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Étude prospective Quel jardin en 2020 ? « Une vision commune prospective est indispensable pour saisir, avant même leur émergence, les enjeux de demain et d’après-demain. » (Dominique Voynet, 10 février 2000) Réalisation Kheolia/Promojardin - 2010 Promojardin / Étude prospective « Quel jardin en 2020?» Copyright Promojardin - Tous droits réservés pour tous pays

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Étude prospective

Quel jardin en 2020?

« Une vision commune prospective est indispensable pour saisir,avant même leur émergence, les enjeux de demain et d’après-demain. »

(Dominique Voynet, 10 février 2000)

Réalisation Kheolia/Promojardin - 2010

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Sommaire

Des jardins pour l’avenir par Patrick MIOULANE, Président de PROMOJARDIN .......................

Note méthodologique ...................................................................................................................

Document de synthèse par Juliette LAUZAC, Chargée d’Études Promojardin et Patrick MIOU-

LANE, Président de Promojardin ....................................................................................................

Conclusions de l’étude

1. Fonctions du jardin en 2020 .......................................................................................................

2. Structure du jardin en 2020 ...................................................................................................................................

3. Aménagement du jardin en 2020 .......................................................................................................................

4. Choix des végétaux en 2020.................................................................................................................................

5. Entretien du jardin en 2020 ...................................................................................................................................

6. Jardin et information en 2020 ...............................................................................................................................

7. Jardin et consommation en 2020 ........................................................................................................................

Conclusions : des perspectives pour le marché ..........................................................................

Annexes

Annexe 1 : étude documentaire préalable ....................................................................................

Annexe 2 : compte-rendu des entretiens avec les « faiseurs de tendance » ...............................

Annexe 3 : compte-rendu des groupes qualitatifs ........................................................................

Annexe 4 : plans des jardins créés dans les groupes qualitatifs ..................................................

Annexe 5 : compte-rendu du sondage quantitatif .........................................................................

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DES JARDINS POUR L’AVENIRSi l’histoire affirme notre présent dans sa légitimité, donne une force culturelle à nos entreprises et permet d’appuyer nos ac-tivités sur une base de connaissances nées de l’expérience, se satisfaire du passé pour construire l’avenir c’est enclencher lamarche arrière. L’association PROMOJARDIN, qui fêtera en 2012 ses 40 ans d’existence, a pour mission de tirer ses marchésvers le haut et de contribuer à leur expansion économique. C’est pourquoi elle est résolument tournée vers demain.

Après avoir fait mieux que seulement résister au maelström de la crise économique mondiale en 2009, les acteurs du jardinespéraient un rebond d’activité en 2010, mais les conditions climatiques peu propices à l’activité et la timidité du pouvoird’achat se sont conjuguées défavorablement sur nos marchés.

Certes les fondamentaux sont bons avec des entreprises créatives et qui bougent. Certes les perspectives de développementnées de la prise de conscience environnementale augurent des lendemains favorables. Mais les menaces qui pèsent sur l’éco-nomie européenne en général et sur la zone euro en particulier rendent plus floues les projections d’avenir.

Les fluctuations rapides et imprévues sur les marchés boursiers accroissent le sentiment d’incertitude et génèrent la prudence.Par ailleurs, la monnaie européenne ayant tendance à jouer au yo-yo, elle défavorise les entreprises ouvertes sur l’export ouliées à l’approvisionnement en matières premières d’origine étrangère. Quant aux tensions sociales générées par un climat po-litique contestataire, elles produisent un effet psychologique néfaste sur le moral des ménages, avec des conséquences néga-tives immédiates sur la consommation, principalement dans les activités de loisirs.

Même si l’envolée du chômage semble s’être un peu ralentie en 2010, conformément aux prévisions des spécialistes, le ni-veau élevé des demandeurs d’emploi dans notre pays (entre 9,3% et 10,1% de la population active selon les sources) freineaussi la reprise de la consommation. Influe également la tendance faiblement inflationniste, qui n’engendre pas de dynamiquedans les investissements.

Selon certains rapports de l’ONU, la conjoncture économique mondiale tend globalement au rétablissement. Toutefois, elletrouve surtout son explication dans l’activité forte des pays émergents. On assiste, et c’est plus réjouissant, à un redressementnotable dans le commerce international et dans la production industrielle mondiale.

Malheureusement, les fortes tensions géopolitiques que l’on observe dans le monde laissent peu de place à une prospectivesereine. Il apparaît donc clairement que l’intelligence créative des entreprises sera le moteur de la relance économique. Elle passepar la recherche et le développement bien sûr, mais aussi par l'organisation, l'anticipation, la diversification, qui permettent unevision globale et partagée de toutes les aptitudes et des décisions favorables au processus d’innovation.

Nous bénéficions en France d’une tradition terrienne et d’une véritable culture du végétal. L’Hexagone représente la plus grandepuissance agricole de l'Union Européenne, soit un quart de la production totale. Notre pays demeure encore (mais sans douteplus pour très longtemps) la seconde puissance agricole du monde derrière les États-Unis.

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Dans le contexte complexe qui vient d’être évoqué, le jardin bénéficie d’une aura très positive et d’un retour en grâce dans lesgrands médias. Notre secteur a montré en 2009 qu’il pouvait constituer une valeur refuge. Il conserve un fort potentiel de dé-veloppement, parce qu’il fait partie intégrante du patrimoine auquel aspire l’être humain moderne.

Pour vous permettre de mieux appréhender les enjeux d’aujourd’hui et vous offrir une vision aussi claire que possible des défisde demain. Pour vous aider à percevoir avec plus de finesse l’évolution comportementale profonde des consommateurs. Pourque chacun puisse finalement répondre encore plus précisément aux attentes de ses clients, le Conseil d’administration de Pro-mojardin a souhaité lancer cette grande étude prospective.

« Quel jardin en 2020 ? ». C’est plus d’une année de travail confiée au cabinet d’enquêtes spécialisé Kheolia, sous la houletted’une commission d’analyse et d’expertise que j’ai eu le plaisir de diriger avec Catherine Jousse (Truffaut). Y ont participé ac-tivement : Alain Caerels† (Nalod’s), Valérie Gotti (Promojardin), Valérie Langendorff (Groupe J), Juliette Lauzac (Promojardin),François Pauly (Jardiland), Emmanuelle Mousset (Truffaut), Alain Roux (Promojardin). Au nom de notre association, un grandmerci à tous et à chacun pour leur engagement, leur clairvoyance et leur professionnalisme. La qualité, la cohérence et la po-lyvalence de notre étude leur doit beaucoup.

Je suis sûr que la consultation et l’analyse des quelque 300 pages qui composent ce document vous conforteront le plus sou-vent dans les analyses et les décisions que vous avez déjà prises ou que vous allez prendre prochainement. Cela viendra toutsimplement confirmer votre clairvoyance. Il est certain aussi que différentes pistes inattendues s’ouvriront et qu’une réflexion,un commentaire, un desiderata exprimé au fil des pages de l’étude sauront vous interpeller et vous entraîner dans de nouvellesactions. C’est pour cela que ce travail a été réalisé.

Je souhaite que cette première étude prospective signée PROMOJARDIN constitue pour vous un outil de travail au quotidien.Nous avons tout mis en œuvre pour qu’elle favorise une approche dynamique et objective de votre politique de développement.Nous y voyons une vision confiante d’un avenir positif pour nos marchés.

Bien jardinièrement

Patrick MIOULANEPrésident de PROMOJARDIN

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LES FONCTIONS DU JARDIN EN 2020

Analyse

Le jardin c’est un refugePour les Français interrogés dans le cadre de notre étude, l’avenir s’inscrit plutôt en sombre. Les

inquiétudes se cristallisent autour de quatre axes majeurs :

• La crise économique mondiale

• Les changements climatiques et la pollution

• La densification de la population de la planète

• Le vieillissement de la population occidentale

Ces craintes entrent en résonance avec l’évolution prévisible des conditions de vie. Dans la dé-

cennie à venir, l’impact des facteurs socio-économiques devrait toucher l’habitat, poussant les Fran-

çais à se replier davantage sur eux-mêmes.

L’étude AGORA 2020, menée par la Direction de la recherche et de l’animation scientifique et tech-

nique (DRAST), identifie ainsi quatre facteurs de risque :

• Délocalisation massive de l’industrie hors de France, et recentrage de l’ensemble del’économie sur les services.

• Baisse sensible des revenus des retraites avec la fin de « l’âge d’or » des personnesâgées à fort pouvoir d’achat.

• Émergence d'une nouvelle génération de risques pour l'environnement ou pour la santé.

• Crise majeure des zones périurbaines (deuxième et troisième couronne). Risque d’émer-gence de nouveaux « ghettos »…

Les personnes interrogées dans le cadre de l’étude anticipent cette dégradation du contexte socio-

économique, comme en témoignent leurs propos alarmistes : « Le futur, c’est inquiétant », « 2020,

c’est la surpopulation, c’est la famine », « il va y avoir de plus en plus de gens surendettés »,

« moins de travail, plus de chômage », « on va encore perdre en pouvoir d’achat ».

Dans cette vision volontiers dramatique de l’avenir, les espaces extérieurs apparaissent comme

des havres de paix épargnés, des bastions inattaquables où l’on peut se ressourcer : « le jardin

nous appartient, même s’il c’est petit », « notre jardin, c’est un cocon », « c’est un univers pour notre

famille », « c’est un espace de liberté », « c’est l’endroit où je m’échappe de la réalité », etc.

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Accueillir la famille et les amisDans un contexte nettement affiché de crainte de l’avenir et de repli sur soi, les liens avec les

proches se renforcent. Les valeurs familiales sont fortement investies, et le besoin de lien social se

fait plus que jamais sentir.

Le jardin représente alors un théâtre privilégié pour ces échanges : « on s’y retrouve en famille,

dans la bonne humeur », « on s’y détend », « on y reçoit nos amis, pour l’apéro ».

Le jardin poursuit sa tendance évolutive vers une véritable pièce à vivre. Il projette à l’extérieur l’usage

que l’on fait du salon à l’intérieur.

Lorsqu’on demande aux Français « Quelle fonctions aura votre espace extérieur en 2020? », la

convivialité est la grande gagnante. Évoquée spontanément par 58% des répondants, la notion

d’accueil, de réunion et de partage semble incontournable.

NB. La proportion d’opinions positives pour le jardin en tant que lieu de convivialité, exprimée parles Français interrogés dans notre étude, se situe en hausse par rapport aux déclarations actuelles

concernant les espaces extérieurs. On y sent fortement une volonté de repli sur soi-même.

La place prépondérante de l’enfantQue ce soit à l’intérieur de la maison comme à l’extérieur, la prépondérance de l’enfant s’impose de

plus en plus. Partie intégrante du jardin de 2020, l’espace jeux n’est plus une simple concession aux

désirs de l’enfant. C’est le résultat d’un arbitrage de l’adulte, qui souhaite privilégier l’activité de

plein air de sa progéniture.

Faire bénéficier toute la famille d’un jardin est désormais considéré comme un facteur de santé et

d’équilibre psychique : « dans mon jardin, je m’oxygène, je respire, c’est bon pour ma santé »,

« c’est un endroit sain ».

Équipé d’installations ludiques, l’espace de jeux occupe une place privilégiée. Il peut se limiter à

une simple étendue d’herbe : « un espace libre, où les enfants peuvent faire tout ce qu’ils veu-

lent », « il n’y a rien de fragile », « c’est séparé des zones où l’on se repose ».

À l’inverse, les Français imaginent aisément un jardin très élaboré, pris sur le modèle du jardin pu-

blic : « on y installe des balançoires, des toboggans », « il y a des tapis comme dans les jardins

publics, pour la sécurité ».

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NB.On constate une réelle confiance des personnes interrogées sur l’évolution des offres de produitset d’affirmer : « il y a des jeux que l’on ne peut pas encore imaginer, ils existeront en 2020, ce sont

ceux que tous les enfants voudront. »

Le jardin devient nourricierDéjà amorcée depuis quelques années, mais franchement affirmée depuis 2009, la tendance vers

le potager devrait perdurer. Les trois principales motivations en faveur d’un espace vivrier, telles

qu’elles sont déjà identifiées à l’heure actuelle, ne pourront que s’amplifier.

La première évocation mise en avant par les Français est une motivation économique : produire

des fruits et des légumes soi-même permet de réaliser des économies. Or, les personnes interro-

gées anticipent une dégradation de leur situation financière à l’horizon 2020 : « on va encore per-

dre en pouvoir d’achat », « tout va être de plus en plus cher ». Et jusqu’à affirment : « même la Chine

ne va pas s’en sortir ».

Il en découle un recours naturel au jardin, qui retrouve ainsi une de ses valeurs premières, oubliée

pendant quelques décennies : la fonction nourricière. « On pourra toujours cultiver son potager si

l’on ne trouve plus rien ailleurs ».

La troisième est une motivation sanitaire : récolter des fruits et des légumes sains, dont on maîtrise

l’ensemble du processus de production, tout en ayant la possibilité de bannir tout apport chimique

de synthèse. « Pour certains, le seul moyen de manger des fruits et des légumes frais sera de les

cultiver soi-même ».

NB. Il faut voir à travers ce positionnement plus vivrier, un bouleversement durable dans l’approchedu jardin par les consommateurs d’aujourd’hui et de demain.

Le jardin, une bouffée d’oxygèneCorollaire à la fonction nourricière, une nouvelle orientation pour le jardin semble émerger dans l’es-

prit du grand public, alors qu’elle relevait jusqu’alors de l’univers médiatique.

Il s’agit de l’utilité du jardin, non plus par rapport à soi, mais par rapport à l’environnement et à la col-

lectivité. Le jardin est ressenti comme bénéfique à tous.

La vision du jardin comme un « poumon vert » devient une véritable attente, tandis que les béné-

fices personnels en sont nuls. Cette position idéaliste témoigne d’un ancrage de la prise de

conscience environnementale des Français, quel que soit leur milieu. Respecter la nature et l’envi-

ronnement n’est plus aujourd’hui l’apanage des « bobos » ; cela devient un credo récurrent dans

la plupart des classes sociales.

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Entretenir un jardin individuel constitue la meilleure manière de s’impliquer personnellement dans la

protection de l’environnement, tout en répondant aux difficultés économiques. Cette perspective

prend tout son sens dès lors que la confiance dans les institutions en général et les pouvoirs pu-

blics en particulier, s’érode continuellement : « nous sommes impuissants face à la dégradation

économique », « nos enfants vont devoir nous aider ».

L’enjeu environnemental est souvent pensé en relation avec l’enfant : « quand on explique aux en-

fants ce que l’on plante et comment, on en fait des acteurs responsables ».

Le fait de transmettre aux générations futures un environnement propre débarrassé de la pollution

qu’a générée l’ère industrielle, préoccupe de nombreuses personnes. Aux craintes d’une dégra-

dation de l’environnement : « trop de constructions, trop de bâtiments, on étouffe », « on manque

d’oxygène », « on va vers la destruction de toutes nos forêts », répond la vision du jardin individuel

comme un véritable poumon : « dans le jardin, on respire, c’est un bol d’oxygène », « une terrasse,

un balcon fleuri, dans les villes, ça permet d’oxygéner ».

La notion de biodiversité, très médiatisée, trouve aussi un écho dans le grand public, sans qu’il soit

vraiment capable d’en définir la teneur. En revanche, le jardin apparaît comme un élément positif à

ce sujet : « le jardin, c’est l’assurance d’une grande biodiversité ».

NB. Il est temps que le jardin soit mis en exergue comme un élément majeur et positif dans la pré-servation de l’environnement. Le futur développement du marché passe certainement par là.

Une évolution créative pour le jardinPersuadé qu’il est investi d’une responsabilité envers l’environnement et les générations futures, le

jardinier de 2020 intègre pleinement l’objectif esthétique.

Le jardin est un vecteur de beauté, aux vertus rédemptrices dans un univers inquiétant : « un jardin

permet un rapprochement avec la nature, c’est beau, c’est l’harmonie », « les fleurs, les arbres,

c’est ce qui rend les villes plus jolies », « lorsqu’on se promène, c’est beau de regarder la verdure

et les fleurs dans les jardins », « les pelouses sont des écrins dans la ville ».

Jean-Luc Charruault, Directeur général de Terrena grand public, imagine pour sa part : « une ten-

dance du futur serait la déclinaison de jardins à thèmes. Cette tendance existe déjà à l’intérieur des

maisons, comme en témoignent les décorations mises en valeur dans les grandes enseignes de

bricolage comme Leroy Marlin ou Castorama. Ainsi pourrait apparaître le jardin - ou la terrasse -

méditerranéen, le jardin zen, le jardin anglais… Selon l’habitat urbain ou rural, moderne ou clas-

sique, on se verra proposer des choix de thèmes qui correspondront à nos goûts. »

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NB.On observe une modification comportementale majeure chez les jardiniers de demain. L’aspectdécoratif du jardin reste induit (il est beau de fait), mais on lui donne de nouveaux objectifs, de nou-

velles valeurs, de nouvelles fonctions.

ConclusionsFace à un monde qui suscite l’appréhension, le jardin de 2020 est investi de nombreux objectifs. D’un

simple espace extérieur à la fonction ornementale passive, il devient alternativement ou simultané-

ment : refuge individuel, lieu de vie familial, espace de développement social, vecteur d’expression

artistique, source d’oxygène, réserve de légumes et de fruits, accueil pour la biodiversité, espace

de nature en liaison avec le milieu urbain, etc.

Cet investissement multiforme s’opère sur une base affective forte. En tant qu’espace privé, le jar-

din apparaît comme l’un des derniers bastions inattaquables d’une individualité menacée.

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LA STRUCTURE DU JARDIN EN 2020

Analyse

Urbanisme, habitat et jardinLe jardin de 2020 est fortement conditionné par les perspectives en matière d’urbanisme et d’ha-

bitat. La prochaine décennie devrait être marquée par deux phénomènes contradictoires.

• L’urbanisation devrait se poursuivre en France, à travers le développement des aires ur-baines. On observera une tendance renforcée au « cluster » de villes (multiplication des « grappes »de villes et de bourgs) et un étalement de l’habitat urbain vers les territoires ruraux (à l’exclusion desplus isolés). 80% des Français vivront en ville en 2025 (75% aujourd’hui).

• Plus marginalement, certains territoires ruraux devraient également se développer, sousl’impulsion d’une population de retraités, française ou européenne, et d’une population urbaine ma-nifestant un actif « désir de campagne ». Ces habitants devraient générer une économie résiden-tielle importante, rendue possible par le développement des NTIC (nouvelles technologies del’information et de la communication) et par des systèmes de transports innovants.

Globalement, la résultante sera négative, ce qui implique, vu la démographie projetée (63 millions

de Français en 2010, 66 millions en 2020, 72 millions en 2050), une poursuite de l’urbanisation et

une diminution certaine des espaces individuels.

Cependant, ces effets seront tempérés par une meilleure valorisation de l’espace. Tandis que les pe-

tites villes chercheront à valoriser leur identité, les grandes métropoles verront émerger de nou-

velles centralités.

NB. La situation se présente comme un enjeu pour les jardins et les espaces verts. La superficie despropriétés individuelles va se resserrer d’où la nécessité d’imaginer de nouveaux outils, de nouveaux

conditionnements, des végétaux plus compacts, etc. Par ailleurs, les espaces verts publics vont de-

venir plus que jamais des zones privilégiées d’importance majeure pour le bien-être des habitants.

Le plébiscite du jardin individuelÀ l’horizon 2020, toutes les conditions semblent réunies en faveur des jardins de type collectif : pour-

suite de l’urbanisation, diminution de l’espace privé, recherche de lien social, valorisation politique

de la démarche, etc. Et pourtant, ce scénario ne fait pas l’unanimité…

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Le jardin collectif, plus couramment appelé aujourd’hui « jardin partagé », est un espace extérieur

public ou privé, mis à la disposition de plusieurs particuliers pour une gestion communautaire. Il peut

être acheté, loué ou prêté. Le nombre de jardiniers qui l’entretiennent est variable. L’adhésion au pro-

jet peut être volontaire, voire militante, ou bien automatique si l’espace est lié à la possession d’un

appartement dans une résidence.

La finalité peut être nourricière,dans la lignée des jardins familiaux (ex-jardins ouvriers),ou purementdécorative comme c’est souvent le cas au cœur des villes. La gestion, les règles de fonctionnementet la gouvernance de l’ensemble peuvent varier considérablement.

Du coté des urbanistes, il existe un consensus global en faveur du jardin partagé. Cet espace cu-mule plusieurs fonctions indispensables à l’horizon 2020 : rafraîchir les villes que le réchauffementclimatique rend inhospitalières sous leur forme purement minérale,développer les relations de proxi-mité, créer des espaces de détente, améliorer esthétiquement le cadre de vie…

Benoît Lanusse, urbaniste au Grand Toulouse, auteur et animateur du blog dédié à l’urbanisme :« rendre la ville à nouveau attractive », explique que : « ces évolutions socio-économiques aurontun impact sur les jardins, les balcons et les terrasses, tant dans leur fonction que dans leurs amé-nagements, avec un rôle plus important et plus positif. On découvre ainsi le rôle de tampon ther-mique que créé le balcon… »

« Les évolutions sont à chercher dans le domaine de la qualité et non de la quantité. Dans les pro-jets immobiliers, où l’on peut créer des ambiances désirables et des espaces restreints. »

« Les espaces collectifs viendront élargir les lieux extérieurs accessibles. Ce sont des espaces detransition, partagés, sur lesquels on installe des barbecues, des tables pour déjeuner dehors… »

Qu’en pense le grand public? Pour les personnes interrogées dans le cadre de l’étude, le jardin par-tagé est réservé aux citadins qui ne disposent pas d’espaces extérieurs.

Paraphrasant Sartre pour qui : « l’Enfer, c’est les autres », le public ne manque pas de souligner lesinconvénients de la promiscuité dans le cadre du jardin : « il faut que ce soit avec des gens avecqui on s’entend bien, sinon c’est l’horreur ».

Les Français restent individualistes et recherchent dans le jardin privatif intimité et personnalisation.« Un jardin partagé ne me plairait pas, je veux être chez moi », « cela manque d’intimité », « il fau-drait que ce soit clos et que l’on puisse faire tout ce qu’on veut dedans », « ce n’est pas un vraijardin », « les jardins familiaux sont tous identiques ».

Pour les personnes interrogées,ce type de jardin est dévalorisant.Dès lors, ils le réservent aux classesles plus populaires,et le cantonnent à un rôle exclusivement nourricier :« c’est un potager pour ceuxqui ne peuvent pas se payer de légumes ».

NB. L’aménagement du territoire devra tenir compte de l’aspiration des Français à la propriété indi-viduelle. Elle se projette chez la majorité des familles avec l’image d’un jardin. Dans ce contexte

structurel, le développement économique du jardin est nettement perfectible.

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Vers une contraction de l’espaceLa notion d’espace est éminemment subjective. D’un point de vue factuel, la taille moyenne des jar-

dins avait progressé depuis une quinzaine d’années, car les COS (coefficients d’occupation des

sols), qui déterminent la densité de construction admise étaient faibles (0,10 à 0,20). Mais les PLU

(Plans locaux d’urbanisme) ont tendance à opter pour la préservation des zones agricoles et des

espaces naturels, d’où l’acceptation de la réduction des surfaces de parcelles constructibles.

La superficie moyenne des jardins va donc diminuer régulièrement sous la pression de la densifi-

cation de la population, accentuée par la poursuite de l’urbanisation. Parmi les personnes interro-

gées lors de la phase qualitative de l’étude, certaines partagent ce constat : « il y a trop de

constructions, trop de bâtiments, on étouffe ».

Lorsqu’il s’agit pour le public d’imaginer son propre jardin en 2020, la contrainte d’espace semble

être totalement oubliée. 65% des personnes interrogées pensent que leur espace extérieur sera

plus grand, 27% qu’il sera de même taille, et seulement 8% prévoient qu’il sera plus petit. L’oppo-

sition entre le principe de plaisir et le principe de réalité…

NB. La notion économique semble aussi déterminante dans la prospective du jardin 2020. Le prixdu terrain à construire sera sans doute un des éléments d’arbitrage les plus importants. Reste aussi

à prendre en compte le vieillissement de la population, l’entretien d’une grande propriété étant peu

en accord avec les capacités physiques du troisième ou quatrième âge.

De belles perspectives pour les balcons et les terrassesDans le contexte d’urbanisation, les balcons et les terrasses semblent voués à un bel avenir.

Cet avenir est d’autant plus prometteur que l’idée de végétaliser la ville devient un véritable impé-

ratif. En témoignent les propos des personnes interrogées lors de la phase qualitative : « dans

10ans, ils construiront des terrasses plus grandes, sur des immeubles plus nombreux, mais moins

élevés », « les balcons seront forcément plus spacieux », « au rez-de-chaussée il y aura un jardin,

au milieu des balcons, en haut des terrasses ».

On voit nettement se dessiner l’image optimisée de l’habitat collectif : toute construction s’accom-

pagne obligatoirement d’espaces jardinés à tous les niveaux.

Les personnes interrogées lors de la phase quantitative anticipent ce développement. Elles sont

63% à penser que : « plus de gens disposeront d’un espace extérieur ». Dans le détail, si 66% pen-

sent qu’il y aura davantage de jardins, 84% pronostiquent une augmentation du nombre de ter-

rasses et de balcons.

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NB. Il semble évident que le secteur des balcons et terrasses, déjà bien développé par les actionsmenées antérieurement par Promojardin, représente un relais de croissance très important pour le

marché du jardin amateur.

La miniaturisation de l’espace jardinéL’évolution prévisible de l’habitat mène au syllogisme suivant :

• L’espace consacré au jardin tend à diminuer.

• Les attentes liées au jardin sont de plus en plus importantes et diversifiées.

En conséquence, la superficie disponible doit être découpée et spécialisée pour conserver toutes les

fonctions souhaitées dans un espace réduit.

Lors de la phase quantitative, toutes les personnes appelées à dessiner la projection de leur jardin

en 2020, ont élaboré un plan très structuré, avec des parties bien délimitées (voir annexe 4). Cha-

cune de ces parties correspond à l’une des fonctions affectées au jardin.

NB.On voit nettement se profiler une double évolution des jardins. D’un côté le jardin privé qui amé-liore le cadre de vie et est dévolu aux activités ludiques en famille et entre amis (réception, jeu, repas)

et le jardin collectif (public) qui jouera, du fait de sa superficie plus importante, un rôle de lien avec

la nature, tout en servant de lieu de détente et de promenade.

La fonctionnalisation des parcellesConséquence logique de ce qui est exprimé dans le chapitre précédent : le jardin de 2020 tel que

les Français se le représentent, identifie clairement trois zones fonctionnelles bien délimitées et sys-

tématiquement présentes dans leurs projections :

• La terrasse avec un espace repas.

• La zone de loisirs, essentiellement consacrée aux enfants.

• Le potager.

Si la superficie totale du jardin est vouée à se restreindre, l’espace consacré à ces zones privilégiées,

est au contraire préservé, voire augmenté. En d’autres termes, les zones dénuées d’une fonction

précise sont réduites au profit des lieux plus fonctionnels. Cette fonctionnalisation de l’espace est

la conséquence directe d’un investissement croissant du jardin.

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NB. Plus que jamais le jardin s’affiche comme un lieu de vie. Le temps du « jardin tableau » consti-tué principalement dans un esprit de valorisation sociale avec la mise en valeur d’une propriété de

prestige est révolu. Le jardin s’est définitivement démocratisé. En perdant son côté privilège, il ef-

fectue un retour aux sources dans la symbolique du « jardin d’Éden ».

La constitution d’un monde vivantUn axe d’évolution prometteur pour l’activité jardin de demain concerne l’intégration du jardin dans

un concept global d’écosystème. Cette volonté se porte tout naturellement sur la diversité et l’im-

portance du végétal, mais aussi, et c’est nouveau, sur la présence d’animaux.

Les attentes liées au végétal seront traitées dans un chapitre spécifique (voir p. 28).

La problématique de l’animal reste très maîtrisée. Les Français sélectionnent leurs invités et si pos-

sible, ils les domestiquent. Hormis les oiseaux sauvages, toujours bienvenus dans les jardins (sur-

tout les petits passereaux du type mésange, rouge-gorge, gobe-mouches, troglodyte mignon, etc.),

les personnes interrogées, parlent peu de la faune sauvage qui leur est dans sa grande majorité in-

connue et leur inspire une certaine méfiance.

Les représentations graphiques des groupes créatifs comprennent pratiquement toutes une pré-

sence animale : bassin ou mare avec poissons, mais aussi poulailler, ruches, chat et chien…

Même dans la projection que l’on se fait de la terrasse en 2020, le monde animal est présent. Il s’in-

tègre sous la forme très créative d’un aquarium d’extérieur, permettant de profiter visuellement de

la présence de poissons (voir les reproductions en annexe 4).

Il est évident que l’actuelle médiatisation du thème de la biodiversité trouve un fort écho dans le

grand public. Gageons que cette mise en avant ne fait que réactiver une forte attirance de notre in-

conscient collectif vers l’animal, élément majeur du monde vivant, source de nourriture et de reve-

nus depuis l’origine de l’homme, mais également source de beauté (papillons, oiseaux), ce qui

s’accorde bien avec le jardin.

NB. La perception du jardin comme un monde vivant est générale, mais on lui impose des limites.La nature sauvage est exclue du jardin ou tout du moins ses composantes indésirables. La fibre éco-

logique des Français reste assez théorique, en raison d’un manque de proximité avec le monde ani-

mal due à une méfiance atavique. On aime les papillons, mais on déteste les chenilles, on veut

protéger le hérisson mais pas ses puces.

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L’eau omniprésente et animéeLa présence de l’eau dans le jardin est une tendance forte dans les projections des Français inter-

rogés. Incontournable, le milieu liquide cumule des fonctions de bien-être et de convivialité : « on

a plus d’amis l’été quand on possède une piscine », « comme on ne pourra plus partir en va-

cances, il faut prévoir de quoi se baigner dans son jardin ».

L’évocation de l’eau dans le jardin prend la plupart du temps une forme proche de la nature : « il y

a une mare, ou un petit étang, avec des poissons dedans », « une petite rivière coule, alimentée

avec l’eau de pluie récupérée,ce qui produit un joli son ».

On imagine surtout la présence d’un bassin de baignade à filtration naturelle : « en 2020, tout le

monde aura une piscine naturelle », « les prix des bassins naturels vont baisser, cela va se dé-

mocratiser ».

Des installations astucieuses ajoutent la fonctionnalité au plaisir. Une douche est ainsi placée à

proximité de la piscine, tandis que le toit du pool house est connecté à un récupérateur d’eau.

L’enquête quantitative confirme cette attirance. Si 14% des personnes interrogées déclarent pos-

séder une piscine, elles sont 28% à penser qu’elles en disposeront en 2020 (naturelle ou non). On

peut y voir une conséquence indirecte de la mobilisation autour du réchauffement climatique.

NB. Ce besoin d’une présence aquatique s’est traduit de manière presque généralisée auprèsdes personnes sondées pour cette étude. Il s’intègre dans la réflexion globale autour de la prise de

conscience environnementale dont le jardin constitue un des acteurs incontournables. De réelles

opportunités économiques s’ouvrent sur le développement du secteur bassin aquatique (de bai-

gnade ou d’ornement) et toutes les activités périphériques qu’il peut générer.

Végétal et minéral en harmonieDans le jardin de 2020, le minéral a sa place, mais il reste largement en retrait du végétal.

Sous forme de blocs rocheux, le minéral développe une relation quasi symbiotique avec les végé-

taux, mais dans une volonté d’esthétique inspirée du Japon. Cette tendance beaucoup plus pro-

noncée dans les milieux urbains pourrait sembler paradoxale, mais elle marque l’attachement des

Français à la pérennité du jardin et à des interventions d’entretien limitées.

Si le pas japonais est le plus fréquemment cité, on observe également un développement du goût

pour des compositions minérales de type « jardin zen » (sur les terrasses et en ville). Cette tendance

reste néanmoins marginale et ne semble pas devoir être concrétisée par plus de 5% du public.

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Il est fait aussi mention du minéral comme élément de couverture du sol (paillis de pouzzolane, de

schiste ou de pétales d’ardoise). Le but est tout autant esthétique que pratique. On cherche avec

cette technique à réduire les opérations d’entretien, notamment le désherbage.

NB. La minéralité que l’on trouve prédominante dans un grand nombre de compositions paysa-gères contemporaines,commence à toucher le grand public. Il s’agit toutefois d’un épiphénomène

dont l’impact culturel reste limité. Pour les Français, le jardin reste avant tout un univers végétal, le

minéral ayant une vocation fonctionnelle.

ConclusionsLe jardin de 2020 se dessine en réaction aux contraintes externes : poursuite de l’urbanisation, di-minution des surfaces disponibles, mais aussi aux obligations internes : des attentes qui se multi-plient, et un investissement affectif qui s’enracine.Les conséquences devraient être positives pour notre marché. En effet, même si le jardin va tendreà se miniaturiser, il va se densifier. Plus d’éléments de structure, plus d’équipements pour faciliterle confort et l’entretien, plus de végétaux pour obtenir un écosystème, intégration de l’animal et del’eau. La demande devrait progresser sur les plans quantitatifs (plus d’achats) et qualitatifs (plus dechoix, plus de produits durables, plus de haut de gamme).

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AMÉNAGEMENT DU JARDIN

Analyse

Véranda ou terrasse?Dans les représentations émanant des groupes interrogés, la terrasse s’impose comme un élément

incontournable. Multiforme, elle se prête à tous les scénarios possibles en matière d’habitat.

• Dans l’habitat individuel, la terrasse remplit systématiquement une fonction de sas entre l’in-térieur et l’extérieur. Elle représente l’élément de base du mode de vie « dedans/dehors ».

• C’est le lieu de convivialité par excellence. On y installe un salon de jardin, un barbecue,un luminaire, éventuellement un parasol chauffant pour en profiter plus longtemps.

• En milieu urbain, la terrasse est pressentie comme une véritable alternative au jardin. Elleconcentre dans un espace réduit toutes les fonctions assignées à un jardin : barbecue etherbes aromatiques assument la fonction nourricière, associés à un espace repas.

Dans la projection prospective réalisée par les groupes de travail, la terrasse est prolongée par un

espace engazonné. Il est agrémenté d’un mur végétal, d’un bassin/aquarium, de chaises longues

et d’arbustes, qui concentrent les fonctions de décoration, de personnalisation, de convivialité, de

détente, d’oxygénation et de créativité.

Le matériau privilégié est le bois, pour sa proximité avec le végétal et pour sa chaleur.

Il est à noter que dans les représentations spontanées des Français interrogés dans cette étude,

la véranda est totalement absente. En revanche, à partir d’un questionnaire assisté, 20% des per-

sonnes projettent la présence d’une véranda dans leur jardin en 2020 (contre 10% de possesseurs

actuels). Cette apparente contradiction met en évidence un souhait de renouvellement.

Dans les projections, ce n’est pas la véranda mais la terrasse qui est chargée de la transition dedans-

dehors. De la véranda, il ressort surtout la luminosité intérieure car toutes les représentations com-

prennent de larges baies vitrées ouvrant sur la terrasse.

La véranda est considérée comme un espace intégré à la maison et non une projection vers le jar-

din. D’ailleurs, le végétal y est très peu présent. Lorsque la véranda est associée à l’image d’une

serre (ce qui est très minoritaire chez les Français), elle joue un rôle de conservatoire pour héber-

ger des plantes d’intérieur (non indigènes et non rustiques) ou elle sert à hiverner des méditerra-

néennes et autres plantes frileuses (géraniums, fuchsias). La notion de jardin d’hiver paraît assez

désuète ou réservée aux passionnés et aux collectionneurs.

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NB. Par la présence systématique d’une terrasse, la prise en compte de l’espace extérieur est de-venue primordiale dans toute construction individuelle. Le marché des caillebotis et des lames de ter-

rasses en bois, complété par les produits d’entretien, doit pouvoir être capté par les spécialistes du

jardin. On peut augurer aussi le développement du mobilier d’extérieur, des poteries, barbecues,

jeux de plein air, luminaires de terrasse, parasols chauffants, etc.

Tonnelle et pergola à l’honneurConstruction légère qui contribue au bien-être à l’extérieur, la tonnelle ou la pergola montre une

forte dynamique. 27% des personnes interrogées plébiscitent ce type d’aménagement, bien que

le taux de possession actuel reste beaucoup plus bas (13%).

Ce fort différentiel bénéficie certainement d’un transfert affectif opéré de la véranda vers la tonnelle.

Tonnelle et pergola présentent le mérite d’associer structurellement le végétal et de participer au

décor même du jardin. Ce n’est pas le cas de la véranda qui constitue un agrandissement de la mai-

son et devient partie intégrante de son architecture.

Tonnelle et pergola évoluent au rythme des saisons grâce au végétal. Elles font partie du « pro-

gramme de convivialité » que l’on projette dans le jardin de demain, avec la notion idéalisée de la

treille généreuse sous laquelle on s’ombrage pour partager un repas, tout en ayant l’impression

d’être à la fois abrité et en plein air.

Tonnelle et pergola s’habillent de plantes grimpantes rustiques à la végétation foisonnante, ce qui

répond à la notion de développement de la biodiversité.

Ces constructions mettent en œuvre un principe simple de construction bioclimatique : les grim-

pantes caduques laissent passer la lumière en hiver,ce qui réchauffe le sol et permet à une végé-

tation basse de se développer (bulbes, vivaces, couvre-sol). Lorsqu’elles sont couvertes de leur

feuillage, elle offrent un ombrage naturel aux propriétés rafraîchissantes en été.

NB. Des motivations très en vogue et un investissement raisonnable, associés au besoin de re-nouvellement et de mise en scène du jardin, devraient alimenter le phénomène de transfert de la vé-

randa vers le couple terrasse/tonnelle ou terrasse/pergola.

Garage et abri de jardin, une nouvelle visionLa présence d’un garage intégré au jardin amorce un léger retrait, avec 27% de possession prévi-

sionnelle contre 30% de possession actuelle.

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À l’opposé, l’abri de jardin semble bénéficier d’un regain d’intérêt. Si 26% des personnes interrogées

déclarent en posséder un, elles sont 38% à souhaiter sa présence. Les souhaits s’orientent majo-

ritairement vers des constructions en bois.

Dans la notion « abri de jardin », il faut aussi inclure celle de « cabane » ou de « cabanon ». L’abri

de jardin n’est plus un fourre-tout dans lequel s’entassent outils, produits, matériels et accessoires,

mais une construction accueillante (souvent avec une mini terrasse) d’où l’on peut contempler son

jardin, tout en se reposant ou en devisant.

La cabane dans un arbre est plébiscitée, mais elle reste associée au domaine du rêve car la ma-

jorité des Français ont conscience qu’il s’agit d’un investissement coûteux et rarement réalisable

dans le contexte de leur jardin.

La poussée de l’abri de jardin est à rapprocher du transfert véranda/tonnelle - pergola. Dans leur

vision de l’avenir, les Français semblent privilégier des solutions plus légères que le bâti traditionnel,

tout en continuant à déplacer leur cœur de vie de l’intérieur vers l’extérieur.

La valeur positive que notre époque accorde au concept de nomadisme n’est sans doute pas étran-

gère à l’élan enregistré pour les cabanons de jardins. La mobilité n’a jamais été aussi forte dans

notre société, ni la visibilité si courte, d’autant que les familles recomposées représentent une part

importante de la société française.

NB. Une grande part de la génération des 20/40 ans actuels parvient difficilement à se projeter àl’échelle de dix ans. Dès lors, il est logique de s’éloigner des programmes lourds et définitifs en ma-

tière d’aménagement, pour privilégier des solutions plus souples et surtout modulaires.

Le mobilier de plein air, toujours plus cosyEn 2020, le jardin sera plus que jamais une pièce à vivre. Les évolutions en matière de design du mo-

bilier ne se cantonnent pas à l’intérieur de la maison. On peut distinguer les tendances suivantes :

• Mobilité et modularité

• Multiplication des styles et des matières

• Des formes inspirées de la nature

• Humour et poésie répondent à la fonction du jardin créatif

• Le jardin, une pièce à cuisiner

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L’évolution de la demande de mobilier de jardin devrait être plus qualitative que quantitative. Notre

enquête quantitative montre que le taux de possession prévu (67%) est en-deça du taux de pos-

session actuel (71%).

Équipement traditionnel, dont le potentiel d’évolution n’est pas clairement perçu par le grand pu-

blic, le mobilier de jardin devra faire preuve de créativité pour gagner du terrain, face à la concur-

rence d’éléments attractifs plus récents comme les points d’eau par exemple.

Les Français souhaitent des meubles de jardin esthétiques, confortables et faciles d’entretien : « la

table doit être fabriquée dans un matériau qui ne s’altère pas », « on dirait du bois mais en fait, c’est

un matériau inventé qui n’a pas besoin d’entretien », « on peut le laisser dehors toute l’année sans

s’abîmer » « les chaises longues ont des housses que l’on peut changer facilement, c’est une

touche déco », « tout est lavable ».

Il faut souligner que les bancs suivent une tendance inverse. Le taux de possession actuel de 23%

s’oppose une possession prévue de 38%. Cette dynamique peut s’expliquer par le caractère

« communautaire » du banc, par son côté « rétro », évocateur de la cour d’école.

Le banc prend aussi une valeur décorative par sa position dans le jardin. On l’intègre volontiers à

l’angle d’un massif. Il trouve sa place sous une arche végétale (rosier, clématite, glycine), il sert de

point d’orgue dans un effet de perspective.

On apprécie aussi le banc parce qu’il permet de se « poser » dans le jardin pour en améliorer la

perception, découvrir les parfums de fleurs, le murmure de la fontaine ou tout simplement bénéfi-

cier d’un point de vue « stratégique » vers la maison.

Le parasol dispose d’une bonne marge de progression avec une possession actuelle de 52% pour

une possession prévue de 60%. On peut y voir une anticipation du réchauffement climatique ou la

volonté de passer plus de temps à se détendre à l’extérieur.

NB. La tendance à l’uniformité dans les matériaux et les lignes proposés aujourd’hui, incite guèreles Français à fantasmer sur le mobilier de jardin. C’est peut-être aussi un signe de satisfecit par rap-

port à l’offre actuelle. Mais vu l’augmentation du temps consacré à la convivialité en plein air qui se

dessine, il y a sûrement intérêt à faire bouger ce secteur pour éviter qu’il se banalise.

Les matériaux en attente de renouveauAu travers des entretiens qualitatifs, de nombreuses attentes émergent en matière de matériaux.

Outre le mobilier de jardin qui a été évoqué plus haut, ces attentes se concentrent essentiellement

le revêtement des terrasses.

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Il est curieux de constater que la facilité de pose ne figure pas au menu des desiderata. Les évolu-

tions apportées ces dernières années, notamment la fixation par clips des lames de terrasse, ont

sans doute comblé les consommateurs.

En revanche, on observe une demande non satisfaite en matière d’entretien des matériaux exposés

aux intempéries.

Les Français espèrent bien qu’en 2020, les terrasses allieront esthétique et facilité d’entretien. Sur

ce sujet, les participants aux groupes de réflexion débordent d’imagination : « des dalles auto-

chauffantes », « des tommettes high-tech autonettoyantes », « un sol qui change de couleur »,

« de la luminothérapie pour retrouver de l’énergie », « du béton ciré écologique », « une sorte de

parquet noir, avec des lumières qui mènent jusqu’à la piscine ».

NB. On voit nettement se dessiner une forte attente technologique sur des matériaux qui intègrentles composants ludiques qui progressivement envahissent le quotidien de la maison. On peut crain-

dre dans ce contexte une érosion des matériaux traditionnels Si le bois conserve une forte cote

d’amour, on sent le public très réceptif aux matériaux composites. La conscience écologique sem-

ble encore peu présente dans cette catégorie de produits.

À table dans le jardinDéjà très présent dans le quotidien des Français, le barbecue reste un élément incontournable avec

62% de possession actuellement, mais il demeure relativement stable avec 66% d’intentions de

possession. Rien d’étonnant à cela, puisque la cuisine de plein air répond parfaitement à deux des

grandes attentes identifiées dans le premier chapitre : la présence d’un espace repas et la convi-

vialité dans le jardin.

Notons que les personnes interrogées dans le cadre de l’étude ne semblent pas attendre d’inno-

vations particulières sur ce sujet.

Si elle apparaît comme acquise dans l’esprit du grand public, l’utilisation du jardin comme espace

repas semble avoir atteint ses limites. En effet, on n’observe aucune projection concernant une évo-

lution de la préparation des repas en extérieur. Le barbecue est essentiellement consacré à la cuis-

son, le lieu de confection reste bel et bien la cuisine traditionnelle, à l’intérieur de la maison.

Les attentes des Français se concentrent plus sur le confort et l’agrément de l’espace repas exté-

rieur que sur sa fonctionnalité. Ce n’est pas un lieu de réception gastronomique, mais sympathique,

détendu, « à la bonne franquette ».

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NB. L’image bucolique du « déjeuner sur l’herbe » chère à Édouard Manet a bien vieilli et la notionde « repas à l’extérieur » va encore se développer demain, mais sans que la terrasse soit spéciale-

ment aménagée en ce sens. Il faut donc peut-être relativiser l’idée de « cuisine d’extérieur » vers la-

quelle semblent tendre certains fabricants.

L’espace de jeux devient incontournableS’inscrivant en parallèle à la salle de jeux dans la maison, la création d’un espace de loisir dans le

jardin matérialise la place de plus en plus importante consacrée à l’enfant.

Si 18% des personnes interrogées déclarent disposer aujourd’hui d’un espace de jeux pour les en-

fants dans leur jardin, elles sont 26% à le prévoir à l’horizon 2020.

Le désir d’aménager ce territoire ludique apparaît clairement dans les projections graphiques réa-

lisées par les groupes qualitatifs.

Situé à proximité de la terrasse (point stratégique du passage intérieur/extérieur), l’espace de jeux

permet une surveillance aisée, tout en intégrant pleinement l’enfant. On est loin de l’image d’Épinal

de la traditionnelle balançoire au fond du jardin…

Terrain de badminton, cabane, toboggan, balançoire, agrès, bascules, portiques d’escalade, etc.,

les installations, inspirées des jeux de jardin public, s’inscrivent en grand.

Notons que dans la majorité des projections à dix ans, le jardin intègre dans sa globalité des élé-

ments ludiques destinés aux adultes comme aux enfants. Les notions de jardin à vivre et de jardin

plaisir s’imbriquent intimement dans le jardin de 2020.

L’irruption de l’animal dans le jardin ne peut être dissociée de la notion de jeu et surtout de l’amé-

nagement extérieur en faveur de l’enfant. Dans un monde de plus en plus virtuel, la perspective de

pouvoir montrer à son enfant que c’est bien la poule qui fait l’œuf passe, en quelques générations,

d’un marqueur social (appartenance à la classe paysanne) au rang d’expérience initiatique…

De même, nous verrons dans le chapitre suivant que le potager glisse d’une fonction strictement

nourricière à une fonction affective et pédagogique.

NB. L’investissement de la relation enfant/jardin se traduit par la matérialisation d’un territoire biendélimité « jeux », mais plus largement par l’introduction dans le concept même du jardin, de nombreux

éléments ludiques et pédagogiques, destinés aux enfants comme aux adultes. On voit nettement se

dessiner ici une évolution importante de la structure du jardin, de son approche et de sa finalité.

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La protection de l’environnement est omniprésentePortés par la forte médiatisation des problématiques environnementales, les équipements liés aux

comportements écologiques occupent une place de choix dans le jardin de 2020.

La gestion de l’eau est une problématique centrale, nourrie par les inquiétudes relatives au ré-

chauffement climatique et le souci de protéger les nappes phréatiques. Si 28% des personnes in-

terrogées disposent d’un système de récupération d’eau de pluie, elles sont 51% à souhaiter

l’intégrer au jardin de 2020.

Découle de cette préoccupation (mais aussi de la demande d’un entretien réduit) la volonté de dis-

poser d’une offre de végétaux peu gourmands en eau.

Pour 19% des répondants, le récupérateur d’eau se complète d’un système d’arrosage automatique

(qui n’est aujourd’hui présent que dans 7% des foyers sondés).

On observe un net transfert en matière d’énergie. Les éclairages de jardin électriques traditionnels

passent de 36% de possession actuelle à 26% de possession prévue, tandis que les éclairages

solaires (17% de possession actuelle) devraient atteindre 42% en 2020.

Les panneaux solaires, qui émergent à peine aujourd’hui dans le marché grand public (3% de pos-

sesseurs), sont attendus au jardin par 21% des personnes interrogées.

Dans les représentations graphiques, l’énergie solaire est utilisée à de nombreuses fins : éclairage,

production directe d’énergie électrique, mais aussi des idées créatives comme le chauffage via

des parasols solaires et autres velums chauffants : « on aura un parasol solaire qui fera tourner le

moteur de la fontaine sur la terrasse », « le parasol, c’est une grande toile géante qui emmagasine

le soleil durant la journée et restitue de la lumière la nuit ».

Notons toutefois que certaines des personnes interrogées jugent la technologie encore immature.

Elles attendent des améliorations : « les fabricants doivent faire des efforts pour rendre les pan-

neaux solaires plus jolis, je ne me vois pas en mettre dans mon jardin actuellement. »

En matière énergétique, signalons que la production d’énergie éolienne n’est pratiquement pas citée

par les personnes interrogées. Bien que disponible à l’échelle individuelle, l’éolienne semble ne

susciter que peu d’intérêt, alors que le solaire apparaît comme acquis.

Cette désaffection de l’éolien peut sembler logique dans le contexte du jardin que l’on cherche à

abriter de vents dominants pour le bien-être des végétaux et la sensation de confort ensuite.

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La pratique du compostage semble devoir se développer. Un espace pour le compost est en effet

attendu par 39% des personnes interrogées, pour un taux de possession actuel de 30%.

Certains pensent que le compostage sera pratiqué à grande échelle et de manière plus organisée :

« même dans les immeubles, on équipera les appartements de composteurs ». Tempérons cette

perspective par le fait que, parmi le grand public, peu de personnes sont au fait des processus bio-

logiques complexes mis en œuvre dans le compostage et des contraintes inhérentes à cette tech-

nique pour obtenir un produit agronomiquement valable et foncièrement sain.

NB. L’étude met en exergue de façon magistrale les ambiguïtés comportementales liées à la mé-diatisation des énergies renouvelables e de la récupération des déchets. Le public montre une forte

réceptivité à ces nouvelles technologies, mais il reste dubitatif sur ses performances (vu le coût des

investissements). Il y a toutefois des « voies commerciales à creuser » pour développer des offres

qui soient non seulement séduisantes pour le bénéfice environnemental obtenu, mais aussi raison-

nables sur le plan économique.

Une audace créative assez limitéeL’anonymat engendré dans les grandes agglomérations est ressenti comme un point négatif. Il

trouve sa réponse dans le jardin créatif… mais prudent.

Il est notable que les plans de jardin dessinés par le groupes d’expression dans le cadre de l’étude

restent très conventionnels et pragmatiques, comme si une forme d’autocensure prévalait.

En pleine période de crise économique, le principe de réalité prime sur l’évocation du plaisir. Si

l’évasion est nécessaire à un bon équilibre, elle donne lieu à des fantasmes modestes, tempérés

par un nécessaire pragmatisme. Nous sommes loin de la démesure des années 1970!

Les projections les plus audacieuses se limitent souvent à une table transparente, des pots lumi-

nescents, des murs végétaux ou une cascade murale.

Les fantasmes du grand public restent nettement en retrait des visions créatives des designers, qui

misent beaucoup sur les nouveaux matériaux. Le recours aux matières recyclées, à des pliages et

feuillages de haute technologie, associés à des traitements de surface innovants, inaugurent pour

ces professionnels une révolution dans le mobilier d’intérieur et d’extérieur. Reste à savoir si cette

nouvelle génération de produits saura convaincre le grand public, qui reste globalement conser-

vateur en la matière.

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NB. « C’est souvent dans la démesure que s’exprime le génie » et une certaine sérénité économiqueet sociale est nécessaire pour que se traduisent les envies les plus profondes. Dans la période de

crise que nous connaissons, il est normal que les Français se montrent timorés et n’expriment pas

de souhaits délirants. Le jardin de 2020 s’inscrira dans une certaine continuité, tout en répondant aux

attentes profondes comportementales et environnementales.

Le jardin est associé au bien-êtreDans le contexte bien mis à jour et franchement exprimé de repli sur soi, le jardin de 2020 fait la part

belle aux accessoires de confort.

Aucune des représentations graphiques des groupes de réflexion n’omet l’espace détente. Plutôt

situé à proximité de la terrasse, mais parfois dans une zone plus éloignée, comme pour prendre du

recul sur le quotidien, il est omniprésent dans le jardin de 2020.

Dans le jardin détente, l’équipement est soigneusement choisi. Il oscille entre le concept de far-

niente, symbolisé par le hamac ou la chaise-longue en terrasse, et le refuge régressif.

Ce désir de repli sur soi-même est matérialisé par des sièges suspendus, dissimulés dans les ar-

bres ou même des cabanes nichées dans la végétation. Ils permettent de se créer une retraite in-

time où l’on peut se retrancher dans le jardin secret de son enfance.

Le spa, obscur objet de désir, est présent dans la projection du jardin de 2020. Cet accessoire opère

la fusion entre le souhait de détente et le tropisme aquatique. Plus accessible qu’une piscine, tant

au niveau du coût que de l’espace nécessaire, le spa (que le public nomme plus volontiers jaccuzzi)

offre un refuge confortable, permet une bonne relaxation et apporte une touche luxueuse dans un

jardin, pour une somme relativement raisonnable.

Sauna et hammam ne semblent pas faire partie des « fantasmes jardiniers » des Français, sans

doute pour des raisons culturelles qui entraînent une méconnaissance de ces produits et par leur

positionnement haut de gamme et par conséquent onéreux.

NB. Il semble évident qu’en échappatoire à la crise, les Français cherchent une valeur refuge dansleur jardin. Plus que jamais il va se dessiner comme un cocon où tous les éléments favorables au

bien-être pourront être intégrés. L’intégration de ces nouveaux comportements sera capitale dans la

communication jardin de demain.

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L’avènement du jardin des cinq sensDans le jardin de 2020, toutes les émotions sont sollicitées.

Les fleurs, qui restent très présentes, évoquent bien sûr la grâce et la beauté, mais elles prodiguent

surtout couleurs et parfums.

L’eau par son mouvement est agréable à la vue comme à l’ouïe.

La technologie être en symbiose avec la nature. On n’hésite pas à inviter la musique au jardin avec

des haut-parleurs.

Le toucher est stimulé par des végétaux duveteux et soyeux, mais il est aussi la cible des multiples

accessoires de confort que avons évoqués précédemment.

N’oublions surtout pas le goût qui s’exprime avec le potager où sont omniprésents de nombreux ar-

bustes à petits fruits que l’on picore à discrétion.

NB. Le concept du « jardin des cinq sens » imaginé il y a plus de 20 ans par le paysagiste GillesClément est en passe de se généraliser car il correspond aux images d’équilibre, de tranquillité, de

repos et de bien être que veulent ressentir les Français dans leur jardin. C’est une tendance forte qui

s’inscrit sur des besoins profonds et va perdurer au-delà de 2020.

Que la lumière soit !Des systèmes d’éclairage sont présents dans la moitié des plans de jardin réalisés par les groupes

de réflexion. L’apport de sources lumineuses témoigne du désir de profiter plus longtemps et plus

complètement de son jardin.

Beaucoup de projections sont franchement « lumineuses ». On imagine des spots intégrés dans les

matériaux de la terrasse, des pots luminescents, ou encore un revêtement de sol dont la couleur

change, pour faire bénéficier les habitants des bienfaits de la luminothérapie.

Anticipant déjà ces tendances, les designers se montrent très créatifs en matière de luminaires.

Quatre grandes tendances se profilent par rapport aux créations actuelles :

• L’utilisation de l’énergie solaire.

• La création de luminaires « féeriques » sans fil.

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• L’innovation en matière de formes et de couleurs.

• Le concept du « détournement » (déconnecter des objets de leur usage originel).

Signalons une piste novatrice et très intéressante évoquée par le designer Patrick Nadeau, à sa-

voir : l’éclairage par les plantes. « Aujourd’hui, des recherches sont en cours pour obtenir de l’éclai-

rage à partir de certaines algues phosphorescentes. Avec un stimuli électrique très limité, on

parvient à créer des éclairages qui qualifient la lumière. Le végétal est ainsi utilisé comme réflec-

teur et diffuseur de lumière. Les sources lumineuses sont placées à l’intérieur des végétaux, qui mo-

difient alors des ambiances. »

NB. Il est certains que l’on constate un déficit en matière d’éclairage dans les jardins français d’au-jourd’hui. En s’appuyant sur des techniques économes en énergie et des systèmes faciles mettre en

place, il y a donc un véritable marché à développer.

ConclusionsLes aménagements du jardin de 2020 sont soigneusement choisis pour répondre aux principales

attentes. On observe tout d’abord un transfert des aménagements bâtis (véranda, garage…) au

profit d’installations plus légères : tonnelles, pergolas et abris de jardin.

En matière d’équipement, le mot d’ordre principal est le plaisir. Cette recherche de contentement se

décline dans le jardin sous plusieurs formes : manger, se reposer, s’amuser.

La décennie à venir semble ouvrir de vastes perspectives aux industriels qui sauront apporter des

réponses esthétiques, ludiques et innovantes à ces fortes attentes.

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CHOIX DES VÉGÉTAUX EN 2020

Analyse

Une place toujours prédominanteMême si l’on a constaté des évolutions importantes dans la destination finale du jardin, pour la ma-

jorité des personnes interrogées dans le cadre de l’étude, le jardin de 2020 fait la part belle au vé-

gétal. Pour certains même : « 90% de l’espace est consacré aux plantes ».

Balcons et terrasses ne sont pas en reste : « sur les balcons, à part une table, il n’y a que des

fleurs », « sur les terrasses, il y a des plantes partout : au sol, au mur, sur les rebords ».

Cette tendance concorde avec l’un des principaux axes de développement en matière de design :

la mise en scène du végétal grâce à des structures qui le mettent en valeur comme un objet pré-

cieux dans son écrin.

NB. Même si le végétal ne constitue plus la finalité ultime du jardin, il en reste l’élément moteur etc’est heureux. « Un jardin, c’est là où l’on trouve plein de plantes ». Ces plantes jouent un rôle dans

la ou les thématiques du jardin. Elles l’animent, l’embellissent, mais elles sont aussi riches de bien-

faits et utilisées dans toutes leurs vertus.

Un jardin au goût sauvageLe végétal est vécu par les Français en tant que lien vivant avec la nature, en opposition avec une

société humaine de plus en plus coercitive. Les plantes : « c’est le rapprochement avec la terre,

les choses qui poussent », « c’est la nature chez soi », « même si elles ne sont pas sauvages,

c’est de la vraie nature ». Contrairement au monde animal qui effraie souvent le public, surtout d’ori-

gine citadine, les plantes sont vues avec beaucoup de bienveillance. Elles rassurent.

Il est étonnant de signaler que les personnes interrogées n’ont jamais mentionné les propriétés

toxiques de certains végétaux, ni leur aspect agressif, épineux ou irritant. C’est bien la preuve que

les plantes véhiculent une image très positive et sont globalement très appréciées.

À cette forte volonté de rapprocher les végétaux du jardin avec la nature, répond un axe de re-

cherche actuel visant à « améliorer » des espèces de « fruits sauvages » pour mieux les accorder

aux besoins des jardins d’aujourd’hui : arbousier, grenadier, groseillier, jujubier, kaki, mûrier, néflier,

sureau font ainsi l’objet d’études visant à les rendre plus accessibles au grand public : réduction

des épines, meilleure résistance aux maladies, amélioration de la productivité et de la qualité des

fruits, formes plus compactes, etc.

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Estelle Faure, Présidente de l’UNEP (Union Nationale des Entreprises de Paysage) pour la Région

Midi-Pyrénées, nous livre sa vision : « Le jardin de 2020 est épuré et champêtre. Des plantes dis-

parues ou mal aimées réapparaissent, en laissant la part belle aux espèces que l’on avait ten-

dance à éradiquer, comme les chardons ou les orties, à l’instar des coquelicots remis au goût du

jour. Les variétés sont simples, robustes, elles correspondent au graphisme, à l’esprit et à l’esthé-

tique champêtre. Elles ne demandent pas d’efforts pour leur entretien. »

NB. La vocation « naturaliste » du jardin se développe aussi avec le grand succès rencontré par lessemences de fleurs en mélanges. Un jardin de style « sauvage » ou « naturel » est toutefois mal

adapté aux petits espaces qui se profilent. Aussi serait-il souhaitable de voir se mettre en place des

programmes de sélection qui tendent à obtenir des cultivars moins sophistiqués dans les principales

espèces florales commercialisées aujourd’hui.

Engouement pour le jardin verticalDans une projection futuriste, les Français voient bien le végétal investir toutes les zones disponibles :

massifs, haies, bacs, pots, mais également les toitures et les espaces verticaux.

Aujourd’hui réservé aux espaces collectifs (il faut compter près de 1 000 €/m2), le concept du mur

végétal semble générer un grand intérêt auprès du grand public qui adhère au concept pour des rai-

sons pas seulement esthétiques : « c’est une belle innovation » ; « sur une terrasse, c’est un moyen

d’avoir plus de nature ».

Bien que séduisant, la végétalisation verticale devrait se heurter à cinq écueils majeurs :

• La difficulté de mise en œuvre de la culture hydroponique pour les amateurs.

• La consommation excessive d’eau et d’énergie que cette technique exige.

• La dégradation rapide du décor faute d’un entretien approprié.

• La méconnaissance des végétaux adaptés à ce type de plantation.

• Le prix élevé, voire très élevé, de ce type de réalisation.

Louis Benech, paysagiste, explique la problématique en ces mots : « pour de simples questions de

bon sens, le mur végétal ne devrait pas beaucoup se développer car il nécessite un entretien im-

portant et une biodiversité complexe. »

Patrick Nadeau, designer, imagine une alternative au mur végétal conventionnel qui le réconcilie

avec le retour au naturel : « l’évolution consisterait à concevoir ce même type de réalisation mais

avec des plantes locales, plus petites, celles qui poussent naturellement sur les murs, celles que

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le vent porte. Les murs seraient ainsi bien plus singularisés. C’est le design qui pourrait contribuer

à en faire des réalisations spectaculaires grâce à la lumière, la mise en forme, la superposition de

strates. Le résultat pourrait être tout aussi fabuleux mais beaucoup plus écologique : moins exi-

geant en eau, en substrat, et quasiment sans entretien. »

NB. Il semble peu probable que le concept du mur végétal sous sa forme actuelle se transforme enun véritable marché pour le grand public, tout simplement parce qu’il s’agit d’une réalisation trop

technique. En revanche, des solutions innovantes simplifiant la mise en œuvre, le remplacement des

plantes et leur maintenance, peuvent connaître un beau succès car le public montre une forte atti-

rance pour les décors de plantes verticaux.

L’importance induite du critère esthétiqueLe végétal est investi d’un rôle primordial pour le jardin, à savoir générer de la beauté. Sur ce point,

les répondants à notre étude se montrent prolixes : « l’esthétique, c’est primordial dans un jardin »,

« on fait des espaces jolis, agréables, c’est ce qui permet de se sentir bien », « c’est le rappro-

chement avec la nature, c’est beau, c’est l’harmonie », « dans les jardins des villes, c’est l’esthé-

tique qui compte le plus ».

Dans ce contexte, le choix des végétaux est particulièrement important.

En soumettant divers types de plantes aux groupes créatifs, des lignes de convergence apparais-

sent. Les critères de choix sont variés, et parfois contradictoires. On peut citer ainsi :

• L’évocation de la nature, avec des plantes telles les graminées et les fleurs sauvages.

• L’attractivité esthétique des fleurs, en particulier : bulbeuses, arbustes à fleurs et rosiers.

• Un coup de cœur pour les plantes grimpantes qui permettent de verticaliser le jardin.

• L’intérêt pour les plantes aquatiques, lié à la place grandissante de l’eau dans le jardin.

À l’inverse, on observe chez nos répondants un net désamour pour certaines catégories de plantes

dont quelques-unes font pourtant encore partie des meilleures ventes :

• Un certain mépris pour des plantes jugées trop « traditionnelles » comme les conifères, lesplantes de terre de bruyère, les arbres et les arbustes à feuillage.

• Un franc rejet des plantes d’origine exotique. À l’horizon 2020, bambous et palmiers nesemblent pas être les bienvenus : « privilégier les plantes natives de la région » « bannir les plantesinadaptées au climat » « se méfier des espèces envahissantes ».

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L’intérêt pour les plantes productives : aromatiques, légumes, fruitiers qui sont plébiscités, ne va

pas forcément à l’encontre des préoccupations esthétiques. Tout est simplement affaire de contexte,

d’association, de mise en scène et par conséquent d’un marketing novateur et informatif.

NB. Il semble capital de revoir le positionnement des gammes de végétaux et leur segmentation. Lesplantes doivent « prendre la parole », faire passer un message vers le consommateur, lui raconter

une histoire, tout en lui offrant des solutions à ses problèmes de décoration et des réponses à ses

questions concernant l’environnement et l’entretien.

L’impact induit du changement climatiqueLes conditions climatiques représentent une contrainte importante qui conditionne le choix des vé-

gétaux. C’est ce que l’on appelle les limites de rusticité.

De nombreuses théories s’affrontent, non sur la réalité du réchauffement de la planète qui est confir-

mée par les chiffres, mais plutôt sur ses causes et ses conséquences, notamment au niveau de la

végétation. C’est ce qui justifie le débat scientifique.

L’hypothèse qui prévaut aujourd’hui pour notre pays est la suivante : une généralisation des étés

plus chauds, plus secs et plus longs et à l’inverse des hivers plus doux et plus arrosés. Globale-

ment, on devrait enregistrer une baisse du nombre de jours de gel dans l’année, ainsi qu’une pro-

babilité d’augmentation du nombre d’épisodes tempétueux, avec des vents plus intenses (cf.

conférence de presse du GIEC, décembre 2009).

Qu’elle se confirme ou non dans le quotidien, l’idée du réchauffement climatique influence le grand

public. La récente série de catastrophes naturelles (tsunami, inondations, éruptions volcaniques,

tremblements de terre) qui se sont produites un peu partout sur la planète, n’a fait que renforcer la

croyance dans une tendance au réchauffement global de notre biosphère.

Les personnes interrogées dans le cadre de l’étude anticipent ces phénomènes de manière très fa-

taliste : « il n’y aura plus de saisons, c’est inévitable », « on risque la sécheresse partout ».

NB. La certitude d’un dérèglement du climat qui s’est insinuée dans l’esprit du public, produit desconséquences pour l’économie du jardin. La signature de plus en plus rapide de décrets interdisant

l’arrosage des pelouses et des jardins décourage certains de planter. Par ailleurs, il ne faudrait pas

que les professionnels du végétal anticipent trop le réchauffement. Les offres d’espèces climatique-

ment inadaptées sont monnaie courante et ne peuvent conduire qu’à des désillusions chez les

consommateurs et à leur désaffection pour le jardinage.

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Des conséquences sur le monde végétalLes changements climatiques prévus entraînent divers effets sur le développement et la croissance

des plantes : des époques de germination, de bourgeonnement, de floraison et de fructification

plus précoces, un allongement de la période de végétation, une croissance et un développement

plus rapides, une augmentation de l’activité végétative.

Concrètement, on pourrait observer les changements suivants :

• Les aires de répartition des végétaux pourraient se trouver sensiblement modifiées à l’ho-

rizon 2100, avec la naturalisation d’espèces de type méditerranéen dans la moitié Nord de

la France. Pour 2020, ces changements devraient rester limités.

• L’augmentation des températures permettra à davantage d’espèces végétales de survivre

dans une zone géographique donnée, d’où des risques de prolifération d’une végétation

spontanée indésirable (mauvaises herbes).

• Une augmentation de 5 °C des températures minimales en hiver, augmenterait de 7 à

20% le nombre d’espèces capables de vivre dans le milieu concerné.

• En raison des longues périodes de sécheresse (surtout dans la moitié Sud), les pelouses

seraient plus difficiles à maintenir et pourraient être abandonnées au profit de vivaces cou-

vre-sol de milieu sec appelées aujourd’hui : « gazons alternatifs ».

• Les plantes adaptées aux climats frais devraient être déplacées dans les zones ombragées

des jardins. Certaines pourraient souffrir d’une vernalisation insuffisante (dormance) ce qui

entraînerait une raréfaction de leur floraison. Par exemple ce phénomène pourrait mettre

en danger la production de mirabelles, voire même d’endives.

• La demande en matériels d’irrigation, en réservoirs, ou en systèmes de recyclage de l’eau

augmenterait, notamment dans la moitié sud de l’Hexagone.

• Il conviendrait de trouver des espèces résistantes au stress hydrique. Ce phénomène ne se

limite pas à la sécheresse. Il se définit par une succession de phases anormales sèches

et pluvieuses. Pour y résister, les plantes doivent disposer d’un appareil racinaire perfor-

mant, capable d’optimiser la ressource en eau, d’un feuillage limitant l’évaporation, et d’une

bonne résistance à l’humidité prolongée dans des sols détrempés. Ces capacités pour le

moins antinomiques ne sont pas si courantes dans le monde végétal… Les producteurs,

hybrideurs et sélectionneurs vont devoir faire preuve de beaucoup de talent !

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NB. Nous sommes ici dans le domaine des hypothèses, mais on voit bien que l’impact est consi-dérable, puisqu’il faut d’ores et déjà anticiper sur des phénomènes non prouvés dont les consé-

quences sont uniquement supposées.Mais orienter la recherche vers des plantes moins gourmandes

en eau constitue assurément une voie de grand avenir.

Objectif : limiter l’entretienL’exercice sera d’autant plus difficile que les Français interrogés dans le cadre de cette étude, af-

fichent des désirs contradictoires.

Ils souhaitent intégrer dans leur jardin une grande quantité et une grande diversité de plantes, tout

en y consacrant le moins de temps possible : « en 2020, les plantes demanderont peu d’entre-

tien ». Or, qui dit profusion de végétaux variés sous-entend des exigences multiples à satisfaire et

par conséquent un entretien démultiplié : taille, arrosage, désherbage…

Les végétaux qui répondent le mieux à cette difficile équation sont les plantes dites « rustiques ».

Souvent originaires du biotope (indigènes), elles sont adaptées aux conditions climatiques locales

ce qui évite donc les interventions d’été (arrosage) et celles d’hiver (protection d’hivernage).

Ils désirent des plantes de croissance lente pour limiter la fréquence des opérations de taille, voir les

bannir totalement. À l’inverse, l’effet décoratif immédiat étant fortement recherché, on sera tenté

d’acheter un sujet déjà développé.

Les plantes doivent répondent au désir de rendre le jardin plus « sauvage », un thème récurrent, déjà

évoqué précédemment.

NB. On assiste déjà au retour en grâce des plantes locales (indigènes) dans les grands chantiersd’espaces verts. Il n’est pas sûr que l’aspect décoratif y gagne vraiment, mais l’écologie sûrement.

Il sera sans doute plus difficile de faire accepter ces végétaux, souvent moins spectaculaires, par le

jardinier amateur. N’oublions pas que le « coup de cœur » reste le critère d’achat principal pour la

grande majorité des plantes et cela ne devrait pas changer d’ici 2020 car la connaissance végétale

du consommateur s’amenuise.

Une attente confiante envers le monde scientifiqueLes personnes interrogées dans le cadre de l’étude attendent beaucoup de la science en général,

ce qui peut paraître étonnant face à la méfiance observée dans le public vis à vis des nouvelles bio-

technologies et de l’engouement de la part des jardiniers pour les « recettes de grand-mère » ou

même le jardinage avec la lune.

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Dans la digne filiation d’un Descartes proclamant les hommes : « maîtres et possesseurs de la Na-

ture » (Discours de la Méthode, VI), les Français affichent une confiance aveugle dans les cher-

cheurs qui doivent trouver une solution rationnelle à tout problème : « c’est grâce à l’innovation

qu’on pourra guérir des maladies », « c’est grâce aux innovations qu’on s’en sortira ».

La forte médiatisation du débat sur les OGM a marqué les esprits. Même si les manipulations gé-

nétiques restent effrayantes pour le grand public français qui globalement les rejette, leur déploie-

ment à grande échelle semble inéluctable : « en 2020, les plantes seront génétiquement plus

résistantes, on n’aura plus besoin d’utiliser les pesticides ».

Tout se passe comme si l’on désirait bénéficier des effets des manipulations génétiques, mais en re-

fusant l’utilisation de plantes transgéniques. Il ressort de l’enquête quantitative que :

• 64% des personnes interrogées pensent que : la culture sera plus facile grâce aux inno-vations apportées sur les végétaux.

• 51% partagent l’avis que les végétaux seront plus résistants aux intempéries et à la pollu-tion.

• 25% pensent que l’on cultivera des plantes OGM dans les jardins.

NB. Il est rassurant de constater que les Français font confiance à la recherche. Ils s’inscrivent ma-joritairement dans une logique de progrès. Bien qu’ils s’affirment majoritairement opposés aux OGM,

ils semblent prêts à accepter les manipulations génétiques sur les plantes d’ornement, du moment

que cela peut leur procurer des avantages, et notamment réduire l’entretien.

Quelques perspectives concrètesQuels résultats peut-on attendre dans le domaine de l’amélioration végétale à l’horizon 2020?

Globalement, la majorité des recherches menées actuellement dans le domaine phytogénétique

visent à développer des plantes plus robustes et plus résistantes aux maladies. Le but premier

consiste à minorer l’utilisation des produits chimiques de synthèse pour la protection des plantes

(Grenelle de l’Environnement, plan Écophyto 2018).

Vu la durée normale d’un programme de recherche (au moins 10 ans), les travaux en cours au-

jourd’hui devraient influer sur les jardins de 2020.

Fortement inféodées au secteur agricole, les recherches se déclinent selon les axes suivants :

• Développer la robustesse « naturelle » des plantes afin de leur permettre de mieux s’adap-ter aux changements climatiques.

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• Créer des variétés au comportement plus « souple », qui accepteraient mieux les conditionsde culture extrêmes.

• Développer une meilleure résistance aux maladies, en renforçant la stimulation des dé-fenses naturelles des plantes ou en activant des gènes de résistance.

• Mesurer et contrôler le caractère invasif des plantes d’origine exotique, pour permettre leurculture sans risque dans les jardins de demain.• Créer des variétés de légumes et de fruits plus riches en micronutriments afin de générali-

ser leur usage dans le concept de l’apport bénéfique des fruits et légumes pour la santé.

• Développer les arômes et les saveurs chez les fruits et les légumes pour les rendre plus at-tractifs auprès d’une population qui en est culturellement déconnectée.

• Modifier la couleur et la structure anatomique des fleurs pour obtenir des variétés originalesencore inédites qui généreraient une demande nouvelle ou séduiraient de nouvelles stratesde consommateurs.

• Allonger la durée de floraison et améliorer la tenue de la fleur coupée. Les desiderata desFrançais portent sur le durable dans un esprit d’optimisation de leur investissement.

NB. La génétique et une meilleure connaissance de la physiologie végétale offrent des perspectivestrès intéressantes, mais à long ou très long terme, pour la découverte de lignées totalement résis-

tantes à certaines maladies. En revanche, la science demeure impuissante face à la recrudescence

des ravageurs et l’idée du « zéro phytos » reste une vue de l’esprit.

Un bel avenir pour les plantes « dépolluantes »La fonction sanitaire des plantes est fréquemment citée comme primordiale. Elle constitue un argu-

ment marketing largement utilisé aujourd’hui, mais qui commence être remis en cause. Une bonne

base scientifique de référence a donc besoin d’être développée.

Les personnes interrogées évoquent l’aspect bénéfique des plantes de manière générique : « elles

permettent de faire le plein d’oxygène », « un décor de plante est revitalisant. »

Nos interlocuteurs désirent aussi utiliser les capacités « dépolluantes » de certaines espèces : « on

met un mur végétal avec des plantes dépolluantes ».

Dans un monde que l’on imagine volontiers très pollué (« on manque d’oxygène », « on étouffe »),

les plantes apparaissent pratiquement comme une solution miracle. À tel point que les Français

n’hésitent pas à leur prêter de nouvelles vertus : « on aura des plantes qui enlèvent les algues »,

« en 2020, l’eau sera recyclée par les plantes ». Le capital confiance du public pour le monde vé-

gétal est renforcé par leur utilisation courante dans les cosmétiques et les médicaments.

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Actuellement cantonné à l’univers des plantes d’intérieur, le concept de dépollution devrait, selon

le paysagiste Louis Benech, migrer vers les végétaux d’extérieur : « Aujourd’hui, la tendance est à

conserver la plante là où elle vit spontanément, dans son site. Notre rapport à la nature évoluant,

nous allons chercher à réparer nos erreurs, en privilégiant les plantes qui ont survécu et sont de-

venues locales. Nous allons utiliser ce qui fonctionne pour dépolluer puis évoluer, une fois les sols

assainis, vers des essences natives ou devenues spontanées, mêlées à des plantes plus exo-

tiques et plus sophistiquées. »

NB. On voit bien à travers cet exemple, que, lorsque les plantes « prennent la parole », le public estprêt à suivre car le monde végétal agit beaucoup sur l’imaginaire. Reste à développer des scénarios

qui s’appuient sur des réalités. Dans ce domaine, une déconvenue liée à des affirmations menson-

gères pourrait être catastrophique pour l’aura positive dont bénéficie l’image du végétal et qu’il faut

utiliser avec compétence et précautions.

Un nouveau regard sur le gazonQui a dit que la pelouse c’était dépassé? Dans tous les plans de jardin élaborés par les groupes

créatifs de notre étude, le gazon est bel est bien présent.

Dans le sondage quantitatif réalisé pour notre étude, 59% des personnes interrogées imaginent la

présence d’une pelouse dans leur espace extérieur de 2020 (pour un taux de possession actuel de

57%). Des chiffres qu’il faut plutôt interpréter à la hausse, en raison de la présence de possesseurs

de balcons ou terrasses dans l’échantillon.

La pelouse conserve ses rôles traditionnels : végétaliser rapidement un lieu, créer un espace vert,

recouvrir le sol, créer une surface vivante.

Le tapis de gazon conserve une place indétrônable dans les espaces de jeux pour enfants, et pour

les zones de détente en général.

Mais, dans la projection du jardin en 2020, les surfaces engazonnées sont plus petites que dans la

moyenne des jardins actuels ; terrasses, vergers, zones de jeux recouvertes de matériau souple, pis-

cines et plages de bois occupent en effet une grande place.

Le gazon reste néanmoins le végétal couvre-sol de référence, car aucune autre alternative n’est

évoquée par les personnes ayant répondu à notre enquête.

Pour autant, ses contraintes d’entretien restent perçues comme un problème à résoudre, la tonte et

l’arrosage surtout, et à un degré moindre la fertilisation, le désherbage, l’élimination de la mousse

étant vécus comme des obligations dont on se passerait bien.

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Deux groupes de réflexion distincts ont imaginé un « gazon du futur » : « il n’a pas besoin d’être

tondu » « il atteint une certaine hauteur et puis basta », « c’est du gazon naturel, mais qui ne jau-

nit jamais » « il n’a pas besoin d’eau ». Ce gazon magique est même considéré pouvoir pousser

sur les terrasses! Un véritable défi est lancé aux semenciers…

NB. D’un côté le bon sens populaire s’exprime avec éclat en positionnant bien la pelouse dans sonrôle, de l’autre, les Français ont tendance à prendre leurs désirs pour des réalités, faisant fi de toutes

les contraintes techniques à résoudre pour obtenir le gazon de leurs rêves. Dans ce contexte, il sem-

ble encore difficile de répondre avant longtemps aux attentes des consommateurs. Cela constitue

bien évidemment un frein économique dans ce secteur.

La haie : un mélange d’arbustes aux mille vertusÀ la détérioration observée du climat économique et social répond un jardin clos. Cette notion, bien

spécifique de nos jardins français n’est pas menacée dans la décennie à venir. Arbustes fleuris,

bambous, canisses, etc., le matériau de délimitation est végétal, en réaction à la clôture et au bâti.

Le végétal permet de s’enfermer pour se protéger des autres, tout en s’ouvrant au vivant, donc de

se protéger tout en se faisant du bien. On perd ici la notion de « mur de verdure » des années

1980, pour composer des haies variées dont l’aspect évolue au fil des saisons et qui permettent

d’attirer une faune amicale et appréciée (oiseaux, papillons, hérissons). La haie, injustement élimi-

née de nos paysages agricoles, constitue désormais dans l’esprit des Français un moyen simple

et efficace de développer la biodiversité.

La haie n’est pas seulement fonctionnelle : elle participe à l’éveil sensoriel. Volonté très affirmée, la

présence de fleurs dispense : formes, couleurs et parfums. Les végétaux choisis doivent offrir un

toucher doux. On imagine même que des haut-parleurs intégrés dans la haie diffusent de la mu-

sique… Tous les sens sont de nouveau sollicités.

L’entretien ne doit pas être un souci. Dans cette optique, la haie variée est préférée à la haie mo-

nospécifique, car elle permet d’obtenir un effet plus « naturel » ou « sauvage » tout en limitant les

tailles de façon drastique : « on plante des arbustes variés qui délimitent le jardin », « ça fait plein

de taches de couleurs différentes », « on choisit des plantes qui atteignent une hauteur limite, et

on les laisse pousser naturellement ».

NB. La « révolution culturelle de la haie » s’est déjà produite et la tendance 2020 ne fait que ren-forcer l’orientation actuelle.Thuyas, leylands, lauriers, troènes, etc., alignés par millions en rang d’oi-

gnons sont devenus obsolètes. L’offre doit être totalement repensée en matière de haies, avec une

dominante « écolo-décorative » où fleurs et baies se succèdent tout au long de l’année pour le plai-

sir des yeux et de la faune.

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Les fleurs assurent en beautéVecteur de couleurs, de parfums, d’éclat lumineux et de rythme dans le cours des saisons, les

fleurs sont des éléments incontournables dans les espaces extérieurs de 2020.

Elles participent au bien-être : « les fleurs, ça embellit la vie », « je choisis des fleurs qui embau-

ment l’air » « on choisit les végétaux pour leur couleur ».

Curieusement les vertus écologiques des fleurs (pollinisation, biodiversité, abri pour auxiliaires) sem-

blent échapper aux personnes interrogées dans notre étude. Il est vrai qu’il s’agit de notions plus

complexes, surtout développées par les jardiniers dont les connaissances naturalistes sont supé-

rieures à la moyenne.

Considérée comme la fleur par excellence, la rose occupe une place privilégiée dans le jardin de

2020. Loin d’être rejetée, elle est plébiscitée, puisque 58% des personnes interrogées dans le cadre

de notre étude n’imaginent pas leur jardin sans la présence de rosiers (pour un taux de possession

actuel de 57%). À l’évidence, une valeur sûre !

Les massifs sont également à l’honneur dans les jardins rêvés pour 2020 car ils constituent le moyen

le plus évident pour mettre en scène des fleurs variées. 49% de notre panel envisagent d’intégrer

un massif dans leur jardin à l’avenir (taux de possession : 44%).

NB.On ne change pas une équipe qui gagne. Les fleurs restent les éléments dynamiques et joyeuxdes jardins en 2020. Le goût des Français reste très classique en la matière avec la reine des fleurs

qui conserve sa couronne et les tons rouges qui restent plébiscités.Viennent s’intégrer dans ce décor

bien classique des fleurs plus champêtres, plus décontractées, qui « poussent toutes seules », af-

firmant la tendance « nature » affichée tout au long de l’étude.

Plantes aromatiques et médicinalesLa ferveur dont bénéficient déjà les « bonnes herbes » devrait grandir au cours de la décennie à

venir. Ces plantes aux mille saveurs, dont il serait sans doute judicieux d’élargir la gamme et les pré-

sentations, se trouvent au carrefour de plusieurs tendances fortes :

• La défiance vis-à-vis de l’allopathie et le développement des médecines dites « douces ».

• L’attrait pour l’esthétique et la symbolique du « jardin de curé ».

• Le souhait de planter « utile » en général.

• L’engouement pour le potager.

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C’est ainsi que 49% des personnes interrogées dans notre étude imaginent la présence de plantes

aromatiques dans leur jardin en 2020, pour un taux de possession actuel de 41%.

Assez surprenant, mais décrété spontanément, certains pensent que : « on va introduire de nou-

velles plantes dans les jardins pour leurs vertus thérapeutiques. »

NB. Déjà très en vogues, les condimentaires devraient continuer leur belle carrière car il est possi-ble de les cultiver quasiment partout (un simple rebord de fenêtre suffit). Pour ce qui concerne les

plantes médicinales, il y a des opportunités à développer en sélectionnant des espèces qui associent

des vertus avérées (et sans risques) à une esthétique indéniable.

Légumes et fruits ont le vent en poupePrésent chez 34% des personnes interrogées dans la partie quantitative de notre étude, le potager

fait partie intégrante du jardin de 2020 pour 46% d’entre elles. Ce différentiel important (+12%)

confirme, s’il en était besoin, la forte dynamique du jardin vivrier : « un espace indispensable dans

le jardin en 2020 ».

Incontournable, le concept du potager investit même les terrasses et les balcons, sous des formes

très variées : « on installe des plantes aromatiques, même sur le plus petit balcon », « on cultive

même des fleurs qui se mangent », « on plante des tomates et des poivrons dans des pots colo-

rés, c’est ludique, ça plaît aux enfants ».

Même pour les possesseurs de jardin, toutes les variantes restent possibles : « on peut aussi faire

un potager hors sol », « on a tous tendance à installer les légumes dans un coin, mais ils pourraient

devenir le centre de notre jardin ».

Pour Jean-Luc Charruault, Directeur général de Terrena grand public, le choix des variété pota-

gères devra évoluer pour suivre la demande des consommateurs : « les distributeurs et les pro-

ducteurs devront réussir à apporter des produits faciles à mettre en œuvre, faciles à cultiver, sans

ajout de produits phytosanitaires et avec des rendements aussi rapides que possible. L’enjeu est

de proposer des plantes plus robustes, mais aussi de remettre au goût du jour des variétés plus

anciennes, qui s’avèrent plus résistantes. Puis il s’agit de convaincre les jardiniers amateurs, qui

choisissent en général les mêmes variétés de tomates ou de pommes de terre, d’essayer d’autres

variétés, voire d’autres types de légumes ou de fruits. »

La culture potagère est explicitement envisagée sur le mode « bio ». En effet, la motivation première

reste la possibilité de se nourrir sainement : « les légumes servent à maintenir la santé », « je sais

comment a été produit ce que je mange », « c’est le moyen de faire consommer aux enfants une

nourriture exempte de produits chimiques. »

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Dans les plus grands jardins, un verger peut compléter le potager en fournissant des fruits frais.

Dans les plus petites surfaces, un ou plusieurs arbres fruitiers, utilisés aussi pour l’ornement ou

l’ombrage, font office de verger miniature pour 52% des personnes interrogées, alors que le taux

actuel de possession est nettement plus faible (43%).

Dans cette optique, les variétés de fruitiers miniatures récemment apparues devraient jouir d’un

grand succès à condition qu’elles permettent une quantité de récolte décente et donnent des fruits

dont la qualité gustative soit incontestable.

NB. Le jardin en 2020 sera gourmand ou ne sera pas. La notion de potager qui avait quasiment dis-paru à l’apogée des jardins d’ornement (fin des années 1990) revient en force avec une prise de

conscience de son potentiel esthétique. Mais c’est un jardin fleuri avec des plantes compagnes (ca-

pucine, œillet d’Inde, bourrache, etc.) qui aident à repousser les insectes nuisibles et un véritable jar-

din ludique où s’intègrent aussi des arbustes à petits fruits.

ConclusionsDans le jardin de 2020, le végétal reste l’élément primordial et c’est rassurant. Le choix des es-

pèces, de plus en plus résistantes aux maladies, répond aux contraintes écologiques, mais aussi

aux désirs du jardinier : désir de retour à la nature, désir d’intimité, désir de beauté, désir de produire

ses propres fruits et légumes. Confronté au changement climatique, l’assortiment végétal évolue

vers des espèces adaptées. Des améliorations variétales via les biotechnologies ne sont pas ex-

clues, dans l’optique d’améliorer l’adaptation des plantes aux contraintes du milieu et de limiter les

opérations d’entretien.

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L’entretien du jardin en 2020

Analyse

Le jardinage, entre plaisir et corvéePour les Français, le jardin de 2020 est investi affectivement en tant que rempart face à un monde

volontiers imaginé comme hostile. Dès lors, l’activité de jardinage revêt une nouvelle dimension et

prend de fait la forme d’un paradoxe.

• D’une part, le fantasme du « retour à la terre » confère aux interventions dans le jardin unrôle apaisant, pédagogique, ou même cathartique : on se sent libéré. Mettre les mainsdans la terre n’est plus considéré comme une marque d’appartenance à la classe pay-sanne, mais le signe d’une communion physique avec la nature : « jardiner, c’est avanttout avoir les mains dans la terre, pour le plaisir ».

• D’autre part, l’individu accepte de moins en moins le travail imposé : « le jardinier de 2020est fatigué », « on ne dispose pas de temps », « nous voulons profiter de notre jardin sansen devenir les esclaves ».

Les travaux pénibles, longs, répétitifs sont mal acceptés, de même que ceux qu’il n’est pas possi-

ble de différer. Il s’agit principalement du travail du sol, des interventions de taille (arbres et ar-

bustes), de la tonte du gazon, du désherbage, des tâches de nettoyage (feuilles mortes).

De même que l’avènement de la contraception orale dans les années 1970 a été marqué par la for-

mule « un enfant, si je veux, quand je veux », le mot d’ordre pour le jardin à l’horizon 2020 pourrait

être : « jardiner, si je veux, quand je veux ».

Les tâches à faible valeur ajoutée seront préférentiellement sous-traitées, afin de se concentrer sur

les travaux qui sont jugés les plus gratifiants. Dans cette catégorie, on retrouve tout ce qui est lié à

la décoration et à la multiplication des plantes. Semis et plantation constituent les activités les plus

prisées pour leur sens et leurs perspectives.

Cueillette et récolte sont aussi jugées comme des activités hautement plaisantes même si elles né-

cessitent parfois des efforts importants (arrachage) ou impliquent des situations périlleuses comme

monter sur une échelle.

Les actes techniques pourraient faire l’objet d’un regain d’intérêt auprès des jardiniers les plus éclai-

rés. C’est le cas pour les boutures ou même la greffe. Qu’importe la difficulté : à l’aune du plaisir

immédiat de faire soi-même, la valorisation par le résultat devient presque accessoire.

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NB. En accédant au statut de véritable activité de loisir, le jardinage doit muter. Tout ce qui contri-buera à le rendre plus aisé, plus accessible, plus ludique, plus valorisant doit être mis en œuvre et

développé. Il faut aussi prendre en compte la faible disponibilité des Français pour les tâches jardi-

nières et leur offrir les moyens (par des avancées technologiques) d’obtenir de bons résultats, tout

en consacrant pour cela un minimum de temps.

Le mythe du jardin sauvageOn l’a constaté au chapitre précédent, l’inspiration naturelle dans le jardin s’affiche comme une

grande tendance à l’horizon 2020. Or, qui dit jardin sauvage suppose, en théorie, moins d’entretien

puisque c’est la « nature » qui prend le dessus. Dans une vision idéalisée de ce jardin, les haies li-

bres ne se taillent pas, les prairies fleuries se tondent une fois par an et renaissent plus belle chaque

printemps, les plantes indigènes sont supposées résistantes aux maladies, et les herbes sauvages

ne sont plus indésirables, mais intégrées de plein gré dans la composition des massifs.

Les personnes interrogées imaginent le jardin sauvage comme un nouvel éden, la manifestation

d’une nature bonne, généreuse et bienveillante, dans la plus pure tradition romantique d’un Jean-

Jacques Rousseau. Dans le cas présent, il importe aux professionnels de bien mettre en lumière l’im-

portant décalage qui existe entre la vision mythique projetée par le grand public et la réalité.

Les jardiniers et les paysagistes le savent bien : rien ne demande plus d’efforts et de compétences

que de maintenir l’esthétique d’un jardin de style « sauvage ». Sans oublier que composer un décor

esthétique qui paraisse spontané exige un rare talent. Dans la majorité des cas, le jardin « sau-

vage » ou « écologique » apparaît comme un capharnaüm peu attrayant. Il donne souvent une im-

pression d’abandon qui produit un effet repoussoir à l’opposé de ce qui était recherché.

Contrairement à l’idée reçue, au lieu de se réduire, les contraintes d’entretien sont même vouées à

augmenter dans le jardin « naturel » tel qu’il est projeté par les Français. D’abord, de manière fac-

tuelle car il faut intervenir régulièrement et avec une grande habileté pour maintenir une image dé-

contractée et faussement négligée dans un décor végétal. Ensuite, parce que les personnes

interrogées dans le cadre de l’étude se montrent particulièrement exigeantes.

Les Français désirent une grande diversité de plantes afin de composer à l’envi avec les formes et

les couleurs. Cela multiplie de fait les procédures d’entretien. Peu au fait de règles de l’art paysa-

ger, ils créent des plans dans lesquels la pelouse alterne par petites touches avec : massifs, ton-

nelles, piscines, allées et autres pas japonais. Or, le jardin « puzzle » nécessite un temps de tonte

double du traditionnel carré de pelouse. C’est l’illustration du paradoxe des utopies.

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NB. La projection idéalisée que font les Français de leur futur jardin montre leur très faible connais-sance en la matière. Ils font même preuve d’une certaine naïveté. Le rôle des professionnels étant

de permettre aux consommateurs de matérialiser leurs rêves, il s’ouvre une infinité de perspectives

pour des techniques qui favorisent la mise en scène du végétal dans une ambiance d’inspiration na-

turelle. On voit également se profiler le rôle essentiel du paysagiste ou du « décorateur d’extérieur »

dans le jardin de demain.

Le paradoxe de la gestion de l’eauLe réchauffement attendu de la planète influence directement la gestion de l’eau dans le jardin. La

quasi totalité des personnes interrogées dans le cadre de l’étude s’accordent à penser que la res-

source hydrique se raréfiera à l’horizon 2020.

Dans le même temps, s’affiche le désir d’un jardin vert toute l’année, dont la forte dominante végé-

tale est consommatrice d’eau.

Le jardin bleu, c’est-à-dire incluant une présence aquatique notoire, s’affirme comme une tendance

incontestable dans la projection du jardin de 2020.

En réponse à cette situation ambiguë, les Français sont portés à croire que la technologie pourra

résoudre tous les problèmes : « la filtration des bassins bénéficie d’une technique au point en

2020 », « avec les panneaux solaires, on peut chauffer l’eau des piscines en toutes régions », « il

y a des récupérateurs d’eau dans tous les jardins en 2020 », « on utilise des systèmes d’arrosage

goutte à goutte », « on récupère l’eau de pluie de la terrasse et elle alimente la piscine ».

Parmi les équipements souhaités, certains existent déjà, comme les récupérateurs d’eau. Pas moins

de 92% des personnes interrogées lors de la phase quantitative estiment que ces accessoires vont

de généraliser dans la décennie à venir, et 89% pensent que l’on pratiquera en 2020 une culture

plus économe en eau que celle d’aujourd’hui.

NB. Une chose est sûre : le marché de la gestion de l’eau est voué à un fort développement, et lesconsommateurs attendent des innovations technologiques qui leur permettent de réduire le para-

doxe entre pénurie potentielle et désir intense de disposer d’eau à volonté dans le jardin.

Une menace sanitaire grandissanteUne fois encore entrent en considération les changements climatiques attendus à l’horizon 2020.

Si le scénario se confirme, un réchauffement global devrait engendrer un impact non négligeable

sur la prolifération des nuisibles, des ravageurs et des maladies. Tout simplement en raison des

conditions bioclimatiques favorables qui en découlent.

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Les hivers étant plus doux, certains nuisibles pourraient survivre d’une année sur l’autre à l’état

adulte, occasionnant ainsi des attaques plus précoces et plus dommageables, aggravées par l'aug-

mentation de la concentration des nutriments dans la sève.

Les aires de répartition de ces nuisibles pourraient s’étendre considérablement. Ce phénomène est

déjà constaté pour certaines espèces. Par exemple le papillon du géranium (Cacyreus marshalli)

venu d’Afrique du Sud, s’est installé dans le Midi. La chenille processionnaire du pin (Thaumetopoea

pityocampa), ravageur des forêts méditerranéennes, vient d’atteindre l’Angleterre.

De nouveaux ravageurs originaires de pays limitrophes pourraient s’acclimater et s’installer en

France. Ce mécanisme vaut pour les parasites comme pour les nuisibles. L’exemple le plus édifiant

est celui de la mineuse du marronnier (Cameraria ohridella), qui, après avoir conquis l’Italie est

désormais généralisée dans tout l’Hexagone.

Certaines maladies risquent d’être favorisées par des hivers plus humides et plus doux. De nou-

velles affections pourraient apparaître à la faveur de ces conditions, inédites sous nos latitudes.

Ces perspectives menacent directement le futur de nombreuses espèces végétales dans nos jardins.

Les professionnels vont devoir en tenir compte. Ils sont d’ores et déjà confrontés au dilemme sui-

vant : adapter l’offre de végétaux aux nouvelles contraintes, quitte à réduire considérablement le

champ des possibles ou bien accepter de les protéger par des traitements préventifs et curatifs,

une pratique qui est de plus en plus remise en cause par le discours écologique.

NB. Il est certain que le plan Ecophyto 2018, qui, à cette échéance, vise à réduire de 50% l’emploi

des produits phytosanitaires sur notre territoire, risque d’influer lourdement sur le jardin en 2020. Les

jardiniers amateurs attendent des professionnels qu’ils solutionnent leurs problèmes de manière pra-

tique et efficace.On devrait assister dans les prochaines années à une véritable révolution dans l’ar-

senal de soins proposé sur le marché. Les voies sont multiples et variées, mais elles ne doivent

surtout pas omettre l’objectif de résultat.

Entretenir le jardin dans le respect de l’environnementEn 2020, les consommateurs acceptent volontiers d’intégrer une dimension écologique dans leurs

espaces extérieurs, mais à condition de conserver l’esthétique tout en limitant les contraintes au

minimum. Il ne s’agit pas ici d’un paradoxe comme dans certains sujets évoqués plus haut, mais

d’un véritable défi technologique lancé aux acteurs du marché.

Globalement, les participants déclarent adopter une attitude de plus en plus écologique. Outre la

volonté d’économiser l’eau, cette responsabilisation environnementale se traduit par une réduction

de l’utilisation des produits dits « chimiques ».

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Ces derniers restent présents chez les jardiniers amateurs, mais ils sont utilisés avec parcimonie :

« on peut encore utiliser des produits chimiques, mais c’est lorsque rien d’autre n’a marché »,

« c’est sûr, en 2020, on ne devra plus utiliser que des produits propres »

Parmi les alternatives possibles, on retrouve sans surprise les techniques basiques préconisées par

la culture biologique. Les plantes compagnes : « dans le potager, on mélange les légumes avec des

fleurs qui repoussent les insectes », les auxiliaires : « les insecticides peuvent être remplacés par

des coccinelles », « on accueille un hérisson dans le potager ».

Les produits de traitement estampillés « bio » sont plébiscités : « on utilise des produits bio, sauf

lorsqu’on ne peut pas faire autrement ». C’est ainsi que 85% des personnes interrogées dans la

phase quantitative pensent que l’on utilisera davantage de produits d’origine naturelle.

La pratique du compostage est vouée à s’étendre, à condition d’être facile à mettre en œuvre ! Ses

limites sont en effet perçues par une partie du public, et les dispositifs qui existent sont plutôt jugés

insatisfaisants : « il ne faut pas que les composts puent », « il faut que les composteurs soient

mieux conçus ».

Sur ce sujet (très technique) il semble que les professionnels aient un travail d’information très im-

portant à réaliser, de manière à ce que les consommateurs obtiennent des résultats satisfaisants,

sinon le compostage restera chez la majorité un vœu pieux.

NB. Tout comme pour la notion de « jardin naturel », on note une certaine candeur chez les jardi-niers amateurs à propos du « bio ». Ils se sentent rassurés par ces produits, ce qui ne les empêche

pas de rechercher un résultat identique à celui du « chimique ». La demande de désherbants « bio »

ou de raticides « bio » est réelle, mais le but reste toujours la destruction de ces indésirables. La

conscience écologique s’affiche, mais dans des limites pratiques.

Innovations et perspectives concrètesLes recherches actuellement menées dans le domaine des produits de soins et d’entretien du jar-

din se concentrent sur différents axes à même d’apporter certaines améliorations dès 2020 :

• Traitements phytosanitaires :

- Diminuer la toxicité vis à vis des humains et des animaux, tout en maintenant l’effica-cité dans la lutte visée.

- Obtenir une dégradation aussi rapide que possible de la substance active, en molé-cules inoffensives.

- Utiliser dans la mesure du possible des substances provenant de la nature.

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- Faire fabriquer les produits de lutte par des organismes vivants.

- Découvrir des produits qui renforcent les défenses immunitaires des plantes.

- Cibler de manière plus précise les substances actives afin de réduire leur impact surl’environnement et principalement les pollinisateurs.

- Trouver de nouvelles techniques d’application qui évitent la dispersion des produitsphytopharmaceutiques dans l’environnement en les concentrant sur les plantes quel’on désire soigner.

• Engrais et fertilisants :

- Généraliser les produits à libération progressive qui agissent « à la demande de laplante », évitant ainsi toute dispersion ou migration vers les nappes phréatiques.

- Développer des gammes d’engrais organiques liquides sans effet salissant.

- Proposer des « stimulants » naturels qui agissent au niveau de la croissance, du dé-veloppement racinaire, de la résistance à la sécheresse (par exemple mieux position-ner l’action des mycorhizes ou des micro-organismes).

• Améliorer les techniques de culture hors-sol :

- Imaginer des compositions de terreaux qui réduisent sensiblement la fréquence des ar-rosages ou des rempotages.

- Découvrir des supports de culture qui soient moins salissants que le terreau (pour lescultures d’intérieur, les balcons et les terrasses).

- Rendre plus accessible à l’amateur les techniques de cultures hydroponiques.

NB. Il est certain que le challenge imposé par les contraintes environnementales ouvre d’impor-tantes perspectives à la recherche en matière de produits phytosanitaires, d’engrais et même d’amé-

liorants du sol ou de supports de culture. Il faudrait sans doute que la législation évolue pour que

puissent apparaître d’autres catégories de produits comme les éliciteurs, les stimulants, les com-

pléments nutritifs, les accélérateurs de croissance ou de germination, etc. Restera ensuite à com-

muniquer l’intérêt de ces nouvelles techniques et de ces substances auprès du consommateur ce qui

est une toute autre histoire…

Quand la robotique rencontre la domotiqueLe but avoué des Français est de : profiter d’un jardin devenu une pièce d’extérieur où il fait bon

vivre, en évitant tout effort : « j’aime le jardin, mais je ne jardine pas » Dans cette perspective, l’au-

tomatisation des tâches représente une solution idéale.

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Il s’agit d’une attente très forte : « en 2020, on aura encore moins de temps qu’aujourd’hui », « dans

notre jardin de 2020, tout est fait pour être simple d’entretien », « on profite du jardin, on ne s’oc-

cupe de pas grand-chose ».

Qui dès lors assurera l’entretien? Pour la majorité des personnes interrogées dans le cadre de

l’étude, il est acquis que la robotique et la domotique seront une réalité quotidienne : « en 2020, on

n’a rien à faire, tout est automatisé », « on utilise de la robotique pour faire le travail à notre place ».

La volonté d’automatiser est fonction croissante de la pénibilité de la tâche. À ce titre, la tonte du

gazon arrive en tête des opérations que l’on confie volontiers à la machine : on voit figurer une ton-

deuse robot en bonne place dans certains plans de jardin réalisés par les groupes créatifs.

Du fait de son concept centralisateur, la domotique gère l’ensemble des tâches d’entretien du jardin.

Et dans ce domaine, le Français ne manquent pas d’envies et d’imagination : « tout est programmé,

l’arrosage, le diffuseur d’engrais, le remplissage de la piscine », « il y a des barrières de sécurité

qui se soulèvent toutes seules. », « des caméras surveillent les enfants dans la piscine, et servent

aussi à se protéger des voleurs », « Il y a des systèmes de goutte à goutte, très performants, pro-

grammés pour fournir l’exacte quantité d’eau demandée par la plante », « il y a des systèmes d’ar-

rosage qui se déclenchent automatiquement en fonction de la nature du sol », « les robots

d’arrosage apportent l’eau quand la plante en a besoin », « le parasol sait détecter le soleil ».

NB.On constate, au vu des nombreuses observations recueillies dans ce domaine, que le public faitmontre d’une importante attente et d’une quasi impatience, associées à une imagination débordante.

Il semble que la technologie ait toute chance de recevoir un accueil très favorable et soit une piste

majeure à suivre pour tirer le marché du jardin vers le haut. C’est une voie ouverte pour sortir du

contexte un peu trop traditionnel dans lequel notre activité s’inscrit encore aujourd’hui.

Quelques idées potentielles en perspectiveLes recherches actuellement menées correspondent aux attentes exprimées spontanément par les

Français. Elles les dépassent même largement dans certains domaines. Parmi les principaux axes

de progrès qui devraient s’imposer dans la prochaine décennie, on peut citer :

• Amélioration des techniques de tonte automatisée : tonte par géolocalisation, utilisation del’énergie solaire, système de coupe par laser,

• Gestion automatisée de l’arrosage : elle permet un apport très précis de la quantité d’eauen fonction du besoin personnalisé de la plante, détecté par des capteurs électroniquesplacés au niveau des racines ou du feuillage. Le contrôle par ordinateur du bon fonction-nement des réseaux et des programmes et la modulation de l’orientation de l’aspersion enfonction de la croissance de la plante sont des desiderata formulés.

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• Gestion de l’exposition : ombrage automatique de certaines zones du jardin dans la jour-née par le déploiement de panneaux souples ou à l’inverse optimisation de l’éclairagegrâce à des réflecteurs orientables automatiquement.

• Gestion des sols : contrôle de la qualité agronomique des sols par la maîtrise électroniquedes principaux paramètres : humidité, granulométrie, aération, pH, rapport C/N, activitémicrobienne, disponibilité des ions utiles, diffusion programmée d’engrais, etc.

NB. Les technologies avancées vont d’abord profiter à l’agriculture, puis aux espaces verts avant deparvenir (pour une très faible proportion) au grand public. Ce n’est pas la maîtrise des procédés qui

pose problème, mais leur coût. On peut toutefois espérer que les nanotechnologies seront en me-

sure d’apporter beaucoup. Mais à l’évidence, cet horizon est plus éloigné que 2020.

Les services à la personne se développentPour supprimer les efforts liés à l’entretien du jardin, une des solutions souvent évoquées consiste

à sous-traiter les tâches les plus exigeantes.

Comme c’est déjà le cas en matière d’automatisation, les opérations à faible valeur ajoutée sont

prioritairement externalisées, afin de concentrer le temps disponible vers des occupations plus gra-

tifiantes : « je prends quelqu’un pour effectuer le gros boulot, moi j’ai juste à faire un peu, avec mes

petits outils, pour me faire plaisir ».

Le vieillissement de la population devrait alimenter cette tendance : « le recours à un jardinier pro-

fessionnel est surtout utile pour les personnes âgées ». En raison de l’âge mature d’une majorité

de jardins français, on assiste à une augmentation des besoins pour le gros travaux : arrachage,

élagage, transplantation qui ne sont pas réalisables par des particuliers en raison de leur manque

d’équipements adaptés.

La demande de services va se diversifier. En complément de la sous-traitance des tâches ingrates

ou difficiles, les paysagistes devraient intervenir davantage en qualité de « consultants ». Il s’agit

ici d’un rôle classique d’aide à la création : « j’ai besoin d’un paysagiste qui me donne des idées ».

On voit poindre ici la notion de conseil qui n’est pas toujours spontanément exprimée par le public,

mais qui reste sous-jacente dans les besoins d’une assistance professionnelle ressentis pour mieux

comprendre les problématiques du jardin.

La manière de concevoir le jardin s’appuie sur de nouveaux outils, avec la systématisation de la

conception assistée par ordinateur : « on donne la surface, l’orientation, ce qu’on aime bien et l’or-

dinateur nous fait des propositions », « on trouvera des services pour l’agencement du jardin,

comme chez Ikéa pour la cuisine ».

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Les Français souhaitent également faire appel à un professionnel pour apprendre : « j’aimerais qu’un

formateur en jardinage vienne à domicile », « quelqu’un qui puisse me montrer ce qu’il faut faire

dans mon jardin », « un jardinier expert qui, comme un coach déco, vient durant une heure ».

NB. Puisque les tâches automatisables comme la tonte peuvent désormais être confiées à des ma-chines, l’intervention humaine doit être consacrée à de plus nobles objectifs : la création, l’appren-

tissage, la pédagogie. Le paysagiste accède ainsi au statut de « designer d’extérieur » et de « coach

jardin », de nouveaux métiers qui devraient se développer.

Le jardinage comme vecteur de lien socialAu-delà du recours au paysagiste, qui ne pourra concerner que les personnes disposant d’un po-

tentiel économique suffisant, le jardinier de 2020 devrait chercher à multiplier les contacts pour

mieux s’affirmer dans sa pratique.

Cette densification des échanges de proximité se nourrit à la fois de l’investissement affectif envers

le jardin, et du souhait de trouver un prétexte à des échanges sociaux. Ces derniers deviennent de

plus en plus indispensables aux individus qui redoutent l’isolement : « on trouve l’information à tra-

vers les associations, on rencontre les gens et on échange sur nos problèmes », « on se retrouve

entre jardiniers pour se donner des trucs ».

Dans ce contexte de partage des connaissances, les clubs de jardinage peuvent représenter une

perspective dont le marché doit tenir compte. En effet, ils constituent un lieu d’échange d’informa-

tions, mais ils pourraient également se substituer en partie au réseau marchand, par le biais de

trocs de plantes et de prêts ou de mutualisation d’achat pour le matériel motorisé.

Le désir de rencontre explique en partie le grand succès des « fêtes des plantes » et autres mani-

festations locales ou régionales qui drainent un public de plus en plus nombreux et représentent glo-

balement un chiffre d’affaires difficile à évaluer, mais de l’avis de tous les experts, très significatif.

NB. Développer l’ouverture des jardins permettra l’ouverture vers le jardin à un très large public.Une manière de faire progresser rapidement le marché en suscitant de nouvelles vocations consis-

terait à constituer des réseaux « d’ambassadeurs des jardins » qui auraient pour mission de trans-

mettre leur savoir et leur passion dans leur proche entourage, dans les quartiers et les lotissements.

Il faut inciter les Français à ouvrir les portes de leurs jardins. Cela permettra aussi, dans un contexte

familier et convivial de voisinage, que le public non jardinier puisse se rendre compte des nombreux

bénéfices pour le cadre de vie et l’épanouissement personnel qu’apporte la présence d’un jardin de

qualité. Il appartient sans doute aux grandes organisations professionnelles de mettre en place des

réseaux de visite comme cela existe en Grande-Bretagne par exemple.

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ConclusionsEn 2020, le jardinier sera confronté à un véritable dilemme.Désireux d’un jardin bien aménagé, har-

monieux, varié, esthétique et proche de la nature, il se montrera aussi rétif à tout effort… Pour ré-

soudre cette équation, les acteurs du marché devront rivaliser d’inventivité. Les attentes s’affichent

très fortes en matière de produits, que l’on souhaite innovants, voire miraculeux, et dans le domaine

des services à la personne qui peuvent prendre des aspects multiples, mais doivent permettre de

dynamiser fortement l’univers du jardin.

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Le jardin et l’information en 2020

Analyse

Une profonde mutation dans les modes de communicationLa décennie à venir verra se poursuivre, se développer et s’amplifier une profonde révolution cul-

turelle à travers la généralisation d’Internet et des innombrables applications mobiles.

L’avènement des NTIC (nouvelles technologies de l’information et de la communication) a toutes les

chances de se prolonger sous la forme d’une extension de la communication numérique dans tous

les domaines, même ceux pour lesquels elle n’est pas actuellement centrale.

Parmi les principaux axes de mutation qui pourraient modifier la donne dans un délai de dix ans,

on peut citer les suivants :

• Généralisation des interfaces hybrides permettront de se connecter sur le web à partir d’unappareil autre qu’un ordinateur, ce qui ouvre la voie à la consultation nomade.

• Généralisation de la géolocalisation et de ses applications web.

• Gestion des entrées et sorties de données s’effectueront, non plus à partir des outils clas-siques (clavier), mais au travers d’applications intuitives, se rapprochant de plus en plusdes outils de communication naturels par les cinq sens : reconnaissance vocale, écranstactiles principalement.

• Intégration du corps humain au système d’information via la généralisation de la biométrie(reconnaissance des empreintes digitales et rétiniennes, reconnaissance vocale…)

• Généralisation du « grid computing » : c’est-à-dire la mise en commun de la puissance denombreux ordinateurs distants les uns des autres, mais reliés par un réseau, afin d’effec-tuer des tâches qui requièrent une capacité de calcul dépassant les possibilités indivi-duelles des machines des particuliers.

• Émergence du « web sémantique », permettant d’effectuer des recherches de manièrebeaucoup plus intuitive et de mutualiser les ressources entre utilisateurs d’Internet.

• Développement d’un e-commerce interactif, dans une optique one-to-one

• Établissement de liens entre le web et la domotique, via la généralisation des puces RFID(radio identification) dans les objets de la vie quotidienne (clés, voiture…) et des capteursintelligents (gestion des ouvertures, du chauffage…)

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NB. Toutes ces mutations technologiques et leurs applications sont déjà entrées dans les mœursdes jeunes adultes (18/30 ans) qui seront les nouveaux consommateurs jardin de 2020. Il faut être

certain que cette génération ne consommera pas comme les précédentes. Même sur une activité

aussi « terre à terre » que le jardin, il va falloir mettre en place de nouveaux outils de vente et de com-

munication. Les perspectives créatives dans ce domaine sont quasi infinies.

Des implications possibles pour le jardinEn matière de jardin, les évolutions technologiques à venir devraient influencer majoritairement la re-

cherche d’information et les modes de consommation plus que la pratique en elle-même.

À l’horizon 2020, les applications domotiques devraient rester marginales sur les matériels, car le rap-

port coût/valeur ajoutée sera trop faible pour se propager rapidement dans l’univers du jardin, qui

reste à l’échelle mondiale et même européenne un « petit » marché.

Il faut noter par ailleurs que l’intégration dans le jardin des hautes technologies n’est pas désirée par

les Français. Ils entrent en contradiction frontale avec le souhait d’une majorité d’entre eux d’un

rapprochement avec la nature via le jardin et avec leur vision idéalisée du jardin « sauvage ».

En revanche, les conséquences dans les domaines de la communication et de la consommation

pourraient s’avérer importantes avec une nouvelle hiérarchisation transversale et non plus verticale.

Le circuit classique : producteur/fabricant – distributeur – consommateur, sera court-circuité par

les forums de dialogue, les comparatifs rapides de produits sur Internet, et même les informations

directes disponibles dans les magasins sur les smartphones.

NB. La révolution du « tout numérique » qui va bouleverser le commerce dans les années à venirn’épargnera pas le jardin. On peut y voir d’extraordinaires perspectives, notamment pour transmet-

tre les savoirs. Il est fort possible, à terme, que le smartphone devienne un véritable « assistant ven-

deur » qu’il suffira d’approcher d’un produit pour en connaître tous les détails techniques et même

visionner une vidéo démonstrative. Pour le végétal ,qui reste le domaine de méconnaissance le plus

important, ces technologies ouvrent des potentialités formidables pour une meilleure mise en avant

(raconter une histoire, dévoiler les propriétés, donner les bons conseils de culture, insister sur cer-

taines particularités ou bien proposer, pourquoi pas, des jeux, des promotions, etc.).

Un jardinier qui surfe sur le webUrbain et actif, le jardinier amateur de 2020 est pour une grande majorité un néophyte. Il souhaite

surtout jouir des plaisirs du jardin et souhaite minimiser ses efforts pour l’entretenir : « il n’a pas de

temps », « il est cool », « il est oisif », « c’est un fainéant ».

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D’un avis général, le jardinier amateur de 2020 possède un niveau de compétence très faible. Il ne

possède pas les bases pour bien appréhender le fonctionnement de la nature car sa culture est ci-

tadine depuis deux, voire trois générations. « il n’y connaît pas grand-chose », « il a tout à réap-

prendre », « il doit redécouvrir l’essentiel ».

En revanche, le jardinier amateur de 2020 saura de mieux en mieux déléguer et trouver de l’aide et

des renseignements qu’il croisera avec de multiples sources.

En 2020, il est clair que le vecteur d’information dominant sera Internet. À l’instar de ce qui s’est pro-

duit pour la cuisine, les sites consacrés au jardinage devraient se multiplier. Collaboratifs, ils per-

mettront aux jardiniers d’échanger de manière conviviale et participative des informations, des trucs

et des astuces, voire de permettre des visites virtuelles chez les uns et les autres.

Internet permettra aussi de relayer les événement IRL (in real life : dans la vraie vie). Cette finalité

du passage du virtuel au réel deviendra primordial dans la décennie à venir. Elle peut s’imposer de

manière magistrale dans le jardin, le web devenant alors le « bon voisin qui conseille ».

La phase quantitative de l’étude nous confirme cette suprématie attendue d’Internet en matière de

documentation. Parmi les personnes interrogées, 87% pensent s’informer plus volontiers sur la toile

que sur tout autre media dans les années à venir.

Les avantages d’Internet sont clairement identifiés : il s’agit de l’efficacité et de la gratuité : « c’est

une info immédiate qui n’impose pas de payer l’abonnement à un magazine ».

Précisons que le différentiel de taux de réponse varie peu selon l’âge. On mesure en effet 89%

pour la tranche 18-34 ans, 86% pour les tranches 35-49 et 49 et plus. Une preuve que la fracture

numérique n’est plus générationnelle et surtout pas insurmontable !

NB. Notre étude met en exergue l’avènement d’Internet en tant qu’un authentique média. Il sembleindispensable de faire évoluer les sites sur ce concept en développant toutes les techniques de com-

munication disponibles et notamment l’audiovisuel. Le jardin qui et un univers particulièrement attractif

sur le plan visuel a tout à gagner dans cette perspective. C’est une véritable révolution culturelle qui

s’annonce, dont les enjeux sont énormes.

La place des médias traditionnelsLa télévision n’est plébiscitée que par seulement 45% des personnes interrogées. Ce score déce-

vant s’explique par le fait que les personnes interrogées dans notre étude déplorent la pauvreté de

la programmation télévisuelle consacrée au jardin.

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Ceci s’exprime de manière flagrante lorsque l’on prend comme point de comparaison la cuisine ou

la décoration : « il faudrait qu’il y ait plus de vraies émissions de télé sur le jardin », « des émissions

comme celles sur la déco, où on te refait ton jardin ». On peut supposer que dans la décennie à

venir, l’offre devrait répondre à la demande, avec l’augmentation d’émissions de ce type comme il

en existe déjà beaucoup outre-Manche ou aux Pays-Bas.

L’édition reste encore un vecteur d’information bien présent. 35% des personnes interrogées pen-

sent s’informer sur le jardin en 2020 via des magazines, et 25% via des livres. Le support écrit de-

vrait donc se maintenir globalement, mais il devra évoluer pour s’orienter vers des reportages, des

sujets ponctuels et visuels d’une qualité supérieure à ce que peut proposer l’Internet.

N’oublions pas qu’une fraction importante des jardiniers se trouve dans les générations les plus

âgées, qui accordent traditionnellement une place importante aux media traditionnels. Vu l’ac-

croissement de l’espérance de vie moyenne dans notre pays (en 2009, 77,8 ans pour les hommes

et 84,5 ans pour les femmes, source Insee), l’écrit en tant que source d’information devrait encore

perdurer au moins une vingtaine d’années.

La véritable interrogation, c’est la place qui sera réservée dans l’avenir aux médias traditionnels,

compte tenu de l’expansion inéluctable d’Internet. À l’horizon 2020, le scénario le plus probable est

un maintien relatif du poids des médias traditionnels, car ils sont très fortement implantés dans la so-

ciété française et constituent des réseaux d’influence considérables.

Le transfert progressif vers Internet devrait se dérouler sans rupture, par le renforcement des liens

entre le web et la télévision et par le transfert de l’édition papier vers l’édition numérique. Ces liens

seront facilités par la généralisation de l’Internet nomade.

NB. La demande en matière d’information audiovisuelle sur le jardin est très forte chez les Français.Ils se sentent assez frustrés du peu de temps d’antenne que consacre la télévision à notre univers,

comparativement à ce que l’on observe dans d’autres pays européens. L’avènement d’Internet qui de-

vient un grand média populaire, devrait inciter les professionnels du jardin à développer leurs propres

programmes informatifs. Il s’agit d’un moyen de communication de très grand avenir, à condition que

la qualité soit au niveau des attentes.

Les réseaux sociaux, du virtuel au réelComme nous l’avons observé au début de cette synthèse, le balcon, la terrasse ou le jardin sont for-

tement investis d’un rôle social. Ce dernier devrait se développer dans l’avenir en raison de l’urba-

nisation du mode de vie qui entraîne une perte de l’identité individuelle, principalement dans les

grandes agglomérations, y compris les banlieues où se développent surtout les jardins.

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Le besoin d’échanges communautaires, mis en évidence par la percée impressionnante des ré-

seaux sociaux, se trouve au cœur des problématiques psychosociologiques actuelles.

De là à imaginer des réseaux sociaux centrés sur le jardin, il n’y a qu’un pas. La convergence des

deux phénomènes paraît inévitable. L’activité de jardinage devient un prétexte à la rencontre. C’est

un moyen simple de justifier un contact de proximité qui, dans une société urbanisée, a perdu son

caractère naturel et spontané.

Les personnes interrogées dans le cadre de notre étude envisagent la généralisation des manifes-

tations locales liées au jardin : « on trouve de l’information à travers les associations », « on ren-

contre les gens et on échange sur nos problèmes », « on se retrouve entre jardiniers pour se donner

des trucs », « on constitue un club pour effectuer des voyages sur le thème du jardin ».

Les fonctions principales de l’échange avec pour thème le jardin sont clairement énoncées : faire

des rencontres, échanger, trouver de l’information. 81% des personnes interrogées pensent ainsi

que les échanges de plantes entre particuliers vont se développer.

NB. La récupération des valeurs sociales du jardin n’a pas encore été vraiment travaillée par les pro-fessionnels de notre univers. Il y a une carte importante à jouer. C’est le cas pour les marques qui

peuvent développer une perception de proximité en devenant des « amies » pour les jardiniers. Idem

pour les distributeurs qui ont l’occasion de se transformer en « voisins » capables de distiller des

conseils judicieux et de faire progresser les jardiniers par des offres bien ciblées. Ce peut être aussi

une occasion de développer des programmes de fidélisation.

ConclusionsÀ l’horizon 2020, le développement des relations humaines ne peut être envisagé sans évoquer le

passage au numérique. Assurément la société de 2020 sera digitale. Vecteur privilégié de l’infor-

mation et de la communication, Internet sera définitivement incontournable. Le jardinier de 2020

n’échappera pas à cette déferlante. Le réseau global consistera très certainement en une plate-

forme d’échange d’informations, et deviendra progressivement un média spécifique pour des com-

munautés d’intérêt ou de passion. Le web agira aussi comme une passerelle vers les médias

traditionnels (télévision, radio, presse écrite, édition), et constituera un moyen de favoriser des re-

lations humaines de proximité en créant des réseaux sociaux ciblés.

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Le jardin et la consommation en 2020

Analyse

S’investir pour son jardin ou investir dans son jardin?Une question fondamentale est celle du budget consacré au jardin à l’horizon 2020 : stable, à la

hausse ou à la baisse? Sur ce point, il est difficile de trancher. En effet, les différentes tendances

observées influencent l’effort budgétaire de manière complexe et souvent contradictoire, sans ou-

blier les aléas de la politique économique globale.

La tendance à la simplicité basée sur le naturel, le laisser pousser, les plantes rustiques ou sau-

vages, la mode de la « récup’ », le troc, limitent potentiellement les investissements.

Estelle Faure, présidente de l’UNEP (Union Nationale des Entreprises du Paysage) pour la région

Midi-Pyrénées, y voit ainsi : « le retour à des choses simples, sans sophistication, avec utilisation

de matériaux bruts, issus de récupération, de transformation. L’intérêt pour l’environnement va

pousser à réutiliser des objets avec bon sens dans les créations. Le particulier est en recherche

de simplicité et d’authenticité. On revient à des formes libres et naturelles, en laissant faire la na-

ture, des formes moins artificielles, sans trop d’interventionnisme. Même dans la création des nou-

veaux jardins, on utilise des matériaux simples, comme le tressage de certaines plantes pour servir

de supports à d’autres. »

Cette tendance minimise fatalement le potentiel de consommation, qu’il s’agisse d’aménagement,

d’outillage, de décoration, ou même de végétaux.

Une autre tendance milite pour l’hypothèse inverse. À mesure que les dimensions de l’espace ex-

térieur diminuent, le jardin se compartimente et se fonctionnalise davantage. Il en résulte une so-

phistication avec un décor plus architecturé qui entraîne obligatoirement des investissements,

notamment en matière de structures.

Jean-Yves Puyo, architecte et urbaniste, vice-président de l’association des professionnels de l’ur-

banisme de Midi-Pyrénées, pense que : « les jardins, plus petits, seront d’autant plus raffinés. C’est

l’enseignement que l’on tire de l’observation des jardins des pays voisins, ceux du Nord en parti-

culier. Plus l’espace est limité, plus s’y développe la qualité. »

Dans ce cas, le budget « jardin » devrait augmenter dans l’ensemble. Les postes « mobilier », « amé-

nagement » et « décoration » profiteront en majorité d’une demande quantitative et qualitative.

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Les entretiens menés durant la phase qualitative de notre étude mettent en évidence la même am-

bivalence. Sur le principe, les participants envisagent un effort financier conséquent pour aménager

leur jardin : « si l’on veut faire quelque chose de qualité, il faut mettre les moyens ».

Mais lorsqu’on demande aux Français de préciser quels achats ils effectueraient concrètement,

force est de constater que l’ambition se réduit considérablement : « des pots, de la déco, des

choses qui ne coûtent pas trop cher », « on apporte une petite touche supplémentaire chaque

année », « on change la couleur de la table », « on rachète des plantes, ça change le décor », « on

fait évoluer les couleurs avec les fleurs ».

NB. Globalement, tout laisse à penser que la résultante des différentes tendances exposées soit fi-nalement positive. En effet, si le jardin de 2020 s’investit de multiples fonctions, il est probable que

le budget qui lui sera consacré dans le but de remplir ces fonctions augmentera. La pente de la

courbe sera bien sûr conditionnée par la double conjoncture économique et politique, mais aussi le

moral des ménages, les conditions climatiques et mille et une autres petites choses qu’il n’est pas

possible de prévoir ni de maîtriser.

La mutation probable du paysage commercialOù les français effectueront-ils en 2020 leurs achats destinés au jardin? Cette question nécessite

d’être abordée en deux temps.

Il est certain que le paysage commercial global va évoluer dans la décennie à venir. Mais l’orienta-

tion et le mode de cette évolution sont assez difficiles à prévoir car les opinions des analystes di-

vergent totalement.

Certains prédisent la généralisation des grands centres commerciaux situés à la périphérie des

villes, sur le modèle des malls américains. Cette position est étayée par les projections de l’urba-

nisation de notre pays, à partir des recensements effectués régulièrement. On observe depuis le

début des années 1990 une concentration toujours plus forte de la population dans un nombre res-

treint d'agglomérations et l'étalement du tissu urbain sur le territoire de l’Hexagone.

D’autres prophétisent un retour du petit commerce de proximité. La hausse continue du coût des

transports, tout comme le souhait de nombreux Français de retrouver des échanges de voisinage,

plaident en faveur de cette dernière hypothèse.

Pourtant, force est de constater que l’évolution actuelle des implantations continue à privilégier les

zones commerciales de périphérie. Actuellement, on décèle peu de signes annonciateurs d’un re-

tournement de tendance, malgré l’urgence d’une relocalisation des infrastructures commerciales au

regard des problématiques environnementales.

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S’il est très difficile de trancher entre ces deux extrêmes, la perspective d’un fort déploiement du

e-commerce, laisse peu de place au doute. L’ascension irrésistible de ce canal de vente est attes-

tée par des chiffres vertigineux. Le nombre de sites marchands a augmenté de 29% entre sep-

tembre 2009 et septembre 2010, s’enrichissant de 16 00 nouvelles adresses. Le montant des

paiements en ligne (12,7 Md€) a progressé de 31% au premier semestre 2010 et il devrait attein-

dre 30 Md€ pour l’année Frôlant les 137 millions, le nombre des transactions s’est accru de 26%.

Ce phénomène devrait se prolonger durablement, et investir des secteurs jusque-là relativement

« épargnés » par la vente en ligne. Le jardin est de ceux-là.

Comment se traduira la spécificité de l’achat « jardin » dans le paysage commercial de 2020? Pour

se faire une idée claire, il est nécessaire de distinguer le vivant de l’inerte, car il s’agit d’un critère

essentiel qui oriente le choix du circuit de distribution.

NB. La proximité ne fait pas partie des critères essentiels pour les achats jardins qui privilégient ladiversité de l’offre. C’est pourquoi la grande majorité est réalisée dans des grandes surfaces, qu’elles

soient spécialisées ou non. Même si l’on peut être tenté de mettre en exergue une certaine « ex-

ception jardinière » avec ses produits vivants et ses achats coup de cœur, il semble difficile d’imagi-

ner que le secteur jardin puisse échapper encore longtemps à la déferlante du e-commerce, du moins

pour ses denrées les moins périssables.

Les jardineries : lieux d’achat, de promenade et d’échangeLa phase quantitative de notre étude nous renseigne de manière assez précise sur les choix pré-

visionnels des consommateurs à l’horizon 2020.

Les jardineries apparaissent comme l’acteur incontournable de la décennie à venir pour ce qui

concerne le végétal. 80% des personnes interrogées prévoient de s’approvisionner en plantes dans

le circuit du commerce spécialisé.

La raison de ce plébiscite pourrait bien résider dans la capacité du circuit spécialisé jardin à se po-

sitionner au-delà du simple échange commercial, en apportant une réelle valeur ajoutée par l’accueil,

le choix, le conseil et le service.

Ces services supplémentaires sont d’ores et déjà identifiés : « je vais dans ma jardinerie, je choisis

la plante que je veux, je discute de mon sol », « il y a un magazine gratuit tous les trois mois et il y

a plein d’idées » « ma jardinerie, propose des concepts informatisés pour aider à concevoir les jar-

dins ». Mais il ne faut pas en rester là et travailler sur les mises en scène des rayons, les moyens

d’échanges entre professionnels et clients, l’offre de prestations personnalisées.

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Le public n’hésite pas à s’accaparer le magasin en disant « ma » jardinerie. Il s’agit d’une notion ma-

jeure qui sous-entend la nécessité pour les enseignes d’adopter un positionnement clair et de dé-

velopper un concept aussi personnalisé que possible.

NB. Plus que jamais la notion de « spécialiste » est associée à l’image de la jardinerie. Il importedonc que ce circuit mette en œuvre toutes les ressources disponibles pour que son image coïncide

avec la réalité. Soyons assuré que le consommateur de la décennie à venir, surinformé par Internet,

recherchera de plus en plus la validation de ses acquis auprès d’un conseiller compétent avec lequel

il y aura des possibilités d’échanges. Le magasin spécialisé jardin doit associer le professionnalisme

avec la proximité et la convivialité. L’enjeu est capital au niveau de la personnalisation de l’accueil et

du service, car pour exister, la grande surface spécialisée devra impérativement se distinguer de la

grande surface généraliste.

Une demande croissante de services additionnelsDans une compétition commerciale qui va forcément s’intensifier, le nécessaire apport de valeur

ajoutée devrait augmenter fortement. L’explication se trouve dans le plus fort investissement du

consommateur dans son jardin parce qu’il fait de plus en plus partie intégrante de ses loisirs.

Déjà aujourd’hui, la demande de conseil est très forte (le moindre jardinier a toujours une question

à poser). Mais elle peine à trouver une réponse, et nombre de consommateurs s’avèrent frustrés :

« on veut comparer, prendre des idées, avoir des conseils, comme chez Ikea pour créer sa mai-

son », « on achètera dans des magasins qui ne vendent pas de plantes à la base mais qui seront

devenus polyvalents », « on pourrait faire une chaîne comme cook&go, où l’on fait un plat que l’on

emporte chez soi ; ce serait le garden&go ».

Claude Lopez, Vice-Président du groupe Scotts, dresse ce constat : « la distribution n’a pas fait l’ef-

fort de se mettre au niveau du consommateur d’aujourd’hui. Pour 2020, l’amélioration doit être sen-

sible. L’enjeu consiste à faciliter la vie de l’utilisateur, en simplifiant ses achats et en lui apportant

toutes les informations dont il est avide. Les efforts doivent se concentrer sur la présentation, le des-

ign et la pédagogie. Pour mieux servir le jardinier de 2020, qui sera dans doute davantage fémi-

nin, une filière de livraison à domicile est une des voies à explorer. »

NB. Plus que jamais, les besoins de compétence s’affirment afin de répondre aux fortes attentes desconsommateurs qui souhaitent bénéficier d’une écoute et d’un conseil. Le dialogue personnalisé va

connaître un essor important, mais il faudra sans doute aller encore plus loin. L’animation des ma-

gasins dans un esprit participatif, faire en sorte que le point de vente devienne aussi un lieu où l’on

apprend, où l’on se perfectionne, et pour certains où l’on trouve son jardin « clés en mains », sont

des pistes à développer avant même 2020.

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Se développer par la compétenceAu travers des informations et des tendances dégagées par notre étude, les jardineries apparais-

sent clairement comme le secteur le mieux à même de s’imposer sur le marché du jardin. Pour cela,

elles devront « marquer leur territoire » en affichant une supériorité incontestable en matière de

connaissance du végétal et des techniques de jardinage.

On peut s’étonner que les personnes interrogées dans cette étude ne mentionnent pas les lisas. Il

est difficile d’imaginer que ce dernier circuit soit ignoré. Il est plus que probable que le public assi-

mile les lisas aux jardineries ce qui justifierait de développer la notion de « magasin spécialiste du

jardin », la compétence et l’offre devant être privilégiées et non la superficie de vente.

Quoi qu’il en soit, les lisas sont également en capacité de répondre à la demande de conseils et

de services, générateurs de vente. La filiation agricole des lisas ne peut que renforcer leur légitimité,

face à des jardiniers en recherche de racines paysannes.

Soulignons qu’en dépit de la place centrale qui leur est dévolue en matière de végétal, les jardine-

ries font l’objet de critiques portant sur le niveau de compétence technique des vendeurs : « les ven-

deurs des jardineries, à quelques exceptions près, n’y connaissent rien », « il faut mieux former les

vendeurs, ils doivent devenir des conseillers », « aujourd’hui, on obtient de bons conseils chez les

botanistes [comprendre : les horticulteurs], qui eux s’y connaissent, mais dans les jardineries, ce

ne sont que des vendeurs ».

NB. La qualité du conseil va devenir un véritable critère de choix en matière de distribution des vé-gétaux. Les jardineries jouissent aujourd’hui d’une place privilégiée sur le marché, surtout grâce à

leur offre. Tous les magasins dits « spécialistes » doivent rester vigilants, et tenir compte de ce nou-

vel impératif s’ils veulent maintenir leur crédibilité face à un consommateur de plus en plus exigeant

et potentiellement bien informé grâce à Internet.

Le retour en grâce de la vente directeFait remarquable, la vente directe apparaît comme le deuxième circuit que les Français envisagent

de fréquenter en 2020 pour leurs achats de végétaux. Cela vient confirmer le besoin d’authenticité,

de proximité, de contact et de conseil que dévoile toute notre étude.

45% des personnes interrogées par nos enquêteurs souhaitent acheter leurs végétaux auprès des

producteurs, des pépiniéristes et des horticulteurs. Elles se sentent rassurées en s’adressant à celui

qui cultive les plantes et qui, par conséquent, est susceptible de les connaître le mieux. Il y a aussi

dans les raisons de ce choix, une volonté de traçabilité qui ne s’exprime pas de manière directe,

mais reste induite dans les réflexions : « j’aime savoir d’où viennent les choses que j’achète », « les

plantes cultivées près de chez moi vont mieux s’adapter dans mon jardin. »

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30% der personnes interrogées dans notre étude ont l’intention de se fournir sur les marchés. Cette

volonté augmente encore la part potentielle des producteurs car beaucoup écoulent sur ce circuit

court une partie de leur stock. La notion : « du producteur au consommateur » est perçue comme

très positive par les Français.

Cette attirance pour la vente directe n’a rien de surprenant, lorsqu’on la met en relation avec les trois

tendances fortes que sont :

• Le besoin croissant de conseil et d’information.

• Le souhait de privilégier les relations humaines.

• La tendance à la relocalisation de l’économie.

Et certaines personnes interrogées d’affirmer : « moi, je vais souvent au marché, j’achète aux pro-

ducteurs locaux, ce sont des plantes de chez nous, pas de Hollande comme dans les grandes sur-

faces », « sur les marchés, les producteurs proposent des plantes cultivées de manière

traditionnelle et non produites industriellement, à la chaîne. »

NB. La notion de développement durable, que l’on aurait pu penser voir émerger dans l’attrait desconsommateurs pour la vente directe, est à peine sous-jacente. La proximité géographique compte

moins que la réputation locale ou régionale du producteur. L’achat « à la source » est motivé par la

notion de compétence que génère le professionnel. On s’adresse à « l’homme de l’art » avec la cer-

titude de se trouver « entre de bonnes mains ». Les plantes cultivées localement sont supposées être

mieux adaptées aux conditions particulières du lieu. Elles ont donc toutes chances de donner satis-

faction et d’exiger moins d’entretien, ce qui répond idéalement dans les attentes les plus fortement

exprimées dans notre étude.

Le décrochage des circuits généralistes en matière de végétaux :Dans le contexte mis en exergue précédemment, il n’est pas étonnant que les personnes interro-

gées dans le cadre de notre étude, prévoient de bouder les circuits généralistes pour leurs achats

de végétaux car ils répondent rarement à leurs attentes.

En matière de végétaux, les Français font beaucoup de reproches aux magasins qu’ils nomment :

« les grandes surfaces » : un choix limité, une qualité souvent peu satisfaisante, une présentation

guère attractive, une pauvreté chronique au niveau des informations, une quasi absence de

conseils, un faible suivi dans l’assortiment.

Seulement 18% des Français interrogés envisagent d’acheter des végétaux dans les hypermarchés

ou les supermarchés.

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Les intentions se réduisent à 11% pour les magasins de bricolage dont l’image n’est pas du tout

associée aux produits vivants.

NB. Sachant que le végétal reste l’élément moteur de toute approche du jardin par le consomma-teur, il apparaît clairement que c’est le secteur à travailler pour les circuits de distribution qui sou-

haitent s’imposer sur le marché. Pour les magasins spécialisés, le challenge est d’éviter de se

transformer en « plant center », en mettant l’accent sur les rayons de produits manufacturés qui ap-

portent de la valeur ajoutée. Pour les enseignes généralistes, les défis du commerce du végétal pas-

sent par des actions ciblées et bien montées, par l’optimisation de l’utilisation des nouvelles

technologies mobiles et par des efforts sur l’assortiment et la présentation, afin de générer une réac-

tion d’envie chez les consommateurs.

Les ventes de végétaux vont-elles fleurir sur Internet?Rien n’est moins sûr, du moins dans les conditions actuelles. Seulement 17% des personnes inter-

rogées dans notre étude déclarent qu’elles achèteront des végétaux sur le web. Nous sommes loin

ici de la part de marché dont dispose aujourd’hui le e-commerce dans certains circuits, comme

l’informatique ou même le livre par exemple.

Pour la majorité de Français, l’achat des produits vivants est tout simplement jugé incompatible avec

la dématérialisation que suppose la vente à distance : « Internet, c’est bien mais pas pour le vi-

vant », « les plantes, il faut les voir, les toucher, les sentir ».

En revanche, tout comme pour la vente sur catalogue aujourd’hui, les végétaux « secs » : bulbes et

graines, ne posent pas de cas de conscience aux consommateurs pour être achetés sur Internet. Les

personnes interrogées dans notre étude estiment même que le web permet d’avoir accès à une offre

variétale plus large et de bénéficier de prix attractifs.

NB. L’étude met en exergue un obstacle culturel qui sera bien difficile à lever… à moins qu’une in-

novation majeure ne parvienne à créer la rupture pour affranchir la vente de végétaux de cette

contrainte capitale. Reste que le fait de recevoir ses plantes à domicile serait apprécié par beaucoup.

C’est un service qu’il faut imaginer d’intégrer dans les circuits traditionnels afin de renforcer leur at-

tractivité et de s’imposer définitivement sur le marché des végétaux.

Outils, matériels et équipements, place à la techniqueEn matière d’achat, ces catégories de produits ne présentent pas les mêmes contraintes que les

végétaux. Il apparaît donc normal que les prévisions d’approvisionnement soient sensiblement dif-

férentes. Toutefois la logique du consommateur reste la même. Les circuits privilégiés sont ceux qui

se spécialisent dans le domaine concerné.

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À l’horizon 2020, les GSB apparaissent comme le circuit privilégié pour les outils et les équipe-

ments, avec 61% des intentions d’achat. Cette position favorable est due à la filiation logique entre

l’outillage de bricolage et de jardinage, même si les articles sont totalement différents et par la bonne

image des GSB spécialistes des matériaux, bien ancrée chez les consommateurs.

52% des personnes interrogées envisagent d’acheter des articles d’équipement du jardin dans les

jardineries. Même si le chiffre reste important, il affiche un décrochage de 28% par rapport aux in-

tentions d’achat de végétaux. Conséquence : les circuits spécialisés jardin ont un gros effort à en-

treprendre pour acquérir une légitimité sur l’ensemble de l’offre de produits manufacturés.

Les hypermarchés et supermarchés ne sont cités que par 34% des personnes interrogées, soit

deux fois moins que les GSB. Les intentions d’achat dans les circuits généralistes sont essentielle-

ment conditionnés aux offres promotionnelles et à l’attractivité des prix.

NB. Notre étude n’a pas fait apparaître clairement les réseaux de spécialistes de la motoculture, maisil est sûr que le « positionnement stratégique » affiché par les consommateurs continuera à faire la

part belle à ce circuit pour les matériels à moteur, du moins dans le haut de gamme. On peut en re-

vanche penser que les appareils bon marché en provenance de Chine, commercialisés par les ma-

gasins généralistes ou de bricolage, assureront à l’horizon 2020, l’essentiel du volume de ce marché.

Internet s’affirme en challengerParmi les personnes interrogées dans le cadre de notre étude, 20% envisagent d’acheter leurs ou-

tils, leurs matériels et leur équipement de jardin sur des sites de e-commerce. C’est à peine plus que

le taux de réponse concernant les végétaux. Mais comme il est difficile de projeter un changement

de comportement à titre personnel, la fiabilité des réponses peut être mise en doute.

À l’horizon 2020, il est certain que l’achat sur Internet va se généraliser. Les habitudes vont évoluer

et l’accoutumance à ce nouveau mode d’achat va générer une certaine force d’inertie. On peut

aussi penser que les liens entre commerce et e-commerce se renforçant, la séparation « réel/virtuel »

ne sera plus aussi affirmée qu’aujourd’hui, ce qui estompera les barrières et débloquera les freins.

Aujourd’hui, la plupart des intervenants du commerce en ligne sont ceux que l’on appelle des « pure

players », c’est-à-dire des sociétés qui ne vendent que sur la toile. Rares sont celles qui possèdent

une notoriété suffisante pour rassurer le consommateur sur la validité de ses achats.

Les entreprises de commerce traditionnel, qui disposent d’un réseau de points de vente bien or-

ganisé, se situent nettement en retrait des « pure players », qui possèdent de compétences poin-

tues en matière de vente en ligne et misent tout sur ce mode de distribution. En revanche, elles

bénéficient d’une image de marque qui leur confère une légitimité et un potentiel inégalables.

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NB. Dans la décennie à venir, il est probable que dans chaque secteur, les acteurs historiques vontrattraper leur retard en se positionnant plus clairement sur Internet, parallèlement à leur activité en

magasin. On imagine aisément que le consommateur puisse faire son choix sur des sites très at-

tractifs, informatifs et aux animations ludiques, pour venir ensuite récupérer ses articles dans le ma-

gasin ce qui ne l’empêchera pas d’affiner son choix au final et de visiter le point de vente pour

quelques achats complémentaires ou coup de cœur.

ConclusionsÀ quoi ressemblera le commerce du jardin en 2020? Une réponse précise n’est pas aisée, car de

nombreuses interrogations restent en suspens. L’évolution de la conjoncture économique condi-

tionnant en partie le budget consacré au jardin, la question des modes d’achat s’avère particuliè-

rement complexe. Dans l’ensemble, les consommateurs devraient privilégier les circuits qui affirment

clairement leurs spécialités : les jardineries et les producteurs pour le végétal, et les GSB pour

l’équipement. Les ventes en ligne devraient augmenter à mesure que ce canal de distribution s’an-

crera dans les modes de consommation, mais elles devraient plafonner en raison des contraintes

spécifiques de l’achat jardin.

(Ce document de synthèse a été réalisé par Juliette Lauzac et Patrick Mioulane)

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