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5 actualités Actualités pharmaceutiques n° 487 Juillet-Août 2009 vives réserves quant à son cadre général. Il est d’usage que ce soit les syndicats, représentatifs de la profession, qui négocient avec les tiers comme les pouvoirs publics, les assurances... La mutuelle en question n’a pas souhaité entrer dans ce cadre. Je crains que cet accord soit mal élaboré et qu’il y ait autant de contrats et de métho- dologies que d’assurances, ce qui risque de créer un système très lourd. Je considère qu’un groupe- ment n’a pas compétence pour lier l’ensemble de la profession directement ou indirectement. Au contraire, les syndicats ont compétence pour représenter l’en- semble de la profession, au sein d’un cadre organisé et protecteur, tout en laissant les complémentai- res libres de leur niveau de prise en charge. Le contrat actuel sera étendu aux officinaux n’appar- tenant pas aux groupements en question, mais qui les soutiendra en cas de difficultés ? AP : Faut-il y voir les prémisses d’une rémunération à l’acte ou d’un accroissement du poids des mutuelles ? CJ : Il ne s’agit pas d’une sim- ple rémunération à l’acte, mais d’un revenu supplémentaire par rapport à la partie marchande habituelle. Jusqu’à présent, les actes complémentaires à l’offi- cine comme le conseil, l’écoute, etc., n’étaient ni rémunérés ni quantifiables ni lisibles. La perte de marge de l’ordre d’un tiers sur les vingt dernières années fait que le pharmacien ne peut plus assumer l’ensemble des services qu’il peut offrir de manière gra- tuite, comme son intervention en cas de pandémie ou d’acci- dent nucléaire, le tiers payant, la gestion des déchets... L’ac- croissement du rôle des mutuel- les se fera obligatoirement. Plus les déremboursement seront nombreux, et en particulier s’ils concernent des classes théra- peutiques complètes, plus leurs interventions seront pertinentes. AP : Jean Parrot a annoncé qu’il quittait la présidence du Conseil national de l’Ordre. Une réaction ? CJ : C’est une sage décision après autant d’années à la présidence. Il aura marqué la profession et partira avec les honneurs au moment où celle- ci se voit confier de nouvelles missions. Propos recueillis par Sébastien Faure Maître de conférences des Universités, Faculté de pharmacie, Angers (49) [email protected] P romesse de journées, a priori , ensoleillées mais aussi, pour ceux qui peuvent se le permettre, de départs pour de plus ou moins lointaines destinations, l’été est également propice aux accidents, incidents et conduites à risque en tous genres. Canicule, UV et henné... L’Institut national de prévention et d’édu- cation pour la santé (Inpes) rappelle ainsi, comme chaque année, les précautions qu’il est nécessaire de prendre pour pallier les effets des fortes chaleurs. Si chacun d’en- tre nous doit veiller à boire suffisamment et régulièrement, les personnes âgées consti- tuent une population particulièrement à ris- que de déshydratation. Aussi faut-il veiller à ce qu’elles privilégient les endroits frais, voire climatisés, qu’elles se rafraîchissent régulièrement (un vaporisateur d’eau peut être utile) et, surtout, qu’elles s’astreignent à boire environ 1,5 L d’eau par jour tout en continuant à s’alimenter correctement. Enfin, la posologie des médicaments doit être adaptée à ces circonstances. Les pre- miers signes de déshydratation sont repé- rables : faiblesse, céphalées, vertiges, nau- sées, vomissements, diarrhée, crampes, température élevée... 1 De son côté, l’Académie de médecine met en garde contre la quête du bronzage. Mal- gré ses recommandations 2 , la fréquentation des salons à bronzer ne fait que croître. Or, en France, le mélanome est l’une des tumeurs dont l’incidence a le plus aug- menté avec une fréquence multipliée par quatre chez les hommes et trois chez les femmes en vingt ans. L’Académie déplore que les pouvoirs publics ne modifient pas la législation et qu’ils tolèrent que la pro- motion de cette pratique via des messages publicitaires puissent se faire sans qu’un avis défavorable du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) soit émis. L’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) pointe, quant à elle, du doigt les tatouages éphé- mères noirs à base de henné. L’ajout de colorants noirs au henné peut, en effet, être à l’origine d’effets indésirables gra- ves dont le nombre rapporté a fortement augmenté en 2008 : eczéma allergique de contact, limité à la zone tatouée ou étendu, parfois à tout le corps. Ces réac- tions peuvent nécessiter une hospitalisa- tion, voire induire une polysensibilisation irréversible 3 . Le pharmacien, acteur de prévention Ces messages, comme d’autres, doivent être relayés au comptoir, lieu privilégié de la délivrance des conseils préventifs. Giropharm, par exemple, seconde le phar- macien en proposant l’opération “1 ers soins – 1 ers secours” : chaque client demandant un conseil pour la constitution d’une trousse de secours de premiers soins se voit remettre une mallette, ainsi qu’un “passeport” rappe- lant, pour chaque type de destination (mer, montagne...), les conseils de base. À noter, par ailleurs, que les Recommanda- tions sanitaires pour les voyageurs 2009, bien utiles aux professionnels de santé, sont parues 4 . Élisa Derrien Conseil Messages de prévention tous azimuts contre les aléas de l’été Notes 1. Numéro vert Canicule Info Service (0 800 06 66 66) et site www.sante.gouv.fr/canicule. 2. “La prévention des effets nocifs des rayons ultraviolets”, rapport adopté le 2 décembre 1997. 3. Une affichette est disponible sur www.afssaps.fr. 4. BEH du 2 juin 2009, n° 23-24. © DR Claude Japhet. © BSIP/Lemoine

Messages de prévention tous azimuts contre les aléas de l’été

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Actualités pharmaceutiques n° 487 Juillet-Août 2009

vives réserves quant à son cadre général. Il est d’usage que ce soit les syndicats, représentatifs de la profession, qui négocient avec les tiers comme les pouvoirs publics, les assurances... La mutuelle en question n’a pas souhaité entrer dans ce cadre. Je crains que cet accord soit mal élaboré et qu’il y ait autant de contrats et de métho-dologies que d’assurances, ce qui risque de créer un système très lourd. Je considère qu’un groupe-ment n’a pas compétence pour

lier l’ensemble de la profession directement ou indirectement. Au contraire, les syndicats ont compétence pour représenter l’en-semble de la profession, au sein d’un cadre organisé et protecteur, tout en laissant les complémentai-res libres de leur niveau de prise en charge. Le contrat actuel sera étendu aux officinaux n’appar-tenant pas aux groupements en question, mais qui les soutiendra en cas de difficultés ?

AP : Faut-il y voir les prémisses d’une rémunération à l’acte ou d’un accroissement du poids des mutuelles ?CJ : Il ne s’agit pas d’une sim-ple rémunération à l’acte, mais

d’un revenu supplémentaire par rapport à la partie marchande habituelle. Jusqu’à présent, les actes complémentaires à l’offi-cine comme le conseil, l’écoute, etc., n’étaient ni rémunérés ni quantifiables ni lisibles. La perte de marge de l’ordre d’un tiers sur les vingt dernières années fait que le pharmacien ne peut plus assumer l’ensemble des services qu’il peut offrir de manière gra-tuite, comme son intervention en cas de pandémie ou d’acci-dent nucléaire, le tiers payant, la gestion des déchets... L’ac-croissement du rôle des mutuel-les se fera obligatoirement. Plus les déremboursement seront nombreux, et en particulier s’ils

concernent des classes théra-peutiques complètes, plus leurs interventions seront pertinentes.

AP : Jean Parrot a annoncé qu’il quittait la présidence du Conseil national de l’Ordre. Une réaction ?CJ : C’est une sage décision après autant d’années à la présidence. Il aura marqué la profession et partira avec les honneurs au moment où celle-ci se voit confier de nouvelles missions. �

Propos recueillis par

Sébastien Faure

Maître de conférences des Universités,

Faculté de pharmacie, Angers (49)

[email protected]

P romesse de journées, a priori, ensoleillées mais aussi, pour ceux qui peuvent se le permettre, de

départs pour de plus ou moins lointaines destinations, l’été est également propice aux accidents, incidents et conduites à risque en tous genres.

Canicule, UV et henné...L’Institut national de prévention et d’édu-cation pour la santé (Inpes) rappelle ainsi, comme chaque année, les précautions qu’il est nécessaire de prendre pour pallier les effets des fortes chaleurs. Si chacun d’en-tre nous doit veiller à boire suffisamment et régulièrement, les personnes âgées consti-tuent une population particulièrement à ris-que de déshydratation. Aussi faut-il veiller à ce qu’elles privilégient les endroits frais, voire climatisés, qu’elles se rafraîchissent régulièrement (un vaporisateur d’eau peut être utile) et, surtout, qu’elles s’astreignent à boire environ 1,5 L d’eau par jour tout en continuant à s’alimenter correctement. Enfin, la posologie des médicaments doit être adaptée à ces circonstances. Les pre-miers signes de déshydratation sont repé-rables : faiblesse, céphalées, vertiges, nau-

sées, vomissements, diarrhée, crampes, température élevée...1

De son côté, l’Académie de médecine met en garde contre la quête du bronzage. Mal-gré ses recommandations2, la fréquentation des salons à bronzer ne fait que croître. Or, en France, le mélanome est l’une des tumeurs dont l’incidence a le plus aug-menté avec une fréquence multipliée par quatre chez les hommes et trois chez les femmes en vingt ans. L’Académie déplore que les pouvoirs publics ne modifient pas la législation et qu’ils tolèrent que la pro-motion de cette pratique via des messages publicitaires puissent se faire sans qu’un avis défavorable du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) soit émis.L’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) pointe, quant à elle, du doigt les tatouages éphé-mères noirs à base de henné. L’ajout de colorants noirs au henné peut, en effet, être à l’origine d’effets indésirables gra-ves dont le nombre rapporté a fortement augmenté en 2008 : eczéma allergique de contact, limité à la zone tatouée ou étendu, parfois à tout le corps. Ces réac-tions peuvent nécessiter une hospitalisa-

tion, voire induire une polysensibilisation irréversible3.

Le pharmacien, acteur de préventionCes messages, comme d’autres, doivent être relayés au comptoir, lieu privilégié de la délivrance des conseils préventifs. Giropharm, par exemple, seconde le phar-macien en proposant l’opération “1ers soins – 1ers secours” : chaque client demandant un conseil pour la constitution d’une trousse de secours de premiers soins se voit remettre une mallette, ainsi qu’un “passeport” rappe-lant, pour chaque type de destination (mer, montagne...), les conseils de base.À noter, par ailleurs, que les Recommanda-tions sanitaires pour les voyageurs 2009, bien utiles aux professionnels de santé, sont parues4. Élisa Derrien

Conseil

Messages de prévention tous azimuts contre les aléas de l’été

Notes1. Numéro vert Canicule Info Service (0 800 06 66 66) et site www.sante.gouv.fr/canicule.

2. “La prévention des effets nocifs des rayons ultraviolets”, rapport adopté le 2 décembre 1997.

3. Une affichette est disponible sur www.afssaps.fr.

4. BEH du 2 juin 2009, n° 23-24.

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Claude Japhet.

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