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Mémoire de fin d'études Présenté pour l'obtention du diplôme MASTER 3A (Master Agronomie Agro-Alimentaire) Spécialité: M2 SAT (Systèmes agraires tropicaux et gestion du développement) Parcours : MOQUAS (Marché Organisation Qualité Services dans les agricultures du Sud) Etude d’impact du commerce équitable : Cas de l’Union des Coopératives Lazan'ny Sambirano dans le nord-ouest de Madagascar par Paulin P. MATCHON Année de soutenance : 2016 Organismes d'accueil : Ethiquable (Union des Coopératives Lanzan’ny Sambirano)

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Mémoire de fin d'études

Présenté pour l'obtention du diplôme MASTER 3A

(Master Agronomie Agro-Alimentaire) Spécialité: M2 SAT (Systèmes agraires tropicaux et gestion du développement)

Parcours : MOQUAS (Marché Organisation Qualité Services dans les agricultures du Sud)

Etude d’impact du commerce équitable :

Cas de l’Union des Coopératives Lazan'ny Sambirano dans le

nord-ouest de Madagascar

par Paulin P. MATCHON

Année de soutenance : 2016

Organismes d'accueil : Ethiquable (Union des Coopératives Lanzan’ny Sambirano)

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Mémoire de fin d'études

Présenté pour l'obtention du diplôme MASTER 3A

(Master Agronomie Agro-Alimentaire) Spécialité: M2 SAT (Systèmes agraires tropicaux et gestion du développement)

Parcours : MOQUAS (Marché Organisation Qualité Services dans les agricultures du Sud)

Etude d’impact du commerce équitable :

Cas de l’Union des Coopératives Lazan'ny Sambirano dans le

nord-ouest de Madagascar

par Paulin P. MATCHON

Année de soutenance : 2016

Mémoire préparé sous la direction de :

Stéphane FOURNIER

Elisabeth RASSE-MERCAT

Présenté le : 25/10/2016

Membres du jury :

Pierre LERAY (SupAgro)

Adrien BRONDEL (ETHIQUABLE)

Stéphane FOURNIER (SupAgro)

Elisabeth RASSE-MERCAT (SupAgro)

Organismes d'accueil : Ethiquable

(Union des Coopératives Lanzan’ny

Sambirano)

Maître de stage (ETHIQUABLE):

Stéphane SENAN

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i MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

« Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable lui assurant, ainsi qu'à sa famille,

une existence conforme à la dignité humaine »

Déclaration universelle des droits de l'homme – article 23

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ii MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

RESUME

Le commerce équitable, semble être une alternative très intéressante pour les petits producteurs

des pays du Sud. En leur garantissant un prix minimum en plus de la prime de développement, il

leur permet d’accéder aux marchés internationaux et d’avoir des prix plus rémunérateurs. De

nombreux producteurs profitent aujourd’hui de ce marché afin d’améliorer leur revenu et leurs

conditions de vie. Ils sont pour la plupart insérés dans des filières où ils sont désa vantagés,

comme c’est le cas dans la filière cacao. La prise de conscience progressive des consommateurs,

de plus en plus nombreux à consommer les produits issus du commerce équitable, favorise la

croissance du marché.

A Madagascar, pays producteur de cacao fin (cacao réputé), la filière est contrôlée par une

poignée d’acteurs (exportateurs et collecteurs) qui imposent leurs règles aux producteurs.

Ethiquable entreprise française et acteur important du commerce équitable en France a noué

depuis 2010 un partenariat avec une organisation de producteurs de cacao, l’UCLS. Grâce à ce

partenariat, les producteurs et leurs organisations commercialisent leur cacao labélisé Bio aux

conditions du commerce équitable. La présente étude a été commanditée par Ethiquable afin

d’évaluer le partenariat en cours dans le but d’en détecter les forces et les faiblesses et aussi de

produire de l’information qui pourra être diffusée dans les réseaux du commerce équitable. Pour

ce faire, une étude de la filière a été réalisé, à travers des enquêtes auprès des producteurs de

cacao membres et non membres de l’organisation, des collecteurs, des plantations industrielles,

des exportateurs et d’autres acteurs intervenant d’une manière ou d’une autre dans la filière.

De l’étude, il ressort que les producteurs du commerce équitable ont pu améliorer leurs revenus

grâce au différentiel de prix avec le marché conventionnel. Avec le commerce équitable, les

producteurs ont pu améliorer leurs conditions de vie et leur capacité d’investissement. Cependant

tous les producteurs adhérents au commerce équitable n’en profitent pas réellement. Il s’agit là

surtout des plus petits producteurs qui vivent avec moins de 1 ha de superficie de cacao et ont

des revenus ne dépassant pas le seuil de survie. Ceci est dû à de nombreux dysfonctionnements

au sein de l’UCLS à savoir : le manque de services adaptés aux besoins des producteurs, la faible

capacité d’action collective au sein des organisations de base, un retard du préfinancement de la

collecte, et une faible autonomie financière de l’organisation de producteurs. Malgré sa fébrilité,

l’organisation de producteurs influence tout de même la filière et le développement économique

et local du territoire. Le commerce équitable a permis d’amorcer une nouvelle dynamique dans la

région du Sambirano à travers une organisation créée pour les producteurs et par les producteurs

afin de défendre leurs intérêts. Pour faire profiter l’ensemble de ces membres, l’organisation

devra s’atteler à la résolution des problèmes qui freinent son développement.

Mots clés :

Action collective ; Commerce équitable; Ethiquable ; Filière cacao ; Impact; Organisation de

producteurs ; Prix minimum ; Prime de développement ; Préfinancement ; Sambirano.

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iii MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

ABSTRACT

Fairtrade seems to be a very attractive alternative for small producers in Southern countries. Guaranteeing a fairtrade minimum price and a development premium to producers enables them

to access to international markets and better prices. Nowadays, many producers benefit from this

market to improve their income and living conditions. They are mostly integrated in value chains

where they are disadvantaged, such as cocoa value chain. As the consumer’s awareness and

consumption for fairtrade products increases, the market growth is promoted.

Madagascar is a cocoa producing country which produces beans of quality but the cocoa value

chain is controlled by few actors (exporters and collectors) who impose their rules to producers.

A French company called Ethiquable, which is a major player of fairtrade in France since 2010,

has established a partnership with UCLS, a cocoa producer’s organization in Madagascar.

Through this partnership, the cocoa producers and their organizations market their cocoa under the label Bio and Fairtrade. This study was sponsored by Ethiquable to assess the partnership

with UCLS in order to identify its strengths and weaknesses and for information outreach in the

fairtrade networks. To reach this objective, a value chain study has been achieved through cocoa

producers’ surveys (UCLS members or not), collectors, industrial plantations, exporters and

other actors integrated in the cocoa value chain.

The study shows that Fairtrade producers could improve their incomes through the price

differential with the conventional market. With fair trade, cocoa producers were able to improve

their living conditions and their investment capacity. However, fairtrade is not profitable for all

the UCLS members, in particular for smaller producers who have less than 1 ha of cocoa with

incomes not exceeding the survival threshold. This is due to many dysfunctions within the UCLS: the lack of services tailored to the cocoa producers’ demand, the low capacity for

collective action in grassroots organizations, a delay for harvest prefinanc ing, and the low

financial autonomy of producers’ organization. Despite its fragility, the producers’ organization

still influences the cocoa value chain and the economic and local territory development.

Fairtrade has helped to initiate a new dynamic in the Sambirano region through an organization created by cocoa producers for themselves to defend their interests. To include all these

members, UCLS has to solve the problems that hinder its development.

Key words:

Collective action; Fairtrade; Ethiquable; cocoa value chain; impact; producers organization;

Fairtrade minimum price; development premium; prefinancing; Sambirano.

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iv MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

REMERCIEMENTS

« Pour qu’un enfant grandisse, il faut tout un village ». Proverbe africain

Je tiens à exprimer ma profonde gratitude à toute l’équipe Ethiquable pour m’avoir fait confiance

en me recrutant pour ce stage. Merci également pour la disponibilité et le suivi tout au long du

stage. Spécial remerciement à Stéphane SENAN qui malgré la distance n’a ménagé aucun effort

pour que mon stage se déroule dans la sérénité.

Je souhaite remercier, toute l’équipe pédagogique de l’Institut des Régions Chaudes pour les

enseignements dispensés durant l’année universitaire qui ont été d’une très grande utilité durant

la réalisation du stage. Merci en particulier à Stéphane FOURNIER et Elisabeth RASSE-

MERCAT pour l’encadrement et le suivi de qualité dont j’ai bénéficié durant chaque étape

décisive du stage.

Un grand merci à ma collègue Malala RAMARLINA qui a été d’une importance capitale pour

le stage. Grâce à elle, j’ai pu de nouveau apprécier le travail en équipe. Elle n’a ménagé aucun

effort pour que l’ambiance de travail soit agréable.

Merci infiniment à l’équipe AVSF Madagascar qui s’est occupé de la logistique du stage. Merci

à toute la formidable équipe de l’UCLS qui nous a accueillis dans ses locaux durant le stage.

Mes sincères remerciements vont à l’endroit des animateurs (Laza, Samuel et Florent) qui

malgré un planning serré n’ont pas hésité à nous conduire sur nos différents lieux d’e ntretien et

nous faire découvrir la culture locale. Merci également à Albert et Murielle pour leur

disponibilité.

Merci à tous les acteurs (Chocolaterie Robert, CINAGRA, Helvetas, PIC, MNP,…) qui ont

consacré de leurs temps pour nous recevoir.

Merci à toute l’équipe d’Ambanja pour m’avoir aidé chaque fois qu’ils ont pu durant le stage et

pour avoir rendu ce séjour inoubliable : Thomas, Yvan, Davy, Marine, Fabien, Estelle,

Nathanaël, Aurélien, Solange, Nicole, Martina, Marina, Efiza, Halem, Anaïs,…

Enfin je remercie ma famille, et à tous ceux qui m’ont soutenu de près ou de loin durant le stage.

A ma maman DOSSOU A. Catherine pour tous les sacrifices consentis pour ma réussite.

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v MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

TABLE DES ILLUSTRATIONS Figure 1: Prix de la fève de cacao à la bourse de new york. Source: Basic, d'après les données de l'ICCO (1989-2014). ..............4

Figure 2: Capacité de transformation du cacao des entreprises du secteur. Source: Hardman & Co, 2014 et ICCO, 2015............4

Figure 3: Le marché de la fabrication du chocolat. Source: Candy Industry, 2014. .........................................................................5

Figure 4: Evolution des prix payés aux producteurs en comparaison avec l'évolution des cours mondiaux. Source: UNCTADstat, FAOstat et bases de données de l'ICCO. .............................................................................................................................................5

Figure 5: Evolution du marché commerce équitable en France de 2004 à 2015. Source: PFCE, 2015. ...........................................8

Figure 6: Part du Bio dans le commerce équitable en France de 2012 à 2015. Source: PFCE, 2015. .............................................8

Figure 7: Comparaison des ventes de commerce équitable en Europe. Source: PFCE, 2015. ..........................................................9

Figure 8: Localisation et description des coopératives de cacao partenaires d'Ethiquable (nom, date du partenariat et nombre de produits référencés chez Ethiquable). Source: http://www.ethiquable.coop/producteurs ................................................................11

Figure 9: localisation des coopératives partenaires, d’Ethiquable à Madagascar. Source : Ethiquable-AVSF, Mars 2016..........12

Figure 10: Méthode d'évaluation d'impact. Source : CIEDEL .........................................................................................................16

Figure 11: Les différentes étapes de l'analyse filière, Méthode CADIAC, CIRAD 1998. .................................................................18

Figure 12: Grille d'analyse méso-système UCLS/filière cacao. .......................................................................................................20

Figure 13: Grille d'analyse des ménages agricole. ...........................................................................................................................22

Figure 14: Méthode de comparaison avec un groupe de référence. .................................................................................................22

Figure 15: Mode d'échantillonnage du groupe 1. .............................................................................................................................23

Figure 16: Calculs d'évaluation économique du système de production. (Source : Etudiants MOQUAS Supagro/IRC). ...............24

Figure 17: Carte administrative du District d'Ambanja. Source: UNICOSA 2013. .........................................................................26

Figure 18:Image satellite de la vallée du Sambirano. Source : Google map 2016. .........................................................................28

Figure 19: Pluviométrie moyenne annuelle d'Ambanja. Source: FOFIFA- Ambanja, 2012. ...........................................................29

Figure 20: Evolution de la température annuelle moyenne dans le district d'Ambanja. Source: Millot SA, 2013. .........................30

Figure 21: Evolution du cheptel bovin dans le Sambirano. Source: Anysse.B, 2015. ......................................................................32

Figure 22: Evolution des prix du café à la bourse de Londres depuis 1960. Source: INSEE, 2009. ...............................................33

Figure 23: Processus de diffusion des cultures de rente chez les paysans. ......................................................................................34

Figure 24: Evolution de la production de cacao à Madagascar. Source: FAOstat, 2015. ...............................................................34

Figure 25: Mutation de la filière cacao suite aux réformes du gouvernement nationaliste. ............................................................35

Figure 26: Comparaison des prix à la tonne du cacao malgache et ivoirien. Source: FAOstat, 2015. ...........................................37

Figure 27: Dynamiques agraires de la zone d'étude. ........................................................................................................................39

Figure 28: Représentation actuelle simplifiée de la filière cacao dans la zone d'étude. ..................................................................41

Figure 29: Le cacao malgache et la production mondiale. Source: INSTAT, 2014. ........................................................................42

Figure 30: Récapitulatif de la filière cacao de Madagascar. ...........................................................................................................45

Figure 31: Dynamique de capitalisation dans la zone d'étude. ........................................................................................................47

Figure 32: Comparaison des VAB/ha/an des SC et ST cacao. ..........................................................................................................49

Figure 33: Comparaison des VAB/hj des SC et ST cacao avec le salaire minimum journalier. ......................................................49

Figure 34: Comparaison des revenus agricoles par type par rapport au seuil de survie.................................................................65

Figure 35: Organigramme de fonctionne de la faîtière. ...................................................................................................................67

.Figure 36: Représentation du fonctionnement pyramidale de l'UCLS. ...........................................................................................72

Figure 37: Perception du commerce équitable par les administrateurs de l'UCLS. ........................................................................80

Figure 38: Evolution de la prime ESR de l'UCLS, d’après les données de l’UCLS .........................................................................82

Figure 39: Evolution des volumes vendus par l'union, d'après les données de l'UCLS ..................................................................82

Figure 40: Evolution des prix du cacao dans le Sambirano, d'après les données de l'UCLS et autres ...........................................83

Figure 41: Evolution du préfinancement sur deux ans, d'après les données de l'UCLS...................................................................84

Figure 42: % du prix FOB allant aux producteurs en fonction des exportateurs. Enquêtes terrain 2016. ......................................85

Tableau 1: Les 5 aires de changements du commerce équitable. Source: dispositif de mesure d'impact AVSF, 2005. ...................14

Tableau 2: Typologie des systèmes de productions. ..........................................................................................................................74

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vi MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

TABLE DES ANNEXES

Annexe 1: Partenariats Ethiquable à Madagascar. ...........................................................................................................................D

Annexe 2: Guide d’entretien de l’UCLS. ............................................................................................................................................ E

Annexe 3: Guide d’entretien des acteurs de la filière cacao. .............................................................................................................H

Annexe 4: Guide d’entretien des producteurs ..................................................................................................................................... I

Annexe 5: Liste des variables et indicateurs. .................................................................................................................................... M

Annexe 6: Estimation des rendements de cacao. ................................................................................................................................ P

Annexe 7: Quelques acteurs de la filière enquêtés. ............................................................................................................................Q

Annexe 8: Calcul du seuil de survie ................................................................................................................................................... R

Annexe 9: De l’autre côté le village de Migioko, difficile d’accès en saison pluvieuse (crédit : Paulin P. MATCHON, village de Migioko 2016)..................................................................................................................................................................................... R

Annexe 10: Zébus élevés au piquet (crédit : Paulin P. MATCHON, village de Migioko 2016). ....................................................... R

Annexe 11: Puits construit grâce à la prime ESR dans le village de Migioko (crédit : Paulin P. MATCHON, village de Migioko 2016). ...................................................................................................................................................................................................S

Annexe 12: Visite de la parcelle d’un producteur de l’UCLS (crédit : Paulin P. MATCHON, village d’Ambalavelona 2016). .......S

Annexe 13: Travail à la chaine chez un exportateur (crédit : Paulin P. MATCHON, Ambanja 2016). ............................................ T

Annexe 14: Aire de séchage en escalier chez un exportateur (crédit : Paulin P. MATCHON, Ambanja 2016). .............................. T

Annexe 15: Bacs de fermentation en escalier chez un exportateur (crédit : Paulin P. MATCHON, Ambanja 2016). ......................U

Annexe 16: Décabossage de cabosses cacao. ....................................................................................................................................U

Annexe 17: Fermentation chez un producteur de l’UCLS (crédit : Paulin P. MATCHON, village de Bemaniviky 2016)................ V

Annexe 18: Tablettes de chocolat produites par la chocolaterie Robert (crédit : Paulin P. MATCHON, Antananarivo, Chocolaterie Robert 2016). ............................................................................................................................................................... V

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vii MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

TABLE DES MATIERES

RESUME..............................................................................................................................................................................................II

ABSTRACT .........................................................................................................................................................................................III

REMERCIEMENTS ........................................................................................................................................................................... IV

TABLE DES ILLUSTRATIONS ........................................................................................................................................................... V

TABLE DES ANNEXES ..................................................................................................................................................................... VI

GLOSSAIRE ..................................................................................................................................................................................... VIII

ACRONYMES ................................................................................................................................................................................... IX

INTRODUCTION ............................................................................................................................................................................... 1

1 CONTEXTE, JUSTIFICATION ET METHODOLOGIE DE L’ETUDE ..................................................................................... 2

1.1 CONTEXTE ET JUSTIFICATION .................................................................................................................................................. 2

1.2 PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE ................................................................................................................................... 15

1.3 DIFFICULTES RENCONTREES DURANT L’ETUDE ....................................................................................................................... 25

2 LE CACAO DU SAMBIRANO : EVOL UTION HISTORIQUE DE LA FILIERE ................................................................... 26

2.1 LA VALLEE DU SAMBIRANO : UNE ZONE PROPICE A LA CULTURE DU CACAO ............................................................................. 26

2.2 LES DYNAMIQUES AGRAIRES DANS LA ZONE D'ETUDES DE 1990 A AUJOURD'HUI : LES FACTEURS DE PRODUCTIONS ET EVOLUTION

DE LA FILIERE CACAO....................................................................................................................................................................... 30

2.3 LES DIFFERENTS SYSTEMES DE CULTURES CACAO PRESENTS DANS LES EXPLOITATIONS .............................................................. 47

2.4 LES PRINCIPAUX SYSTEMES DE PRODUCTIONS ET ACTIVITES DES MENAGES .............................................................................. 50 2.5 FOCUS SUR L’UCLS ET SES COOPERATIVES DE BASE ............................................................................................................... 66

2.6 ARRIVEE DU COMMERCE EQUITABLE EN 2010 : QU’EST CE QUI A CHANGE ET QUEL IMPACT ? ................................................. 72

3 QUEL IMPACT DU COMMERCE EQUITABLE SUR LE PAYSANNAT DE LA REGION ? .............................................. 74

3.1 AIRE DE CHANGEMENT 1 : CHANGEMENTS AU NIVEAU DE LA DIFFERENCIATION SOCIAL ........................................................... 74

3.2 AIRE DE CHANGEMENT 2 : CHANGEMENTS AU NIVEAU DES FAMILLES PAYSANNES ................................................................... 76 3.3 AIRE DE CHANGEMENT 3 : CHANGEMENTS AU NIVEAU DE LA STRUCTURATION DE L’ORGANISATION DE PRODUCTEURS.............. 79

3.4 AIRES DE CHANGEMENT 4 ET 5: CHANGEMENTS AU NIVEAU DU DEVELOPPEMENT LOCAL, NATIONAL ET NIVEAU DE LA GESTION

DES RESSOURCES NATURELLES......................................................................................................................................................... 86

3.5 VERIFICATION DES HYPOTHESES ........................................................................................................................................... 87

4 DISCUSSION ......................................................................................................................................................................... 89

4.1 QUE NOUS DISENT LES DIFFERENTES ETUDES D’IMPACT DU COMMERCE EQUITABLE A TRAVERS LE MONDE ET QUE REVELE LA

PRESENTE ETUDE ? ......................................................................................................................................................................... 89

4.2 PERSPECTIVES ET RECOMMANDATIONS................................................................................................................................. 93

CONCLUSION .................................................................................................................................................................................. 96

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ............................................................................................................................................... A

ANNEXES ........................................................................................................................................................................................... D

RESUME............................................................................................................................................................................................W

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viii MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

GLOSSAIRE

Le concept de système agraire : Permet de comprendre à un moment donné de son histoire, le

fonctionnement et les conditions de reproduction du secteur agricole d’une société. Le concept

de système agraire englobe à la fois le mode d’exploitation et de reproduction d’un ou de

plusieurs écosystèmes, les rapports sociaux de production et d’échange qui ont contribué à sa

mise en place et son développement, ainsi que les condit ions économiques et sociales

d’ensemble, en particulier le système de prix relatif, qui fixe les modalités de son intégration plus

ou moins poussée au marché mondial. » (Cochet, 2000).

Exploitation agricole : unité de production agricole dont les éléments constitutifs sont la force

de travail (familiale et salariée), les surfaces agricoles, les plantations, le cheptel, les bâtiments

d’exploitation, les matériels et l’outillage. C’est le lieu où le chef d’exploitation combine ces

diverses ressources disponib les et met ainsi en œuvre son système de production agricole

(Dufumier, 1996).

Système de culture : Ensemble des modalités techniques mises en œuvre sur des parcelles

traitées de manières identiques. Chaque système de culture se définit par :

- la nature des cultures et leur ordre de succession ;

- les itinéraires techniques appliqués à ces différentes cultures, ce qui inclut le choix des

variétés pour les cultures retenues (Sébillotte, 1982).

Système d’élevage : Ensemble d’éléments en interaction dynamique organisé par l’homme en

vue de valoriser des ressources par l’intermédiaire d’animaux domestiques pour en obtenir des

productions variées (lait, viande, cuirs et peaux, travail, fumure, etc…) ou pour répondre à

d’autres objectifs (Landais, 1992 ).

Système de production agricole : Mode de combinaison entre terre, force et moyens de travail

à des fins de production végétale et animale, commun à un ensemble d’exploitations. Un système

de production est caractérisé par la nature des productions, de la force de tra vail (qualification),

des moyens de travail mis en œuvre et par leurs proportions (Reboul, 1976).

Productivité du travail : Valeur ajoutée par unité de travail. La productivité du travail peut être

calculée par travailleur disponible ou rapportée à la durée effective du travail. L’augmentation de

la productivité du travail dans une entreprise peut se manifester par un accroissement des valeurs

ajoutées et (ou) une diminution du nombre total de travailleurs nécessaires. Il importe alors

d’examiner si les travailleurs dont l’entreprise n’a plus besoin sont à même de retrouver un

emploi productif par ailleurs, au risque sinon de voir diminuer la productivité par travailleur

disponible dans la société toute entière.

Revenu agricole : Différence entre le produit brut d’une exploitation agricole et l’ensemble des

charges fixes et variables pour une période donnée. Ce revenu agricole doit permettre pour une

part de rémunérer l’exploitant agricole et ses travailleurs familiaux et de financer d’une autre part

tous les investissements destinées à accroître les capacités productives de l’exploitation.

L’Ariary : Monnaie locale. 1 euro correspond à 3.500 Ariary.

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ix MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

ACRONYMES

ADAPS : Association pour le Développement Agricole et le Paysannat dans le Sambirano

AVSF : Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières

AFDI : Agriculteur Français et Développement International

CE : Commerce Equitable

CEAMP : Centrale d’Equipement Agricole et de Modernisation du Paysannat

CNIA : Compagnie Nosy-Béene d’Industrie Agricole

CIRAD : Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le

développement

ESR : Equitable Solidaire et Responsable

ESS : Economie Social et Solidaire

FAO: Food and Agriculture Organization of the United Nations

FMI : Fonds Monétaire International

FOFIFA : Centre National de la Recherche Appliquée au Développement rural

FOB : Free On Board

GMS : Grande et Moyenne Surface

IRC : Institut des Régions Chaudes

ICCO : International Cocoa Organization

MNP : Madagascar National Parks

ONG : Organisation Non Gouvernementale

PFCE : Plate-Forme pour le Commerce Equitable

PAS : Programme d’Ajustement Structurel

PIC : Pôles Intégrés de Croissance

SCOP : Société Coopérative

SIDI : Solidarité Internationale pour le Développement

SINPA : Syndicat Industriel National de Production Agricole

UCLS : Union des Coopératives Lazan’ny Sambirano

UNICOSA : Union des Communes du Sambirano

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1 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

INTRODUCTION

Troisième marché alimentaire mondial derrière le sucre et le café, le cacao est l’une des matières

premières agricoles emblématique de l’ère coloniale. L’essentiel de la production mondiale de

cacao est assuré par environ 5 millions d’exploitations familiales dans les pays du Sud et est

destiné au marché des pays du Nord. Avec une consommation de chocolat en constante

augmentation, la demande en cacao est très importante. Dans une filière dominée par les

multinationales et dans laquelle les cours mondiaux du cacao sont très instables, les prix payés

aux producteurs sont sous pression. C’est dans ce contexte que des acteurs du commerce

équitable développent des filières durables pour permettre aux producteurs de cacao de vivre de

leur activité.

A Madagascar, où est produit l’un des meilleurs cacao au monde, Ethiquable a noué un

partenariat avec une organisation de producteurs de cacao. L’objectif de ce partenariat

commercial est de permettre à ces producteurs d’accéder à un marché plus rémunérateur et

d’améliorer leurs revenus. Le partenariat vise également à renforcer les capacités de

l’organisation de producteurs afin que celle-ci puisse influencer le développement économique et

local de sa zone d’implantation.

C’est dans ce cadre que s’inscrit ce stage commandité par Ethiquable. Il a consisté à analyser

l’impact du commerce équitable développé par l’entreprise sur l’organisation de producteurs

partenaire à Madagascar. Le stage s’est déroulé, dans le nord-ouest de l’île plus précisément à

Ambanja dans la vallée du Sambirano, capitale du cacao malgache pour une durée de 5 mois

dans l’organisation. L’objectif principal est d’évaluer le partenariat en cours dans le but d’en

détecter les forces et les faiblesses et aussi de produire de l’information qui pourra être diffusée

dans les réseaux du commerce équitable.

Dans la première partie de ce mémoire, nous aborderons le contexte de l’étude, la problématique

ainsi que la méthodologie utilisée. La deuxième partie du document expose le diagnostic sur la

zone d’étude, la filière cacao et l’organisation de producteurs. La troisième partie met l’accent

sur l’impact identifié à différents niveaux. Et enfin la dernière partie est consacrée à la discussion

des résultats de notre analyse en les comparants avec des résultats obtenus pour le même type

d’étude ailleurs dans le monde.

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2 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

1 CONTEXTE, JUSTIFICATION ET METHODOLOGIE DE L’ETUDE

1.1 CONTEXTE ET JUSTIFICATION

1.1.1 Le commerce équitable : définitions et principes du concept

Le commerce équitable

D’après la définition retenue par le consensus FINE1 en 2001 :

«Le Commerce Equitable est un partenariat commercial, fondé sur le dialogue, la transparence

et le respect, dont l'objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial.

Il contribue au développement durable en offrant de meilleures conditions commerciales et en

garantissant les droits des producteurs et des travailleurs marginalisés, tout particulièrement au

Sud de la planète. Les organisations du Commerce Equitable (soutenues par les consommateurs)

s’engagent activement à soutenir les producteurs, à sensibiliser l’opinion et à mener campagne

en faveur de changements dans les règles et pratiques du commerce international

conventionnel».

En France, il a été instauré à partir de 2005, un cadre réglementaire du commerce équitable pour

mieux clarifier l’utilisation du terme. L’article 60 de la loi du 2 août 2005 sur les Petites et

Moyennes Entreprises a posé les bases d’une définition légale du commerce équitable et l’a

identifié comme un outil de la stratégie nationale de développement durable. Des modifications

ont été ensuite apportées aux alinéas II et III de la loi du 2 août 2005. La plus intéressante est

l’article 94 de la loi sur l’économie sociale et solidaire du 31 juillet 2014 et le décret

d’application qui lui est associé2. Ce nouvel article a fait évoluer la définition du commerce

équitable en étendant son champ d’application aux échanges avec les producteurs au Nord,

notamment en France. C’est grâce à ce nouveau cadre règlementaire qu’Ethiquable a pu lancé sa

gamme de produits Paysans d’Ici3.

Les principes de base du commerce équitable

Les modifications apportées à cet article 60, ont permis également de bien clarifier les principes

sur lesquels repose le commerce équitable. Les principes fondamentaux de base du commerce

équitable sont les suivants :

Des filières plus courtes : permettant aux producteurs et à leurs organisations un accès

direct aux marchés.

Un accès au marché privilégié pour les producteurs les plus pauvres et marginalisés.

Un prix minimum garanti permettant aux producteurs de faire face aux fluctuations des

prix des matières premières sur les marchés.

Une prime de développement que les producteurs s’engagent à réinvestir dans des actions

de développement local (infrastructures, services sociaux, etc…).

Un préfinancement garanti par les acheteurs si nécessaire.

1 FINE est une coordination informelle des acteurs du commerce équitable réunissant les grands réseaux

internationaux (FLO, WFTO, EFTA, NEWS).Elle a vu le jour en 1998. https://fr.wikipedia.org/wiki/FINE 2 http://www.commercequitable.org/lecommerceequitable/defin itions -cadres-legaux.html 3 La gamme Paysan d’Ici qui est composé de produits bio équitables issus des terroirs de France est la première

initiative du commerce équitable Nord-Nord en France

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3 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Un principe d’engagement sur le long terme entre les acheteurs du Nord et les

organisations de producteurs du Sud.

Un engagement sur la gestion démocratique de l’organisation de producteurs.

Une traçabilité des produits assurée par des organismes spécialisés chargés de veiller à

l’application des cahiers de charges des labels.

Le respect de ces principes garantit un commerce équitable pouvant impacter durablement les

producteurs, leurs organisations et les territoires ruraux dans lesquels ils vivent, quel que soit la

filière concernée.

1.1.2 La filière cacao dans le monde : une filière régit par une poignée de multinationales

Une concentration en aval de la filière

Troisième marché alimentaire mondial derrière le sucre et le café, le cacao est l’une des matières

premières agricoles emblématique de l’ère coloniale p roduite en majorité par les paysans des

pays du Sud et destiné au marché des pays du Nord. L’essentiel de la production mondiale de

cacao est assuré par des exploitations familiales dont le nombre est estimé à au moins 5 millions

et qui cultivent des surfaces allant de 2 ha à 10 ha. Historiquement implantées en Amérique du

Sud (Equateur, Brésil, etc…) puis récemment en Asie (Malaisie, Indonésie, etc…), les grandes

plantations de cacao sont minoritaires et représentent moins de 10% de la production mondiale.

Cela s’explique principalement par le fait que la mécanisation des plantations de cacaoyères est

très difficile du fait de la densité importante d’arbre et d’un besoin important de main d’œuvre

pour l’entretien des vergers (Squicciarini et Swinnen, 2016).

D’après MaxHavelaar4, la Côte d’ivoire et le Ghana représente près de 70% de la production

mondiale évaluée à 4 millions de tonnes. Selon Barry Callebaut leader mondial du secteur, la

demande devrait dépasser les 4,5 millions de tonnes d’ici 2020 à cause notamment de

l’émergence de nouveaux marchés (Russie, Inde, Chine, Brésil, etc…). La forte croissance de la

demande a pour effet une course à la production pour alimenter les marchés internationaux.

C’est pour réduire les coûts de transaction sur ces marchés que la standardisation de la fève de

cacao a été instaurée (Shapiro et Varian, 1999). Cette standardisation a eu pour phénomène

corollaire un accroissement accru de la volatilité des prix internationaux du cacao. De ce fait, le

cacao est devenu une matière première agricole spéculative comme tous les autres (Figure 1).

4 http://www.maxhavelaarfrance.org/cacao.html

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4 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Figure 1: Prix de la fève de cacao à la bourse de new york. Source: Basic, d'après les données de l'ICCO (1989-2014).

Le graphique que voici, nous montre à quel point les prix du cacao (Mai 1989 à Janvier 2014) sont volatiles.

De ce fait, de nombreuses entreprises spécialisées dans le négoce (Cargill, ADM, etc…) des

matières premières agricoles entrent en jeu et s’en suit un ballet de fusion et acquisition des

entreprises du secteur. La conséquence de cette stratégie est qu’aujourd’hui, la chaine de valeur

cacao-chocolat, estimée à environ 100 milliards de dollars en 2014 selon MaxHavelaar est

détenue par une poignée de multinationales qui règnent en maîtres sur cette filière. Les 4 plus

grandes entreprises de broyage de fèves de cacao à savoir Barry Callebaut, Cargill, ADM et

Blommer contrôlent plus de la moitié de la transformation primaire du cacao (environ 60%). De

la même façon, près de 50% de la fabrication du chocolat est faite par une poignée d’entreprises

à savoir: Mars, Mondelez international, Nestlé, Hershey’s et Ferrero (Figures 2 et 3).

Figure 2: Capacité de transformation du cacao des entreprises du secteur. Source: Hardman & Co, 2014 et ICCO, 2015.

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5 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Figure 3: Le marché de la fabrication du chocolat. Source: Candy Industry, 2014.

Causes et conséquences d’une désynchronisation de l’amont et de l’aval de la filière

Des estimations 5 considèrent que la part du producteur de cacao, dans le coût de la barre

chocolaté au lait est de 4%, les autres ingrédients comptant pour 6%. Le transformateur se taille

la part du lion avec 51%, la publicité elle revient à 6.5% et enfin le distributeur représente les

28% restant. Ces chiffres montrent que nous sommes en présence d’une filière régit par les

transformateurs et les fabricants de chocolat qui captent l’essentiel de la valeur ajoutée. Face à

cette situation oligopolistique, les paysans des pays producteurs sont impuissants et peinent à

tirer leur épingle du jeu. Ceci se traduit par la baisse constante de leur rémunération surtout en

période de chute des prix (Figure 4).

Figure 4: Evolution des prix payés aux producteurs en comparaison avec l'évolution des cours mondiaux. Source: UNCTADstat,

FAOstat et bases de données de l'ICCO.

5 Barrientos S., «Beyond Fair Trade : why are mainstream chocolate companies pursuing socialand economic

sustainability in cocoa sourcing ? », Institute for Developpement Policy and Management, Université de Manchester

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6 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Ce déséquilibre s’explique également par le fait qu’aujourd’hui, nous sommes dans un contexte

de marché libre qui historiquement a été favorisé par le démantèlement des caisses de

stabilisations des prix du cacao dans les principaux pays producteurs. Ceci, sous l’égide des

institutions de Breton Woods vers la fin des années 1980 et début 1990 (Squicciarini et Swinnen,

2016). Il faut rajouter à cela le fait que la part du cacao dans les produits chocolatés finaux est en

diminution progressive.

Les faibles revenus perçus par les producteurs font que ces derniers vivent sous le seuil de

pauvreté. Etant donné qu’ils habitent dans des zones rurales, de nombreux agriculteurs n’ont pas

accès aux infrastructures de base (routes, eau potable, santé, etc…). L’absence d’infrastructure

éducative dans ces zones fait que l’on se trouve dans certains cas en présence d’enfants qui

travaillent dans des conditions très diffic iles. C’est le cas de la Côte d’Ivoire où en 2002, entre

5000 et 10.000 enfants se sont retrouvés à travailler malgré eux dans les plantations de cacao

(Schrage et Ewing, 2005). Il est également important de souligner que la filière cacao a un

important impact environnemental. L’augmentation de la production mondiale de cacao se fait

par extension des surfaces, majoritairement prélevées sur les forêts tropicales afin de bénéficier

d’un rendement intéressant et de limiter le recours à la main d’œuvre au début de la plantation.

C’est ce à quoi on assiste en Côte d’Ivoire où il reste moins de 20% de la ressource forestière

(Koné et al., 2014). Il est inutile de rappeler l’impact que peut avoir cette déforestation sur le

climat qui à son tour aura une répercussion sur les rendements.

Face à tous ces problèmes le commerce équitable est une alternative pour bon nombre d’acteurs.

Il a pour vocation de redonner du pouvoir aux producteurs et de préserver l’environnement.

1.1.3 Les filières équitables : une opportunité pour les producteurs des pays du Sud

Les premiers mouvements à s’opposer aux filières agroalimentaires conventionnelles voient le

jour au début des années 1960 avec à leur tête les mouvements du commerce équitable et de

l’agriculture biologique. Ces deux mouvements remettent en cause le fonctionnement des filières

agroalimentaires conventionnelles. Pour trouver une solution à la crise causée par la pratique des

prix bas et la difficulté d’accès aux marchés pour les petits producteurs, le commerce équitable

labellisé a été lancé, entre la fin des années 80 et le début des années 90. Basé sur les principes

énumérés plus haut, le commerce équitable en assurant une meilleure rémunération vise

l’amélioration des conditions de vie des producteurs mais aussi l’autonomisation de leurs

organisations en insistant sur les aspects social, économique et environnemental.

En l’espace de deux décennies, le commerce équitable a connu une ascension fulgurante bien

au-delà de ce qu’auraient surement imaginé les précurseurs. Cette croissance spectaculaire est

due à plusieurs facteurs : un marché mondial des produits labellisés en pleine croissance

(demande en augmentation), une diversification des produits et services labellisés proposés et

une meilleure communication à l’endroit des consommateurs et d’un public plus large.

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7 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Le commerce équitable dans le monde

D’après le rapport d’activité 2014-2015 du label Fairtrade/MaxHavelaar, le marché mondial des

ventes de produits équitables labellisés Fairtrade/MaxHavelaar équivaut à 5,9 milliards d’euros

sur cette période. Ces produits sont consommés dans plusieurs pays (Europe, Canada, Etats-

Unis, Australie, Japon, etc…). L’émergence de nouveaux marchés tels que l’Inde, le Kenya et

l’Afrique du Sud est également un atout. En 2013 près de 30 000 produits issus du commerce

équitable sont commercialisés dans le monde. 1,5 millions de producteurs et travailleurs

bénéficient du commerce équitable labellisé Fairtrade/MaxHavelaar. Ils sont regroupés au sein

de 1226 organisations, essentiellement des coopératives. En comptant leurs familles, on estime

que cela représente environ 8 millions de personnes bénéficiaires dans les 74 pays d’Afrique,

d’Amérique latine et d’Asie.

Pour le cacao, seulement 1,4% de la production mondiale est vendue en commerce équitable

Fairtrade et produit par plus de 180.000 petits producteurs. Euromonitor international estime que

les ventes de confiseries à base de chocolat labélisées ont dépassé les 300 millions de dollars US

en 2009 (Agritrade, 2011). Entre temps, les volumes de fève de cacao commercialisés en

commerce équitable ont triplé, ce qui amène à penser que les ventes aux consommateurs ont

suivi la même tendance entre 2009 et 2015 (Basic, 2016). L’augmentation des ventes de cacao

labellisé Fairtrade s’explique par la certification d’un certain nombre de produits chocolatés

destiné à la consommation de masse. A titre d’exemple récent en 2014, Mars s’est engagé à

approvisionner toutes ses barres à destination du Royaume Uni et de l’Irlande en cacao certifié

Fairtrade (Fairtrade International, 2015). Les chiffres du label Fairtrade/Max Havelaar ont été

choisis pour illustrer l’état du commerce équitable au niveau mondial car ce label est le leader

incontestable sur le marché.

Le commerce équitable en France

Selon un rapport de la Plateforme du Commerce Equitable (PFCE6) qui présente l’évolution du

commerce équitable en 2015, le marché confirme sa bonne santé et affiche une croissance de

17,5% pour 2015. Ceci équivaut à un chiffre d’affaire de 660 millions d’euros en 2015 comparé

à 94 millions d’euros en 2004. Il faut souligner que pour la première fois, les chiffres du

commerce équitable Nord-Nord ont été pris en compte dans le calcul de cette croissance grâce à

l’entrée en vigueur de la loi sur l’économie sociale et solidaire en 2014. Ainsi, sur la période

allant de 2012 à 2015, le commerce équitable affiche une croissance globale de 72% (Figure 5).

6 La PFCE est une instance de concertation et de mobilisation qui représente et fédère les acteurs du commerce

équitable en France. Elle a été créée en 1997 et a pour principale mission de défendre et de promouvoir le commerce

équitable. Elle regroupe en son sein : des organisations d’appui au Sud, des importateurs (grossistes et détaillants),

des réseaux de distribution spécialisés, des opérateurs de tourisme équitable, des associations de promotion et de

labellisation, ainsi que des structures de solidarité internationale.

http://www.commercequitable.org/lapfceetsesmembres/le-collectif.html

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8 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Figure 5: Evolution du marché commerce équitable en France de 2004 à 2015. Source: PFCE, 2015.

Estimé à 25 millions d’euros en 2015, le marché français des tablettes de chocolat labellisées

commerce équitable ne représente que 1% du marché. La spécificité de ce marché est que 90%

des tablettes labellisées commerce équitable le sont aussi en agriculture biologique alors que sur

le plan mondial, seulement 15% du cacao labellisé commerce équitable est certifié Agriculture

Biologique (Basic, 2016).

De plus en plus de produits labellisés commerce équitable ont également la labellisation en

Agriculture Biologique. Cette corrélation entre les produits issus du commerce équitable et de

l’Agriculture Biologique, s’explique par le fait que les produits labellisés Bio-équitable sont plus

crédibles aujourd’hui aux yeux du consommateur. Le Bio renforce l’assurance d’une meilleure

préservation de l’environnement. Depuis 2012, la part des produits Bio-équitables au sein des

ventes de produits issus du commerce équitable Sud-Nord est en nette augmentation : 63% en

2012 à 71,20% en 2015 (Figure 6). Par ailleurs, 100% du commerce équitable Nord-Nord est

Bio.

Figure 6: Part du Bio dans le commerce équitable en France de 2012 à 2015. Source: PFCE, 2015.

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9 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

A titre indicatif, en 2013 220.000 ha de plantations de cacao étaient cultivés en agriculture

biologique, soit 2,3% des 9,9 millions d’hectares de cacao. L’Amérique produit 90% du cacao

mondial issu de l’agriculture biologique avec trois pays en tête à savoir : la République

Dominicaine, le Pérou et le Mexique.

En termes de consommation de produits issus du commerce équitable (figure 7), la France est

très loin derrière des pays comme le Royaume-Uni ou la Suisse. Selon la PFCE, le marché du

commerce équitable en France n’est pas encore arrivé à maturité et a une très grande marge de

progression. En France les produits alimentaires viennent en tête (91,78%) des produits du

commerce équitable avant le textile (3,12%), les cosmétiques (2,71%), les fleurs (1,36%),

l’artisanat (0,74%) et le tourisme (0,52%).

Figure 7: Comparaison des ventes de commerce équitable en Europe. Source: PFCE, 2015.

Au vu de tout ce qui précède, il est clair que le commerce équitable a encore de beaux jours

devant lui. La prise de conscience progressive des consommateurs, de plus en plus nombreux à

consommer les produits issus du commerce équitable, devrait favoriser la croissance du marché.

Pour comparaison, 97% des français connaissent le commerce équitable (IPSOS, 2011) alors

qu’ils n’étaient que 9% en 2000. La démarche bénéficie par ailleurs d’un fort capital de

sympathie : les français se sentent proches de la démarche et 94% d’entre eux formulent des

appréciations positives sur le commerce équitable (Ipsos 2008 et BVA 2012). Le commerce

équitable, aujourd’hui plus que jamais, paraît être une alternative très intéressante pour les petits

producteurs des pays du Sud qui rencontrent d’énormes difficultés pour accéder aux marchés et

avoir des prix décents et plus rémunérateurs. Pour profiter de ce marché, il leur incombe de

mettre sur le marché une production respectant les normes et le cahier des charges des différents

labels commerce équitable existant et auxquels ils sont soumis. Ethiquable en nouant des

partenariats avec les organisations de producteurs des pays du Sud et même du Nord tente de

leur faire également profiter de ce marché « de niche » qu’est aujourd’hui le commerce

équitable.

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10 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

1.1.4 La commande

Le commanditaire : un acteur important du commerce équitable en France

Ethiquable est une initiative née de la rencontre de trois individus venant d’horizons

professionnels différents. Ayant chacun un parcours atypique 7 , les fondateurs d’Ethiquable ont

dès le départ compris qu’en combinant leurs expériences diversifiées, ils pourraient mettre sur

pied une entreprise avec une logique de fonctionnement toute particulière. La création de la

SCOP8 (Société Coopérative) est née de l’envie qu’avaient les fondateurs d’instaurer un

commerce équitable plus démocratique et accessible au plus grand nombre en France. Pour les

créateurs de la SCOP, le nombre limité des boutiques de vente de produits équitables, la

difficulté d’accès à ces boutiques et les faibles volumes de produits équitables vendus

nécessitaient la mise en place d’une nouvelle organisation. Partant de ce constat, l’équipe

Ethiquable a eu l’idée de nouer une collaboration avec les Grandes et Moyennes Surface (GMS)

dans le but de toucher plus de consommateurs et d’écouler plus de volume. Les GMS qui ont

toujours été décriées pour leurs pratiques ne prenant pas en compte les intérêts des paysans ont

tout de suite sautés sur l’occasion, car elles ont vu là une opportunité à saisir afin de redorer leur

blason. Six mois après le lancement, l’entreprise comptait déjà parmi ses clients un géant de la

grande distribution à savoir Leclerc, qui dans 500 de ses magasins sur le plan national a

référencé de nombreux produits d’Ethiquable.

L’objectif principal de la SCOP est de collaborer avec les paysans du Sud et du Nord en leur

permettant d’accéder à un meilleur marché avec une rémunération plus juste et tout ceci en

réduisant au maximum le nombre d’intermédiaires. Ethiquable collabore aujourd’hui avec près

de 49 coopératives soit environ 35.000 producteurs d’Amérique latine, d’Afrique, d’Asie, etc…

Les principaux produits agricoles achetés par Ethiquable auprès des paysans sont essentiellement

: le café, le thé, le cacao, le sucre et les fruits tropicaux. Cet approvisionnement permet à

l’entreprise de mettre sur le marché grâce à un réseau de 4000 points de vente, 120 références

équitables et biologiques issus de l’agriculture paysanne. En termes de part de marché dans les

GMS en France, Ethiquable occupe 12% du segment. Chaque année, Ethiquable achète environ

800 tonnes de cacao à travers le monde. Les produits à base de cacao représentent selon un

membre de l’équipe environ 40% du chiffre d’affaire de la SCOP. Ce chiffre d’affaire est estimé

pour l’année 2015 à 20 millions d’euros pour l’ensemble des filiales (France, Allemagne,

Belgique, Espagne) de la SCOP. La carte ci-dessous montre la localisation des coopératives de

cacao avec lesquelles Ethiquable est en partenariat.

7 Christophe EBERHART, ingénieur agronome ayant travaillé dans des ONG d’aide au développement dans le s

pays du Sud, a une vision fine des enjeux économiques politiques et sociaux de l’agriculture paysanne. Stéphane

COMAR, économiste est spécialisé dans l’organisation et la gestion des filières agro-tropicales. Rémi ROUX,

fervent défenseur de l’économie sociale et solidaire, est l’actuel gérant élu et directeur commercial de la SCOP

Ethiquable 8 Société coopérative ayant un fonctionnement démocratique et part icipatif. Le cap ital (80% dans le cas

d’Ethiquable) est détenu par les salariés et les parts sociales ne sont pas revendables. La répart ition du pouvoir n’est

pas proportionnelle au capital investi mais se fait selon la règle 1 homme = 1 voix. Par ailleurs, le bénéfice est

réparti entre les salariés, les associés et l’entreprise. Seule la rémunération oc troyée aux associés (dividende) est

fiscalisée à l’impôt sur les sociétés. Une SCOP ne peut pas être revendue. Les modalités de gouvernance et de

gestion sont détaillées dans la loi 1978, ainsi que dans les statuts de la SCOP, rédigés à sa création

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Figure 8: Localisation et description des coopératives de cacao partenaires d'Ethiquable (nom, date du partenariat et nombre de

produits référencés chez Ethiquable). Source: http://www.ethiquable.coop/producteurs

Ethiquable à Madagascar : Pourquoi avoir mis en place des filières équitables

notamment celle du cacao sur l'île rouge ?

Comme tous les autres pays dans lesquels la SCOP s’approvisionne, Ethiquable a choisi

Madagascar à cause de l’importante diversité de produits tropicaux de qualité qu’on peut y

trouver. Mais, au-delà de cet aspect, le choix de Madagascar est motivé par le fait qu’il y règne

une certaine situation de précarité au sein d’une large frange de la population. Cette précarité due

notamment à la pauvreté et à l’insécurité alimentaire touche en premier lieu les paysans ; ceux- là

« qui se tuent à la tâche pour produire les nombreux produits tropicaux (cacao, café, vanille,

poivre, fruits, etc…) que l’on retrouve sur nos tables en Europe et ailleurs ».

La finalité que vise Ethiquable à Madagascar est que, les organisations de producteurs

partenaires soient toutes autonomes et qu’elles puissent peser dans les grandes instances de

prises de décisions. En effet, Madagascar est un pays dans lequel les actions collectives initiées

par les producteurs afin de défendre leurs propres intérêts sont rares. Les différentes filières sont

dominées par des exportateurs qui ont le pouvoir de décision, ce qui rend les paysans dépendants

de ces derniers. Même dans le cas du commerce équitable, les organisations pour la plupart sont

créées par des exportateurs dont elles dépendent. Un représentant de la SCOP décrit la

philosophie de cette dernière en ces termes : « Or, la finalité du commerce équitable n’est pas

seulement de mieux rémunérer des petits producteurs, mais surtout de renforcer les capacités

des organisations pour qu’elles puissent dérouler leur propre projet, gagner du pouvoir au sein

des filières et négocier avec leur Etat. C’est ça notre projet à Madagascar et c’est pour ça que

nous affichons les liens direct avec les producteurs sur notre tablette Madagascar »9 . Dans cette

optique la SCOP est en partenariat avec un certain nombre d’organisations de producteurs dont

l’UCLS à qui elle achète du cacao marchand labellisé commerce équitable (Figure 9 et annexe

1).

9 http://www.ethiquable.coop/fiche-producteur/lazanny-sambirano-commerce-equitable-a-madagascar-cacao

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Figure 9: localisation des coopératives partenaires, d’Ethiquable à Madagascar. Source : Ethiquable-AVSF, Mars 2016.

Le contexte justifiant la demande d'une telle étude de la part du commanditaire

Présenté comme un modèle commercial censé améliorer les revenus et les conditions de vie des

populations du Sud, le commerce équitable suscite chez les opérateurs économiques un intérêt

sans cesse grandissant. Cependant, des interrogations voient le jour sur le réel impact du

commerce équitable notamment sur les organisations, les familles et leurs territoires au Sud.

Ces interrogations et cette quête d’informations, émanent principalement:

- des consommateurs,

- des acteurs politiques,

- des agences de financement et,

- des acteurs économiques du commerce équitable au Nord (concessionnaire, grande

distribution…).

Pour le travail des acteurs chargés de la promotion du commerce équitable et regroupés au sein

de la PFCE, les informations concrètes et crédibles sont de plus en plus nécessaires. En effet la

mise à jour des impacts réels leur permettrait de :

- mobiliser et rallier de nouveaux acteurs à la cause du commerce équitable,

- améliorer les mécanismes existants,

- définir les stratégies d’accompagnement des organisations de producteurs.

Cela pour que le commerce international soit toujours plus favorable aux petits producteurs et

également pour communiquer explicitement sur le commerce équitable et faciliter sa distinction

face aux nouvelles certifications, marques autour du développement durable.

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13 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

En effet, depuis quelques années une nouvelle vague de labels et de marques autour du

développement durable envahit les marchés et peut induire une certaine confusion chez les

consommateurs et les autres acteurs du commerce équitable. Ces labels ou marques n’ont pas

forcément les mêmes objectifs que le commerce équitable et de plus, leurs cahiers de charge sont

moins contraignants comparés à ceux du commerce équitable10 . De ce fait, il est important pour

le commerce équitable de se positionner et de se distinguer clairement de toutes ces nouvelles

démarches de développement durable qui n’ont pas le même impact et affaiblissent sa notoriété.

Aujourd’hui, les études de mesure d’impact du commerce équitable ne sont pas légion et justifie

le fait que de nouvelles études soient sollicitées.

Dans le souci d’évaluer les partenariats en cours afin d’en détecter les forces et les faiblesses et

aussi de produire de l’information qui pourra être diffusée dans les réseaux du commerce

équitable, la SCOP a diligentée plusieurs études dans trois pays (Côte d’ivoire, Nicaragua et

Madagascar), au sein des organisations de producteurs insérées dans les filières cacao équitable

mises en place par Ethiquable. Cette étude de mesure d’impact du commerce équitable sur le

développement local, le renforcement des OP et l’amélioration des revenus et des conditions de

vie des producteurs de l’Union des Coopératives Lanzan’ny Sambirano (UCLS) à Madagascar

répond à cette demande.

Le dispositif de mesure d’impact du commerce équitable d’AVSF

Le commerce équitable : nécessité de mettre en place un dispositif de mesure d’impact

Le dispositif de mesure d’impact n’existant pas, en 2005 Agronomes et Vétérinaires Sans

Frontières (AVSF) en collaboration avec MaxHavelaar France et Belgique a pris en charge la

construction d’un dispositif de mesure d’impact 11 . Ce dispositif a identifié 5 aires de

changements significatifs et durables permettant d’évaluer l’impact du commerce équitable avec

une différenciation selon les formes sociales des unités de production concernées (Tableau 1).

10 Le guide international des labels du comme rce équitable édit ion 2015, fait la comparaison entre les labels du

commerce équitable et les labels de développements durable. 11 Dispositif de mesure d’impact du commerce équitable, AVSF, 2005, disponible et téléchargeable sur le site

éditorial d’AVSF : www.ruralter.org . Dispositif construit avec le soutien du Ministère français des affaires

étrangères et européennes.

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14 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Organisations de producteurs Travailleurs dans les agro-plantations industrielles

1. Changement au niveau de la différenciation sociale 1. changements au niveau la différenciation sociale

2. changements au niveau des familles participantes au commerce équitable

2. changements au niveau des familles participantes au commerce équitable

3. changements sur la structuration des organisations de producteurs

3. changements sur la structuration des organisations de producteurs

4. changements au niveau du développement local et national

4. changements au niveau du développement local et national

5. changements au niveau de la gestion des ressources naturelles

5. changements au niveau de la gestion des ressources naturelles

Tableau 1: Les 5 aires de changements du commerce équitable. Source: dispositif de mesure d'impact AVSF, 2005.

Il parait logique de s’inspirer de ce dispositif reconnu par Fairtrade FLO qui représente la

majorité des volumes des produits équitables agricoles échangés. Notre étude, mobilisera le

dispositif relatif aux organisations de producteurs.

Le dispositif de mesure d’impact comme levier efficace pour des démarches de développement

au Sud

AVSF12 a participé activement à l’élaboration du dispositif de mesure d’impact, et l’a utilisé

pour la réalisation d’études d’impact notamment sur les filières café, mangue, banane ou quinoa.

Il estime que ce dispositif permet de montrer clairement les effets du commerce équitable. De

plus, les études s’appuyant sur ce dispositif fournissent des éléments utiles pour la promotion du

commerce équitable et le renforcement d’action d’AVSF au service des organisations de

producteurs.

Ces études d’impacts réalisées par AVSF mettent en évidence le fait que le commerce équitable

permet de générer un impact fort lorsqu’il repose sur la participation et la consolidation des

organisations de producteurs. Cet impact se traduit par l’amélioration des conditions de vie des

familles paysannes, le renforcement des organisations de producteurs, la gestion des ressources

naturelles et divers processus de développement local et national au Sud.

Le dispositif méthodologique d’AVSF est éprouvé et adapté pour mesurer l’impact du commerce

équitable dans différentes filières. Utiliser un même dispositif permet également de comparer les

résultats de différentes situations locales. Ethiquable a donc proposé de le mobiliser sur les 3

terrains d’étude proposés.

Les objectifs de l'étude

L’UCLS a été créée pour défendre les intérêts des petits producteurs de cacao de la vallée du

Sambirano en vue d’améliorer les revenus et les conditions de vie de ces derniers. Pour ce faire,

elle a nouée entre 2009 et 2010 un partenariat avec Ethiquable acteur important du commerce

équitable en France et en Europe. Ethiquable a souhaité obtenir plus d’informations sur le réel

impact de ce partenariat pour réajuster éventuellement ses pratiques et appuis à l’UCLS.

12 Pour un commerce équitable au service des organisations paysannes. Texte de référence, Octobre 2011, 36p.

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15 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

L’objectif principal de l’étude est de mesurer l’impact du commerce équitable du cacao dans la

région du Sambirano. Il consiste à :

Analyser et comprendre le méso-système13 UCLS/filière cacao

Mesurer l’impact du commerce équitable sur les ménages membres de l’UCLS et

l’UCLS

Mesurer l’impact du commerce équitable sur le développement local, national et

la gestion des ressources naturelles

1.2 PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE

1.2.1 Problématique et hypothèses

Problématique

« Quel est l’impact du commerce équitable sur l’UCLS, sur les ménages membres et sur

territoire du Sambirano ? »

Les sous questions de recherches

Comment est organisée la gouvernance et la prise de décision au sein de l’UCLS ? En

quoi a-t-elle évolué ?

Quels sont les besoins en services des membres de l’UCLS ?

Les services proposés y répondent-ils ?

Quelles sont les caractéristiques des ménages agricoles membres de l’UCLS ? En quoi

ont-elles évolué ?

Le commerce équitable induit- il des changements de stratégies individuelles ou

collectives au sein des ménages agricoles et de l’UCLS ?

Comment est organisé le système de prix au sein de la filière cacao équitable dans le

Sambirano ?

Quels sont les acteurs intervenants dans la filière cacao dans la zone d’étude ?

Quels sont les liens existants entre ces différents acteurs de la filière cacao ?

Quelles sont les retombées du commerce équitable sur l’UCLS et son terroir ?

Autant de questions, aussi générales soient-elles qui ont permis d’instaurer une réflexion

constructive pour le bon déroulement de l’étude.

Les Hypothèses

Les hypothèses de l’étude sont les suivantes :

Le commerce équitable permet d’augmenter les revenus et d’améliorer les conditions de

vie des ménages agricoles membres de l’UCLS.

Le commerce équitable permet de soutenir de manière efficace les agriculteurs

marginalisés membres de l’UCLS.

Le commerce équitable favorise la structuration de l’UCLS et améliore sa gouvernance.

Le commerce équitable a un impact positif sur le développement loca l et la gestion des

ressources naturelles dans la zone d’étude.

13 « Sous système productif concret, ensemble d’agents ou d’unités qui existe concrètement dans un espace donné »,

« Ensemble organisé et finalisé de relations qui est doté d’une dynamique autonome, mais qui n’en est pas moins

ouvert sur et en interaction avec, d’autres sous -systèmes (De Bandt, 1988).

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16 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

1.2.2 Théories et concepts

Notion d’effets et d’impact

D’après une synthèse bibliographique du COTA réalisée en 2004, on dénombre environ 8

définitions de l’impact. Dans le cadre de cette étude, nous n’en retiendrons qu’une. Ainsi, selon

une publication du CIEDEL paru en 1999, « L’impact d’une action de développement représente

une nouvelle situation issue de l’ensemble des résultats et effets qui induisent des changements

significatifs et durables, positifs ou négatifs, voulus ou non voulus, dans la vie et

l’environnement des personnes et des groupes pour lesquels un lien de causalité direct ou

indirect peut être établi avec l’action de développement. L’impact est une conséquence des effets

et il est unique ».

Il ne faut donc pas confondre analyse d’effets et analyse d’impact. L’analyse d’impact repose sur

un processus divisé en trois phases : l’analyse des résultats, l’analyse des effets et enfin l’analyse

d’impact.

Les résultats : «Ce sont des changements qualitatifs et quantitatifs dans la vie des familles des

bénéficiaires, produits directement par l’action» (CIEDEL, 1999). Dans le cas de cette étude, les

résultats attendus correspondent aux changements directs produits sur les familles membres de

l’UCLS, par l’application des critères génériques des standards du CE à savoir : développement

social, économique et environnemental et critères commerciaux (prix minimum et

préfinancement).

Les effets : « Ils sont les incidences de l’action sur le milieu physique et humain environnant»

(CIEDEL, 1999).

L’impact : « Correspond à une nouvelle situation issue de l’ensemble des effets» (CIEDEL,

1999).

Le schéma ci-dessous permet de mieux comprendre le processus d’analyse d’impact :

Figure 10: Méthode d'évaluation d'impact. Source : CIEDEL

Il n’est pas évident souvent de distinguer dans les changements ce qui relève de l’action évaluée

et d’autres facteurs exogènes ou endogènes à la société locale.

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17 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Dans beaucoup de cas, on remarque que les actions autour du commerce équitable

s’accompagnent d’autres appuis externes menés par des ONG, des projets de coopération et / ou

du secteur public.

De même, comme nous l’avons vu, le commerce équitable et la certification biologique étant

intimement liés, les effets du commerce équitable sont souvent corrélés à la certification

biologique.

De nombreux facteurs indépendants du projet peuvent se combiner avec les résultats et l’impact

de l’action. De plus, le temps est également un facteur car l’impact se juge à terme d’un projet.

Dans le cas du commerce équitable l’impact se traduirait donc par une nouvelle situation due à

des changements significatifs et durables.

A partir de quel moment dit-on qu’un changement est significatif ? Dans cette étude, les

changements significatifs sont ceux que les bénéficiaires durant les entretiens nous disent

considérer comme significatifs. Aussi, après analyse des données recueillies, nous avons pu

identifier des changements significatifs que les bénéficiaires ne perçoivent pas forcément.

Selon la Banque Mondiale, la mesure d’impact est un processus long et couteux. De plus, une

grande confusion est faite entre effet et impact. Selon le CIEDEL, il n’existe qu’un seul impact «

celui de la situation nouvelle analysée dans sa globalité ».

De tout ce qui précède, il est clair que la mesure d’impact est un processus complexe qui

demande beaucoup de moyens et une certaine rigueur pour éviter d’avoir des résultats biaisés.

Cette étude analysera les effets du commerce équitable en sachant que l’analyse de la somme de

tous ces effets conduit à l’analyse de l’impact du commerce équitable.

Les indicateurs d’évaluations

Une bonne étude d’impact est caractérisée par la définition et l’identification d’indicateurs

facilement mesurables. Selon la définition du CIEDEL, les indicateurs se définiraient comme

«des signes vérifiables et mesurables, qui par comparaison à une référence ou une norme,

permettent de porter une appréciation sur la variable correspondante» (CIEDEL, 1999).

En se basant sur le guide méthodologique de mesure d’impact du commerce équitable élaboré

par AVSF et en sollicitant les acteurs concernés par l’étude sur place, nous avons sélectionné une

liste d’indicateurs pertinents (Annexe 5). Les indicateurs ont été évalués pour la période actuelle

et la période de référence qui correspond à l’adhésion de l’UCLS à la filière équitable portée par

Ethiquable en 2010. L’étude des écarts entre les 2 périodes permet d’évaluer la part du

commerce équitable sur les dynamiques de changement.

L’approche filière

La compréhension du fonctionnement et de l’organisation de la filière est cruciale pour mieux

apprécier la place du commerce équitable et l’impact qu’il peut avoir.

On entend par filière de production «l’ensemble des agents (ou fractions d’agent) économiques

qui contribuent directement à la production, puis à la transformation et à l’acheminement

jusqu’au marché de réalisation d’un même produit agricole (ou d’élevage)» (Duruflé et al.,

1998).

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18 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

L’approche permet d’analyser les contours, l’organisation et le fonctionnement de la filière

cacao, en insistant sur les flux entre les acteurs et sur les relations de dépendance et de

dominances entre ces derniers (Figure 11).

Figure 11: Les différentes étapes de l'analyse filière, Méthode CADIAC, CIRAD 1998.

L’approche systémique

Afin de pouvoir répondre aux questions que nous nous posons dans le cadre de cette étude, il est

important d’avoir une compréhension des dynamiques agricoles, de la diversité des exploitations

agricoles et autres acteurs de la filière, de la diversité de leurs pratiques, leurs raisons d’être et

des interrelations entre ces différents éléments.

L’analyse systémique d’un territoire est une approche globale qui décrit plusieurs processus et

leurs interactions. « Elle cherche à établir l’ensemble des interactions spatio-temporelles entre

des contraintes historiques, économiques, sociales, mentales, physiques, naturelles d’un territoire

donné » (Marchand, 1996).

Autres concepts associés

L’analyse de l’impact dans cette étude est basée sur une approche qualitative mise en œuvre à

travers de nombreuses observations directes et entretiens semi-directifs. Plutôt que de mesurer

statistiquement, cette approche permet de comprendre les processus en vue d’améliorer l’impact.

L’une des méthodes fréquemment utilisées dans le cas d’une étude d’impact basée sur l’approche

qualitative est l’analyse de contribution ou encore « impact causal chain ». « C’est la formulation

d’une chaîne causale et l’analyse des différents facteurs de changements et des alternatives

expliquant l’impact » (Mayne, 1999).

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19 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Il est plus en plus démontré que la combinaison des outils qualitatifs et quantitatifs permet

d’expliquer de façon plus claire l’impact. Nous avons donc tenu compte de ce paramètre mais en

insistant sur le fait que cette étude est d’abord basée sur approche qualitative.

En effet, d’après les développements des approches qualitatives de Denzin (1978), Flick (1998)

et Apostolidis (2003), la triangulation se définit comme une démarche où l’on croise différentes

approches d’un objet de recherche dans le but d’augmenter la validité et la qualité des résultats

obtenus. Il existe différentes techniques de triangulation, la plus sollicitée lors de cette étude est

celle de la triangulation des données. Elle a consisté à recueillir des données à différents lieux

et/ou auprès de différentes personnes ou groupes de personnes. Comme l’indiquent N. Fielding

et M. Scheier (2001) « La logique conventionnelle de la triangulation par la multiplication des

sources d’information correspond à l’idée que, par cette multiplicité, nous pouvons diversifier les

biais liés à chaque source afin de les transcender».

1.2.3 Démarches et outils

Plusieurs phases se sont chevauchées et succédées dans le temps. La phase préliminaire a permis

de comprendre la commande et le contexte dans lequel elle s’inscrit. S’en est suivi une phase

exploratoire qui a consisté à prendre contact avec le milieu d’étude. Ensuite la phase d’enquêtes

approfondies a permis de produire les données de terrain utiles pour comprendre les dynamiques

agricoles du territoire, analyser les performances technico-économiques des systèmes de

productions et, mesurer l’impact du commerce équitable sur les différentes aires de changements

considérées pour cette étude.

Pour finir, la phase de traitement, d’analyse et d’interprétation des résultats a débouché sur

l’élaboration de ce rapport qui présente les résultats de l’étude.

La phase préliminaire

Cette première phase avait pour but d’analyser préalablement le contexte global du stage afin de

mieux appréhender les enjeux à venir. Elle s’est déroulée en deux étapes. La première étape a

consisté en la compréhension et à l’analyse de la commande du maitre d’ouvrage, c’est-à-dire

Ethiquable. Ensuite la deuxième étape consistait à comprendre le contexte géographique,

politique, économique, sociale, agricole de Madagascar en général puis de la région du

Sambirano où est basé L’UCLS en particulier. Durant cette phase qui a eu lieu avant le départ

pour Madagascar, des recherches bibliographiques à la bibliothèque de Montpellier Supagro IRC

ont été réalisées. Les moteurs de recherche sur internet ont été aussi mis à contribution durant

cette phase. La majeure partie de la recherche bibliographique est basée sur les mémoires de fin

d’études d’anciens étudiants, sur des rapports de missions du représentant d’Ethiquable à

Madagascar, sur des travaux effectués dans d’autres pays en rapport avec la thématique du stage.

Les références sont données en fin de document (Cf. bibliographie).

Pour finir, durant cette phase des entretiens avec des personnes ressources, de Montpellier

Supagro IRC (directeur de mémoire, professeurs…) ainsi qu’avec le représentant d’Ethiquable à

Madagascar qui connait bien le contexte de l’étude ont eu lieu. Des entretiens ont également eu

lieu dès l’arrivée à Madagascar avec des personnes ressources d’AVSF et la stagiaire malgache

(binôme) afin de mieux comprendre le contexte du pays.

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20 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

La phase exploratoire

Cette phase qui a duré environ 1 mois s’est déroulée en 3 étapes :

1) La prise de contact avec les personnes ressources et la découverte du milieu d’étude

2) L’analyse du méso-système UCLS-filière cacao

3) La préparation de la phase d’enquête approfondie

La prise de contact s’est faite dans un premier temps avec le conseil d’administration de l’UCLS

et l’équipe de direction. Ensuite, accompagné des animateurs de l’UCLS et du représentant

d’Ethiquable à Madagascar, mon binôme et moi nous nous sommes rendus après 3 heures

intenses de moto notamment dues au mauvais état des pistes dans des coopératives de base pour

rencontrer les paysans afin de leur expliquer le but de notre présence.

L’élément important de cette phase a été la compréhension et l’analyse du méso-système UCLS-

filière cacao. Ceci s’est fait grâce à la réalisation d’un focus groupe avec l’équipe de direction et

le conseil d’administration de l’union pour comprendre l’organisation et le fonctionnement de

celle-ci et qu’elle a été selon eux l’impact du commerce équitable sur l’organisation. Durant cette

étape, une première compréhension très vague de la filière a pu être possible grâce à des

discussions avec l’équipe de l’UCLS et des personnes ressources. L’obtention des éléments

d’analyse et de compréhension a été possible grâce à la grille d’analyse ci-dessous :

Figure 12: Grille d'analyse méso-système UCLS/filière cacao.

De cette grille découle des guides d’entretien (Annexes 2 et 3) qui ont servis à réaliser les

entretiens avec les acteurs concernés.

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21 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Cette étape s’est achevée par la préparation de la phase la phase d’enquête approfondie qui à

consister a consisté à organiser la logistique terrain. Elle a aussi permis de finaliser et de tester

les guides d’entretiens avec 5 producteurs pour nous assurer que ces outils nous permettraient

d’obtenir les informations dont nous avions besoin. Nous avons choisi des producteurs proches

de notre base de logement. La revue bibliographique a continué durant cette phase.

La phase d’enquête approfondie

Durant cette phase, des entretiens semi-directifs réalisés en binôme et accompagnés

d’observations participantes, ont permis de faire la collecte des informations auprès des

différents acteurs. Les enquêtés ont pu donc s’exprimer librement tout en étant guidés sur les

thèmes abordés au cours de l’entretien.

Elle s’est déroulée en 3 étapes : un diagnostic agraire pour identifier la diversité et les

dynamiques de changement dans les exploitations agricoles de la zone d’étude, un diagnostic

spécifique de l’impact du commerce équitable sur les producteurs et enfin une analyse de la

filière cacao et de l’impact sur les autres acteurs de la filière. Pendant l’étude et pour une

meilleure compréhension, les deux premières étapes ce sont chevauchées pour obtenir les

données nécessaires à une bonne analyse.

Le diagnostic agraire

Le diagnostic a consisté à :

- observer le milieu et reconstituer son histoire agraire,

- faire un zonage agro-écologique du milieu et à définir une pré-typologie des systèmes de

productions et,

- enquêter les producteurs pour décrire et évaluer les pratiques agricoles et de valorisation

des produits.

Le diagnostic a permis d’identifier la diversité des exploitations agricoles de la zone d’étude et

les grandes dynamiques de changements. Il a permis également d’évaluer technico

économiquement les revenus des exploitations agricoles et les changements dans le temps. Ce

diagnostic a également favorisé une compréhension globale de la filière cacao, sur l’UCLS et ses

coopératives de bases. La compréhension de la diversité des exploitations a facilité

l’identification de facteurs discriminants pour la constitution de l’échantillonnage des

producteurs.

Les enquêtes des producteurs sur l’impact du commerce équitable

Des entretiens ont été réalisés pour identifier, l’impact direct ou indirect, négatif ou positif du

commerce équitable, ressenti par les paysans.

Les deux premières étapes de cette phase ce sont basées sur la grille d’analyse ci-dessous dont

s’inspire le guide d’entretien (Annexe 4).

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22 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Figure 13: Grille d'analyse des ménages agricole.

L’échantillonnage des producteurs enquêtés

L’UCLS compte en son sein 21 organisations de producteurs de base pour un total de 345

producteurs. Pour cette étude, le principal public cible est composé des producteurs du

commerce équitable membres de l’UCLS que nous avons considérés comme étant le groupe de

référence de l’étude (groupe 1).

Pour mesurer l’impact du commerce équitable sur ce groupe, il a été comparé à un autre groupe

(groupe 2) qui rassemble les producteurs hors commerce équitable (hors CE) considérés comme

le groupe témoin. Ce choix s’est basé sur la méthode de comparaison avec groupe de référence /

groupe témoin (utilisateurs et non-utilisateurs) qui est à ce jour l’une des seules techniques

rigoureuses d’évaluation d’impact. C’est une méthode qui consiste à comparer des individus

pouvant être différents afin de mettre en lumière les liens de causalité. L’utilisation de la

méthode se caractérise par une comparaison de l’avant et de l’après projet ainsi que de

l’adhésion ou non au projet (avec/sans) entre les différents groupes (groupe témoin et groupe de

référence).

Figure 14: Méthode de comparaison avec un groupe de référence.

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23 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Etant donné que le temps imparti pour l’étude était limité, et que nous privilégions la

compréhension, notre échantillonnage est raisonné pour représenter la diversité des situations.

Les principaux facteurs discriminants retenus à l’issue des premières observations et enquêtes

historiques sont la superficie en cacao et la date d’adhésion de la coopérative de base à l’UCLS.

L’échantillon du groupe 1 a été constitué en se basant sur la liste des membres des organisations

de producteurs de base de l’UCLS. Le schéma ci-dessous illustre le mode d’échantillonnage

utilisé pour le groupe 1 :

Figure 15: Mode d'échantillonnage du groupe 1.

Comme le montre le schéma, nous avions prévu enquêtés au total 30 producteurs membres des

coopératives de base de l’UCLS. En combinant les enquêtes diagnostic agraire et producteurs

(mesure d’impact), nous avons enquêtés 10 producteurs supplémentaires appartenant à l’UCLS.

Soit au total 40 producteurs du commerce équitable, enquêtés.

La compréhension de l’organisation et du fonctionnement des organisations de producteurs de

base étant cruciales, nous avions prévus enquêtés les responsables des organisations de bases.

Nous en avons enquêtés au total 8

Ne disposant pas d’une liste des producteurs constituant le groupe témoin (groupe 2), la sélec tion

s’est faite grâce à l’aide des animateurs de l’UCLS et des producteurs qui connaissent la zone

d’étude. Le critère géographique (proximité avec un producteur du groupe de référence) a

beaucoup compté à cause des difficultés liées à la prise de rendez-vous et aux déplacements.

Dans ce groupe 10 producteurs ont été enquêtés.

En considérant les 40 producteurs du commerce équitable, les 8 responsables d’organisations de

base et les 10 producteurs hors commerce équitable que nous avions enquêtés la taille de

l’échantillon est de 58 enquêtés en ce qui concerne les producteurs et leurs organisations.

30 producteurs

(échantil lon groupe 1)

0-1 ha10/30

producteurs

Coop. CE depuis 2010

5 producteurs

Coop. CE depuis 2014

5 producteurs

1-3 ha10/30

producteurs

Coop. CE depuis 2010

5 producteurs

Coop. CE depuis 2014

5 producteurs

> 3 ha10/30

producteurs

Coop. CE depuis 2010

5 producteurs

Coop. CE depuis 2014

5 producteurs

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24 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

L’analyse de la filière cacao à Madagascar

Pour analyser les liens et les rapports de pouvoir entre les différents acteurs de la filière,

comprendre l’organisation, le fonctionnement de la filière et retracer son évolution des enquêtes

ont été réalisées auprès de plusieurs acteurs de la filière (Annexes 7) : les collecteurs, les

plantations, les exportateurs et les chocolateries locales et représentants d’orga nismes externes à

la filière qui encouragent le développement de la filière ( Pôle Intégré de Croissance (PIC),

Madagascar National Parks (MNP), Helvetas et l’AFDI).

La phase de traitement, d’analyse et d’interprétation des résultats

Cette phase s’est déroulée au fur et à mesure de l’évolution de l’étude et s’est achevée à

Montpellier en France.

Durant cette phase, il a fallu remobiliser toutes les informations collectées afin d’en faire une

analyse. Pour chaque type d’exploitation, le revenu agricole a été calculé grâce aux informations

recueillies durant la phase d’enquête approfondie. Les prix et les rendements utilisés pour les

calculs sont ceux de l’année 2015. Ne pouvant faire une évaluation quantitative précise des

revenus des agriculteurs pour les années précédant l’arrivée du commerce équitable, les revenus

des agriculteurs hors commerce équitable ont servi de référence pour la comparaison.

Cette évaluation économique qui a conduit à l’obtention du revenu s’est basé sur le modèle ci-

dessous :

Figure 16: Calculs d'évaluation économique du système de production. (Source : Etudiants MOQUAS Supagro/IRC).

Plus globalement, cette phase a conduit à l’émergence des grandes conclusions relatives à

l’impact du commerce équitable sur les 5 aires de changements considérées pour l’étude et à la

rédaction du présent document.

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25 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

1.3 D IFFICULTES RENCONTREES DURANT L’ETUDE

Cette étude réalisée à Ambanja dans le nord-ouest de Madagascar qui a durée pratiquement 5

mois sur place ne s’est pas déroulée sans obstacles. En effet, les difficultés qu’il a fallu

surmonter sont nombreuses et diverses mais nous ne parlerons que des plus importantes.

Lors des enquêtes auprès des producteurs, le souci était la barrière de la langue. Bien

heureusement, ma collègue de travail malgache faisait la traduction. Vu qu’elle n’est pas

originaire de la zone d’étude, elle ne comprenait pas à certains moments les expressions du

dialecte employé par les producteurs. Lors des entretiens, le maximum était fait pour comprendre

ce qui était dit par les paysans mais dans les cas où c’était trop compliqué, nous passions à la

question suivante.

L’étude ayant été réalisé en milieu rural, il fallait emprunter des pistes pour accéder aux

villages. La plupart des pistes étant dégradés, il fallait mettre en moyenne 2 heures de moto pour

aller dans les villages afin d’enquêter les producteurs. A notre arrivée dans le village, il arrivait

souvent que les producteurs prévus pour les entretiens soient absents. Pour pallier à cela nous

avions établi une liste de potentiel remplaçant pour les entretiens.

Pour finir, l’une des principales difficultés rencontrées a été liée aux rendements des cultures. En

effet, de nombreux producteurs n’ont pas pu nous donner des chiffres exacts concernant les

rendements des différentes cultures. Il a donc fallu trianguler les informations à maintes reprises

pour avoir des estimations de rendement proches de la réalité.

Malgré tous ces obstacles, l’étude a été menée à bien et a permis d’obtenir tous les résu ltats

analysés dans ce mémoire.

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26 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

2 LE CACAO DU SAMBIRANO : EVOLUTION HISTORIQUE DE LA FILIERE

2.1 LA VALLEE DU SAMBIRANO : UNE ZONE PROPICE A LA CULTURE DU CACAO

2.1.1 Localisation

La présente étude a été menée dans le Nord-ouest de Madagascar plus précisément dans la vallée

du Sambirano. Dans cette vallée se trouve le district d’Ambanja connu sous l’appellation «

Région du Sambirano » qui est la principale zone de production cacaoyère du pays. Faisant

partie intégrante de la région de DIANA, le District d’Ambanja est situé à 1200km de la capitale

Antananarivo soit une durée de 20 heures de route en voiture. Le District d’Ambanja est localisé

à 237 km au sud de Diego Suarez (chef- lieu de la région DIANA) et à 25 km du port d’Ankify

qui permet de faire la liaison avec le port de Nosy-Be. Le District est délimité au Nord et à l’Est

par le District d’Ambilobe, au sud par le District de Bealanana et d’Analalava, et à l’ouest par le

canal de Mozambique. De nombreuses îles dépendent du district à savoir : Nosy Faly,

Ambaritelo, Nosy Berafia, Kisimany, Nosy Iranja, Lavalohaliky, Nosy Radama, Antsoha et

Ankivonjy. L’étendue géographique du District d’Ambanja est de l’ordre de 6 146 km2

(UNICOSA, 2013) soit environ 600.000 ha, ce qui lui confère environ 25,9% de la superficie

totale de la région de DIANA (UPDR, 2003). Sur les 600.000ha, 360.000ha sont non cultivables

et correspondent au domaine forestier national et aux aires protégées. Pour ce qui est du

découpage administratif, le District compte au total 22 communes rurales et une commune

urbaine où est concentré le pôle économique. Sur les 23 communes, 18 sont productrices de

cacao. La figure suivante illustre la structure administrative du district :

Figure 17: Carte administrative du District d'Ambanja. Source: UNICOSA 2013.

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27 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

2.1.2 Contexte socio-économique

La population de la région du Sambirano avoisine les 200.000 habitants d’après les estimations

de l’Union des communes du Sambirano (UNICOSA). En 2007, près de 75% de cette population

était constituée de jeunes actifs ayant au plus 25 ans, le nombre a sans doute augmenté durant ces

dernières années.

86% des activités économiques de la zone sont essentiellement agricoles. La région du

Sambirano est très réputée pour sa production en cultures de rente : le cacao, la vanille, le poivre

et les plantes aromatiques. Derrière l’agriculture se positionne l’élevage et la pêche qui

représentent respectivement 9% et 5 % des activités de la zone d’étude (Ranaivoson, 2009).

Ces données datant de 6 ans, le contexte a surement légèrement évolué. Le secteur secondaire,

correspond principalement à la transformation des matières premières agricoles notamment les

cultures de rente et la production d’huiles essentielles. Il est très marginal et principalement

dominé par des entreprises étrangères. Le secteur tertiaire concerne la vente et le négoce des

produits agricoles tels le cacao, le poivre, la vanille, etc…

La polyculture est la principale caractéristique des exploitations agricoles de la région du

Sambirano. En termes de répartition des cultures en 2006, le riz paddy et le café étaient en tête

avec chacun 30% d’occupation des surfaces, suivait le cacao et les autres cultures qui occupaient

respectivement 25% et 15% des surfaces cultivées (Ranaivoson, 2009). Cette distribution

spatiale a bien changé au cours de ces 10 dernières années. En effet, durant la décennie, une

déprise des cultures de café et de riz a été observée laissant la place au cacao qui aujourd’hui est

en passe de devenir en termes de superficie et d’économie la première culture de la région du

Sambirano. La déprise du café s’explique notamment par l’engouement du marché pour le cacao

malgache. Cet engouement fait qu’aujourd’hui, les producteurs préfèrent la culture du cacao à

celle du café car les prix sont plus rémunérateurs pour la culture du cacao et la récolte s’effectue

tout au long de l’année. Pour la culture du riz, la déprise s’explique par le fait que les terrains

propices à la culture subissent des dégradations importantes dues au phénomène climatique

(inondations, érosion,…). De plus, depuis quelques années les autorités veillent à l’application

des lois interdisant la pratique d’agriculture sur brulis.

2.1.3 Les particularités du Sambirano

Le sol, le climat et l’hydrologie font du Sambirano une zone propice pour la culture du cacao.

Le relief et les sols

Située entre deux montagnes d’origine volcanique, le massif de Tsaratanana à l’Est et du

Manongarivo à l’Ouest, la zone correspond à la vallée du fleuve Sambirano qui la traverse de

haut en bas (Figure 18).

L’étude pédologique de la vallée du Sambirano réalisée par Bouchard en 1968 distingue des sols

peu évolués, formés d’alluvions micaciennes à texture grossière ; des sols hydromorphes

minéraux formés sur alluvions faiblement micacées avec une nappe phréatique proche de la

surface ; et des sols à profils complexes formés d’alluvions récentes ayant recouvert des sols

hydromorphes, (Ranaivoson, 2009).

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28 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Le Haut Sambirano est caractérisé par du granite et des migmatites qui au fil des années se sont

transformés en gneiss avant de subir une altération qui a abouti à l’obtention de sols

ferralitiques. L’observation de la plaine du Bas Sambirano révèle que les sols sont en partie

constitués par le dépôt d’alluvions du fleuve Sambirano. Les crues répétitives du fleuve assurent

le renouvellement naturel de la fertilité des sols.

La vallée étant sous forme de cuvette, la nappe phréatique à certains d’endroits se retrouve très

proche de la surface et ne descend pas en dessous de 4 mètres. On retrouve des sols

hydromorphes dans les parties les plus basses et souvent cultivées en riz. Ailleurs le cacao peut

être cultivé sans difficulté. En effet, les sols de la vallée du Sambirano présentent une bonne

structure et une bonne fertilité organique et chimique nécessaire pour l’implantation de la culture

de cacao. De plus la pression parasitaire est très faible, ce qui dispense les producteurs de faire

des apports réguliers en intrants.

Figure 18:Image satellite de la vallée du Sambirano. Source : Google map 2016.

Hydrologie et climat

Outre le fleuve Sambirano, de nombreux cours traversent la zone. Le fleuve Sambirano qui

prend sa source dans le massif de Tsaratanana à 2 500 m d’altitude. Le fleuve est long de 124

km pour un bassin de 2800 km2. Il ne reçoit qu’un seul affluent, le Ramena long de 80 km

(Razes, 2008).

La vallée du Sambirano est caractérisée par un climat de type tropical humide et chaud. Deux

saisons s’alternent; la saison sèche (saison fraiche) de Mai à Octobre et la saison pluvieuse de

Novembre à Avril. La saison des pluies correspond à la période de soudure car les producteurs

ont du mal à écouler leurs produits surtout le cacao sur les marchés.

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29 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Durant cette période, ces derniers s’approvisionnent difficilement en produits de première

nécessité du fait de l’impraticabilité des pistes rurales. Les producteurs du Haut Sambirano sont

les plus touchés par ce problème.

Les mois où les précipitations sont les plus abondantes vont de Décembre à Février. La

pluviométrie annuelle moyenne dans la zone est de 1748 mm (FOFIFA, 2012) et est en

augmentation depuis la fin du siècle dernier (Figure 19).

La figure 19 montre qu’à partir de 1996, les précipitations sont devenues plus abondantes ce qui

correspond à la recrudescence des sinistres liés aux inondations chez les populations rurales.

La saison de pluie correspond avec la période pluie qui s’étend de Février à Mars. Depuis une

dizaine d’années, les épisodes cycloniques se sont accentués en causant d’énormes dégâts à

chaque fois. Concernant les épisodes cycloniques marquants, il y a : Gafilo en Mars 2004,

Indlala en Mars 2007, Ivan en Février 2008 et Dingiza en Février 2011. Le dernier épisode

cyclonique récent et marquant est le Cyclone Chedza en Février 2015 qui a causé des dégâts

importants. En effet après le passage de Chedza, dans le district d’Ambanja, près de 2300 ha de

rizière ont étés inondées (La Tribune de Diégo, 2015). Généralement lorsque les eaux des

inondations se retirent, il ne reste plus qu’un dépôt de boue et de sable (provenant de l’érosion

des flancs de collines) mélangés avec des déchets que les eaux ont charriés jusqu’à l’intérieur de

certaines parcelles qui sont dès lors inaptes à l’agriculture.

L’ensemble de ces phénomènes climatiques tend à renforcer la précarité des producteurs

agricoles vivants dans les zones concernées les poussant même parfois à quitter leur terroir.

Cependant, la vallée du Sambirano jouit d’un climat assez particulier. En effet, le massif de

Tsaratanana à l’Est et du Manongarivo à l’oues t abritent la vallée des alizés desséchants venus

du Sud pendant la saison sèche. Seul souffle l’alizé du Sud-est, le «Varatraza» qui amène

pendant la nuit la fraîcheur et l’humidité venue du canal du Mozambique. De plus la très forte

densité forestière du fonds de vallée contribue à maintenir l’humidité.

0500

100015002000250030003500400045005000

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Années

Pluviométrie d'Ambanja sur plusieurs années

Figure 19: Pluviométrie moyenne annuelle d'Ambanja. Source: FOFIFA- Ambanja, 2012.

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30 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

La saison sèche reste donc relativement fraîche avec une température moyenne de 26° Celsius

(Figure 20). Le maxima moyen est de 31°C et le minima moyen de 20°C, ce qui correspond aux

exigences du cacaoyer.

La saison humide est marquée par la mousson venant du Nord appelé le «Tanio». Le microclimat

spécifique ou encore «climat Sambirano» fait de la vallée, Haut et Bas Sambirano la principale

zone de production du cacao malgache.

2.2 LES DYNAMIQUES AGRAIRES DANS LA ZONE D'ETUDES DE 1990 A AUJOURD'HUI : LES FACTEURS DE PRODUCTIONS ET EVOLUTION DE LA FILIERE CACAO

L’histoire de l’agriculture dans le Sambirano est fortement influencée par la présence coloniale

dans la région via notamment l’introduction de nouvelles cultures. Dans le Bas Sambirano, les

colons sont arrivés vers 1898 et ont installé dès le début du XXème siècle des plantations. La

compréhension de l’historique et de l’évolution agraire de la zone sont très importants et

permettront de mettre en lumière les mutations qui ont permis d’aboutir à la configuration

actuelle de la filière cacao et du terroir.

2.2.1 1920 à 1945 : Une agriculture essentiellement basées sur le riz et l'élevage de zébus avec un accès facile au foncier

Systèmes de cultures et d’élevages

A l’arrivée des colons, le système de culture dominant était essentiellement de la riziculture

d’abattis brulis. Les rendements étaient assez hauts à l’époque. Avec 1 daba semé (unité de

mesure du riz14), on pouvait obtenir très facilement 120 dabas sur 0,33 ha selon les témoignages.

Aujourd’hui il faut environ 3 dabas pour obtenir un rendement variant entre 15 et 60 dabas, très

inférieur à ce qui se faisait à l’époque du fait de la baisse de la fertilité des sols. Après la récolte

du riz, s’en suivait une période de friche pâturée d’une durée de 1 à 3 ans. Le renouvellement de

la fertilité du sol était ainsi assuré par le recrus herbacé et les déjections des zébus.

14 Le daba correspondait à l’époque à 12 à 15 kg de riz paddy mais aujourd’hui tourne autour de 10 kg .

21

22

23

24

25

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Température moyenne annuelle du district d'Ambanja en 2013

Figure 20: Evolution de la température annuelle moyenne dans le district d'Ambanja. Source: Millot SA, 2013.

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31 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

La préparation du sol commençait en début de la saison de pluvieuse au mois de Novembre et

s’étalait jusqu’au mois de Janvier. Les zébus étaient très importants car non seulement ils

participaient à cette préparation du sol par piétinement mais aussi aidaient pour le battage après

la récolte du riz.

La récolte mobilisait une quantité importante de main d’œuvre car elle se réalisait manuellement

panicule par panicule à l’aide d’un petit couteau.

Mis à part le riz, d’autres cultures telles que la banane, l’orange, le maïs, les brèdes (feuilles

comestibles) et le manioc étaient également cultivées et destinées à l’autoconsommation.

L’élevage de zébus était très important, une famille pouvait posséder jusqu’à 150 têtes de zébus.

En effet, les surfaces de pâturages disponibles étaient plus vastes. En saison de pluies, les

animaux étaient emmenés vers les montagnes par un bouvier. En saison sèche, ils se contentaient

des résidus de riz et des friches.

Rapports sociaux

Les membres de la famille élargie et les voisins du village participaient ensemble à la récolte,

selon le principe de l’entraide ou fihavanana. Tout le monde allait travailler à tour de rôle dans le

champ du voisin et à la fin de la journée de travail, tous se réunissaient autour d’un repas

commun autour duquel on tuait des zébus. La famille à laquelle appartenait la parcelle dans

laquelle le travail avait été effectué se chargeait de préparer le repas.

L’accès au foncier

Partant du fait que la terre appartenait aux ancêtres, le droit coutumier foncier était de rigueur. Il

fallait tout simplement demander l’autorisation au chef de terre, qui était le chef de lignage et

donc le premier à s’être installé. Pour s’approprier une surface il suffisait ensuite de la valoriser

en la défrichant et en y implantant une culture. Cependant avec ce type de fonctionnement, les

proches du chef de lignage pouvaient être largement favorisés pour accéder aux meilleures terres

(à proximité d’un cours d’eau, du village, etc…).

2.2.2 1945 à 1960 : bouleversement des systèmes de cultures, des pratiques culturales ainsi que du rapport au foncier

Introduction de techniques et cultures obligatoires

Installées au début des années 1900, les sociétés coloniales se sont accaparés de grandes

étendues de terres pour des plantations de café. Partant de la mer, elles se sont étendues en

remontant progressivement vers l’intérieur pour atteindre la zone d’étude vers les années 1945.

L’arrivée des colons a impulsé un changement significatif dans la zone, surtout sur la question

foncière. Les pratiques culturales du riz se sont vues modifiées par l’introduction de nouvelles

techniques à savoir le labour à traction attelée et le sarclage. L’adoption de ces pratiques était

obligatoire au risque de se faire confisquer sa terre. La pratique de l’entraide s’est vu diminuer à

cause de l’utilisation de matériels comme la charrue qui ne mobilise pas une main d’œuvre

importante. Les aménagements réalisés sous l’impulsion des autorités coloniales ont permis une

meilleure maîtrise de l’eau, ce qui a favorisé l’émergence du riz irrigué avec des rendements plus

importants que celui du riz inondé. A partir de 1958, les paysans se retrouvent dans l’obligation

de posséder chacun une parcelle de café sous peine de sanction.

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32 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Le but de cette décision était de pouvoir garantir à l’autorité coloniale une rentrée d’argent

alimentée par les impôts payés par chaque producteur de café et par la vente d’intrants (engrais,

plantules de café, produits phytosanitaires, etc…). Outre le riz et le café, les agriculteurs

continuaient à cultiver pour leur consommation du manioc, de la banane et de la patate douce.

En 1930, un décret interdisant les feux de brousses sur les rizières pour l’extension des parcelles

et du pâturage est adopté et mis en application. Au même moment, la période de friche allant de

1 à 3 ans après la récolte de riz est supprimée.

L’accès au foncier et ses conséquences

Le décret de 1930 interdit le défrichement des forêts et tous les paysans ont pour obligation de

borner leurs terres. Tous ces éléments combinés à croissance démographique à partir de 1950

font que le rapport au foncier change. La capitalisation en foncier devient difficile.

La division des terres familiales par héritage commence. La part de la sole cultivée augmente, au

détriment des pâturages et du cheptel de zébus dans la région. Les paysans se sont vu dans

l’obligation d’enclore les animaux dans pâturages, la divagation des animaux étant punie. Le

nombre de zébus ayant diminué progressivement, l’effet inverse a été l’augmentation du prix du

zébu.

Figure 21: Evolution du cheptel bovin dans le Sambirano. Source: Anysse.B, 2015.

2.2.3 1960 à 1975 : Vulgarisation des cultures de rente et appropriation par les exploitations familiales paysannes

L’intérêt grandissant des paysans pour le café puis le cacao

Au début des années 1960 la culture du café attire les paysans car les prix payés sont intéressants

et les débouchés de commercialisation sont assurés. Le riz qui était la production principale

devait être stocké pour être vendu tout au long de l’année ce qui était difficile à gérer (pertes

importantes). Sur les marchés internationaux, le prix du café connait une explosion da ns les

années 1974 (Figure 22). Dès cet instant le café devient plus intéressant pour les paysans

comparé à une culture vivrière comme le riz.

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33 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Figure 22: Evolution des prix du café à la bourse de Londres depuis 1960. Source: INSEE, 2009.

La CEAMP : puissant outil de vulgarisation des cultures de rente auprès des

paysans

Créé en 1964 après l’accession de Madagascar à l’indépendance, la CEAMP (Centrale

d’Equipement Agricole et de Modernisation du Paysannat) organisme de coopération franco-

malgache a lancé en 1966 « l’opération café ». Cette opération avait pour but de favoriser la

diffusion et la vulgarisation des cultures de rentes comme le café, le cacao puis le poivre auprès

des paysans. Dans la filière café, la CEAMP menait des activités de vulgarisation et

subventionnait les plants issus des pépinières. La CEAMP contrôlait l’achat du café et l’adhésion

était quasiment obligatoire. Le monopole de la CEAMP est renforcé par la mise en place d’une

caisse de stabilisation des prix du café au niveau national. Instrument puissant de contrôle des

filières, la caisse de stabilisation proposait un prix minimum garanti aux producteurs pour l’achat

de café en accord avec le Ministère de l’Agriculture.

En 1962, bien avant la création de la CEAMP, avait été créée à Ambanja une station de

recherche par l’IFCC (Institut Français du Café et du Cacao) actuelle FOFIFA (Centre national

de la recherche appliquée au développement rural). Ce centre avait pour mission de conduire un

programme d’amélioration génétique des cacaoyers plus particulièrement la variété Criollo. Ce

programme conduit sur des parcelles expérimentales avait pour but de mettre au point des

variétés résistantes pouvant être plantées à grande échelle. En 1968, une compagnie d’origine

coloniale la CNIA (Compagnie Nosy-Béene d’Industrie Agricole) a commencé à cultiver le

cacao sur de grandes superficies. L’accession à l’indépendance et le travail de vulgarisation

mené par la CEAMP auprès des paysans, entrainât une augmentation de la production de cacao

dans la zone (Figure 24). De plus, le prix du cacao était devenu attractif, et sa culture s’était

révélée moins contraignante que celle du café du point de vue quantité de travail à fournir. Les

paysans ont donc logiquement adopté la cacao culture. A partir de cet instant, une déprise

progressive du café au profit du cacao a été observée. Cela s’est accentué avec la chute des prix

café sur le marché mondiale à partir de 1977 (Figure 22).

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34 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Principal artisan de l’adoption des cultures de rente par les paysans (Figure 23), la CEAMP

s’occupait principalement de la collecte, de la transformation puis de la commercialisation du

cacao.

Figure 23: Processus de diffusion des cultures de rente chez les paysans.

Figure 24: Evolution de la production de cacao à Madagascar. Source: FAOstat, 2015.

Nouvelle loi foncière et extension des plantations villageoise

L’année 1960 marque un nouveau tournant dans la gestion du foncier, sous la première

République du Tsiranana. En effet, une nouvelle loi autorisant les défrichements et régulant les

feux sous la supervision des gardes forestiers est promulguée. Cette loi concernait surtout les

versants qui étaient protégés par la loi de 1930. Les premiers effets de cette nouvelle loi ont

commencé à être visibles à partir de 1965 à travers l’extension des parcelles existantes et

l’ouverture de nouvelles parcelles.

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35 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Après un cycle de riziculture sur abattis brûlis, les paysans implantaient du café associé avec du

poivre et de l’ananas. Après la chute des cours du café ce sera plutôt le cacao qui sera implanté à

la place du café. La capitalisation en foncier est à nouveau possible à ce moment pour les

paysans.

Autrefois régit par le droit coutumier et sous l’autorité exclusive des chefs de lignages, la gestion

du foncière passe aux mains de l’Etat Malgache. Les gardes forestiers étaient chargés de délivrer

des autorisations collectives pour défricher les nouvelles terres. Toute terre non immatriculée

était d’office considérée comme propriété de l’Etat. La pratique de l’entraide comme dans la

période précédente continua son déclin.

2.2.4 1975 à 1990 : Fin de l’intervention de l’Etat dans les filières de rente et instauration de nouvelles réformes

Conséquences des différentes réformes sur les filières de rente notamment le cacao

Suite à la crise politique qui voit arriver au pouvoir le président Didier Ratsiraka, de nombreuses

réformes vont être mises en place : la nationalisation des secteurs clés, la malgachisation à

l’école et une réforme agraire.

Le nouvel Etat décide de modifier les conditions de collecte des produits agricoles afin de

pouvoir prélever des taxes pour financer sa politique. Il crée la SINPA15 qui s’approprie les

activités de collecte, de transformation et de commercialisation menées jusque-là par la CEAMP.

Mais ce stratagème échoue du fait de la réticence des producteurs et de la mauvaise gestion des

filières. L’influence des collecteurs s’en trouve renforcée (Figure 25).

Figure 25: Mutation de la filière cacao suite aux réformes du gouvernement nationaliste.

15 Syndicat Industriel National de Production Agricole

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36 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

La réforme agraire et les migrations

La réforme agraire mise en place prévoit la nationalisation et l’expropriation des sociétés

d’origine coloniales. Des trois plantations agricoles du Sambirano de l’époque (CNIA, Millot, et

SOMIA), seule la CNIA créée en 1968 est nationalisée. La SOMIA est née d’une scission avec

la CNIA à la création. Aujourd’hui toutes ces entités appartiennent à des groupes privés qui les

ont rachetés.

Les paysans ont pu recapitaliser en foncier de nouveau. La loi autorisant les défrichements et

régulant les feux étant toujours en vigueur, on assista à un flux migratoire important des

populations venant du sud de l’île. Après 1975, le directoire militaire de transition fut révolu et

les populations ont pu se déplacer plus librement. Ils profitèrent donc de la liberté d’accès à la

terre pour s’installer.

Les conditions de marché favorable au cacao

En 1990, Madagascar comme de nombreux pays africains est soumis aux programmes

d’ajustements structurels (PAS). Sous la pression des institutions de Breton Woods (FMI et

banque Mondiale), le nouveau régime de Zafy Albert est contraint de procéder au

démantèlement des caisses de stabilisation dans les filières de rente notamment café et cacao.

L’Etat malgache a donc mis fin aux prix contrôlés et a libéralisé la collecte ainsi que la

commercialisation.

De leur côté, les paysans ayant les moyens (fonc ier et surtout matériel) commencent à s’essayer

à l’activité de transformation du cacao voir de collecte. La filière se complexifie peu à peu.

Le cacao continue à progresser

Malgré l’introduction de nouvelles techniques censées améliorer la productivité des parcelles, les

agriculteurs délaissent le riz au profit du cacao et d’autres cultures dont les cours sont favorables.

En effet, le repiquage du riz en tant que nouvelle technique a été introduit à cette époque par le

biais de campagnes d’envergure comme le SRA (Système de Riziculture Améliorée). Cela n’a

pas empêché la chute des rendements. Mis à part les problèmes de fertilité, la riziculture est

délaissée un tant soit peu au profit des cultures de rente. Dès lors la zone devient déficitaire en

production de riz et ceci jusqu’à aujourd’hui. Pour ce qui est des zébus, on en dénombre par petit

nombre au niveau des exploitations agricoles. On note aussi le début de l’élevage de volaille au

cours de cette période.

Le métayage et le fermage se généralisent de manière progressive en tant que mode d’accès à la

terre, l’atteinte de la frontière agricole étant proche

2.2.5 1990 aux années 2000 : changement des logiques paysannes et dépendance vis-à-vis des collecteurs

La diversification agricole : nouvelle logique paysanne

La libéralisation des filières notamment celles de rentes induites par le programme d’ajustement

structurel a entrainé l’arrêt des prix contrôlés. Les paysans sont donc dépendants à partir de ce

moment des prix du marché qui ne cessent de fluctuer.

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En tirant des leçons des conséquences qu’a eu la chute des cours café en 1977, les paysans ont

opté pour des systèmes de cultures plus diversifiés afin d’accroître leur résilience en période de

crise et d’éviter de mettre tous leurs œufs dans le même panier. On a donc observé une déprise

du café qui s’est formalisé par un remplacement progressif des pieds de caféiers par des

cacaoyers au sein des parcelles. Toutefois, les paysans ont pris le soin de ne pas arracher tous les

pieds de caféiers afin de ne pas dépendre exclusivement du cacao. Sur les parcelles désormais,

on retrouve du poivre, de la vanille, du girofle et d’autres espèces pouvant apporter une valeur

ajoutée supplémentaire au producteur. La présence de la vanille a été renforcée par l’envolée des

prix entre 2001 et 2002 à Madagascar.

Des producteurs dépendants des autres acteurs de la filière

L’augmentation de la production de cacao (F igure 24) et la libéralisation ont suscité l’intérêt de

nombreux acteurs pour la filière. Ainsi, on a assisté à la multiplication du nombre d’exportateurs,

de collecteurs et de sous-collecteurs dont l’influence dans la filière a été renforcée au fil des

années. Cette multiplication du nombre d’acteurs au sein de la filière cacao s’explique

notamment par le fait que ces dernières années, le cacao malgache jouit d’une surcote sur les

marchés internationaux du fait qu’il est classé « cacao fin 16 » (Figure 26). Cependant, son prix

n’induit pas forcément une meilleure rémunération des paysans. Ces derniers dépendent des

sous-collecteurs et des collecteurs ainsi que des autres acteurs qui rémunèrent peu.

Figure 26: Comparaison des prix à la tonne du cacao malgache et ivoirien. Source: FAOstat, 2015.

Cette dépendance accrue des producteurs vis-à-vis des autres acteurs de la filière cacao a incité

ces derniers à réfléchir à la mise en place d’une action collective pour mieux défendre leurs

intérêts. Il faut rappeler que jusque- là, les coopératives existantes appartenaient à l’Etat et

l’adhésion était obligatoire. Mettre en place une action collective était perçu par les producteurs

comme un moyen de se libérer.

16 C’est un cacao dont la saveur et la couleur sont réputées exceptionnelles. Il se caractérise par un goût acidulé et

fruité

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38 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

2.2.6 2000 à 2010 : La structuration des producteurs et l’avènement du commerce équitable

Le système agraire actuel

Accès au foncier

Les grandes étendues de terres détenues par les plantations d’origine coloniale, les migrations

successives des populations des autres régions de Madagascar vers la vallée du Sambirano et la

croissance démographique ont conduit aujourd’hui à une saturation foncière dans la zone.

L’accès à la terre est devenu très difficile et les principaux modes pour y accéder sont :

l’héritage, le métayage et le fermage. Le métayage se fait essentiellement pour accéder aux

rizières et consiste à une répartition de la récolte selon les proportions : 1/3 pour le propriétaire et

2/3 pour le contractant. Le fermage concerne les parcelles de cacao qui sont mises en location

par des producteurs ayant des difficultés financières et qui n’ont d’autres choix que de mettre

leur terre à disposition d’autres producteurs ayant besoin d’une superficie et ayant les moyens de

s’en procurer. Les tarifs pour la location d’une surface sont difficiles à définir précisément et

varient d’un producteur à un autre. Etant souvent dans des situations où le besoin d’argent est

pressant les propriétaires en difficultés ont tendance à accepter au premier abord les offres des

locataires même si les prix proposés sont bas.

En revanche peu d’agriculteurs vendent leur terre ; quelques soient les situations ils tentent de

garder ce patrimoine.

Certaines familles ouvrent illégalement une parcelle sur les terres des réserves naturelles et aires

protégées à proximité desquelles se trouvent les villages. Selon le responsable du Madagascar

National Parks (MNP) du district, chaque année, plus d’une dizaine d’hectares de forêt

appartenant à la réserve du Manongarivo sont défrichés illicitement pour l’implantation du cacao

et d’autres cultures. Pour lui, au lieu de procéder au défrichement, les paysans devraient plutôt

pensés à densifier leurs parcelles en nombres de pieds de cacaoyers.

Le 17 Octobre 2005, l’Etat malgache a initié une réforme foncière dans le but de décentraliser la

gestion du foncier et de permettre aux communes d’attribuer des certificats fonciers aux

paysans. La procédure de titrisation étant longue et coûteuse, les certificats étaient censés

permettre aux paysans d’immatriculer et de sécuriser leurs terres à moindre coûts. La crise de

2009 combinée au manque de moyens (matériel et humain) a eu raison de cette initiative. Il n’est

pas rare de constater l’existence de litiges fonciers.

Les rapports humains et le matériel

Au fil des années l’agriculture dans le Sambirano est toujours restée une agriculture de type

familiale. Au sein de la famille nucléaire, les taches sont bien réparties. La femme avec l’aide de

ses filles s’occupe du repas et de la transformation du riz paddy en riz blanc tandis que les

hommes s’occupent des cacaoyères, des zébus, du matériel et de la réparation des outils de

travail. Le travail des enfants dans l’exploitation agricole, plus particulièrement dans les

cacaoyères ne se fait que quand ces derniers sont en vacances scolaires.

Durant les enquêtes, nous avons remarqué que tous les producteurs faisaient de la scolarisation

de leurs enfants une priorité. On en déduit que ces producteurs à travers cette stratégie souhaitent

éviter à leurs enfants la pénibilité du métier d’agriculteur.

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39 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Selon la quasi-totalité des producteurs enquêtés dans la région, la main d’œuvre n’est pas un

facteur limitant, même lorsqu’il s’agit de désherber manuellement. La mobilisation des membres

de la famille nucléaire, de la famille élargie et des voisins permet de faire face au pic de travail

notamment pour la préparation des parcelles et la récolte du riz.

Selon certains producteurs, cette pratique de l’entraide «fihavanana» tend à disparaître peu à peu

à cause de l’individualisme qui s’installe chez les producteurs et de ce sentiment de concurrence

sans cesse croissant entre ces derniers. La coutume 17 locale, qui réglementait les fréquences de

travail durant la semaine à tendance à être oublié. La main d’œuvre non qualifiée est présente en

grande quantité. Elle est surtout employée pour le désherbage manuel, la récolte et le battage du

riz, mais également pour l’entretien des cacaoyères et des autres cultures (taille et désherbage).

Ce sont les jeunes Sakalava (ethnie majoritaire du Sambirano) et les migrants venant des

communes voisines mais aussi du sud de Madagascar qui sont sollicités. En général, dans la

région lorsqu’un producteur fait recours à de la main d’œuvre sur une certaine durée, il se charge

de nourrir et de loger cette dernière. La rémunération journalière actuelle pour un travailleur est

de 6000 Ar (1,70€) au lieu de 2500 Ar (moins de 1€) il y a environ 8 ans. Cette augmentation est

due à l’inflation observée sur les marchés surtout pour les denrées de premières nécessités ces

dernières années. Les agriculteurs pauvres qui doivent vendre leur force de travail pour

équilibrer leurs dépenses constituent aussi une main d’œuvre potentielle. Pour ce qui est de la

main d’œuvre qualifiée, les grands producteurs qui possèdent du matériel y font souvent

recours. Ceci notamment pour l’utilisation de matériel comme les pulvérisateurs, les

motoculteurs, les décortiqueuses de riz etc… Le matériel de base utilisé est composé de : bêches,

couteaux, pelles ainsi que de la charrue, de la herse et de la charrette. Les tracteurs et les camions

appartiennent aux grandes plantations et aux grands collecteurs qui en font un usage personnel

pour le transport de marchandise.

Figure 27: Dynamiques agraires de la zone d'étude.

17 Il est interdit (fady) de travailler la terre le mardi (fadin-tany), et le jeudi (fadin’ny mpanjaka). Le mardi devrait

être consacré à la récolte de cacao et le jeudi serait jour de marché

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La structuration des producteurs et l’avènement du commerce équitable

Créée au début des années 2000 à l’initiative d’une quinzaine de producteurs, l’ADAPS 18 avait

pour but de défendre les intérêts des petits producteurs de la vallée du Sambirano dans la

commercialisation de leurs produits en vue d’améliorer leurs revenus et leurs conditions de vie

dans un contexte de saturation foncière. L’objectif de départ affiché est clairement d’éliminer le

plus possible le nombre d’intermédiaires entre les agriculteurs et les exportateurs dans les filières

notamment celle du cacao.

La mise sur pied de l’association devait également permettre de renforcer le pouvoir de

négociation des paysans. Avec le soutien de l’AFDI 19 , l’ADAPS met en place les premiers

groupements de producteurs qu’elle chapote en 2004. Il en existe plusieurs, spécialisés chacune

dans une production : vanille, maraîchage ou encore poivre. Les groupements de cacao étaient

les plus importants vu qu’ils assuraient une entrée d’argent constante et que les membres étaient

nombreux. L’ADAPS se chargeait de commercialiser aux exportateurs le cacao des groupements

de producteurs qu’elle avait créé jusqu’en 2008.

A partir de 2009, le Ministère de l’Agriculture estimant qu’une association comme l’ADAPS ne

devait pas avoir d’activité à but lucratif a interdit à cette dernière de faire de la

commercialisation. Il a donc été conse illé à l’association de créer une coopérative pour la

commercialisation des produits agricoles. C’est ainsi que le 14 Juillet 2009, l’UCLS fut créée

grâce notamment à l’appui de l’AFDI. L’UCLS qui comportait en son sein tous les groupements

de producteurs de cacao de l’ADAPS était devenue le bras commercial de l’association.

Grâce à une connexion favorisée par l’AFDI, Ethiquable acteur du commerce équitable entre en

discussion avec la nouvelle coopérative et en 2010, le premier conteneur de 12,5 tonnes de cacao

labellisé commerce équitable est livré au client: c’est la première fois qu’une organisation de

producteurs exporte directement son cacao. Etant intimement liée à l’ADAPS, l’UCLS est peu

autonome et subit la mauvaise gestion de l’ADAPS qui puise dans les ressources de la

coopérative pour effectuer d’autres activités. Le commerce équitable prônant une autonomie

complète des organisations de producteurs, avec les encouragements d’Ethiquable en 2013, le

conseil d’administration de l’UCLS approuve une séparation des deux entités (ADAPS et

UCLS). Composée d’une petite équipe à sa création, la coopérative n’a cessé de croitre pour

devenir aujourd’hui un acteur important de la filière cacao. Le commerce équitable lui permet de

mieux rémunérés ses producteurs par ailleurs.

L’organisation des paysans a créé une nouvelle dynamique au sein de la filière. Les producteurs

sont capables désormais de vendre directement aux exportateurs ou d’exporter eux même le

cacao (cas de l’UCLS). Cette nouvelle configuration de la filière transforme les jeux d’acteurs.

L’influence des intermédiaires est considérablement réduite et la part de la valeur ajoutée du

cacao revenant aux producteurs est augmentée.

18 Association pour le Développement Agricole et le Paysannat dans le Sambirano 19 Agriculteur Français et Développement International

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41 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Figure 28: Représentation actuelle simplifiée de la filière cacao dans la zone d'étude.

2.2.7 Aujourd’hui : la filière cacao dans le Sambirano, les différents acteurs impliqués

Les particularités du verger du Sambirano

Ses conditions agro-écologiques favorables et son histoire agraire font aujourd’hui, de la vallée

du Sambirano, la zone de production du cacao malgache par excellence.

Dans les parcelles, trois variétés se côtoient sans qu’on puisse précisément estimer le

pourcentage de chacune d’entre elles. Il s’agit des variétés suivantes : Criollo20, Forastero et

Trinitario 21 . Historiquement, la variété introduite était de type Criollo mais une quinzaine

d’années plus tard fût introduite la variété Forastero encore appelé Tamatave en langue locale

qui est un cacao ordinaire connu pour sa résistance et sa productivité. Le croisement de ces deux

variétés a engendré le Trinitario, très réputé pour ses qualités. Le Trinitario représente

aujourd’hui en termes de pourcentage une part très appréciable du cacao malgache ce qui a

permis au pays de renouveler en 2015 l’appellation cacao fin22 pour 100% de sa production

auprès de l’ICCO. Madagascar fait partie du cercle très fermé des pays producteurs de cacao fin

dans le monde. 20 Variété de cacao à fèves claires, petites cabosses, verruqueuses violet rouge ou orangé, sillons profon ds, pointe

prononcée, fin, aromatique, doux et fragile, reconnu pour sa qualité supérieure 21 Issu du croisement entre la variété Criollo et la variété Forastero 22 Un accord international de 2003 définit comme « cacao fin » un cacao dont la saveur et la cou leur

Sont réputées exceptionnelles.

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42 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Selon les producteurs interrogés, après la mise en terre, le cacaoyer entre en pleine product ion

entre 6 et 7 ans et ceci pour une durée d’environ 50 ans. Le verger du Sambirano (environ 24.000

ha) est aujourd’hui à pleine maturité car selon le CIRAD, 50% des arbres auraient plus de 20 ans,

20% moins de 10 ans et 30% en 10 et 20 ans. De plus en plus, la zone de production être

confrontée au vieillissement des vergers. Un projet de replantation est en cours d’élaboration. Il

vise à replanter l’équivalent de 5.000 ha dans les dix prochaines années et compte appuyer les

producteurs. Dans le paysannat, le renouvellement des plantations se fait selon l’appréciation des

paysans qui pour la grande majorité n’achètent pas les plants. Ils prélèvent simplement le

matériel végétal des cacaoyers à haut rendement dans leur parcelle ou dans celles des voisins

pour faire la replantation.

Du fait de conditions agro-climatiques particulières, la production de cacao dans le Sambirano

est étalée sur les 12 mois de l’année avec deux périodes de pic : vers Mai (fin de la saison des

pluies) et vers Novembre (fin de la saison sèche). Cet étalement de la production permet une

rentrée d’argent tout au long de l’année.

La filière cacao à Madagascar

Généralités

Lorsqu’on pose la question sur la quantité de cacao produite à Madagascar, la réponse est

souvent de 6.000 tonnes. Mais, lorsqu’on prend en compte les quantités vendues sur le marché

informel, selon le PIC23, la production réelle de Madagascar est bien plus importante et estimée

entre 9.000 et 9.500 tonnes de fèves de cacao.

Ce chiffre est insignifiant lorsqu’on le compare aux 1.300.000 tonnes 24 produit par la Côte

d’ivoire, premier producteur mondial (Figure 29). Toutefois, il faut préciser que le cacao produit

à Madagascar est bien différent de celui produit en Côte d’ivoire.

Avec une production dominée par la variété « Forastero » la Côte d’ivoire produit un cacao dit

« cacao de masse » tandis qu’à Madagascar le cacao produit est réputé de par son appellation

« cacao fin » et très apprécié des grands chocolatiers. Le cacao malgache est souvent utilisé

comme améliorateur de goût chez les grands industrielles comme Nestlé.

Figure 29: Le cacao malgache et la production mondiale. Source: INSTAT, 2014.

23 Pôle intégré de croissance : Projet de la banque Mondiale pour appuyer le développement de la filière cacao à

Madagascar 24http://www.finances.gouv.ci/index.php/fr/guide-pratique/guide-pratique-de-la-cote-divoire

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43 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

A Madagascar, deux types de cacao marchand sont commercialisés : les fèves de qualité standard

et celle de qualité supérieure. La différence réside au niveau de la transformation post-récolte. Le

cacao marchand de qualité standard résulte de trois jours de fermentation et de trois jours de

séchage alors que les fèves de qualité supérieure sont fermentées 6 jours et séchées 6 ou 7 jours.

Selon un acteur de la filière, seulement 15% de la production malgache est commercialisée en

cacao marchand de qualité supérieur. Les plantations et quelques organisations de producteurs

notamment l’UCLS sont capables d’exporter du cacao marchand de qualité supérieure. Dans la

grande majorité des cas, les paysans à la base ont une faible capacité de transformation des fèves

fraîches de cacao en cacao marchand. Cela est essentiellement dû au manque de matériel, à la

non maîtrise des techniques de transformation post-récolte et aux différentes contraintes

qu’impose la transformation. D’autres acteurs intervenant dans la filière ayant les moyens de

faire la transformation achètent les fèves fraîches aux paysans pour les tra nsformer en cacao

marchand. Ces derniers s’approprient donc la valeur ajoutée créée par la transformation au

détriment des paysans. Cependant grâce à des organisations de producteurs comme l’UCLS, les

producteurs arrivent à produire et à commercialiser du cacao marchand de qualité supérieure

même si des améliorations sont encore possible.

Composé d’environ 30.000 producteurs d’après le PIC, le paysannat est le principal producteur

de cacao avec un verger qui représente environ 24.000 ha pour des superficies individuelles

variant en moyenne entre 0.5 et 1.25 ha. Seulement 5% des producteurs sont regroupés en

coopératives.

Les acteurs de la filière

Les collecteurs

Producteurs eux-mêmes, membres de la famille où amis de longue date, les collecteurs sont des

acteurs qui jouissent d’une proximité très étroite avec les paysans puisqu’ils vivent souvent dans

le même environnement. Mandatés par les exportateurs, leur fonction première est de collecter

les matières premières agricoles notamment le cacao. Disposant pour la plupart de matériel pour

la transformation, ils achètent les fèves fraîches de cacao aux producteurs et les transforment

ensuite en cacao marchand de qualité standard majoritairement plus rapide à faire et à vendre. Ils

offrent de nombreux services (prêt d’argent liquide à des taux usuraires, vente à crédit de riz en

période de soudure, de matériaux de construction, etc…) aux producteurs, afin de les fidéliser.

Les collecteurs jouent donc sur la proximité et sur le sentiment de redevabilité des producteurs

pour leur racheter le cacao au prix le plus bas.

L’influence des collecteurs se traduit par cette phrase prononcée par un exportateur :

« Les collecteurs restent puissants qu’on le veuille ou non et on est obligé de travailler avec

eux ».

Les plantations industrielles

Héritage du passé colonial, les plantations sont aujourd’hui toutes des propriétés de groupes

privés et commercialisent à une clientèle étrangère exigeante (chocolatier haut de gamme

principalement) du cacao marchand labélisé bio et de qualité supérieure.

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44 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Avec une superficie moyenne de 600 ha de cacaoyère par plantation, celles-ci sont les

principales exportatrices du cacao marchand de qualité supérieure à Madagascar. En effet, elles

disposent du matériel (bacs de fermentation, séchoir, etc…) pour produire une bonne qualité de

cacao marchand.

En marge de leur propre production les plantations travaillent en étroite collaboration avec les

collecteurs ou avec des préparateurs spéciaux de cacao marchand de qualité supérieure ceci dans

le but de complémenter leur volume pour honorer les contrats signés. Ces plantations intègrent

aujourd’hui à la fois les rôles de producteurs, de grands collecteurs, de transformateurs et

d’exportateurs.

Les exportateurs

En plus des plantations qui ont ce titre, on compte aujourd’hui une multitude d’acteurs sur ce

segment. Au fil des années et au vu de l’évolution de la filière, d’autres acteurs se sont établis

comme exportateurs. Ce sont des opérateurs économiques qui ont un carnet d’adresse de clients

bien fourni. Ils n’exportent pas seulement le cacao mais aussi les autres matières premières

agricoles à savoir : le café, la vanille, le girofle, le poivre, etc….. On dénombre néanmoins

quelques exportateurs historiques comme RAMAEX et Yvon SOMIANGY qui doute nt

aujourd’hui de l’avenir de la filière du fait de la baisse de la qualité et de la concurrence

croissante. Interrogés sur l’évolution de la filière, un exportateur déclarait :

« En 2003, il y avait 3 exportateurs (MILLOT, RAMAEX et YVON) aujourd’hui, nous sommes 12

et les relations avec les autres ne sont pas saines. Si cela continue on perdra notre puissance.

Beaucoup d’opportunistes sont présents aujourd’hui dans la filière et cela risque de faire

baisser la qualité, ça risque d’être comme pour la vanille ».

Pour garantir leur approvisionnement, la traçabilité et la qualité des fèves commercialisées, de

plus en plus d’exportateurs se décident à avoir leur propre plantation. D’autres contractualisent

avec un pool de producteurs pour livrer des volumes de cacao à un grand chocolatier Suisse

(Lindt).

Les chocolateries locales

Au nombre de deux dont une très ancienne (La chocolaterie Robert) et une récente (CINAGRA),

les chocolateries sont basées à la capitale Antananarivo. Elles assurent leur approvisionnement

en passant des contrats avec des collecteurs ou avec des coopératives. La chocolaterie Robert à

un fonctionnement très particulier car en plus des volumes de cacao livrés par les collecteurs

elles sollicitent les volumes de cacao d’une société d’exportation et d’une plantation qui

appartiennent au même consortium qu’elle. Le chocolat produit par ces deux entreprises est pour

la plupart à destination du marché extérieur même si le marché intérieur en direction des classes

moyennes est non négligeable.

Le schéma ci-dessous récapitule le fonctionnement actuel de la filière cacao à Madagascar:

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Figure 30: Récapitulatif de la filière cacao de Madagascar.

C’est dans ce contexte de filière complexe qu’évolue aujourd’hui les exploitations agricoles

familiales. Ces exploitations présentent des caractéristiques particulières les unes par rapport

aux autres. Il est donc important de comprendre comment ce sont différenciées ces exploitations

et quelles sont leurs caractéristiques pour ensuite comprendre comment chacune d’elles s’insère

dans la filière.

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2.2.8 Trajectoire et modes de capitalisation des exploitations agricoles dans la zone d'étude

L’histoire agraire permet de comprendre comment au fil des années, les exploitations agricoles

se sont différenciées. Avant le début de la colonisation et jusqu’au début des années 1900,

l’accès au foncier était généralement chose facile et était régit par le chef de lignage. Il suffisait

de demander son aval pour valoriser la terre avec du riz d’aba ttis brulis. La taille du cheptel était

considérable et il était utilisé pour le travail ainsi que pour les cérémonies. L’arrivée des colons a

changé la donne car jusqu’en 1960, la capitalisation en foncier était devenu difficile du fait

notamment de la loi régulant le défrichement et les feux. Cette difficulté d’accès au foncier a

entrainé une réduction drastique du cheptel bovin dans les exploitations familiales. L’Année

d’accession à l’indépendance 1960, marque un tournant dans l’histoire car l’accès à la terre

redevint à nouveau facile du fait des éléments évoqués plus haut dans l’historique. Les cultures

de rentes excellents marqueurs foncier étaient en plein essor et adoptés par les paysans suite à

une campagne de vulgarisation et des subventions en intrants. Ces derniers implantent du café

qui sera ensuite remplacé par le cacao à cause de la chute des prix sur les marchés

internationaux. L’hypothèse est faite que les chefs de lignage et les autochtones qui à ce moment

avaient pu épargner grâce au café puis au cacao ont pu agrandir de nouveau leurs exploitations

en recourant à la main d’œuvre migrante à travers des contrats de métayage ou de journalier

agricole.

Le début des années 1990 est marqué par le développement exponentiel des cultures de rente qui

ont très vite conduit à une saturation foncière dans la zone. L’accès à de nouvelles parcelles

foncières ouvertes sur la forêt n’était plus possible par et la gestion fut désormais assurée par

l’Etat. Faute de pouvoir s’étendre, les familles durent diviser leurs exploitations entre leurs

héritiers. Les modalités d’héritage dépendant des familles, on distingua deux stratégies. Soit tous

les enfants héritaient, soit seulement une partie : les plus jeunes ou les aînés ou uniquement les

hommes ou juste ceux intéressés par l’agriculture. Les femmes héritaient généralement des

rizières et les hommes des parcelles de cacao ou de café. Lorsque dans la parcelle reçue n’est pas

planté en café, ou cacao, les jeunes propriétaires implantent le cacao et partent travailler en ville

(Ambanja, Nosy-Be) pour avoir les ressources nécessaires afin de revenir se marier puis

s’installer sur leur propre exploitation.

En fonction de la date d’arrivée dans la zone, et de la main d’œuvre disponible, les familles ont

pu se constituer une propriété plus ou moins importante. Trois types de structures d’exploitations

se distinguent aujourd’hui :

- Des exploitations de grandes superficies (> 5 ha en moyenne) qui mettent en métayage

certaines parcelles car ils ne peuvent pas s’occuper de tout. Ce sont surtout les rizières

qui sont confiées. Cela leur garantie un approvisionnement constant en riz.

- Des exploitations de taille moyenne (environ 2 à 4 ha).

- Des exploitations agricoles ayant de petites superficies (< 1 ha), à peine suffisantes pour

vivre. Les actifs sont souvent obligés d’exercer d’autres activités (extra-agricole,

journalier) pour complémenter leur revenu.

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Le schéma ci-dessous illustre les modes de capitalisation actuels dans la zone d’études.

Figure 31: Dynamique de capitalisation dans la zone d'étude.

Suite à un héritage en foncier, les jeunes ménages implantent systématiquement des cultures de

rente notamment le cacao. Au-delà de 1 ha, grâce aux revenus générés par la culture du cacao, ils

couvrent leurs besoins de base et investissent les surplus prioritairement dans l’amélioration de

leurs conditions de vie (alimentation, maison, scolarisation des enfants, etc….). Une fois ces

besoins satisfaits, ils pourront commencer à réinvestir les bénéfices de deux manières : dans

l’achat de bovins pour l’agrandissement du troupeau ou dans la mise en place d’une activité

extra-agricole (bar, épicerie, etc…). Le prix de la viande de zébu repartant à la hausse, la

capitalisation en bovin devient intéressant. Plus tard, les revenus générés par la vente de bétail

ou par l’activité extra-agricole peuvent permettre d’acheter une terre pour s’assurer de meilleurs

revenus et pouvoir transmettre une surface viable à leurs enfants. Certains paysans peuvent

investir directement dans le foncier au lieu de le faire dans ces deux alternatives. Il peut arriver

que des individus n’étant pas agriculteurs à la base et ayant les moyens financiers et matériels

nécessaires décident de s’installer pour faire de l’agriculture dans la zone. Ils essayent de se

procurer une surface et ensuite complémentent avec soit du fermage ou soit du métayage.

Au fil du temps, l’accès au foncier est devenu un élément clé de différenciation des exploitations

agricoles dans la zone. Grâce à la description de chaque archétype, nous appréhenderons mieux

les contraintes et les avantages liés aux différents modes de valorisation de leur production dans

la filière.

2.3 LES DIFFERENTS SYSTEMES DE CULTURES CACAO PRESENTS DANS LES EXPLOITATIONS

Le cacao est la culture principale dans la vallée du Sambirano et se retrouve dans toutes les

exploitations agricoles. Trois systèmes de cultures à base de cacao ont été répertoriés : le cacao

sous ombrage agroforestier, le cacao sous ombrage associé à d’autres cultures d’e xportation

(vanille, poivre, café) et le cacao sous ombrage associé à d’autres cultures d’exportations ainsi

qu’aux arbres fruitiers (orangers, jacquier, bananiers etc…).

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Dans la région du Sambirano, le cacao est commercialisé sous différentes formes à savoir, les

fèves fraîches ou cacao frais, les fèves sèches (cacao marchand). Les fèves fraîches de cacao sont

obtenues après ouverture des cabosses de cacao. L’obtention du cacao marchand nécessite un

savoir- faire bien précis. Après la disparition de la CEAMP en 1975, ce sont les collecteurs et les

acheteurs qui ont repris en main cette activité de transformation du cacao.

De nombreux producteurs s’essaient aujourd’hui à transformer leur cacao mais cela présente un

certains nombres de contraintes. Il existe deux types de cacao marchand : la qualité standard et la

qualité supérieure. Selon le type de cacao (standard ou sec supérieur) que l’on souhaite obtenir il

faudra qu’il respecte un certain nombre de jours en matière de fermentation et de séchage. Pour

le cacao standard, il faut 3 jours de fermentation et 3 jours de séchage. Par contre pour le cacao

sec supérieur il faut compter environ 7 jours de fermentation et 6 jours minimum de séchage.

Avant l’arrivée du commerce équitable seul les plantations industrielles de la zone étaient en

mesure de commercialiser du cacao marchand de qualité supérieure. Dans la région du

Sambirano, le cacao marchand standard est le plus répandu chez les producteurs et les collecteurs

car il est facile à vendre et demande moins de travail (selon la situation). Dans le cas du

commerce équitable, les coopératives de producteurs sont appuyées et formées à cette pratique

de transformation par les animateurs de l’UCLS pour obtenir du cacao supérieur qui est le seul

type acheté par Ethiquable. L’obtention du cacao sec standard ou supérieur nécessite un

dispositif bien défini (bacs de fermentation, aires de séchage en dur).

Les figures ci-dessous montrent la comparaison de la productivité de la terre (VAB/ha) et de la

productivité du travail (VAB/hj) des différents systèmes de cultures et de transformation pour

les différents types de cacao commercialisés dans la zone. Pour le cacao frais (2.500 Ar/kg, 70

centimes d’€/kg) et le cacao standard (7.500 Ar/kg, 2,14€/kg), les prix considérés sont ceux du

marché local et pour le cacao supérieur (9.600 Ar/kg, 2,75€/kg), le prix considéré est celui du

commerce équitable. Pour le prix du commerce équitable, la prime bio est incluse car, on qu’elle

est indissociable du prix (Prix minimum garanti = 9200Ar/kg et Prime Bio = 400 Ar/kg).

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49 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Figure 33: Comparaison des VAB/hj des SC et ST cacao avec le salaire minimum journalier.

Il est rémunérateur de faire du cacao marchand mais en contrepartie, il faut investir du temps de

travail pour la transformation post-récolte. En comparant la productivité du travail au salaire

minimum journalier, il est clair que les producteurs gagneraient à transformer leur cacao.

Toutefois en plus du temps de travail supplémentaire à investir, il faut pouvoir être capable

d’attendre jusqu’à la vente de la production pour être rémunéré.

37500004162500

5328000

44500004835000

59228005470000

5855000

6942800

0

1000000

2000000

3000000

4000000

5000000

6000000

7000000

8000000

VAB/hacacao frais

VAB/hacacao sec

std.

VAB/hacacao sec

sup.

VAB/hacacao frais

VAB/hacacao sec

std.

VAB/hacacao sec

sup.

VAB/hacacao frais

VAB/hacacao sec

std.

VAB/hacacao sec

sup.

SC1 et ST SC2 et ST SC3 et ST

VA

B/h

a/an

(en

Ari

ary)

Systèmes de culture cacao et transformation

Comparaison des VAB/ha/an des SC et ST cacao

31028

23125 22121 21250

17947 17980

23374

19914 19611

0

5000

10000

15000

20000

25000

30000

35000

VAB/hjcacao frais

VAB/hjcacao sec

std.

VAB/hjcacao sec

sup.

VAB/hjcacao frais

VAB/hjcacao sec

std.

VAB/hjcacao sec

sup.

VAB/hjcacao frais

VAB/hjcacao sec

std.

VAB/hjcacao sec

sup.

SC1 et ST SC2 et ST SC3 et ST

VA

B/h

j (en

Ari

ary)

Systèmes de culture cacao et transformation

Comparaison des VAB/hj des SC et ST cacao

Salaire minimum journalier

Figure 32: Comparaison des VAB/ha/an des SC et ST cacao.

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50 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Lorsque le cacao est valorisé en qualité supérieure, cela permet d’augmenter la productivité de la

terre et donc la valeur ajoutée revenant au producteur. La culture du cacao permet de dégager

une productivité de la terre très élevée quel que soit le système de culture. Ainsi 0,5 ha du

système de culture 1 non transformé permet d’obtenir une valeur ajoutée équivalent au seuil de

survie (Annexe 7). Selon les autres charges de l’exploitation, amortissements, rente foncière à

payer au propriétaire et autres, il est donc possible d’évaluer la surface minimum nécessaire pour

qu’une exploitation soit viable.

A part le cacao, toutes les exploitations de la zone produisent du riz et élèvent quelques animaux.

En fonction des surfaces disponibles, la proportion relative de ces différents ateliers change, les

modes de conduite aussi. Pour le riz, les trois principaux systèmes de cultures identifiés sont : le

riz pluvial, le riz inondé et le riz irrigué. Enfin les élevages se distinguent selon les espèces et

services recherchés. L’élevage de zébu de trait, l’élevage de zébu de reproduction, l’élevage de

volailles et l’élevage de petits ruminants.

Par ailleurs, en fonction des volumes produits, du temps disponible et des besoins en trésorerie,

les agriculteurs ont des stratégies différentes pour s’insérer dans la filière cacao ; ils ne vendront

pas leur cacao aux mêmes acheteurs ou aux mêmes conditions. Enfin ils se distinguent par

l’origine de la main d’œuvre qui travaille sur l’exploitation et les activités du ménage.

2.4 LES PRINCIPAUX SYSTEMES DE PRODUCTIONS ET ACTIVITES DES MENAGES

Cinq systèmes de production représentent de façon simplifiée, archétypale la diversité des

exploitations agricoles de la zone d’étude. Il existe une multitude d’exploitations qui sont dans

des situations intermédiaires et au fil des années, elles peuvent passés d’un type à un autre (ou

par exemple lorsque survient un événement important pouvant induire une capitalisation ou une

décapitalisation : catastrophe naturelle, héritage, acquisition de foncier et de matériel, décès,

etc…)

Pour chaque archétype, les revenus agricoles ont été évalués sur la base des résultats

technicoéconomiques de 2015 et ils prennent en compte les autoconsommations. Cette dernière

est difficile à évaluer précisément et a probablement été sous-évaluée.

2.4.1 Type1 : Les tout petits producteurs de cacao sous ombrage et de cultures vivrières d’autoconsommation pluriactifs

Caractéristiques générales

Agriculteurs de 2ème, 3ème voir 4ème générations, ils ont hérités de petites superficies à peine

suffisante pour vivre. Les revenus agricoles générés sont limités et ne suffisent pas souvent pour

subvenir aux besoins de la famille. Soit ils sont employés en tant que journalier dans d’autres

exploitations pour complémenter leur revenu, et cela en période de pic de travail. Soit ils

associent à l’activité agricole une activité extra-agricole rémunératrice (menuisier, maçon,

artisan, etc….) qui leur permet de mieux vivre. Dans ce type on retrouve toute les tranches

d’âges de paysans.

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51 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Systèmes de cultures et d’élevage

Dans ce système de production, les principaux systèmes de cultures rencontrés sont : le cacao

sous ombrage agroforestier, le riz pluvia l, le riz inondé, l’élevage de zébus de trait et l’élevage de

volailles.

Le cacao sous ombrage

Système de culture à deux strates, il est le plus ancien des systèmes de culture cacao. Son

implantation remonte à l’époque où la CEAMP (Centrale d’Equipement Agricole et de

Modernisation du Paysannat) en faisait la vulgarisation (voir historique). Les parcelles de ce type

de culture se situent en fond de vallée et aussi dans la plaine du Bas-Sambirano. A part les

cacaoyers plantés avec un écartement de 4 mètres pour une densité dépassant les 600 pieds, on

retrouve sur ces parcelles une variété importante d’arbres (100 pieds/ha) servant d'ombrage

comme: l’Inga dulcis (Acacia), le Terminalia mantaly et le bois noir encore appelé Albizzia

lebbek. Mis à part l’ombrage, la sélection de ces arbres est motivée par le fait qu’ils ont une

croissance rapide et peuvent favoriser la fixation de l’azote atmosphérique. Ces arbres

d’ombrages peuvent remplir différentes fonctions à savoir : combustible, bois de construction ou

de fabrication d’outils, utilisation pour la médecine traditionnelle. Les prélèvements sur les

arbres d’ombrages par les paysans ne sont pas du tout fréquents et ne se font que de manière

ponctuelle souvent pour un besoin exceptionnel ou lorsque l’arbre est trop vieux et menace de

tomber. Nous n’avons pu estimer le revenu que représentent ces prélèvements. La culture sous

ombrage serait durable et expliquerait le fait que les paysans n’aient pas recours à des fertilisants

car en plus de la fertilisation verticale naturelle, le cacaoyer évolue dans un écosystème adéquat.

Le riz pluvial

A Madagascar et dans le Sambirano en particulier, la principale culture vivrière est le riz. Cette

culture constitue le socle du régime alimentaire malgache. Il est consommé dura nt toute l’année

et les familles ne pouvant s’auto-suffire en riz en achètent durant la période de soudure. Le riz

acheté provient des régions voisines ou est importé d’Asie.

Le riz pluvial est souvent cultivé sur les versants ou sur les collines. L'alimentation hydrique

dépend du régime de pluie. Les principales variétés utilisées sont le Sebota et l'Antalafotsy.

L’implantation se fait par semis à la volée, qui est une technique demandant moins de travail. Par

contre, la densité d'implantation est faible, ce qui entraîne un rendement relativement faible : 90

daba à l'hectare en moyenne, soit 1,35 tonnes/hectare. Après la culture du riz, il n’est pas

étonnant de remarquer l’implantation de cultures vivrières tel le maïs, le haricot voir même les

cultures maraîchères. Les cultures vivrières ont pour but de complémenter la production de riz et

ceci toujours dans l’optique de faire face à la période de soudure.

En observant les systèmes de cultures présents dans ce type d’exploitation, on s’aperçoit qu’ils

sont peu gourmands en main d’œuvre. Les paysans ici optent pour des systèmes de cultures qui

demandent moins d’investissement en travail et vu qu’ils sont pluriactifs, ils n’ont pas le temps

d’investir du travail et encore moins des ressources financières.

Le système d’élevage volaille

Dans les exploitations agricoles, la volaille est essentiellement constituée de poules malgaches,

de canards, d’oies, des Dokotra issus du croisement entre le canard mulard et celui de barbarie.

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52 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Cet élevage est destiné principalement à l’autoconsommation, est très peu couteux et demande

un temps de travail très faible. En effet les animaux sont élevés en divagation dans la cour de la

maison ou dans les parcelles de cacao. Ils mangent les résidus de récolte notamment ceux du riz.

Il arrive qu’en complément, du son de riz soit acheté à hauteur de 500 Ar/jour (15 centimes).

Les effectifs varient d’une exploitation à une autre et peuvent être affectés par des épidémies ou

des épisodes cycloniques. Les volailles jouent un rôle important dans la trésorerie car elles

permettent de faire rentrer de l’argent qui aidera dans bien de cas à faire face à la période de

soudure. La plupart du temps, les ventes s’effectuent pendant les périodes de fêtes (pâques,

indépendance, noël, etc..) où les mâles sont vendus en moyenne 15.000 Ar (4€) et les femelles

12.000 Ar (3€).

Main d’œuvre

La main d’œuvre, est essentiellement familiale et basée sur l’entraide. Les deux actifs au sein de

l’exploitation se chargent de tout le travail nécessaire. Le recours à la main d’œuvre salariale est

quasi inexistant et n’est sollicitée qu’en cas de force majeur.

Capacité à valoriser sa production en cacao marchand

En général, cette catégorie de producteurs n’arrive pas à commercialiser du cacao marchand

toute l’année, qu’il soit de qualité standard pour le marché conventionnel ou de qualité

supérieure pour une éventuelle vente en coopérative. Disposant de petites superficies, la récolte

du cacao est répartie sur toute l’année, les petits volumes rendent peut efficient la transformation

avec les 3 à 6 jours de fermentation et 3 à 7 jours de séchage pour obtenir un cacao marchand

d’une certaine qualité. De plus, pour faire face à ses besoins de trésorerie pour subvenir aux

besoins quotidiens de la famille (alimentation, etc…) le producteur est obligé de commercialiser

régulièrement sa production de cacao sous forme de fèves fraîches.

La valorisation de la production en cacao marchand de qualité standard ou supérieur n’est

réalisée souvent qu’en période de pic de production. On estime à 20% du volume total annuel, la

quantité de cacao transformé. En période difficile (soudure), ils peuvent contracter des prêts

auprès des collecteurs et rembourser ceux-ci en cacao frais par la suite. Ce qui accroît leur

dépendance vis-à-vis de ces acteurs de la filière. Il est difficile de sortir du cercle de

l’endettement et de la dépendance.

L’amélioration des revenus de ce type passe par l’amélioration de la capacité à transformer qui

permettra aussi d’intégrer le commerce équitable dont ils sont de fait exclus aujourd’hui.

Outillage et matériel

Le travail est manuel avec des couteaux pour la récolte et le décabossage du cacao, une bêche, un

ou deux faucilles et la charrette utilisée pour le transport de la récolte. La préparation de la terre

dans les rizières, nécessite la location de la charrue : 40.000 Ariary/jour (11€) de travail pour 1/3

d’hectare.

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Exploitation agricole25 de type 1

25 Illustration inspiré de : Ferraton.N et Touzard.I, Dossier pédagogique - Observer et comprendre un système

agraire, Livret 2, Etude de cas: L'agriculture d'une petite région (Hinche, plateau central) en Haïti, CNEARC -

Montpellier, 71p. 2005

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54 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

2.4.2 Type 2 : Les producteurs de cacao sous ombrage agroforestier diversifiés

Caractéristiques générales

Vivant exclusivement de l’agriculture, les paysans de ce type ont hérité po ur la plupart de

superficies en cacao (environ 1 à 3 ha) leur permettant de vivre de leur activité. Ils peuvent aussi

avoir capitalisé via un travail extérieur pour développer une surface de cacao suffisante et passer

du système de production de type 1 à celui-ci. Pour complémenter leur superficie en riz, les

agriculteurs de ce type peuvent prendre en métayage des parcelles appartenant à d’autres

exploitations agricoles. Ils reversent alors 1/3 de la récolte au propriétaire de la parcelle. Les

contrats sont en général pour une ou deux saisons de culture. Chaque année, le contrat est passé

avec un autre propriétaire. Comme pour le type précédent on retrouve aussi les cultures vivrières

d’autoconsommation dans ce genre d’exploitation après la récolte du riz.

Systèmes de cultures et d’élevages

En plus de la culture de cacao sous ombrage agroforestier, on retrouve les deux autres systèmes

de cultures de cacao diversifiés. Ces systèmes de cultures cacao sont répartis sur des parcelles

morcelées et dispersées un peu partout autour du village. En plus du cacao, on retrouve dans

cette exploitation un système d’élevage (zébus de trait et volailles) identique à celui du type

précédent ainsi que du riz (pluvial, inondé et irrigué).

Le cacao sous ombrage agroforestier associé à d’autres cultures d’exportation (vanille, poivre,

café)

Dans ce système de culture, on retrouve deux strates composées par les caféiers et les cacaoyers.

Les lianes (vanille et poivre) sont implantées sur les arbres d’ombrages et les caféiers pouvant

servir de tuteur pour le poivre. Ce système de culture n’a pas de localisation spécifique, on le

retrouve sur les plaines et les versants. Le choix du nombre de cultures de rente associées dépend

de l'exploitant. A l'origine, il s'agissait de parcelles de café comme décrit dans l’historique, où les

caféiers ont été progressivement remplacés par des cacaoyers. Le poivre et la vanille peuvent

avoir été associés avant l'installation des cacaoyers, car ils poussent sur les arbres d'ombrage

présents dans les parcelles de caféiers.

Au sein de la parcelle, il n’existe pas de disposition particulière des différentes cultures. En

association avec d'autres cultures de rente comme le café, la densité du nombre de pieds de

cacaoyers tend à diminuer. En effet, les cacaoyers sont plantés progressivement et comme il y a

toujours des pieds de caféiers sur la parcelle le nombre de pieds de cacaoyer est moins important.

La présence des lianes (poivre et vanille) n'induit aucun changement sur la parcelle en termes de

densité du fait qu’elles poussent sur les arbres d'ombrage. Les prix actuellement à la hausse dans

la filière vanille à Madagascar, on note un regain d’implantation de la vanille dans les parcelles.

Les producteurs voient là une occasion de diversifier leurs sources de revenu. La culture du

cacao en association avec des cultures d’exportations comme la vanille, le poivre et le café est

très intéressante pour les paysans qui peuvent tirer un maximum de bénéfice de leurs cacaoyères.

Cependant ce type de système de culture représente une charge de travail supplémentaire. En

plus des opérations culturales réalisées pour le cacao, il faut rajouter celles des autres cultures. Si

certaines opérations sont mutualisées comme le désherbage qui se fait 2 fois par an, en novembre

et avril, la culture de la vanille exige une charge de travail importante. Par ailleurs les risques de

vol de récolte dans les parcelles ne sont pas négligeables.

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55 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Le riz inondé

D’après les enquêtes auprès des paysans, on constate que beaucoup d’entre eux optent pour un

cycle de riz de 5 mois par an. Rares sont ceux qui enchaînent le second cycle de 3 mois du fait

du manque de main d'œuvre nécessaire pour sa réalisation. L’abandon du second cycle de riz

s’explique aussi par le fait que cela vient concurrencer les autres cultures (cultures de rente). La

préparation de la terre et le semis pour le riz débute avec la saison des pluies (Novembre-

Décembre) et s’achève généralement entre Janvier et Février. Cette période correspond à la

période du grand pic de la production du cacao. Aussi, la récolte qui s’étend de Mai à Juin

coïncide également avec la période du petit pic de cacao. Au vu de ces éléments, les producteurs

ayant une main d’œuvre limitée n'hésitent pas à délaisser le deuxième cycle vu que le premier est

déjà contraignant.

Le riz inondé est le système de culture riz le plus présent dans les exploitations agricoles. Pour ce

système de culture, les variétés utilisées sont des variétés locales : komanga manitra,

kiriminigny, 20-5, R16, lacoque. Dans la plupart des cas, l'implantation se fait par semis à la

volée. L’alimentation en eau de la rizière dépend directement des pluies ou de la crue du fleuve.

Ce système de culture est localisé au niveau de plaines situées en bas des versants, à proximité

du lit du fleuve ou encore sur des zones de marais ou sur des sols hydromorphes qui ont une

importante rétention en eau. Après la saison des pluies, les sols pouvant accueillir ce type de riz

s’assèchent progressivement. L’utilisation d’intrants chimiques pour ce système de culture n’est

pas systématique. Les rendements varient : 45 à 180 daba/ha soit 675 kg à 2,7 tonnes/ha. A

l’instar des autres systèmes de production, la production de riz est destinée d’abord à

l’autoconsommation. Cependant, lorsque le rendement dépasse les 70 daba (1,5 tonnes) pour un

ménage de 6 personnes, l’excédent peut être commercialisé.

Main d’œuvre

Composée de deux actifs, la main d’œuvre dans cette exploitation est essentiellement familiale et

basée quelques fois sur l’entraide. Lorsqu’en période de pic de travail, la main d’œuvre familiale

n’arrive plus à gérer la charge de travail, les paysans font souvent recours à des salariés.

Journaliers pour la plupart, ces salariés s’occupent principalement du désherbage et de la récolte

de cacao pendant les périodes de pic de production.

Capacité à valoriser la production en cacao marchand

Ce type d’exploitation est capable de commercialiser du cacao marchand (standard ou supérieur)

durant toute l’année. Toutefois, la charge de travail supplémentaire qu’occasionne la

diversification au niveau des systèmes de cultures cacao, la concurrence que provoque la culture

du riz, la taille des parcelles sans compter les autres activités réalisée au sein de l’exploitation

font que de faible volume sont valorisés en cacao marchand. On estime à 40% du volume annuel

total, la quantité de cacao marchand commercialisée par ce type. Le reste est vendu sous forme

de fèves fraîches. Il peut arriver que des imprévus surviennent et obligent l’exploitant à vendre

sa production en fèves fraîches. C’est le cas par exemple lorsqu’il doit payer la scolarisation des

enfants ou faire face à des dépenses de santé importantes. Dans cette situation, soit il mobilise le

peu d’épargne qu’il a pu constituer grâce aux revenus du cacao soit, et ceci est la solution la plus

choisie, il fait recours aux collecteurs. Ces derniers l’aident à régler son problème mais en

contrepartie, exigent d’être remboursés en cacao, acheté au paysan au plus bas prix.

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Exploitation agricole de type 2

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57 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

2.4.3 Type 3 : Les producteurs de cacao sous ombrage diversifié et éleveurs de zébus et de volailles

Caractéristiques générales

La différence avec le type décrit plus haut est que dans ce système de production, la superficie en

cacao (0,5 à 2ha) et en riz (0,17 à 1ha) est moins importante mais, les zébus (une quinzaine de

têtes) et les volailles (plus d’une vingtaine) sont plus nombreux. La taille importante de l’élevage

dans ce type exploitation peut s’expliquer de deux manières. Soit l’exploitant avait un petit

nombre de bêtes comme le type 2 au départ et a pu dégager des revenus pour acheter des

animaux soit il a hérité d’une partie des animaux.

Systèmes de cultures et d’élevages

Comme dans le type précédent, on observe une grande diversification en termes de systèmes de

culture surtout dans les parcelles de cacao. On retrouve donc les trois systèmes de culture cacao

comme précédemment, un, deux ou trois des systèmes de cultures de riz répartis sur de petites

parcelles, les volailles et le système d’élevage zébus (traction et reproduction).

Le cacao sous ombrage associé aux cultures d’exportations et aux arbres fruitiers (orangers,

jacquier, bananes, etc…)

Ce système de culture complexe est basé sur une association culturale très diversifiée. Il est

caractérisé par trois différentes strates composées respectivement par les cacaoyers et les autres

cultures de rentes, les arbres fruitiers et enfin les arbres d’ombrages. Il se retrouve beaucoup plus

sur les versants mais quelque fois en fonds de vallée. On retrouve sur ce genre de parcelle

principalement des bananiers, des jacquiers, des orangers, de l’ananas etc…. Les bananiers sur

les versants permettent d’augmenter la capacité de rétention du sol en eau car les conditions

pédoclimatiques sont différentes par rapport au fond de vallée. Il faut rappeler que pendant la

phase d’implantation des pieds de cacaoyers, les bananiers servent au départ d’ombrages

provisoires pour les jeunes plants de cacaoyers. En plus des arbres d’ombrages de base, il y a sur

les parcelles les arbres fruitiers comme le jacquier, l’oranger et autres (ananas notamment) dont

les produits sont également commercialisables. Les fruits du jacquier servent aussi à nourrir les

zébus. En termes de travail, en plus des différentes opérations effectuées pour le cacao et les

autres cultures de rente, s’ajoutent celles relatives aux autres espèces présentes sur la parcelle.

Les systèmes d’élevage de zébus

D’une importance capitale dans le milieu agricole rural malgache, le zébu re mpli plusieurs

fonctions dans les exploitations agricoles du Sambirano. Tout d’abord, il sert d’animal de

traction pour la charrue, la charrette, et les autres équipements pouvant servir au sein de

l’exploitation. Le zébu est utilisé pour l’autoconsommation lors des occasions spéciales (fêtes

traditionnelle, mariage, décès, etc…) car dans la tradition Sakalava, lorsqu’il se produit un

événement majeur au sein de la famille ou dans l’entourage immédiat, il est nécessaire de tuer un

animal pour l’offrir en tant que cadeau à la communauté. Mis à part la traction animale, le zébu

est également utilisé pour valoriser les résidus post-récolte au niveau des rizières. Pour finir le

zébu est un moyen d’épargner. En période de difficulté majeure, l’une ou plusieurs tê tes peuvent

être vendues afin de régler les problèmes financiers. Cela évite de s’endetter à des taux usuraires

ou de louer ou vendre sa terre.

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58 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

De plus, le fait d’avoir un troupeau important est considéré comme signe extérieur de richesse et

confère à son propriétaire une certaine importance sociale dans la communauté.

Les deux systèmes d’élevage de zébus de traction et de reproduction se retrouvent au sein d’une

même exploitation.

Le système d’élevage zébus de traction

C’est un système dans lequel on retrouve un nombre de bêtes pouvant aller en moyenne jusqu’à

5 zébus avec une prédominance du nombre de mâles (castrés à l’âge de 4 ans et prédestinés à la

traction). Lorsque les animaux atteignent l’âge de 13 ans, le propriétaire se sépare de ces zébus

pour les remplacer par de jeunes zébus plus vigoureux achetés à un prix pouvant varier de

600.000 Ar (171€) à 1.000.000 d’Ar (286€). Il peut aussi les vendre pour l’abattage, selon la

taille et l’âge, une femelle réformée peut coûter environ 500.000 Ar (143€) et un mâle castré

peut coûter jusqu’à 2.000.000 d’Ar (571€).

Les bêtes sont élevées au piquet. Les propriétaires aménagent un espace tout près de la maison

où les animaux sont attachés à des piquets à la fin de la journée de travail. Leur alimentation est

essentiellement constitué de résidus des cultures (cabosses de cacao, résidus post-récolte de riz,

etc…) et de pâture dans la forêt. Certains propriétaires peuvent acheter de l’alimentation en

extérieur comme les fruits de jacquier dont la charrette coûte environ 4.000 Ar

Le système d’élevage zébus de traction et de reproduction

Dans ce système, on retrouve un cheptel plus important pouvant varier de 5 à 15 têtes voir plus.

Dans cet élevage, soit le nombre de mâle est équivalent au nombre de femelle, soit on retrouve

une proportion plus importante de femelle. Ceci s’explique tout simplement par le fait que ce

système n’est pas seulement destiné à la traction mais aussi à la reproduction. Les femelles

assurent le renouvellement du troupeau en mettant bas en moyenne 1 veau tous les 2 ans. En

général dans la zone, la production de lait est très faible et même quand elle existe, elle est

destinée à l’autoconsommation.

Les animaux sont en général confiés à un bouvier. Celui-ci s’occupe de la conduite des bêtes

dans les pâturages situés parfois très loin de l’exploitation. Il est rémunéré de deux façons : soit il

perçoit environ 500.000 Ar/an soit il est rémunéré par l’octroi d’un nouveau-né tous les deux ans

dont la valeur est estimé entre 600.000 Ar et 1.000.000 d’Ar. Dans certains cas, le propriétaire

autorise même le bouvier à utiliser les animaux. Pour ce qui est de l’aspect sanitaire du troupeau,

le propriétaire dépense en moyenne 3.500 Ar/tête/an (1€) pour la vaccination (livret + vaccin) et

25.000 Ar/tête (7€) pour les vitamines si besoin.

Il est difficile même pour les producteurs de donner des informations exactes sur les races de

zébus dans la zone. Toutefois, il est possible d’observer des traits qui ressemblent beaucoup à

ceux de la race brahmane, qui est une race indienne caractérisée par une robe gris clair, des

cornes courtes et des oreilles pendantes. Il existe aussi une race locale appelé race malagasy.

Main d’œuvre

La main d’œuvre dans cette exploitation est essentiellement familiale ; s’ajoute en période de pic

de travail, des salariés pour s’occuper principalement de l’entretien des parcelles et de la récolte

de cacao l’emploi d’un bouvier pour la conduite du troupeau.

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59 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Capacité à valoriser la production en cacao marchand

Il est possible de commercialiser du cacao marchand durant toute l’année. Cependant, vu que la

superficie en cacao est moins importante, il se pourrait que les rendements à certains moments de

l’année surtout en période creuse n’encouragent pas la transformation en cacao marchand. La

quantité de cacao marchand commercialisée par ce type constitue 40% de son volume total

annuel.

Exploitation agricole de type 3

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60 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

2.4.4 Type 4 : Petits commerçants ou collecteurs, producteurs de cacao sous ombrage agroforestier

Caractéristiques générales

Ils ont pour la plupart hérité de superficies importantes (plus de 3 ha), grâce auxquelles ils ont pu

facilement capitaliser. Les revenus générés par l’activité agricole leur ont permis de mettre en

place des activités extra-agricoles rémunératrices (bar, épiceries, etc…) ou bien même de

débuter l’activité de collecte en rachetant des fèves fraîches de cacao auprès des autres

agriculteurs.

Certains n’ont pas hérité mais ont acheté des terres grâce au revenu d’une activité extra-agricole,

le commerce surtout (vente de riz et divers en milieu rural) pour progressivement s’insérer dans

l’activité agricole. En plus des terres en propriété foncière, les exploitants ont souvent recours à

la location de cacaoyères auprès des exploitants des types précédents qui pour résoudre un

problème urgent mettent leur terre en fermage. En tant que collecteurs ou commerçants, les

exploitants de ce type font régulièrement des crédits (cash, produits de premières nécessité,

etc…) aux exploitants des types précédents pour être remboursés ensuite soit en argent liquide

avec des taux usuraires, soit en cacao, soit en terre lorsque les débiteurs sont dans l’incapacité

totale de les rembourser.

Systèmes de cultures et d’élevages

Dans ce type d’exploitation, on retrouve les différents systèmes de culture cacao mais avec une

très grande prédominance du cacao sous ombrage agroforestier. Seul le riz irrigué est pratiqué

avec l’emploi d’intrants chimiques pour des rendements meilleurs. Le système d’élevage lui est

identique à celui des types 1 et 2 (zébus de trait + volailles).

Le riz irrigué

Les variétés utilisées sont les mêmes que celles du riz inondé. A celles-ci s’ajoute la variété

Mamoriaka. Des infrastructures hydro-agricoles permettent de maîtriser l'irrigation et le drainage

de la rizière. Généralement, il s'agit de canaux déjà existants depuis l'acquisition de la parcelle ou

aménagés par l'exploitant lui-même. Après 21 jours les plants issus de la pépinière sont repiqués

pour une bonne maîtrise de la concurrence avec les adventices. Il peut y avoir utilisation des

herbicides On retrouve ce système de culture en général sur les plaines de fond de vallée et sur

des sols ayant une faible rétention en eau d’où l’aménagement de canaux d’irrigation. Les

rendements sont variables mais plus importants que pour les autres systèmes de cultures riz : 50

à 240 daba/ha soit 750 kg à 3,6 tonnes/ha.

Main d’œuvre

Dans ce genre d’exploitation agricole, le recours à la main d’œuvre est incontournable pour les

activités agricoles que ce soit des salariés permanents ou journaliers. Cette main d’œuvre a pour

tâche principale de s’occuper de l’entretien des parcelles, de la récolte et de la transformation du

cacao sous l’œil vigilant de l’exploitant agricole.

Une importante capacité à valoriser la production en cacao marchand

Cette exploitation agricole, tire essentiellement son revenu du cacao grâce à une bonne capacité

de stockage qui permet de vendre sa récolte au moment où les prix sont hauts.

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61 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Le volume important (plus de 3 tonnes) de cacao produit à l’année est transformé et vendu sous

la forme cacao marchand (standard ou supérieur). On estime à 90% du volume totale, la quantité

transformée.

Les revenus générés par la commercialisation du cacao permettent d’améliorer les conditions de

vie de la famille, de faire de l'épargne pour faire face au besoin urgent d'argent, d'investir dans

l'équipement agricole et dans le foncier (location et achat). De ce fait le recours aux collecteurs

est inexistant dans ce genre d’exploitation. La transformation post-récolte du cacao est réalisée

car non seulement les revenus permettent d’être à l’abri du besoin mais ils permettent aussi

d’investir dans le matériel nécessaire pour obtenir un cacao marchand de bonne qualité.

Outillage et matériel diversifié

Le niveau d'équipement est supérieur aux autres types d’exploitations agricoles. Outre le petit

outillage, on retrouve des brouettes, des herses, des charrues, des charrettes, des pulvérisateurs,

et même des décortiqueuses de riz. Grâce à la décortiqueuse, les exploitants peuvent garantir leur

stock de riz pour la période de soudure en prélevant de petites quantités sur le riz de leur client

en guise de rémunération. Dans ce type d’exploitation, on retrouve également des bacs de

fermentation, des aires et des tapis de séchages pour la transformation post-récolte du cacao.

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Exploitation agricole de type 4

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63 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

2.4.5 Type 5 : Grands commerçants ou collecteurs, producteurs de cacao sous ombrage agroforestier, éleveurs de zébus et de petits ruminants

Caractéristiques générales

Ces exploitants ont la même trajectoire et les mêmes logiques de fonctionnement que le type

précédent mais, les superficies en cacao sont plus importantes (plus de 20ha). Cela peut

s’expliquer de deux manières. Soit ils sont héritiers de propriétés importantes, soit grâce aux

activités extra-agricole ils ont pu investir dans le foncier (achat et location). Comme le type

d’exploitants précédent, ils sont souvent créanciers des petits paysans à qui ils achètent ou louent

les terres. Ils sont également propriétaires des rizières que les exploitants du type 2 exploitent en

métayage.

L’agriculture n’est pas leur seule activité. Ils possèdent également des épiceries, des bars et ils

pratiquent l’activité de collecte. L’épicerie joue un rôle stratégique car elle permet

d’approvisionner les paysans à crédit en produits de premières nécessités pendant la saison des

pluies. Ceci permet de les fidéliser et de les rendre redevables afin d’acheter leur production au

plus bas prix. Les activités agricoles et extra-agricoles génèrent des revenus complémentaires et

permettent à ce type d’exploitants d’avoir accès à un capital investissement très important. Ces

exploitations agricoles sont très résilientes face aux aléas.

Systèmes de culture et d’élevage

Les petits ruminants ont une fonction très particulière dans l’exploitation. Le cacao sous

ombrage agroforestier est prédominant même si on retrouve des parcelles sur lesquelles il y a du

cacao en association avec d’autres cultures.

Autres systèmes d’élevage : petits ruminants, porcs

Outre les systèmes d’élevages de zébus et de volailles, certains de ces exploitants ont des chèvres

conduites en divagation. Cet élevage est destiné principa lement à l’autoconsommation. Les

paysans qui pratiquent ce type d’élevage trouvent dans les chèvres le substitut idéal au zébu,

c’est-à-dire au lieu de vendre des zébus en cas de problèmes, ils vendent plutôt les chèvres. Le

troupeau est souvent de très petite taille (10 têtes en moyenne) pour éviter les dégâts, surtout sur

les cultures. Certains élèvent du porc mais c’est rare et en très petite quantité.

En général dans la vallée du Sambirano, l’élevage souffre des inondations causées par les

épisodes cycloniques qui peuvent décimer un cheptel entier. Le vol peut être aussi une contrainte

pour l’élevage.

Main d’œuvre

Le recours à la main d’œuvre extérieure est indispensable. Cette main d’œuvre est constituée de

journaliers et de permanents qui ont chacun leurs rôles. Ils s’occupent de l’entretien des

parcelles, de la récolte, de la transformation et d’autres tâches souvent liés aux activités extra-

agricoles (manœuvre, gardien, etc…). Spécialement dédiés à l’élevage bovin, le/les bouviers

s’occupent du cheptel bovin.

Valorisation de la production en cacao marchand toute l’année

Commercialiser du cacao marchand sur toute l’année ici n’est pas un problème, car non

seulement les volumes le permettent mais aussi la capacité de stockage est importante.

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Comme le type précédent, ce système de production à la capacité de valoriser l’essentiel de sa

production de cacao (90% du volume annuel total) en cacao marchand (standard ou supérieur) ce

qui permet d’avoir des revenus conséquents.

Outillage et matériel

En plus du matériel cité pour les types précédents, on retrouve également du matériel roulant

pour le transport de la production.

Exploitation agricole de type 5

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2.4.6 Comparaison des performances des revenus de chaque type

Les revenus agricoles de ces différents types d’exploitation sont très inégaux. Certains

n’atteignent pas le seuil de survie (qui correspond au revenu minimal pour subvenir aux besoins

essentiels : alimentation, santé, vêtements, scolarisation des enfants, etc….) (Annexe 7). La

scolarisation des enfants a été intégrée car les paysans prennent la scolarisation de leurs enfants

très à cœur. Tous les paysans enquêtés avaient leurs enfants scolarisés. Le seuil de survie a été

évalué à 1.831.500 Ar (523€) soit 43€/mois.

Figure 34: Comparaison des revenus agricoles par type par rapport au seuil de survie.

La plupart des exploitations agricoles ont un revenu supérieur au seuil de survie. Les revenus de

ces exploitations reposant en grande majorité sur le cacao, on peut dire que le cacao est une

culture créatrice de richesse. Seules les exploitations agricoles de type 1 n’arrivent pas à dépasser

ce seuil de survie. Ceci s’explique non seulement par le fait que ces exploitations ont de petites

superficies mais aussi qu’elles n’arrivent pas à valoriser la production de cacao en cacao

marchand. Si elles pouvaient valoriser un peu plus de leur production en cacao marchand, elles

pourraient dégager un revenu au-dessus du seuil de survie. Le dernier type (type 5) se démarque

très largement des autres avec un revenu considérable. Ce revenu important est dû au fait que les

surfaces cultivés en cacao sont importantes (plus de 20 ha) et que l’essentiel de la production est

valorisée en cacao marchand. La capacité de stockage qu’ont les exploitants de ce type fait qu’ils

peuvent stocker le cacao durant la période où les prix sont les plus bas (périodes de pluies) et le

revendre lorsque les prix montent.

Permettre aux petits producteurs d’améliorer leurs revenus en ayant accès à des ma rchés plus

rémunérateurs comme celui du commerce équitable, telle est la vocation de l’UCLS. D’abord

réservé exclusivement aux petits producteurs (type 1,2 et 3), elle a ensuite ouvert ses portes aux

deux derniers types d’exploitants afin de pouvoir honorer les contrats. Aujourd’hui, on retrouve

au sein de l’organisation ces différents types d’exploitations agricoles. Avant de voir quel impact

a eu le commerce équitable sur l’organisation et ses membres, il est important de comprendre

son organisation et son fonctionnement.

1426650

116763507695496

28049917

94774500

0

10000000

20000000

30000000

40000000

50000000

60000000

70000000

80000000

90000000

100000000

Type 1 Type 2 Type 3 Type 4 Type 5

REV

ENU

S

Revenus agricoles par type

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66 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

2.5 FOCUS SUR L’UCLS ET SES COOPERATIVES DE BASE

Ayant vu le jour sous l’ADAPS entre 2009 et 2010, l’Union des Coopératives Lanzan’ny

Sambirano, est une organisation de producteurs qui a pour vocation de défendre les intérêts des

exploitants notamment ceux produisant du cacao dans la zone d’étude. Dans le souci de

permettre à ses membres d’améliorer leurs conditions de vie en ayant accès à des marchés plus

rémunérateurs, elle s’est inscrit dans une filière équitable dès 2010 avec comme partenaire

commercial la SCOP Ethiquable. Aujourd’hui, complètement indépendante de l’ADAPS,

l’union est l’une des rares organisations de producteurs de la zone qui prend activement part à

l’évolution de la filière cacao à Madagascar. Elle a une structuration à deux niveaux, c’est-à-dire

une faîtière et des organisations de base qui sont au nombre de 21 pour un effectif total de 345

producteurs.

2.5.1 La faîtière

Basée à Ambanja l’organisation de second degré a principalement à charge, la collecte et la

commercialisation du cacao produit par les paysans. Pour cela elle a une organisation et un

fonctionnement bien défini.

Gouvernance, prise de décision et gestion

La faîtière est constituée de trois principaux organes ayant chacun un rôle particulier. Il s’agit :

de l’assemblée générale, du conseil d’Administration et du comité de gestion. L’assemblée

générale, organe suprême de l’union est l’organe chargé de statuer et de décider de toutes les

questions relatives à l’orientation, à la politique et à l’organisation générale de l’union. Elle

réunit 3 représentants de chacune des 21 coopératives de base. Le Conseil d’Administration est

lui composé d’une quinzaine de membres élus par et parmi les sociétaires de l’assemblée

général. Il est composé d’au moins un président, un secrétaire et un trésorier. Le mandat des

administrateurs est de 3 ans et est renouvelable. Le conseil d’administration est l’organe

d’administration et de gestion de l’union. Dans le cas actuel, le conseil d’administration a

délégué la gestion de l’union à une équipe dont elle a recruté les membres. Sous le contrôle du

conseil d’administration cette équipe a pour principale tâche la gestion quotidienne des activités

de l’union. Elle est composée d’un directeur, de quatre animateurs, d’une chargée de magasin de

stockage et d’une comptable chapoté par des commissaires au compte qui n’ont pas été élus car

le conseil d’administration manque de compétence en matière de gestion financière. Au départ,

l’équipe de gestion était très réduite (1 directeur et 2 techniciens) du fait du manque de moyens

financier pour le recrutement. Censé faire l’animation des organisations de base et former les

producteurs à la base sur des thématiques bien précises comme la transformation post-récolte du

cacao, ces derniers ne jouent pas encore pleinement leur rôle.

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67 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Figure 35: Organigramme de fonctionne de la faîtière.

Ressources financières de l’union

A sa création, l’union dépendait financièrement de l’ADAPS avec qui elle avait un compte

commun. Quelques années après la séparation avec l’ADAPS, l’union peine à atteindre

l’autonomie financière. En effet, suite à une mauvaise gestion (détournement de fonds) du

directeur entre 2010 et 2013, l’union s’est retrouvée avec une dette importante envers le fisc,

environ 48 millions d’ariary (13.000€). Les bénéfices générés ensuite par l’activité depuis lors

ont servi à éponger progressivement les dettes afin que l’union sorte du rouge. A partir de 2015,

les comptes de l’union sont repartis dans le vert avec un bénéfice d’environ 7 millions (2.000€).

N’ayant pas de fonds pour financer la collecte, ce bénéfice a été réservé pour la collecte de

l’année 2016 qui a bien débuté. Pour 2016, le bénéfice espéré par l’union est de 70 millions

d’Ariary (20.000€). Sur les 7 salaires que doit payer l’union à ses salariés, elle arrive à en payer

6 et le dernier salaire celui d’un des animateurs est pris en charge par le partenaire historique

l’AFDI. Les subventions de l’AFDI permettent aussi à l’union de payer le loyer du local qu’elle

occupe. Ces subventions permettent de faire face à d’autres charges auxquelles l’UCLS n’aurait

pas pu faire face (connexion internet, électricité, etc…). La subvention n’est pas directement

versée sur le compte de l’union mais s’effectue en remboursant les frais engagés par celle-ci.

Selon l’ancien assistant technique de l’AFDI auprès de l’union, cet appui de l’ONG est dégressif

et s’arrêtera dès que l’union pourra être autonome financièrement ce qui ne devrait pas tarder si

elle est bien gérée. Il faut rappeler que les cotisations des coopératives de base (12.000 Ariary

soit 3€ l’année) sont insignifiantes.

En tant qu’organisation du commerce équitable, l’union bénéficie de la prime de développement

qui dépend du volume de cacao vendu en commerce équitable. Elle devrait servir à mettre en

place des projets sociocommunautaires et n’est pas destinée à une utilisation interne par

l’organisation. Dans le cas de l’union, une partie de cette prime sert à payer la certification

biologique vu que celle-ci coûte cher et que l’organisation ne dispose pas de ressources

importantes pour la payer. La prime du commerce équitable (prime ESR) est de 425 Ar/kg

vendu.

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68 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

La collecte et le stockage

Au niveau de la faîtière, la collecte est assurée par les animateurs q ui se rendent dans chaque

coopérative de base pour payer les producteurs et récupérer le cacao marchand de qualité

supérieure produit par ces derniers. L’une des particularités de l’union est qu’elle n’achète et ne

commercialise que du cacao marchand de qualité supérieure.

Avant l’arrivée des animateurs, chaque coopérative de base est censée estimer la quantité de

cacao marchand (supérieur) disponible et en informer ces derniers. Connaissant la quantité qu’ils

vont collecter, les animateurs se voient remettre la somme correspondant par la responsable

administrative et financière contre signature. Une fois le cacao collecté, l’animateur se charge du

convoyage vers le magasin de stockage situé en ville. Le convoyage se fait en louant un pick-up

ou un tracteur à la charge de l’union. Une fois à destination la cargaison est déchargée et stocké

dans les magasins de l’union sous la supervision de la magasinière qui contrôle aussi la mise en

sac pour l’exportation. Au fil des années, la capacité de stockage de l’union a augmenté.

L’UCLS dispose aujourd’hui de deux magasins d’une capacité de 25 tonnes et de 12 tonnes.

Avant 2015, la capacité maximale de stockage était de 12 tonnes. Les ventes de l’année dernière

(94 tonnes) ont poussé à la location d’un second magasin. Les principaux facteurs qui peuvent

influencer négativement la collecte de l’union sont l’irrégularité des pics de cacao, la saison

pluvieuse qui rend les routes vers le haut Sambirano impraticables et le manque de moyens

financiers pour la collecte.

D’où viennent les fonds pour la collecte du cacao auprès des coopératives de base ?

Le préfinancement de la collecte

Pour collecter le cacao marchand au niveau des coopératives de base sur toute l’année, l’union a

besoin d’importantes ressources financières. Limitée financièrement, elle fait recours au

préfinancement auprès de la SIDI26. La SIDI préfinance la collecte à hauteur de 80% avec un

taux d’intérêt de 7%. Cependant, il arrive régulièrement que les fonds destinés au

préfinancement de la collecte arrive avec du retard et ceci pour plusieurs raisons.

Pour un organisme comme la SIDI, le préfinancement est un risque et plus le montant est

important, plus le risque de non remboursement est élevé. Avec l’UCLS, la SIDI finance environ

4 lots c’est-à-dire 4 conteneurs à hauteur de 80.000€/conteneur, c’est énorme comme montant à

Madagascar. Pour limiter les risques, la SIDI a opté pour un mécanisme qui consiste à verser la

tranche suivante du préfinancement lorsque le premier lot est en cours d’acheminement (sur le

navire). La difficulté avec ce mécanisme est qu’entre la fin de la collecte du premier lot et le

temps qu’il soit embarqué sur le navire, il se passe environ deux mois. La collecte du second lot

ne débutant que si le premier est en voie d’acheminement, il y a un manque de trésorerie au

niveau de l’union durant ce laps de temps. Cette dernière est souvent obligée d’arrêter la collecte.

Et lorsque survient un pic de récolte durant ce laps de temps, les producteurs même si ils ont

transformé le cacao ne peuvent le vendre à l’union car cette dernière n’a pas les fonds pour

collecter.

26 Solidarité Internationale pour le Développement

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Ce problème est grave d’autant plus qu’il pousse les producteurs à la base (surtout le type 1) à

vendre leur production à des prix plus bas que ceux payés par l’union aux collecteurs qui

disposent en permanence de liquidité. Le retard dans le préfinancement de la collecte pousse

également certains paysans membres des coopératives de base à se désengager (type 2 et 3).Ce

mécanisme qui consiste à verser l’argent par tranche afin d’éviter l’accumulation de prêt et le

surendettement de l’union ne favorise pas une mise en œuvre fluide des activités de la faîtière.

Ayant conscience de ce problème, la SIDI tente d’alléger le mécanisme et verse plus rapidement

les fonds sans attendre que l’un des lots soit en cours d’acheminement. Le laps de temps qui

durait autrefois deux mois est aujourd’hui d’environ 3 semaines voir 1 mois. Le problème n’est

donc pas totalement réglé mais est en cours de résolution. En 2015, à cause d’un retard important

de la SIDI, Ethiquable s’est vu dans l’obligation de préfinancer une partie de la collecte.

Pour obtenir le préfinancement de la collecte auprès de la SIDI, l’acheteur c’est-à-dire

Ethiquable se porte garant auprès de l’institution de financement pour le compte de l’union en

présentant le contrat commercial en cours. Ensuite, la SIDI transfert les fonds par tranche à

l’union qui procède à la collecte et à l’exportation du cacao marchand en direction d’Ethiquable

en s’attachant les services d’un transitaire. Lorsqu’Ethiquable reçoit la marchandise, elle se

charge de payer le crédit de l’union auprès de la SIDI et d’envoyer ensuite le reliquat c’est-à-dire

les bénéfices et la prime ESR à l’union.

La commercialisation

Pour le moment, le seul client de l’union est Ethiquable à qui l’union peine à vendre chaque

année 100 tonnes de cacao marchand alors que son potentiel est estimé à 300 tonnes. Il se

pourrait qu’un nouveau client Cocoanect (client hollandais) soit intéressé par le cacao marchand

de l’union. Pour l’heure l’union dépend exclusivement de son unique client Ethiquable. Trouver

un autre client implique qu’il faut que l’union ait la capacité financière pour la collecte ou que ce

nouveau client décide de préfinancer une organisation de producteurs q u’elle ne connait pas. Ce

qui est pour l’instant compliqué à réaliser.

Les services aux membres

Ne disposant pas de ressources financières suffisantes, l’union peine aujourd’hui à mettre à

disposition de ses membres des services adaptés aux besoins de ces derniers. Il existe un service

qui a du mal à fonctionner correctement, c’est celui de l’économat. Ce service consiste à mettre

en place des magasins de vente de produits de première nécessité à des prix abordables pour les

paysans membres de l’union qui rembourserait ensuite avec du cacao. En début d’année, une

centaine de sacs de riz de 50 kg ont été achetés à 74.000 Ar/unité (21€) grâce à une partie de la

prime ESR de 2015 et ont été vendus aux membres à 80.000 Ar (23€). Pour le remboursement,

10 kg de cacao équivalent à 1 sac de riz. Le problème est que même les collecteurs fournissent le

même type de services aux producteurs et en plus font des prêts d’argent en liquide. L’union

pourrait acheter le riz en période de production à près de 50.000 Ar (14€) pour ensuite revendre

à 55.000 Ar au lieu de 80.000 Ar comme les collecteurs. Pour fidéliser ses nombreux membres,

afin de pouvoir garantir un approvisionnement continu, la mise en place de services est

indispensable.

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La certification

Dans son activité, l’union utilise deux types de certification : la certification Agriculture

Biologique et la certification ESR (Equitable, Solidaire et Responsable). En tant qu’organisation

de second degré la certification appartient à la faîtière qui se charge de vérifier grâce aux

animateurs et aux responsables (contrôleurs interne) des coopératives de base que les cahiers de

charge sont bien respectés. Régulièrement dans l’année, l’organisme certificateur ECOCERT

envoie un contrôleur pour s’assurer que les normes sont respectées. La certification ESR est

payée par Ethiquable tandis que la certification Biologique est payée par l’union environ 20

millions d’Ariary (5700€).

Une partie de la prime ESR perçue par l’union permet de payer la certification Biologique. Grâce à ce système les coopératives de base n’ont pas de frais pour ce qui est de la certification. La

prime ESR aurait pu en totalité bénéficier aux producteurs mais vu la santé financière de l’union

ce n’est pas possible pour l’instant.

2.5.2 Les coopératives de base

Structuration, gouvernance et prise de décision

Autrefois possédant un statut de groupement de producteurs, les organisations de producteurs de

base de l’union ont tôt fait de migrer vers le statut de coopératives pour continuer à

commercialiser le cacao marchand à la faîtière. Au nombre de 6 au départ (2010), elles sont

aujourd’hui au nombre de 21 réparties dans un rayon de 80 km autour de Ambanja où se trouve

le siège de l’union. Les coopératives de base ont en moyenne un effectif variant entre 8 à 15

membres voir même une trentaine pour les plus grandes. Sur le papier, les organisations de base

sont structurées de la manière suivante : 1 président et son vice, un trésorier et son vice, un

commissaire au compte et un contrôleur interne. Dans la réalité, on se rend vite compte que ce

sont des organisations qui ont un très faible pouvoir de décision même si elles désignent toutes

des représentants qui siègent au sein de l’assemblée générale. La rotation des élus est quasi

inexistante car pour la plupart, les responsables des organisations de base ont étés désignés

d’office à la création et de ce fait conserve leur titre sur une durée indéterminée. Le manque de

confiance entre le sommet et la base fait que les animateurs se retrouvent à jouer le rôle de

responsables de base. C’est par exemple le cas des trésoriers qui voient assumer leur fonction par

les animateurs de l’union qui se chargent de payer les paysans lors de la collecte. De

nombreuses corrections sont à apporter sur le plan de la gouvernance pour un meilleur

fonctionnement de l’union et de ses coopératives de base.

Profil des membres des coopératives de base

Les membres des organisations de base sont généralement des producteurs d’un même village

qui se regroupent dans le souci d’avoir accès à un meilleur marché. Au tout début, le critère de

sélection et d’acception des membres dans les coopératives de base était celui de la superficie.

En effet il fallait avoir pas plus de 1 ha ou 1,5 ha de superficie en cacao pour adhérer à une

coopérative de base. A l’arrivée du client Ethiquable, vu que l’union avait besoin de volumes

important pour honorer son contrat, elle a décidé de changer les statuts et depuis lors même les

paysans ayant des superficies importantes sont devenus éligibles (type 4 et 5). C’est ce

qu’explique un animateur en ces termes :

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71 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

«Au départ l’UCLS ciblait essentiellement les petits producteurs marginalisés afin de pouvoir

les aider à améliorer leurs conditions de vie, leur revenu et aussi respecter les principes du

commerce équitable. Depuis près de 6 ans maintenant, on ne tient plus trop rigueur à ce critère

et même les grands producteurs peuvent adhérer c’est-à-dire ce qui ont des superficies

supérieures».

Aujourd’hui ce critère n’est plus d’actualité et l’adhésion aux coopératives de base est simplifiée.

On note la présence entre autres des producteurs de type 4 et 5 décrit plus haut dans la typologie.

Minoritaires (20% de l’effectif de l’UCLS), ils livrent de gros volumes à l’union ce qui permet à

cette dernière d’honorer ses contrats. Les petits producteurs comme nous l’avons vu ont plus de

mal à livrer l’union même s’ils représentent 80% de l’effectif de l’union. Le type 1 à lui seul

représente 60% de l’effectif des membres.

Ressources des organisations de base

Dépourvues de ressources financières, matérielles et humaines les organisations de base vivent

au dépend de la faîtière. Le manque de matériel est le plus important. En effet, les organisations

n’ont pas assez ou pas du tout de matériel pour assurer la transformation post-récolte des fèves

fraîches de cacao, alors que c’est l’activité censée revenir aux organisations de base.

Collecte, transformation et commercialisation

Au départ, les organisations de base ne collectaient que du cacao marchand de qualité supérieur

auprès des producteurs. Cette manière de fonctionner à très vite montrer ses failles car, l’union

s’est rendu compte que tous les producteurs n’avaient pas la capacité de vendre donc de

transformer directement le cacao. Elle a donc incité ces derniers à transformer en commun.

Selon que les coopératives de bases disposent ou non de matériel pour la fermentation et le

séchage, on note une faible capacité d’action collective pour une préparation commune du cacao.

Ceci conduit à une hétérogénéité de la qualité du cacao collectée par l’union auprès des

organisations de base. D’après nos estimations, seulement 10 à 20 % des coopératives de base

font de la transformation commune. Les enquêtes ont montré que dans ces coopératives, ils ne

sont pas plus d’une dizaine et appartiennent généralement au type 1. Soit, ils désignent

quelqu’un à tour de rôle pour faire la fermentation, soit ils rémunèrent un opérateur payé 150

Ar/kg. Ce n’est pas toujours évident car certains ne sont pas d’accord quand c’est leur tour de

transformer ou encore d’autres refusent de payer pour la transformation. On peut retrouver

quelques paysans appartenant aux types 2 et 3 dans ces coopératives mais en nombre réduit.

Dans les autres coopératives surtout celles où il y beaucoup plus des producteurs des types 2,3, 4

et 5 la transformation se fait tantôt en commun tantôt individuellement selon que la coopérative a

du matériel (bacs de fermentation et aires de séchage) ou non. Lorsque la coopérative a du

matériel, on retrouve les mêmes difficultés que dans les petites, et lorsqu’il n’y a pas de matériel,

chacun préfère partir transformer de son côté pour ne pas user son matériel pour le collectif. Les

petits sont ainsi délaissés et se débrouillent avec les moyens qu’ils ont. Pour les petits

producteurs ne pouvant transformés leur cacao, l’UCLS encourage les OP de base à leur acheter

le cacao frais qui après transformation sera payé au prix du cacao marchand supérieur. Cette

initiative est encore très récente et peine à être mise en pratique du fait de l’absence de trésorerie

au niveau des coopératives de bases.

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72 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Ce problème traduit en générale la faible autonomie qu’ont les coopératives de base de l’UCLS

qui attendent tout de l’UCLS et ont du mal de se prendre en charge.

.Figure 36: Représentation du fonctionnement pyramidale de l'UCLS.

2.6 ARRIVEE DU COMMERCE EQUITABLE EN 2010 : QU’EST CE QUI A CHANGE ET QUEL IMPACT ?

En 2010, la SCOP Ethiquable arrive dans un contexte très particulier. Les producteurs, mal

structurés ne sont que de simples fournisseurs de matières premières et tributaires des prix

souvent à la baisse des autres acteurs de la filière. Ethiquable arrive également dans une filière

ou traditionnellement, la transformation post-récolte du cacao est assurée par les collecteurs et

les exportateurs qui souhaitent maîtriser la qualité à l’export et ainsi bénéficient de la valeur

ajoutée créée par la transformation post-récolte du cacao (fermentation et séchage). Cette valeur

ajoutée échappe donc aux producteurs par manque de formation et d'investissement dans les

infrastructures de transformation tels que les caisses de fermentation et les aires de séchage.

A l’arrivée de Ethiquable en 2010, l’UCLS mal structurée et dépendante de l’ADAPS essaie tant

bien que mal de livrer du cacao marchand de qualité supérieure à un collecteur local. La qualité

de ce cacao est souvent instable : tantôt classé standard, tantôt classé supérieur. La coopérative a

pu atteindre ce niveau et résister aux pressions dans la filière jusqu’en 2009 grâce notamment

aux appuis de l’AFDI. En tant qu’acteur du commerce équitable, la SCOP œuvre pour une

autonomisation progressive de l’union qui se détache de l’ADAPS et débute une montée en

puissance. Il faut souligner qu’au début du partenariat, l’union s’est engagée à ne livrer que du

cacao de qualité supérieur respectant les conditions d’Ethiquable. A partir de ce moment l’union

entre dans le cercle très fermé des producteurs de cacao supérieur à Madagascar et devient en

même temps la seule organisation de producteurs capable d’exporter directement son cacao

certifié Bio-équitable d’excellente qualité. Ce changement de position change les jeux d’acteurs

dans la filière car les producteurs sont maintenant capables de faire de la transformation afin de

commercialiser un cacao de bonne qualité et augmenter significativement la part de la valeur

ajoutée leur revenant. Ne pouvant honorer les contrats avec les volumes livrés par les petits

producteurs (type 1,2 et 3), l’union décide d’intégrer des producteurs (type 4 et 5) capables de

livrer de gros volumes à la coopérative. Ces derniers sont ravis d’intégrer la coopérative car les

prix proposés en commerce équitable sont supérieurs.

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73 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Au vu de tous les éléments qui ont été développé depuis la genèse de la filière cacao dans la

vallée du Sambirano jusqu’à la description de la configuration actuelle de la filière, la question

que l’on se pose est : Quel est l’impact du commerce équitable dans tout ceci ?

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74 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

3 QUEL IMPACT DU COMMERCE EQUITABLE SUR LE PAYSANNAT DE LA REGION ?

3.1 A IRE DE CHANGEMENT 1 : CHANGEMENTS AU NIVEAU DE LA DIFFERENCIATION SOCIAL

Systèmes de

productions

Type 1 :

SC : < 1ha de cacao + 0.15-

0.5ha de riz

SE : zébus de

trait +

volailles

Type 2 :

SC : 1-3ha de cacao + 0.5-

2.5ha de riz.

SE : zébus de

trait +

volailles

Type 3 :

SC : 0.5-2ha de cacao +

0.17-1ha de

riz.

SE : zébus

(trait et reproduction)

+ volailles

Type 4 :

SC : > 3ha de cacao + 1ha

de riz.

Cheptel :

zébus de trait

+ volailles

Type 5 :

SC : 7-26ha de cacao +

0.5-2ha de riz.

SE : zébus

(trait et

reproduction) + volailles

Part de la

VAB cacao

dans

l’exploitation

agricole

41% 59% 52% 92% 95%

Revenus hors

CE

1.526.650 Ar

(436 €) 11.676.350 Ar

(3 336€)

7.695.496 Ar

(2.198€)

28.049.917 Ar

(8.000 €) 94.774.500 Ar

(27.000 €)

Revenus CE 1.566.77 Ar (447 €)

12.546.870 Ar (3.585€)

8.239.571 Ar (2.354€)

35.681.317 Ar (10.194€)

121.935.750 Ar (34.800€)

% de cacao

marchand

valoriser en

CE

20% 40% 40% 90% 90%

Seuil de

survie

1.831.500 Ar

(523€)

Tableau 2: Typologie des systèmes de productions.

La valeur ajoutée générée par la culture du cacao au sein de chaque exploitation agricole est non

négligeable. Cela montre à quel point l’agriculture dans le Sambirano est aujourd’hui fortement

basée sur la culture du cacao, car cette culture a une productivité de la terre très intéressante. 0,5

ha de cacao (SC1) même non transformé suffisent pour dégager une valeur équivalente au seuil

de survie. Cependant beaucoup d’exploitations agricoles de la zone (Type 1 majoritairement)

vivent avec moins d’un hectare de cacao et n’atteignent pas le revenu minimum pour subvenir

aux besoins de leur famille.

Le tableau 2 montre la comparaison entre les différents systèmes de productions de la zone

d’étude. Lorsqu’on compare les revenus des exploitants inscrits dans le commerce équitable

(cacao marchand supérieur) avec ceux qui vendent leur cacao (cacao marchand standard et frais)

sur le marché local, on s’aperçoit clairement qu’il existe un léger différentiel de revenus entre ces

deux types d’exploitations agricoles. La vente en commerce équitable permet d’améliorer les

revenus et est un débouché garanti selon les paysans enquêtés qui sont fiers d’appartenir à

l’organisation.

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75 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Pour les exploitations du type 1, l’amélioration du revenu n’est pas significative et ne leur

permet pas de passer au-dessus du seuil de survie. Cela s’explique d’abord du fait que la part du

cacao dans leur revenu est faible. De plus avec de petites superficies (volumes faibles) et un

besoin permanent de trésorerie, ce type ne valorise qu’une faible partie de sa production en cacao

marchand et est donc fortement dépendant de la vente aux collecteurs qui achètent à des prix

peu rémunérateurs. A partir des types 2 et 3, il y a une nette amélioration du revenu qui

s’explique notamment par le fait que ces derniers ont de plus grandes superficies en cacao. Non

seulement les volumes permettent de tirer de bons revenus du cacao, mais aussi ils arrivent à

valoriser une portion équivalente (40%) de leur volume en cacao marchand. Toutefois, ils ont

des systèmes de cultures assez diversifiés qui demandent une charge de travail importante.

Cette charge de travail ajoutée à celle liée à la transformation post-récolte du cacao sont de

sérieux freins pour ces deux types. Les types 2 et 3 pourraient valoriser encore plus leur

production en cacao marchand pour la coopérative mais, les retards de paiement de la

coopérative, et l’irrégularité de la collecte de l’union ne motivent pas ces types à transformer

plus malgré les autres contraintes. S’agissant des types 4 et 5, l’autonomie financière que leur

procure la culture du cacao leur permet de valoriser l’essentiel de la production e n cacao

marchand destiné à la vente en coopérative même si cette dernière tarde à payer. Même dans le

cas où la collecte de l’union s’arrête ces deux types sont capables de stocker le cacao transformé

et attendre que la collecte reprenne. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’union a modifié ces

statuts afin de les intégrer.

Les paysans appartenant aux 3 premiers types sont majoritaires dans la zone d’étude et

représentent environ 80 % de l’effectif des producteurs de l’UCLS. Le type 1 à lui seul

représente d’après l’analyse de la base de données de l’union 60% des membres. Les types 4 et 5

en revanche sont peu nombreux au sein de l’union, mais constituent l’essentiel du volume

commercialisé par l’UCLS (entre 50% et 60% du volume total de l’UCLS). Les a utres types

assurent la fourniture du volume restant non négligeable. Le commerce équitable étant destiné à

prendre en compte les petits producteurs, dans le cas présent il a atteint cet objectif. Cependant,

au vue du fonctionnement de l’UCLS, il profite surtout aux producteurs ayant la capacité de

valoriser de gros volumes en cacao marchand pour une vente à la coopérative.

Avant d’intégrer l’UCLS, les types 4 et 5 valorisaient leur production et le volume issu de la

collecte en cacao marchand de qualité standard. Du moment où ils ont intégré l’UCLS, ils ont

commencé à valoriser le cacao en qualité supérieure avec l’obligation de ne pas vendre le cacao

issu de leur activité de collecte en commerce équitable. Les prix rémunérateurs du commerce

équitable, ont motivé leur adhésion. Faire à la fois la vente en commerce équitable (cacao

marchand bio supérieur) et en conventionnel (cacao marchand standard) représente une charge

de travail importante et un investissement supplémentaire pour la traçabilité (sépara tion des deux

types de cacao).

Ces grands producteurs surtout ceux du type 3 ont tendance à réduire leur activité de collecte

pour se conformer à cette exigence mais pour autant elle n’est pas complètement abandonnée.

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76 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Conclusion partielle aire de changement 1 :

Tous les paysans membres de l’UCLS, sont unanimes sur le fait que grâce à leur organisation, ils

produisent un cacao marchand de qualité bien au-dessus de ce qui se fait par les pairs. Avec cette

qualité de cacao, ils accèdent à des prix plus rémunérateurs que ceux du marché local. Ils se

différencient ainsi de leurs homologues qui en sont restés à produire du cacao de « qualité

médiocre » selon eux.

Au-delà de ce discours, le commerce équitable, en l’état actuel renforce la différenciation sociale

et creuse l’écart entre les petits qui ont du mal à valoriser leur production en cacao marchand et

les grands producteurs pour qui la valorisation en cacao marchand n’est pas un problème. Il

pousserait dans le même temps ces grands producteurs membres de l’UCLS à réduire leur

activité de collecte du fait des contraintes liés à la traçabilité. L’hypothèse selon laquelle,

l’existence de grand producteurs dans l’organisation aurait des effets d’entrainements, n’est pour

l’instant pas vérifiée. Le commerce équitable pourrait permettre aux exploitations du type 1 de

passer au-dessus du seuil de survie et aux types 2 et 3 d’améliorer encore plus leur revenus. Pour

atteindre cet objectif, il ne suffit pas de proposer des prix élevés mais plutôt d’augmenter la

capacité de ces producteurs à valoriser plus de volume.

3.2 A IRE DE CHANGEMENT 2 : CHANGEMENTS AU NIVEAU DES FAMILLES PAYSANNES

La description des différents systèmes de productions, a permis d’identifier les atouts et les

contraintes que peuvent rencontrer les d ifférentes exploitations agricoles dans la zone d’étude,

qu’elles vendent en coopérative commerce équitable ou non. Les petites quantités de cacao

vendues (20% du volume total annuel) en commerce équitable par les exploitations agricoles

familiales de type 1 ne génère pas un revenu conséquent pour leur permettre de sortir de la

précarité. Les bénéfices générés par la vente en commerce équitable sont automatiquement

dépensés pour faire face aux besoins quotidiens (scolarisation des enfants, alimentation, divers,

etc…). La situation précaire des paysans du type 1 les poussent à vendre l’essentiel de leur

production aux collecteurs qui en période de soudure fournissent des services (prêt d’argent

liquide, sacs de riz et de matériel de construction, etc…) que les coopératives de base et l’UCLS

ne fournissent pas ou ont du mal en mettre en place. Les collecteurs profitent de cette

dépendance des producteurs à leur égard pour leur acheter le cacao au prix le plus bas. Il faut

rappeler que les petits producteurs ne peuvent valoriser leur production en cacao marchand qu’en

période de pic qui coïncide avec la période de pluie. La période de pluie qui favorise une hausse

de la production des cacaoyères est aussi la période pendant laquelle la soudure sévit car il n’y a

plus de riz à cette période. Les pistes étant dégradées, l’accès aux villages est souvent très

compliqué et seuls les collecteurs grâce à leur réseau de sous-collecteurs posté dans les villages

et grâce aux moyens dont ils disposent arrivent à collecter du cacao. Par manque de moyens

matériel, l’UCLS et ses coopératives de base ont du mal à s’approvisionner auprès des

producteurs et laissent le champ libre aux collecteurs. Même durant la période où les petits

producteurs sont capables de valoriser leur volume en cacao marchand, l’union n’a pas la

possibilité de leur acheter la production. Ils transforment juste une partie et vendent le reste aux

collecteurs. Le reste du temps, c’est-à-dire en période creuse, ils vendent aux collecteurs de

faibles volumes de cacao. Tout ceci à cause du besoin permanent de trésorerie. Cette

configuration ne permet pas aux petits producteurs de sortir de la pauvreté.

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77 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Chez les agriculteurs du type 2 et 3, on note une amélioration. En se basant sur les différents

entretiens réalisés auprès des producteurs, il ressort que les revenus générés par la vente de cacao

marchand en commerce équitable améliorent la capacité à investir. Lorsqu’on compare les

revenus de ces deux types vendant en commerce équitable aux revenus des agriculteurs du même

type vendant sur le marché local, on note un différentiel de 700.000 Ar (200€) à l’avantage des

agriculteurs du commerce équitable. Cet argent est investi d’abord dans l’amélioration des

conditions de vie (construction maison, achat meubles, etc…) puis dans l’exploitation agricole

(matériel, animaux). Il sert également à constituer de l’épargne pouvant être mobilisée à tout

moment. Sur l’utilisation des bénéfices générés par la vente du cacao en coopérative commerce

équitable, une productrice de cacao du type 2 âgée environ de 58 ans répond :

« Quand je vends à la coopérative, j’ai un bon prix d’achat et à cela s’ajoute la prime bio. Avec

l’argent que j’ai gagné l’année dernière, m’a permis d’acheter les matériaux de construction à

environ 1.000.000 d’Ar (285€) pour la construction de ma nouvelle maison. J’ai également

acheté un jeune zébu pour agrandir mon troupeau à 200.000 Ar (57€). Le reste de l’argent a

servi pour la nourriture et j’ai épargné un peu pour les imprévus à l’OTIV27»

Pour les types 4 et 5, mis à part l’investissement dans l’amélioration des conditions de vie, les

revenus générés par la vente en commerce équitable permettent d’investir dans l’achat de

matériel, dans la location et l’achat de foncier et aussi dans la main d’œuvre qui représente un

poste de dépenses important pour ces types d’exploitants.

Les paysans appartenant à ces deux types et vendant en commerce équitable peuvent gagner

entre 7.000.000 d’Ar (2.000€) et 24.500.000 Ar (7.000€) de plus que leurs homologues ne

vendant pas en commerce équitable. Les propos suivant issus de nos entretiens donnent une idée

des avantages du commerce équitable pour ces producteurs

« Avec l’UCLS, je sais que je vais vendre mon cacao. Le prix ne change pas et est très bien. Je

peux stocker mon cacao sec supérieur en attendant de le vendre à la coopérative. Avant j’avais

des objectifs que j’avais du mal à atteindre comme acheter des zébus, une charrette et du

foncier. Grâce au cacao sec supérieur j’arrive à atteindre les objectifs fixés un à un. », ou

« Avec l’argent du cacao supérieur vendu à l’UCLS, j’ai acheté une moto en 2015 », la moto

étant un moyen de déplacement très utile dans la zone.

Hormis les spécificités propres à chaque type d’exploitations agricoles, l’un des effets global les

plus importants du commerce est celui relatif au traitement post-récolte, c’est dire la

fermentation et le séchage. Pour la plupart habitués à faire du cacao standard ou à ne pas

transformer du tout le cacao avant l’arrivée d’Ethiquable, les producteurs quel que soit le type

ont été obligés de se conformer aux nouvelles normes pour continuer à livrer le cacao à l’union.

La mise en place de la filière commerce équitable a impulsé une nouvelle dynamique et a incité

les paysans à s’approprier les techniques de traitement post-récolte qui autrefois leur étaient

difficile à mettre en pratique. Le commerce équitable a donc permis d’intégrer la transformation

et d’augmenter la part de la valeur ajoutée revenant aux producteurs. La comparaison des

revenus des producteurs du commerce équitable et hors commerce équitable atteste ce fait.

27 Institution de microfinance, présente en milieu rural à Madagascar

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78 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Pour ce qui est du maintien de l’agriculture paysanne, le phénomène d’exode rural prend de

l’ampleur dans les villages et pourrait devenir inquiétant dans les années à venir. Ceci

notamment à cause de l’indisponibilité des terres adaptées à la culture de cacao, les terres en

fond de vallée étant toutes saturées et celles sur les versants également. Les jeunes ne disposant

pas d’un héritage foncier soit travaillent en tant que journalier dans les exploitations voisines ou

décident finalement d’aller à la ville chercher d’autres débouchés d’emplois.

L’alimentation est essentiellement basée sur le riz, toutes les familles produisent du riz mais ne

sont pas auto-suffisantes en riz. Par conséquent lorsqu’arrive la période de soudure les

producteurs sont contraints d’acheter des sacs de riz supplémentaires pour se nourrir. Ce riz est

souvent importé d’Asie ou provient des régions voisines. La productivité de la terre du cacao

étant plus intéressante que celle du riz (prix et rendements en baisse depuis plusieurs années), de

plus en plus de paysans commencent à transformer les rizières en cacaoyères. Les revenus du

cacao permettront à ces derniers d’acheter du riz. On note là un abandon progressif du vivrier

pour un développement des cultures de rente. Les superficies en riz pourraient se réduire

considérablement durant les années à venir et si un ensemble de facteurs joue pour créer ces

conditions, le commerce équitable du cacao participe à encourager les paysans dans ce sens. S’ils

ont des revenus confortables, ils peuvent se passer du riz.

Conclusion partielle aire de changement 2 :

Les contraintes des exploitations du type 1 font qu’elles n’arrivent pas à valoriser plus de volume

en commerce équitable et dépendent beaucoup de ce fait des collecteurs qui pour le s fidéliser

fournissent des services de base que ne fournit pas la coopérative. Par conséquent l’amélioration

des revenus tirés de la vente en commerce équitable est peu significative et aide à couvrir

partiellement les dépenses quotidiennes. Par contre chez les producteurs moyens de types 2 et 3,

l’amélioration du revenu est significative. Ils peuvent investir dans l’amélioration de leurs

conditions de vie, dans l’exploitation agricole ou constituer de l’épargne qui sera mobilisé en cas

de besoin. Quant aux deux derniers types d’exploitations leurs revenus ont significativement

augmentés grâce aux volumes importants vendus à la coopérative. Outre l’amélioration des

conditions de vie, ils investissent principalement dans le matériel pour l’exploitation, dans le

foncier et dans la main d’œuvre.

De façon plus globale, la filière équitable a incité les producteurs à s’approprier les techniques

post-récolte (fermentation et séchage) et ainsi à augmenter la part de la valeur ajoutée leur

revenant. Etant habitués à ne pas transformer du tout ou à faire du cacao de qualité standard, les

producteurs ont du se conformer à la nouvelle norme (cacao marchand de qualité supérieure)

s’ils voulaient continuer à vendre même de petits volumes à l’union.

La culture du cacao dans le Sambirano est aujourd’hui une activité agricole majeure des ménages

dans la région. Cependant la saturation foncière actuelle pour les terres propices à cette culture

peut avoir des effets néfastes sur le maintien d’une agriculture paysanne et sur la sécurité

alimentaire de la zone. En effet les jeunes ne pouvant accéder à un héritage foncier ont de plus en

plus de mal à capitaliser pour acheter une parcelle ; le travail dans les cacaoyères est irrégulier et

permet juste de subvenir à leurs besoins. Ils vont donc vers la ville chercher un emploi et les

rizières sont de plus en plus prisées pour l’implantation de la culture du cacao. Le commerce

équitable pourrait contribuer à renforcer ces phénomènes.

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3.3 A IRE DE CHANGEMENT 3 : CHANGEMENTS AU NIVEAU DE LA STRUCTURATION DE

L’ORGANISATION DE PRODUCTEURS

Structuration du monde rural

Aujourd’hui, les paysans membres de l’UCLS, qu’ils soient petits ou grands revendiquent leur

appartenance à cette organisation de producteurs. Pour être membre de l’union, il faut être

membre d’une coopérative de base qui elle-même est adhérente à l’union. A ce jour, l’union

compte 21 coopératives de base qui ont un effectif moyen qui tourne entre 8 et 15 membres. Les

plus grandes coopératives de base peuvent rassemblées plus de 30 membres, c’est le cas de la

coopérative T.M.A.R qui compte en son sein 39 membres. En 2010, l’union a démarré ses

activités avec seulement 6 coopératives qui à l’époque n’avaient pas encore le statut officiel de

coopérative. Pour continuer à livrer à l’union, elles se sont conformées au cahier des charges de

la certification commerce équitable (ESR) qui exige que les organisations de base aient un statut

légal. Au fil des années, l’union a poursuivi sa montée en puissance et compte actuellement 345

producteurs dans ses rangs. Les ménages dans la zone étant en moyenne constitués de 5

personnes, cela représente environ près de 1800 personnes qui pourraient profiter des avantages

de la vente du cacao en commerce équitable. Les membres des organisations de base sont

généralement des producteurs d’un même village qui se regroupent dans le souci d’avoir accès à

un meilleur marché.

Ayant pour seul client l’union, les membres des coopératives de base et parfois certains

responsables de ces coopératives ne savent pas qu’ils appartiennent à une faîtière appelée

l’Union des Coopératives Lanzan’ny Sambirano (UCLS). Beaucoup pensent qu’ils sont toujours

dépendants de l’ADAPS. Il semble important de renforcer l’image de la faîtière auprès des

organisations de base et des membres afin qu’ils puissent s’identifier par rapport aux autres

producteurs appartenant au réseau de l’ADAPS. Cette dernière, en se basant sur le succès que

rencontre pour l’instant l’UCLS, a lancé une nouvelle coopérative de cacao certifié FLO-

Fairtrade mais dans une sorte de filière intégrée où la certification de la coopérative est au nom

de l’exportateur qui achète la production.

Dans le cas de la transformation post récolte, l’action collective que prône le commerce équitable

n’est pas de mise (voir la description des coopératives de base, page 72). Mis à part la réticence

des producteurs à transformer en commun, le manque de matériel propre à chaque coopérative de

base et l’absence de trésorerie dans les coopératives de base limitent la capacité d’action

collective. Dès lors seuls les producteurs qui peuvent transformer selon les normes vendent en

coopérative. Les agriculteurs les mieux dotées en surface et capitale, types 4 et 5 disposent du

matériel adéquat pour la transformation et bénéficient a insi d’une meilleure valorisation de leur

cacao. Les autres types d’agriculteurs qui ne peuvent procéder à la transformation de façon

groupée pour avoir une qualité homogène ou qui obtiennent du cacao marchand de mauvaise

qualité, sont exclus. L’appui à la transformation est donc essentiel si l’on veut que le commerce

équitable profite à tous sans exception.

Légitimité de l’organisation

Dans la zone d’étude, l’UCLS est la seule organisation de producteurs gérée par les producteurs

et pour les producteurs. Durant une réunion du conseil d’administration, les administrateurs l’ont

bien fait savoir. Pour eux, le commerce équitable leur a permis d’en arriver là.

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A la question : Que pensez-vous que le commerce équitable à apporter aux producteurs du

Sambirano ?

Ils ont répondu : voir figure ci-dessous.

Figure 37: Perception du commerce équitable par les administrateurs de l'UCLS.

15%

9%

5%

15%

5%17%

9%

4%2%

4% 2%

2%11%

Perception du CE par les membres du CA de l'UCLS

Augmentation des revenus des producteurs de l’UCLS

Amél ioration des conditions de vie des producteurs de l ’UCLS

Diversification des activités agricoles des producteurs de l ’UCLS

Accès à de nouveaux marchés

Augmentation des rendementsagricoles

Prix minimum garanti pour les producteurs de l’UCLS

Gestion durable des ressourcesnaturelles

Amélioration de la qualité du cacao

Organisation transparente,démocratique et participative

Amél ioration capacité de négociation

commerciale de l’UCLS

Amél ioration de la qualité des services offerts aux membres de l ’UCLS

Capacité d’incidence politique au niveau national

Structuration des coopératives à labase

Augmentation du nombre de membres et confiance envers l ’UCLS

Autonomie de l’UCLS

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81 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Selon les 15 administrateurs, les avantages dont les producteurs de l’UCLS ont principalement

bénéficiés sont : le prix minimum garanti, l’augmentation du revenu et l’accès à un marché plus

rémunérateur. Cela montre bien que les membres de l’UCLS ont une bonne perception de leur

organisation.

Interrogé sur ce qu’il pense de l’UCLS, le directeur de l’une des p lantations industrielles

répondait en ces termes :

« L’idée de coopérative n’est pas ancrée chez tous. Depuis qu’il y a l’UCLS, c’est un contre-

pouvoir aux collecteurs ».

Beaucoup d’acteurs (ONG, organisme de recherche, projets d’appui, etc…) pensent également

du bien de l’union qui est la seule organisation de producteurs exportant directement le cacao

marchand produit par ses membres. Le commerce équitable a contribué au renforcement de la

notoriété de l’UCLS.

Gouvernance et autonomie financière

Sur le plan de la gouvernance, l’UCLS est aujourd’hui autonome et bien structurée comparé à

ses débuts où elle était encore sous tutelle de l’ADAPS. L’union est dirigée par un conseil

d’administration en rotation permanente qui est capable de prendre des décisions importantes.

Comme exemple, le conseil d’administration a pris la décision cette année de licencier une

animatrice accusée de malversation. Le conseil d’administration à sous sa tutelle l’équipe de

direction qui gère les activités de l’union. Les administrateurs ayant une faible notion en matière

de gestion, dépendent totalement de l’équipe technique qui se charge de faire le compte rendu

tous les mois lors des réunions du conseil. Parlant de l’aspect financier, l’union est encore très

faible notamment à cause de la mauvaise gestion et des détournements de fonds dont elle a été

victime au tout début. Avec l’appui de l’AFDI qui paie un salaire sur les 6, et qui subventionne

l’union pour ses autres coûts fixes, l’union commence à tendre progressivement vers l’autonomie

financière. Les bénéfices réalisés l’année dernière (4.000€) ont été utilisés pour démarrer la

collecte pour le compte de la campagne 2016. A la fin de l’exercice 2016, le bénéfice espéré est

de 20.000€.

En tant qu’organisation du commerce équitable, l’union bénéficie de la prime de développement

pour la réalisation de projets sociocommunautaires dans les villages où sont implantées les

coopératives de base. Limitée financièrement, l’union utilise une partie de cette prime pour payer

la certification Agriculture Biologique auprès d’ECOCERT. La figure ci-dessous montre

l’évolution de la prime durant ces 5 dernières années :

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82 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Figure 38: Evolution de la prime ESR de l'UCLS, d’après les données de l’UCLS

De 2010 à 2012, la prime a été mal gérée et n’a pas servi à grand-chose. En 2013, elle a servi à

construire 2 puits, à rénover une école communautaire et à rembourser les dettes vis-à-vis du

fisc. En 2014, la prime a été utilisée pour continuer le remboursement fiscal. L’utilisation de la

prime de 2015 est sujette à polémique. La manière dont a été prise la décision relative à

l’utilisation de celle-ci interpelle. La décision devant être prise normalement en assemblée

générale, a été prise unilatéralement par le conseil d’administration qui souhaitait allouer cette

prime à l’achat d’un camion pour le transport du cacao. Les producteurs ne partagent pas tous

cette décision et réclament plutôt du matériel pour les coopératives de base, ce qui est

raisonnable vu la situation de ces coopératives. Cette situation montre bien que la gestion de

l’union n’est pas encore assez décentralisée et que les coopératives de base ont du mal à faire

remonter leurs préoccupations.

Capacités commerciales de l’union

En tant que seule organisation de producteurs à exporter du cacao marchand de qualité

supérieure, l’UCLS voit le volume de ses ventes augmenter chaque année. La figure ci-dessous

montre l’évolution des volumes de cacao vendus par l’union sur ces 5 dernières années :

Figure 39: Evolution des volumes vendus par l'union, d'après les données de l'UCLS

0

10000000

20000000

30000000

40000000

50000000

60000000

2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

Ari

ary

Evolution de la prime ESR

0

20

40

60

80

100

120

140

2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

Tonn

es

Quantités de cacao certifié vendu par l'UCLS

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83 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Malgré un potentiel estimé à 300 tonnes de cacao marchand, l’union peine à dépasser le cap des

100 tonnes vendues. Depuis 2010, jusqu’à ce jour, Ethiquable est le seul client de l’union et lui

achète tout le volume de cacao produit. Dépendre exclusivement des achats de la SCOP

Ethiquable peut être risqué. Il serait donc judicieux pour l’union de se trouver un nouveau client

pour diminuer cette dépendance. Pour 2016, le volume vendu espéré est de 120 tonnes avec

l’arrivée d’un potentiel nouveau client.

En tant qu’organisation du commerce équitable, l’UCLS propose à ses adhérents un prix

minimum garanti chaque année avant le début de la collecte. Ce prix est fixé en fo nction de

l’évolution des prix du marché local et est supérieur à celui-ci. Nous avons pu reconstituer

l’évolution des prix des différents types de cacao vendu dans le Sambirano. La figure ci-dessous

montre l’évolution des prix du cacao dans le Sambirano :

Figure 40: Evolution des prix du cacao dans le Sambirano, d'après les données de l'UCLS et autres

L’UCLS en termes de prix est au-dessus de ceux du marché même s’ils tendent à rattraper ceux

de l’union. Il arrive des moments dans l’année où les prix du marché local sont presque

identiques à ceux de l’union, cette dernière en commun accord avec Ethiquable essaie de

remonter les prix pour ne pas voir les producteurs repartir vendre leur production sur le marché

local. Cette politique de prix élevés pratiquée par l’union en plus de la prime Bio payée aux

producteurs a eu un effet positif sur les prix du marché local car ceux-ci ont augmenté avec le

temps. Cela a poussé certains acteurs (plantations, exportateurs) à développer une politique

d’achat basée sur la rémunération de la qualité par l’octroi de primes aux producteurs. Ceci a un

impact non négligeable sur la filière. C’est d’ailleurs ce qu’affirmait l’ancien assistant technique

de l’AFDI auprès de l’union en déclarant :

« C’est grâce à l’UCLS que les prix des collecteurs ont augmenté »

Malgré ce prix attractif, tous les producteurs vendent une partie de leur cacao à des prix plus bas

sur le marché. En dehors des raisons propres à chaque type et que nous avons développé ci-avant

(aire de changement 1 et 2), la gestion des collectes par l’UCLS est en cause.

0

2000

4000

6000

8000

10000

12000

2 0 1 0 2 0 1 1 2 0 1 2 2 0 1 3 2 0 1 4 2 0 1 5

AR

IAR

Y

ANNEES

EVOLUTION DES PRIX DU CACAO DANS LE SAMBI RANO

Cacao sec supérieur (UCLS) Cacao sec supérieur (prix local)

Cacao sec standard Cacao frais

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84 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

En effet, l’union pour la collecte de cacao auprès des coopératives de base dépend entièrement

du préfinancement de la SIDI ou d’Ethiquable (Voir description du fonctionnement de l’UCLS,

page 70). Lorsque le préfinancement a du retard, l’union se retrouve dans l’incapacité totale de

collecter le cacao car elle n’a pas de ressources financières. Il est donc urgent que l’union pallie à

ce problème. L’augmentation des volumes entraînera nécessairement une augmentation du

préfinancement. C’est ce que nous montre la figure ci-dessous :

Figure 41: Evolution du préfinancement sur deux ans, d'après les données de l'UCLS

En prenant l’exemple de 2014 et 2015 on voit à quelle vitesse les montants augmentent. On

passe de 570.557.000 d’Ar (163.000€) en 2014 à 833.903.820 d’Ar (238.000€) en 2015. Vu ces

montants, on peut comprendre pourquoi la SIDI prend ses précautions avant de virer les fonds.

Concurrent direct de l’UCLS, les exportateurs qui sont les autres acteurs de la filière à

commercialiser du cacao marchand de qualité supérieur ne font pas confiance aux producteurs

quant à la qualité du cacao. C’est pourquoi ils préfèrent le transformer eux-mêmes et bénéficient

en même temps de la valeur ajoutée que génère cette transformation. Lorsqu’on compare les prix

FOB28 payés par les clients internationaux (4000€/tonnes) pour l’achat du cacao de qualité

supérieur à Madagascar on remarque que ce prix est pratiquement le même au niveau de tous les

acteurs (UCLS et exportateurs). Cependant, la part de ce prix qui va au prod ucteur varie qu’on

soit en commerce équitable ou non. C’est ce que montrent les figures ci-dessous :

28 Une marchandise est achetée ou vendue « FOB » quand celle-ci est achetée sans les frais de transport et autres

frais et taxes y afférents et sans les assurances. Par conséquent, quand on achète une marchandise à un prix « FOB »,

il faut ensuite payer son transport et les taxes ainsi que les frais d'ass urances

https://fr.wikipedia.org/wiki/Free_On_Board

0

200 000 000

400 000 000

600 000 000

800 000 000

1 000 000 000

2014 2015

Mo

nta

nt

en A

ria

ry

Années

Evolution du préfinancement

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85 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Figure 42: % du prix FOB allant aux producteurs en fonction des exportateurs. Enquêtes terrain 2016.

Au sein de l’union 65% du prix FOB payé par le client (Ethiquable) vont au producteur alors

qu’au niveau des exportateurs seul 30% du prix FOB payé par le client vont aux producteurs. Ce

déséquilibre s’explique par le fait que les exportateurs achètent les fèves fraîches de cacao aux

producteurs qu’ils transforment eux-mêmes par la suite. La transformation étant réalisée par

l’exportateur, il assume le coût et capte simplement la valeur ajoutée produite par cette

opération. Une fois de plus, la répartition du prix FOB montre à quel point, il est important de

faire de la transformation, si l’on veut espérer avoir une valeur ajoutée plus importante du cacao.

Les services aux membres

Limitée financièrement, l’UCLS n’a pas pu depuis sa création mettre en place des services

adaptés aux besoins des membres. Il est impératif de pouvoir fidéliser ces derniers et cela ne se

fait pas seulement en proposant des prix plus élevés. Nous avons bien vu jusqu’ici que malgré le

fait que les prix de l’union soient attractifs, tous les membres ne lui livrent pas la totalité de leur

production.

Conclusion partielle aire de changement 3 :

Depuis 2010, l’union s’est structurée et s’est agrandie progressivement. Cette montée en

puissance s’observe sur le plan de la gouvernance où l’union est complètement autonome et s’est

améliorée en matière de bonne gestion. L’accent mis par l’union sur la bonne gestion se traduit

par le recrutement en 2013 de la responsable administrative et financière. Cette autonomisation

de l’union en matière de gouvernance se ressent à travers l’utilisation de la prime ESR sur ces

dernières années. Malgré tout, des efforts restent à faire pour améliorer la prise de décision au

sein de l’union.

Sur ces 5 dernières années, l’organisation s’est agrandie pour compter aujourd’hui 3 fois plus de

coopératives de base qu’à ces débuts. Par ricochet, cette augmentation équivaut à l’augmentation

du nombre de membres. Plus on a de membres, plus on a de personnes (familles, proches,

salariés, etc….) susceptibles de profiter des avantages du commerce équitable, d’en être

touchés. Dans cette croissance progressive, un facteur important a toutefois été oublié, c’est

l’autonomisation des organisations de base qui manquent cruellement de moyens surtout pour la

transformation. Cette faible autonomisation des coopératives de base renforce la différenciation

de l’impact du commerce équitable selon les types de producteurs.

Part du producteur

30%

Part de l'exportateur

70%

PRIX FOB/EXPORTATEURS

Part du producteur

65%

Part de la

Faîtière

35%

PRIX FOB/UCLS

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86 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Malgré les dysfonctionnements, l’union jouit d’une image positive auprès des membres et des

autres acteurs du territoire. En tant qu’organisation de producteurs du commerce équitable, elle

est la seule à exporter directement la production de ses membres quand d’autres organisations de

producteurs sont obligées de passer par des exportateurs.

Les quantités de cacao certifié exportées par l’union à destination de son unique client

Ethiquable ont augmenté d’années en années même si le potentiel de 300 tonnes n’est pas encore

atteint. Les prix sans cesse en dessus de ceux du marché ont eu un effet positif sur la filière. En

effet les autres acteurs notamment les collecteurs ont dû revoir leurs prix à la hausse. Aussi,

l’union met réellement les intérêts des producteurs en avant car plus de la moitié de son prix

FOB va aux producteurs alors que chez les exportateurs ou autres seulement 30% du prix va aux

producteurs. Le fait que les producteurs de l’union qui le peuvent, transforment le cacao est un

vrai atout pour eux.

On note un vrai problème au niveau du fait que l’augmentation des quantités exportées est égale

à l’augmentation du préfinancement, car l’union, limitée financièrement dépend entièrement de

la SIDI. La collecte est régulièrement stoppée à cause de cela et oblige les producteurs à vendre

le cacao de qualité supérieure aux prix les plus bas du marché. Le préfinancement est un outil du

commerce équitable censé booster les organisations mais sa mise en œuvre dans ce cas n’est pas

optimale. Une autre difficulté engendrée par la limite financière de l’union, est le manque de

services adaptés aux besoins des membres surtout les producteurs du type 1.

3.4 A IRES DE CHANGEMENT 4 ET 5: CHANGEMENTS AU NIVEAU DU DEVELOPPEMENT LOCAL, NATIONAL ET NIVEAU DE LA GESTION DES RESSOURCES NATURELLES

L’UCLS dans la mise en place de ces activités dans la région du Sambirano, favorise

l’embauche, car elle emploie 6 personnes chargées d’assurer son fonctionnement en plus des

membres qui à leur niveau investissent aussi dans la main d’œuvre. De par sa notoriété, elle

influe aujourd’hui sur les prix proposés par les autres acteurs du marché aux producteurs. Même

si aujourd’hui l’Etat central n’intervient pas directement dans la filière, l’UCLS intéresse de

nombreuses structures d’appui, prêtes à financer l’extension de ses activités. C’est le cas des

projets PROCOM (Union européenne) et PIC (Banque mondiale) qui ont la capacité de financer

la dotation en équipement des coopératives de base de l’union. Ce qui veut dire par ricochet,

l’inclusion de plus de producteurs dans l’union et une couverture plus importante de la région par

l’UCLS. Ceci ne pourrait que favoriser un développement économique local. L’union pourrait

bénéficier prochainement d’un financement de l’union européenne dans le cadre d’un projet de

renforcement des organisations de producteurs du commerce équitable à travers le monde. Le

projet est porté par AVSF. La prime de développement a aussi contribué au renforcement du

développement local notamment par la construction d’un module de classe et la construction de

puits. Ces infrastructures ne bénéficient pas seulement aux membres des coopératives de base

mais aussi à toute la communauté villageoise environnante.

La région du Sambirano a la particularité d’être une zone où aucun produit phytosanitaire n’est

utilisé dans les cacaoyères. Ceci se justifie par le très faible taux de parasitisme et de maladies

liées au cacaoyer dans la vallée en partie à cause de la diversité des associations de cultures. Il

faut rappeler que dans la région, la culture du cacao chez les paysans est essentiellement

pratiquée sous ombrage agroforestier. Le nombre de strates peut varier d’un système de culture à

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87 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

l’autre. La pratique de l’agroforesterie est très intéressante du point de vue gestion de la fertilité

verticale qui ne nécessite pas d’importer d’autres engrais et contribue à réduire la pression

parasitaire. Le commerce équitable permet aujourd’hui de valoriser ces pratiques historiquement

biologiques en contribuant à l’accès à la certification bio et les primes associées. Par ailleurs on

peut supposer qu’il contribuerait par ce service et grâce aux prix supérieurs à maintenir ce mode

de gestion des cacaoyères s’il y avait éventuellement un intérêt à l’utilisation d’intrants

chimiques. Il faut noter que récemment des acheteurs non identifiés auraient proposé des prix

supérieurs à ceux de l’union pour avoir du cacao de qualité supérieur certifié Bio auprès des

producteurs. Sur les 21 OP que comptent l’UCLS, toutes ne livrent pas l’union en cacao de

façon continue et régulière. Dans quelques coopératives du Bas Sambirano, seuls des membres

de façon individuelle s’engagent à livrer l’UCLS.

Conclusion partielle aires de changement 4 et 5 :

Devenant progressivement un acteur important du territoire, l’UCLS est un vecteur d’emplois

locaux car elle emploie non seulement des salariés mais aussi les membres ayant la capacité de le

faire en investissent dans la main d’œuvre. La notoriété de l’union se ressent aujourd’hui de par

l’influence qu’elle peut avoir sur les prix du marché. En tant qu’organisation du commerce

équitable, l’union met en place des infrastructures sociocommunautaires profitant à tous, les

membres et les non membres. L’organisation s’est faite remarquer et intéresse beaucoup de

structures d’appui qui pourraient l’aider à définitivement prendre son envol.

Pratiquée depuis des générations, l’agroforesterie permet dans la zone la culture du cacao sans

avoir recours aux intrants chimiques. A ce niveau- là, le commerce équitable n’a pas d’impact

majeur mais peut être garant de la durabilité de cette bonne pratique lorsqu’éventuellement des

changements surviendront.

3.5 VERIFICATION DES HYPOTHESES

Afin de mesurer l’impact du commerce équitable 4 hypothèses avaient été posées au départ de

cette étude. Les résultats étant analysés, il est maintenant possible de vérifier si les hypothèses

sont validées ou infirmées.

Hypothèse 1 : Le commerce équitable permet d’augmenter les revenus et d’améliorer les

conditions de vie des ménages agricoles membres de l’UCLS

Au vu des éléments développés tout au long du document, nous pouvons dire que cette

hypothèse est partiellement vérifiée. En effet nous avons pu voir que le commerce équitable

permet d’augmenter les revenus des producteurs membres de l’UCLS. Par contre pour ce qui est

de l’amélioration des conditions de vie, l’impact est mitigé car l’étude montre bien que malgré

l’augmentation des revenus, l’amélioration des conditions de vie n’est pas effective chez les

différents types de producteurs membres de l’union.

Hypothèse 2 : Le commerce équitable permet de soutenir de manière efficace les

agriculteurs marginalisés membres de l’UCLS

D’après les résultats de l’étude, cette hypothèse est infirmée. Les producteurs marginalisés

appartenant au type 1 et membres de l’union vivent avec un revenu en dessous du seuil de survie.

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88 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Hypothèse 3 : Le commerce équitable favorise la structuration de l’UCLS et améliore son

mode de gouvernance.

En se basant sur les différents résultats développés et notamment sur l’impact du commerce

équitable sur l’organisation de producteurs, il est clair que cette hypothèse est validée.

Hypothèse 4 : Le commerce équitable a un impact positif sur le développement local et la

gestion des ressources naturelles dans la zone d’étude.

L’impact positif du commerce équitable sur le développement local est vérifié tandis que sur la

gestion des ressources naturelles il est d ifficilement mesurable. Cette hypothèse est donc

partiellement vérifiée.

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89 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

4 DISCUSSION Dans cette dernière section, nous nous pencherons dans un premier temps sur les études

d’impacts réalisées à travers le monde afin d’apprécier les grandes tendances. Celles-ci seront

ensuite comparées au cas de Madagascar que nous avons étudié pour identifier les similitudes et

les disparités afin de rediscuter les hypothèses émises au départ qui sont vérifiées ou infirmées.

Enfin nous ferons des recommandations qui puissent aider à améliorer l’impact du commerce

équitable dans le cas étudié.

4.1 QUE NOUS DISENT LES DIFFERENTES ETUDES D’IMPACT DU COMMERCE EQUITABLE A TRAVERS LE

MONDE ET QUE REVELE LA PRESENTE ETUDE ?

Commanditée par la PFCE, une étude du CIRAD (Vagneron et Roquigny, 2010) a fait un état

des lieux puis à analyser les études d’impact existantes sur le commerce équitable au Sud. Ces

études ont essentiellement renseignés l’impact du commerce équitable sur 3 points clés à savoir :

les producteurs et leurs familles, les organisations de producteurs et les externalités

(développement local et gestion des ressources naturelles, etc…).

L’impact sur les producteurs et leurs familles

Au niveau des producteurs et de leurs familles, l’impact se traduit surtout en termes de prix et de

revenus. Des prix rémunérateurs permettent de sécuriser les revenus des producteurs et facilitent

l’investissement et l’accès au crédit des ménages affiliés. Les études montrent également que :

- L’impact du commerce équitable sur le développement social des bénéficiaires, en termes

d’amélioration de l’estime de soi, de reconnaissance sociale et d’identification au groupe

est inégal et s’opère indirectement.

- L’impact du commerce équitable sur les connaissances et la participation des producteurs

aux processus de prise de décisions est encore très limité.

- Le commerce équitable contribue à améliorer la qualité des produits. De même, il

favorise les bonnes pratiques agricoles, en facilitant l’adoption de la certification

biologique notamment.

- Le commerce équitable peut générer des inégalités au niveau local, voire exacerber des

inégalités déjà existantes.

L’impact au niveau des producteurs membres de l’UCLS est matérialisé par un différentiel de

revenus entre ces derniers et d’autres producteurs non membres de l’union. Même si ce

différentiel est minime (producteurs du type 1), on note quand même une amélioration au niveau

du revenu grâce notamment aux prix payés par l’union qui sont au-dessus des prix que les autres

producteurs perçoivent sur le marché local. Grâce à cette amélioration de revenus certains

producteurs (type 2 au 5) arrivent à faire des investissements qu’ils soient productifs ou non

productifs. Cependant l’appartenance à l’organisation du commerce équitable n’a pas d’impact

sur l’accès au crédit auprès des institutions de microfinance ou des banques.

Le fait d’appartenir à une organisation telle que l’UCLS, est pour beaucoup un élément de

différenciation entre eux et les autres producteurs. Les membres de l’UCLS estiment que le fait

de commercialiser du cacao de qualité supérieure alors que les autres producteurs continuent à

vendre de la qualité standard ou du cacao non transformé fait d’eux des exemples à suivre.

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90 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Non seulement le commerce équitable a à ce niveau amélioré l’estime de soi des paysans mais il

a aussi favorisé une amélioration de la qualité du cacao commercialisé par les membres de

l’union. Sur la question de l’estime de soi et de la reconnaissance sociale les propos d’un

producteur illustre bien les bénéfices liés au fait d’être membre de l’UCLS :

« Vu que je suis membre du conseil d’administration, je suis très connu dans le village ».

Le commerce équitable a permis aujourd’hui aux producteurs de l’UCLS d’améliorer leur

connaissance et de s’approprier progressivement les techniques de transformation post-récolte

Autrefois réservée exclusivement aux collecteurs et exportateurs. Sur cet aspect des

améliorations importantes restent à faire pour une appropriation totale de ces techniques par les

paysans de l’UCLS. De même, sur le plan de la gouvernance notamment l’inclusion des

organisations de base, l’impact du commerce équitable est très limité. L’étude a bien démontré

que ces organisations ne pèsent pas dans le processus de prise de décision. Les décisions sont

prises entre le conseil d’administration et l’équipe de gestion sans forcément consulter la base.

Les études montrent que le commerce équitable favorise les bonnes pratiques avec l’adoption de

la certification biologique. Dans la zone d’étude les paysans sont habitués depuis des générations

à pratiquer l’agroforesterie. N’utilisant pas d’intrants chimiques et privilégiant la fertilisation

verticale les producteurs de la zone ont une production qu’on peut qualifier de « Bio».

L’étude a démontré qu’il existe une variété d’exploitations agricoles dans la zone. Certaines ont

des difficultés à s’en sortir et demeurent sous le seuil de survie malgré le fait qu’elles soient

membres de l’UCLS. Dans le même temps d’autres exploitations, moyennes et grandes arrivent à

améliorer considérablement leur revenu en profitant de l’avantage prix qu’offre l’UCLS. La

conclusion qu’on en tire en termes d’impact est que le commerce équitable contribue à la

différenciation sociale des exploitations agricoles du Sambirano.

L’impact sur les organisations de producteurs

Reconnu, l’impact du commerce équitable au niveau des organisations de producteurs, en termes

de structuration et de renforcement de leurs capacités organisationnelles n’est plus à démontrer.

Grâce au commerce équitable, les organisations de producteurs ont un accès plus facile aux

marchés internationaux et ont une meilleure connaissance de ces marchés. Leur capacité

commerciale s’améliore donc de façon progressive. Le commerce équitable contribue au

renforcement des capacités organisationnelles et à la viabilité économique et financière de ces

organisations. Les services aux producteurs étant une nécessité, le commerce équitable a un

impact positif sur les services fournis par l’organisation de producteurs à ses membres. L’impact

le plus visible en termes de services réside dans l’appui technique.

Viennent ensuite les services sociaux, plus particulièrement à travers la prime de développement,

qui permettent d’améliorer l’éducation et la santé de leurs membres et de leurs familles.

Certaines des organisations du commerce équitable offrent des services financiers à leurs

membres, dans un contexte marqué par le désengagement des institutions financières vis-à-vis du

secteur agricole.

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91 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Le commerce équitable, enfin, encourage les organisations à innover, à diversifier leur offre de

produits et services, et à intégrer des activités telles que la transformation et le conditionnement,

voire même la distribution. Quant à la structuration des organisations en termes de réseau

institutionnel et d’accroissement de la légitimité, le commerce équitable a un impact globalement

positif. Toutefois, l’impact du commerce équitable sur la gouvernance des organisations de

producteurs semble quant à lui beaucoup plus mitigé.

Les études montrent que l’un des facteurs clé de réussite du commerce équitable au niveau des

organisations de producteurs réside dans l’accompagnement de ces organisations par des

programmes d’appui subventionnés. Généralement, ces programmes sont mis en œuvre par des

ONG et/ou des opérateurs commerciaux spécialisés du commerce équitable. Le commerce

équitable joue en fait le rôle de « catalyseur », en facilitant la venue de projets connexes.

L’impact au niveau des organisations de producteurs, en termes de structuration et de

renforcement de leurs capacités organisationnelles est très largement reconnu dans les différentes

études. A Madagascar, c’est le cas pour l’UCLS qui depuis son inscription dans le commerce

équitable a connu une montée en puissance qui se vérifie par l’évolution du nombre

d’organisations de base et le renforcement de l’équipe de gestion. Cependant il reste un énorme

travail à faire pour améliorer l’organisation et le fonctionnement des coopératives à la base.

Le commerce équitable permet à l’union d’avoir un accès facile au marché français voir

Européen avec l’arrivée potentiel de nouveau client. On voit donc que la capacité commerciale

de l’union s’améliore peu à peu même si elle n’arrive pas encore à atteindre son potentiel estimé

qui est de 300 tonnes. Avec des volumes de vente en constante augmentation à l’endroit de son

unique client, dont l’union est entièrement dépendante, celle-ci tend vers l’autonomisation

financière qui jusqu’à maintenant n’est pas effective. On ne peut donc pas parler actuellement

d’impact sur la viabilité économique et financière de l’organisation.

Le commerce équitable incite souvent les organisations labellisées à intégrer des réseaux ou des

plateformes constitués d’organisations du même genre qu’elles. L’UCLS à ce jour n’est pas

encore membre d’un des réseaux du commerce Ethiquable à Madagascar. Il faut dire que pour

l’instant les entités de la sorte qui existent ne sont pas encore crédibles aux yeux des acteurs

nationaux. En attendant de pouvoir intégrer le genre de réseau, l’UCLS continue à renforcer sa

légitimité au plan local. De plus en plus d’acteurs s’intéressent à ses activités et ont une image

positive d’elle.

L’union rencontre des difficultés pour proposer à ses membres des services adaptés à leurs

besoins. En effet, le besoin en services pour les membres se fait de plus en plus ressentir. Les

enquêtes auprès des producteurs ont révélé par exemple qu’ils souhaitent se faire former en

comptabilité pour mieux gérer les exploitations.

Ceci étant du ressort des animateurs, ces derniers sont plutôt occupés par l’activité de collecte et

de ce fait délaisse leur prérogative première qui est l’animation et la formation. Jusqu’à

maintenant, les initiatives en matière de services mis en place notamment grâce à l’utilisation de

la prime de développement se sont soldées par des échecs. Nous remarquons également que bien

que la transformation est très importante dans le cadre des activités de l’union, l’organisation a

du mal à harmoniser le mécanisme de transformation et à doter les coopératives de base en

matériel pour le faire.

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92 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

L’impact du commerce équitable sur la capacité de l’union à fournir des services est quasi nulle

et très mitigé s’agissant de la capacité de toutes les organisations de base à transformer le cacao

sans encombre.

Pour finir, au niveau de l’impact sur l’organisation de producteurs, les études montrent que les

organisations du commerce équitable réussissent mieux lorsqu’elles sont accompagnées par des

programmes subventionnés d’appui mis en œuvre par des ONG et/ou des opérateurs

commerciaux spécialisés du commerce équitable. Dans le cas de l’UCLS, cette tendance est

vérifiée. A ses débuts, l’union a été porté par l’AFDI qui a malgré les désagréments maintenue

son appui et à favoriser ensuite la connexion avec Ethiquab le. Il n’est donc pas possible de parler

de l’impact du commerce équitable sur l’UCLS sans dire le rôle qu’a joué l’AFDI.

L’impact sur les externalités

Les résultats sur ce type d’impact sont les moins documentés de tous. Néanmoins, le peu

d’études existantes sur la question montre que le commerce équitable peut également, sous

certaines conditions, avoir un impact au-delà des producteurs et de leurs organisations, et générer

des effets d’entraînement au niveau de la communauté.

Les études d’impact du commerce équitable montrent qu’il peut y avoir un effet positif sur le

développement économique et social au niveau de la communauté, notamment à travers

l’utilisation de la prime de développement. Il faut préciser que l’impact de la prime est

étroitement lié aux capacités des organisations à l’utiliser dans un cadre démocratique. Le

commerce équitable peut avoir un impact positif au niveau local sur les prix, dans des zones où

la compétitivité est particulièrement exacerbée. Il peut également avoir un effet positif sur

l’emploi local, en termes d’opportunités d’emploi.

Sur les questions liées à l’exode rural et aux migrations, l’impact est beaucoup plus controversé.

Cela est dû au fait que le commerce équitable ne parvient pas à renverser les inégalités, que ce

soit au niveau local (inégalités horizontales) ou international (inégalités verticales), et contribue

même parfois à les exacerber.

Au cours de notre étude, l’impact à ce niveau nous permet de comprendre comment une

organisation du commerce équitable comme l’UCLS peut stimuler positivement le

développement économique et social au niveau de la communauté. Comparé au tout début,

l’union est aujourd’hui dirigée par une équipe de gestion composée d’environ 6 salariés

permanents. Pour les opérations de tri et de mise en sac, l’union recrute plus ou moins une

vingtaine de journaliers selon les volumes. Ces éléments montre bel et bien que l’union sur le

plan local est un vecteur d’emploi qu’il soit permanent ou journalier.

L’utilisation qui a été faite de la prime de développement ces dernières années montre également

que l’union participe au développement de la localité en ne faisant pas de distinction entre les

membres et les non membres.

L’impact le plus retentissant sur le plan local est celui lié au prix du cacao sur le marché local.

La politique de l’union en tant qu’organisation du commerce qui a consisté à pratiquer des prix

supérieurs à ceux du marché local a eu un effet positif, car les collecteurs et autres acteurs ont

étés contraints de rehausser leur prix.

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93 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Sur les questions liées à l’exode rural et aux migrations, il n’est pas possible à ce jour d’avancer

des arguments concrets sur l’impact du commerce équitable, mais il pourrait renforcer ce

phénomène.

4.2 PERSPECTIVES ET RECOMMANDATIONS

La déclaration suivante est celle d’un exportateur :

« Il faut être bien clair : si la qualité se dégrade, et on sait pourquoi, et si les prix fluctuent au

gré des opérateurs, le grand perdant va être le planteur à qui on va acheter toujours moins cher,

jusqu’au jour où il sera découragé et ne produira plus du cacao avec ses cacaoyers mais du

charbon de bois »

La filière cacao malgache est aujourd’hui à un tournant décisif de son histoire. Dans un contexte

qui tend à s’accentuer et qui est marqué par la baisse de la qualité, la fluctuation des prix, les vols

sur pieds et surtout la saturation du foncier propice à la culture du cacao, il est important que les

acteurs de la filière se concertent pour trouver des solutions pouvant aider la filière à de

l’impasse. L’UCLS en tant qu’organisation de producteurs du commerce équitable essaie d’aider

ses membres qui font partie des nombreux producteurs insérés dans cette filière complexe.

Cette étude d’impact du commerce équitable réalisée à Madagascar, a permis non seulement de

mesurer l’impact sur l’UCLS et ses membres mais aussi sur le terroir du Sambirano. A la suite

de cette évaluation de l’organisation de producteurs, des différents types d’exploitations

agricoles et de la filière, les points forts et faibles de l’impact du commerce équitable ont été

identifiés. Sur la base des résultats obtenus, quelques pistes de réflexion et de réajustements

envisageables seront proposées afin d’améliorer l’organisation et le fonctionnement de l’UCLS

pour enfin tendre vers un commerce équitable plus inclusif et plus performant dans le

Sambirano. Les propositions énoncées ci-dessous sont donc le début d’une réflexion que l’UCLS

pourra mener avec l’aide de ses partenaires (Ethiquable et AFDI).

Suggestion n°1 : Augmenter la visibilité de l’union

L’augmentation de la visibilité de l’union consiste à mettre en place un site internet ou un blog

simplifié qui présentera l’union et ses différentes activités. Cette interface numérique permettra à

quiconque s’intéresse à l’union de trouver les informations nécessaires sur elles. Une

augmentation de la visibilité de l’union peut servir à :

Trouver de nouveaux clients sur les marchés internationaux

Trouver de nouveaux partenaires techniques et financiers susceptible d’appuyés l’union.

Suggestion n°2 : Faire une veille des appels à projets

La veille des appels à projets est cruciale car, il existe un nombre important d’opportunités de

financement venant des structures d’appuis et d’ONG que pourraient saisir l’union. Ces

financements et ces appuis perme ttraient d’accélérer le développement et la croissance des

activités de l’union.

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Suggestion n°3 : Améliorer le mode de gouvernance et favoriser une gestion plus

transparente

Au fil des années, l’union ne cesse de s’améliorer sur le plan de la gouvernanc e. Cependant des

efforts restent à faire pour arriver à une gouvernance plus démocratique de l’union. Cette

gouvernance démocratique consistera essentiellement à renforcer la connexion entre le sommet

et la base dans la prise de décision importante comme l’utilisation de la prime de développement

par exemple.

La gestion transparente de l’union consistera à ce que chaque membre de l’équipe de gestion

puisse faire un rapport clair et précis sur ses activités qu’il présentera aux collègues et au conseil

d’administration. Le but est d’éviter qu’une seule personne détienne l’information afin de limiter

les risques de fraudes.

Suggestion n°4 : Trouver des alternatives en attendant le préfinancement de la SIDI

L’étude a démontré que le mécanisme actuel du préfinancement de la collecte de cacao, ne

permet pas à l’UCLS de faire une collecte en continue. L’alternative en attendant que les fonds

de la SIDI soient disponibles consiste à se rapprocher des IMF (OTIV, CECAM, etc…)

présentes dans la localité. Sur présentation du contrat tripartite signé entre l’union, Ethiquable et

la SIDI, elle pourrait demander un prêt à taux négocié auprès de ces institutions présentes dans la

finance rurale. L’octroi de ce prêt aiderait donc l’union à collecter du cacao transformé auprès

des coopératives de base mais aussi à préfinancer en continu l’achat de cacao frais auprès des

petits producteurs qui ont un besoin constant en trésorerie. Dès l’arrivée des fonds de la SIDI,

l’union procèdera au remboursement et ainsi de suite.

Suggestion n°5 : Co-construire des services et des formations avec les producteurs à la

base

La mise à disposition de services adaptés en direction des producteurs est plus qu’une nécessité

si l’union veut arriver à fidéliser ses membres sur le long terme. Deux alternatives sont

possibles : soit l’union internalise les services qu’elle veut mettre en place pour les producteurs,

soit elle les externalise. L’étude a montré que les services que l’union elle-même à essayer de

mettre à la disposition de ses membres ont été des échecs. L’externalisation c’est-à-dire la

création d’une nouvelle entité ou la sous-traitance par un tiers peuvent être des solutions. Par

exemple :

- L’économat : pour ce service (distribution de produits de premières nécessités), l’union

pourrait nouer un partenariat avec un commerçant à Ambanja chez qui les producteurs

s’approvisionneraient. Sur la base d’un registre d’approvisionnement, l’union paiera

directement ce commerçant et elle sera à son tour remboursé en cacao par les

producteurs.

- Le crédit : Pour ce service, l’union pourrait se rapprocher également des IMF pour

négocier des facilités d’accès au crédit pour ses membres.

Mais avant la mise en place de c dispositif, il est très important de commanditer une étude

approfondie et d’associer les producteurs à la base afin d’identifier besoins réels. Ensuite, avec

l’appui de partenaires techniques comme l’AFDI il faudra procéder à une étude de faisabilité.

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95 MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Avec les producteurs, il est nécessaire que les animateurs construisent des modules de

formations adaptés aux besoins du moment.

Suggestion n°6 : Réfléchir à une diversification des activités de l’union

Beaucoup de producteurs de l’union ont dans leurs parcelles une diversité de cultures qui

intéressent également les marchés internationaux. Il s’agit notamment du poivre et de la vanille.

Vu que ces cultures sont présentent dans les plantations de cacaoyers labélisés Agriculture

Biologique, elles sont donc par défaut Bio également. L’union pourrait donc réfléchir à la

manière de mettre en place de nouvelles filières équitables pour ces cultures qui sont également

très demandées à l’instar du cacao.

En tant qu’organisation du commerce équitable, l’UCLS peut bénéficier de financements

provenant de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS). Avec l’aide de la SIDI par exemple, l’union

pourrait monter un projet de transformation du cacao sur place à Madagascar en achetant le

matériel pour le faire ou en nouant un partenariat avec un chocolatier comme la CINAGRA. Le

projet pourrait consister à produire de la masse de cacao ou même aller jusqu’à la transformation

de tablettes (Made in Madagascar). Ceci dans le but de créer d’avantage de la valeur ajoutée sur

place.

Suggestion n°7 : Favoriser un transfert de compétences entre la faîtière et la base

L’étude a révélé que les organisations de base sont peu autonomes. Pour une meilleure efficacité

du système, il est primordial que la faîtière s’engage à opérer un transfert de compétences

progressif en direction des coopératives de base. Ce transfert peut consister à mettre en place des

caisses villageoises pour permettre une certaine autonomie de la base dans le cas des activités de

collecte du cacao frais. Le transfert de compétences consistera également à ce que les animateurs

délaissent l’activité de collecte (paiement et acheminement sur Ambanja) au profit des

responsables à la base (trésoriers et contrôleurs internes). Les animateurs pourront ainsi se

consacrer à la formation des producteurs.

Suggestion n°8 : Faire de l’équipement des coopératives de base et de la

transformation groupée une priorité

Le manque de matériel (bacs de fermentation et aires de séchage) dans les coopératives de base

est un vrai facteur limitant pour ces dernières et pour l’union en général. La carence en matériel

favorise la transformation individuelle qui nuit à la qualité du produit final exporté. En attendant

de pouvoir équiper toutes les organisations à la base, deux scénarios peuvent être expérimentés.

Dans un premier temps, dans les coopératives où il existe du matériel, il faut accroître la

sensibilisation à l’endroit des producteurs sur la nécessité de transformer de façon groupée.

Dans le cas où la coopérative n’a pas de matériel, on peut se rabattre sur les producteurs ayant le

matériel pour la transformation au sein des organisations de base. Pour inciter ces derniers, un

bonus leur sera versé par l’union en prélevant sur la prime de développement par exemple.

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CONCLUSION

Produire du cacao biologique et avoir accès à des marchés internationaux rémunérateurs pour ses

membres, tel est l’objectif de l’Union des Coopératives Lazan’ny Sambirano (UCLS) un des

partenaires d’Ethiquable à Madagascar. Après bientôt 6 ans de partenariat, Ethiquable a jugé bon

d’évaluer la pertinence de cette collaboration. C’est dans cet objectif qu’a été réalisé cette étude

afin d’analyser finement l’impact du commerce équitable développé par Ethiquable. L’impact a

été mesuré sur les producteurs et leur famille, sur l’organisation de producteurs et sur le territoire

du Sambirano.

De l’étude il ressort que dans une filière, dominée par les collecteurs et les exportateurs, le

commerce équitable a su redonner le pouvoir aux producteurs. En effet, il a permis aux

producteurs affiliés de produire et de commercialiser un cacao de meilleure qualité. De plus, les

producteurs ont accès à un marché qui leur garantit des prix rémunérateurs supérieurs à ceux

payés localement aux autres producteurs dont ils se différencient clairement. Bien qu’ayant des

revenus supérieurs aux producteurs non affiliés au commerce équitable, tous les membres de

l’union n’ont pas les revenus suffisants pour améliorer leurs conditions de vie. Les petits

producteurs qui disposent de petites superficies en cacao (moins de 1 ha) n’arrivent pas à passer

au-delà du seuil de survie. Dans le même temps les producteurs de l’union qui possèdent des

superficies moyennes (1 à 3 ha) ou plus grandes (> 3 ha) arrivent à valoriser plus de volume en

commerce équitable et de ce fait améliorent leurs revenus ainsi que leur capacité

d’investissement productif et non productif. Indirectement, le commerce équitable renforce la

différenciation sociale et creuse l’écart entre les petits et les grands producteurs membres de

l’organisation.

Plus globalement, le commerce équitable a permis d’amorcer une nouvelle dynamique dans le

Sambirano. Il a permis de créer une organisation pour les producteurs et par les producteurs afin

de défendre leurs intérêts. Depuis sa création en 2010 l’organisation s’est structurée, a progressé

sur le plan de la gouvernance et tend vers une autonomie financière. Ceci grâce à Ethiquable,

client fidèle qui est resté malgré les difficultés. En tant qu’organisme d’appui, l’AFDI a

également joué un rôle important dans le développement de l’union. Le commerce équitable a

permis à certains producteurs d’améliorer leurs conditions de vie et leur capacité

d’investissement. Cependant tel qu’il est mis en œuvre, il ne profite pas à tous en particulier aux

petits producteurs qui sont censés en jouir pour sortir de la précarité. Ceci est dû à un ense mble

de facteurs : le manque de services adaptés pour les petits producteurs, la faible capacité d’action

collective au sein des organisations de base, un préfinancement de la collecte qui met du temps à

arriver, et une faible autonomie financière de l’union et des organisations de base. Malgré sa

fébrilité, cette entité influence tout de même le développement économique et local du territoire.

A l’issu de ce stage, nous pouvons affirmer que l’impact du commerce équitable est avéré, il est toutefois limité à cause de la sous exploitation du potentiel de l’union. Pour exploiter au mieux

ce potentiel et renforcer l’impact du commerce équitable, il faudra s’atteler à la résolution des

problèmes en s’inspirant des recommandations formulées dans ce document.

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ANNEXES

Annexe 1: Partenariats Ethiquable à Madagascar.

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Annexe 2: Guide d’entretien de l’UCLS.

Date :

Nom et fonction de l’enquêté :

Qui sommes-nous : Binôme composé de deux stagiaires à savoir un stagiaire en fin de

cursus master 2 MOQUAS (Développement agricole et rural) à Montpellier Supagro et

une stagiaire malgache en fin de cursus ingénieur en sécurité alimentaire. Cette étude a pour but principal de mesurer l’impact du CE sur l’UCLS, ces membres et sur le territoire

du Sambirano. Pour cela nous vous poserons un certain nombre de questions.

1) Historique

Création :

Qui est à l’origine de la création de l’UCLS ? Quand a-t-elle été créée ?

Comment était gouverné l’UCLS ?

Avec quel statut juridique ?

Quels partenariats existaient- il (Etat, ONG, OP, IF, OI, centre de formation) ?

De quelles ressources/ moyens disposiez-vous (humains, financier, matériels) ? Evolution ?

Quel était les critères d’adhésion ? Ont-ils évolués ?

Quels ont été les besoins, problèmes identifiés à l’origine de la création de l’UCLS?

Quels étaient la vision, les objectifs et la mission de départ ?

Quel était le modèle agricole promu ? Quels ont été les premières activités et les premiers résultats de l’UCLS?

Quelles ont été les principales difficultés à la création de l’UCLS?

Trajectoire de l’UCLS :

Quelles ont été les principales phases d’évolution marquantes de l’OP (statut juridique,

gouvernance, activités menées, partenariats, visions/mission/objectifs, modèle agricole promu…) ?

Quels sont les motivations qui ont sous tendues ces phases ?

Quelles ont été les principales difficultés rencontrées lors de ces grandes phases ?

Quels ont été les résultats atteints à chaque phase ?

Qu’est ce qui a motivé l’UCLS à s’inscrire dans le CE ?

2) L’UCLS aujourd’hui dans le CE

Comment définiriez-vous une OP inscrit efficacement dans le CE ? Quels sont la vision, les objectifs et la mission actuelle de l’UCLS ? Beaucoup de

différences avec ceux de départs

Quel est le modèle agricole promu ? La vision, la mission et les objectifs actuels sont-ils partagée par l’ensemble des acteurs

au sein de l’UCLS ou bien y a-t-il des compréhensions différentes ?

Comment les agriculteurs, les organisations, l’état, et la population partagent-ils la vision

promue par la formation ? Quel est le profil des agriculteurs membres de l’UCLS ? Le statut juridique est-il toujours le même ?

3) Gouvernance, structuration, Acteurs

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F MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Comment est organisé l’UCLS (organigramme, nombre d’OP membres, nombres de

producteurs) ? Evolution dans le temps ? Existe-t-il des coopératives fictives ? Evolution dans le temps ?

Comment est organisée la prise de décision au sein de l’UCLS ? Quelle est la constitution du CA (nombre d’administrateur), son rôle et comment sont

élus les membres ? Ces élus suivent- ils des formations après élection pour la

gouvernance ? Profil et niveau d’études. Quel est le degré de participation des membres dans la prise de décision (participation

aux réunions)? Sont-ils suffisamment représentés ? Quelles sont les activités qui nécessitent la présence impérative des membres ?

Comment est-ce que l’UCLS défend l’intérêt des membres et quel est le poids de l’union

au plan local voir national ? Quels résultats obtenus ? Il y a-t-il des usagers non membres de la coopérative ? Combien sont-ils ?

Qui travaille au siège de l’UCLS (le personnel (nombre), fonction, interne ou externe au centre, leurs formations) ? Processus de recrutement ? Profil et niveau d’études.

Qui fait quoi ? Quelle est la complémentarité entre eux ?

Existe-il un mécanisme de suivi évaluation du travail du personnel ?

Comment est organisé le système d’information de la base au sommet et vice versa ?

L’expérience de l’UCLS dans le CE a-t-elle permis d’influencer d’autres organisations ?

Nouvelles dynamiques ? Quelles sont les stratégies et les activités que l’UCLS met en place pour une gestion

durables des ressources naturelles ?

Selon vous qu’est-ce que le CE a changé dans l’organisation et le fonctionnement de

l’UCLS ?

4) Partenariats

Quels sont vos partenariats actuels ?

De quelle nature sont-ils (technique ou financier) ?

Quel rôle chaque partenaire joue auprès de l’UCLS?

Depuis quand existent- ils ?

Comment évaluez-vous les résultats obtenus grâce à ces partenariats ? Envisagez-vous de nouveaux partenariats ? Si oui, dans quel but ?

5) Ressources

Quelles sont vos ressources internes (financières, matérielles) ?

Quelles sont vos ressources externes ? Prêt ?

Quelles est la part des deux types de ressources dans le fonctionnement de l’union ? Comment ces ressources sont-elles gérées ?

6) Services et activités

Quels sont les services et les activités proposés par l’UCLS? (accès au financement,

fourniture d’intrants, formation, commercialisation*, collecte*, services sociaux etc…)

Pour chaque services/activités :

Dans quel but?

Qui y travaille ?

Comment fonctionne-t-ils ? Gouvernance ?

Quelles sont les difficultés rencontrées ?

Quels sont les résultats atteints ? Pour la commercialisation :

Quels sont les principaux marchés d’écoulements des produits ? Existe-t- il des marchés

spécifiques pour chaque produit ?

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G MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Quel est le nombre d’acheteurs dans les différentes filières (CE et hors CE) ? Y a-t- il eu

une évolution ?

Quels sont les différents acteurs qui interviennent dans la commercialisation du cacao ?

Quel est leur rôle et quelles relations entretenez-vous avec ces derniers ?

Comment est garanti le prix minimum pour les producteurs pour le CE ? Comment ce prix minimum est-il décomposé ?

Quel est le prix du cacao et des autres produits sur le marché local et comment évolue-t-

il ? Lieux de vente ?

Comment est-ce que l’UCLS accède au fonds pour le préfinancement de la récolte ? quel

est la part des fonds propres de l’UCLS et des fonds externes mobilisés pour le préfinancement de la récolte ?

Quelle est la capacité de l’UCLS à pouvoir négocier sur les marchés notamment hors

CE ? Comment l’UCLS arrive à limité le risque sur les marchés hors CE où les prix

varient sans cesse (vente sur des marchés privilégiant la qualité ?) ?

Pour la collecte :

De quels matériels disposez-vous pour la collecte du cacao ? (Nombre de véhicules en

état de marche), propre ou location ?

Quel est l’état des pistes empruntées pour la collecte du cacao ? Propositions ?

Quelle est votre capacité de stockage pour le cacao ? Nombre de magasin de stockage ?

Evolution dans le temps ? Quelle est l’évolution de la quantité de matière première vendue à l’UCLS par les OP de

base sur ces dernières années ? Quelle est la proportion de cacao certifié CE vendus dans

le compte de la campagne 2015 ?

Comment est structuré le mécanisme de préfinancement nécessaire à la collecte ?

Existe-t-il un système de suivi-évaluation pour avoir du recul par rapport à l’efficacité de ces services et activités ?

Si oui, comment est-il développé ?

Si non, pourquoi n’existe-t-il pas (problèmes de moyens, d’intérêts…) ?

7) Certification

Quelles certifications ont vos membres ? Si plusieurs pourquoi ? Date de la première certification des membres ?

Qui finance le programme de certification ? Pourquoi ? Si financer par un exportateur,

existe-t-il un arrangement lors de l’achat de cacao ?

Avec quel exportateur travailler vous dans le cadre de la certification CE ?

Comment sont informés et formés les producteurs par rapport aux pratiques et aux standards liées à la certification ?

Comment est utilisée la prime de développement versé à la coopérative ? Comment les

décisions au niveau de la gestion de cette prime sont prises ? Après combien de temps

est versé la prime ?

Pour vous quelles est la différence entre une OP certifiée et une OP non certifiée ? 8) Recommandations, perspectives et projections dans le futur

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H MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Annexe 3: Guide d’entretien des acteurs de la filière cacao.

Date :

Nom et fonction de l’enquêté :

Qui sommes-nous : Binôme composé de deux stagiaires à savoir, un stagiaire en fin de

cursus master 2 MOQUAS (Développement agricole et rural) à Montpellier Supagro et

une stagiaire malgache en fin de cursus ingénieur en sécurité alimentaire. Cette étude a pour but principal de mesurer l’impact du CE sur l’UCLS, ces membres et sur le territoire

du Sambirano. Pour cela nous vous poserons un certain nombre de questions.

1) Présentation de la structure

Nom, localisation, date de création. Activités pratiqué pour le cacao : production, transformation, commercialisation…

Que représente la part du cacao dans les activités exercées ?

2) Mode d’approvisionnement et accès au marché

Comment est-ce que vous vous approvisionnez ? Si auprès des producteurs, quels avantages pour ces derniers (prix, prime, etc…) ?

Base de données sur l’évolution de vos prix d’achats ?

Qui sont vos clients (local, export…) ?

Sous quelle forme est commercialisé votre cacao ?

Comment est fixé le prix de vos produits ? Comment faites-vous face au risque du marché (prix fluctuant) et quel est votre positionnement sur le marché par rapport aux

concurrents (qualité, etc…)? Prix FOB ?

3) Quelle est votre appréciation de l’organisation et du fonctionnement actuelle de la

filière cacao à Madagascar (atouts et contraintes, circuit de commercialisation du

cacao) ? Quelles améliorations pour une filière cacao pérenne ?

4) Que pouvez- vous dire sur les autres acteurs de la filière ? Quelle relation entretenez-

vous avec ces derniers ?

5) Quelles sont les difficultés que rencontre votre structure et quelles sont les perspectives

pour le futur ?

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I MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Annexe 4: Guide d’entretien des producteurs

Qui sommes-nous :

Binôme composé de deux stagiaires à savoir, un stagiaire en fin de cursus master 2

MOQUAS (Développement agricole et rural) à Montpellier Supagro et une stagiaire

malgache en fin de cursus ingénieur en sécurité alimentaire. Cette étude vise à

comprendre les dynamiques de la filière cacao à Madagascar en général et dans la région

du Sambirano en particulier. Pour cela nous souhaiterions mieux connaitre votre exploitation, vos modes de commercialisation, vos préoccupations et vos projets

1) Moyens de production (foncier)

o Foncier :

Pouvez-vous me présenter votre exploitation ? Que produisez-vous ? Quelle surface exploitez-vous aujourd’hui ? En combien de parcelles (superficie de

chaque parcelle) ? En propriété, en location, en métayage, autre ? Quand et comment avez-vous acquis chacune de ces surfaces ?

Parcelle superficie Tenure

foncière (propriété /

location)

Date

d’acquisition / de début

de location

Cultures Changements

de cultures sur cette

parcelle ?

1 :

2 :

3 :

4 :

Comptez-vous développer / réduire certaines cultures ? lesquelles ?

o Pour l’exploitation

Avez-vous recours à une main d’œuvre en plus de vous ? Si oui quel type

(interne/externe) ?

A quelle période est-elle sollicitée ?

Combien cela vous coûte-t-il (si MO employé) ?

Avez-vous toujours fonctionné comme ça ? Si non, quand avez-vous commencé / arrêté d’embaucher de la main d’œuvre ?

Main d'œuvre dans la région :

De quelle origine est la main d'œuvre de la région ?

Résident-ils dans la localité toute l'année ? Sont-ils des propriétaires terriens ?

Entretien et approvisionnements en intrants

Quelles sont vos techniques d’entretien et de fertilisation ? Y a-t- il eu des évolutions dans

ces techniques (achat de fumier, d’autres intrants…) ? Quand et pourquoi ? Utilisez-vous des intrants ? Si oui, mode d’accès, quantité et prix.

Pratiquez-vous l’agriculture sur brulis ?

Pratiques antiérosives ?

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J MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Commercialisation du cacao :

Sous quelle forme est- elle vendue (cacao frais, standard, supérieur). Quantité de chaque

type et évolution dans le temps ?

A qui vendez-vous (UCLS, collecteurs, autres…) ? Quels sont vos lieux de vente ?

o Pourquoi ? Pour les autres acheteurs que l’UCLS : Est-ce toujours la même

personne ? Pourquoi ? A quel moment se fait la vente (avant la récolte (sur

pied) / après) ? Percevez-vous de l’argent avant la récolte ?

o Quel est le prix de vente unitaire moyen pour chaque acheteur ? Prix actuel et

évolution dans le temps. o Quelle quantité est vendue (%) à chaque acheteur ? Evolution.

Estimez les recettes monétaires obtenues ? Evolution dans le temps.

Quel est le temps consacré à la commercialisation

Comment s’effectue le transport pour la commercialisation ? En fonction de chaque

acheteur. Commercialisation des autres cultures

A qui rendez-vous vos produits agricoles ?

o Est-ce toujours la même personne ? Pourquoi ? A quel moment se fait la vente

(avant la récolte (sur pied) / après) ? Percevez-vous de l’argent avant la récolte ?

Quel est le lieu de vente (marché) ? Evolution vente / part autoconsommée

Pour le riz

De quelle origine est le riz acheté dans la région ? Qui le produit ?

2) Système d’élevage

o Caractéristiques du système d’élevage

Quelles espèces d’animaux élevez-vous ? o Conduite du troupeau

Taille du cheptel (nombre de mâles, femelles) o Taille il y a 2 ans ? 4 ans ? 6 ans ? 8 ans ? (nombre de mâles, femelles)

o Produits obtenus et résultats

Quelle évolution des prélèvements sur le cheptel (à considérer sur les 8 dernières années) : type de produits, quantité ?

Part autoconsommation (%) : en hausse / baisse ces dernières années ?

Commercialisation : Quels produits vendez-vous ? Quel est le prix de vente ?

A qui ? Est-ce toujours à la même personne ? Pourquoi ? A quel moment se fait la vente ?

Quel est le lieu de vente (marché) ?

3) Moyens de productions (bâtiment/ matériel) et lieu d’habitation

Quels sont vos bâtiments d’élevage et d’habitation (Type de maison) : Pouvez-vous nous lister le matériel que vous utilisez ? Combien, quoi, où ? A quel prix ?

Quelles sont leurs durées de vie (moyenne) (taux d’amortissement) ? Quel est le statut de l’équipement (propriété, location, collectif, prêt) ? Disposez-vous d’un moyen de transport ? Si oui, lequel(s) ?

Quand les avez-vous achetés ? Quels changements ?

4) Autres activités

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K MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Existe-t- il d'autres activités que vous exercez qui vous permettent de gagner de l'argent

en dehors de l'agriculture ? Combien cela-vous rapporte-t- il par an ? Et à quelle période

de l’année ?

Quels sont les autres activités pratiquées par les autres membres de la famille qui

permettent de générer des revenus ? Combien ?

5) Moyens financiers :

Actuellement avez-vous des emprunts (si oui, pourquoi ?) ? En aviez-vous avant ? (quand ?)

Combien ? Auprès de qui ? (Banque, microfinance, commerçant, parents, …), (taux

d’intérêt, durée du remboursement)

Quelles sont vos stratégies pour faire face aux aléas et aux besoins financiers

(résilience) : assurance, épargne… ? Faites-vous de l’épargne ? depuis quand et évolution ?

Recevez-vous des dons monétaires externes ? Combien ?

Avez-vous des impôts/taxes à payer ? Si oui, quel est le montant (par an) ?

Avez-vous des primes ? Si oui, de qui ? Quels montants ?

Comment se fait la répartition de vos recettes monétaires par rapport à vos dépenses ? Dans quoi dépensez-vous votre argent ? Evolution dans le temps.

6) Evolution du patrimoine du ménage

Dans quoi avez-vous investis ces dernières années pour améliorer vos conditions de vie

(habitation, moyen de transport, équipement, etc….) ?

7) Investissements et projets, problèmes et préoccupations

Quels sont les investissements agricoles que vous avez réalisé au cours de ces dernières

années ?

Quels sont les investissements agricoles que vous souhaitez réaliser durant les prochaines années ?

Autres projets ?

Stratégie pour réaliser ces projets ?

Problèmes et préoccupations

8) Relations avec la coopérative et réseau social et professionnel

A quelles structures (OP, syndicats, ONG, coopératives, groupement agricoles…) avez-

vous appartenues et appartenez-vous actuellement ? Pour quelle raison ? o Si membre d’une coopérative :

Depuis quand êtes-vous membre de la coopérative ? Pourquoi l’êtes-vous

devenu ?

Quels sont les services rendus par la coopérative ? Etes-vous satisfait de ces

services ? Pourquoi ? Savez-vous si une prime de développement, due au commerce équitable, est gérée

par votre coopérative ? Comment les décisions concernant la gestion de cette

prime sont-elles prises au sein de la coopérative ? Que pensez-vous de l’utilisation

de cette prime ?

Quels sont les problèmes rencontrés au sein de la coopérative et comment sont- ils résolus ?

Quelques recommandations en vue d’améliorer l’organisation et le

fonctionnement de votre coopérative.

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L MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Quelles différences voyez-vous entre une coopérative certifié CE et des

coopératives de producteurs de votre connaissance qui ne sont pas certifiés ?

Relations avec les producteurs hors coopérative CE ?

9) Appréciation du commerce équitable (commerce équitable = vente du cacao sec

supérieur à l’UCLS)

Savez-vous si votre coopérative vend le cacao en commerce équitable ? Depuis quand ?

En quoi le commerce équitable consiste-t-il ?

Quelles conséquences pour vous des ventes en commerce équitable ?

o changements au niveau : - De vos revenus ?

- Du bien-être de la famille ?

- Du foncier ? (nouvelles acquisitions / locations ? réduction de la

surface cultivée ?)

- De l’achat des plants / semences ? - Des modes de fertilisation ? de l’utilisation d’intrants ?

- De vos techniques culturales ? post-récolte ?

- Des modes de commercialisation ?

- Des achats de matériel ?

Pouvez-vous nous raconter une situation vécue qui illustre les avantages ou les bénéfices liés au CE ?

10) L'agriculture dans la région

Y a-t-il beaucoup d'exode rural dans la région ? Dans quels secteurs travaillent les jeunes ?

Après les études que font ces derniers (travailler en ville, etc…) ?

11) Caractéristiques socio-démographiques

Nom ou code :

Sexe :

Âge :

Niveau d’études : Aucun, Primaire, Secondaire, Supérieur

Région d’origine : ………………….

Dans le village depuis : ………………………….

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M MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Annexe 5: Liste des variables et indicateurs.

1 Aire de changement 1 : Changements au niveau de la différenciation sociale

1.1 Catégories d’exploitants agricoles (Typologie des systèmes de productions) 1.1.1 Caractéristiques des catégories d’exploitants agricoles concernés par le CE et

comparaison avec situation hors CE (en ce qui concerne l’accès à la terre, la force de travail et les moyens de production) [pour chaque type identifié dans la typologie]

2 Aire de changement 2 : Changements au niveau des ménages agricoles membres

2.1 Revenus agricoles et conditions de vie 2.1.1 Revenu agricole familial selon catégories d’exploitants agricoles [types de la typologie]

et comparaison avec situation hors CE 2.1.1.1 % que représente la vente à la coopérative / au produit brut total de la famille (=part des

revenus généré par le CE) et évolution dans le temps 2.1.2 Degré de satisfaction des besoins de base dans CE et évolution dans le temps (comparaison du revenu familial au « seuil de reproduction » en fonction prix et % familles

concernées) et comparaison avec situation hors CE 2.1.3 Niveaux d’accès aux services sociaux (soins, mutuelle…) et comparaison avec situation

hors CE 2.1.4 Niveau d’amélioration des conditions de travail et comparaison avec situation hors CE 2.2 Investissement et diversification agricole

2.2.1 Avantages commerciaux assurés par l’organisation (réception du juste poids, sur l’engagement d’achat, prix sur long terme…) en comparaison avec opportunités hors CE. (Prix

au producteur de la coopérative (ristourne incluse) / prix au producteur sur le marché local) 2.2.2 Rendement du cacao certifié (kg/ha) et évolution dans le temps et comparaison avec situation hors CE

2.2.3 Productivité du travail pour le cacao certifié (jour de travail / Ha et estimation PB / jour de travail) évolution dans le temps et comparaison en situation hors CE.

2.2.4 Part d’utilisation des revenus supplémentaires pour investissements agricoles et non agricoles 2.3 Trésorerie

2.3.1 % de ventes anticipées de produits agricoles et d’élevage (incluant cacao CE) en dessous de sa valeur sur le marché local par nécessité de trésorerie, évolution dans le temps et

comparaison avec situation hors CE 2.4 Maintien de l’agriculture paysanne 2.4.1 Montant du revenu journalier pour la culture du cacao CE et comparaison avec les autres

opportunités d’emploi dans la zone et à la ville 2.4.2 Degré d’attraction de nouvelles générations pour l’activité agricole en situation CE et

hors CE 2.5 Sécurité alimentaire 2.5.1 % des produits autoconsommés produits sur les exploitations et évolution dans le temps

2.5.2 % et type des produits alimentaires achetés à l'extérieur de l'exploitation et évolution dans le temps

2.5.3 Evaluation qualitative du niveau de dépendance vis-à-vis de l’exportation pour les producteurs du CE, évolution dans le temps et comparaison avec situation hors CE 2.5.4 Niveau de revenu agricole journalier pour la production certifiée et comparaison avec le

revenu estimé des productions agricoles vivrières 3 Aire de changements 3 : changements au niveau de la structuration de l’OP

3.1 Structuration du monde rural 3.1.1 Niveau d’amélioration de l’estime de soi grâce au processus d’exportation dans le CE 3.1.2 Nombre de familles impliquées dans les organisations de producteurs du CE et évolution

dans le temps, %age des cacaoculteurs locaux que cela représente

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N MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

3.1.4 Nombre d’organisation de base membres de la faîtière et évolution dans le temps,

évaluation de la qualité de l’implication et évolution dans le temps 3.1.5 %age de la récolte totale vendue à l‘organisation

3.1.6 Existence de nouvelles dynamiques organisationnelles à partir de l’expérience de l’organisation du CE 3.2 Légitimité de l’organisation :

3.2.1 Perception de l’organisation par ses membres et évolution dans le temps 3.2.2 Perception de l’organisation par les acteurs locaux publics et privés et évolution dans le

temps 3.2.3 Niveau de capitalisation de l’organisation et évolution dans le temps 3.3 Capacités d’administration et de gestion de l’organisation

3.3.1 Niveau de rotation des élus 3.3.2 Existence de mécanisme de formation de nouveaux élus

3.3.3 Niveau d’implications des producteurs et de leurs élus dans la gestion de l’activité commerciale 3.3.4 Dans organisation faîtière : existence de capacités des élus pour la prise de décision et

degré d’autonomie face aux compétences techniques du personnel recruté ou d’appui, et évolution dans le temps.

3.3.5 Existence de capacités à générer des règlements (paiement en fonction de la qualité, etc.) et les faire respecter (mécanismes de contrôle social, système de contrôle interne…) en situation hors CE et CE.

3.3.6 Existence de capacités de gestion des coûts du service commercial et comparaison avec secteur privé environnant (gestion des frais fixes, recrutement du personnel spécialisé).

3.3.7 Degré d’autonomie financière de l'organisation par son activité, et évolution au regard du % couvert par d’éventuels appuis externes (Etat, ONG…) 3.3.8 Chiffre d’affaires de la coopérative, taux d’endettement et valeur de ses actifs, et

évolution dans le temps 3.3.9 Prime de développement

3.3.9.1 Montant global de la prime CE (et montant de la prime Ethiquable) et évolution dans le temps 3.3.9.2 Utilisation de cette prime et évolution dans le temps de cette utilisation

3.4 Capacités commerciales 3.4.1 Ventes

3.4.1.1 Nombre d’acheteurs en CE et autres filières, volumes vendus aux principaux clients (avec leurs noms) et évolution dans le temps 3.4.1.2 Part des achats Ethiquable / ventes totales de la coopérative et évolution dans le temps

3.4.1.3 % des ventes de la coopérative en CE / ventes totales de la coopérative et évolution dans le temps

3.4.1.4 % des ventes de la coopérative en CE+bio / ventes totales de la coopérative et évolution dans le temps 3.4.1.5 % d’invendu (stock) à la fin de la campagne et évolution dans le temps

3.4.2 Rémunération des producteurs 3.4.2.1 Capacité à garantir un prix minimum avant la récolte aux membres de l’organisation et

évolution dans le temps 3.4.2.2 Capacité de préfinancement de la récolte aux producteurs et évolution dans le temps 3.4.2.3 Prix payé aux producteurs pour le cacao CE, comparaison avec situation hors CE et

évolution dans le temps 3.4.2.4 % que représente le prix payé aux producteurs / prix FOB

3.4.2.5 Prix FOB payé à la coopérative par Ethiquable / prix FOB conventionnel du pays 3.4.6 Gestion des flux

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O MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

3.4.6.1 Quantité collectée par la coopérative et évolution dans le temps

3.4.6.2 Pour chaque type de la typologie des producteurs : Quantités moyennes apportées par chaque famille à la coopérative, en kg et en %age de la production de la famille, et évolution

dans le temps 3.5 Capacité de négociation 3.5.1 Existence et caractéristiques des appuis des autorités publiques et autres (ONG…)

3.6 Mise en place de services 3.6.1 Capacité d’autofinancement pour développer de nouveaux services pour les producteurs

(prime de développement inclus 3.6.2 Existence de nouveaux services financés par d’autres acteurs 3.6.3 Existence d’accès au crédit

3.6.4 Projets de diversification, appui à des projets de diversification 4 Aire de changement 4 : Changements au niveau du développement local et national

4.1 Création d’emploi et initiatives économiques 4.1.1 Montant du revenu journalier d’un travailleur CE et comparaison avec situations hors CE 4.1.2 Nombre d'emploi (incluant travail agricole) et de revenus générés indirectement par le CE

(services…). 4.1.3 Influence du CE sur le prix hors CE, à une échelle locale et nationale

4.2 Appui au développement du territoire 4.2.2 Prise en considération des autorités locales de l’agriculture comme mode de développement économique et évolution dans le temps

4.2.3 Existence d’appuis du secteur privé et public pour l’organisation en comparaison avec organisations hors CE

4.3 Incidence politique 4.3.1 Existence d'organisations professionnelles ou syndicales faitières regroupant les OP du CE et OP hors CE.

4.3.2 Mode et degré de représentation de ces organisations dans les instances politiques sectorielles nationales, voire internationales.

4.3.3 Existence de propositions de politique sectorielle de la part des organisations 4.3.4 Degré de prise en compte des propositions de ces organisations lors de la définition d’une politique nationale sectorielle.

5 Aire de changement 5 : Changements au niveau de la gestion des ressources

naturelles

5.1 Gestion des sols 5.1.1 Durabilité des pratiques agricoles en ce qui concerne la gestion de la fertilité des sols en situation CE

5.1.2 % de familles appliquant des pratiques de gestion durable de la fertilité en CE et comparaison en situation hors CE.

5.1.3 % de familles appliquant les pratiques antiérosives en CE et comparaison avec situation hors CE 5.2 Gestion de l’usage des engrais et des pesticides

5.2.2 % de producteurs du CE sensibilisés à l’utilisation raisonnée des engrais et des pesticides et comparaison avec situation hors CE

5.3 Gestion des ressources du territoire 5.3.2 Mise en œuvre par l’organisation de stratégies et d’activités pour une gestion durable des ressources naturelles

5.3.3 Diminution de l’extension des fronts pionniers et/ou existence de règles d’usage durable des espaces cultivés et pastoraux

5.4 Qualité des produits 5.4.1 Existence de nouveaux marchés orientés vers la qualité, captés par l’organisation du CE

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P MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

5.4.2 Existence de mise en place de politiques de reconnaissances de la qualité par le prix payé

au producteur dans l’organisation et comparaison avec situation hors CE 5.4.3 Niveau d’investissement pour la phase post récolte et transformations, formation aux

producteurs. Annexe 6: Estimation des rendements de cacao.

Pour obtenir un bon rendement à l’hectare, dans une plantation de cacao, le maintien d’une densité optimale d’arbres à l’hectare est important. Dans le paysannat, il est très difficile de

connaître le rendement à l’hectare d’une plantation de cacao. Les paysans ne se souviennent que

approximativement du poids du cacao vendu chaque semaine, ce qui rend difficile l’évaluation

du rendement. Lors des enquêtes pour essayer de déterminer les rendements de la culture du

cacao, on a pu constater qu’il existe une grande hétérogénéité entre les chiffres avancés par les différentes personnes interrogées. En recoupant les informations recueillies auprès des

producteurs, des animateurs de l’UCLS avec ceux des plantations industrielles et du CIRAD, une

estimation du rendement a pu être construite. La densité du nombre de pieds à l’hectare varie

entre environ 625 pieds et 1000 pieds, pour un rendement compris entre 300 kg et 800 kg de

fèves sèches à l’hectare. Il est important de rappeler que cette grande variabilité des rendements est tributaire des aspects agronomiques qui peuvent changer d’un milieu à un autre et d’un

producteur à un autre. Dans les plantations industrielles le rendement à l’hectare est faible et est

inférieur au 500 kg/ha alors que dans le paysannat, le rendement moyen à l’hectare tourne autour

de ce chiffre. Cela s’explique par le fait que les paysans ont une densité à l’hectare plus

importante que dans les plantations industrielles et qu’ils pratiquent bien l’agroforesterie. Malgré tout, il faut rappeler qu’une redensification des vergers est importante car on observe de gros

espace vide dans les parcelles.

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Q MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Annexe 7: Quelques acteurs de la filière enquêtés.

Type

d'acteur

Observations

Millot Plantation Possède environ 1300 ha dont plus de 50% occupé en cacao. Exporte 700-800 tonnes de cacao

sec supérieur (intégralité de la production) vendu à Valrhona. Collecte les fèves fraîches auprès

de 150 p lanteurs réunis dans des coopératives de base de l'UCLS. Propose une prime de

160Ar/kg de cacao frais. Achat de cacao sec supérieur préparé par des collecteurs -préparateurs

maitrisant le procédé. Autres activités: exportation d'huiles essentielles et d'épices.

Théodule Exportateur Ancien collecteur chez Millot. Possède 200 ha de plantation de cacao. Achat de cacao standard

auprès des collecteurs. Collecte de fèves fraîches auprès des producteurs pour transformation

en cacao supérieur. Instauration d'une prime productrice estimée à 40 Ar/kg et réflexion sur la

mise en place de projets sociocommunautaire. Exporte environ 200 tonnes de supérieur et 800

tonnes de standard pour une clientèle basée en Europe et aux USA. Autres activités:

exportation de café et vanille.

René Julien Exportateur Possède environ 100 ha labellisé BIO dont la production est transformée en sec supérieur.

Fournisseur exclusif de la chocolaterie Robert. Achat de cacao standard auprès des collecteurs

et collecte de fèves fraîches auprès des producteurs pour transformation en supérieur. Vend au

total 500-700 tonnes de cacao sec par an. Exportation très faible, moins de 100 tonnes mais en

fera son activité principale à partir de 2017. Prix FOB: Plus de 4000€/tonne pour le supérieur

et 2000€/tonne pour le standard. Clients local et internationaux (Europe, Japon). Autres

activités: huiles essentielles, vanille, poivre, etc...

SCIM Exportateur Société importante de négoce de divers produits dont le cacao, Siège basé à Diego Suarez.

Exporte plus de 1000 tonnes de cacao sec standard pour une clientèle non identifié. Achète

uniquement du cacao standard auprès des collecteurs pour export. Autres activités: exportation

de poivre, café, noix de cajou, etc...

RAMAEX Exportateur Filiale du groupe RAMANANDRAIBE (Propriétaire de la chocolaterie Robert).

Approvisionnement auprès d’un réseau de collecteurs mis en p lace et appuyer avec du matériel

(bacs, aires de séchages). Achat de fèves fraîches, petite quantité auprès des producteurs pour

préparation en supérieur. Prix FOB sec supérieur : 3.7€ à 3.8€/kg

Prix FOB sec standard : 2.7€ à 2.8€/kg. Clientèle : Clients : locale (fournisseur de la

Chocolaterie Robert), Européenne, Japon, USA

AKESSON

Organics

Plantation Exporte environ 300-500 tonnes de cacao supérieur/an. Achat de fève fraîche auprès des

producteurs pour préparation supérieur. Prix FOB sec supérieur : 4€ à 5€/kg

Clientèle : Européenne, Japon, USA, Chocolatiers faisant du Bean to bar

Chocolaterie

Robert

Chocolatier Approvisionnement auprès des filiales et collecteurs attitrés à Ambanja. Implantation récente

d’environ 100.000 p lants (agriculture contractuelle avec des producteurs) à Brickav ille (Zone

test) dont le cacao récolté est de bonne qualité. Clientèle : local et étranger (Europe, USA).

CINAGRA Chocolatier Activités : fabricat ion de tablettes et sous traitance (masse de cacao, chocolat de couverture)

pour d’autres entreprise comme Madecasse (USA). Approvisionnement auprès de coop ératives

et collecteurs à Ambanja. Clientèle : (USA, Asie, Europe)

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R MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Annexe 8: Calcul du seuil de survie

Seuil de survie : alimentation, habillement, santé Dépense moyenne pour une famille de 6 pers

riz + accompagnement 1131500

Habillement 60000

Santé 30000

Fournitures scolaires 100000

Scolarisation enfants 180000

Loyer pour enfants scolarisés en ville 200000

Transport 80000

Transport (enfants scolarisés en ville) 50000

Seuil de survie 1831500

Annexe 9: De l’autre côté le village de Migioko, difficile d’accès en saison pluvieuse (crédit : Paulin P. MATCHON, village

de Migioko 2016).

Annexe 10: Zébus élevés au piquet (crédit : Paulin P. MATCHON, village de Migioko 2016).

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S MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Annexe 11: Puits construit grâce à la prime ESR dans le village de Migioko (crédit : Paulin P. MATCHON, village de

Migioko 2016).

Annexe 12: Visite de la parcelle d’un producteur de l’UCLS (crédit : Paulin P. MATCHON, village d’Ambalavelona 2016).

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T MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Annexe 13: Travail à la chaine chez un exportateur (crédit : Paulin P. MATCHON, Ambanja 2016).

Annexe 14: Aire de séchage en escalier chez un exportateur (crédit : Paulin P. MATCHON, Ambanja 2016).

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U MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Annexe 15: Bacs de fermentation en escalier chez un exportateur (crédit : Paulin P. MATCHON, Ambanja 2016).

Annexe 16: Décabossage de cabosses cacao.

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V MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

Annexe 17: Fermentation chez un producteur de l’UCLS (crédit : Paulin P. MATCHON, village de Bemaniviky 2016).

Annexe 18: Tablettes de chocolat produites par la chocolaterie Robert (crédit : Paulin P. MATCHON, Antananarivo,

Chocolaterie Robert 2016).

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MATCHON, Paulin P. /Diplôme MASTER 3A-MOQUAS/2016/ SupAgro-IRC

RESUME Le commerce équitable, semble être une alternative très intéressante pour les petits producteurs

des pays du Sud. En leur garantissant un prix minimum en plus de la prime de développement, il

leur permet d’accéder aux marchés internationaux et d’avoir des prix plus rémunérateurs. De

nombreux producteurs profitent aujourd’hui de ce marché afin d’améliorer leur revenu et leurs

conditions de vie. Ils sont pour la plupart insérés dans des filières où ils sont désavantagés,

comme c’est le cas dans la filière cacao. La prise de conscience progressive des consommateurs,

de plus en plus nombreux à consommer les produits issus du commerce équitable, favorise la

croissance du marché.

A Madagascar, pays producteur de cacao fin (cacao réputé), la filière est contrôlée par une

poignée d’acteurs (exportateurs et collecteurs) qui imposent leurs règles aux producteurs.

Ethiquable entreprise française et acteur important du commerce équitable en France a noué

depuis 2010 un partenariat avec une organisation de producteurs de cacao, l’UCLS. Grâce à ce

partenariat, les producteurs et leurs organisations commercialisent leur cacao labélisé Bio aux

conditions du commerce équitable. La présente étude a été commanditée par Ethiquable afin

d’évaluer le partenariat en cours dans le but d’en détecter les forces et les faiblesses et aussi de

produire de l’information qui pourra être diffusée dans les réseaux du commerce équitable. Pour

ce faire, une étude de la filière a été réalisé, à travers des enquêtes auprès des producteurs de

cacao membres et non membres de l’organisation, des collecteurs, des plantations industrielles,

des exportateurs et d’autres acteurs intervenant d’une manière ou d’une autre dans la filière.

De l’étude, il ressort que les producteurs du commerce équitable ont pu améliorer leurs revenus

grâce au différentiel de prix avec le marché conventionnel. Avec le commerce équitable, les

producteurs ont pu améliorer leurs conditions de vie et leur capacité d’investissement. Cependant

tous les producteurs adhérents au commerce équitable n’en profitent pas réellement. Il s’agit là

surtout des plus petits producteurs qui vivent avec moins de 1 ha de superficie de cacao et ont

des revenus ne dépassant pas le seuil de survie. Ceci est dû à de nombreux dysfonctionnements

au sein de l’UCLS à savoir : le manque de services adaptés aux besoins des producteurs, la faible

capacité d’action collective au sein des organisations de base, un retard du préfinancement de la

collecte, et une faible autonomie financière de l’organisation de producteurs. Malgré sa fébrilité,

l’organisation de producteurs influence tout de même la filière et le développement économique

et local du territoire. Le commerce équitable a permis d’amorcer une nouvelle dynamique dans la

région du Sambirano à travers une organisation créée pour les producteurs et par les producteurs

afin de défendre leurs intérêts. Pour faire profiter l’ensemble de ces membres, l’organisation

devra s’atteler à la résolution des problèmes qui freinent son développement.

Mots clés :

Action collective ; Commerce équitable; Ethiquable ; Filière cacao ; Impact; Organisation de

producteurs ; Prix minimum ; Prime de développement ; Préfinancement ; Sambirano.

Pour citer cet ouvrage : MATCHON, PAULIN P., (2016). Etude d’impact du commerce équitable : cas de l’Union des Coopératives Lanzan’ny Sambirano dans le nord-ouest de Madagascar.

Mémoire de fin d’études, Master 3A, SAT, MOQUAS, Montpellier SupAgro. 130 p.

Montpellier SupAgro, Centre international d'études supérieures en sciences agronomiques de

Montpellier, 2 place Pierre Viala, 34060 Montpellier cedex 02. http://www.supagro.fr