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Compte-rendu du Mini-colloque sur la spiruline à Tamanrasset 18 - 24 avril 2004 Entre les 18 et 25 Avril 2004, des scientifiques, chercheurs et responsables d’ONG ayant une expérience de la culture et des utilisations de la spiruline sont venus de France sur invitation de Kadda Hiri et grâce à l’intervention de l’ONG française « Targuinca ». L'objectif était non seulement de se rencontrer entre amis travaillant pour la promotion et le développement de la micro-algue spiruline, mais aussi, et surtout, d’informer les représentants des administrations locales, des services de la santé, de l’agriculture et de l’enseignement sur l’intérêt du développement de l’algoculture dans la région de Tamanrasset. Les réunions se sont tenues dans l'enceinte du Bordj 4x4-Tam, un hôtel-restaurant-camping appartenant à Kadda Hiri. Ce dernier expérimente la culture et les utilisations de la spiruline depuis 5 ans, d'abord dans son jardin, puis dans ce Bordj où il a installé des bassins totalisant 16 m² et capables de produire un maximum de 20 kg/an. Dans des phases ultérieures Kadda prévoit de produire sous serre et à plus grande échelle sur des terrains de plusieurs hectares, tout en diffusant la technique de culture familiale dans les villages pauvres du Hoggar. Un excellent programme touristique a complété les travaux du colloque, avec la visite d’un haut-lieu de cette région, l’Assekrem. 1

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Compte-rendu duMini-colloque sur la spiruline à Tamanrasset

18 - 24 avril 2004

Entre les 18 et 25 Avril 2004, des scientifiques, chercheurs et responsables d’ONG ayant uneexpérience de la culture et des utilisations de la spiruline sont venus de France sur invitationde Kadda Hiri et grâce à l’intervention de l’ONG française « Targuinca ». L'objectif était nonseulement de se rencontrer entre amis travaillant pour la promotion et le développement de lamicro-algue spiruline, mais aussi, et surtout, d’informer les représentants des administrationslocales, des services de la santé, de l’agriculture et de l’enseignement sur l’intérêt dudéveloppement de l’algoculture dans la région de Tamanrasset.

Les réunions se sont tenues dans l'enceinte du Bordj 4x4-Tam, un hôtel-restaurant-campingappartenant à Kadda Hiri. Ce dernier expérimente la culture et les utilisations de la spirulinedepuis 5 ans, d'abord dans son jardin, puis dans ce Bordj où il a installé des bassins totalisant16 m² et capables de produire un maximum de 20 kg/an. Dans des phases ultérieures Kaddaprévoit de produire sous serre et à plus grande échelle sur des terrains de plusieurs hectares,tout en diffusant la technique de culture familiale dans les villages pauvres du Hoggar.

Un excellent programme touristique a complété les travaux du colloque, avec la visite d’unhaut-lieu de cette région, l’Assekrem.

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Lundi 19 avril

La rencontre s’ouvre sur la visite de la mini-ferme despiruline installée dans l’enceinte du camping. Cetteexploitation, fermée de murs, se compose de 4 bassins en durde 4 m² environ. Trois bassins ont été ensemencés depuisplus d’un an, le quatrième sert de réservoir à eau. Le milieude culture est agité grâce à des pompes électriques (les pompesvide-cave, trop puissantes, ont été remplacées par des pompesà aquarium). Kadda propose aussi une démonstration deculture familiale dans trois bassines en plastique de 60 litres.Les participants ont pu observer au microscope les spirulinesde souche Paracas.

Kadda Hiri - Introduction

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Yves Lesenne et Kadda Hiri devant les bassines de culture artisanale

Les 4 bassins du Bordj 4x4

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Tout a commencé en 1998, lorsque Kadda a rencontré le Docteur Ripley Fox en France, grâceà son ami Jean-Paul Jourdan. Il a alors pu voir le travail de recherche scientifique qu’il avaitréalisé : il s’agit d’un travail de longue haleine ayant abouti sur le projet de nourrir 30 millionsd’enfants dans le monde. Ce fut une révélation pour Kadda qui lui a alors dit « mais Ripley,vous êtes un saint ! » .Quand on pense que dans le monde, toutes les 4 secondes, un enfantmeurt de faim, alors on se dit que cela vaut le coup de s’investir, de faire partie de cette équipeuniverselle, extraordinaire des promoteurs de la spiruline qui luttent sans compter pour aiderles plus démunis.

Les bassins ont démarré grâce au soutien de son ami Jean-Paul Jourdan qu’il n’a pas cessé desolliciter par courrier électronique pour recevoir de multiples conseils techniques. Grâce aussià l’aide de sa femme qui est là pour l’assister. Kadda est content car maintenant la culture dela spiruline va pouvoir se développer à Tamanrasset et à partir de là, il l’espère, s’étendre danstoute l’Algérie.

Denise Fox - Présentation de diapositives.

« Nous sommes ici au Tchad, dans leKanem, cette région où le grand lac vient seterminer dans un mélange de terre et d’eau.Là, les femmes Kanembous ramassent cettepurée verte qui flotte à la surface de cesmares peu profondes. Elles la sèchentensuite au soleil dans des moules de sableau bord du lac. De nos jours la traditioncontinue. Elles vendent au marché de Bol,dans le Kanem, mais aussi jusqu’àN’Djamena les galettes ainsi obtenues, côte

à côte avec le poisson séché. Traditionnellement, cette tribu Kanembou consomme laspiruline, cette algue bleue microscopique, tout comme la consommaient les Aztèques duMexique avant l’arrivée des Espagnols. La spiruline est composée de 65% de protéines et acides aminés ; Environ 9% du poids sectotal est composé de minéraux essentiels ; 15% d'hydrocarbone ; 6,5% de lipides incluant2,6% d'acides gras essentiels oméga 3 et oméga 6 non saturés (ceci est très élevé) plus unemoyenne de 0,17% de bêta carotène (très, très élevé); les Vitamines B comprenant 4microgrammes de la vitamine non-analogue B 12 dans chaque dose quotidienne de spirulinenécessaire à un adulte.

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Vous avez ici un schémacomparant la production deprotéines à l’hectare par anentre le bœuf, qui ne donneque 160 kg, et diversesproductions agricoles, riz, blé,soja, canne à sucre, et laspiruline.

La spiruline contient aussi dela provitamine A (elle sertpour lutter contre laxérophtalmie qui provoquechaque année 250.000 cécitésdans le monde). Elle est richeégalement en acide gammalinoléique qui renforce lesystème cardio-vasculaire. La spiruline se développe enmilieu alcalin, riche en azoteet en carbone. C’est pourquoisa zone d’élection est la zonetropicale. Elle existe déjànaturellement dans denombreux pays de cette zone où on la découvre de plus en plus : ici, en Inde, dans le lac Lonarqui occupe un cratère de météore à l’est de Bombay. L’année qui a suivie sa découverte, le lacétait à moitié sec et il était impossible d’y récolter des spiruline. En 1986, après les pluies, laculture y était ! Au Pérou, dans le lac Orovilca niché dans un fond de dune près d’Ica, sur lacôte désertique, on a trouvé un petit gisement qui n’existe plus aujourd’hui car le lac a étécomplètement asséché.

Les nombreuses qualités de l’algue bleue ont poussé d’importantes sociétés à produireindustriellement la spiruline : l’usine Sosa Texcoco au Mexique fut la première à se lancerdans l’aventure. En Californie, 21 hectares de terrain de la Vallée Impériale sont consacrés àla culture de spiruline pour satisfaire le marché américain mais aussi pour approvisionner unepartie du marché japonais. Son prix de revient est important car cette production demande degros moyens : beaucoup d’énergie pour faire tourner ces très grandes et lourdes roues à aubesqui agite la culture et un gros investissement, en particulier pour un séchoir à atomisationcomme ceux utilisés pour le lait en poudre. A Mysore, en Inde, la coopération allemande abeaucoup travaillé, dans les années 70 sur la culture des micro-algues pour combattre lamalnutrition ; leurs réalisations sont encore assez sophistiquées. Au Vietnam, une petite fermesemi-industrielle était installée avant 1985 et vendait sa production aux pharmacies sousforme de pilules. Depuis, plusieurs productions de spiruline ont été installées dans le pays,plutôt des fermes familiales ou artisanales, comme celle de nos amis d’Helvinam.

Nous mêmes (Ripley et Denise Fox) avons commencé en 1969, dans un petit laboratoireprivé, dans l’Hérault (sud de la France), à travailler sur la spiruline et sur la mise au point d’unsystème artisanal : des années de recherche sur les milieux nutritifs, la construction desbassins, le brassage des cultures, etc. ; plusieurs prototypes ont été construits et mis au pointchez nous, à la Roquette.

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La spiruline est la principale nourriture du flamant rose nain. En effet, les rebords internes dubec du flamant contiennent de minces lamelles et plaquettes filtrantes. Quand l'oiseau bougesa langue d'arrière en avant, elle agit comme un piston et l'eau est repoussée hors du bec àtravers les rebords filtrants. De cette façon, les flamants ne boivent pas d'eau salée et laspiruline est piégée dans le bec. Comme la langue possède de nombreuses barbes épineusessur sa surface supérieure elle entraîne, par son action de pompe, la pâte d'algues dans le long,long cou vers l'estomac de l'oiseau. La nature fait bien les choses ! Et pendant qu’ils mangent,ces oiseaux laissent tomber leurs excréments dans le milieu qui apportent à la spiruline leséléments nutritifs dont elle a besoin.

Le système intégré villageois (SIV) est inspiré par cette symbiose : il se constitue de latrines,digesteur à biogaz et bassins de spiruline. C’est en Inde que la première expérimentation duSIV a eu lieu en 1981, dans le petit village de Karla, au centre du pays. En 1984, aprèsbeaucoup d’efforts et de difficultés, la construction est terminée et le SIV inauguré ; ilcomprend des sanitaires surélevés d’où les effluents vont, par gravitation, dans le digesteur,cuve de fermentation en anaérobie, dont l’effluent, riche en azote et en sels minéraux, va,après fermentation, nourrir les micro-algues. Dans le bassin d’algues, l’eau est constammentagitée grâce à des panneaux photovoltaïques. C’est l’énergie solaire qui assure ainsil’agitation mais aussi le séchage des algues dans un séchoir solaire. Ce système fonctionneencore aujourd’hui.

Par contre au Sénégal, à Ronkh, village de la région du fleuve,tout était en place mais desproblèmes de sécheresse et surtout de désintéressement des autorités villageoises ont fait que,malgré 5 ans de présence des Volontaires du Progrès, le projet a été stoppé. Au nord Togo, dans le village de Farendé, un projet a été lancé en 1983 avec là aussi desdifficultés d’adaptation au système intégré. Les spirulines poussent bien dans les bassinsmalgré des problèmes de moteur qui stoppent le brassage et diminuent la productivité. Larécolte se fait pourtant, dont le produit sera distribué aux enfants mal nourris du dispensairevoisin. Le gazomètre recueille le biogaz produit par le digesteur : une partie, le gazcarbonique, sera utilisé pour les algues, l’autre, le méthane, sera utilisée pour stériliser lesinstruments chirurgicaux.

A San Clemente, immense bidonville péruvien de la région de Pisco, sur la côte désertique, unSIV a été réalisé mais le projet a été interrompu par le terrorisme du « Sentier Lumineux ». EnInde, on utilise même des jarres pour produire la spiruline. En 1988, de passage en Thaïlande, nous apprenons par son collaborateur que même le roicultive ses spirulines pour lutter contre le cholestérol, dans des bassins où est déversél’effluent d’un digesteur alimenté par les excréments de ses éléphants !Au Sri Lanka, même des personnes âgées d’une maison de retraite apprécient leur soupe à laspiruline. Et pourtant, il paraît que ce peuple a beaucoup de mal à accepter tout nouvelaliment.

Nous nous sommes aussi intéressés au recensement de gisements naturels exploitables de larégion de Toliara, dans le sud-ouest de Madagascar. En 1994, nous y avons découvertplusieurs mares à spiruline : une très belle culture dans des petits lacs dont l’eau est maintenueà une hauteur constante par une nappe phréatique sous-jacente et régulièrement brassée par unvent de mer constant. Une première récolte a été faite en compagnie des chercheurs del’Institut Halieutique de Toliara avec les moyens du bord : des seaux, des éprouvettes, unetoile filtrante… Cela a bien intrigué les jeunes des alentours, surtout quand ils nous ont vugoûter la spiruline fraîche. La biomasse s’accumule sur le filtre, puis Madame Kim, lacoopérante vietnamienne qui a découvert la spiruline Toliara, en fait des vermicelles qui sontensuite séchés dans le séchoir solaire. Nous espérons que bien d’autres cultures suivront celle-

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ci et que de nombreux enfants de Madagascar pourront profiter de cette algue à la richesseextraordinaire.

Pause-café et dégustation de laspiruline séchée produite par Kadda.

Jean-Paul Jourdan - Recherche desconditions optimales de culture de spirulineen site désertique (Tamanrasset)

La culture de la spiruline peut être considéréecomme une application de l'énergie solaire. D'ailleurs, pour la petite histoire, ma rencontreinitiale avec le Dr Ripley Fox a eu lieu au congrès d'énergie solaire de Los Angeles de 1975.

1. Les atouts du désert

La principale "matière première" de la spiruline est la lumière solaire, et la base du milieu deculture est le natron. Les régions à climat désertique et riches en natron, ce qui est le cas duSahara, sont donc a priori bien placées pour cultiver la spiruline. Si l'on considère la carte dugisement solaire d'Algérie (publiée par Mr A. Mefti, chef du projet Gisement solaire auCentre de Développement des Energies Renouvelables, Bouzaréah), on voit que Tamanrassetest située dans la zone la plus ensoleillée du pays :

2. Les faiblesses du désert

Cependant les régions désertiques souffrent souvent d'une température hivernale froide quinécessite d'abriter les bassins de culture sous serre ou de renoncer à produire en saison froide.Elles souffrent aussi d'une pénurie d'eau bon marché.

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A Tamanrasset, où le climat est assez rude (altitude 1400 m, 1500 km de la mer), laproduction hivernale est impossible pendant 5 mois de l'année en bassins ouverts, et laconsommation d'eau par évaporation des bassins ouverts est considérable (3000 litres/kg despiruline).

Alors que faire pour produire tout de même à Tamanrasset dans de bonnes conditions ?

3. Les remèdes

Une serre sous ombrage modulable : permet de produire toute l'année, peut réduire à presquerien l'évaporation des bassins, mais elle empêche d'utiliser le CO2 atmosphérique.L'usage de serres sur les bassins de culture nécessite donc l'utilisation d'une source de carboneartificielle.

4. Le CO2 artificiel

Après la lumière, la principale matière première de la spiruline est le gaz carbonique (CO2),comme le montre ce graphique basé sur la composition élémentaire théorique de la spiruline :Dans beaucoup de régions industrielles, le CO2 est disponible liquide en camions-citernes. Lasource classique en est la fermentation alcoolique et plus précisément les brasseries. Mais uneautre source potentielle énorme est le pétrole ou le gaz dont justement le Sahara est riche.

Il est bon de rappeler que l'Institut Français du Pétrole (I.F.P.) a été le premier promoteur de laspiruline, dès les années 1960, dans le but de consommer du CO2 sous-produit du pétrole.L'égyptien Zarrouk a fait sa célèbre thèse sur la spiruline à cette époque, avec financement del'I.F.P. : ses travaux servent encore maintenant de base à la culture de la spiruline, notammentson fameux "milieu Zarrouk".

Valoriser le CO2 est encore plus recherché actuellement puisque c'est le principal "gaz à effetde serre" qui menace notre planète.

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La combustion d'hydrocarbures dans l'air sous-produit du CO2 dilué par beaucoup d'azote etd'excès d'air, mais l'alcalinité propre au milieu de culture ("Zarrouk") permet de le dissoudrefacilement alors que l'eau ordinaire ne le peut pas. C'était l'idée de base de l'I.F.P. dont la miseen œuvre peut se faire de deux façons :- lavage des gaz de combustion par le milieu de culture à contre-courant dans une colonned'absorption classique- injection directe des gaz de combustion dans la serre au-dessus des bassins de culture.

La première est plus rationnelle : son rendement peut-être élevé (si la colonne est assezgrande) et elle permet de valoriser le CO2 produit par un moteur ou une turbine à gaz,éventuellement après épuration. Elle est adaptée aux productions industrielles.

La deuxième façon d'utiliser les gaz de combustion peut se pratiquer à petite échelle enbrûlant du butane de qualité domestique dans un appareil de chauffage d'appoint qui suffitpour alimenter 300 m² de bassins. Cette méthode oblige à acheter du gaz mais elle a l'énormeavantage d'être adaptée aux productions artisanales. Et la distribution commerciale de ce gazest déjà assurée.

5. Solution proposée

La solution proposée pour Tamanrasset sera basée sur la combustion de gaz, du moins tantque seules de petites unités de productions sont envisagées (moins de 1000 m²). Pour endéterminer les caractéristiques, nous utilisons :- les données climatiques fournies par A. Mefti (Centre de Développement des EnergiesRenouvelables, Bouzaréah)- le modèle de simulation de culture inclus dans le "Manuel de culture artisanale de spiruline"présenté sur le site Internet d'Antenna Technologie http://www.antenna.ch/manuel/index.html- un jeu de prix d'intrants (qui demanderont à être affinés).

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On utilise une serre étanche, avec régulation de température par ombrage modulable pourlimiter les pointes de température à 42°C en été ; la hauteur d'eau dans les bassins est de 10cm :- consommation moyenne de butane à 0,13 €/kg : 0,62 kg/kg- productivité annuelle 3,37 kg/m²- consommation d'eau : renouvellement du milieu de culture 4 fois par an = 120 litres/kg- prix de revient complet : 5,7 €/kg

Ces résultats sont très satisfaisants. La productivité élevée (plus de 300 quintaux/ha) et lafaible consommation d'eau sont remarquables par rapport aux cultures traditionnelles, surtoutcompte tenu de la richesse nutritionnelle du produit. De plus il faut considérer que cetteculture n'a pas besoin de terre arable.

6. Mais quand il n'y aura plus de pétrole ?

Même si l'épuisement des ressources pétrolières est encore loin, il est bon de se poser déjà laquestion. Pourra-t-on continuer à produire de la spiruline à Tamanrasset sans gaz, sans CO2liquide, sans eau ?

De toutes façons il faudra un peu d'eau, mais on peut viser à réduire la consommation à laquantité de pluie tombant sur la surface des serres (40 litres/m²/an). Il est possible de recyclerles milieux de culture après épuration : ce recyclage est en cours d'expérimentation enEquateur et au Chili, et pourra encore être perfectionné.

Le Dr Ripley Fox a beaucoup étudié la culture de la spiruline en eau de mer dans lesconditions des déserts côtiers (voir par exemple "Spirulina Farms - Micro to Macro" by RipleyD. Fox, pages 258-265, in Cyanobacterial Biotechnology, Oxford & IBH Publishing Co, NewDehli, 1998). A cette occasion, un procédé électrochimique a été imaginé pour extraire duCO2 pur de l'air atmosphérique.

Le schéma ci-dessous donne le principe du procédé. En gros il consiste en ceci :- produire de la soude par électrolyse, - laisser cette soude se carbonater à l'air, - extraire le CO2 pur par acidification à l'acide chlorhydrique sous-produit de l'électrolyse, - recycler le sel à l'électrolyse, - l'électricité serait évidemment solaire, de préférence produite en continu à cause desexigences physiques de l'électrolyse, par exemple avec un bassin solaire ("solar pond") sousserre pour éviter l'évaporation,- la consommation d'eau du procédé serait limitée à celle nécessaire pour dissoudre le selrecyclé, à peu près 20 litres/kg de spiruline produite. Les surfaces de bassins nécessaires se résument ainsi :- culture de spiruline 1 m² (serre)- carbonatation 1 m²- production d'électricité 1 m² (serre)

Or les 2 m² de serre permettraient de récupérer 23 litres de pluie/kg de spiruline. Laconsommation nette d'eau serait alors nulle en supposant que le milieu de culture soitintégralement recyclé.

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Schéma de production de spiruline "solaire" :

Ce schéma est à la fois théorique et compliqué, et il ne pourrait s'appliquer que dans le cadred'une exploitation à grande échelle, disposant de moyens techniques très développés.Néanmoins il laisse un bon espoir qu'il sera possible de trouver une solution viable dans lefutur. Cela pourrait être un sujet de recherche et de développement pour le Centre deDéveloppement des Energies Renouvelables à Bouzaréah.

7. Alternatives

En attendant, il reste la possibilité de pouvoir acheter du CO2 liquide : à moyen terme on peutespérer qu'un gros effort sera fait pour recycler au maximum le CO2 qui actuellement vapolluer l'atmosphère (effet de serre), et même qu'on versera effectivement des primes auxconsommateurs de CO2. Ce produit pourrait alors être distribué aussi largement que le butane.

Yves Lesenne - Témoignage sur 5 ans de culture de spiruline au dispensaire deBermo (Niger)

Yves Lesenne en témoigne : on peut cultiver la spiruline en milieu désertique, avecune productivité honorable et en consommant peu d’eau. L’association La gazelle de Puits de Bermo travaille en lien avec le dispensaire du village deBermo, dans la région de Maradi, au Niger. Au départ, l’association se contentait d’envoyer

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Electrolyse de NaCl

Bassin de carbonatation 1 m²

Brûleur Neutraliseur

H2O 240 g

H2 Cl2

HCl solution

CO2 pur 23 g

CO2 atmosphérique

H2O240 g

400 W

Bassin de culture de spiruline 1 m²

Spiruline 12 g

Centrale électrique à bassin solaire 1 m²

NaOH 40 g

Na2CO3

(Base 12 g de spiruline par jour)

NaCl recyclé

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des médicaments pour soigner les malades. On s’est rendu compte que dans le désert, les genstombaient malades à cause de faiblesses immunitaires et de problèmes de malnutrition. Laspiruline s’est avérée une solution pour remédier à cette situation. En effet, la spiruline ajoutéeau traitement médicamenteux des malades renforcent leur immunité et la durée de leurhospitalisation est réduite.

Les principales maladies traitées au dispensaire sont les infections pulmonaires, les anémies,les parasitoses, la tuberculose, la malnutrition, le retard du développement psychomoteur del’enfant, la rougeole ; les patients sont traités avec des médicaments et de la spiruline leur estadministrée en complément, pour accélérer leur rétablissement.

La nourriture biologique de la spiruline de Bermo est composée de produits disponibleslocalement : natron, sel, N.P.K., urée, chaux, fer, cendre…Quelques astuces sont utilisées pour maintenir des bonnes conditions de production tout aulong de l’année :- la protection des bassins en période d’harmattan, à l’aide de cadres de Celloflex tendu, - l’agitation du milieu de culture grâce de pompes à eau solaires sans batterie

(fonctionnement « au fil du soleil »),- la mise en place de zones d’ombre en période de forte chaleur grâce à des draps maintenus

par des fils de fer tendus aux murs.

La culture de Bermo fonctionne très bien depuis 5 ans et sur cette période, la production apresque triplé. Cette année 410 kg de biomasse ont été récoltés, soit 67 kg d’extrait sec despiruline pour 2 bassins de 15 m². Cette culture permet de soigner 40 personnes par jour.Les 2 Touaregs chargés de la production maîtrisent maintenant la culture de la spiruline etutilisent exclusivement des produits locaux. La ferme est donc techniquement autonome.

De nombreux exemples de cas traités à la spiruline avec succès ont été inventoriés. YvesLesenne cite entre autres le cas exceptionnel d’une fillette de 5 ans qui pesait 9 kg et souffraitd’une infection pulmonaire et de vers intestinaux : elle a suivi un traitement spécifique de 2mois de spiruline : après ces 2 mois, elle pesait 15 kg et son état général était bon. La spirulinea bel et bien prouvé son efficacité sur les nombreux malades qui viennent se faire soigner audispensaire de Bermo.

Annick Destiné souhaite profiter de la présence de nombreux responsables de la santépour transmettre ce message : « L’intérêt que vous portez à la spiruline comme moyen de combattre la malnutrition, enparticulier chez les enfants, ne doit pas rester une expérience isolée. Des centaines, voire desmilliers de témoignages se conjuguent pour reconnaître les qualités nutritionnelles de laspiruline même dans les cas désespérés. J’ai vu à l’hôpital de Niamey un bébé de 8 moisnourri à la spiruline au goutte à goutte à la pipette. D’après les médecins il ne devait paspasser la nuit… au bout d’un mois il se tenait assis et souriait.Quand ces « témoignages » ne reposent pas sur des observations scientifiques et médicalestrès élaborées, ils sont considérés comme des « anecdotes ». Nous avons besoin de vous pourajouter des dossiers aux dossiers, des thèses aux thèses, des analyses aux analyses afin d’êtreenfin crédibles auprès des instances officielles, et plus particulièrement l’OMS.La culture de la spiruline, adaptée aux régions arides, est un moyen pérenne de prévenir et deguérir la malnutrition sans dépendre d’une aide extérieure ; les preuves qualitatives etquantitatives des résultats obtenus permettrons de la rendre accessible à tous. »

Yves Lesenne : le Ministre de l’intérieur du Niger est venu récemment visiter la fermede spiruline de Bermo, ce qui prouve l’intérêt suscité par ce « nouveau » produit.

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Yves a récemment eu l’idée de construire au Niger une citerne et de la mettre à la dispositiondes personnes souhaitant démarrer de nouvelles cultures artisanales. Cette citerne permettraitde limiter le temps de formation. Les premiers volontaires viendront se former à la ferme deBermo et repartiront avec la citerne pleine de milieu de culture. Ils pourront ainsi commencerà récolter dès leur retour en évitant les étapes fastidieuses de l’ensemencement des bassins. Enéchange de ce service, ils s’engageront à former la prochaine personne qui sera demandeuse età lui fournir la citerne à nouveau remplie de culture. Le développement des petites culturesdans différents lieux serait ainsi facilité, tout en rendant les gens acteurs de leurs projets.

Claude Villard : une cinquantaine de thèses de doctorat apporte des preuves. Quelquesétudes menées dans des hôpitaux de fortune n’ont eu que peu de retombées malgré les effortsde certains médecins qui n’ont pas hésité à soutenir les ONG dans cette quête dereconnaissance. Quand on mène de telles études, il faut faire très attention car on est face à unproduit qui a une forte valeur marchande (car depuis trente ans, on s’acharne à vouloirconsidérer la spiruline comme un médicament ; or il ne s’agit pas d’un médicament, mais d’un« alicament », elle n’est pas faite pour soigner, elle est faite pour apporter les élémentsnutritionnels qui permettront le futur). Les médecins, soutenus par les ONG, ont fait l’effortde donner de la spiruline aux mères d’enfants mal nourris, mais ils ont donné. Si je vousdonne à manger un louis d’or en chocolat, vous allez le manger ? non, vous allez le vendre.Or, si la maman le mange, l’enfant le mange, la maman aime, l’enfant aime. La spiruline estl’aliment du troisième millénaire.

Charito n’est pas d’accord avec Annick Destiné et affirme que ce qui compte, pourpromouvoir la spiruline auprès des populations, c’est le bouche à oreille.

Saïdoune Saïd - question la spiruline est-elle sensible à la pollution ?

Jean-Paul Jourdan répond qu’il faut être vigilant par rapport aux métaux lourds. En revanche,la pollution atmosphérique n’a pas d’incidence sur la qualité de la spiruline, au contraire, laculture peut faire fonction de dépolluant en absorbant du CO2. Par ailleurs, les risquesparasitaires sont quasi nuls : la forte alcalinité qui règne dans le bassin offre une garantied'hygiène en empêchant la contamination du milieu par des germes pathogènes.

Charito : la spiruline est capable d’absorber des métaux lourds (le plomb notamment) dansl’atmosphère des sites urbains et industriels, sa culture n’est donc pas compatible avec dessites industriels polluants.

Bouziane Boughris – question : l’utilisation de la spiruline au dispensaire de Bermo a-t-elle entraîné une baisse des prescriptions médicamenteuses ?

Yves Lesenne : après la grande sécheresse, 25 à 30.000 malades venaient se faire soigner audispensaire ; à l’heure actuelle, leur nombre est de 20 à 25.000. Grâce à l’efficacité de laspiruline dans la prévention des infections on observe donc une régression des besoins ensoins et médicaments.

Bouziane Boughris rappelle que le premier motif d’hospitalisation dans la région deTamanrasset est la malnutrition, qui est à l’origine des infections à traiter dans l’urgence. Le

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besoin de prévention de la malnutrition est grand et un travail important doit être fait enmilieu scolaire.Son souhait serait de trouver un moyen d’alimenter les enfants en spiruline avant même que saproduction ne se développe à Tamanrasset car la vie des malades n’attend pas. Il faudraitpouvoir obtenir très rapidement des autorisations, les traitements administrés par les médecinsétant soumis à réglementation en Algérie.

Claude Villard : le rôle du CISRI-ISP (Collaborative Intergovernmental Scientific ResearchInstitute-Intergovernmental Spirulina Program) est de centraliser l’information scientifique ettechnique et de faire obtenir les autorisations à terme (voir plus bas).

Le soir, tous les invités se sont retrouvés autour d’un grand repas. Un groupe demusiciens touaregs a donné un air festif à cette chaleureuse soirée.

Mardi 20 avril

Ripley Fox – Une réponse aux questionnements sur la distribution de spiruline sansautorisations des gouvernements

« L’OMS et la presse académique nous ont rendu la tâche difficile pour mettre la spiruline à laportée des enfants victimes de malnutrition qui en ont besoin. On peut avoir l’impression qu’ilfaut demander la permission de procurer cette nourriture aux enfants.

Au début des années 70 la spiruline a été faussement classée par le « Ad Hoc Protein AdvisoryGroup » de la FAO dans la catégorie des « Single Cell Protein » avec la chlorelle et leslevures, et ce groupe a exigé que ces produits répondent à des standards bactériologiquesstricts – les mêmes que pour les médicaments. Ces gens n’avaient pratiquement pasd’expérience personnelle de culture ou de distribution de spiruline et ils ont négligé le fait quela spiruline a été mangée par l’homme depuis au moins des siècles, si ce n’est des millénaires,non comme médicament mais comme nourriture. Combien de nourritures couramment sur nostables sont sujettes à des tests rigoureux bactériologiques ou autres avant que nous ayons lapermission de les vendre ou de les consommer?

La plupart des médicaments sont dérivés des plantes naturelles que les peuples soi-disantprimitifs ont découvert comme étant utiles pour traiter des maladies spécifiques. La méthodeacceptée a été de casser le produit chimiquement et de tester les différentes molécules sur lesanimaux. La molécule paraissant la mieux appropriée devient le médicament. Les Indiensaméricains ont découvert que l’écorce du « slippery elm » (espèce d’orme) traitaitefficacement les maux de tête. Le traitement pharmaceutique standard est devenu l’acidesalicylique, l’ingrédient actif qui a été appelé aspirine. Or, l’aspirine ne soulage pas toujoursnos maux de tête : peut-être que les autres molécules de cette écorce, en symbiose, ensynergie, feraient plus d’effet que la molécule acide salicylique seule.

Maintenant prenons la spiruline. Depuis 40 ans des chimistes ont analysé ce qu’il y a dans laspiruline. La liste est longue contenant des molécules déjà connues comme étant bénéfiquespour lutter contre la malnutrition : des protéines d’excellente qualité, des vitamines A, B1, B2,B12 et du fer assimilable, des acides gras insaturés, des minéraux, etc.. Aucun composant n’a

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été trouvé qui serait dangereux. J’ai entendu parler de 4 personnes qui seraient allergiques à laspiruline mais des milliers de gens sont allergiques au gluten et au lait et ce n’est pas uneraison de priver la grande majorité des gens de pain et de lait. Pendant ces 40 ans des millionsde gens ont bénéficié de la spiruline. Et nous devons veiller à ce que cela continue. Lesproducteurs de spiruline ont essayé patiemment depuis des années d’obtenir un agrémentofficiel pour la spiruline. Beaucoup d’entre nous dans cette pièce avons fait des tests sur desenfants malades et avons trouvé que la spiruline est bonne pour leur santé, des groupesd’enfants se comptant par milliers. La réponse officielle a toujours été : « c’est très bien, maisces cas sont seulement des anecdotes. Vous devez faire des tests en double aveugle sur desgroupes importants et apporter des données irréfutables prouvant les bénéfices de laspiruline ». Les compagnies pharmaceutiques qui exercent un lourd contrôle sur les décisionsofficielles ne reconnaissent bien sûr pas la valeur de récents tests sérieux et des résultatsdonnés par le Dr Amha Belay d’Earthrise, USA, ni du rapport publié récemment, trèsintéressant, sur les bénéfices de la spiruline de Sebastian Thomas directeur de Parry Agro, unedes fermes de spiruline les plus importantes en Inde.

De tels efforts passeront inaperçus aussi longtemps que nous ne présenterons pas des résultatsde tests spectaculaires à la fois en nombre et en photos ne laissant aucun doute dans l’esprit dulecteur.

En 1903 les frères Wright ont été les premiers à faire voler une machine faite par l’homme.Depuis des années ils voulaient voler. Ils n’écoutaient pas les sceptiques qui disaient quec’était impossible. Ils ont surveillé le vol des oiseaux. Ils ont construit et fait voler desplaneurs. Ils ont soigneusement tout enregistré et ont amélioré leurs planeurs, puis ils en ontconstruit un qui pouvait supporter le poids d’un homme, puis un avec un moteur à essencequi pouvait faire voler le planeur. Ils sont allés avec jusqu’à un certain point d’où ils sontrevenus à leur point de départ. Ils avaient très peu d’aide de l’extérieur mais leur persévérancea changé le monde autant que l’invention de la roue. Nous faisons cela aujourd’hui avec laspiruline et nous réussirons à sauver des vies d’enfants en ne portant que peu d’attention àceux qui nous critiquent et en persévérant comme les frères Wright et beaucoup, beaucoupd’autres. Nous avons assez de succès maintenant derrière nous pour pouvoir sauter au-dessusdes critiques et persuader les décideurs mondiaux.

C’est pourquoi nous avons créé le « Intergovernmental Spirulina Program ». En convainquantles ministres de la santé et de l’agriculture et les présidents de se joindre au ISP nous avons uncontrepoids vis-à-vis des industries pharmaceutiques. Nous avons sauté au-dessus de noscritiques. 5 pays ont rallié le ISP disant qu’ils veulent reconnaître la spiruline comme une deleurs nourritures nationales et qu’ils sont prêts à développer la production de spiruline dansleur pays. Le ISP est enregistré auprès de l’ONU à New York et s’est vu accorder le statutd’observateur officiel à des rencontres de l’ONU. Je viens de me retirer de l’organisation etc’est Claude Villard qui est maintenant Directeur Général de l’ISP.

Il est peut-être temps d’en venir au cœur de mon argument : nous n’avons pas à demander lapermission de donner la spiruline aux enfants malnourris si nous la recommandons seulementcomme une nourriture. Il n’y a pas de restriction à sa consommation comme nourriture. Enmême temps c’est le moment d’aller directement voir les ministres de la santé et del’agriculture pour les convaincre de ce que nous savons déjà : la spiruline est juste ce qu’ilscherchaient pour résoudre le problème de la malnutrition. »

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Denise Fox – Bénéfices de la spirulineBeaucoup de tests ont été réalisés depuis 20 ans, dont certains bien documentés, surl'efficacité de la spiruline pour traiter la malnutrition protéino-énergétique. Tous ceux qui ontété bien menés ont montré des résultats positifs.

Il existe sur la question plusieurs thèses de doctorat, dont la plus importante est celle dePatricia Bucaille. Elle a dirigé une étude sur la récupération nutritionnelle avec la spiruline àl’Hôpital Général de Référence de Kabinda, au Zaïre. La spiruline a été administrée sur unepériode de 7 à 11 mois, à raison de 10 g par jour, incorporée à des biscuits au manioc, à 28enfants atteints de malnutrition sévère. 5 des enfants traités étaient sidéens, 5 étaienttuberculeux, 3 avaient la rougeole, 10 la malaria, 3 des bronchites, 3 ankylostomesintestinaux. Au cours du traitement, l’état de la moitié des enfants a été amélioré tant auniveau biochimique qu’au niveau clinique. Ces tests ont montré une augmentation desprotéines et de l'albumine du sérum, une récupération au niveau du comportement de l'enfant.Cinq des enfants sont morts, incluant 3 enfants séropositifs. Et 4 enfants n’ont pas étéprésentés à la dernière visite de contrôle. Considérant les énormes difficultés rencontrées pourmener des tels essais, avec des enfants si gravement malades et l’infrastructure aux capacitéstrès limitées de l’hôpital rural de Kabinda, ces résultats sont très encourageants pour lareconnaissance des bénéfices de la spiruline.

La thèse la plus récente a été soutenue en 2003 à l’université de Niamey (Niger) par HabouOumarou, sous la direction du Dr Herbert Degbey (chargé de programmes à l'OMS Niger). Apartir d’un échantillon de 56 malades âgés de 6 à 24 mois et gravement malnutris, l’étudeporte sur les effets de la supplémentation de 10 g de spiruline quotidienne, pendant 14 jours,sur l’alimentation habituelle des enfants. Une rapide amélioration des signes cliniques a étéconstatée dès le 4e jour avec un amendement quasi complet vers le 7e jour. Quant aux signesbiologiques, ils ont connu une progression satisfaisante dans l’ensemble avec des taux deprogression d’environ 30% pour la protidémie et l’albuminémie, 60% pour la préalbumine,4,5% pour l’hémoglobine et une régression de la leucocytose de 19,27%. Le poids moyen desenfants a connu une progression peu importante (+4,72% en 14 jours) compte tenu de lagravité de l’état initial et de la présence de formes oedémateuses.

En 1999, d’autres essais menés par le Dr. Thinakar Vel et. Dr. Edwin, au Département dePédiatrie du Madurai Medical College (Inde) sur 80 enfants pré-scolarisés (30 d'entre eux ontconstitué le groupe témoin, 50 le groupe essai). Les résultats, très positifs, incluaient mesuresanthropométriques, hémoglobine, protéines sériques totales, sidérémie (fer total) et capacitésérique de fixation du fer, ferritine sérique, rétinol sérique.

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Une autre étude menée parmi 146 enfants malnutris sur une période d’un an a indiqué que,outre l’augmentation du taux de protéines et d’albumine sériques, la majeure partie des signescliniques tels que fièvres , toux, infections des yeux et de la peau, états anémiques avaientrégressé grâce l’addition de spiruline au régime habituel.

La richesse de la spiruline en provitamine A permet notamment de prévenir les problèmes dexérophtalmie.

Dr Seshadri a conduit un test en Inde sur 5000 enfants d'âge pré-scolaire qui a conclu à unediminution des taches de Bitot, une augmentation du béta-carotène et du rétinol.

La spiruline est digestible à 85 %. Sa teneur en bêta-carotène, vitamine B12 et fer assimilablepermet de lutter contre les anémies et les autres carences rencontrés particulièrement par lesfemmes enceintes et allaitantes.

Et dans la lutte contre l'anémie, plusieurs tests ont montré une augmentation du niveaud'hémoglobine :Une augmentation moyenne de l’hémoglobine et du poids a été observé dans une étudeapportant 2 grammes de spiruline par jour sur une période de 36 jours.La spiruline a amélioré le profil biochimique, particulièrement le volume de l’hémoglobine etde la ferritine sérique chez 20 adolescentes anémiques auxquelles on a administré 4 grammespar jour pendant 90 jours.

La spiruline est importante pour améliorer la santé des femmes enceintes et allaitantes : Leseffets d’une supplémentation en spiruline ont été analysés en relation avec le rétinol maternelsur 40 femmes enceintes. La spiruline donnée durant 7 mois de grossesse jusqu’àl’accouchement à raison de 1,4 grammes par jour a été efficace contre la carence en vitamineA et pour un meilleur retour de couche. Le pourcentage d’augmentation du taux de retinoltournait autour de 44% - 46% par rapport au taux initial.

Une étude suivante sur 133 femmes enceintes a indiqué qu’une faible dose journalière debéta-carotène issue de la spiruline est efficace pour l’amélioration du statut de la vitamine Apendant la grossesse et l’allaitement. Elle a aussi confirmé la biodisponibilité du béta-caroténeau fœtus, ainsi que l’augmentation du taux d’hémoglobine.

Des études ont aussi été réalisées dans le but de lutter contre le diabète et contre le cancer.

Il faut aussi mentionner les propriétés cicatrisantes et antibiotiques qui sont utilisées pour lesmaladies de peau (Lac Huacachina)L’administration de 3 grammes par jour de spiruline pendant 3 semaines a entraîné larémission complète de lésions de peau et de la photosensibilité associée dans le traitement dela porphyrie cutanée tardive. Aucune récidive de la lésion n’a été observée quand les sujetsétaient maintenus à 3 grammes par jours pendant 3 mois.

La spiruline a aussi été utilisée avec succès sur enfants irradiés de Tchernobyl.Beaucoup de recherches restent à faire pour pouvoir intéresser les décideurs.

Claude Villard : Que faire pour rendre la spiruline accessible à tous ?- éduquer- convaincre pour obtenir des financements

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- faire chuter les prix

Pour convaincre médecins et décideurs, il ne faut pas considérerla spiruline comme un médicament mais comme un complémentalimentaire, ou mieux, un « alicament ». On ne peut pas travaillersimplement avec nos données scientifiques et techniques, il fauttravailler avec les médecins locaux, les nutritionnistes locaux, lesinstances locales. Alors il y a deux solutions : actuellement, ilexiste différents types de culture de spiruline : il y a une culturelocale faite par des gens qui ont besoin de mieux se nourrir. Pourceux là tous les moyens sont bons, une jarre, un bol, et ils arriventà cultiver. Le deuxième type de culture, c’est celui que Kadda acommencé à faire : introduire une culture plus structurée, plusraisonnée, en utilisant les moyens locaux. Un troisième type deprojet est en train de se faire au Gabon où on se repose sur lacoutume ancestrale, où on travaille uniquement avec les plantes.Le roi, car il s’agit d’un royaume mandaté par le gouvernement, aréuni 120 signatures de 120 puissants locaux : une telle action ne peut pas se faire uniquementsur la base de nos savoirs scientifiques, nos savoirs-faire et notre bonne volonté, cela ne peutse faire que par un consensus gouvernemental. Ainsi on réunit des gens qui s’engagent à nepas oublier que la spiruline est destinée aux gens qui meurent de faim et non pas à faire desproduits cosmétiques ou des colorants pour mettre dans les gâteaux.

Rien n’empêche que la pharmacopée utilise la spiruline, mais il faudrait pourtant qu’elle soitvendue au prix d’un litre de jus d’orange. Elle est actuellement vendue à 600 euros le kiloalors qu’on peut la produire en introduisant moins de 10 euros de matières premières. Unetelle situation n’est pas raisonnable. La solution à ce problème cruciale, c’est la production demasse afin que le cours de la spiruline dégringole et la rendre ainsi accessible à tous. Prenonsl’exemple des machines à calculer qui valaient au départ plus de 300 francs et maintenant, çavaut 2 francs. Et bien ce doit être la même chose avec la spiruline. Il faut pour cela dans unpremier temps informer les populations, puis dans un deuxième temps convaincre lesautorités. Les pays, la coopération internationale, l’Europe, la Banque mondiale, l’ONUessayent d’apporter une réponse locale à des problèmes globaux.

Ripley Fox, qui agi en pionnier depuis 30 ans, a calculé qu’il fallait produire 50.000 tonnes despiruline pour venir à bout de la faim dans le monde. Ce n’est pas le bout du monde, mais cen’est pas non plus avec des petits bouts de culture disséminés et produisant quelques kilos despiruline qu’on atteindra ce but.

Un jour ou l’autre, nous auront besoin d’un vrai travail communautaire afin que cesnutriments atteignent le bol alimentaire du peuple, afin que la spiruline, sans chercher àsoigner, permette simplement d’accéder à un bon équilibre alimentaire. Il faut parvenir à ceque la spiruline se développe localement pour assurer localement les besoins de lacommunauté. Il ne faut pas chercher d’emblée à développer des petites cultures artisanales, ilfaut d’abord apporter aux hommes une nourriture de qualité propre à les maintenir en vie et àleur assurer forme et santé (ce qu’apporte idéalement la spiruline), pour qu’ensuite ils aient lescapacités d’apprendre à cultiver la spiruline. D’où l’idée qui a germé avec un groupe d’amisde créer un organisme qui permette de franchir toutes ces barrières pour aboutir à uneconnaissance et une reconnaissance mondiale. Cinq pays se sont ralliés à l’ISP(Intergouvernemental spirulina program) et ont signé des accords de coopérationintergouvernementale. Claude Villard cite l’exemple du Bénin (projet dirigé par Claude

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Darcas, association Technap) qui grâce à la reconnaissance gouvernementale a obtenu desfonds du Japon qui ont permis de doubler la production.

Yves Pena : L’association représentée par Yves Pena « Femmes Internationales Murs Brisés (FIMB) »s’intéresse principalement aux problèmes des Femmes et plus particulièrement à ceux liés àl’éducation et à la nutrition des enfants.

Il faut donc souligner l’importance d’associer à la gestion des projets de culture de spirulineles associations de Femmes locales. De plus, la spiruline doit rester un produit alimentaire. Ilest primordial que sa production et son exploitation ne soient pas entravées par unequelconque réglementation ( médical…). Les acteurs de la santé ne doivent pas considérer laspiruline comme un produit qu’ils pourraient prescrire comme un médicament dans le cadrede leur activité professionnelle. Ils sont des relais privilégiés avec les familles

(particulièrement avec les mamans ).

L’expérience de culture menée à Tamanrasset intéresse beaucoup FIMB qui a elle mêmeengagé un projet spiruline dans un contexte géographique similaire (au Maroc).

Un des avantages de la culture de spiruline, c’est la complémentarité des différents typesd’installation et méthodes pour la culture. Ainsi, à chaque cas de figure une réponse peut êtreapportée : culture familiale – culture artisanale – culture semi industrielle – cultureindustrielle…

Il est appréciable de constater que tous les participants de cette mission ont pour finalité decombattre la malnutrition et de faire reculer la mortalité infantile.

Saïd Saïdoune rappelle qu’en effet, l’objectif principal, c’est la lutte contre la pauvretéet que la spiruline peut y concourir à condition que sa production et sa diffusion soient :- écologiquement durable,- économiquement viable,- et socialement acceptable.

Pour cela, un travail de partenariat doit se développer entre ministères, ONG, collectivitéslocales, etc.

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Préparation du couscous à la spiruline

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Du mercredi 21 au vendredi 23 : circuit de découverte du Hoggar

Le 21, visite de la source Chapuis, à Tahabort. Déjeuner dans l'oued Takacherouet, sous lesacacias. Sur la route, visite des sites préhistoriques, gravures rupestres. Bivouac au pied de lamontagne d'Akarakar : petite séance de travail sur la technique et notamment la mise au pointdu milieu de culture de la spiruline.

Le 22, visite des gueltas d'Afilale. Arrivée à l'Assekrem : petite séance de travail au refuge ausujet de la production de la futur unité de Tamanrasset. Kadda Hiri a pris l’engagement dedistribuer le tiers de la production gratuitement aux plus démunis, soit directement, soit parl'intermédiaire d'associations humanitaires. Montée sur le plateau, visite de l'ermitage deCharles de Foucauld, rencontre avec les frères de Foucauld. Après le lever du soleil sur lepanorama de l’Assekrem et la messe, retour vers Tamanrasset.

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Ripley et Denise Fox sur le site d’Akarakar

Annick Destiné devant le panorama de l’Assekrem

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Samedi 24 avril : réunion de synthèse

Kadda Hiri : son souhait est de lancer la technique d’algoculture dans son pays. Ilappelle ses invités à lui faire part de leurs recommandations pour la bonne marche de sonprojet de production de spiruline.

Jean-Paul Jourdan note qu’il manque à son installation un petit laboratoire et une arrivéed’eau. Avec les 18 m² installés au camping, il pourra produire une vingtaine de kilos despiruline par an.

Etienne Boileau lui conseille de prendre son temps avant de développer une production àgrande échelle. En attendant, il peut utiliser de la spiruline importée.

Charito - Propositions de l’association « Les idées bleues » en faveur dudéveloppement de la culture familiale de la spiruline à TamanrassetCharito insiste sur l’importance de la spiruline produite comme aliment pour les enfants etpersonnes malades plus que comme simple activité commerciale. La vente (si vente il y a)peut donc être orientée vers les associations et institutions humanitaires sur place.L’association les « Idées bleues » peut faire part de son expérience en Afrique du Nord enrelation à la culture de spiruline familiale.

Pour la bonne réalisation d’un projet de production de spiruline, il faut pouvoir adapter laconsommation de la spiruline aux aliments locaux pour une bonne acceptation. Il faut aussipromouvoir les valeurs nutritionnelles et médicales de la spiruline (radio, presse, etc.) afin decréer un marché local. Au fil des années, ce marché permettra l’autonomie des projets et leurmultiplication. Il serait souhaitable de ne pas vouer la production exclusivement à la vente ouà l’exportation mais plutôt à la santé des plus démunis et à l’autosuffisance alimentaires desfamilles.

L’association de Charito propose un modèle de culture de spiruline : un bassin familial de 5m², facile d’installation et peu coûteux. Il peut être installé sur le toit de la maison, exposé ausoleil, facile d’accès et à l’abri des animaux. On peut utiliser les engrais agricolesconventionnels pour démarrer les cultures puis faire des expériences avec les produits locaux(natron, cendre…).

Pour la réussite de telles cultures, il faudrait motiver des femmes pour la production despiruline familiale et les regrouper en coopératives. Les coopératives avancent l’achat dumatériel et des produits puis se font rembourser l’avance avec la spiruline produite, ellespeuvent aussi continuer à acheter une partie de la production. La moitié de la spirulineproduite peut être achetée par ces mêmes coopératives ou par d’autres institutions qui peuventla proposer pour les enfants des écoles ou dans les hôpitaux et dispensaires.

Ripley Fox : Ici, à Tamanrasset, il existe deux facteurs favorisant le succès de laspiruline :- l’environnement (le climat et la disponibilité du natron qui est la nourriture originelle de laspiruline et qui permet de limiter l’importation de produits chimiques) - le peuple. En France, on est bien souvent confronté au scepticisme du public. Ici, les genssont enthousiastes. Kadda part donc d’un bon pied et les personnes présentes cette semainesont ici pour l’aider à poursuivre son entreprise.

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Kadda Hiri a l’intention de mettre en place des séjours thérapeutiques où les touristesmangeront de la spiruline à chaque repas (des circuits de 15 jours où seront proposés, outre leprogramme habituel des séjours, des menus diététiques).

Ripley Fox ajoute que Kadda a le grand privilège d’avoir le gouvernement algérien avec lui. Ilpropose par ailleurs de le mettre en contact avec un ami mexicain qui a mis au point unsystème de toilettes sèches qui permettrait à la ville de Tamanrasset de faire d’importanteséconomies d’eau.

Kadda Hiri affirme qu’il faut « investir dans l’enfant ». Il faut que l’enfant ait suffisammentde force pour pouvoir contribuer à construire un monde de paix.

Marceau Gast : il existe un problème dans la relation entre les pratiques de soin et laspiruline. Un projet de production et de distribution de spiruline doit se faire sans jalousie,spéculation, recherche de profit. Ici on voit souvent des projets (surtout au niveau de l’eau)qui viennent puis qui repartent, et le Sahara est toujours aussi sec. Kadda est implanté là avecsa famille et pourvu que ça dure.Marceau préconise la conception de publications pédagogiques pour Tamanrasset. Le savoir-faire est indissociable du faire-savoir. C’est pourquoi il faudrait développer et mettre en valeurdes ressources documentaires sur la spiruline et l’algoculture.

Claude Villard ajoute qu’il faudrait éditer deux manuels : le manuel du maître et le manuel del’élève. Il en profite pour féliciter Kadda pour le travail admirable déjà réalisé. Il manque unélément essentiel : la préparation de la spiruline. Il faut réfléchir à une technologie appropriéepour le séchage, à l’aide d’outils transportables.

Kadda Hiri : en effet, pour le moment, priorité doit être donnée à la résolution desproblèmes techniques. La distribution n’est pas encore un soucis car la demande est là, et elle

sera à coup sûr immense. Al’heure actuelle, le problème quise pose avant tout c’est desavoir comment produire enrespectant les normesinternationales. Dans l’avenir,l’emploi d’au moins troissalariés à plein temps estenvisagé, en plus du soutienfamilial (la famille de Kaddaétant déjà bien impliquée dansle projet).L’objectif est de créer uneraison sociale pour laproduction et lacommercialisation et, enparallèle, une association àvocation humanitaire qui aura

pour mission principale le développement des petites cultures familiales.

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Ripley Fox sur le terrain de 3 ha de la future ferme de Tamanrasset

Compte-rendu réalisé par Sonia Salès, association TARGUINCA

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LISTE DES PARTICIPANTS

Etienne BOILEAU, ingénieur chimiste retraité, membre du bureau de Technap (collectifspiruline)Monique BOILEAU7 allée des Tourterelles FR-91940 Les Ulis – tél : 0033 1 69 28 17 26 – email :[email protected]

Annick DESTINE, présidente de l’association Targuinca, membre du bureau de Technap(collectif spiruline)15 rue de l’église FR-27950 Sainte-Colombe-près-Vernon – tél : 0033 2 32 52 45 98 – email :[email protected]

Ripley FOX, docteur en microbiologie, chercheur en algoculture et auteur de l’ouvrage« Spirulina : Production and Potential » (1996 – Edisud)Denise FOXLa Roquette FR-34190 Saint Bauzille de Putois – tél : 0033 4 67 73 70 66 – email :[email protected]

Maria des Rosario FUENTES, association Les idées bleues, auteur du manuel « La spirulinepour tous, culture familiale » (2003)3 cité de la Tour FR-34120 TOURBES – tél : 0033 6 11 65 83 70 – email :[email protected]

Marceau GAST, docteur d'université en sciences humaines, chercheurValbonnette B1, 33 avenue Malarrida FR-13100 Aix en Provence – tél : 0033 4 42 26 08 56

Jean-Paul JOURDAN, chercheur en algoculture et auteur du « Manuel de Culture artisanalede spiruline » (Antenna Technologie)Danièle JOURDANLe Castanet FR-30140 Mialet – tél : 0033 4 66 85 02 26 - email : [email protected]

Yves LESENNE, président de l’association La gazelle de Puits de Bermo75 rue du Port Boyer FR-44300 Nantes France - tél : 0033 6 87 76 56 00

Yves PENA, association Femmes internationalesCSCP 112 avenue William Booth, 13011 Marseille – tél : 0033 4 91 45 37 07 – email :[email protected]

Sonia SALES, association Targuinca105 Grande Rue FR-27940 Port Mort – tél : 0033 2 32 52 53 40 – email : [email protected]

Claude VILLARD, directeur général de l’Intergovernmental Spirulina Program, responsabledu Certificat Professionnel "Production artisanale de spiruline à vocation humanitaire" auCFPPA Agricampus de Hyères

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Aomar BELMAHFOUDBP 15A Alger Sidi M’Hamed 16208 – email : [email protected]

Mohamed BENZOUBP 4426 Tamanrasset – tél : 029 34 47 68

Bouziane BOUGHRIS, chirurgien dentisteHôpital de Tamanrasset – tél : 071 10 25 84 – email : [email protected]

Kamel DALAACem Tarik Ibn Ziad Tamanrasset – tél : 029 34 97 34 – email : [email protected]

Abdelkader DAOUDI, technicien sanitaireBP 799 Mouflon – Tamanrasset – tél : 061 69 28 70

Alnader FAFA, pédiatreemail : [email protected]

Elmokhtar HAMIDOU, association Timidou-TamBP 1007 Tamanrasset – tél : 71 97 78 23 – email : [email protected]

Mohamed HAMZA, enseignant BP 661 Tamanrasset – tél : 02934 93 03

Abdelkader HIRI, docteur d'université en science de la terre, chercheurAïcha HIRI, laborantineBP 167 Tamanrasset – tél : 00213 29 34 22 58

Ahmadou JAKAL, directeur de la culture de la wilaya de TamanrassetBP 01 Tamanrasset – tél : 029 34 26 94 – email : [email protected]

Zahra KHODJA , chirurgien dentisteBP 612 Tamanrassset 11000 – tél : 029 34 21 48 – email : [email protected]

Abdelmalek MOULAY, directeur du tourisme de la wilaya de TamanrassetBP 1863 Tamanrasset – tél : 029 34 30 10 / 24 11 36 65

Saïd SAIDOUNE, technicien superieur de l'agricultureCIDEX n°2 BP 56 Ksarefougam Tamanrasset – tél : 071 86 33 15 – email :[email protected]

Abdelkrim TOOHAMI, professeurBP 752 Tamanrasset – tél : 061 64 90 57

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