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Recherche et développement technologique Bureau de dépôt Bruxelles X - Mensuel ne paraissant pas en juillet et août - 258 - Février 2010 Dissection de la voix Ces petites choses précieuses ...

N° 258 - Février 2010 (.pdf - 2220 Ko)

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Recherche et développement technologique

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Dissectionde la voix

Ces petites chosesprécieuses ...

(Photo: Sgt. James L. Harper Jr.

/ U.S. Air Force)

Chercher, comprendre, imaginer, créer, innover: c’est le propre de l’homme,sa nature profonde, son cheval de bataille. L’humanité, depuis sa naissance,n’a de cesse d’aller plus loin pour tenter d’élucider tous les mystères del’Univers. Si l’essence de cette démarche proactive a permis de formidables

découvertes et d’inestimables améliorations pour notre confort, qu’ont-elles laisséderrière elles ? Les choses n’étaient-elles parfois pas plus simples «avant» ? Les tech-nologies d’aujourd’hui n’ont-elles pas tué certaines des valeurs essentielles d’hier ?À l’heure du virtuel, de la course effrénée au profit, de l’égoïsme roi, du recul inces-sant des limites, de l’attrait magique de la nouveauté, n’y a-t-il pas des questions à seposer parfois sur le bien fondé des technologies et du progrès ? C’est un débat sansfin, rien n’est ni noir, ni blanc, évidemment. Athena a choisi sa voie: communiquerpositivement, donner à réfléchir, tirer des sonnettes d’alarme, susciter des vocations,offrir un rayonnement, répondre à des questions, donner des indices sur l’avenir,montrer les progrès «utiles» et ce que la science offre de mieux. Certes, elle n’a paspu prévenir le tremblement de terre en Haïti mais a ouvert les portes à un extraor-dinaire élan de générosité d’ampleur mondiale en seulement quelques instants; ellen’a pas non plus empêché la terrible explosion survenue à Liège mais a permis desauver des vies et aidera sans aucun doute à comprendre pourquoi. La science estpartout, nous procure un sentiment de sécurité, nous lui faisons confiance, pour lemeilleur et pour le pire car si elle prévient, soigne et parfois guérit les maux de laTerre et des hommes, elle revient rarement en arrière.

Dans ce numéro: une grande variété de sujets à lire à la lumière de la science et dela recherce. Il y sera question du passé mais surtout de l’avenir; de renaissance,

d’instrument à deux cordes, de ce qui faitl’homme dans ce qu’il a de plus sombre maisaussi de plus noble; de beaucoup d’espoir et del’infinité de l’espace. Bref, de ce qui fait dumonde d’aujourd’hui une inépuisable source defascination, d’étonnement et de question-nements…

Bonne lecture !

Géraldine TRANRédactrice en chef

ÉditoÉÉ dd ii ttoo.. .. ..

(Photo: Sgt. James L. Harper Jr. / U.S. Air Force)

(Photo: AP / Geert Vanden Wijngaert)

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Athena 258 / Février 20102

Sommaire

04 La mode, c'est de la science ! À travers ce séminaire, le message délivré par l'asbl Ose laScience est que la science est partout, tantôt visible, tantôt invisible. Approches scien-tifique, sociologique et pédagogique se sont croisées pour faire prendre conscience auxjeunes de l’importance et de l’utilité de la démarche scientifique…

05 Printemps des sciences 2010: Sciences enVies. La science a-t-elle plusieurs vies ? Envie descience ? La science plus vivante que jamais ? Qu'est-ce qui se cache sous ce jeu demots ? C'est ce que vous allez découvrir au travers d'une présentation «incitative» de la10e édition de cet événement, dont l'ampleur et le succès ne cessent de croître.Demandez le programme !

15 Savants et artisans. Petit pavé dans la mare tranquille de l'édition scientifique, Le savoirde la main, ouvrage de Robert Halleux, va tenir en haleine les férus de sciences et detechniques, deux sœurs ennemies et pourtant complémentaires. Laquelle mène ladanse ? Un chassé-croisé entre pratique et théorie passionnant à découvrir dans cetteinterview réalisée par Henri Dupuis.

16 La seconde naissance de Rom Houben. Il est parfois des histoires extraordinaires qu'il nousfaut raconter. Celle-ci tient à la science d’un homme: Steven Laureys a «remis» Romau monde il y a quelques années seulement, après 23 ans passés en état végétatif. Ils’agissait en définitive d'un locked-in syndrome. Ce cas est sans doute loin d'être uniqueet renvoie aux débats complexes sur l'erreur de diagnostic et l'euthanasie. C'est un sujettouchant, révoltant et rempli d'espoir de Philippe Lambert.

19 Enseigner avec le Web. Les générations se suivent et ne se ressemblent pas. Dans lemonde actuel, qui se «virtualise» toujours plus et où tout retour en arrière sembleimpossible, il n’y a plus qu’à suivre le mouvement. Christian Vanden Berghen nousmontre l'importance pour les «anciens» de s'adapter aux nouvelles technologies, surtoutau niveau de l'enseignement. Car il est difficile pour les jeunes d'aujourd'hui, nés avecelles, d’apprendre autrement…

23 Dissection de la voix. Saviez-vous que les cordes vocales n'étaient qu'au nombre dedeux ? Et qu'elles n'ont de cordes que le nom ? Philippe Lambert nous parle de ce sipetit organe comparé à l'importance qu'il revêt pour l'humain communiquant. Il nousprésente les différentes manières de détecter ses affections, de les soigner et de réédu-quer la voix, chose qui nécessite souvent une prise en charge multidisciplinaire.

31 Ces petites choses précieuses. Il ne s'agit pas ici de pierres à tailler mais bien des femmes ! Considérées depuis les débuts de l'humanité comme fragiles, sans défenses,elles font malgré elles l'objet de sexisme, tantôt hostile, tantôt bienveillant. Ce dernier,plus subtil, plus sournois, est aussi plus lourd de conséquences sur les performancescognitives du sexe dit faible. Philippe Lambert nous explique les tenants et aboutis-sants de cette galanterie déguisée.

37 Simulation: technique nouvelle, tradition ancienne. Vous vous en doutez, il est des expé-riences impossibles à réaliser, faute d’espace ou faute de temps. La simulationpermet aujourd’hui d’y remédier. Le virtuel est-il en passe de supplanter le réel ?Paul Devuyst fait le point sur cette technique désormais bien ancrée dans le pro-cessus de recherche.

Sans oublier les rubriques :

Actualités, de Jean-Claude Quintart, pp. 7-14;Info-Bio, de Jean-Michel Debry, pp. 27-30;

Physique, d’Henri Dupuis, pp. 35-36;Cosmos, de Yaël Nazé, pp. 42-43;

Espace, de Théo Pirard, pp. 44-48;Et l’agenda, pp. 49-51.

Vous pouvezconsulter

la revue Athenasur le site

http://athena.wallonie.be

Si vous désirezun abonnement,

vous pouvezvous adresser:

� soit par courrier:Place de la Wallonie, 1 -

Bât.III5100 Jambes

� soit par téléphoneau 081/33.44.76.

� soit par courrielà l’adresse:

[email protected]

ou encore viale site repris ci-dessus.

Première de couverture:

Les Wampas / LiveConcert / Autumn

Rock Festival (Photo:Vince Kmeron).

Quatrième:Envol de la

fusée Ariane 5 dans le ciel

guyanais (Photo:Esa / Arianespace).

3 Athena 258 / Février 2010

atteindre les objectifs visés: � répondre claire-ment et systématiquement à la question «quoi»avant de passer à l’action; � permettre unéchange sur un thème où se mêlent science et viequotidienne; � apprendre à reconnaître la valeurà la fois du savoir scientifique et de l’expériencepersonnelle de chacun; � et enfin, prendre conscience que la démarche intellectuelleutilisée ici peut s’avérer utile dans d’autres situ-ations (travail de fin d’études, organisation d’unévénement, choix de ses études supérieures ouréalisation d’une expérience de laboratoire).

Inauguré par une explication anthropologiquesur «qu’est-ce qu’être à la mode ?», ponctué parun spectacle poétique conçu par Paolo Doss, leséminaire s’est clôturé par la présentation, parchaque équipe, d’une synthèse de leur travail deréflexion en 3 minutes. Un vingt-et-unièmegroupe, formé par les enseignants (qui ontd’ailleurs fait le même apprentissage et pourrontainsi l’inclure à leur approche pédagogique), aégalement présenté ses conclusions. Point d’orgue de cette dernière séance animée parVéronique Barbier, présentatrice de l'émissionAu quotidien sur la RTBF: l’exhibition d'unmodèle de robe en papier cellophane, créé pardeux enseignantes et élégamment portée par unereprésentante d'Ose la Science, convertie enmannequin pour la cause. Pari réussi concernantcette initiative originale et importante pour cequi est devenu une nécessité aujourd’hui: la diffusion des sciences auprès des jeunes.

JLL

U n des moyens d'intéresser les jeunes à lascience, c'est de leur montrer qu'elle estdéjà, massivement, dans leur vie de tous

les jours. C'est le message délivré par l'asbl Osela Science au travers d’un séminaire intitulé«Jeunes, sciences et les modes», organisé les 21et 22 janvier derniers aux Facultés universitairesNotre Dame de la Paix (Fundp) à Namur.Quelque 350 jeunes de dernière année du secon-daire général, technique et professionnel y ontparticpé. Étaient également invités, au titre d'animateurs et de personnes-ressources: 35 étudiants des hautes écoles namuroises et unesoixantaine de professionnels (ingénieurs,médecins, psychologues, chercheurs, philo-sophes, etc).

Subventionnée par le Département du dévelop-pement technologique du Service public de

Wallonie dans le cadre de sa mission desensibilisation aux sciences et aux tech-

niques, l'asbl définit ce séminaire inter-disciplinaire comme «une occasion

unique de porter un regard scienti-fique sur ce qui fait notre quotidien

en touchant des jeunes venant detous les horizons et de leurapprendre à réfléchir en utili-sant une méthode scientifique.»

Les étudiants, répartis dans 20groupes différents, ont eu l’occasion

d’aborder avec méthode, d’approfondir etde faire évoluer leurs idées sur le thème de cetteannée: la mode. La mode et les communications;la mode et les nouveaux matériaux; la mode etles nouveaux métiers; la mode et l’environ-nement; la mode et l’alimentation; la mode etl’estime de soi; la mode et l’esthétique; la modeet l’argent, ou encore la mode et les loisirs: dequoi s’agit-il ?

Si la thématique est accrocheuse, en recherchantles acteurs, les normes, les enjeux et les contro-verses liés à la problématique choisie, ils ont pu

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Actualités

Défilé Barbara Habig & Alexandra Trummer à laFashionWeek 2009 de Vienne (Photo: Christian Leitner).

OOO sss eee lll aaa SSS ccc iii eee nnn ccc eee asblChaussée de Waterloo, 525002 Saint-Servais081/43.53.23Mail: [email protected]: http://www.oselascience.be

LL aa mm oo dd ee ,, cc '' ee ss tt dd ee ll aa ss cc ii ee nn cc ee !!

Athena 258 / Février 2010

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«Certains la traquent dans les profondeurs océaniques oudans les déserts les plus torrides ou les plus glacés; d'autresla recherchent même sur d'autres planètes.

Source intarissable de mystères et d'émerveillements, elle sesitue depuis des millénaires au carrefour de toutes les inter-rogations. La Vie, car c'est biend'elle qu'il s'agit, est un véritabledéfi à l'entendement: la matièreinerte a pu s'assembler, devenirvivante, voire prendre consciencede son existence !

Aujourd'hui, biologistes, chim-istes, géologues, informaticiens,ingénieurs, mathématiciens etphysiciens travaillent de concertpour tenter d'en percer quelquessecrets… Les découvertes récen-tes donnent le vertige.

En 2010, Année mondiale de labiodiversité, le Printemps desSciences, intitulé SciencesenVies, célébrera la vie, et susci-tera chez les jeunes et les moinsjeunes, l'envie d'explorer, decomprendre, de se questionner, etsurtout de s'émerveiller.»

Si l'événement, lors de sa créa-tion, s'adressait essentiellementaux jeunes de la fin du secondaire, il vise aujourd'hui, succèsoblige, un public beaucoup plus large. Le Printemps desSciences est en effet l'une des rares manifestations où uni-versités, hautes écoles, musées et asbl travaillent de concertavec les mêmes objectifs: proposer un programme d'activitésle plus riche et le plus original possible, susciter ou

confirmer des vocations scientifiques et enfin, améliorer laperception générale des sciences et des techniques ainsi quele niveau de culture scientifique du citoyen.

L'organisation de cet événement, qui couvre toute laWallonie et Bruxelles, n'est pas une mince affaire. C'est pour

cela qu'il est confié, depuis sesdébuts, aux cinq cellules duréseau interuniversitaire de diffu-sion des sciences, le réseau Scité:

•Atoutsciences (FUNDP) pour laprovince de Namur;

•ScienceInfuse (UCL) pour le Brabant wallon;

•InforSciences (ULB) pour Bruxelles;

•Réjouisciences (ULg) pour larégion Liège-Luxembourg;

•Le Carré des Sciences(UMONS) pour le Hainaut.

Expositions, conférences, ateliers,rencontres; biologie, astronomie,chimie, mathématiques; pour lespetits, les moyens et les grands; ensemaine, le weekend; chaque«région» offre un programmespécifique diversifié dont voustrouverez quelques activités page 6.

La 10e édition du Printemps des Sciences aura lieu du 22 aau 228 mmars 2010

partout en Communauté française de Belgique….

À vos agendas !

À l'instar de nombreux autres pays européens, le Printemps des Sciences est devenu le rendez-vous incontournable de la diffusion de la culture scientifique et technique

en Communauté française de Belgique. Après le succès de l'édition 2009, Évolutions-Révolutions (plus de 40 000 visiteurs), cette année sera consacrée à…

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Printemps des sciences 2010Sciences enVies

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Liège - Luxembourg (ULg)

• Visitez, questionnez, expérimentez !

Le week-end des 27 et 28 mars de 14h00 à 18h00, les insti-tutions du Pôle mosan et leurs partenaires proposent demultiples activités pour petits et grands; une belle occa-sion de découvrir la culture scientifique dans uneambiance ludique et interactive ! Une vingtaine d’anima-tions vous attendent telles «Vertes en vie: les plantes,comment ça pousse ?», ou «Biomécanique: modèlevirtuel pour simuler le corps humain». Accès gratuit. Où ? Quai Van Beneden, 22, à Liège (Embarcadère duSavoir). Pour en savoir plus: http://www.ulg.ac.be/sciences

• Une autre Terre sous nos pieds ?

La Société Astronomique de Liège reçoit VéroniqueDehant, de l’Observatoire royal de Belgique et professeurà l’UCL, pour une conférence sur l’habitabilité des pla-nètes. Elle expliquera, entre autres, quelles sont les condi-tions nécessaires à une planète pour accueillir la vie,d’après les connaissances actuelles de la biologieterrestre. Vendredi 26 mars 2010 à 20h.Où ? Institut d’Anatomie de l’ULg, rue de Pitteurs, 20 àLiège. (Entrée: 2,5 euros - 1,5 euros pour les étudiants). Pour en savoir plus: http://www.societeastronomiquedeliege.

Programme complet, informations et réservations:Réjouisciences: 04/366.96.96 ou [email protected]

NNaammuurr ((FFUUNNDDPP))

• Le jeu des dictionnaires

Le jeudi 18 mars de 18h à 23h, l’équipe débarque dans votrecuisine ou votre voiture pour vous rendre la fin d’après-midi plus agréable. Venez assister à l’enregistrement decette émission culturellement déjantée et muscler voszygomatiques ! Entrée payante - Réservation conseillée.

• Pourquoi les manchots n’ont-ils pas froid aux pieds ?

Peut-on laisser tomber un chat de n’importe quel étage?Les spectateurs pénètrent dans le laboratoire de deuxscientifiques aussi savants que fous qui entraînent leurpublic dans un jeu délirant d’où surgissent les vraiesréponses à des questions insolites. Mercredi 24 mars à 14het à 20h. Entrée gratuite l’après-midi, payante le soir auprofit du Télévie.

• En semaine, avec votre classe:

Ateliers, jeux, conte didactique, projections, expositions,balade, exposé, ciné-débat, visite de laboratoire, tour-noi,... Accès gratuit du lundi 26 au vendredi 26 mars, de 9 à17h. Inscription obligatoire sur: http://www.printemps.atoutsciences.be.Programme complet, infos et réservations:Atout Sciences: 081/72.55.60 ou [email protected]: http://www.atoutsciences.beAdresse: rue de Bruxelles, 61, bte 2703 à 5000 Namur

HHaaiinnaauutt ((UUMMOONNSS))

• Cellules souches, où en sommes-nous ?

C’est le mercredi 24 mars à 20h, qu’aura lieu le prochainCafé des Sciences de l’Université de Mons, consacré à lapassionnante question des cellules souches. Parmi lesintervenants, citons le Pr Cédric Blampain, l’un desmeilleurs spécialistes européens des cellules souches(Hôpital Erasme-ULB), et le Pr Jeanine Stiennon-Heuson(UMONS), biologiste et membre du Comité internationalde bioéthique (UNESCO). Le débat sera illustré en directpar le caricaturiste Serdu. Un événement à ne pas rater !Grands Amphithéâtres de l’UMONS, Avenue du Champ deMars à 7000 Mons.

• Festival scientifique pour petits et grands

C’est le week-end des 27 et 28 mars, de 14h à 19h qu’a lieu,à Mons, le Festival scientifique.Ce rendez-vous descurieux de tous âges sera organisé Grand-Place, dans lesuperbe Hôtel de Ville. Salles et salons accueilleront prèsde 20 ateliers différents. Le Planétarium de l’UMONSpermettra cette année au public de découvrir le ciel mytho-logique égyptien ! Les visiteurs pourront également visiter,à l’attenante salle Saint-Georges, la très belle expositiond’images de sciences, «Explorer l’invisible».

Plus d’infos: Carré des Sciences - 065/37.34.90http://cds.umons.ac.be ou sur www.printempsdessciences.be

Brabant wallon (UCL) - Bruxelles (ULB)

• L'informatique en ateliers (à l’UCL)

Des ateliers ludiques comme «L'informatique: les jeuxvidéo mais encore ... ?», «Ce n'est pas dans l'ordre…»,«Comment l'ordinateur écrit-il les nombres et les lettres ?»… et un spectacle, «Alice, Bob et les autres:messages secrets, piraterie et compagnie» sont proposésà tous, à partir de 6 ans le week-end des 27 et 28 mars.Pour les plus grands (à partir de 12 ans), d'autres atelierssont proposés pour aller plus loin dans la compréhension.(«Comment sécuriser les messages sur ordinateur ?»,«Éliza, es-tu un ordinateur ou un humain ?»).

• Comme «Les Experts», faites de la chimie ! (à l’ULB)

Les élèves mènent une enquête pour déterminer lecontenu d’une solution mystère. L’identification des ionsd’une solution fait appel à des notions qui dépendent duniveau des élèves participant au jeu: précipitations,complexations, réaction acide-base, oxydo-réductions etautres... Une introduction théorique est assurée par lesorganisateurs avant l'activité proprement dite.

Programme complet, informations et réservations:

• UCL: http://www.uclouvain.be/305476.htmlMaison des sciences: 010/47.90.32• ULB: http://www.ulb.ac.be/inforsciences2/printemps_des_sciences/Inforsciences: 02/650.50.24 ou [email protected]

Les brèves...Les brèves...

Athena 258 / Février 20107

Actualités

Le résultat est formidable ! La productivité desservices concernés par l'expérience a étéboostée significativement. Ainsi, au niveau«permission de voirie», le temps de traitementde trois semaines a chuté à moins de dix minu-tes ! Dans le même temps, les promoteurs del'expérience constataient une réduction sensiblede coûts sous l'effet de la dématérialisation desprocédures, de la mutualisation des modes decollecte et de traitement de l'information. Bref,un succès sur toute la ligne ! Installée à Blegny,Galateia est spécialisée en télématique et enprotection des travailleurs isolés. Pour cettedernière niche, l'entreprise wallonne a conçuune interface via laquelle l'utilisateur opère sonréseau d'alertes à l'aide de serveurs multiples.http://www.galateia.be

Nouvelles ttechnologies

V iivvee llee vviirrttuueell !! Alors que le numériqueétait censé tout régler, nous croulons

toujours sous la paperasse ! Public et privé étantici logés à la même enseigne. Et pourtant dessolutions existent, le tout est d'oser se lancer !La Ville de Liège a ainsi franchi le Rubicon encompagnie de la société Galateia dans le cadred'un partenariat privé/public en vue de dématé-rialiser les formulaires grâce à la récolte et autransfert d'informations encodées par les agentsde terrain. Par cette expérience, la Ville entendétudier la possibilité de remplacer les docu-ments papier par des formulaires électroniqueset sensibiliser agents et administrés aux béné-fices de cette procédure.

Pour mener à bonne fortune cette expériencepilote, Galateia s'est entourée de partenaires depremier plan pour disposer notamment de termi-naux au sommet de l'art. Équipés au moins d'unGPS et d'un appareil photo, ces smartphonespermettent une adaptation à l'ergonomie dechaque utilisateur, une standardisation des procé-dures de travail, une maîtrise de la synchro-nisation, des problèmes de sécurité et de confi-dentialité, ainsi qu'une ouverture auxpériphériques selon le profil de la mission del'agent. Pour sa compatibilité avec plus de 170types de terminaux mobiles, il a été décidé defaire tourner la solution sur Windows Mobile deMicrosoft.

En clair, l'interface intuitive et les fonctionnalitésde la solution baptisée MyGalateia rencontrentdes objectifs opérationnels précis. L'identité del'agent, sa fonction, son grade, la date et l'heuresont insérés automatiquement dans le formulaireélectronique. L'appareil photo numérique et leGPS permettent des constats en temps réel et untraitement des données via les applications dessystèmes géographiques informatisés. Enfin, lesdonnées traitées par les terminaux mobiles génè-rent automatiquement les rapports, optimisantainsi les modes de gestion et de prise de décision.

Q uuee llaa lluummiièèrree ppaassssee.. Le bureau Greish a étéretenu pour collaborer à la construction du Qatar

National Convention Center de Doha. Pour cet immeublede 65 000 m2, le bureau wallon réalisera les études d'exé-cution des façades suspendues, faisant appel à l'acier et auverre structural, ainsi que les nombreuses verrières et puitsde lumière du bâtiment.

http://www.greisch.com et http://www.qatarconvention.com

(Photo:Frédéric Bisson)

Athena 258 / Février 2010 8

Actualités

N ouvel espace. Le moment était attendudepuis longtemps. Fin de l'année dernière,

la SPI+ (Agence de développement pour laProvince de Liège) a inauguré l'Espace Eurekasur le site du Liège Science Park. Cette cérémo-nie célébrait l’ouverture du premier centre deservices auxiliaires et du second existant aucœur d'un parc scientifique wallon.

Sur le terrain, cette infrastructure déploie diver-ses facilités à l'intention des entreprises inno-vantes installées dans le parc du Sart Tilman etqui mobilisent au total quelque 2 773 person-nes. Via cet investissement, la SPI+ répond à lademande des entreprises en ouvrant un pointd'accueil et en mettant à leur disposition dessalles de réunions et une salle polyvalente de123 m2. L'Espace Eureka héberge actuellementl'Interface Entreprises-Université de Liège(LIEU) et l'asbl Pi2 (Centre d'expertise en pro-priété intellectuelle), deux acteurs essentiels àl'essor économique des sociétés technologiqueset innovantes.

En s'installant au sein cet espace, l'InterfaceEntreprises-Université aborde une nouvelleétape de son développement en se positionnantcomme carrefour pour l'innovation au servicedes entreprises technologiques. Étant ainsi àproximité des entreprises du parc scientifique,elle pourra, grâce à la spécialisation de ses équi-pes, mieux soutenir encore les entreprises quifont appel à ses compétences et ressources.

Au-delà de ces considérations, l'ouverture del'Espace Eureka est aussi le dernier exemple decollaboration réussie entre l'Université de Liège(ULg) et la SPI+. Comme on n’arrête pas uneéquipe qui gagne, d'autres projets, soutenus parles deux acteurs, sortent déjà des cartons ! Ainsi,les travaux de construction d'un nouveau bâti-ment pour le Groupe interdisciplinaire de géno-protéomique appliquée (Giga) seront prochai-nement lancés. Il s'agira ici de créer une nouvelleinfrastructure, voisine du Centre hospitalier uni-versitaire (CHU), en vue de renforcer les poten-

tialités de ce projet fédérateur, qui associe recher-che académique, transfert et valorisation destechnologies, accueil d'entreprises et formation.Le futur immeuble hébergera notamment desentreprises s'inscrivant dans la logique d'inter-action du Giga.

Enfin, dans un esprit de dynamisation écono-mique, le projet de reconversion du site du ValBenoît, à Liège, en un vaste pôle multifonction-nel progresse à grands pas. http://www.ulg.ac.be et http://www.spi.be

Santé

U nn ffllééaauu,, uunn eessppooiirr...... Malgré les pro-grès de la science, l'asthme fait toujours

peur. Et pour cause ! Cette maladie touche 6%de la population européenne et tue annuelle-ment quelque 20 000 personnes ! Les patientss'inquiètent, les médecins s'interrogent. Eneffet, maladie allergique des voies respiratoires,l'asthme devrait se répandre toujours plus faceaux antigènes que l'on ne cesse d’inhaler. Or,94% de la population occidentale ne développepas la maladie ! Pourquoi ?

Les patients asthmatiques développent, souventdès le plus jeune âge, une réponse immunitaireinutile, même néfaste, vis-à-vis des allergènesprésents dans l'air: déjections d'acariens, squa-mes d'animaux domestiques, etc. À chaqueexposition à cet allergène, le système immuni-taire du patient est réactivé et induit un rétrécis-sement des bronches provoquant une mauvaiseoxygénation. Les antigènes inhalés étant étran-gers à notre organisme, notre système immuni-taire devrait les combattre. Qui plus est, l'airambiant recèle des quantités non négligeablesde molécules immuno-stimulatrices, agissantcomme des signaux de danger et incitant lesystème de défense à réagir aux antigènes respi-rés. Bref, selon cette théorie, nous devrions tousêtre asthmatiques, ce qui n’est pas le cas.

D'où l'idée que des mécanismes, inconnusjusqu'à ce jour, protégeraient les voies respiratoi-res de l'allergie. De la suggestion à la découverte,il n'y avait qu'un pas. Ainsi, une équipe du Giga(Groupe interdisciplinaire de géoprotéomiqueappliquée) de l'Université de Liège (ULg), sousla houlette du professeur Fabrice Bureau, s'estpenchée sur les mécanismes empêchant le déve-loppement de l'asthme dans la majorité de lapopulation et a découvert, dans les poumons, descellules capables d'empêcher les réactionsasthmatiques: les macrophages régulateurs.

Ces cellules n'avaient jamais été étudiées. Enpoursuivant ses investigations, le professeur

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Actualités

Agrifood se profilent comme leader des servicesde génétique et de génomique appliquée. Enquelques années, la jeune entreprise a réussi, parexemple, à développer et valider une largepanoplie de tests de prédiction aux effets demédicaments, grâce au profil génétique dupatient. Ouvrant les portes à une médecinepersonnalisée, elle a connu une croissance fulgu-rante de ses activités et de sa réputation à traversle monde ! http://www.dnavision.com

C hhaarrlleerrooii…… MMoonnttppeelllliieerr !! Il ne s'agitpas d'une nouvelle liaison aérienne, mais

d'un nouvel axe de recherche unissant le wallonBioWin au français Eurobiomed. Mieux encore,l'accord signé entre les deux parties porte sur lacréation d'un cluster européen dans le domainedu diagnostic médical, tout en renforçant aussiles capacités mutuelles de recherche et d'inno-vation ainsi que les échanges en matière deformation universitaire et professionnelle.

En fait, c'est EuroMeDiag qui, via le pôleEurobiomed, poursuit une stratégie de parte-nariats internationaux. À ce jour, plusieurs liensont déjà été noués en Europe en vue de la créa-tion d'un futur réseau européen de pôles acadé-mico-industriels du diagnostic médical.L'accord de partenariat signé avec BioWins'inscrit donc au cœur de la stratégie globaled'internalisation du diagnostic d'EuroMeDiag.Une belle récompense pour les Wallons deBioWin qui voient ainsi leur réputation portée àl'avant-scène de la médecine du vieux continenttout en s'ouvrant les portes d'un horizon auxperspectives illimitées !

Pôle de compétitivité, Eurobiomed fédère lesacteurs médicaux des régions Provence - Alpes- Côte d'Azur et Languedoc Roussillon pourréunir et développer la filière santé dans le Sudde la France. Au total, il coiffe quelque 400

Bureau est arrivé à démontrer que les macro-phages régulateurs détectaient les antigènes ensuspension dans l'air ainsi que les moléculesimmuno-stimulatrices qui les accompagnent.Lorsque les endotoxines sont en faible quantité,ce qui est le cas de l'air ambiant, les macro-phages régulateurs paralysent les cellules dusystème immunitaire des poumons, bloquantainsi le développement de l'asthme chez laplupart. Cette découverte a aujourd'hui conduitl'équipe à émettre l'hypothèse que l'asthme ne sedévelopperait que lorsque les macrophagesrégulateurs sont déficients.Contact: [email protected]

N oouuvveeaauu bboossss,, nnoouuvveeaauuxx ddééffiiss !!Ancien président et fondateur de

Doctissimo, le Français Laurent Alexandre vientd'être nommé président de la société wallonneDNAVision. Chirurgien-urologue, le docteurAlexandre fut le précurseur de l'Internet médicalen France. À cet égard, il est considéré comme unleader d'opinion sans pareil, combinant uneconnaissance approfondie du médical et destechnologies de l'information et de la commu-nication.

Ce professionnel expérimenté entend bien mettreà profit ses compétences dans la création d'unnouveau business model plus ambitieux, axé surla médecine personnalisée et la consumer geno-mics. «Son impressionnant parcours dans lacommercialisation réussie de l'Internet médicalest un facteur clé dans le succès de l'intégrationdu futur séquençage du génome humain à moinsde 1 000 dollars et de l'informatique pour gérerles trois billions de données générées par indi-vidu séquencé», explique-t-on chez DNAVision.

Parallèlement à son apport intellectuel, ledocteur Alexandre devient également un action-naire important dans la société dont l'objectifsera d'en augmenter prochainement le capital etd’en faire la numéro un de la médecine person-nalisée en Europe. «Nous sommes aujourd'huidans l'ère du séquençage nouvelle générationavec, dans un proche avenir, de nombreusesapplications pour les soins de santé. Après avoirsuivi le développement de DNAVision ces deuxdernières années, je suis très enthousiaste derejoindre cette équipe professionnelle, qui a déjàpu atteindre plusieurs objectifs ambitieux,comme celui d'être le seul laboratoire au mondeà avoir ces certifications qualité ou d'êtreparvenu chaque année à une croissance se sonchiffre d'affaires de 50%, même en cette périodede crise économique», explique le nouveau venu.

Spin-off de l'Université libre de Bruxelles (ULB)et de l'Institut de pathologie et de génétique(Ipg), DNAVision et sa filiale DNAVision

Pro de la médecine et de l'informatique,

Laurent Alexandre entend dynamiser DNAVision dans

la niche spécialisée de la médecine personnalisée.

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Actualités

entreprises, 8 universités, 400 laboratoires derecherche, 4 hôpitaux universitaires et l'infec-tiopôle. Les thématiques du pôle gravitentautour des maladies infectieuses, tropicales etémergentes; des maladies rares et orphelines;des dispositifs médicaux et du diagnostic médi-cal; de l'immunologie et des applications théra-peutiques; des pathologies neurologiques, duvieillissement, du handicap et des cancers.

Fort de son expérience, Eurobiomed estime lafilière du diagnostic comme l'une des plusporteuses et par conséquent entend jouer àfond la carte de cette niche. Ce qui correspondparfaitement au profil de BioWin, créé enjuillet 2006 pour fédérer les acteurs wallons dela santé, de l'innovation, de la formation;attirer et retenir en Wallonie un capital humaind'excellence; et promouvoir, sur la scènemondiale, les atouts wallons en matière de bio-technologies de la santé et technologies médi-cales. Les principaux axes de travail se focali-sent sur les biomarqueurs et le diagnostic invitro & in vivo; les outils et équipements inno-vants; les systèmes d'administration des médi-caments; etc.

À l'instar d'Eurobiomed, l'organisationwallonne regroupe aussi une nébuleuse de pasmoins de 250 partenaires. Au-delà de ce paral-lélisme, il faut aussi rappeler qu'avec unchiffre d'affaires annuel de trois milliards d'eu-ros et près de 13 000 collaborateurs, le médicalest devenu le poids lourd de l'économiewallonne. Parmi les professionnels présentsdans la région, on relève des leaders mondiauxcomme: GlaxoSmithKline Biologicals (GskBio) pour les vaccins, Ucb en matière de sys-tème nerveux central et d'immunologie, Baxterpour les produits biopharmaceutiques et lematériel médical, Ion Beam Applications (Iba)en protonthérapie et développement de cyclo-

trons, Eurogentec avec ses produits biotechno-logiques et de diagnostics, et Euroscreen enservices et découvertes de médicaments.

La région compte également une multituded'entreprises, 300 centres privés et publics deR&D et trois grandes universités: l’Universitécatholique de Louvain (UCL), l’Universitélibre de Bruxelles (ULB) et l’Université deLiège (ULg). S'ajoutent encore des organi-sations aussi prestigieuses que l'InstitutLudwig pour la recherche contre le cancer(Licr); l'Institut de pathologie cellulaireChristian de Duve (Icp); l'Institut d'immunolo-gie médicale (Imi); le Groupe interdiscipli-naire de génoprotéomique appliquée (Giga); leCentre d'ingénierie des protéines (Cip);l'Institut de biologie et de médecine molécu-laire (Ibmm); et l'Institut de rechercheinterdisciplinaire en biologie humaine etmoléculaire (Iribhm).

Avec de telles facilités, la Région wallonne etBioWin n'ont pas à rougir face à leurs homo-logues méditerranéens. Ce partenariat avecEurobiomed permettra aux membres du groupede travail in vitro de BioWin de s'adosser à unpôle dont certains acteurs du diagnostic ont déjàatteint une taille critique importante. Enéchange, l'équipe wallonne de diagnostic invitro apporte ses panoplies de technologies.Enfin, les deux régions disposent de capacitésfinancières pouvant soutenir l'innovation et lesprojets collaboratifs. Bref et selon l'expression àla mode: c’est du win/win ! http://www.biowin.org et http://www.eurobiomed.org

R&D

P lastique een fforme. Un an après sa créa-tion, Plastiwin, le cluster de la plasturgie

wallonne, compte déjà cinquante acteurs: 38entreprises, 5 centres de R&D, 3 acteurs deformation, une intercommunale et 3 fédérations !«Notre but est d'explorer de nouveaux domainesd'application innovants», explique YvesCharlier, président de Plastiwin.

Le groupe gravite autour de trois catégoriesd'acteurs de la chaîne de valeurs polymères: laconception, la transformation et les matières.Soit un chiffre d'affaires total pour la Wallonie dequelque six milliards d'euros et environ 250entreprises. Si le plastique fait partie de notre viecourante et s'il soulève bien des interrogationsquant à son impact sur l'environnement, il recèletoujours d'excellentes potentialités. S'ouvrentainsi à lui de nombreuses applications poten-tielles, des possibilités de substitution dans uncontexte favorisant les matériaux légers, des

Le «plastique autrement» grâce à deux membres de Plastiwin, à l’origine de cette piscine «tendance» installée au Havre dans un centre aquatique signé Jean Nouvel.Comme quoi,les grands noms se rencontrent toujours !(Photo: Tilt Photographie)

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Actualités

comportement des systèmes conçus par leschercheurs», estime Marco Dorigo.

Avec son projet E-SWARM, il souhaite dévelop-per une approche rigoureuse d'ingénierie pourla conception et le déploiement de systèmesd'intelligence artificielle en essaim. Lechercheur fait ici le pari qu'à l'avenir, ce typed'intelligence constituera un outil importantdans la résolution de certains types de problè-mes complexes. Pour construire les fondementsde cette discipline et pour développer la métho-dologie appropriée, les chercheurs vontrésoudre différents problèmes complexes dansles domaines de l'optimisation, de la robotique,des réseaux et du data mining. [email protected]

P rreemmiièèrree rreennccoonnttrree.. Le 18 janvierdernier, le Lepur organisait une rencontre-

conférence autour de ses activités en cours.L'occasion de découvrir cette unité hors ducommun mais pourtant bien dans l'ère dutemps ! Fondé en 1994, au sein de l'Universitéde Liège (ULg), le Laboratoire d'études enplanification urbaine et rurale (Lepur)chapeaute plusieurs facilités de recherche del'ULg dans les spécialités du territoire et de lacité. Par cette fédération des moyens et savoirs,le Lepur entend contribuer largement à lapromotion des sciences de la ville, des terri-toires et du milieu rural au sein de l'Université.Il souhaite aussi favoriser les échanges trans-régionaux européens et internationaux dans ledomaine de cette discipline nouvelle.

Le laboratoire, qui veut s'affirmer comme pôled'excellence national et international, base saméthodologie de travail sur une recherche inter-disciplinaire alliant urbanisme, géographie,géomatique, écologie appliquée, etc. sans

niches d'innovation et des perspectives d'amélio-ration de la productivité en gardant de hauts stan-dards de qualité.

Ces perspectives ne doivent pas occulter lesréalités d'un secteur confronté à l'accroissementde la complexité des produits et technologiesainsi que la pression concurrentielle des paysémergents. D'où la raison sociale du cluster quientend: favoriser la connaissance mutuelle entremembres; identifier et développer de nouveauxproduits et de nouveaux marchés; aider lesentreprises à innover; et établir des synergiesavec les autres clusters et pôles wallons.

Pour atteindre ses objectifs, Plastiwin agit surtrois leviers stratégiques. Le premier est lasubstitution par les plastiques en jouant sur lesprix et la légèreté du produit. Le deuxième misesur la conception multi-matériaux, en intégrantd'autres matériaux (bio-polymères, micro/nano,fibres naturelles, etc.). Enfin, le troisième leviers'attache au développement de produits dura-bles. Parallèlement, le cluster développe uncatalogue de compétences, participe à dessalons à l'étranger, coopère avec des agenceslocales (Agence de stimulation technologique,Agence wallonne à l'exportation), favorisel'échange de bonnes pratiques, dresse un inven-taire des atouts et lacunes, stimule la concerta-tion entre acteurs et la mutualisation dessavoirs, etc. Bien ancré au sein de la profession,Plastiwin orchestre avec brio le futur duplastique wallon. http://clusters.wallonie.be/plastiwin

L ''iinntteelllliiggeennccee aauu rraappppoorrtt.. L'Universitélibre de Bruxelles (ULB) vient de voir, une

fois encore, l'un de ses collaborateurs récom-pensé grâce à un travail de haut niveau. MarcoDorigo, de la Faculté des sciences appliquées, adécroché un European Research CouncilAdvanced Grant pour sont projet EngineeringSwarm Intelligence System - E-SWARM.

Plus concrètement, ce travail touche l'intel-ligence dite «en essaim», volet de l'intelligenceartificielle traitant des systèmes naturels etartificiels composés de nombreux individus quiprésentent des comportements collectifs grâceau contrôle décentralisé et à l'auto-organisation. Ce projet a conduit le chercheur à se focalisersur la conception et la mise en œuvre de systè-mes d'intelligence artificielle en essaim en vuede solutionner des problèmes complexes. «À cejour, la compréhension du fonctionnement del'intelligence artificielle en essaim reposelargement sur des estimations et des intuitionsindividuelles de chercheurs expérimentés. C'estinsuffisant pour envisager des applicationsconcrètes ou pour prédire avec précision le

Navigation fluviale,chemin de fer,

routes, immeubles,etc., la Ville de Thuin

illustre à elle seule la problématique mobilité, ruralité et cité à laquelle

se frotte chaque jour le Lepur !

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Actualités

oublier les sciences humaines. Comme sa déno-mination sociale le laisse supposer, ses théma-tiques de travail nous touchent tous. Sous larubrique «Attractivité de la ville, du territoire etdu milieu rural», il se penche sur la localisationdes activités économiques, aborde le sujet del'étalement urbain, du flux des habitants, de lamixité sociale, etc. Cette réflexion intègre égale-ment la politique foncière, la production immo-bilière, la politique de la ville, les infrastructuresvertes et la qualité de vie. L'axe des «potentielsenvironnementaux et énergétiques liés à l'organi-sation de l'espace urbain et rural» donne l'occa-sion au Lepur d'envisager, sous toutes les facet-tes, la gestion des ressources naturelles, dupatrimoine naturel et de la biodiversité.L'originalité de la démarche réside ici dans le faitqu’il considère l'aménagement de l'espace urbaincomme facteur déterminant en matière deconsommation d'énergies.

Dans le cadre de la thématique • «identités etrecompositions territoriales», le Lepur analyseminutieusement les dynamiques territorialescontemporaines touchant les campagnes et cités.Il base ses recherches sur l'analyse systémiquedes sols habités pour en saisir les évolutions etétudie les interactions entre territoires institu-tionnels, vécus et fonctionnels dans leur grandecomplexité. Il s'intéresse aussi à la • «reconnaissance, gestion et valorisation despaysages» avec des recherches soutenues par desméthodes de caractérisation et de qualificationdes paysages et à la pratique de leur gestion.Parmi les activités de ce secteur, on peut citer: laréalisation d'atlas de paysages, la cartographiedes contraintes environnementales et paysagèresdu plan éolien wallon, l'accompagnement et lesuivi de projets de paysage, etc. Dernier thèmeenfin, • «mobilité, accessibilité et dynamiquesrésidentielles» aborde le problème de la relationentre déplacements et activités économiquessous l'angle du développement durable.D'emblée, le laboratoire a placé la lutte contre ladépendance de la voiture au cœur de sa démar-che.

Parallèlement à ses travaux de recherche scienti-fique, il se consacre également à l'écriture d'arti-

cles, d'études et d'ouvrages collectifs comme:Géographie de l’énergie: acteurs, lieux etenjeux; Localisation des industries: enjeux etdynamiques; Les coûts de la désurbanisation,Atlas des paysages de Wallonie, etc. Tout ceciavec une équipe de soixante personnes seule-ment !

Sur tous les fronts du périmètre de notre cadre devie, ce centre de recherche est atypique enWallonie. S'il confirme l'excellence de la recher-che académique de l'ULg, il conforte aussi lespotentialités de la recherche wallonne. Qui plusest, au moment où la dualité population et déve-loppement prend un relief particulier et où lapaupérisation des ressources en sols en matièrespremières pose question, le Lepur apparaît plusque jamais comme l'outil de choix pour les initia-tives privées, publiques et gouvernementales.http://www.lepur.ulg.ac.be

N ous mangeons du plastique ! Voilà ceque l'émission télévisée de la RTBF,

Question à la une, a osé affirmer. Et c'est vrai !Si le titre choque, il renvoie en réalité auxtonnes de déchets plastiques qui polluent merset océans. Un problème que reconnaît l'associa-tion de professionnels Federplast, s'empressantde souligner toutefois que l'affirmation disantque certains plastiques alimentaires seraient dupoison n'est qu'une allégation.

En Belgique, nous valorisons utilement 93% etles 7% restants sont envoyés en décharge selondes conditions strictement contrôlées. Si cetteapproche nous place au top mondial, Federplastestime qu'il est encore possible d'aller plus loindans le recyclage des plastiques, notamment viaune fertilisation croisée entre les organismes derécupération comme Fost Plus (emballages deconsommation), Recytire (pneus usés), Emso(canalisations plastiques), Val-I-Pac (emballa-ges industriels), Febelauto (véhicules en fin devie), Recovinyl (PVC), Bepsra (polystyrèneexpansé), Coberec et Fege (fédérations du recy-clage), les administrations régionales, etc. Lebut de ces collaborations est la stimulation denouvelles formes de recyclage des matières

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Actualités

plastiques. Et, il a du pain sur la planche lors-qu'on sait que «La Belgique détient le recordmondial de production de plastique per capitaavec près d'une tonne par habitant. Ce qui nousdonne le devoir moral de s'ériger en référenceinternationale en matière d'utilisation durabledes matières plastiques», explique GeertScheys, secrétaire général de Federplast.

Au-delà des efforts à intensifier pour accroîtrele taux de recyclage, nous ne pouvons rester lesbras croisés face à la pollution croissante desocéans causée par la pratique intensive de lapêche, la navigation internationale et le traite-ment des déchets dans un certain nombre depays côtiers, estime Federplast. D'où son idéed'une approche internationale sous l'égide desNations Unies. Démarche à laquelle l'industrieplastique belge se déclare prête à adhérer enmettant son expertise à la disposition des auto-rités du royaume et ainsi trouver des solutionsdans le cadre d'une coopération internationale.À ce sujet, Federplast salue l'initiative du minis-tre fédéral dans la commande d'une étude rela-tive à la pollution de la côte belge par les matiè-res plastiques. http://federplast.be

L e «pharma», moteur de l'économie.Devant les problèmes d'emploi et de compé-

titivité des entreprises, la seule réponse possibleaujourd'hui est l'innovation. Si l'idée n'est pasneuve, elle prend aujourd'hui un relief particulieravec la confirmation de son bien-fondé dans undernier rapport du Conseil central de l'économie(CCE). En effet, selon ce document, renforcerl'économie créative en stimulant l'innovationdans la société toute entière, est la seule solutionpour notre retour à la prospérité. Le constat estclair, tranché, sans équivoque !

Face à ce constat, un secteur émerge: le«pharma», qui représente à lui seul quelque 40%des investissements privés en R&D ! En fait,aucun autre secteur n'investit autant dans la R&Det l'innovation que celui-ci. Mieux encore, le«pharma» fournit plus de la moitié de de lacontribution privée belge aux objectifs de lanorme de Lisbonne. Les sciences de la vie et le«biopharma» étant les créneaux les plus perfor-mants en terme de potentiel innovant.

Si le tableau est idyllique, il ne faut surtout pas sereposer sur les lauriers du succès, mais capitali-ser sur les acquis pour aller plus loin encore. «Lerenforcement de l'interaction entre les entrepri-ses et les institutions scientifiques est détermi-nant pour la mise en place d'une économie inno-vante», indique le CCE. Ici encore, nous avons lachance de disposer d'un réseau unique d'universi-tés, d'hôpitaux, de centres d'expertise, de spin-offs, de sociétés de biotechnologie, d'entre-

prises biopharmaceutiques globales, de petites etmoyennes entreprises, etc. Bref, le substrat dessuccès de demain est là. Aux acteurs d’en pro-fiter ! http://www.pharma.be

N ouveau centre européen. La qualité denotre enseignement, l'efficacité de nos tra-

vailleurs, notre situation géographique sontautant de motifs qui incitent les plus grandesmultinationales à retenir notre région pour yimplanter le cœur de leurs activités européen-nes. Dernier exemple en date, le 21 janvier,Westinghouse a ouvert, à Seneffe, son Centreeuropéen de maintenance et de réparation depompes et moteurs.

À la pointe de l'art, les 2 600 m2 de cette facilitéfont preuve d'une innovation sans égal etproposent des solutions uniques à la clientèle

À vos marques ! Avec l'année nouvelle, arrivent les nouveaux concours. À enjuger par les premières offres, l'exercice 2010 s'annonce particulièrement

prometteur. En effet, le Fonds national de la recherche scientifique (Fnrs) ouvre la liceà plusieurs prix. Le premier, sur l'initiative de la Société de chimie industrielle branchebelge (Scibb), récompensera une thèse portant sur une étude originale relative à denouveaux concepts et/ou applications dans le domaine des industries chimiques.

en 2010, l'Academy of Immunology for clinicians (AicBelgium), avec le soutien de lasociété Abott, récompensera de son AIC Award, une contribution dans le domaine de larhumatologie; dans le domaine de la gastro-entérologie en 2011; et dans celui de ladermatologie en 2012.

Enfin, sur l'initiative de la Fondation Lambertine Lacroix, un chercheur se verraattribuer un prix pour son travail de recherches fondamentales en cancérologie et unautre pour ses travaux de recherches fondamentales sur les affections cardio-vascu-laires. Pour chacun de ces prix, les candidatures doivent être adressées avant le1er mars 2010. http://www.frs-fnrs.be

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européenne. Nanti d’une grue à haute capacitéde levage (63 tonnes), d’un tour vertical, d’untour horizontal et d'une machine d'équilibragedynamique capable de traiter les plus grandscomposants des pompes et moteurs, cet atelierpeut réparer et entretenir simultanément plus devingt moteurs et dix pompes par an.

D’un montant de plus de six millions d’euros,l'investissement sera complété par des expan-sions futures permettant à Westinghoused'étendre ses activités d'engineering et demaintenance. Westinghouse Electric Companyest le leader mondial du secteur de l'énergienucléaire civile et le premier fournisseur deproduits et technologies pour les centralesnucléaires à travers le monde.

Entreprise américaine, fondée par GeorgeWestinghouse en 1886, devenue filiale dujaponais Toshiba en 2006, elle est reconnuecomme l'un des chefs de file de la construc-tion, de la maintenance et du service aux cen-trales nucléaires pour les technologies à eaupressurisée (PWR) et à eau bouillante (BWR).La société équipe plus de la moitié des centra-les nucléaires du monde ! Son dernier produit,l'AP1000, réacteur évolutif et modulaire àsécurité passive, est considéré par les experts

comme le plus économique à la construction,le plus fiable et le plus sûr en opération.http://www.westinghousenuclear.com

Ê tes-vous Aware ? Cette fois, ce n’est pasJean-Claude Van Damme qui pose la ques-

tion, mais l’Union européenne ! Derrière cejeu de mot, se cache l’inquiétude de l’Unionface à la détérioration de l’environnementaquatique et son soutien à une gestion durablede l’eau à travers le vieux continent. Le mou-vement ne date pas d’aujourd’hui. En effet, dès2000, la directive-cadre sur l’eau s’était fixéecomme ambition d’atteindre un bon état écolo-gique de toutes les masses d’eau: rivières, lacs,lagunes et eaux côtières. Plus récemment, lastratégie européenne pour le milieu marin aétendu cet objectif à la préservation des mers.

Les responsables politiques ne doivent pas êtreseuls à s’atteler à la résolution du problème,les citoyens doivent aussi s’impliquer et jouerun rôle actif en discutant des objectifs degestion durable de l’eau et en jaugeant lesapproches et solutions concoctées par lesscientifiques et les gestionnaires. Associer lesuns aux autres, telle est la grande ambition duprojet européen Aware. Une initiative quitombe à point nommé pour redorer le blasonde notre Mer du Nord. Elle qui a été à l’originede la richesse de nos régions.

Sous le slogan «Sauvons la mer, votre opinioncompte !», le projet engage des scientifiques,des politiques et des citoyens à échafauder etpasser au crible divers scénarios en vued’améliorer la gestion de l’eau dans les zonescôtières. L’initiative participative concernetrois zones d’étude: la Mer du Nord et sesbassins de la Somme, de la Seine et de l’Escaut(entre la Belgique et la France); le golfe deRiga (entre l’Estonie et la Lettonie); et lalagune de Sacca di Goro dans le delta du Pô(en Italie).

Sur le plan scientifique, la zone Mer du Norddu projet Aware est soutenue par le Labo-ratoire d’écologie des systèmes aquatiques del’Université de Liège (ULg) et la Faculté dessciences de l’Université Pierre et Marie Curiede Paris. Les personnes prêtes à relever le défide cette démarche innovatrice ou celles quisouhaitent participer à la conférence citoyenneeuropéenne «Sauvons la mer de demain» trou-veront les informations sur:http://www.aware-eu.net

Jean-Claude [email protected]

C erise sur le gâteau... pour la Faculté de médecine de l’Université de Liège,(ULg) qui ouvre de nouvelles salles de pointe pour les travaux pratiques

d’anatomie, histologie, microbiologie, biochimie et physiologie.

Utilisé pour l’excellence de la formation médicale des professionnels de la médecine,cet outil se veut aussi un sacré levier pour la recherche scientifique en Wallonie.

Cette dépense montre aussi à quel point l’ULg donne de l’importance à la pratique delaboratoire dans les cursus des différentes niches spécialisées de la médecined’aujourd’hui.

Autre symbole, cet investissement de poids clôture le déménagement de la Faculté demédecine sur le site du CHU de Liège, au Sart-Tilman ...

Plus d’informations: http://www.ulg.ac.be et aussi http://www.chuliege.be

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Dans un ouvrage décapant, àrebrousse-poil d'une conception

classique de l'histoire des sciences,Robert Halleux analyse ce que

la révolution scientifique duXVIIème siècle doit aux artisans.Et comment la science explique

ensuite le savoir de ceux-ci

D irecteur du Centre d'histoire dessciences et des techniques del'Université de Liège

(ULg), Robert Halleux n'a cesséde raconter comment la sciences'est construite. La science, maisaussi les techniques. Car il atoujours été un ardent défen-seur du rapprochement de deuxdisciplines qui, selon lui, sesont toujours radicalementtournées le dos: l'histoire dessciences et l'histoire des tech-niques. Dans son dernierouvrage, «une sorte de testamentspirituel», avouera-t-il, il montreavec sa verve habituelle comment lesavoir des artisans a fécondé la penséescientifique, particulièrement la révolutionscientifique du XVIIe siècle (1).

EEnnttrreettiieenn

V ous avez intitulé votre ouvrage Le savoirde la main. Cette main est celle des arti-

sans ? Bien sûr. Les bâtisseurs de Notre-Damede Paris ou du Mont Saint-Michel n'avaientaucune connaissance en physique théorique ouen géométrie ! À la base de cet ouvrage, il y anotamment une rencontre faite en Grèce, voicilongtemps cependant, alors que je visitais lemassif du Laurium. Mon guide m'avait faitremarquer un vestige archéologique: unepierre dissimulée dans les herbes, en formed'anneau de marbre creusé d'un chenal et cons-titué d'un chapelet de cupules. J'imaginais un

usage religieux. Le guide m'a vite détrompé: ils'agissait d'une laverie hélicoïdale où le mine-rai, entraîné par l'eau, se déposait dans lescupules par ordre de poids spécifique décrois-sant. Cette laverie de minerai avait cependantété construite par les anciens alors qu'ilsn'avaient aucune notion d'hydrodynamiquethéorique.

Au fil du temps, je me suis aperçu que pendantdes millénaires, les artisans, les inventeurs

d'outils et de procédés, avaient entassé unsavoir colossal sur la matière, sur le

vivant. Souvent bien plus avancéque celui des savants de leurépoque. J'ai voulu rapprocher cesavoir de celui des savants,examiner comment il avaitinfluencé la science.

A uparavant, la techniqueprécédait donc la science ?

Aujourd'hui, la technique suit lascience, elle est une science

appliquée. Mais c'est un phéno-mène nouveau. Pendant long-

temps, cela a été l'inverse ! Et pour-tant, personne n'a mis cela en évidence

et ce, pour une raison bien simple: dansnos études universitaires, on est soit historiendes techniques, soit historien des sciences,mais on n'est pas les deux à la fois. Les histo-riens des sciences travaillent à la manière desphilosophes: ils étudient le cheminement desidées scientifiques. Et cela le plus souvent horsde leur contexte économique, politique, tech-nique et social. Ils ne tiennent en général pascompte des conditions expérimentales desexpériences.

Je me suis rendu compte que, jusqu'au XVIIe

siècle, les savants - Aristote, Galilée, Saint-Albert le Grand, etc.- ont été à la traîne desingénieurs et techniciens. Les grandes muta-tions dans les sciences, surtout ce qu'on aappelé la révolution scientifique du XVIIe siè-cle, tirent leur origine de la pratique artisanaleet industrielle. Je ne citerai ici qu'un exemple:la mécanique est née des machines. On n'a pas

(1) Le savoir de la main.

Savants et artisans dans l'Europe

pré-industrielle, Robert Halleux, Paris, Armand Colin, 2009.

Savants et artisans

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Histoire des sciences

appliqué les principes théoriques de la méca-nique pour construire des machines mais cesont les physiciens qui ont essayé de compren-dre comment les machines fonctionnaient. Et cesont les artilleurs qui ont mis à mal la théoriearistotélicienne du mouvement... qui étaitfausse. L'expérience de la tour de Pise deGalilée, les artilleurs l'avaient réalisée avant lui.Ils ont construit une dynamique sur l'expéri-mentation et non sur des raisonnementsthéoriques. Galilée a élaboré son grand traité(Discorsi e Dimonstrazioni matematicheintorno a due scienze attenanti alla mecanicaed i movimenti locali) à l'arsenal de Venise: il aformulé les premières lois de résistance desmatériaux à partir de l'observation des artisansqui construisaient les navires.

M ais la science est basée sur l'expérimen-tation... Laquelle, on l'ignore trop souvent,

vient aussi du monde de l'artisanat et non desphilosophes. C'est la pratique même desessayeurs. C'étaient des hommes qui

travaillaient dans un atelier monétaire ou sur unmarché et contrôlaient la qualité des denrées etdes monnaies ou métaux. N'oubliez pas queNewton était maître des monnaies ! Il a apprisbeaucoup des essayeurs. Ceux-ci faisaient desexpériences qui devaient être décisives,incontestables. C'est d'abord un savoir de l'œilet de la main: les vieux orfèvres pouvaientdistinguer des différence d'1/12e de carat à l'œilnu ! Et cela n'a pas entièrement disparu: j'aiconnu un métallo qui, d'un seul regard au fourélectrique, pouvait dire «Monsieur l'ingénieur,si j'étais vous, je remettrais 50 kilos de manga-nèse» ! Et dans quoi faisait-on des essais ? Dansdes coupelles, testa en latin, ce qui a donné testen anglais ! La méthode expérimentale vientbien du monde des artisans.

P ourquoi cette évolution de l'artisanat versla science ne s'est-elle produite qu'en

Occident, dans nos régions ? Le seul autreendroit où cela aurait sans doute pu se produireétait la Chine, terre d'artisans extraordinaires,ayant inventé nombre d'outils ou de procédés defabrication. Mais il y a une différence: leurssavants, les mandarins lettrés, n'entraient jamaisdans un atelier ! Ce n'était socialement pas pen-sable. Saint Albert le Grand (patron des scienti-fiques chrétiens et remarquable homme descience du XIIIe siècle), Galilée, Huygens,Newton, etc, tous ont fréquenté les ateliers. Il ya eu translation des savoirs, fertilisation croiséeentre savoir théorique et savoir pratique.

M ais il y a eu retournement: les techniquessont bien devenues des sciences appli-

quées ? À partir du moment où la nouvellescience s'est constituée, est devenue sûre de sonoutil (l'expérimentation) et de son modèle (phy-sico-mathématique), elle se retourne vers lesarts et métiers et les fonde sur la science et nonplus sur la routine. C'est la naissance desAcadémies qui vont jouer un rôle majeur dansce processus. Celles-ci seront ce que l'on appel-lerait aujourd'hui, des bureaux d'études auservice du pouvoir et des agences de communi-cation. Elles écrivent des manuels pour les arti-sans, font l'inventaire des bonnes pratiques,bientôt justifiées par les principes de la physique.

V ous jetez la science à bas de son piédestal ?Pas du tout. Un piédestal est fait de

plusieurs briques: je montre quelles sont ces différentes briques. La science n'est qu'unaspect de l'expérience humaine, qui est mul-tiple et dont les différentes composantes s'influencent.

Henri [email protected]

Pour la science et pour le pays

E n 1959, quelques technocrates discrets s'installaient dans des locaux de la Rue dela Science à Bruxelles: ils étaient le noyau dur de ce qui constitue aujourd'hui le

service de la Politique scientifique fédérale. En cinquante ans, le groupe des pionnierss'est mué en une organisation où s'activent plus de 3 000 personnes animant desmusées, des instituts de recherche, une station polaire et d'innombrables programmesscientifiques. Une success story que racontent Robert Halleux et ses collaborateursdans leur ouvrage Pour la science et pour le pays.

Ce livre vient à son heure, deux ans après La liberté de chercher, qui raconte les 80 ansdu Fonds national de la recherche scientifique (FNRS)... et avant, Robert Halleux lepromet, deux autres ouvrages consacrés à la recherche dans les Communautés etRégions. Ainsi, un panorama complet de nos institutions de recherche aura été dressé.

Pour la science et pour le pays est divisé en trois parties. La première, de RobertHalleux, relate la fondation de la Politique scientifique fédérale et son évolution aucours de son demi-siècle d'existence, en mettant en évidence la philosophie qui aprésidé à sa conception: la collaboration entre les politiques et les scientifiques qui fait

d'elle un instrument de développement scienti-fique, certes, mais aussi économique et social. Dansune deuxième partie, Pierre Demoitié, responsablede la communication de la Politique scientifiquefédérale, présente les grands programmes derecherche fédéraux et les résultats auxquels ils ontabouti. Enfin Geneviève Xhayet, chercheuse auCentre d'Histoire des sciences et des techniques(CHST) de l'Université de Liège, présente l'histoiredes dix établissements scientifiques nationaux.

Pour la science et pour le pays, 50 ans de politiquescientifique fédérale, par Robert Halleux,Geneviève Xhayet et Pierre Demoitié. Éditions del'Université de Liège, 2009.

Athena 258 / Février 201017

Neurosciences

La seconde naissance de Rom Houben...

E n 1983, Rom Houben a 20 ans. Il suitdes études d'ingénieur et parle cou-ramment le français, le néerlandais et

l'anglais. Pour lui, le 19 novembre est un jourcomme un autre... jusqu'au moment où ledestin lui fixe un sinistre rendez-vous: victimed'un grave accident de voiture à Liège, Romsombre dans le coma et, quelques semainesplus tard, est déclaré en état végétatif par lesmédecins.

Durant 23 ans, il portera cetteétiquette sur le front, sauf ausein de sa famille. Dès ledébut, sa mère et sa sœur pres-sentaient en effet qu'il étaitconscient, bien qu'il ne mani-festait aucun signe extérieurpermettant de l'attester. Elleslui parlaient comme s'il pou-vait les comprendre, le rame-naient régulièrement à la mai-son pour le week-end ou pourles fêtes.

Rom est conscientC'est en 2006 (2) que l'incroyable se produisit.Sa famille l'emmène consulter un xe neuro-logue. En l'occurrence, le professeur StevenLaureys, chercheur du Fonds national de larecherche scientifique (FNRS) et directeur duComa Science Group de l'Université et duCHU de Liège. Au terme de ses évaluations, leneurologue est formel: Rom est conscient !Autrement dit, durant près d’un quart de siè-cle, il aura entendu et vu ce qui se passaitautour de lui sans jamais parvenir à communi-quer ses pensées. L'effroi ! «Déjà lors de

l'évaluation purement clinique, nous avonsobservé qu'il manifestait des signes de cons-cience, sans néanmoins percevoir qu'il étaitconscient comme vous et moi, rapporte celuiqui lui a offert une "seconde naissance". Il sui-vait du regard, bougeait le pied sur com-mande, mais à peine - il fallait un contacteuravec signal sonore pour qu'on s'en rendecompte.» De surcroît, ces signes positifsétaient intermittents. Disons qu'il y avait des

périodes «avec» et des pério-des «sans». «La fréquence deces manifestations était néan-moins supérieure à celle d'unphénomène aléatoire», préciseencore Steven Laureys.

Diagnostic erronéSelon l'examen clinique, Romn'était donc pas en état végéta-tif, mais en état de conscienceminimale, une nouvelle entitémise en évidence en 2002 parJoseph Giacino, du New JerseyNeuroscience Institute. De quoi

s'agit-il ? D'un état où le patient est conscient deson environnement, mais incapable de suivre demanière consistante des instructions simples.Ainsi, il lui arrivera quelquefois de répondre àdes ordres élémentaires («Pincez-moi la main»)ou d'exécuter des mouvements volontaires(sourire à un proche et à lui seul, par exemple),mais jamais de communiquer ses pensées.L'examen par PET scan (caméra à positons)permit d'affiner le diagnostic. Il révéla que lemétabolisme cérébral de Rom était quasinormal. Que fallait-il en déduire ? Qu'il souf-frait en définitive d'un locked-in syndrome

Voir, entendre, comprendre et pourtant être considéré comme dépourvu de toute conscience du monde extérieur. Voilà le sort qui fut réservé à Rom Houben durant 23 longues années,avant que le neurologue Steven Laureys ne conclue à une erreur de diagnostic.Une histoire tragique qui vient en écho de l'article (1) publié dans le numéro 255 d'Athena,où nous soulignions à quel point le spectre de l'erreur de diagnostic plane au-dessus du lit des patients victimes d'importantes lésions cérébrales

(1) Une affaire de conscience, Athena n° 255 (novembre

2009), pp. 129-132.

(2) Ces dernières semaines, le cas de Rom Houben a fait le tour du monde.

Pourquoi maintenant, alors que le neurologue Steven Laureys l'a déclaré conscient

voilà trois ans déjà ? Parce que, dans un dossier consacré aux états altérés

de conscience, le journal allemand

Der Spiegel a relaté son histoire à la fois terrible et

exceptionnelle. Elle a marqué les

esprits et s'est répandue comme

une traînée de poudre

dans les médias.

(Photo: AP /Yves Logghe)

Athena 258 / Février 201018

Neurosciences

(LIS). En clair, il était parfaitement conscientmais prisonnier d'un corps inerte, à l'image de Noirtier de Villefort dans Le Comte deMonte Cristo. Mais à la différence du personnaged'Alexandre Dumas, dépeint comme «un cada-vre avec les yeux vivants», Rom ne parvenait pasà communiquer par les mouvements des yeux nile clignement des paupières. Ce qui brouillait lescartes, car la caractéristique d'un patient en LISest classiquement de ne plus pouvoir communi-quer que par ce canal.

«Les LIS résultent d'une atteinte du tronc céré-bral, explique Steven Laureys. Leur origine estvasculaire dans 86% des cas, tandis que l'originetraumatique est exceptionnelle. La résonancemagnétique nucléaire montra que, à la suite deson accident, Rom avait d'importantes lésions dutronc cérébral, mais également des lésions auniveau de la matière grise. D'où sa difficulté àcommuniquer avec les yeux.» Toujours selon leneurologue de l'ULg, on peut donc considérerque Rom souffre d'un LIS post-traumatique trèsatypique.

Mais, au fait, le cas de Rom Houben est-il vrai-ment exceptionnel ? Qu'on ait décelé chez luiune conscience intacte après tant d'années estpresque miraculeux. Cependant, il est hautementprobable que d'autres personnes dans le mondesoient jugées en état végétatif alors qu'elles ontune perception normale du monde extérieur.Publiée récemment dans la revue BMCNeurology (3), une étude de Steven Laureys,Caroline Schnackers et Joseph Giacino montred'ailleurs que le diagnostic posé au bord du litd'un patient ayant subi de graves lésions céré-brales est erroné dans 41% des cas.

Une opportunité uniqueLe torrent médiatique qu'a fait déferlerl'«affaire» Rom Houben a eu le mérite d'attirerl'attention sur le problème trop souvent négligé

des erreurs de diagnostic chez lespatients gravement cérébrolésés. «Detelles erreurs peuvent avoir de terri-

bles conséquences, particulière-ment en ce qui concerne lesdécisions d'accès aux traitements et

de fin de vie», regrette StevenLaureys. Et d'ajouter: «L'utilisation

systématique et répétée d'une échellecomportementale standar-

disée et sensible peutaider à diminuer defaçon appréciable cetype d'erreur ou, dumoins, limiter sérieuse-ment l'incertitude rela-tive au diagnostic. Il en

va de même du recours aux techniquesd'imagerie cérébrale fonctionnelle.»

Le responsable du Coma Science Group estheureux que son patient ait trouvé une tribune àl'échelle mondiale pour raconter son histoire,faire part de ses difficultés et frustrations, expri-mer qu'il n'avait jamais nourri d'idées suicidairesni souhaité être euthanasié. «Rom n'avait decesse que de communiquer, rapporte StevenLaureys. Une opportunité unique s'est présentéeà lui puisque des journaux et télévisions dumonde entier ont souhaité recueillir son témoi-gnage.»

Objet de polémiqueD'aucuns tentent de récupérer son cas pour relan-cer le débat sur l'euthanasie. D'autant qu'en juillet2003, un Américain de 42 ans, Terry Wallis, avaitretrouvé l'usage de la parole après avoir étédiagnostiqué en état végétatif 19 ans auparavant !«Une autre erreur, dit Steven Laureys. Sur labase de son dossier, il est clair qu'il était en étatde conscience minimale.» Chez Wallis s'estproduit un phénomène exceptionnel: unerepousse axonale (fibre nerveuse) presque deuxdécennies après le traumatisme crânien qu'il avaitsubi. Pour le neurologue liégeois, cela ne doit pasremettre en cause notre législation sur l'euthana-sie. En revanche, «tout doit commencer par unbon diagnostic», et c'est là qu'il reste du cheminà accomplir.

Pour s'exprimer, Rom Houben utilise un systèmeinformatique dit de communication facilitée.Une personne lui soutient le bras et, au moyend'un doigt qu'il est capable de bouger, il appuiesur les lettres d'un clavier. Sur les vidéos, il appa-raît recroquevillé sur lui-même, l'air amorphe, etd'aucuns prétendent aujourd'hui qu'il n'est pasconscient, que son doigt est guidé par l'aidesoignante. Tel est notamment l'avis - c'est sondroit - d'Arthur Kaplan, professeur de bioéthiqueà l'Université de Pennsylvanie (États-Unis).Steven Laureys, qui n'a pas été impliqué dansl'utilisation de la communication facilitée,explique qu'il est aisé de vérifier que Rom com-prend ce qui se passe autour de lui. «Admettonsque nous lui montrions un gobelet en l'absencede la "facilitatrice" chargée de soutenir son bras.Si nous lui demandons ensuite d'écrire ce qu'il avu, avec le concours de celle-ci, il fournit le bonmot. Or l'aide soignante n'a pas été mise en pré-sence de l'objet.» Rom Houben a l'intention deraconter son histoire dans un livre et d'y expri-mer sa volonté de continuer à vivre.

Philippe [email protected]

(3) Selon deux autres études,

réalisées au début des années 1990 par le professeur

Keith Andrews (Londres)

et le docteur Nancy Childs

(Austin), la personne

déclarée en état végétatif est une fois sur trois en

état de conscience minimale, voire prisonnière d'un

locked-in syndrome.

(Photo: Reporters / E. Scagnetti )

Enseigner avec le Web

Athena 258 / Février 201019

L es «immigrants» veulent comprendrecomment fonctionne un appareil, lesdigital natives veulent savoir ce qu'ils

peuvent en faire. Les premiers apprennent lemode d'emploi car ils ont toujours étudié dansdes livres. Les seconds apprennent «sur le tas»,en «pratiquant». Découvrir toutes les fonction-nalités d'un appareil ne les intéresse pas puisquecelui-ci peut réaliser ce dont ils ont besoin en uninstant précis.

Les «immigrants» ont appris des matières enpartant de A et en allant jusqu'à Z. Ils ont com-mencé par apprendre ce que faisaient les«anciens» Belges, puis ont étudié succes-sivement les Romains, les Grecs, les Égyptiensavant d’arriver à l'histoire du Moyen-Âge,jusqu'à la généalogie de la famille royale, etc.Ce chemin «logique» a été adopté pour toutesles matières. Tenter d'imposer un tel chemine-ment à des digital natives est inutile car le fonc-tionnement de leur cerveau, soumis continuelle-ment à des stimuli, a été modifié. Ils ne sonttout simplement plus capables de suivre uneformation «à l'ancienne» et sont habitués àsauter intellectuellement d'un sujet à l'autre,d'en traiter plusieurs à la fois (comme ils sont enmême temps connectés à MSN, écoutent de lamusique, discutent au téléphone, regardent latélévision et... étudient).

Pour avoir une chance de les intéresser, le pro-fesseur/immigrant doit adopter des méthodes

adaptées et utiliser des outils qu'ils connaissent.Car plus tard, lorsque les digital natives arriventen entreprise, il doivent affronter le même pro-blème que celui auquel ils ont déjà été confron-tés en classe: ils s'attendent à disposer de leurtechnologie «habituelle», celle qu'ils maîtrisentet utilisent depuis qu'ils existent (MSN, Twitter,Facebook...) et que très généralement le profes-seur/patron considère comme inutile ou acces-soire et leur refuse. D'où démotivation et/ourecherche rapide d'un autre emploi. En fait, leurbesoin de communication est tel qu'ils doivent,par tous les moyens technologiques, êtreconnectés en permanence à leur «tribu».

Les «immigrants», commettent une grosseerreur en considérant que les digital nativessont incapables de se concentrer sur plusieurschoses simultanément parce que pour eux, çasemble impossible. Toute tentative de leurimposer un enseignement et une activité profes-sionnelle comme ils les ont connues serait irré-médiablement vouée à l'échec. Aux adultes etprofesseurs d'envisager des solutions pour s’adapter. L'inverse est impossible...

Patrick Dejarnac, de la haute école libre mosane(HELMO), décrit les étudiants d'aujourd'hui dela manière suivante: «ils sont multi-tâches (ilsécoutent leur MP3 en même temps qu'ils écri-vent un sms, regardent MCM et étudient leurssyllabus); ils sont multi-culturels et solidaires(alors que la génération X est davantage mono-

Les élèves sont des digital natives, les professeurs des «immigrants». Les premiers sont nésdans le monde digital, les mains sur un clavier d'ordinateur. Ils jonglent avec n'importe quel

appareil sans jamais avoir ouvert le mode d'emploi. Les seconds, nés avant le digital,ont tenté de s'adapter, par goût personnel ou par obligation professionnelle mais

se sentent parfois mal à l'aise dans le monde numérique. Certains ont simplement du mal avec la technique. Pas toujours, il y a aussi des informaticiens, capables d'écrire

des programmes, désireux de comprendre comment fonctionnent ceux qu’ils utilisent déjàet qui lisent soigneusement les modes d'emploi de tous les appareils qu'ils découvrent

Les digital natives sont aussi appelés

«génération Y», qui désigne les

personnes nées entre la fin des années 1970 et le milieu des années

1990 et tire son nom de la génération

précédente, nommée «génération X».

On les appelle encore «enfants du millénaire»

ou «net génération». Leurs parents sont

souvent des baby boomers.

Pour plus d’informations :

consultez l'article de l'encyclopédie

Wikipedia à l'adresse http://bit.ly/WIvT

et surtout la version anglaise beaucoup plus

complète à l'adresse http://bit.ly/7LIK.

Internet

Athena 258 / Février 2010 20

Internet

culturelle et individualiste); multi-informés etmulti-connectés (ayant un accès immédiat etpermanent à tout: une définition se cherche enclasse, sur Internet, via le portable wifi oul'Ipod... sans avoir, comme les X jadis, à sedéplacer dans une bibliothèque); multi-choix (ilszappent immédiatement quand un programmetélé leur déplaît, et font de même avec un cours,une formation, un sport...); impatients (dans lagratification d'une action: «qu'est-ce que jereçois ou gagne si je fais ça ?») et ludiques (cettegénération a grandi avec les jeux vidéos).»(Voir l’article Prof «génération X» face àétudiant «génération Y» sur http://bit.ly/4FMaGX)

Les TICE

Les technologies de l'information et de la com-munication pour l'éducation (TICE) recouvrentles outils et produits numériques pouvant être uti-lisés dans le cadre de l'éducation et de l'ensei-gnement, conçus pour produire, traiter, entre-poser, échanger, classer, retrouver et lire desdocuments numériques à des fins pédagogiques.

Outre la lutte contre la fracture numérique, bienréelle, le développement des TICE correspondaussi à une volonté forte d'éduquer les jeunes àen faire un usage citoyen et responsable, notam-ment dans le domaine Internet, à savoir:

• éviter les comportements de «zappeur» sur latoile, c’est-à-dire leur apprendre à rechercheret à trier les informations en fonction de leursbesoins;

• avoir un regard critique sur l'information déli-vrée par ce réseau de communication (impor-tance de l'analyse critique des sources d'infor-mation);

• les protéger des intentions malveillantes(pornographie, escroquerie, sites marchandsplus ou moins déguisés);

• expliquer les méfaits du piratage et le respectde la propriété intellectuelle.

Cette liste n'est pas exhaustive. L'objectif est deguider l'élève dans l'apprentissage de cestechnologies, sachant que, dans sa famille, il estsouvent livré à lui-même.(Source: http://bit.ly/3GLALl, article proposantégalement quelques exemples intéressants).

Quelques sites

• EducNet

http://www.educnet.education.fr/ est un site institu-tionnel français édité par le Ministère del'Éducation nationale et le Ministère del'Enseignement supérieur et de la Recherche.Son but est d'informer sur l’actualité des nou-velles technologies au service de la pédagogie.Les enseignants et non-enseignants y trouverontla matière pour adapter ou renouveler leursméthodes. Des dossiers documentaires permet-tent de faire le tour complet d’une question:baladodiffusion (podcast), handicap et TICE,développement durable et TICE, mais aussi desguides thématiques. Deux pages à épingler:«Une discipline, un site» (http://bit.ly/4tQSGo) et«Sites thématiques» (http://bit.ly/7BgAln).

• Pedago-TIC

http://www.pedago-tic.be/ est une initiative belgequi «a comme objectif de proposer, aux ensei-gnants, un programme de formation etd’accompagnement en vue d’acquérir lescompétences générales et spécifiques néces-saires à une intégration réussie des TIC dansl’enseignement (TICE)». Dynamique, ce projetpeut également être suivi sur Twitter(http://twitter.com/pedagotic).

• Usages des TICE en classe

http://www.agence-usages-tice.education.fr/ vise àprésenter les TICE comme un outil de lien entrel’école et la maison, entre le temps scolaire et letemps péri-scolaire.On y trouve des témoi-gnages d'enseignants, des bases de données, desstatistiques, des outils, etc.

• Skoden

http://skoden.region-bretagne.fr/ est le portail régio-nal de la formation ouverte et à distance enBretagne. On y trouve des guides, tutoriaux, dia-poramas, brochures numériques, etc. Tous lesoutils sont mobilisés pour apprendre en ligne.Un chapitre spécial est réservé au Web 2.0, auxblogs et à leur utilisation en pédagogie.

Athena 258 / Février 201021

EducTice

Internet

• L'éducation à la culture informationnelle

http://veillepedagogique.blog.lemonde.fr/ est un blogdédié aux enseignants, aux chercheurs, auxprofessionnels documentalistes s'intéressant à l'évolution de la culture informationnelle et auxhabiletés nécessaires pour sortir du flux de lasurcharge informationnelle. On y trouve uneinformation riche et bien catégorisée.

• EduSud

Produit par l'Organisation des Nations Uniespour l'Éducation, la Science et la Culture(Unesco), EduSud (http://www.edusud.org/) estun portail dont l'objectif est d'accompagner lesenseignants dans le monde des technologieséducatives et de mettre à leur disposition desoutils, conseils, références et autres ressourcespédagogiques qui leur permettront d’intégrerces technologies dans leurs dispositifs deformation et de pouvoir apprécier l’impact deces outils dans un contexte pédagogique. Unsite très riche.

• EducTice

http://eductice.inrp.fr/EducTice est le site d'uneéquipe de recherche de l’INRP (Institut natio-nal de recherche pédagogique) dont lestravaux sont guidés par l’évolution des usagesdes TICE et veulent répondre aux défis poséspar ces technologies aux acteurs de l’éduca-tion. En s’appuyant sur les pratiques deterrain, comme sur les laboratoires universitai-res experts du domaine, l’équipe EducTices’intéresse plus spécifiquement aux didac-tiques des disciplines scientifiques dans leursliens aux usages des TIC et à la conception etaux usages de scénarios d’apprentissage dansles environnements numériques.

Quelques outilsPourquoi ne pas vous lancer ? Voici quelquesoutils simples et rapides à mettre en œuvre, tousgratuits. La liste est loin d'être exhaustivepuisque, chaque jour, il en naît des dizaines de cegenre, qui offrent l'immense avantage de lasimplicité. Ils peuvent aussi facilement être asso-ciés pour créer de nouveaux espaces d'expres-sion. Aucune connaissance technique n'estrequise et la seule limite est l'imagination.

Les trois outils décrits dans cet article, Twitter,le blog et le wiki sont autant de formes différen-tes de sites servant à communiquer et collabo-rer. Il serait dommage de les ignorer (ou pire, deles mépriser) sous prétexte qu'ils avaient été

conçus et développés pour un usage ludique.Les plus grandes entreprises les utilisent aujour-d'hui très activement dans le cadre de leurcommunication.

Twitter

Twitter (http://twitter.com/) est l'équivalent dusms mais sur le Web. Il faut au préalable créerun compte (cela prend moins de 5 minutes) encliquant sur «S'inscrire maintenant». Afind'éviter de communiquer votre véritable iden-tité, prenez un pseudonyme. Le nom d'utilisa-teur que vous choisirez constituera l'adresse devotre site: http://twitter.com/Nom_choisi. Plus tard,vous pourrez «décorer» votre site ou décider devous contenter de l'habillement proposé pardéfaut.

Avec Twitter, vous pouvezenvoyer un message de140 caractères, pas un deplus. Il doit être tapé dansle champ «Quoi deneuf ?» (un compteur situéen haut à droite de cechamp vous indique decombien de caractèresvous disposez encore).

Mode d’emploi

Commencez par «suivre»quelqu'un, c'est-à-dire parvous abonner aux tweets(c'est le nom d'un de cescourts textes de 140 carac-tères publiés sur Twitter) de quelques personnes.Pour cela, tapez un mot-clé (par exemple ensei-gnement) ou le pseudonyme de quelqu'un quevous connaissez (par exemple BrainsFeed) dansle champ de recherche situé dans la marge àdroite de l'écran.

Un tweet classique se présente de la manièresuivante: en cliquant sur le pseudonyme del'auteur, on accède à la liste des tweets qu'il arécemment publiés. Pour lire l'article ou le docu-ment auquel réfère le tweet, cliquez sur le lien.Nous reviendrons dans un prochain article surl'utilisation de Twitter en expliquant les diversescommandes et astuces qui font de cet outil unformidable moyen de communication.

* Et dans l'enseignement ?

Plusieurs sites suggèrent l’utilisation de Twitterpour les enseignants:

La promotion dansles médias et réseaux

sociaux de Séville est un bel exemple

à suivre pour les institutionnels

du tourisme, et pourvous, une formidable

opportunité d’ y préparer un

éventuel séjour !

Athena 258 / Février 2010 22

Internet

• Utiliser Twitter en salle de classe: 12 exem-ples pratiques (http://bit.ly/LPKcQ)

• 50 idées pour utiliser Twitter dans le domainede l'éducation (http://bit.ly/nGojo)

• Comment utiliser Twitter en classe(http://bit.ly/zUtTr)

Ensuite, il ne reste plus qu'à laisser courir sonimagination pour découvrir d'autres utilisations.Une enseignante de lettres-histoire en lycée pro-fessionnel (en France) utilise Twitter avec sesélèves pour rendre compte des périodes destage, pour poser des questions après les cours,pour diffuser les moyennes respectives dechacun. Elle relate son expérience dans un blogà l'adresse http://frompennylane.blogspace.fr/.

Plusieurs enseignants ou spécialistes des nou-velles technologies dans le domaine de l'ensei-gnement mettent à votre disposition une veillesur ces sujets à travers leur compte Twitter:• http://twitter.com/Bergheaud (en français)• http://twitter.com/ProfTice (en français)• http://twitter.com/jmgilliot (en français)• http://twitter.com/fcasbonne (en français)• http://twitter.com/patrickbohnet (en anglais)• http://twitter.com/ecogest_reims (en français)• http://twitter.com/cdistmartial (en français)• http://twitter.com/Usages_TICE (en français)

Blog

Le blog est un excellent outil car il ne limite pasla longueur des billets et en conserve l'ensemble(alors que Twitter est dans l'instantanéité). Ilspeuvent également être classés par catégories. Ilexiste de nombreuses solutions pour créer unblog rapidement, mais le plus simple est sansdoute le système proposé par Blogger(http://www.blogger.com/). Pour l'utiliser, il fautposséder une adresse Gmail (à créer enquelques minutes sur http://mail.google.com/).

* À quoi peut servir un blog en classe ?

• Journal de bord: agenda, vie scolaire, atelierspédagogiques, classes transplantées, actualité

éducative, cahier de correspondance, sortiesscolaires, expositions artistiques,...

• Support de cours: méthodologie, résumés deséquences, apports documentaires, pistesd’approfondissement, exercices en ligne,révisions, mutualisation de ressources, cahierde textes, correspondances scolaires,...

Ces quelques idées sont extraites de l'article«De l’usage d’un blog en primaire»(http://bit.ly/4XCRU). D'autres idées dans l'article«Utiliser un blog avec sa classe: une pratiqueactive des TICE par l’élève» (http://bit.ly/7PeIn3).

Wiki

Un wiki, loin d’être exhaustif, est idéal pourentreposer et organiser du contenu. L'avantageest que le site peut directement être modifié àpartir du navigateur, sans même devoir passerpar une interface d'administration. Le plusconnu est évidemment Wikipedia(http://www.wikipedia.org/). Un article très intéres-sant explique d'ailleurs comment l’utiliser enclasse sur http://bit.ly/87YrbO.

La création d'un wiki ne pose aucun problème etne demande aucune connaissance technique.Les solutions disponibles sont nombreuses.Lisez par exemple cet article «30+ solutionspour créer votre propre Wiki» (http://bit.ly/3gsh).

* Quelques idées d'utilisation ?

• «50 façons d'utiliser les wikis dans lesclasses» (http://bit.ly/MhGR6)

• «Utiliser une application wiki pour faireécrire les élèves» (http://bit.ly/4Gk4bW)

• «Le wiki, un outil de travail collaboratif»(http://bit.ly/8NZwcV)

Simple, efficace

Les nouveaux outils mis à notre disposition parl'apparition du Web 2.0 sont très simples àmettre en place et à utiliser. De nombreusesexpériences pédagogiques les mettent déjà enœuvre avec de bons résultats car ce sont aussides technologies familières aux jeunes. Dans laseconde partie de cet article, nous étudieronsd'autres applications utiles dans le cadre de l'enseignement.

Christian VANDEN [email protected]

http://www.brainsfeed.com/

Un «billet»est un article dans un blog

Athena 258 / Février 201023

Dissectionde la voix...

B aptisée phonation, la production de lavoix met en œuvre un système com-plexe dont les cordes vocales, au nom-

bre de deux, constituent la clé de voûte.Structures de petite taille situées à la hauteurde la pomme d'Adam, elles apparaissent sousla forme de replis de la muqueuse du larynx.D'où la terminologie scientifique de «plisvocaux» qui souligne bien qu'elles ne sont enrien comparables aux cordes d'une guitare oud'un violon.

D'une épaisseur de l'ordre de 0,4 mm et d'unelongueur moyenne de 20 à 25 mm chezl'homme et de 16 à 20 mm chez la femme,elles sont écartées lorsque le sujet respire et se

rapprochent quand il sonorise. Dans un articleen ligne intitulé Physiologie de la phonation,Antoine Giovanni, Maurice Ouaknine etRenaud Garrel, du Laboratoire d'audiophono-logie expérimentale et clinique de l'Universitéde la Méditerranée, à Marseille, résument cette«mécanique»: «Lors de la phase préphona-toire préparatoire, les muscles et les cartilagesdu larynx rapprochent les cordes vocales lesunes des autres (position phonatoire), ce qui apour effet de rétrécir la filière respiratoire.L'air contenu dans les poumons est ensuitepropulsé par une expiration active à traversles cordes vocales. Les caractéristiques anato-miques de celles-ci permettent, grâce à leursurface feuilletée (1), une vibration passive dela muqueuse du bord libre sous l'influence del'air phonatoire.»

Si les cordes vocales (le «vibrateur») représen-tent l'élément cardinal du système phonatoire,ce dernier comprend aussi la «soufflerie»(abdomen et thorax), en amont, et les «résona-teurs», en aval, lesquels sont composés de lacavité buccale, du pharynx, du cavum (2), desfosses nasales, de l'espace entre les lèvres et duvestibule laryngé. Ainsi que le précise le pro-fesseur Dominique Morsomme, spécialiste dela logopédie des troubles de la voix àl'Université et au Centre hospitalier universi-taire (CHU) de Liège, le son que livrerait lesplis vocaux, sans intervention des résonateurs,serait comparable à un bourdonnement. Uneétape de modulation est donc indispensable àla production de ce qu'il est convenu d'appelerle langage articulé, qu'il soit parlé ou chanté.

Deux cordes vocales qui n'ont de cordes que le nom, un système de soufflerie, des résonateurs: la production de la voix relève d'un système sophistiqué. Les troubles qui l'affectent peuvent être de différents ordres et leur diagnostic n'est pas toujours aisé s'ils sont discrets. L'utilisation

d'échelles d'évaluation en permet une approche plus rigoureuse.Quant à la rééducation de la voix, il n'est pas rare qu'elle requière

une prise en charge multidisciplinaire

(1) Chez l'adulte, selon Hirano et collaborateurs

(1983), la corde vocale est

composée de cinq couches

fines: la couche superficielle, la couche intermé-diaire, la couche

profonde, les couches intermé-

diaires et pro-fondes de la

lamina propriaqui forme le

ligament vocal.

(2) Le cavum désigne le rhino-pharynx, partie

du pharynx située derrière

les fosses nasales.

(Ph

oto:

Hoo

ng

Wei

Lon

g)

Polype situé sur la corde vocale de gauche.(Photo: Professeur Camille Finck

du CHU de Liège)

Athena 258 / Février 2010 24

Logopédie

La production vocale étant un phénomène multi-dimensionnel, l'évaluation et la rééducation destroubles de la voix parlée (dysphonie) ou chan-tée (dysodie) peut atteindre un haut degré decomplexité. La logopédie ne peut en aucun casfaire l'économie d'une collaboration avec unphoniatre (3). Ce dernier examine en premier lelarynx et pose son diagnostic. L'examen des plisvocaux est riche en enseignements par la miseen évidence de diverses pathologies tels desnodules, un granulome, des polypes, une tumeurmaligne ou encore une inflammation résultantde la consommation de tabac, d'un reflux gastro-œsophagien ou d'un excès de sollicitation (sur-menage vocal des enseignants, des chanteurs,etc.). L'examen médical spécialisé permet égale-ment de déceler un éventuel déficit de la tensionmusculaire indispensable aux mouvements idoi-nes d'écartement et de rapprochement des cordesvocales. Toutefois, le tableau se compliquequand on sait que des patients chez qui unecause de dysfonctionnement a été diagnostiquéene semblent connaître aucun trouble de la voix etque, à l'inverse, l'origine d'une dysphonie oud'une dysodie demeure obscure chez d'autres.

Échelles perceptivesDans ce contexte, le recours à des échellesperceptives d'évaluation de la voix est très priséaujourd'hui pour favoriser une plus grandejustesse du diagnostic. En effet, la perceptionqu'a le thérapeute de la production vocale de sonpatient dépend de multiples facteurs: sonexpérience dans le domaine, ce qu'il a entendujuste avant l'évaluation, la fréquence aveclaquelle il entraîne son oreille, sa formephysique du jour, etc. «La question de la straté-gie à mettre en œuvre pour rendre l'oreilleexperte n'a jamais été résolue jusqu'à présent»,indique Dominique Morsomme.

Les échelles d'évaluation ont donc été conçuespour fournir au phoniatre et au logopède desoutils standardisés autorisant une analyse plusrigoureuse. Néanmoins, elles se heurtent àdivers écueils. Un des objectifs de DominiqueMorsomme et de son équipe est d'ailleurs decontribuer à les rendre plus fiables.

Ces échelles sont subjectives. Les deux princi-pales (les plus employées dans le mondeclinique) sont la GRBAS, qui est perceptive, etle VHI, axé sur l'autoévaluation vocale. Élabo-rée en 1981 par M. Hirano, l'échelle GRBAS seréfère à cinq paramètres: le grade (4), la raucité,le souffle, la sensation de forçage et la sensa-tion de faiblesse vocale. Philippe Dejonckere,de l'Université d'Utrecht, a introduit ultérieure-ment un sixième paramètre: l'irrégularité ouinstabilité vocale. Aussi parle-t-on désormaisde l'échelle GRBASI.

Définir des balisesComment s'opère l'évaluation ? Simplement. Leclinicien attribue à chaque paramètre une cote de0, 1, 2 ou 3, le 0 symbolisant l'état normal et le 3,un problème sévère. «Nous demandons aupatient de lire des textes phonétiquement équili-brés, de produire des A tenus (AAAAA...), etc.,explique Dominique Morsomme. La question estde savoir si nous sommes fiables et cohérents, si,en réécoutant l'enregistrement d'un test aprèsune semaine, nous arrivons aux mêmes conclu-sions que lors de la première audition. En fait, onobserve une grande variabilité dans les résultatsque ce soit dans le temps ou entre examinateurs.Dès lors, dans notre centre, les évaluations sontconfiées indépendamment à un phoniatre, à unlogopède et éventuellement à une troisièmepersonne, puis soumises au jeu de la confron-tation.»

Bien qu'il existe une littérature foisonnante sur lesujet, la fiabilité des évaluations perceptivesdemeure sujette à caution. Sous l'impulsion duphoniatre français Antoine Giovanni, directeurdu Laboratoire d'audiophonologie expérimentaleet clinique de l'Université de la Méditerranée, destravaux regroupant de nombreux experts interna-tionaux vont être initiés en 2010 avec l'ambitionde définir des balises permettant, si possible, desévaluations vocales plus uniformes et plus fia-bles. De façon générale, l'enregistrement de lavoix constitue un élément essentiel de la prise encharge des patients dysphoniques ou dysodiques,car il permet d'apprécier l'évolution de leurs trou-bles au cours ou au terme du traitement qui leurest prescrit.

Malgré ses «défauts», l'échelle GRBASI restel’apanage des cliniciens, qui soulignent sa faci-lité d’emploi dans un environnement cliniquejournalier et l’avantage qu’elle a de fournir unedescription de la qualité vocale relativementcohérente. Cependant, pour les troubles vocauxdu chanteur, elle s’avère peu efficace. En effet, lavoix parlée de certains patients dysodiques estsouvent évaluée comme étant «normale», alorsqu’en voix chantée le clinicien pourra percevoir

(3) Oto-rhino-laryngologistespécialisé dansles pathologies

de la phonation.Le terme «pho-niatre» est peu

usité enBelgique.

(4) Le grade seréfère à l'évalua-tion générale de

la dysphonie.

Athena 258 / Février 201025

Logopédie

du souffle, de la raucité ou encore de l’irrégula-rité vibratoire. «De plus, entre phoniatres, logo-pèdes, psycho-acousticiens, phonéticiens, musi-ciens, chanteurs..., un même vocabulaire nerecouvre pas toujours une même réalité percep-tive, rapporte le professeur Morsomme.L'élaboration d'une échelle pour la voix chantéeest donc particulièrement importante et répond àun besoin clinique. Dans nos études, nous avonsproposé une échelle composée de six paramètres(non gênant, harmonieux, agréable, régulier,stable, timbré) pour l'analyse du vibrato, une descaractéristique de la voix chantée. Sa fiabilité aété éprouvée par dix experts, qui ont évalué levibrato de cinquante-quatre échantillons vocaux.Une analyse factorielle nous a permis de déga-ger trois facteurs: esthétique, physico-acoustiqueet global. Pour l'heure, nous poursuivons nostravaux afin de peaufiner notre approche.»

Rester à l'écouteUne autre échelle d'évaluation subjective de lavoix est le Voice Handicap Index (VHI), élaborépar B.H. Jakobson en 1997. Elle est née de lanécessité de quantifier l'aspect «invalidant»qu'un trouble vocal peut provoquer sur la qualitéde vie, et de mesurer les conséquences psycho-sociales des troubles vocaux. Sur la base detrente items, le patient est appelé à décrirel'impact de sa dysphonie ou de sa dysodie dans savie de tous les jours, ce qui permet au praticiende mieux cibler les objectifs de la thérapie parrapport à ses desiderata. Cette échelle d'autoéva-luation se révèle performante face aux troublesvocaux les plus fréquents, mais moins lorsque lesperturbations sont discrètes, comme cela peutnotamment être le cas chez des sujets dyso-diques. Par ailleurs, son efficacité est faible pourles voix a-laryngées (5) ou les voix d'enfants.

En 2008, lorsqu'elle travaillait à l'Universitécatholique de Louvain (UCL), DominiqueMorsomme a adapté, avec l'aide de différentsprofessionnels, le VHI au chant. Les demandesdes chanteurs professionnels peuvent être extrê-mement pointues et se référer à des troublespresque imperceptibles lors d'une évaluationperceptive. D'où l'intérêt d'une échelle d'auto-évaluation adaptée aux chanteurs dysodiques etnon dysodiques. L'échelle susmentionnée, issuedu VHI, a fait son entrée en clinique tant enBelgique qu'en France. Elle a également ététraduite en suédois, tandis que d'autres traduc-tions et validations sont en cours, en particulieren anglais et en néerlandais.

Bien que l'échelle perceptuelle GRBASI etl'échelle d'autoévaluation VHI soient relative-ment bien corrélées, spécialement pour les para-mètres G (grade), R (raucité) et B (souffle -

breath en anglais), des discordances peuventapparaître. Elles se manifestent rarement lorsquele patient rapporte un problème vocal consé-quent, tel un souffle prononcé, mais se rencon-trent parfois quand, échappant à l'autoévaluation(une voix un tantinet rauque, par exemple), unelégère anomalie est néanmoins perçue par lethérapeute. Ou alors - c'est assez fréquent avecles chanteurs - quand la plainte du patient n'estpas corroborée par l'évaluation perceptive duphoniatre ou du logopède.

En clinique, que faire s'il y a discordance ? «Nepas trancher le problème avant d'avoir discutéavec le patient, répond Dominique Morsomme.Tout dépend de sa motivation. Certains opterontpour le statu quo à partir du moment où ils sau-ront qu'ils ne souffrent pas d'une pathologiegrave comme un cancer du larynx. Toutefois, ilconvient de rester à l'écoute des patients qui seplaignent, même si aucune pathologie n'est déce-lée et que l'évaluation perceptive n'a rien révéléd'anormal non plus. Ainsi, chez les profession-nels du chant, les plaintes touchent souvent à lasphère de la proprioception, ont trait à un"ressenti", à une gène. Il faut alors se demanderce qu'attend précisément le sujet d'une éventuellerééducation et si les techniques logopédiques ànotre disposition nous permettent de satisfaire àsa demande.»

Une affaire de pression...À côté des échelles subjectives ont été dévelop-pées des mesures qualifiées d'objectives. Sur labase de la production d’une voyelle tenue, d’untexte phonétiquement équili-bré ou de listes de mots ou dephrases, une série de mesuresacoustiques peuvent être rele-vées, comme la fréquence fon-damentale, les niveaux depression sonore ou encore larépartition des formants dansle spectre. De même, desmesures aérodynamiquestelles que le débit d’air buccal,le flux d’air, la fuite glottique,le temps maximum phona-toire, la pression sous-glot-tique estimée (6) seront effec-tuées lors du bilan vocal.

La pression sous-glottiqueestimée suscite un intérêtcroissant car, comme l'ontmontré plusieurs auteurs, elleest un bon indice de forçagevocal. Selon Dominique Morsomme, cetteapproche devrait s'affiner et pourrait débouchersur la définition de valeurs de référence pour

(5) Voix sanslarynx, par

exemple à lasuite d'un cancer

laryngé.

(6) Cet examenporte le nom dePSGE (pressionsous-glottique

estimée).

(7) Ensembled'organes consti-tuant un appareil– tractus urogé-

nital, tractusvocal...

Le professeur Dominique

Morsomme,spécialiste de la logopédie

des troubles de la voix à l'Ulg et au Centre

hospitalier universitaire (CHU) de Liège. Courriel:

[email protected]

Athena 258 / Février 2010 26

Logopédie

diverses pathologies, tels les nodules, lésions sur-venant de manière typique lors du «malmenage»vocal, ou l'œdème de Reinke, affection chro-nique du larynx dont la cause principale est letabac.

Ainsi que le rappelle Dominique Morsomme, lapression sous-glottique est un élément clé dansle phénomène de la phonation, l'émission sonoreétant le résultat d'une utilisation soi-gnée et pré-cise de la pression d'air produite par le systèmerespiratoire. «Pendant la phonation, l'acco-lement des cordes vocales crée un obstacle,explique-t-elle. Celui-ci entraîne une élévationde la pression en amont de la glotte, la pressionsous-glottique. C'est elle qui donne l'impulsionnécessaire à la vibration des cordes vocales.» Etd'ajouter: «Il est utile de comprendre comments'opère la régulation des processus aérodyna-miques mis en jeu lorsqu'on parle, chante oucrie. Le changement des valeurs de pressionrésultant de ces activités permet de comprendrela structure et le fonctionnement du tractusvocal (7). Il permet aussi au clinicien de déduireun certain nombre d'informations concernant lanature des troubles laryngés et d'affiner sonplan thérapeutique.»

La production vocale est influencée par demultiples facteurs, dont beaucoup ne sont paspathologiques: la fatigue ou le stress, par exem-ple. On rencontre également des aphonies

psychogènes, lesquelles constituent souvent unmécanisme de défense après un choc émotion-nel (deuil, scène de crime, tentative de strangula-tion, etc.) - ne dit-on pas «Je reste sans voix» ?

Le poids de émotions

L'état émotionnel joue un rôle sur la respirationet les tensions musculaires globales. Et, partant,sur le processus vocal. Par ailleurs, de nombreuxauteurs ont établi une corrélation entre les étatsémotionnels et la pathologie. «Par exemple, ditDominique Morsomme, ils mentionnent, chezdes adultes porteurs de nodules, certains étatspsychologiques tels que de la tension, de lacolère ou de la dépression, et, chez des enfants,porteurs de nodules également, certains traits depersonnalité caractéristiques suscitant de lafrustration, des tensions ou encore des troublesémotionnels. Bien que ces observations sefondent sur des bases empiriques, le cliniciengarde à l'esprit le lien éventuel entre certainstraits de caractère du patient et la propension àdévelopper des lésions consécutives au malme-nage vocal, comme les nodules ou le polype, oudes troubles vocaux résultant d'un déséquilibredans les tensions musculaires appelé dysphoniedysfonctionnelle.»

On comprend mieux pourquoi la rééducation dela voix requiert quelquefois une prise en chargemultidisciplinaire et une bonne communicationentre les différents partenaires impliqués dans lesuivi du patient. Même si ses techniques proprespeuvent souvent suffire à rendre à ce dernier unephonation adéquate pour ses activités courantes -par exemple, lorsqu'il s'agit d'éliminer précoce-ment un nodule né d'une surcharge vocale -, lalogopédie ne peut se passer de l'oto-rhino-laryn-gologie et, plus particulièrement de la phoniatrie,qui la «pilotent» ou l'épaulent par un diagnosticprécis et ensuite par une thérapie chirurgicale oumédicamenteuse. En outre, d'autres interventionspeuvent être indiquées. Spécialement, celles d'unpsychologue, d'un gastro-entérologue (les refluxgastro-œsophagien et laryngopharyngé peuventjouer un rôle important sur la dégradationvocale), d'un kinésithérapeute ou d'un ostéopathe(afin de réharmoniser le fonctionnement muscu-laire et de rendre de la mobilité aux structuresentrant en jeu dans le geste vocal).

«Au-delà des aspects techniques, les variablespsychologiques et motivationnelles, tant chez lepatient que chez le thérapeute, sont des élémentsclés dans la réussite de toute logopédie», conclutDominique Morsomme.

Philippe [email protected]

Les cordes en action

L 'observation de la vibration des plis vocaux est un examen ORL qui se réalise parvidéostroboscopie (stroboscopie avec visualisation sur un écran vidéo et couplage à

un microphone) ou par cinématographie à haute vitesse. À l'œil nu, cette observationest impossible, les cordes vocales ayant 100 à 250 cycles vibratoires par seconde chezl'adulte. Les outils précités sont destinés à étudier différents paramètres: la symétriede vibration en amplitude et en phase, la périodicité ou la régularité des cycles, laqualité de la fermeture des plis vocaux - les «fuites» génèrent du souffle -, la durée defermeture glottique, la position de la fermeture et l'ondulation de la muqueuse.

La stroboscopie a pour principe d'utiliser une source de lumière pulsée ou interrompuepériodiquement pour étudier les phases d'un mouvement. Elle ne donne pas accès à laréalité, mais génère au contraire une illusion d'optique comme le veulent la loi deTalbot et le phénomène dit de correspondance. Autrement dit, tel qu'il est perçu parl'observateur, le cycle vibratoire est reconstitué à partir de plusieurs cycles et donnel'impression de se dérouler au ralenti. Aussi la stroboscopie s'avère-t-elle performantepour l'observation de phénomènes réguliers, mais non de phénomènes irréguliers.

La cinématographie à haute vitesse, elle, permet de flirter avec le temps réel, d'autantque les caméras les plus récentes atteignent une vitesse de 25 000 images par seconde.Nonobstant, cette technique demeure actuellement l'apanage des laboratoires derecherche. Elle se heurte à un écueil majeur: son coût relativement élevé. Le professeurPhilippe Lefèbvre, chef du service ORL du CHU de Liège, vient néanmoins d'acquérir cematériel pour la consultation du professeur Camille Finck, ORL phoniatre. C'est assuré-ment la «technique de demain».

Du plus petit au plus grand...D’une cellule d’ADN au mammouth en passant par le spermatozoïde, la grenouille et le cochon,

il n’y a qu’un pas... qui n’existe pas ! Ne cherchez pas, il n’y a aucun lien «biologique» sauf celui de faire vivre cette rubrique !

MMaallaaddiiee ddee PPaarrkkiinnssoonn:: ddeess ddéétteerrmmiinnaannttss

ggéénnééttiiqquueess ??

L a connaissance acquise - et sans cessecroissante - du génome humain permetaujourd'hui, grâce à des dispositifs de

séquençage de plus en plus performants etrapides, d'effectuer ce que les spécialistes appel-lent des GWAS, ou Genomewide association stu-dies. De quoi s'agit-il ? D'études extensives detout le génome, ce qui permet de mettre en évi-dence, en comparant des sujets porteurs d'unemaladie (par exemple) à une série de témoinssains, des liens génomiques entre des élémentsconstitutifs de l'ADN et l'émergence de lamaladie. En d'autres termes et dans l'exemplepris, cela revient à identifier des facteurs deprédisposition qui ont aussi, au passage, uncaractère héréditaire, puisque liés à l'ADN.

Ce qui est recherché, ce sont essentiellementdes variations dans la séquence des nucléotidesconstitutifs de l'ADN qui en possède plus de3 milliards. Obligatoirement, lorsqu'on com-pare deux séries d'individus (sains et porteursd'une affection), on ne peut que trouver cesvariantes ponctuelles (1) et elles se comptentgénéralement par centaines. Le tout est desélectionner celles qui se retrouvent le plusfréquemment et de façon aussi exclusive quepossible dans le groupe étudié. Le plussouvent, on arrive à en identifier quelquesdizaines et, dans les meilleurs des cas, quelquesunes seulement. Moins il y en a qui sont signi-ficativement retrouvées, plus ces variantesapparaissent comme des signes prédictifsvalides et constituent ensemble ce qu'onappelle une signature de prédisposition.

Une recherche de ce type vient d'être publiée.Elle concerne cette fois la maladie deParkinson. Pour rappel, cette dégénérescence

d'un petit groupe de neurones producteurs d'unneuromédiateur - la dopamine - mène progres-sivement à des symptômes connus: raideur,mouvements compulsifs des membres, le toutévolutif. Cette étude menée sur des sujets euro-péens a été confrontée à son équivalent réaliséesur des cohortes de Japonais. Les résultats ontpermis de mettre en lumière une associationétroite entre des variantes génomiques et la mal-adie, lesquelles étaient, de façon préférentielle,associées à deux sites de l'ADN, dont un quicor respond au gène codant pourl'A-synucléine, une protéine précisément asso-ciée à la maladie. Les variantes évoquées nesont toutefois pas tout à fait superposables si oncompare les populations d'origine européenneou japonaise.

Maintenant que l'information est acquise, il resteà voir ce qu'on va en faire. C'est un facteur pré-dictif sans doute, mais qui ne vaudra que pourune partie des malades potentiels, l'affectionétant le plus souvent liée à un âge avancé. On saitaussi que cette dernière peut être traitée avec laL-dopa, un substitut médicamenteux de la dopa-mine qui fait progressivement défaut chez lesmalades, mais qui a des limites d'efficacité. Onsait donc enfin que la maladie de Parkinson a desbases génétiques et que celles-ci peuvent varierselon l'origine dessujets. Pour le reste,on est encore loin ducompte en matière detraitement, même si lathérapeutique lorgnede plus en plus versles cellules souchesneurales, enrichies aupassage d'un gène quicode activement pourla dopamine. Si desrecherches sont encours, on ne semblenéanmoins pas encoreprès de leur voir unaboutissement chezl'humain. � Nature genetics.2009; 41: 1308-1312.

(1) Ces variantes ponctuelles du génome concernent

à chaque fois un des 3milliards

de nucléotides. Pour mémoire,

ces derniers sont des

structures composées d'un sucre,

d'un groupement phosphate et

d'une base. Les deux premierssont uniques,mais il existe

4 bases différentes. La variation d'un

nucléotide s'écrit SNP (prononcé«snip») pour les

spécialistes -Single

Nucleotide Polymorphism.

Athena 258 / Février 201027

Info-Bio

Cette image représente une modélisation de l'hybride formé par l'A-synucléine et la Bêta-amyloïde dans la membrane

d'un neurone affecté. (Photo: SDSC/UC San Diego)

De lla ffin ddes ggéants

P arce que c'est d'eux qu'il a été le plussouvent question dans ce registre, on apeut-être l'impression que les dinosaures

sont les seuls animaux géants que la terre ait por-tés. Si c'est dans leur rang que se retrouventeffectivement les animaux qui trustent lesrecords de taille, il en existe de beaucoup plusrécents qui n'ont disparu qu'il y a quelquesmilliers d'années et qui n'étaient pas spéciale-ment plus petits. Certaines familles de ces colos-ses ont d'ailleurs encore des représentants; c'estnotamment le cas des pachydermes, avec les élé-phants d'Afrique et d'Asie. Exit, néanmoins, lesmammouths, les moas - ou dinornis (des «autru-ches» géantes) -, les mégathériums (des «pares-seux» de 6 mètres de haut) et quelques dizainesd'autres, beaucoup d'entre eux ayant habitél'actuel territoire américain.

Si, par une datation des vestiges, on peut évalueraujourd'hui leur disparition à une période

comprise entre -15 000 et -7 000 ans, on ne saitpas forcément pourquoi. Des pistes existentévidemment et une de celles qui ont le plus

Squelette de Megatherium du Musée d’histoire naturelle de Londres.

J usqu'il y a peu, on pensait que le spermatozoïde, dèsqu'il atteignait sa forme finale mobile, n'était pluscapable de rien exprimer sur le plan génétique jus-

qu'à ce qu'il rencontre un ovule à féconder. On avait debonnes raisons de le penser: afin de s'alléger au maximum,la cellule se débarrasse dès l'origine de la plus grande par-tie de son cytoplasme, où se trouve toute la «machinerie»cellulaire qui permet la transformation du message géné-tique en substances utiles (protéines, enzymes, etc.). Dansla même optique, le noyau - qui constitue la plus grandepartie de la cellule - déleste ses histones associées pours'adjoindre d'autres protéines, les histamines dotées deliens de cohésion moléculaires particulièrement forts.

Résultat: une taille moindre mais aussi une possibilité detranscription génique réduite à presque rien. «Presquerien» n'est toutefois pas rien, comme des recherches récen-tes ont pu le mettre en évidence. 4% de l'ADN (et parconséquent des gènes) seraient toujours associés à des

histones et donc toujours susceptibles d'expression épigé-nétique dans cet état final de la cellule. Et quels gènes sontconcernés ? Ceux de la famille HOX, responsables dudéveloppement embryonnaire précoce, ainsi que ceux quisont impliqués dans la transmission de l'«empreinte»paternelle. S'il est globalement peu actif d'un point de vuetranscriptionnel, le spermatozoïde l'est donc préférentiel-lement pour des gènes qui apparaissent déterminants dansle développement embryonnaire précoce. Bon nageur, ilgarde donc ce qu'il faut comme influx pour initier ses fonc-tions futures. Il assure l'essentiel !

Quoi qu'il en soit, cette découverte du domaine de l'épi-génétique (2) pose quelques questions fondamentales qu'ilva falloir tenter de solutionner. Si, comme on peut défini-tivement le penser, ces marques épigénétiques identifiéesdans le gamète mâle ont une influence sur le début dudéveloppement embryonnaire, à quel niveau agissent-ellesprécisément ? Ces marques-là sont-elles, elles-mêmes,conditionnées par des paramètres «environnementaux» telsque l'âge du sujet ou les conditions offertes par les métho-des de procréation médicalement assistées ? Enfin, lesprofils d'expression épigénétique sont-ils impliqués danscertains cas d'infertilité ? À l'évidence, la recherche enmatière de génétique de la reproduction a encore de bellesheures devant elle... �Andrologie; 2009; 19: 235-236.

SSppeerrmmaattoozzooïïddee:: llaa ttêêttee eett lleess jjaammbbeess !!

Athena 258 / Février 2010 28

Info-Bio

(2) L'épigénétique consiste en une modulation de

l'activité des gènes (en fonction du

stade de développement,

de l'âge, de l'environnement) par l'adjonction,

à des endroits-clés des gènes

eux-mêmes ou des histones associées, de petits radicaux

divers, tels que des méthyles.

Athena 258 / Février 201029

Info-Bio

souvent été avancées tient à la chute d'un asté-roïde sur terre. Même si la même cause survenueil y a 65 millions d'années est aujourd'hui avéréepour justifier la disparition des dinosaures, celaparaît beaucoup moins sûr dans le cas de lamégafaune évoquée. Il y aurait donc une autreraison et la présence humaine - de chasseurs-cueilleurs, plus particulièrement - vient assezdirectement à l'esprit.

Elle semble aujourd'hui de plus en plus accrédi-tée par la recherche mais n'est pas sans poser desquestions additionnelles. Pour ce qui est duterritoire américain, on sait que la premièreprésence humaine connue est celle de la cultureClovis qui s'est essentiellement manifestée à par-tir de - 13 000 ans, lorsque des peuplades ontcolonisé le territoire à partir du détroit deBehring. C'est dans la foulée que les grosanimaux ont effectivement disparu - assez vite,du reste - entre - 13 300 et - 12 900 ans. Leproblème vient du fait qu'on a constaté un débutde déclin des effectifs dès - 14 800 ans, soit1 500 ans plus tôt. De deux choses l'une: soit il ya eu des bouleversements environnementaux (etpourquoi pas climatiques) pour justifier cetteréduction, soit des humains ont précédé lesClovis…

Étrangement, il semble que ce soit la secondeexplication qui tienne le mieux la route; d'abordparce qu'il n'existe pas de trace d'un quelconquebouleversement environnemental susceptible dejustifier ce déclin, mais il vient à point pourjustifier des traces d'activités humaines antérieu-res à la présence des Clovis. Ces humains-làauraient été peu nombreux toutefois, seraientpeut-être arrivés par l'océan et n'auraient eu qu'unimpact modéré sur la mégafaune locale. Puis uneautre vague colonisatrice serait arrivée - celle desClovis cette fois - qui aurait porté le coup fatalaux mastodontes et autres géants lesquels, enplus de représenter une source alimentaire detaille, étaient également peu équipés pour sedéfendre contre des humains déterminés et bienarmés. La réduction des effectifs engagée auraitensuite été aidée par des modifications de laflore; moins de gros consommateurs de végétauxsignifie aussi que des arbrisseaux ont davantagede chances de devenir de vrais arbres lorsqu'ilsne sont pas broutés de façon systématique. Desforêts se seraient par conséquent rapidement sub-stituées aux prairies rases, donnant naissance àun biotope différent et sensible au feu en cas desécheresse. Ce qui a apparemment été le cas etqui aurait hâté la fin d'une faune mal adaptée.

Voilà donc un premier impact négatif avéré del'homme sur la faune terrestre. On sait qu'il n'enest pas resté là. La disparition de gros animauxest-elle définitive ? «Non !», disent quelquesbiologistes moléculaires qui entendent, après

avoir isolé de l'ADN encore «utilisable» devestiges finalement pas trop anciens, faire renaî-tre certains de ces animaux disparus en usant deleurs cousins encore présents aujourd'hui. Sur unplan moléculaire, c’est sans doute «jouable».Reste à voir, à l'exception de l'éléphant d'aujour-d'hui pour le mammouth, quel animal pourraitporter un embryon ou un fœtus de mégathérium,par exemple ? Pour mémoire, l'animal adultepouvait peser 4 tonnes. À la naissance il devaitdéjà impressionner. Quant à son cousin arbo-ricole actuel - l'Aï, ou paresseux - il met bas,après 6 mois de gestation, un petit qui ne dépassepas ... 250 grammes ! � Science 2009 ; 326 : 110-1103.

La mmort ddans lla ppeau

C ela fait une vingtaine d'années que leszoologistes ont commencé à noter uneréduction dramatique des populations

d'amphibiens. On pense même aujourd'hui quecette chute d'effectifs a été telle qu'elle auraitpoussé 120 espèces à l'extinction. Les premièresraisons avancées ont bien entendu été celles quiviennent d'emblée à l'esprit dans ce cas de figure:effet des pesticides sur l'environnement - notam-ment aquatique -, impact de l'urbanisation sur lesfrayères et, cerise passe-partout sur le gâteau:réchauffement climatique. Beaucoup se sontcontentés de ces explications qui ont tout demême, autant le reconnaître, des accents de véra-cité.

En 1998 toutefois, une équipe australiennenotait, sur la peau d'amphibiens retrouvés mortsdans des sites forestiers, la présence assez sys-tématique d'une moisissure: Batrachochytriumdendrobatidis dont l'analyse a montré qu'elleétait plus que vraisemblablement la «vraie»responsable de leur mort. Restait évidemment àdénouer les liens de causalité. Deux pistes logiques ont été avancées et misesà l'épreuve d'une recherche ciblée:la libération d'une toxinemortelle d'abord, l'altérationdes fonctions protectricesde la peau ensuite; deuxhypothèses qui n'onttoutefois pas résisté àl'analyse. En revan-che, il semble bienque, récemment, leditlien ait été enfin mis enévidence: des analysesdu sang d'animauxinfectés ont révélé un

Chytridiomycosis.Analyse de la peau

d’un batracienAtelopus varius.Deux sporanges

contenant de nombreux zoospores

(spores de la moisissure

B. dendrobatidis) sont visibles dans les

cellules de la stratum corneum.

Chaque sporange (en forme de flasque)

possède un tube de sortie caractéristique (voir flèches) vers la

surface de la peau.Les zoospores sont

visibles dans les tubes de sortie des deux

sporanges.

taux particulièrement bas d'électrolytes, ce qui aorienté la recherche dans ce sens. Et avec succèspuisque la cause semble désormais établie: ceque le champignon cutané perturbe, c'est labalance ionique des liquides internes et en parti-culier celle qui concerne le sodium et le potas-sium, fondamentalement importants à tous lesniveaux du métabolisme. Résultat: ce dernierévolue progressivement vers un état de plus enplus altéré jusqu'à ce que le cœur finisse lui aussipar céder. La cause principale de la mort des

amphibiens n'est donc pas principalement envi-ronnementale, mais surtout métabolique. Va-t-ilfalloir en rester à ce constat ? Certainement pas.L'examen de salamandres résistantes au champi-gnon a révélé qu'elles portaient une bactérie, Janthinobacterium lividum, qui semble les proté-ger. Ces microorganismes produisent en effet unesubstance, la violacéine, aux propriétés précisé-ment antifungiques, en particulier active contreBatrachochytrium dendrobatidis.

L'étau se resserre donc inexorablement sur lapathologie identifiée. Reste à mettre un traite-ment en œuvre pour lutter contrer le mal. Le plussimple consiste à réaliser des cultures intensivesde cette bactérie salutaire en préalable à un réen-semencement des différents biotopes habités parles amphibiens menacés. C'est sans doute plusfacile à dire qu'à faire, notamment pour les zonesles moins accessibles. Plusieurs espèces aurontpeut être encore l'occasion, dans l'intervalle, devoir leurs populations se réduire largement, voiredéfinitivement. Reste à tabler sur le maintien etla recrudescence de toutes les autres; et pourquoipas, sur l'émergence d'une adaptation défensivetout à fait naturelle. Mais ça, c'est autrement plusspéculatif… �Science 2009; 326: 507-508.

B eaucoup de mères particulièrement attentives àl'hygiène de leurs rejetons sont émues, sinon irritées, devoir que d'autres enfants, un peu souillons, sont appa-

remment à l'abri de maladies et d'affections diverses. Comme sile contact permanent avec la saleté et les germes exerçait uneprotection, dont ne bénéficient apparemment pas toujours leurtrès propre progéniture.

En première analyse, une justification à cela serait que le contactavec des germes et autres agressions externes renforce lesdéfenses immunitaires. C'est ce que des chercheurs britanniquesont voulu éprouver en prenant pour sujet les meilleurs modèlesen la matière: les porcs ! 3 groupes de 18 porcelets ont été cons-titués: le premier a été laissé à sa soue extérieure, le second a étémaintenu en stabulation intérieure et le troisième a bénéficié deconditions contrôlées avec administration quotidienne d'antibio-tiques. Tous ont ensuite été sacrifiés, mais à des momentsdivers: à 5, puis à 28 et enfin à 56 jours. Les matières fécales etle tube digestif ont été soumis à une analyse circonstanciée.

Il apparaît que la proportion de germes digestifs du groupe desFirmicutes (près de 2 500 espèces connues) varie de façon signi-ficative d'un groupe à l'autre, diminuant du premier au troisièmegroupe constitué. Or, les lactobacilles, qui en font partie, ont par

exemple pour propriété de réduire les populations de patho-gènes intestinaux, tels qu'Escherichia coli ou Salmonella. Maisil y a plus: les bactéries digestives impriment, de façon inver-sement proportionnelle à leur présence, un effet différentiel surdes gènes spécifiques à l'activation du système immunitaire, queles scientifiques ont pu évaluer. On a par conséquent une expli-cation de ce paradoxe apparent né du lien entre saleté et bonnesanté. Au passage, l'observation associe clairement la défenseimmunitaire au tube digestif.

Est-ce transposable à l'humain ? En partie seulement.L'expérience a porté sur des porcelets. Or, compte-tenu desconditions d'hygiène dans lesquelles les petits humains sontnormalement maintenus pendant la même période de la vie, ilsemble qu'une transposition des observations animales à notreespèce ne soit pas directement possible. Cela va toutefoisconstituer une étape supplémentaire dans l'évaluation. Lessuivantes chercheront sans aucun doute à approfondir certainesanomalies immunitaires associées au tube digestif, dont lamaladie de Crohn est l’une des plus connues. � Nature 2009; 462: 558.

Jean-Michel [email protected]

Dans lle ccochon, ttout eest bbon !

Grenouille de typeAtelopus varius,

originaire du Panama(Photo: Brian

Gratwicke)

(Photo: Christophe André)

Athena 258 / Février 2010 30

Info-Bio

Athena 258 / Février 201031

Psychologie

Ces petites choses précieuses...

C omment les individus et les groupeshumains se perçoivent-ils, s'influen-cent-ils, entrent-ils en relation ? Dans

l'environnement social, chacun doit comprendreet évaluer autrui afin de se situer par rapport àlui et prédire l'orientation que vont prendreleurs interactions éventuelles. Mais le temps estcompté pour poser ce «jugement social» ! Dansle contexte de la vie en société, l'efficacité sefonde en effet sur un traitement et une exploita-tion très rapides des informations disponibles.Aussi bâtissons-nous notre vision de l'autre audépart de quelques indices qui nous renvoient àdes stéréotypes et à des préjugés - couleur de lapeau, traits du visage, âge, taille, sexe, accent,type de voiture, vêtements...

En un sens, le jugement social est tricéphale.Plus exactement, il comporte trois composantesdont chacune, prise isolément, ne suffit pas àrendre compte de la complexité du phénomène.Les stéréotypes en constituent la premièrefacette, cognitive. Selon la définition deJacques-Philippe Leyens et Vincent Yzerbyt, del'Université catholique de Louvain (UCL), ils seréfèrent à des «croyances socialement parta-gées concernant les caractéristiques person-nelles, généralement des traits de personnalité,mais aussi souvent des comportements, d'ungroupe de personnes.» Exemple classique:l'idée selon laquelle les femmes ne sont pascompétentes pour occuper des postes de direc-tion.

Les préjugés, eux, nous entraînent dans lasphère affective du jugement social. Toujoursselon Leyens et Yzerbyt, ils correspondent à«un sentiment, généralement négatif, envers uneou plusieurs personnes en raison de leur appar-tenance à un groupe particulier.» Exemple: nepas aimer les Parisiens ou les avocats.

Quant à la discrimination, le troisième élémentimpliqué dans le jugement social, elle en repré-sente la composante comportementale. End'autres termes, elle recouvre des actesdiscriminants à l'encontre d'un groupe. Ainsi,lors d'un examen d'embauche, d'aucuns écarte-ront d'office la candidature de personnes immi-grées.

Comme le souligne le professeur BenoîtDardenne, responsable du service de psycholo-gie sociale de l'Université de Liège (ULg), desrelations complexes, reflétant parfois unecontradiction apparente, peuvent unir les troiscomposantes du jugement social. Il n'est pasrare, notamment, que des personnes affirmentpenser du bien d'un groupe social, mais ne puis-sent s'empêcher de le discriminer. De même,certains individus ont une propension à nourrirdes préjugés négatifs à l'égard d'un groupe,alors qu'ils prônent l'égalité (stéréotypes).

Préjugés paternalistesLe rejet social doit donc s'étudier au carrefourdes stéréotypes, préjugés et discriminationsdont le groupe concerné fait l'objet. En cela, etbien qu'il s'agisse sensu stricto de préjugés, lesexisme, mais également le racisme, l'âgismeou encore l'antisémitisme sont des réalitésmettant en jeu des concepts identiques et ayantdes conséquences très semblables. Dans cetarticle, nous nous tiendrons à l'écart de ladissection des aspects cognitifs, affectifs etcomportementaux de ces phénomènes pour par-ler plus volontiers du rejet social comme d'une«attitude», globalisation qui simplifiera le pro-pos. Jusqu'au milieu des années 1990, les ques-tions du sexisme, du racisme, de l'antisémitismeet de l'âgisme étaient abordées sous le seul angle

Le sexisme n'est pas toujours affaire d'hostilité, mais parfois de bienveillance. Considérer lesfemmes comme des êtres faibles, fragiles, que les hommes doivent assister et protéger,

a généralement un impact plus délétère sur leurs performances cognitives que des discrimi-nations moins subtiles et moins ambiguës. Benoît Dardenne et Marie Sarlet, du service de

psychologie sociale de l'Université de Liège, nous parlent de cet «autre sexisme»

(Photo:Jérôme Clerc)

de l'hostilité envers un groupe. En consé-quence, le dénigrement et la discriminationnégative, faces les plus visibles de l'iceberg,étaient appréhendés comme les élémentscardinaux de ces phénomènes.

En 1996, les travaux de Peter Glick, del'Université de Lawrence, et de SusanFiske, de l'Université de Princeton, ontmis le doigt sur un autre aspect duproblème, plus discret, presque obscur,mais manifestement plus insidieux et, toutsemble l'indiquer aujourd'hui, souventplus dommageable pour le groupe discri-miné (1): l'adoption à son égard d'uneattitude subjectivement positive, bien-veillante, qui a pour effet de le maintenir

dans un état de subordination.

«Cela correspond aux préjugés paternalistesdirigés vers les individus ou groupes qui ont un

L a manière dont le sexisme bienveillant estressenti par la femme n'est-il pas fonction

du contexte dans lequel il s'exprime ?Assurément. La même attitude sera souventperçue différemment selon qu'elle s'inscrit dansla sphère de la vie professionnelle ou dans cellede la vie privée. Certaines femmes «obligent»même les hommes à se montrer sexistes, maisdans certaines circonstances uniquement.Ouvrir la porte d'un restaurant à une femme ets'effacer pour la laisser entrer la première, trai-ter cette même femme comme une petite choseprécieuse seront généralement des comporte-ments acceptés, voire valorisés, dans uncontexte romantique. Y déroger pourrait amenerl'homme à être considéré comme manquant deprévenance et d'attention.

Par contre, la femme se montrera plus hostile àdes comportements similaires dans l'univers dutravail, car elle y est en quête d'égalité. Parexemple, elle ne verra pas d'un bon œil qu'uncollègue lui ouvre la portière d'une voiture,alors qu'il n'en fait pas autant pour ses homo-logues masculins.

En 2006, nous avons validé la version franco-phone de l'Ambivalent Sexism Inventory (ASI)(2), une échelle conçue par Glick et Fiske pourévaluer, chez une même personne, le poidsrespectif du sexisme hostile et du sexisme bien-veillant. A priori, on aurait pu penser que cesdeux dimensions étaient antinomiques. Nosconfrères américains ont administré l'ASI à

(1) Ici, les auteurs font abstraction

d'un sexisme hostile s'exprimant dans la violence ou

à travers des ségrégations

inacceptables à l'embauche ou dans d'autres circonstances.

(2) La version francophone de

l'Ambivalent Sexism Inventory est l'Échelle du

Sexisme Ambivalent (ESA).

Benoît Dardenne,responsable du service de psychologie sociale de l'Université de Liège (ULg).(Photo: Ph. Lambert)

Athena 258 / Février 2010 32

Psychologie

bas statut et qui ne sont pas perçus commemenaçants pour les groupes dominants»,indique Marie Sarlet, doctorante et aspirante auFonds national de la recherche scientifique(FNRS) au sein du service de psychologiesociale de l'ULg.

Et d'ajouter: «Une phrase comme "Les femmeset les enfants d'abord" ne constitue pas a prioriun énoncé négatif à l'égard de la femme.Pourtant, elle est le support de discriminationssubtiles qui contribuent à asseoir la dominationdes hommes. Elle relève donc bel et bien dusexisme.»

À travers les recherches qu'il mène actuel-lement, le service de psychologie sociale del'Université de Liège s'intéresse précisément ausexisme bienveillant et à ses conséquences surles performances des femmes. Benoît Dardenneet Marie Sarlet nous en parlent.

Entretien

D ans le sexisme bienveillant, comments'exprime le paternalisme qui le sous-tend ?

Les femmes sont jugées sociables, dépendantesdes hommes et peu compétentes. Elles sontperçues comme des «petites choses» faibles etmerveilleuses qui doivent être protégées, aiméeset placées sur un piédestal. Cette vision est enphase avec le concept de «complémentarité degenre». La compétence, l'affirmation de soi etl'indépendance seraient des caractéristiques mas-culines, tandis que les femmes se distingueraientpar leur chaleur et leur sociabilité. Les stéréoty-pes véhiculant l'idée d'une complémentarité entrehommes et femmes auraient une fonction demaintien et de justification du système social, carchaque groupe de genre serait vu comme déten-teur d'une série de forces qui compenseraient sespropres faiblesses et les rendraient acceptables.

Vie privée, vie publiqueUn des grands problèmes soulevés par le sexismebienveillant est qu'il est difficile à identifier. Saforme subtile le rend peu visible, et il pourraitêtre confondu avec un comportement de galan-terie. Plusieurs laboratoires ont montré que,contrairement à son homologue hostile, très faci-lement détecté par les femmes, le sexisme bien-veillant ne l'est quasi jamais. Des expériencessimulant un entretien d'embauche révèlentcependant que si les femmes qui y ont étéconfrontées ne l'étiquettent pas comme tel, ellesévoquent néanmoins une situation déplaisante.

Athena 258 / Février 201033

Psychologie

15 000 hommes et femmes dans plus de quinzepays à travers le monde. Il en ressort que lesdeux formes de sexisme sont corrélées positive-ment. Autrement dit, dans les pays où le niveaumoyen du sexisme hostile est élevé, celui dusexisme bienveillant l'est aussi. Eu égard à laconstitution de l'échantillon, tout indique qu'ils'agit d'une caractéristique transculturelle. Lesscores de sexisme hostile sont nettement plushauts chez les hommes que chez les femmes(3). Mais, dans la moitié des pays étudiés, lesdeux groupes acceptent à peu près de la mêmemanière le sexisme bienveillant, ce qui fait enpartie sa force.

Gant de velours

C omment expliquer la corrélation positiveexistant entre les deux formes de sexisme ?

La législation ainsi que les normes sociales etpersonnelles interdisent l'expression d'un hautdegré d'hostilité envers les femmes. Une hypo-thèse est que le sexisme bienveillant permettraitd'en occulter le caractère outrancier - «Je n'airien contre les femmes puisque je suis aux petitssoins avec elles.»

Sociologues et philosophes affirment depuislongtemps déjà que l'alliance des deux compo-santes du sexisme est très efficace. Toutefois,ils n'ont jamais pu démontrer cette assertion.Forts de leurs études expérimentales, lespsychologues y sont arrivés. Chacun d'entrenous connaît l'expression «Une main de ferdans un gant de velours». Précisément, lapsychologue américaine Mary Jackman a déve-loppé une théorie baptisée «théorie du gant develours». Quelle idée véhicule-t-elle ? Les pré-jugés paternalistes, tel le sexisme bienveillant,pourraient réduire la résistance des femmesface à la domination masculine. Le sexismebienveillant les amènerait à moins protestercontre le pouvoir des hommes, qu'elles perce-vraient comme une source de protection et deressources pour elles, et à moins rechercherleur propre statut d'indépendance.

Être à la fois hostile et bienveillant est d'uneefficacité redoutable pour maintenir un groupedans son état de subordination. Cette stratégien'est probablement pas le fruit d'un calculexplicite, délibéré, mais, dans certains cas, peutnéanmoins être consciente et verbalisable.

L a question des conséquences du sexismebienveillant sur les performances cogniti-

ves de ses cibles est l'un de vos principaux cen-tres d'intérêt. Au cours de vos travaux, vousavez convié des femmes à une simulation detests d'embauche. Quels furent les tenants etles aboutissants de ces expériences ?

Dans l'expérience initiale, des étudiantesde 18 à 25 ans furent placées dans la peaude candidates à un emploi. Selon les cas, le«recruteur» leur tenait des propos relevantdu sexisme hostile ou du sexisme bien-veillant, ou alors des propos neutres, sanscoloration sexiste. Les candidates, elles,étaient soumises à une double tâche demémoire de travail (le reading span test -RST) (4).

Il apparut que celles exposées au discourshostile ou au discours neutre réalisaient desperformances équivalentes, mais que lesfemmes confrontées au sexisme bien-veillant obtenaient de moins bons scores.Ce constat est en accord avec la thèse défenduepar différents auteurs, dont Mary Jackman, selonlaquelle les groupes dominants maintiennentplus efficacement les inégalités sociales à traversl'influence persuasive de la bienveillance qu'àtravers l'hostilité.

Dans un souci de généralisation, nous avonseffectué une expérience similaire avec desfemmes plus âgées et moins éduquées que nosétudiantes universitaires; elles étaient en recher-che active d'emploi et suivaient une formation auForem (5). Étant donné que ces femmes étaientplus directement concernées par la question del'emploi que nos étudiantes, on aurait pus'attendre à ce qu'elles déploient davantage deressources pour bien faire la tâche et, partant, queles petites instructions subtiles du «recruteur»n'aient aucun impact sur elles. Il n'en fut rien, etl'on retrouva chez elles le même pattern de résul-tats que chez les étudiantes universitaires.

Notons enfin que toutes les études sur le pater-nalisme subtil menées en Espagne, aux Pays-Bas et aux États-Unis aboutissent à des conclu-sions analogues aux nôtres.

Pensées intrusives

D euxième volet expérimental: vous avezinvité des étudiantes universitaires à parti-

ciper à une tâche de Stroop dans les mêmesconditions que celles ayant présidé au readingspan test. Dans quel but et avec quels résultats ?La tâche de Stroop, rappelons-le, mesure la capa-cité d'une personne à résister à l'interférence.Dans sa version classique, le sujet testé estappelé à dénommer la couleur dans laquelle sontécrits des mots désignant eux-mêmes une cou-leur. La rapidité et le nombre d'erreurs commisessont les paramètres pris en considération. Ainsi,s'il est aisé de dénommer la couleur verte lorsquele mot écrit est «vert», l'opération est plus malai-sée lorsque le mot «rouge» est écrit en vert, parexemple. La tâche de Stroop est typiquement

Marie Sarlet,doctorante

et aspirante au FNRS,

au sein du service de psychologie

sociale de l'ULg.(Photo: Ph. Lambert)

(3) Il s'agit ici dela perception

qu'ont les femmes du

sexisme dontelles font l'objet

et non de discriminations

qu'elles pourraient exercer à l'encontre

des hommes.

(4) Il s’agit de déterminer si une phrase

énoncée devant elles était

correcte et en retenir le dernier mot en vue d'un rappel ultérieur.

(5) On leur demandait de «faire comme

si»: en psycho-logie, toute

personne quiaccepte de se plier au jeu accomplit la

tâche prescrite comme si

la situation était réelle.

utilisée en psychologie cognitive pour étudierla mémoire de travail et, particulièrement, lescapacités d'inhibition, c'est-à-dire celles quipermettent d'éliminer des informations nonpertinentes. Nous avons mis en évidence unediminution des performances chez les femmesexposées au paternalisme, et ce que les infor-mations soient congruentes (mot et couleur enadéquation) ou non congruentes. Toutefois,nous voulions également déterminer si desmots évoquant les stéréotypes véhiculés par lesexisme bienveillant avaient une influenceparticulière sur les performances à la tâche denomination des couleurs. Que dévoila l'expé-rience ? Que des termes tels que «intel-ligence», «compétence» ou «performance»perturbent avec une acuité particulière la réali-sation de la tâche. Mais surtout qu'il en va demême avec des mots se référant à la sociabilitépositive: «aimante», «sympathique», «disponi-ble», «charmante»... Cela témoigne de l'inté-riorisation par les femmes des stéréotypespesant sur leur groupe et de l'impact négatifque la simple évocation de ces derniers peutsusciter chez elles en termes de performance.Ce qui les amènent à confirmer les visionscaricaturales dont elles font l'objet.

C omment expliquer la chute de performanceenregistrée chez les femmes plongées dans

un contexte de sexisme bienveillant ?Nous avons montré qu'elle était causée par laprésence de pensées intrusives liées à la naturefondamentalement ambiguë de cette forme desexisme. Ainsi, les participantes à notre expé-rience mimant une situation d'embauchepouvaient se poser des questions commecelles-ci: «Le recruteur veut-il m'aider etpourquoi ?», «Peut-être ne suis-je pas assezcompétente ?», etc. Les femmes peuvent avoirdes doutes sur la façon de qualifier le discoursde l'individu sexiste bienveillant et peuventdifficilement attribuer leurs états et leurspensées au sexisme de ce dernier. Par exemple,si un homme propose son aide à une femme, ilest malaisé pour elle de déterminer si elle estou non face à un sexiste: le discours de l'indi-vidu peut être attribué à son intention de luiêtre agréable, mais aussi à sa croyance que lesfemmes sont faibles, fragiles et ont besoin

d'une assistance. La présence de telles inféren-ces conflictuelles dans l'esprit des femmes lesplongerait dans une ambiguïté cognitive.

Notre hypothèse est que, en raison de sa formesubtile et ambiguë, le sexisme bienveillantgénère plus de pensées intrusives dans l'espritdes femmes que le sexisme hostile ou lediscours neutre. La charge mentale résultant deces intrusions consommerait une partie desressources limitées de la mémoire de travail,lesquelles ne seraient plus disponibles pour labonne exécution de tâches réclamant beaucoupde ressources cognitives - cas des doublestâches comme le reading span test.

Degré de saturation

V ous avez poussé plus loin vos investiga-tions sur l'impact des deux formes de

sexisme en soumettant des volontaires à desétudes en imagerie par résonance magnétiquefonctionnelle (IRMf). Qu'ont-elles révélé ?Les étudiantes se voyaient proposer le readingspan test juste après que le «recruteur» se futcomporté à leur égard de façon neutre, sexistebienveillante ou sexiste hostile. Commel'IRMf suppose l'immobilité du sujet dans lescanner, les jeunes femmes ne pouvaientparler; elles se contentaient de répondre auxquestions en appuyant sur un bouton.

En accord avec nos résultats précédents, ilapparut que certaines zones cérébrales étaientactivées de façon différente selon que l'inter-vention du «recruteur» avait été soit neutre ouhostile, soit paternaliste. Dans le second cas,on constatait notamment une activation supé-rieure de zones du cerveau révélatrices dudegré de saturation de la mémoire de travail.D'autres zones censées être désactivées encondition de repos ne l'étaient pas après unépisode de sexisme bienveillant. Probablementle maintien de leur activation reflétait-il lanon-inhibition de pensées intrusives.

Propos recueillis parPhilippe LAMBERT

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Psychologie

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LL'' ii nn vv ii ss ii bb ii ll ii tt éé aa rr rr ii vv eedd aa nn ss ll ee vv ii ss ii bb ll ee !!

L'homme invisible de H.G. Wells ou la cape d'invisibilité d'Harry Potter,ce n'est pas du cinéma. Du moins,ce n'est plus tout-à-fait du cinéma.Les progrès réalisés ces dernières

années sont énormes, y compris dans le domaine de la lumière visible

S e rendre invisible: voilà sans doute undes plus anciens et tenaces fantasmesde l'humanité. Mais contrairement à

d'autres, celui-ci pourrait se réaliser car il necontredit pas les lois de la physique. Précisonsd'emblée qu'il s'agira ici d'une véritable invisi-bilité et non de furtivité comme pour la trèsfaible signature radar de certains avions oul'«invisibilité» qui consiste à projeter sur unepersonne un décor qui se trouve derrière elle.

Qu'est-ce qui fait qu'un objet est visible parl'œil ? La lumière rebondit sur lui, qui la capte.Pourrait-on dès lors faire en sorte que lalumière ne rebondisse plus ? L'image la plussimple est celle d'une rivière au milieu delaquelle se trouve un rocher. L'eau est déviéepuis reprend sa direction initiale. Un obser-vateur situé en aval qui ne verrait pas directe-ment le rocher est ainsi incapable, en obser-vant le cours de l'eau, de déduire que cette eauvient de contourner un obstacle. L'idée estdonc d'imaginer un dispositif qui aurait lemême effet sur les ondes lumineuses: les for-cer à contourner un obstacle puis à reprendreleur direction initiale de propagation: l'obser-vateur qui recevrait ces rayons ne verrait donctout simplement pas l'obstacle (voir Figure 1).

On obtiendrait ainsi des «capes d'invisibilité»(c'est le terme admis aujourd'hui) qui rendraient transparent tout ce qui se trouve à l'intérieur.

Toute la question est évidemment de dévier lesrayons lumineux. Cette déviation est, très clas-siquement, affaire de réfraction. Nous enavons tous fait l'expérience: une paille plongéedans un verre d'eau paraît coudée au niveau del'interface air-eau. La loi de réfraction, dite deSnell-Descartes et connue depuis le XVIIe

siècle; détermine l'angle de réfraction en fonc-tion de l'angle d'incidence et de deux gran-deurs qui caractérisent le comportementoptique des deux milieux: leurs indices deréfraction. Mais cela n'est valable que si la lon-gueur d'onde est grande par rapport aux com-posants du milieu, autrement dit, l'onde doittraverser un milieu perçu par elle commehomogène. Ce qui vaut pour la lumière vautaussi pour l'ensemble des ondes électromagné-tiques dont la lumière visible n'est qu'une composante. À partir de maintenant, c'estl'ensemble des ondes électromagnétiques quenous allons considérer.

Indice de réfractionEn général, les indices de réfraction sont desnombres positifs. Mais rien n'interdit qu'il enexiste qui soient négatifs; sauf qu'on en avaitjamais mesuré. L'idée qu'un matériau puisseavoir, pour une longueur d'onde donnée, unindice de réfraction négatif est pour tout diretrès récente puisque elle n'est apparue dans lalittérature qu'en 1968, émise par un physicienrusse du nom de Victor Veselago. Le phéno-mène de réfraction est en effet plus complexequ'il n'y paraît. On a ainsi pu démontrer quel'indice de réfraction dépend de deux grandeursplus fondamentales: la permittivité électrique(la réactivité du matériau à un champ élec-trique) et la perméabilité magnétique (sa réac-tion à un champ magnétique).

On peut comprendre cela intuitivement assezfacilement: une onde électromagnétique

Figure 1:Deux exemples de

déviation d'ondes qui font que la zone noire

deviendrait invisible puisque les ondes la contournent sans se

réfléchir dessus.(U.Leonhardt. Notes

of Confirmal Invisibility Devies.

NewJournal ofPhysics 8, 118, 2006)

(Photo: Jérémy Fdida)

Athena 258 / Février 2010 36

Physique

n'étant jamais qu'une combinaison d'un champélectrique et d'un champ magnétique, il estnormal que les deux grandeurs interviennentdans la valeur de l'indice qui caractérise laréaction du milieu traversé par l'onde. Les phy-siciens ont vite établi que si la permittivité etla perméabilité d'un matériau sont négatives enmême temps (pour les mêmes longueursd'onde), alors l'indice de réfraction est négatif.Conditions draconiennes qui expliquent sansdoute pourquoi ces matériaux ne courent pasles rues. Mais que se passe-t-il si un matériaua un indice négatif ? La Figure 2 montre ce quecela représenterait pour un onde lumineuse quipasse de l'air à l'eau (c'est une simulation, l'eaua un indice de réfraction d'environ +1,33). Onvoit que la lumière... retourne en arrière.

Ce que traduit très bien le schéma suivant:

Existe-t-il des matériaux naturels qui ont cettepropriété ? D'après ce qu'on on sait, non. Il enexiste qui ont une permittivité négative ou uneperméabilité négative mais jamais les deuxsimultanément, dans les mêmes domaines delongueurs d'onde. La seule solution est doncde les construire artificiellement.

Les métamatériaux entrent en scène

Les premiers essais ont commencévers le milieu des années 1990d'abord pour construire des maté-riaux qui avaient séparément ou laperméabilité ou la permittiviténégative, puis en combinant lesdeux pour atteindre un indice deréfraction négatif. On les a appelésdes métamatériaux électromagné-tiques signifiant par là qu'ils ontdes propriétés que leurs compo-santes prises isolément n'ont pas(Figure 3). C'est véritablement vers2006 que tout s'accélère. Plusieurs

réussites sont publiées dans des grandes revuesscientifiques. Parmi ces pionniers, JohnPendry de l'Imperial College de Londres et sesconfrères américains de l'Université de Duke,David Schurig et David Smith. Ils réussissentcette année-là à rendre invisible un petitcylindre de cuivre.

Leur métamatériau était constitué d'un ensem-ble d'anneaux concentriques de fibres de verreavec des petites boucles métalliques. Grâce àl'indice de réfraction négatif du dispositif, lesondes envoyées ne se réfléchissent pas dessusmais sont réfractées vers l'arrière où ellesreprennent leur direction originelle. Victoire ?Oui et non. Car nous n'avons pas précisé dequelles ondes il s'agissait. En fait, des micro-ondes... et pas de la lumière visible. Les micro-ondes traversaient le dispositif comme si lecylindre n'était pas là alors que celui-ci auraitdû perturber leur propagation. Mais le cylindrerestait visible pour l'œil. Il faut en effet serappeler ce qui a été dit plus haut à propos del'indice de réfraction: le milieu doit être perçucomme homogène par l'onde électromagné-tique. Tout dépend donc de la longueur d'ondede celle-ci: si elle est grande (quelques centi-mètres dans ce cas-ci), la taille des structures dumatériau peut être de quelques millimètres.L'onde percevra l'ensemble comme un milieuhomogène. Mais les longueurs d'onde duspectre visible sont bien plus petites. Donc lesstructures doivent l'être bien davantage aussi:on parle alors de nanomètres et non de millimè-tres, ce qui complique singulièrement la tâche.

Vers l'invisibilité du visibleLa taille des structures n'est hélas pas le seulproblème à vaincre (les nanotechnologiespermettent bien des espoirs) car il faut tenircompte d'un autre phénomène: les métamaté-riaux actuels fonctionnent dans des domainesde longueurs d'onde très restreints. Or notre œilvoit un spectre tout de même assez large.Autrement dit, il faudrait trouver des méta-matériaux qui fonctionnent aussi bien pour lalumière rouge que la bleue ! La disparitioncomplète d'un objet aux yeux de l'être humainn'a pas encore été réalisée. Une équipe del'Université Cornell aux États-Unis est parve-nue à dissimuler une bosse sur une surfaceplane dans l'infra-rouge. On se rapproche doncdes longueurs d'onde auxquelles nous sommessensibles. Et fin 2009, des chercheurs italiens etaméricains travaillant à Berkeley ont publié,dans les Physical Review Letters, un articledans lequel ils proposent un type de méta-matériau différent. Il s'agit d'une structure desilicium dans laquelle ils ont réalisé des nano-trous. Ils ont ensuite alterné un millier de cesstructures, qui présentent des caractéristiquesoptiques opposées à celles de l'air, avec descouches d'air, obtenant ainsi une sorte d'alter-nance air/anti-air. Lorsque les ondes le traver-sent, c'est donc comme si elles n'avaienttraversé ni l'un ni l'autre.

Henri [email protected]

Figure 2: Au-dessus,le très classique exemple de réfraction d'une onde lumineuse lorsqu'elle passe de l'air (indice de réfraction égale à 1) à l'eau (indice de 1,33).En-dessous, ce qui se passerait avec un indice de réfraction négatif pour l'eau:la lumière changerait de direction et retournerait enarrière sans réflexion.(Photo: Focus optics& photonics)

Réfraction positive Réfraction négative

Indice de réfraction n˚1

Indice de réfraction n˚2

Figure 3: Exemple de métamatériau à indice de réfraction négatif réalisé par David Smith, de l’Université de Californie,à San Diego.

Athena 258 / Février 201037

La recherche scientifique, qui s’organise traditionnellement selon une dialectique théorie/expérience,

s’est progressivement structurée selon un triptyque

associant modélisation

Q ue les formes repliées de telleprotéine tournent et se déplient lente-ment sur un écran d’ordinateur,

laissant voir des sites que nous ne pourrionspas observer directement; que des modèles àlong terme miment l’évolution du climat ou levieillissement de déchets nucléaires ou qu’unautre, de taille inverse, montre le contactatomique d’une pointe suraiguë avec unesurface… Voilà des pratiques usuelles dites de«simulation», nécessitées par le fait que cesphénomènes excèdent les conditions ordinai-res de l’expérience.

Comment manipuler une molécule, voire unseul atome ou, au contraire, un grand nombrede contraintes sur des millénaires et sur l’ensemble du globe, des océans et de l’atmosphère ? Rien de tout cela ne tombe sousla main, aucune de ces giga- ou nano-taillesd’espace ou de temps ne peut se manipulerdirectement en laboratoire. Les dimensionselles-mêmes rendent donc nécessaire cettemodélisation en images virtuelles. Par leurpuissance numérique, seules les nouvellestechnologies peuvent ainsi accélérer le temps,agrandir les espaces, multiplier dimensions,contraintes et connexions, bref, contribuer àreprésenter l’irreprésentable.

Nous connaissons depuis longtemps la pratiquedes maquettes, modèles ou prototypes. Michel-Ange ne sculptait ni ne bâtissait avant d’avoirmontré au Pape Jules II, outre ses plans, des

ébauches en réduction de leurs projetscommuns. Ainsi firent et feront mille autresenvers leurs maîtres d’ouvrage. La constructionnavale ou les fabrications en série ne se déci-dent qu’après avoir essayé, testé, vérifié… unexemplaire premier, un numéro zéro, qu’ils’agisse d’un nouveau modèle de voiture oud’un stylo à bille ! Cet objet existe et l’artiste, lepatron, l’ingénieur, le client peuvent le toucher.L’essai rassure.

Essais ou images ?

Aujourd’hui, au contraire, rien que des images.Ce que nous ne pouvons faire, nous le figurons;ce que nous ne pouvons réaliser, ce dont nousavons peur, nous le représentons, nous le simu-lons. Ainsi le virtuel sort de la réalité. Le passageà l’image se réduit-il à un repli vers un imagi-naire où les sciences dites expérimentalesperdraient du «réel» ? Ces nouvelles méthodes,disent les anciens, vont donner à la jeunesse demauvaises habitudes; elle y perdra le sens duconcret.

SS ii mm uu ll aa tt ii oo nn :: tt ee cc hh nn ii qq uu ee nn oo uu vv ee ll ll ee ,,

tt rr aa dd ii tt ii oo nn aa nn cc ii ee nn nn ee Dans le titre:

Simulation d’une collision

de particules.(Photo: Science &

vie.net)

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Technologie

Simuler, dit le dictionnaire, «c’est donner pourréel ce qui ne l’est pas, en imitant l’apparence dela chose réelle à laquelle on veut faire croire». Lasimulation, dans le langage courant, a souvent unsens péjoratif: elle a à voir avec la feinte, la ruse,la comédie. En général, elle consiste en l’imita-tion d’un original par rapport auquel elle intro-duit toujours des variations. De là vient que lasimulation est toujours double, à la fois jeu etexercice, tromperie et prouesse, faux-semblant etart, dissimulation et apprentissage. Sur une faceelle apparaît comme faiseuse d’illusions; surl’autre, elle est gage de perfectionnement et deconquête.

L’histoire des sciences peut répondre à ces ques-tions: que les anciens se rassurent en réfléchis-sant à leur propre réel, au concret que leurs mainsmanipulent, à ce que signifie «l’expérience».Imaginons un instant vouloir refaire l’expériencecélèbre de Torricelli sur la pression atmosphé-rique, prétendument réalisée au sommet du puyde Dôme par Florin Périer, sur les instances deson beau-frère Blaise Pascal, le 19 septembre1648. Comment transporter, dans les conditionsdu moment, c’est-à-dire à dos d’âne, sans lacasser, une colonne fragile et interminable et, deplus, fabriquée dans les premières années del’industrie manufacturière du verre ? On peutraisonnablement soupçonner que Pascal s’adon-nait, comme tant d’autres et là comme ailleurs, àdes expériences de pensée. Il simulait dans desrécits comme nous à l’ordinateur. Et pour réaliservraiment cette expérimentation comme toutes lesautres, mieux vaut construire des cabinets,comme on les appelait jadis, c’est-à-dire deslaboratoires dont, peu à peu, les instrumentstransformèrent l’allure et la taille. Dans cenouvel environnement, hautement abstrait, artifi-ciel, technique, raffiné, sophistiqué, que font lesphysiciens anciens classiques, même ceux desXIXe et XXe siècles, sinon reproduire, c’est-à-dire imiter ou simuler des faits qui se dévelop-pent au grand air ?

Une des façons de faire progresser la connais-sance scientifique est de proposer des explica-tions rationnelles à des phénomènes naturels parl’élaboration de «modèles». Ces schémasmentaux simplifiés par rapport à la réalité sontsuggérés par des observations expérimentales etsuscitent eux-mêmes des expériences. Unmodèle est donc une abstraction de la réalité qui,au fur et à mesure de la maturation des idées,peut être progressivement affiné (de la théorie dela chute des corps de Newton à la relativité géné-rale d’Einstein, par exemple). Il s’exprime autravers d’équations mathématiques qui, dans lescas les plus simples, peuvent se résoudre à l’aidede solutions analytiques. En général, ce n’est paspossible et, pour démontrer le degré de perti-nence d’un modèle par rapport aux donnéesexpérimentales, il faut souvent en résoudre leséquations sur ordinateur. Il y a ainsi irruption dela simulation numérique dans la dialectiquethéorie/expérience qui est au cœur de la démar-che scientifique. Celle-ci envahit ainsi progres-sivement le champ de la connaissance et démul-tiplie la puissance d’investigation deschercheurs: il leur est, par exemple, possible desimuler la collision entre deux galaxies afin demieux comprendre certaines des structuresobservées grâce aux télescopes géants.

Du modèle au logicielLe cycle de la recherche scientifique devientalors le suivant: théorie et modélisation, simula-tion numérique et vérification expérimentale.Concrètement, la connaissance du processusphysique ou de l’ensemble de processus étudiésest rassemblée dans un logiciel permettant derésoudre les équations des modèles préalable-ment établis.

Comment valide-t-on ce logiciel ? En simulant,justement, le processus dont on pense qu’il adonné lieu au phénomène observé. Si les résul-tats numériques et expérimentaux sont proches,le modèle traduit en logiciel est déclaré valide,avec le degré d’approximation choisi. Cette vali-dation est souvent complexe car de nombreuxprocessus sont impliqués. Il faut alors procéderpas à pas, en vérifiant que chaque modèleélémentaire de la description globale est satisfai-sant. C’est une validation par parties. Il fautensuite valider l’ensemble, ce qui implique deprendre en compte les interactions entre lesmodèles élémentaires. C’est une validationglobale.

Dans la modélisation du climat, par exemple, leschercheurs travaillent séparément sur les océans,l’atmosphère et la biosphère, chacune de cesgrandes parties comprenant de nombreuxmodèles. Ils vérifient ensuite l’ensemble en

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Technologie

simulant une période d’un climat passé, simula-tion qui peut être validée par l’intermédiaire decarottes de glace par exemple. L’énormeavantage de cette méthodologie est de donner lapossibilité d’explorer en détail des phénomènesqu’on ne peut tout simplement pas reproduire enlaboratoire, soit parce que c’est tout bêtementimpossible (une galaxie !), soit parce que c’estimpensable (risque chimique ou réactionnucléaire).

Outil très technique, la simulation numériquecommence par la traduction en algorithme (ils’agit d’une méthode théorique de calcul numé-rique qui est mise en œuvre sur un ordinateurpar le biais d’un langage de programmation) dujeu des équations modèles décrivant la théorie àvalider. Comme ces algorithmes ne donnentqu’une approximation informatique des équa-tions modèles, il faut ensuite mettre au point desalgorithmes stables et précis dont la solutions’approche de la réalité physique. L’opérationrelève du domaine des mathématiques appli-quées permettant seul de créer et de valider detels algorithmes.

La gravité modéliséeEn astrophysique, les principaux phénomènesphysiques que l’on recherche à décrire sont aunombre de quatre: la gravité, l’hydro-dynamique, le rayonnement et le champmagnétique. Prenons par exemple le premierde ceux-ci, la gravité, qui est la principaleforce intervenant dans la formation des struc-tures cosmologiques qu’elle qu’en soitl’échelle. Parmi les plus grandes d’entre ellesse trouvent les amas de galaxies dominés parla matière noire, dont la gravité reste la seuleforce d’interaction. Sur la liste des plus petites,figurent notamment les étoiles et planètes en formation. Là, c’est la matière classique, ditebaryonique, qui domine la masse. La gravité ydemeure la force fondamentale de formationdes structures mais viennent s’y ajouter tousles processus hydrodynamiques, magnétiqueset de couplage au rayonnement. La modélisa-tion de la gravité traverse donc toute l’astro-physique.

Les interactions entre les particules del’Univers se trouvent principalement régies parla gravité. Pour la matière noire (composantemajeure de l’Univers, plus de six fois plusabondante que la matière visible ordinaire), ils’agit même de la seule interaction possible. Onconsidère qu’il n’existe pas d’autre force (àcourte portée) pour décrire les trajectoires deces particules étranges. Cette matière noire se présente comme un fluide dit «noncollisionnel» tout comme les étoiles d’une

galaxie, tellement éloignées les unes des autres(par rapport à leur taille), qu’elles n’entrentpresque jamais en collision. La modélisationpasse par l’équation de Vlasov-Poisson.

Particules et collisionsLa simulation numérique des anneaux de Saturneillustre l’évolution d’un système de corps gravi-tants et collisionnels. Les particules numériquesmodélisent les planétésimaux qui con-stituent les anneaux. Ils interagissent pargravité, peuvent s’agglomérer par col-lisions. Ils peuvent aussi fragmenter ungros corps en plusieurs autres plus petits. La gravité façonne des ondes dites de «Jeans» (ondequi se propage dans un milieu, sous l’effet de sapropre gravité et comporte des régions plus denses que la moyenne du milieu) qui se pro-pagent dans les anneaux et engendrent unemorphologie filamentaire. Les propriétés obser-vables des anneaux sont modifiées et se prédisentpar des simulations numériques.

Dans ces domaines spécifiques, il faut souventdévelopper des algorithmes sans équivalent dansd’autres parties de la physique (notamment engravité), même si on peut de temps en tempsexploiter les travaux réalisés au profit de l’indus-trie (la mécanique des fluides par exemple).

La simulation numérique impose, de surcroît,une parfaite maîtrise de l’outil informatique,notamment celle des supercalculateurs. En astro-physique, les modèles exigent toujours plus demémoire et de puissance de calcul pour atteindreun réalisme suffisant. D’où le développementd’applications complexes exécutant les algorith-mes sur des architectures parallèles pourlesquelles plusieurs milliers de processeurs

Les chercheurs peuvent désormais

simuler numériquement

la collision entre deux galaxies (ici la paire

de galaxies NGC 1531/2

engagée dans une valse endiablée) afin

de mieux comprendre certaines des

structures observées grâce aux

télescopes géants.

L'équation de Vlasov décrit la dynamique

des particules dans un plasma

en négligeant l'effet des collisions binaires

sur leur trajectoire.Elle s'écrit:

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travaillent ensemble avec une précision sympho-nique. Le développement et l’utilisation de cesapplications complexes n’est pas sans rappelerles défis de l’instrumentation spatiale. Pour filerla métaphore, les supercalculateurs seraient lesnouveaux lanceurs et les applications dévelop-pées, les nouveaux détecteurs.

Modéliser le climatLe climat de la Terre est le résultat d’inter-actions complexes entre de nombreux proces-sus faisant intervenir l’atmosphère, l’océan etles surfaces continentales. Comment fonc-tionne ce système ? Les activités humainesmodifient-elles les grands équilibres clima-tiques ? Peut-on prévoir son évolution àl’échelle d’une saison ou à plus long terme ?Quelles en sont et seront les conséquencespour l’humanité ? Autant de questions quirendent les recherches sur le climat et sonévolution particulièrement sensibles et mettentsous le feu des projecteurs les résultats desmodèles de climat connus sous le vocable de«modèles de circulation générale».

Les simulations climatiques, tout comme laprévision du temps, doivent leur essorau développement spectaculairedes ordinateurs au cours du XXe

siècle. C’est le traité del’Anglais L.F. Richardson,Weather Prediction byNumerical Process, publié en1922, qui le premier exposacomment les tendances desvariables atmosphériques (tem-pérature, vent,…) pouvaient êtrecalculées en différents pointsrépartis dans l’espace, en substituantaux équations différentielles décrivant la circu-lation atmosphérique générale un jeud’équations basées sur des différences algé-briques. Mais 64 000 personnes auraient éténécessaires pour effectuer ces calculs !

Il fallut attendre 1950 pour que l’AméricainJ.G. Charney réalise la première prévisionnumérique avec un modèle d’atmosphère sim-plifié. Dans les années soixante, la prévisiondu temps à l’aide d’ordinateurs devint petit àpetit opérationnelle dans de nombreux pays.Démarrées dans les années septante avec desmodèles d’atmosphère, les simulationsclimatiques n’ont cessé depuis lors de prendrede l’ampleur considérant, dans la dernièredécennie, non seulement l’atmosphère maisaussi ses couplages avec les autres compo-santes du système climatique.

Étudier le climat demande de prendre encompte la dynamique des fluides en ce quiconcerne les océans et l’atmosphère, les pro-cessus physico-chimiques des composés qu’ilscontiennent et les interactions complexesqu’ils entretiennent avec la biosphère et lacryosphère terrestre et marine. Un modèle declimat est avant tout un modèle physique,c’est-à-dire que les processus physiques àreprésenter sont mis sous forme d’équationsmathématiques.

Les principales composantes du systèmeclimatique font l’objet de sous-modèles

permettant de calculer les processusinternes à chacune et les couplages

entre elles. Ainsi, le modèled’atmosphère - qui n’est riend’autre, à la base, qu’un modèlede prévision du temps - calculele transport de chaleur et d’humidité par les vents, leséchanges de quantité de mou-

vement, de chaleur et d’eauentre l’atmosphère et les surfaces

océaniques et terrestres. S’y ajou-tent la condensation d’humidité dans

les nuages et les précipitations, l’absorption et ladiffusion du rayonnement solaire incident, ainsique l’émission et l’absorption des radiationsinfrarouges par les nuages, les gaz atmosphé-riques et les surfaces océaniques et terrestres.

À gauche:Simulation de l’évolution des températures sur un peu moins d’un siècle, en corrélation avec l’augmentation de CO2 dans l’atmosphère.

À droite:Modélisation météorologique de Météo France.

http://acces.inrp.fr/eedd/climat/dossiers/

politiques/plonearticle.2006-06-12.

5717443805/

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Technologie

Les différents facteurs susceptibles de modifierles processus de base sont également introduits.La glace de mer, la neige et le couvert végétal,par exemple, modulent la quantité de rayonne-ment solaire absorbé par la surface, par leurcapacité à réfléchir le rayonnement solaireincident vers l’espace. Le modèle d’océan tientcompte des interactions avec l’atmosphère via lesvents, les flux de chaleur et les radiations solaireset infrarouges. Les mouvements convectifs dansla colonne d’eau sont déterminés par les varia-tions de température et de salinité.

Les modèles de climat ont de multiples appli-cations, comme les études des processusclimatiques, des fluctuations interannuelles àpluri-décennales du climat ou des changementsclimatiques à venir ou passés. Pour étudier lesmodifications du climat induites par les activitéshumaines, la façon de procéder consiste tout d’abord à réaliser une simulation représentatived’un climat non perturbé par l’homme. Ensuite,une simulation du climat perturbé est effectuéeen modifiant par exemple la concentration en gazcarbonique (CO2) dans l’atmosphère, en suivantun scénario proposé par les économistes.

Simuler pour concevoirS’il commence à comprendre, le scientifiquepeut passer le relais à l’ingénieur pour concevoirou imaginer des objets. Ceci est particulièrementvrai dans des domaines tels que le nucléaire oula biologie. Déterminer la structure spatialed’une protéine en trois dimensions, à partir de saformule chimique, est du plus grand intérêt, enparticulier pour comprendre certaines affectionsou concevoir des médicaments «sur mesure».

Après l’élucidation du génome humain et de sesquelque 35 000 gènes, les chercheurs s’attendentà découvrir des dizaines, voire des centaines demilliers de nouvelles protéines car, contrairementà ce que l’on a longtemps pensé, un même gènepeut en coder plusieurs. La fonction ainsi que lesmécanismes d’action d’une protéine sont trèsétroitement liés à la forme géométrique de samolécule. Or il n’existe pas encore de façon sys-tématique de prédire la structure tridimension-nelle des protéines à partir de leur seule formulechimique. Les deux techniques de déterminationde structure disponibles - la cristallographie et laRMN (Résonance magnétique nucléaire) - nepeuvent s’appliquer à toutes les protéines et leurmise en œuvre est souvent lourde. D’autres pro-blèmes plus conceptuels, tels les chemins etintermédiaires de repliement (1), ne peuvent pasencore être abordés d’un point de vue expéri-mental. Pour toutes ces raisons, les scientifiquesont essayé de mettre au point des modèles ettechniques de simulation numérique.

Ces molécules étant des assemblages d’atomesqui interagissent par des forces, il semble naturelde les modéliser comme un système mécaniqueet de faire ainsi des prédictions en résolvant leséquations de base de la mécanique de Newton.La taille typique d’une protéine est d’environ 150acides aminés, soit de l’ordre de 1 500 atomes.

Chacun étant défini par trois coordonnées, il y adonc, au total, quelques milliers de variables àfaire évoluer dans le temps. De plus, sachantqu’une protéine fonctionne toujours dans l’eau(l’effet hydrophobe est l’élément déterminantpour le repliement), il faut inclure dans la simu-lation les molécules d’eau du solvant en nombresuffisant (quelques centaines dans chaque simu-lation) pour que l’effet hydrophobe puisse semanifester.

La puissance des ordinateurs les plus perfor-mants actuellement permet de simuler le replie-ment jusqu’à des durées de l’ordre du dixième demicroseconde pour les protéines les plus courtes.Les événements les plus rapides, telle la forma-tion de structures secondaires comme les hélicesou les feuillets, apparaissent au bout de quelquesmicrosecondes. Quant au temps de repliementlui-même, il est de l’ordre de la milliseconde. Lasimulation du repliement complet d’une protéine(sur plusieurs, voire centaines de millisecondes)est donc encore très lointaine, surtout si la molé-cule est longue.

Les simulations numériques ont encore d’immenses progrès à faire avant de devenirvraiment efficaces et opérationnelles, mais il estcertain qu’elles constituent un instrument prédic-tif indispensable pour chercheurs, qu’ils soientingénieurs, physiciens, chimistes, météorologis-tes ou climatologistes, biologistes ou pharma-cologistes.

Paul DEVUYST

Modèles complexes tridimensionnels

de protéines.

(1) Après leur synthèse

par le ribosome, les protéines, molécules qui

assurent la plupart des fonctions élémentaires de la cellule, se replient et acquièrent rapidement leur forme

tridimensionnelle.

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Astronomie

Autre lune de Saturne: Japet. La présence de deux faces très différentes (l'une brillante comme de la neige, l'autre noire comme du charbon) vient enfin d'être expliquée par les poussières se déposant sur la face avant. Échauffée, celle-ci perd sa glace de surface au profit des pôles et de l'hémisphère arrière. Les modèles théoriques reproduisent très bien les observations précises de la sonde Cassini.(Photo: Nasa)

À la Unedu... Cosmos

Une pléthore de nouvelles découvertes concernant Titan, la lune de Saturne,vient d'etre annoncée. Non seulement il y a du brouillard sur cette lune,mais il est désormais certain que ses surfaces sombres sont bien des lacs:ils réfléchissent en effet la lumière solaire comme un miroir ! En plus, leur répartition hémisphère nord/hémisphère sud peut être expliquée par la forme de l'orbite de Saturne. Certains imaginent déjà aller promener des bateaux sur l'un de ces lacs (projet TIME)...(Photo: Nasa)

Cascade de bébés-étoiles:les satellites Herschel et Hubble

observent des centainesde ces nouveaux-nés

sous toutes les coutures ! (Photo: Esa)

On a repéré une étoile en plus dans la grande ourse:il s'agit d'Alcor-b, compagne de l'étoile Alcor.

(Photo:Rémi Kaupp)

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Astronomie

Yaël NAZÉ[email protected]

http://www.astro.ulg.ac.be/news/

Un trou noir orphelin avait été détecté il y a quelques années par une équipe liégeoise.D’autres données récentes apportent un nouvel

éclairage au système et permettent d'enfin comprendre qui naît en premier

- trou noir supermassif ou étoiles.En effet, les jets du trou noir orphelin

engendrent la formation d'étoiles dans une galaxie voisine; et les deux objets

(trou noir et galaxie) devraient fusionner dans un prochain futur...

Ce serait donc le trou noir qui «construit»son entourage galactique et non l'inverse.

(Photo: Eso)

Une lueur en forme de spirale a été vue depuis la Norvège: extraterrestres en visite ? Non, une fusée russe défaillante...(Photo: Jan Petter Jørgensen)

Il y a 10 ans jour pour jour, l'observatoire européen XMM-Newton prenait son envol. Depuis, il a révolutionné nos connaissances «X», depuis les planètes jusqu'aux lointains quasars: mesure de la rotation de trous noirs ou d'étoiles à neutrons, étude de l'exosphère de Mars,cartographie de pulsars et découverte d'objets très lointains ne sont que quelques-uns de ces succès ! Rappelons que plusieurs équipes européennes étaient impliquées dans sa construction, dont l'Université de Liège.(Photo: Esa)

Q u'est-ce qui a poussé le Luxembourg à faire le pari de l'aventure spatiale ? Le Grand Duché, au cœur de l'Europe,

a fait de l'audiovisuel, bien connu avec RTL, un axe prioritairede sa reconversion économique: la percée réussie en radio, ilvoulait aussi la réaliser en télévision. Pour atteindre uneaudience européenne, il lui fallait un satellite-relais dont lessignaux pouvaient être captés par des petites paraboles. Ce nefut pas chose aisée vu les contraintes réglementaires qui, dansles années 80, protégeaient les monopoles publics et morce-laient le marché européen des téléspectateurs. LeGouvernement luxembourgeois a tout de même pris le risque dedéfier l'Allemagne et laFrance, qui voulaient depuissants satellites. Aprèss'être appelé Coronet(avec l'aide de consultantset investisseurs améri-cains), puis Sls (Sociétéluxembourgeoise de satel-lites), le projet de satelliteétait confié à une entre-prise à capitaux européens(basée au Grand Duché)chargée de réaliser lesystème Astra: la Ses.

C omment expliquerl'essor actuel de cette

société non seulement enEurope mais dans lemonde ? Le risque audépart était très élevé. La Ses a réalisé un investissement mini-mum en achetant un satellite «sur étagère» à un constructeuraméricain et en misant sur le nouveau lanceur Ariane 4. Endécembre 1988, le Luxembourg était dans l'espace avec Astra-1, son premier relais géostationnaire de télévision. L’entreprisepouvait dès lors le proposer à l'important client britannique Sky,rival de la BBC. Sa stratégie «télévision sans frontières» s’estvite révélée payante. Dix ans plus tard, elle faisait cohabiter surla même position - au-dessus du Congo - une constellation de 7satellites, de plus en plus performants, qui allaient accélérer ledéveloppement de la TV numérique (en bouquets) en Europe,puis des chaînes haute définition.

Fort de ses bénéfices dès la première année d'exploitation dusystème Astra, l'opérateur luxembourgeois de satellites allaitse lancer dans une stratégie d’acquisitions, prenant ainsi lecontrôle des satellites Sirius en Suède (en 2000), absorbantAmericom aux États-Unis (2001), puis New Skies aux Pays-Bas (2005). Les deux piliers de la Ses, Astra-Sirius pourl'Europe et World Skies pour les autres continents, rassem-blant une flotte de 41 satellites sur 26 positions de l'orbitegéostationnaire. Une gestion rigoureuse, tant technique quefinancière ainsi qu’une offre flexible de produits et services,notamment pour l'internet à haut débit, ont fait en sorte que

la société devienne l'opé-rateur le plus influentdans le monde, avec unchiffre d'affaires annueldépassant le 1,6 milliardd’euros, avec un quart dumarché global des télé-communications parsatellites.

Q uel impact a le spatialsur l'économie grand-

ducale ? Sur le bénéficede la Ses, qui atteint les500 millions d’euros, leTrésor luxembourgeoisprélève près de100 millions en taxes. Cequi fait du Grand Duchéle pays gagnant le plus

d'argent dans l'espace ! Cette source de revenus lui a d’ailleurspermis de devenir, en juin 2005, État membre de l'Esa avec uneparticipation annuelle de 11 millions d’euros. Soit 22 euros parhabitant: le meilleur score mondial pour l'effort spatial !

(1) Le Centre Astra de Betzdorf aura bientôt son infrastructure desecours (back-up) sur le site de la station Esa de Redu (Province

de Luxembourg).

Théo PIRARD [email protected]

Près du Château de Betzdorf, ces paraboles communiquent avec des satellites à 35 800 km de la Terre. (Photo: Ses)

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Ce 1er mars, la Ses (Société Européenne des Satellites) fêtera son vingt-cinquième anniversaire. En 1985, personne n'aurait osé parier un franc (c'était toujours l'ère des devises nationales) sur la réussite

de l'entreprise du Grand Duché dans l'espace. Aujourd'hui, elle consti-tue une référence mondiale grâce à l'exploitation de 41 satellites

de télécommunications et de télévision sur l'orbite géostationnaire,à quelque 35 800 km, à l'aplomb de l'équateur. Le château de Betzdorf,

à 20 km de Luxembourg, témoigne de son succès. Il a vu pousser,en pleine campagne, des dizaines de corolles blanches pour la mise

en œuvre de son système Astra avec des services en Europe,au Moyen-Orient et en Afrique (1). Via ses filiales en Suède (Sirius),

aux États-Unis et aux Pays-Bas (World Skies), au Canada (Ciel), bientôt au Mexique (Quetzsat), la Ses touche 99% de la population sur

l'ensemble du globe

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Espace

Transport spatial européen : en plein essor !

D epuis 1980, Arianespace place l'espaceau cœur de la vie quotidienne. Le Centrespatial guyanais (Csg) est, à l'équateur,

devenu le port de référence pour le dévelop-pement d'applications spatiales. Implanté sur lacôte, à Kourou, il n'a pas cessé de s'agrandir,adaptant son infrastructure aux besoins d'uneclientèle exigeante. Le programme Ariane y afait naître, dans un même périmètre, trois ensem-bles de lancement pour les différentes versionsdu lanceur européen: Ela-1 pour les modèlesAriane 1, 2 et 3 (25 envols entre 1979 et 1989pour 4 échecs); Ela-2 pour les Ariane 2, 3 et 4(119 envols, 3 échecs de 1986 à 2003) et Ela-3pour les Ariane 5 (49 envols, 2 échecs depuis1996). Ela-1 est en cours de modification pourdevenir le Slv (Site de lancements Vega - VettoreEuropa di Generazione Avanzata) destiné aupetit lanceur (à partir de 2011). Ela-2 est à pré-sent désaffecté. Ela-3 constitue quant à lui l'airede préparation et de décollage des lanceurslourds, Ariane 5. Plus au Nord, sur la communede Sinnamary, se trouve l'Els (Ensemble de lan-cements Soyouz) qui doit, à la fin de l'année, met-tre en œuvre la fusée russe Semyorka. Deuxexemplaires sont déjà arrivés en Guyane fran-çaise. À noter que, depuis 1989, la firme belgeAxima réalise les systèmes de conditionnementd'air des installations, équipements essentielsdans cet environnement très chaud et très humideentre l'Océan atlantique et la forêt amazonienne.

Le département français de la Guyane vit bel etbien à l'heure d'Ariane, grâce au Cnes (Centrenational d'études spatiales), à l'Esa (Agence spa-tiale européenne), à Arianespace et aux indus-triels d'Europe (notamment Astrium, Regulus,

Europropulsion, Snecma/Safran, Air Liquide,…). En trente ans, ce sont 193 Ariane, toutescatégories confondues, qui ont servi à lancer 277satellites pour 73 clients sur les 5 continents.Depuis 2003, la fusée européenne a confirmé samaturité technique et ses capacités opérationnel-les avec 35 lancements réussis d'affilée, dont 7 en2009 pour 14 satellites. Elle a placé sur orbite detransfert géostationnaire les satellites de télé-communications les plus lourds à ce jour:TerreStar-1 (6,9 t), le 1er juillet, pour un opéra-teur américain et Thaicom-4 IPstar (6,5 t), le 11août 2005, pour la Thaïlande. Elle a satellisé l'ob-servatoire de l'environnement le plus ambitieux,Envisat (8,2 t) et assuré, le 9 mars 2008, un pre-mier ravitaillement de la Station spatiale interna-tionale en lançant le vaisseau automatique Atv-1(Automated Transfer Vehicle), avec module habi-table, d'une masse de 20,6 t.

Au rythme des vols ArianeArianespace a signé plus de 300 contrats, dont16 en 2009 pour des lancements dans les troisannées à venir. La société française, quiemploie 323 personnes, a réalisé en 2009 unchiffre d'affaires de plus d'1 milliard d’euros.Son carnet de commandes est bien rempli: 29satellites à mettre en orbite de transfert géosta-tionnaire, 6 vols Atv (à confirmer) pour l'Esa,12 lancements spécifiques Soyouz avecSemyorka, la doyenne des fusées spatiales. En2010-2011, Arianespace prévoit de mettre enservice, aux côtés d'Ariane 5, les lanceursSoyouz (satellites moyens) et Vega (petitssatellites).

La fusée européenne Ariane et la société commerciale qui l'exploite ont trente ans ! Alorsqu’Ariane 1 a effectué son premier lancement le 24 décembre 1979, Arianespace était créée

trois mois plus tard, le 26 mars 1980. Aujourd'hui, Ariane est non seulement le fil pourl'accès de l'Europe à l'espace, mais elle s’est aussi imposée dans le monde entier comme lesystème n°1 du transport commercial des satellites sur l'orbite géostationnaire et ce, grâce à

un service et des solutions proches du client. L’outil de lancement spatial a ainsi mis enorbite plus de la moitié de tous les satellites commerciaux en service pour les

télécommunications, la télévision, la météorologie et l'observation

Toujours spectaculaire,

l’envol de la puissante fusée

Ariane 5 dans le ciel guyanais. (Photo:Esa/Arianespace)

Pour en savoir plus:

http://www.arianespace.com/

http://www.cnes-csg.fr/

http://www.spacetoday.net/

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Espace

Chaque vol d'Ariane 5, qui doit expédier unsatellite ou plusieurs autour de la Terre, met enjeu des équipements «made in Belgium»: desvannes et organes de commande de TechspaceAero (Groupe Safran) à Herstal; des structures(les dispositifs assouplisseurs et les servovérins- muscles d'Ariane qui assurent son pilotagecorrect) de la SABCA à Bruxelles-Haren et àLummen; la majeure partie de l'avionique étantquant à elle fournie par Thales Alenia SpaceEtca à Charleroi. L'entreprise carolorégiennefournit en effet près de 50% de l'électroniquedes Ariane 5: ses équipements, d’une grandefiabilité, servent à distribuer l'électricité à borddu lanceur, contrôler la position des tuyèrespour son guidage, transmettre les ordres de

séparation des étages et de lacoiffe de protection des satel-lites et donner l'ordre d'auto-destruction en cas de mau-vaise trajectoire. Sur chaquelanceur - 42 exemplaires en

production -, la partie Etcareprésente 21 boîtiers électro-

niques de 80 kg.

Du belge partoutThales Alenia Space Etca, n°1 du spatial

belge, est par ailleurs chargée de la produc-tion et du traitement des obsolescences des

composants pour 2 cartes électroniques descentrales inertielles d'Ariane 5. La société estpartenaire d'Astrium pour l'ensemble au sol dusystème électrique et logiciel qui doit validerles évolutions du lanceur pour les équipementsde sauvegarde, de distribution de puissance, depilotage et de télémesure. Ayant réalisé le cen-tre de lancements n°3 à Kourou, elle mobiliseune équipe sur place chargée de sa maintenanceet de ses améliorations.

La Belgique sera présente sur le triptyqueAriane 5-Soyouz-Vega d'Arianespace grâceaux compétences de l'équipementier ThalesAlenia Space Etca. Comme nous l'expliqueChristian Deprez, responsable commercial desactivités «Lanceurs» de l'entreprise carolo-régienne, «C'est l'expertise, unique en Europe,acquise avec le programme Ariane qui nouspermet d'être à bord des trois systèmes de lan-cement qu’Arianespace va commercialiserdurant la prochaine décennie». Et d'insistersur la mise en œuvre de la redondance pour leséqui-pements produits pour les Ariane 5,Soyouz et Vega.

Longue attente... Le seul équipement non russe sur la fuséeSoyouz, permettant d'améliorer la sécurité deses vols au-dessus de la côte guyanaise, estréalisé à Charleroi. Il s'agit du Kse (Kit sauve-garde Europe) dont Etca a la maîtrise d'œuvre.C'est chez TsSKB à Samara, où un exemplairepar mois de Soyouz est produit, qu'est validé etintégré le Kse sur le vénérable lanceur de l'èresoviétique: si sa conception remonte auxannées 50, il a connu bien des améliorations etreste l'outil de la Russie pour les vols spatiauxhabités ! Le premier vol du Soyouz en vued'une mission en orbite de transfert géostation-naire est prévu, depuis le Centre spatialguyanais, durant la seconde moitié de l'année.Arianespace a d'ores et déjà commandé 14lanceurs Soyouz pour assurer des lancementsjusqu'en 2013.

Vega, désigné comme le petit frère d'Ariane 5,est un lanceur à trois étages à poudre, avec un4e étage à liquides propulsé par un petitmoteur-fusée ukrainien. Son développementconsacre le savoir-faire de la SABCA dans lepilotage des fusées. La société bruxelloiseréalise, en plus de structures délicates, lesservo-commandes électro-mécaniques desquatre étages. Ces Ema (Electro-MechanicalActuators), à la pointe de la technologie,doivent piloter Vega durant son vol propulsé etle maintenir sur la trajectoire prévue pour unesatellisation correcte. Par ailleurs, ThalesAlenia Space Etca s'est vu confier deux cartesélectroniques pour la centrale inertielle, tandisque Spacebel se trouve associé à l'intelligencede bord de la case à équipements. Six exem-plaires du lanceur Vega vont être mis en fabri-cation. Le premier vol depuis le nouveau Slvétait annoncé initialement pour fin 2008. Il estactuellement prévu en 2011.

Théo PIRARD

Ci-dessus:Le lanceur lourdAriane 5 sur sa table de lancement mobile, peu après son transfert du bâtiment d’assemblage final (Baf) sur l’aire d’envol.

Ci-dessous:Vue d’artiste du lancement de Vega traversant l’atmosphère.

(Photos:Esa/Arianespace)

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EEEnnn bbbrrreee fff ... ... ...EEE nnn bbb rrr eee fff... ... ...

L a dame du spatial belge sur l'orbite d'uneretraite méritée. Depuis deux décennies,

Monique Wagner veille sur la «famille» de 20personnes que compose le programme spatial dela Belgique dans le cadre de l'Esa (Agence spa-tiale européenne) et de coopérations bilatérales(notamment avec la France). Ce 1er février, aprèsavoir dirigé avec à-propos la Section «Recher-ches & Applications spatiales» au sein de laPolitique scientifique fédérale - dont 40% dubudget sont consacrés à l'espace -, elle se retire seretire dans son village de Schaltin (Hamois).

À l'écoute des compétences industrielles pourleur juste retour dans les activités optionnelles del'Esa, soucieuse des chercheurs et du finance-ment de leurs recherches via le système Prodex,Madame Wagner a réussi à bien positionner lesacteurs belges dans l'Europe spatiale. Devenue laréférence incontournable de par sa connaissancesubtile et son expérience adroite des dossiers, fai-sant preuve de beaucoup d'habileté lors de négo-ciations délicates, elle s'est affirmée comme uneforte personnalité dans les conseils et comités detravail de l'Esa pour la mise en œuvre des pro-grammes «à la carte». Son rôle fut crucial,notamment dans:• le développement du lanceur lourd Ariane 5 et

du port spatial européen en Guyane française(bientôt disponible pour les lance-ments Soyouz), et la présencebelge à bord des lanceursAriane 5, Soyouz et Vega;

• les expériences belges dansla navette spatiale (missionAtlas de Dirk Frimout), àbord des laboratoiresSpacelab et Columbus;

• la place influente del'Europe dans l'Inter-national Space Sta-tion avec l'installa-tion du moduleColumbus, l'utili-sation du vais-seau automatiquede ravitaillementAtv (AutomatedTransfer Vehicle),

les deux vols de Frank De Winne (OdISSea,OasISS);

• la naissance, en Belgique, de la filière Probades microsatellites de l'Esa pour des missionstechnologiques et scientifiques;

• l'intérêt grandissant des acteurs belges pour lesapplications spatiales (télécommunications,télédétection, navigation…);

• les améliorations de la station de Redu pourfavoriser les retombées à caractère commercialde cette implantation Esa en Belgique.

U n équipage belge pour simuler uneexpédition martienne. Du 7 au 20 février

2010, la base expérimentale Mdrs (Mars DesertResearch Station), en plein désert de l'Utah(États-Unis), sera habi-tée pendant deuxsemaines par sixBelges qui endosserontl’habit d’explorateursde la Planète rouge.Pour la première fois,une équipe originairede notre petit pays -trois francophones ettrois néerlandophones,trois hommes et troisfemmes - a accepté devivre de manière isoléeà bord d'un simulateurd'habitat martien. Ils nepourront en sortirqu'une fois revêtu d’unscaphandre… Comme s'ils étaient sur Mars ! Lesite très aride, fait de roches brunâtres, n'est passans rappeler le paysage de cette planète.

L'équipe Mdrs-90 (la 90e à séjourner dans la basede la Mars Society américaine), dont fait partieune étudiante du secondaire de 17 ans - laSprimontoise Margaux Hoang - est organisée parla jeune association Mars Society Belgium, uneinitiative de passionnés de l'exploration de Mars.Parmi ceux-ci, Pierre-Emmanuel Paulis, ensei-gnant et éducateur «espace» à l'Euro SpaceCenter/Belgium, a déjà effectué un séjour dans leMdrs en novembre 2002. Il a d'ailleurs raconté

Dans le titre:Spirit est l'un

des deux «rovers»américains sur Mars.

Avec une vue panoramique de

son paysage martien,on a réussi

ce montage.(Photo: Nasa)

Le premier équipage MDRS

entièrement belge.De gauche à droite:Nicky De Munster,

Pierre-Emmanuel Paulis,Margaux Hoang,

Arjan van der Star,Nancy Vermeulen et Nora Martiny.

(Photo: Mars SocietyBelgium)

G alileo: enfin… parti pour de bon ! 14 satellites pour la phase opérationnelleont été commandés par la Commission européenne, via l'Esa, au team indus-

triel germano-britannique OHB-System et SSTL (Surrey Satellite Technology Ltd). Lacommande s'élève à 566 millions d’euros, soit 40 millions d’euros le satellite. Cinqlancements de deux satellites depuis le Centre spatial guyanais, au moyen de la

fusée russe Soyouz, ont été com-mandés à Arianespace pour395 millions d’euros. Chaquelancement revient donc à79 millions d’euros. Ariane 5version ES était proposée pourlancer quatre satellites Galileo àla fois. Ceux-ci doivent être placéssur orbite, à 23 000 km, dès octo-bre 2012 afin de former l'embryond'une constellation opération-nelle en 2014, avec 6 ans de retardsur le planning initial.

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Espace

son expédition dans le livre Un Belge sur Mars(Éditions Dricot, Liège). Il sera aussi du voyageen février prochain.

Cette simulation de mission martienne poursuitdes objectifs à la fois scientifiques et pédago-giques. Les expériences porteront sur des disci-plines variées: la géologie, la biologie, l'hydro-graphie, la météorologie, le mouvement dessols, l'astronomie, la géographie, le compos-tage, sur la protection de l'environnement etl'économie d'eau. Elle doit préparer le pro-gramme éducatif Mars Camp, bientôt au menudes activités éducatives proposées par l'EuroSpace Center de Transinne-Libin.

L e premier satellite de fabricationluxembourgeoise est né. Il s'appelle

Pathfinder-2A et pèse 8 kg. Il s’agit d’un relaisde données Ais (Automatic IdentificationSystem). Placé sur le quatrième étage de la fusée

indienne Pslv-C14,il s'est satellisé le 24septembre dernier,en même temps qu'illarguait, sur orbite,le satellite indienOcean-sat-2 ainsique quatre Cubesats(allemand, suisse etturc). C'est la PmeLuxspace (25 per-sonnes) qui a réaliséPathfinder-2A. Sondirecteur, JochenHarms, veut faire desa société la réfé-rence européenne

pour la surveillance et la sécurité du trafic enmers et océans grâce à la collecte continue dessignaux Ais sur l'ensemble de la planète.

Tout navire de 300 tonnes et plus doit êtreéquipé d'un émetteur Ais donnant son identité.On peut ainsi positionner plus de 80 000bateaux dans le monde. La station Esa de Redupermet de recevoir les données qui sont relayéespar Pathfinder-2A. En démontrant qu'il étaitpossible de cartographier, via l'espace, les mou-vements du transport maritime, Luxspace veutdévelopper son projet d'une constellation d'aumoins trois micro-relais (50 kg chacun) surorbite pour des applications Ais-S (par satel-lites). Elle a fourni à l'Esa un relais de ce type,baptisé Luxais, installé en octobre sur la Stationspatiale internationale. Il s'agit du premieréquipement grand-ducal à bord de cette infras-tructure habitée en permanence.

S eveseo pour la gestion des risquesindustriels depuis l'espace. La province

du Luxembourg a une ardeur d'avance. LeGouverneur Bernard Caprasse a voulu le prou-ver en organisant le 2 décembre, à la Maison duLuxembourg belge à Bruxelles, une séanced'informations sur les produits et services de latechnologie spatiale face aux risques de pollu-tion liés aux activités chimiques et auxtransports de matières dangereuses. Avec sonprogramme Seveseo (contraction de Seveso etd'Eo/Earth Observation), l'Esa a financé lamise en œuvre d'un système d'informations quifacilite et accélère la prise de décisions pour lasécurité de tous et la protection de l'environ-nement lors d'accidents industriels mettant enpéril les populations.

Les partenaires dans le développement duSeveseo Information System, outil d'excellencepour la planification des secours, sont le Vito (Vlaamse Instelling for TechnologischOnderzœk) comme maître d'œuvre, CreactionInternational, Aps (Agence prévention & sécu-rité - Province du Luxembourg), Ineris et Tno(Institut néerlandais de recherche technolo-gique). Ce système, d'un usage convivial, faitlargement appel à l'imagerie satellitaire, remiseà jour, pour localiser les sites à risques, définirles zones menacées et organiser les inter-ventions des services de secours. Le Vito, lorsde la présentation, a cependant tenu à soulignerque le satellite n'est pas le seul moyen d’analysedes situations d'urgence: il vient en complémentdes autres sources d'informations et outilsd'observation.

Théo [email protected]

Tout navire de 300 tonnes et plus doit être équipé d'un émetteur Aisdonnant son identité.On peut ainsi positionner plus de 80 000 bateaux dans le monde.

Satellite Galileo Foc d’OHB-System.

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Agenda

Liège vous invite...Au Festival ImagéSanté, du 15 au 20 mars

Organisée par le C.H.U., l’Université de Liège et le Département santé & qualité de vie de la Province de Liège, cette 9e éditions’est donnée pour objectif de promouvoir la formation et l’information en matière de santé par l’intermédiaire de tout moyenaudiovisuel. Forum international de rencontres entre les professionnels de la recherche médicale et scientifique, du cinéma,de l’industrie et du monde informatique, ImagéSanté constitue un stimulant à la création de documents audiovisuels de qua-lité, innovateurs tant au niveau national qu’international.

ImagéSanté, c’est:

• 5 jours consacrés à la santé et à la prévention par le biais de l’image;• 200 films (de court et moyen métrage);• 4 journées d’opérations commentées en direct;• des conférences, des ateliers de réflexion;• des soirées thématiques;• désormais aussi, une Web TV pour suivre l’actualité du Festival en live (www.imagesante.be) !

«ImagéSanté 2010 propose à chacun un voyage passionnant, entre images de la science et... science de l’image: un voyageà travers ce qui demeure, en somme et avant tout, un merveilleux cinéma de (la) découverte !»

Il s’adresse au grand public (familles, jeunes et moins jeunes); au corps médical (généralistes et spécialistes) et paramédicaldans son ensemble; aux étudiants en médecine, en infirmerie, kinésithérapie, psychologie…; aux chercheurs ainsi qu’auxjeunes, tout particulièrement aux élèves de l’enseignement secondaire

Programme et infos: http://www.imagesante.org/

Gembloux vous invite...À Art et Science: carnets de recherche, du 22 au 27 mars

À l'initiative de Gembloux Agro-Bio Tech, de l'Atelier sorcier et du Centre culturel de Gembloux, cette exposition inhabituellemet en images les différentes étapes de la recherche scientifique et de la création artistique.

Ingénieurs et artistes ont certains points communs dans leur démarche, notamment l'utilisation du carnet de recherche. Àtravers ces carnets de scientifiques et d'artistes, l'exposition illustre toutes les phases de la recherche. Carnets anciens ourécents mettent en évidence le cheminement mental et expérimental et le processus de découverte à travers essais et erreursindissociables de toute recherche. Notes, dessins, photos et références en parsèment les pages de façon très méthodique ouludique, avec rigueur ou fantaisie, parfois de façon poétique ou philosophique. Différents thèmes seront abordés tout au longde la visite: la nature, la vie souterraine, les éruptions volcaniques, la création de nouveaux mécanismes.

Pour qui ? Tout public et plus particulièrement les jeunes de l’enseignement fondamental et secondaire.

Où ? À l’Espace Athena d’Agro-Bio Tech - Passage des Déportés, 2 à 5030 Gembloux

Infos: http://www.vivasciences.be/

AgendaAgenda...FORMATIONS, STAGES, CONFÉRENCES,...

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Agenda

Mons vous invite...

À la journée Math-Sciences,le 25 mars

Dépoussiérer l'image des sciences, montrer que les sciences sont partout, en mouvement, dynamiques, passionnantes, qu'ellesconstituent une des clés de notre futur: ce sont là quelques-uns des objectifs de la Journée Math-Sciences (JMS), dont l'édition2010 sera plus riche que jamais !

Les étudiants de 5e et 6e années secondaires élaborent à la carte leur programme de la journée: ils peuvent choisir entre plusieurs conférences, expositions, ateliers ou encore visites de laboratoires de recherche ! La participation est totalement gratuite, mais la réservation est indispensable !

Pour qui? Élèves de l'enseignement secondaire - 3e degré

Où? Campus des sciences et de la médecine de l'UMH, Avenue du Champ de Mars à Mons (Bâtiment «Les GrandsAmphithéâtres»).

Réservations et renseignements: Lyane BouchezUniversité de Mons - Secrétariat de la Faculté des sciencesTél.: 065/37.35.07. - Fax: 065/ 37.33.18. - Site internet: http://www.umh.ac.be/cds/

Louvain vous invite...Aux Olympiades belges d’informatique,

à partir du 24 marsOrganisées par l’asbl ACM Student Chapter (UCL) et les FUNDP, il s'agit d'une première qui a été motivée par plusieursaspects. Tout d'abord, les industriels (relayés par AGORIA) dénoncent le manque d'informaticiens compétents tandis queles hautes écoles et universités regrettent le nombre restreint d'étudiants choisissant ces filières. Enfin, l'informatique, ausens scientifique, n'est pas forcément connue par les jeunes élèves en fin de secondaire, l'option informatique n'estd’ailleurs pas généralisée, ni coordonnée/règlementée par la Communauté française.

Pour promouvoir cette discipline d’avenir auprès du grand public et en particulier des jeunes, quoi de mieux que d’inté-grer un peu de compétition à un événement informatique qui semble, a priori, ne pas passionner les foules. Il s’agira doncd’un concours de programmation, d’algorithmique et de logique et comporteront deux concours:

• Le premier est destiné aux élèves de cinquième et sixième secondaire et déterminera les participants aux Olympiadesinternationales d’informatique (IOI).

• Le second concerne les jeunes en 1e année d’études supérieures

Elles se dérouleront en deux étapes:

• Les demi-finales dans plusieurs centres régionaux; • Les finales à Louvain-la-Neuve.

Calendrier:

• 10 mars 2010: date limite pour les inscriptions.

• 24 mars 2010: demi-finales dans les centres régionaux.

• 15-16 avril 2010: formation algorithmique (optionnelle) pour les élèves du secondaire

• 12 mai 2010: finales à Louvain-la-Neuve et cérémonie de remise des prix.

• 12-16 juillet 2010: formation algorithmique (obligatoire) approfondie pour les élèves du secondaire sélectionnés pour faire partie de l'équipe nationale en vue des IOI qui se dérouleront au Canada.

Infos et inscriptions: http://uclouvain.acm-sc.be/olympiades

Vous êtes en rhéto, vous réfléchissez à votre avenir et l’unif fait partiede vos choix, alors ces journées sont faites pour vous ! L’UCL, lesFUNDP, les FUSL, l’ULg et Agro-Bio Tech vous ouvrent leurs portes

et vous renseigneront sur tout ce qui concerne les études universitaires. Auprogramme: infos sur les cursus, le minerval, les installations, les débou-chés, les inscriptions, les allocation d’étude, les possibilités de logement, lesactivités culturelles et sportives du campus, les cours préparatoires d’été,rencontres avec les professeurs, les chercheurs, les étudiants, visites de labibliothèque, des kots, possibilité d’assister à certains cours,...

• 6 mars: Séance d’information à l’Agro-Bio Tech, à partir de 10h

FACULTÉ DE GEMBLOUX:à l'Espace L.S. Senghor - Passage des Déportés, 2 à 5030 Gembloux

Infos: Tél.: 081/62.22.65 - http://www.fsagx.ac.be/index.php/fr/futur-etudiant/futur-etudiant-rheto/fut-rhe-rdv/216-seances-dinformation

• 10 mars: Portes ouvertes à l’UCL

SITE DE LOUVAIN-LA-NEUVE:Place de l’Université, 1 à 1348 Louvain-la-Neuve

SITE DE WOLUWÉ-SAINT-LAMBERT: Cliniques universitaires de Saint-Luc- Avenue Hippocrate, 10 à 1200 Bruxelles

Infos: http://www.uclouvain.be/rhetos-jpo.html - Tél.: 010/47.87.00

• 13 mars: Portes ouvertes aux FUNDP (Namur), de 9h à 12h30

AMPHITHÉÂTRE PEDRO ARRUPE: Rue de Bruxelles, 65 à 5000 Namur

Infos: Tél.: 081/72.50.30 - http://www.fundp.ac.be/etudes/futur-etudiant/jpo/jpo2.html/

• 20 mars: Portes ouvertes aux FUSL (Bruxelles), à partir de 10h

FACULTÉS UNIVERSITAIRES SAINT-LOUIS:109, rue du Marais à 1000 Bruxelles

Infos: Tél.: 02/211.78.57 ou 02/211.78.86 - http://www4.fusl.ac.be/4DACTION/EWA_Agenda/ID/0/8272

• 27 mars: Portes ouvertes (spéciales parents) à l’UCL (Louvain-la-Neuve et Woluwé), à partir de 9h

SITE DE LOUVAIN-LA-NEUVE:Place de l’Université, 1 à 1348 Louvain-la-Neuve

SITE DE WOLUWÉ-SAINT-LAMBERT: Cliniques universitaires de Saint-Luc- Avenue Hippocrate, 10 à 1200 Bruxelles

Infos: Tél.: 010/47.87.00 - http://www.uclouvain.be/rhetos-parents.html

• 25 avril: dernière journée portes ouvertes à l’ULg - HEC

Aux amphithéâtres de l’Europe, au Sart-Tilman

Infos: Tél.: 04/366.56.74 ou 04/366.52.49 - http://www.ulg.ac.be/cms/c_220113/journee-rhetos-parents-etudiants-passerelles

Un ppeu ppartout...

Rendez-vous àà ll’Unif !

Un ppeu ppartout...

Rendez-vous àà ll’Unif !

Agenda

Athena n° 258Février 2010

Ce mensuel d'information, tiré à 14 000 exemplaires, est édité par la

DGO6,Département du

développement technologique,Service public de Wallonie - SPW

Place de la Wallonie 1, Bât. III à 5100 Jambes

Téléphone: 0800/11 901 (appel gratuit)http://athena.wallonie.be/

Éditeur responsable:Michel CHARLIER, Ir. Inspecteur général

Ligne directe: 081/[email protected]

Rédactrice en chef:Géraldine TRAN

Ligne directe: 081/[email protected]

Graphiste:Nathalie BODART

Ligne directe: 081/[email protected]

Impression:Les Éditions européennes

Rue Thiefry, 82 à 1030 Bruxelles

ISSN 0772 - 4683

Ont collaboré à ce numéro:Jean-Michel Debry;

Henri Dupuis; Paul Devuyst; Philippe Lambert; Jean-Luc Léonard;

Yaël Nazé; Théo Pirard; Jean-Claude Quintart;

et Christian Vanden Berghen.

Dessinateurs:Olivier Saive et Vince.

Comité de rédaction:Michel Charlier; Marc Debruxelles;

Jacques Moisse; Jacques Quivy et Michel Van Cromphaut.

51 Athena 258 / Février 2010

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http://athena.wallonie.be

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Département du développement technologiquePlace de la Wallonie 1, Bât.III à 5100 Jambes • Tél.: 081/333.111 • Fax: 081/33.46.21