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A u cours d’une visite conjointe sans précédent dans les pays de l’Afrique subsaharienne du 20 au 25 février, Horst Köhler, Directeur général du FMI, et James Wolfensohn, Président de la Banque mondiale, ont examiné avec les dirigeants africains les problèmes économiques pressants de leurs pays et se sont accor- dés sur la nécessité d’une nouvelle approche pour ac- célérer la croissance et lutter contre la pauvreté. Ils se sont entretenus avec les chefs d’État de pays d’Afrique occidentale et centrale au Mali et de pays d’Afrique orientale et australe en Tanzanie; ils ont aussi rencon- tré les chefs d’État du Nigéria et du Kenya dans leur pays respectif. Lors d’une conférence sur la pauvreté des enfants, l’éducation et la santé à Londres le 26 février, M. Köhler a résumé ses principales conclusions des réunions avec les dirigeants africains : «l’une de mes impressions les plus fortes est que ces dirigeants sont de plus en plus conscients qu’il leur revient de s’atta- quer aux causes «africaines» de la pauvreté». Il a re- censé trois grands domaines où des progrès sont ac- complis dans la région : les dirigeants africains se rendent compte que tout ef- fort de réduction de la pauvreté doit reposer sur la paix, la démocratie et la bonne gestion des affaires publiques; ils prennent conscience que les perspectives de crois- sance rapide dépendront de la capacité de leurs pays à libérer les énergies créatives de leurs populations; ils sont de plus en plus conscients qu’il est indispen- sable de renforcer la coopération et l’intégration régio- nales pour accroître la compétitivité de leurs économies. (Pour des extraits de l’allocution de M. Köhler à Londres, voir page 71.) Réunion de Bamako MM. Köhler et Wolfensohn ont entamé leur tournée le 20 février à Bamako (Mali), où ils ont examiné les problèmes urgents de la dette et de la pauvreté en Afrique avec dix chefs d’État africains lors d’une réu- nion organisée par Alpha Oumar Konaré, Président du Mali et actuellement à la tête de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Les autres chefs d’État présents étaient Omar Bongo (Gabon), Blaise Compaoré (Burkina Faso),Ahmed Tejan Kabbah (Sierra Leone), John Kufuor (Ghana), Antonio Mascarenhas Monteiro (Cap-Vert), Olusegun Obasanjo (Nigéria), Didier Ratsiraka (Madagascar), Mamadou Tanja (Niger) et Abdoulaye Wade (Sénégal).Après la réunion, Fonds monétaire international VOLUME 30 NUMÉRO 5 12 mars 2001 Dans ce numéro 69 Visite de MM. Köhler et Wolfensohn en Afrique 71 M. Köhler : lutte contre la pauvreté 73 G-7 : sommet de Palerme 75 Conférence commémorative Guitián 76 Programme d’évaluation du secteur financier 77 Flottement de la livre turque 78 M. Aninat : marchés de capitaux latino-américains 79 Nouveau Département des marchés internationaux de capitaux 80 Surveillance de la zone euro 82 Ciblage de l’inflation au Canada Lire aussi . . . 71 Principaux taux du FMI 81 Publications récentes 83 Sur le site Web 69 Une première pour le FMI et la Banque mondiale . . . MM. Köhler et Wolfensohn vont ensemble à la rencontre des dirigeants africains www.imf.org/imfsurvey De gauche à droite, Horst Köhler, Directeur général du FMI , James Wolfensohn, Président de la Banque mondiale, et Alpha Oumar Konaré, Président du Mali. M. Köhler salue des enfants à son arrivée au Mali (à droite) et est reçu par Mande Sidibe, Premier Ministre du Mali (ci-dessous).

MM. Köhler et Wolfensohn vont ensemble à la rencontre des … · 2002-09-20 · Abdoulaye Wade (Sénégal).Après la réunion, Fonds monétaire international VOLUME 30 NUMÉRO 5

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Page 1: MM. Köhler et Wolfensohn vont ensemble à la rencontre des … · 2002-09-20 · Abdoulaye Wade (Sénégal).Après la réunion, Fonds monétaire international VOLUME 30 NUMÉRO 5

Au cours d’une visite conjointe sans précédentdans les pays de l’Afrique subsaharienne du 20 au

25 février, Horst Köhler, Directeur général du FMI, etJames Wolfensohn, Président de la Banque mondiale,ont examiné avec les dirigeants africains les problèmeséconomiques pressants de leurs pays et se sont accor-dés sur la nécessité d’une nouvelle approche pour ac-célérer la croissance et lutter contre la pauvreté. Ils sesont entretenus avec les chefs d’État de pays d’Afriqueoccidentale et centrale au Mali et de pays d’Afriqueorientale et australe en Tanzanie; ils ont aussi rencon-tré les chefs d’État du Nigéria et du Kenya dans leurpays respectif.

Lors d’une conférence sur la pauvreté des enfants,l’éducation et la santé à Londres le 26 février,M. Köhler a résumé ses principales conclusions desréunions avec les dirigeants africains : «l’une de mesimpressions les plus fortes est que ces dirigeants sontde plus en plus conscients qu’il leur revient de s’atta-quer aux causes «africaines» de la pauvreté». Il a re-censé trois grands domaines où des progrès sont ac-complis dans la région :

• les dirigeants africains se rendent compte que tout ef-fort de réduction de la pauvreté doit reposer sur la paix,la démocratie et la bonne gestion des affaires publiques;• ils prennent conscience que les perspectives de crois-sance rapide dépendront de la capacité de leurs pays àlibérer les énergies créatives de leurs populations;• ils sont de plus en plus conscients qu’il est indispen-sable de renforcer la coopération et l’intégration régio-nales pour accroître la compétitivité de leurs économies.

(Pour des extraits de l’allocution de M. Köhler àLondres, voir page 71.)

Réunion de BamakoMM. Köhler et Wolfensohn ont entamé leur tournéele 20 février à Bamako (Mali), où ils ont examiné lesproblèmes urgents de la dette et de la pauvreté enAfrique avec dix chefs d’État africains lors d’une réu-nion organisée par Alpha Oumar Konaré, Présidentdu Mali et actuellement à la tête de la Communautééconomique des États de l’Afrique de l’Ouest(CEDEAO). Les autres chefs d’État présents étaientOmar Bongo (Gabon), Blaise Compaoré (BurkinaFaso), Ahmed Tejan Kabbah (Sierra Leone), JohnKufuor (Ghana), Antonio Mascarenhas Monteiro(Cap-Vert), Olusegun Obasanjo (Nigéria), DidierRatsiraka (Madagascar), Mamadou Tanja (Niger) etAbdoulaye Wade (Sénégal). Après la réunion,

Fonds monétaireinternationalVOLUME 30NUMÉRO 5

12 mars 2001

Dans ce numéro

69Visite de MM. Köhleret Wolfensohn en Afrique

71M. Köhler : lutte contre la pauvreté

73G-7 : sommet de Palerme

75Conférence commémorativeGuitián

76Programme d’évaluation du secteur financier

77Flottement de la livre turque

78M. Aninat : marchés de capitauxlatino-américains

79NouveauDépartement des marchés internationaux de capitaux

80Surveillance de la zone euro

82Ciblage de l’inflationau Canada

Lire aussi . . .

71Principaux taux du FMI

81Publications récentes

83Sur le site Web

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Une première pour le FMI et la Banque mondiale . . .

MM. Köhler et Wolfensohn vont ensemble à la rencontre des dirigeants africains

www.imf.org/imfsurvey

De gauche à droite, Horst Köhler, Directeur général du FMI , James Wolfensohn, Président de la Banque mondiale, et Alpha Oumar Konaré, Président du Mali.

M. Köhler salue des enfants à son arrivée

au Mali (à droite) et est reçu par Mande Sidibe,

Premier Ministre du Mali (ci-dessous).

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M. Köhler a déclaré que ces entretiens constituaientun grand pas en avant vers l’établissement d’unenouvelle approche de la lutte contre la pauvretéen Afrique.

Le lendemain, MM. Köhler et Wolfensohn ont ren-contré les présidents Abdelaziz Bouteflika (Algérie),Thabo Mbeki (Afrique du Sud), Olusegun Obasanjo(Nigéria) et Alpha Oumar Konaré (Mali) pour exami-ner la proposition de «programme du millénaire pour larenaissance africaine», présentée par les trois premiersnommés en janvier à Davos (Suisse), lors du Forum éco-nomique mondial. Ce programme, a déclaré M. Köhlerdans son allocution à Londres, «apparaît comme une vi-sion et un programme de travail distinctement africainspour l’avenir de l’Afrique». «Il vise à réaliser une crois-sance annuelle de 7 % au moins, à doubler la part del’Afrique dans les exportations mondiales sur les cinqprochaines années et à accélérer la réalisation des objec-tifs de développement.» M. Köhler a noté que ce pro-gramme réclamait des mesures urgentes contre le sida etd’autres maladies, ainsi qu’une amélioration des tech-nologies d’information et de communication.

Le 22 février, à Abuja, MM. Köhler et Wolfensohnont rencontré de nouveau le Président Obasanjo,d’autres hauts fonctionnaires nigérians et des repré-sentants de l’Assemblée nationale. Dans leur confé-rence de presse conjointe à la fin de cette réunion, ilsont souligné qu’ils étaient conscients de l’importancede l’économie nigériane pour l’Afrique et qu’ils sou-haitaient appuyer la démocratie naissante dans le paysface aux graves problèmes économiques qui se posent.Quant au gouvernement nigérian, il a exprimé sonengagement à collaborer avec les institutions finan-cières internationales.

Réunion en TanzanieAprès une réunion avec douze chefs d’État de paysd’Afrique orientale et australe à Dar es Salaam (Tan-zanie) le 23 février, Benjamin Mkapa, Président de laTanzanie, a souligné que les dirigeants africains étaientconscients qu’ils étaient les premiers responsables dudéveloppement du continent. Ils sont convenus qu’ils

doivent améliorer leurs infrastructurespour attirer davantage d’investissementsétrangers et éliminer les obstacles auxéchanges régionaux. Le Président Mkapaa demandé au FMI et à la Banque mon-diale d’aider à ouvrir les marchés auxproduits africains. MM. Köhler etWolfensohn ont indiqué qu’ils ap-puyaient vivement cette approche etqu’ils étaient prêts à faire entendre lavoix de l’Afrique dans la communautéinternationale. M. Köhler a souligné quela volonté des pays avancés d’ouvrir leursmarchés aux pays pauvres constituera untest crucial de leur engagement à luttercontre la pauvreté.

Il a indiqué aussi que le FMI cherche à simplifierles conditions liées à ses programmes de prêt et à lesadapter davantage aux circonstances propres àchaque pays.

Goodall Gondwe, Directeur du DépartementAfrique du FMI, a souligné que «l’Afrique n’a pasbeaucoup tiré profit de la mondialisation et qu’elledoit se repositionner pour en maximiser les bienfaits.Tout le monde voudrait savoir comment l’Afriquecompte en arriver là.» Pendant les réunions, a notéM. Gondwe, les dirigeants africains ont abordé desquestions telles que la bonne gestion publique, la ré-solution des conflits et les moyens d’attirer les inves-tisseurs étrangers. Une annulation totale de toutesles dettes n’est pas envisageable, mais, a-t-il noté,M. Köhler a souligné que le FMI examinait en détailla conditionnalité des programmes qu’il appuie.«L’objectif est de réduire le nombre de conditions, etnon de les éliminer complètement. L’Afrique doitobtenir de meilleurs résultats. Il faut redoublerd’efforts et nous voulons voir ce que chacun d’entrenous peut faire pour accélérer la croissance et réduirela pauvreté en Afrique.» Callisto Madavo, Vice-Président de la Banque mondiale pour l’Afrique, adéclaré que la Banque et le FMI «veulent appuyer desprogrammes qui vont vraiment accélérer la crois-sance et réduire la pauvreté».

Ont assisté à la réunion les présidents BenjaminMkapa (Tanzanie), Issaias Afewerki (Érythrée),Frederick Chiluba (Zambie), Joaquim Chissano (Mo-zambique), Paul Kagame (Rwanda), Thabo Mbeki(Afrique du Sud), Festus Mogae (Botswana), Danielarap Moi (Kenya), Robert Mugabe (Zimbabwe),Bakili Muluzi (Malawi) et Yoweri Museveni (Ou-ganda), ainsi que Meles Zenawi, Premier Ministrede l’Éthiopie.

Le 25 février, MM. Köhler et Wolfensohn ont achevéleur tournée africaine en rencontrant à Nairobi Danielarap Moi, Président du Kenya, qui a déclaré par la suiteque cette réunion «très fructueuse» avait porté essen-tiellement sur la coopération économique entre lesdeux institutions et son gouvernement.

12 mars 2001

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De gauche à droite, Horst Köhler, Mamadou Tanja, Président du Niger,Omar Bongo, Président du Gabon, et Alpha Oumar Konaré.

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V oici des extraits d’une allocution prononcée àLondres le 26 février par Horst Köhler, Directeur

général du FMI, lors de la Conférence sur la pauvreté desenfants, l’éducation et la santé. Le texte intégral (en an-glais) est disponible sur le site Web du FMI (www.imf.org).

Nous sommes unis aujourd’hui par notre convic-tion qu’une pauvreté endémique en pleine prospéritémondiale n’est pas viable et est moralement inaccep-table. Nous convenons que la pauvreté est le plus granddéfi du XXIe siècle. Il est bon que les conférences desNations Unies aient établi des objectifs concrets pour2015 en matière d’éducation, de santé, d’environne-ment et de lutte contre la pauvreté. L’objectif global estde briser le cycle de la pauvreté mondiale pour la géné-ration actuelle. Le FMI est déterminé à jouer un rôleactif dans cet effort, dans le cadre de sa mission et ens’appuyant sur ses compétences.

Tournée en Afrique subsaharienneL’une des plus fortes impressions que j’ai retirées desentretiens que James Wolfensohn et moi-même avonseus la semaine dernière avec vingt-deux chefs d’État del’Afrique subsaharienne est que ces dirigeants sont deplus en plus conscients qu’il leur revient de s’attaqueraux causes «africaines» de la pauvreté.• Premièrement, les dirigeants africains se rendentcompte que tout effort de réduction de la pauvretédoit reposer sur la paix, la démocratie et la bonne ges-tion des affaires publiques. Le non-respect de l’état dedroit, les conflits armés, la mauvaise gestion et la cor-ruption sont des obstacles fondamentaux à la crois-sance et au développement.• Deuxièmement, les dirigeants africains prennentconscience que les perspectives de croissance rapide— indispensable pour réduire la pauvreté — dépen-dront de la capacité de leurs pays à libérer les énergiescréatives de leurs populations. À l’appui de ce proces-sus, les dirigeants africains savent que la seule solutionest de s’intégrer dans l’économie mondiale. Il fautpour cela investir dans le capital humain et les infra-structures, et mettre en place une politique écono-mique et des institutions appropriées. Il faut surtoutétablir un climat économique qui encourage l’inves-tissement du secteur privé.• Troisièmement, les dirigeants africains sont de plusen plus conscients qu’il est indispensable de renforcerla coopération et l’intégration régionales pour accroîtrela compétitivité de leurs économies.

Je suis encouragé par les signes de l’émergence d’unleadership collectif en Afrique. En particulier, le con-cept de «programme du millénaire pour la renaissanceafricaine», présenté par les présidents Mbeki, Obasanjoet Bouteflika, apparaît comme une vision et un pro-

gramme de travail distinctement africains pour l’avenirde l’Afrique. Il vise à réaliser une croissance annuelle de7 % au moins, à doubler la part de l’Afrique dans lesexportations mondiales sur les cinq prochaines annéeset à accélérer la réalisation des objectifs de développe-ment. James Wolfensohn et moi-même nous sommesclairement engagés à appuyer cette vision et ce pro-gramme de travail africains. (Voir aussi page 70.)

Rôle des pays industrialisésL’ouverture des marchés aux pays pauvres et l’accrois-sement de l’aide publique au développement —comme promis — constitueront, à mon avis, le testcrucial de crédibilité de l’appui de la communauté in-ternationale à la lutte contre la pauvreté. Un meilleuraccès aux marchés reste le meilleur moyen pour lespays pauvres de prendre part à la prospérité mondiale.Les grands pays industrialisés se doivent d’engager unnouveau cycle de négociations commerciales multila-térales dans le cadre de l’Organisation mondiale ducommerce. Pour accorder une aide particulière à ceuxdans le plus grand besoin, les pays riches doivent offriraux pays les plus pauvres un accès libre à leurs mar-chés, et ce pour les produits les plus importants pourles pays pauvres.

Par ailleurs, il y a plus de trente ans, les NationsUnies ont adopté la recommandation de la Com-mission Pearson selon laquelle les principaux dona-teurs doivent consacrer au moins 0,7 % de leur PNB àl’aide publique au développement. Si, depuis, nombrede pays de l’OCDE utilisent ce chiffre comme réfé-rence, les flux d’aide bilatérale de ces pays sont infé-rieurs à l’objectif de 100 milliards de dollars environchaque année.

Les Nations Unies tiendront une conférence sur le fi-nancement du développement au printemps de 2002

Allocution du Directeur général . . .

M. Köhler plaide pour l’ouverture des marchésaux exportations des pays pauvres

L’ouverture desmarchés auxpays pauvres etl’accroissementde l’aidepublique audéveloppement— commepromis —constitueront, à mon avis, le test crucial de crédibilité de l’appui de la communautéinternationale à la lutte contrela pauvreté.

M. Köhler

Principaux taux du FMISemaine Taux d’intérêt Taux de Taux de

commençant le du DTS rémunération commission

26 février 4,29 4,29 4,975 mars 4,27 4,27 4,95

Le taux d’intérêt du DTS et le taux de rémunération des avoirs corres-pondent à une moyenne pondérée des taux d’intérêt d’instruments àcourt terme émis sur les marchés monétaires des cinq pays dont les mon-naies composent le panier de calcul du DTS.Le taux de rémunérationdes avoirs est le taux de rendement de la position rémunérée des Étatsmembres dans la tranche de réserve.Le taux de commission correspond àun pourcentage du taux du DTS et représente le coût d’utilisation desressources du FMI.Les trois taux sont calculés le vendredi et appliqués lasemaine suivante.Les taux de rémunération et de commission de basesont ajustés en fonction des arrangements conclus au titre de la répartitiondes charges.Pour connaître les derniers taux,appeler le (202) 623-7171,ou se reporter au site Web du FMI :www.imf.org/cgi-shl/bur.pl?2001.

Des informations générales sur les finances du FMI,y compris ces taux,sont disponibles à :www.imf.org/external/fin.htm.

Source : FMI, Département de la trésorerie

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72

(voir Bulletin du FMI, 26 février, page 53). Je serais heu-reux de participer à une campagne de mobilisation dupublic pour une action de tous les gouvernements etparlements des pays de l’OCDE qui permettrait d’at-teindre l’objectif de 0,7 % du PNB d’ici dix ans.

Rôle du FMILors de la dernière Assemblée annuelle du FMI, àPrague, les 182 pays membres ont souligné qu’aujour-d’hui plus que jamais, la mondialisation passe par lacoopération et des institutions doivent organiser cettecoopération. Je le répète : le FMI veut participer à l’ac-tion qui mettra la mondialisation au service de tous.

Pour être plus efficace, le FMI tire les enseignementsde la pratique et s’adapte à l’évolution de l’environne-ment mondial. Nous avons découvert que les pays ap-pliquant un programme ne peuvent pas résoudre tousleurs problèmes en même temps. Nous simplifions laconditionnalité pour faciliter une plus grande prise encharge par les pays eux-mêmes et une exécution soute-nue des programmes. Par ailleurs, le FMI doit se recen-trer : il doit se concentrer sur la stabilité macroécono-mique et le secteur financier, qui sont essentiels pourune croissance soutenue. Il doit aussi aider les pays àtirer profit des chances offertes par la mondialisation.Les événements récents indiquent plus clairement quejamais que le FMI doit redoubler d’efforts pour trouverdes réponses face aux risques d’instabilité perturbatricedans les flux internationaux de capitaux.

Le FMI doit faire partie d’un concept intégré de lacommunauté internationale face à la mondialisation : ilfaut prendre conscience que la dimension sociale ne peutêtre séparée de la dimension économique et que nouspartageons tous un même monde.En d’autres termes, lespauvres doivent être des partenaires et des participants àpart entière, et la pauvreté est notre problème à tous.Dans cette optique, un FMI recentré doit être conscientde questions qui ne relèvent pas de ses principaux do-maines de compétence et coopérer avec les organisationsqui sont responsables de ces questions au premier chef.

Allégement de la dette et pauvretéIl est clair que l’allégement de la dette est un élémentimportant d’une stratégie globale de lutte contre la pau-vreté. Le FMI et la Banque mondiale ont engagé l’initia-tive renforcée en faveur des PPTE, qui a permis d’allégerla dette de vingt-deux pays pauvres l’an dernier. Je salueaussi les décisions du Royaume-Uni et d’autres paysd’annuler 100 % de leurs créances bilatérales dans lecadre de cette initiative. Mais prenons garde, l’allége-ment de la dette n’est pas une panacée. Le crédit est unélément indispensable du développement économique.C’est pourquoi, à plus long terme, les pays pauvres de-vront absolument convaincre les investisseurs privés deleur capacité et de leur volonté de rembourser leursprêts, et bien utiliser le répit qui leur est accordé dansleurs obligations au titre du service de la dette pour ré-duire effectivement la pauvreté.

La lutte contre la pauvreté exige du courage, de ladétermination et un effort soutenu. C’est pourquoi ellene sera couronnée de succès que si elle repose sur unestratégie conçue par le pays lui-même, et non imposéede l’extérieur. C’est la philosophie qui sous-tend le pro-cessus des documents de stratégie pour la réduction dela pauvreté, lancé par le FMI et la Banque mondiale il ya un peu plus d’un an. Pendant les deux premières an-nées des opérations au titre de la facilité pour la réduc-tion de la pauvreté et pour la croissance (FRPC), les dé-penses d’éducation et de santé devront normalementaugmenter de 1 % environ du PIB. Nous savons quec’est encore loin d’être satisfaisant. Mais la question estbel et bien à l’ordre du jour des institutions interna-tionales. Cependant, que ce soit clair : les besoins sonténormes et, même dans le meilleur des cas, les res-sources et les capacités d’exécution seront limitées. Lespays devront inévitablement faire des choix difficiles.

Nos entretiens avec les dirigeants africains ont con-firmé à mes yeux que le manque de capacités, plutôtque le manque de volonté politique, est souvent le prin-cipal obstacle aux programmes de croissance et de luttecontre la pauvreté. Il est clair que nous devons accorderune priorité plus élevée au renforcement des capacités.Nous avons besoin de plus de ressources pour l’assis-tance technique et nous devons rendre l’assistancetechnique existante plus efficiente.

ConclusionCe serait une tragédie si nous quittions cette réunionpour retourner à nos habitudes. Il est crucial, je pense,d’établir un mécanisme de coopération pour suivre lesprogrès et coordonner nos activités en vue d’atteindreles objectifs de développement fixés pour 2015. Nousdevons distribuer les responsabilités au niveau natio-nal, régional et mondial, et convenir de moyens poursuivre les résultats. Nous devons aussi mettre en placeun processus de suivi de l’appui international dans desdomaines tels que l’accès aux marchés, l’aide, l’allége-ment de la dette, le renforcement des capacités et lecontrôle des ventes d’armes. À partir de ces élémentspourrait s’établir un cadre de responsabilisation dansl’effort visant à atteindre les objectifs de développementinternational. La tribune appropriée pour une telleévaluation serait bien entendu les Nations Unies. LeFMI est prêt à participer activement à un processus desuivi concret, constructif et transparent.

C’est ainsi notamment que nous devons vraimentnous concentrer sur le rôle que nos organisationspeuvent le mieux jouer dans la lutte contre la pauvretéet en faire notre première préoccupation tout au longde l’année.

La lutte contrela pauvretéexige ducourage, de ladéterminationet un effortsoutenu. Ce sont lesconditions du succès.

M. Köhler

Photographies : Padraic Hughes (FMI), pages 69–70; MikePalazzotto (AFP), page 73; Denio Zara, Pedro Márquez etMichael Spilotro (FMI), pages 75, 79, 83–84; Stephanie Pilick(AFP), page 80.

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Sur fond de ralentissement de l’activité aux États-Unis et de faiblesse persistante de l’économie japo-

naise, les ministres des finances et les gouverneurs desbanques centrales des pays industrialisés du Groupe desSept se sont réunis à Palerme le 17 février pour passeren revue l’évolution récente de l’économie mondiale.MM. Horst Köhler, Directeur général du FMI,Willem F. Duisenberg, Président de la Banque centraleeuropéenne, et Romano Prodi, Président de l’Euro-groupe, ont également pris part aux discussions. Lesgrands argentiers ont également rencontré le ministredes finances et le gouverneur de la Banque centrale deRussie, ainsi que des représentants de la Commissioneuropéenne pour discuter des récents développementsde l’économie russe. À l’issue de leurs travaux, les mi-nistres et gouverneurs ont émis une déclaration, dontnous donnons de larges extraits.

Évolution récente de l’économie mondialeMême si la croissance mondiale cette année sera proba-blement un peu plus lente que nous le prévoyions lors denotre dernière réunion, les facteurs fondamentaux quiont appuyé une croissance soutenue dans nombre desgrandes économies industrielles demeurent en place.

Nous convenons de la nécessité de mesures macro-économiques et structurelles dans tous nos pays poursoutenir la croissance. Dans ce contexte, il est importantque les prix de l’énergie soient plus bas et que le marchédu pétrole demeure stable.

Nous avons réaffirmé notre volonté de favoriser lesconditions nécessaires à une croissance durable de parle monde. Dans ce contexte, nous avons souligné l’im-portance d’une collaboration continue entre les paysdu G-7. Plus précisément :• Aux États-Unis, la croissance économique a ralenti,même si les données fondamentales demeurent solides.La politique monétaire et la politique budgétaire de-vraient viser à appuyer une croissance soutenue, touten maintenant la rigueur budgétaire et la stabilité desprix et en favorisant l’accroissement de l’épargne na-tionale à moyen terme.• Au Royaume-Uni et au Canada, la croissance demeurevigoureuse et le taux de chômage est peu élevé,avecquelques signes d’un ralentissement temporaire de lacroissance économique.Les politiques devraient conti-nuer de soutenir la croissance et l’emploi à moyen terme,tout en atteignant les objectifs visés en matière d’inflation.• Dans la zone euro, les perspectives de croissance de-meurent favorables grâce à la forte demande intérieure.La politique économique devrait chercher à développerles possibilités de croissance au moyen d’efforts concertésde réforme continue visant à accroître l’efficacité des mar-chés des produits et de la main-d’œuvre.Des réformesfiscales sont mises en œuvre en même temps que des pro-grammes d’assainissement budgétaire.À la lumière du

vieillissement de la population européenne, les budgets etles systèmes de sécurité sociale doivent être consolidés.• Au Japon, même si une légère reprise est attendue, lesprix continuent de diminuer et les risques subsistent.Dans ce contexte, la politique monétaire doit continuerde veiller à ce que les liquidités soient amplement suf-fisantes. Les efforts visant à raffermir le secteur finan-cier doivent être accrus.

Les économies de marché émergentesAprès deux ans de reprise vigoureuse, les perspectives deséconomies de marché émergentes sont devenues plusmitigées.Nous nous réjouissons des grands progrès réali-sés dans les pays touchés par la crise en Asie pour réduireles facteurs de vulnérabilité, y compris l’amélioration dela structure de leur endettement extérieur, et l’adoptionde régimes de change plus soutenables.Pour assurer lacroissance future, il est important de poursuivre les ré-formes nécessaires dans le secteur financier et dans le sec-teur des entreprises.En Amérique latine,de saines poli-tiques macroéconomiques et structurelles devront êtreappliquées pour réduire les facteurs de vulnérabilité.Dans toutes les économies de marché émergentes,nousinsistons sur l’importance de l’intensification des effortsde mise en œuvre de normes et de codes internationaux.Le rythme des réformes ne doit pas être relâché.

La RussieNous nous réjouissons des récentes améliorations de lasituation macroéconomique et de la balance des paie-ments russes. Nous invitons instamment les autoritésrusses à accélérer le processus de réforme économiqueet à rétablir rapidement des relations normales avec lacommunauté financière internationale. Il reste à releverdes défis de taille, comme faire respecter l’état de droit,s’attaquer aux cas de non-paiement et de troc, renforcerle système bancaire, améliorer le gouvernement d’en-treprise et lutter contre le blanchiment d’argent. À cesujet, nous demandons instamment aux autoritésrusses de remédier rapidement aux failles relevées par

12 mars 2001

73

Sommet de Palerme . . .

Les grands argentiers du G-7 examinent les conséquences du ralentissement aux États-Unis

Les ministres des finances réunis auSommet de Palerme(de gauche à droite) :Paul Martin (Canada),Didier Reynders(Belgique), GordonBrown (Royaume-Uni),Paul O'Neill (États-Unis), VincenzoVisco (Italie), LaurentFabius (France), KiichiMiyazawa (Japon) etCaio Koch-Weser,Secrétaire d’État aux finances del’Allemagne.

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le Groupe d’action financière sur le blanchiment decapitaux (GAFI) en juin 2000. Nous leur demandons demettre en œuvre un programme de réforme digne deconfiance et de créer l’infrastructure et les institutionsessentielles à une saine croissance. Dans ce contexte,nous encourageons les autorités russes à poursuivreleur collaboration avec la Banque mondiale et le FMI.

Les PPTE et les perspectives au-delà de l’allégement de la detteNous avons constaté avec satisfaction que la mise enœuvre de l’initiative renforcée en faveur des PPTE adéjà permis à vingt-deux pays d’en arriver au point dedécision. Ces pays bénéficient actuellement d’un im-portant allégement de la dette. Nous sommes déter-minés à les aider à mettre en œuvre leurs stratégies deréduction de la pauvreté, de manière à parvenir rapide-ment à leur point d’achèvement.

Il en résultera un allégement de la dette de 34 milliardsde dollars qui réduira la dette de ces pays des deux tiersen moyenne. Nous avons constaté que la plupart despays admissibles qui n’en sont pas encore au point de dé-cision sont actuellement en conflit, ou qu’ils viennentd’en sortir. Nous invitons instamment ces pays à réglerpacifiquement ces conflits et nous avons l’intention deles aider dans leurs efforts de reconstruction.

Nous encourageons vivement tous les créanciers àfaire leur part de manière à réduire la dette, en tempsopportun, dans le cadre de l’initiative renforcée enfaveur des PPTE. Les gouvernements des pays du G-7ont dépassé les objectifs de l’initiative et ont pris l’en-gagement d’annuler la totalité de la dette au titre del’aide publique au développement et des crédits com-merciaux admissibles des pays qualifiés pour la réduc-tion de la dette. Nous invitons instamment les autrescréanciers bilatéraux à adopter des mesures semblables.

Nous considérons que l’allégement de la dette n’estqu’un élément d’une stratégie plus large fondée surtrois piliers. D’abord, il faut amorcer un nouveau cyclede négociations multilatérales et ouvrir d’autres mar-chés aux exportations des pays les plus pauvres. Deuxiè-mement, un contexte économique plus propice à attirerles investisseurs privés doit être créé dans les pays lesplus pauvres. Troisièmement, dans le cadre des straté-gies de réduction de la pauvreté conduites par les pays,les ressources doivent être acheminées de manière plusefficace et coordonnée au secteur social, alors que noustravaillons aux objectifs de développement internatio-nal à l’horizon 2015.

Le renforcement de l’architecture financière internationaleNous avons constaté les progrès accomplis au titre durenforcement du système financier international. Nousappelons de nos vœux de nouveaux progrès en ce quiconcerne l’ordonnancement des conditions du FMI, lamise en œuvre de normes et codes acceptés à l’échelleinternationale, la prévention des crises, la participationdu secteur privé et la libéralisation financière. Nousconstatons qu’il est nécessaire de poursuivre le débat surles quotes-parts au Conseil d’administration du FMI.

Nous avons également discuté des principales caracté-ristiques de la réforme des banques multilatérales de dé-veloppement (BMD).Ces institutions ont accompli d’im-portants progrès,mais il est possible de faire plus pourconcentrer leur action sur la réduction de la pauvreté.Lesprincipes clés de la réforme sont une plus grande sélecti-vité,des actions centrées sur les besoins des plus pauvreset une gestion interne transparente et efficace.

Selon nous, la définition des priorités du développe-ment exige qu’un soin particulier soit apporté à fournirdes biens publics mondiaux adéquats, assurer unebonne gestion publique, développer le secteur privédans les pays à faibles revenus et développer le secteurfinancier, y compris lutter contre les abus financiers.Nous sommes impatients d’intensifier nos discussionsavec les BMD à cette fin et d’examiner les progrès réa-lisés lors des réunions du printemps.

Lutte contre les abus financiers Suite à notre rapport présenté au Sommet d’Okinawa[en juillet 2000, voir bulletin du FMI, 7 août 2000,page 241] et aux recommandations des chefs d’État duG-7, nous constatons l’évolution positive du dialogueavec les pays concernés. Le GAFI a récemment fait étatdes progrès importants accomplis par la plupart desquinze pays et territoires non coopératifs répertoriés enjuin 2000. Sept de ces pays ont déjà promulgué la plu-part, sinon la totalité, des lois requises pour lutter effi-cacement contre le blanchiment d’argent. Nous invi-tons ces administrations à montrer leur volonté et leurcapacité de mettre en application ces réformes, de fa-çon à pouvoir être rayées de la liste le plus tôt possible.Dans cette optique, nous maintenons notre engage-ment de poursuivre le dialogue avec les pays répertoriéset de fournir une assistance technique quand ce serapossible. Toutefois, nous rappelons que nous demeu-rons prêts, dans les cas où le dialogue échoue, à mettreen œuvre les contre-mesures coordonnées qui pour-ront être recommandées par le GAFI lors de la réunionde juin 2001. Nous invitons instamment les institutionsfinancières internationales, en particulier le FMI et laBanque mondiale, à aider les pays et territoires noncoopératifs à mettre en œuvre les normes internatio-nales de lutte contre le blanchiment d’argent (les40 recommandations du GAFI), selon le cas, au moyend’une assistance technique, de la conception des pro-grammes et d’un dialogue stratégique.

Nous nous réjouissons de l’intention de certainesplaces financières offshore d’améliorer les politiques etles pratiques de surveillance, de réglementation, de col-laboration et d’échange d’informations, et nous les in-vitons à communiquer les résultats des évaluations, ycompris celles qui sont menées par le FMI, pour mon-trer qu’elles se conforment aux règles établies et faireétat des progrès réalisés en vue de satisfaire aux normesinternationales en la matière. Nous demandons auForum de stabilité financière de surveiller la mise enœuvre de ses recommandations, d’envisager des façonsde souligner les progrès accomplis par certaines placesfinancières offshore, et de recommander les mesures àprendre à l’avenir, si nécessaire.

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Robert Mundell, prix Nobel de sciences écono-miques (1999) et ancien membre des services du

FMI, a réitéré sa foi dans le pouvoir stabilisateur d’unepolitique monétaire commune qui serait conduite parce qu’il a appelé le «Groupe des trois» : États-Unis, zoneeuro et Japon.

La conférence de M. Mundell, intitulée «The Inter-national Monetary System: Quo Vadis?», était donnéeau FMI en mémoire de Manuel Guitián, ancien Direc-teur du Département de la monnaie et des changes duFMI, à l’occasion du premier anniversaire de son décès.Elle faisait suite aux hommages rendus au disparu parMM. Horst Köhler, Directeur général du FMI (voirl’encadré), Stanley Fischer, Premier Directeur généraladjoint du FMI, Guillermo Ortiz, Gouverneur de laBanque centrale du Mexique, Joaquim Muns, profes-seur d’économie à l’Université de Barcelone, et JoaquinFerran, ancien Directeur du Bureau européen du FMI.Mohsin S. Khan, Directeur de l’Institut du FMI et coor-donnateur de l’événement, avait auparavant fait les pré-sentations d’usage.

M. Mundell a préconisé une «nouvelle manièred’appréhender le monde» fondée sur l’importancemonétaire des pays : «Il existe actuellement une zonedollar dominante, une zone euro, une zone yen, ettoute une série d’économies de moindre envergure.»Le PIB des États-Unis atteint environ 10 billions dedollars, celui de la zone euro environ 7 billions et celuidu Japon environ 5 billions.Viennent ensuite des pays

comme la Chine et le Royaume-Uni, dont le PIB atteintquelque 1,5 billion de dollars. «Les pays les plus richesreprésentent donc 60 % de l’économie mondiale.» Onne saurait donc parler de l’architecture financière in-ternationale sans tenir compte du trio de tête et desrapports de change qu’ilsentretiennent.

M. Mundell a développéce thème en expliquantqu’une telle union monétaireservirait, à terme, de préludeà la mise en place d’unemonnaie internationaleunique. Selon lui, cinq con-ditions sont à remplir pourréaliser cette union : l’adop-tion d’un indice commun etd’une cible commune d’in-flation, d’un taux de change«fixé irrévocablement» etd’une politique monétairecommune, et la redistribution du seigneuriage de sorteque personne ne profite du changement.

«On créerait ainsi un système économique plus effi-cace non seulement pour les trois grands, mais pour lemonde entier. Ne serait-il pas merveilleux de voir l’Asiecesser de s’inquiéter des fluctuations yen-dollar, sansparler des pays d’Afrique et d’Europe de l’Est, constam-ment angoissés par les fluctuations euro-dollar.»

Conférence commémorative Manuel Guitián . . .

Robert Mundell évoque la perspective d’une monnaie mondiale unique

M. Köhler rend hommage à Manuel Guitián

Dans une allocution prononcée avant la conférence de

Robert Mundell, Horst Köhler, Directeur général du FMI, a

rendu hommage à Manuel Guitián, «Espagnol de naissance,

mais véritable internationaliste par choix, qui a largement

contribué, par ses efforts, à renforcer notre institution à un

moment particulièrement déterminant de son évolution».

M. Köhler a souligné cinq aspects de la contribution de

M. Guitián qui continuent encore aujourd’hui d’influer sur

les discussions stratégiques du FMI :• Pour M. Guitián, le FMI était avant tout un outil de coopé-ration monétaire internationale. Il savait qu’à terme, la mon-dialisation rendrait ce rôle encore plus crucial.• La conditionnalité était selon lui un élément essentieldes prêts consentis par le FMI, servant à la fois à garantirla rotation des ressources du FMI et à limiter les risquesd’aléa moral.• Il a décrit avec éloquence le difficile équilibre à maintenirentre l’application de règles et le pouvoir discrétionnaire dansla conduite de la politique monétaire. C’était pour lui unequestion de degré, toute politique économique devant néces-

sairement faire la place à la fois à la réglementation et aupouvoir de décision.• Il a toujours déploré que la solidité du système bancaire etle contrôle bancaire soient «les parents pauvres de la poli-tique monétaire». On a depuis reconnu que la solidité du sys-tème bancaire des pays membres doit être au cœur des pré-occupations du FMI.• Finalement, il a toujours été un ardent promoteur de la li-béralisation des mouvements de capitaux. Il jugeait que lesStatuts du FMI avaient besoin d’être profondément réviséspour tenir compte du mouvement mondial en faveur decette libéralisation, de la croissance phénoménale des flux decapitaux et de la souplesse des taux de change.

Le Directeur général a rappelé que tout au long de sa car-

rière de près de trente ans, M. Guitián s’est illustré par son

travail dans trois départements du FMI : le Département de

l’élaboration et de l’examen des politiques (ancien Départe-

ment des relations de change et de commerce), le Départe-

ment Europe et, finalement, le Département de la monnaie

et des changes. M. Guitián était retraité depuis la fin de 1998.

«Le FMI s’est bâti grâce au travail et au dévouement de gens

de la trempe de Manuel Guitián», a conclu M. Köhler.

Robert Mundell (à gauche) et Mohsin Khan.

Manuel Guitián

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L es crises financières, en particulier les crises ban-caires, sont devenues fréquentes ces dernières an-

nées. Si leur fréquence a été un peu plus élevée dans lespays en développement ou à marché émergent, les paysindustrialisés n’ont pas été épargnés non plus. Ces crisessont très coûteuses pour l’économie du pays concerné.Dans la majorité des cas, par exemple, les crises ban-caires sont suivies d’une récession, la baisse cumulée dela production atteignant parfois jusqu’à 10 % du PIB.

Cette profusion de crises a poussé la communautéinternationale à tenter de renforcer la stabilité finan-cière. L’une des initiatives prises à cet effet est le pro-gramme d’évaluation du secteur financier (PESF) misen place conjointement par le FMI et la Banque mon-diale. Lancé à titre expérimental en mai 1999, ce pro-gramme concerne une douzaine de pays, dont des paysindustrialisés comme le Canada et l’Irlande, des pays àmarché émergent comme l’Afrique du Sud et des paysen développement comme le Cameroun et El Salvador.

Le Conseil d’administration du FMI a examiné leprogramme-pilote à la mi-décembre 2000 et celui dela Banque mondiale début janvier 2001. Le pro-gramme a été très bien reçu, le Conseil du FMI décla-rant que «le PESF fournit un cadre de référence solidepour identifier les vulnérabilités du secteur financier,renforcer l’analyse des questions de stabilité macro-économique et financière, recenser les besoins de dé-veloppement et aider les autorités nationales à formu-ler des ripostes appropriées».

Éléments du PESFLe PESF constitue un examen de santé détaillé du sec-teur financier d’un pays, qui permet d’évaluer com-ment ses institutions financières font face à l’adversité.Les tests de résistance indiquent si les institutions indi-

viduelles, et le secteur financier dans son ensemble, res-teront solvables face à des chocs tels que de fortes varia-tions du taux de change du pays concerné ou des tauxd’intérêt mondiaux.

Le programme d’évaluation du secteur financierpermet aussi d’interpréter les indicateurs macropru-dentiels qui ont signalé les crises dans le passé. Parexemple, nombre de crises sont allées de pair avec unniveau élevé d’emprunts à court terme en devises(supérieurs aux réserves de change). Le niveau élevéde ces derniers est donc peut-être le signe qu’il estnécessaire de prendre des mesures correctives.

En outre, le PESF évalue dans quelle mesure les paysobservent les normes et les codes reconnus universelle-ment, par exemple les principes fondamentaux du Co-mité de Bâle pour un contrôle bancaire efficace. Cetteévaluation permet aux autorités nationales de compa-rer leurs pratiques en matière de réglementation et desurveillance, entre autres, aux meilleures pratiques desautres pays. Elle leur permet aussi d’évaluer la gestiondes risques et des vulnérabilités du système financier etmet en évidence les lacunes à corriger pour que tous lescitoyens aient accès à une gamme raisonnable de ser-vices financiers.

Les tests pratiqués dans le cadre du PESF ne sontpas des fins en soi. Leurs résultats sont intégrés auxtravaux de la Banque et du FMI. Sur la base desrapports PESF, les services des deux institutions pré-parent des rapports distincts pour leur Conseil d’ad-ministration respectif. Le rapport au Conseil d’admi-nistration du FMI («évaluation de la stabilité dusecteur financier») examine les conséquences pro-bables de différentes politiques économiques, dechocs exogènes et de réformes du secteur financiersur la santé de celui-ci.

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M. Mundell est revenu sur la création de la monnaiecommune aux États-Unis, en 1792, et sur la conférencede Bretton Woods de 1944, à l’occasion de laquelle lesdélégations du Royaume-Uni et des États-Unis avaientproposé des monnaies mondiales appelées respective-ment Bankor et Unitas. À l’heure actuelle, l’unité dontse sert le FMI pourrait jouer un tel rôle, a-t-il indiqué.Le panier servant au calcul de la valeur du DTS qui, en1974, contenait 16 monnaies, n’en compte plus quequatre : le dollar, l’euro, le yen et la livre sterling, cettedernière risquant bientôt de disparaître si le Royaume-Uni se joint à la zone euro.

Il faudrait donner à la nouvelle monnaie mondialeun nom moins rébarbatif que «droit de tirage spécial»,a-t-il suggéré. Cette monnaie serait entièrement con-vertible en l’une ou l’autre des monnaies du Groupe

des trois, et ce dernier pourrait être chargé, par le Con-seil des gouverneurs du FMI, d’en assurer la gestion. Sion créait la monnaie mondiale en s’inspirant de la pro-position originale de 1944, personne ne pourrait accu-ser le FMI de se transformer en banque centrale, niprétendre que la gestion de la monnaie est confiée àune «bande de bureaucrates internationaux.»

M. Mundell a conclu qu’une monnaie mondialeunique «constituerait un formidable outil de promo-tion du commerce mondial dans un climat d’ouvertureet de transparence. Il n’y aurait plus de crise de change,ni de ces opérations d’arbitrage de quelque 20 à 30 bil-lions de dollars sur les produits dérivés circulant ac-tuellement dans le monde — des fonds d’arbitragecherchant à réduire l’inefficacité créée par un systèmede change absurde.»

Examen du Conseil d’administration . . .

Le programme d’évaluation du secteur financierpermet d’identifier les facteurs de vulnérabilité

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Programme de collaborationSi l’évaluation du secteur financier a toujours été unélément important des activités du FMI et de la Banquemondiale, le PESF prévoit une collaboration plusétroite, qui repose sur des missions conjointes. Il com-plète aussi les compétences des services de la Banque etdu FMI par celle d’experts externes, dont la connais-sance et les avis ajoutent un élément utile de «jugementpar des pairs» international, en particulier pour ce quiest de l’évaluation de l’observation des normes et descodes. À ce jour, plus de cinquante institutions(banques centrales, organes de contrôle, etc.) ont ac-cepté de fournir des experts pour ce programme.

Mesures de suiviLe suivi des missions PESF sera essentiel pour que lespays en tirent un profit maximum. Le Conseil d’admi-nistration du FMI a noté qu’un des objectifs du PESF estd’encourager les autorités nationales à faire face aux vul-nérabilités identifiées et aux besoins de développement.Le FMI et la Banque mondiale veillent à mettre une as-sistance technique à la disposition des pays qui cherchentà corriger les déficiences recensées par le PESF.

Le programme a été élargi à vingt-quatre pays envi-ron par an. Le FMI et la Banque mondiale comptents’appuyer sur divers critères pour sélectionner les pays :l’importance systémique du pays, la faiblesse de sonsecteur extérieur ou sa vulnérabilité financière, son ré-gime de change et l’équilibre géographique. La partici-pation au programme reste volontaire.

Publication des conclusionsCes dernières années, le FMI et la Banque mondiale sesont attachés à diffuser plus largement les conclusionsde leurs missions. Dans le cas du PESF, cependant, laprudence est de mise. Certaines informations néces-saires pour établir un diagnostic à la suite d’une mis-sion PESF, en particulier celles relatives aux institutionsfinancières, sont très sensibles. Par conséquent, les rap-ports PESF continueront d’être préparés sous la formede documents confidentiels pour les autorités natio-nales, à l’exception des évaluations détaillées de l’obser-vation des normes et des codes incluses dans les rap-ports PESF, qui peuvent être publiées. Cependant, lesévaluations de la stabilité du secteur financier peuventêtre publiées si le pays membre y consent, et ce dans desconditions semblables à celles qui régissent aujourd’huila publication des consultations au titre de l’article IV— les examens annuels de la politique macroécono-mique des pays membres par le FMI.

Moins de crisesBien que l’expérience soit positive jusqu’à présent, leConseil d’administration du FMI souligne que le pro-gramme est encore relativement récent et repose surdes techniques analytiques, des outils et des méthodesqui évoluent à mesure que toutes les parties concernéestirent les enseignements de la pratique.

Mais le FMI et la Banque mondiale sont conscientsque même un PESF plus «mûr» ne peut vacciner lespays contre toutes les futures crises financières. Ces testspeuvent signaler l’accumulation de vulnérabilités, maisils ne sont pas infaillibles. Et, dans une certaine mesure,la prise de risques — et des crises occasionnelles — fontpartie intégrante d’une économie de marché dyna-mique. Mais le FMI et la Banque mondiale sont d’avisque le PESF, en identifiant les faiblesses du secteur fi-nancier d’un pays et en proposant des mesures correc-tives, devrait contribuer, à terme, à réduire le nombrede crises.

Prakash LounganiFMI, Département des relations extérieures

Le FMI approuve le flottement de la livre turque

Dans une note d’information datée du 21 février, HorstKöhler, Directeur général du FMI, a déclaré que le FMI ap-puyait la décision des autorités turques de laisser flotter la livre.

«Nous notons avec intérêt que le gouvernement turc apour objectif de continuer à réduire l’inflation et d’assurerune croissance durable. La poursuite de l’ajustement budgé-taire et une politique monétaire stricte devraient stabiliser letaux de change et faire en sorte que, peut-être après unehausse initiale, l’inflation continue à reculer et que les autresprogrès considérables accomplis dans le cadre du programmeappuyé par le FMI seront préservés.

«Bien que les objectifs du programme économique dugouvernement turc n’aient pas varié, le changement derégime de change exige de réviser le cadre macroéconomiquedu programme appuyé par le FMI. Les autorités ont annoncéque les volets structurels du programme seront appliquéscomme prévu.

«Nous nous attendons à ce que les entretiens entre les ser-vices du FMI et les autorités sur les changements à apporterau programme débuteront cette semaine, pour que leprochain décaissement en faveur de la Turquie dans le cadrede l’accord en vigueur avec le FMI puisse être effectué dans lessemaines à venir. Il s’agira d’explorer les possibilités de mettreà la disposition du pays au titre du programme des ressourcesqui couvriront une partie de la hausse des coûts budgétairesde la restructuration bancaire.

«La participation continue des créanciers privés est es-sentielle au succès du programme d’ajustement de la Tur-quie. Le FMI s’attend à ce que les banques commercialesconservent leurs engagements envers les banques commer-ciales turques, conformément à l’accord volontaire concluen décembre 2000», a déclaré M. Köhler.

Le texte intégral (en anglais) de la note d’informationno 01/21 est disponible sur le site Web du FMI (www.imf.org).

Le 5 février, le FMI a affiché sur son site Web le texte intégral (enanglais) de la note d’information au public no 01/11, intitulée IMFReviews Experience with the Financial Sector Assessment Programand Reaches Conclusions on Issues Going Forward, qui résume l’exa-men par le Conseil d’administration du programme-pilote d’éva-luation du secteur financier.

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V oici des extraits d’un discours prononcé le 5 fé-vrier à Washington par Eduardo Aninat, Direc-

teur général adjoint du FMI, lors de la Conférence de laBanque interaméricaine de développement sur le dé-veloppement des marchés financiers. Le texte intégral(en anglais) est disponible sur le site Web du FMI(www.imf.org).

Ces dix dernières années, l’Amérique latine a ac-compli des progrès considérables dans le développe-ment de ses marchés financiers. Mais il lui reste unlong chemin à parcourir. Les avantages d’un tel déve-loppement sont énormes, mais les défis à relever poury arriver le sont aussi.

Perspective des marchés émergentsNous sommes d’un optimisme prudent pour plu-sieurs raisons. Premièrement, les crises financièresdes années 90 ont souligné l’importance de la soli-dité des politiques macroéconomiques et des sys-tèmes financiers.

Deuxièmement, nous sommes d’un réalisme pru-dent à propos du contexte extérieur. Aujourd’hui, ilsemble probable que la croissance mondiale avoisi-nera 31/2 % cette année, contre 43/4 % en l’an 2000, letaux le plus élevé de ces douze dernières années, soitune baisse plus prononcée que prévu il y a quelquesmois seulement. Même dans ces conditions, l’Amé-rique latine pourrait conserver un rythme de crois-sance de la production respectable de 4 % cette année,avec un nouveau recul de l’inflation, qui tomberait à5–6 % en moyenne pour l’ensemble de la région.

Troisièmement, la plupart des fonds de placementsuivent de plus en plus des indices de référence mon-diaux qui accordent une importance fixe aux mar-chés émergents.

Du côté négatif, cependant, nous devons admettreque l’environnement extérieur continue de présentertrois risques. Premièrement, plusieurs facteurs exté-rieurs, tels que la croissance américaine, les tauxd’intérêt, les prix du pétrole, les cours des actions surles marchés matures et les principaux taux de changeinflueront lourdement sur les flux de capitaux et lesécarts d’intérêts, comme noté plus haut. Deuxième-ment, les marchés émergents, étant de petite taille parrapport aux marchés financiers mondiaux, sont forttouchés en cas de repondération des indices de réfé-rence. Troisièmement, la base d’investisseurs sur cesmarchés est parfois assez instable.

Obstacles microéconomiquesCes perspectives teintées d’un optimisme prudentpour les marchés émergents offrent l’occasion des’attaquer à nombre d’obstacles qui continuent de

freiner le développement des marchés financiers enAmérique latine et dans les Caraïbes.

Les marchés obligataires nationaux sont relative-ment développés, ce qui s’explique par les besoins definancement traditionnellement élevés du secteurpublic, la mise en place rapide de fonds de pensionprivés et la croissance parallèle des investisseurs insti-tutionnels, ainsi que les récents efforts visant à amé-liorer l’infrastructure financière de ces marchés. Ilreste beaucoup à faire pour développer des marchésd’obligations privées, mais les progrès accomplisdans les marchés d’obligations de l’État et la crois-sance des investisseurs institutionnels fournissentmaintenant une base plus solide.

En ce qui concerne les marchés d’actions, lesobstacles sont un peu plus difficiles à surmonter. Lacapitalisation de quelques marchés d’actions latino-américains est satisfaisante, mais leur chiffre d’af-faires, leur liquidité et leurs nouvelles émissions sontencore relativement faibles. Les opérateurs des mar-chés intérieurs se préoccupent de la baisse de liqui-dité des marchés régionaux, des actions de référencese faisant radier de la cote et de nouvelles émissions sedéroulant offshore. Cependant, il est encourageant devoir que plusieurs pays s’attaquent à ces problèmes etrévisent leur cadre juridique.

La question de la taille des marchés est étroitementliée à l’intégration et au développement des marchésfinanciers. L’un des avantages notoires de l’intégra-tion, en particulier pour les petits pays, est l’accès àun fonds de ressources plus large (et, espérons-le,plus diversifié). À cet égard, il est encourageant denoter que plusieurs bourses de la région ont récem-ment pris l’initiative de créer des alliances entre elles,ainsi qu’avec des bourses extérieures à la région.

Obstacles systémiquesL’Amérique latine fait face aussi à de gros obstaclesau niveau systémique. C’est là que le FMI a un rôleplus important à jouer. L’alternance de phases d’ex-pansion et de récession a empêché la mise en placed’une large base d’investisseurs, un élément fonda-mental pour le développement de marchés finan-ciers en Amérique latine. L’un des plus grand défis dela région est de maîtriser cette volatilité. Ces der-nières années, il est devenu manifeste que la stabilitéde l’économie mondiale dépend de plus en plus de lastabilité du système financier. C’est pourquoi l’Amé-rique latine doit continuer d’accomplir des progrèsdans l’exécution de solides politiques macroécono-miques et financières. Le FMI appuiera ces efforts enrenforçant ses travaux sur les marchés financiers et lastabilité du système bancaire.

Discours d’Eduardo Aninat . . .

Le développement des marchés financiers latino-américains est difficile, mais prometteur

Ces perspectivesteintées d’unoptimisme prudent pourles marchésémergents offrent l’occasion de s’attaquer à nombre d’obstacles qui continuentde freiner ledéveloppementdes marchés financiers enAmérique latineet dans lesCaraïbes.

M. Aninat

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En ce qui concerne la prévention des crises, HorstKöhler, Directeur général du FMI, a mis en place ré-cemment le groupe consultatif sur les marchés descapitaux, qui nous permet d’entretenir un dialoguepermanent avec les emprunteurs et les créanciers.Nous organisons aussi des réunions régionales pourles opérateurs des marchés financiers avec la partici-pation de cadres supérieurs. Nous recherchons ainsiun engagement constructif, c’est-à-dire établir undialogue permanent avec le secteur privé tant en pé-riode de croissance qu’en période de crise, pour tirerles enseignements de la pratique.

Pour réduire la vulnérabilité des pays aux chocsextérieurs, le FMI et la Banque mondiale procèdent àun examen de santé de leur secteur financier. Nousvoulons savoir comment leur système financier secomporterait face à l’adversité. Nous voulons aussiévaluer les indicateurs qui ont signalé les crises dansle passé et la qualité du système de surveillance et deréglementation. Bien sûr, la prise de risque fait partieintégrante d’une économie de marché dynamique.Mais ce nouveau programme, baptisé programmed’évaluation du secteur financier, devrait aider à ré-duire le nombre de crises en recensant les faiblessesdu secteur financier des pays et en permettant de pro-poser en temps opportun des mesures de correction.Le cas échéant, le FMI et la Banque mondiale sontprêts à appuyer les autorités nationales en leur four-nissant une assistance technique de suivi pour lesaider à corriger les faiblesses recensées.

En coopération avec la Banque mondiale, le FMIest aussi en train d’établir des directives pour la ges-tion de la dette publique.

Bien sûr, si l’Amérique latine espère attirer un pluslarge éventail d’investisseurs, elle doit aussi accroître

la transparence, en communiquant plus régulière-ment de meilleures données aux marchés et au pu-blic en général. La transparence renforce la respon-sabilité des décideurs et la crédibilité de leurspolitiques; elle facilite aussi le fonctionnement or-donné et efficient des marchés financierset intensifie la concurrence. Le FMI con-tribue à ce processus en établissant desnormes et des codes de bonnes pratiques.

En ce qui concerne la résolution descrises, car crises il y aura toujours, le FMIavance dans ses travaux sur la participa-tion du secteur privé. Notre stratégie con-siste à jouer un rôle catalyseur. Cettestratégie est fondée sur l’hypothèse selonlaquelle, grâce à l’exécution soutenue demesures macroéconomiques et structu-relles de correction et aux concours offi-ciels, les pays ont de bonnes chances deretrouver assez rapidement l’accès auxmarchés financiers internationaux.

Dans des cas plus difficiles, nous devons explorerun éventail plus large de possibilités de financement,notamment en encourageant la participation du sec-teur privé.

Enfin, nous espérons que des pays latino-américains utiliseront les lignes de crédit préven-tives, la nouvelle facilité créée par le FMI en 1999.Contrairement aux autres facilités du FMI, qui sontdestinées aux pays déjà en difficulté, cette nouvellefacilité a pour but d’éviter qu’un pays se retrouve endifficulté. Elle offre aux pays qui mènent une poli-tique économique avisée une ligne de défense pré-ventive supplémentaire contre la contagion finan-cière et l’instabilité excessive.

M. Aninat :«L’alternance dephases d’expansionet de récession a empêché la miseen place d’unelarge base d’investisseurs, un élément fondamental pour le développementde marchés financiers enAmérique latine.»

Création d’un Département des marchésinternationaux de capitaux au FMI

Dans une note d’information datée du 1er mars, le FMI a an-noncé la création d’un Département des marchés internatio-naux de capitaux.

M. Köhler, Directeur général du FMI, a annoncé la créa-tion au sein de l’institution d’un Département des marchésinternationaux de capitaux afin d’améliorer la surveillance etde mieux prévenir et gérer les crises.

Ce nouveau département permettra de consolider desopérations actuellement réparties entre trois départements.Ses attributions seront quelque peu étoffées et il maintiendranotamment des contacts systématiques avec les institutionsqui fournissent la majorité des capitaux privés dans le monde.En outre, il jouera un rôle crucial dans les travaux théoriquesdu FMI sur le système financier international, ainsi que dansl’accès des pays membres aux marchés de capitaux.

D’après M. Köhler, ce département contribuera forte-ment au renforcement de l’architecture financière interna-tionale et, en particulier, du rôle du FMI dans la préventiondes crises.

Le FMI indique ainsi clairement son intention d’êtrel’un des pôles de recherche sur les marchés financiers. End’autres termes, il pourra grâce à ce département :• approfondir ses connaissances sur les opérations desmarchés de capitaux et sur les forces déterminant l’offrede capitaux;• être mieux armé pour aborder les questions systémiquessoulevées par l’évolution des marchés de capitaux;• assurer une surveillance plus efficace au double niveaunational et international;• être davantage en mesure de signaler rapidement les ten-sions potentielles sur les marchés financiers;• faciliter l’accès des pays membres aux marchés internatio-naux de capitaux et travailler en synergie avec ces marchés.

M. Köhler espère nommer dès que possible à la tête dece département une personne jouissant de la formation etde l’expérience professionnelles que nécessite ce poste.

Le texte complet de la note d’information no 01/24 estdisponible (en anglais) sur le site du FMI (www.imf.org).

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Le FMI a affiché récemment sur son site Web(www.imf.org) les conclusions d’une mission de ses

services auprès des institutions de l’Union européenne(UE) sur la politique économique de la zone euro.Alessandro Zanello, chef de la Division des politiques del’UE, explique comment le FMI surveille la zone euro etexamine les questions abordées dans ces conclusions.

Lors de la troisième phase de l’UEM, les paysmembres ont remplacé leur politique de change etleur politique monétaire nationales par des politiquescommunes définies par les institutions de l’UE, no-tamment par la Banque centrale européenne (BCE).Ce changement institutionnel a eu des conséquencesimmédiates pour la surveillance exercée par le FMI.

La question fondamentale est que seuls des payspeuvent être membres du FMI et que les institutions del’UE ne sont pas tenues par les Statuts du FMI d’exami-ner leurs politiques avec ce dernier. Cependant, les paysde la zone euro doivent veiller à ce que le FMI puisseremplir la mission prévue par ses Statuts, et une consul-

tation avec un pays membre au titrede l’article IV ne peut être achevéesans que le FMI puisse évaluer lespolitiques fondamentales — tellesque la politique monétaire et la po-litique de change — qui relèvent desa compétence.

C’est pourquoi fin 1998, justeavant le lancement de la troisièmephase de l’UEM, le Conseil d’admi-nistration du FMI a décidé que lesentretiens avec les représentants desinstitutions concernées de l’UE —la BCE, mais aussi le Conseil desministres, qui dispose de préroga-tives dans le domaine du taux dechange — doivent se dérouler dansle cadre des consultations au titrede l’article IV avec les pays de lazone euro.

Dans la pratique, la fréquence actuelle des consulta-tions au titre de l’article IV avec les pays de la zone euro— généralement un cycle de douze mois — a été main-tenue. Les missions des services du FMI se rendent dansces pays et font rapport au Conseil d’administration surl’évaluation de l’économie nationale et les politiquesqui sont définies et appliquées au niveau national, no-tamment les politiques budgétaires et structurelles.

En outre, les services du FMI s’entretiennent deuxfois par an avec les institutions de l’UE chargées despolitiques communes (politique monétaire et poli-tique de change). Bien que ces entretiens aient lieu sé-parément de ceux avec les pays de la zone euro, ils sont

considérés comme faisant partie intégrante du proces-sus de consultation au titre de l’article IV pour chaquepays membre. Dans la mesure du possible, le Conseild’administration examine les pays de la zone euro àpeu près au moment des entretiens avec les institu-tions de l’UE. Ceux-ci se déroulent principalement à laBCE, à Francfort, mais les services du FMI se rendentaussi à la Commission européenne, à Bruxelles, pouravoir une vue générale de l’évolution dans l’UE et lazone euro.

Les rapports des services du FMI sur ces entretienssont diffusés au Conseil d’administration. L’un de cesrapports constitue la base de discussion d’une réuniondu Conseil sur la politique monétaire et la politique dechange des pays de la zone euro dans le cadre des con-sultations au titre de l’article IV avec ces pays. Cetteréunion se déroule généralement chaque automne. Auprintemps, un rapport de suivi sur la deuxième séried’entretiens est normalement fourni au Conseil pourinformation; il donne le contexte des consultations bi-latérales avec les pays de la zone euro dont les examensne coïncident pas avec l’examen annuel de la zone europar le Conseil. Ce deuxième rapport ne donne norma-lement pas lieu à une réunion du Conseil, mais un ad-ministrateur peut demander un examen formel desquestions abordées dans le document.

À la fin de chaque mission, l’équipe des services duFMI prépare des conclusions qu’elle examine avec lePrésident de la BCE et l’Eurogroupe, le groupe informeldes ministres des finances des pays de la zone euro. Cebref document contient des remarques préliminaires etévoque des thèmes qui sont généralement examinésplus en détail dans les rapports ultérieurs des servicesdu FMI.

Selon les dernières conclusions diffusées, la dyna-mique interne de la zone euro reste robuste, mais la dé-térioration du climat extérieur assombrit les perspec-tives. Il est prévu que la croissance de la demandeintérieure avoisinera 3 % sous l’effet des réductionsd’impôts, d’une création soutenue d’emplois et de larentabilité élevée des entreprises. Étant donné le ralen-tissement plus net que prévu de l’économie américaine,l’essoufflement de la reprise au Japon et un certain re-virement du taux de change de l’euro, le secteur exté-rieur contribuera cependant moins au PIB cette annéequ’en 1999–2000. Il est probable que la croissance dansla zone euro tombera de 3,4 % en l’an 2000 à 23/4 % en-viron en 2001.

Avec le ralentissement de la croissance mondiale et lerecul des prix du pétrole, les risques pesant sur la stabi-lité des prix à moyen terme diminuent, selon les servicesdu FMI, et il pourrait être possible d’abaisser les tauxd’intérêt, surtout si le ralentissement mondial s’avère

Surveillance du FMI . . .

La surveillance de la zone euro témoigne d’un intérêt croissant pour une approche multilatérale

Le siège de la Banque centrale européenne à Francfort(Allemagne).

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plus marqué que prévu actuellement ou si l’euro s’ap-précie nettement. Cependant, il semble approprié àl’heure actuelle d’attendre avant d’infléchir la politiquemonétaire, car certains indicateurs des tensions infla-tionnistes demeurent supérieurs aux objectifs de la BCE.

La surveillance de la zone euro par le FMI illustreson intérêt croissant pour la surveillance régionale etmultilatérale, comme en témoigne aussi le suivi desautres unions monétaires de pays membres, notam-ment l’Union économique et monétaire ouest-

africaine (UEMOA) et la Communauté économique etmonétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) (qui cons-titue la Communauté financière africaine, CFA), ainsique la Banque centrale des Caraïbes orientales. LeConseil d’administration du FMI examine une fois paran les politiques monétaire et commerciale de la CFA,tandis que les développements dans la zone de laBanque centrale des Caraïbes orientales lui sont rap-portés, mais ne font pas l’objet actuellement d’uneréunion formelle.

OuvragesIndia at the Crossroads—Sustaining Growth and Reducing

Poverty, edited by Tim Callen, Patricia Reynolds, and

Christopher Towe (27 $)

Kosovo: Macroeconomic Issues and Fiscal Sustainability,

Robert Corker, Dawn Rehm, and Kristina Kostial (18 $)

Occasional Papers (Études spéciales; 20 $)

No 204 : Monetary Union in West Africa (ECOWAS),

Paul Masson and Catherine Pattillo

Working Papers (Documents de travail; 10 $)

01/01 : Monetary Independence in Emerging Markets—

Does the Exchange Rate Regime Make a Difference?

Eduardo Borensztein, Jeromin Zettelmeyer, and

Thomas Philippon

01/02 : Crises and Liquidity—Evidence and Interpretation,

Enrica Detragiache and Antonio Spilimbergo

01/03 : China’s Provincial Growth Dynamics,

Jahangir Aziz and Christoph Duenwald

01/04 : Are African Current Account Deficits Different?

Stylized Facts, Transitory Shocks, and Decomposition

Analysis, César Calderón, Alberto Chong, and

Luisa Zanforlin

01/05 : Recursive Utility, Endogenous Growth, and the

Welfare Cost of Volatility, Anne Epaulard and

Aude Pommeret

01/06 : Growth Slowdown in Bureaucratic Economic

Systems: An Issue Revisited, Zuzana Brixiová and

Ales̆ Bulir̆

01/07 : Inflation Targeting with NAIRU Uncertainty and

Endogenous Policy Credibility, Peter Isard, Douglas

Laxton, and Ann-Charlotte Eliasson

01/08 : Budgetary Transparency for Public Expenditure

Control, Franco Reviglio

01/09 : Time-to-Build and Convex Adjustment Costs,

Petya Koeva

01/10 : Modeling Politics with Economic Tools: A Critical

Survey of the Literature, Jan-Peter Olters

01/11 : The Role of Medium-Term Fiscal Frameworks

for Transition Countries—The Case of Bulgaria,

Balazs Horvath and Istvan Szekely

01/12 : Different Strokes? Common and

Uncommon Responses to Financial

Crises, James M. Boughton

01/13 : Counterfeit Goods and Income

Inequality, Stefania Scandizzo

IMF Staff Country Reports

(Rapports sur les pays

membres; 15 $)

01/27 : Burkina Faso: Second

Review Under the Poverty

Reduction and Growth Facility

01/28 : Ukraine: Statistical

Appendix

01/29 : Albania: First Review Under

the Third Annual Arrangement

Under the Poverty Reduction

and Growth Facility and Request

for Waiver of Performance

Criteria

01/32 : Malawi: Selected Issues and

Statistical Appendix

01/33 : Norway: 2000 Article IV Consultation

01/34 : Norway: Selected Issues

01/35 : Cambodia: Second Review Under the

Poverty Reduction and Growth Facility

01/36 : Tunisia: 2000 Article IV Consultation

01/37 : Tunisia: Statistical Appendix

01/38 : Malawi: 2000 Article IV Consultation and Request

for a Three-Year Arrangement Under the Poverty

Reduction and Growth Facility

01/39 : Panama: 2000 Article IV Consultation

01/40 : Republic of Lithuania: Statistical Appendix and

Tax Summary

01/41 : Panama: Recent Economic Developments

Publications récentes

Vous pouvez vous procurer ces publications en vous adressant à : IMF Publication Services, Box X2001, IMF,Washington,DC 20431 (U.S.A.). Téléphone : (202) 623-7430. Télécopie : (202) 623-7201.Adresse électronique : [email protected].

Vous trouverez sur le site www.imf.org des informations en anglais concernant le FMI. Le site www.imf.org.external/fre/index.htm propose une sélection de documents en français, dont le texte intégral du Bulletin du FMI, du Supplémentannuel consacré au FMI et du magazine Finances & Développement.

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L e 16 février, Malcolm Knight, Premier Sous-Gouverneur de la Banque du Canada, a animé un

séminaire de l’Institut du FMI sur la politique monétaireet le ciblage de l’inflation au Canada. M. Knight, qui estentré à la Banque du Canada après une longue et fruc-tueuse carrière au FMI, s’est entretenu avec MartinKaufman, économiste au Département Hémisphère occi-dental du FMI, du ciblage de l’inflation au Canada et deson opportunité dans d’autres pays.

M. KAUFMAN : Qu’est-ce qui a poussé le Canada à ciblerl’inflation? Et quels ont été les principaux obstacles àl’application de cette stratégie?M. KNIGHT : Dans les années 70 et 80, l’inflation était éle-vée et variable au Canada. Lorsque l’inflation montait,le dollar canadien tendait à se déprécier, ce qui alimen-tait à son tour l’inflation. En partie à cause de ce cerclevicieux, les résultats macroéconomiques du Canada nefurent pas à la hauteur de ses possibilités durant cettepériode. Les Canadiens ont alors pris conscience qu’ilfallait doter la politique monétaire d’un ancrage nomi-nal pour tirer le meilleur parti du taux de change flottantdans les ajustements aux chocs extérieurs. La Banque duCanada allait ainsi trouver le meilleur point d’ancragedans le ciblage direct d’une inflation faible et stable.

Le Canada a adopté ce régime de ciblage de l’infla-tion en 1991, lorsque son taux annuel dépassait 4 %.L’objectif était de le ramener entre 1 et 3 %, mais sanstrop peser sur la production ni l’emploi. À cet effet, laBanque du Canada a opéré une désinflation progres-sive. Au sortir de la récession de 1990–91, l’inflation areculé plus vite que prévu et durant ces neuf dernièresannées son taux moyen s’est stabilisé autour de 2 %.

Sur le plan des résultats économiques, le ciblage del’inflation n’a vraiment commencé à porter ses fruitsque lorsque les autorités se sont attelées pour de bon àla réduction des déficits budgétaires aux niveaux fédé-ral et provincial en 1995. Ce resserrement des poli-tiques financières a plus récemment permis de faire di-minuer le ratio dette publique/PIB, et les taux d’intérêtont également fléchi dans le cadre de cette politique deciblage. En fin de compte, je dirais que depuis 1996 l’ac-célération de la croissance et la baisse du chômage s’ex-pliquent dans une grande mesure par le maintien del’inflation à un faible niveau et le renforcement de nospolitiques financières.

M. KAUFMAN : Comment l’objectif d’inflation est-ildéterminé et comment fonctionne le ciblage?M. KNIGHT : L’objectif est adopté d’un commun ac-cord par le gouvernement et la Banque du Canada. Il y

a eu trois accords de ce type depuis 1991. L’objectifactuel vaut jusqu’à fin 2001. Depuis 1995, nous visonsune fourchette de 1 à 3 %, que nous jugeons dans l’en-semble appropriée pour maintenir une inflation faibleet stable, renforcer la crédibilité de la politique moné-taire et étayer, comme nous l’avons vu au cours descinq dernières années, une croissance continue de laproduction et de l’emploi.

Nous visons à terme le milieu de la fourchette. À desfins opérationnelles, la Banque du Canada utilise l’in-flation sous-jacente, laquelle, à terme, s’aligne générale-ment sur l’indice des prix à la consommation (IPC),mais qui exclut l’énergie et l’alimentation, dont les prixsont plus instables, et les effets des variations des im-pôts indirects. Aujourd’hui, l’inflation globale avoisine3 %, du fait de la nette hausse des prix de l’énergie de-puis le début de 1999, mais l’inflation sous-jacente estd’environ 2 %.

En fin de compte, bien sûr, les ménages et les en-treprises s’intéressent à l’inflation globale. Donc, sil’écart avec l’inflation de base persiste, il faudrait veillerà ce que l’inflation globale demeure dans la fourchettede 1 à 3 %.

M. KAUFMAN : Pourquoi le ciblage de l’inflation renforce-t-il la crédibilité et aide-t-il à ancrer les anticipations in-flationnistes à long terme?M. KNIGHT : Le ciblage de l’inflation renforce la crédibi-lité parce qu’il est très transparent. Le maintien de l’in-flation dans une fourchette de 1 à 3 % est un objectiftrès clair que l’homme de la rue peut comprendre. C’estpour lui un objectif parlant, car il sait que nous suivonsles variations du coût de la vie et que nous cherchons àles limiter. C’est aussi un objectif transparent qui faci-lite la communication avec les marchés et le grand pu-blic. Nous montrons ainsi clairement que notre actionest guidée par le souci de maintenir à terme l’inflationdans la fourchette. Nous pouvons alors interpréter lesréactions des marchés et des médias pour voir s’ilspensent que notre action est opportune.

On peut juger de la crédibilité du ciblage de l’infla-tion en voyant si les anticipations inflationnistes sontglobalement conformes aux niveaux visés. Depuis plu-sieurs années, les indicateurs disponibles nous laissententendre que les marchés et le grand public tablent surune inflation annuelle de 2 % environ, soit le milieu denotre fourchette.

M. KAUFMAN : La conception du cadre institution-nel peut-elle réduire le coût du renforcement dela crédibilité?

Entrevue avec Malcolm Knight . . .

Le ciblage de l’inflation au Canada :un système transparent avec objectif crédible

Le ciblage de l’inflationrenforce la crédibilitéparce qu’il esttrès transparent.

M. Knight

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M. KNIGHT : La loi fondamentale qui régit le fonction-nement de la Banque du Canada — la Loi sur laBanque du Canada — présente celle-ci comme uneinstitution indépendante. Elle prévoit en outre que legouverneur, ou en son absence, le premier sous-gouverneur, est responsable de la conduite de la poli-tique monétaire. C’est pourquoi elle précise que le gou-verneur et le premier sous-gouverneur doivent avoirune expérience financière éprouvée. Ils sont nomméspour sept ans, d’où une certaine indépendance. Dans lapratique, depuis quelques années, la politique moné-taire est formulée par le Conseil d’administration de laBanque, actuellement composé du gouverneur, du pre-mier sous-gouverneur et de cinq sous-gouverneurs.Dans ses décisions, le Conseil d’administration tientcompte de l’avis et des recommandations des écono-mistes principaux de l’institution réunis au sein du Co-mité d’examen de la politique monétaire.

Il importe aussi que le mécanisme de ciblage de l’in-flation offre lui aussi une certaine indépendance à labanque centrale. La fourchette est arrêtée par le gouver-nement et la Banque du Canada, mais celle-ci est char-gée de prendre les mesures de politique monétaire né-cessaires pour atteindre cet objectif, ce qui lui donne, jepense, une grande indépendance aux yeux du public. Sile public juge que la Banque fera toujours le nécessairepour atteindre l’objectif annoncé du maintien d’uneinflation faible et stable, cette confiance tendra à réduirele coût du renforcement de la crédibilité, car il porteravraiment son attention sur un objectif clair de poli-tique monétaire.

M. KAUFMAN : Quels avantages le Canada tire-t-il d’unciblage explicite de l’inflation?M. KNIGHT : Bien que le Canada soit un pays indus-trialisé avancé, les produits de base représentent une

grande partie de sa production et de ses exportations. Ils’ensuit que les fluctuations des cours y ont sur lestermes de l’échange un effet différent de celui enregistrédans la plupart des autres pays in-dustrialisés avancés. Lorsque lescours des produits de base dimi-nuent par rapport aux prix desbiens manufacturés, notre taux dechange flexible contribue à l’ajus-tement, et ce plus efficacementque si toute la pression s’exerçaitsur les salaires nominaux ou surles autres revenus des facteurs.

Mais ce n’est le cas que s’ilexiste un ancrage nominal mani-feste pour les prix intérieurs. Si,indépendamment de la valorisation ou de la déprécia-tion du dollar canadien, l’on est convaincu de la déter-mination de la Banque du Canada à maintenir un tauxd’inflation faible et stable, les entreprises sauront com-ment réagir. Ainsi, dans le cas d’une appréciation de lamonnaie, elles devront trouver d’autres efficiences dansleur structure de coûts pour préserver leurs marges bé-néficiaires. À l’inverse, quand le dollar canadien se dé-précie, elles savent qu’en répercutant la hausse du prixdes importations, elles risquent de réduire la demandede leurs produits.

Une inflation élevée crée beaucoup d’incertitudedans l’économie et la population doit utiliser desressources réelles pour s’ajuster. Une inflation faibleet stable devrait réduire ces coûts et conduire à demeilleurs résultats économiques. Est-ce bien ce quis’est produit au Canada? Au début des années 90, lacroissance de la production et de l’emploi n’était pastrès forte. Mais c’était une période de restructurationtrès profonde face aux progrès technologiques, à la

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M. Knight : «Si onlaisse flotter la monnaie, il faut un point d’ancragenominal manifeste.»

En anglais sur le site Web (www.imf.org)

Communiqués de presse01/5 : le FMI approuve le troisième prêt annuel FRPC en faveur

du Sénégal, 16 février01/6 : troisièmes crédits FRPC et MEDC en faveur de la

République du Yémen, 28 février01/7 : Madagascar : prêt FRPC de 103 millions de dollars, 1er mars

Notes d’information01/20 : publication sur le site Web du code de déontologie,

des règles de transparence financière et des procédures administratives, 15 février

01/21 : le FMI approuve le flottement de la livre turque,21 février (voir page 77)

01/22 : le FMI approuve la lettre d’intention relative à la deuxièmeannée du programme MEDC de la Colombie, 26 février

01/23 : le FMI achève la première revue du programme del’Uruguay, 26 février

Notes d’information au public (NIP)01/13 : Tunisie, 13 février

01/14 : Panama, 16 février01/15 : Royaume-Uni, 28 février

DiscoursHorst Köhler, Directeur général du FMI, «Breaking the Cycle of

World Poverty», Conférence sur la pauvreté des enfants, l’édu-cation et la santé, Londres, 26 février (voir page 71)

TranscriptionsConférence de presse, Thomas Dawson, Directeur du

Département des relations extérieures, 15 février

Rapports sur l’observation des normes et des codes*Grèce (mise à jour), 22 février

DiversRapport d’étape sur l’initiative en faveur des pays pauvres très

endettés (PPTE) et les documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté, et priorités pour 2001, 15 février

Activités financières du FMI, 16 févrierThe IMF–World Bank Financial Sector Assessment Program, Paul

Hilbers, 23 février (voir aussi page 76)* Date de l’affichage.

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concurrence et aux accords de libre-échangeaméricano-canadien puis nord-américain. LeCanada s’adaptait également à un repli de l’in-flation dans le cadre du régime de ciblage. Deplus, au début des années 90, l’orientation despolitiques financières posait encore beaucoupde problèmes.

Depuis 1996, tandis que la situation budgétaireaux niveaux fédéral et provincial s’est notable-ment améliorée et que les anticipations inflation-nistes se sont ancrées au milieu de la fourchette, lacroissance de la production a été invariablementélevée et le chômage est tombé progressivement àson plus bas niveau depuis vingt-cinq ans. Par ail-leurs, l’équipement des entreprises a nettementprogressé. Cela signifie, nous l’espérons, que les résul-tats économiques sont meilleurs en valeur réellelorsque l’inflation est faible et stable. Nous avons notéune hausse de la croissance de la productivité au coursde l’année écoulée et nous espérons que le mouvementse poursuivra à plus long terme.

M. KAUFMAN : Quelles leçons les autres pays, en parti-culier les pays en développement, peuvent-ils tirer del’expérience canadienne?M. KNIGHT : Il ressort de cette expérience que le ciblagede l’inflation peut être un élément très utile du régimemonétaire pour un pays qui laisse flotter sa monnaie.Pour un pays en développement dont l’évolution éco-nomique sera probablement différente de celle de sespartenaires commerciaux, il est important d’avoir untaux de change flottant. Or, un taux de change flottantcontribuera davantage à s’ajuster aux chocs s’il existeun ancrage nominal manifeste pour les prix intérieurs.C’est pourquoi à la Banque du Canada, nous sommesconvaincus qu’une inflation faible et stable amélioreglobalement les résultats économiques à long terme.

Le ciblage d’une inflation faible et stable, en parti-culier dans un pays en développement, exige une solidediscipline budgétaire. Dans nombre de pays en déve-loppement, il y a un lien assez direct entre déficit bud-gétaire excessif, expansion monétaire et inflation. En ci-blant une inflation faible et stable, les autorités d’unpays en développement peuvent s’engager de manièretransparente vis-à-vis du public à maintenir de bonsrésultats, non seulement dans la politique monétaire,mais aussi dans la politique budgétaire.

M. KAUFMAN : Quel rôle joue le contexte dans le choixd’une politique monétaire appropriée?M. KNIGHT : C’est une question délicate. Si la dette li-bellée en devises est élevée, les fluctuations du taux dechange auront un impact sur le profil du service de ladette par rapport aux recettes d’exportation. Mais c’estun problème de transition : le pays peut quand mêmedécider de cibler l’inflation. Il doit simplement tenir

compte de l’échéance de sa dette en devises et de sonservice, et structurer le passage au ciblage de l’inflationde manière à ne pas créer de problèmes.

Dans un pays comme l’Argentine, compte tenu desfortes inflations et dépréciations qu’elle a connues parle passé, le passage à un taux de change flexible et auciblage de l’inflation serait plus difficile. Par contre, il enva différemment du Brésil. Le taux de change flexible yconstitue un bon choix, car le Brésil est une grosse éco-nomie où les biens non échangés occupent une placetrès importante. Cette structure fait que les fluctuationsdu taux de change se répercutent moins sur le tauxd’inflation intérieur. L’expérience brésilienne de cesdeux dernières années montre que le taux de changeflexible et le ciblage de l’inflation fonctionnent bien,d’autant plus que l’engagement à stabiliser la situationbudgétaire a été renforcé notablement. Le ciblage del’inflation donne de bons résultats aussi au Mexique.Mais, comme il s’agit d’une économie où le secteur desbiens échangés est beaucoup plus grand, les autoritésdoivent faire plus attention aux répercussions.

M. KAUFMAN : En quoi la situation est-elle différentedans une économie très ouverte?M. KNIGHT : Un pays dont l’économie est totalementouverte et qui n’a pas de biens non échangés peut rat-tacher sa monnaie à une autre et accepter le taux d’in-flation mondial. Le rattachement ou l’appartenance àune union monétaire est un bon moyen de stabiliserles prix intérieurs des biens de consommation. Dansun petit pays ouvert et exportateur de pétrole, parexemple, les fluctuations du taux de change réel ontpeu d’effet sur la rentabilité des exportations de pétrole.Le rattachement à une monnaie de référence contribueégalement à maximiser les gains microéconomiques ducommerce extérieur. Mais dès qu’il y a des biens et desservices non échangés — et la main-d’œuvre est certai-nement un service non échangé —, il vaut peut-êtremieux laisser flotter la monnaie. J’ajoute enfin, quitte àme répéter, que dans ce cas il faut un point d’ancragenominal manifeste.

Malcolm Knight (à gauche) et Martin Kaufman.

Ian S. McDonaldRédacteur en chef

Sara Kane · Sheila MeehanElisa Diehl

Rédactrices

Philip TorsaniMaquettiste/Graphiste

Édition françaiseDivision française

Bureau des services linguistiques

Marc ServaisTraduction

M. Rossignol-WinnerCorrections & PAO

Le Bulletin du FMI (ISSN0250–7412) est publié égale-ment en anglais (IMF Survey)et en espagnol (Boletín delFMI). Aux 23 numéros quiparaissent chaque année s’a-joutent un supplément annuelconsacré au FMI ainsi qu’unindex annuel. Les opinions etles informations contenuesdans le Bulletin ne représententpas nécessairement la positionoffcielle du FMI, de même queles cartes publiées, qui sontextraites de l’Atlas mondial duNational Geographic (sixièmeédition).Les articles du Bulletinpeuvent être reproduits à con-dition que la source soit citée.Le courrier à la rédaction doitêtre adressé à Current Publica-tions Division, Room IS7–1100,IMF, Washington, DC 20431(U.S.A.),ou par messagerie élec-tronique à [email protected]éléphone : (202) 623-8585.Expédition par courrier pre-mière classe pour le Canada, lesÉtats-Unis et le Mexique et paravion pour les autres pays. Letarif annuel de l’abonnementest de 79 dollars E.U. pour lesentreprises et les particuliers.Les demandes d’abonnementdoivent être adressées à Publi-cation Services, Box X2001,IMF, Washington, DC 20431(U.S.A.). Téléphone : (202) 623-7430. Télécopie : (202) 623-7201.Adresse électronique : [email protected].