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BIOCHIMIE, 1971, 53, 679-683. Migration dlectrophordtique et synthbse des protdines de maturation du bactdriophage lambda, par Francois BR~/~RE et Fra.n~ois GRos. Service de Physiologie cellulaire, Institut de Biologie Mol~culaire, Universitd Paris VII, ~, Place Jussieu- Paris. (7-7-197I). Summary. -- Using acrylamide gel-electrophoresis, we have started a systematic study of bacteriophage lamhda structural proteins. This study has shown that at least six molecular species exist which are present in very different amounts. Differences of the same order can be recorded in lysates obtained from ),-induced lyso- gens. Our results show that the main structural proteins are synthesized simultaneously, at rates which are in the same ratio as the corresponding amounts in the viral particle. These findings seem to imply that the synthesis of the structural proteins of bacterio- phage )~ is under a regulation control. The nature of such a control system is as yet unclear. Le bact6riophage tambda est un mat6rid privi- 16gi6 pour l'6t.ude des m6can,ismes mol6culaires de r6gulation, et il constitue h cet 6ga~rd un des sys- tbmes les mieux connus. Cependant, en d6pit de la somme de travaux consacr6s ~ la structure g6n6tique fine de ce virus, a, ux propri6t6s physico-chimiques de son ADN et aux modal il6s qui pr6sident h sa transcription, nos connaissances sont encore tr6s limit6es en ce qui concerne les quelques quarante prot6ines qui sont form6es au cours du cycle de d6veloppement phagique. Jusqu'h l'ann6e pr6c6dente, les seules avoir 6t6 identifi6es et partiellement purifi6es 6talent, l'exonucl6ase [C. M. RADDIN6, 1966], le r6presseur [M. PTaSHNE, 1967], et le lysozyme [L. W. BLACK et D. S. HOGNESS, 19'69]. Ind6pend~mmen.l des travaux de M. BUCHWALD, H. MURIALDO el L. SIMmOVITCH (1970), de S. CASJENS, T. HOHN et A. D. KAISER (1970), et de H. MURIALDO et L. SIMINOVITCH (1971), nous avons entrepris une 6tude syst6matique des prot6ines les plus facil~es d'aee~s : celles qui forment la par- tietrle virale elle-m6me. Puts re)us nous sommes int6ress6s h la cin6tique que suit la synth6se de ces prot6ines pendant le cycle de d6veloppement virM, afin d'obtenir qu~elque~s nouveaux 616menls d'information sur l'expression des gbnes tardifs. I. TECHNIQUES. Purification du phage. La m6thode employ6e a 6t6 introduite par W. SALZER (communi,cation personnelle), d'aprbg L. RUDIN e't P. A. ALBERTSISON (196~7). On infecte une cu.i.ture de E. Colt C600 en milieu riche (Tryp- tone broth Difco 16 g/l, NaC1 5 g/l) ~ une densit6 optique de 2 ~ 420 m~/~ 37°C, avec du phage )~ clI une multiplicit6 de 0,1. On attend la lyse, et on la parfait avec 1/500 de volume de chloroforme. On ajuste la molarit6 du lysat ~ 0,3 Men chlorure de sodium, et on y dissout du poly6thyl~ne-glycol (PEG) et du dextrane-sulf, ate jusqu'h des concen- trations finales respectives de 6,9 p. cent et de 0,2 p. cent. Aprbs avoir laiss6 reposer 12 heureg, ~n d6cante le surnageant el on centrifuge l~a phage inf6rieure 15 minutes h 6 500 g. Le culot est resus- pendu dang du tampon <d.-dil>> (NaH o PO 4 : 3.10-aM ; Na,.~H PO~ : 7.10-aM ; MgSO 4 : 10 -2M) dont la basse force ionique provoque la lib6ration du phage dans la phase liquide. Le culol est lay6 p,lusieu~-s fois dans le ~-dil, et on r6unit tes surna- geants pour les centrifuger pendant 3 heures 35 00,0 g. I,e nouveau culot est resuspendu darts un petit valume de )~-dil en p r6sence de d6soxyribo- nucl6'ase h 10 ~g/ml, par une agitation mo.d6r6e e~ constante pendant 12 heu,res /~ 4°C. On dissou~ 0,787 g de chlorure de c6sium (Fluka, purmn 99 p. cent) par m] de s~spension, de mani6re ~mener la densit6 h 1,5. On centrifuge alors pen- dant 48 heures h 59"0~00 g, el on recueille la bande contenant le phage, bi,en vi,sil~le h l'oeil an. Le ma- t6ri,el ainsi purifi6 es~ dialys6 contre du ~-dil, et peut 6Ire co nserv6 plusieurs mois h 4°C. Pour obtenir du phage marqu6 au tritium, nous avons employ6 u,nc sou,che lysogbne, porteuse d'un phage h r6presseur thermosensible et d6feetif

Migration électrophorétique et synthèse des protéines de maturation du bactériophage lambda

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Page 1: Migration électrophorétique et synthèse des protéines de maturation du bactériophage lambda

BIOCHIMIE, 1971, 53, 679-683.

Migration dlectrophordtique et synthbse des protdines de maturation du bactdriophage lambda,

par Francois B R ~ / ~ R E et Fra.n~ois GRos.

Service de Physiologie cellulaire, Institut de Biologie Mol~culaire, Universitd Paris VII, ~, Place Jussieu- Paris.

(7-7-197I).

Summary. - - Using acrylamide gel-electrophoresis, we have started a systematic study of bacteriophage lamhda structural proteins. This study has shown that at least six molecular species exist which are present in very different amounts.

Differences of the same order can be recorded in lysates obtained from ),-induced lyso- gens. Our results show that the main structural proteins are synthesized simultaneously, at rates which are in the same ratio as the corresponding amounts in the viral particle.

These findings seem to imply that the synthesis of the structural proteins of bacterio- phage )~ is under a regulation control. The nature of such a control system is as yet unclear.

Le bact6riophage tambda est un ma t6 r id pr ivi - 16gi6 pour l'6t.ude des m6can,ismes mol6culaires de r6gulation, et il constitue h cet 6ga~rd un des sys- tbmes les mieux connus.

Cependant, en d6pit de la somme de t ravaux consacr6s ~ la s t ructure g6n6tique fine de ce virus, a, ux propri6t6s phys ico-chimiques de son ADN et aux modal il6s qui pr6sident h sa t ranscr ipt ion, nos connaissances sont encore tr6s limit6es en ce qui concerne les quelques quarante prot6ines qui sont form6es au cours du cycle de d6veloppement phagique. Jusqu'h l 'ann6e pr6c6dente, les seules avoir 6t6 identifi6es et par t ie l lement purifi6es 6talent, l 'exonucl6ase [C. M. RADDIN6, 1966], le r6presseur [M. PTaSHNE, 1967], et le lysozyme [L. W. BLACK et D. S. HOGNESS, 19'69].

Ind6pend~mmen.l des t ravaux de M. BUCHWALD, H. MURIALDO el L. SIMmOVITCH (1970), de S. CASJENS, T. HOHN et A. D. KAISER (1970), et de H. MURIALDO et L. SIMINOVITCH (1971), nous avons entrepr is une 6tude syst6matique des prot6ines les plus facil~es d'aee~s : celles qui forment la par- tietrle virale elle-m6me. Puts re)us nous sommes int6ress6s h la cin6tique que suit la synth6se de ces prot6ines pendant le cycle de d6veloppement virM, afin d 'obtenir qu~elque~s nouveaux 616menls d ' informat ion sur l 'expression des gbnes tardifs.

I. TECHNIQUES.

Purification du phage.

La m6thode employ6e a 6t6 int rodui te par W. SALZER (communi,cation personnelle) , d'aprbg

L. RUDIN e't P. A. ALBERTSISON (196~7). On infecte une cu.i.ture de E. Colt C600 en mi l ieu r iche (Tryp- tone broth Difco 16 g/l, NaC1 5 g/l) ~ une densit6 optique de 2 ~ 420 m~/~ 37°C, avec du phage )~ clI

une multiplici t6 de 0,1. On attend la lyse, et on la parfai t avec 1/500 de volume de chloroforme. On ajuste la molarit6 du lysat ~ 0,3 M e n chlorure de sodium, et on y dissout du poly6thyl~ne-glycol (PEG) et du dextrane-sulf, ate jusqu'h des concen- trat ions finales respectives de 6,9 p. cent et de 0,2 p. cent. Aprbs avoir laiss6 reposer 12 heureg, ~n d6cante le surnageant el on centrifuge l~a phage inf6rieure 15 minutes h 6 500 g. Le culot est resus- pendu dang du tampon <d.-dil>> (NaH o PO 4 : 3.10-aM ; Na,.~H PO~ : 7.10-aM ; MgSO 4 : 10 -2M) dont la basse force ionique provoque la l ib6ration du phage dans la phase liquide. Le culol est lay6 p,lusieu~-s fois dans le ~-dil, et on r6unit tes surna- geants pour les centr i fuger pendant 3 heures 35 00,0 g. I,e nouveau culot est resuspendu darts un petit valume de )~-dil en p r6sence de d6soxyribo- nucl6'ase h 10 ~g/ml, par une agitation mo.d6r6e e~ constante pendant 12 heu, res /~ 4°C. On dissou~ 0,787 g de chlorure de c6sium (Fluka, purmn 99 p. cent) par m] de s~spension, de mani6re ~mener la densit6 h 1,5. On centrifuge alors pen- dant 48 heures h 59"0~00 g, el on recueil le la bande contenant le phage, bi, en vi, sil~le h l'oeil an. Le ma- t6ri,el ainsi purifi6 es~ dialys6 contre du ~-dil, et peut 6Ire co nserv6 plusieurs mois h 4°C.

Pour obtenir du phage marqu6 au tr i t ium, nous avons employ6 u,nc sou,che lysogbne, porteuse d 'un phage h r6presseur thermosensible et d6feetif

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680 Francois Brdgdg~re et Francois Gros.

pour la lyse : N729 (eIs~ 7 susS7). On ealtive les baetOries dans un mil ieu contenant ~e,s 616ments minOraux nOeessaires, du glycOrol h 4 g/1 et des casamin~oaeides .(,GAA VF Difeo) p'ass6s su,r char- ban, h 10 g/l. La ihermoin,duction est rO.a.lisOe h une de ,s i t6 optique de 0,5 h 420 m~, en faisant sO,journer la cul ture pendant 20 minutes h 42°C. Puts on poursuit l ' ineub,ation ~ 37°C. Deux heures aprOs l 'iudu.ction, on ajoute 10 ~Ci/ml de phO- nylalanin.e tritiOe. Ci~q het~res apr~s l ' induct ion, on concentre 50 lois les bactOries par eentrifuga- tion, on provoque leur lyse en ajot~ta.nt 1/2.0 de volume de ch,loroforme, et on ineube pendant 30 min,utes h 37°C avec de l~a dOsoxyribonuclOase h 5 ~g/ml. Les dObri, s SO.El 61iminOs par eentrifu- gation h basse vitesse, puis le phage est sOdiment6 h son tour par centr ifugation h 35 600 g pendant 3 heures. Ensuite, on procbde comme pour le phage froid.

Traitement dissociant.

Le phage p u,rifiO, ou le lysat h dissocier, sont amenOs h une concentra t ion ,de lauryl-,sulf~ate (SDS) de 10 ug/ml, et i.ncubOs pendant 10, minutes h 100°C. On les dialyse 12 heu.res con,tre le tampon d'61eetrophor~se (NaH~ PO 4 : 3.10 -2 M ; Na3-I PO 4 : 7.10 -~M ; SDS : I g/l), puts on les amOne h des concentra t ions finales de 0,1 p. cent en SDS, 1 p. cent en mereaptoOhanol et 30 p. cent en gly- cOro,1. On incu.be les 6chan.til,lo.ns 3 heures h 37°C avan~ de les faire migrer sur les gels.

1 ml de pipOridine molaire, puts on ajoute 0,1 ml d 'hydroxyde d 'hyamine en solution molaire dans le mOthanol, et e,nfin 15 ml de s c i n l i l h n t << Ki- nard >> (xylOne : 50,0 n~l ; dioxann,e : 50,0 ml ; 6tha- n,ol abs~lu : 300 ml ; naphtal~ne : 10,4 g ; 2-5 diphOnyloxazole (PPO) : 6,3 ; a-uaph~tylphOnyl- oxazole (a-N.PO) : 63 mg). Les rOcipients sont agitOs 6nergiquement, et on les laisse reposer pen- dant 2 heures, avant d 'en mesurer la radioaetivitO.

Marquages brefs.

On a empl,oy6 la souche lysogOne thermoinduc- tible C600 (~-CIs.57) , qu'on a cultivOe dans un mi- lieu c ontenant les 616ments minOraux nOcessaires, 4 g/l de glycOrol, 1 mg de vi tamine B1, et t ous l e s acides aminOs en qu~n,tit6 suffisante, suuf la phO- nylal.ani,n,e et la tyrosine. La culture est amenOe h une densit6 optiq~e de 1,5 h 420 m~, puts in- duite /~ 43°C pendant 15 minutes, et incubOe h 37°C jusqu'h ~a lyse. Les temps sont c.omptOs h p art ir du moment off la culture est transfOrOe h 43°C. Les marquages sont fairs darts des aliquotes de 0,5 ml, avec 10.0 ~Ci/ml de phOnylalanine tri- tiOe. Au bout de 5 minutes , on pro cOde h une << chasse >> en ajoutant 1 voulme de mil ieu de culture conten!ant de la phOnylala~nine froi.de h 0,4 g/1. Toutes les aliquotes sont in.cubOes dans ces condit ions jusqu'h la lyse puts on teuv appli- que le t rai tement dOcrit prOcOdemment.

Electrophor~se sur gel d'acrylamide.

L'61ectrophorOse es~ rOalisOe dans un tampon phosphate 0,1 M ~ pH 7,2, dans des gels h 5 p. cent ou 10 p. cent d 'aerylamide. La fixation et la colo- ration sont rOalisOes simultanOment dans une solu- tion contenant, pou,r 1 litre, 520 ml d'eau, 405 ml de mOthanol, 53 ml d 'acide acOtique glacial, 24 ml de glycOrol et 125 mg de ¢ Coom'assie br i l l iant blue ~. Ensuite, la dOcoloration et la conservat ion des gels ont lieu d a~s l 'acide acOtique 7,5 p. cent.

Pour repOrer les bandes par la radioactivitO, nous nous sommes inspirOs de la mOthode dOcrite par E. VIYUELA, I. D. ALGRANATI et S. OCHOA (19,67) d'aprbs CHOULE el B. H. ZIMM (1965). On remplace ],e N, N' MOthyl+n,e-bis,acrytamide, habi tuel lenmnt u, tilis6 pou~r le pontage de l ' acrylamide a.u cours de sa polymOrisation, par l '+thyl6.ne-diacrylate, qui possOde la propriOt6 de se solubiliser dans une solution moh4re d,e pipOridine. On place le ge~ h - - 8 0 ° C immOdiatement ~prOs la migrat ion, et on le dOcoupe en tran,ches de 1 mm d'Opaisseur en le main tenant congelO. On incube chaque t ranche pendant 12 heures dans un rOcipient contenant

II. - - RESULTATS.

ANALYSE I~LECTROPHOR~TIQUE DES PROT~INES DU PHAGE MUR.

L'6~lectrophor~se du phage purifi6 sur gel d'acryl~amide en mil ieu dissociant nous a permis d 'observer 6 bandes distinctes (Fig. 1), que nous avons d6nomm6~es dans l 'ordre des migrat ions croissantes de b l h b6.

Les poids mol6eulaires de ces prot6ines peuvent ~tre d6termin6s par rappor t h ceux de prot6ines de r6f6rence, en ut i l isant la m6thode d6crite par SHAPIRO et coll. (1967) et par K. WEBEU et M. OSEORN (J9J69). On peut en effet Oabl i r une courbe-t6moin de migrat ion 61ectro.phor6tique (Figure 1) en ut i l isant diverses prot~ines de r6f6- rence telles que : la r ibonucl6ase (13 700, daltons) la pepsine (34 00~) daltons) et la s6rum-albumine (monom~re ; 6 6 5 0 0 ; dim~re 133000 daltons) (Fig. 2).

Comme l ' indique le tableau I les poids mol6- culaires des pr incipales chaines polypeptidiques dont sont constitu6es les prot6ines de maturat ion

BIOCHIMIE, 1971, 53, n ° 5.

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Protdines de maturation

du phage diff6rent dans des propor t ions consid6- rables puisque les valeurs s '6chelonnent entre 12 300 pour la prot6ine b6 et 115 D00 pour la pro- t6ine bl .

Nous avons ensuite appliqu6 la technique de dissociation et d'61ectrophor6se h du phage dont les prot6ines avaien,t 6t6 pr~alablement marqu6es au tri t ium. En admettant, ce qui est probable, que le marqaage ait 6t6 r6alis6 uniform6ment sur les

h4~

bY

h l b2 b 3

I I I I I 2 cm 6 cn'/ 10 cm

~£101QNEMEIVT- DE L'£XTR.~MIT~ f SUPERIEUR_F DU G-FL

Fro. 1. - - Electrophor~se de phage purifi6 sur gel 5 p. cent d'aerylamide.

6 prot6ines consid6r6es, eeci nous permet d'6va- hrer assez p.r6cis6ment, en fonction de l 'aire des pics respeetifs, la propor t ion de chacun des cons- t i tuants caraet6ris6s par rappor t h la fraction pro- t6ique totale. Gonnaissant le poids paxticulaire de la fraction prot6ique, on peut faire correspondre h ces propor t ions la fr6quen,oe approximative des constitttants d'ans une part icule virale (cf. fig. 3a et Tableau 1).

Ainsi qu 'on peut le voir les 6 prot6ines dont nous avons rep6r6 la pr6senee par des techniques 61ectrophor6tiques sur gel, sont pr6sentes au sein de la part icule, dans des propor t ions extr6mement variables, certaines tell,es que b l et b2 n 'exis tant

BIOCHIMIE, 1971, 53, n o 5.

du bacteriophage lambda. 681

qu'h l'~tat de quelques exemplaires, t andis que d'autres, telles b4 et b6 sont 150 h 250 fois plus fr6qu.entes.

IKO000

~I00000

~ $0000

~25000 %

IO00C I l I I I

2 cm 4 ¢m

M/ORATION DAN,. o LE GEL.

FIG. 2. - - D~termination du poids mol6culaire des prot6ines caract6ris6es, en fonction de l e u r migration dans un gel fi 10 p. cent d'aerylamide.

Le r6suRa, t des t ravaux plu.s complets de M. BUCrlWALD, H. MURIALDO et L. SIMINOVITCH (1970), et S. CASJENS, T. HOHN et A. D. KAXSEn

T A B L E A U .

Bandes ca ract6ris6es

IAbondance enl Fr~quence '. e n n o m n P e Poids ~ p. cent dans . . . .

mol6culaires le -ha-e mfir r ae molecules P ~ ]daas un phage

b t . . . . . . . . . .

b 2 . . . . . . . . . . .

b 3 . . . . . . . . . .

b , , . . . . . . . . . .

b 5 . . . . . . . . . .

115.000 73.000 55.000 37.000 28.000 12.o00

0,76 2 0,68 3 2,5 14

62 500 13 140 21 500

(1970) permettent en outre de pr6ciser que b3, b4 et b6 correspondent cer ta inement ~ des prot6ines de la t6te du phbage, alors que bl , b2 et b5 corres- pondent cer ta inement ~ des prot6ines constitu- tives de sa queue, b4 est probablement la prot6ine de structure de la t6te, b5 la prot6ine de structure de la queue, et b6, qui est absente des pr6parat ions de << peti t- lambda >>, correspond probablement ~ la prot6ine interne. Enfln, Ies g~nes codant pour les trois consti tuants majeurs ont 06 identifi6s, et d 'autres bandes ont 06 mises en 6vidence sur gel d 'acrylamide [H. MUmALDO et L. SIMrNOVITCrI, 1971].

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682 Fran~.'ois Br~g~.gdre et Francois Gros.

2. E T U D E DE L'I~VOLUTION DE LA SYNTHESE DES

PRINCIPALES PROTI~INES STRUCTURALES AU COURS DU

DEVELOPPEMENT DU PHAGE.

Les r6sul ta ts p r b c 6 d e n t s m o n t r e n t des 6car t s c o n s i d 6 r a b l e s e n t r e les qu'antit6s des d i f f6 ren t s c o n s t i t u a n t s du p h a g e m f m et nous out amen6s '&

a b

2~tPe

- : -J~__ _5

sao00: !

200OO _ I

Fro. 3. - - Eleetrophor/~se de matdriel triti6 sur gel h 10 p. cent d'aerylamide, - - a : phage purifi6 ; - - b : lysat de N,~ (~ clswsus $7).

a b c

iI oo I ;

d e Fro. 4. -- Exp6rience de marquages brefs, 61eetro-

phor6se de lysats de Cooo (k cls~T) marqu6s ~t diffdrentes 6poques du d~veloppement viral.

- - a : tdmoin d'efficacitd de la << chasse >> : on ajoute la ph6nylalanine froide en m~me temps que le prd- curseur radioactif, au moment de l ' induction.

- - b : marquage des proteines baetdriennes, la chasse intervenant juste avant l ' induetion.

--- c : marqnage de 10 h 15 minutes apr6s l ' induc- tiom

- d : marquage de 25 "& 30 minutes apr6s l ' induc- tion.

- - e : marquage de 50 ~ 55 minutes apr6s l ' indue- tion.

- - f : marquage tie 60 h 65 minutes apr6s l ' induc- tion.

e n v i s a g e r deux h y p o t h b s e s c o n t r a d i c t o i r e s quan t /~ leur o r i g i n e et leur p h y s i o l o g i e : les p r o t 6 i n e s au r a i en t pu 6tre syn th6 t i s6es en quan t i t6s c o m p a - t ab les , pu t s i n c o r p o r b e s aux s t r u c t u r e s p h a g i q u e s darts des p r o p o r t i o n s t r6s in6gales , ou au con- t r a i r e 6tre p r o d u i t e s dans les p r o p o r t i o n s m 6 m e s o/I elles sont i n c o r p o r 6 e s . Nous a v o n s d o n c app l i - qu6 la m6me t e c h n i q u e de d i s s o c i a t i o n et d '6tec- t r o p h o r b s e au lysa t h p a r t i r duque l le p h a g e t r i t i6 avai t 6t6 purifi6, apr6s l ' avo i r cen t r i fug6 h basse v i tesse p o u r 61imin,er les d6br i s cel,lulaires. No.us avons pu r e t r o u v e r 3 b a n d e s iden t i f i ab l e s h b4, b5 et b6 (fig. 3b), et i l est r e m a r q u a b l e que ces cons - t i t uan t s son t p r6 s en t s d,ans le lysa t d a n s les m 6 m e s p r o p o r t i o n s que d a n s le p h a g e mfir . Ce r6sul ta t exc lu t la p r e m i b r e h y p o t h b s e envisag6e ci-desstLs, et impliqu.c du m6me cou.p l ' e x i s t e n c e d ' u n sys-

u

~ o o o

.'N

L I I I ~

0 10 20 90 40 50 MINUTE~ A P R ~ L'INDUCTION

FIG. 5. - - La vitesse moyenne de synth~se de cha- eune des prot6ines phagiques pendant l ' intervalle de temps ou h 6t~ r6alis6 chacun des marquages de l 'ex- p~rience pr6e~dente, peut ~tre 6valu6e en mesurant l 'aire du pic de radioactivit6 eorrespondant sur la figure 4. On a donc port6, pour ehacune d'elles, les var ia t ions de cette aire en fonction du temps oh le marquage a ~t~ r6alis6.

t6me de r6gula t ion part icul , ier , qui abou t i s se h la p r a d u c t i o n de p,rot6ines t a r d i v e s darts des quan- ti t6s tr6s in6gales .

Afin de p r 6 c i s e r ce m o d e de r6gula t ion , il nous a p a r u i n t 6 r e s s a n t d'6tu, d i c r le d6rou,l,ement des syn th6ses p r o t 6 i q u e s an cou r s du d 6 v e l o p p e m e n t du phage , en par t icu l i ,e r pou.r s avo i r si les p ro - t6 ines que nous av ions ca rac t6 r i s6es 6 ta ien t syn- th6t is6es p a r a l l b l e m e n t ou s6quen t i , e l l emen t Pre - nan t c m n m e mat6r ie l la sou che lysogbne C600

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P r o t d i n e s d e m a t u r a t i o n d u b a c t d r i o p h a g e l a m b d a . 683

(~.cIs57), nous avons r6alis6 des marqu 'ages r ad io - act i fs d ' u n e dur6e de 5 m i n u t e s aux d i f f6 ren te s 6poques du d 6 v e l o p p e m e n l viral . Nos r6su'ltats nous ont d ' a b o r d p e r m i s de v6r i f i e r que les syn- thbses b a c t 6 r i e n n e s ne son t pas b r u s q u e m e n t i n t e r r o m p u e s p a r l ' i n f ec t i on , c o m m e c 'es t le cas avec le p h a g e Z 4, ma t s qu 'e l les s e m b l e n t d6c l i ne r p r o g r e s s i v e m e n t au p r o f i t des s y n t h b s e s v i ra les . Malgr6 cela, la p r 6 s e n e e de b 4 p e n t 6tre d6ce16e dbs la 15 ~ minu te , et cel le de b5 el de b6 h p a r t i r de la 20" minu te . La s y n t h b s e de ces c o n s t i l u a n t s a u g m e n l e para l , lb lement jusqu 'h 28 m i n u t e s ap rbs l ' induct i ,on, pu t s d6cro i t p r o g r e s s i v e m e n t jusqu 'h la lyse, qui a l ieu 64) m i n u t e s aprbs l ' i n d u c t i o n (fig. 4 et 5).

I X ' . - . - DISCUSSION.

Nos r6sul ta ts m.ontrent l ' e x i s t e n e e d ' un sys t+me de r6gula t ion ag i s san t sn r l ' e x p r e s s i o n des g+nes t a rd i f s , sans qu ' i l soi t e n c o r e p o s s i b l e d ' e n pr6c i - se r la na tu re . En effet, les p r o t 6 i n e s t a r d i v e s sont syn th6 t i s~es en quan t i t6s tr~s in6gales el un con- tr61e doi t n b c e s s a i r e m e n t s ' e x e r c e r ' h c e n iveau . P(mr l en r pa r t , b4, b5 et b6 son t syn th6 t i s6es s i m u l t a n 6 m e n t h des v i tesses d i f f6ren tes , qui son t en t r e elles ~ peu prbs duns le m 6 m e r a p p o r t que leurs a b o n d a n c e s r e s p e c t i v e s duns la p a r t i c u l e virale. Les 3 c o n s l i t u a n t s m a j e u r s de la c a p s i d e app ,ara i ssent en in6xne t emps , el c 'es t dans ces c o n d i t i o n s que sont 6ven tue l l emen t fo rm6es des s t r u c t u r e s t r a n s i t o i r e s . Ces s t ades i n t e r m 6 d i a i r e s au cou r s de la morphopo ' ibse , fon t a c t u e l l e m e n t l 'obje t d ' a u t r e s t r a v a u x [Ph. GRANBOULAN, c o m m u - n i ca t ion p e r s o n n e l l e ] .

Quanl au p r o c e s s u s de r6gula t ion lu i -m6me, les t r a v a u x de 1. HER.SKOWITZ et E. R. Sth~GEn (1970) ont m o n t r 6 l 'exis ten.ce d ' un seul si te d ' in i t i ,a t ion de la t r a n s c r i p t i o n des gbn,es t 'ardifs, situ6 e.ntre Q et S, el a u c u n e r6gu'lation t e m p o r e l l e n 'a jusqu ' i c i 6t6 mise en 6 v i d e n c e p o u r 1.a t r a n s c r i p t i o n tar - dive. C e p e n d a n t , r i en ne p e r m e t de r e j e i e r d6fini- t i v e m e n t l ' une des deux h y p o t h b s e s c o n c u r r e n t e s : ou bien les m e s s a g e r s des d i f f6 ren t s gbnes i a rd i f s sont syn th6 t i s6s h des taux d i f f6 ren t s ou b i en fls sont syn lh6 t i s6s en p r o p o r t i o n s 6qu imol6cn la i r e s .

Si ce t te d e r n i b r e s u p p o s i t i o n se conf i rma i t , il f aud ra i t m e t t r e en cause, soi t un m b c a n i s m e de d6grada t ion sp6c i f ique de oe r t a in s m e s s a g e r s tar - difs, soit , ce qui p a r a i t p lus vra isembl , abte, une r6gula t ion au n iveau de la i r a d u c t i o n : i n i t i a t i on , ou d O a c h e m e n t des c h a i n e s p r o t 6 i q u e s al)rbs leur syn thbse .

Remerciemenls .

Ce travail a b6n~fici6 de l 'aide du Fonds de D6velop- pement de la Recherche Scientifique et Technique, du Centre National de la Recherche Scientifique, du Com- missariat h l 'Energie Atomique, de la Ligue Nationale contre le Cancer et de la Fondation pour la Recherche M6dicale.

R~SUMI~.

Utflisant la technique d'61eetrophor~se sur gel d 'aerylamide, nous avons entrepris une ~tude syst6ma- tique des prot6ines de structure du bact6riophage lambda. Nous avons mis en 6vidence au moins six esp6ces mol6culaires, pr6sentes en quantit6s tr6s dif- f6rentes.

Les concentrat ions de ces const i tuants darts le lysat diff6rent par des 6carts du m~me ordre, e t n o s r6sul- tats montrent que les principales prot6ines de struc- ture sont synth6tis6es en m~me temps, h des vitesses qui sont entre elles duns ]e m~me rapport que leurs abondances respectives duns la particule virale.

Ceci semble impliquer qae la synth6se des prot6ines tardives est soumise h une r6gulation dont les moda- lit6s restent h d6terminer.

ZUSAMMENFASSUNG.

Indem wir das Verfahren der Elektrophorese an Akrylamidgel benutzten, haben wir eine systematische Untersuchung der Strukturproteiue des Bakteriophagen lambda unternommen. Wir haben mindestens sechs Moleki~larten, die in sehr verschiedenen Mengen vor- kommen, nachge~iesen.

Die Konzentrat ionen dieser Bestandteile im Lysat unterscheiden sieh durch Abweichungen yon derselben Gr6ssenordnung und unsere Ergebnisse zeigen, dass die haupts~ichlichen Strukturproteine zur gleichen Zeit, mit Geschwindigkeiten, die in demselben Verh~iltnis wie ihre entsprechenden Mengen im Viruspartikel stehen, synthet is ier t werden.

Dies scheint zu bedeuten, dass die Synthese der spi~ten Proteine eine Regulierung folgen, derer Bes- chaffenheit noch zu bes t immen ist.

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