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LA REVUE DE LA MTRL Musée Gadagne : un palais de la Renaissance transformé en musée au cœur du Vieux Lyon Musée Gadagne : un palais de la Renaissance transformé en musée au cœur du Vieux Lyon Musée Gadagne : un palais de la Renaissance transformé en musée au cœur du Vieux Lyon Musée Gadagne : un palais de la Renaissance transformé en musée au cœur du Vieux Lyon Mutuelle et Santé REVUE TRIMESTRIELLE D’INFORMATION DE LA MTRL – N° 72 – DÉCEMBRE 2011 – 1 ¤ Mutuelle et Santé Mutuelle et Santé

Mutuelle et Santé - Monespassur - Accueil · 2011-12-19 · type de consommation souvent délirant et sans rapport avec la qualit ... Toutes les indications chiffrées données par

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Musée Gadagne : un palais de la Renaissancetransformé en muséeau cœur du Vieux Lyon

Musée Gadagne : un palais de la Renaissancetransformé en muséeau cœur du Vieux Lyon

Musée Gadagne : un palais de la Renaissancetransformé en muséeau cœur du Vieux Lyon

Musée Gadagne : un palais de la Renaissancetransformé en muséeau cœur du Vieux Lyon

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Mutuelle et SantéMutuelle et Santé

La Revue de la MTRLMutuelle et Santé

n° 72

La Revue de la MTRL - Mutuelle et Santé est la publication officielle de la Mutuelle de la région lyonnaise,126-128, rue Pierre-Corneille 69421 Lyon Cedex 03Tél. : 04 72 60 13 00. Fax : 04 72 60 13 01N° Azur : 0 810 030 033

Internet : mtrl.fr et reflexe-prevention-sante.mtrl.fre-mail : [email protected] et [email protected]° de CPPAP : 0412M05960.18e année – trimestriel – décembre 2011 – n° 72Le numéro : 1 ¤, dans tous les bureaux et agences de la MTRL. Abonnement annuel : 4 ¤.Directeur de la publication : Romain Migliorini.Administrateur : Thierry Thévenet.Éditeur délégué : Les Éditions du Chaland.ISSN : 1253-921XImpression : IMAYE Graphic, 53000 Laval.

VIE DE LA MTRL• Contribution du Pr Claude Le Pen

• Brèves• Nouveau site Internet de la MTRL

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ÉCONOMIE DE LA SANTÉEssai d’évaluation du paiement

des médecins par capitation7

SOINS ET SANTÉL’homéopathie : une solution

efficace et sans danger pour aiderles femmes enceintes

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ZOOMLa goutte

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SAVOIROstéoporose : la recherche avance

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INTERVIEW SANTÉL’avis d’un pharmacien sur la réforme du médicament

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SANTÉ PUBLIQUECancer et environnement :

un paradoxe et des questions20

CONNAÎTRELes prébiotiques

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Dans ce numéro, un cahier centralde 16 pages, numérotées de I à XVI

Colloque d’économie de la santé

ÉDITORIAL

ors du colloque d’économie de la santé organisé par laMutuelle le 8 octobre dernier – dont nous rendons comptepour l’essentiel dans ce numéro de la revue –, le professeurJean de Kervasdoué a dépeint longuement les carences de notre

système de santé. Parmi les plus criantes et les plus actuelles, puisqu’ellesavaient été discutées et votées à l’Assemblée nationale la semaineprécédente, il relevait la politique insensée du médicament en France,non sans souligner l’addiction profonde des Français eux-mêmes à untype de consommation souvent délirant et sans rapport avec la qualitéde santé qu’ils peuvent en attendre.

Toutes les indications chiffrées données par les articles de presse sur cettesurconsommation typiquement française, bien qu’elles aillent toutesdans le même sens, finissent malheureusement par embrouiller lesesprits, selon les années prises en compte, la monnaie de comparaison –dollars ou euros –, le relevé par spécialités, etc. Il y a pourtant plussimple, qui consiste à reprendre purement les statistiques de la Caissenationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés.

Pour l’année 2010, le total de ses prestations a atteint la somme de125,544 milliards d’euros. La somme des remboursements desmédicaments ambulatoires (médecine de ville) représente 18,421 Mds¤,soit 14,7 % du total. Celle des médicaments hospitaliers 4,52 Mds ¤,soit 3,6 % du total.

Ainsi, la somme des remboursements tous médicaments approche les23 Mds¤, ce qui, ramené à l’ensemble de la population française, donne354 ¤ de médicaments remboursés par an et par habitant en 2010.

Quand Jean de Kervasdoué prétend que, si on prescrivait en Francecomme en Norvège – pour ne rien dire de la Grande-Bretagne et duDanemark –, on prescrirait 256 ¤ de moins de médicaments par an etpar habitant, et il en estime l’économie à plus de 16 milliards d’euros.Effectivement, 23 Mds divisés par 354 et multipliés par 256, celadonne bien 16,6 milliards.

On comprend alors tout le chemin qui reste à faire pour revenir à descomportements plus responsables et remettre un peu d’ordre – au moinssur ce chapitre – dans nos dépenses de santé. La Haute Autorité desanté, dans un rapport d’orientation sur les thérapeutiques nonmédicamenteuses publié au printemps 2011*, évoque d’intéressantespistes pour sortir de cette surenchère pharmaceutique : changer sonmode de vie, modifier son alimentation, pratiquer une activitéphysique, engager un travail sur soi-même et n’attendre pas tout d’untraitement médicamenteux…

Finalement, depuis de nombreuses années, la MTRL pratiquait biencette prose-là. Sans le savoir ? C’est moins sûr !

Le président, Romain Migliorini

LTrès chers médicaments

* Document pdf à télécharger :http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2011-06/developpement_de_la_prescription_de_therapeutiques_non_medicamenteuses_rapport.pdf

Photo de couverture : musée Gadagne – mairie de Lyon

Vie de la MTRL

3La Revue de la MTRL � décembre 2011 � numéro 72

Le conseil d’administration et toute l’équipe de la MTRLvous présentent leurs meilleurs vœux

de bonne et heureuse année et d’excellente santé pour 2012

Le professeur Claude Le Pen faisait partie des intervenants prévus au colloque d’économie de la santé organisé par la MTRL le 8 octobre à Lyon.

Retenu à Paris ce jour-là, il a dû se décommander au dernier moment mais nous a adressé ce texte que nous publions bien volontiers.

LES COMPLÉMENTAIRES SANTÉ,CE N’EST PAS DU LUXE !

L ’existence d’institutions d’assurances complémentaires santé constitue une spécificité française. Long-temps considérées comme des survivances historiques et parfois accusées de contribuer à la croissance

des dépenses en annulant l’effet du ticket dit « modérateur », les complémentaires santé peinent encoreà être reconnues comme des acteurs à part entière de la couverture du risque maladie. Elles sont pour-tant devenues au fil du temps des institutions fondamentales de la protection sociale des Français, quicontribuent à l’égalité dans l’accès aux soins en abaissant le reste à charge des ménages et qui concourentà la démocratie sanitaire en impliquant la société civile dans la gestion de la protection sociale.

Aujourd’hui l’Etat compte sur elles pour régler des problèmes récurrents sur lesquels il bute depuis desannées, comme les dépassements d’honoraires. Il est donc paradoxal que, dans le même temps, il leurrefuse les moyens de participer à la gestion du risque santé, notamment en restreignant leur accès auxinformations sur les consommations médicales des assurés. Il est paradoxal qu’il les confine dans un rôlede « payeur aveugle » au moment même où les caisses du régime obligatoire essaient de s’en affranchir.Il est paradoxal qu’il ne considère leur contribution à l’équilibre des comptes sociaux que par le biais dela taxation.

A l’heure où le système de santé français aborde une nouvelle période de son histoire, il est sans doutetemps d’admettre que la protection complémentaire est devenue aussi indispensable, socialement et éco-nomiquement, que la protection obligatoire. Il est temps de reconnaître que leur rôle va au-delà de lasimple couverture du ticket modérateur et qu’elles peuvent contribuer, par des politiques actives de ges-tion du risque, à l’efficacité et à l’équité de la consommation de soins. Il est temps de leur donner la placequ’elles méritent dans la gouvernance du système de santé. Pour l’assuré social comme pour la collecti-vité, l’existence d’une protection complémentaire santé n’est pas un luxe mais une impérieuse nécessité.

Pr Claude Le Pen

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Vie de la MTRL

La Revue de la MTRL � décembre 2011 � numéro 72

INTEGRAL OPTIC :UN NOUVEAU SERVICE EXCLUSIF MTRL

� 0 ¤ ! C’est le reste à charge pour nos adhérents choisissant Integral Optic, le nouveau service de la MTRL mis en place pour permettre un accès aux équipements optiques nécessai-res et quels que soient les besoins (verres simples, spéciaux ou progressifs). Une innovationmutualiste très appréciable !� Ce service est disponible dans tout le réseau Optic 2000 (plus de 1 200 opticiens enFrance) et les opticiens UMGOS Optique Mutualiste de l’agglomération lyonnaise.� Pour en bénéficier, l’adhérent doit présenter sa carte CB Avance Santé à l’un desopticiens partenaires. Celui-ci prend directement contact avec notre plate-formeTelsanté qui renseigne le professionnel sur votre niveau de garanties. L’opticien pro-posera l’offre la plus adaptée en fonction des besoins et du contrat de l’adhérent.Un large choix d’équipements est possible.� Quels que soient son contrat collectif et son besoin optique (notamment en presbytie pour laquelle les équipements sont coûteux), l’adhérent n’aura aucun resteà charge s’il choisit une offre attachée au service Integral Optic.� Dans le plus grand nombre de cas, les adhérents bénéficieront même de verres EssilorVarilux, une garantie de haute qualité.

Pour en savoir plus ou connaître l’opticien partenaire proche de chez vous,

vous pouvez contacter Telsanté MTRL au n° Azur 0 810 030 033

PREMIÈRES ASSISES DES SOINS COORDONNÉS

Les premières assises des Soins coordonnésse sont tenues le 16 novembre au palais duLuxembourg, à Paris.

Martial Olivier-Koehret, président del’association éponyme, organisait cettemanifestation dans le but de réunir desprofessionnels de santé de ville désireuxde constituer des équipes de soins plu-riprofessionnelles afin de mettre enpratique un exercice transverse tenantcompte des compétences de l’ensem-ble de ces professionnels dans unecoopération bien comprise.

« Ces assises, précise-t-il, souhai-tent donner à voir ces nouvellesfaçons de travailler en commun et

tracer les pistes de nouveaux possiblespour notre système de santé. »

Cette initiative nous intéresse tout particulièrement car elle constitue latraduction en acte des propos du même Martial Olivier-Koehret lors du col-loque d’économie de la santé organisé par la MTRL le 8 octobre, rapportésdans le cahier central de ce numéro de la revue, propos qui ouvrent des pers-pectives sur un réel changement dans la prise en charge des usagers par devéritables équipes de soins constituées de médecins, de pharmaciens, d’infir-mières, de kinésithérapeutes et autre professionnels de santé, préfigurant ceque doit être la médecine de demain.

RELÈVEMENT DE 3,5 % DE LA TAXESUR LES CONTRATS SANTÉ

Depuis le 1er janvier 2011, tous les contrats de com-plémentaire santé responsables et solidaires ont étéassujettis à une taxe fiscale obligatoire de 3,5 %.

Or la Loi de finances rectificative 2011, votée enfin d’été, a décidé le relèvement de cette taxe obliga-toire de 3,5 à 7 %. Toujours dans le but de comblerle déficit de l’Assurance maladie. Cette hausse de3,5 % est d’autant plus contestable qu’elle s’appli-que depuis le 1er octobre, ce qui correspond à 7 %sur une seule année ! Contrairement à beaucoupd’autres organismes et par égard pour nos adhérents,nous ne l’appliquerons qu’au 1er janvier 2012. Rap-pelons que la taxation des contrats atteintaujourd’hui 13,27 % (6,27 % pour la CMU et 7 %sur les contrats santé).

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Vie de la MTRL

La Revue de la MTRL � décembre 2011 � numéro 72

INAUGURATION DE L’AGENCE MTRL DE MONTCEAU-LES-MINES

Le 19 octobre dernier, les nouveaux locaux de l’agenceMTRL de Montceau-les-Mines étaient inaugurés par M. Alain Schmitter, directeur général des Assurances du Cré-dit Mutuel, en présence de M. Laurent Selvez, représentantM. Didier Mathus, député-maire de Montceau-les-Mines, deM. Romain Migliorini, président de la MTRL, et de l’ensem-ble du personnel de l’agence.

Ces locaux, situés au 44 de la rue Carnot, ont une histoireancienne, celle d’une imprimerie très connue dans la ville,l’imprimerie Coquelu. Une exposition d’affiches retraçantcette aventure industrielle est venue s’inscrire dans le programme de cette journée et, comme elles sont fort belles,il a été décidé de les conserver à titre de décoration des nouveaux bureaux. Belle continuité…

TELSANTÉ : UN NOUVEAU NUMÉRO À VOTRE SERVICE

La MTRL met à votre disposition une plate-forme Telsanté au service de tous les adhérents. Veuillez noter le nouveau numéro de ce service :N° Azur 0 810 030 033 (prix d’un appel local)

Telsanté est accessible du lundi au vendredi de 8 h 30 à 18 h 45 et le samedi de 8 h 30 à 16 heures pour toutes vos questions pratiques au quotidien :suivi de dossier, devis avant travaux ou soins, changements de référents bancaires ou d’adresse, remboursements en cours, conseils pratiques… Cette plate-forme téléphonique est animée par nos équipes à votre service.

Alain Schmitter Laurent Selvez Romain Migliorini

M. Schmitter coupe le ruban en présence de Mmes Céline Martin et Odile Coutaudier.

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Vie de la MTRL

La Revue de la MTRL � décembre 2011 � numéro 72

L e site de la MTRL vient d’êtrerevu entièrement pour offrir denouveaux services aux adhé-

rents et présenter la Mutuelle à ceuxqui souhaitent le devenir.

La première version mise à dispo-sition des internautes à la fin dumois de novembre permet avanttout d’adhérer en ligne à laMutuelle, elle propose des devispour une couverture complémen-taire santé correspondant auxbesoins des assurés les plus exigeantscomme à ceux qui recherchent une

mutuelle à petit prix. L’outil permetaussi de tarifier et de souscrire àRéflexe Prévention Santé, spécialisédans la prise en charge des médeci-nes douces.

Une approche de la prévoyanceaccident est possible et complèteainsi la protection de la famille.

La plus grande avancée pour lesadhérents réside dans le développe-ment du « profil adhérent », quireprend l’ensemble des informa-tions sur les différentes couverturessouscrites et donne l’historique desremboursements effectués pourtoute la famille.

Cette partie du site est protégée ;si vous ne pouvez plus y accéder,demandez votre nouvelle identifica-tion dans la partie grand public dusite, vous recevrez toutes les infor-mations par courrier afin de proté-ger votre confidentialité.

La Mutuelle a aussi le souci d’in-former les internautes sur son

cycle de conférences ; il est désor-mais possible de vous inscriredirectement sur le site. Vous pour-rez bientôt y retrouver les princi-paux enseignements sous formed’extraits filmés.

Les prochaines évolutions élargi-ront les possibilités de l’internautedans le domaine des assurances debiens. Rendez-vous en mars 2012 !

Ce site internet se doit d’être per-formant, mais toute l’équipe de laMTRL reste à votre service au télé-phone ou dans nos agences. �

Votre mutuelle doit-elle s’appeler mtrl.fr ?

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Économie de la santé

La Revue de la MTRL � décembre 2011 � numéro 72

L es rémunérations des médecinsn’ont représenté, en 2010, que10 % des dépenses de santé des

Français. C’est le deuxième poste deces dépenses après les médicaments(19,5 %) et avant les auxiliaires médi-caux (6,5 %). Mais le mode de rému-nération des médecins de ville,aujourd’hui à l’acte, est, par sa formemême, à l’origine d’une pressionconstante à la hausse de nombre d’au-tres dépenses Ainsi en est-il, juste-ment, de notre consommation quasifrénétique de médicaments, à travers,notamment, la contrainte morale quenous, patients, exerçons sur nosmédecins, pour « faire marquer », àchaque visite ou consultation, desmédicaments en quantité bien plusgrande que dans les autres pays !

Les trois formes derémunération des médecins

Il en existe trois : le paiement à l’acte,dans lequel le médecin est rémunéréà chaque consultation, avec ou sansacte au sens propre ; le salariat, quirémunère un temps de travail, quelleque soit l’intensité de celui-ci ; lacapitation, ou rémunération forfai-taire par patient.

En France, des expériences sont encours pour combiner un petit peu decapitation, ou paiement forfaitaire autitre de médecin référent, avec lepaiement à l’acte. Dans une enquêtede 2009, réalisée en Bretagne sur unecentaine de médecins, 54,7 % ont ditêtre favorables à une évolution deleur mode de rémunération vers unpeu de forfait, un peu de capitation.D’autres enquêtes montrent qu’ennombre croissant les jeunes médecinssont favorables soit au salariat, soit àla capitation.

Au Royaume-Uni et aux Pays-Bas(Trésor-Eco, n° 42, sept. 2008), uneplace très importante est accordée à la

capitation, complétée par lesalariat au Royaume-Uni, etpar le paiement à l’acte auxPays-Bas. Le système alle-mand est très sophistiqué,avec un paiement à l’acte,plafonné dans un systèmeglobal de capitation, ce quiserait peut-être une étapeintermédiaire pour la Francesi les syndicats de médecinscontinuent à refuser catégori-quement la capitation.

Aux Etats-Unis, les troismodes de rémunérationcoexistent en fonction desassurances privées. Le salariaty est très développé dans lesHealth Maintenance Organi-zations, lesquelles ont pousséle plus loin l’intégration des soinsavec tous les professionnels de santéconcernés.

Comment pourraitfonctionner la capitation ?

Le médecin généraliste, ainsi que lespécialiste sur les ALD1, librementchoisis – point essentiel pour éviter lacritique de mauvaise foi sur la « fonc-tionnarisation » de la médecine – parleurs clients, percevraient, pour cha-cun de ceux-là, une somme forfaitairequi serait croissante avec l’âge, pourplafonner à partir de 65/70 ans. Leurcharge, en contrepartie, serait de soi-gner, mais aussi « suivre » les patients,devenir leur « coach » pour qu’ilsvivent dans le meilleur état de santépossible.

Il faudrait, de plus, définir l’âge àpartir duquel le médecin référentserait payé pour eux à la capitation.Pendant plusieurs années, il est en

effet difficile d’imaginer que ce modede rémunération puisse être appliquéà tous les patients. On peut imaginer,sauf ALD précoce, que cette obliga-tion existe pour les enfants de la nais-sance à 5/6 ans (après quoi, unemédecine scolaire puis une médecinedu travail, toutes deux restaurées,prendraient partiellement le relais)puis reprenne à l’âge de 40/45 ansjusqu’à la fin de vie.

Avantages et inconvénientsde la capitation

Le paiement par capitation estprospectif ; le montant global

des honoraires de capitation est prévi-sible ; la gestion de l’Assurance maladieest grandement facilitée ; le paiement àl’acte, au contraire, est rétrospectif.

Le paiement par capitation estle complément logique de la

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Essai d’évaluation du paiementdes médecins par capitation

1. Le nombre d’ALD (affections de longue durée) est de l’ordre de 9 millions en 2011 ; plus des trois quarts sont des pathologies cardio-vasculaires, les tumeurs malignes, le diabète et les affectionspsychiatriques. Sont concernés 55 % d’hommes et 45 % de femmes, pour un âge moyen de 67/68 ans.

Jean Matouk

création du parcours de soin et dumédecin référent.

Le paiement à l’acte incite à laproductivité, à la multiplication

du nombre de consultations ; la ving-taine de visites par jour, évoquée plusloin, est une moyenne statistique ;nombre de médecins en font beau-coup plus. Cette multiplication desvisites n’est-elle pas contraire à la qua-lité des soins ? Le paiement par capi-tation, avec liberté de choix, peutaussi inciter à la multiplication desclients, mais cette multiplicationtrouve une limite dans la qualité dessoins ressentie par les patients, et leurliberté de changer de médecins.

Le paiement par capitationencourage à la démarche pré-

ventive, et donc à une baisse tendan-cielle, à population constante, desdépenses de santé ; ce mode de rému-nération incite le médecin à devenirce « coach », évoqué plus haut, de sespatients à l’hygiène de vie ; il doitdonc constater, sauf ALD, au moinsjusqu’à un certain âge, se réduire peuà peu la fréquence des consultations.

La capitation ne peut se conce-voir qu’avec une « charte » réci-

proque de bonne conduite. Lepatient doit évidemment être libre dechanger de référent avec un préavis ;mais le médecin doit aussi pouvoir,hors urgence et respect du sermentd’Hippocrate et de l’article R4127-9du Code de la santé publique, refuserun malade ; la charte fixerait le nom-bre normal ou maximum de visitesannuelles que le médecin serait tenud’accepter.

La capitation doit-elle inclureles dépenses de médicaments et

les soins infirmiers, voire les dépensesd’analyse biologique ou d’examensradiologiques ? C’est le cas auRoyaume-Uni. Cela simplifie évi-demment encore plus la gestion glo-bale de l’Assurance maladie et incitele médecin à ne plus prescrire, surdemande de patients hypocondria-

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ques, trop d’examens inutiles. Ceserait tentant pour la France, comptetenu de notre surconsommationmédicamenteuse. Le risque est toute-fois que cette inclusion conduise cer-tains médecins à sélectionner plusintensément leur clientèle.

La capitation peut – avantagemarginal mais non négligeable

– inciter à la prescription de médica-ments vendus par grande quantité ougrands emballages, le renouvellementde l’ordonnance étant moins fré-quent. Avec les boîtes pour 3 mois,on réduit de 13 % les dépenses demédicaments.

Essai d’évaluationquantitative

Selon les statistiques de la DREES(Etudes et résultats. Les revenus desmédecins libéraux en 2007 et 2008),le revenu moyen annuel, après char-ges, d’un médecin généraliste était de67 350 ¤ en 2006, 70 940 en 2007et 71 960 en 2008. Sans trop setromper, on peut penser que, surcette trajectoire, le revenu 2010aurait pu être de 73 000 ¤, soit6 080 ¤ par mois2. L’OCDE, dansson étude de juin 2011, donne unrevenu de 90 000 $ (comme en Alle-magne et au Royaume-Uni, mais150 000 $ aux Etats-Unis) soit, avec1,25 $ pour 1 ¤, autour de 73 000 ¤,ce qui est cohérent !

Selon diverses études, le taux decharge serait de 45 %. On voit doncque 73 000 ¤ correspondraient à132 500 ¤ d’honoraires environ. Surce total, on sait, par ailleurs, que83 % correspondent à des consulta-tions, le solde correspondant auxdéplacements et actes précis. Leshonoraires de visites et consultationssont donc d’environ 110 000 ¤, soit9 160 ¤ par mois, ou encore475/480 visites à 23 ¤, soit 21 visitespar jour (22 jours ouvrables).

En ce qui concerne les spécialistes,les revenus sont évidemment trèsvariables, allant, en 2008, de

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216 170 ¤ pour un radiologue (esti-mations DREES) à 69 950 ¤ pourun pédiatre, 62 680 ¤ pour un der-matologue et 61 900 ¤ pour un psy-chiatre. Le revenu moyen de tous lesspécialistes est de 110 000 ¤.

Si l’on ne tient pas compte de ceuxqui ne peuvent être payés qu’à l’acte(radiologues, anesthésistes, ophtal-mologues, chirurgiens…), le revenumoyen des spécialistes susceptibles deprendre en charge des malades enALD est d’environ 90 000 ¤. Dans cerevenu, les dépassements, pratiquéspar 40 % des spécialistes, sont, enmoyenne, d’environ 20 % (chirur-giens 30 %, gynécologues obstétri-ciens 27 %, radiologues et cardiolo-gues 4 %). Si on garde cette moyennede 20 % pour les spécialistes suscep-tibles de suivre un malade en ALD, lerevenu « conventionnel » sans dépas-sement devient le même en moyenneque celui des omnipraticiens,110 000 ¤, mais évidemment avecune dispersion plus grande.

En affinant un peu…Quel est, pour poursuivre ce calculrelatif aux spécialistes, le tarif deconsultation à prendre en compte ?Théoriquement, il faut ajouter aux25 ¤ (consultation de 23 ¤ plus lamajoration forfaitaire transitoire de2 ¤) les 40 ¤ forfaitaires (RMT) queles spécialistes perçoivent en sus.Total : 33 ¤ pour 4/5 visites annuel-les, à comparer aux 44 ¤ pour un avisponctuel. Le total des honorairesincluant 45 % de charges, soit132 500 ¤, correspond donc à334 visites par mois, ou 15 par jour.

Admettons que l’Assurance mala-die ne veuille pas dépenser plus enhonoraires qu’aujourd’hui. Le totaldes honoraires des 67 700 omniprati-ciens libéraux doit être, en 2010,d’environ 7,5 milliards d’euros. Letotal des honoraires des 20 000 spé-cialistes qui soignent les patients en ALD serait, par le même calcul, de 2,2 Mds ¤, soit un total de9,5 Mds ¤, qui représente à peu près

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Économie de la santé

La Revue de la MTRL � décembre 2011 � numéro 72

2. Le praticien hospitalier démarre à 31 000 ¤ et finit à 63 700.

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Économie de la santé

La Revue de la MTRL � décembre 2011 � numéro 72

la moitié de la consommation de services de médecine libérale(20 Mds ¤). L’écart, ce sont évidem-ment les honoraires des spécialistespayés à l’acte, les frais de déplacementet actes des omnipraticiens, les paie-ments à l’acte de ces mêmes omnipra-ticiens pour les 15-40 ans, les dépas-sements des spécialistes… toutes lescorrections faites dans ce qui précède.

Les dernières données démogra-phiques INSEE montrent que laFrance compte, sur une populationde 62,8 millions d’habitants en2010, 5 % de moins de 5 ans, soit3 millions, et 43 % de plus de 45 ans, soit 27 millions. De ces der-niers, il faut retirer 9 millionsd’ALD. Il reste donc 21 millionspour les généralistes.

Les 67 700 généraliste suivraientdonc 21 millions de patients, soit310 patients par médecin, pour un

revenu de 73 000 ¤, soit une capi-tation de 235 ¤ par an et parpatient. Les 20 000 spécialistes« référents » suivraient 9 millionsd’ALD, soit 450 par médecin, pourun revenu de 90 000 ¤ par an, soitune capitation de 200 ¤, s’ajou-tant, pour eux, aux autres revenus,notamment les avis ponctuels oules actes.

Notons que, pour un généraliste, siles 310 patients les sollicitent pour6,9 visites par an, ce qui est lamoyenne statistique, ils auront àassumer 9 consultations par jour. Onnotera que la moyenne allemande estde 8,2, la moyenne néerlandaise de6,7, suédoise de 3 et britannique de5. Il restera aux omnipraticiens qui secontenteraient de ce revenu moyenlargement de temps pour recevoir les15-40 ans en consultation à l’acte, etaussi… se mieux former !

Le calcul qui précède est grossier.Les principes fondateurs de la capita-tion doivent être débattus et affinés.Puis doit être entreprise une véritableexpérimentation sur quatre ou cinqdépartements ; l’expérimentationsociale est aussi importante que l’ex-périmentation scientifique, ainsi quel’a répété et réalisé Martin Hirsch.L’inclusion, ou non, des médica-ments doit être elle aussi débattue,voire expérimentée. Enfin, avantgénéralisation, doivent être fixés lestarifs qui satisfont les médecins maiscontribuent aussi au plafonnementde la croissance des dépenses de santéà celle du PIB, pour tenir compte,sans déficit, des effets du vieillisse-ment et des progrès médicaux. �

Jean Matoukagrégé de sciences économiques,

professeur des universités

MN

Quelles particularitésprésente la prescription de médicamentshoméopathiques pendant la grossesse ?

Le médicament homéopathique neprésente pas de risque de iatrogéni-cité : il n’est pas dangereux pendant lagrossesse. Le seul danger est deméconnaître une pathologie quinécessiterait une prise en charge dif-férente, le traitement homéopathiquepouvant dans ce cas retarder un trai-tement plus adapté.

La posologie est identique chez lafemme enceinte, l’enfant, l’adulte oula personne âgée : 3 à 5 granules uneà plusieurs fois par jour en fonctiondes symptômes (répéter la prise en casde problème aigu).

Sur le plan de la galénique, il est ànoter que les médicaments homéopa-thiques sous forme de gouttescontiennent de l’alcool. Chez lafemme enceinte, il faut éviter cesconditionnements et remplacer pardes granules ou des comprimés.

En cas de diabète de grossesse, ditdiabète gestationnel, la prise de médi-caments homéopathiques est possi-ble, la quantité de sucre contenu dansles granules étant infime (un tube de80 granules contient 4 g de sucres,dont 85 % de saccharose et 15 % delactose, et un morceau de sucrecontient 5 g de saccharose).

Quelle réponsehoméopathique pour lespetits maux de la grossesse ?

« La grossesse n’est pas une maladie »,disent les médecins et le langagepopulaire. Et pourtant, que de symp-

tômes pénibles pendant la grossesse :les patientes supportent mal tous cespetits maux parfaitement physiologi-ques. Le médecin hésite souvent à lestraiter car les médicaments allopathi-ques ne sont pas toujours sans risquedans cette période délicate de forma-tion de l’embryon et du fœtus.

Difficile de croire aussi, pour certai-nes patientes, que la grossesse n’est pasune maladie, après avoir entendu l’in-formation de la consultation du pre-mier trimestre : dépistage de triso-mie 21, dépistage de la rubéole, de latoxoplasmose, de la syphilis, du sida ;information sur la listériose, les limi-tes de l’échographie… De quoiengendrer beaucoup d’angoisses, quipeuvent à elles seules générer un mau-vais vécu de la grossesse et des symp-tômes gênants, comme par exempledes contractions, des troubles dusommeil, des troubles de l’humeur.

Les petits maux de la grossesse cor-respondent à une adaptation du corpsà la grossesse : l’absorption intestinale

est majorée pour apporter plus denutriments au fœtus. Cela passe parun ralentissement du transit pouraugmenter le temps d’échange entresang et intestin et se traduit par unralentissement du transit. La montéedes hormones, nécessaire pour que lagrossesse évolue, entraîne les nausées.L’augmentation progressive duvolume de l’utérus va avoir commeconséquence la compression des orga-nes de voisinage, responsables de lour-deurs pelviennes, de constipation.

Les échanges plasmatiques varientavec constitution d’une rétentiond’eau responsable de douleurs desmembres inférieurs, d’œdèmes, decrampes. Les muscles du bassin etceux entourant la colonne lombairesont sollicités, créant des douleurs.

Psychologiquement, après un pre-mier trimestre d’ambiguïté vis-à-visde la grossesse (suis-je heureuse ounon ?) puis d’épanouissement au2e trimestre, arrive l’angoisse de l’ac-couchement au 3e trimestre.

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Soins et santé

La Revue de la MTRL � décembre 2011 � numéro 72

La grossesse est une période de déséquilibre psychologique et physique ;

peut être une aide précieuse pour traiter des symptômes tout au long

L’homéopathie : une solutionpour aider les femmes

� Les nausées (en dehors des vomis-sements majeurs avec amaigrissementbrutal qui nécessitent une hospitalisa-tion) peuvent relever d’un traitementhoméopathique exclusif ; il faut aussifragmenter ses repas et éviter deconsommer des aliments acides(tomates, citron, par exemple). Lutei-num 15 CH, 5 granules deux fois parjour, représente une solution simple.� En cas de nausées survenant lematin, avec impression de vide gastri-que, non soulagées par les repas : Sepia9 CH, 5 granules 2 à 4 fois par jour.� Si nausées, vomissements, avecimpression de malaise, soulagés parl’air frais, aggravés par le mouve-ment ; Tabacum 9 CH, 5 granules 2 à4 fois par jour.� Si nausées avec vomissements fré-quents : Symphoricarpus 7 CH, 5 gra-nules 2 à 4 fois par jour.� Si nausées après les repas, soulagéespar les vomissements : Nux vomica9 CH, 5 granules 2 à 4 fois par jour.� Les aigreurs, brûlures d’estomacpeuvent être soulagées par Iris versico-lor 9 CH surtout en cas de migrainesassociées et Robinia 5 CH, 5 granules3 fois par jour.

Eviter là aussi les aliments acides,les épices.� La constipation doit être traitée sielle entraîne des douleurs ou unralentissement du transit majeur, fai-sant redouter des complications.� Collinsonia 9 CH, 5 granules 2 foispar jour, est adapté, surtout quand lapatiente présente des hémorroïdes etune congestion pelvienne.� Raphanus 5 CH, 5 granules 2 foispar jour en cas de constipation avecballonnement douloureux et émis-

sion de gaz qui soulage les douleurs.� Nux vomica 9 CH, 5 granules 2 foispar jour ; plusieurs symptômes sontsouvent présents : nausées, constipa-tion, hémorroïdes.� Les lourdeurs des membres infé-rieurs répondront à un traitementpar Hamamelis composé, 5 granules2 fois par jour.� Les hémorroïdes, si pénibles en finde grossesse, appelleront la prescrip-tion de Aesculus composé, 5 granules2 fois par jour, ou Collinsonia 9 CH(en cas de constipation associée) ouNux vomica 9 CH (si hémorroïdesinternes avec petits saignements).� Les crampes seront soulagées parCuprum 9 CH 5 granules 2 fois parjour, bien utiles lorsque les patientesne supportent pas, sur le plan diges-tif, le traitement par magnésium,couramment prescrit dans cette indi-cation, ou lorsqu’il n’est pas ou plusefficace.� Les douleurs ligamentaires dubassin peuvent gêner les patientes dèsle 5e mois ; les médicaments homéo-pathiques indiqués sont Ruta graveo-lens 7 CH si les douleurs sont amélio-rées par le mouvement, Murex15 CH, 5 granules 2 fois par jour, siamélioration les jambes croisées etsensation de pesanteur.� Les douleurs lombo-sacrées corres-pondront à la prescription de Rutagraveolens 7 CH si amélioration aumouvement, ou de Bryonya 9 CH siamélioration au contraire au repos.

En cas de douleur lombairepiquante, lancinante, améliorée par lapression, la friction, la chaleur, onconseillera Kalium carbonicum15 CH, 5 granules 2 fois par jour.

L’homéopathie peut-elleaméliorer les troubles du sommeil, les troubles de l’humeur ?

Ces troubles sont très perturbateurs ;il n’est pas rare de voir des patientessous benzodiazépines ou somnifèresdivers pendant la grossesse. Or cesmédicaments endorment aussi lefœtus et créent une accoutumancechez la mère avec un syndrome desevrage à l’arrêt. Il est donc plus rai-sonnable de conseiller un traitementhoméopathique.

La femme enceinte a souvent desdifficultés pour s’endormir ; elle secouche plus tôt car elle est fatiguée, seréveille plus tôt. Le sommeil est seu-lement « décalé ». Si la durée de som-meil est préservée et que la patienten’est pas fatiguée, aucun traitementn’est nécessaire.

Parfois, les troubles du sommeilaccompagnent des troubles de l’hu-meur. L’angoisse peut générer tous lessymptômes : des douleurs digestives,des céphalées, des contractions et,bien sûr, des troubles du sommeil ;on proposera aux patientes angois-sées, qui ont facilement des spasmes,des boules dans la gorge, une humeurvariant entre pleurs et rires, Ignatia15 CH, 5 granules le soir au coucher.

Celles qui sont stressées, angoissées,qui ont besoin de se détendre, bénéfi-cieront d’un traitement par Passifloracomposé, 5 granules le soir au coucher.

11La Revue de la MTRL � décembre 2011 � numéro 72

l’homéopathie, respectueuse de la physiologie,

de la grossesse et pour préparer l’accouchement

efficace et sans dangerenceintes

Soins et santé

Les patientes qui ont des troublesde l’humeur aggravés par la solitude,qui n’ont pas confiance en elles, quipleurent facilement, se verront pres-crire Pulsatilla 15 CH.

Une tendance au repli sur soi, àl’isolement, un aspect dépressifrépondront à Sepia 15 CH. En géné-ral, ces patientes ont des réveils fré-quents toutes les deux heures.

Les patientes irritables, que la gros-sesse rend très pénibles pour l’entou-rage, qui ont du mal à s’endormir, seréveillent vers 3 à 5 heures du matin,prendront Nux vomica 15 CH, 5 gra-nules matin et soir.

Une patiente qui ne dort plus carelle appréhende son accouchement etredoute d’aller se coucher, ou quin’ose aller se coucher par peur de nepas s’endormir (trac d’anticipation),répondra à la prescription de Gelse-mium 15 CH, 5 granules le soir,médicament des patientes qui ontpeur de l’obstacle.

L’administration une à deux foispar jour du médicament dépend dusymptôme ; une seule fois le soir, encas de troubles du sommeil isolés,deux fois par jour si angoisse, stress,associés ou non à des troubles dusommeil.

Et les contractions utérines ?Il n’est pas toujours aisé de distinguerles contractions utérines physiologi-ques (sans danger pour la grossesse,

mais qui induisent desangoisses), des contrac-tions utérines patholo-giques. En cas decontractions utérines,surtout si elles sontdouloureuses (ressem-blant à des douleurs derègles), fréquentes, sur-venant au repos, uneconsultation est indis-pensable. En cas demodification du col, lediagnostic de menaced’accouchement pré-maturé est posé, et ilexiste des recomman-dations de prise encharge (médicaments

allopathiques, hospitalisation, sur-veillance à domicile).

Les traitements homéopathiquessont indiqués chez les patientes quine présentent pas de menace d’accou-chement prématuré mais seulementun utérus contractile ; des médica-ments comme Caulophyllum 9 CH,Cuprum 5 CH (surtout en cas decrampes des mollets associées), Igna-tia 9 CH (si les contractions sedéclenchent dans une situation d’an-goisse) peuvent être prescrits, mais ilsrelèvent du conseil d’un médecin oud’une sage-femme après consultationet ne doivent pas faire partie desréflexes d’automédication.

Une petite recette pourpréparer l’accouchement ?

La meilleure préparation est de sefaire confiance et de faire confiance àla nature. Cependant, chacun saitque les accouchements peuvent êtredifficiles et longs.

Bien évidemment, ni l’homéopa-thie ni les autres préparations à l’ac-couchement ne peuvent garantir unaccouchement normal. Les prescrip-tions homéopathiques visent simple-ment à préparer l’organisme pourmettre en jeu toutes les conditionsfavorables à un accouchement natu-rel, si tout se présente bien (fœtus têteen bas, bassin adapté à la tête fœtale).Elles ne remplacent pas les prépara-tions classiques dispensées par les

sages-femmes qui me paraissentindispensables surtout pour un pre-mier accouchement.

Il est traditionnellement proposéun traitement par Actaea racemosa9 CH, 5 granules par jour troissemaines avant le terme, censé agirsur la souplesse du col, mais aussi surle côté psychologique puisqu’il acomme indication l’inquiétude de lafemme enceinte.

On peut adjoindre Caulophyllum9 CH, 5 granules par jour les 15 der-niers jours, surtout s’il y a des petitescontractions quotidiennes, et Caulo-phyllum 5 CH en cas de contractionsinefficaces et douloureuses appeléesfaux travail. Une étude versus placeboa montré que ce médicament pristous les quarts d’heure et pendantdeux heures accélérait le début dedilatation lorsque les patientes étaienten vrai travail et au contraire les arrê-tait si ce n’était pas le bon moment.

Finalement, tous les petits maux dela grossesse peuvent répondre à untraitement homéopathique bienchoisi, qui respectera la physiologie etn’entraînera pas d’effet secondaire.

En cas de contractions utérines, unexamen est indispensable ; l’automé-dication n’est pas indiquée. �

Dr Christelle Charvetgynéco-obstétricienne et homéopathe

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Soins et santé

Iris versicolor.

Nux vomica.

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La Revue de la MTRL � décembre 2011 � numéro 72

E lle est caractérisée par l’accumu-lation de sels uriques (urates) auniveau de certaines régions pré-

disposées telles que le gros orteil, larégion du coude et des cartilages dupavillon de l’oreille. Cette accumula-tion tient à ce que le sang du gout-teux renferme un excès d’acide urique(au-dessus de 70 mg/l) résultant soitd’une production excessive, soit, plushabituellement, d’un défaut d’élimi-nation. Il s’ensuit que la goutte seprésente avant tout comme une affec-tion d’ordre nutritionnel.

Maladie des surmenés, des bonsvivants, des gourmets et gourmands,elle se manifeste habituellement parun gonflement très douloureux dugros orteil. L’arthrite de la crise degoutte est due à la précipitation dansl’articulation de l’acide urique sousforme de micro-cristaux d’urate desoude.

Les manifestations de la maladie

Les mécanismes d’accroissement del’uricémie sont :� soit une hyperproduction d’acideurique par trouble enzymatique oupar un apport alimentaire excessif ;� soit par insuffisance d’éliminationrénale.

La goutte aiguë typique est celle dugros orteil. Son début, généralementnocturne, est consécutif à un facteurdéclenchant : excès de table, alcool,surmenage physique, traumatismephysique ou psychique, infection, etc.

Le tableau clinique est évocateur, ilse produit une tuméfaction inflam-matoire atrocement douloureuse.La goutte chronique s’installe insi-dieusement. Les crises, d’abord brè-ves et localisées, deviennent plus fré-quentes, d’intensité moindre, dedurée plus longue, avec atteinte d’au-tres articulations dans le sens généra-lement ascendant. L’organisme quiproduit trop d’acide urique va stockerles excès sous forme de concrétionsuratiques dans divers organes.

La goutte chronique se traduithabituellement par :� l’apparition de tophi : concrétionsuratiques visibles sous la peau ;

� des arthropathies goutteuses :dépôts uratiques dans les articula-tions ou même dans les os :� des manifestations viscérales : cal-culs d’acide urique (lithiase urati-que) ; dépôts uratiques dans le tissurénal : néphropathie uratique.

Le traitement de la goutte chroni-que ne peut être qu’un traitementprolongé. Il doit débuter un moisaprès la dernière crise de goutte. Il estbasé sur l’association d’un régime dié-tétique, de phytothérapie et d’ho-méopathie.

Fréquence, signes et symptômes

La goutte touche principalementl’homme à partir de la cinquantaine,volontiers obèse ou sujet à des excèsalimentaires.

La crise typique de goutte se mani-feste par une douleur brutale à la base

La goutteLa goutte est une affection due à une surcharge de l’organisme en acide urique.

Elle se traduit cliniquement par des atteintes articulaires inflammatoires et biologiquement

par une augmentation de l’acide urique dans le sang, ou hyperuricémie

UNE ARTICULATION EN FUSION

Jacob Jordaens, Le Mangeur (1650 env.), musée de Kassel.

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du gros orteil, très intense, perma-nente, apparaissant la nuit, augmen-tée par le moindre contact et toutetentative de mobilisation. Par ail-leurs, l’articulation est rouge, chaudeet gonflée. Les zones les plus atteintessont dans l’ordre : les orteils (jonctionentre les orteils et le pied = articula-tion métatarsophalangienne), lesgenoux, les pieds, les chevilles, lesmains et les coudes.

Évolution et complicationsLes crises récidivent régulièrement.La principale complication est la for-mation de calculs dans les urines, à l’origine de coliques néphrétiques.En l’absence de traitement – ou encas de traitement mal conduit –apparaissent des tophi (dépôtsd’acide urique sous la peau), sensiblesà la palpation au niveau de l’articula-tion, ainsi que sur le tendon d’Achilleet les oreilles et une atteinte du reinpar le même mécanisme, pouvantévoluer vers une insuffisance rénale.

Régime diététiqueLe régime de la goutte chronique res-treint les aliments producteursd’acide urique.� Alimentation : éviter les abats(rognons, ris de veau), le gibier, lescrustacés, les poissons gras (sardines,anchois, harengs), les coquillages, leschampignons, les légumes secs etautres épinards, chou-fleur, oseille,choucroute, tomate, cresson, les fruitssecs gras (amandes, noix), les glaces,les sauces et bouillons de viande…� Boissons : restriction des boissonsalcoolisées.

� Cure de diurèse quotidienne : boire2 à 3 litres d’eau par jour.

La crise peut être déclenchée parcertaines circonstances météorologi-ques ou par la consommation d’unaliment précis. À cet égard, il sembleque, pour chaque personne, il existeune nourriture à laquelle elle est par-ticulièrement sensible (un type degibier, une certaine marque d’apéritif,etc.), de sorte que l’on a pu parlerd’une véritable « allergie goutteuse ».

PréventionUne alimentation trop riche et tropabondante génère de l’acide urique, ilfaut par conséquent recourir à unealimentation plus frugale et moinscarnée.

Une tisane de pomme tous les joursévite de tels désagréments : versez del’eau bouillante sur une pommedécoupée en rondelles avec la peau.Laissez infuser pendant 20 minutes etbuvez 2 tasses par jour.

Homéopathie1. Cas aigu3 granules alternativement toutes lesheures :Belladonna 5 CH,Colchicum automnale 5 CH,Ledum palustre 5 CH,Nux vomica 5 CH,Urtica urens 5 CH.2. Cas chronique3 gran. au réveil d’Arnica montana4 CH,3 gran. à midi de Ranunculus bulbo-sus 4 CH,3 gran. au coucher de Colchicumautumnale 4 CH,

10 gran. chaque diman-che au réveil d’Uricumacidum 7 CH.1 cuillerée à soupematin et soir d’Urar-thone3. Douleurs articulairesaprès l’effortBryonia alba 5 CH,Benzoïcum acidum5 CH,10 gran. de chaque,puis 3 gran. 4 fois parjour.

4. Traitement de fondIl sera déterminé par le médecinhoméopathe et comportera soitLycopodium clavatum, Nux vomica ouSulfur.

Procéder à des dosages tiersd’acide urique.

Oligo-élémentsChez la personne jeune :Soufre : 1 ampoule, 3 fois parsemaine.Manganèse-cobalt : 1 ampoule, 4 foispar semaine.A l’âge moyen :Cuivre-or-argent : 1 ampoule, 4 foispar semaine.

PhytothérapieAu stade de la goutte aiguë, il fautprendre uniquement des plantes anti-inflammatoires : une association har-pagophytum, saule et cassis estconseillée.

Les doses doivent être relativementimportantes. Le traitement sera à pour-suivre pendant 10 jours. L’associationde ces trois plantes va agir sur les diffé-rents composants de l’inflammationarticulaire : les médiateurs cellulaires etles cellules. Leurs principes actifscréent, au niveau du liquide synovial,un climat biochimique qui ralentit laprécipitation de l’acide urique.Traitement anti-inflammatoire

Cassis poudre micronisée . . . . . 50 mgHarpagophytum . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200 mgSaule poudre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 mg

pour une gélulePosologie : 2 à 3 gélules matin,

midi et soir.En tout temps, c’est-à-dire au cours

des crises et en dehors de celles-ci, lestisanes diurétiques sont très utiles, etparmi elles, il convient de recom-mander :� l’infusion de frêne : 1 cuillerée àdessert de feuilles grossièrement pul-vérisées par tasse d’eau bouillante ;� l’infusion de reine des prés : 50 g desommités fleuries par litre d’eau ;� l’infusion de cassis : 50 g de feuillespar litre d’eau.

On pourra associer ces trois plantesdans une tisane unique. À cet effet,on emploiera, pour une tasse d’eauPas bon du tout pour la goutte !

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La Revue de la MTRL � décembre 2011 � numéro 72

bouillante, une cuillerée à soupe dumélange suivant :

feuilles de cassis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100 gfeuilles de frêne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 gsommités fleuriesde reine des prés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 gCes tisanes seront prises en dehors des

repas à raison d’un demi-litre par jour.

Traitement de fondLa phytothérapie dispose, en traite-ment de fond de la goutte, de plantesaux propriétés uricosuriques isoléestelles que la busserole, ou de planteanti-inflammatoires et éliminatrices

de l’acide urique telles que le frêne etla vergerette du Canada.� La busserole (feuilles) possède, grâceà la présence de flavonoïdes et de glu-cosides phénoliques (arbutoside), lapropriété d’augmenter la diurèse etl’élimination rénale d’acide urique.� Le frêne (feuilles) possède des pro-priétés classiques diurétiques et anti-inflammatoires que l’on attribue à sescomposés polyphénoliques.� La vergerette du Canada (herbefleurie) possède des propriétés phar-macologiques équivalentes au frêne,grâce à des polyines.

Formule 1Busserole poudre . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100 mgFrêne poudre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100 mgVergerette du Canada poudre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150 mg

pour une gélulePosologie : 2 gélules matin et soir

pendant un mois.Formule 2Teinture mère de bouleau blanc 1 fla-con de 125 ml, 1 cuillerée à café,2 fois par jour.

Compléter par les plantes en pou-dre micronisées :

Harpagophytum poudre micronisée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100 mgFrêne poudre micronisée . . . 100 mgArtichaut poudre micronisée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100 mg

pour une gélulePosologie : 2 gélules matin et soir

pendant un mois. À renouveler.

Remèdes de « bonne femme »� Les feuilles de bouleau ont uneaction diurétique, dépurative et anti-septique. Elles nettoient l’organismeen profondeur.

Jeter 30 feuilles coupées dans1/2 litre d’eau bouillante. Laisserinfuser 10 minutes. Boire 3 tasses parjour, entre les repas.� Les cerises calmeront les douleurslors d’une crise de goutte si vous enconsommez entre 200 à 250 g par jour.� Le charbon activé attire les toxines etsemble assez efficace contre la douleurlorsqu’il est appliqué en cataplasme.

Mélanger du charbon activé enpoudre à l’eau chaude afin d’en faireune pâte que vous appliquerez direc-

tement sur l’articulation touchée,et ce, durant une nuit entière.

Des bains de pieds d’uneheure dans une eau addition-née de charbon activé voussoulageront.

Pris sous forme de gélulesmatin, midi et soir, le charbonactivé permet de diminuervotre taux d’acide urique. �

Dr Jean-Pierre Willem

QUELQUES GOUTTEUX CÉLÈBRES

Charlemagne, Léonard de Vinci, Christophe Colomb, Martin Luther,Henri VIII, le cardinal Mazarin, Isaac Newton, Louis XVIII, plusprès de nous une grande figure lyonnaise, Edouard Herriot, souf-frirent atrocement de la goutte. Ils n’étaient pas tous de bonsvivants, mais les plus emblématiques – le roi aux six épouses etaux plus nombreuses maîtresses encore, Henri VIII, le maireindéboulonnable de Lyon, le “roi Edouard”, et surtout lemonarque “restaurateur” Louis XVIII – avaient un solidecoup de fourchette et la dalle en pente…

Ce dernier, revenant aux Tuileries après vingt-quatre ans de tourisme européen, renoue avec les fastes gastronomiques de l’Ancien Régime. Obèse, gangréneux, souffrant le martyrede crises de goutte à répétition, il gravit son Golgotha en faisant ripaille : un châtiment terrible pour un crime pour-tant bien pardonnable !

Jacques Autreau, Les Buveurs de vin, musée du Louvre.

P ar ailleurs, 45 000 femmes pré-sentent une fracture du poignet.Cette fracture est le plus sou-

vent bénigne, mais elle constitue unsignal d’alarme, car elle signe une fra-gilité osseuse sous-jacente : la frac-ture, survenue au décours d’une

chute banale, ne résulte pas seule-ment de celle-ci mais est égalementliée à un état osseux qui n’a pas per-mis de résister à la chute. Il n’est pasnormal de se fracturer l’avant-bras aucours d’une chute. On estime engénéral qu’un traumatisme dont laviolence est inférieure ou égale à celled’une chute de sa propre hauteur nedoit pas engendrer de fracture. Letraitement orthopédique de cettefracture ne suffit pas, il faut explorerla fragilité osseuse sous-jacente. Fina-lement, environ une femme sur deuxqui dépasse l’âge de 50 ans aura unefracture liée à l’ostéoporose, et unhomme sur quatre.

De l’utilité d’uneostéodensitométrie

Le dépistage des femmes à risque defracture repose de nos jours sur

l’utilisation de l’ostéodensitométrie,qui permet de repérer les femmes lesplus à risque en mesurant la densitéminérale osseuse, au niveau de lacolonne lombaire et de la hanche.On utilise aussi de plus en plus unoutil disponible sur Internet, déve-loppé par l’Organisation mondialede la santé, le FRAX®. Celui-ci per-met de calculer la probabilité de cer-taines fractures pour les dix ans quiviennent, en recueillant quelquesfacteurs de risque cliniques et ladensité minérale osseuse. Toutefois,ces outils ne sont pas toujours utili-sés à bon escient car les trois quartsdes femmes qui ont une fracture liéeà l’ostéoporose ne reçoivent pas detraitement approprié par la suite, enFrance et dans tous les autres paysdéveloppés. Les femmes concernéesont donc tout intérêt à demanderune ostéodensitométrie à leurmédecin après ce type d’incident.Par ailleurs, la moitié des fracturess’observent chez des femmes dont ladensité minérale osseuse n’est pas endessous du seuil défini par l’OMS,si bien que l’examen peut être prisen défaut.

De nouvelles techniques pour améliorer la prédictiondu risque de fracture

C’est pourquoi nous développonsde nouvelles techniques d’imagerie.Par exemple, un scanner à hauterésolution, qui donne des imagestrès précises de l’architectureosseuse, a déjà permis de montrerdans des études pilotes conduites àLyon par l’unité INSERM UMR1033 (Pr Roland Chapurlat), locali-

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Savoir

La Revue de la MTRL � décembre 2011 � numéro 72

Ostéoporose :En France, chaque année, plus de 50 000 personnes âgées

Cette fracture se complique généralement, ce qui peut contribuer au décès

ne peuvent pas retrouver de capacités physiques suffisantes

UNE INITIATIVE ORIGINALE

Le service du professeur Chapurlat, en collaboration avec des méde-cins pédiatres de l’hôpital Edouard-Herriot (Pr Cochat, Dr Bac-chetta), envisage de lancer une étude sur l’importance de l’apport envitamine D chez les adolescents. La justification scientifique reposesur le fait qu’une part importante de la masse osseuse chez la femmeménopausée dépend de ce qui s’est passé pendant cette phase d’acqui-sition de la masse osseuse. La prévention des fractures – 50 ans plustard – dépend en partie de la compréhension des événements surve-nus pendant cette période de croissance. L’étude, qui s’appelle VITA-DOS, comportera aussi une mesure de micro-architecture, commedans l’étude QUALYOR.

Le projet, pour l’heure, est de recruter 200 adolescents de 10 à17 ans pour cette étude. La MTRL, bien évidemment, accepte volon-tiers de participer à l’aide au recrutement de ces jeunes, comme elle apu s’investir, par le passé, pour l’étude QUALYOR en cours.

sée à l’hôpital Edouard-Herriot,qu’il pourrait améliorer le dépistagedes femmes qui ne sont pas considé-rées comme à risque par l’ostéoden-sitométrie standard. De même, uneradiographie numérisée du piedpermettant d’analyser la micro-architecture (analyse de texture)serait susceptible d’améliorer la pré-diction du risque de fracture. Cestechniques sont de réalisationrapide et ne présentent pas d’incon-vénient pour la santé. En particu-lier, elles irradient beaucoup moinsqu’une radiographie simple. Par ail-leurs, un nouveau logiciel d’analysedes scanners de hanche pourrait

aussi assurer une meilleure évalua-tion du risque de fracture du col dufémur. De même, notre connais-sance de la fragilité osseuse sera pro-bablement améliorée par le dévelop-pement de nouveaux bio-mar-queurs, afin de mieux estimer le ris-que de fracture mais aussi de mieuxchoisir les traitements, car tout lemonde ne réagit pas nécessairementde la même façon à un même pro-duit. On pourrait ainsi prescrire lesfuturs traitements en connaissantcertains gènes des patients, qui lesprédisposent à mieux réagir à tel outel médicament, alors qu’actuelle-ment tout le monde reçoit lesmêmes produits. Certains patientsréagissent favorablement à un médi-cament donné, d’autres moins, sansque l’on puisse le savoir à l’avance.Cette personnalisation de la méde-cine est un de nos objectifs.

Une grande étude de cohorte est en cours

Ces nouvelles technologies sont encours de validation. De ce fait, unegrande étude de cohorte est en coursà Lyon et à Orléans, visant à assurerun suivi de femmes ménopausées deplus de 50 ans, sur plusieurs années.Il s’agit de l’étude QUALYOR, quiva rassembler 1 575 femmes nontraitées. Après une mesure de densitéminérale osseuse par l’examen tradi-tionnel qu’est l’ostéodensitométrie,celles qui ont une densité modéré-ment abaissée pourront participer àce suivi, en bénéficiant de ces nou-velles techniques d’imagerie. L’ob-jectif principal de cette cohorte estde déterminer avec plus de précision

quelles sont les femmes qui présen-teront des fractures après la méno-pause, afin de pouvoir introduireune prévention adéquate. Ces nou-velles techniques d’imagerie permet-tront de préciser quelles sont les alté-rations de la qualité osseuse quifavorisent les fractures, indépen-damment de la quantité d’os pré-sente (densité osseuse).

Si vous êtes intéressée, vous pouvezcontacter le Centre de prévention desostéoporoses à l’hôpital Edouard-Herriot, au 04 72 11 74 40 ou 04 72 11 74 39. �

Pr Roland Chapurlat,INSERM UMR 1033 et Service derhumatologie et pathologie osseuse,

hôpital Edouard-Herriot, Lyon

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Savoir

La Revue de la MTRL � décembre 2011 � numéro 72

la recherche avance– le plus souvent des femmes – se fracturent le col du fémur.

ou laisser un lourd handicap. La moitié de ces patients

pour retourner vivre à leur domicile

Scanner à haute résolution XtremeCT™.Il permet de donner des images d’unegrande précision de l’extrémité de l’avant-bras et du tibia. Cette technique permetaussi d’estimer la solidité de l’os, grâce à des calculs inspirés du monde del’ingénieur (analyse des éléments finis),utilisés par exemple pour prévoir larésistance des matériaux de construction.

Appareil de radiologie à hauterésolution de type BMA™, utilisé pour évaluer la qualité osseuse.

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Interview santé

La Revue de la MTRL � décembre 2011 � numéro 72

Depuis le début de l’affaire du Mediator, le médicament en général a fait l’objeten janvier 2011 puis en juin ; celui de la mission Debré-Even publié en mars.

(Rapport d’orientation sur les freins au développement des thérapeutiquesLe ministre de la Santé, Xavier Bertrand, avait indiqué

présentées au Conseil des ministres le 1er aoûtA propos du verdict de la représentation nationale, nous avons souhaité connaître l’avis

Les industriels du secteur de la pharmacie, par la voix de leur syndicat, avaient réagi asseznégativement au projet de loi du ministre Xavier Bertrand. Quelle est votre appréciation des décisions prises par les parlementaires ?Les entreprises du médicament sont comme toujours dans leur rôle de défense de leur profession et ne parlentque de certains aspects qui leur paraissent négatifs. Mais ils passent sous silence les avancées au niveau de la trans-parence des décisions lors des délibérations des commissions d’AMM (autorisation de mise sur le marché desmédicaments), la réévaluation du rapport bénéfice/risque des médicaments les plus anciens, le renforcement dela pharmacovigilance.� Demande des AMM plus exigeante au niveau européen : obtention de l’AMM si valeur ajoutée thérapeutique.� Cependant, la majeure partie des AMM des produits innovants est octroyée au niveau européen.� Meilleur travail sur le SMR (service médical rendu) insuffisant.Le travail sur les prescriptions hors AMM est intéressant car le pharmacien d’officine peut difficilement les détec-ter (voir en ce moment le début de travail sur l’Epitomax – alerte AFSSAPS du 26/08/2011 : mise en garde surle détournement de l’usage de l’Epitomax en dehors des indications autorisées pour perdre du poids). L’affairedu Mediator ne fait finalement pas écho chez certains prescripteurs et chez certains patients voulant maigrir àtout prix.Il faudrait de véritables études cliniques de phase IV après la mise sur le marché.

L’Afssaps devient l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé)avec le souci de prévenir les conflits d’intérêts : les déclarations d’intérêts, sous peine de sanctions,vous paraissent-elles de nature à garantir la parfaite indépendance de décision des membres de la future agence ?Oui, les déclarations d’intérêts vont dans le bon sens, théoriquement, mais avons-nous le nombre d’expertsnécessaires et indépendants pour assurer le fonctionnement des commissions d’AMM ?

Les autorisations de mise sur le marché (AMM) seront contrôlées plus sévèrement ; elles pourront même être suspendues, retirées ou modifiées afin de renforcer la sécurité sanitaire.Quel rôle les pharmaciens peuvent-ils jouer dans le domaine de la pharmacovigilance ?La pharmacovigilance est l’activité consistant à enregistrer et évaluer les effets secondaires (en particulier les effetsindésirables) résultant de l’utilisation des médicaments ; il faudrait intégrer dans les logiciels qu’utilisent les phar-maciens ce module.

En définitive, qu’attendez-vous d’une telle réforme pour la profession face à cette méfiancenouvelle, ressentie dans la population, à l’égard du médicament ?� La méfiance à l’égard du médicament est réelle, mais il y a aussi une frange de la population qui compte trop surle médicament pour maigrir, pour dormir, pour régler ses problèmes de moral…� Les abus ne peuvent qu’engendrer des problèmes de mésusage et entraîner les amalgames connus.� La réforme a donc le mérite de permettre de parler de ces mésusages et de communiquer sur le médicament defaçon plus rigoureuse.

L’avis d’un pharmacien suradoptée à l’Assemblée

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Interview santé

La Revue de la MTRL � décembre 2011 � numéro 72

Cependant, j’aimerais joindre à ce brèves réponses ce propos à méditer : « Quand vous élaborez un médicament,quand vous le faites évoluer, vous tentez de soigner, d’améliorer ou de guérir. Mais vous avez toujours la notionde risque à l’esprit. Difficile de prévoir l’imprévisible. Évidemment, avec les moyens de l’informatique et de lasimulation, on multiplie les précautions statistiques. Mais un accident, un seul, et, pour notre industrie, c’est uneterrible épreuve. Nous prenons des risques énormes. Nous en sommes conscients. Et cela au moment où la prisede risque est refusée par une “société sécuritaire”. Pour sortir de cette spirale culpabilisante, il faut accepter etmanager le risque, avec pro-activité, pédagogie, partage des responsabilités selon un nouvel équilibre, en échap-pant à deux pièges : celui tendu par les minorités conquérantes qui vont avoir tendance à créer un climat de “victimisation” et celui de la communication qui peut donner lieu à des perceptions et des interprétations perverties. La société, par nature, alterne courants dépressifs et erratiques et périodes dynamiques et rationnelles.La relation au médicament est un bon révélateur de l’état d’une société. » Dominique Mangeot, président deBoehringer Ingelheim France, in La Société du médicament ? LEEM, juin 2006. �

de plusieurs rapports : ceux de l’Igas (Inspection générale des affaires sociales)On pourrait y ajouter celui de la Haute Autorité de santé, également au mois de juin non médicamenteuses). Sans compter un rapport initié par le Sénat en cours d’élaboration.s’être inspiré de ces différentes études dans les propositionset soumises au Parlement à la fin du mois de septembre.du président d’un syndicat de pharmaciens Rhône-Alpes (UNPF), M. Jean-Paul Kauffmann.

la réforme du médicament nationale le 4 octobre 2011

Médicaments ambulatoireset rétrocessions 14,7 %

Honoraires privés 12,5 %

Autresdépenses (1) 13,0 %

Indemnitéjournalières 4,9 %

Hospitalisations51,3 %

Médicamentshospitaliers 3,6 %

Structure des remboursements de l’Assurance maladie

du régime général en 2010 (source : CNAMTS)

(1) Autres dépenses : auxiliaires médicaux, analyses, transport de malades, dispositifs médicaux.NB : la rétrocession est exclue des médicaments hospitaliers et comprise dans les médicaments ambulatoires.

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Xxxxxxxxxx

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Santé publique

L es déterminants de la santé sontl’environnement stricto sensu, larelation au monde du travail, les

comportements individuels et lagénétique.

L’environnement stricto sensu –c’est-à-dire l’air que l’on respire, l’eauque l’on boit, l’habitation danslaquelle on vit, ce que l’on mange, lesol sur lequel on marche, l’activitéphysique que l’on pratique – est res-ponsable, en un siècle, d’une aug-mentation considérable (65 %) del’espérance de vie. Au XXe siècle, on agagné cinq ans de vie tous les vingtans et, en 2011, l’espérance de vie enFrance est de 84,5 ans pour les fem-mes et 77,8 ans pour les hommes.

En regard de ce gain de cinqannées de vie tous les vingt ans, le

nombre de cancers a augmenté de90 % entre 1980 et 2005, un chiffretellement élevé que certains accusentl’environnement de cette « épidémiede cancers ».

Augmentation de lapopulation et vieillissement

Alors, quels sont les faits autour de ceparadoxe d’augmentation de l’espé-rance de vie et de l’augmentation dunombre de cancers ?� D’abord, entre 1980 et 2005, lapopulation française a augmenté, cequi explique déjà 22 % des chiffresconstatés.� Ensuite, 50 % des cancers survien-nent après 70 ans, et il y a une rela-tion entre le cancer et le vieillisse-ment. 18 % de l’augmentation s’ex-pliquent simplement par le vieillisse-ment de la population.� Il reste donc 50 % de l’augmenta-tion à analyser :� 70 % de l’augmentation chezl’homme correspondent à l’augmen-tation des cancers de la prostate, et50 % des cas supplémentaires chez lafemme relèvent du cancer du sein. Ledépistage n’ayant pas grand-chose àvoir avec l’environnement strictosensu, on voit que celui-ci ne peutpas être incriminé à ce niveau.� En regard, il y a des cancers quidiminuent de façon significative(cancer du col de l’utérus, ORL, esto-mac, œsophage, poumon chezl’homme, vessie).

L’hypothèse de l’environnement

Au total, il reste 14 à 16 % des can-cers dont l’augmentation d’incidencepeut être éventuellement expliquéepar l’environnement.

L’Institut de veille sanitaire et l’INSERM ont montré que les can-cers du poumon, du sein, du cerveau,du testicule, de la peau pouvaientéventuellement être liés à l’environ-nement, comme les leucémies, leslymphomes et les mésothéliomes.

15 %, c’est plus que la génétique(10 %). Il n’est donc pas nécessaired’en rajouter pour souligner l’impor-tance de la relation cancer et environ-nement.

L’unité Cancer et environnementdu centre Léon-Bérard travaille surl’information des citoyens, la relationenvironnement et travail et le liennutrition/environnement. Les lec-teurs intéressés peuvent trouver denombreuses informations complé-mentaires sur le site internet :www.cancer-environnement.fr

Des sociétés de plus en plus inquiètes

Nos sociétés sont marquées par uneconscience du risque de plus en plusaffirmée, ce qui nous invite à parlerde société du risque. Cela ne se limitepas à évoquer l’apparition et le déve-loppement de nouveaux risques. Eneffet, il s’agit aussi et surtout de s’in-téresser à ce que Anthony Giddens a

Cancer et environnement :

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Santé publique

un paradoxe et des questions

appelé la « culture du risque » etUlrich Beck la « société du risque ».Autrement dit, si les sociétés contem-poraines sont marquées par la prolifé-ration des risques, cela ne signifie paspour autant qu’elles sont plus dange-reuses. En effet, c’est d’abord notrerapport au danger qui a changé, cequi nous invite à rappeler que le ris-que constitue d’abord une construc-tion sociale, de sorte qu’il y a autantde représentations d’un risque que depositions culturelles et de trajectoiressociales.

La proximité d’un risqueaccroît son danger potentiel

La perception des risques dépendégalement de leur proximité vis-à-visdes individus. Si on se focalise sur laquestion de l’environnement, onpeut voir, à travers quelques exem-ples, que cette question de la proxi-mité est tout à fait majeure. On peut

évoquer tout d’abord la proximitéintellectuelle. De manière générale, laperception des risques semble liée àleur place dans les débats publicsainsi qu’à l’importance des incertitu-des de leurs effets sur la santé. Autre-ment dit, la perception du risque estcorrélée au degré de connaissance quel’on en a. Ensuite, la proximité physi-que interfère également dans la per-ception des risques. Plus précisément,la proximité des risques vis-à-vis deslieux de vie des populations influenceleur conscience du risque. Un risqueéloigné semble généralement moinsdangereux qu’un risque proche. Celapeut être mis en relation avec la visi-bilité du risque, et plus particulière-ment avec sa matérialité visuelle,olfactive voire sonore. Autrement dit,ce qui se voit, ce qui se sent ou bienencore ce qui s’entend (panaches defumée, odeur des pots d’échappe-ment, antennes relais) effraie davan-tage que ce qui est invisible.

Les risquesenvironnementaux,aujourd’hui, imprègnent la conscience collective

La perception des risques environne-mentaux est révélatrice de ces logi-ques sociales et spatiales. De manièregénérale, le lien entre cancer et envi-ronnement est devenu une sourced’interrogation croissante pour lesexperts et la société civile. D’ailleurs,les enquêtes de sondage et les baro-mètres utilisés pour estimer la percep-tion des Français quant aux risquesenvironnementaux se sont multipliés.Cela traduit l’attention accordée dés-ormais aux expositions environne-mentales et les craintes de leur possi-ble impact sur la santé. �

Thierry Philip,coordonnateur du département Canceret environnement, centre Léon-Bérard

� Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail, Cancers et environnement, 2009.

� Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail, Les radiofréquences, 2009 (Mise à jour de l’expertise relative aux radiofréquences).

� Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail, Perception du risque et participation du public, 2006.

� Hill C. & Doyon F. (2008), La fréquence des cancers en France en 2005 : évolution de la mortalité depuis 1950 et résumé du rapport sur les causes de cancer, in Bulletin du Cancer, volume 95, n° 1, pp. 5-10.

� Institut de veille sanitaire, Évolution des données épidémiologiques des cancers : 1980-2005,2010.

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Connaître

La Revue de la MTRL � décembre 2011 � numéro 72

L es prébiotiques sont des nutri-ments intestinaux sélectifs repré-sentant des substrats énergéti-

ques pour des bactéries spécifiques.Ces nutriments, composés alimentai-res, du fait de leur résistance à ladigestion et à l’absorption dans lapartie haute du tube digestif, sonttransférés dans le côlon. Les prébioti-ques peuvent alors y être utilisés parfermentation (à l’abri de l’oxygène)et, comme on mettrait un engraisspécifique sur une plante donnée, ilsmodulent la flore et par suite la phy-siologie du côlon. L’apport régulierde prébiotiques peut donc modifierl’environnement métabolique dugros intestin. On peut alors parler denutrition intestinale. La conséquencerésulte en un bien-être, et la santé del’individu est améliorée par une meil-leure composition/activité de la flore.

Quelques sources naturellesde prébiotiques

Actuellement sont considéréescomme répondant à la définition deprébiotique l’inuline et les galacto-ologosaccharides. D’autres candidatssont à prévoir : les isomalto-oligosac-charides, le lactosucrose, les xylo-oli-gosaccharides, les oligosaccharides dusoja, les gluco-oligosaccharides, l’ara-binoglucose… toutes ces moléculescomplexes étant caractérisées par laprésence de différents sucres.

Les nutriments prébiotiques sontainsi naturellement présents dans lesfruits, les céréales, les légumes, ainsique dans le lait maternel – ô, Mesda-mes, allaitez ! – et participent à unenutrition adéquate.

Précisons le cadreActuellement, l’objectif est celui de laprise de poids. Il engendre diverseffets pathologiques :� l’encrassement lipidique du foie,� l’hypertension artérielle,� l’athérosclérose,� l’obésité des viscères (graisse para-

site dans les tissus),� des désordres de la coagulation,� enfin, le diabète de type 2.

Le dénominateur commun est l’inflammation

Nous avons vu que le changement decomposition de la flore intestinaleétait relié à l’obésité (article précé-dent). Se débarrasser de cette floregênante serait-il une solution ? On amontré que l’utilisation d’antibioti-ques à large spectre chez la souris per-mettait de diminuer l’adiposité etd’améliorer la tolérance au glucose.Le transfert de flore « saine » chez des

individus présentant un syndromemétabolique – défini par l’associationd’anomalies lipidiques sanguines,d’hypertension artérielle et de sur-poids – améliore la situation. Cela estévidemment plutôt expérimental,quoique vérifié, et compliqué à met-tre en œuvre au niveau d’une popula-tion. Mais existerait-il une autre voie,celle de promouvoir l’essor des bacté-ries potentiellement bénéfiques, lut-tant contre la maladie ?

L’approche prébiotiqueLe nombre des bifidobactéries à lanaissance est inversement corrélé àl’apparition du surpoids à la préado-lescence. Elles sont plus rares chez lesbébés lorsque la mère est en surpoids.Elles sont plus rares chez les individusobèses que chez les individus minces,et chez les patients diabétiques detype 2 que chez les non-diabétiques.Voilà qui fait réfléchir !

Alors, peut-on donc nourrir spéci-fiquement ces bifidobactéries afinqu’elles croissent ? Elles se nourris-sent de fibres – sucres complexes –essentiellement de type inuline etfructane (galacto-oligo-saccharides,GOS). Les études montrent que l’ad-ministration orale de prébiotiquesaugmente le contenu intestinal enbifidobactéries. Les effets sont visi-bles : on observe la diminution detaille des cellules graisseuses de l’orga-nisme, en rapport avec une destruc-tion accrue des lipides qu’ils contien-nent. Même, le nombre des cellulesgraisseuses – adipocytes – diminue.

Cependant, l’effet prébiotique nese résume pas à l’action sur les bifido-bactéries : il s’exerce aussi vis-à-visd’autres micro-organismes, tels les

Les prébiotiquesOn découvre actuellement des rôles insoupçonnés de la flore intestinale,

qui doit être comprise maintenant comme un véritable organe rattaché au corps.

Voyons comment celui-ci peut être nourri spécifiquement

Ce légume au nom ridicule, laid à faire peuret tout juste mangeable préparé avec un jus de viande, est plein de prébiotiques ! Allez expliquer ça à vos enfants…

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lactobacilles, les eubactéries et lesfécalobactéries.

Les prébiotiques empêchent lasurexpression de la protéine GPR43et des gènes cibles de PPAR �, et ceteffet est corrélé au taux de bifidobac-téries – peu importe, je veux signifierpar là que l’on dispose de preuvesscientifiques. D’autre part, on a notéune corrélation positive entre l’adipo-sité et le LPS (voir le dernier articlede la revue) et une corrélation inverseentre l’adiposité et les bifidobactéries.

Certains prébiotiques, notammentinuline/fructanes, augmentent latolérance au glucose et diminuent letaux sanguin de LPS – endotoxémie.Ces mêmes prébiotiques diminuentla fabrication et le stockage des lipi-des dans le foie – c’est de l’anti-foiegras ! Mais encore, l’effet sur le poidscorporel et sur l’encrassage graisseuxdu foie (stéatose) va de pair avec uneaugmentation de la satiété !

Pour nous résumer, considérons queles prébiotiques réduisent la massegrasse, réduisent la stéatose hépatique,réduisent la glycémie et réduisent l’in-flammation tout en régularisant l’ap-pétit. Surprenant, non ?

Réduire l’inflammationComment alors expliquer la diminu-tion de production du trop fameuxLPS, molécule toxique, hautementpro-inflammatoire, issue des bactériesGram-négatives, par l’absorption deprébiotiques ? Le fait de renforcer labarrière intestinale, donc de luttercontre l’hyperperméabilité intestinale,serait-il efficace ? Oui, en effet. On apu montrer que les prébiotiques res-taurent la fabrication de protéinesimpliquées dans les jonctions serréesintestinales – celles qui font l’étan-chéité de la muqueuse – qui justementsont amoindries chez l’individu obèse.Le mécanisme n’est pas comprisactuellement, mais c’est un fait. Onétudie une autre voie : celle des canna-binoïdes endogènes dans le contrôlede la perméabilité intestinale et del’endotoxémie au LPS. Vous avez bienlu : du cannabis ? Non, bien sûr, maisquelque chose en nous qui y ressembleun peu. Mystère de la nature !

Cellules endocrines de l’intestin

Autre piste : les cellules endocrines del’intestin. On en parle très peu, ellessont très peu nombreuses, d’où la dif-ficulté à les étudier. Mais elles ne sontsûrement pas là par hasard ! Ces cellu-les endocrines – qui fabriquent dessubstances déversées dans le sang –synthétisent différentes protéines(pro-glucagon, GLP 1 et 2).Lorsqu’on apporte à l’individu desprébiotiques, le nombre de ces cellulesendocrines s’accroît et, par suite, lesproduits fabriqués dans la veine porte– celle qui mène le sang de l’intestinvers le foie, transportant glucides etprotéines absorbés par celui-ci. On adémontré que le GLP 2 diminue l’in-flammation, l’endotoxémie au LPS etaugmente l’intégrité de la barrièreintestinale chez les souris. En somme,absorber des prébiotiques régulariseaussi la perméabilité intestinale.

Prébiotiques et satiétéChez les individus sains, les prébioti-ques augmentent la satiété, notam-ment lorsque l’inuline est consom-mée le soir : la faim se calme plus vitepour le contenu d’un même repas.Cela est en rapport avec la sécrétionde protéines endocrines qui dimi-nuent l’appétit. Le sucre du sang estplus rapidement absorbé par les cellu-les du corps : la glycémie est dimi-nuée après le repas, le glucose enexcès se transformant moins en triglycérides alors stockés dans lesadipocytes sous l’effet de l’insuline.Les effets sont patents, comme vousle voyez, et sont d’un grand intérêt à notre époque.

ConclusionEn résumé, l’effet prébiotique :� améliore les fonctions coliques enaugmentant la masse et la fréquencedes selles,� réduit le risque d’infections intesti-nales,� améliore l’absorption des minéraux(calcium, magnésium, fer),� améliore la perméabilité intestinale,� diminue l’endotoxémie métaboli-que (LPS),� réduit le risque d’obésité et de dia-bète de type 2,� améliore les défenses immunitaires(études chez des enfants âgés de 4 à24 mois),� améliore la réponse immunitairevaccinale (enfants âgés de 8 mois),� améliore l’incidence de l’allergiechez les enfants,� module l’activité endocrinienneintestinale et notamment l’appétit viala sécrétion de peptides ayant unimpact sur la satiété (ghréline,GLP 1…),� améliore les symptômes des mala-dies inflammatoires de l’intestin.

On constate que la liste des effetsest plutôt longue et recoupe partielle-ment les effets dus aux probiotiques.Quoi de plus normal, puisque le cou-ple probiotiques/prébiotiques estindissociable.

Pourtant, la controverse existe, etc’est bien ainsi. Les bifidobactériessont parfois retrouvées plus nom-breuses chez l’obèse ! Et elles sontcapables de promouvoir la crois-sance d’animaux d’élevage et d’aug-menter le poids corporel d’enfantsatteints de diarrhées. Pourtant, ilexiste une place incontestable pourles prébiotiques : on contrôle mieuxle diabète, le surpoids. Ainsi, on voitque les prébiotiques sont les alliésdes probiotiques, dont nous avonsdéjà parlé. En attendant d’autresétudes en cours… �

Philippe FiévetMédecin nutritionniste

Maître en sciences et biologie médicales

Connaître

TENEUR DES ALIMENTSEN PRÉBIOTIQUES

(EN G D’INULINE PAR 100 G D’ALIMENT)

l’artichaut, 2-7l’ail, 16le topinambour, 17-20le poireau, 3-10l’oignon, 4le salsifis, 20la banane, 1la chicorée, 20