32
l’ é duc mag LE MAGAZINE DE L’UNSA ÉDUCATION décembre 2017 153 4,60 La fédération UNSA des métiers de l’ Éducation, de la Recherche et de la Culture La force positive ! CPPAP N° 0716 S 06569 l’Enseignement Public

Mise en page 1 (Page 1) - extranet.unsa-education.comextranet.unsa-education.com/Docs/Communication/... · es bouleversements qu’a connu la vie politique française et les difficultés

  • Upload
    hadang

  • View
    215

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

l’éduc’magLE MAGAZINE DE L’UNSA ÉDUCATION

décembre 2017

1534,60 €

La fédération UNSA des métiers de l’Éducation, de la Recherche et de la Culture

La force positive !

CPP

AP

N° 0

716

S 0

6569

l’Ens

eign

emen

t Pub

lic

es bouleversements qu’a connu la viepolitique française et les difficultés quenotre pays rencontre pour entrer dans

ce siècle de transitions environnementales ettechnologiques, obligent le syndicalisme àtrouver sa juste place. Il peut, en effet, être, luiaussi, frappé d’obsolescence et force est deconstater que le pouvoir en place ne semblepas prompt à considérer les corps intermé-diaires comme des acteurs de premier plan dela vie démocratique et sociale.

À nous de nous imposer. C’est pourquoi,l’UNSA Éducation et ses syndicats n’ont pasattendu l’élection présidentielle pour com-mencer à se réinventer. Nous pensons quenotre existence est évidemment justifiée parnos valeurs d’émancipation et le projet de dé-mocratisation éducative que nous portons,mais nous ne sommes rien sans le concoursdes adhérents et des sympathisants pour les-quels nous œuvrons et c’est sur le terrain quenous avons décidé, il y a quelques temps déjà,d’inscrire notre démarche syndicale. Un syn-dicalisme de la proximité qui cherche à orga-niser les solidarités, à être utile au bon niveauet à construire des rapports de force durableset profonds.

Nous avons depuis presque 6 ans, deux outilsqui nous aident dans cette démarche :• votre baromètre annuel des métiers qui

nous donne une photographie très précisedes préoccupations de l’ensemble des col-lègues et des évolutions à l’œuvre ;

• les rencontres de terrain systématisées quinous permettent de donner la parole au terrain et qui nous arment pour porter nosexigences à l’ensemble de nos interlocuteurset employeurs. Nous nous sommes ainsidonnés l’objectif de rencontrer 160 000 col-lègues jusqu’en décembre 2018.

Ce syndicalisme de la proximité, où l’individun’est pas noyé dans la masse, nous allons évidemment le poursuivre. C’est ce que nousappelons l’ « UNSA avec Vous ».

Tout au long de l’année 2018, les militantes et les militants de l’UNSA seront donc, à nou-veau, à vos côtés et à votre service. En atten-dant, au nom de toute la Fédération UNSA des métiers de l’Éducation, de la Culture et de la Recherche, je vous souhaite, pour vouset vos proches, d’excellentes fêtes et beau-coup de bonheur pour l’année qui vient.

L

l’éduc’mag n° 153 - décembre 2017

Retrouvez les éditoriaux de Laurent Escure sur unsa-education.com

33unsa-education.com

Directeur de la rédactionLaurent Escure

Directrice de la publicationClaire Bordas

Rédactrice en ChefAline Boussaroque

ont participé à ce numéro :Denis Adam, Claudie Allaire

Carine Aoun-Boudot, Karine AutissierClaire Bordas, Aline Boussaroque

Christian Champendal, Pierre ChâteauÉric D’alesendro, Julien Danglard

Samy Driss, Christophe DucouLaurent Escure, Philippe Froment

Bruno Guého, Roger KeimeBéatrice Laurent, Yannick Lavesque

Frédéric MarchandEmmanuel Margerildon

Thierry Patinaux, Éric PédeboscqNicolas Penin, Pascal Priou

Fabienne Rancinan, Émilie VandepoelMorgane Verviers

ConceptionVoici des fruits des fleurs

Illustration couvertureMichel Alméras

PhotosPascal Lebrun [hors Crédits ©]

RéalisationYellowstone-design

PublicitéAnat Régie • 01 43 12 38 15

ImpressionImprimerie IPS

Pour les personnes souhaitant s’abonner, le prix du numéro est de 4,60 €, l’abonnement

annuel de 18,40 €.

C.P.P.A.P.0716 S 06569

Dépôt légal décembre 2017

UNSA ÉDUCATION87BIS, AVENUE GEORGES GOSNAT

94853 IVRY-SUR-SEINE CÉDEXTEL. : 01 56 20 29 50

FAX : 01 56 20 29 [email protected]

@LaurentEscure

Laurent EscureSecrétaire généralde l’UNSA Éducation

Avec vous

6-7 • Brèves d’actu

10-11 • 160 000 rencontres : l’UNSA Éducation toujours plus à vos côtés

12 • PPCR : l’État rompt ses engagements

14 • Les salarié-e-s TPE ont un syndicat qui s’occupe d’eux

19 • Action publique 2022 : changements tous azimuts !

20-21 • Personnaliser les parcours du bac - 3 à l’Enseignement supérieur

22 • Quel avenir pour l’enseignement professionnel ?

24 • L’écriture inclusive, une question de point de vue et non de point médian…

26 • Des territoires à vivre mieux ?

l’éduc’mag n° 153 - décembre 201744

153

l’éduc’mag n° 153 - décembre 201744

SommaireCent cinquante trois

Expatriés, résident, disponibilité, déta-chement, indemnité spécifique de vielocale, caisse des français de l’étranger,MGEN extra métropolitaine, etc. Toutesces expressions sont liées à l’exercicede mission d’éducation hors de France. Vous souhaitiez partir à l’étranger, ouchoisir de changer de pays ou bien en-core rentrer en France, cela se prépare.Si vous souhaitez des informations,allez sur le lien suivant :http://bit.ly/Memento_conges

Mémento « Travailler à l’étranger »

Toute l’année, recevez gratuitement nos revues numériques Questions d’Éducation et Questions de Société, qui proposent analyses, interviews, pointsde vue, fiches pratiques, reportages sur les sujetséducatifs et sociétaux.Au sommaire du dernier Questions d'Éducation n° 31,au cœur de l’actualité : « Santé et Bien-être ».Je m'abonne à Questions d’Éducation :http://bit.ly/Abo_QDE

La revue numérique du secteur Éducation

Res

fssources A

d lAcadémiqu

!ues

à l’inteEF Edu

pou

national, 50 ans derucation First, leade

ur professe

d’expérience.er de l’éducation

eurs de lan

ngues !

D té

Une pla>

par ErasDes cou>

de l’annDes sém>

Une com>

é i l li i ti t it

disée d’évalateforme standar

smus + et/ou le CPFofesurs de développement pr

néees de formation en lignminair

mmunauté de 60 000 enseig

i

luation de l’anglais EF

gessionnel pris en charg

ne gratuits tout au long

gnants

Des opp>

oude gr50 desti>

Des con>

Du maté>

portunités d’emplois partout

peinations à travers le monde p

ncours stimulants dédiés à v

ériel linguistique gratuit pour

t dans le monde

ganiser vos séjourspour org

vos élèves

r animer vos cours

EducEF

catorsF for

#EFM

eftea

Moment

acherzone

01 70

.ef.www

0 98 02 59.com/teacher

de LanguesCampus Int

ternationaux

01 70 98 02 59.cadars@egorygr

o5 avenue de PrEF Education Fir

@ef.comovence 75009 Parisrst

l’éduc’mag n° 153 - décembre 201766

La lutte pour que les femmes

puissent avoir recours à une IVG

est un combat obstiné

Dans sa revue de novembre 2017 « La Chronique »,

Amnesty International raconte ce combat mondial

à travers différents témoignages en Irlande, Polo-

gne, Malte ou au Salvador.

43 ans après son adoption en France le 29 novem-

bre 1974 (284 voix pour, 189 contre), la loi relative

à l'interruption volontaire de grossesse (IVG) dite

loi Veil est régulièrement remise en cause par cer-

tains.

Force est de constater que certains combats ne

cessent pas même après l'adoption de lois par la

représentation nationale.

L'UNSA Éducation, fidèle à ses valeurs, est

et sera toujours vigilante et combative pour

les défendre.

IVG : ne jamais baisser

la garde !Réforme des retraites,

c’est parti ...Première rencontre avec le Haut-

commissaire aux retraites Jean-Paul

Delevoye : l’UNSA sera très atten-

tive au niveau des pensions et à la

préservation d’un système solidaire.

Davantage d'info ici :

http://bit.ly/2y82ph4

Éducation à l'étranger

Du jamais vu, avec 180

suppressions de postes à

la rentrée 2018 à l'Agence

pour l'Enseignement fran-

çais à l'étranger !

l’éduc’mag n° 153 - décembre 201777

Parce que la République garantit à tous les

enfants un droit à l’instruction, parce que les

intérêts et les droits des enfants sont en jeu,

le CNAL, qui regroupe la FCPE, la Ligue de

l'Enseignement, le SE-UNSA, les DDEN, et

l'UNSA Éducation, propose une action spé-

cifique sur l’enseignement hors-contrat et

l’instruction dans la famille à mener dans les

CDEN et CAEN où nous siégeons.

Pourquoi ?

Parce que même si les contrôles existent, ils

sont notoirement insuffisants et leurs résul-

tats inconnus.

Parce que les quelques fuites se retrouvent

parfois dans la rubrique des faits divers et

c'est inquiétant.

Le CAEN et les CDEN se doivent de connaître

l'ensemble des établissements hors-contrat,

la fréquence des contrôles effectués et leurs

résultats. Il en est de même pour l'instruc-

tion dans la famille.

En outre, le CNAL mènera une étude sur

l'application du principe de laïcité dans les

établissements scolaires. Cette étude débu-

tera au premier trimestre de l'année 2018 et

s'achèvera par un colloque au mois de juin

2018.

Enseignement

hors-contrat,

hors de toute règle ?Les jeunes (entre 18 et 24 ans) sortis du système

scolaire sans diplômes sont environ 450 000

(chiffre de 2016) soit environ 100 000 de moins qu’en 2006.

Beaucoup reste encore à faire comme le montre le rapport

du CNESCO (www.cnesco.fr/fr/agir-face-au-

decrochage-scolaire-bilan-et-preconisations-

du-cnesco/ ), mais ces chiffres sont encou-

rageants et montrent que les réformes

des 10 dernières années portent

leur fruit.

Le gouvernement a lancé le 4

décembre la concertation pour

une nouvelle stratégie de lut-

te contre la pauvreté, ciblant

en priorité les enfants et les

jeunes, comme l'avait annoncé

Emmanuel Macron en octobre.

L'objectif est « d'éviter que les enfants tombent

dans la pauvreté et que les enfants pauvres d'au-

jourd'hui ne deviennent les pauvres de demain. »

Un enfant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté.

Les conclusions seront présentées au président

Emmanuel Macron début avril.

Les professionnels de l’éducation sont concer-

nés au quotidien par ces réalités sociales.

L’UNSA Éducation est prête à prendre sa part

dans ces groupes de travail.

Nouvelle stratégie

rès de 50% des actifs sont syn-diqués et, à la C.A.P.N., le syn-

dicat SNIA-IPR a huit des dixsièges, grâce à l'obtention de plus de70% des voix aux dernières élections.Le syndicat a un bureau national (B.N.)de 9 IA-I.P.R. titulaires, d'un représen-tant des stagiaires et d'un représentantdes retraités, en veillant à une paritéfemme/homme. Le secrétaire général,élu par le bureau, est épaulé par deuxadjoints, à parité, et par un trésorier.

Les champs disciplinaires sont repré-sentés tant au Bureau qu'à la C.A.P.N. :Économie-Gestion, Établissements &vie scolaire, Lettres, Anglais, Allemand,S.V.T., Mathématiques, Histoire-Géo,S.T.I., Musique, Détachés. Dans toutes les Académies - métropo-litaines et ultra-marines - un déléguéacadémique fait l'interface entre lescollègues et le B.N., il anime la viesyndicale académique.Les revendications s'inscrivent danscelles de l'UNSA Éducation et l'UNSAFonction publique, avec lesquels lesyndicat partage les mêmes valeurs.Plus spécifiquement, les mandats deCongrès portent sur un accès à laHors Échelle C, une accélération des

rythmes de passage à la Hors Classe,la réaffirmation du positionnement desIA-IPR en tant que pilotes pédago-giques de l'accompagnement des ré-formes mais aussi en tant qu'acteursincontournables de la gestion desressources humaines de leur disci-pline, la nécessité de confor ter la dimension pédagogique des missionsd'inspection d’une part et d'une recon-naissance de la dimension académi-que de l'expertise des IA-IPR d’autrepart. L'amélioration des conditions detravail est une priorité qui se déclineau plan local des Rectorats et une de-mande de création de postes en lienavec la montée en charge du P.P.C.R.des professeurs.Le SNIA-IPR est porteur d'un syndica-lisme novateur, combatif, réformistefondé sur le dialogue.

syndicat national des Inspecteurs d’Académie et des Inspecteurs

pédagogiques régionaux

Le SNIA-IPR,

Le SNIA-IPR UNSA est la première organisation représentative des Inspecteurs d'Académie dans les fonctions d'IPR et de détachés

(DAASEN, DASEN, Conseillers techniques de Recteurs).

Secrétaire généraldu SNIA-IPR

Roger Keime

[email protected]

P

l’éduc’mag n° 153 - décembre 2017

éducation

88

Le Syndicat de l'Encadrement de la Jeunesseet des Sports (SEJS) a renouvelé son équipedirigeante. C’est Isabelle Becu-Salaun quidevient secrétaire générale succédant à PierreGarrec.

Une nouvelle secrétaire généraleau SEJS

a région Hauts-de-France estnée de la fusion des régions Pi-cardie et Nord Pas-de-Calais, et

comme toutes les autres régions,elle commence à se structurer. Laréorganisation territoriale a touchél’État, l’Éducation mais aussi l’ensem-ble des citoyens comme par exem-ple le milieu associatif ou sportif.

À ces terres picardes, flamandes ouartésiennes s’attachent parfois desimages du passé, liées à des tradi-tions industrielles, minières et ur-baines. Mais aujourd’hui c’est bienla valorisation de l’espace naturel,le tourisme, les mutations écono-miques et numériques qui viennenthabiter une situation géographique

privilégiée. Le commerce internationalpour certains, et la culture pour d’au-tres, c’est un rapport à l’autre qui s’af-firme.

L'UNSA Éducation, 1ère fédérationde l'académie de Lille (4 représen-tants au CTA) et 3e de l'académied'Amiens (2 représentants au CTA)fait face aux défis actuels de l'école.Elle lutte contre l'inégalité sociale tropsouvent cause d'inégalité scolaire etculturelle.

Ainsi, avec un sens de l’accueil et dela convivialité reconnu, et une traditionculinaire et de biérologie légendaire (1),notre Fédération se trouve chez elle enpartageant des valeurs humanistesavec les femmes et hommes d’unebelle et noble région.

Adé ! (Salut !)

L

La section régionaledes Hauts-de-France

Arras

Amiens

Lille

Beauvais

Laon

Quelques chiffres : 6 millions d’habitants - 5 283 écoles - 1 024 collèges et lycées - 662 000 élèves premier degré - 535 000 élèves second degré - 220 000 étudiants.

Secrétaire RégionalUNSA Éducation

des Hauts-de-France

[email protected]

Nicolas Penin

Julien [email protected]

[email protected]

Yannick Lavesque@Yannick_Lavesk

Fabienne [email protected]

@FabRancinan

Pages coordonnées par :

l’éduc’mag n° 153 - décembre 2017

éducation

99

SR2A LilleCédric Bart

SR2A AmiensPhilippe Decagny

(1)Étude de la bière

1010l’éduc’mag n° 153 - décembre 2017

Plus forts ensemble !160 000 rencontres :

l’UNSA Éducationtoujours plus à vos côtés

L’UNSA Éducation est à vos côtés au quotidien. Grâce à ses 22 syndicats, correspondant à l’ensemble des métiers de l’Éducation, nous sommes

sur le terrain, avec vous. Pour répondre à vos questions, vous accompagner, vous donner des conseils. Aller à votre rencontre, c’est dans notre ADN.

Aujourd’hui, nous donnons de l’ampleur au mouvement.

Dans toute la France, nous venons échan-ger avec vous. Une rencontre, c’est quoi ?C’est l’occasion de faire connaître vospréoccupations, de donner votre avis, par-tager un moment pour parler de votre expé-rience, de votre carrière ou des questionsd’actualité. Nous viendrons vous voir dansvotre établissement, lors de visites, de réu-

nions, de stages, autour d’un café, d’un ate-lier ou d’un colloque. Ainsi, nous pouvonsporter vos voix, comme celle de Daniel quia croisé notre route récemment. Pour que nous passions vous voir dans vo-tre établissement ou pour nous contacter,une seule adresse : [email protected]

Vous pouvez participer à ce grand mouve-ment. Si vous souhaitez vous aussi aller àla rencontre de vos collègues pour leur par-ler de l'UNSA, venez partager ces moments

sur un groupe Facebook que nous dédionsaux rencontres : la Ruche UNSA. Tapez simplement le nom du groupe dansla barre de recherche Facebook, cliquezsur rejoindre et c’est parti !

Comme chaque année, l’UNSA Éducationvous donne la parole via un questionnaire.L’objectif est de savoir comment vous voussentez dans votre travail au quotidien, tanten termes de perspectives que de recon-

naissance, de conditions de travail ou de ré-munération. Et pour aller plus loin : une série de ques-tions d’actualités. Rendez-vous courant janvier pour donner votre avis.

Objectif : 160 000 collègues rencontrés

Rejoignez cette aventure collective !

Et très bientôt… le retour du Baromètre !

1111l’éduc’mag n° 153 - décembre 2017

Plus forts ensemble !

[email protected]

Claire Bordas@ClaireBordasM

En visite, dans ce lycée, à la rencontredes personnels de l’Éducation afin deleur apporter de la documentation syn-dicale et relayer leurs interrogations au-près de l’un des syndicats de l’UNSAÉducation, je frappe et pousse une porte.Je ne m’attendais pas à rencontrer unprofessionnel de l’Éducation au parcoursaussi singulier que celui de Daniel.Après lui avoir expliqué les différentsdocuments qui pourraient l’informer surson métier, je lui pose une questiontoute simple :« Et vous, pourquoi être devenu ensei-gnant ? »Daniel me répond alors avec une sincé-rité et une émotion à laquelle je nem’attendais pas.« Issu d’une famille modeste, à l’âge de18 ans, j’avais deux choix possibles :• aller à l’usine comme mes parents ;• la Fonction publique.Je savais que je ne voulais pas faire lemême métier qu’eux. La Fonction pu-blique me laissait elle aussi deux choix :la police ou l’enseignement. J’ai choisil’enseignement car je voulais éduquerla population.Tout au long de ma carrière, j’ai prisplaisir à enseigner aux élèves puis,

maintenant, à former les adultes en tantque directeur délégué à la formationtechnologique et professionnelle. Je n’aijamais regretté mon choix même si par-fois le doute s’installait, si ma patiencea été mise à rude épreuve. Je conti-nuais à y croire et à faire en sorte queles élèves en sortant de ma classe aientappris quelque chose de nouveau.Transmettre, former, innover, éduquer,se remettre en question après un échecet retourner en classe pour tester unenouvelle méthode ça vaut le coup. Neserait-ce que pour voir au moins unefois la lumière dans les yeux d’un élèvequand il vous dit : « Ça y est j’ai com-pris !». Le frisson qui vous traverse ledos à ce moment précis valide tous vosefforts. Ça n’a pas de prix. Si j’ai pu fairece métier d’enseignant, c’est grâce àl’enseignement public et à sa gratuité etj’en suis fier. »Après avoir remercié et salué Daniel,je continuais ma visite plein d’opti-misme et de confiance en l’avenir.

Chronique devisite GIIDF

[email protected]

Eric d’Alesandro@riconovic

Un matin du 23 novembre au lycée Jean Lurçat, à Paris 13è

1212l’éduc’mag n° 153 - décembre 2017

[email protected]

Emmanuel Margerildon@EMargerildon

Personnels

ertes le ministre de l’Action etdes comptes publics s’est en-

gagé à appliquer le protocolePPCR dans son intégralité à partir de2019. Les mesures de 2017 serontmaintenues. Mais, pour l’UNSA Édu-cation, ce report sonne comme une« non reconnaissance du travail desagents publics ». Déjà échaudés par les nouvelles an-nonces de gel du point d’indice et parle retour du jour de carence, les fonc-

tionnaires sont une nouvelle fois ou-bliés dans la revalorisation de leurpouvoir d’achat. Pour beaucoup, la rémunération sera en baisse sur lafeuille de paye du mois de janvier2018 en prenant en compte la haussedes cotisations retraites prévue le 1erjanvier.Les gains indiciaires programmés dansle protocole PPCR en 2018, 2019 et2020 sont repoussés d’un an. Le trans-fert primes/points prévus en janvier

2018 pour les catégories A se fera en2019 pénalisant ceux qui partent à laretraite en 2018. Les assistantes deservice social ne passeront en caté-gorie A qu’en 2019. Autant de reportsinacceptables. Si on ajoute la compensation à mini-ma de la CSG, les agents publics negagneront pas de pouvoir d’achatcomme les autres actifs, contrairementaux promesses du Président de la République.En faisant ces choix unilatéraux et injustes pour les agents, le gouverne-ment fragilise aussi le dialogue socialau moment d’aborder le chantier surl’avenir de la Fonction publique.

C

PPCR : L’État rompt ses engagements

En reportant l’application des mesures du Parcours Professionnels Carrières Rémunérations (PPCR) d’un an, le gouvernement ne respecte pas les engagements pris par l’État employeur pour les agents publics.

Depuis septembre-octobre, on entend parfois parler de hausse de ré-munération des fonctionnaires de 4%. Je suis fonctionnaire et j'ai beauchercher je ne la vois pas cette hausse sur mon compte en banque.J'ai demandé autour de moi, même réponse. J'ai regardé les rapportsde l'INSEE, pas de trace de cette augmentation. Elle serait même del'avis de certains « une augmentation qu'on ne touche même pasdans le privé ». Certes, mais qu'en est-il dans les faits ?

Hausse de rémunération de 4% ?

Pierre Château

[email protected]

@p_chateau

Pour avoir l’explication rendez-vous ici : http://bit.ly/2zzmqyRou flashez le code :

31e campagne na onale d’éduca on à la sécurité et à la citoyenneté dans les transports collec fs de jeunes

Association Nationale pour les Transports Educatifs de l’Enseignement Public - 01 43 57 42 86 - [email protected]

QUALITÉ SÉCURITÉ PRÉVENTION

Nous recherchons des bénévoles disposés à s’inves r quelques heures dans l’année au sein d’une équipe départementale (Adateep), pour agir au service des enfants.

Visuels téléchargeables sur www.anateep.fr

Nous recherchons des bénévoles disposés à s’inves r quelques heures dans l’année au sein d’une équipe départementale (Adateep), pour agir au service des enfants.

l’éduc’mag n° 153 - décembre 20171414

Interpro

insi, l’UNSA a renforcé sa re-présentativité dans certainesconventions collectives comme

les assistantes maternelles et l’a con-quise dans d’autres : les salarié·e·sdes particuliers employeurs. Cette for-te augmentation d’audience est due àun intense travail d’information, d’aide,de conseil auprès de ces salarié·e·strop souvent délaissé·e·s par les au-tres organisations syndicales. Pen-dant 4 années précédant le scrutin, unn° de téléphone et un blog spécifiquespécial TPE leur ont été dédiés, des

distributions de tracts sur leur lieu de travail ont été effectuées par lesUnions Départementales.Au moment de la campagne, nousavons intensifié les distributions mili-tantes, sms, les informations en parti-culier via les réseaux sociaux.Ce grand travail de proximité, géogra-phique et professionnel, illustré par laformule « Salarié·e·s des TPE, sala-rié·e·s à part entière » a donc été re-connu.

Dès lors, il est apparu nécessaire etévident de prolonger cet investisse-ment en créant un syndicat nationalspécifique « UNSA TPE ». C’est ce quivient d’être décidé par le Bureau na-tional de novembre, pour une mise enœuvre début 2018.Cette nouvelle structure permettra à ces salarié·e·s d’adhérer à notreUnion, d’accéder à un service d’écouteet de conseils via une hotline, d’êtrerégulièrement informé·e·s au traversd’un blog et d’une lettre électronique,d’être accompagné·e·s juridiquementen cas de litige avec leur employeur.

A

Les salarié·e·s TPE ont unsyndicat qui s’occupe d’eux

Lors des élections de décembre 2016, les salarié·e·s des Très Petites Entreprises, de moins

de 11 salarié·e·s, ont fait progresser l’UNSA de 5,2 points, en lui assurant 12,5 % des voix.

Au travers de cette décision unanime,

l’UNSA apporte une nouvelle

illustration à son slogan :

Secrétaire général AdjointUNSA TPE

Philippe Froment

[email protected]

« À l’UNSA, on s’occupe de moi ! »

Retrouvez-nous sur : unsa.tpe.org

l’éduc’mag n° 153 - décembre 2017

Personnels & Éducation

1515

Jeunesse et SportsDans un an, les élections professionnellesTrès largement majoritaire dans cesecteur de l’Éducation, l’UNSA Édu-cation et ses syndicats ont été lesprincipaux moteurs de l’action syndi-cale pour la défense du Service Publicet de ses agents.

Le Comité technique ministériel (CTM)Jeunesse et Sports, obtenu de hautelutte, aura été depuis 2014, date où ila été à nouveau créé, le principal lieude proposition, de revendication et delutte syndicale.

Quels que soient les incessants chan-gements des périmètres ministériels,ce CTM doit être maintenu pour lesélections professionnelles 2018 car ilest la seule instance possible de dia-logue social pouvant embrasser tousles aspects de la vie du secteur, tantpolitiques que statutaires.

Les corps professionnels de ses ac-teurs sont intimement liés, tant pourles administratifs, les inspecteurs quepour les personnels techniques et pédagogiques.

L’UNSA Éducation milite activementpour la pérennisation de ce périmètrede dialogue social.

Les Jeux Olympiques 2024 doivent redynamiser les politiques du Sportpour tous et de la JeunesseGagnée par la France et Paris, ce for-midable challenge de l’organisationde JO 2024 doit être l’opportunité derelancer de vraies politiques du Sportpour tous et de Jeunesse, qui sont in-dissociables.

Les médailles espérées ne pourrontsortir que d’un large vivier que seulesdes politiques ambitieuses pour leSport et la Jeunesse pourront générer.

L’école nationale de voile(ENVSM) doit être durablementpérenniséeMise en danger par un rapport de laCour des Comptes, cette école natio-nale a un indispensable avenir quel’UNSA Éducation soutient.

À sept ans des JO 2024, on ne peutse passer de cet outil prestigieux etperformant qui a toujours œuvré avecsuccès, tant pour la formation des ca-dres sportifs que pour le haut niveau.

Ce travail de plusieurs décennies nepeut être rayé d’un trait de plume sousforme de diktat budgétaire.

Nos syndicats et la Fédération travail-lent activement à la promotion d’unprojet durable et novateur pour l’EN-VSM.

[email protected]

Samy Driss@DrissSamy

1616l’éduc’mag n° 153 - décembre 2017

Personnels

es enseignants doivent être consi-dérés comme des professionnelsresponsables et acteurs de leur

évaluation. Dans cette perspective,l’UNSA Éducation est notamment favo-rable à l’utilisation du « document deréférence de l'entretien » qui permetde mieux préparer les rendez-vous decarrière.

Profitant d’une représentation syndica-le de l’ensemble des acteurs concer-nés, les responsables académiquesde l’UNSA Éducation et de ses syndi-cats ont initié des réunions locales au-tour des rendez-vous de carrière. Cesont des moments de partage etd’échanges pour mieux appréhenderces temps nouveaux dans la carrièredes enseignants.

Les regards croisés d’inspecteurs, depersonnels de direction et d’ensei-gnants sont une vraie richesse possi-ble au sein même de notre fédération.Ces réunions permettent à chacundes syndicats d’avancer dans leur ap-proche des rendez-vous de carrière,forts des retours d’expériences desautres corps concernés. Le fruit deces échanges, relayé par nos respon-sables syndicaux, pourra être unesource d’informations utiles et élar-gies pour accompagner au mieux lescollègues dans l’approche de ces ren-dez-vous.L’UNSA Éducation va poursuivre cetravail également au niveau nationalpour faire un premier bilan de la miseen œuvre du dispositif. Nous agissonsafin que ces temps deviennent réelle-ment des moments utiles et forma-teurs pour nos collègues et qu’ilscontribuent à mettre en place unegestion plus humaine des personnels.

L

Rendez-vous de carrière des enseignants : regards croisés

dans l’UNSA ÉducationAvec le protocole PPCR se met en place une nouvelle évaluation des enseignants.

Les rendez-vous de carrière sont une occasion de faire évoluer le rapport entre les différents acteurs.

[email protected]

Frédéric Marchand@FMarchandfred

Un baromètre publié récemment indique que le niveau d’engagementdans leur travail est la première priorité des agents publics. Ces derniers estiment à 56% que cette priorité est mal traitée par les services des ressources humaines. Cette même enquête montre que certains déterminants semblent plus marqués dans le secteur public par rapport au privé comme la recherche de sens, les logiques d’intérêt général et de solidarité.http://bit.ly/2AjRGTF

[email protected]

Bruno Guého

Pour toute information : sur le site Internet : www.fonctionpublique-chequesvacances.fr

par téléphone :Coût d’un appel local

Personnels de l’Education Nationale, épargnez quelques mois et bénéfi ciez d’une bonifi cation de l’Etat.Profi tez pleinement de vos Chèques-Vacances auprèsdes 170 000 professionnels du tourisme et des loisirs.Et avec e-Chèque-Vacances vous pouvez désormais régler vos prestations sur internet. É

tab

lisse

men

t p

ub

lic e

t co

mm

erci

al -

326

817

442

RC

S Po

nto

ise

- Im

mat

ricu

lati

on

ATO

UT

Fran

ce :

IM09

5130

003

- G

aran

t : G

RO

UPA

MA

ASS

UR

AN

CE-

CR

ÉDIT

- A

ssu

ran

ce R

CP

: HIS

CO

X C

réd

its

ph

oto

s : ©

Get

ty Im

ages

, Th

inks

tock

- 2

016_

CV

_DG

AFP

À VOUS LES CHÈQUES-VACANCES ! Nouveau

Une bonifi cation

de 35% pour les

- de 30 ans

ne récente étude de l’INSEEest éclairante sur les effets de

la présence d’un jour de carenceentre 2012 et 2014. On y relève par exemple que le niveaud’absences pour raison de santé estplus élevé dans le secteur privé quedans la Fonction publique de l’État ouque le jour de carence a modifié la ré-partition des absences conduisant àune baisse de 50% des absences de2 jours mais à 25% d’augmentation decelles d’une semaine à 3 mois…

Le délai de carence risque fort, au final,d’augmenter la durée des arrêts et doncle coût global.En parallèle, le rapport annuel surl’état de la Fonction publique met bienà mal les arguments avancés par leministre actuel : la réduction du micro-absentéisme, le rétablissement del’équité avec le privé ou réaliser deséconomies.Pour l’UNSA Éducation, cette mesuresonne comme une nouvelle provoca-tion et un manque de reconnaissancede l’implication des fonctionnairesdans leur mission au service de l’État.

Il est urgent de se lancer dans unegestion des ressources plus humaineet de s’interroger sur la qualité de vie au travail des agents du Service public. Il est temps d’entamer un vraitravail global de réflexion sur l’absen-téisme, une meilleure protection so-ciale complémentaire, la préventiondes risques psychosociaux et unevraie médecine de prévention pourtous les agents.

U

Carence… de raisonsLe Projet de Loi de Finances 2018 rétablit le jour de carence.

Abrogé en 2014 car jugé « injuste, inutile et inefficace » la ministre d’alors rappelait aussi que « les conditions de vie au travail sont [...]

un des facteurs majeurs de l'absentéisme. »

En cas de désaccord avec une décision administrative relative àsa situation individuelle, l’agent devra engager une médiationavant tout recours au Tribunal Administratif. En expérimentationauprès des personnels Éducation nationale des académies d’Aix-Marseille, Clermont-Ferrand et Montpellier, cette procédure gra-tuite et rapide peut être positive pour l’agent. L’UNSA a soutenuce texte après avoir obtenu certaines garanties comme la sus-pension des délais de recours contentieux et de prescription.

Médiation Préalable Obligatoire(MPO) : qu’est-ce que c’est ?

En savoir + : http://bit.ly/2jH5Ny0

l’éduc’mag n° 153 - décembre 2017

Fonction Publique

[email protected]

Christelle Alan@lucioleforever

[email protected]

Emilie Vandepoel@emilie_vande

fonctionne », l’UNSA y sera vigilante.Lors des consultations, nous ferons va-loir nos arguments pour défendre lesfondements des services publics (éga-lité d’accès, neutralité, adaptabilité notamment) et les faire évoluer effica-cement, utilement et dans le respect despersonnels qui mettent en œuvre les po-litiques publiques. Pour l’UNSA, le cadrestatutaire de la Fonction publique restele plus adapté pour mener ces évolu-tions.

Pour l’UNSA Éducation, il est in-dispensable de penser la Fonc-tion publique de demain et del’améliorer. Pour autant, elle déplore que ce « plan d’action »massif et aux délais restreints,n'ait pas associé les représen-tants des personnels en amontde sa présentation car la situa-tion des agents publics et l'orga-nisation des services publicspourraient être profondémentimpactées. Si le Premier ministre annonce« qu’Action Publique 2022 n’apas été conçue pour remettreen cause ou casser ce qui

http://bit.ly/2iR92Q4

[email protected]

Emilie Vandepoel@emilie_vande

Quels services publics pour demain ?

Le gouvernement proposeune consultation numériqueouverte aux usagers et agentspublics. Prenez la parole et imposez-vous dans le débat.

l’éduc’mag n° 153 - décembre 20171919

• baisser la part des dépenses publi-ques d’ici 2022.

Si nous souscrivons aux deux pre-miers objectifs poursuivis, le derniernous semble davantage relever dudogme selon lequel la dépense publi-que serait un fardeau sans se poserla question de son utilité.Concrètement, pour enclencher cettetransformation, le gouvernement a pré-vu deux phases :

e gouvernement a lancé ungrand programme de transfor-mation de l’action publique bap-

tisé « Action Publique 2022 ». Il viseà interroger en profondeur les mis-sions exercées par la puissance pu-blique en poursuivant trois objectifs :• améliorer la qualité des services

publics ;• offrir un environnement de travail

modernisé aux fonctionnaires ;

L

FonctionPublique

Action publique 2022 :changements tous azimuts !

l’éduc’mag n° 153 - décembre 2017

ÉducationRefondation

2020

Personnaliser les parcours du Bac-3

à l’Enseignement supérieurPas une semaine sans l’annonce d’un nouveau chantier ouvert dans le champ de l’Éducation.

Pour autant, certains sont plus essentiels que d’autres. Ainsi, l’actualité est marquée par deux d’entre eux : celui sur l’entrée dans l’Enseignement supérieur, afin - entre autres -

de mettre fin aux injustices du tirage au sort et celui de la réforme du baccalauréat.

Ce qu’il change ?• 10 vœux émis sans classement par chaque élève

de terminale au lieu des 24 classés précédem-ment.

• 4 réponses possibles :- acceptation ;- acceptation sous condition d’accompagnementpédagogique ;- liste d’attente ;- refus (pour les formations sélectives et pour lesfilières

en tension s’il y a inadéquation entre le profil dulycéen

et les attendus de la formation).

Pourquoi nous soutenons sa philoso-phie ?• Parce qu’elle autorise tous les bacheliers qui le

souhaitent à poursuivre des études supérieures.

• Parce qu’elle propose un accompagnementqui assurera une meilleure réussite (et rompt ainsi avec la sélection par l’échec).

• Parce qu’elle personnalise davantage les par-cours.

Nos points de vigilance ?• L’efficience du nouvel outil parcoursup, rempla-

çant APB.• L’urgence pour la mise en œuvre dès cette

année.• La difficulté pour les conseils de classe d’émettre

des avis sur les 10 vœux de chaque élève de ter-minale.

Le plan étudiantour l’UNSA Éducation et ses syndicats, lepoint d’entrée commun de ces deux évolutions

doit être la capacité de notre système d’éducationà construire des parcours davantage personnalisés,prenant en compte les acquis, les besoins et les choixde chaque jeune, dès le lycée et jusque dans l’Ensei-gnement supérieur.

Au commencement devrait être l’orientation• il n’est pas facile à 15 ans de savoir ce que l’on

voudra faire une fois devenu·e adulte ;Evidemment !

• l’orientation doit donc davantage être penséecomme une démarche d’accompagnement éclai-rant des choix possibles mais susceptibles d’évo-lue ;

• il est donc impératif de donner plus de moyens et de temps pour cette démarche, conduite par lesPsyEN-EDO (ex-COPsy), mais également parl’ensemble des membres des équipes pédago-giques.

Une orientation mieux construite et davantagechoisie est un gage de meilleure réussite. Elle doitpouvoir s’appuyer sur la possibilité de mettre en placedes parcours « personnalisés » qui n’enferment pasdans des filières étanches ou dans des carcans disciplinaires.

P

l’éduc’mag n° 153 - décembre 2017

ÉducationRefondation

2121

Pourquoi ?• Parce qu’aujourd’hui il ne répond plus à ses deux

fonctionsde validation des acquis de l’Enseignement secon-daire et de garantie d’entrée et de réussite dans l’En-seignement supérieur.

• Parce que les filières actuelles créent de la discri-mination et renforce les inégalités sociales.

Qu’entend-on par lycée modulaire ?• Un lycée qui permet de personnaliser les parcours

des élèves en leur offrant la possibilité de choisirdes éléments d’enseignement généraux et technologiques.

• Une organisation (par exemple en semestre) qui per-mette des réorientations et des renforcements.

Nos éléments de réflexion• Une plus grande part pour le contrôle continu

tout en maintenant « un examen national » avec desépreuves en contrôle terminal.

• Des épreuves qui valident à la fois des connais-sances disciplinaires et des compétences (savoir prendrela parole devant un public, écrire d’une note de syn-thèse…).

• La revalorisation de la voie professionnelle.

Changer le bac

Denis [email protected]

[email protected]

Morgane Verviers@MorganeVerviers

@denisadamunsa

Des parcours aux menus personnalisésll ne s’agit pas, ni au lycée, ni dans l’Enseignementsupérieur ensuite, de proposer à chaque jeune deconstruire sa scolarité à la carte. Cela serait ingérable et certainement déstabilisant - pour le jeune - qui aurait une vraie difficulté à objec-tiver ses critères de choix.Pour autant, à l’image de la restauration, c’est versune pluralité de menus qu’il convient d’aller, afin deproposer une diversité de parcours, mais égalementla référence commune à des enseignements iden-tiques pour tous.

Donner du sens au Bac -3 / Bac +3• souvent ressentie comme une formule sans conte-

nu, cette dénomination peut trouver tout son sensdans l’articulation des réformes en cours sur le lycéeet l’enseignement supérieur ;

• il convient en effet de la faire devenir le secondcycle du parcours d’enseignement, le premier étantcelui du socle commun de la scolarité obligatoire ;

• cela signifie une plus grande interaction entre les enseignements et les équipes pédagogiques des lycées et des établissements d’enseignement su-périeur, une initiation renforcée au travail personnelau lycée, un accueil et un accompagnement (com-pagnonnage, tutorat…) en premières années d’uni-versité.

Si le plan étudiant acte une plus grande personnali-sation des cursus de l’Enseignement supérieur, iln’est pas encore assuré que le ministre de l’Éduca-tion nationale assume sa part de responsabilité enprofitant de la réforme du baccalauréat pour intro-duire cette évolution du lycée, qui sera certainementpréconisée par la mission Mathiot en charge de ren-dre un rapport sur le sujet.S’il ne le faisait pas, ce serait un rendez-vousmanqué et un recul pour la réussite de chaquejeune.

l’éduc’mag n° 153 - décembre 2017

ÉducationRefondation

2222

ette démarche laisse d’autantplus interrogatif qu’elle cohabite

- et devra s’articuler - d’un côtéavec un chantier conduit par le minis-tère du Travail sur la formation profes-sionnelle et l’apprentissage, et del’autre, par la mission de Pierre Mathiotsur le baccalauréat et le lycée généralet technologique.

Pourtant, un travail indispensable doiteffectivement être conduit. Pour nous,

ces chantiers peuvent - doivent - êtreune chance pour l’avenir de l’Ensei-gnement professionnel. Cela impliquequelques conditions :• faire de l’orientation en voix profes-

sionnelle une démarche choisie etpositive ;

• reconnaître et valoriser la place spé-cifique de l’enseignement profession-nel dans la formation professionnelleinitiale et plus largement celle de

l’Éducation nationale et de l’Ensei-gnement supérieur dans la formationprofessionnelle tout au long de la vie ;

• offrir des formations tournées versles défis du XXIe siècle dans desparcours de réussite allant du CAPjusqu'au BTS et au-delà ;

• prendre en compte toutes les formesd’alternance et développer, lorsqu’il est la forme pertinente, l’apprentis-sage public dans des centres de for-mation académiques ;

• accompagner et davantage reconnaî-tre les personnels des lycées profes-sionnels.

Pour notre part, nous nous oppose-rons à toute démarche qui conduiraità affaiblir la présence de l’Enseigne-ment professionnel au sein du servi-ce public d’Éducation, comme à touttransfert exclusif vers les collectivitésterritoriales ou vers les branches pro-fessionnelles.

C

Quel avenir pour l’Enseignement professionnel ?

Rendre la voie professionnelle plus efficace, plus attractive, plus ouverte sur l'Europe et sur le monde, telle est la mission que Jean-Michel Blanquer

a confiée à la députée des Hauts de Seine (La République en Marche) Céline Calvez et au chef étoilé Régis Marcon. Un objectif que personne ne conteste

mais dont les moyens pour l’atteindre restent assez flous.

Denis Adam

[email protected]

[email protected]

Thierry Patinaux@ThierryPatinaux

@denisadamunsa

Du cap au diplôme d’ingénieur et audoctorat, l’apprentissage est au cœurdes formations et de la réussite del’enseignement agricole public. Unespécificité qui doit être conservée etqui peut également éclairer les évolu-tions pour les établissements d’ensei-gnement professionnel de l’Éducationnationale.En effet, l'enseignement agricole re-présente 15% des apprentis et est ma-joritairement public. Un jeune sur cinqinscrit dans une formation profession-nelle de l’enseignement techniqueagricole est un apprenti. 86% d'entreeux trouvent un emploi à l’issue deleur formation. Aussi, depuis plusieursannées, le développement de l’appren-tissage est une priorité gouvernemen-tale qui porte ses fruits. Ainsi entre

2010 et 2015, l’enseignement agricolesupérieur a connu une augmentationde 37% de son nombre d'apprentis. Cette voie de formation, qui mêleconnaissance théorique et expérienceen entreprise, assure une bonne inser-tion dans le monde du travail. Quant àla formation continue, elle permet, toutau long de la vie, d'améliorer son ni-veau de qualification et/ou d'acquérirune qualification professionnelle recon-nue. Pour l’UNSA Éducation, cette voix deréussite qui doit être confortée néces-site d’être accompagnée par un travailspécifique de reconnaissance des très nombreux personnels contractuels présents dans l'apprentissage et la formation continue.

L’apprentissage : spécificité de l’Enseignement agricole public

OR

IAS

07

02

7 1

38

-

08

 04

5 1

00

ion

OR

IAS

-

.K

illof

ferr.

atio

n :

Illus

tr Duleu

tobre 2017 au 2 février 20ablissements pour les acco

Créée par et pour les enseignantLa CASDEN place ses

u 2 octobre 2017 au 2 février 20urs éta

la CASDEN vient à la rencont18,mpagner dans la réalisation de le

et solidaire d’épargne et de fin

la CASDEN est aujourd’hui la bs, de confiance evaleurs d’écoute,

la CASDEN vient à la rencont18

tre des personnels de l Educationeurs projets et leur présenter son nancement(1).

banque coopérative de toute la Foet de proximité au cœur de son actre des personnels de l’Education

n directement dsystème alter

onction publique.ctivité.n directement dans

rnatif

78

4 2

75

77

8 0

08

42

- R

CS

Mea

ux.

Imm

atri

cula

tion

OA

RIS

Imm

atri

cula

tx

13

.S

IRE

TN

°49

34

55

04

2R

CS

PPAd

e

et n

hes

- 7

71

86

Noi

siel

. S

ir 9

1 C

ours

des

Roc

ance

- 7

52

01

Par

is C

e de

Men

dès

Fr

ven

ue

Pie

rrl

50

aal

:e

soci

al :

g iar

iab

lep

55

74

23

20

€q

pill

itld

15

pve

illan

ce a

u c

apit

al d

e 1

55

74

2 3

20

€.

Siè

ge

soci

a.

Siè

ge

e à

cap

ital

vat

ive

de

Ban

qu

e P

opu

lair

sur

opér Un

vous engage et doit être rcrédit

remboursé.

.os capacités de remboursement avant de vous engager

yt

ild

Soc

iété

e

- q

pB

PC

ES

iété

eet

con

seil

de

An

onym

e C

ooec

toir

BP

CE

- S

ocié

té a

non

yme

à d

irC

AS

DE

N B

anq

ue

Pop

ula

ir

’offre CASDEN est disponible Ldans les Délégations Départementales CASDEN et les agences Banques Populaires.

Rendez-vous également sur casden.fr et sur l’application mobile CASDEN.

Suivez-nous sur

érifier voV

Pour les crédits la CASDEN Banque Populaire.,ve d’acceptation de votre dossier par l’organisme prêteurr sous réser(1) Offre soumise à conditions, Pour le financement d’une opération relevant des articles L313-1 et l’emprunteur dispose du délai légal de rétractation.à la consommation,

l’emprunteur dispose d’un délai de réflexion de 10 jours avant d’accepter l’offre de prêt.suivants du code de la consommation (crédit immobilier), le vendeur doit rembourser les sommes versées. Si celui-ci n’est pas obtenu,La réalisation de la vente est subordonnée à l’obtention du prêt.

l’éduc’mag n° 153 - décembre 20172424

L’écriture inclusive, une question de point de vue

et non de point médian…

Féminisation des titres, des professions, des textes

officiels... Tout cela est un type d’écriture encouragé par

le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes

(HCEfh) dans son guide pratique de 2015 : 

pour une communication publique sans stéréotype de sexe. 

L’écriture inclusive, ce typed’écriture, consiste à :

• accorder les noms de métiers,titres, grades et fonctions avec lesexe des personnes qui les occu-

pent ;• user du féminin et du masculin dans

les messages adressés à toutes et tous. En utilisantsoit le point médian, neutre typographiquement afind’inclure le féminin dans tous les noms soit des motsépicènes ou « englobants », par exemple « une per-sonne » ;• utiliser la règle de proximité, qui consiste à accor-

der les mots avec le terme le plus proche.Mais l’écriture sans stéréotype est avant tout unmoyen pour permettre une plus juste représentationdes sexes dans une société où l’invisibilité desfemmes ne doit plus être la règle car « la langue re-flète la société et sa façon de penser le monde. » (1)

Rappelons à ce titre quelques chiffres en ce quiconcerne les manuels scolaires : • dans les manuels de CP, 70% des personnages

qui font la cuisine et le ménage sont des femmes ;• dans les manuels d'Histoire en Seconde, 97%

des biographies de personnages historiques sontconsacrées à des hommes.

Le rapport du HCEfh présente 10 recommandationset permet une véritable réflexion pour toutes lesprofessionnelles et tous les professionnels de l’édu-cation attaché·e·s à déconstruire les stéréotypes degenre. Des stéréotypes, qu’il faut combattre très tôt,puisque de récentes études ont démontré qu’ilssont solidement ancrés chez les enfants dès le plusjeune âge.Aborder la question de l’écriture sans stéréotype,tout comme son enseignement, est nécessaire.Cela doit permettre de s’interroger sur la placeque nous souhaitons donner aux femmes de notresociété aujourd’hui et demain. Il est impératif qu’ellesoit plus juste et plus égalitaire.Pour l’Unsa Éducation, cela doit passer par un ap-prentissage de l'égalité entre les filles et les garçonsdès la petite enfance.C’est pourquoi, notre fédération relaie les recom-mandations du HCEfh en faveur d’une forme plus inclusive d’usage de la langue française.D’ailleurs, cet article a été entièrement rédigé enécriture inclusive. L’aviez-vous remarqué ?

(1)Pour une communication publique sans stéréotype de sexe.

SociétéÉgalité

[email protected]

Carine Aoun-Boudot@carineaoun1

l’éduc’mag n° 153 - décembre 2017

SociétéLaïcité

2525

Espace public,espace privé ?La polémique autour de la présence de « crèche de Noël » dans les mairies pose la question de la définition du terme « espace public » et de son périmètre.

Les débats sur les signes religieux dans l’espacepublic vont bon train.Seulement, le terme « public » est souvent l’objet demalentendu. Le principe de laïcité prohibe les signesreligieux dans les bâtiments officiels ou, encore,dans les lois et règlements, les financements pu-blics, pour les fonctionnaires, auxiliaires du servicepublic d’éducation, les parents d’élèves qui partici-pent à des activités pédagogiques.Mais partout ailleurs, dans les « lieux publics », s’ap-plique le principe de libre expression. C’est ainsi ques’articulent le principe de laïcité et le principe delibre expression. Certains réclament le bannisse-ment des signes religieux de l’« espace public ».Mais que veulent-ils exactement ? L’interdiction detoutes manifestations d’opinions politiques, syndi-cales, religieuses des services publics gérés parl’État et les collectivités locales et la neutralité desagents ? C’est déjà le cas ! Et c’est une bonne chose ! Alorsréclament-ils l’interdiction d’espaces communs, c’està dire des lieux publics ? La rue, les halls de gare,le métro ? Dans ces espaces partagés par chacun,la liberté de manifester ses convictions n’est limitéeque par le trouble à l’ordre public et le respect desdroits et des libertés d’autrui. La loi du 11 octobre2010 interdisant « la dissimulation du visage dansl'espace public » (au sens commun du terme) estmotivée par des considérations sur la sécurité pu-blique et non par la laïcité. Par conséquent, réclamer la « disparition » de toutesmanifestations de convictions dans l’espace public,c’est bel et bien réclamer l’abolition de la libertéd’expression ! Il ne serait donc possible d’exprimerses convictions qu’à son domicile, dans le « privé » ?

Ici encore les mots sont « polysémiques » puisquel’espace privé recouvre également les entreprisesprivées et les associations. Mais si la loi de 1905 nes’applique pas dans ces lieux, le Code du travail pré-voit que le règlement intérieur peut « contenir desdispositions inscrivant le prinicipe deneutralité (…) des salariés ».Néanmoins, dans l’entre-pr ise mises à par t lesquestions d’hygiène, depropreté, de sécurité,de sûreté et de bon-ne marche de l’en-treprise, c’est la li-ber té qui est larègle mais aucunsalarié ne peut in-voquer des motifsreligieux pour ne pasaccomplir son travail.Cette année, la loi de1905 a eu 112 ans. Àl’UNSA Éducation, nouspensons qu’il serait une erreurde croire que cette loi est dépas-sée, ou encore qu’elle doit changer pour s’adapteraux évolutions de la société.Les principes qu’elle pose sont des principes quis’appliquent à la société française démocratique, à la République et aux religions quelles qu’ellessoient.

[email protected]

Karine Autissier@KAutissier

Des territoires à vivre mieux ?

e psychodrame inachevé (pourl’instant) de la Catalogne a rap-pelé que le territoire est syno-

nyme d’identité et donc, qu’il s’appré-hende à la fois comme lieu d’apparte-nance et comme espace de différen-ciation. Tout nationalisme, qu’il soitgéographique, linguistique, culturel (etsouvent tout cela à la fois) est une ma-nière de se revendiquer d’une commu-nauté (nationale, régionale, locale…)et d’affirmer sa différence avec sesvoisins.

Cette affirmation identitaire peut, as-sez facilement, passer de la valorisa-tion à la hiérarchisation des territoires,de la concurrence à la domination desuns sur les autres et donc à une frac-ture territoriale. Ainsi, est souvent évo-quée une opposition entre les métro-poles et le monde rural. Il se dessine

une « France des villes qui va bien »en rupture avec celle de la périphérieen souffrance (1). Si cette vision restetrop caricaturale et discutable, elle im-pose de réfléchir à la solidarité entreterritoires, aux projets de développe-ment et à la gouvernance territoriale.

Cette localisation (2) n’est pas sans rap-peler cet autre néologisme de « glo-calisation », contraction du « global »et du « local » contenu dans la for-mule « Penser global, agir local », quiréaffirme que la mondialisation im-pose une réflexion large et systé-mique et des actions au plus près deslieux de vie. Si le concept peut parfai-tement convenir au capitalisme, il estaussi une piste pour construire desréponses alternatives à condition qu’ils’accompagne d’un réel « pouvoird’agir » des habitants, des citoyens.

Lucas Chancel (3), codirecteur du labo-ratoire sur les inégalités mondiales àl’École d’économie de Paris, envisage,lui aussi, des démarches internatio-nales et d’autres plus localisées. Il lesvoit dans l’écologie et la nécessairearticulation des efforts entre le servicepublic et les acteurs des mouvementsde lutte contre les inégalités socialeset environnementales. Il prône une« convergence » des actions afin d’évi-ter une concurrence entre l’État et lescollectivités territoriales.

L’économie dite « verte » relève effec-tivement de cette double dimension.L’indispensable prise de conscienceplanétaire (pour laquelle toutes lescraintes sont permises si l’on en jugeles piètres résultats de la COP 23) et

l’éduc’mag n° 153 - décembre 20172626

Il y a des sujets que l’actualité ramène régulièrement sur le devant de la scène, tant ils sont révélateurs des mutations en cours dans notre société et de notre actuelle

incapacité à les prendre en compte, voire à leur apporter des solutions. La question des territoires est un de ces sujets récurrents, actuels et problématiques.

L

l’éduc’mag n° 153 - décembre 20172727

Voir à ce sujet le très bon article « La France périurbaine a-t-elle été abandonnée ? » dans la nouvelle revue Oblik publiée par Alternativeséconomiques, n°1 2018, pages 128-143.

(1)

Terme utilisé par le géographe Christophe Guilluy, « Le crépuscule de la France d’en haut »,Champs-Flammarion, 2016.

(2)

Lucas Chancel, « Insoutenables inégalités. Pour une justice sociale et environnementale »,Les Petits Matins, 2017.

(2)

une multitude degestes du quotidien.

Si la dimension environ-nementale peut être un bonlevier pour articuler le global et lelocal, elle ne peut être dissociée desaspects économiques et sociaux, deculture, de santé, de logement, d’Édu-cation, de loisirs… concernant les ha-bitants des territoires.

C’est donc, plus largement et avanttout, une politique équilibrée et so-lidaire de désenclavement, de déve-loppement, d’aménagement du (des)territoire(s) qu’il est nécessaire deconstruire.

Une articulation indispensable pourcombattre les inégalités et cons-truire des territoires à vivre mieux.

Les mutations du monde :mondialisation, pensées globales et actions locales(page 12 et 13).Le projet de société porté parnotre orientation syndicales’appuie sur cette démarchede réflexion globale qui per-met l’action de proximité, in-dispensable au développe-ment du pouvoir d’agir ci-toyen. Il s’inscrit égalementdans une approche inter-nationale de solidarité, decoopération et de renforce-ment mutuel entre tous lescitoyens du monde.

Dans notre manifeste « Oxygène(s) »

[email protected]

Denis Adam@denisadamunsa

Éduquer avec tact

Vous appelez de vos vœux un cadre déontologique pour les enseignants, de quoi s’agit-il ?On peut définir simplement la notion de déontologie comme un ensemble denormes d’usages auxquelles des pro-fessionnels se réfèrent et qu’ils accep-tent pour accomplir leur mission. J’yvois trois grandes fonctions : participerà la définition d’une identité profession-nelle, donner des point de repères pouragir, et enfin une fonction de moralisa-tion des pratiques professionnelles.

Peut-on étendre ce cadre déon-tologique au-delà de la profes-sion enseignant à tout personneld’éducation ou d’encadrement ?Il pourrait y avoir une partie commune,qui est le dessein de la République deformer ses citoyens mais je pense quechacun des métiers de l’Éducation aune spécificité qui se doit d’être écrite,formalisée. Aujourd’hui, tout est dis-persé dans des circulaires, dans lecode de l’éducation, je souhaite unedéontologie minimaliste que je qualifiede sobriété normative. Pas trop de re-commandations, mais une aide pourexercer les métiers. La Suisse Ro-mande s’est dotée d’un tel outil, enFrance, les Inspecteurs Généraux del’Éducation nationale ont été les pre-miers à le créer, et c’est encore récent(juillet 2014 ndlr).

Votre dernier ouvrage s’intitule « Éduquer avec tact », le tact cen’est pas un peu désuet ? Pour-quoi l’associer à l’Éducation ? Le tact est une vertu reconnue commeindispensable dans les métiers de lasanté, du soin : agir avec tact est unedes compétences à acquérir par cesprofessionnels. C’est une vertu ignoréedes métiers de la relation que sont lesmétiers de l’Éducation. Et pourtant, c’estla vertu relationnelle par excellence,essentielle pour une vie sociale apai-sée. On peut le définir en le distinguantet en l’opposant à la civilité. La civilité,c’est le respect des usages et desconventions alors que le tact se mani-feste précisément là où les préconisa-tions et les règles viennent à manquer.C’est un talent pédagogique car le tactaide à décider rapidement en situation.Il est à la fois sens de l’adresse et sensde l’à-propos. Sens de l’adresse, carquand je parle à Antoine, je ne parlepas à Younès et quand je parle à You-nès, je ne parle pas à Marine. Sens del’à-propos, car c’est le sens de ce quidoit être dit mais aussi de ce qui doitêtre tu ou de ce qui sera dit plus tard. Ily a dans le tact un souci de la manièreet il s’y manifeste une sensibilité à au-trui. L’esthétique du tact est celle del’élégance morale. L’élégance morale,c’est une élégance de la présence, sa-voir se poser sans s’imposer.

Peut-on apprendre le tact ? Et comment ? Le tact s'acquiert au contact des per-sonnes qui en font preuve, on em-prunte énormément à d’autres pourdevenir qui on est, professionnellementet personnellement. Être soucieux de l’autre, ce n’est pas naturel, çase construit. En formation initiale des enseignants, on peut l’intégrer dans lecadre général de la formation éthique.Je vois trois types d’activités pour éveil-ler à cette vertu : le cas pratique (casd’école ou cas exemplaire à étudier et soumettre à la discussion), les di-lemmes moraux et l’écriture (mise enmots de situation ordinaire d’un profes-seur). Ces trois activités doivent s’exer-cer selon la même modalité dans ladurée : en petits groupes, toujours lesmêmes, pour instaurer une confiancepartagée et une absence de jugement.

Vous pouvez nous donner un exemple de dilemme moralqui peut se présenter à l’École ?Les exemples qu’on trouve dans monlivre viennent de mes collègues Cana-diens. Là-bas, la formation des ensei-gnants s’appuie davantage sur l’étudede cas, préférée aux cours magistraux.

Voici donc un dilemme moral à étudieravec des enseignants, en activité ou endevenir :

Eirick Prairat est enseignant chercheur en sciences de l’Éducation à l’Université de Lorraine. Ses travaux en philosophie l’on conduit à croiser

éthique et éducation. Il défend la nécessité de créer une déontologie pour les enseignants et vient de publier « injuste, inutile et inefficace »,

une réflexion sur cette vertu éthique et pédagogique.

Éduc

l’éduc’mag n° 153 - décembre 20172828

Anna a uneclasse d’enfants de 8 ans (3ème année auQuébec). Tous les lundis, elle commence sa semaine par un temps de parole donné à sesélèves sur leurs activités du week-end. Les en-fants aiment cette activité et ne se privent paspour discuter ouvertement. Plusieurs parentsont dit à Anna que leur enfant prépare le di-manche soir la petite présentation du lundimatin. Un lundi, Olivier raconte à la classe qu’ilest allé voir son père en prison. Après sa pré-sentation, les autres élèves, curieux, lui po-sent mille questions. Anna décide de ne pasarrêter la discussion, Olivier se sent à l’aiseet répond à toutes les questions. Il n’hésitepas à entrer dans les détails au sujet de l’em-prisonnement de son père. Le lendemain,dans la salle des professeurs, les ensei-gnants en discutent, les élèves aussi no-tamment en récréation. Certains ensei-gnants se demandent si les élèves ne sontpas trop jeunes pour parler de prison. D’au-tres pensent que ce type d’informationsdoit rester confidentiel.

D’autres enfin craignent qu’Olivier soit rejeté. Anna aurait-elle dû interrompreOlivier ? À-t-elle bien fait de le laisser parler ?

Éduc

Eirick Prairat est professeur de phi-losophie de l’Éducation à Nancy (Univer-sité de Lorraine). Il est responsable àl’Espé de Lorraine du master MEEF Pra-tiques et Ingénierie de Formation, par-cours Recherche « Éthiques et pratiquesde l’Enseignement ». Il est égalementchercheur associé au groupe de recher-che sur l’Éducation éthique et l’éthiquede l’Éducation de l’Université de Québecà Montréal.

Éduquer avec tact

Eirick Prairat, ESF Sciences humaines,

octobre 2017.

[email protected]

Béatrice Laurent@Beaunsaeduc

l’éduc’mag n° 153 - décembre 20172929

Europe & Monde

l’éduc’mag n° 153 - décembre 2017

Syndicats

3030

Du retard dans les objectifs mondiaux de

développement de l’ÉducationL’édition 2017/18 du Rapport mondial de suivi sur l’Éducation de l’UNESCO (GEM),

publié le 24 octobre 2017, met l’accent sur la responsabilité des gouvernements pour garantir une éducation universelle de qualité. Il s’inquiète également du manque

de moyens qui risque de faire prendre du retard sur les objectifs de développement fixés pour 2030 et qui vise une scolarité gratuite et obligatoire pour tous les enfants.

Christian [email protected]

[email protected]

Denis Adam@denisadamunsa

@christi71990661

Les 4 préconisations du rapport mondial de suivi sur l’éducation de l’UNESCO

(GEM) aux gouvernements

Définir les mécanismes de responsabilité des écoles et desenseignants et éviter les mécanismes punitifs, en particulierceux basés sur des mesures de performance à courte vue. Permettre la participation démocratique, respecter la libertédes médias dans leur traitement de l'éducation et mettre enplace des institutions indépendantes pour traiter les plaintes. Élaborer des règles réalistes et efficaces assorties desanctions pour tous les établissements d’enseignement,publics et privés, afin de garantir la non-discrimination etla qualité de l'éducation. Rendre le droit à l'éducation juridiquement contraignant,ce qui n'est pas le cas dans 45% des pays.

ujourd’hui dans le monde, en-core 264 millions d'enfants et dejeunes sont non scolarisés et

100 millions de jeunes ne savent paslire. Moins de 20% des pays garantis-sent juridiquement 12 années d'ensei-gnement gratuit et obligatoire.

Si les responsabilités de ce déficit d’in-vestissement dans l’Éducation sontpartagées, le Rapport insiste sur le fait

qu’il ne faut pas les chercher du côtédes faibles résultats ou de l’absentéis-me des enseignants - accusations à lafois injustes et contre-productives -mais bien dans celles des institutionset des gouvernements qui sont les« premiers à devoir rendre des comptes »et « mettre en place un système édu-catif solide et solidaire ». Ce sont lesconditions indispensables pour remé-dier aux inégalités.

Depuis six ans, la part de l'aide finan-cière allouée à l'Éducation ne cesse dediminuer, alors que les exigences derésultats, de plus en plus fortementportées par les donateurs, ont ten-dance à faire reculer les améliorationsglobales des systèmes éducatifs.

Aussi le rapport affirme qu’il est indis-pensable de rendre des comptes etque cela ne peut se faire que dans« un environnement favorable qui of-fre aux acteurs les ressources, la ca-pacité, la motivation et l'information nécessaires pour s'acquitter de leursresponsabilités ».

A

Autonome de Solidarité @Les_Autonomes

www.autonome-solidarite.fr

« Risques numériques,transfert de responsabilités avec le

périscolaire, vigipirate & état d’urgence… »

Pour les ASL, la prévention est la première des protectionsTout savoir sur l’Offre Métiers de l’Éducation surwww.autonome-solidarite.fr/adhesion et www.maif.fr

: +

33 1

77

37 8

7 87

- ©

PH

OTO

: J.

Del

pire

- Sh

utte

rsto

ck.

JM

AIJ’C’EST SÉRIEUX.A SANTÉ,

actu

elCe

doc

umen

t est

non

cont

r

JCMMU

AJ ACHOISMGE

OANTÉ - PRÉVUTUELLE S

AISIN

ANCEYAOY

embr

e 20

17 -

v96

- N

oO

UD

ETH

OU

Rvé

H

er©

-

aMonlaet

e dnse et 4 milliodcaurotin Fraa cEN pour lMGsint choi

accès aux soins dl’té,solidariyanceoeau de prévle haut niv

nnesopers,anceonfi

itéde qual.e

www.

antig

el.ag

ency

- 009

TIN FOMARRTCHAMPIONC A P O

CADEOUR DU MONDE &

P QO

l’de Mutuelle Générale MGEN, ÉducENMGn°441 922 002,,,,VieEN MG

IIildtiidii

399,685 n°775 ,Nationalecation utuellesm n°440 363 588,, ia,, Fil

ENMGtéiM t llddd

YMPIQUECHAMPION OLLYTHLONDE BIAAT

EN MGté -ia Mutuallde code II du e vrilons du tisposidiaux ses soumisanté,de es CentrMGEN 913,921 n°441 ,socialeet e sanitairAction

e III duvrions du ltisposises aux dies soumilutuelmn°477 901 714,,code de la Mutualité.