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Mini-colloque sur la production de spiruline artisanale Mialet – 26 au 28 Juin 2002  1.     INTRODUCTION  Hommage à Ripley Fox. Rappel de comment J.P. Jourdan l’a rencontré lors d’un congrès en 1975 aux Etats Unis.  

Minicolloque sur la production de spiruline artisanale …ddata.over-blog.com/xxxyyy/0/08/25/22/pdf/18-06-05... · 2006-04-07 · spiruline. Prévue depuis juin 2000, cette étude

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Mini­colloque sur la production de spiruline artisanale

Mialet – 26 au 28 Juin 2002

 

1.     INTRODUCTION

 

Hommage à Ripley Fox. Rappel de comment J.P. Jourdan l’a rencontré lors d’uncongrès en 1975 aux Etats Unis.

 

2.     AVONS­NOUS RAISON DE CONTINUER ?

 

Le but de ce colloque n’était pas de parler des applications de la spiruline, mais,devant la demande, ce sujet a dû être abordé (il faudra prévoir un colloque spécialisésur le sujet).

1. L'efficacité de la spiruline scientifiquement prouvée ? 

Bernard Weber

Le docteur Weber, , propose une méta­analyse basée sur 4 études cliniques :

§   Etude de Madurai

§   Etude de Nantes

§   Etude de Koudougou 

§   Etude de Ouagadougou

Les conditions de travail sur le terrain sont généralement difficiles mais n’excluentpas la possibilité d’une analyse critique viable.

L’étude de Nantes a été effectuée sur 2 villages a priori comparables, or, dans les faits,les comparaisons ne se sont pas avérées pertinentes.

L’étude de Ouagadougou est plus intéressante, bien que certains parents aient refuséque les prélèvements soient effectués sur leurs enfants. La spiruline s’y est révéléeplus active sur les séropositifs que sur les non séropositifs.

Pour l’étude de Dakar, le dosage était de 10 g / jour. Des résultats convergents ont étéobtenus sur la reprise de poids et sur les périmètres brachiaux. En revanche, il n’y apas de correspondances entre les enfants qui ont repris du poids et ceux dont le tauxd’hémoglobine a augmenté.

Dans   le   cadre   de   l’étude   de   Madurai,   on   administrait   seulement   1   gramme   despiruline  par  jour.  Aujourd’hui,  rien ne permet de déterminer un dosage « idéal » :obtient­on des résultats similaires sur des dosages d’1 gramme ou de 10 grammes ?Personne n’est en mesure de l’affirmer. De même, on n’a pas d’idée sur le délai à fixerdans les protocoles. 

 

Denis   von   der   Weid  estime   que   la   durée   minimale   de   traitement   doit   être   de   6semaines. A l’heure actuelle, la qualité des études prime sur la quantité. Une étudeest exploitable à partir de 11 enfants traités. Quoi qu’il en soit, une harmonisation desprotocoles est nécessaire : il serait sage, en effet, d’éviter les initiatives individuellesavant de débuter des essais cliniques.

 

Yvette Pagnon (CREDESA, Pahou, Bénin)

Les tests programmés à Pahou sont destinées à démontrer l’action préventive de la

spiruline. Prévue depuis juin 2000, cette étude n’a toujours pas démarré à cause desproblèmes de fonctionnement que subit le CREDESA (ONG semi­publique locale). 

La   surveillance   se   basera   sur   3   critères :   poids,   périmètre   brachial   et   tauxd’hémoglobine.

La durée prévue est de 6 mois, afin de pouvoir faire une étude de la croissance desenfants traités.

Pour   remédier   au   blocage   que   subit   le   projet,   deux   solutions   sont   recherchéesactuellement : soit trouver un financement extérieur, soit utiliser le protocole d’étudeailleurs.

 

Marie­Elisabeth Picard (Bangui, Centre­Afrique)

Au Foyer de Charité de Bangui, un mélange de sardine et de 5 grammes de spiruline aété administré. Les tests était axés sur les acides gras poly­insaturés afin de prouverleurs   effets   sur   les   enfants   atteints   de   kwashiorkor.   Une   disparition   rapide   desœdèmes et un retour de l’appétit ont été constatés. 

Par ailleurs, un travail sur l’anémie est en cours, en lien avec l’Institut Pasteur .

 

Hubert Durand­Chastel

Dans les années 80, Sosa Texcoco produisait 300 tonnes de spiruline par an. Lavolonté d’expansion de l’entreprise se trouvait alors en but à une saturation dumarché. On a donc recherché d’autres usages du produit, thérapeutiques etcosmétiques.

La  société  Technature,  près  de Brest,  se   lance  sur   le  marché  de   la   cosmétique  etpropose notamment des masques de beauté à base de spiruline.

Les recherches menées en Ukraine avec Ripley Fox avait  permis de constater uneperte du césium 137 en quelques jours de traitement.

Aucune reprise d’activité n’est en vue sur le Lac Texcoco qui va bientôt être occupé parun aéroport.

Par ailleurs, le Sénateur nous faire part de l’existence d’un brevet  qu’il a déposé en1999,   grâce   aux   recherches   d’un   étudiant   vietnamien   (Universités   Michigan   –Sorbonne) : ce brevet propose le procédé de fabrication d’une souche enrichie en sulfo­lipides.   Des   tests   sont   en   voie   de   prouver   les   bienfaits   thérapeutiques   de   cettespiruline enrichie sur le VIH et le cancer.

 

2. Vers une reconnaissance de la spiruline par l'OMS et la FAO      ?  

 

Denis von der Weid

L’OMS est maintenant dotée d’une direction « micro­nutriments ». Grâce au Présidentdu comité exécutif Nutrition, Antenna Technologie a obtenu une invitation officielle àune présentation de la spiruline au sein de la FAO.

Denis von der Weid recommande que chacun fasse l’effort de prendre contact avec lesantennes   locales   de   ces   grands   organismes   (FAO,   OMS,   UNICEF…),   conditionpréalable au lancement de tout projet spiruline.

A   retenir (et   à   employer)   :   « micro­nutriment »   est   le   mot­clé   commun  à   tous   cesorganismes internationaux.

3. Les petits producteurs face à la mondialisation

Jean­Paul   Jourdan  ­   Les   craintes   des   petits   producteurs   africains   peuvent   êtretournées à la fois vers les importateurs de spiruline à bas prix et vers les investisseursétrangers venant profiter de conditions climatiques favorables,  d'une main d’œuvrebon marché et d'un savoir­faire gratuit.

Face à  ces deux formes de concurrence, les « artisans » ne manquent pas d'atouts :absence   de   frais   de   douane,   économie   des   devises   du   pays,   frais   de   distributionréduits...

Claude   Villard  ­   Il   n'existe   pas   réellement   de   concurrence   entre   petits   et   grosproducteurs.   Il  agissent  dans  deux  domaines  différents.  Dans   les  pays  en  voie  dedéveloppement,   les   besoins   en   spiruline   sont   énormes   et   il   faut   développerl'information aux populations locales pour les familiariser à la production de spiruline.

Jean­Paul   Jourdan  –   Des   coopératives   d'achats   seraient   très   utiles   en   Afrique,notamment pour la fourniture des bâches et films de serre, engrais, toiles de filtration,oligoéléments, etc. au prix de gros.

 

 

3.     REVUE DES PRINCIPAUX PROJETS EN AFRIQUE

 

De très nombreuses photos de bassins ont été montrées, jusqu’à saturation. Elles nesont pas reprises dans ce compte­rendu, pour faciliter son édition.

Koudougou (Burkina Faso) ­ Pierre Ancel (Codegaz)

Pierre Ancel dresse le bilan de 18 mois d'exploitation de la ferme de spiruline financéepar la Fondation Gaz de France (430.000 FF) et co­gérée par Codegaz et le Diocése deKoudougou. Mise en service en février 2000 avec 175 m² de culture, elle dispose depuismai 2001 de 750 m² de bassins : 1 bassin de 25 m², 8 de 50 m² et 1 de 350 m². Desproblèmes   de   boues   survenus   dans   ce   dernier   bassin   l'ont   rapidement   renduinexploitable : il a donc fallu diviser cette surface de culture en 2 bassins avec chicanesmédianes.La ferme est gérée comme une entreprise moderne, avec une nécessité de profit propreà assurer sa pérennité. Dans cette optique, 2 niveaux de prix de vente ont été adoptés :§       un prix commercial (130 à 170 FF / kg) qui représente 70% de la production,§        un prix humanitaire (80 à 130 FF / kg) qui représente 30 % de la production

(prix de revient = 89 FF / kg).Le personnel, peu qualifié et majoritairement féminin, est composé de 13 salariés.La productivité reste modeste avec 3,2 g / jour / m².Depuis 2000, 800 doses de traitement mensuel de 150 grammes ont tenté de répondreà  une demande en spiruline de plus en plus importante.  La production à  vocationhumanitaire est achetée par les centres de renutrition.L'autonomie financière était atteinte 5 mois après la mise en route ; reste à acquérirl'autonomie technique, malgré l'importance des progrès réalisés par le personnel. 

Bambey (Sénégal) ­ Sébastien Couasnet (Antenna France)

Ce projet est piloté par Antenna Technologie, en partenariat avec le CNRA (CentreNational de Recherche Agronomique) sénégalais et Education Santé, une associationlocale.   Son objectif  est de cultiver de la spiruline tout en relançant le CNRA dontl'activité   s'essoufflait.   L'apport   d'Antenna   n'a   pas   été   financier   mais   technique.   4bassins en béton de 50 m² couverts d'un film de serre ont été mis en place (coût au m² :40 euros). Ils ont été placés sous la responsabilité  de 3 techniciens locaux (2 tempscomplets et 1 mi­temps). L'agitation et la récolte s'effectuent à l'aide de pompes vide­cave Guinard de 250 Watts.

La productivité est bonne (10 g / jour / m²) grâce à l'ajout de bicarbonate et de sucre età la bonne température des bassins (la serre et les murs en ciments accumulant lachaleur, la température du milieu est de 30°C le matin).

 Davougon (Benin)­      Etienne Boileau (Technap)   

La spiruline  est  produite  et  distribuée  au Centre  des Frères  Camiliens,  doté  d'undispensaire   et   d'un   centre  anti­lèpre.  Avant   le   lancement  de   la  production,   de   laspiruline sèche était importée grâce au financement du Comité des Amis d'Emmaüsdes Ulis. La surface de culture a progressivement atteint 29 m² : 1 bassin de 4 m² (bâche surcadre   en  bois)   installé   en  1993  par  Etienne  Boileau,   2   bassins  de  8  m²   (en  dur)financés par Codephi en 1995 et 2 supplémentaires de 8 et 5 m² en 1998 financés parun   don   de   Mr   Servant   (Cote   d’Ivoire).   Les   coûts   de   production   sont   réduits   auminimum : l'agitation est manuelle et toute la production est distribuée fraîcheaux malades.  Les traitement sont administrés à  de jeunes enfants malnutris,  despersonnes   opérés   d'ulcères   de   Buruli   et   des   sidéens   (la   résistance   aux   maladiesnombreuses qui assaillent ces derniers s'en trouve nettement renforcée).Notons qu'un bassin privé de 4 m² a été récemment mis en place dans son jardin parune employée du dispensaire dont les enfants étaient en mauvaise santé. Pahou (Bénin) ­      Claude Darcas (Technap)   

L’UPS   (unité   de   production   de   spiruline)   a   démarré   son   activité   en   1998,   enpartenariat   avec   le   CREDESA,   organisme   local   en   charge   d’un   programmed’Education   Nutritionnelle   et   du   GERES,   association   membre   de   TECHNAP   etspécialiste du séchage. Elle compte actuellement 6 salariés.Huit bassins (structures en bois surmontées de bâches plastiques, au total 250 m²)produisent en moyenne 410 kg / an. La spiruline est récoltée tous les jours, sauf ledimanche.   La   productivité   n’est   pas   optimale   car   d’importants   contre­temps   sontvenus la contrarier.Fin   2000,   les   spirulines   droites   remplissaient   l’ensemble   des   bassins qui   sontrapidement devenus impossibles à récolter. Les bassins ont donc été progressivementréensemencés avec une souche Paracas.Début 2002, toutes les bâches PVC ont dû être remplacées (leur durée de vie n’a pasexcédé 3 ans).3 nouveaux bassins de 15, 12,5 et 12,5 m² ont été aménagés (bâches disposées cettefois sur une structure en parpaings posée sur le sol).La saison des pluies de juin provoque des pertes, malgré la couverture des bassins pardes panneaux, par débordement à la suite d’inondations.La commande et la réception des intrants et des équipements représentent une chargede   travail   considérable :   les   démarches   d’importation   sont   longues   et   seméesd’embûches, les délais de réception sont parfois très longs.La   situation   administrative   du   CREDESA   apporte   des   soucis   de   gestionsupplémentaires.La spiruline se vend mal, particulièrement dans le secteur humanitaire en raison d’unprix de revient qui reste trop élevé. Une étude de marché est en cours pour remédier àce problème. Bangui (Centre­Afrique) –      Marie­Elisabeth Picard (Foyer de Charité)   

Les premières cultures de spiruline ont été lancées par Gilles Planchon au dispensairedu Foyer de Charité, en 1995. Au préalable, le dispensaire avait commencé à  soigner

les  enfants  malnutris  de   la   région  grâce  à  une  dotation  de  3   tonnes  de   spirulineémanant de la société mexicaine Sosa Texcoco.Actuellement 140 m² de bassins, sous toiture, sont exploités, financés en partie parl’OMS. L’agitation se fait avec l’énergie photovoltaïque. La source d’alcalinité  est lenatron. La productivité moyenne est de 4 g / jour / m². La totalité de la production està  but humanitaire.  Autres projets à Bangui

§       Le groupe Kénose, présidé par Jean­Denis Ngobo, est  entièrement construitet   géré   par   des   centrafricains  (avec   une   petite   aide   financière   extérieure,notamment  d’Antenna).  L'objectif  principal  est  de diffuser  la  connaissance et   laculture de la spiruline. Actuellement le groupe exploite 100 m² de petits bassins. 

§       La COPAP, coopérative agro­piscicole de N’dress, exploite 150 m² de bassins despiruline   avec   l’aide   de   Nutrition­Santé­Bangui,   ONG   basée   à   Nantes   etreprésentée par Martial Perraudeau. But humanitaire (dispensaire et préventionde la malnutrition).

 

Bermo (Niger) ­      Yves Lesenne (La Gazelle de Puits de Bermo)   

Ce projet a été mis en place au dispensaire de la mission catholique Notre­Dame desApôtres,  dirigée par  Soeur Odile  Lesenne,  grâce à  un  financement de  l'associationTibériade.  Les  premiers  bassins   (2  x  15  m²  en  béton)  ont  été   construits  par  YvesLesenne et mis en culture par Marie­Jeanne Batbedat. Quelques difficultés ont un peuralenti le démarrage de la production : les bassins se sont fissurés, peut­être fauted'avoir été immédiatement mis en eau ou à cause de la qualité du ciment. Ce problèmed'étanchéité a été résolu par la pose d'un enduit glacé.La spiruline est exclusivement nourrie grâce à  des produits disponibles localement(natron, NPK importé).Les bassins sont agités par des petites pompes solaires fonctionnant « au fil du soleil »(sans stockage d'énergie).  Avant l'installation d'une centrale solaire au dispensaire,l'agitation   s'effectuait   manuellement.   Cette   centrale   photovoltaïque,   installée   ennovembre 2001 par des étudiants  en BTS d'un lycée technique d’Angers, procure audispensaire suffisamment d'énergie pour alimenter 1 réfrigérateur, 1 congélateur, 1éclairage le soir dans les bâtiments,  une pompe à  eau pouvant fournir 3.000 litresd'eau par jour.La production est utilisée dans sa totalité par le dispensaire. Agharous (Niger)­      Issouf Maha (ADDS), Sonia Salès (Targuinca)   

Depuis février 2000, un programme de sensibilisation aux qualités nutritionnelles etthérapeutiques de la spiruline a été mis en place au Niger : l’association Targuinca afourni   des   stocks   de   spiruline   et   organisé   leur   distribution   dans   les   hôpitaux   deNiamey et d’Agadez, ainsi que dans des dispensaires de brousse (au Nord du pays).Durant cette période, Targuinca a été orientée vers le village d’Agharous (80 km aunord­ouest  d’Agadez)  pour  implanter   les  premiers  bassins.  Le  projet  est  réalisé  en

partenariat avec l’ADDS (Association pour le développement durable et la solidarité).Son   fondateur,   Issouf  Maha,  dirige   le  Centre  d’Agro­écologie   et  de  développementintégré   d’Aghrarous,   un   centre   de   formation   et   de   recherche   sur   les   techniquesagricoles adaptés à l’environnement oasien.En mars­avril 2002, 2 bassins de 13 m² (banco et bâches plastiques) ont été installésdans le Centre. La souche Paracas ensemencée a été donnée par Jean­Paul Jourdan.L’agitation est manuelle et la spiruline est séchée : en effet la consommation despiruline fraîche pose problème en zone nomade. Les touaregs consommentcouramment des aliments secs, bien adaptés à leurs conditions de vie. La spirulineséchée peut être stockée, ce qui est rassurant et évite des allers­retours tropcontraignants. Deux personnes, l’instituteur d’Agharous et l’adjoint d’Issouf Maha, ontété formés par Pierre Ancel et se sont engagés à assurer bénévolement le contrôle et lasupervision de la culture. Ils ont à leur tour formé un jeune homme pour assurer lestâches courantes (entretien et nourriture des bassins, récolte de la spiruline). 

En mai, la productivité était de près de 9 g / jour / m². Les récoltes sont distribuéesgratuitement aux familles d’Agharous.

Ces 2 bassins pilotes ont une double vocation, expérimentale et pédagogique.

Issouf Maha souhaite, à l’avenir, que le Centre d’agro­écologie dispose d’une ferme despiruline autonome.

Il propose aux responsables des projets africains de les aider à se fournir en natron àbas prix produit à Tegguida n’Tessoum, à 100 km d'Agharous.Par ailleurs, des essais cliniques et biologiques sont en cours au service pédiatrique del’Hôpital de Niamey : 10 grammes de spiruline mélangés à la bouillie de mil serontadministrés à une centaine d’enfants de 0 à 2 ans, souffrant de malnutrition aggravée.Un autre  groupe   témoin  bénéficiera  du  protocole  de   récupération  HLS  (huile­lait­sucre) pour des tests comparatifs. Les effets des traitements sont déjà édifiants et lesmédecins affirment déjà avoir sauvé plusieurs enfants dont les cas étaient désespérés. Morondava (Madagascar) ­         Marc Boritch (Codegaz).    

Financés par Codegaz, Technap et le diocèse de Morondava, 2 bassins de 12 et 3 m²ont été  installés fin 2001. Ces bassins sont surélevés à  70 cm au dessus du sol enraison des risques d’inondation.  La souche utilisée est   la  Paracas et   la  production(initiale) est élevée : 10 g / jour / m².  Le diocèse exploitera bientôt  400 m²  de bassins pour le compte des religieuses quiassurent les soins quotidiens des populations démunies, financés par Codégaz.  

Tuléar (Madagascar)         

Antenna Technologie a aidé au financement de la construction de 40 m² de bassins despiruline au domicile de Mme Vololonavalona, qui travaille à l’IHSM, et qui vient desoutenir une thèse de doctorat sur les lacs à spiruline de la région. Une partie de saproduction est destinée au dispensaire des Assomptionnistes de Belemboka (Tuléar).Les bassins sont en béton, sous toiture et ombrage.

  Tchad       : Quel avenir pour le Dihé ? ­      Olivier Barbaroux (Ifremer)    

La récolte  de  spiruline  dans  la  région  du  lac  Tchad est  assurée par  environ 2000femmes. La production serait de l’ordre de 200 tonnes par an (récolte environ 6 moispar an).  Le séchage se  fait  au soleil  à  même le sable,  ce qui  entraîne la présenced’environ 40 % de sable dans les galettes de spirulines appelées « dihé », mais cela negêne pas leur consommation (sous forme de sauce cuisinée, avec décantation du sable).Une partie de la production est vendue assez loin des lieux de production (transportpar caravannes).  

4.     QUELLE POLITIQUE ADOPTER POUR CONCILIERHUMANITAIRE ET DURABLE ?

 

Table ronde animée par Issouf Maha

Pierre Ancel  – Pour que la production soit pérenne, elle doit être rentable (seuil derentabilité : 200 m² de bassins), donc gérée comme une entreprise. Des emplois sontainsi créés et peuvent être consolidés.

Olivier Barbaroux  – Il faut avant tout avoir la connaissance des ressources locales,s'adapter à l'économie locale plutôt qu'imposer une économie assistée.

Gérard Bruyère, Jean­Pierre Clergeau  – Pour éviter les échecs, on doit s'assurer deconditions initiales favorables : fiabilité du partenaire local, compétences techniques,approvisionnement en produits et matériaux, circuits de distribution.

Denis von der Weid – La surface et les techniques de culture adoptées importent peu :ce qui compte, c'est que le cultivateur soit motivé et heureux de cultiver sa spiruline. AMadurai,  une politique de décentralisation a été  adoptée.  20 femmes cultivent despetits bassins  familiaux dans des villages aux alentours du centre.  Le système dedistribution   se   décompose   en   3   catégories   d'importance   équivalente   :commercialisation,   ventes   aux   ONG,   distribution   gratuite   aux   enfants.   Il   estrecommandé,   pour   que   les   projets   réussissent,   d'ajouter   d'autres   activitéscomplémentaires  à   la  culture de spiruline.  Dans  le  cas des bassins  villageois,  elles'ajoute aux activités pré­existentes.

Issouf Maha précise qu'en pays touareg, dans l'Aïr (Nord Niger), des bassins familiauxseraient préférables à des exploitations villageoises. Si la culture de spiruline prenaitune dimension villageoise,  donc communautaire,   il  serait  nécessaire de salarier unresponsable pour la gestion de l'activité.

Denis von der Weid  – On peut distinguer 3 catégories de production : la production« au   gramme »   (familiale),   « au   kilo »   (artisanale,   communautaire),   « à   la   tonne »(industrielle). A des fins humanitaires, une multiplication de petits sites de productionest plus facile à gérer qu'une grande exploitation.

 

5.     REVUE DES PRINCIPAUX PROJETS EN ASIE

 

Auroville (Inde)    –    Hendrick    van Poederooijen (Simplicity Spirulina Farm)   

Auroville est située au sud de l’Inde et fait partie d’un groupe de 50 communautésinternationales   choisies   par   l’IISD   (International   Institute   for   a   SustainnableDevelopment) pour leur réussite dans une dizaine d’activités jugées prioritaires parles Nations Unies.  La communauté  d’Auroville  bénéficie de 25 ans d’expérience enmatière de développement d’activités agro­écologiques.D’ailleurs,   l’algoculture   (culture   de   chlorelle,   plus   particulièrement)   était   déjàpratiquée à Auroville dans les années 70.Au début des années 1990,  Bonaventura Chanson fonde la  « Simplicity’s  SpirulinaFarm ». Après avoir collecté de nombreuses informations sur la spiruline, il effectued’importantes   expérimentations   en   laboratoire.   Parallèlement   à   ses   recherches,   ilintroduit   la  consommation de spiruline  à   l’intérieur de  la  communauté.  Après sondécès, Hendrick, ingénieur hollandais, décide, en partenariat avec le Centre de Santéd’Auroville, de concrétiser les projets de culture de Chanson.Depuis 1997, Simplicity produit de la spiruline pour la consommation des habitantsd’Auroville ainsi que pour la vente à l’extérieur. Hendrick travaille sur ce projet encompagnie de 8 femmes intouchables.La communauté possède 10 bassins en ciment de 30 m² chacun (plus quelques bassinsplastique suivant le modèle de Madurai) et dont la production moyenne est de 450 kgpar an.  En saison des pluies  les bassins sont protégés par des films plastique.  Laproduction de la ferme permet d’apporter chaque année un complément alimentaire de1 g / jour à 1.370 personnes.La construction des bassins a coûté 10$ au m², ce qui est très bon marché. L’agitationmanuelle des bassins est réalisée jour et nuit (par le gardien de nuit). L’adductiond’eau est facilitée par l’utilisation de pompes solaires. Les bassins sont situés en bordde mer.La   consommation  moyenne  de  bicarbonate  est  de  5  kg   /  kg  de   spiruline   (   ce  quiexplique la forte productivité) et le coût des nutriments atteint environ 2$ / kg récolté.Le taux de purge est d’environ 10% par mois (à l’occasion des nettoyages trimestrielsdu fonds des bassins).La spiruline fraîche est distribuée aux enfants, l’autre partie de la récolte est vendue20$ / kg (prix de vente unique, quelque soit la quantité par paquet). Dans l’avenir,Hendrick espère pouvoir passer par le réseau de commerce équitable pour vendre laproduction.La ferme assure aussi un rôle de formation et de conseil en faveur de l’installationd’autres unités du même type. En outre, Hendrick met sa technologie à disposition desindustriels intéressés moyennant une rémunération de 700$. Madurai (Inde)    –    Denis von der Weid (Antenna Technologie)   

Le projet s'appuie sur 5 critères : §         répondre aux besoins essentiels, 

§         être simple, §         être « low cost », §         utiliser les ressources locales, §         privilégier la participation populaire.

Antenna avait dans un premier temps lancé un programme « droits des l'homme » deréhabilitation des Intouchables. Cette approche droits de l'homme amène logiquementau droit à l'alimentation. En l'espace de 5 ans, deux « Ecoparks » ont été  créés : dans le premier, 180 m²  deculture de spiruline ont été mis en exploitation, répartis en bassins de 18 à 20 m² ; ledeuxième centre est doté de 150 m² de bassins. 6 autres centres se sont créés autour deces 2 pôles, gérés par des institutions ou des communautés villageoises.La capacité de gestion de l'équipe locale a été le critère de base pour le développementdu projet.Autour de la culture de spiruline se sont développées d'autres activités : production deplantes  médicinales  et  ornementales,  élevage  de  poissons  exotiques,  production  desemences... Les   centres   atteignent   actuellement   90%   d'autonomie   financière   et   continuent   àbénéficier de 10% d'appui externe. La vente des plantes ornementales aux foyers aisésde la ville   (à  12 km du centre) représente  le  plus gros moyen de financement desactivités. Les poissons rouges sont vendus à prix très abordable aux enfants indiens.En outre, des formations à l'entretien des aquariums sont dispensées aux foyers aisés.100 kilos de spiruline sont produits chaque mois et son prix de revient se situe auxenvirons de 50$20 le kilo. Une association de diabétiques locale achète environ 10% dela production de spiruline. Un mélange millet­sucre­spiruline (1 gramme par dose) estdistribué gratuitement aux enfants de 0­5 ans. Le prix de revient du mélange est de5$50 le kilo. Dans chaque village, une femme est responsable de la distribution. Lereste de la production de spiruline (environ 1/3) est vendu à des privés.Il faut noter l'installation d'une grande production industrielle de spiruline (destinéeen partie  à   l’exportation)  à  40  km de Madurai   :   elle  ne  pose  pas de  problème deconcurrence car les coûts de production sont plus bas dans les centres, à condition demaintenir une productivité de 7 à 8 g / jour / m². Izmir (Turquie) –      Ripley Fox   

Mme Meltem Conk Dalay, après avoir présenté une thèse de doctorat sur la spiruline,est professeur associée à l’Ege Universitesi Bilim Teknoloji, à Izmir. Elle a à sadisposition un laboratoire consacré à la spiruline. Une culture pilote est en marchedepuis quelques années sur le campus, sous la responsabilité de Rüstü Tok, et uneferme commerciale est installée à Kemalpaça, aux environs d'Izmir. Meltem avaitorganisé en septembre 2001 un symposium sur la technologie algale auquelparticipaient une cinquantaine de professeurs et étudiants venus de toute la Turquie,et quelques étrangers : Avigad Vonshak d'Israël, Michel Brouers de Belgique, RipleyFox et Jean Paul Jourdan. Plusieurs jeunes turcs et étrangers sont intéressés à selancer dans la culture et la commercialisation de la spiruline en Turquie.

 

6.     SPIRULINE EN AMÉRIQUE DU SUD

 Biotope naturel de la Paracas au Pérou –      Gilles Planchon et Charito Fuentes (Les   Idées Bleues).

L'eau du lac Paracas,  sur  la  côte Pacifique,  n'est  pas volcanique mais  directementinfluencée par l'eau de mer. A l'état naturel, la spiruline Paracas se développe sur labase   d'un   fond   argileux   et   d'un   dépôt   de   boue   noire   qui   serait   le   résultat   de   lafermentation anaérobie des algues mortes. L'argile « catalyserait » les acides aminés.En hiver, les spirulines se protègent de la photolyse à l'ombre des arbres qui entourentle lac. Le milieu présente une salinité de 30 grammes par litres et son pH, proche decelui   de   l’eau   de   mer,   tourne   autour   de   8,5­9.   Il   est   riche   en   soufre,   calcium,magnésium et silice. La Paracas n'y vivrait pas en contact de sources de nitrates. Vers une résurgence du Técuitlatl  à  Texcoco ? ­     Yann Leroux (ingénieur chez   AEH)

La spiruline n’est pas une inconnue au Mexique : d’une part, elle était autrefoisconsommée par les Aztèques, et d’autre part le Mexique a été le premier pays aexploiter industriellement la spiruline à Sosa Texcoco, sous la direction de Mr DurandChastel.

Aujourd’hui, l’activité commerciale de AEH (Alimentos Esenciales para la HumanidadSA) permet de vulgariser et faire connaitre de nouveau la spiruline par l’intermédiairede salons, foires expos et campagnes publicitaires à la radio. Tout en vendant sapropre marque (Spiral Spring), AEH s’efforce de faire redécouvrir la spiruline aupeuple mexicain. Au delà des résultats commerciaux obtenus, de nombreusesdemandes d’aides pour la construction de fermes artisanales à vocation humanitaireont vu le jour. C’est ainsi que l’association AgroEco, voudrait promouvoir la culturefamiliale de la Spiruline dans des foyers d’agriculteurs en marge de l’économie demarché. Un professeur de l’Institut Agricole de Guadalajara voudrait permettre à sesétudiants de cultiver la spiruline dans le cadre de travaux pratiques. Le DocteurViadas, qui achète et utilise la spiruline depuis plusieurs années, voudrait la cultiverpour baisser ses coûts de traitement. Il a réussi à soigner deux enfants souffrant deleucémie et condamnés à mourir. Il souhaiterait aussi avoir à sa disposition les copiesd’analyses médicales déjà menées, accompagnées de photos et de témoignages, et quipermettraient une meilleure reconnaissance des qualités nutritionnelles etthérapeutiques de la spiruline.

Dans ce contexte, AEH souhaiterait, suite à l’installation de sa marque sur le marchénational, créer une association destinée à promouvoir la production artisanale àl’échelle familiale. Les systèmes écologiques et les ressources naturelles existant(nombreux lacs natronés) permettent d’imaginer des systèmes de culture de faiblescoûts.

 

7.     DISCUSSION SUR LES SOUCHES

Le mystère des «      droites      »  

Jean­Paul Jourdan déconseille de récolter le flottant, méthode propice à la formationde droites. Au contraire, il est recommandé de récolter en maintenant une agitation dubassin. La souche Paracas ne produit pas de droites dans ces conditions, ou alors entrès petite quantité et elles ne prennent pas le dessus (expérience de Mialet depuis 3ans).

La «      mort subite      » des Paracas   

Plusieurs bassins sont morts simultanément sur des sites différents au Burkina Fasocette année, sans qu’une explication certaine puisse en être donnée. 

Une première hypothèse était qu’en hiver les cultures étaient trop froides au lever dusoleil, conduisant à une photolyse. 

Une autre hypothèse est une brusque réduction des nitrates en ammoniac (hypothèseavancée pour expliquer un cas de mort subite de Paracas observé à Mialet avec unmilieu de culture vieux d’une année, avec chute brutale de la teneur du milieu ennitrates).

 

8.     SPIRULINE ET ENVIRONNEMENT

 

Analyse du problème et solutions –    Jean­Paul Jourdan   

Au lancement   de nouveaux bassins,  tout marche bien ;  c’est après 2 ou 3 mois deculture que les problèmes de récolte apparaissent. La salissure du milieu de culture,provoquée  par   la   croissance   rapide  des   spirulines,   en   est   la  principale   cause.  Onconstate une différence très nette entre la biomasse d’un milieu « propre » (filtrationfacile, ne colle pas au plastique, s’extrude bien et sèche sans fondre) et la biomassed’un milieu vieux, qui a des propriétés diamétralement opposées.   Il existe plusieurs méthodes pour tester la qualité du milieu :1.       Décoloration  d’une solution  permanganate   (mesure  de   la   teneur en  matières

organiques)2.      Test de filtration (préconisé par JP Jourdan) : on utilise un filtre à café en papier

pour filtrer 400 ml de culture et on mesure le volume de filtrat obtenu en une minuteprécise. Résultats :   Milieu   neuf   sans   spiruline :   400   ml/min,   milieu   neuf   avecspiruline :  300 ml/min,  milieu sale avec spiruline :  <  100 ml/min.  Si   l’on teste  laturbidité  du filtrat,  le Secchi (disque noir) d’un milieu propre est très grand (parexemple > 20 cm), alors que celui d’un milieu sale peut être <3 cm.

 La méthode classique pour remédier à un milieu sale est de le jeter en bloc ou depratiquer   des   purges   régulières   en   remettant   du   milieu   neuf.   Ceci   permet   aussid’utiliser des ajouts de bicarbonate pour maintenir une haute productivité. Mais alors, comment purger ses bassins tout en respectant l’environnement ? Il fautque la production de spiruline soit irréprochable. Plusieurs solutions sontenvisageables :

o       Evaporer à sec et jeter les sels à la déchetterie (mais souvent il n’y en a pasdans le 1/3 monde),

o       Utiliser comme engrais sur des plantes tolérantes comme les cocotiers (essaisà faire),

o       Utiliser en alimentation animale (essais à faire),o       Les boues du fond des bassins (composées de précipités minéraux, spirulines

mortes, exopolysaccharides, etc.) peuvent être intégrées au compost. Il   est   aussi   possible   d’adopter   un   système   de   culture   évitant   les   purges.   Pourminimiser le besoin de purger, on s’appliquera à :

o       Minimiser l’ajout de bicarbonate (utilisation de CO2),o       Epurer et recycler les milieux usés.

 Le milieu usé peut être recyclé : différents systèmes d’épuration sont mis en œuvre àl’échelle industrielle (cf un exemple au § suivant) mais ne sont guère applicables auxpetites exploitations à vocation humanitaires (trop compliqués et trop coûteux). Pour

ces dernières il est proposé de se contenter du CO2 atmosphérique, ce qui conduit àréduire la productivité autour de 4 g/jr/m² : à ces basses productivités on constate quel’autoépuration du milieu suffit à compenser la production de salissures.Pour illustrer cette proposition, deux cas de figure sont présentés :

o       100 m² produisent 800 grammes / jour avec ajout de CO2 et avec épuration du

milieu,o       200 m² produisent 800 grammes / jour sans ajout de CO2 et sans épuration.

 Le travail à basse productivité nécessite certes un terrain et des bassins bon marché,mais il présente d’autres avantages comme la possibilité

o       d’ombrer fortement donc de réduire la consommation d’eau,o       de réduire les exigences climatiques,o       de se passer de ph­mètre.

 Pour   illustrer   la   capacité   d’autoépuration   des   milieux   de   culture   deux   exemplespeuvent être fournis :

o       à Mialet, après chaque hiver, les milieux se retrouvent presque neufso        une   culture   morte   (par   exemple   d’un   excès   d’ammonium)   peut   être

réensemencée et redevenir récoltable en 3 semaines. Mais rien n’empêche de continuer à rechercher des méthodes d’épuration artificiellesdes milieux de culture qui soient compatibles avec les conditions du 1/3 monde, commepeut­être le traitement à la graine de moringa. Système d'épuration de Aldanempres, Quito (Equateur) –      François Haldmann   

Le  milieu  de   culture   subit  deux   types  de   salissures   :   la   salissure  naturelle   et   lasalissure conséquente à l'opération de filtration qui « stresse » les spirulines et chargele milieu en matières organiques libres.A Aldanempres,   les bassins sont maintenus à  une forte concentration en spirulinepour que le milieu reste pur le plus longtemps possible.Pour   recycler   les   milieux   de   culture   salis,   l'entreprise   s'est   dotée   d'une   stationd'épuration   composée   de   fosses   avec   une   succession   de   5   postes   de   filtration.   Lesystème   d’aération   permet   de   digérer   la   Matière   Organique   accumulée   dans   lesmilieux de culture. On passe ainsi d’une DBO de 15 mg à une DBO de 8 mgAvantages de ce système : il offre la possibilité de segmenter le flux pour intervenirsur un seul secteur (par exemple : nettoyage, réserve de milieu prêt à repartir dansdes bassins), il permet d'intervenir de manière physique et biologique et de recyclertotalement le milieu filtré tout en maintenant une haute productivité. 

9.     SPIRULINE EN EAU DE MER

 

L'IRD et la spiruline : perspectives ­      Loïc Charpy   

L'Institut  pour   la  Recherche  et   le  Développement   (ex­ORSTOM) est  placé   sous   latutelle des ministres chargés de la Recherche et de la Coopération.  Ses principalesmissions sont la recherche, la formation et le soutien au développement. Il   est dotéd'un département Soutien et Formation des communautés scientifiques des pays envoie de développement qui accorde des bourses d'étude à des chercheurs du Sud et aideau financement de laboratoires de recherche. L'IRD est composé d'unités de recherches(U.R.)   et   d'unités   de   services   (U.S.).   Loïc   Charpy   dirige   l'U.R.   « cyanobactériesmarines » dont l'implantation principale est à Marseille et qui pilote un programmesur la spiruline en eau de mer à Madagascar.

 

Essais en cours à  Marseille et à  Madagascar –      Jarisoa (IHSM de Toliora)   

Pouvoir cultiver   la  spiruline en eau de mer présenterait  un avantage considérabledans de nombreux pays en voie de développement où l'eau douce est rare.Jarisoa   est   étudiant   à   l’IHSM   de   Toliara,   sa   thèse   portant   sur   la   culture   de   laspiruline   en   eau   de   mer   est   dirigée   par   Loïc   Charpy   (IRD)   et   Nardo   Vicente(Université Aix­Marseille 1).Les objectifs des recherches menées par Jarisoa sont : 

1.      d'adapter la souche de spiruline locale à l'eau de mer, 2.       de   développer   un   système   de   production   à   l'échelle   des   communautés

villageoises grâce à la construction d'une unité de démonstration (en 2003), 3.      de mener une étude qualité.

Jarisoa présente les premiers résultats obtenus en France (Mialet et Marseille). Lavitesse de croissance des spirulines en eau douce et en eau de mer est la même à faibleconcentration, mais la concentration maximale en biomasse en eau de mer correspondà un Secchi de 4 contre 1 en eau saumâtre. Sans ombrage, la spiruline meurt en 3jours dans l’eau de mer. Des essais ont été réalisés à Mialet, avec Jean­Paul Jourdan.Le milieu de culture présentait une salinité de 50 grammes par litres et son pH étaitmaintenu aux alentours de 10,2 par ajout de CO2. La productivité moyenne était de 8

grammes/jour/m². La filtrabilité des spirulines est restée bonne et l'absorption du CO2correcte. Ces aspects sont positifs. Mais cette culture, commencée en été 2001, n'a pasrésisté au froid hivernal, la haute salinité exacerbant la photosensibilité à froid. Deplus, il faut reconnaître que le prétraitement de l’eau de mer au carbonate de sodium,nécessaire pour abaisser sa teneur en magnésium, risque d’être trop coûteux. 

10.     LE « MIX­DRYING »

 

Ripley Fox

Vis  à   vis  des   consommateurs  potentiels  de   spiruline,   la  présentation  des  produitscommercialisés  n'est  pas  toujours satisfaisante.  Les  différents  procédés  de  séchagedonnent un goût plus ou moins agréable à la poudre ou aux granules de spiruline.Quant à sa présentation sous forme de gélules ou comprimés, elle a l'inconvénient delui donner l'aspect d'un médicament et de faire oublier sa fonction première d'aliment.Ajoutons que le séchage est coûteux et qu’il diminue la teneur en vitamines.La spiruline est riche en nutriments essentiels mais pas en calories. C'est pourquoi lesAztèques et les Kanembous l'associent toujours à une céréale. Ripley Fox propose uneméthode   de   séchage   basée   sur   cette   association   :   la   pâte   de   spiruline,   à   80%d'humidité, peut être mixée avec un farine préalablement déshydratée et précuite parchauffage à environ 80°C (1 partie de spiruline pour 10 parties de farine). Des essaisont déjà  été réalisés ; Ripley Fox a confectionné  un pain à  la spiruline qu’il  a jugé« délicieux ».Il y a là une voie d’avenir à explorer systématiquement et à adapter aux conditions duTiers­Monde. 

11.     LA SPIRULINE « ÉPONGE »

Métaux lourds – Jean­Paul Jourdan

La spiruline a une très forte tendance à absorber les métaux lourds présents dans lemilieu de culture. Il faut veiller à éviter que celui­ci contienne du plomb, du cadmiumou du mercure. Les normes à ne pas dépasser dans la spiruline sont les suivantes :

§        Mercure : 0.1 mg / kg

§        Cadmium : 0,5 mg /kg

§        Plomb : 5 mg /kg

Une eau douce peu contenir jusqu’à 5µg de plomb par litre : dans ce cas il faut réduirel’évaporation. Il ne faut pas utiliser le phosphate de calcium naturel qui est trop richeen cadmium. Pratiquement tous les engrais contiennent des métaux lourds. Il estrecommandé de rester vigilant et de vérifier de temps en temps la teneur en métauxlourds de la spiruline produite. Il est rassurant de constater que tous les échantillonsque J.P. Jourdan a fait analyser depuis des années se sont révélés corrects. Lesmeilleurs, d’un facteur de 10, étaient ceux produits non pas à partir de produitschimiques mais d’urine et de cendre.

 

La spiruline «      induite      »  

Blue Energie Laboratoire (cf. http://www.blue­energy­lab.com/laboratoire/induction­physiologique­1.htm) utilise un brevet  déposé en 1999 par la société Alpha Biotechconsistant à « induire » (faire absorber) certains nutriments afin d’obtenir unespiruline enrichie  : ce procédé d’induction présente­t­il un réel intérêt, au delà de ladémarche marketing dont il procède ? La question reste ouverte.

Il faut remarquer que les producteurs de spiruline mettent depuis longtemps à profitla faculté des cyanobactéries à absorber les métaux pour enrichir leur produit en fer(jusqu’à 5 g/kg) et en zinc notamment.

 

12.    SPIRULINE « BIO » OU À BASE DE PRODUITSNATURELS

 

Jean­Paul Jourdan

Jean­Paul Jourdan a expérimenté la culture de spiruline à base d’urine qu’il juge trèssatisfaisante : ainsi, un milieu à base de cendre de bois, de sel, d’urine et de fer lui apermis pendant longtemps une bonne production (pour son usage personnel). Pour une production  humanitaire, on peut utiliser les ingrédients naturels suivants :

o       Natrono       Selo       Cendre de bois (K, Ca, Mg, SO4)

o       Poudre d’os calcinés (phosphate)o       Fero       Comme apport d’azote, si l’on ne veut pas utiliser l’urine, l’urée synthétique

reste la solution la plus simple, pour un coût très modeste (le nitrate coûte pluscher et une plus grande quantité est nécessaire ; de plus il est interdit en bio enFrance).

 Il existe d’autres sources naturelles possibles d’azote :

o        Feuilles  vertes   (les   feuilles  d’ortie   fraîches,   et  d’autres  herbes  communes,plongées dans les bassins ont donné de bons résultats mais sont d’un emploi unpeu difficile)

o       Petit lait o       Tourteaux (à tester)o       Cornes, poils, plumes (à tester)o       Insectes (à tester)o       Fixation de l’azote de l’air (à vérifier)

L’urine, les feuilles et le petit lait ont l’avantage d’apporter du carbone facilementassimilable en plus de l’azote.

 

13.     INVESTISSEMENTS MINIMUM ET BAISSE DESCOÛTS

 

Jean­Paul Jourdan

Comment baisser les coûts sans trop stresser les spirulines ?On peut se passer de serre à certaines conditions rarement remplies :

o       l’eau n’est pas rare,o       les pluies ne sont pas excessives,o       le climat n’est ni trop chaud, ni trop froid,o       il n’y a pas trop de vents de sable,o       les larves et rotifères ne sont pas gênants.

 Les  bassins   d’Auroville   (cf   §   5)   en   ciment,   protégeables   par   « parapluie »   en   filmplastique, n’ont coûté que 10 $/m² avec agitation et récolte manuelles). L’estimationminimum pour 100 m² de bassins sous serre autoconstruite en France est de 20 $/m²,avec agitation et récolte par pompes. Gilles Planchon propose une système d'agitation par thermosiphon (la circulation del'eau est assuré par variation de température). Sur un bassin rond avec un fond enpente, on pose une couverture d'ombrage sur la moitié du bassin la plus profonde :l'agitation du milieu se produirait alors naturellement. 

14.     PROGRAMMES DE SIMULATION SUR ORDINATEUR

 

Jean­Paul Jourdan nous présente ses programmes informatiques de calculs,téléchargeables via Internet (http://www.antenna.ch/manuel/CALCUL.htm). Au coursdes dernières années ils ont été sensiblement perfectionnés. Ils permettent decomparer les productivités d’une production de spiruline sous serre ou à l’air libre endifférents climats, avec ou sans CO2 ou bicarbonate ajouté, et pour toutescombinaisons des paramètres opérationnels (niveau de liquide, concentration enspiruline, ombrage, salinité). Ils permettent aussi de tester l’intérêt d’accessoires telsque le chauffage ou l’éclairage artificiel, ou encore l’apport de CO2 à partir de lacombustion de biogaz. Les programmes gèrent les purges et permettent de testerl’intérêt du recyclage de milieu épuré à bas pH. Un point particulièrement importantest la possibilité de simuler la consommation d’eau en fonction du climat et desparamètres opérationnels. Enfin un volet économique permet une approche du prix derevient.

 

15.     PRÉSENTATION DE L'ISP 

   

Claude Villard

L’International Spirulina Program for reducing malnutrition (dont Ripley Fox est leDirecteur Général)  est affilié  à  l’Institute for Cooperation in Scientific Research deRome (CISRl)..Claude Villard présente le CD­Rom qui sert à expliquer ce programme et qui sera trèsbientôt diffusé au public. Son contenu est consultable sur Internet ( http://spirulina­program.org  ;  http://malnutritionzero.online.fr  ) et les personnes intervenant dans ledomaine de la culture de spiruline sont invitées à suggérer toutes les corrections ouajouts qui leurs sembleront pertinents pour améliorer ce produit d'information. 

16.     OÙ FAIRE DES STAGES D'APPRENTISSAGE ?

 

A   l’heure  actuelle,  Jean­Paul  Jourdan reste   le   seul  à   accueillir   régulièrement  desstagiaires en France, et ce bénévolement. D’autres possibilités existent au Chili (chezAyala), au Burkina Faso (Koudougou) et à Bangui en République Centrafricaine (chezKénose, cf § 3). Antenna peut aussi,  au besoin, dispenser une formation à  Genève,mais   c’est   surtout   à   Maduraï,   Inde,   qu’elle   intervient   à   grande   échelle   dans   cedomaine de la formation, à côté d’Auroville (cf § 5).La mise en place d’un certificat de spécialisation (diplôme professionnel de niveau IIIou IV) permettrait aux professionnels de la culture de spiruline d’être reconnus par lespouvoir publics.Philippe Stefanini, directeur adjoint du CFPPA du Var, communique les informationssuivantes :

Le CFPPA (Centre de Formation Professionnelle et de Promotion Agricole) pourramettre en oeuvre l'écriture d'un Certificat Professionnel de Spécialisation, puisenvisager une formation sur son site de Hyères (Var), dans l'unique cas où il serasollicité majoritairement par l'ensemble de la profession (collectif d'associationscomme TECHNAP et autres ONG à but humanitaire.). Pour ce projet, les accords deprincipe seront à envoyer au CFPPA 32, chemin Saint­Lazare, 83400 Hyères­les­Palmiers

  

17.    VISITE DES INSTALLATIONS DE LA CAPITELLE 

 

Philippe et Estelle Calamand sont installés à la Capitelle, près de Lodève, où ilcultivent la spiruline depuis 1998. A cette époque cette activité n’était pasadministrativement reconnue ; le démarrage de leur activité s’est donc précédé d’unlong parcours du combattant à l’issue duquel ils ont obtenu le statut d’agriculteur, quileur a permis d’exploiter leur 100 m², 200 m², puis actuellement 300 m² de surface deculture de spiruline. 

L’agitation se fait par pompe vide­cave (250 Watts pour 70 m²).

La période de récolte s’étend sur 5 mois par an environ en fonction des conditionsclimatiques. 

L’extrusion se fait à l’aide d’un embauchoir à saucisse modifié.

Les Calamand assurent eux­mêmes le conditionnement et la vente de leur spiruline,vendue sous forme de spaghettis droits. Une partie de la production est écoulée dansun magasin de produits diététique à Lodève, ainsi que dans 4 coopératives bio dudépartement, une autre partie est vendue à une clientèle de particuliers, sur place oupar correspondance, le restant sur les marchés du Terroir pendant la saisontouristique. Aucune publicité n’a été nécessaire pour vendre la production d’une annéesur l’autre. Philippe se montre toutefois un vendeur très convaincant.

La visite s’est achevée sur l’installation photovoltaïque qui alimente la maison etl’exploitation. 

Les Calamand ont 3 brebis qui ont été « biberonnées », faute d’avoir pu être allaitéespar leur mère, au lait en poudre additionné de spiruline. Elles se montrent en pleineforme..

 

A l’ancien Jardin Botanique, apéritifs à la spiruline d'Estelle, suivi du repas encommun et en plein air. Les convives se sont quittés dans l’après­midi et dans labonne humeur, après avoir posé pour la fameuse « photo de famille ».

 

18.    ANNEXES

RÉCAPITULATION DE RECHERCHES À FAIRE

 

Au long des présentations, un certain nombre de sujets de recherches qu’ils seraitsouhaitable de faire ou faire faire par des étudiants ou des stagiaires ont été évoquéset il paraît bon de les récapituler ici :

 

Sources d’azote bio      :  

   

Þ                Essayer les tourteaux résidus d’extraction d’huiles

Þ                Essayer des produits naturels tels cornes, poils, plumes,insectes

Þ                Etudier la fixation (éventuelle) de l’azote de l’air

   

Souches      :  

   

Þ                Pourquoi les droites ont­elles disparu à Maduraï, Auroville etBermo ?

Þ                Comment expliquer plusieurs cas de mort subite de bassins ?

 

Environnement      :  

   

Þ                Conditions pour l’autoépuration du milieu de culture

Þ                Comment éviter le « vieillissement » de la biomasse ?

Þ                Comment éviter le « vieillissement » du milieu de culture ?

Þ                Comment épurer simplement un milieu usé ?

Þ                Quelles plantes acceptent le milieu de culture comme engrais ?

Þ                Quels animaux peuvent boire du milieu usé ?

 

Fréquence de nourrissement de la spiruline      :  

 

Þ                Mesurer le rapport :

(concentration en nutriment dans la spiruline)/(concentration en nutriment

dans le milieu)

 

Filtration      :  

 

Þ                Trouver des tissus bon marché capables de remplacer lestissus techniques actuellement utilisés.