20
MUSIQUE VERTE http://www.reveeveille.net/une_rubric.aspx?idrubric=129 Marc Lemonnier La musique verte, c'est tout l'univers sonore produit par des instruments rudimentaires que l'on peut fabriquer à partir d'éléments naturels ramassés au gré des saisons près de chez soi. A priori, un petit couteau suffit à les fabriquer, voire... rien d'autre que les doigts. Je me suis senti un peu trop restreint par cette limite que j'ai souvent dépassée, pour utiliser aussi parfois de la ficelle, une petite scie... Tout ce que j'ai eu l'occasion de fabriquer est ici, sans toujours savoir si ça mérite l'appellation de musique verte. La seule certitude est que ça fonctionne, et que j'ai eu plaisir à fabriquer et utiliser ces petites machines !

MUSIQUE VERTE chez soi. A priori, un petit couteau suffit ...verte.pdf · Le marimba Le marimba est un instrument d'origine latino-américaine, mais on lui trouve des équivalents

Embed Size (px)

Citation preview

MUSIQUE VERTE

http://www.reveeveille.net/une_rubric.aspx?idrubric=129

Marc Lemonnier

La musique verte, c'est tout l'univers sonore produit par des instruments rudimentaires que l'on peut fabriquer à partir d'éléments naturels ramassés au gré des saisons près de chez soi. A priori, un petit couteau suffit à les fabriquer, voire... rien d'autre que les doigts. Je me suis senti un peu trop restreint par cette limite que j'ai souvent dépassée, pour utiliser aussi parfois de la ficelle, une petite scie... Tout ce que j'ai eu l'occasion de fabriquer est ici, sans toujours savoir si ça mérite l'appellation de musique verte. La seule certitude est que ça fonctionne, et que j'ai eu plaisir à fabriquer et utiliser ces petites machines !

INSTRUMENTS Cette rubrique présente tous les instruments que j'ai eu l'occasion de fabriquer et de tester. Assurément il en existe plein d'autres. Je les ai arbitrairement classés en quelques catégories (qui n'ont rien d'officiel !) :

• Les bruiteurs. Ils produisent des "bruits", c'est à dire des sons qui ne sont pas des notes, et pas spécialement percussifs. Idéaux pour faire des ambiances.

• Les percussions. Avec ces instruments on peut construire une rythmique, seuls ou à plusieurs.

• Les instruments à anche, de type "hautbois" • Les instruments de type "flûte droite". Cette catégorie regroupe tous les

instruments qui ressemblent à des flûtes, quel que soit le mode de production du son (encoches, becs...)

• Les «flûte de pan»". Pour produire des notes grâce à ces instruments, il faut souffler au ras du goulot d'une cavité.

Ceux qui suivent n'auront pas manqué de remarquer qu'il manque dans cet inventaire une énorme famille d'instruments de musique : les cordes. Comment bricoler facilement quelque chose qui ressemble à une corde avec des éléments naturels qui ne soient pas le boyau du chat de la voisine ? Je n'ai pas encore la réponse à cette question, mais j'attends vos suggestions avec impatience.

Les bruiteurs Les instruments "bruiteurs" sont tous ces petits bricolages qui ne produisent pas une note précise, mais un son original, qui peut-être une imitation de cri d'animal ou de chant d'oiseau (on parlera alors d'appeau), voire même un son qui ne ressemble à rien.

Les percussions Les percussions ne produisent pas non plus de notes, mais des sons très brefs et secs qui peuvent être répétés et servir à jouer des rythmiques parfois élaborées. Les claquoirs Les claquoirs sont des percussions dont le son est produit par le claquement de deux morceaux de bois l'un contre l'autre. Exemple : les castagnettes, les cuillères. Ils peuvent être fabriqués en de canne de Provence ou en bambou. Choisir un entre-nœud long et épais. Enlever un des deux nœuds, fendre le tout sur les 2/3 de la longueur, écarter les deux parties en coinçant à la base un fin morceau de bois. Ligaturer si besoin la base pour éviter l'éclatement. Pour jouer, utiliser comme les cuillères : tenir l'instrument au niveau de la ligature, et frapper l'extrémité contre l'autre main.

Le marimba Le marimba est un instrument d'origine latino-américaine, mais on lui trouve des équivalents partout dans le monde, comme le balafon en Afrique. L'instrument proposé ici est évidemment beaucoup plus modeste. En particulier, l'absence de résonateurs lui donne une puissance bien moindre ! On peut fabriquer un Marimba sommaire à partir de Renouée du Japon, de canne de Provence, de Bambou, de tubes de sureau.

La crécelle de Cardère La crécelle est un instrument composé d'une roue dentée tournante et d'une planchette qui vient percuter chacune des dents lorsque l'on fait tourner la roue. C'est un instrument très puissant, qui produit un son à vrai dire assez agressif. On raconte qu'au moyen-âge les lépreux devaient faire sonner une crécelle pour annoncer leur passage et permettre ainsi aux bonnes gens de s'éloigner prudemment, c'est dire.

Notre crécelle naturelle ne sera pas si puissante.

Choisir une cardère qui présente des «branches» qui partent bien perpendiculairement du «tronc». Couper sous le nœud, couper le tronc à 5 cm au dessus du nœud, et les branches à 10 cm au dessus. Disposer, piquée sur une épingle, une branche de cardère horizontale au sommet du moignon de tronc.

Tenir entre les mains sous le nœud et faire tourner dans un sens et dans l'autre (comme lorsqu'on essaie de faire du feu en tournant une branchette sur une planche !) pour que la branche mobile vienne frapper alternativement et très rapidement les deux branches.

Les Guiros Le guiro est une percussion sud-américaine, que l'on rencontrait à l'origine beaucoup par exemple dans les musiques brésiliennes, cubaine... mais qui a maintenant fait le tour du monde et intégré d'autres cultures. Les guiros traditionnels peuvent être fabriqués en bambou, ou dans une calebasse bien sèche. Des versions plus modernes, très sonores, ont été imaginées en métal... Le guiro de bambou Pour fabriquer un guiro à notre manière, le bambou est idéal. Choisissez un diamètre très large (jusqu'à 10 centimètres, ce qui ne se trouve certes pas partout, mais à partir de 5 cm le résultat sera intéressant). L'épaisseur du bois doit être la plus faible possible pour que l'instrument soit bien sonore. Couper un entre-nœud, en gardant un seul opercule et en éliminant l'autre. Grâce à une lime type "queue de rat", creuser des stries parallèles sur tout le long du tube. Frotter ensuite avec une fine baguette (un éclat de bambou bien sec sera efficace et sonore). La profondeur des stries (de 1 à 3 ou 4 mm), leur écartement (de quelques millimètres à 1 cm)... tout cela influera sur le son final, faites-donc vos propres essais. Le guiro de Cardère Pour ceux qui n'ont pas de bambou sous la main, la Cardère permet d'arriver à un résultat approchant, plus simplement : prélever deux inflorescences de Cardère sèche, en tenir une dans chaque main, tête-bêche, et les frotter l'une contre l'autre. Certes le guiro de Cardère est beaucoup moins puissant que le guiro de bambou, mais le son produit est chaleureux et délicat, approprié pour faire de petites créations musicales avec des petits enfants sans que ça dégénère en bordel total !

Le Guiro de pommes de pins Baptiste Regourd signale un autre système très simple et sans doute plus résistant que les cardères : il suffit d'utiliser des pommes de pin et de les frotter de la même manière. D'après lui les pommes de pins maritimes produiraient un bon son.

Les Claves Le principe de fonctionnement des claves est le plus simple du monde : lorsqu'on frappe deux objets l'un contre l'autre, cela produit un bruit ! Le problème est de trouver les objets adéquats pour que le son produit soit intéressant. Les claves du commerce sont fabriquées dans des bois exotiques très durs qui produisent un son très sec et puissant. En musique verte il faut chercher l'équivalent. De tous mes essais, à ce jour c'est le bois de sureau qui a donné les résultats les plus probants (mais à priori tous les bois un peu durs peuvent faire l'affaire). Choisir donc des rameaux assez épais (de 1 à 2 cm), les couper sur 10 à 20 cm de long, les écorcer. Le son sera meilleur lorsque le bois aura séché, et donc durci (faites aussi des essais avec des rameaux morts si vous en trouvez, cela vous épargnera l'attente du séchage). Pour sortir tout le son de la clave, il faut lui fournir une caisse de résonnance. La position "académique" consiste à tourner la paume de la main gauche vers le haut, de replier les 4 doigts jusqu'à ce qu'ils touchent presque la base du pouce, et de poser l'une des claves (car il en faut 2, pour jouer !) sur cette assise. Ensuite, reste à taper sur cette première clave avec la seconde. Prolongations possibles : fabriquer plein de claves de tailles et de matériaux différents... vous pourrez presque faire de petites musiques.

Les instruments à anches Les "anches" sont des pièces de bois qui ont la capacité de vibrer sous la pression de l'air, et ainsi de produire un son assez puissant, et parfois nasillard. Il existe deux familles d'instruments à anches : Les instruments à anches simples. Dans ce cas de figure, une seule pièce mobile vibre contre une partie du corps de l'instrument, appelée embouchure, qui reste fixe. Les instruments à anches simples les plus connus sont le sax, la clarinette... Les instruments à anches doubles. Dans ce cas de figure, deux anches vibrent l'une contre l'autre, à l'extérieur du corps de l'instrument. Les instruments à anche double les plus connus sont les hautbois. En musique verte on peut facilement produire les deux familles d'instruments : les anches simples sont réalisées par exemple dans de la folle avoine, les instruments à anches doubles utilisent le pissenlit, ou le frêne. Le chalumeau à anche simples de folle avoine

«Anche "simple" signifie qu'il n'y a qu'une seule lamelle qui vibre. La clarinette et le sax ont une anche simple.»

Couper dans une tige de folle avoine une section débutant juste sous un entre-nœud et allant jusque sous le suivant. Puis, au ras du nœud restant, d'un seul coup de couteau ouvrir une anche allongée de 2 ou 3 cm de long. Mettre en bouche et souffler. Éventuellement, si aucun air ne passe, soulevez légèrement l’anche à sa base grâce à un brin d’herbe très fin. Ce type de bourdon, l’un des plus faciles à fabriquer, doit produire un son très puissant et très net. Vous pouvez aussi ajouter des trous plus bas dans l'entre-nœud pour moduler.

Hautbois de pissenlit Choisir un pissenlit bien gros. Couper la tige proprement à sa base, en vérifiant qu'elle reste bien ouverte. Couper la tige au sommet, quelques centimètres au dessous de la fleur. Écraser cette extrémité entre le pouce et l’index pour l'aplatir sur 2 ou 3 centimètres. Voilà notre anche double. Mettre l'anche double en bouche, enfoncée de 3 à 4 cm, et souffler assez fort. Cela doit produire un son de bourdon. Si aucun son ne sort (ce qui est fréquent !), coupez votre anche et recommencez. Si vous n'arrivez décidément à rien, il se peut que la tige soit trop rigide, ce qui est fréquent en début de saison. Préférez les tiges qui n'ont plus de fleurs. Il se peut aussi que vous écrasiez trop fort votre anche double : elle ne doit pas se fendre, juste s'aplatir. Il se peut enfin que votre anche se soit fendue, parfois en prenant une forme de double spirale... recommencez, recommencez, recommencez. Et puis si vous n'arrivez vraiment, vraiment à rien, hé bien c'est que vous n'êtes pas doué, voilà, ce n’est pas la peine d'en faire une maladie, passez à autre choses. Allez, je blague, tout le monde finit par y arriver. Bref, maintenant que vous maîtrisez la production du son, plein d'expériences sont possibles :

• Avec vos mains jointes, faites une caisse de résonnance et faites la vibrer : vous obtiendrez des bruits d'insectes volants. Des moustiques avec les petits pissenlits (10 cm de long), des mouches avec les moyens (20 cm), des abeilles et des frelons avec les très longs (30 à 40 cm).

• Tout en soufflant, raccourcissez la tige par le bas, la note va monter progressivement... tout en détruisant votre instrument, mais c'est la règle de la musique verte

• Sur la base d'un très long pissenlit, ouvrez 1 puis 2 ou 3 trous (pas trop gros sinon la tige va casser) dans le corps de l'instrument. Vous disposez à présent de quelques notes.

• Fabriquez un second hautbois, sans trous cette fois. Mettez les deux en bouche en même temps. Le pissenlit sans trou va produire une note continue, appelée "bourdon" en musique traditionnelle, et sur celui qui a des trous, jouez une petite mélodie. L'effet est saisissant, on se croisait à la cour d'un roitelet médiéval.

Attention, tous ces instruments ne fonctionneront pendant quelques minutes au maximum, puisque la tige de pissenlit va vite s'abimer. L'anche, en particulier, va souvent se fendre en deux parties.

Le hautbois à anche double Prélevez un morceau d'écorce de Frêne ou de châtaignier (diamètre 6 mm, longueur 6 cm). Aplatissez une des extrémités en deux sur 3 cm environ. Vous verrez apparaître sous vos yeux émerveillés une anche double (équivalent à la anche du hautbois classique). Apprenez ensuite à sortir un son avant d'aller plus loin. Pour jouer il vous faut mettre en bouche l'ensemble de l'embouchure, bien refermer les lèvres autour de la base de l'anche sans appuyer trop fort pour ne pas l'écraser (exactement la même manip que pour faire sonner un pissenlit), et souffler très fort. Si votre anche ne sort aucun son, c'est probablement qu'elle est trop rigide et ne réussit pas à se fermer sous l'effet de votre souffle. Dans ce cas essayez de l'écraser un peu plus fortement et sur une longueur un peu plus grande. Vous pouvez aussi, si ça ne marche toujours pas, fendre les deux côtés (là ou le bois est plié) sur quelques millimètres de long à partir de l'extrémité, pour l'assouplir un peu. Si décidément vous ne réussissez pas à sortir un son, recommencez avec une autre écorce de frêne. De toute façon, il faut un son avant de passer à l'étape suivante ! Maintenant que votre anche fonctionne (enfin, j'espère pour vous), enfilez là dans un tube creux, comme par exemple un rameau de sureau évidé, dont vous choisirez le diamètre interne pour qu'il accueille parfaitement votre anche pour qu'elle tienne en légère pression. Creuser ensuite des trous pour faire les notes. Soit au hasard, ce sera déjà pas si mal pour une première fois, soit en accordant votre hautbois à l'oreille. Mais sachez que de toute façon il s'agit d'une opération délicate, et que l'accord variera au cours du temps... c'est pour ça que les joueurs de hautbois traditionnel jouent si faux ! (allez, les hautboïstes, c'est une blague, je vous adore !) Cet instrument rustique produit un son très puissant, et pourra durer plusieurs jours.

Les sifflets d'herbe ou de feuille L'herbe verticale entre les pouces Voilà probablement L’instrument de musique verte que presque tout enfant a pratiqué. Vous vous rappelez : on choisissait une herbe plate et on la plaçait, bien tendue, dans la petite fente qui subsiste entre les deux pouces lorsque l'on plaque les deux mains l'une contre l'autre. C'était difficile car il fallait tenir l'herbe pour la mettre en place, mais la main qui la tenait devait aussi servir de support, alors on était maladroits, on n'y arrivait pas... Malgré tout, à un moment, l'herbe était en place, alors on appliquait les lèvres contre la fente des pouces, et on soufflait. La première fois on soufflait très fort, et ça faisait juste un bruit de vent, alors on soufflait encore beaucoup plus fort, et l'herbe cassait, et les copains rigolaient. Alors on recommençait plein de fois, jusqu'à comprendre qu'il fallait souffler moins fort. A un moment le premier son sortait, il ressemblait au chant d'un coq enroué parce que l'herbe n'était pas assez tendue. Mais c'était déjà une grande victoire. Alors on recommençait encore, en on progressait à chaque fois, la note devenait plus aigue, et plus stable, et puis à la fin elle était claire et belle. C'est ça, la base du sifflet d'herbe. La manip la plus simple de la musique verte. Refaites les essais de votre enfance. Choisissez des limbes de graminées, bien plats, pas trop rigide sinon le son ne sortira pas, pas trop tendres sinon la feuille cassera avant de sonner. Attention, lors de la cueillette, faite attention à ne pas se couper, c'est vite fait avec les plus costaudes ! Lorsque vous sortirez le son, vous pourrez le faire varier en pliant plus ou moins les pouces (ce qui tend plus ou moins l'herbe), ou en ouvrant et fermant la cavité formée par les deux mains derrière l'herbe (ça donnera quelque chose comme un vrombissement d'insecte, par exemple). L'herbe horizontale entre les doigts Si la méthode décrite ci-dessus est sans doute la plus connue, ce n'est ni la plus simple à pratiquer, ni la plus performante en terme de modulations. L'autre méthode consiste tout simplement à tenir l'herbe horizontale, entre les pouces et les index de chaque main.

Laissez libre entre 1 et 2 centimètres de longueur d'herbe, tendez la un peu mais pas trop pour ne pas qu'elle se brise. Placez l'herbe à la commissure des lèvres et soufflez. Attention, ça peut chatouiller un peu. Il est très facile de moduler les sons obtenus :

• en tendant plus ou moins l'herbe. Plus vous tirez, plus le son obtenu est aigu. • en rapprochant plus ou moins les doigts. Plus ils sont proches, plus le son est aigu. • en enfonçant plus ou moins l'herbe entre les lèvres. Des sons peuvent être émis

alors que l'herbe ne touche même pas la commissure des lèvres, mais si vous écartez suffisamment les doigts, vous pouvez aussi la placer entièrement entre les lèvres, qu'il faut alors desserrer un peu.

Pour l'une ou l'autre de ces trois méthodes, essayez avec tout ce qui vous passe sous la main : herbes de diverses espèces, feuilles d'arbres (l'acacia, en particulier, semble bien fonctionner). Ca fonctionne presque toujours, mais chaque végétal a ses particularités propres et on peut s'amuser à l'infini ! Avec un peu d'habitude, vous réussirez à jouer de petites musiques, et à imiter des bruits d'animaux ou de machines. Voici quelques champs d'expérimentation intéressante :

• utiliser deux herbes. Votre souffle va les faire vibrer l'une contre l'autre, ou les écarter... plein de nouveaux sons en perspective ! Profitez-en pour essayer avec 3 ou plus.

• fendre l'herbe en 2 sur une partie de sa longueur. Plusieurs sons vont se mélanger • "titiller" l'herbe avec la langue (dans la version ou l'herbe est enfoncée entre les

lèvres) permet d'ajouter des rythmes • lorsque l'herbe est enfoncée entre les lèvres, la technique fonctionne en soufflant

mais aussi en ASPIRANT ! si si ! Pas aussi bien qu'en soufflant, mais ça marche. Avec un peu d'habitude, une alternance aspiré / soufflé produira le cri déchirant d'un âne asthmatique le soir au fond d'une prairie perdue dans la brume.

C'est sans fin ! La feuille d'acacia sur la langue Voilà un sifflet de principe assez différent des deux précédents. Au lieu de placer la membrane sifflante devant la bouche, ou place cette fois une feuille (ou plutôt une foliole, devrait-on dire) à plat sur la langue. Puis on place la langue derrière la rangée supérieure des dents et on essaie de soufflet de telle sorte que l'air passe de part et d'autre de la feuille. Un son strident devrait sortir bientôt... si vous avez de la chance car la pratique n'est pas aisée ! Bon courage.

Information donnée par Nicole Rousseau

Clarinette d'herbe Après avoir coupé l'extrémité d'un très gros pissenlit, choisir une herbe plate que vous pliez à angle droit à 5 mm de son extrémité de sorte qu'en la tenant le long du pissenlit, cette pliure vienne se placer devant l’ouverture du Pissenlit. Ligaturer l'herbe avec un fil très fin ou une herbe. Mettre le tout en bouche et souffler...

Les instruments de type «flûte droite» J'emploie ici le terme «flûte droite» pour désigner des instruments dont le corps est constitué d'un tube avec des trous. Le mode de production du son peut, quant à lui, être d'origines diverses : sifflet, encoches... En musique verte on peut construire tous les types de flutes droites de la musique «ordinaire». La flûte à bec Avant de fabriquer cette flûte à bec, je vous conseille fortement de fabriquer quelques sifflets de frêne, et une kéna en sureau. Les principes de fabrications sont les mêmes mais plus simples à mettre en œuvre, et cela vous permettra de vous faire la main. Si vous ne m'écoutez pas, vous allez vous planter, voilà !

• Choisir un entre-nœud. Dans votre canne de bambou ou de canne de Provence, choisissez un entre-nœud d'une vingtaine de centimètres, pas trop épais. Du côté le plus large, découpez en enlevant l'opercule, et du côté le plus étroit, découpez en laissant l'opercule en place. Percez l'opercule d'un trou d'environ 7 à 8 mm de diamètre. Poncez bien l'intérieur de l’entre-nœud.

• Tailler un bec. À l'extrémité large de l’entre-nœud, taillez un bec. Pour cela : A 2 cm de l'extrémité, faites un fin trait de scie perpendiculairement au tube, jusqu'à traverser l'épaisseur du tube. Au cutter, faites une découpe en diagonale qui partira à 1 cm du trait de scie et en rejoindra la base (voir dessin), ce qui créera une sorte de plan incliné aboutissant à l'intérieur du tube. C'est l'encoche du bec. Dans un morceau de bois tendre, ou un bouchon de liège, tailler une pièce qui s'adapte exactement à l'intérieur du tube. Il doit pouvoir se glisser dans le tube jusqu'au raz de l'encoche. Enlever une fine épaisseur de bois (1 mm) à votre bouchon sur toute sa longueur. • Mettez-le en place. Il ménagera un fin passage entre lui-même et le tube, ce qui permettra à l'air de passer et de venir buter contre le plan incliné. • Testez votre sifflet. S'il ne marche pas, faites des essais. Modifiez l'encoche,

modifiez le bouchon... et recommencez s'il le faut, ça va venir !

• Placer les trous. Une fois que le sifflet fonctionne, vous pouvez placer les trous de vôtre flute. Percer les trous d'une flûte de telle sorte qu'elle soit juste demande beaucoup de pratique. Disons que vous produirez quelques flûtes fausses avant de disposer de votre première flûte réellement utilisable pour de la vraie musique. C'est avec le temps et la pratique que vous réussirez. Pour commencer, il faut bien comprendre qu'un trou agit de 2 manières différentes sur la note produite :

• Par sa position sur le tube. Plus le trou est situé haut (donc proche du bec ou de l'endroit qui sert à produire le son) sur la flûte, plus le son est aigu. Inversement, plus le trou est situé bas (donc éloigné du bec), plus le son produit est grave

• Par sa taille.

Plus le trou est large, plus le son est aigu. Et inversement : plus le trou est étroit, plus le son est grave.

Conséquences immédiates :

• De deux trous situés au même endroit, c'est le plus large qui produira la note la plus aigüe. Élargir un trou déjà creusé est donc une solution pour monter un peu une note trop grave.

• De deux trous de même diamètre, celui qui est le plus proche du bec produira la

note la plus aigüe. C'est la position du trou qui a le plus d'influence sur la hauteur de la note : selon sa position, la note peut varier d'un demi-ton ou de plusieurs tons... La taille du trou joue dans une proposition moindre : difficile d'aller au delà du demi-ton. Compte-tenu de ces éléments, voici une démarche générale pour creuser les trous de sa flûte :

• Commencez par percer le trou le plus éloigné du bec.

• Pour chaque trou : commencez par percer un trou relativement étroit, plutôt un peu trop éloigné de l'embouchure par rapport à ce que vous auriez fait spontanément (la spontanéité dans ce domaine viendra avec la pratique).

• Si la note produite est trop grave : élargissez progressivement le diamètre jusqu'à obtenir la note désirée. Évidemment, cette démarche a une limite : pas possible par exemple d'élargir un trou jusqu'à un diamètre supérieur au doigt qui devra le boucher ! Si le trou doit être agrandi à l'infini pour obtenir votre note... recommencez une autre flûte !

• Si la note produite est trop aigüe : c'est également raté. Recommencez, ou trouvez une solution pour reboucher le trou et creuse-en un plus bas.

Voici, à titre d'exemple, un tableau qui donne la position des trous pour une flûte type «kéna». Le chiffre représente la distance entre le biseau de l'encoche et le haut du trou. Le diamètre des trous est de 1 cm, sauf le premier (le plus proche de l'encoche qui est au dos de la flûte, pour le pouce) et le dernier (le plus éloigné du bec) qui fait 5 mm, et qui ne sert que pour l'accordage de la flûte.

Longueur totale de la flûte : 360 mm

n° trou 1 2 3 4 5 6 7

Diamètre 5 mm 10 mm 10 mm 10 mm 10 mm 10 mm 5 mm

Position 146 mm 165 mm 195 mm 227 mm 255 mm 281 mm 315 mm

Pour percer vos trous, utilisez selon le cas :

• Un couteau, en donnant alternativement des coups dans un sens et l'autre. Attention, risque d'éclatement des végétaux, ne forcez pas du tout

• Une râpe à bois, tenue perpendiculairement au corps de la flûte, jusqu'à atteindre le vide intérieur

• Un fer chauffé au rouge (pour le bambou, la canne de Provence ou... le PVC). Sans doute la meilleure solution.

• Une perceuse avec une mèche à bois pour le PVC. Ne pas utiliser avec des matériaux végétaux qui explosent irrémédiablement !

Une fois le trou percé, quel que soit le matériau vous pouvez l'élargir (vers le bas ou le haut, selon l'accord souhaité) avec une queue de rat (petite lime ronde) ou un fer chauffé au rouge. La kéna La kéna est un instrument d'origine latino-américaine, en particulier des pays andins. Cette flûte est très intéressante dans la mesure où elle est extrêmement simple à fabriquer : elle se résume quasiment à un tube ! De plus, elle produit un son puissant et riche (mais difficile à maîtriser au début !). Le tube Le matériel idéal et originel est le bambou mais vous pouvez faire d'excellentes flûtes sur un tube de sureau. Et puis, si vous n'avez vraiment rien de tout ça sous la main, prenez un tube de PVC, ça ne sera pas du tout vert mais ça marchera super bien. Je vous propose de réaliser une flûte d'une longueur de 36 centimètres.

• Avec du bambou. Si vous utilisez du bambou, le matériau ne dois pas être trop épais : choisir un bel entre nœud présentant, dans la partie la plus large, un diamètre intérieur au

minimum égal à 2 cm et un diamètre extérieur au maximum égal à 3 cm. Plus le matériau n’est fin, mieux c'est. Beaucoup de bambous que l'on trouve en France sont, hélas, beaucoup trop épais, et laissent de ce fait un vide intérieur trop étroit ! Si vous ne trouvez pas d'entre-nœuds de 30 centimètres, votre devrez travailler à partir de 2 entre-nœuds attachés, percer l'opercule qui les sépare, et bien poncer l'intérieur pour essayer d'obtenir un tube bien lisse.

• Avec du sureau. Pour atteindre les 36 centimètres, il vous faudra utiliser au moins deux longueurs séparant des branches secondaires d'un jeune rameau. Commencez par suivre les instructions pour évider votre tube.

• Avec de la Renouée du Japon. Vous devrez choisir un tube sec de diamètre correct, et probablement percer un entre nœuds var vous n'atteindrez pas la longueur désirée en un entre nœuds unique

• Avec du PVC. Choisissez un tube de 20, 25 ou 30 mm de diamètre, et coupez-le simplement à la longueur désirée.

Quelque soit le matériel, passez l'ouverture la plus large au papier de verre fin pour éviter que le frottement vous blesse la bouche quand vous en jouerez. Fabrication de l'encoche Il existe plusieurs formes d'encoches. Je vous propose de fabriquer la plus courante (probablement car la plus simple à tailler) appelée encoche en U. A l'aide d'une queue de rat (lime ronde) d'un diamètre de 7 mm ou plus, façonner une encoche à l'extrémité la plus large de votre tube. Pour cela, limez alternativement l'intérieur et à l'extérieur du tube, lime en diagonale, de manière à former un biseau. Apportez beaucoup de soin à cette étape car c'est elle qui va conditionner la manière dont votre flûte va sonner. Faites un angle pas trop aigu avec votre lime (à peu près l'angle présenté sur le schéma de droite. Une fois l'encoche taillée, vous pouvez l'affiner avec un papier de verre très fin, mais ce n'est pas obligatoire. Hauteur totale de l'encoche : 10 mm. Hauteur de l'évidement : 7 mm (vous pouvez faire d'autres essais). Sortir le premier son de ce bazar Une fois l'encoche en place, apprenez à faire sonner votre flûte. Cela sera indispensable pour placer les trous ! Attention, sortir un son d'une kéna est une épreuve difficile, qui peut prendre quelques minutes, quelques heures ou quelques semaines selon la personne. Si vous n'arrivez pas à sortir un son de votre flûte, il est très probable que c'est parce que vous n'avez pas encore trouvé la position, et non pas parce que votre encoche ne fonctionne pas, car toutes les encoches fonctionnent ! (plus ou moins bien, il est vrai !).

La manière de souffler pour produire un son se rapproche du jeu de la flûte traversière. Le rond formé par l'extrémité du tube est placé contre le menton, l'encoche étant exactement en face de la fente formée par les lèvres. Bien pincer les lèvres et souffler. Si vous n'avez personne pour vous aider, le mieux est de regarder une photo d'un kéniste et d'essayer de reproduire la forme de sa bouche et le positionnement par rapport à l'encoche. Les trous Enfin, placez des trous le long de votre flûte. La kéna compte classiquement 7 trous : un premier petit trou tout en bas pour accorder le tube, parfois utilisé pour faire une altération (sur la photo il est situé sous l'annulaire droit), 5 trous sur le dessus, et 1 petit trou pour le pouce en dessous (sur la photo il est situé au niveau du pouce gauche du joueur). Pour savoir à quel endroit placer vos trous, reportez vous aux directives «Placer les trous» dans la section «Flute à bec». Sachez qu'il vous faudra sans doute pas mal d'essais pour avoir une flûte juste...

Le Kaval, ou Naï Le Kaval et le Naï sont deux flûtes d'origine bulgare et roumaine qui fonctionnent sur le même principe. Voici sans doute les flûtes les plus simples à fabriquer, jugez-en plus tôt. Il s'agit, ni plus ni moins, de se procurer un tube creux ouvert aux deux bouts, d'un diamètre intérieur d'environ 1,5 à 2 cm, et d'une longueur de 20 à 50 centimètres. Deux entre-nœuds de Renouée du Japon feront par exemple l'affaire, mais cela est également possible avec du bambou... Une fois que vous avez le tube, que reste-t-il à faire ? Hé bien, rien du tout. Euh... si : il reste à apprendre à en sortir un son. Et ça, croyez-moi, ça va vous prndre du temps. Des

heures, des jours, des années, que sais-je ? Peut-être bien que vous n'y arriverez jamais, allez savoir. Pour sortir un son de ce truc, il faut le tenir orienté vers le bas, le rond de l'une des extrémités plaqué contre les deux lèvres, celles-ci formant approximativement la forme du cul d'une poule. Et puis il faut souffler, assez fort, en cherchant votre son. Si un jour celui-ci apparaît, il restera à percer les trous de votre flûte. La perce standart du Kaval fait monter les notes par demi-tons, mais il sera plus simple de réaliser une perce plus "occidentale" pour commencer.

Les instruments de type «flûte de pan» Dans cette rubrique sont décrits des instruments dont le son est produit par la vibration d'une certaine quantité d'air emprisonné dans une cavité. L'instrument le plus connu et le plus répandu de cette catégorie est la flûte de pan, présente depuis des millénaires sur tous les continents. La flûte de pan est un instrument intéressant car il est à la fois facile à fabriquer, facile à jouer, et qu'il permet de produire de la «vraie musique». Pour ces raisons, je lui consacre un site web particulier (http://www.reveeveille.net/une_rubric.aspx?idrubric=128), décrivant intégralement le mode de fonctionnement, la fabrication, la technique de jeu, et propose des partitions appropriées. Mais il existe quelques autres instruments dans la catégorie, comme le «tuyau à coulisse» (nom inventé maison). Principe général de fonctionnement Lorsque l'on souffle fortement au raz de l'ouverture d'une cavité (par exemple une bouteille vide), le souffle provoque une compression qui a tendance à écraser l'air de la cavité. Cet air ne peut pas sortir car il n'y a pas d'autre ouverture, il se compresse un peu mais son élasticité a tendance à le ramener à sa position initiale. Il se détend donc, puis notre souffle le contracte à nouveau, etc. Il se met donc à vibrer, ce qui produit une note. Plus la cavité est grande, plus la masse d'air est importante, plus l'air met de temps à se comprimer et à revenir à sa position initiale, plus la fréquence de vibration de l'air est petite, plus la note produite est grave. Les instruments de type «flûte de pan» devront donc présenter une cavité fermée, et permettre de disposer de plusieurs tailles de cavités pour produire plusieurs notes différentes. Il y a donc deux types d'instruments :

• Ceux qui présentent plusieurs cavités de tailles différentes. C'est par exemple la «flûte de pan».

• Ceux qui présentent une seule cavité, mais de taille variable. C'est le «tuyau à coulisse».

http://www.reveeveille.net/une_rubric.aspx?idrubric=129

Consultez le site pour les Matériaux de base, techniques et outils.

La musique verte c’est tout l’univers sonore produit par des instruments rudimentaires que l’on peut fabriquer à partir d’éléments naturels ramassés au gré des saisons près de chez soi. Un petit canif est parfois nécessaire, mais souvent vous n’aurez besoin de rien d’autre que vos doigts pour les plus simples, comme les sifflets d’herbe ou les trompettes de pissenlit.

Pour obtenir plus de renseignements à l’égard des matériaux, des techniques et des outils, consulter le site Web. Mais aussi, il ne faut pas craindre les nouvelles expériences. Le seul danger est d’y découvrir des nouveautés et de nouveaux intérêts.