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Continuer Fidel, un acteur de l’histoire C e 25 novembre, Fidel Castro a rejoint dans la légende Ernesto Che Guevara et sans doute aussi Nelson Mandela. S’il n’est pas le premier insurgé d’Amérique latine, il est du moins le seul à avoir réussi. Le rebelle victorieux est devenu un homme d’État. La télévision montre les habitants de La Havane qui errent, désemparés, et les anti- castristes de Miami qui se livrent à une gesti- culation obscène pour fêter l’événement. Pour eux, entre l’élection de Trump qui veut rétablir le blocus, et la mort de Fidel, c’en est fini de la petite île insolente qui, à quelques encablures de la Floride, nargue depuis bien- tôt soixante ans l’aigle américain lequel répu- gne à l’évidence à desserrer son emprise sur l’Amérique latine. Commence alors une de ces campagnes de désinformation dont nos médias ont le secret qui servent à jeter un écran de fumée. Car, en France, combien sommes-nous à savoir qui était Fidel ? Que savons-nous de l’histoire de Cuba ? Que savons-nous de l’histoire de l’Amérique latine ? < Lire en p. 4 l’article de José Fort La victoire est éclatante : c’est celle pos- thume de Thomas Jefferson : « J’ai toujours considéré le mode d’élection constitutionnel, selon lequel la Législature vote à travers les États, comme la plus grande ombre sur notre Constitution », déclarait l’un des plus célèbres pères fondateurs. Et de cette ombre a surgi, le 8 novembre, un « monstre » : Donald Trump. <<< (suite en p. 3) Christophe Deroubaix ISSN: 0757-2395 MENSUEL ÉDITÉ PAR L’U.J.R.E. PNM n° 341 - Décembre 2016 - 35 e année Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide Le N° 6,00 La PNM aborde de manière critique les problèmes politiques et culturels, nationaux et internationaux. Elle se refuse à toute diabolisation et combat résolument toutes les manifestations d'antisé- mitisme et de racisme, ouvertes ou sournoises. La PNM se prononce pour une paix juste au Proche-Orient, basée sur le droit de l'État d'Israël à la sécurité et celui du peuple palestinien à un État. O n attendait Sarkozy. Il a été éliminé dès le premier tour. On attendait Juppé, favori des sondages. Distancé au premier tour, il a fini dans les choux au second. C’est François Fillon. Il faudra s’habituer. Ou non ! On attendait Hillary. C’est Trump. On attend Merkel. Ce sera qui ? Le Premier ministre italien, Matteo Renzi, joue son poste dans un référendum impro- bable, le 4 décembre, que guette déjà Berlusconi, le milliardaire, qui projette son retour. Où va le monde ? Où va la France ? Walter Benjamin disait : « toute montée du fascisme témoigne d’une révolution man- quée ». Certes Fillon, Trump, Merkel, Berlusconi, ne sont pas des fascistes. Mais… Mais, c’est vrai que si ce ne sont pas des révolutions manquées, il y a quelque chose de cela. L’état des gauches, partout, n’est pas préoccupant, il est calamiteux. Et cela, alors que la situation économique et sociale, dans tous les pays cités, aboutit à un formidable hiatus entre richesse et pauvreté ; entre liberté et exploitation ; entre résistance et résignations. Aux inquiétudes des peuples s’ajoute la manipulation des médias aux mains des puissants ; l’imbroglio des sondages, l’intox sur les projets politiques réels. Le monde est devenu virtuel. Pour les faibles ! Les autres s’en tirent. C’est leur métier. On voit, on entend, une espèce de haine (de classe) envahir l’espace. La mort de Fidel Castro a, ainsi, été l’occasion d’un déversement de contre-vérités les plus absurdes sur la vie et l’œuvre du grand diri- geant cubain. Le monde de la haine est, forcément, un monde dangereux. Nous sommes de ceux qui sont particulièrement qualifiés pour alerter sur les dangers qui sont là, ou qui se profilent à l’horizon. Que ce soit en France ou dans le monde, nous sentons bien que l’Argent profite de la confusion des peuples pour étendre et renforcer son pouvoir de nuisance. Reste que dans ce monde trouble, dans cette France où se réveille la vielle lune « travail, famille, patrie », il y a des Résistants. Nous en sommes ! Mir zaynen do ! Nous sommes là ! Toujours animés de la même flamme et toujours convaincus que l’union est le meilleur moyen d’enfanter un meilleur ave- nir, de prévenir tous les coups tordus. On ne saurait se résigner, en France, à devoir choisir entre une droite extrême et l’extrême droite. On ne saurait, au plan mondial, assister sans réagir aux dérives bellicistes. Il y a 75 ans, ceux des nôtres qui tombèrent sous les balles des pelotons d’exécution nazis, nous ont confié un lourd héritage : enfanter l’avenir. Nous continuons. Il nous faut continuer ! Tous ensemble. < 27/11/2016 Élection présidentielle américaine Le holdup d’un milliardaire Supporters de Trump en pleine action Bernard Frederick

MENSUEL ÉDITÉ PAR L’U.J.R.E. e année Union des Juifs pour ...data.over-blog-kiwi.com/1/10/37/54/20171117/ob... · e yiddish est en deuil. Notre mame-lochen a perdu l’un de

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Continuer

F ide l , un acteur de l ’h i s to ire

Ce 25 novembre, Fidel Castro a rejointdans la légende Ernesto Che Guevaraet sans doute aussi Nelson Mandela.

S’il n’est pas le premier insurgé d’Amériquelatine, il est du moins le seul à avoir réussi.Le rebelle victorieux est devenu un hommed’État. La télévision montre les habitants deLa Havane qui errent, désemparés, et les anti-castristes de Miami qui se livrent à une gesti-culation obscène pour fêter l’événement.Pour eux, entre l’élection de Trump qui veutrétablir le blocus, et la mort de Fidel, c’en estfini de la petite île insolente qui, à quelquesencablures de la Floride, nargue depuis bien-tôt soixante ans l’aigle américain lequel répu-gne à l’évidence à desserrer son emprise surl’Amérique latine. Commence alors une deces campagnes de désinformation dont nosmédias ont le secret qui servent à jeter unécran de fumée. Car, en France, combiensommes-nous à savoir qui était Fidel ? Que savons-nous de l’histoire de Cuba ? Que savons-nous de l’histoire de l’Amériquelatine ? < Lire en p. 4 l’article de José Fort

La victoire est éclatante : c’est celle – pos-thume – de Thomas Jefferson :

« J’ai toujours considéré le mode d’électionconstitutionnel, selon lequel la Législature

vote à travers les États, comme la plus grandeombre sur notre Constitution », déclarait l’undes plus célèbres pères fondateurs. Et de cetteombre a surgi, le 8 novembre, un « monstre » :Donald Trump.<<< (suite en p. 3)

Christophe Deroubaix

ISSN: 0757-2395 MENSUEL ÉDITÉ PAR L’U.J.R.E.PNM n° 341 - Décembre 2016 - 35e année Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide Le N° 6,00 €

La PNM aborde de manière critique les problèmes politiques et culturels, nationaux et internationaux. Elle se refuse à toute diabolisation et combat résolument toutes les manifestations d'antisé-mitisme et de racisme, ouvertes ou sournoises. La PNM se prononce pour une paix juste au Proche-Orient, basée sur le droit de l'État d'Israël à la sécurité et celui du peuple palestinien à un État.

On attendait Sarkozy. Il a été éliminédès le premier tour. On attendaitJuppé, favori des sondages.

Distancé au premier tour, il a fini dans leschoux au second. C’est François Fillon. Il faudra s’habituer. Ou non ! On attendait Hillary. C’est Trump.On attend Merkel. Ce sera qui ?Le Premier ministre italien, Matteo Renzi,joue son poste dans un référendum impro-bable, le 4 décembre, que guette déjàBerlusconi, le milliardaire, qui projette sonretour.Où va le monde ? Où va la France ? Walter Benjamin disait : « toute montée dufascisme témoigne d’une révolution man-quée ». Certes Fillon, Trump, Merkel,Berlusconi, ne sont pas des fascistes.Mais… Mais, c’est vrai que si ce ne sont pasdes révolutions manquées, il y a quelquechose de cela. L’état des gauches, partout,n’est pas préoccupant, il est calamiteux.

Et cela, alors que la situation économiqueet sociale, dans tous les pays cités, aboutità un formidable hiatus entre richesse etpauvreté ; entre liberté et exploitation ;entre résistance et résignations.

Aux inquiétudes des peuples s’ajoute lamanipulation des médias aux mains despuissants ; l’imbroglio des sondages, l’intoxsur les projets politiques réels. Le monde estdevenu virtuel. Pour les faibles ! Les autress’en tirent. C’est leur métier.

On voit, on entend, une espèce de haine (de classe) envahir l’espace. La mort deFidel Castro a, ainsi, été l’occasion d’undéversement de contre-vérités les plusabsurdes sur la vie et l’œuvre du grand diri-geant cubain.

Le monde de la haine est, forcément, unmonde dangereux. Nous sommes de ceuxqui sont particulièrement qualifiés pouralerter sur les dangers qui sont là, ou qui seprofilent à l’horizon. Que ce soit en France

ou dans le monde, nous sentons bien quel’Argent profite de la confusion des peuplespour étendre et renforcer son pouvoir denuisance.

Reste que dans ce monde trouble, dans cetteFrance où se réveille la vielle lune « travail,famille, patrie », il y a des Résistants. Nousen sommes ! Mir zaynen do ! Nous sommeslà ! Toujours animés de la même flamme ettoujours convaincus que l’union est lemeilleur moyen d’enfanter un meilleur ave-nir, de prévenir tous les coups tordus.

On ne saurait se résigner, en France, àdevoir choisir entre une droite extrême etl’extrême droite. On ne saurait, au planmondial, assister sans réagir aux dérivesbellicistes.

Il y a 75 ans, ceux des nôtres qui tombèrentsous les balles des pelotons d’exécutionnazis, nous ont confié un lourd héritage :enfanter l’avenir. Nous continuons. Il nousfaut continuer ! Tous ensemble. < 27/11/2016

Élection présidentielle américaine

Le holdupd’un milliardaire

Supporters de Trump en pleine action

Bernard Frederick

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2 Presse Nouvelle Magazine n°341 - Décembre 2016

HOMMAGES• Fidel, une figure du XXe siècle N.Mokobodzki 1,4• Claude Hampel, le yiddish en deuil 2MONDE• Le holdup d’un milliardaire C.Deroubaix 1,3• ONU: B’Tselem y condamne l’occupation israélienne 3FRANCE• Il est possible de sortir de l’impasse... J.Lewkowicz 5MÉMOIRE / HISTOIRE• Les exécutions de masse de décembre 1941 BF 6LE CLIN D’OEIL DE ... N.Malviale 3

[Tout le monde peut se trumper]CULTURE• À voir « Soulèvements » (Jeu de Paume) B.Courraud 7• À lire « Treize façons de voir » (C.McCann) J.Lafon 7• Théâtre Jankélévitch - F(l)ammes S.Endewelt 5• Événement : Les trésors du cinéma yiddish en DVD 8

dont « Le Dibbouk » L.Laufer« Nous continuons » Ujre

Décès

Charles Najman

nous a quittés cet été à l’âgede 60 ans. Né dans unefamille juive polonaise dont le père fut unmilitant communiste, ce réalisateur et écri-vain français marchera sur les traces de sonfrère, le journaliste et homme politiqueMaurice Najman, en s’encrant résolument àgauche (Alliance marxiste révolutionnaire). Nul n’a oublié La mémoire est-elle solubledans l'eau ? (1996), film mémoriel sur la tra-gédie des camps de la mort. dont le person-nage central fut sa mère, Solange, fille d’unecousine de Rosa Luxemburg et rescapéed’Auschwitz. Son œuvre cinématographique est restéemarquée par les deux grands thèmes qui ontpassionné sa vie : le génocide des juifs pen-dant la Deuxième Guerre mondiale et la cul-ture haïtienne. Toute notre sympathie à sa famille et à sesproches <PNM

NaissanceMazel tov et félicitations à notre ami Jacques,devenu ce 10 novembre 2016, grand-pèrepour la cinquième fois et, cette fois, d’unepetite

AndréaTous nos voeux de bonheur à Anne-Lise et Daniel, ses heureux parents. <

La rédaction

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5 L A P R E S S E N O U V E L L E

Magazine Progressiste Juiffondé en 1934

Editions :1934-1993 : quotidienne en yiddish, Naïe Presse

(clandestine de 1940 à 1944)1965-1982: hebdomadaire en français, PNHdepuis 1982 : mensuelle en français, PNM

éditées par l'U.J.R.EN° de commission paritaire 061 9 G 89897

Directeur de la publicationJacques LEWKOWICZ

Rédacteur en chefBernard Frederick

Conseil de rédactionClaudie Bassi-Lederman, Jacques Dimet,Jeannette Galili-Lafon, Patrick Kamenka,

Nicole Mokobodzki, Roland WlosAdministration - Abonnements

Secrétaire de rédactionTauba Alman

Rédaction – Administration14, rue de Paradis

75010 PARISTel : 01 47 70 62 1 6Fax : 01 45 23 00 96

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Hommage

La mort de Claude Hampel, le yiddish en deuil

Le yiddish est en deuil. Notre mame-lochen a perdu l’un de ses pairs enEurope. Claude Hampel, le fonda-

teur des Yiddishe Heftn יידישע העפטן – –Les Cahiers Yiddish – est décédé le 11novembre.Claude Hampel avait fondé les YiddisheHeftn en 1996, il y a tout juste vingt ans.Publication unique en Europe. Luiremettant le Prix Idel Korman le 24février 2004, Charles Dobzynski lui ren-dait hommage en ces termes : « Dans lafamille de Claude Hampel, on parlaitune langue, le yiddish, qui a failli dispa-raître avec la plus grande partie de seslocuteurs. Claude Hampel a su garderen lui cette racine de la mémoire qui estaussi une racine de l’espérance (…).Pour Claude Hampel et sa famille, leyiddish, même s’il ne fut pas la seule lan-gue parlée et étudiée, était un facteur decivilisation dont le maintien était à sesyeux un devoir et une mission d’hon-neur ». Et le poète poursuivait : « Sur un terrainoù l’on ne trouvait plus que les cendresd’une vie de l’esprit, d’une vie imprimée,quand il n’y avait plus rien, ni UnzerStimme, ni Unzer Wort, ni Naïe Presse,ni Parizer Zeitschrift et qu’à l’étranger

également s’étendait le désert de lapresse yiddish, voilà qu’un courageuxpetit navire aux couleurs du yiddish pre-nait le large, aux côtés de son vaisseauamiral, les Cahiers Bernard Lazare, etqu’il devenait l’emblème de cettevolonté non seulement de survivancemais de reconquête par le yiddish de saprésence et de son identité. Le pilote dece navire qui a grandi avec le temps n’é-tait autre, vous le savez, que le coura-geux Claude Hampel, qui réalisait ainsile rêve de beaucoup d’entre nous de nepas voir s’éteindre à tout jamais notretémoignage pour l’histoire et pour lapensée ».Claude Hampel avait coutume de direqu’il était deux fois rescapé. En 1943,dans le Ghetto de Varsovie, sa mère,Tola, alors qu’elle était enceinte et prêteà être déportée, fut sauvée in extremispar un cheminot polonais qui la cachachez des cousins, les Michalski,, aujour-d’hui, « Justes parmi les nations ». C’estlà, dans une banlieue de Varsovie, quenaquit Claude le 18 octobre 1943. Samère se remaria après guerre à Lodz, àJacob Hampel un militant du Bund quilui donna son nom. La famille s’établiten France en 1957.

Le père Jacob Hampel,collaborait au journalyiddish « UnzerShtime ». Il y fit entrerson fils comme apprenti typographe.Quelques années plus tard, Claudeassura la mise en page du quotidien« Unzer Wort », avant d’en devenir l’undes journalistes. Rédacteur en chef des Cahiers BernardLazare, il présidait la Commission duSouvenir du Crif et avait lancé en octo-bre 2011, une émission hebdomadaire enlangue yiddish sur Radio J. Il était égale-ment l’un des responsables des JournéesEuropéennes du judaïsme et dirigeait àce titre la publication annuelle du« Patrimoine Juif de France ».Claude Hampel était un homme d’unegrande élégance intellectuelle etmorale. Son ouverture d’esprit, sagrande tolérance, sa gentillesse et samodestie impressionnaient. « Claude Hampel est un des symboles del’espoir, de la fidélité à un idéal et à unhéritage, disait Charles Dobzynski.Claude Hampel est l’image même d’unintellectuel que l’on peut dire exem-plaire ». Adieu camarade ! רעוואכ BF >גנונעגעזעג

Carnet

Talila - Mon yiddish bluesSamedi 17 décembre 2016 à 20h

Talila raconte et chante sa vie de fille d’émigrés juifs polo-nais qui avaient choisi la France, et décrit avec humour etune tendre ironie un monde à la fois passé et si fortement

présent dans les cœurs.

Concert suivi d'un repas yiddish préparé par

l’Association des Amis de laCommission Centrale

de l'Enfance(Recette du repas intégralement

reversée au bénéfice de l’AACCE)

Forum Léo Ferré 11 rue Barbès àIvry-sur-Seine – Tarifs Concert :

15€ ou 12€ pour adhérents du Forum Léo Ferré ou de l’AACCE –Repas : 15€. Réservation au 01 46 72 64 68 ou [email protected]ès métro : Pierre et Marie Curie (L7). Accès voiture : à 100m du périphérique face au Vieux Moulin.

Vie des associations

Un détail dans la campagne électorale de François Fillon ?[Communiqué]

L’Union des Juifs pour la Résis-tance et l’Entraide (UJRE*) ap-prend que le candidat à l’élection

présidentielle François Fillon a déclaré àune antenne de grande écoute : « Les intégristes musulmans sont entrain de prendre en otage la commu-nauté musulmane. » (…) « Il faut com-battre cet intégrisme, il faut le combat-tre comme d’ailleurs dans le passé, jele rappelle, on a combattu une formed’intégrisme catholique ou comme on acombattu la volonté des juifs de vivredans une communauté qui ne respectaitpas toutes les règles de la Républiquefrançaise ».Certes, à la suite de l’intervention du

Grand Rabbin Korsia, Fillon ou sesporte-parole ont affirmé l’appartenancedes juifs à la communauté nationalefrançaise. C’est le moins qu’on pouvaiten attendre. Mais, à aucun moment lespropos antérieurement tenus n’ont étédésavoués. De quoi parle donc Fillon ? Des émi-grés juifs d’Europe centrale, venuspour s’intégrer dans « le pays de laLiberté et des droits de l’homme » etqui se sont aussitôt massivement enga-gés dans l’Armée française pour défen-dre leur patrie d’adoption ? Des juifscontraints de porter l’étoile jaune parl’État français ? De Marcel Rayman,combattant contre l’occupant nazi avec

tous ses camarades de la section juivede la MOI avant d’être fusillé avec lesautres résistants de l’Affiche rouge parles nazis ? De Charles Lederman, pre-nant contact avec l’Archevêque deToulouse, Monseigneur Saliège, ce quia amené ce dernier à protester en chairecontre les sévices antisémites de l’oc-cupant ? S’agit-il de VladimirJankelevitch, prononçant son cours enSorbonne ou écrivant son magistral« Traité des Vertus » ? L’UJRE attend de François Fillon qu’ilprécise de quelle « période passée » ilparle et qu’il revienne clairement surses propos. < Le Bureau de l’UJRE

24/11/2016

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Le milliardaire xénophobe et natio-naliste va entrer à la MaisonBlanche, en janvier prochain, en

étant le président minoritaire en voix leplus mal élu depuis John Adams en1824. Jamais le système du collège élec-toral, créé afin de « filtrer » si ce n’est« censurer » le suffrage universel, n’a-vait provoqué un tel décalage.Hillary Clinton a remporté 1,7 millionde voix de plus que son adversaire répu-blicain et elle accuse pourtant un retardconséquent en nombre de grands élec-teurs (306-232). On peut largementconsidérer qu’il s’agit d’un « holdup »démocratique. En refusant d’appliquerle principe « un homme = une voix », lesÉtats-Unis n’ont jamais répondu à cecanon de la démocratie. À la crise dereprésentation politique, s’ajoute unecrise de légitimité démocratique. Le pays est plongé dans l’une des pirescrises politiques de son histoire. Et c’estl’un des présidents les plus à droite de laRépublique qui va entrer en fonction.Pour autant, il faut l’affirmer :l’Amérique n’a pas sombré corps etbiens dans le « trumpisme ». Ce projetest minoritaire. Trump a convaincu26,8% des électeurs potentiels. Il estmoins rassembleur que la plupart de sesprédécesseurs républicains depuis 15 ans : 30,4% pour George W. Bush en2004, 27,5% pour Romney en 2012 et 26,7% pour McCain en 2008. Au cours de six des sept élections prési-dentielles qui se sont déroulées depuis lecycle ouvert par la fin de la guerrefroide, les républicains ont perdu labataille au suffrage universel.La victoire ne peut advenir que « pardéfaut ». Et c’est encore ainsi qu’elle estadvenue. Et quel défaut ! Poussée par les

vents porteurs des changements démo-graphiques – les forces sociales ascen-dantes (minorités, jeunes, femmes diplô-mées) sont les plus enclines à voterdémocrate – Hillary Clinton a échoué àrecomposer la « coalition d’Obama. »Elle l’a même, d’une certaine façon, dis-loquée. Elle ne suscite le vote que de27,5% du corps électoral contre 32,9%et 29,3% lors des victoires d’Obama en2008 et 2012. Elle fait à peine mieux queJohn Kerry en 2004 : 27,09%, dans uneAmérique pré-Obama.Cette élection marque d’abord et avanttout la défaite du « clintonisme ». Pourl’ensemble de son œuvre, serait-on tentéd’écrire. La conversion néo-libérale desélites démocrates se termine « en coupnéofasciste », selon la formule du philo-sophe africain-américain, Cornel West.Hillary Clinton paie les politiques delong terme de la « famille » comme seserrements stratégiques de 2016.L’ancienne secrétaire d’État perd le col-lège électoral en raison de trois défaitesdans des Etats du Midwest(Pennsylvanie, Wisconsin, Michigan).L’écart est certes serré : quelques dizai-nes de milliers de voix tout au plus. Maisces trois États faisaient partie du « murbleu », cette citadelle supposée imprena-ble d’États qui avaient voté démocratesans discontinuer depuis 1992. L’alertedes primaires n’a pas été entendue :Bernie Sanders avait remporté, à la sur-prise générale, le Michigan et leWisconsin, en développant sa critique degauche du néo-libéralisme et des traitésde libre-échange. La candidate, finale-ment nominée, n’a quasiment pas menécampagne dans ces États, préférant àpartir de fin août, alors que les sondageslui étaient très favorables, labourer les

terres républicaines (Utah, Georgie,Arizona) afin d’envisager un « raz demarée. » Sur le fond, elle a préférédénoncer le type de personnalité deTrump que de répondre, pied à pied, surles thématiques. On connaît l’issue.Pourtant, le jour même de ce revers his-torique, le « progressisme » sur lequel lacandidate a obstinément refusé de s’ap-puyer a signé, le 8 novembre, des victoi-res significatives lors des référendumslocaux. Des augmentations substantiel-les du salaire minimum (de 50 à 75%)ont été approuvées dans quatre États(État de Washington, Colorado, Arizonaet Maine) avec des participations égalantou dépassant celle de l’élection prési-dentielle. La légalisation de la marijuana

est effective dans quatre nouveaux Étatset le renforcement du contrôle des armesà feu a gagné du terrain dans trois États.Cette Amérique progressiste émergentedoit désormais trouver une autre échelled’expression que le local. La bataillenationale passe par une organisation.Pour Bernie Sanders, elle ne peut êtreque le parti démocrate, outil en déshé-rence mais à disposition. Le sénateursocialiste a déjà apporté son soutien àKeith Ellison, député progressiste duMinnesota, le premier musulmanélu au Congrès en 2006. <

* Christophe Deroubaix, journaliste,spécialiste des États-Unis, vient depublier aux Éd. de l’Atelier L’Amériquequi vient, 162 p., 15 €.

Le holdup d’un milliardairepar Christophe Deroubaix*

3Presse Nouvelle Magazine n°341 - Décembre 2016

MondeÉlection présidentielle américaine

Bernie Sanders sur l’élection de Trump

Bernie Sanders, le sénateur concurrentd’Hillary Clinton et qui se réclame

du « socialisme », s’est exprimé au len-demain de l’élection de Donald Trump :« Donald Trump a puisé dans la colèred’une classe moyenne qui s’érode et quiest excédée par l’économie établie, parla politique établie et par les médias éta-blis. Le peuple est fatigué de travaillerplus longtemps pour des salaires infé-rieurs, fatigué de voir des emplois bienrémunérés partir vers la Chine ou versd’autres pays à main d’œuvre bon mar-ché, fatigué par les milliardaires qui nepaient aucun impôt fédéral sur le revenuet fatigué de ne pas pouvoir offrir desétudes supérieures à ses enfants – tout çapendant que les très riches deviennentbeaucoup plus riches. Dans la mesure où M. Trump poursui-vrait sérieusement des politiques visant àaméliorer les vies des familles de tra-vailleurs dans ce pays, les autres pro-gressistes et moi-même serons prêts àtravailler avec lui. Dans la mesure où il poursuivrait sespolitiques racistes, sexistes, xénophobeset anti-environnementales, nous nousopposerons vigoureusement à lui. » <

<<<

(suite de la p. 1)

Hagai El-Ad, le directeur exécutif deB’Tselem, ONG israélienne dedéfense des droits de l’homme

dans les territoires occupés, a fait il y aquelques semaines*, une déclaration lorsd’une commission du Conseil de Sécuritéde l’ONU. Déclaration dont nous publionsquelques extraits :« Je me suis exprimé aux Nations Uniescontre l’occupation parce que je suisisraélien. Je n’ai pas d’autre pays. Je n’aipas d’autre citoyenneté ni d’autre avenir(...).La réalité ne changera pas si le monden’intervient pas. Je soupçonne notre gou-vernement, dans son arrogance, de savoircela et, de ce fait, de s’occuper à répandrela peur d’une telle intervention. Une inter-vention du monde contre l’occupation esttout aussi légitime que n’importe quellequestion de droits humains (…). Ce n’estpas un problème israélien interne, maisune question internationale (…). Il n’y a

aucune chance que la société israéliennede son bon vouloir et sans aucune aide,mette fin au cauchemar.(…). Au bout ducompte, j’en suis sûr, Israéliens etPalestiniens mettront fin à l’occupation,mais pas sans l’aide du monde (…). Je necomprends pas ce que le gouvernementveut que les Palestiniens fassent. Nousavons régi leurs vies depuis près de 50ans, nous avons déchiqueté leur terre enpetits morceaux. Nous exerçons un pou-voir militaire et bureaucratique avecgrand succès et nous nous arrangeonsparfaitement avec nous mêmes et avec lereste du monde.Qu’est ce que les Palestiniens sont suppo-sés faire ? S’ils osent manifester, c’est duterrorisme populaire. S’ils appellent à dessanctions, c’est du terrorisme écono-mique. S’ils utilisent des moyens légaux,c’est du terrorisme judiciaire. S’ils se tour-nent vers les Nations Unies, c’est du terro-

risme diplomatique (…). L’occupation nerésulte pas d’un vote démocratique. Notredécision de contrôler leurs vies (…) estune expression de violence et non dedémocratie. Israël n’a pas de raison vala-ble de continuer ainsi. Et le monde n’a pasde raison valable de continuer à nous trai-ter comme il l’a fait jusqu’à présent – quedes mots et pas d’action… » <

* cf. Hagai El-Ad in Haaretz, 29 octobre 2016

NDLR Ce langage de vérité dérange. Il a provo-qué un tollé en Israël, du Premier ministreNetanyahou au président de la coalition, DavidBitan. Ce dernier a été jusqu’à menacer dedéchoir Hagai El-Ad de sa nationalité et a sou-mis un projet de loi qui interdirait aux Israéliensde critiquer leur pays devant les institutions inter-nationales en capacité de prendre des sanctions.Projet massivement critiqué comme non démo-cratique, tant par les députés de gauche que dedroite. Est-ce un hasard si, depuis, les dons àB’Tselem se sont envolés et ont plus que triplé ?

B’Tselem condamne à l’ONU l’occupation israélienne

« Je me suis exprimé aux Nations Unies contre l’occupation parce que j’aspire à la qualité d’être humain. Et les êtreshumains, lorsqu’ils sont responsables d’une injustice envers d’autres êtres humains, ont l’obligation morale de réagir »

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Il n’y a jamais eu des dizaines demilliers de détenus politiques dansl’île, mais un nombre trop importantqui ont dû subir pour certains desviolences inadmissibles. Mais n’est-ce pas curieux que tous les prison-niers sortant des geôles cubainesaient été libérés dans une bonnecondition physique ?Ceux qui osent émettre une versiondifférente d’un « goulag tropical »seraient soit des « agents à la soldede La Havane », soit victimes decécité. Que la révolution ait commisdes erreurs, des stupidités, des cri-mes parfois n’est pas contestable.Mais comment, dans une situation detension extrême, écarter les dérivesautoritaires ? Tant d’années d’agressions, tantd’années de dénigrement et de coupstordus, tant d’années de résistanceface à la première puissance écono-mique et militaire mondiale ne pou-vait favoriser une tranquille coexis-

Fide l d i sparu , Cuba cont inuepar José Fort *

Le peuple cubain a rendu un hommage massif et émouvant au « commandante ». Dans un environnement hostile, la Grande Île poursuitla modernisation de sa société.

Hommage

La mort de Fidel Castro a entraîné àCuba, en Amérique latine et sur tousles continents une vive émotion. Ellea donné lieu aussi à une campagnehaineuse, mensongère et calom-nieuse en France et dans plusieurspays européens.Un rappel s’impose. À Cuba, au len-demain de la révolution, il y eut lafuite de la grande bourgeoisie, desofficiers, des policiers qui formèrent,dès la première heure, l’ossature dela contre-révolution encadrée etfinancée par la CIA.

Il y eut ensuite les départs d’hommeset de femmes ne supportant pas lesrestrictions matérielles. Il y eut lesmilliers de balseros** qui croyaientpouvoir trouver à Miami la terre detoutes les illusions. Il y eut aussiceux qui refusaient la pensée unique,la censure édictée par la Révolutioncomme « un acte de guerre enpériode de guerre ».

À Cuba, la torture n’a jamais été uti-lisée. On tranchait les mains des poè-tes à Santiago du Chili, pas à laHavane. Les prisonniers étaient lar-gués en mer depuis des hélicoptèresen Argentine, pas à Cuba.

Àpeine la mort annoncée dupère de la révolution cubaine,la question a fusé :

« Tu ne crois pas qu’il faut, vite, faireun tour à Cuba, après il sera troptard ? »

Depuis le rétablissement des relationsdiplomatiques entre Washington et LaHavane, le voyage d’Obama dans laGrande Île, le débarquement massifdes touristes, la multiplication desvols aériens entre les capitales dumonde entier et les principales villescubaines, après l’ouverture de lazone spéciale, après, après, après…les défenseurs de la révolution etceux qui rêvent de la détruire s’inter-rogent de la même manière avec desobjectifs différents : « Cuba, c’estfini ? »

Il n’est pas exagéré de poser la ques-tion. Le fric, le business, les combi-nes, ne vont-ils pas pervertir lesidéaux révolutionnaires ? Le peuplecubain qui a enduré tant de priva-tions découlant d’un blocus écono-mique criminel, qui a résisté auxprovocations, au terrorisme, a ledroit lui aussi de vivre mieux, plusconfortablement, dans la sécurité,avec de meilleurs salaires, libre dedécider son destin et ouvert sur lemonde.

Dans un monde aussi complexe tantsur le plan économique que social etpolitique, Cuba ne peut pas rester unîlot isolé dans une planète en sur-chauffe. Comme toutes les sociétés,la société cubaine évolue, aspire àdes changements et regarde ailleurs,espère tirer profit du meilleur. Et alors ?

Cuba poursuit son chemin dans unenvironnement défavorable, commeviennent de l’illustrer les proposagressifs du sinistre président élu desÉtats-Unis, M. Trump. Objectif affi-ché à La Havane : construire unsocialisme moderne à la cubaine. Fidel a la tribune de l’ONU, le 28 septembre 1960

4 Presse Nouvelle Magazine n°341 - Décembre 2016

tence avec une opposition souventinféodée à Washington. Lorsqu’on évoque le manque delibertés à Cuba, ne faudrait-il pasd’abord se poser la question : unpays harcelé, étranglé, en guerre per-manente, constitue-t-il le meilleurterreau pour favoriser l’épanouisse-ment de la prétendue démocratietelle que nous la concevons en occi-dent ?Voici un pays du Tiers monde oùl’espérance de vie s’élève à 76 ans,où tous les enfants sont scolarisés etsoignés gratuitement. Un petit payspar la taille capable de produire desuniversitaires de talent, des méde-cins et des chercheurs parmi lesmeilleurs au monde, des sportifsraflant les médailles d’or, des artis-tes, des créateurs. Où, dans cetterégion du monde, peut-on présenterun tel bilan ?La mort du père de la révolutioncubaine est intervenue alors qu’unenouvelle étape de la constructiond’un socialisme moderne, adapté àson temps, se met en place dans laGrande Île. Une étape avec desatouts dont ne bénéficiait pas FidelCastro mais dont il a posé les fonda-tions. <

* José Fort, journaliste, ancien chef du ser-vice monde de l’Humanité et correspondant àla Havane, décide lors d’un séjour à Cubaavec Wolinski de raconter des anecdotes deleurs années passées à l’Humanité et de bros-ser quelques portraits de personnalités. Leprojet est prêt fin 2014. Le 7janvier 2015, Wolinski estassassiné lors de l’attentatcontre Charlie Hebdo. JoséFort publiera seul « 30 ansd'humanité, ce que je n'ai paseu le temps de vous dire », Éd. Arcane 17, 170 p., 16 €

** Cubain tentant d'émigrer clandestinementaux États-Unis à bord d'un radeau.

Dans une exposition de photographies à La Havane

Dolores Ibarruri, avec Fidel Castro en 1964, a Moscou

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d’intérêts réels et de taux de change faibles,ce qui augmente encore sa croissance ; c’estl’inverse pour un pays en stagnation. » Dans ces conditions, ils posent une questionfort pertinente à propos d’un « gouverne-ment et d’un parlement démocratique de lazone euro » : Peut-on imaginer un pouvoirfédéral capable de prendre en compte lesspécificités nationales dans une Europecomposée de pays hétérogènes ? Pour sur-monter cet obstacle, il faut selon eux« ouvrir une crise » car il faut mettre enplace un processus de coordination ouverteentre les pays ayant pour but le plein emploiet la résorption des déséquilibres aboutissantà une stratégie coordonnée mais différen-ciée. Dans la mesure où un tel projet seheurte à l’opposition des pouvoirs en place,la France doit trouver des alliés en Europepour ouvrir une crise consistant à refuser lediptyque austérité budgétaire / réformesstructurelles abaissant les garanties dontdisposent les salariés. Cependant, cettecontroverse n’est pas la seule présente dansl’ouvrage. Celles-ci font sa richesse etcontribuent à en recommander la lecture. <[1] Éd. Les Liens qui Libèrent, 224 p., 18 €[2] http://atterres.org/article/lhuma-nité-26-septembre-2016[3] Tous trois sont membres del’Observatoire français des conjonc-tures économiques (OFCE), centre derecherches de Sciences Po, dontXavier Timbeau est le directeur principal.[4] Eux aussi membres de l’OFCE

Presse Nouvelle Magazine n°341 - Décembre 2016 5

Àl’initiative du Mouvement des éco-nomistes atterrés, rejoints par d’au-tres, vient de paraître un ouvrage de

grande importance pour le débat démocra-tique. Il s’agit du livre Sortir de l’impasse.Appel des 138 économistes [1]. La philosophie générale de l’ouvrage serésume en quelques idées simples : la satis-faction des besoins humains, pas plus que lerespect de l’environnement naturel, ne peu-vent s’obtenir par le fonctionnement d’uncapitalisme financier débridé soutenu parune politique économique libérale. À l’encontre de l’idée selon laquelle il n’y apas d’autre voie que l’actuelle, cet ouvrage,basé sur les études les plus récentes signéesparfois par les économistes français les plusprestigieux, cherche à montrer l’importanced’une intervention, pas toujours nécessaire-ment étatique, mais toujours politiquementdéterminée, en vue de sortir de la criseactuelle. Le libre jeu des marchés est à la foisinsuffisant et nuisible.Les sujets abordés sont très variés. Il s’agit d’abord de la transition écologique àpropos de laquelle il est montré commentl’accélérer jusqu’à avoir 100 % d’énergierenouvelable. Puis il est question de cher-cher à domestiquer la finance afin de la met-tre au service de la société, notamment enconditionnant le soutien monétaire de laBanque centrale européenne au financementde l’investissement productif de long terme,en vue de valoriser le travail. Est ensuiteabordée la plus délicate des questions :

comment chan-ger l’euro etl’Europe, parquelles modifi-cations institu-tionnelles celaest-il possible,quelle crisedevrait alorss’ouvrir et,é v e n t u e l l e -ment, quellesortie de l’euroserait néces-saire ? Est égale-ment abordée laquestion desfinances publiques – impôt, dépense et dettepubliques – à réhabiliter selon les auteurs.De plus, l’ouvrage s’intéresse aux réformesnécessaires à l’emploi : la nécessité de résis-ter à l’austérité salariale, la réduction dutemps de travail et le renforcement du droitdu travail. La partie finale traite des inégali-tés autour de l’économie sociale et de l’étatsocial, de l’indemnisation du chômage et dela proposition du revenu universel. Enfin estreproduit l’appel, paru dans la presse, des138 économistes. [2]Un des grands intérêts de l’ouvrage est dedonner lieu à des discussions sur des pointscontroversés et notamment le plus discutéd’entre eux : la question de l’euro et del’Europe. Comme on le sait, cette dernièreimpose aux pays européens des règles bud-

gétaires draco-niennes met-tant en causeleur souverai-neté financière.Eric Heyer,Mathieu Planeet XavierTimbeau [3]préconisent derepenser cesrègles afin defavoriser l’in-vestissement

de long terme,de rééquilibrerles politiques

salariales vers le haut, de donner à la Banquecentrale européenne le rôle explicite degarantir la stabilité financière en la plaçantsous la légitimité d’une assemblée démocra-tique, de mener une politique européenned’investissements énergétiques publics etprivés dans le cadre de la transition, deréduire le fardeau excessif de la dette despays en crise et de mutualiser une partie desdettes publiques, de garantir le modèlesocial européen, de lutter contre la concur-rence et l’évasion fiscales. Pour CatherineMathieu et Henri Sterdyniak [4], l’euro tendà accroître les différences entre pays qui lecomposent rendant impossible une politiquemonétaire profitable à l’ensemble car,comme ils l’écrivent : « Un pays à fortecroissance et inflation bénéficie de taux

France

Il est possible de sortir de l’impasse économique et socialepar Jacques Lewkowicz

La réforme © Jean-Denys Philippe – Extrait de Coups doublesassemblages drolatiques dessins politiques paru aux Éd. Helvétius.

Avec l’aimable autorisation de l’auteur et de l’éditeur

Elles ont tout quitté, lycée, travail,train-train familial, pour monter sur

les planches, devenant d’amatrices, inter-mittentes du spectacle le temps d’unetournée. Elles, ce sont des jeunes femmesque l’on dit issues de l’immigration.

Elles sont belles et drôlement talentueu-ses, curieuses et cultivées. Au final, devraies professionnelles, fières d’être lesfemmes qu’elles sont, qui nous font rêveret nous donnent un sacré appétit de vivre, très loin de tous les clichés nauséabonds gan-grénant les relations humaines, que l’on peut entendre sur les quartiers populaires. Ellessont tout simplement normales, chantent, dansent, rient, étudient, se penchent sur leursidentités multiples qui font leur richesse, sur leurs racines, et revendiquent haut et fortl’ « égalité » qui manque cruellement, celle de la devise française « liberté, égalité, fra-ternité ». Elles réussissent, ont des enfants bien intégrés, parfois vivant dans les beauxquartiers où, forts de préjugés honteux, l’on confond ces mères avec des nounous. Lesdescriptions du quotidien hautes en couleurs respirent un humour omniprésent. Que cesoit sur leurs cultures d’origine, ou sur la société présente, tout est passé au crible, sansconcession, mais sans dramatisation. Elles, elles se revendiquent femmes et tellesqu’elles sont, autonomes et en mouvement. Et elles calculent bien les problèmes quipeuvent se poser tant vis-à-vis des femmes que sociétaux.

Madani avait déjà fait un spectacle « Illumination(s) » avec des jeunes hommes du Val-Fourré, spectacle qui avait eu un grand succès. Pas étonnant. Sur une scène épurée oùles corps font scène, juste un écran de projection au fond, Il nous fait rêver, sans aucunenostalgie ni pathos, et nous propulse vers la créativité, l’intelligence, la culture, la fra-ternité, et le vivre ensemble. Avec beaucoup de perspicacité, il nous conduit du présentà un avenir qui fait sens et humain. Avec Madani, c’est un bain de jouvence sociale quinous revigore, un art polémique par excellence. Dans leur sphère intime traversée enfiligrane par l’histoire, ces jeunes femmes dessinent la route où doit fleurir leur deve-nir. À voir absolument. Unique et fort. <

Maison des métallos jusqu’au 4/12. Rés. 01 47 00 25 20 puis tournée 2016-2017. puis du 7 au 30 juillet 2017 à Avignon au Théâtre des halles.

Dans sa création et adaptation autour de la cor-respondance de Vladimir Jankélévitch avec son amiLouis Beauduc, le comédien et metteur en scèneBruno Abraham-Kremer nous montre avec talent,un « mensch » si attachant, à la fois philosophe,moraliste, musicien, musicologue, professeur, résis-tant, ayant des convictions et positions fortes, « uneliberté de penser le monde sans préjugés, refusanttoutes les chapelles intellectuelles de son temps »,une grande humilité et un sens de l’amitié indéfec-tible. Cette correspondance qui aura duré 60 ans,jusqu’à la mort de Beauduc en 1980, traverse diffé-rentes époques dont la douloureuse période de laguerre 39-45 et s’attache beaucoup au quotidien.

Ce subtil montage (choix des lettres, voix et pensée de celui que ses étudiants appe-laient « Janké », morceaux de musique prisés, commentaires érudits) a pour liant

la belle présence et voix grave de Bruno Abraham-Kremer, sa complicité implicite avecle maître : bercé au lait de la philosophie, sa mère a été l’élève de Jankélévitch.Reçu premier à l’agrégation et Beauduc second, on retiendra de « Janké » ses trente ansde cours de morale à la Sorbonne, son humour inépuisable. Amitié et amour sont pourlui des mots importants, tout comme rendre ses actes conformes à ses idées. Visionétonnante pour 1975 : « Place aux ordinateurs et au Dieu business ! ». Ce grandhomme, pianiste, bercé dans la culture germanique (son père traduisit Freud et Hegel)qu’il avait définitivement refusée à cause de cette blessure béante de la guerre, ouvritsa porte au jeune Ravelin lorsque celui-ci répondit à ses propos lors d’une émission duMasque et la plume : « Les Allemands ont tué six millions de juifs, mais ils dormentbien… Je n’ai jamais encore reçu une lettre qui fasse acte d’humilité… ». La questioncentrale dans la deuxième partie de la vie de Jankélévitch est celle de l’imprescriptibi-lité des crimes de la Shoah, question récurrente du pardon. Rendre hommage à des êtres d’exception, Jankélévitch fut coprésident de l’UJRE, étaitune nécessité. Comme le dit Bruno Abraham-Kramer : il fait bon « nous réchaufferauprès de la pensée vitalisante et réchauffante de V. Jankélévitch en ce XXIe sièclecalamiteux. » <* D’après la correspondance réunie par Françoise Schwab, V. Jankélévitch, Une Vie entoutes lettres, Éd. Liana Levi, 350 p., 24,50 €. Adaptation et mise en scène par CorineJuresco et Bruno Abraham-Kremer. Théâtre du Lucernaire jusqu’au 11 décembre. Rés :01 45 44 57 34. NB : La BNF exposera en 2017 les archives de Jankélévitch.

F(l)ammesLe metteur en scène Ahmed Madani fait résonner sur scène les voix de ladiversité au féminin

Théâtre La chronique de Simone Endewelt

© F(l)ammes@François Louis Athenas

Vladimir Jankélévitch - La vie est une géniale improvisation*

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Bruno Abraham-Kremer dansVladimir Jankélévitch La vie est

une géniale improvisation

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6 Presse Nouvelle Magazine n°341 - Décembre 2016

Histoire

Face à la résurgence des manifestationsd’anciens SS dans les pays baltes, de laglorification ouverte des « héros » nazisen Ukraine, de la montée en puissancede partis et mouvements politiquesreprenant cette rhétorique raciste etxénophobe, la « tolérance » doit avoirdes limites et on ne saurait laisserréécrire l’histoire. La résolutioncondamne ainsi, « les tentatives inces-santes de profaner ou de détruire les

monuments élevés en honneur de ceuxqui ont lutté contre le nazisme durant laSeconde Guerre mondiale ».Alors que 131 pays ont voté pour cetterésolution, l’Ukraine et les États-Unisont voté contre « parce qu’elle dépassele seuil acceptable de la liberté fonda-mentale d’expression » (sic). Se sontabstenus 48 pays, dont tous les memb-res de l’Union européenne y compris laFrance. Un scandale ! <

Il y a 75 ans les exécutions de masse de décembre 1941Les Allemands en avaient réclamé 100. La Police française leur en fournit 95, pour l’essentiel des communistes déjà emprisonnés et 53 Juifs internés à Drancy,parmi lesquels des militants de la sous-section juive de la M.O.I.

nés par les services français jusqu’auplus haut niveau. Le 14 août 1941, le général Otto VonStülpnagel, à la tête du Militärbefels-haber in Frankreich (MBF, le com-mandement militaire), décréta quetoute activité communiste était désor-mais passible de la peine de mort. Le 19, le jeune communiste Szmul

Tyzelman, « Titi », et soncamarade Henry Gautherotsont fusillés pour avoirpris part à « une manifes-tation communiste dirigéecontre les troupes d’occu-pation allemandes ». « Ilsont été fusillés aujourd’hui.Paris, le 19 août 1941 ».Deux jours plus tard, le 21,Pierre Georges – le futurColonel Fabien – abatl’aspirant de marine Moserà la station de métro

Barbès-Rochechouart, en s’écriant :« Titi est vengé. ». Aussitôt, Von Stülpnagel annonce« qu’à partir du 23 août, tous lesFrançais mis en état d’arrestation, quece soit par les autorités allemandes enFrance, ou qui sont arrêtés par lesFrançais pour les Allemands, sontconsidérés comme otages. En cas denouvel acte, un nombre d’otages cor-respondant à la gravité de l’acte com-mis sera fusillé. »Les nazis espéraient que la répressionet le chantage à la mort feraient plier lajeune Résistance. Ce fut l’effetcontraire. Elle redoubla.Le 14 décembre 1941, le même géné-ral von Stülpnagel fit paraître un« Avis » : « Ces dernières semaines,des attentats à la dynamite et au revol-ver ont à nouveau été commis contredes membres de l’Armée allemande.

Ces attentats ont pour auteurs des élé-ments, parfois même jeunes, à la soldedes Anglo-Saxons, des Juifs et desBolcheviks et agissant selon les motsd’ordre infâmes de ceux-ci. Des sol-dats allemands ont été assassinés dansle dos et blessés. En aucun cas, lesassassins n’ont été arrêtés. »Le 28 septembre 1941, fut promulguéun « Code des otages » Il énuméraainsi les catégories parmi lesquelles ilconvenait de choisir les victimes :

« a. les anciens élus des organisationscommunistes et anarchistes, ainsi queles permanents ;b. les personnes qui se sont adonnées

à la diffusion de l’idéologie commu-niste par la parole ou par les actes, parexemple par la rédaction de tracts(intellectuels) ;c. les personnes qui ont montré par

leur comportement qu’elles étaientparticulièrement dangereuses (parexemple, agresseurs de membres de laWehrmacht, saboteurs, receleurs d’ar-mes) ;d. les personnes arrêtées pour distri-

bution de tracts ;

e. les personnes arrêtées récemment àla suite d’actes de terreur ou de sabo-tage en raison de leurs relations avecl’entourage des auteurs supposés des-dits actes. »Le 7 novembre 1941, un décret duGeneralfeldmarschall Keitel dit « Nuitet Brouillard » établit la déportation enAllemagne des politiques non justicia-bles de la peine de mort par fusillade.Vichy n’était pas en reste. Le 22 août1941, furent créées les sections spécia-les près les Cours d’appel. La loi futantidatée au 14 août et rétroactive – aumépris d’un principe fondamental dudroit – et dès le 28 août, trois commu-nistes furent guillotinés.A la fin des exécutions des 27 otagesde Châteaubriant, le 22 octobre1941,l’officier allemand qui commandait lepeloton, impressionné par la dignitédes condamnés qui avaient tous refuséqu’on leur bande les yeux, s’étaitadressé au chef de camp et au sous-pré-fet : « Les vainqueurs de cette journée– leur dit-il – sont ceux qui sont morts ».Il en fut de même pour ceux qui tombè-rent le 15 décembre 1941. < BF

Le 15 décembre 1941, soixante-dix otages furent passés par lesarmes au Mont Valérien, parmi

lesquels Gabriel Péri, journaliste etdirigeant communiste, Wolf Bursztyn,dirigeant de la section juive du syndi-cat de la boulangerie et membre de lasous-section juive de la MOI du Pcf, etun autre Bursztyn, sans lien familialavec le premier, Moché(Israël) Bursztyn, adminis-trateur et rédacteur du quo-tidien en langue yiddishNaïe Presse et de la Sociétédes éditions ouvrières jui-ves qui l’éditait, trésorierde l’Union des travailleursartisans et marchandsforains de la Cgt, présidentde l’Amicale des mar-chands forains et petitscommerçants juifs ; mem-bre actif de Solidarité,organisation clandestine liée à la sous-section juive de la MOI.Le même jour, près de Châteaubrianten plein cœur de la forêt de Juigné,neuf otages étaient fusillés, dontLucien Sampaix, lui aussi journaliste àL’Humanité et Bernard Friedmannmilitant, interpellé par des gendarmesde Saint-Ouen, le 8 août 1941 alorsqu’il collait des papillons édités par leParti communiste clandestin sur unpoteau télégraphique de la rue Vade(18° arrdt.). Quatre autres patriotesétaient également exécutés au champde tir de Chanteloup à Fontevrault-l’Abbaye (Maine-et-Loire).Quatre-vingt quinze, au total, jamais iln’y avait eu pareilles exécutions depuisle début de l’occupation allemande,cependant qu’entre septembre etdécembre 1941, 243 otages tombaientsous les balles allemandes, sélection-

Gabriel Péri dans son bureau à L’Humanité, derrière lui une affiche en yiddish annonçant un « grandmeeting » à La Grange - aux-Belles.

Israël Bursztynadministrateur de

la Naïe Presse

ONU : scandaleuses abstentionsLe 17 novembre, la Russie et quarante pays ont déposé devant le 3e comité

de l’assemblée générale de l’ONU une résolution visant à « lutter contrel’apologie du nazisme, du néonazisme et d’autres pratiques qui contribuentà alimenter des formes contemporaines de racisme, de discriminationraciale, de xénophobie et d’autres intolérances associées ».

75e anniversaire des premières exécutions massives d’otages en France

Mémoire des résistants juifs de la MOI, MRJ-MOI - Union des Juifs pour laRésistance et l'Entraide, UJRE - Association des Amis de la Commission Centralede l'Enfance, AACCE - auxquels se joignent l’Amicale Châteaubriand-Voves-Rouillé-Aincourt - l’Association pour le souvenir des fusillés du Mont Valérien et Familles deFusillés - l’Association Nationale des Familles de fusillés et Massacrés de laRésistance Française et leurs ami(e)s, ANFFMRFA

vous prient d'assister à l'hommage qui sera rendu aux 95 otages dont 52 juifs fusillés le 15 décembre 1941, et à tous les résistant(e)s victimes du nazisme

Jeudi 15 décembre 2016, à 15h au cimetière du Père Lachaisedevant le monument d'Auschwitz – Birkenau

Rendez-vous à 14h45, cortège jusqu'au monument, allocutions et dépôt de fleurs,puis fleurissement des tombes de nos héros fusillés dont le corps a été transféré dansle cimetière du Père Lachaise.

Entrée Gambetta, rue des Rondeaux, Paris 20° - M° Gambetta, Bus 26, 69,61 Des véhicules seront à la disposition de ceux qui le nécessitent

Mémoire

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Dans la vie d’un autrepar Jeanne Galili Lafon

PNM n°327 - Septembre 2015 11Presse Nouvelle Magazine n°341 - Décembre 2016 7

« Sou l èvement s »vu par Béatrice Courraud

Culture

Né à Dublin en 1965, ColumMcCann vit à New York depuisprès de trente ans. Lauréat de

plusieurs prix dont le prestigieuxNational Book Award, il nous offre avecTreize façons de voir un petit romand’une grande beauté et quatre nouvellesque je vous laisse découvrir, unies par lemême sentiment de malaise, de vio-lence et en même temps d’humanitéqu’est l’existence.Évoquant l’agression dont il a été vic-time en 2014, Colum McCann dit :« Chaque mot que nous écrivons estautobiographique, peut-être plusencore quand nous essayons d’évitertoute autobiographie. »Et pourtant, le personnage principal estun vieil homme, dont les parents, juifs,ont dû quitter Vilno (« Vilnius, Vilno,Wilna, Wilno sans cesse renommée » )au temps du nazisme. Ils sont arrivés àDublin, puis à New York. Mendelssohnest un ancien magistrat connu pour sonintégrité, mais maintenant que safemme Eilen est morte, l’Irlandaise,« jolie un jour, jolie toujours. Le clair delune dans ses cheveux », il vit seul, sedéplace difficilement, sous la protectionde Sally, l’infirmière, une belle Noirepleine d’attentionsOn pourrait dire simplement, l’histoirecommence un matin alors queMendelssohn est encore dans son lit,furieux que son infirmière lui ait misdes couches (« le costume d’hiver ») etse termine le jour même par son agres-sion et sa mort, dans l’après-midi d’unejournée grise et enneigée, alors qu’ilsort de son restaurant. Est-ce un romantriste ? Pas absolument. Tout d’abord,

bien qu’il s’agisse d’une seule journée,le récit n’est pas linéaire et le narrateurqui joue avec la temporalité adopte enplus différents points de vue. De quoiexciter l’imagination du lecteur qui n’aqu’à s’adapter à ce foisonnement, àl’habileté de l’écrivain.Le roman s’ouvre sur le monologueintérieur de Mendelssohn, où se mêlentde façon discontinue, ses souvenirs, par-fois comiques, parfois douloureux, auprésent de sa journée : atteindre le res-taurant habituel, une véritable aventure,dans la neige, les voitures qui klaxon-nent, pour arriver enfin dans ce restau-rant où il a rendez-vous avec son fils.Or, dès le chapitre suivant, Mendelssohnest mort ; on passe à un autre point devue, celui des caméras, nombreuses,postées partout, dans la chambre mêmedu mort, flicage de la ville et deshumains, messages que la police tentede décrypter. Qui est l’agresseur ? Cepourrait donc être un polar. Pourquoipas ?Mais on revient au récit du présent. Mendelssohn est vivant, on est avec lui,un peu énervé par l’attente du fils quiarrive enfin, véritable caricature, avecson portable, comme une excroissancede sa vulgaire personne.Et l’on passe à l’enterrement avec rab-bin, bien que notre Mendelssohn soitathée, pendant que les policiers conti-nuent leurs investigations, puis onretourne au restaurant où Mendelssohn,abandonné par le fils trop pressé,savoure, en même temps que son passé,un tiramisu et (en rêve !) la jeune etblonde serveuse.La condamnation de l’agresseur, au

futur, est comme détachée : l’essentielc’est bien Mendelssohn.Ce qui fait la beauté, la richesse de cepetit roman c’est la façon qu’a ColumMcCann d’entrer dans son personnage,empathie qui rend Mendelssohn parfoisbouleversant, empathie qui adopte uneécriture, une pensée pleine d’humour.Humour vis-à-vis de sa vieillesse. Onsourit plutôt des déboires du personnageavec son incontinence protégéepar « une saloperie de couche… j’enavais sans doute besoin il y a quatre-vingt-deux ans… et pardon si je jure –en polonais, en lituanien, ou dans monyiddish de cuisine », le sexe devenuhonteux, la barre pour se relever du lit,la démarche vacillante dans la rue. Saclairvoyance cruelle qui est aussi unedemande tue d’affectionAinsi, quand, à la question du fils luidemandant s’il peut téléphoner alorsqu’il ne fait que cela, Mendelssohn,pense en son for intérieur : « quandnous sommes-nous réellement regardéspour la dernière fois, dis-le moi, fils. Jesuis un vieil idiot sentimental… ». Mais il se contente de répondre « Pas deproblème, Elliot », blessé, seul.Faut-il se demander la part d’autobio-graphie ou plutôt de vision du monde del’auteur ?Ce qui est certain c’est qu’il y a dans ceroman une pensée, une humanité dansune écriture qui force l’adhésionet en même temps un humour(juif, irlandais, qu’importe)comme un sauve qui peut. <* Colum McCann, Treize façons de voir,traduit de l’anglais par Jean-Luc Piningre,Éd. Belfond, 2016, 210 p., 20,50 €

L’exposition « Soulèvements » aumusée du Jeu de Paume,conçue par Georges Didi-

Huberman*, part sur les traces des mou-vements et soulèvements révolutionnai-res qui ont marqué différentes époques,en France, en Espagne, en Irlande duNord, à Cuba, aux USA, en Amériquedu Sud, en Amérique Latine…Ces traces sont présentées sur de nom-breux supports, photographies, dessins,affiches, installations, vidéos… avecdes œuvres anciennes et contemporai-nes allant de Goya, Hugo, Courbet,Daumier, à Man Ray, Michaux, auxdadaïstes, surréalistes, situationnistes,ciné-tracts de 68, à Annette Messager,aux vidéastes Tsubasa Kato, TsyjirBatnui (Gaza Journal intime, 2001),Enrique Ramirez (Cruzar un muro,Franchir un mur, 2013)…

Les œuvres nous confrontent aux multi-ples expressions de la résistance, de larévolte, de l’insoumission, de la rébel-lion, de l’insurrection des peuples.

Insurrections poétiques /Insurrections politiques

Ces signes, ces lucioles, sont autant depoints de repère qui éclairent notremémoire. Les images seraient d’aprèsGeorges Didi-Huberman des « mona-des », des constellations de mémoire.Il faut savoir écouter le passé et lui par-ler, et le laisser nous parler, revenir àWalter Benjamin que cite souvent l’his-torien de l’art, faire rejoindre le mainte-nant avec l’autrefois, non pour ressusci-ter le passé mais pour ressusciter le pou-voir de sa parole. Nous sommes pris sous le charme deces images qui viennent à notre rencon-tre, tant la puissance de ce que nousregardons et de ce qui nous regarde estchargée de densité émotionnelle, dupoids symbolique d’un réel de combatsdans lesquels se sont inscrits des hom-mes et des femmes qui ont tenté detransformer le cours de l’Histoire etpour ce faire, y ont engagé toutes leursforces, leur énergie, leur courage.« Soulèvement, uprising, aufstand, sol-levazione, leventamiento… tous cesmots sonnent un même appel à se lever,à se dresser, à tenir debout. »Marie-José Mondzain, « À ceux qui sontsur la mer … »Des peuples en mouvement épris deliberté, de justice, de fraternité se dres-sent, se redressent, s’insurgent. Lescorps se soulèvent, s’élancent et dan-sent, des mains se tendent, brandissentd’immenses drapeaux, les poings sont

À voir

levés dans une attitude souverainecomme si le monde appartenait auxgens qui, ensemble et solidaires dansces instants exceptionnels, se mettent enmarche. Les manifestants, les protestataires, lesinsurgés crient leur colère, leur révolte,ils sont une multitude, ils sont seuls,comme l’homme debout au milieu d’unpaysage désolé dont le cri sans fin tra-verse l’espace pour parvenir jusqu’ànous - Crier jusqu’à l’épuisement,vidéo de Jochen Gerz, 1972. Il y a la fière et altière Femmeau drapeau captée par TinaModotti, la photo mythiquede Willy Ronis immortalisantla grande militante syndica-liste, Rose Zehner, s’adressantaux ouvrières lors de la Grèveaux usines Javel-Citroën,1938 , les photos embléma-tiques de Gilles Caron :Manifestation paysanne àRedon, 1967, Manifestation à Paris,1968, Manifestations anticatholiques àLondonderry, 1969, et celles qui dres-

sent un terrible constat de l’état dumonde au XXIe siècle, avec la tragédiedes migrants contraints de quitter leurfoyer, leur pays pour fuir la misère, lesguerres, les massacres, de franchir desmurs, traverser des mers pour fouler lesol de contrées hostiles et inhospitaliè-res d’où beaucoup seront chassés ouparqués dans les camps de transit.Des voix se sont tues. Celles de résis-tants communistes, Paul Vaillant-Couturier, journaliste, écrivain, Charles

Michels, syndicaliste dans lamétallurgie, Jean-PierreTimbaud, syndicaliste.Charles Michels et Jean-Pierre Timbaud serontfusillés à Châteaubriant en1941. Trois visages nousfont face qui nous rappellentle combat acharné des com-munistes contre le fascisme.Des voix se sont tues, cellede Che Guevara et de tantd’autres, connues ou anony-

mes, qui résonnent douloureusement ennous, mais l’espoir est toujours vivant.

« De toutes les façons, chaque foisqu’un mur se dresse, il y aura toujoursdes ‘soulevés’ pour ‘faire le mur’, c’est-à-dire pour traverser les frontières. Ne serait-ce qu’en imaginant. Commesi inventer des images contribuait – icimodestement, là puissamment – à réin-venter nos espoirs politiques. »[Georges Didi-Huberman]. <

* SOULÈVEMENTS, du 18 octobre 2016 au15 janvier 2017, Jeu de Paume, Paris.Exposition transdisciplinaire sur le thème desémotions collectives, des événements poli-tiques en tant qu’ils supposent des mouve-ments de foules en lutte […]. Le visiteur suitun parcours conçu de façon sensible et intui-tive autour de cinq thèmes : Éléments, Gestes,Mots, Conflits, Désirs. Commissaire :Georges Didi-Huberman, philosophe et histo-rien de l’art (http://www.jeudepaume.org).

Georges Didi-Huberman est directeur d’étu-des à l’École des hautes études en sciencessociales ; il est l’auteur d’une cinquantained’ouvrages. Dernières publications aux Éd. deMinuit : Essayer voir, 2014, 96 p., 13 €,Peuples en larmes, peuples en armes, L’Œilde l’histoire 6, 2016, 464 p., 29,50 €

Manifestations anticatholiques à Londonderry1969 © Gilles Caron

Femme au drapeau, Mexique, 1928 © Tina Modotti

À lire

Page 8: MENSUEL ÉDITÉ PAR L’U.J.R.E. e année Union des Juifs pour ...data.over-blog-kiwi.com/1/10/37/54/20171117/ob... · e yiddish est en deuil. Notre mame-lochen a perdu l’un de

Heureuse initiative ! Jean-Jacques Schpoliansky, directeur ducinéma Le Balzac, vient de lancer sa Première quinzainedu cinéma yiddish. Qui dit « première » nous laisse fort heu-

reusement augurer d’une suite ! C’est que le patrimoine yiddish estriche ! Coïncidence ? La Journée mondiale du patrimoine audio-visuel célébrée chaque 27 octobre par l’Unesco avait pour thèmecette année « C’est votre histoire, ne la perdez pas ! ». Coïnci-dence ? C’est cette année que Lobster Films, professionnel de larestauration de films anciens, décidait de produire, au terme d’unminutieux travail de collecte, un coffret de 5 DVD, intitulé « Trésors du cinéma Yiddish ». Sortie officielle le 12 décembre(voir encadré). Oui, c’est notre histoire, notre culture que SergeBromberg, dirigeant de Lobster Films, nous permet ainsi de nousréapproprier. Une histoire qui nous touche de très près. Car outreles films emblématiques du cinéma yiddish sélectionnés pour cecoffret, comme Tévié le laitier ou Le Dibbouk (voir ci-dessous), le coffret révèle divers court-métrages retrouvés, qui tous évoquentla jeunesse juive, sous divers angles, lieux et époques ... L’un d’euxMir zenen do ![1] – Nous continuons !.. [2] fut produit par l’UJREen 1946. C’est ainsi que Serge Bromberg nouscontacte à l’été 2015 et associe l’UJRE àla préparation de ce coffret pour le sous-titrage de ce film tourné en yiddish en1946 pour collecter des fonds au bénéficede ses maisons d’enfants [3]. Projeté auRialto Theatre de Broadway en 1948, il rencontra un large élan de solidarité en-vers les actions de l’UJRE. Visionné au« 14 » le 19 janvier 2007 dans sa versionrestaurée par le CNC-AFF, par nombred’anciens des « Maisons », il impression-nera par la beauté de ses images, que cer-tains trouveront inspirée du Bauhaus...Ce très beau film, émouvant, rend hommage aux résistants de lasous-section juive de la M.O.I., qui dès 1941, ont agi pour sauverdes familles juives de la déportation et les mettre à l’abri.

Dès l’entrée, il annonce :« La Commission Centrale de l’Enfance de l’Union des Juifs pourla Résistance et l’Entraide en France présente Nous conti-nuons !.. » et le dédie « à la mémoire de ceux qui sont tombés pourque les enfants puissent rire et vivre librement » ; puis il nous dé-crit le sauvetage des enfants, enfin leur vie dans les nombreuses« Maisons » puis « Colonies de vacances » ... La joie y est omni-présente. Nombre de cinéastes y ont été sensibles qui intégrèrentdes extraits de Nous continuons dans leurs documentaires [4].Comment, en (re)voyant ce film, ne pas être bouleversés et nousremémorer avec gratitude ces militants juifs de l’UJRE qui dès1944 pour certains, après 1945 pour des rescapés des camps de lamort, accueillirent ces enfants ! Malgré les difficultés de l’après-guerre, ils ont pu réapprendre à jouer, rire, chanter, grandir [5] et às’intégrer, sans oublier ni leur histoire ni leur culture d’origine. <

Tauba Alman

1. Dernier vers de « l’hymne des partisans », Zog Nit Keynmol, d’Hirsh Glick,détenu au ghetto de Vilno : Mir zenen do ! [Littéralement, nous sommes là ! ]

2. Sur un scénario d’Henri Braun, réalisé enéquipe par M.Bahelfer, O.Fessler, A.Hamza,I.Holodenko et J.Weinfeld fin 1946, restauréen 2006 par le CNC-Archives Françaises duFilm dans le cadre d’un plan du ministère de laCulture de restauration des films anciens, puisen 2016 par Lobster Films.3. Les Foyers pour enfants de fusillés et dépor-tés créés dès 1945 par l’UJRE.4. Yves Jeuland in Comme un juif en Francedans la joie et la douleur, Emmanuel Blan-chard in Après la guerre, la guerre continue1945-1950, ... 5. L’ouvrage de Serge Wolikow et IsabelleLassignardie, Grandir après la Shoah, L’his-toire méconnue de ces juifs communistes quiaccueillirent des enfants de déportés, Éd. de l’Atelier, 136 p., 25 €, publie les dessinsdes enfants de ces foyers, témoignage inesti-

mable de l’état d’esprit des enfants, de leur entourage, expression de l’in-dicible. Vécu transposé avec une bouleversante poésie par la Cie Pipa Soldans son spectacle Valises d’enfance.

8 Presse Nouvelle Magazine n°341 - Décembre 2016

Événement

Michael Waszinski est né MichałWaks (1904-1965) à Kovel enVolhynie. Il se convertit au

catholicisme dans les années 1920. Iltourne Le Dibbouk en 1937, le plus célè-bre film de l’histoire du cinéma yiddish.Dans la tradition populaire juive, un dib-bouk est une âme maudite qui ne peuttrouver le repos et se réincarne dans descorps humains, des animaux, des végé-taux pour se purifierL’action du film se noue à la synagogue.Deux jeunes hassidim originaires deMiropol, Nissan et Sender dont les fem-mes doivent accoucher, se promettents’ils ont l’un un garçon et l’autre une fillede les marier.Un mystérieux messager les avertit :« Nul n’a le droit d’engager ce qui n’estpas encore procréé ». Nissen se noie surle chemin du retour, alors que sa femmeaccouche d’un garçon. Sender trouve safemme morte en couches après lui avoirdonné une fille. Les deux enfants se ren-contreront et s’éprendront l’un de l’autre,mais Sender, le père de Léa, s’oppose àcet amour car il veut un gendre fortuné,l’accumulation de richesses étant le but desa vie.Hanan ne pouvant gagner Léa se détournealors du Talmud et en appelle à la Cabaleet à Satan pour prononcer le nom de Dieuen numération mystique, avec lettres,chiffres, noms, signes qui l’entraînent auxconfins de la magie. Ce recours à la Cabale le précipite dans la

mort. Son âme ressuscitera dans le corpsde Léa hurlant de désespoir. Un tsadik [2]exorcise la jeune possédée qui, se sous-trayant aux lois divines et terrestres,rejoint dans l’au-delà celui qu’elle aime.Histoire légendaire d’amants maudits, Le Dibbouk est un film fascinant etétrange. Certains thèmes de la traditionjuive y sont affirmés : cycle éternel de lavie et de la mort, transcendance del’espace, coexistence du monde desvivants et du monde des morts, humourironique sur la vanité de l’avarice.Le film ne se dégage pas toujours de lalenteur de la structure théâtrale dont il estinspiré, mais dans l’ensemble, ses qualitéscinématographiques surprennent : beautéde la photographie, composition de lalumière, mobilité de la caméra émanci-pent le film de la statique. L’influence de

l’expressionnisme allemandest évidente. Le film est égale-ment hanté par une plastiqueau grotesque rappelant la pein-ture de Bruegel l’Ancien : dan-ses des pauvres lors de la noce,danse de Léa avec la mort. Ilexiste dans le film une pré-sence de l’innommable, unsouffle de vie intérieure despersonnages, qui créent unenvoûtement lent et insidieux,une atmosphère surnaturelle,une menace de l’invisible qui

renvoient l’homme à sa solitude et à sadétresse et rappellent les œuvres deMurnau et Dreyer.Le Dibbouk est adapté de la pièce d’Anskiécrivain et ethnologue membre du Bundqui écrivit cette légende dramatique enlangue yiddish. Les interprètes du film deWaszynski sont les principaux acteurs duthéâtre yiddish de Varsovie des annéestrente. Les plus grandes productions ducinéma yiddish furent polonaises, avecenviron une centaine de films, puis améri-caines suite à l’émigration des juifs fuyantles pogroms, la misère, la répression poli-tique, l’antisémitisme. <[1] Le Dibbouk de Michael Waszinski avec LiliLiliana, Moyshe Libman, Ajzyk Samberg, DinaHalpern, Gerszon Lemberger (1937)[2] Tsadik : un homme juste, un « sage ».

Der Dibbouk [1] par Laura Laufer

Serge Bromberg y aretenu quatre titresemblématiques :• Mir Kumen On

(Nous arrivons)1936

• Dybuk(Le Dibbouk)

1937• Tevye derMilkhiker

(Tévié le lai-tier) 1939

• Lang iz der weg(La Route est longue) 1949

Ces versions inédites, restaurées par leCNC-Archives Françaises du Film* et parLobster Films**, sont sous-titrées en fran-çais. Le coffret offre en bonus moult témoi-gnages, court-métrages, pour nous permet-tre « un voyage dans le temps (…) un toutpetit moment d’éternité, tout simplement. »

www.shop-lobsterfilms.com : 30€ en pré-commande. Sortie officielle le 12/12 (40€). Contenu du coffret de 5 DVD : • un livret de32 pages • Mir kumen on 61’ • Making of dela restauration, Simon Kessler 25’ • Slide show Sanatorium Medem (photos Me-dem) • Témoignage Shana Gonshor, YiddishBook Center 3’ • Der Dibbouk versions lon-gue et courte • Tevye der milkhilker (Tévié lelaitier) 92’ • Lang Iz Der Weg (Longue est laroute) 74’ • Mir zenen do ! (Nous continuons)39’ • Unser Zukunft (Notre avenir) 33’ • Der Ruf Zum Leben (Rappel à la vie) 29’ • Die Kinder Fun di Heymen (Nos maisonsd’enfants) 18’.

Tévié le laitier (Tevye der milkhiker) de Mau-rice Schwartz (1939) d'après l'œuvre de Cho-lem Aleikhem, immortalisée par la comédiemusicale Un violon sur le toit : Laitier dans l'U-kraine russe au début du XXe siècle, Tévié vitavec sa femme Goldie, sa fille veuve Tseytl,ses deux enfants et sa fille cadette, Khave, cé-libataire. Celle-ci est courtisée par Fedya, ungoy, fils d'un fonctionnaire du gouvernementlocal. Tévié tente de la prévenir contre un ma-riage en dehors de sa foi… mais Fedya est toutaussi persuasif. Que va décider Khave, com-ment Tévié réagira-t-il ? Et quand le tsar dé-clenchera un pogrom, les amis de Tévié vien-dront-ils à sa défense? L’obstiné Tévié peut-ilréconcilier son cœur et sa tradition? « D'autrepart... ». Restauration photochimique par leCNC-AFF et numérique par Lobster Films.

Mir Kumen on : Tourné à la demande duBund, ce film décrit à la fois la modernité desinstallations de l’établissement Vladimir Me-dem qui accueille les enfants juifs défavoriséset les difficiles conditions de vie de la classeouvrière juive. Lieu d’éducation atypique, l'é-tablissement est resté ouvert jusqu’à la dépor-tation du personnel et des enfants à Treblinkaen 1942.

* Les Archives Françaises du Film sont rat-tachées à la Conservation du patrimoine ciné-matographique du Centre national de la ciné-matographie (CNC), établissement public quiassure depuis plus de quarante ans la sauve-garde du cinéma de patrimoine.

** Lobster Films : Bien connu des cinéphilesdepuis 1992 pour la restauration de « filmsretrouvés dans les caves, les greniers, les mar-chés aux puces » , mis en valeur par ses spec-tacles de référence, Retour de flamme.

au cinéma Le Balzac

Le yiddish fait son cinéma

Nous continuons © UJRELes « petits » d’Andrésy

Sortie d’un coffret de 5 DVD

Première qu inza i n e à Par i s