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S6 EPI-CLIN 2011 / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 59S (2011) S5–S6 Conférence 3 Modélisation des effets cumulatifs des expositions et des facteurs pronostiques M. Abrahamowicz a , M.-P. Sylvestre b a Université McGill, Montréal, Québec, Canada b Université de Montréal, Montréal, Québec, Canada Mots clés : Études longitudinales ; Effets cumulatifs ; Modélisation Problématique.– L’épidémiologie clinique moderne utilise de plus en plus les études longitudinales où les facteurs pronostiques, les expositions et les traite- ments sont mesurés à plusieurs reprises. La disponibilité de mesures répétées au cours du temps présente des défis analytiques liés au besoin de spécifier un modèle statistique adéquat pour représenter la relation entre des valeurs passées et/ou courantes des expositions dépendantes-du-temps et les risques. En particu- lier, il faut considérer de potentiels effets cumulatifs, où les risques ne dépendent pas seulement de la valeur la plus récente mais aussi de valeurs observées dans le passe. Objectifs.– Proposer une nouvelle méthode pour estimer les effets cumulatifs des expositions dépendantes-du-temps sur les risques et illustrer des applications de la méthode dans l’épidémiologie cardiovasculaire et dans la pharmaco- épidémiologie. Méthodes.– Nous proposons un modèle semi-paramétrique qui permet d’estimer les effets cumulatifs des facteurs pronostiques et des expositions qui varient au cours du suivie. La méthode estime une fonction de « poids » (weight function) qui attribue les poids w(u-t), reflétant l’importance de l’effet de fac- teur de risque mesurés à un temps t dans le passé sur les risques courants, au temps u, selon la différence entre les deux temps (u-t). L’effet cumu- latif est alors modélisé comme une somme pondérée de valeurs du facteur pronostique mesurées dans le passé, jusqu’au présent. Le modèle est généra- lisé au cas où la relation entre les valeurs d’une variable quantitative et les risques est nonlinéaire, et doit être estimée simultanément avec la fonction de poids. Résultats.– Nous présenterons deux applications du modèle. (1) Dans une étude pharmaco-épidémiologique notre modèle démontre d’importants effets cumulatifs de l’exposition aux glucocorticoïdes sur les risques d’une infection conduisant à l’hospitalisation. (2) Dans la ré-analyse de données de l’étude de Framingham, nous détectons des effets (i) nonlinéaires et (ii) cumulatifs de la pression artérielle systolique (SBP) sur les risques de mortalité et morbidité cardiovasculaire. Des valeurs de SBP influencent les risques cardiovasculaires pendant au moins les dix années suivantes chez les hommes mais pour moins de six ans chez les femmes. Conclusions.– La modélisation des effets cumulatifs des expositions dépendantes-du-temps sur les risques peut aider à réviser le rôle de facteurs pronostiques et à améliorer l’identification et le traitement des patients à hauts risques. doi:10.1016/j.respe.2011.02.068

Modélisation des effets cumulatifs des expositions et des facteurs pronostiques

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u cours du suivie. La méthode estime une fonction de « poids » (weightunction) qui attribue les poids w(u-t), reflétant l’importance de l’effet de fac-eur de risque mesurés à un temps t dans le passé sur les risques courants,u temps u, selon la différence entre les deux temps (u-t). L’effet cumu-atif est alors modélisé comme une somme pondérée de valeurs du facteurronostique mesurées dans le passé, jusqu’au présent. Le modèle est généra-isé au cas où la relation entre les valeurs d’une variable quantitative et lesisques est nonlinéaire, et doit être estimée simultanément avec la fonction deoids.ésultats.– Nous présenterons deux applications du modèle. (1) Dans unetude pharmaco-épidémiologique notre modèle démontre d’importants effetsumulatifs de l’exposition aux glucocorticoïdes sur les risques d’une infectiononduisant à l’hospitalisation. (2) Dans la ré-analyse de données de l’étude deramingham, nous détectons des effets (i) nonlinéaires et (ii) cumulatifs de laression artérielle systolique (SBP) sur les risques de mortalité et morbiditéardiovasculaire. Des valeurs de SBP influencent les risques cardiovasculairesendant au moins les dix années suivantes chez les hommes mais pour moinse six ans chez les femmes.

épendantes-du-temps sur les risques peut aider à réviser le rôle de facteursronostiques et à améliorer l’identification et le traitement des patients à hautsisques.

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