortie intéressant pour ces derniers. Enfin, on notera qu’un même
composant peut être utilisé pour traiter des pathologies différentes. Ainsi, Sanofi Aventis
a déposé une demande de validation de son composant Rimonabant (sous le nom
d’Acomplia) pour la prise en charge de l’obésité et pour le sevrage tabagique8. Ces
opportunités de multi-applications permettent à certaines sociétés de vendre (ou
d’acheter) le droit d’utiliser des composants pour traiter certaines maladies, sans pour
autant posséder le composant lui-même.
1.2.2. Les biotechnologies en France
1.2.2.1. Un secteur dynamique
Une grande diversité
La France compte environ 300 sociétés de biotechnologie actives dans une diz aine
de domaines différents. Néanmoins quatre domaines d’études occupent une place
prépondérante : la santé humaine (domaine qui regroupe à lui seul plus de la moitié
des sociétés de biotechnologie françaises), la santé animale , la cosmétique , le
matériel et équipement pour la recherche.
8 Au 20 février 2006, seule la seconde indication était proche d’être acceptée.
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 19 – Promotion 2006
Source : France Biotech
Des sociétés jeunes
35% des sociétés a moins de 3 ans. Seules 7% ont plus de 10 ans.
Source : France Biotech
Des sociétés de petite taille mais des effectifs en hausse
Les sociétés de biotechnologie françaises sont généralement de petite taille. En France,
seule une quarantaine d’entreprises comptent plus de 20 personnes tandis que les
sociétés européennes en comptent en moyenne une quarantaine et les sociétés
américaines environ 120.
Alimentat ion humaine
5%
Cosmétique10%
Santé animale13%
Santé humaine53%Alimentat ion animale
1%Product ion végétale
2% Environnement4%Informatique
3%M atériel et équipement pour la
recherche9%
Répartition des sociétés de biotechnologie par doma ine d’activité
Sociétés ayant entre 3 et 4
ans20%
Sociétés ayant entre 4 et 6
ans20%
Sociétés ayant entre 6 et 9
ans18%
Sociétés ayant plus de 10 ans
7%
Sociétés ayant moins de 3 ans
35%
Répartition des sociétés de biotechnologie par âge
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 20 – Promotion 2006
Mais les sociétés françaises ont tendance à se développer rapidement.
Source : France Biotech
Même si le niveau de chiffre d’affaires ne constitue pas un indicateur pertinent dans ce
secteur (compte tenu des caractéristiques présentées précédemment), il est également
intéressant de remarquer que le chiffre d’affaires des sociétés de biotechnologie est très
fortement concentré entre quelques-unes : 4% des entreprises réalisent 80% du chiffre
d’affaires.
Un pipeline important
Autre caractéristique du dynamisme de ce secteur, le pipeline est conséquent (204
nouveaux médicaments sont en cours de développement) compte tenu de la jeunesse
des biotechnologies en France. Les produits en phases I et II représentent sensiblement
plus de la moitié des produits au stade des essais pré-cliniques. La tendance à la
hausse du nombre de médicaments en développement observée entre 2004 et 2005
est, en outre, plutôt encourageante.
En revanche, un risque subsiste concernant le passage de la phas e II à la phase III ,
qui préfigure l’arrivée de nouveaux médicaments sur le marché. En effet, environ 20%
seulement des produits en phase II passent en phase III. L’avenir révèlera si ce
phénomène n’est que passager ou s’il s’agit d’une tendance lourde.
Evolution des effectifs des sociétés de biotechnolo gie (2002 – 2004)
30672890
2376189016801514
-
500
1 000
1 500
2 000
2 500
3 000
3 500
2002 2003 2004
Total employés Total employés R&D
+22% +6%
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 21 – Promotion 2006
Source : France Biotech
1.2.2.2. Une chaîne de financement bloquée
La reprise des investissements ne profite pas à la France
L’écart Etats-Unis/Europe en matière d’investissement est persistant. L’Europe ne
récupère pas aussi vite de la crise que les Etats-U nis.
En outre, les investissements du capital risque représentent, suivant les années, entre
70% et 100% du total des investissements dans la biotechnologie européenne, une part
plus importante que celle du capital risque aux Etats-Unis, où le marché boursier est
beaucoup plus dynamique.
103
30 32
7 9
108
41 39
7 9-
20
40
60
80
100
120
Phase I
Phase II
Phase III
France 2004 France 2005
Un pipeline de produits thérapeutiques important (2 004 – 2005)
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 22 – Promotion 2006
Source : France Biotech
La faiblesse des investissements se retrouve également au niveau de la France . Après
une année 2003 particulièrement difficile et une hausse des montants levés en 2004,
l’année 2005 affiche des résultats en nette baisse (-36% par rapport à 2004).
Source : France Biotech
Un effondrement des montant levés
En 2005, les entreprises françaises ont du endurer un effondrement brutal de
l’amorçage et des investissements précoces. En effet, un certain nombre
d’investisseurs se sont focalisés sur la gestion de leur ligne et des investissements
antérieurs. D’autres raisons peuvent être envisagées et soulèvent des interrogations :
242 238
115
242
99
75
0
53
26
72
-
50
100
150
200
250
300
350
2001 2002 2003 2004 2005
Private equity PIPE + Follow on
Investissement : un écart persistant entre l’Europe et les Etats-Unis En millions de dollars
Evolution des investissements dans les biotechnolog ies en France En millions d’euros
2 740
790
3 898
1 095
483
-
1 712
474
-
1 000
2 000
3 000
4 000
5 000
6 000
Etats-Unis2003
Europe 2003 Etats-Unis2004
Europe 2004
Capital risque Marchés financiers
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 23 – Promotion 2006
les projets sortent-ils trop vite des laboratoires de recherche ? les créateurs sont-ils
suffisamment incités a structurer leur projet ?
Source : France Biotech
Un tel phénomène risque de conduire à une concentration des investissements sur
quelques opérations importantes et de créer une dichotomie entre ces opérations et
le reste de l’industrie qui stagne. Ainsi, Fovea (20m€) et Cerenis (25m€) ont représenté
90% du total des premiers tours en 2005.
Autre conséquence : les sociétés qui ont été financées au départ par des capitaux
risqueurs ne trouvent pas de nouveaux financements. Cela pose le problème de
l’existence de relais aux fonds de capital risque : l’obstacle principal au financement
des biotechnologies se situe plus en aval de la chaîne de financement…
Une absence de relais boursier en Europe
Les performances des biotechnologies françaises sur les marchés financiers reflètent la
fragilité des structures industrielles. En effet, alors que les marchés valorisent à un haut
niveau les biotechnologies anglaises ou américaines, les biotechnologies françaises
représentent encore peu de poids sur les marchés français et européen.
Néanmoins, alors qu’aucune introduction en bourse de société de biotechnologie n’a eu
lieu en France depuis 1999, 2 sociétés françaises ont annoncé leur introduction en
bourse à la fin 2005. Leurs résultats donneront des indications clefs de la tendance sur
Un effondrement de l’amorçage et des deuxièmes tour s (2004-2005) En millions d’euros
-
50
100
150
200
250
300
Amorçage etpremier tour
Second tour etsuivants
Total des fondslevés
En
mill
ions
€
2004 2005
-27%
-83%
-52%
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 24 – Promotion 2006
le marché boursier français et de l’appétit des investisseurs pour les entreprises des
sciences de la vie.
Source : France Biotech
1.2.2.3. Classement des principales sociétés de biotechnologie françaises
Les entreprises cotées (Cerep, Transgene, Nicox, Flamel Technologies) dominent
logiquement ce classement. Néanmoins, d’autres entreprises assez matures proches de
leur phase d’introduction en bourse (IDM SA, Hybrigenics, Exonhit Therapeutics)
occupent également le haut du classement.
Sociétés cotées et capitalisations boursières Capitalisations boursières en millions de dollars
41542
105
319
-50
100150200250
300350
Etats-UnisEurope
Royaume UniAllemagne
France
-
100 000
200 000
300 000
400 000
Sociétés cotées 2005 Capitalisation boursière
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 25 – Promotion 2006
Note : ce classement a été réalisé en comparant les sociétés sur la base des critères suivants : chiffre d’affaires, effectifs, dépenses de R&D, montants des fonds levés depuis la création et nombre de produits en développement clinique.
1.3. L’adéquation entre capital risque et biotechno logies
On a vu qu’une société de biotechnologie investit énormément avant de générer des
revenus, dans la mesure où plusieurs années s’écoulent entre la découverte d’une
molécule (ou l’achat de droits sur une molécule déjà partiellement validée, en phase
pré-clinique par exemple) et la vente de contrats ou la validation d’un composant
permettant de générer des revenus. Un financement par dette n’est donc pas
envisageable. Seuls les capitaux propres (ou assimilés, comme des dettes
convertibles par exemple) sont adéquats.
De plus, au regard du profil espérance de rentabilité / risq ue, seuls des capitaux
risqueurs sont en mesure d’investir dans ce secteur . Par ailleurs, une connaissance
très fine des sciences de la vie est essentielle, car la compréhension des sujets
scientifiques est clé. La valorisation des biotechnologies repose en effet essentiellement
sur des critères scientifiques bien plus que sur des critères financiers, ces derniers étant
le plus souvent non pertinents. Les investisseurs leaders (« lead investors ») joue nt
donc un rôle clé, dans la mesure où leur présence au capital d’une société peut
Classement des sociétés de biotechnologie française s
1 Cerep*2 Flamel Technologies*3 Hybrigenics4 IDM SA5 Transgène*6 Exonhit Therapeutics7 Biogemma8 Genfit9 Nicox*
10 Diatos11 Innate Pharma12 Neuro 3D13 Neurotech SA14 Proteus15 Synt:em16 Urogène
* Sociétés cotées
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 26 – Promotion 2006
susciter un intérêt de la part de fonds moins compétents scientifiquement (« followers »)
mais confiants dans l’analyse des investisseurs leaders.
Enfin, remarquons l’importance des différents tours de table dans le financement
des biotechnologies. Si le financement d’une start-up se décompose en général en
plusieurs tours de table, du « seed stage » au « developpement stage », ce
fonctionnement est encore plus clair dans le domaine des biotechnologies. En effet, le
processus de développement des molécules (des recherches pré-cliniques aux
différentes étapes successives de validation) est parfaitement normé9. En conséquence,
il est habituel de lever des fonds pour financer une série d’essais cliniques donnés pour
un composant précis, étant entendu qu’une fois cette étape clinique validée, un nouveau
tour de table sera réalisé. Là encore, seuls les fonds de capital risque sont capables
d’adhérer à un tel processus.
9 On remarquera qu’il existe certains aménagements au processus présenté précédemment (cas des maladies orphelines) mais par volonté de clarté, nous ne les aborderons pas.
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 27 – Promotion 2006
2. Une rentabilité des investissements inférieure e n Europe
2.1. Méthodologie de calcul des TRI (Taux de Rentab ilité Interne)
2.1.1. Explications théoriques
Notre analyse est issue des données de la base Venture Source, utilisée par les
professionnels du secteur. Ces derniers échangent, pour la plupart, les informations
dont ils disposent contre l’accès aux données, ou s’abonnent directement. Néanmoins,
dans un secteur où la confidentialité est de mise, il est délicat d’obtenir des informations
fiables. Par conséquent, beaucoup de données ont dû être retraitées pour per mettre
le calcul des TRI.
Comme cela a été présenté dans la première partie, un investissement dans une
société de biotechnologie se divise en plusieurs « rounds » ou tours de table. Avant
chaque tour, les investisseurs s’accordent sur une valeur d’entreprise. Il s’agit d’une
étape fort délicate qui se caractérise par des négociations souvent difficiles. L’objectif
consiste à déterminer une base de valorisation pour les nouvea ux
investissements, qui seront réalisés soit par des actionnaires actuels soit par de
nouveaux entrants. La valeur d’entreprise ainsi négociée porte le nom de « post money
valuation » , et constitue donc la « pre money valuation » du tour suivant.
On peut ainsi, pour un tour de table donné, calcule r un TRI à l’aide des dates du
tour concerné et du tour suivant, du montant levé a u cours du tour concerné et de
la « post money valuation » négociée à l’issue de ce tour (c’est-à-dire la valeur
d’entreprise à la veille du tour suivant).
Pour un tour de table donné i, notons :
� Prmi la « pre-money valuation » du tour i,
� Ri le montant du round i,
� Pomi la « post-money valuation » du tour i,
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 28 – Promotion 2006
� dτ le temps écoulé entre la levée des fonds et l’aboutissement de la négociation
de la valeur d’entreprise.
Le TRI du tour i, noté TRI i, peut donc être calculé de la façon suivante :
TRIi = [Pom / (Prm+R )]^(1/ d τ)
Schéma de calcul du TRI : Série B financing de Anadys Pharmaceuticals (voir
Annexes) entre le 19 Avril 1995 et le 17 Mai 1996. Le calcul présenté fait l’hypothèse
implicite d’une sortie liquide pour une valeur d’entreprise de 34 millions de dollars, ce
qui est une mesure toute théorique.
L’entreprise a finalement été introduite en bourse en 2004 pour un montant d’environ
160 millions de dollars, même si certains des tours de financement ont présenté un
TRI négatif. En effet, près de 158 millions de dollars ont été levés entre 1994 et
2004.
Source : Venture Xpert, calculs TG & GG
Cela suppose que l’upside généré par l’investissement est également réparti entre
les anciens investisseurs et ceux qui financent le tour i. De plus, cette valeur est
toute théorique, car elle suppose que l’investissem ent est parfaitement liquide.
Calcul de TRI sur un round
18
6,6
9,534,1
0
5
10
15
20
25
30
35
40
394 jours394 jours394 jours394 jours
Pre
Pre
PrePre
mo
ney
mo
ney
mo
ney
mo
ney
UpsideUpsideUpsideUpsidePostPostPostPost
moneymoneymoneymoney
Ro
und
Ro
und
Ro
und
Ro
und
M$M$M$M$
TRI ~80%TRI ~80%TRI ~80%TRI ~80%
18
6,6
9,534,1
0
5
10
15
20
25
30
35
40
394 jours394 jours394 jours394 jours
Pre
Pre
PrePre
mo
ney
mo
ney
mo
ney
mo
ney
UpsideUpsideUpsideUpsidePostPostPostPost
moneymoneymoneymoney
Ro
und
Ro
und
Ro
und
Ro
und
M$M$M$M$
TRI ~80%TRI ~80%TRI ~80%TRI ~80%
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 29 – Promotion 2006
Or, le fait que les investisseurs aient valorisé l’entreprise Pom ne signifie pas
nécessairement qu’il existe un repreneur pour ce montant.
3 Dimensionnal Pharmaceuticals a été introduite en bourse en août 2000 sur la base
d’une valorisation de 351 millions de dollars et a levé à cette occasion 75 millions de
dollars. Chaque tour a été bénéfique en terme de création de valeur, et tous les TRI
sont positifs. Cependant, il faut être conscient que ce cas est finalement assez rare,
et que certaines sociétés dont les TRI globaux sont positifs ont eu parfois des tours
au rendement ponctuellement négatif. Enfin, on remarque que le TRI calculé entre
janvier 1998 et mars 2000 est très important, qui plus est sur une durée
conséquente (plus de deux ans), ce qui est extrêmement rare.
Source : Venture Xpert, calculs TG & GG
Calcul de TRI sur une société de biotechnologie
0,8 7,2 14,942,1
87,8
236,6
3,64,9
6,6
24,5
13,7
39,8
Août 95Août 95Août 95Août 95 Oct Oct Oct Oct 96969696 Mars 97Mars 97Mars 97Mars 97 Mars 2000Mars 2000Mars 2000Mars 2000Janv Janv Janv Janv 98989898
TRI 50%TRI 50%TRI 50%TRI 50% TRI 66%TRI 66%TRI 66%TRI 66% TRI 126%TRI 126%TRI 126%TRI 126% TRI 13%TRI 13%TRI 13%TRI 13% TRI 1058%TRI 1058%TRI 1058%TRI 1058%
351351351351
Août 2000Août 2000Août 2000Août 2000
TRI 88%TRI 88%TRI 88%TRI 88%
DecDecDecDec 93939393
IPOIPOIPOIPO
0,8 7,2 14,942,1
87,8
236,6
3,64,9
6,6
24,5
13,7
39,8
Août 95Août 95Août 95Août 95 Oct Oct Oct Oct 96969696 Mars 97Mars 97Mars 97Mars 97 Mars 2000Mars 2000Mars 2000Mars 2000Janv Janv Janv Janv 98989898
TRI 50%TRI 50%TRI 50%TRI 50% TRI 66%TRI 66%TRI 66%TRI 66% TRI 126%TRI 126%TRI 126%TRI 126% TRI 13%TRI 13%TRI 13%TRI 13% TRI 1058%TRI 1058%TRI 1058%TRI 1058%
351351351351
Août 2000Août 2000Août 2000Août 2000
TRI 88%TRI 88%TRI 88%TRI 88%
DecDecDecDec 93939393
IPOIPOIPOIPO
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 30 – Promotion 2006
2.1.2. Mise en pratique et difficultés rencontrées
La base de données Venture Source n’est pas consultable de la bibliothèque d’HEC. En
effet, seule la base de données Venture Xpert, moins performante, est accessible. Il est
cependant possible de trouver les codes adéquats pour obtenir les informations
nécessaires. Nous avons joint en annexes la méthodologie utilisée en pratique.
Lors de la phase de calcul des TRI, nous avons néanmoins été confrontés à plusieurs
difficultés. D’une part, le secteur étant plutôt opaque, des données manquent dans la
base essentiellement en ce qui concerne les entrepr ises européennes. Par
exemple, les « post money valuation » sont rarement précisées pour chacun des tours.
Par conséquent, nous avons dû réaliser certaines hypothèses :
� Nous avons exclu de notre échantillon les entreprises pour lesquelles nous
n’avions pas suffisamment d’informations pour calculer les TRI (un seul tour de
table ou une seule « pre money » ou « post money valuation » disponible)
� Nous avons fusionné des tours de table lorsque la « post money valuation » d’un
tour n’était pas disponible
� Lorsque le délai entre deux tours de table était inférieur à 100 jours, nous avons
considéré que ces deux tours n’en formaient qu’un seul et avons donc consolidé
les données des deux tours.
D’autre part, la définition même des tours de financement a parfo is posé
problème. En effet, la pratique identifie plusieurs types de tours de table, chacun ayant
une vocation particulière : « seed stage round », « development stage round »,… Or,
ces éléments ne sont pas précisés de cette manière dans la base. De plus, la
présence des « bridges » (financements par capitaux propres de la part des
actionnaires existants dans l’attente de la réalisation du tour suivant) perturbe la
définition . C’est pourquoi, nous avons décidé de considérer comme un round tout
tour de table réalisé au moins 100 jours après le p récédent, quelle que soit sa
nature.
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 31 – Promotion 2006
Par ailleurs, en terme de résultats, et en raison des hypothèses réalisées, nous avons
choisi de ne considérer que les TRI inférieurs à un certain plafond 10.
2.2. Résultats de l’analyse quantitative
2.2.1. Présentation des échantillons
Notre base recense 1285 sociétés aux Etats-Unis et 822 en Europe. Ces deux
échantillons regroupent ainsi l’ensemble des sociétés de biotechnologie américaines et
européennes actives, à fin 2005, dans la recherche et le développement de nouveaux
médicaments destinés à l’homme. Les sociétés étudiées ont en moyenne 7 ans en
Europe, contre 10 ans aux Etats-Unis11. Par conséquent, les sociétés américaines sont
plus nombreuses et plus matures que les sociétés européennes et encore plus
françaises.
Le secteur des biotechnologies en Europe est donc r elativement récent, et la
culture des biotechnologies y est par conséquent mo ins bien implantée. Cette
analyse doit néanmoins être nuancée dans la mesure où l’Europe n’est pas homogène
dans ce domaine, et certains pays comme le Royaume-Uni, les pays nordiques ou la
Suisse présentent une certaine avance.
2.2.2. Analyse des résultats obtenus
2.2.2.1. Analyse des montants par rounds
On observe que les montants investis par tour sont différents. Si les sociétés
européennes parviennent à lever plus de fonds que l eurs homologues
américaines au cours des derniers tours de table, c es dernières sont, en
revanche, mieux soutenues en début de vie. Cet élément est clé et constitue un
véritable atout de l’économie américaine. Un tel contexte favorise largement
l’émergence de jeunes sociétés de biotechnologie qui, en mûrissant, donneront
naissance à des entreprises solides.
10 Certains tours de table (très peu nombreux toutefois) présentent des TRI supérieurs à 1000% et perturbent l’analyse en rajoutant du bruit. En effet, ce sont en général des chiffres obtenus sur des périodes très courtes et portant sur des montants non significatifs. 11 Au 01/01/06, 7,04 et 10,05 ans précisément.
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 32 – Promotion 2006
Montants par round en millions de dollars en Europe et aux Etats-Unis12. Les trois
premiers tours de table permettent aux sociétés américaines de lever des fonds
conséquents, alors que c’est sur les deniers tours que les sociétés européennes
rattrapent leur retard. Au delà du cinquième tour, les données ne permettent pas
d’obtenir des résultats significatifs.
Source : Venture Xpert, calculs TG & GG
Mais une telle situation ne pourrait exister sans la présence de fonds de capital
risque capables d’investir dans ces sociétés. C’est probablement un autre atout de
l’économie américaine par rapport à l’économie européenne. On sait, en effet, que les
premiers tours sont en général les plus rentables, à condition que l’investisseur présent
depuis le début parvienne à rester jusqu’au bout dans l’aventure (par exemple, jusqu’à
l’introduction en bourse de la société ou jusqu’à sa cession à un industriel). Or, cela
n’est possible que si l’économie dispose de financiers, non seulement capables
d’accompagner ce type d’entreprises dans la durée mais également prêts à prendre les
risques associés à de tels investissements. De ce point de vue, les Etats-Unis sont
nettement en avance sur l’Europe. Nous donnerons plus de détails sur ce point dans
la suite de cette étude.
12 Les résultats obtenus reposent sur l’analyse de l’échantillon suivant : Round 1 (US : 304 données, UE : 235), Round 2 (US : 232 données, UE : 226), Round 3 (US : 164 données, UE : 142), Round 4 (US : 114 données, UE : 73), Round 5 (US : 72 données, UE : 38). Nous n’avons pu aller plus loin en raison du manque de données pour les sociétés européennes notamment.
Montants par round aux Etats-Unis et en Europe
6
1014 14
16
47
12
20
26
0
5
10
15
20
25
30
Round 1 Round 2 Round 3 Round 4 Round 5
US
UE
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 33 – Promotion 2006
2.2.2.2. Analyse des TRI obtenus
Nous présentons ci-dessous les TRI obtenus par round pour l’Europe et pour les Etats-
Unis.
Les investissements dans les sociétés américaines sont plus rentables (TRI moyen :
64% vs 48%). L’écart type sur les données américaines (99%) est inférieur à celui
obtenu pour les données européennes (113%), ce qui traduit une moindre volatilité
des résultats. Seuls les tours présentant des TRI inférieurs à 500% ont été pris en
compte (voir les annexes pour une analyse sur une base de chiffres non plafonnés).
Source : Venture Xpert, calculs TG & GG
Il nous semble que ce graphique est le plus représentatif, en raison de la façon dont
nous avons considéré les tours de table et les TRI y afférents. En effet, certains tours
très courts (précédés ou suivis d’à peine plus de 100 jours d’un autre tour) présentent
des TRI aberrants et non significatifs qui dégradent les résultats. Or, il ne s’agit pas de
tours à part entière, et leur valorisation peut d’ailleurs être remise en question.
En ce qui concerne la rentabilité des investissemen ts, on peut donc conclure que
les sociétés américaines constituent de meilleures opportunités (TRI supérieurs,
écarts type des résultats inférieurs). Cependant, il faut noter que l’Europe est très
éclatée ; les résultats peuvent présenter des différences significatives suivant les
TRI par round aux Etats-Unis et en Europe (limite 5 00%)
92%
61% 63%
41%
64%72%
58%
35% 41%32%
0%
20%
40%
60%
80%
100%
Round 1 Round 2 Round 3 Round 4 Round 5
US UE
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 34 – Promotion 2006
pays considérés. C’est pourquoi nous présentons dans les pages qui suivent une
analyse des TRI européens par pays.
2.2.2.3. Analyse intra-européenne
Nous présentons ci-dessous une carte récapitulative des TRI obtenus par pays.
# de Biotechs recensées
TRI moyen renseigné
# de Biotechs recensées
TRI moyen renseigné
On observe des différences significatives entre les pays d’Europe13, le Royaume-Uni
et la Suède présentant des TRI autour de 80%, significativement supérieurs à ceux
de la France ou de l’Allemagne.
Source : Venture Xpert, calculs TG & GG
13 Seuls les pays pour lesquelles les données sont significatives sont représentés ici. Cette carte correspond bien au paysage des biotechnologies en Europe, puisque le manque de données témoigne en fait de la faiblesse, voire de l’inexistence du secteur dans les autres pays.
1 2Suède
62
83%
1 2
Allemagne
17953%
1 2
Royaume-Uni
25973%
1 2France
8740%
1 2
Danemark
61
22%
1 2
Suisse
39
51%
1 2Belgique28
44%
1 2Suède
62
83%
1 2Suède
62
83%
1 2
Allemagne
17953%
1 2
Allemagne
17953%
1 2
Royaume-Uni
25973%
1 2
Royaume-Uni
25973%
1 2France
8740%
1 2France
8740%
1 2
Danemark
61
22%
1 2
Danemark
61
22%
1 2
Suisse
39
51%
1 2
Suisse
39
51%
1 2Belgique28
44%
1 2Belgique28
44%
TRI moyens en Europe (limite 500%)
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 35 – Promotion 2006
� C’est le Royaume-Uni qui, en terme de performances, se rapproche le plus des
Etats-Unis. Sa culture anglo-saxonne, ses liens avec le nouveau continent ainsi
que sa puissance financière constituent des éléments d’explication.
� La Suède est aussi très compétitive, et participe positivement aux résultats
européens, notamment grâce à une volonté politique forte.
� Le Danemark peut étonner par sa présence sur cette carte, mais l’influence des
modèles nordiques peut être une des raisons explicatives.
� La Suisse est surtout connue pour ses laboratoires pharmaceutiques tels que les
laboratoires Novartis et Roche notamment. En revanche, elle compte
relativement peu de sociétés de biotechnologie. Serono SA est néanmoins l’un
des plus grands succès européens14.
� En terme de biotechnologies, la France n’est pas en avance. Les TRI obtenus
sont inférieurs à la moyenne européenne, et les sociétés dans ce secteur ne sont
pas très nombreuses.
� La Belgique ne fait pas non plus partie des pays européens leaders.
� En Allemagne , le nombre de sociétés de biotechnologie est particulièrement
élevé, en raison de la politique de la République Fédérale à la fin de années
1990, qui fut néanmoins un échec15.
Par conséquent, plusieurs points méritent d’être soulignés :
� En Europe, seuls 7 pays peuvent prétendre disposer d’un véritable secteur
de biotechnologies
� Le Royaume-Uni et les pays nordiques sont à la poin te dans ce domaine ,
alors que l’Allemagne et la France notamment sont plutôt en r etard.
Néanmoins, ces deux derniers pays sont tout de même plus en avance que
l’Espagne ou l’Italie, par exemple
� Prise dans son ensemble, l’Europe apparaît globalement assez en retard sur
les Etats-Unis (voir aussi l’Annexe 3).
14 L’entreprise valait près de 15 milliards d’euros en bourse début 2006. 15 Le faible niveau des TRI obtenus en est l’illustration.
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 36 – Promotion 2006
2.3. Première analyse des écarts de TRI observés
La moindre rentabilité des investissements réalisés en Europe et notamment en
France par rapport à ceux réalisés aux Etats-Unis, mise en évidence à travers le calcul
des TRI, est la conséquence directe de deux phénomènes :
� D’une part, des moindres performances opérationnelles des sociétés
françaises / européennes ou, du moins, des moindres chances de succès de
ces sociétés anticipées par les investisseurs ; � D’autre part, du moindre intérêt des fonds de capital risque pour ce type de
sociétés en France et en Europe. Si l’impact de la performance opérationnelle, présente ou anticipée, est relativement
immédiat sur la valorisation d’une société et donc sur le TRI obtenu entre deux tours de
financement, l’impact de l’intérêt des fonds de capital risque est moins intuitif. Le
raisonnement est le suivant : les fonds de capital risque, en valorisant à chaque tour de
financement les sociétés dans lesquelles ils investissent, jouent un rôle clé dans le
financement des start ups de biotechnologie. Le lecteur comprendra ainsi aisément que
plus rares sont les fonds de capital risque prêts à investir dans une société, plus bas
seront sa valorisation et le TRI obtenu entre deux tours de financement.
Par conséquent, analyser les écarts de TRI obtenus revient à analys er les facteurs
explicatifs des moins bonnes performances opération nelles ou des moins bonnes
anticipations des investisseurs vis-à-vis des chances de succès des sociétés françaises
et les déterminants des critères de choix d’investi ssement des fonds de capital
risque.
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 37 – Promotion 2006
3. Les raisons du retard français 16
Dans un premier temps, nous avons cherché à identifier les facteurs explicatifs des
écarts de TRI observés en nous interrogeant sur les causes des moins bonnes
performances, présentes ou anticipées, des sociétés françaises et sur les déterminants
des critères de choix d’investissement des fonds de capital risque. Dans un second
temps, nous avons cherché à comprendre, pour chacun de ces facteurs, en quoi la
France était en retard par rapport aux Etats-Unis et quelles pouvaient être les causes de
ce décalage.
Dans cette optique, nous nous sommes appuyés sur un certain nombre de travaux de
recherche académique, sur les entretiens qualitatifs que nous avons réalisés avec des
professionnels du secteur des biotechnologies17 ainsi que sur des études sectorielles.
Deux grandes catégories de facteurs ont ainsi été m ises en évidence : les facteurs
liés à l’environnement culturel et institutionnel et les facteurs liés aux
caractéristiques intrinsèques des sociétés.
3.1. Les facteurs liés à l’environnement culturel e t institutionnel
3.1.1. Un manque de culture des biotechnologies
C’est l’un des principaux éléments qui a été mis en évidence au cours des entretiens
que nous avons réalisés. Contrairement aux Etats-Unis, il n’existe pas aujourd’hui
d’exemple de société française ayant réussi dans le domaine des biotechnologies.
La France ne dispose donc pas d’une véritable culture de réussite des biotechnologies
capable de générer un cercle vertueux, en facilitant les levées de fonds ultérieures pour
d’autres sociétés, en incitant les investisseurs à souscrire aux introductions en
bourse,…
C’est probablement l’une des raisons qui est à l’origine des obstacles à la sortie des
investissements des fonds de capital risque. Dans la mesure où ce secteur est
méconnu des investisseurs, peu nombreux sont ceux prêts à investir dans les
16 Pour garantir une certaine profondeur d’analyse et compte tenu des contraintes de temps imposées, l’analyse des causes des écarts de TRI observés a porté essentiellement sur le cas de la France. 17 Essentiellement des gérants de fonds investissant dans des sociétés de biotechnologie.
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 38 – Promotion 2006
biotechnologies. Ainsi, depuis 1999, aucune société de biotechnologie française n’a été
introduite en Bourse. Sur les dix dernières années, les seules introductions en bourse
significatives18 en France ont été :
� Genset (1996)19
� Cerep (1998)
� Nicox (1999)20
Parmi les sociétés n’ayant pas réussi à susciter l’intérêt des investisseurs français, le
cas de la société IDM Pharma est particulièrement frappant. Cette société,
spécialisée dans la thérapie cellulaire et employant une centaine de personnes, est
également présente aux Etats-Unis et dispose d’un pipeline conséquent (plusieurs
produits en phase 2 et 3). Elle a, par ailleurs, un partenariat avec Sanofi Aventis qui
devrait se traduire par un volume de contrats de l’ordre de 600 millions d’euros.
Pourtant, elle n’a pas réussi à susciter l’intérêt des investisseurs français et a été
dans l’obligation de renoncer à son introduction en bourse. Cette société a fini par
réaliser un « reverse merger » avec Epimmune Inc (société américaine cotée) ce qui
lui a permis d’accéder aux marchés financiers et vaut aujourd’hui environ 300
millions de dollars.
La faiblesse du nombre d’introductions en bourse pose un véritable problème dans la
mesure où la sortie définitive du capital risque s’opère précisément lors de la mise sur le
marché de l’entreprise. Si l’introduction en bourse ne peut avoir lieu, les fonds de capital
risque voient leurs ressources immobilisées et sont dans l’incapacité de les réinvestir
dans de nouvelles entreprises. Les investisseurs institutionnels jouent donc un rô le
déterminant en assurant le retrait du capital risqu e et la poursuite du cycle
d’investissement. Le lecteur pourra ainsi remarquer que si le faible nombre
d’investisseurs intéressés par les biotechnologies se traduit par un faible nombre
d‘introductions en bourse, la réciproque est tout autant vraie. En effet, les difficultés de
18 Une présentation succincte de ces sociétés figure en annexes. 19 Cette société a été rachetée par Serono en 2005. 20 Cette société a connu un effondrement de son cours de bourse.
Le cas d’IDM Pharma
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 39 – Promotion 2006
sortie auxquelles sont confrontés les capitaux risqueurs les dissuadent d’investir dans
ce secteur.
L’absence d’introduction en bourse pose donc la question de la poursuite du cycle de
financement des biotechnologies françaises (et même européennes, dans une certaine
mesure). En effet, le degré croissant d’exigence des institutions réglementaires en
matière de suivi des essais pré cliniques et cliniques conduit à une course à la dépense
en R&D engendrant des besoins en capitaux extrêmement importants. Ainsi, le manque
d’investisseurs prêts à investir dans les biotechnologies en France pénalise les
valorisations des sociétés de ce secteur tout en ob érant leurs performances à
moyen terme en les privant de l’accès à des ressources financières supplémentaires
cruciales pour leur développement.
La situation pourrait néanmoins changer dans les années à venir grâce notamment au
développement d’Alternext. La création de ce nouveau marché, qui constituera un
marché d’adaptation dans lequel des PME pourront avoir accès à un financement de
marché tout en étant soumises à des règles adaptées à des sociétés de taille petite et
moyenne, contribuera à dynamiser les cessions boursières des fonds de capital
investissement par un accès direct et simplifié à la cotation des entreprises. L’année
2005 a d’ailleurs été marquée par deux introductions en bourse, dont celle de
BioAlliance Pharma, valorisée 70 millions d’euros, dont la mise sur le marché semble
être un succès21.
3.1.2. La question de la valorisation
Contrairement aux Etats-Unis où toutes les universités ont des cellules de valorisation,
le secteur français des biotechnologies est caractérisé par un manque de transferts
technologiques du public au privé notamment dû à la difficulté de réaliser de tels
transferts.
A l’exception de l’Université Pierre et Marie Curie, l’expérience accumulée des
universités françaises en matière de valorisation reste encore embryonnaire et la
relation avec le CNRS n’est pas encore complètement institutionnalisée. En outre, la
21 La société a levé 30 millions d’euros lors de son introduction.
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 40 – Promotion 2006
culture et la formation des chercheurs en France ne les prédisposent pas à se
consacrer prioritairement aux problèmes de gestion de l’entreprise, notamment en
matière de propriété intellectuelle.
Les problèmes majeurs dans les relations avec les organismes publics sont le plus
souvent liés à la lourdeur des procédures :
� Compte tenu du nombre de contrats à négocier, le personnel des
départements de valorisation est souvent trop peu n ombreux et parfois peu
formé. Alors que Stanford emploie plus de 200 personnes qui se consacrent à
cette tâche, l’Institut Pasteur n’en compte qu’une cinquantaine, alors même que
40% à 45% de son budget provient de la valorisation de ses produits (activités de
contrats de recherche, licences,…)
� La durée de négociation moyenne entre les sociétés de biotechnologie et les
départements de valorisation dure entre 1 et 2 ans
� Dans de nombreux cas, le dépôt de brevet ne fait pas l’objet d’un suivi attentif et
une véritable déconnexion est souvent observée entre le dépôt de brevet et
le plan de valorisation d’une invention.
Une telle situation n’est pas propice à inciter les investisseurs à s’intéresser aux
biotechnologies françaises d’autant plus que ce manque de lien entre public et privé
pèse également sur les performances de ces sociétés dans la mesure où les
chercheurs ne sont pas toujours à mêmes de diriger ces sociétés.
En outre, il est important d’avoir conscience que le secteur des biotechnologies pose
un vrai problème de valorisation : il est extrêmement difficile – pour ne pas dire
impossible - de valoriser les sociétés de biotechnologie. En effet, comme cela a été
présenté dans la première partie, ces sociétés ne génèrent, durant leurs premières
années d’existence, quasiment aucun chiffre d’affaires. Elles affichent en revanche des
frais (notamment en R&D) conséquents et se caractérisent par des cycles de
développement longs dont les premiers résultats tangibles ne commenceront à
apparaître qu’au bout d’une dizaine d’années. Par conséquent, plus la société est jeune
(société au stade des essais pré-cliniques par exemple), plus elle est difficile à valoriser.
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 41 – Promotion 2006
3.1.3. Un manque de volonté politique
Contrairement à l’Allemagne ou aux pays nordiques dans lesquels l’intervention de l’Etat
en faveur des biotechnologies a joué un rôle prépondérant dans le développement des
entreprises de ce secteur, la France n’a pas fait preuve de la même volonté politique.
La politique française de soutien aux entreprises i nnovantes, et aux entreprises de
biotechnologie en particulier, reste beaucoup moins marquée que celles de ses
voisins européens. A titre de comparaison, entre 2000 et 2002, la France investissait
environ 60 millions d’euros d’aides directes dans les biotechnologies soit 7 fois moins
que l’Allemagne et 8 fois moins que la Grande-Bretagne.
Pourtant, en matière de biotechnologie, il convient non seule ment d’investir des
sommes conséquentes mais de disperser ces investiss ements dans l’espoir de voir
une poignée de réussites majeures compenser les pertes engendrées par les nombreux
échecs. C’est pour cette raison que les garanties publiques, les aides fiscales et les
aides directes sont indispensables à la réussite. Il est donc légitime que l’Etat vienne
couvrir une partie du risque.
En privant ainsi les sociétés de biotechnologie de ressources financières, ce manque de
volonté politique obère les performances futures de ces sociétés. Ceci est d’autant plus
vrai que la combinaison entre investissement public et priv é est vertueuse. Ainsi,
dans tous les pays qui ont investi dans les biotechnologies, un effet de levier significatif
a été observé : l’argent investi par le public a attiré les capitau x privés.
C’est notamment pour cette raison que l’Allemagne a consacré des sommes croissantes
à l’industrie biotechnologique : son investissement public est ainsi passé de 15 millions
d’euros en 1990 à plus de 200 millions en 1996, et 265 millions en 2000. Outre les aides
directes, la TBG22 a investi 120 millions d’euros dans les biotechnologies. Au total, en
2001, l’aide publique fédérale était d’environ 450 millions d’euros auquel il faut ajouter
l’appui des Länder. Ces aides publiques se sont traduites par un formidable effet de
levier pré-IPO : les 450 millions d’euros publics attiraient, en 2002, 500 millions d’euros
de capital risque.
22 Technologie-Beteiligungsgesellschaft (organisme public de credit au niveau fédéral).
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 42 – Promotion 2006
Développé au niveau fédéral par la TBG et au niveau des Länder par des organismes
publics régionaux similaires, le dispositif rhénan a permis de pallier l’absence de
capital risque en Allemagne pour permettre le développement du secteur des
biotechnologies grâce la création de jeunes entreprises innovantes . En revanche, il
a introduit des distorsions dans le fonctionnement du marché en permettant un accès
facile aux capitaux alors que l’expertise n’était pas toujours présente. Il a conduit à des
erreurs d’investissements et à des pertes financières importantes pour les investisseurs
publics et privés.
Si l’Allemagne continue de privilégier l’injection d’argent public au détriment de mesures
d’incitations fiscales, la méthode a cependant changé. Les pouvoirs publics allemands
se réorientent aujourd’hui vers un modèle de fonds de fonds récemment mis en
place en partenariat avec la banque européenne d’in vestissement , ce qui suggère
que la fin des aides publiques est donc encore loin d’être programmée, même si ses
modalités ont changées.
Au Royaume-Uni, l’effort en faveur des biotechnolog ies est le fruit d’une tradition
forte et ancrée en faveur de ce secteur. Malgré sa position longtemps dominante, ce
pays a su continuer d’œuvrer en faveur des biotechnologies pour enrayer la poussée
allemande. L’effort public a été récompensé : les 500 millions d’euros investis par l’Etat
ont engendré près de 300 millions d’euros de financement supplémentaire par le canal
du capital risque.
La situation en France pourrait néanmoins changer à l’avenir comme semble en
témoigner certaines réformes récentes dont le relèvement du plafond du Crédit
Impôt Recherche, la réforme des FCPR et des FCPI ou la mise en œuvre du
nouveau statut de Jeune Entreprise Innovante (JEI) . Ce dernier dispositif permet aux
entreprises innovantes de bénéficier de l’exonération d’impôts sur les sociétés et de
l’exonération des plus-values de cessions de titres pour les associés ainsi que d’une
exonération des charges sociales patronales de Sécurité Sociale sur le personnel de
recherche et pour les gestionnaires de projets de R&D. Ce dernier avantage est
particulièrement intéressant pour les entreprises de biotechnologie, qui ne sont
généralement pas bénéficiaires mais emploient beaucoup de chercheurs. Un tel
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 43 – Promotion 2006
dispositif devrait ainsi renforcer l’attractivité fiscale des entreprises innovantes
françaises et ainsi renforcer l’intérêt des investisseurs vis-à-vis des biotechnologies.
3.2. Les facteurs liés aux caractéristiques intrins èques des sociétés de biotechnologie
La première partie a permis au lecteur de prendre conscience de la spécificité des
sociétés de biotechnologie. Pour survivre et assurer leur développement, ces dernières
doivent pouvoir nouer des partenariats et accéder à un certain nombre de ressources
notamment intellectuelles (brevets,…) et humaines (chercheurs, managers,…).
Ces éléments ont notamment été étudiés par Baum et Silverman (2004)23 dans le cadre
de leurs travaux de recherche visant à déterminer dans quelle mesure les performances
des start ups de biotechnologie financées par des fonds de capital risque pouvaient être
expliquées par les caractéristiques intrinsèques de ces sociétés ou par la capacité des
fonds à en faire des sociétés performantes.
Baum et Silverman arrivent à la conclusion que les critères d’investissement des fonds
de capital risque les conduisent à investir dans des start ups ayant un avenir prometteur
à en juger par les alliances qu’elles ont su nouer et par leur capacité à déposer des
brevets. En revanche, ces fonds ne sont pas en mesure d’identifier les sociétés
disposant d’équipes de management particulièrement compétentes. Ainsi, ils
investissent dans des entreprises avec un potentiel technologique important mais au
bord de la faillite, auxquelles ils seront capables d’apporter une vraie valeur ajoutée en
accompagnant l’équipe de management.
3.2.1. Les alliances
3.2.1.1. Enseignements des travaux de recherche académique
Plusieurs auteurs se sont intéressés aux bénéfices que pouvaient apporter les alliances
à de jeunes entreprises. Les partenariats permettent d’accéder directement ou
indirectement à des ressources complémentaires (Chung, 2000) ainsi qu’à la
23 Picking winners or building them ? Alliance, intellectual and human capital as selection criteria in venture financing and performance of biotechnology startups, Joel A.C. Baum, Brian S. Silverman, 2004.
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 44 – Promotion 2006
connaissance (Liebeskind, 1996 ; Williamson, 1991). Les alliances peuvent également
contribuer à donner une certaine légitimité (Baum et Olivier, 1991, 1992 ; Miner,
1990) qui facilitera par la suite l’accès à de nouvelles ressources. Par conséquent, les
avantages que procurent les alliances sont particulièrement importants lorsqu’un accès
rapide à certaines ressources est crucial (Teece, 1992).
Ainsi, Baum (2000) a montré que les start ups de biotechnologie capables de nouer, au
moment de leur création, des partenariats en amont avec des universités ou d’autres
organisations détenant une expertise scientifique et technologique et des alliances en
aval avec des sociétés pharmaceutiques ou chimiques font preuve d’une croissance
bien supérieure au cours des premières années. Stuart (1999) a également mis en
évidence que les start ups de biotechnologie ayant su former des alliances
capitalistiques avec des acteurs clés s’introduisent en bourse plus rapidement et à des
niveaux de valorisation plus élevés que celles ayant moins de partenaires.
Les alliances permettent donc à une start up d’accé der plus rapidement à
certaines ressources (connaissance,…) cruciales pour son développement au cours
des premières années tout en constituant une sorte de garantie (ou de signal) que la
société a fait l’objet de jugements prometteurs quant à son avenir par d’autres acteurs
informés et compétents.
Baum et Silverman (2004) sont allés encore plus loin en montrant que les start ups
disposant d’alliances en aval obtenaient significat ivement plus d’investissements
de la part des fonds de capital risque que les sociétés ayant noué moins de
partenariats (ou ayant conclu davantage de partenariats en amont). En effet, les
alliances en aval sont généralement associées à un accès à un certain nombre d’actifs
complémentaires (réseau de distribution, expertise marketing, expertise des tests
cliniques,…) et sont la preuve que des sociétés étrangères au secteur des
biotechnologies croient dans la faisabilité technique et dans le succès commercial du
produit ou du process mis au point. En revanche, les alliances en amont, signes d’un
accès à des connaissances et à des capacités de recherche de pointe nécessaires à la
découverte de nouveaux produits, fournissent des signaux plus ambigus quant à la
viabilité commerciale du produit ou du process mis au point.
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 45 – Promotion 2006
De manière similaire, les auteurs montrent que les alliances en aval ont des effets
positifs sur la performance des start ups plus sign ificatifs que les alliances en
amont (ces dernières pouvant même dans certains cas avoir des effets négatifs).
3.2.1.2. Les biotechnologies françaises caractérisé es par le faible nombre d’alliances
On constate en effet que près de 40% des entreprises de biotechnologie n’ont aucun
partenaire tandis que moins de la moitié en ont 2 ou plus.
Source : France Biotech
Il est également intéressant de remarquer que la faiblesse des fonds levés auprès
d’investisseurs industriels témoigne de la faible interaction entre les industries mûres
comme la pharmacie, la chimie ou l’agro-alimentaire et les entreprises de
biotechnologie.
Un tel phénomène peut probablement s’expliquer, au moins en partie, par la jeunesse
des biotechnologies en France, comme cela a été montré dans la première
partie. Même si l’on constate que la plupart des sociétés – quelque soit leur âge – n’ont
qu’un ou deux partenaires, on observe néanmoins que le nombre de partenariats a
tendance à augmenter légèrement avec l’âge de la société.
1 partenaire13%
2 partenaires 13%
3 à 5 partenaires
25%
6 à 10 partenaires
10%
Plus de 10 partenaires
1%
Aucun partenaire
38%
Répartition des sociétés par nombre de partenaires
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 46 – Promotion 2006
Source : France Biotech
Pourtant, l’industrie pharmaceutique comme les entreprises de biotechnologie ont
intérêt à développer des relations étroites . En effet, de tels rapprochements
permettent à l’industrie pharmaceutique de compléter son pipeline et aux sociétés de
biotechnologie de trouver les moyens d’amener un produit jusqu’au marché en se
procurant des moyens financiers et des compétences en développement clinique. En
effet, une société de biotechnologie ne peut pas financer entièrement les phases II et III,
d’où la nécessité de multiplier les partenariats avec l’industrie qui, elle, a les reins assez
solides pour pouvoir les financer.
En fait, l’obstacle principal au développement des alliances entre l’industrie
pharmaceutique et la biotechnologie française est surtout lié à un problème
d’adéquation entre l’offre et la demande. Le tissu des biotechnologies françaises est
jeune, connaît des difficultés de financement et dispose de peu de produits déjà en
phase II ou III (comme cela a été vu dans la première partie). Or, ce sont précisément
ces produits qui intéressent l’industrie pharmaceutique.
La difficulté de faire évoluer les business models des biotechnologies constitue
également un obstacle supplémentaire pour nouer des partenariats avec la
pharmacie. Par exemple, les sociétés qui se sont créées autour de la mise en oeuvre de
plates-formes technologiques semblent, pour certaines, éprouver des difficultés à
prouver leur rentabilité. On observe ainsi une tendance au recentrage autour d’accords
Répartition des sociétés par nombre de partenaires
5%2%0%
81%
96%100%
0%0%10%
3%2%0%0%
10%
20%30%40%50%
60%70%80%
90%100%
Moins de 1 an 1 à 3 ans 4 ans et plus
0 1 ou 2 3 ou 5 6 ou 10
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 47 – Promotion 2006
avec les entreprises pharmaceutiques afin de rapprocher les sociétés de biotechnologie
du produit final : le médicament. Toutefois, un tel processus de réorientation du
business model est souvent long et onéreux.
Il semble également que l’engouement pour les technologies génomiques soit en
train de diminuer ce qui n’est pas sans effet sur les partenariats noués avec les
entreprises pharmaceutiques. Ces dernières deviennent plus sceptiques et exigent que
la technologie en amont soit effectivement validée et unique et/ou que la société de
biotechnologie possède au moins un candidat médicament.
3.2.2. Le capital intellectuel
3.2.2.1. Enseignements des travaux de recherche académique
Les sociétés de biotechnologie sont en compétition permanente pour être les premières
à obtenir un brevet. Plusieurs auteurs ont montré le rôle crucial joué par les brevets
dans le secteur des biotechnologies (Fligstein, 1996 ; Lerner, 1995 ; Powell et
Brantley, 1992 ; Powell, 1996).
Ainsi, une start up de biotechnologie disposant d’un brevet se trouve dans une position
avantageuse pour obtenir des actifs et des compétences complémentaires (Pisano,
1990) et a plus de chances de susciter l’intérêt des fonds de venture capital (Kenney,
1986 ; Lerner, 1994). Les sociétés de biotechnologie disposant de brevets auront
également tendance à s’introduire en bourse plus rapidement (Stuart, 1999). Austin
(1993) a également montré que, pour les sociétés déjà introduites en bourse, les
annonces d’obtention de nouveaux brevets ont un impact positif sur les valorisations.
En outre, la communication récurrente autour des brevets en cours d’obtention
témoigne du fait qu’ils sont utilisés pour signaler une certaine domination dans la course
aux brevets et ainsi faciliter des levées de fonds ultérieures. Silverman et Baum (2002)
ont, par exemple, trouvé une relation positive entre le nombre de brevets en cours
d’obtention qu’une société de biotechnologie possède et ses chances de survie.
En signalant une certaine capacité d’innovation, les brevets , qu’ils soient déposés ou
en cours d’obtention, facilitent l’accès de la société les possédant à de s ressources
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 48 – Promotion 2006
complémentaires et augmentent la probabilité qu’elle obtienne des capi taux de la
part des fonds de venture capital.
Baum et Silverman (2004) confirment ces résultats en soulignant que les start ups ayant
le plus grand nombre de brevets tout comme celles dominant les courses aux dépôts de
brevets sont les plus à mêmes de bénéficier des investissements des fonds de capital
risque. Cette capacité à déposer des brevets a également des effets positifs
significatifs sur les performances des sociétés.
3.2.2.2. Les biotechnologies françaises caractérisé es par la faiblesse de la propriété industrielle
Suite aux conclusions des travaux de recherche évoquées précédemment, le premier
constat qui doit être fait concerne la part de sociétés déposant des brevets. Or, il
apparaît que près de 50% des sociétés françaises de biotechnolog ie ne déposent
aucun brevet.
Un tel phénomène peut certes être expliqué par l’âg e – la biotechnologie française
étant encore particulièrement jeune (plus de 40% des sociétés ont entre 1 et 3 ans et
seules 6% ont plus de 10 ans). Les jeunes entreprises déposent en effet moins de
brevets car elles démarrent plus souvent avec un droit d’exploitation et se constituent
plus tard leur propre portefeuille de brevets.
Néanmoins le graphique suivant laisse penser que ce n’est pas le seul facteur. En effet,
près du tiers des sociétés ne déposant pas de brevets ont plus de 3 ans.
Source : France Biotech
Sociétés ayant moins d'un an
21%
Sociétés ayant plus de 3 ans
31%
Sociétés ayant entre 1 et 3
ans48%
Sociétés ne déposant
aucun brevet45%
Sociétés déposant des
brevets55%
Dépôt de brevets et âge des sociétés
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 49 – Promotion 2006
Une autre explication du faible nombre de dépôts de brevets peut également résider
dans le manque de culture des biotechnologies évoqué plus haut.
La très forte concentration du dépôt de brevet en France est également une
caractéristique particulièrement remarquable : moins de 2% des sociétés déposent
près de 50% du total des brevets.
Cette faiblesse de la propriété industrielle peut donc expliquer, au moins partiellement,
les réticences des investisseurs vis-à-vis des biotechnologies françaises tout comme les
moindres performances de ces sociétés vis-à-vis de leurs homologues américaines.
3.2.3. Le capital humain
3.2.3.1. Enseignements des travaux de recherche académique
A partir d’une étude de la littérature académique, Zacharakis et Meyer (2000) ont pu
montré que l’expérience et les compétences de l’équipe de management constituent les
critères de sélection les plus fréquemment mentionnés parmi ceux publiés par les fonds
de venture capital.
Une étude sur les start ups de la Silicon Valley (Burton, 2001) a également permis de
mettre en évidence que la probabilité pour une start up, au moment de sa création,
d’obtenir un financement externe augmentait avec la renommée des employeurs
antérieurs de l’équipe de management fondatrice. De manière similaire, Zucker (1998) a
montré que la création de nouvelles sociétés de biotechnologie dépendait de manière
importante du nombre de scientifiques renommés présents dans ces sociétés.
Ainsi, l’identité et l’expérience du top management est co nsidéré comme un signal
important du potentiel de développement de la start up augmentant ainsi ses
chances de susciter l’intérêt des fonds de capital risque.
Baum et Silverman (2004) arrivent aux mêmes conclusions en montrant que les start
ups dirigées par des équipes de management importantes, par des présidents ayant un
rôle élargi, ou par des présidents dirigeant d’autres sociétés de biotechnologie
obtiennent significativement plus d’investissements de la part des fonds de capital
risque.
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 50 – Promotion 2006
Les auteurs montrent également, sur la base dune étude statistique, que parmi les trois
facteurs évoqués précédemment (les alliances, le capital intellectuel et le capital
humain), le facteur « capital humain » est celui qui joue le rôle prépondérant dans
les choix d’investissements des fonds de capital ri sque.
En revanche, les auteurs arrivent à la conclusion que ce facteur n’a qu’un impact limité
sur les performances des start ups. Ainsi, aucune corrélation entre la performance de
la société et les caractéristiques de son équipe de management ne peut être
inférée.
3.2.3.2. Les biotechnologies françaises caractérisé es par un manque de managers compétents
Les industriels de la pharmacie, comme la plupart de leurs homologues de la
biotechnologie, s’accordent à penser que les dirigeants des biotechnologies proviennent
souvent de la recherche fondamentale et manquent de culture industrielle. En effet, une
jeune société de biotechnologie est le plus souvent sous-capitalisée et ne dispose
pas du personnel de management adéquat. Une telle situation constitue, en outre, un
obstacle au développement des partenariats biotechnologies/pharmacie.
Cette différence de culture entre l’industrie pharmaceutique et les biotechnologies rejoint
la question de la valorisation évoquée plus haut. En effet, la culture et la formation des
chercheurs en France ne les prédisposent pas à se consacrer prioritairement aux
problèmes de gestion de l’entreprise, notamment en matière de propriété intellectuelle.
De manière plus générale, le manque de culture des biotechnologies en France se
traduit par une moindre diffusion des connaissances scientifiques propres à ce secteur
et par conséquent par un plus faible nombre de managers capables de gérer ce type de
sociétés et prêts à prendre les risques associés à leur gestion.
Une telle situation peut permettre d’expliquer à la fois les moindres performances des
biotechnologies françaises ainsi que la plus grande réticence des fonds de capital risque
à investir dans des sociétés de ce type.
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 51 – Promotion 2006
Conclusion
Les conclusions de l’analyse quantitative que nous avons réalisée sont claires : les
investissements des fonds de capital risque dans les sociétés de biotechnologie sont
plus rentables aux Etats-Unis (TRI moyen : 64%) qu’en Europe (TRI moyen : 48%)24
alors même que la volatilité des résultats est légèrement inférieure pour les sociétés
américaines.
Si l’on considère les résultats obtenus sur la base d’une frontière à 1000%, il est
intéressant de constater que le TRI moyen obtenu pour l’Europe (86%) devient
légèrement supérieur à celui obtenu pour les Etats-Unis (84%), signe d’une plus grande
volatilité des TRI obtenus sur les sociétés européennes25 et donc d’un risque plus
important. Le rapport risque / rentabilité est donc meilleur aux Etats-Unis.
Au sein de l’Europe, la France, même si elle ne figure pas parmi les pays les plus en
retard, ne fait pas partie des zones particulièrement propices au développement des
sociétés de biotechnologie. La recherche des facteurs explicatifs d’un tel phénomène
amène à constater que la controverse récurrente qui oppose les tenants de la thèse
selon laquelle « il n’y a pas assez de capitaux pour la biotechnologie » à ceux qui
déplorent « l’absence de bons projets » est assez stérile. En réalité, ces deux
phénomènes sont interdépendants26 et se conjuguent pour contribuer à rendre les
investissements dans les sociétés de biotechnologie françaises moins rentables qu’aux
Etats-Unis.
Au niveau de l’environnement culturel et institutionnel, le manque de culture des
biotechnologies fait l’unanimité parmi les professionnels du secteur au même titre que la
difficulté à réaliser des transferts technologiques du public vers le privé. Ces facteurs
contribuent à dissuader les rares investisseurs compétents d’investir dans les sociétés
de biotechnologie, d’autant plus que le manque d’aides publiques et d’incitations
24 En excluant les TRI supérieurs à 500%. 25 Ce qui confirme les résultats obtenus sur la base d’une frontière à 500%. 26 Une insuffisance de ressources financières se traduisant à terme par une moindre performance opérationnelle et réciproquement.
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 52 – Promotion 2006
fiscales prive ces sociétés de ressources financières nécessaires à leur développement
et pèse ainsi sur leurs performances opérationnelles.
En ce qui concerne les sociétés elles-mêmes, le faible nombre de partenariats noués
avec de grands laboratoires pharmaceutiques notamment, combiné au faible nombre de
dépôts de brevets et au manque de managers capables de gérer des sociétés de
biotechnologie pèsent tout autant sur les performances opérationnelles de ces sociétés
que sur l’intérêt que des fonds de capital risque peuvent avoir à soutenir ces sociétés en
leur fournissant les ressources financières dont elles ont besoin.
Nous avons essayé d’apporter une réponse la plus complète possible à la question
initiale. Néanmoins, nous sommes conscients des limites de ce travail :
� Construction des échantillons : pour les besoins de notre étude, nous avons été
amenés à ne retenir que les sociétés de biotechnologie actives à fin 2005 et à
exclure ainsi toutes les sociétés ayant fait faillite auparavant. L’inclusion d’un plus
grand nombre de sociétés dans chacun des deux échantillons (Etats-Unis et
Europe) permettrait peut-être de réduire les volatilités observées.
� Méthode de calcul des TRI : nous avons choisi une méthode simple de calcul des
TRI afin de pouvoir l’appliquer à un grand nombre de sociétés et ainsi rendre
l’analyse quantitative aussi pertinente que possible. Cependant, comme nous
l’avons mentionné au paragraphe 2.1.1.1., le calcul de TRI par round est
purement théorique dans l’absolu, d’autant plus que nous avons été contraints de
normaliser la définition d’un round. Néanmoins, la cohérence d’ensemble de cette
étude, qui avait un objectif purement comparatif, n’est pas remise en cause.
� Analyse des TRI : afin de respecter des contraintes de temps et compte tenu du
nombre de sociétés ayant fait l’objet de calculs de TRI, nous n’avons pu réaliser
un travail d’analyse approfondi, en consultant la presse notamment, sur les
sociétés présentant des niveaux de TRI hors norme. Une telle démarche
permettrait sans doute d’améliorer le degré de pertinence de l’analyse
quantitative en réduisant davantage les niveaux de volatilité observés.
� Analyse des causes des écarts de TRI observés : afin de garantir une certaine
profondeur d’analyse et pour respecter des contraintes de temps, nous avons été
contraints de centrer notre travail d’identification et d’analyse des facteurs
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 53 – Promotion 2006
explicatifs des écarts de TRI observés sur le cas de la France. Nous n’avions en
effet pas les moyens de mener une analyse aussi détaillée pour chacun des pays
européens. Néanmoins, le lecteur pourra constater que certains des facteurs
identifiés dans le cas français se retrouvent à divers degrés dans d’autres pays
européens27.
A travers ce mémoire, nous espérons avoir permis au lecteur d’améliorer sa
compréhension des possibles raisons du retard français en matière de biotechnologie.
Une telle étude mériterait probablement d’être réalisée sur d’autres pays européens afin
de rendre compte de la diversité des situations en Europe dans ce domaine et d’être en
mesure de proposer des solutions ou, du moins, des pistes de réflexion en vue de
réduire le retard constaté par rapport aux Etats-Unis.
27 Ainsi, l’existence d’une volonté politique forte est un des facteurs explicatifs du succès des biotechnologies en Suède.
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 54 – Promotion 2006
Bibliographie
1. AFIC-PWC (2006). L’activité du capital investissement français en 2005.
2. Austin, D.H. (1993). « An event study approach to measuring innovative output: the
case of biotechnology ». American Economic Review 83, pp. 253-258.
3. Baum, J.A.C. et C. Oliver (1991). « Institutional linkages and organizational
mortality ». Administrative Science Quarterly 36, pp. 187-218.
4. Baum, J.A.C. et C. Oliver (1992). « Institutional embeddedness and the dynamics
of organizational populations ». American Sociology Review 57, pp. 540-559.
5. Baum, J.A.C., T. Calabrese et B.S. Silverman (2000). « Don’t go it alone: alliance
networks and startups’ performance in Canadian biotechnology ». Strategic
Management Journal 21, pp. 267-294 (winter special issue).
6. Baum, J.A.C. et B.S. Silverman (2004). « Picking winners or building them ?
Alliance, intellectual and human capital as selection criteria in venture financing
and performance of biotechnology startups », Journal of Business Venturing 19,
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7. Burton, M.D., J.B. Sorensen et C.M. Beckman (2001). « Coming from good stock:
career histories and new venture formation ». Sloan School of Management.
Working Paper.
8. Chung, S., H. Singh et K. Lee (2000). « Complementarity, status similarity and
social capital as drivers of alliance formation ». Strategic Management Journal 21,
pp. 1-22.
9. Fligstein, N. (1996). « Markets as politics: a political–cultural approach to market
institutions ». American Sociology Review 61, pp. 656-673.
10. Kenney, M. (1986). Biotechnology: The University–Industry Complex. Yale
University Press, New Haven, CT.
11. Kopp, P. (2004). « Panorama des biotechnologies en France », France Biotech.
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 55 – Promotion 2006
12. Le Masson, T. (2006). « NicOx s’envole à la bourse de Paris après son accord
avec Pfizer », Les Echos
13. Lerner, J. (1994). « Venture capitalists and the decision to go public ». Journal of
Financial Economics 35, pp. 293-316.
14. Lerner, J. (1995). « Patenting in the shadow of competitors ». Journal of Law and
Economics 38, pp. 463-495.
15. Liebeskind, J., A. Oliver, L.G. Zucker et M.B. Brewer (1996). « Social networks,
learning and flexibility: sourcing scientific knowledge in new biotechnology firms ».
Organization Science 7, pp. 428-443.
16. Miner, A.S., T.L. Amburgey et T. Stearns (1990). « Interorganizational linkages and
population dynamics: buffering and transformational shields ». Administrative
Science Quarterly 35, pp. 689-713.
17. Mougenot, G. (2005). Tout savoir sur le capital risque, Paris, Gualino.
18. Pisano, G.P. (1990). « The R&D boundaries of the firm: an empirical analysis ».
Administrative Science Quarterly 35, pp. 153-176.
19. Powell, W.W. et P. Brantley (1992). « Competitive cooperation in biotechnology:
learning through networks? ». In: Nohria, N. et R.G. (Eds.) Eccles, Networks and
Organizations: Structure, Form and Action. HBS Press, Boston, pp. 366-394.
20. Powell, W.W., K.W. Koput et L. Smith-Doerr (1996). « Interorganizational
collaboration and the locus of innovation: networks of learning in biotechnology ».
Administrative Science Quarterly 41, pp. 116-145.
21. Silverman, B.S. et J.A.C. Baum (2002). « Alliance-based competitive dynamics in
the Canadian biotechnology industry ». Academic Management Journal 45, pp.
791-806.
22. Stuart, T.E., H. Hoang et R.C. Hybels (1999). « Interorganizational endorsements
and the performance of entrepreneurial ventures ». Administrative Science
Quarterly 44, pp. 315-349.
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 56 – Promotion 2006
23. Teece, D.J. (1992). « Competition, cooperation, and innovation ». Journal of
Economic Behavior and Organization 18, pp. 1-25.
24. Williamson, O.E. (1991). « Comparative economic organization: the analysis of
discrete structural alternatives ». Administrative Science Quarterly 36, pp. 269-296.
25. Zacharakis, A.L. et G.D. Meyer (2000). « The potential of actuarial decision
models: can they improve the venture capital investment decision? ». Journal of
Business Venturing 15, pp. 323-346.
26. Zucker, L.G., M.R. Darby et M.B. Brewer (1998). « Intellectual human capital and
the birth of U.S. biotechnology enterprises ». American Economic Review 88, pp.
290-306.
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 57 – Promotion 2006
Annexes
Annexe 1 : Profils des entreprises citées
Activité :
Anadys Pharmaceuticals est une société biopharmaceutique spécialisée dans le
développement et la commercialisation de molécules destinées au traitement du
virus de l’hépatite (notamment B et C), de certaines infections sévères et du cancer.
Le programme de développement clinique de la société inclut l’ANA975 pour le
traitement du virus de l’hépatite B et C et l’ANA380 pour le traitement du virus de
l’hépatite B.
En juin 2005, Anadys a conclu un accord avec Novartis pour le développement, la
production et la commercialisation de l’ANA975 (actuellement en phase II des tests
cliniques). L’accord inclut également le paiement de royalties ainsi qu’une possibilité
de co-promotion pour Anadys. Selon cet accord, le développement et la
commercialisation de l’ANA975 pourrait aboutir au versement à Anadys d’une
somme pouvant aller jusqu’à 570 millions de dollars de la part de Novartis. Anadys a
déjà reçu 20 millions de dollars en juillet 2005 et 10 millions de dollars en août 2005.
Anadys a également conclu un accord de co-développement et de licence avec LG
Life Sciences pour le développement de l’ANA380 actuellement en phase II des
tests cliniques. Enfin, Anadys a développé des partenariats avec Hoffmann La-
Roche et Aphoenix.
Au 30 septembre 2005, Anadys avait environ 45 brevets déposés et une soixantaine
en cours de dépôt.
Anadys Pharmaceuticals, Inc
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 58 – Promotion 2006
60
80
100
120
140
160
180
200
220
240
mar
s-04
mai-
04
juil-
04
sept-0
4
nov-04
janv-
05
mar
s-05
mai-
05
juil-
05
sept-0
5
nov-05
janv-
06
mar
s-06
Anadys Pharmaceuticals Nasdaq Biotechnology
Anadys Pharmaceuticals, Inc - Suite
Cours de bourse (données en dollars rebasées à 100 le jour de
l’introduction en bourse de la société) :
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 59 – Promotion 2006
Activité :
Créée en 1997, BioAlliance Pharma est une entreprise biopharmaceutique
spécialisée dans le domaine de la résistance aux médicaments. Elle développe et
commercialise des thérapies innovantes à partir de principes actifs déjà reconnus
sur le marché qui ciblent le cancer, le VIH, les maladies infectieuses et les soins de
support.
La société possède deux plate-formes de délivrance de médicaments :
� La technologie adhésive Lauriad® visant à améliorer la délivrance au site de la
maladie. BioAlliance Pharma a ainsi développé le miconazole Lauriad dans le
traitement de la candidose oropharyngée, pour lequel une demande d’AMM en
Europe a été déposée en septembre 2005 au terme d’essais cliniques de
Phase III. La Société a aussi achevé une étude de Phase I (pharmacocinétique
et pharmacodynamique) sur l’aciclovir Lauriad pour le traitement de l’herpès
labial.
� La technologie de nanoparticules Transdrug® visant à améliorer la délivrance
par ciblage intracellulaire. La doxorubicine Transdrug fait actuellement l’objet
d’un essai clinique de Phase I/II pour le traitement du cancer primitif du foie.
Avec son programme de nouvelles entités chimiques (NCEs – New Chemical
Entities), la société développe également un portefeuille de nouveaux médicaments
visant de nouvelles cibles thérapeutiques et destinés aux marchés de l’oncologie et
du VIH. Ces nouveaux médicaments sont à un stade initial de développement.
Financement :
Pour financer ses travaux de développement et son activité, la société a, depuis sa
création, levé des fonds auprès d’investisseurs financiers et d’actionnaires
BioAlliance Pharma
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 60 – Promotion 2006
personnes physiques, y compris au moyen d’une émission d’obligations
remboursables en actions (ORA) d’un montant de 6 329 630 euros en mai 2005.
A l’occasion de son introduction en bourse en décembre 2005, la société a réalisé
une augmentation de capital d’un montant de 30 millions d’euros afin de :
� Développer la croissance de son activité et notamment : établir en Europe une
infrastructure de commercialisation du miconazole Lauriad, à condition que la
commercialisation de ce médicament y soit autorisée
� Financer le développement de ses produits au plan pré-clinique, lancer des
essais cliniques de phase II en Europe, lancer un essai de phase III aux Etats-
Unis pour le miconazole Lauriad
� Consolider ses capitaux propres, financer les frais de protection juridique et de
dépôt de ses brevets et inventions
Actionnariat (au 15 novembre 2005) :
Rounds Mars 1999 Juin 2000 Avril 2003 Décembre 2005
Montants (US$m) 1,2 6,7 13,0 36,1
BioAlliance Pharma - Suite
FPCR – FCJE 15%
Groupe Siparex
10%
Groupe Capricorn
10%
Groupe ING Belgique
24%
Auriga Ventures II
23%
Groupe Edmond de Rothschild
2%
Groupe Xange PE
11%
Groupe SPEF Ventures
5%
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 61 – Promotion 2006
Cours de bourse (données en euros rebasées à 100 le jour de l’introduction en
bourse de la société) :
BioAlliance Pharma - Suite
96
98
100
102
104
106
108
110
janv-
06
mar
s-06
avr-0
6
BioAlliance Pharma SBF Pharmaceuticals
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 62 – Promotion 2006
Activité :
Cerep a pour mission d’apporter à l’industrie pharmaceutique des services en drug
discovery et en développement clinique ainsi que des candidat-médicaments à
différents stades d’avancement (pré-clinique ou clinique).
Dans ce but, Cerep offre une plate-forme complète de technologies, de services et
d'expertise, pour la synthèse, l'identification et l'optimisation des composés les plus
susceptibles d'être utilisés avec succès à des fins thérapeutiques. Les technologies
de Cerep bénéficient aujourd’hui à plus de 360 industriels pharmaceutiques ou
sociétés de biotechnologies, parmi lesquels des groupes de premier plan tels que Eli
Lilly, Pfizer, Sanofi-Aventis, Roche, Glaxo-SmithKline, Bristol-Myers Squibb, Japan
Tobacco,...
Le portefeuille de candidats-médicaments de Cerep inclut des produits découverts
en collaboration avec Sanofi-Aventis et Bristol-Myers Squibb (deux produits en
phase clinique pour le traitement des maladies immuno-inflammatoires) et des
produits issus de programmes de R&D internes dont un produit en phase I/II des
essais cliniques dans le domaine du cancer.
Le groupe a des filiales aux Etats-Unis, au Japon , en Suisse, aux Pays Bas, en
Israël et au Royaume Uni.
Développements récents :
Récemment, la société a réalisé deux acquisitions :
� Janvier 2005 : acquisition de MEL (Molecular Engines Laboratories), société
ayant mis au point une approche innovante dans le traitement du cancer en
développant plusieurs modèles de réversion tumorale et en identifiant de
nombreux gênes impliqués dans ce phénomène.
� Février 2004 : acquisition de Hesperion, société de services de développement
clinique.
Cerep
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 63 – Promotion 2006
Financement :
La société a été introduite en bourse en février 1998. La stratégie de développement
de Cerep vise à l’autofinancement de sa recherche.
Actionnariat (au 30 avril 2005) :
Cerep - Suite
Institut Pasteur de Lille
7%
Autres/Public 77%
Odyssee Venture
9%
Thierry Jean 7%
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 64 – Promotion 2006
Cours de bourse (données en euros rebasées à 100 le jour de l’introduction en
bourse de la société) :
Cerep - Suite
20
60
100
140
180
220
260
juil-
98
mai-
99
oct-9
9
mar
s-00
janv-
01
juin
-01
nov-01
avr-0
2
sept-0
2
juil-
03
mai-
04
oct-0
4
mar
s-05
janv-
06
Cerep SBF Pharmaceuticals
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 65 – Promotion 2006
Activité :
IDM est une société biopharmaceutique spécialisée dans le développement de
médicaments qui stimulent le système immunitaire pour l’aider à lutter contre le
cancer et les maladies infectieuses.
IDM développe trois types de produits destinés à :
� Détruire les cellules cancéreuses en activant les défenses naturelles du
système immunitaire
� Lutter contre la récurrence des tumeurs en déclenchant une réponse spécifique
et adaptée du système immunitaire
� Traiter les maladies infectieuses chroniques avec des vaccins thérapeutiques
IDM a actuellement 7 produits en cours de développement. Le principal produit
destiné au traitement de l’osteosarcome, Junovan(TM), a passé avec succès la
phase III aux Etats-Unis. Trois produits sont en phase II (cancers de la vessie,
cancer du poumon,…) et trois produits sont en phase I (hépatite B, virus du
SIDA,…).
IDM a développé des partenariats dans le développement de produits avec Sanofi-
Aventis dans l’immunothérapie et avec Innogenetics dans le développement de
vaccins pour le traitement des hépatites B et C chroniques et des infections par le
virus de la papilloma.
Financement :
Entre 1995 et 2002, IDM SA a levé des fonds à 5 reprises :
IDM SA
Rounds Janvier 1995 Décembre 1996 Septembre 1998 Octobre 2000 Décembre 2002
Montants (US$m) 1,0 6,9 16,9 41,7 20,4
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 66 – Promotion 2006
IDM Pharma est né de la fusion en août 2005 entre IDM SA et Epimmune Inc,
société américaine, cotée sur le Nasdaq et spécialisée dans le développement de
vaccins faisant appel à des molécules particulières pour activer le système
immunitaire. Cette opération est en fait une « reverse merger » :
� Suite à l’offre publique d’échange au cours de laquelle Epimmune Inc a acquis
la totalité du capital de IDM SA, IDM SA est devenue une filiale de Epimmune
Inc
� A l’issue de l’opération, les anciens actionnaires de IDM SA contrôlent 78% du
capital de la nouvelle entité.
Cette opération fait suite à l’échec de la tentative d’introduction en bourse d’IDM SA
sur le marché français et donne ainsi à la société un accès aux marchés financiers.
Actionnariat (au 06 janvier 2006) :
*
Sanofi-Aventis15%Medarex
20%
Autre62%
Management3%
* Dont 19% détenu par Alta Partners, Atlas, Apax, CLAL, Schroders et Sofinnova.
IDM SA - Suite
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 67 – Promotion 2006
Cours de bourse (données en dollars rebasées à 100 le jour de l’introduction en
bourse de la société) :
IDM SA - Suite
30
45
60
75
90
105
120
sept-0
5
oct-0
5
nov-05
janv-
06
mar
s-06
avr-0
6
IDM Pharma Nasdaq Biotechnology
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 68 – Promotion 2006
Activité :
Créée en 1996, NicOx est une société biopharmaceutique développant de nouveaux
composés brevetables en greffant sur des médicaments existants une structure
chimique libérant de l’oxyde nitrique. NicOx vise les domaines thérapeutiques de la
douleur et de l’inflammation, ainsi que les maladies cardiométaboliques.
NicOx dispose de 7 composés en développement clinique (1 programme en Phase
III, 4 programmes en Phase II, 2 programmes en Phase I). Néanmoins, ses
ressources sont concentrées sur deux composés phares, HCT 3012, en phase III de
développement pour le traitement de l’arthrose, et NCX 4016, en phase II pour
l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI).
NicOx a conclu des partenariats stratégiques avec certaines des principales sociétés
pharmaceutiques à l’échelle mondiale, dont Pfizer Inc. et Merck and Co., Inc.
Financement :
Grâce à son introduction en bourse fin 1999, NicOx a levé 33 millions d’euros. C’est
l’une des – si ce n’est la - introductions en bourse de sociétés de biotechnologie les
plus réussies en France. Depuis, NicOx a réalisé une augmentation de capital en
mai 2001 levant ainsi 59 millions d’euros ainsi qu’un placement privé en septembre
2004 lui permettant de disposer de 26 millions d’euros supplémentaires.
NicOx
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 69 – Promotion 2006
Actionnariat (au 30 novembre 2005) :
Cours de bourse (données en euros rebasées à 100 le jour de l’introduction en
bourse de la société) :
* Dont : � Oppenheimer Funds � Groupe JP Morgan � QVT Fund LP � Federated Kaufmann Fund � Framlington Fund � Baker Brothers Investments � Groupe Healthcap
* Public96%
Manageurs fondateurs
4%
NicOx - Suite
20
70
120
170
220
270
320
370
420
470
520
nov-99
mar
s-00
juil-
00
nov-00
mar
s-01
juil-
01
nov-01
mar
s-02
juil-
02
nov-02
mar
s-03
juil-
03
nov-03
mar
s-04
juil-
04
nov-04
mar
s-05
juil-
05
nov-05
mar
s-06
NicOx SBF Pharmaceuticals
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 70 – Promotion 2006
Activité :
TiGenix est une société biopharmaceutique, issue d’un spin-off des universités
belges de Leuwen et de Gent, spécialisée dans la médecine régénérative, i.e. dans
la recherche et le développement de traitements pour les articulations
endommagées par l’arthrose. La méthode utilisée combine la thérapie cellulaire avec
des médicaments à usage thérapeutique ciblé.
TiGenix a développé un produit phare, ChondroCelect, en phase III des test
cliniques (patients en cours de traitement) et travaille à l’obtention des autorisations
de mise sur le marché des autorités de régulation aux Etats-Unis et en Europe.
Les autres produits basés sur la technologie des cellules souches en sont
actuellement au stade des essais pré-cliniques. Les autres programmes de
développement portant sur des thérapies ciblées en sont encore au stade de la
recherche.
Financement :
A ce jour, la société a levé 29 millions d’euros sous forme d’equity et 2 millions
d’euros sous forme de subventions de recherche.
Après avoir levé environ 1 million d’euros de capital d’amorçage en 2000 et 2001, la
société a levé 12 millions d’euros lors d’un premier tour en 2003. Quatre fonds de
capital risque sont entrés au capital de la société à cette occasion : ING Private
Equity, Auriga Venture Partners, Fagus- Fortis Private Equity et Capricorn Venture
Partners.
TiGenix
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 71 – Promotion 2006
En novembre 2005, un second tour de 16 millions d’euros, dirigé par ING Corporate
Finance, a été clôturé. A cette date, de nouveaux investisseurs sont entrés au
capital, dont HSS Ventures (New York), ITX Corporation (Tokyo et Londres), Banque
Générale de Luxembourg (Luxembourg), Baekeland Fonds 2, SRIW et Partners at
Venture (Belgique).
TiGenix - Suite
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 72 – Promotion 2006
Annexe 2 : Méthodologie pratique de calcul du TRI
Figure A-1 : Se connecter à la base de données. Il est nécessaire d’avoir les codes
adéquats.
Figure A-2 : Les critères de choix doivent être précisément choisis.
Etape 1 : Connexion à la base de données
Etape 2 : Détermination des critères de choix
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 73 – Promotion 2006
Nous avons sélectionné les entreprises américaines puis européennes du secteur
« Healthcare » ayant complété un tour de financement en 2005. Nous avons ensuite
soustrait toutes les entreprises n’étant pas actives dans le domaine de la santé humaine
(« Biopharmaceuticals »).
Figure A-3 : On obtient les coordonnées des entreprises répondant aux critères
sélectionnés, soit deux listings (l’un pour les Etats-Unis, l’autre pour l’Europe).
Il est alors possible de vérifier les noms et caractéristiques des entreprises retenues. A
ce stade, nous n’avons réalisé aucune exclusion.
Etape 3 : Elaboration du listing
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 74 – Promotion 2006
Figure A-4 : On obtient alors une fiche pour chacune des entreprises retenues.
Lorsqu’elles sont bien remplies, on trouve de nombreuses informations sur les
entreprises sélectionnées : adresse, site internet, détail de l’activité (rapide, à compléter
par ailleurs en général), date de création, stade de développement, détails des tours de
financement (investisseurs, montant investi,…), noms des membres du board etc….
Cependant, on l’a vu précédemment, toutes ces informations ne sont pas toujours
exactes ou même remplies, et nous avons été amenés à faire des hypothèses (cf infra).
Nous avons exporté ces données sous EXCEL, pour pouvoir commencer le traitement
statistique. A partir de là, la démarche se complique, et il est nécessaire de maîtriser un
minimum le logiciel Visual Basic pour parvenir aux résultats.
Etape 4 : Fiche par entreprise
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 75 – Promotion 2006
Figure A-5 : Le fichier Excel doit être retraité rigoureusement. Pour la base Etats-
Unis, nous avons plus de 5000 lignes. La démarche est heureusement similaire pour
le traitement de la base Europe.
Etape 5 : Export des données sous Excel
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 76 – Promotion 2006
Figure A-6 : Nous avons dû écrire de nombreuses macros (très simples cependant)
pour traiter le nombre de lignes important.
Etape 6 : Ecriture des macros sous Excel
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 77 – Promotion 2006
Figure A-7 : Pour réaliser le calcul de TRI, nous avons dû retraiter la base dans le
détail.
Pour le traitement des données, de nombreuses étapes sont nécessaires comme le
montre le schéma précédent. Seule la méthode globale est présentée, mais il est clair
que les étapes sont un peu plus nombreuses pour arriver au résultat souhaité.
Etape 7 : Démarche adoptée pour traiter les données
Étape 1 : Créer un espace entre chaque entrepriseÉtape 1 : Créer un espace entre chaque entrepriseÉtape 1 : Créer un espace entre chaque entrepriseÉtape 1 : Créer un espace entre chaque entreprise
Étape 2 : Supprimer les lignes doublonsÉtape 2 : Supprimer les lignes doublonsÉtape 2 : Supprimer les lignes doublonsÉtape 2 : Supprimer les lignes doublons
Étape 3 : Supprimer les dernières lignes dont la post Étape 3 : Supprimer les dernières lignes dont la post Étape 3 : Supprimer les dernières lignes dont la post Étape 3 : Supprimer les dernières lignes dont la post money n’est pas renseignéemoney n’est pas renseignéemoney n’est pas renseignéemoney n’est pas renseignée
Étape 4 : Supprimer les rounds dont le montant n’est pas Étape 4 : Supprimer les rounds dont le montant n’est pas Étape 4 : Supprimer les rounds dont le montant n’est pas Étape 4 : Supprimer les rounds dont le montant n’est pas préciséprécisépréciséprécisé
Étape 5 : Supprimer les sociétés pour lesquelles il n’y a Étape 5 : Supprimer les sociétés pour lesquelles il n’y a Étape 5 : Supprimer les sociétés pour lesquelles il n’y a Étape 5 : Supprimer les sociétés pour lesquelles il n’y a qu’une ligne unique ou alors une seule ligne renseignéequ’une ligne unique ou alors une seule ligne renseignéequ’une ligne unique ou alors une seule ligne renseignéequ’une ligne unique ou alors une seule ligne renseignée
Étape 6 : Calculer les post money redresséesÉtape 6 : Calculer les post money redresséesÉtape 6 : Calculer les post money redresséesÉtape 6 : Calculer les post money redressées
Étape 7 : Calculer les durées des périodes / consolider les Étape 7 : Calculer les durées des périodes / consolider les Étape 7 : Calculer les durées des périodes / consolider les Étape 7 : Calculer les durées des périodes / consolider les périodes trop courtespériodes trop courtespériodes trop courtespériodes trop courtes
Étape 8 : Calculer les TRI / analyseÉtape 8 : Calculer les TRI / analyseÉtape 8 : Calculer les TRI / analyseÉtape 8 : Calculer les TRI / analyse
Étape 1 : Créer un espace entre chaque entrepriseÉtape 1 : Créer un espace entre chaque entrepriseÉtape 1 : Créer un espace entre chaque entrepriseÉtape 1 : Créer un espace entre chaque entreprise
Étape 2 : Supprimer les lignes doublonsÉtape 2 : Supprimer les lignes doublonsÉtape 2 : Supprimer les lignes doublonsÉtape 2 : Supprimer les lignes doublons
Étape 3 : Supprimer les dernières lignes dont la post Étape 3 : Supprimer les dernières lignes dont la post Étape 3 : Supprimer les dernières lignes dont la post Étape 3 : Supprimer les dernières lignes dont la post money n’est pas renseignéemoney n’est pas renseignéemoney n’est pas renseignéemoney n’est pas renseignée
Étape 4 : Supprimer les rounds dont le montant n’est pas Étape 4 : Supprimer les rounds dont le montant n’est pas Étape 4 : Supprimer les rounds dont le montant n’est pas Étape 4 : Supprimer les rounds dont le montant n’est pas préciséprécisépréciséprécisé
Étape 5 : Supprimer les sociétés pour lesquelles il n’y a Étape 5 : Supprimer les sociétés pour lesquelles il n’y a Étape 5 : Supprimer les sociétés pour lesquelles il n’y a Étape 5 : Supprimer les sociétés pour lesquelles il n’y a qu’une ligne unique ou alors une seule ligne renseignéequ’une ligne unique ou alors une seule ligne renseignéequ’une ligne unique ou alors une seule ligne renseignéequ’une ligne unique ou alors une seule ligne renseignée
Étape 6 : Calculer les post money redresséesÉtape 6 : Calculer les post money redresséesÉtape 6 : Calculer les post money redresséesÉtape 6 : Calculer les post money redressées
Étape 7 : Calculer les durées des périodes / consolider les Étape 7 : Calculer les durées des périodes / consolider les Étape 7 : Calculer les durées des périodes / consolider les Étape 7 : Calculer les durées des périodes / consolider les périodes trop courtespériodes trop courtespériodes trop courtespériodes trop courtes
Étape 8 : Calculer les TRI / analyseÉtape 8 : Calculer les TRI / analyseÉtape 8 : Calculer les TRI / analyseÉtape 8 : Calculer les TRI / analyse
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 78 – Promotion 2006
Voici un exemple de macro écrite pour une partie de l’étape 7 :
Sub differentiel_de_dates() j = 3, h = 0, K = 0, i = 2 While i < 3000 'on définit j la borne basse If Cells(i, 2).Value <> Cells(i - 1, 2).Value And Cells(i - 1, 2).Value = Empty Then j = i + 1 End If 'on définit h la borne haute While Cells(j + K, 2).Value = Cells(j + K + 1, 2).Value K = K + 1 Wend h = j + K 'on calcul entre les bornes F = 0 While j + F < h Cells(j + F, 14).Value = Cells(h, 14).Value - Cells(j + F, 13).Value F = F + 1 Wend i = h + 1 j = j + K + 1 Wend End Sub
L’analyse restante résulte de calculs classiques sur Excel qui ne posent pas de
difficultés particulières.
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 79 – Promotion 2006
Annexe 3 : TRI obtenus sur la base d’une frontière supérieure
Nous avons calculé les TRI pour toutes les lignes où cela était possible (voir la
méthodologie adoptée, Annexe 2, pour plus de détails). Si nous n’avons présenté que
les résultats obtenus en négligeant les TRI supérieurs à 500%, les calculs ont
néanmoins été réalisés avec d’autres frontières, notamment 1000% et 5000%.
Figure A-8 : Avec cette frontière supérieure, les résultats sont plus délicats à
analyser, puisque ainsi, les TRI non significatifs ont un poids plus important.
Il est intéressant de remarquer que les résultats obtenus pour les Etats-Unis sont
plus stables que ceux obtenus pour l’Europe. En terme de TRI moyen, l’écart se
resserre puisque l’on obtient un TRI de 86% pour Europe vs 84% pour les Etats-
Unis.
Si l’on compare ces résultats avec ceux présentés au paragraphe 2.2.2.2., on constate
que certaines sociétés de biotechnologie européennes affichent des TRI considérables,
nettement supérieurs à ceux des sociétés américaines. La volatilité des résultats est
donc supérieure en Europe, signe d’un risque plus important. Cela s’observe
parfaitement au travers des écarts type obtenus sur la base des TRI calculés avec une
frontière à 1000% : on obtient un sigma de 149% pour les sociétés américaines contre
192% pour les sociétés européennes. C’est ce qui explique que les TRI des sociétés
américaines soient plus stables que ceux des sociétés européennes.
TRI par rounds aux Etats-Unis et en Europe (frontiè re 1000%)
123%
83%67% 62%
86%
32%
73%
111%
94%
122%
0%
20%
40%
60%
80%
100%
120%
140%
Round 1 Round 2 Round 3 Round 4 Round 5
US UE
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 80 – Promotion 2006
Or, à l’exception des tours 3 et 5, les TRI obtenus sur la base d’une frontière à 1000%
sont similaires. Le rapport risque / rentabilité est donc meilleur aux Etats-Unis. Ainsi, en
termes strictement financiers, les sociétés américaines réussissent mieux en moyenne.
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 81 – Promotion 2006
Annexe 4 : Une des raisons clé pour la valorisation des sociétés de
biotechnologie : les revenus 28
Neurocrine Bioscience
OSI Pharmaceut icals
ImClone Systems
ActelionMillennium Pharmaceuticals
Celgene
Sepracor
Cephalon
MedImmune
Gilead Sciences
Chiron
Biogen Idec
Genzyme
Genentech
Amgen
Serono
R2 = 0 .70
0.00
5.00
10.00
15.00x
(10.0)% 0.0% 10.0% 20.0% 30.0% 40.0% 50.0% 60.0%
2005–2008 Revenue CAGR
20
05
Re
ve
nu
e M
ult
iple
(c)
Biotech Pharma Industry Trend
Pharma Companies
Schering-Plough
Pfizer
Roche
Lilly
Abbot t Laboratories
Johnson & Johnson
Bristol-Myers Squibb
Glaxo Smith Kline
Novart is
AstraZeneca
Wyeth
Sanofi-Avent is
Merck
Figure A-9 : Contrairement à d’autres industries, où le PER est une mesure clé pour
la valorisation, et où l’on étudie avec attention des multiples d’EBITDA et d’EBIT,
c’est la croissance des revenus qui est essentielle dans le secteur des
biotechnologies. La rentabilité des produits n’est pas fondamentale, puisqu’une fois
les molécules validées par la FDA, l’essentiel des coûts a déjà été financé. Ce qui
compte, c’est la capacité à trouver de nouvelles molécules, qui constituent la base
des estimations de vente, et donc de la valorisation de ces entreprises très
particulières.
28 Données Factset, fin 2005.
Multiples de valorisation des principales sociétés
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 82 – Promotion 2006
Annexe 5 : Les sociétés de biotechnologie dont la c apitalisation
boursière dépassent 1,5 milliard de dollars 29
$98,677
$91,911
$19,428
$17,791
$13,953
$9,760
$7,824$6,854 $6,752
$5,579
$2,973 $2,739 $2,387 $2,309 $1,981 $1,944 $1,695
0
5,000
10,000
15,000
20,000
90,000
$100,000
Am
gen
Gen
ente
ch
Gile
ad S
cien
ces
Bio
gen
Id
ec
Sero
no
Cel
gen
e
Ch
iro
n
Med
Imm
un
e
Sep
raco
r
Mil
len
niu
mPh
arm
aceu
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ls
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lon
e Sy
stem
s
Act
elio
n
Cep
hal
on
Am
ylin
Phar
mac
euti
cals
OSI
Phar
mac
euti
cals
Neu
rocr
ine
Bio
scie
nce
(US$ MM)G
en
zym
e
Figure A-10 : Sur les 17 sociétés représentées, une écrasante majorité est
américaine. On remarque la présence de Serono, de nationalité suisse, à la 6ème
place de ce classement, première société de biotechnologie européenne.
29 A fin 2005.
Les 17 premières sociétés en terme de capitalisatio n boursière
Mémoire de recherche
Majeure Finance - 83 – Promotion 2006
Annexe 6 : Nombre de nouveaux médicaments approuvés aux Etats-
Unis
0
10
20
30
40
1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 Average (1993–2003)
Standard NDA Time to Approval Standard NDA Time to Approval, New Molecule Entity Priority Review NDA Time to Approval Priority Review NDA Time to Approval, New Molecule Entity
Approval Time (months) Standard
Priority Review
Figure A-11 : Les NDA (« New Drug Approvals ») sont les autorisations de mise sur le
marché délivrées par la FDA aux Etats-Unis. Ce chiffre comprend les indications
multiples, mais pas le nombre de composants nouveaux validés chaque année (bien
plus faible).
Source : « CDER, Drug approval reports », 11 Juillet 2005
New Drug Approvals (1993 – 2003)