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L L G G V V l l e e c c o o m m b b a a t t c c o o n n t t i i n n u u e e ! ! N N o o u u s s p p o o u u v v o o n n s s g g a a g g n n e e r r ! ! N° 133 JUILLET / AOUT 2009 ISNN 0998 - 2787 BIMESTRIEL - 2,30 Sommaire 2. Infos en Vrac 3. Wimax, une pollution électromagnétique de trop 4. Brèves Sociales 5 - 6. LGV : craquements ! 7 - 8 - 9. La grippe aviaire 10. LGV : une arnaque peut en cacher une autre 11. Bugangue à nouveau en danger 12. Hazketa 2010 : « sent bon » et « bon sens » 13. Interview de l’association ACE 14. ATTAC : l’illusion de la croissance verte 15. Agriva-Fertiladour : opération camouflage 16. Cultures : « Jaffa » Ligne à Grande V Ligne à Grande V itesse itesse Après l’annonce d’Alliot-Marie de stopper les études au Pays Basque, après quinze jours d’intenses affrontements, la premier ministre fait reprendre les études. Au-delà d’une étonnante période qui souligne bien que ce dossier est une gigantesque usine à gaz bien fragile, des masques sont tombés et le CADE et des associations opposées à la nouvelle ligne ont été bien inspirés de maintenir les trois nouveaux référendums. Aujourd’hui le combat continue avec une certitude : NOUS POUVONS GAGNER ! avec les alternatifs, les écologistes, les autogestionnaires… Arc en Ciel Arc en Ciel

Mise en page 1 - cade-environnement.org · L E Conseil Général des Pyrénées Atlantiques a décidé de mettre en place dans le département un réseau de 126 antennes Wimax dans

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N°133JUILLET / AOUT 2009

ISNN 0998 - 2787

BIMESTRIEL - 2,30€

Som

mair

e2. Infos en Vrac

3. Wimax, une pollution électromagnétique de trop

4. Brèves Sociales

5 - 6. LGV : craquements !

7 - 8 - 9. La grippe aviaire

10. LGV : une arnaque peut en cacher une autre

11. Bugangue à nouveau en danger

12. Hazketa 2010 : « sent bon » et « bon sens »

13. Interview de l’association ACE

14. ATTAC : l’illusion de la croissance verte

15. Agriva-Fertiladour : opération camouflage

16. Cultures : « Jaffa »

Ligne à Grande VLigne à Grande VitesseitesseAprès l’annonce d’Alliot-Marie de stopper les études au Pays

Basque, après quinze jours d’intenses affrontements, la

premier ministre fait reprendreles études. Au-delà d’une

étonnante période qui soulignebien que ce dossier est une

gigantesque usine à gaz bienfragile, des masques sont tombés

et le CADE et des associationsopposées à la nouvelle ligne ontété bien inspirés de maintenir les

trois nouveaux référendums.Aujourd’hui le combat continue

avec une certitude : NOUS POUVONS GAGNER !

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Le store photovoltaïque,du nouveau sous le soleil

Bien dans l’air du temps, la toilephotovoltaïque pour store résiden-tiel ou de camping-cars, présentéecomme une première mondiale parla société française Dickson, seracommercialisée l’an prochain.Siroter un apéritif sur sa terrasse àl’abri des rayons UV tout en récupé-rant leur énergie, chacun pourra lefaire, a priori dès 2010, grâce à latoile de store photovoltaïque.Annoncé comme une premièremondiale, soutenu financièrementpar Oséo et labellisé par le pôle decompétitivité Up-Tex, « ce projetphare, qui mobilise aujourd’hui unedizaine de personnes chez Dickson,est né en 2005 d’une réflexioninterne sur les fonctionnalités futu-res d’une toile de store », expliqueVincent Baudelet, market managerde cette société spécialisée dansles textiles techniques pour l’amélio-ration de l’habitat, située àWasquehal (Nord). Deux ans plustard, avec la coopération de l’Ecolenationale supérieure des arts etindustries textiles (Ensait), qui sou-tient ce projet depuis le début, letout premier prototype a vu le jour.Devenu fonctionnel l’an dernier, ceprototype de store photovoltaïqueexiste d’ores et déjà en deux ver-sions : l’une, résidentielle, mise aupoint avec le concours de Somfy etl’autre, adaptée aux camping-cars,élaborée en partenariat avecOmnistor. Parmi les autres applica-tions en cours figure, entre autres,un modèle marin pour le taud d’unbateau.Le produit final sera-t-il conforme àces prototypes ? Pour la versionrésidentielle, « nous travaillonsencore sur l’amélioration de l’as-semblage des cellules sur la toilepar laminage et sur la connectique,c’est-à-dire l’acheminement del’électricité sans perte », précise

Vincent Baudelet, soulignant queces deux procédés ont fait l’objet dedépôt de brevets par Dickson.« Nous allons fabriquer la toile acry-lique, assembler les cellules et laconnectique dessus, avant de lalivrer en rouleaux à des confection-neurs ou des fabricants de stores. »

Méga camions

Alors que fin 2008 et début 2009, legouvernement et le parlementavaient réussi à tenir tête aux grou-pes d’influence, la belle forteresses’est brusquement effondrée enavril. Sans aucune concertation, leMinistre des Transports a annoncél’étude de l’expérimentation desmégas camions de 60 t et 25 m delong, sur certaines de nos routes,d’ici la fin de l’année. Ces monstresroulants (voir photo ci dessous) n’of-frent que des inconvénients (risquesaccrus d’accidents graves, usurerapide des routes, élargissementnécessaire des carrefours et bretel-les d’accès…). Leurs avantagesprésumés (diminution du nombre decamions sur les routes et baisse dela pollution) ont été réfutés par desétudes indépendantes. Ces cami-ons permettraient en réalité de met-tre les marchandises volumineuses,actuellement transportées par lerail, sur les routes.

http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2009/04/11/01016-20090411ARTFIG00013-bussereau-veut-tester-des-poids-lourds-plus-grands-.php

Opposition aux méga camions

De nombreuses associations s’in-surgent contre l’arrivée de plus en

plus probable de camions de 60 tsur les routes de plusieurs payseuropéens. Un mouvement interna-tional est d’ailleurs né : No MegaTrucks. http://www.nomegatrucks.eu

En Suisse, l’Association Transportset Environnement (ATE) a lancéune pétition grand public contre lesméga camions :

http://www.ate.ch/fr/politique-cam-pagnes/campagnes/petition/60-ton-nes.html

Le lobby nucléaire condamnépour ses mensonges

Pour la première fois de son histoire,la Cour d’appel de Paris a réexa-miné une affaire de diffamation à lasuite d’un arrêt de la Cour euro-péenne condamnant la France pourviolation de la liberté d’expression.En 2000, le Professeur Pellerin avaitpoursuivi Monsieur Noël Mamèrepour ses vives critiques de la ges-tion de l’information sur les consé-quences en France de l’accident deTchernobyl de 1986.A tous les stades de la procédure enFrance, Monsieur Noël Mamère aété reconnu coupable de diffamationmalgré l’importance de la questionde santé publique que posait l’acci-dent nucléaire le plus grave de tousles temps.C’est la raison pour laquelle MaîtreAntoine Comte, avocat de MonsieurNoël Mamère, député Vert deGironde a saisi la Cour européennequi, en 2007, a condamné la Franceen relevant la particulière raideurdes juges français dans l’apprécia-tion des propos.

Par arrêt de ce jour, la Cour de Parisa tiré toutes les conséquences de ladécision européenne. Non seule-ment, neuf ans après les faits,

Monsieur Mamère est déclaré noncoupable, mais de plus des publi-cations sont ordonnées à lacharge du Professeur Pellerin,pour que le public soit informé decette décision sans précédent etexemplaire.Contact presse : Charlotte Pauron01 40 63 01 59 - [email protected]

Trois nouvelles donnéessur la toxicité indiscutable

du BisPhénol A

Selon deux études récentes :• Les prématurés sont 10 fois plus

exposés que la population générale;• L’exposition de rats femelles à

des doses 20 et 40 fois plus faiblesque la norme européenne se traduitpar un effet sur le mécanisme de la spermatogenèse chez la 3e

génération.La visite à Paris des ProfesseursAna Soto et Carlos Sonnenschein,les deux scientifiques américainsspécialistes du Bisphénol A, invitéspar le Réseau EnvironnementSanté, a permis d’apporter uneréponse claire aux déclarations deMadame Bachelot sur l’innocuité duBisphénol A.La littérature scientifique montredans son ensemble que la toxicitédu Bisphénol A est incontestable etque la quasi-totalité de la populationest imprégnée, ce qui justifie l’inter-diction dans les biberons et autresplastiques alimentaires.Le Réseau Environnement Santé seréjouit de la décision d’éliminer lesbiberons au BPA prise par la Mairiede Paris et à la suite de celle-ci parla Mairie de Reims. Le RES appelleles maires de France à prendre cetype de mesures.http://www.cyberacteurs.org

N° 133 • JUILLET / AOUT 2009

… infos en vrac ...… infos en vrac ...

L E Conseil Général desPyrénées Atlantiques adécidé de mettre en placedans le département un

réseau de 126 antennes Wimaxdans le but d’offrir le haut débit aux5 % de la population qui ne l’ontpas. Le problème, c’est que cesantennes diffusent dans les airs desondes pulsées de très hautes fré-quences dans un rayon de 8 ou 20km à la ronde, selon leur catégorie.Ces ondes sont de même natureque celles émises par les antennes-relais, dans des fréquences un peuplus élevées (3,5 GHz). A l’heure oùleur prétendue innocuité commenceà être sérieusement mise à mal,était-ce la bonne décision à prendre ?

Une politique peu démocratique

On peut s’étonner des procédésemployés qui consistent à mettre lapopulation devant le fait accompli,sans aucune concertation. Les réu-nions organisées par le Conseilgénéral sont mises en place pourannoncer la bonne nouvelle à unpublic qui n’a plus qu’à acquiescer ets’abonner ; les seuls intervenantssont un technicien du ConseilGénéral, tout acquis à la cause duWimax (après tout il est payé pourcela) et un commercial qui nousvante les bienfaits de cette technolo-gie ; mais quid des concitoyens ?Aucune explication n’est donnée surles conséquences sanitaires possi-bles ; sont absents les profession-nels de la santé, surpris et horrifiésde voir la multiplication de tumeurscérébrales chez des enfants ou ledéveloppement de maladies autre-fois rares (certains ont manifestéleur soutien envers les Collectifscontre le Wimax). On s’aperçoit queles conseillers généraux eux-mêmes– qui ont pourtant voté le déploie-ment du Wimax – sont souvent malinformés et connaissent finalementassez mal le sujet. Est-il normal quela population fasse les frais de lob-bies commerciaux (dans le Sud-Ouest : Altitude de Vincent Bolloré)dont les seuls intérêts sont de fairedu chiffre d’affaires ?

Des risques pour la santé

Et pourtant il serait nécessaire deparler de l’impact sur la santé desondes de très hautes fréquences(appelées aussi micro-ondes).Quelques explications s’imposent :

Les champs électromagnétiquesexistent depuis toujours. Le pro-blème de toutes ces technologiessans fil (téléphonie mobile, anten-nes-relais, wifi, téléphone DECT,Wimax etc.), c’est qu’elles émettentdes ondes pulsées qui n’existentpas dans la nature et qui consti-tuent, semble-t-il, une véritableagression pour le vivant. Les infor-mations, compressées puis empa-quetées sont émises par saccades ;ces pulsations, extrêmement brè-ves, (des centaines par seconde)créent un stress, y compris pour lesplantes, comme l’a découvert le pro-fesseur Gérard Ledoigt qui a faitl’expérience suivante : il a mis desplants de tomates dans une cage deFaraday (celle-ci protège des ondesde hautes fréquences), en ne lais-sant dépasser que quelques feuil-les ; le chercheur a alors remarquéque, au bout d’une dizaine de minu-tes, la plante entière fabriquait desmarqueurs de stress… D’autresrecherches confirment que cesondes, semblables à une armée demarteaux piqueurs, auraient unimpact sur le fonctionnement mêmedes cellules dont les activités chimi-ques, au nombre de millions parseconde, seraient perturbées.

Le récent rapport BIOINITIATIVEqui regroupe les comptes-rendusd’études d’environ 1 500 scientifi-ques internationaux démontre latoxicité des ondes de très hautesfréquences (il a été validé parl’Agence européenne de l’environ-nement puis par le Parlement euro-péen le 04 septembre 2008 ; lesconclusions sont consultables sur lesite de Robin des Toits). Sans entrerdans les détails, une expositionchronique pourrait engendrer :« effets génotoxiques et dommagesgénétiques », « effets sur la fonctionimmunitaire », « effets sur la neuro-logie et le comportement », « effetssur la production de mélatonine »(et donc sur le sommeil), cancers

(du sein en particulier), leucémie etautres maladies graves.

L’augmentation du nombre depersonnes électro-sensibles montreque tous peuvent être affectés auquotidien par l’émission de ceshyperfréquences.

Le Wimax à n’importe quel prix

La mise en place d’antennesWimax sur tout le territoire desPyrénées Atlantiques ne laisseaucune échappatoire à personne.Tous seront exposés et peu impor-tent les cas de souffrance indivi-duelle. On fait dans le grand, lebeau, l’ambitieux. Selon le discoursofficiel, les P.A. doivent devenir lepremier département entièrementcouvert d’antennes Wimax deFrance ! Quel défi c’est, en effet,quand on sait qu’ailleurs c’estl’échec… A titre d’exemple, la régionPACA vient de faire marche arrière,en privilégiant le filaire ; les Landesvoisines abandonnent le Wimax auprofit du NRA-ZO. L’équipement enantennes Wimax est tellementdécevant que le directeur généralde Bolloré Télécom menace à sontour de délaisser cette technologieau profit de la 4 G LTE. Une bonnevingtaine de départements a déjàfait défection. Pourtant dans lesPyrénées Atlantiques, on y tient,malgré le relief peu adapté… Onmultiplie les antennes « micro »(d’un rayon de 8 km) et « macro »(rayon : 20 km !) ; on en met une ouplusieurs par commune (3 àHasparren par exemple) et ce tousles… 5 km environ. Il en faut desantennes pour corriger cette mal-heureuse nature basque si monta-gneuse ! Et c’est bien sûr dans lesP.A. qu’on a choisi une technologiefaite pour la plaine…

Une technologie peu performante

Quel sera le résultat d’un teldéploiement ? Une réception de 2méga au maximum, très inférieure àcelle que donne la fibre optique.Tous les foyers ne seront pas éligi-bles et ceux qui le seront ne seront

pas du tout assurés d’obtenir cepetit maximum. En effet, le signalest perturbé par tous les obstaclesphysiques : arbres, maisons, relief.On ne comprend pas alors que ledépartement investisse 7 à 8 mil-lions (notre argent !) dans une tech-nologie peu performante et déjàobsolète.

Un appel à d’autres solutions

Un peu partout au Pays Basquese sont montés des collectifs quidemandent l’arrêt du Wimax et laréalisation d’études sur la mise enplace d’autres technologies commela fibre optique, quasiment inusableet d’un très grand potentiel, ou leNRA-ZO dont la Corse, par exem-ple, a découvert qu’il offrait unemeilleure couverture que le Wimax.Ils souhaitent l’application du prin-cipe de précaution et un meilleuremploi de l’argent public. Ils décon-seillent aussi à la population des’abonner car plus les abonnésseront nombreux, plus l’intensitédes ondes sera grande (les 0.2 Vannoncés – soit déjà 35 fois plus enmoyenne que le « brouillard » danslequel nous baignons actuellement– ne sont qu’un point de départ).

Certes le Wimax n’est pas laseule source de pollution électroma-gnétique, mais il est irresponsablede la part des décideurs politiquesde mettre en place une telle techno-logie, et, qui plus est, à l’échelled’un département ! Contrairement àce que certains essaient de faireencore croire, les preuves de lanocivité des ondes pulsées sontétablies. Les assurances elles-mêmes refusent de couvrir les« dommages liés aux champs etondes électromagnétiques ».

Alors, mesdames et messieurs lespolitiques, un peu de bon sens etde responsabilité !

Nicole Janicot

3ORTZADAR •N° 133 • JUILLET / AOUT 2009

Wimax… la pollution électromagnétique de trop

4 • ORTZADAR N° 133 • JUILLET / AOUT 2009

Par JM. FAYE

BrèvesSocialesBrèvesSociales

quences. Je pense qu’elle doit fairela même chose ». Pour Malek BOU-TIH, le parti qui est le sien seraitdonc une entreprise que l’on doitgérer en terme d’efficacité (le score).Une forme supplémentaire de mar-chandisation de la société.

69 euros pour aller en Inde

✰ C’est ce qu’a proposé lePDG d’une entreprise textile

de Castres (Tarn) à ses salariés ;non pour un voyage en Inde maispour aller y travailler. FrançoisMOREL (c’est le nom du PDG) aparlé de la « stupidité de la loi fran-çaise » sur les reclassements.Philippe FOLLIOT, député NouveauCentre du coin, le suit dans ce rai-sonnement et déclare important de« modifier les textes ». Pourtant en2006, le ministère du travail (dedroite) indiquait qu’une propositionde travail à l’étranger pour des salai-res très inférieurs au SMIC, ne pou-vait être considérée commesérieuse.

BAYROU fait le grand écart

✰ Il y a deux mois, le chef duMODEM clamait partout que

« le social doit revenir au cœur du projeteuropéen ». La plateforme des libérauxdémocrates européens (ELDR) au seinde laquelle siègent les députés duMODEM, indique : « Seule une Europevraiment compétitive, créant desemplois et des opportunités pour tous,garantira la dimension sociale du mar-ché unique (…) Le marché uniquedevrait être renforcé et élargi dans lesdomaines de l’énergie, des servicespostaux, des services financiers, deschemins de fer et des soins, tout en faci-litant la libre circulation des services etdes travailleurs ». Et BAYROU de conti-nuer à dire qu’il est pour une conver-gence des systèmes de protectionsociale européens… Et pourtant, il aapprouvé le traité de Lisbonne qui inter-dit toute harmonisation des dispositionslégislatives et réglementaires des étatsmembres en matière d’emploi et de pro-tection sociale.

DASSAULT condamné pourdiscrimination syndicale

✰ Neuf militants CGT del’usine DASSAULT AVIA-

TION de Biarritz se sont vus accor-der 500 000 euros de provisions surdes dommages et intérêts pour dis-crimination syndicale. D’aborddéboutés en 2008 par le juge desréférés du Conseil de Prud’hommesde Paris qui n’avait pas reconnucela, ils se sont appuyés en appelsur une enquête de l’inspection dutravail de Bayonne qui concluait àl’existence de cette discrimination. Ila été démontré que ces militantsCGT avaient été traités de manièremoins favorable que leurs collèguestout en étant de bons profession-nels. Et pourtant DASSAULT avaitsigné en 1999 un accord sur le droitsyndical garantissant aux militantsun déroulement de carrière sansdiscrimination !

« La ferme en vrille »Procès gagné !

✰ La Chambre d’agricultured’Ille-et-Vilaine a été débou-

tée de sa demande de suppressiondu site Internet « La ferme envrille » et s’est vue condamnée àpayer 700 euros de frais par leTribunal de Bayonne. Il était repro-ché au site d’utiliser l’expressionque la Chambre d’agriculture d’Ille-et-Vilaine avait déposée en 2003.Selon elle, le site se servait indû-ment de cette expression pour uneactivité « satirique se livrant à undénigrement systématique de sesactivités et manifestations » (laFNSEA n’est pas loin derrière lesdemandeurs au procès). Le tribunala tranché dans le sens d’un nonpiratage d’un site qui aurait été para-sité.

Collectif OLDARTU(Lutter ensemble)

✰ Sur le modèle des mouve-ments sociaux récents en

Guadeloupe et en Martinique, uncollectif se met en place en Pays

Basque. La situation politique, éco-nomique et culturelle n’est pas com-parable à celle des DOM-TOM, maisla naissance du collectif repose surun constat : la dégradation dramati-que de la situation des pauvres. Lesthèmes de lutte définis parOLDARTU se déclineront en 5points : lutte contre la précarité, res-pect des droits sociaux fondamen-taux, défense de l’emploi, mode deproduction et de consommation sou-tenables, respect des libertés indivi-duelles et collectives. Les premierssignataires du collectif sont :Aber tzaleen Batasuna, ATTAC,Batasuna, Collectif contre les violen-ces sexistes, Comité d’action Soule,CNT, ELB, Ikasi eta Irauli - JeuneRéagis, LAB, NPA, Segi, Solidaires.À suivre…

Travailleurs sociauxen colère

✰ Un grand nombre d’associa-tions gestionnaires du sec-

teur social (et donc bon nombred’établissements et de servicesrelevant de ce champ), adhèrent à laconvention collective du 15 Mars1966 qui organise les liens contrac-tuels avec les salariés. Or les orga-nisations patronales signataires decette convention ont décidé d’enréviser des éléments fondamentauxet pour le dire tout simplement d’enréduire les dispositions les plusfavorables aux salariés. Sont en jeupêle-mêle : une remise en questiondu cadre conventionnel dans sonensemble avec la possibilité d’unenégociation de gré à gré avec l’em-ployeur, une individualisation dessalaires, des grilles salariales cham-boulées avec perte de salaire surl’ensemble de la carrière exceptépour les 4 à 5 premières annéesd’exercice et pour les chef de ser-vice qui voient leur salaire augmentédans la nouvelle grille proposée.C’est aussi la destruction d’une logi-que de protection au profit d’unelogique marchande. Les syndicats(hormis la CFDT) sont contre l’en-trée en négociation sur de tellesbases qui laissent libre cours à une

démarche qui bat en brèche métierset diplômes, organisation du travailet bien sûr les congés supplémen-taires dont bénéficient les salariésde cette convention.

Monseigneur AILLET…retour

✰ Monseigneur Marc AILLET,évêque du diocèse de

Bayonne-Lescar et Oloron, s’estfâché tout rouge contre l’amende-ment introduit au sénat dans la loiHôpital autorisant les sages femmesà pratiquer l’avortement médica-menteux. Il parle de « culture demort », rien de moins. Il s’élèvecontre ce qu’il considère commeune contrainte pour les dites sages-femmes d’être impliquées dans le« refus de la vie humaine » du« droit de naître ». Il ajoute :« L’église a la mission de proclamerl’ Evangile de la Vie. Elle dit haut etfort un grand oui à la vie ». On sentvraiment le progressiste derrièretout cela ! Pourquoi ne pas revenirsur la loi WEIL tant qu’il y est.Y’en amarre que ces tenants réactionnai-res, sous couvert de leur fonctionaussi respectable soit-elle, semêlent des avancées sociétales ettracent le chemin à l’intégrisme plusou moins rampant. M. AILLET dites -nous ce que vous pensez des méca-nismes de plus en plus criants d’ex-ploitation et d’exclusion des indivi-dus. Là vous ferez œuvre utile et neretournerez pas au passé.

Malek BOUTIH est moderniste

✰ Qu’il appelle MartineAUBRY, en tant que pre-

mière secrétaire du PS à démission-ner au vu des résultats aux euro-péennes, cela peut s’entendre. Maislà où le bât blesse, c’est dans la logi-que de son argumentation. Extraitdu discours : « Quand elle interpelleles patrons qui ont mal géré leurentreprise, quand elle interpelle legouvernement sur ses échecs, ellea raison de dire que le premier res-ponsable doit en tirer les consé-

A PRÈS l’intervention de MmeAlliot-Marie (MAM) dans ledossier de la LGV et après

une entrevue avec Bussereau,ministre des Transports, et le prési-dent de RFF (Réseau Ferré deFrance), il a été décidé de reporterles décisions prises ce printemps. Ila été décidé que RFF donnerait lapriorité aux voies existantes duNord de Bayonne (vraisemblable-ment du côté de Labenne Bénessedans les Landes) à la Bidassoajusqu’à saturation de celles-ci, puisà saturation de ces dernières, lessolutions alternatives (ligne enter-rée et ligne de fret bien plus versl’intérieur seraient étudiées)

Nous nous réjouissons que la LGVne traverse plus le Pays Basque etnous continuerons de soutenir nosamis landais, girondins, du PaysBasque Sud et d’ailleurs qui lut-tent comme nous. Nous pensonsque l’effondrement du fret remetfondamentalement en cause uneligne dédiée aux marchandises eta pesé lourd dans la balance. Nouspensons que la saturation desvoies existantes sera très éloignée.Le projet prévoyait 21 millions detonnes/an de marchandises en2020, lors du débat public onn’était plus qu’à 13 millions àHendaye en 2020 avec un graphi-que qui indiquait 7,5 millions detonnes/an en 2008 alors que nousvenons de passer sous les 2 mil-lions pour 2008 et que 2009 s’an-nonce plus sévère encore.

Nous ne croyons pas à la solutiontotalement enterrée et nous nesouhaitons pas qu’on renvoie lanouvelle ligne de fret sur d’autreszones pyrénéennes (ce qui étaitmauvais pour nous l’est toutautant pour les autres). Nous

continuerons de dire qu’il fautréduire les transports, relocaliseret utiliser les trains longs, pluslourds remplaçant par là mêmeplusieurs trains de marchandises.Et nous continuons de dire que cestrains longs (adoptés par leGrenelle de l’Environnement) doi-vent être constitués à Hendaye-Irun.

C’est la mobilisation massive deshabitants et des associations qui apermis d’obtenir ce premier résul-tat. Cependant, nous savons parexpérience que quand on chasse ledanger par la porte de devant, ilentre souvent par la porte de der-rière. Aussi, nous maintenons nostrois référendums contre la LGV àLahonce, St Pierre d’Irube etVillefranque. Nous appelons lespopulations à enfoncer le clou.

5ORTZADAR •N° 133 • JUILLET / AOUT 2009

LGV : craquements !

Communiqué du CADE (Collectif des associations de défense de l’environnement) et des associations opposées à la ligne nouvelle LGV.

(1er juin 2009)

LGV : Le point de vue des populations concernées…

L’AN dernier, les populations des communes d’Ustaritz etMouguerre, consultées par des référendums organisés parallèle-ment aux élections municipales et cantonales, s’étaient pronon-

cées contre le passage de la LGV respectivement à 92 et 91 %.Ce dimanche 7 juin, malgré la énième pleine page de publicité dansle quotidien Sud-Ouest payée par les CCI d’Aquitaine qui pensent queles opinions s’achètent, les populations des trois communes deLahonce, St Pierre d’Irube et Villefranque se sont prononcées à nou-veau, à une écrasante majorité contre le passage de la LGV respecti-vement à 82,8 %, 92,68 % et 93,9 %.Au-delà des incantations des proLGV, les populations affirment leuropposition à la destruction inutile (9ha par Km de ligne) alors que lesvoies existantes ont largement la capacité à recevoir un traficconséquent.Que les grands élus proLGV cessent donc de parler au nom despopulations et prennent le temps de les écouter ! Ils prendront alorsconscience de l’immense fracture qu’ils sont en train de créer.Pour les associations opposées à la LGV et le Collectif desAssociations de Défense de l’Environnement (CADE), la lutte conti-nue, légitimée par l’expression des populations concernées. Ellesremercient tous ceux qui ont œuvré à un tel succès et appellent àvenir les renforcer encore.

L A récente décision de Mme Alliot Marie de suspen-dre le projet de nouvelle LGV au Pays Basque adéclenché un tir de barrage ahurissant. Alain

(Rousset), Alain (Juppé) et Alain (Lamassoure) sont mon-tés au créneau avec leur ami de la CCI Pays Basque etRégion M. Berckmans.

Dans le tintamarre, on a vite écarté les associations quiont pourtant nourri les quinze dernières années d’uneréflexion aujourd’hui retenue par MAM. Si en Pays Basquele Collectif des Associations de Défense de l’Environ-nement Pays Basque et Sud des Landes et les associa-tions opposées à la LGV ont encore droit de cité dans lapresse que nous appelons institutionnelle, ce n’est guère lecas au niveau régional où le journal Sud-Ouest a fournigratuitement, trois jours de rang deux pages de publi-reportage aux proTGV.

« Les faits sont sacrés, les commentaires sont libres.»a-t-on coutume de dire dans ce grand quotidien régional.Alors, c’est sans doute au titre de fait sacré qu’on yaffirme : « Au Pays Basque par exemple, si on conservaitune ligne classique entre Bayonne et l’Espagne, on per-

drait 40 mn par rapport à une LGV ». Comme, actuelle-ment, le plus lent des TGV qui passent aujourd’hui entreBayonne et l’Espagne met 35 mn et le plus rapide 28 mn,en gagnant 40 mn on peut donc considérer que les « faitssacrés » inventent le premier TGV qui arrive avant de par-tir. C’est sans doute ce que M. Rousset appelle « outilmagique ». Pour être moins « magiques » mais plus précis(j’ai failli écrire moins menteur), disons que les documentsdu débat public, rédigés par Réseau Ferré de France, fontapparaître 3h 03 pour la durée du trajet Bayonne (gareactuelle) à Paris sur la voie existante jusqu’à Dax et 3h 02d’une éventuelle gare nouvelle Pays Basque à Paris sur laligne nouvelle jusqu’à Dax.

Depuis la Bidassoa, RFF annonce un gain de temps de13mn essentiellement du aux suppressions des arrêtsactuels à Hendaye, St Jean de Luz et Biarritz.

On continue également, malgré une réalité qui s’imposejour après jour à clamer comme une incantation, qu’en2020 la nouvelle ligne capterait 20 millions de tonnes demarchandises, alors qu’on peut lire dans les études jointesdu CDRom officiel, que l’hypothèse haute prévoit 13

Un délire impressionnant

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Après l’annonce d’Alliot Marie de stopper les études au Pays Basque, après quinze jours d’intenses affronte-ments, la premier ministre fait reprendre les études. Au-delà d’une étonnante période qui souligne bien quece dossier est une gigantesque usine à gaz bien fragile, des masques sont tombés et le CADE et des associa-tions opposées à la nouvelle ligne ont été bien inspirés de maintenir les trois nouveaux référendums.Aujourd’hui le combat continue avec une certitude : NOUS POUVONS GAGNER !Regardons de plus près les étapes marquantes de cette période…

millions de t/an à Hendaye en 2020 etque le tableau de marche lisible surun graphique joint indique 7,5 millionsde tonnes en 2008. Mais les résultatsréels eux donnent, après une ving-taine d’années légèrement au dessusde 2 millions de t/an à Hendaye, unplongeon en dessous de 2 millions fin2008.

Mais la palme revient sansdoute à M. Berckmans…

Il nous explique : « Aujourd’hui,2 % du trafic transfrontalier transitentpar le fer, mais dès 2014, la propor-tion atteindra ce qu’elle est à la fron-tière italienne, c’est-à-dire 20 % ».

D’abord ce n’est pas le trafic maisle tonnage de marchandises qu’il fautdire cher monsieur, sinon on passeraitde 53 trains quotidiens aujourd’hui(sur une ligne qui peut en accueillir264) à 530 et ce sont plusieurs lignesnouvelles qu’il faudrait construire.Ensuite il faut être plus précis quandon veut donner des leçons et dire :aujourd’hui le trafic maritime capte52 % du tonnage de marchandises, laroute 46% et le fer 2 % au passage duPays Basque. A la frontière italienneAlpine (axe Lyon-Turin) la route capte80 % et le fer 20 % et il n’y a pas detrafic maritime dans les cols desAlpes ce qui fait une sacrée différencenon ? L’absence de concurrencemaritime sur les transports massifsexplique la différence avec le PaysBasque, calquer les deux situationsc’est faire preuve de stupidité ou demauvaise foi, et comme je sais que M.Berckmans peut être intelligent il neme reste qu’à opter pour la deuxièmepossibilité. Nous n’atteindrons évi-demment pas ces 20 %. Et d’où vien-draient subitement en 2014 cette mul-tiplication des marchandises ? « Letrafic de fret sera donc multipliéimmédiatement par 7 parce que ducôté espagnol, la voie sera mise àécartement européen » nous dit-il.Passons sur le fait que de 2 à 20 c’estune multiplication par 10 et non par 7et concentrons nous sur le sujet. Lamise à écartement européen duréseau classique de l’état espagnoln’est pas au rendez-vous, la pro-messe n’est pas tenue et sera pastenue et le rapporteur européenEtienne Davignon dans son rapportde juillet 2008 met le doigt dessus enmenaçant : « Cette inconnue pourraitainsi peser lourd dans le choix finaldes autorités françaises. » Il relèveraaussi l’incohérence du projet principa-lement voyageurs au Sud de laBidassoa et principalement marchan-dises au Nord. Il ajoutera ce bas depage que je livre à M. Berckmans :

« La ligne existante est loin d’avoiratteint un niveau de saturation et sescaractéristiques géométriques sontplutôt bonnes, même si l’armementde la voie, le système de signalisationet d’électrification ne sont pas desplus récents. »

Enfin M. Berckmans nous livre untableau apocalyptique du PaysBasque sans TGV dans le JPB dusamedi 13 : « Comment peut-on ima-giner que la ligne actuelle, construiteen 1842, à une époque où Bayonnecomptait 17 000 habitants et Biarritz1 800, puisse supporter le futur TGV,l’accroissement inévitable du trafic demarchandises généré par le nouvelécartement du chemin de fer espa-gnol… » Ainsi donc la modernisationde la voie existante serait un retour à1842, l’enfer s’abattrait sur nous, letemps de la charrette serait de retour,les populations jetées dans la misère,les enfants abandonnés dévorés parles loups…

Cette ligne de 1842 a tout demême été électrifiée, modernisée aufil des ans, elle bénéficie de la signa-lisation des Blocs AutomatiquesLumineux, installée à partir de 1946(pas sur Dax-Bayonne), de l’IPCS(Indication Permanente de ContreSens) et autres gadgets modernes etelle sera modernisée par des travauxqui vont débuter ces prochains mois(portant sa capacité marchandises à12 millions de t/an). Ce qui n’a pas étémis en route (ou si peu) depuis 1842,ce sont les protections des riverainsdont M. Berckmans découvre au-jourd’hui qu’elles sont nécessairesmais que nous réclamons depuislongtemps. Riverains pour lesquels lamise en place des trains longs demarchandises (que nous réclamionsen vain lors du débat, qu’on nous arefusé alors et qui vient d’être impo-sée par le grenelle de l’Environ-nement) aboutira à au moins une divi-sion par deux du nombre de cestrains.

Pour terminer disons simplementque le 7 juin, le lendemain d’unepublicité proTGV payée par les CCId’Aquitaine occupant entièrement lapage 2 du journal Pays Basque deSud Ouest, les électeurs de Lahonce,St Pierre d’Irube et Villefranque ontrejeté massivement la nouvelle LGVavec respectivement 80,8%, 92,68%et 93,9% de nons s’ajoutant aux91,3% de Mouguerre et aux 92,05%d’Ustaritz l’année précédente. Et cesfaits sacrés là il faut aussi les enten-dre un jour s!

Victor Pachon

6 • ORTZADAR N° 133 • JUILLET / AOUT 2009

M. Berckmans annonce 100 000 emplois liés au chantier LGV.

A TTAC Sud des Landes fait remarquer que 100 000 emplois pendant4 ans ça fait une masse salariale de 15 Milliards d’euros, alors quele projet annonce un coût de 7,41 milliards d’euros… C’est pas

mal ! A moins qu’on n’ait l’intention de ne pas payer les ouvriers, ilconviendrait que le coût de la main d’œuvre soit compté dans le prix derevient, non ?

Lamassoure : pile et face

A PRÈS l’annonce du ministre de l’inté-rieur demandant l’arrêt des études

de la LGV au Pays Basque et son passagesur les voies existantes, Alain Lamassoureest monté au créneau pour défendre becet ongles la LGV destructrice et inutile. Ils’en est pris aux écolos qui ne défen-draient pas le rail face aux camions.Cela, c’était Lamassoure côté face, cardans le même temps, on nous a envoyéle vote sur « l’Eurovignette III » (baselégale européenne pour les redevancessur les véhicules lourds) au Parlementeuropéen ce printemps. Ce vote, concer-nant les camions, était justement destinéà freiner le nombre de camions et favori-ser le report modal. M. Lamassoure avaitdonc là l’occasion de montrer toute sasensibilité écolo. Et bien voilà le détaildes votes :Vote 1 : possibilité d’avoir des coûtsexternes et des sur-péages dans leszones montagneuses.Les associations et les écologistesdemandaient un vote positif, M. Lamas-soure a voté contre.Vote 2 : interdiction d’intégrer lescoûts de congestion.Les associations et les écologistesdemandaient un vote négatif, M. Lamas-soure a voté pour.Vote 3 : une meilleure définition descoûts externes, incluant le bruit, la pol-lution, la dépendance du pétrole.Les associations et les écologistesdemandaient un vote positif, M. Lamas-soure a voté contre.Vote 4 : inclure les coûts climatiques.Les associations et les écologistesdemandaient un vote positif, M.Lamassoure a voté contre.Vote 5 : de nouveau inclure les coûtsclimatiques.Les associations et les écologistesdemandaient un vote positif, M.Lamassoure a voté contre alors que plu-sieurs élus conservateurs votaient positi-vement.Vote 6 : support pour la conventionalpine et des instruments additionnelscomme la bourse du transit alpin.Les associations et les écologistes

demandaient un vote positif, M. Lamas-soure a voté contre.Et voilà donc le côté pile du sieur Lamas-soure révélé au grand jour.

Espilondo : face et pile

N OTRE dynamique maire d’Anglet,lorsqu’il se présentait aux législati-

ves, avait pris la position suivante sur laLGV : Un tract entier intitulé « Non à latraversée du pays basque » avec les têtesde chapitres suivants : « Une aberrationécologique », « Une aberration en termed’aménagement du territoire », « Uneaberration qui n’apportera aucune solu-tion réelle en report multimodal de laroute vers le rail. Député à l’AssembléeNationale, j’ai été l’auteur du “schémanational de service collectif de transportde fret” et je parle en connaissance decause » (là on en a mis plus que la têtede chapitre car ça valait son pesant debananes, « Une aberration financière »et pour finir la conclusion : « Avec moi,vous enverrez à l’Assemblée Nationaleun député de confiance qui s’opposeraavec conviction à ce projet aberrant »C’était le côté face de monsieur Espil-ondo. Côté pile, c’est la lettre au premier minis-tre en date du 17 juin qu’il vient de cosi-gner avec Alain Rousset et Mme JarraudVergnolle (sénatrice et conseillère muni-cipale à Anglet… et habitante à Mou-guerre). Lettre pour accélérer la LGV surTours-Bordeaux et pour la poursuite de laLGV à travers le Pays Basque.Même profil pour Mme Jarraud Vergno-lle dont l’époux, candidat aux cantonalesen 2008 écrivait : « Les projets ferroviai-res sont un des enjeux de notre canton.Le débat est en cours à propos de la nou-velle ligne LGV. S’il est souhaitable que lePays Basque soit connecté au TGV SudEurope Atlantique, il est impensablequ’une nouvelle ligne défigure notreenvironnement. Entre Bayonne et lafrontière espagnole, le TGV devra utiliserles lignes existantes ».Et dire que quelques jours avant dans undossier de la Semaine du Pays Basque,M. Espilondo écrivait : « Il convient de semontrer prudent ».

Et un sommet de la dérive démagodu camarade Berckmans

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7ORTZADAR •N° 133 • JUILLET / AOUT 2009

Cenei – Roumanie

Depuis des décennies –depuis l’em-pire des Habsbourg et durant la dic-tature communiste– les paysansgagnaient péniblement leur vie enélevant des cochons, en conduisantdes chevaux le long de vieilles rou-tes défoncées, tout en murmurantdes prières rituelles, les joursd’abattage.Les coutumes et les métiersanciens disparaissent et l’atmos-phère elle-même, est en train dechanger, transformée par un nouvelarrivant, Smithfield Food. Sansqu’on le remarque dans le reste ducontinent, ce géant de l’agrobusi-ness est entré dans l’Europe del’Est avec la force d’une machineindustrielle, rassemblant desréseaux de fermes, élevant desporcs à grande vitesse et les abat-tant sans perdre le moindre bout deviande ou de muscle qui puisse êtrepressé dans une saucisse.Le bouleversement que connais-sent, dans la ceinture des fermesporcines, la Pologne et la Rou-manie, les deux principaux paysmembres de l’Union Européenne àl’Est, fait partie des plus grandestransformations agricoles que lecontinent ait connues.C’est aussi un bon exemple de lafaçon dont cette compagnie classéedans le Fortune 500, et basée enVirginie opère dans ses avant-pos-tes les plus éloignés. Smithfield a unjoint-venture dans un élevage deporcs au Mexique situé pas loin delà où des scientifiques états-uniensrecherchent un lien potentiel entreles porcs et une nouvelle souche degrippe chez les humains. Alors quel’origine du virus est toujours sujetteà caution, Smithfield insiste sur lefait qu’aucun de ses porcs, ni de ses

employés n’a été touché par lamaladie.Mais la démarche globale deSmithfield est claire. Son présidentJoseph Luter III a décrit son entre-prise comme se développant« beaucoup, beaucoup et très, trèsvite ». En moins de 5 ans, Smithfielda recruté des politiciens en Pologneet en Roumanie, a profité desimportantes subventions agricolesde l’Union Européenne, contré lesgroupes locaux d’opposition pourcréer un conglomérat d’usines d’ali-ments, d’abattoirs et de porcheriesclimatisées, abritant des milliers deporcs.La firme s’est développée à unetelle vitesse qu’elle a oublié d’obte-nir les autorisations environnemen-tales ou d’informer les autorités surles cas de décès de porcs – oublisqui apparurent lorsque la fièvre por-cine balaya 3 installations en 2007,dont deux fonctionnaient sans per-mis. Quelques 67 000 porcs mouru-rent ou furent détruits qu’ils soientinfectés ou en bonne santé, afin d’empêcher l’extension de lamaladie.Aux Etats-Unis, Smithfield affirmequ’il a été une aubaine pour lesconsommateurs. Les prix du porcont baissé de 20 % entre 1970 et2004, d’après le ministère del’Agriculture, ce qui représente uneéconomie de 29 dollars par an etpar consommateur.En Europe de l’Est, comme dans lesétats agricoles des Etats-Unis oùSmithfield a développé sa stratégieindustrielle, la question est de savoirsi ces économies contrebalancentles énormes coûts. La compagnieaffirme être « à l’écoute des préoc-cupations de ses voisins » et queles plaintes proviennent souvent derésidents mécontents d’être laissés

de côté. Par contre, pour RobertWallace, un professeur de géogra-phie l’Université du Minnesota envisite, l’ascension mondiale deSmithfield n’est qu’une partie« d’une révolution plus large de l’in-dustrie de l’élevage qui a créé devéritables villes de porcs et devolailles », dans les nations pauvresaux réglementations faibles. « Leprix à payer s’alourdit pour les petitspaysans ».D’après les statistiques de l’UnionEuropéenne, le nombre d’éleveursde cochons en Roumanie a baisséde 90 % – il est passé de 477 030en 2003, à 52 100 en 2007. Les ex-paysans ont été coulés par les basprix de Smithfield et doivent, soitémigrer, soit se tourner vers le sec-teur de la construction. A leur place,la compagnie emploie ou est souscontrat avec 900 personnes etachète les céréales auprès de 100agriculteurs.En Pologne, il y avait 1,1 million depaysans produisant du porc en1996. Selon la Chambre Nationalede l’Agriculture Polonaise, en 2008,leur nombre avait baissé de 56 %,car l’arrivée de méthodes agricolesmodernes avait transformé l’agricul-ture.Il y a deux ans, Daniel Neag avait300 cochons dans les établesaujourd’hui vides et balayées par levent, à Lugoj en Roumanie. Depuis2005, le nombre de membres deson association d’éleveurs est

tombé de 300 à 42. Le trésorier tra-vaille maintenant comme apiculteur.L’impact sur l’environnement estencore plus frappant. Avec près de40 fermes dans l’ouest de laRoumanie, Smithfield a construitd’énormes réservoirs métalliquespour les déjections afin d’injecter lesdéchets dans le sol. « Cette odeurquotidienne nous rend fous » ditAura Danielescu, directrice del’école de Masloc, tout en fermantbien la fenêtre.Dans le comté roumain de Timi, lesinstallations de Smithfield sontparmi les principales sources depollution de l’air et de l’eau d’aprèsun rapport local. Le rapport indiqueaussi que les émissions de gazdans l’air ont augmenté de 65 %entre 2002 et 2007.Les contribuables doivent aussipayer une partie de la facture.Smithfield tape dans le pot des sub-ventions de l’Union Européenne– un total de 50 milliards d’eurosdisponibles l’an dernier pour l’en-semble de l’Union – subventionscensées favoriser une agricultureéquilibrant modernité et souci del’environnement.C’est le même enchaînement de cir-constances qui fait que des éleveursde cochons africains abandonnentleurs activités car ils ne peuventfaire face à la concurrence deSmithfield qui a dégoté d’autressubventions pour favoriser l’exporta-tion des bas morceaux bon marché

La grippe porcineune belle cochonnerie avec de gros porcs !

Article de Doreen Carvajal et Stephen Castle, paru le 5 mai dans le New York Times :

« A US Hog Giant Transforms Eastern Europe »http://www.nytimes.com/2009/05/06/business/global/06smithfield.html?pagewanted=1&_r=1

Traduction pour les Amis de la Terre : Christian Berdot

« Cette odeur quotidienne nous rend fous… »

de porcs de la Pologne versl’Afrique.Les représentants de Smithfielddéfendent énergiquement leursméthodes. Ils affirment qu’ils onttout fait pour étouffer les cas de fiè-vre porcine et ils prétendent quel’absence de permis était une omis-sion. Charles Griffith, avocat de lacompagnie répondit à une questionécrite : « Nous avons appris à nepas considérer que la connaissancede nos projets et opérations par legouvernement équivalait à uneautorisation de continuer à avancerjusqu’à que nous ayons obtenu lespermis nécessaires ».Les responsables de la compagnieinsistent aussi sur les investisse-ments importants réalisés dans desrégions pauvres de l’Europe de l’Estet sur leur engagement à réinvestirles bénéfices localement. MonsieurGriffith illustra certaines de cesdonations en citant « l’acquisition, larénovation et la construction d’usinede transformation de viande, lesunités d’élevage, les fabriques d’ali-ments et les installations destockage réfrigérées » ainsi que lesoutien apporté à des « réseauxd’agriculteurs indépendants quisont sous contrats pour abriter etengraisser les porcs jusqu’au poidsdu marché ».Certains villageois dans la nouvellezone du porc sont sidérés. « Poureux, c’est comme avoir à faire avecdes sauvages dans la pampa oùseul comptent le pouvoir et laforce », nous dit Emilia Niemyt, mai-resse de Wierzchkowo, petit villagepolonais de 331 personnes qui aporté plainte à cause des odeurs.« Ils réalisent leur idée de laconquête de l’Est avec les mêmesméthodes que la conquête del’Ouest ».

Chaîne d’assemblage de porcs

Lorsque l’Est fit signe en 1999,Smithfield exporta sa stratégie d’in-tégration verticale, copiée sur legéant de la volaille Tyson Foods. Leprincipal partisan de cette stratégieest M. Luter, dont la famille trans-forma un établissement de condi-tionnement de la viande, en unmonstre affichant presque 12 mil-liards de revenus annuels.Chaque étape de la vie d’un porc –de l’insémination artificielle, auxcaractéristiques génétiques d’éle-

vage– est contrôlée. Une poignéede salariés surveillent des milliersde porcs qui passent toute leur vieconfinés, sous lumière constantepour favoriser la croissance. Lestruies produisent 3 ou 4 fois par andes petits. Dans un délai de 300jours, un porc pesant en gros 120 kgest prêt pour l’abattage.C’est dans les années 1990, dansl’est de la Caroline du Nord, queSmithfield a mis au point saméthode, dans une région produc-trice de tabac, en crise. En 2000, del’argent provenant d’un comité d’ac-tion politique de Smithfield a com-mencé à être versé dans cet état,puis un peu partout aux Etats-Unis.Finalement, plus d’un million de dol-lars furent versés à des candidatspour des élections locales et fédéra-les. Les avocats de Smithfield aidè-rent à l’obtention rapide d’autorisa-tions pour Smithfield et à l’exemp-tion des élevages de porcs, desrèglements de zonages.Tandis que Smithfield s’épanouis-sait, le nombre d’élevage de porcsaux Etats-Unis plongea de 90 %passant de 667 000 en 1980, à67 000 en 2005. Certains états agri-coles commencèrent à s’inquiéter.Lorsque l’ouragan Floyd frappa laCaroline du Nord en 1999, despluies torrentielles détruisirent sixlagunages de lisier de porcs, ame-nant les autorités locales à imposerun moratoire sur de nouvelles unitésd’élevage utilisant des lagunages.L’état du Missouri aussi imposa àSmithfield d’installer les technolo-gies nécessaires pour réduire lesodeurs. Dans l’Iowa, les lobbyistesde Smithfield repoussèrent les ten-tatives visant à forcer les transfor-mateurs de viande à acheter leursporcs sur le marché général, au lieude n’utiliser que leurs propres ani-maux.Devant faire face à plus de restric-tions aux Etats-Unis, Smithfielddéplaça son projet d’élevage degibier de la Caroline du Nord vers laPologne et la Roumanie, où la com-pagnie profita habilement de la fai-blesse des économies et de celledes systèmes politiques et régle-mentaires.Aujourd’hui Smithfield est le premierproducteur de porc en Roumanie oùla firme possède une énorme usinede conditionnement de la viande,presque 40 élevages de porcs etdes terres agricoles couvrant plusde 20 000 hectares. En Pologne, lacompagnie emploie 500 agriculteurspour élever des porcs destinés à

son abattoir datant de l’époquecommuniste, Animex. Smithfieldrefuse de dévoiler le montant totaldes subventions que la firme a tou-chées. La Roumanie paye une taxede 30 euros par porc élevé, ce quilaisse penser qu’avec 600 000porcs produits par an, Smithfield adroit à 18 millions d’euros de sub-ventions nationales spéciales, pré-vues pour améliorer la maigreur desporcs. Bien que la compagnie aitaffirmé mardi dernier, que tous sesporcs n’étaient pas qualifiés pourrecevoir cette prime, elle refusa depréciser le nombre. Des donnéesroumaines récemment publiéesmontrent que la compagnie a reçu300 000 euros de subventions pources terres cultivées l’an dernier etplus de 200 000 euros de dotationspéciale pour les nouveaux états del’Union Européenne. En Pologne,Smithfield a encaissé plus de 2 mil-lions d’euros pour sa filiale AgriPlus.Le directeur général d’AgriPlus, LuisCerdan, explique que « Les subven-tions sont de l’argent et qu’ellesaméliorent les profits de la compa-gnie ».Mais pour M. Griffith, l’avocat de lafirme, les bénéfices sont minces.D’autant plus ajoute-t-il « Si vousconsidérez que nous n’avons pasgagné le moindre argent de cesopérations et que nous n’avons pasen projet de le faire dans le futurprévisible ».

Des aides au plus haut niveau

Dès leur arrivée en Europe de l’Est,Smithfield fit la cour à des politiciensimportants, à la fois en Pologne eten Roumanie, ce dernier pays étantparticulièrement pauvre, avec ses23 millions d’habitants, son gouver-nement faible et sous la pressionconstante de l’Union Européenne à cause de ses problèmes de corruption.Dans le désordre qui suivit l’èrecommuniste, l’important était desavoir à qui s’adresser. A Bucarest,Smithfield s’adressa à NicholasTaubman, un riche homme d’affai-res républicain, qui fut l’ambassa-deur des Etats-Unis en Roumanie,sous le gouvernement du présidentGeorges Bush. M. Taubman accom-pagna les dirigeants de Smithfield,lors de leurs rencontres avec le pré-sident et avec le président et lePremier ministre.

« Je suis de Virginie et c’est unegrande entreprise et je les connaisbien » dit M. Taubman, notant qu’ilavait aussi aidé Ford Motor qui a eula tâche plus facile en Roumanie carla firme avait le soutien d’un ministredu gouvernement.Une fois que les hauts dirigeantssoutinrent Smithfield, les projetspurent être développés. Plus d’unedouzaine d’installations d’élevagesfurent dessinées par un cabinetd’architecte appartenant à Gheor-ghe Seculici, un ancien vice-premierministre avec des liens étroits avecle président Traian Basescu de Roumanie qui est le parrain desa fille.Une aide supplémentaire provintd’un canal proche : les conseillersde Smithfield, la firme McGuire-Woods originaire de Virginie, installaun bureau à Bucarest en 2007 pourfaire la liaison entre Smithfield et legouvernement roumain. Pour quan-tité de raisons, McGuireWood étaitle choix parfait : en effet, c’est cettefirme qui a représenté la Roumanieet pendant 3 ans fait campagne etpression pour obtenir l’adhésion dela Roumanie dans l’OTAN.Le président roumain, M. Basescun’hésita pas à exprimer sa recon-naissance envers cette firme, qu’ilfélicita lors d’une conférence jointeavec le président Bush, lors d’unsommet de l’OTAN, l’an dernier. Lareconnaissance de Smithfield futelle aussi très visible : d’après leministre des Affaires Etrangères, lafirme contribua avec 20 000 euros,à l’achat des uniformes de cérémo-nie roumaines lors de la rencontreau sommet.Pour M. Taubman, il est essentield’avoir ces contacts : « Il est extrê-mement difficile de faire des affairessi vous n’avez pas quelqu’uncomme le Premier ministre ouquelqu’un dans le cabinet duPremier ministre qui fait suivre dans

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« Et pour le porc... c’est pareil ! »

le bas de l’échelle à la personneconcernée et lui dit ce qui doit être fait ».Aussi franc que cela puisse paraître,le lobbying d’une grande firme desEtats-Unis – le super pouvoir à quiles Européens de l’Est cherchent àplaire – ne plait pas à tout le monde.Sten Steensen, expert agricoleauprès de l’ambassade du Dane-mark, pays qui a aussi implanté desélevages porcins en Europe de l’Estaffirme : « Nous comprenons ladiplomatie publique et le lobbyingpolitique, mais nous souhaitons queles affaires et les relations commer-ciales se fassent d’une façon nor-male et juste ».Dans un rapport sur l’agriculture M. Steensen écrit : « La dominationet les méthodes ouvertement agres-sives de Smithfield sont inqui-étantes ».

Désastres environnementaux

Les liens étroits avec les hautessphères du pouvoir permettaient àSmithfield de se protéger des pro-testations des communautés loca-les. La compagnie reçut uneamende de 9 000 euros pour avoirdéversé du purin sur une autoroutelocale à cause d’une citerne quifuyait ; de 35 000 euros pour unréservoir défectueux d’où suintait lepurin dans le sol ; de 35 000 eurospour 4 stations d’élevage fonction-nant sans autorisation dans lecomté d’Arad ; et de 18 000 eurospour ne pas avoir empêché la pollu-tion de l’eau.Quelques villageois cependant nevoient que leurs propres avantages.« J’ai des terres près de chez eux etil n’y a aucun problème » affirmeDorin Mic Aurel, le maire de Masloc.Smithfield est le premier contribua-ble de Masloc et ses 27 000 eurosannuels de contribution ont aidé àamener l’eau courante au village.Smithfield a pourtant eu du mal àsurmonter les retombées de l’épidé-mie de fièvre porcine qui frappaCenei. A l’époque, les cadavres deporcs s’entassaient et les voisins serappellent les efforts chaotiquespour abattre au fusil et brûler lesporcs. Cette souche n’affecte queles porcs, mais des scientifiques onttrouvé des éléments de virus por-cins –un provenant d’Europe oud’Asie et l’autre d’Amérique dunord– dans le code génétique du

virus de la nouvelle grippe A(H1N1).Lorsque Ciprian Ciurdar, le maireadjoint de Cenei se plaignit que lapuanteur des fermes environnantesétait effroyable, Smithfield réponditque c’était la faute à la vague dechaleur.M. Ciurdar raconte aussi comment,lors d’une visite d’une station d’éle-vage, un collègue prenait des pho-tos jusqu’à ce qu’un membre de lasécurité saisit la camera et détruisitles photos. « Ce n’est pas parceque vous êtes propriétaires quevous avez le droit de faire n’importequoi. » affirme M. Ciurdar, en éle-vant la voix.Smithfield se défend en affirmant« qu’il est impossible de savoir »pourquoi les porcs sont tombésmalades, tout en relevant une rup-ture dans la fourniture des vaccinsanti-grippe fournis par le gouverne-ment pour les porcs. Pourtant plu-sieurs responsables des deux bordsde la polémique pensent queSmithfield a tout simplement étaitdépassé par sa propre machineindustrielle et ses cochons qui n’ar-rêtent pas de se multiplier.Pour M. Seculici, l’architecte « Desmilliers de porcelets étaient nés et iln’y avait aucune place pour lesloger car les nouvelles installationsn’étaient pas terminées. Personnene veut l’admettre, mais c’est cela lacause de la grippe porcine. Ils ontété obligés d’improviser ».Smithfield reconnaît que de jeunesporcs furent placés dans des instal-lations en construction, mais insistesur le fait que cela n’a eu aucun effetsur leur santé.L’ancien ambassadeur des Etats-Unis, M. Taubman reconnaît que« Cela a été fait trop vite et a causéun tas de problèmes ».Lorsqu’il s’est agi de nettoyer,Smithfield s’est de nouveau tournévers les aides spéciales de l’UnionEuropéenne, demandant 11,5 mil-lions de dollars de compensation.Mais les autorités locales –cellesayant autorité pour distribuer l’ar-gent– refusèrent la demande, scan-dalisées qu’elles étaient par le faitque l’épidémie se développait dansdes installations non autorisées etqu’elles accusaient en plus d’avoirdes mesures de biosécurité laxistes.Une mission spéciale de laCommission Européenne confirmacertaines de leurs plaintes et trouvaque Smithfield avait omis de fournirdes rapports réguliers sur la mort deses porcs et laissait ses employés

aller librement d’une installation àl’autre, malgré des soupçons de fiè-vre porcine.Pour M. Griffith, l’avocat de Smith-field « Bien que nous reconnaissonsces dysfonctionnements, cela nesignifie pas que nos installationsopéraient hors du cadre des autori-tés roumaines. Nos installationsfonctionnaient de façon ouverte,avec un contact régulier, au jour lejour, avec ces autorités. Lorsquenous découvrîmes qu’un certainnombre de nos installations enRoumanie fonctionnaient sur la basede l’urgence, sans les autorisationsrequises, nous avons tout fait pourobtenir ces autorisations ».Ne pouvant obtenir l’argent,Smithfield se tourna vers ValeriuTabara, président du ComitéAgricole du Parlement roumain.Avec le soutien d’autres hommespolitiques, M.Tabara obtint un amen-dement qui permettra dorénavant decompenser les pertes des propriétai-res d’animaux, dues à des maladies,même dans le cas de non-respectdes règles de biosécurité.Smithfield ne sait pas s’il va profiterde cet amendement. La révisiond’après M. Griffith « ne s’applique-rait pas rétroactivement à leurdemande. Mais il est sûr queSmithfield fait partie des compa-gnies qui ont enregistré despertes ».

Un combat à travers les continents

Lorsque M. Neag, l’ancien éleveurde cochons parcourt son pays ;seuls deux animaux le suivent :deux pauvres corniauds.Il cultive maintenant des céréales,comme beaucoup d’autres ancienséleveurs qui se plaignent que leurrevenu annuel a baissé de moitiépour atteindre 5 000 euros.« Je ne pensais pas qu’il y avait des

ennemis comme ça qui viennentprendre le pain de la notre bou-che » dit-il en repensant à l’arrivéede Smithfield.En Côte d’Ivoire, on peut entendreun échos lointain à sa plainte.A Abidjan, la ferme à cochon dePatrice Yao, près de la prison locale,fait partie d’un groupe où des pay-sans comme lui et Basile DonaldYao essayent de survivre, bien quele marché soit inondé de porccongelé bon marché, en prove-nance de l’Europe.« Ma ferme ne marche plus ». Nousdit M. Yao, 27 ans propriétaires de45 cochons alors qu’il en avaitencore 100, il y a trois ans. « LesEuropéens envoient leur viande àbas prix sur notre marché ».Andrzej Pawelczak, porte-parole del’usine de conditionnement Animex,refusa de préciser vers quels paysde l’Afrique de l’Ouest les morceauxde porcs étaient envoyés. Pourtant,dans le Magazine des AgriculteursPolonais, il cite le Libéria, la GuinéeEquatoriale et la Côte d’Ivoire.D’après des responsables agricolespolonais, Animex a reçu plus de 3 millions d’euros d’aide à l’exportation.Face à cette situation, les paysansivoiriens ne peuvent faire face. Leporc local frais se vend à 2,50 dol-lars le kg, alors que les bas mor-ceaux congelés en provenance del’Europe sont en promotion dans des marchés bondés à 1,40dollars le kg.Beaucoup de paysans ont aban-donné, nous dit M. Yao et cherchentdu travail. Tout comme les ex-pay-sans roumains parcourant l’Europeà la recherche d’un site de construc-tion, il envisage lui aussi de devenir,lui-même, un produit d’exportation.« J’ai déjà mon passeport et lors-que l’occasion se présentera, jepartirai. Je rêve d’aller en Italie ouen Espagne. Ici, il n’y a plus rienpour nous ».

9ORTZADAR •N° 133 • JUILLET / AOUT 2009

Les cas de grippe porcine repertoriés à l’échelle mondiale par l’OMS en mai dernier

Un article récent du CanardEnchaîné (10/06) annonce un« train de cadeaux » pour les

géants du BTP qui financeront50 % des investissements

d’infrastructures ferroviaires et fluviales du méga plan de

relance sarkozien annoncé endécembre 2008. On y apprend

que dans un contexte de crise oùles emprunts pourraient coûter

jusqu’à 10 % plus cher que prévu,les bétonneurs se font tirer

l’oreille et certains projets commele projet de métro circulaire en Ile

de France, 16 milliards, ne se feront pas en PPP*

H EUREUSEMENT nos ultralibéraux dirigeants ont suréagir et ont mis une foisde plus l’argent public,

notre argent, au service d’une noblecause : sauver les PPP et le planSarkozy. En effet, une loi de février2009 autorise l’Etat à garantir, àhauteur de 80 % et dans la limite de10 milliards les emprunts faits parles sociétés privées dans le cadredes PPP.

Le Canard donne l’exemple de l’Ilede la Réunion où un projet de train–tram à 1,6 milliards aura pour objec-

tif de désengorger le trafic dans leSud de l’île. Ce sera du tout bonpour les rois du béton : 50 % du pro-jet sera financé par l’argent public(25 % par l’Etat et 25 % par les col-lectivités locales, comme pour« notre » projet de LGV), 50 % parle privé, soit 1 milliard mais sur cemilliard 80 % sera garanti par laCaisse des Dépôts et Consi-gnations, c’est à dire par l’Etat. Enclair : pour un risque de 160 millionssoit 10 % du coût total, l’heureuxbénéficiaire (Bouygues, Eiffage ouVinci) se verra attribuer les travauxET la concession de la ligne pourplusieurs dizaines d’années (com-me dans le cas des autoroutes). Sibénéfices il y a, le privé encaissera,si pertes il y a, elles seront à 90 %pour notre pomme.

L’article nous apprend également,sans surprise, que la même bandedes trois espère obtenir des condi-tions aussi alléchantes pour la LGVTours–Bordeaux. Il en sera proba-blement de même pour la LGVBordeaux–Irun, dont le financementest déjà prévu en PPP. On comprend

mieux la défense acharnée de tousces projets par l’UMP et le PS !

En résumé, ici, du sud des Landesà la frontière nous verrons :

• Notre environnement saccagé ;• Nos impôts locaux confisqués(25 % du financement est à lacharge des collectivités locales) ;• Nos impôts versés à l’Etat couvrirles investissements à risque desgéants du BTP… Et, cerise sur legâteau, une forte augmentation dubillet de train.

Pour ne prendre qu’un exemple, ledogme de l’efficacité du secteurprivé coûte bien cher aux Britan-niques : pour un service très infé-rieur à celui de la SNCF les tarifs ysont de 50 à 100 % plus élevés.

Une idée de titre pour Sud Ouest :« Le Diktat des géants du BTP »

Le rapport de 2008 de la Cour desComptes nous met en garde. Selonlui, les PPP n’offrent d’avantagesqu’à court terme et s’avèrent finale-ment onéreux à moyen et longterme. Ca ne vous rappelle rienamis lecteurs d’Ortzadar ? (Source :Blog de J.J. Urvoas, député PS).

A propos du tram-train de laRéunion : c’est la SR 21 sociétéd’économie mixte dirigée par PierreVergès, le fils du président duconseil régional, qui s’occupe dutram-train, qui a décidé de sonmode de financement : elle a optépour un partenariat public-privé.(source Wikipedia)

NDLR : les Vergès sont les figuresde proue du PC réunionnais !

(*) PPP : Partenariat Privé Public : une procé-dure qui permet à une collectivité de délé-guer à un groupe privé la construction et lagestion d’équipements publics sur unedurée pendant laquelle la collectivité ver-sera un « loyer », avant de récupérer le siteen fin de contrat.

10 • ORTZADAR N° 133 • JUILLET / AOUT 2009

FINANCEMENT DE LA LGVUne arnaque peut en cacher une autre

Les profits seront encaissées par les entreprises privées,

les pertes, bien sûr, seront pour notre pomme !

Signez et faites signer massivement la pétition contre la LGV

Elle est en ligne sur le site :

www.voiesnouvellestgv.webou.net

On peut la faire signer sur papier et nous envoyer le tout à :

CADE chemin de Galharret 64990 MOUGUERRE,

ou à :

UDE Centre Altzabea Hiribehere 64480 USTARITZ

SIGNEZ LA PETITION CONTRE LA LGV

Après avoir écarté les

premières attaques grâce à

l’impossibilité d’utiliser la

route (passant dans le

périmètre de captage d’eau

potable), les Amis de

Bugangue doivent faire à

nouveau face au même projet

mais avec un transport des

matériaux par l’intermédiaire

d’une ligne téléphérique.

Nous leur avons donc donné à

nouveau la parole et

appelons à leur manifester le

soutien le plus large.

D EPUIS plusieurs années,le quartier de Bugangue,espace vert naturel situéà la périphérie d’Aramits,

entre village et montagne, avaittrouvé sa vocation : tourisme et pas-toralisme. Depuis plusieurs annéeségalement, les habitants de cequartier s’étaient efforcés de luiinsuffler une vie nouvelle, en s’en-dettant pour investir dans le déve-loppement d’activités fondées surcette double vocation, en accueillantnotamment, dans de nombreuxgîtes aménagés à cet effet, unepopulation autochtone et étrangère,issue de toutes les couches socia-les et classes d’âge, mais cons-ciente des vertus revitalisantes d’uncourt séjour de repos dans uncadre, somme toute, exceptionnel.

Il faut dire à ceux qui ne l’auraientpas encore découvert, bien qu’il soitrépertorié par de nombreux organis-mes de tourisme, ce qui fait l’excep-tion de ce site : des cours d’eaud’une pureté extraordinaire, classésNatura 2000, sur le secteur, desespèces protégées tant dans lafaune et la flore ont étés validées,par l’ONEMA et le ConservatoireBotanique Sud Atlantique, deshêtres et des chênes centenairesrecouvrent le piémont d’une monta-gne pyrénéenne déjà, hélas ! fort

dénudée, un air vivifiant et sain queles médecins recommandent régu-lièrement à ceux qui sont affectéspar l’asthme ou d’autres troublesrespiratoires.

Or, voici que ces quelquesarpents de verdure sont menacés, àcourt terme, de disparition sous lapression d’hommes d’affaires quiont bâti leur fortune sur l’exploita-tion, à ciel ouvert, du sous-sol desvallées avoisinantes (déjà 3 carriè-res dans un rayon de 10 Km) et qui,avec la complaisance d’élus locauxpeu soucieux d’environnement,s’apprêtent à inscrire, demain, lesite de la forêt de Bugangue dans lepérimètre d’activité de leurs pellesmécaniques, de leurs bulldozers etde leurs artificiers.

Les riverains de ce quartier sontchoqués, au dernier degré, par l’in-différence et la désaffection queleurs protestations, bien que por-tées par une association qui compteaujourd’hui plus d’une centaine demembres, ont rencontré auprès dela commune d’Aramits. Non seule-ment celle-ci ne les a pas entendus,mais elle agit désormais commes’ils n’existaient pas, en autorisant,la semaine dernière, le principalpromoteur de ce projet à lancer sesengins de terrassement à l’assautdes coteaux et des bois de leurquartier, à proximité immédiate des habitations et des gîtes qui s’y trouvent.

Aussi sont-ils déterminés à fairelargement connaître – et en hautlieu si cela s’avère nécessaire – lacriminelle impéritie que représente-rait une décision prise en faveur del’ouverture d’une telle carrière, ausein d’un biotope incapable d’ensupporter les effets collatéraux dontle plus grave, le plus irrémédiable et,sans doute, le plus probable seraitla pollution, voire la disparition dessources qui alimentent en eau pota-ble les villages d’Aramits, et d’Ance,lesquelles représentent, jusqu’àprésent, la seule garantie offerte à leurs habitants de disposer de conditions de vie relativementstables.

Ils ont aussi l’espoir que vous neresterez pas insensible à la causequ’ils soutiennent et que vous vousétonnerez, comme eux, qu’au len-demain du Grenelle de l’Environ-

nement et de l’émotion qu’a susci-tée, à travers toute l’Europe, l’an-nonce de bien sombres prédictions,on puisse tolérer que, dans ce petitcoin de France, soit donné un exem-ple aussi diamétralement opposé àce qui doit être fait et sur quoi unlarge consensus s’est établi.

« Les Amis de Bugangue »Association soutenue par SOSEnvironnement et Agréée par leMinistère de l’Environnement.

Quartier Bugangue 64570 ARAMITSTél / Fax : 05 59 39 30 54Portable : 06 87 49 98 37

• E-mail : [email protected]• Internet :www.amisdebugangue.fr

11ORTZADAR •N° 133 • JUILLET / AOUT 2009

Bugangue à nouveau en danger

DANS les semainesqui ont précédé lapériode estivale(juin 2009) quelHaspandar (ou quel

automobiliste empruntant laroute départementale quirelie Hasparren et Briscous)n’a pas senti de fortes odeursdésagréables ? Certainsauront sans doute penséqu’elles provenaient d’entre-prises de la zone industriellePignadas tandis que d’autresseront restés sans réponse...En fait, elles provenaientdirectement de la décharge !Amplifiées par les travauxalors à l’oeuvre, ces nuisancesolfactives sont le symboled’une gestion qui n’en à quele nom... Aussi, ce nouvel épi-sode a été une occasion sup-plémentaire pour l’associa-tion Hazketa 2010 de s’inter-roger sur la calamiteuse ges-tion de la société Sita / Sud-ouest (ex France-Déchets) età fortiori sur ses capacités d’anticipation.

Petit retour enarrière...

En 1995, au début de l’exploi-tation par France / Déchets,la zone consacrée austockage des déchets n’estpas protégée par les mem-branes. Or, ces membranesont pour vocation de proté-ger la terre des déchets. En2006, les dommages occa-sionnés n’étant plus à prou-ver, un Arrêté ministérielordonne de fermer lesanciennes décharges pour le1er juillet 2009. Trois annéesaccordées à ces « spécialistesdu déchet », pour finalementattendre le 8 juin 2009 pourdébuter les travaux ! Pourquoi avoir attendu ledernier mois pour se mettreen conformité avec la loi ?Afin de respecter la régle-mentation, la société auraitpu prévoir de combler quoti-diennement cette zone avecdes déchets entrants. A la

place, ces opérations detransferts nécessitent ledéplacement de 40 000 ton-nes de déchets déjà enfouiset génèrent ainsi des nuisan-ces, odeurs, bruits et poussiè-res... sans compter les risquespour le personnel travaillantsur ce chantier. Par ailleurs,en ces temps de crise, noussommes en droit de nousdemander qui supportera le coût de cette gestiondéplorable ?Finalement, la précipitationde ces travaux aura eu com-me seul avantage de fairemettre un nom sur les nuisan-ces olfactives récurrentes surnotre commune. Désormais,chacun peut savoir qu’il nes’agit pas d’un gaz émanantd’une entreprise, d’un ratmort « oublié », maisd’odeurs provenant de ladécharge. Et que ceux partisen vacances au moment destravaux se rassurent : les nui-sances olfactives continue-ront encore jusqu’en 2015 !

Depuis 15 ans d’exploitationdu site, Sita/Sud-ouest prati-que la gestion à l’économie.L’association Hazketa 2010attend impatiemment la fer-meture définitive de ce site,en 2015, au terme du contrat.

12 • ORTZADAR N° 133 • JUILLET / AOUT 2009

Réponse de Hazketa 2010Quand le « sent bon » camouffle le manque de « bon sens »

L’article ci-dessous est un extrait d’un articlesigné par Sylvie Simon, une journaliste scien-

tifique de renom.

C EST en 2004, qu´un agri-culteur de Macon, enGéorgie, ville située à

environ 130 kilomètres d´Atlanta,remarqua que certaines poussesd´amarantes résistaient auRoundup dont il arrosait ses cultu-res de soja. Les champs victimes decette envahissante mauvaise herbeont été ensemencés avec des grai-nes Roundup Ready, qui compor-tent une semence ayant reçu ungène de résistance au Roundupauquel nulle « mauvaise herbe nerésiste ». Depuis cette époque, lasituation s´est aggravée et le phé-nomène s’est étendu à d’autresétats, Caroline du Sud, et du Nord,Arkansas, Tennessee et Missouri.Selon un groupe de scientifiques duCentre for Ecology and Hydrology,organisation britannique située àWinfrith, dans le Dorset, il y auraiteu un transfert de gènes entre laplante OGM et certaines herbes indésirables, comme l´amarante.Ce constat contredit les affirma-tions péremptoires et optimistesdes défenseurs des OGM qui pré-

tendaient et persistent à affirmerqu’une hybridation entre uneplante génétiquement modifiée etune plante non-modifiée est toutsimplement « impossible ».La seule solution est d´arracher lesmauvaises herbes à la main,comme on le faisait autrefois, maisce n´est pas toujours possibleétant donné l´étendue des cultures.En outre, ces herbes, profondémentenracinées sont très difficiles à arra-cher et 5 000 hectares ont été toutsimplement abandonnés.

Nombre de cultivateurs envisagentde renoncer aux OGM et de reve-nir à une agriculture traditionnelle,d´autant que les plants OGM coû-tent de plus en plus cher et la ren-tabilité est primordiale pour cegenre d´agriculture. Ainsi AlanRowland, producteur et marchandde semences de soja à Dudley,dans le Missouri, affirme que pluspersonne ne lui demande de grai-nes Monsanto de type RoundupReady alors que ces derniers temps,ce secteur représentait 80 % de soncommerce. Aujourd´hui, les grainesOGM ont disparu de son catalo-gue et la demande de graines tradi-tionnelles augmente sans cesse.

/www.reporterre.net/spip.php?article332

Quand la nature reprend le dessus

• Comment est née votre asso-ciation Action Citoyenne Envi-ronnementale ?

ACE : C’est la suite logique duréférendum « Incinération desdéchets, oui ou non ? » du 19 et20 février 2005. A Hendaye noussavions que si ce projet d’usined’incinération voyait le jour sur lesite Gaintxurizketa, à quelquescentaines de mètres de cheznous, nous serions exposéscomme les autres riverains deTxingudi aux nuisances polluan-tes et aux risques sanitaires quien découleraient. Tout comme àIrun et Hondarribia, notre munici-palité n’a pas estimé utile de pas-ser par la voie référendaire. Un« Collectif pour une consultationpopulaire » s’est donc crée à l’ini-tiative des 3 fondateurs de l’asso-ciation « Non à l’incinérateur » etde membres de la société civilehendayaise. Ce collectif a estiméque les hendayais(es) ne devaientpas être tenu(e)s à l’écart dechoix qui les concernaient. il adonc organisé une consultationpopulaire dans des conditionssimilaires à celles d’Irun etHondarribia. Ensuite, vu la partici-pation supérieure (23,78 %) àcelle des élections Européenneset les résultats : Non, 98,49 %,Oui : 1,01 %, bulletins blancs :0,15 %, nous avons pensé quel’on se devait de créer une asso-ciation citoyenne environnemen-tale. ACE est donc née le 14 juin2005.

• Quelles sont vos actions dansle cadre de la préservation de lanature et de notre environne-ment ?

ACE : Nous essayons d’informer,de conscientiser pour favoriser laprise de conscience. Globale-ment, notre action tourne autourde 5 ou 6 thèmes majeurs :

✔ L’aéroport de Hondarribianous a donné pas mal de fil à

retordre. Les lobbies reparlent dusempiternel feuilleton de l’allonge-ment de la piste avec une arrivéemassive de charters bien que lesdernières statistiques publiéespar Aena (Aeropuertos Españolesy Navegación Aérea) démontrentque le trafic de l’aéroport deHondarribia / San-Sebastian a vuses activités s’effondrer par rap-port à 2008. Des décisionsdevraient être prises à l’automne.

✔ Les déchets, tous les ans cer-taines campagnes reviennent : enoctobre nous essayons de sensi-biliser les consommateurs ausuremballage, en décembre nousparticipons régulièrement à « Lajournée national Anti Pub dansles boîtes aux lettres », cetteannée nous avons distribué notrepropre autocollant. Nous souhai-terions que notre cité adopte laRedevance d’Enlèvement d’Ordu-res ménagères dite Incitative(REOMI). Fin avril nous avonsadressé un courrier de trois pagesallant dans ce sens à JeanBaptiste Sallaberry, Maire d’Hen-daye, à ce jour, nous attendonstoujours sa réponse.

✔ La santé et l’environne-ment. Il ne fait aucun doute que lasanté de l’homme est intimementliée à celle de la terre et viceversa. Actuellement, nous travail-lons sur les pesticides, l’engage-ment d’un nombre croissant demairies contre leur utilisationatteste d’une véritable prise deconscience de leur dangerosité.Nous souhaiterions que Hendayesuive cet exemple et utilise destechniques alternatives et favo-rise le recours à des méthodesdouces tant au niveau communalque citoyen pour tendre vers le« Zéro pesticide ». Nous espé-rons d’ailleurs que la Charte envi-ronnementale en cours d’élabora-tion tiendra compte de nos recom-mandations. Les antennes relaisde téléphone mobiles et wimaxainsi que les lignes électriques à

haute tension sont également aucœur de nos préoccupations.

✔ L’urbanisation galopante denotre cité qui s’est un peu calmé àcause de « la crise » est égale-ment un de nos sujets d’inquié-tude ainsi que les déplacementsurbains qui deviennent catastro-phiques en période estivale. Lecabinet d’urbanisme GHECOcontacté par la majorité munici-pale afin d’établir un Projetd’Aménagement et de Dévelop-pement Durable (PADD) a d’ail-leurs repris certaines des sugges-tions que nous avions faites enaoût 2005 dans le cadre de l’en-quête publique qui précédal’adoption du Plan Local d’Urba-nisme (PLU). Et bientôt, en pleinété, comme il est de tradition àHendaye, nous « plancherons »sur le projet de nouveau règle-ment du Plan Local d’Urbanisme(PLU).

✔ La LGV. ACE adhère totale-ment aux thèses du CADE dontelle fait partie.Ace a lancé plusieurs campagnesdont deux permanentes, l’une acommencé en juillet 2008 contreles 4X4 : Un PV « environnemen-tal » bilingue est déposé sur tousles pare brise de ce type de véhi-cule stationnant dans les ruesd’Hendaye, Biriatou, Béhobie etUrrugne et l’autre en mars 2009qui joint la solidarité au gesteécologique puisque l’associationcollecte des produits difficilement

recyclables comme les cartou-ches d’encre, les toners, lesmobiles usagés ainsi que lesvieux CD et DVD. Sept commer-çants hendayais ont accepté deservir de « point de récupé-ration ». Ces produits usagésseront régulièrement envoyés à 2associations qui se chargeront derépartir les bénéfices récoltés à larecherche sur les maladies orphe-lines ainsi qu’à l’amélioration desconditions de vie dans les mai-sons de retraite et les services depédiatrie. Nous allons d’ailleursfaire nos deux premiers envois lasemaine prochaine.Nous avons ouvert un site web enoctobre 2008 pour être en prisedirecte avec les hendayais(es) etainsi suppléer aux « carences »des médias :

http://ace.hendaye.over-blog.fr/

• Un dernier mot, un commen-taire ?

ACE : L’humanité vit au rythme deses excès. Il est temps de tournerla page sur cette époque d’insou-ciance et d’acquérir un peu dematurité. Dans ce contexte, noussouhaiterions alerter sur lanécessité de préparer le mondede l’après-pétrole afin de ne pasle subir. De profonds change-ments sont à venir, tant au niveauéconomique, sociétal qu’environ-nemental notre association a unrôle à jouer et compte pleinementl’assumer.

13ORTZADAR •N° 133 • JUILLET / AOUT 2009

Interview de l’associationHendayaise ACE

Action Citoyenne Environnementale

PV « environnemental » pour les 4x4

D ANS la catégorie « Green-washing – Je lave plusvert », la palme est attri-buée à... Non, non, il ne

s’agit pas de Monsanto avec sonRound Up ni même de Le Chat avecsa dernière lessive plus verte queverte ! Il s’agit bien de notre chèreélite dirigeante, qui n’hésite pas àreprendre en cœur les vertus de la« croissance verte ».Personne n’y déroge, pas mêmenotre ministre de l’Ecologie Jean-Louis Borloo qui y a trouvé sa solu-tion à l’urgence sociale et écologi-que, ni même Alain Juppé qui en faitun « objectif vital » pour l’avenir dela France et du monde dans sondernier livre au titre accrocheur,« Je ne mangerai plus de cerises enhiver ». Ainsi, la croissance vertesignifierait l’entrée dans une écono-mie moins polluante, plus économeen eau et en matières premières, etplus respectueuse des espèces etdes cycles naturels.Pourtant, à l’heure où de nombreuxscientifiques désespèrent déjà,considérant que la concentrationactuelle dans l’atmosphère des gazà effet de serre est assez suffisantepour créer de grands bouleverse-ments climatiques dans les décen-nies qui viennent, poursuivre unmodèle productiviste en attendantque le progrès technologiqueréponde aux maux de la planète neparait pas viable.

« Effet rebond »

Geneviève Azam, membre duconseil scientifique d’Attac, était làpour nous le rappeler lors de savisite à Anglet le 26 Mars autour duthème « Justice sociale et crise éco-logique : quelles politiques pourl’UE ? ». Selon elle, l’entêtementnéolibéral tendant à une fuite en

avant vers une production toujoursplus accrue, même teintée de vert,apparaît bel et bien comme unleurre. Ainsi, faut-il encourager laconsommation de voitures, sanscesse moins gourmandes en éner-gie, alors que le parc automobile necesse d’augmenter à travers lemonde (l’OCDE prévoit une haussede 50 % à 100 % du nombre devéhicules en circulation d’ici à2020) ? Le même constat est affi-ché pour le recyclage des déchets,dont l’effet est plus que compensépar l’augmentation croissante de laquantité de déchets sur Terre. Il fautdonc encourager les technologiespropres, car l’injonction de toujoursaccroître les quantités produites,quelle que soit leur nature, conduit àune impasse. En attendant des joursmeilleurs pour la planète, les solu-tions devront être tant politiques(taxe carbone, fermeture des cen-trales à charbon) qu’individuelles.Les changements climatiques quisont en train de s’amorcer doiventnous contraindre à diminuer notrefacture énergétique, nos transports,et à ralentir notre mode de consom-mation. A l’avènement du toutconsommable et du tout jetable,seule une consommation au plusprès de nos besoins, locale, respec-tueuse de l’environnement et de ladignité des hommes, parait essen-tielle. Notre responsabilité decitoyens est engagée.

La Justice sociale éclipsée

D’autre part, continuer de vanter leslouanges de la sacro-sainte crois-sance (aussi verte soit-elle), tel unhorizon indépassable, apparaîtraitcomme une parade destinée àocculter la question essentielle desinégalités de revenu, et donc du par-tage des richesses créées. PourGeneviève Azam, pas de doute,employer les termes de croissanceverte est bel et bien un raccourci delangage permettant de « dépolitiserle débat ». Indissociable du respectde l’environnement, la question dela justice sociale doit plus quejamais rester au cœur des débats

afin de répondre à la crise actuelleet réellement atteindre les Objectifsdu Millénaire pour 2015. Les propo-sitions d’ATTAC dans ce sens sontplus que jamais pertinentes. Uneremise à plat du système financierainsi que la définition de bienspublics mondiaux inaliénables s’im-posent. De même, l’enjeu qui nousattend au niveau européen serad’assurer une convergence par lehaut des droits sociaux, une fiscalitéharmonisée et redistributive, ainsique la réorientation des aides de laPAC destinées en grande partie auxexportations alimentaires.

Sortir de la croissance

Croissance ou décroissance, cer-tains penseurs comme HervéKempf proposent d’abandonnercette notion purement comptable etcourt-termiste, et de se concentreravant tout sur l’éradication de lapauvreté et sur la satisfaction desbesoins essentiels de tous. Ce nesont pas les technologies qui doi-vent être inventées en priorité maisdes formes de relations sociales.« Moins de biens, plus de liens »pourrait être l’expression du renou-veau d’un système où la logiqued’accumulation de richesses et debiens serait remplacée par des for-mes de solidarité entre individus,orientées vers des activités à forteutilité sociale et environnementale,qui n’entrent pas toujours dans leschiffres de la croissance :santé, éducation, agricul-ture (comme les Amap(Associations pour le Mai-ntien d’une AgriculturePaysanne), SEL(Systèmed’échange local), micro-crédit, finance solidaire,commerce équitable...)1

Pour toute société quiaspire à être durable, celademande de concevoirdes objectifs politiquesclairs, sincères et mesura-bles, vérifiés à l’appui pardes critères d’évaluationintégrant les dimensionséconomique (à long

terme), sociale et écologique, ceque la foi mystique dans le PIB nepermet pas. La Commission Stiglitzou « Commission de Mesure de laPerformance Économique et duProgrès Social », convoquée parnotre président Sarkozy début 2008,devait rendre ses recommandationssur l’avenir des indicateurs de crois-sance et de PIB en avril, dans le sens d’indicateurs de richessequalitatifs intégrant les notions debien-être social et de respect del’environnement. Finalement, à lademande de l’Elysée, toute publica-tion ne sera pas rendue avant septembre.Preuve que le bonheur, lui aussi,devra attendre des jours meilleurs.

Mathieu CastaingsAttac pays Basque

(1) Le mardi 8 septembre, unAttac Café sera consacré de 19 h à 21 h à la Taverne de l’Atalanteà l’économie solidaire avec Gene-viève Montaucet présidente duSel « Clair de Lune » de Tarnos etIsabelle Manzacap membre d’uneAmap de Bayonne.

Attac Pays Basque81, avenue des Glycines64990 Mouguerre

http://www.local.attac.org/paysbasque

N° 133 • JUILLET / AOUT 2009

la paged’

L’illusion de la « croissance verte »

N’oubliez pas devous abonner !

Avec ces grosses chaleursPensez à vous protéger

Il faut sans doute élargir l’an-gle de vue, pour comprendrece qui se passe en matière de

« dépollution » de ce site ;rappelons qu’en France, toutce qui touche au nucléaire et

à la radioactivité relève prati-quement du secret défense et

que le lobby du nucléaireincluant services de l’état,

industriels, scientifiques allantà la soupe, tel M. Charpak et

journalistes aux ordres dupouvoir politique corrompu

orchestrant une désinforma-tion permanente, qui vise

à accréditer l’idée d’unnucléaire propre, maîtrisé etsous contrôle aux yeux de lapopulation. Cela réussit par-

faitement comme en politiquela « com », ça marche

du feu de dieu !

D E Reggan à Mururoa onaura attendu 50 ans pourcommencer à reconnaîtrel’irradiation massive des

« piou piou » et des populationsconcernées au Sahara et en Poly-nésie.

Un traitement de « crotte de chat »

Revenons à notre site de FertiladourAgriva, à Boucau, durablement pol-lué par une radioactivité au thorium232 (durée de vie de plusieurs mil-liards d’années). Parler de dépollu-tion est pour l’instant une vue del’esprit et une mauvaise plaisante-rie. Pour effectuer un travail un tanti-net sérieux, il aurait fallu excaver surplusieurs mètres de profondeur etévacuer toutes les terres contami-nées et même à ce prix, on n’auraitpas pu parler de réelle dépollution.Mais au lieu de cela, l’industriel s’estcontenté de gratter la couche super-ficielle et d’étaler en mélangeantconsciencieusement terres contami-nées et non contaminées, aveccomme résultat une radioactivitégénéreusement répartie sur tout lesite (ce que Roland Desbordes, pré-sident de la Crii-Rad, appelle untraitement de « crotte de chat »).Par-dessus tout cela, vous ajoutezquelques godets de gravier, une pin-cée d’enrobé et vous avez uneradioactivité « confinée » avec inter-diction pour elle de migrer. On met-tra des panneaux !

Des travailleurs irradiés,des habitants

dopés au thorium

Cela est inquiétant, car notreconfiance dans l’efficacité et la com-pétence dans certains services de

l’état, telle la DRIRE, l’actuelle oul’ancienne, qui de 1973 à 1992 a étéfortement entamée, démontrantmagistralement son incompétence,en oubliant de surveiller l’applicationde la réglementation en matière deprotection des travailleurs et despopulations riveraines, face à laradioactivité. Arrêté préfectoralbafoué par l’industriel, inertie desélus locaux de l’époque,de laDDASS, de la médecine du travail,avec pour résultat des travailleursirradiés et des habitants du secteurdopés au thorium.

Une bonne opérationfinancière ?

Nous attendons avec impatience lanouvelle cartographie dosimétriquedu site, rappelons qu’en deçà de0.50 microSieverts/H, norme actuel-le et à un mètre de hauteur au des-

sus du sol nos « responsables »considéreront la dépollution menéeà bien, pas pour construire un crè-che, tout de même, quoi que… maispar exemple pour vendre le terrainà un bon prix, pourquoi pas à laCCIB et au Conseil Régional ? Onparle de six millions d’euros, ceserait une bonne somme et legroupe Roullier pourrait se féliciterde cette excellente opération.

Pour un terrain pollué c’est très bienpayé et puis, si plus tard il fallait…comment dire, peaufiner la dépollu-tion, on pourrait toujours faire appelà l’argent public du conseil régional.C’est fantastique comme les chosess’arrangent bien, cela rappelle unpeu la LGV.On sent vraiment dans ces deuxaffaires que l’on est en face devrais professionnels, cela rassurenon ?

15ORTZADAR •N° 133 • JUILLET / AOUT 2009

Agriva - Fertiladour : L’opération camouflage du site radioactif

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« jaffa »

UN FILM de Keren YEDAYAavec Dana IGVY, MoniMOSHONOV, Ronit ELKA-

BETZ, Mahmoud SHALABY, RoyASSAF.

Deux peuples emplis de haineet de rancune se disputent unpetit bout de terre maudit :Israël, la Palestine.Leur vie sociale, familiale enest gravement affectée.Comment témoigner de lasouffrance des gens ordinairespiégés par une situation d’unefolle absurdité ?Deux cinéastes, chacun à leurmanière ont relevé le défi :Karen Yehada, cinéasteisraélienne, avec son film« Jaffa » et RashidMasharawi, cinéaste pales-tinien avec son film« L’anniversaire de Leila ».

Karen Yehada est une mili-tante, engagée pourdéfendre le droit des femmeset protester contre l’occupa-tion des territoires palestiniens.Révélée en 2004 avec sonfilm « Mon trésor » (camérad’or au festival de Cannes) ,elle a présenté au Festival deCannes 2009, son secondlong métrage « Jaffa », horscompétition.

Jaffa, ville arabe avant 1948,est devenue un faubourg deTel Aviv. Les juifs s’y sont instal-lés et les arabes qui ont fait lechoix de rester dans leur ville,sont devenus israéliens.Les arabes israéliens, commeon les appelle, subissent unforte discrimination sociale etéconomique.Racisme, hypocrisie, humilia-tion, amertume tissent latrame des rapports sociauxentre les deux communautés.Dans son film, Karen Yehadaporte le fer au plus intime decette société conflictuelle, lafamille, avec, pour prétexte,une histoire d’amour à l’eaude rose.

Reuven, juif ashkénaze, est lepetit patron d’un garage bien

modeste. Il emploie ses deuxenfants, sa fille Mali et son filsMeir. Deux ouvriers arabescomplètent l’équipe : le vielHassan et son fils Toufik.Dans la famille comme dansl’atelier les relations sont ten-dues. Coupable désigné : lefils Meir, violent, raciste, rejetépar sa mère, méprisé par sonpère.

Osnat, la mère, juive sépha-rade, belle, caractérielle etnarcissique, adulée par sonmari, joue sa partition sur lemode hystérique.Mali, jeune fille discrète etsilencieuse, aime secrètementToufik et s’apprête à s’enfuiravec lui lorsque le drameéclate.

Meir, jaloux de Toufik leprovoque. Un bagarre éclateet Toufik commet l’irréparabletuant accidentellement lejeune homme irascible.Mali, enceinte, renie sonamour et se résigne à vivreavec son enfant chez sesparents, sans jamais avouer sa liaison, jusqu’au jour où elleva trouver le courage de sortirdu silence et briser le tabou.

Dans ce mélodrame, KarenYedaha, à travers l’analysedes tensions familiales etsociales, dans un micro-cosme, offre une bellemétaphore de la sociétéisraélienne.Incommunicabilité, racisme,haine, lâcheté, rejet del’autre, affleurent sous unecohabitation factice, entreparents et enfants, entrepatrons et employés.Une logique mortifère qui nelaisse personne indemne, etenferme chacun dans sa souf-france.

Un espoir cependant, la nou-velle génération, comme lesuggère la cinéaste dans ladernière image du film,parviendra-t-elle à réconcilierles ennemis d’hier ?

Par

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Roy ASSAF et Mahmud SHALABY