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MÉNAIJT ET (iIIKIIEN

D'AGTJERRE

iMénaut et Gratien d'Aguerre ne se seraient illustrésque par la défense de Nancy contre Charles le Témé-raire, que ce titre suffirait à lotir gloire. Mais ils se sontdistingués par bien d'autres exploits, ces hardis soldais,toujours pleins d'une indomptable énergie, toujoursavides de fatigues et de dangers. Leur nom nousa donc semblé mériter un souvenir; leur histoire faitd'ailleurs passer en revue, sous une forme plus res-treinte et pourtant non moins animée, tous les princi-paux faits contemporains auxquels ils ont pris une partsi considérable, et dont plusieurs ont une incontestablegrandeur.

Mais, à côté de leur nom et de leur famille, il est unautre nom et une autre famille, celle des Bidos de Saint-Vincent, dont l'histoire n'en peut être détachée; Uneunion constante et peut-être sans exemple a commeidentifié ces deux familles pendant près de deux siècls;plusieurs alliances ont rendu leur descendance com-mune, Mont que, depuis l'extinction de la branche mas-culine des d'Aguerre, ceux-ci n'ont plus d'autres desceR-

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-9-dants que les Bides de Saint-Vincent, à l'exception de

• ceux qui, par les Lorraine-Elbeuf, et après plusieurschangements de noms, les représentent avec beaucoupd'éclat à l'étranger. Aussi, partout où nous rencontre-rons les d'Aguerre, au Béarn, en Espagne, en Lorraine,en Provence, à Ttumigny et h Reims, partout nous retrou-verons avec eux les fils de Bides partageant leurs fati-gues et leurs périls. Et c'est môme une singularité assezrare et curieuse à observer que ces Béarnais, transplan-tés dans des pays étrangers et lointains, y conservantcette union particulière, souvenir des moeurs simples etpatriarcales de leurs montagnes, et cela en tous temps,en tous lieux, et malgré la succession des générations etdes individus.

Maintenant nou's avons à dire les causes qui amenè-iront ces soldats béarnais à s'attacher a •la Lorraine pours'y faire une nouvelle patrie si éloignée de leur proprepays.

En 1467, Jean, duc de Lorraine, entreprit une expédi-dition en Espagne pour faire valoir ses droits de succes-sion au trône d'Aragon. De son côté, le Béarn avait denombreux griefs contre le roi Jean II, alors en posses-sion de l'Aragon, car Jean Ii avait fait mourir le princede Viane, son propre fils du premier lit, et frère de lacomtesse de Béarn; il avait, de plus, enlevé à tous deuxla Navarre qui leur appartenait du chef de leur mère;aussi des troupes béarnaises se joignirent avec empres-sement à l'armée lorraine pour attaquer le roi Jean.

Les principaux chefs de ces Béarnais étaient les deuxfrères Ménaut et Gratien d'Aguerire; ils étaient du paysde Soule et des environs de Mauléon (Basses-Pyré-nées).

A eux se. joignit Joannot, des seigneurs .d'Agnos et

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de BiclosÇ il portait le nom de Bides du lieu de 511 nais-sance, de môme que son fils Joannot de Saint-Vincentprit ce nom du lieu de sa naissance et de leur Sei-gneurie.

Bides est situé à l'entrée de la charmante valléed'Aspe, à une clenil-lieuc d'Oloron et à six de Manléon(Basses-Pyrénée). Joqpnot avait les armes d'Oloron quin'ont point cessé d'être portées dans sa descendance, etqui sont « d'or à une vachede gueules, accollée etclar néede sable, au canton senestre d'azur chargéd'une croixpo-tencée d'or,écartclé d'or,à une cloche de gueules. ?Armessignificatives, car la vache de gueules désigne la ville duBéarn, comme la cloche et la croix la ville épiscopale.Mais les seigneurs d'Agnos n'avaient aucune prétention.sur Oloron, et ces armes viennent sans doute de ce que.Joannot conduisait sa bande sous la bannière de cetteville (1).

Revenons maintenant à l'expédition es Lorrains enEspagne, pour laquelle nous consulterons Ferreras etMarianu qui donnent des détails beaucoup plus précis etcirconstanciés que les récits très incomplets de la Citro-nique(te Lorraine et de DontCabinet. Ce dernier histo-rien s'appuie d'ailleurs beaucoup trop sur la chroniquescandaleuse dont l'auteur, aussi étranger à la Lorrainequ'à l'Espagne , commet souvent 4'ncroyables er-reurs.

Ferreras. - Mariana. - Coutumes de Sottie. - Archives desllassesPyréntes, B. 824, 876, 877. Becliçrches sur la noblessede Champagne en 1668-

i) Une branche ptiliiie des Saint-Vincent a, pendant longtemps,substitut à ces ai-nies celtes des Vaillant, par suite d'une allianceavec l'héritière du nom et des biens de cette famille.

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-4—

CHAPITRE .1.

Guerre d'Iispagnc.

146 à n;2.

L'armée lorraine, entrée en Espagne en 1467 punimarcher à la conquête de l'Aragon, y fit de rapidesprogrès et s'empara de la Catalogue et ( de Barce-lone, sa capitale. Dès le 12 janvier 1468, le duc Jeandélivrait à Barcelone des lettres portant donation àJean d'Anjou, de Conflans-en-Jarnisy, ville par la dé-fense de laquelle Gratien d'Aguerre allait bientôt s'il-lustrer.

Les Lorrains conquirent ensuite la plus grande partiede l'Aragon, et ils touchaient au but de leurs effortslorsque le cours de ces triomphes fut interrompu par lamort soudaine du duc Jean, arrivée le 13 décembre4470, à Barcelone. Ce fut Jean de Calabre, frère natu-rel du duc, qui commanda à sa place, mais il eut peude crédit sur l'armée lorraine, dont la plus grande par-tic revint en France en 1471. Les d'Aguerre furent deceux qui restèrent fidèles à Jean de Calabre qui, aban-donné par la plus grande partie des siens, se vit enlevertoutes ses places, à l'exception de la ville de Barcelone,dans laquelle il fut bientôt assiégé. Le 5 novembre 1471,Galeotto, l'un de ses capitaines, ayant fait une sortie, futmis en déroute, fait prisonnier, et avec lui fut pris l'é-tendard de la ville de Barchlonc; malgré ce revers,Jean de Calabre se défendit encore avec une rare con-

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stance pendant une année, et nu se rendit que le 17 oc-tobre 1472. Ainsi l'armée lorraine avait su se maintenirà Barcelone pendant l'espace de cinq années.

Le courage et les services des cI'Aguerre dans cettelongue et difficile expédition sont attestés par les lettrespatentes du due René il, en date du 10 avril 1477e Ayant regart aux gratis, notables et laborieux services• que notre trèsehèr et féal chevaillier messire Gratien• de Aguerre a fait à nostre... grant père le roy de ihé-u rusaleni et de Siciles, et à feu nostre... oncle le duc« Jehan, duc de Calabre et rie Lorraine, en leurs guerresu et emprinses de Cathelongne;... n Les lettres du 23 dé-cembre 1489 citent aussi u Les gratis, continuelz, labo-« rieulx , très aggréables et recommandables servicesu que ledit messire Gratien et les siens nous ont faitzu par cy—devant, tant en nostre pays de Cathelongne,

avecques et en la compagnie de rostre... oncle le duce Jehan de Calabre, et à nostre... grant père le roy de« Sicille... o D'autres lettres des 44 août 1477 et 18 mai1485 font aussi connaître que Ménaut avait, dans lecours de cette même campagne, avancé au duc Jean età soit Jean de Calabre une somme de sept milleécus d'or, qu'il ne parvint à se faire rembourser quebien des années après.

Ferreras. - Mariana. - Dont histoire de Lorraine,tome V, page 169. - Idem, Notice de la Lorraine, tome li,page 276. - Archives (le Lorraine.

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CIAPlTfiE Il.

G,,erre contre Charles le Tdmérairc - Siège de Cancans. -Premier siège de Nancy.

14:5.

Aprés cette ibb déàs&etd de l'expédition dEs-pagne, Méhaut vint en Lorraine eh 4473 aveu les siens.Il he s'y attacha pointais sevicb du duc Nicolas qui ré-gnait alors, mais à celui de la tade du duc, Yolande,comteS de Vaudémont, qui résidait à JoihVille avecÔh fils René 11. n Lui et ses gens sont Venus au 'service

(Tic nette très redôubtéc dMhd et rèré K au notre.Letftes patentes du l er mars 440.) Du reste, Ménautn'arrivait pas à Joinville étitièrement cii étranger, car,indépendàmment des seF-ièes 4uil Vehait de rendre auduc Jean, frère de la comtesse Yolàhde, ce1leci avaittout ré&eftnhent Perdu son Mari, qui avait fait avecMénaut la campagne d'Espagne, et l'un des principauxhôtes de Joinville, Jean de Brou, plus connu sous lehoinde Petit-Jean de ¶Caudémont, revenait aussi de cetteexpédition. Mais Ménaut lié que pax de moisà Joinville, et il en fut bientôt tiré par ut' événement quidonna un bien plus vaste essor aux services de lui etdes siens.

Le 27 juillet 3473, le duc de Lorraine, Nicola, étaitenlevé après trois jours de maladie, sans avoir été ma-rié. Le jeune comte de Vaudéinont, René il, lui succéda

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et alla s'établir à Nancy où se fixèrent également, commeattachés à son service, Ménaut et Gratien dÂguerre,ainsi que ceux qui les accompagnaient. Les premierstemps du règne de René furent tranquilles; aussi nefut-il guère question ni des braves compagnons béar-nais, ni de leurs services et bien moins encore du rem-boursement de l'argent qui leur était si légitimementdû. Mais, plus tard, de graves difficultés étant su rve

-nues avec le duc de Bourgogne, pour lequel 'nombrede seigneurs lorrains avaient pris parti, les dAguerre,trop oubliés jusqu'alors, revinrent enfin en mémoire. Le8 avril 1473, Ménaut fut nommé conseiller et cMmbcllandu duc, et, le P r mai suivant, Graciait était fait écuyerd'écurie. Le temps ne devait pas tarder ou les d'Aguerrejustifieraient amplement ces modestes faveurs. En effet,René ayant commencé, le mois suivant, les hostilitéscontre les Bourguignons, Graciait d'Aguerre, que nousappellerons désormais Grotiea pour nous conformer àl'orthographe lorraine, fut chargé de la défense de Con-flans, que vinrent bientôt assiéger le- comte de Campo-basse et le maréchal de Luxembourg avec une armée desix mille hommes munisd'artillerie.

Par un singulier hasard, la fortune mettait ainsi enprésence deux hommes qui s'étaient déjà vus et qui de-vaient se revoir encore plus d'une fois sur le champ dbataille, mais dont le caractère et la fortune étaient éga-lement dissemblables. Ces deux hommes étaient Gratiend'Aguerre et Nicolas de Montfort, connu sous le nom deCampobasso, qui tous deux avaient combattu en Es-pagne sous le même drapeau, dans l'armée lorraine.Campobasso, que René venait de récompenser riche-ment parle doit de Commercy, avait, un instant 'après,trahi lit Lorraine dont il s'était fait un (les plus dauge-

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8 -reux ennemis; pendant ce temps, Gratien, le simpleécuyer d'écurie, était resté fidèle comme il ne cessa ja-mais de l'être, et l'un des meilleurs soutiens de la causedes Lorrains.

Malgré la grande supériorité du nombi'e des aflié-gèauts, Campobasso ne put s'emparer de Conforts, et,craignant d'être lui-même attaqué, il leva le siège.• firacian Daguerre, lequel estait dedans, quand il se• veit assiéger, moult bien se sceut déffendre De nuictml et de jour faisdient leurs efforts pour la cuyder pren-o dre. » (Chronique de Lorraine, n o 125,)

Gratien, devenu ainsi libre par la retraite des assié-geants, alla à Pont-à-Mousson joindre l'armée du ducRené; il s'y retrouva avec soit Méhaut et, avec soncompatriote Joannot que nous appellerons, commel'histoire de Lorraine, Jeannot de Bidos. La Chroniquede Lorraine défigure ainsi leurs noms à cet endroitMenai de Guerre et Gracien soit Jennoy de I3idol.-. Peu après, René fut averti que le duc de Bourgogneaccourait avec de grandes forces contre lesquelles il nepourrait tenir; il résolut alors daller chercher du se-cours en Fiance et en Allemagne. En se retirant, il con-fia aux chefs de son armée la défense de ses places lesplus importantes. Gratien d'Aguerre fut placé au châ-teau de Préoy, et Jean de Calabre reçut le commande-ment de Nancy. Ce dernier, ayant pu mieux • que per-sonne apprécier en Espagne la bravoure et la fidélité deMénaut d'Aguerre, le prit avec lui dans Nancy, et, parune singulière fortune, les d'Aguerre dévalent ainsi figu-rer avec honneur aux trois sièges successifs de cette villedans le cours d'une année.

Le duc de Bourgogne arriva de Luxembourg en Lor-raine -ait commencement du moisde septembre, et s'em-

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—9—para rapidement (le toutes les places sur Son passage.Seul Gratien d'Aguerrc sut se maintenir'ï l'rény comme-il venait de le faire à C6nflans. o Tentost après, dit« Jehan Aubrion, ceuix de Ciercque s'accordèrent à luyu et toutes les altres chastel et bonnes villes de Lor-it réservé Prény, que ung appelé Gracia deii Guerre tenait et ne la voll point rendre. u.

Cependant il s'agissait pour le duc de- Bourgogned'une entreprise beaucoup plus importante, de s'em-parer de la capitale de la Lorraine.

Le siégc de la place commença le 20 octobre 1475; cefut cc jour-là que Campobasso, auquel le sort réservaitde se trouver toujours personnellement en lutte avec lescl'Aguerre, ses anciens compagnons d'armes, enleva lestroupeaux de la ville de Nancy, qu'on avait eu l'impru-dence de laisser paître sans défense dans la prairie deTomblaine; c'était là un très grand revers pour la gar-nison qui voyait ainsi disparaître les moyens de subsi-stance indispensables pour pouvoir prolonger la rési-stance. Néanmoins elle se défendit vaillamment; maisRené, sachant qu'elle manquait trop de vivres pour pou-voir-tenir longtemps,- écrivit aux assiégés de capituler, et,conformément à ses lettres qui arrivèrent le 25 no-vembre, la place se rendit- après cinq semaines de siège,obtenant toute sûreté pour les habitants, et pour la gar-nison l'autorisation de se retirer libre avec les honneursde la guerre. Le 27 novembre, Ménant sortit donc deNancy, ainsi que toute la garnison, et trois jours aprèsCampobasso y entrait solennellement à la suite du duc deBourgogne. Mais une année ne devait pas s'écouler avantque Ménaut, commandant cette fois en -personne, ne prîtpar une nouvelle et plus heureuse défense de -Nancycontre Charles le Téméraire et contre Campobasso une

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- ID -éclatante revanche. Du reste, les services de Ménautdurant ce siégé sont honorablement reconnus par leslettres patentes du duc René, du 16 février 1416, danslesquelles, en rappelant que Ménaut a été deux fois aunombre des assiégés dans la ville de Nancy, ce princeconstate qu'il s'y est chaque fois o si vaillamment et

courageusement porté que possible était à supporterà corps humain.

Archives (le Lorraine. Dom Calmet, histoire de Lorraine,I. V, p. 158, (78.319.— Chronique de Lorraine, r (255 137.- Journal de Jehan Aubrion, -bourgeois de PlcIz, p. 80.

CHAPITRE 111.

La Lorraine reconquise sur les Bourguignons.

47G.

Après laprisede Nancv, N énaut se rendit auprès du dueRené, alors absent de la Lorraine, et nous ne le voyonsreparaitre qu'avec ce prince lorsqu'il revint un an aprèsà la tête d'une armée; il en fut de même de Bides quiétait retenu par un service dans la maison du duc. Nousdevons, du reste, remarquer que Mènent d'Aguerre etBidôs restaient tous deux généralement attachés à lapersonne at à la maison du prince, tandis- que Gratiend'Aguerre, plus impétueux, aimait à se séparer pourcommander des troupes et à entreprendre des expédi-tiuffs -seul et pour son propre compte.

Toutefois, tomme la Lorraine se trouvait alors au pou-

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- •14voir des Bourguignons, et qu'on était réduit à une mac-tien forcée, Gratien se retira dans l'asile qûi avait été leprethie" éjout des d'Aguerre à leur arrivée dans noscontrée. Il se rendit auprès de la comtesse Yolande, auchâteau dede Jbinvillè, ôù se WùuVkieht énnis qde1quesuns des plus bravosLorrains qui sont cités par la Chro-nique de Lorraine, â Ains premier parlerons du bastttrcln de Valdeinont, de Graciatt dé Guerre, de i-lefiry etn Ferry, enfants de Tantouville, del'escuyer Gérard, de« Jehàft d'Aigremoht asy de Petit Jehan de Valde-

tout. e Gérard et tais ici par abréviation de Gérardd'Avillers; les enfants de Tantonville, ce sont les deuxLifiivil1e, et Petit Jeban de Valdemont n'est autre queJean de lirbu, appàlé aussi M. de Pierrefort. Notçns avecsoin lés lioslis de Ces sept braves guerriers, noms qui serCtFôuvCPont si ouvent et presque toujours ensembledàue l'histôii'e de cette guerre- Ces hoihmes, déterminéset entreprenants, attendaient avec impatience dans leurretraite de Joinville und occasion qui ne tarda pas à_se

présenter.Le 3 mars 4476, Cltai1es le Téméraire perdit la ba-

taille de Morat. Dès lors, les capitaines retirés à Juin-ville pensèrent que le moment était arrivé de reprendrel'oltensi\'e à eux seuls et malgré l'absehce du duc René.El 'etïet, dans ,la nuit du 13 au 44 avrils ils s'emparèrentdu thfteau de Vaudéinont par escalades au moyen d'uneintelligence avec le chàtelain, et mirent bientôt la mainsur plusieurs autres places. Gratien d'Aguerre devintcapitaine de Foug; de là, il se joignit à la garnison deFontenoy et harcela tellement Gûndreville, que lesBourguignons, 'qui l'occupaient ) furent forcés de l'abau-t] o n u er.

Ces premiers succès, suivis de plusieurs autres, firent

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-12 -comprendre aux chefs lorrains la nécessité d'agi r deconcert pour frapper un plus grand coup. En cotisé-

' quence, Gratien se réunit aux deux Yaudémont, ainsiqu'aux autres capitaines, et tous ensemble vinrent, le12 août, assiéger Bayon, qu'ils prirent par escalade. Lesurlendemain, ils allèrent mettre le siège devant Luné-ville, dont ils parvinrent à s'emparer au bout de quel-ques jours, malgré un assautresté infructueux. Dès lors,ils crurent que rien ne pourrait leur résister et s'en vin-rent à la fin du mois d'août, mettre le siégé dpvant laville de Nancy. La Chronique de Lorraine rélateainsi lesdispositions prises,par les assiégeants:

ci Dès Virlay jusque à Sainet-Jelian ont faiet un grando biez, dedans se sont lousgiés. Valthier de Panne à« Virlay son losgis estait; Mons r de Pierrefort on moulin« estait (Petit-Jean de Vaudémont). Mons' le hastard deu Vaudemont, Gracien [d'Aguerre], l'eseuyer Gérard,u les enfants de Tantonville et. ceulx d'Âigremont es-u taient tous entour de Sainet-Jeltan. »-

On voit que les sept de Joinville se retrouvaient en-cote là au complet comme clans les sièges précé-dents.

Depuis peu dejours cette entreprise était commencée,'lorsque Jean de Vaudéniont reçut des lettres de René quile forçaient de s'éloigner; k duc l'informait de son pro-jet d'aller lui-même s'emparer d'Épinal, et il lui donnaitl'ordre de prendre cent ou cent vingt de ses hommes lesmieux montés et de se rendre en toute hâte avec eux,pour le 8 septembre. en vue d'Épinal, afin d'y opérersajonction avec lui. Vaudémont s'empressa d'exécuter cesordres; il alla à la rencontre de René qui, de sou côté,arrisaitau rendez-vous avec une armée de trois à quatremille hommes. Ces forces étant trop supérieures pour

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que la garnison dfpinnl tentât de résister, la place serendit sans coup férir, et René y fit sou entrée.

Il mit son féable serviteur Ménault Daguerre liere bien ouadier ledit ehastel, .avecque luy y avait xxx

Gascons, tous gens de guerre et de bonne façon.(Chronique de Lorraine, n° 163.)

Peu dejours après la prise d'Épinal, le duc René ar-riva devant Nancy avec Jean de Vaudémont, et poussa sivigoureusement le siège que la ville fut forcée de se ren-dre le 5 octobre. Ce fut un grand bonheur pour les Lor-ràinsqlIe Nancy n'eût pas tenu quelques jours de plus;car, deux jours après le départ de ta garnison, le duc deBourgogne, qui arrivait en toute hftte avec une armée desecours, se présentait devant Toul. Eu apprenant laprise de Nancy, qui avait si malheureusement déjoué sescalculs, ce prince ne put retenir sa colère, cjura sainct,• Georges que devant que il fnst les Etoys, de toute Indue• chiéseigneuren serait, ]uyet ses gens li duc René hors• chasserait, ou tous mors ils demeureraient. » (Chro-

nique de Lorraine, n° 170.) Serment de funeste présage,et dont la dernière partie seulement devait se trouver,jour pour jour, si funestement réalisée par le propretrépas du dudeBourgogfle.

Chroniquc de Lrn'raiflc, n"' 143 à 170. — Histoire de Lorraine,t. Y, p. Su? i353.

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CHAPITRE IV

Le grand siège de Nancy.

'no

Après la prise de Nancy par les Lorrains, les deuxarmées passèrent quinze jours à se surveiller mutuelle-ment sans en venir aux mains. Mais, le 24 octobre, lesAllemands qui composaient une très grande partie del'armée lorrain s'étant mutinés, René fut forcé debattre en retraite ; il quitta donc Pont-à-Mousson àl'heure même où le duc de Bourgogne y entrait de soitôLé, et il alla coucher à Saint-Nicolas. En même temps,René commit Ménaut et Gratien d'Aguerre à la défensede Nancy; cette mission de veiller à la défense de la ca-pitale de la Lorraine contre un ennemi aussi formidableétait sans doute d'une extrême importance, mais elleétait en même temps entourée de difficultés prpsque in,surmontables, car la place manquait de vivres et de mu-nitions de guerre.

Leduc de Bourgogne commença aussitôt le siège deNancy, qui fut investi le 25 octobre. Dès les premierstemps, on éprouva une disette que l'armée et les habi-tantssiipportèrent avec courage; toutefois, la place nepouvait absolument tenir si elle n'était promptement se-courue par le duc de Lorraine, ainsi qu'il en avait donnéla promesse formelle en s'éloignant pour aller solliciterl'appui de ses alliés. -

En effet, quelques semaines après l'ouverture du

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siége, René, qui était allé à Zurich, reçut des Suissesl'assurance quon lui donnerait une dizaine de millehommes qui seraient entièrement prêts pour la lin dedécembre. Aussitôt, Syffred de Baschi, maître d'hôteldu duc, que l'Histoire de Lorraine appelle simplementChiffron, s'offrit Four aller porter aux assiégés cettebonne nouvelle. Arrivé à Vaudémont, il s'y abouchaavec les d'Aigremont (Choiseul), les Tantonville (Ligni-ville) et Gérard d'Aviller; tous conçurent alors le projetassei hardi de ne point se borner à faire tenir des trou,velles aux assiégés, mais de profiter de l'occasion pourravitailler la place en hommeshommes et en provisions; ils ré-solurent donc de se jeter dans Nancy, et de chargerlcùr bande de poudre et de viandes salées. Arrivés àClairlieu, ils y attendirent la nuit; à l'heure de minuit,ils se glissèrent par derrière Laxou, parvinrent au som-met de la côte de Toul, et y firent une halte pour obser-'ver les lieux. N'ayant aperçu personne de garde, ils re-commandèrent leur âme à Dieu, et, l'épée 'n l'amarchèrent sur les murs de la place. Arrivés aux fos-sés, ils s'y élancent en criant Lorraine I Ce bruit donnel'alarme des deux côtés ceux de Nancy allument destorches, et les Bourguignons sejettentdans les fossés pourarrêter le convoi. Cette tentative ne réussit qu'ep partie,car le gros de la bande fut forcé de battre en retraite etde retourner en toute iàte à Vaiidémont; les chefs seulsqui étaient en avant purent pénétrer, à l'exception tou-tefois de Baschi. Ceux de Nancy accueillirent ces nou-veaux arrivés avec une grande joie et se félicitèrent del'assurance d'être bientôt secourus.

Cependant, Syffred de Baschi, n'ayant pu franchirune tranchée, avait été fait prisonnier. «le bon maistre« d'hostel, Chittron à duc .deBourgoigne fut mené, tous

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- 16 -« les seigneurs après de lui estaient. Quand il1e veit, jura«sainct Georges que incbntinent pendu serait. u (C/zro-ftique (le. Lorraine, n° 183.) Toute la noblesse insistaitPo ur obtenir la grâce etc Sylîred, u le comte de Nassol,« le comte de Siinay (Chimay), Ni. de Bièvre (Jean de« Rubempré), le grand Fastard (le propre frèi'e du duc),

tous prièrent pour lui.,) Mais le duc. résistait à. tousavec colère, et cette scène nocturne avait sa sauvage etfarouche grandeur. Cependant le comte de Campobasso,qui avait servi dans l'armée lorraine avec Baschi, in-sistait plus que tout autre, remontrant au duc les repré-sailles que ces actes de violence pourraient attirer sur sespropres serviteurs. « Le duc, quand il veit que le comte« assy fièrement parlait, le duc airmé estait, etïses mains((ses gantelets avait, !laussy la main, à comte donna unu revers; le comte plus ne dit mot, ne tous les altres«assy. Li duc le délivra k dict pr'vost. - Va faire ton« debvoir. o (Chronique, n' 183.) Incontinent Syffred futconduit au supplice, ait où est maintenant l'égliseSaint-Nicolas. (r Ledit Prévost SUS labre le feit monter;«en disant son In manns mas, etc., en bas fut rué, le(r paure homme morut Dieu iuy veuille pardonner. u(Chronique, n° (83.) La nuit n'était donc point encoreP assée que déjà Syffred avait cessé de vivre. Au pointdu jour, Gérard d'Àvilletetles Tantonville s'abouchèrentavec les Bourguignons pour recommander que le pri-sonnier fût traité avec humanité. Ayant appris, en ré-pense, sa mort funeste, ils demandèrent sen corps quileur fut délivré. Le grand bâtard le fit mettre dans undrap de soie et porter à ceux de Nancy par quatre gen-tilshommes. Toute l'armie et toute la population sui-virent son corps, et on l'enterrÉ u.vec la plus grandepompe à Saint-Georges, auprès du grand autel.

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- 17 -Tel fui ce célèbre acte de, violence de Charles le Té

niérairè, acte dont les conséquences furent fatàles; car,outre ]es représailles beaucoup trop sanglantes que Ilenéen fit tirer sur-le-champ, le silence de Campobasso,après l'outrage qu'il avait rçu du duc pouvait laisserà penser de la part de cet Italien qui savait attendre et.choisir-son moment Eu éffet, la fotune allait bientAflsolder tous ces cômptes de sang. Carnpobaso sut seprocurer une insigne vengeance à la bataille de Naùcyet deux mois ne devaient pas se passer avant queCharles le Téméraire allât, Lui aussi, reposer sous lesdalles de Saint-Gborges, auprès dii bon maistrc dVtostclChiffron. Et, par un singulier hasard, Ménaut d'Âguorre,qui venait d'ordonnr lit pompe solennelle de Syfîred,devait être celui que, par 'ino commission spéciale,

René choisit pour présides' aux funérdilles de Charles(5 le Téméraire. » (Lepagé, Commentaires sur la Chro-nique de Lorraine, P. 90) Il lui fut ainsi donné de réu-nir ces deux ennemis au pied du même autel et dans lapaix dii mêffie tômbeau.

Au milieu du deuil de la nioFtde Chiffron, GratiendAguerre et Petit-Jean de Vaudéihont, qui était aussirenferihé dans Nancy, avaient pourtant à se réjouir d'avoir vu pénétrer dans la place les Lignivilfe, les d'Aigre-mont et Gérard d'Aviller, 'chi' ainsi se trouvaient, saufun Seul, réunis dans ce moment critique les Sept se-gneurs qui, partis de Joinville trois mois aupardvant,avaient commencé à reconquérir lô. Lorraine. QuWnt àJe&n de ,\audéjnoLt qui manquait à cette téslniOfl dechefs éprouvés et si habitués à se retrouver ensemble àla pcine 5 'il n'était point resté iudifféreht aux embarrasdesztssiégés, et avait su leur donner de ses nouvelles. ilcommandait à Gondreville, et, le jour tIC la Toussaint, il

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- 18 -était parvenu à se glisser secrètement, à la tâte de troiscents soldats, par la forât de Haie, auprès de Laxou;avec cette poignée d'homme, il se jeta la nuit sur les as-siégeants qui occupaient Laxou, et cette surprise euttout le succès qu'on pouvait en espérer avec le peu desoldats dont Vaudé,nont disposait.

Cependant les privations extrêmes des assiégés aug-mentaient chaque jour, ef, le secours impatiemment at-tendu n'arrivait pas. Pied-de-Fer, qui était sorti deNancy pour aller chercher et.rapporter des nouvelles deRené, n'osa pas à son retour rentrer dans la place, ets'arrêta à Rosières. Il fallait donc trouver un homme decoeur qui voulfit bien se hasarder à entreprendre avecplus de succès cette périlleuse mission. ((Les capitainese Ména et Gratien et tous les altres cherchaient par en« Li-cuver ung. Un nommé Thierry, drapier que de Mi-« recourt estait, lequel diet Messeigneurs; à l'ayde dee Bleu, se vous voliez, je iray et dedans huit jours, à« plus Lard, je vous jure que céans retorneray. » (Chro-nique, n° 488.) Thierry remplit sa mission avec autantde courage que d'habileté, et il rentra à Nancy, annon-çant qu'il avait vu plus de dix mille Suisses rassemblésauprès de René qui, dans huit jours, viendrait les se-courir. Toutefois, la disette, qui était extrême, n'étaitportant pas le seul mal dont les assiégés eurent à souf-frir, car le manque de poudre était tel que l'artillerie nepouvait plus faire aucun service. On éprouva pourtantune légère amélioration à cet égard. o Messire Michelo Clory, que gouverneur de l'ai'tyllerie estait, dict à tous« les capitaines Ména et Gratien que encore deux tonnes

de poJldre avait, lesquelles coiehiez les avait du Lumpo des Bourguignons; nuls ne les scavaient, fors que lui.,)(Chronique, n° 189.) Pierre le Bombardier fit, mener une

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- Ii) -pièce à ]a porte La CrarTe et tira avec un grand succèssur l'ennemi.

Peu de jours après, le duc de Bourgogne reçut à soncamp la visite d'un souverain. Son cousin germain, Ai-plions; roi de Portugal, se trouvant en France, voulutfaire une tentative pour amener la paix entre la Franceet les Bourguignons. il 'se rendit d'abord à Toul, etCharles le Téméraire alla au-devant de lui jusqu'auprèsde cette ville. Le roi de Portugal arriva devant Nancyle 29 décembre, et alla loger 'n trois lieues de cette ville,au château d'Amance. Mais, ses efforts ait de lapaix ayant été inutiles, il repartit deux jours après.

A Nancy, la famine augmentait chaque jour, on étaitrarrivé à la dernière extrémité. Le terme de Noël, an-noncé plusieurs fois comme celui de la venue de l'arméede secours, était passé depuis dix jours; l'anxiété étaitdes plus grande, et la situation désespérée. Mnigré cetétat de désolation et d'épuisement, les assiégés firent ledimanche 5janvier, longtemps avant le jour, une sortiequi ne fut pas sans quelque utilité, suivant le témoignagedu duc René lui-même; en parlant du duc de Bour-gogne, il dit u Mais là, Dieu merci, il eut cieux empê-

chements, l'un que ceux de la ville, qui ne pensaientpoint que je fusse si près d'eux, saillirent par une pu-terne, et, du cètélà, ils brûlèrent toutes les tentes et

« tuèrent ce qu'ils trouvèrent, puis se retirèrent dans laville. o Leur retour eut lieu 'n sept heures du matin.

• Les assiégés étaient à peine rentrés dans la ville, lors-qu'un soldat bourguignon se jeta dans le fossé, près

• du palais, en criant Vive Lorraine jour Dieu, sau-• vcz-moi lit car des nouvelles vous apporte. On le• conduisit devant les capitaines Ménaut et Gratien• d'Aguerre, auxquels il raconta en détail tout cc qui

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- 20« Vèilait de se paer. On ahnonça aux habitants l'at-u rivée des secours. » (Digot p. 339.)

Le sort des •assiégés allait ainsi être bientôt décidépar lu bataille; O!', voici côînméht se passa Cc grand Ôtmtho.ablc événement.

Chronique de Lorraine, p. 239 a 290.Dom Colmèt, p. 351,379. - Digot, Ilifloire de brraine, t. LII. -

CHAPITRE V.

La bataille dc Nancy.

5jatnier 14fl.

René étant enfi n arrivé à Saint-Nicolas, le dcu ar-mées .se préparèrent pour la bataille dès le matin du5 janvier 1477. Pendant ce mouvement. Campobassoavait déserté avec les siens pour passer à l'enneaii, etil se retrouvait pur la seconde fois au service do laLorraine.

L'armée du duc de Bourgogne était ainsi disposéeelle avait devant elle sou artillerie, en arrière le luis-seau de Jarville, à a gauche -cite s'appuyait sur laMeurthe, et à a ditite -sur le bois de Sanlrupt. Charlesle Téméraire était placé au Centre, le bailli de Flandre àl'aile droite, et Caléotto h la gauche, le même Galéottoqui avait combattu pour tes Lorrains à Barcelonue. L'a,-

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rière-garde était commandée par le grand Mitard An-Laine de Bourgogne.

Lamée de René commença l'attaque en tournant, àla faveur d'un bois, la droite de l'ennemi dont elle dé-passa le corps d'armée, rendant l'artillerie des Bourgui-gnons sans effet, puis elle tomba à l'improviste sur Par-rière-garde; celle-ci ayant été surprise et culbutée, sadéroute arbena celle de toute l'armée de Charles le Té-méraire.

La, garnison de Nancy ne crut pas devoir rester inac-tive. « Ména Daguerre et Gratien son, frère et tous les• ultras en airines estaient, saillirent dehors tous cm-• bastonnés, frappaient et chargeaient sus ceulx que• demeuré avaient... e (Chronique, n° 203.)

Le duc de Bourgogne e trouva, enveloppé de touscôtés; sn artillerie, qui avait été tournée, ne put tirerqu'un seul coup qui tua deux hommes. Cependant, etbien que dès le début la situation semblât désespérée,les Bourguignons se défendirent longtemps et vaillam-ment; la bataille paraît en effet avoir duré six heures,puisque Je duc René, qui poursuivit aussitôt les fuyards,ne franchit le pont de Bouxières qu'à cinq heures dusoir.

Charles le Téméraire bttit en retraite accompagné deson frère Antoine, et arriva près de l'étang Saint-Jean,entouré par l'élite de la noblesse; là, plus do cinq centsdes siens se firent tuer auprès de lui pour le défendre;mais à la fin son cheval s'étant embourbé dans la vase,il fut frappé de plusieurs coups de lance et tué par Claudede Beauinoht à l'endroit où se voit encore la croix érigéeeh mémoire de ce funèbre événement. « Quand la no-e blesse veient que leur seigneur mort estait, tu le« habandonnirentles uns s'enfuyaient de çà et de

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- 22Q là, le grand hastard Anthoine print la fuycte verso Laixon. n

Après la mort dit duc, le grand bâtard Antoine de -Bourgogne se trouvait l'homme, le plus considérable detoute l'année, et c'était à lui h en rallier les débris, s'ilétait encore possible. Jeaunot de Bidos, qui combattaitavec distinction dais l'armée lorraine , s'élança à la.poursuite de cc personnage important et le fit prison-nier. « Quand il vient à la chenevière de .leannot le« Gascoii, il fut pi'ins. » (Chronique de Lorraine, ut 203.)Jeânnot s'empara aussi d'un des principaux seigneursbourguignons, Philippe de Ndufcbastel. Hènri de Neuf-chostel, seigneur de Chastel, fut fait également prison-nier. Ils étaient l'un fils, l'autre neveu du maréchal deBourgdgne; ta Chronique de Lorraine appelle le premierM. de Fontenoy, et le second M. d'Arricourt, seigneurde Chastel. Tous deux furent conduits au château deFdug, et le grand bâtard Antoine de Bourgogne futmené à Pulligny. La prise si importante quo Bidos ve-nait de faire semblait être pour lui un événement desplus heureux, et pourtant nous verrons bientôt combiend'ennuis et de traverses il en résulta non-seulement pourlui, mais encore pour le duc de Lorraine.

Par suite de cette victoire signalée, René reprit enfinpossession de sa capitale, mais il la trouva bien dévastée.o Les murailles étaient battues et cômme arrosées paro force de l'artillerie. n (Lettres patentes du 44 février4476.) 1111e put se loger dans soit car on en avaitété réduit à brûler une partie des matériaux pour cru-pécher la garnison de mourir de froid. Pourtant il fitsoit « sous le plus bel arc-de-triomphe où prince -

eût jamais passé sous un arceau composé des os de« tous les animaux immondes dont avaient mieux

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23 - . -.o aimé se nourrir les habitants de Nancy, que de ne.

pas pousser jusqu'au bout leur sublime défense. n(Dumast, Nancy. histoire, etc., p. 9.)

Les d'Aguerre avaient ainsi rendu un service signaléà la Lorraine en sauvegardant Nancy. Ils surent, mal-gré la famine et l'entier épuisement des munitions deguerre, prolonger, assez pour que René pût arriver àtemps, cette résistance héroïque, juste sujet d'une gloireimpérissable pour leur nain.

Chronique de Lorraine, n" 196 â 209. - Dom Calmet, Fus-toire de Lorraine, t. V, p. 386.

CHAPITRE VT.

Ioni pe funèbre de Charles te Téunraire.

117;.

Le corps du due de Bourgogne ne put être retrouvé etreconnu parmi tous les morts que le lendemain de la bu-taille. Nous avons dit qn'aucommencement du siége de'Nancy Charles le Téméraire « jura saint Georges queo devant que il fust les Ttoys de toute la duchié seigneuro eu serait... ou tous morts ils demoureraient. o (Chro-nique, n° no.) Et le lundi, jour des Rois, lendemain dela bataille de Nancy, la porte de Saint-Nicolas, qui con-(luisait àla collégiale de Saint-Georges, s'ouvrait de non-

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-24—veau comme elle s'était ouverte six semaines auparavantpour le corps du bon maître d'hôtel Chïffron, et donnaitpassage à un aussi lamentable convoi.

Quatre gentilshommes se présentaient encore portantdans de riches draperies un corps inanimé; mais, cettefois, c'était celui du dernier due de Bourgogne, et dansce drap funèbre gisaient avec lui le nom, la fortune etles destinées dune vaste et puissante souveraineté. Cettejournée était doublement douloureuse pour Ménaùt «A-guerre au milieu de son triomphe. Il était chargé par leprince de-présider aux funérailles du brave soldat, dusouverain malheureux contre lequel il avait souventcombattu avec des fortunes diverses; et, au même no-ment, il revoyait dans l'armée lorraine le comte deCampobasso par lequel il avait été assiégé deux foisdans Nancy, Campobasso qui avait comme lui combattuen Espagne sous le drapeau lorrain, et qui, après avoirtrahi la Lorraine pour la Bourgogne, et ensuite la Bour-gogne pour la Lorraine, venait d'être ce jour même ré-tabli par René dans sa seigneurie de Commercy.

Cependant, bien que le 'corps du duo de Bourgogneeût été reconnu par un de ses pages, on jugea prudentde ne pas procéder à son inhumation avant que cettereconnaissance n'eût été confirmée par ceux des prison-niers que leur rang rendait les plus familiers avec leprince. René manda donc aussitôt leA deux Neufchatels,et par suite Bidos alla chercher et amena Philippe deNeufchastel, son prisonnier. Le dueRené e en la cham-tc entra le premier. La teste desfula (découvrit);e Quand lesdits seigneurs le veirent, à genouils se mi-e rent. Hélas! vecy nostre bon maistre et seigneur. »(Chronique de lorraine, n° 210.) Le grand bâtard, aussiamené, reconnut pareillement son frère; tous les doutes

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- 2.5 -étant ainsi dispersés, on s'occupa de procéder à la pompefunèbre.

Le dimanche 12 janvier, le corps de cet infortunéprince entrait dans l'église. Saint- fleorges, porté barquatre coffites et six autres seigneurs. Le coi'tége étaittriste et solennel entre tous, car, lorsquetbus les lion-rieurs curent été déposés sur le corps dans la tombe, onne vit pas cette fois les grands officiers venir faire leurdebvoir selon l'usage, descendre dans la fosse, on rap-porter Pépée et la grande enseigne, et en. l'agitant crierpar trois fois Vive le duc. En effet, avec ce princeavaient périson nom, sa race et sa souveraineté; aveclui la Bourgogne était ensevelie dans cette tombe, etla pierre funèbre se réformait pour toujours sur tousdeux. -

Dom Calmer, Histoire de Lorraine, 1. V, P. 384 e 386. -Chronique de Lorraine, n' 209, 210. - Bulletin; de ta Sociétéd'archéologie, Nanay, 1851, P. 182, 183.-

CHAPITRE VII.

Guerre du Luxembourg.

14vre h

ll.ené s'occupa, le même jour 16 février 1471, de ré-gler le sort de ses deux fidèles serviteurs Bidos et Mé-naut dAguerre, qui, conime de coutume, étaient restés

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- 26 -près du prince, tandis que Gratien était allé au loin re-commencer la guerre. Le prince accorda à Bides quiavait consenti à lui remettre ses deux prisonniers, An-tome de Bourgogne et Philippe de Neurchastel, non pasdix mille écus pour l'un cieux seulement comme le dit-Dom Calmet, mais cinq cents livres de rente sur les sa-lines pour la remise de tous les deux; «à laquelle a esté

prins, disent les lettres patentes de René du 16 té-(t vrier 1476 (4477), messire Anthoine, bastartde Bour-o gongne, par rostre ti-éschier et bien orné pennetier,

Jaunet l'auhellestrier, lequel depuis, à nostre re-n queste, à iceluy messire A uthoine quiété de sa foyci et le rendu .et délivré en nos mains.., et aussi queo semblablement il nous a mis entre mains messireo Phellipe du Nuefchastel. » Bientôt après, Louis XIpressa avec insistance le duc René de lui remettre An-tome (le Bourgogne qu'il redoutait beaucoup,Mt le ducde Lorraine, après de grandes hésitations, n'osa refu-ser; il conduisit lui-même Antoine à 4rras, après avoirstipulé les assurances les plus tonnelles pour la sécuritédu prisonnier qui, du reste, fut traité avec beaucoupde faveur à la cour de Fiance. Nous verrons bientôt lasuite de cette affaire et nous raconterons les persécutionsdont elle fut l'origine pour Bides.

L'année suivante, René fit encore don à Jeannot (leBidos des maison, place, terre et seigneurie de Rémi-court, près de Nancy. Les lettres patentes délivrées àcette occasion, le 8avril 4478, font une mention encoreplus formelle des services de Judos, « en considération« des gians, fructueux et aggréables services que nostreo très cher et féal Johannot de Bidon, rostre pannetier,o- nous a par cy devant faiz, résident continuellemento en nostre sei-vice, Inesmes au recouvrement de nostre

D

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- 27 -« duché, où il s'est vaillamment employé et exposé sao personne en plusieurs grans périlz et dangiers, sans

nous habandonner.Peu après, Bidos obtint une charge qui témoigne de

la confiance que le prince avait en lui; il Lut nommé ca-pitaine des cranequiniers ou arbalétriers à cheval de lugarde. Nous avons vu qu'il était pannetier de Lorraine,charge qu'il conserva pendant plus de trente ans, carson épitaphe lui donne encore le titre de pa7vnetier du

i de Sicile.Ainsi que nousl'avans dit, le même jour 16février, René

fit une autre disposition en faveur de Ménaut d'Aguerre,et lui concéda des biens qui avaient fait retour au do-maine. Ménaut était à cette époque conseiller, chambel-lan du duc et capitaine d'Épinal; il commandait, en ou-tic, une compagnie d'hommes d'armes au service duduc de Lorraine.

Quant àGratien d'Aguerre, incapable de rester mac-tif, il s'était, aussitôt après la bataille de Nancy, offertpour tiller au pays de Luxembourg tenter des conquêtessur les Bourguignons. René convoqua les États, à Épi-na], pour délibérer sur la continuation de la guerre; lesÉtats s'y opposèrent formellement et le prince parut seranger à leur avis. Mais Gratien insista vivement, et,ayant fini par l'emporter, il partit sur-le-champ pour leLuxembourg avec le titre de lieutenant général duprince et de capitaine géôéral. Il parvint rapidement às'emparer de Louppy, de Chauvency, ainsi que •desvilles de Virton et de Uamvillers. René engagea à Gra-tien Louppy et Virton et toute sa prévôté, pour l'indem-niser des dépenses faites tant pour la irise de ces placesque pour l'entretien des fortifications. IL lui donna,en outre, la seigneurie de Chauvency et celle de la ville

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-28— -de Pamviliers. Dans Les lettres patentes de cette conces-sion, en date du 10 avril 1417, le duc rappelle de lamanière la plus honorable pour Gratien les services qu'ilavait rendus en Espagne et en Lorraine ( Ayant regarto aux grans, notables et laborieux services que nostre« très chr et féal ohevaillier messire Gracieù de« Aguerrea fait il grant père le roide Jh&usalem

et de Siciles, et à feu oestre oncle le ducJchan, duc de« Calabre et de Lorraine, en louis guerres et emprinses

de Catlielongne; lequel depuis en habandounant eto délaissant les propres pays et lieux de sa nativité, s'en

est venu par deça pour continuer envers nous sa« bomlle ioyaulté, incontinent après no.stre réception ào çestui nostre duché, oùils'a emplci6 songneusement,« honorablement et vaillamment, faut à la eonduicte deo noz gens d'armes en noz guerres et affaires qu'avons« eu à l'encontre de feu nostre oncle, Charles, duc deo Bourgogne, - comme à la .déftence de nostre.vilTe (leo Nancy, en laquelle il, avecques autres de nos bonso serviteurs, a esté assiégépar nostredit oncle et tenuo ledit siège en grande extrémité, tant en déffanit de

vivres comme de haterie des murailles de nostrediteo ville, jusques à ce qu, à I 'ayde de Dieu, de Nostre-

Dame et do monsieur sainct Nieolas, nous avons, à« puissance d'armes, levé ledit siège. o

Après la prise •de ces difDrentes places, Gratien allaits'occuper du siège de Montmédy et il rassemblàit desprovisions pour cet objet, lorsqu'une trêve avec lesImpériaux, suivie hientè d ' un traité de paix, assuraà la Lorraine les conquêtes qu'il venait de faire, etmit fin aux hostilités. il se trouvait ainsi jouir d'un re-pos de quelques mois, chose assez rare dans son exis-tence, et il le mit à profit pour songer à un établisse-

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-ment. Il épousa Maclelaine de Castres, fille de Nicolas deCastres et de Madelaine, (lame de Vienne-le-Chatel.René lui temoigna en cette circonstance II toute sonaffection en faisant célébrer au palais ducal même sesnoces avec Madelaine de Castres, et en donnant à cetteoccasion des joûtes et des tournois. »

Madelaine de Castres avait pour aïeul maternel Henryde Vienne, fils de Bertrand et petit-fils de Ilugues deVienne, qui vivait vers 4350. Hugues de Vienne eut poursecond fils Jean de Vienne, seigneur de Pont-Saint-Vin-cent, près Nancy, dont le fils NicnlM et le Petit-filsJean IJ furent aussi seigneuPS de Pont -Saint-' Vincent; ce dernier, bien qu'il possédOEt; cette séigrteflrielorraine, fut tué dans l'armée du duc de Boùrgognà, etPont-Saint-Vincent, dont nous aurons à reparler, fit re-tour au domaine ducal. Ce mariage dormait ainsi à Gra-tien des prétentions sur les terres considérables •eVienne-le'Chatel et de Pont_Saint-Vincent, p1'étcnti4ndont nous vetrons plus tard les résultats.

Archives de Lorraine. - Dom (iIniét, IliSioirt dé Lôrrâifne.t. V, p. 442, 390. - Journal de la Société d'archéologie, Nancy1863, P. 233.— Digol, Hislo,e de Lorraine, I. III, P. 364, 369.

L0.1l 'ise

'Gtww?enIaires LUI (ni chronique de trVaine j) 85V—

Manuscrits de ta Ribliothègne i,npt1riale. - Recherches sur la no-blesse dè Chahpagne en 1668, au mot Vienne.

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CHAPITRE VIII.

Guerre de Gratien d'Agucrre contre la '111e (le Metz. - Voyage deMz,aut en Provence et en italje.

à 1480

Gratien avait fixé sa résidence et celle de ses troupesdans la ville de Damvillers, où il se trouvaità même desurveiller ses seigneuries de Damvillers et de Chauvency,ainsi que ses domaines de Virton et de Louppy Ce sé-jour lui donnait avec la ville de Metz, dont le commerces'étendait beaucoup dans le Luxembourg, fies rapportssouvent délicats, par suite des plaintes dont l'occasionse présentait fréquemment entre voisins dans ces tempsde désordre. Dans une affaire de cette nature, Gratien'adressa, le 20 octobre 4478, aux magistrats de la ville deMetz, une lettre qui a quelque inkr&, parce qu'elle estla seule qu'on possède de Gratien. Elle commence parces mots ' e Trés honorés seigneurs et bons amis, jet' me recommande k vous tout ce que je puis n ellefinit ainsi o Et au surplus s'il est chose que pouro vous puisse volontiers et en mon petit pooir le ferai;

c'en Écot Dieu notre Seigneur qui vous ait en sa sainte« garde. Ecrit au Chastel de Damvillers le 20 e jour d'oc-« tobre 1478. Gracizin Daguerre, seigneur de Damvillerso et. lieutenant et capitaine général pour mon très re-

douté seigneur Monseigneur le duc de Lorraine es« marches par dessa. Tout votre...o Contresigné Guil-laume Drouare, avec paraphe.

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Peu après, il survint un plus grave sujet de querelle.'l)es soldats de Gratien s'étaient emparés du château dePontoy. Ils étaient douze compagnons de guerre, selon lachronique en vers des Messins; neuf, selon les lettresd'instruction données par la cité à ses ambassadeurs prèsde Louis XI. Les Messins envoyèrent contre ces soldatsune troupe nombreuse qui, après un premier assautresté infructueux, fut plus heureuse au second, tua deuxdes assiégés, et fit prisonniers les autres qui furent aille-liés <

il Metz et mis h mort.

La cité leur manda brièvementQu'ils vuydassent paisiblementIls répondirent au sergentVous n'êtes pas assez de gens.

Les seigneurs prindrent une bandeDe gentils galants belle et grande,Très tous jeunes gables de prix,Furent ail deuxième assaut prias.

Deux furent tués en la place,Et les aultres amenés à MctzSi mal s'avaient deffendus,Que tous dix cii Curent pendus.

(Chronique de M noble cité de aietz.)

Une patience beaucoup plus -raiid,e que celle de Gra-tien eût été cette fois mise ùl'épreuve; aussi il n'hésitapoint à déclarer la guerre à la ville de Metz, dont lapuissance ôtait cependant formidable. Il lui envoya seslettres de défi le 21 mars 1479, et commença aussitôtles hostilités et' allant, à la tête de sept à huit cents liom-mes, attaquer le vol de Metz. Pour se venger de ces en-treprises, les Messins dirigèrent contre lui deux expédi-tions dans lesquelles ils n'eurent aucun succès. Leur ré-cit n'en peut paraître suspectd'exagéatiOn en faveur deGratien, car elles ne nous sont connues que par les écri-

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vains de l'opulente cité, Gratien et ses hommes d'amies,qui étaient très peu clercs, n';Lyànt pas cd d'historien.

Voici comment le journal de Jehati. Au btion, bourgeoisde Metz, rkeorite ht premièk dé ces entreprises conduitephr Philippe de Raigecôut et Michiel le Gomijais, h iatête de deux mille piétons et deux dent quarante che-vaux ci Rem i le preIier.jodr de niay i vint le rncssai-e gir (dé) Gratial de Guerre en la Cité, apoiteit lèctres« aux e; et demandait respozice, et on le fit hostiller ene l'estel d'un appelez Jehan ilusson, in la rué dé la-« Haie. Et, le lendemain, Jehan Dcx, qui estait clerc des• septz de la guet-té, par l'ordonnance de ses 'naistres,• Comme il disait, s'en nuit vers le dit niessagier en l'os-• tel du dit Jehan flusôn et iiâiait tout dé que le dito messaigiés avait despendu g avec iiij compuignons« qui estoient aVêc lui dé sa Ùnnihnee, et donnaitci audit messaigiés bu florin an chat. Et luy dit qu'il s'enu retournait vers son maigre, et qu'il n'averoit point de(C responce par eseript niais qu'il ly dit de bouche qu'ilci faisint bonne guerre i la Cité, et qu'il y vienit bienci tost veoir i 011 senon, Dus l'y-ait bien test venir luyCC niesmes. Et tantost le mereredy après, on mist gens

hisgarnbld bien environ ijr et n ehevalM bien aitc peint, tant des sodiours comme des vhrlets dostel, etu hicé ij milles k pied2. tant de la Cité ednifne du Vault,

et la cofldhite du SI Michel le Gérnais et du srPhilippaci il ambeduit tous deux chevaliers, et qui(C etoient septs de la guerre. Et 'en allont sur1h huit.

et emmenant aveê eux xviij don cbn.i'giés d'artillerie,u d'e*ùelle, de planches, de . pain, (le viii. et. davoinno;« ét Wen allAnt de bonne tire jusqiies à Billay. Et i]hico kéjoui'nbnt, et

eÔVeiont ung qr aipellé le Bort, du Lu-rbeihboïii-g et les gens le conte de Biche, qui alors es

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« toient, aux gaigesde la cité; et les envoient jusques« devant Damvillers pour veoir par quelle manière consu y macterait le siège. Et quand ilz vinrent tous devantil la porte de Damviller, ils trouvent ung des serviteursu du dit Graeian qui sen allait à provision, à tout ung(t mullet, pour ledit Graèial, et -le prinreni, et Femme-« nont à Iiilley, de coste nos s' et nos gens l'interro-u guairent du fait de Gratia; lequel leur dit que le dit(t Gratia estoit fort sur sa garde et qu'il savait bien leurs(t venue. Et leurs dit tel chose que nos sr trouvont(t en conseille avec leurs gens de retorner pour cellqu fois; et s'en revindrent, graee à Dieu! sain et sauifz,« et ramenont y ceiuy compaignon et le mulet, et en-il core U aultres compaignons qu'ils prieront au elle-

Min. t)

Cette première attaque ayant eu un succès assez mé-diocre, puisqu'elle s'était bornée à la prise d'un mulet etde sort que leur mauvaise fortune avait missur le chemin de cette armée, les Messins saisirent undoccasion plus opportune peut-être que loyale de se ven-ger de Gratien e Un des officiers de l'armée de ce(t commandant - vint secrettement à Metz, et promitil aux gouverneurs de cette ville de lui livrer Gra-.(t tien. Ils assemblèrent promptement quatre mitlti liom-

mes, et se mirent en campagne mais quand ils ai-ri-« vèrent près de Damviller, comme ils faisaient .repaitre(t leurs troupes, ils furent subitement attaqués et mis enu déroute. n (Dom Calmet, t. V, p. 395.) -

Voici comment les Messins racontent cet, événementdans leur Chronique de la noble cild de filetz (Dom Cahiet,Preuves, t. III, p. 317)

Un nomS Gratian (le GueldreContre la CiLé feitIa guerre,

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— 34 -En despilant salis nul Inercy,Vint bruslcr à Ars et Atieey

De ce seigneur un serviteurDe son artn(e conducteur,Vint nOncci aux seigneurs de Metz,Croyez-moi, je vous le promets.

Que si mon maistre vouiez avoir,Je VOUS oit ferai lei tlebvoirVotiez tin JOUE, au lendemainLe livrerai entre vos mains.

Une arnFe lions tic la villeAssemblaient de quatre mil,Artillerie et charroy devant, -Estendars et banniùres au vent.

Quand vinrent près de Da in vi lier,l'ont' toute arrogance vitCr,En faisans ut' p Lit repas,FLIL rompu le tour du compas.

-Cette guerre se prolongeait ainsi sans résultats déci-sifs, lorsqu'il survint entre la Lorraine et la Fiance unecomplication qui changea beaucoup la situation ded'Aguerrc.-

Le due René II se sentait à • la veille de perdre songrand-père René JeT, duc (le Bar,, comte de Provence etroi tittilaire des Deux-Siciles, royaume qu'il avait quel-que temps occupé. Il s'agissait pour le due de s'assurerla succession de son grand-pire et de la défendre contrôla cupidité de Louis XI, qui obsédait de ses intriguesla faiblesse naturelle du vi eux roi René. Pour at-teindre ce but, il ré-solnt tic partir avec son fidèle Mé-na.ut d'Aguerre pour la Provence, où il s'aboucheraitavec son aïeul; et, pour donner l p chnng h Louis Xi, illui fit connuitrc que son intention étai t d'aller faire valoirles prétentions du roi licité sur Naples et de reconquérir

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cc royaume. Louis XI ne pouvait que gagner à une cx--pédition aussi aventureuse, et, comme si elle lui eût déjàsemblé. couronnée de succès, il n soin, dans sa corres-pondance, quand il parle (le René, do l'appeler mon cou-sin le duc de Calabre. Pour lui montrer sa bonne volonté,il se charge de solder et d'entretenir une compagnied'archers de sa garde; il veut qu'on se hàte de payerune année de solde à l'avance, ((et gardez bien qu'il n'yo eût faute, car j'aimerais mieux qu'il demeurAi de mes

autres affaires. s Mais, au même instant, et comme ilétait beaucoup moins dupe du duc de Lorraine qu'il nelui convenait de le paraître, connaissant par expérienceles moyens d'influence les plus efficaces sur le vieux roitoujours besogneux, il recommanda de lui verser unesomme de vingt mille écus. -

La bienveillance de Louis XI s'étendit non-seulementsur le duc de Lorraine, niais encore sur les d'Aguerre,qu'il savait en crédit à la cour de Lorruiné aussi, legouvernement de la ville de Mouzon étant venu à va-quer en ce moment, par suite, du décès de Louis deJoyeuse, il le donna à Gratien d'Aguerre; et, en mêmetemps, il s'entremettait entre les Messins et Gratien pournégocier une trêve qui fut en effet conclue le 20 juillet1479.

Cependant le due René était arrivé en Provence avecMénaut; et, comme il y-prolongeait beaucoup son séjour,il excita naturellement la défiance de Louis M, qui par-vint à découvrir que le due de Lorraine s'était fait re-mettre par son grand-père des lettres pour la mise enpossession du Farrois. Louis, qui avait ses'créatures àla cour de Provence oit il distribuait largement les pen-sions, contraignit le vieux roi à révoquer les avantagesqu'il avait faits à son petit-fils. Celui-ci, voyant dès lors

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- 36l'impossibilité de lutter contre un pareil adversaire, ré-solut de quitter la Provence; mais, comme il lui impor-tait de ne pas rentrer en Lorraine par la France et, deplus, d'aller en Italie pour y nouer des relations quipourraient être utiles à ses prétentions sur le royaumede Naples, il s'embarqua à Marseille, le 25 décembre,pour aller à Venise. -

Pendant que Ménaut d'Àguerre était ainsi embarquéavec le duc René, son frère Gratien se rendait près deLouis XI à Tours, où se trouvaient également les sei-gneurs Warry Roncel, Raigecourt et Dcx, ambassadeursde la ville de Metz, envoyés pour le traité de paix queles deux parties désiraient conclure sous les auspices duroi de France. On a encore les instructions données àcette occasion aux députés de la cité. Le traité fut signéà Tours, le 26 janvier 4480; en voici le préambule

Nous les, maistre échevin, treize jurés, et Conseile de la cit'Ycle Metz d'une part, et je Gratian Daguerre,« ohevailier, seigneur de Damvillers, gouverneur de

Monzon, faisons savoir à fous que comme puis aucuno temps en ç-a h l'occasion d'aucune poursuite ou que-« relie que je Gratian Daguerre, dessus -nommé, préten-« dais faire à ladite cité pour certaines considérationsu ad ce me mouvant; lors eusse mon guerre par nies« lettres de déffiance entreprise sur eux en leurs terresu et pays, laquelle guerre fut continuée par l'une partie« contre l'autre en exploits en guerre accoutumés.....»On convint dans le traité de se tenir quitte de part etd'autre de tous dommages et répétitions. Ainsi se ter-mina, sans -aucun désavantage pour Gratien , cetteguerre qui témoigne autant de sa hardiesse que de sapuissance.

Quant au -voyage où son fière Ménaut se trouvait en

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gagé à la suite dit René, il n'eut paslieu sans degrands embarras. La traversée fut des plus cliCfleiles, etle prince, assailli par des tempêtes successives, ne putarriver qu'au bout de trois mois à Venise. Mais là, sesnégociations réussirent complétemenL Le 46 avril, il futdéclaré lieutenant général de la République vénitienne,et il conclut en même temps un traité d'alliance, par le-quel il s'engageait à venir au secours de la Républiqueaussitôt qu'il en serait requis, traité qui amena par lasuite René en Italie. Après ces arrangements, le princereprit le chemin de la Lorraine avec Ménaut.

Histoire de Illetz, t.. VE, p. 206, 228, 401. - Journal de,i cil an AuLrion, P. 95.— Chronique dota noble cité de Meiz, t. V,texte, p. 393. - Dom Calme[, t. III, Preuves, p. 316. - Digot,Histoire de Lorraine, t. III, p. 365.— Archives de Lorraine.

CHAPITRE IX.

Assernt,tée des Etats gSérau;. - Les d'Aguerre quittent la Lorraine.

Le due de Lorraine était depuis peu de temhs de re-tour de Venise lorsqu'il apprit la mort de soitle roi René, comte de Provence Désireux de faire valoirSes droits sur la succession de son aïeul, et de tenter uneexpédition dans ce but, le duc songea naturellement •àMénaut d'Aguerre et à Jetaient de Bides, car les soi-

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- -gneurs lorrains étaient peu soucieux d'une entrepriseaussi lointaine, et d'ailleurs, Ménaut, qui venait de sé-journer cri Provence, avait déjà été cri relation avec lepartisans des Lorrains. D'Aguerre et Bides partirentdonc pour cette difficile et périlleuse mission, dans la-quellé on devait être aidé par les partisans que Renécroyait s'être conciliés en Provence.Provence.

Cependant le duc espérait obtenir de ses sujets, fautede soldats, au moins quelques subsides pour l'aider dansune entreprise aussi naturelle, car il eût été étrange d'a-bandonner des droits si évidents; il convoqua donc lesEtats È Lorraine pour le 8 août 1481. Mais il fut bientôtconstant à l'avance qu'un violent orage éclaterait contreGratien, dont les conquêtes dans le Luxembourg avaientexcité la jalousie de la noblesse. Piqué de voir ainsi re-connaître ses nombreux services, Gratien abandonnaI)arnvillers et la Lorraine pour aller fixer sa résidenceen France, et, le G août, avant-veille du jour de l'ouver-ture des Etats, il remit au duc de Lorraine la seigneuriede flamvillers, la prévôté de Virton ainsi que le châteaude Louppy, dans lequel René devait plus tard passer sesdernières années. En échange de ces terres, le duc deLorraine concéda h Gratien, à titre d'engagement, lesbaronnies, villes et châtellenies de Rumigny, A.uben-ten, Watephall, etc., biens que ce prince possédait enFrance.

On pouvait espérer que la retraite des d'Aguerreadoucirait les dispositions des EUtts, mais il fut loind'en être ainsi. Leur longue réponse fut insolente pourle prince, auquel ils disaient entrautres ri Car vouso voiez que, parceque vostre revenu va la pluspart au« duire (plaisir), à boire et à manger, vous ne pouvez« trouver: argent pour despeseher ung ambassadeur

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« pour vos affaires. Aussy, tous vos conseillers,. gen-« tilsliommes officiers, et bref tous ceulx de vosti'e

maison -braient et crient après vous...» D'ailleurs,Gratien était désigné aussi clairement que possible, etla jalousie contre ces conquêtes perçait assez. Les expé-ditions qui avaient suivi la bataille de Nancy avaient étéentreprises « par la simulatiefi d'aulcuns qui plus dési-

voient leur bien particulier, et qui, par les guerres, se« vouloient faire grands, ainsy qu'ils ont faiéL4 Vbuso inistes gens d'armes en Bourgogne et en Luxem-« bourg... et par la prinse du Luxembourg, le duché« de Bar, ou vos gens d'armes vivoient, fut mis à pan-« vreté et destruiet. » Du reste, on doit peu s'étonnerde l'inimitié que montrait confie un soldat étranger unenoblesse qui respectait aussi peu son propre sonverain.En effet, ce n'était pas seulement Campobasso que lesd'Agnerre retrouvaient à la cour de Nancy, après l'a-voir combattu dans les rangs de l'armée (lc Charles leTéméraire, c'étaient encore les Desarmoises (notammentSinionin, grand-maître de l'artillerie de Lorraine), lesd'Haraieourt, Lenoneourt, Dommartin, Toullon, d'Hans-sonville, Lucy, Vaodoncouit., RavilIe et tant d'autres.Leur sympathie pour Gratien était naturellement assezmédiocre, et force était bien à lui et à son frère des'exiler de la Lorraine. Certes, il ne dut pas quitter sansquelque émotion, pour ne plus les revoir, et le souverainqu'il servait depuis dix ans avec une fidélité rare en cestdmps, et le palais où ce prince lui avait donné l'hospi-talité, eolnwe à l'un de ses proches, pour la célébra-tion de son mariage, et la ville de Nancy où lui et sonfière s'étaient tant signalés durant les trois siéges,cette ville où, suivant l'expression du due René, Gratienavait « supporté et enduré innumdrab/es miséres et ad-

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n

-40 -o versités pour l'amour de nous... » (Lettres patentesdu 23 décembre 1489.) Et peut-i,tre le prince lui-mêmene se sépara-141 pas sans quelque regret de cet utile etfidèle serviteur, dans ce moment où ni l'un ni l'autre nepouvaient deviner que le fils de Gratien reviendrait prèsdu fils de René, lors d'une guerre formidable qui met-trait de nouveau la Lorraine en péri!, et qu'il séjourne-rait de longues années dans cette même cour comme leprincipal ministre de son souverain.

Dom Calmet, flisto ire de Lorraine, t. V, p. 397.— Archivesde Lorraine. - bigot, histoire de Lurraine, t. III, p. 369.

CHAPITRE X.

Guerre de Provence.

1181..

On a vu que Ménaut avait quitté la Lorraine, accom-pagné de Jeannot de Bidos, pour aller faire la guerreen Provence; il s'agissait d'enlever ce pays à Charles,comte du Maine, qui s'en était emparé à la mort (lu roiRené. Ménaut se rendit en Provence par le Rhône, il dé-pensa trente livres tournois pour bateaux et bat eliicrs quile ?nenrcnt de Chualons eu Iiourgonyne jusques en Avi-gon. A son arrivée en Provence, il fit pour le duc deLorraine une levée de soldats à la tête desquels il plaça

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-quatre connétables; o il presti en outre à Jaunotde Bi-cc dos neuf ducas d'or pour l'aydcr à fournirà la soulde« clos gens qu'il avait soulz Iuy, » et avauQa.pour celleguerre des sommes nombreuses dont il ne put obtenir leremboursement que quatre ans plus tard. (Lettres pa-tentes du 18 mai 1485.) lI combattit à la prise des villesde Forcalquier et de Boyau, se signalant comme toujoursainsi que le constatent ces lettres qui rappellent queMénaut a fait la guerre de ProuDcncc, « où il alla dec nostre commandement et ordonnance lorsque nostre-u dit sieur du Maine occupait nostredit conté de Prou-« vnce; caquet pays, ledit lMénault, pour la grande al-(c fetion et amour qu'il avoit à nous, s'est trouvé et miso plussieurs foiz en grant péril et danger de sa per-« sonne., n L'entreprise commençait à réussir, mais ilsurvint un concurrent bien autrement redoutable queCharles, comte du Mainc. Cc dernier était valétudinaire,sans enfant; on attendait sa fin prochaine, et Louis XIs'était fait instituer son héritier. Aussi, après la prise deForcalquier, Ménaut fut-il très grandement contrarié devoir arriver- Vcrrnandoys, t'oy d'armes de Monseigneur leBoy, accompagné de Pronveuce, aussy roy d'armes, inti-inant . défense, au nom dudit seigneur roi, de plus am-plement persister sur cette entreprise au préjudice desdroits du très redouté seigneur et roi. Ménaut regrettapeu les six écus d'or qu'il remit par courtoisie et pourhonorer la personne de leur auguste souverain à chacunde ces deux dignitaires, lesquels acceptèrent gracieuse-ment et avec bénignité pour se conformer aux usages etcoutumes de leurs fonctions fécialos ; -mais il lui étaitbienautrement pénible d'entrevoir, en présence d'uneintervention aussi formidable, la chute d'une entreprisedont on avait espéré le succès., Toutefois, il fallut bien

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s'arrêter, et ce ne fut pas le seul revers de Ménaul,carbientôt il essuya, comme nous le voyons par les lettresde René, «la perdition de ses biens, meubles, artillerie,e tapisserie et autres uteneilles d'ostel que nostre feue sieur Charles, à son vivant conte du Maine, luy priutu et fist prendre audit pays de irouvence. »

La fortune était en ce moment bien contraire à Mé-naut; il venait d'éprouver tous ces désastres; d'un autrecôté, après ce qui venait de se passer aux Etats de Lor-raine,et peut-être peu satisfait du manque de fermetédu prince en faveur de ses plus utile; serviteu rs, il nevoulut jamais rentrer dans ce pays, préférant, y laisseren souffrance des intérêts considérables. Il lui restait, eneffet,à poursuivre le remboursement des avances qu'ilvenait de faire pour l'expédition de Proenec il avait.aussi à toucher L'arriéré d'une rente sur les salines deDieuze, et à obtenir le remboursement du capital de celterente. Mais il aima mieux attendre quatre années, jus-qu'au moment où il trouva l'occasion de joindre en Nor-mandie le due de Lorraire qui règla les comptes desommes dues à Ménauf auquel il renouvela dans seslettres patentes toute la satisfaction de ssnomh!euxservices. Ménaut était encore à cette époque conseilleret chambellan du prince; car, ainsi que son frère, mêmeaprès avoir abandonné la Lorraine, il conséuva une di-zaine-d'années ce titre honorifique, bien qu'ils se fussenttous deux défaits de toutes leurs autres charges.

Louis Xi étant mort un an après l'expédition de Pro-vence, Ménaut entra alors au service (le la régente deFrance, et fut nommé châtelain, viguier et commandantde Sommières auprès de Nîmes. Il conserva ces fouetionpendant plus do douze ans, ainsi que le témoignent sesquittances conservées à la Bibliothèque impériale, ci

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I

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l'année 1496, date de la dernière de ces quittances, futprobablement voisine de sa mort. A cette époque, ilétait depuis plusieurs années conseiller et chambellandu roi.

Ménaut d'Aguerre ne laissa qu'une fille, Louise d'A-guerre, qui épousa Claude Strouse, plus connu sous lenom de Saint-Beaussant.

Archives de Lorraine. - Manuscrits (le la llihIiolliqrie iii'-p&iaIe.

CHAPITRE XI.

Duel de Jeaunot de Bides.

1482

Après l'expédition de Provence, Bidos n'abandonnapas la Lorraine comme les d'Aguerre, et il cessa de s'as-socier, ainsi qu'il l'avait toujours fait, à ses deux ancienscompagnons d'armes, qui .,du reste 5 se trouvaient égale-ment séparés l'un de l'autrô. Mais «il fut impossible àBidos de prendre pour lui-m(me le parti d'accompagnerles d'Aguerre, il le prit du moins pour son fils, qu'il en-voya à flumigny et loin de la Lorraine suivre la fortunede Gratien. Quant à lui, il se trouva, après le départ desd'Aguerre, figurer dans un dùel que l'histoire de Loi-raine a rendu célèbre.

En 1482, Baptiste de itoquelaure, qui avait combattu

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à la bataille de Nancy, et qui était passé ènuitè au ser-vice de Louis XI, arriva de France et porta plainté auduc, (le Lorraine, e demandant par sa requête que Jean-e non (Jeannot de Bides) lui rendît sa part et pot-Lion« de tout ce qu'il avait gagné en cette bataille (dee Nancy), en vertu d'une convention qu'ils avaient fuite

entre eux, dose partager par moitié tout le gain qu'ilse y pourraient faire, offrant ledit Roquelaure de prou-e. ver ce qu'il avançait par un combat en champ clos, uCette demande était assurément fort étrange, et il étaitfacile de deviner quel en était le but et quelle en seraitl'issue. Roquelaure, après la bataille de Nancy, avaitquitté la Lorraine sans faire aucune réclamation, et c'é-tait seulement près de six ans après qu'il se ravisait etvenait tout d'un coup faire apparaître, avec un éclat af-fecté, une prétention que le bon sous indiquait assez n'a-voir rien de sérieux et n'être qu'une simple et méprisa-ble avanie; car le duel ne devait pas avoir lieu inconti-nent et avant que Iloquelaure ne pût se dérober.

Cependant, la noblesse consultée accueillit la demandede Roquelaure et l'autorisa h provoquer Iîidos eu duel.Le 40 septembre, en présence du duc, Itoquelaure jetason gant pour gage de bataille.. Alors Bides se couvriten face du prince d'un sien bonnet, (C disant audit Roque-e. laure que faussement et comme lâche gentilhomme ilo faisait icelle demande.., prenant Dieu, Notre-Dame ete monseigneur saint Georges, avecque son bon droit, à

son aide, u La journée du combat fut assignée à sixsemaines plus tard, an 22 octobre. Le but de Roque-laure étant dès lors atteint, il s'en retourna paisiblementen Fiance.

Avant le jour du combat, le due fit construire auprèsde son palais un champ à doubles lices avec, une ton-

r

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- 45 -relie à chacun des quatre coins pour les rois d'armes.

Le mardi 22 octobre, jour désigné pour le combat, leduc arriva sur le champ de bataille avec une cour trèsnombreuse. Puis on mit au dedans du champ o quatre

notables chevaliers, Didier de Landres, Joffroy de« Bassompierre, Philippe de flagecourt et Jean deo Bande, armez de toutes pièces et la tête couverte par« estoutez, qui firent les serments en tels cas accoutu-o més. s Apiès quoi, Lorraine, héraut d'arcs, fit lesproclamations ordonnées.

Yers.midi, o Jcannon de Jjidotz, monté sur un cheval« bardé et armé de toutes armes, tenant une lance en

son poing et ayant ]'épée et la dague ceints et la masse« à l'arçon de la selle, s'en vint présenter à l'entrée des« portes dudit champ de cuusté senestre, disant y avoir« jour à l'encontre de Baptiste de Roquelor. n A l'instantle duc René envoya vers lui iTardouin de la Faille, che-valier, commis en la place du maréchal de Lorraine,accompagné de deux chevaliers et de Lorraine, hérautd'armes, ainsi que du secrétaire du duc. Hardouin de-manda à Jeanuon « ce qu'il quérait. Bi dos requit que la« porte du champ luy fut ouverte et qu'il fut reparty de« sa portion dudit champ, du vent et du souleil, pro-testant que si ledit Roquelor, son ennemi, ne paraissait epoint, il fut déclaré déchu et exclu de ses demandes;

que s'il avait des armes forgées par mauvais arts,(C charmes ou invocations, qu'elles iny fussent ôtées. »

Il demandait de plus qu'il pût faire entier dans le,champ avec lui ses conseillers, son pleige ou garant, etson grand avocat ou avoué. liardotun de la Faille allaprendre et rapporter les ordres du duc; il fit ouvrir lechamp à Bides, qui entra accompagné de ses conseillers,de son pleige et de son grand avocat.

C.

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- 46 -À la tête de ses conseillers marchait, témoignage ho-

norable pour Bidos, Je premier personnage de toute lacour par son rang, sa naissance et sa valeur, lé maré-chal de Lorraine, comte (te Salin, e nostre cousin Jean,comte de Saulaie; » les troisautres étaient: le sieur deCitain, messire Achille de Beauveau, le grand Bertrand;puis messire Henri de Ligniville, sa scureté ou 'pleige.Deux (le ces conseillers, le maréchal de Lorraine et lesieur de Citain, s'étaient signalés à la bataille de Nancy.Pendant que Bidos faisait prisonnier le grand bàtardAntoine de Bourgogne, le sieur de Citain avait pris, deson côté, Baudoin, frère d'Antoine. Quant à son pleigeou garant c'était, comme nous Pavons vu, Iletîri de Li-guiville, seigneur de Ilaroué, que la Chronique cite sou-vent avec son frère, sous le nom des enfants de Tanton-ville. Auquel , des seigneurs de la cour Bides aurait-il pumieux s'adresser, pour choisir son pleige, qu'à Ligni-ville, le vieux compagnon d'armes de nos Béarnais, aveclesquels il avait souvent marché à des combats plus sé-rieux? Comme les d'Aguerre et Bidos Ligniville avaittait partie de l'expédition d'Espagne; il avait été ensuitel'un (lesdes sept qui, partis de Vaudéniont, avaient recon-quis tant de places après la prise de Nancy par Charleslé Téméraire. Enfin, avec les d'Aguerre, il avait com-battu à deux des sièges de Nancy, cl notamment au der-nier, où nous avons vu qu'il s'était jeté dans la place lorsde la malheureuse affaire du bon tua istre d'/tos(c/ Chiftfi'ou.

Bides se trouvait donc ainsi dans le champ de batailleavec ses quatre conseillers et son pleige, et il déclaraêtre venu pour faire son devoir à i'entontre de I3aptistcde J3oqnclor; mais il n'y rencontra point son champion.

Après lesquelles choses ainsi faites et avenues, dit le

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- 4.7 -duc René dans son jugement, en attendant la venue etprésentation duditB.oquelor, comme fairesc devait,atten-dîmes et demeurarnes en notre siège environ l'espaced'une heure, » Après quoi ((fut ledit lioquelor, cité etproclamé pour la première fois, à haute voix, par leditLorraine, votre héraut, en trois parties dudit champscavoir sur les deux portes d'icelui et au milieu, s'il étaitpoint illec pour salistaire il journée à lui assignée.Et comme Roqiielaure n'avait eu garde de se trouverilice, on attendit une autre heure, puis le héranit pro-clama de nouveau B.oquelaurc par trois.fois. « Lequelsexnbkblenicnt 'le vint, ne comparut; et derechef offert-dîmes icelui Roquelor par une autre heure, espérantqu'il viendrait. o L'heure expirée, vinrent encore commeci-dessus de nouvelles criées et proclamations, mais tou-jours itoquelaure ne vint ni ne comparut..

Alors Bides se présenta au duc avec ses conseillers,son pleige et son grand avocat, et requit que défaut luifut octroyé contre ltoqueloi; or, le soulcii était sur le point

de se coucher, et il y avait déjà huit heures que les mem-bres de cette illustre assemblée o attendaient et demeu-raient sur leurs siéges. o Attendant derechef et toujours« icelui Roquclor par une antre heure, espérant qu'ilviendrait. » Enfin, le duc René prononça son jugement,déclarant floqnelaure crécréint et déchu de sa demande,»et condamnant Thierry de Lenoriourt, sou pleige, à sa-tisfaire Bides, pour tous les dommages par lui encourusà l'occasion de cette poursuite.

Ainsi se termina cette insigne machination ourdie parlioquclaure contre Bides; ainsi se trouvèrent justifiéesles paroles de Bidos lorsque, se couvrant en face duprince et de sa cour, it dit etdéclara à Roquelaure qu'ilavait agi u faussement et comme lhche gentilhomme. u

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48 -La famille de Itoquelaure était illustre et eut as&dè

titres de gloire, puisque le petit neveu de Roquelatiriefut maréchal de France. Aussi, sommes-nous étonnés devoir leur généalogie imprimée signaler Baptiste commeétant « celui qui fit ce combat fameux contre Janot deBudos. ii

Jugement du due Iicn, donné par dom Calmet, Histoire de Lor-raine, t. VI. Preuves, p. 280,— Mo yen, au mot Roquelaure.

CHAPITRE XII.

Dernières années de icannot de Bides.

1483 h Ulos.

Gratien d'Aguerre avait, ainsi que nous l'avôns dit,des droits du chef de sa femme, Madelaine de Castres,dont la mère était daine de Vienne le Chastel, tant surla ville de ce nom que sur Pont-Saint-Vincent. Vienneavait été concédé par le duc René à Ménaut d'Aguerrequi le rétrocéda à Gratien. Quant à Pont-Saint-Vincent,cette seigneurie ne se trouvait plus du tout à la conve-nance de Gratien, désormais étranger à la Lorraine etfixé en Champagne; aussi fut-elle concédée par le ducRené, et sans nul doute, grâce h l'intervention de Gratien,à Jeannot de ijidos qui abandonna Ileinicourt et futseigneur de Pont-Saint-Vincent et de Lorey.-

Et

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- kO -Pont-Saint-Vincent, qui s'est aussi appelé Saint-Vin-

cent, Port-Saint-Vincent, Pont-à-Saint-Vincent, avaitune assez grande importance due à sa situation, à soncommerce et à ses lombards. A côté de Ta ville princi-pale, celle de Saint-Vincent, Villa Sancti Vincent, ainsinommée parce qu'elle appartnait à l'abbaye de Saint-Vincent de Metz, s'élevait celle de Conflans, au confluentdu Madon et de la Moselle, appartenant au comte deVaudéinont, Villa de Saneto Vinceatio et de Con flans. Bienqu'elle fût alors déchue de son importance commerciale,cette ville restait toujours un lieu de passage très fr6-queuté, et d'un grand intérêt stratégique, comme rom-mandant au loin la Moselle. Aussi, comme à Mousson, -le pont finit par absorber le nom de la ville qu'il desser-vait.

Nous- devons remarquer à cette occasion que l'histo-rien Symphorien Champier appelle fort à tort Jeannotde Bidos monseigtieur du Pont, nommé Scamot de Bides.Jeannot était bien seigneur du Pont-d-Saint-vincent,comme on disait alors; ruais ni .}eanuot,.ni son fils ne sequalifièrent jamais de seigneurs du Pont, appellation ré-servée au PonÉ-à-Mouson, lieu beaucoup plus impor-tant. Le titre de monseigneur du Pont ne se donnait ja-mais qu'aux princes de Lorraine, marquis du Pont, quiétaient seigneurs de Pont-à-Mousson. Aussi les l3idos3loin de porter le nom de sieurs du Pont, ce qui eût pufaire croire qu'ils cherchaient à se confondre avec lesseigneurs connus sous ce nom, évitèrent au contrairesoigneusement cette appellation pour porter seulement lenom de Saint-Vincent (t).

(t) C'est ainsi qu'on disait en Lorraine Jacques de Saiut-Oaenpour Jacques de l'arey-Sainl-Ouen, Claude de la Tour pour Claudede Mnil-1a-Tour. -

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- 50 -Peu après avoir acquis cette seigneurie, Jeannot sem-

ble avoir pris putt aux guerres. soutenues, en 4489, parGratien dAguerre. Les circonstances qui portent à lepenser sont qu'en cette même année, Fidos fit à Barbede Fénétrange un emprunt pour lequel il engagea Pont-Saint-Vincent, et nous voyons en même temps qu'ilôtait aussi à cette date remplacé par, le comte de 131fr-mont dans son office de pannetier au baptême du fils dudue René. Enfin, on voit qu'en 4489 également, Ménaut,alors gouverneur d'une place au fond de la Provencepour le.roi de Franco, vint se joindre à son frère qui pa-raît avoir eu besoin à cette occassion de faire appel àtous les siens. il serait étonnant que Bides n'ait pointsuivi cet exemple, lui (lui avait si souvent combattu avecles d'Âguerre, et dont son fils et ses petits-fils ne - de-vaient point se séparer. Toutefois, aucune preuve for-melle et directe nô confirme cette supposition, si vrai-semblable q u 'elle soit.

Quoi qu'il en soit à cette égard, nous retrouvons en-core aujourd'hui à Pont-Saint-Vincent des souvenirs (les

-' dernières années de Bides. En 4496, Bides et sa premièrefemme, Madeleine de Parspagaire, construisirent dansl'église de Pont-Saint-Vincent la chapelle de Notre-Dame-de-Pitié. Pans le vitrail du milieu, on lit le millé-sime de 149G; à gauche est le portrait fort bien cou-servé de Madeleine de Parspagaire et au-dessous setrouvent ces mots J'ay fait ceste chapelle. Dans le vitrailde gauche, on voit le portrait de Jeannot avec celui desa seconde femme, Eusseline de Montjoie, qu'on croitde In famille de Thuillères, car les Thuill&res étaient lesseuls cri Lorraine qui portassent le nom de Montjoie.

C'est encore Jeannot qui construisit àla même époqueun ermitage qu'il appela l'ermitage Saint-Vincent; cette

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D

- 51 -chapelle est située sur la montagne qui domine Pont-Saint-Vincent, point duquel on jouit d'une vue aussigracieuse qu'étend'ue. Cet ermitage existe encore au-jourd'hui, et il est connu sous le nom de Sainte-Barbe.

Sans doute que le vieux soldat vint souvent là rêver àsa belle vallée d'Asp, à ses montagnes des environsdAgnos et de Bidos, à ses souvenirs de guerre, à Mé-naut et à Gratien, avec lesquels il avait si souvent com-battu en diversdivers pays, et maintenant séparés de lui pourtoujours.

Par lettres du 27 décembre 4498, Bidos et sa feinineMadelaine de Parspagaire, fondèrent des offices jour-ratiers et dotèrent trois chapelains pour le service dela chapelle et dû l'ermitige qu'ils avaient construits.

Jeannot mourut en 4508. On n retrouvé, en 1864, sapierre tumulaire brisée en troisfragments remaniés etencastrés dans le pavé de l'église, à une certaine dis-tance l'un de l'autre. (Bulletin de la Sociétif ci'Archilolo-gie, année 1864.) Ce n'est pas sans une certaine émotionque l'on peut revoir encore ce respectable débris d'untasse glorieux et lointain. En efFet, le tombeau du chicRené dans l'église des Cordeliers, la pierre tumulaire deJcannot à Pont-Saint-Vincent, et dans le vitrail au-'

- dessus le portrait qui le représente priant à genoux telssont & peu près les seuls souvenirs qui restent aujour-d'hui des braves combattants de la bataille de Nancy.

Jeannot ne laissa qu'un fils, Jeannot II, dit de Suint-Vincent, que nous allons retrouver avec Gratien d'A-guerre.

Dom Cal,uei , Histoire de Lorraine, P. 390. - Notice de taLorrcinc, t. Il, p. 182, 186, 231i. -- Lepage, Co,nmunes, t. I,p. 643; .1. 11, p.. 33. - Mémoires de la Société d'archéologie,:1.861, P. 196. Nancy.

A

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CHAPITRE XIII.

Gratien d'Aguerre au siège d'lvol. - Seconde guerre de Gratien contrela ville de Metz. - Canipgnes (l'italie.

lise il, 150;.

Nous avons vu qu'en 1481, à l'occasion de la tenuedes Etats, Gratien d'Aguerre avait quitté la Lorraine.Il vint fixer sa résidence h Rumigny, près de Rocroi, etdevin'étranger aux affaires de notre province; aussi sonhistoire nous est beaucoup moins connue à partir decette époque. Nous savons toutefois qu'en 1486 il assié-gea la ville d'Ivoi, aujourd'hui Carignan, de concertavec Robert de Florenges (Robert de la Marck), duc deBouillon et souverain de Sedan. Leur armée se montaità cinq mille hommes; Florenges fut tué il siège, cequi contraignit à abandonner l'entreprise. D'Agucrre re-cueillit le corps de sou compagnon d'armes et le fit inhu-mer à Monzon, dans l'église de l'abbaye.

Quelques mois après, les Messins se crurent menacésd'une nouvelle guerre avec Gratien, par suite d'un inci-dent qui est ainsi raconté par un historien de la cité.• Item, dit le journal de Jelian Aubrion, le xx jour de• novembre, advint que sieur François le Cornais et

Jehan de Villes's s'en allaient aux champs; et quando ils vinrent assis près de la Halte Jielvoix, vindrento gens h chevalx, qui esloient des gens Gracia de Guerreic et cuidait le dit sieur François que ce fuissent cuite-(i luis; par coy il approchent et se boutent tellement

emssainble qu'il y Olt ung des hommes dudit Graciao qui fut tués, et le valet dudit Jehan (le Villers qui fut

s

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53 -« fort blessiez. Lequel homme mort fut aportés à Metz,

et le lendemain fut ensseve!is Bien honnorahiement« aux Courdeliers sus les murs; et y vinrent ses coin-« paignons ausquels on fit très bonne chère; et s'eno raflant au chiefz de iij jours. Et incontinent après,• vindrent nouvelles que le dit Gracia faisait grant ws-• semblée de gens, par quoi on doubtoit fort, et fit on« fuir lez gens du pays et les embastonner pour eulx« delTendre, se mstier estoit. n (Journal de Jehan Au-brou.) il parait cependant qu'on parvint à arrangercette affaire, car Gratien resta encore près de deuxans en paix avec les Messins.

Cependant, cri 4489 1 le duc René ayant déclaré laguerre à la ville de Met; Gratien la lui déclara ausside son côté; mais il tint à se conserver dans cette guerreune situation indépendante, et ses lettres de défi àla cité, du 18 mars 4489, portent fièrement qu'il agitpour son fait en c/ic/Il est plusieurs fois dénomméclans le traité qui eut lieu entre la Lorraine et Metz,en 4490, traité dans lequel on lui réserve son action sé-parée. Pour le récompenser des services considérablesrendus par lui dans cette guerre, René lui donna lesseigneuries de Valleroy, Moyenville et Bonvillez.

En 4492, au mois de mai, Gratien alla à la tête de cinqcents piétons et de trois cents cavaliers faire une expédi-tion contre les impériaux dans le duché de Luxembourg.

En 1495, nous le trouvons conseiller et chambellan (luroi de France, commandant d'une de ses compagniesd'ordonnance.

En 4497, il envoya en Sicile le capitaine Synion,chargé par lui d'une mission pour le service (lu roi.

En 4500, les officiers du roi de France; toujours enquête de domaines à réunir à la Couronne, et dont on

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34 -put disposer, contestèrent au due de Lorraine la pro-

-priété «e Vienne-le-CIiÙtel. Mais Gratien, qui avait sou-vent affaire à Remis, à cause de sa baronnie de Ilumi-gnr, vassale de l'église de Iteims, déterra dans cetteville un certain vieillard, âgé de quatre-vingt-six ans,Aubert Urouyn, dont il fit recueillir la déposition. «Le pé-nultième d'avril 1 500; a celui-ci déclara que, né à Vienneet y ayant demeuré l'espace de soixante-quatre ans, o iln a vu ladite seigneurie de Vienne appartenir au roi de« Sicile, nommé le bon roi René; n suit la nomencla-turc des donataires successifs du bon roi Bené, à la findesquels figurent les d'Aguerre. Il est à présumer quesi décisifs que fussent les souvenirs de ce boit vieillard,Aubert Prouyn , l'influence de Gratien à la cour deFrance n'aida pas moins à assoupir ce différend, quise termina à l'avantage de la Lorraine et à celui deGratien.

• En 4504, Gratien vit se tenir à Mouzon, dont il étaitgouverneur, des conférences pour la paix entre les en-voyés de la France et ceux de l'empereur, sous la prési-dence du cardinal dAinhoise, légat du pape, intermé-diaire entre les parties. Ces illustres personnages furentreçus et défrayés avec magnificence pendant quatremois dans l'abbaye de Monzon.

En 1306 et 1507, Gratien prit pour la dernière foisles armes et fit les campagnes d'italie au service de laFrance.

Journal de Jelian Aubrio,i, bourgeois de Meiz, p. 192, 298.- Histoire de Metz, t. VI, p. 390. - Dom Qiirnet, !iiswire deLorraine, I. VI. Preuves, P. 290. - Manuscrits de la BibliotiiqiCiinpériate. - Annales d'Yvois-Carignan et dc Monzon, par Dela-lions, 1489 à 1504.— Histoire de CasCOgne, par l'abbé,Monttezun,t. VI, p. 148.

s

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55 -

CHAPITRE XIV.

Dernières a'1nes de Gratien d'Aguei're.

1508 i. ifflt.

Après quarante ans de combats, Gratien se décida en-fin à goûter pendant le peu de temps qui lui restait àvivre un repos si chèrement acheté. A la fois plus habileet plus audacieux que son frère Ménânt et que Jeunnotde Bides, seul de ces trois combattants partis ensembledu Béarn, il s'était fait une position considérable. Il étaitgouverneuitde Mouzon, conseiller et chambellan du roitIc Fiance, commandant d'une de ses compagnies d'or-donnance, baron de ltumigny, seigneur d'Aubenton,.ete.Sa principale résidence était depuis longtemps à Rumi-gny, près de Ilôcroy.

Cependant les fils de cos vieux soldats avaient grandiet s'étaient mariés. Louise d'Aguerre, fille unique deMénaut, avait épousé Claude Strousse, qui s'appelaitaussi Saint-ileaussant, du nom de cette seigneurie.Saint-Beaussant, trop éloigné de Ménaut fixé en Pro-vence, s'était rattaché à la fortune de Gratien. Le filsde Jeannot de Bides, qui était connu sous le nom deJeannot de Pont-Saint-Vincent ou de Saint-Vincent,avait Mit de même, et était allé se fixer à Rumigny. Cefut là qu'il épousa Marie d'Agnerre, fille de Gratien; cemariage consolida ainsi l'union des deux familles, entre

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- 56lesquelles existaient déjà depuis si longtemps les liensles plus étroits:

Mais il importait surtout à Gratien de trouver pourson fils Jean un parti considérable, et mettant celui-ci àmême de continuer et d'augmenter la brillante fortunede son père. Nous avons dit que, comme baron de lin-migny, Gratien était le vassal de l'Eglise de Ileims; or,ltobert de Lenoncourt était abbé de Saint-Ilerny, àReims, et on n'ignorait point ses vues sur l'archevêché.Cette perspective donna à Gratien l'idée d'une alliancequi pouvait devenir avantageuse, et il parvint à marierson fis à .laequetLe de Lenoncourt, nièce de Robert.

Après ce mariage, qui alliait son fils à une familleconsidérable en Lorraine, Gratien songea un instani à lerattacher aux altaires de ce pays, auxquelles lui-mêmetenait encore par sa seigneurie de Vienne-le-Chùtel. ilenvoya donc Jean d'Aguerre aux États de Lorraine du3 février 1509 (1), qui proclamèrent la majorité du ducAntoine.

Cétait pour la première fois que l'on voyait unguerre à Nancy depuis que, trente ans.auparavant, lesmêmes États avaient été l'occasion du départ des deuxfrères cl'Aguerre..

Jean est ainsi cité au procès-verbal de la sédace• Nobles hommes, Jean de }laracourt, Hardy Tition et• Jean d'Aguerre, escuyer avec plusieurs autres tant« d'église comme séculiers.• Toutefois, ce ne fut qu'une simple apparition, car

il se passa aussitôt un événement qui changea les per-

i) C'est 'd tort que dom Galinet donne la date de 1508 ait procès-verbal des Etats, t. VI, Preuves, p. 356, et celte du 13 février autome V, p' 472.

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- 5 -spectives d'ambition de Gratien , et qui déplaça lecentre d'activité de sa maison.

Peu après la tenue des États, Robert de Lenoncourtfut nommé archevêque de Reims. Il fit son entrée danscette ville le 21 juillet 1509, accompagné de Robeit dela Mark, souverain de Sedan, de Gratien d'Aguerre, deJean d'Aguerr'e, son fils, et de l-lcnry de Lenoncourt,bailli de Vitry, beau-frère de Jean d'Aguôrre.

Cratieri n'avait pas perdu (le temps pour les agrandis-sements de sa famille qu'il avait en vue; cari lors decette entrée, Jean d'Aguerre se trouvait déjà capitainede la vilfe de Fismes, aupxès de Reims; bientôt il allaity amener les siens, comme son oncle l'archevêque 15'avait amné lui-même, et donner ainsi à l'Eglise deReims les défenseurs braves et fidèles dont, à cette épo-que de trouble et de désordres, elle avait grand besoin.Claude de Saint-Beaussant, qui avait épousé Louised'A guerre, se fixa à Berlize, non loin de Fismes. Jeannotde Pont-Saint-Vincent, beau-frère de Jean d'Agucrre,se rapprocha encore plus de lui, et futharon de Mon-thassiii. Monthassin est situé entre Fismes et Reims,à une lieue et demie de chacune de ces deux villes. Jean-.not de Monthassin eut deux fils, Bernard et François deSaint-Vincent, qui furent, le premier, baron de Mon-thassin, et le second, seigneur du même lieu.

Trois mois après l'entrée de l'archevêque à Reims,Gratien se trouve à l'assemblée tenue à Vitry pour la ré-daction de la coutume. C'est le dernier acte connu delui. II vivait encore en 4542, mais il était mort en 4515,lorsque Claude de Lorraine racheta à Jean d'Aguerre labaronnie de Jturnighy. Gratien fut inhumé à Vienne-le-Châtel, dans la chapelle de Saint-Thiéhault, ainsi que safemme Madelaine de Castres. Soi' sa tombe, qui est depuis

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longtemps détruite, se trouvait une inscription dont.l'histoire de Sainte-Menehould ne irons a coflcrvé queces mots qui y étaient gravés : Le ton chevalier 8(018 re-proche.

Ainsi s'éteignit Gratien d'Aguerre, qui avait pris oudéfendu tant de villes, livré tant de combats en Espagne,en Lorraine, an Luxembourg et en Italie. Ambitieux,adroit., et en même temps audacieux jusquù. la témérité,toujours fidèle dans un temps où un grand nombrechangeaient aussi souvent que la fortune, il fut presquetoujours heureux, et, parmi tant de luttes SOUve]lt beau-coup trop inégales qu'il entreprit, on ne lui connaîtqu'un seul revers, la levée du siége d'lvoi. il laissaaprès lui pins d'un titre de gloire, dont le moindre n'estpas d'avoir son nom inscrit près de celui de soit frèrei\Iénaut pour , la défense de Nancy contre Charles le'Téméraire.-

Manuscrits dc la Bibliothèque Iinpih-iaIc. - Dom Calinet, JUs-Loire de L,'raine, t. Ml, Préface, p. 63; t. V, r. 472; t. VI,Preuves, P. 356. - Dom (3almeÉ, Notice de ta Lorraine, t. I, slip-plément, P. 65. - tepage, Commentaires de la flieurihe, t. Il,P. 447. - Recherches de la noblesse de Champagne en 1668,y. Ambly et • procès-verbal, p. 172. - Histoire de Reims, patfdarlot, t. IV, P. 26. - Procès-verbal de ta coutume de Vitry. -Annales d'Yvoi, par Dehahaut, - Ii istoire de Sainte.flhiine/jou(d,par Burette, p. 90.

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CHAPITRE XV.

Jean d'Aguerre sous le due Antoine.

1525 k JSt

Les familles des d'Aguerre et de Bides, après êtrevenues ensemble du Béarn en Lorraine, et avoir quit.lila Lorraine presque en même temps, semblaient être denouveau réunies et fixées pour toujours en Champagne,lorsqu'un événement imprévu les rappela en Lorraine,où elles jouèrent un rôle important.

Les paysans luthériens arrivaient d'Alsace en Lor-raine, ravageant tout sur leur passage, et faisant danstous les villages allemands de l'Alsace et de la Lorrainedo nouvelles recrues. Le danger ne pouvait être ni plusgrave ni plus pressant; le duc de Lorraine, Antoine,écrivit, -le 3 mai 1525, à soi' frère le duc de Guise, gou-verneur de la Champagne, le priant devenir en toutehâte à son secours. Le duc de Guise déféra aussitôt àcette demande et, le 42, il arriva iL Dieuze avec une ar-mée de huit mille hommes. Jean dAguerre s'y trouvaitdéjà avec son neveu, alors très jeune, Bernard de Saint-Vincent, fils (le Jeannot de Monthassin et de Marie d'A.-guerre. Jean clAgueire commandait une partie destroupes de Lamark, souverain de Sedan.

La guerre ayant été terminée en quinze jours par ladéfaite et la fuite des paysans, Jean d'Agucrre entra auservice du due Antoine, et il n'eut pas de peine à obtenir

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- GO -que son neveu Bernard de Saint-Vincent entrât en qua-lité de page dans la maison du prince.

D'Aguerre ne tarda pas àjouir de la confiance entièredu duc, confiance qu'il conserva toujours et dont il re-çut bientôt une marque signalée.

Vers 4532, Antoine, qui avait été lui-même élevé à lacour de France, envoya son fils François, marquis duPont, alors âgé'de quinze ans, pour plusieurs années, kla cour du roi François I, proche parent cl, parrain dujeune prince, qui fut «accompagné d'un boit nombre decc gbntilshommes et d'officiers pourle servir, II (Antoine)« lui donna pour gouverneur et surintendant de sa mai-i( son Jean Daguerre, baron do Vienne-le-Château, filsn de Gratien d'Aguerre. » (Dom Calinet, t. V., p. 633.) -

L'élève fit honneur à celui qui était chargé de sonéducation, et François 10r aimait à dire u que son filleulserait un jour'un des plus sages princes de son temps. uLe roi donna une compagnie de cent hommes d'armesde ses ordonnances au jeune prince et une autre de cin-quante à son gouverneur. De retour en Lorraine, Jeand'Âgueri'e fut représenté dans cette compagnie par sonneveu Français de Saint-Vincent, qui était resté enCbaiipagne, et n'avait pas, comme son frère Bernard,suivi Jean d'Aguerre lors de la guerre des paysans.

François était seigneur de Monthassin, de Lestanne etde plusieurs autres terres dans la baronnie de Iturni-gny.- I

L'éducalioh du jeune prince étant terminée, il revint àNancy avec son gouverneur, en 4539, après avoir passésept années il cour dé Fiance. Ce retour fut suivi depromptes Ptvcui's pour d'Âguerre et pour son neveuBernard de Saint-Vincent; ils fureiit faits tous deuxgrands officiers de la cour de Lorraine, d'Aguerre de-

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- 6! -vint grand chambellan, et Bernard fut presque, aussitôtnominé grand fauconnier de Lorraine. e Bernard deo saint-Vincent, baron de Monthassin, était grand Eau-

connier vit Cette chargît .que Bernard remplitpendant trente années lui procurait un accès facile prèsdu duc Antoine, qui « aimait lit chasse et entretenait uneu aussi belle vénerie et fauconnerie (lue prince de 5011

o temps. » (Boni Cabinet, Histoire de Lorraine, t. V,p. 548.) .Jacques (Te Saint-Vincent, petit-fils de Bernard,semble avoir hérité des goûts cynégétiques de son aïeul,al, devint, au siècle suivant, grand veneur de tempe

jeur.Jean d'Àguerre ne cessa de jouir de la confiance du

duc Antoine, et il eut une influence considérable sur lesaffaires de lit En 4540, eut lieu le mariagerl'Anne de Lorraine avec le prince d'orange; «le duc« Antoine nomma pour commigsaires il passation du• contrat Jean , comte de Saint, sieur de Viviers,• maréchal dit Jean d'Aguerre, baron de« Vienne, grand chambellan, bailly et capitaine deo Clermont, etc. (Dont histoire de Lorraine,

L V, p. 534.)Peu après ce mariage, Antoine conclut celui de son fils

François avec Christine de Danemark, nièce de l'empe-reur Charles-Quint. Les pouvoirs doMés à ce sujet parle duc sont contresignés « Par monseigneur le duc, leu baron de Vienne, son grand chambellan et hailly de

Clermont. » (Dom Calmet, Preuves, t. VI, P. 388.)Le roi François F fut mécontent de ce mariage et

porta aussitôt son attention sur un point de ta Lorrainequi parait, à cette époque, avoir préoccupé beaucoup

(t) Bern,an , Dissertation sur l'ancienne chevalerie. Nancy,1763. -

u

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- 62 -Feinpereur Charles-Quint et le roi de France, la ville deStenay. La Lorraine possédait Stenay, niais sous la mou-vance et la suzeraineté de l'empereur, comme due deLuxemhourg. François l°, craignant qu'aprèsune allianceaussi intime du duc Antoine avec l'empereur, -celui-ci«abusât contre la France de ses droits de suzerainetésur Stenay, exigea d'Antoine la cession de cette ville.Cette cession était pour la Lorraine un pénible sacrifice;d'Âguerre y était, en outre, personnellement intéressé,puisque Stenay était également à portée tic son bailliagedu Clermontois et de soit seigneurie deVienne. Néanmoins, comme il n'y avait aucun moyen delutter contre un adversaire aussi redoutable, force futbien de se résigner; la cession exigée fut donc consentiele 25 novembre 1541, et la Fiance se hâta d'augmenter lesfortifications de la place. On fut cependant heureux d'ob-tenir queFrangois de Saint-Vincent, neveu de d'Aguerrc,fût nommé, parle roi, gouverneur (le Stenay, car cettenomination assurait le traitement le- plus favorable auxhabitants d'une ville dont le (lue de Lorraine ne cessade poursuivre la restitution qu'il obtint peu d'années-après.

Cependant l'influence (le Jean d'Aguerre continuait àgrandir à la cour de Lorraine, et l'année 1.543 fut l'épo-que de nouvelles faveurs, tant pour lui que pour sonautre neveu, Bernard de Saint-Vincent. D'Aguerre de-vint grand-maître de l'hôtel et gouverneur de Cltîitel-sur-Moselle.

D'un autre côté, les domaines de tous deux, en Cham-pagne, n'étaient nullement à la convenance (le leur ré-sidence .à la cour de Nancy; ils songèrent donc à se for-nier dans ],a contrée des domaines composés deterres limitrophes. -

Et

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Mais, c'est que ce jour même et à cette même heureJean d'Aguerre était loin de là et près d'une autre tombenon moins douloureuse pour lui. Deux jours avant celtecérémonie était mort, à Remiremont, l'ancien élève ded'Aguerre et soit souverain, le duc Françoisainsi ce prince avait cessé de régner et de vivre avantmême que la tombe se fùt refermée sur soit

Et, de plus, le jour -même de la mort du due, il s'étaitpassé une scène qui dut impressionner dAguerre, etaussi avoir une certaine influence tant sur sa positionclans la nouvelle cour que sut' son désir d'y séjour-ner.

Le (I juin 4544 avait été f i ut le testament du ducAntoine, acte. con ire-signé par d'Aguerre, nominé l'undes exécuteurs testamentaires. Et un art jour pour

-jour, .le 1-1 juin 154N, avait lieu à Remiremont une sortede testament du duc Fr.ançois, acte auquel d'Aguerreresta cette fois compléteinent étranger.

Ce jour-là, à dix heures du matin, alors que le duc,qui mourut le lendemain, n'avait pas encore reçu l'ex-trême-onction, la porte de la chambre, dans laquelle gi-sait le moribond, s'ouvrit, et le prince Nicolas, son fière,alors évêque de Metz, entra accompagné dit deSaIm, maréchal de Lorraine, d'un notaire apostolique etd'un cortége d'une vingtaine de personnes. Nicolas,prince qui fut toujours vigilant et avisé pour ses in-térêts, voyait que peu de temps restait à perdre, car ils'agissait pour lui de 'assurer la régence de la Lorrainequi revenait de droit à la duchesse, inCite du jeune princeencore enfant. Le maréchal de Lorraine adressa donc ausouverain, ainsi que le constate le procès-verbal du no-taire apostolique, u tels et pareils propos Monseigneur,o s'il plaisait à Dieu voue appelle]', vous entendez que

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65 -

GHA1'ITB,E Xvi.

Seau d'Aguerrc sous les ducs Franqols CL Charles.

1544 à 1540.

Le nouveau règne s'ouvrait sous dé funèbres auspices.Un mois après la mort de son pèie, le duc François per-dait sou beau-frère, le prince d'Orange, commandant deFormée de l'empereur; il fut tué au siége de Saint-Dizier,sur la frontière même de la Lorraine. Divers autres con-tre-temps avaient fait ajourner la pompe solennelle del'enterrement du duc Antoine, elle eut enfin lieu le14 juin 1545, à Nancy.

Lois de cette funèbre cérémonie, lorsque Lorraine,roi d'armes, après avoir crié par trois fois le duc estmort, appela à haute voix l'ui après l'autre tous lesgrands officiers de Lorraine, à commencer par le grandmaître, en leur ordonnant de venir faire leur debvoir,on ne vit point h leur tête s'avancer Jean d'Aguerrepour o descendre les degrés en grande révérence, eto meltre sou bâton dedans la fosse. Ce fut, au lieu delui, o Glande de Beauvau, officiant pour le grand maîtreo à cause (lue M. le baron de Vienne, qui estait le grand

maître, n'y peut être. oAinsi, d'Àguerre avait déserté les restes mortels et la

pompe de son ancien souverain, de son ami non moinsque son maître, le bon duc Antoine, et celui-là seul man-q uait qui devait tenir la première place.

fi

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Le Il janvier 1544 7 le duc Antoine, malade à Bar-le-Duc et sentant sa fin prochaine, prit congé des siens etfit son testament. Dans ce dernier acte, il n'oublia pascelui qu'il avait toujours honoré de sa confiance; o Nousu eslisons et nommons pour nos bons et loyaux exécu-e tours de ce présent notre testament nos très chers etcc très arnéz frèi'es messieurs les cardinal de Lorraine« et duc de Guyse nosdicts enfans, et avec euh nos trèsci chers et féanix conseilLiers messires Jehan Daguerree chevalier baron de Vienne le Chastel, notre grand

maistre et chambellan... e (Dom Calmet, Histoire deLorraine t. VJ; Prennes, P. 187.)

Ce fut avec ce prince, appelé à juste titre le bon dueAntoine, que finirent les jours de paix et de prospéritédont la Lorraine avait si longtemps joui sous sonrègne. -

• Dot» Calmer, Histoire de Lorraine, t. V, p. 500 à 548, 633,- Recherches de la noblesse de Champagne, l)F Caumartirt. -Digot, Histoire de Lorraine, t. IV, p. 88.— Dom Calmet, Histoirede Lorraine, t, V, Préface, p. 9U; tome VI, Preuves, p. 388,398; tome VII, Preuves, p. 394. - Notice de la Lorraine, t. H,p. 210, et Supplément, p. 78, 180. - Ohiombrement du 20 tm'i1626. - Lepage, Commentaires sur la -chronique de ta Lorraine,p. 87. - Nobiliaire (le Lorraine au mot Saulxu,-es, - Décret duduc Léopold du 14 août 1724.

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- 63 -Bernard était alois capitaine de Mandres; son mariage -

fut convenu avec Marguerite de Saulxure, fille de Men-gin de Saulxure (Mengin Sehouel). Peu (le jours avantce mariage, les biens du sieur de Sampigny, qui avaientfait retour au domaine et qui étaient situés auprès deMandres, furent donnés par le duc, savoir : Sampigny àd'Aguerre, et Jouy à Bernard. 11 ne s'agissait plus quede relier et d'agrandir ces possessions, c'est cc qui futlait rapidement. D'Auerre et Bernard achetèrent Bon-court et la Petite-Maridres, dont ils furent coseigneurs;en outre,d'Aguerre acquit Pont-sur-Meuse, et 13ernardacheta de son côté Sorcy, Aulnoy, Vertusey, Fréméré-ville, Pargny, Saint-Julien, Broussey, Rauleeourt, Ram-hucourt et partie d'Apremont, de sorte qu'ils possédaientainsi entre eux deux une grande partie du vaste comtéd' A p rem o n t.

D'Aguerre occupait alors la première place à la cour:à la fois grand maître, grand chambellan, bailli et capi-taine de Clermont, gouverneur de Cliiitel-sur-Moselle etde ilattonchatel, il est, en outre, désigné clans les lettres(lu duc Antoine, du 28 novembre 15540, avec la qualitéde président de Lorraine; il avait enfin une compagnied'ordonnances (]il j cli de Franco. Il parvint il so-lidenient sa fortune et n'oublia point non plus celle deses neveux Bernard et François de Saint-Vincent. Bienqu'ayant rendu à la Lorraine des services beaucoupmoindres que ceux de Gratien et de Ménaut,il en avaitété cependant récompensé par une bien autre reconnais-sance, et se trouvait depuis longues années dominer danscette cour, d'où son père et son oncle avaient dû se ban-air. Cependant, le moment approchait qui allait séparerle prince et celui qui l'avait utilement servi pendantvingt années.

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- 67 -

e M. de Metz, votre frère, se 111051e et entremette desafl'aires de messieurs vos enfants et de vos pays avec

« madame votLe femme, en ratifiant ce que desja en« avez dict et, passé en présence dc madite dame. »

Le moment n'était pas à de longues harangues entreles deux frères, aussi la bonfèrence fut courte et laco-nique : o Sur quoy ledit seigneur duc a répondu Ouy;« présent monclit seigneur de Metz qui u accepté la

charge et promis s'en acquitter. o Tout étant ainsibrièvement terminé par cette seule et unique syllabe, lenotaire continue o Dont et desquelles choses et cha-

cune d'ieelles dcssusdites et proférées respectivement,ledit sieur comte en a requis et demandé à moi ledit

Li notaire, publique, ung ou plusieurs instruments que« lui ay ouctroyé en ceste forme. o

l'eu d'heures après, à une heure de l'après-midi, cetteillustre assemblée, composée desdits prince, maréchal,notaire apostolique, seigneurs et témoins, se transportaprès de la duchesse, et ce fat cette fois le notaire apos-tolique qui fut chargé de la harangue ((Je Nicolas Bris-« sou le jeune, ay leu intelligiblement de mot «ii mot« l'instrument cy-dcssus écrit, à très liaulte, très puis-« saute princesse et dame M l- Gb resti en ne de Daim e-o mardi, et duchesse de Calabre, Lorraine, Bar, etc. »

La lecture de l'acte qui la dépouillait de la plus grandepartie de la régence, bien que faite inieliigibleineut demot en mot par lediet Nicolas Brisson le jeune, notaire

,juré, était une médiocre consolation en un pareil mo-ment pour cette malheureuse princesse qui se trouvaitperdre dans la même année son mari, son beau-père etsen beau-frère. Elle protesta vivement contre ce testa-ment assez iiarticulier et qui fut l'occasion de grandsdéBats. L'envoyé de l'empereur, qui était alors à la cour

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- 68 -de Lorraine, s'explique ainsi sur celle pièce dans sa cor-respondance e certains actes passés assez suspectement.»Il recommande LIe faire entendre audit sieur roy trèse chrétien le tort que l'on prétendait à ladite dame par

moyens et façons estranges. oTrois jours après ces testament, lecture et notification,

toute cette honorable assemblée avait délaissé h Remi-remont le corps dit qui venait de rendre le derniersoupir, et se trouvait h l'ancy, officiant chacun selonson propre cérémonial à la pompe funèbre de l'avant-dernier prince, le duc Antoine. Mais d'Aguerre ne com-parut ni h l'acte testamentaire, ni à sa notification h laduchesse, ni même, ainsi que nous l'avons déjà dit, à lapompe funèbre du duc Antoine, car son devoir le rete-nait près d'une dopleur moins solennelle et pourtantplus profonde.

Peu après cette cérémonie, il y eut nécessité de sta-tuer sur la régence, affaire (lui souleva bien des difficul-tés. On crut devoir consulter la noblesse, et lit

finit par céder.Il y eut donc à la fois une régente et un régent. En cc

qui concernait la personne du jeune duc, on s'en tirapar un compromis équivalent; au lieu de nommercomme toujours un seul gouverneur, on en nommaquatre, et dAguent fut du nombre. Ce fut là, sansdoute, un simple témoignage d'estime et de respect pourl'ancien gouverneur du père du jeune duc, car, depuisIL jour de la mort du duc François, d'Aguerie ne pritplus aucune part aux affaires. On ne le voit pas même àla pompe funèbre du duc François qui eut lieu un anaprès la mort du prince, et on dut le remplacer dans sesoffices h cette cérémonie. Mais on y trouvé sou neveu,Bernard de Saint-vincent, qu'on y reconnaît, bien que

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- 69 -déguisé sous ces appellations officiellesu M. le grand

fauconnier, capitaine de 1M and tes.Jean d'Aguerre mourut en 4549, après avoir constam-

ment justifié, dans les fonctions les plus importantes etles plus variées, la haute confiance qui lai fut si long-temps accordée. -

Il avait eu deux fils Bertrand dAguerre, mort avantson père, ne laissant qu'une fille, Madeleine, laquelleépousa son cousin Pierre de Saint-Vincent, à qui elleapporta en dot Crimansart, acquis en 4480 par Gratiend'Agtierre. L'autre fils de Jean fut Claude d'Aguerre,dont nous allons parler.

Dom CalmeL, histoire de Lorraine, t. III, p. 543, 639 û CliC,et t. 'fl, Preuves, p. 403 à 409.— Bulletin de la Société d'archéo-logie. Nancy, 1851, p; 143 à 169. - Dénombrement du il juillet4549. - Ilecliereltes de la noblesse de Champagne, 1668,

CHAPITRE XVII.

Glande dAguent.

1540 à 15M).

Nous avons eu plaisir h redire les actes mémorablesde Gratien et de Jean dAguent; mais ici notre tâchedevient dillérente en passant à Claude, leur fils

et petit-

r'

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fils. On dirait qu'on pressent que ce nom illustre vabientôt s'éteindre, et son éclat semble baisser à l'avance,peu à peu avant de disparaître en entier.

Claude, gâté par la fortune et par la dissipation quirégnait à la cour de France, ne fut point pareil à ceux

qui l'avaient précédé. II venait à peine de perdre sonpère, qu'étant au palais du Louvre, il se prit de que-relle avec Fendille (Jacques de Fontaines), d'où une pro-vocation à un combat singulier. Nous désirons peu nousétendre sur ce duel, et pourtant, cet événement eutbeaucoup trop d'éclat pour pouvoir être simplement in-diqué.

Le roi lienry.Il ((renvoya le différend à Robert de lao Marck, maréchal de Fiance et seigneur souverain dee Sedan, qui était alors à Pai'is; et le pria d'accordere à Daguerre et- à Fendille un champ do bataille sûr et

libre, dans la ville de Sedan, où ils pussent vuidero leur différend par la voye des armes et par un com-e bat d'homme à homme. o (Don Cultuel, Ë. V, p. 659.)

- Fendille s'étant ensuite pourvu au conseil du roi, lejour du combat fut fixé au 28 mars 4549, o et cet« arrêt du conseil privé du roi fut signifié par un roi

d'armes aux parrains des deux champions. (id.)D'Aguerre avait choisi pour son parrain le due de Ni-vcrnois, et Fendille François de Venclôme, vidame deChartres.

C'était déjà beaucoup trop que deux souverains, ceuxde France et de Sedan, se trouvassent dans cette que-relle, et pourtant un troisième ne tarda pas à y veniraussi prendre sa part. La duchesse Christine et leprince Nieola, régents de Lorraine, envoyèrent à Sedanune ambassade pour réclamer le jugement du duel; oieu duc 11e Lorraine, en sa qualité de marchis qu'il are-

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-- '14 --prise de l'empereur et de l'empire, ayant de tout

« toms ce droit, que fous combats entre la Menseet le li hin se. doivent faire par devant lui, et nonailleurs. " (il.)Le seigneur de Sedan répondit qu'il avait accepté

cette assignation du champ de bataille « â la prière

du roi, qui depuis lui avait encore écrit une ouu deux lettres à ce sujet qu'il voulait bien leur mon-« trer et lion à d'autres; qu'il était résolu de souteniro les droits de sa souveraineté, connue avaient fait sese prédécesseurs. » Sur cela, L'un des envoyés lorrainsprotesta contre tout ce quis'était passé et tout ce quise pourrait faire à l'avenir; ti à quoy le seigneur de Se-

dan répondit A qui tOUCItC f cc fasse. » Heureusement la duchesse de Lorraine n'insista pasi car il eûtété assez étrange qu'une guerre éclatât entre ces deuxsouverains pour savoir cii et comment se battraientd'Aguerre et Fendille.• Le 28 août, au lever du soleil, Daguerre arriva, e con-« doit par son: parrain et pur plusieurs de es parentsu et amis, au nombre dc plus de deu cens Ses habitse étaient de ses couleurs, blanc et incarnat, et il étaito précédé de trompettes et de tambours batLans.....

envoya l'écusson de ses armes (d?ot h trois pies deci sable); qui fut porté par ses gens autour du champ

par dehors, puis le hérautd'armes le planta h la droiteo de la tente dudit sieur Daguerre. "Vers sept heuresdu matin, Fendille' se présenta; (t Sa compagnie était« d'environ trente personnes, et lui et son parrain

étaient vêtus (les couleurs de Fendille, qui était le« blanc et le verd, n

A l'extrémité du champ de bataille, cri avait préparéun autel, e couvert de velours violet, bordé de franges

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- -• d'or, et pendant jusqu'à terre, stu' lequel était un car-• veau de velours où étaient posés le Iiyre des Evan-« giles et la vraie croix, sur lesquelles les combattants

devaient faire le serment. sLe due de Nevers, tenant par la main Daguerre armé

de toutes pièces i le conduisit, au son des tambours etdes trompettes, dans le champ de bataille pour y faireson serment.

Après les deux serments et les intimations du hérautd'armes aux assistants sous la peine de la tue, u le trom-• pelle commença à sonner, et le héraut d'armes cria• par trois fois Laissez-les allers laissez-les aller, lais-• sez-les aller les bons eo;nbatans. En même temps les• deux champions se levèrent, et, portant les yeux au• ciel, et faisant la révérence en s'inclinant, baisèrent la• croisée de leur épée, puis commencèrent à marcher• à grands pas l'un vers l'autre, portant leur épée de lau main gauche. 't

e. Le combat commença aussitôt, et d'Aguerre fut vain-queur, bien qu'il eût affaire à un adversaire aussi re-douté et aussi bràve que lui; u Daguerre lui cria plu-(t sieurs fois Rends-moi mon honneur, rends-moi monu honneur, Fendille répondit Je te le rends de bonn coeur, et te tiens pour 4tomme de bien, tel que tuu es. s (Dom Calmet, Histoire de Lorraine, t. V, p, 658

Après ce duel, on n'entend plus parler de Claude, jus-quau 25 novembre 4558; à cette date, il fut nommé ma-réchal de la. Lorraine et du Barrois. Il dut nécessaire-ment prendre une part active & signalée aux guerresnombreuses qui eurent lieu à cette époque, pour avoirpu conquérir cette haute dignité, dont l'honneur ne fatPoint réservé à son père et à son grand-père, Jean et

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Ci'atien, lesquels pôuitant en semblaient plus digne.Toutefois les historiens rie nous ont conservé de Glandeque le récit de ses combats singuliers.

Son histoire, ouverte par un duel, était malheureuse-ment destinée à finir de même.

En 1559, au mois de juillet, le duc de Lorraine necom-pagnait dans son voyage (le iteims h Paris le roi Fran-çois Il, qui venait de se faire sacrer. Le cortége traver-sait le bois de Villers-Cotterets, lorsque u deux gentils-« hommes de la cour prirent querelle, et se battirent en« duel. Ces gentilshommes étaient Glande d'Aguerre,o baron de Vienne et maréchal du Barrois; l'autre était« Antoine de Luzelhourg, gentilhomme de la chambre duo duc. Daguerre fut tué, et son corps était encore étendu

le long du chemin, lorsque le roi passa. Le duc Char-(t les en demanda vengeance; mais le roi intervint pour(t Luzelbourg et lui accorda grâce. » (Dom Calmet,Histoire de Lorraine, t. V, p. 727.)

11 est malheureux pour Claude d'Aguerre d'avoirainsi deux fois occupé de ses duels le roi de France et leduc (le Lorraine, et de-n'avoir laissé que ces souvenirsdans l'histoire, tandis que ses pères n'étaient connus deleurs souverains que par les services qu'ils leur avaient.rendus. Cependant, s'il est triste devoir un maréchal deLorraine périr sur un te] champ de bataille, il est juste,néanmoins, de faire la part des temps-, car nous voyonsle comte de Saln2, qui remplaça d'Aguerre comme ma-réchal de la Lorraine et du Barrois, tuer quelques an-nées après, en duel, le chevalier des Salles. C'est ainsiqu'il était dans la destinée de Jean, comte de Salin, etde Gratien d'Aguerre, qui s'étaient signalés entre tousdans la guerre contre Charles le Téméraire, que leurspetits-fils à tous deux seraient, l'un après l'autre, maré-

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chaux de Lorraine, et ne se distingueraient en cettequalité que par des exploits si dissemblables (le Ceux (leleurs pères.

Dom CaImeI , ïiisloii'e (le Lorraine. i. 1. Préface, J). 267;t. V, p. 658 ii 664, 727;I. VIF, Préface, p. 104.

CFIÀPfl'RE XVIII

Charles et CliréLienne cl' Aguerre.

1559 it 14OO.

De sa femme, Jeanne de ilangest, Glande d'Aguerrebissa deux enfants, Charles et Chrétienne.

Gratien et Jean d'Aguerre avient fondé l'établisse-ment de leur maison par les nombreux services qu'ilsrendirent i leurs princes. Mais Chrétienne, qt]i épousa,en 1572, Antoine de Blanchefort, devait voir la fortunede son fils Charles surpasser de beaucoup celle desguerre, parpar suite des nombreux héritages que le hasardaccumula sur sa tête.

D'abord, Chrétienne hérita bientôt de son frète, quimourut jeune et sans avoir été marié. Ensuite le Cardinalde Créqoy,- après avoir lui-même recueilli la successionde ses deux frères, légua tous ses biens à soif neveu An-bine de Flancheforl,mari de Chrétienne,àcharge depor-ferlenont etles armes deCréquï. Enfin, Chrétienne, après

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avoir perdu ce premier mari, se remaria au comte deSauli, qu'elle perdit également, ainsi que le fils qui étaitné de ce mariage; celui-ci légua tous ses biens à sa mère,et Chrétienne se trouva ainsi transmettre à Charles deCréquy, son fils du premier lit, l'opulente succession dela Camille de Sault.

Le fils de Chrétienne parvint, tant par suite de tous ceshéritages que par son mérite personnel, à occuper uneposition considérable. Il était « sire de Créqui, prince de• Poix, duc de Lesdiguières, pair etm;uéehal de France,• comte de Sault, lieutenant général des armées du roio et gouverneur du Dauphiné; il a été l'an des plus né-ii libres capitaines de son temps. » (Morci, y0 Créqui.)

De son côté, Clnétienne dÂguerre conserva toutel'énergie et toute l'activité de sa race. Elle fut l'un desPartisans les plus dévoués de la Ligue, et le duc deMayenne lui adressa plusieurs lettres pour s'entendreavec elle sur les affaires politiques du temps. Nous lisonsdans celle du 22 novembre 4590, à l'occasion de la con-voçation qu'il venait de faire des États généraux u A

madame la comtesse de Sault. - Madame, je sais queo vous pouvez et voulez tant pourle bien de ceste sainctee cause au lieu oh vous estes.., je n'ay vollu fallir deo vousen escrire partieuliérement.....ous soyez moyen,

comme je vous en supplie bien humblement, de faireen la plus grande diligence qu'il se pourra, députerdes personnages dignes et capables de bonnes affairespourasister en ceste assemblée et en tirer moyennant

e la graee de Dieu, le fruict que nous en désirons,,,, neo ferai ceste plus longue que pour vous asseurer de pluse en plus de ma dévotion à vous honorer et servir. Sure ceste vérité, je vous baise bien humblement les mains,e et prie Pieu, etc. t,

4.

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- 76 -Chrétienne continua e à servir activement, en Pro-

« vence, les intérêts de la Ligue, et elle appela à son aide« le duc de Savoie; plus tard, elle se rapprocha de« Henry IV. s Nous ignorons la date de sa morL, corolledisparaît et se trouve compléternent éclipsée par lagloire de son fils Charles (le Créquy.

Nous allons terminer dans les chapitres suivants cequi concerne les autres descendants (le Gratien d'A-guerre.

Dom Calme(, Notice de Lorraine, t. Il, p. 849. -- 'Correspon-dance du duc de Mayenne, publiée pal' MM. Itenry et Loriquet.

nCHAPITRE XIX.

Descendants de Gratien d'Aguerre par CI,rIlenne et Madeleined'Agucrre.

Gratien d'Aguerre laissa deux enfants : 1 0 Jean d'A-*guerre; 2' Marie dAguerre, femme de Jeannot de Pont-Saint-Vincent, baron de Monthassin.

Nous nous occuperons, dans le présent chapitre, desdescendants de Jean d'Agnerre, et, dans le chapitre sui-vant, de ceux de sa soeur Marie d'Aguerre, darne deSaint-Vincent.

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- 78 -Jean d'Àguerre ne laissa de ses deux fils, Glande et

Bertrand, que deux petites-filles, Chrétienne d 'Aguetre,clame (le 131anchefort-Créquy, et Madeleine d'Aguerre,darne (le Saint-Vincent.

Nous parlerons successiverhent de la descendance dechacune d'elles.-

A. - Descendants de Chrétienne d'Ayuerre, épouse d'An-toine de !flanchefort-Ciéquy.

Nous avonsparlé longuement de Chrétienne d'Aguerre;nous avons vu à quel degré de splendeur Fut portée la for-tune de son fils, Charles de Créqny, par suite des liéri-tages inespérés de Charles dAguent, du cardinal deCréquy et du ceinte de Sault.

En ce qui concerne la descendance de Chrétienne «A-guerre, nous nous bornerons à transcrire ce que dit h cesujet M. llcni-i Lepage, archiviste, etc. (Commentairessur la Cinunique (le Lorraine, p. 88.)

Chrétienne épousa Antoine de lilanchefort., duc deu Créquy, et, par suite des alliances que leur fils et ses(t descendants contractèrent, le roi actuel de Sardaigne,(t Victor Erninanuel, se trouve rattaché à la lhrnitle (lu

hardi capitaine de René li.Cette généalogie m'a semblé assez intéressante pour

(t que j'aie cru devoir la donner.1 0 Gratien d'Agueri-e, marié à Madelaine de Castres;

de ce mariagee 2° Jeun d'Aguerre, baron de Vienjie, marié à Jac-

o queline (ou Jacquette) de Lénoucourt (Moreri, v° ]3(t chanteau, liangest); de ce mariage-

(t 3° Claude ct'Aguerre, baron de Vienne, rnari h

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- 79 -Jeanne de iiangest, veuve de Philippe de Maillé-

(t liresé (Moreri, VIS Hangest, Maillé); (le CC mariage4° Chrétienne d'Aguerre, mariée en novembre 4572

o à Antoine de illancliefort, sire (le Créquy (Moreri,u V. .Créquy); de ce mariage-

o 5° Charles de Créquy, prince de Poix, duc do Les-« digulères, pair et maréchal de Franco, mort le 17o mars 1638, marié, en mats 1595, à Madelaine de• lionne (Moreri, y0 Créquy); de ce mariage

6e Madelaine de Créquy, morte le 31 janvier 1675,

• mariée, en juillet 1617, à Nicolas de Neufville, clac (le• Villeroi, pair et maréchal de Franco (Moreri, y '' Cr6-(f quy, Neufville); de ce mariage

u 7° Catherine do Neufville, mariée, le 7 octobre 1660,o à Louis de Lorraine, comte d'Armagnac, grand écuyero de Fiance (Morori, y '5 Nenfvitle, Lorraine et Atlas bis-(t torique de Lascases, p1. 92); de ce mariage sont néso quatorze enfants, dont

no-o 8° llenri de Lorraine, comte de Jiriouue, né le 15vembre 1661, mort le B avril 1712, marié, le 23 clé-eernbre 1689, h Marie-Madeleine d'Espinay (Moreri,

o y ' Lorraine, Atlas de Lascases); de ce mariage« 9° Louis de Lorraine, prince de Lambesc, né le

o 13 février 1692, marié, le 22 niai 1709, & Jeanne-Hea-• nette-Marguerite de Oui-fort (Mo yen, y ' Lorrain; Atlas• de Laseases); de cc mariage

o 400 Louis-Charles de Lorraine, comte de Brienne, néo le 40 septembre 1725, marié à Louise de Rohan-Mon-o tauhan, mont en 4761 (Atlas de Lascases).

Il est h remarquer que les enfants de ce mince sonto les derniers princes de la maison de Guise, et les seuls« qui aient conservé le nom de princes de Lorraine, lao branche aînée tic comptant plus que des archiducs

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80 -o d'Autriche. Ces enfants ont été au nombre de trois,(, savoir

çç 440 Charles, prince de Lambesc, né en 1754, morto sans postérité en 4825 (Dictionnaire de Douillet); -

Joseph, prince de Vandéniont, né en 1759 ;— Aune« de Lorraine-Brionne, mariée Victor-Amédée, prince« de Savoie-Carignan, mort en 1780 (Atlas de Laseases);

(le CC mariage --12° Charles Emmanuel, prince de Carignan, né en

o 1710, mort en 4800, marié à Marie de Saxe (Atlas de• Lascases); de ce mariage

« 13° Charles-Albert, roi (le Sardaigne, né en 4798.• marié à Mariè-Théi-èse d'Autriche, mort en 1849

(Allas de Lascases, Dictionnaire de Douillet); de cemariage -:o 44° Victor- Emmanuel, roi de Sardaigne, né le

« 14 mars 4820.Nous compléterons cette citation en ajoutant quo cinq

des archiducs d'Autriche actuellement existants se trou-vent descendre également de Gratien clAguei re par leurt-mère, Maric-Elisaheth, soeur (lu vii Charles-Albert, citéci-dessus au n° 43, et femme de l'archiduc llénicr (Douil-let, Atlas d'histoire et de géographie).

B. - DCSCCndaYUS (le Madeleine d4.querre, épouse dePierre ((C Saint- V-in cent.

Madeleine d'Aguerre épousa son cousin Pierre deSaint-Vincent ((te la branche de Lestanne) , déjà lui-môme descendant de Gratien par la fille de ce dernier,comme nous le venons ci-dessous. Elle lui apporta CLI

dot la terre de Grimansart. Le 16 décembre 1486, Jean

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- 81 -de Custines avait lait vente à u honoré seigneur messireo Gratian Daguerre, chevalier, baron de lturnigny, sci-e gneur dAubenton et de Martigny, gouverneur de« Mouzon, (le la place forte, maison, terre et seigneurieo de C rimansart, ensemble les bois, rivières, etc. »

Pierre de Saint-Vincent était gouverneur du marqui-sat (le Monteornet, gruyer du duché de Rethel; seigneurde Bogny, Itegissart , Gi'iinanart et (lu l3aila (Arden-nos), Son fils François et son petit-fils Luis lui succédé-lent dans sa charge de gouverneur de. Montcornet etdans ses seigneuries. Son arrière-petit-fils Ferdinand-Louis fut tué, en 1646, au siége de Dunkerque.

Avec Ferdinand-Lonis finit ce rameau de la branchedo Lcstanne, branche que nous donnerons plus bas etqui subsiste encore; avec lui sortit aussi de la famillela terre de Griniansart, qui y était restée cent soixanteans.

Recherches de la noblesse tic Champagne par devant l'intendant -Caninartin, en 1668. -titre (le la collection Mecqueniem.

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CHAPITRE XX

Descendants de Gratien dAguerre par Marie dAguerre CL Jeannot(le Saint-Vincent.

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Nous avons dit an chapitre précédent que Jeannot Hde Saint-Vincent ou l'ont-Saint-Vincent, fils de jean_net 1 er de Bidos, seigneur de Pont-Saint-Vincent, épousaMarie d'Ague"re, fille de Gratiea et qu'il en eut deux

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- 82 -fils, Bernard, seigneur de Sorcy, et Friniçois, seigneurde Lestanne. (V. le tableau page 17.) Ces derniers furentles chefs de deux lignes perpétuées pendant plusieurssiècles.

Nous nous occuperons, dans ce chapitre, d'abord desdescendants de Bernard, et nous parlerons ensuite deceux de François.

A. - Descendants de Bernard de Saint-Vin-cent, Set 99LCIW

de Sore y, grand /b.vconnier de Lorraine.

Les descendants de Bernard se divisent en trois bran-ches

4° Branche des barons de Narcy;2° Branche d'Allemagne;-3° Branche des barons d'Aulnois ut de Jony.Il est à remarquer que, lors des productions faites, cri

4668, par devant l'intendant de Champagne, Caumartin,la branche de Naroy et celle d'Aulnois firent chacuneleur production. Ces pièces ne sont pas entièremeuLcon-formes et servent à se compléter l'une l'autre..Cette ex-plication est indispensable à donner, chaque exemplairede Cauinartin ne donnant que l'une des deux produq-tions, parce qu'on a cru à tort qu'elles faisaient doubleemploi comme entièrement identiques.

1. - Branche de Saint-Vincent de iNarcy.

4° Jeannot I°, des seigneurs d'Agnos et de Bidos, sei-gneur de Pont-Saint-Vincent, épouse Madeleine de Par-spagaire. -

2°Jeannot li de Saint-Vincent ou PontLSaint_Vincent,baron de Mont-hassin, épouse Marie d'Aguerre.

3° Bernard de Saint-Vincent, grand fauconnier de

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- 83 -Lorraine, épouse, le 6 août 4543, Marguerite de Sau)xu-res (Marguerite Shouel) meurt en 1570.

SeigneuriesMonthassin (Marne), Soroy, Aulnois,Jouy, Fréméi'éville, etc. (Meuse).

Ces trois premiers degrés sont déjà connus parles détailsque nous en avons donnés dans les chapitres précédents.

4° Claude de Saint-Vincent, mortà Sorcy, le l er juil-let 4609; épouse, le 7 septembre 1577, Catherine deToulongeon, morte à Sorcy, le 33 décembre 1591.

Seigneuries Sorcy, Goussaincourt (Meuse).Claude fut gentilhomme de la chambre de Charles II,'

duc de Lorraine. Son épitaphe et celle de sa femme sevoient dans l'église de Saint-Martin de Sorcy. Au-dessusde l'épitaphe se trouvaient les armes des quatre quar-tiers de Claude, savoir:

D'or, à une vache de gueules, accolée et elarinéede sable; au canton senestre d'azur chargé d'une croixpotencée d'or, écartelé d'or, è une cloche de gueules, quiest de Saint-Vincent;

D'or, à trois pies de sable, qui est de d'Aguerre;Parti en barre, bandé, contrebandé d'or et de sable,

de six pièces, qui est du SaulxuresD'azur, au chef de gueules, chargé d'une aigle d'or,

qui est de Clémery.L'inscription subsiste encore pour la plus grande par-

tie, mais les armoiries ont été mutilées pendant la liévo-lution. Elle est transcrite dans le manuscrit Collot (leSaulx telle qu'elle a été recueillie dans son entier avantla Révolution; elle est aussi visée dans Caumartin etdans le décret du due Léopold de 1724.

5° l'hilbe"t ler épouse, le 20 juillet 1603, Claude deClerget, dame de Narcy.

Seigneuries Sorey (Meuse), Narcy (Haute-Marne).

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— 84 -60 Maxiiflilieu épouse : 1 0 , le 15 mirs 4626, Antoinette

dAnglure; 2, le 28 décembre 1628, Charlotte de Karen-deffez.

Seigneuries : Narcy (haute - Marne), Colornhey etArehtières (Aube).

Cette branche cesse d'être lorraine, et Maximilienpasse au servie dé la Franco.

« Lettres patentes de l'année 1635, où le roi dônne à« Maximilien te titre de baron de Narcy et le nomme(C capitaine d'une eonipagnie de chevau-légers coin-« posée de 90 hommes. o (Décret du duc Léopold, du14 août 1724).

Commission du 11 avril 1036, octroyée à Maximi-(C lien de Saint-Vincent, escuyer, baron de Narcy, coin-« mandant une compagnie de ehèvku-légers pour or-« rester des eavalliers de sa compagnie qui l'avaient(C abandonné. C)

7° Pliilhert li, hé de 1626 à 1628, épouse', le 2 juillet16 110, Élisabeth de Pérignon.

Seigneuries : Nïrey, Seigneville (Haute-Marne).Un acte de tutelle die Charlotte de Saint-VincetitQran-

che d'Aulnois), du 5 mars 1672, mentionne pa'mi lesparents, et sans indiquer les prénoms, -e le sieur de(C Saint-Vincent, baron de Narcy. o Cet àete doit se ré-férer à Philbert, et-hoh à son fils François, qui n'avaitalors que 21 ans, ni il père, qui était mort à cetteépoque, car on lit dans des titres des 6 février 1657 et6juin 1660 : ( C Défaut Maximilien de Saint-Vincent, ha-(C roll de Naroy. C)

80 François, né en 105$, épouse, en 1606, Margueritede Rang.

Seigneuries: Narcy (haute-Marée), liisping et-Gogney(Meurthe).

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François revint au service destines de Lorraine, queses pères avaient abandonné pour prendre celui duroi de France; car le décref du due Léopold, du 14 août1724, le qualifie u François de saint-Vincent, huron (leu Saint-Vincent, lieutenant-colonel au régiment de For-« sal et sous-lieutenant ries chevau-légers de nos gardesu demeurant à ]3ldmont.

II conservait encore ces dernières fonctions à l'âge de70 ans, comme on le voit par les lettres patentes du12 mars 4720 : «Léopold... vou par nostre chambre (les« comptes de Lorraine la requeste à elle présentée parn le sieur François de Saint-Vincent, baron do Narcisse,u sous-lieutenant des chevau-légers de nostre garde. s -

9° Jacques-François. né le 27 août 4699, à Blâment,épouse Barbe de Beurge.s; il vivait encore en 1773, etmourut peu après à Bar-le-Duc.

Il ne laissa point de postérité.

II. - Branche d'Allemagne.

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2° Jeaunot il.3° Bernard.40 Claude. -Ces quatre premiers degrés sont communs avec la

branche de Narcy, dont nous venons dç panel, et ils ysont détaillés.

5° Jacques épouse Marie-Barbe de Léonroden.Seigneurie: Sorcy (Meuse).Jacques prit du service en Allemagne, -où il devint

« grand veneur de l'Est-nt de S. M. impérialle et deo l'archiduc Léopold, » ainsi que J'indique un dénombrement du 20 mai 1626, pour Sorcy et Saint-Martin.

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- 86 -6° François épouse Marie-Françoise de Remehingen.Seigneuries Sorcy (Mense), Palmershausen sur le

Danube.Dénombre pour Sorcy en 4666.7° Charles Joseph, ainsi dénommé dans le décret

du (lue Léopold «Léopold, duc tic Lorraine, etc., sa-• voir faisons que sur la requeste présentée en notre• Conseil par messire Joseph, huron de Saint-Vincent,• trésorier de l'Électeur Palatin, conseiller d'État dcU l'Ordre teutonique et gouverneur de Thannhourg.

Ou n'a plus de documents authentiques sur cettebranche qui paraît s'être éteinte vers 1780.

1H. — Branche des barons d'Aulnoy et de Jouy.

La production de 1668 de la branche de Narcy nedonne pas cette branche, mais la production de labranche d'Aulnoy la détaille sous cette rubrique o Bu-« vous d'Aunoy et de Jouy. »

4° Jeannot Jer.20 Jeannot Il.30 Bernard.Ces trois premiers degrés sont communs avec la

branche de Narcy et ils y ont été détaillés.40 René Pt épouse, en 4579, Madelène de Roucy.Seigneuries Aulnoy, Vertusey, Jouy (Mense).5 0 Daniel épouse, en 4609, Anne de FicquelmoutSeigneuries Jouy (Meuse).Son frère, René 11, seigneur d'Âulnoy, chambellan

d'Henry, duc de Lorraine, meurt sans enfant de Ga-brielle de Stainrille, son épouse.

6° Charles, lieutenant-colonel du régiment du Chaste-- -b let, marié, en 1655, LiElisabeth de Ciron, ne laisse qu'une

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fille, Charlotte de Saint-Vincent, dite M"' de Jon y, commeseule héritière du baron de Jouv.

Seigneuries Jouy (Meuse).Claude, son frère, épouse, en 1649, Catherine-Phuli-

berte de Joyeuse, et meurt, à Aulnoy, en août 1653.Seigneuries Aulnoy, Vertusey (Meuse).Moreri et le père Anselme le mentionnent en ces ter-

mes o Catherine-Philiherte, alliée à Claude de Saint-

« Vincent, baron d'Aulnois. o Et on y voit que Cathe-rine était soeur du marquis de Joyeuse, maréchal deFrance, gouverneur de Nancy et des trois évêchés. Soncousin, Anne de Joyeuse, était beau-frère du roi deFrance Herui III.

Dans la généalogie de la famille (le Joyeuse, on relatele titre suivant « Partage du 14 avril 1655 entre haut« et puissant seigneur Charles - François de Joyeuse,« chevalier, comte de Grandpré, etc., et Catherine-(c Philiberte de Joyeuse, veuve de haut et puissant soi-« neur Claude de Saint-Vincent, chevalier et baron« d'Aulnois, ses fière et soeur, o

7° Charles Il, fils de Claude et de Catherine de Joyeuse,semblait appelé par le crédit de sa famille maternelle àun brillant avenir, mais il mourut à Aulnoy, le 17 mai1662, encore jeune et non marié,

Charles ne nous est connu que par son épitaphe quesa mère avait fait faire au-dessous de celle de son mari,en ces termes u l\j Catherine de Joyeuse, sa veuve,• lui a fait dresser cette épitaphe Pleurez, passants, et• priez avec elle et ne vous fiez pas à la mort, et le 17• mai de l'an 1062 est arrivé la mort à Charles de Saint-• Vincent, baron et seigneur desdits lieux, fils audit dé-(i funt. Priez Dieu pour leurs ftmes. u

Avec Charles s'éteignit cette branche qui avait duré

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- 88 -quatre-vingt-douze ans, en quatre générations, depuisla mort de Bernard, le grand fauconnier.

Il. - Descendants de Fromçois de SaiU-Vincen.h, RCkJJleî4?'de Lestane. (Voir le tableau, P. 71.)

1° ,leannot 1er.

° Jeannot ILCes deux premiers degrés antérieurs à François sont

communs avec les descendants de Bernard et ont étédétaillés ci-dessus.

•3 û François, dont nous avons parlé au chapitre XV,épouse Jacquette de Vaillant.

Seigneuries Monthassin (Marne), Lestanne, Clavy,Watephall, Baulgny et la Folye (Ardennes).

Son fils puîné, Pierre de Saint-Vincent, gouverneurde Montcornet, épousa sa cousine Madeleine d'Aguerre,et nous en avons parlé au chapitre précédent par suitede cette alliance.

L'ainé des fils de François de Saint-Vincent et de Jac-quotte de Vaillant fut

4n Charles, marié à Nicole de La Fontaine.Seigneuries Monthassin (Marne), Lestanne, Vincy,

N eu [visy (Ardennes).Neufvisy resta dans la famille pendant plusieurs gé-

nérations. On doit remarquer, comme singularité liisto-rique, que les seigneurs de Neufvisy étaient au nombredes quatre binons de la Sainte-Ampoule.

5" Hubert, marié il des Laites.- Seigneuries Lestanne, Vincy, Neuf\'isy (Ardennes).

t Son frère puîné, Jean 1er, alla en Allemagne et y devinttcolonel au service de l'empereur; il fut tut dans une ha-

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taille contre,contre les Turcs. A la même époque, son procheparent, Jacques de Saint-Vincent, de la branche doSorcy, dont nous avons parlé ci-dessus, était grand ve-neur de l'empereur.

11obert frère des deux précédents, fut tué an siége deMontbelliard.

6° Jean Il, lieutenant-colonel du régiment tic lianre-gard, premier capitaine et commandant dans Stenay, néà Lestanne, en 1594, fut marié quatre fois l n ii Jeaunede Villelongue, le 28 avril 1625; 2 0 à Antoiuette de Mou-zay; 3° à Marguerite d'Assy; 40 à Marguerite de Bigony;*il mourut à Lestanne, le jer septeffibre 1604.

Seigneuries Lestanne , Vincy, Neufvisy (Ardenues)7° Jean lIT, issu du premier mariage de Jean I", épouse

Marguerite de Maucourt.Seigneuries Lestaune, Vincy, Neufvisy (Ardennes) et

Murvaux (Mense)S' Jean 1V, né en 1651, épouse. le 23 mai 4684, à Ste-

nay, Jeahne-Margueritn de Tassigny; meurt à Murvaux,le 5 août735.

seigneurie Mu-vaux (Meuse).9° Gabriel, né à Murvo.ux, en 1685, mort à Murvoux,

'le 7 détembre 1748; il épousa Geneviève Lefaucbeiix,morte à Murs-aux, le 24 juin 4 756.

Seigneurie Mnrvaûx(Meuse).Il laisM docK-fIs, Antoine et Jacques-François, les-

quels forment deux branches.46° Branche aînée - -Antoine-Cliades, né à Murvaux, le 30 novembre 1731,

épouse Anne-Catherine de Gi-anfèvre, morte à Luxem-bourg, le 7 juillet 1101.

H eut deux fils41° Charles-Louis, né k Murvaux, moxi- à Lachalade.

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—'30—Le baron Charles-Louis de Saint-Vincent a été maire

de bachalade il y est mort sans postérité.II eut pour frèreJacques-François-Xavier, qui épousa la baronne de

Bcyerwelk. Pendant l'émigration, il prit du service enAutriche, et il est ainsi mentionné au Moniteur du22 mars 1806 o Ni. le baron de Saint-Vincent, général-

major au service d'Autriche, a été présenté à l'empe-t reur et lui a remis une lettre de son souverain, n JI

avait été, en même temps que l'empereur Napoléon,- élève de l'école de Frienne; c'est ce qui explique cette

mission, malgré sa qualité d'émigré. Aux offres bien-veillantes que lui fit Napoléon de prendre du service enFrance, il témoigna son vif regret de ne pouvoir accep-ter, ne voulant point abandonner le service d'un souve-rain qui l'avait accueilli dans l'infortune.

Il ne laissa que deux filles 4 0 Marie-Josépltine, née àTrœplitz, -le 21 juillet 4805, d'abord chanoinesse titu-laire de Munich, puis mariée au comte de Mirbach20 Rose-Marie, née & Ti'oeplitz, le 18 mai 4808. d'abordchanoinesse titulaire de Prague, qui épousa le généralcomte Kaminski, chambellan de l'empereur.

Cette branche n'a plus ainsi de représentant mAle.*10° Branche puînée.Jacques-François, né à Murvaux, le 8 juillet 1740,

mort à Nancy en1821, épouse, le 13 février 1770, à Au-breville, Magdeleine-Jeanne de Lisle de Nonecl, morte àNancy, le 1M décembre 1815.

Seigneuries : Courcelles, Moneel, Parois, Aubreville(Mense), la Caussade (Gironde).

Nous nous étendrons quelque peu sur lui, parce qu'ilfut le de,-.nier des siens qui mena cette existence simpleett patdiarcale, laquelle avait été constamment celle de ses

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- 91 -• pores pendant plusieurs siècles. Comme eux, entièrement

étranger à la cour et au séjour des villes, il se partageaitentre la profession des armes, qui fut la sienne commecelle de tous les siens, et la culture de ses domaines,le commerce de sa famille et les devoirs d'une vivo etsincère piété.

A la Révolution, il émigra, et toutes ses terres furent.confisquées. Le roi Louis Xviii lui accorda, pendantl'émigration, plusieurs distinctions, et le nomma nottun-nient colonel il Millau. Sous la Restauration, le roi flou-Nia pas le vieux serviteur qu'il avait distingué pendantl'exil et lui donna, outre une pension de retraite et di-verses grâces pour ses proches, une pension sur la listecivile et une autre sur la caisse des chevaliers de Saint-Louis.

Ses fils, François et Philippe, périrent tous deux àl'âge de vingt-cinq ans dans les guerres de l'Empire;François fut tué à la bataille d'Austerlitz, et Philippe,dont nous allons parler, en Italie.

Au retour de l'émigration, le baron François de. Saint-LVincent vint demeurer à Nancy, t il supporta avec unrare courage les afflictions profondes que la fortune ac-cumula sur sa tête. Quant à la perte de son ancienneopulence, soit fierté permise au malheur, soit par l'effetd'une piété qui fut exemplaire dans tout le cours (le savie, ce désastre ne sembla point compter au nombre deses malheurs. Pendant de longuesannées, personne nesurprit de lui, h ce sujet, une seule plainte, un seul re-gret. Sa branche avait toujours habité Lestanne ou Mur-vaux, et, par un jeu de la fortune, ce descendant de Gra-tien d'Aguerre et dc Bides s'en revint, après la ruine desa race, mourir pauvre et ignoré à Nancy, dans la villeque les siens avaient sauvée.

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.111° Philippe 1e1, Marie-Louis, né à Parois, le 30 juin.:

1183, mort le 14 octobre 4808, épousa Anne-Chailottede Romécourt.

Il était lieutenant au régiment d'Isembourg et fut tué,e - 'ainsi que nous l'avons dit, à l'âge de vingt-cinq ans, à

la prise (l'assaut du fort de Capri.Cette place passait pour imprenable, et ce hardi fait

d'armes fit le pius , grand honneur au général Lit-marque.P

•- L'île était défendue par sir liudson Lowe, depuis si-tristement célèbre comme gouverneur de Sainte-Hélène

•pendant la captivité de Napoléon.•

ta mort de Marie-Philippe JT de Saint-Vincent est ci-tée au Moniteur du 22 novembre 1808.

li eut pour fils12° Philippe Il, ITyacinthc, né à Bar-le-Duc, le 16 juin'

1801, marié à Anna de Villers. *Et pour petit-fils

-130 Philippe III, Eugène-Savina, né Metz, le.4

oc-tobre 4813.*

Caumartin, Fecltercbes sur la noblesse de Champagne en1668 (V' hmbly, Joyeuse, Minette, etc.). - Manuscrit Collet (leSa illi. - 04!cret (lu duc Léopold, du ilj août 4721b - Arrêt de lachambre des comptes de Lorraine, du 12 ma s 1720,— Acles del'iat civil (le BlmonI, 1699; Lestanne, 166te; Muirvaux, 1730 à1756; Aubreville, 4770; Parois, 1783; Bar-le-Duc, 1807; Nancy,1815, 1824; rslctz, 18113. - Archives de Lorraine, Moreri, t. Il!,p. 692. - Moniteur du 22 mars 1806. - idem, année 18089.page 1237.

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