12
Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques DARES 99.04 - W 14.3 PREMIÈRES SYNTHÈSES TRAJECTOIRES PROFESSIONNELLES ET RÉCURRENCE DU CHÔMAGE ............................... . . . . . Le« chômage récurrent » recouvr~ des situa. . . , . . tions et des parcours professionnels très varies. . : Les caractéristiques individuelles, le contexte: . local de l'emploi, le passé professionnel influent. . . . . sur le devenir professionnel des personnes qUI . . sont passées par plusieurs périodes de chômage. . . . . Ainsi, toutes choses égales par ailleurs, parmi. : les chômeurs, les hommes ont 1,3 plus de ris- : . q ues de vivre un chômage récurrent que les. . . . femmes. La probabilité de retomber au chô-. . : mage est plus élevée dans les zones d'emploi: . de Roubaix-Tourcoing qu'à Marseille-Aubagne. . . . et à Cergy. Le fait d'avoir connu le chômage. : dans un passé récent augmente tfès signifi- : . cativement le risque de connaître une nouvelle. . . . période de chômage. " . . . . Néanmoins, plus d'un quart« des chômeurs ré- . . . . currents» travaillent sur contrat à durée indé- . : terminée près de trois ans après leur inscrip- : . tion à l'ANPE en 1995. Mais le CqI n'est pas. . . . toujours synonyme de stabilité puisque plus de . . 50 % des contrats à durée indéterminée retrou- . . . . vés au cours de ces trois ans, se terminent par. . . . un licenciement ou une démission. . . . . Enfin, en dépit des attentes des salariés con- . . . . cernés, le retour chez un ancien employeur ne . . sem ble P as favoriser une insertion plus stable. . . . . . . . ............................... ~;i..4........ . "" Ministère de l'emploi et de la solidarité Le chômage récurrent peut être défini par rapport à une trajectoire professionnelle dite « normale». Or, la « norme » est historiquement déterminée et peut varier selon les spécificités locales, les secteurs d'activité, le contexte institutionnel (le droit du travai1...), etc. Aujourd'hui, le chômage touche des catégories de plus en plus di- verses de travailleurs, et la progres- sion des emplois « atypiques >, (COD, intérim, contrat aidé...) ac- centue le risque de connaître plu- sieurs épisodes de chômage au cours d'une vie professionnelle. Depuis le début des années qua- tre-vingt la part des salariés sous contrat à durée déterminée et celle des intérimaires n'ont cessé de pro- gresser, passant de près de 3 % en 1983 à plus de 9 % en 1998 (/). Parallèlement la part des embau- ches sous CD! est passée de 26 % en 1988 à 21 % en 1997 (2). Par (1) - Cette proporriotJ .~erapporte el LOu.~ les .wlariés, sauf ceux de l'État et de~. wllecth'ité.~ rerriLOrillle.~ (source INSEE - enquêtes emploi 1983 et 1998) (2) - Il s'agit de la propol"liml de C!JI .~ur l'ensemble des embauches el! CDI et CDD (.wurce: DMMO-EMMO, DARES. INSEE).

Ministère du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion · ailleurs, entreledeuxième semes-tre 1995etlepremier semestre 1998levolume dutravail intéri-maireaaugmenté de47%(3).A lafindesannéesquatre-vingt-dix

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Page 1: Ministère du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion · ailleurs, entreledeuxième semes-tre 1995etlepremier semestre 1998levolume dutravail intéri-maireaaugmenté de47%(3).A lafindesannéesquatre-vingt-dix

Direction de l'animation de la recherche,des études et des statistiques DARES

99.04 - W 14.3

PREMIÈRES SYNTHÈSES

TRAJECTOIRES PROFESSIONNELLESET RÉCURRENCE DU CHÔMAGE

................................ .. .

. Le« chômage récurrent » recouvr~ des situa. .. , .. tions et des parcours professionnels très varies. .: Les caractéristiques individuelles, le contexte:. local de l'emploi, le passé professionnel influent.. . .. sur le devenir professionnel des personnes qUI .. sont passées par plusieurs périodes de chômage. .. .. Ainsi, toutes choses égales par ailleurs, parmi.

: les chômeurs, les hommes ont 1,3 plus de ris- :. ques de vivre un chômage récurrent que les.. .. femmes. La probabilité de retomber au chô-. .: mage est plus élevée dans les zones d'emploi:. de Roubaix-Tourcoing qu'à Marseille-Aubagne.. .. et à Cergy.Le fait d'avoir connu le chômage.: dans un passé récent augmente tfès signifi- :. cativement le risque de connaître une nouvelle.. .. période de chômage.

"

.. .. Néanmoins, plus d'un quart« des chômeurs ré- .. .. currents» travaillent sur contrat à durée indé- .: terminée près de trois ans après leur inscrip- :. tion à l'ANPE en 1995. Mais le CqI n'est pas.. .. toujours synonyme de stabilité puisque plus de .. 50 % des contrats à durée indéterminée retrou- .. .. vés au cours de ces trois ans, se terminent par.. .. un licenciement ou une démission. .. .. Enfin, en dépit des attentes des salariés con- .. .. cernés, le retour chez un ancien employeur ne .. sem ble Pas favoriser une insertion plus stable. .. .. .. ................................

~;i..4......... ""Ministère de l'emploi

et de la solidarité

Le chômage récurrent peut êtredéfini par rapport à une trajectoireprofessionnelle dite « normale».Or, la « norme » est historiquementdéterminée et peut varier selon lesspécificités locales, les secteursd'activité, le contexte institutionnel(le droit du travai1...), etc.

Aujourd'hui, le chômage touchedes catégories de plus en plus di-verses de travailleurs, et la progres-sion des emplois « atypiques >,(COD, intérim, contrat aidé...) ac-centue le risque de connaître plu-sieurs épisodes de chômage aucours d'une vie professionnelle.Depuis le début des années qua-tre-vingt la part des salariés souscontrat à durée déterminée et celledes intérimaires n'ont cessé de pro-gresser, passant de près de 3 % en1983 à plus de 9 % en 1998 (/).Parallèlement la part des embau-ches sous CD! est passée de 26 %en 1988 à 21 % en 1997 (2). Par

(1)- Cette proporriotJ .~erapporte el LOu.~les

.wlariés, sauf ceux de l'État et de~. wllecth'ité.~

rerriLOrillle.~ (source INSEE - enquêtes emploi1983 et 1998)

(2) - Il s'agit de la propol"liml de C!JI .~url'ensemble des embauches el! CDI et CDD(.wurce: DMMO-EMMO, DARES. INSEE).

Page 2: Ministère du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion · ailleurs, entreledeuxième semes-tre 1995etlepremier semestre 1998levolume dutravail intéri-maireaaugmenté de47%(3).A lafindesannéesquatre-vingt-dix

ailleurs, entre le deuxième semes-tre 1995 et le premier semestre1998 le volume du travail intéri-maire a augmenté de 47 % (3). Ala fin des années quatre-vingt-dixprès d'un tiers des Français déclareavoir vécu au moins une périodede chômage au cours des dix der-nières années et la part de ceux quiont vécu au moins trois périodesde chômage, augmente constam-ment (4).

Cependant les emplois « précai-res » ne structurent pas de façonidentique les parcours profession-nels et n'ont pas le même sens pourtous (encadré 1). Ils peuvent n'êtrequ'un répit avant une nouvellepériode de chômage, ils peuvents'inscrire dans une récurrence ré-gulière, ils peuvent s'enchaîner sanspassage par le chômage, ils peuventenfin fonctionner comme de véri-tables sas vers un emploi plus sta-ble (5).

Si le passage par des périodesde chômage devient, pour une par-tie de plus en plus importante dessalariés, une sorte de« nonne », les« chômeurs récurrents» ne corres-pondent, ni à une catégorie socio-logique ni à une catégorie adminis-trative clairement définie.

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'jj!

Une définition largedu chômage récurrent

Parmi les répondants aux troisvagues d'enquête du panel «Tra-

(3) - tltllume de trawlil intérimaire ell équi-

~'alerJt.~-emploi.f à temp.f plein. (,wlUra ."DARES,

exploita/ion de.fjichier.f UNEDIC deJ déclara-tiofl.f men.HIefleJ deJ a!{eflCe.f d'intérim).

(4)- Enqllê/eJ .wr l'opinion deJ FrançaiJ,

Cahier.f du CREDOC rJM149//994, /60//995,

/7///996 et /8///997, el rapport IPSOS /998.

(5)-Cf V Hen!{uelfe,... Les emploiJ sur con-

trat à durie déterminée: 1111mode (/'an."èJ elremploi .ftable ? », ;', Travail et emploi n05R/94. pp. 77.93.

(6)- N(!u.~ ne "ous intireHeronf paJ aux

primo-demandeurs dont l'en/rie danJ la vieactive e.f/ caractirisée par l'alternance d'em-plois précaires, de chÔII/aKe et deformatioll (ou

d'uutres di.fpmitiff d'aide el f'imertÙm). Dansleur ('a,f, fa ré('urrena de périodes de chiif1w!{ee,ft analpie ('omme c01utitllti\'e d'un pro('es-

.ws d'in.fertioT! profenioT!nefle complexe quis 'éf(lle .H/rplusieurs armée.f.

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1

PREMIÈRES SYNTIIÊSES

jectoire des demandeurs d'emploiet marché local du travail» (TDE-MLT), cette étude s'intéresse à

ceux qui, ayant déjà travaillé avantleur inscription à l'ANPE au prin-temps 1995, ont retrouvé un emploi,puis à nouveau connu le chôma-ge (6) (encadré 2).

Cette définition minimaliste des« chômeurs récurrents» conduitnéanmoins à rassembler sous unemême catégorie des parcours trèshétérogènes. Le fait d'avoir vécuau moins deux périodes de chô-mage au cours de l'enquête n'estpas une condition suffisante pouridentifier une population de deman-deurs d'emplo,i aux parcours pro-ches. Entre ceùx qui obtiennent unemploi stable relativement rapide-ment (premier type de trajectoire)et ceux qui passent presque l'inté-gralité de la période observée auchômage (deuxième type de trajec-toire) les parcours des « chômeursrécurrents)} sont très varié,s selon

le nombre, la durée et les' statutsdes emplois retrouvés ainsi que larégularité plus ou moins importantede l'alternance chômage/emploi.

Une population jeune,

masculine et ouvrière

Les « chômeurs récurrents », tels

que définis précédemment, repré-sentent plus d'un tiers des répon-dants aux trois vagues d'enquête.Il s'agit d'une population mascu-line (61 %) et principalement âgéede 25 et 34 ans (47 %). Les ouvriersqualifiés (23 %) y sont plus repré-sentés que dans l'ensemble de lapopulation (16 'le) entrée au chô-mage au printemps 1995 dans leshuit zones d'emploi étudiées dansl'enquête.

Une régression logistique a per-mis de mesurer "inf1uence, « tou-tes choses égales par ailleurs ", dusexe, de l'âge, de la qualification,de la zone d'emploi, du passé pro-fessionnel, du type et de la situa-tion financière du ménage. Ainsi,

2

un demandeur d'emploi inscrit àl'ANPE au printemps 1995, ouvriernon qualifié, âgé de 25 à 35 ans,résidant dans la zone d'emploi deRoubaix-Tourcoing, vivant seul. etayant déjà connu au moins deuxpériodes de chÔmage et d'emploidans un passé récent, a une proba.bilité d'environ 72 'le de retrouverun emploi et de connaître à nou-veau le chômage, contre 66 % pourun femme ayant les mêmes carac-téristiques (encadré 3, tableau A).Pour un demandeur d'emploi auxcaractéristiques identiques mais ré-sidant dans la zone de Marsei lIe-Aubagne, la probabilité passe à60 %. Ce risque diminue sensible-ment s'il n'ajamais connu le chô-mage auparavant. Globalement lesplus jeunes et les personnes isoléesont une probabilité plus élevée deconnaître un chômage récurrent.

Un « chômeur récurrent»sur deux avait déjà connule chômage

Avant leur inscription à l'ANPEen 1995, trois chômeurs récurrentssur quatre étaient entrés sur le mar-ché du travail depuis trois ans ouplus et seulement 7 % depuis moinsd'un an.

Au cours des trois années pré-cédant leur inscription à l'ANPE en1995, la moitié des chômeurs ré-currents de l'échantillon n'avait pasconnu le chômage, près d'un tiersavait connu une période de chô-mage, et près d'un cinquième deuxou plus. De façon symétrique, aucours ùe la même période, quatrechômeurs récurrents sur dix avaienteu un seul emploi (contre près desix sur dix parmi les non-récur-rents), les autres en cumulant deuxou plus. Dans l'ensemble la grandemajorité de la population étudiéeétait en emploi juste avantl'inscrip-tion à l'ANPE en 1995 (74 % dont24 'le en CD!, 31 'le en CDD, 9 %en contrat aidé et 7 % en intérim).Les autres étaient inactifs (II %)ou en formation (13 %).

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1.\.3

Page 3: Ministère du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion · ailleurs, entreledeuxième semes-tre 1995etlepremier semestre 1998levolume dutravail intéri-maireaaugmenté de47%(3).A lafindesannéesquatre-vingt-dix

Huit types de trajectoiresPendant les trente-trois mois qui

ont suivi l'inscription à l'ANPE,huit types de trajectoire ont étéidentifiés selon le temps passé enemploi, le nombre d'épisodes dechômage, le type d'emploi retrouvéau cours de la période, la durée dela première recherche d'emploi (en-cadré 2).

A la limite de la récurrence, leretour rapide à l'emploi « stable »,la persistance du chômage oul'inactivité dominent les trois pre-miers types de parcours.

Les cinq autres parcours sontcaractérisés par une plus fortealtemance de chômage et d'emploi.Ils présentent néanmoins de gran-des différences quant au statut desemplois retrouvés, leur durée cu-mulée et la situation près de troisans après l'inscription à l'ANPE.

Type 1 - Une réinsertion rapide etrelativement stable

Près d'un chômeur récurrent surcinq (19 %) se retrouve dans cetteclasse, plutôt masculine (70 %d'hommes), et plus qualifiée quel'ensemble de la population étudiée(les ouvriers qualifiés, les cadreset les agents de maîtrise y sontsurreprésentés). Le retour à l'em-ploi aété relativement rapide (cinqmois en moyenne) et même si cepremier emploi a été perdu, le tra-vail occupe les deux tiers de lapériode (graphique 1).

Plus de la moitié des individusde cette classe, n'avait pas connule chômage entre 1992 et 1995 etun peu moins d'un tiers ne l'avaitvécu qu'une seule fois. Deux per-

(7)- Daru l'analyse, les perSOr1f1e,s lra-

mil/am il leur compte sonl assimilée.s il cellesqui Iramillent el! COI. Dans ce type de trajec-

toire elles représel/lerZl JJ % de ceux qui oTlt un

"emploi stable» tllfif! de parcours.

(R) -Au courx de {'aI/liée 1996 un peu //Ioins

d'une embauche t'n CDI sur cinq s'est opéréepar trtUl.\formario!/ d'ull CDD «(f. R.Cellier.

D.Cetol. D. Rwnafldraiwmo!Ju, "us emplois

t'II corI/rat à durée déterminée en /996 », Pre-mières Synthèses 9R. JJ -no48.2)

PREMIÈRES SYN11IÈSES

Graphique 1Répartition des situations mensuelles

des personnes ayant le premier type de parcours

.f

100

80%

60%

40% '

0%Mois 1 Mois31

Champ: ensemble des individus considérés comme chômeurs récurrcnts- Type 1. Êchanlillon :

329 personnes.Source: MES-DARES, enquête TDE-MLT.

sonnes sur trois avaient eu deuxemplois ou plus, mais dans de nom-breux cas le changement d'emplois'était fait sans pas~age par lé chô-mage. .

Le mois précédant leur inscrip-tion à l'ANPE en 1995, ils étaientsurtout en emploi: 80 % dont 36 %en CD!, 25 % en COD, 8 % en con-trat aidé, et 6 % à leur compte. Lesautres étaient en formation (8 %) ouinactifs (9 %).

Ceux qui, avant l'inscription àl'ANPE en 1995, occupaient unCOI, ont deux fois plus de chancesde connaître ce type de trajectoireque ceux qui ont connu une fin deCOD. Plus on est qualifié et plusest élevée la probabilité de se réin-sérer de façon stable après plu-sieurs passages par le chômage(ouvriers qualifiés ou cadres etagents de maîtrise ont environ deuxfois plus de chances qu'un ouvriernon qualifié de se réinsérer dura-blement). Enfin, le fait de ne pasavoir connu de chômage dans lestrois années qui précèdent l'inscrip-tion à l'ANPE multiplie par une foiset demi les chances d'avoir ce typede parcours, pour toutes les zonesenquêtées hormis celle de Lens.

Trente-trois mois après leur ins-cription à l'ANPE, la grande majo-rité de ces person'nes a retrouvéun certaine stabilit~ puisque deuxsur trois sont en COI ou à leurcompte (7) (contre 17 % au chô-mage et 7 % en emploi précaire).Un contrat à durée déterminée a,dans quatre cas sur dix, précédé cedernier COI (un autre CD! pour28 % des cas et une mission d'in-térim pour 20 %). Mais pour plusd'un tiers des personnes qui parta-gent ce type de parcours, le CD!en cours à la fin de la période d' ob-servation est consécutif à un COD(22 %) ou à un emploi d'intérimaire(12 %), utilisés par l'employeurcomme période d'essai (8).

3

Type 2 - Un chômage persistant

Un peu moins d'un tiers de lapopulation (31 %) se retrouve danscette classe où femmes et hommessont également représentés, mais àlaquelle les plus jeunes semblentéchapper.

.

Ce type de trajectoire est, à l'op-posé du premier, caractérisé par uneforte durée cumulée de chômage

'f9,04.N" 143

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(en moyenne deux ans). Après unepremière période relativement lon-gue de recherche d'emploi (13 moisen moyenne), un ou deux emploisde courte durée ont interrompu unparcours qui semble, pour une ma-jorité, conduire à l'enlisement dansle chômage de longue durée (gra-phique 2).

Lorsqu'elles s'inscrivent au chô-mage en 1995, près de huit person-nes sur dix de cette catégorie ontun passé professionnel long (troisans ou plus) et entre 1992 et 1995,plus de la moitié n'a pas connu lechômage. Mais, si près d'une per-sonne sur deux a eu un passé pro-fessionnel relativement stable,30 % ont peu travaillé au cours desannées 1992-1995 et un tiers apassé plus de 40 % de ce temps auchômage (contre seulement 15 %des personnes qui ont connu le pre-mier type de parcours). Pour unepartie de cette population, les dif-ficultés de réinsertion sont antérieu-res à 1995. Alors que trois person-nes sur quatre étaient en emploi lemois précédant l'inscription àl'ANPE (28 % en CD! et 20 % enCOD), près de 14 % étaient en con-

trat aidé (dans sept cas sur dix, unCES), 13 % en formation et Il %étajent inacti yeso

,.,

A l'inverse du premier type deparcours, l'ancienneté et la stabi-lité du passé professionnel n'assu-rent pas une sortie rapide et stabledu chômage: ceux qui ont un passéprofessionnel long et stable sont unpeu plus souvent des femmes, etsont plus âgés et moins qualifiésque leurs homologues de la pre-mière classe.

Trente-trois mois après l' inscrip-tion à l'ANPE, 64 % des person-nes présentes dans ce type de par-cours sont au chômage, 12 % enCD!, 8 % en COD et 6 % en for-mation.

Toutes choses égales parailleurs, c'est dans les zones del'Étang de Berre et de Marseille-Aubagne que la probabilité de ren-

Le récit de Monsieur F. est représentatif d'une partie des personnes qui se retrou-vent à vivre un -~chômage 'persistant ». Cadre maison. qui s'est fortement investidans le Iravail, il voit le chômage « lui tomber dessus» de façon inattendue...

Au moment de l'entretien (encadré 1), Monsieur F. (47 ans) est au chômage de-puis près J'un an el se dit découragé bien que non résigné. Disposant d'un CAP demenuiser ébéniste imposé par son père, il choisira après son service militaire, lemétier de «son paternel» (VRP), qu'il exercera avec succès pendant une vingtained'ànnées. Un travail qu'il aime, dans lequel il s'épanoui!, un métier qu'il trouveenrichissant, jamais monotone,fait de rencontres et de défis et dans lequel il satisfaitson désir d'autonomie. Sa carrière évoluera rapidement: inspecteur des ventes,formateur, chef d'équipe... l'argent aussi suivra. C'est la mésentente avec la nou-velle direction, qui remettait en cause son autonomie dans le travail, qui est à /' ori-gine de sa première période de chômage. 11retrouvera rapidement un nouvel emploimais quelque c/wse s'est cassé: Monsieur F. découvre que pour trouver un travail cen'est plus comme avant... Sa carrière s'a"ête de façon brutale au moment où plu-sieurs événemen~s s'enchaînent: le décès de ses parents, un accident qui l'invalidependant un an, la fermeture de son entreprise... Une formation, de huit mois luipermet de retardbrla dégressivitéde son allocationde chômage, mais « dans sa têteil se sent chêmeu:,. ». Après son inscription à l'ANPE au cours du printemps 1995, unbref stage en entreprise aboutira à une embauche en CDI qui s'arrêtera onze moisplus tard. Il a alors « l'impression d'être un pestiféré, un lépreux.n de ne plus com~muniquer avec Ib monde du travail ». Il se sent «fautif.. rabaissé... JI>: dépendantde sa femme et des allocations, il a le sentiment «d'être un oiseau sans ailes, quireste à terre, ne' décolle plus ». Après maintes recherches, lettres qui restent sansréponse, arnaquts, propositions inacceptables ...il se sent « au point mort)/J,dansune situation où ,'« on ne peut plus bouger parce que ça ferait des dépenses », il nevoit pas of le boJt du tunnel )/J, il se voit comme « sous un orage où il fait toujours

noir ». Après un~ vingtaine d'années d'emploi stable il a l'impression d'être sortid'une «bulle» p'our s'apercevoir que oftout a changé ». Le travail n'est plus évaluésur des critères de compétence et d'expérience. Les «patrons ont tout le pouvoir; ilssont rois et profitent de la crise )/J. Ils sont devenus des personnages virtuels qui se

cachent derrière des chasseurs de têtes, ils deviennent injoignables et proposent desconditions de travail de plus en plus difficiles. Même si Monsieur F. a révisé enbaisse ses ambitions en termes de salaire et de carrière, il n'est pas prêt à toutsacrifier: il sent qu'il Vil une étape importante de sa vie professionnel/e, qu'il estsur « la dernière ligne droite)/Javant la retraite et qu'il ne peut pas accepter despetits boulots sans lendemain. Il lui/aut retrouver quelque chose de stable, retrouverle plaisir du travail, sortir de celte sorte de « prison» dans laquelle il se sent en.fenné et diminué.

Graphique 2Répartition des situations mensuelles

des personnes ayant le deuxième type de parcours

100%

80%

20%

Mois ]1 Moisll Mois 3]

Champ: ensemble des individus considérés comme chômeurs recurrents - Type 2. Êchantillon :

562 personnes.Source: MES-DARES, enquête TDE-MLT.

PREMIÈRES SYNTHÈSES 4 9>,1J}4.N" 14.3

Page 5: Ministère du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion · ailleurs, entreledeuxième semes-tre 1995etlepremier semestre 1998levolume dutravail intéri-maireaaugmenté de47%(3).A lafindesannéesquatre-vingt-dix

contrer ce type de trajectoire est laplus élevée. De même, si le der-nier emploi de plus de trois moisexercé au cours des trois dernièresannées a été un contrat aidé ou unCOI, les risques de suivre ce typede parcours augmentent signifi-cativement.

Type 3 -Le retrait temporaire dumarché du travail

Ce type de parcours concerneune minorité d'individus (3,5 cle).lIs'agit d'une population plutôtféminine (64'!c de femmescontre 39 '!c pour J'ensemble deschômeurs récurrents), jeune (untiers a moins de 25 ans et 70 %moins de 35 ans) et composéed'employés (63 % contre 49 %). Letemps passé en emploi au cours destrente-trois mois d'observation esttrès faible (six mois en moyenne)alors qu'un tiers de la période necomporte ni activité profession-nelle, ni formation (graphique 3).

Avant 1995, près de six person-nes sur dix avaient connu au moinsune période de chômage et deux surdix, deux ou plus. Plus d'un tiersavait eu au moins trois emplois -donc un passé en majorité assezinstable. Globalement il s'agitd'une population au passé profes-sionnel relativement court, dont leretrait temporaire du marché du tra-vail s'inscrit dans une phase ducycle de vie qui correspond au ser-vice nàtional pour les garçons et àla maternité pour les filles.

L'inactivité pour plus de la moi-tié du groupe (57 %), ou le chômagedans un cas sur quatre, marquentla fin de la période d'observation.

Type 4 - VII parcours très actif

mais illstable

Ce type de parcours rassemble14 % de la population. Dans cettecatégorie, plutôt jeune (le plus sou-vent entre 25 et 35 ans) et à paritéhommes-femmes, les cadres et em-ployés sont surreprésentés.

Graphique 3Répartition des situations mensuelles

des personnes ayant le troisième type de parcours

JOO'k

80%

60%

(;Ilnlérim

IiJCDD

20'k

DChômagt:

o Inactivité

0% -"t.-,t--'I,._.+-t'-I,--t-t--I-~-t---t t--I~t--t--t-+-t -I-+-i"-'I t. 1- -1-1--+--'---1--+--'

Mois 1 Mois 6 Mois Il Mois 16 Mois 21 Mois 26 Mois 31

Champ: ensemble des individus considérés comme chômeurs récurrents - Type 3. Échantillon:

75 personnes,Source: MES-DARES, enquête TDE-MLT.

Les types d'emplois retrouvés aucours des trente-trois mois d' obser-vation ainsi que leur nombre dis-tinguent ce parcours de celui de lapremière classe. En effet, si 1e re-tour à l'emploi a été rapide et si letemps passé en emploi occupe lesdeux tiers de la période observée,les contrats à durée déterminée do-minent (graphique 4).

Au cours des années 1992-1995les personnes concernées ont connuun peu plus souvent le chômage.Majoritairement en emploi (78 %)juste avant leur inscription àJ'ANPE au printemps 1995, ellesétaient surtout en COD (43 %),mais 21 % d'entre elles avaientperdu un emploi à durée indéter-minée.

Graphique 4Répartition des situations mensuelles

des personnes ayant le quatrième type de par~()urs!(X)%

80%

60%

20%

"

0%

MoisI

Champ: enscmble des individus considàés comllic chômeurs récurrents - Type 4. Échantil10n :

244 personnes.Source: MES-DARES,cnquétcTDE-MLr.

PREMIÈRES SYNTlIÈSES 5 '1'J.1I4.~" 14.3

Page 6: Ministère du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion · ailleurs, entreledeuxième semes-tre 1995etlepremier semestre 1998levolume dutravail intéri-maireaaugmenté de47%(3).A lafindesannéesquatre-vingt-dix

Thomas a 34 ans. Au moment de l'entretien, il était agent de sécurité pour une entreprise de gardiennage, métier qu'iln'ovaitjamais exercé auparavant. Son contrat était sur le point de s'achever et il n'avait pas de perspectives évidentes dereconduction.

Pendant huit ans, il a fait fonction d'employé de bureau dans une étude notariale. Thomas considère cette époque de sa ~'iecomme la plus accomplie. Depuis, il travaille irrégulièrement. Issu d'un milieu «ouvrier », il a toujours eu le désir de s'enextraire, de «réussir»: devenir patron, créateur d'entreprise, et obtenir ainsi la place sociale qu'il mérite.

Thomas a un «niveau BEP ». Selon lui, un des problèmes qu'il rencontre dans sa recherche d'emploi tient à son absence dediplômes.. plus précisément dans le fait que les employeurs se bornent à n'évaluer le pO/entiel des employés qu'à celle seuleéchelle.

Il a d'abord été commerçant en franchise, puis employé de bureau en contrat à durée indéterminée (chez un notaire), puisintérimaire ou en CDD dans différents secteurs d'activité. Une trajectoire descendante ,selon lui, car sa norme, du moment oùil n'est pas lui-même chef d'entreprise, reste le CDf à temps plein, seulefonne qui puisse garantir l'implication et la progres.sion dans l'entreprise.

Thomas,surtout lorsqu'if a travaillé dans l'étude notariale, s'est investi totalementdans son travail et identifié à son patronau point de parfois s'y substituer dans ['organisationde l'Étude. Son licenciementlui est littéralementtombé dessus.' il lui « afallu bien deux ans pour s'en remettre, se relever ». Il ne p~uvait ni comprendre ni admeltre qu'ayant toujours été fidèle à sonemployeur. ce1ui.ci s'en débarrasse sans le moindre égard, kn ne prenant en compte que le salaire qu'il représentait.

Celte expérience ne remet cependant pas en cause fondaJ;nentalement son rapport au travail. Thomas est trop dépendant deson rapport à ['entreprise pour faire bouger ses représenfations. Il va donc d'abord construire un schéma explicalif .' les« patrons» se partagent en rétrogrades et modernes. Les premiers développent une vision économiste au premier degré et netiennent compte que du diplôme pour embaucher, les seconds évaluent le salarié à sa capacité participative. sa motivation. Sonproblème est que tous les «patrons» qu'il côtoie sont de lq première catégorie. Aussi, pour s'en sortir, cherr:he+ill'idée, leproduit qui lui assureront laforlune. Cette quête qui pourra;; s'inscrire dans une logique de renforcement de l'autonomie, prendparfois des allures désespérées. Thomas ne possède pas en effet les atouts nécessaires à la mise en œuvre de ce type de projet:réseau relationnel, diplômes, compétences, soutien finander. Il est donc réduit à espérer « tomber sur la bonne idée », etmobilise son énergie dans celle recherche.

.

Trente-trois mois après leur ins-cription au chômage en 1995, prèsde huit personnes sur dix sont enemploi souvent à durée limitée.Toutefois, un tiers d'entre elles onttrouvé un emploi à durée indé-terminée (9); il s'agit surtoutd'ouvriers, et de personnes demoins de 35 ans ou plus de 45 ans.A l'inverse des trois types de par-cours qui suivent, le CDD sembledonc être pour elles plutôt un sasvers une insertion plus stable.

Toutes choses égales. par ailleursc'est le passé professionnel quisemble expliquer le plus ce type detrajectoire et notamment le faitd'avoir déjà exercé des CDD avantl'inscription au chômage en 1995.Par contre, on n'observe pas ici dedifférences significatives entre leszones d'emploi.

Type 5 - Les parcours dominés par

l'intérim

7,5 % des chômeurs récurrentsse retrouvent dans cette classe quirassemble surtout une populationjeune (27 % ont moins de 25 anscontre 20 % pour \' ensemble deschômeurs récurrents) masculine et

ouvrière. Si en moyenne, sur lestrente-trois mois d'observation, ilsen ont passé vingt et un en e.mploi,il s'agit essentiellement d'emploisintérimaires (graphique 5).

L'entrée au chômage en 1995 nesemble pas marquer un infléchis-sement de trajectoire: globalementles personnes qui partagent ce par-cours ont déjà connu des périodes

de chômage de courte durée avantcet événement et ont eu plusieursemplois (surtout des missions d'in-térim) au cours des trois années quil'ont précédé. Par exemple, touteschoses égales par ailleurs un ancien

(9)- Le.~ CDD débouchent plus .tou~'enl.fllr

de.~emplois « sluble.~"

que les emp/oi.~ irrriri.

muires (respectivement 52 % des CDD lrou\.b

er 20 % des emploÜ en imérim).

Graphique 5Répartition des situations mensuelles

des personnes ayant le cinquième type de parcours100%

80%

40%

--,..,"._L..'.."""

Mois 1 Mois 6 tl.1ois] 1 tl.1\,is16 Mois 21 Mois 26 Mois ~I

Champ: ensemble des individus considt5rt5s comme chÔmeurs récurrents -Type 5. Éch:J.ntilion:156 personnes.Source: MES-DARES. enquêlc TDE-MLT.

PREMIÈRES SYNTlIÈSES 6

Page 7: Ministère du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion · ailleurs, entreledeuxième semes-tre 1995etlepremier semestre 1998levolume dutravail intéri-maireaaugmenté de47%(3).A lafindesannéesquatre-vingt-dix

intérjmaire. ouvriers non qualifié,résidant à Marseille a quatre foisplus de « chances» de se trouverdans ce type de parcours qu'unancien travailleur en COD. Alorsque le mois précédant l'inscriptionà)' ANPE en 1995, seulement 5 '7e

de l'ensemble des" chômeurs ré-currents » étaient en intérim. 18 %des personnes ayant eu ce type de

Pour Pierre, 28 ans au moment de

/' enquête, l'intérim est un pis.aller,mais il lui arrribue des avantages parrapport à d'autres formes d'emploiprécaire: la variété du travail, dessalaires plus intéressall/s qu'en CDD,la possibilité d'acquérir différentescompétences, et, en « pleine période»d'activité, une certaine conrinuité dutravail. l/ travaille avec la mêmeagence d'inrérim depuis WJan et demi,une agence spécialisée dans sonsecteur et connue par les entreprisesde la région de Mantes. Si ce qui luisemble important c'est fi' d'avoir untravail et un salaire décenrs », il anéanmoins des idées assez précises surce qu'il veut et ne veut pas faire.Serrurier-soudeur de fonnation, il estau chômage au moment de l'enrretien,mais a toujours retrouvé du travailassez rapidement Donc, pas« le tempsde chercher une embauche », mêmes'il a l'espoir qu'une des missions in-térimaires débouche un jour sur une«place fixe », c'est-à-dire un CDJ. Ilpréfère travailler tU!façon artisanale,dans des petites sociétés où on maî-trise tout le processus de production.Dans le passé il a déjà travaillé en CDJet il a changé plusieurs fois d'em.ployeur. A cette époque, il parlait delui.même et il retrouvait très facile-ment un autre travail. S'il évite lesCDD c'est que non seulement ils nesont pas aussi bien rémunérés que lesmissions d'intérim, mais, d'après sapropre expérience, ils ne faciliteraientplus, comme par le passé, l'accès à unCD!.

En réfléchissant à son avenir et GlUmoyens d'accéder à un emploi« fixe »,Pierre envisage plusieurs possibilités:se mettre à son compte, mais cela sup-pose un capital dont il ne dispose pas:changer de métier et choisir un cré-neau plus porteur, mais cela lui de-manderait de repartir à zéro alors qu'ila acquis une certaine qualification:abandonner son metier et devenir pom-pier professionnel (il est volontaire) :c'est peut-être vers cette dernière voiequ'il essayera de s'orienter.

parcours étaient dans cette situa-tion. Cependant, un sur cinq a perduun CD! et presque autant un COD.

Majoritairement en intérim(51 %) ou au chômage en fin deparcours, ils ne sont que 13 % àavoir finalement trouvé un COI. Lazone géograpbique est très signifi-cative pour expliquer cette trajec-toire qui est la plus fréquente àMantes (dans le secteur de lacons-truction) et à Roubaix-Tourcoing(dans le textile et le commerce).Toutes choses égales par ailleurs,la probabilité de la rencontrer estdeux fois plus forte dans la zonede Roubaix-Tourcoing que danscelle de Marseille-Aubagne.

Type 6 -L'alternance chronique

9 % de l' ensemble" des chô-meurs récurrents » sont concernéspar ce type de parcours: en parti-culier des femmes (dans la trancbed'âge 25-35 ans) et des ouvriersnon qualifiés. Depuis l'inscriptionà l' ANPE en 1995, leur trajectoireprofessionnelle est marquée par unegrande alternance de chômage et .d'emploi: beaucoup de transitionsdonc (neuf en moyenne sur la pé;

riode) et beaucoup d'emplois« aty-piques» (CDD, intérim, emploissaisonniers). Le retour à l'emploi aété rapide (quatre mois et demi)mais le parcours se termine soit parle chômage soit par un emploi àstatut précaire. Seulement 12 % deseffectifs de cette classe trouvent unCOI trente-trois mois après l'entréeà l'ANPE (graphique 6).

Leur passé professionnel étaitdéjà instable, ou plutôt « stabledans l'alternance», mais ils étaientrelativement actifs: six personnessur dix avaient déjà connu le ehô-mage au moins une fois et un tiersavait eu au moins deux périodes dechômage. Leur activité était déjàponctuée de petits boulots. Le con-trat à durée indéterminée est uneexpérience relativement rare dansce groupe, mais plus souvent quel'ensemble de la population étu-diée, ils étaient en emploi justeavant leur inscription à l'ANPE en.1995 (85 %).

On peut donc dire que cet évé-nement n'est pas significatif dansce type de trajectoire. La récurrencede courtes périodes de cbômage etd'emploi caractérise depuis quel-'ques années leur parcours profes-

: sionne\.

Gra'phique 6Répartition des situations mensuelles

des personnes aya!Jt le sixième type de parcours100%

80%

60%

20%

PREMIÈRES SYNTHÈSES 7

Page 8: Ministère du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion · ailleurs, entreledeuxième semes-tre 1995etlepremier semestre 1998levolume dutravail intéri-maireaaugmenté de47%(3).A lafindesannéesquatre-vingt-dix

Sabine et Stéphanie sont respectivement âgées de 27 et 23 ans et se retrouvent à partager ce parcours. Pourtant leur récitrévèle des expériences professionnellés différentes et des perceptions diverses de leur situation et de leur avenir.

Les deux jeunes femmes sont confrontées aux difficultés d'insertion professionnelle que subissent nombre de jeunes faible~ment diplômés. La première est sortie de l'école aVeC un CAP de sténodactylo, la seconde a échoué à un BAC G qui lui auraitété imposé contre son gré.

-Sabineépouse un homme qui est machiniste,.et peut ainsi prendre son autonomie. Depuis trois ans, elle travaille dans lazone de Roubaix~Tourcoing, en intérim, ç:omme opératrice de saisie, avec des interruptions saisonnières caractér~tiques desfluctuations d'activité de la vente par corri!spondance.Dès le début de l'entretien elle déclare qu'elle « rechercheun emploidepuis huit ans », et souligne qu'elle ((

n'a jamais, trouvé d'emploifEXe ». Elle vit sa situation comme une situation de blocagecar pendant tout ce temps elle n 'a pas ménagé ses efforts pour rechercha « réellement» un emploi. D'une certaine manière ellea épuisé toutes les possibilités, envisagea.nt de pasSer des concours, pour se rendre compte qu'elle a un niveau de formation tropfaible, ou projetant un moment de créer une micro-entreprise,(( mais il nefaut pas avoirfroid aux yeux ». La progressionde sonrécit l'amène à considérer qu'elle a tout tenté, sans (( jamais trouver quoi que ce soit », c'est-à-dire un «emploifue» commecelui de son mari. Elle est ainsi conduite à exp~iiner un sentiment de « ras le bol» et en appelle à une «rébellion des chô-

émeurs ». seule voie pour sortir d'un situation --'Gbsurde ». où on se sent « éliminé »..,Stéphanie vit avec ses parents qui la « soutkn~:~nt matériellement et moralement» dans la zone de Mantes-la-Jolie. Plongée

~depuis son enfance dans le monde du commèrce l; depuis l'âge de six ans je fais les marchés avec ma maman»), c'est dans ce~secteur qu'elle aimerait travailler. Le contab avec les gens, «le côté relationnel» c'est ce qui lui plaît et à terme« son but, cetiserait J'avoir une gérance ou d'être propr~étaire d'une boutique ». En attendant, eUe accepte tout boulot, quel qu'il soit et, «quelle qu'en soit la durée », parce que le travail est en soi source« d'épanouissement», et que« tout travail apporte quelque

kchose ». Il',

"~

Avoir du travail ((

c'est primbrdial» pottr Stéphanie et ce ne sont pas les courts CDD (le plus long qu'elle ait eu a duré6 mois), ou des emplois qui ne correspondtnt pas à ce qu'elle aimerait faire, qui peuvent la décourager. Elle considère ne pasavoir « les bagages pour exiger quoi que c~ soit, que ce soit au niveau du poste ou au niveau du salaire» : « quand on est auchômage, on n'exige pas. on prend ce'qu:fon nous propose ». Ainsi secrétariat ou vente, elle prend ce qu'elle trouve, avecl'espoir de tomber unjour sur un poste (( év,olutif», un CDD qui se transfonnerait en CD/... Son but à terme est en effet d'avoir«un travail stable. une vie stable ». Dans Fimmédiat, le plus important c'est d'éviter le chômage. Dans ce cas, tout travail estJe bienvenu et tous les moyens sont bons pour en trouver un.

Toutes choses égales piHailleurs, ce sont dans les zones duNord-Pas-de-Calais et de Mantesque la probabilité de partager cetype de trajectoire est la plus éle-vée. Dans la première zone, les ac-tivités saisonnières telles que lavente par correspondance, structu-rent fortement le marché local del'emploi, notamment pour les fem-mes peu qualifiées. La structure in-dustrielle de la seconde zone offre'surtout des emplois ouvners nonqualifiés.

Type 7 -Les parcours de galère

7 % des chômeurs récurrents dupanel partagent ce type de parcours

s~ caractérisant par la concomi-tance de chômage et d'emploi (enmoyenne pendant onze des trente-trois mois). Ce groupe est un peuplus âgé et qualifié que la moyenne.Le retour à l'emploi, dans un pre-mier temps, a été relativement ra-pide (cinq mois en moyenne), maisloin d'être stable: les emplois re-trouvés sont de courte durée, enmajorité des CDD ou des missions

d'intérim, et sou vent à temps par-tiel. Dans l'ensemble, quatre em-plois sur dix sont à temps partielcontre un peu plus d'un sur quatrepour l'ensemble des «chômeursrécurrents ». Trente-trois moisaprès leur inscription à l'ANPE en1995, plus d'un tiers des individus

de cette classe sont au chômage,plus d'un quart se déclarent à la foisau chômage et en emploi et 16 %ont trouvé un CD! (graphique 7).

Avant leur inscription à l'ANPEen 1995, huit personnes sur dixavaient commencé leur vie active

Graphique 7Répartition des situations mensuelles

des personnes ayant le septième type de parcours100%

80%

60%

40%

I::;3CDD

20%IBContralaidé

~Chômage.Emploi ,

IDFormation

o Chômage0%

Moisi Mois 11 Mois 16

Champ: ensemble des individusconsid~n.:s comme chômeurs r~curn:nts - Type 7. Échantillon:

148 personnes.Source: MES-DARES, enquête TDE-MLT.

PREMIÈRES SYNTIIÈSES 8

Page 9: Ministère du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion · ailleurs, entreledeuxième semes-tre 1995etlepremier semestre 1998levolume dutravail intéri-maireaaugmenté de47%(3).A lafindesannéesquatre-vingt-dix

Lydie est une ouvrière de 37 ans d' origine franco~algérienne. Au moment del'entretien, elle travaille chez un agriculteur en qualité d'ouvrière serriste.

C~est par l'expérience des marchés où elle se rendait avec son père qu'elledécouvre le plaisir des rencontres, le mélange des langues parlées, le marchan~dage, autantd'éléments qui créent du liensocial et qui luifont appréhendercetteactivité non pas comme un travail, mais comme un plaisir. A cela, elle oppose lavie de ses oncles qui, 20 années durant. ont fait le même trajet pour se rendre àl'usine, dans un même lieu, avec les mêmes gens, la non~vie pour Lydie.

..,

Le marché, la variété, les rencontres,elle tentera de les retrouverdans II: lesintérim », le travail saisonnierqui la mettenten contact avec des personnes dif.férentes et, lui permettent d'enrichir son expérience professionnelle.

Lydie a toujours occupé des emplois jugés peu qualifiés dans des secteursd'activité multiples. Tour à tour; elle a été soudeuse dans l'industrie, ouvrièredans la fabrication de denrées alimentaires, employée agricole. Elle a multipliéles contrats à durée déterminée ou les missions d'intérim, entrecoupés de pério~des de .chômage.

Elle se situe plutôt dans une logique de gestion de l'emploi: gestion du tempsconsacré au travail, gestion financière. Pendant plusieurs années. elle s'est orga.nisée de manière à pouvoir élever (seule) ses enfants, se reposer et assurer l'or.gent nécessaire à la famille. Le travail intermittent était calculé de façon à per.mettre l'ouverture des droits aux ASSEDIC, les allocations familiales offrant uncomplément. Lydie ne se considérait pas comme sownise au travail, à l'obliga.tion d'une paye mensuelle mais soumettait son environnement professionnel à sapropre logique de liberté et J'autonomie.Cet équilibres'est rompuen 1995avecune situation de chômage prolongé qui n'est plus maîtrisée. Avant 1995, Lydiepouvait travailler «un peu» quand elle le souhaitait, par la suite, elle n'a pucontinuer à le faire. Son problème n'est pas de connaître une certaine forme deprécarité, mais de subir une situation et J'en perdre le contrôle. Parce qu'il ~ n'y

a plus de travail », que les ASSEDiC ont modifié leur mode J'indemnisation, lasituation devient intenable.

Lydie recherche aujourd'hui un II: emploi stable ». Ainsi, paradoxalement, "aumoment même où la norme du CDi à tempsplein tend à perdre de sa primauté,Lydie tenle d'y adhérer. La raison? L'argent qui fait de plus en plus défaut,<Klagalère» qui l'accompagne. 1

au moins trois ans auparavant, maisplus de la moitié d'entre elles aconnu la plupart du temps des pé-riodes de non-travail.

L'étude de la demière situationavant l'inscription à l'ANPE révèleune précarisation antérieure à cettedate: inactivité et formation sontun peu plus fréquentes que pourl'ensemble de la population. Enoutre, alors que le demier emploid'une durée d'au moins trois mois,avait été un COI pour 38 % d'en-tre eux, seulement un sur cinq étaiten CD! le mois précédant l'inscrip-tion à l'ANPE en 1995.

Toutes choses égales parailleurs, la probabilité de rencon-trer ce type de parcours est plusélevée à Roubaix-Tourcoing. Al'inverse c'est dans la zone del'Étang de Berre qu'elle est la plusfaible. Le « risque» de suivre ce

type de parcours est plus élevépour les ouvriers qualifiés.

Type 8 - Les parcours marquéspar les emplois aidés

Ce type de trajectoire rassemble9 % des « chômeurs récurrents ,>,surtout des femmes (toutes choseségales par ailleurs, elles oni unefois et demi plus de « chances» desuivre une telle trajectoire que leshommes), et des personnes un peuplus âgées que la moyennb:. Le~moins qualifiés sont surreprésentésdans ce parcours. Pendant 'lestrente-trois mois qui ont suivi leur

inscription à l'ANPE, les persoJ-nes de cette catégorie ont enmoyenne passé près de la moitiédu temps au chômage. Le retour àl'emploi est plus tardif que dans leparcours précédent: huit mois enmoyenne pour retrouver un premier

emploi, principalement en contrataidé (graphique 8). ,

1, Cet emploi ne déboucheque ra- '

rement sur un emploi stable (7 %)ou un COD (6 %). En fin de pé-riode, plus de la moitié des indivi-dus de cette classe sont au chômageet un sur quatre est en contrat aidé.

.

Si près de la moitié n'avait pasconnu de période de chômage avantson inscription à l'ANPE en 1995,un sur cinq en avait déjà vécu aumoins deux. Très nombreux à avoireu un seul emploi dans le passé(59 %), près de la moitié a peu tra-vaillé et un sur cinq était sur le mar-

,ché du travail depuis moins de deuxans (contre 16 % de l'ensemble dela population étudiée). Pour ceuxqui ont un long passé profession-nel, le processus de précarisa-tion professionnelle et la rupturede parcours est bien antérieure à1995.

Juste avant de s'inscrire àl'ANPE en 1995, un peu plus de lamoitié était en emploi, plus d'unquart en formation et 16 % étaientinactifs (contre respectivement75 %,12 % et Il % dans l'ensem-ble de la population). Ce dernieremploi était dans un tiers des casun contrat aidé ou un COD. Tou-tes choses égales par ailleurs, le faitd'avoir travaillé peu dans le passé,d'avoir déjà eu un contrat aidé,d'être d'origine étrangère augmen-tent très signifiçativement la pro-babilité d'appartenir à cette classe'.

Bien que la zone d'emploi nesemble pas très discriminante, c'està Lens que la probabilité d'avoirce type de parcours apparaît la plus

,

élevée. Dans cette zone, le recours, aux emplois aidés, notamment dusecteur non marchand, est aussiplus élevé. Elle se caractérise eneffet parune grave crise industriellemàrquée par le déclin puis la fer-meture définitive des mines. La re-conversion tardive et jnachevée n'apu empêcher des pertes d'emploisconsidérables et un déséquilibrechronique du marché du travail.

PREMIÈRES SYNTHÈSES <)9,U.t.N" 14.;\

,-

9

Page 10: Ministère du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion · ailleurs, entreledeuxième semes-tre 1995etlepremier semestre 1998levolume dutravail intéri-maireaaugmenté de47%(3).A lafindesannéesquatre-vingt-dix

Graphique8Réparûûon des situations mensuelles

des personnes ayant le huitième type de parcours

100%

60%

40% 8 Intérim

~CDD

20%

[J Chômage

0%

Mois 1 Mois Il Mois 16 Mois 26 Mois31Mois 21

Champ: ensemble des individus considérés comme chômeurs récuITcnlS- Type 8. Échantillon:

164 personnes.Source: MES-DARES. enquête TDE-MLT.

Dans ce contexte, les dispositifs.publics de la politique de l'emploi'jouent un rôle non négligeable.

Plus d'un chômeur récurrentsur cinq retourne chez unancien employeur

Environ 20 % ( 10) des chômeurs

récurrents du panel TDE retra-vaillent au moins une fois pour lecompte d'un ancien employeur(contre 6 % seulement des non-ré-.'currents ayant un passé profession-nel). Ce phénomène est encore plusmarqué pour quatre des huit typesde parcours qui viennent d'être dé-crits : « l'alternance èhronique »

(près de la moitié des personnes),les parcours dominés par l'intérim

(plus de quatre personnes sur dix),les parcours « actifs mais insta-bles» (plus du tiers) et les parcoursdominés par l'activité réduite (unquart).

C'est dans la zone de Roubaix-Tourcoing que le retour chez unancien employeur est le plus fré-quent : 29 % de la population étu-diée. Dans ce cas plus de six per-sonnes sur dix ayant un parcours« d'alternance chronique », retour-

nent chez un ancien employeur aucours de la période d'enquête, demême que la moitié des intérimai-res et un tiers des chômeurs sou-vent en activité réduite (essentiel-lement dans le textile et la ventepar correspondance). Dans la zonede Lens ce comportement conceme

même 44 % des « chômeurs récur-rents » qui se déclarent à la fois auchômage et en emploi. Globale-ment, la probabilité de retournerchez un ancien employeur est plusélevée pour les femmes, pour despersonnes ayant entre 25 et 35 anset pour les ouvriers non qualifiés.

Bien que l'attente de beaucoupde travailleurs en emploi à duréelimitée (intérim et CDD notam-ment) soit d'être embauchés à termeen CDI, le retour chez un ancienemployeur ne semble pas, touteschoses égales par ailleurs, augmen-ter la probabilité de trouver unemploi stable (cf. encadré 3, ta-bleau B). De ce point de vue, ca-dres et ouvriers qualifiés ont beau-coup plus de chances que lesouvriers non qualifiés d'être en CDItrente-trois mois après leur inscrip-tion à l'ANPE, de même que leshommes par rapport aux femmes,ou les 25-35 ans par rapport auxautres. L'accès à un emploi stableest plus probable à Poissy et pourceux qui ont le plus travaillé aucours des trois ans qui ont précédéleur inscription à l'ANPE en 1995.

Maria-Teresa PIGNON/,

Christel POUJOULY

(DARES).

(ID! - Les retour.'ichez 1111ancien employeurIl 'étant connu.'i qu'à pClrtir de la deuxièmeinterroKatÙm, ce tll/IX e.'it Jonc .HII/s-e.'itimé sur

III première période de la lrajet'toire.

PREMIÈRES ISFORMATIONS el PREJ\<lIÈRES'SYNTllt:SES sont éditét.'S par]e Minl~tè~ de l'emploi el de la solidarité. Di~<:tion de ,'animation de la recherche des étudn el

des statistiques (1).-\RES) 20 bi" rue d'Estrées 7S700 Paris 07 SP. Tél.; 411.44.38.22.641.Télécopie 01.44.38.24.43. Oirecteur de la publication; Claude Seiocl.ScçT~Larialde rédaclion : Call1erine Dcmaisnn eLE\'cJyn FclTCira Ma4ueuistes : Myriam Garric. D"nicl (~pes"nL. Guy Barbu!. Conccpliun graplli4ue: ~1inisLèrede J'emploi el de 1"

solidariLé.

Flasllage : AMe. Paris. Impression: E\;oprinL. PonlcaITé CLJCDM.BUDY. Paris. Reprograpllie : DAR ES. Abonnemems : La documenLaLiun Fram;aisc. IZ.t rue Henri Barbus,;c<,I330~Aubervilliers Cedc~. Tél. : 01,40,15.70.00. Té!6:npie : OI.40.15.MUXJ. hnp: I/www.:adodrancaisc.gouv.fr- PREMIÈRES ]NFORMATtOr-;S eL PREMIÈRES SY~!-IÈSES :1 an (52 n'"): 7nl,R7 F ((07 Euros). Europe: 737,95 F (112.50 Euros) -AULres pays: 751,07 F (1 ]4.5n Euros) Publicité: MiniSLère de l'emploi eL Je la s,-,Iidari\è. DépÔL légal: à paruÜon.

Numérodcc"mmi",~ion pariLaire: )]H AD. ISSN 1253. ]545

PREM]ÈRES SYNTHÈSES JO

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Enu/(fré /

COMMENT LES« CHÔMEURS RÉCURRENTS»PARLENT-ILS DE LEUR PARCOURS PROFESSIONNEL?

Une enquête par entretiens non directifs a été menée cn parallèle à l'enquête statistique, auprès d'un sous-échantillon de 200demandeurs d'emploi du pancl, résidant dans six des huit zoncs d'cmploi étudiées, Parmi les « chômcurs récurrents» qui ontrépondu aux trois vagues d'cntjuêtes, cinquante-trois ont été approchés par des sociologues entre la première et la deuxièmeinterrogation. Au cours d'un entretien ouvert d'une à deux heures, ils ont raconté leur vie professionnelle, leurs expériences dutravail. du chÔmage, dc la recherche d'cmploi, de l'inactivité, de la formation...

Chaque méthode d'cnquête privilégie une manière différente de reconstituer les parcours professionnels: l'enchaînement dessituations rencontrées sur le marché du travail appréhendées par des catégories statistiques aux contours plus ou moins étanches,dans le cas de l'cnquête par questionnaire, une mise en parolc et en cohérence d'expériences jugées plus ou moins significatives parle sujct qui parle, sélectionnées selon une logique subjective, interne, et non pas selon une logique et une chronologie imposées del'extérieur, dans l'enquête par entretien (1J.

En racontant ce qui s'cst passé dans leur vie professionnelle, ce qui est important pour eux, les interviewés donnent du sens àleur parcours,

(/) - cf C.Dubllret D.Demllzière, L'analyse desemrcticns biographiques. Nathan, /998.

SOURCES ET MÉTHODES

L'enquête « Trajectoires des demandeurs d'emploi et marché local du travail» (TDE-MLT) porte sur une cohorte de « nou-veaux inscrits à J'ANPE» en catégorie 1. 2 ou 3 au cours du deuxième trimestre 1995, ayant moins de 55 ans au moment de leurentrée au chômage et résidant dans huit zones d'emploi d'Ile-de-France, du Nord-Pas-de-Calais ou de Provence-Alpes-Côted'Azur (1).

Trois interrogations ont été réalisées: la première, en face à face, a eu lieu au cours du premier trimestre 1996. Les interroga-tions suivantes ont été effectuées par téléphone (ou en face à face pour les non-équipés du téléphone) à intervalle d'un an.

8 125 individus ont répondu à la première interrogation, 6480 à la deuxième et 5 262 à la troisième.

Parmi les répondants aux trois vagues d'enquête on distingue:

- les personnes sans passé professionnel récent (y compris les primo-demandeurs), s'oit 24 % de l'échantillon'- les personnes avec passé professionnel qui, au cours des trente-trois mois de l'enquête, n'ont eu aucun emploi ou qui, après en

avoir retrouvé un, n'ont pas connu de nouvelle période de chômage (41 %) ; .

- les personnes avec passé professionnel qui, après avoir retrouvé un premier emploi, ont connu au moins une nouvelle périodede chômage pendant les trente-trois mois qui ont suivi l'entrée au chômage (35 %).

Cette troisième sous-population est considérée en chômage récurrent.

Dans un premier temps on a reconstitué les trajectoires individuelles depuis J'inscription à l'ANPE, à partir des situationsmensuelles recensées dans les calendriers: emploi ventilé scion le statut, chômage, formation, inactivité, études, service national,situations multiples de formation/chÔmage, d'emploi/chômage, multiactivité. Dans un deuxième temps, les parcours des 1 869« chômeurs récurrents» ont fait l'objet d'une classification ascendante hiérarchiquJ. Les indicateurs pris en compte étaient: lenombre de mois passés en emploi au cours de la période observée (en quatre classes de durée), dans les différents statuts d'emploiet en emploi/chômage, le nombre de périodcs d'emploi, la durée de chômage 11iosique le temps passé au chômage avant deretrouver un premier emploi après l'inscription à l'ANPE en 1995 (en quatn~i~Iasses) et, enfin, le nombre de mois passés eninactivité,

On a ainsi ohtenu huit types de parcours. Cette classification ne tient pas compte (ou (rès peu) des enchaînements des différen-tes situations. Cependant. s'agissant d'une population de « chômeurs récurrents », le~ transitions chômagefemploi et emploi/chÔmJgesont par construction les plus fréquentes. i ~

Les populations entrées au chÔmage au deuxième trimestre 1995 présente~t des caractéristiques structurelles très différentes(j'une zone à l'autre. Plusieurs modèles logistiques ont permis d'isoler l'effet propre de différentes variables,« toutes choses égalespar ailleurs », sur des prohabilités comme celle de connaître le chômage « récurrent'», celle de partager un type déterminé detrajectoire ou celle d'être en CDI près de trois ans après l'inscription au chômage de 1995.

(/) - Ln zoneJ étudiée<~ .wnt fe.~ .~uiHlnre.~ : Len,~-Lihin et Roubaix-Tourcoing dan.~ le Nord-PaJ-"de-Cafais, Cergy. MllnteJ-Ia-}olie et Poiny-Le.~ Mureaux en /le-de-France. Marseille-Aubagne. Aix-en-Provence et Étang de Berre dam la régiofJ PmvefJce-Alpe,~.CÔte d'Azur. Sur l 'enquête

TDE-MLT ~'oirM.-T Piwwni, C. Poujouly. X. Vinay, ..-Sortir du chÔmage: deJ chance,~ inégales ,felon /e contexte local », PremièresSynthèses,98.06 -11°26./. MES-DARES: N. Cloarec. "Le reto/lrd l'emploi aprè,f une convention deconrer,fiofJ », Premières Synthèses, 98.09-,,°39.4, MES-DARES.

PREMIÈRES SYNTlJÈSES Il

Page 12: Ministère du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion · ailleurs, entreledeuxième semes-tre 1995etlepremier semestre 1998levolume dutravail intéri-maireaaugmenté de47%(3).A lafindesannéesquatre-vingt-dix

SEXE

Homrœ. ..... ........ ..... Rej Ref Rej

Fenuœ . 66,09 % -5,46 ...ÂGE18-25 ans... ..... m............ 76,82 % 5,27 ...25-35 ans. ..... Rej Rej Rej

35-45 ans. ..... 66,46 % -5,09 ...45 ans el plus. ..h ..... ..... 63,63 % -7,92 ...ZONEo,<gy. ..... 62,42 % -9,13 ...Manies.............. .......... 70,34 % -1,21 .Poissy. ..... ....... 67,39 % -4,16 .Roubaix......... ..... ..... ........... Rej Rej RejLens... 69,14 % -2.42 .Aix.... .............................. 68,84 % -2,71 .

Berre. ..... ... 72,64 % 1,08 .Marseille. 60,03% -11,52 ...QUALIFICATION

Ouvrier non qualifié ... .................. Rej Rej Rej

Ouvrierqualifié. .......... ..... ..... 71,37 % -0,18 .Employé... ..... ..... ........ ......... 66,75 % -4,81 ...Cadre CIagenl de maîtrise. 63,78 % -7,77 ...FAMILLE/REVENUVitseul ..... ..... ........ Rej Rej Rej

En famille et aucune autre personne

du foyer n'a de revenu. ... 66,93% -4,62 ...En famille el aulee personnedu foyer ayant des revenus. ..... 68,17 % -3,39 ..PASSÉ PROFESSIONNEL(duranlles 3 ans qui précèdenl

l'inscriplionàl'ANPE)

Un emploi. ..... 65,Q3 % .6,52 ...Deuxemplois. ..... Rej Rej Rej

Troisemp]ois ou plus. 76,22 % 4,67 ...Aucun chômage. 60,07 % -11.49 ...Une période de chômage ..... 61,09 % .10.47 ...Deux périodes de chômage ou plus Rej Rej Rej

Moins d'un tiers du passéen emploi . 75,76 % 4,21 ...Entrc 1/3 et 2/3 du passé en emploi 74.46% 2,90 ..Entre 213 el 3/3 du passé en emploi Rer Ret Rer

Probabilité Variation Degréestimée de de

probabilit1signifi.

entraînée cativité

23,82 %

Rej Rej Ref

16,88 q, .6.94 ...

18,88<Jc -4,94 ...Rer Rej Rt'/

]9.85 % -3,96 .16.61% -7,20 ...

Ref Rej Rej

21,83% -1,99 .34,37% 10,55 ...24,14% 0,32 .16,80% -7,02 ..24.49 % 0,67 .18,33 % -5,48 .20,80 % -3,02 .

Rej Rej Rej

37,65% 13,83 ...34,29 % 10,47 ...40,78 % 16,96 ...

Rej Rej Rej

21,95% -1,87 .

Encadré 3 Tableau A

Probabilité de connaître le of( chômage récurrent J+

pour des chômeurs ayant eu une ,expérienceproressionnelle .

Champ: Chômeurs ayant un passé professionnel avantl'insçription à l'ANPE

au20!m<trirnestre 1995.

Échantillon: 4 0/2 personnes

VariablesProbabilité

estiméeVariation

deprobabililentraînée

Degréde

signifi.cativité

Global (Constante) . 71,55 %

"'** tres signilicalif

'"'"significativité moyenne

'"peu ou pas significatif

Référerza : Homme âgé de 25 à 35 am, Iwbitwlt Roubaix. mH.,ier

mm qua/~fié, v;nlfZt Jeul, ayall1 cO/mu deux périodes d'emploi et au

moins deux pér;ode.ç de ch6mage, ayaTlf passé plus des 2/3 du tempsen emploi au coun deJ lroÜ dernières années prÙédallll'ingriptiollà l'ANPE.Guide de !cclure : La probabilité dc connaitre le chômage récum:nI eSI de71,6 % pour un individu présentant toutes les caractérisliques de réfé-

rencc. Le fait d'êlre plus jeune (18.25 ans) augmenle cette probabîlîté de5,3 points.

Tableau BProbabilité pour les « chômeurs récurrents )00

d'être en CDI au bout de trois ans

Champ: « Chômeurs récurrents» inscrits à l'ANPE au 2'\,n<trimestfC 1995Échantillon: 1 R69 personne.ç

Variables

Global (Constanle) .

SEXE

Homme.

Femm:.

ÂGE]8.25 ans.

25-35 ans.

35.45 ans.

45 ans et plus. ..... .....

ZONE

Cergy .

Mantes.

Poissy.

Roubaix ..

Lens.

Aix ,..... .....

....... .....Berre.Marseille. ..... .................

QUALIFICATION

Ouvrier non qualifié.

OuvrierquaJifié.

Ernployé .

..............

Cadre et agent de maîtrise .

RETOUR CHEZ UN MÉMEEMPLOYEUR

Non.

Oui . .....

PASSÉ PROFESSIONNEL(duranlles 3 ans qui préci.':dent

l'inscription à l'ANPE)

Un emploi

Deux emplois.

Trois emplois ou plus.

Aucun chômage..

Une période de chômage.

Deu~ périodes de chômage ou plus

Moins d'un tiers du passé en emploi

Entre 1/3 et 213 du pass~ en emploi

Enlre 213 \.':t3/3 du passé en emploi

**'" tressignificatif

** significalivité moyenne

'"peu ou pas significatif

Référence: Homme âXé dl' 25 Ii 35 (JlH. hllhitt/l1l Cergr. ol/\Tier 1/(1/1

quali/ié. ,,'éll1!1tja!JwÜ reTourné che:. Ilf!même l'mploreur. 01'1/111CI/flf/II

deux périodeJ d'emploi el au II/oins deux périodes de ch/ill/llxe. lIytll/lpUJsé plu.ç de.ç 2/3 du temp.ç en emploi au ("ours deJ lroi.ç del"1liêrestJ/lflée.Çprécédant l'ÙHcriptÙIII (j l'ANPE.

Guide de kcture : La probabilité d'êlre en CI)I en lin de parcours est de23,8 % pour un individu prés\.':nlant toutes les caractéristiques de réfé.

rence. Le fail d'être cadre ou agent de maîtrise augment\.': cette probabilitéde 16,9 points.

19.93 %

Rel

27,]4%

-3,89

Rej

3,32

7,40

3,59

Rej

-8,49

-4.35

Rer

.Rel.

31,22 %

27,41 %

...

Rer

15,3317c}

19,47%

Re!

.....

PREMI~RES SYNTHÈSES 12 99()~ .:-<" 1~,3