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Le web documentaire : une nouvelle forme d’écriture documentaire ? Morgane Mollé Sous la direction de Laure Delesalle Master II Pro Conseil Editorial et Gestion des connaissances numérisées 2009/2010

Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

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Le web documentaire : une nouvelle forme

d’écriture documentaire ?

Morgane Mollé

Sous la direction de Laure Delesalle

Master II Pro Conseil Editorial et Gestion des connaissances numérisées 2009/2010

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REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier tout particulièrement Laure Delesalle, qui a accepté de

m’accompagner dans ce mémoire et dont je tiens à saluer l’investissement : sa

présence, ses conseils, ses avis critiques, ainsi que les personnes qu’elle m’a offert

l’opportunité de rencontrer tout au long de ce mémoire ont constitué une aide

précieuse. Je souhaite également remercier les professionnels qui ont bien voulu

répondre à mes questions et me faire partager leurs expériences, leur façon de

travailler et leur point de vue.

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SOMMAIRE

INTRODUCTION.............................................................................................................................................................1

I. Du documentaire au web documentaire : enjeux et perspectives ...........................................................3

1. Le cinéma documentaire : une narration historiquement linéaire .................................................3

2. Le web documentaire : un glissement vers une narration délinéarisée ........................................4

3. La nature protéiforme du web documentaire ...................................................................................6

4. Les possibilités narratives qu’offre Internet au web documentaire ................................................8

5. Le web documentaire : une forme adaptée aux usages et aux attentes des internautes .......9

II. Le web documentaire : une ouverture des possibilités narratives ............................................................ 12

1. Une narration plus proche de l’internaute ......................................................................................... 12

2. Les formes de délinéarisation du récit................................................................................................. 15 3. Faire participer l’internaute à la narration.......................................................................................... 25 4. Le graphisme et le multimédia comme supports de narration ...................................................... 27

III. Le web documentaire, accueil et limites : quel avenir ? ............................................................................ 30

1. Explorer un web documentaire : les préalables indispensables..................................................... 30 2. Les failles du web documentaire ......................................................................................................... 32

3. Pourquoi les documentaristes sont-ils réticents à se lancer dans le web documentaire ?....... 37

4. Des documentaristes freinés par des contraintes d’ordre pratique .............................................. 42

5. Un élan vers les projets de web documentaires................................................................................ 47

6. Le web documentaire a-t-il un avenir ou est-ce une mode passagère ? ................................... 49

CONCLUSION . ........................................................................................................................................................... 53 BIBLIOGRAPHIE et WEBOGRAPHIE ANNEXES

Typologie des web documentaires (Tableau)

URL des web documentaires cités

Captures d’écran de web documentaires

Interview de Josefa Lopez et Aurélien Chartendrault sur leur projet de web documentaire

Questionnaire destiné aux documentaristes sur leur perception du web documentaire

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Depuis presque deux ans, on assiste à l’avènement d’une nouvelle forme

d’écriture : le web documentaire. Encore peu connu du grand public, ce genre

hybride inspiré du documentaire traditionnel explore le champ des possibles que lui

ouvre Internet en termes de format, de narration et d’interface. Le web

documentaire commence à acquérir une certaine visibilité dans les médias et il

semble séduire producteurs et diffuseurs : de nouveaux projets voient le jour chaque

mois. L’un après l’autre et sans se plier à une grammaire commune, les web

documentaires égrènent les idées innovantes et révèlent des interactions inédites.

Cette forme d’expression, dont on est aujourd’hui incapable de donner une

définition et qui échappe à toute règle, soulève déjà beaucoup de questions et

donne lieu à des débats qui mobilisent les réalisateurs de ces projets, mais aussi les

internautes et les réalisateurs de documentaires.

J’ai découvert les web documentaires tardivement sur le site du monde.fr,

avec Le Corps Incarcéré. Cette nouvelle manière de retranscrire le réel m’a tout de

suite intriguée : j’ai alors entrepris d’explorer les œuvres similaires que je croisais sur

Internet. Ce mémoire m’offre l’opportunité de réfléchir à la possibilité de création de

nouvelles formes documentaires sur le web et de me pencher sur une

problématique spécifique : celle de la réinvention de la narration dans les web

documentaires grâce aux outils spécifiques qu’offre Internet. Les web

documentaires sont parfois qualifiés de “web reportages” : j’ai choisi pour ma part

de ne pas les traiter comme des objets journalistiques, mais comme des œuvres de

création. En ce sens, les perspectives qu’ils ouvrent au métier de photojournaliste ne

seront pas abordées. On tentera plutôt d’analyser comment ce genre est capable

de repenser la structure narrative propre au documentaire traditionnel en

s’aventurant vers une narration délinéarisée et par s’il parvient à impliquer

l’internaute dans le récit tout en lui préservant son autonomie en matière de

navigation. On verra aussi que cette nouvelle forme d’écriture qui se propage sur le

web recèle actuellement des failles qui indisposent les internautes et tiennent à

distance les cinéastes documentaristes. Ainsi, au terme de cette étude on essaiera

de saisir les possibilités d’évolution de ce genre et ses chances de trouver un public.

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Il n’existe à ce jour aucun ouvrage formel sur le web documentaire, mais ce

genre suscite de nombreux débats sur Internet, en particulier dans la blogosphère. Si

on en recense plus de 150 dans le monde, il m’a paru indispensable de restreindre

ma réflexion à dix web documentaires afin de m’appuyer sur des exemples

concrets : Prison Valley, Gaza/Sderot, Thanatorama, Le Challenge, Voyage au bout

du charbon, Homo Numericus, Portraits d’un nouveau monde, Afrique, 50 ans

d’indépendance, PIB, Le Corps incarcéré. Au cours de ces pages, je fais souvent

référence aux interfaces de ces web documentaires : j’ai placé à chaque fois une

capture d’écran en annexe afin de permettre au lecteur de les visualiser. De même,

pour permettre une meilleure appréhension du sujet, j’ai réalisé une typologie des

web documentaires, qui expose les caractéristiques de 21 projets de ce genre (cf.

Tableau en annexe).

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I. Du documentaire au web documentaire : enjeux et perspectives

“A mon sens ce sont des histoires que nous racontons par le documentaire. Je crois que c’est pareil pour tous les auteurs-réalisateurs : nous racontons une histoire. Nous racontons tous des histoires”, Richard Copans1

Il convient dans un premier temps de tenter de saisir la notion de web

documentaire, car il règne de nombreuses confusions autour de ce que certains se

résignent à définir comme un « O.W.N.I » (Objet Web Non Identifié). On ne sait même

pas encore comment l’orthographier : avec un trait d’union ? en un ou deux mots ?

Ni comment le qualifier, tant ses formes sont diverses et échappent à tout cadre et à

tout formatage. Le lexique relatif à cette nouvelle forme d’écriture reste flou et varié

: récit multimédia, animation flash interactive, documentaire multimédia, visuel

interactif etc. Les termes ne manquent pas et fleurissent lors de chaque nouvelle

publication d’un web documentaire : ce genre qui évolue pour le moment sans

règles se définit progressivement, au gré des expérimentations. Seule certitude : le

réel et la scénarisation sont les matières premières du web documentaire, tout droit

inspirées du documentaire dit « traditionnel ». Pour savoir ce qui est en jeu avec la

narration dans le web documentaire, il faut donc revenir sur les caractéristiques du

cinéma documentaire.

1. Le cinéma documentaire : une narration historiquement linéaire

On peut définir le documentaire comme un film qui trouve son inspiration dans

le réel grâce à un dispositif narratif et à l’adoption d’un point de vue. Pour reprendre

les explications du cinéaste documentariste Richard Copans, ce qui est essentiel

c’est qu’ « Il doit y avoir une force dans l’idée, une volonté de raconter une histoire,

l’affirmation d’être l’unique personne à pouvoir la raconter, la seule à être le passeur

de cette réalité, la seule à pouvoir toucher les autres avec cette histoire

particulière ».2 La narration, c’est à dire la façon dont on va raconter une histoire, est

donc l’un des fondements du documentaire. C’est ce que vient confirmer Pierre

Maillot, professeur de Lettres à l’Ecole Louis Lumière : « L'histoire, au cinéma, comme

1 Richard Copans in MAURO Didier Le Documentaire, Cinéma – Télévision – Internet, Dixit, 2010 2 Entretien avec Richard Copans MAURO Didier Le Documentaire, Cinéma – Télévision – Internet, Dixit, 2010

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dans les romans, est la moindre des choses : l'important est dans la façon de

raconter, c'est à dire dans le sens qu'on lui donne ».3 Or, le documentaire offre de

nombreuses façons de raconter des histoires et une multiplicité de possibles en

termes d’écriture. Selon le cinéaste documentariste et sociologue de la culture

Didier Mauro, « Le mode narratif peut être conçu de façons distinctes en fonction

des choix d’écritures. Toutes les audaces sont permises, puisque le documentaire est

un espace de création et d’improvisation permanente. L’important est que les choix

soient assumés, comme étant des choix d’écriture ; et qu’ils soient conçus, justifiés,

en relation avec la logique interne qui traverse l’œuvre ».4

Historiquement, le récit est fondé sur le schéma classique aristotélicien, qui

suppose un début (une exposition), un nœud (le développement), et un

dénouement (une conclusion). La narration est donc traditionnellement linéaire, en

littérature comme au cinéma, et à fortiori dans le documentaire de création. Elle est

constituée de séquences que l’on regarde dans un ordre défini par l’auteur.

Figure 1 : Exemple de structure linéaire © Philippe Bootz5

2. Le web documentaire : un glissement vers une narration délinéarisée

Comme pour le documentaire, le web documentaire possède un sujet

principal nourri de thèmes secondaires. Il exprime le point de vue documenté d’un

ou de plusieurs auteurs sur le monde, à travers un récit doté d’une forme narrative

qui lui est propre, et il propose au spectateur une représentation de la réalité qui

l’incite à faire travailler son imaginaire.

Mais avec le web documentaire, on s’éloigne de la narration linéaire

proposée dans les documentaires traditionnels pour se rapprocher d’une

3 MAILLOT Pierre, L'écriture cinématographique, Armand Colin, 1997 4 MAURO Didier Le Documentaire, Cinéma – Télévision – Internet, Dixit, 2010 5 Schémas issus de l’essai en ligne Que sont les hypertextes et les hypermédias de fiction ? http://www.olats.org/livresetudes/basiques/litteraturenumerique/8_basiquesLN.php

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déconstruction narrative, qui donne plus de liberté de choix à l’utilisateur,

empruntant aux codes des plateformes de sites web interactives et des jeux vidéo.

Internet et les nombreux outils qu’il met à la disposition des réalisateurs est devenu le

support d’une nouvelle forme d’écriture. Cela n’implique pas forcément que l’on

doive comparer documentaire et web documentaire : on devrait plutôt parler de

glissement et de possibilités de dialogue entre les deux, ce qui n’a rien de surprenant

si l’on en croit les propos de Pierrette Ominetti, directrice de l’Unité Documentaires

d'ARTE France : « Le documentaire est un art qui avance en même temps que la

technologie et l’évolution du monde dans sa diversité. La technologie influence les

écritures ».6

Il est difficile de retracer l’émergence de cette nouvelle forme de narration

sur le web. Les premières tentatives de production de documentaires intégrant

différents supports et diffusés sur Internet consistent en des audioramas. Le plus

célèbre est sans conteste celui du New York Times : One in 8 million.7 Il s'agit de

portraits de New-yorkais à travers leur propre témoignage. On les écoute en même

temps que défilent des photos prises par un photojournaliste qui les a suivis durant

une journée. Ce modèle s'est rapidement exporté : certains y ont ajouté un peu de

vidéo, ont commencé à travailler l’interface graphique, à explorer les outils du web

et à réfléchir à la place du spectateur, donnant peu à peu naissance à ce que l’on

appelle désormais communément « web documentaire ». Progressivement,

l’interactivité a été exploitée par les réalisateurs conscients que, renforcée par le

caractère hypertextuel d’Internet, elle permet de fournir plusieurs points d’entrée à

l’internaute, une liberté de navigation, et donc des alternatives dans la narration.

Le web documentaire offre donc au spectateur des choix dans la lecture des

informations : il peut activer des liens, emprunter des parcours informatifs et narratifs

personnalisés, opérer des bifurcations selon ses envies. Ainsi, l’internaute navigue au

travers de l’interface du web documentaire de façon totalement délinéarisée, en

élaborant son propre itinéraire et en décidant de son menu éditorial. Il se construit

un cheminement personnel et donc unique, qui lui permet de faire émerger du sens

selon ses choix de structuration du documentaire.

6 MAURO Didier Le Documentaire, Cinéma – Télévision – Internet, Dixit, 2010 7 http://www.nytimes.com/packages/html/nyregion/1-in-8-million/

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Figure 2 : Exemple de graphe hypertextuel © Philippe Bootz8

3. La nature protéiforme du web documentaire

Le web documentaire fait son chemin sur la Toile : certains journalistes,

photographes et réalisateurs s’en sont emparé, explorant des pistes très variées en

matière de narration et de mise en scène. Si bien que proposer une définition

exhaustive de ce terme est à l’heure actuelle impossible tant ce néologisme,

employé à tout-va pour qualifier chaque nouvelle forme « web native », englobe en

son sein plusieurs concepts, plus ou moins flous eux aussi. Ce terme regroupe en effet

des « objets » très différents : certaines créations web ressemblent davantage à des

diaporamas sonores sophistiqués, tandis que d’autres mettent en place des parcours

narratifs élaborés, une délinéarisation totale et font entrer en jeu l’interactivité. De

nombreux acteurs du secteur avouent être encore en phase d’expérimentation : il y

a des innovations tous les jours et, si des critères déterminants se dégagent, la forme

reste ouverte, en plein épanouissement. Les documentaristes rencontrent la même

difficulté, inhérente à toute forme en perpétuelle évolution, pour qualifier leur

oeuvre.

Afin d’avoir un aperçu le plus large possible des réalités que peut regrouper le

web documentaire, il m’a paru indispensable de recueillir la définition qu’en

donnent leurs auteurs et leurs producteurs. Selon le photographe Guillaume

Herbault, qui est en train de réaliser Retour à Tchernobyl, « Le web documentaire,

8 Schémas issus de l’essai en ligne Que sont les hypertextes et les hypermédias de fiction ? http://www.olats.org/livresetudes/basiques/litteraturenumerique/8_basiquesLN.php

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7

c’est une recherche d’une nouvelle narration dans le documentaire ».9 Thomas

Salva, réalisateur de Brèves de trottoirs, confirme qu’il s’agit avant tout de relater une

histoire diffusée sur le web : « C’est une histoire racontée avec des médias

complémentaires à la photo, il n’est pas question de linéarité, de construction, de

rendre l’internaute actif, c’est une histoire racontée sur Internet ».10

A cette définition, Alexandre Brachet, qui a produit Prison Valley avec sa

société Upian, ajoute l’exploitation des multiples possibilités offertes par Internet : « Le

webdocumentaire, c'est raconter des histoires et faire passer de l'émotion sur un

écran d'ordinateur. C'est un travail long, qui demande du recul et un point de vue

d'auteur, raconté avec tous les nouveaux outils du web. Il faut savoir faire des sites,

raconter une histoire et inventer des process ».11 Son avis est partagé par le

réalisateur Benoît Cassegrain, à l’origine du site web-reporter.net : « Un Web

documentaire est un documentaire avant tout, mais adapté au web. Le web offre

des outils et des capacités différents de la télévision et beaucoup plus larges : on

peut intégrer d’autres médias. Le Web documentaire c’est donc plus large qu’un

documentaire classique avec toutes les possibilités obtenues grâce au web ».12

Marie-Claude Dupont, productrice du web documentaire canadien PIB, introduit la

place de l’internaute dans sa définition : c’est « un objet audiovisuel où l’on peut

pousser à fond l’utilisation de la vidéo, de l’image, de la photo, du son, de

l’infographie, des animations, offrant du coup à l’internaute une expérience

multiple, immersive, émotive et non linéaire, qu’il pourra maîtriser à son propre

rythme et selon le parcours qu’il aura choisi ou non de suivre ».13

Ainsi, on retiendra que le web documentaire est un objet d’un genre

nouveau, créé spécifiquement pour le web, qui a vocation à évoquer des faits réels

en racontant une ou plusieurs histoires. Il s’agit d’un documentaire interactif dans

lequel l’internaute devient potentiellement acteur d’une narration qui n’est plus

forcément linéaire. C’est sans doute le plus grand bouleversement que cette

nouvelle forme impose au genre du documentaire, puisqu’en explosant le récit et

9 http://linterview.fr/new-reporter/les-webdocumentaires-revolution-ou-effet-de-mode/ 10 http://www.zmala.net/a_l_affiche/le-webdocumentaire-3/5/ 11 http://mediawatch.afp.com/?post/2010/04/22/Webdocumentaire-Prison-Valley-:-un-nouveau-journalisme-est-deja-la 12 http://linterview.fr/new-reporter/les-webdocumentaires-revolution-ou-effet-de-mode/ 13 http://linterview.fr/new-reporter/les-coulisses-de-pib-interview-avec-marie-claude-dupont/

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en donnant la main à l’internaute, l’interactivité pourrait aboutir à une redéfinition

des rôles du spectateur et de l’auteur.

4. Les possibilités narratives qu’offre Internet au web documentaire

Internet ne doit pas être considéré uniquement comme un support de

diffusion, mais comme un lieu possible de création qui met à disposition des

réalisateurs un panel d’outils leur permettant d’explorer de nouvelles formes de

narration.

La principale ouverture qu’apporte le web est l’interactivité, qui permet à

l’internaute d’entrer en communication avec le documentaire : l’interface web

réagit à son action. C’est le clic qui est le garant de l’interactivité : il permet au

“spect-acteur”, comme le définit Jean-Louis Weissberg, maître de conférence en

Sciences de l’information et de la communication à l’Université Paris-XIII, d’explorer

un web documentaire et de prendre des décisions qui orientent sa navigation. Il

bénéficie donc d’une liberté de navigation et de personnalisation de son parcours,

grâce en grande partie à l’hypermédia (l’extension multimédia de l’hypertexte),

c’est à dire tous les nœuds qui permettent de relier le contenu. L’internaute peut

rebondir à tout moment dans l’interface, que ce soit pour revenir en arrière, sauter

une séquence, accéder à plus d’informations. Internet recèle aussi des possibilités

multimédia : sur un même support, sons, vidéos, photos, textes, infographies peuvent

se croiser ou se superposer. Autre particularité : le contenu peut être mis en ligne en

temps réel, ce qui permet d’actualiser et d’alimenter le site en permanence. De là

découle donc l’opportunité de laisser le public participer au web documentaire en

lui proposant d’agréger ses propres contenus : une façon d’entamer avec lui une

relation autour du projet. Enfin, d’un point de vue plus pragmatique, la diffusion du

contenu via les réseaux sociaux et les possibilités de partage entre les internautes

constituent un véritable atout pour la visibilité du web documentaire.

Ces outils, qui déploient des ouvertures inédites dans la production de web

documentaires, suggèrent aussi certains usages du web chez les internautes, et

provoquent des attentes de la part du public. C’est dans ce sens que les réalisateurs

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de ce genre de projets adaptent leurs productions en termes de construction

narrative : le fait que le spectateur puisse participer constitue un aspect novateur

par rapport au documentaire diffusé à la télévision ou au cinéma.

5. Le web documentaire : une forme adaptée aux usages et aux attentes des internautes

A l’heure actuelle, la souris d’ordinateur est en train de dévorer la

télécommande : il s’agit désormais de rattraper un public fugueur qui s’en va butiner

sur le Net. Or, pour attirer les internautes, il est important de s’adresser à eux de la

façon dont ils consomment des contenus et d’utiliser les codes du web.

Selon Eric Scherer,14 directeur de la stratégie de l'Agence France Presse, on

assiste à une évolution importante : le « multitasking » des consommateurs de

médias, et en particulier des jeunes. Aujourd’hui, ils sont capables de consommer 20

heures d’équivalent média en 7 heures, via trois ou quatre supports différents : 60 à

70 % des gens consomment plusieurs médias à la fois. Or, Internet permet justement

à ces consommateurs d’exploiter tous ces médias à la fois, avec une flexibilité

d’accès que l’on ne retrouve sur aucun autre média : on peut très bien écouter de

la musique, surfer et regarder un film en même temps, que ce soit sur un ordinateur

ou sur un support mobile (Smartphones, tablettes numériques…). En parallèle, sur

Internet, une génération « On demand » émerge : les gens veulent avoir le contrôle

et avoir accès à l’information, à la culture, aux connaissances, en tout lieu et à tout

moment. Le producteur Arnaud Dressen de la société Honkytonk explique : « Ce qui

est sûr c’est que les internautes demandent à avoir toutes les clefs et à pouvoir

accéder au contenu comme ils le souhaitent, où et quand ils veulent : ils souhaitent

avoir la flexibilité d’accès ».15

Ce multitasking induit inévitablement une baisse de l’attention en ligne :

Nicolas Marronnier, responsable éditorial du Social Media Club, explique : « Le flux

incessant d’information dans lequel nous plongent les médias digitaux explique la

généralisation du multitasking et donc une tendance à la baisse de l’attention en

14 Eric Scherer est l’auteur du blog de réflexion sur les médias http://mediawatch.afp.com/ 15 http://linterview.fr/new-reporter/les-webdocumentaires-revolution-ou-effet-de-mode/

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ligne. L’audience butine, ça et là, un article, un billet ou une vidéo, sans s’attarder

durablement sur un contenu précis ».16

Sur Internet, tout est donc plus court, plus rapide, car les gens ont besoin de

réagir, de voter, de cliquer. Conséquence : un internaute qui ne clique pas pendant

une minute est rapidement considéré comme inactif. Ce constat engendre une

contrainte pour les auteurs de web documentaires, celle de la durée : ils doivent

veiller à ne pas plonger l’internaute dans un état de passivité trop longtemps, de

peur de le perdre. C’est ce qu’analyse le photographe Samuel Bollendorff, auteur

de Voyage au bout du charbon : « On s’est rendus compte que le temps de

disponibilité de l’internaute est assez restreint, il ne faut pas excéder 15/20

minutes ».17 Et ce qui séduit particulièrement le public, c’est la vidéo. « On voit bien

que depuis 5 ans (ce qui correspond à la naissance de Youtube), les internautes

consomment et produisent massivement de la vidéo »,18 explique Joël Ronez,

responsable du pôle web d’Arte France. Un chiffre évocateur : Youtube compte un

milliard de vidéos vues par jour.

A noter aussi que la pratique du partage de contenu de pair-à pair s’est

généralisée sur Internet. La plupart des interfaces intègrent désormais des

fonctionnalités de recommandation sur les réseaux sociaux afin de permettre une

large diffusion d’un programme. Internet est un média social, fréquenté par un

public qui crée des choses et qui a besoin de participer. Il faut donc savoir donner

sa place à l’audience dans un web documentaire et valoriser sa production, que ce

soit par la restitution de la popularité ou par la fourniture de contenu (commentaires

etc.).

Enfin, les « Digital natives » sont déjà habitués à de nouvelles formes de narration :

le jeu vidéo a complètement marqué la manière dont on appréhende le récit et

dont on raconte des histoires. Il n’est donc pas anodin que l’on retrouve dans les

web documentaires la création d’une véritable ambiance et d’une identité visuelle

et sonore, avec de fortes possibilités d’interaction : comme dans les interfaces des

jeux vidéo. Le ludisme et le didactisme sont les créneaux choisis par de nombreux 16 http://socialmediaclub.fr/2010/04/le-storytelling-digital-formes-emergentes-nouveaux-metiers-business-models/ 17 http://3web documentaireoc.com/fr/2010/04/22/interview-de-samuel-bollendorff/ 18 http://atelier.rfi.fr/profiles/blogs/emission-1161-depart-de?xg_source=msg_mes_network#5

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web documentaires pour aborder la réalité. Michel Reilhac, Directeur du Cinéma

d'Arte France, n’hésite pas à amplifier ce phénomène : « Dans tous les domaines la

tendance est à une relation facilitée à la compréhension, à une tentative de

simplification systématique des complexités du monde tel qu'il va ou ne va pas du

tout… Tout est devenu en apparence plus léger, plus "fun", plus "cool", plus ludique.

L'ennui est l'ennemi. Ce que les Anglo-saxons appellent le "game play" est devenu

une technique narrative impliquante qui favorise l'interaction avec l'histoire, son

appropriation par le spectateur/joueur, sa projection dans la trame même du récit.

La mécanique ludique employée pour raconter une histoire n'est plus synonyme

automatiquement et seulement de légèreté, d'insouciance, de naïveté… Je pense

qu'il faut bien plus l'associer à des concepts de fluidité, d'empathie, d'implication

narrative, de proximité… ».19

Face à ces différents usages du web, l’enjeu des web documentaires est de

réussir à s’adresser au plus de monde possible : de mettre en place une proposition

éditoriale qui implique autant les natifs du web que les gens qui ont une pratique

plus limitée d’Internet. Joel Ronez relève une difficulté supplémentaire : il s’agit aussi

de capter une audience qui se veut en grande partie passive. Il explique : « Si l'on

examine le public d'un programme web, 80% des gens sont là pour voir, pour

consommer, ils sont passifs et n'ont pas envie de fabriquer leur programme.

L'interactivité, dans ce cas, c'est de pouvoir choisir son chemin. Après, vous avez 15

à 19% d'utilisateurs occasionnels, qui veulent un peu plus : laisser un commentaire,

voter, signaler le programme à un ami, s'abonner à une newsletter ou à un flux RSS...

Enfin, vous avez un petit pourcentage d'utilisateurs engagés. Ils iront de la

production et de la fourniture d'éléments, qui seront éventuellement réintégrés dans

l'œuvre, à la participation à un jeu grandeur nature ».20

A partir de là, une formidable création est possible. Le web offre des ouvertures

en termes d’écriture et de narration que l’on commence à peine à explorer.

Comment les web documentaires exploitent-ils ces opportunités pour réinventer une

narration historiquement linéaire et redéfinir la place du spectateur ?

19 http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/07/02/quand-les-recits-transmedia-se-preparent-a-re-enchanter-notre-quotidien_1382030_3232.html 20 http://television.telerama.fr/television/arte-lance-arte-webdocs-sa-plate-forme-documentaire-sur-internet,52886.php

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II. Le web documentaire : une ouverture des possibilités narratives

« A nos yeux, le web documentaire est avant tout un travail d’auteurs et un mode de diffusion. Une liberté retrouvée, la fusion des métiers et la profusion des styles. Sans carcans, sans Bible, sans codes. C’est une vision neuve d’un vieux métier : raconter des histoires, avec les outils d’aujourd’hui », David Dufresne21

Il y a eu l’invention de l’écriture, puis du cinéma : avec Internet, une nouvelle

écriture est à trouver. Le web documentaire semble une opportunité d’exprimer la

réalité à travers l’éclosion d’une narration multimédia et interactive, dont les

possibilités pourraient être résumées à travers trois notions : visionner, explorer,

participer. On les retrouve dans l’interface du web documentaire Montréal en 12

lieux comme autant de choix d’appréhender le sujet (cf. Capture d’écran 1).

Comment le web documentaire se sert-il actuellement des outils à sa

disposition - l’interactivité, le temps réel et l’hypermédia, pour initier de nouvelles

structures narratives ?

1. Une narration plus proche de l’internaute

a) Intimité et émotion

Selon leurs auteurs et leurs producteurs, dans les web documentaires les histoires

peuvent être racontées de façon plus intime. Cette nouvelle écriture privilégie la

proximité avec le narrateur comme avec les personnages dont il s’agit de faire le

portrait ou de raconter l’histoire. Laurence Bagot, co-directrice avec Cécile Cros de

l’agence Narrative qui a co-produit la série de web documentaires Portraits d’un

nouveau monde, explique : « Le média Internet est particulier par rapport à la

Télévision parce qu’on le regarde souvent seul et on est proche de l’écran (à moins

de 70cm). On voulait donc raconter des histoires très intimes : c’est presque l’auteur

qui raconte à l’internaute ce qu’il a vu et entendu. Après, l’internaute se fait son

21 David Dufresne est l’un des deux auteurs de Prison Valley, citation extraite du blog accompagnant l’élaboration du web documentaire http://prisonvalley.arte.tv/blog/

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propre parcours, son histoire, va voir des compléments, mais avant tout on raconte

une histoire de quelqu’un à quelqu’un ».22

Dans les Portraits d’un Nouveau Monde, qui décryptent les grands

bouleversements du 21e siècle dans le monde à travers six thématiques (La Chine,

l’émigration, l’urbanisation, l’économie, l’écologie et vivre ensemble), l’histoire

racontée cherche à susciter une réponse émotionnelle forte pour gagner l’adhésion.

Les quatre volets de la thématique Chine illustrent clairement cette volonté de

mettre la réalité en récit émouvant (cf. Capture d’écran 2). On y parle de destins

individuels qui témoignent d’une réalité plus large, et on y privilégie l’incarnation

dans des personnages. Le traitement est heureusement sensible et pudique, car sur

le fond on pourrait discuter cette volonté systématique de provoquer une émotion

superficielle chez l’internaute. Chaque web documentaire des Portraits d’un

nouveau monde se construit autour d’un récit linéaire de treize minutes en

moyenne, enrichi de prolongements vidéo ou sonores, de cartographies ou de

textes. « Ces bonus viennent apporter un éclairage factuel à une narration qu’on

veut plutôt émotionnelle », justifie Cécile Cros.23

b) Le temps réel

Contrairement au documentaire traditionnel, le web documentaire peut

raconter une histoire dans une temporalité éclatée : de nombreux web

documentaires n'ont ni début, ni fin, mais font l'objet de mises à jour et

d’enrichissements réguliers. C’est une des particularités d’Internet : l’œuvre peut être

nourrie, transformée, réinventée en permanence. C’est donc un projet évolutif, qui

implique les internautes en créant des rendez-vous avec eux, en les incitant à revenir

consulter le projet. Ainsi, l’originalité du projet Canadien PIB, qui tente de mesurer

l’impact de la crise économique sur la population, tient au fait que les réalisateurs

suivent et diffusent des histoires en temps réel, ou presque (cf. Capture d’écran 3).

Ce projet, que la productrice Marie-Claude Dupont définit comme une œuvre

« collective, évolutive et interactive », propose de suivre pendant un an la vie de

plusieurs personnages, comme un feuilleton, à travers la publication régulière de

courtes vidéos et d’essais photographiques, auxquels les internautes peuvent

proposer d’agréger leurs propres réalisations. Une narration éclatée et la possibilité 22 http://atelier.rfi.fr/profiles/blogs/emission-1161-depart-de?xg_source=msg_mes_network#5 23 http://atelier.rfi.fr/profiles/blogs/emission-1161-depart-de?xg_source=msg_mes_network#5

Page 17: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

14

d’alimenter le site en contenu régulièrement permettent de mettre en parallèle des

temps et des espaces différents, de confronter des analyses et de mettre en

perspective plusieurs histoires individuelles. Marie-Claude Dupont24 précise que : « Ce

facteur d’instantanéité favorise les rapprochements avec la communauté des

internautes : des Canadiens portent un regard sur des Canadiens et ce regard

immédiat sur la problématique de la crise vécue par des individus enrichit

l’expérience ».

On retrouve ce principe de temps réel dans le web documentaire Gaza/Sderot,

La vie malgré tout, qui a diffusé toutes les semaines du 26 octobre au 23 décembre

2008 deux courtes chroniques vidéo de deux minutes, tournées par une équipe

palestinienne et une équipe israélienne dans chacune des villes. Ce processus a

permis de raconter la vie quotidienne de ces deux villes et de rendre compte de la

réalité telle qu’elle est vécue par des hommes, des femmes et des enfants à Gaza et

à Sderot: leur vie et leur survie au jour le jour. Le web documentaire permet donc

aussi un déploiement de l'espace et une mise en évidence simultanée de divers

éléments, porteuse de sens.

Ainsi, le web documentaire permet d’exploiter une écriture qui se construit au gré

des expérimentations. C’est ce qu’explique Marie-Claude Dupont : « La spécificité

de PIB, c’est qu’une fois que nous commençons à filmer un sujet, nous ne

connaissons pas l’issue de l’histoire. Les récits principaux sont renouvelés

mensuellement, parfois plus vite selon les événements qui se rattachent à chacun.

La courbe narrative des histoires s’élabore ainsi au fil des tournages, offrant parfois

des revirements inattendus. Rien n’est écrit d’avance, tout se joue au fil du temps,

avec comme trame de fond, la crise économique »,25

24 http://linterview.fr/new-reporter/les-coulisses-de-pib-interview-avec-marie-claude-dupont/ 25 http://linterview.fr/new-reporter/les-coulisses-de-pib-interview-avec-marie-claude-dupont/

Page 18: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

15

2. Les formes de délinéarisation du récit

a) Un véritable défi

On voit bien que pour la première fois dans l’histoire de l’humanité qui a toujours

fonctionné sur des narrations linéaires sur le plan oral, écrit ou du cinéma, qu’avec

Internet on a des outils qui vont permettre d’explorer des champs non linéaires. Avec

les web documentaires, on nous confronte à un système qui est organisé par

l’hypertexte et on nous offre un choix de lecture, avec donc une part d’aléatoire :

c’est une logique qu’on a évidemment du mal à modéliser et c’est un défi énorme.

« On fait des petits bouts, on essaye de les mélanger entre eux et de faire qu’il y ait

la possibilité de passer de l’un à l’autre à travers le maximum de pistes hypertextes

possibles. Mais ça reste rudimentaire. Il y a une industrie qui a réussi ça, c’est celle du

jeu vidéo : on est complètement dans une forme délinéarisée, on est dans l’espace,

le temps, l’action », explique Joël Ronez.26

On peut relever plusieurs grands types de narration actuellement dans le web

documentaire, qui s’appuient sur l’interactivité et l’hypermédia, pour proposer un

récit plus ou moins délinéarisé.

b) Une narration à cheminement imposé

Le premier type de narration est celui que l’on pourrait qualifier d’astreint ou de

forcé. On parle alors de narration « à cheminement imposé », qui consiste à mener le

spectateur dans la démarche d’un reporter ou d’un explorateur. L’idée est de

plonger le visiteur dans un univers dans lequel il n’est pas tout puissant, dans lequel il

n’y a pas de « retour à la case départ ». C’est un peu le même principe que pour les

« livres dont vous êtes le héros » : l’internaute suit le récit proposé par l’auteur et se

contente de faire des choix qui orientent au fur et à mesure l’histoire. On peut

symboliser ce type de narration par ce schéma :

26 http://www.scam.fr/tabid/363252/articleType/ArticleView/articleId/6988/Doc-on-web.aspx

Page 19: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

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Dans Voyage au bout du charbon, l’internaute se retrouve ainsi acteur dès le

début du récit grâce à un procédé d’identification instauré par cette adresse

directe qui lui est faite : « Vous êtes journaliste indépendant. Vous avez décidé de

mener une grande enquête en Chine sur les conditions de travail des ouvriers qui

chaque jour recommencent le “miracle chinois”. Vous commencez votre enquête

par les mines de charbon réputées les plus dangereuses... Votre voyage au bout du

charbon est basé sur des faits réels, seuls les noms ont été changés ».

Le fil du documentaire se construit au gré de ses choix : à chaque intersection du

récit, l’auteur propose à l’internaute de prendre une décision : « … Vous êtes arrivé à

la mine de charbon de Junhuagong, dans la province du Shanxi en Chine, vous

pouvez soit la visiter, soit continuer votre chemin. » (cf. Capture d’écran 4). Chacune

de ces décisions a un impact sur le parcours qui va être suivi, parcours qui donne

l’illusion d’être personnalisé, alors qu’il est établi à l’avance par le réalisateur. Dans la

peau d’un journaliste, l’internaute a l’impression de mener l’enquête, ce qui a

l’avantage de lui laisser le choix d’avancer vers ce qui l’intéresse vraiment. Ce type

de narration permet d'immerger l’internaute dans l'ambiance des mines chinoises et

de le responsabiliser : son choix d'actions et de questions a de véritables impacts sur

l'évolution du documentaire, il peut même aller jusqu’à se faire emmener par la

police pour avoir posé des questions trop dérangeantes. « Dans Voyage au bout du

Page 20: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

17

charbon, on ne voulait pas donner toutes les clefs à l’internaute, on voulait quand

même créer des effets de surprise, une attente, une curiosité pour le contenu et

donc du coup on a créé une forme de narration qui donnait seulement une partie

des clefs », explique Arnaud Dressen.27 Ce mode de navigation s’appuie sur un

scénario riche et réaliste, et permet à l’internaute de choisir son parcours pour

éventuellement redéployer l’histoire et de se fabriquer lui-même son univers, ce qui

fait vraiment partie de l’immersion : « On lui donne juste assez d’éléments pour savoir

quels sont les faits et après il les refabrique avec sa propre expérience, du coup il a

beaucoup plus d’éléments pour être touché et pour avoir envie de continuer dans

l’histoire », soutient Samuel Bollendorff.28

On retrouve le même procédé dans Le Challenge : l'internaute est invité à mener

l'enquête en Equateur sur le procès de la multinationale pétrolière Texaco.

L’internaute adopte le rôle d'un journaliste qui recherche des informations et des

témoins, et il est chargé de poser des questions au choix aux personnages qu’il

rencontre (cf. Capture d’écran 5). Un « Bloc-notes » très fourni en indications

historiques, géographiques et politiques, lui permet de se renseigner sur cette affaire

afin de préparer au mieux ses entretiens. Il contient des photos et des archives vidéo

des années 1960 et 1970, une carte interactive, des chiffres et des dates clefs ainsi

que des documents officiels (cf. Capture d’écran 6). Au cours du documentaire,

l’internaute est régulièrement incité à consulter ce bloc-notes, car il est

indispensable pour suivre l’histoire et mener l’enquête. La mise à disposition d’une

véritable base documentaire sur le sujet permet aussi de mettre à niveau chaque

spectateur en lui donnant le même bagage de connaissances.

Contrairement à Voyage au bout du charbon, dans Le Challenge l’internaute

a le choix de se rendre directement aux étapes suivantes en utilisant les entrées

directes par lieux et par personnages proposées dans une carte interactive

accessible à tout moment (cf. Capture d’écran 6). Le scénario est donc plus

fragmenté, même si chaque chapitre pris individuellement reste cohérent par

rapport au reste de l’histoire : l’auteur réserve à l’internaute une marge de liberté

supplémentaire, ce qui a aussi pour impact de réduire son implication dans le récit

puisqu’il peut le quitter à tout moment pour l’explorer autrement.

27 http://linterview.fr/new-reporter/les-webdocumentaires-revolution-ou-effet-de-mode/ 28 http://3web documentaireoc.com/fr/2010/04/22/interview-de-samuel-bollendorff/

Page 21: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

18

C’est sûrement dans Thanatorama, sous-titré : « Une aventure dont vous êtes

le héros mort », que le procédé d’identification est le plus fort. Lorsqu’on s’apprête à

se lancer dans l’aventure, une voix off sur fond de musique angoissante nous

explique : « Vous êtes mort ce matin. Est-ce que la suite vous intéresse » ? A travers

ce web documentaire, l’internaute suit le parcours de son corps après sa mort, en

orientant sa découverte à travers différents choix : l’enterrement, l’incinération etc.

Tout au long du récit, le narrateur s’adresse directement à l’internaute pour lui

raconter ce qu’il lui arrive, comme lors de l’exhumation : « Pour vous le temps s’est

arrêté, mais là-haut à la surface les choses changent […] On s’active autour de

votre sépulture. Il y a déjà plus de deux ans que votre tombe est considérée comme

abandonnée. » (cf. Capture d’écran 7). L’internaute est happé par l’histoire

extrêmement documentée qui lui est proposée et qu’il construit, plongé dans une

ambiance de jeu vidéo. En adoptant une forme ludique, la frontière entre réalité et

fiction est parfois moins marquée, mais force est de reconnaître que ce

documentaire immersif dans le monde funéraire, si peu connu, est d’autant plus

enrichissant du fait qu’il implique l’internaute dans son exploration. L’élaboration du

scénario est complexe puisqu’elle doit tenir compte des différents parcours que

peut emprunter l’internaute en conservant sens et cohérence, est accompagné

d’une voix off dont le texte est très bien écrit. Comme dans Le Challenge, une carte

accessible à tout moment rappelle à l’internaute à quelle étape du récit il est rendu

et lui permet de se rendre à une autre séquence (cf. Capture d’écran 8).

Dans ce genre de web documentaire, l’essentiel du travail de l’auteur

consiste à déterminer les itinéraires de découverte qui peuvent être proposés à

l’internaute et, pour chaque étape, le meilleur moyen de transmettre l’information.

L’auteur réfléchit en termes d’ « expérience utilisateur » et pense la structure non

linéaire du récit en amont afin de proposer à chacun un parcours de lecture

individualisé. Dans d’autres web documentaires, la forme de récit choisie n’implique

pas une telle projection de l’internaute dans l’histoire.

c) Une narration à cheminement libre ou en étoile

Dans ce second type de narration à « cheminement libre » ou « en étoile »,

l’internaute est omnipotent. « Pour le meilleur comme pour le pire, c'est à lui

qu'incombe la charge d'élaborer et d'organiser sa vision/lecture du reportage. Ce

Page 22: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

19

sont ses choix qui donnent le tempo à la narration. Il peut ainsi s'intéresser à un

chapitre ou à un thème précis, il peut se concentrer sur un élément particulier du

web docu ou passer plus rapidement sur une partie qu'il jugera moins intéressante »,

expliquent les blogueurs Camille et Guillaume.29 Nous sommes ici très proche du

concept de site web interactif et multimédia, ou des vieux CD-Rom ludo-éducatifs.

L’internaute est tout puissant, il a le pouvoir d’aller partout, à tout moment. Tout lui

est dû : les menus interactifs ont été crées pour être à son service et s’adapter à ses

désirs. Les propriétés narratives de ces projets sont inédites : l’internaute peut au gré

de ses envies enchaîner les séquences qui sont liées à un personnage, à un lieu ou

d’autres éléments informatifs, qui lui permettent de former un documentaire unique

suivant ses envies. L’hypertexte prend ici tout son sens puisqu’il propose une

navigation démultipliée, confiée à l’internaute. Tout ce qui est cliquable vient

renforcer l’histoire, ce sont des excroissances du récit : de nouveaux personnages,

des compléments documentaires, des chiffres ou des invitations à participer.

Ainsi, on accède à la possibilité d’un voyage vraiment délinéarisé dans le

documentaire : un mode de narration qui n’a jamais pu être mis en oeuvre

auparavant faute de dispositif technique. Gaza-Sderot ou Havana-Miami en sont

des exemples remarquables. Il s’agit d’une agrégation de contenus multimédia, liés

entre eux formellement, mais sans récit imposé. L’internaute est amené à picorer

de-ci de-là des bribes de témoignages et une multitude de points de vue, sans

aucune synthèse ou mise en perspective. Certains de ces web documentaires se

présentent alors parfois comme une énorme base documentaire sur un sujet, quitte

à négliger la teneur narrative et à déléguer à l’internaute le soin de reconstruire lui-

même un récit dans sa tête, et de faire émerger du sens de cette masse de contenu

dont il dispose.

L’originalité de l’exploitation de ce genre narratif dans Gaza/Sderot vient de ses

possibilités de navigation : ce web documentaire est construit sur de courtes

proposition vidéos qui ne sont pas uniquement agencées entre elles par le

truchement de l’interface, mais articulées selon différents schémas de navigation

temporels, thématiques, ou par personnage. C’est une histoire dans laquelle on peut

pénétrer à travers plusieurs points d’entrée : par une chronologie grâce à une

timeline qui divise l'écran, par les sept personnages, par les lieux à travers une carte

29 http://www.mediapart.fr/club/blog/camilleguillaume/190310/webdocs-en-stock

Page 23: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

20

interactive ou par les thèmes spécifiques à chaque ville auxquels sont liées des

vidéos (cf. Captures d’écran 9).

Dans le web documentaire Afrique, 50 ans d’indépendance, on peut dès la

page d'accueil choisir un pays, un personnage ou bien entrer par une carte de

l’Afrique. Quel que soit le procédé choisi, on accède à une vidéo où un personnage

se présente comme notre guide de la ville africaine où il réside : on a alors le choix

de ce que l’on veut visiter. Une timeline dans l’interface nous permet de nous rendre

à l'étape de notre choix, de s'arrêter sur certaines séquences, de consulter les

informations complémentaires disponibles. L’internaute navigue entre les différents

personnages et parcourt les pays d’Afrique en récoltant ce qui l’intéresse (cf.

Capture d’écran 10).

Ainsi, dans ces web documentaires, la narration est minimale et l’interactivité

déterminante : l’internaute, sollicité en permanence, dispose de divers éléments

multimédia qu’il organise à sa façon, grâce à la liberté de navigation offerte par

l’interface. Une autre catégorie de web documentaires a souhaité laisser cette

marge de manoeuvre à l’internaute, tout en lui donnant le choix d’être passif et de

s’en remettre au récit proposé par le réalisateur.

d) Un récit principal linéaire mais ouvert à l’interaction

Dans ce troisième type de narration, l’auteur soumet à l’internaute un récit

linéaire et construit, conservant un point de vue d’auteur affirmé, tout en

ménageant une certaine liberté au spectateur. L’internaute peut choisir de rester

passif et de laisser défiler le documentaire, mais il peut aussi intervenir dans la

narration en faisant des haltes, en se rendant directement à une autre séquence, ou

en consultant des informations complémentaires.

Si la délinéarisation du contenu est largement appliquée dans les web

documentaires, on constate que dans certains le récit principal reste cadré par une

trame linéaire. C’est le cas des différents projets qui constituent les Portraits d’un

Nouveau monde. Dans ces web documentaires, on incite l’internaute à regarder

une histoire de façon linéaire, ce qui lui permet d’être porté –transporté, par le récit

Page 24: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

21

et de laisser s'installer l'émotion, qui est facilement brisée dans les structures non

linéaires. Par exemple, le web documentaire Un somalien à Paris propose un récit

principal d’une quinzaine de minutes qui est linéaire, même si l'internaute conserve

une marge d’action. En effet, il peut sauter les chapitres visibles sur l’interface ou

stopper l’histoire afin d’approfondir un thème lorsque la possibilité lui est donnée

d’accéder à un bonus (cf. Capture d’écran 11). Mais dans tous les cas, il ne perd

jamais le fil de la narration : les bonus s’ouvrent en pop-up (au-dessus de la fenêtre

principale), ce qui lui permet de reprendre facilement le cours du récit (cf. capture

d’écran 12). Après avoir visionné l’œuvre, le spectateur est invité à consulter des

liens annexes mis à disposition en bas de page, ou à lire un texte de présentation du

web documentaire écrit par le réalisateur lui-même, qui justifie ses choix et exprime

son point de vue. C’est l’occasion pour l’internaute d’approfondir sa réflexion sur le

sujet traité (cf. Capture d’écran 13). Dans les web documentaires des Portraits d’un

Nouveau monde, le visionnage d’un récit linéaire où transparaît un fort point de vue

d’auteur semble être la condition imposée à l’internaute s’il veut par la suite

s’émanciper et picorer des informations lui-même. Les projets de cette série font le

choix d’une narration plus classique, d’une faible interactivité et d’une participation

de l’internaute limitée (les commentaires sont positionnés très bas dans la page et

peu utilisés).

Le Corps Incarcéré adopte le même fonctionnement. L’internaute est invité à

suivre un reportage photo d’une dizaine de minutes, qui traite sous tous ses aspects

le thème du corps en prison, à travers le témoignage de quatre personnages. Le

récit, linéaire, est agrémenté d’une timeline où sont détaillés les thèmes abordés au

fil du reportage : l’internaute peut donc parcourir le récit en navigant entre les

différents chapitres. Autour de ce récit principal gravitent des compléments

d'information : l’interview vidéo de trois spécialistes et de courts textes de

présentation des personnages qui permettent à l’internaute de bénéficier d’un

traitement approfondi du sujet (cf. Capture d’écran 14).

Si les web documentaires qui ont adopté une délinéarisation totale de la

narration s’accommodent très bien de l’hypertexte, véritable révolution en matière

d’organisation des contenus, cet outil pose néanmoins des problèmes à ce genre

de projets qui imposent un récit principal linéaire. En effet, l’hypertexte, qui constitue

Page 25: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

22

une coupure et une possibilité de rebond dans la narration, entre en contradiction

avec le format linéaire qu’est la vidéo ou le diaporama sonore puisque ce sont des

images qui se succèdent et que l’on regarde dans l’ordre. Certains web

documentaires comme les Portraits d’un nouveau monde tentent d’y apporter une

solution en proposant de stopper momentanément le récit afin de consulter des

bonus, puis de reprendre le cours de l’histoire là où on l’avait laissé. D’autres comme

Le Corps Incarcéré choisissent de séparer les deux et mettent les compléments

d’information à part pour conserver toute la force du récit linéaire. A l’heure

actuelle, seul le web documentaire Prison Valley semble avoir réussi à déployer un

scénario suffisamment habile pour mêler étroitement linéarité du récit et

hypermédia.

e) Prison Valley : un dosage habile de ces différents procédés narratifs

Prison Valley, « road movie participatif » sur l’univers carcéral américain, est un

projet hybride qui tire parti avec justesse des outils Internet et qui parvient à

contourner les écueils qu’imposent les différents types de narration étudiés

précédemment.

Toute la subtilité de ce web documentaire réside dans le fait qu’il existe deux

façons de l’aborder. Alexandre Brachet explique : « L’interactivité doit toujours être

au service de l’histoire. L’internaute se construit un récit personnel. Nous on essaye

de construire des parcours utilisateurs riches. Dans Prison Valley, il y a le choix pour les

internautes qui ne voudraient pas s’impliquer de regarder ce documentaire comme

on pourrait le regarder à la télé ou au cinéma. On a toujours combattu une

construction en arbre, qui est contraire au récit et à la posture d’auteur et de

réalisateur, je parlerais plus avec une image d’élasticité : si tu t’écartes du récit il faut

toujours que tu puisses revenir dans le chemin que les réalisateurs ont décidé de

construire ».30

Ainsi, l’internaute peut choisir de regarder un documentaire de 59’ de façon

linéaire, sans arrêt, qui se présente comme un reportage vidéo avec un récit à la

première personne, un « nous » qui articule fort à propos subjectivité des auteurs et

30 http://atelier.rfi.fr/profiles/blogs/emission-1161-depart-de?xg_source=msg_mes_network#5

Page 26: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

23

subjectivité du spectateur (cf. Capture d’écran 15). Il peut aussi se lancer dans une

version omnibus, combinatoire, construite en rhizome ou en arête de poisson. Cette

deuxième façon de parcourir le web documentaire propose donc une narration

très construite puisqu’elle met en scène un propos (un début et une fin, un fil

conducteur, des temps forts), une progression (un principe de navigation orienté

dans une direction) et une ouverture (un épilogue, une synthèse des informations,

des débats, des équivalences dans le contexte français…) mais avec la possibilité

de faire des digressions (une arborescence, des péripéties pour creuser certains

aspects du sujet traité). Tout est organisé autour d’un véritable dispositif interactif : les

possibilités de navigation offertes au visiteur sont multiples, facilitent une narration

modulable et tous les contenus sont présentés sous forme hypertextuelle. On peut

symboliser cette version par ce schéma :

Si l’internaute choisit de parcourir lui-même le web documentaire, alors il est

invité à s’inscrire et à prendre une chambre au Riviera Motel, qui est le point de

départ de son exploration et fait aussi office de QG accessible à tout moment. En

effet, c’est depuis cette chambre, dans laquelle il peut agir sur tous les éléments,

que le visiteur peut tout entreprendre : lancer le documentaire linéaire, consulter

divers documents recueillis pendant son enquête (vidéos, photos, cartes), retrouver

des informations sur les personnages rencontrés, regarder la télévision, se rendre sur

le forum, regarder par la fenêtre (web cam sur rue), envoyer des messages aux

principaux protagonistes ou retourner à la carte interactive pour reprendre le fil du

Page 27: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

24

récit (cf. Captures d’écran 16). Le Motel n’a pas été choisi par hasard : c’est ici que

le week-end, les familles qui rendent visite aux détenus viennent se loger.

Alain Joannes, créateur de la Web Radio d’Arte, explique : « On a une structure

narrative modulaire dans Prison Valley : l’internaute qui ouvre un compte pour vivre

par procuration ce véritable road movie documentaire a toujours le choix de suivre,

ou non, le cheminement des deux journalistes. Il peut, exactement comme quand

on erre en voiture dans les immensités américaines, revenir au motel pour consulter,

approfondir, dialoguer, changer de direction. La métaphore visuelle du motel est

non seulement très pertinente; elle est aussi extrêmement confortable pour une

navigation attentive à l’intérieur du reportage ».31 En effet, à chaque nœud du récit,

l’internaute a le choix de revenir au motel afin d’approfondir la séquence qu’il vient

de regarder, ou de poursuivre son exploration. Mais même s’il choisit de parcourir le

documentaire à sa façon, il doit suivre la structure narrative préconisée par les deux

auteurs : il ne peut accéder à une séquence sans avoir visionné les chapitres

précédents (cf. Capture d’écran 17).

Ainsi, on trouve dans Prison Valley une intelligence du web ET du documentaire.

La dimension documentaire existe en soi et pourrait se passer du web, si ce n’est

qu’elle ne le fait pas et que l’interactivité est justement dosée pour susciter

l’immersion dans le récit. L’internaute peut choisir sa manière d’assimiler un contenu

riche, dense et complexe comme il le veut et quand il le veut : en s’inscrivant, il se

crée un compte qui lui permet de reprendre son exploration là où il l’avait laissée, et

de revenir approfondir sa découverte du sujet en s’appuyant sur les documents qu’il

a récolté au fil du documentaire. Ces compléments d’information permettent

d’ajouter de l’épaisseur au récit et de la profondeur au sujet traité.

Mais l’interactivité, particulièrement dans Prison Valley, ne se résume pas à une

question de navigation : c’est aussi pouvoir participer à un web documentaire

(laisser des commentaires, tchatter etc.).

31 http://hypermedia.vox.com/library/post/prison-valley-analyse-dun-chef-doeuvre.html

Page 28: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

25

3. Faire participer l’internaute à la narration

En effet, un web documentaire est aussi interactif au sens où il tire profit d’autres

points de vue, en l’occurrence ceux des internautes qui peuvent enrichir, nuancer

ou contester la réalisation avec leurs propres témoignages, ajoutant au besoin des

images et des sons. « Autour d’un contenu de base, d’une histoire préexistante, des

briques participatives sont ainsi amenées à enrichir l’univers narratif, et de nouveaux

éléments (commentaires, témoignages, photos…) viennent se greffer à la création

originale de l’auteur », explique Nicolas Marronnier.32

a) Donner la parole à l’internaute : des projets communautaires et participatifs

La plupart des web documentaires proposent les fonctionnalités participatives et

communautaires basiques : commenter, partager sur les réseaux sociaux, envoyer

par mail etc. (cf. Capture d’écran 18). Tout est fait pour donner une place à

l’internaute et pour le fidéliser, comme dans PIB où il peut choisir de suivre les récits

qui l’intéressent en s’abonnant à un flux RSS spécifique (cf. Capture d’écran 19).

Dans Prison Valley, ces aspects sont beaucoup plus développés puisque

l’internaute dispose d’un compte et d’un pseudonyme. Ainsi, les internautes

peuvent discuter entre eux : il y a des pauses dans le récit où l’on invite l’internaute à

plonger dans des zones interactives qui vont lui permettre de débattre avec

l’audience connectée au même moment. Ils peuvent aussi échanger leurs idées sur

des forums thématiques proposés par les auteurs. Comme il est indiqué sur la page

d’accueil des forums : « Ici, on discute des prisons, on partage les savoirs, et on

débat entre internautes du monde entier ». L’audience peut même discuter

directement avec les personnages du web documentaire. Enfin, des tchats « en

live » avec des personnalités du milieu carcéral sont fréquemment organisés : ils

permettent à l’internaute de prolonger sa réflexion après avoir visionné le

documentaire et d’obtenir des réponses à des questions restées en suspend (cf.

Captures d’écran 20).

32 http://socialmediaclub.fr/2010/04/le-storytelling-digital-formes-emergentes-nouveaux-metiers-business-models/

Page 29: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

26

b) Inciter l’internaute à devenir co-auteur : un appel à contribution

Au-delà de ces options participatives, à plusieurs reprises Prison Valley propose

même au spectateur de contribuer au contenu du web documentaire. Par

exemple, à l’issue d’un portfolio relatant la cérémonie annuelle des surveillants

morts, il est invité à livrer son avis sur ce qu’il ressent et peut consulter les réponses des

autres spectateurs. Un peu plus loin, il a aussi la possibilité de s’enregistrer en vidéo

pour répondre à une question posée à tous les personnages : « Qu’est-ce que la

peur ? » (cf. Capture d’écran 21).

Certains projets suivent la tendance amorcée par Prison Valley et croient au

potentiel créatif de l’internaute et à sa capacité d’enrichir une œuvre en faisant

appel à sa contribution. « De plus en plus, on se rend compte qu’on a une

participation de l’audience créative et qu’on pourrait réutiliser », explique le

rédacteur en chef du site web du Monde, Boris Razon.33 Ainsi, dans Havana/Miami,

l’internaute est invité à compléter lui-même le contenu éditorial par du texte, des

images fixes ou animées. « Nous attendons des témoignages, bien sûr, mais aussi la

création d’un vrai débat public, à la fois sur notre site et ailleurs sur Internet »,34

souligne son producteur, Serge Gordey.

Outre-Atlantique, cette démarche a été véritablement exploitée dans le

projet canadien de l’ONF, PIB. Les internautes sont invités à envoyer leurs propres

témoignages sur la crise économique, sous forme de photos ou de vidéos, lesquels

sont ensuite sélectionnés et diffusés sur le site (cf. Capture d’écran 22). « L’idée était

de documenter la crise économique grâce aux nouvelles technologies et de

permettre aux Canadiens de participer. Une communauté s’est créée autour des

personnages. Nous voulions aussi que les internautes s’impliquent avec la possibilité

de mettre en ligne leurs vidéos ou photos »,35 explique Hélène Choquette, la

documentariste à l’origine du projet.

33 http://www.scam.fr/tabid/363252/articleType/ArticleView/articleId/6988/Doc-on-web.aspx 34 http://www.letemps.ch/Facet/print/Uuid/5321e0f0-1ffa-11df-b561-f36c76562c2e/La_nouvelle_%C3%A9criture_documentaire 35 http://www.la-croix.com/Visages-de-la-crise-canadienne/article/2436750/25041

Page 30: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

27

Outre l’aspect participatif, un autre facteur, plus formel, entre en jeu dans la

construction narrative des web documentaires : les choix en matière de graphisme

et de multimédia.

4. Le graphisme et le multimédia comme supports de narration

a) Le multimédia : des choix pertinents pour la narration

Dans les web documentaires, une histoire est racontée avec l’ensemble des

typologies de médias qu’offre Internet. Non seulement il s’agit d’agencer les

éléments du réel au travers du tournage vidéo, mais aussi de créer du sens à partir

d’autres éléments tels que les photos, le texte, la cartographie, ou tout simplement

grâce à l’ergonomie de l’interface proposée à l’utilisateur. La dimension artistique

(qualité de la narration, du traitement, du montage, du mixage) est évidemment

pour beaucoup dans l’appréciation du visiteur et dans sa réception du programme.

Par exemple, la bande-son est primordiale, elle permet de contextualiser, de

baigner le spectateur dans une ambiance ; elle permet également de donner de la

profondeur aux images : c’est le cas dans Thanatorama. De même, les bruitages

contribuent au sens du récit et permettent de plonger l’internaute dans l’histoire,

comme dans Le Corps Incarcéré ou dans Prison Valley. Quant à l’utilisation de l’écrit,

non pas pour expliquer mais plutôt pour interagir avec les images et les sons, c’est

une voie prometteuse, explorée dans Homo Numericus.

La variété des formes narratives des web documentaires de la série Portraits d’un

nouveau monde reflète l’amplitude de la palette multimédia qui s’offre à ce genre.

Les uns optent pour la galerie de portraits comme Chanteloup, ma France, les autres

pour une interface qui traduit sur l’écran la cohabitation géographique et culturelle

de deux communautés : La double vie de Bradford. Au Pied du mur s’organise

comme un ensemble triangulaire que l’on peut faire pivoter physiquement, pour

accéder à ses trois volets (« traverser à tout prix », « face à la clandestinité », « au-

delà du rêve américain »), dotés chacun d’une couleur particulière. Le plus linéaire

reste le documentaire de Patrick Zachman, Un Somalien à Paris, récit sobre et fluide

qui mêle photos et vidéos.

Page 31: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

28

Dans Prison Valley, le récit alterne séquences animées et clichés, soutenus par

une voix off, ou des bruits d’ambiance caractéristiques. Tous les moyens d’expression

numérique – texte, sons, images fixes et animées, liens – sont utilisés de manière non

seulement pertinente mais parfois très subtile. Les vidéos se fondent sans hiatus visuel

dans les diaporamas photographiques. Le texte est réduit à sa meilleure utilisation,

concentrée : chaque mot typographié semble avoir été pesé pour produire le

meilleur impact. Quant aux graphismes de données, ils sont eux aussi dispersés avec

une finesse qui décuple leur intérêt.

Ainsi, la structure narrative dans le web documentaire est influencée par la

gestion du multimédia : une utilisation habile de plusieurs médias peut non

seulement contribuer à plonger l’internaute dans le récit mais aussi être créatrice de

sens.

b) Le graphisme comme narration

Certains web documentaires travaillent énormément l’identité visuelle de

l’interface dans laquelle évolue l’internaute. Le graphisme peut alors devenir un

support à la narration, porteur de sens.

C’est le cas d’Homo Numericus, dont l’environnement graphique est

remarquable. « On a vraiment essayé de déployer une narration graphique : on a

des éléments de narration visuelle qui viennent enrichir le temps de l’image fixe »,

explique Samuel Bollendorff.36 En effet, le récit est élaboré autour de photographies

en plan fixe avec des témoignages audio, ce qui, contrairement à une succession

de vidéos, permet à l’internaute de laisser libre cours à sa pensée. Ces temps de

réflexion sont d’autant plus stimulés par un travail plastique d’une grande virtuosité

où le fond et la forme se rejoignent. Alors que nous sommes toujours en arrêt sur

image, le second plan est animé par un déroulement incessant d’écrans figurant

l’activité numérique de la personne interrogée, représentant ce monde numérique

en construction perpétuelle dans lequel l’individu choisit de se connecter ou de se

déconnecter (cf. Capture d’écran 23). La mise en abyme de l’écran dans l’écran

offre ainsi différents niveaux de lecture : ce déploiement dans l’espace constitue

certainement un des grands apports du web documentaire.

36 http://3web documentaireoc.com/fr/2010/04/22/interview-de-samuel-bollendorff/

Page 32: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

29

L’agence Upian excelle aussi dans ses interfaces puisque chacune d'entre elles

épouse une histoire : ce n'est jamais du design pour l'amour du design, mais pour

transmettre des messages parfois très forts. C’est le cas de cette ligne verticale qui

partage l'écran de Gaza/Sderot pour opposer deux réalités : elle sépare des vidéos

qu'on ne peut visionner simultanément, parce que, décrypte Caspar Sonnen,37 « on

ne peut pas comprendre les deux camps en même temps ». On a donc en

permanence des vidéos des deux villes sous les yeux qui s'enclenchent au survol de

la souris : ce choix graphique, porteur de sens, réussit le pari de mettre en parallèle

deux réalités (cf. Capture d’écran 24).

Enfin, dans les web documentaires de Brèves de trottoir, qui proposent une

succession de portraits de parisiens “typiques” de chaque arrondissement, le

graphisme est très travaillé. Une fois encore, il est porteur de sens puisqu’il propose

un environnement personnalisé pour chaque personnage, afin d’évoquer en un clin

d’oeil son univers (cf. Capture d’écran 25). Avec un grand sens du détail, une

ambiance est recréée à chaque fois à travers une interface simple et intuitive.

Ainsi, la variété d’usage des outils du web au service d’une palette de structures

narratives, montre assez clairement l’amplitude des possibles du genre qu’est le web

documentaire. Entre ces différents types de narration, il se dessine un grand nombre

d’ouvertures tant du point de vue de l’interactivité que de l’écriture, que les

réalisateurs tentent d’explorer. Et pourtant, force est de constater que le web

documentaire et les nouveaux codes qu’il initie soulèvent des questions, voire des

réticences, chez les internautes et les documentaristes.

37 Pilote du Doc Lab et spécialiste des nouvelles écritures interactives au Festival international du documentaire d'Amsterdam (IFDA)

Page 33: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

30

III. Le web documentaire, accueil et limites : quel avenir ?

Si à l’heure actuelle les web documentaires sont encore à la recherche d’une

définition, ils soulèvent déjà beaucoup de débats, principalement sur la place

donnée à l’internaute dans l’élaboration de la narration, sur la redéfinition du point

de vue de l’auteur, mais aussi sur les dérives auxquelles les outils Internet exposent le

récit : en particulier l’interactivité. Loin de faire l’unanimité, cette nouvelle façon de

raconter la réalité séduit, intrigue, déçoit ou choque le public et les professionnels de

l’audiovisuel. Et pourtant, les principaux concernés, les documentaristes, tardent à se

lancer dans de tels projets. Il m’a paru important dans cette dernière partie de

décrypter les défaillances auxquelles s’expose ce nouveau genre et d’analyser la

façon dont il est reçu, afin d’évaluer dans quelles directions il pourrait se développer.

1. Explorer un web documentaire : les préalables indispensables

a) Un bon matériel est nécessaire

La consultation des web documentaires nécessite une bonne connexion

Internet et un bon matériel informatique. Les problèmes de chargement avec une

connexion wifi, les séquences vidéos coupées régulièrement, l’interface « loading »

qui n’en finit pas de charger pour finalement aboutir sur une page d’erreur sont

monnaie courante pour les projets web qui pèsent lourd, comme Homo numericus

et Thanatorama. Les temps de chargement sont si longs sur les web documentaires

du journal argentin Clarin tels que Narcoguerra, En la tierra de Diego, que

l’internaute qui, rappelons le, ne supporte pas d’attendre, a vite fait de fermer la

fenêtre de son navigateur et d’allumer la télé. Certains web documentaires ont

résolu ce problème en proposant des versions en bas débit, comme Prison Valley ou

Afrique, 50 ans d’indépendance. D’un point de vue technique, l’internaute peut

aussi pâtir des problèmes de compatibilité : certains web documentaires s’affichent

mal sous Mac (c’est le cas de Afrique, 50 ans d’indépendance) ou sur certains

navigateurs.

Page 34: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

31

b) Il requiert une certaine familiarité avec le web

Le web documentaire, quoi qu’on en dise, requiert une certaine familiarité

avec l’usage d’un ordinateur et a fortiori du web, ce qui a pour conséquence de

restreindre la cible de ce nouveau format. L’ordinateur n’est effectivement pas, en

matière de documentaire et pour un large public, un lieu naturel et légitime (qualité

médiocre, confort tout relatif…). Aurélie Hamelin raconte en plaisantant qu’elle se

voit fréquemment répondre lorsqu’elle évoque les projets qu’elle mène : « ça à l’air

très intéressant mais je ne peux pas plutôt le voir à la télé ? ». L’intérêt du web

documentaire, la confrontation à cette nouvelle forme de narration, est loin d’être

une évidence pour le public. Pour Aurélie Hamelin, l’enjeu principal aujourd’hui est

d’installer le web documentaire comme un genre à part entière et de toucher un

public aussi large que possible. Un impératif qui explique la priorité donnée dans le

premier volet des Portraits du nouveau monde à la simplicité d’accès.

Si le web documentaire doit dépasser une audience limitée aux convaincus

et aux technophiles, il lui faut en effet privilégier une facilité d’accès à travers un

projet explicitement présenté, une interface qui donne toute sa place au contenu,

qui canalise les interactions pour mieux focaliser l’attention et qui limite le « bruit »

que pourrait engendrer la multiplication de fonctionnalités interactives. Certains web

documentaires (cf. Captures d’écran 26) ont solutionné ce problème en imposant

dès l’ouverture une courte introduction vidéo (Prison Valley), audio (Thanatorama)

ou textuelle (Voyage au bout du charbon), qui présente le sujet ou explique

comment et pourquoi utiliser les différents outils (Afrique, 50 ans d’indépendance).

On retombe sur une règle d’ergonomie web : une interface destinée à un

large public doit se prêter aussi bien aux usages d’experts que de néophytes. En

particulier pour ce nouveau genre qui mêle dans sa narration images (fixes ou

animées), son et texte : ce mélange ne va pas de soi et l'utilisateur peut vite se sentir

dérouté.

Page 35: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

32

2. Les failles du web documentaire

a) Exploitation des outils du web vs. qualité du contenu

Un des risques majeurs de ces web documentaires à l’esthétique très

travaillée, du graphisme, en passant par la navigation et les impératifs

ergonomiques, est que la forme peut pervertir le fond, et la réalité être travestie au

profit de l’effet produit. Les impératifs de mise en scène, l’interface graphique,

l’identité visuelle et sonore de l’interface et les jeux d’interactivité peuvent

rapidement prendre le dessus sur le sens du web documentaire, séduire l’internaute

mais cacher un objet creux ou dont le sens reste insaisissable.

Puis, comme on l’évoquait plus haut, à trop emprunter les codes du jeu vidéo,

la frontière entre fiction et réalité s’estompe rapidement, au détriment de la qualité

et parfois de la véracité du contenu. Les auteurs de Voyage au bout du charbon

ont reconnu avoir pris quelques libertés dans le scénario pour atteindre une telle

richesse de contenu et mettre en place ce système de construction narrative par les

internautes : « Il y a des choses qu’on a été obligé de réécrire et c’est pour ça qu’il y

a un avertissement au départ. Rien n'est faux dans ce documentaire, mais il fallait

scénariser les choses afin de fabriquer un parcours pour l'internaute. La réalité en

constitue la plus grande partie ».38

Le web documentaire est l’affirmation du point de vue d’un auteur. Ce

dernier peut se tromper dans ses choix, dans ses partis pris, mais il n’a pas le droit de

pervertir ce qu’il capte de la réalité. « Le web documentaire, est une affaire

éminemment morale. Tout est possible en réalisation, tous les tons sont acceptables,

c’est affaire de style. Mais rappelons qu’on ne badine pas avec la réalité ni avec les

témoignages des personnes. C’est en appliquant ces préceptes que l’auteur assoira

sa respectabilité, et que le web documentaire pourra être pris comme une

référence », explique le blogueur Olivier Crou.39

38 http://3web documentaireoc.com/fr/2010/04/22/interview-de-samuel-bollendorff/ 39 http://linterview.fr/new-reporter/de-lecriture-de-la-conception-et-de-la-realisation-dun-webdocumentaire-part-1/

Page 36: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

33

Ainsi, pour être crédible, le web documentaire doit s’appuyer sur une éthique

documentaire solide. L’exploration des possibles en matière d’écriture via

l’exploitation des outils du web ne peut pas être un prétexte pour travestir la réalité

au profit d’une plus grande interactivité ou pour noyer le contenu documentaire

dans des interfaces web visuellement très élaborées. C’est en ce sens qu’Aurélie

Hamelin justifie le positionnement des Portraits d’un nouveau monde : « On a fait le

choix d’une interactivité au service du contenu et pas l’inverse ».40

La qualité du contenu peut aussi se détériorer selon l’usage qui est fait de

l’hypertexte. Les auteurs peuvent être tentés de mettre énormément d’informations

à la disposition de l’internaute, sans cohérence narrative et sans pertinence avec le

sujet traité. Bruno Masi explique : « Le web documentaire demande d’être

doublement plus vigilant : on peut avoir la sensation de ne plus avoir de contrainte

de place et d’espace, ça demande donc d’être doublement plus vigilant sur ce

qu’on met à disposition de l’internaute puisque sinon on serait tenté de tout mettre,

et si on met tout on se demande un peu ce que vaut notre travail ».41

L’auteur, s’il ne propose pas un récit linéaire, peut tout de même servir un

minimum de guide à l’internaute afin que ce dernier puisse s’orienter dans le web

documentaire et en extraire des informations exploitables. Mais cela signifie alors

restreindre sa liberté de navigation. Or, avec ce dilemne, on touche à quelque

chose qui est consubstantiel à l’idée même de web documentaire et qui naît du

télescopage de deux impératifs contradictoires : ceux dictés par le support, Internet,

et ceux dictés par le genre du documentaire.

b) Progression du récit vs. liberté du visiteur

En effet, l’une des règles cardinales de l’ergonomie des interfaces web est

que l’internaute doit rester maître de sa navigation et pouvoir toujours contrôler le

système. La narration quant à elle repose sur l’idée que le spectateur n’a pas le

contrôle mais au contraire se voit proposer un enchaînement qui suit une progression

pensée par l’auteur. Prison Valley est selon moi le seul web documentaire qui à

40 http://www.scam.fr/tabid/363252/articleType/ArticleView/articleId/6988/Doc-on-web.aspx 41 http://linterview.fr/new-reporter/les-webdocumentaires-revolution-ou-effet-de-mode/

Page 37: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

34

l’heure actuelle s’efforce de concilier avec intelligence ces deux impératifs. Les

auteurs proposent un récit fermé puisque le visiteur doit suivre la progression du récit

et ne peut accéder aux séquences que dans l’ordre pensé par David Dufresne et

Philippe Brault. Mais en même temps ce récit est construit en séquences qui, à

chaque transition, offrent une ouverture vers des compléments d’information et des

possibilités d’interaction où est réintroduit le contrôle par le visiteur de sa navigation.

D’autres web documentaires tentent de dépasser cette problématique en

instaurant ce qu’on peut appeler une « fausse interactivité ». En effet, la notion

d’adaptation du web documentaire aux désirs de l'internaute doit être nuancée.

Comme pour tout récit, l'écriture s'effectue sur la base d'un scénario pensé en

amont : l’internaute est maintenu dans l’illusion que ses choix ont un impact sur le

contenu informatif du web documentaire, alors qu’ils lui permettent seulement de

donner un sens différent, personnel, à ce contenu. Si certains projets valorisent une

narration immersive, avec le côté « documentaire-dont-vous-êtes-le-héros », en fait

les options ne sont jamais infinies, tout a déjà été prévu et programmé : l’internaute

se contente seulement d’emprunter les parcours élaborés à l’avance par l’auteur.

Dans certains projets on dit à l’internaute qu’il est actif, mais à chaque fois qu’il

clique il n’a qu’un seul choix, comme souvent dans Le Challenge. Ce web

documentaire peut d’ailleurs être doublement agaçant pour l’internaute puisque les

questions qu’il peut poser au fil du récit sont souvent limitées et le fruit d’une réflexion

simpliste, voire manichéenne : il aimerait pouvoir poser ses propres questions.

D’un autre côté, lorsque plusieurs choix sont vraiment proposés, comme

dans Voyage au bout du charbon, l’internaute peut facilement être frustré : avoir

l’impression qu’en faisant des choix il a raté une partie du contenu en empruntant

tel parcours. « Même si on fait se croiser les narrations, il est essentiel de scénariser

pour être sûr que l’internaute passe par des moments clefs parce qu’il ne s’agit pas

non plus que les gens puissent se balader et qu’ils parcourent un documentaire qui

ne leur apporte rien », explique Samuel Bollendorff.42

Il faut donc faire attention à ce que les gens ne circulent pas à la périphérie

du projet, ce qui rend l’écriture documentaire très complexe. En effet, il faut faire

42 http://3web documentaireoc.com/fr/2010/04/22/interview-de-samuel-bollendorff/

Page 38: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

35

passer l’internaute par des points névralgiques qui viennent argumenter le récit, et à

partir de ce moment là proposer des digressions, mille chemins, mais à condition

seulement que le spectateur soit passé par ces points stratégiques. A l’heure

actuelle, très peu de web documentaires ont réussi ce défi qui freine de nombreux

documentaristes à se lancer dans de tels projets et qui désarçonne facilement les

internautes.

c) Quand l’interactivité vient détruire le récit

L’internaute peut très bien ne pas être réceptif à l’interactivité. Un projet

comme La Cité des mortes, qui évoque la disparition des femmes dans la ville de

Ciudad Juarez au Mexique, va très loin en utilisant des procédés narratifs qui

éclatent le récit au point de le rendre pénible même pour un internaute confirmé.

Tous les éléments qui composent ce web documentaire sont d’une grande richesse

pris individuellement (extraits radio, galeries photos, carte interactive etc.) et mis en

scène dans un environnement graphique et interactif remarquable. Mais on doit

récolter soi-même des informations qui ne sont pas liées entre elles, et agir sur des

éléments de l’interface sans en comprendre vraiment l’intérêt : il n’y a aucun fil

directeur pour guider l’internaute et l’ensemble s’apparente plutôt à un gadget

sophistiqué (cf. Captures d’écran 27). Ce web documentaire, qui est né suite à la

publication d’un livre sur le même sujet, est donc difficile à exploiter si l'on a pas lu

l’ouvrage avant : il se présente plutôt comme un complément d’information que

comme une œuvre qui fait sens en soi. Il requiert aussi une certaine patience afin de

saisir les possibilités de navigation et d’interaction avec l’interface.

L’interactivité, c’est donc aussi quelque chose que tout le monde ne maîtrise

pas forcément, contrairement à la simple action d’appuyer sur la touche “play” et

de laisser filer l’histoire. Dans Montréal en 12 lieux, c'est à l'internaute de naviguer

entre les différents contenus afin de construire son propre parcours entre les

différents quartiers de la ville. Mais ce web documentaire est difficile à manier : on

ne comprend pas comment exploiter l'ensemble des informations. L’interactivité est

très développée puisque tout est à faire par l’internaute qui doit explorer plusieurs

entrées et activer des onglets en permanence. Mais si le graphisme et l’ambiance

sonore sont très travaillés, l’interface n’est pas intuitive du tout, la musique

Page 39: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

36

oppressante et le rythme de l’ensemble, trop rapide, est très difficile à suivre : tout

s'agite en permanence, l’utilisateur est perdu et il est compliqué pour lui d’exploiter

cette masse de contenu.

L’interactivité peut aussi très bien être source d’ennui. Dans Voyage au bout

du charbon, différents choix sont donnés à l’internaute à chaque nœud du récit. Les

auteurs ont choisi de matérialiser et d’expliquer à l’internaute ces choix par de

longues séquences textuelles. Or, le défilement de ces textes descriptifs sur une

image fixe est souvent très lent ce qui rend la lecture longue : le passage à une

autre séquence est laborieux, on s'ennuie rapidement (cf. Capture d’écran 28).

A l’heure actuelle, la mode est à l’interactivité à tout va : on n’envisage pas

de web documentaire sans cette possibilité pour l’internaute d’agir sur tous les

éléments de l’interface et de contrôler un minimum la narration. Or, si elle est forcée,

l’interactivité peut détruire un récit : certains types de narration requièrent justement

une absence d’interactivité. Andrew DeVigal, chef du multimédia au New York

Times, revendique une certaine retenue dans l’usage de cet outil : « L’interactivité

permet de personnaliser l’expérience. Et il y a des circonstances pour cela, tous les

types de narrations ne sont pas adaptés à l’interactivité. D’autres vont naturellement

amener à l’interaction ou même la rendre nécessaire pour bien comprendre un

sujet. Mais si elle est forcée, elle peut très bien détruire un récit.

Les gens ne réagissent pas spécialement à l’interaction, ils s’intéressent au contenu.

Et ils veulent que cela soit fluide. On doit toujours le garder à l’esprit quand on

développe des contenus interactifs. Il suffit que l’histoire soit facile à comprendre,

c’est tout ! ».43 Il faut donc impérativement laisser le choix à l’utilisateur de ne rien

faire, ce que Cécile Cros et Laurence Bagot ont mis en application dans les Portraits

d’un nouveau monde. Les différents web documentaires ont une narration linéaire,

et si le spectateur a la possibilité de sauter certaines séquences, il a tout intérêt à

laisser défiler le film ou le diaporama sonore s’il veut garder le fil du récit.

Ces problématiques mettent en valeur les difficultés auxquelles sont confrontés

les auteurs de web documentaires.

43 http://webdocu.com/?p=215

Page 40: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

37

3. Pourquoi les documentaristes sont-ils réticents à se lancer dans le web documentaire ?

Dans le milieu du web documentaire, les gens viennent d’un peu partout. Il y

a beaucoup de professionnels de l’audiovisuel et du journalisme qui s’intéressent à

Internet comme nouvel espace de diffusion et d’expression et aux nouveaux outils

qui sont à leur disposition. Comment se fait-il que les plus concernés par le sujet, les

documentaristes, soient les moins investis dans ce genre de nouveau projet ? Dans

cette partie, j’ai décidé de donner une place importante aux témoignages des

cinéastes documentaristes d’ADDOC.44 Certains ont accepté de me faire partager

leur perception de ce nouveau genre en répondant à un questionnaire (cf.

Annexes 3).

a) Quelle place donner à l’internaute ?

Est-il intéressant pour un objet documentaire de s’ouvrir aux contributions

extérieures ? Risque-t-on d’y perdre le sens ? Doit-on permettre à l’utilisateur de

générer du contenu ? Autant de questions que soulève le web documentaire

quand on réfléchit à la place que doit occuper l’internaute dans sa construction

narrative, et qui sèment un certain scepticisme chez les documentaristes. On l’a vu

précédemment, il s’avère risqué à l’heure actuelle de restreindre l’utilisateur à un

rôle passif de consultation, de peur de le perdre : il est devenu impératif de

l’impliquer dans un projet web en lui donnant la main, et la parole. « Avant il y avait

un photographe ou un réalisateur qui travaillait sur un sujet, donc c’est une histoire

qui se faisait à deux et qui redescendait vers un public passif. Aujourd’hui, il y a

toujours un photographe ou un réalisateur, un sujet et un public. Mais ce public a la

main, il est actif, il est même interactif et donc le fait de travailler à trois nous oblige à

nous préoccuper de la position de l’internaute », explique Samuel Bollendorff.45

Mais alors dans quelle mesure est-il possible de laisser le public participer à

une oeuvre, tout en conservant une structure narrative forte et la signature de son

auteur ? A ce sujet, Seb Coupy a une position très tranchée : « Les glissements de

sens, les liens, le montage, me semble une question trop importante pour que les

44 Association des cinéastes documentaristes 45 http://3web documentaireoc.com/fr/2010/04/22/interview-de-samuel-bollendorff/

Page 41: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

38

auteurs la laisse au spectateur. Je suis notamment intéressé dans mon travail sur la

façon dont on peu jouer sur la durée. La durée que l’on ne peut zapper. Le doc, et

plus largement le cinéma est pour moi une affaire de durée, de rythme, c’est une

affaire très musicale et je crois que de ce point de vue là, le web doc ce situe

ailleurs ».

Et pourtant, certains web documentaires parviennent à trouver des

compromis entre la place de l’internaute et le point de vue de l’auteur. Dans les

Portraits du Nouveau Monde, Cécile Cros et Laurence Bagot entendent privilégier la

force des regards de leurs auteurs : la participation du public n’est pas l’angle

d’attaque de ces web documentaires, et, on l’a vu précédemment, la narration des

différents projets est linéaire : l’internaute a une marge de manoeuvre très restreinte.

Selon elles, le documentaire n’a pas grand-chose à gagner à s’ouvrir aux

contributions extérieures ou au contenu généré par l’utilisateur. Les possibilités

d’interaction sont donc minimisées et les commentaires sont relégués en bas de

page. Ce choix peut découler du refus de céder au mirage du « public comme co-

auteur » et d’une certaine frilosité face à un processus difficile à canaliser pour qu’il

serve réellement le sens : la participation des internautes requiert un travail de

modération en arrière-plan, qui peut vite s’avérer chronophage.

Dans l’ensemble, les cinéastes documentaristes sont partagés sur la question

de la place de l’internaute : si Chantal Quaglio considère que l’internaute est

« spectateur d'abord et donc ouvert à une démonstration et à une réflexion »,

Solveig Dubois considère que sa place doit être « la même que pour les autres

formes en termes de réception, mais il peut être plus engagé en matière de

réflexion, par l’ajout de commentaire, de critiques, par sa manière d’interagir avec

la forme proposée ». Or, comme le justifie Seb Coupy, « laisser le spectateur

construire le réçit implique forcément de le laisser s’inventer son histoire, son temps et

donc de diluer progressivement le point de vue de l’auteur ». Et c’est là ce que

craignent de nombreux documentaristes.

Page 42: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

39

b) La remise en question du point de vue de l’auteur

Dans le milieu du documentaire, on considère communément que le réel

n'est transmissible que s'il passe par la subjectivité d'un auteur qui façonne et invente

son usage du monde. Or, force est de constater que dans les web documentaires

les auteurs ouvrent à la critique les propos qu’ils tiennent et délèguent à l’internaute

le soin de construire le récit. Leur point de vue, inévitablement diffus, ne bénéficie

plus de la même armature rhétorique que dans le documentaire traditionnel.

“Dans les documents numériques, la présence de l’auteur s’avère

problématique ; elle décroît encore à mesure que celle du lecteur est au centre du

dispositif. Dans les hypertextes, par exemple, la pratique des liens non seulement

prive l’auteur de sa relative maîtrise sur le parcours de lecture, mais elle lui retire une

partie de l’armature rhétorique qui lui permettait de conduire son lecteur”,46

explique Roger Pédauque. En effet, certains projets ressemblent plus à une base

documentaire, au détriment d’une narration pouvant exprimer le point de vue

documenté de l’auteur. En témoigne le commentaire de la journaliste Josefa Lopez

qui travaille actuellement sur un web documentaire sur le travail en prison : « Notre

projet se veut avant tout objectif, nous ne dévoilerons pas notre avis sur le travail en

prison, nous voulons au contraire remettre les choses en place : faire tomber les

préjugés qui existent sur le sujet en apportant le témoignage de différents acteurs,

afin que l’internaute se forge lui-même son opinion. Disons que nous réalisons une

base documentaire sur ce thème, que le visiteur pourra exploiter à sa façon » (cf.

l’interview intégrale en Annexe 2).

Ainsi, le terme de web documentaire serait-il inapproprié ? Devrait-on parler

plutôt de web reportage ?

c) Le web documentaire n’est pas du documentaire

Pour certains documentaristes, la forme reste prisonnière d'une grammaire

ancienne, se contentant des signes extérieurs du documentaire sans s'approprier et

adapter les codes cinématographiques. La démarche de l'auteur, sensé tenir par la

46 PEDAUQUE Roger, La Redocumentarisation du monde, Cépaduès, 2007

Page 43: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

40

main son spectateur pour le mener de la première à la dernière image, est mise en

réserve en faveur d'une interactivité et d'une narration délinéarisée. L’espace-temps

n’est plus continu et le rythme n’est plus décidé par l’auteur mais par le spectateur.

Et pourtant, selon Anne Galland, la notion de la durée d'un film est l'un des grands

principes que défendent les cinéastes documentaristes : « une temporalité, un

rythme propre au film, qui ne peuvent pas être préformatés, qui se trouvent souvent

pendant le travail de montage et qui révèlent le style du réalisateur ». Certains

documentaristes considèrent donc que le point de vue de l’auteur est négligé, et

que celui-ci, en transmettant ses pouvoirs à l'internaute, estime qu’il est capable de

faire les bons choix, de s’orienter seul entre les séquences, d’analyser les faits et

d’extraire du sens de la masse de contenu mise à sa disposition.

Or, à partir de ce moment là, peut-on strictement parler d’un glissement du

documentaire vers le web ? Les web documentaires seraient-ils plutôt des projets

hybrides qui oscillent entre docu-reportage, documentaire de flux et qui empruntent

aussi au genre journalistique ? Selon Laure Delesalle, « Il y a vraiment une grande

différence entre un web doc et un film documentaire. Le web doc est constitué d'un

ensemble d'informations auxquelles on a accès de façon fragmentée et non

linéaire. Rien à voir avec un film qui, grâce au montage, à ses ellipses, à certains

rapprochements inattendus, produit du sens, une pensée, une émotion.... Les atouts

narratifs du web doc restent à inventer ». Bernard Monsigny va plus loin dans cette

remise en question : « Les web documentaires que j'ai vus n'ont -dans leur majorité-

qu'un lien de filiation ténu avec les documentaires que j'apprécie. Moins parce qu'ils

emploient, évidemment, un processus de narration en grande partie a-

cinématographique (rhizomique vs linéaire) mais parce qu'ils adoptent une

rhétorique et une thématique essentiellement journalistique et une esthétique assez

convenue : nettement, hélas, du côté du langage télévisuel dominant ». Si ce

documentariste ne se montre pas choqué par l’aspect souvent délinéarisé de la

narration dans les web documentaires, d’autres assènent une critique beaucoup

plus sévère à ce qu’ils considèrent comme une destruction du récit et donc de la

possibilité même de raconter une histoire.

C’est le cas du documentariste Rémi Lainé qui soutient que le but du

documentaire est de plonger le spectateur dans une histoire et de lui faire oublier

qu'il est devant un écran, que ce soit une télévision ou un ordinateur. Selon lui, un

Page 44: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

41

film documentaire est « d'abord un scénario, puis un scénario et enfin un scénario »,47

or sur Internet le récit est délinéarisé, l’histoire n’est plus scénarisée de façon

temporelle mais spaciale, et l’internaute est invité à interagir avec l’interface. Pour

Rémi Lainé, dans les web documentaires on est bien loin d’une histoire racontée par

un auteur à un spectateur, et la réflexion s’arrête souvent à l’habillage graphique.

Selon Pierre Baqué, Professeur d’Histoire de l’art et ancien Directeur des

études de la Fémis, l’un des objectifs du documentaire est que « les spectateurs se

mettent à réfléchir tout en ressentant le plaisir filmique ».48 Or, certains

documentaristes s’interrogent sur la capacité des web documentaires, jalonnés

d’interruptions, à transmettre une quelconque émotion et à susciter du plaisir. Cette

forme à la narration fragmentée et confiée à l’utilisateur pousse même certains

documentaristes à se demander si les web documentaires sont à même de susciter

une réflexion chez le spectateur.

d) Les documentaristes s’interrogent sur la notion d’interactivité

Selon Bernard Monsigny, “l'interactivité peut facilement se résumer à du

zapping, de l'errance ou du vague chalutage dans un agrégat d'images”. Lors du

débat « Doc on web »49 organisé par la SCAM le 20 janvier 2010, plusieurs

documentaristes présents dans la salle se sont révoltés contre la notion

d’interactivité. Elle serait incompatible avec le genre documentaire qui suppose une

œuvre qui se regarde dans la longueur, avec la réflexion d’un réalisateur qui

implique que le spectateur se pose des questions après coup. L’ajout de

l’interactivité serait donc une façon de répondre à l’incapacité des internautes à se

concentrer plus de quelques secondes sur un plan fixe. Et pourtant, Joël Ronez, qui a

produit de nombreux web documentaires sur Arte.TV, soutient que « le fait de

donner le choix à l’internaute n’implique pas qu’on soit incapable de capter son

attention sur des durées longues ».50

Toujours est-il que les documentaristes restent méfiants face au nouveau

modèle de consommation proposé par les web documentaires. Ainsi, Hervé Guérin, 47 http://www.mediapart.fr/club/blog/vincent-truffy/290610/pour-un-webdocumentaire-modeste 48 Conférence lors de L’Atelier d’écriture & de réalisation de documentaires de création (INA, 2008) 49 http://www.scam.fr/tabid/363252/articleType/ArticleView/articleId/6988/Doc-on-web.aspx 50 http://www.scam.fr/tabid/363252/articleType/ArticleView/articleId/6988/Doc-on-web.aspx

Page 45: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

42

Conseiller des programmes sur France 5, a fait une intervention cinglante lors du

débat de la SCAM : « un internaute qui ne clique pas pendant une minute est

considéré comme inactif : moi je souhaiterais qu’un téléspectateur devant un

documentaire soit inactif pendant les 52 minutes, parce que peut-être que pendant

ce temps là il pourrait réfléchir ».51

Autant de facteurs qui freinent les cinéastes documentaristes à se lancer dans

de tels projets. Mais il existe d’autres raisons, d’ordre plus pratique, qui peuvent les

décourager.

4. Des documentaristes freinés par des contraintes d’ordre pratique

a) Un problème de connaissance et de maîtrise des outils et usages du web

Marie Mandy est documentariste, elle a décidé de se lancer dans un projet

de web documentaire, La Loge du sein. Elle témoigne de cette difficulté à se

confronter à un univers dont elle ne maîtrise pas les outils et dont elle ne connaît pas

les usages : « Je suis dans la position d’une documentariste en pleine mutation

puisque j’ai décidé de faire un web documentaire et que je ne sais pas très bien

comment on fait, comme la plupart d’entre nous. J’ai décidé que j’allais apprendre

en le faisant. La question c’est de savoir comment on va articuler le documentaire,

avec quelle interface graphique et avec quelle narration : est-ce qu’il faut que

l’internaute cherche l’information ou est-ce qu’on propose d’emblée une histoire. Le

problème c’est que je ne sais pas combien de temps les internautes ont envie de

passer à chercher et jusqu’à quel point il faut proposer les choses… ».52

Ainsi, le web documentaire a besoin de producteurs plus que toute autre

création. Il y a un travail de mise en forme du sujet pour le web : on a souvent un

mélange de texte, de vidéo, de son, il faut donc savoir organiser tout cela en

exploitant la richesse des outils d’Internet et avec une certaine connaissance des

habitudes et des attentes de son public. Or, les cinéastes documentaristes peuvent

se sentir perdus parce que les possibilités et les contraintes de ce support ne leur sont

51 http://www.scam.fr/tabid/363252/articleType/ArticleView/articleId/6988/Doc-on-web.aspx 52 http://www.audiovisuel.cfwb.be/index.php?id=6248

Page 46: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

43

pas familières. « Il faut être de son temps et viser une utilisation judicieuse,

surprenante, créative de la technologie et des avancées dans les domaines du son,

de l’image, des fonctions Web. Il faut que les créateurs travaillent main dans la main

pour continuer d’offrir des œuvres pertinentes, fouillées, riches sur le plan de la

narrativité, engageantes au plan de l’interactivité. C’est un habile dosage de vision,

d’innovation, d’exécution, d’interaction »,53 explique Marie-Claude Dupont, qui

produit le web documentaire PIB.

Par ailleurs, le caractère protéiforme du web documentaire demande de

faire appel à des professionnels issus de secteurs avec lesquels les documentaristes

ont peu l’habitude travailler.

b) Apprendre à travailler avec de nouveaux métiers

Ainsi, dans un web documentaire le documentariste ne peut plus être le seul

auteur du projet, sauf s’il dispose d’une palette de compétences allant de l’écriture

à la programmation web en passant par le web design. Les graphistes, les

ergonomes et les développeurs prennent donc une part active à la réalisation de

l’œuvre, y apportant leur touche personnelle –voire leur point de vue. Cette

nouvelle façon de travailler soulève alors des questions sur la reconnaissance du

documentariste comme auteur dans un web documentaire.

Karine Dubois, une productrice québécoise indépendante, évoque les

bouleversements provoqués par cette redéfinition des rôles. « Quand on fait du web

documentaire, on s’attend à ce que son travail de documentariste soit reconnu. Si le

web documentaire est un genre qui est là pour rester, il faut rapidement se poser de

sérieuses questions sur la reconnaissance des différents artisans d’un même projet.

Des documentaristes fournissent une âme et du contenu à un projet web qui

demande lui-aussi une vison créative d’ensemble. Il faut aussi faire preuve de

reconnaissance à l’égard de ceux qui donnent leur réelle substance à ces

formidables projets dits innovants. Est-ce que le rôle du réalisateur, en documentaire

web, est réduit à celui de fournisseur de contenu ? Est-ce que le web-documentaire-

d’auteur est un genre possible ? Personnellement, je crois que nous sommes à l’aube

53 http://linterview.fr/new-reporter/les-coulisses-de-pib-interview-avec-marie-claude-dupont/

Page 47: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

44

d’une redéfinition du rôle de réalisateur. Il sera moins la vedette d’un projet tant qu’il

ne maîtrisera pas des nouveaux moyens techniques mis à sa disposition ».54

Un autre facteur de réticence peut naître du fait que dans un projet de web

documentaire, on est en présence de deux cultures professionnelles très différentes,

notamment dans leur rapport au temps. Les professionnels du web sont habitués aux

rythmes des projets de communication où le modèle économique exige une très

grande réactivité. Tandis que les professionnels de l’audiovisuel ont un autre rapport

au temps, qui est rythmé par les commissions d’écriture, puis de développement et

de production du CNC, de la SCAM, des Régions etc.

c) Une méconnaissance des sources de financement

Enfin, une des raisons qui pousse les documentaristes à se méfier des web

documentaires concerne une méconnaissance des multiples sources de

financement qui existent actuellement. On a tendance à penser que de tels projets,

puisqu’ils sont diffusés sur Internet, ne coûtent rien. Or, il s’avère qu’ils sont loin d’être

bon marché : les dépenses sont souvent les mêmes que pour le tournage d’un

documentaire. Si l’on réalise des économies en matière de montage, il faut y ajouter

des dépenses supplémentaires qui servent à agencer l’ensemble afin de créer un

véritable programme sur le web : c’est à dire du web design, de l’ergonomie, de

l’intégration et du développement web, du community management. Serge

Corday, producteur de Havana/Miami, les temps changent, explique : « La partie

web représente généralement 20% du budget, la partie vidéo (à la fois web et film)

représente 70% ».55

Le coût d’un web documentaire varie énormément selon les outils utilisés et les

moyens mis en œuvre. Certains budgets restent très raisonnables :

Les réalisateurs de Brèves de trottoir se sont contentés d’une aide du CNC de

13 000 € pour développer le projet et du matériel dont ils disposaient

54 http://lebloguedubois.wordpress.com/2010/03/12/quelle-place-pour-les-documentaristes-dans-le-web-documentaire/ 55 http://linterview.fr/new-reporter/le-modele-economique-des-webdocumentaires-lemission

Page 48: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

45

En moyenne, un web documentaire produit et diffusé par Le Monde.fr (Le

corps incarcéré) coûte 60.000 € selon Boris Razon, rédacteur en chef du

Monde.fr

Tandis que les projets produits par Upian et diffusés par Arte.tv coûtent très cher,

défiant même le budget moyen des documentaires de création :

Gaza/Sderot, la vie malgré tout : 216 000 € pour 160’ de film et tout le dispositif

interactif du site

Prison Valley : 235 000 €

Havana Miami, les temps changent : 430 000 €

Si ces sommes peuvent effrayer plus d’un documentariste tenté de se lancer

dans l’aventure, il faut savoir qu’actuellement les aides en financement pour ce

type de projets web se développent. Non seulement les chaînes du service public

investissent dans la production de web documentaires (Arte consacre plus de

350 000 € par an aux web créations), mais le CNC apporte aussi un soutien financier :

son budget pour les projets nouveau médias est de 2 M€ en 2010.56 Si l’on détaille les

430 000 € de budget de Havana Miami, les temps changent, on découvre 90 000 €

provenant de Arte.TV, 40 000 € du pole web d’Arte, 95 000 € du CNC et d’autres

sources de financement comme la TV Suisse Romande. Il en va de même pour les

235 000 € de budget de Prison Valley qui comprennent: 19 500 € d’aide à l’écriture

du CNC accordée aux auteurs, 95 000 € d’aide à la production pour les nouveaux

médias du CNC, 70 000 € d’Arte France pour la co-production du volet web,

70 000 € d’Upian (fonds propres), 10 000 € d’Arte France pour l’achat de droits de

diffusion télévisée et 10 000 € de financement post-production pour la version

télévisuelle.

Les aides du CNC peuvent donc être importantes. « La commission du CNC

aide énormément la production de web documentaire, ce qui a permis la création

d’un tissu industriel, d’intéresser des diffuseurs et aujourd’hui on se dirige vers le

même modèle que la télé »,57 explique Alexandre Brachet, qui dirige Upian. Le CNC

56 Plus d’informations sur les financements proposés par le CNC sur le site officiel : http://www.cnc.fr/Site/Template/T1.aspx?SELECTID=4000&ID=2918&Mois=0&Annee=0&t=1 57 http://linterview.fr/new-reporter/emission-sur-le-web-documentaire-bfm/

Page 49: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

46

intervient à deux stades pour les projets purement web. Soit à l’écriture et au

développement, jusqu’à 20 000 €, soit à la production, jusqu’à 100 000 €. Pour les

projets qui vont exister sur différents médias en même temps, le CNC peut donner

jusqu’à 50 000 € à l’écriture et au développement. « On recherche des projets avec

une écriture qui se projette sur un média interactif », explique Guillaume Blanchot.58

Les aides du CNC sont principalement allouées aux projets innovants en

matière d’écriture, d’utilisation des nouveaux outils du web et un minimum

interactifs. Claire Leproust, membre du jury du CNC, explique : « La première

démarche c’est de s’intéresser au dossier artistique : on va s’attacher à l’histoire, la

façon dont elle est écrite, à la dimension interactive et à l’innovation en termes

d’utilisation des médias. Si on sent qu’une histoire pourrait être représentée de façon

assez linéaire sans qu’on ait inclus des ingrédients de l’interactivité (la relation avec

les internautes, les contributions, les réseaux sociaux) alors le projet va être écarté ».

d) Un business model qu’il reste à trouver

En parallèle de ces sources de financements, certains professionnels du

secteur commencent à chercher un business model, qui serait adapté au modèle

économique du web. La principale source de financement sur le web reste à l’heure

actuelle la publicité. L’économie du web est gérée par le clic : la publicité rémunère

les sites en fonction de l’audience générée. On pourrait donc imaginer la mise en

place de bannières publicitaires sur l’interface du web documentaire, ou la diffusion

d’une vidéo publicitaire avant son lancement. Mais l’audience de ce type de

projets est insuffisante pour intéresser les annonceurs. « L’effet pervers, c’est qu’une

dépêche AFP génère autant de clics qu’un web documentaire, alors qu’un web

documentaire nécessite parfois deux ans de travail », explique Guillaume Blanchot,

« les web documentaires ne peuvent donc pas être financés sur un modèle de

partage du revenu publicitaire qui découlerait de leur exploitation sur les sites ».59

Un autre modèle économique se dégage : diffuser une partie du programme

d’un web documentaire à la télévision. Cette voie a été explorée pour Prison Valley,

dont une version télévisuelle a été diffusée sur Arte le 12 juin 2010, et par Le

58 http://linterview.fr/new-reporter/le-modele-economique-des-webdocumentaires-lemission/ 59 http://linterview.fr/new-reporter/le-modele-economique-des-webdocumentaires-lemission/

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Challenge, diffusé sur Canal +. Alexandre Brachet, qui a saisi ce filon, précise :

« Plusieurs de nos web documentaires ont une déclinaison prévue à la télé :

Gaza/Sderot, Havana/Miami, Prison Valley, mais le web doc ne doit pas pour autant

devenir le simple complément du reportage télé ».60 La diffusion sur les supports

mobiles commence aussi à devenir une réalité prometteuse. Prison Valley avait

lancé le mouvement en proposant une application gratuite pour iPhone, qui

permettait de retrouver une petite partie des contenus accessibles sur le site. La

chaîne France 24 est allée plus loin : depuis le 2 août, elle propose gratuitement un

web documentaire sur l’iPad, intitulé Congo, la paix violée. Il s'agit d'un

documentaire interactif, composé d'une quarantaine de pages où se mêlent sons,

images et articles. La consommation en mobilité est amenée à se développer et

devrait avoir un impact sur la diffusion du web documentaire : les applications

pourraient alors être vendues.

En effet, la vente du contenu des web documentaires a effleuré l’esprit de

certains professionnels du secteur, qui évoquent un système de Video on demand.

Guillaume Blanchot relativise malgré tout cette idée : « Est-ce qu’à l’avenir on pourra

faire payer les gens pour voir des web documentaires ? Pourquoi pas, mais il faut

attendre un peu que ce soit un genre qui s’installe, que ce soit des habitudes

d’usage et de consommation ».61

5. Un élan vers les projets de web documentaires

Malgré toutes les réticences que les documentaristes expriment face au web

documentaire, certains perçoivent la richesse des outils du web : les possibilités qu’ils

offrent en terme de narration et d’écriture et le nouveau rapport au spectateur qu’ils

permettent de développer.

a) Des documentaristes prêts à se lancer dans l’aventure

Parmi les documentaristes qui ont répondu à mon questionnaire, certains

seraient donc prêts à se lancer dans l’aventure, chacun avec ses propres raisons. Si

60 http://linterview.fr/new-reporter/emission-sur-le-web-documentaire-bfm/ 61 http://linterview.fr/new-reporter/le-modele-economique-des-webdocumentaires-lemission/

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48

Chantal Quaglio émet la condition que le niveau de qualité augmente en

puissance, Marie-Christine Gambart s’enthousiasme : « Une nouvelle écriture donc

une nouvelle aventure, toujours passionnant ». Didier Mauro explique : « J’y réfléchis,

tout en cherchant les modes de subversion du système dominant, afin d’explorer les

possibilités de rébellions techniques, esthétiques, face aux dominations qui traversent

le web doc ». Pour lui cela permettrait « une rencontre avec des publics, un media

supplémentaire ». Selon Laure Delesalle, « En marge du documentaire nous avons

une matière phénoménale pour raconter d’autres histoires et donner la place à

d’autres points de vue : le web documentaire pourrait être un outil formidable pour

faire résonner un documentaire qui est trop à l’étroit dans son format ». Quant à Seb

Coupy, il avoue s’être déjà lancé dans ce type de projet, qui permet d’aquérir de la

visibilité, « afin de réfléchir sur l’interaction photo/son où il n’est pas question

d’interactions entre le doc et le spectateur (au sens où provoquer une réaction à un

spectateur est déjà un enjeu complexe) ». Enfin, Solveig Dubois, étudiante en

cinéma, évoque l’accessibilité de cette nouvelle forme : « Internet permet un

développement unique en matière de communication, d’accès et d’interaction. Le

web documentaire peut être un moyen pour les futurs cinéastes de se lancer dans

l’aventure à la manière de Myspace pour la musique. Mais il y a aussi le risque que

cela ne soit pas reconnu comme une forme cinématographique ».

b) Le témoignage de deux jeunes journalistes

Au cours de mon stage comme chef de projet web à lexpress.fr, j’ai eu

l’occasion de rencontrer Josefa Lopez, journaliste à lentreprise.com et Aurélien

Chartendrault, qui travaille au pôle vidéo de lexpress.fr. Ils sont en train de réaliser un

web documentaire sur le travail en prison, qui sera diffusé à la fin de l’année 2010 sur

le site de lexpress.fr. Ils ont accepté de m’expliquer pourquoi ils ont décidé de se

lancer dans un tel projet et comment ils comptent exploiter les possibilités offertes

par le web documentaire (cf. Annexe 2).

Page 52: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

49

Josefa Lopez : « Nous avons choisi cette forme pour son côté ludique, les différentes portes d’entrées vers l’information et le mélange des supports qu’elle offre, mais aussi pour l’ambiance qu’elle permet de créer. Les internautes ont vraiment l’impression de rentrer dans un sujet, d’y avoir été, de voyager dedans. C’est beaucoup plus agréable pour le spectateur, mais aussi plus accessible selon moi : ça permet de capter différents publics. » Aurélien Chartendrault : « Le web documentaire nous permet de mettre en perspective différentes idées, dans un cadre réaliste, et de donner envie aux gens. C’est pour cela que nous souhaitons développer un environnement graphique très travaillé, qui reflète la réalité du monde des prisons et qui plonge véritablement l’internaute dans l’ambiance de l’univers carcéral. Et c’est rendu possible par cet aspect multimédia : sons, images, vidéos et textes s’entremêlent. » Josefa Lopez : « En fait, il s’agit de guider l’internaute, tout en lui laissant la possibilité de naviguer à sa guise entre les différentes informations qui sont à sa disposition, selon ses intérêts et son temps disponible. Il est donc essentiel de lui proposer différentes voies d’accès à l’information. Mais on souhaite malgré tout conserver une certaine logique et encadrer le spectateur, d’où cette idée de mettre en place un jeu de questions/réponses. »

Extrait de l’interview

6. Le web documentaire a-t-il un avenir ou est-ce une mode passagère ?

a) Les web documentaires ont le vent en poupe

Chaque mois il en sort plusieurs dans le monde, souvent chapeautés par les

médias, qui ont saisi l’intérêt que suscite ce phénomène. Si certains médias sont

encore timides, comme Libération.fr qui contribue simplement à la diffusion d’un

web documentaire, Les yeux dans la banlieue, et à sa valorisation, de nombreux

médias créent des plateformes sur leur site, dédiées spécialement à la diffusion de

web documentaires. C’est le cas de Arte (webdocs.arte.tv), du journal argentin

Clarin (http://edant.clarin.com/diario/especiales) ou du journal espagnol El Pais

(http://www.elpais.com.co/reportaje360/). D’autres vont plus loin : Le Monde.fr a

créé une rubrique spéciale avec une entrée dans la barre de navigation du

site (http://www.lemonde.fr/webdocumentaires/) ; France 5 a inauguré un portail

consacré uniquement à la série de web documentaires Portraits d’un nouveau

monde (http://www.france5.fr/portraits-d-un-nouveau-monde/).

Page 53: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

50

En parallèle, des prix pour récompenser le web documentaire sont nés. Le

festival de photojournalisme « Visa pour l’image » s’est doté l’année dernière d’un

prix réservé aux web documentaires. France24 et RFI ont créé le Prix du Web

documentaire : l’édition 2010 a primé le photographe Philippe Brault et le journaliste

David Dufresne pour Prison Valley.

Récemment, le web documentaire se développe aussi du côté des ONG.

Médecins Sans Frontières a sorti en août 2010 Starved for attention, qui traite de la

malnutrition infantile dans le monde. Le support web leur permet d’insérer sur cette

plateforme riche en vidéos une rubrique qui propose aux internautes de faire des

dons en ligne.

Les web documentaires avec leur nouvelle forme de narration, ont su séduire

producteurs et diffuseurs, mais les internautes sont-ils réceptifs à ces projets ?

b) L’audience et l’accueil des web documentaires en chiffres

Il m’a paru intéressant de recueillir quelques chiffres sur leur réception par les

internautes et sur la façon dont ils s’approprient les possibilités participatives. Si

quelques indicateurs permettent de mesurer le degré d’implication des internautes

(nombre de commentaires, nombre d’inscrits à la newsletter, ampleur de la diffusion

sur les réseaux sociaux etc.), il est difficile d’évaluer le succès d’un web

documentaire, tant le nombre de pages vues et le taux de clic sont faibles. Les

chiffres relatifs aux visiteurs laissent penser que ces projets n’ont peut être pas à

l’heure actuelle suffisamment de visibilité pour toucher une large audience, mais

qu’ils pourraient intéresser un public curieux de découvrir ces nouvelles formes de

narration : les temps de visionnage sont dans l’ensemble encourageant.

Le projet qui semble avoir le plus grand succès reste à ce jour Prison Valley.

Lancé le 22 avril 2010, le web documentaire a recueilli un déluge d’éloges et généré

400 000 visionnages. Moins d’une semaine après son lancement, la plateforme avait

recueilli près de 200 contributions des internautes dans les forums. Arte.tv a

largement atteint son objectif : le diffuseur avait prévu un minimum d’un million de

Page 54: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

51

vidéos vues en deux mois et demi. Quant au temps de visionnage, qui dure au moins

59’ si l’on suit le documentaire linéaire, il a de quoi réjouir David Dufresne : « Parmi

tous nos paris, il y avait celui de la longueur. Or 25 % des visiteurs vont jusqu'au bout.

C'est plus que pour certains programmes télé ! ».62 Les auteurs regrettent toutefois le

peu d’internautes qui se sont lancés dans des discussions avec les personnages du

documentaire. Selon David Dufresne, c’est « sans doute à cause de la barrière de la

langue. Mais aussi parce que cela place le spectateur dans une position

inhabituelle. »

Le projet canadien PIB, qui fait beaucoup appel à la participation des

internautes, à réussi à attirer près de 300 000 visiteurs en un an. Quant à Brèves de

trottoirs, il génère 200 à 300 visites uniques par jour avec un temps de visionnage de

dix à quinze minutes en moyenne, ce qui représente deux à trois portraits de

parisiens vus à chaque fois.

Tous les web documentaires n’ont pas eu le même succès. Voyage au bout du

charbon, en deux ans, n’a attiré que 200 000 visiteurs, même si le temps de

visionnage est plutôt encourageant puisque la moitié est restée sur le site plus de dix

minutes. Arnaud Dressen, directeur de la société Honkytonk qui a produit ce projet,

explique: « Sur Internet, on a des temps de visionnage qui sont relativement courts :

on est sur 10 min en moyenne pour les web documentaires ».63 Les durées moyennes

de visionnage de Gaza/Sderot, La vie malgré tout sont bien en deçà, avec 6,5 min

environ. Joël Ronez, lors du débat organisé par la SCAM, a essayé de se justifier :

« C’est équivalent aux durées moyennes en télévision ».64

c) L’avis des professionnels du web documentaire

A l’heure actuelle, les avis sur le web documentaire sont partagés : l’histoire ne

fait que commencer et on n’a pas encore fait le tour de ses ouvertures en matière

de création. Dans l’ensemble, les acteurs du web documentaires sont évidemment

optimistes sur son avenir et sur ses capacités à séduire le public. Alexandre Brachet

reste convaincu que « ce média interactif apportera bientôt de plus en plus

62 http://television.telerama.fr/television/l-effet-prison-valley,56938.php 63 http://linterview.fr/new-reporter/les-webdocumentaires-revolution-ou-effet-de-mode/ 64 http://www.scam.fr/tabid/363252/articleType/ArticleView/articleId/6988/Doc-on-web.aspx

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52

d’informations, de plus en plus de programmes, vers des audiences de plus en plus

importantes ».65 Joël Ronez, lors du débat organisé par la SCAM, a réaffirmé sa

confiance dans cette nouvelle écriture de la réalité, assurant que l’on allait se diriger

vers des formes totalement délinéarisées qui nous permettraient de toucher des

dimensions narratives inédites. Quant au documentariste Bernard Monsigny, il

imagine des possibilités inédites d’interaction entre l’auteur et l’internaute, à traverse

« une véritable interactivité qui permettrait à chacun (via un système de montage et

d'enregistrement) de construire son propre récit à partir d’éléments récoltés,

hiérarchisés et de découvrir le plaisir de créer -puis de nous proposer- ses

enchaînements et ses cheminements personnels”.

Chacun se laisse aller à inventer le web documentaire de demain, qui

résoudrait les paradoxes qui le parcourent aujourd’hui, mais personne n’envisage

qu’il ne soit qu’une mode passagère. En témoigne l’enthousiasme de Marie-Claude

Dupont, productrice du Web documentaire PIB : « Je crois que le genre est plutôt en

train de s’installer pour de bon et que de plus en plus de créateurs, qu’il s’agisse de

documentaristes, photographes, développeurs, infographes, artistes médiatiques et

journalistes vont faire des alliances et s’approprier le médium en poussant les œuvres

à des niveaux inégalés. L’histoire se répète en quelque sorte, le cinéma a toujours

été lié à l’évolution des technologies ; l’important, c’est comment les créateurs les

mettent à profit. Par ailleurs, Internet est en mesure de fédérer des publics variés et

dispersés, autrement inatteignables par la distribution classique. C’est un avantage

considérable qu’il faut exploiter à fond ».66

65 http://www.lacitedesmortes.net/blog/index.php?2005/10/04/19-webdocumentaire 66 http://linterview.fr/new-reporter/les-coulisses-de-pib-interview-avec-marie-claude-dupont/

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53

L’époque est excitante : les web documentaires envahissent la Toile et

s’épanouissent en toute liberté. Cette nouvelle forme hybride, qui n’est pas encore

régie par des codes, s’invente progressivement un langage. Il règne actuellement

une confiance suffisante envers ce genre pour que de nombreuses sources de

financement permettent aux différents acteurs de s’y investir sans chercher de gains

immédiats en y accordant beaucoup de leur temps, de leur compétence et de leur

crédit.

Le web documentaire est donc en évolution : il s’agit à présent de suivre de

près ces formes naissantes, d’observer avec patience leur intégration au paysage

audiovisuel et d’évaluer les opportunités professionnelles et les modèles

économiques qui leur sont liés. Une certitude demeure : le métier de conteur

d’histoire a encore de beaux jours devant lui.

Le web documentaire, loin d’être une mode passagère, est donc amené à se

développer et à poursuivre son exploration des multiples offres narratives permises

par Internet. En ce sens, il devient essentiel de valoriser ces innovations qui ouvrent

un champ de possibles au documentaire traditionnel, et de réussir à séduire les

internautes et à les familiariser avec cette nouvelle écriture audiovisuelle de la

réalité. Outre la question de la fidélisation du spectateur, qu’il faudra inévitablement

se poser, il sera aussi indispensable de réfléchir à la façon d’impliquer les

documentaristes et de préserver leur point de vue - le point de vue de l’auteur -

dans de tels projets, tout en continuant à exploiter les opportunités du web.

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BIBLIOGRAPHIE ET WEBOGRAPHIE Bibliographie sélective AUMONT Jacques et MARIE Michel, Dictionnaire théorique et critique du cinéma, Armand Colin, 2005 BRESCHAND Jean, Le documentaire, l’autre face du cinéma, Editions Cahiers du Cinéma, 2002 COLLEYN Jean-Paul, Le regard documentaire, Editions du Centre Pompidou, 1993 GAUTHIER Guy, Le Documentaire, un autre cinéma, Armand Colin, 2005 MAILLOT Pierre, L'écriture cinématographique, Armand Colin, 1997 MAURO Didier, Le Documentaire, cinéma et télévision, Dixit, 2005 MAURO Didier Le Documentaire, Cinéma – Télévision – Internet, Dixit, 2010 PEDAUQUE Roger, La Redocumentarisation du monde, Cépaduès, 2007 SIGAAR Jacqueline, L’Ecriture du documentaire, Dixit, 2010 WEISSBERG Jean-Louis, Présences à distance, “Déplacement virtuel et réseaux numériques”, “Pourquoi nous ne croyons plus la télévision ?”, L’Harmattan, 1999 Articles de périodiques « Le web documentaire, une nouvelle écriture », Revue mensuelle Zmâla, l’œil curieux, août 2010 « Les belles promesses du web-documentaire », Revue mensuelle Journalistes, n°116, juin 2010,

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Webographie Sites dédiés à l’analyse des web documentaires http://webdocu.fr/web-documentaire/, L’actualité des nouvelles formes de reportage, consulté régulièrement de mai à septembre 2010 http://3wdoc.com/fr/, le site de l’agence Hecube, dédié à l’analyse de l’univers du web documentaire et de la narration sur Internet, consulté régulièrement de mai à septembre 2010 http://webdocu.com/, un mémoire sur le web documentaire réalisé par un étudiant du Celsa en 2009, consulté les 9, 10 et 11 juillet 2010 Articles spécifiques http://www.christophemilet.com/?p=770, une liste très complète de tous les web documentaires répertoriés à ce jour, consulté le 10/07/10 http://films.nfb.ca/capturing-reality/, “Capturing Reality, The Art of Documentary”, consulté le 28/07/10 http://socialmediaclub.fr/2010/04/le-storytelling-digital-formes-emergentes-nouveaux-metiers-business-models/, « Le Storytelling Digital : formes émergentes, nouveaux métiers, business models », consulté le 16/06/10 http://app.sliderocket.com/app/FullPlayer.aspx?id=39aaf3b5-9bf6-4a44-89e3-cd25f0d86385, “The Upian way of making web documentaries”, présentation d’Alexandre Brachet, consulté le 02/08/10 http://owni.fr/2010/04/22/prison-valley-un-nouveau-journalisme-est-deja-la/, « Prison Valley : un nouveau journalisme est déjà là », consulté le 08/07/10 http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/07/02/quand-les-recits-transmedia-se-preparent-a-re-enchanter-notre-quotidien_1382030_3232.html “Quand les récits transmedia se préparent à ré-enchanter notre quotidien”, consulté le 19/08/10

http://www.cemea.asso.fr/multimedia/enfants-medias/spip.php?article759 « Le web documentaire », consulté le 27/08/10

http://television.telerama.fr/television/arte-lance-arte-webdocs-sa-plate-forme-documentaire-sur-internet,52886.php, « Arte lance Arte web docs, sa plateforme documentaire sur Internet », consulté le 18/07/10

http://television.telerama.fr/television/arte-et-france-5-mettent-le-paquet-sur-le-web-doc,52587.php, « Arte et France 5 mettent le paquet sur le web doc », consulté le 15/07/10

http://www.olats.org/livresetudes/basiques/litteraturenumerique/8_basiquesLN.php “Que sont les hypertextes et les hypermédias de fiction ?”, consulté le 30/06/10

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Blogs

Blogs dédiés à l’analyse des web documentaires

http://blog.lafabriquedureel.fr/, web documentaire, transmedia... Ecritures pour les nouveaux médias, consulté régulièrement de mai à septembre 2010 https://lesmardisnumeriques.wordpress.com/, série d’interviews sur le web documentaire, consulté le 27/07/10 Posts de blog spécifiques

http://lebloguedubois.wordpress.com/2010/03/12/quelle-place-pour-les-documentaristes-dans-le-web-documentaire/, « Quelle place pour les documentaristes dans le web documentaire ? », consulté le 26/06/10

http://patriciabergeron.net/2010/04/vous-avez-dit-webdocumentaire/, « Vous avez dit web documentaire ? », consulté le 03/07/10

http://www.yannickgelinas.com/2010/04/07/les-webdocumentaires/, « Les web documentaires », consulté le 09/07/10

- http://www.lacitedesmortes.net/blog/index.php?2005/10/04/19-webdocumentaire, « Le blog de La Cité des Mortes », consulté le 13/08/10 - http://hypermedia.vox.com/library/post/prison-valley-analyse-dun-chef-doeuvre.html, “Prison Valley : analyse d’un chef d’oeuvre”, consulté le 18/08/10 http://www.drouillat.com/2010/04/23/prison-valley-son-interface-sa-temporalite/, “Prison Valley : son interface et sa temporalité”, consulté le 15/06/10 http://www.mediapart.fr/club/blog/vincent-truffy/130410/prison-valley-le-webdocumentaire-lecole-de-la-route, “Prison Valley : le web documentaire à l’école de la route”, consulté le 19/06/10 http://www.mediapart.fr/club/blog/vincent-truffy/290610/pour-un-webdocumentaire-modeste, « Pour un web documentaire modeste », consulté le 17/07/10 http://www.mediapart.fr/club/blog/camilleguillaume/190310/webdocs-en-stock, « Wedocs en stock », consulté le 25/06/10

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Emissions en ligne http://linterview.fr/new-reporter/le-webdoc-video-du-debat-en-ligne/, L’association « Ça presse! » a organisé en février 2010 un débat sur le webdocumentaire avec Laurence Bagot et Thierry Caron, consulté le 16/07/10 http://linterview.fr/new-reporter/emission-sur-le-web-documentaire-bfm/, L’atelier numérique de BFM a consacré le 21 décembre 2009 son enquête au webdocumentaire, avec Alexandre Brachet et Louis Villers, consulté le 16/07/10 http://linterview.fr/new-reporter/les-webdocumentaires-revolution-ou-effet-de-mode/, Une émission de 30 minutes sur le web documentaire réalisée en avril 2010 en partenariat par la Revue Medias et LINTERVIEW.fr avec Arnaud Dressen, Guillaume Herbault et Bruno Masi, Benoit Cassegrain, Olivier Lambert et Thomas Salva, Marianne Rigaux, consulté le 16/07/10 http://linterview.fr/new-reporter/le-modele-economique-des-webdocumentaires-lemission/, Une émission réalisée en juin 2010 en partenariat par la Revue Medias et LINTERVIEW.fr sur le business-modèle des web documentaires avec Serge Corday et Guillaume Blanchot, consulté le 16/07/10 http://www.cfpj.com/cfpj-lab/articles/Web-documentaires-Web-fictions-la-creativite-au-service-de-l-editorial.html, un débat sur le web documentaire organisé en avril 2009 par le CFPJ Lab avec Jean-Christophe Rampal et Joël Ronez, consulté le 23/07/10 http://atelier.rfi.fr/profiles/blogs/emission-1161-depart-de?xg_source=msg_mes_network#5, Une émission de février 2010 sur l'économie du webdocumentaire, organisée par L’Atelier des médias de RFI avec Guillaume Blanchot, Joël Ronez, Alexandre Brachet et Laurence Bagot, consulté le 26/07/10 http://www.scam.fr/tabid/363252/articleType/ArticleView/articleId/6988/Doc-on-web.aspx, Débat sur le web documentaire organisé le 20 janvier 2010 par la SCAM (Société civile des auteurs multimedia) avec Guillaume Blanchot, Laurent Duvillier, Aurélie Hamelin, Boris Razon, Joël Ronez et Judith Rueff, consulté le 29/07/10 http://www.audiovisuel.cfwb.be/index.php?id=6248, Le 5 mai 2010, le Centre du Cinéma Belges avait convié les producteurs et réalisateurs pour une journée autour du web documentaire, avec Patric Jean, Barbara Levandangeur, Alexandre Brachet, Marie Mandy, Frédéric Mignon et Joël Ronez, consulté le 13/07/10

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ANNEXES

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II

ANNEXE 1 : Captures d’écran de web documentaires Ces captures d’écran des interfaces des web documentaires cités constituent une aide à la lecture : il est conseillé de s’y référer pour une meilleure compréhension du sujet. Capture d’écran 1 : l’interface de Montréal en 12 lieux

Capture d’écran 2 : l’interface de la thématique Chine des Portraits d’un nouveau monde

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III

Capture d’écran 3 : la carte interactive de PIB

Capture d’écran 4 : l’interface de Voyage au bout du charbon

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IV

Capture d’écran 5 : l’interface de Le Challenge

Capture d’écran 6 : le bloc-notes et la carte interactive dans Le Challenge

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V

Capture d’écran 7 : l’interface de Thanatorama

Capture d’écran 8 : le parcours dans Thanatorama

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VI

Captures d’écran 9 : les différentes portes d’entrées de Gaza/Sderot

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VII

Capture d’écran 10 : l’interface de Afrique, 50 ans d’indépendances

Capture d’écran 11 : l’affichage des chapitres dans « Un somalien à Paris » de la série Portraits d’un nouveau monde

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VIII

Capture d’écran 12 : l’affichage des compléments d’information dans « Un somalien à Paris » de la série Portraits d’un nouveau monde

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IX

Capture d’écran 13 : l’affichage des liens annexes et des compléments d’information dans « Un somalien à Paris » de la série Portraits d’un nouveau monde

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X

Capture d’écran 14 : l’interface de Le Corps incarcéré

Capture d’écran 15 : la version linéaire de Prison Valley

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XI

Captures d’écran 16 : la chambre de Motel et les compléments d’information dans Prison Valley

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XII

Capture d’écran 17 : suivre son parcours dans Prison Valley

Capture d’écran 18 : Partager du contenu dans Prison Valley

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XIII

Capture d’écran 19 : les aspects participatifs et communautaires dans PIB

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XIV

Captures d’écran 20 : les aspects participatifs et communautaires dans Prison Valley

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XV

Capture d’écran 21 : apporter son propre contenu dans Prison Valley

Capture d’écran 22 : apporter son propre contenu dans PIB

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XVI

Capture d’écran 23 : l’interface de Homo Numericus

Capture d’écran 24 : l’interface de Gaza/Sderot

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XVII

Capture d’écran 25 : l’interface des portraits de Violette et de Elie dans Brèves de Trottoirs

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XVIII

Captures d’écran 26 : aides à la compréhension du projet et à la navigation

Dans Voyage au bout du Charbon :

Dans Afrique, 50 ans d’indépendances :

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XIX

Captures d’écran 27 : la radio et la carte interactive dans La Cité des Mortes

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XX

Capture d’écran 28 : les textes descriptifs dans Voyage au bout du Charbon

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XXI

Annexe 2 : Interview de Josefa Lopez et Aurélien Chartendrault Au cours de mon stage comme chef de projet web à lexpress.fr, j’ai eu l’occasion de rencontrer Josefa Lopez, journaliste à lentreprise.com et Aurélien Chartendrault, qui travaille au pôle vidéo de lexpress.fr. Ils sont entrain de réaliser un web documentaire sur le travail en prison, qui sera diffusé à la fin de l’année 2010 sur le site de lexpress.fr. Interview réalisée le 12 août 2010 Pourquoi avez-vous choisi la forme du web documentaire pour traiter ce sujet ? Josefa : Nous avons choisi cette forme pour son côté ludique, les différentes portes d’entrées vers l’information et le mélange des supports qu’il offre, mais aussi pour l’ambiance qu’il permet de créer. Les internautes ont vraiment l’impression de rentrer dans un sujet, d’y avoir été, de voyager dedans. C’est beaucoup plus agréable pour le spectateur, mais aussi plus accessible selon moi : ça permet de capter différents publics. Aurélien : Le web documentaire nous permet de mettre en perspective différentes idées, dans un cadre réaliste, et de donner envie aux gens. C’est pour cela que nous souhaitons développer un environnement graphique très travaillé, qui reflète la réalité du monde des prisons et qui plonge véritablement l’internaute dans l’ambiance de l’univers carcéral. Et c’est rendu possible par cet aspect multimédia : sons, images, vidéos et textes s’entremêlent. Comment sera organisé votre web documentaire ? Josefa : Nous avons choisi de découper le web documentaire en 9 grandes rubriques qui correspondront à différents thèmes autour du travail en prison, afin d’offrir un traitement exhaustif du sujet. Chaque rubrique sera composée de différentes vidéos ou diaporamas sonores, qui répondront à une question précise que l’internaute peut se poser. Est-ce que l’internaute sera guidé par un récit ? Aurélien : Non, nous ne raconterons pas une histoire, car dans ce cas là on en doit pas laisser les gens choisir de construire le récit à leur façon. Ce sera vraiment un projet fait pour le web, avec une écriture délinéarisée, avec un contenu divisés en différents blocs consultables individuellement. Josefa : Ce web documentaire doit s’adresser autant aux personnes qui n’ont que 10 minutes de temps en temps pour se renseigner sur le sujet, et qui doivent ressortir de cette courte visite en ayant la sensation d’avoir appris quelque chose, qu’aux gens qui peuvent vraiment y consacrer du temps et dont la curiosité doit être satisfaite.

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L’internaute sera donc libre d’explorer le web documentaire à sa guise, en naviguant entre différentes informations, sans être orienté ? Josefa : En fait, il s’agit de guider l’internaute, tout en lui laissant la possibilité de naviguer à sa guise entre les différentes informations qui sont à sa disposition, selon ses intérêts et son temps disponible. Il est donc essentiel de lui proposer différentes voies d’accès à l’information. Mais on souhaite malgré tout conserver une certaine logique et encadrer le spectacteur, d’où cette idée de mettre en place un jeu de questions/réponses. Est-ce que le web doc sera construit autour de votre regard de journalistes sur le travail en prison ? Est-ce que vous affirmerez votre point de vue sur le sujet ? Josefa : Notre projet se veut avant tout objectif, nous ne dévoilerons pas notre avis sur le travail en prison, nous voulons au contraire remettre les choses en place : faire tomber les préjugés qui existent sur le sujet en apportant le témoignage de différents acteurs, afin que l’internaute se forge lui-même son opinion. Disons que nous réalisons une base documentaire sur ce thème, que le visiteur pourra exploiter à sa façon. Le but c’est que les gens comprennent comment se passe le travail en prison après avoir regardé une partie ou l’ensemble du web documentaire. Quels médias allez-vous utiliser ? Aurélien : Nous utilisons la vidéo, avec en grande partie des interviews filmées des représentants administratifs et institutionnels du milieu carcéral, et des diaporamas sonores avec des extraits audio du témoignage des détenus, puisque beaucoup ne veulent pas être filmés. Quelle sera la place de l’internaute dans ce web doc ? Aurélien : Nous en sommes encore aux balbutiements de la construction de la structure du web doc. Mais dans l’idéal, nous souhaiterions suivre l’exemple de Prison Valley, qui constitue selon moi le projet de ce genre le plus abouti à l’heure actuelle. Nous voudrions que l’internaute puisse retrouver le chemin qu’il a parcouru à chaque fois qu’il revient sur le site, et qu’il puisse le visualiser : on imagine un système de vidéos cochées ou grisées une fois visitées. Mais pour cela, il faut mettre en place tout un système de création de comptes utilisateurs, et je ne suis pas sûr que nous aurons les ressources techniques pour le faire. Y aura-t-il un aspect participatif dans votre web doc ? Aurélien : En ce qui concerne l’interactivité avec l’internaute, une fois encore c’est Prison Valley qui nous sert de modèle : j’aime beaucoup leur système de Forum autour de thèmes très précis. Bien sûr, nous aimerions mettre en place un système de commentaires, mais cela demande un gros travail de modération derrière…

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Est-ce que vous allez exploiter les possibilités offertes par le web avec l’hypertexte ? Aurélien : Oui, on voudrait offrir à l’internaute des informations complémentaires pour certains contenus du web doc, afin qu’il prolonge sa réflexion. Mais une fois encore, nous avons un problème de temps et de moyens. Josefa : Ce qui me paraît le plus réaliste, ce serait de faire des infographies générales afin de donner des informations introductives sur le travail en prison. Quel est votre budget pour ce projet ? Josefa : Le web documentaire est entièrement réalisé en interne, grâce aux graphistes et aux développeurs de lexpress.fr. Nous n’avons pas de budget affecté à ce projet : seuls nos déplacements à la maison d’arrêt sont défrayés ! Aurélien : On est donc conscient qu’on est loin de produire un web documentaire qui va révolutionner le genre, on est très loin des budgets des web docs d’Upian ou de Honkytonk !

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Annexe 3 : Questionnaire destiné aux documentaristes sur leur perception du web documentaire J’ai élaboré un questionnaire destiné aux cinéastes documentaristes d’ADDOC (Association des Cinéastes Documentaristes) sur leur perception du web documentaire, dont les réponses combinées se trouvent ci-dessous. 1. Le web-documentaire peut-il être comparé au documentaire traditionnel ? L’un constitue t-il un plus par rapport à l’autre ? Didier Mauro D’abord il convient de définir l’objet « web-doc », car il y a des confusions : - pour certains tout documentaire diffusé sur le Web en est un , - pour d’autres il s’agit de programmes audiovisuels conçus en premier lieu pour le Web. C’est de ce dernier objet que nous parlons ici. Il n’y a pas un « documentaire traditionnel », mais de multiples formes et approches (voir l’excellent livre de Breschand- Cahiers du cinéma – CNDP), Il n’y a pas un « web doc » mais des multiples formes et genres de web-docs. Actuellement (2010) le docu-reportage et documentaire de flux (versus de création) prédominent. Il y a documentaire et documentaire ! Actuellement les documentaires de création sont très rares en web-docs. Le web-doc actuellement n’est qu’une forme de diffusion complémentaire des autres (salles, TV, vodeo, DVD, etc.). Ce n’est pas la diffusion qui fait l’art…du cinéma documentaire Chantal Quaglio Je dirais plutôt impossible ! Pour la bonne raison qu'on ne les visionne pas dans les mêmes conditions : docu classique vu sur grand écran, docu web sur ordi. Pas du tout les mêmes conditions psychologiques. Un film se détermine aussi par la façon dont il est diffusé : support, conditions, environnement. Marie-Christine Gambart Non, la place du spectateur n’est pas la même. Plus d’interactivité avec le web doc Solveig Dubois Les deux sont complémentaires. Le web documentaire étant une forme relativement nouvelle, il faut lui laisser le temps de se développer. Elle peut être comparée au documentaire traditionnel en ce que celui-ci notamment avec le documentaire télévisuel connaît une explosion de formes depuis sa mouture originale ( que le media soit le cinema ou les projections indépendantes). Sylvie Dreyfus En aucune façon : cette forme discursive, hachée, éclatée est profondément ennuyeuse pour moi. Bernard Monsigny Les web-documentaires que j'ai vus ( une douzaine) n'ont -dans leur majorité- qu'un lien de filiation ténu avec les documentaires que j'apprécie. Moins parce qu'ils emploient, évidement, un processus de narration en grande partie "a-cinématographique" (grosso-modo : rhizomique vs linéaire) mais parce qu'ils adoptent une rhétorique et une thématique essentiellement journalistique et une

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esthétique assez convenue : nettement, hélas, du côté du langage télévisuel dominant . Mais ça ne doit pas être une fatalité ! Seb Coupy De mon point de vu, le fait que le réel est la matière première du web-doc n’implique pas forcément que l’on doive le comparer au documentaire « traditionnel » (en terme de support). Mais c’est aussi le cas pour le theatre, la littérature, la fiction… Plutôt que de comparer , parlons de glissement, de possibilities de dialogue entre ces disciplines. La principale difference entre le web-doc et le doc “linéaire” c’est que dans un cas l’auteur prend en charge la narration, dans l’autre il laisse le spectateur une marge importante quand à la façon de “visiter” la proposition. 2. Le web-documentaire invente-t-il selon vous une autre forme d’écriture et une nouvelle narrativité ? Didier Mauro Pas vraiment à ce jour, ce que l’on peut voir en termes « d’écritures » a déjà été fait et vu avec d’autres modes de diffusion (salles, TV, vodeo, DVD, etc.) Chantal Quaglio Tout à fait ! Ecriture différente. Rythme différent. Marie-Christine Gambart Oui Solveig Dubois Oui, car un médium différent requiert des contraintes d’écriture et de production différentes, donc engendre forcément une nouvelle narrativité dans son rapport avec le spectateur. Sylvie Dreyfus Je trouve que tous ces sites se ressemblent, je tiens au maximum 2 mn devant chacun…. Seb Coupy Oui, sans aucun doute. Reste à savoir si cette forme pourra aller au delà du caractère informatif que l’on retrouve trop souvent dans les web doc meme lorsqu’il sont bien “mis en page”. 3. Que pensez-vous de l’interactivité revendiquée dans les webdocumentaires ? Didier Mauro Elle est très relative, limitée, assez factice, puisque le cadre est posé, les carcans sont là. En fait les dominations symboliques (cf. Pierre Bourdieu) sont en place, en web-doc comme ailleurs.

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Chantal Quaglio Un web docu n'est pas forcément interactif ! L'interactivité est un plus à condition qu'il ait été bien anticipé dans la conception du docu. Marie-Christine Gambart J’aime beaucoup Prison Valley et Gaza Sderot. L’interactivité est très travaillée. Solveig Dubois Elle peut être extrêmement positive et amener des personnes passionnées par les médias technologiques à se tourner vers le cinéma. Elle peut aussi être négative car amener à des dérives et à un aspect jeu vidéo. Sylvie Dreyfus Elle est formelle et creuse. Bernard Monsigny Au sujet de l'interactivité : elle peut facilement se résumer à du zapping , de l'errance ou du vague chalutage dans un agrégat d'images. Si une véritable interactivité permettait à chacun (via un système de montage et d'enregistrement) de construire son propre récit à partir éléments récoltés, hiérarchisés et de découvrir le plaisir de créer -puis de nous proposer- ses enchaînements et ses cheminements personnels ... Je l'imagine bien ! Seb Coupy Je n’ai, pour l’instant , pas été réellement convaincu par cette forme de narration qui me rappelle trop « le livre dont vous êtes le hero”. Les glissements de sens, les liens, le montage, me semble une question trop importante pour que les auteurs la laisse au spectateur. Je suis notamment interessé dans mon travail sur la façon dont on peu jouer sur la durée. La durée que l’on ne peut zapper. Le doc, et plus largement le cinema est pour moi une affaire de durée, de rythme, c’est une affaire très musicale et je crois que de ce point de vue là, le web doc ce situe ailleurs. On pourrait peut-être oser une comparaison: écouter une playlist en random de morceaux de musique sur I-tune (playlist = plus ou moins une cohérence recherchée) ou écouter un album, un cd sur un lecteur de cd. 4. Le point de vue de l’auteur est-il négligé dans un webdocumentaire ? Didier Mauro Le web – doc, à ce jour, ne voit pas émerger d’oeuvres dans lequel on puisse décerner « le point de vue d’auteur documenté » tel que l’a conceptualisé Jean Vigo. Par contre, la pseudo-objectivité foisonne, camouflant l’expression des opinions, tendances, orientations idéologiques, etc. des réalisateurs, producteurs, diffuseurs, et financeurs. Chantal Quaglio A priori il n'y a pas de raisons mais pour l'instant : oui. On est plutôt dans une étape de racolage intensif pour capter des internautes. Mais affaire à suivre, je suis certaine que les choses vont évoluer avec une production plus importante.

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Marie-Christine Gambart Non Solveig Dubois Pourquoi le serait-il plus ou moins que dans ses autres formes ? Tout dépend de ce que celui-ci veut ou peut faire. Sylvie Dreyfus Je ne l’ai pas trouvé. Bernard Monsigny A propos du point de vue : la dominante "reportage" des web-docs lui impose d'être souvent réduit à bien peu (voire au fumeux "nobody point of view" ). A cela s'ajoute l'approche pseudo-exhaustive et didactique (logique lexicographique ou encyclopédique) des sujets traités. La constellation de séquences d'un web-doc d'auteur pourrait être fédérées plus de manière analogique (et donc avec plus des parti-pris) que simplement logique. Le champ des possibilités est ouvert ! Seb Coupy Je suppose qu’il reste à trouver une forme qui soit convainquante sur cette question. Comment opérer ? Le point de vue peut être exprimé aussi bien dans un web-doc que dans un doc linéaire. Mais la forme étant aussi une façon d’exprimer un point de vue, laisser le spectateur construire le réçit implique forcément le laisser s’inventer son histoire, son temps et donc de dilluer progessivement le point de vue de l’auteur. 5. Quelle place doit avoir l’internaute/le spectateur dans un webdocumentaire ? Didier Mauro Actuellement, sa place est celle d’un consommateur de programmes de flux, pour le Web. Il est un alibi. Un argument de vente via la pseudo-interactivité. (cf. réponse 3) Il reste au public désirant exprimer une pensée documentariste de se mettre à l’oeuvre en recevant la formation nécessaire, en tournant, et en investissant le Web. Chantal Quaglio Spectateur d'abord donc ouvert à une démonstration et à une réflexion. Marie-Christine Gambart Très active. Il ou elle peut prendre des chemins de traverse. Solveig Dubois La même que pour les autres formes en ternes de réception, mais il peut être plus engagé en matière de réflexion, par l’ajout de commentaire, de critiques, par sa manière d’intéragir avec la forme proposée. Sylvie Dreyfus Si je le savais…

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Seb Coupy Je ne sais pas, peut-être rechercher ailleurs l’interaction en demandant à l’internaute certaines données qui pourront par la suite inflluencer ce qu’on lui proposera. 6. Connaissez vous les budgets du Web Documentaire ? Didier Mauro Ils sont très variables, mais cela n’a pas d’importance, aucun intérêt. Le budget ne fait pas l’art du cinéma documentaire, ni la pensée d’un film, ni la beauté des créations formelles. Comme l’exprime souvent Yves Jeanneau, on peut aboutir à une oeuvre créatrice, atypique, novatrice, avec un budget de misère, et à un programme audiovisuel insipide, ressassant des clichés, avec un budget des plus confortables. Chantal Quaglio On ne risque pas de les connaître vu qu'à priori il n'y a jamais de budget spécifique ! Marie-Christine Gambart Oui pour en avoir parlé avec le producteur d’Upian. Solveig Dubois Non, mais il doit y a voir probablement une grande part d’autoproduction ? Sylvie Dreyfus Non. Seb Coupy Petits pour l’instant…une bonne part du budget est alouée à la part graphique. 7. Aimeriez-vous vous lancer dans un projet de web-documentaire ? Pourquoi ? Didier Mauro J’y réfléchis, tout en cherchant les modes de subversion du système dominant, afin d’explorer les possibilités de rébellions techniques, esthétiques, face aux dominations qui traversent le web-doc. Chantal Quaglio Oui à condition que le niveau de qualité augmente en puissance ! Marie-Christine Gambart Oui. Une nouvelle écriture donc une nouvelle aventure, toujours passionnant. Solveig Dubois Pourquoi pas, internet permet un développement unique en matière de communication, d’accès et d’interaction. Le web documentaire peut être un moyen pour les futurs cinéastes de se lancer dans l’aventure à la manière de myspace pour la musique. Mais il y a aussi le risque que cela ne soit pas reconnu comme une forme cinématographique.

Page 89: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

XXIX

Sylvie Dreyfus J’aime le cinéma, ce mode d’expression n’est en aucune façon pour moi du cinéma. Seb Coupy Oui, c’est déjà le cas. Afin de réfléchir sur l’interaction photo/son où il n’est pas question d’interactions entre le doc et le spectateur (au sens où provoquer une réaction à un spectateur est déjà un enjeu complexe). 8. Non, vous n’en avez pas envie. Pourquoi ? - Vous appréhendez de travailler avec des personnes issues du web ? (développeurs, web-designers etc.) ? Didier Mauro Non Seb Coupy Non - Vous ne voyez pas ce qu’Internet peut apporter à un documentaire ? Didier Mauro L’intérêt : une rencontre avec des publics, un media supplémentaire. Sylvie Dreyfus C’est ça. Seb Coupy De la visibilité… - Vous trouvez cette nouvelle forme ennuyeuse ? Didier Mauro Pas du tout. Sylvie Dreyfus Oui. Seb Coupy Pas forcemment… - Le côté interactif et participatif des web-documentaires vous repousse ? Didier Mauro Tout au contraire, mais il faudrait aller vers une véritable participation, une réelle interactivité qui puisse aboutir à la subversion meme du cadre posé au depart. Sylvie Dreyfus Il ne m’intéresse pas, c’est faussement participatif.

Page 90: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

XXX

Seb Coupy Pour l’instant oui. - Les web doc ne sont pas des « oeuvres » cinématographiques Didier Mauro Des oeuvres réelles émergeront, j’en suis convaincu, c’est une question de temps. Chantal Quaglio C'est vrai que les web docs ne seront jamais des oeuvres cinématographiques. Mais toute surprise est bienvenue. Sylvie Dreyfus C’est ça. Seb Coupy Il faut se méfier de cette notion. - Vous trouvez la qualité des web-documentaires inférieure à celle des documentaires traditionnels ? Didier Mauro Actuellement c’est indéniable, même si, je le répète, “traditionnel” ne fait pas sens (lisez Breschand),mais cela changera. Imaginons Pierre Carles (Pas vu pas pris, etc.), Marker (Le tombeau d’Alexandre), ou Pazienza (Scènes de chasse au sanglier) investir le “web-doc”… avec leur style… le résultat creatif serait immédiat. Sylvie Dreyfus Oh combien ! Seb Coupy Je les trouve trop souvent informatif bien enrobé. 9. Certains web-documentaires ont-ils retenu votre attention, si oui, lesquels et pourquoi ? Didier Mauro Actuellement, non. Chantal Quaglio Un doc web sur les mines en chine par son esthétisme, la variété de navigation dans le sujet à chaque étape c'est-à-dire la variété d'axes de réflexions. Et sa conception image et sons. A ce jour c'est le seul qui me fait dire : tiens on peut en faire quelque chose des docs webs! Marie-Christine Gambart Prison Valley et Gaza/Sderot. Les thèmes m’ont enthousiasmée. L’image tout comme le graphisme sont superbes. J’aime aussi beaucoup la narration.

Page 91: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

XXXI

Solveig Dubois Je n’ai pas encore porté beaucoup d’attention à ce sujet mais cela m’intéresse. Sylvie Dreyfus Non. Seb Coupy Oui, pour essayer de trouver une définition à ce nouveau support. 10. Quels ingrédients sont selon vous indispensables pour créer un web-documentaire réussi ? Didier Mauro 1. S’immerger dans plus d’un siècle de cinéma documentaire et voir ou revoir Vertov, Ivens, Wiseman, Kramer, Marker, Godard, etc. 2. Avoir (cf. Bourdieu) un « capital culturel » de cinéaste documentariste. 3. Puis : Bien définir la pensée du film, investir un engagement d’auteur, avec un point de vue, un angle, un traitement. 4. Travailler non seulement en pensant au web (qui n’est qu’un mode de diffusion-certes, à la mode-mais les modes passent), mais à tous les autres publics (ceux des salles, de la TV, des DVD, des projections-débats, etc.), et 5. Expérimenter les oeuvres hybrides et rebelles, aux marges des systèmes bien pensants et réfractaires aux dominations. Chantal Quaglio La réflexion c'est-à-dire l'intelligence du sujet ! Et pas les effets graphiques ni de navigation! Marie-Christine Gambart L’histoire, l’histoire et encore l’histoire… Solveig Dubois De la liberté, de l’inventivité et une façon de concevoir l’intéractivité autrement qu’un jeu ou un moyen de merchandising. Sylvie Dreyfus Avoir une vraie raison d’utiliser ce mode de communication. Seb Coupy Je n’aime pas la notion d’ingrédients, de petite cuisine. Je suppose que le plus difficile dans le web doc, c’est de proposer un regard qui nous emène quelque part.

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men

taire

Non

Envo

i à

un a

mi +

éc

rire

aux

aute

urs

Gra

phis

me

sans

inté

rêt

par

ticu

lier.

Vér

itab

le

ambia

nce

sonore

qui ac

com

pag

ne

les

photo

s

Un r

egar

d

d'a

ute

ur

import

ant

+

révè

le le

trav

ail

d'e

nquêt

e m

inutieu

x des

au

teurs

et

les

obst

acle

s qu'il

s ont

renco

ntr

és,

ainsi

que

leur

obst

inat

ion

pour

dév

oile

r une

réal

ité,

à la

limite

de

leur

sécu

rité

La lec

ture

des

te

xtes

des

crip

tifs

es

t so

uve

nt

lo

ngue

: on

s'en

nuie

. U

n

scén

ario

trè

s rich

e et

réa

liste

, nos

choix

d'a

ctio

ns

et o

nt

de

vérita

ble

s im

pac

ts s

ur

l'évo

lution d

u

docu

men

taire.

O

n p

eut

s'

imer

ger

dan

s l'a

mbia

nce

en

ch

ois

issa

nt

de

regar

der

de

longues

quen

ces

sur

le

quotidie

n d

es

min

eurs

. U

ne

duré

e ad

apté

e au

x ca

pac

ités

d'a

tten

tion :

20

min

envi

ron

Non

Page 94: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

Tit

re

Pro

du

cteu

rs

et

dif

fuse

urs

Su

jet

Méd

ias

Pro

cess

us

narr

ati

fN

avig

ati

on

Co

mp

lém

en

ts

d'in

fos

Inte

ract

ivit

éA

pp

el à

con

trib

uti

on

Part

icip

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f/

Co

mm

un

au

tair

e

Tra

vail

gra

ph

iqu

e e

t so

no

re

Reg

ard

de

l'au

teu

rO

bse

rvati

on

s g

én

éra

les

Au

tre

sup

po

rt

de

dif

fusi

on

Le c

orp

s in

carc

éré

60 0

00 €

Produit e

t diffu

sé p

ar

ww

w.lem

onde.

fr

Des

dét

enus

raco

nte

nt

leur

quotidie

n e

t le

s so

uffra

nce

s in

flig

ées

au

corp

s en

priso

n

Photo

report

age

de

15'

(dia

pora

ma

sonore

) +

Sons

et v

oix

Réc

it lin

éaire

et

très

str

uct

uré

(s

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es

thèm

es

ratt

achés

au

corp

s)

Tout

est

stru

cturé

au

tour

du

photo

report

age

princi

pal

que

l'on

peu

t re

gar

der

d'u

n t

rait o

u

abord

er a

u

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ent

qui nous

inté

ress

e grâ

ce à

la

frise

th

émat

ique

en-

des

sous.

Com

plé

men

ts

d'in

fos

auto

ur

de

ce r

eport

age

Inte

rvie

w v

idéo

de

trois

sp

écia

liste

s +

co

urt

s te

xtes

de

pré

senta

tion

des

4

per

sonnag

es d

u

photo

report

age

+ b

iblio

gra

phie

et

lie

ns

exte

rnes

Oui m

ais

faib

leN

on

Com

men

taires

(76)

et p

arta

ge

sur

les

rése

aux

soci

aux

Gra

phis

me

sobre

m

ais

intu

itif :

nav

igat

ion a

isée

. Son im

port

ant

: il

illust

re les

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s,

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ble

am

bia

nce

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Vér

itab

le

regar

d d

'aute

ur

et a

nal

yse

(on

sent

un p

arti

pris

clai

rem

ent

affirm

é),

dém

onst

ration

via

les

4

tém

oig

nag

es

des

per

sonnag

es

Un w

eb-

docu

men

taire

inté

ress

ant

car

suje

t bie

n d

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i au

tour

d'u

n

thèm

e :

le c

orp

s en

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n,

ce q

ui

per

met

d'e

n fai

re

le t

our

rapid

emen

t av

ec

les

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rmat

ions

et les

poin

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e vu

e ad

équat

s, e

n

rest

ant

centr

é su

r le

rep

ort

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princi

pal

Non

Le C

hallen

ge

Diffu

seurs

:

ww

w.c

anal

plu

s.fr

/W

hat

's u

p

film

s /

Product

eurs

:

Honky

tonk

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s /

Can

al +

Le p

rocè

s de

la

com

pag

nie

pét

roliè

re

Texa

co

resp

onsa

ble

d'u

n

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ble

dés

astr

e éc

olo

giq

ue

en A

maz

onie

Photo

report

age

(dia

pora

ma

sonore

) av

ec

tém

oig

nag

e au

dio

et

com

men

taires

éc

rits

(le

re

port

age

vidéo

est

m

ineu

r),

Car

te

inte

ract

ive

Le r

écit s

e co

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ruit a

u g

des

ex

pér

imen

tatio

ns

et d

es c

hoix

de

l'inte

rnau

te,

il m

ène

l'enquêt

e :

il pre

nd le

rôle

d'u

n journ

alis

te

qui re

cher

che

des

in

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atio

ns

et

des

tém

oin

s et

pose

des

ques

tions

au

choix

En s

uiv

ant

le

dér

oule

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t du

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rep

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ou b

ien e

n

utilis

ant

les

entr

ées

direc

tes

par

lie

ux

et

per

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es d

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car

te

inte

ract

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dan

s le

blo

c note

Un b

loc-

note

s ac

cess

ible

à

tout

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ent

(+

des

ren

vois

gulie

rs e

t pré

cis

dep

uis

le

photo

report

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av

ec u

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erta

in

nom

bre

d'in

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atio

ns

com

plé

men

taire

s su

r des

suje

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sate

llite

s, s

ous

diffé

rente

s fo

rmes

: c

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in

tera

ctiv

e,

text

es,

chiffr

es

et d

ates

cle

fs,

court

s re

port

ages

vi

déo

s,

docu

men

ts

offic

iels

Oui tr

ès fort

e puis

que

le w

eb

doc

pre

nd la

form

e des

liv

res

"dont

vous

êtes

le

hér

os"

:

l'inte

rnau

te (

à qui on

s'ad

ress

e)

par

court

le

web

doc

à sa

faç

on

et l'o

rien

te

selo

n s

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hoix

-->

par

cours

per

sonnal

isé

et

subje

ctif,

on

sait à

out

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ent

où o

n

est

et o

n p

eut

repre

ndre

le

fil

de

l'enquêt

e à

chaq

ue

visi

te.

On e

st a

cteu

r du

docu

men

taire

Non,

l'inte

rnau

te

se c

onte

nte

de

suiv

re les

ch

emin

s pro

posé

s, il

ne

crée

rie

n

Part

age

sur

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book

+

inse

rtio

n d

'un

module

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ebok

qui

rem

onte

les

co

mm

enta

ires

sur

la p

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San

s in

térê

t par

ticu

lier

Un p

oin

t de

vue

affirm

é qui

orien

te t

out

le

web

-docu

men

taire,

tr

ès m

anic

hée

n

: on a

imer

ait

pouvo

ir p

rendre

du r

ecul…

Dom

mag

e :

bea

uco

up d

e co

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nu m

ais

mal

exp

loité

dan

s le

photo

report

age

(une

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ion

asse

z pau

vre

par

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sim

plis

tes

voire

man

ichee

nnes

+

ryth

me

très

len

t,

on s

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) +

pb d

e ch

argem

ent

Une

diffu

sion

sur

Can

al

plu

s un

docu

men

tai

re d

e 52'

Page 95: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

Tit

re

Pro

du

cteu

rs

et

dif

fuse

urs

Su

jet

Méd

ias

Pro

cess

us

narr

ati

fN

avig

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on

Co

mp

lém

en

ts

d'in

fos

Inte

ract

ivit

éA

pp

el à

con

trib

uti

on

Part

icip

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f/

Co

mm

un

au

tair

e

Tra

vail

gra

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iqu

e e

t so

no

re

Reg

ard

de

l'au

teu

rO

bse

rvati

on

s g

én

éra

les

Au

tre

sup

po

rt

de

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fusi

on

Th

an

ato

ram

a

Product

eurs

:

Upia

n

Une

plo

ngée

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s le

s ar

canes

du

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funér

aire

Rep

ort

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photo

et

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Le r

écit s

e co

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ruit a

u g

des

ex

pér

imen

tatio

ns

et d

es c

hoix

de

l'inte

rnau

te

"Une

aven

ture

dont

on e

st le

hér

os

mort

" +

sc

énar

io t

rès

élab

oré

+ r

écit

très

bie

n é

crit

qui

acco

mpag

ne

le

report

age

Soit o

n s

uit le

dér

oule

men

t du

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docu

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taire

qui

avan

ce s

elon n

os

choix

, so

it o

n s

e re

nd a

ux

chap

itre

s qui

nous

inté

ress

ent

direc

tem

ent.

Un

déf

aut

: pas

de

bouto

n d

e co

ntr

ôle

, on n

e peu

t pas

met

tre

pau

se o

u r

even

ir

en a

rriè

re

Non

Oui tr

ès fort

e puis

que

le w

eb

doc

pre

nd la

form

e des

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res

"dont

vous

êtes

le

hér

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:

l'inte

rnau

te

par

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le

web

doc

à sa

faç

on

et l'o

rien

te

selo

n s

es c

hoix

-->

par

cours

per

sonnal

isé

et

subje

ctif,

on

sait à

out

mom

ent

où o

n

est.

On e

st

acte

ur

du

docu

men

taire

Non,

l'inte

rnau

te

se c

onte

nte

de

suiv

re les

ch

emin

s pro

posé

s, il

ne

crée

rie

n

Oui (7

24

com

men

taires

)

Gra

phis

me

trav

aillé

de

faço

n

à cr

éer

une

vérita

ble

am

bia

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oppre

ssan

te q

ui

sert

tout

à fa

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suje

t. L

e so

n

contr

ibue

à

l'atm

osp

hèr

e du

web

docu

men

taire

: on e

st em

bar

qué

surt

out

grâ

ce à

la

voix

qui nous

guid

e

C'e

st p

lus

une

imm

ersi

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neu

tre

dan

s un

sect

eur

peu

co

nnu q

u'u

n

regar

d c

ritique,

le

réc

it à

la

1er

e per

sonne

rend c

om

pliq

l'affirm

atio

n

d'u

n p

oin

t de

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Une

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ble

at

mosp

hèr

e qui

nous

imm

erge

dan

s le

monde

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aire

si m

al

connu +

trè

s rich

e en

in

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atio

ns

: on

appre

nd e

n

viva

nt

les

chose

s direc

tem

ent.

D

om

mag

e qu'il

n'y

ait p

as

quel

ques

co

mplm

ents

d'in

form

atio

n

pour

alle

r plu

s lo

in

Non

Gaza

/S

dero

t

216 0

00 €

Diffu

seur

: w

ww

.art

e.tv

/

Product

eur

: U

pia

n

Le c

onflit

isra

élo-

pal

estinie

n

vu à

tra

vers

le

quotidie

n

des

hab

itan

ts d

e 2 v

illes

80 c

ourt

es

chro

niq

ues

vi

déo

(de

2

min

ute

s ch

acune)

:40

épis

odes

, Car

te

inte

ract

ive

Non lin

éaire,

te

mps

réel

:

une

chro

niq

ue

de

chaq

ue

ville

diffu

sée

chaq

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sem

aine

Diffé

rente

s en

trée

s par

Te

mps

(tim

elin

e qui div

ise

l'écr

an),

Gen

s (7

per

sonnag

es

avec

des

vid

éos

asso

ciée

s),

Lieu

x (c

arte

inte

ract

ive

: des

vid

éos

asso

ciée

s à

chaq

ue

lieu),

Thèm

es (

très

nom

bre

ux,

sp

écifiq

ues

à

chaq

ue

ville

ave

c des

vid

éos

asso

ciée

s).

L'éc

ran r

este

div

isé

en 2

en

per

mam

ence

Non

Oui :

on

com

pose

soi-

mêm

e so

n

men

u é

ditorial

Non

Com

men

taires

(n

om

bre

ux)

, par

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: en

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un a

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ewsl

ette

r,

Blo

g (

htt

p:/

/gaz

a-sd

erot.

arte

.tv/

blo

g/

) av

ec d

es v

idéo

s bonus

Gro

s tr

avai

l gra

phiq

ue

qui

donne

du s

ens

au

web

-doc

: un

écra

n d

ivis

é en

2

pour

oppose

r 2

réal

ités

/ t

rès

intu

itif :

on a

en

per

man

ence

des

vi

déo

s des

2 v

illes

so

us

les

yeux

qui

s'en

clen

chen

t au

su

rvol de

la s

ouris

Une

cert

aine

neu

tral

ité

: la

par

ole

est

en

tièr

emen

t donnée

aux

hab

itan

ts d

es 2

vi

lles

Un w

eb-d

ocu

tr

ès r

iche

qui

per

met

d'a

ccéd

er

au c

onte

nu s

ous

diffé

rents

angle

s et

réu

ssit le

par

i de

met

tre

en

par

allè

le 2

alités

. Le

s té

moig

nag

es

nous

embar

quen

t dan

s la

vie

quotidie

nne

des

hab

itan

ts d

e ce

s deu

x vi

lles

avec

une

cert

aine

liber

té p

uis

qu'o

n

const

ruit n

otr

e par

cours

Oui su

r Art

e

Page 96: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

Tit

re

Pro

du

cteu

rs

et

dif

fuse

urs

Su

jet

Méd

ias

Pro

cess

us

narr

ati

fN

avig

ati

on

Co

mp

lém

en

ts

d'in

fos

Inte

ract

ivit

éA

pp

el à

con

trib

uti

on

Part

icip

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f/

Co

mm

un

au

tair

e

Tra

vail

gra

ph

iqu

e e

t so

no

re

Reg

ard

de

l'au

teu

rO

bse

rvati

on

s g

én

éra

les

Au

tre

sup

po

rt

de

dif

fusi

on

Mo

ntr

éal en

1

2 lie

ux

Produit p

ar

Urb

ania

/Tox

a

Une

déc

ouve

rte

de

la v

ille

de

Montr

éal

Vue

à 360°,

Vid

éos,

photo

s,

info

gra

phie

s,

text

es

Non lin

éaire

: on d

écouvr

e ch

aque

quar

tier

en

chois

issa

nt

de

se d

épla

cer

dan

s le

s lie

ux

(vue

360°)

, de

visi

onner

des

vi

déo

s ou

d'e

xplo

rer

avec

des

info

s co

mplé

men

tair

es

Se

dép

lace

r dan

s l'e

spac

e, e

xplo

rer

ou v

isio

nner

:

l'inte

rnau

te e

st

acte

ur

seul lu

i peu

t co

nst

ruire

le

web

docu

men

taire.

Chaq

ue

lieu e

st

pré

senté

par

un

per

sonnag

e hab

itué

du

quar

tier

Pour

chaq

ue

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on p

eut

avoir d

es info

s en

+ :

une

conte

xtual

isat

ion m

ondia

le,

une

retr

osp

ective

, une

gal

erie

photo

et

des

ch

iffr

es c

lés.

On

a au

ssi des

in

terv

iew

s vi

déo

s as

soci

ées

C'e

st à

l'i

nte

rnau

te

d'a

ller

à la

pêc

he

aux

info

rmat

ions

qui

l'inté

ress

ent

et

de

nav

iguer

en

tre

les

diffé

rente

s so

urc

es d

'info

, de

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ruire

son p

arco

urs

Non

Non.

Mai

s des

jeu

x co

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urs

Gra

phis

me

très

tr

avai

llé m

ais

inte

rfac

e pas

in

tuitiv

e du t

out

+

très

diffici

le à

su

ivre

: t

out

s'ag

ite

en

per

man

ence

, on

est

per

du.

Am

bia

nce

sonore

im

port

ante

, m

ais

souve

nt

diffici

le à

su

pport

er c

ar

musi

que

fort

e et

fa

tigan

te

C'e

st à

l'i

nte

rnau

te d

e se

const

ruire

son p

oin

t de

vue

: il

a to

ute

s le

s cl

efs

en

mai

n p

our

le

faire.

C'e

st u

n

des

obje

ctifs

de

ce w

eb-d

oc

: per

met

tre

aux

gen

s de

per

cevo

ir

autr

emen

t M

ontr

éal, loin

des

clic

hés

Un w

eb-d

ocu

diffici

le à

man

ier

: in

terf

ace

gra

phiq

ue

peu

in

tuitiv

e, r

ythm

e tr

op r

apid

e de

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mble

+ o

n

ne

com

pre

nd p

as

trop c

om

men

t ex

plo

iter

l'e

nse

mble

des

in

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atio

ns

Em

issi

ons

diffu

sées

su

r TV5

De M

ao

au

x

JO

Diffu

seur

: w

ww

.art

e.tv

/

Product

eur

: H

ikar

i

A la

déc

ouve

rte

de

Péki

n à

tr

aver

s 18

lieux

clés

Court

s re

port

ages

Vid

éo

L'en

sem

ble

est

non lin

éaire

puis

qu'o

n s

e bal

ade

entr

e des

lie

ux,

mai

s ch

aque

report

age

vidéo

as

soci

é à

un

lieu e

st lin

éaire.

Une

intr

oduct

ion

inté

ress

ante

en

text

e et

en

musi

que.

N

avig

atio

n t

rès

sim

ple

: e

ntr

ée

par

typ

e de

lieu,

chaq

ue

lieu e

st

pré

senté

par

un

per

sonnag

e

Le b

illet

de

Char

lie :

un

text

e as

soci

é à

chaq

ue

report

age

vidéo

qui ra

conte

les

co

nditio

ns

de

tourn

ages

et

just

ifie

nt

les

choix

+

apport

ent

des

in

fos

com

plé

men

taire

s su

r le

suje

t

Oui :

on s

e re

nd

dan

s le

s lie

ux

de

notr

e ch

oix

Non

Non

Gra

phis

me

très

tr

avai

llé :

sim

ple

et

intu

itif,

ne

nuit

pas

au c

onte

nu.

L'éc

ran e

st

const

itué

d'u

ne

succ

essi

on d

e lie

ux

repré

senté

s en

des

sin.

Le s

on

acco

mpag

ne

les

report

ages

vid

éo

+ c

haq

ue

lieu s

ur

la p

age

d'a

ccuei

l es

t as

soci

é à

une

musi

que

Oui un v

rai

regar

d d

'aute

ur

puis

que

chaq

ue

lieu e

st a

bord

é av

ec u

ne

pro

blé

mat

ique

pré

cise

et

des

per

sonnag

es

hab

ilem

ent

chois

is

occ

upen

t le

s re

port

ages

vi

déo

s

Une

vérita

ble

plo

ngée

dan

s diffé

rents

lie

ux

de

Péki

n,

très

rich

e en

ap

pre

ntiss

age

et

en é

motion +

on

appré

cie

la

sim

plic

ité

d'u

tilis

atio

n :

un

bon d

osa

ge

des

in

gré

die

nts

du

web

docu

Non

Page 97: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

Tit

re

Pro

du

cteu

rs

et

dif

fuse

urs

Su

jet

Méd

ias

Pro

cess

us

narr

ati

fN

avig

ati

on

Co

mp

lém

en

ts

d'in

fos

Inte

ract

ivit

éA

pp

el à

con

trib

uti

on

Fo

nct

ion

nalité

s co

mm

un

au

tair

es

Tra

vail

gra

ph

iqu

e e

t so

no

re

Reg

ard

de

l'au

teu

rO

bse

rvati

on

s g

én

éra

les

Au

tre

sup

po

rt

de

dif

fusi

on

Ho

mo

N

um

éri

cus

Product

eur

et

diffu

seur

: SFR

La

révo

lution

num

ériq

ue

vue

à tr

aver

s le

cu e

t le

s hab

itudes

de

diffé

rente

s gén

érat

ions

Photo

(d

iapora

ma

sonore

) +

des

an

imat

ions

en

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vidéo

s

Non lin

éaire

: on c

hois

it d

e vo

ir d

iffé

rents

port

raits

+ o

n

chois

it les

ques

tions

qu'o

n

veut

pose

r au

x per

sonnag

es

Par

per

sonnag

e +

on o

rien

te s

oi-

mêm

e le

web

docu

en

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issa

nt

les

ques

tions

que

l'on v

eut

leur

pose

r

Très

hab

ile :

de

bre

fs

com

plé

men

ts

d'in

fo

appar

aiss

ent

sur

l'écr

an s

ous

form

e de

text

e ou d

'anim

atio

n

pen

dan

t que

les

per

sonnag

es

tém

oig

nen

t +

on p

eut

chois

ir

pour

chaq

ue

port

rait d

e co

nsu

lter

une

inte

rvie

w v

idéo

d'u

n s

péc

ialis

te

Oui puis

qu'o

n

orien

te le

docu

se

lon l'a

ngle

qui

nous

inté

ress

e à

trav

ers

les

ques

tions

que

l'on p

ose

et

les

port

raits

que

l'on v

isio

nne

Non

Part

age

sur

les

rése

aux

soci

aux

Gra

phis

me

très

tr

avai

llé e

t in

tuitif,

si

mple

d'u

tilis

atio

n.

A

trav

ers

le

gra

phis

me

le fond

et la

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e se

re

joig

nen

t :

rita

ble

nar

ration

gra

phiq

ue

puis

que

le s

econd

pla

n e

st a

nim

é par

des

écr

ans

figura

nt

l'act

ivité

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ériq

ue

de

la

per

sonne

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rrogée

Une

cert

aine

neu

tral

ité

: une

gra

nde

pla

ce

est

lais

sée

aux

tém

oig

nag

es.

Com

plé

té p

ar

des

anal

yses

de

spéc

ialis

tes

Un w

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ocu

in

tére

ssan

t dan

s sa

str

uct

ure

:

une

allia

nce

rich

e en

ex

pér

ience

entr

e té

moig

nag

es

audio

et

com

plé

men

ts

d'in

form

atio

n

conte

xtual

isés

qui en

vahis

sent

l'écr

an.

Le c

hoix

de

la p

hoto

en

pla

n fix

e per

met

à

l'inte

rnau

te d

e la

isse

r lib

re

cours

à s

es

réflex

ions

Non

Brè

ves

de

tro

tto

irs

13 0

00 €

Co-p

roduct

eur

: Fr

ance

3 I

le

de

Fran

ce

Le p

ort

rait

de

par

isie

ns

typiq

ues

dan

s ce

rtai

ns

quar

tier

s de

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apital

e

Vid

éo,

Photo

, so

ns,

tex

te

L'en

sem

ble

est

non lin

éaire

puis

qu'o

n s

e bal

ade

entr

e des

lie

ux

et

per

sonnag

e,

mai

s ch

aque

report

age

vidéo

as

soci

é es

t lin

éaire

On n

avig

ue

à par

tir

d'u

n v

ieux

pla

n d

e m

étro

par

isie

n :

à

cert

aines

sta

tions

sont

asso

ciée

s des

per

sonnag

es.

On e

ntr

e a

chaq

ue

fois

à

trav

ers

une

vidéo

Des

musi

ques

et

tém

oig

nag

es

audio

, photo

s et

in

fos

liées

au

per

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e et

ac

cess

ible

s en

per

man

ence

so

us

le

report

age

vidéo

Oui, o

n

com

pose

son

men

u é

ditorial

Non

Part

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sur

les

rése

aux

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aux

/ N

ewsl

ette

r /

Blo

g

Gra

phis

me

très

tr

avai

llé e

t pes

ronnal

isé

pour

chaq

ue

per

sonnag

e, s

ens

du d

étai

l :

une

ambia

nce

est

re

créé

e à

chaq

ue

fois

. M

usi

ques

as

soci

ées

aux

per

sonnag

es

La p

arole

est

la

issé

e au

x per

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es

que

l'aute

ur

nous

per

met

d'a

bord

er s

ous

diffé

rents

an

gle

s

Un w

eb d

ocu

origin

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t bie

n

dosé

au n

ivea

u

de

la q

uan

tité

et

de

la q

ual

ité

du

conte

nu,

avec

une

ambia

nce

tr

ès a

gré

able

Fran

ce 3

Page 98: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

Tit

re

Pro

du

cteu

rs

et

dif

fuse

urs

Su

jet

Méd

ias

Pro

cess

us

narr

ati

fN

avig

ati

on

Co

mp

lém

en

ts

d'in

fos

Inte

ract

ivit

éA

pp

el à

con

trib

uti

on

Fo

nct

ion

nalité

s co

mm

un

au

tair

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Tra

vail

gra

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iqu

e e

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no

re

Reg

ard

de

l'au

teu

rO

bse

rvati

on

s g

én

éra

les

Au

tre

sup

po

rt

de

dif

fusi

on

Joh

an

nesb

urg

, u

n

urb

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ism

e

sou

s p

ress

ion

ww

w.g

eo.f

r

La

rénov

atio

n

du c

entr

e vi

lle d

e Jo

burg

et

l'évi

ctio

n d

es

popula

tions

pau

vres

2 c

ourt

s re

port

ages

vi

déo

s (

- de

5')

, D

es

cart

es

anim

ées,

Rep

ort

age

linéa

ire

+ info

s que

l'on p

eut

pic

ore

r au

tour

On c

hois

it s

on

entr

ée e

t on

com

pose

son

men

u é

ditorial

:

par

la

vidéo

princi

pal

e ou p

ar

les

com

ple

men

ts

d'in

form

atio

n

(car

tes,

bid

éos

thém

atiq

ues

, lie

ns)

Court

es v

idéo

s th

émat

iques

, té

moig

nag

es,

piè

ces

à co

nvi

ctio

n

(docu

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ts

offic

iels

etc

.),

extr

aits

m

usi

caux,

film

su

r le

mak

ing

of, s

éléc

tion

web

Oui m

ais

faib

le

: ch

oix

de

ce

qu'o

n v

eut

visi

ter

et

hyp

erlie

ns

Non

Non

Gra

phis

me

sobre

et

pra

tique

: se

rt

clai

rem

ent

la

nav

igat

ion

Oui puis

que

report

age

journ

alis

tique/

diffé

rents

poin

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de

vue

pro

posé

s dan

s le

s in

terv

iew

s

Const

ruct

ion

hab

ile :

un

report

age

très

co

urt

d'in

troduct

ion

qui pouss

e l'i

nte

rnau

te à

nav

iguer

lui-

mêm

e en

suite

à tr

aver

s le

s diffé

rente

s so

urc

es

d'in

form

atio

n.

Mal

gré

cet

te

liber

té,

le r

egar

d

des

aute

urs

re

ste

toujo

urs

af

firm

é

Non

Co

ng

o,

tém

oin

s d

u

ded

an

s

ww

w.lem

onde.

fr

5 jeu

nes

co

ngola

is

ont

suiv

i des

en

fants

dép

lacé

s par

la

guer

re

Rep

ort

ages

vi

déo

am

ateu

rs,

Dia

pora

mas

photo

s ,

une

cart

e in

tera

ctiv

e,

extr

aits

de

tém

oig

nag

es

audio

Non lin

éaire

: on d

écouvr

e le

s 5 r

eport

ages

vi

déo

s sé

par

emen

t

Entr

ée p

ar

per

sonnag

es (

les

5 jeu

nes

) av

ec

les

vidéo

s qu'il

s ont

réal

isée

s +

nav

igat

ion p

ar

mots

-cle

fs +

ca

rte

inte

ract

ive

Des

fic

hes

péd

agogiq

ues

su

r le

s m

ots

cl

efs

des

re

port

ages

, des

ex

trai

ts d

e té

moig

nag

es

audio

ass

oci

és à

ce

rtai

ns

mots

-cl

efs,

une

cart

e in

tera

ctiv

e ac

cess

ible

en

per

man

ence

Oui m

ais

faib

leN

on

Com

men

taires

(2)

et p

arta

ge

sur

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rése

aux

soci

aux

Gra

phis

me

trav

aillé

et

élég

ant

mai

s sa

ns

impac

t su

r le

co

nte

nu

Un v

éritab

le

poin

t de

vue

d'a

ute

ur

puis

que

réal

isé

par

des

"t

émoin

s du

ded

ans"

+ t

rès

péd

agogiq

ue,

le

suje

t es

t bie

n

trai

té e

t rich

e en

co

mplé

men

ts

d'in

fo

Non

Page 99: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

Tit

re

Pro

du

cteu

rs

et

dif

fuse

urs

Su

jet

Méd

ias

Pro

cess

us

narr

ati

fN

avig

ati

on

Co

mp

lém

en

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d'in

fos

Inte

ract

ivit

éA

pp

el à

con

trib

uti

on

Fo

nct

ion

nalité

s co

mm

un

au

tair

es

Tra

vail

gra

ph

iqu

e e

t so

no

re

Reg

ard

de

l'au

teu

rO

bse

rvati

on

s g

én

éra

les

Au

tre

sup

po

rt

de

dif

fusi

on

Cali,

la c

iud

ad

q

ue n

o

du

erm

e

ww

w.e

lpai

s.co

m

Cal

i, la

ville

qui ne

dort

pas

, vu

e la

nuit

Rep

ort

ages

photo

s et

vi

déo

s, V

ue

à 360°,

Pa

rcours

vi

rtuel

s su

r des

car

tes,

Ext

raits

audio

, gal

erie

photo

L'en

sem

ble

est

non lin

éaire

puis

qu'o

n s

e bal

ade

entr

e des

per

sonnag

es,

mai

s ch

aque

report

age

vidéo

as

soci

é es

t lin

éaire.

Quan

d

on e

st d

ans

une

vue

à 360°,

un

tém

oig

nag

e au

dio

déf

ile e

t on p

eut

cher

cher

diffé

rente

s in

fos

dan

s l'i

mag

e en

m

ême

tem

ps.

Id

em d

ans

un

par

cours

virtu

el

: des

photo

s et

te

xtes

sont

asso

ciés

à

diffé

rents

lie

ux

Entr

ée p

ar

per

sonnag

es,

par

cours

virtu

els

de

la v

ille,

vues

à

360°

Lors

qu'u

n

report

age

vidéo

déf

ile,

de

bre

fs

com

plé

men

ts

d'in

fos

conte

xtual

isés

déf

ilent

sur

le

côté

sous

form

e de

text

e.

Lors

qu'o

n

chois

it d

e vi

site

r un q

uar

tier

à

360°,

on p

eut

obte

nir d

es

com

plé

men

ts

d'in

fos

sur

cert

ains

endro

its

de

l'écr

an

Oui

Oui :

ils

peu

vent

envo

yer

leurs

photo

s et

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déo

s et

fa

ire

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tie

de

la g

aler

ie

> c

om

me

dan

s le

web

doc

PIB d

e l'O

NF

Can

adie

n

Com

men

taires

, par

tage

sur

les

rése

aux

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aux

Gro

s tr

avai

l gra

phiq

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ass

ez

char

mai

s qui

rest

e in

tuitif

Oui, c

e w

eb

docu

se

pré

sente

co

mm

e un

docu

men

taire

trad

itio

nnel

, org

anis

é au

tour

de

thèm

es

déc

linés

sel

on

des

per

sonnag

es,

des

par

cours

dan

s la

vill

e et

des

vues

à

360°

: un

trai

tem

ent

exhau

stif d

e ch

aque

suje

t

Un w

eb-d

oc

dont

le c

onte

nu e

st

très

bie

n

org

anis

é grâ

ce à

la

déf

initio

n d

e plu

sieu

rs t

hèm

es

auto

ur

des

quel

s to

ut

gra

vite

. La

va

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é d'o

utils

de

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tem

ent

éditorial

nous

per

met

d'a

bord

er la

réal

ité

sous

diffé

rents

angle

s

Non

Berl

in 1

98

9

sou

ven

irs

du

m

on

de d

'hie

r

ww

w.lem

onde.

fr

l'IN

A e

t la

Com

mis

sion

Euro

pée

nne

Les

souve

nirs

de

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hute

du

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de

Ber

lin

Court

es

inte

rvie

ws

vidéo

s

Dél

inéa

risé

: o

n

voya

ge

entr

e le

s té

moig

nag

es

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s et

la

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elin

e

Par

tém

oig

nag

es

(les

inte

rvie

ws

vidéo

s) o

u p

ar d

u

fact

uel

ave

c la

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elin

e

Bib

liogra

phie

+

chaq

ue

articl

e d'a

rchiv

e poin

te

vers

un a

rtic

le

du m

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"Rét

rosp

ective

"

Oui

Non

Com

men

taires

(21)

Gra

phis

me

sobre

m

ais

trav

aillé

. In

terf

ace

très

in

tuitiv

e qui

ajoute

du s

ens

au

web

docu

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taire

avec

les

vid

éos

qui ap

par

aiss

ent

en v

ol et

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fris

e ch

ronolo

giq

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Une

cert

aine

neu

tral

ité

: du

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oig

nag

e ou

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tuel

. O

n

ne

se p

erdpas

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s une

mas

se

dés

ord

onnée

d'in

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atio

ns

: un c

hoix

a é

hab

ilem

ent

fait

par

les

alis

ateu

rs

pour

illust

rer

chaq

ue

dat

e cl

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Un w

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docu

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taire

rich

e en

conte

nu

qui per

met

d'a

ppré

hen

der

le

jour

de

la c

hute

du m

ur

à

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ers

des

moig

nag

es t

rès

variés

+ u

n

conte

nu

his

torique

rich

e et

bie

n d

élim

ité

Non

Page 100: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

Tit

re

Pro

du

cteu

rs

et

dif

fuse

urs

Su

jet

Méd

ias

Pro

cess

us

narr

ati

fN

avig

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on

Co

mp

lém

en

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d'in

fos

Inte

ract

ivit

éA

pp

el à

con

trib

uti

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Fo

nct

ion

nalité

s co

mm

un

au

tair

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Tra

vail

gra

ph

iqu

e e

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no

re

Reg

ard

de

l'au

teu

rO

bse

rvati

on

s g

én

éra

les

Au

tre

sup

po

rt

de

dif

fusi

on

Afr

iqu

e :

50

an

s d

'in

dép

en

dan

ces

Product

eur

: w

ww

.art

e.tv

av

ec T

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Page 101: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

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taire

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rente

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qui

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r co

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cits

so

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ires

. Pr

inci

pe

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t des

his

toires

et

donc

la v

ie d

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sonnag

es

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par

H

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ires

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cits

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déo

s),

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ais

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tera

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sont

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ciés

à d

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ts q

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l'on

peu

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le t

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grâ

ce à

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elin

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ur

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e dis

po

en p

erm

anen

ce

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pré

senta

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per

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e princi

pal

etc

. +

des

réc

its

liés

y so

nt

asso

ciés

Tem

ps

réel

: d

e nouve

lles

vidéo

s so

nt

diffu

sées

guliè

rem

ent

Oui :

les

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rnau

tes

peu

vent

envo

yer

leurs

pro

pre

s té

moig

nag

es

sur

la c

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so

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s ou

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s et

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ibili

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his

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) +

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RSS

Inte

rfac

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llée,

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te e

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ionnel

le

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le

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t de

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et u

ne

anal

yse

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e de

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cue

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n p

ar

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canad

iens.

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de

la

docu

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tarist

e et

des

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gra

phes

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docu

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ter

et

mes

ure

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ndic

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ain d

e la

cr

ise

Un w

eb d

ocu

tr

ès r

iche

et t

rès

bie

n s

truct

ure

(u

ne

nav

igat

ion

très

souple

) :

une

vérita

ble

m

ine

d'in

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atio

ns

et

de

tém

oig

nag

es

sur

la c

rise

+

tous

les

outils

du

web

sont

explo

ités

d'u

ne

faço

n t

rès

just

e

Non

Page 102: Mémoire Professionnel : "Le web documentaire : une nouvelle forme d\'écriture documentaire ?"

URL des web documentaires étudiés

Afghan Diaries : http://www.bombayfc.com/AfghansiteUK/AfghanmainUK.html

Afrique, 50 ans d’indépendance : http://independances.tv5monde.com/

Berlin 1989, Souvenirs du monde d’hier :

http://www.lemonde.fr/europe/visuel/2009/11/05/berlin-1989-souvenirs-du-monde-d-

hier_1263388_3214.html

Brèves de trottoirs : http://www.brevesdetrottoirs.com/

Cali, La ciudad que no duerme :

http://www.elpais.com.co/reportaje360/ediciones/cali-ciudad-que-no-duerme/

Congo, Témoins du dedans :

http://www.lemonde.fr/international/visuel/2010/05/12/temoins-du-dedans-la-crise-au-

congo-racontee-par-les-congolais_1347272_3210.html

De Mao aux JO

http://archives.arte.tv/static/c1/chine2008/pekin_maojo/fr/arte_pekin.html

Gaza/Sderot, La vie malgré tout : http://gaza-sderot.arte.tv/

Havana/Miami, Les temps changent : http://havana-miami.arte.tv/

Homo Numericus :

http://www.sfrplayer.com/homonumericus/#/le-webdocumentaire-sur-la-revolution-

numerique-de-sfr-page-d-accueil

Intended Consequences :

http://www.mediastorm.com/publication/intended-consequences

Johannesburg, Un urbanisme sous pression :

http://reportage-video.geo.fr/afrique-du-sud-immobilier-johannesburg/

La Cité des mortes : http://www.lacitedesmortes.net/

Le Challenge : http://www.canalplus.fr/pid3400.html

Le Corps Incarcéré :

http://www.lemonde.fr/societe/visuel/2009/06/22/le-corps-incarcere_1209087_3224.html

Montréal en 12 lieux : http://www.mtl12.com/

PIB, L’indice humain de la crise économique canadienne : http://pib.onf.ca/intro

Portraits d’un nouveau monde : http://www.france5.fr/portraits-d-un-nouveau-monde/

Prison Valley : http://prisonvalley.arte.tv/

Thanatorama : http://www.thanatorama.com/

Voyage au bout du charbon :

http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/visuel/2008/11/17/voyage-au-bout-du-

charbon_1118477_3216.html