Merhaba Hevalno mensuel 1 / 15 fevrier

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Ce bulletin mensuel autour de l’actualité du Kurdistan est notamment rédigé depuis la ZAD de NDDL, mais pas seulement ! Un certain nombre de camarades de Toulouse, Marseille et d’ailleurs y participent...Pour nous contacter : [email protected]

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  • m e n s u e l n 1 1 5 f v r i e r 2 0 1 6 p r i x l i b r e

    nouvel les du kurdistan

    massacres cizre

    au sommaire :Edito p. 2Guerre et paix p. 5 Les YPS-Jin aux femmes du monde p. 7Un volontaire franais dans les YPG p. 9Appel du collectif Solidarit Femmes Koban suite aux attentats du 13 nov. p. 13

    Sakine, Leyla et Fidan p. 15Agenda et plus p. 15

    Guerre et paix. Entretien avec un camarade de Diyarbakr p. 5

    Les YPS-Jin aux femmes du monde : la lutte est la seule option possible p. 8

    Interview dun volontaire franais dans le bataillon international du Rojava p.9

    Carte, glossaire & plus encore

    en dernire page !

    pour toutes infos, commentaires ou suggestions :

    [email protected]

    Panorama historique des luttes au KurdistanQuand on parle des Kurdes on fait rfrence une culture ancestrale implante depuis plus de 5000 ans en Msopotamie (au sein de ce quon appelle maintenant le Proche Orient ). Ce territoire montagneux donne naissance aux fleuves du

    Tigre et de lEuphrate, ce qui aura permis la sdentarisation des tribus semi-nomades travers lagriculture ; on considre dailleurs ce territoire comme le ber-ceau des civilisations.

    Nanmoins, les Kurdes ne constituent pas un peuple unifi, mais plu-

    tt une socit compo-se de multiples tribus qui parlent plusieurs langues (dont quatre principales de nos jours) et qui se sont trou-ves spares depuis le xviime sicle entre lempire ottoman et lempire perse. Cest au xxme sicle, aprs la 1re

    suite p.3

    suite p. 2

    L e 23 janvier, lors des attaques et bombardements de larme turque, un nombre incertain de personnes se sont rfugi.e.s dans le sous-sol dun immeuble dans le quartier Cudi de la ville de Cizre. Une grande majorit dentre elles taient bless.e.s dont cer-taines gravement. Toute tentative de la part des civils, des familles et des secou-ristes de les rejoindre ont t systma-tiquement bloques par les autorits turques. Le 31 janvier, le nombre de per-sonnes dcdes des suites de leurs bles-

    sures atteint le nombre de 7. Peu aprs, 11 femmes de Cizre, y compris les mres de certaines des personnes coinces dans le sous-sol, ont entam une marche en direc-tion du btiment. Elles ont t entoures et bloques par la police des oprations sp-ciales et par des vhicules blinds, arrtes et conduites au poste de police. Malgr la prsence des bless.e.s, larme turque continuait ses attaques contre ce btiment ainsi que toute la ville de Cizre.

    Cest dans ce contexte que le soir du 7 fvrier, on apprend que la police a men

  • f v r i e r 2 0 1 6m e n s u e l n 12 B A K U R

    Voici le premier numro de Merhaba Hevalno, une revue de presse mensuelle dans laquelle nous publierons des textes la fois dactualit et danalyse sur les mouvements de rsistance en cours au Kurdistan.

    Bien que les luttes du peuple Kurde commencent apparatre, de manire trs limite, dans les mdias classiques franais, cela ne signifie pas pour autant que ces luttes soient quelque chose de nouveau. Il nest pas question dun groupuscule arm faisant son apparition soudaine sur la scne politique du Moyen-Orient, mais bien dun vaste mouvement populaire rvolutionnaire qui a su combiner les luttes armes, politiques et sociales, tenant une position trs importante, et souvent ignore, dans les conflits de la rgion.

    Nous voudrions, en publiant ce bulletin, mettre en mot et en acte notre solidarit avec les mouvements de rsistance au Kurdistan. Malgr la complexit de la situation l-bas (des dizaines de partis politiques, dorganisations, de groupes armes, etc.), sans parler du fait que la rgion nomme Kurdistan soit actuellement divise entre quatre pays, nous tenterons de rendre les articles aussi accessibles que possible, en prenant bien en compte le fait que, de loin et de nos points de vue (majoritairement) occidentaux, nous sommes trs loin davoir une comprhension globale de la situation.

    Mais quoi quil en soit, les informations et analyses, ainsi que lhistorique du mouvement kurde et du Kurdistan en gnral, mritent dtre publies et diffuses, pour quon en parle, et pour que les mots et les cris de rsistance des gens sur place puissent se rpandre et se transformer en dautres actes concrets, pour quon sorganise en solidarit avec ce mouvement en ayant dautres informations et critiques que les infos pr-mches de la presse classique.

    Si, collectivement, nous avons dcid de publier ce bulle-tin, cest parce quau-del de la vision romantique (rductrice) de la gurilla lanant des attaques depuis les montagnes, nous entrevoyons les liens qui peuvent exister entre les rvolutions sociales et politiques du Kurdistan Syrien (Rojava) et du Kurdistan

    Turc (Bakur) et dautres mouvements populaires du pass et du prsent. Que nous entrevoyons aussi ce que cette r-organisa-tion anticapitaliste, ouvertement fministe et auto-gestionnaire, dune chelle sans prcdent et ce malgr le contexte de guerre, peut avoir dinspirant pour nos collectifs (qui, il faut bien le dire,

    paraissent bien bordliques ct !).

    Que ce soit des assembles dans les quartiers, des mouvements rvolutionnaires de libration des

    femmes, des groupes dauto-dfense arme mixte et non-mixte fminine, de lauto-gestion et de lauto-critique, tous ces sujets nous semblent entremls, et chacun dentre eux mritera quon lui consacre

    des livres entiers. En attendant, nous relaierons, crirons et traduirons ce que nous pouvons avec les

    moyens quon a, en esprant que cela donne envie dautres gens de sy intresser et dagir de leur ct.

    Nous pensons toutes celles et ceux qui, dans leurs mon-tagnes, dans leurs quartiers, la campagne ou en ville, rsistent et se battent pour que le peuple kurde, ainsi que ses luttes et sa rsistance, ne se fassent ni enterrer par les tats et groupes fas-cistes du Moyen-Orient, ni rcuprer par les puissances coloniales occidentales, dont bien sr notre chre France fait partie.

    Nous saluons aussi toutes celles et ceux qui se mobilisent dj en Europe pour que cette rvolution continue faire cho ici, et pour quelle ne tombe pas dans loubli ni dans la dchetterie de lignorance gnrale cre par les mdias classiques.

    Nous esprons, enfin, que cette publication puisse donner, si petit quil soit, un souffle llan de solidarit avec les mouve-ments kurdes, et que les mots puissent renforcer et nourrir nos luttes nous tout-e-s, l-bas comme ici.

    une opration dans le sous-sol. Alors que la chane de television de ltat dclare quune soixantaine de terroristes ont t tus, les tmoins sur place parlent plu-tt dune trentaine de personnes excutes et brles, sans quil y ait de traces de balles sur leurs corps. Certains se demandent alors si la police naurait pas utilis des armes chimiques contre eux. Le matin du 8 fvrier, les policiers ont forc tous les personnels de lhpital de Cizre se mettre dans une seule pice, avant de commencer transporter les cadavres de celles et ceux quils avaient massacr. Il semble que la police avait dj saisi un grand nombre de sacs mortuaires peu avant, laissant pen-ser que ce massacre tait planifi bien lavance.

    En rponse ce dernier massacre, il y a eu des actions et manifestations dans plusieurs villes en Turquie. Des manifes-tations ont eu lieu dans les rgions kurdes

    de Mardin, Sirdan et Dersim. Un jeune homme sest fait tirer dessus et a d tre hospitalis lors dune manif Silvan, ville a lest de Diyarbakir, alors qu Diyarbakir mme, un jeune homme de 16 ans a t tu par la police pendant une manifestation dans le quartier de Balar.

    Ractions louest du pays: Istanbul, il y a eu des rassemblements et des affronte-ments avec la police sur la place de Galata-saray, ainsi que dans les quartiers de Gazi et Kanarya ; une manifestation Izmir, une manifestation et une veille pour les morts de Cizre Ankara.

    Source http://jinha.com.tr/en/ALL-NEWS/content/view/44473

    suite de la p. 1

    Ce bulletin mensuel autour de lactualit du Kurdis-tan est notamment rdig depuis la ZAD de NDDL,

    mais pas seulement ! Un certain nombre de camarades de Toulouse, Marseille et dailleurs y participent...

    Pour nous contacter : [email protected]

  • Guerre Mondiale, que les tats occiden-taux gagnants (notamment la France, le Royaume-Uni et lItalie) ont dmantel le perdant - lempire ottoman - en plein de morceaux et les ont soumis leur contrle. Cest ainsi que les zones de population kurde se sont retrouves traverses par de nouvelles frontires, divises entre quatre des tats nouvel-lement crs : la Turquie, la Syrie, lIrak et lIran.

    Ce nouveau modle pour la rgion, ltat-Nation, va reproduire ce qui avait eu lieu en Europe des sicles aupara-vant, savoir, limposition par la force dune seule identit nationale, niant toute existence de cultures trs varies. En Turquie, ltat a t cr par le mouvement nationaliste des Jeunes Turcs qui avait utilis des hommes de toutes les autres cultures (notam-ment, les Kurdes) comme chair canon dans sa guerre dindpendance jusqu dcrocher en 1923 la Rpublique de Tur-quie. Ceci sous la direction de Mustafa Kemal, qui prendra le nom dAtatrk (le pre des Turcs ). Cest partir de l que des tribus kurdes vont se soulever, diriges par des chefs militaires ou religieux. Chaque soulvement sera cras dans le sang ; le plus tristement clbre tant celui de 1937 Dersim, qui finira avec la moiti de la population de la rgion de Dersim dporte vers les villes de louest ou extermine (environ 40000 personnes). Il sagit du premier gnocide kurde.

    Toute spcificit culturelle tant inter-dite et rprime, les Kurdes (ainsi que les Armnien.ne.s, les Lazes, les Assy-rien.ne.s et toutes les autres cultures) seront emprisonn.e.s, excut.e.s ou port.e.s disparu.e.s pour avoir parl leur langue en public, chant ou dans sur leur musique traditionnelle, et ce, jusque dans les annes 2000. Cest pourquoi aujourdhui la rsistance kurde est indissociable de sa langue,

    sa musique et sa danse. La politique de la Rpublique de Turquie continue jusqu aujourdhui de considrer les Kurdes comme une sous-culture turque arrire, qui na comme choix que lassimilation ; en gros, se plier la turquicit ou mourir. La rpression brutale et la militarisation de tout le territoire Kurde (du sud-est du pays) aura contraint des millions de Kurdes la dportation vers des villes de louest de la Turquie et vers lEurope. En ce moment, la population Kurde (estime plus de 40 millions) est rpartie envi-ron selon ces chiffres : 25 millions en Turquie, 8 en Iran, 5 en Irak, 4 en Syrie, et 2 en Europe occidentale (dont 1,5 en Allemagne, et 250000 en France).

    Ce nest qu partir des annes 1970 que des mouvements de libration nationale kurdes apparaissent en Turquie (inspirs notamment par les mouvements en Amrique latine), en particulier le PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) cr en 1978 par des tu-diants marxiste-lninistes qui voulaient voir voluer la socit tribale kurde en une socit rvolutionnaire et ind-pendante de la souverainet turque. Aprs le coup dtat de 1980, le rgime militaire va se dchaner sur tous les militant.e.s de gauche, en emprison-nant et excutant une bonne partie. Le PKK dcide alors de prendre les armes et lance le 15 aot son premier soulvement. Constitu en comits rgionaux qui font du porte porte et qui essayent dattirer un maximum de familles, le PKK devient assez vite le principal acteur de la lutte kurde.

    Les annes 1980-1990 seront marques par la guerre entre dun ct larme turque et de lautre les combattant.e.s du PKK et les civil.e.s habitant les villes et villages kurdes. Environ 4000 villages sont brls, nouveau 3 millions de rfugi.e.s quittent leur terre, 30.000 civil.e.s sont

    tu.e.s, et des milliers de militant.e.s et intellectuel.le.s, etc., emprisonn.e.s (beaucoup sont toujours derrire les barreaux). Ces dcennies sanglantes auront grav la mmoire des Kurdes et auront laiss orpheline toute une gn-ration de jeunes qui ont perdu leur pre ou un.e autre proche, et qui se battent actuellement contre la police et larme depuis cet t. Mais cest aussi de cette priode que le PKK tire sa rputation de stalinien ; il est vrai que, comme toute force arme dans une guerre, le PKK nest pas tout blanc et a commis des violences douteuses, y compris lintrieur du mouvement. Nanmoins, une grande partie de la population kurde de Turquie reconnat au PKK, et son leader Abdullah calan, leur cou-rage et leur dtermination qui auront russi crer un vritable rapport de force capable de faire valoir certains de leurs droits de base (par exemple, depuis les annes 2000 la langue kurde et le mot kurde ne sont plus interdits).

    Quelque chose dimpressionnant pour un mouvement politique de masse cest lautocritique qui a t porte dabord par le leader Apo ( ton-ton ) enferm sur lle-prison dImrali depuis 1999. Cette rflexion sur le PKK et les autres luttes de libration natio-nale a men le PKK adopter une toute autre philosophie et tactique politiques, nomme le confdralisme dmocra-tique . En rsum, cette thorie part du constat que ltat est le rsultat dune volution sociale et politique base sur la domination par quelques humains sur le reste des humains et sur les cosystmes, puisant ses racines dans le systme de domination patriar-cal (n au nolithique avec la figure du chasseur/guerrier). La conclusion tant que si lon veut librer une commu-naut (ou autrement dit, instaurer une vritable dmocratie ), cela ne peut en aucun cas passer par la revendica-

    suite de la p. 1

    panorama historique des luttes au Kurdistan

    Les barricades sont notre souhait. Prenons les choses en main. YDGK-H [Units fminines dautodfense des quartiers]

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    tion dun tat et cela ne peut avoir lieu sans la rvolution des femmes. Le confdralisme dmocratique prne, comme son nom lindique, une orga-nisation confdrale de communes locales, coordonnes entre elles plusieurs chelles. Il sagit en fait dune adaptation du municipalisme liber-taire de Murray Bookchin (fondateur de lcologie sociale ).

    Il serait srement naf de croire que tout un mouvement, et en particu-lier une organisation arme, aient pu entirement changer de fond politique, mais cette approche est tout de mme prne par lensemble du mouvement de lutte kurde en Turquie, et expri-mente dans une certaine mesure dans le Kurdistan de Turquie (Bakr) et en une plus grande mesure dans le Kur-distan de Syrie (Rojava) depuis sa prise dautonomie face au rgime de Bachar al-Assad en 2012.

    Dans la partie irakienne (Bar), la ralit est bien diffrente. La tribu des Barzani est au pouvoir depuis bien longtemps et a ngoci sa demi-ind-pendance avec le rgime de Bagdad instaur par les tats-Unis, devenant ainsi un alli des pays occidentaux et de lOTAN (dont la Turquie), ce qui va de pair avec le dveloppement capita-liste, notamment de sa capitale, Erbil. Les opposant.e.s (dont le PDK proche du PKK) sont peu nombreux.ses et bien rprim.e.s.

    Cest certainement en Iran que la situation est la pire. La dictature de Rohani rprime toute pratique dviant de la loi impose par le rgime. Prison, torture, excutions et lapidations. Les quelques combattant.e.s survivant.e.s du PJAK (parti proche du PKK dans le Kurdistan dIran, Rojhelat) se sont rfugi.e.s il y a longtemps dans les montagnes de Bar, et la plupart des autres rsistant.e.s ont d sexiler ltranger.

    Cest pourquoi lorsquon sintresse au mouvement rvolutionnaire kurde, on fini par focaliser son attention sur le Bakr et le Rojava, mme si le conf-dralisme port l-bas a la prtention de stendre lentiret du Kurdistan ainsi que du Moyen-Orient.

    Merhaba Hevalno

    L es victoires successives des forces kurdes en Syrie ont t perues par ltat turc comme une menace directe pour la Turquie. En effet, le projet politique du confdralisme dmocratique qui y est dvelopp (recours des struc-tures fdratives et auto-organisationnelles pour permettre une socit plurielle de sorganiser de manire plus juste tous les niveaux) est lantithse des principes fon-dateurs de ltat turc nationaliste et pa-triarcal incarn aujourdhui par lAKP.

    Ce projet politique est lun des facteurs cls de la rpression sanglante engage par le gouvernement de lAKP contre les villes kurdes de Turquie. Priv de sa majorit absolue aux lections lgislatives du 7 juin 2015 par le score du HDP (Parti dmocra-tique des Peuples alliance du mouvement politique kurde et des forces progressistes de Turquie), lAKP a rompu sans motif les pourparlers de paix engags depuis 2013 avec le mouvement kurde auquel il a dclar la guerre afin dobtenir le soutien de llectorat dextrme droite lors des lec-tions anticipes du 1er novembre 2015.

    Le peuple kurde a ragi en rclamant son droit lautogouvernance. Ne tol-rant aucune voix dopposition et aucune avance dmocratique, le gouvernement AKP a intensifi ses offensives. Depuis le 16 aot 2015, 1,3 millions de personnes ont t affectes par les couvre-feux et ltat durgence mis en place 56 reprises par les autorits turques, dans une vingtaine de

    villes du Kurdistan. Aujourdhui, les villes de Sur, Cizre et Silopi, o des dizaines de milliers de policiers et de militaires ont t dploys, sont assiges et bombardes sans discontinuit depuis plusieurs se-maines. Au cours des 4 derniers mois, 268 civils, dont 62 enfants et 37 femmes, ont t tus par les forces de scurit.

    Les habitants des villes assiges sont privs daccs aux produits de premire n-cessit et aux soins ; les blesss ne peuvent tre secourus et meurent, faute de soins ; les forces de scurit ne permettent pas la population de sortir pour rcuprer les corps des personnes tues dans la rue.

    Le gouvernement de lAKP justifie toutes ses actions criminelles contre le peuple kurde par la rhtorique de la lutte contre le terrorisme , crant par l mme lamal-game entre les actes de barbarie de Daesh et la rsistance du peuple kurde. Toute voix slevant contre ces crimes dtat est assimile un acte terroriste par le pouvoir politique. Pour exemple, lappel sign par 1128 universitaires et acadmiciens de Tur-quie dclarant quils ne seront pas com-plices des crimes commis par ltat , leur a valu, outre le lynchage mdiatique, des gardes vue, des poursuites en justice et des sanctions disciplinaires.

    Source Conseil Dmocratique Kurde en France

    (appel pour la manifestation parisienne du 6 fvrier)

    La sale guerre de lEtat turc a repris depuis 6 mois

  • Ralis le 11 dcembre 2015 Amed, cet entretien apporte un

    clairage sur la guerre qui malheu-reusement se profile chaque jour

    davantage au Kurdistan

    Les choses ont beaucoup chang depuis quelques mois. Tout le monde au Kurdis-tan rclame la paix corps et cris. Mais la guerre sintensifie partout: en Syrie et en Irak, elle continue de stendre, et en Tur-quie, ltat a recommenc sa sale guerre au Kurdistan. Depuis deux semaines, il assige Sur, le quartier historique de Diyarbakr Comment imagines-tu la suite des choses? Que va-t-il se passer?

    Pour parler de ce quil se passe actuelle-ment au Kurdistan, et des changements luvre ces derniers mois, il est impratif de prendre en compte les mouvements sociaux et politiques en Turquie, en Sy-rie et en Irak, et de mesurer limpact des puissances internationales sur ces ralits, parce que la guerre en Syrie et en Irak, et plus spcifiquement au Rojava, a des r-percussions et des effets sur la situation au Kurdistan turc.

    Avant les lections du 7 juin 2015, il y avait un accord de paix entre ltat turc et le PKK. Cet accord a t rompu lors dune runion des MGK (Milli Gvenlik Konseyi, le Conseil de scurit) en octobre 2014: ltat turc prend alors la dcision de repartir en guerre. Sauf quil na pas en-core de raison valable mettre en avant.

    Pour justifier son choix et faire monter la tension, plusieurs attaques meurtrires ont donc t perptres par ltat contre le mouvement kurde pendant la campagne des lections lgislatives, mais les mili-tants pro-kurdes nont pas rpondu la provocation.

    Et le massacre de Suru peu de temps aprs le scrutin du 7 juin rvle malheu-reusement la signification de la grande victoire du HDP avec ses 80 dputs lus. 33 jeunes qui devaient amener des jouets pour Koban y ont en effet trouv la mort le 21 juillet. Le mouvement kurde est rest ensuite suffisamment fort pour continuer rclamer la paix. Mais aprs ce qui sest pass Caylinpinar, avec la mort de 2 policiers [tus en rponse au massacre], ltat turc a enfin trouv le prtexte quil attendait: le 24 juillet, il dcide dattaquer le PKK plusieurs endroits et envoie 60 avions bombarder les positions de la gu-rilla dans les montagnes.

    Mais la vraie question, en fait, nest pas l. Pour le Rojava, lide tait de rallier le canton de Koban celui de Cizre : Tall Abyad, la ville frontire ct syrien a t reprise Daech, et les deux cantons ont pu ainsi tre relis. Cela coupait le passage que ltat turc et ltat islamique empruntaient pour passer dun ct lautre. Les lites turques et le haut com-mandement militaire ont rapidement pris la dcision conjointe de dclarer la guerre aux kurdes, pour viter louverture de ce fameux corridor kurde, de Mossoul et Kirkuk jusqu la mer mditerrane. Pour

    les autorits turques, cela reprsentait un vrai cauchemar. Voil la vraie raison de la guerre dclare aux kurdes.

    La seconde raison, cest que depuis le 4 avril, la liaison est rompue avec le leader Abdullah calan [en prison, isol sur une le depuis 1999]. Il subit une rpression trs dure, dans lisolement le plus complet. Comment pourrait-on faire la paix avec une force qui dtient un de nos symboles entre ses mains? Ce nest pas possible, en fait. Avec ce mouvement, les kurdes, les jeunes kurdes, dans certains quartiers ou certaines villes, ont dclar lautonomie. Du coup, ltat a envoy ses forces sp-ciales ces endroits-l : tanks, roquettes, armes lourdes. Ils occupent carrment des quartiers entiers, o vivent videmment des civils. Les jeunes sopposent cette intrusion des forces armes dans leurs quartiers, ce quoi ltat rpond par de nombreuses violences, gardes--vue, as-sassinats, viols Les jeunes disent quils

    ENTRETIEN AVEC UN CAMARADE DE DIYARBAKIR

    GUERRE ET PAIX Ltat a envoy ses forces sp-ciales ces endroits-l : tanks,

    roquettes, armes lourdes. Ils oc-cupent carrment des quartiers entiers, o vivent videmment

    des civils. Les jeunes sopposent cette intrusion des forces

    armes dans leurs quartiers, ce quoi ltat rpond par de nom-breuses violences, gardes--vue,

    assassinats, viols

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    nen peuvent plus, et tendent lautonomie dautres endroits. Et quand on parle de lautonomie, on dit quelle a neuf pieds: lconomique, le social, le culturel, la san-t, lcologie, les femmes, etc Dans ces neufs pieds, il y a aussi lautodfense.

    Lautodfense a pris une place de pre-mier plan car ltat attaque avec des armes lourdes. Si ltat nattaquait pas, sil faisait un pas en arrire, le peuple sorganiserait autrement. Bien videmment ce qui se passe ici est en lien direct avec ce qui se passe en Syrie et en Irak. Les amricains, qui ont des bases ariennes en Turquie, ont autoris ltat turc attaquer les positions du PKK. Lordre donn tait que lattaque pouvait se faire sur le PKK mais pas sur les YPG/YPJ. Parce que nous, les amricains, nous travaillons avec les YPG/YPJ. Cest la politique du bton et de la carotte. Dans le mme temps o ils essayent daffaiblir le PKK lest, ils ont besoin des YPG au Rojava, donc ils maintiennent de bonnes relations avec ces derniers. En ralit, les YPG ont besoin de lUnion Europenne, et lUnion Europenne a besoin des YPG car les YPG nont pas darme de lair, et les autres nont pas de forces sur terre. Ils sont donc obligs de collaborer.

    Mais ce quon a pu voir ces derniers mois, cest que ltat turc attaque sauvage-ment des villes, des quartiers, des rgions kurdes o des civils sont prsents, et face a, lOccident reste silencieux. Et sachez-le bien: ltat turc mne ces attaques contre les kurdes, dans leurs propres quartiers, dans leurs villes, avec une mentalit sem-blable celle de Daech. Seul le nom dif-fre. Les faons de faire sont identiques. La semaine dernire, jtais Urfa dans un commissariat. Une jeune femme avait t viole. Les flics lui ont dit nous sommes des membres de Daech . Une lettre de cette femme, quelle a envoye pendant son incarcration, raconte ce quelle a vcu. La mentalit de ltat turc et celle de Daech sont les mmes. Je voudrais rajou-ter que le peuple kurde na cess de rcla-mer la paix depuis 1993. Le PKK a deman-d huit reprises laccord de paix, et la fait de diffrentes faons, par des manifesta-tions, des propositions de discussions, etc. Et ce sont ces deux dernires annes, au moment prcisment o le PKK cesse de prendre les armes, que ltat turc a dclar la guerre au peuple kurde cause de la conjoncture actuelle.

    Ces jeunes qui dfendent les quartiers, les villes, les villages, ont t contraints de le faire. Ce ne sont pas des terroristes. Per-sonne ne voudrait vivre nez nez avec la mort, nest-ce pas? Cest simple, les jeunes

    refusent lentre des forces armes dans leurs quartiers. Ils veulent larrt des assas-sinats, des gardes vue, des tortures dans les commissariats, des enfermements dans les prisons. Mais ltat reste sourd ces demandes, voire fait tout pour conti-nuer appliquer ces mesures. Pour toutes ces raisons, Cizre, Gever, Nusaybin, Derik, Sur, Silvan, Varto, la confron-tation continue.

    Du coup on a limpression que cest la guerre sans que ce soit vraiment la guerre, ce sont des guerres trs localises sur une dure dfinie. Nous nous demandons si les gens sont prts la guerre. Nous avons vu par exemple quil y a eu une semaine de festival suite lassassinat de Tahir Eli, lavocat de Diyabakr. Sur laffiche, il est crit Quoi quil arrive, on veut la paix. Est-ce que ce sont les mmes per-sonnes qui dfendent la paix et dans le mme temps sorganisent pour la guerre. En dautres termes, si la guerre se met en route, est-ce que tout le monde suivra ?

    Depuis 40 ans, ou plus prcisment de-puis les annes 1990, ce peuple a vcu sous loppression de ltat. Ils ont pay beau-coup de leur peau. Rien que durant la dcennie 1990, plus de 4 000 villages ont t incendis. Trois millions de personnes ont d migrer vers les mtropoles. La guerre, elle nous a brls de prs. Moi, par exemple, je nai pas pu vivre ma jeu-nesse. En raison des conditions de guerre au quotidien, on ne pouvait sortir que le jour, ctait ennuyeux. Je parle des annes 1990. Le peuple kurde a vraiment soif de paix. Mme l o la situation est la plus dure, l o la rpression est la plus froce, les kurdes vont quand mme continuer scander des slogans de paix. La valeur de la paix, seuls les vrais combattants en connaissent le sens. Depuis 30 ans, les

    kurdes se battent sans relche mais suite aux volutions de la situation, les kurdes sont de nouveau confronts devoir faire des choix. Il y a la ralit de Daech, et de ses liens avec ltat turc, il ny a pas de doute l-dessus. Pour se dfendre, la Tur-quie a d trouver une stratgie capable darrter lavance des kurdes.

    On a compris aussi quon ne pouvait pas sen sortir avec les mthodes de gurilla lancienne, comme lon fait les Hizbullah [au Liban]. La stratgie a t de prendre des lieux, des terrains, de sentraner sur ces espaces, en mobilisant les uns et les autres. Et ces organisations continueront dvo-luer. Il est vrai que la population a vcu un choc, car ils avaient lesprit lexemple de Koban: en lespace de quinze jours, plu-sieurs centaines de villages, dont la ville principale, ont t vids de leur popula-tion. 400 000 personnes ont d partir. La ville a t entirement dtruite. Beaucoup de jeunes ont perdu la vie en dfendant le lieu. Plus de jeunes encore ont t blesss. Le peuple kurde a apport un grand sou-tien, cest certain, mais a se passait loin de chez eux. Lorsque cette guerre est entre dans leur quartier, l oui, ils ont pris peur. Mais on sait aussi quun grand nombre de personnes restera et soutiendra la force dautodfense qui est avec eux. Si les YDG-H continuent de dfendre tous ces quartiers, le peuple continuera lui aussi de soutenir ces jeunes. Comme Cizre, Yksekova, Derik, pour ne citer quelles L o les habitants apportent leur soutien, ltat ne parvient pas vraiment attaquer.

    Sur, par exemple, est un lieu o il y a des commerants, et du coup le quartier est assig par les forces de lordre. Ltat veut manuvrer l-bas, cest ce qui explique quil y ait davantage de conflits. Les lieux non dlaisss par les civils sont les lieux o ltat narrive pas avancer. Je pense que ces rsistances vont se rpandre dans

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    toute la zone kurde et que le peuple va manifester son soutien.

    Si nous posons cette question, cest quon sait bien que cest un choix de faire la guerre, cest difficile et compliqu de choisir entre construire pacifiquement son autonomie et se dfendre face la violence de ltat et de Daech. Idalement, on pr-frerait tous le premier choix.

    Cest en effet ce quil faudrait. Dans la priode de construction de ce mouvement dautonomie et dautogestion, on aurait d pouvoir entamer ces travaux sans avoir faire intervenir les armes. On aurait pu sorganiser de manire passive dans nos quartiers, dans nos villages, dans nos villes. Cest un manque du parti politique lgal kurde, le HDP. Si on avait su bouger avec la foule des habitants, ltat naurait pas pu entrer dans les quartiers. Comme il a conti-nu opprimer et rprimer les habitants, les jeunes ont t obligs de sarmer. En ralit a commenc il y a un an Cizre o 8 jeunes ont t abattus par des militaires. Des barricades ont t creuses. Mais avec larrive du parti lgal kurde, la stratgie des barricades a t mise en attente. A Silvan, par exemple, quand les premires barricades ont t montes au mois daot, ltat a fait marche arrire en disant: On ne vous fera aucun mal. On ne procdera aucune garde vue, on nemprisonnera per-sonne. Enlevez seulement ces barricades. Mais une fois que les jeunes ont retir les barricades, et queux-mmes se sont retirs de la zone de conflit, les forces de lordre ont attaqu les quartiers comme des barbares. Ils ont brl les maisons, les commerces. Ceux quils ont attrap ont t battus, tor-turs, enferms. L encore les jeunes ont d reprendre les armes.

    Vous savez qui sont ces jeunes au-jourdhui? Ce sont les jeunes qui ont perdu un parent ou un membre de leur famille: abattu, tortur, mis en prison ou port dis-paru par ltat. Leurs villages, leurs mai-sons ont t incendis. Ils ont t forcs de migrer vers les villes. Cette gnration de jeunes est le rsultat des annes charnires 1990. Ils ont grandi avec ces histoires. Et la vengeance anime leurs penses.

    Mais il y a un vrai paradoxe Sur, comme vous avez pu en juger par vous-mmes, une vraie guerre y est perptre par ltat, alors que quand vous regardez vers louest de la ville, une vie de luxe continue tranquillement son train-train. Une espce de schizophrnie pour le peuple. Pourquoi cela ? Pourquoi dun ct nos jeunes perdent la vie et de lautre

    les gens continuent mener la leur tran-quillement, dans les bars, siroter du th ou du caf.

    Les gens payent fort leur combat, en comprenant la valeur des jeunes quils perdent. Les gens attendent que la guerre arrive chez eux. En Syrie cest pas ce quil sest pass? a a commenc dun coup Homs, et aujourdhui cest toute la Syrie qui brle. En Irak aussi, a a commenc Falluja, et cest lIrak entier qui brle aujourdhui. Au Yemen pareil, a a com-menc Aden, et le pays brle aussi. Idem en Libye. On ne peut pas savoir si au Kur-distan a sera pareil ou pas. Mais quoi quil arrive, ces jeunes, on ne peut pas les laisser tout seuls. Pas pour la guerre mais pour la paix.

    Est-ce que cest une nouvelle stratgie,

    assiger un quartier ou une petite ville, la couper du monde, lui faire la guerre, en faisant en sorte que le reste des habi-tants ne se sentent pas concerns par ces attaques trs cibles ?

    a naurait pas d se passer comme a. Comme on la dit tout lheure, pendant cette priode de construction, lautod-fense est le dernier pied de lautono-mie. Lautodfense est quelque chose qui est mis en place pour des attaques qui pourraient survenir en interne et non en externe. Lautonomie et lautodfense se font sans arme. Sauf si une attaque est perptre de lextrieur avec des armes, l oui, tu dois toi aussi sortir les armes. Lau-todfense est quelque chose qui nat natu-rellement en toute personne qui se rebelle contre nimporte quelle forme de pouvoir.

    Et a bien-sr, ltat sen rend compte et attaque son peuple avec violence. Il veut lui faire peur. Il veut casser la volont propre de chacun. Il veut vider les villes et les villages, casser cette lutte, et pacifier le peuple. Et il veut que le peuple se rende lui. Il y a un tas de raisons cela. Ltat veut dtruire le Kurdistan, et la lutte de son peuple. Il est fou de rage que face lui les gens aient devin son intention, et ses futures attaques possibles.

    Et savez-vous aussi pourquoi nous tions informs que ltat stait prpar

    nous attaquer durant ces deux dernires annes de paix ? Ils avaient prpar des vhicules blinds quon navait jamais vus jusque-l. Au moins 5 modles diffrents. Ce sont des vhicules avec un systme in-formatique intgr. Les armes se trouvent au-dessus des blinds, les forces armes sont comme sur leur joystick, comme de-vant leur playstation: ils font et contrlent la guerre. Mais ce ne sont que des prpara-tifs, en ralit. On a aussi limpression que les forces spciales qui nous combattent taient auparavant en Syrie. Ils nagissent pas comme les anciennes forces armes. Ils ont un entranement technique et une bonne formation militaire. On sest rendu compte que ces deux annes de paix ont permis la Turquie de prparer un plan dattaque pour que le peuple kurde se rende. Mais les jeunes sont entrs en rsis-tance contre cette attaque.

    Regardez juste si on imaginait qu Pa-ris, Marseille, Toulouse, Bordeaux, peu importe, des gens masqus fracassent les portes de chez vous pendant que vous dormez, en hurlant, en vous insultant et en violant votre intimit. En un instant les voil dans votre chambre, quest-ce que vous auriez ressenti ce moment-l? Nos jeunes en ce moment se battent prcis-ment contre tout a.

    Je vais parler de moi. Ma mre me di-sait quand jtais petit : Attention, si tu ne vas pas te coucher, les militaires turcs vont venir te chercher. Ctait notre loup nous, elle nous faisait peur comme a. Est-ce que vous arrivez comprendre ce que a signifie ? Un matin, les mili-taires viennent dans votre village, ils rassemblent les hommes sur la place, les insultent, les humilient, les frappent, les torturent Toutes ces sales choses quon peut simaginer, ils les font. Et ensuite, ils rentrent dans vos maisons et font ce quils veulent. Auprs des femmes et des en-fants. Et si ctait vous, quest-ce que vous auriez fait ? Historiquement, ceux avec qui la France a eu le plus de conflits, cest avec les Anglais. Imaginez si ltat anglais vous avait fait a, quest-ce que les franais auraient pens? Ou si ctait le contraire, quest-ce que les Anglais auraient pens de ltat franais? Les kurdes rsistent sim-plement face cela.

    Chaque instant de la vie est devenu un moment de torture pour nous. Jai 38 ans aujourdhui, et je ne me sens en scurit que l o les forces armes ne sont pas prsentes.

    Source http://nevarneyok.noblogs.org

    Ma mre me disait quand jtais petit : Attention, si tu ne vas pas te coucher, les militaires

    turcs vont venir te chercher . Ctait notre loup nous, elle

    nous faisait peur comme a. Est-ce que vous arrivez com-

    prendre ce que a signifie ?

  • f v r i e r 2 0 1 6m e n s u e l n 18 B A K U R

    Note du traducteur : Cette interview de Dnya Sterk a lieu dans le contexte de la Turquie o il y a de nouveau, depuis mi-2015, des affrontements entre les forces policires et militaires turques dun ct, et les rebelles kurdes de lautre qui revendiquent lautono-mie du Kurdistan turc. Dans plusieurs villes ou quartiers du sud-est de la Turquie, des YPS, Units de Dfense Civile, ont t crs par les insurgs et les habitants pour dfendre ces villes contre ltat turc. Les femmes ont un grand rle dans ce soulvement, puisque de nombreux partis rebelles kurdes ont aussi pour objectif lmancipation des femmes. Ain-si, des YPS-Jin, branche fminine des YPS, ont t crs.

    MARDN - Dans un monde o de nom-breuses femmes sont victimes de la vio-lence masculine, il ny a pas dautre choix que la lutte, selon Dnya Sterk, membre des YPS-Jin, les Units de Dfense Civile des Femmes. Pour elle, la lutte des YPS-Jin est une lutte internationaliste contre le systme patriarcal .

    Dans la province de Mardin au Kurdis-tan turc, la ville de Nusaybin a une longue histoire de rsistance. Aujourdhui, alors que ltat turc envoie des vhicules blin-ds dans chaque coin de rue, cest les en-fants et les femmes de la ville qui mnent la construction des barricades.

    Dnya Sterk, membre des Units de D-fense Civile Fminines formes pour d-fendre Nusaybin, a discut de la lutte der-rire les barricades pour une nouvelle vie.

    Selon Dnya, avec le processus de paix qui a commenc en Turquie en 2013, ltat turc pensait quils pouvaient simple-ment nous faire perdre notre temps , alors mme que le peuple kurde faisait sa part du travail.

    Pourtant, ici ce nest pas le peuple kurde qui est en train de perdre, mais lEtat dit-elle. Si ltat nest pas parvenu en-trer dans les quartiers insurgs de villes comme Nusaybin mme aprs deux mois dun couvre-feu brutal, cela signifie que ltat a dj perdu . Selon Dnya, ltat est maintenant lanc dans une guerre to-tale, tirant mme sur les petits enfants.

    Personne ne doit sattendre ce que nous gardions le silence dit Dnya. Contre ceux qui tuent nos enfants et nos mres, bien sr que notre lutte doit tre une lutte arme. . La jeunesse des YPS, ex-plique-t-elle, na pas dautre choix que de

    prendre les armes, mais, au-del du conflit arm, leur lutte est politique et culturelle.

    Dnya a voqu limportance chez les Kurdes dorganisations fminines auto-nomes, un phnomne qui a commenc dans la rgion avec les organisations fmi-nines du PKK, parti des travailleurs du Kurdistan.

    Dans le socialisme tel quil a exist, on avait "dabord la lutte du peuple, aprs la lutte des femmes", mais a ne marche pas comme a, indique Dnya. Nous avons appris de cette exprience quune solution qui reporte plus tard la lutte des femmes ne rsoud pas le problme. Le combat du peuple et le combat des femmes doivent avoir lieu en mme temps . Au Rojava (Kurdis-tan syrien), note-t-elle, la rvolution est devenue une rvolution des femmes avec la cration de la force arme des YPJ, les Units de Dfense des Femmes.

    Du coup, dans le Bakur (Kurdistan turc), nous ne pouvions pas en rester simplement aux YPS dit Dnya. Nous devions dcla-rer une organisation autonome de femmes, les YPS-Jin, en tant que femmes lanant le long combat contre le systme patriarcal qui a dclench ces guerres. Sinon, la rvolution serait inadquate. Comme dit notre leader [Abdullah calan], rien nest rsolu tant quon ne rsoud pas le problme la racine .

    Dans un monde o chaque anne des milliers de femmes sont tues par la vio-lence masculine, des organisations armes fminines comme les YPJ, PAJK, YBS-Jin et YPS-Jin sont la seule option possible.

    En tant que femmes kurdes, nous avons dclar que 2016 sera lanne de la lutte pour lmancipation des femmes. Que chaque femme dans le monde choisisse son camp , dit Dnya. YPS-Jin a un mes-sage pour toutes les femmes : nous ne nous battons pas juste pour une ethnie. Avec notre combat dirig par des femmes contre les attaques du systme patriarcal, nous envoyons le message "on est l !"

    Notre combat est internationaliste: que toutes les femmes dans le monde prennent leur place dans ce combat , ajoute Dnya.

    sourceZehra Dogan / JINHA

    http://inforojava.tumblr.com

    Les YPS-Jin aux femmes du monde : la lutte est la seule option possible au Bakur :

    A Hakkari, des centaines de ter-rains ont t expropris par lEtat, et ont t dclars zone militaire par larme. Et aux frontires de Yksekova, emdinli et ukurca entre le 3 et le 17 janvier,la circula-tion des civils a t interdite. (Sen-dika.org, 1er fvrier 2016)

    Dclaration de cration des YPS (Groupe de dfense civile) Nusaybin, le 2 dcembre 2015 : On sadresse toutes celles et ceux pour qui le soleil brille encore, et notam-ment en Turquie : Ne restez pas silen-cieux face tant dinjustice, rejoignez la rsistance. A Farqin (Silvan), Cizre, Kerboran (Dargeit), Sur et Derik, o le peuple est en rsistance, nous vous saluons. Nous, en tant que jeunes de Nusaybin, et en tant que rsistants faisant parti du YPS Botan, nous saluons, et ftons cette dclaration. Nous allons combattre et nous dfendre pour la dfenses des communes dmocratiques, pour la libration de notre leader Apo, et pour dfendre notre peuple de lEtat colonial. Et nous nous adressons particulirement aux jeunes femmes et jeunes hommes : rejoigneznous au YPS, pour notre peuple et pour vous sentir libre. Vive Apo ! Vive la rsistance du peuple kurde !

  • Cette interview a t ralise avant les dernires excutions de

    Kurdes en Turquie et lattentat dIstanbul le 12 janvier dernier.

    La situation ne fait quempirer dans le Bakur [Kurdistan nord dans lEtat turc], avec des niveaux de rpression qui sapparentent une nouvelle guerre civile. Comment les gens et les militants (dans le Rojava, mais aussi ailleurs dans le Kurdistan) voient-ils cette guerre qui sannonce et samplifie au nord?

    Il est difficile de vous dire comment les gens voient cette guerre dans le Kurdis-tan nord, dans la mesure o je me trouve au Rojava. La guerre civile au Bakr, qui a dj commenc, est omniprsente ici. Cela est d, dans une large mesure, la prsence importante de militants du Bakr au Rojava. Sil est sans doute abusif, comme le font parfois certains mdias, de prsenter le PYD et les YPG comme la branche syrienne du PKK, il est clair que les militants du PKK ont jou le rle principal dans la formation des YPG. Aujourdhui encore, la grande majorit des cadres des YPG sont issus du PKK, mme si le gros de leurs troupes a t recrut localement. Cela ne procde nullement dune volont dhgmonie ou dun mpris du PKK envers les locaux, mais plutt de la longue exprience de combat des premiers. Il est par ailleurs difficile de vous donner des proportions,

    mme approximatives, car de nombreux militants du PKK cachent, tout le moins aux occidentaux prsents sur place, leur appartenance passe ou prsente cette organisation, toujours considre comme terroriste en Europe, pour des raisons diplomatiques.

    On comprend donc aisment que la guerre entre les YPG et lEtat islamique soit perue, par les combattants YPG du Bakr et du Rojava, comme le thtre lo-cal dun conflit gnral plus large, en tout cas comme indissociable de la rpres-sion de lEtat turc contre les militant.e.s kurdes. Lanalyse faite par les chanes de tlvision pro-kurdes prises des combattant.e.s (proches du PKK comme Mednue ou du PYD comme Ronah TV) tranche radicalement, cet gard, avec le traitement des mdias occiden-taux qui prennent soin de dissocier ces deux conflits.

    On peut certes questionner, objective-ment, lunit du Kurdistan et des conflits en cours dans les diffrents tronons, qui rpondent plus des dynamiques na-tionales diffrentes qu une question kurde unique. La carte, la reprsentation dun Kurdistan uni et indivisible dont le partage ne serait que momentan, un accident de lhistoire sont sans doute une construction identitaire, un lment cen-tral du discours national des diffrentes organisations kurdes; il nen demeure pas moins que larrive massive de militants du PKK turc en Syrie et lintervention

    de lEtat turc dans ce pays ont objective-ment imbriqu les deux conflits dans une mme problmatique.

    La raction dErdoan est en partie lie la situation en Syrie, notamment celle de ses divers protgs et proxies (ISIS, al-Nosra, Ahrar al-Sham). Or aujourdhui, ceux-ci perdent du ter-rain ainsi que ceux de lArabie saoudite (situs eux surtout dans le sud du pays). Les prochaines batailles des SDF (Forces dmocratiques de Syrie, dont les YPG/YPJ forment la principale force), en direction de Mabij et Jarabulus (ouest de lEuphrate) et dans la rgion dAzaz (nord dAlep), sont des lignes rouges pour le rgime turc, qui ne cesse de le r-affirmer, surtout quil y a (surtout dans la zone dAzaz) en face des SDF des uni-ts spcifiquement turkmnes, entire-ment armes et finances (et encadres) par des Turcs lis lappareil dtat, aux mouvances AKP et MHP (Loups gris, cercles ottomanistes, etc.) La Turquie prendrait-elle le risque de dfendre mili-tairement ses lignes rouges et donc de pntrer sur le sol syrien alors que la Russie veille et quen ltat actuel des choses, Poutine nhsitera pas frapper? Mais, vu sa rhtorique actuelle, Erdoan peut-il renoncer combattre les "terro-ristes" kurdes au sud de sa frontire qui engrangent les victoires sur le terrain ? Dans quelle mesure, sa guerre contre les Kurdes de Turquie nest-elle pas le prix

    INTERVIEW DUN VOLONTAIRE FRANAIS DANS LES FORCES KURDES

    COMBATTANTES AU ROJAVA

  • f v r i e r 2 0 1 6m e n s u e l n 110 R O J A V A

    quil fait payer au mouvement kurde dans son ensemble pour la relative mais relle russite de la lutte mene par les Kurdes au Rojava (quErdoan inter-prte comme une menace, le dbut dune dfaite ou une dfaite venir)?

    En ltat, il est improbable que la Tur-quie intervienne directement en Syrie. Cet avis est partag par la plupart des combattants ici. La Turquie ntait pas intervenue militairement contre les YPG ( lexception de quelques tirs la fron-tire) afin de ne pas froisser son alli amricain, on imagine mal quelle le fasse aujourdhui, quand lentre en scne de la Russie vient compliquer un peu plus le conflit syrien. Sans doute faut-il interprter en ce sens la rcente attaque contre le barrage de Tishrin et la perce vers Manbij, qui montrent que les YPG ne craignent plus une intervention arme turque directe et franchissent allgrement les lignes rouges fixes par Erdoan. Sans doute lEtat turc se limitera-t-il soutenir financirement et militairement tel ou tel acteur du conflit syrien, comme par le pass, mais on imagine mal que ceux-ci puissent jouer lavenir un rle dcisif face au rgime et aux YPG, les deux btes noires de la Turquie.

    En ce qui concerne lintervention de la Russie en Syrie, il est intressant de noter quelle a t perue de faon trs positive par les combattant.e.s que jai ctoy.e.s, ce pour plusieurs raisons. Dabord, les frappes russes donnent du fil retordre aux djihadistes, lennemi commun, ce qui est du pain bni pour les YPG. Ensuite, le soutien diplomatique et surtout militaire se limitait pour lheure celui des Etats

    occidentaux, Etats-Unis en tte, ce qui introduisait de fait une relation de subor-dination des YPG vis--vis de ce pays. Aucun contact officiel na, ma connais-sance, eu lieu entre la Russie et les YPG, mais la possibilit dune entente ou dop-rations communes permet de relcher la

    bride occidentale sur les YPG qui peuvent dsormais, si les exigences des Etats-Unis se faisaient trop rapaces, se tourner vers un autre soutien international potentiel. Lintervention russe offre donc la pos-sibilit aux YPG, comme me la rsum un combattant, de jouer sur deux imp-rialismes, pour le moment antagonistes, ce qui est toujours plus confortable que de dpendre des seuls caprices de la politique trangre amricaine, laquelle pche rarement par la constance.

    Notons au passage que la politique des YPG a souvent t critique dans les mi-lieux rvolutionnaires en France en rai-son du soutien des imprialistes amri-cains. Cest oublier un peu vite quil sagit dun soutien purement conjoncturel, les YPG reprsentant pour les imprialistes occidentaux, en Syrie du moins, la seule force militaire organise combattant effi-cacement lEtat Islamique qui est lenne-mi prioritaire du moment. De leur ct, les YPG profitent des frappes de la coali-tion contre les djihadistes, qui offrent un avantage militaire dcisif et permettent de limiter le nombre de victimes (du ct kurde). Les frappes militaires sont dail-leurs la dcision des puissances impria-listes et il ne dpend pas des YPG de les empcher ou de les intensifier. Auraient-ils d se priver dun soutien militaire lheure o ils luttaient pour une existence fragile? Au lecteur den juger.

    Revenons laspect plus militaire au sein des YPG. Quelle est la place des in-ternationaux, forment-ils des units sp-cifiques ou sont-ils intgrs dautres? Ce qui nous intresse aussi cest lambiance, la faon dont les gens vivent la situation (les mmes questions se posaient en Es-pagne dans les Brigades Internationales en 1936), le degr dinformation, le sen-timent dtre utile, la situation kurde est-elle vcue dans sa totalit ou tend-elle se restreindre la zone concerne?

    Les volontaires internationaux viennent pour des raisons trs diverses, on ne peut parler dun groupe homogne. Les volon-taires passent par un entranement dun mois environ compos dune partie tho-rique, ou idologique, qui enseigne aux volontaires des rudiments dhistoire kurde, de la langue, mais aussi les principes du confdralisme dmocratique ou les tho-ries dAbdullah calan sur lorigine des ingalits hommes/femmes. Ensuite, les volontaires sont dirig.e.s dans diffrentes units de leur choix. Illes peuvent sy re-trouver plusieurs ou seul.e.s, mais restent

    au Rojava :

    Le PYD exclu des pourparlers de Genve. Lautorit kurde de Syrie, le PYD, na pas t invite Genve o les dirigeant.e.s des plus grandes puissances mondiales (Union Europenne, tats-Unis, Turquie, Russie, etc.) se prennent en photo au bord du lac, prnent des ngo-ciations pour un retour de la paix et saccordent sur leurs intrts respectifs en Syrie.

    Le 29 janvier, de nouvelles at-taques de larme turque contre les positions des YPG/YPJ au Rojava se sont rajoutes une liste dj bien longue. Le lendemain, les soldats turcs ont tir sur la foule rassemble sur la frontire pour manifester contre ces attaques.

    Selon des mdias kurdes, les forces YPG/YPJ sont en train de prparer mener des actions pour rcuprer les derniers 100 km de la frontire turco-syrienne encore sous contrle de Daech1. Il sagit de ce que ltat turc appelle sa ligne rouge ne pas franchir, allant de Jarabalus jusquaux environs de la ville dAzaz. Erdogan prfre laisser sa fron-tire sous contrle de Daech, son alli militaire contre les Kurdes.

    (source : kurdpress.com)

    Les volontaires passent par un entranement dun mois environ compos dune partie tho-rique, ou idologique , qui enseigne aux volontaires des rudiments dhistoire kurde, de la langue, mais aussi les principes du confdralisme dmocra-tique ou les thories dAbdullah calan sur lorigine des ingali-ts hommes/femmes.

  • f v r i e r 2 0 1 6m e n s u e l n 1 11R O J A V A

    trs minoritaires dans tous les cas. Si des problmes apparaissent, ou si un.e volon-taire se sent mal dans une unit, il lui est possible den changer sur simple demande (je nai jamais entendu parler de contrainte ce sujet). Les volontaires tranger.e.s (oc-cidentaux serait dailleurs plus juste dans la mesure o les volontaires venu.e.s de Turquie, de loin majoritaires, ne sont pas considr.e.s comme tel.le.s) ne jouissent daucun statut ou privilge particulier. Illes sont log.e.s la mme enseigne que leurs camarades kurdes et partagent les tches communes. Certain.e.s volontaires re-prochent parfois aux YPG, ce qui nest pas tout fait infond, de rencler les envoyer au combat ou de chercher les protger. Il est courant quun.e volontaire doive insister un certain temps avant dtre envoy.e au front. Toutefois, lide selon laquelle les vo-lontaires tranger.e.s seraient cantonn.e.s des tches infrieures (cuisine, construc-tion, nettoyage, etc.) est fausse, comme en tmoigne le nombre de tu.e.s parmi celles-ci (et comme je lai constat). Il sagit avant tout pour les YPG dviter toute perte inutile ou denvoyer au front des gens sans une formation adquate.

    La comparaison avec la guerre dEs-pagne et la Brigade internationale, deve-nue un lieu commun lextrme-gauche, est infonde. Les gauchistes venant se battre au Rojava pour des raisons poli-tiques sont en effet une minorit assez insignifiante (une petite dizaine au plus), mme si lon en compte plus dans le civil.

    La majorit des volontaires sont dan-ciens militaires de carrire venus com-battre Daesh, mais ne se proccupant pas de lexprience politique et sociale du Rojava. Les anciens militaires sont plutt, parmi ceux que jai frquents, indiff-rents sur le plan politique. Les enrags de la gchette, les nationalistes forcens venus tuer de lislamiste voire du musul-man existent, mais ne sont pas majori-taires chez les militaires. Je peux toute-fois citer plusieurs exemples. Parmi les volontaires prsents mon entranement se trouvait un ancien soldat amricain ayant combattu en Afghanistan. Rpu-blicain convaincu, celui-ci ma chant les louanges de George Bush sur tous les tons et semblait enchant par les Kurdes, trs occidentaux son got, quil oppo-sait aux Arabes fanatiques par la culture si ce nest par les gnes. Un autre, Isra-lien, suintait le mpris envers les Kurdes, quil comparait certes aux pionniers de la colonisation juive, mais qui restaient visi-blement trop arabes ou islamiques ses yeux. Ce mme volontaire ma expli-

    qu que les Arabes israliens puaient et quil tait possible, en se promenant dans Jrusalem, de savoir si lon se trouvait dans un quartier arabe ou juif la seule odeur. Prcisons que ce volontaire se dfinissait comme tant de gauche

    Beaucoup viennent sans but prcis, pour saccomplir, vivre la grande aven-ture ou tout simplement pour fuir une routine insupportable. Ceux-ci ne restent gnralement pas trs longtemps, cer-tains quittent le Rojava aprs avoir post quelques photos en armes sur les rseaux sociaux. Il sagit dun vrai problme pour les YPG, car faire entrer un volontaire ill-galement en Syrie reprsente des moyens logistiques et financiers non ngligeables. Notons enfin la prsence des mdia-tiques, venus profiter de loccasion pour se tailler une notorit peu de frais et immrite. Ceux-ci sont souvent mpri-ss par les autres volontaires qui font le choix de lanonymat dans leur majorit.

    Il importe dtre lucide quant lutilit des volontaires internationaux et ne pas se faire dillusions sur notre rle. Les anciens militaires de carrire apportent un savoir-faire incontestable et des comptences prcieuses au combat. Nanmoins, des di-vergences de tactique et sur les mthodes de combat apparaissent rgulirement, car les combattants des YPG sont issus dun mouvement de gurilla. Il est arriv fr-quemment que danciens militaires occi-dentaux quittent les YPG pour cette rai-son et intgrent les peshmergas irakiens, calqus sur le modle des armes occiden-tales, o ils sont rmunrs environ 300 dollars par mois (les YPG ne rmunrent pas leurs volontaires). La cration fin oc-tobre dune unit entirement compose danciens militaires professionnels, par un ancien Marine amricain, visait notam-ment stopper le dpart de ceux-ci.

    Mais lutilit des volontaires sans for-mation militaire pralable (dont je suis) est des plus limites. Nous sommes tout sauf indispensables car danciens combat-tants du PKK, ayant 15 ans de combat leur actif, peuvent sans problme se pas-ser de laide dtudiants rvolutionnaires habitus au confort parisien, mme sils accueillent ces derniers bras ouverts. Il faut tre certain de son choix et savoir prcisment pourquoi lon vient. Ceux qui viennent se battre au Rojava par ro-mantisme, ou pour des raisons thres et abstraites (dfendre la libert, se battre contre la barbarie, etc.) risquent dtre dus sur place lorsquils prendront conscience de leur place et de la ralit

    du terrain. Le risque est surtout de ne pas tenir dans les conditions trs sommaires du front (peu de sommeil, pas deau cou-rante, longues priodes dattente, pas ou trs peu de contact avec lextrieur) si lon vient sur un coup de tte.

    Faut-il, pour autant, renoncer venir au Rojava pour des rvolutionnaires de gauche? Certainement pas! Je ne puis au contraire quencourager celles et ceux qui le souhaitent venir se battre ici, au Ro-java, pourvu quils soient conscients des difficults qui les attendent et, surtout, quils ne se fassent pas dillusions.

    La cration des SDF (forces dmocra-tiques syriennes) est la meilleure nou-velle qui pouvait arriver pour tout le nord de la Syrie (pour les Kurdes et les non-Kurdes). Mais quen est-il ailleurs en Syrie, dans la ville dAlep mme o la situation est trs complexe, et aussi dans les autres rgions du pays (Idlib, Homs, Hama, Damas.): y a-t-il sa connais-sance des contacts et des regroupements possibles, ou en cours, similaires aux SDF (ni le rgime dAssad, ni les djiha-distes), dans ces autres rgions?

    La cration des SDF est en effet un excellente nouvelle. Le ralliement de divers groupes combattants aux Kurdes est symptomatique de la bipolarisation en court du conflit entre le rgime syrien dune part, et les YPG de lautre. Difficile dimaginer ce quil adviendra quand ces deux seuls acteurs resteront en scne. [...]

    Sans avoir t Koban, comme tu las prcis tu as d un peu te dplacer dans le Rojava. As-tu eu limpression de zones o il existe une vie conomique, quelques productions, quelques changes, ou bien au contraire une vie plutt morte du fait de la guerre et du dplacement des populations. Comment les YPG sont-ils approvisionns?

    Jai en effet eu loccasion de me rendre dans plusieurs villes du Rojava. Il existe bien videmment une vie conomique: il suffit de dambuler dans les rues dAmu-d, de Drik ou de Qamishlo (encore partiellement aux mains du rgime) pour sen rendre compte. Difficile doublier que lon se trouve dans un pays en guerre avec les check-points, les portraits omnipr-sents des martyrs et la prsence impor-tante dune police militaire ( Asayisa Rojava), mais les magasins sont relati-vement bien achalands, sur la frontire du moins. On constate dailleurs que de

  • f v r i e r 2 0 1 6m e n s u e l n 112 R O J A V A

    nombreuses marchandises viennent de Turquie. Mais cette vie conomique ne doit pas masquer les difficults terribles que traversent le Rojava. Les salaires y restent trs bas (70 dollars par mois pour certains fonctionnaires) et le ch-mage endmique. Cela amne nombre de jeunes ne voir aucun avenir dans ce pays et se laisser sduire par le rve dune vie meilleure en Europe. Les cam-pagnes de prvention organises par plu-sieurs organisations politiques semblent inefficaces pour le moment. Je passe ici sur les zones de combats, dsertes tota-lement par la population civile et en par-tie dtruites. []

    Il a t dit rcemment que les organi-sations kurdes (hostiles au PKK) dIrak voulaient instaurer un enrlement obli-gatoire dans larme. Cela est-il voqu au Rojava parmi les units que tu as ctoy ? Question annexe linformation sur ce qui se passe en Irak remonte-telle peu prs vers le Rojava?

    Jignore ce quil en ait pour le Kurdistan irakien. La conscription obligatoire est dj en place au Rojava, mais jen ignore les modalits, nayant pas ctoy moi-mme de conscrits. Ces derniers seraient dail-leurs plutt employs larrire, mais je nai gure plus dinformations ce sujet. [...]

    Pour ce qui est de Barzani, celui-ci est trs largement mpris par les Kurdes de Syrie, surtout chez les YPG. La liste des reproches adresss Dollarzani (le sobriquet don-n par les YPG) est longue: corruption et npotisme endmique, soummission aux intrts amricains, proximit avec lEtat turc (larme turque forme des units de larme kurde dIrak), trahison (notam-ment la fuite des peshmergas et labandon de Shengal aux djihadistes).

    Le PDK essaie certes de simplanter au Rojava, mais avec un succs des plus limi-ts pour le moment. Notons au passage que, si le PDK nest pas en odeur de sain-tet auprs des YPG et du PYD, celui-ci est autoris et a pignon sur rue. Il arrive de trouver, dans certains commerces, des por-traits de Barzani sans que ceux-l ne soient rprims. Pour lanecdote, il existe un ma-gasin dans la ville de Drik o lon trouve, au milieu des cussons YPG et des dra-peaux du PKK, des portes-clefs et dautres babioles leffigie de Barzani! Les affaires sont les affaires: cette anecdote dmontre bien quil existe une demande en ce sens, que certains sempressent de satisfaire.

    sourceOCL/courant alternatif

    au Baur (Kurdistan i rakien)

    Les Yzidi.e.s commencent revenir Shengal. Aprs les attaques de Daesh dans la ville de Shengal et les villages alentour, des milliers de Yzidi.e.s avaient pris la fuite et ceux et celles qui ont survcu staient rfugi.e.s dans des camps dans les pays voisins (surtout le Kurdis-tan irakien et la Turquie). Depuis la libration de Shengal par les gu-rillas Kurdes en novembre dernier, les Yzidi.e.s commencent revenir leur terre et appellent ce que tous les Yzidi.e.s reviennent pour reconstruire leur vie ensemble.

    (source : jinha.com.tr)

    Grve des instituteurs et profes-seurs. Le mouvement de grve des professeurs a repris de lampleur avec des manifestations et grves samedi 30 janvier dernier. Environ 50,000 personnes sont descendues dans la rue pour rclamer des sa-laires non-pays. Certaines disent ne pas avoir t pay.e.s depuis le mois de septembre. La grve continuera

    jusqu ce que le gouvernement rponde nos demandes et nous paie nos salaires a dit un prof de Sulaimaniya. En octobre dernier, au moins 4 personnes ont perdu la vie lors daffrontements violents entre les manifestantes et les peshmergas au moment des manifestations des professeurs.

    (source : kurdpress.com)

    Barzani , le prsident du Gouverne-ment Rgional du Kurdistan (GRK) a dclar quil envisageait un rfren-dum sur lindpendance de la rgion. tant donn que Barzani et son parti politique ont entretenu des liens conomiques et politiques trs forts avec les Etats-unis, on se demande bien quelles sont ses motivations en se lanant dans une telle aventure ? Surfer sur la vague des rvoltes actuelles au Rojava et au Bakur ? Revendiquer son indpendance alors quil collabore avec le gouvernement turc dans sa guerre contre le PKK ?

  • f v r i e r 2 0 1 6m e n s u e l n 1 13R O J A V A

    Nous, les femmes, nous savons que pour la lutte des femmes il y a deux choses importantes. Lune, cest linsur-

    rection et le refus le chaque femme face aux erreurs de la socit, et lautre cest la solidarit entre les femmes. Si on

    peut faire ces deux choses ensembles, cest un grand pas pour lmancipation et la libert des femmes

    (Gultan Kisanak)

    Contre lunion nationale : Solidarit internationale !

    A Beyrouth, Rakka, Ankara, Suru et maintenant Paris et Bamako, Daesh fait des milliers de victimes dans le monde. Nous exprimons notre solidarit politique avec toutes les personnes attaques par la violence de Daesh, qui est dter-min continuer. Mais nous savons que la solidarit avec les peuples victimes de Daesh ne signifie en aucun cas le soutien lEtat franais et aux autres puissances imprialistes qui ont leur part de responsabilit dans ce drame.

    En effet, les grandes puissances imprialistes se sont appuyes sur les diffrents gouvernements du Moyen Orient, de lAfrique du Nord et du Mali, pour maintenir leurs int-rts conomiques. Elles ont aid les puissances rgionales craser les soulvements des peuples, opposer chiites et sunnites, et semer le chaos qui a permis au courant idolo-gique obscurantiste de Daesh de se dvelopper.

    Aujourdhui encore, les tats europens soutiennent indi-rectement Daesh. LEtat franais vend des armes au rgime wahhabite de lArabie Saoudite, et sallie Erdogan, les deux principaux soutiens de Daesh dans la rgion.

    Alors, nous dnonons limprialisme et refusons que la lutte contre Daesh passe par des guerres au Moyen-Orient et en Afrique dcides par les intrts des grandes puissances occidentales. En tant que fministes, nous devons construire des solidarits politiques avec les peuples qui rsistent contre Daesh.

    Contre lEtat policier : mobilisation contre le sexisme, lislamophobie et le racisme !

    Suite aux attentats Paris, la rponse du gouvernement est de runir autour du drapeau franais en rcuprant lmo-tion et la solidarit avec les victimes. En mme temps, le gou-vernement a dclar ltat durgence sur tout son territoire pour 3 mois et la fermeture des frontires.

    LEtat a instrumentalis les informations sur les nationa-lits des rfugis (que Daesh avait fourni dessein) pour cri-minaliser les rfugis syriens, pour renforcer les contrles aux frontires et pour attaquer et expulser les camps dhabitation des rfugis en France. Des mesures similaires sont mises en place au niveau europen.

    Les actions lies lEtat durgence encouragent les attaques racistes et islamophobes qui sont en augmentation. Sur le territoire franais, en 15 jours, ltat a procd plus de 2000 perquisitions dans des logements, des associations et des lieux de culte musulman. Les interventions policires

    attaquent, dlogent et stigmatisent en toute impunit des ha-bitant-e-s des quartiers populaires, comme lintervention du 15 novembre Saint-Denis. Il a aussi t question de changer la constitution pour retirer la nationalit franaise aux bina-tionaux jugs dangereux pour lordre public. Ces politiques renforcent la division raciale entre ceux considrs comme franais et ceux auxquels le statut de franais est toujours refus et dni, les immigres et descendants dimmigrs.

    Dans ce dispositif scuritaire et nationaliste, les femmes musulmanes, immigres, voiles, sont les premires atta-ques dans lespace public. Ltat durgence annonce plus dimpunit pour les violences racistes et sexistes contre les femmes. Depuis ltat durgence, les commissariats de police des banlieues parisiennes ont pour consigne de donner priorit aux perquisitions administratives, aux patrouilles et aux contrles. En consquence, des femmes voulant porter plainte contre leur conjoint violent se voient refuser lentre des commissariats. LEtat durgence normalise les violences conjugales et organise lavance de la guerre silencieuse du patriarcat contre les femmes.

    Tout en augmentant limpunit des crimes racistes et sexistes, lEtat durgence permet de criminaliser les luttes sociales pour lgalit et la libert. Linterdiction de manifes-ter et de se rassembler est renforce par les convocations de personnes solidaires de la lutte des migrants et de la libert de circulation, et par lassignation rsidence de personnes suspectes de vouloir manifester contre la COP 21. La poli-tique du gouvernement franais empche toute possibilit de contestation collective et amplifie le chacun pour soi. Ltat durgence est un outil pour rprimer les luttes et museler les mouvements sociaux, empcher les protestations contre la politique de lEtat en France et contre les guerres quil mne.

    Contre le sexisme, le racisme et lislamophobie, nous refusons que la lutte contre Daesh passe par les politiques scuritaires et les fermetures des frontires. En tant que fministes, nous devons construire des solidarits politiques locales contre les attaques islamophobes, racistes et sexistes.

    Contre le patriarcat et la modernit capitaliste : solidarit fministe avec les femmes du Kurdistan !

    Faisant le constat que Le pouvoir de la modernit capitaliste est en train danantir les espoirs, dattaquer les cultures locales, de violer les droits des communauts et de faire des femmes des butins de guerre travers Daesh, son pion au Moyen Orient (dclaration du mouvement des femmes libres du Kurdistan), les peuples du Rojava se sont organiss pour former une alternative politique.

    Le systme confdral dmocratique dfendu au Rojava est une troisime voix contre la destruction des peuples, des identits, des communauts, des cultures, de croyances, des langues et de la nature (dclaration du mouvement des femmes libres du kurdistan) dans la rgion du Moyen-Orient, et qui garantit la reprsentation politique et la libert de tous

    APPEL DU COLLECTIF SOLIDARITE FEMMES KOBAN SUITE AUX ATTENTATS DU 13 NOVEMBRE 2015 PARIS

  • f v r i e r 2 0 1 6m e n s u e l n 114 T U R Q U I E / E U R O P E

    les peuples et de toutes les croyances de la rgion (kurdes, arabes, syriaques, tchtchnes, armniens, musulmans, chr-tiens et zidis).

    Ce projet est un combat fministe : les femmes sont prsentes tous les chelons politiques en tant que co- repr-sentantes, elles se sont organises dans les units de dfense mixtes (YPG) et dans les units dauto- dfense non mixtes (YPJ), et en assembles. Ces femmes se battent contre Daesh car elles dfendent une alternative politique radicale pour la rgion et pour le monde.

    Cest en tant que fministes que nous soutenons les units dauto-dfense du Rojava, les YPG et les YPJ, et que nous appelons la solidarit politique internationale avec les peuples du Rojava qui combattent contre Daesh depuis 2014.

    Contre un fminisme libral et tatique, nous appelons la solidarit avec le mouvement des femmes libres du Kurdis-tan. Nous nous engageons pour la reconstruction fministe de Koban. Reconstruire Koban cest dmolir le patriarcat et la modernit capitaliste qui sont des tombeaux pour les femmes et pour les peuples.

    Contre le patriarcat et la modernit capitaliste, construisons ensemble des solidarits et des actions fministes locales, internationales et concrtes !

    sourcesolidaritefemmeskobane.org

    La Cour Europenne des Droits de lHomme (CEDH) fait marche arrire. En Turquie, ltat empche trs souvent les ambulances daccder l o il bombarde, tue et mutile. Mais en janvier, lors du sige de Cizre, des avocat.e.s kurdes avaient saisi en urgence la CEDH, ce qui avait dbloqu les ambulances dans certains cas et ainsi sauv plusieurs vies. Sauf que fin du mois la CEDH a retourn sa veste en dclarant que tous les recours judiciares internes (de la justice turque) doivent tre puiss avant quil soit possible de la saisir. Une nouvelle porte ferme aux Kurdes, et une porte ouverte lEtat turc pour massacrer tranquille !

    Depuis que lEtat turc a de nouveau dclar la guerre aux Kurdes, plusieurs centaines de militant.e.s, politicien.e.s et journalistes kurdes ou pro-kurdes, vivant dans le reste de la Turquie, se sont fait arrter et/ou enfermer. En septembre et en octobre 2015, les civil.e.s kurdes, ainsi que leurs commerces, les lieux cultu-rels et locaux de partis politiques, ont t cibls plusieurs reprises et dans plusieurs villes par des foules racistes qui se sont rassembles avec des moyens logistiques fournis par lEtat turc (bus, etc.). Plusieurs centaines de civil.e.s ont t bless.e.s et plusieurs locaux du HDP brls lors de ces lynchages collectifs, commis en grande partie par la population turque, et incits directe-ment par les discours de Erdogan. Dans ce contexte, il semble que ce nest que rcemment que des actions de solidarit avec le mouvement kurde et contre la guerre ont commenc avoir lieu dans louest de la Turquie.

    Sur le site nouvelleturquie.com on peut lire : Partout en Turquie des actions sont organises par les organisations rvolutionnaires en soutien la rsistance des populations des villes kurdes...les manifestations tant toutes violemment rprimes, des centaines de militantes et militants rvolutionnaires sont arrt.e.s. Ces actions vont des attaques par diff-rentes gurillas contre les bases militaires, aux actions de sensibilisation, en passant par les attaques sur les policiers dans les quartiers et les grves de la faim.

    Voici une liste (non-exhaustive) des actions rcentes :

    Le TiKKO laction. Les combattant.e.s arm.e.s du groupe de gurilla TiKKO (branche arme du TKP/ML, parti communiste de Turquie) ont effectu plusieurs actions en solidarit avec les Kurdes dans diffrentes villes : blocage de la circulation sur une autoroute dans le Sud-Est de la Turquie, attaque incen-diaire, dans la nuit du 23 janvier, contre un local proche de lAKP ramassant des fonds en soutien aux djihadistes syriens du Front-Al-Nosra (Al-Quada) et Ahrar al-Sham, grve de la faim depuis le 30 janvier par des militantes emprisonnes, pour protester contre les massacres en cours au Kurdistan et contre les fouilles et les pratiques fascistes en prison. Dans leur communiqu, elles dclarent : O que nous soyons, en tant que rvolution-naires, il est de notre responsabilit et de notre devoir de prendre position et de nous opposer.

    A Ankara, 4 membres du groupe Yeni De-mokrat Genlik (YDG) ont accroch une banderole sur le toit du grand centre commercial Kizlay, sur laquelle tait crit : Renforons la rsistance contre les massacres Sur, Cizre et Silopi. Les 4

    jeunes ont tout.e.s t interpell.e.s et tabass.e.s par les flics.

    Le 25 janvier a eu lieu une manifestation organise par le groupe DHF Istanbul Ct Europe dans le quartier Gazi Istanbul. Le groupe, rassembl derrire une banderole annonant Les bar-ricades de Gazi sont des tranches du Kurdistan , sest mis en marche aux cris de Notre meneur est Ibrahim, Ibrahim Kaypakkaya [Ibrahim Kaypakkaya (1949-1973) tait un personage impor-tant du mouvement communiste en Tur-quie et fondateur du Parti Communiste/Marxiste-Leninste de Turquie (TKP/ML). Emprisonn en 1973, il a subi 4 mois de tortures avant que ses tortionnaires le tuent par une balle dans la tte], et Le Kurdistan sera le tombeau du Fascisme. Attaqu.e.s et dispers.e.s par les flics, les manifestant.e.s se sont regroup.e.s plus tard. Des affrontements ont alors clat entre les flics et les groupes mon-tant les barricades dans la rue.

    Grve de la faim des Alvis. La Fdra-tion Alvie Bektai (AFB) et ses organi-sations membres, ainsi que les membres des Associations Dmocratiques Alvis (DAD) avaient commenc le 29 dcembre 2015, une grve de la faim de trois jours, sous la bannire Non aux guerres ! Que les enfants ne meurent pas. Actuellement en grve de la faim, le Directeur de lAFB, Baki Dzgn, annonce quils veulent tendre cette action sur toute la Turquie, et quils visent casser le silence de lOuest du pays. Il souligne quaprs les attaques qui ciblent le peuple kurde, ce sera le tour des Alvis. (source : Kedistan.net)

    en Turquie

  • Le 9 janvier 2013 trois militantes kurdes taient assassines dune balle dans la tte en plein coeur de Paris. Trois ans plus tard, le 9 janvier 2016, nous navons pas oubli lassassinat poli-tique de Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez et cest au moins 20000 personnes qui ont battu le pav parisien pour honorer leur mmoire et exiger que lenqute policire, au point mort, fasse enfin la lumire sur ce triple assassinat.

    en Europe :

    Aveu allemand : le silence face aux massacres kurdes est le prix de la collaboration anti-immigration... A Berlin, le ministre de lintrieur alle-mand Thomas de Maiziere a avou que lUnion europenne gardait le silence face aux massacres commis par la Turquie contre les Kurdes cause de la collaboration anti-mi-gration entre lUE et la Turquie. Le ministre a fait cette dclaration du-rant lmission de tlvision Monitor diffuse sur la chane ARD.

    A Rennes, le 8 fvrier : les kurdes forcent lentre du parlement de bretagne. Le prsident de lassociation Amara, Fehmi Kaplan, dnonce liner-tie europenne. Nous faisons rguli-rement des marches, dans les rues de France et dEurope, mais rien ne bouge. Nous passons la vitesse suprieure.

    Manif Paris. Suite au massacre de Cizre par les forces du gouver-nement islamiste de Reccep Tayyep Erdogan, le Conseil dmocratique kurde en France a appel manifes-ter le 8 fvrier devant lambassade de Turquie en France 12h. Les manifestants ont t violemment rprims par les forces de police franaises, embarquant plusieurs militant.e.s kurdes en garde--vues...

    Rennes, le 8 fvrier. Environ 150 Kurdes staient rassembl.e.s, 13h, devant le Parlement de Bretagne, quils ont dcid doccuper peu aprs. Ils dnonaient le massacre de civils qui a eu lieu le 7 fvrier Cizre. Les vigiles du Parlement nont pas eu le choix : Jai essay de fermer la porte, mais ils taient au moins cinquante. Ils ont pouss... Le prsident de lassociation Amara, Fehmi Kaplan, dnonce linertie euro-penne. Nous faisons rgulirement des marches, dans les rues de France et dEurope, mais rien ne bouge. Nous passons la vitesse suprieure.

    AGENDANantes, 17 fvrier 19h

    Discussion Kurdes aujourdhui dans le cadre de la Semaine des Rsistances.Centre culturel kurde, 9 alle des Roitelets, St Herblain

    semainederesistances.com

    Toulouse, 27 fvrier 18hRencontre-dbat sur le thme Kurdistan : fminisme et rsistance , Salle Oste, 7 rue du Lt PelissierSoire organise par lOCML-VP, avec lUnion des Femmes Socialistes (Turquie/Kurdistan) et la Maison Fran-co-Kurde Midi-Pyrnes. Entre libre, grignotage et boissons prix libre.

    Et 21h, Concert.Blind Tiger, 60 rue PargaminiresAvec Piya (chants rvolutionnaires turcs et kurdes) et Thawra (rappeuse allemande). La soire est organise en hommage Ivana Hoffmann, com-muniste afro-allemande antifasciste, assassine par Daech le 7 mars 2015 alors quelle combattait dans les rangs de la rsistance kurde au Rojava.

    Londres, 6 mars 13hsupportkurds.orgManifestation nationale contre la guerre au Bakur.

    Paix... Monstre, tratre, assassin, terroriste

    lhomme: Un enfant a encore t tu, Monsieur.Erdoan: Israel, cruel !lhomme : Lenfant a t tu Cizre, Monsieur.Erdoan: Saloperie de terroristes !

  • IRAK

    ARMENIE

    Istanbul

    Ankara

    zmir

    Bursa

    Adana Gaziantep

    Konya

    Antalya

    Diyarbakr

    Mersin

    anlurfa

    Samsun

    MalatyaVan

    Erzurum

    100 km

    TURQUIE

    SYRIE

    IRAN

    ARM.GEORGIE

    GR.BULG.

    AZER.

    Damas

    Homs

    Alep

    Mosul

    Bagdad

    Beyruth

    Kirkuk

    SAUDI ARABIA

    .Yerevan

    CYP

    BakurBaur(GRK) Rojhi latRojava

    Dersim

    MardinNusaybin

    irnakCizre

    Hakkari

    QamiloSuru

    KobanEfrin

    On parle souvent indistinctement du PKK pour dsigner dautres organisa-tions qui en sont proches ou qui nen sont que des parties.

    BAKUR : Kurdistan turcDTK : cr en 2007 avec le BDP, le Congrs pour une socit dmocra-tique est une plate-forme dassocia-tions et de mouvements du Kurdistan de Turquie. Il dveloppe partir de 2011 son modle dautonomie dmo-cratique , modle qui correspond aux expriences actuellement loeuvre dans les cantons du Rojava.

    KJA : Congrs des Femmes Libres. Une des principales organisation du mouvement des femmes.

    HDP : Parti Dmocratique des Peuples. Cest un parti lgal qui se prsente aux lections. Le HDP est un front regroupant de nombreuses organisations rvolutionnaires en Turquie, dont certaines ont des structures clandestines. Le HDP nest pas un parti kurde mais il prend rgulirement la dfense du PKK ou de son pendant syrien.

    DBP : Parti Dmocratique des Rgions. Le DBP succde au BDP qui succde lui-mme au DTP. Le DBP est au Nord-Kurdistan ce que le HDP est la Turquie. HDP et BDP agissent comme des organisations soeurs. A loccasion des lections de 2015, le HDP et le BDP fusionnent dans les urnes et prsentent une seule liste HDP pour toute la Turquie (mmes si elles existent encore distincte-ment).

    HPG : Force de Dfense du Peuple. Organisation arme.

    YJA-Star : Units des Femmes Libres. Organisation arme des femmes.

    PAJK : Parti des Femmes Libres du Kurdistan. Organisation politique des femmes.

    YPS : Units de Protection Civile. Groupe locaux dhabitant.e.s arm.e.s.

    YDG-H : Mouvement de la Jeunesse Rvolutionnaire Patriotique. Jeunes arm.e.s pour lautodfense des villes et des quartiers.

    ROJAVA : Kurdistan syrienTEV-DEM : Mouvement pour une socit dmocratique, le gouverne-ment du Rojava.

    PYD : Parti de lUnion Dmocratique, parti kurde de Syrie. Il proclame lautonomie du Rojava en novembre 2013.

    YPG : Units de Protection du Peuple. Organisation arme.

    YPJ : Units de Protection des Femmes. Organisation arme des femmes.

    Asay : Cest le mot kurde pour scurit cest la police du Rojava.

    Brigades Burkan el Firat : (ou Burkan al Furat) Volcans de lEuphrate, brigade unifie de combattants de certaines fractions de lASL (Arme Syrienne Libre) et des YPG.

    IFB : Brigade Internationale de Lib-ration (ou Bataillion International de la Libert). Ce sont les Brigades Internationales, cres linitiative du MLKP dans un esprit similaires aux brigades ponymes de la guerre dEspagne. LIFB regroupe de nombreuses organisations marxistes-

    lninistes, maostes, hoxhastes et anarchistes de nombreux pays (Turquie, Europe, Etats-Unis,...).

    MFS : Conseil Militaire Syriaque. Groupe Syriaque/Assyrien/Chrtien, pro-YPG.

    QSD : Fonde au milieu du mois doctobre 2015, les Forces Dmo-cratiques Syriennes (dsignes comme SDF ou QSD) sont une alliance regroupant une quarantaine de groupes arms actifs dans le Rojava et dans le nord de la Syrie. Lalliance est multi-ethnique (Kurdes, Arabes, Turkmnes, Circassiens,...) et anti-islamiste. Les plus gros groupes composants lalliance sont les YPG/YPJ (revendiquant 50.000 combat-tants) et le Jaysh al-Thuwar (Arme des Rvolutionnaires, revendiquant 5.000 combattants).

    TURQUIEMLKP : Parti communiste marxiste-l-niniste turc, pro-kurde. Il est interdit en Turquie. Il comporte une branche arme clandestine : le FESK.

    glossa ire

    Plus dinfos sur le web :Visitez les sites kedistan.fr,

    susam-sokak.fr,nevarneyok.noblogs.org, twitter.com/info_rojava,

    solidaritefemmeskobane.org, etc...Plein dinfos en franais sur la situation au

    Kurdistan ! Et si vous lisez langlais, allez donc faire un tour sur

    rojavareport.wordpress.com, kurdishquestion.com,

    anfenglish.com, sendika9.org, diclehaber.com, jinha.com.tr...

    Bonnes lectures et bonnes traductions !

    Les expressions du mois

    Grce Merhaba Hevalno, com-mencez apprendre le kurde !

    Biji berxwedana Kurdistan signifie

    Vive la rsistance au Kurdistan

    et

    Merhaba Hevalno veut dire

    Salut les camarades/ami.e.s

    Ce ne sont pas les bombes qui nous tuent, mais votre silence !