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www.educationsante.be Un mensuel au service des intervenants francophones en promotion de la santé Juillet 2010 À votre santé capitaine ! Plaies, bosses et traumas au pays de Tintin Ne paraît pas en août | Bureau de dépôt : Bruxelles X - ISSN 0776-2623 | Numéro d’agréation : P401139 Editeur responsable : Jean Hermesse, chaussée de Haecht 579 - boîte postale 40 - 1031 Bruxelles. 258 © Hergé/Moulinsart 2010

Juillet 2010 258 - Education Santé

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www.educationsante.beUn mensuel au service

des intervenants francophones en promotion de la santé

Juillet 2010

À votre santé capitaine !Plaies, bosses et traumas au pays de Tintin

Ne paraît pas en août | Bureau de dépôt : Bruxelles X - ISSN 0776-2623 | Numéro d’agréation : P401139

Editeur responsable : Jean Hermesse, chaussée de Haecht 579 - boîte postale 40 - 1031 Bruxelles.

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Un classique de la littérature populaireOn a beau connaître les albums des aven-tures de Tintin et Milou dessinées par Hergé,on reste stupéfait, en parcourant les cases etles pages de cette célèbre série, du nombreincroyable de références à l’Histoire, à la géo-graphie, aux techniques et aux sciences quiont marqué le vingtième siècle.Lire un épisode de cette création légendaire,c’est parcourir par le détail les grands faits desociété des dernières décennies, mais aussirevisiter les us et coutumes de bon nombrede nos parents, grands-parents, voire de nosarrière-grands-parents.Il y a toujours chez le dessinateur Hergé ceparfait et savant équilibre entre le tragiqueet le comique, l’universel et le particulier, l’ex-traordinaire et l’ordinaire, le sensationnel etle commun.Directement influencée par les goûts et lesexpériences de l’auteur, l’œuvre contient tousles ingrédients du pur récit d’aventures, maisaussi les traces profondes et continues de sonpropre parcours, vie essentiellement passéedans sa Belgique natale, entre ville et cam-pagne, à la lisière des grandes forêts de chênesou des doux vallonnements de son terroir bra-bançon, dans un environnement aux anti-podes des steppes glacées ou des désertsbrûlants.La lecture des aventures de Tintin et Milouconstitue une véritable aubaine pour toutchercheur soucieux de cerner les grandestendances et caractéristiques du vingtièmesiècle, et par extension pour toute personnequi s’intéresse tout simplement au fonction-nement d’une société, qu’elle soit d’ici oud’ailleurs.Diffusée presque partout dans le monde, tra-duite dans plus de quatre-vingts langues, dia-lectes et parlers régionaux, cette série dessinéerivalise sans complexe avec de grandes œuvresde la littérature classique. Nous n’en voulonspour preuve que les très nombreux ouvragessavants et érudits qui dissèquent inlassable-ment le fond et la forme de cette matière qui

semble tellement inspirer, voire fasciner, desspécialistes de toutes catégories, du psycha-nalyste distingué au sémiologue de renom enpassant par le philosophe de réputation inter-nationale.

Reporter, un métier à risquesÀ l’origine (10 janvier 1929), Tintin est unreporter, au service du Petit XXe (« toujoursdésireux de satisfaire ses lecteurs et de les tenirau courant de ce qui se passe à l’étranger »),mais très rapidement il va se métamorpho-ser en une sorte de détective justicier. Aidéde son fidèle fox-terrier Milou, il partira dèslors à la conquête du monde pour déjouer lesplans de malfaiteurs de toutes natures, décla-rant la guerre au grand banditisme et au Malsous toutes ses formes.Loin des super-héros à l’américaine qui ver-ront le jour dix ans plus tard (la presse madein USA publie déjà dans les années trente denombreux comics mettant en scène desSuperman (1938), Batman (1939) et autrespersonnages du même acabit), Tintin est unadolescent âgé au départ d’une quinzained’années qui ne peut opposer aux méchantsque son courage, sa détermination et sonintelligence.Sportif, capable de déjouer tous les pièges,résistant à toutes les agressions, le petitreporter n’échappera pourtant pas à bien desdéconvenues et ses lecteurs le verront ainsisubir d’une aventure à l’autre quantité decoups, de traumatismes et de voies de faitplus ou moins graves.Une constatation d’ordre statistique s’imposeimmédiatement : plus le temps passe etmoins Tintin, tout comme ses amis d’ailleurs,sera confronté à la violence directe. Un des-sinateur âgé d’une cinquantaine d’années n’asans doute plus la même fougue ni le mêmeentrain qu’un confrère de vingt ans son cadet.Il en est ainsi des aventures du petit reporterà la houppe : l’âge, l’expérience et une cer-taine philosophie de vie feront de son créa-teur un scénariste moins enclin à mêler sespersonnages à des contextes où l’on fait le

INITIATIVES

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coup de poing presque à chaque case ou àchaque page d’un album.À partir des années soixante, Hergé, commed’autres grands noms du Neuvième Art, privi-légie l’aventure intérieure, la quête spirituelleet la remise en question des grands poncifs dela bande dessinée… Tant pis pour les amateursde premier degré, d’action musclée, de sensa-tions fortes et d’hémoglobine, tant mieux pourles pionniers d’un genre nouveau qui verraémerger dans la dernière partie du vingtièmesiècle quelques chefs-d’œuvre qui auront poursignataires des Comès, Tardi, Mœbius, Pratt ouencore François Schuiten.Mais n’anticipons pas et reprenons le menupar le détail; nous y faisions déjà allusion toutà l’heure, tout est dans l’œuvre d’Hergé, oupresque. Ainsi en va-t-il du vaste sujet de lasanté, santé mentale, physique et de tout cequi s’y rapporte, des aspects les plus gravesaux plus légers et des allusions les plus évi-dentes aux plus discrètes, aussi inconscientessoient-elles.

Il y a violence et violence…En feuilletant les pages des albums des aven-tures de Tintin et Milou, on comprend qu’iln’est pas toujours facile d’être un héros, défen-seur du bon droit, de la morale, de la veuve, detous les orphelins et des peuples opprimés du monde. Parcourant les cinq continents,d’abord seulement flanqué de Milou, ensuiteaccompagné par le capitaine Haddock, occa-sionnellement par les Dupond(t), le profes-seur Tournesol ou encore la Bianca Castafiore,notre jeune reporter en prend bien souventpour son grade, je dirais même plus, sur satronche, aucune partie de sa belle anatomien’étant vraiment épargnée. Les fans de la sérievous le diront, Hergé répugne à la violencegratuite, la vulgarité et les effets inutiles.Toutefois, il ne nous épargnera pas maintseffets visuels où les uppercuts disputent lavedette aux coups les plus bas, mais toujoursportés pour la bonne cause graphique et cellenon moins honorable, du bon déroulementdu scénario.

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Distinguons malgré tout deux cas de figures :soit les scènes de violence directe et partant, desouffrance directe et celles, plus « impression-nistes », édulcorées et labélisées « flou artis-tique » où les grosses baffes et les pifs sanglantsfont place à une harmonieuse brochette designes diacritiques, savamment disposés etmontrant à quel niveau d’excellence le dessina-teur était capable de prétendre avec ses étoiles,petits nuages et autres vibrantes spirales.Par la même occasion, l’homme évitait ainside subir les foudres de la censure, particulière-ment zélée dans l’immédiate après-guerre,avec l’entrée en scène, en 1949, de la loi sur laprotection de la jeunesse, véritable Inquisitionqui cachait mal son nom et encore moins sesvéritables objectifs : lutter contre l’influencegrandissante de la BD américaine, faisantmontre d’un protectionnisme outrancier àl’égard des productions franco-belges.Quels que soient les modes de représenta-tion de ces scènes de combats, de luttes et depugilats, les mêmes causes produisent inévi-tablement les mêmes effets : ecchymoses,

lésions, contusions, cocards, bleus, bosses et,dans les cas les plus graves, évanouissement,coma, voire issue fatale. Mais, confronté à cegenre de scènes, Hergé ne fera jamais dansla démesure, jouant presque à chaque foisdes attraits de sa marque graphique : unsemi-réalisme à la frontière du sérieux et ducomique.Ne perdons jamais de vue que le dessinateurs’adressait d’abord à un public d’enfants etd’adolescents, public qu’il ne fallait en aucuncas choquer par des représentations tropcrues de la souffrance, du mal et de la mala-die. Si tel avait été le cas, son abondant cour-rier aurait été truffé de lettres de réclamation.Il fut un temps, pas si lointain, où l’on ne badi-nait pas avec les codes de bonne conduite etde morale.De même, lorsque l’inventeur de la ligneclaire revenait sur les débuts de sa carrière, ilne cessait jamais de répéter combien toutcela lui paraissait une farce, un feuilleton àrebondissements, sans véritable perspectiveprofessionnelle…

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Bref, Hergé ne se voyait pas forcément dessina-teur de bandes dessinées toute son existenceet jusqu’en 1934 (rencontre avec le jeune étu-diant chinois Tchang Tchong-jen de l’Académiedes Beaux-Arts de Bruxelles et épisode du« Lotus bleu »), ses histoires connurent d’in-nombrables rebondissements, tenant souventplus de l’improvisation de dernière minute quedu véritable roman graphique. Les person-nages, comme les situations dans lesquelles ilsévoluaient, tenaient principalement de la cari-cature et l’univers médical n’échappait pas àcette règle.

La santé : le décor, le matériel et les personnagesProgressivement et surtout à partir desannées cinquante, le travail en équipe, lesconseils et avis de spécialistes dans les plusvariées des disciplines, le recours systéma-tique à des fiches documentaires sur d’in-nombrables sujets transformèrent peu à peules approches mal dégrossies des débuts envéritables romans dessinés, romans compor-

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tant des profils psychologiques dignes desproductions de la littérature classique.Pourtant, d’un bout à l’autre de la carrière dudessinateur, certains archétypes auront la peaudure. Ainsi en sera-t-il pour les hommes descience, les savants et les médecins. Presquetoujours barbus (à l’exception du médecingénéraliste des « Bijoux de la Castafiore ») ouporteurs de lunettes (à l’exception de l’officiermédecin du Thysville dans « Tintin au Congo »),leurs compétences ne semblent souffrir d’au-cune critique. Plutôt efficaces, on ne peut pasaffirmer qu’ils dégagent une grande chaleurhumaine… Une image sans doute bien en rap-port avec la représentation traditionnelle quel’on se fit longtemps de cette profession.Tous pareils et tous différents, ils ont pournom Daumière, Fan Se Yeng, Finney, Rotule,Simon ou Triboulet.Quant aux infirmières, elles n’échappent pasnon plus à la règle du formatage : en uniformeimpeccable, le col fermé jusqu’au dernier bou-ton, la mine austère, elles évoquent plutôt unrégiment d’infanterie que la corporation des« blouses blanches » souriantes et dévouées,comme nous les connaissons souvent.À la décharge d’Hergé, on évoquera le politi-quement correct qui obligeait les dessina-teurs à la plus grande des sobriétés lorsqu’ilsreprésentaient les femmes. Rien ne devaitdonner lieu à la moindre équivoque, rien nedevait susciter le trouble chez les adolescents« boutonneux et inquiets » de la premièremoitié du vingtième siècle!À l’image de leurs occupants, patients et per-sonnel médical, les cliniques et les hôpitauxdessinés sont plutôt tristounets, d’un confortassez relatif et d’un équipement que l’on pour-rait qualifier de spartiate. Seule exception quiconfirme la règle : la clinique de Nyon (Suisse)dans « L’Affaire Tournesol » qui semble appar-tenir à une catégorie supérieure, avec ses cou-loirs rutilants, sentant bon l’encaustique. LesHelvètes ne badinent pas avec la cire : lesDupond(t) en feront immédiatement les frais!L’aspect général de ces bâtiments témoigneaussi d’une époque où la convivialité et leconfort n’étaient pas le souci principal deleurs concepteurs : il est connu que les pri-sons, les grands établissements scolaires etles hôpitaux étaient conçus selon un mêmeplan d’architecture inspiré essentiellement

par l’esprit de contrôle : il fallait que d’un seulcoup d’œil, un surveillant puisse embrasserdu regard la plus grande partie possible de lastructure de l’institution.L’équipement médical est, à de rares excep-tions près (voir la chaise roulante du capitaineHaddock dans « Les Bijoux de la Castafiore »),limité à sa plus simple expression : civières,quelques flacons de chloroforme, lits en ferblanc émaillé, tables de consultation et ambu-lances, voilà pour l’essentiel. Dans ce cas,comme dans ceux qui précèdent, il est bon derevenir sur un principe fondamental : Hergésuggère plus qu’il ne montre; il s’agit avanttout de créer des ambiances, des atmosphèresimmédiatement identifiables par le lecteur,jeune ou moins jeune. En tentant d’être plusprécis, en ajoutant une série de détails docu-mentaires (parfois exigés par le lecteur ou sonéditeur), l’artiste n’arriverait en fait qu’à sur-charger son dessin et à noyer l’action dans unesurenchère de traits et de lignes parasites.

Des cases et des bulles pleines de malades…S’il arrive que les plus terribles des maladiesinfectieuses soient citées : la peste pulmo-naire, le choléra ou la rougeole annoncés parle dément Philipillus (le « prophète » dans« L’Étoile mystérieuse ») en passant par lapeste bubonique qui mettra en quarantaineLe Pachacamac dans « Le Temple du soleil »,rien ne semble vraiment mettre en péril lasanté de nos amis. Pas même la scarlatineque semble particulièrement craindre l’assu-reur le plus casse-pieds de l’univers, le trèsenvahissant Séraphin Lampion. Encore moinsla psittacose qui aurait pu affecter Milouaprès la morsure d’un perroquet au début de« Tintin au Congo ».Bien plus redoutables et fréquents sont lesbosses, plaies, traumas et autres problèmesd’agressions corporelles dues aux modes devie particuliers de Tintin, Milou, le capitaineHaddock, le professeur Tournesol ou encoreles Dupond(t). Ces personnages vedettes,comme des centaines d’autres d’ailleurs, sontsouvent mêlés à des histoires pleines derebondissements et d’actions musclées. Quoide plus normal donc de les voir régulièrementassommés, intoxiqués, blessés, mordus, élec-trocutés ou encore hypnotisés!

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Une constante à travers les années et dans lesdifférents récits : les éléments anxyogènes, lesscènes de souffrance, les moments pathé-tiques sont distillés avec parcimonie et obéis-sent aux lois du genre humoristique-réalistequi est la marque de fabrique du dessinateuret une des raisons principales de son succès.Comme une partition musicale bien rythmée,Hergé alterne toujours les séquences de ten-sion et de suspense avec celles qui illustrentson goût pour le burlesque, le comique desituation ou de mots. La charge est en grandepartie vidée de sa substance explosive. Rienne doit être totalement pris au sérieux…Devrait-on comprendre que l’homme auraittoujours cherché à édulcorer son discours, àarrondir les angles, à fuir dans le flou artis-tique ? Un comble pour le grand maître de laligne claire ! Hergé le démineur ne serait-ildécidément qu’un auteur pour des mineurs ?Les choses ne s’avèrent pas aussi simples.Nous l’avons souligné plus haut, plus leurcréateur avancera en âge, plus il mettra unesourdine aux péripéties mouvementées deses créatures d’encre et de papier. À partir desannées soixante, sa « comédie humaine »prendra de plus en plus des accents de matu-rité et, n’ayons pas peur des mots, de profon-deur psychologique.Quelle évolution entre les mouvements trèscahotiques, le travail quasi improvisé des pre-miers épisodes et plus tard, le découpagesophistiqué de récits comme « Tintin au Tibet »ou « Les bijoux de la Castafiore »! Que de diffé-rences entre le jeune Georges Remi de l’entre-deux-guerres, scout master jusqu’au bout dubéret, royaliste et catholique psychorigide etl’homme mûr et sceptique des seventies qui sepassionne pour la peinture d’avant-garde,défend la révolution de mai 1968, admire lesPink Floyd, Reiser, Wolinski et dévore tous lesouvrages qu’il trouve à propos de la psychana-lyse et des philosophies orientales!

Une ligne claire trouble ?Mais qui est donc ce « Renard curieux » (sontotem chez les scouts), ce Georges Prosper Reminé à Etterbeek le 22 mai 1907 et mort le 3 mars1983 à Woluwé-Saint-Lambert, ce dessinateurautodidacte au destin prestigieux et dont lanotoriété commence à croître dès le début desannées 30, non seulement en Belgique, mais

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aussi en France, en Suisse et même au Portugal ?À première vue, un homme sans histoires…mis à part les fabuleux récits qu’il imagineratout au long de son existence. Toutefois, mal-gré les nombreuses tentatives de l’intéressélui-même pour offrir au monde et à ses lec-teurs une image aussi lisse que le visage deTintin, son enfant de papier, il apparaît de plusen plus évident que ce virtuose du crayon aconnu des souffrances, voire des trauma-tismes, dans sa jeunesse et sa petite enfanceprobablement responsables de nombreuxproblèmes de santé, tant sur le plan physiqueque psychologique.Il y aura ce lourd secret jamais dévoilé à proposde l’identité de son grand-père maternel; il yaura aussi certains chapitres délicats liés à l’ap-prentissage du scoutisme; il y aura encore l’hu-miliation ressentie alors qu’adolescent il se feraéconduire par les parents de son premier grandamour… Et il faudrait aussi mentionner les dif-ficultés en rapport avec la conquête amou-reuse de celle qui allait devenir le 20 juillet 1932sa première épouse, Germaine Kieckens.Et que dire alors de ses problèmes de fertilitéqui le priveront à jamais du bonheur d’êtreparent, et que de commentaires pourrait-onencore faire à propos de l’immense frustration,associée à un profond sentiment d’injustice,alors que les foudres de l’épuration s’abattrontsur lui et son entourage à la fin de la secondeguerre mondiale. Et puis, comme c’est très sou-vent le cas chez les artistes, Hergé fut à maintesreprises envahi par le doute profond, incapablede créer, de dessiner et d’écrire la suite desaventures de ses héros. Sa charge de travail,énorme pendant de longues années, lui jouerabien des tours, de mauvais tours qui le paraly-seront littéralement, l’empêchant d’assumerses responsabilités professionnelles. Dans cesmoments-là, Hergé redevenait alors simple-ment Georges Remi, en proie aux démons exis-tentiels, fourbu et complètement désabusé,allant même jusqu’à haïr au plus haut pointson enfant de papier.La rencontre avec sa seconde épouse le pro-pulsa vers des horizons nouveaux et bouleversason existence, autant sur le plan professionnelque privé. Par exemple, lui qui n’avait jamaisvoyagé (ou si peu) se mit à faire le tour dumonde en compagnie de sa belle et jeune com-pagne Fanny Vlamynck, coloriste aux Studios

Hergé à partir de 1956 et qui deviendra enfinson épouse, en 1977. Mais la liaison avec Fannyconnut des débuts également très difficilesHergé étant partagé entre son nouvel amouret le respect d’une parole donnée à Germaineun quart de siècle plus tôt.Un profond sentiment de culpabilité le pour-suivait et se traduisit notamment chez le des-sinateur par de terribles cauchemars etdiverses affections psychosomatiques. Fortsensibilisé aux philosophies orientales et à lapsychanalyse à partir des années soixante,Hergé entama une thérapie auprès d’un dis-ciple de Jung, pratique qu’il abandonna rapi-dement pour se remettre au travail, contrel’avis même du thérapeute. C’est ainsi qu’ilréussit à boucler un album hors norme« Tintin au Tibet », très représentatif de l’étatd’esprit de son créateur, à la recherche de lapureté et de la sagesse.L’homme avait enfin réussi à « vaincre ledémon de la pureté ».Hergé nous a quittés le 3 mars 1983, aprèss’être courageusement battu contre une leu-cémie. Même très affaibli et conscient de safin proche, le dessinateur ne se départitjamais de son formidable et très british sensde l’humour : ainsi, lorsqu’il devait se rendreà l’hôpital pour une transfusion de sang, ilprenait congé de ses hôtes en disant « Bonsang ne peut languir »…

ConclusionSous son apparente simplicité, l’œuvred’Hergé est d’une incroyable richesse en réfé-rences en tous genres et le domaine de lasanté n’est pas en manque d’exemples, àchaque page ou presque, dans chaque aven-ture vécue par Tintin et ses amis, mais aussi,dans les autres séries que nous n’avons paseu l’occasion d’évoquer dans cette trop brèveprésentation. Il est dès lors vivement conseilléde vous replonger dans les albums de Quicket Flupke ou dans ceux de Jo, Zette et Jocko,série trop méconnue et qui pourtant recèled’abondantes perles graphiques et scénaris-tiques.Rarement, un dessinateur de bandes dessi-nées n’aura autant investi de lui-mêmedans son travail. Hergé a déclaré un jour :« Tintin, c’est moi ». On serait bien tenté dele croire, tant la charge affective et psycho-

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logique de l’auteur se devine dans ses caseset ses bulles. Lorsqu’on met en perspectiveles événements de la vie d’Hergé, ses préoc-cupations, ses joies et ses peines avec lespéripéties vécues par ses héros, on estfrappé de voir à quel point la réalité et la fic-tion se rejoignent, se recoupent et s’éclai-rent mutuellement. Ce n’est pas un hasardsi autant de psychanalystes, de psycho-logues, de sémiologues, de sociologues etde simples curieux se sont penchés sur untel phénomène. Mais je m’en voudrais determiner par une note trop cérébrale cettepetite réflexion qui n’a finalement qu’uneseule ambition : celle de vous inciter à une(re)lecture assidue des tribulations du petitreporter à la houppe, l’indémodable Tintin !

Dominique MaricqArticle basé sur le texte d’une conférencedonnée par l’auteur le 27 novembre 2009 àl’occasion de la parution du numéro 250d’Éducation Santé.Dominique Maricq est responsable desarchives aux Studios Hergé et auteur denombreux ouvrages sur la bande dessinée engénéral et sur l’œuvre d’Hergé en particulier. Ila réalisé récemment le catalogue etl’audioguide du Musée Hergé de Louvain-la-Neuve (www.museeherge.com). Il publiera cetautomne ‘Hergé côté jardin’ évoquant laplace du Brabant wallon dans la vie et l’œuvrede l’auteur de ‘Quick et Flupke’.

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La Ministre de la Santé Fadila Laanan le rappe-lait encore récemment dans nos colonnes, ellepoursuivra dans le futur la politique de promo-tion des attitudes saines lancée sous la précé-dente législature, en collaboration avec sacollègue responsable de l’Enseignement,Marie-Dominique Simonet.Vous trouverez ci-dessous de larges extraitsde son allocution à l’occasion de la remise deslabels MangerBouger 2010, qui encouragentles écoles mettant en œuvre des projets pour-suivant les mêmes objectifs.

La promotion des attitudes sainesau menu des prochaines annéesPour ne parler que de l’obésité, le Belge est,en moyenne, trop gros. Presque la moitié dela population présente une surcharge pon-dérale et un jeune de 2 à 17 ans sur cinq setrouve déjà en surcharge pondérale.D’après l’« Enquête de santé par interview »de 2008 qui vient de publier son premier rap-port, l’indice de masse corporelle moyen et lepourcentage de surpoids chez les adultes ontaugmenté linéairement depuis 1997.Comme vous le savez, l’obésité est fortementliée au mode de vie. Les régimes alimentairesdéséquilibrés et le manque d’activité phy-sique sont des facteurs de risque sur lesquelsnous pouvons et nous devons agir en tantque pouvoirs et services publics.Mais ce n’est pas tout.Il faut savoir que ce qui permet le mieux à nosconcitoyens de préserver une bonne santé,c’est :ı de disposer de revenus suffisants pour avoir

accès à un logement adapté aux besoins dela famille;

ı de pouvoir se nourrir correctement (fruitset légumes, meilleurs pour la santé, rem-plissent cependant moins bien un estomacque graisses et féculents);

ı d’avoir le sentiment d’être « maître de sa vieet de ses choix »;

ı de pouvoir offrir un réel avenir à ses enfants;ı d’avoir accès à des loisirs diversifiés…Une fois ces réalités identifiées, il devient évi-dent qu’une stratégie intersectorielle est pri-

mordiale en promotion de la santé, ceci afinde mettre en place des actions efficaces àlong terme.

Le rôle essentiel de l’écoleIl est reconnu internationalement que le gra-dient le plus important en matière de santé,c’est le niveau scolaire. Plus une personnesera scolarisée, plus elle aura de « chances »d’être en bonne santé.L’école constitue un milieu de vie privilégiépour favoriser l’apprentissage, pour mettreen place un processus de réflexion et unedynamique sur la santé, ainsi que pour offrirdes outils utiles.Les labels MangerBouger de la Communautéfrançaise constituent un bel exemple concretde sensibilisation à l’alimentation saine etéquilibrée et à l’activité physique en milieuscolaire. Les actions et les dynamiques misesen place dans de nombreuses écoles ontimpliqué les enfants, les parents, les ensei-gnants, les éducateurs, mais aussi les diffé-rents partenaires que sont les services depromotion de la santé des écoles concernées(PSE), les centres psycho-médico-sociaux(CPMS), ainsi que des acteurs du secteur non-marchand.

L’école constitue un milieu de vieprivilégié pour favoriser

l’apprentissage, pour mettre en placeun processus de réflexion et unedynamique sur la santé, ainsi que

pour offrir des outils utiles.ı

Je tiens, ici, à souligner le rôle essentiel des PSEet CPMS dans la mise en œuvre de tels projetsrelatifs aux attitudes saines dans les écoles.Ce sont des services de première ligne indis-pensables, qui connaissent bien leur popula-tion scolaire, qui bénéficient de contactsprivilégiés avec les écoles et qui disposentd’une longue expérience en promotion de lasanté à l’école. Parmi leurs missions figurent,d’ailleurs, la réalisation d’un « projet de Service

Les attitudes saines en Communauté française

de promotion de la santé à l’école » et l’accom-plissement des bilans de santé.Je voudrais aussi relever l’effort réalisé, enmatière d’attitudes saines, pour impliquertous ces intervenants. Cette démarche deconcertation et d’implication est essentielle.

L’action de la CommunautéfrançaiseSous la précédente législature, la Communautéfrançaise a développé un plan « attitudessaines ». Il se déclinait en plusieurs axes, dontla promotion des attitudes saines dans lesécoles, avec notamment les labels « alimenta-tion saine ».En outre, le Programme quinquennal de pro-motion de la santé et son Plan communau-taire opérationnel comptent la promotiondes attitudes saines en matière d’alimenta-tion et d’exercice physique parmi leurs thé-matiques prioritaires.C’est dans ce cadre que sont subventionnésdes projets de promotion de la santé, tels queles outils « Carnets de voyage » ou encore« En rang d’oignons », réalisés pour les ensei-gnants des classes maternelles et primaires.Ils proposent une multitude d’idées pouraborder l’alimentation saine de manièreludique.De manière plus générale, la Communautéfrançaise contribue au Plan national nutri-tion santé, qui a pour objectif de lutter contreles désordres physiologiques liés à une ali-mentation inappropriée et à un manque d’ac-tivité physique.Enfin, le dispositif de promotion de la santéen Communauté française permet aux orga-nismes qui le souhaitent d’obtenir de l’aidegratuitement pour concevoir et mettre enplace leurs projets de promotion de la santé.

PerspectivesLes actions mises en place pour favoriser lesattitudes saines dans les établissements sco-laires sont nécessaires et utiles.Citons, notamment :ı la création d’ateliers de discussion avec les

enfants, les parents et le personnel scolaire;

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ı les cours pratiques de cuisine adaptés auxhabitudes alimentaires;

ı l’augmentation du nombre d’heures d’édu-cation physique;

ı l’instauration d’une collation soupe ou fruità 10 heures.

L’école constitue un modèle important dansce qu’elle propose comme boissons et ali-ments à nos jeunes, que ce soit via les distri-buteurs installés dans ses murs ou via lescantines scolaires.Pour ces dernières, améliorer la qualité desrepas passe par une sélection des produits,une attention à la technique culinaire, unrespect de l’équilibre alimentaire. Mais il fautégalement y être attentif au coût des repas,qui doivent rester accessibles à tout lemonde.Il faut par ailleurs améliorer la formation dupersonnel; restaurer l’image des cantinespour optimaliser leur fréquentation; rendrele cadre convivial et attrayant; faire participerles enfants à l’élaboration des repas; promou-voir l’éducation au goût.Il faut, enfin, veiller à ce que la cantine soit unlieu calme, confortable, de détente, avec untemps de repas suffisant.

C’est dans cette logique que je m’inscris et ques’inscrit le gouvernement de la Communautéfrançaise.La Déclaration de politique communautaireprévoit d’ailleurs, pour ces matières :ı de poursuivre la politique de promotion des

attitudes saines en matière d’alimentationet d’activité physique, en tenant compte de

l’évaluation réalisée, en cohérence avec lePlan National Nutrition Santé;

ı de construire un programme relatif aucontexte et au contenu alimentaire des col-lectivités (cahier des charges, type de produits,qualité du lieu…).

Tous ces éléments montrent combien il estimportant de continuer à soutenir uneapproche coordonnée et concertée entre tousles acteurs du milieu scolaire et tous les sec-teurs concernés : l’enseignement, la santé,sans oublier les parents et les enfants.De nombreuses actions de promotion de l’ali-mentation saine sont déjà en cours dans lesétablissements scolaires grâce à la prise deconscience et au dynamisme des équipeséducatives et à leur partenariat avec leséquipes PSE/PMS.J’entends valoriser ces actions et j’entendsrenforcer le dispositif « facilitateur », ceci afind’appuyer positivement ces démarches et dedonner un support opérationnel et didac-tique aux équipes éducatives, pour travaillerdans une optique participative et partena-riale au sein des écoles.

Fadila Laanan

Le 19 mars 2010, un label MangerBouger arécompensé pour la troisième année consé-cutive les écoles actives dans ledéveloppement de projets d’alimentationsaine et d’activité physique.Ce qui motive les écoles c’est une reconnais-sance des efforts fournis par l’équipe maisaussi un fleuron pour l’établissement àl’heure où les parents sont de plus en plussoucieux de l’offre alimentaire proposée parl’école et de sa cohérence avec des objectifspédagogique, éthique et écologique.Septante implantations scolaires ont remisun dossier de candidature, et cinquante-deux ont reçu le label. Les lauréats ne sontpas répartis dans les mêmes proportionsque les populations desservies selon les pro-vinces. Par exemple, seulement deux écolesbruxelloises ont été retenues. La palmerevient aux établissements scolaires du

Hainaut, qui représentent une petite moitiédes écoles labellisées!Le dossier de candidature les invitait àdétailler les actions entreprises, commentelles s’intégraient dans le projet d’établisse-ment mais aussi à réaliser un cadastrecomplet de l’offre alimentaire proposée parl’école et de préciser le cadre dans lequel sontpris les repas. Une attention toute particulièrea été apportée à l’accès à l’eau de distributionet à la présence (ou de préférence l’absence!)de distributeurs de snacks sucrés et salés.La deuxième partie du dossier portait sur l’ac-tivité physique : quelles sont les actionsmenées pendant les cours et durant le tempslibre et l’accès à celles-ci ainsi que l’équipe-ment de la cour de récréation.Le dossier interrogeait aussi l’établissementsur les partenariats qu’il avait pu tisser afind’améliorer l’alimentation et/ou l’activité

physique. Les partenaires suggérés sont unservice PSE, un centre PMS, un CLPS, uneécole de devoir, une association de parents,le conseil de participation etc.Un autre aspect développé est le respect del’article 41 du Pacte scolaire (« Toute activitéet propagande politique ainsi que touteactivité commerciale sont interdites dansles établissements organisés par les per-sonnes publiques et dans lesétablissements d’enseignement libre sub-ventionnés »). Ce sont les activitéscommerciales qui sont ici visées.Le label est accordé pour une année, renouvelable lors du prochain appel à candi-datures.Vous trouverez la liste des lauréats àl’adresse http://www.mangerbouger.be/Label-mangerbouger-2010

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Les jeudi 30 septembre et vendredi 1er octobre,l’APES-ULg (www.apes.be) et Éducation Santé(www.educationsante.be) accueillent BernardGoudet,à l’occasion de la sortie récente de sonlivre « Développement des pratiques commu-nautaires en santé et développement local ».Bernard Goudet est intervenant en sociolo-gie, anthropologie et psychologie sociale. Sapratique se situe entre le monde de larecherche (il enseigne à l’Université VictorSegalen Bordeaux 2) et le développementd’interventions dans le champ de l’actionsociale et de la promotion de la santé (consul-tant en santé publique). Par ses conseils, ilcontribue à la réflexion et à l’action de diffé-rentes institutions locales ou régionales toutcomme il soutient de nombreux acteurs quitravaillent au plus près des populations. Dansson ouvrage, il nous fournit à la fois un rappeldes principaux documents de référence enmatière de promotion de la santé, développe-ment social et développement durable, desrepères théoriques et des schémas méthodo-logiques utiles, efficaces et facilement mobi-lisables pour l’action. Les réflexions qu’ilpartage avec le lecteur sont le fruit de trenteannées d’expériences et de réflexions sur ladynamique du changement social et les pro-cessus qui la soutiennent.

Conférence « La santé communautaire : le défi de la participation de la communauté » à BruxellesLe jeudi 30 septembre de 14h30 à 17h (accueilà 14h) en la salle de Conférence du FARES, ruede la Concorde 56, 1050 Bruxelles.Cette conférence s’adresse aux acteurs déjàimpliqués dans des actions de santé commu-nautaire, ou qui souhaiteraient s’y lancer,autour de la question de la participation.La participation et l’empowerment de la com-munauté demeurent les pierres d’achoppe-ment des pratiques communautaires.Souvent, les porteurs de projets ont l’impres-sion que les personnes impliquées dans les

actions ne représentent pas « vraiment » lesmembres de la communauté, que le passagene se réalise pas entre un groupe restreintconscientisé et l’ensemble de la commu-nauté.Il arrive aussi que la participation se limiteaux actions et qu’elle ne parvienne pas às’installer durablement dans la culture de lacommunauté.Comment impulser et maintenir durable-ment la participation de la communauté etfavoriser l’empowerment de celle-ci ? Avecquelles méthodes de planification, de dia-gnostic et d’évaluation ? Comment cesméthodes mettent-elles en place des pro-cessus d’apprentissages individuels et col-lectifs ?Les réponses à ces questions seront présen-tées au fil d’une série de situations types ausein desquelles se développent les actionscommunautaires. Ainsi, seront abordés pourchaque type de situation, le cadre de l’action(entre dispositifs inducteurs et actions issuesdu terrain) et ses liens avec les méthodesdéployées pour induire un mouvement, unchangement, pour impulser une mobilisa-tion.La conférence se déroulera en trois temps.L’intervention de Bernard Goudet sera intro-duite par une allocution de Madame AldaGreoli, secrétaire nationale des Mutualitéschrétiennes, qui situera les convergences decette intervention avec les options du mou-vement de l’éducation permanente.La fin de l’après-midi laissera une large placeau débat avec la salle.Le livre de Bernard Goudet, paru chez« Chroniques sociales » (Lyon), pourra êtreacquis à cette occasion au prix de 16,9 €.Les personnes intéressées par cette conférencepeuvent déjà marquer leur intérêt auprèsd’Éducation Santé en adressant un courriel à[email protected]. Elles recevront uneinvitation en bonne et due forme avant la findes vacances.

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Séminaire « L’action et l’évaluation, quelles articulations ?» à LiègeLe vendredi 1er octobre de 10h à 16h (accueil à9h30) en la salle des Professeurs de l’Universitéde Liège, place du XX août 7, 4000 Liège.Comment se composent les liens entre actionet évaluation ? Quel est le rôle de l’évaluationdans la dynamique des actions ? Commentle choix d’un paradigme sociologique de réfé-rence facilite et soutient le changement etl’empowerment au travers de la démarched’évaluation ? La démarche d’évaluation devrait être unepartie intégrante de tout projet. Dans le cadredes actions communautaires et de mobilisa-tion, elle présente deux faces. La première estcelle de la production de résultats en lien avecles objectifs des actions. La deuxième s’in-tègre dans un processus de mobilisation etde changement généré par l’évaluation elle-même. Ainsi, l’évaluation devient un desmoteurs de la mobilisation, de la participa-tion et de l’empowerment. Comment l’évaluation et l’action peuvent-elles s’articuler ? Quelles sont les théories etles méthodologies qui peuvent être mises enplace pour assurer la couture entre évalua-tion et action ? Comment les paradigmes« stratégique » (Crozier) et « actionniste »(Touraine) réalisent-ils cette articulation ?Quelles sont les méthodes qui permettent laparticipation des acteurs ? Comment mettreen place une évaluation participative à com-posante éducative telle que l’empowermentévaluation (Fetterman)? Quelle est la place de l’évaluateur, et plus lar-gement du chercheur par rapport à l’action ?Comment doit-il s’impliquer dans l’action ?Comment devient-il, parfois par devers lui, leporte-parole des porteurs de projet ?Les questions ne manqueront pas au cours dece séminaire ouvert à une vingtaine de parti-cipants. Il sera organisé en trois parties. Lematin, après une introduction par B. Goudetet un membre de l’APES, les participants

Leviers pour les pratiques communautaires et le développement local

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Les consommations problématiques ouabusives de substances licites (tabac, alcool,médicaments) ou illicites (cannabis,cocaïne...) et les dépendances diverses(Internet, jeux...) posent de véritablesquestions de santé publique et de société. Legouvernement de la Communauté françaisea prévu, dans sa Déclaration de politiquecommunautaire 2009-2014, une gestion etune prévention renforcées des assuétudes.Cette Déclaration de politique communau-taire mentionne notamment l’organisation,en partenariat avec les gouvernements wal-lon et bruxellois, d’une table ronde sur lesassuétudes réunissant tous les niveaux depouvoir concernés.

Temps 1La première rencontre s’est déroulée le21 mai 2010 au Parlement de la Communautéfrançaise. Elle a recueilli un franc succèsauprès des travailleurs actifs dans le secteur,et les organisateurs ont d’ailleurs dû refuserdu monde, malgré le petit nombre de parle-mentaires présents.Cinq ateliers ont été proposés aux partici-pants : les deux premiers étaient consacrés àla prévention et à la réduction des risques, etles trois suivants au tabac, à l’alcool et aux‘drogues’. D’aucuns ont relevé que ce décou-page ‘classique’ par produits était quelquepeu contradictoire par rapport à l’approcheglobale et intégrée que les professionnelsrecommandent...

Chaque atelier, placé sous la présidence d’unparlementaire, débutait par une mise encontexte de la situation en Communauté fran-çaise par quelques intervenants. Une façoncomme une autre de mettre en valeur des réa-lisations pertinentes, mais qui eut l’inconvé-nient de réduire fortement les échanges avecle public, ce qui était pourtant l’objectif.Ainsi, dans l’atelier prévention, animé parAlain Onkelinx, Philippe Bastin (Infor-Drogues) put à peine esquisser une véritablemise en perspective de la problématique,devant céder le micro à des présentationssans doute intéressantes, mais par trop anec-dotiques pour nourrir un débat 1. Il put néan-moins rappeler utilement que la préventiondevrait reposer sur un travail éducatif de qua-lité et sur la promotion de milieux de vie lemoins ‘toxicomanogènes’ possible...Dans l’atelier ‘réduction des risques’, modérépar Sophie Pécriaux, le débat fut égalementtrès court. On en retiendra surtout que, mal-gré l’intérêt des pouvoirs locaux pour la ques-tion, les opérateurs en réduction des risquessont en manque de reconnaissance. Ils sou-haitent bénéficier d’un cadre légal qui se jus-tifie pleinement à leurs yeux. Le public est eneffet très demandeur d’actions du type‘comptoir d’échange de seringues’ ou ‘testingde substances dans les festivals’, etc.Après la pause, place aux ‘thématiques’ donc.L’atelier’ Alcool’, dirigé par André du Bus nousoffrit l’occasion d’entendre un remarquableplaidoyer de Pascale Anceaux (Infor-Drogues

elle aussi) pour ‘ramener un peu de plaisirdans le discours éducatif’, après une introduc-tion ironique sur le ‘binge drinking’ sociale-ment correct des adultes... Elle souligna aussiavec des mots choisis la fascination exercéepar la sensorialité et la sensualité des publi-cités en faveur des boissons alcooliques, et leparadoxe du produit, objet à la fois d’uneforte valorisation sociale et d’une non moinsforte dévalorisation de l’individu alcoolique.Pour sa part Martin de Duve (Univers santé),chevalier blanc de la régulation du secteur del’alcool par les pouvoirs publics, rappelait qu’ilest ‘hallucinant’ (c’est le mot exact qu’il aemployé) d’observer que dans notre pays, lecode de bonne conduite (en état d’ivresse ?)du secteur a quasi force de loi. La Belgiquen’est pas le pays de la bière pour rien!Dans l’atelier ‘tabac’, qui mobilisa un faiblenombre de participants, Caroline Rasson(FARES) planta le décor de la prévention dutabagisme aux niveaux européen, régional etassociatif. Elle s’étendit ensuite sur l’aide et l’ac-compagnement spécifique du public jeune,avec des pistes concrètes d’intervention.Valérie Hubens (Fédération des maisons médi-cales) souligna l’intérêt que revêt la premièreligne et ses équipes pluridisciplinaires poureffectuer un travail tant curatif que préventif.Catherine Dungelhoeff (Centre Alfa) soulevala problématique de la lourdeur administra-tive et du financement par projets, inadaptéà une approche globale et pérenne des assué-tudes. Point de vue largement partagé!

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Les tables rondes consacrées aux assuétudes

1 Nous espérons vous proposer prochainement l’intégralité du texte qu’il avait préparé pour l’occasion.

auront l’occasion de présenter, s’ils le souhai-tent, des actions, des projets, des recherches,des réflexions ayant trait à ces questions.Après une pause de midi où une collation seraofferte, l’après-midi sera consacrée à la discus-sion et à la confrontation des pratiques avecl’éclairage de B. Goudet. Les débats seront syn-thétisés et publiés dans la revue ÉducationSanté.

Les personnes intéressées par ce séminairepeuvent marquer leur intérêt auprès del’APES-ULg avant le 20 août 2010([email protected] ou 04 366 28 97) enproposant en quelques lignes une expérience,une réflexion ou une question qu’ilssouhaitent partager à l’occasion de ceséminaire.Un programme complet sera fourni

ultérieurement aux personnes inscrites. Toutedemande d’information complémentairepeut être adressée à Gaëtan Absil au SCPSAPES-ULg ([email protected]).

Gaëtan Absil, Chantal Vandoorne (SCPSAPES-ULg) et Christian De Bock

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L’après-midi, sous la présidence de ChantalLeva, la Présidente du Conseil supérieur depromotion de la santé, fut consacrée aux syn-thèses des ateliers de la matinée, suivies debrèves mises au point des ministres FadilaLaanan et Evelyne Huytebroeck et de repré-sentants de certains de leurs collègues wal-lons, bruxellois et communautaire.La Ministre de la Santé de la Communautéput ainsi rassurer les travailleurs des ‘pointsd’appui assuétudes’ logés dans les CLPS enleur annonçant le renouvellement prochainde leur financement.Les autres équipes soutenues par la Com -munauté entendirent avec envie la repré-sentante de Benoît Cerexhe dire que lesagréments bruxellois sont maintenant àdurée indéterminée (avec toutefois unelégitime exigence d’évaluation régulière),et celle d’Eliane Tillieux annoncer qu’il ensera prochainement de même en Régionwallonne. Intéressant !Chantal Leva résuma avec à propos les pointsd’attention de la journée : concertation – par-tenariat – ‘contrat de confiance sur le longterme entre le politique et les opérateurs’ –‘créativité des équipes pour dépasser une cer-taine précarité et des financements limités’– communication avec le monde politique.Ce dernier élément venait à son heure aprèsle discours d’Olivier Saint-Amand (2e vice-pré-sident du Parlement) sur ‘les assuétudes (qui)gagnent du terrain’, quelque peu en porte-à-faux par rapport aux échanges de la journée.Une approche convenue, trouveront certains,mais néanmoins intéressante en ce sensqu’elle exprimait un point de vue sans doutemajoritaire dans l’opinion publique...

Cette première table ronde visait, à partird’un état des lieux et de l’analyse des pointsforts et des points faibles du dispositif de pré-vention en Communauté française, à repé-rer les besoins non couverts par les structuresactuelles, à recueillir les propositions d’amé-lioration ainsi qu’à identifier des perspectiveset des priorités pour le futur. L’avenir dira sicet objectif a été rencontré. Ce qui est évidenten tout cas, c’est que le secteur abrite biendes talents, qui auront eu pour une fois l’oc-casion de se mettre en évidence. Rien quepour cela, la journée aura été utile!

Temps 2Deuxième volet de la démarche des MinistresTillieux et Laanan, la Table ronde du 28 mais’inscrivait dans le champ de l’accompagne-ment et des soins.Il y eut quelques parlementaires de plus dansla salle, mais cette fois, on nous avait prévenuque tel n’était pas l’objectif... Les échangesfurent moins frustrants. Meilleure organisa-tion réfléchie avec le terrain ou résignationdes participants ?D’emblée le champ de la réflexion fut d’unepart celui du décret relatif au Plan de cohé-sion sociale dans les villes et communes deWallonie et, d’autre part, des recommanda-tions du Collège d’experts (2005). Le Plan de cohésion sociale, c’est un peu lapromotion de la santé appliquée à la gestiondes villes et communes. En effet, il se déclineen actions coordonnées autour de quatreaxes : l’insertion socioprofessionnelle, l’accèsà un logement décent, l’accès à la santé en cecompris le traitement des assuétudes et leretissage des liens sociaux, intergénération-nels et interculturels. Il est donc heureux qu’ilait été identifié dès le départ comme toile defond de la réflexion. Une idée à porter peut-être : celle d’une vision de la santé solidementancrée dans le secteur psycho-social, ce quipermettrait de s’éloigner de la préventionpasteurienne et des soins hygiénistes et para-sités par le fantasme du risque zéro.Les recommandations du Collège d’experts,c’est son président, Benoît Declerck,qui les rap-pela. Il souligna la disparition de la notion detolérance dans la Note du Gouvernementconjoint, notion bien présente dans le texteinitial. Oubli significatif ? Il rappela la nécessitéd’inscrire la promotion d’un mode de vie non-dépendant dans un continuum, de clarifier lesrôles, de reconnaître la légitimité de la straté-gie de réduction des risques et de dénoncer lesinterventions sécuritaires. Il rappella aussi lemanque cruel de concertation des acteurs deterrain par le pouvoir fédéral, cette situationsemblant ne pas être de mise au niveau wal-lon où les acteurs se sont félicités d’un dialogueaccru avec l’administration.Quatre ateliers ont favorisé de véritables dis-cussions :ı les réseaux dans tous leurs états : pour

quelle complémentarité ?

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ı la famille dans tous ses états : quelle placepour chacun ?

ı la transversalité dans tous ses états : versquelle approche ?

ı la réduction des risques dans tous ses états :pour quelles perspectives ?

Les échanges ont permis de relayer certainesattentes et demandes du terrain : stabilisationdes équipes en général et particulièrement enCommunauté française, augmentation desmoyens et allègement des procédures admi-nistratives, décloisonnement des politiquesmenées en matière de drogues, inscription desprojets dans la durée, décloisonnement de laprévention.Autre élément émergeant : l’intérêt de pla-cer la charte associative du 12 février 2009 aucentre des réflexions.Que retenir de cette journée ? Certainementla volonté réaffirmée des deux ministresTillieux et Laanan de réinscrire la probléma-tique des assuétudes comme un des axesprioritaires de leurs politiques ainsi que leurvolonté d’entendre le secteur dans son besoinde pérennisation des actions et des équipes.Mais aussi, retenir, ainsi que l’a rappelé BenoîtDeclerck, que la prévention est un vrai métier,à part entière, qui n’appartient pas au secteurdes soins, ni à celui de l’éducation ni au sécu-ritaire. Nos ministres l’auront-elles entendu ?

Les journées du 21 et 28 mai s’inscrivent dansune démarche continue. La Communautéfrançaise et la Région wallonne prévoient eneffet, dès l’automne, l’organisation d’une troi-sième table ronde regroupant les différentsniveaux de pouvoir. Cette concertation per-mettra d’établir des stratégies de travail pouroptimaliser la cohérence de la politique delutte contre les assuétudes et l’articulationentre les trois piliers (prévention, réductiondes risques, traitement), tout en tenantcompte de la réalité et de la contribution dechaque niveau de pouvoir eu égard à sescompétences.

Christian De Bock, avec l’aide de CaroleFeulien (RESO UCL) pour la table ronde de laCommunauté française et de PascaleAnceaux (Infor-Drogues) pour celle de laRégion wallonne

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Certains auteurs frappent les esprits lorsqu’ilsarguent que la médecine préventive n’est paséthique. Leurs arguments portentgénéralement sur l’inévitable conflit entre laliberté individuelle et les choix imposés par lasanté publique. Ils mettent aussi en exerguela difficulté pour les généralistes de consacrerune partie du temps normalement allouéaux soins curatifs pour faire de la prévention.Certains vont même jusqu’à dire que lamédecine préventive systématique sert lesintérêts financiers des firmespharmaceutiques 1. Nous vous proposonsquelques réflexions à ce sujet.La question de l’éthique en prévention n’estpas neuve. Plusieurs aspects poussent eneffet le corps médical à une saine prudencedans ce domaine. Quatre de ces aspects noussemblent essentiels : la volonté de ne pasnuire; le respect de la liberté individuelle; ledésir de justice sociale; la question de la res-ponsabilité de la prévention.

Primum non nocereCommencer par ne pas nuire à son patient,voici un principe d’Hippocrate bien ancré dansnos mémoires. Il est d’ailleurs régulièrementévoqué en médecine préventive pour justifierl’abstention. Non sans raison d’ailleurs.Car la prévention s’adresse à des personnesa priori non malades, ou à tout le moins nonatteintes de la maladie que l’on veut préve-nir. L’acte que l’on pose dans ce cadre ne vientpas soulager une souffrance mais vise à évi-ter un évènement de santé potentiel. Or quidit potentiel, dit qu’on n’est pas sûr que la per-sonne qui est en face de nous présentera vrai-ment un jour ce problème de santé. Avantd’agir, mieux vaut donc être sûr du bien-fondé de cette action.Des balises existent. Que ce soit en vaccina-tion, en dépistage ou en modifications decomportement, des recommandations sont

régulièrement publiées. Celles-ci se basent laplupart du temps sur des analyses coût/effi-cacité.En matière de dépistage, le Conseil supérieurde promotion de la santé de la Communautéfrançaise a rappelé récemment les critères del’OMS à appliquer aux examens de dépistagepour de bonnes pratiques 2.

La promotion de la santé rassembledifférents niveaux d’actions :

politique, organisation des servicesde santé, environnemental,

communautaire. Certaines de ses caractéristiques

peuvent nous être utiles.ı

Synthétiquement, on peut dire qu’un exa-men de dépistage ne se justifie que si lamaladie qu’il dépiste est sévère, fréquente,curable, décelable très tôt dans l’histoire dela maladie et si son pronostic peut être amé-lioré grâce à une prise en charge précoce. Letest de dépistage doit être efficace mais aussiacceptable par la population, continu dans letemps (le test ne peut être pratiqué une foispour toutes) et d’un coût raisonnable. Les pro-grammes de dépistage doivent par ailleursrépondre à certaines caractéristiques d’orga-nisation (par exemple en termes de délai leplus court possible entre l’examen et la trans-mission du résultat et entre le résultat et letraitement), de gestion, d’assurance de qua-lité et de respect de l’autonomie des per-sonnes ciblées.Il n’est donc pas question de recommanderun dépistage de problème de santé que l’onne peut soigner ou pour lequel le dépistageserait synonyme de diagnostic avancé dansle temps sans modification de l’évolution dela maladie. Il n’est pas question non plus de

RÉFLEXION

Est-il éthique de faire de la prévention ? Est-il éthique de ne pas faire de prévention ?

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recommander un dépistage qui entraîneraitun coût excessif pour le patient, un taux defaux positifs excessif (avec la batterie d’an-goisse et de prise en charge médicale inutileque cela entraîne) ou un taux élevé de fauxnégatifs (avec la fausse réassurance qui y estliée et qui peut entraîner une perte deconfiance dans l’examen, voire un diagnos-tic trop tardif car différé).C’est ce qui explique un nombre relativementrestreint de dépistages recommandés et unenécessité impérative d’évaluer en continu cesdépistages. Car ce qui semble être une évi-dence aujourd’hui peut être mis à mal demain.En matière de vaccination aussi, des balisesexistent. L’efficacité du vaccin doit être démon-trée, avec un nombre et une forme d’effetssecondaires acceptables. La faisabilité d’obten-tion d’une couverture satisfaisante du groupecible doit également être prise en compte. Carun taux insuffisant de couverture peut avoirdes effets délétères sur la population notam-ment parce qu’il n’empêche pas la circulationde l’agent infectieux. Celui-ci peut alors tou-cher d’autres groupes non protégés de la popu-lation, des personnes plus âgées par exemple.Dans ce domaine, protection individuelle etprotection publique ne vont donc pas tou-jours de pair et certains actes opportunistespeuvent avoir des effets extrêmement néga-tifs sur la communauté. Ce fut le cas de larubéole, dont la vaccination opportuniste nepermit d’atteindre que 60-70 % de couver-ture avec un déplacement de l’infection chezles adultes et une augmentation du risquede rubéoles congénitales par primo-infectionchez des femmes en âge de procréer. Une sys-tématisation de la vaccination fut nécessaireet recommandée. La question de l’impact col-lectif d’une vaccination opportuniste ne peutdonc être ignoré (et devrait peut-être êtreposée pour d’autres vaccins comme la vari-celle par exemple).

1 Eeckeleers P. La médecine préventive est-elle éthique ? RMG 2009; 259 : 31.2 Conseil supérieur de promotion de la santé de la Communauté française. Examens de dépistage - pour de bonnes pratiques. Document approuvé par le Conseil supérieur de promotion de la santé,

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Outre le dépistage et la vaccination, la préven -tion peut également appréhender les facteursde risque des maladies. La consommationd’alcool, de tabac, l’obésité, le manque d’exer-cice physique ont montré clairement leurimpact délétère sur la santé. Oui mais... cescomportements ne sont pas là par hasard etconcourent à un certain équilibre de la per-sonne.Pour ne pas nuire en tentant de modifier cescomportements, il faut aussi des balises. Unsavoir, un savoir-faire et un savoir-être maisaussi des relais à qui faire appel en cas de dif-ficulté sont indispensables.

Respect de la liberté individuelleNotre société a fait de la liberté individuelleune valeur centrale. Et l’on ne peut envisagerun acte médical sans que le patient ne puissey opposer un refus, ou à tout le moins nepuisse donner son consentement éclairé(hormis les situations de grande urgence, cequi n’est pas coutumier de la prévention,reconnaissons-le). L’adhésion de la personneà qui on propose un geste préventif estcependant perçue comme plus importantequ’en curatif parce que son objet est le futur,le probable même.En dépistage, trois critères de l’OMS évoquentclairement cette préoccupation.1) La procédure de recrutement ne doit pas

constituer une entrave à la liberté des gensde participer ou non au programme dedépistage.

2) Les participants potentiels doivent recevoirune information adéquate sur le pour et lecontre d’une participation. Les bénéficesainsi que les risques devraient égalementêtre bien connus des prestataires de soins.

3) Les campagnes grand public doivent promouvoir une large accessibilité du pro-gramme mais sans exercer une pressionmorale.

Avec ces 3 critères, on aborde donc la possi-bilité de refus, la nécessité d’informer et lerespect de l’autonomie.Malgré tout, il faut être clair. Pour qu’un pro-gramme de dépistage soit efficace, il doitatteindre une couverture suffisante de lapopulation. Sinon, les moyens alloués à ceprogramme ne sont pas rentabilisés et le rap-port coût/bénéfice est négatif. Donc un

patient peut refuser mais il ne faudrait pasqu’ils soient trop nombreux à faire de même.En matière de vaccination, le raisonnementn’est pas différent. En cas de refus, non seu-lement l’objectif de protéger la populationrisque de ne pas être atteint mais en plus ilrisque de mettre particulièrement en dangerdes sous-groupes de population.Et dans le domaine de la modification descomportements ? C’est le domaine où laquestion de la liberté individuelle se pose dela manière la plus cruciale. Le style de vie estpar essence individuel, fruit d’une histoirepersonnelle, participant (ou non) à l’équilibrede l’individu. Il ne peut être changé qu’avecl’accord, la volonté de l’individu concerné. Iln’est pas question d’imposer du jour au len-demain l’abstinence à tous les patientsconsommateurs de tabac, l’exercice physiqueà tous les sédentaires ou l’amaigrissement àtoutes les personnes obèses. Et c’est heureuxcar on plongerait dans un totalitarisme pré-ventif qui ne nous grandirait pas.Alors comment gérer cette apparente contra-diction : systématisation versus respect de laliberté individuelle ? En abandonnant toutobjectif collectif ? Certainement pas. En don-nant une information éclairée pour quechaque individu puisse choisir en connais-sance de cause ? Oui mais sans tomber dansla persuasion ou la pression morale. Alors ?Et si nous pensions à la promotion de lasanté ?Le concept de promotion de la santé ras-semble différents niveaux d’actions : poli-tique, organisation des services de santé,environnemental, communautaire. Certainesde ses caractéristiques peuvent nous êtreutiles.Un des objectifs clé de la promotion de lasanté est de favoriser la participation despopulations. La définition de la promotion dela santé telle que proposée par l’OMS en 1986est « le processus qui confère aux populationsles moyens d’assurer un plus grand contrôlesur leur propre santé, et d’améliorer celle-ci.Cette démarche relève d’un concept définis-sant la “santé” comme la mesure dans laquelleun groupe ou un individu peut d’une part, réa-liser ses ambitions et satisfaire ses besoins et,d’autre part, évoluer avec le milieu ou s’adap-ter à celui-ci.

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La santé est donc perçue comme une ressourcede la vie quotidienne, et non comme le but dela vie; il s’agit d’un concept positif mettant envaleur les ressources sociales et individuelles,ainsi que les capacités physiques. Ainsi donc,la promotion de la santé ne relève pas seule-ment du secteur sanitaire : elle dépasse lesmodes de vie sains pour viser le bien-être.»En promotion de la santé, le citoyen doit rece-voir les moyens de prendre une décision sursa santé en toute connaissance de cause. Celaimplique que ce citoyen ait le savoir maisaussi que l’on prenne en compte ses priori-tés, sa perception du risque, de la maladie, sareprésentation de la santé. Cela implique unevision globale et respectueuse de la personneavec laquelle on ouvre le dialogue.Un meilleur taux de couverture pour les vaccins ou les dépistages ne suffit plus.Aujourd’hui, pour améliorer la santé despersonnes concernées, c’est avec elles, dansle colloque singulier, que des décisions réa-listes pour leur santé sont réfléchies.Chaque patient peut avoir ses propres prio-rités et il faut pouvoir en tenir compte : ledépistage et l’attitude à avoir en cas derisque ne doivent pas être mécaniques.L’autonomie de la personne, l’équité ou labienfaisance ne peuvent se décider demanière unilatérale par les professionnels,mais dans un dialogue permanent où laparticipation des premiers concernés – lesusagers – est encouragée.En promotion de la santé, le refus d’un actepréventif est clairement envisagé. Il faut l’ac-cepter mais ne pas en rester là. Il fautapprendre à négocier avec le patient, s’accor-der sur le fait de pouvoir en reparler plus tard,suivre les étapes du processus de Prochaska.C’est là où le savoir, savoir-faire et savoir-êtreprennent tout leur sens. Or, une spécificitéde la médecine générale est précisément cetravail de fond de rester présent au fil desans, d’être disponible et de revoir chaquepatient autant de fois que nécessaire poursa santé. Et cela, quel que soi(en)t le(s) pro-blème(s) de santé qui motive(nt) chaquecontact. L’autonomie de chaque patientécouté et correctement informé est unobjectif éthique des généralistes. Négocier– sans imposer – est une attitude favorisantla participation des patients.

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3 Doucet H. Médecine et prévention : considérations éthiques. Médecine sociale et préventive 1987; 32 : 38-41.4 Deccache A. Comment ont évolué les concepts et pratiques de prévention des maladies et de promotion de la santé ? Vingt-huit ans après : une relecture de Pierre Mercenier. Santé conjuguée 1999; 10 :30-335 Hoffman A. Promenade de santé. Santé conjuguée 1999; 10 :34-40.6 Provost M-H et autres. Description, impact et conditions d’efficacité des stratégies visant l’intégration de la prévention dans les pratiques cliniques : revue de la littérature. Québec. Ministère de la

Santé et des Services sociaux. 2007. 168 p.7 Quint-essenz. Développement de la qualité en prévention et promotion de la santé : critères de qualité. Promotion Santé Suisse, version 5. Nov 2007.8 Éducation Santé. Réduire les inégalités sociales de santé. 245. Mai 2009.9 Giet D. Les grands défis à relever en médecine générale. RMG 2008; 252 : 154-156.10 Jonckheer P, Hubens V, Laperche J, Prévost M, Legat P, Wathelet T et Dufour A. Les médecins généralistes et les associations de promotion de la santé... RMG 2008; 255 : 289-291.

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Justice sociale et responsabilitéen préventionDepuis que la santé est devenue un ‘capitalà préserver’, la responsabilité des individusest clairement pointée du doigt. Chacun doiten quelque sorte œuvrer à la préservation dece qu’il a reçu, en adoptant des comporte-ments sains. Le concept de liberté individuelleest sous pression : on peut refuser un actepréventif, on peut refuser de modifier uncomportement mais le risque est grand dese voir alors tenu pour responsable de sasituation en cas de maladie.Pourtant, on sait que les comportements nesont pas uniquement le fruit d’une décisionraisonnée et individuelle. L’appartenance àun groupe social semble déterminante dansla prise de décision. Pour être juste et équi-table, il ne faut pas ignorer les originessociales complexes des problèmes de santé.Comme le disait déjà un auteur canadien en1987, « L’accent mis sur le rôle central de l’indi-vidu risque de servir d’argument à une sociétépour fuir ses responsabilités à l’égard desgroupes pauvres et culturellement désavan-tagés » 3.Pour être équitable, on ne peut donc se baseruniquement sur l’individu. Une vision plusglobale s’impose. La prise en compte de l’en-vironnement au sens large, physico-chimiquemais aussi socio-économique est indispen-sable. Le travail en réseau, en collaboration,en partenariat peut s’avérer nécessaire dansce cadre. Car le médecin ne peut résoudre àlui seul les problèmes sociaux de la commu-nauté dans laquelle il officie. La responsabi-lité de la prévention ne lui revient pas plusqu’au patient seul. Elle est partagée par tousles niveaux de pouvoirs et d’actions. Elle exigel’action concertée de tous les intervenants.La prévention peut alors devenir promotionde la santé et dépasser le cadre des facteursde risque pour s’intéresser aux conditions quifont que les gens se sentent en bonne santéet aux facteurs « producteurs » de santé

(coping, self efficacity, locus of control) 4. C’estun angle différent de ce pourquoi le médecinest formé : la résolution de problèmes.D’autres partenaires sont dès lors indispen-sables, y compris des non professionnels dela santé (professeurs, parents, travailleurssociaux, etc.).

ConclusionsLa médecine préventive a des particularitésqui font peur. Elle s’adresse à des personnesnon malades a priori, alors que le primumnon nocere d’Hippocrate est gravé dans nosmémoires. Elle a aussi parfois un objectif pluspublic qu’individuel. Elle peut culpabiliser,stigmatiser. Mais ne pas prévenir peut aussiêtre nuisible. Est-il éthique de ne pas évoquerl’arrêt du tabac à un patient fumeur alorsqu’on sait que cette simple suggestion seraefficace dans 5 % des cas ? Est-il éthique defaire courir à son patient mais aussi à la com-munauté le risque d’une flambée d’infectionspour lesquelles on sait qu’il existe un vaccinefficace ?

Le concept de liberté individuelle estsous pression : on peut refuser unacte préventif, on peut refuser de

modifier un comportement mais lerisque est grand de se voir alors tenupour responsable de sa situation en

cas de maladie.ı

Des balises sont indispensables et elles exis-tent. La promotion de la santé est une pistefavorable au respect de l’éthique dans la pré-servation de la santé. Ce concept modifie lesrôles de chacun : individus, médecins maisaussi politiques, enseignants, acteurs sociaux...Il implique pour le médecin généraliste unerelation tournée vers le dialogue, la négocia-tion, une ouverture à d’autres intervenants,une approche globale.

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En 1999,Axel Hoffmansoulignait déjà que, « lapromotion de la santé invite à se pencher sur lesens de la santé et de la maladie, tant dans levécu de l’usager qu’au niveau des représenta-tions collectives, à se détacher des concepts figéspour répondre à la demande de sens » 5.À quoi le médecin généraliste faisant de lapromotion de la santé doit-il dès lors êtreattentif pour rester cohérent avec les dimen-sions de la promotion de la santé 6, 7 ?1 À l’écoute des patients et à la prise en compte

de leurs connaissances et expériences anté-rieures.

2) À l’information, aux avis et conseils adap-tés aux patients sur les comportements àrisque et les comportements sains.

3) À la connaissance des conditions de la viequotidienne des patients et des détermi-nants sociaux qui influencent leur santé :(non)emploi, logement, niveau d’éducation,risque social, situations de précarité.

4) À l’attention particulière à accorder auxpopulations fragilisées 8.

5) Au suivi dans le temps et à l’accompagne-ment des patients dans leurs changementsde comportement de santé si ceux-ci sontnécessaires. Pour cet accompagnement, legénéraliste n’est pas seul. Il peut orienter lepatient vers une diététicienne, un club desport, un groupe d’entraide, etc.

Ce travail pluridisciplinaire en réseau ou enéquipe montre sa pertinence et son effica-cité 9. Il est d’autant plus efficace quand lesdifférents partenaires se rencontrent etapprennent à se connaître 10.

Pascale Jonckheer, Jean Laperche, Vinciane Bellefontaine, Valérie Hubens,Marianne Prévost, Pierre Legat, André DufourArticle publié dans la Revue de médecinegénérale n° 266, octobre 2009, et reproduitavec son aimable autorisation

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1 Serge Tisseron est psychiatre, psychanalyste et directeur de recherche à l’Université de Paris X-Nanterre.2 Martin de Duve est infirmier, licencié et maître en santé publique et directeur d’Univers santé.3 Un avatar est un personnage représentant un utilisateur sur Internet et dans les jeux vidéo.4 S. Tisseron, L’intimité surexposée. Éd. Ramsay, août 2001, réédition Hachette, 20035 Petites séquences filmées tirées généralement de jeux vidéo (souvent des jeux de tirs en vues subjectives).6 Films créés à partir d’une caméra de poche (ex. caméra de GSM).

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Le 29 octobre 2009, une journée d’échangesur les relations entre les jeunes et les écransa eu lieu à l’initiative des membres du Réseaud’échanges en matière d’assuétudes (Rézéa)et du Centre verviétois de promotion de lasanté (CVPS).Cette journée a mobilisé les acteurs profes-sionnels de l’arrondissement de Verviersautour d’une préoccupation de plus en plusimportante, à savoir comment agir et préve-nir les comportements problématiques queles jeunes entretiennent avec les écrans. Cescomportements mettent parfois à mal la pra-tique des professionnels et les contraint àrepenser la prévention, l’approche du jeunemais aussi l’éducation aux médias.Après les présentations d’usage, SergeTisseron 1, dans le cadre de son exposé intitulé« Les adolescents et les médias : nouvelle cul-ture et propositions », nous a entretenu desrelations que les jeunes établissent avec lesimages et de leurs rapports aux nouvellestechnologies. Martin de Duve 2, quant à lui, aabordé la question des pratiques commer-ciales émergentes favorisées par les nouveauxmoyens de communication tels que Facebook,MSN ou encore les abonnements GSM.L’après-midi était consacrée à un débat enplénière – nourri par les questions du publicrecueillies à la pause – permettant aux par-ticipants de partager leurs expériences,d’échanger sur leurs préoccupations.

« Les adolescents et les médias :nouvelle culture et propositions »Pour Serge Tisseron, « les nouvelles technolo-gies induisent chez les jeunes de nouveauxcomportements qui dessinent peu à peu unenouvelle culture. Ce n’est plus celle du livre,mais des écrans ». Pour lui, ces nouveaux com-portements s’organisent autour de 4 axes :

ı la représentation de soi;ı la relation aux autres;ı le rapport aux images qu’on voit et qu’on

fabrique;ı la relation à l’espace, au temps et à la

connaissance.

La représentation de soi et la relation aux autresL’enfant, dès son plus jeune âge, est confrontéà une multitude d’images de lui-même quelui renvoient les « écrans » auxquels il estconfronté. Plus tard, le jeune va explorer cesidentités diverses à travers de nombreux« avatars » 3 et cela dans l’optique de « mieuxcerner le foyer virtuel de sa personnalité ».À côté de la relation « public-intime » qui nousconcerne tous, S. Tisseron envisage la relation« intime-extime ». Pour lui, l’extimité repré-sente ce besoin qui pousse les personnes à« extérioriser certains éléments de leur vie, (...)pour mieux se les approprier en les intériori-sant sur un autre mode grâce aux échangesqu’ils suscitent avec leurs proches » 4. La rela-tion « intime-extime » est donc fondamen-tale dans la construction de l’identité et del’estime de soi.Sur Internet, les jeunes côtoient des pairs, maisaussi des « tuteurs » perçus comme des adultesmieux informés sur les nouveaux médias queleurs propres parents. Il peut en découler undésir de rencontre « pour de vrai » qui doit êtrebalisé par les parents. Dès son plus jeune âge,l’enfant doit pouvoir être sensibilisé à la diffé-rence entre « public » et « intime ».

Le rapport aux images qu’on voit et qu’on fabrique : « Rien n’est vrai,rien n’est faux, tout est cadré »Sur Internet il est impossible de différencierle réel du truqué, le questionnement du

LOCALE

« Écrans @plat : regards croisés sur les cyberconsommations,de l’enfant au jeune adulte »

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jeune ne porte pas sur la différence « vrai-faux » mais bien sur la question « Commentces images ont-elles été fabriquées ?».Questionnement qui doit être encouragéd’autant plus que le jeune, bien souvent, estlui-même créateur, producteur d’image.À ce propos, s’il est nécessaire de valoriser sesproductions, il est primordial d’apprendre aujeune mais également à l’enfant, leur « droità leur image » (« Demande-moi mon avis !»,« Qu’est ce que tu vas faire de la photo ?»)?.La valorisation de ces productions peut sefaire, par exemple, par le biais de journées deprésentation de Machinima 5 et/ou de Pocketfilms 6 dans les écoles, les quartiers ou lescommunes.

La relation au réel et à la connaissance :« Apprendre autrement »S. Tisseron nous rappelle que « le modèle deconnaissance privilégié par les ordinateursest intuitif et inductif. Il s’oppose au modèlescolaire de connaissance qui est hypothético-déductif ».Partant, il est nécessaire de « préparer lesélèves à un avenir dans lequel de nombreusesdonnées seront sous forme non écrite.» Pourcela, il faut :ı aider les élèves à inventer de nouveaux

outils (ex. apprentissage de la programma-tion pour des machines de plus en pluspuissantes);

ı accompagner les élèves dans le passage dela passivité à l’interactivité, de l’interactivitéà la fabrication et de la fabrication à la créa-tion.

Quant aux familles, elles doivent cadrer etaccompagner la découverte des NTIC et sur-tout les introduire au bon moment (voir enca-dré page suivante).

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La publicité dans les nouveauxmédias À l’aide d’images publicitaires et de vidéostirées du net, Martin de Duve a démontré lesmécanismes utilisés par les publicitaires engénéral, mais plus précisément, ceux véhicu-lés par ce que l’on appelle les nouveauxmédias. L’évolution liée à l’apparition des nou-veaux médias ne tient pas tant dans la trans-formation des messages publicitaires maisdans les moyens utilisés pour atteindre lespublics cibles et surtout les jeunes, public dechoix pour les publicitaires.Parallèlement aux médias classiques qui affi-chent une publicité « above the line » (expli-cite-directe), les nouveaux médias distillentleurs messages « below the line » (implicite-indirecte). La pub s’associe à des événements,à des tribus, à des groupes, à l’Internet, à desactions promotionnelles (bons, concours), àdes événements d’actualité... Elle fonctionnedavantage sur le mode du bouche à oreille,

des réseaux de relations ou encore sur l’e-marketing.Ainsi l’e-marketing utilise les réseaux sociaux 7,les newsletters, les sites tels que « Daily motion »ou « You Tube » pour valoriser et faire parlerdes produits. Depuis quelques temps, on voitapparaître des « buzzs visuels »: vidéos desti-nées à promouvoir un produit ou une marquediffusées largement sur Internet, avant mêmeque le produit soit commercialisé. L’avantaged’Internet est ici flagrant : une portée très largeà moindre coût...

La personnalisation du messageMartin de Duve décline les moyens utiliséspar les nouveaux médias pour toucher lespublics plus personnellement :ı ciblage contextuel : adaptation du bandeau

publicitaire sur la page, en fonction ducontexte d’apparition;

ı ciblage géographique : l’Internet permet unciblage géographique très précis en tempset en heures;

ı ciblage sur un profil interne : le profil de toutinternaute peut être visible grâce à sesvisites précédentes ou par les données per-sonnelles demandées par certains sites lorsd’une inscription...

ı ciblage sur le profil externe : il existe un algo-

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rythme qui interroge la base de données desinternautes (pages visitées, matériel infor-matique...) et adapte le message commercialpar rapport à ces données.

Ces ciblages montrent bien combien les sitesdiffusant des profils tels que Facebook,Amazone... participent au développement deces pratiques. Les messages deviennent ausside plus en plus interactifs (cliquer sur unebande annonce...) ce qui favorise leur ancrage.Le même type de ciblage peut être utilisé parla téléphonie mobile, les opérateurs se décla-rant impuissants quant aux messages publi-citaires véhiculés.

Et dans les jeux vidéo ?Certains publicitaires ont trouvé, dans lesjeux vidéo, un territoire de choix pour s’affi-cher en toute subtilité... Le fait de s’afficherde manière presque inaperçue augmente lesentiment d’immersion de la pub dans le jeu,et donc l’impact sur le joueur.

Et la loi dans tout ça ?Il persiste un certain flou autour de l’applica-tion de la loi-cadre datant de 1991 légiférantles pratiques commerciales. Celle-ci porte surl’interdiction de la publicité mensongère etde la publicité cachée et règlemente les

Règle « 3-6-9-12 »Pas d’écran avant trois ans; pas de consolepersonnelle avant six ans; Internet accom-pagné à partir de neuf ans, Internet seulaprès douze ans.

Du point de vue du champ de l’enseignementDonner des repères théoriquesı sur les usages (par exemple, tous les

usages actuels de la photographie);ı sur les conditions de production des divers

médias (jeux vidéo);ı sur les spécificités de chaque média.Donner des repères pratiquesı la différence entre espace intime et espace

public;ı le droit à l’image : « Demande-moi mon

avis!» et « Qu’est ce que tu vas faire de laphoto ?»;

ı « Rien n’est vrai, rien n’est faux, tout estfabriqué »: la question du point de vue.

Favoriser les usages encadrés des outils uti-

lisés par les jeunes : consoles de jeu, lecteursMP3, téléphones portablesı pour re-motiver tous les élèves;ı pour renouveler l’approche des élèves en

difficulté (personnalisation desapprentissages);

ı pour développer des compétences avancées :l’esprit d’initiative et la capacité de coopérer;

ı pour préparer les futurs citoyens auxconséquences sociales du virtuel.

Valoriser les productionsMachinima (filmés à l’intérieur d’un jeu vidéoou d’un univers virtuel) et Pocket films (tour-nés au téléphone mobile).Du point de vue des collectivités publiquesConfier des responsabilités et des budgets

aux jeunes pour l’organisation de ces ren-contres;Créer des espaces polyvalents (permettantla coexistence et la rencontre, dans unmême lieu, d’usagers de générations et d’in-térêts différents); éphémères et susceptiblesd’être détournés (par exemple des frichesprovisoires transformées en terrains d’aven-ture); à la fois réels et virtuels (sous la formed’espaces ouverts aux échanges sur un sitevirtuel);Privilégier des dispositifs qui donnent unegrande place au corps, à la parole et à l’em-pathie – comme la mise en place d’activitésde jeux de rôle dès les classes maternelles.

Les recommandations

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mécanismes de comparaison dans la pub.Seulement deux organismes peuvent régu-ler la pub : le Conseil Supérieur de l’Audio -visuel (CSA) et le Jury d’éthique publicitaire(JEP), ce dernier étant financé par le secteurde la pub, des médias et les annonceurs! Onpeut craindre que ces organismes aient peude poids quant à l’application réelle de la loide 91. On peut aussi souhaiter une meilleureharmonisation de la législation et unemeilleure protection des jeunes consomma-teurs.

Une seule piste : l’éducation aux médiaset le développement de l’esprit critiqueMartin de Duve invite tous les professionnelset les « éducateurs » à :ı observer ces différentes pratiques publici-

taires et les décortiquer, ceci étant uneentrée en matière ludique et non stigma-tisante;

ı poser un regard décalé sur nos pratiques deconsommation;

ı analyser la publicité à l’aide d’une grille 8;ı partir des représentations du public cible.Cela peut se faire en organisant des ateliers,des animations de terrain, en exploitant desoutils 9 dans les différents milieux de vie telsque la famille, les maisons de jeunes, l’école...Les jeunes posent, sur Internet, des actes deconsommation sans leurs parents. Les pra-tiques commerciales qui se développent par lesnouveaux médias sont davantage agressiveset ciblées. Cela demande une vigilance par rap-port à la protection des mineurs, une réglemen-tation et un plus grand contrôle. Renforçons,dès lors, l’éducation des jeunes et leur esprit cri-tique par rapport aux nouveaux médias!

ConclusionUne série de recommandations (voir encadrépage précédente) ont émaillé les exposés,passionnants, de nos deux orateurs invités.Exposés enrichis par la qualité des échangesqui ont suivi et où S. Tisseron et M. de Duveont eu l’occasion de préciser leur pensée.

8 Martin de Duve propose une grille d’analyse simple à base de questions destinées à orienter l’observation critique.9 De nombreux outils existent déjà : « Les jeunes savent pourquoi », « L’outil Pictogramme »... Ils ont été réalisés par des professionnels de l’éducation aux médias et sont disponibles au CVPS ou dans

tout autre CLPS. L’outil « Les publicitaires savent pourquoi » sur l’industrie de l’alcool est téléchargeable sur le site www.jeunesetalcool.be10 Jean Blairon est docteur en philosophie et lettres, formateur d’adultes et directeur de l’asbl RTA (Réalisation Téléformation Animation).

MATÉRIEL

Un outil de référence en alimentation

Partenariat entre les secteurs public et privé,l’asbl Nubel (pour Nutriments Belgique) gèredepuis près de 20 ans l’information nutrition-nelle scientifique relative aux denrées alimen-taires qui constituent le régime « standard »des Belges. Elle propose aux professionnelsde la santé, aux enseignants, aux groupe-ments d’intérêt, ainsi qu’à tous les consom-mateurs plusieurs outils faciles à utiliser envue d’équilibrer l’alimentation et de mieuxcomprendre ses enjeux pour la santé.Dans ce cadre, Nubel vient de publier la 5e édi-tion de la « Table belge de composition desaliments », qui apporte des informationsnutritionnelles complètes sur les denrées lesplus fréquentes dans l’alimentation des

Belges. Celle-ci reprend quelque 1.200 pro-duits, détaillés en 32 nutriments (énergie,vitamines, minéraux, graisses, sucres...).Cette nouvelle édition comporte quelqueschangements majeurs par rapport à l’éditionprécédente, en vue d’offrir une informationplus complète et plus facile à utiliser au quo-tidien.Tout d’abord, elle est plus conviviale et pra-tique à utiliser, grâce à une nouvelle mise enpage. Celle-ci présente désormais les alimentspar « groupes », en utilisant les mêmes codescouleurs que ceux repris dans la pyramide ali-mentaire active (par exemple le bleu ciel pourles boissons, le vert pour les fruits et leslégumes...).

Pour mieux répondre aux besoins actuels enmatière d’information nutritionnelle, Nubela également ajouté dans cette édition cer-tains nutriments, notamment dans lesgraisses. Ainsi, dans la structure des acidesgras, on retrouve désormais les acides grasoméga-3, oméga-6 et trans. Le sélénium etla vitamine D ont également été intégrés auxminéraux et vitamines.La Table mentionne aussi les apports journa-liers recommandés (AJR) pour les enfants etles adultes.Enfin, dernier atout, Nubel a effectué un tra-vail de normalisation des quantités et despoids des aliments les plus courants. En effet,les informations nutritionnelles sont présen-

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Enfin, c’est Jean Blairon 10 qui a eu pour lourdetâche de synthétiser les échanges de la jour-née et d’y apporter un éclairage complémen-taire. Tâche dont il s’est acquitté avec brio,notamment en redéfinissant le concept de« nouvelle culture » et en insistant sur lanécessité de la mise en place « d’un pro-gramme d’action collectif dans l’espacelocal » dont trois champs au moins pour-raient être les instigateurs, à savoir le champculturel (éducation aux médias), le champ dela santé (réduction des risques) et le champde l’aide à la jeunesse (prévention des vio-lences structurelles).

Raffaelle Bracci, coordinateur du CVPS, etAnicée Tillieux, chargée de projet du CVPSAdresse des auteurs : Centre verviétois depromotion de la santé, rue de la Station 9,4800 Verviers. Tél.: 087 35 15 03. Fax : 087 35 44 25.Courriel : [email protected]. Internet : www.cvps-verviers.net

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tées, comme dans toutes les informationsscientifiques sur l’alimentation, par 100g deproduit. Pour faciliter la compréhension desinformations, la nouvelle Table propose untableau des poids et mesures des denrées ali-mentaires. On y retrouve ainsi le poids d’unepomme de terre cuite de taille moyenne,d’une cuillère à soupe de beurre ou de mar-garine, d’une orange, d’une tranche de paincarré blanc ou gris, etc.

Les acides gras trans : une évolution positive dans l’industrie alimentaireDe récentes études ont mis en évidence queles valeurs des acides gras trans d’un certainnombre de produits alimentaires avaient évo-lué positivement par rapport au passé.Largement en baisse, ces valeurs témoignentdes efforts engagés par l’industrie alimen-taire, et notamment du secteur de la biscui-terie.La Table de composition des aliments Nubelpeut être commandée en versant 12,14€ sur lecompte bancaire n° 435-2015961-90 de Nubel,

en indiquant e n communication « TCA » ainsique le nombre d’exemplaires souhaités.Pour de plus amples informations : Nubel asbl, Carine Seeuws, Eurostation - Bloc II,

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Place Victor Horta 40 boîte 10, 1060 Bruxelles. Tél.: 02 524 72 20. Fax : 02 524 73 98. Courriel : [email protected]. Site : www.nubel.com.

« Vivre avec », une BD contre la discrimination et pour plus de solidarité

Composée de 17 planches de bande dessinée,cette brochure conçue par la Plate-formePrévention Sida et ses partenaires est desti-née aux adolescents. L’objectif principal estde sensibiliser ceux-ci à la solidarité et à lalutte contre les discriminations à l’encontredes personnes séropositives.Pourquoi la BD ? C’est un moyen de commu-nication important auprès des jeunes, unmoyen efficace d’attirer leur attention sur unproblème et pour qu’ils se sentent concernés.Plusieurs textes accompagnent ces planchesde BD. Une partie est consacrée au rappel desinformations essentielles sur le sida. L’autrepartie tente de sensibiliser les jeunes à la dis-crimination. De manière simple, on abordeles stéréotypes, les préjugés, les mécanismesqui mènent à la discrimination.

La volonté est de mettre à disposition un outilpédagogique qui plaise aux jeunes mais éga-lement de pouvoir soutenir les profession-nels qui travaillent avec des adolescents.Une fiche pédagogique accompagne la bro-chure, qui pourra aider les animateurs à tra-vailler en groupe et à aborder plus facilementla thématique du sida. Cette fiche pédago-gique donne des conseils pour parler de sida,et plus largement de sexualité, elle fait étatdes enquêtes sur la discrimination des per-sonnes séropositives et propose une anima-tion, étape par étape, sur ce thème. Cetteanimation est directement en lien avec labrochure. Elle propose aux jeunes de créereux-mêmes les dialogues de planches de BD.« Vivre avec » s’adresse donc aux écoles, PMS,PSE, Plannings, AMO... et à toutes les institu-

L’asbl Nubel (Nutriments Belgique) a étécréée en 1990, dans le but d’aider lesconsommateurs belges à composer unrégime alimentaire équilibré et à améliorerleurs habitudes alimentaires. Pour ce faire,Nubel utilise le NIMS (Nubel InformationManagement System), une base de donnéesmultilingue unique conçue par ses soins.Celle-ci rassemble de nombreuses informa-tions scientifiques et nutritionnelles sur lesnutriments que contiennent les denrées ali-mentaires consommées en Belgique.Nubel met toutes ces données à la disposi-tion des diététiciens et des médecins, ducorps enseignant, des organismes et asso-

ciations scientifiques, des consommateurs...Nubel est le fruit d’un partenariat entre lessecteurs public (le Service public fédéralSanté publique, Sécurité de la Chaîne ali-mentaire et de l’Environnement, Directiongénérale Animaux, Végétaux etAlimentation et l’Institut scientifique deSanté publique (ISP) et privé (la Fédérationde l’Industrie alimentaire FEVIA et laFédération des Entreprises de DistributionFEDIS).Elle diffuse ses informations via sa Tablebelge de composition des aliments, son siteInternet, son planning alimentaire en ligneet sa Banque de données des produits demarques.

Nubel en quelques mots

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tions et associations qui encadrent des ado-lescents et qui peuvent en profiter pour dis-cuter avec eux de la discrimination.Une affiche a également été réalisée pour

faire la promotion de la brochure. Ce matériel est disponible à la Plate-formePrévention Sida via [email protected] le 02 733 72 99 ainsi qu’auprès du CLPS de

Un film d’Orane Burri, 1er Prix du Jury Éducation et Promotion de la santéC’était il y a un peu plus de dix ans, le2 octobre 1999. Thomas se donnait la mortd’une rafale de fusil d’assaut, après avoir

tenté en vain de s’ouvrir les veines et deprendre des médicaments. Le jeune hommelaissait à ses proches, en guise de testament,plusieurs heures d’enregistrement vidéoretraçant les sept derniers mois de sa vie.Thomas avait 22 ans. Passionné de cinéma, il

tournait des courts métrages avec ses copains.Mais dans les derniers mois de sa vie, sa caméralui a surtout servi de confidente : tous les joursou presque, Thomas s’est filmé dans l’intimitéde sa chambre, en cachette. Il a confié à lacaméra tout ce qu’il ne voulait pas avouer à ses

VU POUR VOUS

ImagéSanté 2010 : les films récompensés

Tabou

Après les moments forts du festival et lesinterviews de quelques personnes-clés, voici lepalmarès de l’édition de cette année, avec bienévidemment une attention particulière aulauréat ‘éducation et promotion de la santé’.

Dans la session Environnementet Santéı 1er prix : Homo Toxicus, de Carole Poliquin

(2008)ı Mention spéciale : Mâles en péril, de Sylvie

Gilman et Thierry de Lestrade (2007)

Dans la session Santé mentaleı 1er prix : La dernière tentation, de Claude

Couderc (2009)

Dans la session Santé et Travailı 1er prix : La mise à mort du travail - la des-

truction, de Jean-Robert Viallet (2009)

Dans la session Multimédiaı 1er prix : Raconte-moi l’hôpital - les mots pour le

dire(DVD distribué par l’Hôpital Érasme - ULB)ı Mention spéciale : Tous ensemble au Collège

(DVD distribué par Les Films du Sud)

Dans la session Mutualitésı 1er prix : Secrets de plantes - L’if aux fron-

tières de la vie, de Jean-Luc Bouvret (2009)ı Mention spéciale : Mon frère, mon sang,

de Michèle et Bernard Dal Molin (2008)

Dans la session Médicaleı 1er prix : L’œil de verre, de Frédéric Compain

(2008)ı 2e prix : Hidden Heart, de Cristina Karrer et

Werner Schweizer (2008)ı 3e prix : La vie en tête, de Sophie

Bensadoun (2009)ı Mention spéciale : Des chauves-souris et

des hommes, de Jean-Marie Migaud etJon Kalina (2009)

ı Mention Solidarité : Harouna, Aboubacar,Zeinabou - Enfants du Noma, de ChristianLajoumard (2009)

ı Mention Recherche et didactique :Chirurgie extrahospitalière de la cataracte,d’Albert Galand (2009)

Dans la session Éducation et Promotion de la santéı 1er prix : Tabou, d’Orane Burri (2009)

ı 2e prix : Demain, j’irai mieux, de DominiqueHenry et Vincent Detours (2008)

ı 3e prix : L’enfance sourde, de BrigitteLemaine (2008)

ı Mention spéciale : Les mots du scrabble, deMathias Desmarres (2007)

Dans la session Biodiversité et Santé - MIF-Sciencesı 1er prix : Les médicaments du futur - l’océan

pharmacien, d’Ariel Nathan (2009)ı Mention spéciale : Un vaccin dans la boue,

d’Annamaria Talas (2008)

Pour en savoir plus sur les films en compéti-tion et primés, rendez-vous sur www.image-sante.org, ou demandez au CLPS de votrerégion un exemplaire du catalogue de filmsdistribué lors du Festival. La liste des films en compétition disponiblesà la Médiathèque peut être obtenue auprèsde Christel Depierreux, Service Éducatif de laMédiathèque, Place de l’Amitié, 6 - 1160Bruxelles, tél.: 02 737 19 29, fax : 02 737 18 88,courriel : [email protected],Internet : www.lamediatheque.be.

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votre région ou des associations de préventionsida de Namur et Charleroi.

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proches : son mal-être, sa frustration, sa réso-lution de mourir. Et son étrange excitation faceà « ce projet très grave, très beau, très grand ».Dès le premier enregistrement, daté du prin-temps 1999, Thomas annonce qu’il n’attendplus rien de la vie. « Mon rêve absolu, c’estd’être réalisateur de films. Mais je ne vais pasy arriver. Je ne fais presque rien depuis monbac. Ce qui me dérange, c’est de n’arriver à rienartistiquement. Si je n’y arrive pas maintenant,quand est-ce que j’y arriverai ?»Au sentiment d’être un raté s’ajoute la décep-tion amoureuse. C’est là qu’intervient OraneBurri, la réalisatrice, à l’époque âgée de 17 ans.« Orane, c’est une jeune fille qui fait de la vidéo »,résume Thomas dans un de ses premiers enre-gistrements. Ils se sont rencontrés lors d’unconcours de jeunes réalisateurs. Elle l’obsède,mais se refuse à lui. « Je n’arrête pas de penser àelle. Je vis complètement dans les fantasmes et jesuis frustré parce que ça loupe à chaque fois. Cettehistoire, je vais en parler jusqu’à la fin de ma vie.»Convaincu que sa vie est un échec, Thomas adécidé que sa mort sera un chef-d’œuvre. Son« grand projet », comme il le désigne, c’est de toutfaire pour que son suicide surprenne et impres-sionne son entourage. Il va donc s’employer à nerien laisser paraître de son mal-être autour de lui.Surtout, il va s’employer à tout planifier, avec unerigueur méthodique et un apparent détache-ment. On le voit ainsi disserter sur le moment leplus opportun pour se donner la mort : « Je nevais pas me tuer au milieu de l’été. Les gens seronten vacances, ça n’intéressera personne. J’hésite àle faire plutôt à la rentrée.» Plus tard, il confie à lacaméra que « s’ouvrir les veines, c’est le sommetdu romantique, avec la pendaison ».Mais le plus important, dans cette mise en scènemacabre, ce sont les enregistrements. Thomassait que le témoignage vidéo qu’il laisse à sesproches provoquera la stupéfaction et l’émo-tion : « Quelqu’un fera peut-être quelque chosede ces cassettes un jour, un film, un vrai film.»Plus tard, il ajoute : « Ce que je veux, c’est lais-ser une trace derrière moi. Je veux que les genstrouvent incroyable ce que j’ai fait. C’est tota-lement égocentrique. »Obsédé par la réussite de son « projet »,Thomas semble peu se soucier de la souf-france des autres. Lorsqu’il songe au moment

où sa mère trouvera son cadavre, il admetque «ça va peut-être détruire sa vie », mais ilajoute : « C’est ma vie. Je m’en fous pas mal dece que ça fait aux autres.»Là est toute l’ambiguïté de ce témoignage, àla fois bouleversant et choquant. Commentne pas se sentir ému par le désespoir deThomas, et en même temps dérangé par cebesoin de mettre en scène son suicide ? Sesproches eux-mêmes s’avouent encore dérou-tés par son geste. « Je ne savais rien de ce qu’ilfaisait », confie Eva Putsch, la mère deThomas. « Il était gai, joyeux, plein d’humour.Il a sciemment caché toutes les traces de cequ’il préparait. Il nous a tous manipulés.» 1

L’avis d’Éducation SantéC’est sans doute une fierté malsaine qui apoussé Thomas à mettre en scène sa mort, il alaissé cette vidéo pour que quelqu’un en fasseun jour quelque chose. Comme le dit très juste-ment sa sœur, il voulait se tuer mais sans doutepas mourir... Il devait aller jusqu’au bout pour nepas perdre la face. Sa mère ajoute même, dansles derniers moments où il filme sa propre mort,il a du mal à en finir, il n’a plus de force, peut-êtremême plus l’envie d’en finir, mais il faut qu’il aillejusqu’au bout de son « projet ».Tabou est un film poignant, dérangeant... Onne comprend pas l’acte de Thomas, ni la miseen scène qu’il a faite autour de son suicide.Par moment, on lui en veut même pour sonégoïsme et la froideur avec laquelle il confieses plans à la caméra. Il semble vouloir en finiravec une certaine forme de souffrance maisle côté théâtral de la chose dérange!

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Rencontre avec Orane Burri,réalisatrice du filmÉducation Santé : Qui était Thomas pour vousexactement ? Vous vous connaissiez depuislongtemps ?Orane Burri : Un amateur de court métragesvidéos comme moi, rencontré dans un concoursde vidéo pour les jeunes. Je ne l’ai connu qu’unan (il avait déjà prévu de se suicider). Je n’avaisaucun lien avec son entourage. Il était un élec-tron libre dans mon propre entourage, aveclequel j’avais des conversations plus profondesqu’avec d’autres amis de mon âge.ES : À qui Thomas avait-il laissé ses vidéos ?Étiez-vous mentionnée comme « héritière » dece triste testament ?OB : Il n’y a pas de testament, ça serait tropsimple. Mais il y avait suffisamment de phraseslaissées de-ci de-là pour laisser entendre que cescassettes étaient destinées à devenir un film, etj’étais la seule personne dans son entourage àme diriger vers le cinéma, il le savait...ES : Quelle a été la réaction de l’entourage faceà cette mise en scène ?OB : Sa famille a respecté le choix de Thomaset a respecté à la lettre les instructions laisséespar Thomas pour l’enterrement. Ça a été mor-bide pour tout le monde et très douloureux.ES : Tout le monde a-t-il eu le courage de vision-ner les cassettes ?OB : Non, seuls la police, sa mère et moi avonsvu les cassettes.ES : Quel a été votre sentiment en les visionnant ?OB : Beaucoup de sentiments... Colère, haine,tristesse, culpabilité, comme toute personnevis-à-vis d’un suicide je crois, avec ou sans cas-settes...ES : Pourquoi avoir attendu si longtemps avantde les regarder et d’en faire un film ?OB : Je ne me sentais pas prête, je n’avais que17 ans à l’époque. J’avais décidé de ne pasregarder les cassettes tant que je n’avais paspris la décision de faire le film, et cela m’a prisdu temps pour décider. Il était hors de ques-tion de voir les cassettes si je prenais la déci-sion de ne pas faire le film.ES : Qu’est-ce qui vous a poussée à utiliser cetémoignage de cette façon ?OB : Un des pièges, c’était justement l’ambi-guïté du personnage de Thomas. Il y avait de

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1 Extrait du site de la TSR (Télévision suisse romande), qui a diffusé le film, suivi d'un débat.

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sa part une certaine volonté qu’un film existe.Il imaginait sans doute un film totalementcentré sur sa personne. Mais, pour moi, il étaithors de question de glorifier le personnage.Je n’ai pas fait ce film pour obéir à sa dernièrevolonté mais pour aider les gens à com-prendre ce qui peut pousser un jeune hommeà se donner la mort. À ce titre, le témoignagede Thomas est unique, parce qu’il montre del’intérieur les réflexions d’un suicidaire. ES : Thomas était vraisemblablement amou-reux de vous et vous a déclaré sa flamme. Àcette époque, vous rendiez-vous compte quequelque chose ne « tournait pas rond »?OB : Je pressentais qu’il y avait quelque chosede lourd derrière lui, mais je ne savais pasquoi. J’ai eu peur lorsqu’il m’a demandé de luiparler, filmée par sa caméra dans un local,pour expliquer mon refus (après sa déclara-tion). J’ai refusé et exigé qu’on se voie dansun café et sans caméra. Ainsi, je me doutaisqu’il tenait un journal intime vidéo. L’instinctde survie probablement...C’est dans ce café que j’ai compris que ce« quelque chose de lourd » était son inten-tion de se suicider...ES : Qu’aviez-vous décelé pour lui demanders’il comptait en finir ?OB : Il avait un pseudonyme pour ses films... Ilparlait de « son côté obscur » qui lui empoison-nait la vie, il parlait du suicide de l’une de sesconnaissances avec quelque chose d’admira-tif... Je venais de lire « La part des ténèbres » deStephen King, où un écrivain est harcelé parson propre pseudonyme réincarné. Ça m’a faitpenser à Thomas... Je lui ai demandé pourquoiil n’essaierait pas de s’en débarrasser symboli-quement... Il m’a répondu « c’est ce que jem’apprête à faire » et là, j’ai compris et je lui aicarrément posé la question, tu n’as pas l’inten-tion de faire une connerie ?Pour lui ce n’était pas une connerie... Il arépondu non. Je ne l’ai pas cru, je n’ai rien fait.J’ai respecté son intimité...ES : Qu’avez-vous pensé la première fois quevous avez entendu ses propos vous concernantdans les cassettes ? Vous êtes-vous sentie cou-pable ? OB : Honnêtement, je ne sais plus exacte-ment par quoi je suis passée comme senti-ments, mais je n’ai jamais regretté une seuleseconde de l’avoir éconduit. Je ne me sens pas

responsable de sa mort (il avait décidé de sesuicider avant qu’on fasse connaissance). Jesuis passée par là au mauvais moment.N’importe quelle fille qui lui aurait porté unpeu d’attention aurait fait l’affaire... Parcontre, de la colère et de la tristesse et sur-tout un sentiment de gâchis énorme...ES : Avez-vous des regrets vis-à-vis de Thomas ?OB : Non. Peut-être celui de ne pas avoir parléà d’autres de cette histoire. Ils auraient pu meguider vers des personnes à même de m’ai-der à gérer ça et peut-être de rentrer encontact avec Thomas ou/ et sa famille... Aprèsla question est toujours la même et la pro-blématique est expliquée dans le film : lesgens sont-ils prêts à entendre quelqu’unqu’ils ne connaissent pas les mettre en gardecontre l’envie suicidaire d’un proche ? J’espèreque ce film permet aux gens de comprendrece problème avant de le vivre eux-mêmes etdonc de réagir un peu mieux le cas échéant.ES : Ne vous est-il pas arrivé de le détester ?Certains de ses propos peuvent faire de luiquelqu’un de méprisable, non ? OB : Oui je l’ai détesté. Méprisable, le termeest un peu fort et surtout, il porte un juge-ment. Il était en colère, il était pathétique, ilsouffrait et dans ces cas-là, on attaque pourne pas souffrir plus... Donc oui il avait des dis-cours d’adolescent en crise. De plus il avait unego démesuré et un côté manipulateur assezpervers... Ça fait beaucoup de poids dans labalance pour être méprisé des autres... Maispour moi, ce n’est qu’un effet secondaired’une souffrance plus grande qu’il n’arrivaitpas à analyser.ES : Comprenez-vous son geste ou du moinsl’expliquez-vous maintenant ?OB : C’est une question trop intime quitouche chaque individu de manière diffé-rente, je ne peux donc répondre à la place del’autre. Après, je pense que Thomas était dansune motivation suicidaire qui s’apparente ausymptôme du Phénix. L’envie symbolique dese tuer pour passer à autre chose (que l’onretrouve chez beaucoup d’adolescents)...Malheureusement il a eu à sa portée unmoyen létal radical (une arme de service).ES : Les lecteurs de la revue Éducation Santésont des acteurs de première ligne en promo-tion de la santé. Parmi ces professionnels, despersonnes œuvrant à la prévention du suicide,

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spécifiquement chez les jeunes. Quel messagevoudriez-vous leur faire passer ? Quel usage dela vidéo peuvent-ils faire ?OB : Il faut parler du suicide et prendre encompte l’entourage des jeunes : les amis, lesparents, les profs... Ce sont eux les premièrebalises de détresse qui seront à même d’aler-ter plus loin. Mais sans avoir vécu ce drame,on ne sait pas comment réagir lorsqu’on a undoute vis-à-vis de quelqu’un : souvent on nefait rien, par respect de l’intimité de l’autre,en ne voulant pas croire, on n’ose pas poserla question « as-tu l’intention de te suicider ?»car on ne saurait pas quoi répondre en cas deréponse positive. Du coup aucun dialogue nes’instaure et aucune évolution n’est possibledans le sens de l’ouverture, ce qui peut êtrefatal et très douloureux pour les proches.Parler ne veut pas dire qu’on sauve la personneà tous les coups. Le suicide reste une décisionpersonnelle... Mais souvent chez les adoles-cents, c’est une phase qui passe si la personneest accompagnée. Et elle pourra l’être seule-ment avec de l’aide et de l’aide de profession-nels car c’est trop lourd pour les proches deporter cela sur leurs seules épaules.Malheureusement, souvent on prendconscience de cela trop tard, parce que l’on avécu soi-même le drame du suicide d’unproche. Ce film sert à faire vivre cette expé-rience aux gens pour qu’ils acquièrent cetteattention à l’autre sans avoir vécu le drameeux-mêmes. C’est précieux. Qu’ils l’utilisentavec intelligence, toujours accompagnéd’une discussion afin que cela soit construc-tif, c’est tout ce que je peux souhaiter.ES : N’avez-vous pas peur que ce film laissecroire à certains jeunes mal dans leur peau quemourir de cette façon peut leur permettre dedevenir quelqu’un ? Ou pensez-vous qu’ilsaient le recul nécessaire pour comprendre lagravité de l’acte de Thomas et la souffrancequ’il inflige aux autres ?OB : Non, je n’ai pas cette crainte. D’ailleurs,Thomas, dans les faits, n’est devenu personne :il est mort... Et c’est tout le problème avec le sui-cide. On ne devient pas quelqu’un en étantmort. Thomas n’avait rien fait durant sa vie àpart quelques films amateurs en vidéo, il estmort. On en retient quoi ? Un jeune hommemalheureux et mort. Je ne pense pas que celafasse rêver... Même pour les ados qui pensent

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«Être dans le vent est une ambition de feuille morte »

Milan Kundera

CommunicationLiège

8 et 15 juillet ou 12 et 19 août 2010Atelier ‘Je, tu, il… nous communiquons’, pour aider à

mieux communiquer dans le respect de soi et des

autres.

Cela se passera de 9h15 à 16h30 au Planning le ‘37’,

rue St Gilles 29, 4000 Liège. Gratuit. Participation

obligatoire aux deux journées.

Renseignements et inscriptions : 04 223 77 89.

Promotion santéGenève

11 au 15 juillet 201020e Conférence mondiale de l’UIPES sur la promotion

de la santé : santé, équité et développement durable.

Cette conférence a pour but de bâtir des ponts entre

le domaine de la promotion de la santé et celui du

développement durable.

Cette conférence sera l’occasion de :

ı présenter et discuter les toutes dernières

connaissances et questions transversales en

matière de promotion de la santé et de

développement durable;

ı présenter et mettre en question les pratiques

exemplaires en promotion de la santé, avec un

accent mis sur la durabilité;

ı mettre en place des alliances et des partenariats

solides pour promouvoir des politiques et des

pratiques ayant un impact positif sur la santé des

gens, des sociétés et de la planète.

De plus amples informations sont disponibles sur le

site web de la conférence : www.iuhpeconference.net

(intervenants, séances, inscription, programme

social, approches créatives d’apprentissage, bourses).

Renseignements et inscriptions : Promotion Santé

Suisse, Case postale 311, Dufourstrasse 30,

CH-3000 Berne 6. Téléphone + 41 (0)31 350 04 35.

[email protected]

Éducation et communication pour la santé

LiègeDu 13 septembre 2010 au 18 février 2011Le CERES (Centre d’Enseignement et de Recherche

pour l’Environnement et la Santé de l’Université de

Liège) organise un nouveau programme de

formation en Éducation et Communication pour la

Santé (CAPS).

Cette formation poursuit les objectifs suivants :

promouvoir la santé en utilisant des moyens de

communication appropriés; maîtriser les outils de

la recherche d’emploi; améliorer sa connaissance de

soi et sa confiance en soi; découvrir les réseaux

professionnels liés à la promotion de la santé.

que passer à la TV change la vie, pour lui ça n’au-rait rien changé. Je pense justement queThomas n’est absolument pas un personnagequi fait rêver... Il est pathétique, il est détestable,il n’est pas sympathique. Et j’ai tout fait pourtenter de démolir ce mythe adolescent du sui-cide admiré comme comble du romantisme etdu courage... Il me semble que ce que l’on voit

c’est surtout un jeune homme perdu et pathé-tique qui s’enferme dans son système telle-ment il a peur de ne pas aller jusqu’au bout...C’est dur et moche, rien à voir avec les livres etles films que l’on peut voir adolescents... Aussi, la souffrance infligée aux autres mesemble évidente dans le film, et cela dure long-temps... Mais heureusement, la vie reprend

son cours, c’est important de le souligner : onpeut se remettre du suicide d’un proche. Donc,ça ne vaut pas la peine de se suicider si le butest de faire souffrir la terre entière pour prou-ver sa valeur et sa souffrance!

Propos recueillis par Carole Feulien

BRÈVES

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Cette formation gratuite, d’une durée de

21 semaines, est destinée à des personnes sans

activité professionnelle et est organisée avec le

soutien du Fonds Social Européen, du Forem, de la

Région wallonne et de la Communauté française.

Séance d’information : jeudi 2 septembre 2010 à 10h.

Séance de sélection : vendredi 3 septembre 2010 à 10h.

Renseignements : CERES – ULg, Place Delcour 17 - Bât.

L1, 4020 Liège. Tél.: 04 366 90 60. Fax : 04 366 90 62.

Courriel : [email protected]. Site web :

www.ceres.fapse.ulg.ac.be.

Promotion de la santéBruxelles – Namur – Liège

De septembre 2010 à juin 2011Formation « des concepts à la pratique

en promotion de la santé »

Vous êtes des acteurs de la santé, de l’éducation, du

social, du culturel, de l’action politique, de

l’accompagnement psycho-social, de l’accueil aux

personnes ?

L’asbl Repères organise, en partenariat avec les

Centres locaux de promotion de la santé concernés,

des cycles de formation « Des concepts à la pratique

en promotion de la santé » à Bruxelles, Namur et

Liège de septembre 2010 à juin 2011.

Se référant à une conception globale et

multifactorielle de la santé, la promotion de la

santé situe son champ d’action au carrefour de

secteurs de travail et de réalités humaines diverses :

psychosociales, culturelles, économiques,

médicales, politiques. Nos formations invitent donc

des travailleurs aux activités et missions très variées

à croiser leurs pratiques et les enrichir d’une

réflexion commune sur la santé et le bien-être et

sur la manière de les promouvoir auprès de leur

public. La perspective de développer ou renforcer

les ressources des collectivités et des personnes est

centrale.

Prévention sida

Campagne d’été 2010

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La formation se déroule en deux temps : 4 journées

de formation suivies de 6 demi-journées d’ateliers

mensuels d’échanges de pratiques. Elle valorise les

réflexions, savoirs et questionnements des

participants et s’appuie sur une méthodologie

participative.

Renseignements : www.reperes.be,

[email protected], 02 539 15 89 (du mardi au

jeudi de 9 à 12h).

Enfant ‘difficile’Louvain-la-Neuve

17 septembre 2010Une journée d’études sur le thème ‘Jeunes enfants

agités, désobéissants, agressifs – évaluation,

développement, facteurs de risque’.

Les résultats du programme de recherche ‘H2M

Children’ (pour ‘hard-to-manage children’) seront

présentés et débattus lors d’une journée

scientifique qui abordera aussi leurs implications

pour l’intervention. L’après-midi sera consacré à des

ateliers : aspects éducatifs, problématiques

d’attachement, difficultés de langage, aspects

neuropsychologiques, aspects neuropédiatriques et

diagnostic différentiel.

Les participants pourront aussi découvrir ‘Lou et

nous’, un cédérom (quadrilingue : français, anglais,

allemand et espagnol) de formation et

accompagnement à la guidance éducative parentale

(GEP), réalisé par le Prof. Isabelle Roskam (UCL).

Cette journée est destinée aux professionnels :

pédiatres, pédopsychiatres, psychologues,

psychothérapeutes, logopèdes, psychomotriciens,

éducateurs, enseignants, assistants sociaux, etc.

Lieu de la journée : Faculté de Psychologie et des

Sciences de l’Éducation UCL, Auditoires Socrate,

Place du Cardinal Mercier 10, 1348 Louvain-la-

Neuve.

Inscription obligatoire avant le 10/9 via le

formulaire www.uclouvain.be/320580. Prix : 60 €

(75 € après le 17/08) à verser au compte

001-6129232-72.

Contact : Isabelle Legrain, 010 47 82 56.

Courriel : [email protected]

Sevrage tabacLiège

21 septembre 2010Les Mutualités libres organisent en collaboration

avec le Service d’étude et de prévention du

tabagisme (SEPT asbl) des sessions de groupes

(maximum 15 personnes) pour arrêter de fumer. La

prochaine commence par une séance introductive,

de 19h30 à 21 h dans les locaux de Omnimut, rue

Natalys 47B, 4020 Liège.

Les séances proprement dites auront lieu les mardis

5/10, 12/10, 19/10, 26/10 et 9/11 de 19h30 à 21h.

Les frais sont de 30 euros pour les membres

Omnimut et de 65 euros pour les non-membres.

Renseignements : [email protected].

Internet : www.mloz.be/stoptabac.

Formation santé-environnementLiège

Du 22 septembre au 24 décembre 2010Formation Cerise en éducation au développement

durable et aux interactions santé-environnement.

Objectifs :

ı acquérir des compétences pour développer des

projets pédagogiques ciblant la prévention des

risques, les changements de comportements et le

développement durable (énergie, biodiversité...);

ı identifier des ressources et des partenaires;

concevoir des supports pédagogiques avec les TIC;

ı s’essayer aux méthodologies d’intervention et de

communication.

Dates : du 22 septembre au 24 décembre 2010

Séance d’info : le 2 septembre 2010 à 10h00

Public : personnes libres d’occupation

professionnelle, motivées par l’EDD,

l’environnement, la santé et les domaines de

l’éducation.

Prix : gratuit (subventionnée par le Fonds social

européen).

Contact : Cerise - Haute École Charlemagne,

rue des Rivageois 6, 4000 Liège. Tél.: 04 254 76 21.

Courriel : [email protected].

Site : http://www.formation-cerise.be.

AssuétudesDouai

30 septembre 2010L’Unité de recherches et de formation sur les

drogues, l’Association généralistes et toxicomanie,

pôle Douai, et le Centre Hospitalier de Douai

organisent les Dixièmes rencontres de l’U.S.I.D.

(Unité de Soins et d’Information sur les Drogues) du

Centre Hospitalier de Douai. Thème : « Sexe, Genre

et Addiction ».

Cela se passera de 9 h. à 17 h, à l’Université des

Sciences Juridiques et Politiques Alexis de

Tocqueville à Douai.

Tout renseignement sur http://urfd.net/ ou par

courriel à [email protected].

22 | ÉDUCATION SANTÉ 258 | JUILLET 2010

Gestion de projetNamur

2010-2012Formation BAGIC 2010-2012 de coordinateurs

de projets culturels et sociaux en action collective

Vous êtes animatrice ou animateur dans un

mouvement d’éducation permanente, une

organisation de jeunesse ou d’aînés, un centre

culturel, une association de quartier...

Vous travaillez dans un dispositif de prévention, de

politiques urbaines, en activités extra-scolaire...

Vous développez des actions en alphabétisation, en

milieu ouvert.

Vous avez des projets d’aide à la création et la

créativité, d’expression culturelle...

Le CIEP vous propose une formation en deux ans à

destination des personnes qui sont engagées dans

l’animation et qui développent ou souhaitent

développer des compétences solides, de conception

et de réalisation de projets.

Cela se passera tous les lundis sauf congés scolaires

à partir du 18 octobre 2010, à Namur.

La formation donne droit au congé éducation payé.

Un Brevet est délivré par le secteur culturel de la

Communauté française.

Renseignements : coordination :

Christian Boucq, 0477 53 00 28,

secrétariat : Francine Baillet, 02/246 38 41,

courriel : [email protected].

Spina BifidaOttignies LLN

23 octobre 2010Colloque « Spina Bifida, incontinence, vie sexuelle

et affective »

L’Association Spina Bifida Belge Francophone

organise une journée d’information consacrée aux

vessies neurologiques et aux séquelles uro-

génitales liées aux atteintes médullaires, et plus

particulièrement celles liées au spina bifida.

Lieu : Centre neurologique William Lennox, Allée de

Clerlande, 6 à 1340 Ottignies-LLN, de 9h30 à 17h.

Structure de cette journée :

Avant-midi : le point sur la prise en charge des vessies

neurologiques par le Dr Véronique Keppenne (CHU

Liège), le Pr Pietoebeke (UZ Gent) et Mme Christiane

Bottin (stomathérapeute - CHU Liège)

Après-midi : les répercussions du spina bifida sur la

sexualité :

ı aspects médicaux : la dimension masculine avec le Pr

Reinier-Jacques Opsomer (CHU St-Luc), la dimension

féminine avec le Dr Carlotte Kiekens (UZ Leuven)

Page 23: Juillet 2010 258 - Education Santé

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ı aspects affectifs et relationnels avec Mme Andrée

Decloux (animatrice au Centre de Planning et de

Consultation. Familiale et Conjugale d’Arlon).

Les modalités pratiques et le formulaire

d’inscription seront disponibles dans le courant du

mois d’août, entre autres sur le site

http://www.asbbf.be/spip.php ?article367. Afin d’être

tenu informé, vous avez la possibilité de vous

abonner à la lettre électronique mensuelle via le

formulaire d’inscription présent sur la page d’accueil

du site. Vous pouvez également nous faire connaître

votre intérêt pour cette journée en transmettant vos

coordonnées par courriel, avec la mention « Journée

du 23 octobre ». L’association reprendra contact

personnellement avec vous le moment venu.

Renseignements : Association Spina Bifida Belge

Francophone, André Baguette, Président.

Secrétariat et siège social : Rue Neuve 70, 4820 Dison.

Tél. et fax : 087 35 12 18. Courriel : [email protected] -

Sites : www.asbbf.be et www.vitamineb9.be

Appel à projets – précaritéAvant le 29 octobre 2010

Le Fonds Houtman lance un nouvel appel à projets

« Lutte contre la pauvreté et les situations de

précarité ».

Il soutiendra des actions ou des recherches-actions

visant à repérer et à agir concrètement sur les

facteurs de la paupérisation et ses conséquences sur

l’enfance, reposant sur des équipes disposant d’une

expérience convaincante dans la lutte contre la

pauvreté et l’exclusion. Les projets devront associer

les enfants et les familles comme acteurs tant des

travaux que des solutions à mettre en œuvre.

Thèmes et objectifs des actions ou recherches-

actions :

ı pauvreté/précarité et logement, avec une

attention plus particulière pour les enfants et les

familles sans-abris;

ı précarité et nouvelles formes

familiales/nouveaux rôles parentaux;

ı précarité, négligences et violences intrafamiliales

(y compris enfants exposés aux violences

conjugales);

ı précarité et milieux d’accueil ou d’éducation;

ı précarité, lieux d’hébergement et réinsertion

socio-familiale;

ı précarité, culture et loisirs (y compris question des

nouveaux modes de communication);

ı précarité et soins de santé, en particulier précarité

et handicap/maladie grave;

ı précarité et adolescence/délinquance.

Les actions ou recherches-actions devront

ı se dérouler en Communauté française de Belgique;

ı garantir l’implication de l’ensemble des acteurs

concernés, y compris les enfants et les familles;

ı renforcer les partenariats et le travail en réseau au

bénéfice des familles et des enfants (soutien à la

parentalité);

ı être réalisés par des acteurs stables et expérimentés;

ı s’appuyer sur des réalisations concrètes.

Un montant total de 200.000 € est consacré à

l’appel à projets. Sauf exception, un montant

maximum de 25.000 € pourra être octroyé par

action ou recherche-action soutenue.

La durée des actions ou des recherches-actions

soutenues ne pourra excéder 2 ans au maximum.

Le dossier de candidature (disponible sur simple

demande) devra être retourné au Secrétariat du

Fonds Houtman (chaussée de Charleroi 95, 1060

Bruxelles) avant le 29 octobre 2010.

Renseignements : Emmanuelle Vermylen,

Communication Fonds Houtman, 02 543 11 72 ou

[email protected].

Emploi – offreL’Association Intercommunale des Œuvres Médico-

sociales de Morlanwelz et Environs (A.I.O.M.S.)

recherche un docteur en médecine dans le cadre de

son Service de Promotion de la Santé à l’École.

Le médecin sera chargé de réaliser : le suivi médical

des élèves qui comprend les bilans de santé

individuels et la vaccination; la prophylaxie et le

dépistage des maladies transmissibles; les visites

des bâtiments scolaires comprenant l’inspection

des installations sanitaires et scolaires et des locaux

dans lesquels sont stockées et préparées les

denrées alimentaires.

Profil : docteur en médecine ayant obtenu le

certificat de médecine scolaire ou le diplôme

d’études spécialisées en santé publique, ou

souhaitant préalablement à son entrée en service

réaliser un stage formatif court dispensé par le

médecin-responsable du service PSE et comportant

un volet théorique de 4 heures et un volet pratique

de 4 heures.

Statut indépendant, 13 heures à prester par

semaine (ce nombre d’heures est modulable en

fonction des disponibilités).

Permis B + véhicule personnel.

La maîtrise de l’outil informatique est un atout.

Début d’activité : à partir du 15 septembre 2010.

Contact : les personnes intéressées par ce poste

sont invitées à présenter leur candidature

Prévention sida

JUILLET 2010 | ÉDUCATION SANTÉ 258 | 23

accompagnée d’une lettre de motivation auprès

de Madame Delphine Riez, directrice

administrative de l’A.I.O.M.S. pour le 1er septembre

2010 au plus tard.

A.I.O.M.S. – Service Promotion Santé à l’École,

rue Fernand Hotyat 1, 7140 Morlanwelz.

Courriel : [email protected] ou

[email protected]. Tél.: 064 43 16 60.

BénévolatActive depuis 1959, l’asbl Télé-Accueil Bruxelles

propose une écoute 24h/24 et 7 jours sur 7 à toute

personne en difficulté sur le plan moral, social ou

psychologique et qui souhaite en parler dans

l’anonymat et la confidentialité.

Dispensée par une équipe de 90 bénévoles

spécialement formés, l’écoute s’effectue grâce au

numéro de téléphone gratuit 107 ou par « chat » sur

le site www.chat-accueil.org. Malgré ce

déploiement de moyens, Télé-Accueil Bruxelles est

encore loin de pouvoir répondre aux nombreuses

demandes qui lui sont adressées. Selon le rapport

d’activités 2009 près des trois quarts des appels

entrants ne sont pas décrochés, soit 140.000 sur

190.000. Un plus grand nombre de bénévoles

permettrait de mieux répondre à ce besoin de la

population bruxelloise d’être écoutée.

Les candidats volontaires peuvent prendre contact

avec le secrétariat de l’association au 02 538 49 21.

Une formation à l’écoute et un encadrement

professionnel sont assurés.

Campagne d’été 2010

Page 24: Juillet 2010 258 - Education Santé

SOMMAIRE

InitiativesÀ votre santé capitaine ! Plaies, bosses

et traumas au pays de Tintin,

par Dominique Maricq 2

Les attitudes saines en Communauté

française, par Fadila Laanan 6

Leviers pour les pratiques communautaires

et le développement local, par Gaëtan Absil,

Chantal Vandoorne et Christian De Bock 8

Les tables rondes consacrées aux

assuétudes, par Christian De Bock,

Carole Feulien et Pascale Anceaux 9

RéflexionEst-il éthique de faire de la prévention ? Est-il

éthique de ne pas faire de la prévention ?, par

Pascale Jonckheer, Jean Laperche, Vinciane

Bellefontaine, Valérie Hubens, Marianne

Prévost, Pierre Legat, André Dufour 11

Locale« Écrans @ plat : regards croisés

sur les cyberconsommations, de l’enfant

au jeune adulte »,

par Raffaelle Bracci et Anicée Tillieux 14

MatérielLa Table belge de composition des aliments 16

« Vivre avec », une BD contre la

discrimination et pour plus de solidarité 17

Vu pour vousLe festival ImagéSanté comme si vous y étiez

(saison 9, épisode 2), par Carole Feulien 18

Brèves 21

La revue Education Santé est réalisée avec l’aide du Ministère de la Communauté française

de Belgique Département de la Santé.

Henry, Pascale Jonckheer, Roger Lonfils, Marie-Noëlle Paris,Karin Rondia, Catherine Spièce, Bernadette Taeymans, Patrick Trefois, Maryse Van Audenhaege.Comité opérationnel : Alain Cherbonnier, Christian De Bock,Carole Feulien, Jacques Henkinbrant, Tatiana Pereira, Thierry Poucet, Maryse Van AudenhaegeEditeur responsable : Jean Hermesse, chaussée de Haecht 579/40, 1031 Bruxelles.Maquette et mise en page : Muriel Logist.Impression : Impaprint.Tirage : 3.300 exemplaires.Diffusion : 3.000 exemplaires.ISSN : 0776 - 2623.Les articles publiés par Education Santé n’engagent que leursauteurs. Les articles non signés sont de la rédaction.La revue n’accepte pas de publicité.Les textes parus dans Education Santé peuvent êtrereproduits après accord préalable de la revue et moyennantmention de la source.Pour tous renseignements complémentaires :Education Santé, chée de Haecht 579/40, 1031 Bruxelles. Tél.: 02 246 48 51. Fax : 02 246 49 88 (indiquer ANMC-Education Santé comme destinataire).

Internet : www.educationsante.beCourriel : [email protected] découvrir les outils francophones en promotion de la santé, une seule adresse : www.pipsa.orgRevue membre de l’A.R.S.C., Association des revuesscientifiques et culturelles – www.arsc.beLes textes de ce numéro seront prochainement disponiblessur notre site www.educationsante.be (sous réserved’acceptation des auteurs). Notre site est certifié HON (Health on the Net - 05/2009)Notre site adhère à la Plate-forme www.promosante.net.

Imprimé sur papier blanchi sans chlore – Emballage recyclable.

Mensuel (11 numéros par an, ne paraît pas en août).Abonnement : gratuit pour la Belgique, Pour l’étranger, nous contacter.Réalisation et diffusion : Infor Santé, Alliance nationale desmutualités chrétiennes, dans le cadre de la Cellule deCoordination intermutualiste ANMC-UNMS.Ont collaboré à ce numéro : Gaëtan Absil, Pascale Anceaux,Vinciane Bellefontaine, Raffaelle Bracci, André Dufour, CaroleFeulien, Valérie Hubens, Pascale Jonckheer, Fadila Laanan,Jean Laperche, Pierre Legat, Dominique Maricq, MariannePrévost, Anicée Tillieux, Chantal VandoorneRédacteur en chef, secrétaire de rédaction : Christian De Bock(02 246 48 50, [email protected]).Documentation : Maryse Van Audenhaege (02 246 48 51, [email protected]).Site internet : Jacques Henkinbrant (design), Maryse Van Audenhaege (animation).Contact abonnés : Maryse Van Audenhaege (02 246 48 51, [email protected])Comité stratégique : Gaëtan Absil, Pierre Baldewyns, Martine Bantuelle, Colette Barbier, Luc Berghmans, Jean-Luc Collignon, Christian De Bock, Alain Deccache,Cristine Deliens, Carole Feulien, Sophie Fiévet, Fabienne

Il devient de plus en plus difficile de distin-guer une information sérieuse d’une autre.Voici un truc : si elle est gratuite, elle est for-cément orientée. Quelqu’un, quelque part, apayé (cher, très cher!) pour que vous la lisiez.Les suppléments gratuits dédiés à la santéfont florès ces jours-ci : chez votre pharma-cien, dans votre quotidien ou votrehebdomadaire d’information. Le plus sou-vent, les articles qui y figurent  ne sont là quepour créer un « environnement », pour don-ner l’illusion d’un vrai support de presse à cequi ne serait, sans eux, qu’un prospectuspublicitaire. Ces articles ne sont pas forcé-ment faux, ni trompeurs. Au mieux, leurcontenu est banal, consensuel et sans intérêt.Et, condition sine qua non, ils ne contiennentrien qui puisse contrarier des annonceurspotentiels. Lisses et sans aucun sens critiquedonc. C’est du marketing au premier degré :on y promotionne des crèmes contre les corsaux pieds et des tisanes pour maigrir.Mais il y a des gratuits plus pervers. Les deuxquotidiens leaders d’opinion de notre pays(au nord comme au sud) ont ouvert leurspages depuis quelques mois à des supplé-ments qui affichent un look sobre et trèssérieux, des interviews d’experts reconnus,et une prose de qualité. Et très peu de publi-cité… Ne vous laissez pas berner. Cessuppléments sont majoritairement finan-cés par l’industrie pharmaceutique etservent à contourner très habilement l’in-terdiction qui leur est faite de diffuser de lapublicité auprès du grand public pour lesmédicaments sur prescription. Cette inter-diction, ultime bastion de la protection du

consommateur en Europe, est devenu unGraal pour les labos, l’enjeu d’un féroce lob-bying, et pourrait bien vaciller cette année.Dans ces suppléments, l’information est cor-recte. Mais elle est tronquée. En renforçantl’éclairage biomédical dominant, on écrase lepatient dans son rôle passif, on ne lui offrecomme unique solution que l’issue médica-menteuse. Et on se paie même le luxe d’uneimage charitable en saupoudrant habilementle tout de fausse sollicitude à l’égard des asso-ciations de patients, dont la dépendancevis-à-vis des firmes est criante… pour des rai-sons financières bien compréhensibles. Équilibren’est pas un magazine de consom-mateurs. Notre but n’est pas de débusquer lesinnombrables arnaques que recèle le secteurde la santé. D’autres s’y emploient, et bienmieux que nous. Nous ne sommes pas davan-tage des activistes militants, pourfendeursd’industrie pharmaceutique, car il seraitabsurde de diaboliser les médicaments.Simplement, nous essayons de véhiculer uneapproche positive et responsable des pro-blèmes de santé. Sans dramatiser, niminimiser. Mais sans jamais vous enfermerdans un sentiment d’impuissance, de passivitéet de dépendance. Nous ne nous adressonspas au malade désemparé qui sommeille enchacun de nous, mais à l’individu bien vivant,optimiste et positif, qui prend sa santé en mainet va de l’avant, libre dans sa tête.

Karin Rondia, rédactrice en chef ÉquilibreExtrait de l’éditorial du n° 45 d’Équilibre, l’ex-cellent mensuel indépendant de la santé etdu bien-être

TribuneL’info gratuite n’existe pas !