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Modélisation de 3 jeux réduits et mesure de leurs effets physiques et physiologiques Jean-Christophe Hourcade – janvier 2019

Modélisation de 3 jeux réduits et mesure de leurs effets

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Modélisation de 3 jeux réduits et mesure de leurs effets physiques et

physiologiques

Jean-Christophe Hourcade – janvier 2019

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Rapport d’étude « Audit de charges des exercices contextualisés » - par JC. Hourcade – Décembre 2018

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Objectifs du service Audit & Conseil d’ACPAsport

Le service Audit & Conseils d’ACPAsport a pour vocation, depuis 2018, de proposer aux structures professionnelles des recherches appliquées dans le domaine des Sciences du sport, et du football en particulier. En parallèle, ce département a pour ambition d’accompagner les préparateurs physiques dans leur cursus de formation, en leur faisant découvrir les principes méthodologiques qui conduisent à la mise en place de protocoles expérimentaux liés aux différentes problématiques d’entraînement.

L’académie ACPAsport offre dans ce sens les ressources humaines, matérielles et scientifiques aux techniciens, joueurs et clubs qui n’ont pas ces ressources en interne.

Mentions légales

Les textes et images qui vont suivre sont protégés dans leur globalité par le droit d’auteur. Il n’est pas autorisé de les copier, de les plagier ou de les vendre. Si vous

souhaitez faire l’une des trois actions précitées vous devez convenir d’un accord avec son auteur :

Jean-Christophe Hourcade

[email protected] 06.08.62.99.44

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Rapport d’étude « Audit de charges des exercices contextualisés » - par JC. Hourcade – Décembre 2018

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Objectifs de l’étude

1- Analyser les différents paramètres des charges d’entraînement interne et externe de 3 jeux réduits spécifiques au football.

2- Etudier les relations entre les paramètres des exercices prescrits et leur charge d’entraînement spécifique, pour une meilleure compréhension de leurs effets.

Résumé

Objectifs : L’objectif de notre travail était d’analyser les paramètres de jeux réduits spécifiques au football, réalisés à différentes intensités, pour des objectifs physiques et physiologiques cibles, ainsi que leurs effets sur la capacité de performance physique de jeunes footballeurs en préformation. Méthodologie : 36 jeunes joueurs (U14-U15), répartis en 3 groupes, ont réalisé trois jeux réduits spécifiques au football, à dominante « Aérobie », « Vitesse » ou « Force ». Les paramètres de ces jeux réduits ont été mesurés à partir de la perception de l’effort neuromusculaire des membres inférieurs (RPE NM), la fréquence cardiaque (FC), la lactatémie pour calculer la charge d’entraînement (CE) interne, et les vitesses, accélérations, décélérations, distances de courses accomplies pour calculer la CE externe. L’état physique des joueurs a été évalué par les changements de valeurs de FC lors d’un test aérobie sous maximal, par un questionnaire de bien-être, des tests de souplesse, de force et de contre-mouvement jump (CMJ), à + 15 et +21h. Résultats : Les paramètres définis pour chaque jeu réduit ont permis d’atteindre les objectifs de charge d’entraînement (CE) interne et externe prescrits. Les jeux réduits à dominante « Force » et « Aérobie » ont induit un niveau de fatigue supérieur au jeu réduit à dominante « Vitesse », associé à une baisse de force des muscles adducteurs à +21h. Conclusion : La présente étude a validé les paramètres des jeux réduits fixés avant les séances pour atteindre les objectifs de CE et efforts prescrits. Nos résultats ont également mis en avant les effets de la densité des accélérations et des décélérations à l’origine d’une fatigue générale et musculaire différée, tout comme l’impact probable d’une épreuve sportive scolaire sur la capacité de performance de joueurs, lorsque cette dernière est placée proche d’une séance d’entraînement.

Introduction

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En football, les exigences en compétition ont évolué depuis 40 ans. Si le volume de distance parcourue a très peu évolué en Europe sur cette période (11.000m en moyenne, tous postes confondus, hors gardiens de but), il n’en est pas de même pour les paramètres d’intensité et de fréquence. En effet, les distances totales couvertes à haute (14-19 km.h-1) et très haute (> 19km.h-1) intensités ont progressé (respectivement 1300 vs. 1700m et 650 vs. 900m) [1-12]. Autre exemple, la fréquence des efforts réalisés à très haute intensité est passée, en moyenne, d’un effort toutes les 1min17 dans les années 70 à 55sec depuis les années 2000 [7, 13].

En parallèle, les méthodologies d’entraînement sont devenues plus précises pour répondre aux nouvelles exigences de la compétition, intégrant de plus en plus de situations intégrées (exercices technico-tactiques avec ballon) et ou contextualisées (jeux réduits)[14, 15]. Leurs objectifs, atteindre des intensités proches de celles de la compétition à la place ou en complément d’exercices analytiques (sans ballon), tout en développant la technique et l’intelligence tactique des joueurs [16-18].

Si leur efficacité peut-être sujet à caution, en comparaison avec des situations analytiques plus facilement contrôlables [19], l’utilisation d’outils de hautes technologies comme les modules d’enregistrement des déplacements GPS (Global Positioning System) permettent une meilleure analyse quantitative et qualitative des différents efforts [20, 21]. Ainsi, sous réserve de bien paramétrer les variables de l’exercice (dimensions de l’aire de jeu, rapport d’opposition, règles, temps de travail et de récupération, nombre de séquences, conditions environnementales), il est possible d’envisager un très bon pilotage de ces situations avec ballon [17, 22-29].

L’enjeu aujourd’hui pour les entraineurs est d’être en capacité de connaître parfaitement les paramètres de leurs exercices et les effets de leur organisation au sein même de leurs séances [30]. Ils doivent être ainsi en mesure de bien estimer leurs impacts sur l’état physique des joueurs, pour être en mesure de proposer la meilleure programmation d’entraînement possible.

Dans ce sens, l’objectif de notre étude est d’évaluer les paramètres et les effets de 3 jeux réduits sur l’état physique et psycho-physiologique de jeunes joueurs en préformation, afin d’éclaircir les effets de chacun d’entre eux.

Méthode

Approche expérimentale

Cette étude a été conduite avec la participation de jeunes joueurs de football en préformation (catégories U14-U15), licenciés aux Girondins de Bordeaux ou appartenant au Pôle Espoirs de la Ligue de football de la Nouvelle Aquitaine. L’expérimentation s’est déroulée sur deux jours, lors de la première phase de la période compétitive, au mois d’octobre 2018. Trois groupes de travail ont été constitués : un premier de 18 joueurs (14 joueurs de champs + 1 gardien de but des Girondins de Bordeaux, complété par 2 joueurs de champs et 1 gardien de but du Pôle Espoirs). Les deux autres groupes ont été constitués par les joueurs du Pôle Espoirs (un groupe de 8 et un autre groupe de 8 complété par 2 gardiens de but). Les joueurs nés en 2004 et 2005 ont été répartis de manière équilibrée dans les différents groupes de travail et dans les différentes équipes mises en opposition pour harmoniser les futurs résultats de notre étude.

3 jeux réduits, spécifiques au football, habituellement utilisés au haut niveau ont été choisis : un à dominante « Aérobie », l’autre à dominant « Force » et le dernier à

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dominante « Vitesse ». A la suite de l’un des 3 exercices, une opposition a été réalisée pour conclure l’entraînement. Deux types de fatigue ont été distinguées : la fatigue aiguë (à l’échelle de l’exercice ou de la séance) et la fatigue différée (le lendemain à +15 et +21h). Ces dernières ont été évaluées à partir des enregistrements de fréquence cardiaque (FC) lors d’un test sous maximal, du jeu final, des performances en contre mouvement jump (CMJ), des notations d’indices d’état, des concentrations de lactate sanguin, des données GPS et des tests de force et de souplesse. Tous les exercices ont eu lieu sur le même terrain synthétique, dans des conditions climatiques identiques (17°), humidité relative (73%), les mêmes jours (lundi et mardi) et à la même heure pour la première journée (16h45). Les séances de contrôle ont été effectuées également le même jour (mardi), mais à des heures différentes en raison des contraintes d’emploi du temps scolaires. Le groupe de préformation des Girondins de Bordeaux a été évalué le mardi après-midi à 17h45. Les deux groupes du Pôle Espoirs ont été convoqués, soit à 10h30, soit à 16h30. Les joueurs des Girondins de Bordeaux ont participé à un Cross-Country programmé dans le cadre de leur scolarité (3000m) à 14h30 le mardi après-midi, avant la séance de contrôle. Aucune séance intense n’a été en revanche programmée lors des 48 heures précédant les séances d’entraînement du lundi, afin de respecter le temps nécessaire pour la restauration des réserves en glycogène musculaire et les éventuelles conséquences sur les marqueurs, tels la FC, le lactate sanguin et les notes de perception de l’effort [31, 32].

Sujets

36 joueurs de l’élite régionale bordelaise (13,5±0,5 ans ; 56,4±0,5 kg ; 169,2±7,0 cm ; 10,8±2,1 % mg) ont pris part à cette expérimentation. Ces joueurs s’entrainent au moins 5 fois par semaine et participent à un match officiel chaque week-end. Tous les sujets ont passé une visite médicale en début de saison dans leur club et ont été informés du protocole et des objectifs de l’étude.

Aucune limite physique, problème de santé ou blessure pouvant affecter les tests ou les exercices n’ont été relevés après consultation médicale.

Échauffement

Les séances ont été précédées d’un échauffement spécifique de 14min, décliné en une course aérobie à 60% de VMA pendant 5min (test aérobie sous-maximal), des exercices d’échanges de balle, des mouvements de mobilisation articulaire et musculaire et des étirements activo-dynamiques. Leurs animations ont été confiées à 3 staffs constitués d’entraineurs et de préparateurs physiques en formation au sein de l’académie ACPAsport.

Mesure de la VMA

Les valeurs de Vitesse Maximale Aérobie (VMA) ont été renseignées par l’encadrement des Girondins de Bordeaux et celui du Pôle Espoirs. Ces dernières ont été déterminées par l’intermédiaire d’un test « Vameval », test progressif maximal, permettant la constitution de 4 groupes de niveau de VMA (14 ; 15 ; 16 ; 17 km.h-1)[33, 34].

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Jeux réduits et paramètres spécifiques

Nous avons déterminé 3 objectifs à travers nos jeux réduits, exprimés conjointement en dominante physiologique, % de la puissance musculaire maximale (PMM) des membres inférieurs et m2/joueur :

- Dominante « Aérobie » (0 à 25% de la PMM) : 65 m2/joueur Objectif : réunir beaucoup de joueurs dans peu d’espace pour limiter les sprints et les distances totales parcourues à haute et très haute intensité.

- Dominante « Vitesse » (50 à 75% de la PMM) : 186 m2/joueur Objectif : réunir peu de joueurs dans un grand espace pour favoriser les sprints, les accélérations, les décélérations et les distances totales parcourues à haute et très haute intensité.

- Dominante « Force » (75 à 100% de la PMM) : 90 m2/joueur Objectif : réunir peu de joueurs dans peu d’espace pour limiter les sprints et les distances totales parcourues à haute et très haute intensité mais favoriser les accélérations, les décélérations, les changements de direction et par conséquent les contraintes musculaires.

Jeu réduit à dominante Aérobie

Le jeu proposait une opposition à 8 vs. 8 incluant, en complément, deux gardiens de but (9 vs. 9). Un but semi-mobile de football à 7 (2,10 x 6,10m) et un but mobile de dimensions normales (2,44 x 7,32m) ont été utilisés. La dimension du terrain a été calculée sur la base de 65m2 par joueur, soit 1176m2 au total (42 x 28m). Quand la balle sortait de l’aire de jeu, la remise en jeu s’effectuait à l’endroit de la sortie. La règle du hors-jeu n’était pas prise en compte et les touches de balle limitées à 3. Le temps de jeu a été fixé à 7min par séquence (3 x 7min), avec une récupération passive entre les tiers-temps (1min). Une évolution des règles d’une séquence à l’autre a été prévue : séquence n°1 : 3 touches de balle ; séquence n°2 : Obligation de 5 passes avant d’aller marquer ; séquence n°3 : récupération du ballon uniquement sur interception (+ conservation de la règle n°2).

Jeu réduit à dominante Force

Le jeu proposait une opposition sous forme de conservation de balle à 2 vs. 2 (2 groupes de travail). Les 2 joueurs en possession du ballon avaient pour consigne de conserver le ballon le plus longtemps possible. La dimension du terrain a été calculée sur la base de 90m2 par joueur, soit 361m2 au total (19 x 19m). Quand la balle sortait de l’aire de jeu, la remise en jeu s’effectuait à l’endroit de la sortie par l’équipe qui défendait. A la perte de balle, les rôles étaient inversés. Le temps de jeu a été fixé à 1min (8 séquences de 1-2min). La récupération entre les séquences était passive.

Jeu réduit à dominante Vitesse

Le jeu proposait une opposition à 4 vs. 4 incluant en plus deux gardiens de but (5 vs. 5) avec deux buts semi-mobiles pour le football à 7 (2,10 x 6,10m). La dimension du terrain a été fixée sur la base de 186m2 par joueur, soit 1860m2 au total (60 x 31m). Les dimensions du terrain ont été légèrement modifiées par rapport au prévisionnel (+12m en longueur) afin de profiter du but semi-mobile à disposition sur le terrain.

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L’exercice consistait à opposer 2 équipes, l’une en position de défense en « bloc haut », une équipe en position offensive en « bloc bas » pour favoriser une attaque rapide. Lors des deux premières séquences, le départ se faisait par une passe en profondeur d’un joueur axial entre deux défenseurs afin de permettre un premier sprint pour tous les joueurs. Tant que la balle ne sortait pas de l’aire de jeu, la séquence se poursuivait, en étant limitée cependant à 1min afin de ne pas épuiser les joueurs. Quand la balle sortait du terrain, la séquence était terminée. La séquence suivante pouvait démarrer en inversant les rôles à chaque fois entre les deux équipes. Une évolution des règles a été fixée à la moitié des séquences, le ballon « starter » étant un dégagement du gardien en profondeur au-dessus des blocs équipes, afin de déclencher conjointement un repli défensif et une attaque rapide. Le temps de jeu a été fixé à 4min (4 séquences de 4-2min). La récupération entre les séquences était passive.

Les 3 jeux réduits étaient animés par les staffs respectifs, en insistant sur les encouragements afin de s’assurer de la meilleure implication possible de la part des joueurs.

Jeu final

Le jeu de fin de séance consistait en une opposition à 8 vs. 8 incluant en plus deux gardiens de but (9 vs. 9) avec deux buts semi-mobiles pour le football à 7 (2,10 x 6,10m). La dimension du terrain a été calculée sur la base de 166m2 par joueur, soit 3000m2 au total (60 x 50m). Le nombre de touches de balle était libre et le temps de jeu fixé à 9min.

Quantification de la Charge d’Entraînement (CE)

Les charges d’entraînement des séances ont été quantifiées en utilisant les principes de la méthode RPE basée sur l’utilisation d’une échelle de perception de l’effort (Séance-CR10) décrite par Borg [35-38]et modifiée par Foster [39]. Ce modèle a servi de référence pour valider une nouvelle méthode RPE par exercice (Exercice-CR10), qui permet une analyse de chaque exercice composant la séance [40].

Le choix d’un RPE spécifique « Neuromusculaire » (RPE NM) a été également fait, témoignant plus précisément des contraintes musculaires des membres inférieurs[41-45]. L’objectif, quantifier une CE moins influencée par les contraintes cardiorespiratoires. Le principe de notation était le suivant, répondre à la question « Comment as-tu perçu la difficulté de l’exercice (et de la séance) sur les muscles de tes jambes » (de Repos = 0 à effort maximal = 10).

Les CE des séances ont été calculées en multipliant les valeurs RPE NM renseignées par les joueurs par la durée de l’exercice (en min) : CE = durée exercice1 × CR10 Exercice1 +

durée Exercice2 × CR10 Exercice2 . . . en unités arbitraires (u.a).

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Dans la littérature, deux types de CE apparaissent, la charge interne et la charge externe. Lorsqu’un exercice est programme, ses caractéristiques sont exprimées en valeurs absolues et non de manière relative aux capacités des sujets, elles semblent constituer la « charge externe » (les contraintes imposées aux joueurs)[46-48]. Les distances parcourues, le nombre de sprints, d’accélérations et de décélérations mesurés avec GPS sont les critères sélectionnés. A l’inverse, la « charge interne » correspondrait a ce même exercice, mais en prenant en compte ses répercussions sur chacun des sujets soumis (ce que coûte l’activité aux joueurs)[49]. La charge interne est mesurée par des paramètres physiologiques ou psycho-physiologiques en réponse immédiate a l’exercice [47]. Dans notre étude, nous avons retenu la FC, la concentration du lactate sanguin, le paramètre RPE et des indices de bien-être matinaux.

Concentration de lactate sanguin

Un micro-prélèvement sanguin a été effectué à la pulpe du doigt dans les 3min suivant la fin du jeu réduit, et fut ensuite mesuré avec l’analyseur LactatePro II (référence LT1730, Arkray®, Kyoto, Japon)[50].

Enregistrement de la fréquence cardiaque

Les FC ont été enregistrées durant chaque entraînement avec des émetteurs optiques individuels codés (Polar OH1).

Caractéristiques GP

21 unités GPS Fieldwiz (Advanced Sport Instrument, 10 Hz, Lausanne, Suisse) numérotées ont été placées dans des gilets spécifiques et installées dans le dos des joueurs. La reproductibilité et la validité des données GPS du modèle Fieldwiz ont été récemment testées et présentent des résultats satisfaisants : CV pour la vitesse maximale 2,39% ; CV pour l’accélération 7,08%[51]. Les données de chaque récepteur ont été traitées de la même manière et transférées sur la plate-forme cloud de Fieldwiz (https://analyze.fieldwiz.com). Pour les hautes intensités, a été retenue la zone de vitesse 14-19 km.h-1, pour celle des très hautes intensités, la zone de vitesse 14-19 km.h-1. Ont été considérées comme sprints les courses >23 km.h-1, comme accélérations et décélérations les déplacements 2m.s-2.

Indicateurs de bien-être

Un questionnaire psycho-comportemental a été utilisé le matin et le lendemain des séances pour évaluer des indices généraux de bien-être des joueurs. Le questionnaire était composé de 4 questions pour évaluer l’état « des courbatures », « de la fatigue », « du stress » et « du sommeil »[52]. Chaque réponse correspondait à un score de 1 à 7 (tableau 2). Toutes les données matinales ont été recueillies par l’intermédiaire de la plate-forme d’optimisation de la performance « Training » by ACPAsport.

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Tableau 2 : échelle de notation des indices de bien-être d’avant séance

Tests de fonctionnalité

3 tests de fonctionnalités ont été choisis pour évaluer les facteurs de fatigue :

- un test de souplesse avait pour objectif d’identifier une éventuelle fatigue musculaire de la chaine postérieure. L’outil de mesure « Seat&Reach » a été utilisé. Le protocole prévoyait de positionner les joueurs assis au sol jambes tendues, les plantes de pieds en appui contre la box. Les joueurs avaient pour consigne, après inspiration, de déplacer le plus loin possible une règle placée au bout des doigts des mains, sur une plate-forme graduée. A partir du moment où la règle dépassait ceux des pieds, les performances se traduisaient en valeurs négatives. 3 essais ont été réalisés sans échauffement préalable. La meilleure performance a été retenue.

- un test musculaire avait pour sa part l’objectif de mesurer la force des adducteurs, complété par une appréciation de la douleur au niveau de ces muscles et de la symphyse pubienne. Un tensiomètre de la marque Holtex a été positionné, de manière verticale, entre les genoux, pour apprécier la force développée par les adducteurs, en régime concentrique. Les joueurs étaient assis au sol, en appui sur les avant-bras, jambes fléchies et plante de pieds contre plante de pieds. Ils avaient pour consigne de comprimer le tensiomètre le plus possible, en étant capables de maintenir la pression 2sec. 3 essais ont été réalisés sans échauffement préalable. La meilleure performance a été retenue.

- un test de détente verticale en contre mouvement jump (CMJ) a permis de, mesurer la puissance musculaire maximale des membres inférieurs. Ce test a été effectué grâce à l’application mobile (et tablette) « MyJump2 », avant et après la séance du lundi ainsi que le mardi pour les tests contrôles [53]. Les sauts ont été standardisés, la position des mains sur les hanches étant maintenue tout au long du saut [54]. Un essai préalable a familiarisé les joueurs avec les consignes. Une marque au sol était fixée afin de s’assurer que les sujets retombent bien au niveau de la position de départ. Si un des critères n’était pas respecté, le saut était annulé et recommencé. La hauteur maximale de saut a été retenue comme variable dépendante afin d’évaluer des possibles changements de performance liés aux intensités des jeux réduits.

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Test aérobie sous-maximal

Un test aérobie sous maximal de 6min a été réalisé en début de séance, après les tests de fonctionnalité. 4 groupes ont été constitués par niveau de VMA. La vitesse de course a été fixée à 60% selon les recommandations de Buccheit et al.. La durée du test était de 5min. La FC moyenne a été enregistrée entre la 4ième et 5ième min, ainsi que la FC à la 6ième min. Le % de chute de FC a ainsi été calculé entre cette valeur moyenne et la FC relevée à la 6ième min [55, 56].

Analyse statistique

Les analyses statistiques ont été réalisées en respectant les exigences scientifiques. Pour simplifier la lecture de ce document, nous ne présentons dans ce document que les moyennes, écarts-types, coefficient de variation (CV) et coefficient de corrélation (r) des paramètres mesurés. Le détail des résultats est cependant accessible sur demande auprès des auteurs.

Résultats

L’ensemble des résultats est présenté dans le tableau n°3 et dans les tableaux de synthèse en annexes :

Tableau 3 : Caractéristiques et effets des 3 séances Aérobie, Vitesse et Force

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Charge d’entraînement

Les CE des 3 séances sont significativement différentes, avec un coefficient d’augmentation proche entre les séances (a)-(b) et les séances (b)-(c). Les valeurs RPE NM des exercices sont également différentes.

Concentration de lactate sanguin

Les concentrations de lactate sanguin analysées à la fin des 3 jeux réduits sont significativement différentes. Celle associée à la dominante « force » présente les valeurs les plus hautes.

Indicateurs de bien-être

Les valeurs de « Fatigue » sont plus importantes à la suite des séances « Force » et « Aérobie ». Aucune différence significative n’a été observée pour les autres indicateurs.

Tests de fonctionnalité

Puissance musculaire

Aucune différence significative n’a été observée entre les tests de l’ensemble des séances.

Force des adducteurs

Des dégradations de performance significatives ont été observées entre les tests initiaux et les tests contrôles pour les séances « Force » et « Aérobie », contrairement à la séance « Vitesse ».

Souplesse membres inférieurs (Seat&Reach)

Aucune différence significative n’a été observée entre le test avant séance et celui du lendemain pour les 3 groupes de travail.

Données GPS

Les distances totales parcourues lors du premier exercice présentent des différences significatives en corrélation avec les dimensions des aires de jeu fixées. La plus importante est remarquée lors du jeu réduit à dominante « Aérobie ». Cela se vérifie également pour les distances parcourues à haute et très haute intensité, le nombre de sprints >23 km.h-1, la moyenne de vitesse et les densités de sprints. Le nombre d’accélérations et de décélérations ne présente pas de différence significative entre les jeux réduits. En revanche, les densités d’accélérations et décélérations sont supérieures lors du jeu réduit à dominante « Force », celles du jeu réduit « Vitesse » étant supérieures à celles du jeu réduit « Aérobie ».

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Fréquence cardiaque

Jeux réduits

Les valeurs de FC moyennes relevées lors du jeu réduit à dominante « Aérobie » présentent des différences significatives, en étant plus basses que les deux autres.

Jeu final

Les FC moyennes enregistrées lors du jeu final sont également plus basses après le jeu réduit à dominante « aérobie ».

Test sous-maximal

Aucune différence n’a été notée entre les différents tests, quelques soient les séances ou les horaires des séances contrôles.

Relation entre réponses physiologiques et les paramètres d’exercices

Des fortes corrélations1 ont été observées entre :

- Le RPE NM et les concentrations de lactate sanguin (r=0,78) - Le RPE NM et les densités d’accélérations (r=0,87) - Le RPE NM et les densités de décélérations (r=0,75) - La densité d’accélérations et les concentrations de lactate sanguin (r=0,83) - La densité de décélérations et les concentrations de lactate sanguin(r=0,84)

Discussion

L’objectif de notre étude était d’analyser les paramètres et les effets de 3 jeux réduits de même volume, mais d’intensité et de fréquence différentes, réalisés par de jeunes joueurs en préformation. Les deux résultats principaux de notre étude sont : - Le choix des paramètres qui conditionnent l’atteinte des objectifs physiques et physiologiques des 3 jeux réduits ont été validés - les jeux réduits à dominante « Force » et « Aérobie » ont induit un niveau de fatigue différée supérieur à la séance « Vitesse ». Les paramètres des jeux réduits conditionnent l’atteinte des objectifs physiques et physiologiques • Analyse des charges externes des jeux réduits L’ensemble de nos résultats confirment l’atteinte de nos objectifs initiaux de charge externe :

1 Corrélation entre deux ou plusieurs variables : c’est l'intensité de la liaison qui peut exister entre ces variables. Le coefficient de corrélation « r » est compris entre -1 et 1. Plus la valeur se rapproche de 1, plus le niveau de relation est important entre ces variables

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- les paramètres relevés lors du jeu réduit à dominante « Aérobie » notent l’absence de sprints, des distances parcourues à haute et très haute intensité, très peu élevées. La vitesse relative, inférieure à celle de la compétition (80m.s-1 vs. 122m.s-1), corrobore le caractère modéré de l’intensité de ce jeu. - le jeu réduit à dominante « Vitesse » a permis de réaliser 14 sprints 23km.h-1 et des distances parcourues à haute et très haute intensité les plus élevées des trois jeux. - comme prévu, le jeu à dominante « Force » n’a pas permis le moindre sprint, ni l’atteinte d’une haute vitesse relative moyenne au regard de l’espace de jeu réduit. En parallèle, les distances à haute et très haute intensité ont été nulles ou négligeables. Il est intéressant de remarquer que les trois jeux réduits ont présenté un nombre d’accélérations et de décélérations 2m.s-2 quasi équivalent. • Analyse des charges internes des jeux réduits - Les faibles concentrations de lactate sanguin relevées lors du jeu réduit « Aérobie », appuyées par des moyennes de FC, des notes RPE NM et un ratio m2/joueur inférieurs aux autres jeux (-58%), confirment son intensité modérée. Si les joueurs ont parcouru une distance totale plus importante que ceux ayant participé au jeu à dominante « Force », cela s’explique principalement par une durée totale d’exercice supérieure (21 vs. 8min). - Inversement, les jeux réduits « Vitesse » et « Force » présentent des concentrations de lactate sanguin, respectivement élevées et très élevées (9mmol.l-1), témoignant d’une forte contribution du métabolisme anaérobie. Leur temps de travail, de récupération et nombre de séquences (respectivement 16 vs. 8min) expliquent les différences entre les densités d’accélérations, de décélérations et les concentrations de lactate sanguin (du simple au double). Le jeu « Force » est donc plus sollicitant sur le plan musculaire, avec une récupération entre ces efforts spécifiques deux fois moins importante, résultat corroboré par un RPE NM supérieur de près de 50%.

Nos résultats confirment la pertinence du RPE NM, de par ses très fortes corrélations avec les différents paramètres de charge interne (Lactatémie) et externe (densités d’accélérations et de décélérations). Ceci est une avancée remarquable pour tout entraîneur désirant piloter ses entraînements avec une plus grande précision. Le jeu « Vitesse » a permis plus de distances couvertes à haute et très haute intensité, ce qui explique au final des FC moyennes très proches du jeu réduit à dominante « Force ».

• Paramètres complémentaires - il convient de rappeler que les règles, les consignes,

le type d’animation, les conditions environnementales et le type de surface de jeu peuvent influencer grandement les charges interne et externe cibles [22, 26, 57-59]. Ceci amène à la prudence face aux études qui affirment, à tort, qu’avec tels paramètres on atteint avec certitude tel ou tel objectif physique et/ou physiologique. A titre d’exemple, les CE de deux séances d’entraînement identiques, réalisées dans le nord ou le sud de la France, avec des écarts de température de 10° et des conditions de pratique opposées (terrain boueux vs. terrain en herbe de qualité), seront certainement bien différentes. En ce qui concerne l’animation d’un jeu ou d’une séance, il a été démontré que cette dernière avait une très grande influence sur l’intensité que les joueurs étaient capables de maintenir lors des exercices [26, 29, 60].

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• Suivi longitudinal - Une des difficultés pour les entraineurs dans la programmation de leurs exercices, concerne l’heterogeneite des capacités des joueurs face aux CE, qui peut amener a de fortes différences de CE interne malgre une CE externe identique. Le contrôle de la charge interne ne peut s’opérer dans ces situations d’entrainement qu’à posteriori, ce qui conduit les techniciens a individualiser et réajuster en permanence les séances [47]. Le suivi des facteurs de fatigue a l’aide de l’analyse de la FC de repos, d’un test de course sous maximal ou des questionnaires de bien-être permet d’apprécier l’état de fatigue lie a ces adaptations [52, 61]. Pour des raisons d’individualisation des mesures et des programmes, la quantification de la CE interne semble digne d’intérêt lorsqu’il s’agit d’analyser les effets d’un exercice ou d’un programme. Fatigue différée : Impact de la densité des accélérations, décélérations et des programmes sportifs scolaires

Indicateurs de bien-être – Ces indicateurs sont souvent cités comme pertinents pour témoigner de l’impact physio-psychologique lié aux séances d’entraînement en début de saison [62]. Lors de notre expérimentation, une fatigue s’est exprimée le lendemain des séances « Force » et « Aérobie », contrairement aux autres indicateurs (stress, sommeil, courbature). Si les contraintes athlétiques du jeu réduit « Force » peuvent expliquer cet état de fatigue général, il est plus surprenant de constater le même effet après l’exercice « Aérobie ». Tout porte à croire que la session de Cross-Country réalisée par l’ensemble des joueurs de ce groupe quelques heures avant les tests contrôle a eu une grande influence sur l’état de fatigue des joueurs. D’une manière plus générale, les CE des séances d’entraînement effectuées par des sportifs adultes semblent insuffisantes pour que cela se répercute sur les indices de « courbatures » et « sommeil » [63]. Seules les charges de compétition amèneraient à constater des différences significatives entre les valeurs d’avant et d’après match [64]. Ce constat amène à penser que les jeunes joueurs sont peut-être plus sensibles aux exercices et séances qui intègrent des efforts à hautes intensités, indépendamment du volume total de la CE [65].

• Tests CMJ - Des travaux de recherche de 2018 ont suggéré que le type de fatigue, aiguë ou différée, pouvait être induit par l’intensité neuromusculaire des efforts [66]. Les résultats de cette étude, qui propose un protocole proche du notre avec des joueurs majeurs en formation (U20), ne montraient aucun changement de performance en CMJ, entre des tests avant et après séances, ces dernières étant constituées d’exercices à haute et très haute intensité. Par contre, à + 15h, des baisses de performances étaient notables pour les joueurs ayant participé à des exercices de répétitions de sprints et de courses intermittentes réalisées à 100% de VMA. Dans notre étude, les tests CMJ de fin de séances, suite aux dominantes « Force » et « Vitesse » de très hautes intensités, ne montrent aucun changement de performance. Les tests contrôles réalisés à + 15h et + 21h après ces dernières ne témoignent en effet d’aucune différence significative par rapport à la veille, contrairement à l’étude précitée. Cela pourrait s’expliquer par le fait que les sujets de notre étude n’ont réalisé au final que 14 sprints (contre 21 dans l’étude de référence), et/ou par le fait que nos sujets, seulement âgés de 13 à 14 ans, présenteraient des masses musculaires moins développées que leurs ainés et par conséquent peut-être moins sensibles à certains types de fatigue musculaire.

• Densité des accélérations et des décélérations et perte de force au niveau des

adducteurs - Une baisse de puissance musculaire a été mesurée lors d’un test de force des adducteurs réalisé le lendemain des séances « Aérobie » et « Force ». La fatigue générale ressentie le lendemain de la séance « Force » pourrait être le témoin d’une fatigue

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musculaire, sans courbature, liée à la forte densité des accélérations et de décélérations de ce jeu réduit, significativement supérieures aux deux autres. Le coût énergétique, biomécanique et musculaire pourrait être étroitement lié à ces deux ratios, couplé aux multiples changements de direction de cette forme jouée. Les tests de force des adducteurs confirmeraient cette hypothèse, affichant des baisses de performance significatives à + 21h. Ce qui est plus surprenant en revanche, ce sont les baisses de puissance des adducteurs, couplées à un indice de fatigue élevé à + 21h après la séance « Aérobie ». En effet, les données GPS n’ont enregistré aucun sprint lors de la séance, permettant des densités d’accélérations et de décélérations très faibles, ainsi que des distances parcourues à haut et très haute intensités limitées. Si notre hypothèse est juste, elle démontrerait qu’il est indispensable d’harmoniser les contenus d’entraînement en club avec les contenus des activités sportives scolaires.

• Impacts des CE des jeux réduits sur le jeu final - Nous pouvons constater une corrélation étroite entre les CE et les FC enregistrées lors de cette opposition à 9 vs. 9. En effet, les FC moyennes les plus basses ont été observées chez les joueurs présentant les CE les moins élevées lors de la séance « Aérobie ». Les joueurs n’ont pas effectué d’effort de sprint et peu de distances à haute et très haute intensité lors de ce jeu réduit. Si le nombre d’accélérations et de décélérations a été identique aux autres jeux réduits, leurs densités respectives ont été faibles. Des réponses cardiaques inférieures aux autres témoignent d’un état de fraicheur supérieur aux deux autres groupes.

Limites de l’étude

Trois limites principales liées à notre étude peuvent être évoquées :

La première, le temps imparti à notre expérimentation. Ayant eu l’opportunité de travailler avec un groupe de préformation d’un club de ligue 1, nous avons dû intégrer le temps nécessaire aux déplacements des joueurs entre leur structure d’entraînement et notre théâtre opérationnel, ainsi que les contraintes de temps liées aux heures de repas du soir. Ainsi, pour optimiser le temps à notre disposition, le nombre de répétitions des tests de CMJ a dû être limité, tout comme le temps de l’opposition de fin de séance réduit à 9min, pour une durée de séance totale de 50min. Dans ces conditions, les CE n’ont certainement pas été suffisantes pour mettre en lumière des différences de performances plus importantes que celles déjà constatées.

Ensuite, la non-maîtrise, à notre niveau, des programmes sportifs scolaires. Dans l’obligation de participer à une épreuve de course, les joueurs des Girondins de Bordeaux ont semblé fatigués par les effets d’un Cross-Country réalisé 1h30 avant les tests contrôles du deuxième jour. Pour respecter parfaitement le cadre scientifique de notre protocole, et être en mesure de comparer toutes les séances sur un même pied d’égalité, l’idéal aurait été que les joueurs se présentent reposés avant les tests. Malgré tout, cette limite a été riche d’enseignement, mettant en avant l’influence probable d’un programme sportif scolaire sur la capacité de performance de jeunes joueurs, programme(s)pas toujours connu(s) de l’encadrement.

Enfin, les valeurs de FC n’ont pu être présentées en % de la FCmax, données non renseignées par les entraîneurs, ce qui limite inévitablement les comparaisons entre les groupes.

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Applications pratiques

L’analyse de nos résultats représente de nouvelles informations pour les entraîneurs :

- Les jeux réduits confrontant un nombre de joueurs limité, dans peu d’espace peuvent engager de fortes densités d’accélérations et de décélérations, s’ils sont associés à des ratios « travail-récupération » adaptés. Dans ces cas précis, ces jeux réduits peuvent induire une fatigue générale et musculaire localisée au niveau des adducteurs. - Le paramètre de Volume conditionne moins les effets des exercices et des séances

que le paramètre d’Intensité RPE NM pour identifier le type de fatigue. En effet, nous avons démontré que ce dernier était un indicateur précis pour calculer les CE spécifiques au football, de par ses fortes corrélations avec les paramètres de densité des accélérations et décélérations. Il pourrait permettre ainsi de déterminer plus précisément les délais de récupération associés aux différents exercices.

- Il semble conseillé de prévoir une récupération de 24 à 48 heures après un jeu

réduit à dominante « Force », pour permettre aux muscles adducteurs de retrouver leur niveau de force initial, avant d’être de nouveau sollicités par d’autres formes d’exercices.

- Nous avons enfin démontré que les programmes sportifs scolaires méritent d’être

intégrés dans les stratégies de programmation d’entraînements hebdomadaires des clubs. Les baisses de performance des joueurs sont réelles après ces derniers, avec le risque potentiel de fatigue et de blessures.

Les prochaines études devraient porter sur l’estimation précise de ces délais de récupération.

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Annexe 1 : Tableaux de synthèse de chaque jeu réduit

Tableau 1 : synthèse des paramètres mesurés lors du jeu réduit à dominante « Aérobie »

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Tableau 2 : synthèse des paramètres mesurés lors du jeu réduit à dominante « Vitesse »

Tableau 3 : synthèse des paramètres mesurés lors du jeu réduit à dominante « Force »

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Annexe 2 : illustrations des jeux réduits

Jeu réduit « Aérobie »

Jeu réduit « Vitesse »

Jeu réduit « Force »

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Annexe 3 : Mesures biométriques détaillées

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