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Magazine d'informations diplomatiques du ministère des Affaires étrangères et de la coopération JUILLET-SEPTEMBRE 2009. N˚11. www.maec.es ACTION EXTÉRIEURE > Mastère de diplomatie et relations internationales > L'Espagne, à trois mois de la présidence du Conseil de l'UE > Entretien avec le directeur de la Fondation CIDOB COOPÉRATION > Semaine de la coopération CULTURE ET SOCIÉTÉ > Portrait de la société espagnole au XXI e siècle > Sacyr Vallehermoso, ingénierie d'avant-garde L'ENTRETIEN > Luis Rojas Marcos : « C'est la pensée positive qui a permis à l'humanité d'avancer » Cinéma en espagnol : le reflet d'une identité Le cinéma en espagnol représente un véhicule culturel de premier ordre pour l'ensemble de la communauté latino-américaine dans un aller-retour qui unit les talents et pour lequel notre pays maintient son engagement.

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Magazine d'informations diplomatiques du Ministere des Affaires Etrangeres et de la Cooperation

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Magazine d'informations diplomatiques du ministère des Affaires étrangères et de la coopération JUILLET-SEPTEMBRE 2009. N˚11. www.maec.es

ACTION EXTÉRIEURE > Mastère de diplomatie et relations internationales > L'Espagne, à trois mois de la présidence du Conseil de l'UE > Entretien avec le directeur de la Fondation CIDOB COOPÉRATION > Semaine de la coopération CULTURE ET SOCIÉTÉ > Portrait de la société espagnole au XXIe siècle > Sacyr Vallehermoso, ingénierie d'avant-garde L'ENTRETIEN > Luis Rojas Marcos : « C'est la pensée positive qui a permis à l'humanité d'avancer »

Cinéma en espagnol :le reflet d'une identité

Le cinéma en espagnol représente un véhicule culturel de premier ordre pour l'ensemble de la communauté latino-américaine dans un aller-retour qui unit les talents et pour lequel notre pays maintient son engagement.

RÉdaction> Directeur : Julio Albi de la Cuesta. Rédacteur en chef : José Bodas. Directeur artistique et éditeur : Javier Hernández. Rédaction : Beatriz Beeckmans. Collaborateurs : Luis T. Melgar, Virginia Castrejana, Laura Losada, Carmen Giner, Jacobo García, M. Ángel Nieto, David Doncel et Ángel Zorita. diRection > Direction générale de la Communication extérieure. Serrano Galvache, 26. 28033 MADRID. Publication éditée et imprimée par la Dir. générale de la communication extérieure du ministère des Affaires étrangères et de la coopération. Toute reproduction totale ou partielle sans autorisation expresse de l'éditeur est interdite. Miradas al Exterior n'est responsable ni du contenu éditorial, ni des opinions exprimées par les auteurs. couRRiel > [email protected] > NIPO : 501-09-007-7

L'imageL'Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID) prépare, début octobre, l'avion affrété à des-tination de Padang contenant les stocks d'aide humanitaire destinés aux victimes du tremblement de terre de Sumatra. L'AECID est également venue en aide aux Philippines en expédiant du matériel d'urgence ainsi que des équipes sanitaires et logistiques accompagnées d'experts en eau et en assainissement.

2 les chiffres et l'image

15˚place dans l'indice de développe-ment humain du PNUDL'Espagne maintient sa position dans le classement élaboré chaque année par le Programme des Nations Unies pour le développement.

LE CHIFFRE

20̊anniversaire de la chute du MurLe Mur de Berlin est tombé le 9 novem-bre 1989. Ce fait historique a modifié la scène politique européenne et a mis fin à la guerre froide.

ÉPHÉMÉRIDE

1octobre 1997 Signature du traité d'Amsterdam qui a modifié le précédent traité de Maastricht et a donné naissance à l'actuelle Union européenne.

LA DATE

PHOTO EFE

conseil ÉditoRial > Présidente : Sous-secrétaire du ministère des Affaires étrangères et de la coopération. Premier vice-président : Directeur général de la communication extérieure. Second vice-président : Secrétaire général technique. Membres : Chefs de cabinet du secrétariat d'État aux affaires étrangères, du secrétariat d'État à la coopération internationale, du secrétariat d'État pour l'Union européenne, du secrétariat d'État à l'Amérique latine et du cabinet du directeur général de l'agence espagnole de coopération internationale pour le développement.

3sommaire

6 > Cinéma en espagnol : langue et culture parta-gées. Au sein d'un espace commun comptant 450 mil-lions d'hispano-phones, le cinéma sert de véhicule à l'exportation d'une culture et d'une langue communes

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14 > Mastère de diplomatie et rela-tions internationa-les. 18 > L'Espagne à trois mois de la présidence. 22 > L'ambassade d'Es-pagne en Andorre. 26 > Entretien avec Jordi Vaquer, directeur de la Fon-dation CIDOB.

34 > Semaine de la Coopération. 36 > Saint-Louis du Sénégal, une coopération

émergente 37 > L'Espagne crée un fonds humanitaire pour améliorer ses aides destinées à la Croix-Rouge

38 > L'huile d'olive, signe d'identité 100 % espagnol 42 > Portrait sociologi-que des Espagnols au XXIe siècle 46 > Sacyr Valleher-moso, ingénierie d'avant-garde 52 > Inauguration du plus grand télesco-pe du monde dans l'île de La Palma

60 > Luis Rojas Marcos : « C'est la pensée positive qui a permis à l'huma-nité d'avancer ››

Soutenir le cinéma en Espagne et à l'étranger

créateurs, même lorsqu’il s’agit des meilleurs de leur pays. Une culture qui perd la capacité de s’auto-représenter sur le plan international face à ses propres citoyens et face au monde, qui renonce à la capacité de narrer ses propres récits, reflets de son histoire, de sa géographie, de ses craintes et ambitions, de sa propre façon d’observer... Un pays qui perd cela est un pays qui renonce à l’aspect ô combien important qu’est sa langue ou une partie de son intégrité terri-toriale. D’où l’importance d’une intervention publique claire qui permette de préserver cette diversité, en corrigeant l’inévita-ble standardisation des biens et des services vers laquelle nous conduiraient les pures lois du marché. C’est ce qu’a proclamé l’UNESCO en promouvant une convention qui garantit le droit des États à adopter des mesures allant en ce sens, et c’est ainsi que l’Union européenne, ses membres et bien d’autres États du monde entier en font de même. Comme il est possible de constater en regardant autour

Dites-moi, pourquoi donnez-vous de l’argent au cinéma ? Lorsque l’Espagne lance un processus de révision des ini-tiatives tournées vers l’avenir et destinées à la défense du cinéma, il s’avère important d’expli-quer ouvertement la raison de cette démarche. Il serait en effet dramatique pour notre identité collective de laisser l’immense pouvoir social que représente la création audiovisuelle au service d’une vision unique du monde et aux mains d’une poignée de

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Ignasi GuardansDIRECTEUR GÉNÉRAL DE L'INSTITUT DU CINÉMAET DES ARTS AUDIOVISUELS

de nous, ce soutien peut être apporté de nombreuses manières différentes. En Espagne, nous allons moderniser notre système et ce, dans l’objectif de tenter d’améliorer l’équilibre entre le soutien public indispensable à un type d’œuvre cinémato-graphique qui sera toujours minoritaire, et le besoin d’encou-rager une industrie du cinéma plus forte et plus stable que l’industrie actuelle, une industrie donnant naissance à des films capables de gagner la faveur du public en pleine ère numéri-que, en Espagne et à l’étranger, égalant ou dépassant la qualité et les parts de marché intérieur des pays auxquels nous pouvons nous mesurer dans d’autres domaines.

Il est toutefois nécessaire de rap-peler une évidence : le cinéma est rattaché à la culture et si des ressources publiques sont des-tinées à sa protection, celles-ci doivent être mobilisées dans le cadre de la diversité culturelle. Mais le cinéma est également un facteur de richesse, une puis-sante industrie qui transforme la créativité de quelques-uns en l’emploi de beaucoup d’autres. Une grande quantité de moyens humains et matériels sont en effet nécessaires pour conver-tir l’idée d’un créateur en une œuvre d’art ou une réalité culturelle.

Au cinéma, la réalité culturelle et la réalité industrielle sont indissociables vues de l’inté-rieur, mais elles le sont peut-être davantage vues de l’extérieur.

Le cinéma est également un facteur de richesse, une puissante industrie qui transforme la créativité de quelques-uns en l'emploi de beaucoup d'autres.

Il serait dramatique pour notre identité collective de laisser l'immense pouvoir social que représente la création audiovisuelle au service d'une vision unique du monde et aux mains d'une poignée de créateurs, même lorsqu'il s'agit des meilleurs de leur pays.

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Ce n’est pas sans fondement que la loi du cinéma (Ley del Cine) mentionne explicitement cette dimension commerciale lorsqu’elle confie la coordination de la promotion extérieure du cinéma espagnol à l’Institut du cinéma et des arts audiovisuels (ICAA). Il est pour cette raison impossible de concevoir une véritable politique cinémato-graphique sans l’implication des personnes qui, au sein du gouvernement et de l’adminis-tration, sont responsables des relations de l’Espagne avec le monde et de la gestion des im-portantes ressources publiques qui leur sont destinées.

Bien entendu, cette double dimension ne doit pas être systé-matiquement traitée de la même façon ni être combinée dans la même mesure : un festival de cinéma international compre-nant un marché audiovisuel de grande envergure est une chose, un événement purement culturel organisé par une ambassade en est une autre. Mais il est bon de ne pas oublier qu’un cycle de cinéma espagnol ayant lieu à Sydney, à Bombay ou à New York partage de nombreux aspects avec une exposition de peinture de notre pays organisée dans ces villes. Mais cela doit également être, si possible, une façon de diffuser l’image de « marque » du cinéma produit en Espagne (en espagnol et dans d’autres langues), et une manière d’aider à mieux faire découvrir nos créateurs et interprètes audio-visuels ainsi que leurs œuvres auprès des distributeurs, des

investisseurs potentiels ou des acquéreurs de droits télévisuels. À l’ICAA, nous nous mettrons à la disposition des différents organismes et administrations pour faciliter cette tâche dans la pratique et dans le respect scrupuleux des compétences de chacun.

Et le tout avec la tête haute : dans son ensemble, le cinéma produit en Espagne, avec toute sa diversité thématique et par-fois linguistique, ainsi que les coproductions à représentation espagnole, ne connaissent pas de crise en matière de qualité et de talent. Il en est de même en termes de qualité technologique. Sans patriotisme ridicule, nous devons être conscients du fait que nous possédons un cinéma riche et d’excellente facture à montrer et à diffuser à travers le monde. La diffusion et la promotion extérieure, qu’elles soient entreprises individuel-lement ou dans le cadre d’ac-tions européennes, ne doivent pas mettre de côté le nombre important d’auteurs, d’ores et déjà reconnus par le public et au cours de nombreux festivals, qui enrichissent jour après jour la cinématographie espagnole et qui se doivent de bénéficier de la diffusion internationale qu’ils méritent. Ces dernières années, ces auteurs ont produit une énorme quantité de films de premier plan, peut-être parfois éclipsés parmi un nombre très important de nouvelles produc-tions cinématographiques. Et les perspectives, à l’instar du vin, ne sont que prometteuses.

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Combien de fois avez-vous vu New York avant de vous y rendre ? Combien de fois vous êtes-vous retrouvé face à un paysage qui vous semblait familier ? Le grand écran nous a permis de nous rapprocher de la réalité d'autres pays et cultures, d'imaginer, de voyager et de découvrir la façon dont les autres voient le monde. L'Espagne dispose d'un grand nombre de professionnels qui exportent leur talent, et possède une langue qui lui permet de toucher 450 millions de personnes. En 2008, ceci s'est traduit par la production de plus de 170 documentaires, fictions et films d'animation réalisés dans notre pays. Ce média s'est converti en lien visuel avec le reste du monde et a permis de resserrer nos relations avec des pays comme le Mexique ou l'Argentine avec lesquels nous maintenons une collaboration fructueuse. Beatriz Beeckmans et Carmen Giner.

Un an après que les frères Lumière sur-prirent le monde avec leur film intitulé « La Sortie de l'usine Lumière », Eduar-do Gimeno Correos tournait en Espagne « La Sortie de la messe de midi à l'église du Pilar de Saragosse ». Le tournage de ce premier film espagnol avait lieu en 1896 et, depuis lors, le cinéma espagnol n'a cessé d'exprimer la transformation d'une société qui a évolué, dans la réa-lité et à l'écran, jusqu'à s'éloigner des clichés qui nous ont traditionnellement caractérisés. L'Espagne, présente dans tous les événements internationaux, est aujourd'hui perçue comme une puis-sance moderne, avec des intérêts mon-diaux et de puissants atouts qui attirent les talents. Et, comme l'affirme Javier Gil, coordinateur de la Filmothèque de l'Agence espagnole de coopération inter-nationale, « le cinéma est l'un des médias qui reflète le mieux notre identité cultu-relle et sociale ». Un média qui, outre l'expression culturelle, sert de puissant moteur de projection de notre pays vers l'extérieur.

En 1982, José Luís Garci recevait, dans le théâtre chinois de Los Ange-les, le premier Oscar du meilleur film étranger récompensant une œuvre es-pagnole. Grâce à ce prix décerné au film « Volver a empezar », une nouvelle ère

se dessine pour le cinéma espagnol qui connaît alors une grande ouverture vers l'extérieur. Depuis, l'Espagne représente la filmographie étrangère ayant reçu le plus d'Oscars, juste derrière la France et l'Italie. « Belle époque » ou « Tout sur ma mère » en sont d'excellents exemples. Le réalisateur de ce dernier film, Pedro Almodóvar, est l'un des ambassadeurs les plus réputés du cinéma espagnol et sa célébrité a contribué à la reconnais-sance de la qualité de notre cinéma à

l'étranger. Notre cinéma a notamment été couronné en Europe et il a reçu plus de 20 prix de l'Académie européenne du cinéma depuis sa création. À l'occasion du dernier Festival de Cannes, l'une des principales références du secteur, quatre films espagnols ont été présentés au pu-blic et à l'industrie. Grâce à son langage novateur, le réalisateur Carlos Saura, l'un des premiers a avoir été récompensé en dehors de nos frontières, avec le prix du meilleur réalisateur pour « La Chasse »,

Cinéma en espagnollangue et culture partagées

La ministre de la Culture, Ángeles González-Sinde, le président de l'Académie du cinéma, Álex de la Iglesia, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Moratinos, et la secrétaire d'État à la coopération internationale, Soraya Rodríguez, lors de la cérémonie de remise du prix González Sinde à la Filmothèque du ministère des Affaires étrangères, le 14 juillet, à Madrid.

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décerné en 1965 à l'occasion du Festival de cinéma international de Berlin, a lui aussi contribué au changement et à la modernisation de l'image de l'Espagne en Europe. De nombreux autres profes-sionnels espagnols sont également solli-cités pour faire partie du jury de festivals du monde entier.

Mais quel est le secret de cette réus-site ? La clé réside dans la maîtrise des domaines artistiques et techniques. Un talent reconnu à l'échelle mondiale qui nous a permis de participer à d'autres filmographies. Une collaboration qui a déjà porté ses fruits et se manifeste dans le grand nombre de coproductions et échanges réalisés avec d'autres pays, tout particulièrement latino-américains en raison des liens historiques et culturels qui nous unissent. Pour qu'un film soit dit de « nationalité espagnole », au moins 75 % des auteurs (réalisateurs, scénaris-tes ou techniciens) doivent être d'origine espagnole. Ou celui-ci doit être tourné en espagnol. Notre langue est précisément l'un des principaux atouts de notre ci-néma. Selon une étude de l'Institut Cer-vantès, l'espagnol sera en 2050 la langue la plus parlée aux États-Unis et, à l'heure actuelle, la valeur de cette langue com-mence à être reconnue par l'industrie des États-Unis comme reflet de sa socié-té. Dans « Spanglish » par exemple, l'une de nos actrices jouissant du plus grand rayonnement international, Paz Vega, in-terprète une immigrée mexicaine illégale aux États-Unis parlant espagnol dans le film. Le long métrage « Che l'Argentin » est intégralement tourné en espagnol alors qu'il s'agit d'un film américain.

Mais le langage va bien au-delà de la langue. Comme le souligne le critique Guzmán Urrero Peña, « la langue n'iden-tifie pas irréfutablement la nationalité d'un film ». Des longs métrages comme « Les Autres » d'Alejandro Amenábar ou « Ma vie sans moi » d'Isabel Coixet, tous deux tournés en anglais, sont un exem-ple d'ouverture au marché international et de coopération entre professionnels exerçant leur métier de part et d'autre de l'Atlantique. Ces premières expériences ont bénéficié d'une continuité dans la

carrière de ces deux réalisateurs grâce aux toutes dernières sorties des films « Agora » et « La Carte des sons de To-kyo ». En 2008, le film ayant généré le plus de recettes en Espagne, « Crimes à Oxford » d'Álex de la Iglesia, utilise lui aussi l'anglais afin d'investir plus facile-ment le marché extérieur.

D'autres cinéastes vont bien plus loin. Tel est le cas des frères catalans David et Álex Pastor, qui viennent de sortir la pro-duction américaine « Carriers », un film d'horreur tourné en anglais, ou bien de leur prédécesseur, Juan Carlos Fresna-dillo, qui a fait de même sur le tournage de « 28 semaines plus tard ». Le travail d'acteurs aussi réputés qu'Antonio Ban-deras, Penélope Cruz ou Javier Bardem couvre la une des revues nationales et in-ternationales et est devenu la face la plus visible de cette transformation.

Liens avec l'Amérique latine. En matière de coproductions, les liens les plus soli-des sont toujours ceux que nous mainte-nons avec les pays latino-américains. Ces relations ont commencé en 1940 avec la fondation du Conseil de l'Hispanité et se sont renforcées par la suite avec la créa-tion de l'Union cinématographique his-pano-américaine en 1948, dans l'objectif d'encourager l'échange et l'importation de films.

Les coproductions débutent dans les années 1950-1960, en pleine pério-de franquiste. La collaboration avec le Mexique est la plus considérable, avec un très grand nombre de titres diffusés dans les deux pays. « Jalisco canta en Sevilla » (1948), avec Jorge Negrete et Carmen Se-villa, est un exemple du thème populaire qui faisait fureur à l'époque. Ce fait est particulièrement remarquable compte tenu de l'interruption des relations diplo-matiques bilatérales jusqu'en 1976, ce qui n'empêcha toutefois pas les spectateurs des deux pays d'apprécier pleinement une cinématographie qui leur semblait proche et populaire. L'un des pionniers fut Luis Buñuel qui, après avoir com-mencé sa trajectoire professionnelle en France, où il obtint un franc succès avec la sortie de son film « Un chien andalou »

LE DÉVELOPPEMENT DE LA CRÉATIVITÉ EN CHIFFRES.En 2008, le volume de création de la production cinématographique espa-gnole a encore augmenté : 173 longs métrages d'une grande variété de genres : 108 fictions, 55 docu-mentaires et 10 films d'animation. 49 d'entres eux ont été réalisés en coproduction avec d'autres pays, système qui se consolide comme moyen essentiel pour assurer la pro-jection de notre cinéma sur le marché extérieur. L'Argentine, la France, le Royaume-Uni et le Mexique sont les pays avec lesquels nous avons le plus collaboré. Des copro-ductions avec le Brésil, jusqu'à présent inexistantes, ont également vu le jour.

LE FINANCEMENT DE NOTRE CINÉMA.Comme le souligne l'Institut du cinéma et des arts audiovisuels, tous les films ne bénéficient pas des mêmes opportunités de finance-ment. Les longs métrages à carac-tère commercial peuvent facilement trouver un financement par la vente préalable des droits d'exploitation et des emprunts sollicités auprès d'organismes financiers, sommes qui sont ensuite amorties grâce aux aides publiques attribuées sur l'exploita-tion commerciale une fois les films sortis. Les films plus expérimentaux ou à caractère très culturel dépen-dent essentiellement des aides et les subventions publiques octroyées après étude du projet. La conjonction de financement public et privé dans la production cinématographique reste indispensable pour produire des films de qualité à des coûts compétitifs permettant leur sortie sur un marché ouvert. En 2008, le montant total destiné aux aides économiques de l'ICAA pour la création, la production et la promotion cinématographique s'est élevé à 67 millions d'euros.

Le cinéma en espagnol, élément commun de l'espace latino-américain

L'Agence espagnole de coo-pération internationale pour le développement (AECID) prend en charge les fonctions et compéten-ces assignées au MAEC pour la promotion et le développement des relations culturelles et scientifiques de l'Espagne avec les autres pays. Dans cette optique, elle considère la culture, sous toutes ses formes, comme un élément catalyseur des processus de rapprochement et de connaissance mutuelle entre les sociétés.

À l'heure actuelle, l'un des secteurs culturels les plus importants est sans aucun doute le cinéma. La promotion du cinéma espagnol et le pari pour le cinéma en espagnol en tant qu'élément commun de l'espace culturel latino-américain sont des objectifs fondamentaux de l'action culturelle à l'extérieur. À cet effet, l'AECID dispose d'un service de Filmothèque, créé en 1979, dont la fonction consiste à diffuser les productions cinématographiques en espagnol à travers l'image. Récemment, l'Académie des arts et des sciences cinématographiques d'Espagne a reconnu, à travers la remise du prix González-Sinde, « le travail et l'engagement de la Filmothèque de l'AECID envers la diffusion du cinéma espagnol ».

La Direction des relations culturelles et scientifiques met en œuvre un grand nombre d'actions destinées à consolider un espace culturel latino-américain. En prenant la Charte culturelle latino-américaine

en tant que point de référence, et conformément aux actions qui, sous une approche multilatérale, sont adoptées dans la région par le biais d'organismes tels que l'Organisa-tion des États latino-américains (OEI) et le Secrétariat général latino-américain (SEGIB), le cinéma latino-américain est principalement soutenu à travers l'un des plus im-portants programmes entrepris au sein de la sphère de la coopération internationale : le Programme Iber-media. Ibermedia a pour objectif de stimuler la réalisation de coproduc-tions, le montage, la distribution et la promotion de films sur le marché régional, ainsi que la formation des ressources humaines pour l'industrie audiovisuelle. Depuis sa création, le programme, dont les fonds financiers sont à 40 % couverts par l'AECID, a soutenu 379 projets audiovisuels, octroyé 348 aides financières à la coproduc-tion cinématographique, 209 aides à la distribution et à la promotion du cinéma latino-américain, 168 bour-ses à des étudiants et profession-nels, ainsi que 62 aides directes à des institutions universitaires. Répondant à ses fins et au sein de l'espace audiovisuel, l'AECID renforce la présence du cinéma espagnol dans le monde. Pour ce faire, elle participe chaque année aux Festivals de cinéma européen organisés par les représentations diplomatiques des pays de l'UE, en collaborant avec quelques-uns des festivals internationaux les plus prestigieux d'Espagne et en

soutenant le Programme « Cinéma espagnol pour l'extérieur ». Ce dernier constitue un puissant sys-tème de promotion et de projection du cinéma espagnol à l'étranger à travers les institutions et acteurs culturels : programmation culturelle d'ambassades et consulats, centres culturels, offices de coopération technique (OTC), universités, Insti-tuts Cervantès, etc.

Dans le cadre de ce réseau de dif-fusion, le programme d'acquisition de licences non exclusives sur les droits de communication publique non commerciale de productions espagnoles et latino-américaines joue assurément un rôle de propa-gation fondamental. Sur la base de chaque convention passée auprès de la Fédération des associations de producteurs audiovisuels espagnols et de la Fédération latino-américai-ne des producteurs cinématogra-phiques et audiovisuels, un fonds de plus de 500 œuvres a été acquis.

Enfin, la Filmothèque participe à toutes les manifestations et cycles organisés en hommage et recon-naissance des carrières et activités professionnelles de nos créateurs, techniciens et producteurs ciné-matographiques les plus remar-quables, dans le but de consolider la projection vers l'extérieur d'un élément clé pour la construction des imaginaires collectifs espagnol et latino-américain contemporains ; élément qui, en outre, représente aujourd'hui une industrie culturelle dont l'importance est indéniable.

Depuis sa création, le Programme Ibermedia a soutenu 379 projets audiovisuels et a attribué 168 bourses à des étudiants et professionnels

Antonio NicolauDIRECTEUR DES RELATIONS CULTURELLES ET SCIENTIFIQUES DE L'AECID

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qui marqua un avant et un après dans l'histoire du cinéma et de l'avant-garde européenne, s'expatria au Mexique pour y poursuivre une grande partie de sa car-rière. Dans les années 1960, des person-nages comme le comédien Mario Moren, surnommé « Cantinflas », devinrent des idoles de masse dans notre pays, tandis que des figures comme Rocío Dúrcal fai-saient de même au Mexique. Même si la coproduction semble moins fréquente au milieu des années 1980, actuellement, des réalisateurs comme Arturo Rips-tein, Guillermo del Toro ou Alejandro González Iñárritu sont à l'origine d'une intéressante filmographie et se sentent à l'aise en travaillant aussi bien pour la puissante industrie des États-Unis que pour leurs projets plus personnels. C'est également dans les années 1980 que les collaborations avec l'Argentine émer-gent avec force. L'Espagne est, dès lors, le pays qui a le plus participé en tant que partenaire de coproductions tournées à

Buenos Aires. De nombreux profession-nels du secteur – Ricardo Darín, Adolfo Aristaráin, Federico Luppi, Cecilia Roth, Juan José Campanella, etc. – travaillent de part et d'autre de l'océan. Preuve en est le voyage que réalise l'acteur espa-gnol José Sacristán dans « Un lieu dans le monde », qui reflète le rapprochement culturel entre les deux pays ainsi que les transformations sociales survenues ces années-là.

Un autre pays avec lequel nous en-tretenons une large collaboration mal-gré sa situation internationale délicate est l'île de Cuba. L'École internationale de cinéma et télévision de San Antonio de los Baños, également connue sous le nom d'École de cinéma de La Havane, émerge, en 1986, comme un espace de di-mension internationale pour la diversité culturelle. Par l'enseignement dispensé par des cinéastes professionnels venant de plus de 20 pays pour transmettre leurs connaissances, cet établissement a pour

principal objectif de renforcer l'échange et le développement de projets en colla-boration avec d'autres institutions.

Tout au long des années 1980-1990, comme le souligne un rapport de la Fondation du Nouveau Cinéma latino-américain, des rencontres successives entre des responsables du cinéma latino-américain sont organisées pour définir des accords d'intégration qui répondent, de manière particulière, aux thèmes du marché commun régional et des copro-ductions. Dans l'article 1 de la Convention d'intégration cinématographique latino-américaine, les pays signataires, parmi lesquels figure l'Espagne, se sont engagés à « contribuer au développement du ci-néma au sein de l'espace audiovisuel des pays latino-américains et à l'intégration de ces derniers au moyen d'une partici-pation équitable dans l'activité cinéma-tographique régionale ».

Le Programme Ibermedia. Ces efforts

Il y a plusieurs décennies, la conciliation des concepts d'école et d'industrie du cinéma en Amérique latine paraissait impossible. Les jeunes étudiants condamnaient le fantôme de la production en série que renfermait le concept d'indus-trie, censé restreindre la liberté et la fantaisie. Du côté de l'industrie, qui n'était elle-même qu'une fantai-sie, ceux qui ne croyaient pas aux écoles se méfiaient de ces jeunes quelque peu arrogants, ingénus,

radicaux et parricides. Il y avait également ceux qui les craignaient : les généraux putschistes fermaient habituellement les écoles avec, dans la mesure du possible, les étudiants à l'intérieur. Les écoles les mieux enracinées virent le jour dans les an-nées 1950 et survécurent jusqu'au milieu ou la fin des années 1960, pour disparaître au cours des deux décennies suivantes (les deux plus importantes écoles du Mexique, le CUEC et le CCC, font partie du faible

nombre d'établissements ayant perduré). Pendant ces années, l'idée selon laquelle le cinéma ne pouvait être enseigné, et par conséquent ap-pris, se propagea comme un nuage embrumant la raison. Le cinéma, à l'instar des beaux arts, était consi-déré comme inné. Une affirmation qui maquillait la véritable intention, trop humaine, de ce discours était la suivante : aucune ressource publique ne peut être détournée vers la formation, incertaine. La

Alberto García FerrerSECRÉTAIRE gÉNÉRAL D'ATEI. IL FuT DIRECTEuR DE L'ÉCOLE DE SAN ANTONIO DE LOS bAÑOS

Une question d'époque

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En 1986, l'École internationale de San Antonio de los Baños, à Cuba, étend son influence sur l'ensemble du territoire latino-américain.

se sont également manifestés dans le Programme Ibermedia (Programme de développement pour soutenir la construction de l'espace audiovisuel latino-américain), dont l'objectif est de jeter les bases d'un espace audiovisuel latino-américain en encourageant la coproduction et la distribution de films pour le cinéma et la télévision en langue espagnole et portugaise. À travers l'AE-CID, l'Espagne œuvre à ce processus d'intégration régionale latino-améri-cain dont elle est le principal donateur. Parmi ses fonctions, il convient de citer l'échange des professionnels de l'indus-trie, l'ouverture internationale des entre-prises par le biais d'aides financières et d'une assistance technique, la distribu-tion et la promotion des produits sur le marché régional, ainsi que la formation des ressources humaines.

Cette collaboration se manifeste par les nombreux prix décernés aux films que l'Espagne a coproduits avec diffé-

rents pays d'Amérique latine. « Le Fils de la mariée » (hispano-argentin) ou « Le Labyrinthe de Pan » (hispano-mexi-cain) ont été nommés pour le meilleur film étranger. Ce dernier long métrage a quant à lui été nommé à six reprises et a remporté trois Oscars, ce qui met en évidence le fait que les professionnels es-pagnols (direction artistique, maquillage, etc.) peuvent traiter d'égal à égal avec les grands de l'industrie du cinéma.

Défis pour l'avenir. Cependant, un pro-blème reste en suspens avec le public espagnol. D'après une récente enquête du ministère de la Culture sur les habitu-des culturelles des Espagnols, le cinéma étranger est plus apprécié et génère plus de recettes que nos productions. « Le fait que des réalisateurs et acteurs de renom-mée internationale ne parviennent pas à réussir chez eux est une énorme contra-diction », se lamente Álex de la Iglesia, directeur de l'Académie du cinéma es-

pagnol. Il reste encore beaucoup à faire. La

nouvelle loi du cinéma devrait pallier les principaux problèmes : la promotion et la distribution. Comme le signale Álex de la Iglesia, « le cinéma espagnol n'est pas une faveur, c'est une industrie », et c'est ainsi qu'il doit être considéré. Cette loi s'attache à concentrer les ressources fi-nancières pour créer une industrie solide et stable bénéficiant d'accès aux marchés. En tant que nouveauté, les télécharge-ments légaux sur Internet seront désor-mais pris en compte lors de l'attribution les aides à la production. Ignasi Guar-dans, directeur de l'Institut du cinéma et des arts audiovisuels (ICAA), affirme que « défendre le cinéma c'est défendre la di-versité culturelle », puisque le cinéma est un instrument idéal pour découvrir la réalité quotidienne d'autres pays.

L'ICAA souligne également que le secteur de la production, en règle géné-rale, a besoin de poursuivre la consolida-

vision fragmentée et trop étroite de la chaîne de valeur dans le cinéma laissait toujours l'école de côté : les poids lourds de la chaîne ne comprenaient pas, ni n'assumaient, au-delà de la pure déclaration, que la formation était et est le R&D&I de cette industrie convoitée. En 1986, la création de l'École internatio-nale de cinéma et télévision de San Antonio de los Baños (Cuba) étendit son influence sur l'ensemble du ter-ritoire latino-américain et contribua

au déracinement de cette pensée magique, trop humaine, et à la remise de la vraie question dans son contexte : comment enseigner et apprendre les processus de création du cinéma. Au cours de la décennie suivante, des dizaines d'écoles furent créées, dont la Fondation Uni-versité du cinéma en 1991 à Buenos Aires, l'ECAM à Madrid et l'ESCAC à Barcelone en 1994. À l'hiver 1993, Leonardo Favio, certainement le meilleur cinéaste vivant d'Argen-

tine, monta sur la scène du Palais des expositions et des congrès de Madrid pour recevoir son Goya au meilleur film étranger en langue espagnole, décerné à son œuvre in-titulée « Gatica, le Singe ». Favio, un homme ayant appris le cinéma dans la discipline des longs tournages et la rigueur des plateaux, me confia cette même nuit sur un ton de pro-fond regret : « Combien de temps aurais-je gagné si j'avais pu étudier dans une école de cinéma ! ».

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tion de sa structure commerciale pour faire valoir non seulement sa capacité de production, mais également sa solvabilité financière. Dans la structure commercia-le actuelle de l'Espagne, un petit groupe d'entreprises maintient une activité de production continue, avec un haut ni-veau de revenus et un équilibre financier obtenu grâce à la diversification. Paral-lèlement, le reste du secteur enregistre une faible activité. En 2008, parmi les 217 entreprises ayant produit des longs métrages, seulement 4 d'entre elles ont participé à la production de 5 films ou plus, 34 autres ont fait de même avec 2, 3 ou 4 films, et les 179 restantes n'ont par-ticipé à la production que d'un seul long métrage. C'est précisément cette ten-dance à la production discontinue et peu diversifiée qui rend difficile la réalisation d'économies d'échelle pour optimiser les ressources et les résultats.

L'une des institutions qui a fait preuve du plus grand acharnement pour améliorer la diffusion du cinéma espa-gnol à l'étranger est la Filmothèque de la Direction générale des relations cultu-relles de l'AECID, récent lauréat du prix González Sinde décerné par l'Académie

du cinéma pour récompenser le travail des institutions ou personnes qui font appel au média cinématographique à des fins sociales. L'Académie a évalué le travail que l'AECID canalise à travers le Programme « Cinéma espagnol pour l'extérieur ». En collaboration avec les représentations diplomatiques et consu-laires d'Espagne, ce programme permet de diffuser la culture espagnole à travers le cinéma, un média capable de franchir les frontières. « Nous avons toujours sou-haité contribuer à la connaissance et à l'échange mutuel, au dialogue entre les sociétés à travers le septième art », a sou-ligné la secrétaire d'État à la coopération internationale, Soraya Rodríguez, lors de la remise du prix. Pour mener à bien cette tâche, la Filmothèque de l'AECID acquiert chaque année les droits de com-munication publique non commerciale de films et documentaires qui viennent s'ajouter aux archives filmiques, pour leur diffusion ultérieure à l'étranger.

Les nouvelles technologies pren-nent elles aussi un tournant radical et questionnent les formes traditionnelles de création et de projection cinémato-graphique. C'est la raison pour laquelle l'AECID met en œuvre un projet ambi-tieux qui utilise les nouvelles technolo-gies pour mettre des archives virtuelles permettant des téléchargements en ligne à disposition de toutes nos ambassades et Instituts Cervantès. Ce nouveau systè-me, qui sera prochainement mis en ser-vice, permettra d'accélérer la méthode actuelle de distribution des productions cinématographiques afin que le cinéma espagnol continue d'être apprécié à tra-vers le monde.

Un pays de cinéma. Depuis la création du Festival de cinéma de Saint-Sébastien en 1955 et de la Semaine internationale de Ci-néma de Valladolid (Seminci) un an après, l'Espagne a pris conscience du pouvoir du cinéma en tant qu'instrument de dif-fusion de la culture et des atouts de notre pays. Aujourd'hui, bien que ces deux évé-nements soient toujours de grandes réfé-rences, on trouve des festivals et cycles de cinéma espagnol dans des endroits aussi insoupçonnés que l'Indonésie. Même si ces derniers sont minoritaires, ils permet-tent de diffuser la culture espagnole et dé-montrent l'intérêt que notre filmographie suscite dans le monde entier. « Comme nous le faisons en encourageant la langue, les productions audiovisuelles sont encore plus efficaces à court terme, tout particu-lièrement au sein des élites culturelles, sur lesquelles le cinéma à une incidence direc-te, comme les professeurs, les artistes, les diplomates, etc. Ce constat est clair lors-que vous vous adressez à des gens prove-nant de pays exotiques. Il n'ont plus cette perception du soleil, des taureaux et des tambours de basque, et ce principalement grâce au cinéma », affirme Álvaro Matud, docteur en journalisme et directeur du mastère de communication institution-nelle et politique de l'université Carlos III. En Espagne, des festivals comme celui du cinéma d'horreur de Sitges, le Festival de cinéma de Malaga, le Festival euro-arabe de Saint-Jacques-de-Compostelle, la Mos-tra de Valence ou le Festival latino-améri-cain de Huelva côtoient d'autres festivals organisés à l'extérieur, comme le Festival de cinéma espagnol de Tanger, le Fisa-hara ou le Festival de cinéma hispanique de Tokyo et Kobé. Ces rendez-vous sont la preuve du dynamisme d'une industrie qui s'enrichit de l'échange et affirment la validité de cette dernière pour la diffusion de notre culture et de nos valeurs.

États-Unis10 002

France 511 Allemagne439

R. -Uni 408

Canada388

Australie347

Chine179

Inde99

Espagne 60

CLASSEmEnt DES PAyS Dont LES FILmS GÉnèrEnt LE PLUS DE rECEt-tES à L'ÉtrAnGErSource : Cabinet d'analyse

démoscopique.

Chiffres exprimés en millions

de dollars

Roumanie46

Le cinéma et l'audiovisuel espagnol, dans leur meilleure période de création

Sur le plan local, l'industrie cinéma-tographique espagnole ne traverse pas, en ce moment, sa meilleure période en matière de diffusion. À la FAPAE, nous sommes conscients que les relations entre le cinéma espagnol et le spectateur ne sont actuellement pas au beau fixe. L'in-dustrie audiovisuelle est parvenue à communier avec le public, mieux que dans tout autre nation, à travers la fiction destinée à la télévision, mais elle ne réussit cependant pas à rivaliser avec le cinéma étranger dans les salles. À de nombreuses reprises, les scénaristes, réalisateurs, acteurs et producteurs ayant rem-porté de grands succès, grâce à des séries de fiction, des mini-séries ou des feuilletons, ont échoué avec un projet cinématographique. De fait, comme l'a déclaré Álex de la Iglesia après avoir été nommé président de l'Académie, notre cinéma est bien mieux perçu en dehors de nos fron-tières que sur notre propre territoire. Toutefois, le cinéma et l'audiovisuel espagnols traversent, dans leur ensemble, la meilleure période de création de leur histoire. Aucun pays, hormis les États-Unis, n'a vu son cinéma obtenir la reconnaissance universelle que le nôtre a connue au cours de ces dernières années. À cet égard, il convient de remarquer que lorsque nous exportons un film, nous ne générons pas uniquement un rendement économique pour le secteur audiovisuel, mais nous diffusons également une culture, une façon particulière de voir les choses qui, comme fer de lance, permettra à tous les produits espagnols d'investir davantage les marchés. Pour toutes

ces raisons, et pour tirer profit du prestige international de notre cinéma, la FAPAE considère qu'il est nécessaire d'adopter une politique plus active et une plus grande sou-plesse dans la signature d'accords de coproduction. Dans cette même optique, une plus grande collabo-ration des ambassades espagnoles dans tout ce qui a trait à notre cinéma serait souhaitable.

Il convient également d'évoquer l'un des sujets qui, selon notre point de vue, est l'un des plus utilisés et des plus mal expliqués, faisant assurément partie des éventuelles causes de divorce entre l'industrie cinématographique et le public espagnol : les subventions. Pour aborder cette question avec rigueur, il ne faudrait pas oublier que l'État a subventionné les producteurs d'énergie éolienne et d'énergie solaire pour un montant respectif de 1,144 milliards d'euros et de 968 millions d'euros en 2008. Si l'on y ajoute les subventions totales destinées aux énergies correspon-dant au régime spécial, le montant total des subventions perçues s'élève à 3,304 milliards d'euros. Par ailleurs, au cours de l'année 2007 et sans tenir compte des subventions allouées à l'énergie et aux chemins de fer, 5,369 milliards d'aides et de subventions destinées à tout type de secteurs ont été concédées. Le ci-néma espagnol a perçu 78,1 millions d'euros en 2008 en termes d'aides à la production. En comparant ces chiffres avec l'Europe, sur la base des aides octroyées au cinéma en volume absolu, nous nous situons à

la cinquième place, derrière la Fran-ce (dont les aides sont presque sept fois plus importantes), l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Italie. Lorsqu'un producteur perçoit une subvention, cela ne constitue en aucun cas une garantie de succès économique. Il réduit assurément son risque, mais il ne se libère aucunement des incer-titudes concernant le retour total de son investissement.

En tant que président de la FAPAE, j'ai toujours affirmé que nous ne demandons pas davantage de ressources, une meilleure assigna-tion des ressources existantes nous suffirait. En revanche, nous voulons que le levier fiscal approuvé par la loi soit aussi efficace que les exigences de l'investisseur. Enfin, un autre problème qui touche l'industrie audiovisuelle et qui est mal inter-prété est celui du piratage qui, non seulement menace notre secteur, mais qui met également en danger toutes les activités légales fondées sur le téléchargement de contenus. Passer outre ce problème pourrait nous amener à demander pardon à ceux qui s'enrichissent avec une chose qui ne leur appartient pas, en dévalisant le propriétaire légitime et en convertissant le retour des inves-tissements considérables en mission impossible. L'intelligence et l'énergie suffisantes sont nécessaires de la part de tous pour canaliser un problème plus important en Espagne que dans des pays culturellement ou géographiquement proches. Sur ce point, nous sommes malheureuse-ment les champions, juste derrière la Chine.

Le piratage menace non seulement le secteur ciné-matographique et audiovisuel, mais il met éga-lement en dan-ger toutes les activités légales fondées sur le téléchargement de contenus

13P en couverture

Pedro PérezpRÉSIDENT DE LA FÉDÉRATION D'ASSOCIATIONS DE pRODUCTEURS AUDIOvISUELS ESpAGNOLS

14 a action extérieure

Chaque année, les salles de l'École diplomatique se remplissent d'étudiants venus du monde entier pour suivre le mastère de diplomatie et de relations internationales, des cours organisés en collaboration avec six universités espagnoles. Une formation qui va bien au-delà du caractère strictement universitaire et forge des liens humains qui dépassent les frontières.Beatriz Beeckmans

Javier Gil Infante ● EspagneEconomistE Et étudiant En 2007-2008« Le mastère m'a permis de réorienter mes études d'économie vers un secteur multidisciplinaire, les relations interna-tionales. Après une année de formation à l'École, j'ai obtenu une bourse de stage au consulat général d'Istanbul. L'expérience professionnelle a été enrichissante et très gratifiante. Grâce au consul général j'ai pu découvrir le travail complexe et essentiel qui se fait dans un consulat et l'application prati-que des normes et des réglementations qui peuvent parfois paraître éloignées de la réalité. En outre, après avoir vécu presque un an sur les rives du Bosphore, une partie de moi est restée dans cette ville qui vous charme jour après jour. Je prépare actuellement le concours pour la carrière diplomatique, avec un mé-lange d'espoir et d'effort qui, je l'espère, portera ses fruits ».

Sonoko Abe ● Diplomate japonaiseétudiantE dE la promotion 2007-2008.« L'École diplomatique espagnole a toujours eu une très bonne réputation parmi les diplomates japonais, non seulement comme centre de formation universitaire mais aussi comme lieu de rencontre où l'on peut faire la connais-sance de personnes du monde entier. C'est pour cela que j'ai décidé de m'ins-crire à ce prestigieux mastère. Après l'avoir obtenu et avoir travaillé une année au sein de la mission diplomati-que de l'ambassade du Japon au Chili, je sens que, dans la plupart des cas, la diplomatie se forge à travers des liens humains et par conséquent, j'accorde une grande valeur aux personnes que j'ai connues à l'École et d'ailleurs, je revois toujours certaines d'entre elles à Santiago du Chili. »

Alejandro Dorado Nájera ● Espagne BiologistE Et étudiant dE la promotion 2007-2008« En tant que biologiste, j'ai toujours été préoccupé par les problèmes environne-mentaux comme la crise de la biodiversi-té, le changement climatique ou la déser-tification. J'ai décidé de suivre ce mastère afin de compléter ma connaissance de l'environnement par une formation qui me donnerait une idée claire et concise de la réalité internationale car je considère que ces problèmes ne peuvent être abor-dés que par une approche interdiscipli-naire et intégrale. C'est aussi au mastère que je dois le fait d'avoir pu passer une année a travailler pour l'ambassade et l'AECID au Mali. Un pays dans lequel la diplomatie espagnole est très appréciée pour nos efforts dans la coopération au développement et dans lequel j'ai pu évaluer les besoins et les problèmes aux-quels les gens sont confrontés ainsi que l'importance de maintenir et d'accroître notre présence. »

Le 6 octobre 2009. Début d'une nou-velle année de mastère interuniversi-taire de diplomatie et de relations in-ternationales à l'École diplomatique. Pendant une année, des étudiants en provenance de Côte d'Ivoire, Répu-blique dominicaine, Kenya, Maroc, Philippines ou Turquie côtoieront des étudiants espagnols afin d'appro-fondir leurs connaissances dans le do-maine des relations internationales. « Le mastère m'a permis de prendre conscience des multiples possibilités

qu'offrent les relations internationa-les. Rencontrer des gens de différen-tes origines géographiques, universi-taires et professionnelles enrichit tout autant notre formation que les cours eux-mêmes » affirme Ángela Díez, traductrice et ancienne étudiante du mastère.

La richesse de la diversité. C'est qu'à cette infinité de pays d'origine s'ajou-te l'un des aspects les plus remarqua-bles du mastère qui se trouve être,

justement, la diversité des profils des étudiants. Sur les bancs de l'École sont passés des diplômés en droit et en sciences politiques, mais aussi des ingénieurs en aéronautique désireux de donner un tournant à leur carrière, des traducteurs souhaitant accéder à des organismes internationaux ou des biologistes passionnés par les ques-tions environnementales.

Comme le soulignent José Miguel Bello et Patrick Sandoval, de la LXIIIe promotion de la carrière diplomati-

Une École de perfection

15a action extérieure

Angel Chica ● Espagne diplômé En communication audiovisuEllE, étudiant En 2007-2008« Avant d'entrer à l'École, je savais que je voulais me consacrer à la coopération pour le développe-ment, mais j'étais conscient de mes lacunes, de ma méconnaissance de la situation complexe du monde

d'aujourd'hui. Après mon passage par le mastère, je réalise que j'ai eu

beaucoup de chance d'avoir eu accès à une formation de si grande qualité et

à des professeurs dont je me souviens avec affection. Bien sûr, le fait de côtoyer

les autres étudiants a été, et restera enrichissant; nous continuons aujourd'hui à évoluer ensemble même si nous som-mes dispersés dans le monde entier. J'ai effectué mon stage en Ethiopie. À la suite de cette expérience, je suis resté dans ce pays avec un contrat d'assistance. Je continue à tirer parti de cette opportunité et à travailler dur pour mettre en œuvre une coopération pour le développement coordonnée et efficace ».

Jeremy Cadiz ● États-Unis étudiant dE la promotion 2007-2008« Suivre le mastère a sans doute été l'une des meilleures expériences de ma vie. Je n'avais jamais connu de gens en provenance d'un si grand nombre de pays. En outre, étant le seul Américain du mastère, j'avais la grande responsa-bilité de représenter les États-Unis. En réalité, cela m'inquiétait car les États-Unis avaient mauvaise réputation avant l'investiture d'Obama. Malgré cela, je suis heureux de m'être fait de bons amis. Bien que d'origines très différen-tes, nous étions unis par la passion pour les relations entre les différents peuples du monde. Deux ans après le mastère, je suis toujours en contact avec la plupart de mes camarades. J'ai rendu visite à plusieurs d'entre eux dans leurs pays respectifs. Comme le dit la chanson des Jeux olympiques de Barcelone, ils sont amis pour la vie. »

16 a action extérieure

Carlos Belda Bustín ● EspagnetraductEur Et étudiant dE la promotion 2007-2008« Les connaissances théoriques, les leçons pratiques de langues, de rhéto-rique et de négociation, la fenêtre sur l'actualité que nous offraient les personnalités invitées au forum de l'amphithéâtre, en particulier les am-bassadeurs d'Espagne, ont été d'une très grande utilité lors de mon stage à l'ambassade d'Espagne à Singapour, ainsi que pour les consultants pour lesquels je travaille actuellement. De plus, je tiens à souligner l'incroya-ble expérience internationale que j'ai vécue en suivant ce cours avec d'inoubliables camarades et amis venus du monde entier. Grâce à eux, le mastère de l'École diplomatique a changé notre façon de voir le monde car ces pays ne sont plus des points éloignés sur une carte mais une invi-tation à se lancer à la découverte de nouvelles réalités. »

Félix Ramón López ● Espagne ingéniEur aéronautiquE Et étudiant En 2007-2008« Après dix années de carrière d'ingé-nieur aéronautique, au début de l'année 2007, j'ai pris la décision de passer le concours de la carrière diplomatique. J'avais terminé mon travail sur l'Airbus A380 et c'était l'un de ces moments où l'on se dit « c'est maintenant ou jamais ». Quelques mois plus tard, j'étais reçu au mastère, qui va bien au delà de l'ex-périence universitaire. Une expérience intense, un corps enseignant presti-gieux... Je crois que tout cela le rend unique dans notre pays. De la même manière, le stage dans la représentation auprès du Conseil de l'Europe a été extraordinaire. Ma période de stage a coïncidé avec la présidence espagnole, ce qui multiplié les situations auxquel-les je pouvais participer. Aujourd'hui, je pense que je me trompais en pensant que ce mastère et le stage étaient le moyen pour moi de devenir diplomate, c'était tout simplement une fin en soi. »

que et anciens étudiants du mastère, « une formation à l'École diplomatique offre, outre les bénéfices universitai-res, une grande opportunité pour les étudiants espagnols et étrangers de profiter d'un campus privilégié, l'Éco-le, de condisciples en provenance du monde entier et d'un environnement, la ville de Madrid, qui offre une mul-titude de possibilités sociales, cultu-relles, sportives et de loisirs. »

Après leur année au sein de l'École diplomatique, les étudiants espagnols ont la possibilité d'effectuer un stage auprès d'ambassades et de consulats espagnols dans le monde entier ainsi qu'auprès des services centraux du ministère, ce qui constitue une excel-lente prise de contact avec la vie qui attend l'aspirant à la carrière diplo-matique et un accès privilégié à une expérience professionnelle. « Grâce à cette opportunité, je vis en Chine depuis un an, dans l'incroyable ville de Shanghai, à la fois traditionnelle et

futuriste. Lors de cette année aussi in-tense qu'enrichissante, j'ai pu mettre en pratique les nombreuses connais-sances acquises à l'École et voir par moi-même comment fonctionnait une mission diplomatique à l'étran-ger, dans un pays aussi différent que la Chine » explique Cristina Moral, qui a suivi le mastère il y a deux ans et a réalisé son stage au consulat d'Espa-gne à Shanghai.

Un mastère, des possibilités de car-rière infinies. Un passage par ce mastère marque le point de départ d'une multitude de parcours profes-sionnels et personnels. On en trouve un excellent exemple en la personne d'Ivana Nikolovski, diplomate serbe qui, après être passée par notre École il y a deux ans, et à la suite de son ex-périence dans la capitale espagnole, a décidé de poursuivre sa carrière dans notre pays et est actuellement consul de Serbie à Madrid.

Un grand nombre d'anciens étu-diants espagnols ont commencé leur formation par le mastère, dans l'es-poir de faire une carrière diploma-tique. D'autres ont décidé de pour-suivre leur formation dans d'autres centres d'études internationales, de passer des concours pour travailler dans les institutions communautaires ou sont entrés dans les départements d'expansion internationale de multi-nationales espagnoles et étrangères.

Ce mastère est donc à la fois un point de départ et un lieu de rencon-tres. « Il y a plus de 25 ans, quand j'ai suivi ce cours, je me trouvais assis à côté de vous », c'est par ces mots que Motohide Yoshikawa, ambassadeur du Japon en Espagne, a inauguré sa conférence l'an dernier. Assise parmi l'auditoire de l'amphithéâtre, Sonoko Abe, très jeune diplomate japonaise alors une étudiante du mastère, a peut-être rêvé de revenir un jour en Espagne.

Pablo Senís. ● Espagne traductEur Et étudiant dE la promotion 2007-2008. « Juin 2008. Après huit mois de cours, de travail et d'examens, il était temps de déposer mes demandes de stage. J'ai opté pour la destination la plus lointaine qui était proposée, Manille. Les Philippines se sont révélées être un pays fascinant et le travail auprès de notre représentation a été une expérience très profitable. D'une part, grâce à la bonne ambiance de travail et à l'attention manifestée par tout le personnel de l'ambassade. D'autre part, parce que j'ai eu l'opportunité de vivre l'application réelle de ce que j'avais étudié, en étant le témoin et l'un des acteurs des relations entre deux nations extrêmement proches car empreintes de passé et riches d'avenir. Tout cela dans le décor d'un archipel unique, 7 107 îles offrant des plages magnifiques, d'intenses contrastes et des aspects aussi familiers que dépaysants. »

Un mastère qui éveille des vocations

L'École diplomatique, centre officiel de formation du minis-tère des Affaires étrangères et de la coopération, offre depuis 2005 un mastère interuniversi-taire en diplomatie et en relations internationales, fruit d'une intense négociation entre l'École et six uni-versités publiques, ce qui a permis de consolider fermement ce projet universitaire de haut niveau. Cet effort a rendu possible la signature, le 11 juillet 2005, de la convention de collaboration entre le minis-tère des Affaires étrangères et de la coopération et l'université d'Alcalá, l'université Complutense de Madrid, l'université Carlos III, l'université internationale Mené-ndez Pelayo, l'université Rey Juan Carlos et l'UNED.

L'objectif essentiel était de moderniser et ouvrir l'École di-plomatique à la société civile en offrant aux espagnols, aux étu-diants et aux diplomates étran-gers la possibilité de recevoir une formation hautement spécialisée qui leur donnerait les instruments nécessaires pour une meilleure connaissance de la réalité histori-que, sociologique et économique des domaines fondamentaux des relations internationales. Il s'agit actuellement du seul programme d'études supérieures qui réponde à la demande croissante de haute spécialisation dans les études sur la réalité internationale. Il est important de souligner que les enseignements de ce mastère bénéficient d'une expérience de 40 années durant lesquelles l'École a proposé le cours d'étu-

des internationales, sur lequel le mastère est fondé.

Ce mastère repose sur six principaux piliers. D'une part, les huit matières principales qui vont du droit international public et privé à l'économie internatio-nale, en passant par l'histoire et la sociologie des relations interna-tionales. D'autre part, le mastère propose plus de 30 séminaires, obligatoires ou optionnels, qui couvrent tous les sujets d'analyse et d'actualité internationales. De plus, il comprend cinq modules de spécialisation de cent heures cha-cun : études latino-américaines, géostratégie et relations interna-tionales (organisé en collaboration avec le CESEDEN), coopération pour le développement, entreprise espagnole à l'étranger et études du Maghreb et du Proche-Orient (organisé en collaboration avec la Casa Árabe). L'un des autres piliers de notre mastère est l'importance accordée aux langues étrangères. Cette année, pour les deux langues obligatoires, les étudiants ont le choix entre dix possibilités. Enfin, le mastère offre la possibilité aux étudiants espagnols d'effectuer un stage rémunéré de neuf mois dans nos ambassades et consulats à l'étranger, ainsi que dans les servi-ces centraux du ministère.

Avec ce mastère, nous souhaitons former des professionnels pouvant occuper des postes dans notre Ser-vice extérieur, dans les organismes internationaux et les entreprises espagnoles à l'étranger. Pour cela, nous disposons de professeurs et

de diplomates réputés sélectionnés dans les universités partenaires et d'autres centres et institutions universitaires nationales et étran-gères. Mais l'une de nos principales motivations pour la création de ce mastère a sans doute été de faire de l'École diplomatique un véritable foyer pour nos futurs diplomates. Après leur mastère, de nombreux étudiants espagnols ont décidé de se présenter au concours de la carrière diplomatique et certains étrangers ont fait de même dans leurs pays.

Ainsi, le ministère des Affaires étrangères et de la coopération participe à la formation de ses professionnels. Sur ce point, nous devons évoquer les facilités éco-nomiques qu'offre le mastère à ses étudiants. On accède au mastère après avoir passé une épreuve écrite de connaissances sur un sujet relatif aux relations interna-tionales. Pour l'année 2009/2010 environ 600 personnes se sont présentées. Nous n'en avons retenu que 100. Tous ces étudiants sont bénéficiaires d'une bourse du MAEC et le mastère ne leur occasionnera aucun frais. En outre, pour les revenus les plus faibles, le MAEC a mis en place de nombreu-ses bourses (900 euros mensuels pour les résidents des Commu-nautés autre que Madrid et 400 euros mensuels pour les résidents de Madrid). Pour les étrangers, le MAEC offre annuellement, par le biais de l'AECID, de nombreuses bourses qui couvrent les frais d'hébergement et de subsistance à Madrid.

Avec le mastère, nous voulons former des professionnels qui pourront occuper des postes dans notre Service extérieur, dans les organismes internationaux et les entreprises espagnoles à l'étranger.

17a action extérieure

Francisco Oda ÁngelconsEillEr d'éducation À l'écolE diplomatiquE

18 a action extérieure

Nous approchons d'une date clé pour notre politique extérieure. Le 1er janvier prochain, l'Espagne assumera pour la quatrième fois la présidence du Conseil de l'Europe, une grande occasion pour remettre en avant la capacité d'organisation de notre pays et le profond européisme de ses citoyens ainsi que pour faire face aux nombreux défis qui se présentent à l'Europe et à la société internationale. Le compte à rebours commence pour le début d'une présidence sur laquelle travaille déjà toute l'administration, où le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération et son secrétariat d'État pour l'Union européenne tiennent un rôle particulièrement important. Beatriz Beeckmans

Le grand moment approche. Le 1er jan-vier prochain, l'Espagne assumera la présidence du Conseil de l'Union euro-péenne. L'Espagne exercera cette res-ponsabilité dans le cadre du nouveau système de trio de présidence. 18 mois durant, notre pays fera équipe avec la Belgique et la Hongrie dans cette nou-velle formule d'organisation et de pla-nification des travaux du Conseil. Entre autres initiatives de communication, la présidence conjointe disposera, pour la première fois, d'un site Internet et d'un logo communs qui permettront aux ci-toyens d'identifier la troïka.

Une excellente et double opportu-nité pour l'action extérieure de l'Espa-gne puisque, comme l'a fait remarquer le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Miguel Ángel Mo-ratinos, « cela permettra à l'Espagne d'influer d'une manière décisive sur le devenir de la société internationale la plus complexe et mondialisée qu'ait connue l'humanité, en marquant d'une

L'Espagne, à trois mois de la présidence

empreinte espagnole les initiatives en-treprises par l'Union pour faire face aux défis de la scène internationale et pour exercer un rôle privilégié dans la configuration et l'application des nou-veautés institutionnelles du Traité de Lisbonne si, comme nous l'espérons, il entre en vigueur ».

Face à ce grand défi pour l'Espagne à la tête des 27, tout est en marche pour assurer la réussite de la présidence. Un mandat qui axera ses efforts sur le dé-

1Une crise économique et financière qui marquera l'agenda communautaire au cours des prochains mois

2 La gestion des résultats de la Conférence de Copenhague de décembre qui adoptera probablement le régime post-Kyoto de lutte contre le changement climatique

3 Le développement des relations transatlantiques

4 La mise en œuvre des nouveautés institutionnelles dérivées de la probable entrée en vigueur du Traité de Lisbonne

5Un nouveau Parlement européen et une nouvelle Commission

LEs dÉfis

19a action extérieure

veloppement de la stratégie européenne contre la crise économique et financière sans négliger l'Europe sociale et solidai-re. « Il ne s'agira pas de la présidence de l'Espagne, en réalité, l'Espagne pen-sera aux 27 pays et aux 500 millions de citoyens européens », a affirmé le secré-taire d'État pour l'Union européenne, Diego López Garrido, qui a également

déclaré que « nous travaillerons pour que cette présidence apporte une solu-tion à la crise et lance un nouveau mo-dèle de croissance durable interdisant tout retour en arrière ».

Les objectifs du programme espagnol. Dans le cadre du trio de présidences, le programme espagnol sera articulé

LEs COMMUNEs ET LEs PROViNCEs, AVEC LA PRÉsidENCELes communes et les provinces effectuent un travail essentiel pour rapprocher l'Union européenne des citoyens, l'un des objectifs prioritai-res de la présidence. C'est la raison pour laquelle le secrétaire d'État pour l'Union européenne, Diego López Garrido, et le président de la Fédé-ration espagnole des communes et des provinces (FEMP), ont signé un accord de collaboration pour que les gouvernements locaux participent activement au programme d'activités et aux décisions qui seront adoptées durant les six mois de présidence espagnole. Parmi les premières actions convenues, une série d'événements institutionnels auront lieu le 31 décem-bre 2009 et le 1er janvier 2010 dans les communes, dans le but de saluer le début de la présidence espagnole de l'UE et de conférer une plus grande visibilité au drapeau européen.

20 a action extérieure

selon deux principes trans-versaux, l'innovation et la pro-motion de l'égalité, et quatre grandes priorités sur lesquelles s'appuiera l'action espagnole : six mois durant, l'Espagne as-sumera la direction politique d'une Union marquée par une conjoncture complexe qui rendra in-dispensable la lutte pour le rétablisse-ment économique et le développement d'un modèle de croissance durable et de création d'emploi de qualité. L'Es-pagne souhaite également développer la citoyenneté européenne, un apport essentiel de notre pays au processus communautaire qui doit consolider le lien entre l'Union et ses citoyens. Avec 2010, Année européenne contre la pauvreté et l'exclusion sociale en toi-le de fond, il sera porté une attention particulière à la défense des droits de l'homme et à l'éradication de la pau-vreté dans le monde.

L'Europe, acteur mondial. Les dé-fis du XXIe siècle exigent que l'UE agisse en acteur mondial, capable de parler d'une seule voix. Atteindre cet objectif sera précisément l'une des priorités de notre présidence. Notre pays accueillera plusieurs sommets et rencontres bilatérales qui mettront en relief l'importance de l'Union en tant que partenaire préférentiel de nombreux pays, et son rôle dans la médiation des conflits internatio-naux. L'un des grands rendez-vous sera le sommet avec les États-Unis, qui donnera un nouvel élan aux rela-tions transatlantiques. La dimension euro-américaine comprendra les re-lations avec l'ensemble du continent américain. Le IVe sommet se tiendra avec le Mexique, mais également avec l'Amérique latine et les Caraïbes, où l'Espagne a traditionnellement exercé un rôle essentiel en tant qu'interlocu-teur. L'Espagne souhaite aller au-delà de la coopération au développement dans son engagement envers l'Amé-rique latine, et commencer une nou-velle période de transfert et d'inves-

tissement pour contribuer au développement techno-logique d'une région avec laquelle nous maintenons de puissants liens histori-ques et culturels.

Durant ce semestre, l'attention de l'Espagne se

portera en outre sur la zone euro-mé-diterranéenne. L'Espagne accueillera le premier sommet Union européen-ne-Maroc et soutiendra résolument l'Union pour la Méditerranée avec l'organisation du IIe sommet de chefs d'État et de gouvernement. Se tien-dront également des sommets avec le Canada, le Japon et la Russie, parte-naires essentiels pour l'Union euro-péenne. C'est donc une période in-tense qui se profile pour l'Espagne, période durant laquelle le processus d'élargissement ne sera pas négligé. Des défis importants que l'Espagne devra coordonner avec un objectif fi-nal : faire de l'Union européenne un acteur mondial essentiel dans la so-ciété internationale du XXIe siècle.

Le secrétariat d'État pour l'Union européenne met toute son énergie et son efficacité au service de la future présidence. Réunions avec des com-missaires, contacts interministériels, visites auprès des partenaires du trio, coordination avec la Suède pour un bon relais… Le secrétariat d'État pour l'Union européenne ne connaît pas de répit dans les préparatifs pour la prési-dence. Outre les diplomates de liaison pour le trio de présidences, détachés en Belgique et Hongrie, 15 fonction-naires de la dernière promotion de l'école diplomatique ont été intégrés à la représentation permanente de l'Es-pagne auprès de l'Union européenne à Bruxelles pour apporter leur soutien durant le semestre espagnol.

Un projet d'État comme celui que l'Espagne prépare exige le plus grand consensus interministériel. Pour y parvenir, le SEUE a organisé une série de rencontres d'information avec les cabinets de tous les ministres du gou-

La société civile aura un rôle essentiel durant notre semestre à la tête des 27

fONCTiONNAiREs diPLOMATiqUEs dE LiAisONDès novembre, les diplomates espagnols du secrétariat d'État pour l'Union européenne seront détachés auprès des ministères belge et hon-grois pour le trio de présidences. Ce modèle de liaison pour le trio répond au besoin d'assurer la coordination quotidienne entre les trois États (Espagne, Belgique et Hongrie) qui assumeront la prochaine présidente conjointe du Conseil de l'Europe, qui commencera au semestre prochain et durera jusqu'au 30 juin 2011. Le travail de liaison doit maintenir la cohésion durant l'exercice de cette présidence, en facilitant les procédu-res de consultation entre les parte-naires du trio et l'échange réciproque d'information sur l'organisation et le fonctionnement de la présidence. Le MAEC a déjà reçu le fonctionnaire diplomatique belge et attend la pro-chaine incorporation du fonctionnaire hongrois pour assurer le bon fonction-nement de ce nouveau système de coordination des travaux du Conseil.

vernement. Au niveau tech-nique, ces rencontres ont été suivies de réunions entre le secrétaire général pour l'Union européenne, Miguel Ángel Navarro, et ses homo-logues de presque tous les ministères. Ces réunions ont permis d'informer les diffé-rents cabinets et de recueillir des renseignements sur les contacts que ceux-ci ont mené à bien dans leurs différents domaines.

D'autre part, M. López Garrido a effectué une tournée de visites dans les communautés autonomes pour en-courager leur implication. Le gouver-nement espagnol veut renforcer le rôle des régions dans l'Union européenne, il a donc maintenu des contacts et des dialogues avec tous les gouverne-ments autonomes qui se sont mis à la disposition du secrétariat d'État pour l'UE et accueilleront des réunions ou événements culturels, afin de soutenir la présidence. La ville asturienne de Gijón, par exemple, sera le siège de la Journée maritime européenne, le 20 mai prochain.

Pour garantir un bon relais, le secrétariat d'État pour l'UE est en contact permanent avec la Suède com-me avec ses partenaires du trio, la Bel-gique et la Hongrie : les préparatifs de la présidence en équipe sont ainsi en fort bonne voie. Des réunions perma-nentes ont également été maintenues avec des commissaires européens, des rencontres périodiques avec le cabi-net du président de la Commission européenne, ainsi qu'avec différents groupes du Parlement européen et des groupes d'eurodéputés espagnols.

Le rôle essentiel de la société civile. La participation de notre société sera fondamentale pour garantir la réus-site de la présidence espagnole. Afin de garantir sa visibilité et son impli-cation, le secrétariat d'État pour l'UE a eu cette année des entretiens avec plus de cent acteurs de la société ci-vile : entreprises, syndicats, ONG et

groupes de réflexion, en-tre autres. Consultations à double objectif : informer sur les grandes priorités de la présidence et sollici-ter des collaborations qui enrichiront le programme et contribueront à créer un sentiment d'apparte-nance et d'identification avec le processus d'inté-

gration européenne. Cette collaboration se concrétise

dans le soutien aux principaux événe-ments qui seront organisés pendant le semestre espagnol et sont déjà intégrés dans le programme officiel de la prési-dence. L'un des premiers événements sera une grande rencontre des autori-tés locales et régionales, à Barcelone, au mois de février. Malaga accueillera l'an prochain le Forum civique euro-péen, activité à caractère européiste qui rassemblera plus de 500 réseaux d'action sociale unis par le désir de renforcer la citoyenneté européenne. Est également prévu le Congrès du mouvement européen international, grand mouvement européiste issu du Congrès de La Haye de 1949, qui se réunira à Tolède en juin 2010. Quel-ques-unes des principales marques espagnoles tiendront également un rôle important dans la présidence. En collaboration avec le Forum de mar-ques renommées, et sous la devise « Made in/Made by Europe », l'Espagne a élaboré une stratégie pour que l'UE déploie une politique de promotion et de soutien aux marques européennes dans le monde. Les contacts avec les syndicats s'orientent quant à eux vers la consolidation et l'actualisation de l'agenda social européen.

Il y a encore beaucoup à faire, mais aux dires du ministre des Affai-res étrangères et de la Coopération, « si nous continuons à travailler avec courage et décision, nous obtiendrons une fois encore une présidence réus-sie répondant pleinement aux attentes de tous les citoyens espagnols et euro-péens ».

RÉUNiON dEs AMbAssAdEURs sUR LA PRÉsidENCE EsPAgNOLENouvel événement marquant dans la préparation de la présidence, le palais de Viana a accueilli les 8 et 9 octobre la réunion des ambassa-deurs sur la présidence espagnole de l'UE, inaugurée par la première vice-présidente du gouvernement. Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération a convoqué les ambassadeurs d'Espagne accrédités auprès des pays membres de l'UE et des pays candidats à l'adhésion dans l'objectif de poursuivre les préparatifs de la présidence. Avec l'ambassadeur représentant perma-nent auprès de l'Union européenne, Carlos Bastarreche, le représentant adjoint auprès de l'Union euro-péenne, Cristóbal González-Aller et le représentant permanent auprès du Comité politique et de sécurité (COPS), Carlos Fernández-Árias, les ambassadeurs ont abordé les principales questions concernant la réussite de la présidence. Lors de cette réunion, dirigée par le secrétaire d'État pour l'Union européenne, sont intervenus les membres de la Commission déléguée pour la présidence espagnole de l'UE en 2010 et des représentants de la Commission européenne, accompa-gnés de hauts responsables du MAEC tels que le secrétaire général des Affaires consulaires et migratoires ou le directeur général de la Coor-dination du marché intérieur et des politiques communautaires. Lors des séances de travail, ont été examinées les priorités du gouvernement pour la présidence en matière politique, économique, sociale et de relations étrangères. Les ambassadeurs ont aussi reçu de la documentation sur les principaux sujets : rétablissement économique, nouvelle stratégie de l'après-Lisbonne, lutte contre le chan-gement climatique, sécurité énergéti-que et sommets avec des pays tiers.

L'Espagne maintient un contact permanent avec la Suède et ses partenaires du trio de présidences pour coordonner le relais

L'Andorre, pays peuplé d'un tiers d'Espagnols

22 a action extérieure

Quel est le point commun entre Ni-colas Sarkozy et Joan Enric Vives Sicília ? La réponse n'est peut-être pas si évidente. Le président de la République française et l'évêque d'Urgell partagent l'honneur d'être les coprinces de l'Andorre, tous deux comme chefs d'État à titre personnel, avec même pouvoir et dignité, de l'un des pays les plus anciens et singuliers d'Europe.

Que la tête de l'État andorran soit double et incombe à deux ressortis-sants étrangers en dit long sur ce pays qui, depuis ses origines lointaines, a réussi a maintenir l'équilibre avec ses deux voisins. L'Andorre forme une société très ja-louse de son identité propre, qu'elle a défendu tout au long de son histoire avec des instruments aussi efficaces que la loi sur la nationalité, loi extraordinairement res-trictive en vigueur de 1939 à 1995. Mais en même temps, la Principauté a toujours eu conscience de la nécessité

de vivre en bonne entente avec ses deux voisines, la France et l'Espagne, avec lesquelles les liens tissés vont bien au-delà des simples relations transfrontalières. L'exemple du tri-bunal constitutionnel d'Andorre est éloquent : il accueille toujours deux membres étrangers, un Français et un Espagnol, selon l'idée qu'il est plus aisé d'apprécier les déficiences du système depuis l'extérieur de la réa-lité politique du pays.

Dans un certain sens, la Princi-pauté est un pont entre l'Espagne et la France, puisqu'il s'agit du seul pays à la fois membre de la Conférence latino-

américaine et de l'Organi-sation internationale de la Francophonie.

La relation privilégiée de l'Andorre avec l'Espa-gne fait de ce petit pays pyrénéen une pièce maî-tresse de notre politique extérieure, en particulier du point de vue des activi-tés consulaires. Des 81 000 habitants environ de la

CONNAÎTRE VOTRE AMBASSADEAu sud des Pyrénées, entre l'Espagne et la France, se trouve l'un des micro-États les plus chargés d'histoire de toute l'Europe. Il s'agit de la Principauté d'Andorre, ancienne destination touristique hivernale et paradis du shopping, aujourd'hui partenaire commercial loyal de l'Union européenne. Les relations hispano-andorranes comprennent tous les domaines mais sont particulièrement riches sur le plan humain.Luis Melgar

L'AndorrE En chIFFrEsPopulation : 81 222 habitantsSuperficie : 468 km carrés.PIB : millions $ US 1 900 (2003)PIB : % croissance annuelle : 2% PIB par habitant en $ : 29 000 (2005)Espérance de vie : 82,51 ansImportations (2006) : 1 415 millions d'euros Exportations (2006) : 119 millions d'eurosIDH : 28eCroissance moyenne de la population (2000-2006): 3,6%Source MAEC

Avec la nouvelle homologation financière et fiscale, la Principauté devient un partenaire économique fiable dans le cadre communautaire.

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Les hautes montagnes et les vallées étroites modè-lent la vie des Andorrans. Ci-dessous, le bâtiment qui abrite l'ambassade d'Espagne à Andorre-la-Vieille.

a action extérieure

Principauté, presque 28 000 sont des Espagnols qui travaillent, consomment et vivent en Andorre. Les particulari-tés propres aux petits pays ont fait que jusque très récemment, l'Andorre n'a pas vu la nécessité de moderniser son système de droits sociaux, plus particu-lièrement en ce qui concerne les étran-gers. Ainsi, de nos jours, l'un des grands défis de nos relations bilatérales est de renforcer l'égalité des droits sociaux et des droits du travail entre les Andorrans et les ressortissants de pays tiers.

Un autre défi andorran qui nous affecte directement est l'homologation en cours avec l'Union européenne, en

particulier en ce qui concerne le sys-tème financier. Le 18 avril 2002, l'Orga-nisation de coopération et de dévelop-pement économique a établi une liste de sept paradis fiscaux, parmi lesquels se trouvait l'Andorre en raison de son refus de coopérer dans la lutte contre l'évasion fiscale. Depuis lors, la Princi-pauté a fait tout son possible pour être retirée de cette liste. Lors d'une allo-cution prononcée le 26 juin 2007 au Forum de la nouvelle économie de Bar-celone, le chef du gouvernement andor-ran, Albert Pintat, avait annoncé qu'une série de réformes fiscales étaient en préparation, avec pour objectif d'arri-

rELAtIons AvEc L'UEL'Andorre, tout comme les autres micro-États du vieux continent, n'est pas membre de l'Union européenne et, en raison de ses particularités, il est fort improbable qu'elle le devienne jamais. Néan-moins, l'histoire des relations, en particulier économiques, entre la Principauté et l'Union est longue et complexe. Deux principaux événe-ments ont marqué l'histoire récente. Le premier d'entre eux est la signa-ture de l'Union douanière entre les deux entités en 1991, et le second est l'accord de collaboration établi en 2004 et qui prévoit, entre autres mesures, la diffusion européenne du catalan et la préparation d'un accord sur la fiscalité.

24 a action extérieure

Quelle opinion les Andorrans ont-ils de l'Espagne et des Espagnols ?L'Espagne est un pays voisin avec lequel ils partagent une grande proximité culturelle et dont ils dépendent économiquement, en grande partie à cause des millions de visites touristiques et parce qu'elle est sa principale source d'approvisionnement. C'est aussi le pays choisi par les andorrans pour poursuivent leurs études supérieures. L'Espagne est par ailleurs une destination possible pour s'établir professionnellement, en particulier dans le cas des professions qui, par leur spéciali-sation, n'offrent pas de débouchés professionnels en Andorre. Ainsi, les Andorrans ont une très bonne opinion aussi bien des visiteurs que des résidents dans leur pays. Nous devons prendre en compte la proximité culturelle, à commencer par la langue puisque la langue officielle du pays est le catalan et la langue la plus utilisée l'espagnol, connue de tous les habitants de

la Principauté, quelle que soit leur origine. Autre facteur essentiel, la présence de nombreux médias espagnols, depuis la presse quoti-dienne aux revues périodiques, en passant par les émissions de radio et les chaînes de télévision, ce qui rapproche grandement.Quel est le degré d'intégration de nos compatriotes en Andorre ?Il est très grand dans les domaines social, culturel et économique. En revanche, dans le domaine politique règnent une grande ignorance et un désintérêt motivés, selon moi, par l'absence de droits politiques des résidents.Comment considérez-vous les relations hispano-andorranes, en particulier les relations économi-ques ?Elles sont nombreuses, en général, très cordiales. Du point de vue économique, un large pourcentage du commerce international de l'Andorre s'effectue avec l'Espa-gne, ce qui explique que le marché andorran dispose de la presque

totalité des articles disponibles en Espagne.Donnez-nous une raison de choisir l'Andorre, comme destination de vacances ou comme destination professionnelle.Comme destination de vacan-ces, l'Andorre propose un large éventail d'offre touristique, de qualité moyenne à élevée, dans un environnement de montagne aux paysages magnifiques, skiable en hiver et bien équipé en pistes. À ceci viennent s'ajouter une large offre de loisirs et le thermalisme, dans un lieu doté de nombreux commerces. Le tout dans un espace réduit de quelques dizaines de ki-lomètres. Le niveau de sécurité est lui aussi remarquable, les indices de délinquance étant les plus bas au monde. Comme destination professionnelle, l'Andorre compte plusieurs avantages. D'abord, la langue. Ensuite, sa proximité avec l'Espagne et le fait qu'il s'agisse d'une société culturellement simi-laire à la société espagnole.

Pere BlanchPrÉsIdEnt dU consEIL dEs rÉsIdEnts EsPA-gnoLs En AndorrE

UN ESPAGNOL EN ANDORRE

ver à un modèle fiscal « homologable, clair et transparent » qui jette les bases de la négociation d'un accord contre la double imposition fiscale avec l'Es-pagne et la France. Ces mesures sont concrétisées par l'engagement à lever le secret bancaire, ce qui mettra défini-tivement fin au paradis fiscal. L'époque où l'Andorre n'était qu'une destination de vacances d'hiver, dont on profitait pour acheter des parfums et de l'élec-tronique à des prix plus bas qu'en Es-pagne est loin derrière nous. Avec la nouvelle homologation financière et fiscale, la Principauté devient un parte-naire économique fiable dans le cadre communautaire.

Les relations hispano-andorranes sont néanmoins particulièrement ri-ches du point de vue socioculturel. Du point de vue de l'humain, la frontière qui sépare l'Espagne de la Principauté

est floue puisque Andorrans et Cata-lans passent tous les jours la frontière pour leur vie quotidienne, sans y at-tacher plus d'importance que cela. La langue officielle est le catalan et l'espa-gnol est la deuxième langue la plus par-lée. Trois systèmes éducatifs coexis-tent en Andorre : le système propre à la Principauté, le système français et le système espagnol, tous trois dans des proportions presque identiques. Cependant, la majorité des citoyens et résidents andorrans viennent en Espa-gne, en particulier à Barcelone, pour leurs études universitaires.

L'Andorre, malgré ses particulari-tés, n'est rien moins qu'un cousin éloi-gné. Les relations entre les deux pays sont si anciennes, étendues et imbri-quées que les deux États ne peuvent qu'être qualifiés de frères, dans l'ac-ception la plus large du mot.

LA monnAIE AndorrAnETraditionnellement, l'Andorre n'a pas de monnaie officielle. Elle s'est contentée d'utiliser les devises de ses deux voisins, à savoir la peseta et le franc, avec une certaine préfé-rence pour la première puisque les budgets officiels étaient élaborés en pesetas. La seule exception fut la période de la guerre civile espa-gnole, pendant laquelle l'Andorre a frappé sa propre monnaie. Depuis l'entrée en vigueur de l'euro, la Principauté utilise de fait la monnaie unique européenne, même si aucun accord n'a été signé à cet égard en-tre l'Andorre et l'Union européenne.

L'Andorre, le troisième pays ibérique

En 1278, l'année de la conquête de Pékin par Koubilaï khan, un contrat féodal de paréage était signé à Lérida entre Pere d'Urtx, évêque d'Urgell, et Roger Bernard III, comte de Foix, en présence du roi Pierre III d'Aragon, garant de son exécution. Le paréage, après diverses vicissitudes de l'histoi-re, a amené la Constitution de 1993, qui a transformé les deux coprinces en magistratures guère plus que symboliques. Les pouvoirs qu'ils dé-tenaient jusqu'alors sont passés aux institutions démocratiquement élues. La Principauté est ainsi devenue un État pleinement souverain, admise aux Nations Unies et membre du Conseil de l'Europe.

En 1993, suite à la promulgation de la constitution, l'ambassade d'Espagne a été ouverte. Les relations, comme il est normal entre voisins, sont intenses et complexes, avec un haut degré de confiance et d'entente. La géographie pèse lourd : l'Andorre se trouve au sud des Pyrénées, ses eaux s'écoulent dans la Sègre et l'Èbre ; au nord, les Pyrénées forment une muraille peu praticable pendant la moitié de l'année ; Barcelone, à deux heures et demie en voiture, est la grande ville espagnole la plus proche. La langue et la culture sont catalanes. En outre, ces dernières décennies, les relations se tournent de plus en plus vers le sud, même si l'Andorre tente de maintenir le traditionnel équilibre entre ses voisins. Si, avant l'entrée de l'Espagne dans la CEE, l'Andorre était un grand magasin avec la France pour fournisseur et l'Espagne comme client, les choses ont changé. En 1968, 70 % des importations de l'Andorre venaient de France et

presque la totalité des 30 % qui restaient, d'Espagne. En 1992, pour la première fois, les importations en provenance d'Espagne ont dépassé celles venant de France. En 2007, el-les représentaient 58 % du total, face aux 18 % d'importations de France. Quant aux exportations espagnoles vers l'Andorre, en 2007 elles ont atteint 964 millions d'euros, ce qui place l'Andorre devant l'Argentine, le Venezuela, la Tunisie ou l'Inde. Le tourisme, le commerce, la finance et le bâtiment constituent les bases de l'économie andorrane.

La culture espagnole est prédomi-nante dans les circuits de distribution. Depuis trois ans et demi que je vis dans ce pays, j'ai vu défiler beaucoup de nos grands noms : Nacho Duato, Paco de Lucía, Tamara Rojo, Miguel Bosé, Alejandro Sanz, Sara Baras, Lluís Llach ; José Luis Sampedro puis Juan Goytisolo ont présidé l'univer-sité d'été de la Principauté ; et en ce moment, il y une grande exposition de Sorolla, les exemples ne se comp-tent plus. La plupart des étudiants andorrans étudient en Espagne, surtout à Barcelone. Cette année, en geste d'amitié, l'Espagne a fait don à l'Andorre du bâtiment et des installa-tions de la mythique Radio Andorre, qui a tant fait pour mettre le nom de ce pays sur la carte du monde, il y a quelques décennies.

L'Andorre vit une période de profonde mutation. Le modèle économique des dernières décen-nies est considéré comme épuisé et la recherche d'un autre modèle est lancée. Le point de départ est le retrait de la liste des paradis fiscaux

de l'OCDE. À cet effet, l'Andorre vient de signer des accords d'échange d'in-formations fiscales avec la France et d'autres pays, et un accord similaire avec l'Espagne suivra bientôt. À ces accords en succéderont d'autres afin d'éviter la double imposition, une fois homologué le système fiscal de l'An-dorre, ce qui permettra d'exporter des services libres de la taxe que la France et l'Espagne imposent aujourd'hui, et d'essayer de capter les capitaux étrangers. D'autre part, le nouveau gouvernement est partisan d'un ac-cord d'association avec l'UE, qui irait au-delà de la coopération actuelle.

Après de longues années à plus de vingt heures de voyage de ma ville natale, La Seu d'Urgell, je vis aujourd'hui à vingt minutes (je me demande combien d'ambassadeurs peuvent en dire autant, peut-être celui de Rome au Vatican, mais seulement s'il habite à l'angle de la place Saint Pierre). C'est-à-dire que je connais l'Andorre depuis mon enfance et, du côté de mon père, je suis d'ascendance andorrane. Cette connaissance m'amène à la consta-tation suivante. L'Andorre, par sa géographie et son histoire, garde un œil au nord et l'autre au sud. Elle est donc un baromètre de la perception et de l'appréciation de l'Espagne au-delà de nos frontières. Il y a un demi-siècle, l'image de l'Espagne était très négative : un pays pauvre, dictatorial et exclu de l'Europe. En revanche, la France était le paradigme de toutes les vertus. Aujourd'hui les choses ont changé et les Andorrans portent dorénavant la même considération et le même respect à l'Espagne et à la France.

L'Andorre, par sa géographie et son histoire, garde un œil au nord et l'autre au sud

Les Andorrans portent doré-navant la même considération et le même respect à l'Espagne et à la France

25a action extérieure

Eugenio BregolatAmbAssAdEur d'EspAgnE En AndorrE

26 A l'analyse

Fondation CIDOB. Le directeur de cette institution, dont le siège se trouve à Barcelone, commente quelques-uns des grands thèmes d'actualité de la politique extérieure espagnole, comme le prochain tour de présidence du Conseil de l'Union européenne ou les relations entre notre pays et les États-Unis.

— Tout d'abord, pourriez-vous expli-quer à nos lecteurs en quoi consiste la Fondation CIDOB et quelles sont ses principales activités ?— Le CIDOB est un groupe d'experts indépendant qui se consacre à l'étu-de et à la recherche sur des thèmes internationaux ; c'est aussi l'un des principaux centres de documentation internationale dans le monde hispano-phone. Ses principaux secteurs d'inté-rêt sont la politique internationale, les crises et les conflits, la sécurité mon-diale, les dynamiques interculturelles, les migrations, le développement et la politique extérieure espagnole.

La mission du CIDOB est de contri-buer, à partir de son environnement local, à la compréhension et à la réso-lution de quelques-uns des principaux défis mondiaux, à travers le débat et la recherche à caractère politique. Pour ce faire, le centre organise des ren-contres entre les experts en questions internationales, soutient la recherche dans des domaines stratégiques et gé-nère des idées concrètes et des propo-sitions d'action afin de se rendre utile auprès des acteurs qui ont un impact international, en particulier ceux de Catalogne, d'Espagne et de l'Union européenne, tout en conservant tou-jours un avis indépendant.— Comment définiriez-vous la re-lation de la Fondation CIDOB avec d'autres institutions similaires tel-les que l'institut Elcano, la Fonda-tion Carolina, la FRIDE, etc. ?— Le CIDOB fête en 2009 ses 30 ans d'existence et se veut fidèle à son es-prit de collaboration avec toutes les institutions qui se consacrent à la ré-flexion et au débat sur les questions internationales. Ceci comprend aussi bien les institutions privées similai-res au CIDOB et créées à l'initiative de la société civile comme l'INCIPE, la FRIDE ou l'IGADI, que les institu-tions créées par le gouvernement ces dix dernières années. Cette relation se fonde sur l'entente et la coopération permanente : nous cherchons à mettre en avant la complémentarité de nos

Jordi Vaquerdirecteur de la fondation cidob

« L'Espagne possède une vision intégrale et dispose d'éléments précieux à mettre au service d'une UE à la recherche d'un nouveau souffle politique. »

LE profiL. Diplômé en sciences politiques et de l'administration, Jordi Vaquer i Fanés est le directeur de la Fondation CIDOB depuis décembre 2008. Il occupe également le poste de coor-dinateur de l'EU4Seas, pro-gramme de recherche financé par la Commission européen-ne, qui étudie les effets des politiques de coopération de l'Union européenne dans les zones des mers Médi-terranée, Noire, Caspienne et Baltique. Auparavant, il était à la tête du Bureau des relations internationales du gouvernement de Catalogne. Docteur ès relations interna-tionales de la London School of Economics, il est l'auteur de plusieurs publications sur la politique extérieure de l'Es-pagne, les relations entre l'UE et les pays du Maghreb et le conflit au Sahara occidental.

27A l'analyse

activités ou bien à aborder les mêmes sujets, convaincus que la pluralité des opinions est un important atout de ce réseau dense d'organismes d'action et de réflexion. — La dernière édition de l'Annuaire international du CIDOB analyse tant l'actualité politique internatio-nale que la politique extérieure es-pagnole. Selon vous, quelle position occupe à l'heure actuelle notre pays sur la scène internationale ? — L'Espagne est sortie, dans les années 80, d'un long isolement et a réussi, en l'espace de vingt ans, à se tailler un rôle important dans l'espace européen, mé-diterranéen et latino-américain, auquel il convient d'ajouter les plans Asie et Afrique qui consolident une vision et une présence mondiales. Néanmoins, dans le contexte actuel d'émergence de nouveaux centres de pouvoir et de cri-se de l'autorité en Europe, il serait bon d'analyser les possibilités d'un pays qui, après être brièvement parvenu au huitième rang économique mondial, va voir son poids relatif décliner à mesure que les puissances émergentes vont occuper sur la scène internationale une place correspondant davantage à potentiel. Par conséquent, l'Espagne se trouve devant deux options : ou bien consolider son propre rôle interna-tional en tant que puissance intermé-diaire, pari qui, selon moi, est risqué ; ou bien miser sur la démonstration de sa vocation multilatérale en renforçant avant tout l'Union européenne. — Qu'attendez-vous, en tant que res-ponsable du CIDOB, de la prochaine présidence espagnole du Conseil de l'Union européenne ? — La présidence permettra précisé-ment de mettre en évidence la position du gouvernement pour les prochaines années et la direction dans laquelle il entend canaliser les nouveaux actifs de sa politique extérieure (une économie ouverte et de taille respectable, les in-vestissements internationaux, le réseau diplomatique, les fonds de coopération au développement, etc.). En tant que dirigeant du CIDOB, institution qui a

toujours défendu le multilatéralisme, j'aimerais penser que la présidence servira à démontrer que l'Espagne n'essaiera pas d'utiliser ces éléments pour créer un espace autonome à che-val entre l'Europe, l'Amérique latine et la Méditerranée, mais qu'elle les met-tra au contraire au service d'une idée européenne beaucoup plus puissante. — Quelles différences voyez-vous entre l'Espagne actuelle et celle qui a présidé le Conseil l'UE pour la pre-mière fois en 1989 ?— L'Espagne d'aujourd'hui, outre sa ca-pacité démontrée à gérer l'agenda euro-péen, s'est libérée de ses complexes et a remédié à certaines de ses lacunes. Si, en 1989, le besoin de convergence et de politiques allant en sa faveur se faisait terriblement sentir, l'Espagne contem-poraine, celle de l'euro, doit apprendre à penser en tant que contributeur net au budget communautaire et cesser de voir dans l'Union une source de finan-cement. L'Espagne possède à présent une vision intégrale et dispose d'élé-ments précieux à mettre au service d'une UE à la recherche d'un nouveau souffle politique. Notre pays est capable de dépasser les thèmes traditionnels de son agenda, qui se sont consolidés lors de notre premier tour de présidence, et d'assumer un plus grand rôle en vue de contribuer au développement des autres politiques stratégiques de l'UE. — L'Annuaire 2009 consacre un chapitre important aux États-Unis. Quels sont les principaux défis aux-quels l'administration du président Obama doit faire face ? — Le principal défi que doit relever l'administration Obama est de trouver une issue à la crise qui aille plus loin que la simple réactivation économique et qui se penche sur un changement du modèle de production et du pacte so-cial. C'est la raison pour laquelle des questions comme celle de la réforme du système sanitaire ou la transforma-tion radicale du modèle de consom-mation énergétique et de l'usage des ressources naturelles jouent un rôle central dans son agenda. Néanmoins

les États-Unis ne peuvent pas se consa-crer exclusivement à leurs affaires in-ternes et ignorer leurs responsabilités internationales. Le Sommet de Copen-hague sur le changement climatique ou les efforts de réforme des institutions internationales, en commençant par les réformes économiques, seront autant de preuves de la capacité des États-Unis à transformer leur nouvel élan multilatéraliste en des avancées dura-bles. Cela ne leur sera pas facile alors qu'ils se heurtent au défi de récupérer la confiance du monde arabe et musul-man, où les plaies restant ouvertes en Irak, en Palestine et en Afghanistan font obstacle à l'éradication du climat d'hostilité, ainsi qu'au défi de canaliser la nouvelle affirmation des puissances non occidentales dans la sphère inter-nationale comme la Corée du Nord, la Russie, l'Iran, l'Afrique du Sud, l'Inde ou encore le Brésil. — Quelle est votre opinion sur les re-lations entre les États-Unis et l'Es-pagne ?— Il existe un potentiel énorme de-puis le changement de l'administration Obama. Las quatre grands États euro-péens ont des relations beaucoup plus poussées que l'Espagne avec les États-Unis, mais aucun n'a réussi à mettre en place une relation bilatérale véritable-ment insérée dans une vocation euro-péiste, en évitant de chercher une re-lation différenciée et en misant sur un dialogue transatlantique qui tournerait autour d'un axe Union européenne-États-Unis, et non pas dans le cadre de l'OTAN ou des relations bilatérales en-tre chaque État européen et Washing-ton. La présidence du Conseil de l'UE pourrait être une occasion en or pour prouver cette nouvelle volonté de dia-logue avec les États-Unis, non pas en tant que partenaire mineur partageant certains centres d'intérêt (énergies re-nouvelables, régulation bancaire, in-vestissement en Amérique latine, lutte contre le terrorisme) mais en tant que défenseur d'un dialogue plus équilibré et bien plus intense entre les États-Unis et l'Union européenne.

28 A action extérieure en bref

Intense activité diplomatique. Avant d'intervenir devant l'Assemblée générale des Nations Unies, le président du gouvernement espagnol a assisté à un nouveau sommet du G-20, le troisième auquel l'Espagne participe.

L'Espagne renforce sa présence aux prochains G-20José Luis Rodríguez Zapatero a clos une semaine d'intense activité diplomatique aux États-Unis, où il a assisté à l'ouver-ture de la session de l'Assemblée géné-rale des Nations Unies, à une réunion de haut niveau sur le changement climati-que, et au sommet du G-20 qui s'est tenu Pittsburgh.

L'objectif fondamental du rendez-vous de Pittsburgh était d'obtenir que les grandes économies des pays développés et émergents s'engagent à se coordon-ner afin de faire face aux problèmes et de trouver des solutions. Selon M. Ro-dríguez Zapatero, ce rendez-vous marque la naissance d'un nouveau G-20, un grand forum qui vise à établir « la gouvernance dans le domaine de l'économie mon-

diale », tâche qui prendra du temps mais qui, a-t-il déclaré, est « nécessaire, indis-pensable et très positive ». Le président a souligné l'importance stratégique de la participation à ce grand forum formé des économies représentant 85 % du PIB mondial, et, a-t-il assuré, « nous avons li-vré bataille ». « Nous avons participé aux trois grands sommets de Washington, Londres et aujourd'hui Pittsburgh, et nous continuerons » a-t-il ajouté.

D'autre part, dans son discours de-vant l'Assemblée générale des Nations Unies, le chef du gouvernement espa-gnol a plaidé pour la nécessité de faire progresser l'établissement d'une « gou-vernance mondiale » afin de relever en-semble les défis mondiaux, et de réussir.

José Luis Rodríguez Zapatero lors de son intervention à l'Assemblée générale des Nations Unies à New York. PHOTO EFE

Outre la crise économique et financière, il a cité la paix et la sécurité dans le mon-de, la lutte contre la faim et contre le changement climatique, et la répression du terrorisme comme les défis qui récla-ment un engagement collectif. Il a aussi évoqué le multilatéralisme et a rappelé le travail accompli par l'Alliance des ci-vilisations. Le président a profité de son intervention pour solliciter la présence structurelle de l'Alliance dans les princi-paux organes des Nations Unies.

Le président Zapatero avait com-mencé sa tournée nord-américaine par la réunion de haut niveau sur le chan-gement climatique qui s'est tenue à New York à l'initiative de Ban Ki-moon, et dont le but était de rapprocher les posi-tions en vue du Sommet de Copenhague qui aura lieu au mois de décembre pro-chain. Lors de la réunion, le président a proposé de consacrer 0,7 % du PIB au développement technologique et aux projets de recherche qui permettent de lutter contre le changement climatique et il a défendu la nécessité d'intégrer la protection de l'environnement à tous les modèles économiques.

29A action extérieure en bref

Ve réunion des directeurs des Instituts Cervantès en Cantabrie En présence des ministres des Affaires étrangères et de la Culture, cette réunion qui rassemble tous les directeurs des Instituts Cervantès s'est tenue à la fin du mois de juillet. La réunion a permis de faire le bilan des résultats obtenus par l'institution référente de la culture espagnole à l'étranger et de fixer les nouvelles zones prioritaires d'expansion, en direction de l'Afrique subsaharienne (Sénégal et Côte d'Ivoire) et des États-Unis (San Francisco ou Los Angeles).

Soutien de l'Espagne à la présidence kazakhe de l'OSCE Avec le double objectif d'offrir le soutien de notre pays à la prochaine prési-dence kazakhe de l'OSCE en 2010 et de coordonner cette responsabilité avec la présidence espagnole du Conseil de l'UE pendant la même période, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération s'est rendu au Kazakhstan dans le cadre d'une tournée en Asie centrale. Au cours de sa visite, plusieurs accords ont été signés, notamment un accord d'association stratégique, ainsi qu'un programme culturel pour les prochaines années et un accord de lutte contre la double imposition et l'évasion fiscale.

IIIe réunion ministérielle du forum de discussion sur Gibraltar Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Morati-nos, a assisté à la IIIe réunion ministérielle du forum de discussion sur Gibraltar, à laquelle ont participé son homologue britannique, David Miliband, et le minis-tre principal de Gibraltar, Peter Caruana. Ce forum a pour objectif de renforcer la coopération dans les domaines tels que ceux de la fiscalité, la coopération policière, judiciaire et douanière, les communications et la sécurité maritime.

La Présidence du Conseil de l'UE, débat à l'université internationale Menéndez Pelayo La ville de Santander a accueilli le séminaire « L'Europe face à la crise : perspectives de la présidence espagnole du Conseil de l'Union européenne », où sont intervenus le ministre des Affaires étrangères et de la coopération et le secrétaire d'État pour l'Union européenne, Diego López Garrido. Au cours du même séminaire, le ministre a annoncé les priorités de notre mandat et a affirmé que « l'Espagne prend la direction politique de l'UE à un moment clé non seulement pour l'Espagne et l'Europe, mais aussi pour la communauté internationale dans son ensemble ».

Le ministre en visite au Canada Miguel Ángel Moratinos a effectué une visite officielle au Canada au cours de laquelle il a rencontré la ministre de la Coopération internationale, le ministre des Affaires étrangères et d'autres représentants des autorités canadiennes. Il a de plus prononcé une allocution à l'université d'Ottawa sur le thème de « L'Es-pagne dans l'Union européenne et les relations avec le Canada ».

Conférence « Progrès mondial » à Madrid Plus de cent hommes politiques, législateurs, universitaires, experts et stratè-ges politiques de divers pays ont participé les 1er et 2 octobre à une conférence dont l'objectif principal était de forger une alliance stratégique sur la base d'un programme de progrès commun suffisamment solide pour répondre aux défis communs auxquels la planète doit faire face. La conférence était organisée par la Fondation espagnole Ideas et le Center for American Progress américain.

Guinée-Bissao

Initiative hispano-portugaise

Lossada a assisté à l'investiture du nouveau président

La péninsule Ibérique mise sur la science

Le 8 septembre dernier, le secrétaire d'État aux Affaires étrangères, Ángel Lossada, a assisté dans la capitale de la Guinée-Bissao à la cérémonie d'inves-titure du nouveau président, Malam Bacai Sanha, élu au second tour des élections qui ont eu lieu en juillet. M. Lossada s'est entretenu avec le nou-veau président et a réitéré le soutien de l'Espagne au processus de renforce-ment des institutions démocratiques de la Guinée-Bissao, pays considéré comme prioritaire en Afrique occi-dentale et membre de la CEDEAO.

L'Espagne et le Portugal se sont asso-ciés pour la recherche dans le domaine des nanotechnologies. Le laboratoire ibérique international de nanotech-nologies (INL) est le fruit de la coopé-ration hispano-portugaise. Il réunira 400 collaborateurs, dont 200 scienti-fiques qui auront pour mission prin-cipale de conduire des projets dans les quatre domaines de recherche sui-vants : nanomédecine, environnement et contrôle des produits alimentaires, nanoélectronique, nanomatériel et na-nomachines. L'investissement prévu pour le lancement de l'INL s'élève à 106 millions d'euros.

Le secrétaire d'État aux Affaires étrangères lors de son entretien avec le nouveau président de Guinée-Bissao. PHOTO MAEC

30 A action extérieure en bref

« Sefarad Photo » montre en images l'histoire des juifs Jusqu'au 15 novembre, la Casa Sefarad propose une exposition qui rassemble plus de 70 photographies de la communauté juive en Espagne de la fin du XIXe siècle jusqu'à nos jours. Les sujets de ces photogra-phies, appartenant pour la plupart à l'agence EFE, vont des quartiers juifs du Maroc espagnol aux visites d'État, en passant par les manifestations de la culture musicale juive à Madrid ou le récent passage du cinéaste Woody Allen dans les rues d'Oviedo.

Le ministre des Affaires étrangères en déplacement à Chypre Le président de Chypre, Dimitris Christofias, et le ministre des Affaires étrangères, Marcos Kyprianou, ont reçu Miguel Ángel Moratinos à Nicosie. Au cours des réunions, ils ont passé en revue l'état des relations bilatérales et l'agenda européen et international, ainsi que l'avancement des négociations sur la réunification de l'île lancées au mois de septembre dernier sous les auspices de l'ONU.

L'Espagne sera l'un des pays chargés d'élaborer la stratégie européenne de cybersécurité. L'Espagne intégrera le groupe des pays membres permanents de l'Agence européenne chargée de la sécurité des réseaux et de l'infor-mation, afin d'élaborer la stratégie européenne de sécurité d'Internet. C'est ce qu'a déclaré le secrétaire d'État aux Télécommunications et pour la société de l'information lors de l'inauguration de l'exposition « Movimiento Avanza ».

Remise des titres de la nouvelle promotion de l'École diplomatique Le 15 septembre dernier, le roi et la reine ont remis leurs titres à la LXIIIe promotion de l'École diplomatique, en présence du ministre des Affaires étrangères et de la coopération et de la sous-secrétaire du ministère.

Pendant la visite, des questions d'intérêt commun ont été abordées et les possibilités d'investissement des entreprises espagnoles dans les secteurs de la construction, de l'énergie, du tourisme et des services ont été étudiées.

L'Espagne resserre ses liens avec la Guinée équatoriale Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération s'est rendu en Guinée équato-riale pour une visite de trois jours, en vue de resserrer les relations bilatérales avec le pays africain et de traiter des questions d'intérêt commun. Il était accompagné d'une délégation de députés et de chefs d'entreprise. À Malabo, M. Moratinos s'est rendu sur le terrain où s'élèvera le nouveau siège de l'ambassade d'Espagne. À Bata, capitale économique du pays, M. Moratinos a eu un entretien avec le prési-dent, M. Obiang, ainsi qu'avec le premier ministre, M. Ignacio Milam, avec lesquels il a passé en revue les relations bilatérales entre les deux pays et avec l'UE. La Gui-née équatoriale est l'un des pays prioritai-res de la région d'Afrique centrale du Plan Afrique 2009-2012. Conformément à la volonté espagnole de participer à son dé-

veloppement, l'accord de la XIe Commis-sion mixte de coopération internationale, établissant les projets qui bénéficieront du soutien de l'Espagne jusqu'en 2012, a été signé. Cet accord est axé sur les processus de transformation et de modernisation du pays à travers une assistance techni-que spécialisée, et soutient le gouverne-ment équato-guinéen dans les processus d'élaboration et de consolidation des po-litiques publiques, en particulier dans les domaines de la santé et de l'éducation, ainsi que dans le développement d'une administration publique professionnelle. Il existe aussi des opportunités d'inves-tissement pour l'Espagne, en particulier dans les secteurs de la construction des infrastructures et du logement, de l'éner-gie et de l'électrification ainsi que dans le tourisme et les services.

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Sommet Espagne-Italie en Sardaigne Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération a participé, aux côtés du président du gouvernement, au sommet Espagne-Italie qui s'est tenu sur l'île de la Maddalena (Sardaigne). Cette réunion fait partie des sommets bilatéraux de haut niveau que les deux pays tiennent tous les deux ans.

Nouveau secrétaire général du Conseil de l'Europe L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a élu Thorbjørn Jagland nouveau secrétaire général du Conseil. Le gouvernement espa-gnol est satisfait de cette décision et a annoncé qu'il lui apportera son en-tière collaboration dans sa tâche à la tête de la plus ancienne organisation intergouvernementale d'Europe.

Endesa illumine l'ambassade d'Espagne à Lisbonneà l'aide de la technologie des diodes électroluminescentes Le palais de Palhavã, siège de l'am-bassade d'Espagne à Lisbonne, a été entièrement transformé par le projet de la Fondation Endesa. Il s'agit d'une nou-velle technologie d'illumination à base de diodes électroluminescentes (LED) qui, outre une meilleure adéquation du point de vue artistique, respecte mieux l'environnement. La conception des lu-mières a été confiée à un professionnel de grande expérience dans le domaine cinématographique, Porfirio Enríquez.

Pedro Solbes, nouveau prési-dent du forum Espagne-Chine Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération a donné une réception en l'honneur de Pedro Solbes, récemment nommé au poste de président du forum Espagne-Chine, instrument de promotion des relations entre le Royaume d'Espagne et la Répu-blique populaire de Chine. Juan Lladó, président de la fondation Consejo Espa-ña-China, assistait à cette réception.

Le président du gouvernement se rendra dans la région en octobre. L'échange de visites entre le ministre et les autorités des pays du Proche-Orient a permis de préparer le voyage de José Luis Rodríguez Zapatero

Tournée de M. Moratinosau Proche-OrientAu mois de septembre, le ministre des Affaires étrangères et de la coopéra-tion, Miguel Ángel Moratinos, a effec-tué une nouvelle tournée de travail au Proche-Orient, dans le but d'évoquer la situation régionale avec différents dirigeants de la région. En Israël, il s'est entretenu avec le ministre de la Défense, Ehud Barak et avec le Pre-mier ministre, Benjamin Netanyahu. Il a ensuite été reçu par le président, Shimon Peres. À Ramallah (Cisjorda-nie), il s'est entretenu avec le négocia-teur palestinien, Saeb Erekat et avec le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, avec qui il a passé en revue la situation du processus de paix au Proche-Orient. Miguel Ángel Mo-ratinos et Mahmoud Abbas s'étaient entretenus quelques jours auparavant à Madrid à l'occasion de la visite du président palestinien en Espagne.

D'autre part, le ministre des Af-faires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Moratinos, a tenu une

réunion et un dîner de travail avec son homologue syrien, Walid al-Mouallem, au palais de Viana, dans le cadre de la visite de travail du ministre syrien en Espagne, à la fin du mois de juillet.

31A action extérieure en bref

La ville de Berlin reçoit le prix Prince des Asturies de la ConcordeLa réunification de l'Allemagne, la fin de la guerre froide et l'écroulement des régimes totalitaires communistes d'Europe de l'Est se sont concrétisés le 9 novembre 1989 par la chute du mur de Berlin qui, pendant 28 ans, avait di-visé la ville et était devenu le symbole du rideau de fer. Deux décennies plus tard, la ville de Berlin a été récompen-sée en tant que symbole de la réconci-liation par le prix Prince des Asturies

de la Concorde. Selon le jury, Berlin est devenu un « havre de fraternité au cœur de l'Allemagne et de l'Europe, qui contribue à la compréhension, la coexistence, la justice, la paix et la li-berté dans le monde ».

Le prix de la Concorde a par le passé récompensé le mémorial de Yad Vashem, Adolfo Suárez, Caritas, In-grid Betancourt, Hussein de Jordanie ou Stephen Hawking.

Miguel Ángel Moratinos aux côtés de Mahmoud Abbas, président de l'Autorité nationale palesti-nienne lors de sa tournée au Proche-Orient. PHOTO

A. ZORITA

32 A action extérieure en bref

L'Espagne prend le comman-dement de la protection de l'aéroport de Kaboul L'Espagne a pris la suite du comman-dement polonais de l'aéroport civil et militaire de Kaboul pour une durée de six mois. Dès son arrivée à Kaboul, la ministre de la Défense, Carme Chacón, a présidé la cérémonie de relève du commandement et a assuré que « le contingent fera son possible pour que cette installation ne soit plus jamais une porte ouverte à la terreur ».

L'UE et l'intégration latino-américaine La Commission européenne a présenté le 30 septembre son programme pour l'Amérique latine qui servira de base à ses relations dans les prochaines années. Dans ce document, la commission mise sur la contribution renforcée à l'intégration du sous-continent par un mécanis-me d'investissement en soutien du déploiement des infrastructures.

L'Égypte étudie l'Espagne Fin septembre, une délégation de l'IDSC, organe de réflexion du gou-vernement égyptien, a rendu visite à plusieurs institutions, dont la Fonda-tion internationale pour l'Amérique latine d'administration et de politi-ques publiques (FIIAPP) et l'Agence espagnole de coopération interna-tionale au développement (AECID), pour approfondir ses connaissances sur la transformation économique, politique et démocratique de notre pays et étudier la possibilité de colla-borer au travers des programmes de coopération espagnols.

Séminaire « L'Inde aujourd'hui » à l'École diplomatique L'École diplomatique a accueilli un séminaire organisé par la Casa de la India, en collaboration avec la Fon-dation Consejo España-India, visant à approfondir la connaissance de ce pays asiatique.

Accompagné d'une importante délégation de chefs d'entreprise, Miguel Ángel Moratinos s'est rendu à la fin du mois de juillet à Caracas et Brasi-lia, où il a encouragé la signature d'accords avec des entreprises espagno-les ayant des intérêts dans les deux pays.

Développement des relations politiques et commerciales avec le Venezuela et le Brésil

Dans le but de resserrer les relations bi-latérales avec ces deux pays, aussi bien dans le domaine politique que commer-cial, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Morati-nos, a effectué une visite au Venezuela et au Brésil au mois de juillet. À Cara-cas, le ministre a été reçu par le prési-dent Hugo Chávez et par les principaux membres du gouvernement vénézué-lien. Ce voyage a permis de passer en re-vue les relations intenses existant entre l'Espagne et le Venezuela et de donner un élan aux relations économiques. Le ministre était accompagné d'une impor-tante représentation de chefs d'entre-prise espagnols dont les activités s'éten-dent déjà à ce pays ou qui sont intéressés par les possibilités de participation aux prochains appels d'offres prévus par le gouvernement vénézuélien. La tenue d'un forum des entreprises auquel ont assisté plusieurs ministres de l'exécutif vénézuélien a illustré l'importance des relations commerciales entre nos pays.

Le ministre a ensuite fait escale au Brésil, pays avec lequel l'Espagne par-tage une large communauté de vue po-litique et où Miguel Ángel Moratinos s'est entretenu avec son homologue, Celso Amorim, lors d'une réunion de travail. De plus, cette visite a permis d'encourager les interventions des nombreuses entreprises espagnoles actives dans l'économie émergente brésilienne.

Miguel Ángel Moratinos lors de sa rencontre avec le président du Venezuela, Hugo Chávez. PHOTO

JAVIER HERNÁNDEZ

Inauguration de la médiathèque de la Casa ÁrabeLa Casa Árabe de Madrid vient d'inau-gurer sa médiathèque, espace interactif ouvert au public, dédié aux représen-tations audiovisuelles arabes contem-poraines. Pour marquer cette ouver-ture, l'institution a accueilli le séminaire « Arts et éducation à travers les nouvel-les technologies : la valeur des média-thèques », proposant une réflexion sur

l'utilité de ces lieux comme nouveaux espaces de création et de débat. Des experts du monde arabe ont participé à ce séminaire. Cette initiative de la Casa Árabe découle de la constatation que l'image et Internet brisent les frontières, établissent de nouvelles formes d'inter-culturalité et diversifient les possibilités de création.

33A action extérieure en bref

Rencontre des dirigeantes latino-américaines La Ve rencontre des dirigeantes latino-américaines, organisée par la fondation Carolina et le ministère de l'Égalité, s'est tenue du 4 au 8 octobre. 21 femmes y ont participé, une pour chaque pays d'Amérique latine et trois invitées des édi-tions précédentes dont l'effort en faveur des droits des femmes est particulière-ment remarquable. Les invitées ont partagé des idées qui contribueront à pro-mouvoir l'égalité entre hommes et femmes dans la région et ont abordé divers thèmes qui, cette année, mettent l'accent sur la crise économique mondiale.

Surveillance maritime : l'Espagne met deux avions à disposition de la Mauritanie L'Espagne mettra prochainement deux avions de sur-veillance maritime à la disposition de la Mauritanie, selon le secrétaire général aux Affaires consulaires et migratoires, Javier Elorza.

Le gouvernement garantit la continuité de la mission consulaire au Honduras Le gouvernement espagnol a souligné que les représentations diplomatiques dotées de services consulaires espagnols continueront à remplir leurs fonc-tions. Le ministère des Affaires étrangères et de la coopération a rappelé que le gouvernement de facto du Honduras a l'obligation de respecter et protéger les droits, privilèges et immunités des fonctionnaires des représentations diplomatiques et consulaires espagnoles.

Visite de Miguel Ángel Moratinos à Cuba en octobre Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération se rendra à Cuba dans l'objectif de renforcer le dialogue politique avec les autorités et de les informer des priorités de l'Espagne lors de sa prochaine présidence du Conseil de l'UE. Il s'agira de la deuxième visite de M. Moratinos dans l'île, après celle d'avril 2007 qui lui avait permis de jeter les bases de nouvelles relations entre les deux pays incluant le dialogue sur les droits de l'Homme et la reprise de la coopération au développement.

Le Marocain Saïd Ida Hassan réélu président de l'Association des correspondants de la presse étrangère en Espagne Correspondant de l'agence de presse africaine (APA) à Madrid et ancien correspondant en chef de l'agence officielle marocaine MAP, le journaliste Saïd Ida Hassan a été réélu président de l'Association des correspondants de la presse étrangère en Espagne (ACPE) pour un quatrième mandat consécutif. Avec le « Club Internacional de Prensa », cette association est le principal organe associatif des journalistes étrangers exerçant en Espagne.

Canonisation de bienheureux espagnols Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Moratinos, a assisté le 11 octobre dernier à la cérémonie de canonisation des bienheureux espagnols Francisco Coll y Guitart (1812-1875) et Rafael Arnáiz Barón (1911-1938). La cérémonie qui s'est déroulée à Rome a été célébrée par le Pape Benoît XVI. Francisco Coll y Guitart était un frère de l'Ordre des Prêcheurs (ou Ordre dominicain), missionnaire et fondateur de la Congréga-tion des Sœurs dominicaines de la bienheureuse Vierge Marie. Pour sa part, le frère Rafael Arnáiz Barón était un religieux cistercien, né à Burgos et mort très jeune au monastère trappiste de San Isidro de Dueñas, à Palencia.

Suite aux catastrophes naturelles

Aide humanitaire aux Philippines et à l'Indonésie

Remise de la dette bolivienne

Le Ministère des Affaires étrangères et de la coopération, à travers l'Agence es-pagnole de coopération internationale pour le développement, a envoyé une aide humanitaire aux Philippines et en Indonésie à la suite du passage tragi-que de la tempête tropicale Ketsana et du séisme qui a ravagé l'île de Sumatra. L'opération humanitaire a été menée en collaboration permanente avec le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies, et a montré une fois de plus l'engagement solidaire de la coopération espagnole.

M. Rodríguez Zapatero a annoncé, dans le cadre de la visite officielle en Espagne du président bolivien Evo Morales, la signature d'un « important accord » qui met fin à la dette bilatérale de la Bolivie envers l'Espagne. Cet accord remet une dette de 77 millions de dollars et de 5,5 millions d'euros. 60 % de la dette sera re-mise et 40 % sera versé au bénéfice d'un fonds de financement de projets destinés principalement à l'éducation. L'Espagne contribue ainsi à aider le peuple boli-vien à surmonter ses difficultés sociales, structurelles, éducatives et sanitaires. L'Espagne est le principal pays donateur en Bolivie.

M. Evo Morales aux côtés du roi Juan Carlos lors de son audience au palais de La Zarzuela.

Suite aux catastrophes naturelles

34 c coopération

Le 7 septembre dernier, une intense Semaine de la Coopération a ouvert ses portes avec, comme point fort, le 8 septem-bre : la Journée du Coopérant. Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération a clos cette semaine avec la re-mise du Ier Prix Vicente Ferrer, destiné à sensibiliser la population aux objectifs de la coopération pour le développement.

Conférences de presse, concerts, tables rondes, projection de films en rapport avec les objectifs du Millénaire pour le développement, réception des coopé-rants, expositions, activités dans les rues pour les plus jeunes...

La coopération espagnole a fêté, tant en Espagne qu'à travers les bureaux techniques de coopération à l'étranger et ce, pour quatrième année consécu-tive, la Journée du Coopérant. Avec l'in-tention de se dépasser et d'encourager la société à s'investir dans la coopération pour le développement, toute une se-maine d'événements destinés à tous les publics a permis de diffuser les valeurs et le travail réalisé dans plus de 50 pays en matière de lutte contre la pauvreté et contre l'exclusion, la défense de la paix, le développement durable et l'améliora-tion de l'accès aux droits de l'Homme. La Semaine démarrait par la présentation de la campagne de la Casa Encendida et le lancement d'un message pour la lutte contre la faim par la secrétaire d'État à la Coopération, Soraya Rodríguez.

Elena Madrazo, directrice de l'AE-

CID, et Salil Shetty, directeur de la cam-pagne du Millénaire des Nations Unies, sont intervenus dans les débats « Diálo-gos AECID » soutenant par leur pré-sence les efforts espagnols dans la lutte pour les OMD et pour la sensibilisation de la société.

Le mardi soir, le concert donné à l'occasion de la Journée du Coopérant s'est converti en une véritable fête de la coopération. Des milliers de personnes ont assisté au concert d'Aterciopelados, Casser le Mur et Roxana Río, tandis que des consignes contre la pauvreté et pour le « 0,7 % » inondaient la place. D'autres concerts ont également eu lieu à Guada-lajara, Getafe et Cordoue, grâce à la col-

laboration des mairies, pour que l'esprit de la coopération se propage dans toute l'Espagne. Les plus petits ont aussi eu leur espace sur la Plaza Mayor avec un parachute géant déployé par les ONGD et un kamishibaï oriental pour écouter des histoires sur la coopération.

Les bureaux techniques de l'AECID ont quant à eux fait parvenir le message de la coopération hors de nos frontières, avec des films, des tables rondes, des fêtes populaires et la réception des coopérants appartenant aux différentes missions. In-ternet a facilité la diffusion du message : sur le site www.semanadelacooperacion.org, diverses initiatives ont été mises en place grâce auxquelles des personnes du

Notre coopération, la vôtre, aujourd'hui plus que jamais

35c coopération

Les différentes activités au programme de la Semaine de la coopération. Des expositions et des concerts étaient organisés dans plusieurs villes espagnoles ainsi que des ateliers pour les enfants, comme celui de la Plaza Mayor à Madrid. photos

miguel lizaNa / aecid

Trousse de secours culturel en ArgentineLes centres culturels de l'AECID de Cordoue et Rosario (Argentine) ont fa-briqué et distribué une trousse de secours culturel destinée à 4 000 familles afin de garantir l'accès à l'art, à la culture et aux loisirs durant toute la durée de la campagne de prévention contre la grippe A, qui a privé le public d'ac-tivités publiques et privées. La trousse de secours contient un film, un livre, une bande dessinée, un CD de musique, un DVD de courts métrages de ci-néastes cordouans, un jeu de société et un jeu vidéo conçu par des créateurs espagnols. L'ONG Médecins du monde a en outre collaboré au montage de la trousse et élaboré une fiche de recommandations sanitaires.

Inauguration du centre de formation José Artigas en Uruguay Le centre de formation pour le personnel subalterne « General José Artigas » de l'École nationale de police de l'Uruguay a récemment été inauguré à Montevideo, grâce à l'apport de fonds espagnols, destinés principalement à l'équipement du centre. Cette activité s'inscrit dans un programme de travail que mène la coopération espagnole en Uruguay en matière de participation citoyenne, de gouvernance démocratique et de développement institutionnel.

Un engagement ferme envers la restauration du centre historique de La Havane Dans le cadre des accords repris par le rapport de la Commission mixte hispano-cubaine de coopération internationale pour le développement, l'AECID a établi, avec le ministre pour le Commerce extérieur et l'investisse-ment étranger du gouvernement de Cuba, une ligne de soutien aux travaux du Bureau du conservateur de La Havane. Plusieurs projets de coopération sont mis en œuvre en ce sens dans le quartier de la vieille Havane en matière d'habitabilité, de préservation et de gestion du patrimoine culturel en tant que facteur de développement, de distribution d'eau potable, de développe-ment communautaire et d'assainissement.

Création du Conseil pour l'égalité des sexes au Salvador Le Conseil pour l'égalité et l'équité (CIE), conçu comme un espace de réflexion, d'analyse, de dialogue et de suivi des avancées en matière d'égalité des sexes, vient d'être créé au Salvador sous les auspices de l'AECID, du PNUD, du Fonds des Nations Unies pour la population et de l'Agence an-dalouse de coopération internationale pour le développement. Bien que ces dernières années, le Salvador ait accompli des avancées en matière d'égalité des sexes, certaines inégalités persistent. Le CIE a identifié quatre sujets prioritaires sur lesquels concentrer ses efforts : la participation politique, la violence à l'encontre des femmes, la pauvreté et la santé.

monde entier ont pu ouvrir une fenêtre sur l'univers de la coopération avec des vidéos exclusives pour les internautes, des sondages en ligne et toute une série de nouveautés quotidiennes comme l'en-voi d'invitations, de cartes postales et de musique pour intéresser le public à tou-tes les activités.

Après la remise du Ier Prix national Vicente Ferrer d'éducation pour le dé-veloppement, où 15 écoles se sont vues récompensées, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, accom-pagné par le ministre de l'Éducation, Ángel Gabilondo, ont clos la Semaine de la Coopération (dans l'engagement de placer la coopération comme étendard de la toute prochaine présidence euro-péenne) par la traditionnelle réception des acteurs de la coopération espagnole, à laquelle ont assisté des représentants du Parlement, de l'Administration géné-rale de l'État, des Communautés auto-nomes et des collectivités locales, ainsi que des ONG, universités, entreprises et syndicats. ◆ Virginia castrejana / laura losada

36 c coopération

Projets. En deux ans à peine, le Sénégal est devenu une sorte de symbole de tout ce que la coopération espagnole met en œuvre en Afrique : formation professionnelle, aide à la production locale, travaux d'assainissement, infrastructures, récupération du patrimoine ainsi que toute une stratégie de protection de l'enfance et de la jeunesse dans le but de four-nir aux habitants tous les outils nécessaires afin d'éviter que les futurs professionnels n'aient à quitter leur pays.

saint-louis du sénégal, une coopération émergenteLe fleuve Sénégal se déverse sur l'île de Saint-Louis. Le fleuve est limpide et immense. On peut traverser cette île, an-cienne colonie française, en moins d'une demi-heure à pied. C'est un festival de couleurs et d'arômes. Mais c'est aussi un mirage : Saint-Louis est une île noyée sous le soleil et la pauvreté. En face, une langue de terre s'avance depuis la Mau-ritanie sur plusieurs kilomètres de long et à peine 300 mètres de large. C'est là qu'émerge Guet N'Dar, le quartier à la plus forte densité de population au mon-de. Même la Bande de Gaza ne supporte pas pareille pression démographique.

Certains des plus importants projets de la coopération espagnole sont menés à Saint-Louis et sur cette langue de terre, à Guet N'Dar. En finir avec cette impres-sion de traverser une porcherie où le choléra est parvenu à se propager à une époque encore très récente est l'objectif de l'un des principaux projets d'assainis-

sement intégral soutenus par l'Agence espagnole de coopération internationale pour le développement. Ce programme d'une grande complexité part d'un pos-tulat très simple : il consiste à remettre une poubelle à chaque famille du quar-tier et à créer, avec les habitants, un ré-seau de collecte quotidienne des déchets grâce à des chariots tirés par des mules. Ce qui semblait impossible est devenu un vrai miracle : désormais, personne ne perd de vue « sa » poubelle à Guet N'Dar. Le premier objectif, qui visait à intégrer le concept d'hygiène, a été atteint.

Guet N'Dar vit de la pêche et ce sont les femmes qui achètent, sèchent, salent et vendent le poisson aux négociants. Les conditions dans lesquelles se produit encore aujourd'hui cette transformation sont tout à fait insalubres. Depuis quel-ques mois, un système de microcrédits a été mis en place, permettant aux femmes de se regrouper et de pouvoir mettre en

Projet d'assainissement intégral mis en place à Guet N'Dar, un quartier où habitants, véhicules et animaux partagent un même espace sans égouts ni éclairage public. photos miguel áNgel

Nieto / aecid

place les améliorations que leur poste de travail requiert, tant sur le plan de l'hy-giène personnelle que dans le but d'obte-nir de meilleurs niveaux de productivité. L'objectif de cette opération vise est que les « fumeries » actuelles (comme on ap-pelle ces établissement de fumaison et de transformation du poisson) déménagent progressivement vers la zone portuaire, libérant ainsi les plages afin de permettre un assainissement qui, à son tour, favori-sera le tourisme dans la région.

Plusieurs ateliers-écoles complètent enfin le panorama des missions de la coopération. L'un des programmes mis en place avec le soutien de l'AECID per-met à 300 jeunes de Saint-Louis de se former aux métiers de l'agriculture, de la restauration du patrimoine, du jardinage ou du tourisme. Les jeunes touchent un modeste salaire pour leur travail et pour leur formation. Quant à ceux qui présen-teront des projets d'emploi indépendant, ils bénéficieront également d'une bourse de soutien économique afin de lancer leur entreprise. Ils sont actuellement en train de reconstruire le bâtiment le plus important de l'île : la caserne Rognat. ◆

miguel ángel Nieto

37c coopération

L'Espagne, septième contributeur aux fonds de l'UNESCO La commission mixte de coopération Espagne-Unesco s'est réunie à Paris afin de procéder au suivi des fonds que l'Espagne destine à cette organisa-tion. En 2009, l'Espagne est devenue le septième contributeur au budget régulier de l'UNESCO et le cinquième donateur de fonds extrabudgétaires, soit, au total, 10 645 210 euros en 2008, ce qui représente une augmentation substantielle par rapport à nos précédentes contributions (7 701 260 euros en 2007 et 5 221 200 euros en 2006).

Inauguration d'un centre de recherche dans la capitale de l'Angola La faculté de droit de l'université Agostinho Neto de Luanda a été le théâtre de la cérémonie d'inauguration du centre de recherche en matière de gouvernabilité. Ce projet est dirigé par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et la coopération espagnole y contribue à hauteur d'un million d'euros. Le centre entend soutenir la documentation et la diffusion de l'information sur la gouvernance locale, particulièrement sur le processus de déconcentration et de décentralisation en cours en Angola.

Séminaire sur les politiques culturelles au Cameroun Le programme ACERCA de l'AECID a mis en place, à Yaoundé, un séminaire de formation sur les politiques culturelles et le développement des industries créati-ves pour l'Afrique centrale. Les participants regroupent 23 représentants d'Afrique centrale. Cette initiative vise à contribuer au perfectionnement des compétences nationales dans le domaine de la formulation, du suivi, de la gestion et de l'évalua-tion des politiques, des programmes, des projets culturels et économiques.

Les Journées européennes du Développement se tiennent à Stockholm Du 22 au 24 octobre se tiendront à Stockholm les Journées européennes du Développement, sur une initiative conjointe de la Commission euro-péenne et de la Présidence du Conseil de l'UE. Ces journées s'adresseront à l'ensemble de la société européenne en vue de faire connaître davantage l'engagement de l'Union envers la coopération pour le développement. Les thèmes abordés lors de cette quatrième édition tourneront autour des axes suivants : « Citoyenneté et développement », « Situation économique mondiale » et « Changement climatique ». La rencontre a pour objectif de mettre en œuvre une aide au développement plus efficace et de construire une coalition mondiale contre la pauvreté afin d'atteindre les objectifs du Millénaire, à travers la création d'espaces de discussion.

Accord de coopération pour le développement durable dans le sec-teur du tourisme La secrétaire d'État à la coopération internationale et le PDG d'Amadeus IT Group, multinationale développant des technologies appliquées à la distri-bution de services touristiques, ont signé, le 29 septembre à Madrid, un ac-cord-cadre de coopération pour le développement durable du tourisme. Les activités conjointes à mettre en œuvre seront définies chaque année dans un accord opérationnel centré sur les actions susceptibles d'améliorer les conditions des pays les moins favorisés dans les domaines de la formation professionnelle, l'apport technologique, la promotion et le développement du tourisme local des pays en voie de développement, la consolidation et l'amé-lioration des systèmes de gestion des micro, petites et moyennes entreprises et le renforcement des entreprises de distribution des produits touristiques.

Une contribution annuelle

l'espagne crée un fonds humanitaire pour améliorer son aide à la croix-Rouge

La création du Fonds humanitaire Es-pagne-Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui garantira une aide hu-manitaire plus rapide et plus efficace aux populations placées sous la protection de cet organisme international, est l'aspect le plus important du mémorandum signé par la secrétaire d'État à la Coopération internationale, Soraya Rodríguez Ramos, et le président du CICR, Jacob Kellen-berger. L'accord prévoit la possibilité pour l'Espagne de financer les activités réalisées dans les domaines de la protec-tion et de l'aide aux victimes des conflits armés et d'autres situations de violence, de la prévention des conflits et de la coo-pération avec les sociétés nationales de la Croix-Rouge ou du Croissant-Rouge.

Soraya Rodríguez, au nom du gouver-nement espagnol, a souligné l'importance de ce mémorandum qui représente une avancée dans l'amélioration des mécanis-mes de travail de la coopération espagno-le avec les organismes internationaux.

D'autre part, les contributions es-pagnoles au Fonds humanitaire Espa-gne-CICR seront adoptées sur une base annuelle et se fonderont sur les appels d'urgence émis par la Croix-Rouge à l'attention des missions permanentes détachées à Genève. L'accord prévoit la création d'un outil qui permettra d'attri-buer une certaine somme au CICR en dé-but d'année et en un seul paiement, tout en facilitant les démarches pour mieux faire face aux urgences humanitaires par-tout dans le monde. L'Espagne, qui figure au dixième rang du Groupe des grands contributeurs de la Croix-Rouge, accorde une importance toute particulière à cet organisme impartial et neutre qui jouit d'un grand prestige depuis sa fondation en 1863 ainsi que d'une grande capacité d'aide aux victimes lors des conflits ou des catastrophes.

38 C culture et société

L'huile d'olive, signe d'identité 100 % espagnol

L'huile d'olive est un pilier du développement économique de nombreuses régions en Espagne, ce que corrobore notre position de premier producteur et exportateur mondial. Les oliveraies espagnoles sont un signe d'identité au niveau économique, social, environnemental et aussi de santé publique, qui a perduré tout au long de notre histoire.Javier Hernández

La province de Jaén représente 40 % de la production nationale d'huile d'olive, avec plus de 60 millions d'oliviers plantés dans toute la province.

Vantée pour son excellent apport gas-tronomique et ses nombreux bénéfices pour la santé, l'huile d'olive est devenue un produit indispensable dans toutes les cuisines. L'Espagne est le principal producteur mondial et ne cesse de tra-vailler à faire connaître les indiscuta-bles qualités de « l'or vert ».

Des découvertes archéologiques, remontant au Paléolithique, prouvent que l'huile d'olive a depuis toujours ac-compagné l'histoire de l'humanité. Ses différentes possibilités d'utilisation, non seulement dans l'alimentation mais aussi en médecine, dans les ustensiles ménagers et même en cosmétique, l'ont rendue indispensable au fil des siècles. Les civilisations méditerranéennes ont contribué à son expansion et l’on pense que ce sont les Phéniciens qui l’ont introduite en Espagne. Toutefois, il a fallu attendre les conquêtes romaine et arabe pour voir se développer et s’implanter la culture de l’olivier dans notre pays, par-ticulièrement en Andalousie. Grâce à notre climat, à la qua-lité des sols, aux différentes techniques de culture et de collecte et à la variété des oli-ves cultivées, l’Espagne est devenue la terre idéale pour

l’exploitation des oliveraies et l’obten-tion d’une rentabilité maximale. Des siècles plus tard, le pays se trouve à la tête de la production mondiale d'huile d'olive, suivi par l'Italie et la Grèce, avec plus de 300 millions d'oliviers, dont 60 millions à Jaén, une province qui dé-tient 40 % de la production nationale et où l'olive constitue le moteur économi-que de la région.

En tant qu'ingrédient fondamental du régime méditerranéen, l'huile d'oli-ve a toujours été considérée comme un élément primordial de la pyramide alimentaire. En outre, elle s'est conver-tie au fil du temps en une référence culinaire de la haute gastronomie, non seulement méditerranéenne mais aus-si mondiale, et l'on note sa présence,

constante et presque obliga-toire, dans de nombreux plats créés par les chefs les plus prestigieux. Néanmoins, la production d'olives traverse des temps difficiles dans no-tre pays. La crise économique mondiale et les problèmes qui en découlent – dans le cas de l'huile d'olive, son prix de vente final au public, ainsi que la réduction des aides de l'Union européenne en 2013 – contraignent à chercher des

alternatives pour assurer la permanen-ce de cette culture. La première mesure prise sera la présentation, en 2010, de la Loi des oliveraies au Parlement ré-gional. La défense de la traditionnelle culture non irriguée des oliviers, la concentration des moulins à huile pour améliorer l'offre, l'investissement en R&D&I (recherche, développement et innovation) ainsi que la dynamisation de la promotion et de la commerciali-sation de l'huile sont autant de points essentiels sur lesquels se fonde cette nouvelle loi.

De plus, le gouvernement central se penche sur la stratégie qu'il présentera à l'UE afin de renégocier les aides au sec-teur et qui seront désormais destinées à la protection des oliveraies traditionnel-les : un secteur qui, sans les aides euro-péennes, pourraient voir sa superficie agricole actuelle diminuer de 31 %, en-traînant de lourdes pertes écologiques, sociales et économiques (à Jaén, 20 % du PIB est généré par l'huile d'olive).

À la conquête des marchés interna-tionaux. L'Espagne est la grande am-bassadrice de l'huile d'olive dans le monde et, parmi les mesures destinées à la production, sa promotion hors de nos frontières et du bassin méditerra-néen occupe une part essentielle. No-

39C culture et société

Période 2004/2005 2005/2006 2006/2007 2007/2008Production 989,8 826,9 1 111,4 1 236,1

exportations 545,5 453,6 612,1 665,1

importations 79,8 85,5 80,5 59,7

Marché intérieur 615,8 477,7 567,1 529,8

réserves 223,6 210,9 223,6 324,5

ToTAL 2 454,5 2 054,6 2 594,7 2 815,2

Andalousie 174 788 000

Estrémadure 29 602 000

Castille-La Manche 36 263 000

Catalogne 14 307 000

Communauté valencienne 10 963 000

Aragon 5 889 000

Reste 10 884 000

ToTAL 282 696 000

Le marcHé de L'HuiLe d'oLive en espagneChiffres en milliers de tonnes. Source : ministère de l'Environnement, du Milieu rural et marin

nsdgr d'oLiviers par commu-nautés autonomes

40 C culture et société

tre pays est le principal exportateur mais l'huile d'olive reste en retrait pour ce qui est de sa consommation mondiale (représentant moins de 4 % de la consommation totale de graisses végétales). Pour cette raison, la pro-motion de l'huile d'olive doit être une constante dans les cinq continents. Au mois de mai dernier, le Ier Forum de l'huile d'olive espagnole s'est tenu aux États-Unis en vue de renforcer l'image et les exportations de ce produit sur le marché américain, l'un des plus im-portants pour les ventes du secteur, avec le Brésil, le Japon et la France.

En septembre, en Pologne, une am-bitieuse campagne d'information a été organisée, entre autres, par l'Institut es-pagnol du commerce extérieur (ICEX) et l'Agence andalouse de promotion extérieure (Extenda). Des restaurants, des bars et même les autobus ont vanté les mérites de l'huile espagnole sur un marché contrôlé par l'Italie et où la consommation d'huile d'olive ne re-présente que 3 %. Un autre événement récent ayant accordé un rôle central à l'huile d'olive a été le Festival des cultu-res et saveurs d'Europe, qui s'est tenu au mois de juillet dans la ville française de Strasbourg et où se donnent rendez-vous chaque année les représentants des différentes cuisines européennes afin d'encourager le dialogue intercul-turel à travers la gastronomie.

Les différents prix reçus viennent récompenser les efforts réalisés, de-puis la culture jusqu'à la promotion internationale, et prouvent la qualité des produits espagnols. Fin 2008, le Guide des meilleures huiles d'olives mondiales de qualité certifiée 2009 a récompensé quatre huiles espagnoles : l'Almazara de la Subbética (Cordoue), prix au meilleur moulin à huile du monde 2009 et Aroden (de Cordoue également), prix à l'huile vierge extra dans la catégorie monovariété ; Oro del Desierto d'Almeria a quant à elle reçu le prix à la meilleure huile d'olive vierge extra dans la catégorie « fruité moyen » et l'entreprise de Malaga, El Labrador, s'est vue récompensée par le

prix à la meilleure huile d'olive vierge extra « fruité intense ».

un ingrédient bon pour la santé. L'hui-le d'olive est un plaisir de tous les sens et fait désormais partie intégrante de la haute gastronomie internationale. Mais elle présente aussi de nombreux bénéfices pour notre organisme. Étant un jus naturel, sa composition n'est pas modifiée durant le processus d'extrac-tion. Ceci implique son maintien en tant que source d'acides gras essentiels et la conservation de centaines d'oligo-élé-ments, des antioxydants principalement, comme les composés phénoliques, la vi-tamine E et le carotène. De nombreuses études scientifiques ont corroboré les importants effets positifs de la consom-mation d'huile d'olive sur notre organis-me : elle possède en effet des propriétés anti-inflammatoires, elle aide à perdre du poids, réduit les risques de cécité, elle s'avère très bénéfique pour notre sys-tème cardiovasculaire, prévient la dété-rioration cognitive liée au vieillissement et à la maladie d'Alzheimer et est aussi un antitumoral naturel contre certains types de cancer, comme celui du sein. Et la liste ne s'arrête pas là car la Junta d'Andalousie a aussi démontré l'impor-tante valeur écologique des oliveraies en tant que puits de gaz à effet de serre et sources d'énergies renouvelables.

Depuis 2004 se tient chaque année en Andalousie, le Congrès international sur l'huile d'olive et la santé (CIAS) qui s'est établi comme un forum mondial pour le débat et la recherche et qui sert de plate-forme à la diffusion des vertus de « l'or vert » et de ses bénéfices sur l'organisme. Les conclusions de ces études, décrites dans la Déclaration de Jaén, ont eu une répercussion scientifique majeure.

En définitive, l'huile d'olive profite à nos habitudes alimentaires, à notre santé et à l'économie du pays ; autant de raisons pour encourager sa consomma-tion, sa culture et le respect de son es-sence et de ses traditions. Et l'Espagne, en ce sens, mise pour promouvoir son usage, à l'intérieur comme à l'extérieur de nos frontières.

principaux typEs d'huiLE d'oLivE.Huiles d'olive vierge extra. Présente une acidité libre (exprimée en acide oléique) maximale de 0,8 g pour 100 g.Huile d'olive vierge. Présente une aci-dité libre maximale de 2 g pour 100 g.Huile de grignons d'olive. Une huile qui, une fois obtenue par un mélange d'huile de grignons d'olive raffinée et d'huile d'olive vierge, présente une acidité libre, exprimée en acide oléique, égale ou inférieure à 1 g pour 100 g.

principaLEs variétés d'oLivEs En EspagnE.Arbequina. origine : Arbeca (Lérida).Culture : provinces de Lérida et de Tarragone. Blanqueta. origine : Muro de Alcoy (Alicante). Culture : provinces de Valence et d'Alicante. Cornicabra. origine : Mora de Toledo. Culture : provinces de Tolède et de Ciudad real.empeltre. origine : Pedrola (Sara-gosse).Culture : s'étend depuis La rioja, par la vallée de l'Èbre, jusqu'à Tarragone. Farga. origine : Valence. Culture : provinces de Castellón, Valence, Tarra-gone et Teruel. Gordal. origine : Séville. Culture : province de Séville. Hojiblanca. origine : Lucena (Cor-doue). Culture : provinces de Cordoue et de Malaga. Lechin. origine : Cordoue et Séville. Culture : provinces de Séville et de Grenade. Manzanilla. origine : dos Hermanas (Séville). Culture : rovince de Séville, principalement autour de la ville (dos Hermanas, Carmona, Morón). Picual. origine : Jaén. Culture : pro-vince de Jaén et zones limitrophes à Grenade, Cordoue et Ciudad real.

Le Conseil oléicole international a vu le jour à Madrid en 1959 sous l'égide des Nations Unies, avec pour objectif initial la « garantie d'une concurrence loyale entre pays producteurs et exportateurs d'huile d'olive » et la « réduc-tion des inconvénients dus aux fluctuations des disponibilités du marché ».

Depuis sa création, sa mission s'est adaptée à l'évolution du secteur. Aujourd'hui, à travers son travail d'administration de l'Accord international de 2005 sur l'huile d'olive et les olives de table, le COI contribue de façon décisive au développement responsable et durable et constitue un forum mondial où se débattent les politiques à adopter et où aborder les défis auxquels le secteur doit faire face. Parmi ses principaux objectifs figurent la promotion de la coopération technique interna-tionale dans le cadre de projets de recherche et développement et d'activités de formation et de transfert de technologie ; le sou-tien à l'expansion du commerce international de l'huile d'olive et des olives de table ; l'applica-tion ou la mise à jour des règles commerciales applicables aux produits de l'olivier et l'améliora-tion de la qualité de ces produits. Notre institution veille également à la minimisation de l'impact environnemental des oliveraies

et de l'industrie de l'olive ; à l'en-couragement de la consommation de l'huile d'olive et des olives de table à travers des plans d'action et des campagnes de promo-tion innovantes ; à la diffusion d'informations et de statistiques claires et précises concernant le marché mondial de l'huile d'olive et des olives de table ainsi qu'à l'organisation de rencontres régulières entre les représentants institutionnels et les experts afin d'aborder les problèmes du sec-teur et de déterminer les mesures prioritaires de l'organisme.

En outre, cet automne, et dans le cadre de la 97e séance du conseil des pays membres, le Conseil oléicole international fêtera ses cinquante ans, cet anniversaire coïncidant avec la cinquième année mondiale de l'olivier, sous la présidence du roi Juan Carlos Ier.

Les dix-sept membres du Conseil oléicole (Albanie, Algérie, Argen-tine, Communauté européenne, Croatie, Égypte, Iraq, Iran, Israël, Jordanie, Liban, Libye, Maroc, Monténégro, Serbie, Syrie et Tu-nisie) représentent, avec les pays en voie d'adhésion, plus de 98 % de la production mondiale d'huile d'olive et d'olives de table.

Grâce aux transferts de techno-logie mis en œuvre par le Conseil oléicole international, de nouvel-les techniques de culture se sont

peu à peu imposées au fil des années. Les professionnels ont appris à utiliser des méthodes plus efficaces afin d'améliorer la production, grâce à différentes formations, démonstrations pratiques, visites techniques, sé-minaires, programmes post-uni-versitaires (comme le mastère en oléiculture et oléotechnie de Cor-doue) ainsi que grâce à des livres et manuels techniques publiés par le COI. Cette amélioration a permis une hausse spectaculaire de la production qui s'est vue multipliée par trois au cours des cinquante dernières années.

Face à l'augmentation de l'offre, le COI a mis en place de nombreu-ses campagnes de promotion de la consommation de l'huile d'olive et des olives de table. Ses pre-mières activités promotionnelles ont été menées aux États-Unis, au Canada et au Japon, qui sont devenus en peu de temps de très importants consommateurs (les États-Unis sont actuellement le premier pays importateur d'huile d'olive). Aujourd'hui, le COI concentre tous ses efforts en direction des pays émergents qui représentent un fort potentiel de consommation pour les produits de l'olivier. Notre organisation est présente depuis quelques années en Inde et réalise actuellement des études de marché en Russie et en Chine, en prévision de futu-res campagnes.

La 97e séance du conseil des pays membres du conseil oléicole international fêtera ses 50 ans à madrid, sous la présidence du roi Juan carlos ier.

41C culture et société

L'Espagne, siège du Conseil oléicole international

Mohammed ouhmad SbitriPDG DU CONSEIL OLÉICOLE INTERNATIONAL

42 C culture et société

Nous n'avons jamais été aussi nombreux ni hétérogènes. La radiographie de la population espagnole du début du XXIe siècle indique des changements notables, et présente des incertitudes importantes pour le siècle qui vient de commencer. En 2009, une population de près de 46 millions d'habitants, équilibrée entre hommes et femmes, évolue vers ses maxima historiques et un vieillissement progressif. David DoncelProfesseur au déPartement de sociologie et coordinateur du master d'études d'asie orientale de l'université de salamanque

Portrait sociologique des Espagnolsau XXIe siècle

Les facteurs déterminant les traits caractéristiques de la population de l'Espagne actuelle sont au nombre de trois : augmentation de l'espérance de vie, faible taux de natalité et mouve-ments migratoires. Les progrès de la médecine, le régime méditerranéen et la baisse de la mortalité infantile ont allongé l'espérance de vie jusqu'à 80,2 ans, ce qui, conjugué au faible taux de natalité, a augmenté le poids de la po-pulation adulte au sein de l'ensemble. Mais, contrairement à l'image véhicu-lée par les médias, qui insistent sur le

Castille-et-León, avec 22,6 %, est la Communauté dont la

population de plus de 65 ans est la plus importante, au contraire des

Canaries, avec 12,3 %

Le taux de fécondité (nombre de naissances pour mille femmes) était

de 43 % en 2006

Le taux de population étran-gère est de 9,27

% d'après les don-nées de 2006

28,4 % des enfants

naissent hors ma-

riage

43C culture et société

profond vieillissement de la popula-tion espagnole, cette réalité démogra-phique n'est pas entièrement exacte en raison d'importants flux d'immi-gration.

Expliquons donc cette demi-vérité en commençant par la première préci-sion : pourquoi cette affirmation n'est-elle pas tout à fait vraie ? En réalité, au cours de la dernière décennie, la po-pulation résidant en Espagne a rajeuni grâce à l'immigration, dont la popula-tion est passée de 637 085 à 5 268 762 millions en dix ans à peine. En termes relatifs (c'est-à-dire en tenant compte des pays de taille comparable au nô-tre), cette croissance est unique au monde. La principale raison de l'aug-mentation des flux d'immigration est la forte attraction exercée par une très importante création d'emplois. Au cours de cette période, environ 50 % des emplois créés dans l'ensemble de l'Union européenne l'ont été en Espa-

gne, c'est-à-dire qu'il y a eu un réel « effet d'appel », car l'Es-pagne était alors le pays déve-loppé dans lequel on trouvait le plus rapidement un emploi. Actuellement, en pleine crise, il est possible que le modèle économique s'appuyant sur la main d'œuvre, comme celui qui a été établi dans notre pays, soit réorienté vers un modèle plus concurrentiel fondé sur le capital, et cela se traduirait probablement par un change-ment des flux migratoires. Le processus de rajeunissement dû aux migrations n'aura donc plus la même force, il sera freiné par des besoins strictement démographiques et par la crise économique qui réduira l'intensité des flux migratoires.

Pour revenir au thème démographi-que de fond, il est vrai qu'il existe dans

le comportement des Espa-gnols des tendances condui-sant à un vieillissement pro-gressif de la population. Les causes de cette évolution perdurent et sont très graves. De plus, si l'on n'y remédie pas, leurs conséquences se-ront terribles dans l'avenir. Depuis les années 70 du siè-cle passé jusqu'à l'heure ac-tuelle, le taux de fécondité se maintient à un très faible niveau. D'après les données publiées par l'Institut natio-nal de la statistique (INE), une femme a en moyenne 1,4 enfants et, si ce chiffre est le plus élevé de ces dernières années, il reste insuffisant

pour compenser le vieillissement. En d'autres termes, pour maintenir la po-pulation à un niveau constant, chaque femme doit en engendrer une autre, et

La population espagnole a atteint en 2008 le chiffre de 46 157 822 millions d'habi-tants

La structure de la population s'est inversée de sorte que la population de plus de 65 ans a augmenté, représentant actuellement 16 % du total

Le nombre moyen

d'enfants par femme est de

1,38

76,7 % de la population se déclare

catholique, contre 1,26 % pour les autres

confessions

L'espéran-ce de vie en Espagne est de 80,2 ans

L'Espagne est le 10e pays du monde en pour-centage de population

étrangère

44 C culture et société

cela est n'assuré qu'avec la naissance de 2,1 enfants par femme. Ce niveau de fécondité insuffisant signifie qu'en trois générations, soit quatre-vingt-dix ans environ, la population diminuera de 35 % en l'absence de mouvements mi-gratoires. C'est précisément pour cette raison qu'il est possible d'affirmer que, malgré la crise économique, les mou-vements migratoires seront maintenus, mais pas au même niveau que les années précédentes. L'une des causes princi-pales du faible taux de fécondité est l'absence de conditions adaptées sur le marché du travail permettant aux fem-mes, massivement présentes dans la vie active, de concilier vie professionnelle et maternité. Par exemple, la prépondé-rance des contrats à durée déterminée, qui ont été une constante au cours de la période démocratique, a entravé la déci-sion d'avoir des enfants : les femmes se voient contraintes de repousser leur ma-ternité. En 2007, les Espagnoles avaient leur premier enfant à l'âge de 29,4 ans en moyenne. Elles comptent ainsi parmi les Européennes dont la première gros-sesse est la plus tardive.

Des solutions au vieillissement peu-vent être recherchées du côté de la fé-condité, c'est ce que prouvent la France et certains pays du nord de l'Europe, où les indicateurs sont proches de 2,1 en-fants par femme. Pour modifier cette évolution, des changements passant par des réformes du marché du travail en matière d'embauche des femmes, pour-raient être mis en œuvre. Les effets de telles mesures ne se feraient toutefois sentir qu'à long terme, car pour obser-ver les conséquences de l'augmentation de la fécondité au niveau de la struc-ture démographique, il faut compter une quinzaine d'années. En attendant, l'immigration est la seule so-lution. L'absence de moyen permettant de corriger cette tendance pourrait conduire à l'avenir à une crise plus pro-fonde et plus longue que celle que nous vivons actuellement. Une illustration de ce scénario est fournie par le Japon, pays dont le taux de natalité est très faible et qui, pour diver-ses raisons politiques et idéo-

évoLution De La popuLation en espagne par nationaLitéSource Institut national de la statistique

origine De L'immigration en espagneSource Institut national de la statistique

évoLution De La popuLationSource Institut national de la statistique

logiques, a fermé ses portes à l'immi-gration, circonstances accentuées par la crise économique due à l'éclatement de la bulle immobilière, dans les années quatre-vingt-dix du siècle dernier.

Nous pouvons conclure qu'au dé-but du XXIe siècle, la population espa-gnole se caractérise par un faible taux de natalité, une espérance de vie éle-vée et une immigration constante. La combinaison de ces facteurs a eu pour effet une forte croissance de la popula-tion, essentiellement favorisée par les flux migratoires. Néanmoins, compte tenu du contexte économique actuel, si les tendances restent inchangées, les

problèmes démographiques auxquels l'Espagne devra faire face à l'avenir découle-ront des proportions des dif-férents groupes d'âge, celles-ci s'étant inversées de telle sorte que le pourcentage de la population de moins de 16 ans n'est plus que de 15,8 %, ce qui entraînera inévitable-ment une diminution de la population.

L'espagne conservera ses flux migratoires, mais avec une intensité moindre par rapport aux années précédentes

39 215 566 Espagnols 637 085 autres nationalités

40 889 060 Espagnols 5 268 762 autres nationalités

1998

2008amérique latine 36,21 %

europe occidentale 21,06 %

europe de l'est 17,75 %

maghreb 14,76 %

Année Population 1769 9 159 999

1797 10 541 221

1833 12 286 941

1846 12 162 872

1857 15 464 340

1877 16 622 175

1887 17 549 608

1900 18 616 630

1910 19 990 669

1920 21 388 551

Année Population 1930 23 677 095

1940 26 014 278

1950 28 117 873

1960 30 582 936

1970 33 956 047

1981 37 742 561

1991 39 433 942

2001 40 499 791

2006 44 708 964

2007 46 157 822

Disposer d'informations statis-tiques ponctuelles sur la réalité démographique constitue un élément indispensable à la prise de décisions dans le domaine pu-blic comme privé. L'INE se trouve actuellement dans une position privilégiée, car il dispose de sta-tistiques permettant de réaliser un suivi très actualisé de la popu-lation. Ainsi, chaque trimestre, il publie les estimations de la popu-lation actuelle. Des projections de la population à court et long terme sont également réalisées et renouvelées chaque année et tous les trois ans respectivement. Cet effort de suivi repose sur un élément essentiel qu'est le regis-tre de recensement municipal, actualisé en permanence et qui fournit chaque année des chiffres officiels de la population pour toutes les communes d'Espagne.

Grâce à cette panoplie d'indica-teurs, on constate qu'au cours des dix dernières années, la popula-tion de l'Espagne a récemment augmenté à un rythme inédit. Ce dynamisme démographique a été favorisé par l'intensité et la persis-tance d'un phénomène d'immigra-tion qui a produit un changement démographique et social extra-ordinaire dans notre pays. Nous sommes ainsi passés d'un peu plus de 600 000 étrangers recensés en Espagne en janvier 1998 à plus de 5,6 millions actuellement, ce qui représente une croissance de population de plus de six millions de personnes en une décennie

seulement. D'après les estimations de la population actuelle, l'Espagne compte près de 46 millions d'habi-tants au 1er juillet 2009.

Le phénomène d'immigration n'a pas été homogène, il est le résultat de plusieurs vagues d'immigrants en provenance de différents pays. Entre les années 2000 et 2003, nous avons noté une arrivée massive d'Équatoriens, tandis qu'à partir de 2006, les plus nombreux à s'inscrire aux registres de recen-sement municipaux ont été les Roumains. De plus, pendant toute cette décennie, il s'est produit une arrivée importante de Marocains et, dans une moindre mesure, de personnes provenant d'autres pays européens.

Les raisons de l'émigration ont également été très différentes selon la zone d'origine, comme l'indique l'Enquête nationale sur les immigrants, réalisée par l'INE en 2007. La plupart des personnes en provenance de pays d'Amérique latine, d'Afrique du Nord et des pays de l'Est de l'Europe (prin-cipalement de Roumanie) sont arrivées en Espagne à la recher-che de meilleures opportunités professionnelles. Pour leur part, nombre d'immigrants d'autres pays européens, allemands et anglais notamment, ont décidé de s'établir dans notre pays à l'âge de la retraite.

L'arrivée en Espagne d'une popu-lation jeune a également contri-

bué à l'accroissement du taux de natalité. En 1996, le nombre des naissances en Espagne avait at-teint son niveau le plus bas, avec 362 626 naissances. Depuis, il n'a cessé d'augmenter. En 2008 il était à son niveau le plus élevé depuis le début des années 80, avec 518 967 naissances.

Cette croissance de la population a tout récemment commencé à s'atténuer. Alors que la population a augmenté au rythme de 58 000 personnes par mois au cours de la période 2002-2009, ce rythme diminue régulièrement depuis le milieu de l'année 2008 et, pour le premier semestre 2009, il est de 16 880 personnes par mois.

Étant donné le caractère fluctuant des phénomènes démographiques, établir des prévisions constitue un exercice périlleux, mais nécessaire, que tous les pays développés effectuent. Pour cela, l'INE élabore des projections de population à court et long terme, à partir d'un ensemble d'hypothèses relatives à l'évolution du solde migratoire et de l'accroissement naturel. D'après les dernières projections publiées par l'INE, qui concernent les neuf années à venir, en partant de l'hypothèse selon laquelle l'immigration sera désormais plus faible, nous devons nous attendre à une baisse de croissance de la population. Concrètement, le taux moyen de croissance annuelle prévu pour la période 2008-2018 est de 0,8 %.

au cours des dix dernières années, la population de l'espagne a augmenté à un rythme inédit L'arrivée d'une population jeune a contribué à l'accroissement du taux de natalité, qui a dépassé les 500 000 naissances en 2008

45C culture et société

L'évolution récente de la population en Espagne

Jaume GarcíaPrésident de l'institut national de la statistique

46 C Les entreprises espagnoles à l'étranger

Sacyr Vallehermoso, ingénierie d'avant-garde

L'un des plus grands ouvrages d'ingénierie du XXIe siècle portera le sceau de l'Espagne. Le consortium dirigé par Sacyr Vallehermoso doit construire le troisième jeu d'écluses du projet d'agrandissement du canal de Panamá. Un projet qui augmentera de 40 % la capacité de transit des marchandises entre l'océan Atlantique et l'océan Pacifique et qui consolidera la progression du groupe espagnol. L'entreprise participe également au défi que représente la construction du pont de Messine (photo) reliant la Sicile à la péninsule italienne.Beatriz Beeckmans

Le 12 août, le consortium dirigé par Sa-cyr Vallehermoso a signé le contrat de construction du troisième jeu d'écluses du canal de Panamá. Le consortium a en effet présenté la meilleure offre pour réaliser l'un des plus grands ouvra-ges de génie civil de tous les temps. Ce projet fait partie du programme d'élargissement du canal, réalisation audacieuse prévoyant la construction de deux complexes d'écluses, l'une côté Atlantique et l'autre côté Pacifi-que, qui permettra d'intensifier le tra-fic commercial passant par le canal, en réponse au développement du marché du transport maritime, caractérisé par

la tendance à la construction de navi-res de plus grandes dimensions et de plus fort tonnage, les post-Panamax, par rapport aux navires pouvant ac-tuellement transiter par les écluses existantes. Un projet qui constituera désormais la meilleure carte de visite pour l'un des plus grands groupes internatio-naux d'Espagne.

La trajectoire de Sacyr commence en 1986, lorsqu'un groupe d'ingénieurs des ponts et chaussées expérimentés dans le secteur de la construc-tion fonde l'entreprise Socie-

dad Anónima de Caminos y Regadíos (Sacyr). Il s'agit de Luis del Rivero, ac-tuel président du groupe, José Manuel Loureda et Félix Riezu, qui ont acquis 24,5 % de Vallehermoso en avril 2002. De la fusion des deux entreprises est

né, en 2003, Sacyr Valle-hermoso. L'objectif était de créer un groupe d'entrepri-ses spécialisé dans les acti-vités immobilières, patrimo-niales, de construction et de gestion d'infrastructures et de services. En 2004, le pre-mier constructeur portugais, Somague, est entièrement in-

Sacyr a géré des contrats de lignes ferroviaires à grande vitesse s'élevant à plus de 2,5 milliards d'euros

47C Les entreprises espagnoles à l'étranger

tégré au groupe SyV. Aujourd'hui, Sacyr Vallehermoso est l'un des groupes es-pagnols les plus puissants. En 2008, le chiffre d'affaires du groupe, coté sur les places boursières d'Espagne (Ibex 35) et du Portugal (Euronext Lisbon), s'éle-vait à plus de 5,3 milliards d'euros.

Les aéroports de Murcie et de Ma-drid-Barajas, la rénovation de l'auto-route M-30 de Madrid, les métros de Séville et de Barcelone, autoroutes et voies rapides, ponts, systèmes d'irriga-tion, de transvasement, construction de bureaux, de centres commerciaux… Sacyr est présent dans tous les grands projets de génie civil en Espagne. À

l'échelle internationale, le groupe opè-re dans des pays offrant une sécurité juridique et un cadre stable au déve-loppement de son activité. Au Portu-gal, citons des projets tels que l'auto-route IP-4, le pont Europa et l'hôpital pédiatrique, à Coimbra, ou encore le métro de Porto. Le groupe exploite également des autoroutes, des réseaux de distribution d'eau et gère des pro-motions immobilières ainsi que des usines de traitement de déchets. En Angola, différents projets de construc-tion, de réhabilitation et d'approvi-sionnement en eau sont en cours de réalisation.

En outre, les ingénieurs de Sacyr participent actuellement à l'un des ouvrages les plus importants de l'ingé-nierie mondiale : le pont de Messine.

Aux antipodes grâce à l'eau. La contri-bution de Sadyt, entreprise du groupe spécialisée dans l'ingénierie de traite-ment des eaux, à l'industrie de dessale-ment de l'eau lui a valu une nomination pour le prix « Desalination Company of the Year » (entreprise de dessalement de l'année) décerné par le prestigieux organisme Global Water Intelligence. Ce sont surtout les réussites techniques de l'usine de dessalement d'Abrera, à

48 C Les entreprises espagnoles à l'étranger

Barcelone, plus grande usine au monde dotée de technologie d'électrodialyse réversible (EDR) qui ont été reconnues. Grâce à ce processus, qui permet d'ex-traire chaque jour plus de 150 tonnes de sel de l'eau, deux millions d'habitants de Barcelone disposent d'une eau sa-voureuse et parvenant à ébullition plus rapidement. De plus, certains effets négatifs tels que la calcification et l'in-crustation des tuyauteries et des canali-sations ont été réduits. Compte tenu du grand intérêt de ce pro-jet, sa répercussion sur la quali-té de l'approvisionnement et la technologie employée, le grou-pe a obtenu une subvention à hauteur de 85 % du budget sur les fonds de l'Union européen-ne. Autre exemple confirmant l'expérience de Sacyr dans le domaine de la gestion du cycle complet de l'eau : sur l'autre rive de la Méditerranée, l'usine

de dessalement de Skikda, en Algérie, atteindra bientôt une capacité de pro-duction de 100 000 m3 par jour. Aux antipodes, à la fin de l'année 2008, l'en-treprise publique Water Corporation a attribué à l'union temporaire d'entre-prises constituée par Valoriza Agua, du Groupe SyV, et Técnicas Reunidas, la conception, la construction, l'exploi-tation et l'entretien pour une durée de vingt-cinq ans d'une usine de dessale-

ment par osmose inverse à Perth, en Australie.

Les travaux d'aména-gement d'El Beida, en Li-bye, la construction et la concession du tunnel de Marão, au Portugal ainsi que la construction et la concession de l'autoroute Vallenar-Caldera, au Chili, sont d'autres exemples des principaux concours publics remportés par le

Un groUPE dIVErSIfIé.Construction : à travers Sacyr et Somague, le groupe intervient dans les pays suivants : Espagne, Portugal, Irlande, Italie, Panamá, Chili, Costa Rica, Libye, Angola, Cap-Vert, Mozambique et Brésil. Promotion immobilière : à travers Valle-hermoso en Espagne et Somague Inmobiliaria au Portugal. Patrimoine immobilier : Testa dispose d'un patrimoine immobilier de 1,5 millions de m2 en bureaux, hôtels, centres commerciaux, entrepôts industriels et logements, en Espagne et à l'étranger. Concessions : Sacyr Concesiones gère l'activité de concessions d'infrastructures de transport, comptant 28 actifs en Espagne, au Portugal, en Italie, au Chili, en Irlande et au Costa Rica. Services : Valoriza dirige cette activité qui mise sur le développement des activités suivantes : eau (potabilisation, épuration, dessalement et cycle complet en Espagne, Algérie, Tunisie et Australie), énergies alternatives (systèmes de génération énergétique propre) ; multi-services : aires de service autoroutières, maintenance intégrale de bâtiments, nettoyage de bâtiments et locaux, sans oublier l'envi-ronnement.

Navire transitant par le canal de Panamá où le consortium dirigé par Sacyr Vallehermoso exécutera les principaux travaux d'agrandissement du canal.

groupe espagnol au cours de la der-nière année.

Train à grande vitesse. Depuis 1994, Sa-cyr s'est doté d'une branche de projets ferroviaires sur des lignes à grande vi-tesse, qui a géré des contrats d'un mon-tant supérieur à 2,5 milliards d'euros. Quinze chantiers sont actuellement en cours dans toute l'Espagne. L'un de ces chantiers relève un défi particulier. L'entreprise réalise en effet le tronçon qui reliera la gare ferroviaire de Barce-lona Sants à La Sagrera, projet délicat en raison de sa proximité avec la structure de La Sagrada Familia. Le tunnel qui tra-verse l'Ensanche et passe par certaines des rues les plus emblématiques de la cité comtale, comme l'avenue Diagonal, est actuellement en cours d'excavation. Pour protéger l'œuvre de Gaudí, Sacyr a dressé un immense écran de pieux qui protègent la structure de La Sagrada Fa-milia du passage du tunnelier.

Le groupe parti-cipe au projet qui reliera la Calabre à la Sicile

Sacyr dirige le consortium responsable de l'agrandisse-ment du canal de Panamá

Le groupe a remporté le concours pour la construction du troisième jeu d'écluses de Panamá, preuve de la grande capacité technique, technologique, professionnelle et organisationnelle de Sacyr et de l'ingénierie espagnole. Ce contrat entérine la reconnaissance internationale de notre pays et de tous ses groupes de construction d'infrastructures, qui comp-tent sans nul doute parmi les meilleurs au monde.

Le consortium adjudicataire « Grupo Unidos por el Canal » dirigé par Sacyr se compose d'ex-perts de haut niveau, tant dans le domaine de la construction que dans celui de la conception. Ce consortium est composé de Sacyr Vallehermoso, l'ita-lien Impregilo, le belge Jan de Nul et le panaméen Cusa. La capacité technique du groupe et des membres qui le composent, bénéficiant d'une grande expé-rience internationale, garantit le niveau de qualité du projet mis en œuvre, le respect des délais et du budget prévu.

Nous sommes fiers d'avoir obtenu le 8 juillet dernier les points nécessaires pour remporter le concours. Notre proposition économique était celle qui se rapprochait le plus des exigences du canal, avec

un montant de 3,118 milliards de dollars, et notre proposition technique, critère fondamental pour l'examen de la Junta de Evaluación Técnica (assemblée d'évaluation technique) du canal, correspondait pleinement aux attentes. Ce succès des deux volets de notre proposi-tion, longuement, a été renforcé par l'absence de contestation des autres consortiums qui s'étaient présentés.

J'aimerais également profiter de ces lignes pour remercier les autorités du canal de Panamá et son directeur, Alberto Alemán Zubieta, pour le développement exemplaire de l'ensemble du pro-cessus d'attribution du troisième jeu d'écluses, exemplaire, dans tous les sens du terme, et absolu-ment transparent.

Ces travaux, que nous avons déjà commencés, font partie du programme complet d'agrandis-sement du canal, qui augmente-ra de 40 % la capacité de transit des marchandises des voies ma-ritimes actuelles reliant l'océan Atlantique à l'océan Pacifique. Le canal dispose actuellement de deux voies d'écluses. Grâce à son élargissement, une troi-sième voie sera ajoutée par la construction de deux complexes d'écluses, un à chaque extrémité

du canal. Chaque nouveau com-plexe d'écluses se composera d'un ensemble qui intégrera 3 sas ou paliers consécutifs pour déplacer les navires entre le niveau de la mer et le niveau du lac Gatún. Les nouvelles vannes, qui mesureront 427 mètres de long par 55 mètres de large et 18,3 mètres de profondeur, permettront le passage de ba-teaux à plus fort tirant d'eau, les navires « post-Panamax ».

Pour conclure, laissez-moi vous révéler qu'outre ce chantier à Panamá, Sacyr participe actuellement, entre autres, à la construction d'infrastructures aussi considérables que le pont de Messine, qui reliera la Sicile à la péninsule italienne, ou encore à l'usine de dessalement de Perth (Australie), qui bénéficie de la plus haute technologie. La participation à ces travaux, qui fait de notre groupe une référence internationale, met également en évidence notre volonté d'être toujours présents dans la réalisation des infras-tructures comportant les plus grandes difficultés techniques et complexité d'exécution.

Sacyr a toujours affirmé aimer les défis de taille, nous aimons affronter l'impossible. Nos réali-sations parlent pour nous.

La construction du troisième jeu d'écluses de Panamá constitue une preuve de la grande capacité technologique, professionnelle et rganisationnelle de l'ingénierie espagnole

49C Les entreprises espagnoles à l'étranger

Le canal de Panamá, un succès de Sacyr et de toutes les entreprises espagnoles

Luis del RiveroPréSideNt de Sacyr VallehermoSo

50 c nouvelles culture et société

Madrid 2016 a frôlé le rêve olympique. Lors d'une finale très disputée, Madrid s'est battue jusqu'au dernier moment face à la candidature de Rio de Janeiro, après avoir vaincu Chicago et Tokyo lors des premiers votes. Le très fort soutien institutionnel, à travers la présence du roi Juan Carlos, du président du gouvernement, de la présidente de la Communau-té de Madrid, du maire de Madrid et d'un important groupe de sportifs, n'a pas suffi à convaincre les membres du CIO.

Adieu au rêve olympique de Madrid 2016

De gauche à droite, le roi Juan Carlos applaudi après son intervention devant les membres du CIO. Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération félicite le footballeur Pelé, après l'élection de Rio de Janeiro. Le président du gou-vernement, José Luis Rodríguez Zapatero, félicite le président du Brésil, Luiz Inácio Lula da Silva. photos efe.

La candidature espagnole avait surmonté les deux

premières étapes et était arrivée en finale. Elle a perdu

contre Rio de Janeiro, qui devient ainsi la première ville d'Amérique du Sud à accueillir les Jeux olympiques. Madrid conclut ici son parcours pour la candi-dature, après avoir réalisé un grand tra-vail salué par tous. Un projet, héritier de la candidature précédente de 2012, qui avait obtenu une excellente men-tion concernant les infrastructures, le soutien institutionnel et populaire, les transports, la sécurité, etc. Points sur lesquels Madrid dépassait presque toujours Rio de Janeiro qui, pour les sept années à venir, a une énorme tâ-che à accomplir. Mais les membres du CIO ont peut-être préféré respecter la règle de rotation des continents et ne pas prolonger le périple européen après les prochains Jeux olympiques

qui se dérouleront à Londres en 2012. La fierté d'avoir surpassé les excel-

lentes propositions de Chicago et To-kyo suffit à nous enorgueillir du projet espagnol. Nous comptons sur sa solidité et ses possibilités de gagner à l'avenir.

Le rêve devra toutefois attendre 2020. Rome et Paris, rivales européen-nes de taille, ont déjà manifesté leur intérêt pour cette date, ce qui repré-sentera une sérieuse concurrence sur le continent européen. Il reste, malgré tout, les efforts déployés pour 2012 et 2016 et un pays fidèle à la défense des valeurs du sport et de l'olympisme. Le potentiel considérable du sport espa-gnol, qui se distingue dans presque toutes les disciplines, assure espoir et compétence : nous poursuivrons nos efforts pour que Madrid ait bientôt sa chance. Le joueur de tennis Rafael Na-dal avait déclaré « nous gagnerons cer-tainement tôt ou tard », tandis que le

maire de Madrid, Alberto Ruíz-Gallar-dón laissait une porte ouverte au rêve en affirmant que « Madrid doit pour-suivre tous les objectifs qui pourront la rendre meilleure ». La reine Sofía a af-firmé, pour sa part, qu' « il faut féliciter Rio ainsi que le travail des Espagnols qui a été exceptionnel ».

Il ne reste plus qu'à féliciter Rio de Janeiro.

51c nouvelles culture et société

La dernière édition de Cibeles rend hommage à Elio Berhanyer Le couturier espagnol Elio Berhanyer a été la vedette indiscutable de la dernière édition de la Cibeles Madrid Fashion Week 2009, rendez-vous qui s'est tenu dans la capitale espagnole au mois de septembre. Le couturier a été applaudi par tous les grands de la mode qui ont salué le parcours remarquable du styliste, qui dure depuis plus de cinq décennies.

La Caixa est le premier établissement bancaire espagnol à ouvrir une succursale au Maroc Dans le cadre de sa stratégie d'expansion internationale, La Caixa a inauguré sa première agence à Casablanca (Maroc), après avoir reçu l'autorisation de Bank Al Maghrib, la banque centrale marocaine, d'opérer dans le pays voisin. « Cette succursale permettra d'améliorer nos services auprès des entrepreneurs espagnols au Maroc, en les accompagnant dans le développement de leurs affaires, et de progresser dans notre processus d'internationalisation », a souligné le directeur général, Juan María Nin, lors de l'inauguration.

NH et Hesperia créent le plus grand groupe hôtelier d'Espagne L'intégration des entreprises des groupes NH et Hesperia donnera naissance au plus grand groupe espagnol en termes de nombre d'hôtels et de chiffre d'affaires. NH sera également responsable de la gestion des 51 établissements dont dispose Hesperia, son premier actionnaire qui détient 25,08 %, en Espagne, en Andorre, au Royaume-Uni et au Venezuela, exploitant ainsi 400 hôtels.

Les États-Unis octroient 170 millions d'euros à Iberdrola Renovables Iberdrola Renovables a obtenu 251 millions de dollars (170 millions d'euros) au second tour d'attribution des fonds d'incitation du gouverne-ment des États-Unis dans le cadre du développement des énergies renou-velables, somme versée par le département du Trésor. À travers cette aide, que le groupe destinera à trois parcs éoliens situés au Texas, en Iowa et au Missouri, le montant total reçu par Iberdrola s'élève à plus de 500 millions de dollars.

Attaque espagnole contre le mélanome Le Groupe « mélanome » du Centre national de recherches oncologiques a remporté ses premiers succès, après un an et demi d'existence seulement. Ces recherches sur la destruction des cellules du mélanome, le plus agressif des cancers de la peau, surtout quand apparaissent des métastases, ont valu aux chercheurs la reconnaissance de la prestigieuse revue Cancer Cell. La pu-blication reprend la dernière découverte : un mécanisme qui incite la cellule à s'autodétruire (apoptose) et à s'auto-phagocyter, entraînant dès lors sa rapide destruction.

Banco Santander habille de rouge la Formule 1 La plus grande banque d'Espagne parrainera, à partir de 2010 et pour une durée de 5 ans, l'équipe Ferrari de Formule 1. L'accord a été annoncé par le pré-sident de l'établissement financier, Emilio Botín, et le directeur de l'écurie, Luca di Montezemolo. Le nouveau parrainage impliquera pour Banco Santander, déjà présent en tant que principal parrain dans trois grands prix de Formule 1, une dépense de 40 millions d'euros par an.

Au MACBA de Barcelone

Déclaration de l'UNESCO

« Modernologies », une réflexion sur la modernité

tour d'hercules, patrimoine de l'humanité

Jusqu'au 17 janvier, le musée d'art contemporain de Barcelone accueille une exposition réunissant 130 œuvres de plus de 30 artistes qui explorent l'héritage de la modernité et du « mo-dernisme » (Art nouveau) en tant que mouvement sociopolitique cherchant à créer un langage universel. Recher-che et réflexion critique à la fois, l'ex-position déploie une cartographie d'explications et contradictions non résolues par la modernité, comprise comme un mouvement idéologique et réformiste aspirant aux droits de l'Homme, à la démocratie et au déve-loppement d'un langage universel, et sa face cachée, celle des processus de domination et de colonialisme.

Le rêve est devenu réalité. La Tour d'Hercules est entrée par la grande porte sur la liste du patrimoine mon-dial, un jour inoubliable pour les habi-tants de La Corogne. Le Comité du pa-trimoine mondial de l'UNESCO réuni à Séville et regroupant 21 pays a déclaré que ce monument constituait un té-moignage « unique » et « exceptionnel » des phares de l'antiquité classique et un héritage de l' « ensemble architectural » que forment le réseau romain de pha-res implantés sur les côtes. La première des deux candidatures déposées par l'Espagne a donc été retenue. L'autre candidature de l'Espagne concernait le binôme du mercure et de l'argent sur le Camino Real Intercontinental, repré-senté pour l'Espagne par Almadén. La Tour d'Hercules est un phare d'origine romaine, construit sur un promontoire rocheux baigné par l'océan Atlantique.

Inauguré par le roi et la reine le 24 juillet. Le Grand Télescope des Cana-ries, installé sur l'île canarienne de La Palma, devient le plus grand téles-cope optique à infrarouge du monde et la plus importante infrastructure scientifique construite en Espagne. Il s'agit de la contribution de notre pays à l'Année mondiale de l'astronomie.

Inauguration du plus grand télescope du monde sur l'île de La palmaLe Grand Télescope des Canaries, ins-tallé à Roque de Los Muchachos sur l'île de La Palma, est devenu la plus importante infrastructure scientifique pour la recherche astronomique de-puis son inauguration à la fin du mois de juillet. À l'occasion de la cérémonie d'inauguration présidée par les souve-rains et la ministre de la Science et de l'innovation, Cristina Garmendia, l'im-portance de cette infrastructure a été soulignée, pour la maturité technologi-que de nos entreprises dans la gestion des projets industriels scientifiques.

Créé à l'initiative de l'Institut d'as-trophysique des Canaries, ce téles-cope a été conçu, construit et monté par l'entreprise publique Grantecan. Un projet auquel plus d'une centaine d'entreprises ont participé. Les États-Unis et le Mexique ont collaboré à sa construction et auront accès aux in-formations scientifiques obtenues par le télescope doté d'un miroir de 10,4

mètres de diamètre et d'une puissance de vision équivalent à quatre millions de pupilles humaines.

Notre pays bénéficie d'un empla-cement idéal pour l'observation, grâce à sa situation géographique et à son climat, ce qui a favorisé le développe-ment d'importantes infrastructures. Parmi ces infrastructures, celles qui se situent dans les îles Canaries sont particulièrement intéressantes. L'ob-servatoire hispano-allemand de Calar Alto (Almería) est un autre centre de recherche important, géré par l'Insti-tut d'astrophysique d'Andalousie.

Cette industrie scientifique nou-velle dans le domaine de l'astronomie a permis de développer un tissu d'en-treprises hautement spécialisées qui offrent également leurs services à trois des principaux centres de suivi des satellites situés en Europe, celui de la Nasa et de l'ESA à Madrid, et celui de l'INTA aux Canaries.

Le télescope d'El Roque de los Muchachos, le jour de son inauguration. photo efe

Premier cours universitaire à travers Facebook L'université ouverte de Cata-logne (UOC) commencera en octobre un cours pilote à travers Facebook, qui sera ouvert à toute la communauté de ce réseau social et durera deux mois. Ce cours pionnier servira à évaluer la possi-bilité d'utiliser les réseaux sociaux comme espace de formation. Si l'expérience s'avère positive, l'uni-versité étudiera la possibilité d'of-frir des enseignements complets à travers cette plate-forme.

Le gouvernement décore le fondateur de l'ONG « Sonrisas de Bombay » Le coopérant espagnol Jaume Sanllorente, fondateur de l'ONG « Sonrisas de Bombay » (sourires de Bombay), a été décoré par le gouvernement de la Croix d'Officier de l'Ordre du Mérite civil. « La meilleure façon d'exprimer ma gratitude pour cette reconnaissance est de poursuivre mes efforts pour éradiquer la pauvreté » a affirmé le fondateur de l'organisation qui offre une éducation à plus de 5 000 enfants dans les quartiers les plus défavorisés de Bombay. Parmi les différents projets mis en œuvre, citons l'orphelinat, deux écoles et plusieurs programmes pour les patients souffrant de la lèpre et leurs enfants.

Irina Bokova, nouvelle direc-trice générale de l'UNESCO La diplomate bulgare Irina Boko-va a été élue directrice générale de l'UNESCO. Elle a suivi ses études supérieures à Moscou, en Russie, où elle a obtenu un diplôme en relations internationales. Après la chute du régime, elle a approfondi ses connaissances à Harvard. À 57 ans, elle fait partie des membres les plus populaires du parti socia-liste bulgare.

52 c nouvelles culture et société

ABC ouvre au public la version numérique de son hémérothèque Le quotidien ABC vient de présen-ter son hémérothèque numérique ainsi que les suppléments et autres revues publiés par Torcuato Luca de Tena entre 1891 et 1903. Le contenu balaie donc trois siècles d'his-toire et comprend cinq millions de documents. Le fonds documentaire compte cinq millions de pages qui incluent plus de 60 000 numéros du quotidien édités par les éditions de Madrid et de Séville. Il s'agit là de plus de cent ans d'histoire vue par le quotidien ABC, mis gratuitement à la disposition de tous.

75e anniversaire de « Fondo de Cultura Económica » Le 3 septembre 2009, les édi-tions Fondo de Cultura Económica (FCE), qui ont créé l'un des cata-logues les plus riches et les plus divers en espagnol, en Amérique latine et en Espagne, ont fêté leur 75e anniversaire. Ce catalogue concerne essentiellement les sciences sociales et humaines, mais comprend également des genres tels que le roman, la critique littéraire, la poésie, la litté-rature enfantine et jeunesse.

Le langage de la liberté en Amérique latine Du 23 au 25 septembre, la Société d'État des commémora-tions culturelles, le ministère de la Culture, la Fondation Carolina et le Centre d'études politiques et constitutionnelles organiseront le IIe congrès international « Le langa-ge de la liberté en Amérique latine. Concepts politiques à l'époque des Indépendances » pour rappeler le Bicentenaire des Indépendances américaines. Le symposium a réuni plus de cinquante historiens et spécialistes des sciences politiques, juridiques et sociales.

53c nouvelles culture et société

Une exposition commémore le 70e anniversaire de l'école estudio

La résidence universitaire de Madrid ac-cueille l'exposition « L'école Estudio : une aventure pédagogique dans l'Espagne de l'après-guerre » dans le but de rappeler, soixante-dix ans après sa fondation, le travail de cette institution créée par Ji-mena Menéndez Pidal, Ángeles Gasset et Carmen García dans l'Espagne fran-quiste et qui a représenté l'une des rares

alternatives réelles au modèle autoritaire d'enseignement. L'exposition analyse l'importance qu'a eu ce collège comme fil conducteur des valeurs éducatives pro-mues par l'Institution libre d'enseigne-ment à travers la parenthèse de la guerre et de la dictature. Elle raconte l'histoire à travers une centaine d'œuvres de grande valeur historique et documentaire.

Vêtements pour l'éternité : textiles de l'ancien pérouLe musée de l'Amérique de Madrid ac-cueille jusqu'à la fin du mois de février 2010 l'exposition « Vêtements pour l'éternité : Textiles Paracas de l'ancien Pérou », qui rassemble une magnifique collection de 82 pièces constituant une partie des paquets funéraires ou « fardos » de la millénaire civilisation Paracas, qui s'est développée sur la côte Sud. C'est la première fois qu'une exposition relative aux merveilleux textiles Paracas est pré-sentée en Espagne. Les pièces, par leur beauté, leur taille et leur excellent état de conservation dû au climat sec de la région, constituent l'un des plus grands trésors du patrimoine précolombien péruvien. L'exposition du musée de l'Amérique est parrainée par le ministère de la Culture et l'ambassade du Pérou en Espagne.

La richesse et la complexité de ces tissus attirent les regards parce qu'ils révèlent une société au sein de laquelle la division sociale du travail avait per-mis à une partie de la population de se consacrer à l'ensemble du processus de production textile, du filage à la confec-

tion, en passant par la teinture et les bro-deries, constituant ainsi une activité très développée et spécialisée, qui exigea l'établissement d'ateliers dans lesquels ont certainement travaillé de nombreu-ses tisserandes. L'iconographie des tis-sus présente également certains person-nages, parfois anthropo-zoomorphes, qui exhibent de nombreux ustensiles et bâtons, symbole du pouvoir, aux côtés de guerriers portant couteaux et têtes coupées, souvent entourés de serpents bicéphales et d'autres représentations plus ou moins naturalistes de plantes, d'animaux ou des figures géométriques.

Musée de l'Amérique. Les enveloppes funéraires des momies précolom-biennes de la millénaire civilisation Paraca de la côte Sud du Pérou arrivent à Madrid.

Détail de l'un des tissus funéraires.

54 c nouvelles culture et société

Prix de l'Essai Casa África 2009 Casa África crée le Prix Casa África de l'Essai sur des thèmes africains, par lequel elle souhaite reconnaître, encourager et publier des essais originaux et inédits qui contribuent à une meilleure connaissance des re-lations hispano-africaines dans deux domaines : les relations économiques entre l'Afrique subsaharienne et l'Espagne et la consolidation démo-cratique en Afrique subsaharienne. Les essais devront être déposés ou adressés par courrier électronique avant le 31 octobre 2009 au siège de Casa África.

« Iberia » d'Isaac Albéniz,en tournée à travers l'Europe Le ministère de la Culture coordon-ne un cycle de concerts interprétés par le pianiste Gustavo Díaz Jérez, qui présente le chef-d'œuvre du maestro de Camprodón dans plusieurs villes européennes. La République tchèque a accueilli les deux premiers concerts du cycle qui ont eu lieu les 15 et 21 août. En septembre, le pianiste de Ténériffe a donné des concerts à Moscou et Saint-Pétersbourg. Le cycle s'achève le 17 octobre à Vienne.

Premier Prix national du Jour-nalisme culturel Le journaliste Jacinto Antón a reçu le Prix national du Journalisme cultu-rel décerné pour la première fois par le ministère de la Culture. Après avoir étudié le journalisme et l'art drama-tique, Jacinto Antón écrit depuis plus de 20 ans dans la rubrique culture du quotidien El País. En 2009, il a publié « Pilotos, caimanes y otras aventuras extraordinarias » (Pilotes, caïmans et autres aventures extraordinaires), re-cueil de ses chroniques. Ce prix a été créé pour récompenser le travail des journalistes qui contribuent à enrichir le patrimoine culturel de l'Espagne. Comme plusieurs autres prix natio-naux, il est doté de 20 000 euros.

Mario Vargas Llosa remporte le prix de l'essai Caballero Bonald« Voyage vers la fiction. Le monde de Juan Carlos Onetti », de l'écrivain Mario Vargas Llosa a remporté le Prix interna-tional de l'Essai 2009 Caballero Bonald. Cette œuvre analyse le parcours d'un auteur uruguayen « en recréant le mon-de complexe et inquiétant d'Onetti, à tra-vers un exercice d'une grande intensité critique ». Mario Vargas Llosa, auteur d'essais aussi mémorables que « His-

toire d'un déicide » ou « L'orgie perpé-tuelle » réalise dans son livre une étude élaborée sur l'œuvre en castillan de l'un des auteurs les plus importants du XXe siècle. Ce prix est décerné à un essai par la Fondation Caballero Bonald et la Bi-bliothèque virtuelle Miguel de Cervan-tès ; il est doté de 30 000 euros. À cette occasion, plus de 80 œuvres d'auteurs espagnols et américains étaient en lice.

trueba pourrait à nouveau gagner un oscarFernando Trueba, avec « La danse de la victoire » représentera l'Espagne lors de la prochaine édition des Oscars dans la catégorie de meilleur film en langue étrangère. Le film de Trueba,

qui n'avait pas tourné depuis cinq ans, a été choisi par l'Académie des arts et des sciences cinématographiques parmi trois films. Étaient également en

compétition « Carte des sons de Tokyo » d'Isabel Coixet et « Gordos » de Da-niel Sánchez-Arévalo. Fernando True-ba, âgé de 54 ans, a déjà remporté un Oscar en 1993 avec « Belle Époque ».

« C'est une joie, surtout quand elle est aussi récente. Ce choix signifie que le film a plu aux membres de l'Acadé-mie, de l'industrie, ce qui est un honneur et une joie », a déclaré Trueba après avoir appris la nouvelle. La première du film devait initialement avoir lieu le 4 décembre mais elle a été avancée au 27 novembre. « La danse de la victoire » qui comp-te, parmi les acteurs, Ricardo Darín, est une adaptation du roman éponyme de l'écrivain chilien Antonio Skármeta, qui

avait remporté le prix Planeta, et ra-conte une histoire d'amour, d'amitié et de vengeance lors du rétablissement de la démocratie au Chili.

Candidat au meilleur film en langue étrangère. Le film « La danse de la victoire » du metteur en scène madrilène a été choisi pour représenter l'Espagne

Fernando Trueba et l'acteur argentin Ricardo Darín lors du tournage de certaines scènes, en plein hiver austral, dans la cordillère des Andes.

55c nouvelles culture et société

Notre dette envers... Eduardo Arroyo

Portrait de l'ardent artisteNaître à Madrid en 1937 ne doit pas précisément contribuer à se sentir en parfaite harmonie avec le reste du monde. C'est pourtant ce qui est arrivé à Eduardo Arroyo, homme qui a toujours eu pour modèle Robinson Crusoé, qui se sent fatalement attiré par la boxe et les cimetiè-res romantiques et qui ne vénère que les écrivains et les artistes aussi incompris (du moins au début) que souverains maîtres de leur propre langage.

Après le décès de son père, l'idée de devenir le chef d'une famille composée d'une mère et d'une sœur dans l'Espagne talibanique de l'après-guerre dut lui pa-raître insupportable, aussi, dans un élan d' « espagno-lité » absolue, comme aurait dit Bolaño, décida-t-il de s'exiler. Il avait 21 ans, avait suivi des études de journa-lisme, jouissait d'une bonne santé et, selon lui, d'un op-timisme incorrigible. Doté de ce capital, il débarqua à Paris, croyant en connaître la raison, mais pas vraiment le dessein. Peut-être était-il

dans le même état d'es-prit que James Joyce qu'il admirait et qui s'exila pour sentir plus intensément son Irlande natale (l'idée est de Borges, et plutôt littéraire).

Seules la force de la jeunesse et l'ambition de devenir un citoyen univer-sel peuvent compenser les souffrances de l'exil. Dans le cas du Paris des années 50 et 60, il fallait être très stoïque pour supporter la faim, le froid et les punai-ses qui pullulaient dans les chambres de bonne bien avant l'arrivée du premier espagnol dans ce qui était alors la capitale du monde. Arroyo a survécu à tout cela et découvrit dans le même temps ce qu'il souhaitait être dans la vie : un peintre et surtout, un grand peintre.

Le coup de vent de mai 68 balaya les sottises exis-tentialistes et la bohème qui conférait aux rues de Paris un charme qu'elle n'a franchement plus jamais retrouvé. Sous les pavés levés pour construire des barricades, aucune plage n'apparut. Personne ne sut

que faire de cette liberté provisoire et comme tombée du ciel mais beaucoup découvrirent le plaisir de dénoncer l'ordre établi. Depuis lors, la peinture a eu pour Arroyo un sens prati-que et une orientation claire : prouver aux odieux, aux infâmes et aux idiots (que nous appellerions dans le langage actuel sales bâtards) qu'il y a toujours quelqu'un qui observe leurs manœu-vres et prend note. C'est peut-être la raison pour laquelle sa peinture n'a pas évolué à grands pas comme celle d'autres artistes et paraît toujours renvoyer aux mêmes obsessions.

Après le long état d'ex-ception du franquisme en Espagne, un grand nombre de personne se réjouis-sait à l'idée d'accomplir de grandes choses, mais apparemment d'autres allaient s'en charger. Quand Arroyo trouva l'occasion de revenir sans qu'on lui claque la porte au nez (profession-nellement), il attendait son retour depuis si longtemps qu'il n'avait pas imaginé un instant qu'en Espagne,

des règles du jeu spéciales pourraient encore une fois être fixées.

L'artiste qui veut toujours avoir le dernier mot et conserve intacte l'énergie de sa jeunesse (et son penchant pour la protestation), les dénonce les unes après les autres sur ses toiles, avec une ironie acerbe (« Sans humour ni dérision, la vie serait bancale », assure Arroyo). Il doit parfois être conscient de lutter contre des moulins à vent, mais sa nature pétillante et sous pression l'y oblige. Ne serait-ce que pour le geste de bran-dir l'étendard de la lucidité face au conformisme géné-ralisé, nous avons déjà une dette envers lui. Le collec-tionneur de têtes coupées, le franc-tireur qui tire sur les idées reçues, le destructeur d'illusions propagées par les prophètes tombés de la der-nière pluie ne nous protège pas seulement des tentations des deux principaux types de pensée unique, mais nous aide également à voir nos propres rides, grimaces et contradictions dans le miroir.

Il a quitté l'Espagne à l'âge de 21 ans, pour incompatibilité évidente avec la situation. Il est revenu un quart de siècle plus tard, peintre renommé. Vingt-cinq ans après, ses opinions sur l'Espagne sont loin d'être dithyrambiques. Jacobo García. JOURNALISTE

56 c publications

● Adiós mi España que-rida (Adieu Espagne bien-aimée). Rafael Torres. La Esfera de los Libros. Entre les années cinquante et soixante, plus de trois millions d'Espagnols se sont vus obligés d'émigrer. Pourtant, cet exil a été effacé et passé sous silence. Com-ment avons-nous pu oublier que nous aussi, comme les Équatoriens, les Roumains ou les Marocains qui arrivent aujourd'hui dans notre pays, nous avons été contraints de chercher un avenir meilleur au-delà de nos frontières ? À travers vingt témoignages uniques, vingt histoires ano-

nymes, Rafael Torres apporte une vision émouvante, tantôt heureuse tantôt tragique, d'une réalité méconnue. Les pages de ce livre nous indiquent les raisons qui ont poussé ces hommes et ces femmes à quitter un pays appauvri par la guerre. Nous y apprenons également que plus de la moitié de l'émigra-tion espagnole en Europe a été une émigration illégale, clandestine, sans papiers. Il y eut des émigrants acciden-tels, des émigrants provisoi-res et des émigrants à perpé-tuité. Certains sont rentrés au pays, d'autres pas, beaucoup ont regretté d'être rentrés, d'autres de ne pas l'avoir fait, mais aucun d'entre eux n'a été réduit à une paire de bras ni, bien sûr, à un numéro à mettre au compte d'une histoire secondaire méritant d'être oubliée.

● Guía de la Transparencia 2009 (Guide de la trans-parence 2009). Fondation Lealtad. Le guide 2009 de la transparence et des bonnes

pratiques des ONG analyse, dans sa dernière édition, le respect des neuf princi-pes de transparence et de bonnes pratiques définis par la Fondation Lealtad. Y ont participé 131 organisations non gouvernementales – 85 d'action sociale, 41 de coo-pération au développement et 5 pour l'environnement – et les résultats obtenus sont les meilleurs jamais atteints dans les sept éditions pré-cédentes de ce guide, avec un niveau moyen de respect des principes dépassant pour la première fois le seuil de 90%. Ce guide est un outil pionnier en Espagne, fournissant aux donateurs une information gratuite, indépendante, objective et homogène. Il contient les résultats de plus de 400 rapports élaborés par une équipe d'analystes de la fon-dation, suivant une métho-dologie qui inclut entretiens et visites d'ONG, ainsi qu'un rapport d'évaluation garantissant la cohérence, l'homogénéité et la rigueur de l'évaluation.

● Mujeres en la ciudad. De violencias y derechos (Femmes dans la ville. Violences et droits). Ana Falú. AECID. Édité par Ana Falú, direc-trice du Bureau régional de l'UNIFEM pour le Brésil et les pays du Cône sud, avec le soutien de l'AECID, ce livre se fait l'écho de divers travaux sur l'articulation des notions et des perceptions de l'espace privé/espace public, (in)sécurité/coha-bitation urbaine et violence de genre/violence urbaine dans les villes d'Amérique latine, et les situe dans la perspective des droits de la

Rapport sur le développement humain 2009 « Superando barreras: movilidad y desarrollo humanos » (Franchir les obstacles : mobilité et développement humains) PNUD. Nous vivons dans un monde extrêmement mobile, dans lequel la migration est non seulement inévitable, mais consti-tue une dimension majeure du développement humain. Près d'un milliard de personnes (soit une sur sept) sont des émigrants. Le rapport du PNUD « Superando barreras: movilidad y desarrollo humanos », montre que la migration peut améliorer le développement humain de ceux qui se déplacent, des communautés de destination et de ceux qui restent dans leur lieu d'origine. Ses conclusions remettent en question certains concepts communs erronés sur la migration, et proposent une série de politiques permettant d'accroître la liberté des personnes et d'améliorer le quotidien de millions d'habitants dans le monde entier. Depuis 1990, les rapports sur le développement humain du PNUD présentent des innovations, des contributions analytiques et des recommandations importantes en matière de politiques publiques. De plus, chaque année, ils incluent divers indicateurs, dont l'in-dice de développement humain (IDH), indicateur synoptique du bien-être humain, qui associe des mesures de l'espérance de vie, de l'alphabétisme, de la scolarisation et du PIB par habitant. La Norvège, l'Australie et l'Islande sont en tête du classement selon l'IDH ; l'Espagne occupe la 15e place, et la Sierra Leone, l'Afghanistan et le Niger sont les trois derniers sur les 182 pays et territoires étudiés.

✱... indispensables à lire

Informe sobre Desarrollo

Humano 2009

Superando barreras:

Movilidad y desarrollo humanos

IDH

2009 S

uperan

do b

arreras: M

ovilidad

y desarro

llo hum

anos

Afganistán 181

Albania 70

Alemania 22

Andorra 28 1

Angola 143

Antigua y Barbuda 47 1

Arabia Saudita 59 1

Argelia 104

Argentina 49 2

Armenia 84 1

Australia 2

Austria 14 2

Azerbaiyán 86 2

Bahamas 52

Bahrein 39

Bangladesh 146 2

Barbados 37 2

Belarús 68 1

Bélgica 17

Belice 93 3

Benin 161 1

Bhután 132 1

Bolivia 113

Bosnia y Herzegovina 76

Botswana 125 1

Brasil 75

Brunei Darussalam 30

Bulgaria 61 2

Burkina Faso 177 1

Burundi 174 1

Cabo Verde 121

Camboya 137

Camerún 153 1

Canadá 4

Colombia 77 5

Comoras 139

Congo 136

Congo (Rep. Democrática del) 176 1

Corea (República de) 26

Costa Rica 54 1

Côte d’Ivoire 163

Croacia 45

Cuba 51

Chad 175 2

Chile 44 1

China 92 7

Chipre 32

Dinamarca 16 2

Djibouti 155

Dominica 73 2

Ecuador 80 3

Egipto 123 1

El Salvador 106

Emiratos Árabes Unidos 35 2

Eritrea 165

Eslovaquia 42 2

Eslovenia 29

España 15

Estados Unidos 13 -1

Estonia 40

Etiopía 171

Federación de Rusia 71 2

Fiji 108

Filipinas 105

Finlandia 12

Francia 8

Gabón 103

Gambia 168

Georgia 89 2

Ghana 152 2

Granada 74

Grecia 25

Guatemala 122 1

Guinea 170

Guinea Ecuatorial 118

Guinea-Bissau 173 1

Guyana 114

Haití 149

Honduras 112

Hong Kong, China (RAE) 24 1

Hungría 43 2

India 134

Indonesia 111

Irán (Rep. Islámica de) 88 1

Irlanda 5

Islandia 3

Islas Salomón 135

Israel 27 1

Italia 18 1

Jamahiriya Árabe Libia 55 1

Jamaica 100 8

Japón 10

Jordania 96 1

Kazajstán 82 1

Kenya 147

Kirguistán 120

Kuwait 31

Lao (Rep. Democrática Popular) 133 1

Lesotho 156

Letonia 48 2

Líbano 83 3

Liberia 169

Liechtenstein 19 1

Lituania 46

Luxemburgo 11 3

Macedonia (ERY) 72

Madagascar 145

Malasia 66

Malawi 160 1

Maldivas 95 2

Malí 178 1

Malta 38 3

Marruecos 130

Mauricio 81 2

Mauritania 154 1

México 53 1

Moldova 117

Mongolia 115 1

Montenegro 65

Mozambique 172

Myanmar 138

Namibia 128 1

Nepal 144

Nicaragua 124

Níger 182

Nigeria 158 1

Noruega 1

Nueva Zelandia 20

Omán 56 1

Países Bajos 6 1

Pakistán 141 1

Panamá 60 1

Papua Nueva Guinea 148 2

Paraguay 101

Perú 78 5

Polonia 41 1

Portugal 34 1

Qatar 33 1

Reino Unido 21

República Árabe Siria 107 2

República Centroafricana 179

República Checa 36

República Dominicana 90

Rumania 63 1

Rwanda 167

Saint Kitts y Nevis 62 2

Samoa 94 2

San Vicente y las Granadinas 91 2

Santa Lucía 69 1

Santo Tomé y Príncipe 131

Senegal 166

Serbia 67

Seychelles 57

Sierra Leona 180

Singapur 23 1

Sri Lanka 102

Sudáfrica 129 1

Sudán 150

Suecia 7 1

Suiza 9

Suriname 97 1

Swazilandia 142 2

Tailandia 87 1

Tanzanía (Rep. Unida de) 151

Tayikistán 127

Territorios Palestinos Ocupados 110

Timor-Leste 162

Togo 159

Tonga 99 5

Trinidad y Tobago 64 1

Túnez 98 2

Turkmenistán 109 1

Turquía 79 1

Ucrania 85 1

Uganda 157 1

Uruguay 50 1

Uzbekistán 119

Vanuatu 126 1

Venezuela (Rep. Bolivariana de) 58 4

Viet Nam 116 1

Yemen 140 1

Zambia 164

Clave de países:

Clasificación según el IDH 2007 y cambio en la clasificación entre 2006 y 2007

Notas: Indica el número de posiciones en que el país ha mejorado su clasificación del índice de desarrollo humano ( IDH) entre 2006 y 2007.

Indica el número de posiciones en que el país ha disminuido su clasificación del IDH entre 2006 y 2007.

En blanco, indica que el país no ha variado su clasificación del IDH entre 2006 y 2007.

Sitio web del Informe: http//hdr.undp.org

Informe sobre Desarrollo Humano 2009

Vivimos en un mundo muy desigual. Para muchos habitantes del mundo, aban-

donar su lugar de origen puede ser la mejor salida, y en ocasiones la única, de

mejorar su vida. La migración puede ser muy e�ciente para aumentar el ingreso,

la educación y la participación de individuos y familias y mejorar las perspec-

tivas futuras de sus hijos. Pero tiene un valor incluso mayor: la capacidad de

decidir dónde vivir es un elemento clave de la libertad humana.

No existe un per�l único de los migrantes del mundo: temporeros de la fruta, en-

fermeras, refugiados políticos, trabajadores de la construcción, académicos y pro-

gramadores de computación son todos parte de los casi mil millones de personas

que se desplazan al interior de sus países o allende las fronteras. Cuando la gente

cambia su lugar de residencia, se embarca en un viaje de esperanza e incertidum-

bre, ya sea en su país o en el extranjero. La mayoría de ellos se traslada en busca de

mejores oportunidades, con la esperanza de combinar sus propios talentos con

los recursos del país de destino en bene�cio propio y de sus familiares cercanos,

quienes a menudo los acompañan o los siguen después. En conjunto, las comuni-

dades locales y las sociedades también se han bene�ciado, tanto en el lugar de ori-

gen como en el de destino. La diversidad de estas personas y las reglas que rigen sus

movimientos hacen de la movilidad humana uno de los temas más complejos que

enfrenta el mundo hoy, especialmente en medio de la actual recesión mundial.

Superando barreras: movilidad y desarrollo humanos analiza de qué manera el

mejoramiento de las políticas en torno a la movilidad pueden estimular el de-

sarrollo humano. En primer lugar, traza las líneas generales del desplazamiento

humano, es decir, quién se traslada hacia qué lugar, cuándo y por qué, antes

de analizar el amplio abanico de efectos de este cambio en los migrantes y sus

familias y en los lugares de origen y de destino. Ofrece además argumentos para

que los gobiernos reduzcan las restricciones al desplazamiento tanto al interior

de las fronteras como a través de ellas, de manera de ampliar las alternativas y las

libertades humanas. Por otra parte, aboga por medidas prácticas destinadas a

mejorar las perspectivas de los recién llegados, lo que a su vez generará grandes

bene�cios tanto en las comunidades que los reciben como en las que quedan

atrás. Las reformas no sólo están dirigidas a los gobiernos de los países de des-

tino, sino también a los de origen y a otros actores, fundamentalmente al sector

privado, las asociaciones gremiales y las organizaciones no gubernamentales,

así como también a los propios migrantes.

El Informe sobre Desarrollo Humano 2009 pone el desarrollo humano en un

lugar destacado de la agenda para el desarrollo de aquellas autoridades dispues-

tas a buscar los mejores resultados a partir de patrones de movimiento humano

cada vez más complejos en el mundo entero.

57c publications

femme et des droits des ci-toyens. Les articles qu'il ras-semble correspondent à des interventions du Deuxième séminaire international du programme régional « Des villes sans violence envers les femmes, des villes sûres pour tous et pour toutes », organisé à Buenos Aires en juillet 2008. Ces interven-tions ont été éditées dans ce volume et complétées par les contributions de spécia-listes du droit, de la sécurité et de la ville.

● La gestión de la coo-peración al desarrollo. Instrumentos, técnicas y herramientas. (La gestion de la coopération au déve-loppement. Instruments, techniques et outils). Ma-nuel Gómez-Galán et Luis Cámara López. Fondation CIDEAL. Le secteur de la coopéra-tion internationale pour le développement, actuelle-ment en nette expansion, attire de plus en plus de citoyens, d'organisations, d'institutions publiques et privées, de gouvernements, d'entreprises, d'universités… Tous se heurtent aujourd'hui au défi commun consis-tant à unir leurs efforts pour améliorer la qualité et l'efficacité de leurs interven-

tions. Ce livre, auquel ont participé des professionnels ayant une longue expérience dans différents domaines de spécialisation de ce secteur, aborde différents instruments utilisés dans la gestion de la coopération, en partant d'une approche pratique et offrant au lecteur un précis de connaissances, de techniques et d'outils utiles lui permettant de s'y retrouver sur la scène actuelle de l'aide. Il vise à contribuer ainsi à une coo-pération au développement plus efficace, en mettant à la portée des professionnels de ce secteur un moyen de sou-tenir leur travail et en offrant à toutes les personnes et les institutions intéressées une vision complète et actuelle des principaux instruments d'aide et des modes de gestion interne des organi-sations.

● Sahara. Josto Maffeo et Ángeles Blanco. La esfera de los libros. Deux journalistes et amis, l'Espagnole Ángeles Blanco et l'Italien Josto Maffeo, ont fait ensemble un long voyage à travers le grand désert du Sahara. De leur expérience est né ce livre, combinaison parfaite de ses connais-sances à lui, de son regard surpris à elle et du vécu des hommes et des femmes qui leur ont offert leur hospi-talité nomade. D'après les auteurs, ce parcours, tant physique que spirituel, montre que le voyage est à la portée de tous, de ceux qui se proposent de voyager, à condition qu'ils se soient préparés psychologique-ment au voyage, qui n'est

pas la même chose que le tourisme. Lors d'un périple dans le Sahara, il est possi-ble de tout laisser derrière soi, de savourer l'aventure et de faire des rencontres enri-chissantes. Au fil du chemin, disent-ils, le sac à dos se remplit peu à peu d'histoire, de coutumes, de gastrono-mie et, enfin, de la grande sagesse des habitants du désert.

● Las independencias en América. Manuel Chust et Ivana Frasquet. Los libros de la Catarata. L'histoire des révolutions pour l'indépendance dans l'Amérique espagnole a engendré une énorme pro-duction historiographique depuis ses débuts. C'est un thème qui dépasse les

questions historiques pour s'intéresser aux sentiments, à l'idéologie, à la politique et aux questions ethniques. Pendant des décennies, l'in-dépendance a été majoritai-rement interprétée comme la lutte entre patriotes et Espagnols, entre bons et mé-chants, comme la geste de héros. La présente étude de synthèse tente d'expliquer ce thème complexe comme un processus historique intégré dans un contexte mondial, qui s'est déroulé progressivement, a priori sans dénouement prévu, dans lequel sont intervenus de multiples acteurs, et où la lutte pour la souveraineté s'est transformée en une lutte pour la liberté politique et l'égalité entre les villes, les communautés, les ethnies ou les peuples.Manuel Chust est professeur d'histoire contemporaine à l'université Jaume I de Castellón. Il est l'auteur de nombreuses études sur les indépendances de l'Améri-que latine et le libéralisme gaditan et son impact en Amérique. Ivana Frasquet est enseignante-chercheuse en histoire contemporaine dans la même université. Ses recherches se sont centrées sur le constitutionnalisme gaditan et son importance en Espagne et au Mexique.

● China en África. Pekín a la conquista del continen-te africano (La Chinafri-que. Pékin à la conquête du continent noir). Serge Michel et Michel Beuret. Éditions Alianza. Collec-tion Ensayo.Les journalistes français Ser-ge Michel (correspondant du

58 c publications

journal Le Monde en Afrique occidentale) et Michel Beuret offrent une vision révélatrice de ce que signifie la pré-sence chinoise croissante en Afrique pour les deux conti-nents : l'appétit de la Chine pour les matières premières de l'Afrique a enclenché une transformation semblable à celle de la décolonisation. La réflexion s'argumente autour du fait qu'entre 1980 et 2005, le commerce bilatéral entre la Chine et l'Afrique a été multiplié par cinquante, et qu'en 2006, 900 entrepri-ses chinoises opéraient sur le territoire africain. Les Chinois séduisent les dictateurs car ils investissent sans parler de démocratie, et ils séduisent les habitants car ils construisent des routes et des maisons. Les Occidentaux vont-ils accep-ter d'être relégués au second plan ? Quelles sont les conséquences écologiques de cette nouvelle fièvre de l'or ? Comment les Africains réagissent-ils ? Les auteurs argumentent leur réflexion en

se fondant sur leur expé-rience, après avoir parcouru quinze pays à la recherche de ces nouveaux colons, des forêts menacées du Congo et des karaokés du Nigeria aux oléoducs du Soudan, en pas-sant par les chemins de fer d'Angola. L'essai est illustré par les photographies de Pa-olo Woods, photojournaliste expérimenté et collabora-teur habituel des revues et journaux les plus prestigieux du monde. En 2004, il a reçu le World Press Photo Award pour ses reportages photos en Iraq.

● Memoria 2008. Casa Asia.Cette publication rassemble le travail intense réalisé par Casa Asia en 2008, une année riche en activités, dont l'axe principal était l'intérêt de l'institution en faveur d'un rapprochement avec les communautés asiatiques présentes en Espagne. Parmi les événements les plus re-marquables figurent l'Année de l'Inde, l'Observatoire

d'Asie centrale, l'organisation des tribunes Corée-Espagne, Inde-Espagne et Philippines-Espagne, ainsi que l'orga-nisation et la coordination du pavillon du Pacifique à l'exposition universelle Expo Zaragoza 2008. Mais aussi, l'organisation du Ier Congrès international sur le tourisme asiatique, une nouvelle édition du Dialogue Orient-Occident et une rencontre économique internationale, le Global China Business Meeting, qui a réuni plus 400 responsables d'en-treprises du monde entier.

● ¿De qué se alimenta el hambre? (Que quoi la faim se nourrit-elle ?) Ouvrage collectif. Action contre la faim et les édi-tions Icaria.Fin 2007 et début 2008, les prix mondiaux des aliments et du pétrole se sont envolés. D'après les estimations de la FAO, en raison des prix élevés des aliments, le nombre de personnes souffrant de la faim a augmenté, passant de 850 millions en 2005 à

● La historia de España a través del cine (L'his-toire de l'Espagne à tra-vers le cinéma). AECID. Éditions PolifemoPublié dans le but d'amé-liorer la compréhension de la richesse historique et culturelle de l'Espagne dans

sa pluralité, La historia de España a través del cine est un livre de référence qui contribuera à la connaissance de ce que les Espagnols ont dit d'eux-mêmes, de leur histoire, à travers le cinéma. Organisé par périodes histo-riques, cette vaste sélection rassemble des films de long métrage, réalisés en 35 et 16 mm ou en vidéo, indé-pendamment de leur format de diffusion, et exclut les

séries télévisées. De plus, et pour apporter des visions parallèles, elle comprend des œuvres produites dans d'autres pays, dans lesquelles l'histoire de l'Espagne occupe une place prépondérante. Cette publication destinée à la promotion de notre ciné-matographie, proposée par la cinémathèque de l'AECID, élargit désormais sa diffusion internationale avec cette édition traduite en anglais.

✱... indispensables à lire

963 millions actuellement, et ces prix élevés menacent de mettre à mal les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement. Si les prix mondiaux des aliments sont en baisse, les prix locaux ont continué d'augmenter ou se sont maintenus à un niveau élevé dans la plupart des pays vulnérables, mettant ainsi des millions de personnes en situation de risque. La crise alimentaire mondiale provo-quée par le prix des aliments n'est pas terminée. Des mesu-res doivent être prises sans attendre. Il est urgent que nous disposions des moyens et de la volonté de traduire la politique mondiale en des mesures efficaces, permettant de répondre aux besoins des personnes les plus touchées et les plus vulnérables.

● Bartolomé de las Casas. Entre la espada y la cruz (Entre l'épée et la croix). Bernard Lavallé. Éditions Arial Héraut de la lutte pour les droits de l'homme et défen-seur infatigable de la cause des Indiens en Amérique latine, la figure de Bartolomé de las Casas continue de faire d'objet des critiques les plus

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THE HISTORY OF SPAIN

THROUGH CINEMA

EdicionesPolifemo

Portada Cine 26/6/09 13:54 Página

1

59c publications

exacerbées et d'être exaltée comme celle du « protec-teur universel » des Indiens. Jusqu'à présent, la ténacité et la dévotion qui caracté-risent l'engagement de Las Casas ont mené ses biogra-phes jusqu'à l'hagiographie. L'ouvrage de Bernard Lavallé est tout autre. Attentif aux dy-namiques et à la mentalité de l'époque, il replace Las Casas dans son contexte historique, à savoir celui d'un Nouveau Monde dans lequel les luttes de pouvoir de l'Espagne sont transposées dans une Améri-que émergente, antérieure à la conquête des grands empires, construite sur les fondements du modèle colonisateur de l'époque, et dans laquelle toute idée utopiste de colo-nisation et d'évangélisation pacifique finit par échouer.

● Los invisibles de Kolda, José Naranjo et Magec Montesdeoca. Éditions PenínsulaCe livre raconte l'enquête menée par ses auteurs dans la région du Sénégal dont venait la plupart des passagers d'une embarcation de fortune qui a fait naufrage avant d'atteindre les îles Canaries, en avril 2007, sans laisser de survivants. Il est estimé que 160 jeunes

d'une région bien précise de ce pays d'Afrique voyageaient à son bord. José Naranjo a suivi professionnellement le phénomène de l'immigration africaine vers les Canaries, du point de vue des îles comme de celui des pays d'origine et de transit des clandestins. Pour ce travail, il a reçu, entre autres, le prix Derechos Hu-manos (droits de l'Homme) du Conseil général du Barreau espagnol 2007, décerné égale-ment au journaliste Nicolás Castellano. Pour sa part, Ma-gec Montesdeoca, auteur des photographies du livre, s'est rendu plusieurs fois en Afrique pour relater la situation passée de plusieurs jeunes accueillis dans des centres aux Cana-ries, et tirer de l'oubli les noms, les visages et les histoires des 160 jeunes de Kolda.

● Poder y regímenes en el mundo árabe contem-poráneo (Pouvoir et régimes dans le monde arabe contemporain). Ferran Izquierdo Brichs. Fondation CIDOBLes régimes autoritaires arabes et leurs élites ont dé-veloppé une grande capacité de survie et de stabilité, qui contraste avec l'image qui nous parvient d'une région en constante agitation. S'impose

donc une analyse situant chaque dynamique dans son contexte et nous permettant de comprendre ces socié-tés si proches, mais qui en même temps engendrent tant d'idées préconçues et d'interprétations erronées en Occident. L'objectif de cet ouvrage est d'étudier les relations de pouvoir qui définissent les régimes politiques dans le monde arabe actuel et de proposer une approche et une méthodologie univer-selles qui dépassent les préjugés. Pour comprendre les dynamiques sociales, po-litiques, idéologiques et éco-nomiques dans ces sociétés, comme dans n'importe quelle autre, il faut analyser les causes de leur stagna-tion, mais aussi les forces qui essaient de les transfor-mer. Ce livre présente tout

d'abord une proposition théorique et méthodologi-que offrant une perspective générale sur le pouvoir et les régimes politiques dans le monde arabe actuel. Les chapitres suivants analysent la situation dans neuf pays arabes ayant des systèmes politiques, économiques et sociaux très différents les

uns des autres, et offrent une vision détaillée et comparée des dynamiques de rapports de force dans le monde arabe.

● El Magreb y sus fronte-ras en el mar: conflictos de delimitación y pro-puestas de solución (Le Maghreb et ses frontières maritimes : conflits de délimitation et solutions possibles). Víctor Luis Gutiérrez Castillo. Édi-tions Huygens Une étude exhaustive sur la délimitation des espaces maritimes le long des côtes méditerranéenne et atlantique des pays du Maghreb, qui ont souvent donné lieu à des contentieux entre les diffé-rents États concernés. Ce livre offre un point de vue éclairant sur les limites maritimes des différentes juridictions d'État, afin de favoriser la coopéra-tion entre pays, de réduire les incidents et de faciliter la gestion coordonnée de ques-tions telles que les migrations illégales ou la contrebande. L'auteur est professeur dans le département de droit international public de l'uni-versité de Jaén, et membre de l'équipe de Casa Árabe à Cordoue.

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Il y a plus de 40 ans, l'un de nos meilleurs cerveaux quittait notre pays pour s'installer à New York. Aux États-Unis, il a atteint les plus hautes sphères, tout d'abord en tant que responsable de la santé mentale et par la suite en tant que président du Système de santé et des hôpitaux publics de la ville.

Convaincu du fait que, même dans les moments les plus difficiles, les gens sont capables de tirer le meilleur parti de ce que la vie peut leur offrir, le docteur Luis Rojas Marcos s'entretient avec Miradas al Exterior sur le pouvoir de l'optimisme, le président Obama et l'essor des nouveaux réseaux sociaux tels que Facebook. Beatriz Beeckmans

Luis Rojas Marcos«C'est la pensée positive qui a permis à l'humanité d'avancer»Le jour se lève à New York et, dans son bureau de l'université, le Dr Rojas Marcos répond avec entrain à un en-tretien qui durera plus d'une heure. « Parler prolonge l'existence, je vivrai quelques mois de plus », nous dit-il en riant lorsque nous nous excusons d'abuser de son temps. « En général, je me lève tôt, vers 5 heures du matin, et je vais courir à Central Park jusqu'à quatre fois par semaine. Mon plai-sir est de courir le marathon de New York. J'y participe depuis 16 années

consécutives et j'espère être de la fête le 1er novembre prochain ». Avec cette énergie, il arrivera probablement en bonne position. L'optimisme que notre psychiatre le plus international trans-met est, sans aucun doute, l'un de ses principaux signes distinctifs, et un su-jet récurrent dans ses œuvres. — Docteur, le verre est-t-il pour vous toujours à moitié plein ?— En général, l'être humain fait preuve d'une capacité consciente ou incons-ciente pour voir le côté positif de son

existence, pour surmonter l'adversité et pour aborder la vie avec une note d'espoir, en pensant que ce que nous désirons va se produire. Lorsque nous sommes confrontés à des situations difficiles, nous possédons également une grande capacité pour surmonter et digérer les calamités en tout genre et nous relever. Si tel n'était pas le cas, l'humanité n'aurait pas pu croître et améliorer sa qualité de vie comme elle l'a fait. Je ne veux pas nier les sérieux problèmes du monde, mais l'humanité

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va de mieux en mieux, et c'est grâce à cette capacité que possèdent les hom-mes pour tirer le meilleur parti de ce que la vie leur offre. — Mais comment fonctionne ce mé-canisme dans l'esprit des gens ? — La pensée positive repose sur trois points. En premier lieu, envisager l'avenir avec espoir. Je crois beaucoup en l'évolution — génétique et biologi-que, mais également sociale — de l'être humain, en me fondant sur le fait que nous essayons chaque jour de renfor-cer les qualités qui nous aident à vivre et à vivre mieux, en éliminant ce qui interfère avec notre bonheur ou ca-pacité à survivre. Cet espoir est fondé sur l'observation de la façon dont nous avons progressé dans tous les domai-nes, si nous regardons le passé. Il y a peu, les femmes devaient accoucher de 8 enfants pour que 5 ou 6, au maxi-mum, survivent ; la mortalité infantile était considérée comme un phéno-mène inévitable. L'éducation était un privilège, seules les personnes qui en avaient les moyens allaient à l'école. En se fondant sur l'évolution, ce pro-grès est une forme d'espoir.

En deuxième lieu, il y a l'espoir reposant sur la foi que nous avons en nos possibilités. L'espoir de dire, « al-lez, je vais travailler, je vais me fixer un objectif et je vais l'atteindre, non pour qu'il y ait une évolution, mais pour les efforts que je vais investir pour obtenir ce que je veux ». Il s'agit d'un espoir fondé sur la confiance que nous avons en nos propres talents ou en ce que nous appelons les fonctions exécutives des personnes. C'est une façon de voir l'avenir et le passé avec sagacité, en acceptant les erreurs que nous avons commises, de sorte que la partie néga-tive de notre passé ne devienne pas un fardeau.

La pensée positive se manifeste également dans le présent, lorsque surviennent des événements qui nous touchent, en pensant que nous pos-sédons un certain contrôle pour sur-

monter l'adversité quelle qu'elle soit, que nous pouvons raisonnablement contrôler notre quotidien. Il s'agit de voir le présent, lorsqu'un événement négatif se produit, comme transitoire, comme une maladie qui ne va pas du-rer, et penser que, si cet événement est négatif, nous n'en sommes pas les seuls responsables, qu'il existe également des circonstances qui y contribuent.— Vous affirmez souvent que la majo-rité des gens se considèrent heureux la plupart du temps. Nous avons tou-tefois différentes façons d'exprimer ce sentiment. Comment voyez-vous les Espagnols ? — La culture ne modifie pas cette pen-sée individuelle et collective, elle mo-difie en revanche son expression. Ici, aux États-Unis, il est par exemple bien perçu de déclarer que l'on est heureux, que l'on est optimiste. Lors d'un entre-tien professionnel, si vous vous avouez pessimiste, même en ajoutant le mot « réaliste », la personne qui est en face de vous ne vous engagera pas, parce que dans cette culture, la vision posi-tive de la vie prône et est codifiée.

En Espagne et dans certains pays européens, les individus sont eux aussi positifs sur le plan individuel. En rè-gle générale, lorsque vous interrogez les Espagnols sur leur niveau de sa-tisfaction, la note 0 représentant le pessimisme le plus profond et 10 l'op-timisme, les gens répondent par un 7, un 8, voire un 9. Aux États-Unis c'est la même chose. Si tel est le cas, pour-quoi en Espagne les gens n'en parlent généralement pas ? D'ordinaire, les individus se plaignent, ce qui est aussi une bonne chose, puisque la protes-tation est une manière de diminuer l'intensité émotionnelle de quelque chose qui nous préoccupe. Je crois que l'influence des philosophes du XVIIe ou XVIIIe siècle, qui pensaient que le bonheur n'existait pas et que l'opti-misme était réservé aux ignorants ou aux personnes simples ou ingénues, est encore très forte.

En Europe, il est apparemment mal vu de proclamer « qu'est-ce que je suis heureux », comme je suis optimiste... Aux États-Unis, c'est tout le contraire mais, dans le fond, les individus sont, en général, optimistes et possèdent la capacité de tirer le meilleur parti de ce que la vie leur offre, même dans les moments les plus difficiles. Et grâce à cette force, à ces mécanismes de défense comme on les désigne en psychiatrie, l'humanité avance, on continue de faire l'amour, des enfants naissent, les gens investissent dans les moyens d'améliorer, non seulement leur propre existence, mais également celle des autres, puisque dans le fond, il existe la conviction que la meilleure voie à suivre passe par le bonheur de tous, parce que c'est ce qui est à l'ori-gine du progrès et du bien-être.— Malgré ce que vous êtes en train de me dire, et je vous le demande en rai-son de la relation que vous entretenez avec l'activité des diplomates, la capa-cité d'adaptation de l'individu est-elle illimitée ?— Les statistiques montrent que nous vivrons tous deux grands malheurs, deux événements graves. Dans la vie du diplomate – et vous avez utilisé un concept très intéressant, celui de l'adaptation –, il s'agit d'adaptation, mais ces personnes doivent parfois affronter à distance des questions comme la maladie ou la mort d'êtres chers. Par conséquent, les diploma-tes doivent faire face à des malheurs dits « normaux », mais comme ils sont loin de leur famille, de leur pays ou de leur culture, cela leur sera plus difficile. L'adaptation est-elle illimi-tée ? En principe non. Nous sommes tous limités en termes de quantité de stress ou de souffrance que nous pou-vons supporter, mais cette limite est assez élevée, car il s'agit d'un mélange de résistance et flexibilité. Ici, on uti-lise souvent le mot « résilience » pour définir ce mélange. Nous, les êtres hu-mains, avons la capacité de supporter

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les épreuves psychologiques et physi-ques sans nous briser et, avec le temps, nous nous rétablissons et revenons à l'état dans lequel nous étions aupara-vant. Nous sommes comme une balle de caoutchouc ou un ressort : nous pouvons nous étirer, résister et sur-monter l'adversité ou les situations stressantes. Mais, s'il s'agit d'une ca-pacité très commune que nous possé-dons tous, elle n'est malheureusement pas illimitée. Elle dépend aussi de la personnalité et, en grande partie, de notre héritage.

Il a également été démontré que les personnes qui entretiennent des liens affectifs et sont intégrées à un groupe surmontent l'adversité et s'adaptent mieux que les personnes isolées. Nous savons que les personnes extraver-ties, qui ont tendance à parler et à s'épancher, ont notamment tendance à mieux supporter les épreuves que les personnes introverties, qui gar-dent pour elles leurs émotions. Nous savons également que les personnes qui diversifient leurs sources de satis-faction dans la vie surmontent l'adver-sité. Un diplomate, comme n'importe quelle autre personne, qui prend plai-sir à travailler mais aussi à partager des moments avec sa famille et, par exemple, à pratiquer un sport ou un passe-temps, surmontera mieux un problème concernant l'un de ces cen-tres d'intérêt qu'une personne qui met toute sa volonté et déploie toutes ses ressources dans un seul domaine.

Comme je vous l'ai dit, penser que l'on possède un certain contrôle sur ce qui nous arrive joue également un rôle important dans cette résistance. Je vais vous donner un exemple : la crise économique. Je ne prétends pas la ré-soudre, je pense néanmoins que je suis en mesure de faire quelque chose pour surmonter la partie de la crise qui me touche personnellement, que je peux adapter ma vie de manière à en mini-miser l'impact, même si c'est un peu illusoire. Ce comportement m'aidera

davantage à faire face à la situation que celui d'une personne qui pense que, quoi qu'elle fasse, il n'y a aucune solu-tion ou que tout dépend de la chance ou du destin. — Quel jugement portez-vous sur le « phénomène Obama » ? Quelles sont les qualités qui lui ont permis de don-ner espoir à des millions de citoyens du monde entier ?— Dans les moments difficiles, nous recherchons tous un meneur. Si nous nous trouvons dans un bâtiment en flammes dont nous ne savons pas sor-tir, nous chercherons la personne qui connaît les lieux et saura nous dire où aller. En période de crise, nous avons besoin de quelqu'un avec qui nous identifier émotionnellement et en qui nous pouvons avoir confiance. Penser que nous pouvons suivre les consignes d'une personne contribue à nous sau-ver la vie lors des catastrophes naturel-les, mais également, en règle générale, à nous sentir davantage en sécurité. En temps normal, c'est la même chose. Qu'il s'agisse de guides spirituels ou professionnels, nous tirons tous béné-fice des meneurs.

En ce qui concerne Obama, une sé-rie de facteurs très positifs se sont réu-nis, outre le fait historique de l'élection d'un président afro-américain, mais il s'agit là de la partie historique qui, un jour où l'autre, devait se produire, comme se produira un jour l'élection d'une femme. Mais l'autre aspect ré-side dans le fait que Barack Obama inspirait confiance et était émotion-nellement sur la même longueur d'on-des que la population. Et ceci est très important, en général et, surtout, en temps de crise. De par sa personna-lité, son caractère, sa manière de s'ex-primer et sa façon d'être, il a réussi à gagner la confiance d'un pourcentage très élevé de personnes. — D'un point de vue professionnel, que pensez-vous de sa proposition de réforme du système de santé ? Est-elle viable selon vous ?

Pour l'instant, je ne pense pas que le passage à un système de couverture universelle soit possible aux États-Unis

La diversité est la meilleure source de créativité

À la différence des soldats qui revenaient du Viêt Nam, ceux qui rentrent d'Iraq bénéficient de la solidarité de la population

Un groupe social peut se réunir dans une église ou un stade, mais également sur Facebook

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Le pRofILLuis Rojas Marcos est né à Séville en 1943. Enfant au tempérament agité, curieux, espiègle et distrait, il fait preuve d'un talent naturel pour la mu-sique. Dès son plus jeune âge, il apprend à jouer du piano, de la guitare et, par la suite, de la batterie.

Très jeune, il ressent une forte vocation pour la médecine. En 1968, alors âgé de 24 ans et tout juste diplômé en médecine à l'université de Séville, il émigre à New York, ville dans laquelle il vit encore aujourd'hui et où il se consacre à la médecine, la psychiatrie et la santé publique. Docteur en médecine et chirur-gie de l'université de Bilbao et en sciences médicales de l'uni-versité de l'État de New York, il se spécialise en psychiatrie à l'hôpital Bellevue et à l'univer-sité de New York.

En 1972, l'Institut national de santé mentale américain lui alloue une bourse de trois ans pour rechercher les effets de la barrière du langage sur les ma-ladies mentales des immigrés qui éprouvaient des difficultés à s'exprimer en anglais. Ses études avant-gardistes ont été publiées dans les revues scien-tifiques les plus prestigieuses des États-Unis. En 1981, il est nommé directeur des Services psychiatriques du réseau des hôpitaux publics de New York.

En 1992, il est désigné res-ponsable des services muni-cipaux pour la santé mentale, l'alcoolisme et les drogues. En ce poste, il se distingue tout spécialement par la création et le financement des premiers programmes de santé mentale spécifiquement destinés aux

communautés immigrantes hispano-américaine, chinoise, russe et caribéenne de la ville. Le maire, Rudolph Giuliani, le nomme en 1995 au poste de président directeur général du Système de santé et des hôpitaux publics de New York. Son domaine de compétence s'étend sur les dix-sept hôpi-taux municipaux et le réseau de centres médicaux de la ville. Le système dispose d'un effec-tif de plus de quarante mille employés et d'un budget annuel s'élevant à cinq milliards de dollars. Pendant les six années de son mandat, le plus long de l'histoire, la qualité des servi-ces a atteint des niveaux sans précédent et, pour la première fois, les exercices financiers ont été excédentaires, ce qui a per-mis d'éviter toute subvention de l'État. En tant que respon-sable des hôpitaux publics de New York et membre du Conseil de contrôle des urgences de la ville, Luis Rojas Marcos a vécu les événements du 11 sep-tembre de très près. Ultérieu-rement, il transposera son expérience personnelle dans son œuvre intitulée : « Más allá del 11 de septiembre: La supera-ción del trauma » (au-delà du 11 septembre : le dépassement du traumatisme).

Actuellement, Luis Rojas Mar-cos est professeur de psychia-trie à l'université de New York et auteur de nombreux articles d'opinion et de plusieurs livres, dont « La ciudad y sus desafíos » (la ville et ses défis), « La pareja rota » (le couple brisé), « Las semillas de la violencia » (les germes de la violence) et « La fuerza del optimismo » (le pouvoir de l'optimisme). Père de quatre enfants, il est passionné de musique et de course à pied.

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— Dans ce pays, il n'y a pas de révo-lutions, les changements se font pro-gressivement. On peut penser que, dans l'idéal, chacun devrait bénéficier d'une couverture universelle comme en Europe, mais ceci ne peut en aucun cas être mis en place du jour au lende-main. Dans ce pays, la structure sani-taire, mais également ce qui se trouve derrière les valeurs de la santé, rend impossible la création d'un système de couverture universelle, car les chan-gements devraient être colossaux. Ici, et ce depuis toujours, la médecine n'est pas considérée comme un droit élémentaire, mais comme une partie intégrante de l'offre et de la demande. C'est pour cette raison que le médecin facture ce qu'il considère convenable, ce que le patient est prêt à payer.

D'un côté il y a les médecins et, de l'autre, la recherche – 80 % de la re-cherche mondiale –, et tout ceci coûte cher. Ensuite, il y a l'industrie phar-maceutique, qui facture elle aussi ce qu'elle peut facturer, aucune limite n'est appliquée. Et pour finir, nous avons les assurances privées.

Aux États-Unis, il y a pour le mo-ment deux types d'assurances publi-ques : Medicaid, destiné aux person-nes à faibles revenus, et Medicare, mis en place pour les personnes âgées de plus de 65 ans, sans oublier la loi fédé-rale qui oblige les hôpitaux à prendre en charge toute personne se présen-tant aux urgences. Mais dans la réalité, malgré une dépense de santé s'élevant à plus de 16 % du PIB, la plupart de cet investissement est privé. Le passage à un système de couverture universelle s'avère donc inconcevable. Les modi-fications que le président Obama va apporter seront croissantes et pro-gressives. Il parviendra sûrement à créer une assurance publique qui sera incorporée à l'éventail d'assurances privées et pour laquelle les gens pour-ront opter. À New York, on dénombre onze hôpitaux publics et une cinquan-taine d'établissements à but non lucra-

tif mais essentiellement privés, qui se concurrencent entre eux. Je pense que M. Obama va réussir à créer une assu-rance publique comme Medicare, déjà disponible pour les plus de 65 ans, et il est fort probable que la même infras-tructure – financée par le gouverne-ment fédéral – soit utilisée pour élargir le système à d'autres tranches d'âge et populations. Mais je ne crois pas qu'il soit possible d'éliminer la concurrence ou l'idée selon laquelle tout le monde va pouvoir bénéficier d'une assurance. Ceci arrivera un jour, mais pas tout de suite. — Changeons de sujet. Dans quelle mesure pensez-vous que les relations internationales sont conditionnées par les relations interpersonnelles entre les dirigeants ?— La qualité des relations personnelles entre des dirigeants influe grandement sur les relations entre leurs pays, sur leurs politiques et sur leurs décisions. La raison en est que ces relations dé-terminent la qualité de la communi-cation entre eux et la confiance, deux ingrédients essentiels dans tout type de relations. En outre, lorsque nous trouvons une personne sympathique, nous avons tendance à être plus com-préhensifs, tolérants et généreux avec elle. C'est en partie parce que nous voyons quelques traits positifs de no-tre personnalité se refléter en elle ; cet-te identification génère d'excellentes vibrations. Si l'on ne ressent aucune affinité avec une personne, le rôle de l'interlocuteur perd en efficacité, il se retrouve en effet brouillé par la mé-fiance et la suspicion. — Vous avez consacré beaucoup de temps à l'immigration. Quelle est, se-lon vous, la meilleure formule pour gérer la diversité ? — La mettre en pratique. L'appré-hension envers certaines choses, si-tuations ou personnes différentes ou inconnues est une tendance naturelle de l'homme, on le constate chez les enfants et les personnes âgées. Une

attitude défensive envers des per-sonnes que nous ne connaissons pas, que nous ne comprenons pas ou qui n'agissent pas comme nous, est tout à fait normale, mais lorsque l'on parle de discrimination ou de racisme, il s'agit d'une généralisation : les per-sonnes constituant un autre groupe sont considérées comme inférieures et sont déshumanisées. Il existe une grande différence, mais nous possé-dons presque tous, au premier abord, une certaine résistance ou peur vis-à-vis de ce que nous ne connaissons pas.

La diversité, à tous les niveaux, est un ingrédient de la survie humaine sur le plan biologique. Il est décon-seillé aux personnes génétiquement apparentées de procréer, parce la diversité permet de renforcer le pa-trimoine génétique. Si les gènes sont très proches et qu'ils sont porteurs de la même maladie, la possibilité pour l'enfant d'en être atteint est beaucoup plus élevée. Au niveau psychologique et social, c'est la même chose. La di-versité enrichit et est source d'éner-gie et de créativité, c'est indéniable. Que pouvons-nous faire pour éviter ce rejet ? Selon ma propre expérience, il faut mettre la diversité en pratique. La peur de la diversité humaine est moindre dans les endroits où des per-sonnes différentes cohabitent. Dans l'armée, par exemple, la cohabitation est meilleure, surtout lorsque le grou-pe connaît des moments difficiles et traverse des situations où la solidarité est de mise. — Puisque nous parlons de l'armée, quelle est votre opinion sur les mil-liers de soldats qui doivent rentrer aux États-Unis après avoir combattu en Iraq ou en Afghanistan ? Quels sont les déséquilibres générés par ces expériences et quels sont les impacts sur la société qui les accueille à leur retour ?— Il y a une grande différence entre ces soldats et ceux qui ont vécu la

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guerre du Viêt Nam. Pour commen-cer, lorsque ces derniers sont revenus au pays, hormis le fait de devoir sup-porter le poids des traumatismes ré-sultant de l'expérience des combats, ils se sont retrouvés face à une société qui ne leur a manifesté aucune soli-darité, car cette guerre était perçue comme illégale et terrible. On pour-rait comparer ça à une femme violée se retrouvant face à sa famille qui, au lieu de comprendre son traumatisme, pense qu'elle en est en partie respon-sable. Lorsque la victime d'une si-tuation ne reçoit pas la solidarité ou la compréhension du groupe qui l'en-toure, ou que celui-ci ne légitime pas son traumatisme, cette personne aura plus de difficultés pour le surmon-ter. Les soldats revenant d'Iraq ou d'Afghanistan ne connaissent pas ce problème, à ce jour. Pour le moment, ces soldats bénéficient de la solidarité de la population, et nous espérons que cela durera. Toutefois, ceci n'évi-tera pas à nombre d'entre eux de re-venir traumatisés et nous en sommes conscients, des études en mesurent l'ampleur. L'expérience du combat est en effet traumatisante pour la plupart, surtout lorsque ces personnes vivent des situations choquantes de mort, de mutilation ou de peur. Confrontés à des menaces envers leur intégrité physique ou émotionnelle, ils présen-tent des symptômes de stress, devien-nent angoissés, irritables et craintifs, ce qui se répercute sur leurs relations affectives et leurs activités. Certains d'entre eux peuvent même sombrer dans la dépression. Nous appelons aujourd'hui ce phénomène le stress post-traumatique. Ces personnes vont rencontrer des difficultés à surmon-ter cette situation, en fonction de leur personnalité, du soutien qu'elles vont recevoir de la part de leur entourage, de leur vulnérabilité et des ressources mises à leur disposition par la société, le système de santé et la psychologie. — D'après vous, comment les réseaux sociaux comme Facebook modifient nos relations ?

— En général, j'ai tendance à penser que tous les progrès qui facilitent la communication sont positifs. Il y a toujours des gens qui profitent des opportunités et des progrès pour commettre des méfaits, mais ces per-sonnes sont minoritaires. Nous cri-tiquons parfois les progrès comme Internet à partir de faits ponctuels, comme celui d'enfants restant cloués devant leur ordinateur, mais il est im-portant de séparer les exceptions de la norme. Ces moyens de communica-tion et ce qu'ils impliquent sont très positifs, parce que tout ce qui nous permet d'entrer en relation avec les autres et de nous informer est bon. Un groupe peut se retrouver dans un sta-de ou une église, mais une personne peut également être reliée au groupe par téléphone ou à travers Internet, et c'est ce qui est extraordinaire. Peu de gens, par exemple, critiquent le té-léphone. Pour la grande majorité, cet outil est merveilleux ! Autre chose est l'utilisation que l'on en fait, mais ce ne

sont que des détails. Le téléphone est très utile et nous l'utilisons toute la journée pour communiquer avec les personnes que nous aimons et dont nous avons besoin. Lorsque nous nous sentons vulnérables, nous décrochons le téléphone. Il y a quelques années, un avion de tourisme s'est écrasé à Manhattan. Ce jour-là, en quittant l'hôpital d'où l'on ne voyait rien, j'ai pu constater, sur le chemin du retour, que tous les passants parlaient dans leur téléphone portable. J'ai égale-ment vu passer deux bus bondés dont la totalité des passagers était pendue au téléphone. Ce fait m'a impression-né et fait réfléchir. Dans les moments d'incertitude, nous saisissons le télé-phone pour parler aux gens que nous aimons, pour nous informer et nous assurer que nos êtres chers vont bien. Tous les messages enregistrés lors des attentats du 11 septembre étaient des messages d'adieu affectueux, comme « je t'aime » ou « sois heureux », lais-sés par des gens qui savaient qu'ils étaient sur le point de mourir. — On dit que le 11 septembre a marqué un avant et un après extrêmement net. Comment l'avez-vous vécu ? — Je pense que le 11 septembre a mar-qué un avant et un après pour ce qui s'est déroulé par la suite : deux guerres ont éclaté et le pays a été plongé dans une grande terreur, qui répondait en partie à ce qu'il s'était passé. Mais je pense également que cette peur a été alimentée par certains dirigeants, car lorsque les gens ont peur, ils acceptent des pressions et des limitations de li-berté auxquelles ils ne consentiraient pas en temps normal. Il ne fait aucun doute qu'un important changement s'est produit dans notre vie quoti-dienne, depuis le fait de devoir passer par des détecteurs jusqu'à la présence constante de policiers qui vous inter-pellent. Un changement important est survenu, même si, avec le temps, les personnes restent les mêmes et, qu'au bout du compte, tout s'équilibre. Mais oui, cet événement a marqué un avant et un après aux États-Unis.

La qualité des relations personnelles entre des dirigeants influe grandement sur les relations entre leurs pays, sur leurs politiques et sur leurs décisions

La capacité d'adaptation de l'individu est un mélange de résistance et de flexibilité

Barack Obama a su créer un lien émotionnel avec la population et inspirer confiance en plein cœur d'une énorme crise. Telle est la définition du dirigeant.

GOBIERNO DE ESPAÑA

MINISTERIO DE ASUNTOS EXTERIORES Y DE COOPERACIÓN

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RecueRda que en el extRanjeRo

tu embajada puede ayudaRtePara atender a nuestros compatriotas en el extranjero, España cuenta con una amplia red consular dependiente del Ministerio de Asuntos Exteriores y de Cooperación, compuesta en la actualidad por 187 Oficinas Consulares y Secciones Consulares de Embajadas, así como cerca de 375 Consulados y Viceconsulados Honorarios. > La función de los Consulados consiste en prestar determinados servicios administrativos a los ciudadanos españoles, ayudar a quienes hayan sido víctimas de delitos o abusos y asistir a quienes se encuentren en situación de necesidad. > Cuando te encuentres en un país o ciudad donde España no posea Consulado, podrás dirigirte a la Sección Consular de la Embajada de España, oficina que se encontrará únicamente en la capital de dicho país

los consulados pueden > Expedir pasaportes o salvoconductos en caso de ca-ducidad, pérdida o robo. > Informar sobre los servicios médicos, educativos y legales del país; > Prestar asistencia a detenidos; > Adelantar, de manera extraordinaria, el dinero imprescindible para eventuales casos de necesidad que pudieran surgir, incluída la repatriación.> Realizar inscrip-ciones en el Registro Civil, expedir poderes y actas notariales, legalizar documentos así como otros trámites administrativos.

los consulados no pueden > Hacer funciones de agencia de viajes; > Conseguir un trabajo en el extranjero; > Garantizar en un hospital o en una cárcel un tratamiento mejor que el otorgado a los nacionales de ese país; > Avalar, prestar dinero o pagar multas; > Hacer de intér-prete, guía o asistente social.

Registro de viajeros > El sistema de registro de viajeros, accesibe desde la web del Ministerio www.maec.es. permite a quienes viajen al extranjero facilitar todos sus datos personales, los datos de su viaje (país de destino, lugares que va a visitar y en los que se va a alojar) y los de los familiares que tienen previsto acompañarle, así como los de las personas a las que habría que contactar en caso de emergencia. > Ello permitirá a la Unidad de Emergencia Consular, en caso de crisis, disponer en todo momento de listados actualizados de las personas que se encuentran de forma transitoria en el país o región afecta da por la misma, facilitando la puesta en contacto con los viajeros y su asistencia en caso de necesidad. > A partir del 15 de julio próximo entrará en funcionamiento una nueva aplicación informática que permitirá el envío de SMS y correos electrónicos a los viajeros previamente registrados, con objeto de enviarles información y recomendaciones en el caso de que se produzca una crisis o emergencia en el país al que han viajado.