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Les Israélites parcourent le désert pendant 40 ans avant d’arriver en Terre Promise, symbole pour nous de la vie éternelle. Ils y feront autant l’expérience de la désolation que des consolations prodiguées par Dieu. D’ailleurs, le mot de « dé- sert » en Hébreux, peut signifier le lieu de la désolation lorsqu’on délaisse Dieu ou bien le lieu de la « Parole » lorsqu’on le cherche. C’est dans le désert que Dieu s’adresse à son peuple au Sinaï, là qu’il donne les tables de la Loi, là qu’il fait Al- liance avec lui et le prend comme son épouse. C’est là qu’il ramènera son peuple infidèle pour re- nouveler l’Alliance délaissée : « C’est pourquoi je vais la séduire, je la conduirai au désert et je par- lerai à son cœur. Je te fiancerai à moi pour tou- jours ; je te fiancerai dans la justice et le droit, dans la tendresse » (Os 2, 16). L’Église propose ces quarante jours de carême comme un temps de grâce pour renouer notre alliance avec Dieu, al- liance scellée dans l’Eucharistie. Temps de désert, de conversion, le carême est aussi un temps pour redécouvrir notre premier amour lorsque les sou- cis du monde ont pris le dessus : « Tu as de la constance: n'as-tu pas souffert pour mon nom, sans te lasser ? Mais j'ai contre toi que tu as perdu ton amour d'antan. Allons! Rappelle-toi d'où tu es tombé, repens-toi, reprends ta conduite pre- mière » (Ap 2, 3-5). La présence de l’Hostie révèle la fidélité incessante de Dieu à notre regard. Contempler l’hostie, c’est choisir Dieu de nou- veau, c’est accepter de se laisser regarder, appe- ler et fiancer de nouveau ! Pendant le Carême, le Seigneur peut nous conduire au désert et nous mettre dans la séche- resse. C’est alors le lieu de l’adoration : on adore, c’est dur, il faut creuser, creuser. Cela dépend de nous. Mais cette démarche difficile, et fatigante, demande beaucoup de volonté, ce qui n’est pas mauvais en soi, bien au contraire. L’adoration dans le désert exige beaucoup de bonne vo- lonté ! Il faut alors supplier l’Esprit Saint d’affermir en nous le « don de force » pour ne jamais nous décourager. Il faut fortifier sa volonté en creusant toujours plus profondément pour ne jamais rester dans des lieux où il n'y a plus d'eau. Devant nos efforts dans l’adoration, l’Esprit Saint donne toujours un peu de rosée, d’amour qui nous fait passer d’une adoration de combat contre nous-mêmes selon saint Eymard, à une adoration vivifiante ou une oraison de recueille- ment . L’ouvrier reçoit son salaire bien mérité. C'est alors l'amour qui passe devant et qui transforme tout. Mais l’Esprit Saint ne veut pas que nous considérions cette grâce comme un dû. Il ne faut pas s’arrêter de creuser, mais continuer à recher- cher cet amour par notre volonté, toujours plus profondément, sans arrêt Parfois le Saint-Esprit nous porte tellement que nous ne pouvons plus creuser; il faut alors le laisser faire. Cela peut arriver; et ce n'est pas ré- servé aux carmélites derrière leurs grilles, puisque nous devons vivre du même Esprit, et donc vivre vraiment de ce mystère d'intimité profonde avec le Cœur du Christ. Dieu donne alors des grâces de contemplation, de lumière, de présence. C’est une anticipation de la vision béatifique; c'est l’Es- prit qui veut nous faire déjà participer, malgré l’obscurité de la foi, au face à face qui nous attend au ciel, avec Dieu, Marie, les saints. Par la contem- plation, l’amour devient si fort que la présence dé- passe tout ce qu'on pourrait voir. Cette présence change son regard sur le monde, sur les autres. Il pousse à l’action Lais- sons donc l’Esprit nous conduire au désert ! P. Florian Racine BRASIER EUCHARISTIQUE Mars 2009, n 0 36/ 1,5 e “ La revue des adorateurs” Une source dans le désert Mars 2009 N° 36 Brasier Eucharistique 1 Dieu ne nous abandonne jamais p.2 Mgr Labaky:L’adoration dans l’épreuve p. 3,4,5,6 Maurice Zundel: Rayonnement cosmique p. 7,8 Enrique Munita: Il délivrera le pauvre qui appelle p. 9 Miracle d’Alboraya- Almàcera p.10 L’adoration perpétuelle à Bourg-en-Bresse p.12 ami36:Mise en page 1 09/12/2010 10:03 Page 1

Mise en page 1 - Missionnaires de la Très Sainte … · soi, en lieu sûr, et de donner la communion à tous ... de saint Pierre-du-Limbe ... et de Saint-Michel-Archange chez les

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Les Israélites parcourent le désert pendant40 ans avant d’arriver en Terre Promise, symbolepour nous de la vie éternelle. Ils y feront autantl’expériencede la désolationquedesconsolationsprodiguées par Dieu. D’ailleurs, le mot de « dé-sert » en Hébreux, peut signifier le lieu de ladésolation lorsqu’on délaisse Dieu ou bien le lieude la «Parole » lorsqu’on le cherche. C’est dans ledésert que Dieu s’adresse à son peuple au Sinaï,là qu’il donne les tables de la Loi, là qu’il fait Al-liance avec lui et le prend comme son épouse.C’est là qu’il ramènera sonpeuple infidèle pour re-nouveler l’Alliance délaissée : « C’est pourquoi jevais la séduire, je la conduirai au désert et je par-lerai à son cœur. Je te fiancerai à moi pour tou-jours ; je te fiancerai dans la justice et le droit, dansla tendresse » (Os 2, 16). L’Église propose cesquarante jours de carême comme un temps degrâce pour renouer notre alliance avec Dieu, al-liance scellée dans l’Eucharistie. Tempsdedésert,de conversion, le carême est aussi un tempspourredécouvrir notre premier amour lorsque les sou-cis du monde ont pris le dessus : « Tu as de laconstance: n'as-tu pas souffert pour mon nom,sans te lasser ?Mais j'ai contre toi que tu asperduton amour d'antan.Allons! Rappelle-toi d'où tu estombé, repens-toi, reprends ta conduite pre-mière » (Ap 2, 3-5). La présence de l’Hostie révèlela fidélité incessante de Dieu à notre regard.Contempler l’hostie, c’est choisir Dieu de nou-veau, c’est accepter de se laisser regarder, appe-ler et fiancer de nouveau !

Pendant le Carême, le Seigneur peut nousconduire au désert et nous mettre dans la séche-resse. C’est alors le lieu de l’adoration : on adore,

c’est dur, il faut creuser, creuser. Cela dépend denous. Mais cette démarche difficile, et fatigante,demande beaucoup de volonté, ce qui n’est pasmauvais en soi, bien au contraire. L’adorationdans le désert exige beaucoup de bonne vo-lonté ! Il faut alors supplier l’Esprit Saint d’affermiren nous le « don de force » pour ne jamais nousdécourager. Il faut fortifier sa volonté en creusanttoujours plus profondément pour ne jamais resterdans des lieux où il n'y a plus d'eau.

Devant nos efforts dans l’adoration, l’EspritSaint donne toujours un peu de rosée, d’amourqui nous fait passer d’une adoration de combatcontre nous-mêmes selon saint Eymard, à uneadoration vivifiante ou une oraison de recueille-ment. L’ouvrier reçoit sonsalaire bienmérité. C'estalors l'amour qui passe devant et qui transformetout. Mais l’Esprit Saint ne veut pas que nousconsidérions cette grâce comme un dû. Il ne fautpas s’arrêter de creuser, mais continuer à recher-cher cet amour par notre volonté, toujours plusprofondément, sans arrêtS

Parfois le Saint-Esprit nousporte tellementque nous ne pouvons plus creuser; il faut alors lelaisser faire. Cela peut arriver; et ce n'est pas ré-servé aux carmélitesderrière leurs grilles, puisquenous devons vivre du même Esprit, et donc vivrevraiment de ce mystère d'intimité profonde avecle Cœur du Christ. Dieu donne alors des grâcesde contemplation, de lumière, de présence. C’estune anticipation de la vision béatifique; c'est l’Es-prit qui veut nous faire déjà participer, malgrél’obscurité de la foi, au face à face qui nous attendau ciel, avecDieu,Marie, les saints. Par la contem-plation, l’amour devient si fort que la présencedé-passe tout ce qu'on pourrait voir. Cette présencechange son regard sur lemonde, surles autres. Il pousseà l’actionSLais-sons donc l’Esprit nous conduire audésert !

P. Florian Racine

BRASIEREUCHARISTIQUE

Mars 2009, n0 36/ 1,5 e

““ LLaa rreevvuuee ddeess aaddoorraatteeuurrss””

Une source dans le désert

Mars 2009 N° 36Brasier Eucharistique 1

Dieu ne nous abandonne jamais p.2Mgr Labaky:L’adoration dans l’épreuve p. 3,4,5,6Maurice Zundel: Rayonnement cosmique p. 7,8Enrique Munita: Il délivrera le pauvre qui appelle p. 9

Miracle d’Alboraya- Almàcera p.10L’adoration perpétuelle à Bourg-en-Bresse p.12

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2Brasier Eucharistique Mars 2008 N° 31

du 23 au 26 mars 2009 : à Poissy (78) par le père L. Lécuru - thème : Pourquoi adorer ?La retraite commencera le lundi 23 mars au matin aujeudi 26 mars après le déjeuner.Pension complète (chambre simple ou double): 117 EPour tout renseignement et inscriptions : SœurBeata Véronique 3 rue du presbytère 03200 Vichy, tel: 0470588503; [email protected]

Nous vous présentons nos excuses pour lecontenu de la page 9, n°35, relatant le miracle attribuéà Claudio Gatti. Après enquête canonique, il s’avèreque le prêtre, autoproclamé évêque, a été suspenduet renvoyé de l’état clérical par le Cardinal Ruini. Lemiracle, même s’il s’inscrit dans une série de prodigesreconnus par l’Église, ne peut être considéré comme

authentique. Veuillez pardonner notre négligencedans la publication.

Retraite sur l’adoration

Comment garder une vie spirituelle vivantequand toute autre religion que l'islam est interdite,quand le prêtre le plus proche est à 500 km, quandse rassembler éventuellement pour une prière com-mune avec d’autres chrétiens est impossiblepuisque toute réunion, même privée, est in-terdite ; quand la censure met son nezdans votre boîte postale sous prétextede littérature « subversive » ? Se direqu’on aura la force de s’organiserpour mener une vie de prière bienstructurée, seul, c’est quasiment im-possible. Alors, baisser les bras etattendre ? Non, car le Seigneurveille. Il ne veut pas que ses en-fants soient abandonnés, mêmedans le désert. Aussi, met-il dansleur coeur un désir très fort de vivreavec lui et l’Esprit-Saint suscite,dans leur intelligence, des moyenspour y parvenir.

B. profite d’un de ses nombreuxdéplacements pour faire escale à Romeet y rencontrer son évêque afin qu’il l’aideà trouver une solution. On doit pouvoir obtenirune autorisation exceptionnelle d’avoir le Saint-Sa-crement chez soi : lettre de demande et de motiva-tion auprès du Saint-Siège. Et puis, un « beau »jour, vous trouvez dans votre boîte postale unegrande enveloppe frappée aux armes du Vatican.Elle a échappé à la censure et contient la précieuseautorisation de conserver les Saintes Espèces chezsoi, en lieu sûr, et de donner la communion à tousceux qui en auraient le désir.

C’est ainsi qu’un coffre-fort scellé au fondd’un placard de notre chambre a servi de chapelle

pour le Seigneur qui avait voulu demeurer au mi-lieu de ses enfants isolés et, aussi, être présent là,dans ce pays qu’il aime en dépit des apparencesqui lui sont si hostiles.

Le bouche à oreille a immédiatement fonc-tionné, pourtant le secret est resté biengardé. Il ne se passait pas de semaine,voire de jour, par moment, sans qu’iln’y ait une visite pour le Seigneur.Toutes les nationalités du monde, oùpresque, ont défilé, toutes catégo-ries sociales confondues. Un jour,deux Petites soeurs de Jésus ontdébarqué après 1200 km en taxicommun; elles n’avaient pas com-munié depuis 3 mois !

De toute cette histoire, il res-sort que le Seigneur n’hésite pas ànous confier une mission dont on sesent vraiment indigne certes, avecdes moyens bien pauvres. Pour lui, ce

n’est pas un problème, il s’est fait si pau-vre pour nous !Dans notre isolement et notre dénuement,

nous avons appris, grâce à toutes ces personneshumbles, ferventes et croyantes (au sens fort duterme !) qui sont passées à la maison que, partout,et dans les circonstances les plus invraisemblables,le Seigneur nous accompagne. Que même si notrepropre prière est tiède ou impossible en raisond’une épreuve trop lourde, il y a la communion dessaints.

Le Seigneur ne nous abandonne jamais, ja-mais, jamaisZ B. et M.-T.Extrait de: IL EST VIVANT ! N° 192 page 19

Témoignage: Dieu ne nous abandonne jamais

Du 20 février au 9 mars, Le Père Ludovic Lécuru et Jean-Marc se rendront en Haïti, dans lediocèse du Cap-Haïtien à l'invitation de Mgr Louis Kébreau afin d'y promouvoir l'adoration eucharistique. Ils serontreçus dans les paroisses de la cathédrale du Cap-Haïtien chez Mgr Jacques Mary Charles, de saint Pierre-du-Limbechez le Père Pierre Charlius, et de Saint-Michel-Archange chez les Pères José et Ronald. Tous, Haïtiens et Fran-çais, comptent sur la prière des abonnés du Brasier Eucharistique pour cette mission importante.

Mission Adoration

Erratum

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3Brasier Eucharistique Mars 2009 N° 36

Mes chers amis, les mainsque vous voyez là ont portédes centaines de cadavres,mes yeux ont vu des cen-taines de cadavres, mesoreilles ont entendu des criset mon cœur s’est penché surla misère des gens qui ne

comprenaient pas pourquoi ils mourraient,pourquoi ils souffraient et pourquoi ils étaientjetés sur le chemin de l’épouvante, sur les che-mins du néantZ Alors que la veille, je lesvoyais à l’église en train de célébrer des fêtes,soudain la haine s’est déchaînée contre eux.Que pouvais-je dire aux survivants quand je lesrassemblais dans l’église, après avoir enterrésplus de 500 d’entre eux, pour les encourager àaffronter la mort ? Y a t-il une épreuve plus ter-rible que celle de savoir que dans quelques mi-nutes la mort nous attend, parce que nouscroyons en Jésus-Christ ?

Au Liban, nous devons combattre deuxgrands ennemis, différents mais aussi perni-cieux l’un que l’autre : le fanatisme contre la foichrétienne, et l’indifférentisme contre la foi, pro-venant de l’occident. Le premier peut nous mé-riter le martyr immédiat, le second nous acculeà un combat quotidien. Que pouvais-je leur diredans cette épreuve ? Que Jésus avait vécuexactement la même épreuve. Les souffrancesphysiques de Jésus sont bien connues, maisles souffrances morales, l’abandon, la trahison,l’incompréhension, les souffrances de la partdes prêtres, des pharisiens, des scribes, de lapart de ceux qui sont censés représenter la sa-gesse et l’intelligence, le sanhédrin, de la partdes politiciens. Dans sa dernière semaine,Jésus a souffert d’abord de la part de ceux quiétaient présents et qui criaient : « crucifiez-le,crucifiez-le », et aussi de la part des absents.Ceux qui avaient profité de ses grâces, de sagénérosité, de ses guérisons n’étaient plus là.Ceux qui criaient « Hosanna au fils de David ! »,criaient à présent « crucifiez-le ». Sur la croix,il cherche ses apôtres. Où sont ceux qui lui ontjuré de ne jamais le quitter ? Qui d’entre nouspeut prétendre avoir vécu une épreuve équiva-lente à celle de Jésus ? Même ceux qui ont faitle noviciat avec lui pendant 3 ans, n’ont pas eu

le courage d’aller jusqu’au bout, sauf Jean.Mais Jean n’a pas dit un mot, il a seulementtenu la main de Marie. Dans les grandesépreuves, on ne parle pas, on est là. Dans lesgrandes épreuves, on regarde le Saint-Sacre-ment. Lui seul transforme notre cœur et lui donnele courage nécessaire. Jésus a dit : « Venez àmoi, vous tous qui peinez et ployez sous lepoids du fardeau, et je vous donnerai lerepos ». Il n’a pas parlé seulement du fardeauphysique, il n’a pas parlé de la maladie. Il y ad’autres fardeaux plus terribles encore. Le pro-blème du mal et de l’épreuve n’est pas un pro-blème en soi, car s’il en était, il y aurait unesolution. Il y a toujours des solutions aux pro-blèmes, mais il n’y a pas de solution au mystère.

Or le mystère nous accompagne depuisnotre naissance et jusqu’à notre départ. Lenombre des mystères dans lesquels nous bai-gnons est infini. Regardez les étoiles, la lune, lesoleil, les fleursZ Un savant disait : « Si je veuxaller plus loin dans la science et la connais-sance de l’univers je deviens fou ». Le mystèren’est pas une énigme. Le mystère est une réa-lité qu’on n’a jamais fini d’approfondir. Contem-plons par exemple le mystère de Dieu qui s’estincarné. Comment puis-je comprendre queDieu le créateur, le transcendant, puisse avoirun visage qui me parle.

Je veux vous parler main-tenant de la plus grandeépreuve qui ait été donnéeen exemple à notre his-toire. Elle n’est pas mo-derne mais elle reste lemodèle : celle de Job.Job n’est pas juif, il

n’est pas chrétien. Job, Enochet Noé faisaient partie de l’alliance cosmique,pas encore de l’alliance biblique. C’est un livreinventé qui nous explique toute la théorie, lathéologie concernant le mystère du mal. Oncomprend que la solution ne vient pas de nous,elle vient de celui qui est à l’origine de la vie.Job est innocent, il fait du bien, il est riche. Nor-malement, selon la mentalité juive, tout hommequi fait du bien, qui prie, qui loue Dieu, qui le

L�adoration dans l�Øpreuve L�adoration dans l�Øpreuve Témoignage du père Mansour Labaky , vicaire épiscopal à Beyrouth.

Colloque Enfance et Sainteté, Paray le Monial le 30 octobre 2008.

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4Brasier Eucharistique Mars 2009 N° 36

manifeste, qui lui rend grâce, qui est juste, estcomblé pendant de nombreuses années. Il vitlongtemps, il a de nombreux enfants, de nom-breuses possessions, c’est un signe matérielde la bénédiction divine. Donc en vivant sainte-ment, on vit longtemps, heureux, riche et en paix.

Job donc, étais le juif par excellence, ilavait des enfants, du bétail, des propriétés.C’était le croyant parfait. Et poétiquement, l’au-teur sacré invente un dialogue entre Dieu leCréateur et le diable, l’opposé du Saint-Esprit,le diviseur. Dieu lui dit alors : « Où étais-tu ? »« Je faisais un tour du monde. » « As-tu ren-contré mon ami Job ? » « Oui » « Tu voiscomme il m’adore, comme il est juste ? » « Ouiil t’adore parce que tu lui as tout donné. Mais,essaie un peu de le toucher. Tu verras, il se ré-voltera ». Et Dieu lui dit : « Je te permets de letoucher, mais ne touche pas à sa vie, jesuis l’auteur de la vie »Z Vous connais-sez l’histoire : le bétail meurt, les pro-priétés brûlent, les enfants meurent.Job attrape la lèpre. Bref il re-çoit toutes les calami-tés, si bien quejob devient unfumier répugnantet il intente un pro-cès à Dieu. En Orienton dit : « mais qu’est-ceque j’ai fait au bon Dieu pourqu’il me traite ainsi ? » Ce n’est pasmoi qui ai crucifié le Christ, ce n’est paspossible, je prie, je prie les saints, je vais àLourdes, je me mets à genoux tous les jours, jeprie pour mes enfants, et les épreuves tombentdu ciel. Simone de Beauvoir à quinze ans faitun vœu à sainte Rita pour qu’elle réussisse sonbac. Elle n’a pas réussi et elle a perdu la foi.Voilà, on traite avec Dieu comme avec un com-merçant : je te donne un cierge, trois litanies,une neuvaine et tu dois m’accorder ceci ; sinonje ne crois plus en toi. Mais Job, qui a une foiancrée en Dieu, continue à croire. Il a en luicette petite étincelle qui lui dit : « non tu n’aspas le droit de te révolter. Ne te décourage pas,tu vas voir, ça va aller mieux ». C’est comme leChrist au jardin des oliviers : « Père, éloigne demoi ce calice », mais finalement, il dit : « nonpas ma volonté, mais la tienne ». On peut êtresubmergé par mille épreuves, accablé à l’ex-trême. Il y a toujours en nous cette étincelle di-

vine. Mais Job ne s’est pas tu, il a intenté unprocès à Dieu en lui disant qu’il aurait mieuxvalu qu’il ne soit jamais néZ Il s’est révoltécontre Dieu et tant mieux, car au moins il croit enLui. On ne s’énerve jamais avec des gens danslesquels on ne croit pas.

C’est ce que je dis aux mères de famillesquand leur enfant rentre de l’école en colère,donnant des coups de pieds, et ne voulant plusy aller. Contre qui voulez vous qu’il s’énerve ?Contre la maîtresse ? Elle va le punir. Contre le

voisin ? Ils vont se battre. Contre le poli-cier ? Il va le mettre en prison. Il n’y a

qu’un seul être qu’il aime et contrequi il peut se révolter et c’est vous,

parce qu’il sait que 5 minutes après,vous allez le prendre dans vos bras.

Mais il faut qu’il puisse explosernormalement. Quand vousêtes en état de péché, vousdevez exploser devant leprêtre au confessionnalet Dieu vous guérit. Parl’intermédiaire du prêtre,vous êtes innocentémême si vous êtes cri-minel. Au tribunal, vousêtes con- damné,même si vous êtes in-nocent !!!

Job continueà dire : « Dieu a donné, Dieu a re-

pris, que le nom de Dieu soit béni ». Il l’adoraitdu fond de sa détresse. Sa femme lui dit : « Tuadores ton Dieu. Mais qu’est-ce qu’il t’a donnéen échange ? Tu es gentil, tu donnes aux pau-vres, et vois comment il te traiteZ Blasphème,espèce d’imbécile, injuries-le ». Mais Job la re-garde et lui dit : « C’est toi, l’idiote, tu manquesde sagesse. » Job avait des amis qui voulaientabsolument trouver une raison à sa non-ré-volte. Pour eux, Job était certainement coupa-ble, il était en train de payer un péché. Lepremier lui dit : « Est-ce que tu n’aurais pas faitun péché quand tu étais petit ? Est-ce que tonpère ou ton grand-père n’a pas fait de péchés ?On n’arrive pas à imaginer que Dieu puissepunir sans qu’il y aille de notre faute. » Mais Jobn’a rien fait. Un autre arrive, plein d’intelligencemachiavélique et lui dit : « Je suis sûr que tu esentrain de payer un péché que tu as envie de

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faire, ou que tu allais faire ». Job lui dit : « Jejure par la vie de Dieu que je n’ai rien fait, maisje ne comprends pas ». Bref tous les essais decompréhension de la souffrance de Job n’ontpas aboutiZ

Arrive enfin Dieu qui pose des questionsà Job en le mettant devant une multitude demystères que Job côtoyait tous les jours sanss’interroger. Sur les mystères de la création,Dieu lui dit : « Comment, tu continues à croireen moi, alors que je ne t’ai rien dévoilé de cesmystères ? Et dans la boîte aux mystères, il yen a un autre. C’est celui de la souffrance queje ne t’expliquerai pas non plus, c’est à prendreou à laisser, c’est un packZ Ne me pose pasde questions, continue à m’aimer, à croire enmoi, à me glorifier dans l’épreuve comme dansla prospérité. » Et à ce moment-là, Dieus’est fâché contre ceux qui n’ont pasparlé selon la sagesse et qui ont es-sayé de justifier philosophique-ment, sociologiquement,psychologiquement, intellectuelle-ment la souffrance. Celle-ci s’ac-cepte comme un cadeau, Jésus l’atransformée pour en faire une lumière.Alors Job lui dit : « Jusqu’à présent mesoreilles ont entendu parler de Toi, mais àprésent, mes yeux T’ont vu et mes mainsT’ont touché. »

Cela veut dire que dans notre vie,il y a la nuit et le jour ; il n’y a pas tou-jours de lune de miel. Il y a aussi desépreuves et si je n’aime Dieu que dansles jours heureux, cela veut dire que je nesuis pas digne de son amour. Par exemple,sainte Thérèse de l’enfant Jésus souffrait beau-coup, mais que disait-elle ? Je ne crois pas quele fait de prier ait diminué ses souffrances. Maiselle les a transfigurées pour en faire un cadeauexactement comme les mamans qui souffrentpour leurs enfants. Elles souffrent, mais ellessont heureuses. Pourquoi ? Parce qu’une souf-france offerte pour quelqu’un qu’on aime rendla souffrance légère et agréable. Une souf-france sans amour nous mène à l’absurde etdonc au désespoir. Dans la souffrance, on vaadorer. Si on ne peut pas adorer à la chapelle,on adore dans son cœur. On dit qu’on a uneréunion dans son âme avec Jésus qui est là.Qu’a fait sainte Thérèse ? Elle a sauvé, par sasouffrance terrible, des milliers de gens en l’of-

frant avec joie, et avec l’esprit de co-rédemp-tion. Mais que veut dire co-rédemption ? Jeprends simplement l’exemple de saint Françoisd’Assise, l’extrémiste, le radical de la sainteté.Un jour, il regarde la croix et s’énerve contreJésus, en lui disant : pourquoi tu ne m’aimespas ? Si tu m’aimais, tu me ferais partager tessentiments. Mais si on aime, on ne pleure pasquand on souffre pour celui qu’on aime ; on estheureux. Je suis sûr qu’une maman qui a unmanteau et qui voit son fils avoir froid va ôterson manteau pour le lui donner et sera heu-reuse que son fils ait chaud. Vous avez faim etvous trouvez quelqu’un que vous aimez qui afaim, vous lui donnez le pain en disant : je n’aipas faim. Et quand vous le voyez rassasié,vous n’avez plus faim. Le spirituel est plus fortque le physiqueZ Alors quand vous êtes dansl’épreuve, aimez et mettez vous devant leSaint-Sacrement.

Un jour, j’étais avec des enfants orphe-lins qui étaient arrivés sans connaître lefrançais à Douvres et ils ont donné le té-moignage de ce qui les avaient sau-vés : c’était l’amour duSaint-Sacrement. Mais un jour,France 3 est arrivé chez moi à Dou-vres. On leur avait dit que les enfantsrevenus en France étaient traumati-sés par la guerre au Liban. Ils s’atten-daient donc à voir des enfantsémaciés, tristes, choqués et ils sesont trouvés devant des enfantsextrêmement chaleureux ettranquilles. Un certain Ludovicme dit : quel est le secret de cette

métamorphose ? On ne voit pas que les en-fants sont malheureux. Je lui ai dit mon secret.Je l’ai mené à la chapelle et lui ai dit : « voussavez ce que c’est le tabernacle ? » « Non. » Ily avait 2 enfants à genoux devant le Saint-Sa-crement, un mercredi après-midi, ils avaient untrop plein dans le cœur qu’ils devaient confieravec confiance. « Monsieur Ludovic, la méta-morphose, c’est cela, il y a un regard entre celuiqui est dans le tabernacle et ces enfants quitransforme tout et donne la joie aux enfants, quiremplit leur cœur vide de toute affection, et celaà n’importe quel âge. » Il n’y a que l’Eucharistiedans les moments d’épreuve, de joie, de peine,et si vous ne pouvez pas aller à l’église, essayezd’entrer dans le tabernacle de vos cœurs.

Il m’est arrivé de faire l’adoration avec les

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enfants. Au bout d’une heure, je dis aux enfantsde rentrer. Mais les enfants ne voulaient pas etpréféraient dormir là devant le Saint-Sacrement.Le bienheureux père Jacques, libanais capucin,a fondé les sœurs de la Croix. Elles s’occupentdes handicapés mentaux et physiques et des

gens âgés. Leur deviseest : « Ô croix du Sei-gneur, Ô bien-aimé ducœur ». Les sœurs ontquotidiennement uneheure d’adoration de-vant le Saint-Sacre-ment. Le saint prêtrepréparait toujours sessermons devant leSaint-Sacrement. Il aécrit 8000 pages, a misen musique tous leschants populaires latins.Nous avons aussi unecongrégation religieuse :

les sœurs du Saint-Sacrement qui assurentl’adoration perpétuelle.

Au foyer des enfants, nous avons l’ado-ration toute la journée. Sans adoration, personnene peut tenir au Liban, et le Liban ne pourra ja-mais tenir s’il n’y a pas l’adoration du Saint-Sa-crement. Les congrégations sont pleines, lesséminaires aussi. Le Liban reste lumineux mal-gré la hargne de tous ceux qui veulent l’éliminer.Jean-Paul II disait du Liban que c’était une terrede mission et de message, parce que c’est leseul endroit où l’on peut dire que Dieu estamour et où on peut adorer jusqu’au matin. Si jevous dit tout cela, c’est pour que vous sachiezqu’il n’y a aucune situation psychologique quinous empêche de prier. Il n’y a aucun dramequi ne trouve une solution devant le Saint-Sacrement. L’année dernière, je perdaisma nièce. Elle avait passé un an et demidans des souffrances atroces etquand je lui ai téléphoné, elle m’ademandé de lui apporter le Saint-Sacrement. Ses camarades de ter-minale l’ont priée comme unesainte, car elle était transfiguréepar le Saint-Sacrement. Tous lesjours, je le lui apportais et elle ré-pétait, comme ma mère, que sessouffrances sont les douceurs deJésus. Oui, les souffrances peu-vent être un cadeau si nous

sommes inondés de l’amour de Dieu, si nous sa-vons qu’elles ne sont pas inutiles et qu’elles peu-vent sauver le monde. Je compare ceux quiprient pour le salut du monde aux eaux souter-raines. Ces eaux, qui donnent la verdure, sontles saints qui ont irrigué votre terre en offrantleurs souffrances. Ils l’ont irrigué de sève virgi-nale de grâce pour une moisson de vocations etde saints.

Quand vous êtes devant le Saint-Sacre-ment, vos souffrances sont diluées. J’ai fait fairel’expérience à des gens qui étaient dans la haineou qui avaient peur. Une dame qui avait un canceravait peur de se faire soigner. Elle a retrouvé lapaix devant le Saint-Sacrement. Quand vous êtesanimé par la haine, vous vous demandez com-ment tuer la haine ? Pas dans le cœur de l’autre,dans le votre. Vous vous mettez en face de l’Eu-charistie, c’est une méthode que j’ai adopté parcequ’on est en pays de guerre et je dois souvent ré-concilier des gens d’un même village. Vous ditesà Jésus : Toi qui peux tout, je voudrais transformermon cœur haineux en un cœur apaisé. Vous le re-gardez et il commence à distiller en vous ce quidoit être distilléZ Il a dit : « Soyez parfait commevotre Père céleste est parfait ».

Pour terminer, je vous raconte ce qu’a pufait un enfant de 12 ans avec un colonel com-muniste. C’était en Union Soviétique, une qua-rantaine de Chrétiens étaient mis en prisonparce qu’ils pratiquaient leur foi. Pendant qu’ilspriaient dans leur cellule, quelqu’un défonce laporte et devant eux déboule un homme au crânerasé. C’était celui qui les avait mis en prison.Après une heure, ils lui demandent ce qui lui ar-

rive. Il leur dit : « Ce matin pour la fête desmères, un petit garçon est venu me voiravec un bouquet de fleurs en me di-sant : « mon colonel aujourd’hui, c’estla fête des mères. J’ai été sur la tombede ma mère pour la prier, elle m’a ap-

pris à prier et à adorer Dieu dans moncœur, et elle m’a appris le pardon et m’asoufflé d’offrir ces fleurs pour votre femmeparce que c’est la fête des mères. » Le co-lonel a craqué ; il a embrassé l’enfant et il adit à ses chefs : je crois en Jésus-Christ,

alors mettez-moi en prison. Je terminelà pour vous dire que rien n’est im-possible à celui qui prie et rien n’estimpossible à celui qui décide d’êtreun saint.

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7Brasier Eucharistique Mars 2009 N° 36

Le christianisme n'est pas un sys-tème du monde. C'est la lumière decette personne unique qui est JésusChrist. Il faut inscrire cela dans notrecœur comme dans notre esprit: lechristianisme est Quelqu'un. La Ré-vélation, c'est à dire la manifestation

la plus profonde du secret de Dieu, toute l'infinitéde son Cœur a resplendi et resplendira éternel-lement dans l'humanité de Jésus Christ.

Cette humanité, bien sûr, s'est inscritedans le temps, cette humanité s'est située dansun contexte d'histoire, cette humanité a recouru àun langage humain, mais tout cela était trop étroitpour l'immensité de la révélation que Jésus Christapportait, ou plutôt qu'il était et qu'il demeure àjamais.

Si nous n'avions que les paroles de JésusChrist, nous serions livrés éternellement à l'exé-gèse, à un travail d'interprétation où, justement,proliféreraient les systèmes, où chacun émettraitson idée et, au milieu des contradictions, s'effa-cerait finalement toute trace de vérité.

Par bonheur, parce que le christianisme estune personne, parce que la révélation de JésusChrist est inséparable de Sa personne, cette per-sonne de Jésus Christ va demeurer avec nousjusqu'à la fin des siècles. Et c'est là le centre dumystère chrétien dans son chemine-ment à travers l'histoire, c'est queJésus demeure, c'est qu'il est avecnous et, plus profondément encore,qu'il est en nous.

Nous sommes donc sauvésdes commentaires, nous sommes dé-livrés des systèmes: nous avons af-faire à Quelqu'un qui nous aime, à unCœur qui bat dans le nôtre. JésusChrist méconnu au temps de sondestin historique, Jésus méconnu parses ennemis qui le condamneront etle crucifieront Jésus-Christ méconnupar ses disciples qui l'abandonnerontet le renieront, Jésus-Christ ne seradécouvert finalement que dans cettelumière de l'Esprit-Saint qui éclate le jour de lapentecôte où les apôtres enfin comprennent queleur Maître n'est pas devant eux comme un étran-ger, mais qu'il est au dedans d'eux comme lasource même d'une vie infinie.

Jésus Christ restera précisément au cœurde notre humanité. Il restera comme une source

de vie infinie. Et sous quelle forme ? Sa Présencevisible avait été un piège pour ses ennemiscomme pour ses amis parce qu'ils nepénétraient pas assez profond,parce qu'ils ne contemplaientpas, ils ne reconnaissaient passon humanité du dedans,cette humanité virginale,cette humanité conçue del'Esprit, cette humanité quidomine tous les temps,cette humanité qui em-brasse tous les hommes,cette humanité sans fron-tières qui seule peut faire detoute l'humanité et de tout l'uni-vers une seule Présence et uneseule personne.

Elle a été méconnue, elle a été revêtued'oripeaux humains. On l'a confondue avec unMessie qui emporterait la victoire sur les ennemisétablis sur le sol. On ne voyait pas qu'il portait toutautre chose, la liberté de l'esprit, la délivrance detous les liens qui nous rendent prisonniers denous-mêmes et qui nous empêchent d'être uni-versels.

Et c'est pourquoi Jésus va inventer cettechose incomparable et merveilleuse: Il va perpé-tuer Sa Présence sous cette miette de pain etsous cette goutte de vin, pour qu'il n'y ait pas de

piège, que les apparences ne nousinduisent pas dans l'erreur, que la Foiatteigne ici sa suprême réalité, la Foiqui est l'élan de l'amour, la Foi quinous intériorise à la pensée de Dieu,la Foi qui nous rend aptes à entendreles secrets de Son Cœur.Et c'est cette immense merveille

qui s'accomplit à travers tous les siè-cles et qui se renouvelle ce soir, cetteimmense merveille qui fait d'uneéglise le vaisseau d'une Présence,une Présence..., une Présence sansbruit, une Présence silencieuse, unePrésence qui attend inlassablement,une Présence qui fait jaillir de noscœurs le silence, une Présence qui

nous recrée et nous purifie, une Présence oùnous entendons vibrer l'éternité de l'Amour. Quoide plus simple, quoi de plus étonnant, quoi deplus créateur que ce rayonnement, ce rayonne-ment du Christ dans le Très Saint Sacrement?

Vous entrez seul dans une église. C'estune cathédrale ou c'est une chapelle, qu'importe?

Rayonnement cosmique du Christ dans l'EucharistieMaurice Zundel, Extrait de "Ta Parole comme une source "

éditions Anne Sigier, p.297

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8Brasier Eucharistique Mars 2009 N° 36

Les murs ne se sont dressés qu'à l'appel de cettePrésence, pour contenir cette miette de pain quitransmet, qui communique, qui est la Présencemême du Christ crucifié et ressuscité. Rien au

monde ne peut nous apaiser davantage. Rien aumonde ne peut nous purifier plus profondémentque d'être à l'écoute de cette Présence Eucha-ristique. Quand on est seul dans une église, toutprès du tabernacle, on a l'impression justementde plonger dans l'immensité d'une musique éter-nelle, on a l'impression d'être accueilli par une ami-tié souveraine, on a l'impression d'être libéré detoutes ses chaînes dans un cœur à cœur ineffable.

C'est cela, le grand miracle: à travers tousles siècles, à travers toute l'histoire, au delà de nosbavardages, au-delà de notre vie superficielle ettoute répandue au dehors, il y a ce silence deDieu..., ce silence de Dieu..., ce silence pleind'amour, ce silence qui suscite le nôtre. Car c'estlà, justement, dans cette approche du Tabernacle,dans ce rayonnement du silence de Dieu, quenous-mêmes nous sommes établis dans le silence,que tout d'un coup nous écoutons une paroleunique, que tout à coup se dépose au fond denous-mêmes toutes les scories de la vie quoti-dienne et où tout d'un coup lemonde s'illumine, où le monderessuscite dans le rayonnementde cette Présence adorable.

On ne dira jamais assezque l'Église n'a pu vivre, n'a pusurvivre que parce que son che-minement a été scandé, accom-pagné, illuminé par la PrésenceEucharistique. C'est cet immensemiracle d'amour qui tient tout et qui tiendra toutjusqu'à la fin. Il suffit qu'il y ait quelque part un prê-tre, une miette de pain, une goutte de vin pour quele mystère s'actualise et que le silence de Dieu cou-vre tous les bruits des hommes.

C'est pourquoi nous ne pouvons être chré-tiens sans être les disciples de ce silence. Jamaison ne peut pénétrer au cœur de l'évangile si l'onne se met pas à l'école du Très Saint Sacrement.

C'est là qu'on apprend que la Parole ne peut jail-lir, féconde et créatrice, qu'elle ne peut jaillir quedu silence. Et à travers ce silence qui nous enva-hit, ce silence qui est une vie, ce silence où toutevérité apparaît comme la splendeur de la Per-sonne même du Verbe Éternel, dans ce silence,nous rejoignons aussi le silence de la nature.

Vous entendez le merle chanter toujoursla même chanson avec la même espérance, avecle même bonheur, quel que soit le tumulte des af-faires humaines. Vous regardez fleurir les fleurs.Vous vous émerveillez du jeu innombrable descouleurs et des parfums et vous devinez danscette nature, vous devinez une Présence.Comme tous les grands artistes, comme tous lesgrands savants, vous percevez dans la natureQuelqu'un. Il y a une Présence, il y a une Per-sonne devant laquelle s'incliner. Einstein, cegrand génie, disait: « Celui qui n'est plus capablede s'étonner et d'être frappé de respect estcomme s'il était mort». Mais c'est cela! Il y a unecirculation divine dans tout l'univers. Le centredernier de toute créature, qu'est cette Présencede Dieu au cœur de toute réalité.

Et voilà que le Christ dans l'Eucharistie faitla jonction. Voilà qu'Il assume les éléments ma-tériels les plus courants et les plus quotidiens,qu'Il les transforme et les transsubstantie, et queces éléments deviennent réellement le véhicule etle sacrement de Sa Présence.

Il faut que nous sentions cette unité, cetteharmonie du monde chrétien, ce rayonnementcosmique de Jésus Christ. Tout est grand; tout estbeau, tout est noble, tout est pur là où justementresplendit le Visage de Jésus Christ, et la natureelle-même nous offre les éléments qui devien-dront des sources de Vie éternelle. Le grain, de blé

-Jésus se compare à lui - le grainde blé, il a été jeté en terre, il aété semé, il est mort, il est res-suscité. Il en sera ainsi de nous-mêmes, de toute la nature et detout l'univers (Jn 12, 24).

C'est donc avec une joieprofonde qu'il faut ce soir nousapprocher de ce mystère ado-rable, en tendant toutes les

oreilles de notre esprit et de notre cœur pour en-tendre le Silence de Dieu.

Il n'y a pas de musique comparable à cela.Toutes les musiques naissent de ce Silence deDieu. Et nous-mêmes, nous allons devenir mu-sique, avec la discrétion même des petites fleursqui fleurissent dans les champs, nous allons de-venir musique en communiant et en vivant ce Si-lence de Dieu.

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La petitesse de l’hostieattire l’âme à se reconnaîtrepauvre, démuni, car encontemplant cet immense mys-tère, tout lui fait défaut. C’est cequ’on chante dans « AdoroteDevote » attribué à St. Thomasd’Aquin. Ainsi les humbles,ceux qui se reconnaissent pé-cheurs, ont un vrai besoind’adorer Dieu. Ils reconnais-sent que tout leur manque etque tout vient de Lui. La charitégrandit dans cette terre d’humi-lité et leur désir d’infini touchele ciel. Ils ne peuvent pas vivresans adorer Dieu et ils ont faimde ce pain des anges. C’est lecri de cette âme pauvre queDieu ne tardera pas à écouter.

C’est le cas du publicainde l’évangile de Luc, qui n'osaitmême pas lever les yeux auciel, mais il se frappait la poi-trine, en disant: « Mon Dieu,aie pitié du pécheur que jesuis! » 2. Dans le verset sui-vant, Jésus nous dit qu’il re-descendit chez lui justifié.Seulement une âme petite ethumble est capable de décou-vrir sa nudité face à Dieu, ens’ouvrant ainsi à la grâce de larédemption qui tombe sur ellecomme une pluie généreusede miséricorde. Dieu fait grâceà ceux qui s’abaissent. C’estde la poussière qu’on crie verslui, car c’est de là qu’il relève lepauvre 3.

L’hostie est un pain pourles affamés, les négligés, lespécheurs repentis, tous ceuxqui se reconnaissent rien. Cesont eux qui trouvent la joie enla recevant, car comme le Pèredit à Ste Catherine de Sienne,

c’est un pain qui doit se man-ger avec la bouche du saintdésir et être savouré dansl’amour 4. L’Eucharistie estainsi un festin pour les hum-bles, pour ceux qui ont besoind’être sauvés et qui ne croientplus à leurs forces. C’est endevenant pauvre, en s’humi-liant devant Dieu que lui peutêtre tout en nous. Dieu le Pèreexplique encore à Saint Cathe-rine de Sienne que la sourcede cette humilité de l’âme est lavraie connaissance d’elle-même (voire de son péché) etde la bonté immense de Dieu.Ces âmes, dit le Père, désirentDieu pour toujours et elles lepossèdent pour toujours, et decette manière leur désir n’estpas en vain 5.

C’est pourquoi Jésusnous dit que ce ne sont pas lesgens bien portants qui ont be-soin de médecin, mais les ma-lades et qu’il n’est pas venuappeler les justes, mais les pé-cheurs 6. Il nous a créés sansnous mais il ne nous sauverapas sans nous. C’est la raisonpour laquelle il nous appelleavec insistance à nous conver-tir pour entrer dans sa miséri-corde qui sauve, et pour cela ilnous faut reconnaître en avoirbesoin. La confession exprimecette reconnaissance, cettefaim de l’âme. De cette ma-nière, nous devenons pauvres,et le royaume de cieux est ànous. Notre cri arrive jusqu’à luiet il nous relève de la cendreoù il nous a trouvés nus. Danscette nudité, l’amour et la vérité

Il dØlivrera le pauvre qui appelle

se rencontrent, et cette ren-contre sauve l’âme. C’estJésus l’amour qui vient sauverce qui était perdu.

« Heureuse faute d'Adam quinous a valu un tel Rédemp-teur !» chante l’église dansl’Exultet de Paques, à proposde cette surabondance degrâce qui tombe sur celui quireconnaît son péché. De cettenudité naît une profonde inti-mité entre l’âme et son Sau-veur car elle se lie à lui commeun mendiant qui attend tout deson seigneur. Cette dépen-dance est ancrée dans lacontemplation du Sauveur. AuSaint Sacrement nous nousémerveillons dans la foi de lagrandeur du mystère en facede nous. Sur lui sont tombésles insultes, les crachats et lechâtiment qui venaient pourchacun de nous 7. Mystèred’amour infini, qu’éblouit notrefinitude. L’âme du pauvre nepeut que tomber en adoration.Elle a commencé d’abord parconstater sa finitude et cetteprise de conscience l’a ouverteà l’humilité. En se découvrantnue elle ne désire que s‘abriterà l’ombre de celui qu’elleadore, et lui la couvre de sesailes, de ses ailes d’éternité 8.

Enrique Munita

1. Ps.712. Cf. Lc 18, 93. Cf. 1S 2,8

4. Catherine de Sienne, TheDialogue N° 136 (trad S.

Noffke O.P.)5. Catherine de Sienne, TheDialogue N° 9 et 41 (trad. S.

Noffke O.P.)6. Cf. Mt 9, 12-13b

7. Cf. Is 53, 4-58. Cf. Ps 56

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11Brasier Eucharistique Mars 2009 N° 36

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Brasier Eucharistique

Directeur de la Publication et Rédacteur en chef : Florian RacineRédacteurs: Jean Marc Lopez,

Soeur Beata Véronique, Enrique Munita

Secrétaire: Jean Marc Lopez.Mise en page: B.Bro

Routage : CL Routage, La GardeCommission paritaire :

0313 G 87770. Imprimerie: Marim, ToulonLe magazine est édité par:

« Les Missionnaires du Saint-Sacrement »B.P. 12, 83110 Sanary.

Tél / Fax : 06 71 70 71 67.Email: [email protected] Site : www.adoperp.com

DVD1nouveau

Lancer�l’Adoration�perpétuelle�-2Durée�2hPiste21-22:2Homélie2et2conférence2du2P.2Racine2“2L’Adoration2à2l’école2des2saints.”Piste232:2Témoignage2Jean-Marc2Lopez:2“Adorer2avec2les2chrétiens2du2Moyen-Orient.”

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Organiser�l’adoration�en�paroisse�-�Durée�1�h�30-2Adorer2à2l’école2de2Jean-Baptiste-2Pourquoi212heure2d’adoration2par2semaine-2Organiser2l’adoration2perpétuelle2(en2ville,2en2milieu2rural)

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PIN’S ostensoir 5 EECD 1 Relation2personnelle2avec2Jésus2(P.2) 5 EECD 2 Organisation2et2homélies2sur2l’adoration2(P.2) 5 EECD 3 Les2cinq2plaies2(P.2) 5 EECD 4 L’Adoration2dans2l’2Apocalypse2(P.2) 5 EECD 5 Nouvelle2Evangélisation212(P.2) 5 EECD 6 Nouvelle2Evangélisation222(P.2) 5 EECD 10 Les2cinq2grâces2de2l’Adoration2(P.2Florian2Racine) 5 EECD 11 Jeunes2et2Eucharistie2(P.2Florian2Racine) 5 EECD 12 Adorer2Jésus2avec2Marie2(P.2Florian2Racine) 5 EECD13 Adorer2avec2saint2Pierre-Julien2Eymard2(P.2Florian2Racine) 5 EE

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naire.” Prix : 10 E

Ref L5: Adorer en Esprit et en

Vérité(St Eymard)

Vie de Jésus-Christ au très Saint-Sacrement

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Réimpression de la XVème édition du tome I: “La PrésenceRéelle” de la “Divine Eucharistie”.

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Depuis bientôt un an, Bourg-en-Bresse vit au rythme de l’adoration perpé-tuelle. Nuit et jour, plus de 200 personnes serelaient chaque semaine dans la petite cha-pelle de la miséricorde. Beaucoup de gensviennent aussi prier un moment en passant.

Une fois par mois (messe, dîner par-tagé, formation à laprière intérieure), lesadorateurs se réunis-sent et se sentent soli-daires de cette adoration.C’est la grande famillepour Jésus, toutes gé-nérations confondues

Samuel, 13 ans,est le plus jeune desadorateurs. Il témoigne :« je suis bien dans lachapelle, seul et aucalme. Le temps ne mesemble pas long, je nem’ennuie pas. Pour prier, je lis les livres dis-ponibles sur place ou j’écoute de la mu-sique. L’adoration me fait grandir dans marelation à Dieu. Je n’ai pas envie d’arrêter. »

La vie de Bénédicte, 43 ans, est trans-formée par cette rencontre personnelle avecJésus. « Je peux lui déposer ma vie avecmes joies et mes dif-ficultés, je ressensson amour pour moi.Je ressors toujoursregonflée. Cela illu-mine toute ma se-maine. »

Philippe, 47ans est divorcé-rema-rié. «Je ne peux pascommunier pendant la messe et j’en res-sens un grand manque. L’adoration est uneautre forme de nourriture eucharistique quime comble. Avant, entendre parler de la pré-sence réelle du Christ dans l’hostie me fai-sait doucement rire. Je ne me sentais pasconcerné. J’ai découvert l’adorationSenadorant et c’est maintenant le moment leplus important de ma semaine. C’est untemps d’amour qui me permet de me sim-

plifier, de voir autrement mes soucis, demettre Dieu au centre de ma vie. Cela trans-forme mon rapport aux autres.»

Pour le père Xavier Roquette, l’adora-tion perpétuelle est “ l’événement central demes 6 années de vie paroissiale commecuré à Bourg-en-Bresse”. «Affirmer celapourrait laisser croire que le reste n’a pas

d’importance. C’est toutle contraire. En effet,en ayant mis au cœurde toutes les activitéspastorales l’adorationperpétuelle, cela m’aideà reprendre consciencede l’importance du Roy-aume de Dieu. Prendrele temps de veniradorer le Christ présentdans l’hostie, et nonpas venir prier quandj’ai le tempsS organ-iser mon agenda enfonction du créneau

horaire pour lequel je me suis engagécomme « gardien du Saint Sacrement » etnon pas venir adorer quand un créneau selibère dans mon agenda, c’est replacer leChrist au centre de ma semaineS au centrede ma vie. C’est Dieu qui occupe la premièreplace et je découvre que c’est beaucoupplus reposant et rassurant. C’est Lui qui est

le maître de l’his-toire. « Rien n’estimpossible à Dieu »(Lc 1, 37).

Notre église est sousla protection de Notre-Dame et il est vraique, Marie, au traversde cette adorationpermanente nous

porte vers son fils et nous le ressentons pro-fondément.»Responsable : Solange Gouraud Tel: 04 7424 74 05

Photo 1: Enfants adorateurs dans la chapelle de la Mi-séricorde.Photo 2: Tous les mois est proposée une rencontre desadorateurs: messe, diner partagé, formation à la prièreintérieure.

Brasier Eucharistique Mars 2009 N° 3612

LL’’aaddoorraattiioonn ppeerrppééttuueellllee àà BBoouurrgg--eenn--BBrreessssee

ami36:Mise en page 1 09/12/2010 10:04 Page 12