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S O M M A I R E

Ministry®, Revue internationale pour les pasteurs12501 Old Columbia Pike, Silver Spring, MD 20904-6600 U.S.A.

[email protected]

Rédacteur en chef : Derek J. MorrisRédacteur adjoint : Willie E. Hucks II

Rédacteur de l’édition en français :Bernard Sauvagnat

Secrétaire de rédaction : Sheryl BeckResponsable financier et de fabrication : John Feezer IVConseillers internationaux : Elias Brasil de Souza, Ron Clouzet, Michael D. Collins,Daniel Devadhas, Carlos Hein, Patrick Johnson, Victor Kozakov, Geoffrey Mbwana, Musa Mitekaro, Passmore Mulambo, Daniel Opoku-Boateng, Hector Sanchez,Branimir Schubert, Houtman Sinaga, Ivan L. Williams, Ted N.C. Wilson.Publicité : [email protected] et changements d’[email protected]; +1 301-680-6511; +1 301-680-6502 (fax)Couverture : 316 Creative, Dominique GilsonMaquette & corrections : Dominique Gilson - FranceTarif : 4 numéros pour le monde entier : 10 US$. Pour commander, envoyer nom, adresseet règlement à Ministry® Subscriptions, 12501 Old Columbia Pike, Silver Spring, MD 20904-6600 U.S.A.Articles : Nous accueillons les articles non sollicités. Avant de soumettre un article, mercide consulter les consignes de rédaction sur www.ministrymagazine.org. Merci d’envoyervos textes par courrier électronique à : [email protected] ou à[email protected]

Ministry® est publié chaque mois depuis 1928 par l’Association pastorale de la Confé-rence générale des adventistes du septième jour®

Secrétaire : Jerry N. PageAdjoints : Jonas Arrais, Robert Costa, Willie E. Hucks II, Anthony Kent, Derek J. Morris,Janet Page.Centre de ressources pastorales Coordinatrice : Cathy Payne 888-771-0738, (téléphone) +1 301-680-6511;www.ministerialassociation.org

Imprimé par la Pacific Press® Pub. Assn., 1350 N. Kings Road, Nampa,ID 83687-3193. Port payé à Nampa, Idaho (ISSN 1947-5829).

Membre d’Associated Church Press. Adventiste®, Adventiste du septième jour®, et Ministry® sont des marques déposées deGeneral Conference Corporation of Seventh-day Adventists®.

Volume 8 Numéro 2 © 2016 - IMPRIMÉ AUX ÉTATS-UNIS.

4 Contextualisation fidèle :Franchir les frontières des

cultures avec l’Évangile éternel

G o r d e n D o s s

9 « Tout Israël sera sauvé » :base pour une interprétationvalable

K i m P a p a i o a n n o u

14 Réflexions sur la mission :d’après le contexte et le dérouléd’Apocalypse 14.6-12

P e t e r R o e n n f e l d t

19 L’Église, les Écritures etl’adaptation :

détermination pourl’essentiel, adaptationpour le périphériqueDeuxième par t ie Nicho las P. Mi l le r

23 La perpétuité du sabbat :Preuves tirées des récitsde la création

C e p h a s A n g ’ i r a

Animateurs : Anthony Kent Co-Animateurs : Derek Morriswww.MinistryinMotion.tv26 La partialité:

Le péché souvent ignoréde beaucoup

A r d a i n e G o o d e n

2 Ministry® 2e trimestre 2016

Ministry®

3 Éditorial8, 13 Réveil et Réforme

13 Livre18 Nouvelle25 Courrier du lecteur

29 L’interprétationdes Ecrits d’Ellen G. White

G e r h a r d P f a n d l

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É D I T O R I A L | W i l l i e E . H U C K S I I

J ’avais environ la trentaine et riendans mes expériences de vie n’étaitexceptionnel pour ce qu’offre le

Sud des États-Unis. Mais en 2002, monpremier voyage sur le continent africainm’a permis d’être confronté à des situationsqui ont commencé à m’ouvrir les yeux.

Une après-midi, au cours des trois se-maines que j’ai passées en Côte d’Ivoire,j’ai apprécié un excellent repas dans lamaison de quelques membres d’église.Tandis que la journée touchait à sa fin,mes pensées se portaient vers mes pro-chains rendez-vous. Pressé de remplir d’au-tres responsabilités, je me suis levé pourpartir. Un peu plus tard, mes hôtes ontgentiment tenu à me dire que se leverpour partir avant que la permission ne mesoit donnée était un comportement insultant.Honteux, je me suis rendu compte que mapropre culture m’avait aveuglé par rapportaux normes sociales d’une autre culture.

À partir de ce qui s’est passé cet après-midi, j’ai commencé à chercher à voir lavie à travers les yeux des autres. Cela m’amotivé pour comprendre comment lesautres voient le monde et pourquoi ils fontles choses de telle et telle façon.

Mon enquête se poursuit toujours en2016. En janvier dernier, j’ai participé à unatelier interculturel destiné à augmenter lasensibilité des participants grâce aux ex-périences diverses qu’ils allaient vivre. Aucours des quatre jours d’exposés et ausein des groupes d’activités, je pensaisposséder de solides connaissances et êtrebien informé face à ceux qui animaientles exercices sur les contextes non-occi-dentaux. Mais j’ai bientôt réalisé qu’il yavait tant de choses que j’ignorais et dontj’avais besoin pour renforcer mes réflexions.

Acquérir de nouvellesconnaissances approfondiesJe savais que j’allais apprendre beaucoup

des autres et de leur manière de s’y prendrepour transformer le monde qui les entoure.Mais je n’avais pas réalisé combien j’allaisapprendre sur moi et ma manière de fairepersonnelle. Par exemple, je n’avais pasréalisé comment limiter mon point de vue

dans le domaine de la gestion du tempsjusqu’à ce que j’aie conversé avecquelqu’un qui se focalise d’abord sur l’ac-complissement d’un projet plutôt que surl’essai de respecter une date limite arbitraire.Par conséquent, cela m’a aidé à me dé-stresser et à prendre mon temps pouraborder immédiatement et efficacementdeux missions importantes prévues surmon agenda.

Tout aussi important, je me suis rappeléque si personnellement je veux partagerl’Évangile de Jésus-Christ avec les autres,je dois comprendre leur langage. Par lan-gage, je ne fais pas référence au dialecte.Mais je parle de leurs habitudes, de leurspratiques, des événements qui provoquentune réaction chez eux et des choses quicréent ou qui représentent un obstaclepour une communication efficace. Parexemple, les conduites qui sont acceptablesdans certaines cultures sont à l’inverseconsidérées comme obscènes dans d’au-tres. Certaines sociétés apprécient une ap-proche directe lorsqu’elles abordent unsujet, tandis que d’autres trouvent quec’est intimidant.

Parler leur langageSi une personne veut œuvrer pour les

cultures d’un autre pays, ou pour uneculture présente dans sa ville, il y a deschoses qu’elle peut faire pour comprendreet pour parler le langage de ceux dont ilou elle souhaite se rapprocher.

Si vous ne connaissez pas les habitudes,demandez. Vous vous rendrez compte quelorsque vous prendrez cette initiative, ceuxque vous rencontrerez seront très heureuxde vous aider à comprendre et à être com-pétent. Il y a quelques années, en visite auGhana, j’ai appris que pour serrer la mainà un groupe de personnes, il faut commencerpar la droite, donc par leur gauche, car ilest important pour eux de voir la paumeouverte. J’ai donc procédé de cette manière.Maintenant, en ce qui me concerne, jetrouve intéressant de mettre en pratiquecette approche avec les autres, puisque lesraisons qui ont été partagées m’ont aidé àcomprendre que ce point de vue peut aussibien convenir à d’autres domaines.

Faites de votre mieux pour vous intégrer.J’ai appris l’espagnol étant enfant et j’aiessayé d’améliorer mes compétences àchaque occasion qui se présentait. Aucours d’un voyage en Amérique du Sud,j’ai parlé lentement et j’ai sans doute faitdes erreurs, mais ceux avec qui j’ai essayéde converser ont grandement appréciéque je tente de m’adapter à leur culture.Et, qu’y a-t-il de plus important dans uneculture que son propre langage ?

Manger les plats du pays montre égale-ment la bonne volonté de celui qui chercheà s’intégrer dans la société locale. Mêmesi la nourriture a un goût différent, les gensapprécient que vous mettiez du vôtre poursortir de votre zone de confort afin d’essayerdes goûts différents. Agir de la sorte permetégalement d’ouvrir des portes pour le par-tage de l’Évangile.

Replacer l’Évangiledans son contexteDans cette quatrième et dernière partie

de mon édito, je vous renvoie à l’articlede Gorden R. Doss qui traite de la raisonultime de voir la vie à travers les yeux desautres : replacer le message de l’Évangiledans son contexte afin que les autrespuissent comprendre Dieu et sa volontépour eux.

Comme le déclare Gorden Doss, lescroyants devraient se sentir au ciel parleur musique, leurs tenues vestimentaireset leur liturgie ; et ces choix devraienttoujours être en harmonie avec les principesbibliques. Ils ne faut pas adopter un styled’adoration étranger pour honorer Dieu.

Aussi, le conseil que je vous donne estde commencer votre propre recherchepour voir la vie à travers les yeux desautres. J’espère que cela vous motiveraautant que moi parce que cela m’a faitcomprendre comment les autres voient lemonde et pourquoi ils font les choses detelle et telle façon. Je vous promets que lemonde vous semblera plus grand lorsquevous apprendrez à parler le langage desautres personnes.

Voir la vieà travers les yeux des autres

32e trimestre 2016 Ministry®

M

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4 Ministry® 2e trimestre 2016

Gorden DOSS, PhD, est professeur de missiologie à la Facultéadventiste de Théologie de l’université Andrews, Berrien Springs, Michigan, États-Unis.

Aujourd’hui, l'Église est appeléeà annoncer l'Évangile éternel àplus de gens, dans davantage

de cultures différentes, que jamais au-paravant. Lorsque l'Église chrétienneprimitive a lancé l’évangélisation dumonde, conformément au grand man-dat du Christ, on estime que la popula-tion mondiale s’élevait à environ 285millions.1 En l’an 1000 après J.C, la po-pulation mondiale atteignait environ300 millions. En 1800, à peu près 970millions. En 1900, il y avait environ 1,65milliard de personnes sur la terre. Et en2000, plus de 6 milliards. Aujourd'hui,la population mondiale dépasse les 7milliards et croît rapidement. Environ untiers des personnes qui ont vécu depuis1900 ont adhéré au christianisme.

Le grand défi de la mission sur le plannumérique se double de défis culturelset religieux majeurs. Musulmans, hin-dous, bouddhistes, chrétiens, animisteset agnostiques ont un certain nombrede points communs : ils achètent desvêtements à la mode, utilisent uniPhone et postent des messages sur Fa-cebook. Mais les différences qui les sé-parent sont devenues profondes. Pourles rejoindre, l’Église doit franchir unfossé, toujours plus large, de foi et deculture. Les deux tiers de l'humanité nesont pas chrétiens ; cependant la

grande majorité de ceux qui se conver-tissent au sein de l’Église adventisteviennent du tiers qui est déjà chrétien.

En dépit des grandes différences cul-turelles et des barrières religieuses quidoivent être surmontées, nous utilisonssouvent des stratégies stéréotypées, dutype « taille unique ». Les mêmes mé-thodes développées pour atteindre lesméthodistes ou les baptistes sont utili-sées pour atteindre les musulmans etles bouddhistes. Parfois même, nousidentifions le message adventiste avecune méthode particulière pour partagerce message. Souvent, les mêmes pré-dications sont prêchées, selon la mêmeséquence, avec simplement l'ajout dequelques images ethniques appropriéesou d’illustrations locales. Ces adapta-tions peuvent être appropriées, maissouvent, elles ne vont pas assez loin.De ce fait, bien des gens réceptifs auxchoses spirituelles n’entendent pasl’Évangile universel d’une manière cré-dible et compréhensible pour eux. Etquand certains acceptent le Christ, ilsconservent parfois des éléments cultu-rels qui ne sont pas bibliques, et en re-jettent d’autres qui sont acceptables ouneutres, par rapport à la Bible. D'où lanécessité de comprendre le sujet im-portant de la contextualisation.

Comprendrela contextualisation« Bien que le terme contextualisation

ait été forgé tout récemment, exprimeret incarner l'Évangile avec une sensibi-lité aux différents contextes a caractériséla mission chrétienne dès le début.» 2

Le mot contextualisation, inventé en1972 par le taiwanais Shoki Coe, peutsoulever des questions et des craintes.Certains craignent que contextualisersignifie nécessairement abandonner laprimauté de la Bible par souci d'êtreculturellement pertinent. Notre réflexionvise à démontrer qu’une contextualisa-tion fidèle peut en réalité rendre laconversion et la vie « de disciple » plusprofondes. La contextualisation est né-cessaire, non seulement pour les peu-ples lointains, mais aussi pour les chré-tiens de toutes générations, dans lespays majoritairement chrétiens où laculture évolue constamment, souventde manière non conforme à la Bible.

Pour comprendre ce qu’est la contex-tualisation fidèle, le point de départ estd'affirmer que la Parole de Dieu est larègle absolue, universelle, immuable dela foi et de la pratique pour l’être hu-main de tous les temps, en tous lieux etdans toutes les cultures. La conceptionbiblique de la vie humaine est résumée

Contextualisation fidèle: Franchir les frontières des culturesavec l'Évangile éternel

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ou communautaire était fondée sur leurrelation avec le Dieu trinitaire, qui en-tretenait une communion étroite aveceux. Leur nature sociale s’exprimait éga-lement dans leurs relations conjugaleset familiales. Après avoir eu des enfants,la première famille a grandi pour fina-lement se transformer en groupes defamilles sur plusieurs générations. Adamet Ève ont reçu le mandat de «dominer»(Gn 1.28, 29), et donc la liberté et la

52e trimestre 2016 Ministry®

dans le décalogue et dans le comman-dement de Jésus : « Tu aimeras le Sei-gneur, ton Dieu » et « tu aimeras tonprochain comme toi-même » (Mt 22.37-39). Elle s’applique à tous, sans ex-ception.

Ensuite, il faut comprendre le pointde vue biblique par rapport à la culture.Lors de la création, Dieu a fait Adam etÈve comme des créatures à la fois indi-viduelles et sociales. Leur nature indivi-duelle reçoit parfois plus d'attention queleur nature sociale. Leur nature sociale

responsabilité de décider de la façond'utiliser les ressources de la nature.Dans l'exercice de leur autorité, ils ontmis en place des modes de vie et descomportements sociaux qui composentla culture. Si nous avions eu le privilèged’observer la première famille en Éden,nous aurions vu fonctionner une cultureparfaite, sans péché.

La chute a perverti à la fois les di-mensions individuelles et sociales dela culture humaine. Après que Dieu aitdispersé les hommes à Babel (Gn 11),

Aujourd'hui, tout commedans les temps bibliques,ceux qui lisent ouentendent la Bibleutilisent des lentillesou des filtres culturelspour la comprendre etl’appliquer dans leur vie.

les groupes humains ont développé dif-férentes cultures à mesure qu’ils se ré-pandaient dans le monde entier. La di-versité culturelle croissante n’est nibonne ni mauvaise en soi. Dans la me-sure où les individus et les groupes ré-pondaient au glorieux plan du salut deDieu, ils reflétaient son caractère, tantau niveau individuel que culturel.

L’amour et le respect de Dieu pourles dimensions individuelles et cultu-

relles de l'humanité continuent d'êtreclairs dans la Bible, après l’épisode deBabel. Les auteurs bibliques ont écritavec leur propre culture, en utilisant deslangues et des façons de penser locales.De la Genèse à l’Apocalypse, unegamme très large de variations cultu-relles nous est exposée à travers le récitbiblique, dans lequel de vrais croyantsservent Dieu fidèlement, mais de ma-nières différentes sur le plan culturel.

L'exemple le plus profond de l'identi-fication de Dieu avec la culture humaine

est l'Incarnation. Le Créateur devint Jé-sus de Nazareth, qui n’était pas un êtrehumain quelconque, mais un membred'un groupe culturel particulier, vivantdans un village particulier, à une époquespécifique. Quand les apôtres ont inau-guré l’Église au premier siècle, ils ontsuivi le modèle de l'incarnation du Christ.L'Évangile éternel et immuable de Jésusa dépassé les caractéristiques culturellesde Jérusalem et de Galilée, pour attein-

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6 Ministry® 2e trimestre 2016

G o rd e n D O S S

profonds d’une culture donnée. Les pro-testants évangéliques préfèrent le motcontextualisation.

Il y a quelques variations autour dumot contextualisation. Charles Kraft uti-lise le terme contextualisation appro-priée.4 Cette expression peut impliquerque la culture est privilégiée par rapportà la Bible. Paul Hiebert préfère la contex-tualisation critique.5 Par critique, il veutdire l’incarnation minutieuse, intention-nelle, sélective, disciplinée et réfléchiede l'Évangile normatif dans des culturesparticulières. L’expression contextuali-sation fidèle va dans le même sensqu’Hiebert : la Bible est première, etl'adaptation à la culture, secondairebien qu’essentielle.

Ainsi, « la contextualisation est aupoint de contact de l'Évangile et de laculture.» 6 Tout comme Jésus, dans sonhumanité, était une personne avec uneculture, de la même manière, sa religionest toujours ancrée dans la vie decroyants de cultures spécifiques. Unchristianisme «générique» ou «non cul-turel » n’existe pas, tout comme un chré-tien sans personnalité n’existe pas nonplus. Lorsqu’a lieu le mélange de l’Évan-gile et de la culture, la communauté ec-clésiale qui en résulte est « définie parles Écritures, mais façonnée par la cul-ture. » 7

Le processusde contextualisation fidèleLa contextualisation fidèle est à la

fois un processus et un résultat. En tantque processus, elle commence par unecritique de ma propre pratique culturelledu christianisme, pour qu’elle demeurebibliquement fidèle et culturellementappropriée au sein de ma culture enconstante évolution. Faire face à mamanière de vivre à l’intérieur de ma pro-pre culture est absolument essentielavant de m’engager dans une missiontransculturelle. Un regard sur ma soi-di-sant «culture chrétienne» des États-Unisrévèle rapidement qu’il y a des écueils

dre les habitants de Corinthe, de Phi-lippes ou de Rome. Un croyant romainn'avait pas besoin d'adopter les stylesculturels des croyants de Jérusalem, quicomprenaient par exemple la circonci-sion (Ac 15).

Aujourd'hui, tout comme dans lestemps bibliques, ceux qui lisent ou en-tendent la Bible utilisent des lentillesou des filtres culturels pour la compren-dre et l’appliquer dans leur vie. Prati-quement tous ceux qui partagent l'Évan-gile essayent instinctivement de lerendre crédible et pertinent, dans lecontexte culturel local. La question n’estpas vraiment de savoir si nous devonsou ne devons pas faire de la contextua-lisation, mais plutôt comment la fairede manière efficace. Plus les fossés re-ligieux, culturels ou linguistiques sontlarges, plus la tâche est ardue. Quellesque soient l’exactitude et la puissancespirituelle du « message émis », le com-municateur ne doit pas présumer quele « message reçu » est le même. Unecommunication orientée vers le « récep-teur », qui se demande comment l’au-diteur a besoin de recevoir le messagede l'Évangile, est essentielle.

La culture va beaucoup plus loin quela nourriture, les vêtements ou la mu-sique. Paul Hiebert définit la culturecomme « des systèmes de pensées, desentiments et de valeurs, et les schémasassociés de comportements et de pro-duits, que partage un groupe de per-sonnes qui organisent et régulent cequ'ils pensent, sentent et font ».3 La cul-ture sous-jacente est un ensemble deconvictions profondes sur la nature dela réalité, qu’on appelle vision dumonde. Pour être efficace, la missiontransculturelle doit aller bien au-delàdes éléments de surface de la culture.

Pour résumer ce que nous avons ditjusqu’ici, des mots différents, commeaccommodation, adaptation, accultura-tion ou indigénisation ont été utiliséspour nommer le processus de partagede l'Évangile jusqu’aux niveaux les plus

à éviter aux « points de contact » entrela Bible et la culture. Les principes bi-bliques s’incarnent très imparfaitementdans ma culture d’origine, malgré sonhéritage chrétien de plusieurs siècles.En tenant compte de cela, la tâche quiconsiste à amener des peuples quin’ont aucun héritage chrétien à devenirdes disciples matures du Christ peutêtre un processus long et exigeant.

La contextualisation transculturelleest « le processus par lequel les chré-tiens adaptent les formes, le contenu etla pratique de la foi chrétienne, de ma-nière à la transmettre aux cœurs et auxesprits de gens qui ont d’autres arrière-plans culturels. L’objectif est de rendrela foi chrétienne compréhensible, dansson ensemble ; non seulement le mes-sage, mais aussi la manière de vivrenotre foi dans le contexte local.» 8 Plusla distance culturelle-linguistique-reli-gieuse entre le missionnaire et le desti-nataire est grande, plus l’effort devraêtre soutenu et persévérant. Transplantersimplement la manière du missionnairede vivre son christianisme est à la foisimpossible et inacceptable. Accomplirla mission parmi des peuples auxconvictions religieuses diverses : mu-sulmans, hindous, bouddhistes, etc., de-mande un service à long terme qui in-clut la connaissance de la langue et dela culture, de manière à intégrer avecsuccès le christianisme dans ces cul-tures.

Le processus de contextualisation in-terculturelle inclut plusieurs étapes,parmi lesquelles on peut noter les cinqsuivantes : 1. Étudier soigneusement la cul-

ture, afin de percevoir les questionset suppositions sous-jacentes liéesà sa vision du monde. À ce stade,tout jugement de certaines partiesde la culture qui semblent non-bi-bliques doit être évité, afin de per-mettre une connaissance plus ap-profondie.

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72e trimestre 2016 Ministry®

CONTEXTUALISATION FIDÈLE...

2. Étudier la Bible avec un œilnouveau, en ayant à l’esprit la cul-ture locale. Se demander ce quedit la Parole à ce groupe de per-sonnes en particulier.

3. Engager la communauté lo-cale de croyants dans un échangesur la culture locale et la Bible. Cetéchange doit être bien réfléchi etse faire sans hâte. Au fur et à me-sure que des sujets spécifiquessont abordés, explorez trois ques-tions : Qu’est-ce qui est approuvépar la Bible ? Qu’est-ce qui est neu-tre sur le plan biblique ? Qu’est-cequi est interdit par la Bible ? Le butest d’arriver à des décisions parconsensus, parce que les per-sonnes locales comprennent mieuxleur propre culture et vont devoirvivre avec les décisions.

4. Identifier des « substituts fonc-tionnels », qui peuvent remplacerdes pratiques changées ou aban-données. Quand les gens arrêtentde faire quelque-chose, un videdésagréable s’installe et il doit êtrecomblé par quelque-chose de meil-leur.

5. Pour aider au changement,mettre en place un ministère deformation de disciples, qui pourraitinclure l’exercice d’une disciplineecclésiale rédemptrice.

Prenons un exemple. Le missionnaireremarque des aspects de rites funé-raires locaux qui semblent non compa-tibles avec la Bible parce qu’ils sont enlien avec l’adoration des ancêtres. Il ouelle ne se précipite pas pour imposerdes changements, mais commence àétudier et à échanger sur chaque élé-ment du rituel, afin de comprendre lesens qui se cache derrière ce rite. Avecle groupe, il ou elle classe chaque élé-ment comme bibliquement acceptable,neutre ou inacceptable. Lorsque les élé-ments inacceptables et ceux qui néces-sitent une modification ont été identifiés,le groupe choisit des substituts fonc-

tionnels et conçoit un rite funéraire ré-visé. Ils présentent officiellement le ser-vice funéraire révisé à la congrégationet expliquent pourquoi certains élé-ments du service précédent ont étéchangés. Lorsque le décès suivant alieu, ils mettent en place le nouveauservice funéraire, puis ils évaluent le ri-tuel modifié et font encore quelqueschangements, si nécessaire.

Le résultat d’unecontextualisation fidèleEn tant que résultat ou état habituel,

une contextualisation fidèle signifie pra-tiquer un christianisme culturellementapproprié, fondé sur la Parole de Dieudans chacune de ses dimensions. Pra-tiquer un christianisme contextualisécomprend l’expérience d’une crois-sance dans la sanctification, dans lecomportement personnel et le style devie, dans les relations familiales et dansla spiritualité personnelle, tout cela dansun mode culturel approprié. Le croyantvit en étant immergé dans sa culture,tant que la Parole le permet, et commeun étranger sur le plan culturel, quandla Parole l’exige. Le croyant vit une pré-sence et un témoignage chrétiens cul-turellement appropriés dans la sociétéqui l’environne.

La contextualisation fidèle garde enéquilibre deux principes : le « principedu pèlerin » et le « principe de l’indi-gène ».9 D’un côté, le « principe du pè-lerin » signifie que la Bible juge chaqueculture et fait de tous les croyants desétrangers dans leur culture d’origine.Pierre appelait ses auditeurs des « exi-lés » et des « étrangers » culturels (1 Pi1.1; 2.11). Les croyants devaient vivre« selon des priorités, valeurs et allé-geances différentes de celles de leurs… voisins. »10 Cela signifie que lorsquedes Indiens mettent les pieds dans uneéglise adventiste en Inde, ils ne de-vraient pas avoir l’impression d’assisterà un rite hindou, car quelque-chosed’important et d’essentiel est différent.

Le degré jusqu’auquel le croyant doitêtre un étranger sur le plan culturel variebeaucoup dans le monde d’aujourd’hui,en fonction du degré de liberté reli-gieuse. Le principe du Christ, « sel et lu-mière » (Mt 5.13-16), nous enseigneque les croyants ne devraient pas pren-dre une position culturellement plusétrangère que celle imposée par leursociété ou exigée par les Écritures. Parexemple, certains chrétiens qui viventdans des parties du monde avec defortes restrictions pourraient être ame-nés à vivre leur foi en secret, tandis queceux qui vivent au Royaume-Uni, où laliberté religieuse est garantie, ne de-vraient pas vivre comme des ermites.

D’un autre côté, le « principe de l’in-digène» signifie que l’Évangile peut êtreincarné dans chaque culture. Lescroyants n’ont pas besoin d’adopter unstyle de vie étranger pour être des chré-tiens authentiques. Les églises devraientêtre des endroits où les gens peuventse sentir culturellement à la maison,avec une architecture, une musique, desvêtements, une liturgie et des styles decommunication culturellement familiers,en harmonie avec les principes de laBible. Lorsque des Cambodgiens pénè-trent dans une église adventiste auCambodge, ils ne devraient pas avoirl’impression d’être en Amérique. En de-hors des endroits où le christianismeest totalement banni, les principes dela Bible peuvent être pratiqués à l’inté-rieur de chaque culture. Même dansdes contextes restrictifs, les croyantspeuvent vivre et vivent déjà en tantqu’adeptes de la Bible, cachés ou par-tiellement cachés, à l’intérieur de leursstyles culturels.

Pierre préconisait une « acceptationet un rejet différenciés de la culture dupremier siècle.» 11 Un chrétien doit « vivreselon les bonnes valeurs de la société,celles qui sont compatibles avec les va-leurs chrétiennes, et rejeter celles quine le sont pas, pour ainsi maintenirson identité chrétienne distincte.12 Ainsi,

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8 Ministry® 2e trimestre 2016

tique que Jésus qui a habité au sein dupeuple juif, parmi ses proches à Naza-reth. Lorsque c’est le cas, les croyantssont alors authentiquement chrétiens,tout en étant d’authentiques représen-tants de leur culture de naissance, deleur culture d’immigrés, ou de la culturequ’ils ont choisie. Ils seront chrétiens etjaponais, chrétiens et arabes, chrétienset chinois, chrétiens et américains, oueuropéens, africains ou latino-améri-cains, partout dans le monde de Dieu.

1. Les chiffres de population sont des moyennes entreles estimations basses et hautes de l'Antiquité selonle site Web du Bureau de recensement des États-Unis,https://www.census.gov/population/international/data/worldpop/ table_history.php.

2. Dean Flemming, Contextualization in the New Tes-tament: Patterns for Theology and Mission. DownersGrove, IL: Intervarsity Press, 2005, p. 15.

3. Paul G. Hiebert, Anthropological Insights for Missio-naries. Grand Rapids, MI: Baker Books, 1985, p. 30.

4. Charles H. Kraft, ed., Appropriate Christianity. Pasadena,CA: William Carey Library, 2005.

5. Hiebert, Anthropological Insights, p. 171.

6. A. Scott Moreau, Contextualization in World Missions:Mapping and Assessing Evangelical Models. GrandRapids, MI: Kregel Publications, 2012, p. 19. 7. Idem, p.35.

7. Idem, p. 36.

8. Andrew F. Walls, The Missionary Movement inChristian History: Studies in the Transmission ofFaith. Maryknoll, NY: Orbis Books, 1996, p. 7–9.

9. Karen H. Jobes, 1 Peter, Baker Exegetical Com-mentary on the New Testament. Grand Rapids, MI:Baker Academic, 2005, p. 4.

10. Ibidem.

11. Idem, p. 171.

les Indiens trouvent quelque chose dedifférent des rites hindous, et les Cam-bodgiens trouvent quelque chose quileur est familier sur le plan culturel. Ilsn’ont pas l'impression d’être allés auBrésil ou en Norvège lorsqu’ils vont àl'église. De toute évidence, le « point decontact » ou « lieu de rencontre » desÉcritures et de la culture est un croise-ment compliqué, et la contextualisationfidèle demeure une tâche exigeante quipermet peu de raccourcis.

ConclusionLe but de la contextualisation fidèle

est que la Parole de Dieu, absolue, uni-verselle et immuable, fasse sa demeurechez les individus d’aujourd’hui, au seindes groupes culturels particuliers de no-tre époque, de manière aussi authen-

G o rd e n D O S S CONTEXTUALISATION FIDÈLE...

M

revivalandreformation.org

L e vrai réveil et la vraie réformemettent l’accent sur la grâce.Dieu nous prodigue sa grâce

en pardonnant nos péchés, en nousappelant ses enfants et en nous sauvantdans son royaume. Nous répondonsensuite à cette grâce surabondante enlui permettant de nous transformer àson image.

Quand nous intérioriserons la véritéau sujet de la grâce, nous ferons preuved’une grande humilité et serons deschrétiens remplis de grâce. Nous offri-rons à tous la grâce de Dieu, recon-naissant qu’au pied de la croix, noussommes tous égaux.

La grâce nous fait comprendre quela façon dont nous traitons les autresa de l’importance, qu’il s’agisse demembres d’église ou de personnes ne

professant pas notre foi ; qu’il s’agissede nos collègues de travail, de membresde notre famille ou de simples étrangers.La grâce exige que nous traitions toutle monde avec respect et dignité.

Nous sommes appelés à être parti-culièrement aimables, doux et patientsenvers les membres de notre famille(Ep 5.21-6.4). La grâce ne permet au-cunement d’être une personne bien-veillante en public, et un tyran autori-taire dans la famille. La maltraitance,quelle qu’elle soit, verbale, émotion-nelle, physique, sexuelle, financière,n’aura pas de place chez la personnequi comprend véritablement qu’elle aété sauvée par grâce. Il n’y a pas nonplus de place pour un comportementde contrôleur. Après tout, Jésus, notreexemple, n’a jamais utilisé la force bru-

etRÉFORME

VOUS, VOTRE FAMILLE, VOTRE ÉGLISE, VOTRE COMMUNAUTÉ

tale ni le langage méprisant pour punirou contrôler qui que ce soit. Il a plutôtattiré les gens avec amour, compassionet respect.

La transformation dans la façon dontnous traitons les autres constitue unepreuve visible du réveil et de la réformedu cœur.

– Carla Baker est directrice du Ministère desfemmes de l’Église adventiste du septièmejour en Amérique du Nord, Silver Spring, Ma-ryland, États-Unis.

La grâce transformatrice« C’est par grâce que vous êtes sauvés. » (Ep 2.5)

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92e trimestre 2016 Ministry®

partie de l’alliance. «À l'âge de huitjours, tout mâle parmi vous, dans toutesvos générations, sera circoncis, qu'il soitné dans la maison ou qu'il ait été achetéà prix d'argent à un étranger, à quelqu'unqui n'est pas de ta descendance. […]mon alliance dans votre chair sera unealliance perpétuelle » (Gn 17.12, 13).En fait, une des raisons pour lesquellesDieu a choisi Abraham, c’est qu’il n’en-seignerait pas seulement ses enfants,mais toute personne faisant partie desa maison, quels que soient ses anté-cédents. «Car je l'ai distingué (Abraham)afin qu'il ordonne à ses fils et à toute samaison, après lui, de garder la voie duSeigneur » (Gn 18.19).

La maison d’Abraham était très nom-breuse, formée probablement d’un millierde personnes ; à une occasion il a armé318 hommes « nés dans sa maison »(Gn 14.14) pour libérer Lot. Le fait qu’ilait fait confiance à l’un de ses serviteurspour trouver une femme pour Isaac enlui faisant jurer « par le Seigneur » (Gn24.1-3), montre que sa maison parta-geait sa foi.

Les descendants direct de Jacob quisont entrés en Égypte étaient au nombrede 70 (Ex 1.5). Lors de l’exode, Israëlétait composé de 600000 hommes enâge de porter des armes (Ex 12.37 ; cf.

Nb 1.46), plus des femmes, des enfantset des vieillards, faisant un total d’environdeux ou trois millions de personnes. Untaux de croissance biologique réalistene peut avoir produit une telle croissance.Mais si nous comprenons Israël de façoninclusive dans le sens que la maisond’Abraham était inclusive, il est alorsplus facile de comprendre l’étonnantecroissance numérique. Les deux à troismillions de personnes qui ont quittél’Égypte n’étaient pas la descendancebiologique d’Abraham. Le peuple étaitformé de tous ceux qui s’étaient attachésà la maison d’Israël, en partageant safoi – épouses, maris, esclaves, serviteurs,de toute origine ethnique.

Ainsi, lors de la sortie d’Égypte, unemultitude de diverses origines s’est jointeà Israël (Ex 12.38), partageant pleinementl’alliance. Le fait que Caleb soit devenule chef de la plus grande tribu d’Israël,la tribu de Juda (Nb 13.3, 6), témoignede la pleine intégration de croyants d’ori-gine étrangère. Il n’y a aucune raison depenser que de telles adhésions à Israëlait eu lieu seulement au cours de l’Exodeet pas avant, bien qu’en petit nombre.Quand Dieu a renouvelé son allianceavec Israël, (Ex 19-24), ce fut une allianceouverte. La participation fut volontaire.De nombreux individus qui n’étaient pas

Tout Israël sera sauvé (Rm 11.26).1

Confrontés à cette déclaration lescommentateurs se demandent

s’il s’agit de l’Israël physique ou spirituel.L’Israël physique est formé de Juifs quisont physiquement descendants d’Abra-ham. Il est considéré par beaucoupcomme étant encore le peuple élu deDieu. L’Israël spirituel est formé de croyantsen Jésus. Ceux qui tiennent pour leconcept de l’Israël spirituel croientsouvent que l’Israël physique a été au-trefois le peuple de Dieu, mais du faitqu’il a rejeté Jésus, Dieu a fait un pas deplus. Il a offert l’Évangile à toutes les na-tions et la communauté de foi en Jésusest devenue l’Israël spirituel ; la commu-nauté est spirituelle, dans le sens qu’ellen’a pas en Abraham un ancêtre physique.Elle est constituée comme peuple deDieu par la foi.

L’Israël physique ?Le concept de l’Israël physique est-il

biblique tant maintenant qu’au tempsde l’Ancien Testament? Je crois que laréponse est non. Bien qu’Abraham aiteu au moins huit fils biologiques (Gn16.11 ; 21.3 ; 25.1, 2), l’un d’entre euxest entré dans l’alliance et pas les autres(Gn 21.10 ; cf. Gal 4.30 ; Gn 25.6). Àl’inverse, d’autres qui n’étaient pas enlien biologique avec Abraham ont fait

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« Tout Israël sera sauvé » :base pour une interprétationvalable«

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10 Ministry® 2e trimestre 2016

Ac 13.16, 26; 16.14 ; 17.17). Des étran-gers se pressaient à Jérusalem pouradorer durant les fêtes (Jn 12.12). Quinzenations sont mentionnées, formées à lafois de Juifs et de prosélytes, commeparticipant à la Pentecôte (Ac 2.9-11).

Il était dans l’intention de Dieu quel’alliance soit ouverte à toutes les nations.Ma maison, dit-il, sera appelée «Maisonde prière pour tous les peuples» (Es56.7). Le fait que les moabites, par exem-ple (Dt 23.4), aient été interdits d’accèsà l’alliance montre que pour d’autresnations il n’y avait pas de limites.

Non seulement n’importe qui de n’im-porte quelle origine pouvait entrer dansl’alliance, mais ceux qui s’y trouvaientpouvaient choisir d’en sortir ou en êtreexclus. Être «retranché» était une punitionpour nombre de péchés (par ex. Ex30.33, 38 ; 31.14 ; Lv 7.20, 25, 27).Nous ne savons pas dans quelle mesurecela fut appliqué, mais c’était possible.Le mot apostasie, ou «abandon de lafoi,» n’est pas rare dans la LXX pour dé-crire l’attitude parfois de rébellion d’Israëlà l’égard de Dieu (par ex. Jos 22.22 ; 2Ch 29.19).

Il est évident donc, que toute personnede toute origine pouvait entrer dans l’al-liance et que des centaines de milliers(des millions?) l’ont fait au cours del’histoire d’Israël, et que n’importe qui,

de toute origine, pouvait choisir d’ensortir.

En langage contemporain nous pour-rions dire qu’Israël a fonctionné de nom-breuses manières comme une Eglise,avec des gens qui y entrent et des gensqui en sortent. De fait, ekklesia, «Église»,est le terme même que Pierre emploiepour décrire l’ancien Israël «C’est luiqui, dans l’assemblée [ekklesia] au désert,était avec l’ange» (Ac 7.38). Ne soyonspas tenté de considérer cet exemplecomme unique car la LXX emploie ekklesia77 fois, presque exclusivement commeune référence à Israël.

À la lumière de tout ce que nousavons vu plus haut, il n’est pas bibliquede parler de « l’Israël physique, » commeétant formé de descendants physiquesd’Abraham. Bien qu’Israël ait existé entant que nation pendant une grandepartie de son histoire vétérotestamentaire,aux yeux de Dieu, en être membre nedépendait pas de son ascendance, maisde la foi (cf. Rm 2.29). Paul relève celaquand il souligne qu’à l’époque d’Achab,de tout Israël, seuls 7000 sont restés fi-dèles à Dieu, un reste formant le véritableIsraël (Rm 11.1-5). Bibliquement donc,Israël était une communauté spirituelleà laquelle des gens ont été agrégés etd’où d’autres ont été exclus sans consi-dération d’ascendance ou de race.6

des descendants directs d’Abraham sontentrés dans l’alliance. Joseph a épouséune égyptienne (Gn 41.45), Moïse unemadianite (Ex 2.16-21, Caleb, déjà men-tionné était un qenizzite (Nb 32.12) ;Rahab une cananéenne (Jos 2.1, 2) ;Ruth une moabite (Rt 1.4) ; Urie un hittite(2 Sm 11.3). Le roi David lui-mêmen’était qu’en partie un israélite (Rt 4.17).

Non seulement des individus, maisdes groupes entiers sont entrés dansl’alliance. De plus, des cananéens quin’ont pas été détruits ou chassés ontété ajoutés à la «multitude mêlée,» dontles rékabites, particulièrement respectéspour leur fidélité à Dieu (Jr 35.1-19).L’élite de la garde personnelle de Davidétait formée de philistins (1 Ch 18.17)que l’on présume convertis, car il est dif-ficile d’imaginer le palais de David remplide païens.

Tout au long de la monarchie il y eutdes milliers d’étrangers en Israël (1 Ch22.2; 2 Ch 30.25) que la Septante (LXX)appelle proselutoi, convertis.2 À l’époqued’Esther, après l’effondrement du complotd’Haman, «beaucoup parmi les peuplesdu pays se firent Juifs» (Est 8.17). Esther9.27 montre que cette vague de conver-sions s’est poursuivie après les événe-ments importants décrits dans le livre.Artaxerxés a autorisé Esdras à établirdes juges dans la province de « ranseu-phratène, pour ceux qui connaissent leslois de ton Dieu,» lois à faire connaîtreaussi «à ceux qui ne les connaissentpas» (Esd 7.25). Ce qui peut être compriscomme une autorisation de convertirdes gens des autres nations.3

Au cours de la période intertestamen-taire, le roi juif Jean Hyrcan a converti lanation entière des iduméens (édomites)au judaïsme à la pointe de l’épée.4 Decelle-ci est sortie la fameuse famille desHérode.5

À l’époque du Nouveau Testament, lespharisiens se sont fait remarquer parleur zèle missionnaire (Mt 23.15). Lessynagogues étaient pleines d’étrangersconvertis ou de craignant-Dieu (par ex.

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Le peuple était formé de tousceux qui s’étaient attachés à lamaison d’Israël, en partageantsa foi – épouses, maris,esclaves, serviteurs, de touteorigine ethnique.

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112e trimestre 2016 Ministry®

« TOUT ISRAËL SERA SAUVÉ » : BASE POUR UNE INTERPRÉTATION VALABLE

l’arbre, ne font plus partie d’Israël. Aucunebranche incrédule ne fait partie du véri-table Israël. Le bel arbre d’autrefois, avecses branches brisées, a une allure désolée.Comment Dieu traite-t-il ce problème ?Des branches d’autres oliviers, des olivierssauvages, sont greffées sur le bon arbre.Ces branches sont des individus detoutes nations qui sont parvenus à la foien Jésus, autrefois comme maintenant :« toi [chrétien de toute origine] tu as étégreffé à leur place» (11.17).

Il faut noter ici un point important. Dieune plante pas un nouvel arbre, l’Églisechrétienne. Les branches autrefois sau-vages sont greffées sur le même vieilarbre (greffé à leur place 11.17) quicontinue à vivre et à nourrir les branches.Comme l’arbre est Israël et que lesbranches sauvages sont greffées surIsraël, elles font partie de l’Israël biblique;elles ne forment pas un nouvel Israël.Dans un sens, l’Israël de l’Ancien Testamentqui, comme nous le voyons, était uneentité spirituelle, continue d’exister et dese développer, après qu’il soit passé parun processus de taille des branches in-croyantes et de greffe de nouvellesbranches croyantes. Les nouvellesbranches sont devenues la continuationnaturelle de ce merveilleux arbre.

L’Église n’a pas remplacé Israël. L’Égliseest la continuation naturelle d’Israël, toutcomme les branches sont la continuationnaturelle de l’arbre ! Les croyants enChrist forment le véritable Israël.

Il est important de noter en comprenantles choses de cette manière, que Paulétait bien dans le mode de pensée deson temps. Le concept de judaïsme «of-ficiel» en état d’apostasie ou «retranché»n’était pas rare à cette époque turbulente.Les pharisiens, qui ont finalement dominéle développement théologique du ju-daïsme, sont issus de Juifs pieux qui ontrejeté l’accaparement de la haute prêtrisepar les Hasmonéens au deuxième siècleavant notre ère et se considéraient eux-mêmes comme séparés des perspectivesde l’élite dirigeante.7 En fait, le nom de

pharisien dérive de l’araméen, perisa,qui veut dire «mis à part, séparé».8 Demême, les Esséniens, contemporains deJésus et de Paul, considéraient le Templede Jérusalem et sa prêtrise comme apos-tats et se considéraient eux-mêmescomme le véritable Israël. Ils se séparaientdu judaïsme dominant, non seulementsur le plan théologique et cérémoniel,mais aussi physiquement en formant lacommunauté bien connue de Qumran 9.Quand Paul donc considérait que lesJuifs qui ont rejeté Jésus étaient desbranches retranchées et que les croyantsen Jésus étaient les branches véritables,il s’inscrivait dans un cadre théologiquetrès familier à ses contemporains.

Plus encore, dans cet état premier,Paul n’a pas anticipé, ni discuté, la ruptureentre le christianisme et le judaïsme quia commencé à grandir une générationplus tard. Au début, les chrétiens étaientpour la plupart d’origine juive. Ils se si-tuaient dans le contexte de la synagogueet du judaïsme. De voir donc certainsparticipants du service de la synagoguecomme des branches saines et d’autrescomme retranchées était un conceptcourant. Le fait que les chrétiens et lesJuifs se sont finalement complètementséparés a pu renforcer le paradigmeque Paul a adopté.

«Tout Israël sera sauvé »Paul conclut sa parabole sur l’olivier

par la déclaration avec laquelle nousavons commencé cette étude –une dé-claration qui est souvent discutée etpresque toujours mal comprise : « toutIsraël sera sauvé» (11.26). La questionhabituellement posée est : Quel Israëlsera sauvé, «physique» ou «spirituel?»

La clé pour comprendre ce simpletexte c’est d’en interpréter les termes enharmonie avec la parabole de l’olivierdont il forme la conclusion. Israël, lepeuple de Dieu, fut une fois beau etépanoui. Mais une partie d’Israël s’est« endurcie », est devenue « aveugle »(11.25). En d’autres termes, certains

En gardant cela à l’esprit, nous pouvonscomprendre la déclaration de Paul selonlaquelle tout Israël sera sauvé et lecontexte dans lequel il l’a faite.

La parabole de l’olivierEn Romains 11.16-24, Paul fait usage

de ce concept d’identité spirituelle et ledéveloppe pour expliquer la relation entrel’Église naissante et les Juifs qui ontrejeté Jésus. Il le fait en employant laparabole de l’olivier.

Cette parabole est tirée de Jérémie11.16, 17 où Israël est comparé à un«olivier verdoyant, remarquable par labeauté de son fruit » (11.16). Mais parceque le peuple a mal agi et s’est tournévers Baal, Dieu mettra le feu à sesbranches. Une des raisons de cette pu-nition tient aussi au rejet des avertisse-ments donnés par Jérémie (11.17-23).

Paul emploie cette parabole pour ex-pliquer la relation entre l’Église naissanteet les Juifs qui ont rejeté Jésus. L’olivierreprésente Israël, le peuple de l’alliance,autrefois beau et complet. Mais, commeIsraël a rejeté Jérémie – un moutonconfiant (Jr 11.19) – il rejette un autremouton plus doux et plus grand, l’Agneaude Dieu, Jésus, et le conduit à l’abattoir.Non seulement cela, mais après sa ré-surrection des morts et la proclamationde cette bonne nouvelle par ses disciples,de nombreux Juifs l’ont encore rejeté.

Paul compare ces Juifs qui ont rejetéJésus aux branches de l’époque de Jé-rémie qui ont été « retranchées» (Rm11.17) «du fait de leur manque de foi »(11.20). Être retranché signifie être exclude la famille de Dieu (11.20, 21).

Deux choses sont importantes ici. Toutd’abord, seules les branches mortes –ceux qui ont manqué de foi – sont re-tranchées. L’arbre en lui-même n’a pasété rejeté; il continue à être saint (11.16),pour nourrir et porter les branches res-tantes (11.18). Deuxièmement, commel’arbre représente Israël et que lesbranches incrédules sont retranchées, ils’en suit qu’elles ne font plus partie de

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12 Ministry® 2e trimestre 2016

Résumé et implicationsCette étude a tenté d’établir deux

points principaux. D’abord, que le termeIsraël dans la Bible ne renvoie pas à unedescendance physique, mais désigneceux qui sont consacrés à Dieu par lafoi ; une communauté spirituelle et nonraciale. Ensuite, selon Romains 9, cetIsraël spirituel n’a jamais été rejeté. Ilest vrai que la mort, la résurrection et lerejet de Jésus par des membres dupeuple d’Israël marque un tournant im-portant dans la façon dont Dieu traitel’humanité (cf. Dn 9.24-27 ; Mt 21.43).Mais ce sont des individus qui ont étérejetés. Israël, en tant que référence aupeuple de Dieu, continue d’exister. Il estformé de quiconque accepte Jésuscomme Seigneur et Sauveur quelle quesoit son ascendance ou sa race. Lescroyants en Jésus sont les vrais filsd’Abraham (Ga 3.7).

Les implications sont nombreusesmais nous n’en mentionnerons que trois : 1. Face aux Juifs contemporains,

il n’y a absolument aucune placepour de l’antisémitisme. Leurs Écri-tures font partie des nôtres, leur hé-ritage biblique est le nôtre. Leur na-tion n’est pas rejetée. Ce sont desbranches retranchées, des frères etsœurs qui ont manqué de foi, et no-tre vocation est de les aimer avecfoi, comme tout autre être humain.

2. Mais ils ne sont pas non plusle peuple élu de Dieu. Dieu a choisil’arbre et l’a nourri. Les branches re-tranchées ne font plus partie de l’ar-bre. Elles ne peuvent être à nouveauréintégrées que par la foi (Rm11.23). Le projet de Dieu sera ac-compli dans l’arbre – les croyantsen Jésus – pas dans les branchesbrisées.

3. Les chrétiens feraient biend’explorer à nouveau les racines del’Israël biblique, y compris le sabbatbiblique, et de le considérer commepleinement, et pas indirectement,leur héritage. La profonde rupture

membres du peuple de Dieu ont endurcileur cœur (cf. He 4.7).10 Ils ont refuséd’accepter l’œuvre salvatrice de Dieudans le Christ Jésus. L’endurcissementdu cœur corrobore leur suppression.Israël ayant échoué à former une com-munauté de l’alliance abrahamique enrejetant Jésus a transformé l’attente deDieu pour l’olivier en déception. Maisson projet pour l’olivier c’est qu’il portedu fruit – le fruit de la foi dans la grâcede Dieu manifestée à travers la croixpour la rédemption de l’humanité – ceprojet ne peut et ne doit échouer.

Comment Dieu a-t-il traité cela? Il aintroduit «la totalité des non-Juifs» (11.25).Introduit où? En Israël, bien sûr, pourremplir le vide laissé par ceux dont lecœur s’est endurci. Le grec pleroma «plé-nitude» est tiré d’un verbe et indiqueune chose partiellement vide qui doitêtre comblé.11 Ainsi, le vide laissé parceux qui n’ont pas cru est rempli par lespaïens qui entrent et prennent leur place.Paul affirme que les païens – les branchesd’olivier sauvage, étrangères à l’alliance– sont greffées, et constituent la commu-nauté chrétienne de foi – un arbre portantdu fruit, ouvert à toute la race humaine.

Paul annonce alors : «Et c’est ainsique tout Israël sera sauvé» (11.26). Lestermes «c’est ainsi » sont une formulede conclusion. Israël était complet ; cer-tains ont chuté par manque de foi ; d’au-tres sont entrés pour prendre leur place;ainsi maintenant Israël est à nouveaucomplet. Paul peut avec joie déclarerque tout Israël sera sauvé. «Tout Israël»donc, ne se réfère pas à l’Israël «phy-sique», un concept qui nous est apparuproblématique. «Tout Israël» renvoie àtous les croyants de tous les âges, depuisles patriarches de l’Ancien Testamentjusqu’aux croyants d’aujourd’hui ; pourle dire d’une autre façon, des racines del’olivier dans l’Ancien Testament à sesdernières et plus fines branches, les chré-tiens croyants d’aujourd’hui. Tout Israëlrenvoie à la totalité du peuple de Dieu àtravers les siècles.

entre l’Israël biblique et l’Église, quifait partie de nombreuses théologiesaujourd’hui, est arbitraire et non bi-blique. Elle a volé à l’Église chré-tienne de nombreuses valeurs.L’Église est la continuation naturelled’Israël, tout comme les branchessont la continuation naturelle de l’ar-bre. Une redécouverte plus profondede nos racines peut faire grandir no-tre spiritualité et notre adoration.

1. Les textes cités sont extraits de la Nouvelle Bible Se-gond.2. Henry George Liddell and Robert Scott, «proselutoi »,An Intermediate Greek-English Lexicon, Oxford, UK: OxfordUniversity Press, 1945.3. Les commentateurs comprennent habituellement cetexte comme une autorisation de servir les Juifs non pra-tiquants ; car ils considèrent comme peu probable qu’Ar-taxerxés ait autorisé une évangélisation publique despaïens. Cependant, le fait qu’en Esdras 7.23 Artaxerxésreconnaisse Dieu comme le Dieu des cieux pourraitindiquer que l’autorisation a une plus large application, ycompris la permission de convertir des non-Juifs.4. Josèphe, Antiquités 13.9.1. Voir aussi Bernard M.Zlotowitz, «Sincere Conversion and Ulterior Motives», inConversion to Judaism in Jewish Law: Essays and Res-ponses, ed. Walter Jacob and Moshe Zemer, Pittsburgh,PA: Rodef Shalom, 1994, p. 67.5. Par ex., Josèphe, Antiquités, 14.1.3.6. Les juifs aujourd’hui comprennent cela très clairement.Toute personne qui se convertit au Judaïsme est considéréecomme pleinement juive et reçoit tous les droits d’immigreren Israël ; à l’inverse, des Juifs de noble héritage quidisent accepter Jésus comme leur Sauveur, ne sont plusconsidérés comme Juifs et perdent le droit d’immigreren Israël.7. Voir Everett Ferguson, Backgrounds of Early Christianity,Grand Rapids, MI: Eerdmans, 2003, p. 514.8. Liddell and Scott, «perisa» An Intermediate Greek-English Lexicon.9. Ferguson, Backgrounds of Early Christianity, p. 521–531.10. Le grec apo merous en rapport avec l’endurcissementpeut être interprété soit (a) que l’endurcissement était«partiel » ou (b) que l’endurcissement est celui d’une«partie» d’Israël en opposition au tout. La seconde optionest préférable pour trois raisons. Premièrement, le nommeros renvoie plus naturellement à une partie d’un toutplus grand. Deuxièmement, le mot pour « endurcir » estporosis, un mot très fort qui dans les deux autres cas oùil est employé implique un rejet par Dieu (Mc 3.5 ; Ep4.18). Ainsi, il est difficile de parler d’un endurcissementpartiel (rapprocher porosis du mot plus doux skleros etde ses dérivés qui sont souvent employés pour un endur-cissement qui n’implique pas le rejet). Troisièmement, lecontexte exige que l’endurcissement provienne d’unepartie d’Israël (les branches incrédules) en opposition àtoutes les branches qui souffrent d’un endurcissementpartiel.11. Liddell and Scott, «pleroma,» An Intermediate Greek-English Lexicon, Cf. LXX Psaumes 23.1; 49.12; 88.12 ; Jr8.16; Rm 13.10 ; 1 Co 10.26.

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132e trimestre 2016 Ministry®

Jacques Lecomte est un psychologue bien connu enFrance et qui apprécie l’Église adventiste du septième

jour qui a été pour lui un facteur de résilience. Son dernierlivre porte un titre qui n’attirera pas forcément les pasteurs.Pourtant le sujet qu’il aborde peut les aider dans leur travaild’accompagnement des jeunes qui hésitent souvent dansleurs choix d’orientation professionnelle, et de tous lesmembres qui sont dans la vie active. Car le monde du travailoccupe le gros du temps et de l’énergie des adventistescomme des autres humains, et il vaut la peine de réfléchir àla manière de vivre dans le cadre du travail professionnel.

Le livre se présente en quatre grandes parties quicontiennent un total de vingt chapitres. Il invite à regarderle travail avec un optimisme résolu et à tout faire pour quechacun y trouve un épanouissement individuel et collectif.

La première partie étudie l’épanouissement de lapersonne au travail et traite de trouver sa vocation, de serendre utile aux autres, et des motivations qui devraientnous animer. Dans la deuxième partie, l’auteur nous inviteà faire confiance, à nous comporter avec bienveillance etavec un sens du service, mais aussi à apaiser les conflits pourformer des équipes de travail harmonieuses et efficaces. Latroisième partie nous fait entrer dans le domaine de laphilosophie de l’économie pour nous montrer que

Jacques Lecomte,

LES ENTREPRISES HUMANISTES.Comment elles vont changer le monde. Paris : éditions Les Arènes, 2016, 528 pages. 21,90€

Livre

l’économie sociale et solidairese met au service de la société,diminue la pauvreté, prévientdes catastrophes et est rentable. Enfin dans la quatrièmepartie, l’auteur aborde l’exigence du respect del’environnement : il montre que sauver la planète face auxpillages des ressources et aux pollutions reste possible et quel’industrie peut obtenir des succès réels dans ce combat, etil donne des exemples concrets.

Jacques Lecomte conclut son livre par un épilogue, où ilinvite d’abord à repenser les raisons d’être des entreprises. Ilmontre d’abord que le système qui repose sur les gainsfinanciers offerts aux actionnaires et aux dirigeants estvisiblement en perte de vitesse et pourrait mêmedisparaître. Il invite enfin à repenser de façon radicale toutenotre vision de l’économie.

Certes la perspective de l’ensemble est strictementhumaniste et ne cherche pas à faire intervenir Dieu dansl’économie, mais tous les principes énoncés dans cetouvrage sont en accord avec le message biblique. Ce quipourrait bien aider tout adventiste, pasteur ou non, àregarder autrement le domaine de l’économie qui prendtant de place dans nos vies.

Bernard Sauvagnat

revivalandreformation.org

Au cours d’une de mes visitesau Salvador, j’ai rencontré unjeune homme appelé Leonel

Arteaga. Leonel est un jeune adventistedu Septième Jour fidèle employé à lamairie de San Salvador. Alors qu’il tra-vaillait là, il a découvert que huit ansauparavant le Département de la Jeu-nesse adventiste de la Fédération localeavait sollicité de la mairie la permissiond’ériger sur la place centrale de la villeet de dévoiler un monument représen-tant les Dix commandements. Les au-torités avaient relégué la requête dansles oubliettes durant toutes ces années.Leonel a décidé de solliciter une ren-contre personnelle avec le maire de lacité qui l’a reçu gracieusement dansson bureau officiel au siège de l’instanceadministrative.

Ayant exposé le motif principal decette entrevue, Leonel a remis au maireune copie de la requête originale et aprésenté le projet au nom de la Jeu-nesse Adventiste du Salvador.

J’ai eu le privilège de procéder audévoilement d’un impressionnant mo-nument à la loi de Dieu sur la placeprincipale de cette capitale alors quej’occupais le poste de Directeur de laJeunesse adventiste à la Division in-teraméricaine. Depuis ce jour, ce témoinpour le Seigneur a eu son effet sur desmillions de personnes qui ont lu lesDix commandements placés en cet en-droit.

Le témoignage de Leonel me remetà l’esprit une citation inspirée que jepartage avec joie avec mes collèguespasteurs à travers le monde : « Lors

etRÉFORME

VOUS, VOTRE FAMILLE, VOTRE ÉGLISE, VOTRE COMMUNAUTÉ

des dernières scènes de l’histoire decette terre, un grand nombre de cesjeunes étonneront le monde par leurtémoignage spirituel et puissant qu’ilsdonneront à la vérité. »*

– Alfredo Garcia-Marenko est rédacteur adjointde la revue Elder’s Digest, Silver Spring, Ma-ryland, Etats-Unis.

* Ellen G. White, Conseils aux éducateurs, auxparents et aux étudiants. Miami et Damma-rie-les-Lys : IADPA et Vie et Santé, 2007, p. 135.

Les jeunes témoignent

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14, pourraient-ils fournir des indicationsutiles pour l’évangélisation et la formationde disciples ? Cet article cherche à ré-pondre à ces questions.

Dévoiler le messagede DieuL’idée que le contexte et l’ensemble

du message des trois anges fournissentun cadre pour la mission n’est pas nou-velle. Elle a été exprimée par le pionnieradventiste en matière d’évangélisation,J. L. Shuler. En tant que professeur auséminaire, il a influencé la prédicationd’environ 3 000 pasteurs adventistes,dont William Fagal, présentateur, fon-dateur et directeur du programme Faithfor Today (Une foi pour aujourd’hui) ;George Vandeman, présentateur, fon-dateur et directeur de It Is Written (Il estécrit) ; et les évangélistes Fordyce De-tamore qui a mis au point un ministèrepour les anciens membres, et John F.Coltheart qui a été le premier à lancerune approche archéologique en utilisantpour la première fois Dead Men Do TellTales (Les morts racontent des histoires)pour ses réunions d’ouverture. 2

J. L. Shuler enseignait qu’une sériede conférences d’évangélisation devraitêtre « le simple développement du mes-sage spécial d’Apocalypse 14… l’exposé

de ce triple message avec au centre leChrist.»3 Son adhésion à cette méthodeapparaissait dans sa façon de prêcher.4

Au début d’une série de conférencesd’évangélisation, il ne cherchait pas àexpliquer les trois messages d’Apoca-lypse 14.6-12, mais simplement à ai-guiser l’appétit de son auditoire. Cesmessages fournissaient ensuite le cadreet l’ordre qui lui permettaient de présenterprogressivement chaque message devérité, « ne dépassant pas les limites dece que les gens étaient capables decomprendre dans chaque sermon.»5

Le contexteAvant d’expliquer le développement

général de ces trois messages, nousdevons étudier leur contexte. La visiond’Apocalypse 12-14 présente un récitimagé des expériences du peuple deDieu et décrit de manière dramatiquela naissance de Jésus, son sacrifice,son ascension, et les attaques du malcontre lui. Les trois anges dénoncent ladomination d’une trinité du mal, com-posée du dragon, de la bête et du fauxprophète, qui utilise des tromperies spi-rituelles, des sanctions économiqueset des forces manipulatrices (Ap 13.1-18 ; 19.19,20). Comme l’Élie de la findes temps (Ml 4.5,6 ; cf. Mt 17.11), lestrois anges appellent une dernière fois

Pour la plupart des commenta-teurs, l’Apocalypse est le livre àconsulter pour connaître les évé-

nements des derniers jours. Et à justetitre, car dans ce livre, connu sous lenom « d’Apocalypse de Jean », les évé-nements de la fin sont dépeints dansun langage imagé.

Pourtant, l’Apocalypse ne nous parlepas seulement des événements de lafin des temps. Un élément plus profondencore y est attaché : c’est l’appel à lamission. L’Apocalypse est un livre mis-sionnaire. Il démontre que la missiondécoule du cœur de Dieu. La grâce etla paix viennent de lui. C’est lui « quinous aime, qui nous a délivrés de nospéchés par son sang » (Ap 1.4, 5).1

Cela a commencé bien avant le Calvaireou même Bethléem : Jésus était« l'agneau immolé depuis la fondationdu monde » (Ap 13.8). Il invite ouverte-ment tous ceux qui le souhaitent àvenir ; et sa mission culmine dans sonretour (Ap 22.17,20).

L’Apocalypse donne des perspectivesuniques sur la mission de Dieu. Cetterévélation pourrait-elle également sug-gérer des stratégies pour notre mission?Le contexte, l’ordre et le déroulementgénéral du livre, et en particulier lemessage des trois anges d’Apocalypse

P e t e r R O E N N F E L D T, DMin, pasteur retraité engagédans la formation d’équipes d’implantation denouvelles églises et de formation de disciples, habiteà Caroline Springs, Victoria, Australie.

Réflexionssur la missiond’après le contexteet le déroulé d’Apocalypse 14.6­12

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pour la fin des temps présente des in-térêts communs et répond aux besoinsdes gens : développer des initiativespour atténuer la souffrance, transformerles communautés, et guérir les relationsbrisées (Ml 4.5, 6).

2e étape : l’évangile. Le mandat deJésus de partager la «bonne nouvelledu Règne» (Mt 24.14) et de faire «desgens de toutes les nations des disciples»(Mt 28.18-20) est confirmé par ce signe:les disciples de la fin des temps procla-ment la «bonne nouvelle éternelle…aux habitants de la terre, à toute nation,tribu, langue et peuple» (Ap 14.6). Connuspour leur amour pour Jésus, ils accordentla priorité à la «bonne nouvelle éternelle»:le salut par la mort et la résurrection deJésus-Christ (1 Co 15.1-8).

3e étape : la vie chrétienne. Le mes-sage du premier ange mentionne ensuitedes préoccupations d’ordre pratique :« Craignez Dieu et donnez-lui gloire »(Ap 14.7). Craindre Dieu « c'est détesterle mal ; la suffisance, l'orgueil, la voiemauvaise et la bouche perverse » (Pr 8.13). C’est un appel à vivre pourDieu à la fin des temps, à fuir les terriblestromperies et séductions du dragon, dela bête et du faux prophète.

Pour ceux qui ont appris à connaîtreJésus (2e étape), la vie chrétienne pra-tique (3e étape) c’est apprendre à prier,lire la Bible, méditer, rendre un culte àDieu, faire l’expérience du culte de fa-mille, participer à des petits groupes, etfaire connaître Jésus aux autres. Cer-taines préoccupations quotidiennes se-ront abordées : les dépendances, lesblessures, la souffrance morale, l’alié-

à se préparer pour la grande moisson,la venue de Jésus (Ap 14.14-20).

Chaque message est d’une impor-tance remarquable pour ceux qui setrouvent dans un environnement hostileenvers Dieu, la foi et l’obéissance. Lepremier proclame d’une voix forte labonne nouvelle éternelle ; le second, lachute de Babylone (la trinité du mal) ;et le troisième, le choix que tous doiventfaire entre la damnation et la délivrance.Les adventistes trouvent leur identitéen adressant ces derniers appels aumonde, et nous avons cherché à révélerprogressivement ces vérités, aussi bienpar l’évangélisation personnelle quepublique.

Le déroulé du texteDans ces messages, on découvre

une sorte de déroulé ou de développe-ment progressif. Comme illustré dansla figure 1, on passe du contexte à laproclamation de l’évangile, puis à lavie chrétienne. Les messagers célestesproclament ensuite les doctrines dis-tinctives, les avertissements prophétiques,et l’appel à témoigner fidèlement et àmultiplier les disciples.

Cela suggère un cadre pour la mission,un ordre, ou des étapes, pour partagernotre foi :

1re étape – le contexte. Dans un cer-tain sens, l’évangélisation commencepar la compréhension de la place de lapersonne dans son contexte très largeplutôt que par le message. Jésus s’estmêlé aux gens et a chargé ses disciplesde faire de même. Le message d’Élie

nation, l’estime de soi, le pardon, la fa-mille, les enfants, la sexualité, l’appar-tenance et la confiance, et bien d’autresproblèmes encore. Des questions dejustice vont surgir. La plupart des grandesquestions que se posent les postmo-dernes doivent être explorées et uneréponse doit être suggérée. Cette étapede l’évangélisation, une fois atteinte,continuera à être importante tout aulong de la croissance chrétienne.

4e étape : la doctrine. Il n’existe au-cune dichotomie entre Jésus et la doc-trine, ou la vie chrétienne pratique et ladoctrine. Les étapes 1 à 3 se rapportentà notre compréhension de Dieu, dusalut et de la vie : la doctrine. Mais il y aune progression. Les messages présen-tent ce que l’on pourrait appeler lesdoctrines distinctives 6. « L’heure [du ju-gement de Dieu] est venue… proster-nez-vous devant celui qui a fait le ciel,la terre, la mer et les sources d'eaux ! »(Ap 14.7)

5e étape : la prophétie. Du fait quebeaucoup ont une connaissance limitéede Dieu ou de sa Parole, il n’est paspropice de se précipiter sur l’étude desgrands avertissements prophétiques dudeuxième et troisième ange concernantla chute de Babylone, la bête, son image,sa marque et son destin, avant detrouver un terrain d’entente en partageantJésus et en cultivant les valeurs pratiquesde la vie chrétienne. Ces avertissementssont d’une importance vitale, mais ilsseront plus significatifs et pertinentsquand ils seront présentés en pensantaux préoccupations intimes des audi-teurs.

6e étape : se multiplier. La véritableévangélisation équipe les nouveaux dis-ciples, qui, à leur tour, atteignent denouvelles personnes pour Dieu. Les troisanges représentent le peuple de Dieupartageant sa foi, et « leurs œuvres lessuivent » (Ap 14.12,13). Dans la viecomme dans la mort, leur témoignagese multiplie. Ce ne sont pas simplementles actions des 4e et 5e étapes, maisc’est le témoignage de chaque étape.

Figure 1. Chaque étape, une fois atteinte, continue à être significative

1. se rapporter au contexte2. raconter l’histoire de Jésus3. vivre la vie chrétienne pratique4. sonder la doctrine5. sonder les grands thèmes prophétiques6. multiplier les disciples

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Ce cadre comporte aussi une impli-cation importante pour ceux qui sontengagés dans la proclamation publiquede l’évangile. Dans le passé, les évan-gélistes ajustaient leurs sujets alorsqu’ils avançaient dans leurs séries deréunions. S’il devenait évident qu’unmeilleur fondement était nécessaireavant de passer d’une étape à uneautre, d’autres sujets d’évangélisationen rapport avec ce domaine étaientajoutés. Cependant, avec les contraintesde la vie moderne, il est devenu néces-saire de réduire le nombre de réunions.Avec la nouvelle manière de faire quiconsiste à avoir des séries de présen-tations toutes prêtes, il devient difficiled’insérer des sujets supplémentaires.Malheureusement, en avançant rapide-ment vers les thèmes doctrinaux et pro-phétiques qui nous sont spécifiques,les étapes 1 à 3 risquent d’être négligéesou tronquées, privant ainsi le messagede son interpellation et de sa puissancetransformatrice. Pour s’assurer que celane se produise pas, les visites deviennentune priorité.

En même temps, ces six étapes per-mettent à l’évangéliste de continuer àprogresser. La tâche n’est pas achevéetant que tous les aspects de ce messaged’Élie pour la fin des temps ne sont pasprêchés et expliqués. Chaque étapefournit le fondement pour la suivante,et une fois atteinte, elle continue d’êtreimportante pour le cheminement chré-tien. L’adventisme n’est pas façonnéuniquement par la compréhension doc-trinale (4e étape) ou prophétique (5e

étape). La base réside dans notre relationavec Jésus-Christ (2e étape) et lesvaleurs qui façonnent nos vies (3e étape).Toutefois, les étapes 2 et 3 sans lesétapes 4 et 5 ne fournissent pas nonplus une compréhension complèted’Apocalypse 14.6-12, et négliger la 6e

étape (faire des disciples) ampute encoredavantage ce message de la fin destemps à chaque étape.

Il est important de présenter aux nou-veaux disciples un cadre simple pourpartager leur foi, et à chaque étape deles instruire sur la manière de la partageravec leur famille et leurs amis. S’ils at-tendent d’être convaincus d’une doctrineparticulière pour en parler à d’autres(4e étape) ou d’être confrontés auxgrandes prophéties (5e étape), beaucoupde leurs amis seront complètementsubmergés par leur témoignage et nevoudront plus rien entendre. Nous pou-vons utiliser ces six étapes commepoints de références pour le dévelop-pement de nouveaux disciples, et pourqu’à leur tour ils fassent des disciples.

Un cadre pour répondreaux questionsAvant de répondre aux questions, il

est simple d’évaluer le degré de foi dela personne intéressée. Si vous voustrouvez à la 1re étape (où vous cherchezà comprendre et à vous rapprocher del’environnement de la personne) etqu’elle vous pose une question doctrinale(4e étape) ou une grande question pro-phétique (5e étape), vous devez répondreselon l’étape où vous vous trouvez,c’est-à-dire, la 1re étape. Par exemple,comment pourriez-vous répondre si lapersonne à la 1re étape demande :«Dites-moi, que pensez-vous qu’il arrivequand une personne meurt ? » C’estune question doctrinale de la 4e étape,posée par une personne avec peu oupas de connaissance de Jésus-Christ,de la vie chrétienne, ou des enseigne-ments bibliques.

Plutôt que de fournir une étude bi-blique complète sur l’état des morts,on pourrait répondre, selon la 1re étape,par une question : « Pourquoi posez-vous cette question ? Et qu’en pensez-vous ? » Nous avons appris que raressont ceux qui posent cette questionhors d’un contexte. Ce jeune hommea-t-il récemment perdu un ami dans unaccident du travail ? Ou cette dame

Ceux qui apportent les messages destrois anges s’empressent de faire desdisciples : des disciples faisant des dis-ciples qui font d’autres disciples !

Les implications pratiques Qu’implique la suggestion que les

messages des trois anges offrent uncadre pour la mission ?

Premièrement, cela fournit une struc-ture permettant une instruction bibliqueapprofondie et une compréhension pro-gressive. L’intérêt spirituel d’une personnese développe en s’identifiant à sespréoccupations dans son contexte devie et dans le monde. Une fois cette dé-marche accomplie, la tâche de l’évan-gélisation consiste à expliquer le mes-sage des derniers jours d’Apocalypse14.6-12.

Deuxièmement, cela fournit lesmoyens de découvrir la sensibilité dechaque personne dans son chemine-ment, sans qu’il soit normatif pour tous.L’importance de chaque étape d’évan-gélisation est évaluée pour chaque per-sonne ou groupe. Pour les croyants en-gagés, les discussions de la 2e étapeau sujet de l’évangile seront des mo-ments de réjouissances dans une foicommune tout en étudiant l’histoire dela vie et du ministère de Jésus, plutôtque des semaines de lecture des Évan-giles procurant des preuves apologé-tiques pour Jésus. Toutefois, s’il s’agitde personnes nouvelles dans la foi enJésus, les discussions sur la vie chré-tienne de la 3e étape incluront l’ensei-gnement, la formation, la pratique dela lecture de la Bible, la prière, le cultede famille, et le partage de sa foi, sansparler du soutien pour d’innombrablesquestions de vie personnelle telles quesurmonter les dépendances destructrices,trouver la guérison de la souffrancemorale, offrir le pardon et cultiver laconfiance. Certaines étapes pourraientprendre beaucoup de temps, mais celadépendra de ceux que vous instruisez.

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Défis uniqueset nouvelles occasionsÀ première vue, ce cadre semble être

fondé sur un contrôle rigoureux : partagerl’information de la 1re étape jusqu’à ceque la personne soit prête pour la 2e

étape, et ne pas présenter les idéesdes 4e et 5e étapes avant qu’elle y soitpréparée. Croire que nous pourrions at-teindre cet objectif dans notre mondesaturé d’information n’est pas réaliste.Dès que les gens savent que noussommes chrétiens ou adventistes, ilsfont leurs recherches sur l’Internet, oùl’ensemble de l’information, vraie etfausse, ne présente aucun ordre.

Un autre défi est la prédominancedu paganisme postchrétien. Il est plusdifficile de témoigner envers ceux quiont rejeté le christianisme parce quedes chrétiens ont agi de façon nonchrétienne (guerres de religions, abus,contrôle manipulateur, injustice, accu-mulation de richesses, discrimination)qu’envers les sociétés païennes pré-chrétiennes, qui semblent ne connaîtreni le nom de Jésus ni l’Église. De plus,ceux qui sont influencés par la penséepostmoderne ne supporteront aucunesorte de discrimination. Et pour eux, un

d’un certain âge a-t-elle perdu un nou-veau-né il y a 60 ans ? Ou cette jeunefemme a-t-elle récemment soutenu uneamie lors d’un avortement? Ce contexteet la connaissance que possède la per-sonne vous éclaireront sur la réponseà donner. Négliger ceci et citer allègre-ment des versets bibliques pourraientdétruire l’intérêt spirituel.

Si la personne persiste à vouloirconnaître votre opinion, une autre ré-ponse de la 1re étape à cette questionde la 4e étape pourrait être : « Je vousencourage à lire le 11e chapitre del’évangile de Jean dans la Bible.» Ex-pliquez-lui comment trouver ce passage,en téléchargeant même une Bible facileà lire sur son téléphone ou sa tablette,et en affirmant : « Cette histoire expliquece que je crois qu’il arrive après lamort. Lisez-la, et la prochaine fois quenous nous rencontrerons, racontez-moice que vous avez découvert et ce quevous en pensez.» Dans cette réponse,vous les préparez à découvrir l’évangile(2e étape).

Ces mêmes principes peuvent êtreappliqués à toutes les questions : 1. Posez des questions pour com-

prendre leur contexte et la vraie rai-son de leur question.

2. Répondez dans le cadre del’étape de compréhension et decroissance spirituelle où ils se trou-vent actuellement.

3. Indiquez une histoire de Jésusen lien avec leur question, encou-rageant ainsi la découverte.

4. Affirmez votre confiance dansces récits bibliques et en Jésus.

5. Informez-vous de ce qu’ils dé-couvrent en lisant l’histoire bi-blique.

Même pour des questions dans le ca-dre de leur étape actuelle de compré-hension, cette approche favorise unemeilleure acceptation personnelle desdécouvertes bibliques.

chrétien qui prétend posséder une véritébien définie est le comble de l’arrogance,et dénoncer les erreurs des autres estconsidéré comme diffamatoire.

Pourtant, ce cadre ne s’appuie passur la manipulation ou le contrôle. Il netrouve pas non plus son efficacité enlançant des injures aux autres, mais ilsuggère de nouvelles possibilités, car ils’agit de relations. Voilà pourquoi la 1re

étape (relative à leurs préoccupations)est si importante. Relisez les instructionsde Jésus dans Luc 10.8 et 9 : écoutezleur histoire, alors que vous mangezensemble ; laissez-les découvrir votrehistoire, afin que leurs cœurs puissentêtre prêts pour l’histoire de Dieu, car leroyaume de Dieu est proche. Les genssont bombardés d’informations, maisils prennent des décisions avec lesgens en qui ils ont confiance.

Que cela produise des résultats ounon, c’est dans un cercle d’amis etdans une relation de confiance que lavérité est étudiée. Cette priorité de re-lations et d’expériences personnellesdans notre monde postmoderne offred’excellentes possibilités, mais cela si-gnifie qu’il faut s’intéresser aux gens età leurs préoccupations. C’est de cette

RÉFLEXIONS SUR LA MISSION...

Il est important de présenteraux nouveaux disciples uncadre simple pour partagerleur foi, et à chaque étape deles instruire sur la manière dela partager avec leur familleet leurs amis.

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NOUVELLE

L e camp de réfugiés de Grande-Synthe à Dun-kerque, n’accueillait qu’une soixantaine depersonnes dans de petits bungalows. Et puis,

à cause de la guerre en Syrie, il a grossi au point de ras-sembler aujourd’hui plus de 2 000 personnes dont lerêve est de passer en Angleterre dans l’espoir d’y re-construire leur vie de déracinés. Les tentes s’accumulent.Mais le froid et la pluie de l’hiver y rendent les conditionsde vie très difficiles.

Ce serait pourtant bien pire sans l’aide de la commu-nauté urbaine et d’un réseau d’associations dont faitpartie l’antenne locale d’ADRA France.

Avant l’arrivée d’ADRA en janvier 2012 dans le Car-refour des Solidarités du Littoral Dunkerquois, unréseau d’associations agissant en concertation pourvenir en aide aux migrants (entre autres), personne nefournissait de repas le dimanche midi. ADRA Dunkerquea satisfait ce besoin en s’engageant à fournir des repaschauds chaque dimanche. Et qu'il pleuve, qu'il neige ouque le soleil brille, l’équipe est toujours présente.

Et cette équipe a eu la joie de voir le dimanche 29novembre 2015 débarquer d’un ferry un groupe d’étu-diants de Newbold College accompagnés de leurs au-môniers avec des voitures chargées de sacs de couchage,de vêtements, de serviettes de toilette, de produits d’hy-giène et de nourriture. Tous ces dons avaient été récoltéspar les étudiants auprès de la population voisine deleur école. La journée fut consacrée à la distribution detente en tente. La reconnaissance des réfugiés a encouragé

les étudiants à continuer leur récolte de dons pourrevenir aider la petite équipe d’ADRA Dunkerquedans son engagement régulier.

« Ce que nous faisons, nous le faisons avec joie »,explique Claudette Hannebicque, la présidente de l’an-tenne ADRA . « Ce n’est vraiment pas une corvée.On dit qu’il y a “ plus de bonheur à donner qu’àrecevoir ” - eh bien, c’est exactement ça ».

« Je me rends compte maintenant que ce genred’action me manquait. J’avais besoin de m’engagerdans un tel projet », ajoute une autre bénévole de l’an-tenne.

Et pour les migrants, ce ne sont pas uniquement lesaliments qui sont appréciés. « Même si vous ne nousapportiez pas à manger, le fait de pouvoir discuter avecquelqu’un, ça fait beaucoup de bien », disent-ils.

Bernard Sauvagnat, avec le concours d’ADRAFrance et de TedNews.

DUNKERQUE, FRANCE :collaborations pour venir en aide aux migrants

1. Sauf indication contraire, tous les textesbibliques sont tirés de la Nouvelle Bible Segond(NBS).2. Daniel R. Guild, “The Life and Work of J. L.Shuler”, in Ministry®, octobre 1972, www.mi-nistrymagazine.org/archive/1972/10/the-life-and-work-of-j.-l.-shuler.3. J. L. Shuler, “Public Evangelism”, in Review &Herald, 1939, p.78 ; souligné par J. L. Shuler.4. J. L. Shuler, “Evangelistic Lectures”, in Review

façon que Jésus partageait son mes-sage; l’enchainement du contenu d’Apo-calypse 14.6-12 affirme : « La méthodedu Christ pour sauver les âmes est laseule qui réussisse. Il se mêlait auxhommes pour leur faire du bien, leurtémoignant sa sympathie, les soulageantet gagnant leur confiance. Puis il leurdisait : “ Suivez-moi.”»

& Herald, 1950, members.impulse.net/-uhl/bible/eBooks/evangelistic_lectures.html.5. J. L. Shuler, Public Evangelism, 1939, p.80.6. Tels que l’heure du jugement et le sabbatcomme introduits dans le texte ; mais aussi desexemples comme le sanctuaire, les principesde vie chrétienne, la gestion de la vie chrétienne,l’état des morts, la deuxième venue du Christ, etla destinée humaine.7. Ellen G. White, Le Ministère de la Guérison.Mountain View, CA: Pacific Press, 1977, p. 118.M

P e t e r R O E N N F E L D T RÉFLEXIONS SUR LA MISSION...

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Dans la première partie de cet article(1er trimestre 2016), nous avons ex-ploré le rôle de l’Église dans l’in-

terprétation, l’application, et même l’adap-tation de certains enseignements bibliquespour le peuple de Dieu. Nous avons examinél’autorité que le Christ a donnée à l’Églisedans l’emploi des « clefs » du Royaume(l’Écriture) pour rendre son enseignement«contraignant » ou non pour ses membres,en interprétant et en appliquant les exi-gences bibliques à la communauté ecclé-siale. Nous avons vu aussi comment cetteautorité s’exprime dans les déclarations defoi, les règles de conduite et la discipline ré-demptrice que l’Église met en œuvre pourle bien de sa communauté.

Nous avons aussi considéré les limitesde toute loi humaine quand elle cherche àmettre en application les règles éternellesd’ordre et de justice dans un langage hu-main limité et imparfait. Ces limites ontrendu nécessaire l’établissement de jugeshumains qui puissent ajuster les lois écritesde sorte que la lettre de la loi exprime l’in-tention et l’esprit de la loi. Nous avons notéle rôle que l’Église joue en appliquant cer-taines instructions bibliques de l’Ancien oudu Nouveau Testament.

Nous avons aussi noté que la loi morale,particulièrement telle qu’elle s’exprime dansles « règles de principe» des dix comman-

dements, n’est pas sujette à adaptation. Ilest toujours mal de commettre un meurtre,de voler et de commettre adultère. Mais leChrist lui-même, en exposant l’histoire deDavid qui a mangé les pains de propositionréservés aux prêtres, a révélé que les ins-tructions rituelles et organisationnelles peu-vent parfois être adaptées ou même modi-fiées pour répondre aux besoins humains età la mission de la communauté de foi. Pourcomprendre la façon dont ce principed’adaptation survient, nous allons considérermaintenant des exemples dans diverses his-toires bibliques.

Un roi en IsraëlLes Écritures attestent que dans le plan

idéal de Dieu le peuple d’Israël ne devaitpas avoir de roi (1 S 8.10-20). Dieu auraitvoulu qu’il soit conduit par une combinaisonde prophètes, de juges, de prêtres et d’an-ciens. Cependant, quand Israël a désiré unroi, il s’est accommodé de ce désir, bien quece choix ait été suscité par la société et laculture environnante. Le Seigneur a déclaréà Samuel : «Écoute-les : tu leur donneras unroi.» (1 S 8.22).1 Très vite, non seulement laroyauté est devenue acceptable pour Dieu,mais le roi est devenu l’oint du Seigneurquand Samuel l’a littéralement oint d’huile(1 S 10.1). Par la suite, les rois ont fréquem-ment été oints par des prophètes ou des

grand-prêtres comme signe de leur établis-sement par Dieu (1 S 16.13 ; 1 R 1.39, 45 ;2 R 9.1-6 ; 2 Ch 23.11).

Que la royauté soit devenue un fardeaupour Israël et que certains rois soient tombésdans le péché, n’a pas changé l’acceptationpar Dieu de cette institution. L’histoire de laroyauté montre que Dieu s’est montré dis-posé à changer son idéal organisationnelpour s’accommoder aux circonstances cul-turelles et aux désirs de son peuple. Le faitque Dieu n’ait pas rejeté son peuple parcequ’il a rejeté une de ses normes organisa-tionnelles, devrait nous amener à réfléchirsérieusement sur la façon dont nous nouscomportons les uns avec les autres quandse manifestent des différences de compré-hension de tels idéaux.

Certains remarqueront que déjà dans leDeutéronome, Dieu a lui-même permis lavariable de la royauté (Dt 17.14-20). Le Deu-téronome, en effet, envisage qu’Israël ait unroi à un moment indéterminé de l’avenir.Mais le langage employé montre que cen’est pas là le plan de Dieu, mais celui dupeuple. C’est le peuple qui dira : «Je veuxplacer un roi à ma tête, comme toutes lesnations qui m'entourent » (Dt 17.14).

La prédiction de la divergence – le rejetpar Israël du modèle théocratique – ne faitpas moins de ce rejet un abandon de l’idéal,comme le révèlent à la fois la prédiction et

L’Église, les Écritureset l’adaptation :détermination pour l’essentiel,adaptation pour le périphérique

N i c h o l a s P. M I L L E R , JD, PhD, est professeurd’Histoire de l’Église à la Faculté adventiste deThéologie de l’université Andrews, Berrien Springs,Michigan, États-Unis.

Deuxième et dernière partie

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la réalisation. Mais la Bible révèle aussi queles abandons des idéaux n’ont pas tous be-soin d’être prédits ou révélés par Dieu enavance pour être appropriés. Des adaptationspeuvent être réalisées comme une réponsespontanée à des circonstances ou à des re-quêtes humaines.

Les filles de TselophhadDans l’ancien Israël, en vertu d’une loi

divine, les fils devaient hériter des biens deleur père (Dt 21.15-17). Mais les quatre fillesde Tselophhad n’avaient pas de frère. À lamort de leur père, ses biens allaient êtrepartagés parmi le peuple. Les filles implorè-rent Moïse de leur permettre d’hériter desbiens. Moïse présenta l’affaire au Seigneurqui lui dit : « Les filles de Tselophhad ont rai-son. Tu leur donneras une propriété commepatrimoine au milieu des frères de leur père»(Nb 27.7).

C’est là un événement remarquable. Desrègles données par Dieu sont modifiées à larequête de membres marginaux, excessive-ment faibles, du peuple de Dieu. Le Seigneurlui-même approuve l’adaptation, mais il lefait en réponse à une requête humaine. Iln’y avait rien dans la loi jusqu’ici qui puissesuggérer qu’une adaptation ou une variationde la loi soit possible. Or, Dieu modifie sa loi,sa loi civile, à la requête non de leaders im-portants de la communauté mais de jeunesfilles célibataires au sein d’une culture hau-tement patriarcale. Cette histoire montre ainsique la communauté des croyants peut jouerun rôle dans l’adaptation des plans de Dieupour la gestion de son peuple.

Débora et BaraqCertains noteront que le Seigneur a expli-

citement approuvé l’interrogation de Moïseet la requête des filles de Tselophhad. Maisd’autres histoires montrent des variationscomparables sans une intervention évidenteet directe de Dieu. Debora était juge en Israël.Elle exerçait la justice sous un palmier et ré-glait là les différents des Israélites (Jg 4.4,

5). Le texte laisse entendre qu’une femmeexerçant la justice était rare et inhabituel.Débora est la seule femme mentionnée dansla Bible ayant été juge en Israël. Ce caractèreunique est remarqué par Ellen White qui dé-clare qu’«en l’absence des magistrats habi-tuels, le peuple allait vers elle pour desconseils et des jugements.» 2

Plus tard, quand le temps fut venu de mon-ter une campagne militaire contre Sisera etson armée, Débora fit appel à un guerrier,Baraq, pour conduire les troupes. Il n’a pasvoulu assumer le commandement à moinsqu’elle ne l’accompagne dans la bataillepour le soutenir. Elle a accepté, mais en ré-primande pour avoir manqué de remplir sonrôle en tant qu’homme, elle lui a déclaréque la gloire de la victoire serait attribuée àune femme (Jg 4.9).

Le rôle de Débora comme juge et escortemilitaire était inhabituel, rendu nécessairepar les circonstances dont le refus par deshommes de remplir le rôle qu’on attendaitd’eux. Les circonstances d’un péril nationaldemandaient une réponse. Elle a été prisedans le cadre de l’organisation et des be-soins d’action du peuple de Dieu. Le choixfait, différent du modèle divin, a alors reçu labénédiction divine dans les termes d’un suc-cès national et d’une proclamation prophé-tique au travers du chant de Débora.

David et la restrictionmoabiteLes lois de pureté et d’organisation que

Dieu a données à Israël peuvent même êtremodifiées pour permettre à un étranger in-terdit de jouer les rôles de leadership lesplus puissants dans le pays. Le règne deDavid et de Salomon, et la généalogie deJésus le démontrent. Parce que les Moabitesavaient entrainé les Israélites dans l’idolâtrie,Dieu a ordonné qu’aucun Moabite n’entre« dans l'assemblée du Seigneur ; même sadixième génération n'entrera pas dans l'as-semblée du Seigneur.» (Dt 23.3). C’était va-lable pour David parce que son arrièregrand-père, Boaz, avait épousé Ruth la Moa-

bite (Rt 4.16-20), contrairement à l’interdic-tion mosaïque répétée par Josué (Dt 7.3 ;Jos 23.12, 13).3

Selon la stricte application de la loi duLévitique, le mariage de Boaz avec Ruth étaitillégitime. Ruth et ses descendants sevoyaient interdits de toute fonction au seinde la nation jusqu’à ce que dix générationssoient passées. David n’aurait pas pu devenirroi. Le Talmud de Babylone déclare que c’étaiten fait une des objections à la royauté deDavid. Le livre de Ruth peut être perçucomme une justification et un argument lé-gal pour faire de Ruth une vraie israélite etnon plus une Moabite 4. Sa fameuse décla-ration : «Où tu iras, j'irai ; là où tu passeras lanuit, je passerai la nuit ; ton peuple sera monpeuple, et ton dieu sera mon dieu» (Rt 1.16)prend un sens nouveau quand on comprendce contexte plus large. Une fois que l’on acompris la véritable nature spirituelle del’identité israélite, tous ces arguments trou-vent leur place. De toute évidence, ils ontfonctionné dans leur contexte historique,puisque la majorité d’Israël et de Juda a ac-cepté David comme roi. Aucune de ces «ex-ceptions» cependant, ne peut être trouvéedans la loi elle-même ! Elles ont été créées,au moins comprises, en vertu des circons-tances de l’histoire elle-même, alors que lesleaders et les guides légaux et spirituels sedébattaient avec le sens des lois de Dieu eten particulier l’esprit qui les animait dansun contexte concret particulier.

David, les painsde proposition et le ChristNous avons déjà discuté en longueur

l’acte de David mangeant les pains offertset son approbation par le Christ (1 S 21.1-6 ; Mt 12.1-4). Ajoutons juste un point : il estfascinant de voir qu’Abimélek ait été prêt àtransgresser une loi cérémonielle qui réser-vait au prêtre le pain offert, mais n’ait pasvoulu conserver une autre loi, celle du rituelde pureté qui demandait que l’on s’abs-tienne de relations sexuelles. Il interroge Da-vid pour savoir si lui et ses compagnons sont

Nicholas P. MILLER

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restés chastes durant les trois jours précé-dents (1S 21.4, 5). Cette adaptation partielleest généralement le trait d’une tentative hu-maine spontanée d’adapter ou de modifierdes lois rituelles ou organisationnelles à descirconstances nouvelles ou exceptionnelles.On altère l’original seulement dans la me-sure où l’on est confronté à des circons-tances exigeantes. Il est évident que l’excep-tion accordée correspond à une altérationreposant sur un avis humain spontané etnon sur le contenu de la loi elle-même ousur une autre loi en cours.

Ce bémol est ce que l’on peut attendred’un agent humain engagé dans une ré-flexion éthique ou légale lorsqu’il expliqueson choix aux autres : «Bon, je lui ai donné lepain, mais c’était une urgence et je me suisassuré qu’il était rituellement pur…» L’histoiremontre finalement que les idéaux rituels etorganisationnels de Dieu doivent être appli-qués avec bon sens, de manière ordonnée,pour les valeurs les plus importantes : la mis-sion et l’unité de la communauté.

Notre compréhension de cette histoire neressort pas tant du récit lui-même. C’est leChrist lui-même qui a ratifié ce que David etAbimélek ont fait. Par extension, il a ratifié lacapacité humaine, au moins dans le cadrede la communauté, d’adapter des instruc-tions bibliques qui soutiennent l’ordre ec-clésial dans la perspective de principes plusélevés tels que la préservation de la vie, dela santé et le bien-être de la communautéet de ses membres.

Le concile de Jérusalem : des différences à propos des idéaux divinsCes histoires de l’Ancien Testament (AT)

offrent l’arrière-fond du premier événementmajeur au cours duquel l’Église chrétiennea dû affronter un commandement clair del’AT que certains considéraient comme ob-solète et d’autres comme permanent et va-lide. Nous perdons parfois de vue la naturedramatique du débat sur la circoncision. Lacirconcision était un acte de la plus haute

importance pour un Israélite. C’était un signede l’éternelle alliance de Dieu avec Abrahamqui devait être observé «dans toutes ses gé-nérations» ; en fait ceux qui n’étaient pascirconcis étaient perçus comme ayant« rompu mon alliance» (Gn 17.9-14). On serappellera que « le Seigneur chercha à fairemourir (Moïse) » parce qu’il n’avait pas cir-concis son fils (Ex 4.24-26). Du point de vuede l’AT, la circoncision était essentielle àl’identité d’Israël en tant que peuple de l’al-liance avec Dieu.

Aucun texte ne déclare que le Christ aitsupprimé la circoncision comme signe del’alliance. Cela a été déduit après avoir in-terprété le sens de sa mort, et du déchire-ment du voile du Temple. Nous nous référonsaujourd’hui à toutes sortes de textes du Nou-veau Testament (NT) pour dire que le systèmedes sacrifices et les cérémonies de l’AT aété aboli. Cela comprend la circoncisionconsidérée comme un marqueur de l’identitéethnique d’Israël. Mais l’Église du NT a dumettre les lettres du NT à l’épreuve dans leurcohérence avec les Écritures de l’AT. Ce n’estpas parce que Paul déclarait que la circon-cision était une chose du passé qu’il en étaitainsi, car son enseignement a du être scrutécomme les Béréens l’ont fait (Ac 17.11). Il a

fallu une combinaison de l’expérience, del’étude des Écritures, d’un raisonnementsanctifié et de discussions en groupe pourarriver à croire que le Saint-Esprit les condui-saient à la conclusion que les passages del’AT sur la validité et l’importance de la cir-concision étaient surpassés par la circonci-sion du cœur et n’étaient plus applicablesau peuple de Dieu (Ac 15.28, 29 ; Rm 2.29).

Conclusion : tenir bon sur l’essentiel, être tolérant sur le secondaireComme les exemples évoqués le mon-

trent, Dieu dans son amour et sa grâce a ac-commodé son idéal divin pour l’organisationet le rituel tout au long de l’Écriture et del’histoire du salut. Mais ce raisonnement nes’applique pas pour les commandementsmoraux ou les vérités universelles. Aucun desexemples cités n’implique des variations oudes déviations de lois morales divines, qu’ils’agisse des dix commandements ou d’au-tres instructions sur la loi morale naturellecontre l’immoralité sexuelle. Le péché de-meure le péché et des adaptations des loissur l’organisation ou le rituel ne doivent pasobscurcir cela. Ces idéaux là sont différents

L’ÉGLISE, LES ÉCRITURES ET L’ADAPTATION...

[...] la communauté des

croyants peut jouer un rôle

dans l’adaptation des plans

de Dieu pour la gestion

de son peuple.

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des absolus moraux. Ces derniers ne doiventpas être considérés de manière légère oucavalière, ni défiés car ils deviennent alorsune question morale. Mais la Bible révèleque, sous la conduite du Saint-Esprit, la com-munauté peut adapter les autres lois poursoutenir la mission de l’Église de Dieu. Cer-tains peuvent appliquer ou adapter cesidéaux relatifs à l’organisation de manièredifférente que d’autres. De telles différencessont inévitables, étant donné les différentesperspectives culturelles et sociales. Mais envertu du principe biblique de la liberté chré-tienne partagée, nous devrions être tolérantset patients les uns avec les autres à proposde ces applications.

La Bible décrit les chrétiens comme sesoumettant les uns aux autres (Ep 5.21).La soumission n’a de sens que s’il y a dés-accord. S’il y a accord, il n’y a pas de raisonde se soumettre. La soumission impliquede tolérer le point de vue d’une sœur oud’un frère, ou des pratiques que nous n’ap-prouvons pas, que nous pouvons mêmeconsidérer comme non bibliques. Ainsi, sice n’est pas un absolu moral, une questionde salut nous tolérons la différence et main-tenons notre fraternité. La tolérance semblequelquefois rébarbative et mesquine, maisc’est un élément essentiel de la commu-nion ecclésiale.

Irwin Evans, rédacteur de Ministry® en1931 et dirigeant de l’Église pendant plu-sieurs décennies, a écrit un éditorial sur l’im-portance de la tolérance chrétienne dansl’Église qui, je crois, parle profondément denotre situation aujourd’hui et de notre besoinde permettre des points de vue différents surdes enseignements bibliques qui ne concer-nent pas la morale. « Des controverses quiont séparé les chrétiens en diverses sectesont parfois porté sur des éléments essentielsde la foi, essentiels au salut, mais (aussi)sur des points non essentiels au salut. Onne peut faire des compromis sur la vérité,

mais des éléments non essentiels, qui n’im-pliquent pas notre salut, directement, ne de-vraient pas produire l’exclusion entre frères.Il y a là une vaste sphère de tolérance. La to-lérance ne se trouve pas toujours là où nousnous y attendrions naturellement…Tout di-rigeant dans les réveils religieux, et les pro-moteurs d’une vie spirituelle plus profonde,devraient posséder cette indispensable grâcechrétienne. Mais combien souvent ils sem-blent manquer de cet esprit de tolérance.Non seulement ils pensent avoir la juste in-terprétation de doctrines bibliques, mais ilsse sentent obligés de condamner tous ceuxqui n’acceptent pas leurs enseignementscomme des dons particuliers de Dieu…

« La tolérance doit certainement être unecaractéristique de la dernière Église. Sanselle, la communion finira par se rompre. » 5

Puisse Dieu nous donner le courage desavoir quand il nous faut tenir ferme et nefaire aucun compromis. Pour résister aux at-taques sur des doctrines fondamentales ad-ventistes telles que la création en six jours,un déluge universel, la rédemption, le sanc-tuaire et les messages des trois anges. Pournous opposer aux tentatives de modifier lamoralité biblique essentielle sur le mariage,le divorce et l’homosexualité. Mais qu’il nousdonne aussi la sagesse de savoir quand desquestions sont secondaires, périphériques,moins importantes que les principes qu’ellessont sensées protéger. C’est une erreur dan-gereuse de manquer de faire cette distinctionentre ce qui est essentiel et ce qui est se-condaire. Mettre sur pied d’égalité ce qui estpériphérique avec ce qui est essentiel quipeut menacer la doctrine chrétienne et lacommunion fraternelle. Le résultat d’une telleapproche est en fait de détruire les principesles plus importants eux-mêmes. L’histoiremontre que nombre d’Églises libérales sontissues d’une déchirure des principalesÉglises autour du commencement du ving-tième siècle, quand une minorité agitée s’est

exprimée avec force pour une lecture ex-trême et absolutiste des Écritures, ce qui apoussé les modérés dans les bras des Égliseslibérales. Il en résulta souvent l’apparitionde petits groupes dissidents conservateurs,qui perdurent aux frontières de l’Église prin-cipale.. La plus grande partie de ces déno-minations sont devenues libérales et ontsombré de façon plutôt dramatique. En bref,ce fut désastreux à la fois pour les segments« conservateurs » et pour les segments « li-béraux» de ces Églises.

Puissions-nous apprendre de l’histoire etdes Écritures, et nous engager à être fidèleset fermes là où Dieu veut que nous le soyonset à être flexibles et bien disposés quandune compréhension de la grâce de Dieu etde l’équité, nous enseigne à être ainsi.

1 Tous les textes cités sont extraits de la NouvelleBible Segond2. Ellen G. White, Ye Shall Receive Power, Silver Spring,MD: E. G. White Estate, 1995, p. 259.3. Certains commentateurs de Ruth reconnaissentcomme thème central du livre la réhabilitation del’identité de Ruth en tant que Moabite. Voir Robert L.Hubbard Jr., The Book of Ruth (The New InternationalCommentary on the Old Testament). Grand Rapids,MI: Eerdmans Publishing, 1988, p. 40-42 ; Murray D.Gow, The Book of Ruth: Its Structure,Theme, and Pur-pose. Leicester, UK: Appollos, 1992, p. 132–136, Gownote que le Talmud de Babylone comme le Midrashde Ruth mentionnent des arguments anciens contrela légitimité de David en raison de son ancètreMoabite ; Kirsten Nielsen, Ruth: A Commentary (TheOld Testament Library). London, UK: SCM Press, 1997,p. 23-28.4. Que le livre de Ruth ait pour objet de « promouvoirla dynastie davidique » obtient «un large consensus»des interprètes contemporains, Hubbard, The Bookof Ruth, p. 37.5. Irwin H. Evans, « Tolerance » in Ministry® (Octobre1931), p. 5, 31 ; l’accentuation est la nôtre.6. Cette histoire est bien visible pour l’Église presby-térienne américaine d’après Bradley Longfield, ThePresbyterian Controversy: Fundamentalists, Modernists,and Moderates (Religion in America). New York, NY:Oxford University Press, 1993.

Nicholas P. MILLER L’ÉGLISE, LES ÉCRITURES ET L’ADAPTATION...

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La perpétuité du sabbat :Preuves tirées des récits de la création

C e p h a s A n g ’ i r a , MA, est pasteur de district dans laFédération du Nyamira, au Kenya, Afrique.

Les débats au sujet de l’« éternité »du sabbat continuent à aller bontrain, même aujourd’hui. Certains

théologiens avancent que le sabbat cor-respond en grande partie à une institutionjuive, puisque c’était durant l’exode queDieu l’a imposé aux juifs. La création dela Genèse, prétendent-ils, ne dit rien de laperpétuité du sabbat, et est simplementdescriptive et non prescriptive.1 En re-vanche, d’autres soutiennent que les récitsde la création de la Genèse donnent desindices que le sabbat était conçu commeune institution perpétuelle pour toute l’es-pèce humaine.

Cet article examine trois aspects dansles récits de la création de la Genèseconcernant l’« éternité » du sabbat : lacréation de l’homme à l’image de Dieu,la bénédiction de Dieu concernant le sab-bat et la sanctification du sabbat par Dieu.

L’homme à l’image de DieuLe récit révélé dans Genèse 1.26, 27

indique que Dieu a créé l’homme à sonimage. L’homme a été créé pour fonction-ner de manière à refléter le fonctionne-ment propre de Dieu. Certaines des ma-nières prévues par Dieu pour quel’homme agisse selon sa ressemblancesont, entre autres, la capacité de gouver-ner le reste de la création (Gn 1.26), toutcomme Dieu règne sur l’univers entier.Les humains étaient destinés à entretenirde bonnes relations les uns avec les au-tres, à s’associer et à s’unir, comme Dieul’a démontré pendant la création en utili-

sant le pluriel «nous» (Gn 1.26 ; voir aussiGn 2.23, 24). Ils devaient également com-muniquer avec Dieu, tout comme Dieu acommuniqué avec les deux premiers êtreshumains (Gn 2.16, 17).

« Le repos » était une autre dimensiondans laquelle l’homme devait imiter Dieu.Exode 20. 10, 11 indique que les israélitesdevaient se reposer le sabbat, le septièmejour, tout comme Dieu l’avait fait. L’idéen’est pas venue après coup de l’imposeraux israélites des siècles passés ; non,mais de même que Dieu s’est reposé leseptième jour (Gn 2.2), les humains quiont été créés à son image, devaient suivreson exemple. L’homme devrait observerle septième jour tout comme Dieu l’a ob-servé et aussi le transmettre aux généra-tions futures. En ce sens, l’image de Dieuserait perpétuée à travers toutes les gé-nérations.

Par ailleurs, à la création, le premiercouple était placé dans le jardin d’Eden.Là, ces personnes étaient supposées croî-tre en nombre. Ces « personnes » vivraientà l’extérieur du jardin, parce qu’elles rem-pliraient la terre entière (Gn 1.28) tandisque l’Eden demeurerait tout simplementune partie de la terre, à la fois petite etrestreinte (en partant du principe que lepéché n’ait pas émergé). Dieu avait ima-giné que le modèle et le mode de vie qu’ilavait mis en place pour l’homme se re-produiraient au travers des générationsfutures, qui apprendraient et copieraientce qui avait été annoncé à Adam dans lejardin. La conséquence c’est que les en-seignements et l’expérience transmis aupremier couple, créé à l’image de Dieu,seraient un modèle qui se reproduirait

dans les générations futures au fur et àmesure qu’ils vivraient et cultiveraient laterre (Gn 2.15). C’est ainsi que la maxime« très bon » qualifierait aussi leur histoire.Parce que l’institution du sabbat avait étéprésentée au premier couple, l’image deDieu se serait évidemment reproduitedans les générations à venir, dans le cadredu mode de vie qu’elles suivraient.

Dorothy Bass, historienne de l’Église aécrit que les mots souviens-toi d’Exode20.8, au moment où les commandementsfurent donnés sur le mont Sinaï, « trouventleur fondement dans le premier récit dela création de la Genèse. » De cette façon,il s’agit d’un rappel de l’exemple que leshumains devraient suivre qui consiste ensix jours de travail et un jour de repos,tout comme Dieu l’a fait, parce quecomme Bass l’écrit, « à la fois dans le tra-vail et dans le repos, les êtres humainssont à l’image de Dieu.» 2

Dieu a béniDans Genèse 2.3, Dieu a béni le sep-

tième jour, le même jour où il s’est reposé.La bénédiction, c’est aussi ce qu’il avaitfait pour le premier couple humain (Gn1.28), ainsi que pour les animaux de lamer et les oiseaux du ciel (1.22). Riend’autre, dans les récits de la création, n’aété « béni » comme eux. Cette connexiondans la bénédiction de l’homme, des ani-maux et du sabbat ne peut être suresti-mée. Manifestement, par cette bénédic-tion, Dieu a considéré ces êtres, choisispour être bénis, comme ayant une signifi-cation remarquable.

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Dans les deux premiers exemples oùle terme bénédiction est employé et lieles animaux et l’homme (1.22, 28), la bé-nédiction est associée à une activité dereproduction. « Dieu les bénit en leur di-sant : “Ayez des enfants, devenez nom-breux, et que les poissons remplissent leseaux de la mer, et les oiseaux se multi-plient sur la terre,” et Dieu les bénit enleur disant : “Ayez des enfants, deveneznombreux, peuplez toute la terre et domi-nez-la ”. »3 La bénédiction prononcée surles animaux et les êtres humains a pourbut de s’assurer qu’à la fois les animauxet les êtres humains se reproduisent etperpétuent leur espèce dans les généra-tions futures. À propos de Genèse 1.22, leCommentaire de l’Ancien Testament deKeil et Delitzsch explique le terme béné-diction de la manière suivante : c’était « lavéritable communication de la capacitéde se propager et d’augmenter en nom-bre.»4 Ainsi, tant que ces créatures existe-ront, et où qu’elles puissent se trouver, ons’attend à ce qu’elles se propagent.5

Robert Sherman affirme que les béné-dictions de Dieu maintiennent fermementles choses en marche vers le futur.6 Etdonc Willard Swartley, spécialiste du Nou-veau Testament, déclare à juste titre que« le sabbat, le repos et le septième joursont de façon permanente et immuable

liés entre eux par Dieu pour toute la créa-tion, et cela pour toujours. Dieu a à la foiscréé le septième jour qui est le sabbat eta commandé sa sainte observation pourtoujours.»7

Parce que le terme bénédiction est uti-lisé dans le contexte des activités à pour-suivre, il est tout à fait normal que sonutilisation à propos du sabbat en Genèse2, soit comprise dans un sens similaire.C’est-à-dire, que l’institution du sabbatétait planifiée par le créateur afin qu’ellesoit perpétuée à travers les temps. Ce quisignifie que tant que le temps existera, laperpétuité du repos du sabbat demeurera.

Dieu a sanctifiéLe mot sanctifié est une forme verbale

du radical hébreu qdš, qui peut être traduitpar «être consacré, dédié à, saint, sanctifié,séparé/mis à part des choses dont l’usageest courant.» Sanctifié peut égalementdésigner ce qui est coupé ou séparé dureste pour une utilisation spécifique. J. C.Lambert, dans le Net Bible, précise que« la sainteté est liée tout d’abord, non àdes objets visibles, mais à l’invisible Yah-weh, puis à des lieux, des saisons, deschoses et des êtres humains seulements’ils sont associés avec lui…

« ...Rien n’est saint en soi, mais quoique ce soit peut devenir saint par saconsécration à (ou par) lui. »8

En d’autres termes, un objet ne peutpas être saint s’il n’est pas associé à Dieu.

Abraham Heschel en déduit que saintest un terme bien distinct dans la Bible,qui « plus que tous les autres, est repré-sentatif du mystère et de la majesté dudivin. »9 C’est en accord avec la penséed’E.F. Harrison pour qui la sainteté est unaspect essentiel de Dieu qui dit « son ca-ractère à part, c’est à dire unique, distinctde Tout-Autre, qu’on ne peut confondreavec les dieux inventés par les hommes(Ex 15.11).»10 Ainsi, les objets porteurs desainteté sont uniques et différents des au-tres objets de même nature. La sainteté,ajoute Lambert, « exprime une relation quiconsiste, de manière négative, à être sé-paré de l’usage commun et, de manièrepositive, à être consacré au service deYahweh.»11

Les Écritures décrivent Dieu commesaint pour plusieurs raisons. Deux auteursbibliques relient sa nature éternelle à lasainteté. Habacuc confirme ce lienlorsqu’il écrit : « Mais toi, n'es-tu pas dèsle temps jadis, SEIGNEUR, mon Dieu, monSaint ? Tu ne meurs pas ! SEIGNEUR, tul'as établi pour le jugement (Babylone) ;mon Rocher, tu l'as institué pour châtier »(Ha 1.12). Habacuc a une question dé-concertante, à savoir, pourquoi Dieu sem-ble indifférent au mal répandu dans lepays. Dieu répond qu’il va utiliser les ba-byloniens pour infliger son jugement surla nation élue. Il décrit « Dieu » à la foiscomme « éternel » et « saint ». Cette naturedonne à l’auteur l’assurance que le Dieuimmuable, celui sur lequel on peut comp-ter, n’a pas fermé les yeux sur la situationdu royaume de Juda, parce qu’il a attribuéaux babyloniens la responsabilité de punirles juifs.

Le deuxième auteur, Jean, le révélateur,dépeint une scène d’adoration dans lescieux dans Apocalypse 4. Dans le verset8, il décrit le Dieu adoré par les termes

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Les récits de la création de laGenèse pointent dans unedirection qui indique que leseptième jour est plus universelque beaucoup ne le pensent.

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LA PERPÉTUITÉ DU SABBAT...

suivants : « Saint, saint, saint est le Sei-gneur Dieu, le Tout-Puissant, celui qui était,qui est et qui vient ! » Il est intéressant deremarquer que le révélateur perçoit le Dieuadoré dans les cieux comme celui qui n’apas changé, celui qui ne changera jamais.Sa nature sainte demeure intacte à traversles âges.

En plein accord avec la nature saintede Dieu, le sabbat laisse entendre sa re-lation avec lui. Mais le sabbat expliciteaussi de la même façon sa « durabilité »au-delà des limites des époques et desères. À partir de cette compréhensionthéologique fondamentale, il est tout àfait juste de conclure que si la nature deDieu reste inchangée, alors le terme saintet ses formes dérivées devraient pour tou-jours exprimer sa majesté, sinon, il cesse-rait d’être « majestueusement saint ».Puisque la sainteté exprime le mystère etla majesté de Dieu, l’institution du sabbatcomme indiquée dans Genèse continueraà être un rappel incessant de la saintetéde Dieu grâce à son association à Dieu.12

ConclusionComme nous venons de le voir, les ré-

cits de la création de la Genèse montrentla direction qui indique que le septièmejour est plus universel que beaucoup nele pensent. Comme cette étude a voulule montrer, Dieu a donné des indicationspour faire perpétuer cet éternel mémorial

de sa création, le septième jour, le sabbat.Par conséquent, Heschel avait raison : « lesabbat et l’éternité ne font qu’un, ou ontla même essence ». Chaque semainequand arrive le sabbat, nous avons unrappel perpétuel de la majesté, de la puis-sance et de la sainteté de Dieu.

1. Stephen P. Bohr, par exemple, a soulignécomment la tendance à une observation«descriptive» plutôt que «prescriptive,» dansl’argument concernant le sabbat est courantedans les milieux théologiques. « Issues Re-lating to the Ordination of Womenwith SpecialEmphasis on 1 Peter 2:9, and Galatians3:28, » le 23 juillet 2013, 5,6, http://www.ad-ventistarchives.org/a-study-of-ipeter-2.9,-10-and-galatians-3.28.pdf.2. Dorothy C. Bass, « Christian Formation inand for Sabbath Rest,» in Interpretation 51,n°1 (janvier 2005), p.29.3. Les références des Saintes Écritures sonttirées de la version La Nouvelle Bible Se-gond.4. C. F. Keil et Franz Delitzsch, Commentaryon the Old Testament. Édition électroniqueHendrickson, 1996.5. Dans Genèse 9.1, après le déluge, Dieu ade nouveau béni la race humaine. Il a placéla terre entière devant les derniers survivants,et leur a dit qu’elle était toute à eux, tantqu’elle durerait, à eux et à leurs héritiers ;ainsi le flot de leur race serait assuré parune succession permanente.6. Robert Sherman, « Reclaimed by SabbathRest,» in Interpretation 51, n°1 (janvier2005), p.41. Dans le même esprit, il montre

que le sabbat procure des bénédictions parlui-même et devient l’unité calendaire parlaquelle les jours saints et les saisons àvenir sont déterminés » (ibidem).7. Willard M. Swartley, Slavery, Sabbath, Warand Women: Case Issues in Biblical Inter-pretation. Scottdale, PA: Herald Press, 1983,p.67.8. J. C. Lambert, Net Bible en ligne, art. « Ho-liness, » consulté le 11 juin 2013, http://clas-sic.net.bible.org/dictionary.php?word=Holi-ness.9. Abraham Heschel,The Sabbath: Its Meaningfor Modern Man. Boston, MA: Shambhala,2003, p.xvi.10. E. F. Harrison, International StandardBible Encyclopedia, art. « Holiness, » éditionélectronique, mise à jour. Eerdmans, 1979.Parenthèses originales.11. J. C. Lambert, The International StandardBible Encyclopedia Online, art. « Holiness »,consulté le 23 mai 2013, http://www.inter-nationalstandardbible.com/H/holiness.html.12. L’une des compréhensions basiques dela théologie biblique est que les dix com-mandements décrivent le caractère quidevrait se manifester chez ceux qui croienten Dieu. Une observation attentive des com-mandements indique que le terme saint estappliqué à un seul mot, le sabbat. D’unecertaine façon, dans tout le Décalogue, cen’est que le sabbat qui perpétue la saintetéde Dieu (qui est la base sur laquelle il de-mande à l’homme de façonner son caractère.Tant que ce caractère (dont la sainteté faitpartie) sera perpétuellement exigé de ceuxqui croient en Dieu (voir, par exemple, He12.14), il devient impossible d’imaginer unsabbat qui ne soit pas éternel.

C O U R R I E R D U L E C T E U R

Vous réagissez aux articles de « Ministry® »

J’ai vraiment apprécié l’article d’Alberto Timm, ‘Attendre son retour avec impatience’ (1er trimestre 2016).Que se passe­t­il quand on prend en compte l’idée que Dieu a créé le temps et donc qu’il n’est pas limité par letemps ? Est­ce que c’est toujours ‘maintenant’ pour Dieu ? Si Dieu n’est pas limité par le temps, pourquoi fixe­rait­il une date, au lieu d’attendre simplement ‘la plénitude du temps’ ou la réalisation des conditions qu’il aprévues pour ‘mériter’ son retour ? Est­ce que ces paramètres temporels font tout reposer sur nos épaules ?

Phil Kuntz, par courrier électronique.

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Page 26: Ministry 2-2016.qxp maquette 16/03/16 13:35 Page1 · Co-Animateurs : Derek Morris 26 La partialité: Le péché souvent ignoré de beaucoup Ardaine Gooden 2 Ministry ® 2e trimestre

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A rd a i n e G o o d e n était un étudiant de troisième cycleà la faculté de théologie de l’Université Howard,Washington, DC, au moment où il a écrit cet article.

Nous vivons dans un monde où ledicton « tous les hommes sontcréés égaux, mais certains sont

plus égaux que d'autres» dépeint la dureréalité de notre existence humaine. L'écartentre les riches et les pauvres n’est pasplus serré qu'il ne l'était il y a des siècles,ce qui crée des déséquilibres favorisant ungroupe au détriment de l'autre. L’épître deJacques développe un argument polé-mique contre de telles pratiques (2.1-13)dans le contexte d'une communauté decroyants, bien que cet état de fait existequasiment partout dans le monde.

La mise en gardecontre la partialité« Mes frères, ne mêlez pas de partialité à

la foi en notre Seigneur glorieux, Jésus-Christ.» (Jc 2. 1). 1

L’apôtre Jacques expose ainsi une deses grandes déclarations du christianismepratique contre un péché souvent ignorépar beaucoup : le péché de favoritisme.L'apôtre commence par aborder lescroyants comme «mes frères» afin d’attirerleur attention sur la communauté de foidans laquelle ils sont appelés. Il emploieun langage relationnel pour établir le lienqu'ils partagent en tant que frères et sœurs.Le verset montre donc un impératif 2 et uninterdit radical contre le favoritisme. Le mottraduit par « favoritisme» (NIV en anglais)se dit en grec prosopolempsia et on letrouve seulement ici dans le Nouveau Tes-tament. Le mot peut aussi être traduit par«partialité» (NBS, BFC, TOB), «différence en-tre les gens» (PDV), «considération de per-sonnes» (Maredsous, Crampon), et «ado-ration des classes» (TCNT en anglais).Comme Martin Dibelius le fait valoir, cette

«admonestation est une mise en gardecontre l’association de la foi avec la partia-lité.»3

Ce que Jacques dit est qu'un croyant quiprofesse la foi en Christ ne peut pas montrerde la partialité ou du favoritisme au sein dela communauté chrétienne. Dieu ne fait pasde préférence entre les personnes (Rm 2.11; Col 3. 25). Ainsi, affirmer avoir foi en luitout en discriminant les autres est inaccep-table. Dieu ne discrimine point. Son peuplene le devrait pas non plus.4 Il est absurdede croire que la foi et la partialité sont com-patibles.

Illustration pratiquede la partialitéJacques poursuit en donnant un exem-

ple. «Supposons en effet qu'il entre dansvotre assemblée un homme avec un an-neau d'or et des habits resplendissants, etqu'il y entre aussi un pauvre avec des habitssales; si, pleins d'attention pour celui quiporte les habits resplendissants, vous luidites: “Toi, assieds-toi ici à cette place d'hon-neur !” tandis que vous dites au pauvre :“Toi, tiens-toi debout là-bas!” ou bien: “As-sieds-toi au bas de mon marchepied!”, nefaites-vous pas en vous-mêmes une discri-mination, et n'êtes-vous pas des juges auxraisonnements mauvais?» (2.2-4). Danscette section, Jacques traite le sujet de lapartialité avec sévérité en utilisant une il-lustration pour faire valoir son point de vue.Évidemment, cette partialité flagrante seproduisait dans les synagogues soit lors duculte soit dans un contexte juridique,5 maisJacques ne se réfère pas à ces réunions àla synagogue, mais à un rassemblementde croyants en Christ (2.1).

L'apôtre attire l’attention sur deux per-sonnes distinctes qui entrent dans le lieude rencontre : la première est vêtue d'or etde beaux vêtements et la seconde, une per-sonne pauvre, a des vêtements usés. Ailleursdans l'épître, Jacques fait une même ana-logie entre ceux qui sont dans d’humblespositions et les riches (1.9-11, 22-27; 5.1-6). Même s’il ne dit pas en 2.2-4 que lapremière personne est riche, la descriptionde son apparence et la référence du v.6impliquent un tel statut. Le traitement offertaux deux individus est une antithèse visible.Dans ses commentaires sur le comporte-ment des croyants, Roy Ward affirme que«le favoritisme est démontré par la façondont ces hommes sont assis, uniquementà cause de leur apparence extérieure.»6 Lapersonne riche a été confortablement ins-tallée, tandis que la personne pauvre a ététraitée d’une façon humiliante.

Jacques voit cela comme un acte inac-ceptable. Un tel acte évoque l’image d'unennemi soumis à un conquérant. Dans cetincident, le pauvre homme est méprisé defaçon similaire, malheureusement, par ceuxqui professent la foi en Christ. Comme JohnKeenan l’affirme à juste titre, «cette différencede traitement est un exemple de discrimi-nation.»7 Cette discrimination dans la façonde traiter les deux individus au sein de lacommunauté de foi est une accusationcontre les croyants. En faisant cela, ils vio-laient le principe de Lévitique 19.15 qui dé-crit comment les pauvres et les riches doiventêtre traités. «Vous ne commettrez pas d'in-justice dans les jugements: tu n'avantageraspas le pauvre et tu ne favoriseras pas legrand, mais tu jugeras ton compatriote selonla justice.» Par leurs actions, ils se faisaientjuges eux-mêmes et traitaient injustementla loi. Les croyants violaient le principe de la

La partialité: Le péché souvent ignoré de beaucoupNote de la rédaction : Ce manuscrit a remporté l'un des deux seconds prix lors du dernier concours de rédaction organisé par Ministry®

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loi qui exigeait une justice équitable pourtous. Comme J. Keenan le mentionne : l’ex-pression «mauvais raisonnements» (v.4)peut être « interprétée comme désignant desjuges au raisonnement méchant, qui éva-luent qui est important et qui est insigni-fiant… en fonction de son statut social.»8

Jacques dit aux croyants qu’un tel compor-tement discriminant fondé sur l'apparenceéquivaut à prononcer un jugement avec demauvaises intentions. Car les gens peuvent«voir ce qui frappe les yeux, mais le Seigneurvoit au cœur» (1 S 16.7).

Le choix de Dieu :les pauvresL'apôtre est maintenant prêt à effectuer

un changement des plus intéressant et àexprimer une sévère réprimande: «Écoutez,mes frères bien-aimés : Dieu n'a-t-il paschoisi ceux qui sont pauvres, du point devue du monde, pour qu'ils soient riches defoi et héritiers du royaume qu'il a promis àceux qui l'aiment? Et vous, vous avez dés-honoré le pauvre! Pourtant, ce sont bienles riches qui vous oppriment et qui voustraînent devant les tribunaux, n'est-ce pas?N'est-ce pas eux qui calomnient le beaunom qui est invoqué sur vous? (Jc 2.5-7).

Par ces paroles puissantes, l'apôtre meten cause leur comportement injustifié.Comme le suggère M. Dibelius, « l'auteurprésente deux arguments contre la dégra-dation des pauvres et la manifestation defavoritisme envers les riches: (a) Dieu achoisi les pauvres pour être héritiers de sonRoyaume, (b), mais les riches ont souventfait preuve d’inimitié envers les chrétiens.»9

Dans son plaidoyer angoissant pour lescroyants, Jacques saisit l'occasion de sou-tenir les pauvres. Dans le monde antique,les pauvres étaient perçus comme des per-sonnes dépourvues de moyens sociaux etde statut, des destitués ou presque, inca-pables de maintenir leur statut dans la so-ciété et réduits à une position marginaledans l’ordre social.10 Cette description poseplus qu’un dilemme social ; les pauvresétaient totalement dépendants des autrespour leur survie.

Pour Jacques, le manque d’engagementdu croyant en faveur des pauvres était uneexpression qui déshonorait Dieu qui lesavait élus. David Edgar déclare: « Il y despreuves solides dans la tradition évangé-lique que les marginaux étaient d'une im-

portance considérable dans le ministère deJésus: ils y sont décrits comme favorisés,car le royaume de Dieu est à eux (Lc 6.20;Mt 5.3).»11 Ainsi, Jacques accuse ceux quimontrent du favoritisme envers les richesd’agir contrairement à la volonté de Dieu.La communauté chrétienne agissait selonles valeurs du monde antique dans lequelon honore les riches et les puissants dansl'espoir de recevoir un don de leur part. Enemployant le langage qui convient dans cemonde d’honneur et de honte, Jacques ob-serve laconiquement qu'ils déshonorent lespauvres.12

L’apôtre indique ensuite la folie de la si-tuation en rappelant qu’ils sont maltraitéspar les riches. «Jacques va plus loin dansleur “double jeu”, en montrant à ses lec-teurs que leur comportement contredit nonseulement leur foi, mais aussi leur propreexpérience. Ils sont une communauté op-primée par les riches. Cette activité du richequi opprime sera encore décrite très claire-ment en 5.1-6… Pourtant, quand une per-sonne pauvre arrive dans l’assemblée, ilsagissent envers un membre de la commu-nauté de la même façon qu’un riche agitenvers eux.»13

À ce stade, Jacques rappelle aux croyantsque la plupart d'entre eux sont pauvres,qu’eux-mêmes sont opprimés et traînés de-vant le tribunal par les riches.14 Le mot op-primer est souvent utilisé dans l’Ancien Tes-tament dans la dénonciation prophétiquede l'exploitation des pauvres par les riches.Par exemple, Amos s’écrie: «Écoutez, vousqui harcelez le pauvre et qui supprimez lesdéshérités du pays! Vous dites: “Quand lanouvelle lune sera-t-elle passée, que nousvendions le grain? Quand le sabbat finira-t-il, que nous ouvrions les sacs de blé?Nous diminuerons l'épha, nous augmente-rons le prix, nous fausserons les balancespour tromper.” Vous vendez à vos clientsjusqu'aux déchets de votre blé. Vous récu-pérez comme esclaves des malheureuxpour un peu d'argent qu'ils n'ont pu rem-bourser, des pauvres pour une paire de san-dales.» (8.4-6).

Souvent, les riches grimpaient dans lasociété au détriment des pauvres. D. Edgarfait le commentaire suivant : «Plousios si-gnifiait riche, qui a accès à une quantité deressources matérielles plus élevée que lamoyenne; mais l'accès à une telle mesurede ressources limitées, impliquait souvent

que les autres devaient s’en passer, étaientprivés et exploités pour permettre aux richesd’accumuler égoïstement leur part supplé-mentaire.»15 Par conséquent, les pauvreset les marginaux sont souvent traités injus-tement entre les mains puissantes et in-fluentes des riches.

Jacques fait valoir que les mesures dis-criminantes des croyants reflètent le com-portement oppressif qui leur est infligé parles riches. Il blâme notamment les croyantsde prendre le parti des riches qui « calom-nient le beau nom qui est invoqué survous? » (Jc 2.7).

Quel est ce beau nom auquel Jacquesse réfère? Beaucoup de questions ont étésoulevées quant à celui dont il est fait réfé-rence. Traditionnellement, cela a été inter-prété comme étant le Christ. Pourtant, quandon regarde l’Ancien Testament, une telle ex-pression se réfère simplement à Dieu, l'Éter-nel, parce que ce nom est celui qui est in-voqué sur le peuple, pour dire qu’il luiappartient (Nb 6.27; Es 43.7; Jé 14.9; Am9.12).16 Comme le souligne Robert Wall,«Si Dieu a appelé les pauvres à être dansl’assemblée comme héritiers du royaume,alors leur oppression sape non seulementla relation personnelle de Dieu avec eux,mais encourt aussi le risque du jugementfinal de Dieu»17 (Jc 2.13). Les croyants, enmaltraitant les pauvres, étaient coupablesde pactiser avec les riches et de déshonorerDieu dans le processus. Les croyants étaient«pesés dans la balance et se retrouvaienttrop légers.» Le double jeu de la commu-nauté de foi montre qu'ils n’étaient pas àla hauteur de la norme établie dans la thèsede l’apôtre au verset 1.

L'accent mis sur la loi royale Face à cette situation, Jacques fait une

remarque en faisant appel à la loi : «Sansdoute, si vous accomplissez la loi royale, se-lon l'Écriture : “Tu aimeras ton prochaincomme toi-même”, vous faites bien. Mais sivous montrez de la partialité, vous commet-tez un péché, et vous êtes convaincus detransgression par la loi. En effet, quiconqueobserve toute la loi mais trébuche sur unseul point devient entièrement coupable. Carcelui qui a dit : “Ne commets pas d'adultère”a dit aussi : “Ne commets pas de meurtre”Si donc tu ne commets pas d'adultère, maisque tu commettes un meurtre, tu devienstransgresseur de la loi.» (2.8-11).

Vivre une foi authentique, c’est traiter tous les

membres de la famille spirituelle de la même façon.

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Jacques critique les croyants en citantla loi royale, tirée de Lévitique 19.18. Quelleest cette loi royale que cite Jacques? M.Dibelius affirme que la loi royale est « la loiqui a l'autorité royale, et/ou la loi qui estétablie pour les rois.»18 La déclaration deJacques vise sans doute la loi royale deDieu, le roi des rois et seigneur des sei-gneurs. Ainsi, aimer son prochain est uneloi qui vient de Dieu, le législateur. Le motprochain ne se limite pas à celui qui estriche. La loi ne dit pas: « tu aimeras ton pro-chain riche.» Jésus a dit dans Matthieu 5.43-45: «Vous avez entendu qu'il a été dit :“Tu aimeras ton prochain et tu détesteraston ennemi.” Mais moi, je vous dis : “Aimezvos ennemis et priez pour ceux qui vouspersécutent.” Alors vous serez fils de votrePère qui est dans les cieux.» Comme l’his-toire du bon Samaritain l’illustre, notre pro-chain est toute personne dans le besoin.Quelqu’un qui prétend vivre selon la loi del'amour, mais qui pratique encore la discri-mination et le favoritisme que la loi d'amourcondamne, a entièrement enfreint la loi.19

Jacques dénonce la partialité en destermes qui ne peuvent pas passer inaper-çus: ceux qui se livrent au favoritisme en-freignent la loi. Privilégier les nantis par rap-port aux pauvres dans un lieu de culte, c’esttransgresser la loi d'amour du prochain. Cefavoritisme est une affaire sérieuse, et celaconstitue un péché. «Quiconque fait le pé-ché fait aussi le mal ; c'est le péché qui estle mal.» (1 Jn 3.4).

Selon Cain Hope Felder, «dans les versets8-11, on trouve des indices pour dire queJacques considère la loi comme le critèrepour mesurer le péché et les transgres-sions.» 20 Pour étayer son argument,Jacques rappelle la nature unitaire de laloi en soulignant que les commandements«Tu ne commettras point d'adultère» et «Tune tueras point» proviennent de la mêmesource. Ces deux commandements sontchoisis comme représentatifs de toute laTorah. Puisque la loi tout entière provientdu même Dieu, elle devrait être considéréecomme royale. Pour J. Keenan, «éviter l'adul-tère, mais commettre un meurtre révèle unepersonne opposée à la source même de laTorah.»21 Cet exemple est destiné à confir-mer le jugement de Jacques concernantla partialité dans l’assemblée. Si les gensfont preuve de discrimination entre eux enfonction de l’apparence, alors ils sont com-

plètement passés à côté du sens de la loide l’amour.22

Des paroles et des actesen harmonieSur ce point, Jacques adresse une re-

quête finale aux croyants: «Parlez et agissezcomme des gens qui vont être jugés d'aprèsune loi de liberté, car le jugement est sanscompassion pour qui ne montre pas decompassion. La compassion triomphe dujugement.» (Jc 2.12, 13). Au v.12, Jacquesrecommande de «parler et d'agir.» Celaveut dire que, quoi qu’ils professent, celadoit se révéler dans leurs actions. En s’ap-puyant sur ses enseignements du chapitreprécédent, Jacques met en place le cadrede la foi en action. Il supplie les fidèles de«parler et d’agir», en utilisant le mode im-pératif grec pour souligner la nature conti-nuelle de ces actions. Dieu demande auxcroyants d’être cohérents dans leurconduite chrétienne. Le test d'une telle co-hérence est la façon dont nous agissonsenvers les pauvres, et la façon dont la mi-séricorde reflète la réalité intérieure de lafoi. Dans l'Ancien Testament, la miséricordese démontre par le souci que l’on a despersonnes marginalisées, opprimées, et desparias (Mi 6.8; Za 7.9, 10). Quant à ce quiarrive à ceux qui échouent au test de la mi-séricorde, Jc 2.13 donne la réponse: «carle jugement est sans compassion pour quine montre pas de compassion.»23

En fin de compte, ceux qui ne démontrentaucune compassion n’en recevront pas nonplus lors du jugement. Il y a peut-être làune allusion à Mt 5.7: «Heureux ceux quisont compatissants, car ils obtiendront com-passion!» Une attitude de miséricorde ma-nifeste la présence de Jésus-Christ, celuiqui offre la miséricorde sans limites.Jacques fait des efforts minutieux pour réaf-firmer l’infraction de celui qui croit en la loi,dans ce qui peut sembler une simple ques-tion de places assises dans une assembléede culte (Jc 2.2-4), mais qui a d’énormesconséquences au moment du retour duChrist à la fin des temps.

ConclusionL'épître de Jacques a été écrite pour une

communauté de croyants en Jésus-Christqui agissaient contrairement à leur vocation.Jacques s’oppose à la tendance à la par-

tialité des membres de l’Église, en montrantclairement que c’est inacceptable pour uncroyant et constitue une violation de la loi.Si tout croyant est en Christ, on ne peuttrouver de favoritisme en lui ou en elle. Lavie du croyant est cohérente, une vie où lesparoles et les actes sont en harmonie, etoù la foi et les œuvres vont de pair. Vivreune foi authentique c’est traiter tous lesmembres de la famille spirituelle de lamême manière. L’objectif de Jacques a deprofondes implications sur notre Église ad-ventiste du septième jour contemporaineainsi que sur d'autres communautés reli-gieuses qui ont des fidèles de différents sta-tuts et origines. En effet, l'Église devrait êtreun lieu où la loi royale représente et dirigela communion fraternelle.

1. Tous les textes bibliques sont tirés de la NouvelleBible Segond. 2. Voir W. E. Oesterley, “The General Epistle of James,”in The Expositor’s Greek Testament, vol. 4, mentionnépar John B. Polhill, “Prejudice, Partiality and Faith: James2,” in Review and Expositor 83/3 (1986) p.397.3. Martin Dibelius, James: A Commentary on the Epistleof James. Philadelphia, PA: Fortress Press, 1975.4. Lorin I. Cranford, “An Exposition of James 2,” in South-western Journal of Theology 29/1 (1986) p. 21.5. Voir John P. Keenan, The Wisdom of James. NewYork: The Newman Press, 2005, p. 67; Roy B. Ward, “Par-tiality in the Assembly: James 2:2–4,” in Harvard Theo-logical Review 62 (1969) p. 90.6. Ward, “Partiality in the Assembly,” p. 87.7. Keenan, The Wisdom of James, p. 68.8. Idem, p. 69.9. Dibelius, James, p. 137.10. David H. Edgar, Has God Not Chosen the Poor? TheSocial Setting of the Epistle of James. Sheffield, England:Sheffield Academic Press, 2001, p. 112.11. Idem, p. 107.12. The New Interpreters Bible, vol. 12. Nashville, TN:Abingdon Press, 1998, p. 192.13. Idem, p. 192–93.14. Keenan, The Wisdom of James, p. 70.15. Edgar, Has God Not Chosen the Poor, p. 122.16. Robert W. Wall, Community of the Wise: The Letterof James. Valley Forge, PA: Trinity Press International,1997, p. 118, 119, mentionné par Edgar, Has God NotChosen the Poor, p. 72.17. Wall, Community of the Wise, p. 119.18. Dibelius, James, p. 143.19. The New Interpreters Bible, vol. 12, p. 193.20. Cain H Felder, “Partiality and God’s Law: An Exegesisof James 2:1–13,” in Journal of Religious Thought 39(Fall 82/Winter 83), p. 2.21. Keenan, The Wisdom of James, p. 76.22. The New Interpreters Bible, vol. 12.23. Voir Douglas J. Moo, The Letter of James. Leicester,England: Apollos, 2000, p. 117.

A rd a i n e G o o d e n LA PARTIALITÉ...

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G e r h a rd P f a n d l , PhD, retraité, ancien directeuradjoint du Biblical Research Institute, Silver Spring,Maryland, USA.

L’interprétation des Écrits d’Ellen G. WhiteComme adventistes du septième

jour, nous croyons que l’Église ad-ventiste du septième jour est

l’Église du reste d’Ap 12.17 et que Dieu agracieusement doté cette Église du don deprophétie manifesté dans la vie et l’œuvred’Ellen G. White. Parce que nous ne croyonspas en divers degrés d’inspiration, nous de-vons reconnaitre que son inspiration, passon autorité pourtant, se situe au même ni-veau que l’inspiration des prophètes del’Ancien et du Nouveau Testament. Parconséquent, lorsque nous utilisons et inter-prétons ses écrits, nous devons leur appli-quer les mêmes principes d’interprétationque nous employons pour l’Écriture.Comme littératures inspirées, les deux doi-vent être interprétés selon les mêmes prin-cipes d’interprétation.

Les interprétationsdes textes bibliquesLes textes peuvent être compris et inter-

prétés de différentes manières. Le sabbatmatin, un prédicateur, comme vous, peutexpliquer le message que l’auteur bibliqueentendait transmettre au moment où il aécrit le texte; ce que, comme vous le savez,nous appelons l’exégèse. Cependant, unprédicateur utilise souvent le langage bi-blique sans faire attention à la significationdu texte à l’origine. On pourrait appeler celaun emploi homilétique de l’Écriture. DansMc 1.15, par exemple, Jésus vient de la Ga-lilée et annonce la bonne nouvelle en di-sant: «Le temps est accompli, et le royaumede Dieu est proche. Repentez-vous, et croyezà la bonne nouvelle.»1 Le royaume dont Jé-sus proclamait l’approche à ce moment-là,c’était le royaume de grâce qu’Il a établi àsa première venue; mais le langage dutexte peut aussi être appliqué à notre situa-tion d’aujourd’hui.

En tout temps, des prophéties se sontaccomplies, de sorte qu’un prédicateur peutinviter sa congrégation à se repentir et àcroire en la bonne nouvelle parce que « leroyaume de Dieu est proche.» Dans ce cas,cependant, le royaume en question est leroyaume de gloire que Jésus inaugurera àla seconde venue; pas le royaume de grâce.La première interprétation de Mc 1.15 s’ap-pelle exégèse ; la seconde interprétationest un emploi homilétique du texte.

Les deux emplois sont corrects ; maisnous devons faire la distinction entre eux.Et tout enseignement ou toute doctrine del’Écriture doit être fondé sur une exégèsesoigneuse du texte et non sur son emploihomilétique.

L’usage de l’Écriturepar Ellen WhiteEllen White a fréquemment fait un usage

homilétique de l’Écriture.2 Elle était impré-gnée du langage de la Bible. Et chaquefois qu’elle parlait ou écrivait sur un sujet,elle utilisait le langage biblique et des textesbibliques pour transmettre le messagequ’elle avait reçu. Par exemple, dans le livreLe grand espoir, Ellen White a écrit : «Ceuxqui acceptent les enseignements de la Pa-role de Dieu ne seront pas laissés totale-ment dans l’ignorance au sujet de notredemeure céleste. Cependant, elle contient“ce sont des choses que l'œil n'a pas vu,ce que l'oreille n'a pas entendu, ce qui n’estpas venu au cœur de l'homme, ce que Dieua préparé pour ceux qui l'aiment” (1 Co2.9). Le langage humain est insuffisant pourdécrire la récompense des justes. Seulsceux qui la verront pourront la connaitre.Aucun esprit limité ne peut comprendre lagloire du “paradis de Dieu”.»3

Dans ce passage, Ellen White applique1 Corinthiens 2.9 à la nouvelle terre. Ce-

pendant, lorsque nous étudions le textedans son contexte, nous découvrons quePaul n’y parle pas de la nouvelle terre, maisde la croix, du salut (v. 1-8). Ellen White autilisé le langage du texte et l’a appliqué àla nouvelle terre parce que ce qu’exprimele texte est aussi vrai pour la nouvelle terre:nul œil n’a vu et nulle oreille n’a entenduce que Dieu a préparé pour son peuple.

En lisant les ouvrages d’Ellen White, nousdécouvrons plusieurs autres exemples oùelle utilise le langage d’un texte ou d’unpassage biblique pour exprimer le messageque Dieu lui a confié pour l’Église. Utiliserces textes ne signifie pas qu’elle les a in-terprétés, c’est-à-dire expliqué ce que l’au-teur biblique voulait dire. Comprendre la dif-férence devient important lorsque certainsessaient d’utiliser ses écrits comme le der-nier mot concernant la signification d’untexte particulier.

L’interprétationdes écrits d’Ellen WhiteEn plus de prêter attention à la manière

dont Ellen White utilise les Écritures, nousdevons aussi veiller avec soin à la manièredont nous interprétons et appliquons cequ’elle a écrit. Plusieurs controverses et in-compréhensions concernant ses écritspourraient être évitées à l’Église si en inter-prétant ses écrits nous observions toujourstrois lignes de conduite : 1. Considérer le moment et l’endroit.En 1897, Ellen White a écrit pour la Reviewand Herald un article intitulé «La Bible dansnos écoles» où elle dit : « Il est des momentsoù nous avons besoin de ceux qui connais-sent le Grec et le Latin. On devrait étudierces langues. C’est bien. Mais pas tous, etmême peu nombreux sont ceux qui de-vraient les étudier.» Des années plus tard,

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un étudiant en théologie dans l’une de nosfacultés se fondant sur cette déclaration re-fusait de prendre le cours de Grec. Avait-ilraison? Quelle situation a poussé EllenWhite à écrire ces mots?

Quelques années après sa fondation quiremonte à 1874, l’école adventiste de BattleCreek offrait le diplôme de licence en Artset Science. Le curriculum, durant ces pre-mières décennies, suivait celui de l’éduca-tion classique des facultés d’état del’époque. Cela signifiait que les étudiantspréparant la licence devaient étudier le Latinet le Grec classiques durant trois ans. Et cequ’ils lisaient dans ces classes c’étaientVirgile, Ovide, Cicéron, Sénèque, Xénophon,Démosthène, Homère et d’autres auteurspaïens.5 Hormis le programme de formationpour la mission, les cours offerts n’incluaientaucun sujet biblique. Ainsi, de 1877 à 1878,parmi les 413 étudiants inscrits, seulement75 suivaient des cours de Bible.6

Pendant plusieurs années, Ellen White ainsisté pour que la Bible, et non les auteursinfidèles, soit au centre de notre programmed’éducation. En 1896, elle a écrit : «La plusgrande sagesse et la plus essentielle, c’estla connaissance de Dieu… Il faut faire dela Bible le fondement de toute étude.»7 Aucours des années suivantes, la situation acommencé à s’améliorer. En 1897, E. A. Su-therland est devenu directeur, et le curricu-lum classique a été aboli. À partir de 1898,seul le Grec du Nouveau Testament, le Latindu Nouveau Testament et le Latin médicalont été enseignés.8

Le programme de deux ans de Grec dansnos facultés de Théologie aujourd’hui estle résultat des réformes des années 1890.Ellen White n’a plus jamais critiqué l’étudedu Grec et du Latin. Sa déclaration dansFundamentals of Education, par consé-quent, ne peut être utilisée contre l’étudedu Grec et de l’Hébreu aujourd’hui. 2. Étudier le contexte immédiat. Lecontexte immédiat est ce qui vient avantet après une déclaration particulière. Àquoi se réfère Ellen White dans le para-graphe ou le chapitre d’où est tirée unecitation ?

Dans le livre, Les paraboles de notre Sei-gneur, Ellen White a déclaré que «ceux qui

acceptent le Sauveur, si sincère que soit leurconversion, ne devraient portés à dire qu’ilssont sauvés.»9 Plusieurs chrétiens d’alorset d’aujourd’hui croient en la doctrine erro-née «sauvé un jour, sauvé toujours». EllenWhite était clairement contre cet enseigne-ment. Elle a écrit dans le contexte immédiat:« Il n’y a rien de plus offensant pour Dieu,d’aussi dangereux pour l’âme humaine quel’orgueil et la propre suffisance. Ce sont lesplus graves de tous les péchés.

La chute de Pierre ne fut pas instantanée,mais graduelle. Sa propre suffisancel’amena à croire qu’il était sauvé et, petit àpetit, à renier son Maitre. Nous ne devonsjamais nous fier à nous-mêmes ni croireque nous sommes à l’abri de la tentation.Ceux qui acceptent le Sauveur, si sincèreque soit leur conversion, ne devraient jamaisêtre portés à dire qu’ils sont sauvés. C’estune affirmation qui peut nous perdre. Cha-cun devrait apprendre à cultiver l’espéranceet la foi. Lorsque nous nous sommes donnésà Jésus et que nous avons l’assuranced’avoir été acceptés, nous ne sommes pasencore à l’abri de la tentation.»10

Le contexte établit clairement qu’elle en-tendait se focaliser sur le problème de laconfiance en soi et des tentations après laconversion. Parce que nous ne sommes ja-mais exempts de la tentation, nous ne pou-vons jamais dire que nous ne pouvons paschuter ou que nous sommes sauvés et, parconséquent, à l’abri de la tentation. Celane veut pas dire pour autant que nous nepouvons pas, jour après jour, avoir l’assu-rance du salut (1 Jn 5.12, 13). En effet, ellea clairement stipulé que nous pouvons avoirl’assurance du salut. «Nous ne devons pasdouter de sa miséricorde, et dire, “ je ne saissi je serai sauvé ou pas”. En vivant par lafoi, nous devons nous réclamer de sa pro-messe, car il a dit : “Si vos péchés sontcomme le cramoisi, ils deviendront blancscomme la neige; s'ils sont rouges commela pourpre, ils deviendront comme lalaine.”»11

3. Étudier le contexte plus large. Lecontexte plus large se réfère aux autres dé-clarations qu’Ellen White a faites sur un su-jet particulier. Pour illustrer ce principe, nousporterons les regards sur un aspect du mes-

sage adventiste de santé – la consomma-tion de la viande. Elle a fait, à ce sujet, desdéclarations vraiment très pertinentes, maisaussi de nombreuses déclarations modifi-catrices qui méritent d’être prises en consi-dération.

En 1903, Ellen White a fait ce qui sembleune déclaration absolue. Elle a écrit : «Notrerégime devrait être composé de légumes,de fruits et de céréales. Pas un seul morceaude viande ne devrait entrer dans nos esto-macs. L’usage de la viande est contre na-ture. Nous devons revenir au conseil originelde Dieu à la création de l’homme.»12 N’im-porte quel lecteur de cette déclaration àelle seule devrait en venir à la conclusionqu’en aucunes circonstances, nous ne de-vrions manger de la viande.

Cependant, à peine quelques pages plusloin, dans le livre, nous trouvons une décla-ration modificatrice de 1890 sur le mêmesujet : «Là où l’on peut se procurer suffi-samment de bon lait et de fruits, celui quimange de la viande est rarement excusable;il n’est pas nécessaire d’ôter la vie à n’im-porte quelle créature de Dieu pour subveniraux besoins ordinaires de l’existence. Danscertains cas de maladie ou d’épuisement,on peut penser devoir faire usage de viande;mais il faut alors prendre de grandes pré-cautions pour se procurer une viande pro-venant d’animaux sains. Il faut même sé-rieusement se demander s’il est sage, dansles temps où nous vivons, de consommerla moindre parcelle de viande. Il vaudraitmieux ne jamais toucher à la viande quede s’exposer à en consommer qui pro-vienne d’animaux malades. J’ai quelquefoismangé de la viande lorsque je ne trouvaispas la nourriture dont j’avais besoin; maisj’en ai de plus en plus peur.»13

Les circonstances qui changent sontsources de maladies ou lorsqu’une nourri-ture autre n’est pas facilement disponible.Elle a admis avoir mangé de la viande detemps à autre. Par conséquent, dans unedéclaration très équilibrée faite devant lesdélégués à la Conférence générale de1909, elle a dit : «Nous ne prescrivons au-cune ligne précise à suivre en matière d’ali-mentation ; mais nous disons que dans lespays où abondent les fruits, les céréales et

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les oléagineux, la viande n’est pas la nour-riture appropriée pour le peuple de Dieu. Sijamais la consommation de la viande étaitbénéfique, elle n’est pas sans danger main-tenant. Les cancers, les tumeurs et les ma-ladies pulmonaires sont largement causéespar la consommation de la viande.

Nous ne devons pas faire de la consom-mation de la viande une pierre de touche,mais nous devrions prendre en considéra-tion l’influence que les croyants de profes-sion qui prennent de la viande exercent surles autres.»14

Nous devrions certainement opter pourune alimentation végétarienne, sans jamaisen faire une pierre de touche. Dans cer-taines circonstances, un régime incluant unpeu de viande peut même être meilleur,mais cela ne devrait jamais servir d’excusepour continuer à manger de la viandequand la nécessité n’existe pas. «Un régimecarné n’est pas des plus sains, cependantje ne voudrais pas soutenir que chacundoive écarter la viande. Ceux dont les or-ganes digestifs sont faibles peuvent souventconsommer de la viande, du moment qu’ilsne supportent ni les légumes, ni les fruits,ni le porridge.»15

Quand on regarde l’ensemble de cequ’elle a écrit sur un sujet donné, il s’endégage une image équilibrée inestimablepour tout chrétien qui prend sa religion ausérieux, mais particulièrement pour les ad-ventistes du septième jour que Dieu a ap-pelés à être ses témoins en ces derniersjours. 4. Chercher des principes. Les pro-phètes transmettent la vérité de Dieucomme des principes ou des règlements.Les principes sont universels et s’appliquentà tous les peuples, en tous lieux et en toustemps. Les règlements sont les applicationsdes principes à des situations particulières.Les règlements peuvent changer selon lescirconstances et paraitre différents selonles cultures et les lieux. «Ce qui peut êtrevrai d’une personne à un moment peut ne

pas être correct à un autre moment.»16 Unexemple tiré des écrits d’Ellen White nousvient facilement à l’esprit.

En 1903, à une époque où la disponibilitégénérale de voitures était encore un rêveavenir, Ellen White a écrit : «Et si les filles,de la même façon, apprenaient à atteler età conduire un cheval, à utiliser la scie et lemarteau, aussi bien que le râteau et la houe,elles seraient mieux préparées aux exi-gences de la vie.»17 Le principe de cettedéclaration est que les filles devraient êtreprêtes à répondre aux urgences de la vie.Appliqué à notre époque, cela pourrait si-gnifier que les filles devraient apprendre àconduire et prendre soin d’une voiture.

L’expérience de la révélation progressive chez Ellen WhiteHormis ces principes d’interprétation,

nous avons besoin de nous rappeler queles prophètes ne recevaient pas toute la lu-mière d’un coup. Eux aussi ont expérimentéla révélation progressive dans leur compré-hension des choses célestes. Le prophèteDaniel dit (8.27) : «Moi, Daniel, … J'étaisétonné de la vision, et personne n'en eutconnaissance». Environ dix ans plus tard,l’ange Gabriel vint et lui expliqua toute lasignification de la vision.

De même, Ellen White a expérimenté larévélation progressive dans sa compréhen-sion de ce que Dieu lui a révélé. Elle a écriten 1904 : «Des révélations que je ne com-prends pas de prime abord me sont souventfaites; mais après un certain temps, ellessont complétées par une répétition de ceque je ne comprenais pas en premier lieuet de manières qui rendent leurs significa-tions immanquablement claires.»18

ConclusionDans l’interprétation de la littérature ins-

pirée, le temps et le lieu aussi bien que lecontexte étroit et le contexte large sont tousimportants. Le contexte historique et littéraire

nous aidera dans notre interprétation desécrits d’Ellen White à naviguer en toute sû-reté entre une interprétation tout à fait litté-rale et une interprétation si éloignée de l’in-tention première de l’auteure que ses écritsdeviennent inutilisables.

1. Sauf indication contraire, tous les textesbibliques sont tirés de la traduction Louis Secondde 1910.2. C’est reconnu depuis longtemps. Robert W.Olson, ancien directeur du Ellen G. White Estateécrivait en 1981 : «Dans leur nature, les écritsd’Ellen G. White sont homilétiques ou évangéliqueset ne sont pas strictement exégétiques.» OneHundred and One Questions on the Sanctuaryand Ellen White. Washington, DC: Ellen G. WhiteEstate, 1981, p. 41. 3. Ellen G. White, Le grand espoir. Dammarie-les-Lys : Vie et Santé, 2012, p.498.4. Ellen G. White, Fundamentals of Christian Edu-cation. Nashville, TN: Southern Pub. Assn., 1923,p.468.5. Emmett K. Van der Vere, The Wisdom Seekers.Nashville, TN: Southern Pub Assn., 1972, p.59.6. Don F. Neufeld, ed., Seventh-day Adventist En-cyclopedia. Washington, DC: Review and Herald,1976, p. 47.7. White, Fundamentals of Christian Education,p.451.8. Neufeld, Seventh-day Adventist Encyclopedia,p.47.9. Ellen G. White, Les paraboles de notre Seigneur.Dammarie-les-Lys, SDT, 1953, p.151.10. Idem, p.151.11. Ellen G. White, Ye Shall Receive Power. Ha-gerstown, MD: Review and Herald, 1995, p. 296.12. Ellen G. White, Conseils sur la nutrition et lesaliments. Nampa, ID: Pacific Press 1972), p. 454.13. Idem, p. 471.14. Ellen G. White, Testimonies for the Church.Mountain View, CA: Pacific Press, 1948, vol.9,p.159.15. White, Conseils sur la nutrition… , p. 471,472.16. White, Testimonies for the Church, vol.3,p.470.17. Ellen G. White, Éducation. Dammarie-les-Lys :Vie et Santé, 1986, p.246.18. Ellen G. White, Selected Messages, vol. 3.Washington, DC: Review and Herald, 1980, p. 56.

Mais, lorsque les temps furent accomplis, Dieu aenvoyé son Fils, né d'une femme et sous la loi, afin deracheter ceux qui étaient sous la loi, pour que nousrecevions l'adoption filiale. Ga 4.4, 5 (NBS)

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