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S O M M A I R E

Ministry®, Revue internationale pour les pasteurs12501 Old Columbia Pike, Silver Spring, MD 20904-6600 U.S.A.

[email protected]

Rédacteur en chef :Rédacteur adjoint : Jeffrey BrownRédacteur en chef intérimaire : Jerry N. Page

Rédacteur de l’édition en français :Bernard Sauvagnat

Secrétaire de rédaction : Sheryl BeckResponsable financier et de fabrication : John Feezer IVConseillers internationaux : Elias Brasil de Souza, Ron Clouzet, Michael D. Collins,Daniel Devadhas, Carlos Hein, Patrick Johnson, Victor Kozakov, Geoffrey Mbwana, Musa Mitekaro, Passmore Mulambo, Daniel Opoku-Boateng, Hector Sanchez,Branimir Schubert, Houtman Sinaga, Ivan L. Williams, Ted N.C. Wilson.Publicité : [email protected] et changements d’[email protected]; +1 301-680-6511; +1 301-680-6502 (fax)Couverture : 316 Creative, Dominique GilsonMaquette & corrections : Dominique Gilson - FranceTarif : 4 numéros pour le monde entier : 10 US$. Pour commander, envoyer nom, adresseet règlement à Ministry® Subscriptions, 12501 Old Columbia Pike, Silver Spring, MD 20904-6600 U.S.A.Articles : Nous accueillons les articles non sollicités. Avant de soumettre un article, mercide consulter les consignes de rédaction sur www.ministrymagazine.org. Merci d’envoyervos textes par courrier électronique à : [email protected] ou à[email protected]

Ministry® est publié chaque mois depuis 1928 par l’Association pastorale de la Confé-rence générale des adventistes du septième jour®

Secrétaire : Jerry N. PageAdjoints : Jonas Arrais, Jeffrey Brown, Robert Costa, Anthony Kent, Janet Page.Centre de ressources pastorales Coordinatrice : Cathy Payne 888-771-0738, (téléphone) +1 301-680-6511;www.ministerialassociation.org

Imprimé par la Pacific Press® Pub. Assn., 1350 N. Kings Road, Nampa,ID 83687-3193. Port payé à Nampa, Idaho (ISSN 1947-5829).

Membre d’Associated Church Press. Adventiste®, Adventiste du septième jour®, et Ministry® sont des marques déposées deGeneral Conference Corporation of Seventh-day Adventists®.

Volume 9 Numéro 2 © 2017 - IMPRIMÉ AUX ÉTATS-UNIS.

4 Faire grandir les églises localesà la manière de Dieu

Jerry Page : entretien avec Chad Stuart

10 L’incarnation du Christ :épreuve des prophètes

Á n g e l M a n u e l R o d r í g u e z

14 Croire en ses prophètes :pourquoi j’accepte le ministèreprophétique d’Ellen White

Te d N . C . W i l s o n

19 Gagner en renonçant : les avantages du jeûne chrétiendeuxième partie

S. Joseph Kidder & Kristy L. Hodson

23 La grâce salvatricedu travail pastoral

Vernon Waters

26 Prière et onction :un regard sur Jacques 5.14­16

E l i z a b e t h O s t r i n g

2 Ministry® 2e trimestre 2017

Ministry®

3 Éditorial9 Réveil et Réforme

13 Livre18 Nouvelles22 Courrier des lecteurs

29 Appelé au pouvoir ?E r r o l N . M c L e a n

Animateurs : Anthony Kent Co-animateurs : Ivan Williamswww.MinistryinMotion.tv

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É D I T O R I A L | J E F F R E Y B R O W N

J’ai été étudiant missionnaire auGhana. J’ai aimé. Pendant les va-cances nous avons visité des pays

francophones voisins : un ami est allé auCameroun, moi au Burkina Faso et enCôte d’Ivoire. J’avais envie de retourneren Afrique de l’Ouest pour y travailler. Onm’a dit : «Alors, apprends le français ». Onn’a pas eu à me le dire deux fois. J’ai de-mandé à mon père et ça a suffi : j’ai pupartir étudier à Collonges-sous-Salève, enFrance. Depuis j’ai exercé un ministèrequi m’a permis d’aller dans des paysfrancophones, et maintenant d’écrire pourle Ministry® en français. Merci, papa.

Vous n’imaginez pas mon enthousiasmequand mon père, vieux prédicateur laïcde 85 ans, a écrit un article qui a étépublié dans le Ministry®. Si mon père l’afait, vous pouvez le faire. Ellen White l’aécrit : « Que les pasteurs considèrentcomme leur devoir d’envoyer de courtsarticles sur leur vécu pour nos périodiques...Il nous faut du vrai, du solide, de la partd’hommes, de femmes et de jeunes consa-crés et solides.»1

Vous allez me dire : « Êtes-vous bienconscient du lourd fardeau qui pèse surnous dans le champ?» Je vous répondrais :« c’est parce que vous portez un lourdfardeau que je vous demande d’écrire ».J’ai eu la bénédiction d’être pasteur enÉglise, professeur à l’université et présidentde fédération. Et, chaque fois, j’ai eu lacharge d’une Église. Même en tant queprésident, j’ai été le pasteur d’une Église,et mes successeurs aussi.2 Mon cœurest avec le pasteur, parce que l’Égliselocale est au cœur du travail. Ben Schouna déclaré : « L’Église locale et, donc, lepasteur local sont au centre de la tâchequi consiste à gagner le monde au Christ».3

C’est à cause de ce que les pasteursvivent que nous avons besoin d’eux etde ceux qui les soutiennent. Nous nepouvons pas abandonner les pasteurssur le champ de bataille. Ils doivent bé-

néficier de nos meilleures ressources pourmener le combat. Ils sont à l’épicentre dela bataille. Là où David a envoyé Urie.C’est risqué, dangereux, mortel. Ils sontsous le feu de l’ennemi, et sous celui del’ami. Pourquoi, veulent-ils rester sur lefront? B. Schoun cite Harold Fey le rédacteurde Christian Century : « Plus un pasteurest consacré, intelligent et sensible, plusil sera usé par la tension des assautsquotidiens, frustré par son incapacité àachever ce qui doit l’être et harassé parles membres pétulants, rouspéteurs et“ plaigneux ” que toute Église compte.Chaque jour il mourra à petit feu sous lepoids de sa croix. Il sera souvent tenté demettre fin à cette pression. Mais il continueparce qu’il sait que la paroisse (pas lebureau, ni l’enseignement, ni l’adminis-tration ni aucune fonction louable) estl’arène où la bataille du Christ pour lemonde doit être menée.» 4

Dans le grand conflit, les pasteurs sebattent pour leur vie. C’est pour celaqu’Habacuc s’est écrié : « Seigneur, jevais t’appeler au secours pendant com-bien de temps ? Tu n’écoutes pas ! » (Ha1.2, PDV). Bien avant l’avènement de latablette Samsung Galaxy, de la SurfacePro de Microsoft ou de l’iPad d’Apple, leSeigneur lui a répondu : « Écris ce que jete fais connaître. Écris-le clairement surdes tablettes pour qu’on le lise facile-ment ! » (2.2).

Dieu a donné l’ordre : écris ce que je tefais connaître. Pour l’écrire, tu dois le fairetien. Prie et médite sur Jésus chaquematin, parce que quel que soit le combatque tu mènes, tu dois écrire que Jésusest la réponse.

Dieu a donné la méthode : écris-le clai-rement. Notre écrit doit reposer sur uneexégèse solide, sur une herméneutiquefidèle et donner un exposé courageux.Comme l’a dit Stephen Covey : «Aiguiseta scie ! » 5

Dieu a donné la mission : « Pour qu’onle lise facilement » (Ha 2.2). Notre but esturgent et audacieux : car l’évangile, l’évan-gile éternel comme Jean l’appelle 6 —Doit gagner le monde au Christ.

Commence aujourd’hui, comme ChadStuart dans l’article de couverture. « Lesarticles publiés dans nos périodiques doi-vent être pleins de pensées pratiques,édifiantes et anoblissantes, qui aiderontà enseigner et à renforcer l’esprit de ceuxqui les lisent. Dieu aide les rédacteurs àchoisir avec sagesse.» 7 Envoyez le meilleuret nous vous donnerons le meilleur. Quele Dieu qui vous guide dans votre tâchenous guide dans la nôtre !

1. Ellen G. White, Counsels to Writers and Editors.Nashville, TN: Southern Pub. Assn., 1946, p. 18; C’estnous qui soulignons.

2. Dr. Kenneth L. Manders, président de la fédérationAdventiste des Bermudes.

3. Benjamin Schoun, Helping Pastors Cope: A Psycho-Social Support System for Pastors. Berrien Springs,MI: Andrews University Press, 1981,p. 200.

4. Harold E. Fey, “Ministers Are Not Quitters,” in TheChristian Century (5 décembre 1962) p. 1471, citépar B. Schoun, Helping Pastors Cope, p. 200.

5. Stephen Covey, The 7 Habits of Highly EffectivePeople. New York, NY: Simon and Schuster, 2004.

6. Apocalypse 14.6

7. White, Counsels to Writers and Editors, p. 19.

Écrivez la vision, rendez­la accessible !

32e trimestre 2017 Ministry®

M

Jeffrey Brown, PhD, est secrétaire adjoint de l’association pastorale à la Conférence générale desadventistes du septième jour et rédacteur adjoint de la revue Ministry®.

Les articles de la revue Ministry® en français sont maintenantdisponibles sur https://www.ministrymagazine.org

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4 Ministry® 2e trimestre 2017

Jerry PAGE est secrétaire de l'Association pastorale de la Conférencegénérale et rédacteur en chef par intérim de la revue Ministry®.

Jerry Page (JP) : En tant que pasteurde l’Église de Visalia en Californie,vous avez été témoin d’une énormecroissance de cette église : en nombre,en gestion chrétienne, dans les of-frandes, dans le soutien et l’engage-ment des membres. Comment décri-riez-vous cela ?

Chad Stuart (CS) : J'hésite de parlerde la croissance de l’Église de Visalia,surtout quand je vois la croissance phé-noménale autour du monde, dans lespays comme le Brésil, le Rwanda et au-tres, où l’Église s’accroît au-delà de ceque j’ai vu jusqu’ici. Pourtant, en dépitde cette hésitation, je suis heureux departager mes impressions face à toutce que Dieu a fait dans l'Église de Visa-lia. Je crois de tout mon cœur que Jésus,le fondateur de l’Église, peut la fairegrandir au-delà de nos attentes. En fait,

la croissance de l’Église peut se produireà tout moment et en tout lieu, et ellepeut aussi échouer même quand toutest fait pour réussir. Jésus utilise la prière,la stratégie, les priorités, la vision et ladétermination de façon puissante pourfaire la différence entre une Église stag-nante et une Église en pleine croissance.

JP : Dans votre stratégie de crois-sance de l’Église, vous donnez la prio-rité à la prière. Pouvez-vous nous enparler davantage ?

CS : Je ne peux trop souligner le faitque le fondement de la prière a été aucœur de ce qui s’est passé à Visalia.J’aimerais pouvoir dire que ce fonde-ment était dû à la profonde spiritualitédu pasteur ! Mais en vérité, j’étaiscomme la plupart des pasteurs : je tra-vaillais d’abord et je priais ensuite. Ma

prière était caractérisée par des for-mules, et je ne connaissais ni ne faisaisl’expérience de la puissance de la prière,jusqu’au jour où j'ai rencontré Katy. Dèsle premier jour où je suis arrivé à Visalia,Katy a commencé à me harceler genti-ment et amicalement. Harceler n’est pasun joli mot, mais je ne peux penser à unmot plus approprié. Avec persistance,elle m’encourageait à me concentrer deplus en plus sur la prière. Elle m’a prati-quement imposé un partenaire de prière.Elle m’a donné des livres à lire sur laprière. Mais par-dessus tout, elle a priépour que son pasteur prie davantage.Eh bien, le Seigneur a exaucé ses prières,et la prière, notre conversation avec Jé-sus pour recevoir sa puissance, est de-venue le fondement de ce que nousavons accompli à Visalia.

Faire grandir les égliseslocales à la manière de Dieu : un entretien avec Chad Stuart

Chad STUART est pasteur de l’Église adventiste du septième jour deSpencerville, Maryland, États­Unis.

L’Église adventiste du septième jour de Visalia, Californie, est l’une des églises de la Divison nord­américainequi croissent le plus rapidement. Selon Chad Stuart, au cours des six années où il a été pasteur de cette église(2008­2014), la fréquentation a augmenté de 133 pour cent. Le nombre de membres a connu une augmenta­tion nette de 284 personnes, dont 209 se sont jointes à l’église par baptême ou profession de foi. Durant cettepériode, ses offrandes annuelles ont presque doublé, passant de 370 000 $ à environ 700 000 $. Sa contributionannuelle à l’Église mondiale est passée de 550 000 $ à plus de 850 000 $. Quels sont les facteurs responsablesde cette croissance ? Une telle croissance peut­elle être reproduite ailleurs ? Pour en savoir plus, la revue Mi­nistry® a interrogé Chad Stuart, actuellement pasteur de l’Église adventiste de Spencerville, Maryland.

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52e trimestre 2017 Ministry®

JP : Comment cela est-il arrivé ?CS : Nous avons intentionnellement

désigné des partenaires de prière dansl’Église. En tant que dirigeant, vous de-viez avoir un partenaire de prière !Chaque sabbat matin, des personnespriaient avant le début des services, etun autre groupe priait les sabbats après-midis sur l’autre campus. Nous avonsorganisé un groupe de femmes qui seréunissait les mercredis matin, et quiprésentait à Dieu les requêtes de prièresreçues la semaine précédente. Nousavons passé 40 jours en tant qu’Égliseà prier tous les jours à 7 h 14 du matinet à 7 h 14 du soir. Après cette périodede 40 jours, nous avons organisé desrencontres de prière à l’église tous lesmatins, et l’église était ouverte pour tousceux qui voulaient venir prier. Chaquepersonne en relation avec notre Église,qu’elle soit membre ou non, était inscritesur une liste, et chaque semaine, un denos guerriers de prière intercédait pourelle. Nous prêchions régulièrement surla prière. À deux reprises, nous avonsenvoyé plus de 300 livres sur la prière.La puissance de la prière remplissait no-tre Église. Individuellement, nousn’étions plus les mêmes, et notre Églisenon plus.

JP : La prière peut donner à Dieu lepouvoir de changer, de transformer etmême de convertir une congrégationsatisfaite d’elle-même en une forcedynamique de témoignage pour l’Évan-gile de Jésus. Il doit y avoir égalementd’autres principes puissants qui ontmotivé les membres de Visalia à rele-ver le défi de la croissance de l’église.

CS : Oui, il existe quelques principesfondamentaux, mais ils ne viennent pasde nous. Lorsque j’étais à la Faculté ad-ventiste de Théologie de l’Université An-drews, j’ai entendu l’histoire d’un étu-diant en doctorat qui faisait unerecherche pour sa thèse sur la crois-sance de l’Église. Ce doctorant adven-tiste est allé visiter le pasteur de la plusgrande Église du monde à l’époque. Il

voulait connaître le secret et les straté-gies liés à une telle croissance phéno-ménale au sein de cette Église. Le pas-teur est allé dans sa bibliothèque et estrevenu avec deux livres : Le Ministèreévangélique et Évangéliser d’Ellen G.White. Il a dit au doctorant que la plupartdes principes de croissance qu’il utilisaitdans son ministère provenaient de ceslivres. Quand j’ai entendu cette histoire,j’ai été complètement renversé ! Nousavons le secret, mais nous l’ignorons…et nous ignorons celle qui l’a écrit ! ÀVisalia, j’ai aussitôt saisi l’occasion derelire ces livres, pour en extraire lesjoyaux cachés et pour appliquer cesprincipes de croissance de l’Église ànotre situation.

P : Après avoir prié pour une Égliseactive et croissante, et après une étudesérieuse des principes de croissancede l’Église révélés par Dieu, quelle aété la prochaine étape?

CS : Quand je suis arrivé à Visalia, j’aiété ravi de constater que plusieurs per-sonnes de l’Église possédaient des donset avaient le souci de servir dans diffé-rents domaines. Il s’agissait seulementde prendre le temps d’organiser les dif-férentes formes de ministères, d’utiliserles talents présents dans l’Église pouratteindre la population. Si l’Église nepossède pas de membres expérimentéspour s’impliquer dans le ministère de lacroissance de l’Église, la priorité pasto-rale doit être de former de telles per-sonnes. En attendant, je recommandeaux églises qui n’arrivent pas à avoirune équipe compétente de commencerpar employer au moins un ouvrier bi-blique fidèle et fervent dans la prière.«Fervent dans la prière», parce que letravail d’ouvrier biblique est difficile ; lerejet est plus fréquent que le succès.L’ouvrier biblique a vraiment besoin deprier sans cesse pour rester fort face auxdéfis quotidiens qu’il rencontre. «Fidèle»,parce que beaucoup de ceux qui achè-vent la formation d’ouvrier biblique en-trent dans l’œuvre, mais dans leur forintérieur, leur véritable objectif est de

devenir pasteur ; le travail d’ouvrier bi-blique devient une porte d’entrée pourle ministère pastoral. Pour que la crois-sance de l’Église ait lieu, il faut des gensqui veulent véritablement être des ou-vriers bibliques, qui continuent à frapperaux portes, à donner des études bi-bliques, à faire connaissance avec lesvisiteurs, et à motiver d’autres membres

à se joindre à eux. Si vous ne pouvezpas engager un ouvrier biblique, formeztrois ou quatre membres et envoyez-lescomme ouvriers bibliques laïcs. Si vousn’avez pas de budget pour cela, coupezdans un autre domaine du ministèrepour y arriver !

JP : Les principes que vous avezénoncés jusqu’à présent sont très bons.Mais y a-t-il des éléments dont lesmembres de l’Église eux-mêmes de-vraient prendre conscience et dans les-quels ils devaient s’impliquer pour at-tirer de nouveaux fidèles ?

CS : Oui, il y en a plusieurs. L’un d’en-tre eux est la qualité dans tout ce quenous faisons à l’église. Il a été dit : « Lepeuple de Dieu doit s’efforcer d’atteindrele plus haut niveau d’excellence.» 1

Lorsque des visiteurs viennent à l’église,il faut qu’ils voient une différence. Ausein de l’adventisme, j’ai parfois remar-

Chad Stuart

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6 Ministry® 2e trimestre 2017

Jerry PAGE : entretien avec Chad STUART

cela devrait déjà commencer par le mo-ment où il consulte la page Web de no-tre Église ; cette expérience devrait aussiêtre excellente !

JP : On dirait que vous n’aviez paspeur du changement.

CS : Nous avons changé nos équipesde direction. Les diaconesses et les dia-cres ne travaillent plus séparément, maisensemble dans des équipes mixtes.Nous avons changé nos équipes de tra-vail en y ajoutant un certain nombre depersonnes et en confiant de nouvellesresponsabilités à d'autres. Nous avonschangé la forme du culte. Nous avonslaissé tomber tous les appels aux of-frandes et toutes les annonces, et pour-tant nos dons ont augmenté de façonexceptionnelle et davantage de gens sesont impliqués dans les activités del’Église. En toute chose, nous cherchonsà rendre gloire à Dieu et nous gardonsà l’esprit le visiteur susceptible de venirà notre église. Et progressivement, le ré-sultat a été la croissance.

JP : À quoi ressemblait ce change-ment ?

CS : Quand je suis arrivé à Visalia,l’Église comptait environ 80% de per-sonnes d’origine européenne et 20%d’hispaniques, alors que la ville necompte que 48% d’habitants de soucheeuropéenne. Quand je suis parti, nousavions près de 55% de personnes desouche européenne et 45% d’hispa-niques. L’Église de Visalia étant situéedans un comté très pauvre, nous noussommes intentionnellement tournés versles plus démunis ; ensuite, nous lesavons invités à suivre Jésus. Avant monarrivée, il n’y avait eu aucune campagned’évangélisation au cours des dix der-nières années. Pendant les années oùj’étais là, nous avons eu trois grandescampagnes d’évangélisation et plu-sieurs campagnes plus courtes. UneÉglise ouverte, accueillante et compa-tissante ne peut que grandir.

qué que l’excellence fait cruellementdéfaut. Je ne dis pas cela comme unecritiquemais comme un fait. Il est inac-ceptable de ne pas offrir le meilleur ser-vice possible à Dieu ! Quand nous ve-nons adorer, nous devons nous rappelerque nous sommes en présence du Dieude l’univers. Souvent, nous improvisonsles services de culte à la dernière mi-nute, sans beaucoup de réflexion ni deprière. Ce n’est pas biblique ! Lisez lesquatre derniers livres du Pentateuque ;il est évident que Dieu se soucie énor-mément des détails du culte. Cela nesignifie pas que les services doivent êtrecompliqués, mais ils doivent refléter l’or-dre dans la préparation, ainsi que l’ex-cellence et l’humilité dans la présenta-tion. Depuis l’accompagnement par lesinstruments, la direction des chants, lalecture biblique et la prière pastoralejusqu’à la prédication et la bénédiction,tout doit rendre gloire à Dieu et conduireles fidèles vers une expérience profondede la présence et des bénédictions deDieu.

JP : Donc vous avez délibérémentfait des efforts pour faire les chosescomme il faut.

CS : Même les petites choses bienfaites font une énorme différence. Un vi-siteur sera plus susceptible de reveniret de construire une relation avec Jésuss'il rencontre l'excellence chaque foisqu'il est présent. Prenez, par exemple,ceux qui accueillent les personnes à laporte. La plupart d’entre eux remettentsimplement un bulletin tout en regardantailleurs et passent à la personne sui-vante. Où sont le contact visuel, le sourireet la poignée de main pour que la per-sonne qui entre dans l’église sentequ’elle se trouve parmi des amis, etqu’elle n’ait pas juste l’impression derecevoir un morceau de papier d’un dis-tributeur? Depuis le moment où un visi-teur accède à notre aire de stationne-ment jusqu’au moment où il s’en va, ildevrait pouvoir vivre l’expérience la plusexcellente de toute sa semaine. En fait,

JP : La croissance entraîne deschangements et cela peut ne pasplaire à tout le monde. Avez-vous ren-contré de l’opposition, et si oui, com-ment y avez-vous fait face ?

CS : Le changement crée des tensionset parfois de l’opposition. Pour nous, lacroissance en soi était un changement,ce qui a posé des défis et engendré desconflits. Mais une Église qui préfère restercomme elle est plutôt que de grandirn’est pas une Église. Si dans le cadre del’Église vous cherchez à connaître unecroissance, il faudra introduire du nou-veau et éliminer du vieux. À Visalia, nousavons fait des changements au niveaude nos équipes de travail, de la musique,du travail de la commission de nomina-tion, de la structure du comité, des at-tentes envers les bénévoles, etc. Chaquechangement a rencontré de l’opposition.Certains ont été acceptés, d’autres non;mais comme c’est le cas dans la nature,ce qui ne change pas ne grandit pas. Siun pasteur refuse de faire des change-ments par peur des conflits, il n’a paschoisi la bonne profession.

Dans les Églises, nous faisons trop dechoses sans but précis. «Pourquoi pré-sentez-vous votre programme pour lesenfants de cette manière?» «Pourquoicommencez-vous votre service religieuxà cette heure?» «Pourquoi cette per-sonne dirige-t-elle ce ministère?» Si laréponse à ces questions est : « Parceque nous l’avons toujours fait ainsi »,alors tout cela a besoin d’être réévalué.Nous avions une intention précise der-rière tout ce que nous faisions à Visalia,et lorsque cela a perdu son sens ou sonimpact, alors nous l’avons abandonnéou nous l’avons changé.

JP : Quelle est l’une des réalisationsles plus satisfaisantes du programmede croissance de l’ Église de Visalia ?

CS : C’est l’implantation d’une nou-velle Église, trois ans après mon arrivéeà Visalia ! Un an après mon arrivée,quelqu’un m’a présenté le plan décen-nal de la ville de Visalia. En étudiant ce

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72e trimestre 2017 Ministry®

FAIRE GRANDIR LES ÉGLISES LOCALES À LA MANIÈRE DE DIEU

plan, j’ai remarqué que tout le dévelop-pement était prévu pour le secteur nord-ouest de la ville, et que pendant ces dixans, une augmentation de la populationde 100 000 personnes était prévue.Parmi les responsables de l'Église,quelques-uns ont pensé : « Plutôt qued’avoir une Église qui réagit après lacroissance, pourquoi ne pas implanter

une Église dans ce territoire en prévisionde cette croissance ? » Certains pen-saient que cette implantation fragmen-terait la congrégation actuelle. Si vousêtes de plus en plus nombreux et quevous avez de moins en moins de place,n’ayez pas peur des opposants ; agissezrapidement et de façon décisive et créezde l'espace pour la croissance ! EllenWhite conseillait : «Ceux qui connaissent

la vérité ne comprennent-ils donc pasle grand mandat de Christ ? Pourquoin’ont-ils pas à cœur d’ajouter de nou-veaux territoires au royaume du Sei-gneur, et d’implanter la vérité dans denouveaux endroits?» 2 Ailleurs, elle écrit :« Il faut créer des foyers lumineux enmaints endroits pour qu’ils se multi-plient.» 3

Elle a prié pour que son pasteur prie davantage. Le Seigneura exaucé ses prières. La prière, notre conversation avecJésus pour recevoir sa puissance, est devenue le fondementde ce que nous avons accompli à Visalia.

Ainsi, aucune des 100 dernières an-nées n’a permis de baptiser autant depersonnes que 2013. Cette année-là,nous avons donc implanté l’Église del’«Arche ». Ce nom est approprié, carpour beaucoup d'habitants de ce quar-tier de la ville, elle constitue un abricontre les tempêtes de la vie. Elle n’areçu d’argent ni de l'Église mère, ni dela Fédération locale. Seulement huit per-

sonnes de l'Église mère se sont jointesà cette nouvelle Église. Le rôle de l’Églisemère dans cette implantation a été mi-nime, mais voir cette entreprise d’évan-gélisation dans sa ville l’a motivée etpoussée à travailler plus intensémentpour le Seigneur. Ce que j’avais apprispar ceux qui étaient passés par là avantmoi s’est avéré juste : la congrégation

existante a effectivement grandi davan-tage que les années précédentes.

Relevons un point important : à partirde ce moment-là, nous nous sommestoujours efforcés de rappeler à nosmembres que le plus important dansl’Église c’est de «chercher et sauver cequi était perdu». C’est donc dans cetesprit que nous avons dépensé notreargent, établi notre calendrier et c’est

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8 Ministry® 2e trimestre 2017

Jerry PAGE : entretien avec Chad STUART

cette passion que nous avons prêchée,souhaitant la transmettre à chaque per-sonne qui a rejoint notre famille.

JP : C’est une excellente nouvelle.Cependant, rétrospectivement, y a-t-ilquelque chose que vous auriez pu fairedifféremment pour obtenir une meil-leure croissance ?

CS : Premièrement, la prière. Peut-êtreaurions-nous dû développer davantagenotre ministère de la prière, tout en conti-nuant à réclamer les promesses de Dieu.Nous avons multiplié par quinze nospartenaires de prières, pourtant il sembleque nous étions encore bien loin de làoù le Seigneur aurait voulu nousconduire. Peut-être que notre Église deVisalia aurait grandi davantage si la ma-jorité et non la minorité des membresavait été unie dans la prière.

Deuxièmement, l’implication. Ironique-ment, notre croissance a étouffé notrecroissance. Qu’est-ce que je veux direpar là? Nous n’étions pas équipés pourassimiler les nouveaux membres et pourles former à évangéliser leurs amis etleur famille. Dans notre première phasede croissance rapide, certains sont restéstrop longtemps assis sans s’impliqueractivement dans la vie et la croissancede l’Église, et leur enthousiasme initials’est affaibli. Ces membres étaient sa-tisfaits de leur situation. Avec la crois-sance et le surpeuplement de l’Église,les membres ont perdu de vue « la né-cessité du témoignage» et leur ferveurpour l’évangélisation a commencé à sedissiper. Nous avons tardé à laisser laplace aux nouvelles personnes, et, àcause de notre hésitation, notre crois-sance a ralenti. Seuls 33% de nos mem-bres offraient régulièrement leurs ser-vices bénévolement ; c’est-à-dire qu’ilsdonnaient, par exemple, une heure parmois de leur temps. Il aurait fallu aumoins une heure par semaine pour vrai-ment avancer, et si 100% des mem-bres… mais je me contenterai mêmede 50% !

Troisièmement, l’engagement. Je doiscommencer par moi-même en tant quedirigeant. Ce que je fais ou ne parvienspas à faire affecte toute l'Église. Il nes'agit peut-être pas d’une violation fla-grante des dix commandements, oumême de mauvaises actions occasion-nelles ici et là, mais d’autres perturba-tions de mon engagement : l’orgueil, parexemple ; garder des ressentiments etde l’amertume dans mon cœur ; négli-ger le temps personnel passé avec Dieudans la prière et l’étude de la Bible ; nepas avoir assez de foi pour la vision queDieu a placée sur mon cœur ; la pa-resse ; la peur. Pendant les six annéesque j’ai passées à Visalia, j’ai lutté contretous ces péchés à un moment ou unautre. Bien que je ne sois pas conscientde péchés particuliers qui ont influencémes décisions ou entravé le progrès,d’après mes connaissances des Écri-tures, je crois qu’à certains moments ilsauraient pu limiter la croissance. À moinsque ses dirigeants ne grandissent dansleur relation avec Jésus et leur amourpour lui, une Église ne peut pas connaî-tre de croissance.

JP : Si c'était à recommencer, quechangeriez-vous ou qu’amélioreriez-vous pour vous assurer que l’Églisegrandisse régulièrement ?

CS : Mon point de départ sera toujoursle même: la prière. Pour grandir et êtreen santé, une Église doit continuelle-ment rechercher de nouvelles manièresde promouvoir la prière, d’encouragerla prière collective, et de recruter plusde guerriers de prière. La prière est ac-compagnée de puissance.

Deuxièmement, déléguer. La crois-sance de l’Église est fragile si elle dé-pend uniquement du pasteur. Être res-ponsable est aussi le privilège desmembres. Je ne trouve nulle part dansles Écritures l’histoire d’un fidèle disciplede Jésus qui allait à l'église une fois parsemaine puis rentrait à la maison, pre-nait son repas, faisait la sieste, travaillait

dans son jardin le dimanche, se rendaità son travail rémunéré la semaine, net-toyait la maison le vendredi, et retournaità l'église le sabbat, et qui considéraitceci comme un comportement accep-table de la part d‘un disciple de Jésus.En fait, c’est un reniement du vrai chris-tianisme. Jésus a dit très clairement quenous devons nourrir les affamés, prendresoin des malades, visiter les prisonnierset recueillir les sans-abri. Il nous a éga-lement exhortés d’aller et de témoigner.Le seul endroit où la plupart des mem-bres « vont », c’est à l’église, et ils s’y as-seyent ; puis la routine de la vie recom-mence.

En tant que pasteur d’une Église, jeveux savoir exactement combien demembres servent Jésus d’une manièreproactive et intentionnelle, puis jecherche à augmenter ce chiffre de 10pour cent chaque année alors que denouvelles âmes sont sauvées. Commeaucun pasteur n’est permanent, je mesuis demandé : Ai-je fait suffisammentpour la croissance de Visalia en tant quepasteur? Ai-je fait assez pour que cettecroissance continue quand je seraiparti ? Il arrive bien trop souvent qu’uneÉglise se porte bien, mais une fois quele pasteur s’en va, tout ralentit ou cessemême complètement. La présencebaisse, il ne se fait plus d’évangélisation,et l’Église passe en mode de mainte-nance. Un pasteur orienté vers la crois-sance doit s’assurer de mettre en placedes moyens pour que l'Église ne soitpas dépendante de lui, de sorte qu'ellesoit en mesure de rester solide et decontinuer à grandir, même après sondépart. Le nouveau pasteur ne devraitpas avoir à s’occuper d’une Église endifficulté ou en train de mourir.

Troisièmement : les petits groupes. Lacroissance de l’Église demeure forte etspirituelle là où l'École du sabbat estactive ; mais cela ne suffit pas. Si nousvoulons devenir plus grands, alors nousdevrons en même temps devenir pluspetits ou être plus connectés ; cela ne

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FAIRE GRANDIR LES ÉGLISES LOCALES À LA MANIÈRE DE DIEU

sera possible que par les petits groupes.Le livre des Actes parle de deux aspectsde l’Église chrétienne primitive : les ras-semblements « dans les maisons » et«au temple» (Actes 2.46). De grandeschoses se produisent quand les mem-bres se réunissent pour étudier la Parolede Dieu, et une d’entre elles est la crois-sance de l’Église.

JP : Merci beaucoup, Stuart, d’avoirpartagé avec nos lecteurs une partiede votre expérience concernant lacroissance de l’Église. Par où un pas-teur peut-il commencer pour créer unpuissant mouvement de Dieu dans sonéglise ?

CS : Présentez une vision. Nous de-vons servir les gens en leur présentantune vision, en définissant les ministères

et en célébrant leurs « victoires ». Lesgens veulent faire partie de quelquechose de plus grand qu’eux. Nous avonsinstallé des tables dans le hall d’entréepour que les gens puissent s’inscrirepour diverses activités. Nous sommespassés de 8 personnes pour l’accueil à30, et de 6 anciens à 15, beaucoupd’entre eux étant de jeunes adultes. Nosguerriers de prière sont passés de 4 àplus de 70. Nous avons sillonné toutesles rues de notre ville de 150000 habi-tants en priant, et nous avons remis lelivre Le grand espoir à chaque foyer.

Rappelez-vous que l’Église est lecorps du Christ, ce qui signifie que sivotre Église est sans vie, si elle ne fonc-tionne pas, ne grandit pas, ne cherchepas à atteindre ceux qui sont perdus età aimer tout le monde, elle n’est pas

vraiment l’Église, et elle n’est certaine-ment pas le corps du Christ. Mais nedésespérez pas. Même si vous êtes leseul à vouloir que votre Église deviennele corps du Christ, Jésus honorera votreengagement et travaillera avec vouspour réaliser ce désir. Dès maintenant,prenez la décision de commencer àvous changer et à changer votre Église,et regardez comment Dieu fait grandirles deux !

1. Ellen G. White, Testimonies for the Church, vol. 7.Mountain View, CA: Pacific Press Pub. Assn., 1948, p.127.

2. Ellen G. White, Manuscript Releases 10. Hagerstown,MD: Review and Herald Pub. Assn., 1999, p. 220, 221.

3. Ellen G. White, Témoignages pour l’Église, vol. 3.eBook, Ellen G. White Estate, 2005, p. 353.

M

revivalandreformation.org

Les responsables d’ADRA Rwanda(Agence adventiste d’aide et dedéveloppement) ont abattu

quelques arbres dans les bois près dusommet de l’une des collines duRwanda pour ériger une simple struc-ture où les habitants du village de Mu-kuyu ont pu se rassembler pour dé-couvrir l’Evangile. C’était l’un des 2 227lieux de réunion pour le projet TMI (im-plication de tous les membres) duRwanda en mai 2016.

Dans le secteur du Batsinda, les em-ployés d’ADRA ont construit un autrelieu de réunion. Un appel de fonds per-sonnels avait été adressé au personneld’ADRA Rwanda pour ces deux sitesgérés par ADRA, 4 000$ ont été recueillis.

Pourquoi une telle générosité sur leursrevenus personnels ? Parce que le bud-get d’ADRA ne peut servir à financerdes projets d’évangélisation. Ces donsprivés ont aussi financé l’équipementélectrique, la sonorisation, les toilettes,les bancs, les bibles et d’autres outilsd’évangélisation. L’équipe d’ADRARwanda compte 290 personnes dontmoins de 10% sont membres de l’Église.Et 60% des 4 000$ viennent des nonadventistes. Pendant les réunions, plu-sieurs d’entre eux se sont impliquésdans la présentation d’exposés sur lasanté, dans la distribution de chaus-sures et de matériels scolaires, pour latechnique ou le transport des candidatsvers les lieux de baptêmes. La plupart

etRÉFORME

VOUS, VOTRE FAMILLE, VOTRE ÉGLISE, VOTRE COMMUNAUTÉ

de ceux qui ne sont pas membresd’église ont, eux aussi, porté des Tee-shirts de TMI.

En voyant la forte implication et leservice enthousiaste de ces incroyants,je me suis demandé si je sers Dieu detout cœur comme eux. Et vous ?

- May-Ellen Cólon, PhD, est directrice desservices sociaux adventistes à la ConférenceGénérale et chargée des relations avec ADRAInternational, Silver Spring, Maryland, États-Unis.

Engagement totalde non adventistesEnseigne­moi tes voies, ô Éternel! Je marcherai dans ta fidélité.Dispose mon cœur à la crainte de ton nom (Psaume 86.11).

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Page 10: Ministry 2-2017.qxp maquette 28/03/17 18:43 Page1 · 4 Ministry ® 2e trimestre 2017 Jerry PAGEest secrétaire de l'Association pastorale de la Conférence générale et rédacteur

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«Comment cela se produira-t-il, puisqueje n'ai pas de relations avec unhomme ? » (Luc 1.34). Elle en savaitassez sur le processus de la procréationhumaine pour percevoir que cela étaitimpossible. La réponse de l’ange paraîténigmatique : l’incarnation ne répondpas aux lois biologiques de la concep-tion humaine, mais se réfère à la puis-sance de Dieu agissant par son Esprit.Dieu va accomplir en Marie une choseunique dans l’univers. En elle, le Filsde Dieu sera incarné pour devenir unêtre humain.

La déclaration de l’ange a enveloppél’incarnation dans un voile de mystère.Aussi, la question de Marie, commentune vierge peut-elle devenir enceinte,devient pour nous : comment Dieu peut-il devenir humain ? La Bible ne cherchepas à répondre à cette question. Jeanréaffirme simplement le fait de la révé-lation : « La Parole [le Fils de Dieu] estdevenue chair » (Jean 1.14). Noussommes là en face de ce qui est pro-bablement la parole la plus audacieuseque l’on puisse trouver dans l’histoirede la pensée humaine. Si c’est vrai, etc’est vrai, cela change tout sur la terreet dans l’univers. L’idée était inconcevablepour les Grecs et pour ceux qui étaientinfluencés par leur philosophie. Certainschrétiens ont trouvé l’idée embarrassanteet ont préféré parler d’un Christ qui apris l’apparence humaine, mais qui enréalité n’était pas humain (c’est le do-cétisme). Ils sont identifiés par Jeancomme étant de faux prophètes. Le ra-tionalisme des Lumières a trouvé l’idéede l’incarnation très choquante, même

repoussante, et a conclu que l’incarna-tion était un vestige de la pensée my-thologique de l’Église primitive. Mais letémoignage du Nouveau Testament de-meure : « La Parole est devenue chair.»

Le Nouveau Testament établit claire-ment que l’incarnation de Dieu dansune chair humaine demeure un « mys-tère .» Paul en examinant ce sujet s’estexclamé : « le mystère [musterion “ se-cret ” ou “ mystère ”] de la piété estgrand : il s'est manifesté dans la chair(1 Tm 3.16).1 Ellen White réaffirme avecson autorité prophétique l’enseignementbiblique en disant : « L’incarnation duChrist est le mystère de tous les mys-tères 2.» Il nous est incompréhensibleque le second membre de la divinitépuisse quitter son trône glorieux aucentre du cosmos pour devenir un hu-main en naissant d’une femme. D’unemanière unique, Dieu est assurémententré dans le monde et a connu l’expé-rience et la vie d’une créature. Il est de-venu un terrien.

Ellen White nous place au cœur dumiracle lui-même, et dans une perceptionprophétique, elle en souligne son in-compréhension cosmique : « Christ, àun prix infini et suivant un douloureuxcheminement, mystérieux pour les angesaussi bien que pour les hommes, a as-sumé l’humanité. Voilant sa divinité, dé-posant sa gloire, il est né comme unbébé à Bethlehem 3.»

Il n’existe aucune tentative de la partd’Ellen White d’approfondir le processuslui-même ; au lieu de cela, avec uneautorité prophétique, elle déclare quele procédé fut douloureux pour Dieu.

Dans les temps de la Bible, lesconflits entre faux et vrais pro-phètes étaient fréquents, ce

qui conduisait à bien des confusions.Pour protéger son peuple de la tromperie,le Seigneur lui a donné des critèrespour distinguer le vrai du faux (parexemple, Dt 13.1, 2 ; 18.22 ; Jr 28.8, 9 ;Mt 7.16, 17).

Dans cet article je voudrais appliquerl’un de ces tests au ministère prophétiqued’Ellen G. White. J’ai choisi ce test par-ticulier à cause de son accent excep-tionnel sur la doctrine chrétienne del’incarnation: «Examinez plutôt les espritspour savoir s'ils sont de Dieu, car beau-coup de prophètes de mensonge sontsortis dans le monde. À ceci vousconnaissez l'Esprit de Dieu : tout espritqui reconnaît Jésus-Christ venu en chairest de Dieu; et tout esprit qui ne reconnaîtpas Jésus n'est pas de Dieu » (1 Jean4.1-3). Jean fait référence aux prophètesqui nient que le Fils de Dieu s’est faitchair, ou humain.

L’enseignement apostolique qui a étépréservé pour nous dans le NouveauTestament est l’élément d’évaluation. Ily a au moins trois éléments de la doctrinede l’incarnation dont nous avons à ex-plorer l’unique nature et l’intention.Qu’enseignent les Écritures sur ces élé-ments, et que dit Ellen White à leurpropos en harmonie avec la Parole?

Le caractère exceptionnel de l’incarnationQuand l’ange annonça à Marie : «Tu

vas être enceinte ; tu mettras au mondeun fils », elle demanda immédiatement :

Ángel Manuel RODRÍGUEZ Docteur en théologie, a été le directeurdu Biblical Research Institute, Silver Spring, Maryland, États­Unis.

L’incarnation du Christ :épreuve des prophètes

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La pensée est confirmée avec force parEllen White quand elle réaffirme l’in-carnation : « En Christ, l’humain étaitsoumis au divin 6.»

Troisièmement, l’union des deux na-tures en une personne s’est exercéede façon permanente. La Parole est de-venue chair et elle le restera toujours.Jésus est né d’une femme comme unêtre humain (Ga 4.4) et a vécu toutesa vie dans la chair (He 5.7). Il a étécrucifié, est ressuscité, puis est montéau ciel avec notre nature humaine glo-rifiée, et là il intercède pour nous devantle Père : « Car il y a un seul Dieu, etaussi un seul médiateur entre Dieu etles humains [anthropon] l'humain [an-thropos] Jésus-Christ » (1 Tm 2.5). Jeandéclare clairement qu’à son retour,Jésus viendra en chair (2 Jn 7)7. L’incarnation n’a jamais été suspendueet ne le sera jamais. Paul dit qu’unefois que le conflit cosmique sera achevé,toutes choses seront à nouveau sou-mises au Père, et « le Fils lui-même sesoumettra à celui qui lui a tout soumis,pour que Dieu soit tout en tous » (1 Co15.28). Le sacrifice du Christ demeureéternel.

Ellen White en vrai prophète de Dieu,et en soutien à l’enseignement biblique,déclare : « En assumant notre nature, leSauveur s’est rattaché à l’humanité parun lien qui ne sera jamais brisé, quisubsistera d’âge en âge... Dieu l’a donnépour toujours à l’humanité déchue.

Elle ajoute que l’incarnation fait partiedes mystères « trop profonds pour êtreexpliqués ou même saisis pleinementpar l’esprit humain.4» Bien sûr, l’incar-nation de la Parole demeure un mystère,mais sa réalité demeure incontestableet devrait être employée pour identifierla fausse prophétie.

La nature de l’incarnationBien que le mystère de l’incarnation

en tant que tel demeure au-delà denotre pleine compréhension, nous pou-vons le comprendre en partie.

Premièrement, en Christ deux naturessont présentes, la nature humaine et lanature divine. «Car c'est en lui qu'habitecorporellement toute la plénitude de ladivinité » (Col 2.9). La nature humainen’est pas devenue divine, et la naturedivine n’est pas non plus devenue hu-maine. Il n’y a pas de communicationde propriétés, ou de consubstantialitédans les deux natures. Chacune main-tient sa particularité. Le Christ est restédivin et humain en une seule personne.Cette idée, largement affirmée par lemonde chrétien est aussi réaffirméepar Ellen White : « sa nature limitée étaitpure et sans tache, mais sa nature di-vine... ne fut pas humanisée ; pas plusque l’humanité déifiée par l’union desdeux natures ; chacune a conservé sestraits essentiels et ses propriétés 5.»L’union des deux natures nous permetd’être réconciliés avec Dieu (2 Co 5.19).

Deuxièmement, parce qu’il y avaitdeux natures, il y avait deux volontésdans la personne du Christ – la volontéhumaine et la volonté divine. Mais lavolonté humaine s’est caractérisée parune constante disposition à se soumettreà la volonté divine. En Gethsémani,Jésus s’est adressé au Père en disant :« Mon Père, s'il n'est pas possible quecette coupe s'éloigne sans que je laboive, que ta volonté soit faite ! » (Mt26.42). La volonté humaine exprimesa pleine soumission à la volonté divine.

Pour assurer son conseil de paix im-muable, Dieu a donné son Fils uniquecomme partie intégrante de la famillehumaine, pour toujours participant denotre nature 8 ».

But de l’incarnationComme l’incarnation ne peut être

séparée de ce que Dieu a accomplipar elle pour nous, elle témoigne de laplus majestueuse révélation de l’amourde Dieu que l’univers puisse connaître(1 Jn 4.8-11). Jésus est venu dans unmonde profondément abimé par le pé-ché sans qu’on puisse y trouver unseul juste (Rm 3.10, 11). Il est venudans une maison de servitude, méchanteet corrompue. Le Dieu incarné est venudans ce lieu ignoble pour vivre une viede soumission absolue au Père et a faitcela pour nous montrer la bonté deDieu. E. G. White déclare : « Sur cetteterre obscurcie par le péché il est venurévéler la lumière de l’amour de Dieu ;il a été “ Dieu avec nous ”»9.

Selon l’apôtre Paul, le Fils de Dieu aexpérimenté la kenosis au travers del’incarnation, mais sans perdre un seulde ses attributs divins, il devint un ser-viteur de Dieu. Celui qui était Dieu« s'est vidé [kenoô] de lui-même en sefaisant vraiment esclave, en devenantsemblable aux humains ; reconnu à sonaspect comme humain, il s'est abaissélui-même en devenant obéissant (àDieu) jusqu'à la mort » (Ph 2.7, 8). En

« Sur cette terre obscurcie par le péché il est venu révéler la lumière de l’amour de Dieu ; il a été “Dieu avec nous” . »

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12 Ministry® 2e trimestre 2017

humain pour nous montrer la bonté deDieu manifestée dans une vie de sou-mission. E. G. White déclare : «Au coursde sa vie sur la terre, le Christ a développéun caractère parfait, il s’est parfaitementsoumis aux commandements de sonPère. En venant dans le monde sousune forme humaine... il n’est pas devenuun pécheur.12 » Adam a désobéi à Dieu,mais le nouvel Adam s’est soumis à luiet nous a donné le pouvoir de le suivre.

Incarnation et sacrificeMais l’amour de Dieu a été particu-

lièrement manifesté dans l’obéissancedu Christ jusqu’à la mort (Ph 2.8). Dieus’est incarné pour combattre, sur cetteplanète, les forces du mal. Courageuse-ment, il les a affrontées et vaincues autravers de sa vie, mais c’est sur la croixque leur défaite a été totale. Il est devenuhumain pour mourir ; non pour mourircomme nous, naturellement, mais mourirpour mettre fin à la mort. Il a tué la mortpar sa mort et, ce faisant, il a révélél’ampleur de l’amour de Dieu. «Car leFils de l'homme n'est pas venu pourêtre servi, mais pour servir et donner savie en rançon pour une multitude» (Mc10.45). «En regardant à Jésus, dit E.White, nous voyons que c’est la gloirede notre Dieu de donner.13 »

Il est mort parce qu’il a pris sur luiles péchés de la race humaine et a faitl’expérience de notre mort éternelle. Lamort s’impose comme une séparationessentielle et porte avec elle une pro-fonde souffrance. Le Fils de Dieu, dansune chair humaine, est monté sur lacroix et a fait l’expérience de l’abandondivin qui devrait être le nôtre, et il l’afait pour que nous puissions communieravec Dieu. Il a expérimenté l’inexprimablede l’abandon de Dieu : « Mon Dieu, monDieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »(Mt 26.46). E. White développe certainsaspects de cette tragédie en disant :« Le cœur du Christ fut transpercé parune douleur bien plus profonde quecelle des clous plantés dans ses mains

et ses pieds. Il portait les péchés dumonde entier, endurant notre châtiment,la colère de Dieu à l’encontre de latransgression. Sa tribulation impliquaitla terrible épreuve de penser qu’il étaitabandonné par Dieu. Son âme étaittourmentée par l’oppression de pro-fondes ténèbres, et la peur qu’il puissedévier de sa droiture pendant le terriblesupplice.14 » Avec une perception pro-phétique pénétrante, elle ajoute : « Dieua souffert avec son Fils, comme seull’Être divin peut souffrir, afin que lemonde puisse être réconcilié avec lui.15 »

Seul le Dieu incarné pouvait accomplircette œuvre si étonnante en tant quenotre substitut : « La justice exigeait lessouffrances d’un homme. Le Christ lui,égal de Dieu, a offert les souffrancesd’un Dieu. Il n’avait pas besoin d’ex-piation. Ses souffrances n’étaient pasdues à un péché qu’il aurait commis ;ce fut un cadeau pour l’homme, toutpour l’homme ; et son pardon gratuitest accessible à tous ».16 C’était d’évi-dence une révélation majestueuse del’amour d’un Dieu qui se sacrifie. C’estdans la croix que nous parvenons aucœur même de l’incarnation de Dieu ;la plénitude de la divine kenosis. Il des-cendit au plus profond de la mort etdevint notre vainqueur.

ConclusionEn résumé, nous pouvons dire qu’un

vrai prophète confirme et même appro-fondit la signification de l’incarnationdu Fils de Dieu. C’est devenu un mystèreinsondable à propos duquel nous savonspeu de choses. Jésus est devenu unecréature de façon permanente, un ter-restre, pour nous révéler le caractèrede Dieu. En tant qu’humain, il a vécu lavie que nous devrions vivre, en vue d’enjouir pleinement avec nous. Dans sonobéissance, nous voyons un appel àsuivre le Seigneur incarné pour faire decette planète un lieu pour mieux l’aimeret nous aimer les uns les autres. Dansson obéissance jusqu’à la mort sur une

faisant cela, Jésus a révélé que c’estpar l’union et la soumission à Dieu queles humains peuvent parvenir à la plé-nitude de la vie et du bien-être, dévoilantpar là les effets destructeurs de la ré-bellion d’Adam. La bonté de la volontédivine est justifiée par Ellen White : « Laloi de l’amour étant à la base du gou-vernement de Dieu, le bonheur de toutesles créatures dépendait de leur parfaitaccord avec les grands principes decette loi 10.»

Jésus venant pour réparer la rébelliond’Adam, toute sa vie fut celle de la sou-mission au Père : « Je viens... pour faire,ô Dieu, ta volonté » (Hé 10.7). Jean,mentionnant la vie exemplaire de Jésus,invite les croyants à « marcher aussicomme lui a marché » (1 Jn 2.6). EllenWhite confirme les propos de Jean enajoutant : « Il n’est pas venu dans notremonde pour soumettre la volonté d’unpetit dieu à un plus grand, mais commeun homme pour obéir à la loi de Dieu,et être par là notre exemple.11 » Lavolonté de Dieu était d’une importanceprimordiale pour Jésus et il a révéléque la volonté divine cherchera toujoursce qui est bien pour les humains. Commesa volonté est résumée dans la loid’amour, le décalogue, le Christ s’y estsoumis. Quand Satan a cherché à ame-ner Jésus à se soumettre à lui, le Sei-gneur incarné a immédiatement cité lepremier commandement du décalogue(Mt 4.10). Il a obéi à tous les comman-dements. Cela signifie alors que le Dieuincarné a rendu un culte le sabbat duseptième jour, nous appelant à entreren communion avec lui et le Père. Danstout ce qu’il a fait, il a été notre modèlepour une vie droite et vertueuse. Parceque nous devrions être baptisés, il aété baptisé, parce que nous devonsprier, il a prié et parce que nous devrionsservir Dieu et les autres, il a servi Dieuet les autres. Parce que nous devrionsaimer nos ennemis, il a aimé nos en-nemis et a prié pour eux. Parce quenous devrions nous reposer le sabbat,il s’est reposé le sabbat. Il est devenu

Ángel Manuel RODRÍGUEZ

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132e trimestre 2017 Ministry®

L’INCARNATION DU CHRIST : ÉPREUVE DES PROPHÈTES

M

croix nous trouvons notre seul cheminpour revenir à Dieu au travers du pardon.Ces aperçus bibliques sur l’incarnationsont réaffirmés et approfondis dans lesécrits d’Ellen White et donnent ainsi lapreuve de son appel prophétique.

1. Dans le Nouveau Testament, le mot grec musterionrenvoie au plan de salut établi par Dieu qui est demeurécaché en Dieu pendant les siècles (Ep 3.9), mais qui a étémaintenant révélé en Christ. Il est lui-même le « mystère deDieu » (Col 2.2 ; 4.3). En 1 Timothée 3.16, le mystère de ladivinité « est l’événement du Christ, tel qu’il est décrit dansl’hymne suivant... du point de vue de la perspective cosmiquede l’incarnation, de l’exaltation et de sa proclamation.» H.Krämer, «Musterion mystery, secret, » in Exegetical Dictionaryof the New Testament, eds. Horst Robert Balz and GerhardSchneider, Grand Rapids, MI, Eerdmans, 1990, p. 448, 449.La plénitude de la révélation et de la compréhension de cemystère transcendantal est pour le croyant, une tâche à ac-complir (voir Ep 3.14-19).

2. Ellen G. White, The Faith I Live By, Washington, DC, Reviewand Herald, 1973, p. 48. Elle a aussi écrit : « L’incarnationdu Christ a toujours été et restera un mystère.» Ellen G.White, in Francis D. Nichol, ed., Seventh-day Adventist BibleCommentary, vol. 5, Washington, DC, Review and Herald,1978, p. 1128, 1129.3. Nichol, Seventh-day Adventist Bible Commentary, vol. 7,p. 915; cf. idem, vol. 5, p. 1129 ; Ellen G. White, Jésus-Christ,Dammarie-les-Lys : Signes des Temps, 1975, p. 33. Elle aaussi déclaré que « l’univers fut émerveillé en apprenantque le Fils de Dieu allait s’offrir en sacrifice pour sauverl’humanité. Celui qu’on avait vu passer, à travers l’immensitéde la création, d’une étoile et d’un monde à l’autre,surveillant tout et assurant le bien-être de chacun, avaitconsenti à quitter sa gloire pour s’incarner dans la naturehumaine. Ce projet mystérieux suscitait de profondes médi-tations chez les habitats innocents des autres mondes.»Ellen G. White, Patriarches et prophètes, Dammarie-les-Lys,Signes des Temps, 1975, p. 47. 4. Ellen G. White, Vers Jésus, Dammarie-les-Lys, Signes desTemps, 1975, p. 88.5. Ellen G. White, Manuscript Releases, Silver Spring, MD,Ellen G. White Estate, vol. 16,1981–1983, p. 182.6. Ellen G. White, «The Vine and the Branches, » Review andHerald, 9 nov. 1897, p. 705.

7. Le sens du participe présent par rapport au parfait en 1Jean 4.2 a été débattu par les théologiens, mais il peutêtre compris comme ayant un sens futur et faisant référenceà la seconde venue du Christ ; voir Georg Strecker,The Jo-hannine Letters: A Commentary on 1, 2, and 3 John, Her-meneia, Minneapolis, MN, Fortress, 1995, p. 232-236.8. Ellen G. White, Jésus-Christ, Dammarie-les-Lys, Signesdes Temps, 1975, p. 16.9. Idem, p. 9.10. Ellen G. White, La Tragédie des siècles, Dammarie-les-Lys, Signes des Temps, 1976, p. 536.11. Ellen G. White, Selected Messages, vol. 3, Washington,DC: Review and Herald, 1980, p. 140. Elle a aussi écrit :« Devenu semblable à nous, il allait donner l’exemple del’obéissance. Pour cela il revêtit notre nature et fit nospropres expériences.» White, Jésus Christ, p. 14.12. White, Selected Messages, vol. 3, p. 133.13. White, Jésus Christ, p.11.14. White, Selected Messages, vol. 3, p. 132.15. Ellen G. White, «Satan’s Malignity Against Christ and HisPeople, » Review and Herald, Oct. 22, 1895, p. 674.16. Ellen G. White, « Christ Our Sacrifice » Review and Herald,Sept. 21, 1886, p. 593.

L’intérêt de ce livre est multiple. D’abord ilreflète une saine manière de lire la Bible etdonc de l’interpréter : la théologie qu’il pré­sente à propos du Saint Esprit est sérieuse,complète et crédible.

Ensuite chaque chapitre commence parune expérience soit tirée de l’histoire, en par­ticulier de celle des débuts de l’adventisme,soit tirée de la vie personnelle de l’auteur soitde celle des membres des Églises dont il a eu la charge. Même sicertaines d’entre elles sont très marquées culturellement et peu­vent sembler un peu déplacées pour certains, elles fonctionnentcomme des apéritifs qui donnent envie de lire le contenu théolo­gique du chapitre. Elles apportent de la vie à un ouvrage qui, sanselles, pourrait être théorique.

Enfin chaque chapitre se termine par une série de questionsque le lecteur est invité à se poser seul ou en groupe pour faciliterl’appropriation de l’enseignement donné. C’est donc un ouvragequi peut servir à l’animation d’une église de maison, d’un groupede foyer, ou même d’un groupe d’étude biblique.

L’original a été publié en 2011, il est heureux qu’en 2017 les ad­ventistes francophones puissent y avoir accès.

Bernard Sauvagnat

Ron Clouzet,LE PLUS GRAND BESOIN DES ADVENTISTES Dammarie-les-Lys : Vie et Santé, 2017, 336 pages.Existe aussi en format numérique.

L e pasteur Ron E.M. Clouzet est originaire d’Argentine. Ilest actuellement le directeur de l’Institut d’évangélisationde l’Église adventiste du septième jour en Amérique du

Nord et enseigne à la Faculté de Théologie de l’université Andrews.Passionné par tout ce qui concerne le Saint Esprit, il nous invitepar ce livre à prendre très au sérieux l’appel pressant adressé en1887 par Ellen White aux adventistes : «Un réveil de la véritablepiété parmi nous est le plus important et le plus urgent de nosbesoins. »

En 17 chapitres répartis en 4 sections, il présente le messagebiblique concernant le Saint Esprit.

Dans les 5 premiers chapitres, le Saint Esprit est présentécomme une promesse divine, donc une promesse certaine, cré­dible, renouvelée, indispensable et toujours valable pour nousaujourd’hui. Les chapitres 6 à 8 visent à montrer que la Bible pré­sente le Saint Esprit comme une personne, donc davantage qu’unesimple force ou qu’une influence venant de Dieu, mais bien unepersonne divine. Cette section touche donc au mystère de la tri­nité. Dans les chapitres 9 à 13 l’auteur aborde les questions pra­tiques que peuvent se poser les croyants qui désirent mettre leurvie sous la direction du Saint Esprit. Enfin dans les chapitres 14 à17, il termine son périple en montrant la puissance de l’EspritSaint particulièrement dans le cadre de la dernière étape de l’his­toire humaine et donc de la mission finale de l’Église chrétienne.

Livre

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merveilleuse vérité de Dieu, par notretémoignage et par notre proclamation.

L'Église adventiste du septième jouraccepte Ellen White en tant que servantemoderne du Seigneur, ainsi que pro-phétesse. Cette Église ne serait pas làoù elle en est sans la direction spécialeque Dieu lui a donnée par l’entremised’Ellen White, dans les écrits de l'Espritde la prophétie. Les conseils qu’on ytrouve aideront à finir l'œuvre de Dieusur terre, par la puissance du Saint-Esprit. C'est précisément pour cetteraison que le diable s'efforce de détruirel'influence de la Bible et de l'Esprit dela prophétie.

Dans Messages Choisis, volume 2,nous pouvons lire : « La toute dernièretromperie de Satan consistera à ôtertoute efficacité au témoignage de l’Espritde Dieu... Satan déploiera toute son in-géniosité à ébranler la confiance del’Eglise du reste dans le vrai témoignage,et cela par les moyens les plus diverset les instruments les plus variés. Il pro-duira de fausses visions pour égarer, ilmêlera le faux au vrai et dégoûtera lemonde qui ne voudra plus voir que fa-natisme dans tout ce qui s’appellevision ; cependant les âmes sincères,établissant une comparaison entre cequi est faux et ce qui est vrai, saurontfaire les distinctions nécessaires.» 2

Mon témoignagePourquoi est-ce que j’accepte le mi-

nistère prophétique d'Ellen White? Apo-calypse 19.10 atteste que le témoignagede Jésus est l'Esprit de la prophétie. Jecrois que les écrits d'Ellen White sontle témoignage de notre Seigneur. Ilsnous ramènent à la Parole sacrée deDieu, qui nous affirme que le Christ, ladeuxième personne de la Divinité, apris la forme d'un homme et est devenula Parole qui s’est faite chair (Jn 1.1-3,14 ; Ph 2.5-11). Les adventistes du sep-tième jour ne voient pas l’Esprit de laprophétie comme une partie de la Bibleou comme égale à celle-ci. CommeEllen White l’a dit elle-même, l'Espritde la prophétie doit conduire à la Bible.L'Esprit de la prophétie est inspiré parla même inspiration divine qui a inspiréla Bible. Ellen White elle-même en té-moigne : « Par son Saint-Esprit, Dieunous a constamment avertis et ensei-gnés, pour affermir la foi des croyantsen l’Esprit de prophétie. L’ordre a étérenouvelé plusieurs fois : Écris les chosesque je t’ai données, afin que soit confir-mée la foi de mon peuple dans les po-sitions qu’il a prises. Le temps et lesépreuves, loin de rendre vaines les ins-tructions données, ont au contraire,grâce à des années de souffrances etd’abnégation, établi la vérité du témoi-gnage rendu. Les instructions donnéesdans les premiers jours du message

A lors que nous affrontons lesderniers jours de l'histoire dela terre, Satan fait des efforts

déterminés pour détruire l'efficacité dela Bible et de l'Esprit de la prophétie.Tout autour de nous, nous voyons laneutralisation de la Parole de Dieu entant qu’autorité. Par exemple, remarquezcomment la méthode historique-critiqueappliquée à la Parole de Dieu réduit sacapacité à faire autorité. Le plan deSatan consiste à saper le «Ainsi parlele Seigneur » clair et net de notre Dieu.Nous avons vu et nous voyons desefforts déterminés de la part d’individusmotivés par Satan, pour attaquer l'Espritde prophétie et le rendre « sans effet ».La Parole de Dieu et l'Esprit de la pro-phétie sont tous deux des produits del'inspiration divine et sont donc desrécits fidèles, décrivant la grande contro-verse entre le bien et le mal, entre Jé-sus-Christ et Satan. C'est pourquoi Satanest décidé à détruire la vérité qui setrouve dans la Bible et dans l'Esprit deprophétie. Fort heureusement, le diablene réussira pas ! Cependant, en coursde route, il en trompera beaucoup.

Dans ce contexte, Dieu nous a donnéle mandat d'être des défenseurs de saParole, qui s'est avérée véritable et quichange la vie des gens. Nous devonsramener les gens à la véritable adorationde Dieu, comme le rappelle le premierange, dans Apocalypse 14.6-12. Nousavons le privilège de faire connaître la

Ted N. C. WILSON, PhD, est le président de l’Église mondiale desadventistes du septième jour.

Croire en ses prophètes : pourquoi j'accepte le ministèreprophétique d'Ellen White 1

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moignage de Jésus, et c'est pourquoije crois au ministère prophétique d’EllenWhite.

Apocalypse 12.17 dépeint l'Esprit dela prophétie comme l'une des deux ca-ractéristiques de l'Église de Dieu desderniers jours. « En colère contre lafemme [l'Église de Dieu], le dragon[Satan] s'en alla faire la guerre au restede sa descendance [ou semence – lepeuple et l'Église de Dieu, dans les der-niers jours], à ceux qui gardent lescommandements de Dieu et qui ont letémoignage de Jésus.» 4

doivent être considérées tout aussi sûresà suivre en ces derniers jours.» 3

Je crois que l'Esprit de la prophétieest l'un des plus grands dons de Dieuà l'Église adventiste du septième jour. Ilse concentre sur le Christ et sa Parole,sa justice tout entière, son plan du salut,sa grâce et son ministère dans le lieutrès saint, dans le sanctuaire céleste.L'Esprit de la prophétie décrit le plande Dieu pour son peuple qui vit letemps de la fin, et il pointe vers le retourimminent du Christ.

La pertinence de l'Espritde la prophétie aujourd'huiL'Esprit de la prophétie est aussi per-

tinent aujourd'hui qu'il l'était quand il aété écrit. Il est précis, édifiant, instructifet puissant, car il pointe vers le Christet la Sainte Bible. C'est vraiment le té-

Les deux principes distinctifs qui ca-ractérisent le peuple de Dieu sont assezclairs : garder les commandements deDieu, y compris le quatrième comman-dement qui est fondamental, et avoir letémoignage de Jésus. Le quatrièmecommandement identifie qui est Dieuet indique notre obéissance enversnotre Créateur, qui, dans un acte decréation récent, en six jours consécutifslittéraux, a créé la terre par sa parole,puis s’est reposé le septième jour, lejour du sabbat. Le sabbat est donc lesigne de l’autorité de Dieu et le sceaude son peuple pour l'éternité.

Dans Apocalypse 14.7, l'appel dupremier ange à adorer Dieu comme lecréateur place sur le peuple la respon-sabilité d'observer le sabbat du septièmejour, comme un mémorial qui honoreson acte créateur. Un être créé ne peuthonorer le créateur tout en défiant son

L'Esprit de la prophétie décrit leplan de Dieu pour son peuple qui vit le temps de la fin, et il pointe vers le retour imminent du Christ.

commandement de sanctifier le sep-tième jour, le sabbat. Le sabbat sera lepoint central du conflit entre le bien etle mal au cours des derniers temps dedétresse.

« La question du jour de repos — lepoint de la vérité particulièrementcontesté — sera la grande pierre detouche de la fidélité. Lorsque les hommesseront soumis à cette épreuve finale,une ligne de démarcation claire et pré-cise sera établie entre ceux qui serventDieu et ceux qui ne le servent pas.» 5

Le sabbat est un signe de notre relation

avec Dieu et de notre dépendanceenvers lui, pour la création et pour lesalut.

Si le premier principe distinctif dumessage du premier ange est un appelà obéir aux commandements de Dieu,y compris le quatrième, la deuxièmecaractéristique dominante est que l'Églisedu reste aura le témoignage de Jésus,qui est « l'Esprit de la prophétie ». Lescommandements de Dieu et le témoi-gnage de Jésus, ou l'Esprit de la pro-phétie, proviennent de la même source :Dieu.

L'Esprit de la prophétie a été donnépour entretenir et assister le mouvementde Dieu des derniers jours, par desconseils divins. Dieu a utilisé l'Esprit dela prophétie comme guide dans l'éta-blissement de l’Église du reste, l’Égliseadventiste du septième jour. Ses mem-bres devraient l’aimer d’un amour su-

prême et suivre ses commandements,par sa puissance. Dieu utilise l'Espritde la prophétie pour faire prospérer sonÉglise des derniers jours, dans le mou-vement adventiste qui va croissant, avecdes millions de personnes dans lemonde.

La menace de l’indifférenceL'une des plus grandes menaces

contre l'Esprit de la prophétie aujourd'huin'est pas nécessairement l'animosité,mais l'indifférence. Aujourd'hui, beaucoup

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Ted N. C. WILSON

de membres ne le connaissent pas, nele lisent pas ou l’ignorent tout simple-ment. Dans Témoignages pour l’Église,volume 4, nous lisons ceci : «Les volumesde l'Esprit de Prophétie (précurseur dela série Le Conflit des âges ou Destinationéternité), ainsi que ceux des Témoi-gnages, devraient être introduits danschaque famille qui observe le sabbat,et les membres devraient connaître leurvaleur et être encouragés à les lire... Ilsdevraient être dans la bibliothèque dechaque famille, et être lus et relus.Qu’on les mette là où ils peuvent êtrelus par beaucoup, et qu'ils soient usésen étant lus par tous les voisins.» Uneinstruction semblable a été donnéequant à la série du Conflit des âges :«ces ouvrages devraient se trouver danschaque foyer ».6

Pour ce faire, divers projets, y compris« Connecting with Jesus » (Se connecteravec Jésus), ont été entrepris. On a dis-tribué des millions de livres de l’Espritde la prophétie, au public et aux mem-bres de l’Église à travers le monde, enformat papier et électronique. Nous de-vons faire beaucoup plus. L'expansionrapide de l’Église adventiste du septièmejour exige que nos membres connaissent,dans leurs propres langues, les conseilsde l’Esprit de la prophétie que Dieu apour son Église des derniers jours.

Croissance et stabilitéLes conseils trouvés dans l'Esprit de

la prophétie ont joué un rôle déterminantdans la fondation de maisons d’édition,d’institutions de santé, éducatives, hu-manitaires et médiatiques. L’Esprit dela prophétie est un guide pour la crois-sance de l’Église sur le plan pastoral,dans l’évangélisation, la mission et l’ad-ministration. Il offre des instructionsdans presque tous les aspects de lavie, y compris la théologie, le mode devie, la santé personnelle, la famille, lefoyer, les jeunes, les relations interper-sonnelles, la gestion personnelle, etbeaucoup d’autres. Il guide les enfants

de Dieu et continuera toujours à lefaire, jusqu'à ce que le Seigneur revienne.C'est pourquoi je crois au ministèreprophétique d’Ellen White.

Grâce aux conseils de l’Esprit de laprophétie, l’Église adventiste du sep-tième jour n'est pas seulement unedénomination de plus, mais un mou-vement céleste qui a un destin spécial– une mission et un message à pro-clamer, comme il est dit dans Apoca-lypse 14. 6-12 – le message des troisanges. Dans Témoignages pour l'Église,volume 9, il nous est dit : « D’une façonspéciale, les adventistes du septièmejour ont été établis dans le mondepour être des sentinelles et des porteursde lumière. On leur a confié le dernieravertissement pour un monde éphé-mère. Sur eux, brille la merveilleuselumière de la parole de Dieu. Ils ontreçu une œuvre des plus solennelles— la proclamation du message dupremier, du deuxième et du troisièmeange. Il n'y a pas d’autre responsabilitéqui ait autant d’importance. Ils ne doi-vent permettre à rien d’autre d’absorberleur attention.» 7

Il n’est pas étonnant que Satan attaquel'Esprit de la prophétie et les précieuxconseils de Dieu pour son Église desderniers jours. « Une haine sataniques’allumera contre les témoignages. L’ef-fort de Satan tendra à ébranler laconfiance des Églises en ces témoi-gnages, et ceci pour la raison suivante :Satan n’a pas un chemin facile pouramener ses tromperies et envelopperles âmes dans ses séductions, aussilongtemps que l’on prête attention auxavertissements, aux répréhensions etaux conseils de l’Esprit de Dieu.» 8

En tant que « reste », le Christ nous aappelés à une position éminente, noussommes un mouvement avec un destinunique, qui défend la vérité, qui proclamele message du retour du Christ, qui a letémoignage de Jésus, qui tourne lesyeux des gens vers Jésus, le centre detoute vérité, et qui, par la puissance du

Saint-Esprit, ramène les gens à la véri-table adoration du vrai Dieu.

Élever JésusJe crois au ministère prophétique

d'Ellen White parce qu'il élève Jésus :« Notre foi augmente en contemplantJésus, qui est le centre de tout ce quiest attrayant et agréable. Plus nouscontemplons les choses célestes, moinsnous trouvons désirables et attirantesles choses terrestres. Plus nous fixonscontinuellement l’œil de la foi sur leChrist, en qui est centré notre espérancede la vie éternelle, plus notre foi grandit.»9

Une autre raison puissante pour la-quelle je crois au ministère prophétiqued'Ellen White est l’accent mis sur l'unité.Le diable sait que, s'il peut amener lepeuple de Dieu à regarder à lui-mêmeet ses propres opinions au lieu de re-garder à Christ, il sera capable de pro-voquer la discorde, la désunion et destensions. Cela est devenu l’un de sesplus grands outils contre la mission del'Église adventiste du septième jour.

Dieu nous a appelés à participer à laplus grande proclamation de la véritéde l'histoire — le point culminant de lagrande controverse entre Christ et Satan.Dieu nous a confié la tâche de parlerde Jésus. Lui qui a vécu une vie sanspéché, est mort pour nous et est res-suscité, intercède maintenant en notrefaveur en tant que notre grand prêtre. Ilreviendra bientôt pour nous emmenerau ciel avec lui. Nous sommes appelésà partager la Parole de Dieu dans toutesa puissance, par la direction du Saint-Esprit. Dans cette vocation céleste, nousserons confrontés à des gens qui neseront pas d'accord avec notre messageet avec notre mission. Nous pouvonsêtre tentés de nous décourager à causede l'apathie de certains, au sein del'Église.

Quelles que soient les choses aux-quelles nous puissions faire face, nousne devrions pas être tentés de travaillerindépendamment et en dehors de

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CROIRE EN SES PROPHÈTES : POURQUOI J'ACCEPTE LE MINISTÈRE...

l'Église. Nous sommes appelés à travaillerdans l'Église de Dieu des derniers jours,et non pas en dehors de celle-ci. Restonsunis avec notre Église locale et avec lafamille de l'Église mondiale. Restonsproche de l'Église, indépendammentde ses imperfections.

Voici ce que la compilation Conseilsà l’Église mentionne : « Dieu a sur laterre une Église formée d’élus quigardent ses commandements. Il nedirige pas ici et là un individu ; il dirigeune Église...»

« Nous ne devons pas chercherquelque message nouveau et bizarre. Ilne faut pas prétendre que les élus deDieu, ceux qui s’efforcent de marcherdans la lumière, constituent Babylone.»

« Bien que des imperfections se trou-vent dans l’Église des derniers temps— il en sera ainsi jusqu’à la fin —cette Église doit être la lumière quibrille au milieu d’un monde souillé etperverti par le péché. Affaiblie et impar-faite, elle a besoin d’être reprise, avertie,conseillée ; mais elle n’en est pas moinsici-bas l’unique objet sur lequel le Christjette un suprême regard.»

«L’Église de Dieu sur la terre ne formequ’un corps avec celle qui est dans leciel.»

«Ainsi, l’autorité céleste confirme ladécision de l’Église envers ses membrespour autant que le précepte bibliqueait été suivi.» 10

L'Église est appelée à une grandeœuvre — à l'intérieur et à l'extérieur.Le temps du bouleversement et du cri-blage est proche. Le Seigneur fera sonœuvre. C'est une préparation pour legrand cri que le Christ nous a appelésà proclamer. Élevez le Christ et sa sainteParole. Croyez à l’Esprit de la prophétie.Alors que nous faisons cela sous la di-rection du Saint-Esprit, nous seronsamenés à une humilité totale au piedde la croix, et nous serons engagésdans le réveil et la réforme. Dieu ferason œuvre pour préparer son peupleaux événements incroyables qui sont

juste devant nous. C'est pour cela queje crois au ministère prophétique d’EllenWhite.

Raisons pratiquesUne raison plus pratique pour laquelle

je crois en l’Esprit de la prophétie estque j'ai grandi dans un foyer qui avaitun grand respect pour l’Esprit de laprophétie. Mon père en parlait toujourspositivement et passionnément. Mamère était d’une fidélité inébranlableenvers la Parole de Dieu et l’Esprit dela prophétie. Je n'ai jamais entendu unmot méprisant ou une remarque désobligeante de mes parents à proposde la Bible ou l’Esprit de la prophétie.Ma femme, Nancy, a grandi au seind’un foyer qui avait la même attitude.Tout comme moi, elle aime lire la Bibleet l'Esprit de la prophétie tous les jours.Cela a une énorme influence sur notrefoyer. J'ai développé, avec cette confianceinculquée dans mon cœur dès monjeune âge par mes parents, ma propreappréciation personnelle pour lesconseils, la direction et les clarificationsde l’Esprit de la prophétie. Alors que jelis l’Esprit de la prophétie, j’acceptequ’il soit inspiré de Dieu, parce quec'est le témoignage de Jésus.

Permettez-moi de partager avec vousune autre raison pratique pour laquelleje crois en l'Esprit de la prophétie. Dansles années 1870, William émigra auxÉtats-Unis, depuis l’Irlande. Il était d'ori-gine écossaise et presbytérienne. Lui etsa femme, Isabella, également originaired’Irlande, vécurent pendant un certaintemps à Philadelphie, où il travaillacomme ingénieur pour la constructionde locomotives, et il se dirigea finalementvers l'ouest, dans la région « des grandsarbres » au nord de la Californie, pourfaire de l’exploitation forestière. Il s'installaprès de Healdsburg, devint producteurde fruits et éleveur de bétail, et géra unmagasin de campagne. Il n'était pasnécessairement quelqu’un d’extrême-ment religieux à ce moment-là. William

et Isabella eurent quatre fils. Isabelledevint adventiste du septième jour, maisce ne fut pas le cas de William. En1905, quelques tentes furent érigéesau nord de ce qu’on appelle la « rivièrerusse », près de Healdsburg, pour uncamp-meeting adventiste. Isabella allaà ces rencontres et invita son mari àvenir lui aussi. Alors que William setenait sous la tente, l’orateur commençaà dévoiler la merveilleuse vérité surJésus, partageant le besoin de tous lespécheurs d'avoir un Sauveur et de luipermettre de changer leur vie. L’orateurfit un appel sincère, et à la grande sur-prise d’Isabelle, William se leva ets’avança vers l’avant, donnant son cœurau Seigneur. Il étudia ce précieux mes-sage adventiste pendant un an. Il fermason magasin le sabbat et fit confianceà Dieu pour l'avenir. Il fut baptisé, rejoi-gnant l’Église du reste. Plus tard, il devintle premier ancien de l’Église adventistedu septième jour de Healdsburg, à l'em-placement qui allait devenir PacificUnion College. Le Christ changea savie, et il fut connu comme un hommegénéreux, qui venait en aide aux gensdans le besoin.

William et Isabella Wilson étaientmes arrière-grands-parents, et l’orateurqui prêchait avec tant de ferveur surJésus, lors de ce rassemblement, étaitEllen White. Elle avait acheté une pro-priété à Healdsburg après la mort deJames White. Mon grand-père se sou-venait qu’Ellen White venait les voirchez eux quand il était enfant et leurracontait des histoires avec beaucoupd’amour, à lui et ses frères, tandis qu’ilsétaient assis à ses pieds. La famille Wil-son doit sa connaissance du précieuxmessage adventiste à l’action directe,pratique et prophétique d’évangélisationd’Ellen White. De ce fait, l’Esprit de laprophétie prend une valeur encore pluspersonnelle — une autre raison pourlaquelle je crois en l’Esprit de la prophétie.

Les écrits de l'Esprit de la prophétiesont crédibles et vrais parce qu’Ellen

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L e dimanche 20 novembre 2016, 2 500 membres de comités de mission, de fédération,d’union et d’institutions adventistes réunis en 280 lieux différents ont pu pour lapremière fois bénéficier ensemble d’une formation à distance au sein de la Division

interaméricaine. Organisée par le service Segment Leader’s Development (Service pour la

formation des dirigeants) sousla direction de Balvon Braham,cette formation, donnée pardifférents responsables de laDivision et de la Conférencegénérale, a duré 6 heures ettraité des sujets comme : àquoi servent les unions et lesinstitutions, comment fonc­tionnent les comités et conseilsd’administration, la responsa­bilité financière des comitésou les conflits d’intérêt.

Les participants pouvaientintervenir car chaque présen­tation était suivie d’une séancede questions­réponses. Ce pro­gramme était diffusé par descanaux vidéo sur Internet (voirwebcast.interamerica.org) etdisponible pendant 24 heuresdans les trois langues princi­pales de cette Division: AnglaisEspagnol et Français. (d’aprèsLibna Stevens, IAD).

Nouvelle FORMATION EN LIGNE pour la Division interaméricaine

White et son ministère prophétique pas-sent les quatre tests bibliques d’un pro-phète.

Premièrement, ses écrits sont en ac-cord avec la Bible : «À la loi et au té-moignage ! Si on ne parle pas ainsi,c'est qu'il n'y aura pas d'aurore pour lepeuple.» (Es 8.20).

Deuxièmement, sa vie et ses œuvrestémoignent de sa relation avec Dieu :« C'est donc à leurs fruits que vous lesreconnaîtrez.» (Mt 7.20).

Troisièmement, ses prophéties se sontréalisées : «Mais si un prophète annonceque tout ira bien, c'est quand viendrace qu'il a annoncé qu'il sera reconnucomme un prophète vraiment envoyépar le Seigneur.» (Jr 28.9).

Quatrièmement, ses écrits élèvent leChrist et réitèrent qu’il est le Fils deDieu qui est venu sur terre pour nous

sauver : «À ceci vous connaissez l'Espritde Dieu : tout esprit qui reconnaît Jé-sus-Christ venu en chair est de Dieu »(1 Jn 4.2). De plus, sa vie et son œuvreconfirmée par des manifestations phy-siques pendant ses visions, le caractèreopportun de son travail à la fin destemps, la conviction et la bravoure deses déclarations, le caractère hautementspirituel de son œuvre, et la nature pra-tique de ses explications sur les multiplesaspects de la vie chrétienne, sont le té-moignage de l'origine divine de sonministère.

Il est donc de notre responsabilitéd’encourager et de favoriser la confianceen l’Esprit de la prophétie et son utili-sation. Dieu nous demande d'aider lesautres à croire au don prophétique del'Esprit de la prophétie. Ne soyez pasdécouragés par ceux qui pourraientvous ridiculiser ou se moquer de votre

croyance en l’inspiration de la Bible oude l'Esprit de la prophétie. «Soyez fermesen l’Éternel, votre Dieu, et vous serezaffermis. Soyez fermes en ses prophètes,et vous aurez du succès.» (2 Ch 20.20).

1. Adapté d’une prédication partagée au Symposium del’Esprit de Prophétie à la Conférence Générale des adventistesdu septième jour en Octobre 2015 à Silver Spring, Maryland,États-Unis.2. Ellen G. White, Messages choisis, vol. 2. Mountain View,CA : Pacific Press, 1971, p. 89.3. Ellen G. White, Messages choisis,, vol.1. Mountain View,CA : Pacific Press, 1968, p. 46.4. Tous les passages bibliques sont tirés de la versionNouvelle Bible Segond. 5. Ellen G. White, The Great Controversy. Mountain View, CA:Pacific Press, 1907, p. 657.6. Ellen G. White, Le foyer chrétien. Dammarie-les-Lys: SDT,1978, p. 465.7. White, Testimonies for the Church, vol. 9, p.19.8. White, Messages choisis,, vol.1, p. 54, 55.9. Ellen G. White, In Heavenly Places. Washington, DC:Review and Herald, 1967, p. 127.10. Ellen G. White, Counsels to the Chruch. Nampa, ID:Pacific Press, 1991, p. 194-195.

Ted N. C. WILSON CROIRE EN SES PROPHÈTES...

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difier intentionnellement leur apparencepour mettre en valeur leur piété devantla foule n’avait rien d’exceptionnel. Ilsne participaient pas aux préparatifs ha-bituels mais utilisaient des produits cos-métiques pour donner une impressionde pâleur ; leur tentative d’exagérer leurhumilité était une exhibition d’amour-propre et de prétention.3 Ellen Whitemet en garde quant à une telle prétention:« Le jeûne et la prière inspirés par unesprit de propre justice sont une abo-mination aux yeux de Dieu.»4Tout commen’importe quelle habitude ou disciplinespirituelle, le jeûne, en lui-même, neconduit pas à la droiture. Ce n’est quel’ouverture du cœur et l’abandon à lavolonté de Dieu qui procurent une relationsalvatrice en Christ.

Pourquoi jeûner ?Pourquoi devrions-nous jeûner? Voici

une liste d’exemples, bibliques ou autres,où le peuple de Dieu a choisi de jeûner.

Cette liste peut nous aider à déterminerles situations où nous devons apprendreà prier et à jeûner.

Jeûner peut faire partie du chemine-ment spirituel d’un individu. Hull appellece type de jeûne, un jeûne qui «nourritintensément... l’âme.» 5 Nous voyonscela dans la vie de Jésus, lorsque l’espritl’a conduit dans le désert pour le préparerà son ministère (Mt 4.1, 2 ; Lc 4.1, 2).Paul a lui-aussi jeûné après avoir vu leChrist en vision et reconnu son besoinde réveil personnel (Ac 9.9). Jésus etPaul ont tous deux consacré énormémentde leur temps à tenter de réveiller lesautres. Une écrivaine chrétienne décritses moments de prière et de jeûnecomme un moyen d’accélérer sa crois-sance spirituelle. Elle déclare : jeûner« rend mon cœur plus doux à l’égard duSeigneur. Mon esprit devient beaucoupplus réceptif à ses encouragements, àsa voix et à son toucher.» 6

L e jeûne doit être pratiqué dansun esprit d’humilité et de plaisir.Tout au long de la Bible, Dieu a

réprimandé Israël pour son regard inap-proprié concernant le jeûne. Plutôt qued’être un moyen de faire preuve d’humilitépersonnelle à l’égard du créateur, jeûner«était considéré comme un acte osten-sible de pénitence.»1 Jésus a réprimandéce point de vue, il a enseigné : «Quandvous jeûnez, ne prenez pas un air sombre,comme font les hypocrites : ils prennentune mine défaite pour bien montrer auxhommes qu’ils jeûnent. En vérité, je vousle déclare : ils ont reçu leur récompense.Pour toi, quand tu jeûnes, parfume-toila tête et lave-toi le visage, pour ne pasmontrer aux hommes que tu jeûnes,mais seulement à ton Père qui est làdans le secret ; et ton Père, qui voit dansle secret, te le rendra» (Mt 6.16-18).2

Il était d’usage à l’époque de Jésusde jeûner les lundis et les jeudis, alorsque ces jours correspondaient aux joursde marché. Voir ceux qui jeûnaient mo-

S. Joseph KIDDER, DMin, enseigne les ministères chrétiens à la facultéadventiste de théologie de l’université Andrews, à Berrien Springs,Michigan, aux États­Unis.

Gagner en renonçant : les avantages du jeûne chrétien

Kristy L. HODSON est étudiante en maîtrise de théologiedans cette même faculté.

Deuxième partie

La première partie de cet article (1er trimestre 2017) traitait de la signification biblique du jeûne et de ses avan­tages, et de la manière dont le jeûne peut intensifier la relation avec Dieu de qui s’engage dans une étroiteassociation avec Jésus. Cette partie de l’article invite à partager les joies du jeûne et aborde pourquoi et com­ment entreprendre un jeûne.

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Jeûner prépare le chemin à l’actiondu Saint Esprit en nous pour l’emportersur le péché (Mt 4.4). Le prophète Ésaïeaffirme : « Le jeûne que je préconise,n'est-ce pas plutôt ceci : détacher leschaînes de la méchanceté, dénouer lesliens du joug, renvoyer libres ceux qu'onécrase, et rompre tout joug?» (Es 58.6).Jeûner peut nous révéler des chosesque nous ignorions dans nos vies. «Sansnotre confort habituel, nous nous tournonsvers Dieu de façon beaucoup plus hon-nête et avec plus d’intensité. Et c’estainsi que nous entrons en connexionavec la richesse de Dieu, qui s’occupesincèrement de nos besoins.» 7

Jeûner est souvent considéré commefaire face à d’importantes décisions àprendre ou aux plus grands événementsde notre vie. Regardons Esther. Avantd’oser mettre sa vie en péril pour sauverson peuple, elle choisit de jeûner et deprier (Est 4.16). De la même manière,nous pouvons nous tourner vers le jeûneet la prière lorsque nous sommes confron-tés à des décisions très importantes,comme chercher un nouveau pasteur,construire un projet ou démarrer unegrande campagne d’évangélisation. Jeû-ner peut également faire partie des mo-ments qui nous sont propres, pour nosprises de décisions personnelles, commepar exemple la recherche d’un nouvelemploi, l’engagement dans une relationqui aboutira à un mariage ou face à undéménagement.

Le jeûne peut aider à affronter ou àsurmonter les difficultés et les problèmespersonnels. Lorsque David a été fausse-ment accusé, il s’est tourné vers Dieu eta jeûné et prié. Il a personnellement faitpreuve d’humilité et prié pour être inno-centé plutôt que pour se venger (Ps35.13 ; 69.10 ; 109.24). En tant quepasteur, j’ai eu à certains moments lesentiment d’avoir faussement été accuséou critiqué. Je prie et je jeûne pour queDieu m’ouvre les yeux à propos de toutecritique, surtout légitime ; et qu’il medéfende contre tout manque de franchise.

Ceci m’a procuré plus de paix et m’apermis de rester concentré sur la missionqui est d’amener les gens au Christ.

Jeûner et prier peut être un moyend’exprimer notre profonde tristesse etnotre regret à l’égard de l’infidélité dupeuple de Dieu, comme l’a fait Esdraslorsqu’il s’est aperçu que la communautéavait besoin de se repentir et de recher-cher le réveil spirituel (Esd 10.6). La cri-tique est souvent notre réponse lorsquenous nous sentons offensés ou mêmemal à l’aise en présence de ceux quinous entourent. Jacques avertit des dan-gers que cela peut engendrer (Jc 3.6-10). Au lieu d’agir de la sorte, il nousfaut passer du temps dans la prière etdans le jeûne. Cela ne concerne passeulement ceux qui se sont éloignés deDieu mais également ceux qui veulentde plus en plus ressembler au Christ.Ceci nous aidera à témoigner amour etcompassion à ceux avec qui noussommes en désaccord, et permettra

qu’une nouvelle dynamique de relationchrétienne s’installe au sein de la com-munauté.

Jeûner joue un rôle crucial dans laprière d’intercession. Esther a demandéà tous les juifs qui se trouvaient à Susede jeûner et de prier alors qu’elle s’ap-prêtait à affronter le risque d’aller devantle roi plaider en faveur de son peuple(Est 4.16). Néhémie a jeûné et cherchéà obtenir le pardon pour le peuple deDieu (Ne 1.4-11).

Le jeûne et la prière ont fait partie duprocessus de sélection des dirigeantsde l’Église primitive et pour leur enga-gement dans un ministère public commeon le voit lors de la consécration deBarnabas et Paul, et de la désignationdes anciens (Ac 13.2, 3 ; 14.23). J’aipersonnellement fait l’expérience de lapuissance du jeûne et de la prière lorsdes élections dans l’Église où j’ai exercé.J’ai intentionnellement passé beaucoupde temps dans la prière et le jeûne

S. Joseph KIDDER et Kristy L. HODSON

Comment se préparer pour jeûner

Le véritable jeûne nécessite une préparation délibérée ; ilfaut être sincère et rempli de l’Esprit.Jeûner demande de suivre un minimum de directives :

• Examinez vos motivations (Es 58.3­7).• Abandonnez totalement votre vie entre les mains de

Jésus, comme votre Seigneur et Sauveur (Rm 12.1,2).• Demandez à Dieu de vous révéler vos péchés

(Ps 19.12).• Confessez vos péchés (1 Jn 1.9).• Recherchez le pardon de ceux que vous avez offensés

(Mc 11.25 ; Lc 17.3, 4).• Réparez comme le Saint Esprit le commande

(Mt 5.23­26).• Demandez à Dieu de vous remplir de son Saint Esprit

(Ep 5.18).• Consultez votre médecin avant de commencer un

jeûne, peu importe le temps qu’il durera.

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avant la désignation de la commissionde nomination et même après, alorsqu’elle avait commencé son travail.Notre congrégation a eu la meilleureéquipe qu’il était possible d’avoir, et enconséquence, notre communauté a étéen bonne santé et vivante.

Jeûner et prier peut ouvrir les portesdu ciel pour sauver le peuple de Dieude la persécution. Ce fut le cas d’Esther,comme noté plus haut, pour sauver sonpeuple du complot monté par Haman. Ilest bon de le rappeler (Est 4.3). Peu im-porte l’endroit où le peuple de Dieu esten danger, peu importe le moment oùla proclamation de l’Évangile est confron-tée à la persécution, le jeûne et la prièresont une réponse appropriée de la partde la communauté chrétienne.

Nous pouvons conclure que quandle peuple jeûne lorsqu’il est dans unesituation désespérée Dieu agit, commel’enseigne la Bible. Jeûner peut donnerune touche d’urgence à nos prières, ce-pendant, le jeûne ne garantit pas toujoursune réponse favorable mais « exprimel’espérance légitime dans la compassionde Dieu.» 8

En réalité, « le jeûne chrétien, dansses racines, exprime une faim désinté-ressée et nostalgique de Dieu... (Il) n’estpas seulement le désir spontané d’unesatisfaction supérieure de Dieu ; il estaussi une arme choisie contre touteforce qui éloignerait cette satisfaction.» 9

Ceux qui associent la prière au jeûnemontrent à Dieu la sincérité de leur re-quête. Par conséquent, le jeûne est «unemanifestation visible de l’engagementtotal et profond de l’individu et de sadépendance à l’égard de la puissanceprotectrice et salvatrice de Dieu.»10

Combien de temps jeûner?Combien de temps devrions-nous jeû-

ner? La Bible présente de nombreuxexemples de jeûnes de 40 jours (Moïsedans Ex 34.28, Elie dans 1 R 19.8, etJésus dans Lc 4.2). Le jeûne traditionnel

pour le juif devait durer les heures dujour.11 Le jeûne collectif dans Jg 20.26est l’exemple d’un jeûne qui a duréjusqu’à la nuit.

Esther a déclaré un jeûne complet detrois jours (Est 4.16). Il ne nous est pasmentionné combien de temps a duré lejeûne qu’a vécu Daniel dans le chapitre9 et le verset 3 de son livre. Cependant,nous avons connaissance d’un jeûnepartiel de trois semaines en ce qui leconcerne (Dn 10.2, 3). La durée et l’éten-due de notre jeûne seront souvent dictéespar la raison qui motive ce jeûne.12 Cer-taines personnes peuvent jeûner unefois par an, tandis que d’autres optentpour un jour par semaine.

Réveil et jeûneLe premier livre de Samuel mentionne

un jeûne qui a déclenché un réveilparmi le peuple de Dieu. Israël savaitqu’il avait besoin d’une reconversionspirituelle, alors il s’est tourné vers Dieuet s’est repenti en pratiquant le jeûne.Les mots ne leur suffisaient pas ; ils ontjeûné pour montrer leur sincérité.13 « Ilsse rassemblèrent au Mitspa, puisèrentde l'eau et la répandirent devant le SEI-GNEUR. Ils jeûnèrent en ce jour-là. C'estlà qu'ils dirent : Nous avons péché contrele SEIGNEUR ! » (1 S 7.6).

Voici quelques exemples parmi les

premiers adventistes où on a jeuné etprié pour le renouvellement spirituel.Après s’être s’adressée à un grouped’adventistes dans le Colorado, EllenWhite a fait cette puissante déclaration :«C’est à votre avantage de recevoir en-core plus de l’Esprit de Dieu, puisquevous vous engagez à pratiquer le jeûneet à prier avec sincérité. Vous avez besoind’accepter les promesses et la confiancede Dieu et de les faire régner au sein devotre foi. Vous avez besoin d’apprendrecomment présenter les vérités de laParole à ceux qui vous entourent danstoute leur force contraignante et danstout leur encouragement. Ce que peutressentir l’individu athée c’est l’influencede l’Esprit de Dieu sur le cœur, l’espritet le caractère. » 14

Dans son rapport envoyé à JamesWhite, Isaac Sanborn dit comment jeûneret prier avant une série de réunionsd’évangélisation qui ont permis la créa-tion d’une nouvelle Église : «Avant mesrencontres ici, les frères ont fait pendantun certain temps d’un sabbat sur deuxun jour de jeûne et de prière pour unréveil de l’œuvre de Dieu dans nos pro-pres cœurs, et pour la conversion deleurs voisins. Leurs prières ont été ma-nifestement exaucées durant nos réu-nions. Six personnes ont accepté le bap-tême, et une Église de vingt-deux mem-bres a été organisée. Frère W. H. Slown

GAGNER EN RENONÇANT : LES AVANTAGES DU JEÛNE CHRÉTIEN.

Que faire pendant le jeûne ?

• Priez (Dn 9.3 ; Ac 14.23).• Méditez sur la Parole de Dieu (Ps 1.1, 2 ; Col 3.16).• Méditez sur le caractère de Dieu : amour, grâce, sagesse,

compassion, souveraineté (Ps 48.9, 10 ; 103.1­13).• Attendez que Dieu vous bénisse et se révèle à vous (He 11.6).• Ne sous­estimez pas l’opposition spirituelle (Ga 5.16­17). • Refusez de céder à votre nature mondaine (Rm 12.1, 2).• Soyez joyeux (Za 8.19 ; Mt 6. 17, 18).

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a été consacré ancien, et avec ses soins,nous croyons que le Seigneur édifieraet renforcera la petite troupe. À la fin denos réunions, nous avons été grandementbénis en partageant la Cène. Nous avonségalement constaté que de nombreuxpréjugés avaient été ôtés de l’esprit decertains qui, nous en sommes persuadés,trouveront très prochainement leur placeparmi le reste.» 15 Pour les premiers ad-ventistes, jeûner exprimait une sensibilitéplus élevée aux directives de Dieu, etun désir plus profond de partager l’amourde Dieu avec les pécheurs.

Lorsque j’étais pasteur dans une petiteÉglise d’environ 40 membres, j’ai prisconscience que la prière et le jeûnepermettaient à notre Église de croître.Ma femme et moi réservions et consa-crions chaque lundi à la prière et aujeûne, et j’ai encouragé nos membres ànous rejoindre selon leurs disponibilités.Avec la prière, le jeûne et les témoignagesdynamiques des membres et aussi desdirigeants de l’Église, sensibilisés àl’évangélisation, l’effectif est passé de40 à 500, en près de huit ans. Où il y ala prière, des témoignages dynamiques,des jeûnes sincères et un accent missur la croissance de l’Église, l’Église sedéveloppera.

Susciter un appétitpour DieuJeûner n’est pas l’occasion de montrer

son orgueil, comme le faisaient les pha-risiens. Le vrai jeûne biblique doit conduireà l’humilité (Es 58.3) et à une vie spiri-tuelle marquée par la prière et une in-cessante recherche de la face de Dieu.«Jeûner peut apporter des avancéesdans le royaume spirituel qui ne se pro-duiront jamais autrement.» 16 Uneconnaissance plus élevée de la grandeurde Dieu et de son amour accompagnesouvent l’expérience du jeûne. L’adorationest intensifiée, la relation avec Christdevient plus forte, l’amitié réciproquedevient importante et vitale. Comme ledéclare un auteur, grâce au jeûne et àla prière, « la Parole de Dieu est mêmedevenue plus vivante pour moi. Mesprières sont plus importantes et plus ef-ficaces. Le jeûne m’a permis, d’une ma-nière différente, de faire l’expérienced’une joie plus grande dans le Seigneuret dans la puissance de sa résurrec-tion.» 17 C’est la récompense d’un véri-table jeûne.

1. Friedrich S. Rothenberg, “Fast,” in The New InternationalDictionary of New Testament Theology, vol. 1, éd. ColinBrown. Grand Rapids, MI: Regency Reference Library, 1975,p. 612.

2. Sauf indication contraire, toutes les références bibliquessont tirées de la Nouvelle Bible Segond.3. William Barclay, The Gospel of Matthew, vol. 1, rev. éd. Phi-ladelphia: Westminster Press, 1975, p.235.4. Ellen G. White, Jésus-Christ. Dammarie-les-Lys : Signesdes Temps, 1975, p. 266.5. Bill Hull, The Complete Book of Discipleship: On Being andMaking Followers of Christ, Colorado Springs, CO: NavPress,2006, p.197.6. Lynne M. Baab, Fasting: Spiritual Freedom Beyond Our Ap-petites. Downers Grove, IL: IVP Books, 2006, p.42.7. Jan Johnson, Simplicity & Fasting (Spiritual DisciplinesBible Studies). Downers Grove, IL: InterVarsity Press, 2003, p.33.8. John J. Collins, Joel, Obadiah, Haggai, Zechariah, Malachi(The New Collegeville Bible Commentary series), éd. DanielDurken. Collegeville, MN: Liturgical Press, 2012, p.21.9. John Piper, Hunger for God: Desiring God Through Fastingand Prayer. Wheaton, IL: Crossway, 2013, p.17, 18.10. Ángel Manuel Rodríguez, “Go Fast,” Adventist Review, 13septembre 2001. http://archives.adventistreview.org/2001-1537/story3.html.11. Robert D. Linder, “Fast, Fasting,” in Evangelical Dictionaryof Theology, éd. W. A. Elwell, 2nd éd. Grand Rapids, MI: BakerAcademic, 2001, p. 438.12. Une discussion approfondie concernant les différentstypes de nourritures appropriées pour les jeûnes, leurs effetssur le corps, et comment terminer une période de jeûneprolongé est disponible dans Baab, Fasting, p. 90–101.13. Walter C. Kaiser Jr., Quest for Renewal. Chicago: MoodyPress, 1986, p. 59.14. Ellen G. White cité par W. C. White, “Mrs. White’s Visit toBoulder, Colorado,” Advent Review and Sabbath Herald, 13janvier 1910, p. 9.15. James White, Advent Review and Sabbath Herald,10avril 1866, p. 149.16. Richard J. Foster, Celebration of Discipline: The Path toSpiritual Growth, 20e éd. ann. San Francisco, CA: Harper,1998, p.60.17. Jerry Falwall and Elmer Towns, ed., Fasting Can ChangeYour Life. Ventura, CA: Regal, 1998, p. 53, 54,http://pobmt.org/ckfinder/userfiles/files/Fasting%20Can.

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S. Joseph KIDDER et Kristy L. HODSON GAGNER EN RENONÇANT...

C O U R R I E R D U L E C T E U R

Vous réagissez aux articles de « Ministry® »

J’ai apprécié l’article de Kim Papaioannou sur Lazare et le mauvais riche publié dans le Ministry® du premier tri­mestre 2017. J’aimerais ajouter un autre enseignement tiré de cette parabole et qui est prophétique. Au v. 31 Abra­ham déclare : « S’ils n’écoutent pas Moïse et les Prophètes, ils ne se laisseront pas persuader, même si quelqu’un serelève d’entre les morts » (NBS). Ceci prédit la mort et la résurrection de Jésus lui­même et la manière dont les gensde son temps comme d’aujourd’hui nient sa résurrection.

Harry Koops, Dakota du Sud, États­Unis.

Je viens juste de lire l’article d’Ekkehardt Müller (paru dans le Ministry® en français du premier trimestre2017).Son exégèse chirurgicale de Matthieu 24.36 : « Pour ce qui est du jour et de l’heure, personne ne les connaît »m’a paru éclairante et convaincante. J’ai particulièrement retenu de cet article que les serviteurs et servantes duSeigneur Jésus Christ devraient attendre activement son retour en se mettant au service des plus petits d’entrenous, c’est­à­dire, les perdus, les affamés, les esseulés, les abusés, les rejetés et les oubliés…de tout notre cœur, detout notre esprit et de toute notre force. Gloire à Dieu ! Qu’il vous bénisse aujourd’hui !

Révérend Robert A. Smith junior, par courriel

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La grâce salvatricedu travail pastoral Parmi les messages adressés aux

pasteurs et aux ouvriers, ce futl’un des plus émouvants et des

plus directs que j’aie jamais entendus.L'orateur disait que Dieu ne l'avait pasappelé au ministère parce qu'il étaitquelqu'un de spécial et avait des donsextraordinaires pour prêcher. « Non, ditl'orateur. Dieu m'a appelé au ministèrepour me sauver ! Il ne pouvait pas me faireconfiance en tant que laïc ! »

Cette pensée donne vraiment à réflé-chir !

Récemment, j'ai entendu cet orateur ànouveau. Il a réitéré la même idée forte :la raison pour laquelle il est pasteur estque c'est la seule façon pour Dieu de lesauver. Bien qu'il se réfère à lui-même,cette affirmation semblait résonner pro-fondément en moi. J’étais, d’une manièreinattendue et insistante, renvoyé à l’appel,à l’humble service de l’Évangile, et incitéà explorer bibliquement et personnelle-ment cette idée. Je voulais savoir si cetteaffirmation était davantage qu’une simplephilosophie personnelle. L'appel au mi-nistère est-il en quelque sorte une grâceque Dieu utilise pour me sauver ?

L'appel de l'apôtre Paul semble donnerdu crédit à cette réalité peu flatteuse. LesÉcritures laissent penser que cet hommed'une noble stature et de bonne réputationétait quelqu’un de difficile à convertir, tel-lement difficile que Jésus a dû le faire lui-même (Ac 26.12-18). Non seulement Jé-sus a sauvé Paul, mais il l'a aussi appeléau ministère de l'Évangile. Est-il possibleque Jésus ne puisse laisser Paul servircomme un simple membre, assis sur unbanc d’église ? Combien de temps unhomme comme Paul pourrait-il rester as-sis sur le banc d'une église locale ? Pluspréoccupant encore : avec un passionné

de l’Évangile comme Paul assis sur unbanc, combien de temps les autres mem-bres pourraient-ils y rester? La forte naturede Paul exigeait-elle une position qui leforcerait à s'appuyer entièrement et plusprofondément sur le Christ pour lui lui évi-ter le risque d’un cuisant échec ?

Un lien primordialRomains 1.1 nous donne un indice.

Paul comprenait le lien primordial entreson appel et sa relation personnelle avecle Christ : « Paul, serviteur de Jésus-Christ,appelé à être un apôtre, mis à part pourl'Évangile de Dieu » 1. Le terme grec pour« serviteur » est doulos. En tant qu'adjectif,il signifie être en esclavage. En tant quenom (la manière dont il est employé ici),il signifie « serviteur » et indique la sou-mission sans l'idée d'esclavage 2. En d'au-tres termes, ce n'est pas une soumissionforcée, mais plutôt volontaire : mettre savolonté et sa vie entièrement à la disposi-tion de l'autre.3 L'appel et le succès dePaul en tant qu'apôtre dépendaient sanséquivoque de sa soumission personnelleet de son attachement à l’autorité de Jé-sus. Je crois que cela doit être vrai pourchaque ministre de l'Évangile. C'est pournous une obligation inconditionnelle desuivre notre Seigneur en tous points, sinon,nous courons le risque d’échouer d’unebien triste façon.

Il y a beaucoup de littérature disponiblesur la nature multidimensionnelle du mi-nistère de l’Évangile, mais ce n’est pasle but de cet article. Mon inquiétude estdifférente et mieux exprimée dans deuxdéclarations faites par Ellen White : « Nousdevons rechercher Dieu avec ferveur et,en tant que ministres de Dieu prêchantl'Évangile, nous devons maintenir cesgrandes vérités dans nos vies quoti-

diennes et montrer que nous sommes desexemples vivants de ce que nous prê-chons — que notre vie quotidienne reflèteun zèle en action. Alors, partout où nousallons, nous aurons un impact puissant.» 4

« Le succès d'un ministre dépend de sonattitude en dehors de la chaire. Quand ilcesse de prêcher et quitte l’estrade, sontravail n'est pas fini ; il ne fait que com-mencer. Il doit alors mettre en pratiquece qu'il a prêché. Il ne devrait pas agiravec insouciance, mais plutôt veiller surlui-même, de peur que quelque chosequ'il peut faire et dire ne soit mis à profitpar l’ennemi, et qu’un reproche soit ap-porté à la cause du Christ.» 5 Autrementdit, notre appel consiste à être attaché auChrist, et être attaché au Christ c’est fairel’expérience du salut en Christ.

OubliéNotre fierté et notre confiance en nous-

mêmes en tant que ministres de l'Évangilepeuvent saboter le but de l'appel de Dieu.Certes, il est bon d'avoir un peu «d’amour-propre saint », mais il est absolument im-pératif d'avoir une grande dose d'humilitépour surveiller le moi « saint ». Cette hu-milité provient de ce que nous sommeset de qui nous sommes. Comme l'Éternell’a dit à Israël par l’intermédiaire de Moïse :« Ce n'est pas parce que vous surpassezen nombre tous les peuples que le Sei-gneur s'est épris de vous, et qu'il vous achoisis, car vous êtes le plus petit de tousles peuples » (Dt 7.7). Nous devons donctoujours nous souvenir que ce n'est pasparce que nous sommes « grands » queDieu nous a choisis, mais parce qu’Il estgrand ! Que ces paroles profondes puis-sent parler à nos cœurs : « Sache doncque ce n'est pas à cause de ta justiceque le Seigneur, ton Dieu, te donne ce

Vernon WATERS, MDiv, est pasteur de l’église adventiste deGlenridge, dans le District de Heights, Maryland, États­Unis.

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bon pays pour que tu en prennes posses-sion ; car tu es un peuple rétif.» (Dt 9. 6).L’avertissement aux enfants d'Israël avantd'hériter la terre promise est aussi un aver-tissement pour nous en tant que ministresde l'Évangile : « Lorsque tu mangeras etque tu seras rassasié, tu béniras le Sei-gneur, ton Dieu, pour le bon pays qu'il t'adonné. Garde-toi d’oublier le Seigneur, tonDieu en ne gardant pas ses commande-ments, ses règles et ses prescriptions, telsque je les institue pour toi aujourd'hui.Lorsque tu mangeras et que tu seras ras-sasié, lorsque tu bâtiras et habiteras debelles maisons, lorsque ton gros bétail etton petit bétail se multiplieront, que l'ar-gent et l'or se multiplieront pour toi et quetout ce qui t'appartient se multipliera,prends garde, de peur que ton cœur nes'élève et que tu n'oublies le Seigneur,ton Dieu, qui t’a fait sortir de l'Égypte, dela maison des esclaves.» (Dt 8.10–14).

Lorsque nous voyons que le Seigneurfait prospérer ce que nous prêchons, mul-tiplie nos fidèles, élargit nos lieux de culte,nous place à des postes de service admi-nistratif ou de haute réputation parmi lesprédicateurs, augmente la dîme de nosÉglises, nous amène à beaucoup voyagerà cause de l’excellence de nos prédica-tions ou nous fait simplement grâce deplusieurs années de service, noussommes alors exhortés à nous rappelerce puissant conseil : « Garde-toi d'oublierle Seigneur, ton Dieu, de ne pas observerses commandements, ses règles et sesprescriptions » (Dt 8.11). Dans notre train-train quotidien et la croissance de notre

expérience dans le ministère, nous devonsnous souvenir de Dieu et garder une atti-tude de respect envers Lui, démontrée parune vie humble, d'obéissance et d'amour.

Cette dénonciation d’Ellen White donnedes frissons : « La raison pour laquelle l’Es-prit de Dieu se manifeste si peu est queles pasteurs apprennent à s'en passer. Lagrâce de Dieu manque à leur vie, ils man-quent d'indulgence et de patience, ainsique d'un esprit de consécration et de sa-crifice. Et c'est la seule raison pour la-quelle certains doutent des évidences dela Parole de Dieu. Le problème n'est pasdu tout dans la Parole de Dieu, mais eneux-mêmes. Ils ne possèdent pas la grâcede Dieu, et ont besoin d’une vie de dévo-tion, de piété personnelle et de sainteté.Cela les conduit à être instables, et lesjette souvent sur le champ de bataille deSatan.6

En réalité, il est si facile dans nos rou-tines pastorales, comme Marie et Josephlors de leur voyage de retour de la célé-bration de la Pâque à Jérusalem, d’oublierJésus. Neil B. Wiseman et H.B. London Jr.,dans leur merveilleux livre The Heart of aGreat Pastor, écrivent ceci : « Dans la rou-tine pastorale, il est facile d'oublier que lecœur du ministère a un lien surnaturelavec les ressources de Dieu. Bien que laplupart des pasteurs puissent prêcher,conseiller, visiter, réconforter, lever desfonds ou diriger sans intervention divine,tous le réalisent mieux avec l'aide deDieu... Dieu n'a jamais voulu que le travaild'un pasteur soit un simple effort hu-main.» 7

Changer d’approcheNous sabotons le but de l'appel quand

nous nous éloignons du Maître et perdonsle respect à travers lequel l'œuvre del'Évangile doit être accomplie. CommeMarie et Joseph, nous devons retourneret trouver Jésus afin de ne pas rester sansLui pour notre périple. On ne peut pasfaire confiance, en ce qui concerne l’œu-vre de Dieu, à un homme ou une femmede Dieu qui s’est éloigné(e) de Jésus. Enayant une étroite proximité avec Jésus,les ministres de l'Évangile deviennent despersonnes d’une parfaite intégrité. SamuelLogan Brengle dit que l'autorité spirituelleet le leadership « ne sont pas obtenus niétablis par promotion, mais par de nom-breuses prières, larmes et confessions dupéché ainsi que par l’analyse de soi et larecherche de l’humilité devant Dieu, l'ab-négation, le sacrifice courageux de touteidole, et l’adoption sans compromis, im-mortelle, inébranlable et sereine de lacroix, le regard tourné sans cesse et avecassurance vers Jésus crucifié... C'est ungrand prix, mais il doit être payé sans fai-blir par celui qui n’est pas simplement undirigeant de nom, mais un véritable diri-geant spirituel pour les humains.» 8

En tant que dirigeants spirituels authen-tiques, nous ne pouvons pas rester dis-tants de ceux dont nous prenons soin entant que «bergers ». C'est une erreur fatalede croire que de grandes prédications suf-fisent, pour compenser l'absence de vi-sites pastorales. Je suis de tempéramentintroverti. Ma tendance naturelle est defuir les gens. J'ai découvert que céder à

Cet appel m’a amené à prendre conscience de l’urgence de

cultiver la grâce de Jésus dans ma vie pour mes enfants, afin

que lorsque je me lève pour prêcher sur le thème de la grâce,

ils en soient personnellement témoins.

Vernon WATERS

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ce trait de personnalité ne contribue pasà construire des liens solides, et mènepar la suite à des occasions manquées.Cependant, ayant appris cette leçon à mesdépens, je fais maintenant un effortconscient pour me mêler aux genscomme quelqu’un qui recherche leur bien,en leur rendant visite chez eux dans lebut de les aider et de répondre à leursbesoins. Voici ce qu’Ellen White écrit : «S’il[le pasteur] ne fait pas ce travail, s’il nevisite pas les gens dans leurs foyers, c’estun berger infidèle, et il tombe sous le coupde la réprobation divine. Son travail n’estfait qu’à moitié.» 9

En tant que dirigeants spirituels authen-tiques, nous ne pouvons pas être éloignésde nos familles. Les familles pastoralesbrisées peuvent être une influence néga-tive et nuisible au ministère. « La familled'un pasteur est inestimable. Un dysfonc-tionnement dans le foyer peut conduire àun échec au sein du ministère. Si vous nepouvez pas vivre heureux avec votrefemme et vos enfants, comment pouvez-vous conseiller les autres et guider leursfamilles ? Vous devez consacrer le tempset l'énergie nécessaires pour maintenirune vie saine chez vous.» 10

Il est impératif qu’au sein de notre effortpour respecter l'appel de Dieu, nous sau-vegardions notre mariage et notre famille.J'ai un fils qui est à l’université. Ma plusgrande préoccupation est de savoir si tel-lement pris par mon ministère j’ai réussià lui inculquer la matière première dont ila besoin pour vivre une vie d'intégrité avecDieu, loin de la sécurité du foyer. Le tempsnous le dira. J’ai fini par apprendre quema plus grande réussite n'est pas le bontravail que j'ai fait au sein de l'Église, maisce que j'ai fait au sein de mon propre foyer.

En tant que véritables dirigeants spiri-tuels nous ne pouvons pas négliger l’im-portance de prendre soin du temple.L'apôtre Paul dit que nos corps sont letemple du Saint-Esprit et que, par ce faitmême, nous ne nous appartenons pas,mais avons été rachetés à grand prix (1Co16.19, 20). Certes, nous y croyons. Or,si c'est le cas, pourquoi ne prenons-nouspas mieux soin de nous-mêmes ? Pour-quoi souffrons-nous d'hypertension arté-

rielle ? Pourquoi sommes-nous en sur-poids ? Je me suis souvent demandéquels aspects de l'Évangile nous ne prê-chons pas parce que notre conscienceest vexée par son témoignage contrenous. Dieu connaît notre entêtement, c'estpourquoi il nous a appelés au ministèrede l’Évangile. Ainsi, nous sommes confron-tés aux choses mêmes qui, si nous étionsassis sur les bancs de l’église, ne pour-raient nous faire bouger. Rejetez cette ma-nière d’être. Vivez ces choses afin quevous puissiez les prêcher en toute hon-nêteté.

Je voudrais ajouter encore une chose.En tant que véritables dirigeants spirituels,nous avons besoin de changer notre ap-proche des gens dans les villes où noussommes pasteurs. J'ai une confession peuflatteuse à faire et je suis prêt à la faire sicela peut aider quelqu'un. Ma confianceen moi était intacte tant que je remplissaisles aspects du travail pastoral où j’étaisle plus à l’aise. À vrai dire, où je me sentaisle plus capable, c’est aussi là où je sentaisle moins le besoin du Seigneur. D’unecertaine manière, prêcher était l'un de cesdomaines. Cependant, un mardi après-midi, alors que je marchais en silencedans la chapelle, j'ai senti le Seigneurm’étonner par un nouveau défi à relever :sortir de mon bureau et aller vers les gensde la ville. Pour un introverti, ce n'était passtimulant. C’est alors que j’ai soudain res-senti plus que jamais mon besoin du Sei-gneur ! Cette nouvelle orientation m’aconduit à prier plus humblement et avecferveur et à être patient alors que je per-mets au Seigneur de m’enseigner à servirla société avec compassion.

En ajustant notre approche dans ce do-maine, en se mettant au service des au-tres comme Il l'a fait, notre Seigneur estcapable de nous aider à travailler à notrepropre salut avec crainte et tremblementet à achever ce qu'Il a commencé en nous(Ph 2.12, 1.6). L'appel est conçu pournous sauver.

Pas une simple théorieDans l'ensemble, je crois que je suis

un meilleur homme, mari, père et membre

de l'Église à cause de son appel pour mavie. Cet appel m’a amené à prendreconscience de l’urgence de cultiver lagrâce de Jésus dans ma vie pour mes en-fants, afin que lorsque je me lève pourprêcher sur le thème de la grâce, ils ensoient personnellement témoins. En tantqu’époux, l'étude régulière de la Parolem'a dirigé pour que j’aime ma femmeavec honnêteté, compassion et joie. Lesdevoirs pratiques du travail m'aident à vi-vre constamment une vie pieuse, non seu-lement par rapport aux membres del'Église, mais dans mon propre voisinage,car je cherche à démontrer l'amour deDieu où je vis.

Je ne peux témoigner pour personned'autre, mais en ce qui me concerne, l'ap-pel de Dieu est un cadeau de sa grâcequi, dans l’accomplissement fidèle de sesdevoirs, produit dans ma vie le fruit deson salut. Pour cela, je lui serai éternelle-ment reconnaissant.

1. Tous les passages bibliques sont tirés de laNouvelle Bible Segond.2. W. E. Vine, Vine’s Complete Expository Dic-tionary of Old and New Testament Words. Nash-ville, TN: Thomas Nelson Publishers, 1984, p.562. 3. Robert Jamieson, A. R. Fausset, and DavidBrown, Commentary Critical and Explanatoryon the Whole Bible. Oak Harbor, WA: Logos Re-search Systems, 1997, s.v. Rm 1.1. 4. Ellen G. White, Sermons and Talks, vol. 1.Ebook, Ellen G. White Estate. 1990, p. 63.5. Ellen G. White, Testimonies for the Church,vol. 1. Mountain View, CA: Pacific Press, 1948,p. 380. C’est nous qui soulignons.6. Idem, p. 383. 7. H. B. London Jr. and Neil B. Wiseman, TheHeart of A Great Pastor: How to Grow Strongand Thrive Wherever God Has Planted You. Ven-tura, CA: Regal Books, 1994, p. 40.8. Samuel Logan Brengle, The Soul-Winner’sSecret. London: Salvation Army, 1918, p. 22. 9. Ellen G. White, Évangeliser. Dammarie-les-Lys : Vie et Santé,1986, p. 397.10. Jonas Arrais, Wanted: A Good Pastor. SilverSpring, MD: General Conference Ministerial As-sociation, 2011, p. 59.

LA GRÂCE SALVATRICE DU TRAVAIL PASTORAL

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résultats chirurgicaux. J’ai même com-mencé à penser que si je priais je pour-rais contrôler le résultat sans plus jamaisconnaitre d’échec chirurgical. Mais,c’était là un faux pronostic.» 1

Comment donc, en tant que chrétiens,et spécialement en tant que pasteurs,devons-nous comprendre ce queJacques a écrit concernant la prière etl’onction des malades ?

La prièreL’exhortation de Jacques à prier pour

les malades se situe dans le contextede la prière de la foi en général. DouglasMoo souligne : « La prière est clairementle sujet de ce paragraphe [Jacques5.13-18] qui la mentionne à chaqueverset.»2 Il n’y avait là rien de nouveau :les apôtres exhortaient les croyants àprier lorsqu’ils étaient confrontés à desdifficultés ou à la maladie. Paul l’a faitmaintes fois (voir Rm 15.30-32 ; Ep6.18-20 ; Ph 4.6 ; Col 4.2-4 ; 1 Th 5.17).Peu de chrétiens, d’alors ou d’au-jourd’hui, remettraient en question l’ef-ficacité de la prière que Jacques exposeau verset 16.

Jacques indique que la prière de lafoi sauvera la personne malade. Commele grec sozo peut être utilisé à la foispour la délivrance tant physique quespirituelle 3, « sauvera» revêt ici une dou-ble signification. Jacques reconnait cettedouble application en mentionnant les

péchés pardonnés. Mais ce ne sont pasles prières de la personne malade oumême de l’ancien qui apportent la gué-rison physique ou spirituelle ; c’est plutôtle nom de l’Éternel qui apporte le sou-lagement. Si donc, la délivrance de lapersonne, qu’elle soit physiquement ouspirituellement malade, est l’œuvre deDieu, pourquoi alors l’onction et laconfession sont-elles ajoutées à laprière ?

La confession réciproqueJe me rappelle l’onction d’un homme

sérieusement malade qui avait été plutôtcritique au cours des ans. La congréga-tion a été surprise de sa requête d’uneonction «publique». L’église était pleineà craquer, peut-être parce qu’il étaittrès connu mais peut-être aussi parceque peu de membres avaient eu l’oc-casion d’être témoins d’un service d’onc-tion. Immédiatement après son onction,cet homme a exprimé le souhait de re-cevoir le pardon des gens qu’il avaitblessés. Au cours des derniers dix-huitmois de sa vie, quelques merveilleusesréconciliations ont eu lieu, sûrementgrâce à la puissance thérapeutique duSaint-Esprit. Ces réconciliations n’ontpas seulement eu lieu entre le maladeet les autres ; l’église entière a com-mencé à voir les relations d’une manièredifférente.

U n groupe de pasteurs d’expé-rience discutaient de leur rôledans le ministère de guérison

de leurs églises. « J’avais une paroissienne malade,

commença humblement l’un d’entreeux. La famille m’a demandé de l’oindre.Je l’ai fait. Mais deux jours plus tard,elle est morte. Qu’ai-je mal fait ? »

L’attitude compatissante du grouperévéla que chacun avait fait l’expériencede situations semblables d’apparentedéfaite. Quelqu’un, parait-il aurait mêmequestionné le bien-fondé de l’onctiondes malades. Face à ce sujet, les pasteursne sont pas les seuls à réagir ainsi. Ona demandé à un médecin chrétienconsacré, de prier pour un membre desa famille sérieusement malade. Cequ’il a fait volontiers. Au milieu de laprière, à la grande déception tant dumédecin que de la famille réunie, lepatient a rendu son dernier soupir. « Jene prierai plus jamais pour un patientmalade », s’exclama-t-il.

David Levy, un neurochirurgien chré-tien, a cultivé l’habitude de prier avecses patients avant chaque interventionchirurgicale. Il a eu quelques résultatsintéressants. « Mais, admet-il honnête-ment, lorsque j’ai commencé à prieravec les patients, Dieu semblait répondreà toutes mes prières et récompensermes patients et moi, avec le succès.J’ai commencé par penser que j’avaispeut-être trouvé le secret des parfaits

Elizabeth OSTRING, PhD, est pasteure et travaille pour It Is WrittenOcéanie. Elle habite Auckland, en Nouvelle Zélande.

Prière et onction :un regard sur Jacques 5.14­16

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Bien que la prière efficace soit lepoint focal de cette péricope, Jacquesdéclare que confesser les péchés lesuns aux autres apporte la guérison(Jacques 5.16). C’est le seul passagede la Bible qui, explicitement, exhorteles chrétiens à se confesser les unsaux autres, suggérant l’importance pourla communauté entière d’être impliquéedans la confession mutuelle apportantla santé au groupe 4.

Il y a une énorme différence entre le« il » de la personne malade et le « vous»du groupe. Cela indique l’extrême im-portance d’offrir aux malades, aux mem-bres de leurs familles et à leurs amisl’occasion de pardonner à ceux qui ontpu leur causer des ennuis ou les offenser.Le Dr Levy a observé personnellementque la douleur irritante d’une offensenon pardonnée cause des dommages :« Quand j’ai commencé à prier pourles patients, je n’avais aucune idée quecela me conduirait à découvrir la puis-sance du pardon. J’ai fini par êtreconvaincu que l’un des plus grands vo-leurs de joie et de santé est le refus depardonner à ceux qui nous ont offen-sés 5.» L’importante relation entre le par-don et la santé est aussi bien docu-mentée dans des monographies commecelle de Dick Tibbits Forgive to Live 6.

L’importance du pardon comme ac-tivité de groupe semble avoir été écartéede la pratique de la prière pour les ma-lades ou pour les bien-portants. Pour lasanté, à la fois du malade et de l’Église,le temps semble venu d’un réveil dupardon.

Pourquoi l’onction ? Tout cela conduit à se demander

pourquoi ajouter l’onction à la prièrepour le malade. Si la prière est si efficaceet que la confession et le pardon condui-sent à la guérison, pourquoi ajouterl’onction ?

La pratique de l’onction du maladeplonge ses racines dans l’histoire juiveet la pratique de Jésus. Ces racinesélucident deux raisons importantes pourajouter l’onction à la prière efficace.

La première raison est que l’huile re-présente des thérapies qui guérissent.L’onction des malades conseillée parJacques n’est pas un concept nouveau.Il se fonde sur la pratique de Jésus etde ses disciples. «Alors il appela lesdouze, et il commença à les envoyerdeux à deux... Ils partirent, et ils prê-chèrent la repentance. Ils chassaientbeaucoup de démons, et ils oignaientd'huile beaucoup de malades et lesguérissaient » (Marc 6.7-13).7

Les Évangiles regorgent de récits deguérisons spectaculaires où de nom-breuses personnes ont été guéries phy-siquement. Bien que Jésus soit venusauver son peuple de ses péchés (Mt1.21), il a passé plus de temps à guérirles malades qu’à prêcher des sermonsconduisant à la guérison spirituelle 8.

De même, quand les disciples ontété envoyés deux par deux pour prêcherl’Évangile, ils ont pu opérer non seule-ment des guérisons miraculeuses, maisaussi appliquer de simples remèdesqui guérissent, comme le montre laparabole du bon samaritain qui a soignéle voyageur blessé avec de l’huile etdu vin (Lc 10.34). Dans le monde an-tique, l’huile était regardée commeutile pour guérir presque tout 9 et étaitperçue comme une substance médici-nale au temps de Jésus et des apôtres.C’est ainsi que Jacques semble insisterpour que les anciens aillent visiter lemalade avec à la fois, la prière et lemédicament.10

Si l’onction représente des thérapiesqui devraient être offertes au malade,Jacques dit donc que l’usage de traite-ments médicaux devrait accompagnerla prière de la foi. Prier pour le malade

sans faire usage des traitements ap-propriés disponibles serait de la pré-somption et non la foi. C’est un contrastefrappant avec l’accent mis sur certainsministères de guérison actuels. L’assor-timent de traitements médicaux a énor-mément augmenté depuis les tempsapostoliques; mais le principe de l’usagecomplet des ressources médicales dontDieu nous a fait don demeure applicable.

Les malades, pourtant, ne devraientpas être abandonnés aux soins de lamédecine conventionnelle sans tenircompte de leurs besoins spirituels. Unedéconcertante histoire de l’Ancien Tes-tament illustre bien cela. Vers la fin deson règne de 41 ans, la trente-neuvièmeannée de ce règne, Asa eut les piedsmalades au point d'éprouver de grandessouffrances ; même pendant sa maladie,il ne chercha pas l'Éternel, mais ilconsulta les médecins (2 Ch 16.12).L’assistance médicale sans rechercherl’Éternel n’est pas conseillée. Les pasteurssont donc un élément important del’équipe médicale et ne devraient pasenvisager leur ministère auprès desmalades comme détaché des soinsmédicaux.

Il existe une seconde, et plus impor-tante raison d’ajouter l’onction à laprière pour les malades : la mise à partde l’individu pour l’œuvre du Seigneur.L’onction revêtait une signification spé-ciale dans les pratiques vétérotesta-mentaires. Elle était familière aux lecteursjudéo-chrétiens de Jacques qui en saisissaient l’implication.

Jacob, qui s’enfuit pour sauver savie, est stupéfié par un songe specta-culaire : des anges montent et descen-dent sur une échelle dont le sommettouche le ciel. Il reconnaît là la présencede Dieu et oint une pierre ordinaire etnomme ce lieu Béthel, maison de Dieu(Gn 28.18, 19). Cet acte reconnait à lafois la présence de Dieu et manifeste

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la volonté de Jacob de se consacrer àDieu. L’onction a été recommandée parDieu pour la consécration des prêtresde l’ordre d’Aaron (Ex 28.41 ; 29.7)mis à part pour un service spécial.Même le tabernacle et tout son mobilier(Ex 29.36 ; 40.11) ont été oints afin dedevenir saints (Ex 40.9). L’onction iciest associée à la consécration selon leplan de Dieu. Sur recommandation deDieu, Samuel oignit et mit Saül à partcomme roi d’Israël (1 S 9.16, 10.1).L’onction de Saül a été rappelée à sonattention lorsqu’il fut dépêché pour ex-terminer les Amalécites (1 S 15.1), puisrejeté parce qu’il avait méprisé cettemise à part pour le service de Dieu.Quand sur l’ordre de Dieu, Samuel oignitDavid, l'esprit de l'Éternel saisit David,à partir de ce jour et dans la suite (1 S 16.13). L’onction indiquait la ré-ception du Saint-Esprit et la mise à partpour le service de Dieu.

Cette compréhension vétérotesta-mentaire de l’onction mérite d’être re-connue et accentuée lors de son ap-plication pour les malades. En affirmantque celui qui a reçu l’onction a étéremis à Dieu pour être traité comme ille juge bon, le résultat est laissé entreles mains de Dieu. Souvent, cela dépendde la foi de la personne pour qui l’onprie ou de celle de ceux qui prient. Siquelqu’un (ou plusieurs) a assez defoi, le malade sera guéri ; mais si unepersonne n’est pas guérie, ceux quiont prié portent le double fardeau nonseulement de leur maladie, mais ausside leur manque de foi.11 Le conceptde la personne malade consacrée oudonnée à Dieu permet d’aborder ceproblème d’une belle façon. CommePaul avec son écharde dans la chair,ils peuvent se glorifier en Dieu et en sagrâce (2 Co 12.7-9).

La guérison des croyants se fait aumoment choisi par Dieu et par diversmoyens. Ils peuvent être immédiatementguéris par divers traitements et prièresou au fil du temps, ou plus tard à la ré-

surrection. Chaque personne qui croitaux promesses de Jacques 5 et quireçoit l’onction de façon appropriéesera guérie ou restaurée selon la manièreet le temps décidés par Dieu. Une véritédont nous pouvons être assurés.

Ainsi donc, l’onction transporte lesmalades de la détresse immédiate deleurs maladies à la simple confianceen Dieu. Que le reste de leurs vies soitcourt ou long, ils peuvent être confiantsque Dieu les utilisera pour être en bé-nédiction aux autres. Si leur santé estrestaurée, ils demeurent alors oints, spé-cialement consacrés à Dieu pour sonservice. L’onction doit donc être le choixde la personne malade et non celui dequelqu’un d’autre.

L’onction peut être assimilée au bap-tême. De même que le baptême estune déclaration publique de l’acceptationde la puissance salvatrice de Jésus,l’onction est une déclaration publiquede la consécration totale à la volontéde Dieu pour un service spécial. Oubien Dieu guérit immédiatement oubien il laisse perdurer la souffrance, oubien il met la personne au repos de lamort. Celui qui a reçu l’onction et qui aété guéri se focalisera non pas sur labénédiction de la santé physique maisplutôt sur le salut de Dieu et la manièredont Dieu utilise sa vie. Il louera Dieupour l’évidence qu’il l’utilisera pour unbut spécial, priant pour la révélation dece but.

OpportunitéLes pasteurs peuvent mettre à profit

les occasions de former les familles deleurs Églises pour les aider à comprendreles plans de guérison de Dieu. On peutpartager des sermons concernant nonseulement la prière mais aussi l’impor-tance du pardon et la signification del’onction. La confusion entre l’onctionet les « derniers sacrements » a besoind’être clarifiée afin que le malade, par-ticulièrement celui qui lutte et le maladechronique, puisse expérimenter la bé-

nédiction de l’engagement total avecDieu. Alors que le médecin verse l’huilemédicinale de guérison, le pasteur versel’huile représentant la puissance duSaint-Esprit et dirige la personne malade,les membres de la famille et la com-munauté ecclésiale vers Dieu.

Les services d’onction ont tendanceà devenir privés et restreints à quelquesparticipants et observateurs. Alors quel’intimité des grands malades est im-portante, offrir l’opportunité d’une dé-claration publique de consécrationtotale à Dieu et des occasions depardon serait une bénédiction pour lacongrégation entière. La pratique pas-torale de l’onction des malades peutêtre revitalisée de manière à susciterune Église saine entièrement consacrée,zélée pour Dieu. Et si les pasteurs re-cevaient tant de demandes d’onctionqu’ils auraient du mal à faire face ?Improbable ! Mais y a-t-il un pasteurqui se soit jamais plaint de trop de de-mandes de baptêmes ? Que ce seraitbeau que de voir des gens gravementmalades entièrement consacrés à Jé-sus-Christ devenir des catalyseurs pourle pardon et le réveil !

1. David Levy with Joel Kilpatrick, Gray Matter, A NeurosurgeonDiscovers the Power of Prayer . . . One Patient at a Time.Carol Stream, IL: Tyndale House, 2011, p.166.

2. Douglas J. Moo, The Letter of James. Grand Rapids, MI:William B. Eerdmans, 2000, p.234.

3. James Strong, Exhaustive Concordance of the Bible, rev.by John Kohlenburger III and James Swanson. Grand Rapids,MI: Zondervan, 2001, p.1647, entrée 4982.

4. Moo, The Letter of James, p.245.

5. Levy, Gray Matter, p.131.

6. Dick Tibbits, Forgive to Live: How Forgiveness Can SaveYour Life. Nashville, TN: Thomas Nelson, 2006.

7. C’est nous qui soulignons.

8. Ellen G. White, Le ministère de la guérison. MountainView, CA: Pacific Press, 1977, p.19.

9. Moo, The Letter of James, 239.

10. Ibidem.

11. Idem, p. 244.

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PRIÈRE ET ONCTION : UN REGARD SUR JACQUES 5.14-16Elizabeth OSTRING

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Appelé au pouvoir ?

I l y a des années, un présidentd’Union m’a fièrement annoncé qu'ilvenait d'être promu à une « position

supérieure» à la Division. Cette déclarationde la part d’un dirigeant que je considé-rais comme humble et pieux m’a beau-coup surpris. J’ai immédiatement perçula nature insidieuse et corrompue de laposition et du pouvoir, et combien il estfacile d’être tenté de rechercher une po-sition honorifique supérieure plutôt quede chercher la volonté de Dieu.

Cela ne signifie pas que nous n’avonspas de nombreux dirigeants spirituels etdésintéressés à tous les niveaux dansl’Église. Ellen White parle de ces per-sonnes comme étant des « hommes etdes femmes qui ne seront ni achetés nivendus… dont la conscience est aussi fi-dèle [au] devoir que la boussole l’est aupôle.» 1 Ces hommes et ces femmes sontconvaincus d’avoir été appelés à un mi-nistère de service aux niveaux les plusélémentaires de l’Église. Ce sont des ad-ministrateurs et des pasteurs qui travail-lent dans des endroits éloignés, avec lasincère conviction que le ministère est unappel à élever Christ et non eux-mêmes.Ce sont aussi des étudiants dans nos col-lèges et facultés de théologie qui ne sontpas fascinés par le pouvoir, mais qui sontpassionnés par un service désintéressédans les positions les plus humbles et lesendroits les plus isolés.

Bien que nous ayons la chance d’avoirde tels hommes et de telles femmes quiservent l’église avec dévouement et hu-milité, nous pouvons remarquer que d’au-tres abusent du pouvoir inhérent à leurposition pour s’exalter eux-mêmes plutôtque le Christ. L’objectif de cet article estde susciter une réflexion dans un espritde dialogue pour mieux comprendre lafacilité avec laquelle le pouvoir peut êtreutilisé de manière abusive dans l'Église,

et avec l’espoir de nous voir revenir à unleadership éthique et biblique.

Notre plus profond désir sera toujoursque tous les pasteurs et dirigeants accep-tent l’appel de Dieu au ministère avec en-thousiasme, et soient déterminés à serviravec humilité et compassion là où Dieules place, en rejetant l’orgueil sous toutesses formes. Nous avons trop souvent ou-blié que nous sommes appelés à servirde manière désintéressée, et que dansnotre ministère nous ne devons pas re-chercher l’autopromotion, l'orgueil profes-sionnel et la prétention. L’appel au minis-tère pastoral est identifié comme « n’étantpas d’origine humaine, mais d’instigationdivine.» 2 Le fait d’être appelé au ministèrepar Dieu rend ce ministère unique et si-gnifie qu’il ne s’agit pas d’une simple pro-fession ; il s’agit d’une vocation.

Je me souviens encore de la passionet de l’émerveillement que j’ai ressentisà l’occasion de mon premier appel auministère pastoral. J’ai éprouvé une joieintense d’être engagé comme pasteur àplein temps. Deux raisons ont provoquécette joie : premièrement, Dieu m’avaitappelé et préparé au ministère ; deuxiè-mement, Dieu m’avait fait comprendreque le pouvoir de transformer des vies etde sauver des âmes vient de lui, jamaisde moi. Je me souviens de mon grandétonnement en réalisant avec humilitéque des adultes matures allaient m’écou-ter et choisir de se laisser influencer spi-rituellement par mon service et mon mi-nistère. L’appel de Saül (1 S 10.20-27)révèle comment le mandat divin pour di-riger commence souvent par un grandsentiment de crainte et d’indignité per-sonnelle, mais peut rapidement se dété-riorer en revendication de ses droits eten abus de pouvoir.

Leçons tirées de la viede SaülL‘expérience de Saül, le premier roi

d’Israël, présente un parallèle instructifpar rapport aux dangers auxquels sontconfrontés ceux d’entre nous qui sont ap-pelés par Dieu et à qui il a confié le pou-voir de diriger. Walter E. Wiest et Elwyn A.Smith affirment que lorsqu’un pasteur estconsacré, cette consécration accompliepar l'Église confère à la personne une res-ponsabilité particulière et un rôle sacréau sein de la communauté de foi. Si cetteresponsabilité sacrée est traitée et utiliséecomme une possession personnelle, lepasteur se livrera à l’abus de pouvoir.3

Raymond Edwards observe que l’acquisi-tion et l’exercice du pouvoir au sein d’unministère religieux sont non seulementdynamiques et délicats, mais aussi po-tentiellement dangereux. Il est évident queles personnes appelées au ministère nesont pas à l’abri du risque d’abus de pou-voir. Ce risque est inhérent aux positionsde leadership et exige par conséquentune surveillance attentive.4

L’humilité du début L’humilité dont Saül fait preuve suite à

l’appel divin reflète deux facteurs que l’onretrouve chez la plupart des pasteurs audébut de leur ministère. Premièrement, ilssont appelés à une tâche divine impossi-ble à accomplir par les seules forces hu-maines. Deuxièmement, le pasteur est ap-pelé parmi ses pairs. Cette vocationrequiert de recevoir la puissance divinepour influencer et diriger dans le domainespirituel ceux parmi lesquels il est appelé.

Ces deux facteurs peuvent produire unsentiment d’indignité personnelle alorsque la personne recherche les ressourcesdivines. Remarquez la première réaction

Errol N. McLEAN, DMin, est directeur adjoint de l’Institut d'évangélisationde la Division nord­américaine et professeur adjoint d’évangélisation et decroissance de l’Église à la Faculté adventiste de Théologie de l’UniversitéAndrews, Berrien Springs, Michigan, États­Unis.

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de l’organisation de l’Église. Noussommes aussi douloureusementconscients de la façon malsaine dont l’in-fluence et le pouvoir sont utilisés lors del’élection des dirigeants à tous les niveauxde l’Église. L’idée est donnée qu’un mi-nistère réussi est rattaché aux grandesÉglises, aux postes administratifs et auxpostes de direction dans la hiérarchie del’Église. Cette approche du ministère setraduit par de l’abus de pouvoir et un sen-timent de fierté. De telles attitudes ne cor-respondent pas à l’exemple de serviceque Jésus nous a laissé, mais ce sont plu-tôt des exemples de l’esprit d’entreprise.

Richard Exley remarque que lorsqu’onpermet à l’influence négative du pouvoirde s’introduire dans le ministère, son ob-jectif principal consistant à sauver et servirles âmes est perdu de vue. L’abus de pou-voir se trouve potentiellement chez cha-cun. Ce n’est pas nécessairement la véri-table humilité qui tient l’abus de pouvoiren échec, mais plutôt le manque d'occa-

sion d'exercer le pouvoir.5 En effet, nousrecherchons tous le pouvoir, et noussommes tous portés à mal l’utiliser, mêmequand il nous est donné par Dieu pourservir dans son œuvre et pour servir sonpeuple.

Examinez à nouveau la royauté de Saület remarquez les dynamiques du pouvoirdans son style de leadership. Nous y ren-controns trois sortes de Saül : le Saül hé-sitant et naïf (1 S 10.21-27) ; le Saülconfiant et fort par la puissance de Dieu(1 S 11.6-15) ; et le Saül despotique, au-tosuffisant, assoiffé de pouvoir et abusif(1 S 13.7-31.13). Avec quel Saül est-ceque je m’identifie le plus ?

Regardez les deux définitions suivantesdu pouvoir. Elles feront apparaître plusclairement sa nature destructrice et sonimpact sur le ministère. Le pouvoir est dé-crit comme :

• une grande capacité de faire oud’agir ; une force ; une puissance 6 et

• posséder le contrôle, l’autorité, ou l’in-fluence sur les autres.7

Les deux définitions donnent le contextegénéral pour comprendre à quoi ressem-ble le pouvoir dans l’Église.

Les positions de pouvoir dans la sociétésont souvent accompagnées de compen-sations financières attrayantes compre-nant des privilèges et des avantages ennature. Cependant, les positions de pou-voir dans l’Église ne sont pas accompa-gnées de compensations financières par-ticulièrement supérieures à ce quereçoivent d’autres personnes engagéesdans le service. La récompense est alorsperçue, non pas comme étant un salaire,mais une position de contrôle, de com-mandement et d’autorité. L’Église a créésa propre valeur : la fierté de monter enposition dans un ordre hiérarchique. Celaimplique l’estime, l’influence et la recon-naissance d’être le « premier parmi seségaux ».

Raymond Edwards observe que cer-taines Églises encouragent les positionsde pouvoir par certaines structures phy-siques et par des signes extérieurs pourconsolider et souligner le pouvoir lié à laposition. Ces avantages prennent souventla forme d’éléments essentiels, néces-

de Saül quand il a été choisi par Dieu parl’intermédiaire du prophète Samuel. Saülse sentait si indigne devant cette tâchedivine qu’il est parti se cacher. En réponseà l’ordre de Samuel, Saül a été amenédevant le prophète pour recevoir son ap-pel. Saül se tenait parmi ses amis, et l'ins-tant suivant, tout le monde l'acclamait :«Vive le roi.»

Saül a réagi avec dignité et sérénitéalors qu’il faisait face à une soudaine

transition dans laquelle un pouvoir luiétait conféré. Il a choisi de ne pas être of-fensé par l’animosité de ceux qui le reje-taient. Ses réponses étaient marquéespar une certaine timidité et naïveté. C’étaitcomme si on lui avait imposé le pouvoiret ses privilèges trop brusquement. Ma-ladroit et incertain, il craignait d’accepterle pouvoir, comme s’il en percevait la na-ture prétentieuse. Bien qu’il ait reçu uneposition de pouvoir, il n’avait pas encoresaisi le pouvoir de la position. Son humi-lité et l’adoption hésitante du pouvoir lorsde son appel sont complètementcontraires à l’arrogance, l’orgueil et l’abusdont il a fait preuve quelques années plustard au cours de son règne. Si la réponsede Saül à l’appel initial à la royauté mon-trait un esprit humble et dépendant vis-à-vis de Dieu, son style de leadership ul-térieur a montré l’esprit d’entreprise danslequel il est tombé, faisant de lui un roifier et arrogant.

L’esprit d’entrepriseAujourd’hui, certains pasteurs recon-

naissent sincèrement que leur ministèreconsiste véritablement à offrir un leader-ship, un service et une influence spirituels,afin d’amener les gens à vivre une relationsalvatrice avec Christ. D’autres, malheu-reusement, considèrent le ministèrecomme une accumulation de pouvoirs etde privilèges fondés sur l’obtention conti-nue de positions « supérieures » au sein

Errol N. McLEAN

Aujourd’hui, certains pasteursreconnaissent sincèrement que leurministère consiste véritablement à offrirun leadership, un service et une influencespirituels afin d’amener les gens à vivreune relation salvatrice avec le Christ.

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saires pour accomplir efficacement le mi-nistère. Au niveau de l’Église locale, il peuts’agir de places de stationnement réser-vées, de toilettes privées, de lignes télé-phoniques personnelles, de carte de cré-dit, d’escortes personnelles par les diacres.Ces signes extérieurs peuvent être vuscomme de simples commodités pour fa-ciliter le ministère, mais en fait, ce sontdes privilèges exclusifs qui consolident etsignalent le pouvoir, la priorité et la pri-mauté des positions.8

Le pouvoir et les positionsLes positions de pouvoir dans l’Église

sont associées au contrôle exercé sur lesressources, ainsi que sur le bien-être deses pairs. Au début de son règne, le roiSaül s’est révélé être un chef agissant defaçon désintéressée dans le contrôle qu’ilexerçait sur les ressources. Il n’était pasvindicatif concernant le bien-être de ceuxqui l’entouraient et qui l’avaient rejeté. Cesont ces qualités que Dieu a identifiéeslorsqu'au début il a appelé ce futur roiparmi ses les autres jeunes gens commelui (1 S 10.20-22 ; 11).

Contrairement à ce premier Saül, tropd'administrateurs de l'Église agissentcomme Saül a agi plus tard dans sonrègne. Ils agissent pour maintenir des po-sitions de pouvoir plutôt que pour amé-liorer la qualité de leur service au sein duministère. Aujourd'hui, l'Église est mena-cée par le processus de déspiritualisationcausé par sa nouvelle valeur qu’est l’or-gueil et l’ascendance dans les positionsparmi les collègues. Les positions de pou-voir sont recherchées et conservées, nonpas tant pour le service que pour l’in-fluence, la reconnaissance et l’estime.L’accent est mis sur les ambitions person-nelles plutôt que sur le service et la mis-sion. Le résultat de ce modèle est le cy-nisme, les comportements vindicatifs, etl’incapacité de voir l’Église comme lecorps spirituel de Christ.

R. Exley remarque que l’ambition per-sonnelle d’un pasteur est parfois justifiéecomme une vision pour le royaume, unappel divin, ou l’obéissance à la volontéde Dieu. Mais ce mélange de pouvoir et

M

APPELÉ AU POUVOIR ?

d'orgueil est inflammable.9 Le danger c’estde confondre notre égo avec l'illusion queDieu nous a mandatés pour utiliser notreinfluence au nom de sa cause à des finségoïstes.

Plus nous apprécions la nouvelle valeurque nous avons créée, moins nous ap-précions le sacerdoce de tous les croyantset l’appel pastoral à servir une assembléede fidèles. L’appel au « ministère » devientun appel à chercher les positions hiérar-chiques de pouvoir au lieu d’un appel auservice pastoral. Les pasteurs peuventalors devenir de simples pions ou d’ha-biles professionnels cherchant à atteindreces positions de pouvoir ou attendant leurtour pour y accéder.

Cela ne correspond pas au modèle deleadership biblique fondé sur le serviceque le Christ nous a laissé. L’Église perdson attrait auprès de la génération cy-nique d’aujourd’hui, parce que ses struc-tures, ses valeurs et sa culture reflètentcelles du monde. Quand le monde ne voitplus l’Église comme moralement et éthi-quement différente, ceux qui désirent ytrouver une image du Christ sont déçuspar cette nouvelle norme.

Le pouvoir par l’humilitéUn regard sur la vie de Saül en tant que

leader confiant et conduit par la puissancede Dieu (1 S 11.6-15) nous aidera à éviterces pièges liés à l’abus de pouvoir. Quandle nouveau roi Saül a vaincu les Ammo-nites dans sa première bataille, il a ététenté de tirer vengeance de son proprepeuple qui initialement ne l’avait pas sou-tenu. Sa réponse n’a pas été égoïste, maisa plutôt reflété une sincère humilité pource que Dieu avait fait (1 S 11.13).

Saül comprenait clairement sa proprefragilité et rendait hommage à Dieu quiavait accordé la victoire. Il reconnaissaitqu’on ne devait pas rechercher le pouvoiret la position pour son avancement per-sonnel, mais pour se mettre au servicede Dieu. Dans 1 Samuel 11.13-15, nousvoyons Saül rejeter la tentation de la ven-geance. Cet exemple de ressemblance aucaractère de Christ est alors suivi par l’ap-pel de Samuel au peuple de « confirmer

la royauté ». Tout Israël s’est livré « à degrandes réjouissances » et a investi « Saülde la royauté devant le Seigneur ».

Cette humilité du pouvoir pour étendrele royaume de Dieu et préserver l’unitéde son peuple est le modèle biblique duministère conduit sous l’impulsion deDieu. Lorsque nous adoptons une telle hu-milité dans le service, nous découvronsl’antidote aux effets destructeurs de l'abusde pouvoir dans le ministère. Jésus n'a-t-il pas dit : «Vous savez que les chefsdes nations dominent sur elles en sei-gneurs, et que les grands leur font sentirleur autorité. Il n'en sera pas de mêmeparmi vous. Au contraire, quiconque veutdevenir grand parmi vous sera votre ser-viteur et quiconque veut être le premierparmi vous sera votre esclave. C'est ainsique le Fils de l'homme n'est pas venupour être servi, mais pour servir et donnersa vie en rançon pour une multitude » (Mt 20.25-28 ; voir aussi Ph 2.5-9).

Il est clair que l’appel de Jésus est unappel au service et non au pouvoir. L’appelà ressembler à Christ dans le ministèrene consiste pas à chercher un avance-ment égoïste, mais à offrir un service hum-ble et désintéressé par la puissance queDieu nous accorde.

1. Ellen G. White, True Education. Nampa, ID :Pacific Press Pub. Assn., 2000, p. 38.2. Seventh-day Adventist Minister’s Handbook.Silver Spring, MD : General Conference of Se-venth-day Adventists Ministerial Association,2009, p. 15.3. Walter E. Wiest et Elwyn A. Smith, Ethics inMinistry:A Guide for the Professional. Minneapolis,MN: Fortress Press, 1990, p. 60.4. Raymond S. Edwards, Power and the Pastor.How to Build Power and Use It Wisely. Brooklyn,NY:MOHDC, 2005, p. 24.5. Richard Exley, Perils of Power. Silver Spring,MD : General Conference of Seventh-day Ad-ventists Ministerial Association, 1995, p. 66.6. Dictionary.com, s.v, “power,” consulté le 17septembre 2013, dictionary.reference.com/browse/power?s=t.7.Merriam-Webster, s.v. “power,” consulté le 17septembre 2013, www.merriam-webster.com/dic-tionary/power.8. Edwards, Power and the Pastor, p. 40.9. Exley, Perils of Power, p. 62.

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