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16 Actualités Coup de projecteur sur RTE, ICF et l’UFR Rouen Dossier Alteroffice Chapitre 1: Digital et modes de travail Métiers Delphine Blein, Vincent Duret, Clément Bonnet, Laurent Poncet Mais aussi : Actus, Portrait, Culture Avril 2018

Métiers - Patriarche · Ce projet immobilier visait à regrouper sur un seul site les 530 salariés de RTE Ouest travaillant à Nantes sur un terrain de 22.000 m2 à La Chapelle-sur-Erdre

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Avril 2018

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ÉDITO

PAR DAMIEN PATRIARCHE

Les mutations du travail et de notre rapport au travail s’accélèrent drastiquement sous l’effet conjoint et hégémonique des innovations technologiques et de l’évolution sociologique et générationnelle du rôle

du travail dans le positionnement social et communautaire.Le travail s’immisce dans la sphère privée, se fragmente, se dématérialise, se nomadise et fait émerger une nouvelle économie du partage. La technologie et l’espace sont les outils principaux de ces mutations, fluidifient les activités jusqu’à les rendre plus faciles, séduisantes et ubiquitaires.

Qu’elles soient alarmistes, salvatrices ou mystiques, les mutations futures et possibles du travail sont autant de possibilités qui donnent l’occasion d’inventer de nouvelles organisations sociales, de nouveaux outils et de nouveaux lieux de travail -les « Alter-office ». Que sera l’entreprise du futur ? Quelles nouvelles organisations du travail émergeront ? Comment les individus se repositionneront ils dans cette nouvelle géométrie du travail ? Quelles conséquences pour les concepteurs sur la production de formes / d’espaces / de services adaptés à ces nouveaux besoins ?

Dans ce maelström puissant et engagé, la démarche de recherche sur le thème « d’Alteroffice » est une exploration modeste structurée en quatre chapitres, qui tend à mieux comprendre les mutations à l’œuvre dans nos modes de travail et à esquisser les fins ou alternatives possibles. La synthèse de ce premier chapitre centré sur l’impact du digital dans l’évolution de nos pratiques et espaces de travail explore tantôt de manière distanciée l’évolution des pratiques de management des entreprises, l’expérience utilisateur ou le mouvement « smart » et tantôt par le recueil d’expériences concrètes l’évolution culturelle à mettre en œuvre dans le processus de conception architecturale et les impacts du nomadisme sur l’individu connecté, la géographie des lieux de travail et notre rapport à l’entreprise de demain.

Il en ressort un besoin urgent de faire évoluer de nos métiers vers une posture plus hybride d’observateur, de stratège, de concepteur, et de programmiste… pour mieux stimuler et répondre aux attentes des utilisateurs finaux.

LE MAGAZINE EST DE RETOUR

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TITRE

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ÉDITO & SOMMAIRE • ID-CARD •

ACTUS •

DOSSIER •

Alteroffice

Architecture, digital et renouveau du management : une nouvelle frontière pour l’entreprise ?

Numérique et nomadisme au travail

Architecture ou design des espaces tertiaires ? L’UX comme nouveaufil conducteur

Smart is the New Deal

Interview Yann Costes et Baptiste Gey

MÉTIER • PORTRAIT •

S O M M A I R E

32SORTIES •

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TITRE

Réhabilitation et extension d’un bâtiment universitaire pour affectation à l’UFR de Sciences et Techniques du campus de Mont-Saint-Aignan, un beau défi d’architecture et d’ingénierie.

Construits entre 1959 et 1963, les locaux de l’UFR Blondel sur le campus de Mont-Saint-Aignan à Rouen méritaient une modernisation importante. L’enjeu du projet était de réorganiser les circulations au sein du bâtiment, d’améliorer la performance énergétique du bâtiment et de réhabiliter les 18 000 m2 de locaux et les façades pour rendre le tout plus fonctionnel. Après désamiantage, la transformation de cette barre monumentale de 5 niveaux, accrochée à un bâti arrière en peignes, passait par la réorganisation de la distribution verticale et des circulations entre les zones publiques d’enseignement et les zones privées de recherche.

Maître d’ouvrage : Rectorat de l’Académie de Rouen

Superficie : 18 600 m²

Livraison : 2015

ID C

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UFR ROUEN

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Maître d’ouvrage : Rectorat de l’Académie de Rouen

Superficie : 18 600 m²

Livraison : 2015

ID-CARD

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ID-CARD

RTE Maître d’ouvrage : RTE (Réseau de Transport d’Electricité)

Superficie : 10 859 m²

Livraison : 2016

Conception réalisation de bureaux et espaces de restauration pour RTE Ouest, un nouveau siège à l’image d’une entreprise dynamique.

Ce projet immobilier visait à regrouper sur un seul site les 530 salariés de RTE Ouest travaillant à Nantes sur un terrain de 22.000 m2 à La Chapelle-sur-Erdre.

Conçu en conception-réalisation avec Bouygues Bâtiment Grand Ouest, Patriarche. et le cuisiniste Spooms, il s’agissait de construire deux bâtiments supplémentaires sur le site dit Gesvrine, positionnés à côté du bâtiment actuel, au niveau du parking existant, pour une surface totale de 10.900 m2.

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TITRE

52 logements familiaux, une résidence étudiante de 100 logements et 1 logement de fonction, c’est le programme de ce bâtiment livré à l’été 2017à Saint-Germain-en-Laye.

Le projet se situe en lisière de forêt et à proximité directe d’axes de transports importants. Le bâtiment est un marqueur et un point d’accroche pour l’entrée de la ville. Le programme est composé d’une résidence

étudiante de 100 logements et de 50 logements familiaux, abrités par cette forme ovoïde valorisée par des bow-windows habités. Un large dégagement, au rez-de-chaussée, dans la direction est-ouest, relie les abords et le centre, laissant le regard filer vers la forêt. Ce porche bardé de bois, donne accès au cœur du projet où l’on découvre, un jardin intérieur conçu comme une clairière, véritable espace de rencontre, mais aussi d’intimité, du projet.

ICF Maître d’ouvrage : ICF la Sablière

Superficie : 6 480 m²

Livraison : 2017

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VISITE DE L’HÔTEL EKLO À LILLEPatriarche et Eklo ont eu le plaisir d’accueillir une délégation du CNOUS le 2 février dernier pour une découverte de ce concept d’hôtel éco-responsable et de son principe constructif modulaire.La visite s’est terminée autour d’une bonne pizza au sein de l’espace de convivialité de l’hôtel.

CLASSEMENT DES ARCHITECTES D’AComme chaque année le magazine D’A édite un classement par chiffre d’affaires des agences françaises, pour l’année 2016, Patriarche est classée 15ème.

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TITRE

Actu

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BOOK 2018Un ouvrage de 164 pages broché pour découvrir une sélection de projets d’architecture, d’urbanisme et les concepts de l’agence.

CHRISTMAS SESSION 2017Cette soirée dédiée à faire le bilan des actions du semestre dans une ambiance festive a été l’occasion de révéler le gagnant du défi de la journée solidarité. Ce workshop réalisé en interne avait pour objectif de faire émerger un projet d’action solidaire et écologique.

Actus

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ACTUS

Lancement de la phase Pro pour le projet de Résidence pour étudiants et services au sein de l’écoquartier Bouchayer-Viallet.Notre projet répond aux enjeux environnementaux et de mixité de ce nouveau quartier d’entrée de ville de 14 hectares, à Grenoble.

Le socle de la résidence, largement vitré sur la rue, offrira des services partagés ainsi que des espaces récréatifs aux étudiants, participant à l’animation de la rue des Arts et Métiers. Le bâtiment animera ainsi le quartier en s’ouvrant sur lui.

LE NÉON

L’agence a remporté le concours lancé par le diocèse de Meaux pour la création d’un ensemble culturel composé d'une église, d’un sanctuaire, d’un centre paroissial de logements sociaux au cœur de la ville de Chelles (Seine-et-Marne).À la frontière du site historique de l’ancienne abbaye, la nouvelle église de Chelles est un projet urbain qui se doit de faire le lien. Il rassemble les cultures, les populations et les générations en son sein, autour d’un dialogue spirituel entre l’architecture, l’histoire et la croyance.

THERMES DE ST-GERVAISSurface : 4 481 m²Démarrage chantier : Octobre 2017Livraison : juillet 2018Lieu : Saint-Gervais (Haute-Savoie)

En novembre 2016, L’Oréal rachète les thermes de Saint-Gervais Mont-Blanc et la licence de la marque cosmétique éponyme, 100% à base d’eau thermale. Ce bâtiment datant du début des années 1990 fait aujourd’hui l’objet d’un programme de rénovation qui porte sur la mise en conformité et la reconfiguration de certains locaux. L’objectif est aussi de redonner une image cohérente et en adéquation avecla marque en dessinant des lignes sobres et élégantes.Le chantier a lieu en site occupé et les travaux sont réalisésen plusieurs phases par zone.

USINE SIMONDLa phase d’appel d’offres a démarré pour l’usine de l’entreprise Simond, qui développe et fabrique du matériel de montagne depuis plus de 150 ans dans la vallée de Chamonix. Le programme se compose d’ateliers de fabrication ainsi que d’espaces de travail pour les équipes de développement, de recherche et de diffusion des produits. La nouvelle construction intègre les fonctions dans une forme qui s’adapte à son environnement. La peau métallique de la coque supérieure capte les multiples échos du ciel et de la montagne. Les panneaux de métal micro-perforés, se poursuivant en toiture, offrent quant à eux une alternance de plein et de transparence variant selon les heures de la journée et selon les angles des rayonnements solaires et artificiels.

Actus

PROJET CULTUREL SAINTE-BATHILDE

Projets

Surface : 4 000 m²Démarrage chantier : Sep. 2019Livraison : Mars 2021Lieu : Chelles

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TITRE

Laboratoire des pratiques émergentes (LPE) Par Patriarche & Hank

C’est pour répondre plus efficacement aux enjeux croissants, complexes et rapides posés par l’évolution des attentes et usages de la ville et des bâtiments, que Patriarche et Hank se sont dotés d’un laboratoire des pratiques émergentes (LPE). Ce think-tank, structure miroir de l’agence d’architecture, d’urbanisme et d’ingénierie, permet de bousculer les pratiques et réflexes établis dans le domaine conservateur de l’architecture, de mettre en perspective et exploiter les connaissances transdisciplinaires et de renforcer un écosystème d’acteurs et partenaires réunis par la conviction qu’il faut prendre des risques pour innover. Le LPE est à la fois un outil de veille prospective, d’identification des nouvelles tendances et signaux faibles, mais également une plateforme ouverte pour développer et prototyper de nouvelles approches, méthodologies, concepts et idées.  

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DOSSIER : ALTEROFFICE

Les théories de l’organisation comme les courants architecturaux, les tendances de mode ou de design suivent des cycles. L’analyse historique des modèles ou des théories de l’organisation montre des phases d’allers-retours entre des conceptions technicistes des organisations et des conceptions plus humanistes ou comportementalistes.

Au début du XX°, le fordisme et le taylorisme ont mis en place une organisation scientifique du travail, le spectaculaire « travail à la chaîne » et une architecture rationalisée et « linéarisée ». Face aux excès de cette organisation, le besoin s’est progressivement fait sentir de réfléchir aux motivations de l’individu, quelle que soit sa place dans la hiérarchie, et de faire évoluer progressivement ces modèles.

Dès les années 1930, l’influence de l’Ecole des relations humaines remet l’humain au centre de l’organisation et fait émerger l’ergonomie et le développement d’espaces de vie au sein de l’entreprise. A partir des années 50, l’émergence d’entreprises mondialisées et l’accélération des évolutions techniques et technologiques ont marqué le retour des théories « rationalistes » (école néoclassique ou toyotisme

principalement) qui remettent le process, la hiérarchie, etc. au cœur du système de pensée spatiale.

L’architecture des espaces de travail est utilisée comme un outil de cette rationalisation et comme un totem démonstrateur – marketing - de la puissance des entreprises. C’est l’ère de la standardisation des espaces (hauteur de plafond, trame de bureau, mobilier), et de la spécialisation spatiale au sein de quartiers d’affaires ou de campus dédiés, où les fonctions sont définies et isolées les unes des autres. Aujourd’hui, la plupart des entreprises sont toujours pilotées selon des modèles traditionnels de management et hébergées dans des bâtiments issus de ce courant, mais la généralisation des pratiques digitales remet progressivement en question ces modèles vieillissants.

Dans ce contexte, plusieurs questions méritent d’être posées : quel est l’impact managérial et architectural de la révolution digitale sur l’offre immobilière actuelle ? Pourquoi les évolutions des modes de travail et de management font émerger des besoins que la réponse architecturale peine à satisfaire ?

Architecture, Digital et renouveau du Management : Une nouvelle frontière pour l’entreprise ?

ALTEROFFICEDossier:

Chapitre 1 : le numérique au cœur des transformations des modes de travail

Alter-officeAlter-

différent,faire différemment,modifier, disrupter qui peut préfigurer

office [anglicisme]tous les types d’espaces nécessaires pour l’exercice d’une activité professionnelle

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La généralisation des outils digitaux (cloud, 4/5G, technologies de l’échange…) bouleverse, d’une part, le rapport entre le marché immobilier et les besoins des entreprises. Dans le domaine tertiaire et l’économie créative, les entrepreneurs deviennent en quelques mois des challengeurs d’entreprises mondiales. Ils attendent de leurs sites d’intégrer des modes de fonctionnement plus souples et réactifs dans une logique de performance, à la manière des start-ups qui révolutionnent les modèles économiques dans beaucoup de domaines d’activité. La notion d’utilisateur prévaut sur la notion de propriétaire. Le bâtiment n’a de sens que s’il est capable de se reconfigurer tous les deux ans pour répondre aux usages émergents de nouveaux modes de travail, bien loin des processus « normaux » de conception et d’amortissement immobilier. Pour faire face à cette mutation, l’architecture déployée tend à être de plus en plus générique, voire informe, au nom de la flexibilité, laissant une place croissante à l’architecture d’intérieur et au space planning pour recréer des ambiances de garages, lofts ou halle industrielle, qui au-delà de l’effet de mode permettent ces évolutions.

D’autre part, le numérique accélère, rend plus facile et fluidifie les relations au sein d’un organisme. Il fait émerger des communautés d’acteurs réunis au sein d’une entreprise ou hors entreprise autour d’un but ou d’un projet commun. La flexibilité, le dialogue, la capacité de création, le bien-être au travail sont au cœur des besoins exprimés par les entreprises dans la refonte de leurs espaces de travail. Plusieurs théories du management et de l’organisation ont formalisé ces notions dans des modèles comme « l’entreprise libérée », le « lean management », « l’halocratie ou équipes autonomes », ou encore « monozukuri et hitozukuri ». Elles recouvrent toutes différentes réalités mais donnent à voir des besoins communs. Pour les entreprises, il s’agit de booster la performance par l’intelligence collective, d’innover en boucles rapides (« time to market ») pour s’adapter aux besoins du marché, de mieux connecter la recherche et développement et le marketing, de valoriser les « talents » en répondant à leur quête de sens, et de décloisonner ou horizontaliser la structure organisationnelle pour favoriser les organisations par projet ou par résultat et optimiser les circuits de décision.

Les « travailleurs », quant à eux, expriment la volonté de trouver davantage de sens et d’épanouissement au travail par un gain d’autonomie, une liberté d’agir et d’organiser leur temps de travail de manière plus souple et fragmentée (présence physique vs. télétravail ou nomadisme). Pour la génération Y ou Z, leur espace de travail doit de plus en plus leur offrir un stimuli, une expérience socialement porteuse de sens plutôt que de s’affirmer comme le marqueur d’un statut social ou professionnel.Enfin, ces considérations ne sont rendues possibles qu’avec un développement accru des outils numériques et des réseaux qui

les diffusent au sein d’un bâtiment, d’un îlot ou d’un quartier. Ces derniers sont eux aussi à l’aune de révolutions rapides et difficilement prédictibles. La mobilité des postes de travail incite à faire disparaître le filaire mais ainsi à rendre plus complexe la connexion « sans-fil » ; la collecte et l’exploitation des données d’usages internes aux bâtiments pour optimiser le travail en équipe reste difficile ; les outils numériques ne garantissent pas toujours une bonne interopérabilité, un confort d’usage ou une continuité de services efficace.

Cette combinaison d’attentes et de facteurs fait émerger des nouvelles perspectives que l’architecture doit saisir et investiguer pour retrouver une place constructive dans la fabrication d’espaces de travail innovants. Trois axes principaux nous paraissent essentiels à creuser.

1. La fin généralisée du bureau fermé au profit du flex-office s’accélère drastiquement sans que des nouveaux modèles d’organisation spatiale n’aient réellement émergés. Pour ce faire, le rapport entre stress psychologique (perte d’un lieu fixe, de repères) du travailleur, affirmation d’espaces collectifs, du mobilier et mise en scène d’ambiances intérieures et extérieures (rapport au paysage) doit être particulièrement considéré.

2. La diversification de l’offre d’espaces de travail archétypaux doit être placée au cœur de chaque projet nouveau d’espaces de travail. Quatre typologies doivent-être systématiquement intégrées pour offrir à l’usager l’opportunité de les fréquenter dans une journée au gré de ses besoins : • « Openoffice », lieu d’hyperconnexion et d’échanges virtuels ; • le « Socialoffice », plateau projet partagé avec une équipe dédiée ; • le « Slow-office », espace de déconnexion technologique et de ¶concentration individuelle ; • le « No-office », lieu non conçu initialement pour travailler, mais

détourné ponctuellement pour la recherche d’un stimuli ou de rencontres fortuites.

3. L’intégration d’espaces de créativité ou de « plateformes » pour réunir et faire phosphorer des équipes pluridisciplinaires et pluriculturelles, voire même d’accueillir d’autres entreprises ou experts dans une logique d’incubateur, de start-up. Là encore, des réflexions approfondies doivent être menées à une échelle urbaine pour bien localiser ces fonctions programmatiques dans un projet et s’assurer que le contexte puisse les valoriser pleinement, mais également à une échelle plus fine de « management visuel » (Obeya) avec ses outils : salles de réunions debout, espaces de pilotage collectifs, etc.

PAR ROSE MEGARDMerci à Yann Costes de Newquest et Julien Phélip de Cellance

DOSSIER : ALTEROFFICE

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DOSSIER : ALTEROFFICE

Chronologie comparée des évolutions technologiques, des théories économiques et d’organisation du travail et de leurs impacts sur les grands courants architecturaux

Flex-office, espace pilote en entreprise avec évaluation continue des gains de productivité et de l’impact socio-comportemental chez les salariés.

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La société contemporaine se digitalise de plus en plus et génère une nouvelle génération de travailleurs nomades, capables d’interagir avec plusieurs communautés, en permanence avec le monde entier, depuis leur domicile, leur lieu de villégiature, dans les transports comme depuis une île déserte. Cette montée en puissance du nomadisme bouleverse le rapport de l’Homme à l’entreprise entraînant de fait une obsolescence du modèle traditionnel de ses valeurs, traditionnellement incarnées dans un lieu physique. Pour autant, malgré cette transformation, la création de valeur dans l’entreprise repose(ra) toujours sur la capacité à provoquer des interactions entre les gens et donc sur la nécessité de remettre de la convivialité, de l’échange, de la rencontre et du confort au servicede la performance individuelle et collective.

Loïc et Benjamin, deux « hypernomades » au quotidien s’interrogent et partagent leur vision des enjeux pour valoriser le nomadisme commeun atout pour l’entreprise et les territoires de demain :

Comment redonner un sens nouveau aux entreprises peuplées de digital nomads ? Comment développer des solutions centrées sur l’utilisateur en dépassant les outils et technologies pour recréer des écosystèmes fertiles et performants ? Comment le territoire et les métropoles doivent-elles passer de la « smart city » à la « UserFriendlyCity » (UFC) ?

#ToujoursConnecté - Une offre de solutions à la mobilité qui devient pléthorique et illisible

La barrière technologique est désormais dépassée : chacun peut disposer aujourd’hui à des coûts compétitifs d’outils de mobilité (smartphone, tablette, …) et de solutions lui permettant d’interagir en temps réel sur des projets communs quelle que soit sa localisation (skype, trello, slack, …). L’offre immobilière s’adapte avec retard à ses nouvelles pratiques de travail et la généralisation du « flex-office » en est une illustration probante. Le digital permet même une transition accélérée d’une logique de stock et de « propriété » - de ses bureaux, ses salariés…- à une logique de flux, de consommation, d’usagers d’espaces de travail, de talents, etc.

Pour un travailleur nomade, son « offre immobilière » est en pleine « disruption », tout devient espace de travail et lieu de vie. Les concepts et les produits s’accumulent : coworking, desk-sharing, flex-office, incubateur, fablab, coworking dans les hubs de mobilité… Le logement devient de plus en plus souvent le premier et/ou le dernier espace de travail dans la journée, sans que ses caractéristiques n’aient drastiquement évoluées.Dans cette offre pléthorique et illisible, où est l’utilisateur et comment fait-il pour se repérer ? Il est globalement perdu ! Tout comme l’entreprise d’ailleurs. Comment doit-elle s’y prendre pour attirer et garder ses talents et assurer ainsi sa pérennité ?

#DroitALaDeconnexion - L’utilisateur et ses paradoxes.

Le numérique est porteur d’une culture de l’instantané dont l’utilisateur est simultanément générateur et victime. Il court en permanence après le temps, pour faire plus, plus vite, partout. Ses outils rendent son nomadisme plus confortable et permettent de travailler de partout, y compris en ayant l’impression d’être en « vacances » - car hors du cadre « normé d’une entreprise traditionnelle ». Le brouillage de plus en plus marqué entre la sphère privée et professionnelle pose la question de l’équilibre que chaque individu est capable de définir pour préserver un équilibre de vie et éviter les écueils de cette surstimulation (avec risque de burn out).Et mon droit à la déconnexion ? Paradoxalement, en France, les managers n’incitent pas forcément leurs salariés à être connectés en permanence, mais ne leur autorisent pas vraiment le droit à la déconnexion. De la même manière, le jugement de la productivité et de la performance des salariés passent encore beaucoup par la sphère présentielle, difficile à évaluer dans le cas d’un nomade. L’instauration d’un pacte de confiance et de respect des impératifs de production et de vie personnelle est le seul rapport de gouvernance à établir désormais entre le manager et son salarié nomade.

Hypernomadisme ou le risque de l’île sociale ?

DOSSIER : ALTEROFFICE

Dans 5 ans, votre bureau pourrait tenir dans un sac à dos, un pop-up office déployable en tout lieu et capable de répondre à tous vos besoins. (Extrait - The Fast Company, Adele Peters, 16.11.2017)

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#TousNomades – Un nomadisme comme norme qui pose des questions sur la performance à long terme des organisations

L’entreprise moderne doit être plus flexible. Ce mantra désormais généralisé pose la question en creux de la capacité du collaborateur à trouver sa place, tant humainement que physiquement dans l’organisation sachant que sa présence peut y être ponctuelle, voir sporadique. Dans ce contexte d’émergence d’un nomadisme de masse, quel est l’avenir du groupe ou de la PME ? Y a-t-il un risque de sentiment « moins grand » d’appartenance à l’entreprise ? Les gains de performance individuelle au quotidien en mobilité sont-ils compatibles avec la création de valeur permise par un travail collectif et dans le cadre d’une culture d’entreprise porteuse de sens à moyen terme (VS modèles Uber d’indépendants sous une plateforme) ?L’architecture est capable – par nature- de proposer des espaces physiques diversifiés permettant à chacun de trouver un niveau de confort et d’appartenance (physique et symbolique) à l’entreprise – ou au projet commun. Encore faut-il comprendre finement les attentes de chacun pour éviter de galvauder et caricaturer les réponses spatiales en quelques archétypes du fun office : ambiance néo-industrielle, naturalité artificielle, espaces de jeux, survalorisation du rôle de l’architecture d’intérieure et du space planning... Encore faudrait-il également investir le champ aujourd’hui laissé aux seuls informaticiens de faire évoluer l’architecture et les fonctionnalités des espaces de travail collectifs virtuels… Tout comme l’entreprise, elle doit chercher à définir une nouvelle posture et des nouvelles réponses pour maintenir et accroître la possibilité pour les collaborateurs de se rencontrer, d’échanger et de créer ensemble dans des échanges « inter-entreprises » mais également « intra-entreprise ».

#BonSens – Repenser l’offre des territoires (virtuels) & de ceux qui les design

Si la tentation de créer l’application « magique » est bien présente, la réponse à nos yeux dépasse les algorithmes et la technologie. A la manière dont la Sncf ou les constructeurs combinent aujourd’hui les solutions de mobilité, ou Amazon révolutionne le commerce, un nouveau « Blablawork » ou « Workify » n’est pas la seule option à envisager. Evidemment, aucune solution n’est exclusive ou universelle. Pour autant, la perspective de passer en mode « CAAS – City as a service» en remettant les solutions urbaines et territoriales au cœur de l’offre innovante d’espaces de travail permettrait de faire émerger à partir des deux questions suivantes une nouvelle offre nomade plus efficace et stimulante : quel est le mix programmatique et la bonne masse critique (logement, mobilité, pôle de vie, flex-office, détente / loisirs…) pour offrir une expérience de vie / du travail réellement nouvelle ? Comment faciliter l’émergence « d’écosystèmes » qui soient à la fois attractifs pour les « communautés de talents » et sécurisés pour les opérateurs immobiliers ?Dans cette perspective, l’architecture n’a de sens que si elle se concentre sur les usages et anticipe le passage de « métro / boulot / dodo » à « e-transport / entreprise(s) 3.0 / domicile connecté ». Pour ce faire, elle doit se poser les questions suivantes : comment adapter chacun des lieux à l’utilisation qui en est réellement faite ? Faire du salon un espace de travail le jour et de convivialité le soir, de mes bureaux des lieux de calme et d’échange, des moyens / moments de transport à travailler, des espaces à la fois propices au repos et à un travail concentré… ? Comment « réenchanter » le bureau pour qu’il redonne envie aux travailleurs nomades d’y passer du temps avec leurs collègues/équipes projets ?- aménagement des espaces, choix du mobilier, domotique, événementiel … dans les lieux résolument ouverts sur la ville versus les nouveaux siègesdes GAFA en mode « ghetto » / « île sociale ».

PAR LOÏC POURCHAIRE & BENJAMIN TURGIS

DOSSIER : ALTEROFFICE

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UNICITE – Concertation citoyenne : aménager l’espace public avec la réalité virtuelle

. Un outil collaboratif d’immersion dans l’espace urbain par la médiation d’un casque de réalité virtuelle

. Les utilisateurs des lieux participent au processus du projet du lieu à rénover ou à aménager

. Un outil de dialogue entre les parties prenantes : experts urbains et experts d’usages

. Prototype construit dans le cadre d’un atelier ouvert et pluridisciplinaire

. 10 mois de prototypage collectif, porté par le living lab de la Métropole de Lyon : Erasme

. 11 jours de workshop avec 20 designers, 10 start-up, 6 directions de la Métropole de Lyon impliqués pour imaginer le prototype

Les objectifs de l’outil : renforcer la participation citoyenne concrète, acculturer les maîtres d’ouvrage / d’œuvre aux méthodes agiles et tester en direct les idées d’aménagement des espaces pour une itération rapide.Les possibilités de l’outil : les utilisateurs sont immergés dans une reconstitution virtuelle semblable à l'espace à rénover, afin qu'ils puissent tester directement les conséquences des aménagements sur leurs usages La généralisation de l’outil : Mise en situation par la Métropole de Lyon dans plusieurs sites du territoire en réaménagement.

Les utilisateurs sont présents dans l’ensemble du processus de conception pour assurer une implication jusqu’en phase de décision. Ils peuvent déplacer, modifier, supprimer ou ajouter des éléments tels que du mobilier urbain ou des espaces verts. Ils ont la possibilité de laisser des témoignages audio sous forme de retour d’expérience. Les espaces aménagés seront sauvegardés afin que les acteurs externes (ex : architecte, urbaniste...) puissent comprendre les choix qui ont été faits et en tenir compte dans la poursuite du projet.

DOSSIER : ALTEROFFICE

L’expérience utilisateur (UX) comme nouveau fil conducteur de la conception architecturale d’espaces tertiaires ?Aujourd’hui, les nouveaux bâtiments tertiaires requièrent des espaces de travail en phase avec la digitalisation des pratiques professionnelles (nomadisme, usages collaboratifs…). Ces transformations sociétales, en plein essor, sont bien souvent, mal appréhendées dans le schéma de conception classique « programme / projet », qui laisse habituellement peu de place à une production itérative des espaces.Le recours aux métiers du design et à ses process semble être une réponse émergente à ce défi. Les méthodologies du design viennent compléter celles de la maîtrise d’œuvre « classique » par sa capacité à cerner les besoins, exprimés ou non, des professionnels et à les traduire en usages concrets. La façon de penser le projet, son cahier des charges, et même le processus de conception en sortent ainsi questionnés. Si le numérique possède à priori peu d’ancrage spatial (gaine de réseau, data center, zone de couverture wifi …), il est générateur de transformation globale de nos modes de vie. Nos environnements, notamment ceux dédiés au travail, sont naturellement amenés à évoluer.Comment faire des espaces de travail en phase avec la digitalisation croissante des pratiques ? Comment rendre tangible des usages par essence dématérialisés ? Comment produire des bureaux pertinents à l’heure du Cloud ?La généralisation du wifi a fait tomber les cloisons de nombreux bureaux, pour beaucoup de métiers tertiaireson peut désormais travailler partout, sans lieu fixe. La connaissance aiguisée des circonstances est alors déterminante dans la définition des usages des lieux de travail. C’est pourquoi de plus en plus de concepteurs utilisent des techniques de l’UX (User eXperience) ou expérience utilisateur, pour cerner le plus finement possible ces nouvelles pratiques et en traduire les enjeux en termes d’espace. Née avec le développement des E-technologies et des interfaces numériques, la notion d’expérience utilisateur tend à caractériser la façon dont un site web ou une application sont perçues et ressenties par ses utilisateurs en fonction de ses qualités d’ergonomie, de navigation et de contenu. L’UX joue alors un rôle très important dans l’efficacité d’un site web, d’une application mobile et constitue avant tout un facteur de fidélisation. Dans la conception des espaces de travail, l’UX vise à attirer de nouveaux talents, fidéliser les collaborateurs tout en améliorant leur performance, proposer des conditions de travail qualitatives et des services facilitant le quotidien. Ainsi, une nouvelle génération de lieux a vu le jour comme le montre l’encadré ci-contre :

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TITRE

Halle Freyssinet, STATION F - L'hyperlieu ou l'expérience du "tout en un"

. Halle Freyssinet / 55 Boulevard Vincent Auriol, Paris 13è, FR / 2017

. Conception : SDECN (Xavier Niel, MOA) / Wilmotte et associés (Architecte, MOE) / 2B2M (Architecte des Monuments historiques, MOE)

. 3 036 stations de travail dans la zone start-up

. 34 034 m2

. Un campus de start-up :- 60 salles de réunions- 1 makerspace (Tech Lab avec

imprimantes 3D, ateliers découpe laser, workshops)

- 1 restaurant, 4 cuisines, 1 café, 1 bar- 8 espaces événementiels- 30 douches - 1 Bureau de poste- 1 Pop-up shop- Des espaces de jeux (arcade, fussball

etc.)- Des zones de passage ouvertes au

public 24/24h

. Une expérience du "tout en un" - Un hyperlieu, un bâtiment "vitrine"

WE WORK - Une expérience à la fois collective et sur mesure : confort des lieux partagés, entraide et synergie, espaces sur-mesure

. Réseau global d'espaces de travail prenant place dans des lieux réaménagés

. Plus de 100 100 membres

. 295 bureaux dans 61 villes, en France et à l'international

. Dans chaque lieu : - Des salles de réunion équipées- Des postes de travail pour les employés de

passage - Des espaces événementiels- Des salons détente - Des stations d’impression- Des cabines d'appel privées - Des espaces collaboratifs distincts

. Une expérience collective : confort, entraide, partage et synergie entre les différents coworkers Pour une "humanisation du travail" : il est proposé aux entreprises de toutes tailles de "bouleverser la journée typique de leurs employés grâce à des installations attrayantes, une communauté engagée et des avantages pour tous"

. Une expérience "sur mesure" : souplesse des espaces et adaptation aux besoins des entreprises ; un réseau de services Des bureaux répartis sur le réseau ou des locaux transitoires, des bureaux satellites, un siège social etc.

Siège d'EDMUNDS.COM - Une expérience immersive : un espace entièrement scénographié

. Santa Monica, USA / 2006-2007

. 8 360 m2

. 350 salariés

. Conception : Edmunds.com (MOA) / Studios Architecture (MOE)

. Un bâtiment conçu comme un campus urbain :

- 3 étages reliés par un escalier central- Un bureau paysager sans définition

de hiérarchie, encourageant ainsi l’interaction et le travail collaboratif : pas de bureaux individuels, y compris pour la direction

- Des espaces pour les réunions formelles et informelles, des lieux de détente

- Une salle de jeux- Une grande salle centrale, la “Great

Room”, destinée aux réunions spécifiques et aux évènements

. Une expérience immersive- Des espaces scénographiés autour de

la voiture : ‘Expressway’, ‘Main street’, ‘Parking spot’ etc. ; il s'agit de créer un mouvement, à la manière des traces lumineuses laissées la nuit par les phares des voitures.

- Des ambiances diversifiées pour travailler, créer, échanger, recruter etc.

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E-lounge, espaces de réunions informelles, bureaux sans définition de hiérarchie, espaces immersifs, hyperlieux, espaces de travail en réseau... Les lieux de travail se caractérisent aujourd’hui par une diversité typologique, tant par leur organisation humaine que par leurs espaces. L’enjeu est alors d’offrir aux collaborateurs non seulement un lieu de travail mais également une expérience, s’appuyant sur des services, de la flexibilité, des changementsde rythmes.

Si ces nouvelles typologies de lieux tendent à devenir des invariants (il n’y a plus de projets de bureau sans un incontournable espace ludique : baby-foot ou table de ping-pong, etc…), qu’en est-il du processus de conception qui a permis de les générer ? Y a-t-il de nouveaux process ? Comment sont impliqués à chaque phase concepteurs et usagers ? Le schéma classique programme / projet est-il suffisant ?

L’exemple de Blablacar est assez marquant de ces évolutions. L’entreprise à récemment installé son siège dans l’immeuble #cloud.paris rue de Richelieu au cœur de Paris (2ème arrdt). L’agencement des locaux dévolus à la start-up a été confié à Tetris, agence spécialisée en aménagement d’espaces tertiaires, sur un process « Design Build ». Adoptant une démarche «clé en main», Tetris intervient aussi bien comme conseil qu’en phase de programmation, de conception workspace, space-planning, jusqu’au suivi des travaux. L’élaboration pluridisciplinaire a permis de définir des besoins et leur transcription spatiale, avec les nécessaires aller-retour et changements d’échelle, du space-planning jusqu’aux études d’exécution. En se positionnant au-delà du schéma standard « programme puis projet », il s’agit ici de créer des espaces sur-mesure, au plus proche des besoins, dont la synthèse et la formulation sont partie intégrante de la mission du concepteur.

Cette place renforcée et revendiquée de l’usager - acteur central de l’expérience proposée - trouve également son sens dans l’utilisation de supports de réalité virtuelle et autres modélisations 3D, offrant aux utilisateurs une quasi immersion dans leur futur lieu de travail. Ont ainsi été créés : des identités spatiales propres pour chaque pôle de la start-up, de nombreux espaces de travail informels, de détente, ainsi que des lieux multifonctionnels partagés et transformables. Pour ce qui est des interfaces numériques à disposition des usagers, des passerelles avec des disciplines comme la scénographie d’exposition sont possibles : intégration de supports numériques dans un espace ou un parcours donné, définition des hiérarchies éventuelles entre les contenus accessibles, flexibilité nécessaire des lieux pour permettre une utilisation optimale des outils et limiter les impacts sur l’esthétique du projet d’architecture.

L’émergence de prestataires « tout en un » ainsi que leur prépondérance sur les projets d’aménagements tertiaires, nous amènent alors à nous interroger tant sur la place des maîtrises d’œuvre « traditionnelles » (architectes et partenaires associés) que sur les méthodes et process de conception. « Faire » un projet d’architecture ne recouvrirait pas seulement l’acte de dessiner l’espace mais aussi celui d’écrire la trame sur laquelle pourront se développer le lieu et ses usages. Dans cette perspective, le phasage du projet, la chronologie d’intervention des concepteurs se doit elle aussi d’être questionnée : il semblerait ainsi pertinent de pouvoir intervenir très en amont - dès la phase de recueil des besoins - et également de bousculer un tant soit peu l’ordonnancement des phases (de l’esquisse en passant par l’avant-projet jusqu’aux études d’exécution) au profit du développement de prototypes, de phases de test, de l’élaboration en parallèle d’éléments de détails et programmatiques. Le tout dans une démarche itérative, dans laquelle l’utilisateur est au cœur du processus.

DOSSIER : ALTEROFFICE

1974 - Un prémice de la prise en compte du bien être des collaborateurs et de l’expérience utilisateur dans la conception du Centraal Beheer Apeldoorn, Herman Hertzberger

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TITRE

PAR DELPHINE MIEL & MARIE MASSIANI

DOSSIER : ALTEROFFICE

Quoiqu’il en soit, l’émergence de nouvelles expériences sur les lieux de travail nécessitent de nouvelles approches dans le process de conception, dont la transdisciplinarité et l’excellence technologique semblent les maîtres-mots. L’UX pour les architectes est une opportunité unique de revenir aux sources du métier et la possibilité de réinventer son rôle.

Enfin, à une échelle urbaine, beaucoup de métropole voient dans la digitalisation de la société une perspective de concevoir autrement la ville. Elles démultiplient les démarches permettant au citoyen de devenir acteur du processus de production de la ville. Certaines vont même assez loin dans le prototypage de l’expérience utilisateur appliqué à la ville. Erasme, le living lab de la Métropole de Lyon a par exemple mis au point UNICITE, un dispositif de réalité virtuelle pour la participation citoyenne dans le cadre de projets urbains. L’immersion des utilisateurs dans un espace virtuel semblable à l’espace à aménager, leur permet de formuler plus efficacement leurs attentes et besoins. Ils peuvent déplacer, modifier, supprimer ou ajouter des éléments et laisser des commentaires audios localisés pour laisser une remarque

aux prochains acteurs concernés. Les espaces aménagés sont sauvegardés pour que les « acteurs traditionnels » (élus, techniciens, urbanistes, paysagistes, architectes…) puissent comprendre et éventuellement intégrer les recommandations qui leur sont faites. Par le biais de ces méthodes UX et l’outillage numérique adapté, l’architecte-urbaniste fait ici l’apprentissage d’un nouveau rôle et d’une nouvelle posture partenariale, celle « d’ensemblier de besoins » ou de « chef d’orchestre urbain ». Le premier pas d’une révolution plus profonde ?

TBWA, Los Angeles

Airbnb, Dublin

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Dans les bureaux de Linux

Tandis que les années 2000 marquent l’apogée du développement durable, la décennie suivante introduit massivement le mouvementdu “smart” (buildings / cities) dans nos vies. Les villes et leurs bâtiments, quels que soient leurs usages ou leurs programmes, se doivent désormais d’être “intelligents”. Pour minimiser leur empreinte environnementale et énergétique bien sûr, mais aussi pour stimuler les pratiques et optimiser les usages. Et idéalement, pour faire de ses utilisateurs des “consommacteurs” - mot-valise qui rend compte du brouillage recherché (consciemment ou inconsciemment) entre opérateurs et usagers-.

Si les définitions de la smart city ou du smart building ne font pas encore l’objet d’un contour précis et consensuel, on sait un certain nombre de choses sur la ville et les bâtiments intelligents. Ils reposent tout d’abord sur “l’usage intensif des Technologies de l’Information et de la Communication”, hybridées avec le monde réel et les pratiques physiques donnant naissance à une forme de “réalité augmentée” (Antoine Picon, Smart Cities. Théorie et critique d’un idéal auto-réalisateur). On sait également que leur avènement correspond à la captation par de nouveaux acteurs économiques -fournisseurs de technologies et de services (CISCO, Siemens, IBM, Eiffage Phosphore, Audi…) - du sujet de la ville et des bâtiments intelligents. On sait enfin que leur déploiement rapide correspond à une ambition à peine voilée de faire de la ville un “produit” générateur de valeur ou d’externalités commerciales. Les expérimentations de Masdar, Songdo ou Facebook et Amazon company towns en sont des exemples probants. La préparation d’un référentiel, d’une norme ou d’un label “Smart” équivalent potentiel au HQE ou BREEAM en dit long sur la volonté de généraliser rapidementle développement de ces bâtiments intelligents dans nos vies.

Si certaines innovations liées au mouvement smart imposent aux concepteurs de modifier leurs pratiques pour répondre favorablement aux nouvelles attentes des utilisateurs, d’autres paraissent plus limités ou au service d’un but étranger à toute logique architecturale (management, tracking des utilisateurs…). Leur généralisation rapide impose aux concepteurs (architectes, urbanistes, programmistes, sociologues, ingénieurs…) de revoir leur posture et de s’interroger sur leur rôle dans la construction de ce mouvement. Se posent alors deux questions fondamentales à laquelle chacun tente de répondre à sa manière : comment discerner dans ce mouvement très large les éléments

structurants et positifs à intégrer dans la manière de concevoir la ville et les bâtiments ? Et quelles sont les incidences pour les concepteurs et les usagers dans la manière de vivre ou d’utiliser leur quartier / logement / bureaux ?Pour tenter d’amorcer la discussion sur ce sujet complexe, laissons tout d’abord -et pour aujourd’hui- l’exploration de la “smart city” pour se concentrer uniquement sur les questionnements associés au “bâtiment intelligent”.

Petit retour en arrière. Deux bouleversements majeurs de nos sociétés ont rendu possible l’émergence rapide du mouvement “smart” dans le bâtiment :

Le développement et la généralisation des technologies de l’information individualisées, dont le smartphone et ses applications que chacun possède sont les emblèmes les plus visibles ; la crise conceptuelle, organisationnelle et professionnelle que traversent les acteurs “traditionnels” de la production immobilière (architectes, promoteurs, investisseurs, élus, etc…). Si le premier correspond à un mouvement conjoncturel rapide, initié en 1995 avec l’émergence des NTIC dans le monde de l’entreprise, puis dans chaque foyer ; le second témoigne plutôt de l’incapacité des concepteurs à produire, dans le même temps, toute nouvelle forme d’innovation architecturale et de rupture dans la production de nouveaux espaces de travail adaptés à l’ère du numérique. Focalisés sans doute sur la nécessité de répondre aux enjeux du développement durable dans la construction ou incapables de comprendre les modifications sociologiques de notre rapport au travail initiées par ces technologies. Le résultat est aujourd’hui assez éloquent. Les smarts buildings sont aujourd’hui initiés, coconçus et gérés par d’autres acteurs que les architectes : fournisseurs de solutions IT, développeurs informatiques, space-planners… Leur imposition dans le paysage urbain s’est faite sur un double mouvement imparable : une meilleure compréhension des évolutions du monde de l’entreprise et des salariés à l’ère du digital et une capacité à proposer des réponses systémiques efficaces dans le domaine des économies d’énergies et des services environnementaux. Un blanc-seing technico-serviciel efficace pour s’affirmer comme un acteur incontournable de la production immobilière.

“Smart” is the “New deal”.

DOSSIER : ALTEROFFICE

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TITRE

The Edge

Deux exemples d’innovations architecturales

« pionnières », génératrices de nouveaux

modes ou pratiques de travail

1904. Larkin office, Frank Lloyd Wright

1939. Johnson Wax Building, Frank Lloyd Wright

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DOSSIER : ALTEROFFICE

Pour mesurer les impacts de cette petite révolution, inutile de se plonger dans l’univers de la science-fiction ou de l’anticipation. Il suffit de se rendre à Amsterdam, au siège de Deloitte, ce bâtiment nommé “the Edge” est considéré comme le plus “smart au monde”. La journée commence à la minute où vous vous réveillez. Votre application ad hoc vous donne alors votre agenda de la journée, vous guide jusqu’à une place de parking libre, puis vous trouve un espace de travail approprié (open space, bureau debout, bulle, salle de réunion) en fonction de la tâche que vous devez exécuter et de votre “humeur détectée”. Votre smartphone devient votre unique passeport à l’intérieur du bâtiment.Où que vous soyez, l’ambiance lumineuse et la température de votre espace de travail est ajustée, là-aussi automatiquement, en fonction de vos habitudes. Vous pouvez à n’importe quel instant connaître la localisation de vos collègues pour organiser une “rencontre fortuite” à la machine à café. Des robots policiers (RoboCop) parcourent continuellement le bâtiment, et sont capables de reconnaître les éventuels intrus ou personnels non-autorisés. Le soir venu, d’autres robots nettoyeurs interviennent dans les espaces les plus utilisésdans la journée. Le tout monitoré par un système centralisé de collecte de données capable d’agir et d’optimiser le fonctionnement du bâtiment dans la durée.

The Edge est évidemment l’un des bâtiments les plus durables du monde, capable de produire plus d’énergie qu’il ne consomme, de rafraîchir le bâtiment par l’utilisation de l’aquifère, ou d’utiliser des panneaux LED spécifiques qui nécessitent tellement peu d’électricité qu’ils sont alimentés par le même câble que celui des données internet. Bref, la liste des innovations technologiques est longue. Pas moins de 28.000 capteurs sont nécessaires au bon fonctionnement de ce bâtiment le plus intelligent du monde. Le tout regroupé dans une coque architecturale très générique où la seule innovation réside dans l’installation d’un patio vitré de 15 étages qui permet de garantir que chaque poste de travail soit situé à moins de sept mètres d’un point de lumière naturelle.Forcement troublant, l’exemple de the Edge pose deux questions essentielles sur l’avènement des bâtiments intelligents et leur rôle dans les évolutions de nos pratiques de travail : jusqu’où le travailleur, l’individu, acceptera-t’il que la technologie intrusive et comportementale guide ses pas et influence ses pratiques ? L’architecture n’est-elle condamnée qu’à fournir des produits immobiliers les plus génériques possibles pour accommoder un large panel de solutions (technologiques et spatiales) intérieures formatées ?

« The Edge »

PAR THIBAULT NUGUE

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Patriarche collabore depuis deux ans avec la Start-up NewQuest pour la conception de leur nouveau siège à Chambéry. Par-delà le processus de création architecturale, les échanges réguliers entre les structures ont permis de construire une culture commune du projet et de gommer la « frontière classique » entre concepteur et utilisateur. Yann Costes, fondateur et dirigeant (NewQuest) et Baptiste Gey architecte associé (Patriarche) nous livrent un extrait de leurs échanges croisés sur l’impact du numérique dans la conception et l’usage des espaces de travail. - Extraits -

Nos deux métiers présentent des similitudes dans le processus de conception et de développement de solutions sur mesure pour des clients et des besoins différents dans chaque cas. L’exploration et le développement de solutions nouvelles sont devenues nécessaires dans chaque projet. Pensez-vous que le digital (et les NTIC en général) influence, stimule ou au contraire contraint à cette course à l’innovation, à la nouveauté ? Est-ce que l’obsolescence rapide des solutions développées ne conduit pas à s’éloigner d’un projet, d’une vraie stratégie à court et moyen termes ?

Yann Costes : Le digital et le numérique ouvrent des portes jusque-là inaccessibles. Les technologies évoluent tous les jours, mais nous avons récemment passé un cap (dans les puissances de calcul, les débits, l’IOT) sans précédent qui permet de réfléchir au bâtiment uniquement à partir de son usage, quasiment sans limites fonctionnelles ou spatiales. Le digital va même aujourd’hui au-delà des écrans et on peut rendre un bâtiment intelligent dans son usage, dans les expériences qu’il propose uniquement grâce à des facteurs extérieurs et environnementaux.

Baptiste Gey : Le numérique et les nouvelles technologies en général stimulent et augmentent le champ des possibles dans le processus de

conception architecturale. L’émergence du BIM et des outils logiciels qui peuvent communiquer entre eux pendant la conception et même ensuite, en exploitation et jusqu'à la fin du cycle de vie du bâtiment le démontre chaque jour. Sur l’enveloppe du bâtiment par exemple, les modèles numériques et le « pilotage intelligent » du bâtiment peuvent améliorer considérablement le confort thermique (protection / apports solaires, ventilation naturelle, etc) et la performance environnementale et énergétique du bâtiment. L’émergence de verres électrochromes dont la teinte varie électriquement en fonction de l’ensoleillement est un bon exemple du renouvellement continuel des solutions techniques au service de l’architecture. Mais dans ce foisonnement d’innovations, certaines sont plus structurantes ou pertinentes que d’autres. Aux architectes de garder du discernement et du « bon sens » pour faire le tri et ne pas tomber dans une « hyper technicisation » du bâtiment. Jusqu’où pensez-vous que le numérique va pénétrer nos modes de vies et notre environnement de travail ?

Y.C. : Difficile de lutter encore : le numérique est partout. De nos jours quand on conçoit un bâtiment il est tout autant important de l’alimenter en fibre qu’en eau et électricité. Dans le tertiaire, on pense un bâtiment selon ses tronçons de navigations de communication, son accès et ses usages. Ce qui ne passe plus que par le digital. C’est d’ailleurs grâce à cette technologie que les espaces de coworking explosent : plus besoin d’un bureau fixe, les téléphones sont virtuels on peut travailler n’importe où sous couverture Wifi. La donnée est accessible partout permettant le travail dans n’importe quel contexte et partout.

B.G. : Le numérique révolutionne assez profondément nos manières de travailler et de vivre en général. Grâce aux smartphones et à la 4G il a fait rentrer une partie de notre bureau dans notre logement, induisant ainsi un brouillage temporel et spatial entre la sphère privée et professionnelle. Le coworking, le nomadisme et le télétravail croissent fortement, mais

Sky(Lab) is the limitEntretien de Baptiste GEY, Architecte et Yann Costes, fondateur de l’agence digitale Newquest

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induisent dans le même temps un besoin de plus en plus fort de se réunir de partager et d’échanger dans un lieu physique ou virtuel qui reprend les codes classiques des espaces de rencontre, de réunion et d’échanges. Pour autant, la vitesse des bouleversements technologiques et informationnels rend très difficile de prévoir ou d’anticiper les évolutions et les besoins à venir autour de la généralisation du flex-office par exemple ou des espaces projets (conception – prototypage). Jusqu’où pensez-vous que l’individu va accepter cette intrusion ou cette assistance augmentée (IA) dans nos espaces de travail ? Peut-on mieux accompagner les « excès » de cette sur-connexion ?

Y.C. : N’avons-nous pas déjà passé le point de non-retour ? Gardons en tête que nous sommes privilégiés et que la population mondiale entière n’accède pas à l’information comme nous avons la chance de pouvoir le faire. Dans nos activités respectives l’outil de communication est, à minima, l’email. Dès lors qu’on a ce premier usage on rentre dans une mécanique numérique / digitale qui évolue s’enrichit et fait de plus en plus appel à de l’analyse de données. Comme tout excès et addiction la seule chose viable à faire est d’expliquer et permettre de comprendre : plus on comprend / maitrise ces technologies plus on donne la possibilité aux gens de connaitre les tenants et aboutissants, les risques et avantages. On entend souvent des tribunes ouvertes sur les grands méchants Google et Facebook. On oublie souvent de rappeler que ces services sont gratuits et permettent des usages qui étaient impossibles sans leur existence. Il y’a donc des contreparties oui certainement, mais n’oublions pas les progrès que ces structures nous ont fait accomplir. Google offre des services pour la plupart gratuits et utilisés par des milliards de personnes.

B.G : Cela peut et devra certainement être régulé prochainement. De manière collective ou individuelle d’ailleurs. On voit de plus en plus d'endroits, d’entreprises où l’usage des téléphones portables est interdit en réunion. Relégués dans une corbeille à l’entrée de la pièce, ils doivent permettre d’accroître la concentration des participants et ainsi l’efficacité de la réunion. En corolaire de l’hyperconnectivité des bâtiments se développent des nouvelles typologies d'espaces dans les entreprises : salles d’isolement ou de régénération, espaces de déconnexion (« Slow office ») ou cage de Faraday pour se protéger des ondes, etc. Mais en dehors des entreprises, la régulation est plus difficile à imaginer notamment dans les « nouveaux lieux de travail » (coworking, TGV, Avion, espaces publics…). Au point que certains invoquent la nécessité d’inscrire « le droit à la déconnexion » dans le code du travail. Les évolutions des pratiques de travail et des technologies sont de plus en plus rapides, alors que l’architecture reste une discipline lente et laborieuse. Il peut se passer 3 à 4 ans entre l’idée et la concrétisation du projet. Avec un risque croissant que le bâtiment ne réponde plus aux attentes de l’utilisateur à sa livraison Dans ce contexte, pensez-vous que l’architecture a encore une capacité à stimuler les pratiques ou est-elle condamnée à fabriquer des « enveloppes génériques, évolutives et reconfigurables » ?

Y.C. : Les rythmes des projets sont en effet très différents. Dans notre activité quotidienne les demandes sont très changeantes, les

technologies évoluent en permanence, tandis qu’en architecture les méthodes prennent du temps, les contraintes sont lourdes et effectivement il se passe souvent pas mal de temps entre les premières ébauches d’un bâtiment et sa mise en service. L’arrivée du numérique dans l’architecture va sans doute un peu bouleverser les méthodes de conception. Mais en même temps, cette « lenteur » presque anachronique est intéressante pour nous. Elle pose la question du rôle de l’architecture dans ce mouvement perpétuel. Je suis convaincu qu’un bâtiment ne peut pas être qu’une « enveloppe générique » trop détachée de l’activité qu’il héberge et des pratiques de ses utilisateurs. Le lieu de travail est désormais un lieu de vie et doit être à ce titre « singulier » à l’image des utilisateurs qu’il accueille. Les « clients usagers » veulent y trouver des services, des ambiances, des typologies d’espaces diversifiés. Mais il doit être dans le même temps capable d’évoluer, de se reconfigurer au gré des besoins. Il y a beaucoup à inventer dans ces demandes paradoxales… B.G. : Je suis persuadé que l’architecture à -par essence - une capacité à stimuler les pratiques. La flexibilité, la modularité des espaces n’est pas forcément synonyme de standardisation. Chaque projet est différent d’un autre car le contexte (le site, la culture, les hommes) et l’expression des besoins sont toujours singuliers. Un bâtiment -comme une entreprise ou une organisation- va réagir ou influencer l’îlot, le quartier ou la ville dans lequel il s’insère. Puisque chaque contexte est différent, chaque bâtiment devrait l’être. Et cela n’empêche pas, bien-sûr, de le penser comme un outil au service des usages qui évoluent dans le temps. L’exemple de Skylab est parlant. C’est avant tout un « bâtiment pionnier », très ancré dans un contexte urbain en profonde mutation (quartier gare de Chambéry). Ses formes sont dépendantes de son environnement, de la géométrie de la parcelle, du voisinage bâti, de l’orientation, de la perception que l’on peut en avoir depuis la ville. Ces « rondeurs », ces courbes invitent à la curiosité, au mouvement, à la découverte autour et au creux de ces volumes. Elles se retrouvent à l’intérieur car les circulations horizontales dans les étages sont aussi courbes, fluides, pensées comme des pistes de trottinettes sans cul de sac dans les couloirs. A l’intérieur, les déplacements y seront fluide, sans limite, à l’image du processus d’invention ou d’innovation.Mais nous pourrions certainement aller encore plus loin dans cette recherche de modularité. Par exemple, la standardisation des hauteurs d’étages à 3,40m sur l’ensemble du bâtiment est-elle adaptée à un maximum d’usages, de configurations possibles ? A priori, non. L’introduction d’étages variables au sein d’un même bâtiment permettrait sans doute de démultiplier les usages possibles, à l’image des immeubles Haussmanniens qui connaissent plusieurs vies grâce à cette subtilité. Peut-être faudrait-il repenser le système constructif en imaginant des volumes sur double hauteur dans lesquels un plancher intermédiaire "léger" et "évolutif" pourrait s'adapter aux besoins. Autant de pistes à explorer pour bouleverser les réflexes et favoriser le retour d’une « architecture d’usages » au détriment d’une « architecture objet ».

Le numérique fait émerger des communautés d’acteurs rassemblés ponctuellement ou en permanence par une cause ou un projet commun. Chaque individu peut faire partie de plusieurs communautés (professionnelles, personnelles) en même temps dans des lieux (physiques ou virtuels) différents. Est-ce que vous croyez à la fin du modèle de l’entreprise tel qu’on le connaît depuis le début du XXème siècle ?

DOSSIER : ALTEROFFICE

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Y.C. : Je pense que le modèle de l’entreprise tel que nous le connaissons depuis le XIXème siècle est dépassé. Je crois surtout à la disparition définitive (enfin) de cette séparation entre d’un côté les dirigeants et de l’autre les dirigés. Une entreprise, quelle que soit sa taille et son activité est une démarche sociale, collaborative et commune. Bien sûr le dirigeant, mentor ou visionnaire continuera de donner un cap commun, une ambition mais l’équipe qui l’entoure se charge désormais de le challenger, de concrétiser ou de réorienter ce projet collectif. L’image du travail avec « les pensants » et les « exécutants » est révolue et il est temps que tout à chacun s’en rende compte : chaque collaborateur a le pouvoir d’influencer sur l’exploitation et les performances de l’entreprise quel que soit sa mission et son poste. Dans ce contexte, je pense que le bâtiment devient alors « le socle » de ce projet social commun : pas forcement pour gagner de nouveaux clients ou marchés mais pour permettre un épanouissement, une stimulation et un accomplissement de chaque membre de l’équipe au quotidien. Pouvez-vous décrire brièvement trois typologies d’espaces / de lieux / d’endroits de travail dans 15 ans ? Dans l’entreprise, en dehors de l’entreprise ?

Y.C. : Dans le service comme nous ? À peu près partout. Dans l’industrie ça paraît plus complexe.

B.G : Dans le service, on peut déjà travailler partout et même travailler en équipe dès lors que l’on dispose d’une bonne connexion internet. C’est évident que ça ne s’applique pas à tous les métiers. Ce qui est commun en revanche c’est d’avoir besoin, pour à peu près tous les métiers, de lieux de rencontres et d’échanges, de lieux de formations, et de lieux pour s’isoler. Je pense que ce besoin sera toujours là dans 15 ans.

Peut être sous d’autres formes, mais pour ces espaces là les réponses spatiales sont infinies et on peut laisser libre court à toutes les idées. En dehors de l'entreprise on peut déjà travailler (en étant "connecté") dans bien des endroits. Dans l'avion et dans le train, à la gare et à aéroport, dans les cafés et les laveries, chez soi évidemment, et dans des lieux plus adaptés dédiés aux "travailleurs de passage" où l'on peut rencontrer et échanger avec des co-workers et plus basiquement trouver une imprimante…3D évidemment puisque ça risque d’être la norme dans 15 ans ! Est-ce que vous avez intégré cette évolution majeure dans la définition du programme de NewQuest ?

Y.C. : Le projet de siège pour NewQuest n’est pas un projet immobilier classique, mais plutôt un partenaire, un outil pour créer une équipe, un état d’esprit et un projet commun. Notre bâtiment c’est un peu comme notre vaisseau commun qui embarque chaque jour de nouveaux membres d’équipage. Chaque nouveau vaisseau se doit d’être encore plus puissant, robuste et innovant. Plus globalement, le programme intègre des surfaces bien supérieures à nos besoins réels ou modélisables. Cette générosité spatiale nous permet d’accueillir des partenaires, de faire émerger des communautés et des nouvelles synergies à proximité de notre activité principale.

B.G : Je pense que nous avions déjà franchi avec la première version du projet, une étape cruciale dans la conception d’un bâtiment innovant, mais qu’elle gagnera à s’enrichir des éléments issus de cette discussion !

DOSSIER : ALTEROFFICE

PROPOS RECUEILLIS PAR THIBAULT NUGUE

Baptiste GEYYann COSTES

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TITRE

Innovation, méthode, projets : Ils incarnent quatre corps de métiers différents et nous livrent leur point de vue sur les façons de travailler au sein de l’agence.

Aux prémices d’un nouveau projet, de quelle manière interviens-tu ?

Vincent DURET, Responsable pôle électricité basé à l’agence du Bourget-du-Lac

J’interviens dès le stade du concours pour définir avec les architectes les positions et dimensions des locaux électriques et informatiques.Je réalise également au stade du concours une estimation financière des prestations électriques en fonction du programme technique du client et des plans architectes.

Delphine BLEIN, Architecte en titre, basée à l’agence de Bordeaux

Mon rôle consiste à analyser le programme, le site, les différents intervenants et la cohérence ainsi que la compatibilité de l’ensemble de ces éléments.

Clément BONNET, Référent Bim basé à l’agence du Bourget-du-Lac

J’interviens dès le début d’un projet en élaborant, en concertation avec les équipes d’architectes et d’ingénierie, la charte graphique du projet. J’aide également à la mise en place du projet BIM, ce qui comprend les renseignements des différents éléments graphiques dans le dessin, mais également l’interopérabilité, c’est-à-dire les échanges entre les différents intervenants, internes comme externes (export, import, récupération et lecture des données …).

Laurent PONCET, Infographiste basé à l’agence de Lyon

En tant qu’infographiste, nous sommes un peu le dernier maillon de la chaine et intervenons après la conception du projet

Les garçons et Delphine à table

Vincent DURET

Mét

ier

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MÉTIER

Quelles sont pour toi les étapes essentielles au processus d’élaboration d’un projet ?

VINCENT : Le point qui me semble le plus important est de bien comprendre les besoins et attentes du client.Les études et propositions techniques pour un client ne correspondent pas forcément aux besoins d’un autre client.

DELPHINE : J’aurais envie de dire toutes ! Le début, la mise en place, les attentes de chacun… apprendre à se connaitre… cette étape peut durer et s’étaler dans le temps.Et la fin. Surtout la fin ! Si le client est satisfait in fine, peu importe les moyens mis en œuvre durant tout le développement du projet, le résultat est essentiel. C’est ainsi que nous pérennisons la confiance de nos clients et pouvons envisager d’autres projets avec eux

CLÉMENT : Pour moi, la première étape est de définir une base commune à tous les intervenants. Cette base, bien qu’évolutive au fil du projet, servira le fil conducteur entre les intervenants.Il faut donc s’attacher à respecter cette charte graphique tout au long des études, même si cela peut paraitre contraignant en dessin, surtout lors des phases amont, c’est un gain de temps pour toute l’équipe à chaque phase.

LAURENT : Selon moi, pour un rendu optimal, il est primordial de se focaliser sur : Les points de vue, la lumière et l’ambiance, les matières.

Quelle(s) préconisations ferais-tu pour favoriser les échanges entre les différents intervenants sur un projet ?

VINCENT : Il m’arrive, en allant à une réunion pour un projet, de croiser dans les couloirs un architecte qui me pose une question sur un autre projet. Ces échanges informels sont importants et permettent de faire avancer les projets.

DELPHINE : Il est important d’éviter les « il faut que…» ! Rien de tel pour que chacun se déresponsabilise et que le temps passe... Il est donc primordial de déterminer Qui fait Quoi, dans Quel ordre et dans quels Délais. De plus, je recommanderais de favoriser les moments d’échanges formels et informels : réunions plénières, ateliers de travail, afterwork, visites…

CLÉMENT : Le temps est compté pour tous, il faut pour autant s’obliger à faire des réunions régulières lors d’un projet pour que tous les intervenants aient bien les mêmes informations. Le critère principal dans mon métier, et dans tout échange, est la communication. Bien que la communication des données se fasse bien plus aisément grâce aux maquettes numériques renseignées (BIM), la communication entre les personnes reste primordiale.

LAURENT : La confiance est la base pour qu’un projet se déroule dans les meilleures conditions ; c’est pour cette raison que les architectes doivent continuer à nous faire part de leurs points de vue, leurs intentions tout en acceptant notre vision de « non »architecte.

L’architecture fait partie des secteurs qui évoluent en permanence : comment alimentes-tu ta curiosité ?

VINCENT: Je reçois souvent des fabricants qui me tiennent informés des nouveaux produits. Je suis également abonné à des newsletters « Archiproducts » et « Archilovers ». Il y a aussi le réseau social « Pinterest » qui est une mine d’informations pour moi.

DELPHINE : J’enrichis mes connaissances et je trouve des réponses à certaines interrogations à travers les discussions entre confrères et avec d’autres professionnels qui touchent à l’architecture mais pas que. Les voyages, revues et visites m’apportent aussi beaucoup.

"Il faut surtout avoir conscience que cette innovation

existe. Je pense que souvent, nous ne prenons simplement

pas assez de hauteur par manque de temps."

PROPOS RECUEILLIS PAR CANDICE DUVILLARD

Delphine BLEIN

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CLÉMENT : Nous ne sommes qu’aux prémices du développement de mon métier, il faut tout apprendre et regarder ce qu’il se fait autour. Le BIM est dans toutes les conversations actuellement, il faut le suivre mais surtout y participer. J’essaie de me rendre à des conférences, j’ai même eu la chance d’en animer une il y a quelques semaines. Pour autant je n’oublie pas de m’intéresser toujours à l’architecture, aux différentes méthodes de constructions qui m’aideront à mieux cerner les différents besoins en dessin.

LAURENT : Je me documente beaucoup via les réseaux sociaux tel qu’Instagram. Mais c’est aussi via les marathons auxquels je participe aux quatre coins du monde que je puise mes nouvelles inspirations créatives.

Une phrase: comment définis-tu l’innovation ?

VINCENT : Une citation d’électricien : « Ce n’est pas en cherchant à améliorer la bougie qu’on a découvert l’ampoule électrique » Comme quoi, innover c’est bien imaginer et trouver quelque chose de nouveau.

CLÉMENT : La curiosité est essentielle, sans elle, nous n’avançons pas. Il faut être curieux de tout, dans notre métier comme dans celui des autres. Cette curiosité d’apprendre permet d’enrichir au quotidien mes connaissances et donc mon travail.

De quelle façon se répercute cette notion d’innovation sur ton métier ?

VINCENT : Nous avons connu il y a quelques années l’arrivée de la Led qui a permis aux fabricants d’éclairage de créer des luminaires plus performants et plus compacts. Tous nos projets sont maintenant réalisés avec des luminaires 100% Led. L’éclairage intérieur des bâtiments est devenu très qualitatif et les possibilités de mise en lumière des façades de bâtiments sont illimitées.Nous connaissons actuellement un fort développement des bâtiments connectés et objets connectés. Il est déjà possible pour les bâtiments de bureaux de permettre aux employés de gérer l’éclairage et le chauffage de leur bureau depuis leur smartphone.Dans les logements collectifs, comme la plupart des personnes possèdent une box internet, il existe maintenant des solutions peu coûteuses pour gérer à distance le chauffage, les volets roulants, ou visualiser une caméra de vidéosurveillance de son logement.Mais attention à ne pas tomber dans le côté gadget ! L’objectif est avant tout de simplifier la vie des utilisateurs et d’apporter de la valeur ajoutée aux bâtiments.

DELPHINE : Il faut surtout avoir conscience que cette innovation existe. Je pense que souvent, nous ne prenons simplement pas assez de hauteur par manque de temps.A partir du moment où l’on sait que des nouveaux procédés apparaissent, il « suffit » de prendre le temps et de savoir se tourner vers les bonnes personnes au bon moment. Cela est bien entendu plus facile à dire qu’à faire surtout lorsque nous sommes concentrés sur les

‘‘ Des chantiers ont déjà commencé, et le

travail collaboratif est une nouvelle méthode de travail qui fait ses

preuves. Il y a beaucoup de retours positifs ’’

Laurent PONCET

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MÉTIER

projets en cours. C’est pour cette raison que les méthodes d’enrichissement professionnel évoqués ci-dessus sont très importantes. L’architecture est plus qu’un métier ; c’est une passion qui se nourrit de notre quotidien grâce à tout ce qui nous entoure et peut donc être source d’inspiration et de nouveauté.

CLÉMENT : Je ne peux nommer d’innovation dans mon métier, celui-ci étant déjà une innovation en lui-même. Créé il n’y a que quelques années, et en pleine expansion aujourd’hui, mon métier me permet d’aller à la rencontre de tous les acteurs du projet, je les aide à créer un projet en commun, en leur proposant des outils qui leur faciliteront le dessin, le partage et l’exploitation de leur maquette numérique. L’innovation est dans la création de l’outil numérique partagé, une même maquette pour tous, qui permet de plus facilement voir ce qui ne fonctionne pas en étude, facilite la synthèse, mais également le chantier.Des chantiers ont déjà commencé, et le travail collaboratif est une nouvelle méthode de travail qui fait ses preuves. Il y a beaucoup de retours positifs, un réel gain que ce soit aux différents stades du projet, mais également par la suite en maintenance du bâtiment. Les maîtres d’ouvrage sont de plus en plus intéressés par des méthodes qui leur permettront de mieux gérer leur bâtiment, en particulier les réseaux qui sont de plus en plus développés et complexes et qui nécessitent une maintenance précise.

LAURENT : Pour notre part, cette notion d’innovation se répercute directement sur nos outils de travail notamment les Logiciels. Nous nous dirigeons vers une réalité virtuelle, où nos réalisations offrent des rendus de matériaux de plus en plus réels, une lumière encore plus juste, plus précise.

‘‘ La curiosité est essentielle, sans elle, nous n’avançons pas. Il faut être curieux

de tout, dans notre métier comme dans celui des autres.’’

PROPOS RECUEILLIS PAR CANDICE DUVILLARD

Clément BONNET

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TITRE

Port

rait

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PORTRAIT

Qui es-tu Christo ?Après plus de dix ans passés à l’agence, rencontre avec Christo CHINKOV, Architecte en titre oeuvrant dans le pôle de Bernard Maillet, Architecte associé, et figure incontournable de l’agence.

À quel âge es-tu entré à l’agence ?

C’était le 1er février 2006, à 52 ans !

Te souviens-tu de ton entretien d’embauche ? quel est ton meilleur conseil ?

Bien sûr, j’ai encore une bonne mémoire. Pour moi, il y a deux catégories de questions : celles qu’on ne doit pas poser et celles auxquelles on ne doit pas répondre.

À ton arrivée, combien étiez-vous dans la société ?

Nous étions environ une trentaine de personnes.

Quel est ton meilleur souvenir à l’agence ?

Je me souviens d’un week-end organisé par l’agence à Amsterdam en 2006. Nous étions une soixantaine à partir découvrir cette ville de pêcheurs qui date du 13ème siècle, où plus de 300 communautés vivent côte à côte. Nous nous sommes baladés à vélo, nous sommes perdus dans la foule et avons visité tout ce que nous pouvions.Au-delà des innombrables espaces verts, musées, canaux, vélos, pubs… Nous avons découvert une architecture urbaine pas comme les autres : des façades conservées depuis

des siècles avec des poulies et des couleurs diverses et variées. Mais aussi une architecture contemporaine, qui a su se glisser aux milieux de ce paysage si particulier. En effet, dans les petites parcelles, nous avons pu découvrir de grandes baies vitrées donnant sur les trottoirs où étonnamment personne ne se préoccupe de ce qui se passe à l’intérieur.Une anecdote me revient : Un de mes collègues a renversé sa bière sur moi. Il nous a alors fallu en consommer une ou deux de plus en attendant que mon pantalon sèche… C’était un de ces moments informels qui renforcent les liens et soudent les équipes.

Quel est ta philosophie de vie ?

« La jeunesse n’est pas une période de la vie,elle est un état d’esprit, un effet de la volonté,une qualité de l’imagination, une intensité émotive,une victoire du courage sur la timidité,du goût de l’aventure sur l’amour du confort.On ne devient pas vieux pour avoir vécu un certain nombre d’années : on devient vieux parce qu’on a déserté son idéal.(…)Jeune est celui qui s’étonne et s’émerveille.Il demande, comme l’enfant insatiable : Et après ?Il défie les événements et trouve de la joie au jeu de la vie.(….)

Vous resterez jeune tant que vous resterez réceptif.Réceptif à ce qui est beau, bon et grand.Réceptif aux messages de la nature, de l’homme et de l’infini.Si un jour, votre cœur est mordu par le pessimisme et rongé par le cynisme, puisse Dieu avoir pitié de votre âme de vieillard. »

Extrait du discours d’adieu du Général Mac Arthur ( 1880 – 1964 )Intitulé «Duty Honor Country» aux étudiants de l’école Militaire de West Point. 1962. Es-tu plutôt salé ou sucré ?

J’aime ce qui est bon. Il y a je pense un écrivain qui a dit qu’il n’était pas prétentieux, il aimait juste le meilleur. 😊

NDLR : « Je ne suis pas difficile, je me satisfais aisément du meilleur » Wiston Churchill.

Un film, livre ou série que tu recommanderais ?

J’adore regarder RMC Découverte pour l’Alaska et les émissions de ce genre.

Un artiste ?

Coluche.

PROPOS RECUEILLIS PAR CANDICE DUVILLARD

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1. VISITE GUIDÉE « LA ROTONDE FERROVIAIRE »

Découvrez ce chef-d’oeuvre du début du XXeme

siècle avec sa charpente de type Eiffel, et les locomotives électriques historiques.

Quand : le 14 et 28/04/2018Horaires : 14H30Où : 731 chemin de la Rotonde, 73000 ChambéryTarif : Adultes: 6 €, étudiants et demandeurs d’emploi : 4 € 50, gratuit moins de 12 ans. Sur réservation uniquement au 04 79 70 15 94

Cultu

re

3. ATELIERS A LA LOUPE

Découvrez le monde fascinant des plus grands artistes du XIXe siècle à nos jours. Munis d’une loupe, vous visiterez les ateliers d’artistes célèbres à travers 40 tableaux de Damian Elwes, peintre et détective, accompagnés d’œuvres originales de Picasso, Basquiat ou encore Keith Haring.

Quand : du 25/01/2018 au 09/09/2018.Où : Musée en herbe , 23, rue de L'Arbre-Sec, 75001 Paris

2. QUAIS DU POLAR

Le rendez-vous incontournable du polar en France. Grand ou petit, seul, avec des amis ou en famille, le jour ou la nuit : tout le monde a rendez-vous aux Quais du Polar !

Quand : Du 06/04/2018 au 08/04/2018 Horaires : Programme des dédicaces et conférences accessible sur le siteOù : LyonTarif : Accès Libre

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CULTURE

4. BALLET DU LAC DES CYGNES

Chef-d’œuvre classique intemporel, Le Lac des Cygnes, sera de retour en 2018 et interprété par le Ballet et l’Orchestre de l’Opéra National de Russie.

Quand : 05/04/ 2018 Horaires : 20h00Où : Le phare à ChambéryTarif : à partir de 34 €

6. DYNAMIC PHENOMENA

Felipe Pantone a commencé le Street Art à 12 ans. Moitié argentin, moitié espagnol, il est célèbre dans le monde entier pour son usage explosif des couleurs qui s'installent en arc-en-ciel dans des compositions géométriques noires et blanches.

Quand : du 24/03/2018 au 26/05/2018.Où : Galerie Magda Danysz, 78, rue Amelot, 75011 Paris

5. ADEL ABDESSEMED : L’ANTIDOTE

L’artiste invente à travers ses installations, sculptures et vidéos sa propre écriture de la violence.

Quand : du 09/03/2018 au 08/07/2018.Où : MAC, 81 Quai Charles de Gaulle, Lyon 6

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REDACTION REVISION •Candice DUVILLARD Christine HOARAU-BEAUVALMarie MASSIANI Thibault NUGUE

CONTRIBUTEURS •Yann COSTESBaptiste GEYMarie MASSIANIDelphine MIEL

Rose MEGARDDamien PATRIARCHELoïc PourchaireThibault NUGUEBenjamin TURGIS

DESIGN GRAPHIQUE •Agence Sunday

ILLUSTRATIONS •Agence Sunday

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CREDITS PHOTOS • Page agence : Mêmes: Giphy.com / Eklo Lille : tripadvisor.com - Dossier: Playtime, Jacques Tati, modifications Sunday / Ecole 42, Xavier Niel, modifications Sunday / Brazil, 1985, Terry Gilliam - KOIL workplace by Naruse Ino kma Architects, Kashiwa-Shi Japan / Article Hypernomadisme : The Fast Company - Adel PETERS / WEWORK - Oktra / EDMUNDS - Benny Chans / Halle Freyssinet - Mathilde SALIOU for Cheek Magazine / Centraal Beheer Apeldoorn - Herman HERTZERGER / Airbnb - Dezeer HERO / Page Culture : Rotonde, Chambery-tourisme.com / Columbo, Universal, Peter Falk, Rockyrama.com / Basquiat / Bouée Cygne - brazilianbikinishop.com / Head on - Adel Abdessemed / Dynamic Phenomena / BYEBYE: The Great Gatsby, Warner Home video, modifications par memegen.com

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